Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL  AFFAIRE N° IT-95-14/2T

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE  

  3   Lundi 22 Novembre 1999

  4   L'audience est ouverte à 9 heures 30.

  5  

  6   Mme Ameerali (interprétation). - Affaire IT 95-14/2T, le Procureur contre

  7   Dario Kordic et Mario Cerkez.

  8   M. Nice (interprétation). - Je ne vais pas interroger le témoin suivant,

  9   car je dois aller dans une autre Chambre. Et dans cette affaire il y a une

 10   audience aussi bien ce matin que cet après-midi ; c’est Mme Somers qui

 11   interrogera le témoin.

 12   Je voudrais signaler à la Chambre qu'en ce qui concerne les témoins de

 13   cette semaine, il se trouve que Sir Martin Garett ne pourra pas venir

 14   cette semaine. Nous sommes parvenus à trouver assez de témoins pour cette

 15   semaine et la comparution de M. Garett a été annulée à la demande du

 16   représentant du secrétaire général au Kosovo. Et je voudrais aussi vous

 17   informer que nous allons lui écrire afin de lui expliquer que nous

 18   rencontrons des difficultés lorsque les dépositions de ces témoins sont

 19   annulées au dernier moment. Ce témoin comparaîtra donc vers la fin du

 20   procès.

 21   Je vais, dans ma lettre, signaler toutes les difficultés que nous

 22   rencontrerons si ce témoin est de nouveau annulé.

 23   M. le Président (interprétation). - Je pense que des excuses ont été

 24   envoyées au témoin de la semaine dernière que nous n'avons pas été en

 25   mesure d'entendre puisque nous n'avons pas pu siéger jeudi et vendredi.


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  1   M. Nice (interprétation). - Nous lui avons en effet présenté nos excuses

  2   et il va revenir mercredi.

  3   Madame Somers va interroger le témoin suivant, je ne pourrai pas être

  4   présent pendant toute la semaine.

  5   M. le Président (interprétation). - Madame Somers ?

  6   Mme Somers (interprétation). - Je vous prie de faire entrer le témoin.

  7   (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

  8   M. le Président (interprétation). - Je vais demander au témoin de

  9   prononcer la déclaration solennelle.

 10   M. Tuka (interprétation). - Je déclare solennellement que je dirai la

 11   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 12   Mme Somers (interprétation). - Pouvez-vous décliner votre identité, s'il

 13   vous plaît ?

 14   M. Tuka (interprétation). - Je m’appelle Stjepan Tuka.

 15   Mme Somers (interprétation). - Votre date de naissance c'est le

 16   25 décembre 1953 ?

 17   M. Tuka (interprétation). - Tout à fait.

 18   Mme Somers (interprétation). - Vous êtes né à Gojevici dans la

 19   municipalité de Fojnica.

 20   M. Tuka (interprétation). - Oui, à Fojnica. Je vivais à Gojevici.

 21   Mme Somers (interprétation). - Vous êtes un Croate de Bosnie.

 22   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 23   Mme Somers (interprétation). - A Sarajevo en 1972, vous êtes allé au lycée

 24   technique où vous avez obtenu un diplôme en mécanique automobile.

 25   M. Tuka (interprétation). - C'était en 1971.


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  1   Mme Somers (interprétation). - Et vous êtes mécanicien automobile.

  2   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  3   Mme Somers (interprétation). - Vous avez réalisé votre service militaire

  4   dans la JNA de 1973 à 1974, pendant 15 mois.

  5   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  6   Mme Somers (interprétation). - Et vous avez passé 5 à 6 mois à Karlovac

  7   dans l'école des officiers de réserve.

  8   M. Tuka (interprétation). - Oui, c'est cela.

  9   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que vous avez été formé dans le

 10   corps du génie de la JNA où vous avez reçu une instruction en matière

 11   d'armes et de combats ?

 12   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 13   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que vous étiez capitaine de réserve

 14   de 1981 à 1982 et avez-vous été chargé d'une unité de la Défense

 15   territoriale à Gojevici ?

 16   M. Tuka (interprétation). - Oui, j'y étais.

 17   Mme Somers (interprétation). - Quel type de personnes étaient placées sous

 18   vos ordres dans cette unité ? S'agissait-il de personnes qui portaient des

 19   armes ?

 20   M. Tuka (interprétation). - Si jamais il y avait une attaque, dans ce cas-

 21   là la formation aurait été armée ; c'était comme cela à l'époque.

 22   Mme Somers (interprétation). - Y avait-il des infirmières et des personnes

 23   âgées dans cette unité ainsi d'ailleurs que des maçons ?

 24   M. Tuka (interprétation). - Ils faisaient partie intégrante de la défense

 25   civile.


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  1   Mme Somers (interprétation). - Et est-ce que vous étiez d'ailleurs

  2   responsable de cela pendant un certain temps ?

  3   M. Tuka (interprétation). - Si jamais il y avait des opérations de guerre

  4   à ce moment-là oui j'y serais allé. Je serais resté dans ce secteur.

  5   Mme Somers (interprétation). - Au début de 1990, avez-vous été relevé de

  6   vos fonctions en tant qu'officier de réserve de la JNA ?

  7   M. Tuka (interprétation). - Non, j'ai été relevé du poste de commandant de

  8   cette formation, mais j'ai gardé le grade, si je m'en souviens bien.

  9   Mme Somers (interprétation). - Saviez-vous que des armes se trouvaient

 10   dans la caserne de Kiseljak ?

 11   M. Tuka (interprétation). - Oui, ces armes étaient dans l'entrepôt de la

 12   caserne de Kiseljak, mais je ne me souviens pas jusqu'à quel moment. Plus

 13   tard j'ai appris, par des personnes qui travaillaient à la Défense

 14   territoriale, que ces armes ont été transférées dans la municipalité de

 15   Biljac.

 16   Mme Somers (interprétation). - Et ceci se situe entre Visoko et Sarajevo

 17   et cette région se trouvait sous le contrôle des Serbes.

 18   M. Tuka (interprétation). - Oui, vous avez raison.

 19   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que par la suite vous avez constaté

 20   que c'était bien la vérité, que ces armes se trouvaient bien entre les

 21   mains des Serbes ?

 22   M. Tuka (interprétation). - Nous ne pouvions pas l'obtenir.

 23   Mme Somers (interprétation). - Pourriez-vous nous dire quelle était la

 24   composition ethnique de la municipalité de Fojnica ? Combien de Croates y

 25   avait-il, de Musulmans, de Serbes ou d'autres ?


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  1   M. Tuka (interprétation). - D'après le recensement de 1990, c'était le

  2   dernier à ma connaissance, 49 % étaient des Musulmans, 42 % des Croates et

  3   7 % des Yougoslaves et autres. Il y avait des Serbes également parmi ceux-

  4   là.

  5   Mme Somers (interprétation). - En 1991, au moment où commença la guerre en

  6   Croatie sur le territoire de la Croatie, guerre qui avait été commencée

  7   par les Serbes, est-ce que les Croates de Bosnie centrale ont commencé à

  8   s'organiser et si ce fut le cas pourquoi l'ont-ils fait ?

  9   M. Tuka (interprétation). - Oui. On a commencé à s'organiser, c'était la

 10   première moitié de 1991, nous avons compris dès le début ce qui se passait

 11   en Croatie ; on s'attendait également que la guerre soit transférée sur le

 12   territoire de Bosnie-Herzégovine. C'est pourquoi nous avons été obligés

 13   d'entreprendre quelque chose pour protéger le peuple.

 14   M. Somers (interprétation). – Est-ce qu’à l'époque, il était difficile de

 15   s'organiser de la sorte puisque le territoire se trouvait toujours sous le

 16   contrôle de la JNA ?

 17   M. Tuka (interprétation). – Certes, c'était dangereux car les points de

 18   contrôle et tous les axes de communication importants étaient contrôlés

 19   par les membres de la JNA. C'était dangereux.

 20   Mme Somers (interprétation). - Connaissez-vous le pourcentage d'officiers

 21   serbes qui se trouvaient parmi les officiers de la JNA à l'époque ?

 22   M. Tuka (interprétation). – Je ne saurais pas vous donner une réponse

 23   précise, mais j'ai appris qu'il s'agissait de 70 % de Serbes et de 30 %

 24   pour le reste. Je ne peux pas vous dire si la donnée est véritablement

 25   exacte, mais c’est ce que j'ai entendu dire.


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  1   Mme Somers (interprétation). - Alors que la communauté croate

  2   s'organisait, est-ce que la communauté musulmane, elle aussi, a commencé à

  3   le faire, à s'organiser ?

  4   M. Tuka (interprétation). – Je ne sais pas si, à cette époque-là, ils ont

  5   commencé à s'organiser, mais dès que la guerre s'est déclenchée en

  6   avril 1993, les Musulmans à Fojnica avaient une organisation. Sous quelle

  7   forme, comment et à quelle date précise ont-ils commencé ? Je ne saurais

  8   pas vous le dire.

  9   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que vous parlez là de la guerre qui

 10   a commencé en 1992 ?

 11   M. Tuka (interprétation). – Oui. 

 12   Mme Somers (interprétation). - Qui était Beba Nasuf ? Qu'était la Ligue

 13   patriotique ?

 14   M. Tuka (interprétation). – Beba Nasuf est un homme qui était commandant

 15   de la Ligue patriotique. Les Musulmans ont appelé au début leur force de

 16   défense la Ligue patriotique. Par conséquent, la Ligue patriotique

 17   comprenait des formations armées des Musulmans.

 18   Mme Somers (interprétation). - Saviez-vous que, pour ce qui est des

 19   communautés croates ou des municipalités où il y avait beaucoup de

 20   Croates, beaucoup de familles ont retiré -peut-être illégalement- leurs

 21   fils de la JNA ?

 22   M. Tuka (interprétation). – Oui, je l'ai appris.

 23   Mme Somers (interprétation). - En 1990, à l'occasion des premières

 24   élections multipartites, quel parti a obtenu la majorité dans votre

 25   municipalité ?


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  1   M. Tuka (interprétation). – Le SDA et le HDZ.

  2   Mme Somers (interprétation). - Et le parti d'Action démocratique, c'était

  3   bien le parti des Musulmans ?

  4   M. Tuka (interprétation). – Tout à fait.

  5   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que vous qualifieriez les relations

  6   existant entre les Musulmans et les Croates comme étant positives avant

  7   qu'il y ait le moindre conflit dans votre région ?

  8   M. Tuka (interprétation). – On pourrait dire que les relations étaient

  9   normales. Les gens vivaient en coopérant les uns avec les autres. Il n'y

 10   avait pas de tensions.

 11   Mme Somers (interprétation). - A partir du moment où le HDZ a gagné aux

 12   élections, avez-vous commencé à vous intéresser à la politique ?

 13   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 14   Mme Somers (interprétation). - Vous souvenez-vous d'un certain Ante Beljo,

 15   originaire de Zagreb, qui serait venu dans votre communauté pour

 16   s'adresser aux Croates de Bosnie à propos de ces questions concernant le

 17   parti HDZ ?

 18   M. Tuka (interprétation). – Je ne me souviens pas qu'il soit venu dans

 19   notre municipalité, mais je me souviens l'avoir entendu quelque part. Il

 20   avait fait des discours.

 21   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que c'était quelque part en Bosnie ?

 22   M. Tuka (interprétation). – Oui tout à fait.

 23   Mme Somers (interprétation). - Madame Nevenka Bosnjak Mijatovic, que

 24   j’appellerai Mme Bosnjak à l'avenir, était-elle membre du parlement de

 25   Bosnie-Herzégovine pour Fojnica, mais avait-elle aussi des activités au


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  1   sein du HDZ ?

  2   M. Tuka (interprétation). – Oui. Elle a été présidente du HDZ.

  3   Mme Somers (interprétation). - Que vous a-t-elle demandé de faire

  4   s'agissant de l'organisation de la défense pour la municipalité de

  5   Fojnica ?

  6   M. Tuka (interprétation). – Tout premièrement, elle m'avait demandé si

  7   j'accepterais cette tâche qui consistait à organiser la défense du peuple

  8   croate dans la municipalité de Fojnica. Moi, j'ai dit que j'allais

  9   réfléchir, puis j'ai accepté. J'ai dit que cela devrait être véritablement

 10   la défense parce que j'étais prêt à agir dans cette formation si c'était

 11   la défense. Je n'étais pas expert ni pour organiser des formations qui

 12   auraient pour but d'organiser et de faire des attaques importantes. C'est

 13   pourquoi j'ai dit que si jamais, je ne passais pas à ce poste, ce me

 14   serait complètement égal si c'étaient les membres du HDZ ou d'autres. Ce

 15   qui compte pour moi, c'est qu'ils soient capables d'y être.

 16   Mme Somers (interprétation). - Savez-vous comment s’est opérée la

 17   succession au niveau de la présidence du HDZ de l’armée de Bosnie-

 18   Herzégovine, à commencer par M. Kluic ? Savez-vous ce qu'il est advenu de

 19   M. Kluic et qui lui a succédé ?

 20   M. Tuka (interprétation). – Je pense que c’est Milenko Brkic qui est venu

 21   après Stjepan Kluhic pour une période très courte et, par la suite, je

 22   pense que c'est Mate Boban qui est monté au poste du HDZ.

 23   Mme Somers (interprétation). - Vous avez constaté une différence pour ce

 24   qui est de la position adoptée par M. Kluic ou par M. Boban. Comment

 25   qualifieriez-vous cette différence ?


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  1   M. Tuka (interprétation). – Pour vous dire très franchement, il y avait

  2   une différence. J'ai entendu parler Stjepan Kluic. C'était quelqu'un qui

  3   s'employait pour l'intégrité de la Bosnie-Herzégovine ; en revanche Mate

  4   Boban, déjà au moment où il prononçait des discours et à un certain nombre

  5   de réunions auxquelles j'ai assisté, ne parlait que des Croates de Bosnie-

  6   Herzégovine. Il ne parlait que de l'entité d'Herceg-Bosna. Il a été

  7   question que le temps était arrivé pour que le terrain croate soit annexé

  8   avec la mère patrie. C'est comme cela que j'ai pu évaluer qu'il s'agissait

  9   d'une personne qui était quelque peu plus extrémiste.

 10   Mme Somers (interprétation). - Vous avez assisté à des réunions du HDZ de

 11   l’Armée de Bosnie-Herzégovine. Je vais demander à M. l'huissier de vous

 12   présenter la pièce Z 8.1. Je pense qu'il y a des traductions et en

 13   français et en anglais.

 14   (L'huissier s'exécute.)

 15   Mme Somers (interprétation). – Monsieur Tuka, veuillez examiner ce

 16   document qui porte la date du 30 juillet 1991. C'est un ordre du jour

 17   prévu pour une réunion du HDZ de Bosnie-Herzégovine et vous êtes mentionné

 18   comme étant présent, c'est vrai aussi pour Dario Kordic aussi. Veuillez

 19   consulter le point qui se trouve après le point 3, donc ce sera

 20   pratiquement la dernière page en texte serbo-croate.

 21   Pourriez-vous nous dire quel était le rôle joué par Dario Kordic par

 22   rapport à la communauté régionale de Travnik qui est en  train de se

 23   former ?

 24   Est-ce qu'on dit dans ce texte qu'il aura un fonction de

 25   coordination de ces réunions ?


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  1   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas, c'est marqué dans le texte, je

  2   ne l'ai pas lu mais je me souviens pas ce qui a été décidé à ces réunions.

  3   C'est un temps révolu je ne pourrai pas vous le dire.

  4   Mme Somers (interprétation). – Si votre nom figure comme une des personnes

  5   présente à cette réunion vous acceptez cela ?

  6   M. Tuka (interprétation). - Oui à partir du moment où mon nom y figure,

  7   j’y étais c'est sûr.

  8   Mme Somers (interprétation). – Vous avez donc participé aux activités du

  9   HDZ. Ce faisant, avez-vous eu l'occasion de rencontrer personnellement

 10   M. Mate Boban ?

 11   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 12   Mme Somers (interprétation). – Pourriez-vous nous dire approximativement

 13   combien de fois vous l'auriez vu à cette époque ?

 14   M. Tuka (interprétation). – Trois, quatre peut-être cinq fois, mais je ne

 15   le sais pas vraiment.

 16   Mme Somers (interprétation). – Est-ce que Dario Kordic était avec

 17   Mate Boban quand ce dernier s'adressait en règle générale au HDZ ?

 18   M. Tuka (interprétation). – Oui, généralement parlant, M. Kordic assistait

 19   à ces réunions.

 20   Mme Somers (interprétation). – Le 20 juin 1991, avez-vous assisté à une

 21   réunion qui se tenait au palais présidentiel, dans le bureau de Tudjman à

 22   Zagreb ?

 23   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 24   Mme Somers (interprétation). – Est-ce que c'était là une réunion de

 25   certains dirigeants du HDZ de Bosnie-Herzégovine ?


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  1   M. Tuka (interprétation). - Si je m'en souviens, il s'agissait d'une

  2   réunion des représentants des municipalités diverses, c'étaient les

  3   représentants des municipalités de Bosnie centrale et de la Porsavina de

  4   Bosnie.

  5   Mme Somers (interprétation). – Je vais demander l'aide de l'huissier afin

  6   qu'il retire la première pièce, mais qu'il présente la photographie qui

  7   porte la cote Z 2784. Je crois que ceci se trouve dans le fond de la pile

  8   de documents que vous avez reçus.

  9   (L'huissier s'exécute.)

 10   Mme Somers (interprétation). – MM. les Juges, sachez que nous allons

 11   prévoir des photographies en couleur pour vous, mais pour le moment si

 12   vous voulez bien nous allons uniquement examiner une photo ou une

 13   photocopie en noir et blanc.

 14   MM. les Juges vous avez cette photo ? Très bien merci.

 15   Monsieur Tuka, vous avez sous les yeux une photo, vous avez aussi bien une

 16   photo en noir et blanc qu'une photo couleur. Est-ce que la copie noir et

 17   blanc est bien la photocopie de la photo ? Je vais demander à Monsieur

 18   l’huissier d'aider le témoin ?

 19   M. Tuka (interprétation). - Oui c'est cela.

 20   Mme Somers (interprétation). – Veuillez décrire dans quelles circonstances

 21   cette photo a été prise et quelles sont les personnalités centrales qu'on

 22   peut y voir ?

 23   M. Tuka (interprétation). - Cette photo a été faite après la réunion qui a

 24   eu lieu à Zagreb à Ante Beljo et Gojevici. On parlait lors de cette

 25   réunion, ensuite c'est le Président Tudjman qui nous a reçus dans son


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  1   palais présidentiel et en souvenir, cette photo a été faite.

  2   Mme Somers (interprétation). – Nous examinons cette photo. Qui est la dame

  3   que nous pouvons y voir ?

  4   M. Tuka (interprétation). - C'est le docteur Nevenka Bosnjak Président du

  5   HDZ à Vojnica.

  6   Mme Somers (interprétation). – Et à la droite de cette dame, quelle est la

  7   personne qui s'y trouve ?

  8   M. Tuka (interprétation). - C'était le docteur Franjo Tudjman.

  9   Mme Somers (interprétation). – Et de l'autre côté ?

 10   M. Tuka (interprétation). – Anto Valenta je pense.

 11   Mme Somers (interprétation). – Et à côté d'Anto Valenta ?

 12   M. Tuka (interprétation). – Ignatz Kostroman.

 13   Mme Somers (interprétation). – Et derrière Anto Valenta, est-ce bien vous

 14   qui vous trouvez sur cette photo et vous êtes occupé à le regarder ?

 15   M. Tuka (interprétation). – Non, c'est Bruno Susnja.

 16   Mme Somers (interprétation). – D'accord, de l'autre côté ?

 17   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 18   Mme Somers (interprétation). – Effectivement et derrière lui vous avez

 19   Bruno Susnja mais à l'arrière-plan, pourriez vous nous dire qui est à côté

 20   du Président Tudjman ?

 21   M. Tuka (interprétation). - Ah je vois ce que vous voulez, c'est

 22   Martin Udovicic. Moi je pense que c'est Martin Udovcic.

 23   Mme Somers (interprétation). – Et derrière M. Udovicic, c'est bien

 24   M. Dario Kordic qu'on voit qui regarde vers notre droite?

 25   M. Tuka (interprétation). - Oui.


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  1   Mme Somers (interprétation). – Et à droite, le monsieur qui a les bras

  2   croisés, c'est Ivica Santc ?

  3   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  4   Mme Somers (interprétation). – Je vous remercie.

  5   Combien de temps avez-vous passé à Zagreb à l'occasion de cette réunion,

  6   pendant combien de jours êtes-vous resté ?

  7   M. Tuka (interprétation). - C'était juste un soir.

  8   Mme Somers (interprétation). – Vous souvenez-vous des sujets dont vous

  9   avez discuté ?

 10   M. Tuka (interprétation). - C'est vraiment loin et je ne pourrai pas vous

 11   relater en détail ce dont il a été question et puis je dois dire que

 12   j'étais quelque peu perdu, car j'étais sous l'impression de tout ce qui

 13   s'était passé, l'endroit où nous nous trouvions.

 14   Mme Somers (interprétation). – Etait-ce la première fois que vous alliez

 15   au palais Présidentiel de votre vie, que vous avez l'occasion de voir

 16   M. Tudjman vivant ?

 17   M. Tuka (interprétation). - Oui c'est tout à fait cela.

 18   Mme Somers (interprétation). – Vous souvenez-vous si à l'occasion de cette

 19   réunion il n'y avait que des représentants de Bosnie centrale ou s'il y

 20   avait aussi à cette réunion précise du 20 juin des représentants de

 21   l'Herzégovine ?

 22   M. Tuka (interprétation). - Si mes souvenirs sont bons, il y avait

 23   Zdenko Cosic d'origine d'Herzégovine mais à l'époque, il exerçait une

 24   fonction au sein du HDZ B et H de Bosnie-Herzégovine.

 25   Mme Somers (interprétation). – Ce qui veut dire que ce jour-là il n'y


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  1   avait pas d'autre représentant de la Bosnie-Herzégovine ?

  2   M. Tuka (interprétation). - Avec nous, non.

  3   M. le Président (interprétation). - Un instant je dois m'entretenir avec

  4   Madame la greffière.

  5   Nous essayons de mettre un terme à ces bruits très désagréables qui nous

  6   empêchent de travailler, mais poursuivons Madame Somers.

  7   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que vous avez assisté à des réunions

  8   du HDZ au cours desquelles des critiques ont été émises à l'encontre de

  9   M. Stjepan Klujic ? Vous souvenez-vous de telles critiques ?

 10   M. Tuka (interprétation). - Oui, je me souviens que lors d'une réunion il

 11   y avait un certain nombre de critiques, je ne pourrai pas vous dire où

 12   cette réunion a eu lieu, je ne pourrai pas vous le dire.

 13   Mme Somers (interprétation). - Je vais demander que soit présentée au

 14   témoin la pièce 2345 dont nous disposons d'une traduction en anglais,

 15   malheureusement pas en français.

 16   (L'huissier s'exécute.)

 17   M. le Président (interprétation). - De quoi s'agit-il, Madame Somers ?

 18   Mme Somers (interprétation). - Il s'agit des conclusions d'une réunion de

 19   la communauté régionale d'Herzégovine du 12 novembre ainsi que de la

 20   réunion de la communauté régionale de Travnik. Et on peut voir que la

 21   signature du témoin est apposée à la fin de ces conclusions.

 22   Monsieur le Témoin, je vais vous demander d'examiner ce document. Vous

 23   constatez, à la dernière page, que l'on trouve votre signature, ce qui

 24   indique que vous avez effectivement participé à cette réunion.

 25   M. Tuka (interprétation). - Oui.


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  1   Mme Somers (interprétation). - Je vais vous demander de vous référer au

  2   point C qui se trouve, je crois, à la deuxième page du document. Et je

  3   souhaite attirer votre attention sur un point particulier. Je voudrais

  4   vous demander si vous vous souvenez qui a soulevé la question de faire des

  5   "meilleures préparations, une préparation militaire plus efficace pour la

  6   confrontation avec toutes les forces qui essaieront de s'opposer au

  7   processus de création d'un Etat croate libre." Fin de citation. Vous

  8   souvenez-vous de qui a parlé de cela ?

  9   M. Tuka (interprétation). - Je ne peux pas m'en souvenir exactement.

 10   Mme Somers (interprétation). - Il s'agit d'une pièce qui a déjà été versée

 11   au dossier sous la cote Z 22.

 12   Si les Croates devaient s'organiser dans votre communauté en cas

 13   d'offensive, est-ce qu’il était entendu qu'il devait y avoir une défense

 14   menée de façon conjointe par les Croates et les Musulmans ?

 15   M. Tuka (interprétation). - Non, non. A ce moment-là jusqu'au début de la

 16   guerre ce n'était pas le cas.

 17   Mme Somers (interprétation). - A la demande du Dr Bosnjak, est-ce que vous

 18   avez créé un quartier général où se réunissaient des personnes qui avaient

 19   une certaine expérience en matière militaire ?

 20   M. Tuka (interprétation). - Pouvez-vous, s'il vous plaît, répéter votre

 21   question ?

 22   Mme Somers (interprétation). - Avez-vous organisé à votre domicile, à la

 23   demande du Dr Bosnjak, un quartier général où se réunissaient des

 24   personnes qui travaillaient dans le domaine militaire et qui, en cas

 25   d'offensive, devaient se charger de la défense de Fojnica ?


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  1   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  2   Mme Somers (interprétation). - A ce moment-là, à Fojnica, vous souvenez-

  3   vous si la population croate courait un danger particulier, car elle se

  4   trouvait entourée par des municipalités non serbes et qu'elle se trouvait

  5   à l'ouest de l'Herzégovine ?

  6   M. Tuka (interprétation). - On ne peut pas dire qu'il y ait vraiment eu un

  7   danger. Bien entendu, tout dépendait de la façon dont les choses allaient

  8   évoluer.

  9   Mme Somers (interprétation). - Est-ce qu'à l'époque la communauté

 10   musulmane de Fojnica ressentait un certain risque et pensait que la

 11   situation présentait un danger ?

 12   M. Tuka (interprétation). - Non.

 13   Mme Somers (interprétation). - Nous avons dû déjà voir un document émanant

 14   de la communauté régionale de Travnik qui a été créée en 1991. Avez-vous

 15   participé aux réunions de la communauté régionale de Travnik ?

