Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le lundi 7 novembre 2005

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 05.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à toutes et à toutes.

6 Monsieur le Greffier, veuillez annoncer l'affaire.

7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour. Affaire IT-00-39-T, le Procureur

8 contre Momcilo Krajisnik. Merci.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur.

10 Maître Stewart, la Défense est-elle prête à citer à la barre le témoin

11 suivant ?

12 M. STEWART : [interprétation] Oui.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si j'ai bien compris, il n'y a pas de

14 mesures de protection demandées.

15 M. STEWART : [interprétation] Non.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il s'agit de M. Milincic.

17 M. STEWART : [interprétation] Non, en fait, c'est M. Antic.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je suis désolé.

19 M. STEWART : [interprétation] Le monsieur dont vous venez de citer le nom

20 par erreur, il est très peu probable qu'on le cite à la barre.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, j'ai mélangé --

22 M. STEWART : [interprétation] M. Milincic est le prochain témoin.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

24 M. MARGETTS : [interprétation] Je souhaiterais évoquer une question.

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y.

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1 M. MARGETTS : [interprétation] M. Harmon s'est entretenu avec Me Josse au

2 sujet d'un certain nombre de points d'accord au sujet d'Hadzo Efendic, et

3 en rapport avec le Témoin Stavnjak, la Défense est prête à reconnaître que

4 ce monsieur a été nommé vice-président du gouvernement de Bosnie-

5 Herzégovine le 25 février 1993, et qu'il a été également nommé au poste

6 d'ambassadeur de Bosnie-Herzégovine en Autriche le 4 octobre 1993.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est bien noté, les dates, les postes

8 occupés : vice-président de la Bosnie-Herzégovine, 25 février 1993, et

9 ambassadeur de Bosnie-Herzégovine auprès de l'Autriche, le 4 octobre 1993.

10 M. STEWART : [interprétation] La Défense signale son accord.

11 M. MARGETTS : [interprétation] Merci.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Faites entrer le témoin

13 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Antic. Si je me trompe

15 --

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant que vous ne déposiez, il est

18 nécessaire aux termes du Règlement de procédure et de preuve que vous

19 prononciez une déclaration solennelle dans laquelle vous vous engagez et

20 dire toute la vérité, rien que la vérité. Le texte de cette déclaration

21 vous est remis par l'Huissier. Je vous demande de prononcer ladite

22 déclaration.

23 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

24 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

25 LE TÉMOIN : BOZIDAR ANTIC [Assermenté]

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1 [Le témoin répond par l'interprète]

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez prendre place, Monsieur Antic.

3 C'est Me Stewart qui va commencer à vous contre-interroger, il représente

4 la Défense.

5 M. STEWART : [interprétation] En fait, je pense que techniquement parlant

6 c'est plutôt l'Accusation qui va contre-interroger le témoin.

7 M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

8 M. STEWART : [aucune interprétation]

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est lundi, excusez-moi --

10 M. STEWART : [interprétation] Effectivement. Oui, j'avais l'intention

11 d'aller assez vite, pour passer en revue un certain nombre des points du

12 début de la déposition du témoin. Si l'Accusation estime que j'abuse, je ne

13 me fais pas d'inquiétude, elle interviendra.

14 Interrogatoire principal par M. Stewart :

15 Q. [interprétation] Monsieur Antic, vous pouvez m'entendre ?

16 R. Oui.

17 Q. Vous vous appelez Bozidar Antic ?

18 R. C'est vrai.

19 Q. Vous êtes né le 25 novembre 1957, à Sarajevo, vous êtes diplômé

20 d'économies de l'université de Sarajevo; est-ce bien exact ?

21 R. C'est exact.

22 Q. Précédemment, vous avez été membre du Parti communiste, même si vous

23 n'en avez jamais été un membre très actif; est-ce bien exact ?

24 R. Oui, c'est exact. J'étais membre pour la forme comme la plupart des

25 jeunes à l'époque.

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1 Q. Jusqu'en 1990, et je pense ici à l'époque des élections multipartites

2 de 1990 jusqu'à ce moment, vous avez vécu avec amitié dans un appartement

3 avec votre épouse et deux enfants, qui étaient alors en bas âge, à Dobrinja

4 5, un quartier de Sarajevo, et vous avez travaillé à Kiseljak qui se trouve

5 également aux alentours de Sarajevo. Vous étiez directeur général d'une

6 société de textiles assez florissante qui s'appelait Globus ? Est-ce que

7 tout ceci est bien exact ?

8 R. C'est exact.

9 Q. Est-il exact - n'hésitez pas à me corriger si ce n'est pas le cas que

10 pour ce qui est de la composition ethnique de Kiseljak - la population

11 était constituée à 50 % de Croates, 40 à 45 % de Musulmans et le reste,

12 c'était pour l'essentiel des Serbes et des personnes qui se décrivaient

13 comme étant des Yougoslaves; est-ce que cela est exact également ?

14 R. C'est exact. Les chiffres me semblent exacts, en tout cas. La majorité

15 de la population était croate.

16 Q. En quelques mots, puisque vous étiez sur place, pourriez-vous expliquer

17 aux Juges qu'elle était l'attitude des Croates à Kiseljak sur le plan

18 politique local, leur attitude et leur comportement ?

19 R. Vous voulez dire avant les élections ?

20 Q. Oui. Peut-être puis-je vous orienter dans la direction suivante ? Etant

21 donné que les Croates représentaient environ 50 % de la population, quel

22 était leur comportement sur le plan politique à Kiseljak ?

23 R. En deux mots, je peux vous dire jusqu'aux élections multipartites, tout

24 a fonctionné à peu près comme ailleurs en Bosnie-Herzégovine. Il y avait

25 dans le système communiste, un système de coefficient, disons, et tout

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1 fonctionnait normalement et comme d'habitude.

2 Q. Est-ce que les Croates ont accordé la reconnaissance et le poids qui

3 leur étaient dû aux Musulmans et aux Serbes de Kiseljak ainsi qu'aux autres

4 groupes qui constituaient cette population ?

5 R. Je n'ai jamais remarqué quoique ce soit d'anormal à l'époque. Tout

6 était plus ou moins normal.

7 Q. Est-ce que ceci s'est modifié de manière significative après les

8 élections de 1990, en novembre ?

9 R. Je n'ai pas été impliqué dans les rapports de répartition du pouvoir au

10 niveau de la municipalité mais on sentait que les tensions étaient vives

11 avec la victoire des partis nationaux. On pouvait le voir partout même s'il

12 n'y avait pas, on pouvait le sentir. Même s'il n'y avait pas de problèmes

13 tangibles.

14 Q. Est-ce que les résultats des élections multipartites de 1990 ont eu des

15 retombées personnelles en ce qui vous concerne ?

16 R. Je ne m'en suis jamais compte jusqu'au moment où j'ai commencé à être

17 en but à des critiques de la part de certains partis. Ils affirmaient pour

18 certains que je n'avais pas les compétences requises pour le poste que

19 j'occupais. Enfin, que je n'étais pas fait pour ce poste.

20 Q. Vous nous dites que vous avez été en but aux critiques de certains

21 partis. Pouvez-vous être précis, nous dire qui exactement vous a critiqué ?

22 R. Tout d'abord, le HDZ, dans les médias et lors de conférences de presse

23 au niveau de la Bosnie-Herzégovine.

24 Q. Y avait-il quelqu'un au sein de HDZ, quelqu'un en particulier qui

25 portait ces critiques contre vous ?

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1 R. Je me souviens de la première réunion de la présidence de Bosnie-

2 Herzégovine nouvellement élu, M. Kljuic était présent lors de cette

3 réunion, Stjepan Kljuic qui était membre de la présidence de Bosnie-

4 Herzégovine, et c'est lui qui a évoqué cette question.

5 Q. En quoi consistaient les critiques formulées à votre encontre par cet

6 homme ?

7 R. Il n'a pas fait référence directement à mon nom mais il a simplement

8 répété que les nouvelles autorités feraient tout ce qui était possible pour

9 éviter les abus dans le cadre du processus de privatisation. Ils ont donné

10 un exemple, bien entendu, ils ont donné un exemple de l'entreprise dont

11 j'étais directeur.

12 Q. Donc, Globus, à l'époque, était en cours de privatisation, n'est-ce

13 pas, ou s'apprêtait à être privatisé ?

14 R. Globus était en phase de privatisation et c'est une des rares

15 entreprises qui a été privatisée sans aucune tension. Tout le monde en a

16 été très satisfait.

17 Q. Quand on a parlé de cette entreprise sans vous nommer, pourquoi avez-

18 vous, cependant, compris la chose -- interprété la chose comme étant une

19 critique adressée contre vous ?

20 R. Ils ne cessaient de faire référence aux dirigeants -- aux directeurs de

21 l'entreprise sans jamais citer mon nom, mais c'était une référence à peine

22 voilée et il n'était pas difficile de comprendre.

23 Q. Vous avez dit, en anglais, "référence extrêmement voilée", mais, en

24 fait, vous voulez dire, "à peine voilée" ?

25 R. Enfin, on comprenait très clairement de qui il s'agissait.

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1 Q. Quels étaient les abus qui étaient mentionnés ou évoqués, qui auraient

2 pu se produire dans le cadre de la privatisation ?

3 R. Cette discussion avait pour objet de général, le fait que les nouvelles

4 autorités voulaient mettre un terme aux abus des biens de l'Etat, on n'a

5 pas donné de détails, mais on estimait que la privatisation de mon

6 entreprise, cela voulait dire que j'allais empocher un certain nombre

7 d'actions et que mes amis allaient en faire de même, mais c'était

8 complètement faux.

9 Q. Est-ce que des pressions sont apparues, qu'on a fait pression d'une

10 manière ou d'une autre pour vous évincer, vous démettre de vos fonctions ?

11 R. Oui. Au niveau local, des suggestions ont été faites de manière

12 indirecte allant dans ce sens, mais, dans une grande mesure aussi, on a

13 cherché à protéger moi-même ma personne, ainsi que tout ce que j'avais

14 réalisé mes réalisations et beaucoup de Croates ont résisté à cette

15 pression.

16 Q. Commençons par la question suivante : quand ces pressions ont-elles

17 commencé à se faire sentir, ces pressions qui avaient pour objectif de vous

18 démettre de vos fonctions ?

19 R. Tout de suite, après l'annonce des résultats des élections.

20 Q. Qui était à l'origine de ces pressions ?

21 R. Je l'ai déjà mentionné. Officiellement, cela se faisait dans des

22 déclarations dans la presse, dans les médias au sein du HDZ de Bosnie-

23 Herzégovine, lors de cette réunion de la présidence de la Bosnie-

24 Herzégovine dont j'ai parlé et qui se passait sur le terrain reflétait tout

25 cela.

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1 Q. Est-ce que les dirigeants croates du HDZ étaient les seuls à vous

2 critiquer vous et votre entreprise indirectement ou est-ce que ces

3 critiques venaient également d'ailleurs ?

4 R. C'était également les dirigeants du HDZ lors de ces conférences de

5 presse et lors de cette réunion de la présidence. Le SDA et ses dirigeants

6 on voit leurs voix à celles du HDZ, mais sans doute par solidarité en

7 quelque sorte parce qu'Alija Izetbegovic aussi avait dit qu'il fallait

8 mettre un terme aux abus s'agissant des biens publics.

9 Q. Qui vous a soutenu face à ces pressions ?

10 R. En premier lieu, les employés sont très nombreux à avoir signé une

11 pétition qui a été envoyée aux médias ainsi qu'à tous les parties et, dans

12 cette pétition, il était dit que tout cela était complètement déraisonnable

13 et ne reposait que sur un tissu de mensonges.

14 Q. Est-ce qu'en dehors de l'entreprise vous avez été également soutenu ?

15 R. Oui. Il y a pas mal de personnes qui, individuellement, m'ont manifesté

16 leur soutien et m'ont dit -- sont venus me demander si j'avais besoin

17 d'aide.

18 Q. En dehors de ce soutien individuel, est-ce que vous avez reçu au sein

19 de la communauté politique serbe des offres de soutien également ?

20 R. Après tout cela, étant donné que cela a été très discuté dans les

21 médias pendant un certain temps, j'ai été invité à prendre contact avec le

22 Parti démocratique serbe si j'estimais que c'était nécessaire pour leur

23 expliquer de ce qu'il en était de la situation. Vous souvenez-vous de qui

24 vous a communiqué cette invitation ?

25 R. Certains de mes amis qui étaient en contact assez proche avec le Dr

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1 Karadzic du moins qui le connaissait puisque je ne le connaissais pas.

2 Q. Est-ce que vous avez eu des contacts sur ce point avec le Dr Karadzic

3 en personne ?

4 R. Oui. Je suis allé le voir une fois dans son cabinet médical à Sarajevo.

5 Q. Est-ce que vous pouvez nous donner la date de votre visite au cabinet

6 du Dr Karadzic ?

7 R. Je ne me souviens plus vraiment de la date, après tout ce temps écoulé,

8 mais je crois que c'était en décembre après les élections qui ont eu lieu à

9 la fin novembre. Donc, je pense que c'était en décembre 1990.

10 Q. Vous avez rencontré le Dr Karadzic personnellement; c'est exact ?

11 R. Oui.

12 Q. Est-ce qu'il y avait d'autres représentants des dirigeants serbes de

13 Bosnie lors de cette réunion ?

14 R. Non.

15 Q. En quelques mots sans vous étendre, pouvez-vous nous dire - parce que

16 j'imagine que vous avez eu une discussion avec M. Karadzic - quelle a été

17 la nature de cette discussion ?

18 R. On s'est entretenu très brièvement, et il s'agissait uniquement de mon

19 poste -- de ma position à Kiseljak que j'ai expliqué quelle était ma

20 situation qui J'étais ce que je fais pourquoi et pourquoi on me critiquait

21 on m'attaquait. J'ai essayé de le convaincre que toutes ces rumeurs, tout

22 ce qui se racontait était complètement faux. Le Dr Karadzic m'a demandé ce

23 que je souhaitais qu'il fasse. Il m'a demandé si je souhaitais rester au

24 sein de cette entreprise ou si je souhaitais partir. J'ai répondu que je

25 souhaiterais peut-être qu'il parle aux gens des HDZ, mais que, pour

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1 l'instant, je préférais rester à mon poste que j'attendrais de voir ce qui

2 allait se passer et que je prendrais peut-être de nouveau contact avec lui

3 si j'avais des difficultés supplémentaires.

4 J'avais, personnellement, décidé de rester un petit peu plus

5 longtemps et, ensuite, de partir.

6 Q. A la fin de cette réunion, est-ce que, quand vous êtes parti de cette

7 réunion avec le Dr Karadzic, vous aviez décidé finalement de rester plus

8 longtemps -- de rester à long terme ?

9 R. C'est une sorte de conclusion. Je ne savais pas combien de temps.

10 J'avais décidé d'attendre la publication du rapport annuel afin que tout le

11 monde puisse se rendre compte de la situation de la compagnie au moment où

12 je partais plutôt que ce soit laissé au sein d'autres personnes dans le

13 cadre de conférence de presse ou ce genre d'événement.

14 Q. A la fin de l'exercice fiscal de cette année-là, la fin de l'exercice

15 fiscale pour Globus c'était le 28 février, n'est-ce pas ?

16 R. Oui.

17 Q. Est-ce que vous êtes. Finalement - si on avance un petit peu dans le

18 temps - resté jusqu'à la fin de l'exercice fiscale du 28 février ? Vous

19 avez présenté les comptes pour cette année et, peu de temps après cette

20 date, vous avez quitté l'entreprise ?

21 R. Je suis resté jusqu'au 28 février, j'ai présenté les comptes annuels

22 ceci a été approuvé. Je suis allé déjeuner avec un certain nombre de mes

23 collaborateurs. Nous avons eu une espèce de déjeuner festif, déjeuner

24 d'adieu et, ensuite, je suis parti. 0

25 Q. Pour revenir à la réunion que vous avez eu au Dr Karadzic, est-ce qu'il

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1 a jamais laissé entendre ou suggéré que vous pourriez vous engager sur le

2 plan politique du côté de la communauté serbe ou du côté du SDS ?

3 R. Non. Absolument pas. Nous discutions que de mon problème à moi -- de

4 moi-même.

5 Q. Par la suite, avez-vous appris si les dirigeants du SDS avaient parlé

6 avec qui que ce soit, en votre nom, par rapport à Globus ? Est-ce quelqu'un

7 a peut-être prôné votre cause ?

8 R. Oui, je l'ai appris par le SUP et j'ai vu que les tensions s'étaient

9 relâchées. Je ne fus plus l'objet des attaques comme c'était le cas au

10 départ. J'ai quand même compris qu'il était temps de me retirer.

11 Q. Est-ce que vous avez appris qui a parlé avec qui pour vous soutenir ?

12 R. Oui. J'ai rencontré par la suite cet homme. C'était Rajko Dukic, le

13 président du comité exécutif du parti, en charge de la Problématique des

14 cadres entre différents partis. Il m'a dit qu'il s'était entretenu avec

15 Stjepan Kljuic à ce sujet.

16 Q. Vous dites que Rajko Dukic était le président du comité exécutif du

17 parti, mais c'est bien le Parti du SDS, n'est-ce pas ?

18 R. Oui, oui, effectivement.

19 Q. Est-ce qu'il vous a dit quoi que ce soit au sujet des entretiens qu'il

20 aurait eus avec M. Kljuic ?

21 R. Oui. C'était sur un ton de plaisanterie. Il m'a fait rapport de cet

22 entretien quand il a demandé à Kljuic : "Mais pourquoi vous attaquez ?"

23 Antic Kljuic aurait répondu : "Mais il est bien, il est bien ce gars. Est-

24 ce normal qu'un Serbe ait une place de directeur dans une communauté où les

25 Croates sont majoritaires ?" Pour lui, c'était une réponse logique. C'était

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1 la seule raison qu'il avait. Il n'y avait pas d'autre raison, apparemment.

2 J'ai pris cela comme une plaisanterie mais comme une pratique en cours

3 malheureusement aussi.

4 Q. Ce que vous venez de raconter aux Juges est-ce, que d'après vous,

5 c'était l'approche pratiquée par M. Kljuic et par ses collègues ? Est-ce

6 que vous avez compris cela comme quelque chose qui était dirigé directement

7 contre vous et contre votre entreprise ?

8 R. Oui. Oui. J'ai compris bien que c'était une question de point de vue en

9 général. J'ai compris, dès le départ que ce n'était pas moi le problème.

10 J'ai été juste choisi comme un exemple, un exemple bien pratique.

11 Q. Un exemple, de quoi ?

12 R. Il a fallu bien citer un exemple. Citer quelqu'un en exemple pour

13 continuer à faire ce qu'ils avaient envie de faire. Le meilleur exemple de

14 cela est Sarajevo.

15 Q. Vous avez dit qu'il fallait qu'ils commencent par quelqu'un sur le

16 chemin qu'ils avaient emprunté. De quoi vous parlez exactement ? Qu'est-ce

17 que c'est que "ce chemin" dont vous parlez ?

18 R. Je ne veux pas préjuger mais vous savez la route qu'ils ont prise, il

19 s'agissait de donner les entreprises croates aux dirigeants croates.

20 C'était leur politique en temps d'économie. J'ai travaillé toute ma vie

21 dans les entreprises. Ils voulaient avoir le directeur croate pour influer

22 sur le fonctionnement de l'économie, et apparemment, ils ne pouvaient pas

23 le faire sans avoir les dirigeants croates. Ce n'est absolument pas vrai

24 évidemment.

25 Q. Vous dites avoir continué à travailler dans cette entreprise jusqu'à la

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1 fin du mois de février 1991. Est-ce qu'il y avait un problème avec votre

2 appartement dont vous deviez vous occuper ?

3 R. Ce problème ne s'est pas posé. Normalement, pour avoir le droit

4 d'habiter dans un appartement, il aurait fallu avoir une dizaine d'années

5 d'ancienneté dans une entreprise. A l'époque, je n'avais que neuf années et

6 demie d'ancienneté. Il existait un risque que je perde le droit de garder

7 cet appartement parce que je n'avais pas rempli cette condition des dix

8 années d'ancienneté. Ce problème ne s'est pas posé. Comme j'avais quand

9 même cela à l'esprit, je me suis présenté à l'assemblée municipale d'Ilidza

10 pour essayer de faire valoir encore six mois d'ancienneté, pour faire

11 valoir le droit de rester dans cet appartement, dans l'appartement où je

12 vivais.

13 Q. Est-ce que vous avez réussi à résoudre ce problème ?

14 R. Oui, oui. Je me suis rendu dans l'assemblée municipale d'Ilidza.

15 Q. Je n'ai pas besoin de détails, Monsieur Antic.

16 R. Oui, oui. Tout cela a été réglé.

17 Q. Est-ce que vous avez demandé de l'aide d'un quelconque membre du SDS

18 concernant justement ce problème, le problème relatif à votre appartement ?

