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1 Le vendredi 28 avril 2006
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 26.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Mesdames et Messieurs.
6 Monsieur le Greffier, veuillez, je vous prie, appeler l'affaire.
7 M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Affaire
8 IT-00-39-T, le Procureur contre Momcilo Krajisnik.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Greffier.
10 Je suis vraiment navré de ces problèmes logistiques, mais la Chambre avait
11 quelques petits problèmes logistiques à résoudre pour quelques minutes.
12 Après la pause, je vais revenir sur la question du e-mail, mais pour
13 l'instant, je demanderais à la Défense de poursuivre son interrogatoire
14 principal de M. Krajisnik. Mais avant cela, je souhaiterais vous rappeler
15 que vous êtes encore lié par la même déclaration solennelle que vous avez
16 prononcée au début de votre déposition.
17 Maître Stewart, c'est à vous, je vous écoute.
18 M. STEWART : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
19 LE TÉMOIN : MOMCILO KRAJISNIK [Reprise]
20 [Le témoin répond par l'interprète]
21 Interrogatoire principal par M. Stewart : [Suite]
22 Q. [interprétation] Monsieur Krajisnik, pourriez-vous, je vous prie,
23 consulter de nouveau le document que nous avions regardé hier. Il s'agit de
24 la référence 17 pour vous, Monsieur Krajisnik.
25 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, vous remarquerez que M.
26 Krajisnik a un document qui l'aide à se retrouver, à repérer le passage ou
27 les passages en question.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien.
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais sortir ce document sous peu. Pourriez-
2 vous me rappeler à quelle référence vous faisiez allusion, s'il-vous-
3 plait ?
4 M. STEWART : [interprétation]
5 Q. Oui, très bien. C'est le document qui a trait à la deuxième session de
6 l'assemblée serbe du 1er, ou plutôt, du 21 novembre 1991. Je comprends,
7 Monsieur Krajisnik, que vous allez sortir ce document sous peu. Vers la fin
8 du document, si vous prenez la fin du document, revenez quelque peu en
9 arrière. C'est la page 49 en anglais. Le document figure déjà à l'écran,
10 Monsieur le Président, Messieurs les Juges.
11 R. J'ai trouvé la référence 16, mais je ne trouve pas la référence 17.
12 M. STEWART : [interprétation] Si vous prenez la page 16, donc à partir de
13 la page 16 ou après la page 16, vous verrez l'intitulé concernant M.
14 Velibor Ostojic. C'est à ce moment-là qu'il a pris la parole. C'est ce
15 passage qui nous intéresse.
16 R. Oui. Malheureusement, les pages sont vides. J'ai les pages 114 et 115,
17 et ensuite j'ai des pages blanches. J'ai aussi les pages 116 et 117 -- ou
18 plutôt, excusez-moi.
19 Q. Je ne sais pas si les interprètes de la cabine pourraient vous guider.
20 C'est la page 49 en anglais, mais en B/C/S, je ne sais pas de quelle page
21 il s'agit. C'est l'endroit où l'assemblée a adopté de façon unanime la
22 décision qui a été proposée concernant le soutien de la JNA et la
23 mobilisation, et c'est M. Velibor Ostojic qui prend la parole.
24 M. TIEGER : [interprétation] Pour vous venir en aide, c'est à la page 52 en
25 B/C/S. Le numéro est le 01-205.
26 M. STEWART : [interprétation]
27 Q. Monsieur Krajisnik, je ne sais pas si vous avez saisi cela ? C'est à la
28 page 52, dans votre document à vous.
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1 Merci, Monsieur Tieger.
2 R. Oui, effectivement. C'est que c'est en deux parties. C'était là, il y a
3 peut-être confusion. Mais malheureusement, non, ce n'est pas sur la page
4 52.
5 Q. Mais vous l'avez trouvé; n'est-ce pas ?
6 R. Non, non. A la page 52, je vois 008681.
7 Q. Monsieur Krajisnik, est-ce que vous avez trouvé le passage où M.
8 Ostojic prend la parole ?
9 R. Non, je ne l'ai pas trouvé.
10 Q. Bon.
11 R. En fait, les pages sont blanches, je ne vois rien. Malheureusement, je
12 n'ai pas de texte. Voilà, j'ai eu l'aide de Mme l'Huissière. C'est à la
13 page 52, merci.
14 Q. M. Ostojic dit : "M. le Président, Mesdames et Messieurs, membres de la
15 l'assemblée, chers invités. Vous avez pu entendre plusieurs discours de nos
16 députés qui mentionnaient les médias en Bosnie-Herzégovine. Le dernier
17 discours était un exemple frappant de la façon dont les médias en Bosnie-
18 Herzégovine parlent du peuple serbe et de cette république. Permettez-moi
19 maintenant de préciser ma proposition en vous étalant quelques exemples.
20 Dernièrement, les médias en Bosnie-Herzégovine, ayant hérité des politiques
21 éditoriales précédentes, se sont servis du pouvoir politique et de la
22 pression qui était exercée sur le peuple serbe et leurs représentants. Le
23 peuple serbe de la Bosnie-Herzégovine est sous un blocus d'information. Une
24 énorme pénétration des médias et d'autres environnements, d'autres médias,
25 a résulté en le fait que les médias se prononcent de façon antiserbe et
26 antiyougoslave en Bosnie-Herzégovine. Cette idée a été rapportée de façon
27 sans équivoque par les médias dans une Croatie qui est en guerre, et les
28 médias sont anti-Serbes et anti-Yougoslaves."
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1 Est-ce que vous avez trouvé, M. Krajisnik ? Parce que je vois que
2 vous êtes en train de feuilleter le passage.
3 R. Vous m'avez dit qu'il s'agissait de l'assemblée du SDS, et je l'ai sous
4 les yeux. Il s'agit probablement de l'assemblée du peuple serbe. Pourriez-
5 vous, s'il vous plaît, me donner le titre du document ?
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Attendez, je vais essayer de vous venir
7 en aide. Monsieur Krajisnik, l'assemblée de -- est-ce que la deuxième
8 session, plutôt, de l'assemblée du peuple serbe de Bosnie-Herzégovine ?
9 Vous trouverez cette référence en bas de la page 52, et elle se poursuit
10 sur la page 53. On voit les mots "nacionalno" à la troisième ligne de la
11 page 53, en B/C/S.
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, j'ai trouvé, effectivement, j'ai trouvé.
13 Oui, oui, j'ai trouvé le passage.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous aimeriez peut-être relire, en votre
15 for intérieur, cette partie ?
16 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai entendu M. Stewart, j'ai entendu ses
17 propos et je peux répondre, avec votre permission.
18 M. STEWART : [interprétation]
19 Q. Attendons d'entendre la question, Monsieur Krajisnik -- avant de
20 répondre.
21 Voilà ma question. Ma question est la suivante. J'ai donné lecture
22 d'un passage, mais je vous pose la question suivante, maintenant : est-ce
23 que vous-même, à l'époque, aviez remarqué quelque chose qui irait à l'appui
24 de ce qu'a dit M. Ostojic, que le peuple serbe en Bosnie-Herzégovine
25 subissait un blocus d'information ? Si oui, de quoi s'agit-il exactement ?
26 R. Je partage l'opinion de M. Ostojic, mais je souhaiterais ajouter
27 quelque chose. M. Ostojic travaillait à la radiotélévision de Sarajevo, et
28 il avait beaucoup plus d'informations que nous, donc ce qu'il disait était
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1 beaucoup plus informé que moi. En tant que simple citoyen, je n'avais pas
2 accès à toute cette information en lisant les médias et en regardant la
3 télévision.
4 Il est vrai que dans les médias de Sarajevo, dans les journaux de
5 Sarajevo, il existait un blocus d'intérêts serbes par rapport à ce qui se
6 passait en Croatie, c'est-à-dire, pour répondre à votre question, je
7 soutiens ce qu'a dit M. Ostojic, mais c'était lui qui détenait des
8 informations beaucoup plus concrètes que moi qui, à l'époque, n'était qu'un
9 simple citoyen.
10 Q. Le mot blocus est un mot plutôt général, plutôt large. Lorsque
11 vous dites que les médias imposaient les blocus sur les intérêts serbes par
12 rapport à ce qui se passait en Croatie, est-ce que vous pourriez être un
13 peu plus précis pour nous indiquer quelles démarches pratiques avaient été
14 prises par les médias pour exercer ce blocus ?
15 R. Les Serbes avaient l'impression qu'on favorisait le côté musulman et
16 que puisque le côté était lié, leurs intérêts étaient étroitement liés avec
17 les intérêts de la Croatie, le peuple serbe pensait que les informations
18 positives concernant les Serbes étaient bloquées et que l'on confirmait les
19 informations qui ne convenaient aux intérêts croates.
20 Je peux dire en tant qu'homme que toutes les périodes d'avant la
21 guerre, pendant toutes les périodes, on avait un problème avec la
22 radiotélévision et les médias en Bosnie-Herzégovine, et que les Serbes se
23 plaignaient de l'objectivité des médias lorsque l'on parlait des intérêts
24 serbes. Ce problème existe encore aujourd'hui dans la fédération entre les
25 Croates et les Musulmans, lorsqu'on parle des médias de Sarajevo, et
26 Sarajevo détient le plus grand nombre de médias.
27 Q. Un peu plus loin dans ce transcript, nous pouvons lire, une page plus
28 bas, en anglais et en B/C/S, en bas de la page 51 en anglais.
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1 Est-ce que vous voyez, une décision, la décision de l'assemblée du
2 peuple serbe de Bosnie-Herzégovine, et ensuite la décision relative à la
3 requête de diviser la propriété des chaînes de télévisions conjointes; est-
4 ce que vous voyez cela ?
5 R. Oui.
6 Q. Ensuite, à la page 52 en anglais, cette décision avait été adoptée,
7 apparemment. De tous parmi les dirigeants principaux du SDS, est-ce qu'il y
8 avait quelqu'un qui était responsable de cette question précise relative
9 aux médias, quelqu'un qui était saisi de cette requête, de cette demande de
10 scinder ou de diviser les chaînes de télévision ?
11 R. Je ne me souviens pas s'il y avait une personne en charge de cette
12 question, mais je sais que M. Ostojic était le ministre de l'Information au
13 sein du gouvernement de Bosnie-Herzégovine, et que c'était sa
14 responsabilité à lui au sein de la Bosnie-Herzégovine. C'était lui qui
15 était le responsable de décider, de mettre en oeuvre cette décision qui n'a
16 jamais, en réalité, eu lieu. Donc, la mise en œuvre de cette décision n'a
17 jamais eu lieu.
18 Q. M. Krajisnik, il était ministre à l'époque ? Il était nommé au poste de
19 ministre ?
20 R. M. Ostojic était le ministre de l'Information au sein du gouvernement
21 de Bosnie-Herzégovine. Il avait la fonction de ministre de l'Information.
22 Cela veut dire que les médias étaient sous sa responsabilité en Bosnie-
23 Herzégovine et pour l'ensemble du territoire de la Bosnie-Herzégovine. Il
24 relevait de sa compétence.
25 Q. Il a été nommé après, plus tard, n'est-ce pas, en tant que ministre de
26 l'Information pour la Republika Srpska; est-ce que c'est exact ?
27 R. Oui. Mais je parle à l'époque. Au début, il était ministre de
28 l'Information au sein du gouvernement de Bosnie-Herzégovine. Lorsqu'on a
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1 procédé à la création de la République serbe de Bosnie-Herzégovine, c'était
2 lui qui occupait ce poste. Vous avez tout à fait raison. Mais beaucoup plus
3 tard d'ailleurs.
4 Q. Monsieur Krajisnik, je souhaiterais que l'on passe à la
5 3e Session de l'assemblée du peuple de Bosnie-Herzégovine, qui porte la
6 date du 11 décembre 1991.
7 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, Messieurs les Juges,
8 ce transcript n'est pas encore versé au dossier.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ne s'agit-il pas de P65, intercalaire 62,
10 la session du 11 décembre ?
11 M. STEWART : [interprétation] Nous pensons qu'il ne s'agit que du PV. Je
12 crois qu'il ne s'agit que du PV, mais je peux me tromper. Je vois que l'on
13 peut facilement se tromper dans cette affaire pour ce qui est de cette
14 question ou transcript de procès-verbal.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le transcript, oui, oui. Je vois qu'il
16 s'agit de notes sténographiques. Il faudra absolument lui attribuer une
17 cote.
18 Monsieur Tieger, je vous écoute.
19 M. TIEGER : [interprétation] Je ne peux pas résoudre ce problème avec une
20 précision, mais si je me souviens bien, cette session, on y a fait
21 référence à de nombreuses fois en y attribuant une cote qui existait déjà.
22 Je crois qu'il faudra attribuer une cote à ce document. Mais je crois que
23 l'on a déjà fait référence à cette question, et que l'on y avait déjà
24 attribué une cote. Il faudrait peut-être voir. En fait, c'est le transcript
25 qui avait reçu une cote, peut-être pas nécessairement le PV.
26 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il y a peut-être une différence, je ne
27 sais pas. La cote ou le numéro de ce transcript semble aller de la page 1 à
28 la page 74. L'exemplaire que vous nous avez fourni va de la page 75 à la
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1 page qui commence par - en fait, on commence avec la page 2. Les deux
2 documents se ressemblent. Avant de décider d'y attribuer une cote, je vais
3 me servir des deux exemplaires dont l'un est déjà versé au dossier.
4 M. STEWART : [interprétation] Très bien. Ce que nous allons faire, nous
5 allons remettre la version à M. Krajisnik en B/C/S avec les références.
6 Notre assistant a les exemplaires en main pour les distribuer.
7 Q. Monsieur Krajisnik, au tout début du document - et pour vous rappeler,
8 il s'agit de la 3e Session du 11 décembre de l'assemblée du peuple serbe,
9 page 4, en anglais, note pour vous, 1.
10 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, je vous inviterais de
11 voir de quoi il s'agit. C'est une recommandation envoyée aux forces armées
12 de préserver le territoire et l'intégrité de la Yougoslavie.
13 "Car l'assemblée du peuple serbe donne son soutien entier à la JNA.
14 On parle de l'intégrité de la Yougoslavie et de ses frontières."
15 Deuxième partie.
16 L'INTERPRÈTE : M. Stewart lit pour lui-même. On n'arrive pas à le suivre du
17 tout. L'interprète n'a pas retrouvé de passage, désolé.
18 M. STEWART : [interprétation] Je suis désolé. L'interprète de la cabine
19 française a demandé de répéter le passage.
20 "Recommandations lancées aux forces armées relatives à la préservation de
21 l'intégrité territoriale de la Yougoslavie."
22 Au point 1 : "L'assemblée du peuple serbe donne son soutien entier à
23 l'armée de la JNA, s'agissant de ses efforts, de préserver l'intégrité du
24 territoire de la Yougoslavie à l'intérieur de cette frontière, et en
25 rappelant que le peuple désire y rester."
26 Je ne vais pas lire les phrases qui suivent.
27 Au point 2 : "Le rôle de la JNA, sous la constitution, l'assemblée du
28 peuple serbe en Bosnie-Herzégovine s'attend que l'armée du peuple
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1 yougoslave déploie et donne la protection nécessaire dans le but de
2 défendre les vies et les biens en cas de danger au territoire serbe en
3 Bosnie-Herzégovine, et au peuple de donner le soutien à la protection du
4 peuple serbe, ainsi qu'aux autres peuples vivant sur le territoire en
5 Bosnie-Herzégovine indépendamment de l'endroit d'où ils proviennent."
6 Monsieur Krajisnik, vous êtes le président ici. Ensuite,
7 M. Slobodan Bijelic prend la parole. Il fait une proposition en anglais. Il
8 y a un paragraphe qui commence avec des lettres majuscules, donc en anglais,
9 page 4. "Demande publique ou demande à la JNA de défendre avec tous les
10 moyens à sa disposition le territoire de Bosnie-Herzégovine, ainsi que les
11 citoyens et tous ce qui s'y trouve à l'intérieur en tant que partie
12 intégrante de l'Etat de Yougoslavie, car un plébiscite a été mené par le
13 peuple serbe et d'autres citoyens qui ont choisi de rester dans un Etat
14 conjoint de Yougoslavie. Une décision a été adoptée par l'assemblée du
15 peuple serbe en Bosnie-Herzégovine sur les territoires des municipalités,
16 communes locales et hameaux en Bosnie-Herzégovine, qui sont considérés
17 comme faisant partie d'un territoire d'un Etat fédéral de Yougoslavie."
18 Ensuite : "Cette demande, cet appel fait référence à l'ensemble du
19 territoire de Bosnie-Herzégovine, à l'exception des territoires des
20 municipalités de Grude, Ljubuski, Listica, Citluk, Kresevo, Posusje,
21 Fojnica et Gornji Vakuf."
22 Monsieur Krajisnik, quelles sont les caractéristiques, si ces municipalités
23 avaient des caractéristiques. Quelles sont les caractéristiques de ces
24 municipalités énumérées, qui faisaient en sorte que ces municipalités
25 étaient exclues de cet appel lancé à l'endroit de la JNA ?
26 R. Il s'agit des municipalités ayant des Croates en tant que majorité,
27 donc avec une majorité de peuple croate. Je présume que ce plébiscite
28 n'avait pas été organisé et que les citoyens n'avaient pas voté, ne
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1 s'étaient pas exprimés, pour donner une réponse à votre question, puisqu'il
2 ne s'agissait que de supplément à votre question. Souhaiteriez-vous que je
3 réponde à votre question ?
4 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, je ne vais pas
5 déployer les cartes, mais vous verrez en consultant les cartes vous-même
6 que ces municipalités de Grude et Ljubuski, et cetera, se trouvent dans la
7 partie sud-ouest de Bosnie-Herzégovine. Vous verrez, Monsieur le Président,
8 Messieurs les Juges, où ces municipalités se trouvent par rapport à la
9 Croatie.
10 Si vous passez à la note 3, pour vous, page 6, en anglais. Est-ce que vous
11 voyez cette référence 3, Monsieur Krajisnik ?
12 R. Oui, c'est à la page 6 également en B/C/S, SA02438.
13 Q. Je ne peux pas vous aider. Enfin, je ne peux pas vous dire si c'est
14 bien le numéro que vous m'avez lu. Est-ce que vous pouvez voir ma note 3,
15 en marge ?
16 R. Oui.
17 Q. Le Dr Milutin Najdanovic parle. Il dit : "Il est épouvantable de penser
18 à la possibilité que l'Allemagne pourrait intervenir dans cette guerre. Il
19 faut nous préparer pour cette éventualité."
20 Monsieur Krajisnik, est-ce que c'est effectivement possible que
21 l'Allemagne ait pu être impliquée, ait pu entreprendre une action, puis
22 jouer un rôle dans cette guerre ?
23 R. Non, absolument pas, pas du tout. Il pensait à la Deuxième Guerre
24 mondiale, et il a comparé la JNA. En fait, il a comparé les deux situations
25 lors de la Deuxième Guerre mondiale. La JNA devait défendre le pays de
26 l'agresseur externe. C'est une façon peut-être un peu maladroite de parler
27 de la Deuxième Guerre mondiale en insinuant, parlant de l'Allemagne.
28 Q. En plus : "Si nous arrivons à défendre nos territoires pour permettre à
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1 la majorité de notre peuple de vivre ensemble, est-ce que nous avons étudié
2 toutes les éventualités, toutes les alternatives ? Sommes-nous pour une
3 Yougoslavie réduite ou sommes-nous pour une Serbie intégrale ? A quoi
4 ressemblerait cette communauté avec les Musulmans ? A quoi ressemblerait-
5 elle sans les Musulmans ? Est-ce que les terres serbes, que l'on appelle
6 terres serbes, constitueraient une fédération ou est-ce qu'il s'agirait
7 d'un état unitaire de peuple serbe ?"