 16   M. Tuka (interprétation). - Oui, en effet.

 17   Mme Somers (interprétation). - La communauté croate d'Herceg-Bosna qui a

 18   été créée à la suite d'une décision prise le 18 novembre 1991, vous

 19   souvenez-vous, en tant que membre du HDZ, qu'il y ait eu un référendum

 20   dans votre municipalité pour savoir si effectivement on devait créer la

 21   communauté croate d'Herceg-Bosna ?

 22   M. Tuka (interprétation). - Non.

 23   Mme Somers (interprétation). - Qui était Marinko Bosnjak ?

 24   M. Tuka (interprétation). - C'était mon collègue le plus proche dans le

 25   cadre de la préparation. Et après le déclenchement de la guerre, il est


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  1   devenu membre du commandement de... je ne sais pas très bien comment

  2   appeler cela, du quartier général de Busovaca où se trouvait Dario Kordic.

  3   Mme Somers (interprétation). - Quand vous avez organisé des réunions

  4   militaires en septembre 1991, à partir de septembre 1991, qui venait de

  5   Busovaca ? Vous souvenez-vous qui a participé à ces réunions ? Kordic ou

  6   Kostroman, peut-être ?

  7   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  8   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que Pasko Ljubicic y a jamais

  9   participé ?

 10   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 11   Mme Somers (interprétation). - Et Siskovic ?

 12   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 13   Mme Somers (interprétation). - Quelle était la fréquence de ces réunions

 14   et de manière générale, quelles étaient les questions abordées pendant ces

 15   réunions ?

 16   M. Tuka (interprétation). - Eh bien généralement, ces réunions avaient

 17   lieu une fois par semaine ou une fois tous les 15 jours. On parlait des

 18   résultats qui avaient été obtenus dans la cadre de la préparation de la

 19   défense, nous parlions des casernes de Kiseljak et de Busovaca et de

 20   savoir ce qu'il fallait faire en cas d'attaque serbe. Donc on parlait de

 21   questions relatives à l'organisation.

 22   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que vous avez délivré un certain

 23   nombre d'ordres au sujet de la défense de certaines communautés de Bosnie

 24   contre les Serbes ?

 25   M. Tuka (interprétation). - Je vous prie de m'excuser, je n'ai pas bien


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  1   compris.

  2   Mme Somers (interprétation). - Je vais demander à l'huissier de vous

  3   présenter la pièce Z 324.1, Z 375 et Z 375.1.

  4   (L'huissier s'exécute.)

  5   M. Tuka (interprétation). - Oui. Oui, il s'agit d'un ordre. Au moment où

  6   la guerre a débuté, oui, à partir de ce moment-là j'ai délivré des ordres

  7   de ce type.

  8   Mme Somers (interprétation). - Nous allons y revenir en peu plus tard,

  9   mais je voudrais savoir la chose suivante : au moment où le HVO a été

 10   créé, quelle était votre position officielle à Fojnica vis-à-vis du HVO ?

 11   M. Tuka (interprétation). - J'étais le commandant des forces du HVO dans

 12   la municipalité de Fojnica.

 13   Mme Somers (interprétation). - Si nous examinons la pièce Z 324.1 et je

 14   voudrais m'excuser, car nous n'avons pour l'instant pas de traduction en

 15   anglais de cette pièce. Je vais demander au témoin de nous dire de quoi il

 16   s'agit.

 17   M. Tuka (interprétation). - Il s'agit d'une liste de personnes qui étaient

 18   nommées à un certain nombre de postes à Paklarevo. Il s'agissait de la

 19   ligne de front qui nous opposait aux positions serbes.

 20   Mme Somers (interprétation). - Passons à la pièce à conviction Z 375.

 21   Excusez-moi ! L’ordre portant sur Paklarevo, est-il signé par vous-même ?

 22   M. Tuka (interprétation). – Non, pas cet ordre-là en particulier. C’est

 23   mon adjoint qui l’a signé.

 24   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que cet ordre a été signé sous votre

 25   commandement ?


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  1   M. Tuka (interprétation). – Oui.

  2   Mme Somers (interprétation). - Pouvez-vous nous expliquer de quoi traite

  3   la pièce à conviction Z 375, s'il vous plaît ?

  4   M. Tuka (interprétation). – Il s'agit ici également d'un document qui a

  5   pour objectif d'envoyer une unité à Paklarevo et on indique ici les

  6   équipements dont a besoin cette unité.

  7   Mme Somers (interprétation). - Quels genres d’équipements sont indiqués

  8   dans cet ordre ? De quoi a besoin cette unité ?

  9   M. Tuka (interprétation). – Par exemple, il faut que l'unité ait un

 10   officier chargé des communications, quelqu'un chargé des opérations

 11   médicales, de tireurs de précision, de mitrailleuses par section, du

 12   soutien logistique, une ration de repas journaliers, un casque, un masque

 13   à gaz. Tout cela pour cinq soldats.

 14   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que votre signature figure sur ce

 15   document ?

 16   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 17   Mme Somers (interprétation). - Passons maintenant à la pièce à

 18   conviction Z 375.1, s’il vous plaît.

 19   Pouvez-vous nous dire de quoi il s'agit ? Que représente cette liste en

 20   matière de défense du territoire ?

 21   M. Tuka (interprétation). – Il s'agit d'une liste de soldats qui exécutent

 22   des ordres, et ceci uniquement dans un objectif de défense.

 23   Mme Somers (interprétation). - Est-ce qu’il s'agit de votre signature que

 24   l’on voit ici ?

 25   M. Tuka (interprétation). – Oui.


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  1   Mme Somers (interprétation). - Avez-vous rencontré d'autres représentants

  2   de la municipalité de Fojnica afin de mettre en commun vos forces avec

  3   celles des Musulmans pour assurer une meilleure défense ?

  4   M. Tuka (interprétation). – Oui. Le jour où la guerre a débuté, les hommes

  5   politiques se sont rencontrés et le président du HDZ a dit ou plutôt, elle

  6   m'a présenté comme étant le commandant des forces croates et le président

  7   du HDZ a présenté Nasuf Beba en tant que commandant de l'armée de Bosnie-

  8   Herzégovine ou plutôt de la Ligue patriotique. C'est ainsi que l'on

  9   appelait cette formation à l'époque. De ce fait, nous avons immédiatement

 10   pris des dispositions afin de ne pas aviver les tensions, nous avons

 11   décidé d'aller voir les habitants pour essayer de calmer les esprits, car

 12   la panique régnait ; les gens étaient très désemparés. Ils ne savaient que

 13   faire.

 14   Mme Somers (interprétation). – ZNG : qu'est-ce que cela représente et est-

 15   ce que cela a un rapport quelconque avec votre réunion, avec cette

 16   alliance dont vous venez de nous parler ?

 17   M. Tuka (interprétation). – Le lendemain du début de l'agression contre la

 18   Bosnie-Herzégovine, après cette première réunion, l'assemblée municipale

 19   de Fojnica s’est réunie et a pris une décision aux fins de démanteler la

 20   Défense territoriale en tant qu'organisation militaire chargée de la

 21   défense.

 22   Il a été décidé que c'était la garde nationale -c'est ainsi que nous

 23   l'appelions- qui serait les forces armées officielles. Nous avons utilisé

 24   un nom qui était utilisé également en Croatie. On a décidé qu'il s'agirait

 25   d'organisations officielles, que nous prendrions des mesures pour défendre


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  1   les propriétés civiles et pour garantir la sécurité des citoyens. Les

  2   dirigeants de la municipalité ont décidé de ne prendre aucune décision

  3   hâtive au sujet du statut de la Bosnie-Herzégovine, au sujet de

  4   l'organisation qui serait adoptée. Il a été décidé qu'il faudrait accepter

  5   les solutions qui seraient adoptées à un niveau plus élevé, car nous avons

  6   pensé que les choses se passeraient ainsi.

  7   M. le Président (interprétation). – Madame Somers, je ne veux pas vous

  8   interrompre. Cependant, cet interrogatoire principal dure déjà depuis un

  9   certain temps. Nous avons beaucoup de témoins à entendre et je vous serais

 10   reconnaissant d'avancer plus vite dans cette partie préliminaire de

 11   l'interrogatoire principal.

 12   Monsieur le témoin, je vous serais reconnaissant de répondre très

 13   précisément aux questions. Madame Somers sait les informations qui nous

 14   intéressent plus particulièrement. Je ne veux pas vous empêcher de vous

 15   exprimer, mais je vous serais reconnaissant de vous concentrer sur ce que

 16   l’on vous demande.

 17   Mme Somers (interprétation). – Monsieur le Président, le témoin vient

 18   d'anticiper une question que j’allai lui poser.

 19   Monsieur le Témoin, en ce qui concerne les armes, pourriez-vous nous

 20   parler du premier arrivage d’armes et de la façon dont elles sont arrivées

 21   sur votre territoire ?

 22   M. Tuka (interprétation). – En octobre ou en novembre 1991.

 23   Mme Somers (interprétation). – A partir de quelle partie de la Bosnie ?

 24   M. Tuka (interprétation). – Elles venaient depuis l’Herzégovine.

 25   Mme Somers (interprétation). – Vous avez, vous-même, à deux reprises,


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  1   réceptionné des armes. Pouvez-vous nous dire dans quelles circonstances ?

  2   M. Tuka (interprétation). – Oui. Une fois, cela s'est passé dans la vallée

  3   de la Lasva. Je ne peux pas vous dire exactement où. Il y avait à peu près

  4   100 fusils automatiques, ainsi que 10 autres fusils que l'on appelait

  5   argentins. La deuxième fois, je suis allé à Grude et là, j'ai réceptionné

  6   environ 200 fusils automatiques de Kiseljak, Krecevo et Fojnica.

  7   Mme Somers (interprétation). – Donc, un total de 600 fusils ? 200 par

  8   municipalité ?

  9   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 10   Mme Somers (interprétation). – Avez-vous reçu des uniformes ou des

 11   équipements divers par le biais de Zagreb ?

 12   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 13   Mme Somers (interprétation). – Pouvez-vous nous en parler rapidement ?

 14   M. Tuka (interprétation). – Il y avait un homme qui travaillait en

 15   Allemagne et il a trouvé de l'argent. Je ne sais pas comment. En tout cas,

 16   il a réussi à se procurer des uniformes de l'armée allemande ainsi que des

 17   vêtements, des chaussures. En passant par Zagreb, il est allé voir un

 18   certain nombre de personnes qu'il connaissait. Il est parvenu à trouver

 19   des mines antichars et d'autres types d’équipements.

 20   Mme Somers (interprétation). – Vous avez reçu tous ces équipements ?

 21   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 22   Mme Somers (interprétation). – Les armes qui se trouvaient à l'hôtel

 23   Jezero, pouvez-vous nous en parler et nous dire combien de temps ces gens

 24   sont restés là ?

 25   M. Tuka (interprétation). – Nous avons constitué une unité qui était


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  1   formée de 25 Musulmans et de 25 hommes de chez nous. Donc, nous étions 50

  2   au total. Quand la guerre s'est déclenchée, nous avons mis sur pieds des

  3   points de contrôle pour éviter les cambriolages et les vols, pour garantir

  4   la sécurité de l’ensemble de la municipalité.

  5   Cette unité est restée là un mois ou deux à peu près. Ultérieurement, elle

  6   s'est révélée inutile, vu le développement de la situation.

  7   Mme Somers (interprétation). – Pourtant, les patrouilles conjointes ne se

  8   sont-elles pas poursuivies jusqu'en avril 1993, ainsi que les points de

  9   contrôle conjoints ?

 10   M. Tuka (interprétation). – Oui. De manière générale : oui.

 11   Mme Somers (interprétation). – Vous souvenez-vous avoir reçu au début de

 12   juin 1992 un ordre indiquant que les unités militaires croates de Bosnie-

 13   Herzégovine seraient désormais appelées "le conseil de la défense croate"

 14   à une organisation disposant d'un quartier général à Mostar, même si au

 15   début il était à Grude. Vous en souvenez-vous ?

 16   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 17   Mme Somers (interprétation). – Est-ce qu'il y avait également un quartier

 18   général militaire à Busovaca ?

 19   M. Tuka (interprétation). - Pour la région de Bosnie centrale

 20   effectivement.

 21   Mme Somers (interprétation). – Vous souvenez-vous du rôle de Ignjac

 22   Kostroman et Dario Kordic en Bosnie centrale à ce moment-là ? De quelle

 23   façon perceviez-vous le rôle de ces deux personnes ?

 24   M. Tuka (interprétation). - A ce moment-là, c'était eux qui étaient

 25   chargés de la coordination de tout ce qui se passait en Bosnie centrale ;


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  1   ils organisaient des réunions. A ma connaissance, c'est ce qu'ils

  2   faisaient .

  3   Mme Somers (interprétation). – Vous étiez commandant du HVO à Fojnica

  4   d'avril 1992 à mai 1993. Avez-vous jamais reçu des instructions

  5   officielles au sujet de la façon d'organiser les unités, une fois qu'elles

  6   sont devenues officiellement le HVO ?

  7   M. Tuka (interprétation). – Oui.

  8   Mme Somers (interprétation). – Que vous a t-on dit ?

  9   M. Tuka (interprétation). - J'ai reçu un ordre à la fin 1992, on m'a donc

 10   fait savoir qu'il convenait de former des brigades et avec les

 11   municipalités de Kiseljak et Fojnica, nous étions censés constituer une

 12   brigade.

 13   Mme Somers (interprétation). – Y avait-il des grades dans cette formation

 14   à ce moment-là ?

 15   M. Tuka (interprétation). - Non. En tout cas, pas en ce qui nous concerne.

 16   Mme Somers (interprétation). – Y avait-il une unité de police militaire ?

 17   A t-elle été constituée et qui en a pris le commandement au départ ?

 18   M. Tuka (interprétation). - Je sais en tout cas qu'en ce qui concerne

 19   notre zone, nous avons créé une unité de police militaire dont les

 20   commandants étaient Dragan Simic au début et ensuite Nikica Miletic.

 21   Mme Somers (interprétation). – Quel rôle a joué officiellement le

 22   Dr Bosnjak ? Etait-elle officier ?

 23   M. Tuka (interprétation). - Eh bien elle était responsable de

 24   l'organisation, des soins médicaux.

 25   Mme Somers (interprétation). – Est-ce qu'au début de la création du HVO,


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  1   l'objectif principal de cette organisation était la protection face à une

  2   offensive serbe et si c'était le cas, est-ce que cela a changé

  3   ultérieurement ?

  4   M. Tuka (interprétation). - A l'époque c'était bien évidemment le cas.

  5   Mais ensuite il s'est produit un certain nombre d'incidents à Prozor,

  6   Travnik et Novi Travnik et la chose a commencé à évoluer sur le terrain.

  7   Mme Somers (interprétation). – Vous vous souvenez d'un incident qui a eu

  8   lieu en mai 1992 et qui impliquait Dario Kordic et le commandant local de

  9   la JNA ?

 10   M. le Président (interprétation). - Je vous prie de ne pas poser de

 11   questions directives à ce sujet.

 12   Mme Somers (interprétation). – Oui bien sûr, Monsieur le Président.

 13   Pouvez-vous nous parler du fait que l'armée serbe ait quitté le territoire

 14   en mai 1992 ? Comment cela s'est-il produit ?

 15   M. Tuka (interprétation). - Cela s'est passé sur la base d'un accord.

 16   Mme Somers (interprétation). – Entre qui et qui ?

 17   M. Tuka (interprétation). - Entre les commandants locaux de ces casernes

 18   et les hommes politiques du cru dans les municipalités concernées. Je sais

 19   que c'est ce qui s'est passé à Kiseljak, je pense que la même chose s'est

 20   produite à Busovaca.

 21   Mme Somers (interprétation). – Avez-vous connaissance du fait que Dario

 22   Kordic ait joué un rôle quelconque dans les contacts qui ont eu lieu avec

 23   ces commandants locaux ?

 24   M. Tuka (interprétation). – Non, mais je crois que c'est lui qui a mené

 25   les discussions à Busovaca, mais pas à Kiseljak, du moins pas à ma


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  1   connaissance.

  2   Mme Somers (interprétation). – Avez-vous connaissance du fait que Busovaca

  3   a fait l'objet d'un bombardement et si c'est le cas, savez-vous pourquoi ?

  4   M. Tuka (interprétation). - Je sais que la ville a été pilonnée. Quant à

  5   savoir pourquoi, je ne peux pas vous le dire mais en tout cas, certains

  6   m'ont dit que l'accord conclu au sujet du départ des casernes n'avait pas

  7   tout à fait été respecté.

  8   Mme Somers (interprétation). – Qui avait conclu cet accord ?

  9   M. Tuka (interprétation). - C'était le représentant des autorités et qui

 10   se trouvait au niveau des casernes.

 11   M. Naumovski (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs les

 12   Juges, excusez-moi, je n'ai pas réagi tout de suite mais le témoin dit

 13   qu'il ne sait pas, qu'il l'a entendu dire. C'est la raison pour laquelle

 14   je considère qu'il ne faut peut-être pas insister sur cette question.

 15   M. le Président (interprétation). - On a demandé au témoin s'il avait

 16   entendu dire qu'ils étaient arrivé à un accord. Il avait parlé de ces

 17   personnes comme étant les représentants des autorités et de la caserne.

 18   Vous pouvez peut-être poser la question, Madame Somers, mais sans guider

 19   le témoin.

 20   Mme Somers (interprétation). – Savez-vous si M. Kordic faisait partie…

 21   M. le Président (interprétation). – Non, là c'est une question

 22   tendancieuse. Un instant Madame. Je pose la question au témoin moi-même.

 23   Savez-vous quelles étaient les autorités étant parvenues à cet accord ?

 24   M. Tuka (interprétation). - Dario Kordic, Ijnjac Kostroman et il y avait

 25   le Président de la municipalité, je ne me souviens plus de son nom.


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  1   Mme Somers (interprétation). – Merci.

  2   Quand les Serbes ont abandonné ou quitté la caserne de Kiseljak, savez-

  3   vous ce qu'il est advenu de cette caserne, à qui a-t-elle été attribuée ?

  4   M. Tuka (interprétation). - Au HVO.

  5   Mme Somers (interprétation). – Avez-vous reçu des instructions provenant

  6   de Mostar concernant la nécessité d'établir des liens informatisés en

  7   matière de communication et si c'est bien le cas, pourriez-vous nous

  8   décrire le système qui a été mis en place ?

  9   M. Tuka (interprétation). - Oui. Nous avons reçu des instructions, il y

 10   avait une personne qui était experte en la matière qui s'est rendue sur

 11   place ; il a fallu nous approvisionner en ordinateurs et en émetteurs

 12   radio.

 13   Mme Somers (interprétation). – Quel est le système qu'on a appelé

 14   "communication par paquet" ?

 15   M. Tuka (interprétation). - C'est un système qui est informatisé, donc il

 16   y a un réseau qui couvre l'ensemble de la région.

 17   Mme Somers (interprétation). – Est-ce que d'après votre expérience,

 18   c'était un système fiable ?

 19   M. Tuka (interprétation). - Oui je le pense.

 20   Mme Somers (interprétation). – Quels étaient les types de d'informations

 21   transmises de cette façon, par communication par paquet ?

 22   M. Tuka (interprétation). - Tout ce qui était indispensable aurait pu être

 23   transmis par paquet que ce soit des ordres ou d'autres instructions.

 24   Mme Somers (interprétation). – En règle générale, y avait-il la personne

 25   qui envoyait, l'auteur du message, la date et la teneur même du message ?


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  1   M. Tuka (interprétation). – Oui.

  2   Mme Somers (interprétation). – Est-ce qu’il était possible de transmettre

  3   des signatures en tant que telles ?

  4   M. Tuka (interprétation). – Ah, non, non !

  5   Mme Somers (interprétation). – Et si vous receviez un ordre de cette

  6   façon, par communication par paquet et s'il y avait assorti à cet ordre le

  7   nom disons de Tihomir Blaskic, même s'il n'y avait pas de signature dudit

  8   Blaskic, acceptiez-vous un tel message ?

  9   M. Tuka (interprétation). - Dans tous les cas.

 10   Mme Somers (interprétation). - Pourriez-vous nous dire quand vous avez

 11   rencontré pour la première fois Tihomir Blaskic ?

 12   M. Tuka (interprétation). - C'était au mois de mai 1991... Pardon, 1992.

 13   Mme Somers (interprétation). - Aviez-vous... Excusez-moi, je reformule ma

 14   question. Avez-vous eu l'occasion de voir Tihomir Blaskic et Dario Kordic

 15   apparaissant ensemble en public ?

 16   M. Tuka (interprétation). - Quand Tihomir Blaskic est devenu commandant de

 17   la Bosnie centrale, oui.

 18   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que vous avez participé vous-même à

 19   des réunions au cours desquelles vous les auriez vus ensemble ?

 20   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 21   Mme Somers (interprétation). - Avez-vous dû prêter serment d'allégeance

 22   envers les forces du HVO à Fojnica au cours du mois de juillet 1992 ? Si

 23   c'était le cas, pourriez-vous nous dire de quelle façon ceci s'est passé ?

 24   M. Tuka (interprétation). - Nous avons reçu un ordre de passer en revue

 25   les formations, de procéder à la prestation du serment. Ceci s'est passé


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  1   sur le stade de Fojnica. Par la suite, nous avons organisé une petite

  2   célébration, une petite fête et on avait procédé à la prestation de

  3   serment.

  4   Mme Somers (interprétation). - Pourriez-vous nous dire, approximativement,

  5   combien d'hommes ont prêté serment à cette occasion ?

  6   M. Tuka (interprétation). - Entre 800 et 1.000 personnes. Je ne peux pas

  7   vous dire le chiffre exact.

  8   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que, dans le libellé du serment, on

  9   précisait quel pays vous deviez défendre ? Vous en souvenez-vous ?

 10   M. Tuka (interprétation). - Non.

 11   Mme Somers (interprétation). - Vous ne vous en souvenez pas ou on ne

 12   précisait pas ce pays dans le serment ?

 13   M. Tuka (interprétation). - Non, on avait tout simplement dit qu'on allait

 14   défendre notre patrie.

 15   Mme Somers (interprétation). - Y avait-il des invités d'honneur à cette

 16   cérémonie ?

 17   M. Tuka (interprétation). - Messieurs Kordic, Blaskic, Kostroman

 18   représentants des Musulmans, représentants des églises, des milieux

 19   politiques.

 20   Mme Somers (interprétation). - Vous souvenez-vous si M. Kordic et

 21   M. Kostroman portaient l'uniforme ce jour-là ?

 22   M. Tuka (interprétation). - Oui, oui.

 23   Mme Somers (interprétation). - Ils étaient en uniforme ?

 24   M. Tuka (interprétation). - Tout à fait.

 25   Mme Somers (interprétation). - Avez-vous eu des contacts avec un certain


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  1   capitaine Sartre de la Forpronu et ceci dans quelle circonstance cela

  2   s'est-il passé ? Pourquoi avez-vous dû rencontrer cet homme ?

  3   M. Tuka (interprétation). - Oui, ce monsieur m'a rendu visite à l'époque

  4   où un avion a été abattu et il m'a demandé éventuellement de l'aider

  5   quelque peu, parce qu'il s'est rendu dans mon quartier général. Il m'a

  6   demandé d'établir le contact entre lui et ceux qui m'étaient supérieurs à

  7   l'époque. Je l'ai accompagné jusqu'à Busovaca. Je lui ai dit que le

  8   quartier général de Bosnie centrale se trouvait sur place. Je pense qu'il

  9   est resté en contact avec M. Kostroman, Kordic et quelques autres

 10   personnes.

 11   Mme Somers (interprétation). - Vous souvenez-vous de l'endroit où vous

 12   avez emmené cet homme à Busovaca afin qu'il rencontre Kordic et

 13   Kostroman ?

 14   M. Tuka (interprétation). - Je pense que c'était Tisovac.

 15   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que cet endroit était surveillé ? Y

 16   avait-il des gardes ?

 17   M. Tuka (interprétation). - Oui, il y avait la protection de l'endroit.

 18   Mme Somers (interprétation). - Vous souvenez-vous si à l'époque Dario

 19   Kordic portait ou avait le rang de colonel au sein du HVO ?

 20   M. Tuka (interprétation). - Non.

 21   Mme Somers (interprétation). - Vous ne vous en souvenez pas ou vous ne

 22   savez pas s'il avait ce grade de colonel ?

 23   M. Tuka (interprétation). - Non, non. A ma connaissance il n'y avait pas

 24   de grade à cette époque-là ni pour lui ni pour les autres.

 25   Mme Somers (interprétation). - Savez-vous s'il a obtenu un grade supérieur


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  1   par la suite et si ce fut le cas pourquoi ?

  2   M. Tuka (interprétation). - Je sais qu'il avait un grade mais lequel ? Je

  3   ne saurais pas vous le dire.

  4   (Les Juges se concertent sur le siège.)

  5   M. le Président (interprétation). - Je vous en prie, poursuivez Madame.

  6   Mme Somers (interprétation). - Je vous remercie.

  7   A quelle fréquence alliez-vous à Busovaca, pour autant que vous vous y

  8   rendiez régulièrement ? Et si vous alliez à Busovaca, qu'y faisiez-vous ?

  9   M. Tuka (interprétation). - Je suis allé, ou, nous sommes allés une fois

 10   ou deux fois par semaine pour rester en contact et voir quelle était la

 11   situation.

 12   Mme Somers (interprétation). - Qui avez-vous rencontré là ?

 13   M. Tuka (interprétation). - En général, Dario Kordic, Ignjac Kostroman

 14   ensuite Marinko Bosnjak est venu à sa place.

 15   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que vous profitiez de ces visites à

 16   Busovaca pour discuter des questions de transport, d'obtention de fonds,

 17   de ce genre de choses ?

 18   M. Tuka (interprétation). - De temps à autres.

 19   Mme Somers (interprétation). - Pourriez-vous nous parler du type

 20   d'uniforme que portait en règle générale un officier du HVO ? Est-ce qu'il

 21   y avait un signe indiquant le grade où bien y avait-il des écussons, ce

 22   genre de choses ?

 23   M. Tuka (interprétation). - Pendant que j'avais occupé ce poste, les

 24   uniformes étaient pratiquement les mêmes, aussi bien des soldats que des

 25   commandants ; il n'y avait que l'insigne HVO sur le bras gauche, c'était


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  1   tout.