19 R. Non, non. Je n'avais pas besoin de cela. D'ailleurs, ce problème est

20 réglé par la loi.

21 Q. Est-ce qui que ce soit, au sein du SDS, était au courant même de

22 l'existence de ce problème que vous deviez résoudre ?

23 R. Non.

24 Q. Est-ce qui que ce soit au sein du SDS, avant que vous ne quittiez

25 l'entreprise à la fin du mois de février, savait que vous alliez quitter

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1 l'entreprise justement à cette date-là ? Est-ce qui que ce soit était au

2 courant de la date à laquelle vous avez quitté cette entreprise ?

3 R. Non, non, non. C'était ma décision personnelle, la décision que j'ai

4 prise personnellement.

5 Q. Vous restez dans l'entreprise jusqu'au 28 février pour clore l'exercice

6 fiscal de l'année en cours, est-ce que vous avez fait cela pour des

7 commodités personnelles, pour améliorer votre situation personnelle ?

8 R. Non. Je n'avais rien sur la conscience. L'entreprise fonctionnait bien.

9 Tout le monde était content. J'avais de très bons rapports avec mes

10 employés jusqu'alors et par la suite, tout ce que j'ai voulu c'était de

11 quitter cette entreprise de façon honnête pour que je ne lise pas par la

12 suite des informations fausses me concernant dans la presse.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Stewart, vous en avez terminé

14 avec l'appartement ?

15 M. STEWART : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai une question à poser.

17 L'assemblée municipale d'Ilidza, pourriez-vous nous dire s'il y avait

18 un parti politique qui avait sa majorité là-bas ? Est-ce que vous pouvez

19 nous dire de quelle façon les Croates, les Serbes, et cetera étaient

20 représentés au sein de cette assemblée municipale ?

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Les Croates étaient minoritaires là-bas. Je

22 dirais qu'il y avait autant de Serbes que de Musulmans, peut-être un petit

23 plus de Musulmans. Le pourcentage était approximativement similaire, très

24 semblable.

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

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1 Veuillez poursuivre.

2 M. STEWART : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

3 Q. Qui vous a remplacé à la tête de Globus après que vous êtes parti ?

4 R. C'est mon assistant, chargé des questions financières, Mehmed

5 Lujinovic, qui m'a remplacé.

6 Q. Il était Musulman, n'est-ce pas ?

7 R. Oui.

8 Q. Y avait-il une raison particulière pour laquelle il vous a remplacé ?

9 Il était votre assistant mais est-ce qu'il y avait d'autres raisons pour

10 cela ?

11 R. C'est uniquement parce que les employés ont réussi à faire en sorte que

12 les politiques ne se mêlent pas aux affaires de l'entreprise et donc ils

13 l'ont choisi, entre pairs, parce qu'il savait faire son travail. Ils

14 n'avaient pas besoin d'un Croate qui ne saurait pas faire le travail qu'il

15 fallait faire. Ils l'ont choisi pour ses qualités professionnelles

16 uniquement. Ils ont réussi à le faire malgré les influences politiques.

17 Q. Est-ce que vous avez gardé des contacts avec vos collègues de Globus ?

18 R. Oui. Bien sûr. Nous avons gardé de très bons rapports au jour

19 d'aujourd'hui encore. Je peux dire que c'était une très belle période de ma

20 vie, aussi bien de ma vie privée que ma carrière professionnelle. J'ai

21 gardé de très bons contacts avec ces gens.

22 Q. Ensuite, Monsieur Antic, je vais vous présenter un certain nombre

23 d'éléments et je vous demanderais de m'écouter et de me dire si vous êtes

24 en mesure de confirmer ou infirmer ce que je vais vous dire. Ensuite, vous

25 êtes allé à Ilidza. C'est une autre municipalité. Ce n'est pas la même

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1 municipalité que Kiseljak. Vous y êtes allé sur invitation de dirigeants

2 politiques locaux et vous êtes devenu le ministre du commerce ou de petites

3 entreprises. Vous avez commencé votre propre affaire. Vous vous êtes lancé

4 dans les affaires et vous avez d'ailleurs créé une entreprise de textiles

5 appelée Nikola. Aujourd'hui, c'est une entreprise qui marche très, très

6 bien. Vous avez 24 boutiques à Belgrade. Apparemment, cette entreprise

7 marche fort bien. Vous l'avez commencée en 1991 et un grand nombre de vos

8 employés ont travaillé au préalable à Globus, qui était aussi une

9 entreprise de textiles, à l'époque où vous y travailliez. La plupart

10 d'entre eux étaient des Musulmans mais il y a aussi des Serbes entre eux et

11 un petit nombre de Croates aussi. C'est une entreprise qui était par la

12 suite basée à Ilidza. Il y avait aussi des Croates, comme j'ai dit, qui

13 travaillaient dans cette entreprise. Vous, vous n'aviez pas de problèmes

14 avec vos employés quelle que soit leur appartenance ethnique. Vous êtes

15 resté dans le même appartement à Dobrinja 5. Vous avez continué à

16 travailler là-bas même si vous travaillez à Ilidza dorénavant.

17 Là, je vous ai donné pas mal d'informations, mais, si vous avez un

18 quelconque doute à ce sujet, dites-le moi; sinon, vous serez gentil de

19 confirmer que tout ce que j'ai dit est exact.

20 R. Oui, oui. Tout cela est exact, mais je voudrais vous dire qu'il ne

21 s'agit pas là d'une grande entreprise. Il s'agit là d'une petite entreprise

22 privée, une entreprise toute simple.

23 Q. Non, mais ce que j'essaie de dire, ce que je sous-entendais, c'est que

24 cette entreprise a été lancée en 1991 à Ilidza et vous avez commencé par

25 une toute petite entreprise. Une dizaine plus tard, cette entreprise s'est

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1 développée et devenue une entreprise importante, pas une entreprise

2 multinationale, mais une entreprise importante, n'est-ce pas ?

3 R. Oui, oui. C'est exact. C'est exact.

4 Q. Au début du mois de mars 1991, vous commencez à travailler dans Ilidza;

5 est-ce exact ?

6 R. Oui.

7 Q. Est-ce que vous avez été contacté par qui que ce soit après être passé

8 à Ilidza, de la part des dirigeants du SDS ?

9 R. Oui. Un mois ou un mois et demi plus tard, on m'a appelé du cabinet de

10 Dr Karadzic. Je suis entré en contact avec lui. Il ne savait pas que je

11 travaillais à Ilidza déjà et il m'a demandé de venir le voir pour discuter

12 avec moi.

13 Q. Est-ce que vous y êtes allé ?

14 R. Oui.

15 Q. Vous êtes allé le voir, n'est-ce pas ? Vous êtes allé voir le Dr

16 Karadzic ?

17 R. Oui. Je pense que je l'ai vu dans son cabinet comme la dernière fois.

18 Q. Vous êtes allés le voir au mois d'avril 1991, à peu près ?

19 R. Oui, oui. C'était cela, à peu près cela.

20 Q. Quand vous êtes allé voir le Dr Karadzic, y a-t-il eu d'autres membres

21 du SDS présents à la réunion ?

22 R. Non.

23 Q. A nouveau, je vais vous poser une question assez brève. Enfin, je vous

24 demanderais de répondre brièvement, mais de sorte que les Juges de la

25 Chambre puissent comprendre tout de même. De quoi avez-vous discuté, vous

Page 18157

1 et le Dr Karadzic, à cette occasion-là ?

2 R. Le Dr Karadzic ne savait pas que j'avais quitté mon entreprise. Il l'a

3 appris. Il m'a dit qu'il pensait que ce je faisais à la municipalité, que

4 ce n'était pas suffisant par rapport à mes capacités. Il m'a dit qu'il y

5 avait une place de libre, une place de ministre pour le quota des SDS au

6 sein du gouvernement. Il m'a demandé d'accepter ce poste.

7 Q. Juste pour que ce soit bien clair, nous parlons du gouvernement de

8 Bosnie-Herzégovine à l'époque, n'est-ce pas ? Quand vous parlez du quota,

9 vous parlez de quelque chose du résultat du passage du pouvoir au niveau

10 national, les accords concernant le partage du pouvoir au niveau national ?

11 R. Oui, oui, précisément.

12 Q. Est-ce qu'il vous a proposé un portefeuille de ministre précis ?

13 R. Oui. C'était justement une place de ministre sans portefeuille au sein

14 du gouvernement de Bosnie-Herzégovine.

15 Q. Quelle était votre réponse, Monsieur Antic ?

16 R. J'ai dit que j'allais réfléchir. J'allais prendre quelques jours pour

17 réfléchir et que j'allais lui répondre si j'allais accepter cette

18 proposition, oui ou non. Avant tout, je lui ai répondu que je voulais faire

19 des affaires et que je ne pouvais pas accepter une position qui ne me

20 permettait pas de continuer à être dans les affaires. Je lui ai dit que je

21 voulais absolument continuer à travailler dans mon entreprise et,

22 éventuellement, accepter la fonction proposée, mais que je ne pouvais pas

23 accepter cette fonction sans pour autant continuer à travailler dans mon

24 entreprise. Le

25 Dr Karadzic m'a dit que ceci était tout à fait possible et que, si jamais

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1 je voulais accepter cette position et si, à un moment donné, je voyais que

2 je ne pouvais pas continuer à faire les deux choses, à savoir, à continuer

3 à travailler dans le privé et à exercer cette fonction que je pouvais

4 démissionner à tout moment.

5 Q. A l'époque que vous avez quitté cette réunion ce jour-là, que pensiez-

6 vous ? Est-ce que vous aviez l'impression que vous alliez plutôt accepter

7 cette proposition où vous trouviez-vous à peu près ? Comment réfléchissiez-

8 vous, à l'époque ?

9 R. J'étais assez surpris par cette invitation -- par cette proposition

10 parce que, tout simplement, je n'étais pas impliqué dans tout cela. J'étais

11 un peu surpris, j'ai eu besoin de consulter ma famille, mes amis, de

12 réfléchir pour voir si j'allais accepter cette proposition, j'étais quelque

13 part entre les deux.

14 Q. Le Dr Karadzic a-t-il parlé des opinions politiques lors de cette

15 réunion ? Est-ce qu'il essayait de voir quelles étaient exactement vos

16 opinions politiques ?

17 R. Non, absolument pas, on n'avait pas besoin de discuter de cela. Il a

18 fait sa proposition et il s'agissait de répondre oui ou non à cette

19 proposition.

20 Q. A votre avis, est-ce qu'il savait quels étaient vos penchants

21 politiques sans avoir eu besoin de vous le demander ?

22 R. Sans doute que oui. Sans doute qu'il s'était fait son opinion, mais je

23 ne savais pas ce qu'il savait. En tout cas, il ne m'a pas posé des

24 questions à ce sujet.

25 Q. Mais, à l'époque, vous n'étiez pas membre du SDS, n'est-ce pas ?

Page 18159

1 R. C'est exact.

2 Q. Est-ce que vous avez jamais été membre du SDS ?

3 R. Non.

4 Q. Est-ce qu'on vous a jamais demandé de rejoindre le rang du parti du

5 SDS ?

6 R. Non.

7 Q. Donc, vous avez réfléchi à la proposition et vous avez fini par

8 l'accepter et vous êtes effectivement devenu un membre du gouvernement de

9 la Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?

10 R. Oui.

11 Q. Donc, vous avez rejoint le gouvernement à peu près au mois d'avril

12 1991, ou très peu de temps après cela ?

13 R. Oui, c'était à peu près au mois d'avril, peut-être au mois de mai. Je

14 pense que c'est plutôt au mois d'avril, effectivement.

15 Q. Est-ce que c'est exact qu'on vous a confié deux missions particulières

16 ou deux fonctions, si vous voulez. Je vais vous parler en anglais, mais

17 j'espère que cela va être traduit correctement en serbe. Donc, vous êtes

18 devenu le président de l'agence chargé de gérer les Catastrophes et l'Aide

19 humanitaire et aussi vous êtes devenu le président du comité national de

20 l'Expression de la parole. J'espère que je vous ai bien traduit tout cela ?

21 R. Oui, oui, les deux descriptions sont correctes.

22 Q. Je vous remercie de vos compliments, Monsieur Antic.

23 Donc, vous êtes resté à ce poste jusqu'au mois d'avril 1992, n'est-ce

24 pas ?

25 R. Oui, c'est exact.

Page 18160

1 Q. Dans ce gouvernement, il y avait des Musulmans, des Croates et des

2 Serbes comme vous, n'est-ce pas ? Comment décririez-vous les interventions

3 faites par les membres croates du gouvernement quand il s'agissait de

4 discuter des différentes questions relatives à l'économie ou à la

5 politique ?

6 R. Vous me demandez quelles étaient les interventions des Croates ?

7 Q. Oui. La première question portait exclusivement sur les Croates.

8 R. Je dirais qu'à tout moment, ils s'efforçaient de minimiser l'importance

9 de la Yougoslavie et de quelle était de la Yougoslavie et de minimiser

10 toutes les fonctions fédérales de la Bosnie-Herzégovine, surtout le rôle de

11 l'armée. C'était absolument clair. C'était une tactique permanente et

12 persistante quand il s'agissait de ce thème-là, donc, le niveau fédéral. En

13 ce qui concerne les autres questions, je n'y voyais pas de problème, ils

14 avaient une habitude tout à fait habituelle, normale.

15 Q. Qu'en est-il des Musulmans, quelles étaient leurs attitudes quand il

16 s'agissait de participer au travail du gouvernement, aux réunions, les

17 décisions, et cetera.

18 R. Au début, tout se passait plus ou moins bien parce que, pendant cette

19 première période, on a essayé de faire fonctionner la Fédération tant bien

20 que mal. Donc, il n'y avait pas vraiment de problème au début. Ensuite,

21 pendant la deuxième moitié de l'année, on a pu détecter les mêmes penchant

22 du côté musulman, c'est-à-dire, les positions semblables à celles prises le

23 député croate.

24 Q. Monsieur Antic, d'après ce que vous avez pu observer, y a-t-il eu une

25 différence en ce qui concerne les capacités, l'expérience des membres

Page 18161

1 serbes, croates et musulmans respectivement au sein du gouvernement

2 évidemment ?

3 R. C'est difficile à répondre d'une façon générale pour qui que ce soit,

4 mais, je dirais qu'un grand nombre de membres du gouvernement était

5 parfaitement connu du grand public même auprès des Musulmans. En ce qui

6 concerne les Serbes, c'était les gens plus ou moins connus. Les gens qui

7 étaient membres du gouvernement étaient quand même assez connus et ils ont

8 eu des fonctions, des positions auparavant avant de participer à ce

9 gouvernement. Mais, pour la plupart d'entre eux, je dis, je ne pourrais en

10 faire une affirmation générale.

11 Q. Donc, vous avez participé au gouvernement pendant cette année-là, à

12 savoir, entre le mois d'avril 1991 jusqu'en 1992. Est-ce que vous pouvez

13 nous dire, d'après votre expérience, si est-ce que le gouvernement avait

14 une influence sur les événements politiques en Bosnie-Herzégovine --

15 quelles mesures ?

16 R. Je pense que ce gouvernement n'avait pratiquement aucune importance par

17 rapport aux événements politiques qui se sont déroulés en Bosnie-

18 Herzégovine parce que tout ce qui s'est passé dans le cadre de la

19 politique, en réalité, se déroulait au niveau de la présidence et des

20 partis qui se réunissaient en dehors de ces organes du gouvernement, et que

21 les choses formelles étaient observées simplement pour la forme.

22 Q. Est-ce que cela veut dire -- Monsieur Antic, je vais essayer de vous

23 demander de faire en sorte que ce soit plus clair aux Juges de la Chambre.

24 J'aimerais vous expliquer de façon un peu plus claire, c'est-à-dire, vous

25 n'avez rien fait pour vraiment faire quelque chose en tant que membre du

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1 gouvernement.

2 R. Vous savez, vous m'avez posé une question concernant les questions

3 politiques. Pour ce qui est du reste, oui, j'ai fait tout ce que j'ai pu,

4 mais, bien sûr, au niveau politique, je n'ai pas eu une influence énorme,

5 cela est vrai.

6 Q. Je ne sais pas, Monsieur Antic, si vous m'avez bien saisi

7 -- je devrais peut-être être un peu plus clair quand je parle de la

8 politique. Quand je parle de l'aspect "politique", je vous demanderais de

9 peut-être voir ce mot de façon un peu plus large -- de comprendre peut-

10 être un peu plus large ce que je vous demande. Donc, j'englobe également le

11 gouvernement, l'économie, et cetera.

12 R. Oui.

13 Q. Donc, je vous repose la question concernant votre propre travail et

14 l'apport que vous avez eu. Est-ce que vous croyez que vous avez vraiment

15 fait beaucoup ?

16 R. Vous savez j'étais un ministre sans portefeuille, je n'avais pas mon

17 propre ministère, alors comment ai-je pu calculer les résultats ? Il est

18 tout à fait certain que ma participation et les commissions étaient

19 correctes, fonctionnaient et, personnellement, j'étais plus préoccupé par

20 les sujets, tel l'économie, et cetera. L'économie m'est très proche. C'est

21 ainsi que j'ai pu donner mon apport.

22 Pour ce qui est des questions politiques, d'abord, je croyais que la

23 politique pour moi avait une importance, quant à la politique extérieure et

24 à la sécurité intérieure, donc, effectivement, le gouvernement n'a pas pu

25 avoir une influence énorme là-dessus, moi non plus. Donc, les résultats

Page 18163

1 n'étaient pas particulièrement satisfaisants, cela est bien vrai.

2 Q. Concernant le ministre de l'Economie, c'était un Musulman il est resté

3 à son poste jusqu'à la fin de votre mandat ?

4 R. Oui. Cela est exact.

5 Q. A-t-on fait une demande ? Vous a-t-on donné des instructions

6 particulières par le SDS, à savoir de quelle façon vous devriez vous

7 concentrer vos activités en tant que ministre sans portefeuille ?

8 R. Il est tout à fait clair qu'en tant que ministre sans portefeuille,

9 j'ai participé à toutes les discussions sur tous les sujets, mais on

10 s'attendait de moi que je sois un peu plus engagé, à ce que je participe à

11 la problématique et à la thématique de l'économie et tout ce qui a trait à

12 l'économie. C'étaient les seules instructions que j'avais reçues -- les

13 instructions particulières que j'avais reçues du tout début, des

14 instructions qui me visaient personnellement.

15 Q. Pendant toute cette période, vous étiez également homme d'affaire, vous

16 aviez un bureau quelque part à Ilidza, n'est-ce pas ? Est-ce que c'est là

17 que vous vous occupiez de vos affaires ?

18 R. Oui.

19 Q. Vous aviez également un bureau en tant que ministre sans portefeuille

20 au sein de l'édifice gouvernementale de Sarajevo; est-ce que c'est exact ?

21 R. Oui.

22 Q. Les dirigeants du SDS n'étaient pas dans le même immeuble, ils

23 n'étaient pas situés au même endroit où se trouvait votre bureau à

24 Sarajevo; est-ce exact ?

25 R. Oui, c'est exact. Il n'était pas dans le même immeuble.

Page 18164

1 Q. Où se trouvait le bureau de M. Krajisnik par rapport au vôtre ?

2 R. C'était dans le bâtiment de la municipalité de la Bosnie-Herzégovine.

3 Q. C'était un autre bâtiment, complètement différent du vôtre, n'est-ce

4 pas ? Ce n'était pas du tout là où se trouvait votre bureau à vous ?

5 R. Oui, cela fait partie d'un même complexe si vous voulez. Tous ces

6 bâtiments faisaient partie du même complexe.

7 Q. Dites-nous : le Dr Karadzic ou M. Krajisnik, ont-ils participé aux

8 réunions gouvernementales pendant toute cette période pendant laquelle vous

9 étiez au sein du ministère et du gouvernement de la BiH ?

10 R. Non, jamais, d'après ce que je me souviens. Non, jamais.

11 Q. Au cours de cette année-là - et laissons de côté les deux réunions dont

12 vous avez déjà parlées après que vous soyez devenu ministre - est-ce que

13 vous avez eu des réunions soit formelles ou informelles avec le Dr

14 Karadzic ?

15 R. Non.

16 Q. Est-ce qu'il ne vous est jamais arrivé d'avoir une réunion avec le Dr

17 Karadzic ou d'autres membres de son groupe, et par là, j'entends peut-être

18 un groupe de dix personnes, une dizaine de personnes ?

19 R. Non, je crois que je n'ai jamais participé à une réunion dans laquelle

20 un si petit groupe de personnes auraient pu participer.

21 Q. Il y avait un bâtiment, n'est-ce pas, il y avait un bâtiment que l'on

22 décrit comme le clan des députés du SDS, n'est-ce pas ?

