Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL  

  2   POUR L’EX-YOUGOSLAVIE  

  3                                                   Affaire IT-95-14/2-T

  4

  5   LE PROCUREUR

  6   C/

  7   KORDIC

  8   Mardi 02 novembre 1999

  9  

 10   L'audience est ouverte à 9 heures 30.

 11  

 12   Mme Ameerali (interprétation). - Bonjour, Messieurs les Juges. Affaire IT-

 13   95/2-T, le Procureur contre Dario Kordic et Mario Cerkez .

 14   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers ?

 15   M. Sayers (interprétation). - Merci. Bonjour, Commandant. Je m’appelle

 16   Steven Sayers et c'est en compagnie de Me Naumovski que nous défendons

 17   Dario Kordic ; alors qu'à ma gauche, vous avez MM. Kovacic et Mikulicic

 18   qui, eux, défendent le coaccusé, Mario Cerkez.

 19   Commandant, vous êtes officier de carrière de l'armée britannique depuis

 20   seize ans environ ?

 21   M. Bower (interprétation). - C'est exact.

 22   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous examiné des résumés d'information

 23   militaire préparés par le 1er Régiment du Prince de Galles en vue de votre

 24   déposition ?

 25   M. Bower (interprétation). - Oui.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Serait-il exact de dire, Commandant, que

  2   vous êtes arrivé en Bosnie centrale en avril 1993 et que vous étiez face à

  3   une guerre complexe, difficile, une guerre civile avec plusieurs parties

  4   belligérantes ?

  5   M. Bower (interprétation). - C'est exact.

  6   M. Sayers (interprétation). - Pourrait-on dire de façon assez caricaturale

  7   que, finalement, les Musulmans et les Croates étaient encerclés par des

  8   forces armées des Serbes de Bosnie, de l'ouest vers le nord et aussi vers

  9   le sud, à l'exception de quelques poches isolées ? En gros, est-ce exact ?

 10   M. Bower (interprétation). - Oui, en gros, ce serait exact.

 11   M. Sayers (interprétation). - Et s'agissant de la zone où les forces du

 12   HVO et les forces musulmanes avaient été réduites, il y avait aussi des

 13   poches du HVO entourées par l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

 14   M. Bower (interprétation). - Oui.

 15   M. Sayers (interprétation). - Et, dans ces poches, il y avait encore de

 16   petites zones entourées par les forces du HVO, comme Stari Vitez ou

 17   Novi Travnik ?

 18   M. Bower (interprétation). - Oui.

 19   M. Sayers (interprétation). - Et dans ces villes, pour ainsi dire, il y

 20   avait des lignes de front très nettes qui séparaient les forces du HVO

 21   d'un côté des forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine de l'autre ?

 22   M. Bower (interprétation). - C'est toujours exact.

 23   M. Sayers (interprétation). - Serait-il exact également de dire que,

 24   pendant les six mois de votre mission, vous étiez officier de liaison G5

 25   pour le régiment du Prince de Galles ? Tous les hommes de 16 ans à 60 ans


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  1   avaient été mobilisés dans le pays ?

  2   M. Bower (interprétation). - Je ne pourrais pas vous dire exactement quel

  3   était l'âge prévu, mais c’étaient des hommes en âge de combattre.

  4   C’étaient des hommes qui devaient exécuter des tâches militaires à un

  5   moment donné, mais je ne connais pas exactement la tranche d'âge.

  6   M. Sayers (interprétation). - Seriez-vous d'accord avec moi pour dire que,

  7   dans les enclaves croates, où vous aviez une opposition entre les forces

  8   musulmanes et les forces croates, il était tout à fait routinier que les

  9   combattants s'impliquent respectivement le blâme pour les faits qui se

 10   sont produits ?

 11   M. Bower (interprétation). - Effectivement, chacun rejetait sa

 12   responsabilité sur l'autre.

 13   M. Sayers (interprétation). - Et ceci valait pour les deux côtés ?

 14   M. Bower (interprétation). - Oui.

 15   M. Sayers (interprétation). - Et donc, finalement, on montrait du doigt

 16   les autres pour essayer de leur imputer le blâme, la responsabilité ?

 17   M. Bower (interprétation). - Oui, il était très rare que des gens

 18   acceptent d'endosser la responsabilité des faits qui s'étaient produits.

 19   M. Sayers (interprétation). - Si je vous comprends bien, vous avez d'abord

 20   été interrogé par des enquêteurs représentant le Bureau du Procureur, le

 21   13 août 1996 ; est-ce exact ?

 22   M. Bower (interprétation). - Cela s'est passé au cours de l’été 1996, mais

 23   je ne me souviens plus de la date exacte.

 24   M. Sayers (interprétation). - Et, par la suite, quelque huit mois plus

 25   tard, les 9 et 10 avril 1997, vous avez fourni une déclaration préalable


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  1   aux enquêteurs du Bureau du Procureur que vous avez par la suite relue et

  2   signée ?

  3   M. Bower (interprétation). - C’est exact.

  4   M. Sayers (interprétation). - Et vous l’avez relue aujourd'hui en vue de

  5   votre déposition ?

  6   M. Bower (interprétation). - Oui.

  7   M. Sayers (interprétation). - Je suppose qu'on vous a demandé de faire

  8   état de tout incident important s’étant produit au cours de votre mission,

  9   événement dont vous vous seriez souvenu. Est-ce exact ?

 10   M. Bower (interprétation). - Oui, on m’a fait parcourir ces six mois de

 11   mission et on m'a demandé de rappeler ce qui m'était resté à l'esprit.

 12   M. Sayers (interprétation). - Et ce faisant, avez-vous pu consulter des

 13   résumés d'information militaire, ainsi que le journal que vous teniez à

 14   l'époque ?

 15   M. Bower (interprétation). - Au moment de cette audition, en avril 1997,

 16   je n'avais pas pu consulter les résumés d’information militaire.

 17   Toutefois, j'ai pu consulter un journal que j'ai tenu au cours de la

 18   mission.

 19   M. Sayers (interprétation). - Et vous conviendrez avec moi du fait que le

 20   nom de M. Kordic n'est nulle part mentionné dans votre déclaration

 21   d'avril 1997 ?

 22   M. Bower (interprétation). - Pour autant que je m'en souvienne, c’est

 23   exact.

 24   M. Sayers (interprétation). - Vous avez déjà déposé, je pense, dans le

 25   procès Blaskic, le 5 juin ainsi que le 29 juin 1998 ; est-ce exact ?


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  1   M. Bower (interprétation). - Oui.

  2   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous relu la transcription de votre

  3   déposition d'alors ?

  4   M. Bower (interprétation). - Oui.

  5   M. Sayers (interprétation). - Conviendrez-vous avec moi du fait que, sur

  6   les 150 pages de témoignage que cela représentait à l'époque, on n'a

  7   jamais entendu prononcer le nom de Kordic ?

  8   M. Bower (interprétation). - Je crois que c'est exact.

  9   M. Sayers (interprétation). - Un petit point pour éclairer un détail. Si

 10   j'ai bien compris, vous êtes arrivé à Split, en Croatie, le 24 avril 1993,

 11   afin de prendre vos fonctions ?

 12   M. Bower (interprétation). - Je pense que oui.

 13   M. Sayers (interprétation). - Et, dès le lendemain, vous êtes parti sur

 14   Vitez ?

 15   M. Bower (interprétation). - Oui.

 16   M. Sayers (interprétation). - Et vous avez quitté la Bosnie centrale le

 17   7 novembre 1993 ?

 18   M. Bower (interprétation). - C’est exact.

 19   M. Sayers (interprétation). - Serait-il exact de dire, Commandant, que

 20   vous-même vous ne parliez pas le croate ?

 21   M. Bower (interprétation). - Je ne le parle toujours pas.

 22   M. Sayers (interprétation). - Permettez-moi d’évoquer un sujet général. En

 23   quoi consistait votre travail d'officier de liaison ? Quelles étaient vos

 24   attributions ? Vous aviez dit que vous étiez responsable de l'aide

 25   humanitaire pour la zone de responsabilité du Britbat en votre qualité


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  1   d’officier de liaison G5 ?

  2   M. Bower (interprétation). - C'est exact.

  3   M. Sayers (interprétation). - Je pense aussi que celui qui était alors le

  4   capitaine, Lee Whitworth, était aussi l'officier de liaison qui avait pour

  5   mission spécifique de couvrir la zone de Vitez ?

  6   M. Bower (interprétation). - C'est exact, il était officier de liaison

  7   militaire pour la zone.

  8   M. Sayers (interprétation). - Et le capitaine Boris Cowan était l'officier

  9   de liaison pour Busovaca, n’est-ce pas ?

 10   M. Bower (interprétation). - Oui, c’est exact.

 11   M. Sayers (interprétation). - Quelle était votre zone de responsabilité ?

 12   Couvrait-elle bien Vitez, Novi Travnik et Zenica, sans pour autant inclure

 13   des endroits comme Kakanj, Zepce et Vares ?

 14   M. Bower (interprétation). - De façon routinière, je ne me rendais pas

 15   dans ces trois derniers domaines mais si une agence humanitaire le

 16   requérait, je m'y rendais.

 17   M. Sayers (interprétation). - N'est-il pas exact de dire que vous vous

 18   êtes rendu à Busovaca uniquement de façon tout à fait occasionnelle au

 19   cours de votre mission ?

 20   M. Bower (interprétation). - C'est exact.

 21   M. Sayers (interprétation). - Vous avez utilisé votre véhicule de combat

 22   blindé de façon régulière au cours de votre mission afin d'assurer

 23   l'évacuation de Musulmans de Stari Vitez, n’est-ce pas ?

 24   M. Bower (interprétation). - En fait, j’avais un véhicule faiblement

 25   blindé. Je n’utilisais de véhicule véritablement blindé que si j’allais


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  1   dans une zone où il y avait encore des combats actifs et où ceci pouvait

  2   représenter un danger pour moi, mais j'utilisais rarement les blindés.

  3   M. Sayers (interprétation). - Au cours de ces opérations, vous avez permis

  4   l’évacuation un peu non officielle du Dr Enisa Mulalic de Stari Vitez,

  5   n'est-ce pas ?

  6   M. Bower (interprétation). - C'est exact.

  7   M. Sayers (interprétation). - Et puis, à sa demande, vous lui avez permis

  8   de rentrer à Stari Vitez après qu'elle ait pu déposer la personne blessée

  9   à l'hôpital de Zenica ?

 10   M. Bower (interprétation). - Oui, après que sa situation se soit

 11   stabilisée.

 12   M. Sayers (interprétation). - Au début de votre mission, n'est-il pas

 13   exact de dire que vous avez essayé de faire le décompte des pertes

 14   humaines rencontrées dans votre zone de responsabilité et que,

 15   malheureusement, il n'a pas été possible de le faire, car les chiffres

 16   étaient trop conséquents de part et d'autre ?

 17   M. Bower (interprétation). - Je n'ai jamais fait un décompte délibéré ; je

 18   me suis contenté de consigner les noms au cas où je devrais les retrouver

 19   plus tard dans l'intérêt des familles des personnes disparues. C'est pour

 20   cela que j'avais pris ces noms, mais je n'ai pas fait un décompte.

 21   M. Sayers (interprétation). - Je vous renvoie simplement à votre

 22   déposition dans l'affaire Blaskic où vous disiez à la page 9 451: "Nous

 23   avions tenu un décompte au départ, mais il n'a pas été possible de le

 24   faire tout le temps". C'est bien cela, n'est-ce pas ?

 25   M. Bower (interprétation). - Oui, ceci vaut pour toute la zone où se


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  1   trouvait le Britbat.

  2   M. Sayers (interprétation). - A votre arrivée en Bosnie centrale et, ma

  3   foi, pendant toute la durée de votre séjour, vous deviez pratiquement vous

  4   rendre sur des lignes de front proches des artères d'approvisionnement ?

  5   M. Bower (interprétation). - Effectivement, la ligne de front principale

  6   que j'ai franchie se trouvait être proche d'une artère

  7   d'approvisionnement, et c'est sur celle-là que nous nous déplacions en

  8   général.

  9   M. Sayers (interprétation). - N'est-il pas exact de dire que les forces

 10   musulmanes avaient, parmi leurs objectifs, de bloquer, en fait d'assurer

 11   la route de montagne reliant Zenica à Travnik pour passer aussi par

 12   Guca Gora ?

 13   M. Bower (interprétation). - Je ne sais pas si c'était un de leurs

 14   objectifs ; en tout cas, ils y sont parvenus.

 15   M. Sayers (interprétation). - Dans votre déclaration préalable

 16   d'avril 1997, page 6, je ne dis pas que c'est tellement différent mais

 17   vous disiez ceci : "L'armée de Bosnie-Herzégovine essayait de prendre le

 18   contrôle de cette route de montagne reliant Zenica à Travnik ».

 19   M. Bower (interprétation). - Effectivement, ces actions se sont passées au

 20   cours de l'été.

 21   M. Sayers (interprétation). - Au nord de cette région, se trouvait la zone

 22   d'opération de la 7ème Brigade musulmane ?

 23   M. Bower (interprétation). - Nous avions des rapports selon lesquels,

 24   effectivement, leur présence avait été constatée ainsi que des combats.

 25   M. Sayers (interprétation). - Et pendant toute votre mission de dix mois


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  1   en Bosnie centrale, les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine exerçaient

  2   pression sur les forces du HVO vers le sud, vers la poche de

  3   Vitez/Busovaca, n'est-ce pas ?

  4   M. Bower (interprétation). - Ce qui est certain, c'est qu'il y avait un

  5   flux et un reflux des fluctuations entre ces forces.

  6   M. Sayers (interprétation). - Au cours de votre mission, les forces

  7   musulmans ont lancé plusieurs attaques visant à prendre le contrôle de

  8   plusieurs points de contrôle sur la route principale, notamment à Vitez ?

  9   M. Bower (interprétation). - Oui, je crois que ceci s'est passé à

 10   plusieurs reprises.

 11   M. Sayers (interprétation). - Vous qui avez beaucoup d'expérience

 12   militaire dans une armée brillante, vous ne contesterez pas qu'il est

 13   important d'avoir le contrôle et la protection des principales artères

 14   d'approvisionnement, n'est-ce pas ?

 15   M. Bower (interprétation). - C'est exact.

 16   M. Sayers (interprétation). - Encore une question sur la structure

 17   politique du gouvernement civil de Vitez : avez-vous eu l'opportunité

 18   d'avoir des contacts fréquents avec les autorités civiles de Vitez ?

 19   M. Bower (interprétation). - A mon arrivée en Bosnie centrale, en général,

 20   nous allions voir le maire. Nous sommes allés voir le maire de Vitez.

 21   Toutefois, la situation s'est compliquée et s'est vite détériorée. Nous

 22   avons dû essayer non seulement d'avoir des contacts avec les autorités

 23   civiles mais aussi avec les autorités militaires.

 24   M. Sayers (interprétation). - Mais vous n'étiez pas partie prenante dans

 25   ces contacts ?


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  1   M. Bower (interprétation). - Non, c'était mon commandant qui s'en

  2   chargeait.

  3   M. Sayers (interprétation). - Je pense que vous avez eu quelques réunions

  4   avec le président du gouvernement civil du HVO à Vitez, Ivica Santic ?

  5   M. Bower (interprétation). - C'est exact.

  6   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous eu l'occasion de rencontrer

  7   Anto Valenta ?

  8   M. Bower (interprétation). - Non, pas que je m'en souvienne.

  9   M. Sayers (interprétation). - A votre avis, M. Santic ne semblait pas

 10   revêtu d'autorité vous permettant de franchir ou de permettre l'accès à

 11   travers des foules civiles ou de forces militaires à l'extérieur de

 12   Kruscica, n'est-ce pas ?

 13   M. Bower (interprétation). - Non.

 14   M. Sayers (interprétation). - Vous avez déposé à propos de conclusions

 15   portant sur l'autorité que détiendrait le colonel Blaskic. Pour que tout

 16   soit clair, vous, personnellement, vous ne l'avez jamais rencontré, n'est-

 17   ce pas ?

 18   M. Bower (interprétation). - Non, je l'ai vu lorsqu'il se rendait à des

 19   réunions, mais je n'ai jamais eu d'interaction directe professionnelle

 20   avec lui.

 21   M. Sayers (interprétation). - Vous n'avez donc jamais parlé directement

 22   avec le colonel Blaskic, même si vous l'avez vu à des réunions ?

 23   M. Bower (interprétation). - C'est exact.

 24   M. Sayers (interprétation). - Mais vous avez compris qu'il avait la

 25   responsabilité de toutes les forces du HVO dans la vallée de la Lasva,


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  1   n'est-ce pas ?

  2   M. Bower (interprétation). - Je connaissais l'instruction de commandement

  3   et je savais quelle était sa place.

  4   M. Sayers (interprétation). - Et ceci concernait toutes les forces du HVO

  5   dans votre ressort, je suppose ?

  6   M. Bower (interprétation). - C'est exact.

  7   M. Sayers (interprétation). - Hier, au cours de l'interrogatoire

  8   principal, vous avez dit qu'à votre arrivée à Vitez, vous aviez reçu des

  9   informations d'un officier des renseignements britanniques s'agissant de

 10   la structure de commandement du HVO. Je suppose que c'est le capitaine

 11   Simon Harrison qui s'en est chargé ?

 12   M. Bower (interprétation). - C'est exact.

 13   M. Sayers (interprétation). - Et l'on vous a informé du fait que les

 14   différents groupes du HVO dans la vallée de la Lasva se trouvaient sous le

 15   commandement direct du commandant de la 3ème Zone opérationnelle, le

 16   colonel Blaskic ?

 17   M. Bower (interprétation). - C'est exact.

 18   M. Sayers (interprétation). - Et ceci incluait les unités du HOS dont vous

 19   avez parlé hier ?

 20   M. Bower (interprétation). - Lors du tout premier briefing, nous avons eu

 21   une esquisse générale de la situation et, au fur et à mesure de nos

 22   réunions, ceci était mis à jour. Je ne peux pas vous dire s'il s'agissait

 23   de la première réunion ou d'une réunion qui se serait déroulée par la

 24   suite dans les semaines suivantes.

 25   M. Sayers (interprétation). - Ce que je veux dire, c'est ceci : dans votre


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  1   déposition, vous avez parlé de plusieurs unités des Vitezovi, du HOS, de

  2   la police militaire, tout ceci se trouvait sous le commandement direct de

  3   la zone opérationnelle du colonel Blaskic.

  4   M. Bower (interprétation). – C'est ce qui nous a été expliqué.

  5   M. Sayers (interprétation). – Et au cours de ce briefing et de ces

  6   différents briefings, on vous donnait une idée plus précise de la

  7   structure de commandement pour que vous puissiez mieux utiliser votre

  8   temps et mieux accéder aux lignes de front. De cette façon, vous saviez à

  9   qui vous adresser afin d'essayer de régler les choses le plus rapidement

 10   possible ?

 11   M. Bower (interprétation). – C'est exact.

 12   M. Sayers (interprétation). – Est-ce que, factuellement, il serait exact

 13   de dire que si vous vous vouliez obtenir un résultat ou l'autorisation de

 14   faire quoi que ce soit, vous alliez inévitablement vers la chaîne

 15   militaire du commandement plutôt que vers la chaîne civile du

 16   commandement ?

 17   M. Bower (interprétation). – Au niveau où moi je travaillais, c'est exact.

 18   M. Sayers (interprétation). – Abordons un sujet différent. Je voudrais

 19   voir la structure de commandement du côté des forces musulmanes. Avez-vous

 20   été informé de l'identité du commandant des forces musulmanes à Zenica ?

 21   M. Bower (interprétation). – Oui, Effectivement, j'ai été informé de son

 22   identité et j'ai même rencontré la personne.

 23   M. Sayers (interprétation). – Je suppose qu'il s'agissait du général

 24   Hadzihasanovic ?

 25   M. Bower (interprétation). – Oui.


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  1   M. Sayers (interprétation). – Avez-vous compris qu'en tant que commandant

  2   du 3ème Corps d'armée, il avait sous ses ordres de 10 à 12 000 hommes ?

  3   M. Bower (interprétation). – Oui, c'est à peu près cela comme chiffre.

  4   M. Sayers (interprétation). – N'est-il pas exact de dire qu'au moment où

  5   s'est produit un des incidents sur lequel nous reviendrons dans quelques

  6   instants, vers le 10 juin 1993, le Britbat a été informé par le général

  7   Hadzihasanovic du fait qu'il devrait obtenir son autorisation pour avoir

  8   accès à tout territoire contrôlé par la 325ème Brigade de montagne autour

  9   de la ville de Zenica ? Et cela s'est produit le 10 juin 1993, au moment

 10   où il y a eu l'incident du convoi de la joie ?

