Page 4785
1 (Mercredi 28 Juin 2000.)
2 (Audience publique.)
3 (La séance est ouverte à 9 heures 35.)
4 (Le témoin, M. Richard Butler est interrogé par M. McCloskey.)
5 M. le Président: Bonjour Mesdames, Messieurs. Bonjour cabine technique,
6 bonjour interprètes.
7 Les interprètes: Bonjour, Monsieur le Président.
8 M. le Président: Ils sont là. Bonjour sténotypistes, assistant juridique.
9 Bonjour Madame Lauer, bonjour Monsieur Harmon, Monsieur McCloskey,
10 Monsieur Cayley. Bonjour Maître Petrusic, Maître Visnjic. Bonjour général
11 Krstic. Bonjour Témoin, Monsieur Richard Butler.
12 Nous sommes ici pour continuer. Je vous rappelle que vous continuez sous
13 serment et vous allez continuer à répondre aux questions que M. McCloskey
14 va vous poser.
15 C'est à vous Monsieur McCloskey. Vous pouvez continuer, s'il vous plaît.
16 M. McCloskey (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Je
17 commencerai par me rappeler à moi-même et à M. Butler que nous devons
18 respecter un rythme de parole un peu plus lent.
19 Je demanderai que la pièce de l'accusation 424 soit placée sur le
20 rétroprojecteur. C'est la liste de certains des principaux protagonistes
21 du grand Quartier Général de la VRS, ainsi que la liste des unités des
22 organes du grand Quartier Général et certains noms de représentants du
23 ministère de l'Intérieur. Je vous demanderai de commencer par le haut et,
24 comme hier, de nous dire quelques mots au sujet de ces personnes. Merci.
25 M. Butler (interprétation): Le premier nom sur la liste est celui de Ratko
Page 4786
1 Mladic, c'est bien sûr le commandant du grand Quartier Général de la VRS.
2 Nous le retrouvons dans le contexte au moment où il se présente à
3 Srebrenica, le 10 Juillet 1995. Nous le voyons ensuite à Potocari puis,
4 sur la route Bratunac/Skoljevic-Polje, les 12 et 13 Juillet.
5 Le nom suivant que l'on trouve sur ce document, c'est le général de
6 division Milan Gvero qui est adjoint du commandant, chargé du moral des
7 troupes et des affaires religieuses et juridiques. On le mentionne dans
8 plusieurs messages du 8 Juillet 1995 et du 10 Juillet 1995 qui traitent de
9 Srebrenica, mais sa présence n'a pas été constatée dans la zone ou dans
10 ses abords immédiats.
11 Troisième nom: le colonel Radislav Jankovic, c'est l'officier affecté à
12 l'administration des services de renseignements du grand Quartier Général
13 du VRS. Nous remarquons sa présence lors des réunions entre la VRS et les
14 membres du Bataillon néerlandais, les représentants musulmans à Potocari,
15 le 11 et le 12 Juillet. Nous constatons ensuite sa participation au
16 transport des Musulmans à partir de Potocari. Nous voyons également sa
17 participation les jours suivants, les 13 et 14, dans des questions liées
18 aux Musulmans blessés dans le centre médical de Bratunac.
19 Le nom suivant: le colonel Ljubo Beara, chef de l'administration de la
20 sécurité du grand Etat-major. Nous constatons sa participation dès les 13
21 et 14 Juillet qui se poursuit dans les jours suivants. Il est responsable
22 d'un grand nombre des questions liées au déplacement des hommes musulmans
23 qui quittent la zone de Bratunac, où ils étaient détenus, pour être
24 emmenés sur les sites d'exécution dans la zone de Zvornik. Ce qu'il est
25 important de remarquer, c'est sa participation dans une conversation
Page 4787
1 importante avec le général Krstic relative à cette question, le matin du
2 15 juillet.
3 Le général Letic, c'est le chef des opérations au cours de cette période
4 au sein du grand Quartier Général. Nous ne le voyons pas physiquement à
5 Srebrenica, mais son nom revient à plusieurs reprises en tant que
6 dirigeant du quartier général du Corps de la Drina. Il a des contacts avec
7 la colonne de Musulmans qui prend la fuite depuis Srebrenica vers Tuzla.
8 Les 12, 13 et 14, il est au contact avec ses unités pour déterminer quelle
9 est la situation militaire.
10 Ensuite, Milorad Pelemis, commandant du 10ème Peloton de sabotage, unité de
11 diversion. Comme vous le savez des témoignages précédents, cette unité a
12 participé aux exécutions sur la ferme militaire de Branjevo.
13 La prochaine unité, 65ème Régiment de protection, bataillon militaire, est
14 une sous-unité. Il y a deux noms ici. Le premier, c'est celui du
15 lieutenant-colonel Milomir Savcic, il est commandant du 65ème Régiment de
16 protection qui n'est pas directement lié au Corps de la Drina mais est
17 tout de même subordonné au Grand Quartier général de la VRS. Il est membre
18 du Bataillon de la police militaire dont nous parlerons plus tard. Sa
19 présence physique est constatée le 13 Juillet par l'un des survivants qui
20 fait observer qu'il a été interrogé par un homme nommé "Cica", qui est le
21 surnom de ce colonel.
22 Ensuite, Zoran Alagic, c'est le commandant du bataillon militaire du 65ème
23 Régiment de protection. Il est donc directement subordonné au colonel
24 Savcic. Ce Bataillon de la police militaire, et le commandant Mladic en
25 particulier, sont vus les 12 et 13 Juillet 1995 participant d'abord à
Page 4788
1 l'appréhension ou à l'arrestation de soldats néerlandais des Nations Unies
2 qui escortent le convoi à Nova Kasaba. Par la suite, ces unités sont
3 responsables de la garde des prisonniers musulmans sortis de la colonne
4 sur le stade de football de Kasaba, sur le terrain de football.
5 Les noms des personnes qui suivent sont des représentants du ministère de
6 l'Intérieur, ce que nous appelons les unités spéciales de la police du
7 ministère de l'Intérieur. Le premier nom est celui de Dusko Jeftic,
8 surnommé "Staline". On le voit à Potocari, le 12 Juillet 1995. Nous
9 pensons qu'il est l'un des commandants de compagnie du Bataillon de
10 réserve du MUP qui a été déployé dans cette zone et qui en fait partie
11 depuis le début de l'opération menée par le Corps de la Drina.
12 Le nom suivant est celui du colonel Ljubisa Borovcanin. Il est adjoint au
13 commandant de la Brigade de la police spéciale du MUP, dont le quartier
14 général se trouve à Janja non loin de Bijeljina. Sa présence physique est
15 constatée à Potocari le 13 Juillet, et nous le retrouvons à plusieurs
16 reprises sur la vidéo de Petrusic qui nous montre ce qui se passe à
17 Potocari. On le voit également dans un entretien avec Petrovic qui a écrit
18 un article dans un magazine de Belgrade, s'appuyant sur une partie de
19 cette vidéo.
20 Nous voyons également ce colonel, le 13, agissant sur la route de Bratunac
21 à Konjevic-Polje, alors que les troupes du MUP et ses troupes à lui
22 circulent sur cette route.
23 Le dernier nom des représentants du MUP est celui de Mendeljev Duric,
24 surnommé "Mane", qui est commandant de bataillon au sein de cette même
25 Brigade spéciale de la police. Sa présence physique est remarquée,
Page 4789
1 accompagnant le colonel Borovcanin le 13 Juillet. Nous constatons
2 également que des opérations menées avec l'aide du MUP, dont nous pensons
3 qu'elles sont sous son commandement, sont mentionnées dans plusieurs
4 dépêches interceptées.
5 Question: Je voudrais simplement faire une correction pour le compte
6 rendu d'audience en anglais. Vous avez parlé de Mane Duric et nous avons
7 simplement mal orthographié une lettre. Il faudrait une barre horizontale
8 au milieu de la barre verticale du D.
9 Réponse: Les deux derniers noms qui sont également ceux du ministère de
10 l'Intérieur sont des représentants de la police municipale, néanmoins qui
11 n'ont rien à voir avec la Brigade spéciale de la police.
12 Ce premier nom est celui de Dragomir Vasic, chef du Département de la
13 police de Zvornik. Lorsque je prononce les mots "Département de la
14 police", je parle d'un organe qui ne couvre pas uniquement la ville de
15 Zvornik mais également la CSB de Zvornik, c'est-à-dire la région qui
16 inclut Srebrenica.
17 Le dernier nom est celui de Mane Duric, adjoint au chef de la police pour
18 cette même zone.
19 Question: Pouvez-nous dire quelques mots supplémentaires entre la police
20 spéciale du MUP, ministère de l'Intérieur, et la police municipale du MUP,
21 notamment en rapport avec ce que nous avons dit hier de l'utilisation des
22 équipements et des uniformes du MUP?
23 Réponse: Parlons d'abord de la police municipale, si vous le voulez
24 bien. Ces hommes avaient pour rôle et pour fonction d'agir en tant
25 qu'unité chargée du rétablissement de l'ordre public, protection contre
Page 4790
1 les criminels, gestion de la circulation routière, ce genre de chose.
2 A ce moment-là, ces officiers de police ont été engagés dans des
3 opérations militaires, mais c'est arrivé assez rarement et ce n'était pas
4 avec une unité de grande dimension et très organisée. Nous constaterons,
5 dans le contexte général, que nous retrouverons des policiers municipaux
6 dans des opérations de combat les 14 et 15 Juillet dans la zone de la
7 Brigade de Zvornik, alors que les unités militaires cherchaient tous les
8 hommes en âge de combattre pour les intégrer à leurs rangs.
9 Mais la police spéciale du MUP, elle, est plus organisée en tant qu'unité
10 de combat. Elle constitue des bataillons régionaux. Là encore, elle a des
11 fonctions policières classiques, mais c'est tout de même un organisme très
12 organisé qui fonctionne davantage en tant que forces militaires ou
13 paramilitaires.
14 Si l'on examine le contexte historique de cette guerre, on constate qu'à
15 plusieurs reprises, au cours des opérations militaires, ces bataillons de
16 la police ont été impliqués en tant que forces complémentaires pour les
17 forces militaires sur le terrain, au point critique de combat.
18 Donc la brigade spéciale est organisée beaucoup plus comme une force
19 militaire que comme une force de maintien de l'ordre.
20 Question: Vous venez de prononcer le mot "paramilitaire". Il y a peut-
21 être une connotation historique bosniaque particulière à ce terme de
22 "paramilitaire". Que pouvez-vous nous en dire? Pouvez-vous nous dire
23 comment les paramilitaires étaient employés en Bosnie, et s'ils avaient la
24 moindre similitude avec d'autres unités?
25 Réponse: Les unités du MUP dont nous venons de parler, les forces de la
Page 4791
1 Brigade de police spéciale, sont des membres en bonne et due forme des
2 forces armées de la Republika Srpska. Ce ne sont pas des irréguliers
3 paramilitaires que l'on associe, en général, au contexte bosniaque. Ce
4 sont des unités formées dans le cadre gouvernemental et dépendant du
5 ministère de l'Intérieur pour être précis. Donc, légalement, ces unités
6 font partie des forces armées et fonctionnent dans le cadre des lois de la
7 VRS.
8 M. Riad (interprétation): Vous avez parler d'unités légalement codifiées?
9 M. Butler (interprétation): A mon avis, lorsque l'on parle des
10 paramilitaires, il s'agit d'unités qui fonctionnent en dehors du cadre
11 légal ou législatif créant une armée en dehors des lois qui établissent
12 les unités militaires, ce genre de chose. Les paramilitaires, dans le
13 contexte du conflit bosniaque, fonctionnaient de façon totalement hors-la-
14 loi, en dehors de tout contrôle militaire.
15 De ce point de vue, en 1995, avec le ministère de l'Intérieur, les unités
16 dont nous parlons fonctionnaient dans le contexte légal de la Republika
17 Srpska.
18 M. Riad (interprétation): Ce qui signifie que les paramilitaires ne sont
19 pas sous le contrôle militaire, ils ont leur propre direction.
20 M. Butler (interprétation): Dans la période de 1995, Monsieur le Juge, il
21 n'y avait pas de paramilitaires dans le sens où nous entendons ce terme au
22 cours des années qui précèdent. Je ne me sens pas qualifié pour répondre à
23 cette question des paramilitaires en 1992 et 1993. Ce n'est pas tout à
24 fait mon domaine de spécialisation.
25 M. Riad (interprétation): Et 1995?
Page 4792
1 M. Butler (interprétation): En 1995, Monsieur, s'agissant de Srebrenica,
2 nous n'avons constaté aucune activité qui, dans sa forme, peut être
3 considérée comme relevant de formation paramilitaire. Toutes les
4 formations impliquées dans les opérations étaient sous le commandement et
5 le contrôle soit des forces armées, soit d'autres entités gouvernementales
6 de la Republika Srpska. Nous n'avons constaté l'existence d'aucune autre
7 formation fonctionnant en dehors de ce contrôle.
8 M. Riad (interprétation): Merci.
9 M. McCloskey (interprétation): Vous avez examiné de nombreuses
10 déclarations liées à la présente affaire. Certains des témoins ont fait
11 référence aux "Tigres d'Arkan" et à d'autres formations paramilitaires qui
12 ont travaillé, qui ont fonctionné, opéré en 1992 et 1993. Au vu de ces
13 documents, avez-vous pu fonder d'une manière ou d'une autre la présence de
14 ces forces?
15 M. Butler (interprétation): Non, Monsieur. A l'examen des très nombreux
16 documents, ordres et autres écrit que j'ai vus, je ne peux pas confirmer
17 la présence d'organisations criminelles ou paramilitaires à Srebrenica, en
18 1995.
19 Question: Très bien. Passons à un autre aspect des choses maintenant.
20 Nous avons décrit le contexte, passons à la période qui va de Mars 1995 au
21 début du mois de Juillet, c'est-à-dire aux jours qui ont précédé les
22 opérations de prise de l'enclave.
23 Pouvez-vous nous donner des détails au sujet de la situation militaire au
24 cours de ces mois? Nous passerons ensuite à l'examen d'un certain nombre
25 de documents liés à cette période.
Page 4793
1 Réponse: Au début de 1995 -et là j'établis le cadre des opérations
2 militaires-, la stratégie militaire générale appliquée par la Republika
3 Srpska, à ce moment-là, est une stratégie de défense. Ce sont les mots qui
4 la décrivent le mieux. Le Gouvernement et ses entités cherchent à
5 s'assurer les gains territoriaux qu'ils souhaitent obtenir et mènent, à
6 cette fin, des opérations militaires non pas pour s'acquérir de nouveaux
7 territoires, mais pour établir les bases de négociations de paix qui
8 pourraient leur permettre d'atteindre les objectifs qu'ils se sont fixées
9 dans cette guerre.
10 A l'examen des documents, on se rend compte qu'en 1995, l'année 1995 est
11 une année décisive pour la Republika Srpska. Elle sort d'un conflit
12 régional de Janvier/Février, un cessez-le-feu a été conclu et, sur le plan
13 politique et militaire de la Republika Srpska, le Gouvernement se rend
14 compte que les forces fédérales musulmanes et croates qui fonctionnent
15 conjointement, à ce moment-là, acquièrent une puissance accrue, se
16 renforcent, et que les possibilités de la Republika Srpska de se renforcer
17 d'un point de vue militaire sont limitées.
18 Donc, ce que la Republika Srpska recherche, c'est de mettre un terme à sa
19 pénurie en hommes. En raison de ses effectifs insuffisants, elle subit des
20 pressions sur le terrain au cours des combats et a besoin de voler des
21 équipements à d'autres unités, car elle n'en n'a pas assez.
22 Les enclaves telles qu'elles existaient, notamment en Bosnie orientale,
23 ont joué un rôle dans cette situation parce que les forces militaires
24 qu'il fallait pour encadre, encercler et maintenir ces enclaves -quand
25 elles existaient- étaient importantes, puisque les enclaves n'étaient pas
Page 4794
1 démilitarisées en tant que telles. Les forces musulmanes continuaient à
2 opérer à l'intérieur des enclaves. Le forces serbes de Bosnie ont estimé
3 qu'il leur fallait continuer à avoir des unités stationnées dans la
4 périphérie de ces enclaves. Mais la Republika Srpska avait besoin de ces
5 hommes sur d'autres fronts.
6 Au printemps de 1995, par ailleurs, l'armée de la Republika Srpska s'est
7 vue indiquée de la façon la plus claire que la HV, c'est-à-dire l'armée
8 croate, l'armée de la Croatie, allait entrer en action. Nous en voyons des
9 indications avec les opérations militaires menées par les Croates en
10 Slavonie occidentale.
11 C'est dans ce contexte que l'on constate que 1995 devait être une année
12 décisive. La Republika Srpska se rend compte qu'elle a besoin d'un nombre
13 d'hommes accru sur le front. C'est la raison pour laquelle le commandement
14 de la Republika Srpska publie une série de documents militaires qui
15 établit les objectifs que la Republika Srpska s'assigne jusqu'à la fin de
16 1995 au moins.
17 Question: Eh bien, passons à l'examen de ce document très intéressant:
18 la pièce à conviction de l'accusation 425.
19 Je vous demanderai de placer le titre du document sur le rétroprojecteur,
20 et de nous dire quelques mots d'abord au sujet de cette page de garde
21 ainsi qu'au sujet de la façon dont vous avez trouvé ce document?
22 Réponse: La page de garde est une page de couvertures qui montre que ce
23 document a été transmis du grand Quartier Général au commandement du 1er
24 Corps d'armée de la Krajina. Ce document, ainsi qu'un certain nombre des
25 documents très importants que nous allons examiner dans les jours qui
Page 4795
1 viennent, ont été obtenus par le Bureau du Procureur lorsqu'il a mené une
2 perquisition au quartier général du 1er Corps d'armée de la Republika
3 Srpska en application d'un mandat de perquisition, en Janvier 1998.
4 Question: Passons à l'examen de la page suivante qui est numérotée comme
5 étant la page 2 en version anglaise mais qui, en fait, est la première
6 page de ce document relatif à l'opération numéro 7, en date du 10 Mars
7 1995. Qui a signé ce document?
8 Réponse: Ce document est signé par le Président Radovan Karadzic à la
9 fin du document, qui est Président de la République et Commandant en chef
10 des forces armées.
11 Question: Avant de parler d'un certain nombre de détails liés à ce
12 document, pouvez-vous nous dire ce que fait Karadzic avec l'envoi de ce
13 document, et à qui il l'envoie?
14 Réponse: Ce document, comme on le constate à lecture du premier
15 paragraphe, est envoyé aux commandants les plus importants de l'armée. On
16 y trouve des consignes données à l'armée pour la conduite générale de la
17 guerre dans les quelques mois qui suivent.
18 Question: Très bien. J'aimerais que la Chambre et la défense se
19 reportent à la partie qui concerne plus particulièrement le Corps de la
20 Drina. Je pense qu'il est très important, ce paragraphe, et je souhaite
21 donner lecture de celui-ci.
22 Il s'agit de la page 10 en traduction anglaise, le titre est "Le Corps de
23 la Drina". Je descends la page jusqu'à la partie qui parle du Corps de la
24 Drina.
25 "Les percées de l'ennemi, le long des lignes sélectionnées,
Page 4796
1 opérationnelles et tactiques devraient être empêchées par une défense
2 extrêmement persistance et active en coopération avec une partie des
3 forces de la SRK, et sur la partie nord-ouest de la ligne de front et
4 autour des enclaves. Autant de forces ennemies que possible devraient être
5 retenues par des opérations de combat de diversion et actives sur la
6 partie nord-ouest du front en utilisant des mesures opérationnelles et
7 tactiques de camouflage".
8 Monsieur Butler, cela ressemble à des instructions militaires, n'est-ce
9 pas?
10 Réponse: Oui.
11 Question: Je continue la lecture: "Tandis qu'en direction de Srebrenica
12 et Zepa, de ces deux enclaves, une séparation complète, physique de
13 Srebrenica par rapport à Zepa devrait être mise en place aussi vite que
14 possible en empêchant même une communication entre les individus de ces
15 deux enclaves.
16 Par l'intermédiaire des opérations de combats planifiés et bien conçus, il
17 faut créer une situation insupportable, d'une insécurité totale sans qu'il
18 y ait espoir d'une possibilité de survie ou d'existence à l'avenir pour
19 les habitants de Srebrenica et de Zepa". Fin de lecture.
