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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-14/2-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
3 Jeudi 21 octobre 1999
4 L'audience est ouverte à 9 heures 30.
5 Mme Ameerali (interprétation). - Bonjour Monsieur le Président, bonjour
6 Messieurs les Juges. Affaire IT-95-14/2-T, le Procureur contre Dario
7 Kordic et Mario Cerkez.
8 M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, vous avez la parole.
9 M. Sayers (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Bonjour,
10 Monsieur Jennings. J'ai passé en revue mes notes et je crois que nous
11 pourrons terminer votre contre-interrogatoire en 10 ou 15 minutes. Je
12 propose que nous commencions par faire quelque lumière sur certains points
13 qui n'ont pas été totalement éclaircis hier.
14 Monsieur le Président, nous avons distribué à l'accusation et à nos
15 confrères, quelques pièces à conviction très courtes que nous avons
16 l'intention d'utiliser aujourd'hui.
17 Excusez-moi, en tout cas Mme la Greffière dispose de ces documents.
18 J'aimerais d'abord, monsieur Jennings, que vous examiniez le bulletin de
19 renseignements militaires n °98 daté du 6 février 1993 qui a été
20 enregistré au préalable en tant que pièce à conviction D49/1.
21 M. Jennings (interprétation). - Merci.
22 M. Sayers (interprétation). - Deux points au sujet de ce bulletin de
23 renseignements militaires, et le premier est le suivant. Il est vrai,
24 n'est-ce pas que l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO, creusaient tous
25 deux des tranchées, établissaient des positions défensives, n’est-ce pas ?
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1 M. Jennings (interprétation). - Oui, en effet, ce n'était pas que le HVO
2 qui faisait cela.
3 M. Sayers (interprétation). - Deuxième question : il n'est pas fait
4 référence dans ce bulletin de renseignements militaires à la réunion que
5 vous avez eue avec M. Kordic ce jour-là, si je ne m'abuse ?
6 M. Jennings (interprétation). - Non. Comme nous l’avons établi dans
7 d'autres circonstances, il n'y a pas d'enregistrement de cette rencontre
8 bien que j'ai des notes personnelles qui en rendent compte. Il y a
9 d'autres documents qui traitent de ces rencontres et de ces événements
10 relatifs notamment au régiment du Cheschire. Ils sont consignés dans le
11 journal quotidien du régiment.
12 M. Sayers (interprétation). - Je suis sûr que c'est le cas, monsieur, mais
13 nous n'avons pas eu la possibilité de voir ces documents.
14 Le document suivant au sujet duquel je voudrais vous interroger est le
15 bulletin de renseignements militaires n° 99 du 7 février 1993.
16 Mme Ameerali (interprétation). - Ce document est enregistré sous la
17 cote D111/1.
18 M. Sayers (interprétation). - Deux points rapidement au sujet de ce
19 document.
20 Premièrement, sur la première page, nous trouvons une liste de
21 protestations adressées au commandant du Bataillon britannique par le
22 commandant du 3ème Corps d’armée de Zenica. En page 2, nous trouvons un
23 commentaire qui se conclut par l'observation que ce genre d'accusations
24 ont été faites par les deux parties. Cela correspond à votre expérience,
25 n'est-ce pas ?
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1 M. Jennings (interprétation). - Oui.
2 M. Sayers (interprétation). - Rien n'est dit dans ce bulletin de
3 renseignements militaires de votre rencontre avec M. Kordic le
4 7 février 1993.
5 M. Jennings (interprétation). - Non, en effet. J'ai ce document depuis
6 hier. Nous avons déjà établi ce fait hier. J'en ai déjà deux exemplaires
7 entre les mains.
8 M. Sayers (interprétation). - Le document suivant que j’aimerais examiner
9 avec vous est le bulletin de renseignements militaire n° 103 qui a été
10 enregistré au préalable sous la cote D109/1 en date du 11 février 1993.
11 Je vous demanderai de regarder la première page de ce document où l'on
12 trouve une référence à votre réunion : "La compagnie OCOC s'est rendue à
13 Busovaca et a eu une rencontre avec le représentant du HDZ, Dario Kordic."
14 Ce commentaire rend compte conformément de la réalité des détails de la
15 conversation que vous avez eue avec Dario Kordic, n'est-ce pas ?
16 M. Jennings (interprétation). - Ceci est mentionné parce que j'ai eu le
17 temps de rentrer à temps ce jour-là et j'ai pu parler -je me rappelle son
18 nom- au sergent Connally, qui a donc eu le temps de préparer le bulletin
19 de renseignements militaires. Comme j'ai déjà expliqué hier, ce n'était
20 pas toujours le cas car cela dépendait de l'heure à laquelle nous
21 provenaient les informations. Je constate que dans ce bulletin de
22 renseignements militaires, il est effectivement fait référence au
23 représentant du HDZ, Dario Kordic.
24 Rappelez-vous, hier, nous avons parlé de la communauté croate d'Herceg-
25 Bosna.
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1 M. Sayers (interprétation). - Je pense que nous pouvons avancer.
2 J'aimerais vous montrer le bulletin de renseignements militaires du
3 12 février 1994, n° 104.
4 Mme Ameerali (interprétation). - Ce document est enregistré sous la
5 cote D112/1.
6 M. Sayers (interprétation). - Un point à ce sujet, Commandant. Aucune
7 référence n'est faite dans ce bulletin de renseignements militaires au
8 déminage ou à l'incident lié aux mines dont vous avez parlé dans votre
9 déposition orale, n’est-ce pas ?
10 M. Jennings (interprétation). - Aucune mention n'en est faite par écrit
11 effectivement.
12 M. Sayers (interprétation). - Le document suivant est le bulletin de
13 renseignements militaires du lendemain, le 13 février 1993, bulletin
14 n° 105.
15 Mme Ameerali (interprétation). - Ce document est enregistré sous la
16 cote D113/1.
17 M. le Président (interprétation). - Suggérez-vous, parce qu’aucune
18 référence n'est contenue dans ces bulletins de renseignements militaires
19 que les faits relatés n’ont pas eu lieu ?
20 M. Sayers (interprétation). - Non, Monsieur le Président, ce n'est pas ce
21 que je suggère. Ce que je dis simplement, c'est que ces conversations
22 n'étaient pas considérées comme suffisamment importantes pour être
23 consignées dans les bulletins de renseignements militaires. Rien d'autre.
24 J'espère que les Juges de cette Chambre ne me comprenne pas comme voulant
25 dire que nous attaquons la véracité des faits relatés par le commandant.
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1 M. le Président (interprétation). - Non, mais je voulais simplement m’en
2 assurer.
3 M. Sayers (interprétation). - Le bulletin de renseignements militaires
4 n° 105, Commandant, là encore nous n'y trouvons aucune référence à
5 l'incident d'enlèvement des mines, n'est-ce pas ?
6 M. Jennings (interprétation). - De quels incidents de déminage parlez-
7 vous ?
8 M. Sayers (interprétation). - De l'incident que vous avez relaté le jour
9 où vous avez vu une grande quantité d’explosifs.
10 M. Jennings (interprétation). - En effet, aucune référence n'est faite au
11 fait que j'ai découvert une grande quantité d’explosifs mais il n'y a pas
12 eu de déminages.
13 M. Sayers (interprétation). - Excusez-moi, mais référence est faite aux
14 pilonnages dans le secteur de Busovaca. En bas de page 1, nous lisons que
15 l'artillerie bosniaque ou, en tout cas, des obus d'artillerie bosniaque
16 sont tombés dans la zone de Busovaca. Avez-vous vu cela au moment où vous
17 étiez présent dans le secteur ?
18 M. Jennings (interprétation). - De façon très spécifique, je ne me
19 rappelle pas avoir assisté à un pilonnage ce jour-là. Mais au cours de la
20 période qui a commencé le premier jour du conflit et qui s'est prolongée
21 jusqu'au 25 janvier, quand nous avons établi un pont des Nations Unies à
22 Kacuni, les pilonnages étaient incessants. Lorsqu’on se trouvait sur la
23 route, dans un véhicule motorisée, durant notre mission, on entendait une
24 explosion tout d'un coup et on en rendait compte en tant que telle.
25 Cela a donc pu avoir lieu alors que je circulais dans un véhicule dans le
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1 secteur. Mais ce n'est pas le même bulletin de renseignements militaires
2 que celui que j'ai cité hier et je n'en déments pas la validité. Je
3 voulais simplement dire que les commentaires portaient sur des tirs de
4 l'armée bosniaque. Je suis certain que ces tirs ont eu lieu.
5 M. Sayers (interprétation). - Commandant, je ne suggère pas une chose ou
6 son contraire. Vous effectuiez votre mission dans des conditions
7 difficiles et il est vrai, n'est-ce pas, que des pilonnages se
8 produisaient des deux côtés régulièrement ?
9 M. Jennings (interprétation). - Je ne peux pas exclure le fait que l'armée
10 de Bosnie-Herzégovine ait tiré des obus d'artillerie, mais ce que je dis,
11 c'est que je ne l'ai pas vu moi-même. Cela ne fait donc pas partie de mon
12 expérience personnelle.
13 M. Sayers (interprétation). - Le prochain document nous amène à l'endroit
14 où nous en avons terminé hier, à savoir notre conversation du 23
15 février 1993 et j'aimerais demander à Monsieur l'huissier de vous montrer
16 le bulletin de renseignements militaires n°116 daté du 23 février 1993.
17 Mme Ameerali (interprétation). - Document D114/1.
18 (L'huissier s'exécute.)
19 M. Sayers (interprétation). - Trois points au sujet de ce bulletin de
20 renseignements militaires, Commandant. Le premier est le suivant. Comme
21 vous le constatez, sous le titre Busovaca, aucune référence n'est faite à
22 la conversation que vous avez eue avec M. Kordic ce jour-là ?
23 M. Jennings (interprétation). - Il n'y a aucune référence à la
24 conversation que j'ai eue avec M. Kordic ce jour-là.
25 M. Sayers (interprétation). - Et sous le titre "Vitez", on trouve une
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1 description de l'incident que vous avez relaté hier au cours duquel la
2 Mercedes d'un capitaine du Bataillon britannique a apparemment été
3 confisquée par deux individus alors que cette Mercedes circulait dans le
4 secteur de Vitez.
5 M. Jennings (interprétation). - Oui, en effet c'est un incident que je me
6 rappelle très bien, nous en avons tous été informés.
7 M. Sayers (interprétation). - Le troisième point que j'aimerais évoquer se
8 trouve en page 2, juste avant le titre "Gornji Vakuf". Nous y lisons que
9 le CO du LO du premier régiment du Cheshire s'est rendu au quartier
10 général. Vous avez appris que le capitaine Stewart et M. Forgrave...
11 M. Jennings (interprétation). - Le capitaine Martin Forgrave.
12 M. Sayers (interprétation). - Oui, qu'il s'était rendu à Vitez et cela a
13 donc été porté à votre connaissance ?
14 M. Jennings (interprétation). - Je crois que je l'aurais su et je l'ai dit
15 hier, le commandant avait établi cela très clairement à notre intention,
16 c'était une priorité essentielle. Je ne doute pas qu'une douzaine
17 d'officiers environ, de grades divers, ont essayé de faire ce qu'ils
18 pouvaient dans ce sens.
19 M. Sayers (interprétation). - Très bien. S'agissant de la rencontre que
20 vous avez eue le 27 février qui est enregistrée sur le bulletin de
21 renseignements militaires n° 120, en date du 28 février 1993, j'aimerais
22 que nous l'examinions ensemble.
23 Mme Ameerali (interprétation). - Document D115/1.
24 M. Sayers (interprétation). - C'est en page 2 que l'on trouve la mention
25 qui m'intéresse sous le titre "Busovaca", Commandant.
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1 (L'huissier s'exécute.)
2 M. Jennings (interprétation). - Puis-je lire ce passage, je vous prie ?
3 M. Sayers (interprétation). - Je vous en prie.
4 M. Jennings (interprétation). - C'est une relation des faits.
5 M. Sayers (interprétation). - Merci.
6 Vous avez déjà dit que le chef de la police de Vitez était en fait l'homme
7 qui a organisé la récupération de la Mercedes.
8 M. Jennings (interprétation). - Dario Kordic m'a dit que c'était M. Pasko.
9 M. Sayers (interprétation). - Monsieur Pasko vous a dit que c'est lui qui
10 avait organisé la récupération de la Mercedes, si je ne m'abuse ?
11 M. Jennings (interprétation). - La rencontre avec M. Pasko a été très
12 brève comme je crois d'ailleurs l'avoir déjà indiqué hier. Pour
13 l'essentiel, je suis tombé sur des positions séparant les deux parties
14 ennemies, c'est-à-dire deux fractions du HVO. Et en fait, c'est tout ce
15 qui me préoccupais à l'époque, le fait qu'il s'agissait de fractions
16 opposées. Monsieur Pasko, dirons-nous, était plutôt occupé à ce moment-là.
17 M. Sayers (interprétation). - Oui, Commandant. Je pense que c'est une
18 litote intéressante. La dernière question que j'avais à vous poser est la
19 suivante. Ai-je raison de comprendre que la première fois que vous avez
20 rencontré le commandant Kordic se situe le 3 février, après la fin des
21 combats et après la négociation de l'accord de cessez-le-feu alors que
22 celui-ci était déjà appliqué ?
23 M. Jennings (interprétation). - Je ne crois pas que cela se soit produit à
24 la fin des combats. Je ne crois pas en fait qu'au cours de cette période
25 qui a conduit à la dernière réunion que j'ai eue avec M. Kordic les
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1 combats aient jamais cessé. En fait, il y a eu plusieurs accords de
2 cessez-le-feu négociés au cours de cette période, je ne pourrais pas citer
3 de date au sujet de ces différents accords qui ont été enfreints chaque
4 fois par l'une ou l'autre des parties, donc non, cela ne s'est pas passé
5 après la fin des combats.
6 M. Sayers (interprétation). - Merci beaucoup, Commandant.
7 J'apprécie la déposition que vous venez de faire. J'en suis arrivé à la
8 fin des questions que j'avais à poser au témoin, à moins que les Juges
9 n'aient à m'adresser des questions spécifiques.
10 M. le Président (interprétation). - Suis-je en droit de comprendre, Maître
11 Sayers, après avoir entendu votre contre-interrogatoire, que les
12 entretiens que ce témoin a eus avec M. Kordic ne font l'objet d'aucune
13 contestation ? Monsieur Kordic a dit, à un certain moment, avoir retardé
14 un échange de prisonniers en attendant qu'un certain nombre de questions
15 soient réglées.
16 M. Sayers (interprétation). - Ce point est toujours contesté, Monsieur le
17 Président.
18 M. le Président (interprétation). - Et en une autre occasion il a déclaré,
19 parlant de l'aide, qu'ils avaient discuté du blocage possible de la route
20 à l'aide de civils. Est-ce contesté ?
21 M. Sayers (interprétation). - Je crois que ce point est toujours en
22 contestation mais nous ne contestons pas l'existence des conversations que
23 le témoin a relatées avec M. Kordic. Nous ne contestons pas le fait que
24 plusieurs entretiens se soient déroulés au moment dont le témoin a parlé.
25 M. le Président (interprétation). - Ou le fait que la voiture a été
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1 restituée grâce à l'intervention de M. Pasko ?
2 M. Sayers (interprétation). - Ce point n'est pas contesté, Monsieur le
3 Président.
4 M. le Président (interprétation). - Merci.
5 (Signe de la tête à M. Nice.)
6 M. Nice (interprétation). - Peut-être, Monsieur, aurez-vous besoin de vous
7 référer à vos notes pour répondre à mes questions. Ces notes, bien sûr,
8 sont des extraits d'un calepin qui contient des notes autres que celles
9 que nous discutons, n'est-ce pas ?
10 M. Jennings (interprétation). - C’est exact.
11 M. Nice (interprétation). - Nous avons un certain nombre de points à
12 discuter, mais tout cela sera rapide. D'abord j'aimerais que nous parlions
13 de Donje Polje. Des statistiques émanant d'un recensement vous ont été
14 présentées à ce sujet et je serais reconnaissant que ces résultats du
15 recensement, dont la défense a parlé, vous soient présentés.
16 Pouvez-vous vérifier si vous avez d'autres éléments consignés dans votre
17 carnet en dehors de ceux que vous nous avez montrés à ce sujet relatifs à
18 Donje Polje, c'est-à-dire à ce que vous avez vu à Donje Polje ? Je ne
19 parle pas du jour où une référence a été faite à M. Kordic à Donje Polje.
20 M. Jennings (interprétation). - Non, je peux dire que j'ai vérifié mes
21 notes, j'ai deux carnets et je crois qu'aucune référence n'est faite à ce
22 qui s'est passé au cours des tous derniers jours. En tout cas, il est
23 certain qu'aucune référence n'est faite à l'incident auquel j'ai assisté,
24 incident où j'ai vu deux soldats du HVO pénétrer dans un bâtiment
25 identifié comme étant un bâtiment d'architecture musulmane et ressortir
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1 ensuite de ce bâtiment. Je crois, de mémoire, que cela s'est passé à Donje
2 Polje ou en tout cas dans le secteur de Donje Polje. En fait, il y avait
3 des bâtiments tout le long de la route qui descendaient de Donje Polje à
4 la ligne de démarcation entre deux villages et deux hameaux n'était pas
5 particulièrement nette.
6 M. Nice (interprétation). - Merci, Monsieur.
7 Pouvez-vous maintenant regarder le document que je suis en train de vous
8 présenter ? C'est une carte. Je vous demanderais de vous concentrer sur la
9 partie de la carte où figure le mot "Donje Polje", le secteur dont vous
10 venez de parler. Peut-être devrez-vous déplacer un peu la carte sur le
11 rétroprojecteur, peut-on agrandir un peu la partie inférieure droite ?
12 Merci. C'est parfait.
13 Nous voyons donc une illustration de ce que vous avez dit car nous voyons
14 des petits points qui représentent des maisons le long de la route, n'est-
15 ce pas ?
16 M. Jennings (interprétation). - En effet, c'est le cas.
17 M. Nice (interprétation). - Et nous voyons la présence de maisons tout le
18 long de la route séparant Donje Polje et Kacuni, est-ce exact ?
19 M. Jennings (interprétation). - C’est exact.
20 M. Nice (interprétation). - Vous avez déclaré avoir été l'observateur de
21 cet incident au cours duquel d'abord des soldats du HVO sont sortis d'une
22 maison en flammes, mais pouvez-vous être plus précis et nous dire
23 exactement où cela se passait sur la route ?
24 M. Jennings (interprétation). - Je ne peux pas être d'une précision totale
25 en me fondant sur cette carte. Je ne peux pas me servir de cette carte
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1 pour vous montrer avec une certitude absolue où j'ai vu se dérouler cet
2 incident.
3 Lorsque j'ai fourni une déclaration relative à l'endroit où cela s'est
4 passé, je me suis concentré sur l'endroit, Donje Polje, en tant que centre
5 de l'incident, mais des bâtiments étaient détruits tout autour. Si vous
6 regardez la carte, le centre même du village de Donje Polje et toute la
7 route qui mène à Donje Polje est parsemée de maisons, donc cela a dû se
8 passer dans l'une de ces maisons.
9 M. Nice (interprétation). - En fait les maisons que vous avez vu
10 endommagées se situaient-elles également sur la partie de la route reliant
11 Donje Polje à Kacuni ?
12 M. Jennings (interprétation). - Oui, mais je dois dire par rapport à la
13 déclaration que j'ai faite précédemment que j'ai parlé également de
14 Donjevic Polje parce que je pensais que les maisons que j'ai vu détruites
15 se trouvaient également dans ce second endroit. Donc les choses, à mon
16 avis, ce sont passées dans les deux endroits.
17 M. Nice (interprétation). - Je demanderai à Monsieur l'huissier s'il peut
18 faire en sorte que les chiffres du recensement me soient fournis.
19 M. Sayers (interprétation). - J'ai un exemplaire de ce document ici.
20 (L'huissier s'exécute.)
21 M. le Président (interprétation). - Monsieur l'huissier, pouvez-vous
22 remettre ce document au Procureur, je vous prie ?
23 (L'huissier s'exécute.)
24 M. Sayers (interprétation). - Donja Polje est, dans ce document de
25 recenssement, en page 2. Nous voyons Donja Polje mentionné sous le nom de
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1 Polje, je le dis pour aider toutes les personnes présentes dans ce
2 prétoire.
3 M. Nice (interprétation). - Cela pourra sans doute être démontré. Peut-on
4 distribuer ces documents ?
5 (L'huissier s'exécute.)
6 Eh bien, veuillez d'abord regarder la première page de ce document pour
7 comprendre la structuration des colonnes. Vous voyez des totaux relatifs
8 aux Musulmans, aux Serbes, aux Croates, aux Yougoslaves et aux divers.
9 Puis, nous passons à la page 2 où nous voyons les statistiques dont il a
10 déjà été question, qui portent non pas sur Donja Polje mais sur Polje ; et
11 le chiffre que nous lisons ici permet de penser qu'il n'y avait aucun
12 Musulman à Polje, qu'il y avait 5 Serbes, 709 Croates, 8 Yougoslaves et
13 7 divers. Saviez-vous d'une façon ou d'une autre de quelle façon se
14 faisait l'enregistrement des divers au moment du recensement ?
15 M. Jennings (interprétation). - Non je ne savais pas cela.
16 M. Nice (interprétation). - En tout cas, nous voyons qu'il y avait 7 sous
17 la rubrique "divers".
18 Et puis, si nous revenons à la première page, nous voyons pour Kacuni, à
19 peu près au milieu de la page, qu'il y avait 963 Musulmans, 9 Serbes,
20 207 Croates, 3 Yougoslaves et 11 divers. C'est bien cela ?
21 M. Jennings (interprétation). - Oui en effet.
22 M. Nice (interprétation). - Il semblerait, au vu de ces chiffres, que
23 Kacuni était un secteur majoritairement musulman et qu'un endroit appelé
24 Polje n'ait compté aucun habitant musulman, mais quelques habitants
25 répondant à la catégorie "diver" et vous n'avez pas pu identifier sur
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1 quelle partie de la route se trouvait Polje ?