23 R. Oui, oui. Il y avait un bâtiment qui s'appelait le club des députés

24 effectivement. Je crois que même avant le SDS -- ce bâtiment portait ce

25 nom. Tout le monde connaissait cet endroit comme le club des députés. Ce

Page 18165

1 n'est pas un club de députés au sein du parlement, c'est simplement la

2 façon dont on appelle ce bâtiment et c'est là qu'il y avait certaines

3 réunions de consultation du SDS pour débattre de certaines questions.

4 Q. La raison que --

5 M. STEWART : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le Juge Hanoteau souhaiterait poser une

7 question.

8 M. STEWART : [interprétation] Oui.

9 M. LE JUGE HANOTEAU : Merci, Maître Stewart. Navré de vous interrompre.

10 Au point où l'on en est de cette audition, j'aimerais savoir quelle

11 vision le témoin avait de la situation politique globale à ce moment-là

12 précis. Il est un chef d'entreprise, il entre dans un gouvernement et, tout

13 en étant dans ce gouvernement, il a une activité d'homme d'affaires. C'est

14 surtout en sa qualité de citoyen actif dans ces deux domaines que je

15 voudrais connaître la perfection qu'il avait de la situation générale.

16 Quelles étaient les problématiques qui se posaient au pays, à ce moment-là,

17 tel qu'il les voyait ? Pardon, de continuer, il nous dit qu'il n'y a pas eu

18 au sein de ce gouvernement de sujets politiques débattus, en tout cas, avec

19 lui en sa présence, et qu'est-ce qu'il pensait lui-même de la situation, à

20 l'époque ?

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Mon point de vue personnel était assez

22 complexe à définir si vous voulez. Je crois que tout le monde essayait de

23 gagner du temps d'une certaine façon, pour m'exprimer ainsi, et sous

24 l'égide de la communauté internationale, je crois que tout le monde

25 essayait de gagner du temps et attendait qu'il décide quelque chose, qu'il

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1 décide que quelque chose soit décidé, que globalement quelqu'un d'autre de

2 quoi il en sera. Je crois qu'il n'y avait pas particulièrement de

3 possibilités. Je crois qu'au sein de la Bosnie-Herzégovine, nous ayons pu

4 nous-même trouver des solutions. Voilà, c'était mon point de vue.

5 M. LE JUGE HANOTEAU : Merci, Monsieur.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je souhaiterais poser une question

7 supplémentaire, Me Stewart. Je vois que vous aviez terminé cette partie-là

8 de votre interrogatoire.

9 Je souhaiterais poser une question au témoin. Me Stewart vous a demandé si,

10 lorsque vous êtes devenu ministre sans portefeuille, lorsque vous avez

11 accédé à ce poste, si à ce moment-là le SDS vous avait donné des

12 instructions particulières quant à vos activités et vos champs de

13 concentration, là où vous devriez vous pencher en tant que ministre sans

14 portefeuille. Vous nous avez dit : "Qu'en tant que ministre sans

15 portefeuille, vous avez participé lors des débats de tous les sujets, mais

16 vous nous avez dit également qu'on s'attendait de moi plutôt à ce que je

17 m'occupe des questions relatives à l'économie et c'étaient les seules

18 instructions que j'avais reçues du tout début."

19 J'aimerais savoir maintenant qui vous a donné ces instructions que vous

20 nous aviez dit avoir reçues au tout début ?

21 LE TÉMOIN : [interprétation] A l'époque, lorsque je m'étais entretenu avec

22 Karadzic, c'était lui qui m'avait informé de cela. C'était lui qui m'avait

23 donné ces instructions particulières.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je comprends. Vous avez reçu ces

25 instructions. On vous a demandé de vous pencher surtout sur les questions

Page 18167

1 d'ordre économique et l'on vous a demandé de faire mais c'était surtout M.

2 Karadzic qui vous l'a demandé, n'est-ce pas ?

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Vous avez reçu des

5 instructions de M. Karadzic, je comprends maintenant. On vous a posé une

6 question, à savoir, si vous avez reçu des instructions du SDS. Est-ce que

7 vous avez compris cela comme étant la même chose ? Est-ce que c'étaient

8 d'autres instructions ou c'est la même chose ? Si vous comprenez, M.

9 Karadzic aurait pu parler pour son propre point de vue. Etait-ce lui qui

10 représentait le point de vue du SDS et qui de cette façon-là, vous a

11 transmis le point de vue général du SDS ?

12 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai compris que c'étaient les instructions

13 qui provenaient du SDS aussi. Il était le président du SDS à l'époque. Pour

14 moi, c'était suffisant. Pour ce qui me concerne, j'avais cru également,

15 j'avais interprété ces instructions comme étant des instructions qui

16 provenaient du parti.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce qu'il avait une position au sein

18 du gouvernement, particulière, M. Karadzic, lorsqu'il vous a demandé de

19 faire cela ?

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Il était simplement le président du

21 parti.

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

23 Veuillez poursuivre, Maître Stewart.

24 M. STEWART : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

25 Q. Monsieur Antic, concernant ce club de députés, encore une fois ce que

Page 18168

1 j'essayais de faire pour qu'il n'y ait pas de confusion à l'avenir. Il y

2 avait donc le club des députés, en tant que bâtiment, mais il y avait

3 également le club de SDS au sein du club, qui était composé de membres,

4 n'est-ce pas, de députés ? Est-ce que c'est exact ?

5 R. Vous voulez parler des personnes qui se rassemblaient. Vous savez,

6 c'étaient des --

7 Q. Non, les membres qui étaient effectivement des membres. Il y avait un

8 club et le club était composé de membres qui étaient des députés du SDS;

9 est-ce exact ?

10 R. Oui. Bien sûr, mais il y avait également d'autres personnes qui

11 n'étaient pas des députés, qui n'étaient pas impliquées au niveau politique

12 ou qui n'appartenaient pas à un parti particulier. C'est un lieu de

13 rassemblement, si vous voulez. Si je ne m'abuse, il y avait peut-être là

14 des bureaux officiels du parti mais je ne suis pas tout à fait sûr que ces

15 bureaux se trouvaient là. Peut-être que les bureaux officiels n'étaient pas

16 nécessairement là, mais c'est certainement là que les réunions se tenaient.

17 On débattait des questions de politique et d'économie.

18 M. STEWART : [interprétation] Je suis vraiment désolé, Monsieur le

19 Président, Messieurs les Juges. C'est peut-être un peu critique. Au cours

20 du week-end, j'ai essayé de m'assurer de bien comprendre de quoi il en est

21 lorsqu'on parle du club et lorsqu'on parle du bâtiment qui s'appelle le

22 club des députés. C'est la raison pour laquelle j'ai essayé de préciser

23 cette question.

24 Q. Maintenant, dites-nous, Monsieur : est-ce que vous avez jamais pris

25 part aux réunions du SDS, du club de députés ?

Page 18169

1 R. Vous voulez dire en tant que membre de l'assemblée municipale ?

2 Q. Oui.

3 R. Non. Jamais.

4 Q. Au cours de votre mandat, est-ce que vous avez jamais participé aux

5 réunions du SDS dans le bâtiment que l'on appelait le club des députés ?

6 R. Oui. Absolument. C'étaient des réunions assez générales regroupant un

7 grand nombre de personnes.

8 Q. C'étaient des réunions de quel type ? Que débattait-on et qui y

9 participait ?

10 R. Je crois qu'il y avait le conseil politique du parti et le conseil

11 économique du parti. Je crois qu'on les appelait ainsi. C'est ainsi que les

12 membres se réunissaient. Il y avait également des experts qui venaient

13 débattre de certaines questions précises et l'on débattait également des

14 sujets actuels à l'époque, des sujets qui étaient d'une importance

15 particulière.

16 Q. Est-ce qu'il s'agissait de réunions séparées, le conseil politique, le

17 conseil économique ou est-ce que c'était une réunion générale, englobant

18 les deux questions ?

19 R. En principe, c'était plutôt séparé. C'étaient des réunions séparées

20 mais il arrivait souvent que les deux questions s'entremêlent et que l'on

21 débatte des deux types de sujet lors d'une réunion.

22 Q. Très bien. Dites-nous quelle était la participation de personnes ?

23 Combien y avait-il de personnes, par exemple, lors de ces réunions ?

24 Pourriez-vous nous donner un nombre ?

25 R. Environ 20, 30 personnes à peu près.

Page 18170

1 Q. D'après vôtre souvenir, dites-nous à combien de reprises avez-vous pris

2 part à ces réunions au cours de l'année, au cours de laquelle vous étiez

3 membre du gouvernement ?

4 R. C'est très difficile de dire. Nous parlons d'une période couvrant une

5 année complète. Je dirais qu'il y avait peut-être 10 réunions auxquelles

6 j'ai participé.

7 Q. Est-ce que le Dr Karadzic était souvent là ou est-ce qu'il était

8 toujours présent ?

9 R. Je ne me souviens vraiment pas avec précision mais en principe soit de

10 façon séparée ou ensemble, mais la plupart du temps, tous les dirigeants

11 étaient présents. Des fois, ils étaient présents ensemble, des fois

12 individuellement mais, oui, ils étaient plus ou moins toujours présents.

13 Q. Est-ce que cela veut dire que M. Koljevic s'y est trouvé également ? Il

14 a pris part au moins à quelques-unes de ces réunions ?

15 R. Oui. Tout à fait.

16 Q. Qu'en est-il de Mme Plavsic ?

17 R. Oui, également.

18 Q. Pour M. Krajisnik, qu'est-ce que vous avez à nous dire ?

19 R. Oui. Il a également participé de la même façon que les deux autres.

20 Q. Est-ce que M. Krajisnik a joué un rôle actif lors de ces réunions ?

21 R. Un rôle comme tous les autres membres, c'est-à-dire que cela dépendait

22 du sujet qui était débattu, qui était à l'ordre du jour. Chacun jouait son

23 rôle, c'est-à-dire que la personne la plus compétente pour un sujet, à ce

24 moment-là, prenait la parole, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas de rôle

25 particulier à jouer.

Page 18171

1 Q. Est-ce que vous pouvez vous rappeler si M. Krajisnik, quand il aurait

2 parlé et quand il aurait débattu d'un sujet, vous souvenez-vous quels

3 étaient les sujets pour lesquels il aurait pris part ?

4 R. Je ne me souviens pas.

5 Q. Au cours de votre mandat au sein du gouvernement, est-ce qu'il vous est

6 arrivé d'avoir des réunions privées avec M. Krajisnik ?

7 R. Non -- ou plutôt oui, une fois, seulement une fois lorsque nous avons

8 fait connaissance lorsque j'ai été élu ministre, c'est à ce moment-là que

9 l'on m'a invité à faire la connaissance de M. Krajisnik. C'était la

10 première fois que j'ai fait sa connaissance d'ailleurs. Nous ne nous

11 connaissions pas avant.

12 Q. Vous ne vous étiez jamais rencontré auparavant; est-ce que c'est

13 exact ?

14 R. Oui, c'est exact, jamais.

15 Q. Cette réunion-là, la réunion au cours de laquelle on vous a présenté à

16 M. Krajisnik, est-ce que c'était une réunion politique, une réunion

17 d'affaires ? Etait-ce plus ou moins une réunion formelle -- est-ce qu'on

18 vous a présenté de façon formelle ? Pourriez-vous expliquer aux Juges de la

19 Chambre quel type de réunion était-ce ?

20 R. Pour ce qui me concerne, c'est une réunion visant à faire la

21 connaissance d'une personne. C'était une réunion de courtoisie si vous

22 voulez, un échange courtois de paroles. J'ai échangé quelques expériences,

23 quelques points de vue et j'ai également dit qu'on s'attendait à ce que je

24 m'occupe des questions relatives à l'économie et c'est tout. C'était

25 simplement une séance d'introduction si vous voulez, on s'est présenté l'un

Page 18172

1 à l'autre.

2 Q. Est-ce que M. Krajisnik vous a donné des instructions précises, ou des

3 directions à prendre ? Vous a-t-il informé de l'approche que vous devriez

4 adopter lors des réunions gouvernementales ?

5 R. Non, rien de particulier. Non.

6 Q. Est-ce qu'il vous a donné des instructions, des directives, vous a-t-il

7 dit quelle serait la politique du SDS et quelle direction la politique du

8 SDS avait l'intention de prendre ?

9 R. Non, non, non, ce n'était pas nécessaire à l'époque d'en parler. Je

10 crois que tout le monde savait quelles étaient les idées politiques des uns

11 et des autres. Il n'était pas nécessaire d'en parler.

12 Q. Outre les deux entités que nous avons parlé, l'agence visant à aider

13 les territoires endommagés et la Commission nationale de la Mise en liberté

14 provisoire, est-ce que vous pourriez nous dire si, en Bosnie-Herzégovine,

15 au sein du gouvernement, vous avez été nommé à plusieurs postes, plusieurs

16 commissions ?

17 L'INTERPRÈTE : Pourriez-vous répéter je vous prie ?

18 M. STEWART : [interprétation] Certainement.

19 Q. Vous avez parlé de deux entités particulières, vous avez parlé de ces

20 deux corps. Est-ce que vous avez été nommé au sein de la Bosnie-Herzégovine

21 en tant que membre d'autres groupes ad hoc et d'autres commissions ad hoc ?

22 R. Oui, à quelques reprises au cours de la période pendant laquelle, sur

23 le terrain, les tensions internationales avaient déjà éclatées, quand les

24 incidents avaient commencé à se multiplier, dépendamment de l'endroit, bien

25 sûr, le gouvernement avait procédé à la formation de commissions

Page 18173

1 tripartites, comme on les appelait, composées de trois nationalités

2 différentes pour essayer de régler la situation sur le terrain et de calmer

3 un peu les tensions, pour m'exprimer ainsi.

4 Q. Est-ce que vous vous êtes rendu à des endroits tels Bosanski Brod,

5 Ilijas, Bratunac, dans le cadre de votre travail, est-ce que vous vous êtes

6 rendu à ces endroits-là ?

7 R. Oui, tout à fait. Je m'étais déplacé, je suis allé à ces trois

8 endroits-là.

9 Q. Le travail visait plutôt à essayer d'agir en tant que médiateur lors de

10 ces conflits; est-ce que c'est exact ?

11 R. Oui, c'est tout à fait cela.

12 Q. Si vous n'aviez pas pu atténuer la situation, les tensions, qu'est-ce

13 qui s'arrivait à ce moment-là, qu'est-ce qui pouvait arriver ?

14 R. Vous savez, on passe à la phase suivante. Les plus forts passent à la

15 phase suivante, si jamais la première phase n'est pas réglée et c'est un

16 niveau, plus élevé que les ministres et les adjoints de ministres, qui

17 entre en jeu.

18 Q. Pourriez-vous nous dire si vous vous souvenez à quel moment vous êtes-

19 vous rendu à Bratunac dans le cadre de ces missions dont vous avez parlé ?

20 R. Je me souviens d'y être allé, mais je ne me souviens pas des dates

21 précises. Ce devrait être en février, peut-être en mars 1992 ? Toujours

22 est-il peut-être autour de ces dates-là, mais je ne me souviens pas des

23 dates précises, bien sûr.

24 Q. Quel était le problème précis qui vous a emmené à Bratunac ?

25 R. Il y a eu un incident lors duquel un homme a été tué dans les alentours

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1 de Bratunac, dans un village avoisinant. Cet incident avait causé une

2 tension nationale et ce meurtre avait été appelé meurtre avec une intention

3 nationale si vous voulez, ethnique. Nous nous étions rendu sur les lieux

4 pour voir comment les choses allaient se dérouler. Nous voulions nous

5 assurer que cet incident ne prenne pas des proportions qui mèneraient à une

6 situation chaotique et où les gens essayeraient eux-mêmes de faire la

7 justice.

8 Q. C'était un meurtre d'un membre d'une appartenance ethnique

9 particulière, tué par un autre membre appartenant à un autre groupe

10 ethnique, est-ce que c'était cela ? Un meurtre interethnique si vous

11 voulez ?

12 R. On a tué une personne, qui était de nationalité musulmane, et à ce

13 moment-là, je ne sais pas par contre, plus tard, si on a trouvé d'autres

14 coupables mais à l'époque, la personne inculpée, qu'on avait trouvé

15 responsable de ce meurtre, était une personne d'appartenance ethnique

16 serbe.

17 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, avec votre permission,

18 je souhaiterais en terminer avec ce sujet ou est-ce que vous aimeriez que

19 l'on termine après la pause ? J'en aurais pour à peu près cinq minutes

20 encore.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Après la pause, mais j'aimerais vous

22 poser une autre question, à la suite d'une question posée par Me Stewart.

23 Monsieur Antic, au cours des moments où les sessions du parlement

24 n'étaient pas convoquées, au cours de ces périodes-là, est-ce que les

25 membres du SDS -- les membres du parlement, est-ce que ces personnes se

Page 18175

1 rencontraient, c'est-à-dire que, s'il y avait un problème et s'il était

2 nécessaire d'en parler, est-ce que les sessions étaient convoquées ? Est-ce

3 que les membres du gouvernement, par exemple, se réunissaient ? Par exemple,

4 des députés se rencontraient-ils quelque part pour discuter de questions

5 nouvellement survenues ?

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous parlez du parlement de Bosnie-

7 Herzégovine ?

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, tout à fait. Je crois que chaque club de

10 députés avait ses propres locaux et c'est là qu'ils se réunissaient et

11 débattaient des questions actuelles. Je crois que c'était tout à fait

12 normal, mais je ne sais pas où ces réunions avaient lieu.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Merci. Dites-nous : est-ce

14 que ces personnes-là se rencontraient au bâtiment appelé le club des

15 députés, ou ces personnes se rencontraient-elles quelque part dans le

16 bâtiment de l'assemblée municipale ?

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'était là dans le bâtiment de la

18 municipalité qu'ils avaient leurs locaux précis -- particuliers. C'est là

19 qu'ils se réunissaient et cela se trouvait dans le parlement au sein du

20 bâtiment qui s'appelait le parlement.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'espère que je n'ai pas créé d'autres

22 confusions, mais, si je comprends bien, il y avait le club de députés et

23 d'autres membres se réunissaient non pas dans le bâtiment appelé le club de

24 députés, mais bien dans le bâtiment de l'assemblée municipale, et c'est là

25 qu'ils avaient leurs locaux et qu'ils se rencontraient ?

Page 18176

1 LE TÉMOIN : [interprétation] Le club des députés lors des sessions

2 parlementaires dans le bâtiment appelé le club de députés et dans des

3 locaux particuliers dans le bâtiment de l'assemblée hors session. Je ne

4 sais pas si je viens d'ajouter à la confusion générale en donnant cette

5 réponse.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est tout à fait clair maintenant.

7 Merci. Nous allons prendre une pause et reprendrons nos travaux à 11 heures.

8 --- L'audience est suspendue à 10 heures 33.

9 --- L'audience est reprise à 11 heures 04.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que quelqu'un sait pourquoi la

11 Défense n'est pas dans le prétoire ?

12 M. MARGETTS : [interprétation] Non. Personne ne nous a rien dit à ce sujet.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Nous allons attendre, et voir

14 combien de temps cela va durer. Je compte six interprètes, deux techniciens,

15 une sténotypiste, trois membres du bureau du Procureur.

16 Est-ce que les représentants de la Défense peuvent nous expliquer

17 pourquoi les conseils de la Défense ne sont pas ici ?

18 M. SLADOJEVIC : [interprétration] Me Stewart arrive.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce n'est pas une explication.

20 M. STEWART : [interprétation] Je vous prie de m'excuser. J'ai demandé

21 à M. Zahar de vous expliquer pourquoi je suis en retard. J'étais en train

22 de m'entretenir avec un représentant de la Chambre de première instance

23 d'une question qui me paraissait importante. Je vous prie de m'excuser

24 parce que cette discussion a duré un peu plus que prévue. J'espère que vous

25 accepterez mes excuses.

Page 18177

1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] M. Zahar nous fournira ces explications

2 en temps utile. Vous pouvez y aller si vous êtes habillé.

3 M. STEWART : [interprétation] Oui. Je préfère toujours laisser ma robe dans

4 le prétoire.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y, Maître Stewart.

6 M. STEWART : [interprétation] Je n'ai nullement souhaité vous faire

7 attendre et faire montre d'insolence envers quiconque.

8 J'imagine que l'interrogatoire du témoin n'a pas repris sans moi.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, même si j'apprêtais à demander à M.

10 Krajisnik s'il avait des questions. J'ai déjà dit à

11 11:05:53 secondes que vous pouviez poursuivre, Maître Stewart.

12 M. STEWART : [interprétation] Oui. Merci.

13 Q. Monsieur Antic, qui est allé à Bratunac ? Vous-même et qui d'autre du

14 gouvernement ?

15 R. C'était pour moi un déplacement qui m'est resté dans ma mémoire. On est

16 allé en hélicoptère. Il y avait M. Avdo Hebib, qui était soit l'adjoint au

17 ministre de l'Intérieur ou quelque chose de ce genre. Puis, il y avait

18 quelqu'un mais je ne me souviens pas qui.