20 Il y avait plusieurs milliers d'habitants de Srebrenica à l'époque où cela
21 a été écrit, n'est-ce pas, Monsieur Butler?
22 Réponse: Oui.
23 Question: Je souhaite attirer l'attention de la Chambre à la page 4, le
24 paragraphe 6: "Soutien aux opérations de combat"; page 14 de la version
25 anglaise, paragraphe 6.1: "Soutien moral et psychologique".
Page 4797
1 Encore une fois, j'attire votre attention, Monsieur Butler, au quatrième
2 paragraphe qui est -je suppose- indiqué. Pourriez-vous nous dire ce que
3 dit en substance ce paragraphe?
4 Réponse: En substance, de quoi s'agit-il dans ce paragraphe? Il s'agit
5 d'orienter les principaux organes de l'Etat et militaires.
6 Essentiellement, il s'agit des organes chargés de la sécurité afin de
7 traduire dans les faits le plan en bloc, en empêchant la Forpronu
8 d'approvisionner de manière convenable l'enclave. Il s'agit de restreindre
9 les mouvements de la Forpronu et de créer un ensemble de conditions qui
10 feront qu'il n'y aura pas d'approvisionnement des enclaves, et qu'il n'y
11 aura plus de communication physique.
12 Il s'agit de faire cela de telle sorte que cela n'apparaisse pas comme une
13 obstruction évidente, manifeste, de ce processus. Il s'agit, en fait, de
14 mettre en place pratiquement un processus bureaucratique qui doit
15 permettre la réalisation des objectifs militaires.
16 Mme Wald (interprétation): Puis-je poser une question? Je ne le ferai pas
17 souvent. Excusez-moi d'interrompre mais, à présent, j'ai besoin de vous
18 poser une question au sujet de ce que vous venez de dire
19 Au début de 1995, il n'y avait pas suffisamment d'effectifs au sein de la
20 VRS d'après ce que vous venez de dire et cela les préoccupait. Ils
21 cherchaient à faire le nécessaire pour empêcher qu'il y ait activité
22 militaire musulmane dans les enclaves.
23 Quel avantage représenterait pour eux, à ce point, le fait de se
24 débarrasser de l'ensemble des civils par voie d'évacuation ou autre moyen?
25 Comment est-ce que cela correspond à cette stratégie, donc se débarrasser
Page 4798
1 de l'ensemble des civils? Cela ferait en sorte qu'il n'y ait plus besoin
2 d'opérations militaires.
3 Réponse: Si l'on écarte une menace militaire, je ne peux pas voir quel
4 avantage ou inconvénient sur le plan militaire cela aurait. Mais, ce qui
5 se produit par la suite, une fois que la Srebrenica par exemple est vidée
6 de sa population -conformément aux accords de Dayton-, un grand nombre de
7 Serbes déplacés de Sarajevo se sont installés là-bas mais, à ce moment-là,
8 ils ne le savaient pas.
9 Question: Très bien, merci. Très brièvement dans le même sens, les
10 civils musulmans représentaient-ils une grande menace pour l'armée serbe?
11 Réponse: Les civils musulmans en soi, en tant que tels, non, ils ne
12 devaient pas représenter une grande menace pour l'armée de la Republika
13 Srpska.
14 Question: Consultons à présent la dernière page de ce document. Nous
15 avons la signature du Commandant suprême. Nous avons, ici, un début de
16 paragraphe où il est dit: "Soumettre des rapports comme suit." S'agissant
17 de l'état-major ainsi qu'à un niveau inférieur, pouvez-vous nous dire, au
18 sein de la VRS, quelque chose au sujet des obligations de "produire des
19 rapports"?
20 Réponse: Tout comme dans chacune des organisations militaires, il y a
21 un processus standard. Les commandants supérieurs assurent par ce moyen
22 deux choses: premièrement, l'exécution des ordres et deuxièmement, ils
23 s'informent de la situation de toutes les unités subordonnées. Non
24 seulement d'un point de vue opérationnel, en tant que tel, mais également
25 pour l'administration des affaires de routine: fourniture en carburant,
Page 4799
1 logistique, perte.
2 Si vous vous penchez sur ces obligations, en fait, elles sont codifiées à
3 tous les niveaux de la VRS, au niveau des bataillons, au niveau des
4 brigades, au niveau du Corps d'armée et du Corps d'armée par rapport à
5 l'état-major principal. Donc, vous avez des chaînes de production de
6 rapports fixes, bien déterminés. Il s'agit d'une chaîne ininterrompue où
7 les informations passent d'en bas vers en haut. Ceux qui prennent les
8 décisions au sommet peuvent prendre des décisions après avoir été informés
9 au mieux.
10 Question: Passons maintenant à la mise en oeuvre de cette direction. Je
11 souhaite passer à la pièce de l'accusation 426. Pouvez-vous nous dire,
12 s'il vous plaît, de quoi il s'agit? Que représente ce document?
13 Réponse: C'est un document qui émane de l'état-major, c'est une
14 directive 7/1, c'est la page de couverture. Il s'agit encore une fois d'un
15 document qui est adressé au commandement du 1er Corps de la Krajina, un
16 document que nous avons eu lors des perquisitions au niveau du Corps. Ce
17 document donne des informations plus particulières, basées sur une vision
18 stratégique qui a été précisée dans la directive numéro 7, directive
19 concernant les opérations.
20 Question: Le document est signé par le général Mladic.
21 Réponse: Ici, la page de garde est signée par le général Milo Zivanovic
22 qui est le chef adjoint de l'état-major principal mais à la fin du
23 document, effectivement, il y a une signature du général Mladic.
24 Question: Brièvement, pouvez-vous nous dire comment répond le Corps de
25 la Drina à ces directives?
Page 4800
1 Réponse: Sur la base de ces directives générales ainsi que sur les
2 directives plus spécifiques qui émanent de l'état-major, ce qui suit c'est
3 l'exécution de ces directives. Alors, le Corps de la Drina produit des
4 plans d'opération afin de répondre à ces documents. La première chose que
5 nous voyons, c'est une série d'opérations militaires qui se produisent
6 début Juin 1995.
7 Il y a, par exemple, capture d'un des points de contrôle de la Forpronu
8 ainsi que la prise de Zeleni Jadar. Ce qui crée des conditions permettant
9 de passer à une deuxième étape qui est l'attaque et la prise de Srebrenica
10 en Juillet 1995.
11 Question: Le premier document qui nous permettrait de voir comment se
12 déroule ce processus.
13 Réponse: Le premier document que nous avons date du 2 Juillet. C'est un
14 ordre préparatoire qui est adressé au commandant du Corps de la Drina, aux
15 unités du Corps de la Drina qui reçoivent la consigne de commencer à
16 planifier l'opération et à réunir les forces nécessaires, afin de conduire
17 les opérations dans la zone de responsabilité du Corps de la Drina.
18 Question: Il s'agit de la pièce 427. Cet ordre préparatoire, pouvez-vous
19 le prendre s'il vous plaît? Il s'agit d'un document de la part de Milanko
20 Zivanovic qui est le commandant du Corps de la Drina, n'est-ce pas?
21 Réponse: Oui.
22 Question: Au paragraphe 2, il est dit: "Sur la base des directives 7 et
23 7/1 de l'ARS". Il s'agit des deux directives dont nous venons de parler,
24 n'est-ce pas?
25 Réponse: Oui.
Page 4801
1 Question: Puisque c'est le premier document que nous avons, ici, au
2 sujet du Corps de la Drina, en haut à gauche, pouvez-vous nous préciser ce
3 système de chiffres? Pouvez-nous dire à quoi il correspond? Nous voyons en
4 haut: "Strictement confidentiel 01/04-156". Quelle signification a ce
5 numéro? Avez-vous pu le déterminer?
6 Réponse: La manière… Comment se présentent ces séries de numéros? Ici:
7 01/04, c'est la première série de chiffres qui désigne l'organe de l'état-
8 major qui était responsable en premier lieu de la création du document, de
9 la production du document.
10 La deuxième série de chiffres, donc (-156), est une catégorie plus large
11 de documents à laquelle se réfère ce document. Nous n'avons pas la série
12 complète bien entendu de ces documents, mais c'est une catégorie large. On
13 ne sait pas si 156 se réfère à la directive sur les opérations.
14 Le dernier numéro indique le premier ordre ou la directive de cette série.
15 Alors, nous n'avons reçu qu'un nombre limité de documents. Les premiers 01
16 à 04, généralement, se réfèrent aux documents qui émanent du commandant ou
17 du chef d'état-major ou de la division des opérations.
18 Question: Ce préfixe "01" détermine cette personne-là, le commandant ou
19 le chef d'état-major?
20 Réponse: Nous avions très peu de documents et les documents que nous
21 avons ne nous permettent de l'affirmer. Je ne peux pas affirmer que le
22 "01" désigne le commandant ou que le "02" détermine le chef d'état-major
23 ou "03" une autre personne. C'est quelque chose de proche de cela, mais vu
24 que nous n'avons que très peu de documents, je ne peux pas l'affirmer avec
25 certitude.
Page 4802
1 Question: Très bien, nous reviendrons sur cela quand nous aurons
2 d'autres documents.
3 Ce document, le document 427, quel serait le rôle du chef d'état-major à
4 ce niveau initial de planification?
5 Réponse: Très clairement, par sa position, il est le chef d'état-major,
6 il est quelqu'un qui coordonne et qui gère l'ensemble du processus de
7 planification, il serait profondément appliqué dans ce processus.
8 Premièrement, pour ce qui concerne le Corps de la Drina, c'est la mise en
9 oeuvre de l'ordre. Deuxièmement, par rapport aux unités subordonnées afin
10 de déterminer si ces unités seront en mesure de traduire dans les faits
11 l'ordre.
12 Il n'y a pas de sens de donner des ordres aux unités si elles ne sont pas
13 en mesure de les exécuter. Si vous penchez sur l'ordre préparatoire, ici,
14 en premier lieu, on demande aux unités de voir si elles ont les effectifs
15 nécessaires ainsi que les ressources nécessaires.
16 Question: En page 2 de ce document, le paragraphe 4, nous avons une date
17 limite qui est la date du 2 Juillet 1995 pour former toutes ces unités
18 mentionnées.
19 Réponse: C'est exact.
20 Question: Le poste de commandement avancé doit être opérationnel le 4
21 Juillet 1995. Cela figure au paragraphe 5.
22 Réponse: Oui.
23 Question: Pouvons-nous passer à la pièce 428 pour le plan opérationnel
24 sur la prise de Srebrenica? Pouvez-vous nous dire quel est le rôle qu'a
25 joué le général Krstic dans la préparation de ce plan?
Page 4803
1 Réponse: L'ordre préparatoire prévient les unités qu'il convient de se
2 préparer pour conduire des opérations de combat. C'est ce que j'appelle
3 "un plan des opérations de base". Nous avons un ordre qui précise en
4 détail l'opération militaire dont il s'agit, c'est une opération dont le
5 nom de code est "Krivaja 95" et qui est une opération d'assaut sur
6 l'enclave de Srebrenica.
7 Dans ce cas, en tant que chef d'état-major, le général Krstic devait être
8 très profondément impliqué à la production de cet ordre d'opérations.
9 Question: Le général Krstic, son état-major et le général Zivanovic se
10 réfèrent précisément, en particulier, aux directives 7 et 7.1?
11 Réponse: Dans cet ordre, je ne crois pas qu'ils s'y réfèrent
12 particulièrement ou plutôt, en ce moment, je ne me rappelle pas
13 précisément.
14 Question: Très bien. Je vous prie de consulter la page 3, le paragraphe
15 2 sur cette page.
16 Réponse: Oui, de manière très claire les deux ordres sont mentionnés.
17 Question: Est-ce que les objectifs du plan sont ici exposés?
18 Réponse: Oui, l'ordre expose de manière très claire les objectifs du
19 plan.
20 Question: Lesquels sont-ils?
21 Réponse: L'objectif du plan est de réduire l'enclave de Srebrenica à
22 une zone qui se limiterait à la zone urbaine de la ville de Srebrenica,
23 géographiquement parlant.
24 Question: Permettez-moi de donner lecture très brièvement du paragraphe
25 2. Au milieu du paragraphe, je lis: "A la tâche d'exécuter des activités
Page 4804
1 offensives avec des forces qui sont libres. Et ce, en profondeur de la
2 zone du Corps de la Drina aussi vite que possible, afin de diviser les
3 enclaves de Zepa et de Srebrenica et de les réduire aux zones urbaines".
4 Fin de lecture.
5 Pouvez-vous nous dire ce que cela signifie "les réduire aux zones
6 urbaines"?
7 Réponse: En substance, cela veut dire repousser les frontières de
8 l'enclave jusqu'à la ville de Srebrenica, enfin dans la ville de
9 Srebrenica, les frontières physiques matérielles de l'enclave.
10 Question: Et que se passe-t-il alors avec la population de l'enclave?
11 Réponse: Au fond, pour nombre des personnes qui vivent alentour, il
12 s'agit soit de vivre sous l'occupation de la Republika Srpska, soit elles
13 se trouveraient forcer de se déplacer à l'intérieur de la zone urbaine de
14 Srebrenica.
15 Question: Vous avez vu la vidéo du 10 Juillet montrant des centaines et
16 des centaines de personnes qui s'entassent dans la zone urbaine de
17 Srebrenica, le 10 Juillet?
18 Réponse: Oui.
19 Question: A votre avis, les objectifs de "Krivaja 95" sont les objectifs
20 de Radovan Karadzic et de sa directive numéro 7?
21 Réponse: Oui, oui, cela correspond très bien. Pour ce qui est de
22 l'essentiel de ce plan, c'est de réunir les conditions afin que la
23 communauté internationale et la Forpronu évacuent l'enclave.
24 Question: Au milieu du paragraphe 4, page 3, le texte dit: "Objectif:
25 par une attaque surprise séparer, réduire la superficie des enclaves de
Page 4805
1 Srebrenica et de Zepa afin d'améliorer la position tactique des forces en
2 profondeur de la zone, et afin de créer des conditions pour l'élimination
3 des enclaves". Fin de lecture.
4 Plus loin, dans ce rapport, voit-on les différentes unités désignées, les
5 unités qui doivent participer à ce plan?
6 Réponse: Oui.
7 Question: Pouvez-vous consulter la page 5? Nous voyons la liste des
8 brigades Milici, Bratunac. Il y a une section au sujet des réservistes,
9 permettez-moi de lire.
10 "Les forces de réserve de la taille de deux ou trois compagnies du MUP et
11 une compagnie de la 1ère Brigade légère d'infanterie de Vlasenica".
12 Pouvez-vous nous dire, tout d'abord, ce que signifie "la force de
13 réserve"? Deuxièmement, ce que cela signifie dans cet ordre particulier?
14 Réponse: La doctrine de l'ex-JNA et de la VRS, mais aussi dans la
15 plupart des armées les forces de réserve sont établies afin que le
16 commandant puisse les employer dans une situation militaire qui n'a pas
17 été anticipée ou, dans une moindre mesure, afin de permettre le succès
18 d'une opération militaire; par exemple, une percée. Mais le rôle premier
19 de ces forces est qu'elles appartiennent au commandant, il peut les
20 employer pour toute situation inattendue. Personne d'autre ne peut les
21 déployer sans approbation de la part du commandant -en principe.
22 Question: Très bien, c'est en termes généraux. Mais maintenant, de
23 manière plus spécifique, pour "Krivaja 95", l'opération du Corps de la
24 Drina, que signifient les forces de réserve?
25 Réponse: Sur la base de cet ordre, il s'agit de deux ou trois
Page 4806
1 compagnies du MUP et d'une compagnie de la Brigade légère d'infanterie de
2 Vlasenica.
3 Question: Etes-vous à même de nous dire s'il s'agit des forces spéciales
4 du MUP ou de la police municipale?
5 Réponse: Très clairement, dans ce cas précis, il s'agit des forces
6 spéciales du MUP.
7 Question: Pour quelle raison?
8 Réponse: Pour la plupart, la police municipale n'est pas organisée de
9 manière à mener des opérations militaires de combat, donc n'est pas
10 organisée, structurée de cette manière-là. Cela n'aurait aucun sens de se
11 référer, ici, à des forces municipales du MUP en les qualifiant comme
12 "compagnie" et ce ne serait pas le type de formation à utiliser.
13 Question: Nous avons ici une phrase disant: "les forces de réserve de la
14 taille de deux ou trois compagnies", mais cela n'est pas très précis.
15 Comment l'expliquez-vous?
16 Réponse: Si on replace cela dans le contexte, ce dont il s'agit ici,
17 c'est un minimum qui est nécessaire au moment où l'ordre est donné. Le
18 commandant du Corps de la Drina considère que, à ce moment-là, il y a deux
19 ou trois compagnies des forces spéciales du MUP qui leur sont re-
20 surbordonnées et placées sous leur contrôle. Ils anticipent peut-être à
21 avoir une troisième compagnie mais ils ne le savent pas encore, pour
22 quelque raison que ce soit.
23 Au fond, ils désignent ces unités comme "unités de réserve" parce qu'ils
24 ne savent pas. Ils savent qu'ils ont une compagnie, la compagnie de la
25 Brigade de Vlasenica.
Page 4807
1 Question: Donc, en vous basant sur "Krivaja 95", cette ordonnance qui se
2 trouve devant nous, cet ordre, les unités de la MUP étaient sous le
3 commandement de qui?
4 Réponse: Eh bien, ils étaient directement sous le commandement du Corps
5 de la Drina. En fait, c'était le général Zivanovic.
6 Question: Et d'après vous, la règle qui dit "de se servir de la police
7 spéciale de la MUP pour les opérations de combat" voudrait dire, voudrait
8 impliquer de se servir de la MUP de la façon dont on a anticipé le tout
9 d'après cet ordre?
10 Réponse: Oui. Nous savons très bien que, vers la mi-Juin 1995, le
11 Président Karadzic a fait effectivement déclarer un état de guerre qui, en
12 fait, a fait en sorte que le tout devienne possible.
13 Question: Allons maintenant à la page 7, s'il vous plaît. Regardons la
14 partie surlignée qui mentionne que les organes de sécurité et la police
15 militaire vont indiquer les zones pour rassembler les prisonniers de
16 guerre. Est-ce que c'est une procédure normale?
17 Réponse: Oui, c'est une fonction qui appartient à cet organe.
18 Question: Je voudrais également mentionner que l'ordre mentionne: "qu'il
19 s'agit des prisonniers de guerre et qu'on traitera les prisonniers de
20 guerre et la population civile d'après ou en accord avec les Conventions
21 de Genève."
22 Maintenant, nous avons vu les directives en fait émanant du Président
23 Karadzic. Nous avons vu que l'état-major suivait ses ordres. Nous avons
24 également vu que le Corps de la Drina également exécutait les ordres. Est-
25 ce que vous pouvez nous parler d'une brigade ou d'un ordre émanant d'une
Page 4808
1 brigade pour nous montrer également, pour nous dire s'ils avaient suivi ce
2 plan ou cet ordre. Je ne voudrais pas… En fait, j'aimerais que l'on se
3 penche sur la pièce à conviction 429. Pourriez-vous nous dire ce que
4 représente ce document?
5 Réponse: Ce document, nous basant sur l'ordre préparatoire du Corps de
6 la Drina, est un ordre qui émane de la Brigade d'infanterie de Zvornik qui
7 a été émis pour sa propre formation, afin de s'organiser pour une
8 opération de combat. Encore une fois, il fait référence à l'ordre du Corps
9 de la Drina. En donnant des détails très spécifiques, cet ordre désigne
10 tous les aspects militaires qui doivent avoir lieu et à quel moment ces
11 aspects militaires devraient avoir lieu. Il désigne très clairement la
12 chaîne de commandement pour l'organisation militaire afin de déployer les
13 forces vers Srebrenica.
14 Question: Est-ce que ces séries d'ordres montrent une chaîne de
15 commandement normale?
16 Réponse: Oui. D'une façon générale, les quatre ou les cinq dernières
17 séries d'ordres émises, que nous avons vues, montrent clairement une façon
18 très normale, très usuelle, telle que suivait presque n'importe quelle
19 armée. En fait, ce sont des ordres qui viennent des niveaux les plus
20 élevés vers les échelons les plus bas. Donc, du point de vue des échelons
21 stratégiques et des échelons tactiques.