8 M. Najdanovic, est-ce que lorsqu'il a énuméré ces possibilités, est-ce
9 qu'il pensait à ce concept que l'on a déjà appelé la Grande-Serbie ? Est-ce
10 qu'il faisait référence à cela par hasard ?
11 R. Non, non. La réponse est non. M. Najdanovic est un homme éduqué, c'est
12 un professeur d'université. Il était marié avec une femme juive. En tant
13 que professeur de médecine, il a essayé d'expliquer de façon philosophique
14 ce que cela voulait dire. Mais il n'y a absolument aucune connotation à une
15 Grande-Serbie.
16 Q. Lorsqu'il parle d'une Serbie intégrale, est-ce que vous savez ce qu'il
17 voulait dire par là ?
18 R. Vous savez, il s'agissait d'une époque qui a suivi à la période du 14
19 octobre, c'est-à-dire, c'est à cette date-là que l'on a formé l'assemblée.
20 Une multitude d'idées est née à ce moment-là. Il a dit lors du plébiscite :
21 Nous nous étions exprimés pour la Yougoslavie. Les Musulmans ne veulent pas
22 de Yougoslavie, les Croates n'en veulent pas d'une Yougoslavie entière. Et
23 les gens qui se sont exprimés en faveur de rester au sein de la Yougoslavie
24 voulaient savoir à quoi ressemblerait cette Yougoslavie, comment est-ce
25 qu'on voulait résoudre le problème des minorités. C'est simplement une
26 réflexion, une part du plébiscite.
27 Alors, il dit : Voilà, nous nous sommes déclarés lors du plébiscite.
28 Nous prenons une décision, nous demandons à la JNA de nous défendre. Mais
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1 qu'est-ce que nous allons faire avec les minorités ? C'est plutôt une idée
2 qu'il a lancée pour essayer de trouver une réponse aux éventuels problèmes.
3 Il voulait simplement savoir si les gens avaient réfléchi à cela et si
4 quelqu'un avait une solution à proposer.
5 Q. Oui. Merci, Monsieur Krajisnik. Je crois que c'est clair, que les Juges
6 de la Chambre ont saisi, et je crois cela. Je voulais savoir si, lorsque ce
7 dernier, le conférencier parle d'une Serbie intégrale, si vous pouvez nous
8 dire ce que vous aviez compris lorsqu'il a parlé de cette possibilité-là
9 parmi d'autres d'une Serbie intégrale ? Qu'est-ce que cela veut dire
10 exactement ? Qu'est-ce que cela voulait dire pour vous à l'époque ?
11 R. Nous nous battions contre une Bosnie unitaire. Nous luttions contre
12 tout ce qui est décentralisé. Il nous a dit : Voilà, vous avez obtenu le
13 plébiscite. Quel genre de Yougoslavie souhaiteriez-vous obtenir, une unité
14 militaire ou comme il a été question avant lorsque nous avons proposé au
15 côté musulman et croate d'être décentralisé, moderne, et cetera. Il ne l'a
16 pas dit, mais je sais que c'est ce qu'il pensait. C'était un homme avec des
17 points de vue larges. Il voulait rappeler les députés, il voulait nous
18 rappeler de ce que nous disions lorsque nous avions proposé à l'autre côté
19 ce que nous voulions, ce que nous pensions lorsqu'on parlait d'une Bosnie.
20 En son nom, je devrais dire la chose suivante : nous avions fait une
21 proposition à l'autre côté en voulant dire que nous n'avions pas le droit
22 de créer une Serbie unitaire, car ceux qui étaient contre le fait de rester
23 en Yougoslavie ont le droit de s'y opposer. Il a simplement présenté les
24 problèmes en nous rappelant de ce que nous avions proposé à l'autre partie.
25 Alors, nous savions ce que nous voulions avant. Maintenant, nous avions
26 obtenu le plébiscite, il voulait savoir si nous savions ce que nous voulons
27 pour l'avenir.
28 Q. Monsieur Krajisnik, pouvez-vous maintenant passer un peu plus loin dans
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1 le document pour retrouver la référence 7. On ne va pas passer toutes les
2 références qui sont en marge les unes après les autres; on va passer
3 immédiatement à la référence numéro 7, qui se trouve à la page 12 dans
4 l'anglais.
5 R. Je l'ai trouvé.
6 Q. C'est le Dr Karadzic, donc, qui prend la parole, et je vais passer à
7 peu près au septième paragraphe de son discours.
8 Vous pouvez peut-être lire un peu rapidement ce qu'il y a avant.
9 Mais nous allons donc arriver au paragraphe qui commence par : "Quand
10 on réfléchit bien et quand on planifie l'avenir, malgré le fait que nous
11 resterons en Yougoslavie, je vois bien que la Bosnie ne pourra pas être
12 organisée comme les autres républiques qui sont des républiques nationales
13 parce que la République de Bosnie-Herzégovine possède trois communautés
14 nationales. Et je dis cela à la fois en termes de langue et de
15 terminologie. Il faut bien que l'on comprenne que ce concept, il y a trois
16 communautés nationales en Bosnie-Herzégovine.
17 "Quand j'étais à Belgrade, avant que Vance ne vienne, j'ai pu passer
18 une heure et demie avec lui, seul, en tête-à-tête. Ensuite, il nous a
19 appelés tous les trois pour que nous nous réunissions. J'aimerais bien que
20 l'on utilise aujourd'hui cette réunion dans ce même but."
21 Je m'arrête ici, Monsieur Krajisnik. Pourriez-vous nous dire, s'il
22 vous plaît, qui étaient les trois personnes auxquelles M. Karadzic fait
23 allusion, qui avaient été appelées par M. Vance dans le but d'organiser une
24 réunion ?
25 R. Ce sont les trois camps, c'est-à-dire les Serbes, les Croates et les
26 Musulmans, donc M. Karadzic, M. Izetbegovic et M. Kljujic, puisque cela
27 devrait être eux, puisque c'était les dirigeants des trois partis
28 politiques.
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1 Enfin, là, j'imagine, je n'en suis pas sûr, mais ils représentaient
2 en fait les trois communautés ethniques. C'était eux les dirigeants qui
3 représentaient les trois partis nationaux. Je sais que M. Karadzic était
4 là, j'en suis sûr, et j'imagine que les deux autres étaient aussi présents.
5 Q. Donc, M. Karadzic continue : "Et je dois répéter, il faut le répéter
6 sans cesse, trois communautés nationales, non pas trois partis, mais trois
7 communautés nationales.
8 "Les partis représentent les communautés nationales; cette fois-ci,
9 c'est le Parti démocratique serbe, la prochaine fois, cela pourrait être le
10 Parti fédéraliste de M. Djokanovic. Il y aura des partis qui vont
11 travailler ensemble, mais la terminologie doit être exacte : ce sont trois
12 communautés nationales, et ce, parce qu'elles existent.
13 "Dans cette République, la vie des trois communautés nationales se
14 chevauche par endroits. Il y a des endroits où beaucoup de choses sont
15 partagées, mais à mon avis, plus les choses seront séparées et mieux nous
16 nous porterons. Peut-être que ces trois communautés nationales auront trois
17 systèmes éducatifs différents, peut-être même trois systèmes de santé
18 différents, et cetera. Peut-être que dans la formulation de cette
19 recommandation, nous devrions bien déclarer que les endroits où les Serbes
20 ne peuvent pas conserver leurs droits civils, nationaux, économiques et
21 autres parce qu'ils sont en minorité, l'assemblée du peuple serbe devrait
22 peut-être recommander dans ce cas-là qu'ils forment leur propre
23 municipalité. Ainsi, nous arriverions à obtenir ce que M. Milojevic nous a
24 décrit, parce qu'il ne faut pas que nous perdions ce que nous avons pris,
25 et ce dans lequel nous avons investi."
26 Monsieur Krajisnik, la politique du SDS à l'époque, et là nous sommes le 21
27 novembre 1991, était-ce bien la politique du SDS de penser que plus les
28 choses étaient séparées et mieux tout le monde se porterait finalement ?
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1 R. Il y a deux réponses à votre question. La première, c'est que c'était
2 une réponse à ce qui avait été fait du côté musulman; puisqu'ils les
3 avaient mis en minorité, ils avaient violé la constitution. Ils ne
4 voulaient pas être avec nous, très bien, on va se séparer de vous. Ce
5 n'était pas dit exactement comme cela, mais c'était le but.
6 Puis, il y avait aussi du marketing politique. Maintenant que vous
7 avez établi votre propre assemblée, maintenant que vous avez un dirigeant
8 du parti est en train d'un petit peu déguiser la chose pour arriver à
9 remporter la mise. Prenons donc la décision, faisons en sorte que l'armée
10 de la JNA protège les Serbes là où ils sont sans que cela se voie trop.
11 J'ai l'impression, enfin, j'avais l'impression que c'était en fait un
12 appel envoyé à l'autre camp, avec bien sûr quelques réserves pour voir un
13 petit peu, en leur disant : Regardez ce qui va se passer si on n'arrive pas
14 à trouver une solution négociée. Je vais le dire autrement. On essayait
15 sans cesse de faire asseoir les autres à la salle de négociation pour
16 qu'ils discutent, parce qu'on comprenait bien qu'il n'y avait pas de
17 solution si on n'arrivait pas à se mettre d'accord à trois. Il aurait pu y
18 avoir un accord peut-être à très court terme, mais à long terme, cela ne
19 tiendrait pas.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Stewart, si j'ai bien compris,
21 vous faisiez référence non pas à la date de la deuxième session qui est le
22 21 novembre 1991, mais celle de la troisième session qui est le 11
23 décembre; n'est-ce pas ?
24 M. STEWART : [interprétation] Vous avez tout à fait raison.
25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Continuez.
26 M. STEWART : [interprétation]
27 Q. Ici, le Dr Karadzic a fait référence au fait que peut-être les trois
28 communautés nationales auraient leur propre système éducatif, leur propre
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1 système de santé, et cetera, donc tout serait très séparé. Monsieur
2 Krajisnik, est-ce que c'était envisagé comme un résultat négatif ou
3 positif, le fait de se dire qu'en fait de compte, on en arriverait peut-
4 être à avoir trois systèmes complètement séparés d'éducation, un par
5 communauté nationale ?
6 R. Ecoutez, Monsieur Stewart, je vais essayer de vous expliquer la chose.
7 Nous avions une même langue, le serbo-croate. Après l'élection multipartite
8 et la création de la nouvelle assemblée, nous avons commencé tout de suite
9 à avoir des problèmes. Les Croates ont commencé à dire, "on veut avoir une
10 langue croate", les Bosniens ont dit, "nous, on a notre langue bosnienne",
11 et en fin de compte, on a bien dû dire, "nous aussi on a notre propre
12 langue serbe". Alors que ce ne sont que des langues où il n'y a que des
13 nuances, des différences. Il y a même un problème en Bosnie à l'heure
14 actuelle, puisqu'il y a des écoles où on étudie en croate et d'autres où on
15 étudie en bosnien, alors que c'est toujours la même langue.
16 Quand j'écoute l'interprétation ici, c'est vrai que parfois il y a
17 des mots croates qui arrivent parfois, mais ce serait vraiment très laid si
18 je disais que je ne comprends le jeune homme qui parle, parce que je
19 comprends très bien ces mots. J'ai habité là-bas, après tout.
20 C'était cela, ce qu'il était en train de dire. On insistait là-dessus
21 dès le départ, la séparation de la langue en trois langues. Ils ont même
22 dit que les convocations pour les réunions devraient être envoyées en
23 serbe, en croate, en bosnien, une fois en cyrillique, une fois en latin, en
24 alphabet latin, et cetera. C'est exactement ce qu'il dit, c'est qu'en fait
25 de compte, on arriverait à des systèmes séparés. Même si on ne le voulait
26 pas, ce serait les autres qui nous l'imposerait. Et c'est encore le cas,
27 d'ailleurs. Vous savez, [inaudible] est dans les détails, et les gens
28 créent des détails, créent des problèmes qui ne sont pas nécessaires. Ce
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1 sont surtout ces détails, en fait, qui ont créé tous ces problèmes.
2 Q. Monsieur Krajisnik, je vais être de plus en plus direct dans mes
3 questions. Donc, le Dr Karadzic dit la chose suivante, et là nous sommes à
4 la page 13. Il dit : "A mon avis, plus les choses seront séparées, mieux ce
5 sera. Peut-être que ces trois communautés nationales auront finalement
6 trois systèmes d'éducation différents…"
7 Voici ce que je vous demande, Monsieur Krajisnik, quand il disait
8 cela, est-ce que M. le Dr Karadzic faisait référence à une politique du SDS
9 qui envisageait que finalement la séparation totale du système d'éducation
10 serait positive en fin de compte, ou alors est-ce que le but de la
11 politique du SDS était d'éviter cette situation de séparation en fin de
12 compte ? Je vous demande de choisir. Est-ce que d'après vous, c'était
13 quelque chose qui était souhaitable ou qui était non souhaitable ?
14 R. Ce n'était ni l'un ni l'autre. En fait, il y avait une troisième
15 option. Le Dr Karadzic était en train de dire qu'après s'être entretenu
16 avec les autres camps, on en finirait peut-être avec trois systèmes
17 différents, parce que les Croates voulaient leur langue, les Bosniaques la
18 leur, et les Serbes, leur langue aussi. Ces trois peuples, visiblement,
19 voulaient avoir leur propre autonomie pour pouvoir dire : cela c'est à moi,
20 cela c'est à moi. Parce qu'il y a toujours eu ce conflit, tout est devenu
21 assez artificiel à cause du conflit.
22 Je tiens à vous dire une chose. Nos linguistes, donc les gens qui ont
23 un diplôme en littérature et en serbo-croate, n'arrêtaient pas de dire :
24 Non, c'est la langue serbe, il n'y a pas de croate, il n'y a pas de
25 bosnien, il n'y a que du serbe. Les autres étaient très frustrés, très
26 irrités par ce genre de discours. La réponse, c'est que M. Karadzic pensait
27 que s'il fallait tout séparer, finalement ce serait mieux, puisque les gens
28 diraient : Voilà c'est ma langue, c'est comme cela que cela marche.
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1 Maintenant, nous n'avons pas besoin d'interprète puisqu'on se comprend très
2 bien entre nous. Bon, certes, il y a beaucoup d'eau qui est passée sous les
3 ponts depuis, mais à l'époque, tout le monde en parlait, quoi. On voulait
4 parler dans sa propre langue.
5 Lors d'une réunion de l'assemblée, par exemple, le Pr Filipovic a dit
6 : "Lorsqu'on va parler, est-ce qu'on va écrire en cyrillique ou en alphabet
7 latin ?" Les Bosniens voulaient utiliser l'alphabet latin, et il a dit :
8 "Non. Il faut absolument qu'ils utilisent à la fois le cyrillique et
9 l'alphabet latin, parce que ces deux alphabets leur appartiennent." Cela,
10 c'était lors de la première assemblée. Il y a des linguistes, bien sûr, qui
11 ont répliqué en disant : "Non, il faut que ce soit notre propre langue qui
12 soit utilisée." Enfin, c'était bien sûr des discussions d'experts, des
13 débats d'experts. Mais ce que l'on ne voulait surtout pas, on ne voulait
14 surtout pas avoir cette séparation par langues, mais on si attendait quand
15 même, en fin de compte. Pourtant, ce n'était pas nécessaire, puisque ces
16 langues avaient toujours existé, ainsi que les règles.
17 Q. Monsieur Krajisnik, je vais essayer de revoir tout ceci, parce que je
18 ne suis pas certain que le dernier paragraphe de ce qu'a dit M. Karadzic
19 soit traduit de façon très fidèle en anglais; donc si vous pouviez le lire
20 en B/C/S, et nous en aurons ainsi une traduction. Et donc, cela commence
21 par : "Even the smallest municipality."
22 R. Je l'ai lu. Il s'agit d'une recommandation pour les Serbes selon
23 laquelle les endroits où ils sont menacés.
24 Q. Non, je n'ai pas été très clair. Je voudrais juste que vous puissiez
25 lire ce passage en B/C/S, comme cela, nous pourrons avoir une traduction
26 par le biais des interprètes.
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avez-vous trouvé le passage ?
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce n'est pas écrit -- c'est un peu différent,
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1 en fait, en B/C/S, donc c'est pour cela que je n'arrive pas à la trouver.
2 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est à la page 18, et cela commence par
3 "opstina".
4 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai trouvé. Je lis : "Peut-être que dans la
5 formulation de cette recommandation, il faudrait dire que dans les endroits
6 où les Serbes, suite à une mise en minorité impitoyable, ne sont plus en
7 position de conserver leurs droits nationaux et leurs droits nationaux
8 économiques."
9 M. STEWART : [interprétation]
10 Q. Je suis désolé, Monsieur Krajisnik, ce n'est pas le paragraphe auquel
11 je pensais. C'est à peu près trois ou quatre lignes en dessous de ce que
12 vous nous avez lu, donc c'est le paragraphe suivant, s'il vous plaît, si
13 vous pouviez le lire.
14 R. "Même les plus petites municipalités peuvent avoir trois municipalités,
15 si nous en sommes convenus. Si nous sommes d'accord là-dessus, lors de la
16 conférence sur la Bosnie-Herzégovine, les recommandations doivent préciser
17 que ceci n'est pas obligatoire, mais que ceci doit être effectué si
18 l'égalité entre nationalités ne peut pas être obtenue d'une autre façon."
19 M. STEWART : [interprétation] Oui, je suis désolé, mais on a absolument la
20 même traduction, finalement. Cela ne veut rien dire, en fait. Il faudrait
21 juste modifier le mot "unless" et le remplacer par "if". Dans ce cas-là,
22 cela voudrait dire quelque chose.
23 Avec les interprètes on pourrait se mettre d'accord, peut-être.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Sont-ils d'accord pour qu'on remplace le
25 "unless" par un "if" ?
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Il faut lire le paragraphe précédent pour
27 comprendre. C'est pour cela j'ai essayé de lire le paragraphe précédent,
28 parce que c'est là qu'on comprend, en fait, ce qui a été dit dans ce
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1 paragraphe.
2 M. STEWART : [interprétation] Mais je pense que je comprends l'anglais un
3 peu mieux que M. Krajisnik, quand même.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais M. Krajisnik essaie de nous
5 expliquer que l'on comprend en fait le deuxième paragraphe quand on lit ce
6 qui précède. Mais enfin, je ne sais pas, c'est à vous de voir. Voulez-vous
7 que M. Krajisnik lise aussi le premier paragraphe ?
8 M. STEWART : [interprétation] Non. M. Josse me fait une bonne suggestion
9 très pratique. On n'a qu'à envoyer ces deux paragraphes au CLSS et demander
10 à ce qu'il y ait une nouvelle traduction.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, on pourrait faire cela, c'est sûr,
12 mais nous avons deux sources en B/C/S pour ce texte. L'un est le P64.A, qui
13 se trouve à l'intercalaire 270, alors que l'autre source est le P65,
14 intercalaire 62.
15 Le problème avec ces originaux, c'est que la numérotation des pages
16 est différente et les traductions que vous nous avez données divergent.
17 Parfois, la première page commence par les mêmes choses que ce que l'on a
18 obtenu sur vos copies, donc avec le PV pris en sténo de la troisième
19 session de l'assemblée du peuple serbe en BiH, la deuxième page étant le
20 compte rendu de la troisième session de l'assemblée du peuple serbe en
21 Bosnie-Herzégovine, alors que dans les originaux, enfin, dans certain des
22 originaux qui nous ont été donnés avec traduction, les deux pages de garde,
23 si je puis dire, ne sont pas traduites. Du coup, la numérotation est
24 complètement modifiée dans la version anglaise, avec un décalage d'une
25 page. C'est la seule différence que je voie à l'heure actuelle.