2 M. Jennings (interprétation). - Non en effet.
3 M. le Président (interprétation). - Ce document comporte-t-il une cote en
4 tant que pièce à conviction, Monsieur Nice ?
5 M. Nice (interprétation). - Non, d'ailleurs je ne la connaîs pas.
6 M. le Président (interprétation). - Je pense qu'il serait préférable que
7 ce soit une pièce de la défense.
8 M. Sayers (interprétation). - En effet.
9 Mme Ameerali (interprétation). - Ce document est enregistré sous la
10 cote D 116/1.
11 M. Bennouna. - Maître Nice, est-ce que vous pouvez nous préciser ce que
12 vous voulez exactement dire à la Chambre à travers votre intervention ?
13 D'après ce ressencement, la défense nous dit : il n'y a pas de Musulman
14 apparemment à Polje d'après le recensement. Vous nous dites qu'à Kacuni il
15 y a une très importante majorité de Musulmans. D'accord ! Et ensuite ?
16 Est-ce qu'il faut comprendre de votre intervention que vous tirez quelques
17 déductions de ces chiffres ?
18 M. Nice (interprétation). - Non. je voulais dire la chose suivante, lors
19 du contre-interrogatoire sur ce thème, il semblait que Me Sayers voulait
20 jeter un doute quant aux événements décrits par le témoin, qui nous a
21 décrit une attaque par le HVO sur les maisons musulmanes, et deuxièmement
22 qui nous a parlé de la destruction de maisons musulmanes.
23 Et il a été suggéré que ce qui a été décrit par le témoin ne correspondait
24 pas aux statistiques du recensement qui montrent qu'il n'y avait aucun
25 Musulman, aucune maison musulmane dans la zone en question.
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1 Mais comme nous le voyons maintenant, le contre-interrogatoire se fondait
2 sur une image erronée de la situation et qui peut nous induire en erreur.
3 Premièrement, nous ne savons pas ce à quoi Polje correspond exactement, et
4 deuxièmement parce qu'à Polje il y a des gens qui se considéraient comme
5 divers.
6 Ensuite, comme le témoin l'a toujours dit très clairement dans ses
7 déclarations et comme il la dit très clairement dans le résumé, ce dont a
8 parlé le témoin c'est d'un événement qui s'est passé entre Polje ou
9 Donja Polje et Kacuni, et les éléments statistiques dont nous disposons
10 montrent très clairement qu'il est extrêmement probable que sur cette
11 route il y avait effectivement des maisons musulmanes et que le témoin a
12 très probablement relaté des événements qui ont effectivement eu lieu, ce
13 qui semblait être contesté par la défense.
14 M. Bennouna. - Je voudrais demander au Major, au Témoin, ces maisons qu'il
15 a vu brûler c'était exactement dans quelles circonstances ? Est-ce que
16 c'est en quittant Donja Polje et sur quelle route ?
17 M. Jennings (interprétation). - Monsieur le Juge, c'était sur la route
18 principale, sur la seule route qui relie Kacuni et, comme on le voit sur
19 la carte, Donjevic Polje, que je vous indique en ce moment avec le
20 pointeur. Je parle de cette route que je vous montre.
21 Si j'ai bien compris votre question, Monsieur le Juge, comme je l'ai dit
22 précédemment, je ne peux pas vous dire exactement de quelles maisons il
23 s'agit sur cette carte, je pense qu'il s'agit de maisons qui se trouvaient
24 dans la zone entre ces deux points.
25 Et il se trouvait que nous faisions des patrouilles régulières sur cette
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1 route, mais nous ne sortions jamais de la route parce qu'il était toujours
2 possible qu'il y ait des mines du côté de la route ; donc nous restions
3 sur la route lors de nos patrouilles dans les Warriors. Et lors de cet
4 incident en particulier, je suis resté dans mon Warrior.
5 A l'époque, les règles auxquelles nous obéissions ne nous autorisaient pas
6 à intervenir dans le cadre de tels incidents. Et étant donné les combats,
7 certes sporadiques, mais les combats cependant qui existaient je ne
8 pouvais pas quitter mon Warrior.
9 M. Bennouna. - Je vous remercie.
10 M. Robinson (interprétation). - J'ai une question, Monsieur Nice. Est-ce
11 qu'il est possible qu'il y ait un village entre Polje et Kacuni ? Un
12 village qu'on ne voit pas ici ? Et qui pourrait correspondre à la zone
13 dont nous a parlé le commandant, la zone où il a effectivement vu des
14 maisons en flamme ?
15 M. Nice (interprétation). - (Hors micro.)
16 Je ne sais pas si vous pouvez nous aider, Commandant, au sujet de cette
17 carte ou d'autres cartes d'ailleurs. Est-ce que vous pouvez nous dire si
18 vous savez s'il y a peut-être un autre village entre Polje et Kacuni, ou
19 un village entre Donja Polje et Kacuni ? Et qui pourrait correspondre au
20 village ou à l'endroit dont on parle dans les statistiques issues du
21 recensement ?
22 M. Jennings (interprétation). - Je ne pense pas pouvoir vous aider. Si je
23 me souviens bien, il y avait une pancarte qui indiquait qu'on entrait dans
24 le village de Kacuni. Je crois me souvenir que c'était sur le côté de la
25 route et c'était au nord du pont où nous avions un point de contrôle des
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1 Nations Unies. Et je crois me souvenir donc qu'il y avait une pancarte qui
2 indiquait dans le village de Donjevic Polje. En revanche, je ne me
3 souviens d'aucune pancarte qui aurait indiqué que l'on entrait dans un
4 autre village entre ces deux villes.
5 M. Robinson (interprétation). - Merci.
6 M. Nice (interprétation). - Pour compléter la question posée par M. le
7 Juge Bennouna, vous vous souviendrez, Messieurs les Juges, sur la base du
8 témoignage du professeur Donja, qu'il arrivait très souvent aux Musulmans,
9 lors des recensements, de se déclarer en tant que Yougoslaves ou divers ;
10 ce qui était d'ailleurs fait par des membres d'autres groupes ethniques.
11 Deuxièmement, le retard dans l'échange de prisonniers, autre sujet sur
12 lequel je souhaite vous poser une question. Je souhaiterais savoir comment
13 vous avez décrit ces événements dans votre calepin, dans vos notes.
14 M. Jennings (interprétation). - Oui, il s'agit en fait de notes que j'ai
15 prises lors d'une réunion que j'ai eue avec Dario Kordic le
16 3 février 1993, et j'ai pris ces notes après une liste de plaintes qui ont
17 été émises, et donc, j'ai pris note.
18 M. Nice (interprétation). - Je vais demander que ceci soit placé sur le
19 rétroprojecteur afin que les Juges puissent voir clairement de quoi nous
20 parlons. Et donc ce que vous avez écrit, c'était... Monsieur le témoin ?
21 M. Jennings (interprétation). - Après la liste de plaintes, j'ai écrit la
22 chose suivante : "Pas d'échange de témoins jusqu'à 48 heures". Ensuite,
23 j'ai inscrit la date du 5 février 1993, c'est-à-dire deux jours après la
24 réunion à laquelle j'assistais au moment où j'ai pris ces notes. Il s'agit
25 des notes que j'ai prises pendant que Dario Kordic s'exprimait. Une ou
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1 deux pages plus loin, comme je vous l’ai déjà dit, j'ai ensuite écrit ceci
2 plus en détail.
3 M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous nous indiquer les pages dont il
4 s'agit, s'il vous plaît ?
5 M. Jennings (interprétation). - Comme vous le voyez, en haut, on peut lire
6 la chose suivante : "Résumé des questions discutées lors de la réunion
7 avec Dario Kordic le 3 février, résumé des plaintes émises par Dario
8 Kordic, des points qui posaient problème".
9 Ensuite au paragraphe 4, je parle du barrage, au paragraphe 5, de
10 l'échange de prisonniers qui est retardé de 48 heures jusqu'au 5 février.
11 Comme on peut le lire sur ce document.
12 M. Nice (interprétation). - Lors du contre-interrogatoire, on vous a
13 demandé de vous exprimer au sujet des termes précis de l'accord de cessez-
14 le-feu, mais lors de vos discussions avec M. Kordic, je voudrais savoir
15 qui a suggéré d'établir un lien entre l'échange de prisonniers et la
16 solution de ces problèmes évoqués par M. Kordic.
17 M. Jennings (interprétation). - C'est M. Kordic lui-même qui a dit :
18 "Bien, suite à cela, en conséquence, l'échange de prisonniers sera retardé
19 de 48 heures". Moi-même, je n'ai pas soulevé cette question.
20 M. Nice (interprétation). - A ce moment-là, est-ce que vous aviez
21 connaissance du fait que des soldats étaient échangés ou allaient être
22 échangés ?
23 M. Jennings (interprétation). - Oui, je me souviens qu'il y avait des
24 efforts constants qui étaient faits pour échanger des prisonniers, des
25 otages, des civils puisqu’il y avait différents types de personnes qui
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1 étaient susceptibles d'être échangées, des personnes qui, généralement,
2 étaient détenues pour une raison ou une autre. Moi-même, je n'y
3 participais pas directement parce que cela était fait par les personnes
4 qui avaient signé l'accord de cessez-le-feu le 30 janvier.
5 Mais dans le cadre de nos briefings quotidiens, et lorsque je discutais
6 avec les gens à l'école, en lisant les bulletins de renseignements
7 militaires, et du fait de ma présence dans la salle des opérations, je
8 savais que des efforts étaient entrepris pour permettre l'échange de ces
9 personnes aussi rapidement que possible.
10 Je pense également que l'on s'efforçait d'obtenir au moins l'échange de
11 quelques personnes ; ceci afin de démontrer la bonne volonté des parties
12 prenantes, mais qu'il s'agissait globalement d'un processus graduel.
13 Cependant, je ne peux pas dire que j'avais connaissance du fait que des
14 soldats, des personnes devaient être échangées à un moment précis.
15 M. Nice (interprétation). - Comme vous nous l'avez dit dans votre
16 interrogatoire principal, est-ce que vous pouvez nous dire s'il y a
17 effectivement eu un retard dans l'échange des prisonniers suite à cette
18 réunion ?
19 M. Jennings (interprétation). - Il y a eu un retard. Quant à savoir s'il a
20 été effectivement de 48 heures, je ne peux pas vous le dire. Comme je l'ai
21 inscrit dans mon calepin, aucune période définie ne nous a été
22 communiquée. C'est pourquoi j'ai indiqué le 5 février à titre indicatif,
23 mais je sais qu'il y a eu un retard dans cet échange, et je le sais du
24 fait de mes conversations avec les gens qui se trouvaient à l'école et du
25 fait de ce qui s'est produit dans les jours suivants.
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1 M. Nice (interprétation). - Autre sujet que je souhaite aborder brièvement
2 avec vous : on vous a montré plusieurs bulletins de renseignements
3 militaires dont vous aviez lu certains d'entre eux et d'autres, jamais ?
4 M. Jennings (interprétation). - En effet, il y a certains de ces bulletins
5 que je n'avais jamais lus. Par exemple, je n'ai jamais lu le bulletin de
6 renseignements militaires du 9 janvier, puisque j'avais quitté mon poste
7 précédent 12 heures avant sans prendre de permission. Je suis allé
8 directement en Bosnie-Herzégovine. En fait, j'étais dans l'avion pour
9 Zagreb au moment où ce bulletin a été rédigé.
10 Et d'autre part, comme je l’ai expliqué précédemment, j'étais souvent sur
11 le terrain pendant deux ou trois jours. J'étais sur le terrain, je
12 m'occupais des opérations, je dormais et, parfois, il m’arrivait de ne pas
13 rentrer à l'école. On peut donc voir dans mon calepin qu'il y a des jours
14 où je n'ai pas fréquenté, où je n'ai pas participé à la réunion de
15 17 heures du fait de mon activité sur le terrain.
16 M. Nice (interprétation). - On a évoqué un certain nombre d'incidents, un
17 certain nombre de statistiques qui sont reprises dans ces bulletins de
18 renseignements militaires. Je ne vais pas entrer dans les détails. Je
19 voudrais seulement attirer votre attention sur une statistique du
20 19 février selon laquelle les soldats musulmans... sur les soldats
21 musulmans identifiés, on pensait que 10 % seulement d'entre eux portaient
22 des armes. Est-ce que vous vous en souvenez ?
23 M. Jennings (interprétation). - Je ne crois pas que j'ai un exemplaire de
24 ce document.
25 M. Nice (interprétation). - Il s'agit de la pièce D62/1.
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1 M. Jennings (interprétation). - J'ai beaucoup de renseignements militaires
2 ici, mais peut-être pas celui-là.
3 M. Nice (interprétation). - La Chambre peut voir ce document.
4 M. Jennings (interprétation). - Quelle est la date de ce bulletin ?
5 M. Nice (interprétation). - Le 19 février. Il s'agit du bulletin du
6 20 février, et je vais demander à l'huissier de le placer sur le
7 rétroprojecteur. C'est la pièce D62/1.
8 On parle ici de Jajce : "L'officier de liaison a fait remarquer que la
9 majorité des soldats n'étaient pas armés, ils ne semblaient pas disposer
10 d'équipements lourds et le fait que la majorité de ces soldats n'étaient
11 pas armés va dans le sens du rapport de la compagnie B selon laquelle 10 %
12 ou moins de 10 % des soldats de la brigade de Jajce étaient armés". Est-ce
13 que cela correspond à vos souvenirs ?
14 M. Jennings (interprétation). - Je dois dire que cela correspond aux
15 bulletins de renseignements militaires que j'ai lus à l'époque et qui
16 m’ont été communiqués par la défense hier.
17 M. Nice (interprétation). - Merci. Sur la base de ces statistiques qui
18 vous ont été communiquées, au sujet des Musulmans et de la proportion de
19 Musulmans par rapport aux Croates, est-ce que cela change votre opinion de
20 la situation et de la force respective des deux parties en présence ?
21 M. Jennings (interprétation). - Non, parce que mes déclarations -et c’est
22 ce que j'ai dit hier- cela se base sur ce que j'ai vécu en tant que
23 commandant sur le terrain. Et je le répète : moi, je n'ai pas passé mon
24 temps à analyser des documents, à essayer de comparer la force respective
25 des parties en présence, moi, j'ai passé mon temps sur la route pour
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1 essayer de lever des points de contrôle, j'ai essayé d'encourager les gens
2 à se parler, les parties en présence à se parler. C'était ce que je
3 faisais, moi.
4 M. Nice (interprétation). - Merci.
5 Avant-dernier sujet que je souhaite aborder avec vous : les ingénieurs ou
6 techniciens qui vous ont demandé de ne rien dire à Kordic, combien de fois
7 les avez-vous vus ? Une fois ou deux fois..., ou plus ?
8 M. Jennings (interprétation). - Les ingénieurs, je les ai vus à peu près
9 du début février, 5 ou 6 février, et ensuite pendant deux semaines. Je les
10 ai vus à peu près une douzaine de fois et, généralement, je les ai vus à
11 côté d'un point de contrôle contrôlé par les Nations Unies qui était
12 similaire à celui de Kacuni et qui a été mis en place là où le barrage
13 avait été démantelé. C'était un principe qui consistait à mettre en place
14 des points de contrôle des Nations Unies.
15 M. Nice (interprétation). - Et quand ils vous ont parlé de Kordic, ils
16 vous ont demandé de ne rien lui dire, est-ce qu'ils l'ont fait une fois ou
17 plus d'une fois ?
18 M. Jennings (interprétation). - A une seule reprise et je ne leur avait
19 rien demandé d'ailleurs.
20 M. Nice (interprétation). - Dernière question à ce sujet : quelle était
21 leur comportement quand ils vous ont dit cela ?
22 M. Jennings (interprétation). - A mon avis, ils étaient très préoccupés et
23 inquiets qu'il puisse apprendre cela et inquiets de sa réaction
24 potentielle.
25 M. Nice (interprétation). - Dernier thème, enfin dernier thème et puis
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1 après j'aurais deux questions de détail extrêmement brèves.
2 Les deux membres du HOS que vous avez rencontrés dans le bunker de Dario
3 Kordic..., on vous a montré un document du 10 avril 1993. Je ne vais pas,
4 Monsieur le Président, montrer au témoin des documents qui sont
5 complètement contradictoires avec ceux qui lui ont été présentés par la
6 défense parce que le témoin n'a tout simplement jamais vu ces documents.
7 Mais je voudrais savoir comment ils vous ont été présentés, ces hommes ?
8 M. Jennings (interprétation). - Comme je l'ai dit, à ce moment-là, si je
9 me souviens bien, ils m'ont été présentés comme respectivement commandant
10 et commandant en second du HOS à Zenica et, là, je me base sur mes
11 souvenirs pour vous répondre.
12 M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'il a été suggéré qu'ils n'étaient
13 pas membres du HVO, mais de l'armée de Bosnie-Herzégovine ?
14 M. Jennings (interprétation). - On n'a jamais reparlé de ces personnes et
15 je crois que c'est par simple courtoisie que l'on me les a présentées ,
16 que l'on a présenté tous ceux qui se trouvaient dans la pièce
17 puisqu'immédiatement, nous sommes entrés dans le vif du sujet de notre une
18 réunion. Ces deux personnes n'ont pas parlé pendant que je me trouvais
19 dans cette pièce et je n'y suis d'ailleurs resté que quelques minutes. Il
20 s'agissait de discuter de la distribution équitable de l'aide humanitaire
21 ou de la perception de cette distribution équitable.
22 M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous les avez vus à une autre
23 reprise ?
24 M. Jennings (interprétation). - Oui. J'ai vu ces deux hommes lors d'une
25 réunion qui a été organisée par M. Delamoto au dépôt du HCR de Zenica à
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1 4 heures de l'après-midi ce jour-là.
2 M. Nice (interprétation). - Vous ne les avez donc jamais vus auparavant ?
3 Il y a un petit problème technique au niveau du compte rendu d'audience.
4 Est-ce que lors de l'une de ces réunions, il y avait des représentants de
5 l'armée de Bosnie-Herzégovine ?
6 M. Jennings (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.
7 M. Nice (interprétation). - Et s'il y avait eu des représentants de
8 l'armée de Bosnie-Herzégovine dans le bunker de Dario Kordic, est-ce que
9 vous vous en souviendriez ?
10 M. Jennings (interprétation). - Je ne doute pas que je l'aurais inscrit
11 dans mes notes.
12 M. Nice (interprétation). - Il y a apparemment un petit problème au niveau
13 du compte rendu.
14 M. le Président (interprétation). - Monsieur Nice, tout fonctionne de
15 nouveau parfaitement.
16 M. Nice (interprétation). - Lors de la deuxième réunion, si des gens
17 avaient été présentés comme représentant l'armée de Bosnie-Herzégovine,
18 est-ce que vous vous en seriez souvenu ?
19 M. Jennings (interprétation). - J'en aurais sans doute pris note, mais il
20 faut savoir que j'étais là surtout en tant qu'observateur dans cette
21 réunion qui se déroulait à l'initiative de M. Delamoto. Moi-même, la seule
22 chose que j'avais faite, c'était de signaler à M. Delamoto, après les
23 plaintes présentées par Dario Kordic au sujet de la distribution inégale
24 de l'aide, donc c'est tout ce que j'avais fait. Mais je n'ai parlé à
25 personne.
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1 M. Nice (interprétation). - Vous nous avez dit que ce bunker était une
2 sorte de salle d'opération. On y trouvait par exemple des cartes.
3 M. Jennings (interprétation). - Lors de ma première visite sur place et,
4 ensuite, sauf le 27 février, l'endroit ressemblait plutôt à un bureau.
5 Mais pour moi, cela ressemblait à une salle d'opérations d'où on
6 planifiait des opérations et d'où l'on envoyait des ordres sur le terrain.
7 C'est l'impression que j'en ai eue.
8 M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez vu M. Kordic permettre à
9 des représentants de l'armée de Bosnie-Herzégovine d'entrer dans cette
10 pièce ?
11 M. Jennings (interprétation). - Non.
12 M. Nice (interprétation). - Deux détails, deux points de détail : on vous
13 a suggéré que le plan Vance-Owen avait été signé par les trois parties en
14 présence à un certain moment. Est-ce que vous vous en souvenez ? Répondez
15 par oui ou par non, s'il vous plaît.
16 M. Jennings (interprétation). - Non.
17 M. Nice (interprétation). - On vous a dit que le reçu pour la Mercedes,
18 pièce à conviction 502, donc on vous a dit que ce reçu avait été signé par
19 M. Kordic en qualité de vice-président de la HZ-HB. Est-ce que vous
20 pourrez regarder ce document et savez-vous qu'il a également signé ce
21 document en qualité de pukovnik qui signifie colonel ?
22 M. Jennings (interprétation). - Maintenant je le sais.
23 M. Nice (interprétation). - Dernière question au sujet de votre carrière :
24 vous êtes commandant depuis 1990, il y a très peu de personnes dans la
25 galerie et je voudrais savoir si vous pouvez vous attendre à une promotion
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1 dans un avenir proche. Mais si vous préférez, par superstition, ne pas
2 nous répondre, vous pouvez vous contenter d'un signe de tête.
3 M. Jennings (interprétation). - (Inaudible.)
4 M. Nice (interprétation). - Merci, nous avons bien compris.
5 M. le Président (interprétation). - Merci beaucoup, Monsieur le témoin,
6 d'être venu déposer ici. Vous pouvez maintenant disposer.
7 M. Jennings (interprétation). - Merci beaucoup, Monsieur le Président.
8 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
9 M. Nice (interprétation). - Nous pouvons maintenant faire entrer le témoin
10 suivant.
11 Il s'agit de M. Rolf Weckesser. Il est allemand, il parle un anglais
12 remarquable, si bien qu'il n'est sans doute pas nécessaire de faire appel
13 à un interprète allemand/anglais ou anglais/allemand. Mais nous disposons
14 cependant d'un interprète qui pourra l'aider en cas de besoin. Et vous
15 vous souviendrez peut-être, Messieurs les Juges, que, du fait d'une
16 modification du calendrier, d'une difficulté d'un des témoins, nous avons
17 dû changer l'ordre des témoins et M. Weckesser a accepté de venir
18 prématurément.