22 Question: Maintenant, j'aimerais attirer votre attention sur une autre
23 pièce à conviction. Il s'agissait d'une vidéo. Je crois que vous avez vu
24 ou nous avons déjà vu cette vidéo. Je ne vais pas faire visionner cette
25 vidéo, mais je vais vous donner une transcription très brève et je vais
Page 4809
1 lire la transcription pour le compte rendu d'audience. C'est une entrevue
2 qui a eu lieu… En fait, c'est un entretien du Président Karadzic qui a eu
3 lieu au mois d'Août 1995.
4 Madame la Greffière, pouvons nous avoir cette vidéo, s'il vous plaît?
5 En fait, on vient de me dire que cette vidéo n'a pas encore été visionnée.
6 Il s'agit de la pièce à conviction 99. Je ne crois pas que c'est
7 nécessaire de voir le visage du Président Karadzic. Je vais simplement
8 vous lire ce qu'il a dit. Nous allons verser cette vidéo au dossier si
9 vous voulez la voir ou nous allons vous la montrer. Nous espérons donc
10 pouvoir vous faire un sous-titrage de ces vidéos pour que vous puissiez
11 les visionner plus tard.
12 M. le Président: Monsieur McCloskey, je crois que c'est la pièce à
13 conviction 430?
14 M. McCloskey (interprétation): Il s'agit de la transcription. Oui,
15 effectivement, la transcription est bien la pièce 430 mais la vidéo elle-
16 même est cotée sous la pièce, sous le numéro 99.
17 Maintenant que vous avez le texte devant vous, simplement pour le compte
18 rendu d'audience, je vais en donner lecture. C'est un extrait très court,
19 encore une fois. C'est le Président Karadzic qui est interviewé à la
20 télévision de la Republika Srpska.
21 Début de lecture: "Nous voulons de Mladic une légende et nous l'avons fait
22 car nous savons que notre peuple veut des légendes. Toutefois, nous ne
23 sommes pas parvenus à faire valoir les victoires des commandants de Corps
24 d'armée individuels. Prenons Krstic, par exemple, qui l'a planifiée sous
25 mes yeux -et j'ai approuvé cette tâche pour Srebrenica-, l'a
Page 4810
1 exceptionnellement bien accomplie. Bien sûr, l'état-major général, Mladic
2 et d'autres, lui ont apporté leur concours mais ils doivent savoir que
3 Krstic est un grand commandant militaire." (Fin de citation.)
4 Maintenant, Monsieur le Président, nous allons aborder un autre chapitre.
5 Il s'agit donc de l'attaque et de la chute de Srebrenica. Nous pouvons
6 soit prendre une pause immédiatement ou, si vous voulez, nous pouvons
7 aborder cet autre chapitre. Comme vous voulez. Ce serait peut-être le
8 moment opportun?
9 Mme Wald (interprétation): Je n'ai qu'une question, je suis désolée.
10 Monsieur Butler, j'ai encore quelque problème à suivre votre dernière
11 réponse. D'après l'information que vous avez analysée et votre rapport,
12 vous avez dit que, en fait, en lisant la pièce à conviction de
13 l'accusation 328, vous avez dit "qu'en essayant de restreindre l'enclave
14 ou de restreindre la grandeur de l'enclave, que cela ferait en sorte que
15 la Forpronu… ferait en sorte que cela devienne une enclave sécuritaire".
16 Donc, je ne vois pas la logique.
17 Cela veut donc dire: pourquoi est-ce que le fait de réduire l'enclave à
18 une plus petite grandeur voudrait dire que la Forpronu sortirait pour en
19 faire une enclave sécuritaire ou libre?
20 M. Butler (interprétation): Eh bien, ce que vous devez faire, bien sûr,
21 c'est de revenir à la situation qui a d'abord créé l'enclave.
22 Mme Wald (interprétation): Oui, bien sûr. Je le sais très bien.
23 M. Butler (interprétation): Dans ce sens-là, la VRS regardait ou se
24 penchait sur l'enclave de Srebrenica et les gens qui étaient là pensaient
25 que c'était effectivement un peu trop compliqué. Ce qu'ils voulaient
Page 4811
1 faire, c'est de compresser les gens, de les comprimer dans la zone
2 urbaine, en fait, de forcer -si vous voulez-, à cause d'une crise
3 humanitaire semblable à celle qui avait eu lieu en 1993, donc de faire en
4 sorte que la Forpronu abandonne l'idée d'une zone de sécurité, donc
5 d'évacuer la population.
6 Mme Wald (interprétation): Oui, merci.
7 M. le Président: Nous allons faire une pause de vingt minutes.
8 (La séance, suspendue à 9 heures 40 heures, est reprise à 11 heures 02.)
9 M. le Président: Monsieur McCloskey, vous pouvez continuer s'il vous
10 plaît.
11 M. McCloskey (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
12 Monsieur Butler, avant de commencer de parler de l'attaque sur Srebrenica,
13 j'aimerais simplement clarifier quelque chose. Est-ce que l'objectif
14 initial de "Krivaja 95" était de faire une prise de l'enclave complète ou
15 simplement de la réduire à des zones urbaines?
16 M. Butler (interprétation): En suivant l'ordre opérationnel de "Krivaja
17 95" dans les documents que nous avons vus, il est clair que l'objectif
18 n'était pas de faire une prise de la ville de Srebrenica, ce n'était pas
19 l'objectif initial.
20 Question: Pourriez-vous résumer brièvement la situation en commençant
21 par le début de l'attaque sur Srebrenica? Et de quelle façon cela a mené
22 vers la chute et la déportation de la population? Encore une fois,
23 j'aimerais simplement que vous nous donniez les lignes générales, puisque
24 nous allons entrer dans le détail un peu plus tard. Nous allons parler du
25 déroulement militaire, donc de la chute et du mouvement de la population
Page 4812
1 musulmane.
2 Réponse: Je crois que la façon la plus simple serait de vous le montrer
3 sur la carte. Merci.
4 L'opération telle que spécifiée dans l'ordre d'opération pour "Krivaja
5 95", bien sûr, a commencé avec les forces de l'armée de la Republika
6 Srpska qui entraient du Sud le long de la route menant vers Srebrenica.
7 Les unités des Corps de la Drina que nous avons vues impliquées faisaient
8 partie du plan d'opération. Par la suite, nous les avons revues dans les
9 vidéos.
10 Cela reflétait le fait que les "Loups de la Drina" qui étaient subordonnés
11 à la 1ère Brigade de Zvornik étaient bien présents sur place, ainsi que
12 d'autres unités de la Brigade de Zvornik, c'est-à-dire d'autres effectifs
13 tels que les chars d'assaut et ainsi de suite.
14 Nous voyons également d'autres installations de la Brigade de Romanija,
15 nous voyons également des chars. Nous voyons aussi des éléments de la
16 Brigade de Bihac, c'est un autre faisant partie du Corps de la Drina. Nous
17 voyons également des éléments de la Première Infanterie de Milici. Le
18 point principal de l'attaque, pour la plupart des unités, c'est donc
19 d'essayer d'aller du Sud vers le Nord en allant vers la rivière Jadar pour
20 pousser les Musulmans à l'extérieur de cette zone qui se trouve juste ici,
21 donc à l'intérieur de l'enclave. C'est connue sous le nom du "Triangle de
22 Bandera".
23 L'armée de la Republika Srpska voyait cette zone comme une réserve très
24 forte de la 28ème Division dans les zones pour lesquelles ils croyaient que
25 la Division essayait de se défendre le plus. C'est un terrain très
Page 4813
1 montagneux.
2 Question: Pour le compte rendu d'audience, il serait important de
3 montrer la zone. La zone que vous avez montrée se trouvait au Sud-Ouest de
4 l'enclave?
5 Réponse: Juste ici.
6 Question: Merci, très bien. Poursuivez, s'il vous plaît.
7 Réponse: L'effort principal pour l'attaque le long de la route, en
8 passant par les points de contrôle des Nations Unies, a été fait par les
9 groupes ou par les bataillons de la Brigade de Zvornik tels que mentionnés
10 dans l'ordre précédent. Leur travail, essentiellement, était de pousser et
11 de passer les points de contrôle de l'ONU, en essayant de ne pas impliquer
12 les Nations Unies mais d'essayer de les forcer ou de les mettre en
13 position où elles devaient se sentir forcées d'évacuer Srebrenica.
14 Sans entrer dans les détails tactiques de cela, du 6 jusqu'au 8 et le 9,
15 ils ont réussi à accomplir ce but.
16 Dans l'après-midi, en fait dans la soirée du 9 Juillet, en s'appuyant sur
17 le succès de toutes les unités qui allaient de Srebrenica du Sud, le
18 Commandant suprême de la Republika Srpska a réévalué l'opération. Il a
19 décidé, à ce moment-là, que le but de l'opération devrait s'élargir pour
20 inclure également la prise de la ville de Srebrenica.
21 C'est à ce moment-là qu'à partir du 10 Juillet jusqu'au 11 Juillet, il y a
22 eu quelques renforts additionnels qui sont venus. Nous voyons quelques
23 changements concernant la planification pour, maintenant, accommoder ce
24 nouvel objectif puisque le premier objectif était simplement de les forcer
25 à l'extérieur de la zone. Mais, maintenant, il a fallu restructurer le
Page 4814
1 plan pour pouvoir également procéder à la prise de la zone urbaine elle-
2 même.
3 Cela s'est conclu d'une façon très… ils ont pu, finalement, capturer
4 Srebrenica ou prendre Srebrenica dans l'après-midi du 11 Juillet. Au même
5 moment, nous pouvons apercevoir l'évacuation de la population musulmane.
6 D'abord pour ceux qui résidaient à l'intérieur de Srebrenica même, ainsi
7 qu'un nombre très important de réfugiés musulmans qui résidaient vers le
8 Sud –juste ici-, qui se trouvaient dans la zone du projet suédois.
9 Ces réfugiés se sont rendus sous une escorte des Nations Unies jusqu'à la
10 route où se trouvait la base des Nations Unies à Potocari où ils sont
11 arrivés le soir du 11.
12 Par la suite, une autre série d'événements nous montrent ou impliquent
13 l'armée ou l'axe, si vous voulez. C'était la 28ème Division d'infanterie
14 qui a reçu l'ordre d'aller vers le territoire libre de Tuzla, puisqu'on
15 l'appelait "territoire libre".
16 La première chose qui a eu lieu, du point de vue militaire, c'est qu'ils
17 ont réussi à établir un contact avec la force de la VRS dans la zone, au
18 sud de Srebrenica, qu'ils défendaient essentiellement. A partir de ce
19 moment-là, jusqu'au matin du 12, donc à partir de la soirée du 10 jusqu'à
20 très tôt le matin du 12 Juillet, l'armée de la Republika Srpska n'avait
21 pas une très bonne idée de ce qui avait trait à l'emplacement où se
22 trouvaient les Musulmans, donc l'armée musulmane.
23 Cela s'est bien manifesté avec les activités de l'armée, et également
24 pendant les rencontres qui ont eu lieu avec les représentants néerlandais
25 ou le général Mladic, représentant de la VRS. Ils demandaient à voir les
Page 4815
1 représentants des armées et les Néerlandais; les civils disaient qu'ils ne
2 savaient pas où étaient ces représentants de l'armée.
3 En fait, ce qui arrivait à ce moment-là, c'est que la colonne d'armée
4 avait commencé à se rassembler à Susnjari et Jaklici le soir du 10. Du
5 point de vue de la VRS, ils ne savaient pas cela à ce moment-là. Ils
6 présumaient simplement que l'armée se dirigeait dans la partie sud de
7 l'enclave et vers le sud-ouest de Srebrenica, dans le triangle mentionné
8 plus tôt. Et lorsqu'on regarde les opérations militaires qui ont eu lieu
9 le 12, nous pouvons voir que la plupart de ces formations de combat du
10 Corps de la Drina, qui montaient vers le Triangle de la Bandera,
11 essayaient de trouver la 28ème Division qui ne se trouvait pas là. Donc le
12 12, la plupart des formations de combat du Corps de la Drina, en fait,
13 essayaient de faire un travail de repérage au sud de Srebrenica.
14 En fait, il y a peu de formations de combat qui se sont rendues jusqu'à
15 Potocari. Les seules formations de combat qui finalement se sont rendues à
16 Potocari sont celles, en fait, de la 3ème Brigade de Bratunac qui avait
17 pour mission de couper, et le 2ème Bataillon de Bratunac qui était déployé
18 vers le nord, donc elles se rendaient vers le sud.
19 Le 12 et le 13, nous voyons l'opération se dérouler très tôt le matin du
20 12 Juillet. Les éléments principaux de la colonne musulmane, qui était
21 constituée de civils et de militaires, se dirigeaient et passaient les
22 embuscades et les points de barrage sur la route. A 3 heures du matin, le
23 12 Juillet, il y a eu des premiers événements.
24 Au cours de la matinée du 12 Juillet, d'abord à un niveau inférieur et
25 ensuite -puisque l'information montait avec la chaîne de commandement
Page 4816
1 jusqu'aux échelons supérieurs-, on comprenait très bien que la 28ème
2 Division musulmane ne se trouvait pas là où on s'attendait à ce qu'elle
3 soit; elle ne se rendait pas, c'est ce que l'armée de la VRS voulait.
4 Mais, au lieu de cela, la 28ème Division musulmane voulait faire une percée
5 de l'autre côté de l'enclave. Du point de vue tactique, ils faisaient
6 quelque chose à laquelle l'armée de la Republika Srpska ne s'attendait
7 pas, certainement pas de cette façon-là.
8 Au cours de la journée du 12, puisque nous voyions une grande activité qui
9 se trouvait... On voit que l'évacuation a eu lieu des femmes et des
10 enfants qui était rassemblés à Potocari; donc des femmes et des enfants
11 d'origine musulmane.
12 Nous pouvons également voir toute une série de directives ou
13 d'instructions musulmanes reçues par l'état-major du Corps de la Drina. Si
14 vous voulez, ils ont commencé à établir une ligne de défense ou un
15 périmètre qui s'étend depuis Glakrova Kravisa, Sandici, Konjevic Polje,
16 Nova Kasaba et qui allait jusqu'au sud, donc jusqu'à la zone de Milici
17 pour essayer de contenir cette très grande colonne d'hommes.
18 Au même moment, pendant que tous ces événements ont lieu, l'état-major
19 qui, maintenant, voulait prendre note du fait qu'il y a eu la capture de
20 Srebrenica, a essayé ou a commencé à mettre en oeuvre les morceaux d'un
21 autre plan qui voulait faire en sorte de capturer l'enclave musulmane de
22 Zepa..
23 Pendant que tout cela se passe, on commence à assister en même temps à des
24 actions de planification avec des formations militaires qui se déplacent
25 vers le sud absolu de l'enclave; d'abord en petits nombres, du nord vers
Page 4817
1 l'enclave de Zepa, qui malheureusement se trouve en dehors de cette carte.
2 Autrement dit, sur une période de quelques jours, on assiste à toutes
3 sortes d'actions militaires et également à des aspects militaires liés à
4 des aspects civils. C'est le Corps de la Drina qui doit rester au courant
5 de toute cette évolution pour continuer à coordonner l'action.
6 Question: Pourriez-vous nous montrer du mieux possible l'emplacement de
7 l'enclave de Zepa, si la carte était plus grande?
8 Réponse: Je pense que l'enclave de Zepa devrait se situer à peu près
9 ici; parce que si l'on regarde les grands axes d'avancées il y en a un de
10 Krivace vers le bas, et un autre depuis cette zone ici, Bracun, vers le
11 sud également.
12 Question: Zepa se trouve-t-elle à 20 kilomètres du sud de cette carte?
13 Réponse: Oui, je dirai que la distance est de 10 à 15 kilomètres vers
14 le sud.
15 Question: Et Krivace était le point de commandement le plus avancé du
16 Corps de la Drina pour l'opération de Zepa?
17 Réponse: Oui, Monsieur.
18 Question: Pouvez-vous nous résumer la situation des commandants, où ils
19 se trouvaient d'après les documents, un peu avant la déportation de
20 Potocari, au début de l'opération?
21 Réponse: Au début de l'opération, le poste de commandement avancé du
22 Corps de la Drina, qui supervise l'opération, était stationné dans le
23 village de Pribicevac. Si l'on examine ce terrain montagneux –que l'on ne
24 voit pas très bien sur cette carte-, on voit que des vallées sont
25 disponibles pour mener cette opération. C'est un poste de commandement qui
Page 4818
1 existait depuis des années, c'était l'endroit le plus logique pour le
2 stationner.
3 Pendant l'opération, pendant la chute de l'enclave, le général Krstic et
4 les membres du grand Quartier Général du Corps de la Drina -il s'agit
5 plutôt de groupes de commandement que d'un véritable état-major-, ont
6 ordonné l'intégralité de l'opération. Les autres commandants impliqués, le
7 lieutenant-colonel Vinko Pandurevic, commandant des éléments de la Brigade
8 de Zvornik, ainsi que le colonel Moko Krevic , commandant des éléments de
9 la Brigade de Romanjia, et le colonel Svetozar Andric, commandant des
10 éléments de la 1ère Brigade d'infanterie de Bihac, ont tous opéré sur cette
11 route de façon générale.
12 Plus on acquiert d'éléments, plus on constate que les éléments de
13 Pribicevac recevaient des consignes du poste de commandement de leurs
14 unités. Dans la plupart des cas ces commandants, dont je viens de parler,
15 sont restés avec leurs unités pendant toute la période de la prise de
16 Srebrenica. Au moment où Srebrenica est tombée, on constate très souvent
17 que certains de ces commandants, y compris le général Krstic, quittent le
18 poste de commandement avancé de Pribicevac pour se rendre dans un autre
19 poste de commandement avancé qui avait été créé à Bratunac au quartier
20 général de la 1ère Brigade d'infanterie légère de Bratunac.
21 Donc ces hommes ont commencé à agir à partir de Bratunac qui, pour des
22 raisons tactiques, leur ouvrait un accès plus facile à Potocari, en tout
23 cas leur assurait des communications plus faciles avec le reste du Corps
24 de la Drina.
25 Et troisièmement, ce poste de commandement à Bratunac leur permettait de
Page 4819
1 coordonner et de gérer l'évacuation et les opérations militaires qui se
2 déroulaient dans cette zone, ici, au nord.
3 Question: Monsieur Butler, en dehors du témoignage de Drazen Erdemovic,
4 avez-vous des indications fiables qui vous permettent de dire que le 10ème
5 Détachement de sabotage ou de diversion a participé à cette opération?
6 Réponse: Lorsqu'on regarde les séquences vidéos tournées par les
7 militaires et les responsables civils de la Republika Srpska, notamment
8 une séquence où l'on voit le général Mladic, le général Zivanovic et le
9 général Krstic qui pénètrent dans la ville de Srebrenica le 10 Juillet, on
10 voit que l'un des premiers points de contrôle qu'ils franchissent à
11 l'entrée de la ville est gardé par des soldats du 10ème Détachement de
12 sabotage ou de diversion.
13 Question: Eh bien vous pouvez vous rasseoir.
14 (Le témoin s’assoit.)
15 J'aimerais, à présent, que nous revenions à certains des documents qui ont
16 servi de base à votre exposé. En tout cas, s'agissant des premiers
17 documents de cette nature, j'aimerais que vous vous concentriez sur le
18 rôle du général Krstic et du commandement supérieur.
19 Prenons d'abord le premier de ces documents, la pièce 431 qui est un
20 message envoyé par le général Zivanovic le 8 Juillet, indiqué comme urgent
21 et adressé à Pribicevac, poste de commandement avancé, au général de
22 division Radislav Krstic ainsi qu'au général Tolimir, du grand Quartier
23 Général.
24 Pouvez-vous nous expliquer quelle est la nature exacte de ce document et
25 ce qu'il montre?
Page 4820
1 Réponse: Cet ordre, ou ce document, est envoyé pour répondre à des
2 plaintes émanant du commandement de la Forpronu au sujet d'activités de
3 combat dans lesquelles des soldats néerlandais ont été pris pour cible.
4 Donc une plainte a été déposée, cette plainte est passée par le grand
5 Quartier Général. Le document que nous avons, ici, est une preuve de la
6 réaction du poste de commandement avancé du Corps de la Drina.