26 Donc si vous l'envoyez pour que ce soit traduit, faites très attention pour
27 que l'on traduise bien le bon passage. D'après ce que je vois sur l'écran,
28 pour ce qui est donc de l'original qui se trouverait sous la cote P65 --
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1 non, je me reprends, sous la cote P65, intercalaire 62, alors cela se
2 trouve en haut d'une page qui est numérotée page 18 et qui porte le numéro
3 SA 02, puis tiret 4930. Cela, c'est pour votre information, pour être sûrs
4 que la traduction soit la bonne, que ce soit le bon passage qui sera
5 traduit.
6 M. STEWART : [interprétation] Oui, nous allons suivre, bien sûr, vos
7 consignes. Ceci d'ailleurs me convainc qu'il faut absolument qu'on l'envoie
8 au CLSS. Je vous remercie, en tout cas, de nous avoir aidés à bien
9 identifier le passage qui demande à être traduit.
10 Q. Monsieur Krajisnik, je vais lire l'introduction. Voyez-vous la
11 référence 8 qui est dans la marge ? Monsieur Krajisnik, le président est
12 en train de parler au Greffier à l'heure actuelle; nous allons donc
13 attendre.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez y aller.
15 M. STEWART : [interprétation]
16 Q. Vous voyez maintenant la référence 8 manuscrite. C'est vous qui prenez
17 la parole, mais l'orateur précédent était M. Nenad Veselinovic. Je pense
18 qu'il faut d'abord voir ce qu'il a dit avant de reprendre vos propos à vous.
19 En bas de la page 14, il est écrit la chose suivante : "Je suis en
20 faveur. Il faudrait se souvenir que j'ai insisté pour qu'il y ait des
21 municipalités serbes. Mais nous n'avons pas encore terminé le processus qui
22 a été entamé, le processus de régionalisation.
23 "Je crois que l'ordre des étapes doit être bien planifié. Enfin, pour
24 être simple, il faut découpé les municipalités existantes où les Serbes ne
25 sont pas en majorité, parce qu'il y a là des situations où il y a des
26 communautés ou des hameaux locaux qui sont adjacents et qui appartiennent à
27 deux municipalités où les Serbes ne sont pas en majorité. Ce qui signifie,
28 qu'avec ces deux ou trois municipalités avoisinantes, nous avons de quoi
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1 établir une belle municipalité, bien étoffée et bien grande.
2 "Enfin, ce que je veux dire, c'est quand on décide des étapes à
3 faire, il faut que l'on finisse ce que l'on a commencé, que l'on sépare les
4 communautés et les hameaux locaux, et cetera. Puis, il faudrait qu'un
5 organe expert se réunisse et arrive à décider ce qui doit être fait. Par
6 exemple, à Sarajevo, nous pouvons établir deux municipalités serbes ou
7 former une nouvelle municipalité avec Sarajevo, Pale, Ilidza et Novo
8 Sarajevo pour que notre peuple comprenne bien ce qu'il se passe. Nous
9 n'avons pas encore terminé ce que nous avons commencé, mais nous allons
10 être en position de former des municipalités. Il y aura des endroits où les
11 gens ne vont pas comprendre cela. Olovo l'a déjà fait, et tout s'est très
12 bien passé. Ils ont fait adopter une décision à cet effet, et maintenant,
13 elle appartient à la Région autonome serbe de Romanija, et cetera.
14 "Je suggère que nous devons absolument terminer ce que nous avons
15 commencé.
16 "Et j'insiste que la ville de Sarajevo doit d'abord être définie et
17 que les municipalités doivent être formées à partir des hameaux serbes et
18 des banlieues serbes. Je crois que cette façon de procéder permettrait
19 d'accélérer les choses, et ce serait rationnel et pratique."
20 Ensuite, vous, Monsieur Krajisnik, vous dites la chose
21 suivante : "Avant que quelqu'un d'autre ne prenne la parole, je tiens à
22 vous faire remarquer qu'il y a un malentendu ici.
23 "Les assemblées municipales où les représentants serbes sont en
24 minorité, comme à Novi Grad ou Olovo, où il y a des décisions qui sont
25 imposées et qui sont contraires au peuple serbe, qui leur sont imposées par
26 la majorité, devraient former des assemblées municipales tout comme nous
27 avons formé l'assemblée du peuple serbe ici. Voici ce qui est à l'ordre du
28 jour.
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1 "Pour ce qui est de la régionalisation, en revanche, c'est autre
2 chose.
3 "Dans une municipalité comme Olovo, nous avons un très grand
4 territoire et 20 % des représentants, nous ne pouvons pas leur permettre
5 d'être sans cesse mis en minorité, et que les décisions qui soient prises
6 soient toujours prises contre les intérêts du peuple serbe et que ces
7 décisions leur soient toujours imposées. Donc, il faudra que nous
8 continuions à discuter de cela. Nous allons d'ailleurs en faire l'objet de
9 notre prochain point à l'ordre du jour.
10 "Il n'y a que les municipalités où les délégués serbes sont en
11 minorité qui devraient former des assemblées comme cette assemblée
12 républicaine au sein de laquelle nous nous tenons aujourd'hui afin
13 d'obtenir certains droits. Je pense que ceci est la source de malentendu.
14 Veselinovic a parlé de régionalisation, a parlé des territoires et a parlé
15 de composer des territoires tout comme ce que fait M. Vjestica et
16 d'autres."
17 Donc, c'était Veselinovic, Vejestica et d'autres qui n'avaient pas compris
18 ce qui était à l'ordre du jour; c'est bien cela, n'est-ce pas ?
19 R. Oui, ils ne l'avaient pas compris.
20 Q. Pouvez-vous nous dire exactement, en quelques mots, ce qu'ils n'avaient
21 pas compris ?
22 R. Une municipalité est un concept, un concept territorial comme une
23 république ou comme un état. Mais l'assemblée municipale, c'est un organe,
24 comme un parlement.
25 Nous avions demandé que soient créées des assemblées dans ces
26 municipalités où les Serbes étaient en minorité pour qu'il y ait une
27 assemblée serbe qui traiterait des points où les Serbes avaient toujours eu
28 la minorité. Ici, ce député parlait de régionalisation, et il parlait
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1 d'établir des municipalités. Il considérait que ces entités devaient être
2 mises en œuvre, devaient être établies. Ce n'était pas le but, en fait. Le
3 but, c'était d'établir des entités, des organes au sein des municipalités
4 où les Serbes étaient en minorité. Il y aurait donc une assemblée serbe
5 tout comme cette assemblée républicaine au sein de laquelle nous étions.
6 Elle pourrait débattre de problèmes, adopter des recommandations concernant
7 les endroits où les Serbes étaient en minorité.
8 C'est dommage qu'on n'ait pas parlé de la recommandation précédente,
9 où il est dit qu'il faudrait établir des assemblées municipales et non pas
10 des municipalités. C'était cela le problème. M. Veselinovic, lui, parlait
11 de régionalisation, donc de territoires, alors que ce n'était pas de cela
12 qu'il s'agissait.
13 Q. Dans votre contribution, vous avez parlé de la municipalité d'Olovo.
14 Vous dites, enfin de façon évidente, des Serbes : "Nous avons un grand
15 territoire et 20 % de représentants. Nous ne pouvons pas leur permettre de
16 nous mettre en minorité de façon systématique."
17 La position que vous formulez se rapportait-elle aux municipalités où les
18 Serbes avaient occupé de grands territoires, ou est-ce que de façon
19 générale, cela se rapportait-il aux municipalités où les Serbes ont été une
20 minorité et où ils ont constamment été mis en minorité lors des votes ?
21 R. Cela se rapportait à la totalité des municipalités où les Serbes
22 étaient minoritaires et où ils venaient à être mis en minorité systématique
23 de façon anticonstitutionnelle.
24 Lorsque l'on prend l'exemple d'Olovo - c'est ce que j'ai dit hier ou
25 avant-hier, me semble-t-il. Vous avez là une ville de 5 000 habitants et
26 une municipalité de 15 000 habitants. Cela signifie que vous avez bon
27 nombre de villages autour. Dans cette petite ville, il y a une majorité qui
28 est constituée par un groupe ethnique, mais dans les villages environnants,
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1 il y a une majorité qui appartient à un autre groupe ethnique. Ce qui fait
2 que cette majorité est plus grande que dans les autres villages, et cela
3 impose ses solutions. Cette minorité ou cette majorité impose ses solutions
4 pour ce qui est de la construction des routes, pour ce qui est de
5 l'approvisionnement en eau.
6 Alors, si l'on pouvait transformé cette municipalité pour en créer
7 plusieurs, cela fait qu'un groupe de plusieurs villages serait à même de
8 résoudre de façon autonome certains de ces problèmes sans pour autant que
9 la centrale municipale lui impose ses solutions. A Olovo, ils avaient 20 %
10 de députés et sur les deux tiers du territoire autour, il y avait peut-être
11 une majorité serbe. Ce qui fait que le problème s'est situé au niveau de
12 l'assemblée municipale pour ce qui est de la prise des décisions, non pas
13 pour dire qu'elles étaient illégales, mais on pouvait dire aussi que ce
14 n'était pas équitable, que ce n'était pas conforme à la loi. Nous avions
15 formulé une recommandation et non pas un ordre afin que les députés
16 puissent être à même de décider là où ils sont systématiquement mis en
17 minorité.
18 Q. Si nous pouvons à présent passer à la page 16 - et pour ce qui concerne
19 votre exemplaire à vous, c'est la note en marge,
20 numéro 9.
21 R. J'ai le 8 et le 10. Laissez-moi essayer de trouver le 9.
22 Q. Si vous --
23 R. Je dois vous décevoir, mais je n'ai pas le 9. J'ai 8, puis 10.
24 Q. Monsieur Krajisnik, je peux tout de suite me remettre de cette
25 déception. Si vous retrouvez le texte qui se trouve à mi-chemin entre le 8
26 et le 10 - et c'est vous qui êtes en train de parler - alors, peut-être
27 commencez-vous par : "Je vous prie d'éclairer ma lanterne."
28 R. Oui, allez-y. Je vois le passage. Allez-y.
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1 Q. Oui. Justement, j'aimerais que nous tirions un élément au clair. On va
2 quatre paragraphes plus bas, et vous dites : "Dans les municipalités telles
3 que Novi Grad, Hadzici, Stari Grad, et cetera."
4 R. Donnez-moi un instant, je vous prie.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Krajisnik, au cas où cela vous
6 serait utile, je précise que c'est la page 22 --
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui.
8 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela se trouve en bas.
9 M. STEWART : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous êtes toujours d'un grand secours. Je
11 viens de le retrouver.
12 Vous demandez pour le passage : "Nous dans les municipalités telles
13 que Novi Grad, Hadzici, et cetera."
14 M. STEWART : [interprétation]
15 Q. Oui, exactement. Alors, on y dit : "Dans les municipalités telles que
16 Novi Grad, Hadzici, Stari Grad, et cetera, nous n'avons aucun droit. C'est
17 là qu'il convient de mettre en place des assemblées de la population
18 serbe."
19 Monsieur Krajisnik, quand vous dites, "nous n'avons aucun droit," en
20 réalité, vous avez des droits, mais ces droits sont constamment violés ?
21 R. Oui, vous avez raison. Parce que si l'on prenait cela à la lettre, ce
22 serait erroné. Vous avez raison. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de
23 droits du tout, c'est exagéré. Ces droits existent, mais ils sont
24 enfreints.
25 Q. Certes. Ensuite, M. Ostojic qui est l'intervenant suivant, vers le
26 troisième paragraphe de son intervention, vient citer ces mêmes
27 municipalités plus ou moins. Il dit : "Je pense que les municipalités
28 telles que Stari Grad, Hadzici, Srebrenica, Bratunac et toute une série
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1 d'autres."
2 Vous avez retrouvé le passage ?
3 R. Oui.
4 Q. "…en réalité, elles constituent ce que l'on pourrait qualifier d'auto-
5 sanctionnement politique du SDS." Que veut dire
6 M. Ostojic lorsqu'il parle d'auto-sanctionnement ?
7 R. Je ne sais pas. C'est une façon littéraire de s'exprimer. Peut-être
8 avait-il voulu parler de mise en minorité du SDS par le SDA, là où ils se
9 partageaient le pouvoir. Je ne sais pas vous expliquer plus en avant. Cela
10 signifie que le SDS se punit soi-même ici. C'est quelque chose d'un peu ou
11 de plutôt illogique. Ce sont des professeurs ces gens-là, alors ils ont une
12 façon fleurie de s'exprimer. Parce que le SDS ne peut pas se punir soi-
13 même.
14 Q. Allons de l'avant et laissons de côté les professeurs pour le moment.
15 On en arrive au numéro 10. Vous avez dit tout à l'heure que vous
16 aviez le numéro 10. On voit : "Le président demandait à
17 M. Ostojic" - c'est le milieu de la page 17, en anglais. "Le président
18 demande à M. Ostojic quelle est la proposition, est-ce qu'on va créer des
19 assemblées municipales ?"
20 Vous le voyez ce passage ?
21 R. Oui.
22 Q. "Et je crois --", dit M. Ostojic, "que dans ma question, que ma
23 question reflète ma position. Nous ne pouvons pas aller dans une direction
24 opposée à présent.
25 "Là où nous n'exerçons pas d'influence politique…" Je pense que c'est
26 toujours M. Ostojic qui est en train de parler. "Là où nous ne pourrons pas
27 exercer une influence sur la vie et le fonctionnement des municipalités,
28 dans les lieux où nos représentants, les Serbes, satisfont à la forme pour
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1 ce qui est de faire fonctionner les autorités qui, elles, produisent des
2 décisions contraires aux intérêts du peuple serbe, là, ils convient de
3 créer des assemblées municipales de représentants serbes, et là où cela ne
4 suffirait pas, il conviendrait de créer des territoires municipaux de la
5 population serbe."
6 C'est cette dernière partie-là qui m'intéresse en particulier. "Là où
7 cela ne suffirait pas, il conviendrait de créer des territoires municipaux
8 du peuple serbe." Qu'avait proposé M. Ostojic en termes concrets ?
9 R. C'est ce que je vous ai dit tout à l'heure, c'est la différence entre
10 l'assemblée et l'assemblée municipale. M. Ostojic avait proposé la création
11 de municipalités, à savoir, de procéder à une subdivision des municipalités
12 existantes pour en créer de nouvelles. J'avais ajouté qu'il s'agissait de
13 créer de nouvelles assemblées municipales plutôt que de créer de nouvelles
14 municipalités. Cela a été ma réponse à moi.
15 Q. C'est partant de cette position-là que vous vous êtes prononcé. Il y a
16 eu une nette divergence de point de vue entre vous-même et M. Ostojic,
17 n'est-ce pas ?
18 R. Pour finir, M. Ostojic est tombé d'accord avec moi. Vous pouvez le voir
19 qu'il est tombé d'accord quoique ses propositions aient été différentes. Il
20 est tombé d'accord pour créer d'abord des assemblées municipales plutôt que
21 des municipalités, parce que cette autre solution aurait été par trop
22 radicale. Nous avions espéré trouver une solution. Il ne s'est pas agi de
23 créer de nouvelles municipalités, nonobstant le désaccord probable des
24 autres partis. Donc, quoiqu'ayant été au départ d'une opinion divergente,
25 il est tombé d'accord avec ma recommandation qui a été celle de créer des
26 assemblées municipales.
27 Q. Est-ce que c'est -- cela se passe le 11 décembre. Votre position ou
28 celle de M. Ostojic avait-elle, laquelle des deux avait-elle reflété
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1 davantage les points de vue de la direction du SDS ?
2 R. Je me dois d'être très sincère. Cette recommandation est passée à
3 grand-peine. Les députés ne voulaient pas d'assemblées municipales
4 nouvelles. Ils voulaient la création de régions. Ils ont dit : "Il n'y aura
5 pas d'accord avec la partie musulmane. C'est grâce à la direction que nous
6 avions assuré une opportunité de plus aux autres parties, à savoir, aux
7 Musulmans et Croates, pour faire en sorte que les organes qui sont appelés
8 à traiter des questions nationales devaient se pencher sur la façon de
9 réaménager la Bosnie-Herzégovine."
10 Donc, la majorité l'a emportée afin que cette recommandation passe,
11 de façon difficile, certes, mais il s'agissait de faire passer les
12 assemblées municipales, parce que bon nombre de députés disaient : "Mais
13 que voulez-vous que nous fassions des assemblées municipales ou de
14 municipalités ? Il s'agit de créer des régions. Voyez donc ce que les
15 Musulmans sont en train de réclamer."
16 Q. Si nous allons de l'avant, si l'on passe à la page suivante, c'est le
17 sommet de la page 18 en anglais, nous voyons parler ou intervenir
18 Slobodanka Hrvacanin. Le voyez-vous ?
19 R. Je l'ai trouvé.
20 Q. Bien entendu, nous avons entendu la déposition, le témoignage de Mme
21 Hrvacanin. Elle est originaire de Zenica, elle.
22 Je me propose d'aller directement, de passer directement au quatrième
23 paragraphe, quoique ces paragraphes précédents aient de l'importance. Mais
24 ce quatrième dit : "Ne partez pas de l'idée aux termes de laquelle tous les
25 Serbes sont courageux."
26 Le voyez-vous ?
27 R. Oui, je le vois.
28 Q. "Ne partez pas du fait selon lequel les Serbes sont tous courageux, et
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1 n'embellissez pas les choses, parce il y en a dans la partie centrale de la
2 Bosnie qui ont voté pour le plébiscite, mais ils sont allés voter par le
3 biais de certains de leurs amis pour que cela ne se voie pas. Au cas où ils
4 créeraient une municipalité serbe, ce qui m'intéresse, c'est combien on en
5 tirerait et à quel point on serait perdants, parce qu'il est une
6 constatation exacte, à savoir que nous sommes mis en minorité."
7 Monsieur Krajisnik, nous savons que Mme Hrvacanin était dans une
8 municipalité où les Serbes étaient minoritaires. Elle dit : "Si on doit
9 partir, la discussion n'a aucune finalité, mais si nous restons à vivre
10 ici, il faudrait créer une commission pour mettre sur pied un modèle
11 approprié pour ce qu'il convient de faire en Bosnie centrale, montrant les
12 pours et les contres."
13 Alors Monsieur Krajisnik, est-ce que l'on pourrait décrire la proposition
14 de Mme Hrvacanin en tant que position qui se trouverait entre la position
15 que vous venez de décrire comme étant celle de la direction du SDS et le
16 point de vue des autres députés dans l'assemblée qui n'ont pas du tout
17 apprécié cette proposition.
18 R. L'intervention de Mme Hrvacanin avait été des plus réalistes et très
19 raisonnable, et c'est la raison pour laquelle nous avions insisté de ne pas
20 aller sur des solutions radicales. Les députés radicaux ont été ceux qui
21 venaient de régions où ils étaient majoritaires, mais ils ne savaient de
22 quoi cela avait l'air que de vivre à Zenica ou ailleurs. Donc ce que dit
23 Mme Hrvacanin est tout à fait justifié; il ne s'agissait pas de faire
24 quelque chose pour la forme et provoquer les gens, parce que c'est nous qui
25 vivons là, et vous voulez maintenant que nous prenions une décision qui se
26 trouverait être contraire à nos propres intérêts.
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Stewart, si je puis le faire, je
28 demanderais à M. Krajisnik de nous donner lecture lentement de la dernière
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1 partie, à savoir, de la dernière phrase. Je crois que cela commence avec le
2 mot "Znatki" [phon], en traduction, donc. L'avez-vous retrouvé ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous prie de nous donner lecture de
5 cette phrase doucement.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] "Donc si nous créons une telle municipalité
7 serbe à nous, ce qui m'intéresse, c'est combien cela serait à notre
8 avantage et combien cela serait à notre désavantage, car la constatation
9 est juste que de dire que nous sommes mis en minorité."
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.
11 Veuillez continuer, Maître Stewart.
12 M. STEWART : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
13 Q. J'aimerais que nous tournions quelques pages à présent et que nous
14 passions au numéro 12 en marge, donc c'est la page 20 en version anglaise.