  2   Mme Somers (interprétation). - Pourriez-vous nous parler de l'utilisation

  3   de rubans ou peut-être de bandes plus larges ou plutôt de rubans de

  4   couleur ? A quoi servaient-ils en général ?

  5   M. Bennouna. - Madame Somers, cela fait presque une heure et quart que le

  6   Président vous a demandé d'en venir au fait parce qu'il y a certains

  7   éléments qui sont maintenant bien connus du Tribunal. Vous le savez, nous

  8   ne sommes pas au début de ce procès, alors venons-en fait. Je crois qu'en

  9   ce qui concerne les uniformes, les grades, etc., nous sommes informés,

 10   nous sommes bien informés. Venons-en au fait sur l'apport nouveau de ce

 11   témoin par rapport à ce que nous savons déjà.

 12   Mme Somers (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le Juge. Ma

 13   question portait surtout sur l'utilisation des rubans et je ne savais pas

 14   si vous aviez déjà entendu des témoignages à ce propos. Ceci est

 15   intéressant parce que ceci établit un lien avec d'autres témoins.

 16   Me permettez-vous de poser cette question à ce témoin ? Merci.

 17   M. Tuka (interprétation). - Excusez-moi mais je n'ai rien compris.

 18   Mme Somers (interprétation). - Oui, savez-vous si l'on utilisait souvent

 19   des rubans de couleur à l'épaulette, par exemple et savez-vous à quoi ces

 20   rubans servaient ?

 21   M. Tuka (interprétation). - Il s'agissait des rubans que l’on portait au

 22   moment des opérations de combat et c'est pour la reconnaissance que les

 23   membres de toutes les armées portaient ce type de ruban.

 24   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que le gros de Fojnica était

 25   favorable à des positions formulées par des groupes ou des factions plus


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  1   nationalistes au sein du HDZ ? Est-ce que par exemple Fojnica était prête

  2   à hisser des drapeaux croates et à faire figurer des signes d'appartenance

  3   croate dans les institutions ?

  4   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas quoi vous dire. Nous avons

  5   essayé de résoudre cette question à la satisfaction des deux parties et

  6   c'est comme cela que nous sommes convenus que nous n'allions pas hisser ni

  7   les drapeaux musulmans ni les drapeaux croates pour voir comment la

  8   situation allait se terminer, et attendre la fin de la guerre.

  9   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que Dario Kordic vous a jamais

 10   signalé le fait que la solution était loin d'être satisfaisante ?

 11   M. Tuka (interprétation). - Oui, il a été question de cela, mais nous

 12   avons essayé d'expliquer les choses. Nous avons tout simplement voulu

 13   prendre du temps et nous disions que ce n'était pas véritablement une

 14   solution, que cela aurait pu provoquer des tensions. Nous avons voulu

 15   surmonter ce problème-là.

 16   M. Naumovski (interprétation). - Excusez-moi, mais j'ai l'impression que

 17   les questions posées guident le témoin. Je vous remercie, Monsieur le

 18   Président.

 19   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que, à un moment donné, la route

 20   principale allant de Busovaca à Kiseljak a été bloquée par les Musulmans ?

 21   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 22   Mme Somers (interprétation). - Quand ceci s’est-il passé exactement ?

 23   M. Tuka (interprétation). – C'était à partir du mois de janvier ou peut-

 24   être février 1993.

 25   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que des soldats du HVO ont trouvé la


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  1   mort à la suite de ce barrage établi par les Musulmans ?

  2   M. Tuka (interprétation). – Je pense qu'il y avait une opération, un

  3   conflit. Deux membres du HVO ont été tués. C'était au niveau de Kacuni.

  4   Quelques personnes ont été blessées et transférées à l'hôpital de Fojnica.

  5   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que, à un moment donné, les unités

  6   se trouvant sous votre commandement à Fojnica ont été enjointes d'être

  7   versées ou de rejoindre la Brigade Josip Anjelasic à Kiseljak ?

  8   M. Tuka (interprétation). – Oui.

  9   Mme Somers (interprétation). - Que s'est-il passé ?

 10   M. Tuka (interprétation). – Après la création de la Brigade Josip

 11   Anjelasic, nous faisions partie intégrante de cette brigade. Il y a eu

 12   ensuite un réaménagement et notre formation a été transférée à Busovaca.

 13   Il était dans les cadres de la Brigade de Busovaca. C'est au mois

 14   d'avril 1993. On nous a encore une fois donné l'ordre de nous mettre sous

 15   le commandement de la Brigade de Kiseljak.

 16   Mme Somers (interprétation). - Qui était à la tête de cette brigade à

 17   Kiseljak ?

 18   M. Tuka (interprétation). – Le premier commandant était Ivica Rajic ;

 19   ensuite, il a été relevé par Mijo Bosic. Quand la guerre s'est déclenchée,

 20   Mijo a été également relevé par Mario Bradara.

 21   Mme Somers (interprétation). – Pourtant, apportons un éclaircissement.

 22   Est-ce qu'à un moment donné, vous avez fait un rapport à Kiseljak, tout en

 23   étant subordonné à Busovaca ?

 24   M. Tuka (interprétation). – Non.

 25   Mme Somers (interprétation). - Avez-vous eu l'occasion d'entendre les


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  1   commentaires d'un certain Nikola Perica qui parlait de la façon dont

  2   opérait le HVO à Velica et qu'il établissait une comparaison avec d'autres

  3   unités du HVO ?

  4   M. Tuka (interprétation). – Il y avait des commentaires différents. Entre

  5   autres, on se posait la question de savoir comment à Fojnica deux

  6   personnes avaient tuées alors qu’à Busovaca, il y avait déjà 20 personnes

  7   qui avaient été tuées.

  8   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que M. Perica était de Bosnie ou

  9   est-ce qu'il était étranger à la Bosnie ?

 10   M. Tuka (interprétation). – Il était originaire de Bosnie, mais il a

 11   travaillé aux USA. Ce n'est qu'au début de la guerre qu'il s'est rendu en

 12   Croatie. Comme la guerre a été transférée jusque chez nous, il est venu du

 13   côté de la Bosnie.

 14   Mme Somers (interprétation). – Avez-vous eu l'occasion de le revoir après

 15   le début du conflit opposant Musulmans et Croates ?

 16   M. Tuka (interprétation). – Non.

 17   Mme Somers (interprétation). – Avez-vous eu l'occasion de rencontrer le

 18   colonel Blaskic, que ce soit à titre officieux ou officiel, après la

 19   restructuration de la brigade en décembre 1992 ?

 20   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 21   Mme Somers (interprétation). - Avez-vous rendu visite à Bozo Rajic, un des

 22   vice-président d'Herceg-Bosna en février 1993 ? Si c'est bien le cas, où

 23   vous êtes-vous rendu et en compagnie de qui ?

 24   M. Tuka (interprétation). – Nous étions allés lui rendre visite à Mostar,

 25   chez lui. Il y avait le Dr Bosnjak qui m'avait accompagné.


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  1   Mme Somers (interprétation). - A quoi devait servir cette visite ? De quoi

  2   avez-vous parlé ?

  3   M. Tuka (interprétation). – Nous avons pensé qu'éventuellement, il

  4   pourrait nous en dire plus sur les objectifs de la politique. Il était

  5   évident que l'on disait une chose et que sur le terrain, on procédait

  6   différemment. Les choses ne coïncidaient pas.

  7   Mme Somers (interprétation). – Madame Bosnjak connaissait-elle M. Rajic ?

  8   Y avait-il une raison particulière qui vous a poussé à sélectionner ces

  9   représentants-là pour vous accompagner ?

 10   M. Tuka (interprétation). – Oui, c’étaient des amis.

 11   M. Sommers (interprétation). – Vous souvenez-vous si des questions ont été

 12   posées et comment y avez-vous répondu ?

 13   M. Tuka (interprétation). – Je ne sais pas. Nous n’avons pas parlé

 14   uniquement de Fojnica, mais nous avons parlé de la politique, des

 15   attitudes épousées par Mate Boban. On nous avait demandé que le HVO prenne

 16   le pouvoir et elle, elle a dit que c'était facile en Herzégovine

 17   occidentale où les autorités croates étaient toujours en place, alors que

 18   ce n'était pas facile en Bosnie centrale où la population était mixte, où

 19   chaque tentative dans ce sens ne pouvait qu'augmenter les tensions et

 20   provoquer des conflits.

 21   Mme Somers (interprétation). - Vous souvenez-vous d’avoir discuté du fait

 22   de pousser ou d'attiser au conflit entre les Musulmans et les Croates ?

 23   M. Tuka (interprétation). – Je ne pense pas.

 24   Mme Somers (interprétation). - Avez-vous rencontré d'autres représentants,

 25   par la suite, après avoir rendu visite à M. Bozo Rajic ?


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  1   M. Tuka (interprétation). – Oui. J'étais avec Milivoj Petkovic qui était à

  2   l'époque commandant de l'état-major du HVO.

  3   Mme Somers (interprétation). - Vous souvenez-vous des sujets évoqués avec

  4   M. Petkovic<et de l’endroit où vous l’avez rencontré ?

  5   M. Tuka (interprétation). – Ceci s’est passé dans son bureau. Nous n'avons

  6   pas beaucoup parlé, entre 5 et 10 minutes. Il m'a dit qu'une délégation de

  7   Fonijca s'était rendue chez lui et qu'il était au courant. Il savait ce

  8   qui se passait à Fojnica et qu'il fallait coopérer un peu plus avec les

  9   autorités. C’est un petit peu dans ce sens-là que nous avons eu la

 10   discussion.

 11   Mme Somers (interprétation). - Vous souvenez-vous avoir discuté des

 12   rapports que vous aviez avec la communauté musulmane de Fojnica ?

 13   M. Tuka (interprétation). – A un moment donné, il m'a dit : "Quel est le

 14   pacte secret que tu as avec les Musulmans ?" Ensuite, je lui ai dit que je

 15   n’avais aucun pacte, que c'était une décision de l'assemblée municipale et

 16   que nous essayions de la mettre en œuvre.

 17   Mme Somers (interprétation). - En mars 1993, vous a-t-on informé une fois

 18   de plus qu'il y avait des modifications au niveau des rapports avec la

 19   brigade de Kiseljak et de la question de savoir où se situerait votre

 20   unité par rapport à Busovaca ?

 21   M. Tuka (interprétation). – Oui, je l'ai déjà dit : je disposais de cet

 22   ordre. Notre formation devrait être annexée à la Brigade de Busovaca.

 23   Mme Somers (interprétation). - Monsieur l'huissier, est-ce que vous

 24   pourriez présenter la pièce Z 744A  afin de la verser également au

 25   dossier ?


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  1   (L'huissier s'exécute.)

  2   Je suppose que la Z 744 sera la version en serbo-croate.

  3   Aux fins de confirmation de vos dires, cet ordre qui date du 20 avril

  4   confirme-t-il bien le remplacement du 3ème Bataillon de Fojnica qui devra

  5   être subordonné à la brigade Nikola Subic Zrinski et se trouvera sous le

  6   commandement du commandant de la Brigade Banjo Sipic de Kiseljak ?

  7   M. Tuka (interprétation). – Non, ce n'est pas le document dont je parle.

  8   En ce qui me concerne, j’ai un autre document.

  9   Mme Somers (interprétation). - Je suis désolé. Vous devriez avoir un

 10   document qui porte la date du 20 avril 1993. C'est un envoi de

 11   communication par paquet qui porte la cote 744. Avez-vous bien ce

 12   document ?

 13   Ceci confirme-t-il bien la restructuration dont vous parliez il y a un

 14   instant ?

 15   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 16   M. le Président (interprétation). – Quand le moment se prêtera-t-il à une

 17   pause, Madame Somers ?

 18   Mme Somers (interprétation). - Le moment est bienvenu.

 19   M. le Président (interprétation). – Nous faisons une pause d'une demi-

 20   heure.

 21   L'audience, suspendue à 11 heures, est reprise à 11 heures 35.

 22   Mme Somers (interprétation). - Je vais demander l'indulgence de la

 23   Chambre ; j'ai été en mesure de trouver le document que je n'avais pas

 24   auparavant, donc je reviens à un thème que j'ai abordé auparavant en

 25   examinant les documents Z 384 et 386. Cela ne va pas me prendre beaucoup


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  1   de temps.

  2   Monsieur Tuka, je vais vous demander d'examiner rapidement le document Z

  3   384. Il s'agit d'un ordre qui vient de Fojnica de Dario Kordic. Quelle est

  4   la teneur de cette demande qui vous a été adressée ?

  5   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas, mais à la lecture de ce texte,

  6   il me semble qu'il s'agit du remplacement de M. Dragan Kole qui commandait

  7   la police civile. Je ne peux donc pas vous donner plus d'informations à ce

  8   sujet.

  9   Mme Somers (interprétation). - Donc ce qui nous intéresse plutôt c'est de

 10   voir que votre nom figure dans cette demande.

 11   Maintenant en ce qui concerne la pièce Z 386, est-ce qu'elle confirme

 12   cette nomination, la nomination de Nikola Perica ?

 13   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas, je n’ai jamais vu ce document

 14   auparavant. D'autre part, M. Perica n'a pas été nommé à ce poste.

 15   Mme Somers (interprétation). - Poursuivons maintenant avec le point où

 16   nous en étions arrivés dans le cadre de votre interrogatoire principal.

 17   Vous souvenez-vous que, vers le 16 ou le 17 avril 1993, vous êtes allé à

 18   la caserne de Kiseljak et vous avez eu des discussions avec Jozo Boro,

 19   Mijo Bozic, Bradara et Lucic ?

 20   M. Tuka (interprétation). - Boro Jozo, oui en effet.

 21   Mme Somers (interprétation). - De quoi avez-vous parlé ?

 22   M. Tuka (interprétation). - Eh bien, ils m'ont dit qu'ils parlaient d'un

 23   ordre qu'ils avaient reçu et qui avait trait à la situation en Bosnie

 24   centrale et ils devaient se joindre à des opérations de combat. Ils

 25   parlaient de ce qu'ils devaient faire.


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  1   Mme Somers (interprétation). - Ont-ils exprimé des préoccupations au sujet

  2   de cet ordre et savez-vous exactement quelle était la teneur de cet

  3   ordre ?

  4   M. Tuka (interprétation). - Eh bien j'ai constaté qu'ils étaient assez

  5   préoccupés, sans doute à cause de la gravité de la situation.

  6   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que vers cette époque vous avez reçu

  7   un message de la brigade de Kiseljak, du quartier général de la Brigade de

  8   Kiseljak au sujet du début d'une action lancée par la brigade de

  9   Kiseljak ?

 10   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 11   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que plus tard vous avez appris quels

 12   étaient les villages qui devaient faire l'objet de cette offensive ?

 13   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas si ces villages ont été

 14   attaqués dans le cadre de cette action, mais plus tard, nous avons appris

 15   qu'il s'agissait de Rotilj, Visnica, etc..

 16   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que Gromiljak faisait partie de ces

 17   villages ?

 18   M. Tuka (interprétation). - Sans doute parce qu'il se trouvait dans la

 19   région.

 20   Mme Somers (interprétation). - Avez-vous ordonné à Slado Jukic de faire

 21   quoi que ce soit à ce sujet ?

 22   M. Tuka (interprétation). - Oui. Il s'agissait de protéger la zone

 23   frontalière avec cette municipalité. J'ai dit à Slado d'aller avec le

 24   commandant de l'armée de Bosnie-Herzégovine et d'essayer de faire quelque

 25   chose. Essayer d'organiser des patrouilles par exemple, afin que la


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  1   population ressente un sentiment de sécurité et qu'aucun incident ne

  2   puisse être le fait d'éléments incontrôlés et qu'aucun conflit ne se

  3   déclenche.

  4   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que vos unités ont participé à

  5   aucune des actions qui ont eu lieu dans la vallée de la Lasva vers le

  6   16 avril 1993, je pense notamment au village d'Ahmici ?

  7   M. Tuka (interprétation). - Non.

  8   Mme Somers (interprétation). - Avez-vous reçu des ordres aux fins de tenir

  9   vos unités en état de combat ?

 10   M. Tuka (interprétation). - Oui. Oui, à cette période nous avons reçu

 11   beaucoup d'ordres dans ce sens disant qu'il fallait être prêts au combat.

 12   Mme Somers (interprétation). - Avez-vous reçu un ordre de Tihomir Blaskic

 13   au sujet d'une offensive que vous deviez lancer sur le village de Dusina

 14   dans la municipalité de Fojnica ?

 15   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 16   Mme Somers (interprétation). - Je vais demander à l'huissier de vous

 17   présenter la pièce Z 709 ainsi que la pièce Z 733 dont je vais traiter

 18   tout d'abord.

 19   (L'huissier s'exécute.)

 20   En ce qui concerne cette pièce Z 733, cet ordre de Tihomir Blaskic, au

 21   sujet de la prise de Gomionica, a-t-il été envoyé à votre unité ?

 22   M. Tuka (interprétation). - Non.

 23   Mme Somers (interprétation). - Maintenant examinons le document Z 709. Je

 24   vais vous demander de vous reporter au point 2 et de nous dire quelle

 25   était la mission de votre unité, en termes de l'ordre donné par


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  1   Tihomir Blaskic ?

  2   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  3   Mme Somers (interprétation). - Que vous a-t-on demandé de faire ?

  4   M. Tuka (interprétation). - L'ordre stipulait que je devais mener une

  5   opération de combat contre le village de Dusina ou effectuer une percée en

  6   direction des étables de Busovaca et effectuer la jonction avec les forces

  7   qui défendaient Sebesic.

  8   Mme Somers (interprétation). - Cet ordre est en date du 18 avril 1993,

  9   n'est-ce pas ?

 10   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 11   Mme Somers (interprétation). - Qu'avez-vous fait suite à cet ordre ?

 12   M. Tuka (interprétation). - J'ai informé les personnes qui travaillaient

 13   avec moi de cet ordre puisqu'on stipulait ici que nous pouvions choisir

 14   une des solutions qui nous étaient proposées. Et comme nous avions déjà

 15   mis en place des relations de coopération, nous avons pris la décision de

 16   ne pas tenir compte de cet ordre, de ne pas l'exécuter, car les

 17   conséquences auraient été tout à fait imprévisibles.

 18   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que vous estimiez que les

 19   conséquences de cet ordre pouvaient être dramatiques ? Est-ce que vous en

 20   avez informé le colonel Blaskic ?

 21   M. Tuka (interprétation). - Eh bien c'était dangereux dans le sens que si

 22   une attaque était lancée, cela pouvait entraîner un développement de la

 23   guerre dans toute la zone. D'autre part, nous avions déjà conclu un accord

 24   et une fois que la guerre serait mise en branle, il aurait été très de

 25   difficile de l'arrêter et nous n'étions pas prêts à nous lancer dans cette


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  1   aventure.

  2   Mme Somers (interprétation). - Pouvez-vous nous parler de la répartition

  3   ethnique du village de Dusina, du pourcentage de Croates et de Musulmans ?

  4   M. Tuka (interprétation). - Le village était aux 2/3 musulman ; il y avait

  5   1/3 de Croates à peu près.

  6   Mme Somers (interprétation). - Au moment où cet ordre est arrivé, aviez-

  7   vous connaissance de tensions, de conflits, de difficultés entre les deux

  8   groupes à Dusina ?

  9   M. Tuka (interprétation). - Il y avait une certaine tension, il y a

 10   toujours eu une certaine tension à Dusina parce que le commandant local

 11   était quelqu'un qui n'obéissait pas aux ordres donnés par son commandant à

 12   Fojnica. Il travaillait plus étroitement avec des gens de Konica. C'était

 13   un extrémiste et il était tout près, il était radical. Nous l'avons donc

 14   laissé faire dans son village.

 15   Mme Somers (interprétation). - Est-ce qu'au moment où vous avez reçu cet

 16   ordre, vous avez eu le sentiment que la population croate était menacée

 17   d'une façon ou d'une autre et qu'il était nécessaire de prendre des

 18   mesures dans ce sens ?

 19   M. Tuka (interprétation). - Non, pas à ce moment-là.

 20   Mme Somers (interprétation). - Est-ce que vous avez répondu par écrit au

 21   colonel Blaskic en lui exposant les raisons pour lesquelles vous aviez

 22   décidé de ne pas exécuter cet ordre ?

 23   M. Tuka (interprétation). - En effet, c'est ce que j'ai fait. Une fois

 24   qu'il m'a donné un avertissement me disant que je devais exécuter cet

 25   ordre sinon on allait me relever de mes fonctions.


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  1   Mme Somers (interprétation). - Je vais demander à l'huissier de prendre

  2   une pièce qui a déjà été versée au dossier sous la cote Z 731 qui apparaît

  3   sous une autre cote dans notre liste et je vais également demander que

  4   soit fournie la pièce Z 748 et Z 749.

  5   M. le Président (interprétation). - Quelle est la cote de ce document,

  6   Madame Somers ?

  7   Mme Somers (interprétation). – Pardon ?

  8   M. le Président (interprétation). - Il s'agit de la pièce précédemment

  9   versée au dossier sous la cote Z 731, je ne sais pas si elle se trouve

 10   dans la liasse qui vous a été remise, si ce n'est pas le cas, j'ai un

 11   exemplaire qui peut vous être remis. Il serait bon que vous puissiez

 12   trouver une solution à cette question.

 13   Mme Somers (interprétation). – Je m'excuse de la qualité de ce document,

 14   mais Monsieur Tuka, pouvez-vous nous dire qui a émis cet ordre et quelles

 15   en ont été les conséquences ? Qui a émis cet ordre, s'il vous plaît ?

 16   M. Tuka (interprétation). - Cet ordre venait de Tihomir Blaskic.

 17   Mme Somers (interprétation). – Quelle en est la date ?

 18   M. Tuka (interprétation). - Le 19 avril.

 19   Mme Somers (interprétation). – Et quelle est la teneur de ce document,

 20   qu'est-ce qu'il vous dit exactement dans ce document ?

 21   M. Tuka (interprétation). - Eh bien il me dit qu'il faut que j'exécute les

 22   ordres qu'on me donne, vu les circonstances. Si je ne le fais pas, je

 23   serais relevé de mes fonctions et tenu de répondre de mes actes

 24   conformément à la législation de la communauté d'Herceg Bosna.

 25   Mme Somers (interprétation). – Maintenant examinons la pièce à


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  1   conviction Z 748. Il s'agit d'une lettre que vous avez rédigée à

  2   l'intention du colonel. Que lui avez-vous expliqué dans cette lettre, une

  3   lettre datée du 20 avril 1993 ?

  4   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas. En fait c'était de ma part une

  5   réaction spontanée. J'étais en colère et je lui ai dit que j'étais tout à

  6   fait conscient de mes devoirs et que je l'étais au moment où j'ai accepté

  7   d'organiser les Croates de la municipalité de Fojnica, mais je lui ai dit

  8   que je n'étais pas prêt à faire face aux conséquences de cet ordre, s'il

  9   avait été exécuté, car cela aurait entraîné des meurtres, des morts et la

 10   guerre.

 11   Mme Somers (interprétation). – Cela aurait-il entraîné la mort de civils ?

 12   M. Tuka (interprétation). – Oui, vous savez quand une guerre s'engage, des

 13   civils trouvent souvent la mort, car il est très difficile de faire la

 14   différence entre les soldats et les civils, tout le monde est mélangé.

 15   Mme Somers (interprétation). – Est-ce que vous avez eu une opinion

 16   personnelle au sujet des objectifs stratégiques du commandement du HVO ?

 17   Pourquoi voulaient-ils attaquer Dusina et quel aurait été leur objectif en

 18   ce qui concerne leurs positions par rapports aux forces de l'armée de

 19   Bosnie Herzégovine ?

 20   M. Tuka (interprétation). – Non, à ce moment-là l'objectif était de lancer

 21   le conflit, l'objectif c'était de mener à une escalade généralisée du

 22   conflit.

 23   Mme Somers (interprétation). – Je vais demander à l'huissier de vous

 24   présenter la pièce Z 749.

 25   (L'huissier s'exécute.)


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  1   S'agit-il de l'ordre que vous avez reçu du colonel Blaskic suite à votre

  2   lettre dans laquelle vous l'informiez du fait que vous n'étiez pas prêt à

  3   exécuter l'ordre précédent ?

  4   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas si c'est la réponse à ma

  5   lettre, mais en tout cas il s'agit d'un ordre qui stipulait que j'étais

  6   relevé de mes fonctions et que c'était M. Drago Simunic qui me remplaçait.

  7   Mme Somers (interprétation). – Cet ordre signé de Blaskic est daté du

  8   20 avril 1993, n'est-ce pas ?

  9   M. Tuka (interprétation). - Oui. Je l'ai reçu par le biais des systèmes de

 10   communication par paquet, donc il n'y avait pas de signature qui figurait.

 11   Mais le nom de M. Blaskic est inscrit ici.

 12   Mme Somers (interprétation). – Examinons la pièce Z 745 maintenant, ainsi

 13   que les pièces Z 746 et Z 747.

 14   Donc d'abord la pièce Z 745. Cette déclaration, quelle en est sa teneur,

 15   qui l'envoie et qui est le destinataire de cette déclaration ?

 16   M. Tuka (interprétation). - Je crois, je suis sûr d'ailleurs que cela a

 17   été envoyé par les représentants des Musulmans aux représentants des

 18   Croates et aux autorités représentant cette communauté, c'est-à-dire le

 19   président de la communauté croate, cela nous a été envoyé à nous-mêmes, à

 20   notre quartier général ainsi qu'au commandant du HVO ou plutôt au

 21   président du HVO.

 22   Mme Somers (interprétation). – Et est-ce qu'on a demandé, dans ce

 23   document, que vous ne soyez pas relevé de ces fonctions en raison de tous

 24   les efforts que vous aviez faits pour promouvoir la paix ?

 25   M. Tuka (interprétation). - C'est après cela.


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  1   Mme Somers (interprétation). – Passons à la pièce Z 746, il s'agit d'un

  2   communiqué de presse relatif à une rencontre entre représentants des

  3   Musulmans et des Croates à Fojnica. Je vous prie de m'excuser pour la

  4   piètre qualité du document dans sa version serbo-croate. Il s'agit d'une

  5   réaction suite au fait que vous ayez été démis de vos fonctions. Qui

  6   réagit ici ?