7 Question: A l'examen de ce document, pouvez-vous nous donner votre avis
8 quant à l'endroit où vous pensez que le général Krstic et le général
9 Zivanovic se trouvaient au moment de la réception de ce message?
10 Réponse: Si l'on examine les informations fournies en haut du document,
11 cela me permet de conclure que le général Zivanovic se trouvait au poste
12 de commandement principal de Vlasenica, au moment où ce document a été
13 rédigé; et que le général Krstic se trouvait à Privicivac, c'est-à-dire au
14 poste de commandement avancé.
15 Question: Pouvez-vous tirer une quelconque conclusion quant au rôle joué
16 par le général Gvero, à ce moment-là?
17 Réponse: Le général Gvero n'est pas mentionné dans ce document.
18 Question: Nous parlerons de lui plus tard.
19 Pourriez-vous, à présent, regarder une nouvelle fois le coin en haut, à
20 gauche, où nous voyons ce numéro 04. Est-ce que les chiffres 04 nous
21 apprennent quelque chose au sujet de l'auteur de ce document?
22 Réponse: Eh bien, à la lecture de cette série de chiffres, les choses
23 ne sont pas très claires –je le répète. Mais lorsqu'on lit l'intégralité
24 du document, compte tenu du contexte, on peut penser que ce document est
25 rédigé par le commandant du Corps de la Drina et adressé à son chef
Page 4821
1 d'état-major. Mais si l'on étudie ce numéro de référence, 04, cela ne
2 correspond pas aux numéros que l'on pourrait s'attendre à voir ici, compte
3 tenu du mode de numérotation fondé sur le 01.
4 Voilà la difficulté, parce que 01 c'est le commandant, 02 quelqu'un
5 d'autre, 03 une troisième personne. Voilà le contexte général de la
6 numérotation qui nous mène à 04. Je peux donc conclure que c'est tout de
7 même une personne qui fait partie des organes de commandement, mais je ne
8 peux rien dire de précis à ce se sujet.
9 Quant à la deuxième série de chiffres, celle du milieu, 156, comme je l'ai
10 déjà dit la série de chiffres 156 concerne des ordres directement liés à
11 l'opération "Krivaja 95" qui commence par un ordre préparatoire portant le
12 numéro de 01.
13 Puis, le dernier chiffre, le chiffre 5, indique qu'il s'agit du cinquième
14 ordre ou du cinquième document dans la série des documents correspondant
15 au numéro intermédiaire 156.
16 Question: Le général Krstic est donc présent au poste de commandement
17 avancé. Quel était son rôle exact en tant que chef d'état-major, ce jour-
18 là, le 8 Juillet, c'est-à-dire deux jours après le début de l'attaque sur
19 Srebrenica?
20 Réponse: A ce moment particulier, si l'on tient compte de son grade et
21 de sa position, on constate qu'il commande l'opération militaire contre
22 l'enclave de Srebrenica. Il contrôle les forces tactiques sur le terrain.
23 Question: Passons à présent à la pièce à conviction, la pièce 432 qui
24 émane -en date du 9 Juillet- du grand Quartier Général de l'armée.
25 L'auteur en est Zdravko Tolimir. Je vais rapidement donner lecture des
Page 4822
1 parties pertinentes de ce texte.
2 D'abord le premier paragraphe -je cite: "Le Président de la Republika
3 Srpska a été informé du succès des opérations de combat autour de
4 Srebrenica dû aux unités du Corps de la Drina. Il a été informé qu'elles
5 ont obtenu des résultats qui leur permettent d'occuper la ville même de
6 Srebrenica. Le Président de la République est satisfait des résultats
7 acquis au cours de ces opérations de combat autour de Srebrenica, et a
8 accepté la poursuite des opérations destinées à prendre Srebrenica, à
9 désarmer les gangs de terroristes musulmans, et à démilitariser totalement
10 l'enclave de Srebrenica". Fin de citation.
11 Ensuite, on trouve d'autres détails relatifs y compris à la nécessité de
12 s'occuper de la population civile en accord avec les Conventions de
13 Genève. Voilà, monsieur Butler. Que signifie ce texte?
14 Réponse: Comme je l'ai déjà indiqué et j'en reviens à ce que j'ai déjà
15 dit, à savoir que l'objectif véritable n'était pas la prise de Srebrenica.
16 Ce que ce document démontre, c'est que sur la base du succès remporté par
17 les opérations de combat à ce moment-là, le Président de la République -et
18 également Commandant suprême de l'armée-, autorise une extension de
19 l'objectif qui, désormais, englobe également la prise de Srebrenica.
20 Question: A la lecture de ce document, pouvez-vous tirer une quelconque
21 conclusion quant au rôle joué par le général Krstic?
22 Réponse: Eh bien, encore une fois, je regarde quels sont les
23 destinataires et je me rends compte que ce message provient directement du
24 général Tolimir du grand Quartier Général.
25 La personne qui est sur le terrain, dans ce contexte, qui dirige les
Page 4823
1 opérations, est le général Krstic.
2 Question: Comment le déduisez-vous à la lecture de ce document?
3 Réponse: Eh bien, c'est un document qui lui est adressé personnellement
4 au poste de commandement avancé.
5 Question: Et ici, nous voyons le nom du général Gvero. Que peut-on
6 déduire de la présence de son nom sur ce document?
7 Réponse: En tant qu'analyste, c'est une question qui demeure sans
8 réponse pour moi. En effet, nous n'avons aucune preuve physique, pas plus
9 que nous n'avons d'autres informations du point de vue de l'emplacement
10 physique ou d'un quelconque autre point de vue qui indique que le général
11 Gvero était physiquement sur le terrain à Srebrenica ou au poste de
12 commandement avancé.
13 On peut traduire cela de plusieurs façons. Premièrement, il est possible
14 qu'il ait été à cet endroit et que la présence de son nom, ici, soit la
15 seule indication le prouvant mais je ne peux pas le déduire avec
16 certitude.
17 Ou bien, deuxièmement, on peut déduire que le grand Quartier Général a
18 envoyé ce message pour qu'il le lise également.
19 Mais, pour répondre rapidement à votre question, je ne sais pas exactement
20 ce qu'il en était du général Gvero.
21 Question: Eh bien, passons au document suivant, le document 433 qui
22 émane du commandement de la Brigade de Bratunac en date du 10 Juillet,
23 c'est-à-dire le lendemain. Il est intitulé "Rapport de combats
24 journalier".
25 Avant d'entrer dans le détail, pouvez-vous nous dire ce qu'est un rapport
Page 4824
1 de combats journalier émanant du commandement d'une brigade?
2 Réponse: Nous avons déjà parlé de la structure officielle des rapports.
3 Eh bien, un rapport de combats journalier, c'est le moyen utilisé par une
4 brigade pour transmettre les informations pertinentes au niveau
5 directement supérieur, c'est-à-dire au commandement du Corps de la Drina.
6 Toutes les unités rédigeaient un rapport de cette nature au moins une fois
7 par jour. C'est la raison pour laquelle ce rapport est qualifié de
8 "journalier". Si les circonstances ou la situation rendaient nécessaires
9 d'autres rapports de ce genre, ces autres rapports étaient qualifiés de
10 rapports "intérimaires" ou "intermédiaires". Cela se passait lorsque que
11 le commandement du Corps d'armée devait être informé immédiatement sans
12 pouvoir attendre le lendemain, alors qu'un premier rapport avait déjà été
13 envoyé.
14 Question: Que nous dit le texte de ce rapport au sujet de la composition
15 du groupe de commandement?
16 Réponse: Ce que ce rapport nous apprend, s'agissant du commandement de
17 la Brigade, c'est que le commandant de la Brigade se trouve physiquement
18 dans le secteur du 3ème Bataillon, le chef d'état-major dans le secteur du
19 1er Bataillon, et les autres officiers du commandement de la Brigade de
20 Bratunac sont à l'endroit où ils sont censés être en application du plan.
21 Dans ce document est également noté la présence physique du général Mladic
22 pour la première fois dans la zone, ainsi que du général Zivanovic pour la
23 première fois également, et du général Krstic dans la zone correspondant
24 au secteur de la 1ère Brigade d'infanterie légère. Donc, sur le plan de
25 l'information, nous voyons que ce 10 Juillet 1995 est la première date
Page 4825
1 montrée comme un jour où le général Mladic et le général Zivanovic sont
2 dans la zone de la Brigade de Bratunac pour participer à la conduite des
3 opérations militaires en cours à cet endroit.
4 Question: Je fais remarquer aux Juges de la Chambre qu'au paragraphe 5,
5 nous lisons le nom de "Sreten Petrovic", fils d'Ilija, commandant adjoint
6 du 3ème Bataillon d'infanterie qui a subi des blessures graves à l'avant-
7 bras et à la cuisse. Nous entendrons parler de Sreten Petrovic plus tard,
8 à nouveau. Son père Ilija est connu comme portant une très grande
9 moustache et provenant du village de Spat. C'est une personnalité
10 importante dont il convient de se souvenir car il est identifié comme
11 commandant à Potocari dans le secteur de Bratunac. C'est la raison pour
12 laquelle j'attire l'attention des Juges sur ce nom de Sreten Petrovic car
13 nous en reparlerons.
14 Nous arrivons maintenant à une pièce à conviction qui est une vidéo
15 portant la cote 145. Vous l'avez déjà vue mais nous en possédons
16 actuellement une version sous-titrée, elle est très courte. Elle montre
17 l'arrivée des commandants à Srebrenica. J'aimerais que cette vidéo soit
18 diffusée.
19 Avez-vous une transcription? Oui? Très bien.
20 La transcription et la vidéo portent la cote 145A et B.
21 Je crois que les cabines d'interprètes ont la transcription, donc la
22 diffusion peut commencer.
23 Monsieur Butler, puisque nous attendons et que vous avez déjà vu cette
24 vidéo, pouvez-vous…? Ah! Apparemment, la diffusion va commencer.
25 (Diffusion de la vidéo.)
Page 4826
1 (Transcription du son de la vidéo.)
2 "Ratko Mladic sort d'une voiture. Il les salue, les soldats serbes, en
3 disant: "Bravo! Bravo les gars! Est-ce que nos hommes sont toujours
4 devant?".
5 Une voix non identifiée répond: "Oui, ils sont toujours devant."
6 Ratko Mladic: "Bien."
7 Une voix non identifiée: "La ville est nettoyée, elle est prise. Il est
8 facile de s'y rendre en voiture."
9 Ratko Mladic: "Très bien, très bien! Je sais que je peux, mais qu'ils me
10 suivent lentement."
11 Ratko Mladic se déplace sur la route et dit: "Viens Gil, viens Gil. Eh,
12 Krstic! Viens donc Krle! Descendons ce drapeau! Jetons ce drapeau pour
13 qu'il ne flotte plus sur le bâtiment! Flanque-le là!"
14 Et un peu plus loin dans la vidéo, plusieurs soldats serbes et Krstic se
15 voient en arrière-plan."
16 (Fin de la diffusion du film.)
17 M. McCloskey (interprétation): Monsieur le Président, on m'informe qu'il
18 ne s'agissait pas de la pièce 145, mais de la pièce 145 bis.
19 Monsieur Butler, quelle est la date de la scène que nous venons de voir?
20 Réponse: Dernières heures de l'après-midi du 11 Juillet 1995.
21 Question: Avez-vous vu Vujadin Popovic sur ces images?
22 Réponse: Oui.
23 Question: Popovic accompagnait-il le général Krstic et le général
24 Mladic?
25 Réponse: Oui.
Page 4827
1 Question: Qui d'autres avez-vous reconnu sur ces images?
2 Réponse: Au fil des images du film, dans l'ordre chronologique, le
3 colonel Vinko Pandurevic, commandant de certains éléments de la Brigade de
4 Zvornik, bien sûr le général Mladic, le général Krstic, le général
5 Zivanovic, le colonel Popovic dont nous venons de parler, et puis au
6 moment où on voit le point de contrôle on voit des membres du 10ème
7 Détachement de sabotage. Ensuite le colonel Milorad Trbic, commandant de
8 la Brigade mécanisée de Romanjia, et plus tard au moment de l'entrée dans
9 la ville le colonel Svetozar Andric, commandant de certaines unités de la
10 1ère Brigade de Bratunac, ensuite vers la fin du film le lieutenant Misa
11 Pelemis, commandant que l'on voit au milieu de la ville; je crois que ce
12 sont les principaux protagonistes que l'on voit dans cette vidéo.
13 Question: Nous avons désormais une série de pièces à conviction qui nous
14 permettent d'identifier certains des acteurs de ces événements par ordre
15 chronologique. Peut-on commencer par la pièce à conviction 434 qui est un
16 message intercepté?
17 Je vous demanderai de le placer sur le rétroprojecteur et de nous dire
18 brièvement ce qu'il en est.
19 Réponse: S'agissant de ce message intercepté, en quelques mots, ce que
20 je peux dire c'est que c'est un segment de conversation entre le général
21 Gvero, l'adjoint du commandant chargé du moral des troupes, des affaires
22 juridiques et religieuses, avec le président de la République. Il
23 l'informe d'une conversion qu'il vient d'avoir avec le général Nikolaj,
24 membre de la Forpronu.
25 Question: Et ce message a été intercepté le 11 Juillet. Encore une fois,
Page 4828
1 nous voyons Gvero qui apparaît sur la scène.
2 Passons maintenant à la pièce à conviction suivante que nous avons déjà
3 vue, la pièce 45. Ce devrait être une vidéo montrant également le général
4 Krstic, un cliché.
5 Réponse: Ce cliché, tiré d'une vidéo et montrant le général Krstic, a
6 été pris au cours de ce que nous appelons "la deuxième réunion" entre les
7 membres de la VRS, du Bataillon néerlandais des Nations Unies et des
8 représentants musulmans. Cette réunion s'est déroulée dans les dernières
9 heures de la soirée, le 11 Juillet 1995, à l'hôtel Fontana de Bratunac.
10 Question: Donc il s'agissait là de la pièce à conviction 45.
11 Maintenant, nous pouvons passer à la pièce à conviction suivante, la pièce
12 435, qui est un message intercepté le 12 Juillet à 7 heures 35 du matin.
13 Pouvez-vous nous parler de ce message?
14 Réponse: Cette conversation interceptée -ainsi que la série des
15 documents suivants-, représente toute une série d'actions qui se
16 produisent après cette deuxième réunion où la décision a été prise
17 d'évacuer ou de sortir l'ensemble de la population civile de Potocari à
18 l'extérieur. C'était un événement qui n'a pas été anticipé et il y a eu
19 toute une série d'ordres par téléphone, d'ordres écrits adressés aux
20 unités militaires, adressés aux compagnies civiles, compagnies publiques
21 afin de réunir les bus nécessaires pour transporter cette population
22 civile à sortir de la ville.
23 Question: Le général Krstic était chef d'état major à ce moment-là?
24 Réponse: A ce moment, il s'agit d'une opération délicate.
25 Question: Vous vous attendiez à ce qu'il soit impliqué à cela?
Page 4829
1 Réponse: Je m'attendais à ce qu'il soit une des personnes clé. Et le
2 lieutenant colonel Krsmanovic, l'autre personne coordonnant ici, se trouve
3 à la tête des services de transport du Corps de la Drina, donc il devait
4 être très impliqué à ce programme.
5 Question: Donc il serait correct de dire que ce sont Krstic et
6 Krsmanovic qui gèrent la question des bus, qui s'occupent de trouver des
7 bus qui doivent arriver de différents endroits?
8 Réponse: Oui.
9 Question: Peut-on passer à la pièce suivante, la pièce 436. Il s'agit
10 d'une communication du général Zivanovic du 12 Juillet, il est le
11 commandant du Corps de la Drina. De quoi s'agit-il?
12 Réponse: C'est une manifestation d'un processus qui se déroule, donc il
13 s'agit de réunir tous les autocars et d'autres moyens de transports
14 nécessaires afin de sortir la population musulmane de Potocari.
15 Spécifiquement, l'ordre est donné à toutes les unités subordonnées au
16 Corps de la Drina de se procurer des autocars. Cet ordre est daté du 12
17 Juillet 1995.
18 Lorsque vous examinez la traduction du cachet de réception du centre de
19 communication, donc le cachet qui figure en bas, cela montre que cet ordre
20 a été reçu par le commandant de la Brigade de Zvornik, à 8 heures 35 du
21 matin du 12 Juillet 1995, donc on peut en déduire que l'ordre a été donné
22 plus tôt.
23 Question: Si l'état-major a pris sur lui le commandement direct des
24 brigades, donc en abandonnant les prérogatives normales du Corps de la
25 Drina, est-ce qu'il y aurait nécessité pour le général Zivanovic d'envoyer
Page 4830
1 cet ordre à la Brigade?
2 Réponse: Non.
3 Question: Passons à la pièce suivante, la pièce 437. Il s'agit d'un
4 nouveau type de document qui émane du ministère de la Défense. De quel
5 document s'agit-il?
6 Réponse: Dans le cadre des lois sur la défense, le ministère de la
7 Défense est responsable des questions qui ont à voir avec d'autres aspects
8 du Gouvernement ou de l'Etat de la Republika Srpska. Ici, vous avez encore
9 une fois une directive qui est adressée au ministre de la Défense afin
10 qu'à son tour il donne l’ordre aux différentes agences, entreprises
11 civiles sur le contrôle du ministère de la Défense de mobiliser des
12 autocars et de les envoyer à Bratunac.
13 Question: C'est là toute une série d'ordres de ce genre?
14 Réponse: Nous avons six ordres du genre: trois du 12 Juillet, trois du
15 13 Juillet 1995.
16 Question: Y a-t-il quelque chose, ici, qui nous laisserait entendre que
17 la chaîne de commandement ne fonctionne pas normalement?
18 Réponse: Cet ordre est cohérent par rapport à toute une série d'ordres
19 que nous avons de ce genre.
20 Question: Passons à la pièce suivante, il s'agit d'une conversation
21 interceptée le 12 Juillet, toujours dans la matinée à 9 heures 15. Pouvez-
22 vous nous dire quelque chose à ce sujet?
23 Réponse: Très clairement, il ne s'agit pas d’une transcription mot pour
24 mot de la conversation qui a eu lieu. Ce sont des notes prises par l'un
25 des opérateurs sur le contenu. Cela nous montre à quel point est impliqué
Page 4831
1 le général Krsmanovic, le chef des transports du Corps de la Drina parce
2 qu’il s’agit là de traiter avec les différentes agences afin de se
3 procurer des autocars. Ce qui est intéressant c’est que le carburant en
4 Juillet 1995, en Bosnie, était une denrée extrêmement rare et précieuse
5 pour tout le monde.
6 Question: Vous avez examiné divers documents, avez-vous vu que la
7 question de la fourniture de l'attribution du carburant était traitée
8 d'une certaine manière?
9 Réponse: Il y avait très peu de véhicules au sein de la Brigade
10 d’infanterie légère de Bratunac. Il y avait très peu de dépôts de
11 carburant, les bus sont arrivés le 12 et le 13, le carburant a été
12 réquisitionné à une compagnie publique, une compagnie Vihor. Nous avons
13 une liste de matériel qui comprend le matériel au moment où les bus sont
14 arrivés. Les bus ont reçu 50 ou 100 litres de diesel, D2 on en parle en
15 disant D2.
16 Il y a eu enregistrement des plaques d'immatriculation de ces bus. Tous
17 ces bus ont été envoyés à Potocari afin de commencer à embarquer la
18 population. Quand vous regardez, il y a eu 60 ou 70 bus ainsi que d’autres
19 véhicules militaires qui ont été réquisitionnés. Puis, le carburant a été
20 pris aux forces de l'ONU à Potocari pour être alloué à la compagne Vihor,
21 la compagnie de la Republika Srpska.
22 Question: La pièce 55. Il s'agit encore une fois du Général Krstic à
23 l’hôtel Fontana dans la matinée du 12?
24 Réponse: Oui, c'est la présence physique du général Krstic à ce que nous
25 appelions la "troisième réunion" entre les commandants de la VRS. Ici, il
Page 4832
1 y a les membres des autorités civiles de la Republika Srpska, des
2 Musulmans et les représentants du Bataillon néerlandais.
3 Question: Le général Krstic est l’officier le plus haut gradé, mis à
4 part le général Mladic, parmi les personnes présentes?
5 Réponse: Oui, l'officier le plus haut gradé du Corps de la Drina.
6 Question: La pièce suivante s’il vous plaît. Une pièce qui est datée du
7 12 Juillet à 12 heures. Il s'agit encore une fois d’une conversation
8 interceptée. Cela se produit peu après la fin de la réunion ou à peu près
9 à ce moment-là.