 11   M. Bower (interprétation). – Si vous parlez de l'accès vers la route de

 12   montagne qui passait par Poculica, c'est exact. Du côté de Zenica,

 13   s'agissant de la route, il y avait un point de contrôle où nous devions

 14   demander la permission de passer.

 15   M. Sayers (interprétation). – Vous a-t-on jamais parlé de l'objectif

 16   poursuivi par ces 10 ou 12 000 hommes sous le commandement de Alagic ?

 17   M. Bower (interprétation). – Non, pas particulièrement.

 18   M. Sayers (interprétation). – Je vais vous montrer le bulletin

 19   d'information de votre bataillon 72 du 10 juillet 1993.

 20   (L'huissier s'exécute).

 21   Mme Ameerali (interprétation). – Le document est marqué D 221/1.

 22   M. Sayers (interprétation). – J'ai une question à vous poser. Si vous

 23   voulez bien voir la page n°°3, paragraphe 10. Vous souvenez-vous qu'à un

 24   moment ou à un autre, quand vous avez eu ce briefing, on vous a informé

 25   que le général Alagic était à la tête de 12 000 soldats bosniens et que sa


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  1   mission était de s'emparer des enclaves croates à Busovaca ?

  2   M. Bower (interprétation). – Oui, je m'en souviens à peu près, mais je ne

  3   peux pas vous parler des détails.

  4   M. Sayers (interprétation). – Entendu. Bien évidemment, beaucoup de temps

  5   s'est écoulé depuis. On parle des cibles tactiques, des forces de Bosnie-

  6   Herzégovine au cours des combats de juillet 1993. Le but était de prendre

  7   l'usine de munitions. Savez-vous quelque chose à ce sujet ?

  8   M. Bower (interprétation). – Oui. C'était probablement quelque chose qui

  9   était fréquent. Mais l'objectif principal général de ces forces était

 10   justement celui-là. C'est ce qu'il voulait prendre dans la vallée de la

 11   Lasva.

 12   M. Sayers (interprétation). – Vous avez témoigné sur la visite que vous

 13   avez rendue au village d'Ahmici et que vous avez faite au début de votre

 14   mission. En effet, vous avez visité des réfugiés d'Ahmici qui étaient

 15   installés à Zenica, n'est-ce pas ?

 16   M. Bower (interprétation). – Oui, je les ai visités et, notamment, la

 17   partie de la population qui s'est rendue à Zenica.

 18   M. Sayers (interprétation). – Est-il exact de dire, selon votre

 19   expérience, qu'il s'agissait des réfugiés qui étaient installés dans des

 20   conditions assez affreuses, terribles ?

 21   M. Bower (interprétation). – Oui, tout à fait.

 22   M. Sayers (interprétation). – Maintenant, nous allons passer à un autre

 23   sujet. Il s'agit de votre témoignage concernant la rencontre avec des

 24   soldats du HVO ; c'était à la fin du mois de mai 1993. Cette rencontre

 25   avait eu lieu à côté du village Konjic, n'est-ce pas ? C'est ce que vous


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  1   avez marqué sur la carte avec le chiffre 1 sur la pièce à conviction Z26-

  2   24.

  3   M. Bower (interprétation). – Oui, c'est à peu près à ce niveau. J'ai

  4   indiqué ces marques l'année dernière. Un certain temps s'est écoulé, mais

  5   je pense que c'est le secteur dont il s'agit.

  6   M. Sayers (interprétation). – Savez-vous qu'il s'agissait d'une région qui

  7   se trouvait à cinq kilomètres de la colline de Titovac ?

  8   M. Bower (interprétation). – Je ne me souviens pas de ce nom.

  9   M. Sayers (interprétation). – Entendu. Pouvez-vous vous souvenir de la

 10   date exacte de cette rencontre ? Ou bien avez-vous perdu le souvenir ?

 11   M. Bower (interprétation). – J'ai perdu le souvenir de cette date. Je me

 12   souviens que c'était tout au début de ma mission en Bosnie-Herzégovine,

 13   quelque part au mois de mai.

 14   Comme j'ai commencé mes notes dans mon journal, peu après, cette rencontre

 15   a eu lieu avant que je commence à prendre des notes.

 16   M. Sayers (interprétation). – En d'autres termes, nous pouvons conclure

 17   que, dans le journal que vous avez tenu à cette époque-là, on n'a pas

 18   parlé de cet incident ? 

 19   M. Bower (interprétation). - Oui, tout à fait.

 20   M. Sayers (interprétation). - Mais avez-vous vu qu'on en parle dans le

 21   bulletin d'information dont on a parlé dans votre bataillon ?

 22   M. Bower (interprétation). - Je ne m'en souviens pas.

 23   M. Sayers (interprétation). - Par conséquent, on va résumer quelque peu au

 24   sujet de cet incident. Si j'ai bien compris, vous avez rencontré entre dix

 25   et douze soldats qui avaient autour de vingt ans ?


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  1   M. Bower (interprétation). - Oui.

  2   M. Sayers (interprétation). - Et ils portaient des uniformes différents ?

  3   M. Bower (interprétation). - Ils portaient des mêmes uniformes de combat,

  4   mais ils avaient des vestes quelque peu différentes.

  5   M. Sayers (interprétation). - Un ou deux arboraient des insignes du HVO

  6   sur le bras gauche ?

  7   M. Bower (interprétation). - Oui, je ne sais pas si c'était à gauche ou à

  8   droite.

  9   M. Sayers (interprétation). - Vous n'avez pas vu personnellement des

 10   insignes des Jokeri sur aucun de ces soldats ?

 11   M. Bower (interprétation). - Si vous pensez à cette tête de mort, que j'ai

 12   vue, je ne sais pas si c'est véritablement des insignes de Jokeri. Mais

 13   cela, je l'ai vu.

 14   M. Sayers (interprétation). - Vous n'avez pas parlé avec aucune de ces

 15   personnes ? Ils ont refusé de vous parler ? 

 16   M. Bower (interprétation). - Oui, tout à fait.

 17   M. Sayers (interprétation). - Et, à cette époque-là, sur place,

 18   Mlle Kolaba ne vous a pas fait l'interprétation, ne vous a pas dit ce

 19   qu'ils se disaient ?

 20   M. Bower (interprétation). - Non, à ce moment-là, elle n'a pas interprété

 21   parce qu'eux ne voulaient pas parler avec moi ; donc elle n'a pas

 22   interprété.

 23   Il s'agissait d'une tête de mort et des os croisés.

 24   M. Sayers (interprétation). - Maintenant, on va revenir à un autre sujet

 25   dont vous avez témoigné ; nous allons en parler plus en détail. Il s'agit


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  1   des tireurs embusqués. Il est un fait, n'est-ce pas, que les deux parties

  2   utilisaient des tireurs embusqués pendant la guerre, pendant que vous

  3   étiez en Bosnie centrale ?

  4   M. Bower (interprétation). - Oui.

  5   M. Sayers (interprétation). - En d'autres termes, je pourrais même dire

  6   qu'à un moment donné, vous-même, vous avez essayé d'organiser la

  7   réparation des câbles électriques qui ont été endommagés. Et les personnes

  8   qui les réparaient ont essuyé des tirs de la part des tireurs embusqués de

  9   l'armée de Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?

 10   M. Bower (interprétation). - Oui, tout à fait.

 11   M. Sayers (interprétation). - Pourrions-nous nous dire alors que les deux

 12   parties avaient des armes de 7,6 millimètres de calibre ?

 13   M. Bower (interprétation). - Oui, les deux avaient des armes de ce type-

 14   là.

 15   M. Sayers (interprétation). - N'est il pas vrai de dire que l'armée de

 16   Bosnie-Herzégovine avait également à sa disposition les armes de

 17   12,7 millimètres de calibre ?

 18   M. Bower (interprétation). - Oui.

 19   M. Sayers (interprétation). - Je pense, par ailleurs, que vous-même, en

 20   votre qualité d'officier de liaison pour l'aide humanitaire, pour la

 21   région de Vitez, vous saviez que Grbavica a été utilisé par les tireurs

 22   embusqués de l'armée de Bosnie-Herzégovine et ils tiraient sur les gens

 23   qui faisaient partie du HVO et des civils ?

 24   M. Bower (interprétation). - Oui, c'est de cet endroit-là qu'on tirait.

 25   M. Sayers (interprétation). - Le village de Grbavica se trouve tout à fait


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  1   sur une colline ?

  2   M. Bower (interprétation). - Oui.

  3   M. Sayers (interprétation). - C'est au nord et peut-être quelque peu à

  4   l'ouest par rapport à la base du Britbat, à Stari Bila, n'est-ce pas ?

  5   M. Bower (interprétation). - Oui, c'était à proximité ; c'est une colline

  6   au nord de la base.

  7   M. Sayers (interprétation). - Et, en contrebas, un peu à l'est de la base

  8   du bataillon britannique et au sud-est de Grbavica, il y a un autre

  9   village du nom de Divljak, n'est-ce pas ?

 10   M. Bower (interprétation). - Oui.

 11   M. Sayers (interprétation). - Je vais vous montrer le bulletin de

 12   renseignements militaires ; il s'agit du résumé n° 130, du 6 septembre

 13   1993, que nous avons reçu sous forme rédigée. J'aimerais simplement vous

 14   poser la question de savoir si vous le reconnaissez. Ensuite, je vous

 15   poserai quelques questions.

 16   Si l'huissier veut bien m'aider ?

 17   M. le Président (interprétation). - S'agit-il d'une pièce à conviction ou

 18   non ? Ou est-ce comme cela que vous l'avez reçue ?

 19   M. Sayers (interprétation). - Il s'agit d'une pièce à conviction dans

 20   l'affaire Blaskic.

 21   M. le Président (interprétation). - Mais pas ici.

 22   M. Sayers (interprétation). - Oui, vous avez raison.

 23   M. le Président (interprétation). - A ce moment-là, il faut l'enregistrer

 24   sous une cote.

 25   Mme Ameerali (interprétation). - Cote D 122/1.


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  1   (L'huissier s'exécute.)

  2   M. Sayers (interprétation). - Commandant, je pense que la forme est

  3   quelque peu différente par rapport à ce que nous avons vu auparavant.

  4   Reconnaissez-vous ce résumé comme bulletin de renseignements militaires ?

  5   Il s'agissait d'une forme de combat du renseignement militaire ?

  6   M. Bower (interprétation). - Mais je ne peux pas vous dire véritablement

  7   vous dire sur la base de ce résumé. Je ne sais pas d'où vous avez tiré

  8   tout cela.

  9   M. Sayers (interprétation). - Il s'agit d'un résumé du bulletin de

 10   renseignements militaires qui date de deux jours plus tard, par rapport à

 11   l'attaque qui a eu lieu sur Grbavica, l'attaque du HVO. Dans ce résumé, on

 12   dit que les deux soldats ont été tués ; on dit également qu'un certain

 13   nombre de plaintes déposées au sujet des tireurs embusqué de l'armée de

 14   Bosnie-Herzégovine qui opéraient en permanence. S'agissait-il des plaintes

 15   dont vous avez énormément parlé dans cette région ?

 16   M. Bower (interprétation). - Oui. Au début du mois de septembre, c'était

 17   de plus en plus fréquent.

 18   M. Sayers (interprétation). - Merci. Je n'ai plus de questions au sujet de

 19   ce document. Je passerai à un autre sujet sur lequel j'aimerais discuter

 20   un peu avec vous. Il s'agit de la commission conjointe de Busovaca ; elle

 21   a été renommée la commission conjointe de Vitez, peut-être à l'époque où

 22   vous vous y êtes rendu.

 23   De toute façon, vous avez probablement su qu'il y avait un corps conjoint

 24   au sein duquel on avait discuté des questions qui découlaient des

 25   problèmes, des conflits entre les deux parties ?


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  1   M. Bower (interprétation). - Je suis parfaitement au courant ? Je sais

  2   qu'une telle commission existait.

  3   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous assisté à des réunions de telles

  4   commissions ?

  5   M. Bower (interprétation). - Uniquement quand j'avais à soutenir le

  6   transport au nom de cette commission.

  7   M. Sayers (interprétation). - Revenons maintenant au mois de juin et

  8   juillet 1993, si vous le voulez bien. Vous étiez présent à Vitez quand les

  9   forces musulmanes ont commencé de très grandes offensives dans la région

 10   de Travnik et de Kakanj, entre le 8 et le 12 juin 1993 ?

 11   M. Bower (interprétation). - Oui.

 12   M. Sayers (interprétation). - Pouvons-nous dire alors que c'était une

 13   source de très grande préoccupation pour vous en votre qualité d'officier

 14   de liaison, chargé de l'aide humanitaire, car il y avait beaucoup de

 15   réfugiés croates. C'était le résultat des opérations militaires autour de

 16   Travnik et des villages aux alentours ?

 17   M. Bower (interprétation). - Toute action, bien évidemment, provoquait une

 18   réaction, ce qui avait pour résultat un certain nombre de réfugiés ; ces

 19   réfugiés avaient besoin d'aide humanitaire.

 20   M. Sayers (interprétation). - Pourrions-nous dire, à ce moment-là, qu'il y

 21   avait entre 15 et 20.000 réfugiés croates qui étaient obligés de quitter

 22   Travnik et les alentours ? C'était le résultat de l'offensive de l'armée

 23   de Bosnie-Herzégovine qui a eu lieu la deuxième semaine de juin 1993.

 24   M. Bower (interprétation). - Oui, un très grand nombre de réfugiés. Je ne

 25   peux pas vous en dire le nombre, mais il y avait beaucoup de réfugiés


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  1   croates.

  2   M. Sayers (interprétation). - Saviez-vous qu'il y avait 15.000 réfugiés

  3   qui avaient quitté la région de Kakanj, après l'offensive de l'armée de

  4   Bosnie-Herzégovine ?

  5   M. Bower (interprétation). - J'en ai été informé ; c'est la Croix rouge

  6   internationale qui m'a donné des informations à ce sujet-là.

  7   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que vous saviez qu'il y avait des

  8   opérations à Fojnica, au sud de Busovaca, la première semaine de juillet

  9   1993 ?

 10   M. Bower (interprétation). - Oui.

 11   M. Sayers (interprétation). - Et ceci également résultait d'un très grand

 12   nombre de réfugiés croates obligés de quitter cette région ?

 13   M. Bower (interprétation). - Oui, dans tous les cas, il y avait l'aide

 14   humanitaire que nous avons dispensé et qui a été nécessaire.

 15   M. Sayers (interprétation). - Et en ce qui concerne la région de Bugojno,

 16   je ne sais pas si c'était votre secteur de responsabilité... Vous étiez

 17   probablement au courant que, là-bas également, il y avait une offensive

 18   assez importante de l’armée de Bosnie-Herzégovine, entreprise en juillet

 19   et août 1993 ?

 20   M. Bower (interprétation). - Moi, je ne m’occupais pas de ce secteur mais,

 21   généralement parlant, nous avons été informés de tout ce qui se passait ;

 22   ceci par la compagnie qui était à Gornji Vakuf. Par conséquent, j’ai

 23   appris un certain nombre de choses, mais je ne connais pas tous les

 24   détails.

 25   M. Sayers (interprétation). - Avez-vous été informé, par ailleurs, sur les


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  1   maisons qui ont été incendiées, sur les pillages dans la région de

  2   Bugojno ? Pouvez-vous vous en souvenir ?

  3   M. Scott (interprétation). - Objection. Etant donné que c'est en-dehors de

  4   la déposition du témoin, nous avons couvert un secteur assez large mais,

  5   là, nous dépassons ce témoignage.

  6   M. le Président (interprétation). - Mais la pertinence où est-elle ?

  7   M. Sayers (interprétation). - C'est le point 1 dont on parle, "Les

  8   persécutions", chef 1 de l'acte d'accusation "Persécutions". Il me semble

  9   qu’il est indispensable de souligner qu’en Bosnie centrale, où l'on

 10   affirme que les Croates expulsaient et persécutaient les Musulmans, la

 11   situation était quelque peu différente. Nous essayons justement de le

 12   prouver au travers du contre-interrogatoire. Il s'agissait donc d'une

 13   route à deux sens. Il ne s'agissait pas simplement de ce que les forces du

 14   HVO avaient fait, qu'ils avaient une prédominance au niveau de

 15   l'équipement et également des effectifs. Il s'agissait des forces qui

 16   existaient des deux côtés, un conflit qui a eu lieu dans l'ensemble du

 17   secteur qui était assez large et dont parlait le commandant.

 18   M. le Président (interprétation). - Il n'a pas parlé de Bugojno et c’est

 19   de cela qu'il s'agit.

 20   Il y a également un deuxième point sur lequel j'aimerais attirer votre

 21   attention. Ceci peut être exact qu'il y avait un comportement qui n'était

 22   pas approprié des deux côtés. Cela dit, après ce témoin qui témoigne, nous

 23   en avons également d'autres qui ont témoigné sur les personnes qui ont

 24   tiré à Stupnido, sur les trois femmes qui ont été tuées dans la cave. Dans

 25   quel sens ceci vous est utile de dire que les Musulmans également ont


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  1   pratiquement fait les mêmes choses et les mêmes actes ?

  2   En effet, quand nous observons le contexte, quand on ne parle pas des

  3   accusés précisément, mais quand il s'agit du contexte et donc de

  4   l'historique de l'ensemble de l'affaire, l'accusation maintient que de

  5   tels incidents avaient eu lieu. Ces incidents, par conséquent,

  6   représentent des actes criminels. Ainsi, si je me réfère à votre

  7   argumentation, vous n'affirmez pas que ceci s'est passé, mais vous dites

  8   que les Musulmans ont fait exactement la même chose. Je ne vois pas dans

  9   quel sens ceci pourrait vous aider.

 10   M. Sayers (interprétation). - Monsieur le Président, nous ne contestons

 11   aucunement que de tels événements aient eu lieu, tels que ceux de

 12   Stupnido ; on n'a même pas essayé de le contester, on ne le pourrait même

 13   pas : c’est de notoriété publique. Mais je pense que je vais pouvoir y

 14   revenir plus tard, ensemble avec le commandant, quand on aura à parler de

 15   Stupnido.

 16   Mais je voudrais vous dire simplement quel est notre point de vue

 17   général : il y avait des excès qui étaient assez importants. Le village a

 18   été défendu, ils ont été informés que l’attaque se préparait mais,

 19   indépendamment de cette information, pour des raisons qui ne peuvent pas

 20   être expliquées, les autorités publiques ont pris la décision de ne pas

 21   évacuer les civils, même s’ils avaient reçu l'ordre du gouvernement en

 22   exil, de Dabravine, d'évacuer les civils.

 23   Ainsi, ce sont les civils qu'ils ont été maintenus à cet endroit-là et je

 24   pense que ces combats d'une maison à l'autre ont été menés, comme ce fut

 25   le cas à Ahmici. C’est notre attitude. Il y avait des excès, mais dans le


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  1   cadre d'une opération militaire et dans un contexte de combats sporadiques

  2   entre les deux communautés nationales à cette époque-là.

  3   M. le Président (interprétation). - Je ne pense pas que le témoin pourrait

  4   nous aider à ce sujet-là. Bien évidemment, vous allez vous-même, quand

  5   viendra le temps, en parler, mais il me semble que si vous jetez un coup

  6   d'œil sur la carte, c'est tout à fait en dehors du secteur où se trouvait

  7   le témoin. Tout ce qu'il a pu, s'il a fait quelque chose, c’est entendre

  8   parler éventuellement. Ceci ne nous aidera donc pas d'entrer en détail

  9   quand il s'agit de ces questions-là.

 10   M. Sayers (interprétation). - Entendu, monsieur le Président. Je vais en

 11   venir à d'autres questions.

 12   Commandant, dans la zone de Travnik où vous agissiez, vous saviez que des

 13   atrocités ont eu lieu dans les villages de Sukle* et Majna*, au cours de

 14   la deuxième semaine du mois de juin 1993, n'est-ce pas ?

 15   M. Bower (interprétation). - Oui, monsieur.

 16   M. Sayers (interprétation). - Et dans le village de Miletici, à peu près

 17   au moment d’ailleurs où vous arriviez dans votre zone d'opération, la même

 18   chose s'est produite, n'est-ce pas ?