  7   M. Tuka (interprétation). - C'est l'assemblée municipale de Fojnica, les

  8   représentants des unités militaires des deux peuples, le monastère

  9   franciscain de Fojnica, la communauté islamique de Fojnica, Napredak,

 10   Preporod, il suffit de lire ce qui est inscrit sur ce document.

 11   Mme Somers (interprétation). – Passons à la pièce Z 747.

 12   Il s'agit là d'une décision prise par un certain nombre d'organismes au

 13   commandement de la Brigade Banja Jelasic en date du 20 avril 1993. S'agit-

 14   il aussi ici d'une objection à l'ordre qui avait entraîné votre retrait et

 15   qui a signé ce document ?

 16   M. Tuka (interprétation). - En effet, il s'agit également d'une décision

 17   signée par le commandement du 3ème Bataillon de Fojnica, le HVO de

 18   Fojnica, la communauté démocratique croate, le monastère franciscain,

 19   l'association culturelle croate.

 20   Mme Somers (interprétation). – Pièce 764, s'il vous plaît.

 21   S'agit-il d'un document en date du 20 avril 1993 qui porte votre signature

 22   et pouvez-vous nous expliquer ce que vous dites au commandement dans ce

 23   document ?

 24   M. Tuka (interprétation). - Eh bien dans ce rapport, j'ai dit au

 25   commandement que j'acceptais mon remplacement et que ce même jour, le


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  1   20 avril 1993 à 16 heures, une réunion du commandement du 3ème Bataillon

  2   aurait lieu et que je procéderai au passage du commandement.

  3   Mme Somers (interprétation). – Et est-ce que finalement votre poste a été

  4   pris par quelqu'un d'autre, par M. Simunic ?

  5   M. Tuka (interprétation). – Non.

  6   Mme Somers (interprétation). – Pourquoi ?

  7   M. Tuka (interprétation). – Parce que M. Simunic a refusé d'accepter cette

  8   nomination. Ultérieurement, des ordres ont été délivrés, nommant un

  9   certain nombre de personnes, mais toutes ces personnes ont refusé

 10   d'accepter le poste.

 11   Mme Somers (interprétation). – Est-ce que finalement, vous êtes resté à ce

 12   poste jusqu'à mai 1993 ?

 13   M. Tuka (interprétation). - Oui je suis resté en poste pendant encore une

 14   dizaine ou une quinzaine de jours, car personne ne voulait me remplacer,

 15   tous ces gens insistaient pour que je reste à mon poste pendant un certain

 16   temps, mais vers le 10 mai, je constatais que je n'étais plus en mesure de

 17   remplir mes fonctions, parce que la situation était devenue

 18   insupportable ; j'ai tout simplement quitté le commandement.

 19   J'ai organisé une réunion de l'ensemble des commandants, je leur ai une

 20   fois de plus expliqué quelle était la situation. Je leur ai dit que je

 21   n'étais plus le commandant légitime et qu'en continuant à rester à ce

 22   poste je me rendais coupable d'une acte criminel. J'étais donc forcé de

 23   quitter mon poste.

 24   Mme Somers (interprétation). - Je vais demander à l'huissier de vous

 25   présenter la pièce portant la cote Z 892.


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  1   (L'huissier s'exécute.)

  2   M. Bennouna. - Madame Somers, j'aimerais demander au témoin, il a décidé à

  3   un moment de quitter ses fonctions de commandement en dépit du soutien

  4   qu'il a reçu. Il a justifié cela devant le Tribunal en disant que la

  5   "situation était devenue insupportable" et que s'il continuait, il

  6   commettrait un acte qu'il a qualifié de "criminel". Est-ce que le témoin

  7   peut s'expliquer à ce sujet ? Pourquoi la situation était-elle devenue

  8   insupportable et pourquoi continuer était un acte qui pourrait être

  9   qualifié selon lui de criminel ?

 10   M. Tuka (interprétation). - C'est assez simple. Eh bien simplement parce

 11   que tous les ordres qui étaient envoyés n'étaient plus envoyés à mon nom à

 12   partir de ce moment-là et mes supérieurs m'avaient relevé de mes

 13   fonctions. Quoi que je puisse faire, en cas de guerre, eh bien tout ce je

 14   pouvais faire je le faisais de ma propre initiative, de plus il y avait un

 15   groupe de personnes assez puissantes qui faisaient pression sur moi

 16   quotidiennement. Une fois même on a tiré sur ma maison pendant la nuit

 17   alors que je dormais chez moi où se trouvaient également ma femme et mes

 18   enfants. Il a donc fallu que je quitte ce poste sinon j'aurais été tué.

 19   M. Bennouna. - Les ordres n'étaient plus envoyés à votre nom, Monsieur

 20   Tuka. Au nom de qui étaient-ils envoyés ? Est-ce que vous le saviez ?

 21   M. Tuka (interprétation). - Oui, ils étaient envoyés au commandant de

 22   cette unité, au commandant du 3ème Bataillon de la Brigade Nikola Subi

 23   Zrinski. Voilà. On ne stipulait pas le nom de ce commandant.

 24   M. Bennouna. - C'était simplement le commandant sans stipuler votre propre

 25   nom, c'est cela ?


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 14   pagination anglaise et la pagination française

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  1   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  2   M. Bennouna. - Je vous remercie.

  3   Mme Somers (interprétation). - Monsieur Tuka, je vais rebondir sur la

  4   question que vient de poser Monsieur le Juge Bennouna et je vais vous

  5   demander d'examiner le document qui porte la cote Z 892.

  6   Est-ce que ce document confirme le document qui vous avait été envoyé le

  7   7 mai 1993 ? Est-ce que cela confirme les ordres qui ont été envoyés au

  8   commandant de la Brigade Nikola Subi Zrinski ainsi que les ordres envoyés

  9   au commandant du bataillon de Fojnica, sans qu'aucun nom ne soit stipulé ?

 10   Est-ce qu'on peut lire à la fin du document que vos activités ou vos

 11   actions constituent une infraction à la discipline militaire pour

 12   lesquelles vous pouvez être tenu pour responsable ?

 13   M. Tuka (interprétation). - Oui. J'ajouterai que souvent, quand je

 14   recevais les ordres, on ne mettait pas le nom du commandant. Parfois le

 15   nom était indiqué, mais du fait qu'on m'avait relevé des mes fonctions, je

 16   sentais que je ne bénéficiais pas du soutien de mes supérieurs à Vitez ni

 17   à Kiseljak. D'autre part, j'avais un certain nombre de difficultés avec

 18   des gens qui se trouvaient dans ma ville. Pour moi c'était donc la seule

 19   solution.

 20   Ce document montre également que j'étais coupable d'une infraction

 21   disciplinaire et qu'on allait me demander des comptes.

 22   Mme Somers (interprétation). - Monsieur Tuka, pendant la période que vous

 23   avez passée à Fojnica, vous avez été commandant. Est-ce qu’il y a eu des

 24   conflits, un conflit ouvert entre les communautés musulmanes et croates ?

 25   M. Tuka (interprétation). - Non. Il y avait des tensions, mais de toute


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  1   façon il n'y avait pas de conflit armé à l'époque où j'y étais.

  2   Mme Somers (interprétation). - Avez-vous essayé de prendre contact avec

  3   des représentants musulmans, ceci à la requête de certains citoyens

  4   croates plus âgés, ceci aussi afin de négocier une espèce de solution

  5   pacifique au monastère ?

  6   M. Tuka (interprétation). - Oui. Au moment où la guerre a commencé et puis

  7   elle a duré, il y avait des blessés, des personnes qui ont été tuées, il y

  8   a un groupe de personnes âgées qui m'a invité pour me demander si je

  9   pouvais éventuellement faire quelque chose, parce qu'elles se sont dit que

 10   j'avais encore de l'autorité dont je jouissais auprès des Musulmans. Nous

 11   avons essayé quelque chose, mais malheureusement je n'ai pas réussi.

 12   Mme Somers (interprétation). - Vous avez quitté votre poste, dans les

 13   faits ou officiellement, et par la suite, à quel moment a éclaté le

 14   conflit qui a opposé les Musulmans et les Croates à Fojnica ?

 15   M. Tuka (interprétation). - Le conflit a éclaté le 2 juillet 1993.

 16   Mme Somers (interprétation). - Vous aviez déployé des efforts pour essayer

 17   de contacter les représentants musulmans. Se sont-ils couronnés de succès

 18   et aussi est-ce que vous avez eu affaire aux mêmes représentants musulmans

 19   que ceux que vous aviez contactés au moment où vous aviez le commandement

 20   à Fojnica ?

 21   M. Tuka (interprétation). - Excusez-moi mais je n'ai pas tout à fait bien

 22   compris. A quel contact pensez-vous ?

 23   Mme Somers (interprétation). - Vous avez tenté d'entreprendre des

 24   négociations au nom des citoyens qui vous l'avaient demandé, n'est-ce

 25   pas ?


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  1   M. Tuka (interprétation). - Oui, oui. Là je comprends. Du côté des

  2   Musulmans il y a eu également des ordres qui ont entraîné des retraits

  3   d'un certain nombre de personnes. La guerre a commencé quatre jours après

  4   que l'on m'ait relevé. Il y a une autre personne de Breza qui est venue du

  5   côté de l'armée de Bosnie-Herzégovine et au moment où je me suis rendu

  6   chez eux, les personnes qui occupaient auparavant des postes importants

  7   n'avaient plus aucun rôle du côté des Musulmans.

  8   Mme Somers (interprétation). - Monsieur Tuka, est-ce que par le général du

  9   général Hayes, la Forpronu avait essayé de mettre en place ce qu'on a

 10   appelé une zone d'intérêt spéciale à Fojnica ? Ceci avait pour objet de

 11   repousser l'échéance du conflit. Je vous invite à consulter la

 12   pièce Z 1024.1.

 13   (L'huissier s'exécute.)

 14   M. Tuka (interprétation). - Oui, il y avait ces tentatives avec la

 15   Forpronu ; l'idée a été lancée par Nasuf et moi-même. A l'époque la

 16   Forpronu était engagée au moment où j'ai été relevé de mes fonctions. Nous

 17   sommes parvenus à un accord et cet accord a été signé à deux jours de la

 18   veille de la guerre. Toutes les personnes-clefs des deux côtés l'avaient

 19   signé, mais malheureusement deux jours plus tard la guerre a été

 20   déclenchée.

 21   Mme Somers (interprétation). - Avez-vous été en mesure de quitter le

 22   monastère après avoir essayé d'y mener des négociations ? Pourriez-vous

 23   nous dire également si ces négociations ont été couronnées de succès ?

 24   M. Tuka (interprétation). - Non. Ce n'étaient pas vraiment des

 25   négociations ; il n'y en avait pratiquement pas. Des conditions ont été


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  1   posées. On a tout de suite compris qu'on ne pouvait pas remplir ces

  2   conditions ; on m'avait mis en prison et voilà.

  3   Mme Somers (interprétation). - Vous avez donc été emprisonné. Pendant

  4   combien de temps et où ?

  5   M. Tuka (interprétation). – J'ai été dans ce camp qui était dans l'école

  6   élémentaire à Fojnica. J'y suis resté 58 jours. Après cela, on m'avait

  7   transféré au monastère ; on ne m'a pas laissé partir en échange. J'y suis

  8   resté jusqu'au mois de mai 1994.

  9   Mme Somers (interprétation). - Ce qui veut dire que vous y étiez de

 10   juillet 1993 à mai 1994, pendant tout ce temps, vous vous trouviez en

 11   détention ?

 12   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 13   Mme Somers (interprétation). - Qui était Abot Milicevic ?

 14   M. Tuka (interprétation). – C'était un prêtre au monastère de Fojnica. Il

 15   a été tué par les forces musulmanes, malheureusement.

 16   Il y en avait un autre, le père Leo Nikic.

 17   Mme Somers (interprétation). - Au moment de sa mort, vous trouviez-vous au

 18   monastère ?

 19   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 20   Mme Somers (interprétation). – Etes-vous au courant des circonstances au

 21   cours desquelles il a trouvé la mort ?

 22   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 23   Mme Somers (interprétation). – Pourriez-vous nous dire rapidement comment

 24   il est mort ?

 25   M. Tuka (interprétation). – C’est simple. Deux jours avant, le HVO, en


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  1   provenance de Kiseljak, a opéré de manière assez violente et les

  2   formations de l'armée de Bosnie-Herzégovine ont quitté Fojnica. Les

  3   soldats, les civils, tout ont été évacués de Fojnica. Le HVO n'est pas

  4   rentré à Fojnica, mais le lendemain matin, ils y sont retournés. Un groupe

  5   s'est rendu au monastère et ils ont tué tout simplement ces deux pères.

  6   Mme Somers (interprétation). – Avez-vous vu qu’ils étaient tués ou l’avez-

  7   vous entendu simplement ?

  8   M. Tuka (interprétation). – J'étais dans la pièce en bas. J'ai entendu les

  9   bruits, mais je n'ai pas vu.

 10   Mme Somers (interprétation). - Je vais demander l'aide de l'huissier même

 11   s'il s'agit surtout de pièces rédigées en anglais qui confirment cette

 12   réalité. Elles viennent de la communauté internationale. Je vais demander

 13   qu'il distribue ces pièces. Il s'agit de la Z 1309.1 et Z 1313.1. Inutile

 14   de demander au témoin de les lire.

 15   M. le Président (interprétation). – Il suffit de les verser au dossier. Il

 16   est inutile de les montrer au témoin, car il ne comprend pas cette langue.

 17   Mme Somers (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le Président.

 18   Monsieur Tuka...

 19   M. le Président (interprétation). – Un instant.

 20   (L'huissier s'exécute.)

 21   Mme Somers (interprétation). – Puis-je poursuivre, Monsieur le Président ?

 22   M. le Président (interprétation). – Oui, je vous en prie.

 23   Mme Somers (interprétation). – Monsieur Tuka, un des derniers points que

 24   nous allons aborder : en votre qualité de commandant, avez-vous discuté

 25   avec vos subordonnés de ce que requiert le droit international en matière


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  1   de traitement de civils et de prisonniers ? Si vous avez eu de telles

  2   discussions, avez-vous parlé du type de responsabilité qui incomberait à

  3   tout soldat pour tout ce qui aurait pu se passer en période de conflit ?

  4   M. Tuka (interprétation). – Oui. Nous avons reçu un ordre où il a été

  5   écrit que le Tribunal international serait créé, qu'il serait chargé de

  6   l'ex-Yougoslavie et qu'il faudrait faire connaître ce fait à tous les

  7   membres du HVO, toutes les formations. Nous avons essayé de nous conformer

  8   à cet ordre. Même auparavant, nous avons essayé également de faire

  9   comprendre à tout le monde que la guerre se terminerait un jour ou l'autre

 10   et que l'on aurait à en parler.

 11   Mme Somers (interprétation). - Avant de terminer, je vais demander que

 12   vous soient présentées deux photos, même si elles nous ramènent un peu en

 13   arrière. Il s'agit des pièces Z 2785 et Z 2786.

 14   (L'huissier s'exécute.)

 15   Monsieur Tuka, veuillez examiner la pièce portant la cote Z 2785. Figurez-

 16   vous sur la photographie ? Que représente ce groupe ?

 17   M. Tuka (interprétation). – Oui, j'y suis présent. Ce sont les membres du

 18   commandement de cette Brigade Josip Ban Jelacic de Kiseljak qui a été

 19   créée le 21 ou le 22 ou même le 23 décembre 1992.

 20   Mme Somers (interprétation). - Pourriez-vous nous indiquer où vous vous

 21   trouvez sur cette photo et où se trouve Ivica Rajic ?

 22   M. Tuka (interprétation). – Voici : c’est moi et Ivica Rajic est à ma

 23   gauche.

 24   Mme Somers (interprétation). - S'assagissant de la pièce Z 2786, que

 25   représente cette photo ?


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  1   M. Tuka (interprétation). – C'est la brigade que nous passons en revue.

  2   C'était le jour même, au moment où elle a été formée, mise sur place.

  3   Mme Somers (interprétation). - Deux derniers points qui concernent votre

  4   départ du monastère. Abot Milicevic était-il considéré comme un homme qui

  5   encourageait à de meilleurs rapports entre les deux communautés musulmane

  6   et croate ?

  7   M. Tuka (interprétation). – Absolument. Oui.

  8   Mme Somers (interprétation). - Quand vous avez quitté le monastère, qui

  9   vous a aidé à en sortir ?

 10   M. Tuka (interprétation). – Ivo Komsic et Nasuf Beba.

 11   Mme Somers (interprétation). – Auriez-vous l'obligeance de répéter le

 12   deuxième nom ?

 13   M. Tuka (interprétation). – Nasuf Beba.

 14   Mme Somers (interprétation). -  Etait-ce cette même personne avec laquelle

 15   vous aviez mené ces négociations à Fojnica ?

 16   (Le témoin  acquiesce de la tête.)

 17   Monsieur Komsic est-il croate ou musulman ?

 18   M. Tuka (interprétation). – Komsic était le commandant de l'armée croate

 19   et Beba était le commandant de l’armée de Bosnie-Herzégovine en même temps

 20   que j'étais de l'autre côté.

 21   Mme Somers (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le Témoin. Je

 22   n’ai plus de questions à poser à ce témoin, Monsieur le Président.

 23   M. le Président (interprétation). – Oui, Maître Naumovski, vous avez la

 24   parole.

 25   M. Naumovski (interprétation). – Un petit moment, Monsieur le Président.


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  1   Monsieur Tuka, je vais me présenter. Je m'appelle Michaël Naumovski. Je

  2   suis avocat de Zagreb. Je suis un des avocats de Dario Kordic.

  3   Je vais vous poser quelques questions, si vous voulez bien, auxquelles je

  4   vous demanderai de répondre brièvement. Compte tenu du fait que nous nous

  5   comprenons, étant donné que nous parlons la même langue, je vais vous

  6   demander d'attendre un peu, de ménager une pause avant de me donner la

  7   réponse pour que les Juges puissent suivre et que les interprètes fassent

  8   leur travail correctement.

  9   Est-ce que nous nous sommes bien compris ?

 10   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 11   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur Tuka, nous pourrions peut-être

 12   dès le début voir un certain nombre de questions qui concernent

 13   M. Dario Kordic. Monsieur Kordic a été journaliste, je suppose que vous

 14   êtes au courant ?

 15   (Signe affirmatif du témoin.)

 16   Pour ce qui concerne la période dont vous avez parlé pendant que vous

 17   étiez en contact avec lui, il s'agissait d'une personne qui était civile,

 18   n'est-ce pas ?

 19   M. Tuka (interprétation). - Oui, en quelque sorte, mais à cette époque-là

 20   j'avoue que c'était le début de tous ces événements et l'organisation de

 21   la défense n'était pas encore à son niveau le plus élevé, je parle du mois

 22   de septembre 1991. A cette époque-là, si vous voulez, on ne pouvait pas

 23   véritablement distinguer le civil et celui qui ne l'était pas. Je ne sais

 24   pas à quelle période vous pensez.

 25   M. Naumovski (interprétation). - Mais je pense bien évidemment à toutes


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  1   les périodes, mais vous parlez de l'époque où tout ce que vous avez fait

  2   était en quelque sorte organisé en clandestinité.

  3   M. Tuka (interprétation). - Oui, vous avez raison.

  4   M. Naumovski (interprétation). - Nous allons quand même nous conformer à

  5   ce que je vous ai demandé tout à l'heure, de ménager des pauses avant que

  6   vous ne me donniez la réponse.

  7   M. Tuka (interprétation). - D'accord.

  8   M. Naumovski (interprétation). - Vous nous avez dit tout à l'heure que de

  9   temps à autre avec le Dr Mijatovic vous vous déplaciez étant donné que

 10   c'était vous qui la preniez dans votre voiture et que vous alliez à

 11   Busovaca pour y assister à des réunions différentes, n'est-ce pas ?

 12   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 13   M. Naumovski (interprétation). - Souvent M. Kordic assistait aussi à de

 14   telles réunions, n'est-ce pas ?

 15   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 16   M. Naumovski (interprétation). - Le Dr Mijatovic et vous-même, ensemble,

 17   avec Kordic vous avez parlé des questions politiques en règle générale.

 18   Vous avez parlé de la manière dont il fallait organiser la vie au niveau

 19   des autorités civiles, n'est-ce pas ?

 20   M. Tuka (interprétation). - Oui, mais comme je l'ai dit tout à l'heure il

 21   y avait également... entre autres questions, on a parlé de la défense,

 22   jusqu'où on est arrivés, est-ce qu'on a des armes, est-ce qu'on est bien

 23   équipé. Tout ceci a précédé la guerre.

 24   M. Naumovski (interprétation). - Mais c'est ce que vous avez dit lors de

 25   votre déclaration préalable. Vous avez dit que vous avez touché à des


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  1   questions différentes, vous avez parlé avec des autorités civiles de la

  2   manière dont il fallait s'équiper et ceci bien évidemment en relation avec

  3   la défense.

  4   M. Tuka (interprétation). - Oui, tout à fait.

  5   M. Naumovski (interprétation). - Madame le Procureur vous a posé un

  6   certain nombre de questions qui concernaient les grades, vous avez dit que

  7   vous n'aviez pas de grade.

  8   M. Tuka (interprétation). - Négatif. Il n'y avait pas de grade à cette

  9   époque-là en Bosnie centrale, tout au moins c'est ce que je pense. Il n'y

 10   avait que le colonel Blaskic. Ensuite c'est M. Kordic qui a eu un grade,

 11   mais à part cela, il n'y avait pas de grade.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Mais c'est justement à ce propos-là que

 13   je voulais vous poser une question. Vous êtes au courant, vous saviez que

 14   M. Kordic avait été promu colonel pour être crédible lors des négociations

 15   qui portaient sur les questions militaires ? Vous vous en souvenez ?

 16   M. Tuka (interprétation). - Je sais qu'il avait un grade mais je ne peux

 17   pas vous dire quel était l'objectif et pour quelles raisons, quels étaient

 18   les motifs pour lesquels il a été promu, il a eu ce grade ? Je ne sais

 19   pas.

 20   M. Naumovski (interprétation). - Je vais peut-être vous rappeler. Dans

 21   votre déclaration aux enquêteurs, vous avez dit que M. Kordic avait reçu

 22   le grade de colonel pour pouvoir participer aux négociations qui ont eu

 23   lieu à l'aéroport à Sarajevo au mois de novembre 1992. C'est ce que vous

 24   avez dit dans votre déclaration ?

 25   M. Tuka (interprétation). - Il n'est pas impossible que j'en ai parlé,


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  1   mais maintenant je vous dis que je ne sais pas comment, quelles étaient

  2   les conditions. Ce que je sais, c'est qu'il allait aux négociations, il

  3   allait à ces réunions. Je ne sais pas si c'est la raison pour laquelle on

  4   l'a promu colonel. Je ne le sais pas, j'étais pas au courant. Je ne le

  5   suis toujours pas.

  6   M. Naumovski (interprétation). - Mais nous sommes bien d'accord pour dire

  7   que vous n'avez jamais vu M. Kordic arborer cet insigne et surtout avoir

  8   le grade de colonel ?

  9   M. Tuka (interprétation). - Je ne pense pas avoir vu cela.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Mais vous avez en revanche vu que

 11   M. Blaskic portait son grade sur son uniforme devant ?

 12   M. Tuka (interprétation). - Oui, Blaskic a été promu colonel avant. Il ne

 13   faut pas oublier non plus qu'il était commandant et qu'il portait son

 14   grade sur l'uniforme. C'était visible.

 15   M. Naumovski (interprétation). - Monsieur Tuka, une question très directe.

 16   Une fois que M. Tihomir Blaskic, on va en parler un peu plus tout à

 17   l'heure, est monté au poste de commandant de la zone opérationnelle en

 18   Bosnie centrale, c'était fin de l'été 1992, nous pouvons le dire comme

 19   cela, à partir de ce moment-là vous n'avez jamais reçu un ordre militaire

 20   de Dario Kordic. N'est-ce pas ?

 21   M. Tuka (interprétation). - Je pense que vous avez raison. Il y avait des

 22   ordres dans le sens d'assurer un camion pour le transport de l'aide

 23   humanitaire, mais je ne me souviens pas avoir reçu un ordre militaire à

 24   partir de cette époque-là.

 25   M. Naumovski (interprétation). - Vous en avez parlé également dans votre


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  1   déclaration préalable : j'aimerais vous demander si vous avez reçu un

  2   ordre d'un tel type. Vous n'auriez jamais mis en exécution cet ordre sans

  3   avoir l'autorisation du colonel Blaskic ?

  4   M. Tuka (interprétation). - Cela me paraît normal ; j'aurais probablement

  5   vérifié si le colonel Blaskic était au courant de cet ordre.

  6   M. Naumovski (interprétation). - Vous voulez parler du général Blaskic, du

  7   colonel Blaskic de l'époque ?

  8   M. Tuka (interprétation). - Oui, tout à fait.

  9   M. Naumovski (interprétation). - Quelques questions concernant les

 10   fonctions de M. Kordic. Savez-vous quand il est devenu vice-président du

 11   HDZ pour la Bosnie-Herzégovine ?

 12   M. Tuka (interprétation). - Non, je ne le sais pas.

 13   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce que vous savez quand M. Mate Boban

 14   est devenu président du HDZ ?

 15   M. Tuka (interprétation). - Je ne le sais pas exactement.

 16   M. Naumovski (interprétation). - Il a été question aujourd'hui de

 17   l'organisation et des structures militaires du HVO. Est-ce que vous savez

 18   à quel moment les autorités civiles du HVO au sein de la communauté

 19   d'Herceg-Bosna ont été créées ?

 20   M. Tuka (interprétation). - Peu après la création des unités militaires et

 21   du pouvoir militaire, les autorités civiles également ont été créées.

 22   M. Naumovski (interprétation). - Vous savez que M. Jadranko Prolkic était

 23   président du Gouvernement du HVO ?

 24   M. Tuka (interprétation). - C'est vous qui venez de me le rappeler. Oui,

 25   là oui effectivement je m'en souviens.


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  1   M. Naumovski (interprétation). - Mais ce sont quelques questions notoires,

  2   ce que vous savez probablement.

  3   M. Tuka (interprétation). - Oui, mais beaucoup de temps s'est écoulé

  4   depuis.

  5   Il y a beaucoup de temps qui s'est écoulé, beaucoup d'événements. Tout

  6   était condensé et je ne peux pas me souvenir de toutes les dates et de

  7   toutes les périodes, je m'en excuse.

  8   M. Naumovski (interprétation). - Mais c'est normal vu le temps. Je voulais

  9   tout simplement savoir si vous étiez au courant que Jadranko Prolkic avait

 10   trois adjoints qui étaient adjoints du président du HVO ?