10 Réponse: Pouvez-vous me donner le numéro de la pièce, s’il vous plaît?
11 Question: Il s'agit de la pièce 359A. Si vous n'arrivez pas à trouver,
12 je peux lire rapidement ce document.
13 Réponse: Je n'ai pas cette pièce ici.
14 Question: Nous avons un exemplaire, nous pouvons soumettre cet
15 exemplaire au témoin. Avant de placer cette pièce sur le rétroprojecteur,
16 pouvez-vous vérifier s’il n’y a pas d’initiales ou plutôt, pouvez-vous
17 cacher les initiales?
18 Réponse: Encore une fois, dans cette pièce, il est question des
19 autocars à trouver. Il est précisé, ici, quels sont les besoins en
20 carburant, le carburant qui doit être fourni à Krstic. C’est plutôt la
21 demande qui doit être fournie à Krstic.
22 Question: Y a-t-il un autre Krstic qui est éventuellement impliqué à
23 cette question de carburant? Il me semble qu’il y a d’autres documents.
24 Réponse: Ici, le Krstic que nous avons est en fait le général Krstic.
25 Question: Pourquoi le dites-vous?
Page 4833
1 Réponse: Il y a un seul autre Krstic lié aux documents militaires et au
2 sujet du carburant; c’est un Krstic qui est un soldat et qui est le
3 capitaine de la Brigade de Zvornik, en fait, qui est chargé de la
4 logistique dans la Brigade de Zvornik. Donc on ne peut pas supposer que ce
5 soit lui qui soit impliqué dans cette conversation.
6 Question: Le carburant était suffisamment important pour que le chef
7 d'état-major soit impliqué à cela?
8 Réponse: Dans le contexte de la Bosnie orientale en Juillet 1995, on
9 peut affirmer en toute sécurité que la question du carburant correspondait
10 à…. que le carburant était aussi important que de l'or. C'était comme de
11 l'or liquide, donc c'était un des produits qui faisait l'objet de
12 l'embargo. Il y avait du marché noir et de la contrebande et nous voyons
13 qu'il a été toujours obligatoire de faire des rapports au sujet du
14 carburant au niveau des rapports quotidiens émis par les brigades.
15 Question: La pièce suivante numéro 440 c'est une autre pièce du 12
16 Juillet, à 12 heures 10.
17 Pouvez-vous nous dire quelque chose à ce sujet?
18 Réponse: Très clairement, il n'y a pas ici de transcription mot pour
19 mot. Il s'agit d'un résumé fait par quelqu'un, par un opérateur qui
20 constate que Krstic souhaite que les bus partent tout de suite.
21 Question: A votre avis, qui serait-ce dans le contexte de la situation
22 générale?
23 Réponse: Ce serait le général Krstic.
24 Question: Nous avons Krsmanovic que vous avez décrit?
25 Réponse: Oui.
Page 4834
1 Question: La pièce 441, le 12 Juillet, 12 heures 12. Donc, Krsmanovic
2 est impliqué. Il s'agit des remarques et c'est la même question qui est
3 traitée?
4 Réponse: Oui.
5 Question: Passons à la pièce 442. Excusez-moi, c'est la même, 443, le 12
6 Juillet. Alors, comment interprétez-vous cette conversation?
7 Réponse: De nouveau, nous voyons ici une conversation entre deux
8 interlocuteurs non identifiés. Leur conversation porte sur des
9 déplacements d'un grand nombre de camions. Miletic. Je pense qu'il s'agit
10 ici du général de brigade Miletic qui est chargé des opérations auprès de
11 l'état-major. Il discute très nettement des déplacements des camions entre
12 les municipalités les plus importantes. L'un des participants, le X, dit
13 ici qu'il a reçu un ordre de la part de Krsto –c'est le général Krstic–,
14 et il dit que l'ordre est direct. Encore une fois, nous parlons ici de
15 carburants.
16 Question: Nous avons ici le nom "Krle" mais "Krsto", c'est quelque chose
17 que nous n'avons pas encore entendu. Nous savons que le général Mladic a
18 utilisé Krle en arrivant à Srebrenica. Alors, vous pensez que "Krsto"
19 concerne le général Krstic?
20 Réponse: Dans le contexte des interceptions que nous avons, d'autres
21 officiers serbes haut gradés -au moins à ce niveau-là-, l'appelaient par
22 son surnom. Dans la correspondance avec des personnes qui ne sont pas du
23 même niveau ou lorsque le Général n'est pas présent, ils l'appellent
24 également par son surnom.
25 Question: Passons à la pièce 444, une pièce du 12 Juillet à 12 heures
Page 4835
1 40. Ici, nous voyons l'interlocuteur désigné comme "Panorama". Qui est-ce?
2 Réponse: C'est un radiotéléphone et c'est un réseau qui est intercepté
3 ici. Il s'agit d'un nom de code pour le QG de l'état-major.
4 M. Riad (interprétation): Excusez moi. Le surnom du général Krstic
5 n'apparaît pas dans la transcription. Pouvez-vous répéter?
6 M. Butler (interprétation): Dans la conversation interceptée, on parle de
7 Krsto, "K R S T O".
8 M. Riad (interprétation): Oui, mais il y en a un autre. Vous dites
9 "d'après son surnom". C'est quoi?
10 M. Butler (interprétation): C'est Krle, "K R L E".
11 M. Riad (interprétation): Les deux sont des surnoms?
12 M. Butler (interprétation): Oui. Les deux sont associés au Général de
13 Division, le général Krstic.
14 M. McCloskey (interprétation): Pendant qu'il s'agit des surnoms, le
15 général Krsmanovic est aussi appelé "Krle" dans une conversation
16 interceptée, n'est-ce pas?
17 M. Butler (interprétation): C'est exact. Très clairement, lorsque j'ai
18 analysé les conversations interceptées, il ne s'agissait pas de prendre
19 les noms au pied de la lettre. Il faut s'interroger sur le contexte des
20 conversations interceptées. Là, il faut évaluer pour savoir si nous
21 parlons de Krle, le chef des transportations et Krle, le chef d'état-major
22 du Corps de la Drina. On ne peut pas évaluer d'emblée qu'il s'agit de lui.
23 Question: La pièce 444 venant à celle-ci. Or, encore une fois, il s'agit
24 des autocars. C'est Panorama, l'état-major, qui semble être intéressé. Y
25 a-t-il quelque chose d'inhabituel?
Page 4836
1 Réponse: Non, pas du tout inhabituel. Nous pouvons nous attendre à ce
2 que l'état-major soit impliqué à cela, notamment afin de se procurer les
3 ressources à l'extérieur de la zone de responsabilité du Corps de la
4 Drina. Donc, quelque chose que le Corps de la Drina normalement avait les
5 pouvoirs de faire de son propre chef.
6 Question: Passons à la conversation interceptée suivante. Il s'agit de
7 la pièce 445 du 12 Juillet, c'est à 12 heures 50. Il s'agit encore une
8 fois des bus et des camions. C'est le général Mladic et une personne non
9 identifiée qui en parlent. Comment l'interprétez-vous?
10 Réponse: Le général Mladic est le commandant de l'état-major, il
11 s'adresse à un interlocuteur non identifié afin de demander si les bus
12 sont partis comme cela a été demandé. Lorsque vous lisez la suite du
13 texte, vous voyez qu'il dit à son interlocuteur non identifié de continuer
14 à surveiller la situation et de ne pas laisser les petits groupes
15 s'infiltrer. Donc, je n'oserais pas à ce point spéculer au sujet de la
16 signification de cela par rapport au contexte général.
17 Plus loin, le général Mladic précise "qu'ils ont tous capitulé, se sont
18 rendus et que tous seront évacués, tous ceux qui le souhaitent et qui ne
19 le souhaitent pas." Encore une fois, il s'agit de la population civile à
20 Potocari.
21 Question: Nous venons de voir le général Mladic dans cette vidéo donner
22 des ordres aux gens, de prendre des drapeaux, de prendre Bratunac, de
23 faire ceci ou cela. Nous l'avons vu essayer de tirer un transporteur
24 blindé néerlandais, le sortir d'un fossé. C'est ce que nous avons vu dans
25 une vidéo précédente. Alors, nous le voyons impliqué dans l'affaire des
Page 4837
1 bus. Ces indications que le général Mladic a donné au commandement des
2 brigades, est-ce que cela sort de l'autorité du Corps de la Drina?
3 Réponse: Non.
4 Question: Pourquoi?
5 Réponse: Monsieur le général Mladic est le commandant de l'état-major
6 de la VRS. Il prend -c'est clair- des décisions les plus importantes. Là
7 où on le voit dans les vidéos, il les prend de manière très ouverte, de
8 manière publique. L'un des aspects du commandement, pour les généraux par
9 exemple, est d'être vu en train de commander, en train de diriger. Un bon
10 nombre de choses que fait le général Mladic, c'est pour se montrer devant
11 les caméras, pour que ses soldats le voient commander.
12 A tous les niveaux, les commandants, les généraux –ne serait-ce qu'au
13 niveau de la brigade, même au niveau du bataillon– le font. C'est une des
14 ressources les plus importantes qu'ils ont. Dans un contexte militaire,
15 c'est donc normal que les états-majors exercent toutes ces fonctions et
16 que les commandants subordonnés exercent toutes ces fonctions. Pour le
17 général Mladic, il s'agit de faire que son ordre soit exécuté. Là, nous
18 avons un état-major qui fonctionne parfaitement. Il a à sa disposition le
19 commandement du Corps de la Drina. L'état-major du Corps de la Drina n'a
20 pas de sens militairement en tant que tel.
21 Donc, le général Mladic, par exemple… Nous avons vu les commandants
22 subordonnés à Potocari... La force des commandants subordonnés qui
23 souhaitent que cela aille de Srebrenica à Potocari, les informe de ce
24 qu'ils souhaitent. C'est la responsabilité de l'état-major de comprendre
25 comment le traduire dans les faits, comment réunir des centaines et des
Page 4838
1 centaines de pièces qui sont impliquées, enfin ce qui est impliqué, enfin
2 ce que contient un ordre.
3 Donc, cela n'a pas beaucoup de sens de sortir de la chaîne de commandement
4 et de traiter avec toutes les unités directement. Particulièrement,
5 lorsque vous vous interrogez sur les règlements de la JNA qui concernent
6 le commandement et l'état-major très clairement. Il y a là des choses qui
7 sont anormales, présentées comme anormales.
8 Question: Est-ce que vous avez l'impression que la VRS était une armée
9 non disciplinée?
10 Réponse: C'était une armée très bien organisée.
11 Question: Merci, Monsieur le Président. C'est peut-être le moment
12 opportun pour prendre la pause.
13 Mme Wald (interprétation): Pourrais-je demander simplement une question?
14 Excusez-moi.
15 Entre la pièce à conviction 444 qui est bien sûr un panorama si nous
16 n'avons pas les participants identifiés, donc nous avons les
17 interlocuteurs X et Y. Il est très clair qu'ils disent: "Nous allons
18 accepter que tous les civils, ceux qui veulent rester peuvent rester, ceux
19 qui ne veulent pas peuvent choisir ou ils veulent aller".
20 Environ une heure plus tard nous avons la pièce à conviction 445 qui nous
21 dit qu'ils vont partir, qu’ils le veuillent ou non, donc ils sont évacués.
22 Est-ce que, d'après votre analyse, vous pouvez nous dire quelque chose qui
23 peut nous expliquer cet écart?
24 M. Butler (interprétation): Clairement dans le contexte cela ressort des
25 événements que nous voyons lorsque vous analysez une partie des
Page 4839
1 communications du service de renseignements. Ce que cela représente, c’est
2 plus particulièrement lorsque nous parlons de responsabilité, de question
3 de responsabilité. Lorsque le produit final est une question de
4 responsabilité, finalement, ce que l'analyste doit faire lors de son
5 analyse c’est que, même si nous avons une interception parfaite, il n’y a
6 aucune garantie que les participants savent de quoi ils parlent ou que les
7 interlocuteurs savent de quoi ils parlent ou qu’ils sont informés de la
8 situation qui est ailleurs.
9 Oui, c'est vrai que cela ressort du contexte et que cela ne suit pas la
10 séquence non plus des événements et je ne veux pas l’expliquer non plus.
11 M. le Président: Nous allons faire une pause de 20 minutes.
12 (La séance, suspendue à 12 heures 18, est reprise à 12 heures 37.)
13 M. le Président: Monsieur McCloskey nous pouvons continuer.
14 McCloskey (interprétation): Monsieur Butler, j’aimerais que l’on passe à
15 la pièce à conviction 446. C’est une conversation interceptée du 12
16 Juillet à 13 heures 05. J’aimerais vous poser quelques questions
17 concernant ce message intercepté, je vais en faire lecture d'une partie:
18 K: Mettez moi en communication, s’il vous plaît avec le standard,
19 mademoiselle. Mettez moi en communication avec la Brigade Vlasenica.
20 C: Oui.
21 K: Ici, Krstic.
22 C: Est-ce que je peux vous aider Général?
23 K: Passez-moi Kosoric."
24 De qui s’agit-il, qui est Kosoric?
25 Réponse: Le lieutenant-colonel Kosoric est le chef des renseignements
Page 4840
1 pour le Corps de la Drina.
2 Question: Pourriez-vous nous indiquer sur la carte, s’il vous plaît, à
3 l'aide du pointeur, l'endroit où la Brigade de Vlasenica était située.
4 Réponse: La Brigade Vlasenica est située presque tout près du quartier
5 général du Corps de la Drina à Vlasenica.
6 Question: Très bien. Je vais poursuivre la lecture.
7 Début de lecture, alors on dit au général Krstic: "Il n'est pas là, il est
8 allé quelque part.
9 K: Passez-moi Savo, mettez-moi en communication avec Savo.
10 S: Comment allez-vous Général, ici Savo.
11 K: Srpski! /excellent/ Merde! De quelle autre façon?
12 S: Félicitations.
13 K: Entrer en contact avec ces gens de la MUP. Cela veut dire que vous,
14 votre brigade…"
15 De quoi parlez-vous? Qu’est-ce que cela veut dire cette phrase? Entrer en
16 communication avec ces hommes, la MUP, cela veut dire "votre brigade"?
17 Réponse: Eh bien, pour commencer, je ne peux pas identifier de qui il
18 s’agit de Savo. Par contre, très clairement, d’après le contexte, d’après
19 la conversation, l’interlocuteur Savo est quelqu’un qui appartient au
20 Corps de la Drina. Ce que le général Krstic lui dit de faire c'est qu'il
21 essaie de coordonner avec le ministère des Affaires Intérieures de la
22 police ainsi qu'essayer de mettre le tout en place avec ces propres
23 hommes.
24 Question: Très bien. Je vais maintenant donner lecture. Ensuite, Savo
25 répond: "J’ai donné tout ce que j’avais".
Page 4841
1 Ensuite, Krstic répond: "Attends, ralentis, il faut sécuriser la route de
2 l’autre côté d’où vous êtes, 12 Km, Drava. Jusqu’au tunnel, est-ce que
3 vous pouvez nous montrer de quoi il s’agit.
4 Réponse: Eh bien, il s’agit du carrefour, j’imagine, qui est un
5 carrefour principal tout près de la route de Vlasenica. Drava est un nom
6 de code de téléphone ou un nom de code radio pour la Brigade d'infanterie
7 de Bihac. Sur la carte je vous montre de quoi il s'agit. En fait, c'est la
8 brigade de Bihac.
9 Question: Savez-vous s’il y a un tunnel qui existe à l'ouest de Luke?
10 Réponse: Il y a un tunnel qui se situe le long de la route qui va de
11 Luke à Kladanj. Les survivants qui ont été transportés depuis Potocari
12 l’ont mentionné comme ayant quelque chose qu'ils ont rencontré sur la
13 route de Luke vers Kladanj.
14 Question: Maintenant, si nous commençons, si nous parlons de Vlasenica,
15 si nous présumons que c’est là que se trouve cette personne et si nous
16 allons 12 kilomètres plus loin à partir de Drava vers le tunnel, où est-ce
17 que nous nous situons?
18 Réponse: Eh bien, cela nous situe le long de cette route qui va de
19 Vlasenica en passant par Tica jusqu’à Luke.
20 Question: Par la suite, nous avons une autre ligne qui dit:
21 "S: Au tunnel?
22 K: Bien sûr!
23 S: D'accord.
24 K: C’est là qu’ils vont débarquer".
25 Vers le 12 Juillet, vers 13 heures 05, qui était pour débarquer autour de
Page 4842
1 cette zone ce jour-là?
2 Réponse: Clairement, si l’on prend compte du premier qu’on voit qui
3 était Potocari, cela nous mènerait aux premiers autobus qui ont transporté
4 les gens de Potocari à Luke.
5 Question: Cela voudrait dire que c’était les femmes et les enfants pour
6 la plupart?
7 Réponse: Oui, c’est exact Monsieur.
8 Question: A la ligne suivante nous pouvons lire: est-ce d'accord? Krstic
9 qui répond: Prends soin de toi, il ne faut que rien n’arrive à aucun
10 d’eux.
11 A qui pensez-vous que Krstic se réfère lorsqu’il dit qu’il ne faut pas que
12 rien ne leur arrive?
13 Réponse: Il parle probablement des femmes et des enfants à bord des
14 autobus.
15 Question: Il dit: "Est-ce que c’est clair?". Donc, il veut s'assurer que
16 c'est bien clair?
17 Réponse: Oui, c'est cela. Il insiste.
18 Question: Et militairement parlant, que savons-nous d'autre de ce qui
19 s'est passé dans l'après-midi du 12 Juillet concernant le débarquement.
20 Est-ce que nous avons des officiers militaires? Est-ce que vous vous
21 souvenez d'avoir entendu d'autres témoignages?
22 Réponse: L'un des témoins a identifié le commandant Sarkic qui était un
23 officier du Corps de la Drina. Ce témoin l’avait déjà identifié
24 précédemment comme étant un membre de la Brigade d’infanterie légère de
25 Milici à cet endroit. C’est à cet endroit-là que la séparation physique a
Page 4843
1 eu lieu des hommes musulmans qui ont pu s'infiltrer dans les autobus.
2 Par la suite, on a emmené ces hommes vers une école de Tica et par la
3 suite, ils ont été emmenés vers un site d'exécution.
4 Question: Pour apporter quelques précisions, d'après le témoignage d'un
5 témoin protégé qu'on a appelé le "survivant de Tica", il a été séparé -si
6 je me souviens bien– le 13 Juillet, aux petites heures du matin. Par la
7 suite, il a passé la journée dans cette école. On l'a sorti le soir aux
8 fins de l'exécuter. Il a survécu à cette exécution.
9 Une autre information qui pourrait être pertinente, que nous avons reçue
10 de ce témoin, était le fait que ce témoin se souvient d'avoir entendu que
11 l'un des soldats avec qui il était a demandé: "Où est-ce qu'on devrait les
12 emmener?". On lui aurait dit d'emmener ces gens-là au même endroit où les
13 autres avaient été emmenés. Je crois donc que cela nous donne une bonne
14 idée de la situation qui existait au point de débarquement.
15 Question: Monsieur Butler, hormis les difficultés que les femmes et les
16 enfants avaient de survivre, bien sûr, dans cette chaleur, sans nourriture
17 ni eau, est-ce qu'il y a quelque chose que vous pouvez trouver dans les
18 documents, que vous ayez pu lire et qui parle d'hostilité qui avait été
19 dirigée envers les femmes et les enfants?
20 Réponse: Eh bien, dans les ordres et dans les documents que nous avons
21 relus, nous n'avons rien trouvé de semblable.
22 Question: Très bien. Maintenant, j'aimerais que l'on passe à la pièce à
23 conviction suivante, il s'agit de la pièce 58. Nous suivons toujours la
24 chronologie de l'après-midi du 12 Juillet. On devrait y trouver une photo
25 du général Krstic avec Popovic, à l'arrière-plan. Il s'agit de la pièce à
Page 4844
1 conviction 58.
2 M. le Président: Excusez-moi de vous interrompre, Maître McCloskey. Nous
3 n'avons pas la pièce à conviction 447. Non?
4 M. McCloskey (interprétation): Monsieur le Président, la pièce 447 devrait
5 être une photographie et vous devriez l'avoir. En fait, c'est un officier
6 de la Brigade de Bratunac, il y a une vidéo qui est jointe. Nous n'en
7 sommes pas encore là, c'est un problème que nous avions. Mais la pièce…
8 Oui, très bien. Je la vois maintenant sur le rétroprojecteur. Il s'agit de
9 cette pièce-là.