19 Nous avons donc un peu changé la chronologie des événements évoqués et des
20 témoins, mais je ne pense pas que cela pose un problème quelconque et sa
21 déposition sera brève.
22 M. Sayers (interprétation). - Monsieur le Président, malheureusement, je
23 ne peux dire à la Chambre sur quel point nous acceptons que des questions
24 directives soient posées ou non parce que nous n'avons reçu ce résumé
25 qu'il y a très très peu de temps. Mais en tout état de cause, le
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1 témoignage de cette personne n'a trait en rien au co-accusé et donc le
2 conseil du co-accusé nous a fait savoir qu'il n'y aurait pas de questions
3 venant de la défense de M. Cerkez et c'est moi-même qui mènerai le contre-
4 interrogatoire.
5 M. Nice (interprétation). - Il est possible qu'il faille réorganiser un
6 peu la disposition des lieux ici pour permettre à l'interprète d'aider le
7 témoin si nous en avons besoin.
8 M. le Président (interprétation). - Eh bien, voyons comment nous avançons
9 sans interprète.
10 M. Nice (interprétation). - Les Juges constateront que la carte en
11 couleurs se révélera sans doute très utile lors de l'audition de M. le
12 témoin puisque nous allons parler de la zone de Vares qui se trouve au
13 nord et à l'est de la zone qui nous intéresse dans ce procès.
14 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
15 M. le Président (interprétation). - Faites prononcer au témoin la
16 déclaration solennelle, s'il vous plaît.
17 M. Weckesser (interprétation). - Je déclare solennellement que je dirai la
18 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
19 M. le Président (interprétation). - Monsieur Weckesser, veuillez vous
20 asseoir, s'il vous plaît.
21 (Le témoin s'exécute.)
22 M. Nice (interprétation). - La carte à laquelle je viens de faire
23 référence porte un certain nombre de marques, mais je pense qu'elle peut
24 cependant être très utile si nous la plaçons sur le rétroprojecteur.
25 M. le Président (interprétation). - Allez-y.
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1 (L'huissier s'exécute.)
2 M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous, s'il vous plaît, nous donner
3 votre nom ?
4 M. Weckesser (interprétation). - Je m'appelle Rolf Weckesser.
5 M. Nice (interprétation). - Avez-vous passé 36 ans dans l'armée de l'air
6 allemande, que vous avez quittée avec le grade de colonel ? Vous avez été
7 ensuite déployé en mai 1993 dans le cadre de la mission de l'ECMM ?
8 M. Weckesser (interprétation). - C'est exact.
9 M. Nice (interprétation). - Entre octobre et décembre, étiez-vous
10 dirigeant ou chef d'équipe basé à Travnik et est-ce que votre zone de
11 responsabilité comprenait Vares à l'est, Maglaj au nord-ouest, ainsi que
12 les villes ou villages de Zepce, Kakanj, Breza et Zavidovic ?
13 M. Weckesser (interprétation). - C'est bien exact.
14 M. Nice (interprétation). - Une fois que vous vous êtes rendu en mission,
15 est-ce que Sir Martin Garrod vous a informé qui, à cette époque-là,
16 étaient les personnes dirigeantes dans cette région ?
17 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
18 M. Nice (interprétation). - Je parle aussi bien des dirigeants politiques
19 que des dirigeants militaires. Qui étaient les dirigeants ?
20 M. Weckesser (interprétation). - Oui, j'étais au courant.
21 M. Nice (interprétation). - Est-ce vous pouvez nous dire les noms, s'il
22 vous plaît ?
23 M. Weckesser (interprétation). - Entre autres noms dont il a été question,
24 c'était M. Kordic et M. Blaskic. Monsieur Kordic, le dirigeant politique
25 et M. Blaskic, le dirigeant militaire du côté du HVO.
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1 M. Nice (interprétation). - Vous avez devant vous les notes, vous pouvez
2 vous y référer, si vous voulez bien, éventuellement pour consulter vos
3 notes, voir quelles sont les dates, etc. Est-ce que vous pouvez nous dire
4 à quel moment vous avez fait des notes, en ce qui concerne les dates ?
5 M. Sayers (interprétation). - Monsieur le Président, nous aimerions savoir
6 de quoi il s'agit parce qu'on ne sait pas très bien ce qu'on veut obtenir
7 comme réponse du témoin.
8 M. le Président (interprétation). - Quelles sont ces notes, s'il vous
9 plaît ? Est-ce qu'on peut le savoir ?
10 M. Weckesser (interprétation). - Est-ce que c'est une question qui m'a été
11 posée ?
12 M. Nice (interprétation). - Oui.
13 M. Weckesser (interprétation). - Excusez-moi. Pendant mon séjour en Bosnie
14 centrale, j'ai moi-même pris des notes. Je l'ai fait pratiquement tous les
15 jours et ces notes s'inscrivaient dans le cadre des notes du centre de
16 Zenica. Nous avons envoyé les notes au siège de Zagreb. Ce sont les notes
17 dont je dispose, voilà.
18 M. Sayers (interprétation). - Monsieur le Président, juste une question de
19 principe. Je soulève une objection, car l'accusation cite un témoin qui se
20 réfère à des notes qui n'ont pas été soumises à la défense. Je pense que
21 c'est une question que nous avons déjà soulevée à maintes reprises et je
22 pense que c'est vraiment le temps d'y penser. C'est l'objection de la part
23 de la défense.
24 M. le Président (interprétation). - Oui, vous avez fait objection, vous
25 avez raison de disposer des notes auxquelles se réfère le témoin, si on
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1 peut les soumettre ou non, ça c'est une question de possibilité d'agir,
2 mais de toute façon, le témoin a le droit de se référer à ses notes
3 pendant qu'il témoigne et vous, vous avez le droit de les voir. Ce n'est
4 qu'à ce moment-là que vous bénéficiez de votre droit.
5 M. Nice (interprétation). - On va peut-être une fois de plus soulever une
6 objection devant vous, Monsieur le témoin. Vous avez également le résumé
7 de votre déclaration.
8 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
9 M. le Président (interprétation). - Est-ce qu'il y a des objections à ce
10 sujet-là ?
11 M. Sayers (interprétation). - Non, Monsieur le Président.
12 M. Nice (interprétation). - Nous allons nous concentrer sur Vares. Si nous
13 voyons la carte, vous prenez le pointeur que vous avez à droite, vous
14 pouvez l'utiliser pour montrer les points différents et les localités
15 différentes sur la carte. Pourriez-vous, très brièvement, nous donner
16 l'historique de la ville de Vares et surtout, nous en parler dans le
17 cadre, donc, de cette carte, qui habitait cette municipalité, cette ville
18 et les alentours ?
19 M. Weckesser (interprétation). - Je ne pense pas que l'occupation soit un
20 terme exact. Vares était une enclave du HVO. Elle a été isolée au nord,
21 elle avait une frontière avec le 2ème Corps de l'armée de Bosnie-
22 Herzégovine, au sud, le 3ème Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine, à
23 l'est, l'armée de la Republika Srpska. La ville a été contrôlée par la
24 brigade Bobovac et le commandement se trouvait à 3 kilomètres au nord de
25 Vares sur la route menant vers Tuzla.
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1 M. Nice (interprétation). - A l'époque, ou plutôt la période qui nous
2 intéresse, je parle du mois d'octobre 1993, y avait-il du gouvernement en
3 exil à Vares ?
4 M. Weckesser (interprétation). - Oui, c'est exact. Il y avait un
5 gouvernement en exil à cette époque-là et il se trouvait au sud de Vares,
6 à proximité de la ville de Breza.
7 M. Nice (interprétation). - Ces gens-là -il y en avait plus qu'une seule
8 personne- habitaient bien à Vares, n'est-ce pas ?
9 M. Weckesser (interprétation). - Ca, je ne peux pas vous le dire, je ne
10 m'en souviens pas. Ce que je sais, en revanche, c'est qu'une femme, une
11 dame qui s'appelait Melvana, elle a un nom qui est assez compliqué, je
12 n'arrive pas à le prononcer- elle avait dit qu'elle était élue président
13 de la ville de Vares. Elle l'a dit également au cours de tous les
14 entretiens que nous avons pu avoir avec elle, qu'elle allait retourner à
15 Vares en qualité de président, ou plutôt, maire de la ville.
16 M. Nice (interprétation). - A cette époque-là également, y avait-il une
17 pression sur le HVO, à Vares ? Est-ce que cette pression était constante ?
18 Est-ce qu'elle s'était renforcée ?
19 M. Weckesser (interprétation). - Moi je me suis rendu le 5 octobre dans
20 cette région, si mes souvenirs sont bons, et au début de mes activités, il
21 y avait une pression qui s'exerçait de plus en plus sur le HVO. On avait
22 des informations concernant les déplacements du 2ème Corps qui se
23 déplaçait vers le sud. Le 3ème Corps se déployait du côté nord-ouest de
24 Kakanj et lors de tous les entretiens que j'ai pu avoir avec le HVO au
25 sein de la Brigade de Bobovac et ailleurs, jusqu'au 23 octobre, il y avait
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1 cette tension qui était de plus en plus présente. Il y avait un
2 accroisement de la tension. Et il y avait également cet incident du Convoi
3 de la Joie, qui se déplaçait de Split en direction de Tuzla.
4 Ce convoi a été arrêté à plusieurs reprises par des armées hostiles. Et
5 puis, à un moment donné, le pouvoir, les autorités de Vares ont bloqué
6 complètement le convoi car, dans la vallée, au nord de Vares, c'était le
7 18 ou le 19 octobre, la vallée a été bloquée par des centaines de Croates
8 réfugiés, des civils réfugiés qui s'étaient retirés du nord-ouest de la
9 Bosnie centrale et normalement ils devaient être transportés vers le sud,
10 en Herzégovine.
11 Personnellement, j'ai eu des entretiens qui étaient extrêmement durs et
12 difficiles avec M. Zvonko Duznjevic, officier du service de sécurité à
13 Vares, et il a cédé enfin. Il a laissé passer ce Convoi de la Joie n° 2.
14 Ce n'est qu'après que le HVO a réagi pour faire déplacer la population qui
15 se trouvait sur la route.
16 M. Nice (interprétation). - Avant de rentrer dans les détails et de parler
17 des détails concernant Stupni Do, pourriez-vous nous dire quelque chose au
18 sujet des tensions et comment ces tensions ont-elles été surmontées ? Est-
19 ce qu'ils ont remis Vares en fin de compte ?
20 M. Weckesser (interprétation). - Moi, je le suppose. Je pense que le HVO à
21 Vares, depuis le tout début, disons vers le 20 octobre, a déjà commencé à
22 préparer le retrait. Pour eux, c'était déjà évident et clair qu'ils
23 n'allaient pas disposer de suffisamment d'effectifs, pas suffisamment
24 d'armes pour supporter l'offensive des Bosniens qui se préparait, aussi
25 bien au nord qu'au sud. L'armée des Serbes de Bosnie-Herzégovine n'avait
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1 pas soutenu et aidé le HVO, comme le HVO l'espérait éventuellement.
2 C'était une des raisons pour lesquelles il y avait ces agitements et le
3 retrait s'avérait évident, et tout le monde était au courant pratiquement.
4 M. le Président (interprétation). - Quand vous parlez de BSA, vous pensez
5 à l'armée des Serbes de Bosnie ?
6 M. Weckesser (interprétation). - Oui, c'est l'armée qui se trouvait à
7 l'est de la région en question. Et si je peux juste ajouter quelque chose,
8 il y avait des rumeurs qui se répandaient quand on parlait avec les
9 officiers du HVO. Je ne peux pas vous dire exactement qui était la
10 personne qui en avait parlé, mais à plusieurs reprises on l'a mentionnée.
11 Quand on avait essayé de se rendre compte de ce qui se passait au sein du
12 HVO et quelle était la situation, ils ont essayé de nous convaincre qu'ils
13 allaient obtenir des chars et quand on a posé la question, d'où ils
14 allaient obtenir des chars, ils ont montré le côté serbe, là où se
15 trouvaient les Serbes.
16 M. Nice (interprétation). - Quand est-ce que le retrait s'est produit ?
17 M. Weckesser (interprétation). - Je pense que le retrait a commencé vers
18 le 30, au moment où on a entendu les tirs à côté du siège de la Brigade de
19 Bobovac, et le 31, au moment où j'ai rencontré le nouveau commandant
20 Kresimir Bozic dans son quartier général, il m'avait demandé...
21 M. Nice (interprétation). - Excusez-moi, je vais vous interrompre
22 maintenant. Vous avez parlé des tensions, vous avez parlé du retrait. Nous
23 allons revenir peut-être à un certain nombre de parties où vous pourriez
24 prendre un ordre chronologique en relatant les événements.
25 Est-ce que cette dame, dont vous ne pouvez pas prononcer le nom et qui a
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1 été également président du gouvernement en exil, vous a parlé également de
2 ces attaques qui se préparaient sur Stupni Do ?
3 M. Weckesser (interprétation). - Oui. C'était entre le 23 et le
4 24 octobre, dans la nuit, à peu près autour de 23 heures, au siège de
5 l'ECMM à Zenica. Nous avons reçu un coup de téléphone qui provenait de
6 cette localité de Breza et de Dabrovina. On nous a demandé une aide
7 urgente à cause des massacres et des atrocités éventuelles à Stupni Do.
8 Cette nuit, comme nous n'avions pas eu le droit de sortir la nuit, car la
9 nuit on ne pouvait pratiquement rien faire, on n'est pas sorti, on a
10 attendu que le jour se lève.
11 M. Nice (interprétation). - Le 24, vous avez essayé de vous rendre à
12 Stupni Do ? Et qu'est-ce que vous avez vu ? Dites aux Juges si vous ne
13 pouviez pas vous rendre à Stupni Do, pourquoi, quelles étaient les
14 raisons ?
15 M. Weckesser (interprétation). - Tôt le martin, le 24 octobre, nous avons
16 eu l'intention de nous rendre à Stupni Do. Nous avons, par conséquent,
17 reçu ce coup de téléphone du gouvernement en exil. La situation à Vares
18 était assez tendue. Nous nous sommes rendus jusqu'à la route qui menait à
19 Stupni Do et qui se trouve au sud de Vares.
20 M. Nice (interprétation). - Nous allons demander aux techniciens de mettre
21 la carte un peu mieux sur le rétroprojecteur et surtout pour que vous
22 puissiez nous montrez où cela se trouve exactement. Colonel, c'est une
23 carte que vous venez de voir, je ne pense pas que vous l'ayez vue
24 auparavant.
25 M. Weckesser (interprétation). - Oui, tout à fait, mais on voit les routes
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1 qui mènent vers Stupni Do. Je pense effectivement qu'il s'agit de la route
2 menant vers Stupni Do. Je pointe cette route. C'est au sud de Vares. Je
3 pense effectivement que c’était la route qui a été bloquée et qui aurait
4 dû être la route nous menant vers Stupni Do et nous permettant d’y avoir
5 accès. Il y avait un tunnel également, il y avait le chemin de fer.
6 Ensuite, il y avait également des tranchées qui s'y trouvaient, des champs
7 de mines, des soldats qui nous empêchaient de traverser, enfin de nous y
8 rendre.
9 Pendant qu'on était à ce niveau-là pour discuter avec les soldats qui
10 devaient nous permettre de nous rendre dans le village, nous avons vu les
11 trois camionnettes, il y en avait une qui sortait du tunnel, il y avait
12 des soldats qui criaient, qui hurlaient, qui jetaient des armes, ils se
13 sont arrêtés très brièvement, je ne sais pas quelles étaient les raisons
14 de cet arrêt, et puis l'interprète, notre interprète, devait s'adresser à
15 ce groupe-là et ultérieurement m'a dit...
16 M. Sayers (interprétation). - Mais si le témoin n'a pas entendu les
17 soldats parler avec l'interprète, à ce moment-là il n'y a pas lieu de lui
18 poser une telle question.
19 M. le Président (interprétation). - Est-ce que vous pouvez répondre,
20 Monsieur Nice ?
21 M. Nice (interprétation). - Avant que le témoin ne réponde, je pense
22 pouvoir dire qu'il avait toujours près de lui un interprète. La
23 communication était indispensable pour lui en passant par un interprète.
24 Et c'est dans ce sens-là qu'il avait parlé.
25 M. le Président (interprétation). - Est-ce que le témoin peut nous dire
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1 s'il avait entendu ou s'il a vu l'interprète parler avec des soldats et
2 quelles étaient les informations qu'il a eues par l'intermédiaire de
3 l'interprète ?
4 M. Weckesser (interprétation). - Oui, moi j'étais à quatre mètres à peu
5 près par rapport au groupe et j'ai vu l'interprète parler avec des
6 soldats. Il m'a tout de suite transmis ce qu'ils lui ont dit.
7 M. le Président (interprétation). - Mais avant de dire ce qu'il avait
8 prononcé, étant donné qu'il y avait une objection...
9 (Les Juges se consultent sur le siège.)
10 Nous allons accepter ce témoignage. On doit épouser une approche moderne,
11 c'est aux Juges de prendre la décision en ce qui concerne la fiabilité de
12 ce témoignage.
13 Je vous en prie.
14 M. Weckesser (interprétation). - Les soldats ont dit : "Nous n'aimons pas
15 ce que nous faisons, mais nous sommes dans l'obligation de le faire. Nous
16 n'apprécions pas non plus nos dirigeants". Fin de citation. Et ceci, par
17 conséquent, nous a fait conclure qu'il y avait des choses assez bizarres
18 qui se passaient.
19 M. Nice (interprétation). - Avant de poursuivre l'ordre chronologique des
20 événements, j'aimerais vous poser la question suivante au sujet de
21 Stupni Do. Quel était ce village, Stupni Do, et pourquoi c'était un
22 village qui était important ? Au moment où vous allez me donner la
23 réponse, vous pourriez peut-être nous montrer sur la carte où se trouve
24 Stupni Do, à quelle distance des lignes de front des parties ennemies ?
25 M. Weckesser (interprétation). - Comme je l'ai déjà précisé, ce n'est que
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1 le 5 octobre que je me suis rendu dans cette région. C'est un autre
2 observateur, M. Hepstadt, qui a couvert cette région. A un moment où je
3 suis venu le remplacer, il m'a dit que Stupni Do est une vallée qui est
4 très agréable, que les gens sont accueillants, agréables, et il m'a dit
5 également à ce moment-là, il m'a plutôt conseillé, qu'il serait possible
6 éventuellement que ce village soit un village où la mafia, les vols, les
7 pillages se produisent plus souvent.
8 Il fondait ceci tout simplement sur le fait que Stupni Do était au centre
9 même, entre les deux parties ennemies. A l'est, pas très loin de
10 Stupni Do, il y avait le territoire de l'armée des Serbes de Bosnie. Au
11 nord, Stupni Do faisait pratiquement partie intégrante de l'enclave du
12 HVO. Et à l'ouest, il était pratiquement au bord des forces de l'armée de
13 Bosnie-Herzégovine. C'était un point idéal pour tout ce qui est transfert
14 des vivres, des armes, l'échange des biens, l'échange des armes ou
15 n'importe quoi d'autres entre les parties ennemies. Ce n'était pas du tout
16 quelque chose d'exceptionnel, de ce type-là, dans une telle guerre. Moi,
17 j'ai eu cette expérience également de ce type d'événements dans d'autres
18 localités en ex-Yougoslavie, pendant mon séjour de deux ans dans ce pays.
19 M. Nice (interprétation). - Je voudrais juste donner quelques explications
20 au témoin. J'ai ménagé une pause pour que les interprètes puissent
21 terminer.
22 M. Weckesser (interprétation). - Oui, merci.
23 M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous avez pris la décision de
24 demander une autorisation, autorisation de la brigade locale ?
25 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
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1 M. Nice (interprétation). - Est-ce que vous pouvez nous relater quelque
2 peu cet événement ?
3 M. Weckesser (interprétation). - Etant donné que je n'avais pas accès, ce
4 sont les soldats qui m'ont empêché de m'y rendre, j'étais bloqué au sud de
5 Vares, nous avons poursuivi jusqu'à la Brigade de Bobovac, c'est là où
6 j'ai rencontré Emir Rarak qui m'avait refusé l'accès à Stupni Do. Il avait
7 dit que, soi-disant, il y avait des conflits très graves et des combats
8 très graves à cet endroit-là, que cela aurait été très risqué, très
9 dangereux pour mon équipe de s'y rendre, qu'il y avait des champs de mines
10 autour du village. Il m'avait promis par la même occasion que ce serait
11 éventuellement possible le lendemain matin.
12 M. Nice (interprétation). - Pendant que vous étiez au quartier général de
13 la brigade, avez-vous vu d'autres soldats ?
14 M. Weckesser (interprétation). - Oui. Il y avait une dizaine de soldats,
15 il y en avait qui se tenaient à l'intérieur, au restaurant, qui étaient à
16 une faible distance par rapport à l'endroit où nous avons eu la réunion.
17 C'était le commandement, c'est ce que moi je pensais.
18 M. Nice (interprétation). - Excusez-moi, je dois vous interrompre ; nous
19 avons un dossier, un document qui existe déjà. On peut les soumettre au
20 témoin. Il y a ce jeu de documents. Le premier, c'est une photographie.
21 (L'huissier s'exécute.)
22 Nous pourrions peut-être mettre la photographie sur le rétroprojecteur.
23 M. Weckesser (interprétation). - Est-ce que je peux dire à quoi se
24 rapporte la photographie ?
25 M. Nice (interprétation). - Oui, bien évidemment, mais il faut d'abord la
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1 mettre sur le rétroprojecteur pour que tout le monde puisse la voir. Est-
2 ce que vous pouvez nous dire maintenant ce que nous voyons sur cette
3 photographie ? Dites-nous quelque chose sur les soldats que vous avez
4 vus ?