 11   M. Tuka (interprétation). - Je ne le sais pas parce que c'était déjà

 12   l'époque où la guerre a commencé et j'avoue que je n'étais pas au courant

 13   de tout ce qui s'était passé au sein des autorités politiques. Je ne sais

 14   pas comment les choses ont évolué dans ce sens-là.

 15   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce que vous savez qu'en Bosnie

 16   centrale le vice-président du HVO de M. Jadranko Prolkic était

 17   Ante Valenta ?

 18   M. Tuka (interprétation). - Je ne me souviens pas exactement.

 19   M. Naumovski (interprétation). - Ce que je voulais dire c'est que

 20   M. Kordic n'avait pas vraiment de position de poste dans le Gouvernement

 21   du HVO. Le savez-vous ?

 22   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas.

 23   M. le Président (interprétation). - Si vous avez une question, posez-là

 24   directement au témoin. Ne lui faites pas part de ce que vous vous savez.

 25   Apparemment le témoin ne se souvient pas de ces événements.


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  1   M. Naumovski (interprétation). - Je ferai comme vous me conseillez de le

  2   faire, Monsieur le Président.

  3   Vous savez Monsieur Tuka que M. Dario Kordic était un des vice-président

  4   de la communauté croate d'Herceg-Bosna, n'est-ce pas ?

  5   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  6   M. Naumovski (interprétation). - Oui, dites-le nous.

  7   M. Tuka (interprétation). - Oui, je sais qu'il avait cette fonction.

  8   M. Naumovski (interprétation). - Il était l'un des deux présidents. Le

  9   savez-vous également ? Il n'était pas le seul vice-président, n'est-ce

 10   pas ?

 11   M. Tuka (interprétation). - C'est exact. Seulement je ne sais pas pendant

 12   combien de temps et à quel moment il avait ces fonctions.

 13   M. Naumovski (interprétation). - Je n'ai pas tout à fait compris.

 14   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas exactement pendant combien de

 15   temps il a été vice-président.

 16   M. Naumovski (interprétation). - Vous voulez parler du moment où il était

 17   vice-président ?

 18   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 19   M. Naumovski (interprétation). - Monsieur Tuka, vous avez fourni des

 20   déclarations préalables aux enquêteurs du Tribunal le 16 et le

 21   27 novembre 1996, n'est-ce pas ?

 22   M. Tuka (interprétation). - C'est exact. Les enquêteurs sont venus me voir

 23   et nous avons discuté.

 24   M. Naumovski (interprétation). - Si nous prenons les choses dans l'ordre

 25   chronologique, auparavant, le 20 décembre 93, vous avez fourni une


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  1   déclaration au centre des services de sécurité à Sarajevo, c'est comme

  2   cela qu'on appelait l'entité à l'époque, le centre de la sécurité d'état.

  3   Et plus exactement à l'en-tête de Visoko ?

  4   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  5   M. Naumovski (interprétation). - Au moment où vous avez fourni cette

  6   première déclaration en décembre 1993, vous vous trouviez en prison n'est-

  7   ce pas ?

  8   M. Tuka (interprétation). - C'est exact j'ai donné alors cette déclaration

  9   et ceci dans des circonstances tout à fait anormales. En effet j'étais en

 10   détention, emprisonné, et je ne pensais pas dès lors qu'on puisse attacher

 11   quelque valeur que ce soit à cette première déclaration.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Dites-moi toutefois, avant que vous ne

 13   soyez emmené à Visoko, est-ce que vous aviez fourni une déclaration à Nael

 14   Krcic qui était l'officier chargé de la sécurité à la brigade de Fojnica,

 15   de l'armée de Bosnie-Herzégovine, brigade commandée par Nihad Kaminjac ?

 16   M. Tuka (interprétation). - Tout d'abord on ne m'a pas emmené à Visoko,

 17   cette discussion a eu lieu au poste de police de Fojnica.. Et pour ce qui

 18   est de l'audition, je ne sais pas ce qu'il en est de cet homme-là, mais

 19   après que le frère de Nikica Miletic ait été tué, toutes sortes de

 20   personnes sont venues mener des enquêtes ; il y a eu des gens du SUP, je

 21   ne les connaissais pas du tout mais il a fallu que je m'entretienne avec

 22   ces personnes dans le cadre du meurtre commis.

 23   M. Naumovski (interprétation). - Mais tout cela, c'était les représentants

 24   des autorisés autorités musulmanes n'est-ce pas ?

 25   M. Tuka (interprétation). - Tout à fait.


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  1   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur Tuka, MM. les Juges, semblent

  2   tout à fait informés sur ces évènements. On a fait référence à certains

  3   d'entre eux, toutefois il me faudra vous poser quelques questions qui

  4   porteront sur les premiers jours au cours desquels vous avez fait des

  5   préparatifs de défense.

  6   Sommes-nous d'accord sur ce fait : vous Croates avez commencé à vous

  7   organiser quand la guerre à éclaté en République de Croatie n'est-ce pas ?

  8   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  9   M. Naumovski (interprétation). - Mais je serais encore plus précis, vous

 10   l'avez fait en dehors du cadre qui existait déjà, en dehors du cadre de la

 11   Défense territoriale qui avait des liens uniquement avec la JNA ?

 12   M. Tuka (interprétation). - C'est exact.

 13   M. Naumovski (interprétation). - Vous avez parlé aujourd'hui des armes

 14   qu'avait la Défense territoriale, nous n'allons pas répéter, mais de façon

 15   générale, sur tout le territoire de la Bosnie-Herzégovine, la JNA a saisi

 16   n'est-ce pas les armes qu'avait la Défense territoriale, tout comme elle

 17   l'avait fait à Fojnica ?

 18   M. Tuka (interprétation). – Je ne sais pas ce qui s'est passé dans

 19   d'autres municipalités, je sais uniquement ce qui s'est passé dans la

 20   mienne.

 21   M. Naumovski (interprétation). - En d'autres termes, que les armes avaient

 22   été confisquées n'est-ce pas ?

 23   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 24   M. Naumovski (interprétation). - Dans votre déclaration préalable fournie

 25   aux enquêteurs, vous avez dit, s'agissant de cette auto organisation, que


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  1   les Musulmans hésitaient puisque certains avaient toujours foi en la JNA

  2   n'est-ce pas ?

  3   M. Tuka (interprétation). – Oui, je pense surtout aux autorités

  4   officielles. Oui notamment à Sarajevo.

  5   M. Naumovski (interprétation). - Eh bien, rappelons-nous que nous sommes à

  6   l'époque où la République de Bosnie-Herzégovine faisait toujours partie de

  7   l'ancien état de l'ex-Yougoslavie ?

  8   M. Tuka (interprétation). - C'est exact.

  9   M. Naumovski (interprétation). - Vous avez dû procéder à toute une série

 10   d'activités peut-être illégitimes afin de vous organiser, étant donné

 11   l'avis affiché par les autorités. Sommes-nous d'accord sur le fait

 12   suivant : la structure de l'ancien état commençait à se désintégrer, à

 13   présenter des failles ?

 14   M. Tuka (interprétation). - Sans doute, mais vous savez je ne m'y connais

 15   pas bien en politique. Mais déjà avec les élections qui avaient eu lieu en

 16   Croatie, en Slovénie, avec toutes ces modifications qui étaient déjà

 17   intervenues, la ligue des communistes n'existait plus, ne se trouvait plus

 18   au pouvoir ; à l'évidence les choses changeaient.

 19   M. Naumovski (interprétation). – Vous avez parlé des circonstances qui

 20   vous ont poussé à devenir membre du HDZ ce matin, et puis il y a ces

 21   préparatifs de défense qui avaient été faits, ceci avait été fait avec la

 22   cellule de crise, n'est-ce pas ? Donc cela veut dire que ceci se passait

 23   au sein du HDZ ?

 24   M. Tuka (interprétation). - A peu près. Mais je pense qu'il ne fallait pas

 25   y voir uniquement des préparatifs de défense des représentants ou des


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  1   membres du HDZ. Il fallait y trouver des personnes qualifiées et qui s'y

  2   connaissaient aussi en matière de défense.

  3   M. Naumovski (interprétation). - Je comprends parfaitement cette idée, le

  4   HDZ n'était que le moteur qui avait essayé de mettre en branle tout ce

  5   processus n'est-ce pas ?

  6   M. Tuka (interprétation). – Oui tout à fait.

  7   M. Naumovski (interprétation). - Nous n'allons pas nous appesantir sur les

  8   détails mais j'aimerais vous rappeler, MM. les Juges, l'existence du

  9   document portant la cote Z 16, qui parle de cette question. Monsieur Tuka,

 10   vous avez dit qu'une cellule de crise avait été constituée depuis la

 11   région de Travnik avec M. Kordic et M. Kostroman entre autres n'est-ce

 12   pas ?

 13   M. Tuka (interprétation). - C'est exact.

 14   M. Naumovski (interprétation). - Dans la même veine des cellules de crises

 15   d'ordre militaire se sont créées, qui ont rassemblé des personnes dotées

 16   d'une certaine connaissance en matière militaire n'est-ce pas ?

 17   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 18   M. Naumovski (interprétation). - Vous avez fait allusion à une réunion

 19   aujourd'hui qui avait eu lieu à Busovaca. Ajoutons si vous le voulez bien

 20   quelques noms à ceux que vous avez donnés en réponse à une question posée

 21   par Madame le Procureur. A l'occasion de cette première réunion tenue au

 22   mois de septembre 1991, la municipalité de Fojnica était représentée par

 23   vous et M. Marinko Bosnjak n'est-ce pas ?

 24   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 25   M. Naumovski (interprétation). - Quand j'ai parlé de Marinko Bosnjak,


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  1   c'était aussi un civil qui s'y connaissait en logistique, en matière

  2   économique ?

  3   M. Tuka (interprétation). – Oui, après quand la guerre a commencé, comment

  4   vais-je dire, il était transféré à M. Kordic et M. Kostroman. Il a rejoint

  5   cette espèce d'instance, de commandement qui était responsable des

  6   affaires civiles.

  7   M. Naumovski (interprétation). - Toujours à cette réunion de septembre 91

  8   outre l'hôte de Busovaca et vous même qui veniez de Fojnica, il n'y avait

  9   pas Tomo Trutina qui lui venait de Kiseljak, n'est-ce pas ?

 10   M. Tuka (interprétation). - Oui il a participé à certaines réunions, je ne

 11   sais pas s'il était présent à celle-là, sans doute que oui.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Ce sont la des noms que j'ai recueillis

 13   de la déclaration que vous a fournie aux enquêteurs ; il y avait des

 14   représentants de Kresevo également, ce qui veut dire que toute une région

 15   était représentée ?

 16   M. Tuka (interprétation). – Oui, tout à fait exact.

 17   M. Naumovski (interprétation). - Si des questions militaires étaient

 18   évoquées lors de ces réunions, nous sommes toujours au cours de cette

 19   période ou tout se passe hors-la-loi , vous avait discuté de la façon de

 20   se procurer des armes, de ce qu'il allait advenir des casernes occupées

 21   auparavant par la JNA n'est-ce pas ?

 22   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 23   M. Naumovski (interprétation). - Et à l'époque vous aviez déjà prévu la

 24   possibilité d'avoir une défense conjointe avec les Musulmans ?

 25   M. Tuka (interprétation). - Effectivement, nous en avons discuté mais je


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  1   doute que quoi que ce soit de concret ait été vraiment formulé ou réalisé,

  2   en tout cas je ne le sais pas.

  3   M. Naumovski (interprétation). - Ce que j'essaie d'établir, c'est

  4   ceci :c'est que vous connaissiez l'ennemi, vous saviez qui préparait une

  5   guerre dirigée contre d'autres, donc il était tout à fait normal qu'à

  6   l'époque vous envisagiez une défense conjointe avec les Musulmans  ?

  7   M. Tuka (interprétation). - Oui mais étant donné la position très floue

  8   adoptée par les autorités musulmanes de Sarajevo et vu l'absence de

  9   confiance qui régnait, c'était du moins ce que nous pensions à Fojnica,

 10   nous pensions qu'il était encore prématuré de prendre contact avec les

 11   musulmans pour discuter avec eux de façon plus concrète d'une telle

 12   éventualité.

 13   M. Naumovski (interprétation). - Oui c'est bien pour cela que j'ai parlé

 14   de possibilités et non pas de certitudes.

 15   Pourriez-vous me donner une réponse ?

 16   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 17   M. Naumovski (interprétation). - Vous avez parlé de fourniture d'armes. La

 18   plupart de ces armes avaient été dit distribuées à des volontaires de la

 19   municipalité n'est-ce pas ?

 20   M. Tuka (interprétation). – Oui, je ne sais pas exactement comment cela

 21   s'est fait dans d'autres municipalités, mais je sais qu'en ce qui nous

 22   concerne, nous avons sélectionné les personnes les plus aptes dans notre

 23   village, celles qui avaient déjà une formation militaire qui elles étaient

 24   chargées de sélectionner des personnes en qui ils avaient confiance, dont

 25   ils savaient que ces personnes n'allaient pas utiliser leurs armes pour


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  1   chasser ou tuer de façon illégale.

  2   M. Naumovski (interprétation). - Et tout ceci se faisait de façon

  3   illégale ?

  4   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  5   M. Naumovski (interprétation). - En avril 1992, alors que Sarajevo était

  6   occupée, alors que les Serbes de Bosnie Herzégovine ont attaqué avec la

  7   JNA et ont commencé la guerre en Bosnie-Herzégovine, vous aviez déjà à

  8   votre disposition à Fojnica, plusieurs période bien entraînées bien

  9   formées ?

 10   M. Tuka (interprétation). – Je ne sais pas dans quelle mesure ces

 11   personnes avaient reçu une formation, mais il y avait de 400 à 450 hommes,

 12   quelque chose de ce goût là.

 13   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur Tuka, sommes-nous d'accord pour

 14   dire que toutes ces mesures assez illicites que vous avez entreprises dans

 15   le secret, ont gagné en légalité, sont devenues légales, au moment où il y

 16   a eu une agression et une guerre ouverte n'est-ce pas ?

 17   M. Tuka (interprétation). - C'est exact.

 18   M. Naumovski (interprétation). - Et c'est seulement le 6 avril 1992 que

 19   vous avez eu une première réunion officielle avec M. Nasuf Beba qui à

 20   l'époque était le responsable de la Ligue patriotique ?

 21   M. Tuka (interprétation). - C'est exact.

 22   M. Naumovski (interprétation). - Tout ceci avait pour effet d'organiser

 23   des premières mesures préventives ?

 24   M. Tuka (interprétation). – Oui, aussi de prévoir l'organisation qui

 25   serait nécessaire à l'avenir.


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  1   M. Naumovski (interprétation). - Même si la zone de Fojnica est assez

  2   éloignée par rapport au front nord ouest, ici je pensais à Jajce

  3   notamment. Les unités de Fojnica se sont pourtant déplacées sur la ligne

  4   de front pour lutter contre les Serbes à Jajce ?

  5   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  6   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce que vous vous êtes rendu à ce

  7   moment-là sur le front ?

  8   M. Tuka (interprétation). - Oui. J'ai fait un déplacement pour aller voir

  9   les soldats.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Quand les Serbes ont capturé Jajce, la

 11   ligne de front s'est déplacée vers le sud, vers la vallée de la Lasva.

 12   Cependant par la suite, des lignes ont été constituées, je dirais au nord-

 13   ouest de Travnik du côté de Paklarevo, je ne suis  pas trop sûr, est-ce

 14   bien exact ?

 15   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 16   M. Naumovski (interprétation). - Et le HVO de toute la vallée de la la

 17   Lasva, je pense à votre partie du HVO car vous la connaissez bien, a tenu

 18   la ligne de front contre les Serbes dans les régions de Paklarevo, en

 19   janvier, en 1993 ? C'est le document Z 3  75.1 qui nous le prouve n'est-ce

 20   pas ?

 21   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 22   M. Naumovski (interprétation). - A l'époque, le seul ennemi qu'avait le

 23   HVO, c'était l'armée des serbes, l'ancienne JNA ?

 24   M. Tuka (interprétation). - C'était vrai officiellement, cependant des

 25   incidents s'étaient déjà produits, la tension montait et cette dernière


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  1   unité que vous nous avions à Paklarévo est restée bloquée quand la route

  2   allant de Busovaca à Kiseljak était coupée et ces hommes se sont retrouvés

  3   sur ces positions pendant au moins 3 ou 4 jours ; il leur était impossible

  4   de franchir cet obstacle, puis ils sont revenus sur la municipalité de

  5   Fojnica en passant par la route allant de Gornji Vakuf à Fojnica. C'est de

  6   cette façon que nous avons pu regagner notre territoire à Fojnica.

  7   M. Naumovski (interprétation). - Que tout soit clair pour MM. les Juges.

  8   Vous parlez du barrage routier qui se trouve à Kacuni ?

  9   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Nous allons revenir un peu plus tard à

 11   cette question mais poursuivons maintenant.

 12   Parlons de la fondation du conseil croate de la défense. Vous en avez déjà

 13   parlé vous-même, inutile de tout répéter, mais je pense que nous pouvons

 14   nous mettre d'accord sur une chose, le HVO avait pour premier objectif de

 15   se défendre de l'agression serbe à l'époque, n'est-ce pas ?

 16   M. Tuka (interprétation). - En tout cas c'est comme cela que cela aurait

 17   dû être et c'était le but affiché officiellement.

 18   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur Tuka, vous avez rencontré

 19   M. Blaskic pour la première fois à Kiseljak en mai ou juin 1992, n'est-ce

 20   pas ? A ce moment-là, vous saviez déjà que M. Filipovic travaillait à

 21   l'organisation du quartier général militaire pour la Bosnie centrale à

 22   Travnik ?

 23   M. Tuka (interprétation). – Vous venez de me le rappeler vous-même à

 24   l'instant, c'est exact.

 25   M. Naumovski (interprétation). - Monsieur Blaskic a quitté Kiseljak en


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  1   juillet ou en août 1992 d'abord pour se rendre à Busovaca ?

  2   M. Tuka (interprétation). - Je pense que oui.

  3   M. Naumovski (interprétation). – Conviendrez-vous avec moi du fait qu'il

  4   n'est pas resté longtemps à Busovaca puisque de là il est parti sur

  5   Kruscica, municipalité de Vitez et c'est là qu'il a établi son premier

  6   quartier général militaire, donc effectif pour la Bosnie centrale.

  7   M. Tuka (interprétation). - Oui, je ne sais pas combien de temps il a

  8   passé à cet endroit mais, par la suite, il s'est déplacé sur Kruscica et

  9   c'est là que se trouvait le commandement.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Tout ceci s'est passé à la fin de

 11   l'été 1992 et il n'avait pour but que d'opérer une séparation entre les

 12   autorités civiles et militaires.

 13   M. Tuka (interprétation). - Oui c'est comme cela que cela aurait dû se

 14   passer.

 15   M. Naumovski (interprétation). - Je cite ce que vous disiez dans votre

 16   déclaration préalable, nous sommes donc bien d'accord, n'est-ce pas ?

 17   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 18   M. Naumovski (interprétation). – Et puis fin 92, après avoir été nommé

 19   officiellement commandant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale

 20   M. Blaskic a déplacé son commandement pour l'installer à l'hôtel Vitez à

 21   Vitez, n'est-ce pas ?

 22   M. Tuka (interprétation). – Oui, il s'est installé à Vitez, mais je ne

 23   sais pas exactement à quel moment il l'a fait.

 24   M. Naumovski (interprétation). - Aujourd'hui, vous avez parlé d'un ordre

 25   que vous avez reçu au cours du mois de novembre 1992, cet ordre portait


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  1   sur la nécessité de restructurer les forces armées et de constituer des

  2   brigades plus exactement.

  3   M. Tuka (interprétation). - C'est exact.

  4   M. Naumovski (interprétation). - Vous n'êtes pas le seul à avoir reçu cet

  5   ordre, d'autres brigades, d'autres HVO l'ont également reçu, nous pouvons

  6   donc nous mettre d'accord sur le fait que cette restructuration devait

  7   avoir lieu dans d'autres municipalités que la vôtre, n'est-ce pas ?

  8   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  9   M. Naumovski (interprétation). - Je ne voudrais pas importuner Messieurs

 10   les Juges par trop de détails qui ne diraient pas à quel moment le

 11   3ème Bataillon, dans lequel vous étiez à Kiseljak pour la Brigade de

 12   Banjo Jelacic, à quel moment vous avez été membre de la Brigade de

 13   Busovaca Nikola Subic Zrinski. Toutefois, une question purement pratique

 14   que j'aimerais vous poser : officiellement, vous deviez relever de la

 15   Brigade Nikola Subic Zrinski de Busovaca, n'est-ce pas ? Mais vous étiez à

 16   ce moment-là tout à fait incapable de communiquer avec cette brigade ?

 17   M. Tuka (interprétation). – C'est exact.

 18   M. Naumovski (interprétation). - C'est uniquement à titre officiel que

 19   vous constituiez le 3ème Bataillon de cette brigade. Toutefois, dans vos

 20   activités et exercices journaliers, vous étiez plutôt en contact avec les

 21   personnes avec la Brigade Banjo Jelacic à Kiseljak ?

 22   M. Tuka (interprétation). - C'est exact, mais je crois qu'il y a un ordre

 23   dans ce sens, ordre qui dit que nous demeurons au sein de la Brigade de

 24   Busovaca mais que nous sommes placés sous le commandement de la brigade de

 25   Kiseljak.


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  1   M. Naumovski (interprétation). – Exactement, étant donné l'endroit où vous

  2   vous trouviez et les difficultés qu'il y avait à établir des

  3   communications, vous avez réussi à obtenir beaucoup d'indépendance, n'est-

  4   ce pas, si j'ai bien compris ?

  5   M. Tuka (interprétation). – Oui, oui.

  6   M. Naumovski (interprétation). – Dites-nous, aujourd'hui vous avez parlé

  7   rapidement de la police militaire. Celle-ci a été placée sous le

  8   commandement de la brigade, n'est-ce pas ? Et ici je pense à la situation

  9   qui prévalait à Fojnica.

 10   M. Tuka (interprétation). - Au moment de la création de la police

 11   militaire, celle-ci se trouvait sous le commandement de la police

 12   municipale puis s'est opérée et s'est étendue la restructuration de toutes

 13   les forces du HVO, ce qui fait que la police a été séparée des autres

 14   forces et je pense qu'il y a eu un commandement séparé. Mais il y a

 15   toujours eu une police militaire et en tout cas elle s'est toujours

 16   trouvée au service des commandants du HVO comme moi.

 17   M. Naumovski (interprétation). – Ce que je voulais vous dire au fond c'est

 18   ceci, c'est que la police militaire faisait partie des forces armées du

 19   HVO, n'est-ce pas ?

 20   M. Tuka (interprétation). - C'est exact.

 21   M. Naumovski (interprétation). – Est-il exact aussi que des unités

 22   spéciales qui étaient susceptibles d'exister faisaient également partie

 23   des forces armées du HVO et relevaient de la chaîne de commandement ?

 24   M. Tuka (interprétation). – Ca, je ne n'en suis pas aussi sûr, je ne sais

 25   plus à quelle date j'ai reçu un ordre selon lequel toutes les unités


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  1   paramilitaires, tout particulier, tout individu devrait être placé sous le

  2   commandement du HVO. Ceci est intervenu au cours de l'année 1993 au cours

  3   des six premiers mois mais je ne me souviens plus de la date exacte.

  4   Jusqu'alors il y avait des unités du HOS, d'autres unités, je me souviens

  5   du HOS qui nous a posé quelques problèmes à Fojnica, car ils agissaient de

  6   façon autonome et indépendante ; ils se sont séparés et ont décidé eux-

  7   mêmes de se séparer.

  8   M. le Président (interprétation). - Le moment se prête-t-il à une pause

  9   pour le déjeuner ?

 10   M. Naumovski (interprétation). - Oui, tout à fait Monsieur le Président.

 11   M. le Président (interprétation). - Monsieur Tuka, au cours de cette pause

 12   ou d'autres pauses par la suite, veuillez ne vous entretenir avec personne

 13   de votre témoignage, attendez de le terminer pour ce faire et ceci vaut

 14   aussi pour les représentants du Bureau du Procureur.

 15   Je vais vous demander d'être de retour à l'audience à 14 heures 30.

 16   L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à 14 heures 30.

 17   M. le Président (interprétation). – Maître Naumovski, vous avez la parole.

 18   M. Naumovski (interprétation). – Merci Monsieur le Président. Monsieur

 19   Tuka, avant de poursuivre, j'ai vérifié la transcription et je n'ai pas

 20   tout à fait bien compris la réponse que vous avez donnée à la question de

 21   savoir si M. Kordic avait un grade de colonel, grade qu'on lui avait donné

 22   et qui était honorifique. Etes-vous au courant ou non qu'il possédait ce

 23   grade honorifique ?

 24   M. Bennouna. - Cette question a été posée au témoin déjà trois fois. Vous

 25   lui avez déjà demandé si c'était simplement pour participer à des


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  1   réunions. Vous lui avez rappelé sa déclaration antérieure. Il vous a dit

  2   qu'il ne se souvenait plus. Nous ne pouvons pas participer avec vous à ce

  3   petit “ jeu ” qui consiste à vouloir répéter les choses pour obtenir

  4   absolument quelque chose du témoin. Cela ne se fait nulle part. On vous

  5   prie d'aller au centre du problème. Lorsque le témoin a répondu qu'il ne

  6   souvenait plus, il ne peut pas parce qu'il a déjeuné, avoir récupéré tout

  7   d'un coup sa mémoire. Cela arrive peut-être, mais c'est assez

  8   exceptionnel. Je vous en prie. Allez-y !

  9   M. Naumovski (interprétation). – Merci, Monsieur le Juge. Malheureusement,

 10   je me dois de dire que j'ai mal compris la réponse de Tuka. C'est pourquoi

 11   je lui ai reposé la question. Dans ce cas-là, je voulais lui montrer une

 12   partie du compte rendu que M. Tuka avait signé et où il avait dit tout à

 13   fait autre chose par rapport à ce que j'ai vu sur la transcription

 14   d'aujourd'hui.