19 Q. Quand vous êtes arrivé à Bratunac, quel était votre objectif sur

20 place ?

21 R. Il s'agissait de parler aux représentants des deux parties en présence

22 qui étaient pris par la panique. Nous avons parlé aussi bien aux Serbes

23 qu'aux Musulmans de manière séparée.

24 Q. Est-ce qu'ensuite, vous avez préparé un rapport ?

25 R. Bien sûr. Je ne l'ai pas fait moi-même. Quelqu'un a présenté un rapport

Page 18178

1 au président du gouvernement au nom de la commission et ce rapport a été

2 transmis aux instances supérieures. Je ne sais pas ce qui s'est passé

3 ensuite parce que mon rôle avait pris fin avec cette visite.

4 Q. Est-ce qu'il s'agissait d'un rapport adressé au gouvernement, ou à

5 quelqu'un d'autre ?

6 R. Au gouvernement.

7 Q. Le Dr Karadzic a-t-il été impliqué dans tout cela, ce déplacement, par

8 exemple, à Bratunac pour y faire office de médiateur ? Non, je ne veux pas

9 dire qu'il s'y soit rendu lui-même, je veux parler de votre activité sur

10 place -- de votre travail sur place, est-ce qu'il est intervenu

11 indirectement d'une manière ou d'une autre le Dr Karadzic ?

12 R. Non. J'avais été envoyé par le premier ministre, Jure Pelivan. Je ne

13 sais pas s'il avait lui-même consulté quelqu'un avant, je ne crois pas.

14 Q. Est-ce que M. Krajisnik est intervenu lui dans ces activités -- dans ce

15 travail ?

16 R. Non.

17 Q. Est-ce que, dans le cadre de cette mission à Bratunac vous-même et vos

18 collègues au sein de cette délégation avez eu des raisons d'éprouver un

19 certain malaise ou des préoccupations ?

20 R. Non, rien directement. Mais l'atmosphère était très tendue, et il y a

21 toujours dans des cas de figure de ce genre, des raisons d'être préoccupé

22 parce que tout peut arriver -- un incident peut arriver. Voilà, le genre de

23 préoccupation qui existait, mais de manière générale, non, il n'y avait pas

24 de préoccupation précise.

25 Q. Quand vous avez rencontré les dirigeants serbes ainsi que les

Page 18179

1 dirigeants musulmans plus tard, est-ce que ces réunions étaient marquées

2 par une atmosphère pacifique, amicale ?

3 R. Pacifique, amicale, oui, mais il existait une certaine tension, il y

4 avait de l'électricité dans l'air; il y avait beaucoup d'émotion parce que

5 notre visite, après tout, était due à quelque chose qui n'avait rien de

6 pacifique. En tout cas, il n'y pas eu d'incidents.

7 Q. Avez-vous pu faire des observations, déterminer si les gens étaient

8 armés dans cette localité ?

9 R. Oui. J'ai vu dans le village où nous étions, dans la partie musulmane,

10 j'ai vu que les gens étaient armés et d'ailleurs, ils ne faisaient pas

11 beaucoup d'efforts pour nous le cacher. Je suppose que les Serbes aussi

12 avaient des armes mais ils ne les ont pas montrées ouvertement.

13 Q. Lors de ces réunions auxquelles vous avez participé, est-ce qu'il y

14 avait des gens armés ?

15 R. Lors des réunions à l'intérieur, il n'y avait pas d'armes. Ceux, qui

16 attendaient à l'extérieur, qui attendaient l'issue de ces réunions, ils

17 étaient armés.

18 Q. Est-ce que ceci vaut aussi bien pour les Serbes que pour les

19 Musulmans ?

20 R. Là je suis en train de vous parler des Musulmans. Je ne sais pas ce

21 qu'il en est des Serbes, je n'en ai pas vus. Je ne peux pas vous dire s'ils

22 avaient des armes ou pas. Je peux simplement supposer que c'était le cas,

23 mais je ne peux pas l'affirmer avec certitude.

24 Q. Quand vous êtes allé à Bosanski Brod, et là je peux peut-être, pour

25 accélérer un petit peu, guider vos réponses, je voudrais savoir si les

Page 18180

1 tensions à Bosanski Brod avaient débouché sur la mise en place des deux

2 côtés aussi bien serbes que musulmans, mise en place de points de contrôle,

3 qui divisaient la ville ?

4 R. Oui, des deux côtés. Mais, je crois qu'il y avait plus de Serbes et de

5 Croates que de Serbes et de Musulmans. Il y avait des Musulmans aussi mais

6 la division à Bosanski Brod, c'était une division entre Serbes et Croates.

7 Q. Est-ce que le délégué croate de votre mission a pris des mesures

8 particulières pour résoudre ce problème, cette situation du point de vue

9 des Croates ?

10 R. Nous avons participé à la réunion conjointe de la municipalité avec les

11 dirigeants. Nous trois, moi-même, celui qui représentait les Croates et

12 celui qui représentait les Musulmans, nous avons essayé d'apaiser les

13 tensions. Nous estimions que les incidents étaient sans fondement et c'est

14 à ce moment-là que nous avons convenu que j'allais aller parler aux Serbes,

15 à ceux qui avaient érigé un barrage de ce côté-là. Le monsieur qui était

16 également ministre, dont je ne me souviens pas du nom de famille mais qui

17 s'appelait Miro, en tout cas lui, il allait voir les Croates. Je crois

18 qu'il est même allé en Croatie même pour parler aux gens de Slavonski Brod

19 sur la manière d'apaiser la situation.

20 Q. Vous dites que vous en avez conclu que ces incidents n'avaient pas de

21 cause réelle, n'avaient pas de fondement. Pas "de cause réelle," mais

22 quelle était la cause de ce qui s'était passé selon vous ?

23 R. A l'époque, il n'y avait pas eu de meurtres, il n'y avait pas eu de

24 tirs, il n'y avait pas eu rien de tel. C'était juste la réaction à la

25 crainte des deux côtés. Il n'y avait pas véritablement de cause concrète.

Page 18181

1 C'était juste en préparation à ce qui pourrait se produire, mais la

2 situation était plutôt calme, pacifique à l'époque, pas du tout

3 incontrôlée.

4 Q. Est-ce que votre délégation a pu déterminer si ces causes, si elles

5 existaient, étaient locales ou si tout cela s'expliquait par des faits

6 originaires de l'extérieur de la municipalité de Bosanski Brod ?

7 R. Quand je suis allé voir les Serbes, j'ai eu l'impression que la

8 décision n'avait pas été prise uniquement au niveau local mais au niveau

9 micro local, si je puis dire. C'est-à-dire que dans un quartier de la ville

10 cela s'est passé très spontanément, ils ont agi spontanément, par réflexe.

11 Il n'y avait pas de plan, tout était improvisé. Les choses se sont

12 simplement produites sans aucune préméditation.

13 Q. Est-ce que certains membres de la présidence de Bosnie-Herzégovine se

14 sont rendus à Bosanski Brod, suite à votre mission sur place ?

15 R. Bien sûr, après notre visite nous avons établi un rapport à

16 destination du premier ministre. Je crois que le premier ministre a

17 communiqué ces informations à qui de droit, à la présidence et au

18 président. Peu de temps après, Mme Plavsic, représentant les Serbes, M.

19 Fikret Abdic, et la représentante des Croates, donc, ces trois personnes se

20 sont rendues dans la région peu après. C'est à ce moment-là que ma mission

21 s'est achevée. J'ai exécuté uniquement des visites sur le terrain mais

22 aucune mission ne m'a été confiée suite à cela.

23 Q. Monsieur Antic, je ne veux pas vous interroger au sujet d'un massacre

24 qui aurait eu lieu à Sijekovac, et dont nous ont parlé un certain nombre de

25 personnes dont un témoin ici, qui est venu s'exprimer ici à ce sujet. Donc,

Page 18182

1 je ne vous interroge pas au sujet de ce massacre mais je voudrais

2 simplement savoir si vous avez entendu parler d'un incident de ce style ?

3 R. Oui, j'en ai entendu parler.

4 Q. A votre connaissance, est-ce que cet incident, il aurait eu lieu avant

5 ou après votre visite à Bosanski Brod ?

6 R. Autant que je m'en souvienne, ceci a eu lieu après, j'en suis sûr.

7 Q. Une autre délégation s'est rendue à Ilijas. Est-ce que c'était au mois

8 de mars 1992, ou vers cette date ?

9 R. C'est possible. J'ai beaucoup de mal à me souvenir des dates des

10 événements de manière générale, malheureusement. C'est possible, c'est

11 possible que cela a eu lieu en mars mais les trois visites ont eu lieu dans

12 un laps de temps extrêmement réduit.

13 Q. Etes-vous en mesure de nous dire si cela s'est déroulé au début de

14 l'année 1992 ?

15 R. Oui, au début de 1992, si on estime que mars c'est le début de l'année.

16 En tout cas, ce n'était plus l'hiver, c'était déjà le printemps, il faisait

17 beau.

18 Q. Là, la problématique qui se posait était la suivante : les Serbes

19 avaient intercepté un camion du munitions et les Musulmans de cette

20 localité se sont plaints parce que, selon eux, les Serbes allaient garder

21 ces armes. Est-ce que c'est bien là la question qui se posait à cet

22 endroit ?

23 R. Oui.

24 Q. Est-ce que votre délégation est parvenue à placer ces armes sous le

25 contrôle de la JNA de Sarajevo ?

Page 18183

1 R. C'est la seule véritable réussite que nous ayons engrangée. Nous avons

2 convenu que le camion devait nous être remis. L'armée a transféré tout cela

3 dans son dépôt d'armements et tout le monde était très content. On a parlé

4 avec les Musulmans. Tout le monde a été très content de l'issue de ces

5 discussions. C'était le général Djurdjevac qui représentait l'armée.

6 Q. Est-ce que les Musulmans de la localité étaient satisfaits de la

7 solution que vous aviez ainsi trouvée ?

8 R. Je crois. En tout cas, c'est ce qu'ils ont dit parce qu'ils craignaient

9 que les armes ne soient utilisées contre eux et quand ces armes ont été

10 évacuées de la région, ils étaient très satisfaits de voir une fin à cette

11 situation.

12 Q. Est-ce que les dirigeants supérieurs musulmans au sein du SDA, est-ce

13 qu'eux aussi ils se sont montrés satisfaits de cette solution ?

14 R. Je ne peux que partir du principe et penser qu'ils étaient satisfaits

15 de voir que ces armes avaient été évacuées de la région. Je ne sais pas

16 s'ils étaient très satisfaits de voir que toutes ces armes avaient été

17 placées sous le contrôle de l'armée.

18 Q. Revenons aux réunions du gouvernement. Quand vous avez participé à ces

19 réunions, pendant cette année que vous avez passée à ce poste, est-ce qu'on

20 vous a transmis des instructions à l'avance sur la manière dont il

21 conviendrait de voter ?

22 R. Non. Non, d'aucune manière organisée. Cela n'était pas nécessaire, 95 %

23 des questions traitées par le gouvernement ne suscitaient pas de

24 coordination par qui que ce soit parce qu'il s'agissait de sujets

25 techniques, professionnels, disons. Il était inutile de donner des

Page 18184

1 instructions s'agissant de ces questions.

2 Maintenant, s'agissant de tout ce qui était des questions

3 politiques, à strictement parler, je n'ai reçu d'instructions. Je ne peux

4 pas, bien entendu, me prononcer pour mes autres collègues, les autres

5 ministères, à savoir, s'ils avaient eu des instructions. En tout cas, cela

6 n'a jamais fait de manière organisée.

7 Q. D'après ce que vous avez pu observer lors de ces réunions, avez-vous pu

8 déterminer si vos collègues du SDA ou de HDZ recevaient, quant à eux, des

9 instructions sur la manière de voter ?

10 R. Oui, bien entendu. J'ai déjà dit que, lorsqu'on avait parlé de l'état

11 fédéral et de la survie de la Bosnie-Herzégovine au sein de cet état

12 fédéral, c'est ce qui se passait. Lorsqu'il s'agissait de questions

13 techniques, professionnelles, disons, c'était quelque chose que l'on ne

14 pouvait pas constater parce que c'est le genre de questions qui se traitent

15 de manière professionnelle et pour laquelle l'appartenance ethnique n'a

16 aucune incidence.

17 Q. Est-ce que pendant que vous en étiez membre, le gouvernement s'est

18 penché sur les questions relatives à la sécurité ?

19 R. Je ne peux dire que cela n'a pas été fait officiellement. Cela se

20 résumait à la situation en matière de politique et de sécurité. C'était

21 extrêmement complexe. L'idée c'était de suivre la situation pour éviter

22 l'escalade. C'était le genre de formule toujours fournie par le SUP sans

23 nous fournir aucun détail supplémentaire, à l'exception de certains

24 incidents bien précis qui faisaient parfois l'objet d'une discussion

25 approfondie. Sinon, c'était simplement une formalité, je parle de tous ces

Page 18185

1 rapports.

2 Q. Est-ce que le ministre des Affaires étrangères, qui était chargé des

3 relations internationales, est-ce que c'était M. Silajdzic, un Musulman ?

4 R. Oui.

5 Q. Pendant cette année vous avez passé au gouvernement, est-ce qu'il s'est

6 rendu en voyage officiel dans d'autres pays ?

7 R. Oui.

8 Q. Est-ce qu'il a ensuite, à son retour de telles visites, fait des

9 rapports au gouvernement sur ce qui s'était passé ?

10 R. Oui, parfois, mais avec beaucoup de retard. Une fois encore c'étaient

11 de simples formalités. Il n'y avait aucun détail qui était fourni. Parfois,

12 il ne faisait aucun rapport. Je trouvais assez étrange que, dans un

13 gouvernement quel qu'il soit, on ait des relations internationales et que

14 quelqu'un puisse être envoyé en visite officielle à l'étranger sans faire

15 rapport au gouvernement. Cela me paraissait extrêmement curieux et je

16 trouvais que ce n'était pas très, très sérieux.

17 Q. Il ne faisait pas de rapport au gouvernement. Est-ce que c'était le cas

18 alors que vous-même et les autres membres du gouvernement vous lui aviez

19 demandé de le faire et est-ce qu'il aurait refusé de se plier à cette

20 demande que vous lui auriez formulée ?

21 R. Personne ne lui a jamais fait de telle demande. Cependant, parfois, on

22 lui a demandé de faire un rapport, après une visite en Turquie ou dans un

23 pays arabe, et la réponse qu'il nous a été donnée c'est : "Je n'ai pas

24 besoin de faire de rapport au gouvernement parce que je m'y suis rendu à

25 titre privé et que c'est mon parti qui a financé cette visite." Voilà ce

Page 18186

1 qu'il a dit. Il a dit que cela n'intéressait pas le gouvernement, que ce

2 n'était pas l'affaire du gouvernement.

3 Cela m'a paru extrêmement curieux parce que j'ai trouvé extrêmement

4 curieux qu'un ministre du gouvernement se rende à titre privé dans un autre

5 état.

6 Q. Est-ce que l'explication fournie par M. Silajdzic vous convaincu, vous

7 personnellement ?

8 R. Bien sûr que ce n'était pas suffisant. J'ai bien compris qu'il ne

9 fallait même pas que je pose la question puisque je ne m'adressais pas à la

10 bonne personne tout simplement.

11 Q. Vous souvenez-vous de la dernière réunion à laquelle vous avez

12 participé en tant que membre du gouvernement de Bosnie-Herzégovine ?

13 R. Je ne sais pas si c'était aussi une session de travail du gouvernement,

14 ce jour-là, mais, toujours est-il que la dernière fois que j'ai été présent

15 du cabinet, là où se tiennent les réunions, je me souviens de la date

16 puisque cela été une date bien caractéristique. C'était le 3 avril 1992 et

17 c'était une session élargie de tous les gouvernements de Bosnie-

18 Herzégovine, donc, de tous les ministres du gouvernement, de la présidence

19 de Bosnie-Herzégovine, du président de l'assemblée. Il y avait aussi des

20 représentants du gouvernement, de la Défense territoriale même et d'autres

21 personnes pertinentes. Pour ce qui est de la politique du pays ou de la

22 sécurité du pays. Donc, tout cela a eu lieu, le 3 avril, et cette réunion

23 s'est tenue à cause des problèmes survenus à Bijeljina.

24 Q. Pourrez-vous confirmer si les personnes suivantes ont été présentes à

25 savoir, M. Alija Izetbegovic ?

Page 18187

1 R. Oui.

2 Q. M. Etjepan Kljuic ?

3 R. Oui.

4 Q. Le général Kucanjak ?

5 R. Oui.

6 Q. Momcillo Krajisnik ?

7 R. Oui.

8 Q. M. Djeric, le premier ministre ?

9 R. Oui.

10 Q. M. Nikola Koljevic ?

11 R. Oui.

12 Q. Mme Plavsic était-elle présente ?

13 R. Je pense que oui. Je n'en suis pas certain mais plus ou moins toutes

14 les personnes importantes étaient là.

15 Q. M. Karadzic était-il présent ?

16 R. Non, non. Karadzic n'était pas là parce que n'étaient présents que les

17 fonctionnaires qui avaient des fonctions exécutives à l'époque.

18 Q. Est-ce que vous savez dans quelle capacité M. Krajisnic a-t-il assisté

19 à cette réunion ?

20 R. Il a été là comme tous les autres, en tant que président de l'assemblée

21 avant tout.

22 Q. Donc, d'après vous, la fonction du président de l'assemblée relève de

23 la branche exécutive du gouvernement ?

24 R. Non, mais --

25 Q. Est-ce qu'il y avait quelqu'un d'autre --

Page 18188

1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le témoin peut-il poursuivre sa

2 réponse ?

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Il était là pour entendre le problème, de quoi

4 il s'agit. C'est ce que j'ai voulu dire.

5 M. STEWART : [interprétation] Évidemment, je n'ai aucun problème avec la

6 question que venait de poser, Monsieur le Président, mais il n'était

7 absolument pas de mon intention d'interrompre le témoin.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais non. Mais, bien entendu, que non.

9 Mais, puisque vous avez commencé une autre question, je me suis dit qu'il

10 était peut-être intéressant de voir ce qu'il y avait après ce mais.

11 M. STEWART : [interprétation] Je n'ai pas dit cela pour vous critiquer,

12 Monsieur le Président, même si l'on peut en conclure ainsi, d'après le

13 compte rendu d'audience.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais j'ai bien compris de quoi il

15 s'agit.

16 M. STEWART : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez continuer Monsieur Stewart.

18 M. STEWART : [interprétation]

19 Q. Donc, les événements, qui se sont déroulés à Bijeljina, ont été à

20 l'origine de cette réunion. Est-ce que vous pourrez me dire ce qui s'est

21 passé vraiment au Bijeljina ? Qu'est-ce qu'on a dit à la réunion ?

22 R. Mais je ne saurais vous répondre sans en rajouter ou en spéculant. Je

23 sais qu'il y a eu des incidents qu'Alija Izetbegovic a demandé que l'armée

24 soit impliquée dans la résolution de la situation, à la pacification.

25 Q. Est-ce qu'il y a eu des divergences de points de vue entre Izetbegovic

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1 et des représentants serbes ?

2 R. Du point général, il y a eu une divergence. S'il s'agit d'utiliser

3 l'armée pour régler les choses, il faut l'utiliser partout où se posent des

4 problèmes, alors que M. Izetbegovic voulait faire appel à l'armée

5 uniquement à Bijeljina.

6 Q. Est-ce que M. Kljuic a fait part de son point de vue ?

7 R. Je ne m'en souviens pas.

8 Q. Le général Kucanjak a-t-il exprimé son point de vue ?

9 R. Oui. Le général a été tout à fait prêt à mettre son armée à la

10 disposition pour résoudre tout problème brûlant sur le territoire de

11 Bosnie-Herzégovine, à condition que toutes les parties soient d'accord.

12 Donc, si tous les partis étaient d'accord, l'armée était tout à fait prête

13 à intervenir. Mais, il a fallu au préalable arriver à un accord.

14 Q. Est-ce qu'il était clair pour quelle raison M. Izetbegovic insistait

15 pour que la JNA soit amenée -- intervienne uniquement à Bijeljina ?

16 R. D'après le contexte, j'ai cru comprendre qu'il y avait des groupes

17 serbes qui provoquaient le problème et il a demandé que l'armée intervienne

18 contre ce groupe de Serbes. C'est pour cela qu'il a insisté sur une

19 intervention à Bijeljina, d'après ce que j'ai compris.

20 Q. Finalement, est-ce que l'on a utilisé la JNA pour essayer de résoudre

21 ce problème intervenu à différents endroits en Bosnie ?

22 R. A ce que je sache, non.

23 Q. Est-ce que, le lendemain matin, vous avez pris des mesures pour envoyer

24 votre famille à Belgrade ?