5 M. Weckesser (interprétation). - Il s'agit du bâtiment où se trouvait le
6 quartier général de la Brigade Bobovac. Vous voyez une muraille. C'était
7 un portail par lequel on contrôlait également l'accès à la Brigade de
8 Bobovac. Il fallait y rester longtemps. Après une discussion assez longue,
9 on admettait que vous y rentriez. Il y avait également d'autres occasions
10 où l'on vous disait tout simplement que ce n'était pas possible parce
11 qu'il n'y avait personne qui pouvait vous recevoir. A gauche par rapport
12 au quartier général, moi j'ai vu à cette époque-là, si mes souvenirs sont
13 bons, qu'il y avait deux types de soldats. Il y avait des soldats, selon
14 l'expérience et la manière dont ils se tenaient, c'était les soldats
15 réguliers et d'autres, un groupe qui était quelque peu différent. Et
16 pendant qu'on attendait pour pouvoir entrer et voir le commandant, nous
17 avons regardé quelque peu derrière et nous avons remarqué les soldats,
18 nous avons eu l'impression qu'ils se cachaient, en quelque sorte. Ils ne
19 voulaient pas vraiment se manifester. Il y avait une personne qui était
20 devant nous et qui s'avançait vers la porte du bâtiment et ressemblait à
21 ces soldats qui étaient habillés, vêtus différemment. Ils avaient un
22 bandage sur la tête, un bandana. Ils avaient également arboré des insignes
23 sur l'épaule, ils avaient également le doigt sur la gâchette. On avait
24 l'impression qu'ils pensaient que nous étions dangereux pour eux, et
25 c'était une situation à laquelle nous avons véritablement fait face.
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1 M. Nice (interprétation). - Ce jour-là, quand vous n'avez pas pu obtenir
2 l'autorisation du commandant du HVO, est-ce que vous vous êtes entretenu
3 avec le commandant de l'armée de Bosnie-Herzégovine surnommé Nehru Ganic ?
4 M. Weckesser (interprétation). - Oui. Je pense que c'était l'après-midi et
5 ensemble, avec le colonel Andric, nous avons rencontré le commandant de
6 l'armée, le commandant Ganic.
7 M. Nice (interprétation). - Est-ce que nous pouvons maintenant revoir la
8 carte, et ceci, pour montrer où se trouvait la Brigade de Bobovac, et où
9 alliez-vous pour rencontrer le commandant de l'armée de Bosnie-
10 Herzégovine ?
11 M. Weckesser (interprétation). - Il s'agissait d'un quartier général qui
12 était sur la route vers Vares dans le village Dabravina. Le colonel
13 Hendriksen et moi-même, nous avons rencontré là-bas le commandant. Il nous
14 a reproché de ne pas faire grand-chose et, de manière très ferme et
15 sévère, il nous a dit que, soi-disant, il y avait des massacres et
16 atrocités qui ont été perpétrés à Stupni Do.
17 Il se plaignait, il disait que personne n'était intervenu, le Bataillon
18 néerlandais n'était pas intervenu et je me souviens l'avoir entendu dire
19 qu'à Stupni Do, il y avait 21 Musulmans qui avaient réussi à s'échapper
20 sur les 220 au total.
21 M. Nice (interprétation). - Au moment où vous avez reçu les informations
22 concernant les véhicules qui, d'après vous, quittaient Stupni Do, qui
23 était la personne qui vous en a informé ?
24 M. Weckesser (interprétation). - Tous les renseignements et toutes les
25 informations, on les a reçus du Bataillon néerlandais. Nous étions en très
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1 bons contacts avec eux et on coopérait. Ils étaient sur le terrain alors
2 que, nous, souvent, on pouvait être absents de Zenica si jamais on avait
3 des activités ailleurs et ce sont les représentants du Bataillon
4 néerlandais qui nous ont dit qu'ils avaient vu les véhicules qui se
5 déplaçaient au cours de la nuit du 23 au 24 octobre.
6 Et personnellement, j'avais supposé qu'ils transportaient tout le matériel
7 qu'ils avaient volé, pillé. Je ne pouvais pas supposer autre chose et je
8 ne pouvais pas savoir absolument de quoi il pouvait s'agir, ce qui,
9 éventuellement, d'autre aurait pu être transporté.
10 M. Nice (interprétation). - Est-ce qu'à ce moment-là, ce jour-là, vous
11 avez appris que Sir Martin Garrod avait envisagé d'avoir une réunion avec
12 M. Dario Kordic en sa qualité de vice-président du HZ-HB ?
13 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
14 M. Nice (interprétation). - Et quelle était la raison pour tenir cette
15 réunion ?
16 M. Weckesser (interprétation). - C'était pour aboutir à une coordination
17 pour restituer les hélicoptères qui ont été confisqués au moment où ils
18 étaient en mission à Medzugorje et ceci pour essayer de sortir d'un
19 conflit de tel type. Moi j'en ai profité pour demander l'aide à M. Garrod.
20 J'étais véritablement très inquiet de ce qui se passait à Stupni Do et
21 j'avais demandé, je lui ai demandé de s'adresser à Kordic et que Kordic
22 lui dise ce qui se passait à Stupni Do.
23 M. Nice (interprétation). - Par conséquent, au cours de cette étape, au
24 moment où vous avez réussi à faire obtenir cet entretien, vous avez encore
25 travaillé sur la base des rumeurs qui ont été répandues, sur la base des
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1 plaintes ? Personne de l'ECMM n'était encore sur place à Stupni Do ?
2 M. Weckesser (interprétation). - Oui, c'est vrai.
3 M. Nice (interprétation). - Et à votre connaissance, à cette époque-là,
4 est-ce que le Bataillon néerlandais était sur place ?
5 M. Weckesser (interprétation). - Non, pas à cette époque-là.
6 M. Nice (interprétation). - Et outre les soldats du HVO qui ont bloqué la
7 route, y avait-il d'autres personnes ou d'autres groupes qui avaient eu
8 accès à Stupni Do ?
9 M. Weckesser (interprétation). - Non, moi je n'étais pas au courant.
10 M. le Président (interprétation). - J'entends du français dans les
11 écouteurs. Mais nous allons de toute façon lever la séance pendant une
12 demi-heure, cela s'arrangera sûrement pendant la pause.
13 L'audience, suspendue à 11 heures, est reprise à 11 heures 30.
14 M. le Président (interprétation). - Monsieur Nice ?
15 M. Nice (interprétation). - Nous avons atteint le paragraphe 14.
16 Je vous demande de répondre par oui ou par non pour nous dire si vous avez
17 entendu M. Martin Garrodd ou quelqu'un d'autre vous parler des résultats
18 de l'entretien qu'il avait eu avec Dario Kordic ?
19 M. Weckesser (interprétation). - Pourriez-vous répéter la dernière partie
20 de votre question, je vous prie ?
21 M. Nice (interprétation). - Avez-vous entendu quelles ont été les
22 résultats de l'entretien qu'il avait eu avec Dario Kordic oui ou non ?
23 M. Weckesser (interprétation). - Oui, oui.
24 M. Nice (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs les Juges,
25 Martin Garrodd va être cité en tant que témoin dans un avenir proche, et
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1 en tout état de cause cet événement est relaté dans un rapport de l'ECMM
2 que je peux produire dans l'intérêt des Juges de façon à ce que chacun de
3 vous sache de quoi il est question.
4 Je voudrais donc produire la pièce à conviction suivante, document 1263.1,
5 vous en trouverez mention en-dessous de la photographie dont nous avons
6 parlé. Il s'agit d'un rapport quotidien en date du 25 octobre qui traite,
7 néanmoins, des événements que vous venez d'évoquer. Sur le plan politique,
8 ce rapport indique que le HCR a rendu visite à Dario Kordic à Busovaca
9 pour parler des hélicoptères comme vous venez de le faire vous-même.
10 D'autres faits sont également mentionnés, je ne vais pas les rappeler. A
11 la fin de la page, il est signalé qu'il a été question de Stupni Do, à la
12 page suivante on trouve les explications ou commentaires fournis par Dario
13 Kordic à cet égard.
14 Connaissiez-vous, Monsieur le Témoin, les explications fournies à ce
15 moment-là sur ce point ?
16 M. Weckesser (interprétation). - Oui, j'en ai eu connaissance.
17 M. Nice (interprétation). - Les explications en question vous ont-elles
18 satisfait ou avez-vous décidé de poursuivre vos efforts pour tenter de
19 pénétrer dans Stupni Do ?
20 M. Weckesser (interprétation). - Assurément, nous n'étions pas satisfaits,
21 car les informations que nous recevions au sujet des circonstances de
22 l'événement, les informations que nous obtenions de l'armée de Bosnie-
23 Herzégovine ne nous satisfaisaient pas. Nous estimions toujours pas avoir
24 une idée claire de la situation, mais nous avons cru en la promesse de
25 M. Kordic lorsqu'il a affirmé qu'il allait enquêter sur la question. Nous
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1 espérions, sans en être sûr, que les résultats ne seraient pas ceux qu'ils
2 ont été finalement.
3 M. Nice (interprétation). - Le 25, avez-vous fait une nouvelle tentative
4 par le biais du commandant de la Brigade Bobovac, Emil Harah ? Avez-vous
5 fait une nouvelle tentative en compagnie de Willima Stat ?
6 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
7 M. Nice (interprétation). - Avez-vous découvert que les responsables
8 avaient changé ?
9 M. Weckesser (interprétation). - Oui, Monsieur.
10 M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous nous parler de cela ?
11 M. Weckesser (interprétation). - Cela a été une surprise, notamment pour
12 M. Stat qui connaissait personnellement M. Rajic. Pour moi il s'agissait
13 d'une première rencontre avec M. Rajic.
14 Donc lorsque M. Stat est les membres de son équipe m'ont rejoint dans
15 l'après-midi et que nous sommes partis pour aller voir la Brigade de
16 Bobovac, nous avons été surpris de constater que M. Kresimir Bozic et
17 M. Rajic, les deux commandants était présent. Ils se sont présentés, nous
18 avons pris place autour de la table de réunion. Dois-je vous parler de la
19 réunion ?
20 M. Nice (interprétation). - Oui, oui en effet. Dites-nous d'abord de quoi
21 Rajic était sencé être le commandant ?
22 M. Weckesser (interprétation). - Au cours des premières réunions
23 d'informations auxquelles j'ai participé, le 5 octobre déjà, M. Beaumont*
24 m'avait fait savoir que Rajic était commandant à Kiseljak. Pour moi
25 c'était donc une surprise de le retrouver à Bobovac.
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1 M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous nous parler de cette réunion ?
2 M. Weckesser (interprétation). - La réunion s'est concentrée dès le début
3 sur les possibilités de pénétrer dans Stupni Do. Et depuis le début, ce
4 qui nous a surpris, c'est que nous avons constaté que M. Bozic, qui était
5 sencé être le commandant du secteur, ne dirigeait pas la réunion, il n'a
6 d'ailleurs pratiquement pas pris la parole. C'est surtout M. Rajic qui a
7 surtout parlé de façon du reste très amicale et très charmante. Mais il
8 n'a pas cessé de nous interdire de l'accès de Stupni Do à ce moment-là.
9 M. Nice (interprétation). - Quelles ont été les motifs invoqués pour vous
10 interdire l'accès de Stupni Do ?
11 M. Weckesser (interprétation). - Je ne me rappelle pas.
12 M. Nice (interprétation). - Le lendemain, je crois savoir que vous avez dû
13 vous rendre à Zepce ?
14 M. Weckesser (interprétation). - C'est exact, Monsieur.
15 M. Nice (interprétation). - A une certaine distance de là et d'une
16 certaine façon ce n'est pas le sujet qui cause votre présence aujourd'hui,
17 mais j'aimerais tout de même que vous nous parliez de quelques points qui
18 pourraient être pertinents. Qu'avez-vous constaté en ce qui concerne la
19 coopération entre les Serbes et Croates à Zepce à l'époque ?
20 M. Weckesser (interprétation). - Les autorités de Zepce ont tenté de nous
21 faire croire qu'elles étaient encerclées, à ce moment-là pas seulement par
22 l'armée de Bosnie-Herzégovine à l'est et au sud mais également au nord et
23 au nord-ouest par les Serbes. Normalement, en dépit du fait que l'accord
24 de Brijoni nous promettait la liberté de circulation, or cette liberté de
25 circulation nous était très souvent restreinte dans les zones critiques,
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1 enfin quoi qu'il en soit, lorsque je suis allé à Zepce pour tenter de
2 préparer l'ouverture d'un corridor humanitaire jusqu'à la ville de
3 Savidovici qui était isolée à l'époque et pratiquement assiégée, j'ai été,
4 depuis le début, très très bien escorté.
5 Hormis les réunions avec M. Lozancic et Ivo Josinovic, je n'ai pas eu la
6 moindre possibilité de me déplacer librement. Mais il y a eu un moment où
7 j'ai saisi l'occasion et je me suis échappé, j'ai donc faussé compagnie à
8 mon escorte, j'ai immédiatement grimpé dans une voiture et nous nous
9 sommes rendus vers la ville.
10 Après quelques pâtés de maisons, nous nous sommes trouvés face à un
11 entrepôt du HVO où nous avons fait semblant de vouloir acheter du
12 chocolat. Nous y avons vu des vivres encore emballés dans des emballages
13 d'origine, des vivres provenant de l'ECTF.
14 M. Nice (interprétation). - Que veut dire ECTF ?
15 M. Weckesser (interprétation). - Je ne me souviens pas exactement du sens
16 à donner à ce sigle, mais je me souviens bien que ce qui était écrit
17 c'étaient les lettres ECTF. En tout cas, c'était une partie de l'aide
18 alimentaire fournie par la communauté européenne à l'époque à la Bosnie.
19 Ne avons donc continué notre trajet en voiture et à un certain moment,
20 après un virage au nord de Zepce, nous sommes tombés sur un peloton de
21 chars serbes en pleine activité. Les hommes nous ont fait des signes en
22 nous souriant, en agitant les bras, et ils se dirigeaient vers le nord,
23 c'est-à-dire vers la zone de Maglaj, Zepce, en tout cas des territoires
24 sous le contrôle de l'armée Serbe de Bosnie. Ce qui indique que les
25 rapports entre les deux parties étaient très bons à l'époque. C'est
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1 d'ailleurs un fait qui a été reconnu par M. Niko Josinovic lorsqu'il m'a
2 dit que tous les blessés, tous les soldats blessés étaient amenés à Banja
3 Luka pour y recevoir des soins et que lui devait payer de fortes sommes
4 d'argent pour ces transferts.
5 C'était donc encore une indication de la façon dont ils tentaient de
6 déguiser la réalité en parlant de leur coopération... de l'absence de
7 coopération avec l'armée de Serbe de Bosnie. A l'époque, j'ai parlé avec
8 M. Lozancic qui était responsable à Zepce, je lui ai posé la question à
9 plusieurs reprises pendant mon séjour à Zepce. Chaque fois je lui ai
10 demandé la possibilité de faire un tour de la ville pour constater quels
11 étaient les dégâts dus aux actions des Serbes de Bosnie. Nous avons fait
12 une ballade dans la ville ; lorsque des vitres manquaient, il demandait
13 que ces vitres soient remplacées. Elles étaient remplacées très rapidement
14 et chaque fois que nous arrivions à un coin, il s'arrêtait en me disant
15 "attention, c'est très dangereux, ici, nous risquons d'essuyer des tirs de
16 la part de ceux qui tirent sur la ville, il faut rebrousser chemin" et
17 c'est ce que nous faisions. Mais tout cela est contraire, en fait, aux
18 observations personnelles que j'ai pu faire en voyant les hommes du
19 peloton de chars. Et d'ailleurs, chaque fois que nous nous sommes rendus
20 dans la poche de Zepce, nous avons vu des voitures officielles serbes
21 devant les bâtiments d'état-major.
22 M. Nice (interprétation). - Merci. Paragraphe 20, le 27 octobre, êtes-vous
23 finalement parvenu à obtenir l'autorisation de pénétrer dans Stupni Do
24 avec l'aide du Nordbat ? Et malgré une certaine résistance ?
25 M. Weckesser (interprétation). - C'est exact.
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1 M. Nice (interprétation). - Comment avez-vous réussi à anéantir la
2 résistance ?
3 M. Weckesser (interprétation). - Cette résistance se situait au même
4 endroit que celui dont j'ai déjà parlé, c'est-à-dire au sud de Vares, à
5 l'entrée du village, donc sur la route qui mène à Stupni Do.
6 La route était barrée avec des chemins de frise et deux ou plutôt trois
7 mines antichars, une petite mine antichars pourvue d'une antenne, à
8 droite, et une autre à gauche, qui était une mine antichars normale.
9 Nous avons eu une discussion, c'est le chauffeur du Bataillon Nordbat qui
10 conduisait donc la Jeep dans laquelle nous nous trouvions qui a mené la
11 discussion. La réponse a été négative. On nous a dit pratiquement il n'y a
12 pas moyen, vous ne pouvez pas pénétrer et notre soldat du Nordbat, avec un
13 grand courage, a poussé le soldat du HVO au niveau de la poitrine. Celui-
14 ci est pratiquement tombé en arrière, il a saisi une des mines, poussé les
15 deux autres de côté, s'est mis au milieu de la route et a fait signe au
16 conducteur.
17 Nous avons tout simplement foncé sur la route en direction de Stupni Do.
18 Et c'est seulement plus tard que je me suis rendu compte qu'une équipe de
19 cameramen, donc représentant une chaîne de télévision, nous avait suivie
20 dans ce forçage du barrage pour entrer dans Stupni Do.
21 M. Nice (interprétation). - Pour autant que vous pouviez en juger, vous
22 étiez les premiers à pénétrer dans Stupni Do après le massacre, ou les
23 massacres, et vous avez pu en voir les traces.
24 M. Weckesser (interprétation). - Nous n'étions pas les premiers. Nous
25 étions les premiers de l'ECMM. Cependant, nous avons appris que, la veille
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1 au soir, le NordBat avait réussi à pénétrer dans Stupni Do.
2 M. Nice (interprétation). - Je crois savoir que, dans le village, vous
3 avez découvert que tout était détruit et que des maisons étaient encore en
4 train de brûler, de se calciner. Vous avez trouvé plusieurs cadavres dont
5 certains étaient tellement calcinés qu'ils étaient méconnaissables, mais
6 sur la base de l'examen des crânes, vous avez pu déduire que certains
7 étaient des corps d'enfants ?
8 M. Weckesser (interprétation). - C'est exact, monsieur, et je dois dire
9 qu'entre-temps, une équipe des officiers des liaison du Royaume-Uni sont
10 arrivés sur les lieux ; c'était une petite équipe, une voiture et 3
11 personnes. Et donc nous avons travaillé à l'analyse des restes que nous
12 découvrions à leurs côtés. C'est avec eux que nous avons essayé d'analyser
13 ces cadavres d'enfants ainsi que d'autres. Je ne suis pas, bien sûr,
14 expert en médecine légale, et il m'a semblé, à ce moment-là, que ces corps
15 humains avaient brûlé en même temps que ceux d'un certain nombre d'animaux
16 puisque nous avons aussi trouvé des crânes de moutons calcinés sur place.
17 M. Nice (interprétation). - Avez-vous cherché à découvrir des signes de
18 combat, je parle de combats de type guerrier ?
19 M. Weckesser (interprétation). - Oui. En effet, une partie de notre
20 mission, à mon collègue et à moi-même, consistait à rechercher des traces
21 possibles de combats importants et organisés, et à Stupni Do, je n'ai pas
22 vu de tels signes, je n'ai découvert aucun impact de balles dans les murs
23 des bâtiments, je n'ai vu aucune fortification de type militaire sur les
24 lieux, et lorsque nous avons regardé le sol pour essayer de trouver des
25 douilles d'armes légères, nous n'avons pu en trouver que dans le voisinage
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1 immédiat d'une maison qui se trouvait au centre de ce qui avait été le
2 village de Stupni Do. Et dans la cave de cette maison, nous avons
3 découvert le corps de trois femmes tuées.
4 M. Nice (interprétation). - Merci.
5 Nous passons maintenant à la journée du 31 octobre, date à laquelle je
6 crois que vous avez revu M. Bozic.
7 M. Weckesser (interprétation). - C'est exact.
8 M. Nice (interprétation). - Que vous aviez vu dans un rôle assez
9 subordonné à votre dernière rencontre, subordonné par rapport à celui joué
10 par Rajic ?
11 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
12 M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous parler de son comportement et nous
13 dire ce qu'il a dit ?
14 M. Weckesser (interprétation). - Je devrai remonter un peu en arrière,
15 monsieur, si vous me le permettez. Je dois dire que, ce jour-là, que le
16 jour où des représentants de l'ECMM accompagnés d'un transport de troupes
17 du Nordbat sont allés à Stupni Do, c'est-à-dire le 24, je crois,
18 d'ailleurs, que le chef d'état-major de l'unité du Britbat de Vitez était
19 présent également. C'était un homme répondant au nom de Ramse, et qu'il y
20 a eu une conférence de presse, ou une conférence télévisée organisée de
21 façon improvisée.
22 Et puis cette équipe de télévision transmettait un peu sans préparation
23 non plus, mais en tout cas, M. Kresimir Bozic a été blâmé publiquement
24 pour ce massacre et il a été dit que l'affaire serait suivie de très près.
25 Lorsque j'ai rencontré M. Bozic le 31, je l'ai trouvé très nerveux. Il a
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1 repris les propos du général Ramse lors de cette rencontre précédente et
2 il m'a indiqué... en fait, "indiqué" n'est pas le propos qui s'applique,
3 il serait plus approprié d'utiliser le mot "supplié". Il m'a supplié de
4 consigner officiellement qu'il avait pris le commandement de la Brigade
5 Bobocac le 24 et pas un autre jour, un jour antérieur.
6 M. Weckesser (interprétation). - Pouvons-nous maintenant passer au
7 document suivant dans le dossier des pièces à conviction ? Il serait sans
8 doute bon, d'ailleurs, de le placer sur le rétroprojecteur. Il s'agit de
9 la pièce Z 1276.
10 M. Weckesser (interprétation). - De quoi sommes-nous en train de parler ?
11 M. Nice (interprétation). - Le document suivant, un rapport de l'ECMM en
12 date du 31 octobre.