10 M. le Président (interprétation): Mais nous ne l'avons pas.
11 M. McCloskey (interprétation): Si je comprends bien, c'est que les pièces
12 à conviction qui avaient déjà été versées, j'avais demandé à ce qu'elles
13 soient mises dans le classeur. Mais on m'a dit puisqu'elles faisaient
14 partie des documents versés au dossier, on ne pouvait pas simplement les
15 prendre et les inclure dans les classeurs mais il fallait simplement aller
16 les chercher au Greffe. Alors, si c'est la règle, je comprends.
17 Monsieur Butler, il s'agit d'un extrait d'une vidéo. Si la Chambre se
18 rappelle, il s'agissait d'une rencontre qui avait lieu à Potocari, le 12
19 Juillet dans l'après-midi avec le général Krstic. Est-ce que vous pouvez
20 identifier les personnes que vous pouvez reconnaître sur cette photo?
21 M. Butler (interprétation): Eh bien, le général Krstic clairement, bien
22 sûr, est le sujet principal de cet extrait figé, de cette photographie.
23 Je vais maintenant me servir de l'aide du pointeur.
24 Cet individu ici, c'est le lieutenant-colonel Vujadin Popovic. C'est
25 l'adjoint commandant pour la sécurité du Corps de la Drina.
Page 4845
1 Question: Eh bien, maintenant, c'est un peu embrouillé. Nous ne voyons
2 pas son visage très clairement sur cette pièce à conviction. Mais est-ce
3 que vous avez eu la possibilité de voir cette vidéo? Est-ce que vous
4 l'avez visionnée à plusieurs reprises pour bien vous assurer de l'identité
5 de la personne qui se trouve derrière le général Krstic?
6 Réponse: Oui, certainement. Il s'agit bel et bien du colonel Popovic.
7 Question: Donc, Popovic que vous avez vu dans la vidéo en arrivant ou
8 passant par Srebrenica, le 11, avec le général Krstic, Mladic, Zivanovic
9 et les autres?
10 Réponse: Oui, c'est exact.
11 Question: J'aimerais que l'on passe à la pièce à conviction suivante. Il
12 s'agit de la pièce 447, encore une fois. C'est un cliché tiré de la vidéo
13 de la Brigade de Bratunac. Il y a également une vidéo qui y est attachée,
14 il s'agit de la pièce à conviction 136.
15 Très bien. Alors, ce n'est pas grave si nous n'avons pas le cliché. Nous
16 avons quand même la vidéo, merci.
17 J'aimerais que l'on fasse visionner la vidéo 136. Encore une fois, il
18 s'agit d'une entrevue d'un officier de la Brigade de Bratunac. Nous
19 croyons que cette vidéo avait été prise au même moment que celle prise
20 avec le général Krstic et je crois que nous avons les sous-titres
21 également.
22 Diffusion de la vidéo:
23 "Il y a plusieurs forces militaires à l'intérieur et autour de Srebrenica,
24 vous êtes en train de revenir de ce que vous étiez en train de faire. De
25 quelle façon est-ce que tout s'est présenté?
Page 4846
1 Réponse: Eh bien, tout était excellent. C'était un peu fatigant mais sinon
2 il n'y avait pas de problème.
3 Le journaliste: Est-ce que les soldats étaient satisfaits?
4 Kovacevic: L'armée est satisfaite, nous avons finalement pu agir après
5 trois ans d'attente."
6 M. McCloskey (interprétation): J'aimerais que l'on revissions cette vidéo.
7 (Rediffusion de la vidéo.)
8 "Il s'agit d'un homme avec une grande moustache et dégarni.
9 Il y avait beaucoup de soldats. De quelle façon est-ce que tout s'est
10 déroulé?
11 Réponse: Très bien.
12 Question: Est-ce que les soldats sont satisfaits?
13 Réponse: L'armée après trois ans, finalement, a enfin pu démarrer".
14 M. McCloskey (interprétation): Très bien, merci.
15 J'aimerais que l'on revienne lentement. Je vais vous dire où il se trouve.
16 (Rediffusion de la vidéo.)
17 M. McCloskey (interprétation): Nous l'avons passé. Je ne l'ai pas vu.
18 (Rediffusion de la vidéo.)
19 M. McCloskey (interprétation): Très bien.
20 (Rediffusion de la vidéo.)
21 M. McCloskey (interprétation): Le voilà, arrêtez! Voilà, c'est l'arrière
22 de sa tête. Si vous pouvez le suivre, suivez le côté droit de l'image très
23 lentement. Il va se présenter de face, je crois, à moins qu'il ne l'ait
24 déjà fait.
25 Très bien, allez-y, poursuivez! Voilà! Juste ici. Arrêtez.
Page 4847
1 Monsieur Butler, cet homme qui semble se trouver derrière un fusil, est-ce
2 que vous le reconnaissez?
3 M. Butler (interprétation): Cette personne est le lieutenant-colonel
4 Kosoric, le chef du service de renseignements pour le Corps de la Drina.
5 Question: Le sujet principal de cette vidéo est identifié comme étant
6 Zoran Kovacevic dont on retrouve référence plus tard dans les dossiers de
7 la Brigade de Bratunac comme étant le lieutenant et commandant de la 4ème
8 Compagnie d'infanterie du 2ème Bataillon de la brigade légère d'infanterie
9 de Bratunac.
10 Question: Très bien. Comment est-il lié à la planification du tout?
11 Réponse: Les unités militaires que nous voyons physiquement entrer à
12 Potocari, les 12 et 13 Juillet, les unités de la Brigade de Bratunac sont
13 impliquées. Elles se sont présentées du sud vers le nord. Le 2ème Bataillon
14 de la Brigade de Bratunac et la 2ème Brigade de Bratunac sont également
15 impliquées. Donc, sa présence physique à Potocari, le 12 Juillet,
16 correspond à ces déplacements, à ces actions.
17 Question: J'aimerais que vous placiez le document par-dessus la carte.
18 (L'huissier s'exécute.)
19 La présence du lieutenant-colonel Vujadin Popovic, la présence du colonel
20 Kosoric à Potocari, à ce moment-là, j'aimerais que vous nous montriez où
21 ils sont situés sur l'organisation, s'il vous plaît?
22 Réponse: Le lieutenant-colonel Popovic, de nouveau, est l'adjoint
23 commandant pour le Corps de la Drina chargé de la sécurité. Le lieutenant
24 Kosoric est le chef des services de renseignements du Corps de la Drina.
25 Question: Et que se passe-t-il à Potocari, ce jour-là, qui les implique
Page 4848
1 ou qui fait en sorte qu'ils aient besoin d'être là?
2 Réponse: Ce jour-là, vous avez le processus physique du transport de la
3 population musulmane de Potocari en passant vers le territoire libre
4 musulman. Considérant qu'il y a un grand nombre de civils, un grand nombre
5 d'hommes que l'on croyait être présents, faire partie des actions
6 militaires, c'est la raison pour laquelle ils sont là pour superviser ou
7 surveiller les fonctions qui ont lieu.
8 Question: De quelle façon, est-ce que l'on peut les placer dans la
9 planification? De quelle façon, sont-ils impliqués dans ce qui a trait aux
10 habitants de Srebrenica?
11 Réponse: Très clairement, du point de vue de la sécurité, la
12 planification pour l'aspect sécuritaire en fait de les déplacer ou de les
13 déporter, pour les déplacer, pour faire en sorte qu'aucun d'eux ne pose
14 une menace pour le Corps de la Drina. Plus loin, du point de vue sécurité,
15 il était très important d'essayer de voir qui étaient les personnes qui
16 étaient accusées de la VRS ou de l'armée de la Republika Srpska, à savoir
17 les gens qui auraient été impliqués avec les crimes de guerre.
18 Question: Vous parlez de la population masculine de Potocari?
19 Réponse: Oui. Clairement, les membres de la population masculine de
20 Potocari, présumément, auraient détenu une information qui aurait pu être
21 importante pour le commandement du Corps de la Drina en ce qui a trait à
22 l'endroit et d'identifier les personnalités et les membres de la 28ème
23 Division d'infanterie musulmane. Cela est donc très important pour le chef
24 du service de renseignements. Ce sont ces hommes qui étaient impliqués à
25 l'identification des Musulmans qui détenaient une telle information. Bien
Page 4849
1 sûr, il s'agissait donc de les interroger à ce moment-là.
2 Question: Continuons maintenant avec la chronologie. J'aimerais revenir
3 aux messages interceptés. Il s'agit de la pièce à conviction 448,
4 interceptée le 12 Juillet à 16 heures 48. C'est Panorama et nous
5 remarquons que l'un des interlocuteurs…
6 Réponse: 448?
7 Question: Oui. Assurez-vous qu'il n'y a pas d'initiales sur ce document?
8 Je suis désolé, je crois avoir dit 16 heures 48, en fait je voulais dire
9 18 heures 48. C'est l'heure à laquelle ce message a été intercepté. Que
10 pouvez-vous nous dire sur ce message intercepté? De quelle façon, cela
11 fait-il partie de votre analyse? Au bas de la page 2, il y a une mention
12 de "Krle", mais est-ce qu'il y a quelque chose de spécifique que vous
13 pouvez nous dire?
14 Réponse: La conversation, telle qu'elle est décrite ici, nous montre
15 que les interlocuteurs sont deux membres du même état-major. C'est un
16 individu qui prend le nom de code "Panorama 03". Ces deux individus
17 essaient de trouver le grand chef. Nous présumons que c'est le général
18 Mladic, ils ne sont pas en mesure de le trouver et donc ils veulent parler
19 à un individu qui s'appelle Ratko. Nous ne sommes pas certains que c'est
20 le nom d'un officier militaire qui remplit la fonction d'adjoint au
21 général Mladic.
22 Ce qui arrive, c'est que cette personne identifiée en tant que "03"
23 discute et parle avec cet individu des décisions que l'état-major et le
24 commandement est en train de prendre, ce que Ratko, finalement, est en
25 train simplement de transmettre les directives de ses supérieurs.
Page 4850
1 Question: Au bas de la page 2, y a-t-il assez d'informations pour
2 déterminer l'identité de Krle?
3 Réponse: De nouveau, dans le contexte, puisqu'il s'agissait de deux
4 personne de l'état-major, Krle dans ce contexte se réfère -je crois- au
5 général de brigade Krstic.
6 Question: Savez-vous qui serait ce Kosic dont on parle?
7 Réponse: Non, je ne le sais pas.
8 Question: Passons maintenant à la pièce à conviction 449… ou plutôt 450.
9 C'est une conversation interceptée le 13 Juillet. Nous nous trouvons,
10 maintenant, aux petites heures du matin en fait, tôt le matin du 13, il
11 s'agit de 7 heures du matin.
12 Que pouvez-vous nous dire de cette conversation?
13 Réponse: Cette conversation a eu lieu, encore une fois, tôt le matin du
14 13 Juillet. L'interlocuteur identifié avec X cherche une personne et je
15 crois que le nom de Nikolic est le caporal Momir Bretonic, c'est donc le
16 capitaine Momir Nikolic, chef du service de renseignements.
17 Question: Pourquoi croyez-vous que c'est lui? Nikolic est quand même un
18 nom assez commun.
19 Réponse: Eh bien, si nous suivons la conversation, nous savons que le
20 brigadier Nikolic est impliqué, concernant cet aspect de personnes
21 musulmanes, à Potocari le 12 et le 13. Plus spécifiquement, il traitait
22 des questions des hommes musulmans blessés à Bratunac le 13.
23 Question: S'agissant des autres personnes?
24 Réponse: Jankovic, je crois que lorsque nous le plaçons dans le
25 contexte avec d'autres documents que nous avions, je crois que cet
Page 4851
1 individu serait Radoslav, le colonel Radoslav Jankovic. En fait le chef ou
2 un membre du service des renseignements de l'état-major de la VRS. Je peux
3 en déduire ou je déduis puisque nous voyons son implication durant les
4 rencontres qui ont eu lieu le 11 et le 12. Nous avons également d'autres
5 messages ou d'autres ordres émis par lui qui démontrent qu'il était
6 impliqué avec le déplacement de la population de Potocari vers Kladanj.
7 Nous savons donc que le colonel Jankovic est très impliqué dans toute
8 cette opération.
9 Question: Je remarque, vers le milieu de la page, dans cette
10 conversation, qu'il se présente comme: "Voici le commandant de police
11 Jankovic". Est-ce que c'est une personne du MUP, Jankovic appartenant à
12 l'état-major?
13 Réponse: Oui, c'est une possibilité.
14 Question: Très bien. Maintenant, en allant plutôt vers la fin de la
15 page, aux deux tiers en bas, il y a une discussion qui dit: "Environ un
16 tiers a déjà été transféré" et c'est à peu près tout ce qu'il y a.
17 Donc, un tiers ou deux ont déjà été transférés et plusieurs véhicules ont
18 déjà quitté, autour de 5.000?
19 Réponse: Oui.
20 Question: Et vous dites qu'il y a encore dix, deux tiers de plus?
21 Réponse: Dix mille de plus.
22 Question: Est-ce que cela correspond avec les chiffres, le nombre de
23 personnes qui avaient été renvoyées de Potocari?
24 Réponse: Cela concorde très certainement avec les heures. Nous savons
25 que le déplacement des autobus s'est arrêté le 12 Juillet, en soirée, pour
Page 4852
1 reprendre à peu près à 7 heures du matin le 13. Ce déplacement s'est
2 arrêté en raison de la nuit. Je ne crois pas que qui que ce soit ait été
3 en mesure de déterminer le nombre exact des personnes qui se trouvaient à
4 Potocari et qui ont été impliquées dans ce processus de déportation ou de
5 déplacement. Donc, je ne sais pas si ce nombre est exact ou pas.
6 Question: Passons à la page 2 de ce message intercepté, où nous trouvons
7 de nouvelles références à Nikolic, avec la question en troisième ligne:
8 "Où est Nikolic? Réponse: Nikolic est parti à la maison, est parti chez
9 lui ce matin à 3 heures et demis".
10 Est-ce que cela correspond toujours au Momir Nikolic de la Brigade de
11 Bratunac?
12 Réponse: Si l'on tient compte de la charge de travail et des fonctions,
13 ce serait cohérent.
14 Question: Le texte se poursuit. Il y a un Général qui parle en disant:
15 "Y a-t-il quoi que ce soit d'autre, Général?", et Y -qui est peut-être le
16 Général-, dit: "Où est le commandant d'escadron?".
17 La conversation se poursuit et la personne qui est le Général dit:
18 "Jankovic m'a envoyé ce que vous avez là-haut depuis le grand Quartier
19 Général. Je suis en contact avec lui toutes les six minutes".
20 Que pensez-vous de cela?
21 Réponse: Il y a plusieurs interprétations possibles; mais si l'on tient
22 compte du contexte je pense que le Général dont nous sommes en train de
23 parler peut être l'un des deux hommes suivant: d'abord et éventuellement
24 le général Krstic. On voit bien que la référence au grand Quartier Général
25 l'ennuie.
Page 4853
1 Deuxième possibilité: il pourrait s'agir du général Miletic du grand
2 Quartier Général qui utilise le terme "grand Quartier Général" pour parler
3 des autres membres de ce grand Quartier Général ou de supérieurs encore
4 plus élevés. Donc le plus grand doute règne quant à l'identité de ce
5 Général.
6 Question: Nous sommes là le matin du 13. A votre avis, le général
7 Zivanovic est toujours commandant du Corps. Mais ne pourrait-il pas s'agir
8 du général Zivanovic?
9 Réponse: C'est encore une possibilité, effectivement.
10 Question: Vous ne pouvez pas tirer de conclusions à la lecture de ces
11 messages parfois?
12 Réponse: C'est exact.
13 Question: Passons maintenant à la pièce 452, une conversation
14 interceptée le 13 Juillet à 11 heures 10. Que pouvez-vous nous dire de ce
15 message?
16 Réponse: Il est clair que le lieutenant-colonel Krsmanovic est l'un des
17 interlocuteurs de cette conversation. Là, nous voyons ce que nous avons
18 déjà discuté, à savoir que Krsmanovic a le même surnom que celui du
19 général Krstic, à savoir "Krle".
20 Si l'on veut en dire plus maintenant, on voit manifestement que le colonel
21 Krsmanovic, le chef du service de transport, est profondément impliqué
22 dans le suivi du processus de déportation et dans le déplacement des
23 autobus qui quittent Potocari.
24 M. Riad (interprétation): Excusez moi, Monsieur McCloskey, vous avez bien
25 dit que c'était une conversation interceptée le 13 Juillet?
Page 4854
1 M. McCloskey (interprétation):Oui.
2 M. Riad (interprétation): Mais rien ne l'indique, on ne voit que 11 heures
3 10. Est-ce que c'est écrit quelque part?
4 M. McCloskey (interprétation): Je pense que devriez être en possession
5 d'un classeur qui vous donne deux ou trois volumes de messages
6 interceptés, dans un ordre chronologique, avec une séquence temporelle
7 horaire, et puis une longue feuille de références. Vous constaterez que
8 sur pas mal de ces messages interceptés la date ne figure pas.
9 Donc on passe en revue les pièces à conviction et on inscrit pas la date.
10 A partir des conclusions tirées par les opérateurs, moi, j'ai pris des
11 notes, donc vous devez avoir cette date quelque part dans des notes
12 écrites.
13 M. Riad (interprétation): Merci beaucoup.
14 M. McCloskey (interprétation): Regardons le bas de la page -je cite: "K:
15 Ecoute, on demandera du carburant à la Forpronu. Tu peux compter là-
16 dessus".
17 Donc il leur manque toujours du carburant?
18 Réponse: C'est exact.
19 Question: Eh bien, nous en avons terminé avec les messages interceptés
20 liés à Potocari.
21 Je vous demanderai d'examiner à présent la pièce à conviction 453.
22 Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Juges, cette pièce a été
23 élaborée par le Bureau du Procureur pour présenter d'une façon synthétique
24 les principaux acteurs vus à Potocari, à diverses heures, au cours des
25 journées des 12 et 13 Juillet. Je demanderai simplement à Monsieur Butler
Page 4855
1 de formuler quelques commentaires sur les aspects militaires liés à ce
2 document.
3 Monsieur Butler, après avoir vu les séquences vidéos et lu les
4 déclarations des témoins, que pouvez-vous nous dire brièvement de la
5 première personne dont le nom figure sur cette liste, à savoir le général
6 Ratko Mladic?
7 Réponse: Très manifestement, s'agissant de sa présence à Potocari, il a
8 été identifié par de nombreux témoins, et on le voit sur des séquences
9 vidéos comme ayant été présent à Potocari ces jours-là.
10 Question: Vous avez déjà parlé des habitudes du général Mladic
11 s'agissant de la caméra. Mais pouvez-vous nous dire, du point de vue du
12 commandement du contrôle militaire, ce que signifiait sa présence ces deux
13 jours-là à cet endroit?
14 Réponse: Manifestement sa présence physique à cet endroit et sa
15 participation en ce lieu montrent que, s'agissant du poste qu'il occupe,
16 il est toujours au commandement de l'armée et que tout ce qui passe se
17 passe sur la base de consignes données par lui.
18 Question: Qu'en est-il du colonel Radislav Jankovic?
19 Réponse: Pour le colonel Jankovic, on n'a aucune indication de sa
20 présence physique les 12 et 13 Juillet. Sa présence physique est constatée
21 par un témoin, je ne me rappelle pas si c'est un témoin protégé ou pas
22 donc je ne donnerai pas son nom. En tout cas, il est vu le 14 comme
23 parlant avec des membres de la Forpronu des arrivages de carburant, c'est-
24 à-dire recevant du carburant de la Forpronu.
25 Question: Dans le dernier message intercepté, nous avons vu un des
Page 4856
1 participants à la conversation qui dit qu'ils vont recevoir du carburant
2 de la Forpronu; c'est peut-être en rapport avec cela?
3 Réponse: Oui.
4 Question: Nous avons le nom de cinq officiers supérieurs du Corps de la
5 Drina sur cette liste. Pouvez-vous rapidement les passer en revue et nous
6 dire, en fonction de cette pièce à conviction, où ils se trouvent et
7 quelle est la signification de leur présence à cet endroit, à ce moment-
8 là, du point de vue du commandement militaire?