25 R. C'est vrai que le lendemain matin, j'ai amené ma famille à Belgrade et

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1 ce n'était pas pour quitter Sarajevo. Mais parce que ma belle fille a été

2 tuée. Il y a eu un incident dans ma famille, et ma femme et mes enfants

3 sont partis à Belgrade pour garder ces enfants. C'était une situation

4 d'urgence, un problème familial.

5 Q. Est-ce que vous, personnellement, vous avez du mal pour retourner à

6 Sarajevo puisqu'il y a eu des problèmes, des désordres et le transport

7 aérien avait été interrompu ?

8 R. Oui. C'est exact. J'emmenais ma famille à Belgrade et j'avais

9 l'intention de rentrer à Sarajevo, le 5. C'était un dimanche, mais c'est

10 vrai qu'il n'y avait plus d'avions. Le trafic aérien a été interrompu et je

11 me souviens très bien que M. Ejub Ganic avait raté son avion, lui aussi,

12 parce qu'en fait, il n'y avait pas de vol ce jour-là. Pendant plusieurs

13 jours qui ont suivi, il n'y a pas eu de vols et je suis resté à Belgrade.

14 Q. Donc, plusieurs jours après cela vous rentrez à Sarajevo, vous allez

15 chez vos parents à Rajkovica et vous y restez jusqu'à un moment donné, en

16 1992; est-ce exact ?

17 R. Oui.

18 Q. Et puis --

19 M. STEWART : J m'excuse, Monsieur le Président.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il y a une réponse que je n'ai pas très

21 bien comprise. Monsieur le Témoin, vous avez dit qu'il y a eu un incident

22 dans votre famille, un décès, parce que votre belle-fille [comme

23 interprété] est morte. Est-ce qu'elle est morte au début du mois d'avril

24 avant que vous n'aillé rentré à Belgrade ?

25 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Elle est morte dans un accident de

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1 voiture en Serbie plusieurs mois plus tôt, mais, ensuite, nous nous sommes

2 relayés nous les membres de sa famille pour garder ses enfants. Donc, moi,

3 enfin, mon épouse, ma mère, et cetera, nous nous sommes relayés pour

4 assurer la garde de ses enfants puisque ses enfants étaient très jeunes.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien, merci de ces

6 éclaircissements.

7 Maître Stewart, vous pouvez continuer.

8 M. STEWART : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

9 Q. A un moment donné, au mois de mai 1992, vous déménagez à Pale, c'est

10 exact ?

11 R. Oui.

12 Q. Pourquoi avez-vous déménagé à Pale ?

13 R. J'ai été élu en tant que ministre de l'Economie auprès de l'assemblée

14 de la République serbe de Bosnie-Herzégovine; c'était le nom, à l'époque.

15 Q. Est-ce que vous vous souvenez à quel moment vous êtes arrivé à Pale au

16 mois de mai ?

17 R. Je ne me souviens pas exactement, mais je me souviens de ma nomination,

18 c'était le 12 mai, donc à un moment donné après le 12 mai, trois ou quatre

19 ou cinq jours après, cela j'ai déménagé à Pale.

20 Q. En arrivant à Pale, tout d'abord, vous habitiez dans le bâtiment

21 Kikinda, n'est-ce pas ?

22 R. Oui, c'est exact.

23 Q. Est-ce que vous étiez chargé, en réalité, de créer ce ministère au sein

24 du gouvernement de la République serbe ?

25 R. Oui, effectivement. Il fallait que je crée ce ministère à partir de

Page 18192

1 rien.

2 Q. Est-ce que vous avez reçu des instructions détaillées quant à la façon

3 de procéder ?

4 R. Mais qui vouliez-vous me donne de telles instructions ? Nous n'avions

5 absolument pas de conditions pour faire quoi que ce soit. Donc, tout

6 d'abord, nous nous sommes dits ce qu'il fallait faire et, ensuite, nous

7 nous sommes basés là-dessus pour continuer notre travail.

8 Q. Vous êtes resté à Pale pendant combien de temps en tout ?

9 R. Vous voulez dire en tant que gouvernement à Pale dans un bâtiment du

10 gouvernement de Pale ou combien de temps je suis resté à Pale, en général ?

11 Q. Oui, oui, en tant que membre du gouvernement.

12 R. Le gouvernement est resté à Pale jusqu'à peu près au mois de juin,

13 enfin au début juin, c'est là que nous avons déménagé à Jahorina puisque

14 nous n'avions pas les conditions de travail nécessaires pour travailler

15 dans ce bâtiment Kikinda. Donc, nous avons déménagé dans l'hôtel Bistrica à

16 Jahorina et en ce qui me concerne, je suis resté au sein du gouvernement

17 jusqu'à la fin de l'année, de la fin de l'année 1992.

18 Q. Comment décrivez-vous les responsabilités et les missions qui étaient

19 les vôtres dans le cadre de cette fonction ?

20 R. Il s'agissait de créer les bases, les cadres juridiques et les règles

21 pour faire fonctionner l'économie dans cette situation de danger des

22 guerres immédiates. Les communications ne fonctionnaient pas. Il fallait

23 empêcher les pillages des entreprises, tout incident anarchie, et cetera,

24 donc, essayer de régler tant bien que mal cette situation et essayer

25 d'éviter une situation de chaos, tout en assurant un fonctionnement minimal

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1 de l'économie pour préserver les ressources économiques. Puisqu'à l'époque,

2 tout le monde s'attendait à ce que la situation se calme à un moment donné,

3 assez rapidement d'ailleurs et il s'agissait de préserver l'économie pour

4 qu'elle ne planche pas complètement pour que les entreprises puissent

5 continuer à fonctionner et reprendre le fonctionnement pleinement dès que

6 la situation se calme, et nous espérions tous qu'elle allait se calmer

7 rapidement.

8 Q. Est-ce qu'il y avait une personne particulière à laquelle vous devriez

9 rendre compte ?

10 R. Oui, le président du gouvernement bien sûr.

11 Q. C'était M. Djeric ?

12 R. Oui, effectivement.

13 Q. C'était votre professeur à l'université, n'est-ce pas ?

14 R. Oui, oui, c'est exact.

15 Q. Donc, vous êtes arrivé à Pale au mois de mai 1992; est-ce qu'au cours

16 de quelques mois qui ont suivi, vous avez eu des réunions avec M.

17 Krajisnik ? Là, je ne parle pas de grandes réunions auxquelles vous auriez

18 pu participer tous les deux, mais je parle vraiment de réunions entre vous

19 et M. Krajisnik.

20 R. Oui. Ces réunions n'étaient pas fréquentes, mais nous avions quelques

21 problèmes précis ayant trait à l'économie à régler. M. Krajisnik a eu

22 beaucoup d'expérience dans les affaires. Il était aux faits de la situation

23 dans la région, il connaissait comment fonctionnait les structures

24 économiques de la région, donc, je le rencontrais, effectivement, pas

25 vraiment parce qu'il était le président de l'assemblée, mais parce que

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1 c'était un homme d'affaires avec beaucoup d'expérience.

2 Q. Pourriez-vous nous dire combien de fois vous l'avez rencontré ? Donc, à

3 combien de reprise vous avez rencontré

4 M. Krajisnik ?

5 R. Je dirais cinq ou six fois pendant mon mandat, peut-être même pas tant

6 que cela.

7 Q. Est-ce que vous avez pu remarquer voir il n'a quelconque preuve de la

8 participation de M. Krajisnik dans les aspects exécutifs du gouvernement de

9 la République serbe ?

10 R. M. Krajisnik n'a jamais participé au travail du gouvernement et de

11 façon générale, chaque structure chaque organe devait faire son travail

12 s'occuper de ses propres affaires.

13 Q. Après être arrivé à Pale au mois de mai 1992, et que vous savez au fait

14 de l'existence d'un organe ou d'une instance d'une structure qui s'appelait

15 la présidence élargie.

16 R. Quand je suis arrivé à Pale, lors d'une session de travail du

17 gouvernement, j'étais élu en tant que membre du gouvernement en même temps

18 que l'élection de la présidence de la République serbe, donc, évidemment,

19 j'étais au courant de l'existence de la présidence. Mais, j'ai même entendu

20 parler de cette expression-là, la présidence élargie, ce qui voulait dire

21 que la présidence consultait d'autres branches du gouvernement. Il

22 s'agissait là d'un groupe consultatif.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Stewart, je voudrais poser une

24 ou deux questions au témoin pour préciser donc ces réunions avec M.

25 Krajisnik, comme il a dit au temps, qu'il l'a rencontré au titre de --

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1 parce que c'était un homme d'affaire chevronné. Est-ce que vous pourriez

2 nous donner quelques exemples des problèmes dont vous avez discutés avec

3 lui ? Vous avez dit : "Que vous l'avez consulté pour savoir comment mieux

4 résoudre un certain nombre de problèmes." Est-ce que vous pourriez nous

5 citer quelques exemples ?

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Bien, concrètement, cela ne vient pas à

7 l'esprit. Vous savez, en Bosnie-Herzégovine il y a eu beaucoup de grandes

8 entreprises et les sièges de ces entreprises se trouvaient à Sarajevo,

9 alors que des parties de ces entreprises se trouvaient dans d'autres

10 régions de Bosnie-Herzégovine. Donc, avec la dissolution de la République,

11 ces grands systèmes -- ces grandes entreprises se sont dissoutes aussi. Il

12 s'agissait de savoir comment faire fonctionner ces grandes entreprises

13 d'Energoinvest, ou l'industrie pétrolière, et cetera. Là, il s'agissait des

14 grandes entreprises nationales.

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez parlé d'une entreprise

16 pétrolière, par exemple, est-ce que vous vous préoccupiez de savoir comment

17 vous alliez vous procurer du pétrole puisque tout le monde avait besoin du

18 pétrole, le gouvernement, y compris ? Est-ce que vous avez discuté de cela

19 avec M. Krajisnik ?

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, pas pour vraiment s'approvisionner. Il

21 s'agissait d'organiser ces grandes entreprises que j'ai citées quand je

22 parlais d'EnergoPetrol, une entreprise pétrolière, je l'ai citée en tant

23 qu'exemple. Je l'ai donnée en tant qu'exemple puisqu'il s'agissait d'une

24 grande structure nationale. Il s'agissait de savoir comment le rallier,

25 comment le faire fonctionner, qu'on continue à faire fonctionner ces

Page 18196

1 systèmes. D'ailleurs, je continue à coopérer avec ces entreprises. J'ai

2 essayé de les aider à continuer à travailler jusqu'à ces entreprises

3 puissent fonctionner de façon autonome, jusqu'à qu'elles trouvent une façon

4 de façon de fonctionner.

5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pourriez-vous nous dire ce que vous avez

6 fait exactement quand il s'agissait d'organiser, de restructurer

7 EnergoPetrol pour le faire fonctionner, pour que cette entreprise continue

8 à fonctionner ?

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Rien de particulier. Il y a eu le

10 démantèlement de cette entreprise et j'ai trouvé les gens expérimentés qui

11 étaient capables de continuer à faire fonctionner cette entreprise, des

12 gens qui avaient une certaine expérience. Il s'agissait de créer des

13 conditions pour que ces grandes entreprises puissent continuer à

14 fonctionner. Il ne s'agissait pas de les aider au jour le jour dans leur

15 travail puisque le gouvernement s'est occupé des grandes entreprises. En ce

16 qui concerne les petites et les moyennes entreprises, ces entreprises

17 fonctionnaient elles-mêmes. Le gouvernement ne s'en est pas mêlé.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si vous n'étiez pas responsable de

19 trouver du pétrole -- de trouver un moyen de trouver du pétrole, est-ce que

20 vous pouvez nous dire qui en était responsable ?

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, le ministère, en général, de façon

22 générale, en était responsable, mais en ce qui concerne l'achat du pétrole,

23 ce sont les entreprises pétrolières qui s'en occupaient. Là, je parle

24 uniquement de besoin pour la population civile -- les entreprises civiles

25 pas de l'armée puisque cela ne relevait pas de mes compétences.

Page 18197

1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous étiez obligé -- vous étiez

2 responsable de trouver du pétrole, d'acheter du pétrole quelque part ?

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, le ministère n'achetait pas du pétrole,

4 ne trouvait pas du pétrole, nous n'étions pas chargés de cela. Nous étions

5 chargés d'organiser les entreprises qui pourraient le faire.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais, ensuite, les entreprises vendent

7 le pétrole au gouvernement, puisque le gouvernement a besoin du pétrole,

8 n'est-ce pas ?

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour les besoins de la population civile

11 ou des entreprises civiles, vous étiez responsable. Enfin, vous avez dit

12 que les entreprises en étaient responsables, mais vous avez d'un côté

13 l'acheteur et l'autre côté les vendeurs.

14 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est l'entreprise qui s'occupe de l'achat et

15 de la vente. EnergoPetrol achète du pétrole et le vend au prix du marché

16 aux entreprises qui en ont besoin.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous, directement, pour les besoins du

18 gouvernement, avez-vous acheté du pétrole auprès d'EnergoPetrol -- de

19 l'entreprise d'ErnergoPetrol ?

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous achetiez où votre pétrole, si pas

22 auprès d'EnergoPetrol ?

23 LE TÉMOIN : [interprétation] Quand vous dites "vous", vous parlez de qui,

24 du gouvernement ou du ministère ?

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Votre ministère faisait partie du

Page 18198

1 gouvernement, n'est-ce pas ? Mais dites-nous : quelle était la situation en

2 ce qui concerne votre ministère ?

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Bien. Notre ministère avait besoin,

4 évidemment, du pétrole pour ses véhicules, et cetera. On allait à une

5 station de service d'EnergoPetrol ou plusieurs stations de service

6 d'EnergoPetrol, on a payé notre pétrole, c'est-à-dire que le ministère de

7 Finance a payé le pétrole pour les besoins du gouvernement.

8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le pétrole dont vous aviez besoin pour

9 vos voitures -- pour vos véhicules était acheté directement aux stations de

10 service d'EnergoPetrol et le gouvernement - parce que là, vous avez parlé

11 de notre ministère - quelle était la situation avec le gouvernement ?

12 LE TÉMOIN : [interprétation] La situation était la même.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il n'est jamais arrivé que le

14 gouvernement achète de grandes quantités de pétrole, à part les achats

15 faits dans les stations de service appartenant à EnergoPetrol ?

16 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Si on parle du pacte de véhicules du

17 gouvernement, et cetera, oui, c'est à cela que vous pensez.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Il n'y a pas eu d'autre achat ?

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Que je sache, non.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En ce qui concerne l'armée, les

21 militaires, qui s'en est occupé ?

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Bien, je n'étais pas responsable de cela,

23 l'armée faisait cela en passant par le ministère de la Défense, mais je

24 n'ai pas été inclus dans ces organisations.

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En ce qui concerne le pétrole, vous avez

Page 18199

1 rencontré M. Krajisnik pour le consulter au sujet de personnes qu'il

2 s'agissait de nommer ? Enfin, j'essaie de comprendre.

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous ai dit quelle était la nature de ces

4 entretiens, et vous avez parlé du pétrole. Mais nous avons parlé aussi des

5 forêts, des ponts et chaussées, des postes de télécommunications, et

6 cetera, le pétrole n'était pas notre principale préoccupation.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, oui, je comprends, je comprends,

8 mais je vous pose cette question puisque vous avez mentionné cette

9 entreprise pétrolière c'est pour cela que j'ai voulu en savoir un petit peu

10 plus. Vos réunions en ce qui concerne, par exemple, cette entreprise

11 pétrolière s'est limitée à la nomination de personnes appropriées pour

12 travailler -- enfin, qui sont restées dans votre partie de cette ex-

13 république et qu'il s'agissait de nommer à des postes importants ?

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non, non. Nous ne parlions pas vraiment

15 de nomination. Vous savez, je lui ai demandé des conseils -- nous avons

16 parlé de beaucoup de choses, nous avons évoqué beaucoup de problèmes, mais

17 c'est moi-même qui ai trouvé des gens. Ce sont des gens qui s'imposaient

18 eux-mêmes. Quelqu'un les proposait, je les nommais. Nous n'avions pas

19 beaucoup choix de toute façon. Beaucoup de gens étaient partis. Les

20 problèmes étaient permanents, quasi-permanents.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vois. Vous nous avez dit que vous

22 avez demandé conseil pour une multitude de sujets et que vous vous

23 adressiez toujours aux personnes qui s'occupaient de ces questions, mais de

24 quel genre de sujets, de quel genre de conseils est-ce que vous aviez

25 besoin plus particulièrement eu égard aux entreprises pétrolières ?

Page 18200

1 LE TÉMOIN : [interprétation] Pour vous donner un exemple de toutes les

2 activités que je devais faire, je devais, d'une certaine façon, les faire

3 moi-même.

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Vous nous avez dit que

5 s'agissant des entreprises pétrolières et des dérivés de pétrole, vous nous

6 avez donné un exemple d'Energopetrol. Je vous ai demandé de nous dire ce

7 dont vous avez parlé lors de ces discussions. Vous nous avez dit qu'il

8 était question de restructurer et de trouver des solutions afin de pouvoir

9 leur aider, de trouver la bonne façon de fonctionner, et cetera. Vous nous

10 avez donné cela comme exemple. Ensuite, je vous ai posé d'autres questions,

11 à savoir s'il s'agissait de directions, de gérer, de trouver les employés,

12 et cetera, et vous nous avez dit que non. Je voulais savoir quelles étaient

13 les autres questions que vous avez discutées. Je vous ai demandé si vous

14 avez demandé d'un conseil d'un M. Krajisnik. Vous nous avez dit non,

15 vraiment pas. Je ne comprends pas tout à fait très bien quelles étaient les

16 discussions que vous avez eues avec M. Krajisnik concernant ces entreprises

17 d'essences pétrolières et des dérivés du pétrole. J'aimerais savoir de quoi

18 est-ce que vous avez discuté, quels étaient les sujets précis qui ont fait

19 l'objet de vos discussions.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois qu'il y a eu malentendu, je suis

21 navré. J'ai commencé à énumérer certaines branches qui ont trait à ma

22 spécialisation et vous, vous avez commencé à poser des questions sur

23 l'essence. Je voulais vous dire que nous n'avons pas vraiment parlé d'une

24 question particulière à chaque fois, mais je voulais dire simplement qu'à

25 chaque fois que j'avais une question, que j'avais besoin de demander

Page 18201

1 conseil, je lui posais des questions, c'est-à-dire que mes réunions avec

2 Krajisnik étaient exclusivement de cette sorte-là, ce n'étaient pas des

3 questions politiques. C'est la raison pour laquelle je vous ai cité ces

4 exemples. Sans entrer en détail, je ne me souviens vraiment pas de ce dont

5 je discutais

6 M. Krajisnik. Je ne me souviens pas de la teneur exacte de nos

7 conversations, mais j'étais tout à fait indépendant, vous savez, dans mes

8 décisions et dans mon travail. Voilà.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, je ne vous demande pas de nous dire

10 s'il a donné son approbation, mais c'est vous qui avez parlé de la

11 compagnie Energopetrol, vous nous avez parlé de cela. Vous nous avez dit :

12 "Que l'entreprise, en question, était Energopetrol et que c'était eux qui

13 étaient chargés de la distribution."

14 Vous nous avez donné cet exemple. Ensuite quand je vous ai demandé

15 quelles étaient les discussions que vous avez eues avec M. Krajisnik

16 concernant cette entreprise, vous ne nous avez pas encore donné de réponse,

17 outre le fait de nous avoir dit que vous n'avez pas vraiment parlé de cela

18 avec M. Krajisnik.

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non, mais justement rien concernant cela.

20 J'ai simplement dit que j'ai été impliqué dans cette entreprise. J'ai dit

21 quel a été le rôle qu'avait joué cette entreprise, c'est ce que je vous ai

22 dit. C'est tout ce que je voulais dire. J'avais trouvé les bonnes personnes

23 pour travailler, j'avais trouvé les gens. Je me souviens bien qui était le

24 directeur que j'avais nommé à l'époque, et cetera, vous savez à l'époque.

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Monsieur Stewart.

Page 18202

1 Le Juge Hanoteau aurait une question pour vous, Monsieur.

2 M. LE JUGE HANOTEAU : Excusez-moi, oui. Je voudrais comprendre pourquoi

3 vous vous êtes adressé plusieurs fois, à cinq ou six reprises à M.

4 Krajisnik, dont vous dites que vous le considériez comme "an experienced

5 businessman." Pourquoi vous le considériez comme un homme d'affaires

6 expérimenté ? Sur quelles connaissances avez-vous fondé une telle

7 affirmation ?

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Voyez-vous, c'était une information connue de

9 tous. M. Krajisnik était l'un des dirigeants principaux dans une entreprise

10 Energoinvest. C'était une entreprise très forte dans la région, très

11 importante. Il connaissait bien la problématique et tout le monde le

12 savait. Donc, avec son expérience concrète, il avait beaucoup d'expérience

13 dans le domaine. Je me suis également entretenu avec plusieurs autres

14 personnes. Chaque fois que je pouvais demander aux personnes qui

15 connaissaient bien le domaine, de me donner des conseils. Je leur adressais

16 toujours la parole. J'ai demandé conseil à plusieurs personnes, pas

17 seulement lui.