13 M. Weckesser (interprétation). - 31 octobre ?
14 M. Nice (interprétation). - Oui, 31 octobre.
15 Vous y trouvez un certain nombre de références faites à Stupni Do au
16 milieu de la première page. Référence est faite à une rencontre avec Prlic
17 et Slobodan Bozic, qui étaient respectivement président et ministre-
18 adjoint.
19 Au cours de cette réunion, il est indiqué, s'agissant de Stupni Do, que le
20 général Petkovic avait déplacé tous les commandants locaux et qu'une
21 enquête était en cours. Avez-vous appris cela à ce moment-là, monsieur ?
22 M. Weckesser (interprétation). - Non, ou plutôt, en fait, je ne me
23 rappelle pas.
24 M. Nice (interprétation). - Et en bas de cette même page, nous voyons des
25 indications relatives à la rencontre qui a eu lieu avec Bozic ? Je cite le
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1 texte : "il était visiblement nerveux et a expliqué qu'il avait été promu
2 à ce nouveau poste le 24 octobre". Fin de citation.
3 Ensuite, nous trouvons un commentaire, je cite : "on estime que ceci
4 représente une mise en scène considérable puisque le Stupni Do, le
5 massacre de Stupni Do a eu lieu le 23 octobre. Bozic a expliqué quelle
6 était la situation militaire au nord, il a dit que deux... que le 2ème
7 Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine avait capturé le village de
8 Dubrovstica hier et qu'au cours de cette opération, 7 enfants avaient été
9 tués. Commentaire : le Nordbat informe que le village a été capturé en
10 l'absence apparente de victimes civiles. Cette action a été militairement
11 de mauvaise qualité". Fin de citation.
12 Et je crois que je n'ai pas besoin de poursuivre la lecture. Avez-vous été
13 à l'origine personnellement de cette information, de l'information que
14 l'on trouve dans ce texte ?
15 M. Weckesser (interprétation). - Oui, en effet.
16 M. Nice (interprétation). - Y aurait-il quelque chose que vous
17 souhaiteriez ajouter au commentaire que l'on trouve dans ce texte au sujet
18 de la rencontre avec Bozic ?
19 M. Weckesser (interprétation). - Je crois que les choses sont très bien
20 dites dans ce document, donc...
21 M. Nice (interprétation). - Avez-vous, en tout cas, examiné un village
22 appelé Kopjari dans le cadre de vos travaux au sujet de Stupni Do, et si
23 oui pouvez-vous nous en parler brièvement ?
24 M. Weckesser (interprétation). - Kopjari est mentionné en rapport avec
25 Stupni Do. Il en a été question à Vares. J'ai rencontré un prêtre un jour,
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1 et je lui ai dit : "Ces personnes étaient pratiquement des habitants de
2 votre ville, n'auriez-vous rien pu faire pour empêcher cela ?". Il m'a
3 simplement répondu : "Nous avons fait ce que eux ont fait à Kopjari". Dès
4 que les rumeurs au sujet d'un massacre suspecté à Kopjari se sont
5 répandues, le Nordbat a envoyé des hommes enquêter sur place, et je me
6 rappelle qu'à ce moment-là ils n'avaient trouvé aucun signe de massacre, à
7 part -je m'en souviens très bien- le fait qu'un vieil homme était mort de
8 mort naturelle.
9 Quelques jours à peine après les événements de Stupni Do, je me suis rendu
10 avec ma propre équipe à Kopjari, qui est un petit village encerclé par les
11 montagnes sur trois côtés, le quatrième côté étant ouvert sur une vallée.
12 Le village était totalement détruit, totalement brûlé. Certaines maisons
13 avaient été rasées jusqu'au sol. Nous n'avons cependant découvert aucun
14 signe de massacre. Nous n'avons pas senti l'odeur que l'on pouvait sentir
15 dans les rues de Stupni Do notamment.
16 Donc ce jour-là, ma conclusion a consisté à penser qu'il était très peu
17 probable qu'un massacre du même genre de celui de Stupni Do se soit
18 déroulé à Kopjari. Mais il est exact que les événements de Kopjari ont
19 souvent été utilisés dans les entretiens que nous avons pu avoir avec des
20 responsables officiels. Comme justification, l'argument consistant à dire
21 qu'il s'agissait à Stupni Do d'une vengeance.
22 M. le Président (interprétation). - Où se trouve Kopjari sur la carte ?
23 M. Nice (interprétation). - Ah oui, excusez-moi, Monsieur le Président.
24 Pouvez-vous nous montrer, Monsieur le Témoin, l'emplacement de Kopjari sur
25 la carte, à l'aide du pointeur ? Excusez-moi, Monsieur le Président,
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1 j'aurais dû y penser moi-même.
2 M. Weckesser (interprétation). - C'est à l'ouest de Vares, je pense qu'on
3 le voit bien sur le rétroprojecteur. J'ai donc pointé du côté de Kopjari.
4 M. Nice (interprétation). - D'accord.
5 Monsieur Weckesser, pourriez-vous, s'il vous plaît, me dire si vous avez
6 tiré des conclusions à ce sujet-là ? Ce qui s'est passé à Stupni Do a été
7 planifié ou bien était-ce spontané ?
8 M. Weckesser (interprétation). - C'est une question qui est extrêmement
9 difficile. Sur la base de mon expérience de deux ans en ex-Yougoslavie,
10 entre 1993 et 1995, où j'ai pu me rendre sous différentes formes et en
11 effectuant des missions différentes des trois côtés, d'après l'expérience
12 que j'ai acquise moi-même, il arrivait que toutes les parties intéressées,
13 pratiquement, épousaient la même doctrine.
14 En ce qui me concerne, c'est la chaîne de commandement qui m'intéressait
15 et je voulais simplement savoir ce qu'ils allaient dire, s'ils avaient
16 entrepris quelque chose ou non. C'est justement à cause de cela, malgré le
17 fait que de temps à autres vous auriez pu leur proposer quelque chose qui
18 soit une meilleure formule. Mais au début, ils refusaient, ils écartaient
19 cette possibilité, ils demandaient du temps pour coordonner, etc..
20 C'est la raison pour laquelle je ne pense pas du tout que Stupni Do ait pu
21 être quelque chose de spontané ; à mon avis c'était quelque chose de
22 planifié, il y avait une directive. Et d'autant plus qu'après, on a pu
23 enquêter la réaction.
24 M. Nice (interprétation). - Maintenant, nous allons voir la pièce à
25 conviction du 7 au 13 novembre. C'est le rapport de l'ECMM. Je pense qu'on
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1 ne voit pas clair, la lumière n'est pas bonne.
2 Dans ce rapport, qui couvre la période du 7 au 13 novembre de l'ECMM,
3 j'aimerais savoir d'après vous si votre mission a consisté à assister à
4 une réunion de Kiseljak ? Est-ce que vous étiez présent à cette réunion où
5 éventuellement vous vous êtes appuyé sur les rapports que vous avez
6 reçus ?
7 M. Weckesser (interprétation). - Je n'y étais pas présent.
8 M. Sayers (interprétation). - Deux objections. C'est l'extrait d'un
9 document, ce n'est pas dans l'intégralité du document. Je suis sûr qu'on
10 pourrait nous soumettre la version complète du document. C'est une
11 première objection.
12 Deuxième objection, c'est un rapport, mais on ne sait pas de qui.
13 Pourrions-nous savoir de qui il s'agit ?
14 M. Weckesser (interprétation). - Est-ce que je peux dire quelque chose ?
15 M. Nice (interprétation). - Le témoin peut certainement vous aider.
16 M. Weckesser (interprétation). - Si mes souvenirs sont bons, je pense que
17 M. Stat a participé à cette réunion, il était à la tête de l'ECMM. Il
18 s'agissait effectivement d'une question très importante. A plusieurs
19 reprises, nous avons discuté là-dessus. C'est la raison pour laquelle
20 également il a fallu prendre cela très au sérieux, car il y avait une
21 question de sécurité. C'était de notre propre sécurité dont il s'agissait.
22 Il s'agissait de quelque chose d'urgent pour nous.
23 M. le Président (interprétation). - Un petit moment. Est-ce que nous
24 pourrions éventuellement en parler à partir du moment où M. Stat sera cité
25 ici ?
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1 M. Nice (interprétation). - Oui effectivement, nous pourrions
2 éventuellement poser la question à M. Stat. Mais la Chambre souhaite
3 également connaître quelque chose dès maintenant.
4 M. le Président (interprétation). - Il vaut mieux qu'il en parle.
5 M. Nice (interprétation). - D'accord.
6 Par conséquent, nous allons parler de la pièce à conviction Z 12 93.1, il
7 s'agit d'un rapport journalier pour le 9 novembre. Est-ce que vous avez
8 appris ultérieurement que M. Rajic a été remplacé ?
9 M. Weckesser (interprétation). - Oui probablement que c'était cela. Pour
10 nous, c'était quelque chose qui se posait comme question, enfin qui nous a
11 surpris. Mais nous avons obtenu cette information.
12 M. Nice (interprétation). - Malgré le fait qu'il a été remplacé, il y
13 avait éventuellement des rapports selon lesquels on pourrait comprendre
14 qu'il a été vu par la suite ?
15 M. Weckesser (interprétation). - Mais mes collègues ont été intéressés par
16 le sort de M. Rajic. Ils avaient obtenu des instructions, d'aller le
17 chercher à Kiseljak. A un moment donné, nous avons reçu l'information
18 qu'il a été vu dans le secteur G3, au quartier général de Kiseljak. Il a
19 évité de voir les représentants de l'ECMM, ce qui était assez étrange,
20 normalement il était assez ouvert et il contactait facilement les
21 représentants de l'ECMM.
22 M. Nice (interprétation). - La dernière pièce à conviction Z 96.1. Vous
23 avez également la traduction qui n'a pas été faite par les traducteurs de
24 ce Tribunal, il s'agit de la traduction qui a été faite par le traducteur
25 de l'ECMM.
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1 M. Weckesser (interprétation). - Mais il paraît que je ne l'ai pas.
2 M. Nice (interprétation). - C'est probablement le dernier jeu de
3 documents, dans ce jeu de documents.
4 M. Weckesser (interprétation). - Je ne le vois pas !
5 M. Nice (interprétation). - Si vous voulez bien voir la photographie ?
6 M. Weckesser (interprétation). - Oui, c'est moi, je suis à droite de cette
7 photographie.
8 M. Nice (interprétation). - Nous allons maintenant voir la traduction
9 anglaise préparée par la mission d'observateurs. Il s'agit de la
10 traduction qui a été faite le 10 novembre. Il y a également quelque chose
11 qui a été relaté par un témoin et qui figure dans ce document. Bien
12 évidemment, nous n'allons pas en donner lecture, Monsieur le Président,
13 Messieurs les Juges, mais je pense qu'on peut en conclure ce qui était à
14 la portée du public à cette époque-là.
15 Pour ce qui concerne cette Chambre, nous allons citer le témoin qui va en
16 parler.
17 M. le Président (interprétation). - Il s'agit de quel article, de quel
18 journal ? Pouvez-vous nous le dire ?
19 M. Nice (interprétation). - Pouvez-vous nous le dire ?
20 M. Weckesser (interprétation). - Je pense que c'est le News Week, des
21 Etats-Unis. Je ne sais pas.
22 M. Nice (interprétation). - Mais vous avez l'original ?
23 M. Weckesser (interprétation). - Non. J'ai juste ça. C'est éventuellement
24 un extrait de l'article qui a été publié par News Week, mais à cette
25 époque-là j'étais isolé, je n'étais pas vraiment avec les journalistes et
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1 avec la presse, et c'est pourquoi, quand j'ai reçu cet article, je l'ai
2 gardé.
3 M. le Président (interprétation). - Sur cette photographie, on vous voit,
4 Monsieur Weckesser. Que montre cette photographie ? Vous souvenez-vous de
5 la situation et de cet événement ?
6 M. Weckesser (interprétation). - Oui en détail, je m'en souviens très très
7 bien. Il s'agissait d'une des victimes à Stupni Do qui est représentée sur
8 cette photographie. C'était au nord du village, vers les montagnes. Nous
9 avons trouvé un cadavre derrière la porte que l'on voit tout à fait au
10 fond, c'est à 50 ou 60 mètres du côté des montagnes. Ce qui était
11 intéressant pour moi, et là, je dois parler très attentivement, il a été
12 torturé probablement parce qu'on voyait des blessures et des plaies très
13 graves et des ampoules sur les doigts.
14 Par ailleurs, une fois de plus, je vais choisir les termes en
15 m'exprimant : son cou n'a pas été coupé, mais il y avait des coups de
16 couteau qu'on lui a donnés dans le cou. Nous étions des amateurs, bien
17 évidemment, mais d'une façon ou d'une autre, la position couchée du corps
18 n'était pas véritablement la position à laquelle on aurait pu s'attendre,
19 car ses vêtements n'ont pas été brûlés alors que lui a été torturé. C'est
20 la raison pour laquelle nous avons conclu que ce n'était probablement pas
21 l'endroit où il a été égorgé. Alors que les soldats qui l'ont découvert et
22 qui se trouvent autour sont les soldats de NordBat*.
23 M. Bennouna. - Est-ce que le témoin peut nous dire si la personne a été
24 identifiée, la personne dont il vient de parler ?
25 M. Weckesser (interprétation). - Non. A ma connaissance, non. Mais compte
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1 tenu du fait qu'il y avait un enterrement auquel on a procédé à Breza, il
2 y avait plusieurs victimes, dont les cadavres étaient pratiquement
3 intacts ; ce sont les cadavres qui ont été transportés à Breza. Je pense
4 que quelques villageois de Stupni Do qui, à cette époque-là, se trouvaient
5 à Breza pour l'enterrement, avaient identifié cet homme. Mais nous, nous
6 avons vu les cadavres à Breza. Personnellement, je ne me souviens pas
7 avoir vu cet homme dans la morgue improvisée où nous nous étions rendus.
8 M. Nice (interprétation). - Je ne sais pas si on peut aider un peu plus
9 sur le plan identification, mais je pense que non.
10 M. le Président (interprétation). - Je vous en prie, Maître Sayers ?
11 M. Sayers (interprétation). - Merci, Monsieur le Président, Messieurs les
12 Juges.
13 Bonjour, colonel. Je m'appelle Steve Sayers et ensemble avec mon confrère,
14 M. Naumovski, nous défendons M. Dario Kordic. Je suppose que nous avons
15 une heure et demie à peu près devant nous, je n'irai pas au-delà. C'est le
16 maximum.
17 Excusez-moi, je vais vous demander de ménager des pauses, comme M. Nice
18 l'avait précisé tout à l'heure. Nous devons avoir également en vue que les
19 interprètes font leur travail, et tout ce que nous disons est interprété
20 pour nos clients.
21 Très brièvement, Monsieur, je pense que, pendant 30 ans, vous avez fait
22 partie de l'armée de l'air en Allemagne ?
23 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
24 M. Sayers (interprétation). - C'est en mars 1993 que vous l'avez quittée ?
25 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
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1 M. Sayers (interprétation). - Deux mois plus tard, vous avez rejoint
2 l'ECMM, n'est-ce pas ?
3 M. Weckesser (interprétation). - Un mois plus tôt. Je me suis rendu à la
4 mi-avril, je pense.
5 M. Sayers (interprétation). - Au début du mois de septembre 1993, vous
6 étiez dirigeant de l'équipe 5-4, n'est-ce pas, en Bosnie centrale ?
7 M. Weckesser (interprétation). - Je pense que c'était début octobre. Il y
8 a également une erreur commise lors de ma première déclaration.
9 M. Sayers (interprétation). - Vous avez dit dans votre première
10 déclaration que c'était début septembre, mais vous avez probablement pensé
11 qu'il s'agissait de début octobre. Vous avez dit que c'était le 4 octobre,
12 n'est-ce pas ?
13 M. Weckesser (interprétation). - Oui, tout à fait. C'était le 5 octobre,
14 très précisément.
15 M. Sayers (interprétation). - Pour que nous soyons au clair tous les deux,
16 Colonel, la déclaration à laquelle je me réfère, celle à laquelle vous
17 vous référez également, c'est la déclaration que vous avez donnée aux
18 enquêteurs du Bureau du Procureur les 7 et 8 mai 1996, n'est-ce pas ?
19 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
20 M. Sayers (interprétation). - Je pense que votre mission comprenait la
21 période de septembre jusqu'à novembre 1993.
22 M. Weckesser (interprétation). - Oui, il y avait quelques interruptions,
23 parce que j'étais en permission. J'avais des congés, mais c'était ces
24 périodes-là.
25 M. Sayers (interprétation). - Pourriez-vous répondre à une question
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1 générale. Quel était l'objectif militaire, s'il y avait la mission ?
2 Qu'est-ce que vous avez observé ?
3 M. Weckesser (interprétation). - L'ECMM n'avait absolument pas d'objectifs
4 militaires. Nous avons observé tout ce qui s'était passé sur le terrain,
5 et en vue d'éviter de nouveaux conflits et d'encourager les parties à
6 mettre d'accord de cessez-le-feu, de mettre un terme au conflit.
7 En ce qui me concerne, également, bien évidemment, je m'occupais de l'aide
8 humanitaire. Il n'y avait absolument aucun aspect militaire de mon côté,
9 les parties ennemies le mettaient en doute, bien évidemment, notre
10 mission, quand on se présentait, quand on avait dit que nous étions des
11 officiers d'une armée ou d'une autre, ils mettaient en doute notre
12 mission.
13 Mais en effet, c'est l'armée qui était engagée dans ce conflit, il était
14 normal également qu'on axe notre attention sur les régions où des combats
15 ont eu lieu, de manière assez active. Nous avons été soutenus par ceux qui
16 coordonnaient nos activités. Mais nous avons également, de temps à autre,
17 c'était notre objectif principal, coordonné nos activités avec les hommes
18 politiques pour passer en revue un certain nombre de questions politiques
19 et économiques.
20 M. Sayers (interprétation). - Pourrions-nous dire que tous les
21 observateurs qui ont été fonctionnaires, la mission était les officiers à
22 l'époque ?
23 M. Weckesser (interprétation). - Je ne peux pas dire pour d'autres états
24 quoi que ce soit. En ce qui concerne l'Allemagne, au moment où nous nous
25 sommes rendus sur place, nous avons commencé avec 23 observateurs. Je
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1 pense que tous étaient des soldats auparavant. Je ne peux pas parler au
2 nom d'autres Etats, mais je pense que la plupart, effectivement, avaient
3 une formation militaire.
4 M. Sayers (interprétation). - Vous avez témoigné du briefing que vous avez
5 reçu de Sir Martin Garrod au début de votre mission. En octobre 1993, vous
6 avez été informé que le dirigeant politique des Croates en Bosnie centrale
7 est quelqu'un que l'on nommait Dario Kordic, n'est-ce pas ?
8 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
9 M. Sayers (interprétation). - Vous avez été informé que le dirigeant
10 militaire du HVO en Bosnie centrale était le colonel Tihomir Blaskic.
11 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
12 M. Sayers (interprétation). - Vous avez dit également, lors de votre
13 déposition principale, que la position de M. Kordic, d'après ce que vous
14 avez compris, était vice-président du HZ-HB. C'est le paragraphe n° 13 de
15 votre extrait ?
16 M. Weckesser (interprétation). - Oui, c'est tout à fait vrai, Monsieur. Il
17 agissait en suppléant de M. Boban.
18 M. Sayers (interprétation). - Mais vous n'avez jamais rencontré
19 personnellement M. Dario Kordic ?
20 M. Weckesser (interprétation). - Non, je ne m'en souviens pas.
21 M. Sayers (interprétation). - Mais il est également vrai que vous n'avez
22 jamais rencontré le colonel Blaskic ?
23 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
24 M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous que, jusqu'en octobre 1993, le
25 HZ-HB avait cessé d'exister ?
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1 M. Weckesser (interprétation). - A quoi pensez-vous ? Voulez-vous répéter
2 votre question ? Qu'est-ce qui
3 n'existait plus ?
4 M. Sayers (interprétation). - Vous avez dit au paragraphe 13 que vous avez
5 été informé que M. Kordic était vice-président de HZ-HB ?
6 M. Weckesser (interprétation). - Vous pensez à la République d'Herceg-
7 Bosna ?
8 M. Sayers (interprétation). - Qu'avez-vous entendu sous le terme de HZ-
9 HB ?
10 M. Weckesser (interprétation). - Mais je ne sais pas à quoi vous pensez.
11 M. Sayers (interprétation). - Mais regardez si vous voulez le
12 paragraphe 13 de votre extrait que le bureau du Procureur vous a soumis.
13 M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, qu'est-ce que vous
14 voulez dire ? Qu'est-ce que vous voulez faire dire au témoin ?
15 M. Weckesser (interprétation). - Est-ce qu'on peut entendre une fois de
16 plus la question ?
17 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez su que jusqu'en
18 octobre 93, la communauté croate d'Herceg-Bosna a cessé d'exister ?
19 M. Weckesser (interprétation). - Je dois réfléchir un peu, excusez-moi,
20 laissez-moi une minute.
21 Pour pouvoir répondre très clairement à votre question, j'avoue que je ne
22 le savais pas mais je savais, en revanche, qu'à cette époque-là, il y
23 avait un débat permanent concernant la crédibilité de cette organisation,
24 de cette institution. Devrait-elle exister ou non ? Je me souviens qu'on
25 en a parlé si elle avait existé ou non. A cette époque-là, ce n'était pas
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1 tout à fait clair, même pas à nous.
2 M. Sayers (interprétation). - Colonel, la Chambre nous demande qu'en ce
3 qui concerne le témoignage, ce n'est pas un concours de la mémoire, mais
4 je vais vous poser quand même deux questions.
5 Est-ce que vous saviez qu'à la fin du mois d'août 93, que le plan Owen
6 Stoltenberg a été signé par les trois parties : par les Serbes, par les
7 Musulmans et par les Croates ?
8 M. Weckesser (interprétation). - Aujourd'hui même, je ne saurais pas vous
9 répondre à cette question, je ne sais pas si, à l'époque, je le savais.