 15   M. le Président (interprétation). – Poursuivons, poursuivons !

 16   M. Naumovski (interprétation). – Merci. Monsieur Tuka, nous avons parlé de

 17   l'organisation du HVO. Nous allons poursuivre si vous voulez bien, dans ce

 18   même sens. En votre qualité de commandant de la partie militaire du HVO,

 19   du troisième bataillon par la suite, vous avez également intégré dans vos

 20   unités les unités de la défense civile, n'est-ce pas ?

 21   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 22   M. Naumovski (interprétation). – Nous sommes d'accord pour dire que les

 23   membres de la défense civile sont des personnes qui ne sont pas en âge de

 24   combattre ou qui ont dépassé l'âge pour combattre ?

 25   M. Tuka (interprétation). – Vous avez raison.


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  1   M. Naumovski (interprétation). – L'objectif même de l'existence de cette

  2   défense civile est d’organiser la vie dans les secteurs où il y a des

  3   opérations militaires ?

  4   M. Tuka (interprétation). – Oui, vous avez raison.

  5   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur Tuka, nous en avons parlé

  6   quelque peu tout à l'heure. Nous avons dit que début 92 était le début de

  7   la guerre et en même temps, nous étions en présence d'un état qui était en

  8   train de se désintégrer et d’un autre en train de se créer. Par

  9   conséquent, il y avait beaucoup de ceux qui ne se conformaient pas à la

 10   législation en vigueur ni à l'ordre public.

 11   M. Tuka (interprétation). – Je ne sais s’il y avait des tensions. Il est

 12   vrai qu'il y avait des gens qui provoquaient un certain nombre de

 13   problèmes et on avait pas de possibilité pour les sanctionner car la

 14   justice ne fonctionnait pas à cette époque-là, les prisons n'étaient pas

 15   organisées. Tout ceci reposait sur des lois morales si on peut dire ainsi.

 16   M. Naumovski (interprétation). – Vous voulez dire que c'est la morale et

 17   l'éthique qui prévalaient ?

 18   M. Tuka (interprétation). – Oui. C'est dans ce sens que je le pensais.

 19   M. Naumovski (interprétation). – Au sein du HVO, il y avait quand même une

 20   responsabilité disciplinaire qui a été réglementée ?

 21   M. Tuka (interprétation). – Il y avait des règles. Je ne sais pas à quel

 22   moment ces règles ont été établies. Il y avait la police militaire et

 23   normalement, c'est elle qui devait être chargée de l'ordre parmi les

 24   membres du HVO. La police civile de l'autre côté également avait la

 25   responsabilité de maintenir l'ordre public pour le reste de la population.


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  1   M. Naumovski (interprétation). – En d'autres termes, la police militaire

  2   avait été chargée d'enquêter sur les actes commis par les personnes qui

  3   portaient l'uniforme, qui étaient des militaires ?

  4   M. Tuka (interprétation). – Oui.

  5   M. Naumovski (interprétation). – Mais il y avait la police civile de

  6   l'autre côté qui entreprenait des enquêtes quand il s'agissait de crimes

  7   commis par des personnes qui étaient des civils et non des soldats ?

  8   M. Tuka (interprétation). – Oui.

  9   M. Naumovski (interprétation). – Mais l'influence de la police civile

 10   n'était pas très importante. Ils étaient pratiquement impuissants face à

 11   l'armée ?

 12   M. Tuka (interprétation). – Cela dépend. Cela dépend de l'endroit. Dans ma

 13   région, on a pu faire la distinction très nette entre les responsabilités

 14   des uns et des autres.

 15   M. Naumovski (interprétation). – Je viens de citer vos paroles du compte

 16   rendu qui a été dressé après votre entretien avec les enquêteurs du bureau

 17   du Procureur où vous disiez que, face à la police militaire, les autorités

 18   civiles ne pouvaient pas faire grand-chose ?

 19   M. Tuka (interprétation). – Je ne sais pas comment l'interpréter. Si on

 20   pouvait l’interpréter de manière assez exacte, mais il est vrai que la

 21   police civile n'avait pas de responsabilité sur la police militaire. Une

 22   partie des tâches de la police civile ont été reprises par la police

 23   militaire. Par exemple le contrôle de la circulation, les axes de

 24   communication ont été contrôlés par la police militaire. Les points de

 25   contrôle également qui ont été dressés.


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  1   M. Naumovski (interprétation). – Comme on parle de la police militaire,

  2   j'aimerais parler de la pièce à conviction versée au dossier aujourd'hui,

  3   Z 386. On voit que Ivo Rezo était le directeur de la direction de la

  4   police qui couvrait l'ensemble de la Bosnie centrale dont l'administration

  5   se trouvait à Travnik. Lui, il avait informé la police à Mostar que c'est

  6   Nikola Perica qui serait nommé comme commandant. Il s'agissait par

  7   conséquent du chef de la police civile pour la Bosnie centrale et c’est le

  8   chef civil qui en informe la police militaire ?

  9   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 10   M. Naumovski (interprétation). – Nous savons que Nikola Perica n’a jamais

 11   été nommé au poste de commandant. En d'autres termes, l'ordre en question

 12   n'a jamais été mis en oeuvre.

 13   M. Tuka (interprétation). – C'est la première fois que j'entends parler de

 14   ce nom. Donc, je suppose qu'il n'a jamais été désigné à ce poste.

 15   M. Naumovski (interprétation). – Avant la pause, on a parlé du quartier

 16   général de M. Blaskic qui d'abord était à Kruscica ensuite à Vitez.

 17   J'aimerais vous poser quelques questions à ce sujet, qui touchent au

 18   domaine militaire. Vous êtes d'accord avec moi pour dire que Mate Boban a

 19   été à la tête du HVO ? Il était commandant suprême en quelque sorte ?

 20   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 21   M. Naumovski (interprétation). – Pour ce qui est de M. Blaskic, vous avez

 22   dit que vous aviez été informé en provenance de Grude qu'il était

 23   commandant de la zone opérationnelle de Bosnie centrale ?

 24   M. Tuka (interprétation). – Je le pense.

 25   M. Naumovski (interprétation). – Le supérieur de Blaskic était le général


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  1   de brigade Milivoj Petkovic ?

  2   M. Tuka (interprétation). – Je ne sais pas exactement qui à cette époque,

  3   était son  supérieur.

  4   M. Naumovski (interprétation). – Il y avait quelqu'un qui était au

  5   commandement du HVO à un niveau plus élevé, qui lui était supérieur. Vous

  6   êtes bien d'accord avec moi ?

  7   M. Tuka (interprétation). – C’est cela, mais je ne sais pas où se trouvait

  8   le siège et je ne connais pas le nom de la personne.

  9   M. Naumovski (interprétation). – Mais c'était en dehors de la Bosnie

 10   centrale, de toutes façons. Nous sommes d'accord là-dessus ?

 11   M. Tuka (interprétation). – Oui, là-dessus, nous sommes d'accord.

 12   M. Naumovski (interprétation). – Indépendamment du fait que vous

 13   apparteniez à la brigade des Busovaca ou de Kiseljak, je voudrais vous

 14   poser la question pour savoir si nous sommes d'accord que le commandant de

 15   la brigade de Busovaca ou plus précisément de la brigade Nikola Subic

 16   Zrinski était Niko Josinovic, dans un premier et très brièvement. Ce n'est

 17   que par la suite que Dusko Grubicic a été nommé à ce poste ?

 18   M. Tuka (interprétation). - Je pense que vous avez raison.

 19   M. Naumovski (interprétation). - Et les commandants de la Brigade Jelacic

 20   étaient d'abord Rajic, ensuite Bozic et ensuite Bradara, c'était bien dans

 21   cet ordre-là qu'on en avait parlé tout à l'heure ?

 22   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 23   M. Naumovski (interprétation). - Très brièvement, vous avez parlé

 24   aujourd'hui des communications par paquet. Il y a un certain nombre de

 25   documents qui nous ont été présentés, que vous avez obtenus du quartier


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  1   général de Bosnie centrale. Est-ce que vous êtes d'accord avec moi pour

  2   dire que vous n'avez jamais reçu un ordre ou une instruction de la part de

  3   Kordic ?

  4   M. Tuka (interprétation). - Il y avait des informations qui étaient

  5   destinées aux autorités civiles, mais sur le plan militaire, je n'ai

  6   jamais reçu de telles informations de la part de ce monsieur.

  7   M. Naumovski (interprétation). - Mais en ce qui concerne le signal de

  8   Fojnica, il n'était pas très bon et c'est la raison pour laquelle vous

  9   aviez des difficultés à communiquer par paquet, n'est-ce pas ?

 10   M. Tuka (interprétation). - On passait par le centre de liaison à Kiseljak

 11   et c'est le centre de Kiseljak qui envoyait par la suite les informations.

 12   Il y avait donc un intermédiaire. Nous avons toujours été en mesure, si la

 13   communication fonctionnait, de se mettre en contact. Il fallait bien

 14   évidemment que les liaisons soient en bon état d'un côté et de l'autre,

 15   mais il y avait un intermédiaire.

 16   M. Naumovski (interprétation). - C'étaient des hypothèses que vous

 17   annoncez pour qu'on puisse travailler ?

 18   M. Tuka (interprétation). - En ce qui nous concerne, je dois dire que cela

 19   fonctionnait ; on n'avait pas de problèmes, c'était assez sûr.

 20   M. Naumovski (interprétation). - Quelques mots au sujet des ordres que

 21   vous avez obtenus de la part de M. Blaskic. Nous devrions peut-être

 22   apporter quelques précisions pour les Juges. Vous avez parlé du village de

 23   Dusina qui se trouve dans la municipalité de Fojnica.

 24   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, j'en parle parce qu'il y a

 25   Dusina également dans la vallée de la Lasva dont vous avez déjà entendu


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  1   parler alors que c'est un autre village qui porte le même nom, mais ce

  2   n'est pas le même endroit.

  3   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  4   M. Naumovski (interprétation). - Vous avez reçu l'ordre militaire, vous

  5   venez de le dire, Monsieur Tuka, du commandant de la zone opérationnelle

  6   de Bosnie centrale et qui concernait le secteur où se trouvait le village

  7   de Dusina, c'était le 17 ou le 18 avril 1993 ?

  8   M. Tuka (interprétation). - L'ordre concernait le village de Dusina où

  9   l'attaque par Prokos et l'objectif était de rejoindre les unités de

 10   Sebesic, l'un où l'autre, je ne me souviens pas exactement.

 11   M. Naumovski (interprétation). - Dans cet ordre, on n'a pas dit quelle

 12   était la façon dont il fallait que vous procédiez. C'est à votre niveau,

 13   au niveau de la brigade qu'on aurait transmis l'ordre, mais c'était à vous

 14   d'organiser, n'est-ce pas ?

 15   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 16   M. Naumovski (interprétation). - Etes-vous d'accord avec moi pour dire

 17   qu'à Dusina le commandant du détachement de Dusina était Fikret Fejzic ?

 18   M. Tuka (interprétation). - Oui, je partage votre point de vue.

 19   M. Naumovski (interprétation). - Fikret Sejzic, avec un "S", était un

 20   extrémiste ?

 21   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 22   M. Naumovski (interprétation). - Excusez-moi, s'il vous plaît, Monsieur le

 23   Président, Messieurs les Juges, juste un petit moment.

 24   Mon collègue vient d'attirer mon attention sur le fait que dans la

 25   transcription la réponse n'est pas tout à fait précise. Il est marqué


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  1   "this is sold" et pas "solved", c'est la page 89, huitième ligne à la fin.

  2   On aurait dû mettre "solved" et pas "sold".

  3   A Dusina, il y avait des personnes également qui représentaient le MOS,

  4   l'armée bosnienne qui agissait en dehors de la Défense territoriale, vous

  5   êtes bien au courant de ces forces armées musulmanes, MOS ?

  6   M. Tuka (interprétation). - Non, je ne connais pas. Ce n'était pas à

  7   Dusina, mais dans la municipalité qu'on avait remarqué la présence des

  8   forces armées musulmanes, MOS. Le commandant se plaignait, en quelque

  9   sorte, et ils ont dit qu'ils essayaient de résoudre le problème, mais je

 10   ne pense pas du tout que ceci concernait tout simplement et uniquement le

 11   village de Dusina.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Dans la déclaration que vous avez donnée

 13   aux enquêteurs, vous avez dit que vous pensiez que cette unité du MOS se

 14   trouvait dans le village de Dusina.

 15   M. Tuka (interprétation). - Tous ceux qui étaient plus extrémistes on les

 16   désignait comme des unités du MOS, mais il est vrai qu'ils se plaignaient

 17   qu'il y avait des membres des forces armées musulmanes et ils étaient

 18   quelque peu plus violents, le comportement plus brutal, il y avait des

 19   objections à l'égard de ces soldats. C'est la raison pour laquelle il

 20   fallait agir.

 21   M. Naumovski (interprétation). - Monsieur Tuka, êtes-vous d'accord avec

 22   moi pour dire que cet ordre militaire ne consistait pas dans le fait à

 23   attaquer des civils ?

 24   M. Tuka (interprétation). - Mais il n'y a aucun ordre qui soit donné pour

 25   attaquer des civils, mais dans une guerre telle qu'elle l'a été dans notre


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  1   région, cela ne pouvait pas ne pas toucher des civils, car il n'y avait

  2   pas de lignes de front et un théâtre d'opérations bien défini et bien

  3   distinct. Tout ceci a été mélangé.

  4   M. Naumovski (interprétation). - Mais l'ordre n'avait pas un objectif

  5   militaire.

  6   M. Tuka (interprétation). - Oui mais c'est ce qu'on pouvait en conclure.

  7   Comme je le dis, on ne peut pas s'imaginer d'avoir une opération ou un

  8   combat uniquement entre les deux armées et qu'il n'y ait pas de victimes

  9   parmi les civils. C'était impensable.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Monsieur Tuka, sommes-nous d'accord pour

 11   dire que, outre des problèmes tels que le problème avec l'extrémiste

 12   Fejzsic, il fallait aussi agir pour déplacer les forces armées musulmanes

 13   dans des secteurs qui étaient en dehors de votre secteur ?

 14   M. Tuka (interprétation). - Je ne comprends pas. Je ne sais pas ce que

 15   vous voulez dire par cela.

 16   M. Naumovski (interprétation). - Je veux dire qu'il y avait un certain

 17   nombre d'objectifs stratégiques outre la situation qu'il fallait résoudre

 18   dans le village.

 19   M. Tuka (interprétation). - C'est fort probable parce que si jamais il y

 20   avait un incident dans notre municipalité, que ce soit Dusina ou ailleurs,

 21   automatiquement ceci aurait donné lieu à une escalade de la guerre sur

 22   l'ensemble de la région. Pour moi cela me paraît clair.

 23   M. Naumovski (interprétation). - De toute façon, indépendamment de votre

 24   action, la guerre s'est répandue.

 25   M. le Président (interprétation). - Monsieur Naumovski, vous êtes en train


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  1   de discuter avec le témoin, d'argumenter avec lui, or il nous a répondu,

  2   je pense. Vous aurez en temps utile la possibilité d'appeler vos propres

  3   témoins.

  4   M. Naumovski (interprétation). - Merci.

  5   Quand nous parlons de ce village de Dusina, est-ce que nous sommes

  6   d'accord pour dire qu'au mois de mai 1993, quelque peu plus tard par

  7   rapport à l'ordre que vous avez reçu et dont il a été question, il y a eu

  8   un conflit entre les Musulmans et les Croates dans le secteur de Konjic ?

  9   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Nous allons tout simplement éclaircir

 11   quelque chose pour les Juges. Ce village de Dusina est au bord de la

 12   municipalité de Fojnica et en direction vers Konjic, n'est-ce pas ?

 13   M. Tuka (interprétation). - C'est exact, mais entre ce village et le

 14   premier village de la municipalité de Konjic, il y a une montagne

 15   Pogorelica qui est une frontière naturelle entre ces deux municipalités ;

 16   je ne veux pas dire qu'ils n'avaient pas coopéré un peu plus avec le

 17   commandant qui se trouvait de l'autre côté et beaucoup moins avec celui

 18   qui lui a été supérieur et c'était là le problème, c'est le plus grand qui

 19   se posait.

 20   M. Naumovski (interprétation). - Vous parlez de Fikret Fejzic à Dusina,

 21   n'est-ce pas ? C'est de lui que vous parlez ?

 22   M. Tuka (interprétation). - Oui, c'est de lui que je parle.

 23   M. Naumovski (interprétation). - Au moment où le conflit s'est déclenché à

 24   Konjic, les Croates ont été expulsés vers Prozor, n'est-ce pas ?

 25   M. Tuka (interprétation). - Oui.


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  1   M. Naumovski (interprétation). - Est-ce que vous êtes d'accord avec moi

  2   pour dire que la conséquence des événements qui ont eu lieu à Konjic était

  3   la ligne de démarcation qui a été établie entre les forces musulmanes et

  4   les forces croates et qui allait en dehors du village de Dusina et au

  5   nord-ouest ? La longueur de cette ligne de démarcation était de

  6   4 kilomètres.

  7   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas exactement la période à

  8   laquelle cette ligne de démarcation a été établie, mais je sais que cela

  9   devait être quelque peu avant, car moi j'étais encore membre du

 10   commandement. Et je me souviens que j'avais parlé avec mon commandant

 11   local qui était chargé de Dusina, je lui avais demandé d'agir ensemble

 12   avec son commandement, car Fikret était quelqu'un qui lui était

 13   supérieur ; il y en avait d'autres qui étaient plus bas.

 14   Je lui avais demandé, je me souviens, qu'il se mette d'accord pour calmer

 15   les esprits. Ils se sont mis d'accord pour établir une ligne de

 16   démarcation ou bien plu tôt un no man's land pour que personne n'y pénètre

 17   et qu'il n'y ait pas de problèmes de ce côté-là. Je pense que cette zone

 18   était de 500 mètres de largeur à peu près.

 19   M. Naumovski (interprétation). - Par conséquent, au nord par rapport à

 20   cette ligne, se trouvaient des Croates ? Nous sommes bien d'accord là-

 21   dessus ?

 22   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 23   M. Naumovski (interprétation). - Et au sud de la ligne se trouvaient des

 24   Musulmans, ils contrôlaient le terrain. C'est bien cela ?

 25   M. Tuka (interprétation). - Oui.


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  1   M. Naumovski (interprétation). - Et pour ce qui est de Dusina, une

  2   dernière question : sommes-nous d'accord pour dire que cette région, dans

  3   le sens géographique de ce mot, était une région extrêmement importante du

  4   point de vue stratégique militaire ?

  5   M. Tuka (interprétation). - Non. Là je ne suis pas d'accord avec vous.

  6   M. Naumovski (interprétation). - Merci.

  7   Pour ce qui est de l'autre partie de cet ordre que vous avez reçu pour

  8   organiser l'attaque et rejoindre les unités à Sebecic, cette partie

  9   également de l'ordre vous l'avez refusée, n'est-ce pas ?

 10   M. Tuka (interprétation). - Mais il n'était pas possible de procéder. Vous

 11   m'avez entendu ?

 12   M. Naumovski (interprétation). - Oui. Votre réponse a été enregistrée au

 13   compte rendu, mais c'est votre réponse, c'est votre évaluation. Vous dites

 14   que c'était impossible ?

 15   M. Tuka (interprétation). - Non, ce n'était pas uniquement ma propre

 16   évaluation, c'était également l'évaluation des commandants. Et même si une

 17   telle décision politique avait été prise à Fojnica et s'ils nous avaient

 18   ordonné de le faire, ce n'était pas possible. C'est une zone qui est

 19   extrêmement vaste et qui était habité en majeure partie par des Musulmans.

 20   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur Tuka, conviendrez-vous avec moi

 21   que cet ordre que vous avez reçu était un ordre à teneur essentiellement

 22   militaire, un ordre donc les objectifs étaient purement militaires ?

 23   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 24   M. Naumovski (interprétation). - Parlons brièvement de ces lettres que

 25   vous avez échangées avec le colonel Blaskic, tout ceci se passait dans le


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  1   cadre de la chaîne de commandement dans la zone opérationnelle de Bosnie

  2   centrale et du HVO de Fojnica ?

  3   M. Tuka (interprétation). - Oui, c'est exact.

  4   M. Naumovski (interprétation). - Vous nous avez dit que Nasuf Beba, votre

  5   homologue musulman à Fojnica, a lui aussi été remplacé un peu après votre

  6   propre remplacement ?

  7   M. Tuka (interprétation). - Oui

  8   M. Naumovski (interprétation). - Mais en tant que soldat ou en tant

  9   qu'officier, il a continué à remplir des fonctions au sein de l'armée de

 10   Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?

 11   M. Tuka (interprétation). - Il est resté mais il n'avait plus aucun

 12   pouvoir, il n'était plus personne.

 13   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur Tuka, j'ai maintenant quelques

 14   questions au sujet de vos fonctions de commandant à Fojnica. Vous n'avez

 15   jamais reçu aucun ordre vous enjoignant de tuer des Musulmans ?

 16   M. Tuka (interprétation). - Non, en effet.

 17   M. Naumovski (interprétation). - Vous n'avez jamais reçu d'ordre vous

 18   demandant de détruire des habitations musulmanes ?

 19   M. Tuka (interprétation). – Non.

 20   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur Tuka, vous n'avez jamais entendu

 21   dire que votre municipalité devait être nettoyée de toute la population

 22   musulmane, n'est-ce pas ?

 23   M. Tuka (interprétation). - Non.

 24   M. Naumovski (interprétation). - Vous n'avez jamais entendu parler

 25   d'aucune stratégie de nettoyage ethnique, n'est-ce pas ?


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  1   M. Tuka (interprétation). – Non.

  2   M. Naumovski (interprétation). - Vous conviendrez avec moi et nous

  3   convenons qu'il y a eu des incidents qui ont entraîné des victimes des

  4   deux côtés, ceci est indéniable, n'est-ce pas ?

  5   M. Tuka (interprétation). - C'est vrai, mais fort heureusement nous sommes

  6   parvenus à protéger notre zone, si bien qu'il n'y a pas eu de victimes

  7   dans les cadres d'affrontements entre les deux peuples.

  8   M. Naumovski (interprétation). - Mais les incidents auxquels je fais

  9   référence ce n'est pas quelque chose qui avait été planifié ?

 10   M. Tuka (interprétation). – Je ne peux pas vous répondre à ce sujet.

 11   M. Naumovski (interprétation). - A la page 36 de votre déclaration en

 12   version croate, que je peux vous montrer s'il en est besoin, on peut

 13   lire : "Autant que je le sache, ces incidents n'étaient pas planifiés et

 14   quand il y avait des incidents d'un côté, il y en avait aussi de l'autre".

 15   M. Tuka (interprétation). – C'est ce que j'ai dit et aujourd'hui encore je

 16   le dis, je ne sais pas s'il avait été prévu, organisé, mais il était

 17   normal qu'il y ait une contre réaction quand cela se produisait.

 18   M. Naumovski (interprétation). - Mais vous convenez que vous aviez bien

 19   dit ce que j'ai lu ?

 20   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 21   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur Tuka, les conséquences d'une

 22   opération de combat, c'était de voir partir les habitants de la zone où

 23   cela se déroulait.

 24   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 25   M. Naumovski (interprétation). - Et ces gens partaient car ils avaient


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  1   peur, ils voulaient éviter de se trouver dans des zones de combat ?

  2   M. Tuka (interprétation). - Oui, oui ils avaient peur de se trouver là où

  3   se déroulaient des opérations de combat, mais ils craignaient également

  4   l'arrivée de l'armée ennemie. Car comme vous le savez bien, dès que cela

  5   se produisait, il y avait des crimes, des maisons, des biens étaient

  6   détruits, etc..

  7   M. Naumovski (interprétation). - Une autre question au sujet du village de

  8   Dusina. En juin 1993, la population croate, le tiers de la population

  9   totale du village, a été contrainte de quitter la zone. Etes-vous

 10   d'accord ?

 11   M. Tuka (interprétation). - Ils sont partis quand la guerre a commencé à

 12   Fojnica au début juillet.

 13   M. Naumovski (interprétation). - Vous avez dit aux enquêteurs que plus

 14   tard en juin, tout le monde avait dû partir car des renforts étaient venus

 15   de Konje ?

 16   M. Tuka (interprétation). - Il y a peut-être eu une erreur dans les mois.

 17   C'est en juillet que cela s'est passé.

 18   M. Naumovski (interprétation). - Merci. J'ai encore quelques questions

 19   maintenant à vous poser au sujet du barrage au village de Kacuni par

 20   l'armée de Bosnie-Herzégovine dans la territoire de la municipalité de

 21   Busovaca. Vous en avez parlé en nous disant que les unités de Fojnica ne

 22   pouvaient pas revenir de Pokla Revo à cause de cela. Vous savez que

 23   M. Kostroman Ignjac et le colonel Blaskic ont passé le barrage et que

 24   M. Kostroman a été arrêté ?

 25   M. Tuka (interprétation). - Oui je le sais.


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  1   M. Naumovski (interprétation). - Et c'est la première fois qu'un

  2   représentant de haut niveau du côté croate était arrêté dans cette zone,

  3   n'est-ce pas ?

  4   M. Tuka (interprétation). - Autant que je le sache, oui.

  5   M. Naumovski (interprétation). - Monsieur Kostroman est parvenu à

  6   s'évader, n'est-ce pas ?

  7   M. Tuka (interprétation). - Je l'ai vu à Kiseljak, il est probable qu'il

  8   ait réussi à s'échapper.

  9   M. Naumovski (interprétation). - Et le général Blaskic est passé lui

 10   aussi ?

 11   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 12   M. Naumovski (interprétation). – Vous n'avez pas vu M. Kordic à Kiseljak à

 13   l'époque ?

 14   M. Tuka (interprétation). – Non.

 15   M. Naumovski (interprétation). – J'imagine, et vous conviendrez avec moi,

 16   qu'à partir de janvier 1993, la route liant Kiseljak et Busovaca n'a plus

 17   été rouverte à la circulation parce que des unités musulmanes bloquaient

 18   certaines parties de la route de Kacuni à Bilalovac dans la municipalité

 19   de Kiseljak ?

 20   M. Tuka (interprétation). - Oui. Il y a eu certaines périodes pendant

 21   lesquelles les civils pouvaient passer, mais premièrement ces périodes

 22   étaient très brèves et deuxièmement, c'est extrêmement dangereux.

 23   M. Naumovski (interprétation). - Au sujet de Kacuni, vous avez dit

 24   aujourd'hui que le 16 ou le 17 avril 1993 vous vous trouviez à Kiseljak

 25   lorsque vous avez entendu dire qu'un ordre était arrivé pour faire une


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  1   percée, lancer une offensive et libérer la route ?