 19   M. Bower (interprétation). - Oui, c'est exact.

 20   M. Sayers (interprétation). - N'est-il pas exact également que des membres

 21   de votre bataillon ont été les témoins de ces événements atroces au cours

 22   desquels des civils croates ont été tués dans les villages dont je viens

 23   de donner les noms ?

 24   M. Bower (interprétation). - Oui, je crois que c'est effectivement ce qui

 25   s'est passé.


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  1   M. Sayers (interprétation). - J'aimerais que nous parlions à présent d'un

  2   des événements dont vous avez déjà parlé dans votre déposition liée au

  3   convoi de la joie. Avez-vous été informé, monsieur, que la veille du jour

  4   où les combats ont éclaté contre les membres du convoi -je crois que

  5   c'était le 11 juin 1993- avez-vous su qu'au cours de la nuit précédant

  6   cette journée, un incident s’était produit et que de l’artillerie a été

  7   utilisée à Stari Vitez pour tirer sur des enfants qui jouaient dans une

  8   cour, huit enfants, et que leurs corps ont été réduits en morceaux ? Ces

  9   enfants sont morts.

 10   M. Bower (interprétation). - Je ne rappelle pas le nombre exact des

 11   enfants mais, oui, je sais que cela s'est passé.

 12   M. Sayers (interprétation). - Serait-il permis de dire que cet incident,

 13   ainsi que les autres impliquant la population civile croate dans la zone

 14   de Travnik, ont rendu complètement furieuse la population en question dans

 15   votre zone de responsabilité ?

 16   M. Bower (interprétation). - Oui, la population locale avait été augmentée

 17   dans la zone de Travnik et il y avait des populations très diverses qui se

 18   côtoyaient à ce moment-là et la polarisation est importante.

 19   M. Sayers (interprétation). - Ce convoi était un convoi privé. Il n'avait

 20   rien à voir et n'était absolument pas commandité par des organisations des

 21   Nations Unies ?

 22   M. Bower (interprétation). – Oui. Il était absolument en dehors du HCR.

 23   M. Sayers (interprétation). – Je me rends bien compte que la politique du

 24   bataillon britannique a sans doute changé suite à l'incident lié à ce

 25   convoi. Mais il est exact, n'est-ce pas, qu'avant le 11 juin 1993, le


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  1   mandat du bataillon britannique ne consistait pas à s'occuper de convois

  2   privés tels que celui-ci ?

  3   M. Bower (interprétation). – Absolument. La politique du bataillon

  4   britannique ne consistait pas à escorter des convois ne dépendant pas

  5   d'organisation gouvernementale, notamment dans des époques comme celle-ci.

  6   M. Sayers (interprétation). – Nous avons tous vu le film vidéo montrant

  7   les événements liés à ce convoi. Il est exact, n'est-ce pas, que les

  8   chauffeurs qui conduisaient les véhicules de ce convoi avaient été

  9   informés qu'il serait particulièrement dangereux de traverser les

 10   territoires tenus par les Croates, notamment en plein milieu d'une attaque

 11   de l'armée de Bosnie-Herzégovine à partir de l'ouest ?

 12   M. Bower (interprétation). – Oui, les chauffeurs avaient obtenu des

 13   explications quant aux dangers qui existaient. A plusieurs reprises, quand

 14   ils traversaient la frontière entre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine,

 15   ils en avaient entendu parler, notamment à Gornji Vakuf.

 16   M. Sayers (interprétation). – Nous avons vu des véhicules blindés, ou

 17   Warriors, qui apparemment tiraient en l'air. Nous avons vu ces images dans

 18   la vidéo. Il est exact, n'est-ce pas, que deux soldats croates ont été

 19   tués par les membres de votre bataillon, ce jour-là ?

 20   M. Bower (interprétation). – Oui, en effet. Je crois que cela s'est passé

 21   le samedi, à peu près à midi, la mort de ces soldats.

 22   M. Sayers (interprétation). – Votre régiment a-t-il jamais acquis le

 23   surnom de "bataillon des tireurs" dans un article dont l'auteur est Edward

 24   Vulliamy, journaliste au "Guardian".

 25   M. Bower (interprétation). – Oui. Je crois que c'est le surnom qui nous a


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  1   été donné.

  2   M. Sayers (interprétation). – J'aimerais que nous revenions maintenant, si

  3   vous le voulez bien, à l'incident constitué par la mort de votre

  4   interprète, Mlle Kolaba.

  5   Suite à ces coups de feu qui ont été tirés, une enquête a été organisée,

  6   n'est-ce pas, par le capitaine Whitworth à l'époque ?

  7   M. Bower (interprétation). – Je ne sais pas s'il a effectivement dirigé

  8   cette enquête, mais il a participé au recueil d'informations de la part de

  9   l'officier de liaison de Vitez.

 10   M. Sayers (interprétation). – Est-il permis de dire que c'est lui qui

 11   était le mieux à même de savoir quelle conclusion ont pu être tirées suite

 12   à cet incident, à ces coups de feu ; en tout cas, mieux à même que vous

 13   puisqu'il était au courant de l'enquête. Il participait à l'enquête ?

 14   M. Bower (interprétation). – Oui, s'il participait directement à

 15   l'enquête, cela aurait été le cas.

 16   M. Sayers (interprétation). – Donc vous vous en seriez remis au capitaine

 17   Whitworth s'agissant des conclusions de l'enquête et des actions qui

 18   auraient pu en résulter ?

 19   M. Bower (interprétation). – Oui, effectivement, moi, je ne connais pas

 20   les conclusions.

 21   M. Sayers (interprétation). – J'aurais encore une question à vous poser

 22   seulement au sujet du mécanisme de livraison d'aide humanitaire que vous

 23   avez favorisée dans le cadre de vos responsabilités. Si j'ai bien compris,

 24   l'aide humanitaire n'était pas distribuée directement à la population

 25   civile. Elle était livrée dans un entrepôt surveillé par une organisation


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  1   non gouvernementale comme Caritas, par exemple, pour les Croates, ou

  2   Merhamet pour les Musulmans, n'est-ce pas ?

  3   M. Bower (interprétation). – C'était le schéma général de la distribution

  4   de l'aide humanitaire, effectivement.

  5   M. Sayers (interprétation). – J'aimerais maintenant que nous parlions d'un

  6   autre sujet lié à la petite ville de Kruscica qui se trouve au sud-est de

  7   Vitez. Il est permis de dire que cette ville se trouve à peu près à un

  8   kilomètre de Vitez, n'est-ce pas ?

  9   M. Bower (interprétation). – Oui, c'est exact.

 10   M. Sayers (interprétation). – Il est permis de dire également que vous

 11   étiez informé du fait que la population civile de Kruscica ainsi que les

 12   forces militaires stationnées à cet endroit avaient une route

 13   d'approvisionnement, n'est-ce pas ?

 14   M. Bower (interprétation). – Oui.

 15   M. Sayers (interprétation). – Donc votre accès était rendu impossible à

 16   partir du nord, mais vous ne savez pas quelle quantité d'aide humanitaire

 17   -s'il y en avait- pouvait pénétrer dans le secteur à partir du sud ?

 18   M. Bower (interprétation). – Effectivement, le petit chemin qui entrait

 19   dans le secteur à partir du sud ne pouvait pas être utilisé par nos

 20   véhicules ; il était trop petit.

 21   M. Sayers (interprétation). – Vous avez obtenu l'accès à Kruscica en

 22   septembre 1993, n'est-ce pas ? Le 29 septembre ?

 23   M. Bower (interprétation). – Oui.

 24   M. Sayers (interprétation). – A ce moment, vous avez découvert que la

 25   17ème Brigade de Krajina dirigée par le commandant Fikret Kuskic avait créé


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  1   un quartier général dans la ville ?

  2   M. Bower (interprétation). – Oui.

  3   M. Sayers (interprétation). – En fait, vous avez personnellement vu une

  4   carte de grande taille dans le bureau du commandant de la 325ème Brigade,

  5   Ramiz Dugalic. Sur cette carte, figuraient des flèches indiquant les

  6   directions selon lesquelles les forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine

  7   avaient l'intention de couper la poche Vitez/Busovaca, n'est-ce pas ?

  8   M. Bower (interprétation). – Oui.

  9   M. Sayers (interprétation). – J'aimerais maintenant que nous parlions de

 10   Stari Vitez. Il est exact qu'à Stari Vitez des combattants étaient mêlés à

 11   des non-combattants ?

 12   M. Bower (interprétation). – Oui.

 13   M. Sayers (interprétation). – Il y avait une unité de la 325ème Brigade de

 14   montagne à Stari Vitez, qui était commandée par Sefkija Dzidic, n'est-ce

 15   pas ?

 16   M. Bower (interprétation). - Oui, monsieur.

 17   M. Sayers (interprétation). - Vous avez également dit dans votre

 18   déposition, Commandant, que des combats avaient éclaté à Stari Vitez et

 19   vous avez estimé qu'il s'agissait là d'un processus de dégradation,

 20   d'affaiblissement progressif destiné à réduire le moral des forces qui

 21   s'opposaient. Mais n'est-ce pas l'objectif de toute force armée, de tout

 22   siège d'une ville que de prendre la ville à un moment donné ?

 23   M. Bower (interprétation). - Certainement, l'objectif général est bien de

 24   cette nature ; il consiste à réduire la capacité militaire en face, mais

 25   je n'ai pas pu tirer de conclusions à ce sujet.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Est-ce que les forces de l'armée de Bosnie-

  2   Herzégovine entourant Vitez et Busovaca avaient cet objectif ?

  3   M. Bower (interprétation). - Oui, monsieur, apparemment.

  4   M. Sayers (interprétation). - Il est vrai, n'est-ce pas, qu'au cours de

  5   discussions que vous avez eues avec le commandant Dzidic à Stari Vitez,

  6   celui-ci vous a dit que les habitants de Stari Vitez avaient

  7   personnellement pris la décision de rester et de se battre pour défendre

  8   leurs maisons plutôt que de quitter cette partie de la ville ?

  9   M. Bower (interprétation). - En général, ce n'est pas l'aspect militaire

 10   de ce qui se passait dans Stari Vitez qui m'intéressait le plus, puisque

 11   je m'intéressais plus particulièrement à l'aspect humanitaire. Mais on m'a

 12   donné à croire que les gens avaient décidé de rester parce qu'ils ne

 13   savaient pas où aller.

 14   M. Sayers (interprétation). - Très bien. Vous avez aussi parlé dans votre

 15   déposition de demandes de liaisons provenant des deux parties s'agissant

 16   de la distribution de l'aide humanitaire. C'était une tactique qui était

 17   utilisée par les deux parties, n'est-ce pas, pas seulement par le HVO ?

 18   M. Bower (interprétation). - Oui, en effet, c'était une tactique très

 19   généralisée, très commune.

 20   M. Bower (interprétation). - En fait, selon vous, les commandants locaux

 21   des deux côtés, c'est-à-dire les commandants locaux de l'armée de Bosnie-

 22   Herzégovine et du HVO utilisaient en général leurs blessés comme des pions

 23   pour obtenir des concessions sur le plan militaire, n'est-ce pas ?

 24   M. Bower (interprétation). - Oui, c'est sans aucun doute ce qui s'est

 25   passé à Nova Bila.


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  1   M. Sayers (interprétation). - Mais des deux côtés ?

  2   M. Bower (interprétation). - Sur la base de mon expérience personnelle, la

  3   seule chose que je peux dire, c'est que j'en ai eu l'expérience

  4   personnellement au moment de l'évacuation de Nova Bila, à laquelle j'ai

  5   participé, mais il est possible que cette technique ait été utilisée par

  6   les deux parties.

  7   M. Sayers (interprétation). - En page 5 de votre déclaration d'avril 1997,

  8   vous déclarez que les commandants locaux des deux côtés utilisaient leurs

  9   blessés comme des pions dans ce jeu militaire. Vous ne contredites pas

 10   cela aujourd'hui, n'est-ce pas ?

 11   M. Bower (interprétation). - C'était une technique généralisée dans la

 12   vallée de la Lasva.

 13   M. Bower (interprétation). - Oui.

 14   M. Sayers (interprétation). - Vous rappelez-vous un incident survenu en

 15   août 1993, date à laquelle vous êtes allé dans une morgue, à Zenica, pour

 16   identifier le cadavre d'un petit garçon croate de sept ans qui avait été

 17   tué. Et vous avez fait cela à la demande de ses parents ?

 18   M. Bower (interprétation). - Oui, c'est exact, Marko Bralo.

 19   M. Sayers (interprétation). - Quand vous êtes arrivé à la morgue, vous

 20   avez vu des cadavres qui étaient recouverts, dans le plus grand respect,

 21   de draps blancs, mais on vous a dit que tous ces cadavres étaient

 22   musulmans, n'est-ce pas ?

 23   M. Bower (interprétation). - Oui, monsieur, c'est exact.

 24   M. Sayers (interprétation). - On vous a dit aussi qu'il existait une

 25   morgue différente pour les Croates, dans un bâtiment différent ?


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  1   M. Bower (interprétation). - Oui, monsieur.

  2   M. Sayers (interprétation). - Je regrette d'avoir à vous rappeler ces

  3   souvenirs, Commandant, mais vous avez été absolument horrifié par ce que

  4   vous avez vu lorsque vous vous êtes rendu dans ce bâtiment, n'est-ce pas ?

  5   M. Bower (interprétation). - Oui, en effet.

  6   M. Sayers (interprétation). - On vous a dit de vous servir, n'est-ce pas ?

  7   M. Bower (interprétation). - Oui.

  8   M. Sayers (interprétation). - Les corps avaient étés jetés dans cette

  9   pièce un peu n'importe comment, les uns sur les autres, n'est-ce pas ?

 10   M. Bower (interprétation). - Oui, je dirais qu'il y avait trente à trente-

 11   cinq cadavres dans cette pièce, qui étaient nus et jetés les uns sur les

 12   autres, entassés n'importe comment dans une pièce qui n'était pas

 13   réfrigérée.

 14   M. Sayers (interprétation). - Cela a débouché sur une plainte que vous

 15   avez formulée, une protestation que vous avez émise à l'intention du CICR,

 16   n'est-ce pas ?

 17   M. Bower (interprétation). - Oui, c'est effectivement le cas, monsieur.

 18   M. Sayers (interprétation). - S'agissant de l'hôpital de Nova Bila dont

 19   vous avez parlé hier dans votre déposition, il y avait deux installations

 20   médicales dans la vallée de la Lasva pour les Croates, n'est-ce pas ?

 21   M. Bower (interprétation). - Oui

 22   M. Sayers (interprétation). - Et les installations de Nova Bila

 23   correspondent à ce que vous appelez vous-même une hôpital de bataille, un

 24   hôpital de campagne. Il y avait 120 lits de fortune qui avaient été créés

 25   en rapprochant des prie-Dieu d'église pour créer un peu d'espace.


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  1   M. Bower (interprétation). – Oui. En fait, ils s'étaient servis de toutes

  2   sortes d'éléments divers pour essayer de créer des lits.

  3   M. Sayers (interprétation). – Et ces installations avaient la possibilité

  4   de recevoir 120 blessés graves, n'est-ce pas ?

  5   M. Bower (interprétation). – Oui, monsieur. C'est à peu près le chiffre

  6   que j'ai reçu de la part des responsables administratifs de l'hôpital.

  7   M. Sayers (interprétation). – Et cette installation était comble lorsque

  8   vous l'avez vue ?

  9   M. Bower (interprétation). – Oui, malheureusement.

 10   M. Sayers (interprétation). – Dans cet hôpital, vous avez vu des gens qui

 11   souffraient des résultats de coups de feu et d'éclatements d'obus. Vous

 12   avez donc vu exactement la même chose que ce que vous aviez vu à Stari

 13   Vitez, n'est-ce pas ? Des blessures traumatiques ?

 14   M. Bower (interprétation). – Oui.

 15   M. Sayers (interprétation). – Y compris des femmes et des enfants ?

 16   M. Bower (interprétation). – Oui, monsieur.

 17   M. Sayers (interprétation). – Et ces blessures traumatiques avaient été

 18   causées par des coups de feu ou des obus tirés sur des positions croates

 19   par des forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?

 20   M. Bower (interprétation). – Oui, c'est la conclusion à laquelle je suis

 21   parvenu.

 22   M. Sayers (interprétation). – Vous avez estimé que ces installations

 23   chirurgicales… En tout cas vos collègues médecins, dans votre bataillon,

 24   ont estimé que les installations chirurgicales étaient très rudimentaires.

 25   Ils ont été horrifiés lorsqu'ils ont vu des conditions qui régnaient dans


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  1   cet endroit.

  2   M. Bower (interprétation). – Oui, monsieur. J'ai emmené des médecins du

  3   bataillon à cet endroit pour voir s'ils pouvaient apporter une aide

  4   quelconque et c'est le jugement qu'ils ont formulé.

  5   M. Sayers (interprétation). – Vous avez découvert, lors de votre visite,

  6   que des opérations étaient réalisées dans la cave, y compris un peu

  7   partout dans le bâtiment, n'est-ce pas ?

  8   M. Bower (interprétation). – Oui.

  9   M. Sayers (interprétation). – J'aurais deux questions encore sur ce sujet.

 10   Vous avez essayé d'évacuer 65 blessés des installations de Nova Bila pour

 11   les emmener à Kiseljak, votre objectif ultime consistant à les placer à

 12   bord d'hélicoptère de façon à pouvoir les emmener jusqu'à des

 13   installations d'urgence d'un niveau approprié.

 14   M. Bower (interprétation). – Oui. Nous avons entrepris un certain nombre

 15   de tentatives de ce genre. Je ne me rappelle pas exactement combien, trois

 16   ou quatre, je crois. Au total, cela concernait cinquante personnes

 17   environ.

 18   M. Sayers (interprétation). – Ces personnes étaient très gravement

 19   malades ?

 20   M. Bower (interprétation). – En fait, ils ne pouvaient pas obtenir les

 21   soins médicaux nécessaires à Nova Bila. Le critère consistait à n'évacuer

 22   que les personnes dont la vie était en danger, ou critiquement en danger.

 23   M. Sayers (interprétation). – Et cette évacuation a été empêchée par

 24   l'armée de Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ? Ils ont essayé de négocier

 25   d'autres concessions ?


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  1   M. Bower (interprétation). – A plusieurs reprises, les évacuations de ce

  2   genre ont été freinées effectivement. Et c'est l'excuse qu'on m'a donnée.

  3   M. Sayers (interprétation). – Est-il exact que cet hôpital de campagne

  4   était visible, car il comportait une grande croix rouge qui permettait de

  5   le distinguer ?

  6   M. Bower (interprétation). – Je ne me rappelle pas si c'était une grande

  7   croix rouge mais je me rappelle qu'il devait y avoir un signe distinctif,

  8   effectivement.

  9   M. Sayers (interprétation). – Et indépendamment du fait que cette

 10   installation était une église, qu'il y avait une croix rouge ou un autre

 11   signe distinctif, l'armée de Bosnie-Herzégovine avait utilisé son

 12   artillerie en septembre 1993 pour tirer sur cet hôpital, n'est-ce pas ? Il

 13   a été frappé par trois obus.

 14   M. Bower (interprétation). – Oui, monsieur.

 15   M. Sayers (interprétation). – Les vitres ont explosé et des personnes ont

 16   été blessées à l'intérieur du bâtiment.

 17   M. Bower (interprétation). – Les vitres ont explosé, cela ne fait aucun

 18   doute. Maintenant, est-ce que des gens ont été tués ou pas ? Je ne me

 19   rappelle pas exactement.

 20   M. Sayers (interprétation). – Et s'agissant de ce qu'avait l'armée de

 21   Bosnie-Herzégovine en guise d'artillerie, nous avons beaucoup de résumés

 22   d'information militaire que nous pourrions parcourir. Ce n'est toutefois

 23   pas nécessaire, me semble-t-il, puisqu'il ne fait pas l'ombre d'un doute

 24   que des tirs d'artillerie ciblaient régulièrement Vitez, ainsi que

 25   l'enclave croate.


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  1   M. Bower (interprétation). – C'est exact.

  2   M. Sayers (interprétation). – Dans le cadre de ces tirs d'artillerie

  3   dirigés sur la ville de Vitez, vous ne connaissiez pas du tout les cibles

  4   visées, n'est-ce pas ?

  5   M. Bower (interprétation). – Si vous pensez à moi personnellement, non, je

  6   ne pourrais pas vous dire ce qu'ils avaient pour cible.