10 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous saviez qu'après le plan Owen
11 Stoltenberg, c'est la République croate d'Herceg Bosna qui a été mise en
12 place comme une des républiques qui constituaient la Bosnie-Herzégovine et
13 qu'elle a été mise en place le 28 août 93 ?
14 M. Weckesser (interprétation). - Oui, je le savais.
15 M. Sayers (interprétation). - Pourrions-nous dire que vous-même en
16 personne, vous ignoriez le poste que Dario Kordic occupait au sein de
17 cette République, s'il l'avait ?
18 M. Weckesser (interprétation). - Laissez-moi revenir sur votre première
19 question. En même temps, pendant la même période, pendant que je
20 travaillais dans cette région, il y avait un village croate, Bucanovici,
21 au nord de Kakajn, qui a été exposé à de nombreux problèmes. C'était à peu
22 près à la même période.
23 Et il y avait un prêtre qui m'avait appris à cette époque-là qu'on leur
24 avait ordonné, et je me souviens qu'il m'avait précisé, il a dit que
25 c'était Boban qui leur avait demandé qu'ils se déplacent vers le sud
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1 d'Herzégovine. Ils se sont déplacés de ce côté-là, ils n'ont pas trouvé
2 des vivres ni rien, ils ont rebroussé chemin et le village était dans la
3 famine par la suite.
4 M. Sayers (interprétation). - Non, je ne pensais pas à cela, je voulais
5 savoir tout simplement si vous, personnellement, vous aviez eu une idée
6 sur le poste qu'occupait Dario Kordic dans cette nouvelle République, si
7 elle existait. Est-ce qu'on peut le dire, que vous n'étiez pas au
8 courant ?
9 M. Weckesser (interprétation). - Non, je ne savais pas, je savais tout
10 simplement qu'il était vice-président.
11 M. Sayers (interprétation). - Mais de quoi ?
12 M. Weckesser (interprétation). - Je ne sais pas. De quoi parlez-vous ?
13 M. Sayers (interprétation). - Mais vice-président de Bosnie-Herzégovine ?
14 M. Weckesser (interprétation). - Je ne me souviens pas.
15 M. Sayers (interprétation). - Pourriez-vous nous dire qui était le chef de
16 l'état-major à Mostar ?
17 M. Weckesser (interprétation). - Je ne me souviens pas.
18 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous savez... vous avez parlé
19 d'EmilHarah ; à qui il avait été subordonné ?
20 M. Weckesser (interprétation). - Moi je pense qu'il avait été responsable
21 devant le deuxième groupe à Kiseljak.
22 M. Sayers (interprétation). - Mais qui était son officier supérieur ?
23 M. Weckesser (interprétation). - C'est le colonel Blaskic qui a été
24 supérieur pour la zone de responsabilité mais sinon, je ne peux pas vous
25 dire plus.
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1 M. Sayers (interprétation). - Serait-il exact de dire que l'ECMM
2 connaissait Stupni Do comme, en quelque sorte, un endroit du marché noir,
3 avant les atrocités du mois d'octobre, 23 octobre 93 ?
4 M. Weckesser (interprétation). - C'est un peu trop fort de le dire, mais
5 il y avait bien évidemment un doute qu'il s'agissait d'un centre du marché
6 noir.
7 M. Sayers (interprétation). - Mais c'est un doute quand même qui figure
8 dans un certain nombre de rapports de l'ECMM ?
9 M. Weckesser (interprétation). - Moi je sais qu'on en a parlé dans un
10 rapport.
11 M. Sayers (interprétation). - Je voudrais vous montrer un autre document,
12 pièce à conviction, qui est copie de l'extrait du rapport du centre
13 régional de Travnik du 2 novembre 93.
14 Mme Ameerali (interprétation). - Le document est marqué D 117/1.
15 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez déjà vu la copie de ce
16 rapport, colonel ?
17 M. Weckesser (interprétation). - Je ne me rappelle pas. Je ne me rappelle
18 pas l'avoir vu.
19 M. Sayers (interprétation). - J'ai quelques questions à ce sujet-là.
20 D'abord en ce qui concerne les commentaires, il est marqué que la mission
21 d'observateurs a déjà informé sur les activités du marché noir à Stupni
22 Do ; est-ce que vous vous souvenez si vous aviez accès à ces rapports
23 écrits et à ce rapport très précis ?
24 M. Weckesser (interprétation). - Non, je ne pense pas. Je suis peut-être
25 arrivé trop tard pour de tels événements.
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1 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous avez parlé avec Ohre
2 Mahmutovic, son nom, le vrai nom, était Ekrem Mathmutovic ; il était
3 membre de l'armée de Bosnie-Herzégovine à Dabravine ?
4 M. Weckesser (interprétation). - J'ai peut-être parlé avec ce monsieur-là;
5 mais je ne peux pas vous le dire, vous le confirmer. J'ai rencontré
6 beaucoup, beaucoup de fonctionnaires et je ne sais pas vraiment.
7 M. Sayers (interprétation). - En ce qui concerne le terme "OBH"", c'est
8 probablement le groupe opérationnel ?
9 M. Weckesser (interprétation). - Probablement.
10 M. Sayers (interprétation). - On va voir la page n° 2, paragraphe 7. Il
11 est marqué "évaluation". Cette évaluation a été probablement rédigée par
12 M. Stat. On lit que l'armée de Bosnie-Herzégovine est sous le contrôle au
13 mois de novembre, c'était la situation qui régnait sur le terrain, n'est-
14 ce pas ?
15 M. Weckesser (interprétation). - Vous parlez du paragraphe 7,
16 "évaluation" ?
17 M. Sayers (interprétation). - Oui.
18 M. Weckesser (interprétation). - Mais je lis à peine ce qui est marqué. Il
19 s'agit de l'aide humanitaire.
20 M. Sayers (interprétation). - La dernière phrase dit : "Il paraît que
21 c'est l'armée de Bosnie-Herzégovine qui est sous le contrôle".
22 M. Weckesser (interprétation). - Oui, je vois ce que vous voulez dire
23 mais, moi, je ne suis pas du tout d'accord avec vous.
24 M. Sayers (interprétation). - Vous avez constaté que, le 2 novembre, c'est
25 la date de ce rapport, on dit quelque chose avec lequel vous n'êtes pas
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1 d'accord du tout ?
2 M. Weckesser (interprétation). - Je ne peux pas abonder dans votre sens,
3 je n'étais pas à Vares et je n'étais même pas dans cette région, j'étais à
4 Zepce, par conséquent vous devez poser la question au chef du centre,
5 M. Stat, qui était ce jour-là sur place.
6 M. Sayers (interprétation). - Je voudrais attirer votre attention sur une
7 pièce à conviction qui a été versée par la défense. Il s'agit de la
8 pièce Z 1281, rapport du 2 novembre 1993.
9 M. Weckesser (interprétation). - Un petit moment. Je n'ai pas ce document
10 sous les yeux.
11 M. le Président (interprétation). - De quel document parlez-vous ? Le
12 document qui porte la cote 1281 ?
13 M. Sayers (interprétation). - Oui, en effet, Z 1281. Je crois qu'il vous a
14 été montré. C'est un document qui a été précédemment versé au dossier. Le
15 passage qui m'intéresse en premier lieu se trouve à la quatrième page de
16 ce document. On y fait l'observation suivante : "Hadzihasanovic a dit à
17 HOM que Vares était connu comme une zone de contrebande et que des bandes
18 de contrebandiers s'y trouvaient et avivaient les tensions. Ils vivaient
19 là en toute impunité".
20 Hadzihasanovic, ici, c'est le commandant du 3ème Corps de l'armée de
21 Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?
22 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
23 M. Sayers (interprétation). - HOM signifie "directeur de mission", n'est-
24 ce pas ?
25 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
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1 M. Sayers (interprétation). - A l'époque, si je ne me trompe pas, il
2 s'agit de Martin Garrod ?
3 M. Weckesser (interprétation). - Je ne suis pas sûr que ce soit cela. Le
4 HOM, c'est-à-dire chef de la mission, c'est quelqu'un de très haut
5 niveau ; il s'agit généralement du représentant diplomatique de la mission
6 qui, à l'époque, se trouvait à Zagreb. Monsieur Garrod, lui , il était
7 chef du centre régional, RC. Donc le HOM, chef de mission, je pense que
8 c'est l'ambassadeur lui-même.
9 M. Sayers (interprétation). - Cependant, nous pouvons convenir que quel
10 qu'ait été le chef de cette mission, on lui a cependant dit, comme on le
11 voit ici dans ce rapport officiel de l'ECMM, ce qui figure dans ce
12 rapport ?
13 M. Weckesser (interprétation). - On dirait, mais ce n'est pas mon rapport
14 et puis je ne peux pas me pronconcer au nom de l'ECMM.
15 M. Sayers (interprétation). - Traitons d'un autre sujet : les combats dans
16 la zone de Vares avant le 23 octobre 1993. Vous êtes-vous entretenu avec
17 le commandant du Nordbat, le commandant Hakan Birger ?
18 M. Weckesser (interprétation). - Oui, je me suis entretenu avec lui à
19 plusieurs reprises.
20 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que le commandant Birger vous a fait
21 savoir qu'à 5 heures 30, le 21 octobre 1993, le village de Kopjari a été
22 attaqué par les forces musulmanes ?
23 M. Weckesser (interprétation). - Je ne peux pas vous confirmer la date,
24 mais je peux vous confimer l'information en effet. Kopjari a été attaqué
25 par l'armée de Bosnie-Herzégovine.
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1 M. Sayers (interprétation). - Et le commandant Birger vous a dit que ce
2 village avait été attaqué par les soldats du 3ème Corps d'armée venant des
3 zones de Dragovici et Mirkovici ?
4 M. Weckesser (interprétation). - Peut-être, je ne me souviens pas de ce
5 détail.
6 M. Sayers (interprétation). - Il vous a dit également que, pendant tous
7 les jours de la semaine précédente, il y avait eu des échanges de tirs
8 entre les troupes du HVO et celle du 3ème Corps d'armée de l'armée de
9 Bosnie-Herzégovine ?
10 M. Weckesser (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.
11 M. Sayers (interprétation). - Est-ce que le commandant Birger vous a dit
12 qu'il était allé à Kopjari le 22 octobre 1993 parce qu'un grand nombre de
13 civils avaient été forcés de quitter leur maison et que leurs maisons
14 étaient en train d'être pillées par des soldats du 3ème Corps d'armée ?
15 M. Weckesser (interprétation). - Je ne me souviens pas de la date à
16 laquelle cette communication m'a été communiquée, mais cette
17 communication, en revanche, je m'en souviens.
18 M. Sayers (interprétation). - Le commandant Birger vous a dit qu'il avait
19 parlé avec le commandant des forces musulmanes qui participaient à cette
20 offensive et qu'il lui avait donné pour ordre, ou pour instruction, d'en
21 terminer avec cet assaut ?
22 M. Weckesser (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.
23 M. le Président (interprétation). - Est-ce que vous allez passer à un
24 autre sujet ? Parce qu'il y a une question que je souhaite vous poser
25 maintenant.
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1 M. Sayers (interprétation). - Bien.
2 M. le Président (interprétation). - Ce n'est pas la première fois que nous
3 entendons ce genre d'allégations ; est-ce que vous voulez nous dire que ce
4 qui s'est passé à Stupni Do est justifié d'une manière ou d'une autre par
5 ce qui s'est passé à Kopjari ? Si ce n'est pas le cas, à ce moment-là,
6 pourquoi poser ce genre de questions ?
7 M. Sayers (interprétation). - Ma réponse, c'est un non catégorique. Nous
8 n'affirmons jamais, nous n'affirmerons jamais que le fait qu'il y ait eu
9 un massacre à Stupni Do, et ceci n'est pas contesté, que cela puisse être
10 justifié par l'incident qui a eu lieu à Kopjari. Cependant, ce que nous
11 voulons faire savoir, c'est qu'il y avait des événements de ce genre des
12 deux côtés à l'époque.
13 Je voudrais insister sur le fait que la défense de M. Kordic ne prendra
14 jamais la position suivante dans cette affaire, à savoir qu'un massacre
15 peut être justifié parce que les Croates étaient eux-mêmes victimes
16 d'atrocités.
17 M. le Président (interprétation). - Vous reconnaissez donc le fait qu'il y
18 a eu un massacre à Stupni Do, mais disons qu'un grand nombre de personnes
19 ont été tuées dans ce village. Mais vous dites également que, dans un
20 autre village, un autre grand nombre de personnes ont également été
21 tuées ; est-ce que c'est la façon dont vous voulez présenter les choses ?
22 M. Sayers (interprétation). - En fait, je serai encore plus neutre dans la
23 présentation des choses en affirmant qu'il est incontestable qu'un grand
24 nombre de civils ont été tués dans la région. Je n'ai pas de chiffres
25 précis. Comme vous le verrez sur la base de mes questions et des documents
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1 que je vais parcourir avec le colonel Weckesser, ceci s'est passé dans le
2 cadre d'une offensive militaire et il est clair qu'il y a eu des victimes
3 civiles alors que ce n'était absolument pas nécessaire. Cependant, il est
4 indéniable que Stupni Do était défendu, et je crois que cela est refleté
5 très clairement dans un rapport du Secrétaire Général des Nations Unies en
6 date du 10 février 1994.
7 M. le Président (interprétation). - Poursuivons donc.
8 M. Sayers (interprétation). - En ce qui concerne Stupni Do, conviendrez-
9 vous, sur la base de votre expérience de 36 ans dans l'armée, que si les
10 autorités militaires d'un village ou d'une ville reçoivent des
11 informations selon lesquelles il va se produire une offensive, est-ce qu'à
12 ce moment-là, le devoir de ces autorités militaires n'est pas de faire en
13 sorte que tous les civils soient évacués de l'endroit en question ?
14 M. Weckesser (interprétation). - Dans des circonstances normales, je
15 serais d'accord. Mais à ce moment-là, ma question est la suivante : où
16 auraient dû aller les habitants de Stupni Do ? Où ? Ils étaient isolés.
17 Les accès au village étaient contrôlés par le HVO, les Musulmans ne
18 pouvaient pas aller du côté serbe, cela était hors de question. Que leur
19 restait-il comme solution ? Au sud, ils ne pouvaient pas passer non plus
20 parce que le HVO contrôlait la ligne qui allait dans la vallée entre
21 Dabravine et Vares. Cette vallée n'était donc pas sous le contrôle total,
22 mais du moins elle était contrôlée en partie par le HVO qui avait un
23 certain nombre de points de contrôle.
24 Moi, si j'avais été le président de ce village, je n'aurais pu faire
25 aucune recommandation aux citoyens quant à savoir où ils devaient se
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1 rendre.
2 M. Sayers (interprétation). - Merci de nous faire part de votre opinion,
3 mais est-ce que vous saviez que le président de la présidence de guerre en
4 exil, dans le village de Dabravine, Mahmutovic avait délivré un ordre aux
5 civils de Stupni Do, deux jours avant l'attaque, ordre aux fins d'évacuer
6 le village ? Cet ordre a été apparemment ignoré.
7 M. le Président (interprétation). - Si vous présentez ceci au témoin comme
8 un fait, vous devez présenter des éléments de preuve. Vous nous dites que
9 ceci a effectivement eu lieu ?
10 M. Sayers (interprétation). - Oui.
11 M. le Président (interprétation). - A ce moment-là, il faut que vous
12 fournissiez des éléments de preuve au témoin pour qu'il puisse réagir.
13 M. Sayers (interprétation). - C'est ce que je m'apprêtais précisément à
14 faire, puisque je demande maitenant que soit présentée au témoin la pièce
15 à conviction D31/1.
16 M. Weckesser (interprétation). - Merci.
17 M. Sayers (interprétation). - Mon Colonel, il s'agit d'une déclaration de
18 Ohre Mahmutovic qui a déjà été versée au dossier.
19 M. le Président (interprétation). - Il ne s'agit pas d'un élément de
20 preuve, il s'agit d'un extrait d'une déclaration d'un autre témoin. Vous
21 pouvez l'utiliser, si vous le souhaitez, dans le cadre de votre contre-
22 interrogatoire, mais vous avez fait une allégation, et vous essayez
23 maintenant d'utiliser ce qui a déjà été dit par un autre témoin dans le
24 cadre du contre-interrogatoire présent. Il ne s'agit pas ici d'un élément
25 de preuve, et je ne vous autorise pas à faire cette allégation. Donc,
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1 Monsieur le Témoin, vous n'avez pas à faire d'observation et de
2 commentaire au sujet de ce document. Nous allons maintenant passer à un
3 autre sujet.
4 M. Sayers (interprétation). - Si je comprends bien, Monsieur le Président,
5 vous ne m'autorisez pas à demander au témoin s'il a connaissance du fait
6 que ces instructions ont été données.
7 M. le Président (interprétation). - Monsieur le Témoin, avez-vous entendu
8 parler de ces instructions et de cet ordre d'évacuation ?
9 M. Weckesser (interprétation). - Non, Monsieur le Président, je n'ai
10 jamais entendu parler d'un quelconque ordre d'évacuation des citoyens de
11 ce village.
12 M. le Président (interprétation). - Merci.
13 M. Sayers (interprétation). - Autre chose, Monsieur le Témoin. Saviez-vous
14 que le vendredi 22 octobre 1993, des résidents de Stupni Do ont été
15 avertis par un Croate de Vares, il leur a dit que le village allait
16 connaître quelque chose d'horrible et qu'il fallait partir.
17 M. Weckesser (interprétation). - J'en ai entendu parlé. Je sais qu'il y
18 avait une seule famille croate qui habitait à Stupni Do et qu'ils sont
19 partis avant les faits, un jour avant.
20 M. Sayers (interprétation). - Je voudrais vous montrer un document dont je
21 souhaiterais qu'il soit versé au dossier et porte une cote, il s'agit
22 d'une lettre du président du Conseil de sécrutié au secrétaire général...
23 Il s'agit d'un rapport du secrétaire général en date du 10 février 1994
24 portant la référence S94/154.
25 Mme Ameerali (interprétation). - Le document porte la cote D118/1.
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1 M. Sayers (interprétation). - Je voudrais attirer votre attention sur la
2 première phrase du paragraphe 5 ainsi d'ailleurs que le reste de ce
3 cinquième paragraphe.
4 Dans ce paragraphe, on peut lire que la veille du déclenchement des
5 hostilités à Stupni Do, un Croate a prévenu la population, il leur a dit
6 de partir, et la plupart des résidents de Stupni Do n'ont pas pris cette
7 mise en garde au sérieux. Aviez-vous connaissance de ce fait ?
8 M. Weckesser (interprétation). - Non, pas à l'époque. Pas le 22,
9 ultérieurement oui, j'en ai entendu parler. J'ai entendu dire qu'une
10 famille croate avait quitté la ville suite à cette mise en garde, suite à
11 cet avertissement. C'est effectivement vrai.
12 M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous que 36 soldats avaient été
13 mobilisés dans le village pour assurer la garde du village ?
14 M. Weckesser (interprétation). - Non, je ne le savais pas.
15 M. Sayers (interprétation). - J'ai un certain nombre d'autres questions à
16 vous poser à ce sujet. Saviez-vous que la présidence de guerre en exil à
17 Dabravine avait mis sur pied un plan d'évacuation pour tous les villages
18 se situant dans la municipalité de Vares ?
19 M. Weckesser (interprétation). - Non, je n'étais pas au courant et elle ne
20 me l'a pas dit. La présidente ne me l'a jamais dit.
21 M. Sayers (interprétation). - Vous ne saviez pas qu'un signal radio, une
22 communication radio avait été envoyée aux forces locales à Stupni Do leur
23 donnant instruction d'évacuer le village ? Vous ne saviez pas que ce
24 message codé a été reçu, qu'une réunion s'est tenue dans le village, et
25 que la décision a finalement été prise de ne pas évacuer le village ?
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1 M. Weckesser (interprétation). - Non, je n'en ai pas entendu parler. Et
2 d'autre part, cela n'a jamais été évoqué lors d'aucune discussion qui a eu
3 lieu ensuite avec n'importe quel participant ou intervenant que ce soit.
4 M. Sayers (interprétation). - Merci. Passons maintenant à la conversation
5 dont vous avez été témoin entre l'interprète du Nordbat et les soldats
6 dont vous nous avez parlé, une conversation qui a eu lieu le
7 24 octobre 1993.
8 Deux choses : premièrement, vous avez eu l'impression que ces soldats
9 étaient ivres, n'est-ce pas ?
10 M. Weckesser (interprétation). - Ils ne se comportaient pas comme des
11 soldats, ils hurlaient, ils faisaient des mouvements bizarres avec leurs
12 bras. Oui, j'avais l'impression qu'ils étaient saouls.
13 M. Sayers (interprétation). - Il y a trois ans, vous avez dit à
14 l'enquêteur du Bureau du Procureur, je cite : "Il m'a semblé qu'ils
15 étaient saouls également." Et vous pensez toujours la même chose
16 aujourd'hui ?
17 M. Weckesser (interprétation). - En effet.
18 M. Sayers (interprétation). - Vous avez dit que ces soldats du HVO ont
19 affirmé qu'ils n'aimaient pas leurs dirigeants du fait de ce qu'on leur
20 avait ordonné de faire. Ont-ils dit de quels dirigeants ils parlaient ?
21 M. Weckesser (interprétation). - Non. Je me souviens qu'ils ont utilisé le
22 pluriel, leurs dirigeants, au pluriel.
23 M. Sayers (interprétation). - Passons à un autre thème, votre visite à
24 Zepce. Je crois que c'était le 26 octobre. Vous nous dites que vous avez
25 parlé à M. Lozancic dont vous avez dit qu'il était le dirigeant du
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1 gouvernement local à Zepce.
2 Avez-vous parlé au président de la Chambre des représentants du HR-HB,
3 Peric Jukic ?
4 M. Weckesser (interprétation). - Non, je ne m'en souviens pas.
5 M. Sayers (interprétation). - Vous avez parlé d'un certain niveau de
6 planifications au niveau du HVO avant le déclenchement des hostilités sur
7 Stupni Do, conviendriez-vous avec moi que la décision de lancer une
8 opération sur Stupni Do a été prise à un niveau hiérarchique bas et non
9 pas à un niveau élevé de la hiérarchie ?