18 M. LE JUGE HANOTEAU : Vous dites : je le considérais comme "an experienced

19 businessman." Vous me répondez : c'est parce qu'il avait des charges de

20 direction dans cette entreprise d'énergie. Mais pourquoi vous le

21 considériez comme "an experienced businessman" ? Est-ce qu'il était connu

22 dans le pays comme ayant eu une activité économique importante, comme étant

23 intervenu dans plusieurs secteurs de l'économie et comme s'étant fait un

24 nom là-dedans ? Il était homme politique, il était président de

25 l'assemblée, pourquoi vous aviez besoin de le contacter pour obtenir des

Page 18203

1 conseils dans le travail que vous exerciez ?

2 LE TÉMOIN : [interprétation] Il était bien connu comme étant un homme

3 d'affaires excellent, non seulement par moi-même. Ce n'était seulement moi

4 qui l'estimais être un homme d'affaires hors pair, tout le monde le savait.

5 Maintenant pourquoi lui ai-je posé la question, pourquoi suis-je allé lui

6 demander conseil ? Parce qu'outre lui, j'avais contacté également des

7 dizaines d'autres personnes au pays, à l'extérieur du pays, dans d'autres

8 ministères également. Vous savez en tant qu'homme d'affaires, j'essayais

9 d'obtenir le plus de conseils que possible. Chaque fois que je pouvais

10 avoir une bonne idée, un bon conseil, cela m'apportait énormément. Je ne

11 sais pas comment mieux expliquer, vous savez, mon point de vue.

12 M. LE JUGE HANOTEAU : Qu'est-ce que vous saviez sur son expérience

13 économique pour le considérer comme un expert. Qu'est-ce que vous saviez de

14 sa vie professionnelle, qui vous permettait de dire qu'il était un expert

15 économique. Parce que vous avez dit, tout à l'heure, que vous le

16 connaissiez peu, vous l'aviez peu rencontré avant cela. Qu'est-ce qui

17 faisait que vous possédiez son curriculum vitae ? Qu'est-ce que vous saviez

18 sur sa vie économique, sa vie de professionnel de l'économie ?

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne le connaissais pas personnellement. Je

20 crois que je suis beaucoup plus jeune que lui, peut-être pas énormément

21 plus jeune, mais je suis quand même plus jeune que lui. Son entreprise,

22 pendant plusieurs années, a fait l'objet de convoitises dans son

23 entreprise. Ses employés avaient tous un énorme salaire. Tous les employés

24 avaient leur appartement. Donc, tout le monde connaissait très bien que M.

25 Krajisnik était un excellent homme d'affaires pour cela. Les gens étaient

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1 bien dans son entreprise. Voyez-vous le président était un professeur. Mme

2 Plavsic était une scientifique. Karadzic était médecin. Voyez-vous lorsque

3 j'avais besoin de demander conseil à certaines personnes, je m'adressais,

4 bien sûr, immédiatement à M. Krajisnik, qui était un expert dans le domaine

5 de l'économie puisque tout le monde le savait à l'époque.

6 M. LE JUGE HANOTEAU : Selon votre connaissance, il était chef d'entreprise

7 depuis combien de temps ?

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas exactement pendant combien de

9 temps, peut-être une dizaine d'années.

10 M. LE JUGE HANOTEAU : Je vous remercie, Monsieur Antic, pour ces réponses.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Maître Stewart.

12 M. STEWART : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

13 Q. Monsieur Antic, s'agissant de la présidence élargie, lorsque vous avez

14 évoqué ce concept, est-ce que c'est la même chose ? La résidence élargie,

15 présidence au sens plus large du mot, c'est la même chose ?

16 R. Même chose que quoi ? La présidence élargie est la même chose que

17 quoi ?

18 M. STEWART : [interprétation] Excusez-moi, je crois, Monsieur le Président,

19 que la question peut-être sous-entend la réponse.

20 La question est vraiment répondue d'une certaine façon. Il a répondu à ma

21 question en répondant de cette façon-là. Enfin, j'ai parlé d'une présidence

22 élargie. De temps en temps, on voit ces termes-là en anglais, "Extended

23 Présidency." Je voulais simplement m'assurer qu'il n'y a aucune différence

24 entre "Expanded Presidency et "Extended Presidency," entre ces deux termes.

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je comprends bien. Ce n'est pas la

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1 présidence mais la présidence au sens plus large. La présidence qu'elle

2 soit "extended ou expanded," en anglais, je crois que ce n'est pas une

3 différence. Je ne sais pas comment le traduire.

4 M. STEWART : [interprétation] Oui, effectivement, c'est bien difficile pour

5 nous également de la poser également comme question.

6 Q. Monsieur Antic, je vous ai posé un peu plus tôt une question concernant

7 la présidence et je l'ai appelé "Expanded Presidency," donc, "présidence

8 élargie". Est-ce qu'il s'agissait d'une présidence au sens plus large au

9 sein de la Republika Srpska ? Y avait-il autre chose dont vous auriez

10 entendu parler et qui s'appelait la présidence élargie, donc, "Expanded

11 Presidency" ?

12 R. Non. Il y avait la présidence. J'avais entendu le terme de "présidence

13 élargie." J'en avais entendu parler. Maintenant, vous voulez que je vous

14 dise s'il y a quelque chose d'encore plus élargi que la présidence élargie.

15 Non, je ne sais pas ce que vous voulez dire exactement ? Veuillez préciser

16 votre question.

17 Q. Monsieur, vous nous avez répondu, je crois.

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il faudrait peut-être --

19 Je vais poser la question au témoin. Vous nous avez qu'il y avait la

20 présidence. Ensuite, il y avait quelque chose d'autre qui s'appelait la

21 présidence élargie, donc "Expanded, enlarged." Pourriez-vous nous dire s'il

22 y avait une différence entre la présidence et la présidence élargie. En

23 anglais, "Expanded" ou "Extended." ?

24 R. La présidence, en tant que telle, est un organe officiel du

25 gouvernement choisi par le gouvernement composé de trois membres qui

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1 étaient Karadzic, Koljevic et Plavsic. Une présidence élargie, c'est un

2 terme qui s'est imposé comme étant l'assemblée plus élargie de cette

3 entité de type consultatif. C'est la présidence élargie qui, de temps en

4 temps, pouvait comprendre d'autres membres également. Je n'ai jamais pris

5 part à ces réunions mais c'est tout ce que je sais de cette présidence

6 élargie.

7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'après ce que vous aviez entendu dire,

8 qui participait aux réunions de la présidence élargie ?

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Outre les membres de la présidence, composée

10 de trois membres, il arrivait très souvent et pour la plupart du temps, je

11 ne sais pas puisque je n'étais pas là; le président de l'assemblée, le

12 président du gouvernement et des fois, des ministres, soit de la police ou

13 de l'armée, indépendamment de la situation.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

15 Veuillez poursuivre, Maître Stewart.

16 M. STEWART : [interprétation] Tout simplement, pour préciser lorsqu'à la

17 ligne 22, je voulais simplement savoir s'il y avait une différence entre

18 ces deux termes en anglais, "expanded" et "extended". Je crois qu'on a

19 répondu à la question. Merci.

20 Q. Monsieur, est-ce que vous avez jamais pris part aux réunions, qui selon

21 vous, auraient été des réunions de cette présidence élargie ?

22 R. Non.

23 Q. Est-ce que vous considérez M. Djeric comme étant un membre de la

24 présidence ?

25 R. Non.

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1 Q. Est-ce que selon vous la présidence élargie avait quelque chose à voir

2 avec une appartenance très claire, c'est-à-dire, est-ce que vous pouvez

3 dire, A, B, C, D, E, F, ces personnes sont des membres X, Y, Z, ne sont pas

4 des membres ? Est-ce que c'était ainsi que vous voyez cette entité ?

5 R. Vous voulez dire si elle était composée de membres tout à fait précis.

6 Non, ce n'est pas comme cela que je voyais les choses.

7 Q. Merci. Lorsque vous étiez à Pale, est-ce que vous pouviez, d'après vos

8 propres observations et connaissances, vous forger une idée précise, à

9 savoir qui était chargé des questions militaires ?

10 R. Les questions étaient contrôlées par la présidence de la République.

11 Q. S'agissant de la présidence, lorsque vous dites que c'était la

12 "présidence de la république," de quelle personne parlez-vous ? Selon vous,

13 votre évaluation, quelles étaient les personnes qui avaient le contrôle de

14 l'armée, des questions relatives à l'armée ?

15 R. C'est président de la présidence, Karadzic, ainsi que les membres de la

16 présidence, Plavsic et Koljevic.

17 Q. Étiez-vous en mesure, vous-même, de vous forger une idée de

18 l'implication de ces trois personnes et de l'influence que ces trois

19 personnes pouvaient exercer sur l'armée ?

20 R. Je n'ai pas été en mesure de faire ce genre d'évaluation mais je crois

21 que c'était la hiérarchie. Je crois que le président de la présidence a

22 exercé le plus d'influence. Bien sûr, c'était la hiérarchie logique.

23 Maintenant, entre eux, je ne sais pas comment ils avaient divisé le pouvoir

24 et le niveau des responsabilités.

25 Q. En 1992, à partir du mois de mai, vous étiez à Pale. Est-ce que vous

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1 pouvez nous dire si vous avez remarqué si M. Krajisnik avait quelque

2 contrôle que ce soit sur l'armée ou la police et sur leurs activités ?

3 R. Non, jamais. Je n'ai jamais eu aucune indication, aucune impression,

4 aucune connaissance précise de cela.

5 Q. Avez-vous discuté de la question des camps de prisonniers lors des

6 sessions gouvernementales ?

7 R. Oui, oui. Nous avions discuté de divers centres de rassemblement, de

8 prison, vous pouvez les appeler comme vous voulez. Oui, à plusieurs

9 reprises, nous avions reçu un certain nombre d'information sur ce sujet et

10 le gouvernement avait pris une position bien claire, à savoir qu'il fallait

11 être le plus tôt possible mettre le tout sur le contrôle des organes

12 réguliers, de faire en sorte qu'une enquête soit faite et, à la fin, une

13 décision a été prise afin de fermer tous ces centres et prisons, enfin,

14 brièvement pour faire un résumé assez bref de la situation.

15 Q. La question des camps des camps de prisonniers ou de centres de

16 détention, ou plutôt, je repose cette question d'une façon différente,

17 quelle était votre propre implication pour ce qui est des questions

18 relatives aux camps de détention ou des camps de prisonniers ?

19 R. Je n'ai jamais été impliqué de quelque façon que ce soit, outre le fait

20 d'avoir été présent à leurs réunions où cette question a été débattue.

21 Q. Y avait-il des membres du gouvernement, par exemple, qui avaient une

22 responsabilité particulière concernant cette question, ou un mandat

23 particulier ?

24 R. Bien. C'étaient les ministres de la Défense, de la Police, et le

25 ministre de la Justice. En tant que gouvernement, nous prenions position

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1 relative à ces questions.

2 Q. Est-ce que vous étiez présent lorsque des rapports ont été reçus par le

3 gouvernement qui pour vous représentait des questions créant un souci

4 particulier -- de préoccupations particulières ? Je parle ici des centres

5 de détention pour être plus précis.

6 R. Vous voulez savoir si j'étais présent ?

7 Q. Non. Je veux savoir si vous vous souvenez d'avoir été présent -- ou

8 plutôt, je vais reformuler la question d'une autre façon, Monsieur Antic,

9 pour être plus précis. Vous souvenez-vous d'avoir été présent lors de

10 réunions du gouvernement lorsque des rapports avaient été reçus concernant

11 des camps de prisonniers ou de centres de détention qui vous auraient

12 préoccupé particulièrement qui auraient fait en sorte que vous ayez un

13 souci particulier sur cette question ?

14 R. Oui, oui, j'étais présent, oui, effectivement. Il y avait eu une

15 commission qui avait fait une tournée de ces camps et qui avait soumis un

16 rapport sur cette question.

17 Q. Vous étiez soucieux de la question, si ce rapport vous a préoccupé

18 d'une certaine façon ?

19 R. Non, en fait. Si je me souviens bien, il y avait plusieurs histoires,

20 plusieurs choses que nous avions découvertes, nous en tant que gouvernement

21 nous ne savions pas ce qui se passait sur le terrain. La commission avait

22 pour tâche d'enquêter -- de mener une enquête et de bien se renseigner sur

23 ce qui se passait. Effectivement, les membres de notre commission avaient

24 dit qu'il y avait certaines irrégularités, qu'il y avait certaines

25 informations qui n'étaient pas tout à fait justifiées. C'est ainsi qu'ils

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1 ont soumis ce rapport au ministre, de l'armée, de la Justice, et de la

2 police, et le gouvernement a pris la décision de mettre le tout sur le

3 contrôle de l'armée pour s'assurer que ces centres, je ne sais pas comment

4 vous voulez les appeler, mais que ces centres soient fermés. Je crois

5 qu'effectivement on a fermé tous ces centres immédiatement après.

6 Q. D'après vous, est-ce que vous savez si M. Krajisnik était impliqué à

7 quelque niveau que ce soit pour ce qui soit de la prise de décisions ou

8 s'il a participé aux discussions concernant ces camps de prisonniers et de

9 centres de détention ?

10 R. Non, pas à ma connaissance, non.

11 Q. Est-ce que M. Krajisnik avait une certaine réputation, pour ce qui est

12 de ces contacts avec la communauté musulmane ?

13 R. Bien, réputation ? Si vous voulez que je vous donne une opinion

14 personnelle, on disait de lui qu'il était très patient, et qu'il

15 connaissait la mentalité des gens avec lesquels il avait travaillé toute sa

16 vie, et qu'il avait côtoyés toute sa vie. Il était un homme qui pouvait

17 parler avec les Musulmans de façon très raisonnable et qui pouvait négocier

18 avec eux concernant des questions précises.

19 Q. Est-ce que vous savez si de quelle façon les dirigeants musulmans,

20 quelle était l'opinion des dirigeants musulmans eu égard à M. Krajisnik ?

21 R. Je ne peux pas parler de fait, je n'ai pas d'exemple précis, mais je

22 sais que s'il voulait négocier ou parler avec qui que ce soit, cela aurait

23 été avec lui, cela aurait été lui qu'ils auraient demandé plutôt que

24 d'autres dirigeants de la Republika Srpska.

25 Q. Avez-vous jamais entendu dire ou parler ou vu, à la télévision ou lu ou

Page 18211

1 vu en personne, les déclarations faites par

2 M. Krajisnik selon lesquelles on pourrait conclure qu'elles aient eu été

3 désagréables, agressives ou qui par lesquelles on aurait pu conclure qu'il

4 s'agissait d'affirmations malencontreuses envers la nation musulmane ?

5 R. Non.

6 Q. Est-il exact de dire que vers la fin de 1992 vous avez quitté le

7 gouvernement de la Republika Srpska ?

8 R. Oui. C'est tout à fait exact, mais je n'ai pas quitté de mon propre

9 chef le président du gouvernement qui a fait démissionner, et donc j'ai dû

10 moi aussi le suivre. Plus tard, le nouveau gouvernement ne m'a pas réélu.

11 J'ai fait d'autres types de travail.

12 Q. Vous avez créé la Chambre de commerce de la Republika Srpska, outre

13 votre propre activité commerciale personnelle, vous étiez concentré sur la

14 formation de cette Chambre de commerce de la Republika Srpska, n'est-ce

15 pas ?

16 R. C'est exact.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je regarde l'horloge, tout en me

18 souvenant du résumé 65 ter. Je me demande de combien de temps vous avez

19 encore besoin afin de déterminer si vous allez continuer après la pause.

20 M. STEWART : [interprétation] Deux choses. Premièrement, j'en ai bientôt

21 fini, deuxièmement, si cela vous convenait, je préférerais poser toutes mes

22 dernières questions après la pause, plutôt qu'avant la pause.

23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous aurez besoin de combien de temps ?

24 M. STEWART : [interprétation] Pas plus de dix minutes, Monsieur le

25 Président.

Page 18212

1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons faire une pause jusqu'à 12

2 heures 50, et si nous arrivons tous à l'heure, vous arriverez sans doute --

3 ou peut-être à terminer d'ici 13 heures.

4 --- L'audience est suspendue à 12 heures 31.

5 --- L'audience est reprise à 12 heures 52.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Stewart, vous avez la parole.

7 [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]

8 M. STEWART : [interprétation] Quand j'ai dit que j'en avais pour dix

9 minutes, cela me concernait, mais M. Krajisnik m'a communiqué un certain

10 nombre de sujets qu'il souhaite que j'aborde aussi, donc, j'en aurais peut-

11 être pour un peu plus que des dix minutes prévues.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien.

13 M. STEWART : [interprétation]

14 Q. Monsieur Antic, j'aimerais vous présenter un document qui a été déjà

15 versé au dossier présenté à de nombreuse reprises, la cote que je pourrais

16 vous donné c'est le P43 une des cotes sous lesquelles ce document a déjà

17 été versé. C'est un document qui compte un certain nombre de pages que vous

18 avez sous les yeux dans votre langue maternelle, n'est-ce pas ?

19 R. Oui.

20 Q. Monsieur Antic, je sais que vous avez vu ce document depuis votre

21 arrivé à La Haye; ne faisons pas de mystère sur ce point.

22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Margetts.

23 M. MARGETTS : [interprétation] Nous n'avons pas d'exemplaires de ce

24 document quant à nous.

25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il s'agit d'un document du 19 décembre.

Page 18213

1 Si les questions sont celles que j'imagine, il ne sera sans doute pas

2 nécessaire de se pencher en détail sur le document.

3 M. MARGETTS : [interprétation] Oui, nous souhaitons simplement savoir de

4 quel document il s'agit.

5 M. STEWART : [interprétation] Je n'avais nullement l'intention de causer

6 des difficultés à l'Accusation. C'est le document 93 c'est la version que

7 nous utilisons et que nous allons utiliser à l'avenir.

8 Q. monsieur Antic --

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais là maintenant, je suis un petit peu

10 perdu parce que vous aviez parlé de P43. En tout cas, c'est le document du

11 19 décembre, si on peut le mettre sur le rétroprojecteur pour éviter toute

12 confusion.

13 M. STEWART : [interprétation] Oui, c'est dans la numérotation des pièces

14 qu'il y a une certaine confusion puisque nous avons une pièce qui s'appelle

15 P43, une autre 63(a). Cela ne va pas faire grande différence pour ce qui

16 est des questions que je souhaite poser au témoin.

17 Q. Monsieur Antic, je souhaite vous demander si vous aviez vu ce document

18 ou un document très semblable avant de venir à La Haye, avant il y a

19 quelques jours ?

20 R. Jamais, jamais je n'avais vu ce document.

21 Q. C'est un document qui est maintenant très connu, sous l'intitulé,

22 variante A et B. Avant de venir au Tribunal aviez vous entendu parler d'un

23 document intitulé de la sorte ou décrit de la sorte ?

24 R. Jamais je n'avais entendu parler d'une telle chose.

25 Q. Etiez-vous présent lors d'une réunion importante du SDS à Holiday Inn

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1 de Sarajevo à la fin de 1991 ou au début 1992 ?

2 R. A ma connaissance, non, je n'étais pas présent, autant que je m'en

3 souvienne en tout cas.

4 Q. Merci. J'en ai terminé de mes questions sur ce point, Monsieur Antic.

5 Vous souvenez-vous de la prise de position publique ou de

6 M. Krajisnik pendant la guerre sur la question de savoir si les

7 Serbes devaient quitter Sarajevo ou y rester.

8 R. Vous parlez de la période suivant Dayton ?

9 Q. A n'importe quel moment.

10 R. Oui, je comprends. Vous parlez de toute la période.

11 M. Krajisnik a toujours combattu pour la survie des Serbes à Sarajevo

12 puisqu'il était né à Sarajevo; moi d'ailleurs aussi, je suis natif de natif

13 de Sarajevo et je crois qu'il a toujours œuvré pour que les Serbes puissent

14 continuer à habiter à Sarajevo.

15 Q. Vous souvenez-vous qu'il ait pris une position selon laquelle les

16 Serbes devaient quitter Sarajevo ?

17 R. Non.

18 Q. Monsieur Antic --

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Stewart, nous sommes en train de

20 parler d'une période de temps assez longue, donc, est-ce que cela ne serait

21 pas plus clair étant donné que Sarajevo a été divisée pendant cette longue

22 période d'être plus précis sur le temps. Ce que je veux dire par là, c'est

23 qu'il y a des cartes, des parties de Sarajevo qui n'en sont plus parce que

24 Pale faisait partie de Sarajevo. Donc, parler uniquement de Sarajevo c'est

25 un petit peu ambigu si on ne précise pas exactement le contexte.