  2   M. Tuka (interprétation). - Oui. Nous en avons parlé. On a dit que ce

  3   devait être l'objectif ultime de cette opération.

  4   M. Naumovski (interprétation). - C'était donc une opération militaire

  5   lambda, une opération tout à fait militaire, n'est-ce pas ?

  6   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  7   M. Naumovski (interprétation). - Monsieur le Président, Messieurs les

  8   Juges, je vous prie de m'excuser, mais lorsque j'ai dit que Kostroman et

  9   Blaskic ont été arrêtés à Kacuni en janvier 1993, je voulais vous

 10   rappeler, Monsieur le Président, Messieurs les Juges de ce que le témoin T

 11   nous a dit à ce sujet.

 12   Monsieur Tuka, poursuivons. Nous avons convenu donc que déjà en mars et en

 13   avril 1993 le conflit s'est développé entre les Croates et les Musulmans à

 14   Konjic, dans la municipalité de Konjic.

 15   M. Tuka (interprétation). - Oui. En effet, il y a eu un conflit.

 16   M. Naumovski (interprétation). - Et plus tard, le conflit s'est étendu

 17   jusqu'à Novi Travnik et jusqu'à la zone environnante ?

 18   M. Tuka (interprétation). - Aujourd'hui je ne peux pas vous dire

 19   exactement où cela a commencé, où le conflit s'est arrêté parce que cela

 20   ne cessait de se reproduire ; il y avait un conflit, une offensive pendant

 21   quelques jours. Ensuite, on arrivait à cesser le feu, la paix était

 22   réétablie plus ou moins bien et au bout d'un certain temps, les incidents

 23   se reproduisaient de nouveau. Certain essayaient de promouvoir la paix,

 24   d'autres voulaient la guerre, etc..

 25   M. Naumovski (interprétation). - Mais résumons. Conviendrez vous avec moi


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  1   que ce conflit, auquel nous faisons référence, s'est terminé si bien

  2   qu'entre Novi Travnik, Gorni Vakuf et Vitez on a vu se créer une zone qui

  3   était uniquement peuplée par des Musulmans et qui avait une largeur de

  4   15 kilomètres ?

  5   M. Tuka (interprétation). - Oui, c'est exact.

  6   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur Tuka, d'après ce que j'ai

  7   compris de votre interrogatoire principal, vous ne croyiez pas beaucoup à

  8   toute la propagande qui était faite au sujet des Moudjahidin ?

  9   M. Tuka (interprétation). - Ce n'était pas une question d'y croire ou pas.

 10   Je pensais qu'ils existaient, mais les Moudjahidin ce n'étaient pas

 11   seulement des arabes ; cela pouvait être aussi bien des gens qui étaient

 12   recrutés parmi la population locale. Il n'y en avait pas en tout cas dans

 13   notre zone, quant aux autres régions, je ne sais pas. J'ai vu quatre ou

 14   cinq arabes qui étaient à Kiseljak, dans la caserne de Kiseljak où ils

 15   étaient emprisonnés pendant un certain temps.

 16   M. Naumovski (interprétation). - Donc vous-même vous avez pu vous

 17   convaincre qu'il y avait du vrai quand on disait que les Musulmans

 18   voulaient mener une guerre sainte, une Jihad ?

 19   M. Tuka (interprétation). - Vraiment je ne sais rien à ce sujet.

 20   M. Naumovski (interprétation). - A vrai dire c'est quelque chose que j'ai

 21   trouvé dans la déclaration que vous avez faite à l'enquêteur à la page 16,

 22   mais peu importe. Poursuivons.

 23   Après les fêtes de Pâques de 1993, la zone de Mostar, Konic et Jablanica

 24   était le théâtre d'un conflit de grande envergure.

 25   M. Tuka (interprétation). - Oui, je crois.


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  1   M. Naumovski (interprétation). - Et quand on parle de conflit, il faut

  2   bien entendu revenir à Fojnica le 2 juillet 1993 puisque ce jour-là des

  3   unités musulmanes ont attaqué le HVO sur le territoire de Fojnica, n'est-

  4   ce pas ?

  5   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  6   M. Naumovski (interprétation). - Auparavant, et je ne vais d'ailleurs

  7   citer que deux des incidents principaux, le 1er juin 1993 à Dugo Brgo des

  8   soldats de ce Fikret Feyzic, dont nous avons parlé, ont pénétré une zone

  9   tenue par le HVO et deux soldats croates ont trouvé la mort ?

 10   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé

 11   mais en tout cas je sais que deux soldats ont été tués.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Mais ce n'est pas tout : les Musulmans

 13   ont pris tous les points les plus élevés, les terrains les plus élevés de

 14   la zone. Ils en ont pris le contrôle.

 15   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas.

 16   M. Naumovski (interprétation). - Savez-vous qu'environ 15 jours avant,

 17   vers le 15 mai 1993, sur la colline de Vlaska Ravan, tenue par le

 18   détachement de Mustafa Omersevic, deux Croates, deux hommes et une femme

 19   ont été arrêtés par ces troupes et depuis on n'en a plus entendu parler.

 20   M. Tuka (interprétation). - Je sais en effet qu'ils ont disparu. Mais

 21   quant à savoir dans quelle circonstance, je ne le sais pas. Quand j'ai été

 22   arrêté et lorsqu'on m'a interrogé, on m'a montré des photographies qui,

 23   sans aucun doute, appartenaient à l'un de ces hommes.

 24   M. le Président (interprétation). - A ce moment-là le témoin était en

 25   détention. Je me demande donc qu'elle la pertinence des informations qu'il


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  1   peut nous donner à ce sujet. Si vous estimez que ces événements sont

  2   pertinents, vous pourrez appeler des témoins à ce sujet.

  3   M. Naumovski (interprétation). - Je vous comprends très bien, Monsieur le

  4   Président, mais le témoin a été arrêté après le début de la guerre et moi

  5   je me faisais référence à une période qui était antérieure. Mais si vous

  6   souhaitez que je poursuive et que je continue, je vais le faire.

  7   Monsieur Tuka, oublions votre arrestation, votre emprisonnement. Vous avez

  8   ensuite été libéré, vous avez eu des contacts dans la zone de Fojnica.

  9   Savez-vous combien de villages croates ont été détruits dans la

 10   municipalité de Fojnica après le 2 juillet 1993 ?

 11   M. Tuka (interprétation). - Je ne peux pas vous dire comme cela de but en

 12   blanc, mais j'ai les chiffres. Je pourrais les trouver en tout cas, il y a

 13   en beaucoup. Beaucoup, 70 %.

 14   M. Naumovski (interprétation). - 70 % de tous les villages croates sur le

 15   territoire de la municipalité de Fojnica ont été détruits ?

 16   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 17   M. Naumovski (interprétation). - J'ai parlé de l'offensive musulmane sur

 18   Fojnica. Avez-vous des informations selon lesquelles cela a été le fait

 19   non seulement de forces locales, mais de brigades musulmanes qui venaient

 20   de plus loin ?

 21   M. Tuka (interprétation). - Oui, c'est exact. C'est ce qui s'est passé.

 22   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur Tuka, avant votre arrestation,

 23   vous avez amené votre famille à Kiseljak ?

 24   M. Tuka (interprétation). - C'est vrai.

 25   M. Naumovski (interprétation). - Donc quand vous avez pris cette mesure


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  1   c'est que vous n'aviez pas confiance, vous ne faisiez pas confiance aux

  2   Musulmans, vous ne les croyiez pas ?

  3   M. Tuka (interprétation). - Tous les Croates s'en allaient, il était bien

  4   normal que moi-même je mette ma famille à l'abri !

  5   M. Naumovski (interprétation). - Dans votre déclaration aux enquêteurs,

  6   vous avez dit que vous étiez très franc et sincère avec les Musulmans,

  7   mais est-ce que c'était réciproque ?

  8   M. Tuka (interprétation). – Je ne sais pas exactement ce qui figure dans

  9   la déclaration, mais on essayait d'être les plus francs possible. J'ai

 10   l'impression que c'était la nature de nos relations avec M. Beba. Bien

 11   entendu, on passait sous silence un certain nombre de choses. Je le

 12   faisais comme il le faisait. Mais c'est au niveau politique que les

 13   représentants du HVO et du HDZ ont dit très clairement quels étaient leurs

 14   objectifs et leurs volontés et quelles instructions étaient données. Une

 15   fois même, on leur a montré le statut de la communauté croate d'Herceg-

 16   Bosna afin qu'ils l'examinent et l'étudient. Ils ont dit qu'il y avait des

 17   choses qu'ils pouvaient accepter et d'autres non. Donc, il y avait

 18   toujours une certaine marche de manœuvre pour négocier. Comme on avait

 19   décidé au début qu'il ne fallait donner la priorité à aucune solution pour

 20   qu'on arrive peu à peu à un accord, nous , nous espérions toujours que

 21   l'on arriverait à cet accord.

 22   M. Naumovski (interprétation). – S'agissant toujours de la relation de

 23   confiance que vous aviez avec le commandant musulman, vous avez dit que

 24   Nasuf Beba vous a dit qu'un autre commandant de l'armée de Bosnie-

 25   Herzégovine lui avait dit quelque chose du genre : "Qu'est-ce que tu


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  1   attends ? Est-ce que tu crois vraiment ce que te dit ce commandant du

  2   HVO ?" Est-ce bien ce qu’il vous a dit ?

  3   M. Tuka (interprétation). – Oui.

  4   M. Naumovski (interprétation). – Et d'après Nasuf Beba, qu'est-ce que cela

  5   signifiait ? Cela voulait-il dire qu'il devait prendre des mesures, agir ?

  6   Qu’est-ce que cela signifiait ?

  7   M. Tuka (interprétation). – Il n'a pas donné d’explications détaillées.

  8   Mais moi, d'après ce que j'ai compris, on attendait de lui qu'il fasse

  9   quelque chose. La même chose que ce que l'on attendait de moi.

 10   M. Naumovski (interprétation). – Est-ce que vous conviendrez avec moi que

 11   cela signifiait qu'ils avaient déjà programmé un certain nombre d'actions

 12   contre le HVO et les Croates ?

 13   M. Tuka (interprétation). – Oui. C'était le plan de ses supérieurs, mais

 14   pas son plan. Car tout comme moi, il avait des supérieurs.

 15   M. Naumovski (interprétation). – Conviendrez-vous avec moi qu'avant le

 16   2 juillet, le commandant de l'armée de Bosnie-Herzégovine a été déplacé

 17   dans le village de Prokos ?

 18   Répondez-nous si vous le savez.

 19   M. Tuka (interprétation). – Je ne sais pas, mais quand j'étais à Fojnica,

 20   le commandement se situait à Fojnica.

 21   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur Tuka, passons maintenant à un

 22   autre sujet. Vous avez été arrêté au moment où vous essayiez de négocier

 23   avec l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

 24   M. Tuka (interprétation). – Oui, c'est cela.

 25   M. Naumovski (interprétation). – Vous étiez un soldat de formation si on


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  1   peut dire ? Vous aviez fait l’école du génie, dans les officiers de

  2   réserve ?

  3   M. Tuka (interprétation). – Mais ce n'était pas l'armée professionnelle.

  4   J'étais réserviste.

  5   M. Naumovski (interprétation). – Non. Je voulais dire que vous aviez une

  6   grande expérience militaire. Pourquoi n'êtes-vous pas allé à Patkovici sur

  7   la ligne de front nouvellement établie pour rejoindre les forces du HVO 

  8   qui assuraient la défense du territoire en cet endroit ?

  9   M. Tuka (interprétation). – Je ne pouvais pas y aller. Je ne pouvais pas

 10   aller dans le HVO. J'étais une sorte de brebis galeuse.

 11   M. Naumovski (interprétation). – Mais dites-moi pourquoi vous avez été

 12   arrêté ? Après tout, vous aviez de très bonnes relations avec la

 13   population musulmane. Pourquoi avez-vous été arrêté ?

 14   M. Tuka (interprétation). – On ne m'a pas dit pourquoi j'avais été arrêté,

 15   mais si j'en juge d'après le comportement des nouveaux dirigeants de

 16   Fojnica, j'ai vu la façon dont ils se comportaient, cela allait tout à

 17   fait à l'encontre de ce que j'aurais pu attendre. C'était à l'encontre de

 18   tout ce que j'avais vu auparavant chez les dirigeants, chez ceux qui

 19   étaient au pouvoir quand j'étais encore en poste.

 20   M. Naumovski (interprétation). – Après votre arrestation, après avoir

 21   passé deux jours au commissariat de police, vous avez été emprisonné

 22   pendant 58 jours à l'école primaire de Fojnica ?

 23   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 24   M. Naumovski (interprétation). – Avec vous, il y avait une trentaine ou

 25   une cinquantaine de civils.


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  1   M. Tuka (interprétation). – Oui. Environ une trentaine.

  2   M. Naumovski (interprétation). – Vous avez parlé des conditions de

  3   détention. Vous avez dit qu'elles étaient très médiocres ?

  4   M. Tuka (interprétation). – Oui, c'est vrai.

  5   M. Naumovski (interprétation). – Non seulement la nourriture qu'on vous

  6   donnait laissait beaucoup à désirer, mais en plus, vous étiez contraint de

  7   dormir par terre sur le parquet ?

  8   M. Tuka (interprétation). – Oui.

  9   M. Naumovski (interprétation). – Conviendrez-vous que les civils arrêtés

 10   avec vous ont été contraints de travailler dans les champs ?

 11   M. Tuka (interprétation). – Il ne s'agissait pas de travailler dans les

 12   champs au sens de travail agricole. On leur demandait de charger ce qui

 13   avait été pillé dans certaines maisons croates ou de récupérer des cochons

 14   qui avaient été abandonnés par leurs propriétaires. Je ne sais pas ce que

 15   les Musulmans en ont fait, mais ils les ont emmenés ailleurs dans des

 16   camions.

 17   M. Naumovski (interprétation). – Mais n'est-il pas vrai que beaucoup de

 18   civils ont été envoyés sur le front où on leur a fait creuser des

 19   tranchées ?

 20   M. Tuka (interprétation). – C'est vrai.

 21   M. Naumovski (interprétation). – Vous-mêmes, depuis l'école primaire, vous

 22   avez vu des soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine piller des maisons,

 23   les incendier. Et cela, tous les jours, toutes les nuits ?

 24   M. Tuka (interprétation). – Je ne sais pas si c'étaient des soldats, mais

 25   je l'ai vu. J'ai vu des maisons qu'on incendiait. J'ai vu qu'on emmenait


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  1   beaucoup de choses, d’équipement, toutes sortes de choses qui étaient

  2   amenées là. Et puis finalement, la police militaire elle-même récupérait

  3   tout cela au bout du compte.

  4   M. Naumovski (interprétation). – Quand j'ai parlé de soldats de l'armée de

  5   Bosnie-Herzégovine, je me référais à votre déclaration. Vous avez dit dans

  6   votre déclaration que depuis l’école, il vous était possible de voir tous

  7   les soirs les activités des soldats de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui

  8   pillaient et incendiaient les maisons.

  9   M. Tuka (interprétation). – C'est peut-être ce qui est écrit dans la

 10   déclaration, mais la vérité, c’est ce que je vous ai dit : depuis l’école,

 11   je ne pouvais pas voir qui était responsable de ces actes, qui pillait et

 12   incendiait.

 13   M. Naumovski (interprétation). – Maintenant, toujours au sujet de votre

 14   détention, je voudrais évoquer les soldats, vos hommes du HVO de Fojnica.

 15   Un certain nombre d'entre eux ont été emmenés dans un camp, au silo de

 16   Kacuni, dans la municipalité de Busovaca ?

 17   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 18   M. Naumovski (interprétation). – Il est vrai que beaucoup d'entre eux ont

 19   été passé à tabac et qu’un certain nombre a été tué ?

 20   M. Tuka (interprétation). – Je n'ai pas entendu dire que quiconque a été

 21   tué en prison, mais je sais qu’ils ont été passés à tabac. J'ai vu homme

 22   en sang quand on l’a ramené à Fojnica et il venait de cette prison. Il

 23   était en sang.

 24   M. Naumovski (interprétation). – Le 14 septembre 1993, on vous a emmené au

 25   monastère et vous étiez, à l’époque, le seul prisonnier au monastère ?


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  1   M. Tuka (interprétation). – Je ne sais pas exactement pourquoi on était

  2   là. Enfin, il y avait les frères du monastère. Il y avait des civils et

  3   moi. On était tous des prisonniers si vous voulez.

  4   M. Naumovski (interprétation). – Mais votre statut était différent. On

  5   vous avait amené depuis la prison. Vous n'aviez pas le droit de partir ?

  6   M. Tuka (interprétation). – Oui, c'est exact. Je n'avais pas le droit de

  7   quitter Fojnica. Il fallait que je reste là. Ils vérifiaient que j'étais

  8   toujours là, de façon régulière.

  9   M. Naumovski (interprétation). - Le monastère a toujours servi d'asile

 10   donc comme vous l'avez dit. En plus de vous, il y avait également des

 11   civils qui s'y trouvaient ?

 12   M. Tuka (interprétation). - Oui c'est exact.

 13   M. Naumovski (interprétation). - Dans votre déclaration, vous n'êtes pas

 14   très clair quand on vous demande qui a tué des membres de l'armée de

 15   Bosnie-Herzégovine. Tout le monde savait que ces personnes qui avaient été

 16   tuées étaient des moines, étant donné leur habit.

 17   M. Tuka (interprétation). - A l'époque malheureusement ces hommes ne

 18   portaient pas leur robe ou leur bure.

 19   M. Naumovski (interprétation). - Et vous ne savez pas pourquoi ils ont été

 20   tués, où ils ont été tués alors qu'il n'y avait aucune raison pour le

 21   faire ?

 22   Savez-vous si quelqu'un était traduit en justice pour ces meurtres ?

 23   M. Tuka (interprétation). 8 Apparemment, d'après ce que j'ai entendu, une

 24   personne a été condamnée à 13 ans d'emprisonnement mais je ne sais pas ce

 25   qu'il y a eu comme procès. Des déclarations ont été recueillies de la part


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  1   de ceux qui étaient des témoins oculaires, mais personne n'a été appelé à

  2   témoigner. A l'époque, les circonstances étaient telles qu'on ne pouvait

  3   pas toujours dire ce qu'on savait.

  4   M. Naumovski (interprétation). - Pourtant vous avez dit aux enquêteurs

  5   ceci je cite :"Je sais que certains ont étés arrêtés mais à ma

  6   connaissance si l'on parle de justice, ce n'était qu'une farce." Fin de

  7   citation.

  8   M. Tuka (interprétation). - Tout à fait, et j'adhère à ce que j'ai dit à

  9   l'époque encore aujourd'hui.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Pendant tout cet hiver de93-94 vous avez

 11   vécu dans la peur vous demandant à quel moment quelqu'un d'autre allait

 12   venir avec des intentions similaires à votre égard.

 13   M. Tuka (interprétation). - Je pense effectivement qu'on était tous dans

 14   la même galère qu'on vivait tous dans un climat de peur.

 15   M. Naumovski (interprétation). - Vous êtes resté en détention bien après

 16   que les accords de Washington étaient signés, vous étiez toujours en

 17   prison pendant deux mois après la signature de cet accord. Pourquoi n'avez

 18   vous pas été libéré ?

 19   M. Tuka (interprétation). - J'ai essayé d'obtenir une autorisation des

 20   autorités militaires de Fojnica, à 4 ou 5 reprises j'ai rencontré

 21   l'adjoint au maire de la municipalité et il a dit : "Votre dossier est un

 22   petit peu plus complexe, il me faut obtenir l'aval de Sarajevo pour savoir

 23   ce que je peux faire". C'est ainsi que les jours sont passés.

 24   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur Tuka, parlons un instant de vos

 25   opinions politiques. Si je vous ai bien compris, vous voulez être


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  1   indépendant ?

  2   M. Tuka (interprétation). - Je ne comprends pas.

  3   M. Naumovski (interprétation). - Vous vouliez bénéficier d'une certaine

  4   autonomie. Apparemment, votre unité bénéficiait de cette marge

  5   d'autonomie ?

  6   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas, pour moi, je ne qualifierais

  7   pas cela d'autonomie ou d'indépendance, nous faisions partie de cette

  8   communauté, si ce n'est que peut-être, nos opinions étaient quelque peu

  9   différentes des leurs.

 10   M. Naumovski (interprétation). - Je me souviens aussi de ce que vous avez

 11   dit, que nous vous n'obéissiez pas à tout le monde, que vous n'étiez pas

 12   prêt à suivre aveuglément qui que ce soit. Vous n'aviez pas de foi aveugle

 13   en qui que ce soit, c'est bien ce que vous avez dit aux enquêteurs du

 14   Tribunal de La Haye ?

 15   M. Tuka (interprétation). – Oui, il y a une part de vérité dans cela.

 16   M. Naumovski (interprétation). – Et  s'agissant du plan Vance-Owen,

 17   d'après ce dernier, Fojnica devrait devenir une partie du canton numéro 10

 18   qui englobe notamment Travnik.

 19   M. Tuka (interprétation). - C'est exact.

 20   M. Naumovski (interprétation). - Pourtant vous et vos collègues Musulmans

 21   ont décidé de laisser les choses telles qu'elles étaient ou en l'état ?

 22   M. Tuka (interprétation). – Non, d'après cet accord la communauté

 23   régionale de Travnik ou quel que soit le nom qu'on voulait lui donner, les

 24   Musulmans de Fojnica devaient dépêcher un représentant de leur communauté

 25   à cette communauté régionale et ils avaient déjà nommé une personne


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  1   chargée de cela, c'était un civil. Pour ce qui est des autres activités,

  2   personne n'a reçu d'instruction de qui que ce soit, pas plus moi que

  3   M. Beba.

  4   M. le Président (interprétation). - Quel objectif poursuivez-vous dans le

  5   cadre de ce contre-interrogatoire Maître Naumovski ? Vous voulez parler

  6   de…

  7   M. Naumovski (interprétation). - Du plan Vance-Owen, c'est ma dernière

  8   question et après cela vous verrez quel est mon objectif.

  9   M. le Président (interprétation). – Mais dites-le moi clairement ? Que

 10   voulez-vous établir ?

 11   M. Naumovski (interprétation). - Il n'y a pas eu d'ultimatum adressé par

 12   le HVO aux Musulmans, c'est bien ce que M. Tuka nous disait.

 13   M. le Président (interprétation). - Posez cette question mais dépêchez

 14   vous car vous devriez terminer bientôt votre contre-interrogatoire.

 15   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur Tuka, j'allais vous demander de

 16   préciser ce que vous venez de dire : vous n'avez pas reçu d'ordre allant

 17   dans le sens d'un ultimatum que vous deviez présenter aux Musulmans ?

 18   M. Tuka (interprétation). - Je ne me souviens pas.

 19   M. Naumovski (interprétation). - Vous aviez dit que vous alliez établir

 20   des contacts avec les Musulmans pour voir ce qu'on pouvait faire.

 21   M. Tuka (interprétation). – Oui, ils avaient désigné des personnes censées

 22   les représenter, qui était leur délégué en quelque sorte, dans le cadre de

 23   la communauté régionale de Travnik.

 24   M. Naumovski (interprétation). - Merci.

 25   Monsieur Tuka, vous aviez des documents mais que vous avez détruits, vous


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  1   n'avez conservé que ceux qui pouvaient présenter une certaine importance ?

  2   M. Tuka (interprétation). - Eh bien tout ce qui était excédentaire me

  3   semblait dénué d'importance, je les ai brûlés, pourquoi traîner cela

  4   derrière soi, déplacer cela d'un lieu à l'autre, cela pourrait tomber dans

  5   les mains de quelqu'un.

  6   M. Naumovski (interprétation). - Pourtant vous avez également tenu un

  7   journal intime pendant un certain temps ?

  8   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  9   M. Naumovski (interprétation). - Ce journal, vous l'avez aussi détruit ?

 10   M. Tuka (interprétation). – Je l'avais dissimuler chez moi puis ma soeur

 11   l'a trouvé et elle l'a détruit.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Et savez-vous quel sort était réservé aux

 13   documents confisqués, aux tampons du HVO, tout ce qu'a repris l'armée de

 14   Bosnie-Herzégovine après le 2 juillet 93 ?

 15   M. Tuka (interprétation). – Je ne sais pas.

 16   M. Naumovski (interprétation). - Mais pensez-vous que ces documents aient

 17   pu être mal utilisés ?

 18   M. Tuka (interprétation). – Je ne sais pas.

 19   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur Tuka; vers la fin de

 20   l'année 1992, et là j'essaie d'en terminer, il y a eu un tournoi de

 21   football entre la Noël et le Nouvel An 1992 n'est-ce pas ?

 22   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 23   M. Naumovski (interprétation). - Et on avait dit qu'il y aurait des

 24   équipes musulmanes et des équipes croates venant de plusieurs villes,

 25   n'est-ce pas ?


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  1   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  2   M. Naumovski (interprétation). – Convenez-vous du fait que la direction du

  3   HDZ de Fojnica, Mme Mijatovic ainsi que vous avez demandé à M. Kordic de

  4   parrainer cet événement ?

  5   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas s'ils lui on posé la question

  6   mais M. Katanic, l'organisateur de cet événement, il y tenait vraiment, je

  7   ne sais pas ce qu'il en était de Mijatovic.

  8   M. Naumovski (interprétation). - Etes-vous d'accord avec moi pour dire

  9   qu'il y a eu une petite cérémonie à l'hôtel de Fojnica après la fin de ce

 10   tournoi ?

 11   M. Tuka (interprétation). - C'est exact.

 12   M. Naumovski (interprétation). - Et certaines personnes ont pris la

 13   parole, ont fait des allocutions, l'atmosphère était agréable et M. Nazif

 14   Salinovic était un des orateurs, il était le maire de la municipalité de

 15   Fojnica, n'est-ce pas ?

 16   M. Tuka (interprétation). - C'est exact.

 17   M. Naumovski (interprétation). - Et à cette occasion, il a rendu hommage

 18   notamment à M. Kordic qui avait consenti cet effort supplémentaire destiné

 19   à améliorer les rapports entre les communautés musulmanes et croates.

 20   M. Tuka (interprétation). - Je ne me souviens plus exactement de ce qui

 21   s'est dit à cette occasion, mais je sais que le climat était assez

 22   amicale, assez détendu.