10 M. Weckesser (interprétation). - Non, je ne suis pas vraiment d'accord
11 avec vous, parce que faire venir un commandant d'une autre enclave,
12 l'enclave de Kiseljak, c'est quelque chose qui n'est pas habituel, que je
13 trouvais peu compréhensible. Il y avait déjà sur place une brigade qui
14 semblait solide. Il semblait bizarre de voir arriver un commandant en
15 provenance d'une autre unité à ce moment-là.
16 M. Sayers (interprétation). - Je vais vous montrer un autre document, un
17 rapport de fin de mission préparé par le chef du centre régional de Zenica
18 de l'ECMM.
19 Mme Ameerali (interprétation). - Le document portera la cote D119/1.
20 M. Sayers (interprétation). - Un commentaire au sujet du paragraphe 5 à la
21 page 1. On peut y lire, c'est le dirigeant du centre régional de l'ECMM à
22 Zenica qui le dit. On peut lire : "Il est probable que la décision de
23 lancer cette opération a été prise à un niveau hiérarchique assez bas. Il
24 est possible que le massacre était causé par le refus des Musulmans de
25 Stupni Do à reverser une part encore plus importante des bénéfices tirés
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1 de la contrebande au HVO".
2 M. Weckesser (interprétation). - Non, je ne suis pas d'accord. Il s'agit
3 d'une évaluation parmi d'autres qui ont été faites sur le moment. Comme je
4 l'ai déjà dit, les parties en présence, les parties au conflit étaient
5 très prudantes et ne se lançaient pas à la légère dans les opérations de
6 ce genre. Si on prend en compte les messages d'alerte dont vous nous avez
7 parlé il y à quelques minutes, on peut voir que tout cela, que tout
8 indiquait que cet événement allait se passer. Je pense à ces familles qui
9 sont parties du village, etc. Et puis c'est également à ce moment-là qu'on
10 a vu un changement au niveau du commandement local. Les circonstances
11 étaient donc très inhabituelles, je ne suis donc pas d'accord avec cette
12 évaluation. Contrairement à vous, ne pense pas qu'elle soit conforme à la
13 situation.
14 M. Sayers (interprétation). - Vous comprenez bien qu'il ne s'agit pas de
15 mon opinion personnelle, mais je me contente de donner lecture de
16 l'opinion réprésentée ici par le responsable du centre régional de Zenica.
17 Quoi qu'il en soit, passons à autre chose.
18 Vous avez donc essayé d'aller sur place, d'aller à cet endroit où on
19 disait qu'un massacre avait été commis. Vous avez pris contact avec Emile
20 Harah qui, a l'époque, était commandant de la brigade Bobovac, c’était le
21 26 octobre, n'est-ce pas ?
22 M. Weckesser (interprétation). - Ce n'est pas possible, parce que le 26
23 j'étais à Zepce.
24 M. Sayers (interprétation). - C'était donc le 27 ?
25 M. Weckesser (interprétation). - Je réfléchi..., non, c'était le 24.
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1 M. Sayers (interprétation). - Le 24, bien. Quoi qu'il en soit, Emile Harah
2 était toujours commandant de la brigade Bobovac ce jour-là, n'est-ce pas ?
3 M. Weckesser (interprétation). - Je ne sais pas. La situation était très
4 bizarre, surtout quand on voit ce qui s'est passé le jour suivant. Il est
5 possible qu'en effet, il ait été commandant de la brigade Bobovac, vous
6 avez peut-être raison en effet. Parce que je l’ai rencontré souvent,
7 c'était quelqu'un de très direct, quelqu'un de très calme. Il contrôlait
8 très bien ses hommes. En effet, je crois que c'était lui le commandant.
9 M. Sayers (interprétation). - Il vous a dit qu'il n'était pas possible
10 d'aller dans le village parce que la situation était beaucoup trop
11 dangereuse, et que les combats s'y déroulaient encore ?
12 M. Weckesser (interprétation). - Non, il s’est contenté de nous dire que
13 ce n'était pas sûr, que nous ne devion pas y aller parce que c'était trop
14 dangereux. Il prétendait se faire du souci au sujet de notre sécurité.
15 M. Sayers (interprétation). - Suite aux événements de Stupni Do, avez-vous
16 eu connaissance du fait que le général Milivoj Petkovic avait, en fait,
17 délivré un ordre au commandant du HVO à Vares, ordre ayant pour objectif
18 de démettre de leurs fonctions trois hommes politiques de haut niveau qui
19 occupaient des postes au sein du gouvernement local ?
20 M. Weckesser (interprétation). - Je n'étais pas au courant de ce que vous
21 me dites dans la première partie de votre question. Je ne savais pas que
22 c'était le général Petkovic qui avait donné cet ordre. Je savais, en
23 effet, qu’il y avait eu des changements au niveau des dirigeants
24 politiques de Vares.
25 M. Sayers (interprétation). - Je vais demander à l'huissier de vous
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1 présenter la pièce Z1258.
2 J’aurais deux questions : premièrement, est-ce que vous saviez que le
3 général Petkovic avait autorisé Zvonko Dusnovic, Ivica Gavronovic et Anto,
4 est-ce qu’il a permis que ces personnes soient démises de leurs fonctions,
5 le 23 octobre 1993, c’est-à-dire le jour où le massacre de Stupni Do a eu
6 lieu ?
7 M. Weckesser (interprétation). - Je ne le savais pas.
8 M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous que le général Petkovic avait
9 ordonné qu'une enquête soit menée au sujet des niveaux de responsabilité
10 du pouvoir exercé dans les villages occupés à la fois par des Croates et
11 des Musulmans ?
12 M. Weckesser (interprétation). - J'en ai entendu parler mais après.
13 M. Sayers (interprétation). - Y a-t-il un doute dans votre esprit au sujet
14 du fait qu'une enquête a été menée par le HVO au sujet de ce massacre ?
15 M. Weckesser (interprétation). - Je ne sais pas. Je ne peux pas vous
16 répondre.
17 M. Sayers (interprétation). - Avant d’aller à Zepce, je crois que vous
18 êtes alllé voir le commandant de la brigade Bobovac encore une fois,
19 c'était le 25 octobre et vous avez constaté que ce jour-là, Emile Harah,
20 ou la veille d’ailleurs, avait été remplacé par Garrod Bozic ?
21 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
22 M. Sayers (interprétation). - Et lors de la conférence de presse qui a eu
23 lieu deux jours plus tard, il a été dit par le commandant du bataillon
24 britannique que Kresimir Bozic était responsable du massacre ?
25 M. Weckesser (interprétation). - C'est exact.
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1 M. Sayers (interprétation). - Passons maintenant à la conversation que
2 vous avez eue avec Sir Martine Garrod, vous lui avez demandé de parler à
3 M. Kordic des événements qui avaient eu lieu à Stupni Do. Vous saviez que
4 Sir Martin Garrod devait s'entretenir avec M. Kordic à un autre sujet ?
5 M. Weckesser (interprétation). - Oui, la question de l'évacuation
6 médicale, Medivak, était à l'époque au centre des préoccupations.
7 M. Sayers (interprétation). - Vous saviez que Sir Martine Garrod devait
8 rencontrer M. Kordic le 25 octobre ?
9 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
10 M. Sayers (interprétation). - Et Sir Martin Garrod vous a dit qu'il avait
11 parlé avec M. Kordic au sujet de vos soupçons selon lequel le HVO avait
12 provoqué un massacre à Stupni Do ?
13 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
14 M. Sayers (interprétation). - Il vous a donc dit qu’il en avait parlé à
15 M. Kordic, que M. Kordic avait immédiatement téléphoné au général Petkovic
16 qui était, à l'époque, à Kiseljak et qu'il lui a demandé ce qui se passait
17 à Stupni Do ?
18 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
19 M. Sayers (interprétation). - Ensuite, Sir Martin Garrod vous a dit tout
20 ce que M. Kordic avait dit au général Petkovic ?
21 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
22 M. Sayers (interprétation). - Vous a-t-il été dit que M. Kordic avait
23 condamné toutes les atrocités qui pouvaient se dire d'un côté ou de
24 l'autre ?
25 M. Weckesser (interprétation). - Oui. Je me souviens en effet de cette
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1 déclaration. Cela a été mentionné dans certains rapports. Cela a été
2 rapporté par un certain nombre de personnes mais je ne me souviens pas
3 qu'il ait dit cela pour Stupni do ou au moment de ces événements.
4 M. Sayers (interprétation). - Monsieur le Président, je m'apprête à passer
5 à un autre thème, je pense en avoir encore pour 15 minutes au plus
6 supplémentaire pour ce contre-interrogatoire.
7 M. le Président (interprétation). - Bien, nous allons suspendre l'audience
8 jusqu'à 14 heures 30. Je vais vous demander, Monsieur le Témoin, de
9 revenir ici à 14 heures 30. Je voudrais vous rappeler qu'il est vous est
10 interdit de parler à quiconque du contenu de votre déposition pendant ces
11 pauses, cela inclut notamment les membres du bureau du Procureur.
12 L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à 14 heures 30.
13 M. le Président (interprétation). - Maître Sayers ?
14 M. Sayers (interprétation). - Monsieur le Président, bonjour à nouveau.
15 Bonjour, Monsieur le Témoin. J'aimerais que nous nous penchions à présent
16 sur les événements du 2 novembre et du 3 novembre 1993. Vous êtes
17 d'accord, n'est-ce pas, que la 7ème Brigade musulmane, conduite par les
18 forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine, est entrée dans la ville de Vares
19 et l'a capturée, n'est-ce pas ?
20 M. Weckesser (interprétation). - Oui, c'est exact.
21 M. Sayers (interprétation). - Et immédiatement avant cet événement, à
22 7 heures environ, les réfugiés qui avaient fui la ville et qui étaient
23 tous croates, ont franchi les collines environnant la ville pour se rendre
24 dans des villages situés à l'est ?
25 M. Weckesser (interprétation). - C'est ce que j'ai entendu dire, je ne
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1 l'ai pas vu, oui Monsieur.
2 M. Sayers (interprétation). - Serez-vous d'accord sur le fait qu'un grande
3 nombre de pillages et des actes de vandalisme ont été commis par les
4 membres de la 7ème Brigade musulmane dans la ville de Vares ?
5 M. Weckesser (interprétation). - Je suis d'accord avec cela, je l'ai vu de
6 mes yeux.
7 M. Sayers (interprétation). - Encore un point sur ce sujet, Monsieur, je
8 crois que ce sera le dernier.
9 Seriez-vous d'accord avec le fait que la prise de Vares a été d'une
10 importance toute particulière sur le plan stratégique pour l'armée de
11 Bosnie-Herzégovine parce qu'elle a permis la liaison entre les 2ème, 3ème,
12 4ème et et 6ème Corps de l'armée de Bosnie-Herzégovine et aussi parce
13 qu'elle a permis à des forces en provenance de Tuzla de se diriger vers
14 Gorni Vakuf sans avoir à contourner les forces croates, et c'était la
15 première fois ?
16 M. Weckesser (interprétation). - Votre analyse est entièrement exacte,
17 oui, je suis d'accord, Monsieur.
18 M. Sayers (interprétation). - Merci. Eh bien passons à Ivica Rajic.
19 Saviez-vous qu'il a été mis en accusation par ce Tribunal pour les
20 événements de Stupni Do ?
21 M. Weckesser (interprétation). - Je crois l'avoir lu dans la presse il y a
22 quelques années.
23 M. Sayers (interprétation). - Serait-il permis de dire, Monsieur
24 Weckesser, que vous n'avez aucune connaissance personnelle des
25 circonstances qui ont entouré l'enlèvement de M. Rajic de son poste de
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1 commandement ?
2 M. Weckesser (interprétation). - Hormis les informations qui m'ont été
3 transmises par d'autres membres de l'équipe à Zenica, c'est exact,
4 Monsieur.
5 M. Sayers (interprétation). - Je crois savoir que vous pensez que le
6 limogeage de M. Rajic n'a pu être ordonné ou provoqué que par M. Blaskic,
7 n'est-ce pas ?
8 M. Weckesser (interprétation). - C'est exact.
9 M. Sayers (interprétation). - Eh bien j'aimerais à présent vous demander
10 d'examiner un document que nous avons déjà communiqué au Greffe, en date
11 du 11 novembre 1993, rapport de contrôle, de vérification, quotidien
12 préparé par l'équipe V3.
13 Mme Ameerali (interprétation). - Ce document est enregistré sous la
14 cote 119/1.
15 M. Sayers (interprétation). - Je ne sais pas s'il me revient de le faire,
16 mais j'aimerais signaler qu'un document a déjà été enregistré sous la
17 cote D 119/1. Celui-ci devrait sans doute porter la cote 120.
18 Mme Ameerali (interprétation). - Le document présent sera enregistré sous
19 la cote D 120/1.
20 M. Sayers (interprétation). - Monsieur Weckesser, j'aimerais que nous
21 parlions du paragraphe 1B, où il est question de la situation militaire et
22 de rumeurs portant sur le remplacement de M. Rajic à l'initiative du
23 général Petkovic et sur ordre du président de la communauté croate
24 d'Herceg Bosna, Mate Boban ; avez-vous été mis au courant des informations
25 contenues dans ce rapport quotidien des observateurs ?
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1 M. Weckesser (interprétation). - Je ne saurais commenter les informations
2 fournies par une autre équipe, notamment lorsqu'il s'agit de reprises de
3 rumeurs dues à l'homme de la rue, puisque c'est le début de votre
4 question.
5 Mais je ne peux imaginer qu'un tel acte ait été accompli sans que le
6 commandant, M. Blaskic, en soit informé puisqu'il dirigeait le navire,
7 n'est-ce pas ? Je le savais, j'ai eu des contacts avec lui à Zepce, donc
8 la situation était très difficile, très tendue, et une réunion tripartite
9 était en cours de préparation. Comme je l'ai déjà déclaré, d'ailleurs, je
10 pense que ce qui a provoqué ce fait est dû au colonel Blaskic. En tout
11 cas, je n'imagine pas que les choses aient pu se passer autrement.
12 M. Sayers (interprétation). - Merci. Passons à l'un des derniers sujets
13 que nous allons aborder, l'enquête au sujet des événements de Stupni Do
14 réalisée par les Nations Unies et le HVO. Avez-vous été au courant de
15 cela ?
16 M. Weckesser (interprétation). - Oui. Un peu plus tard, lors d'un
17 enterrement qui s'est déroulé le 30 octobre à Breza, j'ai entendu dire que
18 des experts des Nations Unies étaient en train de procéder à des
19 recherches et de mener une enquête, mais à ce moment-là, et d'ailleurs
20 même par la suite, je n'ai pas appris davantage au sujet des résultats de
21 cette enquête.
22 M. Sayers (interprétation). - Avez-vous eu connaissance personnellement de
23 rencontres qui ont eu lieu entre le département juridique G1 du
24 commandement de la Forpronu, en Bosnie-Herzégovine, représenté par le
25 lieutenant-colonel JW. Kowet et le colonel Vinko Lucic du quartier général
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1 du HVO de Mostar accompagné de M. Bandir, un juriste de l'armée ? Avez-
2 vous eu connaissance de cela ?
3 M. Weckesser (interprétation). - Non, pas du tout. Absolument pas.
4 M. Sayers (interprétation). - J'aimerais que nous revenions sur votre
5 impression quant au rôle joué par M. Kordic. J'aimerais que vous examiniez
6 trois pièces à conviction, la pièce Z1276, la pièce 1293.1 et la
7 pièce 1263.1.
8 Monsieur Weckesser, j'aimerais appeler votre attention d'abord sur la
9 pièce Z 1276, d'après vous, Mate Boban était-il en fait le président de la
10 République croate d'Herceg-Bosna ?
11 M. Weckesser (interprétation). - Oui, en effet.
12 M. Sayers (interprétation). - D'après vous, Vladislav Bogarcic était-il le
13 chef des droits de l'homme et des questions humanitaires dans cette
14 entité ?
15 M. Weckesser (interprétation). - Non, non pas du tout.
16 M. Sayers (interprétation). - D'après-vous le Dr Jadranko Perlic était-il
17 président du gouvernement de la République d'Herceg-Bosna ?
18 M. Weckesser (interprétation). - Non Monsieur.
19 M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous que Slobodan Bozic était le
20 ministre de la défense adjoint de la République ?
21 M. Weckesser (interprétation). - Non Monsieur.
22 M. Sayers (interprétation). - Vous connaissiez le ministre de la défense,
23 vous saviez qui il était ?
24 M. Weckesser (interprétation). - Non Monsieur.
25 M. Sayers (interprétation). - J'aimerais maintenant que nous passions au
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1 document suivant, monsieur Weckesser, dans lequel M. Kordic est identifié.
2 Il s'agit du document Z 1293.1. Il y est identifié en tant que vice-
3 président du gouvernement du HVO. Personne ne vous en a jamais informé du
4 fait qu'il était le vice-président du gouvernement du HVO, n'est-ce pas ?
5 M. Weckesser (interprétation). - Non, en effet.
6 M. Sayers (interprétation). - Finalement, passons au document Z 1263.1. Le
7 HRC a rendu visite à M. Dario Kordic qui était, à ce moment-là, vice-
8 président de la République croate d'Herceg-Bosna. Savez-vous s'il était ou
9 n'était pas le président de la République croate d'Herceg-Bosna ?
10 M. Weckesser (interprétation). - A mon avis, à ce moment-là, il était
11 effectivement le vice-président de cette république, en effet.
12 M. Sayers (interprétation). - Ma dernière question porte sur la
13 photographie que vous avez montrée aux Juges de cette Chambre, je parle de
14 la photographie de ce bâtiment qui ressemble fort à un chalet suisse, où
15 nous voyons également de la fumée. Je crois qu'il s'agit de la
16 pièce Z 1283.1.
17 M. Weckesser (interprétation). - En effet.
18 M. Sayers (interprétation). - Est-ce la photographie de ce qui était à
19 l'origine le quartier général de la Brigade Bobovac ?
20 M. Weckesser (interprétation). - Pour autant que je le sache, oui.
21 M. Sayers (interprétation). - Ce bâtiment se trouve au nord de la ville de
22 Vares, si je ne m'abuse ?
23 M. Weckesser (interprétation). - Oui.
24 M. Sayers (interprétation). - Il était connu sous le nom de "nid d'aigle",
25 n'est-ce pas ?
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1 M. Weckesser (interprétation). - Je ne saurais le dire, je ne me rappelle
2 pas.
3 M. Sayers (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs les Juges,
4 je n'ai pas d'autres questions à poser au témoin. Je vous remercie,
5 Monsieur Weckesser d'avoir répondu à mes questions, à moins que les Juges
6 aient des questions à me poser.
7 M. Nice (interprétation). - Deux points que j'aimerais reprendre avec
8 vous, Monsieur Weckesser.
9 On vous a interrogé au sujet d'avertissements lancés aux habitants de
10 Stupni Do avant le massacre. Hormis ce que l'on peut trouver dans d'autres
11 rapports, je vous demande quelle autre information vous avez recueillie
12 relative à ces avertissements lancés à la population de Stupni Do ?
13 M. Weckesser (interprétation). - Eh bien, si nous parlons des
14 avertissements précisément relatifs à la situation de Stupni Do, si
15 j'avais été informé de tels avertissements, je me serais occupé de façon
16 très précise de cette ville. Ces avertissements ne nous sont pas parvenus
17 en tant que tels. Nous avons entendu parler de rumeurs selon lesquelles la
18 situation était tendue, c'était le mot qui était utilisé, selon lesquelles
19 il était très difficile, à ce moment-là, d'établir la moindre coordination
20 avec Svanko qui était le responsable local à la sécurité. Il était
21 davantage fait référence à des déplacements de l'armée de Bosnie-
22 Herzégovine dans le nord du village ainsi qu'à des mouvements du Convoi de
23 la Joie qui devait traverser ce village.
24 M. Nice (interprétation). - Je vous interromps parce que ce qui
25 m'intéresse, en fait, c'est davantage le genre d'informations que vous
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1 auriez pu recueillir vous-même après les événements, au sujet des
2 avertissements qui ont été éventuellement adressés à la population de
3 Stupni Do. Vous vous rappelerez sans doute que, dans un article de presse
4 que vous avez produit, référence est faite à un avertissement lancé à la
5 population croate du village et qui aurait permis à la population croate
6 de se retirer du village. En dehors de cela, avez-vous recueilli quelque
7 autre document qui ait eu l'allure d'un avertissement ?
8 M. Weckesser (interprétation). - Non, pas que je me souvienne.
9 M. Nice (interprétation). - Deuxième point, le limogeage de Rajic, un tel
10 acte aurait requis la participation au moins de M. Blaskic, compte tenu du
11 fait que Blaskic était son supérieur dans la chaîne de commandement
12 militaire ?
13 M. Weckesser (interprétation). - Oui, c'est ce que j'ai appris jusqu'à
14 présent, si tant est que la chaîne de commandement ait été respectée de
15 façon disciplinée.
16 M. Nice (interprétation). - Je n'ai pas d'autres questions à poser au
17 témoin.
18 M. le Président (interprétation). - Colonel, merci d'être venu déposer
19 devant le Tribunal. Votre déposition s'est achevée, vous pouvez donc vous
20 retirer.
21 M. Weckesser (interprétation). - Merci beaucoup.
22 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
23 M. Nice (interprétation). - Nous sommes arrivés à la fin des éléments de
24 preuve que nous pouvions soumettre à la Chambre cette semaine.
25 Pendant que le témoin se retire, je pourrais peut-être satisfaire le désir
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1 exprimé par les Juges de cette Chambre d'enregistrer les lignes de front
2 sur les cartes. Cela peut servir d'aide-mémoire ou en tout cas d'aide à
3 l'interprétation des éléments de preuve.
4 Nous pourrions le faire dans le cadre de quelque chose qui ressemblerait à
5 une conférence de mise en état. En tout cas, je suis à votre disposition
6 Monsieur le Président quant à la forme.
7 M. le Président (interprétation). - Souhaitez-vous traiter de ce point à
8 huis clos partiel ?