Page 18215

1 M. STEWART : [interprétation] Je suis en train d'y réfléchir.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] On pourrait demander au témoin la chose

3 suivante : vous nous dites que M. Krajisnik luttait pour la survie des

4 Serbes à Sarajevo; essayons de cibler cette question. Est-ce qu'il aurait

5 été favorable à ce que les Serbes restent dans une Sarajevo serbe avant

6 Dayton ou est-ce qu'il se serait également prononcé en faveur de cela de

7 cette solution dans les zones de Sarajevo contrôlée par les Musulmans ?

8 LE TÉMOIN : [interprétation] De manière générale, c'était favorable pour

9 que les Serbes restent à Sarajevo et il fallait qu'une solution soit

10 trouvée dans les négociations pour que le gouvernement puisse fonctionner.

11 Personne ne savait quelle serait la solution définitive. Enfin, de manière

12 générale, l'idée c'était que le reste Serbe restent à Sarajevo quelque soit

13 la solution.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais quand on n'avait pas encore

15 trouvé de solution, est-ce qu'il était en faveur de ce que les Serbes

16 restent dans des zones non contrôlées par les Serbes à Sarajevo ?

17 LE TÉMOIN : [interprétation] Au cas où il n'y ait pas de solution de quel

18 type, je ne comprends pas.

19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est vous qui parlez de solution. Avant

20 Dayton, nous savons qu'une partie de Sarajevo était contrôlée par les

21 Serbes et qu'une partie de Sarajevo était contrôlée par les Musulmans,

22 disons. Est-ce que M. Krajisnik n'a jamais dit que c'est -- jamais prononcé

23 sur les Serbes et sur le fait, oui ou non, ils doivent rester dans les

24 parties de Sarajevo contrôlées par les Musulmans ?

25 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'en ai jamais entendu s'exprimer en public

Page 18216

1 sur ce point.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Après Dayton --

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Après Dayton --

4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Là, il y a eu une division également,

5 même si les lignes de séparation ont un petit peu évolué, mais il ne reste

6 pas moins qu'il y avait toujours une partie du Grand Sarajevo avec Pale qui

7 était contrôlée par les Serbes et le reste était contrôlé par les

8 Musulmans. Est-ce qu'après Dayton, il a déclaré que les Serbes, vivant dans

9 des zones de Sarajevo contrôlées par les Musulmans, devaient y rester ou en

10 partir ?

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Je sais quelle était l'attitude générale des

12 dirigeants de M. Krajisnik. C'était que les gens devaient rester où ils

13 étaient. Quant à ce qui s'est passé ensuite, il faut savoir qu'il y a pas

14 mal de municipalités comme Ilidza qui ont été remises aux Musulmans. Il y

15 avait au moins 50 % de Serbes là-bas. Donc, il était logique que les Serbes

16 y restent. C'était ce que préconisait M. Krajisnik comme tous ceux qui

17 étaient appelés à donner leur opinion et c'était la solution logique, la

18 conclusion logique mais malheureusement les gens ont agi inversement,

19 différemment.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Maître Stewart, vous avez la

21 parole.

22 M. STEWART : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

23 Q. Pendant que vous étiez à Pale en 1992, Monsieur Antic, avez-vous

24 connaissance de l'existence d'un centre de Détention dans la municipalité

25 de Pale. Je ne doute pas qu'il y a eu une prison dans cette localité. Non,

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1 ce dont j'aimerais parler, ce serait d'un centre Détention très important

2 d'où plusieurs centres de détention ?

3 R. Non. Je n'en ai pas eu connaissance. Je n'ai connaissance de rien de ce

4 type. Je ne crois pas que cela a jamais existé.

5 Q. Le conseil de la Défense, plus précisément, avait eu connaissance de

6 l'existence d'un lieu à Pale où les Musulmans étaient détenus en nombre

7 important au cours de 1992 ?

8 R. Non.

9 Q. En fait, à Pale, est-ce qu'il y avait une prison ?

10 R. Non. Je ne crois qu'il y avait de prison à Pale. En tout cas, je n'ai

11 pas connaissance l'existence d'une prison officielle.

12 Q. Novi Privrednik, qu'est-ce que c'était ?

13 R. Novi Privrednik, c'était d'organiser l'actionnariat, d'encourager les

14 gens à réaliser des investissements, de petits investissements pour que

15 cette entreprise puisse démarrer et fournir la possibilité d'une

16 coopération économique au sens général du terme. Donc, c'était une

17 entreprise, une société anonyme, disons, par actions. L'idée, c'était de

18 mettre en place cette entreprise, mais, à mon avis cela n'a pas fonctionné.

19 Cela n'a rien donné. En tout cas, c'était une simple société anonyme,

20 société d'actionnaires.

21 Q. Qui en avait eu l'idée ?

22 R. Je ne me souviens pas de qui.

23 Q. Quand cette idée a-t-elle vu le jour ?

24 R. Je ne le sais pas exactement. Peut-être, à la fin 1991, en gros. Peut-

25 être plus tard.

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1 Q. Est-ce que vous avez été impliqué dans cette entreprise ?

2 R. J'en avais connaissance, mais je ne crois pas que quoique ce soit ait

3 vraiment eu lieu, ait vraiment été fait.

4 Q. Je ne me rappelle plus si je vous ai posé cette question déjà ? Mais je

5 voudrais savoir si M. Krajisnik n'a jamais participé aux réunions du

6 cabinet du gouvernement auquel vous ayez, vous-même, assisté à Pale ? Je

7 parle du gouvernement de la Republika Srpska. L'avez-vous vu lors de ces

8 réunions ?

9 R. Je ne m'en souviens pas. Je ne pense pas mais je ne me souviens pas

10 exactement.

11 M. STEWART : [interprétation] Je n'ai plus de questions.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Maître Stewart.

13 Monsieur Antic, vous allez maintenant être contre-interrogé par M.

14 Margetts, je pense, qui intervient pour le Procureur.

15 M. MARGETTS : [interprétation] Merci. J'allume mon micro.

16 Contre-interrogatoire par M. Margetts :

17 Q. [interprétation] Monsieur Antic, vous nous avez parlé d'une réunion du

18 3 avril 1992, du gouvernement de Bosnie-Herzégovine. Vous étiez présent

19 lors de cette réunion. Vous avez parlé d'un certain nombre de propos tenus

20 par Alija Izetbegovic lors de ladite réunion.

21 Nous disposons d'un enregistrement de la session de la présidence qui a

22 lieu le même jour. Est-ce que vous avez également participé à la session de

23 travail de la présidence de ce jour-là ?

24 R. Non.

25 Q. Lors de cette session de la présidence, M. Izetbegovic a parlé des

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1 problèmes de Bijeljina de la manière suivante. Il a dit. Je cite : "A

2 Bijeljina, une unité paramilitaire est entrée dans la ville. Des gens ont

3 été tués et blessés. Il y a encore des meurtres qui se déroulent." Donc, il

4 s'agissait des hommes d'Arkan.

5 Est-ce que ce sont les mêmes termes qu'il a utilisés pour parler de la

6 situation à Bijeljina au cours de la session de travail du gouvernement ?

7 R. Je ne sais pas exactement s'il s'agissait exactement des mêmes termes

8 mais c'est à peu près ce qu'il a dit.

9 Q. Mais pour vous ce qui se passait à Bijeljina, c'était que des civils y

10 avaient été tués par les unités d'Arkan ?

11 R. Oui. Oui. Effectivement, ils ont dit que c'était un problème et ils en

12 ont parlé lors de cette réunion.

13 Q. En deuxième lieu, M. Izetbegovic, en parlant de Kucanjak, a dit que les

14 défenses de la réserve de la Défense territoriale devaient être mobilisées

15 et il a décrit : "Les foyers de crise en disant qu'il s'agissait de

16 Bijeljina, Kupres, Mostar, Banja Luka, Bosanski Brod."

17 Est-ce qu'il a précisé que, dans tous ces lieux, il était nécessaire de

18 fournir, d'assurer la sécurité ?

19 R. [aucune interprétation]

20 Q. Je n'ai pas entendu votre réponse.

21 L'INTERPRÈTE : Je n'ai pas entendu le témoin.

22 M. MARGETTS : [interprétation]

23 Q. Veuillez répéter. Est-ce que ce sont les localités dont

24 M. Izetbegovic a dit qu'il était nécessaire d'y assurer la sécurité ?

25 R. Pour autant que je m'en souvienne, il a demandé une intervention

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1 uniquement à Bijeljina et il s'agissait là de foyers de crise, de lieux où

2 il y avait crise, effectivement, ceux dont vous avez mentionné.

3 Q. Mais il est possible, n'est-ce pas, que lors de la session de travail

4 de la présidence, il est demandé à ce que la sécurité soit assurée dans

5 d'autres endroits que Bijeljina seulement ?

6 R. Peut-être l'a-t-il fait lors d'une session de travail du gouvernement.

7 Mais moi, non. Je n'ai pas entendu cela lors de la session de travail à

8 laquelle j'ai assisté.

9 Q. Merci.

10 M. MARGETTS : [interprétation] J'ai un certain nombre de documents que je

11 voudrais communiquer aux parties et je voudrais aussi communiquer un

12 exemplaire au témoin.

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Allez-y.

14 M. MARGETTS : [interprétation] Monsieur le Président, le premier document

15 auquel je voudrais faire référence se trouve au niveau de l'intercalaire 1A

16 et je voudrais que l'on montre à

17 M. Antic, ce document. Peut-on attribuer une cote à ce document ?

18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Greffier.

19 M. LE GREFFIER : [interprétation] P979 et la version en anglais P979.1.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie. Monsieur Margetts.

21 M. MARGETTS : [interprétation]

22 Q. Monsieur Antic, est-ce que vous avez sous vos yeux un document,

23 intitulé : "Instructions concernant missions, modes d'action et

24 fonctionnement" ?

25 R. Oui, je l'ai.

Page 18221

1 Q. Donc, vous avez ce document, intitulé : "Instructions sur les missions,

2 modes d'action -- modalités d'action et fonctionnements des forces de la

3 défense des organes de l'Etat et ses sujets dans le domaine de l'économie,

4 des activités sociales de la République serbe de Bosnie-Herzégovine en état

5 de guerre" ?

6 R. Oui.

7 Q. Monsieur Antic, ce document a été présenté au gouvernement le 14

8 juillet 1992, lors des sessions de travail à laquelle vous avez participé.

9 Est-ce que vous vous souvenez avez vu ce document à l'époque ?

10 R. Non. Je ne me souviens pas du tout de ce document, c'est la première

11 fois que je le vois.

12 Q. Monsieur Antic, pour éventuellement vous aider, je vais attirer votre

13 attention sur le document suivant qui figure à l'intercalaire 1B, et là, il

14 s'agit du : "Programme opérationnel de mesures pour empêcher les désordres

15 sociales dans les conditions qui prévalent à l'état de guerre," et c'est un

16 document qui auparavant avait déjà reçu une cote, à savoir, la cote P583,

17 se trouvant à l'intercalaire 76.

18 Monsieur Antic, ce deuxième document, P583, c'est un document dont on a

19 discuté lors des trois différentes sessions de travail de l'assemblée à

20 laquelle vous avez participé, à savoir, la session du 16 juillet 1992, la

21 session du 22 juillet 1992, et une autre session -- lors d'une autre

22 session, je n'ai pas la date. Mais toujours est-il que je voudrais savoir

23 si vous reconnaissez ces documents, est-ce que ces documents vous sont

24 familiers ?

25 R. Oui. Oui.

Page 18222

1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Margetts, vous avez dit que ce

2 document on en a discuté le 16 --

3 M. MARGETTS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, c'est une des

4 versions provisoires de ces documents et il a été prévu que, le 16 juillet,

5 que ce document soit diffusé -- distribué le 17.

6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien merci.

7 M. MARGETTS : [interprétation]

8 Q. Monsieur Antic, je voudrais attirer votre attention sur ce premier

9 paragraphe de ces documents, à savoir : "Suite à l'Article 8 de la loi sur

10 la défense et par rapport aux instructions concernant les missions et les

11 modalités d'action et du fonctionnement des forces de la défense des

12 autorités d'Etat et des entités dans l'économie et les services publics de

13 la République serbe de Bosnie-Herzégovine à un état de guerre, le

14 gouvernement de la République serbe de Bosnie-Herzégovine adopte par la

15 présente ce programme opérationnel des mesures destinées à empêcher les

16 désordres sociales dans les conditions qui prévalent à un état de guerre."

17 Est-ce qu'en la lecture de ce document, vous vous rappelez de ce premier

18 document que je vous ai montré qui figurait à l'intercalaire 1A ? Est-ce

19 que vous vous souvenez de ce programme opérationnel -- puisque vous vous

20 souvenez de ce programme opérationnel de mesures à prendre, est-ce que vous

21 vous souvenez qu'en réalité, ces mesures à prendre devaient normalement

22 mettre en œuvre ou respecter les instructions qui figurent à l'intercalaire

23 1A de ce dossier ?

24 R. Non, je ne me souviens pas vraiment de ces instructions, mais je me

25 souviens de ce programme. Apparemment, au point de vue juridique c'est

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1 justement ce document qui servait de base pour élaborer ce programme.

2 Pourquoi pas, j'ai participé au programme proprement dit, mais en ce qui

3 concerne les instructions, je ne m'en souviens pas, je n'ai jamais vu cela,

4 peut-être que le président du gouvernement l'a vu.

5 Q. Vu vos connaissances quant à la façon dont ce document était élaboré,

6 le fait qu'il -- que l'on trouve une référence précise aux instructions au

7 premier paragraphe de ces mesures opérationnelles, est-ce que vous pouvez

8 dire, sur la base de vos connaissances, que ces programmes opérationnels

9 étaient censés mettrent en œuvres les instructions ?

10 R. Je ne sais ce qui est écrit dans les instructions, probablement que oui

11 si c'est ce qui figure dans le document. Je dirais que oui, que ce document

12 a été élaboré conformément à ces instructions, mais, je n'en sais pas plus.

13 Q. Je voudrais attirer votre attention sur le paragraphe 6 des

14 instructions, le premier paragraphe où on parle des missions dans le

15 domaine de l'économie, et dans le premier paragraphe, le paragraphe 18, il

16 s'agit de la page 7 de la version en B/C/S.

17 M. MARGETTS : [interprétation] Je vois que le témoin est en train

18 d'examiner les mesures opérationnelles, mais je me demande s'il serait

19 possible de lui demander d'examiner le premier document, il s'agit donc du

20 chapitre, 6 paragraphe 18 ?

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, c'est sur la page 7 en B/C/S, le

22 paragraphe 18.

23 M. MARGETTS : [interprétation]

24 Q. Monsieur Antic, on y décrit les missions relatives au domaine de

25 l'économie qui figurent au niveau des paragraphes 18, 19 et 20. Est-ce que

Page 18224

1 vous pourriez lire ces paragraphes et confirmer que c'était bien les

2 missions qui étaient les vôtres dans le cadre de votre portefeuille de

3 ministre de l'économie ?

4 R. Oui, je l'ai lu.

5 Q. Merci, Monsieur Antic. Nous allons revenir sur ces missions plus tard.

6 A présent, je voudrais passer à un autre sujet. C'est le sujet de cette

7 présidence étendue ou élargie comme on en a parlée.

8 Monsieur Antic, vous receviez le journal officiel de la Republika Srpska,

9 n'est-ce pas ?

10 R. Bien. Voyez-vous, le gouvernement recevait son exemplaire

11 -- le ministère aussi, oui, on le recevait au sein du ministère,

12 effectivement. Oui, évidemment, on recevait le journal officiel.

13 Q. Vous le lisiez, n'est-ce pas, ce journal officiel ?

14 R. En principe, oui. S'il n'y avait rien n'intéressant dans le contenu que

15 ce journal officiel, je ne lisais pas. Je veux dire relevant de mon champ

16 d'intérêt professionnel.

17 Q. Dans le journal officiel numéro 7, il y a une décision qui a été

18 publiée concernant les amendements à la constitution où il est dit ce qui

19 suit : "Pendant l'état de guerre, la présidence est élargie et comprend les

20 membres suivants, le président de l'assemblée nationale, et le premier

21 ministre du gouvernement de la République serbe de Bosnie-Herzégovine."

22 Est-ce que vous avez lu cette décision à peu près au mois de juin

23 1992 ou plutôt au moment où la décision a été prise ?

24 R. Oui, je suis au courant de cela. Je sais qu'il existe une telle

25 provision pour le cas d'état de guerre.

Page 18225

1 Q. Bien. La présidence de Guerre fonctionnait, n'est-ce pas, et comprenait

2 trois membres, à savoir, Karadzic, Koljevic et Plavsic, mais comprenait

3 aussi Krajisnik et Djeric. C'est exact,

4 n'est-ce pas ?

5 R. La présidence de Guerre comprenait Plavsic, Karadzic, Koljevic, afin la

6 présidence de Guerre. Je ne sais même pas s'il existait en tant que tel. Je

7 ne sais pas s'il y avait une présidence de Guerre, proprement dit.

8 Q. Monsieur Antic, vous avez assisté à la section de travail du 22

9 novembre 1992 de l'assemblée du peuple serbe qui a eu lieu à Zvornik,

10 n'est-ce pas ?

11 R. C'est tout à fait possible mais je ne m'en souviens pas. Pouvez-vous

12 rafraîchir ma mémoire ?

13 Q. Oui. Justement une des questions principales dont on a débattue lors de

14 cette question de travail de l'assemblée était justement la question posée

15 par Milan Trbojevic qui était l'adjoint au vice-premier ministre, et on

16 parlait de la présidence de Guerre qui fonctionnait de fait -- en dépit du

17 fait que toutes les conditions techniques pour son fonctionnement n'avaient

18 pas été remplies, à savoir, il n'y a pas eu déclaration formelle de l'état

19 de guerre -- la proclamation au format de l'état de guerre. Est-ce que vous

20 vous souvenez de cette discussion ?

21 R. Non.

22 Q. Bien. Je vais rafraîchir davantage votre mémoire. Au cours de cette

23 discussion à l'assemblée à laquelle vous avez assistée, Karadzic a dit

24 qu'il était tout à fait favorable à la présidence parce qu'il y avait

25 beaucoup de travail à faire et, si M. Koljevic était occupé, il y a

Page 18226

1 toujours Biljana qui est là même; si Biljana aussi était occupée, M.

2 Krajisnik pouvait faire le travail.

3 Il a dit qu'il n'entrait jamais en conflit avec la présidence et il a

4 dit qu'ils mettent toutes leurs idées sur la table et, ensuite, qu'ils

5 prennent leurs décisions de façon collective.

6 Est-ce que vous vous souvenez de ces commentaires de

7 M. Karadzic ?

8 R. Non, je ne me souviens pas de ses propos, et je ne me souviens pas même

9 avoir été présent à cette session de travail.

10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Margetts, nous passons beaucoup

11 de temps sur une question dont on a débattue à de maintes reprises. Ce

12 témoin a dit : "Qu'à part de la présidence, autrement dit, qui consiste à

13 un trois membres, il y avait des réunions étendues de la présidence, ou les

14 réunions d'une présidence élargie, et que le plus souvent le président de

15 l'assemblée était présent lors de ces réunions." Est-ce que nous devons

16 vraiment continuer à l'infini à poser des questions pour voir si cela

17 existait ou non ?

18 Nous savons très bien qu'il y a un désaccord là-dessus. Apparemment,

19 il n'y a pas vraiment de désaccord quant à la présence et ce qui a été dit,

20 et cetera. Nous disposons d'un certain nombre de documents aussi qui

21 témoignent de la présidence, et je me demande s'il est vraiment nécessaire

22 de continuer à insister là-dessus.

23 M. MARGETTS : [interprétation] Bien, malheureusement, je n'arrive pas

24 vraiment de nouvelle idée là-dessus, mais je vous remercie de vos

25 instructions. Je vais passer à un autre sujet. Là, il s'agit encore de la

Page 18227

1 présidence.

2 Q. Le 6 juillet 1992, lors de la 15e session de travail de la présidence à

3 laquelle a participé en autre M. Krajisnik, on a partagé différentes

4 missions de la présidence. M. Krajisnik était chargé d'organiser les

5 commissions et il était aussi désigné comme la personne responsable du

6 domaine de l'économie.

7 Monsieur Antic, vous avez dit que vous avez parlé de l'économie avec

8 M. Krajisnik lors de vos réunions, vous avez dit que vous avez fait cela

9 parce que c'était un homme d'affaires en vue et expérimenté. Mais en

10 réalité, la raison de cela venait du fait qu'il était le représentant de la

11 présidence responsable justement de ce domaine -- de ce portefeuille. C'est

12 pour cette raison-là que vous l'avez rencontré, n'est-ce pas ?

13 R. Non, c'est la première fois que j'entends parler de cela. C'est

14 spontanément que je suis allé le voir. D'après les connaissances que

15 j'avais, je suis allé le voir pour lui demander des conseils sur le plan

16 économique. C'est la première fois que j'entends dire qu'il ait eu une

17 telle fonction.