  7   M. Sayers (interprétation). – Parlons de l'attaque sur Grbavica, le

  8   8 septembre, n'est-il pas exact de dire que votre collègue a fait un

  9   commentaire parce qu'ils ont vu des soldats utiliser les techniques de

 10   lutte en milieu urbain, au cours de l'attaque dirigée sur ce relief ?

 11   M. Bower (interprétation). – Oui, je pense que ce commentaire a eu lieu

 12   parce que, pour un soldat professionnel, il s'agissait là d'une opération

 13   militaire professionnelle.

 14   M. Sayers (interprétation). – Etant donné que le relief de Grbavica et que

 15   les bâtiments du village ont été utilisés comme lieu où pouvaient se

 16   dissimuler les tireurs embusqués, pour vous, il ne fait pas l'ombre d'un

 17   doute qu'il s'agissait là d'une cible militaire légitime ?

 18   M. Bower (interprétation). – Manifestement, effectivement, pour nettoyer

 19   une région il faut savoir durer.

 20   M. le Président (interprétation). – Ce n'est pas tout à fait la réponse

 21   parce la question était très tendancieuse. Réfléchissez-y un instant, s'il

 22   vous plaît. Ce qui a été suggéré, c'est que pour vous, il ne faisait pas

 23   l'ombre d'un doute que cela était le cas. A vous de juger.

 24   Mais la question n'était-elle pas de savoir finalement si Grbavica était

 25   véritablement une cible militaire ? Est-ce que vous pourriez nous aider


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  1   sur ce point ?

  2   M. Bower (interprétation). – Eh bien, sous l'angle professionnel, si l'on

  3   veut assurer et sécuriser un accès de part et d'autre d'une route

  4   effectivement, oui, ce serait un objectif militaire que de s'emparer d'un

  5   tel point.

  6   M. Sayers (interprétation). – Merci, monsieur le Président. Je ne voulais

  7   pas poser la question de façon tendancieuse mais, effectivement, à la

  8   relecture sur l'écran, je constate que c'est bien le cas. Merci d'avoir

  9   relevé ce point.

 10   Vous avez parlé d'une zone d'exclusion située autour de la base du Britbat

 11   à Stari Bila. Est-ce que c'était une zone d'exclusion de 500 mètres où il

 12   ne devait y avoir aucun combat ; est-ce bien cela ?

 13   M. Bower (interprétation). – Je ne sais pas si c'était 400 ou 500 mètres.

 14   En tout cas, un accord a été obtenu avec l'officier de commandement et les

 15   forces locales, selon lesquelles il ne devrait pas y avoir d'activité de

 16   tireurs embusqués dirigés de part et d'autre, parce que, pour ce faire,

 17   ils auraient dû passer par-dessus notre base, risquant ainsi de causer des

 18   pertes du fait de la chute de balles.

 19   Nous avons tenté de mettre en place une zone d'exclusion où il n'y aurait

 20   pas de tireurs embusqués.

 21   M. Sayers (interprétation). – Passons à un des derniers sujets que je

 22   souhaite évoquer. Il s'agit de la visite que vous avez effectuée au

 23   village de Stupnido, fin octobre 1993.

 24   N'est-il pas exact de dire qu'en fait, Stupnido relevait de la

 25   responsabilité du Nordbat, bataillon scandinave ?


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  1   M. Bower (interprétation). – A cette époque, le bataillon scandinave

  2   commençait à reprendre nos responsabilités. Il était arrivé deux ou trois

  3   semaines auparavant.

  4   M. Sayers (interprétation). – Grâce aux briefings dont vous bénéficiez de

  5   la part de la source de renseignement de votre bataillon, saviez-vous

  6   qu'il y avait eu des combats sérieux dans la zone de Stupnido aussitôt

  7   avant l'attaque menée sur ce village, le 23 octobre 1993 ?

  8   M. Bower (interprétation). – On nous avait informé du fait qu'il y avait

  9   des combats dans la région, mais je ne peux pas vous donner de détails

 10   plus précis. Effectivement, il y avait des combats en cours.

 11   M. Sayers (interprétation). – Voyons si je peux vous aider grâce à ce

 12   résumé d'information militaire, préparé par votre régiment, le 22 octobre

 13   1993. Il s'agit du résumé d'information militaire n° 177.

 14   Mme Ameerali (interprétation). - Ce document portera la cote D123/1.

 15   M. Sayers (interprétation). – J'aimerais attirer votre attention sur un

 16   extrait assez court qui se trouve à la page 2, au sommet de la page. Il

 17   s'agit d'une conversation du général Merdan avec un de vos collègues.

 18   Est-ce que vous saviez qu'il y avait eu une attaque sur Kopljari qui était

 19   une action en guise de représailles et qui, en fait, ne devait pas

 20   précéder l'attaque générale sur Vares ?

 21   M. Bower (interprétation). – Non, je ne savais pas.

 22   M. Sayers (interprétation). – Est-ce que vous saviez qu'il y a eu une

 23   attaque plus générale conduite sur Vares, et qui était le fait de l'armée

 24   de Bosnie-Herzégovine, au cours des deux premières journées de novembre

 25   1993 ?


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  1   M. Bower (interprétation). – Je me souviens qu'il y avait des combats dans

  2   cette zone de Vares. Mais là non plus, je n'ai plus de détails précis.

  3   M. Sayers (interprétation). – Est-ce que l'on vous a jamais informé du

  4   fait que ce soit l'armée de Bosnie-Herzégovine ou d'autres, du fait que

  5   des ordres d'évacuation avaient été émis juste avant l'attaque menée sur

  6   Stupnido, en octobre 1993, et que ces instructions provenaient du

  7   président de la présidence de guerre en exil qui se situait juste au sud

  8   des autorités musulmanes et qu'en fait elle provenait de Mme Mrvana* ?

  9   M. Bower (interprétation). - Je savais qu'il y avait eu de telles

 10   discussions, mais je ne pourrais pas vous donner là non plus de noms

 11   précis.

 12   M. Sayers (interprétation). - Conviendriez-vous avec moi du fait que, si

 13   des unités militaires sont averties d'une attaque éminente et si cette

 14   attaque implique des cibles surtout civiles, ces forces militaires ont le

 15   devoir d'évacuer ces civils afin qu'ils ne soient  pas blessés ?

 16   M. Bower (interprétation). - Là, vous êtes tributaire de plusieurs

 17   facteurs. Je ne pense pas que je pourrai vous donner de commentaire sur ce

 18   point.

 19   M. Sayers (interprétation). - En réponse à une question posée par un Juge,

 20   je pense que vous avez dit ceci : que vous aviez l'impression que les

 21   trois femmes qui se trouvaient dans cette cave et que nous avons vues sur

 22   les photos, qu'une de ces femmes avait eu la gorge tranchée mais, en fait,

 23   n'a-t-elle pas reçu une balle de calibre 7/6 sur le côté du cou et que

 24   l’éraflure s’est prolongée, ce qui donnait l'aspect d'une blessure au

 25   couteau ?


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  1   M. Bower (interprétation). - Nous avons dû utiliser des lampes électriques

  2   et nous n'avons pas pu déplacer les corps. Si ce sont là les constatations

  3   faites par des experts, je m'incline.

  4   M. Sayers (interprétation). - Et enfin, n’est-il pas exact de dire qu’en

  5   fait, vous n'avez jamais rencontré M. Dario Kordic ?

  6   M. Bower (interprétation). - C'est exact.

  7   M. Sayers (interprétation). - Quant à vous, vous n’avez pas de

  8   connaissance précise factuelle sur le type d'influence politique, de

  9   pouvoir politique pour autant qu'il en ait eu, il aurait pu exercer dans

 10   la partie de la vallée de la Lasva et, précisément, à Busovaca ?

 11   M. Bower (interprétation). - Non.

 12   M. Sayers (interprétation). - Commandant, je vous remercie, je n’ai plus

 13   de questions à vous poser.

 14   M. Scott (interprétation). - Excusez-moi, Monsieur le Président, à la fin

 15   du contre-interrogatoire -mais je ne voulais pas l’interrompre-, M. Sayers

 16   a soumis... Ou je vais lui demander de soumettre les conclusions qu'il a

 17   tirées à propos de la mort de l'interprète.

 18   Je crois qu’il y a eu confusion de bonne foi. Monsieur Whitworth nous

 19   avait dit qu'il y avait eu une commission du HVO qui disait qu'il y avait,

 20   en fait, des soldats musulmans qui avaient fait une incartade, une

 21   incursion et qui avaient tué la femme. Il faudrait savoir si ceci est

 22   possible. La question a été posée au témoin sans qu'un document soit

 23   soumis, produit. Est-ce que M. Sayers pourrait lui permettre de voir ce

 24   document ? Pourrions-nous le consulter nous-mêmes ?

 25   M. le Président (interprétation). - Oui, je n'ai pas bien compris ceci


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  1   personnellement. Est-ce que vous faisiez allusion à un document ou à la

  2   déposition de M. Whitworth ?

  3   M. Sayers (interprétation). - Tout à fait, Monsieur le Président.

  4   M. le Président (interprétation). - Si vous voulez procéder à un

  5   interrogatoire supplémentaire sur ce point, vous pourrez le faire, Maître

  6   Scott.

  7   M. Scott (interprétation). - Merci.

  8   M. Sayers (interprétation). - Si vous le souhaitez, je peux évoquer le

  9   point auquel faisait allusion Me Scott.

 10   M. le Président (interprétation). - Ce n'est pas nécessaire. Maître

 11   Mikulicic ?

 12   M. Mikulicic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président, Messieurs

 13   les Juges. Bonjour, Commandant Bower. Je m'appelle Goran Mikulicic ; avec

 14   mon confrère Kovacic, je défends les intérêts de M. Mario Cerkez dans

 15   cette affaire.

 16   Commandant Bower, tout au début, j’aimerais vous demander la chose

 17   suivante : vous avez dit, lors de votre déposition, qu'à plusieurs

 18   reprises, vous avez eu l'occasion de rencontrer M. Cerkez. Auriez-vous

 19   l’amabilité de nous dire dans quelles circonstances vous l’avez rencontré,

 20   où et quand ?

 21   M. Bower (interprétation). - Effectivement, ce n'étaient pas des réunions

 22   organisées parce qu’en général, je cherchais le capitaine Lee Whitworth ou

 23   je rencontrais quelqu'un d'une organisation humanitaire, et il se trouvait

 24   être au même endroit que là où était M. Cerkez. Voilà à quoi se résumaient

 25   les réunions, les rencontres. Il se faisait que nous étions au même


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  1   endroit, au même moment, mais il n’y avait pas de dispositions préalables

  2   qui avaient été prises en vue d’organiser de telles réunions.

  3   M. Mikulicic (interprétation). - Savez-vous qui était officier de liaison

  4   auprès de M. Cerkez ? Avez-vous eu l’occasion de parler avec cette

  5   personne ?

  6   M. Bower (interprétation). - Le seul officier de liaison avec qui je me

  7   suis entretenu dans cette région était M. Darko Gelic. Je crois qu’il

  8   était l’officier de liaison à l’hôtel Vitez.

  9   M. Mikulicic (interprétation). - Il s'agissait de l'officier de liaison de

 10   M. Blaskic, n'est-ce pas ?

 11   M. Bower (interprétation). - C'est exact.

 12   M. Mikulicic (interprétation). - Est-ce que vous connaissez la structure

 13   de la brigade de Vitez à la tête de laquelle se trouvait M. Cerkez ?

 14   M. Bower (interprétation). - Pas dans le détail, vraiment.

 15   M. Mikulicic (interprétation). - Connaissez-vous les unités qui opéraient

 16   dans la région de Vitez, dans la municipalité de Vitez pendant que vous y

 17   étiez, outre la brigade de Vitez ?

 18   M. Bower (interprétation). - Est-ce que ce sont des forces qui sont

 19   exclusivement du HVO ?

 20   M. Mikulicic (interprétation). - Oui, je pense aux forces du HVO

 21   M. Bower (interprétation). - Non, je ne connaissais pas les sous-unités

 22   cantonnées dans la région. Ce n'était pas vraiment une source de

 23   préoccupation pour moi ou ce qui m'intéressait particulièrement.

 24   M. Mikulicic (interprétation). - Vous avez mentionné, lors de votre

 25   témoignage préalable, que vous avez eu l’occasion de rencontrer les unités


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  1   du HOS. Est-il vrai de dire que vous avez pu voir ces unités dans

  2   l’ensemble de la vallée de la Lasva ?

  3   M. Bower (interprétation). - C'est exact, je les ai vues sur la totalité

  4   du territoire de la vallée de la Lasva.

  5   M. Mikulicic (interprétation). - Est-il vrai de dire que vous les avez

  6   vues également dans la ville même de Vitez ?

  7   M. Bower (interprétation). - Oui.

  8   M. Mikulicic (interprétation). - Vous avez mentionné lors de votre

  9   déposition préalable qu’il s’agissait des unités qui étaient bien

 10   équipées, qui avaient des armes de bonne qualité et que l’on pouvait les

 11   distinguer par rapport aux autres recrues, conscrits du HVO. Est-ce que

 12   c'est vrai ?

 13   M. Bower (interprétation). - Oui, je crois que ceci reflète bien la

 14   réalité.

 15   M. Mikulicic (interprétation). - Vous avez parlé également des voitures de

 16   fabrication occidentale, entre autres d'une Golf Volkswagen, conduite par

 17   ces gens-là ?

 18   M. Bower (interprétation). - Oui, il s'agissait d'une voiture dont je me

 19   souviens plus particulièrement s'agissant de cette unité-là.

 20   M. Mikulicic (interprétation). - Savez-vous, Commandant Bower, que ce

 21   véhicule Golf a été fabriqué à Sarajevo, à quarante kilomètres seulement

 22   de la région où vous vous trouviez ?

 23   M. Bower (interprétation). - Je ne le savais pas, monsieur.

 24   M. Mikulicic (interprétation). - Nous allons passer à un autre sujet, si

 25   vous le voulez bien.


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  1   Vous avez mentionné, Commandant Bower, qu'à un moment donné, vous avez vu

  2   l'hélicoptère HIP. Est-il vrai qu'il s'agissait d'un hélicoptère de

  3   couleur blanche ?

  4   M. Bower (interprétation). - Oui, je pense qu'il était de couleur blanche.

  5   M. Mikulicic (interprétation). - Avez-vous vu quelques insignes

  6   d'appartenance militaire sur cet hélicoptère ?

  7   M. Bower (interprétation). - Non. Je ne pourrais pas vous le dire.

  8   M. Mikulicic (interprétation). - Vous souvenez-vous qu'à cette époque-là,

  9   Commandant, il y avait interdiction de vol dans l'ensemble du territoire

 10   de l'armée de Bosnie-Herzégovine, interdiction déterminée par la

 11   Communauté internationale ?

 12   M. Bower (interprétation). - Oui, je savais qu'on essayait de mettre en

 13   place une zone d'exclusion aérienne.

 14   M. Mikulicic (interprétation). - Est-ce que vous êtes au courant qu'à

 15   cette époque-là, il y avait des vols médicaux, Medevac, qui devaient être

 16   enregistrés auprès de la Forpronu, à cette époque-là ?

 17   M. Bower (interprétation). - Je n'étais pas au courant, mais cela

 18   semblerait raisonnable.

 19   M. Mikulicic (interprétation). - A partir du moment où nous parlons de

 20   l'aide médicale, c'est une opération dont vous étiez chargé. Vous nous

 21   avez déjà dit que vous avez négocié à ce sujet-là avec M. Santic, qui

 22   était le maire de Vitez. Il était le représentant des autorités civiles,

 23   n'est-ce pas ?

 24   M. Bower (interprétation). - Monsieur Santic faisait partie des autorités

 25   civiles, mais moi, j'ai simplement essayé d'obtenir son aide pour un point


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  1   particulier, quand on essayait d'acheminer de l'aide vers Grcica, mais je

  2   n'ai pas particulièrement parlé de Stari Vitez.

  3   M. Mikulicic (interprétation). - Outre M. Santic, vous avez rencontré

  4   également l'officier de liaison de M. Blaskic, M. Darko Gelic, n'est-ce

  5   pas ?

  6   M. Bower (interprétation). - C'est exact.

  7   M. Mikulicic (interprétation). - Par conséquent, vos contacts concernant

  8   l'aide alimentaire se passaient au niveau de l'hôtel Vitez où se trouvait

  9   le quartier général du colonel Blaskic ; il s'agissait de l'aide

 10   médicale ?

 11   M. Bower (interprétation). - C'est exact.

 12   M. Mikulicic (interprétation). - Vous savez que le quartier général de

 13   M. Cerkez se trouvait dans le bâtiment du cinéma à Vitez, n'est-ce pas ?

 14   M. Bower (interprétation). - Oui, c'est exact.

 15   M. Mikulicic (interprétation). - Est-ce que vous vous êtes adressé à

 16   quelqu'un qui siégeait dans ce bâtiment pour obtenir une autorisation pour

 17   l'aide médicale ?

 18   M. Bower (interprétation). - (Pas de traduction.)

 19   M. Mikulicic (interprétation). - Commandant, vous avez parlé tout à

 20   l'heure avec mon confrère, Maître Sayers, sur Kruscica et la distribution

 21   de l'aide médicale à Kruscica.

 22   J'aimerais demander à l'huissier de vous soumettre la pièce à conviction,

 23   versée au dossier, Z26 24 ; il s'agit de la carte sur laquelle vous avez

 24   indiqué où se trouvait le village de Kruscica. A ce propos, j'aurai

 25   quelques questions à vous poser.


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  1   (L'huissier s'exécute.)

  2   Commandant, c'est par le chiffre 4 que vous avez indiqué le village de

  3   Kruscica, n'est-ce pas ?

  4   M. Bower (interprétation). - Oui, effectivement.

  5   M. Mikulicic (interprétation). - Pourriez-vous nous montrer, s'il vous

  6   plaît, sur la carte, quelle était la route que vous avez empruntée pour

  7   faire parvenir l'aide médicale à Kruscica ?

  8   M. Bower (interprétation). - Je dirais que nous sommes passés soit par

  9   cette route-ci soit par la route plus à l'est. Mais, franchement, je ne

 10   m'en souviens plus. Nous avons utilisé une des deux routes, en tout cas,

 11   qui allaient vers le sud.

 12   M. Mikulicic (interprétation). - Si je le vois bien sur l'écran, vous avez

 13   montré la route est de Kruscica, n'est-ce pas ?

 14   M. Bower (interprétation). - Vous voyez ces deux routes ici. Sept ans se

 15   sont passés depuis et je ne me souviens plus de laquelle nous avons prise.

 16   En plus, nous passons à une carte à échelle réduite. Je ne sais plus

 17   laquelle de ces deux routes nous avons utilisée.

 18   M. Mikulicic (interprétation). - Est-ce que ceci veut dire que vous avez

 19   toujours utilisé une sur les deux routes ?

 20   M. Bower (interprétation). - A l'époque, il n'y avait qu'une route que

 21   nous pouvions utiliser pour rentrer dans Kruscica. Je ne me souviens plus

 22   de laquelle c'était, mais je sais que nous avons toujours utilisé la même

 23   route pour essayer de parvenir à Kruscica.

 24   M. Mikulicic (interprétation). - Vous souvenez-vous pourquoi il n'a pas

 25   été possible de rentrer à Kruscica en empruntant l'autre route, car il


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  1   ressort clairement de la carte qu'il est possible également de se rendre à

  2   Kruscica en empruntant les deux routes qui, selon les indications sur la

  3   carte, sont des routes de même catégorie. Pour quelle raison ne pouviez-

  4   vous pas prendre l'autre route pour vous rendre à Kruscica, ou plutôt

  5   pourquoi vous ne l'avez pas utilisée ?

  6   M. Bower (interprétation). - Pour autant que je m'en souvienne, il y avait

  7   une route qui était soit bloquée soit qui ne convenait pas ou qui n'était

  8   pas sûre. C'était clair que nous ne pouvions utiliser que celle qui était

  9   utilisable. Il n'y avait qu'une façon de parvenir à Kruscica, mais je ne

 10   peux plus me souvenir de la raison précise aujourd'hui.

 11   M. Mikulicic (interprétation). - Pouvez-vous vous souvenir s'il y avait

 12   une ligne de séparation entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le HVO, au

 13   niveau de cette route, qui pratiquement longeait cette route ?

 14   M. Bower (interprétation). - Je ne sais vraiment plus aujourd'hui. J'en

 15   suis désolé, mais trop de temps s'est écoulé depuis.

 16   M. Mikulicic (interprétation). - Merci, Commandant. Je ne vais pas

 17   maintenant insister sur vos souvenirs.