9 M. Nice (interprétation). - Non, pas du tout, cela peut se faire en
10 public.
11 M. le Président (interprétation). - Je préfèrerai que cela se fasse en
12 public.
13 Conférence de mise en état
14 M. Nice (interprétation). - J'ai demandé à M. Lopez-Terres de venir car
15 c'est lui qui s'est occupé de la préparation de ces cartes, davantage que
16 moi et donc il serait plus à même de répondre à des questions provenant
17 éventuellement de vous.
18 Pendant que nous l'attendons, je vous montre ces cartes qui sont derrière
19 moi, je suis désolé je ne les ai pas encore montrées à la défense mais
20 elles viennent en fait de mettre remises.
21 M. Sayers (interprétation). - Sur un point totalement différent, Monsieur
22 le Président, je tiens à dire que j'ai parlé à M. Weckesser en m'adressant
23 à lui comme M. Weckesser, c'était à sa demande, je ne l'ai pas appelé
24 colonel, mais c'était à sa demande que je l'ai appelé monsieur, et je
25 tiens à ce que les Juges le sachent de façon à ce qu'il n'y ait pas
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1 d'implication de manque de respect de ma part.
2 M. Nice (interprétation). - Je ne sais pas exactement de quelle façon on
3 peut les enregistrer ces cartes. Peut-on leur affecter une cote en tant
4 que pièces à conviction ? Je suppose qu'il conviendrait d'affecter un
5 numéro à ces cartes.
6 M. Nice (interprétation). - Prenons la première carte, si vous le voulez
7 bien, c'est un peu de difficile à manipuler dans le prétoire, vous en
8 aurait sans doute des copies sur papier plus facile à regarder. La
9 première carte porte le titre : "Avant avril 1993, les principales
10 positions de brigades". Et comme on le voit, à l'évidence, les unités de
11 l'armée de Bosnie-Herzégovine y figurent en vert, les unités de l'armée
12 serbe de Bosnie en rouge, les unités du HVO en noir. Et vous voyez ces
13 lignes qui contournent vers le nord-ouest, le nord-est, le sud-est, même à
14 la distance où vous vous trouvez je suppose que vous le voyez. Les
15 différentes brigades sont signalées au lieu où se trouvait leur siège. Et
16 vous avez une légende au bas de la carte, j'espère que celle-ci parle
17 d'elle-même, et qu'elle vous servira utilement d'aide-mémoire, pour autant
18 qu'elle soit précise s'agissant de l'emplacement des brigades avant le
19 mois d'avril 1993.
20 La deuxième carte est peut-être encore plus utile sur le plan graphique :
21 "Juillet 1993, lignes de front et positions des principales brigades".
22 Elle indique aussi les lignes tenues par les Croates à Vitez et aux
23 alentours de Vitez, ainsi qu'à Busovaca et aux alentours de Busovaca. Là
24 aussi vous avez le signalement des unités présentes. Et donc vous avez une
25 idée très claire des territoires défendus ou à défendre. Les trois autres
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1 documents en votre possession doivent vous être distribués d'ailleurs, ce
2 sont des documents qui se concentrent sur Vitez.
3 J'aurais sans doute besoin de l'aide de M. Lopez-Terres car c'est lui qui
4 s'en est occupé principalement. Ici, on voit les lignes de front. Est-ce
5 que les Juges de la Chambre en ont reçu un exemplaire ? Peut-être notre
6 assistante peut elle vous les distribuer ?
7 M. le Président (interprétation). - Oui Monsieur Nice absolument.
8 M. Nice (interprétation). - J'attends que la distribution soit faite.
9 Vous venez de recevoir trois documents. Comme vous le voyez dans la
10 légende du premier document, la période concernée est celle du
11 17 avril 1993. Pour ce document, les sources d'information sont à
12 rechercher dans les ordres de Blaskic à différentes heures au cours de la
13 journée du 17 avril 1993. Et je pense que la légende se lit de façon
14 évidente : vert pour les lignes de front de l'armée de Bosnie-Herzégovine,
15 quant aux autres lignes figurant sur cette carte il faudrait que je
16 vérifie -après l'arrivée de M. Lopez-Terres- je ne voudrais pas vous
17 induire en erreur. En tout cas, cette carte montre les positions en avril.
18 Le document suivant porte la date du mois de mai, elle concerne les
19 dispositions des lignes de front du HVO au mois de mai. Vous y voyez les
20 lignes de front de l'armée de Bosnie-Herzégovine en vert.
21 Ah..., apparemment, M. Lopez-Terres n'est pas disponible.
22 Vous y voyez aussi les secteurs de défense du HVO, en bleu. Ces différents
23 points sont assortis à des numéros. La source de ce document est un
24 document intitulé : "Rapport du bureau chargé de la défense de Vitez".
25 Le troisième document porte sur la période commençant au mois de juillet,
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1 là encore on voit l'illustration des lignes de front du HVO dans le
2 secteur de Vitez ; aucune explication supplémentaire n'est nécessaire là
3 non plus.
4 Voilà quelques-uns des documents que nous avons réussi à élaborer. Il
5 m'est venu à l'idée qu'il serait peut-être au moins vraisemblable que les
6 Juges de cette Chambre aient le désir d'examiner les détails figurant sur
7 les petites cartes papiers pour les comparer à ce que vous montre la
8 grande carte en couleur. Cela permet donc d'avoir une vision micro et une
9 vision macro. Quant à superposer les deux, l'exercice semble difficile.
10 En tout cas, j'ai préparé des transparents sur lesquels on voit les
11 détails qui figurent sur les petites cartes papier. Si nous plaçons ces
12 transparents sur les grandes cartes couleur, la superposition est donc
13 faite mais uniquement avec les détails signalés de façon sépciale sur sur
14 les petites cartes papiers et la comparaison peut donc être ainsi
15 effectuée. J'ai donc un certain nombre de transparents également à ma
16 disposition, je ne sais pas si les Juges y verront une quelconque utilité.
17 Si c'est le cas, nous pouvons vous les distribuer.
18 M. le Président (interprétation). - Cela semble utile, en effet. C'est
19 tout ce que je peux dire pour le moment. Nous avons donc ces documents en
20 notre possession désormais et nous obtiendrons sous peu la grande carte en
21 couleur du mois de juillet. Dès que le Greffe sera prêt, nous pourrons
22 affecter une cote à ces documents.
23 M. Nice (interprétation). - Oui. Pour le moment, il ne s'agit pas de
24 pièces à conviction versées au dossier. Il convient peut-être d'interroger
25 la défense quant à ses souhaits par rapport à la nature de ces cartes, au
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1 contenu de ces cartes, et si un accord est conclu, peut-être pourrons-nous
2 les verser au dossier en tant que pièces à conviction.
3 M. le Président (interprétation). - Moi je pense que le fait de les
4 présenter à la Chambre pour ensuite leur faire faire des allers-retours, à
5 ces cartes, pose quelques difficultés.
6 M. Nice (interprétation). - Je ne sais pas si, Messieurs les Juges, vous
7 voyez bien de là où vous vous trouvez, c'est sans doute un peu difficile.
8 Vu la dimension de la carte, le plus facile sans doute, le plus
9 confortable, serait de la placer à mi-chemin entre les Juges et le témoin.
10 M. le Président (interprétation). - Mais peut-être pourrait-on se procurer
11 un chevalet, ou un tableau, en tout cas, éviter d'obstruer la vue de
12 certaines personnes dans le prétoire.
13 M. Nice (interprétation). - Oui, le public devrait pouvoir les voir.
14 M. le Président (interprétation). - De toute façon, il y a aussi la caméra
15 dont il faut tenir compte, c'est très difficile.
16 M. Nice (interprétation). - Mais cela devrait être possible, je pense.
17 Evidemment, il y a aussi les micros qui posent des problèmes. Peut-être
18 pourrait-on déplacer le témoin ; il serait peut-être possible que le
19 témoin interrogé au sujet de la carte occupe l'un des deux bureaux qui se
20 trouvent là devant et qui ne sert à rien pour le moment. Enfin nous le
21 verrons en temps utile.
22 Cela étant, à part ce que je viens de dire au sujet des cartes, je crains
23 fort d'avoir épuisé mes témoins pour la journée, Monsieur le Président,
24 Messieurs les Juges.
25 M. le Président (interprétation). - Il serait sans doute sage d'affecter
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1 un quelconque numéro à ces documents, qu'il s'agisse de pièces de
2 l'accusation ou autre. Avez-vous la cote, Monsieur Nice ?
3 M. Nice (interprétation). - Nous avons un problème, Monsieur le Président,
4 le système informatique ne répond pas à l'instant présent, donc il nous
5 semble que nous avons quelques difficultés à accéder au numéro en
6 question.
7 M. le Président (interprétation). - Ce n'est pas grave, nous y reviendrons
8 en temps utile. Il y a maintenant, à moins que quelqu'un ait quelque chose
9 à ajouter au sujet des cartes, quelques points d'intendance à régler,
10 notamment un problème de calendrier.
11 Vous vous rappellerez sans doute que la question a été posée de savoir si,
12 le lundi 8 novembre, la Chambre pourrait siéger en cas de disponibilité et
13 la réponse à cette question, c'est qu'aucun prétoire n'est disponible,
14 donc nous ne siégerons pas l'après-midi du 8 novembre.
15 Nous avons également discuté des questions émanant de l'expression par le
16 Procureur de son état d'esprit actuel et nous en sommes arrivés à la
17 conclusion qu'il conviendrait, dans un avenir assez proche, de convoquer
18 une Conférence de mise en état.
19 Nous avons pensé à la date du vendredi 26 novembre, ce qui laisserait à
20 l'accusation un mois, et selon mes calculs, nous serions donc arrivés au
21 total à 70 jours de procès, ce qui devrait nous rapprocher de la fin de la
22 présentation des témoins de l'accusation.
23 L'objet de la Conférence de mise en état consisterait à faire le bilan de
24 ce que nous avons accompli jusqu'à présent, puis à permettre à
25 l'accusation de produire un document stipulant le nombre de témoins
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1 qu'elle entend citer.
2 M. Nice (interprétation). - Je suis sûr que cela ne posera pas de
3 problèmes. En effet, l'exercice dont j'ai parlé est déjà bien avancé.
4 M. le Président (interprétation). - Bien entendu, nous aimerions également
5 savoir quels seront les sujets qui seront abordés par ces témoins ; peut-
6 être l'avez-vous déjà mentionné dans d'autres résumés, mais nous aimerions
7 qu'une référence soit faite à cela pour le moins, accompagnée bien sûr
8 d'une estimation de la durée des interrogatoires.
9 Nous voudrions également disposer d'une estimation de la durée totale de
10 l'audition des témoins de l'accusation. Compte tenu du fait que si, tout
11 va bien, la présentation des éléments de preuve de l'accusation devrait au
12 total durer 70 jours. Donc nous devrions, si tout va bien, nous approcher
13 de la fin.
14 M. Nice (interprétation). - Oui, Monsieur le Président. A titre
15 d'information, tout ce que je peux dire aux Juges de cette Chambre, qui
16 seront peut-être intéressés de l'entendre, c'est que, bien entendu, depuis
17 pas mal de temps nous tenons les yeux fermement fixés sur les déclarations
18 sous serment, indépendamment des difficultés dues au fait que des
19 déclarations sous serment sont impossibles à estimer authentiques
20 lorsqu'elles proviennent de l'ex-Yougoslavie.
21 Donc ça, c'est une question qui est encore en cours d'investigation. Nous
22 pensons également au problème du compte rendu d'audience, qui est un autre
23 problème distinct et je me demandais si, sur ordonnance ou par accord,
24 nous pourrions aboutir à un accord quant à la possibilité de lire certains
25 passages du compte rendu d'audience lorsque tel ou tel élément fait défaut
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1 aux Juges de la Chambre. Je dois dire qu'il y a eu très peu d'éléments qui
2 n'ont pas été couverts par nos témoins.
3 Vous savez combien il est difficile de garder longtemps des témoins à
4 La Haye ; donc il y a eu certains éléments qui n'ont pas été couverts et
5 il pourrait être utile de nous référer à des comptes rendus d'audience.
6 Donc s'il y a eu lacune ici ou là, il serait bon d'utiliser les comptes
7 rendus. Mais nous avons encore quelque incertitude quant aux modalités que
8 la Chambre aimerait que nous respections pour verser ces comptes rendus au
9 dossier.
10 Les Juges nous ont fait connaître un certain nombre de signes
11 appréciatifs, mais les choses peuvent se faire de différentes façons. Un
12 de mes collègues, par exemple, peut donner lecture de ces comptes rendus.
13 Bien entendu, il ne s'agira pas de l'intégralité des comptes rendus, mais
14 de certains extraits, à moins que les Juges souhaitent recevoir ces
15 comptes rendus sur papier pour pouvoir les emporter avec eux et les lire à
16 tête reposée.
17 M. le Président (interprétation). - Nous estimons que la simple production
18 de ces comptes rendus suffirait.
19 M. Nice (interprétation). - Oui, je pense que c'est une solution tout à
20 fait souhaitable qui nous permettra d'économiser beaucoup de temps.
21 M. le Président (interprétation). - Mais bien entendu, il s'agit de nous
22 faire connaître les comptes rendus dont vous souhaitez traiter ainsi parce
23 qu'il est possible qu'il y ait certaines discussions, contestations, au
24 sujet de ces comptes rendus.
25 M. Nice (interprétation). - A la reprise de l'audience, la semaine... dans
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1 15 jours, nous aurons identifié plusieurs témoins dont nous donnerons
2 lecture du témoignage sous la forme de compte rendu et nous le
3 communiquerons à nos collègues de la défense.
4 M. Bennouna. - Puisque j'étais déjà intervenu sur cette question du
5 témoignage, et que maintenant le point a été fait par le Président, je
6 voudrais simplement bien clarifier que nous attendons de vous un document
7 pour nous permettre de tirer le meilleur parti de la Conférence de mise en
8 état prévue pour la fin novembre.
9 Nous souhaitons donc avoir de votre part un document préalablement à la
10 Conférence de mise en état pour pouvoir la préparer dans les meilleures
11 conditions.
12 M. Nice (interprétation). - Je ne pense pas que cela pose de difficulté,
13 mais je pense que dans le document que nous allons préparer, nous allons
14 vous donner une idée du nombre de témoins que nous souhaitons encore
15 appeler. Et nous parlerons aussi bien...
16 M. Bennouna. - Je crois que vous n'avez pas très bien compris ce que nous
17 avons à l'esprit. Vous aurez fait comme on l'a dit 70 jours de témoignage.
18 Vous aurez l'intention certainement d'appeler d'autres témoins. Il
19 faudrait que, dans ce document, vous nous disiez, par rapport à ce que
20 nous avons déjà entendu, quel est l'objectif poursuivi, pourquoi vous
21 voulez tel témoin sur tel ou tel aspect pour compléter -comme vous dites-
22 certaines parties des témoignages pour faire face à quelques lacunes
23 existant dans les témoignages -c'est ce que nous attendons de vous- de
24 manière à ce que nous puissions avoir...
25 Nous avons notre propre idée évidemment là-dessus, puisque nous étudions
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1 ces témoignages au fur et à mesure. Nous attendons de vous aussi un
2 document justifiant de futurs témoignages. Vous avez des déclarations et
3 la forme dans laquelle ils seront produits. Et étant entendu que si un des
4 témoins que vous prévoyez ne vient pas pour une quelconque raison, vous
5 pouvez toujours demander à la Cour, à la Chambre de le remplacer en
6 justifiant les raisons de ce remplacement.
7 Voilà ce que nous attendons de vous parce que nous serons déjà fin
8 novembre et que nous devons faire une mise au point. C'est donc un
9 document de mise au point. Nous sommes en train de faire notre propre mise
10 au point, au fur et à mesure, de manière à ce que la Conférence de mise en
11 état soit la plus efficace possible pour la suite du procès.
12 M. Nice (interprétation). - Il semble que ce que vous souhaiteriez que je
13 vous fournisse, corresponde exactement à ce que je souhaite vous fournir.
14 M. le Président (interprétation). - S'il y a des points de droit sur
15 lesquels nous devons nous prononcer, et je pense notamment à la question
16 de la déclaration de témoins aujourd'hui décédés, comment prendre en
17 compte ces documents, je pense qu'il faudrait traiter de ces questions
18 assez vite. Je pense que dans votre document, il faudrait prévoir des
19 audiences pour débattre de certaines questions juridiques.
20 M. Nice (interprétation). - Il me semble que j'ai déjà dit cette semaine
21 que la question de l'admissibilité des déclarations de témoins aujourd'hui
22 décédés se divise en deux parties. Il me semble que c'est une
23 argumentation qui traite de principes, de deux sortes de principes. Et il
24 me semble cependant qu'il vaut mieux traiter de tout dans son ensemble.
25 M. le Président (interprétation). - Je vous demande donc de garder cela à
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1 l'esprit.
2 Autre chose, le dernier jour d'audience indiqué est le
3 vendredi 10 décembre. Or, nous ne siégerons pas le matin du vendredi. Donc
4 le dernier jour d'audience sera le 9 décembre. Je crois avoir dit
5 précédemment qu'en l'an 2000, nous reprendrons nos travaux le
6 lundi 10 janvier, si je ne me trompe de date. C'est bien le
7 lundi 10 janvier. Nous avons produit un calendrier qui se trouve en ce
8 moment entre les mains de l'assistant juridique, du juriste de la Chambre,
9 pour les quatre premiers mois de l'an 2000, indiquant quels jours sont
10 disponibles pour ce procès.
11 Il apparaît qu'à part deux semaines, ou un peu plus, toute la période
12 s'écoulant entre le nouvel An et Pâques sera disponible pour ce procès.
13 Bien entendu, sous réserve d'autres changements dus à ce qui se passe dans
14 le procès présent et ainsi que le développement dans d'autres procès.
15 Je pense que le 26 novembre nous aurons une idée assez précise du moment
16 où l'accusation finira la présentation de ses éléments de preuve et nous
17 pourrons donc planifier les choses.
18 M. Nice (interprétation). - Oui, je pense que nous pourrons vous donner
19 une idée très précise de la fin de la présentation de nos éléments de
20 preuve.
21 M. le Président (interprétation). - Fort bien. Comme je l'ai dit, le
22 juriste de la Chambre dispose d'exemplaires de ce calendrier. Il vous les
23 communiquera.
24 M. Nice (interprétation). - Deux choses au sujet du calendrier, tout
25 d'abord, quand on annule une journée d'audience, il faut savoir que cela a
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1 des répercussions énorme sur l'organisation du Bureau du Procureur ; il
2 est très difficile de faire revenir les témoins, etc.. Puisque cela
3 représente une charge énorme de travail. Il nous serait donc extrêmement
4 utile d'être prévenus aussitôt que possible si une journée d'audience doit
5 être annulée, même si cela n'est pas absolument sûr à 100 %.
6 Deuxième chose, lorsqu'il est indiqué que nous ne siégeons pas pendant une
7 semaine donnée, à ce moment-là, nous prenons des dispositions personnelles
8 ou autres, en prenant en compte ces semaines. Tout changement dans ces
9 semaines qui au départ ont été identifiées comme des semaines pendant
10 lesquelles il n'y aurait pas d'audience, tout cela a des conséquences
11 notamment sur les vacances de certains d'entre nous.
12 M. le Président (interprétation). - Il en va de même pour les Juges de
13 cette Chambre. Mais je ne pense pas qu'il y aura aucun changement pour ce
14 qui est de ces semaines dont vous venez de parler. Bien entendu, nous
15 sommes conscients de la nécessité de fixer un calendrier et de faire
16 connaître aussitôt que possible tout changement qui peut se produire. La
17 difficulté ici est que ce qui se passe dans d'autres procès peut avoir des
18 répercussions sur nos audiences.
19 Quelqu'un souhaite-t-il ajouter quelque chose ?
20 M. Kovacic (interprétation). - Monsieur le Président, j'aimerais profiter
21 de ce peu de temps, deux minutes, juste pour dire très franchement que je
22 ne sais pas comment poursuivre, je parle de la défense, et je pense qu'il
23 est indispensable de mettre au courant la Chambre.
24 Nous avons cité ici le témoin C, il était le 24 avril ici même pour le
25 contre-interrogatoire. Nous lui avons posé la question s'il possédait un
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1 journal de guerre car il s'y est référé. Il a témoigné ici même qu'il
2 avait déposé le journal de guerre aux archives, qui sont à la disposition
3 de l'armée de Bosnie-Herzégovine. La défense de M. Cerkez a réagi, nous
4 avons envoyé une requête auprès du gouvernement de la Fédération de
5 Bosnie-Herzégovine. Et sur la base de ce que le témoin avait dit, nous
6 avons demandé qu'il mette à notre disposition ce journal de guerre.
7 Nous n'avons pas reçu de réponse et nous avons envoyé une autre requête,
8 et nous avons reçu une réponse très brève. J'ai des copies en langue
9 anglaise et en BCS. On nous a répondu qu'il n'y avait pas de tels
10 documents dans les archives. Nous sommes parfaitement conscients que le
11 sort des documents peut être différent. Il y a quand même un problème : du
12 point de vue pratique, nous n'aurions pas vraiment besoin de ce document,
13 mais j'attire votre attention sur le fait que le témoin avait témoigné
14 d'une chose alors que le Gouvernement avait répondu différemment.
15 Par conséquent, nous considérons qu'il serait indispensable d'en prendre
16 note et nous souhaitons verser au dossier tous ces documents et cette
17 correspondance.
18 M. le Président (interprétation). - Ceci a maintenant été enregistré
19 officiellement. Si vous souhaitez que les Juges disposent de cette
20 correspondance, à ce moment-là, il est peut-être souhaitable que vous
21 déposiez cette correspondance de façon appropriée.
22 Maintenant, il a déjà été fait officiellement mention de cette
23 correspondance.
24 M. Kovacic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Je vais me
25 conformer à ce que vous venez de dire.
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1 M. le Président (interprétation). - Nous allons suspendre l'audience
2 jusqu'au 1er novembre.
3 L'audience est levée à 15 heures 20.
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