18 Q. Monsieur Antic, vous avez aussi dit que c'était la présidence qui

19 commandait les militaires, n'est-ce pas ?

20 R. Oui.

21 Q. Vous avez aussi dit que vous n'avez jamais insisté à des réunions de

22 cette présidence de Guerre, n'est-ce pas, exact ?

23 R. Oui, c'est exact.

24 Q. Le 27 juin 1992, il y a une réunion de la présidence.

25 M. Radovan Karadzic n'a pas été présent lors de cette réunion, et un ordre

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1 avait été donné, par M. Krajisnik, M. Koljevic, Mme Plavsic et M. Djuric,

2 aux militaires pour arrêter les activités d'artillerie dans la région de

3 Dobrinja. Il est exact, n'est-ce pas, Monsieur Antic, que ce n'est pas

4 seulement M. Karadzic qui avait les pouvoirs de donner des ordres aux

5 militaires ?

6 R. Koljevic et Plavsic si probablement. Je ne sais vraiment pas de quelle

7 façon ils avaient réparti leurs tâches entre eux, je ne sais pas qui était

8 responsable de quelle question, je ne sais pas s'il était seul à pouvoir

9 donner des ordres ou est-ce que Koljevic et Plavsic pouvaient y participer

10 également. Je ne sais vraiment pas.

11 Q. Mais vous ne pouvez pas contester le document que j'ai sous les yeux,

12 vous n'êtes pas en mesure de contester le fait que ces trois personnes

13 donnaient des ordres militaires, car vous n'étiez pas là, vous n'étiez pas

14 présent lors des réunions.

15 R. Je ne le sais pas puisque je n'étais pas présent effectivement aux

16 réunions.

17 Q. Monsieur Antic, vous avez parlé de fonctions particulières que vous

18 aviez en tant que ministre de l'économie. Nous avons vu une description de

19 ces documents, dans le document qui a été présenté qui s'appelle 1A, les

20 instructions, ce document faisant en sorte que l'on pouvait s'assurer de la

21 production des biens nécessaires à la guerre, aux activités entourant la

22 guerre.

23 R. Oui, tout à fait. Lorsqu'on parle des besoins de guerre cela veut dire

24 que l'on comprend tous les biens, y compris la nourriture, donc, en passant

25 de la nourriture et en passant par tous les autres marchandises nécessaires

Page 18229

1 pour la guerre. Pour la guerre, vous savez, il faut toujours avoir

2 énormément de biens.

3 Q. Monsieur Antic, je souhaiterais vous référer au document qui se trouve

4 à l'intercalaire 1B de vos documents. C'est le document qui a été coté

5 P583, intercalaire 76, intitulé : "Programmes de mesures opérationnelles

6 pour empêcher qu'il y ait des problèmes au sein de la société," et je

7 souhaiterais vous demander de prendre la page ou les paragraphes 12 et 13

8 de ce même document, je vous prie. Est-ce que vous avez ce document sous

9 les yeux, Monsieur ? Si vous voyez le paragraphe 12, vous pouvez lire que :

10 "La production de plan de production en temps de guerre dans le cadre de

11 l'industrie de la Défense, le ministre de l'Industrie, le ministre de la

12 Défense sont responsables de cela."

13 Il est exact de dire, n'est-ce pas, que c'était votre rôle d'assurer

14 la production de l'équipement pour les besoins ?

15 R. C'est du ministère de la Défense et, puisque plusieurs entreprises

16 étaient composées d'entreprises civiles et d'entreprises militaires, c'est

17 la raison pour laquelle on a placé ici le ministère civil au ministère de

18 l'Economie, ministère de la Défense, mais c'étaient des efforts conjoints

19 déployés par ces entreprises. C'est la raison pour laquelle on voit les

20 deux indications.

21 Q. Au paragraphe 13, il est possible de lire qu'il y a certaines

22 nécessités pour obtenir certains équipements, y compris des armes de

23 munitions et l'équipement. Cette responsabilité incombe au ministre de la

24 Défense, mais ce n'est pas exact de dire qu'une telle responsabilité se

25 trouvait également dans votre juridiction, dans votre zone de

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1 responsabilité, c'est-à-dire, vous étiez ministre de l'Economie et cela

2 faisait partie de vos responsabilités également, n'est-ce pas ?

3 R. C'est le ministère de la Défense pour la plupart -- je crois que c'est

4 le ministère de la Défense pour la plupart. Oui, il y avait certainement

5 des questions relatives aux questions d'économie et pour ce qui est par

6 exemple de l'armement et des munitions c'est le ministère de la Défense qui

7 était chargée de ces questions-là et de la production.

8 Q. Vous avez dit qu'en tant que ministre de l'Economie, cela était de

9 votre responsabilité de distribuer des armes; est-ce que c'est exact ?

10 R. Non, non.

11 Q. Mais, néanmoins, même si c'était hors de votre champ de compétence de

12 votre juridiction est-ce que vous aviez demandé ou ordonné que l'on

13 distribue des armes à des commandants bien spécifiques ?

14 R. Aux commandants, non.

15 Q. Est-ce que vous avez fait une demande que l'on distribue des armes aux

16 commandants des cellules de Crise ?

17 R. Lorsque je suis arrivé à La Haye, j'ai effectivement vu ce document. Il

18 s'agit d'une lettre en l'occurrence, nous parlons du même document cette

19 lettre en l'absence du ministre de la Défense j'ai dû signer cette lettre

20 de façon protocolaire, on ne sait même pas à qui cette lettre est adressée,

21 mais on demande à ce qu'un certain nombre d'équipements militaires soient

22 transférés d'un endroit à l'autre ce qui ne faisait pas partie de mon

23 travail du tout, mais je crois que c'était puisque la personne chargée de

24 ces questions n'étaient pas présente, et je me suis donc occupé de cette

25 question à sa place et je ne sais même pas si on a mené à bien cette

Page 18231

1 demande si effectivement on a effectué cette ordre. Je ne sais si c'était

2 du tout un ordre d'ailleurs c'est simplement une lettre de correspondance,

3 une lettre qui suivait cet ordre et c'était tout. Ce n'était pas une

4 décision en tant que tel.

5 M. MARGETTS : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

6 cette lettre dont fait référence le témoin, est une lettre qui se trouve à

7 l'intercalaire 4, et on trouve "ministère de l'Economie", en date du 24 mai

8 1992, signé par le témoin même. Je demanderais au témoin de prendre

9 l'intercalaire 4 et de nous confirmer qu'il s'agit bien de la lettre dont

10 il vient de faire référence; à ce moment-là, on pourrait peut-être demander

11 au Greffier d'y attribuer une cote.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Je vous écoute, Monsieur le

13 Greffier, pour la cote.

14 M. MARGETTS : [interprétation] Monsieur le Président, on m'informe à

15 l'instant que ce document est déjà versé au dossier. Je suis vraiment navré

16 pour cette légère confusion. Il s'agit de la pièce P529, intercalaire 176.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. C'est ce que l'on vient de

18 m'apprendre également.

19 M. MARGETTS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

20 Q. Monsieur Antic, est-ce bien le document que l'on vous a remis lorsque

21 vous êtes arrivé à La Haye -- que l'on vous a montrée plutôt lorsque vous

22 êtes arrivé à La Haye et dont vous avez fait référence il y a quelques

23 instants ?

24 R. Oui, je ne le vois pas ici, mais je parle du même document, oui. Oui,

25 oui, effectivement, il s'agit de cela c'est bien le document.

Page 18232

1 Q. Donc, c'est absolument exact de dire qu'en tant que ministre de

2 l'Economie, dans le cadre de votre mandat, vous deviez également remplacer

3 certaines personnes qui se trouvaient dans votre juridiction au sein du

4 gouvernement républicain, c'est-à-dire que vous étiez également chargé de

5 missions qui incombait à d'autres personnes ?

6 R. Non, pas du tout. Je l'ai fait en l'absence de la personne chargée de

7 cette question. Je ne sais même pas à qui cette lettre avait été adressée,

8 je ne sais pas du tout c'était probablement la Défense territoriale puisque

9 c'était la Defense territoriale qui avançait des armes en sa possession,

10 mais je crois qu'il s'agit, effectivement, d'eux et c'était en l'absence de

11 la personne chargée du dossier en question.

12 Q. Vous savez, bien sûr, que Zoran Vitkovic était le commandant de la

13 cellule de Crise de Grbavica, n'est-ce pas ?

14 R. Je ne le sais pas, non. Non, je ne connais personne de ce nom.

15 Q. Est-ce que vous n'aviez jamais entendu, de Mme Plavsic ou peut-être

16 d'autres personnes ou en l'apprenant dans les médias, qu'il y avait un

17 criminel qui avait commis un certain nombre de crimes contre les civils

18 d'origine musulmane ou, plus particulièrement, des civils croates également

19 qui s'appelaient Batko ?

20 R. Non, ce n'est pas de Mme Plavsic que j'ai entendu cela. Ce nom m'est

21 connu, mais je ne sais pas d'où je détiens cette information ou d'où j'ai

22 entendu parler de ce nom. C'est un surnom. Je ne sais pas s'il s'agit d'un

23 soldat, d'un policier, je ne sais pas. Je n'ai pas vraiment entendu de la

24 bouche d'une personne, en particulier, c'est simplement quelque chose dont

25 j'ai connaissance.

Page 18233

1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Puis-je poser une question au témoin ?

2 Monsieur, vous venez de dire qu'il s'agissait de veilles armes de la

3 Défense territoriale. Disposer des armes, est-ce que c'est pour l'ensemble

4 de [imperceptible], que représente ces armes ou des armes démodés pour

5 vous ? Mortiers de 60 millimètres, est-ce que c'est une arme qui n'est plus

6 d'usage quand on parle d'un sniper également ? Je me demande qu'est-ce

7 qu'il y a de vieux lorsque l'on parle d'une munition de calibre de 7,62

8 millimètres ?

9 LE TÉMOIN : [interprétation] En fait, la Defense territoriale disposait de

10 ces vieux morceaux de ce vieille équipement qu'ils utilisaient lors de

11 certains exercices, et je crois que le gouvernement vous demandait que l'on

12 déplace ces veilles munitions ailleurs. Je crois que c'était cette demande-

13 là qui a dû être faite, qu'on a accompagné avec cette lettre que j'ai

14 signée. Je ne sais pas que représentent les armes dépassées, ou démodées ou

15 vieilles armes. J'ai simplement signé parce que je voulais envoyer cette

16 lettre de suivie, mais j'imagine que ces personnes ne pouvaient pas

17 remettre ces armes ou transférées ces armes sans avoir une personne du

18 gouvernement qui ait fait la demande, et puisque je venais d'arriver au

19 gouvernement, j'ai dû ne pas du tout porter attention. Je ne savais pas du

20 tout si c'était une question importante ou non.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Permettez-moi de relire votre réponse.

22 Donc, vous ne savez pas si cela a été mis en œuvre. Vous avez dit : "Je

23 crois que c'était la Défense territoriale puisque c'étaient eux qui avaient

24 en leur possession ces types d'armes obsolètes."

25 Donc, il semblerait que vous avez une idée assez précise à savoir qu'il

Page 18234

1 s'agit d'armes obsolètes, périmées qui ne sont plus d'usage dont vous

2 faites référence dans cette lettre. J'aimerais savoir : qu'est-ce qui fait

3 cette liste qui fait état de ces armes et ces calibres divers et qu'est-ce

4 qui fait en sorte que l'on arrivait à la conclusion qu'il s'agit d'armes

5 obsolètes ?

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais je ne le sais pas. Je ne sais pas si là

7 ici, effectivement, pour ce qui est de l'énumération de ces armes et de ces

8 calibres-là, s'il s'agit vraiment de calibres d'armes obsolètes, périmées.

9 Je sais qu'ils s'en servaient au sein de la Défense territoriale, qu'ils

10 disposaient de ce genre d'armes qui n'étaient plus d'usage.

11 Q. Oui. Très bien. Mais, vous avez néanmoins tiré une conclusion à savoir

12 que cette lettre était adressée à la Défense territoriale. Très bien.

13 Monsieur Margetts, veuillez poursuivre.

14 M. MARGETTS : [interprétation]

15 Q. Monsieur Antic, dans le cadre de votre déposition, vous avez déclaré

16 avoir eu une réunion avec M. Krajisnik, de l'avoir rencontré lorsque vous

17 étiez ministre du gouvernement de Bosnie-Herzégovine, est-ce exact de dire

18 que vous n'aviez eu qu'une seule réunion avec M. Krajisnik ?

19 R. J'ai parlé de notre première rencontre. Après cela, je ne m'en souviens

20 plus pour ce qui est de la période subséquente. Je crois qu'il n'y a pas eu

21 d'autres réunions mais je ne pourrais vraiment pas vous le garantir, vous

22 l'affirmer avec certitude parce que je n'ai pas tenu de carnets personnels

23 pour savoir avec qui j'ai eu des réunions, mais je sais que, cette fois-là,

24 nous nous étions réunis pour nous rencontrer.

25 Q. Nous disposons d'un certain nombre de documents qui suggèrent qu'il y a

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1 eu d'autres réunions avec lui, peut-être pas seul mais en présence du Dr

2 Karadzic. Est-ce que c'est exact de dire que vous avez eu d'autres réunions

3 avec M. Krajisnik outre celle dont vous nous avez parlé ?

4 R. De quelle période vous parlez exactement ?

5 Q. A l'époque où vous étiez ministre au sein du gouvernement de Bosnie-

6 Herzégovine, et également pendant la période pendant laquelle vous étiez

7 membre du conseil ministériel de l'assemblée du peuple serbe ?

8 R. C'est, tout à fait, possible.

9 Q. En réalité, autour du mois de février 1982, vous vous êtes rencontré

10 avec Karadzic et Krajisnik et, en fait, ils vous ont demandé d'aller à

11 Belgrade, n'est-ce pas ?

12 R. Je ne m'en souviens pas dans quel but d'aller à Belgrade.

13 Q. Au tout début de l'année 1992, certains efforts avaient été déployés

14 dans le but de scinder …

15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le témoin a déclaré ce matin autre chose

16 que j'ai peut-être mal compris. Il me semble qu'il a dit qu'il avait de

17 cinq à six réunions avec M. Krajisnik. Il a dit : "Non, non, pas très

18 souvent, peut-être cinq à six fois au cours de mon mandat, peut-être pas

19 autant." Ensuite, il y a eu plusieurs questions, à savoir ce dont il avait

20 parlé avec M. Krajisnik lors de réunions.

21 Donc, j'ai quelque peu du mal à suivre à moins que vous ne nous disiez --

22 avant que vous n'encadriez votre question de façon temporelle, à savoir si

23 c'était pendant qu'il était ministre.

24 M. MARGETTS : [interprétation] En fait, il a eu deux mandats en tant que

25 ministre du gouvernement de Bosnie-Herzégovine et, ensuite, une autre fois

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1 en tant que ministre de la Republika Srpska.

2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. J'ai peut-être omis de faire

3 cette petite différence. Permettez-moi de vérifier ?Vous avez, tout à fait,

4 raison. Bien, je suis désolé.

5 M. MARGETTS : [interprétation] En réalité, j'ai posé autres choses. J'ai

6 demandé quelque chose d'autres également, mais la question n'a pas été

7 encore répondue. Il a été membre du conseil ministériel et la Chambre a

8 déjà reçu des procès verbaux. Donc, avant qu'il ne soit nommé en tant que

9 ministre de la Republika Srpska, il y a eu cela également.

10 Monsieur le Président, je remarque l'heure.

11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

12 M. MARGETTS : [interprétation] Il serait peut-être plus propice de

13 continuer demain.

14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je vous comprends très bien. Donc,

15 la Défense a respecté le temps imparti et je vais voir quel a été le nombre

16 d'heures.

17 M. STEWART : [interprétation] Je crois que nous avions prévu initialement

18 trois heures 30 et, très récemment, nous avons fait évaluer notre demande.

19 Mais, en fait, nous nous étions retrouvés avec les trois heures 30.

20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. En examinant le livre, un

21 cartable, vous verrez, en fait, que la règle du 60 % s'applique encore.

22 Donc, Monsieur Antic, je vous demanderais de ne pas parler avec qui que ce

23 soit du témoin que vous avez fait devant cette chambre. Ne vous en tenez

24 pas non plus de ce que vous allez dire demain. Donc, je vous reverrai

25 demain, mais non pas demain matin mais plutôt demain dans l'après-midi. La

Page 18237

1 séance sera maintenant levée jusqu'à demain après-midi dans la salle

2 d'audience numéro II.

3 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, mon commentaire à

4 trait également à la protection de M. Antic. Autre chose, il arrive souvent

5 que des témoins, qui se trouvent ensemble à La Haye, se trouvent dans un

6 lieu qui leur permet de communiquer avec d'autres témoins qui témoignent

7 dans la même affaire. Je vois que

8 M. Antic pourrait, étant un homme libre, se trouver intéresser à parler à

9 une autre personne qui devrait venir témoigner dans cette même affaire.

10 Bien sûr qu'il est, tout à fait, possible de parler de football ou autre

11 chose, mais je crois qu'on pourrait peut-être demander à M. Antic d'éviter

12 d'entrer en contact avec les témoins qui témoigneront dans cette même

13 affaire, simplement pour sa propre protection, simplement pour être tout à

14 fait certain qu'il n'est pas tenté justement de parler de plus que des

15 choses tout à fait banales.

16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Donc, Monsieur Antic, je ne

17 sais pas si vous avez entendu le commentaire de

18 M. Stewart, mais il vient d'attirer mon attention sur le fait qu'il vous

19 est tout à fait possible de voir d'autres personnes qui seraient peut-être

20 intéressées à parler de votre témoignage ou de votre déposition devant

21 cette Chambre de première instance et que, même si vous souhaiteriez parler

22 de questions comme le football, par exemple, avec cette même personne, vous

23 pouvez peut-être attendre avant de leur en parler, peut-être attendre avant

24 le prochain match de football, avant de vous entretenir avec eux sur ces

25 sujets. Donc, je vous demanderais peut-être de ne pas entrer en contact

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1 avec les personnes avec lesquelles vous serez peut-être tenté de parler non

2 seulement de football mais également d'autres choses, n'est-ce pas ?

3 Monsieur Tieger. Oui, je vous écoute.

4 M. TIEGER : [interprétation] Monsieur le Président, je ne voudrais pas

5 étirer cette session plus longuement, mais j'ai une petite question de

6 précision. Simplement, je voulais vous dire que nous allions commencer avec

7 le prochain témoin demain. Je voulais en fait m'assurer que c'est bien le

8 cas.

9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Stewart, je vous écoute. La

10 dernière fois, vous avez demandé, en fait, que l'on ne poursuivait

11 immédiatement avec le prochain témoin.

12 M. STEWART : [aucune interprétation]

13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.

14 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, demain après-midi,

15 voilà ce que je vous demanderais de me permettre de dire c'est d'y

16 réfléchir cet après-midi.

17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais l'Accusation souhaiterait savoir --

18 avoir une réponse avant cela puisqu'ils pourront se préparer, Maître.

19 M. STEWART : [interprétation] Non. Je crois que nous ne pourrions pas

20 suivre immédiatement si l'Accusation voudrait savoir immédiatement la

21 réponse, bien, nous ne pourrions pas.

22 En fait, nous pourrions peut-être remmener le témoin demain et commencer

23 avec l'autre témoin immédiatement.

24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien, si cela --

25 M. STEWART : [interprétation] Si M. Tieger voulait d'autres membres de

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1 l'Accusation ou les Juges de la Chambre, si cela ne dérange aucunement,

2 nous pourrions peut-être commencer avec le témoin mercredi matin.

3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Peut-être vers la fin de la

4 semaine.

5 M. STEWART : [interprétation] Je crois qu'il n'y aura pas de difficulté,

6 Monsieur le Président.

7 M. TIEGER : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

8 comme vous le savez, j'essayais simplement d'avoir un petit peu de

9 précision, je ne veux pas prendre de décision. Je voulais simplement savoir

10 quelle était la situation avant de planifier notre propre réponse.

11 M. STEWART : [interprétation] Je voulais simplement aider.

12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous nous attendons à ce que la Défense

13 commence l'interrogatoire du prochain témoin mercredi après-midi, et si la

14 Défense souhaite éviter tous risques possibles, à ce moment-là, la Défense

15 devrait informer si elle souhaite commencer mardi après-midi, immédiatement

16 après ce témoin, l'audition du prochain témoin; à ce moment-là, il devrait

17 informer l'Accusation de cela dans une heure -- dans une heure à partir de

18 maintenant.

19 M. STEWART : [interprétation] Très bien, je vous remercie, Monsieur le

20 Président.

21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'ai déjà dit que la séance est levée.

22 Nous nous reverrons demain, dans l'après-midi dans la salle d'audience

23 numéro II.

24 --- L'audience est levée à 13 heures 54 et reprendra le 8 novembre 2005, à

25 14 heures 15.