9 Réponse: Je peux m'approcher de la carte?
10 Eh bien, s'agissant du général de Brigade Krstic qui, à l'époque, agit en
11 qualité de chef d'état-major du Corps de la Drina, donc de commandant
12 adjoint, son rôle aurait essentiellement consisté à coordonner, à
13 contrôler et à gérer l'intégralité du processus de regroupement des
14 autobus, le déplacement des hommes à partir de Potocari sur le chemin.
15 Encore une fois, l'ensemble de ces tâches correspondait à ses fonctions en
16 tant que chef d'état-major. Le général de brigade Zivanovic agit toujours
17 en tant que commandant du Corps et sa présence physique est observée par
18 un témoin le 12, ce qui nous donne des indications. Il donne des
19 directives. Mais nous ne sommes pas sur des détails.
20 Donc le commandant de Corps est présent. Les deux hommes les plus
21 responsables du Corps de la Drina sont là. Le colonel Svetozar Kosoric, sa
22 présence physique est observée le 12; il agit dans le cadre du recueil de
23 renseignements, fonctions qui sont normalement associées à la capture d'un
24 grand nombre de prisonniers. Le lieutenant-colonel Popovic, commandant
25 adjoint chargé de la sécurité, sa présence physique est observée le 12; et
Page 4857
1 encore une fois il remplit
2 son rôle qui est lié à la sécurité, à la gestion des prisonniers et à la
3 recherche de criminels de guerre éventuels.
4 Réponse: Le colonel Lazar Acamovic, chef qui commande les arrières des
5 troupes, sa présence est constatée le 13 Juillet. Le transport des
6 personnes dont nous avons déjà parlé nous permet logiquement de déterminer
7 avec certitude qu'il a dû participer au processus de regroupement des
8 autobus et à tous les autres aspects du travail destinés à mettre en
9 mouvement 15.000 personnes.
10 Dans le contexte de l'état-major du Corps de la Drina, nous voyons que le
11 commandant, le chef d'état-major et deux ou trois de ses premiers adjoints
12 sont physiquement présents sur le terrain au cours du déplacement de la
13 population musulmane hors Potocari.
14 Question: Qu'en est-il des unités du Corps de la Drina?
15 Réponse: Dans le contexte du Corps de la Drina, nous avons des
16 témoignages qui situent des éléments des Loups de la Drina à Potocari, au
17 cours de l'une des premières actions qui se déroulent à cet endroit, le 12
18 Juillet, en rapport avec la sécurité. Comme nous l'avons déjà dit, les
19 Loups de la Drina sont une unité subordonnée de la Brigade de Zvornik,
20 brigade d'infanterie. Nous avons également des séquences vidéos qui nous
21 montrent les Loups de la Drina à Srebrenica, le 13 Juillet. Enfin…
22 Question: Je me permets de vous interrompre quelques secondes.
23 Nous allons parler plus en détail de la Brigade de Bratunac avec d'autres
24 pièces à conviction. Mais pouvez-vous tout de même nous en dire quelques
25 mots?
Page 4858
1 Réponse: Eh bien, dans le contexte de la Brigade de Bratunac, nous
2 voyons très manifestement des éléments du 2ème et du 3ème Bataillon de
3 cette brigade à cet endroit, ainsi qu'une liste des commandants de la
4 Brigade de Bratunac présente à Potocari, les 12 et 13 Juillet également.
5 Sur le terrain, si l'on parle de la situation militaire, c'est exactement
6 l'endroit où on aurait pu s'attendre à les trouver.
7 Question: Maintenant, je vous demanderai de dire quelques mots des
8 représentants du ministère de l'Intérieur. Après quoi, nous passerons à
9 l'examen de quelques pièces à conviction qui montrent leur présence et
10 celles d'autres soldats dans le secteur.
11 Réponse: Le premier nom, Dusko Jevic, est identifié par un certain
12 nombre de témoins comme un représentant du MUP. Son rôle est décrit par
13 Zoran Petrovic comme étant celui d'un commandant de compagnie, de l'une
14 des compagnies spéciales du MUP. Sa présence physique est observée le 12
15 Juillet.
16 Le lieutenant-colonel Ljubisa Borovcanin est identifié comme commandant
17 adjoint d'une brigade spéciale de la police, dépendant donc du MUP à
18 Janja. Sa présence physique est observée sur la séquence vidéo de Petrovic
19 à Potocari et sur la route, le 13 Juillet.
20 Ensuite, nous avons un troisième nom, Mendeljev Duric, qui est identifié
21 comme un subordonné du colonel Borovcanin, membre donc de la même brigade
22 de police. Sa présence physique est également observée à Potocari, le 13
23 Juillet.
24 Question: Passons à quelques-uns des clichés tirés de vidéos qui nous
25 aiderons à consolider un peu le contenu de ces dépositions.
Page 4859
1 Je vous demanderai de prendre la pièce 74 qui devrait être un cliché
2 montrant le visage d'un homme qui porte des moustaches. Cela devrait être
3 Jevic. Je vous demanderai de prendre le pointeur et de le placer sur
4 l'image de M. Jevic.
5 Réponse: C'est cet individu qui est Jevic, qui est également surnommé
6 "Staline" et a été identifié par certains témoins.
7 Question: Ce cliché de la vidéo a été pris à quelle date?
8 Réponse: Ce cliché a été pris le 12 Juillet 1995.
9 Question Avez-vous une autre pièce à conviction où l'on voit Jevic?
10 Réponse: Oui, c'est la pièce 73.
11 Question: Nous sommes au même endroit, à peu près au même moment et
12 c'est la même personne que l'on voit à côté du général Mladic?
13 Réponse: Oui.
14 Question: Passons maintenant à la pièce 85 où l'on voit quelqu'un
15 d'autre. Ce devrait être un cliché montrant Borovcanin.
16 Réponse: Moi, j'ai la cote 185 pour cette pièce.
17 Question: Très bien.
18 Réponse: Nous voyons, ici, le lieutenant-colonel Borovcanin. Ce cliché
19 a été pris le 13 Juillet, il a été tiré de la vidéo Petrovic. Nous voyons
20 que nous sommes à Potocari. Tout à fait, à droite, on voit une partie du
21 visage du colonel Kinguri qui est l'un des représentants des Nations Unies
22 présent à cet endroit.
23 Question: L'emblème sur le bras gauche, que représente-t-il?
24 Réponse: C'est un élément très distinctif que nous appelons, dans
25 l'armée américaine "un brassard" où l'on voit les insignes du ministère de
Page 4860
1 l'Intérieur chargé de la police.
2 Question: Cet emblème vous a-t-il aidé à identifier d'autres soldats
3 appartenant au ministère de la Police, dans cette séquence vidéo?
4 Réponse: Oui Monsieur.
5 Question: Très bien. Je vous demanderai de passer à la pièce à
6 conviction suivante. A deux autres pièces, en fait, 71 et 72.
7 Réponse: Pièce à conviction 71.
8 Question: Pouvez-vous nous dire qui sont les deux hommes que l'on voit
9 ici?
10 Réponse: L'individu que l'on voit à gauche est celui qui a été
11 identifié comme étant le commandant d'un bataillon subordonné mais je dois
12 avouer que son nom m'échappe. Je dois consulter mes notes.
13 Il s'agit de Mendeljev Djuric qui a été identifié comme commandant d'un
14 bataillon. Des témoins ont également indiqué qu'il avait pour surnom
15 "Mane".
16 Question: C'est le même nom que celui du commandant adjoint de la police
17 municipale de Zvornik?
18 Réponse: C'est exact.
19 Question: Mane Duric?
20 Réponse: Oui.
21 Question: Nous avons une autre pièce, la pièce 72 je crois, qui va nous
22 montrer ce "Mane", représentant de la police spéciale. Merci.
23 J'aimerais que nous revenions rapidement sur l'opération "Krivaja 95" qui
24 a affecté des unités spéciales du MUP aux forces de réserve. Vous avez
25 décrit ce qu'étaient les forces de réserve. Les Juges de cette Chambre ont
Page 4861
1 vu des images de certains de ces hommes sur des clichés où on les voit
2 agir à Potocari dans le cadre des opérations de déportation.
3 Les actions accomplies autour de Potocari, avec participation de la police
4 militaire, est-ce que cela correspond ou ne correspond pas aux fonctions
5 normales de force de réserve?
6 Réponse: Compte tenu de toutes sortes de circonstances à l'époque -et
7 n'oublions pas que nous avons déjà discuté du fait que la plupart des
8 forces de l'armée étaient déployées au sud de Srebrenica les 12 et 13-
9 dans ce contexte le fait que les forces du MUP aient agi en tant que
10 forces de réserve et aient été disponibles nous permet de conclure qu'en
11 fait on a utilisé les forces de réserve, donc les forces du MUP, pour
12 aider à ce qui s'est fait à Potocari.
13 Question: Et dans le cadre de Krivaja 1995, les forces de police
14 spéciales étaient sous le commandement de qui les 12 et 13 juillet?
15 Réponse: Elles étaient sous le commandement du commandant du Corps de
16 la Drina.
17 M. McCloskey (interprétation): Monsieur le Président, c'est peut-être un
18 moment opportun pour une pause, car nous allons maintenant parler de six
19 soldats de la Brigade Bratunac qui ont été identifiés par divers témoins.
20 M. le Président: Oui, nous allons faire une pause de 20 minutes.
21 (L'audience, suspendue à 13 heures 43, est reprise à 14 heures 05.)
22 Monsieur McCloskey, vous pouvez continuer, s’il vous plaît.
23 M. McCloskey (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
24 Nous étions sur le point de parler des différents soldats et officiers de
25 la Brigade de Bratunac qui ont été vus à Potocari et dans les environs les
Page 4862
1 12 et 13 juillet.
2 Je propose que nous passions à la pièce à conviction 454 qui est, en fait,
3 une synthèse des témoignages des témoins qui ont identifié un certain
4 nombre de personnes.
5 Monsieur Butler, je vous demanderai de parler d’abord de la première
6 personne sur cette liste en nous disant ce que vous savez de cette
7 personne.
8 Réponse: Sreten Petrovic, selon l’organigramme de la 1ère Brigade
9 d’infanterie légère de Bratunac, était en juillet 1995 commandant adjoint
10 du 3ème Bataillon d'infanterie. Vous vous rappelez sans doute qu’il a déjà
11 été identifié, le 10 juillet 1995, comme ayant été blessé au combat dans
12 le cadre des opérations qui ont abouti à la prise de Srebrenica, le 11.
13 Les autres renseignements dont nous disposons indiquent que les blessures
14 qu'il a subies le 10, sont décrites comme graves. Par la suite, d'autres
15 informations nous ont indiqué que ses blessures n’étaient absolument pas
16 graves, qu’il s’agissait plutôt de blessures relativement légères.
17 Il a été identifié par un certain nombre de personnes. On le voit
18 également dans la vidéo Petrovic comme étant une personne qui était
19 présente à Bratunac et qui portait un léger bandage à la jambe.
20 Par ailleurs, le 17 -jour où les blessés ont été traités- nous avons un
21 rapport médical qui le concerne, qui concerne les hommes de la Brigade de
22 Bratunac, c’est un rapport hebdomadaire qui montre que ses blessures
23 n’étaient absolument pas graves et qu’il a été évacué en Serbie sans avoir
24 réellement besoin d’une convalescence médicale ou d’un congé.
25 Toutes les informations dont nous disposons indiquent que ces blessures
Page 4863
1 n’étaient pas graves et qu’en fait, il est retourné prendre son service
2 presque immédiatement.
3 Question: Un instant, je vous prie. Je vous demanderai ce qu'il est
4 possible de conclure de la présence d'un commandant adjoint à Potocari, le
5 13 juillet, sur le plan militaire?
6 Réponse: Sur le plan militaire, sa présence à cet endroit permet
7 certainement de penser que des membres du 3ème Bataillon étaient présents
8 également. Là encore, les commandants se trouvent à l'endroit où se
9 trouvent leurs hommes.
10 Questions: Passons aux noms suivants à présents: Momir Nikolic?
11 Réponse: Le capitaine Nikolic est identifié dans le même registre comme
12 commandant adjoint chargé de la sécurité et du renseignement de la Brigade
13 de Bratunac.
14 Au mois de juillet 1995, des témoins l'ont identifié comme étant présent à
15 Potocari ce jour-là et comme étant l'un des représentants du commandement
16 de la Brigade.
17 Question: Encore une fois, je vous demande quel était le motif militaire
18 pour lequel cet homme se trouvait à Potocari, le 12 juillet?
19 Réponse: Eh bien, les obligations militaires qui étaient les siennes
20 étaient à peu près les mêmes que celles qui expliquent la présence du
21 colonel Popovic et du colonel Kosoric, c'est-à-dire des aspects liés à la
22 sécurité en rapport avec la population musulmane de la région.
23 Question: La personne suivante?
24 Réponse: La réponse suivante est identifiée comme le sergent Zoran
25 Milosav Jevic. Il est identifié comme membre de l'unité de reconnaissance
Page 4864
1 du 2ème Bataillon.
2 Et encore une fois, nous l’avons déjà dit, les 2ème et 3ème Bataillon
3 étaient des unités, compte tenu de leur position sur le front, des unités
4 que nous nous attendrions le plus à voir dans l'environnement de Potocari,
5 ces jours-là.
6 Question: Le nom suivant?
7 Réponse: Slavoljub Grujicic, toujours un membre du 3ème Bataillon
8 d'infanterie.
9 Question: Le nom suivant?
10 Réponse: Le soldat Goran Rakic était un membre de l’unité de
11 l’artillerie de la brigade, une très petite unité, mais il est tout de
12 même identifié comme étant un membre de l'unité de l'artillerie qui est
13 sous le commandement de la Brigade.
14 Donc, du point de vue de la présence de cette unité sur les lieux, la
15 logique est respectée.
16 Question: Et le dernier nom?
17 Réponse: Le dernier nom est celui de Zoran Spajic.
18 M. Riad (interprétation): Excusez–moi, Monsieur Butler. Vous avez dit
19 précédemment qu'il fallait que nous nous rappelions le nom de Sreten
20 Petrovic. Vous avez même parlé de son père qui portait une grande
21 moustache, c’est bien de cet homme-là dont vous parlez?
22 M. Butler (interprétation): Oui.
23 M. Riad (interprétation): Pourquoi nous avez-vous demandé de nous rappeler
24 ce nom? J'ai pris note de cela.
25 M. Butler (interprétation): Sa présence physique en tant que commandant du
Page 4865
1 3ème Bataillon, et en tant que commandant adjoint, est importante par
2 rapport aux événements qui se sont déroulés. En tant que soldat et en tant
3 que commandant adjoint, il était responsable du contrôle de ses troupes.
4 Nous avons parlé de la nécessité de se rappeler ce nom dans le contexte du
5 fait qu'il a été blessé le 10 Juillet, sur la base du rapport de combat du
6 10 Juillet.
7 Nous avons demandé de se rappeler ce nom parce que nous pensions au fait
8 que son nom allait être prononcé à nouveau dans le cadre de des événements
9 de Potocari.
10 M. Riad (interprétation): Merci.
11 M. McCloskey (interprétation): S'agissant d'apporter la preuve de la
12 présence Sreten Petrovic à Potocari, il faut le faire avec un certain
13 nombre de points de suspension. Nous pouvons revenir là-dessus au cours
14 des débats.
15 En tout cas, deux témoins se rappellent le prénom, le nom du père, la
16 moustache, ce genre de chose. J'attire également votre attention sur ces
17 éléments car contrairement aux autres identifications, celles-ci reposent
18 sur un certain nombre de preuves indirectes rassemblées.
19 M. Riad (interprétation): Merci beaucoup.
20 M. McCloskey (interprétation): Et le dernier nom?
21 M. Butler (interprétation): Le dernier nom est celui de Zoran Spajic,
22 membre du 2ème Bataillon d'infanterie et, là encore, sa présence sur les
23 lieux est logique par rapport à nos attentes.
24 Question: Vous avez parlé du registre de la Brigade de Bratunac relatif
25 à Juillet 1995, qui vous a permis d'identifier ces hommes. Ce registre a-
Page 4866
1 t-il été saisi au cours d'une des perquisitions menées dans les locaux de
2 la Brigade de Bratunac?
3 Réponse: Oui.
4 Question: Ce document constitue-t-il l'un des éléments à l'appui de
5 votre rapport descriptif?
6 Réponse: Oui.
7 Question: Nous n'avons pas la cote du rapport descriptif, mais nous
8 pouvons y revenir. En tout cas, c'est un des éléments associés à ce
9 rapport.
10 Monsieur Butler, nous avons encore quelques pièces à conviction à
11 examiner, en rapport avec Potocari qui permettent d'identifier des unités
12 militaires. Je vous demanderai de passer à la pièce suivante qui devrait
13 être la pièce 460. Pouvez-vous la placer sur le rétroprojecteur et nous
14 dire ce que nous voyons?
15 Réponse: Ceci est un cliché tiré de la vidéo Petrovic prise à Potocari,
16 le 13 juillet 1995. Nous voyons le côté d'un blindé transport de troupes.
17 On voit un numéro qui est un numéro d'identification du véhicule utilisé
18 par cette armée. Le numéro 10864 correspond au document écrit de la
19 Brigade de Bratunac et désigne un véhicule appartenant à cette unité.
20 Par ailleurs, ce que l'on voit sur cette séquence de la vidéo Petrovic,
21 c'est que l'un des hommes, que l'on voit à bord de ce blindé transport de
22 troupes, est engagé dans une discussion avec au moins un membre de la
23 population musulmane de Potocari à ce moment-là.
24 Question: Les écrits qui permettent de créer un lien entre ce véhicule
25 et la Brigade de Bratunac est un des documents saisis au cours de la
Page 4867
1 perquisition dans les locaux de la Brigade de Bratunac?
2 Réponse: Oui.
3 Question: Ce document est-il joint à votre rapport descriptif?
4 Réponse: Oui, Monsieur.
5 Question: Passons à la pièce à conviction suivante. Je crois qu'il
6 s'agit de la pièce 461 que je vous demanderai de placer sur le
7 rétroprojecteur. Que voit-on ici?
8 Réponse: Chronologiquement, c'est un cliché qui est tiré de la même
9 vidéo et qui suit de quelques secondes le cliché que nous avons vu tout à
10 l'heure. C'est un véhicule qui, je crois, se trouve devant le blindé
11 transport de troupes. C'est un des deux lance-grenades Tam qui étaient
12 affectés à la Brigade d'infanterie légère de Bratunac.
13 Question: Comment le savez-vous?
14 Réponse: Le numéro d'immatriculation, même sur les images numériques,
15 n'est pas très lisible mais nous savons, d'après les documents de la
16 Brigade de Bratunac qu'il y avait deux véhicules Tam lance-roquettes
17 affectés à cette Brigade.
18 Question: Très bien. Passons à la pièce suivante qui devrait être la
19 pièce 455. Connaissez-vous la date de ce cliché et ce qu'il montre?
20 Réponse: Comme les deux clichés précédents, nous voyons ici un extrait
21 de la vidéo Petrovic qui a été prise à Srebrenica, le 13 Juillet 1995.
22 L'homme que l'on voit au milieu –on le voit très clairement– porte le
23 brassard des Loups de la Drina qui était subordonné à la Brigade
24 d'infanterie de Zvornik.
25 Question: Très bien. Passons à la pièce suivante 456.
Page 4868
1 Je pense que cette pièce doit être analysée en la comparant à la pièce
2 457. Pouvez-vous nous dire quelque chose au sujet de ces deux pièces?
3 Réponse: Oui. Cela est encore une fois un extrait de la vidéo Petrovic
4 prise à Srebrenica, le 13 Juillet 1995. Alors, la séquence plus grande est
5 l'enregistrement d'un char T55 qui traverse la ville.
6 Au moment où le char passe, pendant un instant très bref, on voit le
7 commandant du char dans la tourelle. Lorsque nous regardons ceci, à
8 présent, nous voyons à l'épaule droite une insigne de l'unité. Pour ce qui
9 est de la couleur notamment, alors que la photo n'est pas très nette, on
10 peut comprendre qu'elle correspond à l'insigne de la 2ème Brigade mécanisée
11 de Romanija du Corps de la Drina.