15 C'est Momo Golijanin qui intervient.
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Stewart, vous pensez pouvoir en
17 terminer dans quelque cinq minutes ?
18 M. STEWART : [interprétation] Oui, bien sûr, Monsieur le Président.
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors allez-y.
20 M. STEWART : [interprétation]
21 Q. M. Golijanin dit : "Monsieur le président, chers collègues, toutes les
22 interventions jusqu'à présent ont été celles où la population serbe est
23 gagnante. Mais il y a des cas où la population serbe est perdante, et il
24 s'agit de savoir comment se comporter dans ces situations.
25 "Par exemple, à Nevesinje, il y a une partie qui s'appelle Gornji Polje,
26 qui est la plus belle partie géographique du Nevesinje, où la population
27 musulmane est majoritaire, et eux ont exprimé le souhait de rejoindre
28 l'entité de Konjic.
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1 "Alors faut-il leur permettre de créer une municipalité à eux, ou alors de
2 permettre à Kula et Gacko, qui ont également exprimé le souhait de créer
3 une municipalité avec pour siège Mostar. Alors, quelle anomalie; Gacko et
4 Kula, dont le siège se trouverait à Mostar.
5 "Si nous réclamons des droits dans les municipalités où nous sommes
6 minoritaires, il est tout à fait naturel de s'attendre à ce que nous
7 accordions, par ailleurs, des droits dans les municipalités où nous sommes
8 majoritaires. La question est celle de savoir quelle va être la réponse, ou
9 plutôt, la réaction de la population serbe vis-à-vis de cette position."
10 Monsieur Krajisnik, lorsque M. Golijanin parle des Musulmans qui ont
11 exprimé leur souhait dans une partie de Nevesinje de rejoindre le
12 territoire de Konjic, est-ce que cela reflète la présence de débats
13 similaires ayant eu lieu au sein de la communauté politique musulmane,
14 s'agissant de la restructuration des municipalités ?
15 R. Oui, mais dans une mesure moindre que cela n'a été le cas chez les
16 Serbes, parce que les Croates et les Musulmans en ont débattu, mais moins
17 que cela n'a été le cas du coté serbe. En plaisantant, nous disions SAO,
18 MAO, HAO, parce que SAO, c'est Région autonome serbe; HAO, Région autonome
19 croate; et MAO, Région autonome musulmane.
20 Il y a d'autres exemples où les Musulmans avaient voulu créer non pas
21 des assemblées municipales, mais des municipalités, et où des Croates
22 voulaient le faire là où ils étaient minoritaires, créer une municipalité à
23 eux. Bien entendu, en raison des conflits armés, tout cela a été stoppé.
24 Mais cela avait été les idées qui avaient été formulées.
25 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, je viens d'en terminer
26 avec ce volet de la question.
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Nous allons lever l'audience, et
28 nous allons reprendre à 16 h 15.
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1 --- L'audience est suspendue à 15 heures 50.
2 --- L'audience est reprise à 16 heures 21.
3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Stewart, tout d'abord, je crois
4 avoir promis de retourner sur la question dont on a parlé dans un courrier
5 électronique, hier, en audience publique.
6 M. STEWART : [interprétation] Oui. Merci, Monsieur le Président.
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je m'adresse directement à vous,
8 Monsieur Krajisnik.
9 Les Juges de la Chambre ont lu un courrier électronique --
10 M. JOSSE : [interprétation] Juste une petit observation. M. Krajisnik n'a
11 pas connaissance de la teneur de celui-ci.
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Certes. La question que vous avez
13 soulevée hier, Monsieur Krajisnik, lorsque vous vous êtes entretenu avec
14 les conseils, cela a été communiqué par courrier électronique hier. Peut-
15 être en avez-vous le souvenir ? Cela s'est passé hier. Il y a eu des
16 détails qui vous ont été fournis, Monsieur Krajisnik, par M. Josse.
17 M. JOSSE : [interprétation] Je l'ai fait pour -- et M. Krajisnik a fourni
18 les détails aux deux conseils.
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Alors, les juges de la Chambre ont
20 lu le courrier électronique que vous nous avez communiqué, Maître Josse, où
21 M. Krajisnik exprime la préoccupation qu'il a concernant la façon dont les
22 médias rapportent son témoignage ici.
23 La Chambre ne va intervenir. Une autre position aurait requis, de la
24 part de la Chambre, une évaluation de la façon dont les médias rapportent
25 ce qui se passe ici et de la correction suivant laquelle ils interprètent
26 votre témoignage, Monsieur Krajisnik. Or, là où vous avez constaté que les
27 rapports n'étaient pas corrects, n'étaient pas équitables à votre égard,
28 tout autre position aurait ouvert la route à des interventions qui seraient
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1 inéquitables vis-à-vis de l'Accusation. Donc pour cette raison, et non
2 seulement pour cette raison-là, la Chambre a décidé de s'abstenir pour ce
3 qui est d'une intervention éventuelle.
4 La Chambre, en parlant en termes généraux, sans pour autant faire
5 d'évaluation concernant votre témoignage, Monsieur Krajisnik, et je précise
6 que la Chambre n'a ni lu ni vu les rapports présentés par les médias, mais
7 en termes généraux, je dirais que la Chambre a de la compréhension pour la
8 préoccupation de quelle que partie que ce soit vis-à-vis des rapports faits
9 par les médias de façon incorrecte ou inéquitable.
10 Donc, elle laisse aux parties la liberté de voir quelles sont les
11 activités qui sembleraient être appropriées pour réclamer des corrections
12 là où elles estimeraient qu'il y a incorrection ou inéquité [phon].
13 La Chambre estime également que si la Défense souhaite entreprendre des
14 activités de ce genre, la chose pourrait être pertinente pour ce qui est de
15 M. Krajisnik. Par conséquent, en suivant les cas où il s'agirait d'une
16 audience à huis clos ou en public, la Chambre veut répondre positivement à
17 une requête qui se rapporterait à la communication de M. Krajisnik avec ses
18 conseils, concernant une préoccupation concrète à ce sujet. Je vais donc
19 attirer l'attention du Greffier sur le fait que vous avez soulevé, Monsieur
20 Krajisnik.
21 Ceci met un terme aux observations que les Juges de la Chambre
22 avaient à formuler sur ce sujet.
23 Avant que de vous laisser continuer avec l'interrogatoire principal, Maître
24 Stewart, je dirais que vous avez peut-être remarqué que j'avais convié M.
25 Krajisnik à nous redonner lecture d'une phrase déterminée, et je dirais
26 qu'il s'agit de la phrase qui figure dans l'intervention de Mme Hrvacanin.
27 Je ne suis pas revenu dessus une fois qu'on a donné lecture de ce passage,
28 mais il reste des doutes au niveau de la traduction. Vous avez cité une
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1 traduction, ce qui est tout à fait compréhensible, Monsieur Stewart. Il est
2 question du passage où l'on se pose la question de savoir ce que l'on
3 obtiendrait et ce que l'on perdrait s'il y avait création d'une telle
4 municipalité serbe. Avez-vous retrouvé ce passage ?
5 M. STEWART : [interprétation] Oui.
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, je me suis posé la question de
7 savoir si la traduction avait été bonne. Lorsque j'ai demandé à M.
8 Krajisnik de nous donner lecture de ce passage, j'ai obtenu, j'ai entendu
9 la même traduction. J'ai estimé important toutefois de procéder à des
10 vérifications pendant la pause avec certains des interprètes qui se sont
11 trouvés disponibles à ce moment-là, enfin, qui ont été à portée de main, et
12 je leur ai posé la question une fois de plus, aux fins d'établir s'il
13 s'agissait ici d'une "assemblée serbe" ou d'une "municipalité serbe". On
14 m'a confirmé cela, mais je vais demander une nouvelle confirmation de la
15 part de toutes les cabines, pour ce qui est de retrouver le mot "opstina"
16 dans la phrase dont a donné lecture M. Krajisnik, mot qui est censé être
17 traduit par "municipalité serbe" ou "municipality", en anglais, et non pas
18 comme cela a été traduit lorsque M. Krajisnik en a donné lecture, parce
19 qu'on a dit "assemblée serbe". Or, cela devrait être "municipalité", à
20 moins que l'on ne me contredise.
21 L'INTERPRÈTE : L'interprète de la cabine anglaise dit qu'il s'agit d'une
22 "municipalité" dans le texte.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, justement. Alors, Monsieur Stewart,
24 vous avez posé vos questions en vous basant sur une traduction écrite. Or,
25 celle-ci semble être erronée. Il devait être lu "une municipalité serbe".
26 M. STEWART : [interprétation] Oui. C'est la question que j'ai posée partant
27 d'une traduction anglaise. C'est tout ce que je puis faire, Monsieur le
28 Président. Mais je vous suis toutefois reconnaissant, et si l'erreur de
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1 traduction pouvait être corrigée, je serais reconnaissant à ceux qui s'en
2 occuperaient.
3 Monsieur le Président, je dirais qu'en page 15, là où M. Krajisnik a fait
4 une intervention, et il s'agit du paragraphe où il est question de délégués
5 qui sont minoritaires dans ces assemblées, qui devraient créer des
6 assemblées à l'image de l'assemblée qui existe au niveau de la république.
7 Ce que je voulais dire, c'est que cela ne me semble pas être erroné,
8 parce que, que l'on dise "skupstina" [phon] ou "opstina", le sens peut être
9 parfaitement juste.
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, cela peu être correct, mais il y a
11 une distinction qui a été faite entre "assemblée" et "municipalité", et la
12 distinction persiste. Mais nous n'allons pas traiter davantage de ce point-
13 là.
14 Je vous voulais juste que nous tirions cela bien au clair, Monsieur
15 Krajisnik, et vous vous souviendrez que je vous avais demandé de nous
16 donner relecture de ce passage. Lorsque M. Stewart vous a posé la question
17 au sujet de l'intervention faite par Mme Hrvancanin, est-ce qu'à ce sujet-
18 là, votre réponse serait différente ou est-ce que vous avez répondu en
19 prenant considération le mot "d'opstina" ou avez-vous cru comprendre qu'il
20 s'agissait d'établir une assemblée serbe ? Je vais vous demander s'il nous
21 convient d'avoir ici des explications complémentaires ou s'il suffit de
22 dire que vous avez compris qu'il s'agissait de création de municipalités
23 serbes, suite à quoi vous avez fourni une réponse dans ce sens. Alors si
24 c'est le cas, nous n'avons pas besoin de nous re-pencher dessus, mais si
25 jamais vous estimez qu'il faut ajouter quelque chose, faites-le.
26 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai donné lecture de
27 ce qui est dit, de ce qui est écrit. On dit "municipalité", on ne dit pas
28 "assemblée municipale". Or, la traduction, elle, a dit qu'il s'agissait
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1 d'une "assemblée municipale".
2 Mme Hrvacanin a réagit à une proposition de M. Ostojic qui avait proposé la
3 création des municipalités. Je lui ai dit que j'étais d'accord avec Mme
4 Hrvacanin, parce qu'il n'était pas question de créer des municipalités,
5 mais des assemblées municipales. Ce sont des parlements en réalité. La
6 traduction a été erronée. Elle a dit oui aux assemblées parlementaires, aux
7 assemblées municipales, mais pas aux municipalités. Tout à l'heure, j'ai
8 une fois de plus entendu une interprétation erronée.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Etant donné que vous faites la
10 distinction entre la création d'une "municipalité" ou d'une "assemblée
11 municipale", j'ai estimé que la question devait être tirée au clair.
12 J'estime que cela est fait.
13 Je crois que M. Stewart peut continuer.
14 M. STEWART : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Q. Monsieur
15 Krajisnik, pourriez-vous, je vous prie, prendre le point 13 en marge,
16 référence en B/C/S 13.
17 Pour la Chambre, c'est la page 20 en anglais.
18 M. Milosevic prend parole mais pas M. Slobodan Milosevic. Il s'agit
19 d'un autre Milosevic.
20 R. Oui, je l'ai trouvé.
21 Q. Ce M. Milosevic, au troisième paragraphe dit : "Dans la municipalité de
22 Novi Grad, il y a 85 % plus de Musulmans que de Serbes. Ce qui veut dire
23 que les Musulmans sont majoritaires et représentent 85 % de la population
24 lors de la mise en minorité. Lorsque nous adoptons les décisions du
25 gouvernement, nous sommes mis en minorité à notre détriment. C'est dans
26 leur intérêt qu'aucun organe ne fait aucun travail pour leur peuple et
27 parce que nous travaillons là-dessus. Nous essayons de prévenir ceci. Nous
28 avons quatre secrétariats; le secrétariat de la planification des villes,
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1 de l'économie et de la Défense nationale. Nous n'avons qu'un registre pour
2 la terre, un cadastre.
3 "Ce qui est en train de se passer ?
4 "Lorsque le gouvernement siège, j'interromps la session. Ils restent
5 et décident de prendre de nouveaux travailleurs au sein du secrétariat pour
6 la planification de la ville, par exemple, à la tête de ce secrétariat
7 croate. Au sein du département des utilités il y a un Musulman. Le chef des
8 inspecteurs est Musulman. Ils ont employé dix nouvelles personnes dont huit
9 sont Musulmans et deux Serbes. Ils les embauchent aux sessions de la SDA."
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous demanderais de recommencer
11 la lecture à partir des lignes "par exemple," "for instance." Je suis en
12 train de suivre la traduction française. Il y a plusieurs phrases qui sont
13 un peu en retard. L'interprétation française n'a pas saisi, n'a pas pu vous
14 suivre. Ralentissez le débit, je vous prie.
15 M. STEWART : [interprétation] Oui, certainement, Monsieur le
16 Président.
17 "Par exemple, le chef est Croate. Le chef de la section des utilités
18 est Musulman. Le chef de l'inspectorat est Musulman. Ils emploient dix
19 nouvelles personnes dont huit sont Musulmans et deux Serbes. Ils les ont
20 embauchés lors de cette session du SDA.
21 "Ils disent qu'ils ont la majorité, et c'est la décision qu'ils ont
22 adoptée. Voilà, c'est ainsi qu'ils font leurs décisions.
23 "Dans le territoire de la municipalité, nous allons essayer de
24 résoudre les questions juridiques de la construction illégale. Nous, les
25 Serbes, nous ne pouvons rien faire. Nous exigeons qu'une inspection soit
26 menée, qu'ils viennent, qu'ils écrivent un rapport. Ils ne font rien. Nous
27 avons exigé une inspection, ils sont venus. Ils ont fait un rapport et ils
28 n'ont rien fait. La construction s'est poursuivie."
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1 Q. Monsieur Krajisnik, ce qui a été décrit ici par
2 M. Milosevic, cette description de la situation, s'agit-il de quelque chose
3 de typique ? Est-ce que c'est le genre de problème qui, typiquement, se
4 présentait en Bosnie-Herzégovine ?
5 R. Plus ou moins, oui. Mais ici, il s'agit de Sarajevo. Le problème
6 était beaucoup plus amplifié. Il s'agissait de ma municipalité plus
7 concrètement parlant, la municipalité dans laquelle je vivais moi aussi.
8 Q. Je vous prierais de prendre le point 14, référence 15. C'est une
9 page plus loin.
10 Je vais revenir un tout petit peu en arrière, avec votre permission,
11 pour un bref moment.
12 Monsieur Krajisnik, est-ce que vous voyez la marge 14, votre
13 référence 14 ?
14 R. Oui.
15 Q. Je vous demanderais --
16 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Stewart, et pour les personnes
17 qui parlent anglais ?
18 M. STEWART : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, c'est la
19 page 22. C'est le paragraphe qui commence par : "I think that the
20 proposal." Donc, "Je crois qu'une proposition."
21 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui.
22 M. STEWART : [interprétation]
23 Q. Monsieur Krajisnik, est-ce que vous voyez un paragraphe qui commence
24 par les mots : "Je crois qu'une proposition." "I think that a proposal ?"
25 R. Est-ce que c'est au point 14 ?
26 Q. Oui, oui.
27 R. Oui, je le vois.
28 Q. Monsieur Krajisnik, pourriez-vous, je vous prie, lire à voix haute ce
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1 paragraphe-là et les deux paragraphes qui suivent. Je vous demanderais de
2 donner lecture de trois paragraphes qui commencent par : "Je crois que
3 c'est la proposition."
4 R. "Je crois qu'il s'agit d'une proposition visant à créer des
5 municipalités serbes. D'accord. Je demanderais qu'on en parle plus tard
6 pour voir si nous pouvons procéder à une annexation [phon] possible de
7 créer d'un territoire plusieurs territoires, et cetera.
8 "Le président a demandé aux députés s'ils estiment que l'on pourrait faire
9 la proposition suivante :
10 "Des groupes des députés du SDS de l'assemblée de la BiH ont pris la
11 décision contraire aux intérêts du peuple serbe, car par une mise en
12 minorité, on recommande d'adopter des décisions sur la création des
13 assemblées municipales du peuple serbe.
14 "On demande que ceci soit placé en supplément, et que cela soit
15 recommandé là où c'est nécessaire."
16 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai demandé au témoin
17 de lire ce passage, car l'on peut voir justement ces distinctions entre les
18 municipalités et les assemblées.
19 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je ne vois pas la distinction. Je vois
20 "skupstina", "opstina" qui, selon moi, veut dire "assemblée municipale."
21 Donc, ici, on ne parle pas de municipalité, puisque c'est ajouté le mot
22 "skupstina" et "l'assemblée," mais l'assemblée de la municipalité.
23 M. STEWART : [interprétation] Je suis un petit peu perdu, puisque vous êtes
24 en train de parler de quelque chose dont je ne peux pas faire de
25 commentaire. Je ne connais pas -- je ne parle pas le serbe, et je reçois
26 l'interprétation des interprètes. Donc, ce que j'ai entendu en anglais,
27 c'est les municipalités dans un contexte et l'assemblée dans un autre
28 contexte.
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1 Il faudrait nous pencher peut-être plus là-dessus pour voir avec les
2 personnes parlant le B/C/S de quoi il est question exactement.
3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Un instant, je vous prie.
4 D'après ma lecture de l'original, je n'ai pas cette impression. Mais de
5 nouveau, comme j'ai dit un peu plus tôt, je voudrais vérifier avec les
6 interprètes. Monsieur Stewart, si vous avez quelqu'un qui parle la langue,
7 je vous demanderais peut-être de vérifier aussi ce point soit pendant la
8 pause ou tout de suite s'il est nécessaire de vérifier ce point afin de
9 voir s'il faut demander à nos interprètes de se pencher sur la question.
10 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, je ne crois pas qu'il
11 s'agit d'une question urgente. Nous pourrons certainement nous enquérir
12 auprès des personnes qui parlent le B/C/S pendant la pause suivante.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Veuillez poursuivre, je vous
14 prie.
15 M. STEWART : [interprétation] Certainement, Monsieur le Président.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous demanderais de me permettre de dire
17 quelque chose, Monsieur le Président, avec votre permission.
18 Il est tout à fait clair que l'on parle ici de la création d'un
19 parlement. L'assemblée municipale, c'est le parlement. On ne parle pas de
20 la création d'un territoire. L'assemblée municipale est le parlement et on
21 ne demande pas de procéder à la création d'une municipalité. Une
22 municipalité serait l'équivalent d'un Etat ou d'une république, alors que
23 lorsque l'on parle de l'assemblée municipale, on parle de la création d'un
24 parlement. Je ne sais pas si j'ai pu préciser le point.
25 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je crois, qu'en réalité, nous avons
26 trouvé à deux endroits, dans ces lignes-là, les deux dernières phrases qui
27 ont été lues, nous pouvons retrouver les mots une combinaison de
28 "skupstina" et "opstina" le mot "skupstina" qui apparaît d'abord. A deux
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1 reprises, en anglais, nous pouvons voir qu'on voit l'assemblée municipale.