 18   Vous avez parlé hier sur soi-disant des feux de discrimination

 19   d'artillerie et, aujourd'hui, vous avez convenu également que ce feu avait

 20   eu lieu, était présent des deux côtés des deux parties qui étaient en

 21   conflit, quand il s'agissait de la vallée de la Lasva.

 22   Je vais vous demander quelque chose au sujet d'un incident dont il a été

 23   question justement tout à l'heure.

 24   Vous avez dit que vous vous en souveniez quand, dans la cour de l'école à

 25   Vitez, le 10 juin, huit enfants ont été victimes et tués à cause de ces


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  1   tirs non contrôlés ? Commandant, aujourd'hui, j'ai véritablement feuilleté

  2   tous les résumés d'information militaire et tous les rapports de l'ECMM :

  3   on n'en a jamais parlé, dans aucun de ces bulletins et rapports. Auriez-

  4   vous éventuellement un commentaire à faire à ce sujet-là ?

  5   M. Bower (interprétation). - Ce n'est pas moi qui suis l'auteur de ces

  6   résumés d'information militaire. Il est bien évident que nous n'avons pas

  7   pu enregistrer, consigner chacun des incidents ayant entraîné des pertes,

  8   sinon il aurait fallu rédiger trop de résumés d'information militaire.

  9   Mais j'ai le souvenir d'un incident au cours duquel des enfants ont été

 10   soit blessés soit tués près du lieu où ils jouaient. Je ne me souviens

 11   plus de la date exacte, mais je sais qu'il y a eu un tel incident.

 12   M. Mikulicic (interprétation). - J'aimerais vous rappeler que cette

 13   époque-là, le 10 juin 1993, est également l'époque où il y avait cet

 14   incident du Convoi de la Joie qui aurait dû se rendre à Tuzla. Vous avez

 15   parlé du fait que ce convoi a été arrêté au carrefour en forme de T, du

 16   côté de Novi Travnik. Est-ce exact ?

 17   M. Bower (interprétation). - Je ne sais plus où exactement ce convoi a été

 18   arrêté dans la vallée de la Lasva, mais, en général, il était arrêté aux

 19   carrefours principaux, alors qu'il traversait la vallée de la Lasva.

 20   M. Mikulicic (interprétation). - Commandant, j'ai pensé à cet incident

 21   principal au moment où des tirs ont été échangés et un certain nombre de

 22   personnes ont été tuées lors de cet incident. Seriez-vous d'accord avec

 23   moi pour dire qu'il s'agissait du carrefour en forme de T, à côté de Novi

 24   Travnik ?

 25   M. Bower (interprétation). - Oui, effectivement cet incident précis s'est


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  1   bien produit à cet endroit.

  2   M. Mikulicic (interprétation). - En dehors de la région de la municipalité

  3   de Vitez, dans la région de la municipalité de Novi Travnik, n’est-ce

  4   pas ?

  5   M. le Président (interprétation). - Vous vous en souvenez ?

  6   M. Bower (interprétation). - Je dois dire que je ne me souviens plus

  7   particulièrement ou que je ne me m'intéressais pas particulièrement à

  8   l'époque aux délimitations administratives entre les municipalités.

  9   M. le Président (interprétation). - Maître Mikulicic, il est 11 heures.

 10   Est-ce une heure qui se prête bien à une pause ?

 11   M. Mikulicic (interprétation). - Oui.

 12   M. le Président (interprétation). - Bien nous allons suspendre pour une

 13   demi-heure.

 14   L'audience, suspendue à 11 heures, reprend à 11 heures 30

 15   M. le Président (interprétation). - Oui, Maître Mikulicic, vous avez la

 16   parole.

 17   M. Mikulicic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Commandant

 18   Bower, j'aurais encore quelques brèves questions à vous adresser. Je pense

 19   que la carte dont nous parlions tout à l'heure se trouve toujours sur le

 20   rétroprojecteur. Je parle de la pièce 2624.

 21   Commandant, sur cette carte, vous avez encerclé Grbavica et vous avez

 22   placé le chiffre 6 à côté de ce cercle. Dans votre déposition, vous avez

 23   dit que vous aviez personnellement assisté à l'opération de Grbavica à

 24   partir de votre base de Stari Bila, n'est-ce pas ?

 25   M. Bower (interprétation). - J'ai observé le début de l'opération et


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  1   quelques-uns des combats qui ont eu lieu, mais pas la totalité de

  2   l'opération car, bien entendu, il nous a fallu nous mettre à couvert.

  3   D'autre part, j'ai vu tout cela à partir de la partie avancée de la base,

  4   c'est-à-dire que j'avais devant moi une pente.

  5   M. Mikulicic (interprétation). - Commandant, cette colline, ces maisons

  6   dont vous avez parlé relèvent du village de Stari Bila, n'est-ce pas, qui,

  7   sur la carte, se trouve juste au-dessus du cercle correspondant au n° 6 ?

  8   M. Bower (interprétation). - Oui, c'est exact.

  9   M. Mikulicic (interprétation). - Commandant, cette localité se trouve au

 10   nord de la route qui va vers la ville de Vitez et qui est également

 11   indiquée sur la carte ?

 12   M. Bower (interprétation). - Oui, cela se trouve au nord-ouest de Vitez.

 13   M. Mikulicic (interprétation). - Une autre localité qui se trouve au sud-

 14   est de cette même route porte le nom de Divjak. Voyez-vous Divjak sur la

 15   carte ?

 16   M. Bower (interprétation). - Oui.

 17   M. Mikulicic (interprétation). - Commandant, il ne fait aucun doute que

 18   ces deux villages sont des villages distincts, séparés par une distance

 19   d'environ dix kilomètres ?

 20   M. Bower (interprétation). -  Parlons-nous de Divjak et de Vitez, ou de

 21   Divjak et Grbavica ?

 22   M. Mikulicic (interprétation). - Nous parlons de Divjak et de Grbavica.

 23   M. Bower (interprétation). - Je dirais que la distance entre les deux est

 24   inférieure à deux kilomètres, 1.500 mètres.

 25   M. Mikulicic (interprétation). - Merci.


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  1   Commandant, vous avez passé pas mal de temps sur le territoire de la

  2   municipalité de Vitez et dans la ville de Vitez. Savez-vous qu'au cours

  3   des combats qui se sont déroulés dans ce secteur, 700 habitants de

  4   nationalité croate ont été tués au cours de ces combats et que

  5   800 habitants croates ont été blessés ? Connaissez-vous ces chiffres ?

  6   M. Bower (interprétation). - Non, monsieur, je ne connais pas le nombre

  7   exact des victimes, qu'il s'agisse de tués ou de blessés.

  8   M. Mikulicic (interprétation). - Merci,  Commandant Bower. Je n'ai pas

  9   d'autres questions.

 10   M. Scott (interprétation). - Puis-je procéder, Monsieur le Président ?

 11   M. le Président (interprétation). - Je vous en prie.

 12   M. Scott (interprétation). - Je reprendrai à partir de la dernière

 13   question qui vient de vous y être posée et je vous demanderai de reprendre

 14   la pièce à conviction 2624 avec le plus grand soin. Je vous demanderai

 15   d'examiner le secteur indiqué, à part le n° 6, et je vous demande si le

 16   camp du bataillon britannique se trouvait à Stara Bila, n’est-ce pas ?

 17   M. Bower (interprétation). - Oui, c'est exact.

 18   M. Scott (interprétation). - En fait, c'est le petit cercle qui se trouve

 19   au-dessus de l'indication manuscrite "Grbavica" qui illustre la situation

 20   du camp ?

 21   M. Bower (interprétation). - Oui, c'est à peu près l'endroit où je pense

 22   que se trouvait le camp.

 23   M. Scott (interprétation). - Donc, ce n'est pas le village qui a été

 24   attaqué mais, en fait, le camp, le camp du bataillon britannique, n'est-ce

 25   pas ?


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  1   M. Bower (interprétation). - Oui, en fait les deux lieux sont pratiquement

  2   confondus. Ils sont très près l'un de l'autre. Les maisons de Stari Bila

  3   ont été attaquées, en effet.

  4   M. Scott (interprétation). – Et si nous regardons au sud-ouest du

  5   bataillon britannique, on voit une pente qui correspond à peu près à la

  6   forme allongée que vous avez inscrite sur la carte, n'est-ce pas ? Au

  7   moins en partie ?

  8   M. Bower (interprétation). – Oui, on voit les maisons, mais la majorité du

  9   village se trouvait de l'autre côté par rapport à cette pente et au camp.

 10   M. Scott (interprétation). – Très bien. Mais les combats que vous avez

 11   décrits étaient tout proches de la frontière entre le camp et le village,

 12   n'est-ce pas ? Je parle des maisons dont vous avez parlé hier, dans votre

 13   déposition, au sud-ouest du camp.

 14   M. Bower (interprétation). – Oui, en effet

 15   M. Scott (interprétation). – Et pour être clair par rapport aux questions

 16   du conseil de M. Cerkez, le nom de Divjak, vous le voyez sur la carte,

 17   n'est-ce pas ?

 18   M. Bower (interprétation). – Oui, monsieur, en effet.

 19   M. Scott (interprétation). – Voyez-vous quelque chose sur la carte, dans

 20   ce secteur, qui corresponde au nom de Grbavica ?

 21   M. Bower (interprétation). – Je vois l'inscription manuscrite.

 22   M. Scott (interprétation). – Très bien. Ce que je vous demande. c'est si

 23   au cours de votre mission en Bosnie, vous avez eu la possibilité de

 24   constater que le même secteur portait éventuellement des noms différents,

 25   ou était mentionné par des noms différents par la population ?


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  1   M. Bower (interprétation). – Très certainement, il y avait des endroits

  2   qui étaient appelés de façon différente selon les groupes ethniques qui en

  3   parlaient.

  4   M. Scott (interprétation). – S'agissant de la filière hiérarchique qui

  5   permettait d'accéder à Stari Vitez, monsieur, vous n'aviez pas le moindre

  6   doute quant à ce que représentait l'hôtel Vitez, n'est-ce pas ?

  7   M. Bower (interprétation). – En effet, monsieur, c'est le cas.

  8   M. Scott (interprétation). – Et pour reprendre les questions du conseil de

  9   la défense qui vous a demandé si, au cours de vos déclarations antérieures

 10   ou de votre déposition au sujet de M. Kordic, vous aviez quelque chose à

 11   dire -je parle de votre déclaration d'avril 1997- il vous a demandé si

 12   vous saviez que M. Kordic était en détention à ce moment-là ?

 13   M. Bower (interprétation). – En avril 1997, je n'en avais pas la moindre

 14   idée.

 15   M. Scott (interprétation). – Vous avez dit en rapport avec les victimes

 16   qu'un médecin était arrivé à Stari Vitez. Pourquoi avez-vous estimé

 17   nécessaire de dire que quelqu'un était sorti de Stari Vitez ?

 18   M. Bower (interprétation). – Au cours de cet incident particulier, on nous

 19   a dit de la façon la plus expresse que personne ne devait entrer ou sortir

 20   de Stari Vitez. Le médecin m'avait dit que cet homme -je pense qu'il

 21   avait 50 ou 55 ans- mourrait s'il ne sortait pas de Stari Vitez pour aller

 22   à l'hôpital à Zenica. J'ai essayé d'obtenir l'aide du CICR ou du HCR ; ces

 23   deux organisations ont refusé de m'aider en raison de la situation à

 24   l'époque.

 25   J'avais donc une décision à prendre sur le terrain. Le médecin a accepté


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  1   d'accompagner la victime en la mettant à l'arrière de son véhicule. C'est

  2   la seule chose que je pouvais essayer de faire à moment-là pour lui sauver

  3   la vie. Malheureusement, cet homme est mort un peu plus tard à l'hôpital

  4   de Zenica.

  5   M. Scott (interprétation). – S'agissant de l'hélicoptère HIP, vous avez

  6   dit qu'un incident s'était produit et que la Forpronu avait autorisé un

  7   vol d'hélicoptère dans la vallée de la Lasva.

  8   M. Bower (interprétation). – Personnellement, je ne me rappelle pas si la

  9   Forpronu était impliquée ou pas.

 10   M. Scott (interprétation). – Mais la formation qui vous était disponible

 11   consistait à dire que l'hélicoptère atterrissait dans une zone contrôlée

 12   par le HVO. Monsieur Gelic a fait des commentaires à votre intention au

 13   sujet des approvisionnements que vous apportiez.

 14   M. Bower (interprétation). – Il nous a été fait remarquer -je crois que

 15   c'est Darko Gelic qui en a parlé effectivement- que l'équipement qui

 16   devait arriver était un équipement un peu spécial.

 17   M. Scott (interprétation). – S'agissant de l'accès à Kruscica, monsieur,

 18   le fait de savoir s'il y avait une ou plusieurs routes qui permettaient, à

 19   partir du sud, d'accéder à Kruscica, n'est-il pas exact que ces routes

 20   -quelles qu'elles aient été- étaient toujours obstruées par le HVO qui

 21   empêchait l'accès au village de Kruscica ?

 22   M. Bower (interprétation). – Oui, c'est exact. A partir du sud, il n'était

 23   pas très pratique de rentrer dans Kruscica. En tout cas, il fallait passer

 24   par Gornji Vakuf dans ce cas. Et il fallait des heures sans la moindre

 25   certitude, la route n'était pas goudronnée. Donc ce n'était pas très


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  1   pratique.

  2   M. Scott (interprétation). – Concernant les visites du maire de Vitez au

  3   barrage routier, est-il exact que M. Santic est allé à ce barrage pendant

  4   vingt minutes à peu près, peut-être une demi-heure ?

  5   M. Bower (interprétation). – Peut-être un peu plus longtemps, mais en tout

  6   cas pas plus d'une heure.

  7   M. Scott (interprétation). – Avez-vous eu des informations sur le fait de

  8   savoir si M. Santic avait ou non envie de vous aider à accéder à

  9   Kruscica ?

 10   M. Bower (interprétation). – Des tentatives ont été faites auprès de lui

 11   mais sans succès. Moi, j'ai eu l'impression qu'il allait faire quelque

 12   chose à ce sujet.

 13   M. Scott (interprétation). – Et qu'avez-vous pensé de M. Santic du point

 14   de vue de votre coopération avec lui pour accomplir votre travail ? Que

 15   pensez-vous de son attitude envers vous et envers les organisations

 16   humanitaires ?

 17   M. Bower (interprétation). – Il n'a pas fait preuve d'une grande diligence

 18   d'une façon générale. Chaque fois que nous avions besoin de quelque chose,

 19   il fallait de très nombreuses tractations avec lui. Il semblait toujours y

 20   avoir des quiproquos.

 21   M. Scott (interprétation). – Mais disons les choses très clairement :

 22   M. Santic était-il un homme avec lequel vous aviez plaisir à travailler ?

 23   M. Bower (interprétation). – Non, pas particulièrement, monsieur.

 24   M. Scott (interprétation). – Et pourquoi ?

 25   M. Bower (interprétation). – J'avais le sentiment que je ne pouvais pas


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  1   lui faire confiance, que je n'aurais pas l'aide dont j'avais besoin pour

  2   réaliser ma mission humanitaire, quels que soient les besoins qui étaient

  3   les miens.

  4   M. Scott (interprétation). – Pour le convoi de la joie, les chauffeurs

  5   avaient été avertis du risque et même de l'imminence qu'un danger se

  6   présente. Est-ce que vous avez des preuves précises qui indiquent que ce

  7   convoi devait se rendre à Tuzla ?

  8   M. Bower (interprétation). - Oui, on nous avait informés de cela dès le

  9   début de l'organisation du convoi en Croatie. On nous avait parlé de sa

 10   destination finale. C'était évidemment très important de connaître tous

 11   ces détails et il est évident que les chauffeurs connaissaient toutes les

 12   caractéristiques du convoi et, notamment, sa destination ultime ainsi que

 13   sa composition et le nombre de véhicules.

 14   M. Scott (interprétation). - Vous rappelez-vous, monsieur, si la situation

 15   humanitaire à Tuzla était grave à cette époque-là ?

 16   M. Bower (interprétation). - Oui, à ce moment particulier, une sous-unité

 17   était basée à Tuzla. Elle avait un officier de liaison qui nous rendait

 18   compte quotidiennement de la situation du point de vue du HCR.

 19   M. Scott (interprétation). - En bref, monsieur, ces chauffeurs avaient

 20   donc été prévenus des dangers qu'il y avait à apporter de l'aide

 21   humanitaire à Tuzla et certains ont payé de leur vie ces dangers ?

 22   M. Bower (interprétation). - Oui, la persistance était présente et un

 23   certain nombre sont morts.

 24   M. Scott (interprétation). - Avez-vous été informé des conclusions tirées

 25   par votre collègue, M. Whitworth, au sujet du meurtre de votre


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  1   interprète ?

  2   M. Bower (interprétation). - Vous parlez de conclusions personnelles ?

  3   M. Scott (interprétation). - De quelque conclusion que ce soit où qu’il

  4   ait discuté avec vous ?

  5   M. Bower (interprétation). - Il y a eu une discussion générale entre les

  6   officiers de liaison quant à ce qui pouvait se passer. Je crois qu'on a

  7   parlé de tirs provenant de positions du HVO mais je ne connais pas les

  8   résultats précis.

  9   M. Scott (interprétation). - Avez-vous été informé, ou avez-vous appris,

 10   que des groupes du HVO ou une commission du HVO avaient conclu à un tir

 11   contre votre interprète provenant des forces de l'armée de Bosnie-

 12   Herzégovine qui avaient traversé la ligne de confrontation, pénétré dans

 13   une maison dans votre zone de contrôle, atteint votre interprète et

 14   l’avait tuée, et ensuite avait refait le chemin inverse pour retraverser

 15   les lignes de confrontation ? Est-ce que vous avez été informé de cette

 16   théorie ?

 17   M. Bower (interprétation). - Je ne me rappelle pas avoir entendu une

 18   description aussi détaillée. J'ai entendu pas mal de discussions qui

 19   avaient lieu entre les officiers de liaison quant aux différentes

 20   solutions possibles, explications possibles, mais aujourd'hui je ne suis

 21   pas au courant qu'il y ait eu un avis définitif sur la question.

 22   M. Scott (interprétation). - Seriez-vous d'accord avec M. Whitworth pour

 23   dire qu'une telle hypothèse appartient au domaine de l'impossible ?

 24   M. Sayers (interprétation). - Objection !

 25   M. le Président (interprétation). - Je suis d'accord avec Me Sayers ; je


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  1   ne crois pas que votre question soit très utile.

  2   M. Scott (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Je vais passer

  3   à autre chose : la pièce à conviction 2624, la carte.

  4   La référence au secteur 1 : au moment où vous avez inscrit ce cercle

  5   correspondant au n° 1 sur la carte, disposiez-vous de documents de

  6   l'époque ou d'autres cartes ou de schémas illustrant le secteur, et qui

  7   auraient pu vous aider à déterminer ce lieu ?

  8   M. Bower (interprétation). - Non, monsieur, je n'en avais pas.

  9   M. Scott (interprétation). - Au moment où vous avez été arrêté par ces

 10   soldats, à l'ouest de Busovaca, avez-vous essayé d'enregistrer précisément

 11   le lieu où vous vous trouviez ? Je parle du moment où ces soldats vous ont

 12   arrêté et ont menacé de vous tuer ?

 13   M. Bower (interprétation). - A mon retour au camp du Bataillon

 14   britannique, j'en ai parlé à l'officier chargé des renseignements

 15   militaires mais, personnellement, je ne me souvenais pas exactement de

 16   l'endroit où je me trouvais.

 17   M. Scott (interprétation). - Est-il permis de dire, monsieur, que ce

 18   secteur relativement étendu, qui correspond au n° 1, indique en fait la

 19   zone montagneuse à l'ouest de Busovaca de façon générale et sans détail ?

 20   M. Bower (interprétation). - Oui, c'est exact. C’est, de façon générale,

 21   l'endroit où je pense que je me trouvais à ce moment-là.

 22   M. Scott (interprétation). - Ce qui n’a rien à voir avec l'identification

 23   beaucoup plus précise des lieux qui correspond à ce que vous avez inscrit

 24   aux n° 2 et 3 ?

 25   M. Bower (interprétation). - En effet.


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  1   M. Scott (interprétation). - On a parlé du sigle anglais FIBUA, qui

  2   signifie combattre dans une zone urbanisée. Connaissez-vous cette notion ?