12 Dans le même sens, si on revient à l'opération "Krivanja 95", le plan du
13 mois de Juillet, deux unités ont reçu la consigne d'apporter les
14 transporteurs blindés. L'une de ces unités était une brigade, la Brigade
15 d'infanterie de Zvornik. Le 13 Juillet, nous voyons donc les chars et les
16 véhicules de la Brigade d'infanterie de Zvornik. Nous n'avons pas
17 d'informations détaillées sur la Brigade de Romanija, nous sommes donc peu
18 à même de préciser leur présence sur le terrain.
19 Question: Alors, la photo n'est pas très nette mais pouvez-vous nous
20 indiquer l'insigne?
21 Le témoin a indiqué l'épaule droite de la personne qui se trouve dans le
22 véhicule.
23 Passons à la pièce 457, à présent. Cela devrait être l'emblème en
24 question?
25 Réponse: Oui.
Page 4869
1 Question: Par rapport à la dernière photographie, comment est-ce que
2 cela correspond?
3 Réponse: Je peux vous montrer les deux. Ce sur quoi je me suis appuyé
4 visuellement, dans l'identification, ce sont deux choses.
5 Vous voyez la ligne blanche ou plutôt la ligne noire qui remonte, qui
6 correspond donc au contour d'une montagne. La deuxième chose, c'est cette
7 découpe en camembert sur ce blason.
8 Question: Très bien, merci.
9 M. McCloskey (interprétation): Revenons à quelques messages interceptés,
10 le 13 Juillet, vers la soirée. La pièce 458.
11 Que pouvez-vous dire à partir de ce message, si vous êtes en mesure de
12 nous en dire quelque chose?
13 M. Butler (interprétation): Ces interceptions –et là encore nous ne savons
14 pas qui sont les interlocuteurs– parlent d'abord de quelqu'un qui cherche
15 le colonel Lazic. Nous pensons que cela peut être l'officier des
16 opérations du Corps de la Drina, le colonel Milanko Lazic.
17 Puis l'un des interlocuteurs demande si Krstic est là. On lui dit qu'il
18 est devant l'immeuble. Plus tard, dans la conversation, il devient clair
19 que la personne qui lui parle, que "Krstic est ici avec Mladic".
20 Question: Il n'est pas clair, où sont Krstic et Mladic, mais vous pensez
21 qu'il ressort clairement de ce message qu'ils sont ensemble?
22 Réponse: C'est exact.
23 Question: Passons à la pièce suivante 459.
24 Il s'agit d'un document qui vient du colonel Jankovic, c'est un colonel de
25 l'état-major. Le document est daté du 13 Juillet. Le colonel Jankovic est
Page 4870
1 quelqu'un dont nous nous souvenons, des réunions. Alors, pouvez-vous nous
2 dire à qui cela s'adresse et de quoi il s'agit?
3 Réponse: C'est un ordre ou un rapport du 13 Juillet 1995. Il est
4 adressé au commandement du département des renseignements du Corps de la
5 Drina en s'identifiant -comme vous le savez- de l'état-major ou du secteur
6 des renseignements de l'état-major.
7 Il s'agit d'un rapport qui discute de la mise à terme, à conclusion, de
8 l'évacuation –comme il l'appelle– de la population musulmane et du statut
9 des blessés, de l'endroit où ils se trouvent et qui est avec eux.
10 Question: Très bien. Alors, plus précisément, je voudrais aller à la fin
11 du paragraphe où il est dit:
12 "Le MUP vole sur une grande échelle de la part de la Forpronu.
13 Aujourd'hui, ils ont ouvertement volé leur PUH /véhicule/, ils voulaient
14 participer à la fouille de leur base après le départ des réfugiés. Ce que
15 j'ai refusé catégoriquement". Fin de traduction.
16 Quel serait le sens de cela dans le sens du commandement militaire?
17 Réponse: Cela indiquerait le fait que le MUP est sous le commandement
18 de l'armée pendant cela.
19 Question: Alors le début, c'est le 13 Juillet à 20 heures. Ce serait
20 donc la fin de l'évacuation ou de la déportation de l'ensemble de la
21 population musulmane. Est-ce exact?
22 Réponse: Oui.
23 Question: Très bien. Vous avez, aujourd'hui, décrit un petit peu le plan
24 de l'attaque sur l'enclave de Srebrenica, le plan "Krivaja 95". Vous avez
25 parlé du rôle que le général Krstic devait jouer dans cela en tant que
Page 4871
1 chef d'état-major. Vous avez parlé de la poursuite de l'attaque le 9
2 Juillet, l'attaque sur l'ensemble de l'enclave.
3 Pouvez-vous nous dire brièvement quel devait être le rôle du Général, en
4 tant que chef d'état-major dans cela?
5 Réponse: Comme nous l'avons déjà remarqué pendant que j'ai parlé de la
6 situation sur la carte, durant l'opération, à peu près dans la soirée du 9
7 Juillet, l'objectif de cette opération a été modifiée. Il ne s'agissait
8 plus de repousser la population musulmane à l'intérieur de la zone urbaine
9 mais plutôt de conquérir la zone urbaine de Srebrenica.
10 D'un point de vue militaire, pendant que la plupart de ce qui a été
11 planifié a été terminé, il devait y avoir une nouvelle planification afin
12 de prendre en compte la prise de la zone urbaine. Ce qui est légèrement
13 différent d'un point de vue militaire par rapport au combat à l'extérieur
14 des zones urbaines. Le général Krstic, le commandant sur le terrain,
15 normalement, assumait la responsabilité pour la planification et ce, de la
16 part des membres de son état-major. Il devait donc faire partie de
17 l'opération qui consistait à rentrer dans la ville.
18 Question: Un autre aspect de l'opération militaire est de traiter, de
19 s'occuper plutôt de tous ces civils, les hommes, les femmes et les enfants
20 qui se sont entassés dans la base de Potocari, dans la soirée du 11, 12 et
21 13. Alors, le général Krstic, en tant que chef d'état-major, dans l'après-
22 midi du 13, quel rôle dans la planification devait-il avoir au sujet de
23 tous ces gens?
24 Réponse: Quand vous examinez tous les aspects militaires qui ont dû se
25 produire afin que les choses aient lieu -celles que nous savons qu'elles
Page 4872
1 ont eu lieu-, quand vous comparez cela aux fonctions de l'état-major au
2 sein du Corps, il en ressort très clairement que la planification et
3 l'ensemble de ce plan que devait avoir donc l'état-major et ce,
4 considérant la gestion de la population musulmane, impliquait des aspects
5 de la sécurité et des renseignements.
6 Cela, encore une fois, est quelque chose qui ressort directement de son
7 état-major. Il fallait s'occuper des aspects logistiques, du carburant, du
8 déplacement, de rassembler physiquement ces gens, de prévoir la
9 circulation. Toutes ces choses qui devaient se produire militairement,
10 d'un point A au point B, devaient entraîner les services d'intendance de
11 commandement. Le commandant adjoint et l'état-major du Corps de la Drina
12 devaient coordonner et cela devait se placer sous la direction du
13 commandant. Donc, très clairement, cela rentre tout à fait dans les rôles
14 et les fonctions et la responsabilité du chef d'état-major du Corps
15 d'armée.
16 Question: Pour ce qui est des messages interceptés et que nous avons vus
17 aujourd'hui, est-ce qu'il ressort clairement que le général Krstic
18 participe à la planification, à l'exécution du mouvement de déportation
19 des gens de Potocari?
20 Réponse: Oui, c'est cohérent, Monsieur.
21 Question: L'objectif militaire suivant pour le Corps de la Drina, durant
22 le processus de déportation, serait lequel?
23 Réponse: Chronologiquement, ce qui suivrait immédiatement, alors que
24 l'armée de la Republika Srpska –à savoir le commandement du Corps de la
25 Drina– devient conscient des mouvements de la 28ème Division d'infanterie
Page 4873
1 qui se déplace de Santici et de Javici en direction de Tuzla, ce serait
2 donc d'entamer des préparations militaires et des coordinations
3 nécessaires à faire face à cette menace militaire importante.
4 Cela s'est manifesté de manières multiples en coordination avec toutes les
5 unités militaires, les unités spéciales de la police qui ont été
6 employées, déployées le long de ces routes. Ce qui est très important,
7 c'était dans un environnement militaire confus, donc on ne savait pas où
8 se trouvaient les soldats qui n'étaient pas des soldats ennemis ou il
9 fallait s'assurer de ne pas avoir des forces qui tirent sur les forces qui
10 vous appartiennent également.
11 Dans cet environnement, le long de la route, il y avait des unités, il y
12 avait deux bataillons d'une unité, il y avait les forces spéciales de la
13 police, le bataillon du Génie du Corps de la Drina, les éléments du
14 Bataillon de la police militaire, du 65ème Régiment de protection. Ce qui
15 sort du champ du commandement du Corps de la Drina. Vous aviez des
16 éléments de la Brigade d'infanterie légère de Milici.
17 Pour ce qui est de la colonne de Musulmans, alors que la menace devenait
18 plus évidente pour la VRS, il y avait des forces, des ressources
19 additionnelles qui étaient nécessaires, donc de la police municipale, qui
20 devaient être mobilisées rapidement.
21 Question: Nous allons aborder ces détails demain.
22 Ma question est la suivante: le général Krstic, on pourrait s'attendre à
23 ce qu'il soit impliqué dans la planification et la gestion de cette
24 question?
25 Réponse: Absolument.
Page 4874
1 Question: Dans d'autres zones, la VRS devait agir, c'est exact?
2 Réponse: Oui.
3 Question: Où?
4 Réponse: Pendant que tout cela se produisait, il y avait un début du
5 plan d'opération contre l'enclave "UN" de Zepa.
6 M. McCloskey (interprétation): J'ai une pièce à conviction au sujet de
7 Zepa. Puis, nous passerons à un autre sujet.
8 Dans les jours qui ont précédé l'attaque sur Srebrenica ou au moins au
9 moment de l'attaque sur Srebrenica, vous vous attendriez à ce que le
10 général Krstic songe déjà à Zepa et au plan de conquérir Zepa?
11 Réponse: Oui.
12 Question: Savons-nous s'il était impliqué à la planification de cette
13 opération Zepa?
14 Réponse: Oui, nous le savons.
15 Question: La pièce 483, s'il vous plaît. La date devrait être le 13
16 Juillet... Excusez moi. De quel document s'agit-il?
17 Réponse: Ce document est un ordre du commandement du Corps de la Drina.
18 Cet ordre concerne la mise en place des opérations à l'encontre de
19 l'enclave de Zepa.
20 Question: La date est le 13 Juillet 1995?
21 Réponse: Oui.
22 Question: L'auteur est le chef d'état-major, le général de division
23 Krstic?
24 Réponse: Oui.
25 Question: Etes-vous en mesure de déterminer quoi que ce soit qui ait été
Page 4875
1 fait au moment de la production de ce document?
2 Réponse: A la différence d'autres documents, il n'y a pas de date, de
3 cachet confirmant la date d'envoi ou la date de réception. Dans l'examen
4 de ce document, en détail, j'ai essayé d'en déduire la date de production.
5 En fait, il y a quelques indices qui nous permettent de tirer une
6 conclusion à ce sujet.
7 La première chose, je souhaite attirer votre attention au paragraphe 10,
8 le commandement et les communications. Il est dit que le travail au poste
9 de commandement de Privace doit commencer à 18 heures à la date du 13
10 Juillet 1995. En partant de là, on peut en déduire que l'ordre n'a pas été
11 produit après 18 heures.
12 Qui plus est, si l'on remonte dans le temps, si je peux attirer votre
13 attention sur un autre point –au paragraphe 7 de la page 3 de la
14 traduction anglaise– il est dit dans ce paragraphe en tant que partie
15 d'affectation des tâches que la 1ère Brigade d'infanterie légère de
16 Bratunac affectera une compagnie qui rejoindra la Brigade d'infanterie
17 légère de Milici, et l'on donne l'endroit où elle devrait être disponible.
18 Donc, nous avons le 13 Juillet, à 15 heures, la Brigade d'infanterie
19 légère de Bratunac qui répond à cette directive et informe le commandement
20 du Corps de la Drina du fait que le mouvement devrait commencer à 16
21 heures.
22 Donc, il en ressort clairement que cet ordre a été donné probablement pas
23 plus tard qu'à midi, le 13 Juillet 1995.
24 Question: Avez-vous une opinion au sujet de l'heure où cet ordre aurait
25 été donné, quel serait le dernier moment à votre avis?
Page 4876
1 Réponse: En fait, il y a eu de la planification anticipée dans ce
2 document. Nous voyons les premiers indices aussitôt le 11 juillet 1995,
3 pour ce qui est de l'état-major qui sait qu'il devrait y avoir du succès à
4 Srebrenica et il commence à planifier l'opération militaire suivante, à
5 savoir Zepa. Nous avons vu des ordres en date du 11 Juillet où le
6 commandement du Corps de la Drina et avant l'état-major, émettent des
7 ordres aux unités qui se trouvent autour de Zepa.
8 Là, il s'agit de deux unités qui doivent être en état d'alerte maximale
9 pour pouvoir répondre conformément à la situation qui prévaut à
10 Srebrenica. Il s'agit de la 1ère et de la 5ème Brigades d'infanterie légère
11 de Podrin.
12 Question: En page 3 du document, paragraphe 6, il est question d'une
13 coordination avec le régiment de protection. De quoi s'agit-il dans ce
14 paragraphe?
15 Réponse: Quand vous analysez la répartition des forces sur le terrain,
16 l'enclave des Nations Unies de Zepa se situe physiquement très près du
17 quartier général de l'état-major à Han Pijesak et l'une des premières
18 fonctions du régiment de protection, le 65ème Régiment de protection, est
19 de protéger les installations qui sont associées à l'état-major.
20 A ce stade, ce dont il s'agit dans cet ordre est de donner la consigne aux
21 brigades subordonnées du Corps de la Drina, de coordonner leurs plans et
22 leurs opérations avec ceux du Bataillon du 65ème Régiment de protection qui
23 se trouve autour de l'enclave de Zepa.
24 Question: A partir de cet ordre, pouvez-vous nous dire si le régiment de
25 protection mentionné, ici, se trouve sous le commandement du Corps de la
Page 4877
1 Drina?
2 Réponse: La terminologie de ce paragraphe parle de la coordination, dit
3 "en coordination"; donc je ne peux pas dire s'il s'agit d'une chaîne de
4 commandement ferme. En fait, selon la doctrine de la JNA, la coordination
5 n'est pas la même chose que le commandement.
6 Question: Très bien. Passons en page, au milieu, le paragraphe 9C. De
7 nouveau, il est question de la coordination avec le MUP: "Toutes les
8 unités devraient être prêtes à contrôler et à ratisser le terrain".
9 Il s'agit donc, encore une fois, du syntagme "en coordination" avec le
10 MUP. Vous connaissez les réglementations du MUP. Est-ce différent? Sont-
11 ils sous le commandement du Corps de la Drina?
12 Réponse: Dans le contexte de ce paragraphe, et si l'on considère
13 l'ordre de d'opération dans son ensemble, il est clair qu'il parle de la
14 coordination des questions de sécurité avec le MUP. Donc, ici, il n'est
15 pas question des forces du MUP à Zepa en tant que placées sous le
16 commandement du Corps de la Drina.
17 Question: Très bien. Enfin, votre conclusion est que le général Krstic a
18 été de toute évidence impliqué à la planification de l'opération de Zepa,
19 ainsi que dans tous les autres détails dont nous avons parlé. Est-ce
20 exact?
21 Réponse: Oui.
22 Question: Je pense que c'est le moment opportun de suspendre.
23 M. le Président: Nous sommes d'accord, Monsieur McCloskey.
24 Comme vous le savez, il serait convenable d'avoir au moins l'objectif de
25 terminer l'interrogatoire principal, vendredi. Par rapport à cet objectif
Page 4878
1 et dans vos estimations, où en sommes-nous?
2 M. McCloskey (interprétation): Je suis un petit peu inquiet, Monsieur le
3 Président. Je pense que nous n'avons pu faire que la moitié d'un classeur
4 alors que j'avais prévu un classeur et demi par jour.
5 Je pense que j'ai fait quand même un tiers de ce que j'avais prévu. Donc,
6 peut-être qu'il y a un petit espoir que la plupart des choses puissent
7 être abordées demain. Puis, nous aurons plein de documents qui ont besoin
8 d'une discussion un peu plus détaillée. Il est très difficile de dire que
9 j'aurais terminé vendredi.
10 M. le Président : Il est difficile de terminer vendredi?
11 M. McCloskey (interprétation): Je peux très difficilement vous donner une
12 estimation très précise. J'aimerais beaucoup avoir terminé vendredi et je
13 ferai tout ce qui est en mon pouvoir.
14 M. le Président: Plus ou moins, de combien de temps auriez-vous besoin
15 pour terminer vraiment vendredi?
16 M. McCloskey (interprétation): ...
17 M. le Président: Je peux avancer un peu plus peut-être. La Chambre ne peut
18 pas siéger vendredi après 14 heures. Donc cela veut dire, -et je demande à
19 Mlle Lauer d'en prendre note-, qu'au moins nous devrions siéger à 9 heures
20 vendredi pour compenser.
21 L'autre possibilité, c'est de siéger pendant plus de temps l'après-midi de
22 demain. Donc, à la fin, le temps nécessaire devrait se placer demain
23 après-midi.
24 Je crois que vous comprenez, du point de vue de l'organisation, qu'il est
25 vraiment convenable de terminer. Une fois que la Chambre va interrompre
Page 4879
1 cette affaire, pour en prendre une autre, car quand nous ne siégeons pas
2 dans cette affaire, nous siégeons dans une autre affaire. Nous n'allons
3 pas en vacances, nous continuons à travailler. Donc, il faudra tout faire
4 pour terminer l'interrogatoire cette semaine, une fois que la défense peut
5 préparer son contre-interrogatoire.
6 M. McCloskey (interprétation): Oui, Monsieur le Président, je suis
7 absolument d'accord avec cela.
8 Malheureusement, et je sais que nous avons des documents très importants à
9 examiner, je pense qu'il est peut-être plus réaliste de prévoir la fin de
10 l'interrogatoire principal pendant notre session prochaine. Je sais que la
11 session prochaine englobera beaucoup de travail. Il y aura, à mon avis, à
12 ce moment-là suffisamment de temps pour terminer l'interrogatoire
13 principal et terminer l'ensemble de la présentation des éléments de preuve
14 dans la session suivante de deux semaines.
15 Nous avons un Général en tant que témoin et quelques autres témoins
16 civils, et peut-être quelques-uns que j'ai oubliés.
17 Ce ne seront pas deux semaines entières. J'ai peur de dire qu'on pourra
18 terminer vendredi, mais nous avons des documents très importants ici.
19 Quand j'essaie d'accélérer, j'ai l'impression que j'ai omis quelque chose.
20 M. le Président: Oui, vous avez tout à fait raison. Nous ne laisserons pas
21 tomber cet objectif. Je demanderai au Greffe d'être préparé éventuellement
22 pour prolonger demain si, après réévaluation, on pense qu'il est possible
23 de terminer vendredi. Si on conclut qu'il n'est pas vraiment possible de
24 terminer vendredi, on fait nos horaires normaux.
25 Mais, de toute façon, vendredi on siégera à 9 heures au lieu de 9 heures
Page 4880
1 30. On finira à 2 heures au lieu de finir à 2 heures et demie.
2 Madame la Greffière, y a-t-il quelque inconvénient avec ce temps d'avance?
3 Mme Lauer: A priori, il n'y aura pas d'inconvénient, il faudra prendre
4 simplement des mesures assez strictes pour assurer le transfert de
5 l'accusé dès 9 heures au Tribunal. Il faudrait aussi savoir jusqu'à quelle
6 heure vous souhaitez siéger demain?
7 M. le Président: On va voir demain.
8 Mais, pour l'instant, il est sûr que vendredi on veut siéger de 9 heures à
9 14 heures. Pour cette question, on peut avoir la réponse demain?
10 Mme Lauer: Vous aurez la réponse demain, Monsieur le Président.
11 M. le Président: Merci beaucoup.
12 Nous allons faire au mieux pour faire avancer l'affaire, c'est toujours
13 notre préoccupation, comme vous le savez.
14 Demain nous serons là à 9 heures 30. Et si on conclut qu'il est réaliste
15 de finir l'interrogatoire principal, vendredi, on peut admettre la
16 possibilité de prolonger un peu l'après-midi, sinon on maintient notre
17 calendrier. Donc à demain.
18 (L'audience est levée à 14 heures 50.)
19
20
21
22
23
24
25