2 Je ne sais pas, je ne comprends pas tout à fait, je ne suis pas un expert
3 en linguistique, mais il semblerait que M. Krajisnik serait tout à fait --
4 enfin, il nous a expliqué de quoi il s'agit. Nous verrons s'il nous faudra
5 nous pencher sur la question. Si oui, vous le ferez, Maître Stewart, n'est-
6 ce pas ?
7 M. STEWART : [interprétation] Oui. Merci, Monsieur le Président. Je crois
8 que le point a été précisé. Nous pourrons peut-être revoir la question un
9 peu plus tard.
10 Q. Maintenant, Monsieur Krajisnik, pourrait-on prendre le point 15, je
11 vous prie. Point 15 pour vous, Monsieur Krajisnik. C'est Rajko qui parle.
12 J'imagine c'est son nom de famille, Rajko ? Est-ce que c'est son prénom ou
13 son nom de famille ?
14 R. Non. C'est son prénom.
15 Q. Il s'agit donc de Rajko qui ?
16 R. Rajko Kasagic.
17 Q. Merci. M. Kasagic dit : "Je propose qu'un travail très sérieux soit
18 fait concernant la question de la régionalisation, non seulement en tant
19 que question politique, mais également en tant que question stratégique où
20 nous avons également un but spécifique. Il est nécessaire de définir non
21 seulement les relations qui existent entre les territoires, mais de définir
22 également les relations économiques, culturelles et autres. C'est
23 précisément dans ce domaine-là que nous n'avons pas fait grand-chose. Si
24 nous laissons les choses telles qu'elles sont maintenant, les gens qui se
25 trouvent sur le terrain sont laissés à eux. Chacun a sa propre vision de la
26 chose. Chacun essaie de se rendre à Belgrade et de faire quelque chose pour
27 établir des liens, et cetera. Nous sommes en train de perdre les liens
28 principaux ici. Simplement, ce n'est pas la façon dont il faudra régler
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1 notre question principale."
2 Monsieur Krajisnik, qu'est-ce que M. Kasagic dit ici ? De quoi parle-t-il
3 lorsqu'il dit : "Tout le monde essaie de se retrouver à Belgrade, d'aller à
4 Belgrade et de faire quelque chose pour établir des liens" ?
5 R. Voilà. Voyez-vous, à Belgrade, il y a un très grand nombre
6 d'institutions yougoslaves.
7 Chaque région, chaque personne représentant une région se rendait à
8 Belgrade pour résoudre des problèmes reliés à sa propre région. C'est de
9 cela qu'il parlait. Il estimait qu'il n'est pas correct que chacune des
10 régions résolve ses problèmes indépendamment, mais qu'il faudrait essayer
11 d'établir, enfin de représenter les intérêts de toutes les régions et de
12 présenter ces intérêts de façon conjointe pour que l'on puisse avoir une
13 entité, un corps qui pourrait s'exprimer au nom de tous, car chaque région
14 fonctionne de façon individuelle.
15 Q. Plus loin, vous pouvez lire : "Lors de la session de l'assemblée qui a
16 eu lieu le 21 novembre, nous nous sommes mis d'accord pour résoudre la
17 question de Sarajevo par une décision spéciale. Il s'agit d'une question
18 très importante. Nous ne sommes pas encore prêts et nous devons nous
19 demander pourquoi. Personnellement, je ne connais pas la raison."
20 C'était exact, n'est-ce pas, Monsieur Krajisnik, de dire qu'aucune
21 décision particulière ou précise n'avait été rédigée ou rendue ?
22 R. Pardon, voulez-vous être un peu plus clair ? Je ne sais pas à quoi vous
23 faites référence. De quoi parlez-vous, de quelle décision ?
24 Q. Il semblerait que M. Kasagic a dit que lors de la session précédente,
25 la session du 21 novembre, il a été mis d'accord que la question de
26 Sarajevo serait résolue en adoptant une décision spéciale. Mais il semble
27 dire qu'il formule une plainte en disant que cela n'a pas eu lieu. Est-ce
28 que vous seriez d'accord avec cela, d'abord ?
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1 R. Oui, oui, je suis tout à fait d'accord. C'est vrai.
2 Q. Nous pouvons passer plus loin. Il dit : "Je suis convaincu que si nous
3 ne menons pas à bien la régionalisation jusqu'à la fin de façon correcte,
4 il est mieux de ne rien faire. Cela deviendra un problème. Nous allons
5 devenir un problème pour nous-mêmes. Les gens disent : Sois forgeron et
6 fait ton travail correctement ou ne te salit pas les mains du tout. C'est
7 pour cela que j'insiste que cette recommandation soit incorporée dans tout
8 ceci, et que d'abord le problème soit identifié au sein des municipalités
9 ayant une population serbe minoritaire, et que cette question devra être
10 résolue au regard de ce contexte (à cause de la minorité).
11 "Nous n'avons pas fait cela. Nous parlons de la région de la Bosnie
12 du Nord (Doboj). De quelle région s'agit-il ? Nous avons énuméré 18
13 municipalités desquelles dont nous sommes majoritaires seulement dans deux
14 municipalités. De quelle régionalisation parlons-nous ?
15 "L'autre coté dit la même chose, le troisième également. Nous arrivons à
16 une impasse. Nous devrions tenir compte de tous ces scénarios, et s'ils
17 mènent à bien tout ceci, je crois que nous allons être coincés. Nous avons
18 déjà plusieurs exemples lors desquels on a soulevé les questions de la
19 formation des municipalités serbes. Nous avons déjà obtenu les réponses à
20 cela. Mais est-ce que c'est dans notre intérêt de procéder à la création
21 d'une municipalité là-bas ?
22 "En dernier lieu, je crois qu'il faudrait lié ceci au point 3 de l'ordre du
23 jour, et au regard de ces conclusions, nous pourrons corriger l'adoption de
24 ces recommandations, décider sur les conclusions et d'offrir les
25 recommandations après la discussion du point 3."
26 Ensuite, vous, Monsieur Krajisnik, vous dites : " Le Président dit qu'il
27 est tout à fait clair que soit nous ne nous comprenons pas ou nous n'avons
28 pas très bien saisi les problèmes qui existent dans les municipalités dans
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1 lesquelles nous sommes minoritaires. Lors de nos discussions, nous savons
2 tous quelle est la situation dans les régions desquelles nous venons.
3 "Messieurs, il y a des zones urbaines dans lesquelles nous ne pouvons
4 pas résoudre les questions en procédant par la régionalisation, car la
5 régionalisation est une question tout à fait à part."
6 Monsieur Krajisnik, est-ce qu'il serait juste de dire que vous étiez là, à
7 ce moment-là, que vous étiez complètement crevé à ce moment-là, lorsque
8 vous avez dit cela ? Vous en aviez vraiment assez ? Vous étiez fatigué ?
9 R. Oui.
10 Q. Quels étaient les problèmes dans les municipalités dans lesquelles vous
11 étiez minoritaires ? Vous aviez l'impression qu'on n'avait pas très bien
12 saisi les problèmes principaux; quels étaient ces problèmes ?
13 R. Il existait une proposition, ou plutôt, le but était d'adopter une
14 décision, une recommandation, que tous les griefs formulés par les
15 municipalités qui provenaient du terrain, que tout ceci soit remis entre
16 les mains des députés et que les députés en parlent à l'assemblée
17 républicaine et au Parlement serbe, et qu'il ne fallait pas, nous, imposer
18 ces idées, ces problèmes.
19 Alors qu'ici, deux idées sont entrecoupées. Comme j'ai déjà dit, la
20 régionalisation, d'après nous, était un mouvement politique pour forcer
21 l'autre partie à trouver une vraie solution.
22 La Bosnie du Nord, car je parle maintenant de la réunion à Doboj et
23 je vais parler de cette réunion un peu plus tard lorsque le Procureur me
24 posera une question sur ce sujet, mais il s'agissait de mouvements
25 politiques. M. Kasagic, pour sa part ici, dit : "Très sérieusement qu'il
26 faut établir un lien et que nous devrions, nous, procéder à la
27 transformation d'une Bosnie." Mais j'étais contre ceci. J'ai voulu que l'on
28 procède à une recommandation, et de donner la possibilité aux négociations
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1 afin de procéder, afin de résoudre le problème de la transformation de la
2 Bosnie. Par exemple, si nous avions procédé à la régionalisation dans la
3 réalité, si nous choisissons des corps, et cetera, nous ne pouvons pas nous
4 attendre à ce que l'autre côté, l'autre parti négocie avec nous. C'est-à-
5 dire, qu'à chaque fois, nous devons permettre à l'adversaire ou à l'autre
6 partie de faire leurs propres mouvements également, sinon nous n'allons
7 jamais aller de l'avant.
8 Alors que M. Kasagic ne comprenait pas quel était le problème pour
9 les gens qui se plaignaient dans les municipalités où ils étaient
10 minoritaires, je demandais à ce que l'on ne parle pas de la régionalisation
11 pour les municipalités dans lesquelles nous étions majoritaires, mais
12 d'aborder la question d'une autre façon.
13 Q. Monsieur Krajisnik, quelques paragraphes plus loin, à la page 24 en
14 anglais, au paragraphe précédent --
15 Le paragraphe précédent est important, mais puisque nous voulons
16 quand même avancer, il y a un paragraphe qui dit : "S'il vous plaît, ne
17 faites pas de jugements procédant" - en parlant de vos municipalités dans
18 lesquelles les Serbes sont majoritaires, là où le lien régional est
19 possible.
20 C'est ce que vous aviez en tête, n'est-ce pas, Monsieur Krajisnik ?
21 R. Oui.
22 Q. Page 26 en langue anglaise, Monsieur le Président.
23 C'est M. Vojo Kupresanin qui parle, et il dit -- je ne sais pas si vous
24 l'avez.
25 R. Je l'ai trouvé.
26 Q. "Messieurs, je souhaite dire que nous avons créer des régions qui n'ont
27 pas de frontières établies, mais seulement des contours, et pour en arriver
28 à cela, je suis tout à fait d'accord pour dire que nous devons procéder à
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1 la séparation des territoires serbes, c'est-à-dire des municipalités serbes,
2 là où c'est possible, plus particulièrement pour ce qui est des régions
3 périphériques de notre région.
4 "A Bosanska Krajina, la situation suivante se présente : nous avons
5 d'énormes territoires, plus particulièrement à Prijedor, où plus de 70 %
6 allant jusqu'à 80 % du territoire est serbe. Le plébiscite nous a montré de
7 façon précise quels sont les territoires qui nous appartiennent, et
8 conformément avec le plébiscite, nous devons annexer ce territoire. La
9 situation est semblable à Bosanska Krupa, également où il y a peut
10 d'habitants serbes, mais où il y a environ 80 % du territoire qui
11 appartient aux Serbes. Nous devons inclure ce territoire également et créer
12 une municipalité serbe."
13 Monsieur Krajisnik, quelle était votre vision de cette proposition, votre
14 point de vue quant à cette proposition faite par M. Kupresanin ?
15 R. Je n'avais pas une très bonne opinion de cette proposition puisqu'il
16 n'avait pas compris la politique et il voulait quelque chose qui était
17 particulièrement dangereux, parce que cela aurait fermé la porte aux
18 négociations.
19 M. Kupresanin est un poète, il a une âme de poète, et il en faisait
20 un vrai poème alors que ce n'était pas la réalité. Ce n'était pas notre
21 politique. Les gens proposaient, chacun avait une proposition à soi.
22 Il est impossible d'annexer un territoire à un autre, si vous êtes
23 pour l'indépendance de la Bosnie, et d'y annexer des territoires pour
24 lesquels vous n'êtes pas majoritaire. Prijedor, par exemple, n'était pas
25 annexé à la Région autonome de Krajina jusqu'à Vraca [phon], parce qu'à
26 Prijedor, les Serbes n'étaient pas majoritaires, et régionalement, Prijedor
27 n'appartenait pas non plus à la municipalité.
28 Q. Plus loin, M. Kupresanin ajoute, quatre paragraphes plus bas : "A
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1 Cazinska Krajina." Est-ce que vous voyez le paragraphe qui commence par "In
2 Cazinska Krajina" ?
3 On fait référence à 250 000 et 300 000 Musulmans. Est-ce que vous
4 avez pu trouver ce passage ?
5 R. Oui.
6 Q. Très bien. "A Cazinska Krajina, il y a entre 250 000 et 300 000
7 Musulmans dans un territoire très restreint. Nous pouvons tout simplement
8 les encercler, les enfermer, et nous n'avons aucune envie qu'ils nous
9 rejoignent. Il serait bien mieux, en fait, qu'il y ait une Krajina séparée,
10 la Cazinska Krajina, qui dépendra de nous en ce qui concerne leur
11 économie."
12 Monsieur Krajisnik, que pensiez-vous donc de cette proposition ?
13 R. Si je puis, je peux peut-être vous dire quelle était la proposition de
14 M. Kupresanin avant cela.
15 Quand la R Krajina a été établie, il a demandé publiquement à ce que
16 la Cazinska Krajina dise exactement ce qu'elle pense en ce qui concerne le
17 fait de rejoindre la R Krajina, parce que cela ferait un ensemble. Puis,
18 huit ou neuf mois plus tard, vous voyez qu'il a complètement modifié son
19 attitude, et c'est quelque chose qui est faux, qui est erroné, puisqu'il
20 dit : "On va les encercler, on va les rejeter, ce sont des Musulmans, on va
21 les laisser établir leur propre région," et cetera, et cetera.
22 Je ne pouvais pas être d'accord avec sa proposition, et je crois
23 d'ailleurs que lui non plus n'était pas d'accord. Je pense que c'est sans
24 doute plutôt de la propagande. Il pensait que si dans une réunion il disait
25 cela -- bon, peut-être qu'il le pensait vraiment, mais je ne crois pas,
26 parce que publiquement, il a demandé à ces gens de rejoindre la Krajina. Il
27 y a des preuves de cela. Il y a des articles de journaux là-dessus qui
28 déclarent, qui relatent ce qu'il a dit et ce que M. Brdjanin a dit quand
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1 ils ont établi la R Krajina. C'était à la fin avril, je crois, en 1991.
2 Q. Ensuite --
3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si je puis demander une clarification,
4 s'il vous plaît. La R Krajina, cette R Krajina qui est mentionnée; c'est
5 quoi exactement cette R Krajina ?
6 M. STEWART : [interprétation] Je crois que c'est juste une nouvelle
7 abréviation qui avait été adoptée pour la Région autonome de Krajina, tout
8 simplement.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, si cela était le cas, cela va. Je
10 voulais juste m'assurer que c'était bien cela.
11 M. STEWART : [interprétation] Personne ne semble le contredire, donc --
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je ne me souvenais pas d'avoir
13 entendu cette abréviation, donc c'est tout nouveau, c'est un nouvel
14 acronyme, la R Krajina, donc il faut qu'on s'y habitue. Mais quand c'est
15 nouveau, j'aime bien le savoir.
16 L'INTERPRÈTE : Il s'agit de la Région autonome de Krajina, la RAK.
17 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je crois que c'est cela. D'habitude
18 --
19 M. STEWART : [aucune interprétation]
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est l'ARK, en français, donc, c'est la
21 Région autonome de la Krajina, la RAK.
22 M. STEWART : [interprétation] Oui, c'est un peu un débat entre anglophones
23 ici, Monsieur Krajisnik, ne vous inquiétez pas.
24 Q. M. Zarko est le suivant. Vous vous souvenez, il est président -- là, il
25 s'agit donc de la note en marge qui est 18, c'est la page 27, en fait, donc
26 c'est le président du conseil exécutif de l'assemblée de Novo Sarajevo.
27 Voici ce que dit M. Zarko Djurovic : "Monsieur le président, à partir du
28 moment où nous avons commencé à parler de ce problème, j'ai pensé à
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1 l'efficacité des décisions qui seront adoptées dans ces municipalités qui
2 n'ont pas une majorité de population serbe. Sachez que je ne peux pas
3 imaginer, étant donné l'organisation des municipalités, je ne peux pas
4 imaginer comment une décision pourrait être mise en œuvre sur le territoire
5 d'une municipalité de ce genre. Autres chose, en revanche, pour ce qui est
6 des décisions qui seront adoptées par cette assemblée, quand ces décisions-
7 ci sont remises en question. En effet, l'assemblée du peuple serbe de
8 l'ABiH peut adopter des lois ou des recommandations qui seront
9 contraignantes pour les gens habitant dans des municipalités où les Serbes
10 sont en majorité, ainsi que pour les municipalités où les Serbes sont en
11 minorité, car ces décisions doivent être prises en pensant à cela et
12 doivent être -- bien sûr, il convient de les appliquer, et les
13 secrétariats, les administrations, et cetera, doivent mettre en œuvre ce
14 qui a été décidé par ce type d'assemblée."
15 Monsieur Krajisnik, quand on parle de ces décisions de cette assemblée,
16 donc de l'assemblée dont nous avons le PV, donc l'assemblée du peuple serbe
17 en Bosnie-Herzégovine, quand on dit qu'elles sont contraignantes pour les
18 gens qui habitent dans des municipalités où les Serbes sont en minorité ou
19 en majorité, d'après ce que vous avez compris, est-ce que M. Djurovic
20 disait qu'elles n'étaient contraignantes que pour les Serbes de ces
21 municipalités, ou contraignantes pour tout le monde ?
22 R. M. Djurovic, je crois, n'avait pas compris le but de la création de
23 l'assemblée du peuple serbe en Bosnie-Herzégovine.
24 Je ne comprends absolument pas ce qu'il a dit là, dans ce paragraphe.
25 Il n'avait rien compris. Il n'avait pas compris pourquoi l'assemblée du
26 peuple serbe de Bosnie-Herzégovine avait été créée au départ. Elle était là
27 pour résoudre des problèmes, et non pas pour adopter des lois. Alors il dit
28 : "Oui, on peut le faire, mais après, comment est-ce qu'on va l'appliquer
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1 au niveau des municipalités ?"
2 Or, la municipalité d'où vient M. Djurovic, c'est celle de Novo
3 Sarajevo, une municipalité urbaine. Il ne comprend absolument pas s'il
4 devait établir une assemblée serbe, comment il arriverait à la faire
5 fonctionner. Mais il ne comprend absolument pas le but de l'assemblée, il
6 est en train de tout mélanger. Il mélange l'assemblée officielle et une
7 assemblée ou un Parlement serbe qui serait établi au niveau municipal;
8 voilà son problème. Il ne comprend pas, en fait, il ne comprend pas le
9 problème, et c'est pour cela qu'il a dit ce qu'il a dit.
10 Q. Bien, je ne vais pas lire la dernière phrase de ce paragraphe.
11 Mais dans le paragraphe suivant, je reprends, donc je cite : "Je
12 pense qu'un problème ne peut être résolu que par la loi ou par la
13 législation subsidiaire. Aucune décision avancée par une municipalité serbe
14 ne pourrait être --"
15 Pour être parfaitement sûr, je vais vous demander de le lire en
16 B/C/S, Monsieur Krajisnik, s'il vous plaît. Donc si vous pouviez lire le
17 paragraphe qui commence par : "Je crois qu'un problème."
18 R. "Il n'y a pas une seule décision qui serait contraignante pour le
19 secrétariat, par exemple, des affaires urbaines, si elle est adoptée par
20 une assemblée serbe et si ce secrétariat est dirigé par un Musulman. Cette
21 décision ne pourra jamais être appliquée."
22 Devrais-je continuer ?
23 Q. Non, si vous voulez vous arrêter.
24 M. STEWART : [interprétation] Voilà encore le problème qui émerge, toujours
25 ce même problème. Je pense que la Défense va devoir faire un peu de
26 travail, parce que parfois, cela revient comme étant "l'assemblée",
27 parfois, cela revient comme étant la "municipalité".
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Pour être honnête, j'étais en train
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1 de faire une petite note et je n'ai pas vraiment suivi l'original.