  3   M. Bower (interprétation). - Oui.

  4   M. Scott (interprétation). - Dans le cadre de la doctrine militaire

  5   généralement admise, est-il admis également que, lorsque l’on combat dans

  6   des zones urbanisées, il est permis de prendre pour cible et de tuer y

  7   compris des civils ?

  8   M. Bower (interprétation). - Non, pour mon armée, ce n'est pas le cas. Les

  9   Conventions de Genève s'appliquent.

 10   M. Scott (interprétation). - Donc ce que vous avez vu se produire à

 11   plusieurs reprises à Vitez, s'agissant des victimes que vous essayez

 12   ensuite d'évacuer, est-il permis de dire que ce que vous avez vu

 13   consistait en fait en de nombreuses reprises à prendre délibérément pour

 14   cibles des civils ?

 15   M. Bower (interprétation). - Oui, j'ai dit que ces actions étaient

 16   indiscriminées et qu’après un certain temps, ces actions avaient pour

 17   résultat des blessures et des morts de civils.

 18   M. Scott (interprétation). - Et à part les tirs de tireurs embusqués, les

 19   autres armes dont nous avons parlé au cours de votre déposition, notamment

 20   ces bombes à extincteur, estimez-vous qu'il s'agit de bombes qui agissent

 21   de façon indiscriminée contre la population civile ?

 22   M. Bower (interprétation). - Oui, de façon indiscriminée.

 23   M. Scott (interprétation). - L'attaque de Grbavica, vous avez dit que vous

 24   pensez qu'il s'agissait d'une opération militaire mais, en disant cela,

 25   vous commentiez le mode d'exécution de cette opération ou la façon dont


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  1   les civils de la ville ont été traités ?

  2   M. Bower (interprétation). - Mon commentaire portait sur le plan tactique

  3   général, c’est-à-dire sur la façon dont les combats ont commencé, de la

  4   façon dont ils se sont développés au niveau de la base, c’est-à-dire au

  5   niveau des soldats qui combattaient. C'était un commentaire général.

  6   M. Scott (interprétation). - Mais s'agissant de la disposition des forces,

  7   de la façon dont les forces ont avancée, du comportement des soldats,

  8   c'est cela que vous commentiez ?

  9   M. Bower (interprétation). - Oui, sur la base de ce que j'ai vu en effet.

 10   M. Scott (interprétation). - Est-il exact, monsieur, que lorsque l’on

 11   combat dans des zones urbanisées, cela ne signifie pas que l’on peut

 12   chasser de son domicile la population musulmane ?

 13   M. Bower (interprétation). - Dans les petits secteurs que nous pouvions

 14   observer, où nous avions un certain contrôle, il ne fait aucun doute que

 15   nous avons pu rassembler la population musulmane pour l'évacuer. Nous

 16   avons fait cela, agi de la sorte parce que nous avons pensé que, si nous

 17   ne le faisions pas, cette population pouvait risquer la mort.

 18   M. Scott (interprétation). - Et en fait, ce que vous avez vu, c'est que

 19   des maisons musulmanes ont été incendiées et détruites ?

 20   M. le Président (interprétation). - Ecoutez, c'est plus qu’une question

 21   guidée. Vous faites plus que guider le témoin, monsieur Scott, et cela

 22   fait plus d’une d'une demi-heure que cela dure. Passez à autre chose.

 23   M. Scott (interprétation). - Je vais passer à autre chose.

 24   Concluons sur cette question. Vous vous rappelez, n’est-ce pas, monsieur,

 25   qu'après l'attaque de Grbavica, des maisons musulmanes ont été pillées et


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  1   des familles de Croates de Bosnie ont emménagé dans ces maisons ? Je parle

  2   en tout cas de ceux qui avaient survécu.

  3   M. Bower (interprétation). - Oui, monsieur, c'est exact.

  4   M. Scott (interprétation). - Je n'ai pas d'autres questions.

  5   M. le Président (interprétation). - Merci.

  6   Commandant, je vous remercie d'être venu au Tribunal pénal international

  7   pour déposer. Votre déposition est terminée, vous pouvez vous retirer.

  8   (Le témoin est reconduit hors de la salle d'audience.)

  9   M. Nice (interprétation). - Pour autant que je le sache, le prochain

 10   témoin est juste à côté de la salle. Il est censé attendre devant la

 11   porte, mais je ne l'ai pas vérifié moi-même, parce je n'ai pas pu quitter

 12   la salle. Madame Somers va donc aller le chercher.

 13   M. Sayers (interprétation). - Deux points, monsieur le Président, que

 14   j'aimerais évoquer.

 15   D'abord, il y a eu quelques insinuations quant au fait que les mots que

 16   j'ai utilisés au cours de mon contre-interrogatoire n'auraient pas été

 17   convenables, comme par exemple le mot "contrebande"...

 18   M. le Président (interprétation). - Maître Sayers, ne vous préoccupez pas

 19   de cela. Si des allégations sont importantes, nous les prendrons en

 20   compte. Nous y reviendrons s'il s'agit d'allégations relatives à l'emploi

 21   de termes impropres mais, s'agissant de cela, cela n'a pas d'importance.

 22   M. Sayers (interprétation). - Merci, monsieur le Président.

 23   Deuxièmement, s'agissant du commandant Buffini, on vient de nous donner un

 24   résumé de la déposition qu'il est censé faire et j'aimerais appeler

 25   l'attention des Juges sur la page 6 paragraphe 21.


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  1   En effet, il semble qu'un autre témoin va déposer au sujet du convoi de la

  2   Joie et, encore une fois, c'est un sujet sur lequel on est revenu à de

  3   nombreuses reprises alors qu'il n'est pas mentionné dans l'acte

  4   d'accusation modifié. Je le souligne parce que je ne vois vraiment pas

  5   pourquoi on parle d'un point qui n'a aucune pertinence.

  6   M. le Président (interprétation). - Nous y reviendrons le moment venu

  7   lorsque nous parlerons de ce paragraphe.

  8   (Le témoin est introduit dans la salle d'audience.)

  9   Je vous en prie, monsieur, veuillez donner lecture de la déclaration

 10   solennelle.

 11   M. Buffini (interprétation). - Je déclare solennellement que je dirai la

 12   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 13   M. le Président (interprétation). - Monsieur, veuillez vous asseoir.

 14   Maître Somers ?

 15   Mme Somers (interprétation). - Pourriez-vous nous donner votre nom, votre

 16   date et votre lieu de naissance ?

 17   M. Buffini (interprétation). - Je m'appelle Michael Leslie Buffini. Je

 18   suis né le 18 novembre 1956.

 19   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que vous avez actuellement un

 20   emploi ?

 21   M. Buffini (interprétation). - Oui.

 22   Mme Somers (interprétation). - Quel est-il ?

 23   M. Buffini (interprétation). - Je suis conseiller en investissements ; je

 24   travaille à Bruxelles.

 25   Mme Somers (interprétation). - Avez-vous servi en ex-Yougoslavie et à quel


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  1   moment ?

  2   M. Buffini (interprétation). - Eh bien, j'ai été employé en ex-Yougoslavie

  3   du 15 janvier 1993 au 12 juillet 1993.

  4   Mme Somers (interprétation). - Avant votre mission en ex-Yougoslavie, est-

  5   ce que vous faisiez partie de la force militaire et, si c'est le cas, que

  6   faisiez-vous exactement ?

  7   M. Buffini (interprétation). - J'ai rejoint la Marine royale britannique

  8   en février 1977. Et puis, j'ai reçu une formation d'officier. J'ai occupé

  9   toute une série de postes de 1978 à 1988. D'abord, j'ai été déployé à

 10   Maltes, j'y étais commandant de troupes. Puis, j'ai travaillé pour les

 11   Nations Unies à Chypre. J'ai été déployé à Nikosi, notamment. Puis, je

 12   suis rentré au Royaume-Uni, j'y ai reçu une formation d'officier de

 13   mortier. Et puis j'ai été déployé pour quatre mois et demi en Irlande du

 14   nord.

 15   Par la suite, j'ai occupé toute une série de fonctions où je recrutais au

 16   nom de la Marine royale. J'ai été officier d'état-major où j'étais chargé

 17   de former des officiers au centre de formation. J'ai été officier d'état-

 18   major aux Iles Falkland. Et j'ai travaillé à Northwet comme chef de la

 19   flotte. Et j'ai été responsable du déploiement de la Marine royale sur

 20   tout le globe. Je travaillais surtout à bord de bâtiments, responsables de

 21   la sécurité nucléaire notamment.

 22   Mme Somers (interprétation). - Au cours de cette période que vous avez

 23   passée dans les rangs militaires, avez-vous quitté l'armée pour la

 24   rejoindre par la suite ?

 25   M. Buffini (interprétation). - C'est exact, en 1988, j'ai quitté l'armée.


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  1   J'ai travaillé deux ans comme conseiller en investissements à Hong Kong

  2   avant qu'on me demande de rejoindre l'armée en1990 pour une période de

  3   cinq ans.

  4   Mme Somers (interprétation). - Et quelle attribution avez-vous reçue à ce

  5   moment-là, en 1990 ?

  6   M. Buffini (interprétation). - Eh bien, en 1990, on m'a affecté au poste

  7   d'assistant à la formation d'équipes. C'était une autre fonction

  8   d'officier d'état-major.

  9   Mme Somers (interprétation). - Pourriez-vous nous parler de la période qui

 10   a suivi votre départ du Royaume-Uni et votre arrivée en ex-Yougoslavie ?

 11   M. Buffini (interprétation). - En décembre 1992, on m'a demandé si je

 12   pouvais travailler avec les Nations Unies, en ex-Yougoslavie. J'y ai été

 13   déployé en temps qu'officier de liaison pour le Royaume-Uni. En tant

 14   qu'observateur, j'ai travaillé à partir de janvier, je suis arrivé à Split

 15   le 15 janvier.

 16   Mme Somers (interprétation). - Je vais demander l'aide de l'huissier pour

 17   vous présenter quelques cartes. La première de celles-ci étant une carte

 18   en noir et blanc qui vient d'un atlas de Croatie. Il s'agit de la pièce

 19   portant cote Z2612.9. Pouvez-vous placer ce document sur le

 20   rétroprojecteur ?

 21   Pourriez-vous indiquer aux Juges où se trouve Divulje et l'endroit où vous

 22   êtes arrivé, sur le terrain ?

 23   M. Buffini (interprétation). - Eh bien, Divulje se situe ici, je l'indique

 24   du pointeur, à l'ouest de Split.

 25   Mme Somers (interprétation). - Pourriez-vous nous montrer sur cette carte


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  1   où est la frontière entre la Bosnie-Herzégovine et la République de

  2   Croatie ? Est-ce que c'est indiqué ?

  3   M. Buffini (interprétation). - Oui, très clairement. Vous voyez cette

  4   ligne plus épaisse qui traverse la carte.

  5   Mme Somers (interprétation). - Une simple confirmation : vous ne faites

  6   plus partie de la Marine royale. Quelle est la raison pour laquelle vous

  7   êtes parti ?

  8   M. Buffini (interprétation). - Eh bien j'ai été considéré comme invalide

  9   parce que je souffrais d'ostéoarthrite dans les deux genoux.

 10   Mme Somers (interprétation). - Une fois cantonné à la caserne de Divulje,

 11   qu'aviez-vous comme attribution principale ?

 12   M. Buffini (interprétation). - J'en avait deux. D'abord, j'étais

 13   l'officier de liaison des officiers de commandement, et puis je servais

 14   aussi d'observateur pour les forces britanniques.

 15   Mme Somers (interprétation). - Pourriez-vous décrire les tâches qui

 16   allaient de soi dans l'exercice de ces fonctions ? Qui était votre

 17   supérieur hiérarchique, par exemple ?

 18   M. Buffini (interprétation). - En tant que commandant des forces

 19   britannique, je travaillais pour le général de brigade Enzo Cummings et

 20   j'ai déployé neuf  équipes d'officiers de liaison britanniques sur la

 21   Bosnie.

 22   Mme Somers (interprétation). - Vous parlez de UKLO, U, K, L, O ?

 23   M. Buffini (interprétation). - Ce sont effectivement des officiers de

 24   liaison britanniques. J'ai donc déployé ces équipes. Je prenais les

 25   décisions quant aux lieux de déploiements, à la suite discussions avec le


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  1   général de brigade Cummings et son chef d'état-major. Je veillais à ce que

  2   ces équipes s'acquittent des tâches qui leur avaient été assignées par le

  3   général de brigade Cummings. Il s'agissait de recueillir des

  4   renseignements sur ce qui se passait dans ces deux endroits.

  5   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que vous aviez des liens directs

  6   avec d'autres unités et, si tel était le cas, pourriez-vous décrire ces

  7   liens ?

  8   M. Buffini (interprétation). - Eh bien, le commandant des forces

  9   britanniques travaillait directement pour les forces terrestres du

 10   Royaume-Uni.

 11   Mme Somers (interprétation). - Où au Royaume-Uni ?

 12   M. Buffini (interprétation). – La base était à Salsbury dans le Wiltshire.

 13   Et le commandant des forces britanniques avaient également des liens

 14   directs avec le Britbat, basé à Vitez, avec le quartier général de la

 15   Forpronu à Kiseljak. Il avait également le commandement d'autres troupes

 16   britanniques déployées à divers endroits de Croatie, mais aussi à

 17   Tomislavgrad.

 18   Mme Somers (interprétation). – Aviez-vous des liens directs avec le HCR à

 19   ces différents endroits.

 20   M. Buffini (interprétation). – Oui, une partie de mes responsabilités

 21   d'officier de liaison était d'avoir des liens avec Metkovic. C'était le

 22   lien de liaison du HCR pour les convois. J'avais aussi pour responsabilité

 23   de transmettre les informations relatives au convoi.

 24   Mme Somers (interprétation). – Où se trouve Metkovic ? Dans quel Etat

 25   souverain ?


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  1   M. Buffini (interprétation). – En Croatie.

  2   Mme Somers (interprétation). – Comment avez-vous donné des tâches précises

  3   aux équipes sous vos ordres ?

  4   M. Buffini (interprétation). – D'abord je prenais les décisions avec le

  5   chef d'état major, le général de brigade, sur les renseignements qu'il

  6   fallait recueillir. Puis je donnais mes ordres aux équipes qui se

  7   déployaient sur différentes parties de la Bosnie mais aussi de la Croatie.

  8   Mme Somers (interprétation). – Pourriez-vous nous parler de l'équipement

  9   qu'avaient ces équipes ?

 10   M. Buffini (interprétation). – Chaque équipe avait un véhicule faiblement

 11   blindé ; c'était un RB-44. Elle avait aussi un système téléphonique

 12   embarqué Inmarsat. Nous avions aussi des systèmes de positionnement global

 13   de navigation GPS. Nous avions un ordinateur portable avec un modem fax,

 14   et nous avions aussi un système radio embarqué.

 15   Mme Somers (interprétation). – Pourriez-vous nous décrire le rôle que vous

 16   aviez à l'époque ? Par rapport au général de brigade Cummings, quels

 17   étaient vos rapports, que deviez-vous faire pour lui ?

 18   M. Buffini (interprétation). – Nous étions les yeux et les oreilles du

 19   général de brigade. Nous avions pour mission de recueillir des

 20   renseignements sur ce qui se passait à différents emplacements. Ceci pour

 21   veiller à ce que nous ne soyons pas pris par surprise par des événements

 22   subits.

 23   Mme Somers (interprétation). – En février 1993, vous êtes-vous rendu à

 24   Busovaca ?

 25   M. Buffini (interprétation). – C'est exact. J'ai eu pour mission d'envoyer


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  1   deux équipes qui allaient se déployer sur Busovaca. Elles allaient

  2   travailler avec la commission conjointe récemment créée. J'ai dit au

  3   capitaine Robison de travailler en coopération avec l'équipe basée à

  4   Busovaca ; et je m'y suis rendu pour voir comment il devait s'acquitter de

  5   ces tâches.

  6   Mme Somers (interprétation). – Et que devait être leur rôle ?

  7   M. Buffini (interprétation). – Ils devaient être des maillons de

  8   communication et aussi des conseillers en matière de sécurité auprès de la

  9   MCCE -mission de la communauté européenne de contrôle.

 10   Mme Somers (interprétation). – A époque, à Busovaca, quelles étaient les

 11   conditions qui prévalaient ?

 12   M. Buffini (interprétation). – Comment dire... Je crois que cette ville se

 13   trouvait en véritable état de conflit. Il était difficile de se déplacer

 14   du fait des nombreux points de contrôle, des barrages. Nous avons souvent

 15   été la cible de tirs. L'environnement de travail était très hostile.

 16   Mme Somers (interprétation). – Etiez-vous suffisamment protégés dans vos

 17   véhicules ?

 18   M. Buffini (interprétation). – Non. Et c'est précisément quelque chose qui

 19   m'inquiétait vivement. En effet, une de mes équipes avait été la cible de

 20   tirs. Je crois qu'une balle était passée juste à un mètre derrière la

 21   tourelle, derrière l'endroit où se trouvait le chauffeur du véhicule ainsi

 22   qu'un officier.

 23   Mme Somers (interprétation). – Qu'avez-vous fait ?

 24   M. Buffini (interprétation). – J'ai retiré la mission de cette équipe tant

 25   que nous n'aurions pas la confirmation que nous allions bénéficier de


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  1   véhicules blindés. Je ne voulais pas que mes équipes travaillent dans cet

  2   environnement où il n'y avait pas vraiment de protection blindée. Au cours

  3   d'une réunion avec Jeremy Flemming, j'ai insisté pour obtenir ces blindés.

  4   Mme Somers (interprétation). – Et quelle était l'issue de cette réunion ?

  5   M. Buffini (interprétation). – Dans les deux jours, nous avons reçu des

  6   véhicules blindés qui venaient du bataillon britannique de Vitez ; ce qui

  7   avait aussi été autorisé par le quartier général de la Forpronu à

  8   Kiseljak.

  9   Mme Somers (interprétation). – Vous étiez aussi observateur. Que faisait

 10   un observateur ? C'est un poste qui vous avait été donné à Split ?

 11   M. Buffini (interprétation). – Un observateur va trier les informations

 12   provenant de rapports radio, de coups de téléphone. Donc j'étais le

 13   premier point de contact avec le Combritfor. J'étais à l'écoute de tout

 14   ceci, je prenais des décisions sur les destinataires ou ceux qui allaient

 15   réagir à tous ces rapports,.

 16   Mme Somers (interprétation). – Qu'appelle-t-on la "route du Triangle" ?

 17   M. Buffini (interprétation). – Ce nom a été donné à une route qui se

 18   trouve entre Tomislavgrad et Prozor. Cette route a été améliorée par le

 19   génie militaire.

 20   Mme Somers (interprétation). – Je vais demander à l'huissier de vous

 21   distribuer la pièce Z-2-6-1-8.2. Pourriez-vous la placer sur le

 22   rétroprojecteur ? Je ne sais pas si vous recevez une image sur vos écrans,

 23   Messieurs les Juges ; ce n'est pas le cas pour nous.

 24   M. le Président (interprétation). – Cela ne marche pas pour nous non plus.

 25   Mme Somers (interprétation). – Pouvons-nous arrêter ?


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 14   pagination anglaise et la pagination française

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  1   M. le Président (interprétation). – Continuez, nous essayons de régler la

  2   question.

  3   Mme Somers (interprétation). – Nous allons revenir à cette pièce.

  4   Toutefois, dites-nous d'abord ce que signifiait cette route du Triangle

  5   pour vous ?

  6   M. Buffini (interprétation). – Nous essayions d'établir un lien entre la

  7   Croatie et la Bosnie centrale, là où œuvrait le bataillon britannique.

  8   C'est sans doute la seule route demeurée ouverte qui permettait un accès

  9   depuis Split et Combritfor vers la Bosnie centrale.

 10   Au départ, c'était une piste de montagne qui a été améliorée, qui est

 11   devenu un sentier de terre et qui nous a permis l'acheminement entre

 12   Tomislavgrad et Prozor.

 13   Mme Somers (interprétation). – En guise de description et à l'examen de

 14   cette carte que chacun a sous les yeux, connaissez-vous cette carte ? Si

 15   c'est le cas, pourriez-vous nous décrire cette route ? Cela nous

 16   permettrait de la suivre. Vous pourriez éventuellement nous indiquer par

 17   où elle passe.