 23   M. Naumovski (interprétation). - Passons à un autre sujet. Connaissez-vous

 24   les modifications apportées à la situation, à la composition démographique

 25   de Fojnica par rapport à l'époque précédant la guerre ?


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  1   M. Tuka (interprétation). - Eh bien, juste après la guerre, il devait y

  2   avoir une centaine de Croates dans la ville et aux alentours, sur le

  3   territoire contrôlé par l'armée de Bosnie-Herzégovine.

  4   M. Naumovski (interprétation). - Nous pouvons donc dire qu'il y a au moins

  5   5.000 Croates, si ce n'est pas plus, qui ont dû quitter le territoire de

  6   la municipalité de Fojnica ?

  7   M. Tuka (interprétation). - C'est exact.

  8   M. Naumovski (interprétation). - J'en termine. Monsieur Tuka, conviendrez-

  9   vous avec moi du fait qu'à l'occasion de toutes ces réunions où vous avez

 10   accompagné Mme Mijatovic, si vous étiez seul, jamais à aucune de ces

 11   occasions M. Kordic n'a affiché d'avis extrémiste ?

 12   M. Tuka (interprétation). - Eh bien, il y avait des discussions, mais il y

 13   avait toujours une certaine marge de tolérance. C'était normal.

 14   M. Naumovski (interprétation). - Et puis des documents ont été soumis à

 15   l'audience ; il y a notamment le Z 1024.1 qui est la déclaration de la

 16   municipalité et qui date du 13 juin 1993. Mais nous sommes bien d'accord

 17   sur le fait que ce document a été signé le 30 juin 1993 ?

 18   M. Tuka (interprétation). - Effectivement parce que ce jour-là le général

 19   Morillon est venu à Fojnica.

 20   M. Naumovski (interprétation). - Et à l'occasion de sa visite, il y a eu

 21   une signature officielle de ce document pour proclamer la zone de paix ?

 22   M. Tuka (interprétation). - Je n'étais pas présent, mais effectivement...

 23   J'ai entendu dire cela, mais je n'étais pas présent.

 24   M. Naumovski (interprétation). - Nous sommes d'accord pour dire que moins

 25   de deux jour plus tard, c'était un mercredi ou un vendredi, l'armée de


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  1   Bosnie-Herzégovine a attaqué le HVO, n'est-ce pas ?

  2   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  3   M. Naumovski (interprétation). – Messieurs les Juges, accordez-moi un

  4   instant pour parcourir mes notes. Peut-être ai-je oublié de poser telle ou

  5   telle question.

  6   Je crois que j'en ai terminé. Je vous remercie, Monsieur le Témoin. Merci

  7   de votre patience. Merci Messieurs les Juges.

  8   M. Mikulicic (interprétation). - Bonjour, Monsieur Tuka.

  9   M. Tuka (interprétation). - Bonjour.

 10   M. Mikulicic (interprétation). - Je m'appelle Goran Mikulicic. Je suis

 11   avocat de Zagreb et c'est avec Me Kovacic que je défends M. Mario Cerkez.

 12   J'ai plusieurs questions à vous poser à la suite de votre déposition

 13   jusqu'à présent. Je vous demanderai de répondre du mieux que vous pouvez à

 14   ces questions.

 15   Parlons un instant, si vous le voulez bien, de la défense civile. Etant

 16   donné que vous étiez capitaine de réserve dès 1982, vous étiez responsable

 17   de la défense civile à Fojnica.

 18   M. Tuka (interprétation). - Uniquement pour le village où j'habitais.

 19   M. Mikulicic (interprétation). - Fort bien. Est-il exact de dire que la

 20   défense civile était en fait organisée sous l'égide du secrétariat de la

 21   défense civile dans la municipalité ?

 22   M. Tuka (interprétation). - C'est exact.

 23   M. Mikulicic (interprétation). - Est-il exact de dire que la défense

 24   civile disposait de sa propre hiérarchie, de sa propre chaîne de

 25   commandement qui n'avait rien avoir avec celle de la Défense


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  1   territoriale ?

  2   M. Tuka (interprétation). - C'est exact.

  3   M. Mikulicic (interprétation). - En d'autres termes, la défense civile ne

  4   faisait pas du tout partie de la défense territoriale ?

  5   M. Tuka (interprétation). - Je suis un peu incapable de vous parler de la

  6   division des responsabilités. Il se peut qu'à un moment donné vous ayez un

  7   commandant qui soit à la fois commandant de la défense civile et de la

  8   défense territoriale.

  9   M. Mikulicic (interprétation). - Oui mais moi je parle des temps de paix.

 10   M. Tuka (interprétation). - Oui. Effectivement, en temps de paix il y

 11   avait séparation entre ces deux formes de défense.

 12   M. Mikulicic (interprétation). - Fort bien. Monsieur Tuka, la défense

 13   civile était organisée, elle disposait de ce qu'on a appelé ses pelotons.

 14   Un peloton chargé de renforcements ou de fortifications ou de différents

 15   travaux ou d'intervenir en cas d'alerte. Est-ce exact ?

 16   M. Tuka (interprétation). - A peu près.

 17   M. Mikulicic (interprétation). - Toutefois, en règle générale, la défense

 18   civile englobait les personnes qui n'étaient pas intégrées dans des unités

 19   où il y avait des activités militaires ? C'étaient donc des hommes qui

 20   n'étaient pas en âge ou en condition de combattre.

 21   M. Tuka (interprétation). - Oui. Il y avait certaines personnes qui

 22   étaient capables de faire leur service militaire, mais il y avait en gros

 23   surtout des femmes, des personnes plus âgées, ce genre de personnes.

 24   M. Mikulicic (interprétation). - Et est-ce qu'il y avait des formes

 25   d'entraînement pour ces unités de la défense civile ?


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  1   M. Tuka (interprétation). - Vous voulez dire en temps de paix ?

  2   M. Mikulicic (interprétation). - Oui, en temps de paix.

  3   M. Tuka (interprétation). - Effectivement.

  4   M. Mikulicic (interprétation). - Mais est-il exact de dire que la défense

  5   civile comprenait également des pelotons de travail, c'est-à-dire qu'il y

  6   avait quelquefois des obligations de travail pour faire des fortifications

  7   et à ce moment-là ils intervenaient là aussi. N'est-ce pas ?

  8   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  9   M. Mikulicic (interprétation). – Monsieur Tuka, est-il exact de dire qu'en

 10   cas de danger imminent de guerre, ces pelotons de travail étaient

 11   mobilisés pour des opérations de guerre, pour creuser des tranchées, ce

 12   genre de chose, pour renforcer telle ou telle position ?

 13   M. Tuka (interprétation). - Oui, à moins bien sûr qu'ils ne se trouvent en

 14   zone de combat et qu'il y ait menace de guerre, menace imminente. Je pense

 15   effectivement qu'il y avait un règlement s'appliquant à cet égard.

 16   M. Mikulicic (interprétation). - Fort bien. Monsieur Tuka, vous nous avez

 17   dit avoir rejoint le parti politique de l'Union démocratique de Bosnie-

 18   Herzégovine, l'Union démocratique croate, et que vous aviez assisté à

 19   plusieurs réunions lors desquelles vous aviez eu l'occasion d'entendre des

 20   allocutions prononcées par Ante Beljo qui venait de la République de

 21   Croatie.

 22   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas d'où il venait, mais

 23   effectivement quand il venait j'écoutais ses propos. Ceci se passait au

 24   cours de cérémonies fondatrices du HDZ. Moi je n'ai jamais assisté à une

 25   réunion en tant que représentant du HDZ.


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  1   M. Mikulicic (interprétation). - Bien. Monsieur Tuka, vous nous avez dit

  2   que des membres de la communauté croate de Bosnie-Herzégovine, après le

  3   début de la guerre en Croatie, ont commencé à s'organiser afin de pouvoir

  4   se défendre en cas de nécessité, se sont notamment procuré des armes.

  5   M. Tuka (interprétation). - C'est exact.

  6   M. Mikulicic (interprétation). - Est-il exact de dire que ce type de

  7   matériel, ces armes sont arrivées en Bosnie-Herzégovine en passant par le

  8   territoire de la République de Croatie ?

  9   M. Tuka (interprétation). - En tout cas cela venait de cette direction-là.

 10   M. Mikulicic (interprétation). - Mais c'était la seule route ouverte qui

 11   permettait la circulation dans la région ?

 12   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 13   M. Mikulicic (interprétation). - A cette époque ou un peu plus tard, est-

 14   ce que la communauté musulmane ne s'est pas aperçu du danger également et

 15   n'a-t-elle pas elle aussi commencé à s'organiser, à organiser la défense ?

 16   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas comment je pourrais répondre à

 17   cela. Je ne sais pas à quel moment ils ont commencé à s'organiser. En tout

 18   cas, au moment où la guerre a éclaté, ils avaient déjà un début

 19   d'organisation chez nous, à Fojnica. Je ne sais pas si c'était vrai

 20   partout.

 21   M. Mikulicic (interprétation). - Mais est-ce que vous savez qu'en fait ces

 22   Musulmans, pour obtenir leurs armes, empruntaient la même route en passant

 23   par la République de Croatie que les Croates ?

 24   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas d'où ils tenaient leurs armes

 25   et comment ils les obtenaient.


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  1   M. Mikulicic (interprétation). - Puis au moment où la guerre a éclaté sur

  2   le territoire de la Bosnie-Herzégovine, il y a eu de l'aide humanitaire

  3   qui a été acheminée aussi, n'est-ce pas ?

  4   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  5   M. Mikulicic (interprétation). - Tant pour la communauté croate que pour

  6   la communauté musulmane de la région, n'est-ce pas ?

  7   M. Tuka (interprétation). - Oui.

  8   M. Mikulicic (interprétation). - Est-il exact de dire que ce secours

  9   humanitaire est passé aussi par la République de Croatie quelle que soit

 10   la communauté à laquelle elle était destinée ? C'était toujours cette même

 11   route, n'est-ce pas ?

 12   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 13   M. Mikulicic (interprétation). - Monsieur Tuka, lorsque vous avez parlé de

 14   cette communication par paquet, des modes de communications informatisées,

 15   est-il exact de dire que l'armée de Bosnie-Herzégovine avait un système

 16   identique ?

 17   M. Tuka (interprétation). - Oui.

 18   M. Mikulicic (interprétation). - Savez-vous, Monsieur le Témoin, s'il

 19   était possible en fait de procéder à l'écoute réciproque ou d'intercepter

 20   les messages de l'autre côté dans ce type de communication ?

 21   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas. Ceux qui ont établi le

 22   système, ont dit que c'était un système tout à fait fiable et que personne

 23   ne pouvait en fait y insérer de virus ou procéder à des interceptions de

 24   messages, mais je ne sais pas vraiment. Peut-être que c'était malgré tout

 25   possible.


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  1   M. Mikulicic (interprétation). – Monsieur Tuka, vous avez parlé des

  2   événements qui se sont produits lorsqu'on a parlé de l'organisation de la

  3   défense dans la région de Fojnica et de vos fonctions à l'époque. Vers le

  4   milieu de l'année 1992, vous étiez en fait le chef de l'état-major

  5   municipal de Fojnica puisque les brigades n'existaient pas encore à

  6   l'époque ?

  7   M. Tuka (interprétation). - Je ne sais pas quel est le nom que vous

  8   donnez, mais effectivement à l'époque il n'y avait pas vraiment de brigade

  9   qui existait en tant qu'unité locale.

 10   M. Mikulicic (interprétation). - C'étaient des unités installées

 11   localement sur le territoire de la municipalité. N'est-ce pas ?

 12   M. Tuka (interprétation). - Oui, au départ. Par la suite, les hommes qui

 13   venaient de Fojnica n'ont pris position que dans la municipalité de

 14   Kiseljak parce que c'est là que se trouvait la ligne de démarcation entre

 15   les Serbes et les Croates. Nous avons donc tenu cette position et puis

 16   nous sommes allés à Jajce, à Pakla Revo et ainsi de suite.

 17   M. Mikulicic (interprétation). - Eh bien, puisque vous parlez de cette

 18   unité de votre municipalité qui est allée à Pakla Revo et dans d'autres

 19   endroits, si vous leur rendiez visite à vos soldats, avez-vous eu aussi

 20   l’occasion de voir des unités de Vitez, Travnik et de la région à ces

 21   endroits ?

 22   M. Tuka (interprétation). – Je ne pourrais pas vous dire car il y avait la

 23   présence de plusieurs unités sur le terrain. Je ne me suis intéressé qu'à

 24   mon unité.

 25   M. Mikulicic (interprétation). – Pendant combien de temps vos unités ont-


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  1   elles tenu ce bout de ligne à Paklarevo ?

  2   M. Tuka (interprétation). – Je ne sais plus exactement.

  3   M. Mikulicic (interprétation). – Mais chef de l'état-major municipal vers

  4   le milieu de 1992, c’est ce que vous étiez ? En cette qualité, avez-vous

  5   eu l'occasion de rencontrer M. Marian Skopljak qui était le chef de la

  6   municipalité à Vitez ?

  7   M. Tuka (interprétation). – Oui.

  8   M. Mikulicic (interprétation). – Est-ce que vous avez procédé à un échange

  9   d'expériences. Avez-vous eu une conversation avec lui ? Avez-vous parlé de

 10   différents accords ?

 11   M. Tuka (interprétation). – Non.

 12   M. Mikulicic (interprétation). – Si vous communiquiez avec vos collègues

 13   de Vitez, est-ce que, ce faisant, vous avez eu l'occasion de voir

 14   M. Mario Cerkez à Vitez ?

 15   M. Tuka (interprétation). – Je ne me souviens pas l’avoir vu où que ce

 16   soit.

 17   M. Mikulicic (interprétation). – Vous avez dit que même si vous avez

 18   essayé de maintenir la paix dans votre région, il y a eu des incidents

 19   provoqués surtout par des groupes serbes. Agissant sans aucun contrôle et

 20   de leur propre initiative, ils avaient par exemple établi des points de

 21   contrôle. Ils dévalisaient les gens qui devaient franchir ce point de

 22   contrôle ?

 23   M. Tuka (interprétation). – Nous nous trouvions à un endroit où il n'y

 24   avait pas beaucoup de circulation. Donc, il n'y a pas vraiment de gros

 25   point de contrôle. Toutefois, des incidents se sont effectivement


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  1   produits. Il y avait notamment ces unités qui s'appelaient HOS ; ils

  2   posaient beaucoup de problèmes car ils pillaient un peu partout, ce qui

  3   augmentait la tension, ce genre de problème.

  4   M. Mikulicic (interprétation). – Mais vous, vous étiez le commandant de

  5   ces unités paramilitaires du HOS ? Qui commandait ces unités ?

  6   M. Tuka (interprétation). – Je ne sais pas qui c'était. Je ne pense pas

  7   qu'ils étaient sous le commandement de qui que ce soit.

  8   M. Mikulicic (interprétation). – Avez-vous essayé de pallier à cette

  9   situation pour détendre la situation qui avait été aggravée par la

 10   présence des unités du HOS ?

 11   M. Tuka (interprétation). – Je crois être allé voir M. Kraljevic pour en

 12   parler avec lui. Je pensais qu'il était leur commandant, mais il m'a

 13   affirmé le contraire.

 14   M. Mikulicic (interprétation). – Savez-vous que quelque 30 % des unités du

 15   HOS étaient constitués de Musulmans dans votre région ?

 16   M. Tuka (interprétation). – Je sais qu'il y avait des Musulmans parmi ces

 17   unités, peut-être quelques-uns, mais je ne pourrai pas vous donner de

 18   pourcentage exact.

 19   M. Mikulicic (interprétation). – Vous avez déclaré que M. Perica, l'homme

 20   qui était parti aux Etats-Unis et était revenu en Croatie quand la guerre

 21   avait éclaté. Il avait rejoint les unités et quand la guerre avait éclaté

 22   en Bosnie-Herzégovine, il avait retrouvé son territoire pour rejoindre le

 23   HVO. Vous en souvenez-vous ?

 24   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 25   M. Mikulicic (interprétation). – S'agissait-il là d'un cas isolé ou était-


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  1   ce un phénomène qui se reproduisait ? Des gens qui avaient lutté en

  2   république de Croatie contre les Serbes et la JNA. Est-il arrivé que de

  3   tels hommes rentrent dans leur pays pour poursuivre la lutte ?

  4   M. Tuka (interprétation). – Il y en a eu plusieurs.

  5   M. Mikulicic (interprétation). – Est-ce que c’était tout à fait

  6   inhabituel ?

  7   M. Tuka (interprétation). – Non.

  8   M. Mikulicic (interprétation). – En décembre 92, on vous a donné l'ordre –

  9   avez-vous dit- d'établir une brigade ?

 10   M. Tuka (interprétation). – Oui.

 11   M. Mikulicic (interprétation). – Je vais vous poser une question qui

 12   concerne directement la police militaire. Est-il vrai que les

 13   municipalités qui n'avaient pas de brigade n'avaient pas de police

 14   militaire non plus, dans le sens de la responsabilité au niveau de la

 15   municipalité ?

 16   M. Tuka (interprétation). – Je ne saurai pas vous répondre à cette

 17   question de manière exacte. Je suis désolé.

 18   M. Mikulicic (interprétation). – Vous avez parlé des ordres que vous avez

 19   reçus concernant l'attaque sur le village de Dusina. J'aimerais vous

 20   demander de bien vouloir m’expliquer si, dans le sens militaire, l'attaque

 21   sur le village de Dusina voulait dire de désarmer les soldats du village ?

 22   Est-ce que c'est bien le terme qu'on pourrait utiliser dans le sens

 23   militaire ?

 24   M. Tuka (interprétation). – Oui. C'était l'objectif : le désarmement des

 25   soldats.


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  1   M. Mikulicic (interprétation). – Est-ce que c'est l'obligation des

  2   commandants militaires dans une telle situation, alors que vous avez dit

  3   que la population était mixte, de protéger la population civile et de

  4   l’évacuer ? Est-ce que c'est cela également une responsabilité du

  5   commandant ?

  6   M. Tuka (interprétation). – Je ne sais pas. C’est extrêmement difficile de

  7   vous répondre. Cela dépend de la situation dans l'ensemble et sur le

  8   terrain. Cela dépend de la situation momentanée.

  9   M. Mikulicic (interprétation). – Il a été question d'une déclaration que

 10   vous avez donnée le 20 décembre 93 à la sécurité d’Etat à Visoko. C'est

 11   une déclaration que vous avez donnée à Fojnica pendant que vous étiez

 12   encore en prison ?

 13   M. Tuka (interprétation). – C'est vrai.

 14   M. Mikulicic (interprétation). – Et vous avez dit que la déclaration a été

 15   donnée dans des conditions qui n'étaient pas, d'après vous, normales.

 16   Pourriez-vous nous dire ce que vous sous-entendez sous des conditions

 17   anormales ?

 18   M. Tuka (interprétation). – J'avais déjà l'expérience depuis une période

 19   qui avait précédé ce moment-là très précis, il ne fallait pas que je dise

 20   ce qui était vrai, ce qui était exact. Moi, j'ai posé la question pour

 21   savoir quelles étaient les raisons pour lesquelles ils sont venus me

 22   demander la déclaration. Ils n’ont pas pu me donner des réponses. Je

 23   sentais que je n'étais pas en sécurité.

 24   M. Mikulicic (interprétation). – Ceci veut-il dire que ce n'était pas une

 25   expression de votre propre liberté et que c'est dans ce sens que vous


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  1   concevez cette déclaration ?

  2   M. Tuka (interprétation). – Oui.

  3   M. Mikulicic (interprétation). – Est-ce que cette déclaration que vous

  4   avez donnée aux enquêteurs de ce Tribunal, par différence à cette première

  5   déclaration, pourrait être interprétée comme l’expression de votre propre

  6   expression libre ? Ce que vous avez voulu vraiment y mettre ?

  7   M. Tuka (interprétation). – Il y a peut-être quelques erreurs qui se sont

  8   glissées, mais dans l'ensemble, cela exprime ma propre volonté de dire les

  9   choses comme je les ai posées.

 10   M. Mikulicic (interprétation). – La défense de M. Mario Cerkez n'a plus de

 11   question. Nous souhaiterions verser au dossier cette déclaration donnée

 12   aux enquêteurs du Bureau du Procureur. Nous considérons qu'il s'agit d'une

 13   pièce fort importante pour l'affaire en question.

 14   M. le Président (interprétation). – Pourquoi Monsieur Mikulicic ? Pourquoi

 15   voulez-vous verser cela au dossier ?

 16   M. Mikulicic (interprétation). – Je considère que le témoin ayant dit que

 17   d’après lui, c’est une déclaration qu’il avait donnée de son propre gré,

 18   est une déclaration très large. Elle donne beaucoup de détails et nous

 19   n'avons pas pu entrer dans tous ces détails lors de la déposition au cours

 20   de la journée.

 21   M. le Président (interprétation). – Eh bien, nous allons déclarer cette

 22   pièce recevable pour ce qu’elle vaut, mais ce qui compte, ce sont bien sur

 23   les propos tenus par le témoin à l'audience. Y aurait-il un point

 24   supplémentaire, Maître Somers ?

 25   Mme Somers (interprétation). – Pourrais-je revenir sur ceci un instant.


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  1   Pourrions-nous revenir sur la nature des inquiétudes que nous avons à

  2   l'égard de ces déclarations ?

  3   M. le Président (interprétation). – Non. Poursuivez !

  4   Mme Somers (interprétation). - Quelques questions : je vais demander à

  5   M. l'huissier de bien vouloir remettre au témoin la pièce Z 1476.

  6   (L'huissier s'exécute.)

  7   Mme Somers (interprétation). - Je voudrais demander au greffe de nous

  8   donner le numéro exact, la cote sous laquelle le document a été

  9   enregistré ?

 10   Mme Ameerali (interprétation). - Eh bien ce document portera la cote D-

 11   42 /2.

 12   M. le Président (interprétation). - Oui, essayez d'évoquer ceci le plus

 13   rapidement, nous avons peu de temps imparti.

 14   Maître Naumovski, qu'est-ce qu'il y a ?

 15   M. Naumovski (interprétation). – Monsieur le Président, je ne suis pas

 16   pour, j'ai fait une objection en ce qui concerne le versement au dossier.

 17   La défense n'a pas eu le temps pour poser des questions, ensuite il s'agit

 18   d'un certain nombre de documents sur lesquels le témoin n'a certainement

 19   aucune connaissance ; il s'agit de M. Kordic si je vois bien.

 20   M. le Président (interprétation). - Je n'ai toujours pas pris connaissance

 21   du document dont vous parlez. Quel est ce document ?

 22   Mme Somers (interprétation). – Ceci nous permettra de savoir si une

 23   fonction militaire était bien occupée par Kordic, j'aurais voulu le faire

 24   avec ce document à l'appui.

 25   M. le Président (interprétation). - J'aimerais voir ce document. Où est-


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  1   il ?

  2   Ah oui je vois ! Je l'ai, je vous remercie. Pourquoi si ce document

  3   présente une certaine importance, ne l'avez-vous pas produit lors de votre

  4   interrogatoire principal ?

  5   Mme Somers (interprétation). – La question du grade contesté avait été

  6   soulevée à plusieurs reprises ; cela a été tellement contesté au niveau du

  7   contre-interrogatoire que nous nous sommes dits qu'il fallait que vous

  8   ayez l'occasion de voir ce document dès maintenant.

  9   M. le Président (interprétation). - Mais qui va produire le document,

 10   quand va t-il être produit et versé au dossier ?

 11   Mme Somers (interprétation). – La question qui se pose c'est de savoir si

 12   on fait référence à des titres honorifiques qui auraient été accordés à

 13   M. Kordic.

 14   M. le Président (interprétation). - Vous pouvez le faire par les

 15   truchements habituels. Maître Naumovski a raison quelque part, vous

 16   produisez un document sur lequel il n'aura aucune occasion de contre-

 17   interroger le témoin. Vous pourrez faire verser ce document au dossier en

 18   présentant un témoin par la voie habituelle. Il n'incombe pas à ce témoin,

 19   qui dit ne rien savoir à ce sujet, de le faire.

 20   Nous allons renvoyer ce document à l'expéditeur. Avez-vous d'autres

 21   questions ?

 22   Mme Somers (interprétation). – Une simple petite question, Monsieur le

 23   Président.

 24   Monsieur Tuka, vous avez été démis de vos fonctions à Fojnica. Par la

 25   suite, quel fut le sort réservé à Mme Bosnjak ?


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  1   M. Tuka (interprétation). - Elle aussi avait déposé sa démission au poste

  2   qu'elle occupait de président du HDZ et je pense que c'étaient les

  3   nouveaux représentants au niveau de la municipalité qui ont été désignés,

  4   puis le président du HDZ de Fojnica.

  5   Mme Somers (interprétation). – Une dernière question. Savez-vous si le

  6   grand quartier général du HDZ de Bosnie-Herzégovine a réprimandé votre

  7   municipalité au motif d'activités apparemment illégales que vous auriez

  8   menées et dont il était question au cours du contre-interrogatoire ? Y a-t

  9   il eu des plaintes qui ont été déposées ?

 10   M. Tuka (interprétation). - Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris.

 11   Mme Somers (interprétation). – Je vais répéter ma question. Avez-vous reçu

 12   des critiques de la part de qui que ce soit du HDZ, armée de Bosnie-

 13   Herzégovine à Sarajevo, pour avoir effectué ces activités d'organisations

 14   qui ont fait l'objet du contre-interrogatoire et qui se faisaient au nom

 15   du HDZ ou du HVO de Fojnica ?

 16   M. Tuka (interprétation). – Je ne me souviens pas véritablement.

 17   Mme Somers (interprétation). – Je vous remercie. Je n'ai plus de

 18   questions, Monsieur le Président.

 19   M. le Président (interprétation). – Monsieur Tuka, eh bien, ceci met un

 20   terme à votre déposition. Je vous remercie d'être venu devant le Tribunal

 21   pénal international de La Haye pour déposer devant nous. Vous pouvez vous

 22   retirer.

 23   M. Tuka (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

 24   (Le témoin quitte la salle d'audience ).

 25   M. le Président (interprétation). - Maître Nice, je voulais évoquer


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  1   quelques questions à huis clos.

  2   M. Nice (interprétation). - Je voulais évoquer quelques questions du

  3   calendrier, nous pouvons en parler à huis clos.

  4   M. le Président (interprétation). - Oui passons à huis clos partiel

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