2 M. STEWART : [interprétation] Oui, mais c'est juste pour attirer votre
3 attention sur cette distinction entre ce qui est traduit, donc le document
4 que nous avons et qui a été traduit, où il est écrit : "Aucune décision
5 émanant d'une municipalité serbe". J'ai cru avoir un problème, et c'est
6 pour cela que j'ai demandé à M. Krajisnik de lire le B/C/S et de --
7 l'interprète de la cabine nous a bien dit "assemblée".
8 L'INTERPRÈTE : L'interprète de la cabine anglaise est absolument désolée
9 parce qu'elle a dû se tromper, en fait, parce que là, il est bien écrit
10 "opstine", c'est-à-dire "municipalité", donc il ne s'agit pas d'assemblée,
11 mais il s'agit de municipalité.
12 M. STEWART : [interprétation] Merci pour cette précision.
13 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Puisque ceci est clair, maintenant
14 nous pouvons poursuivre.
15 M. STEWART : [interprétation]
16 Q. Donc, M. Djurovic, ici, est en train de nous parler --j'aimerais juste
17 poser une question pratique d'abord, s'il vous plaît. Monsieur Krajisnik,
18 quand je lis un paragraphe comme celui-là en anglais, vous le suivez dans
19 le document écrit, donc dans l'original en B/C/S ?
20 R. Oui, tout à fait.
21 Q. Oui.
22 R. [aucune interprétation]
23 Q. J'essaye d'éviter la possibilité que M. Krajisnik ne lise pas
24 l'original pour répondre aux questions.
25 Donc, si vous pouviez, Monsieur Krajisnik, bien continuer à suivre
26 sur l'original en B/C/S. Et je reprends ma question.
27 Donc, quand M. Djurovic nous dit que : "Aucune décision émanant d'une
28 municipalité serbe ne pourrait être contraignante pour le secrétariat, par
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1 exemple, de la planification urbaine, si ce secrétariat était dirigé par un
2 Musulman." Mais normalement, dans une municipalité à majorité serbe, une
3 décision serait contraignante pour le secrétariat, par exemple un urbanisme,
4 n'est-ce pas? Quelle que soit la nationalité du dirigeant du secrétariat de
5 l'urbanisme ?
6 R. Tout est mélangé, là. Je ne sais plus tout où nous en sommes.
7 J'aimerais pouvoir m'expliquer, parce que je crois qu'il y a des choses que
8 vous n'avez pas bien comprises. J'aimerais bien expliquer exactement ce qui
9 est évoqué dans ce paragraphe.
10 Q. Mais surtout, n'hésitez pas, Monsieur Krajisnik, et expliquez donc aux
11 Juges exactement ce qui est dit dans ce paragraphe.
12 R. Merci beaucoup.
13 M. Djurovic a mélangé l'assemblée municipale avec la municipalité,
14 donc le Parlement avec le territoire. Il a fait une confusion entre les
15 deux, et il dit qu'il est sur un territoire de Novo Sarajevo, qui est un
16 territoire en Bosnie-Herzégovine, il dit qu'il établit là une municipalité.
17 C'est ce qu'il dit. Il parle de municipalité, et non pas d'assemblée
18 municipale. Ensuite, il dit : Admettons qu'on adopte une décision, la
19 décision ne sera pas acceptée par un secrétariat si ce secrétariat est
20 dirigé par un Musulman.
21 Mais cette décision éventuelle, si elle devait être adoptée, ne doit
22 pas s'appliquer à un secrétariat qui appartiendrait à l'assemblée
23 municipale de Bosnie-Herzégovine. Il mélange les pommes et les oranges et
24 les pommes et les poires. Bien sûr que cela ne pourrait pas être adopté et
25 mis en œuvre, parce qu'il s'agit d'une municipalité où les Serbes sont en
26 minorité, donc s'ils prenaient une décision, elle ne pourrait être mise en
27 œuvre, ou plutôt, elle ne pourra pas être mise en œuvre dans un territoire
28 où il y a une majorité de Musulmans. Cela parait évident.
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1 Donc il a tout mélangé; les deux propositions ensemble, complètement
2 mélangées. Certaines personnes veulent la régionalisation, et d'autres
3 veulent des Parlements, des assemblées municipales. Le sujet du débat,
4 c'est d'adopter une recommandation visant à établir des Parlements
5 municipaux, alors que lui, il est en train de dire qu'ils vont établir des
6 Parlements municipaux. Mais comment est-ce que cela va être mis en œuvre au
7 niveau de la municipalité ? Je pense que je parle un peu trop fort, j'en
8 suis désolé. Il est en train de mélanger les deux, et maintenant du coup,
9 nous aussi on est complètement perdus, parce que c'est M. Djurovic qui est
10 complètement perdu.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, je vous disais juste que vous
12 parliez un peu rapidement, Monsieur Krajisnik.
13 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis désolé, je parlais vite, mais je
14 parlais aussi extrêmement fort et je m'en excuse.
15 M. STEWART : [interprétation]
16 Q. Cela dit, il était quand même évident que toute décision qui émanerait
17 d'une assemblée serbe venant d'une municipalité à minorité serbe n'aurait
18 en aucun cas pu être contraignante pour le directeur des services de
19 l'urbanisme, s'il était Musulman, n'est-ce pas ? Cela, c'est un exemple.
20 R. Je suis content de vous entendre, parce que vous avez tout à fait
21 raison. C'est tout à fait cela.
22 Q. Passons maintenant au point 19, donc M. Skoko. D'abord, M. Skoko, est-
23 ce son nom de famille ou son prénom, M. Skoko ?
24 R. Skoko, c'est son nom de famille.
25 Q. Parfait.
26 Donc M. Skoko nous dit la chose suivante, et je cite : " Je serais
27 d'accord avec ce qu'a dit M. Djurovic, parce que même lorsque nous avons
28 créé l'assemblée serbe, j'ai pensé que c'était la première mesure, dans les
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1 différentes mesures, qui allait être prise. Malgré le fait que cette
2 assemblée ait des pouvoirs plus étendus que les assemblées municipales,
3 c'est-à-dire qu'elle peut adopter des décisions qui sont contraignantes
4 pour les peuples serbes au sein des municipalités où ces Serbes sont en
5 majorité, je crois néanmoins qu'il nous faut aller un peu plus loin si nous
6 ne voulons pas que cette assemblée ne fasse que des proclamations. Quand je
7 dis "aller plus loin", je dis il nous faut former des ministères, des
8 organes de puissance, il faut que nous puissions nous financer, et donc que
9 nous ayons le droit de lever des impôts, et cetera."
10 Donc, quand il dit : "Elle peut adopter des décisions qui seront
11 contraignantes pour les peuples serbes au sein des municipalités où les
12 Serbes sont en majorité," quand il dit cela, d'après vous, Monsieur
13 Krajisnik, est-ce qu'il pensait qu'indirectement la décision de cette
14 assemblée, donc l'assemblée dont on examine le PV, l'assemblée serbe de
15 Bosnie-Herzégovine, ces décisions seraient bel et bien suivies par les
16 Serbes qui contrôleraient politiquement une municipalité; donc ce serait
17 une décision qui serait contraignante pour ce type de municipalités où des
18 Serbes étaient aux commandes ?
19 R. Elles devraient être contraignantes, mais étant donné que de toute
20 façon il n'y avait aucune autorité, aucune loi, je ne sais pas. Mais le but
21 de la création de cette assemblée serbe de Bosnie-Herzégovine, c'était de
22 pouvoir adopter des décisions qui s'appliqueraient aux endroits où les
23 Serbes étaient en majorité. On a bien vu cela quand on a parlé des
24 territoires, puisque c'étaient des territoires où les Serbes avaient décidé
25 qu'ils voulaient rester au sein de la Yougoslavie.
26 Q. Nous continuons au paragraphe suivant : "Pour ce qui est des
27 municipalités, je ne vois absolument pas quelle sera l'utilité de créer des
28 assemblées municipales serbes dans des municipalités où les Serbes sont en
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1 minorité, à moins que des organes importants qui mettent en œuvre ces
2 décisions soient établis. Que veut dire l'adoption d'une décision au niveau
3 municipal s'il n'y a pas d'entité permettant de l'appliquer ? C'est une
4 décision qui, finalement, n'est absolument contraignante pour personne.
5 Cela ne peut être qu'une proclamation. Cette proclamation n'a aucune chance
6 d'être réalisée à un moment où à un autre."
7 Donc, Monsieur Krajisnik, là encore, l'opinion de M. Skoko semble être
8 totalement opposée à la vôtre, n'est-ce pas ?
9 R. Oui. Il parlait là encore des municipalités, et non pas des parlements
10 municipaux, des assemblées municipales. Il nous dit : nous devons établir
11 des municipalités, ce qui était contraire à ce que je pensais et contraire,
12 surtout, à ce qu'on avait décidé de mettre à l'ordre du jour.
13 Q. Oui, mais il est en train de dire, quand même, dans ce paragraphe, que
14 la proposition telle qu'elle est évoquée, donc proposition de création
15 d'assemblée municipale serbe au sein des municipalités où les Serbes sont
16 en minorité, est vouée à l'échec et ne servira absolument à rien. C'est
17 quand même ce qu'il semble dire ?
18 R. Je ne l'ai pas trouvé. Je l'avais, il y a une minute. C'est vrai, c'est
19 vrai, il pensait que c'était inutile de créer ces types d'assemblées.
20 Q. Donc, il y a un paragraphe extrêmement court après, c'est d'ailleurs
21 les derniers mots qu'il a prononcés, je cite : "Pour ce qui de la
22 régionalisation, je crois que là, il faut que nous soyons très…"
23 Et vous, en tant que Président, vous l'avez arrêté, si je puis dire, n'est-
24 ce pas, Monsieur Krajisnik ? Vous lui avez coupé la parole en lui disant
25 qu'il ne convenait pas de parler de la régionalisation à ce moment-là.
26 R. Tout à fait.
27 Q. Ensuite : "Il y a un député qui fait remarquer qu'à Banja Luka, les
28 Musulmans ont l'intention d'établir deux municipalités. C'est un territoire
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1 extrêmement restreint, donc je vais leur permettre de former une
2 municipalité musulmane, mais dans d'autres territoires où les Serbes
3 dominent, je les empêcherai de s'emparer du territoire et de s'y
4 installer."
5 "Le président reprend et demande aux députés de ne pas discuter de
6 l'intention des Musulmans. Ils feront ce qu'ils voudront sans nous demander
7 notre avis, d'ailleurs, ni notre permission, et de toute façon, cela ne
8 nous regarde pas."
9 Donc, Monsieur Krajisnik, pourquoi est-ce qu'à ce moment-là, vous avez
10 demandé aux députés de ne pas évoquer les intentions des Musulmans ?
11 R. Parce que là, on s'éloignait de l'ordre du jour. L'ordre du jour était
12 clair. Et là, cela y est, ils commencent à parler des municipalités, des
13 territoires, les Musulmans veulent créer une municipalité à Banja Luka, et
14 cetera. Enfin, ici, cette Chambre a entendu déjà des dépositions et des
15 témoignages venant d'un témoin, selon lesquels les Musulmans avaient bel et
16 bien établi leur municipalité au sein de l'assemblée municipale de Banja
17 Luka, bien qu'elle n'ait jamais vraiment fonctionné. Mais ce que je leur
18 disais, c'était : revenons à l'ordre du jour, ne nous écartons pas,
19 revenons à nos moutons, si je puis dire. D'ailleurs, les Musulmans ne
20 demandaient pas aux Serbes à Banja Luka s'ils étaient d'accord ou pas,
21 quant à la création de leur propre assemblée municipale. Ils l'ont créée,
22 et c'est tout.
23 Q. Encore quelques lignes plus loin, donc là, nous sommes à la petite note
24 21 dans la marge, donc c'est à la page 27 dans la version anglaise. "Le
25 président met l'accent sur la chose suivante :
26 "Il faut s'assurer que les décisions adoptées par les représentants
27 des municipalités sont vérifiées par cette assemblée, et ne sont pas en
28 conflit avec la régionalisation et les intérêts de la régionalisation.
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1 Pouvons-nous adopter cette décision ?"
2 Visiblement, la décision n'est pas adoptée, puisqu'il est écrit au
3 paragraphe suivant que les députés décident de ne pas adopter la décision.
4 R. Tout à fait. Je voulais que la discussion se termine, puisqu'on était
5 en train de parler de régionalisation, mais ils ont rejeté ma proposition,
6 et après, ils ont continué à débattre longuement.
7 Q. Donc à la fin de la page 27, M. Ljubo prend la parole. Puis, vous, je
8 cite : "Le président remarque qu'il pourrait y avoir un problème à cet
9 égard en mettant l'accent que dans la République de Bosnie-Herzégovine, il
10 faut obtenir l'approbation de l'assemblée républicaine, et nous devrions
11 demander la même chose.
12 "…car si nous permettons à chaque municipalité de poursuivre sa
13 propre politique en ce qui concerne le peuple serbe et si ceci n'est pas en
14 adéquation avec la régionalisation, tout ce qui en résultera sera du chaos.
15 Donc nous devons le traiter par nous même, et je pense que nous devons
16 poursuivre une politique qui serait en harmonie avec la politique conjointe
17 qui est poursuivie par cette assemblée-ci. Il suffit de copier ce qui se
18 fait, en fait, au sein de l'assemblée républicaine. Je ne considère pas
19 qu'il faille défaire tout ce qui a été fait, parce que nous n'empêcherons
20 personne de créer une assemblée, mais ceci pourra être en harmonie avec
21 notre politique. Est-ce que vous pouvez fonctionner ainsi ?"
22 Ensuite, M. Ijacic prend la parole et dit : "On a aucune raison de
23 craindre que cela pourrait influencer la régionalisation. En effet, ce sont
24 des assemblées qui existent avec la division de territoires existante."
25 "Le président : Qu'en est-il si nous les vérifions ici, étant donné que
26 nous l'avons recommandé ?"
27 "Cela signifie que nous allons devoir de toute façon agir selon la
28 recommandation," a répondu Ijacic.
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1 Monsieur Krajisnik, en résumé, on peut dire que vous étiez en train de vous
2 assurer qu'au niveau local ou municipal, les gens n'allaient pas tout
3 simplement faire n'importe quoi, que les problèmes allaient être rapportés
4 devant cette assemblée pour que vous puissiez au moins coordonner plus ou
5 moins et contrôler les choses ?
6 R. Oui, c'est tout à fait cela. Si vous vous souvenez qu'il y avait cette
7 proposition venant de l'assemblée municipale de Tuzla, personne n'en avait
8 jamais entendu parler. Il y a un village qui avait créé sa propre assemblée,
9 et personne n'en savait rien, même nous, nous n'en savions rien, et c'est
10 exactement pourquoi j'ai pris la parole à ce moment-là.
11 Q. Ensuite, dans le paragraphe suivant, on voit que finalement, vous avez
12 réussi, puisque vous avez adopté la décision.
13 Je lis : "Que les décisions des groupes de députés de se transformer
14 en assemblée de peuple serbe soient vérifiées par l'assemblée du peuple
15 serbe de Bosnie-Herzégovine". C'est bien cela ?
16 R. Oui.
17 Q. Pour être vraiment clair, donc les deux références aux assemblées ici
18 qui doivent se transformer en assemblées du peuple serbe, on parle ici du
19 niveau municipal, uniquement du niveau municipal; c'est cela ?
20 R. Oui, il s'agit d'assemblées municipales en Bosnie-Herzégovine, donc des
21 députés pour ces assemblées municipales. Il est dit que ces clubs peuvent
22 se créer, ce sont donc l'assemblée des Serbes en Bosnie-Herzégovine. Ces
23 clubs sont créés au niveau municipal, et les membres du club ne peuvent
24 être que des députés qui sont légalement élus, et personne d'autre.
25 Q. "Le président demande à nouveau à la page 28 : Pouvons-nous donc
26 adopter ceci, et qui est en faveur de cette décision ?" Ensuite, la
27 décision est adoptée, et elle est notée au compte rendu.
28 Maintenant passons à la note 24 qui est dans la marge. Est-ce que vous
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1 l'avez trouvé, Monsieur Krajisnik ?
2 R. Oui, je l'ai trouvée.
3 Q. Cela commence par : "Je m'excuse de ce discours extrêmement long."
4 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] S'il vous plaît, j'ai besoin d'une
5 clarification.
6 Monsieur Krajisnik, vous avez demandé : "Pouvons-nous adopter ceci,
7 et qui est en faveur de cette décision ?" Donc, il s'agissait de la
8 décision qui portait sur -- décision avec ces suppléments, comme nous
9 l'avons vu précédemment, n'est-ce pas ? C'est bien la décision que l'on
10 peut trouver ? Je pense qu'elle est au début, en fait, du dossier. Je crois
11 que c'était donc le projet de décision sur la création d'assemblée du
12 peuple serbe dans la municipalité de …" Il s'agit d'une décision qui
13 contient huit paragraphes. C'est bien cette décision-là qui a été adoptée ?
14 Si j'ai bien compris, c'est bien cette décision qui avait été débattue et
15 ensuite adoptée ?
16 Je crois qu'on doit en revenir à la version B/C/S, c'est à la page 20 -- 26,
17 c'est en B/C/S. Il s'agit de la page 26 où on a le titre et en page 27.
18 C'est cela ?
19 M. STEWART : [interprétation] Ce serait peut-être plus simple pour regarder
20 ce qui se passe. En anglais, il s'agit de la page 10, parce que vous, vous
21 avez parlé de la page -- ce qui est à la page 18 en anglais. Donc, c'est le
22 type de décision qui pourrait émaner de ces assemblées si elles étaient
23 formées.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais c'est à cela que je voulais
25 faire référence. Ce que je voulais savoir, c'est si la décision de
26 l'assemblée a été prise sur la base d'un modèle, d'une décision modèle pour
27 les assemblées municipales, les assemblées municipales serbes. Est-ce que
28 c'est ce qui se trouvait dans cette décision, c'est-à-dire, est-ce que l'on
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1 demandait de suivre ce modèle ou est-ce que c'était autre chose ? Car à la
2 lecture de cette phrase, il semblerait que cela faisait partie des
3 discussions qui ont mené à l'adoption de ces décisions.
4 Vous comprenez ce que je veux dire. C'est qu'il y a eu beaucoup de
5 discussions, beaucoup de confusion. Je crois vous essayez de dire aux
6 députés, aux membres de l'assemblée, que les municipalités et les groupes
7 de municipalités devraient établir une assemblée municipale serbe. Est-ce
8 que ce modèle, en parlant du modèle de comment les choses doivent être
9 faites, est-ce que cela faisait partie de la décision adoptée ou est-ce que
10 le modèle n'a pas été inclus en l'occurrence ?
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas si on traduit erronément. Il
12 est toujours question de décision. Ce n'est pas une décision; c'est une
13 recommandation.
14 Monsieur le Juge, ici, il a été adopté la chose suivante, et cela a été
15 publié au journal officiel. Le texte qui est en gros caractères, c'est une
16 chose que l'assemblée a adoptée à l'unanimité avec deux compléments. Quels
17 sont les compléments ? Les compléments en première page, on recommande au
18 Club de députés du SDS, aux assemblées municipales de Bosnie-Herzégovine,
19 où il y a mise en minorité systématique pour imposer les décisions
20 contraires aux intérêts du peuple serbe, il est proposé un complément à
21 l'alinéa 1. Et l'autre complément, c'est le texte suivant, à savoir que les
22 décisions des clubs de députés visant à se transformer en assemblées du
23 peuple serbe, doivent être entérinés par l'assemblée et le parlement de la
24 Bosnie-Herzégovine. Ce sont là les deux compléments qui ont été publiés à
25 la Gazette officielle. On a recommandé l'adoption de ces deux compléments.
26 C'est à ce moment-là que cela a été adopté. Or, ce que vous venez de
27 mentionner tout à l'heure, cela avait été un projet de décisions. Suite aux
28 débats, cela a été mué en recommandation. J'espère avoir été clair.