 18   M. Buffini (interprétation). – J'ai déjà déposé dans le procès du général

 19   Blaskic. A ce moment-là, je vous ai indiqué Prozor sur la carte. Je crois

 20   que la plupart d'entre-nous verrons cet emplacement, et à l'ouest de

 21   Prozor, il y a une route qui contourne un lac très important que l'on

 22   trouve ici, à gauche. On descend vers le sud et nous avons pratiquement

 23   suivi cette ligne directe qui mène à travers la Bosnie jusqu'à

 24   Tomislavgrad. C'est ce que l’on appelait la Route du Triangle.

 25   Mme Somers (interprétation). - En février 1993, avez-vous assisté à des


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  1   déplacements de soldats de la HV, de l'armée croate, qui se déplaçaient

  2   entre la Croatie et la Bosnie ?

  3   M. Buffini (interprétation). - Oui, personnellement, j'ai suivi un convoi

  4   de 6 à 8 autocars immatriculés en Croatie dans lesquels se trouvaient des

  5   soldats croates le long de la Route du Triangle. Nous avons passé quelque

  6   trois heures derrière ces autocars qui s'acheminaient vers Prozor. Les

  7   autocars se sont arrêtés à Prozor, nous les avons dépassés et poursuivi

  8   notre route vers Gornji Vakuf et Vitez.

  9   Mme Somers (interprétation). - Pouvons-nous voir Tomislavgrad sur cette

 10   carte ou, pour la trouver, faut-il retourner à la première carte ?

 11   M. Buffini (interprétation). - Oui, c'est sur la première carte.

 12   Mme Somers (interprétation). - Je vais essayer de la récupérer pour voir

 13   si vous pouvez indiquer où se trouve Tomislavgrad pour parler des

 14   distances.

 15   M. Buffini (interprétation). - Nous avons toujours ce problème du

 16   rétroprojecteur qui nous handicape mais pourriez-vous, monsieur le Témoin,

 17   nous situer Tomislavgrad ?

 18   M. Buffini (interprétation). - Par rapport à Split, Tomislavgrad est au-

 19   delà de la frontière qui sépare la Croatie de la Bosnie. Sur cette carte,

 20   on trouve la ville de Tomislavgrad sur le côté droit de la carte.

 21   Mme Somers (interprétation). - En matière de temps, quel temps faut-il

 22   pour aller disons d'un point qu'on appelle Sing en Croatie, que l’on

 23   trouve aussi sur l'autre carte, quel temps faut-il pour aller de cette

 24   ville à Tomislavgrad par terre ?

 25   M. Buffini (interprétation). - Si les conditions sont bonnes, de


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  1   40 minutes à une heure.

  2   Mme Somers (interprétation). - Comment avez-vous pu établir que les

  3   soldats que vous avez vus dans ces autocars étaient des soldats de la HV,

  4   de la république de Croatie ?

  5   M. Buffini (interprétation). - Il a eu deux choses : d'abord le fait que

  6   les autocars étaient des véhicules croates puisque les plaques

  7   d’immatriculation étaient de Croatie.

  8   Deuxièmement, les insignes qu'arboraient les soldats montraient HV et non

  9   pas HVO. Nous avons pris l'habitude de reconnaître les différents emblèmes

 10   et insignes, nous avons tiré les leçons que nous donnaient les

 11   renseignements de nos officiers du Combritfor ?

 12   Mme Somers (interprétation). - Vous avez pu ainsi identifier deux

 13   différents types de soldats ?

 14   M. Buffini (interprétation). - Effectivement. D'abord, au moment où nous

 15   avons suivi les soldats qui se trouvaient dans ces autocars, nous les

 16   avons suivi de Tomislavgrad à Prozor. Le deuxième élément d’identification

 17   est intervenu quelques jours plus tard, lorsque nous revenions de Vitez et

 18   que nous traversions Prozor. Nous avons vu de nouveau de 6 à 8 autocars

 19   qui étaient garés au nord de Prozor. Il s'y trouvait beaucoup de soldats

 20   blessés qui portaient des uniformes de la HV, ainsi que les insignes des

 21   soldats de la HV qui étaient vraiment fatigués après les combats, épuisés,

 22   allongés dans l’herbe, prêts à monter dans les bus croates pour rentrer.

 23   Nous nous sommes dits qu'ils allaient traverser la zone de Tomislavgrad.

 24   Mme Somers (interprétation). - Vous avez vu cela de vos propres yeux ?

 25   M. Buffini (interprétation). - Oui.


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  1   Mme Somers (interprétation). - Qui est un monsieur répondant au nom de Gus

  2   Bryden ?

  3   M. Buffini (interprétation). - C'est un mercenaire que j'ai rencontré à

  4   Trogir. C'était un ancien élément de la Marine royale. J'ai passé une

  5   heure à converser avec lui. Il m'a parlé des activités de mercenaire.

  6   Mme Somers (interprétation). - Où se trouve Trogir ?

  7   M. Buffini (interprétation). - A l'ouest de la caserne de Divulje, à peu

  8   près à 5 kilomètres à l’ouest.

  9   Mme Somers (interprétation). - En République de Croatie ?

 10   M. Buffini (interprétation). - Oui, sur la côte.

 11   Mme Somers (interprétation). - Poursuivez.

 12   M. Buffini (interprétation). - Gus Bryden avait travaillé avec l’armée

 13   croate, la HV, en Croatie. Il formait des soldats de la HV, afin que ceux-

 14   ci puissent monter aux combats dans la région de Prozor. Il avait

 15   également travaillé dans la zone de Zadar. Il combattait avec son fils qui

 16   lui aussi était mercenaire, tant dans la région de Prozor qu’à Zadar.

 17   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que le déploiement de soldats

 18   croates en Bosnie vous a interpellé ?

 19   M. Buffini (interprétation). - Absolument puisque l’on nous avait demandé

 20   de recueillir des renseignements à ce propos.

 21   Mme Somers (interprétation). - Qui vous l'avez demandé ?

 22   M. Buffini (interprétation). - Andrew Cummings, son chef d’état-major, le

 23   Combritfor ainsi que la cellule de renseignement. Et nous avons posé des

 24   questions précises à ce monsieur, nous lui avons demandé si les soldats

 25   qu'il formait étaient des conscrits, des recrues. Ce qu'il a confirmé. Il


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  1   a également confirmé le fait qu'ils combattaient, ces soldats, en Bosnie,

  2   dans la région de Prozor et qu'ils ne limitaient pas leurs combats à la

  3   Croatie.

  4   Mme Somers (interprétation). - Y a-t-il un camp de formation militaire que

  5   vous ayez pu observer en route vers Tomislavgrad ?

  6   M. Buffini (interprétation). - Effectivement, nous avons vu un

  7   établissement que nous avons reconnu comme étant un camp de formation au

  8   sud de Signa, encore en Croatie, avant d'arriver à la frontière. Nous

  9   avions identifié cet endroit à plusieurs reprises comme étant un camp

 10   utilisé par l'armée croate.

 11   Mme Somers (interprétation). - Je pense que la cassette vidéo est

 12   disponible et, peut-être, pourriez-vous nous indiquer cet endroit sur la

 13   carte ?

 14   M. Buffini (interprétation). - C'est au nord-est de Split.

 15   Mme Somers (interprétation). - Fort bien. Je sais que l’on ne voit pas

 16   Prozor sur cette carte mais pouvez-vous nous dire de façon générale où se

 17   trouvait Prozor ?

 18   M. Buffini (interprétation). - Eh bien Tomislavgrad se trouve ici, sur la

 19   droite, et Prozor bien plus au nord, nord-est.

 20   Mme Somers (interprétation). - Merci. Vous avez assisté à ces exercices de

 21   formation, une seule fois ou plusieurs fois ?

 22   M. Buffini (interprétation). - De façon régulière. Alors que nous faisions

 23   des va-et-vient entre Split et Vitez, à une occasion, le camp était plein

 24   de soldats, de camions, d'autocars et, manifestement, c’était fortement

 25   utilisé comme camp de formation.


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  1   Mme Somers (interprétation). - Cela, c’était en en février 1993 ?

  2   M. Buffini (interprétation). - Oui.

  3   Mme Somers (interprétation). - Et qu'avez-vous observé ?

  4   M. Buffini (interprétation). - La plupart du temps, le camp était vide

  5   mais, après que je l'ai vu utiliser, d'autres rapports sont arrivés qui

  6   ont montré que le camp était vide parce que les troupes avaient été

  7   déployées. Par ailleurs, j'ai vu également que les unités se trouvaient un

  8   petit peu ailleurs.

  9   Mme Somers (interprétation). - Avez-vous reçu également des rapports en ce

 10   qui concerne la période pendant laquelle il y avait des combats en

 11   Bosnie ? C'était la période où il y avait des combats. Vous avez vu des

 12   troupes et vous avez également vu que le centre d'entraînement était vide.

 13   M. Buffini (interprétation). - A cette époque-là, il y avait un conflit.

 14   Nous recevions également des rapports selon lesquels il y avait également

 15   des combats entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et les Croates. C'était

 16   quelque chose de quotidien dans la région de Prozor.

 17   Mme Somers (interprétation). - Vous a-t-on informés éventuellement sur un

 18   soldat du HVO qui a été blessé ?

 19   M. Buffini (interprétation). - Moi, j'ai contrôlé les informations et nous

 20   avons reçu un rapport selon lequel un bus avait transporté les soldats du

 21   HV, et qu'il y avait un soldat qui jouait avec une bombe et que la bombe

 22   avait explosé.

 23   Mme Somers (interprétation). - Etait-ce en Croatie ou en Bosnie-

 24   Herzégovine ?

 25   M. Buffini (interprétation). - Je pense que c'était en Bosnie.


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  1   Mme Somers (interprétation). - Et qu'avez-vous fait ?

  2   M. Buffini (interprétation). - On m'avait demandé d'évacuer les personnes

  3   en prenant un hélicoptère, pour évacuer les personnes en question. Ceci ne

  4   faisait pas partie de nos tâches, tout au moins dans le cadre de l'aide

  5   humanitaire.

  6   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que de l'aide a été fournie à ce

  7   soldat, d'après vos connaissances ?

  8   M. Buffini (interprétation). - Non, à ma connaissance, non.

  9   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que vous, personnellement, vous avez

 10   suivi un convoi de bus ?

 11   M. le Président (interprétation). - Nous en avons déjà parlé, je vous en

 12   prie.

 13   Mme Somers (interprétation). - D'accord, je vais m'y conformer. Est-ce

 14   qu'éventuellement, vous avez entendu parler de la commission de Busovaca ?

 15   Est-ce que le commandant de la brigade vous a demandé de vous engager sur

 16   ce plan-là ?

 17   M. Buffini (interprétation). - Oui, effectivement. On m'a demandé de leur

 18   apporter un soutien militaire.

 19   Mme Somers (interprétation). - Quel était le grade que vous avez eu, pour

 20   qu'on soit clairs, et comment ceci était-il adapté à la situation en

 21   Bosnie ?

 22   M. Buffini (interprétation). - Moi, j'étais capitaine. C'est l'équivalent

 23   d'une paie, d'une solde de commandant. Quand nous travaillons comme

 24   officier de la marine, à ce moment-là, nous avons un grade local. Moi,

 25   j'étais un commandant local, si je puis m'exprimer ainsi.


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  1   Mme Somers (interprétation). - Quelles étaient vos tâches, dans le cadre

  2   de cette commission ? Avez-vous coopéré avec des individus très précis ?

  3   M. Buffini (interprétation). - La tâche de cette commission avait été bien

  4   définie avant. Deux personnes étaient des personnes clés : Franjo Nakic,

  5   du côté du HVO, et Dzemal Merdan, du côté de l'armée de Bosnie-

  6   Herzégovine.

  7   Et avec les personnes qui représentaient les commandants locaux, notre

  8   tâche consistait à rechercher, à enquêter dans les localités où des

  9   conflits avaient lieu entre les deux parties et d'essayer de surmonter le

 10   problème de conflits, en passant par les négociations.

 11   J'aimerais demander à l'huissier de soumettre la pièce à conviction

 12   Z 548.1.

 13   (L'huissier s'exécute.)

 14   Monsieur le témoin, si vous examinez ce document, d'abord, le

 15   reconnaissez-vous ?

 16   M. Buffini (interprétation). - Oui.

 17   Mme Somers (interprétation). - Prenez, si vous le voulez bien, la

 18   troisième page où nous avons le chiffre 00475825. Pourriez-vous nous

 19   montrer comment on présente M. Nakic ?

 20   M. Buffini (interprétation). - Il y est décrit comme étant le suppléant du

 21   responsable de la zone opérationnelle de Bosnie centrale. Nous avons donc

 22   pensé qu'il était le commandant adjoint de l'organisation.

 23   Mme Somers (interprétation). - A quelle fréquence aviez-vous des

 24   rencontres avec cette commission ?

 25   M. Buffini (interprétation). - Quotidiennement.


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  1   Mme Somers (interprétation). - A un moment précis ?

  2   M. Buffini (interprétation). - En général, à 9 heures du matin, bien sûr,

  3   pour autant que tout le monde puisse arriver au moment prévu.

  4   Mme Somers (interprétation). - Et vous deviez notamment examiner des

  5   plaintes, des griefs et enquêter ?

  6   M. Buffini (interprétation). - Oui, quasi quotidiennement.

  7   Mme Somers (interprétation). - Qu'en est-il de l'élimination des points de

  8   contrôle ?

  9   M. Buffini (interprétation). - Eh bien, ceci faisait partie des

 10   discussions permanentes qui se déroulaient, mais nous avions pour objectif

 11   d'ouvrir les routes, ou la route allant de Vitez à Kiseljak.

 12   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que vous deviez aussi enquêter sur

 13   des allégations d'atrocités, de nettoyage ethnique, de harcèlement de

 14   civils ?

 15   M. Buffini (interprétation). - Eh bien, c'est devenu la question

 16   principale qui nous occupait au jour le jour : avant qu'on fasse autre

 17   chose, il fallait enquêter sur chacun des incidents rapportés.

 18   Mme Somers (interprétation). - En janvier, vers le 20 janvier 93, avez-

 19   vous dû déménager ?

 20   M. Buffini (interprétation). - Oui, nous sommes partis de Busovaca à

 21   Vitez. Nous avons emménagé dans une maison qui était proche du camp, du

 22   bâtiment britannique.

 23   Mme Somers (interprétation). - Qui était Mats Torping ?

 24   M. Buffini (interprétation). - Il a d'abord été le président de la

 25   commission conjointe de Busovaca.


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  1   Mme Somers (interprétation). - A-t-il conservé ce poste ou bien est-ce que

  2   ce poste a été occupé par quelqu'un d'autre ?

  3   M. Buffini (interprétation). - Par quelqu'un d'autre. En effet, en fait,

  4   il y avait plusieurs présidents.

  5   Mme Somers (interprétation). - Dont Henk Morsink ?

  6   M. Buffini (interprétation). - Oui, c'est surtout vers la fin qu'il a pris

  7   la fonction de président.

  8   Mme Somers (interprétation). - Une fois que vous avez déménagé à Vitez,

  9   votre rôle a-t-il évolué, avez-vous eu des compétences plus élargies ?

 10   M. Buffini (interprétation). - Nous avons constaté qu'une fois arrivés à

 11   Vitez, nous avions tout d'un coup une zone de responsabilité bien plus

 12   grande. On nous a chargés d'enquêter sur des incidents qui se trouvaient à

 13   l'extérieur de la vallée de Busovaca.

 14   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que votre zone de compétence

 15   s'étendait à toute la vallée ? Est-ce que le nom est resté celui de la

 16   commission conjointe de Busovaca ?

 17   M. Buffini (interprétation). - Comme nous nous étions étendus de Busovaca

 18   à une zone bien plus grande, nous sommes devenus tout simplement la

 19   commission conjointe.

 20   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que des conditions avaient été

 21   stipulées, s'agissant du degré de pouvoir dont devaient bénéficier les

 22   représentants de chaque partie ?

 23   M. Buffini (interprétation). - Effectivement, tant le général Merdan que

 24   Franjo Nakic étaient censés disposer du pouvoir nécessaire leur permettant

 25   d'agir devant des circonstances qu'on rencontrait sur le terrain, à


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  1   Busovaca et au sein de la commission conjointe. Il fallait donner des

  2   ordres aux commandants locaux et veiller à ce que les décisions soient

  3   suivies d'effet.

  4   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que ça a été le cas ?

  5   M. Buffini (interprétation). - Uniquement dans le cas du général Merdan.

  6   Mme Somers (interprétation). - Que s'est-il passé s'agissant de M. Nakic ?

  7   M. Buffini (interprétation). - Eh bien, celui-ci, à l'évidence, était

  8   incapable d'endosser quelque responsabilité que ce soit. Il fallait, avant

  9   de prendre une décision, qu'il en réfère à M. Blaskic.

 10   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que ceci a été la source de

 11   tensions ?

 12   M. Buffini (interprétation). - Oui, de beaucoup de tensions au sein de la

 13   commission conjointe, effectivement.

 14   Mme Somers (interprétation). - Et si M. Merdan ne pouvait pas prendre une

 15   décision ferme, est-ce qu'il faisait des concessions ?

 16   M. Buffini (interprétation). - En tout cas, il procéderait à un accord

 17   provisoire, puis demanderait l'avis de ses supérieurs pour arrêter une

 18   position définitive.

 19   Mme Somers (interprétation). - Est-ce qu'il y a eu un problème avec

 20   l'artillerie qui se serait déclenchée au moment d'une réunion de la

 21   commission conjointe ?

 22   M. Buffini (interprétation). - Nous avions une réunion à Vitez et

 23   plusieurs obus d'artillerie ont été entendus alors qu'ils détonnaient,

 24   parce qu'ils ont secoué la maison. A ce moment-là, il y a eu une réaction

 25   très violente de M. Merdan, qui s'opposait à Nakic. Il lui a demandé


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  1   pourquoi il y avait des tirs d'artillerie au moment où on était censé

  2   négocier un cessez-le-feu.

  3   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que c'était l'artillerie du HVO qui

  4   était en action ?

  5   M. Buffini (interprétation). - Oui.

  6   Mme Somers (interprétation). - Avez-vous pu déterminer quel était le type

  7   d'arme et son calibre ?

  8   M. Buffini (interprétation). - Etant donné les rapports reçus, nous

  9   savions qu'il s'agissait d'une arme lourde de 120 à 150 millimètres de

 10   calibre.

 11   Mme Somers (interprétation). - Y avait-il une pièce d'artillerie que vous

 12   soupçonniez d'être à l'origine de ces tirs ?

 13   M. Buffini (interprétation). - C'était une pièce d'artillerie lourde que

 14   les soldats britanniques, autour de Vitez, avaient appelée "la grosse

 15   Bertha". Oui, effectivement, c'était une grosse pièce d'artillerie.

 16   Mme Somers (interprétation). - A ce moment-là, y avait-il un cessez-le-feu

 17   en place et, si c'est le cas, quel était le résultat de cet incident ?

 18   M. Buffini (interprétation). - Je pense qu'il y avait déjà un cessez-le-

 19   feu qui était appliqué. Il y a eu une réaction très violente de M. Merdan

 20   qui a refusé de continuer toute participation à la commission conjointe

 21   tant qu'il n'y aurait pas eu une enquête approfondie sur cet incident.

 22   Mme Somers (interprétation). - Combien d'obus ont été tirés à ce moment-là

 23   en provenance de "la grosse Bertha" ?

 24   M. Buffini (interprétation). - De 10 à 11 obus.

 25   Mme Somers (interprétation). - Est-ce qu'une enquête a été menée sur cet


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  1   incident ?

  2   M. Buffini (interprétation). - Oui, mais nous n'avons reçu aucun rapport

  3   en guise de réponse à toutes les questions que nous avions.

  4   Mme Somers (interprétation). - Fort de votre expérience militaire,

  5   pourriez-vous qualifier la mesure dans laquelle les ordres donnés par le

  6   colonel Blaskic étaient respectés et appliqués ?

  7   M. Buffini (interprétation). - Le colonel Blaskic disposait de beaucoup

  8   d'autorité sur les éléments que nous, nous avons rencontrés, sur les

  9   commandants locaux. En règle générale, ces commandants locaux ne faisaient

 10   rien sans avoir les ordres écrits ou verbaux du colonel Blaskic.

 11   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que l'on vous a fait état de

 12   violations des ordres qu'il a donnés ?

 13   M. Buffini (interprétation). - Dans un seul cas, au moment du Convoi de la

 14   Paix ou de l'Espoir, certains camions avaient été pris de la zone de

 15   Busovaca lorsque nous avons...

 16   M. Sayers (interprétation). - Objection pour les raisons déjà évoquées,

 17   Monsieur le Président.

 18   M. le Président (interprétation). - Que va dire le témoin que nous n'ayons

 19   pas déjà entendu ?