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1 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Une fois de plus, cette
2 recommandation incluait-elle une proposition pour ce qui est de recourir à
3 cette formule lorsque les clubs des députés serbes établiront une assemblée
4 serbe ? Donc, la recommandation a-t-elle été donnée de recourir à ce
5 modèle-là ? Est-ce que les assemblées serbes étaient censées être créées
6 conformément à ce modèle de décision relatif aux assemblées locales ?
7 LE TÉMOIN : [interprétation] J'aimerais que vous oubliiez cette décision.
8 Parce qu'elle a été mise en ad acta puisque tout le monde a été contre. La
9 seule décision de prise a été celle de recommander aux députés du SDS, SDO,
10 dans les municipalités où ils étaient mis en minorité systématiquement,
11 qu'ils pouvaient créer une assemblée du peuple serbe dans cette
12 municipalité.
13 Or, la méthodologie pour ce qui est de la création ou la mise en
14 place d'une assemblée, c'est notoirement connu. Il faut que ce soit
15 constitué de députés de l'assemblée de cette municipalité, qui sont du
16 groupe ethnique serbe, et il ne s'agirait pas de mettre, de faire mettre
17 quelqu'un d'autre là-dedans. Cette décision que le Club de députés en
18 question adopterait, était censée être envoyée à l'assemblée du peuple
19 serbe au niveau de la République pour que ce soit entériné. Alors, on n'a
20 pas parlé de méthodes. Parce que là, les modalités de création d'une
21 assemblée étaient celles de celle-ci ou de celle-la ou de toute autre. Nous
22 avions fait un projet de décision qui a été abandonné, et nous avons, par
23 la suite, rapidement eu cette recommandation d'adopter.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Donc, c'est rien qu'une
25 recommandation, point à la ligne. Il convient de mettre tout à fait de côté
26 ce qui a été discuté au préalable.
27 Monsieur Stewart, je crois que nous approchons de
28 6 heures moins 20. Est-ce que cela vous conviendrait de faire une pause
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1 jusqu'à 6 heures ?
2 M. STEWART : [interprétation] Certainement, Monsieur le Président.
3 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Alors, nous allons faire une pause
4 jusqu'à 6 heures.
5 --- L'audience est suspendue à 17 heures 39.
6 --- L'audience est reprise à 18 heures 08.
7 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avant que de continuer, je dirais que la
8 Chambre a décidé sur un point où les parties ont été d'accord pour dire que
9 le D171 et D173 devraient être versés au dossier sous pli scellé. Ces deux
10 pièces seront versées sous pli scellé.
11 M. HARMON : [interprétation] Merci.
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Stewart, vous êtes prêt
13 pour continuer votre interrogatoire principal ?
14 M. STEWART : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.
15 Q. Monsieur Krajisnik, je voudrais que vous vous penchiez sur le point 26
16 de la numérotation en marge du texte. Je précise que cela se trouve dans la
17 partie où il s'excuse de la longueur de son exposé. C'est en page 36,
18 version anglaise, 26, pour ce qui est de la numérotation que vous avez en
19 marge.
20 R. Oui, je l'ai retrouvé.
21 Q. Fort bien. Trois paragraphes plus bas, est-ce que vous voyez le passage
22 où il est dit : "Compte tenu des conditions de guerre dans le pays."
23 Avez-vous retrouvé ?
24 R. Oui, je vois.
25 Q. Cette phrase, Monsieur Krajisnik, là M. Miskin est en train de parler
26 de la Croatie, de la guerre en Croatie, n'est-ce pas ?
27 R. Oui.
28 Q. Il dit : "Compte tenu des conditions de guerre prévalant dans le pays
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1 et de la situation des plus précaires en Bosnie-Herzégovine, nous estimons
2 que dans toutes les régions, ainsi que dans la Bosnie-Herzégovine tout
3 entière, il conviendrait d'élaborer des plans détaillés, d'agir au cas où
4 le peuple aurait à se défendre vis-à-vis d'ennemis nombreux.
5 "Alors, quand je dis cela, j'ai à l'esprit les tâches concrètes en
6 termes de mobilisation, en termes de sécurisation des installations
7 vitales, des monuments culturels, des églises, des archives historiques, et
8 ainsi de suite.
9 "Il est nécessaire également de sécuriser les arrières, les
10 approvisionnements, les communications et cetera, aux fins d'assurer la
11 coordination, le commandement, le contrôle, d'organiser les autorités des
12 différents secteurs."
13 Monsieur Krajisnik, ces plans détaillés de comportement avaient-ils été mis
14 sur pied à l'époque par la direction du SDS ?
15 R. J'ai l'impression de lire ceci pour la première fois. Jamais un
16 planning de ce genre n'a été établi.
17 Q. Ensuite, cela continue pour dire : "En conclusion, je voudrais
18 souligner la chose suivante :
19 " - en inspectant certaines zones, j'ai remarqué une mauvaise
20 coordination entre les municipalités dans certaines régions avec peu ou
21 prou d'activités politiques, une mauvaises organisation, des querelles, une
22 lutte de pouvoir, des profiteurs de guerre, et ainsi de suite."
23 Monsieur Krajisnik, aviez-vous des raisons de douter ou de contester
24 le résumé de ce que dit M. Miskin dans ce paragraphe ?
25 R. Je ne sais pas comment j'ai réagi à ce moment-là, mais comprenez-moi
26 bien que de nos jours, si je devais écouter cela, je penserais que c'est un
27 pamphlet, que c'est quelqu'un qui raconte des histoires. On sait qu'il y a
28 eu beaucoup de démagogie, les gens étaient portés à la critique, mais
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1 personne ne savait comment résoudre le problème. Certainement, qu'il y a eu
2 de la démagogie. Il y a eu de l'inquiétude, il était peut-être mieux
3 informé que moi-même. Mais dans une situation où il y a absence de pouvoir,
4 je dirais qu'il est possible que ces choses arrivent avec le manque
5 d'autorité à tout point de vue, si je puis m'exprimer ainsi.
6 Q. Mais est-ce qu'à l'époque vous vous êtes procuré des informations qui
7 vous auraient permis d'évaluer si ce qui a été dit était vrai, à savoir
8 qu'il y avait mauvaise coordination entre les municipalités, peu ou trop
9 d'activités politiques, une mauvaise organisation, des querelles, une lutte
10 de pouvoir, des profiteurs de guerre, et ainsi de suite ?
11 R. Il a été avancé des qualificatifs graves, ici. Je caractériserais la
12 chose de la façon suivante, et je dirais qu'il y a eu une époque avec un
13 faible pouvoir central. Les autorités ne fonctionnaient pas. L'autorité de
14 la Bosnie-Herzégovine faisait défaut, et les gens pouvaient faire ce qu'ils
15 voulaient. Il y a eu tous ces phénomènes d'accompagnement, ces profiteurs,
16 ces luttes de pouvoir. Je crois bien que ce monsieur-là, M. Jovo Miskin,
17 devait forcément avoir raison.
18 Q. Mais tant qu'on y est, qui, au juste, était Jovo Miskin ?
19 R. M. Miskin était le directeur de l'administration géodésique. Je
20 crois que cela s'appelait ainsi pour la Bosnie-Herzégovine. C'était un
21 cadre qui faisait partie du système antérieur, et il a été gardé à ses
22 fonctions, pour autant que je m'en souvienne, en sa qualité de cadre serbe.
23 Il a fait partie des autorités une fois que la Republika Srpska a été créée,
24 ou plutôt, lorsqu'a été créée la République serbe de Bosnie-Herzégovine. Il
25 était topographe, je pense, de par sa profession, et c'est en matière de
26 topographie qu'il intervenait.
27 Q. D'où venait-il, Monsieur Krajisnik ?
28 R. Il était originaire de Trebinje, mais résidait à Sarajevo. Je pense
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1 qu'il était originaire de Trebinje ou d'une autre localité en Herzegovine.
2 M. STEWART : [interprétation] Messieurs les Juges, je propose que ce compte
3 rendu de la troisième session soit mis de côté.
4 Nous en arrivons maintenant à une transcription que je crois que nous
5 n'avons pas encore eu l'occasion d'examiner, et que je ne crois pas avoir
6 été versée au dossier. Alors, nous avons fait distribuer des copies de
7 cette transcription, et je crois que M. Krajisnik en a une dans sa langue.
8 Nous allons faire voir cela sur les moniteurs, et nous proposons à ce
9 que soit passée cette conversation. Comme M. Josse l'a dit, nous n'allons
10 pas les passer toutes.
11 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors il faudrait lui donner un numéro,
12 Monsieur le Greffier.
13 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le D179.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, Monsieur Tieger.
15 M. TIEGER : [interprétation] Les copies ont été distribuées, en effet, et
16 nous avons, je suppose, été informés que la Défense allait se servir de
17 cette écoute, mais nous aurons besoin d'autres informations.
18 M. STEWART : [interprétation] Il s'agit du 11 décembre 1991, une
19 conversation entre le Dr Karadzic et M. Krajisnik. Cela porte une
20 numérotation interne. Il y a une traduction, et la version anglaise porte
21 le 03027319.
22 M. JOSSE : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que je n'ai
23 peut-être pas informé le Procureur du fait que nous allions utiliser cette
24 transcription, et je m'en excuse. Je pourrais peut-être fournir ma copie à
25 moi.
26 M. STEWART : [interprétation] Monsieur le Président, si vous voulez bien,
27 nous allons passer cette enregistrement.
28 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, allez-y.
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1 [Diffusion de la cassette audio]
2 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
3 "Karadzic : Mais laisse-le, ce con de sa mère, la Krajina et la Herzegovine,
4 qu'il nique sa mère, il nous casse les nerfs, il casse les églises.
5 Krajisnik : Non non, mais je veux dire, c'est un imbécile, celui-là,
6 qu'il aille se faire foutre. Tout le temps on travaille une chose, et lui,
7 il vient en homme sarcastique nous raconter des histoires.
8 Karadzic : Mais tu te rappelles de lui au comité principal ?
9 Krajisnik : Oui.
10 Karadzic : Alors moi, avant, je lui disais : c'est comme si on avait pris
11 50 litres de lait, et que lui il venait pisser dans ce lait. J'ai dû lui
12 dire qu'il aille se faire --
13 Ecoutez, alors je disais que si nous étions dans un Etat monoethnique, je
14 ne ferais jamais de politique. Je méprise la profession politique.
15 Krajisnik : Mais je ne sais pas d'où il est venu, ce con de sa mère.
16 Karadzic : Mais Tesic, c'est aussi un imbécile.
17 Krajisnik : Le Tesic aussi, qu'il aille se faire foutre.
18 Karadzic : Lui, il a fait un mort-né, et si c'était bon, l'enfant
19 aurait marché au bout d'un an et demi, mais un enfant finit par marcher en
20 un an, et après un an et demi, il commence à courir. Lui, il a rien fait,
21 il a rien foutu. Bon, mais -- et cette caisse d'assistance mutuelle --
22 Krajisnik : Mais non, Ostojic, il m'a énervé. Pendant 20 minutes, il
23 a retenu mon attention, puis je lui ai dit : prends cinq minutes et va te
24 faire fiche. On va pas te supporter tous les soirs, tu me casses les nerfs,
25 et va te faire fiche.
26 Karadzic : Non, non, mais écoute, je vais te montrer où sont les torts. Je
27 vais te dire que nous, nous sommes esclaves pendant six siècles, 600 ans,
28 voilà, 600 ans que nous sommes -- il n'y aucune responsabilité pour toutes
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1 ces conneries qu'il profère. Alors qu'il aille se faire fiche.
2 Krajisnik : Alors ceux qui ont compris, c'est fantastique, mais tu as
3 20 intervenants, et si tu les laisses tous discuter, ils n'auront pas fini
4 au petit matin.
5 Karadzic : Oui, bien enfin, je le sais, il faut que le gouvernement se
6 comporte comme un gouvernement, et non pas comme quelqu'un qui est là pour
7 sponsoriser. Il faut qu'il y ait des experts qui se préparent, et non pas
8 laisser chaque imbécile discuter à perte de vue.
9 Krajisnik : Oui.
10 Karadzic : Alors il faut que l'on discute, il faut qu'un groupe se
11 mette au travail, parce que je crois qu'ils ne nous ont pas compris. Cela
12 se réalise dans un cabinet de ministre, parfait. Alors s'il y a une
13 décision de prise dans un cabinet de ministre, c'est mieux.
14 Est-ce que quelqu'un a une meilleure idée ? Oui ? Alors il faut mettre au
15 vote.
16 Krajisnik : Radovan, il y a beaucoup de propositions intelligentes,
17 il faut que les choses soient canalisées, mais ces experts sont excellents.
18 Regarde l'autre imbécile Vojo, que je nique toute sa famille. Je lui
19 ai dit, mais ce Vucurovic dit : donne-lui un Etat avec 60 000 Etats, et
20 l'autre Nikola, il vient -- on va venir de Sarajevo. Et ces gens de Krajina,
21 qu'est-ce que qu'ils ont fait d'intelligent qu'ils ont fait dans la
22 Krajina ? Dis-moi une chose intelligente qu'ils ont faite.
23 Karadzic : Mais c'est des cons.
24 Krajisnik : Et les étrangers, ils sont là ?
25 Karadzic : Oui, je viens d'arriver.
26 Krajisnik : Vous êtes arrivés, oui, mais j'en ai marre.
27 Il est venu, ce Radic, qui m'a dit : 'Nous', alors je lui ai dit --
28 il y a Vucurovic qui a dit : 'Nous,' et alors je lui ai dit le SPO aussi
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1 vient, et il dit : 'Nous' --
2 Karadzic : Il faut leur couper les cornes à tous.
3 Krajisnik : Tu te souviens de l'autre, Vucurovic, de Lepa Prstenica, le
4 stupide ? Et moi, cela a débordé le verre, ce soir. Il est venu dire
5 sarcastiquement : les gens de Sarajevo n'ont pas compris, les gens de
6 Krajina ont compris, oui. Ici, nous, on ne dort pas, oui, mais je n'en
7 reviens pas, tu sais, j'ai perdu les nerfs ---
8 L'INTERPRÈTE : Les interprètes précisent que c'est très difficile de
9 suivre, parce qu'ils parlent en même temps.
10 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
11 Krajisnik : Oui, on ne peut pas faire un Etat comme cela. Il faut que
12 les gens sachent ce qu'ils font --"
13 L'INTERPRÈTE : Les interprètes disent que ce n'est vraiment pas faisable
14 comme cela.
15 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
16 Krajisnik : Je vais te dire, tout ce que je fais, je le fais
17 consciencieusement.
18 Karadzic : Je le sais bien, tu n'as pas à me le dire. Oui, tu te
19 souviens de ce que cela -- tu te doutes bien de ce que cela a été au début.
20 Krajisnik : Oui, mais ce qui me désole, c'est que les gens, ils n'ont
21 aucune idée de tout ce que nous avons fait en Herzégovine, en Krajina.
22 Karadzic : Oui.
23 Krajisnik : Alors, que je nique leurs mères. Ecoute, il y a Rajko qui
24 est venu ce soir de la région, et il a dit -- je lui ai dit : je ne veux
25 pas aller à Novi Grad. Lui, il m'a mis en colère, lui. Il veut faire une
26 assemblée serbe, mais --
27 Karadzic : Oui, oui.
28 Krajisnik : Mais tu ne peux pas, puisqu'il nous mettent en minorité.
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1 L'INTERPRÈTE : Infaisable.
2 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]
3 Krajisnik : Il y en a un de Pale qui a voulu nous expliquer comment les
4 choses devaient se faire. Je ne sais pas qui sera au conseil, je n'en ai
5 aucune idée. Il y a des gens bien, mais il y a 99 % de scélérats, et
6 j'éclate.
7 Karadzic : Oui. Mais cette première discussion, cela a été toujours
8 de cracher sur les autres. Et ils ne voient que le côté négatif des choses.
9 Il est toujours pour, il est pour ceci et contre cela, il a toujours été à
10 la limite du SPO.
11 Krajisnik : Oui, tu sais, ce sont des fous, ces gens-là, et il y en a
12 qui font du théâtre.
13 Bon, écoute Radovan Il y a des Serbes avec beaucoup d'idées, là-bas,
14 à l'assemblée, aux réunions.
15 Karadzic : Je ne t'entends pas bien.
16 Krajisnik : J'ai dit qu'il y avait pas mal de bonnes idées à la
17 réunion à Belgrade.
18 Karadzic : Oui.
19 Krajisnik : Je crois que l'essentiel --
20 Karadzic : Non, non. On est peut-être écoutés --
21 Krajisnik : Non, non. Mais laisse-moi te dire, je crois qu'il faut
22 que nous fassions quelque chose pour le bien-être de notre population. Je
23 veux bien. Alors lorsque tu auras un peu de temps, il faudrait qu'on se
24 voie pour se mettre d'accord.
25 Karadzic : D'accord, je vais aller là-haut demain, oui, demain, j'ai
26 à Belgrade -- aller.
27 Après la conférence de presse.
28 Karadzic : D'accord, on se reparlera."
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1 [Fin de la diffusion de cassette audio]
2 L'INTERPRÈTE : Les interprètes s'excusent de la mauvaise qualité de
3 ce travail, mais cela a été vraiment d'abord presque inaudible, et ensuite,
4 très rapide.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Juste un problème pratique. Je suis
6 passé sur le canal français et je n'ai pas entendu la traduction, ce qui
7 fait que nous allons avoir une traduction -- une transcription incomplète.
8 J'aimerais être informé au sujet de l'existence d'une version d'une
9 traduction française. Mais peut-être aurais-je dû me placer sur le canal
10 français pour entendre de la bouche des interprètes français ?
11 L'INTERPRÈTE : La cabine française précise qu'elle a une version B/C/S et
12 une version anglaise. Il n'y a pas de traduction en français. L'interprète
13 a saisi au vol des propos et les a reproduits. L'interprète ne peut pas
14 donner lecture du texte qu'il a sous les yeux alors qu'il n'entend pas les
15 propos qui sont repris par le texte. C'est par conscience professionnelle
16 que la cabine française a estimé devoir traduire rien que ce qu'elle a pu
17 distinguer au niveau de l'enregistrement audio.
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, certes. Peut-être y a-t-il un
19 malentendu. Je crois que nous avions convenu de la procédure où l'un des
20 interprètes donnerait lecture et suivrait les propos prononcés pour voir si
21 la traduction que nous avons sur le papier reflète l'original du B/C/S. Or,
22 sur papier, nous n'avons pas de version française. Peut-être cela va-t-il
23 au-delà de ce que l'on peut demander aux interprètes français ?
24 Je viens de déterminer qu'il n'y a pas de transcription en langue
25 française. Cela ne nous dérangera pas en ce moment-ci, mais il faudra nous
26 pencher, à un moment donné, de quelle façon il convient d'aborder la
27 question. Peut-être cela pourra-t-il être traduit à un moment donné à
28 partir du texte écrit, texte que je crois avoir compris que la cabine
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1 française a suivi et où elle a identifié la traduction anglaise comme étant
2 le reflet de l'original en B/C/S, quoique cette traduction ait été faite
3 par des traducteurs et indépendamment du fait que l'interprète ait été en
4 retard par rapport à l'enregistrement audio. Nous allons nous pencher sur
5 la question. Toujours est-il que nous n'avons pas, sur la transcription
6 française, d'enregistrement de ce texte-ci.
7 Monsieur Stewart, veuillez continuer.
8 M. STEWART : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
9 Q. Monsieur Krajisnik, vers le début de cette conversation -- ou plutôt,
10 avant cela, je voudrais que vous nous confirmiez que vous avez bel et bien
11 eu cette conversation avec M. Karadzic.
12 R. Oui.
13 Q. Vous n'avez aucune raison de douter que cela se soit passé le 11
14 décembre 1991, de façon apparente, peu de temps après la session de
15 l'assemblée dont nous avons parlé cet après-midi ?