 20   Mme Somers (interprétation). - Le témoin va simplement vous dire que c'est

 21   la seule fois où l'on a fait état de violation d'un ordre. Il n'y a pas

 22   d'identification de quelque partie que ce soit. Mais c'est une question

 23   très ciblée, Monsieur le Président.

 24   M. le Président (interprétation). - Fort bien. Allez-y.

 25   Mme Somers (interprétation). - Vous parlez d'un convoi, était-ce le Convoi


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  1   de la Joie de juin 1993

  2   M. Buffini (interprétation). - Oui.

  3   Mme Somers (interprétation). - Quel était le problème s'agissant des

  4   ordres donnés par Blaskic ?

  5   M. Buffini (interprétation). - Le commandant local -qui avait détourné de

  6   sept à dix véhicules- essayait de fouiller à la recherche d'armes ou de

  7   munitions, a refusé de laisser les camions poursuivre leur route, en dépit

  8   du fait que nous avions demandé -et que nous avions reçu l'autorisation du

  9   colonel Blaskic- de faire passer ces camions.

 10   Mme Somers (interprétation). - Où se trouvait ce commandant local ?

 11   M. Buffini (interprétation). - Juste au nord de Busovaca, je ne me

 12   souviens plus du nom du village.

 13   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que vous avez eu une permission en

 14   avril 1993 ? Et, avant de partir en permission, avez-vous fait une

 15   observation sur le départ de certains hélicoptères de la région ?

 16   M. Buffini (interprétation). - Il y a eu plusieurs incidents impliquant

 17   des hélicoptères que moi, j'ai observés personnellement aux alentours de

 18   Vitez et de Zenica.

 19   Mme Somers (interprétation). - Et ceci s'est passé début avril ?

 20   M. Buffini (interprétation). - A la fois début avril, mais aussi en juin.

 21   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que ceci était limité à une des

 22   parties belligérantes ou avez-vous vu des hélicoptères des deux côtés ?

 23   M. Buffini (interprétation). - Des deux côtés.

 24   Mme Somers (interprétation). - De façon générale, est-ce qu'il n'y avait

 25   pas de restrictions en matière de vols et les hélicoptères, en s'envolant,


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  1   prenaient-ils de tels risques ?

  2   M. Buffini (interprétation). - Il y avait une exclusion aérienne qui

  3   prévalait pour toute la Bosnie centrale. Et pour nous, s'il y avait quand

  4   même des vols d'hélicoptères, c'était -avons-nous estimé- pour

  5   réapprovisionner les troupes et pour évacuer des blessés de la région.

  6   Mme Somers (interprétation). - Quel était le climat général qui prévalait

  7   dans la vallée de la Lasva, lorsque vous êtes parti en permission en

  8   avril 1993 ?

  9   M. Buffini (interprétation). - Grâce à nos travaux dans la commission

 10   conjointe, nous avons constaté que la situation s'était beaucoup apaisée

 11   dans la vallée de la Lasva. Il y avait un semblant de normal qui se

 12   réinstallait juste avant que je parte en permission. La plupart des

 13   conflits se limitaient à des zones bien circonscrites et nous étions

 14   satisfaits du travail que nous avions accompli jusque là.

 15   Mme Somers (interprétation). - Vous avez dit que vous aviez des rencontres

 16   et des réunions quotidiennes au sein de la commission. Est-ce qu'au cours

 17   de ces réunions quotidiennes, on a fait allusion à une attaque imminente,

 18   ce que vous auriez constaté au retour de votre permission ?

 19   M. Buffini (interprétation). - Pas du tout. Personnellement, j'ai été tout

 20   à fait surpris, à mon retour, de constater l'ampleur des activités qui

 21   avaient été menées dans la région.

 22   Mme Somers (interprétation). - Excusez-moi, Monsieur le Président, mais je

 23   pense que nous avons un arrêt du compte rendu d'audience. Y a-t-il un

 24   problème technique là aussi ? En tout cas, nos écrans, eux, sont

 25   immobiles.


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  1   M. le Président (interprétation). - Voyons... Où en étiez-vous Maître

  2   Somers ? Apparemment, ici, on parle de zones d'exclusion aérienne.

  3   Mme Somers (interprétation). - Oui, mais j'ai poursuivi.

  4   M. le Président (interprétation). - Y a-t-il un problème avec le compte

  5   rendu d'audience ? L'écran du sténotypiste fonctionne mais pas les nôtres.

  6   Mme Ameerali (interprétation). - Attendons un instant et voyons ce qui se

  7   passe auprès de la régie.

  8   M. le Président (interprétation). – Allons voir un peu ce qui se passe.

  9   Allons-nous avoir la transcription ou non ? Que se passe-t-il ? Etant

 10   donné que le vôtre marche, je ne vois pas pourquoi les autres écrans ne

 11   marchent pas. Pourquoi ne pas continuer, même si nous ne l'avons pas

 12   vraiment à notre écran ?

 13   Mme Somers (interprétation). – Nous allons donc continuer. Je vais tout

 14   simplement demander au sténotypiste de me lire la dernière phrase.

 15   Excusez-moi mais ce n'est pas possible. Mon sténotypiste vient de me dire

 16   qu'il ne peut pas revenir en arrière dans le texte. C'est la raison pour

 17   laquelle je vais reposer la même question. Je suis sûre que je vais me

 18   répéter mais je suis désolée par avance.

 19   Avez-vous eu l'occasion de rencontrer tous les jours les membres de la

 20   commission de Busovaca ? Lors des réunions, y avait-il éventuellement

 21   quelques indications selon lesquelles vous auriez pu penser qu'une attaque

 22   était attendue, telle l'attaque sur Ahmici par exemple ? Vous avez entendu

 23   parler de cette attaque une fois que vous êtes rentré. En a-t-on parlé ?

 24   M. Buffini (interprétation). – Non, il n'y avait aucune indication dans ce

 25   sens. On ne pouvait absolument pas se rendre compte que la situation


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  1   allait se dégrader, que les forces s'accumulaient. Je l'ai déjà précisé.

  2   Nous avons pensé que nous avions déjà fait une très bonne chose au sein de

  3   la commission et que la situation s'était apaisée dans la vallée de la

  4   Lasva.

  5   Mme Somers (interprétation). – Est-ce que d'autres organisations, telle la

  6   Forpronu, d'autres organisations internationales ont été surprises par un

  7   tel incident ?

  8   M. Buffini (interprétation). – Oui, toutes les organisations, y compris la

  9   Forpronu, le HCR ; toutes les organisations étaient véritablement

 10   surprises de voir ce qui s'était passé au cours de cette période.

 11   Mme Somers (interprétation). – Mario Cerkez de son côté également, a-t-il

 12   joué un certain rôle au sein de cette commission à cette époque ?

 13   M. Buffini (interprétation). – Oui. Il était représentant des unités du

 14   HVO dans la région de Vitez.

 15   Mme Somers (interprétation). – Généralement parlant, pourriez-vous nous

 16   dire quel était le comportement des membres de l'armée de Bosnie-

 17   Herzégovine vis-à-vis de M. Cerkez ?

 18   M. Buffini (interprétation). – Quelques autres commandants locaux de

 19   l'armée de Bosnie-Herzégovine étaient assez hostiles face à la présence de

 20   Mario Cerkez lors de ces réunions. Ils sont allés très loin. A un moment

 21   donné, je dois dire que je gardais le pistolet chargé lors des réunion.

 22   Cela pour dire à tel point je le remarquais.

 23   Mme Somers (interprétation). – Est-ce que la commission a posé la question

 24   à M. Cerkez sur les raisons de violation du cessez-le-feu ? Si c'était le

 25   cas, quelle réponse a obtenu la commission ?


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  1   M. Buffini (interprétation). – A plusieurs reprises nous avons demandé

  2   quelles étaient les raisons pour lesquelles le cessez-le-feu avait été

  3   violé. La plupart du temps, quand ces questions étaient adressées à Mario

  4   Cerkez, il essayait de contourner la réponse.

  5   En d'autres termes, il essayait de nous répondre en passant par une voie

  6   détournée, en parlant d'une autre atrocité qui avait été commise par

  7   l'armée. De toute façon, il prenait des voies différentes.

  8   Mme Somers (interprétation). – Au sujet de l'auteur du crime d'Ahmici,

  9   M. Cerkez a-t-il donné une réponse ? Vous en souvenez-vous ?

 10   M. Buffini (interprétation). – Je me souviens qu'il nous a donné la

 11   réponse en accusant l'armée de Bosnie-Herzégovine comme quoi elle était

 12   celle qui avait commis ce crime. Ceci pour mettre dans une situation

 13   inconfortable le HVO, alors que l'armée de Bosnie-Herzégovine a obtenu un

 14   certain nombre de points et était privilégiée par la Forpronu et par

 15   d'autres organisations internationales grâce à cet acte.

 16   Mme Somers (interprétation). – Et quelle était la réaction des

 17   représentants de l'armée de Bosnie-Herzégovine quand vous avez reçu cette

 18   réponse ?

 19   M. Buffini (interprétation). – Ils n'y pensaient même pas, c'était

 20   tellement ridicule. Ils ne voulaient même pas l'accepter. C'était

 21   dérisoire. Et l'armée de Bosnie-Herzégovine et les observateurs, tous

 22   pensaient la même chose.

 23   M. Bennouna. – Maître Somers, excusez-moi. Je voudrais demander au

 24   témoin : il dit qu'aussi bien les représentants du HVO que lui-même ont eu

 25   la même impression. Je voudrais lui demander de préciser quelle impression


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  1   exactement il a eu.

  2   Mme Somers (interprétation). – Je vous en prie. Si vous voulez bien

  3   répondre directement à la question du Juge ?

  4   M. Buffini (interprétation). – Si j'ai bien compris la question qui m'a

  5   été posée par le Juge, il s'agit du fait que les représentants de l'armée

  6   de Bosnie-Herzégovine ont été surpris par ces accusations et par cette

  7   déclaration.

  8   M. Bennouna. – Je rectifie ma question : avez-vous eu, vous-même, la même

  9   impression à la suite de l'interprétation faite par M. Cerkez ? Pouvez-

 10   vous nous détailler exactement l'impression que vous avez eue ?

 11   M. Buffini (interprétation). – Eh bien, l'impression que je me suis faite

 12   à ce moment-là, c'est qu'il était impossible que l'armée de Bosnie-

 13   Herzégovine commette un tel acte contre elle-même, contre les membres de

 14   son propre peuple vu la dimension des dégâts, l'envergure aussi totale de

 15   tout ce qui s'était passé et les victimes. Cela ne pouvait être que des

 16   unités du HVO, les unités qui étaient responsables d'Ahmici.

 17   Mme Somers (interprétation). – Avez-vous appris également qu'il y avait un

 18   certain nombre de plaintes déposées concernant l'utilisation des civils

 19   comme boucliers humains, notamment au niveau de Vitez et Stari Vitez ? Et

 20   l'utilisation également de prisonniers musulmans qui ont creusé des

 21   tranchées sur ces lignes de front ?

 22   M. Buffini (interprétation). – Oui, nous avons pu constater quelques

 23   incidents. Des accusations ont été soulevées ; on a dit que dans la région

 24   de Stari Vitez les prisonniers de guerre et les civils ont été utilisés

 25   pour creuser des tranchées et aussi comme boucliers humains sur les lignes


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  1   de front.

  2   Mme Somers (interprétation). – Avez-vous entrepris quelque chose à ce

  3   sujet ? Avez-vous enquêté sur ces incidents ?

  4   M. Buffini (interprétation). – Oui, nous avons entrepris quelques

  5   enquêtes. Nous avons visité ces localités. Et dans un cas très précis,

  6   nous nous sommes mis d'accord pour nous réunir avec Mario Cerkez pour

  7   discuter de ce qui se passait dans la région.

  8   Mme Somers (interprétation). – Pour ceux qui suivent notre résumé, nous

  9   allons parler maintenant du paragraphe 47. On saute donc les paragraphes.

 10   Pourriez-vous nous décrire votre rencontre avec M. Cerkez, si jamais vous

 11   avez eu une telle rencontre ? Dites-nous quelles ont été les explications

 12   qui vous ont été avancées.

 13   M. Buffini (interprétation). – Le président de la commission de la CCE et

 14   moi-même nous sommes rencontrés à Vitez. Ceci pour obtenir l'autorisation

 15   d'enquêter de manière un peu plus détaillée, les fondements faisant

 16   l'objet de l'accusation qui a été formulé à l'encontre de ces soldats.

 17   Nous avons reçu une réponse plutôt laconique : il nous a dit que les

 18   Musulmans incendiaient les maisons croates autour de Kruscica et qu'il

 19   fallait enquêter sur ce qui se passait là-bas avant de pouvoir enquêter

 20   sur les Musulmans et les prisonniers de guerre utilisés comme boucliers

 21   humains.

 22   Mme Somers (interprétation). – Avez-vous quand même respecté les exigences

 23   et les revendications de M. Cerkez ? Est-ce que vous l'avez vérifié ?

 24   M. Buffini (interprétation). – Oui. Nous avons vérifié de façon très

 25   approfondie tout ceci. Nous nous sommes rendus ensemble sur la localité


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  1   avec un des représentants qu'il avait désigné. Nous avons essayé de voir

  2   quelles étaient les maisons incendiées mais nous n'avons rien trouvé sur

  3   place.

  4   Mme Somers (interprétation). – A quel niveau, dans quel secteur ces

  5   maisons étaient-elles soi-disant incendiées ?

  6   M. Buffini (interprétation). - C'était soi-disant dans la région de

  7   Kruscica, entre Vitez et Kruscica pour parler très précisément.

  8   Mme Somers (interprétation). - Je vais demander à l'huissier de bien

  9   vouloir distribuer la pièce à conviction Z26-12.3.

 10   Monsieur Buffini, auriez-vous l'amabilité de nous indiquer la position de

 11   Kruscica sur cette carte ?

 12   M. Buffini (interprétation). - Elle se trouve sur ce point que je montre

 13   avec le pointeur, au sud par rapport à Vitez.

 14   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que le représentant de M. Cerkez

 15   était présent au moment où l'on avait parlé de cette localité ?

 16   M. Buffini (interprétation). - Oui, c'est M. Morsink, son représentant et

 17   moi-même qui avons discuté de ce cas.

 18   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que ce monsieur n'était pas en

 19   mesure de vérifier si les maisons étaient incendiées ou non ?

 20   M. Buffini (interprétation). - Nous l'avons accompagné en personne à un

 21   certain nombre de localités que l'on nous a montrées mais il n'a vu aucune

 22   maison qui ait été incendiée dans cette région.

 23   Mme Somers (interprétation). - Quelle était votre conclusion en ce qui

 24   concerne la fiabilité de cette allégation ?

 25   M. Buffini (interprétation). - Notre conclusion était qu'il s'agissait de


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  1   nouveau de nous empêcher de vérifier ce qui se passait. Plutôt de

  2   détourner notre attention de ce qui se passait au niveau des prisonniers

  3   de guerre qui avaient été utilisés en tant que boucliers humains dans la

  4   région de Vitez. C'est de cette manière-là qu'on nous empêchait

  5   d'enquêter. Ici, j'avance des suppositions tout simplement.

  6   Mme Somers (interprétation). - Avez-vous pu conclure également que ces

  7   allégations étaient inexactes ?

  8   M. Buffini (interprétation). - Nous avons conclu effectivement que toutes

  9   les allégations concernant les maisons incendiées étaient totalement

 10   inexactes.

 11   Mme Somers (interprétation). - J'avais l'intention de vous faire diffuser

 12   les vidéocassettes que nous avons utilisées lors de la déposition de

 13   M. Morsink pour que l'on puisse voir également sur cette cassette que

 14   M. Buffini était présent ; j'ai montré également à la défense les photos

 15   où l'on voit que M. Buffini était justement à l'endroit où l'on avait

 16   enquêté sur les cadavres des deux soldats de l'armée de Bosnie-

 17   Herzégovine.

 18   Pour économiser du temps, je me demande s'il est vraiment nécessaire ou

 19   non de vous prouver qu'il était sur place. De toute façon, vous avez ces

 20   vidéocassettes à votre disposition, Monsieur le Président et Messieurs les

 21   Juges.

 22   Revenons maintenant au creusement de tranchées et aux passages à tabac des

 23   prisonniers. Est-ce que la Croix-Rouge avait aussi avancé ses

 24   préoccupations à ce sujet ?

 25   M. Buffini (interprétation). - Oui, tout à fait, la Croix-Rouge


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  1   internationale a été présente à plusieurs de nos réunions. Madame Claire

  2   Podbielski représentait la Croix-Rouge ; elle a été assez dure dans les

  3   plaintes qu'elle a déposées. Il y avait un certain nombre de représentants

  4   de l'armée, du HVO, et elle a dit que c'était absolument inacceptable en

  5   vertu des Conventions de Genève et qu'il fallait absolument s'arrêter.

  6   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que ces allégations avancées par

  7   Mme Podbielski et ce que vous avez dit ont été transmis à M. Nakic et

  8   M. Cerkez ?

  9   M. Buffini (interprétation). - Dans la mesure où la plupart de ces

 10   allégations étaient adressées à l'encontre du HVO, Mme Podbielski a parlé

 11   de façon très directe ; elle les a avancées devant M. Nakic, devant

 12   M. Cerkez et d'autres commandants locaux qui étaient présents lors de nos

 13   réunions.

 14   Mme Somers (interprétation). - Et quelles étaient les réponses ?

 15   M. Buffini (interprétation). - La réponse consistait dans le fait que soi-

 16   disant le HVO n'aurait jamais commis une telle chose, que c'était tout à

 17   fait contraire aux conventions de Genève et que, par conséquent, de tels

 18   incidents ne s'étaient pas produits. Ils ont nié ce qui s'était passé.

 19   Mme Somers (interprétation). - Est-ce Cerkez ou Nakic qui l'a nié ou les

 20   deux ?

 21   M. Buffini (interprétation). - Les deux, ainsi que d'autres commandants

 22   locaux qui étaient sur place.

 23   Mme Somers (interprétation). -  Est-ce que vous-même, ou bien M. Morsink,

 24   avez fait une enquête concernant les cadavres des deux soldats musulmans.

 25   Pouvez-vous nous donner la description en ce qui concerne le rapport et ce


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  1   que vous en avez fait par la suite.

  2   M. Buffini (interprétation). - Nous avions objecté... Le commandant

  3   musulman de Kruscica nous avait dit que deux cadavres avaient été ramenés,

  4   que ces deux cadavres étaient restés en plein air de jour. Ils nous ont

  5   demandé de procéder à une enquête sur les cadavres, car il y avait des

  6   signes de torture.

  7   Nous nous sommes rendus sur place justement pour enquêter. Cependant, ces

  8   cadavres auraient du être enterrés ce matin-là étant donné qu'ils étaient

  9   restés, comme je l'ai déjà dit, pendant deux jours à l'air et qu'ils

 10   étaient dans un état de décomposition. Un journaliste a vu les cadavres

 11   avant qu'on les enterre ; il a fait des photos et il nous a montré

 12   également une cassette vidéo.

 13   Mme Somers (interprétation). - Et qu'avez-vous vu sur la cassette vidéo ?

 14   M. Buffini (interprétation). - La cassette vidéo a confirmé que les

 15   cadavres étaient en état de décomposition avancée, des vers couvraient la

 16   plupart des parties des corps, mais on voyait très clairement que le cou

 17   avait été tranché. Il s'agissait probablement d'un étouffement par un fil

 18   très fin. On voyait également des lésions très profondes aux poignets et

 19   un certain nombre de parties du corps manquaient sur les cadavres.

 20   M. le Président (interprétation). - Madame Somers, pouvez-vous passer à un

 21   autre sujet, s'il vous plaît ?

 22   Mme Somers (interprétation). - Oui, demain matin, j'aurai dix minutes pour

 23   terminer.

 24   M. le Président (interprétation). - Merci. Monsieur Buffini, je crains que

 25   vous soyez obligé de revenir demain matin à 9 heures 30 pour terminer


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  1   votre déposition.

  2   Je vous demanderai de bien avoir à l'esprit que vous ne devez entrer en

  3   contact avec personne au sujet de votre déposition. Ceci concerne

  4   également les membres du Bureau du Procureur : ne permettez pas non plus à

  5   personne de parler avec vous de votre déposition.

  6   M. Buffini (interprétation). - D'accord.

  7   M. le Président (interprétation). - D'accord, demain matin à 9 heures 30.

  8   La séance est suspendue à 13 heures.

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