16 R. Oui, vous avez raison.
17 Q. Au début de cette conversation, vous précisez : "Que cela aille au
18 diable, la Krajina et la Herzégovine," et ainsi de suite. Le Dr Karadzic
19 répond : "Non, non laisse-moi te dire que c'est un idiot complet." Alors,
20 de qui parle-t-il ?
21 R. Je m'excuse pour le Krajisnik qui a parlé ici, c'est vraiment indécent.
22 J'étais tellement en colère que je n'arrive pas à me reconnaître pour ce
23 qui est de la façon dont j'ai conduit cette conversation. Je m'excuse
24 notamment à la gent féminine qui a écouté cela, mais je m'excuse également
25 aux hommes.
26 Alors cela, c'est M. Dobrivoj Vidic qui a parlé, c'est lui qui m'a mis hors
27 de moi pour la première fois depuis le moment où je suis devenu président
28 du Parlement. J'ai quitté la session du Parlement vers sa fin.
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1 Q. Qui était-ce, cette personne de Prnjavor ?
2 R. Dobrivoj Vidic. Si je n'avais pas entendu cette conversation, j'aurais
3 été enclin à croire que ce n'est peut-être même pas -- cela n'a même pas
4 été dit, mais effectivement, j'ai reconnu ma voix, donc c'était bel et bien
5 mes propos, mais j'en suis vraiment navré. Je vous en demande pardon.
6 Le député de Prnjavor. C'était un député. Ce n'est pas une mauvaise
7 personne en soi, mais il m'a mis en colère. Mais effectivement, je suis
8 beaucoup plus coupable que lui d'avoir prononcé ces propos.
9 Q. Monsieur Krajisnik, si on fait une référence à -- et je cite : "Ils
10 sont venus me voir ce soir, je dois quitter, je n'en peux plus."
11 Est-ce que quelqu'un est venu vous voir ? Est-ce que des délégués
12 sont venus voir après la session de l'assemblée ? Est-ce que c'est cela qui
13 est arrivé ?
14 R. Non, non. Je faisais allusion aux personnes qui m'avaient mis en
15 colère. C'était eux qui étaient venus me voir, et il y en avait beaucoup,
16 ils étaient en grand nombre. Ils croyaient que -- ou plutôt, ils voulaient
17 créer un Etat serbe en Bosnie-Herzégovine. Ils prônaient cela. J'ai essayé
18 de leur expliquer, j'ai essayé d'évoquer le Conseil des ministres, de leur
19 expliquer comment les choses doivent se faire, mais ils n'étaient pas
20 d'accord avec cela. En Herzégovine, ils avaient leur propre région; à
21 Krajina, ils avaient leur autre région; et c'est là, voilà, qu'il y a eu
22 cette confusion. J'étais énervé et je n'ai pas pu supporter tout cela.
23 Voilà, c'était le résultat de ce qui est arrivé, et il y avait une
24 proposition que l'on sorte. A l'assemblée de Bosnie-Herzégovine, il a été
25 également question de cela. C'était la confusion totale qui régnait, et
26 l'atmosphère n'était pas très bonne non plus.
27 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais poser une question quant à une
28 légère précision.
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1 Cette conversation téléphonique fait référence à la réunion; est-ce
2 que c'était quelque chose qui a eu lieu avant -- nous avons une note sténo
3 --
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Je parle de Belgrade, à certains moments. Je
5 ne peux pas me rappeler de quelle réunion de Belgrade il s'agissait
6 exactement, mais j'ai informé quelqu'un de Belgrade. Je ne me souviens plus
7 exactement de quoi il avait été question, mais il est certain que tout ce
8 qui a été dit faisait allusion à la session de l'assemblée et au conflit
9 qui a eu lieu dans la session de l'assemblée.
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, bien. Mais au tout tout début,
11 lorsque vous dites, cinq lignes après le début : "Qu'il aille se faire
12 foutre. Pendant toute la durée de la session, nous étions en train de
13 travailler pour accomplir quelque chose. Ensuite, il a commencé à être
14 sarcastique, il a commencé à parler… qu'il aille au diable." Est-ce que
15 c'était la session de l'assemblée du 11 décembre ?
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, ce n'était pas du cynisme ou sarcasme.
17 C'est M. Vidic qui dit : ce n'est pas sarcastique ni cynique. Je ne sais
18 pas si je pensais à lui.
19 Mais j'ai regardé la fin du sténogramme et j'ai vu qu'il avait
20 employé ce mot, donc je crois que j'ai peut-être pensé à lui. Mais j'essaie
21 de me rappeler qui c'était. Je crois que c'était bel et bien lui. On le
22 voit très bien à la fin de cette conversation interceptée, des notes sténo
23 du compte rendu.
24 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Quelques lignes plus bas, nous voyons :
25 "Après un certain temps, le conard est sorti, et j'étais en train de le
26 regarder encore.
27 Est-ce que c'était encore -- vous faisiez allusion à cette session de
28 l'assemblée ?
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui. Il était sorti de la session de
2 l'assemblée. Oui, la personne dont j'ai parlé sortait, ressortait, rentrait
3 de nouveau, mais il ne comprenait plus rien puisqu'il était absent. Donc il
4 revenait et il disait : "Je ne comprends rien." C'est la raison pour
5 laquelle je dis : il sortait, il quittait l'assemblée, il sortait, puis il
6 rentrait de nouveau, et ensuite il disait qu'il ne comprenait rien. C'est
7 la raison pour laquelle j'étais énervé. Mais je dois vous dire que cet
8 incident, et ce n'était plus le cas après, mais il ne s'agit pas d'une
9 manifestation courante.
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais je vous demande une chose bien
11 précise. Dans l'original et dans la traduction, on voit que la session de
12 l'assemblée a eu lieu entre 16 heures 45 et 22 heures, alors que l'on fait
13 une référence ici à un événement qui s'est déroulé à 13 heures 30. Vous
14 dites : "A 13h30, il est sorti." Donc j'essaie de comprendre de quoi il
15 s'agit exactement. Cette information semble être quelque peu
16 contradictoire.
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, pourriez-vous, je vous
18 prie, me dire où est-ce que vous avez trouvé 16 h 45 ? Je ne vois pas cette
19 heure dans mon document.
20 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous avons une première page dans
21 l'original du B/C/S, la deuxième page est une autre page de couverture, et
22 la troisième page, il y a quatre derniers chiffres 4933. Dans l'original,
23 on voit au coin droit, juste avant le texte, juste avant le début du texte,
24 juste avant que vous ne preniez parole. On lit les heures : "16 heures 45
25 jusqu'à 22 heures."
26 M. Krajisnik, je fais maintenant référence aux notes sténographiques au
27 compte rendu. C'est là que je vois 16 heures 45 à 22 heures. C'est la
28 cinquième fois où vous prenez la parole en anglais. Vous dites : "Après
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1 cela, le conard, à 13 heures 30, il est sorti."
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Voyez-vous, Monsieur le Président, dans
3 l'orignal, on voit ceci - et je ne vais pas répéter mon juron. On dit : "A
4 13 heures 30, il est sorti dehors. Je le regarde. Il ressort, ensuite, il
5 rentre et il ne comprend plus rien. Zut." Ensuite, il vote."
6 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous dites que --
7 L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète, en B/C/S c'est la moitié de 2 qui veut
8 dire une heure trente. Donc, à moitié de 2 qui est
9 13 heures 30.
10 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Est-ce que lorsque vous dites demi-
11 2, cela veut dire 13 heures 30, et est-ce que cela veut dire -- ou est-ce
12 qu'effectivement la session a eu lieu entre
13 14 heures 45 et 22 heures ?
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Non, Monsieur le Président, je faisais
15 référence à la moitié de la session, vers la moitié de la session. Non, ce
16 n'est pas 13 heures 30, mais moitié de 2 qui fait
17 13 heures 30, mais bien à mi-chemin, à la mi-session.
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Puisque c'est au tout début de la
19 cassette audio, est-ce que l'on pourrait repasser cela, puis on verra si
20 les interprètes ont bien compris s'il s'agissait à la mi-session ou est-ce
21 que c'est à 13 heures 30.
22 M. STEWART : [interprétation] Oui, certainement, nous pouvons le faire.
23 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il n'est pas nécessaire de reprendre
24 l'interprétation, mais je demande aux interprètes d'écouter attentivement,
25 et de nous dire si lorsque M. Krajisnik parle, s'il parle de "13 heures 30"
26 ou s'il parle de la "mi-session."
27 L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète. En cabine anglaise, nous l'avons
28 entendu une première fois. Nous le lisons dans le texte, C'est également
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1 enregistré tout comme on l'entend sur la cassette. Mais c'est très mal
2 expliqué de façon grammaticale, et cela est également incohérent. Cela
3 n'aide absolument pas d'entendre la cassette de nouveau. C'est aussi confus
4 qu'en anglais. On dit à moitié de 2.
5 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La moitié.
6 [Diffusion de la cassette audio]
7 L'INTERPRÈTE : "La moitié du temps, il sortait dehors." C'est ce que la
8 cabine française entend.
9 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, les interprètes sont d'avis qu'il
10 n'est pas possible de comprendre qu'il s'agissait de
11 13 heures 30 outre les autres versions.
12 L'INTERPRÈTE : Ce que nous venons d'entendre, dit la cabine anglaise, c'est
13 qu'il semblait qu'il était sorti la moitié du temps. C'est ce que confirme
14 la cabine française également.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois que cela résout cette
16 confusion, cette contradiction qui semblait exister.
17 Vous pouvez continuer.
18 M. STEWART : [interprétation]
19 Q. Monsieur Krajisnik, lors d'une de vos réponses que vous avez données
20 cet après-midi - il ne s'agit plus maintenant de la cassette audio, je
21 parle des lignes 7 et 8 de la page 75 du compte rendu d'audience
22 d'aujourd'hui - vous dites concernant M. Vidic :
23 "Il m'a tellement énervé que j'ai dû sortir de la session de l'assemblée.
24 J'ai dû quitter l'assemblée."
25 Est-ce que c'est exact de dire que vous-même, c'était bien vous qui étiez
26 sorti avant la fin de la session de l'assemblée ?
27 R. Oui, c'est cela. Je suis sorti. D'ailleurs j'en ai fait tout un
28 spectacle, je voulais les laisser, les laisser avant la fin. C'était un
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1 geste de ma part. Je n'avais jamais fait cela auparavant. Mais là,
2 vraiment, j'en pouvais plus, je n'en pouvais plus. Je le répète, c'est de
3 ma faute, j'aurais dû rester jusqu'au bout et rester zen, mais je suis
4 sorti.
5 Q. Quand vous êtes sorti, vous êtes revenu finalement ou vous êtes sorti
6 pour de bon ? Puis, en ce qui vous concerne, c'était la fin de la séance et
7 vous n'êtes plus revenu en salle ?
8 R. Non, je n'ai pas terminé la session. Je les ai laissés, je les ai
9 laissés en plan. Je suis monté dans ma voiture et je suis parti. Je n'en
10 pouvais plus. M. Stewart vient juste de me surprendre avec cette
11 conversation téléphonique interceptée. Je suis très gêné, je suis
12 absolument désolé.
13 Q. Je crois qu'on s'est remis, de toute façon, de tous ces jurons,
14 Monsieur Krajisnik.
15 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois qu'à la page 73 on a notre
16 solution, puisqu'il est écrit à la page 73 du compte rendu d'audience, "la
17 session est -- le président dit : "Messieurs, la session est levée," et M.
18 Krajisnik quitte la salle. Or, tout continue. Et juste la ligne précédente,
19 on voit dans le texte : "Personne ne m'a jamais énervé autant que M.
20 Vidic." Ce qui semble tout à fait être en cohérence avec le témoignage que
21 nous venons d'obtenir de M. Krajisnik.
22 M. STEWART : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président,
23 d'avoir remis les points sur les i.
24 Q. Là, il y a référence. Vous l'avez repéré vous-même d'ailleurs, Monsieur
25 Krajisnik. Il y a une référence. Il est dit : "J'étais tellement content en
26 revenant de Belgrade, je me suis dit : On va pouvoir travaillé. Je veux
27 bien travailler 24 heures sur 24.
28 Monsieur Krajisnik, vous dites que vous revenez de Belgrade. Vous
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1 étiez où à Belgrade ? Vous reveniez de quoi à Belgrade, une réunion ou quoi
2 ? Pouvez-vous nous éclairer à ce sujet ?
3 R. Je ne sais pas très bien pourquoi j'étais allé à Belgrade. On pourrait
4 peut-être le trouver quelque part au PV. Peut-être l'Initiative de Belgrade
5 ou autre chose. Enfin, je ne m'en souviens pas très bien. Cela doit être
6 quelque part dans un article de journal parce que j'y étais. C'était une
7 visite officielle en tant que speaker de l'assemblée. Peut-être que j'étais
8 en train de leur présenter l'Initiative de Belgrade ou quelque chose.
9 Enfin, ils en voulaient plus.
10 Je ne me souviens pas du tout de ce que j'ai ramené de Belgrade. Si
11 j'avais été à Belgrade, c'était en visite officielle puisque j'étais le
12 speaker du parlement de Bosnie-Herzégovine. Je n'aurais pas pu m'y rendre
13 en secret. Je n'y serais pas aller de mon propre chef non plus. Cela avait
14 sans doute avoir avec la crise en cours; une recherche de solution.
15 Q. On dirait - enfin, peut-être que je me trompe - on dirait que de toute
16 façon, quoi que ce soit que vous ayez ramené de Belgrade et qui vous ait
17 rendu si heureux, c'était totalement sapé par vos collègues de l'assemblée
18 serbe. Ils étaient en train de tout mettre à mal; c'est bien cela ?
19 R. Absolument. Ils avaient une opinion complètement différente. Ils
20 étaient beaucoup plus extrémistes. Ils n'étaient pas du tout contents avec
21 tout cela.
22 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. J'aimerais que l'on sache
23 exactement qui sont les "ils" dont on parle tout le temps. Ce sont les
24 personnes qui sont à Belgrade ou ce sont les députés de l'assemblée ?
25 M. STEWART : [interprétation]
26 Q. Oui. Monsieur Krajisnik, vous voyez un tout petit peu dans l'intercept
27 [phon] il est bien écrit : "Ils voulaient quelque chose de plus
28 extrémiste." Donc, on voudrait savoir exactement qui sont ces "ils" ?
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1 R. C'était ces députés qui m'ont mis en colère. C'était eux.
2 Q. Il y avait aussi cet imbécile de Vojo, et là, c'est
3 M. Kupresanin, n'est-ce pas ?
4 R. Il y avait plusieurs Vojo. Donc, je ne peux pas vraiment vous dire
5 lequel c'était. Il me semble bien que c'était lui quand même. Enfin, j'ai
6 employé ce nom d'oiseau pour décrire un des Vojo. Mais je pense que c'était
7 lui, en effet.
8 Q. Ensuite, un peu plus tard, dans ce transcript, à la page 3, dans le
9 haut en anglais, vous nous dites -- enfin, vous dites : "Il n'a pas trouvé.
10 J'avais juste eu une idée." Ensuite, -" inaudible -
11 "Je leur dois quelque chose. Je me suis levé, je leur ai dit : Allez. Le
12 processus, c'est un processus. Après tout, on ne peut pas introduire
13 quelque chose en 24 heures, on ne peut pas le présenter en 24 heures. Il
14 faut que cela passe, les gens y ont droit. On en a eu plus que ce que
15 j'espérais. Je ne pouvais même pas rêver qu'on arrive à tout cela. Radovan,
16 j'ai bien compris cela."
17 Donc, ce n'est pas extrêmement clair, Monsieur Krajisnik. On ne sait
18 pas très bien si vous êtes en train de vous plaindre de la façon dont la
19 séance s'est tenue ou s'est déroulée. Est-ce que cela fait partie de votre
20 manque de satisfaction, enfin du fait que vous soyez si fâché à cause du
21 déroulement des choses ?
22 R. Les représentants du conseil ministériel, enfin les ministres du
23 gouvernement de Bosnie-Herzégovine, ont fait une présentation. Dans la
24 présentation, ils parlaient des possibilités en ce qui concerne la Bosnie-
25 Herzégovine. Et ce type répète encore une fois : On est en train de refaire
26 un état de Broz, un état titiste
27 [phon]. J'ai répondu en disant : On ne peut pas faire cela en
28 24 heures. Il faut un processus, il faut des négociations, des pourparlers.
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1 J'ai fait référence aux gens qui avaient fait des rapports lors de la
2 session de l'assemblée, parce que maintenant, ils étaient en train de
3 rechercher quelque chose encore plus extrémiste que ce qui était dans les
4 rapports. Or, ils étaient des ministres du gouvernement de Bosnie-
5 Herzégovine, des ministres serbes. Il y avait Simovic, Kapetina et
6 d'autres. Cela, c'est le rapport qu'ils avaient fait devant l'assemblée.
7 Q. Maintenant, quelle était votre opinion sur leur position ? Pensez-vous
8 qu'elle était réaliste ?
9 R. Ils étaient réalistes. Et ceux qui m'ont mis en colère, eux étaient en
10 train de demander des choses totalement irréalistes, très extrémistes. Je
11 leur ai dit : Ecoutez, c'est la guerre. Vous êtes en train de demander
12 quelque chose qui n'a rien à voir avec la réalité de ce qu'on peut obtenir.
13 Cela ne va pas.
14 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le Juge Hanoteau a une question.
15 M. LE JUGE HANOTEAU : Je voudrais que l'on cesse de tourner autour du pot
16 et que vous nous disiez, Monsieur Krajisnik, qu'est-ce que voulaient ces
17 gens-là. Vous dites : "Ils voulaient quelque chose de plus radical, quelque
18 chose de plus extrémiste." Dites-nous ce qu'ils voulaient, ce que vous avez
19 entendu. Quelles propositions étaient faites ? Quelque chose de plus
20 radical, de plus extrémiste, je veux savoir ce qui était proposé, ce qui
21 vous choquait et ce que vous ne pouviez pas admettre. Soyez clair, s'il
22 vous plaît.
23 Merci, Monsieur.
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, tout est écrit ici dans les
25 notes. Je vais essayer de vous expliquer. Ces ministres voulaient un
26 programme, enfin une plateforme qui se basait sur la Bosnie-Herzégovine,
27 alors que ceux-là, ils parlaient des régions. Ils parlaient de la santé, et
28 cetera, des financements. Cela n'était pas en ligne avec notre politique.
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1 On ne voulait pas seulement qu'à l'assemblée serbe soit discutés les
2 intérêts nationaux et vitaux, mais on demandait un état serbe au sein de la
3 Bosnie-Herzégovine.
4 Dans ce cas-là, on aurait été absolument comme les autres. Ce n'était pas
5 bon à l'époque de faire cela. Cela aurait été mauvais, parce que cela
6 aurait justifié le fait que les autres, d'autres camps ne veuillent pas
7 négocier. Or, il fallait qu'il y ait des négociations. C'était essentiel
8 pour trouver une solution.
9 Enfin, je ne sais pas si j'ai été très clair, mais c'est ce qui est
10 écrit.
11 M. LE JUGE HANOTEAU : Merci.
12 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Stewart, je regarde la montre,
13 l'horloge. A moins qu'il y ait encore une ou deux questions qui pourraient
14 être traitées en quelques secondes, je pense qu'il vaudrait mieux lever la
15 séance.
16 M. STEWART : [interprétation] Non, je n'ai pas de questions qui peuvent
17 être traitées extrêmement rapidement.
18 M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans ce cas-là, Monsieur Krajisnik, je
19 tiens à vous rappeler que vous ne devez parler à personne de la déposition
20 que vous avez faite et que vous allez faire.
21 Nous allons lever la séance jusqu'à mardi matin, 9 heures, dans le
22 prétoire numéro III.
23 Merci.
24 --- L'audience est levée à 19 heures 01 et reprendra le mardi
25 2 mai 2006, à 9 heures 00.
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