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1 (Mardi 5 novembre 2000.)
2 (Audience publique.)
3 (L'audience est ouverte à 9 heures 20.)
4 (Interrogatoire principal du témoin, M. Radinovic, par Me Visnjic.)
5 (Le témoin, M. Radovan Radinovic, se trouve déjà dans le prétoire.)
6 M. le Président: Bonjour, Mesdames, Messieurs. Bonjour, cabine technique.
7 Bonjour, interprètes.
8 Interprète: Bonjour, Monsieur le Président.
9 M. le Président: Bonjour, Bureau du Procureur; je vois que vous êtes tous
10 présents, de même que les conseils de la défense. Bonjour, Professeur.
11 Bonjour, témoin.
12 Nous allons reprendre votre témoignage. Je vous rappelle que vous
13 continuez sous serment et que vous allez continuer à répondre aux
14 questions que Me Visnjic vous posera.
15 Vous avez la parole, Maître Visnjic, s'il vous plaît.
16 M. Visnjic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
17 Général Radinovic, nous allons maintenant continuer là où nous nous étions
18 arrêtés hier et je demanderai à M. l'huissier de présenter au témoin la
19 pièce à conviction 425 de l'OTP et de préparer les pièces 426 et 427 pour
20 la suite.
21 (L'huissier s'exécute.)
22 Je demanderai maintenant à M. l'huissier de bien vouloir nous faire voir
23 le paragraphe 4 de la page 6 en version BCS.
24 Général Radinovic, vous nous avez parlé hier du grand nombre d'opérations
25 qui sont citées dans les directives, dont bon nombre ou la plupart n'ont
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1 pas été réalisées. Sur cet exemple de décision prise par le commandant
2 suprême de l'armée de la VRS, bien entendu, pouvez-vous nous expliquer de
3 quoi cela a l'air dans ce document 7?
4 M. Radinovic (interprétation): Eh bien, au point 4, lorsqu'il s'agit de la
5 doctrine, cette conception fondamentale dont il est question au point 4 du
6 document relatif au commandant, cela nous présente l'idée fondamentale du
7 document destiné à faire œuvre de commandement. Au point 4 de la directive
8 émise par le commandant suprême, on énumère les opérations susceptibles
9 d'être réalisées. Cela se situe sur cette partie-là.
10 Il y est question d'opérations stratégiques "Sadejstvo 95", "Prozor 95",
11 "Spreca 95" en sa qualité d'opération au niveau opérationnel. Aucune de
12 ces opérations n'a été réalisée. Elles n'ont été ni planifiées ni
13 réalisées.
14 Question: Je vous demanderai maintenant de passer à la page 8 de la même
15 directive à la partie qui concerne le Corps d'armée de la Drina.
16 Réponse: Oui.
17 Question: Il s'agit là de la version anglaise. Je vais demander à M.
18 l'huissier de nous présenter la page appropriée.
19 (L'huissier s'exécute.)
20 Et sur la version anglaise, il s'agit de la page 10. Merci. Et une partie
21 de la page 11 aussi, que vous pouvez préparer, je vous prie.
22 Réponse: Oui, je vois cela.
23 Dans cette partie-ci concernant le Corps de la Drina...
24 Question: Je vous prie de passer à la page suivante, Monsieur l'huissier.
25 Réponse: Donc cette page suivante, au niveau du point de la directive
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1 relative au Corps de la Drina, on énumère ce qui pourrait le concerner
2 pour ce qui est des opérations. On mentionne "Spreca 95", "Zvijesda 95",
3 mais aucune de ces opérations n'a été planifiée, pas plus que réalisée.
4 Par conséquent, comme je vous l'ai déjà dit hier, dans les documents de ce
5 type qui établissent un plan de principe et qui annoncent des activités
6 éventuelles dans les périodes à venir au cours d'une année, cela nous
7 présente une analyse de la situation stratégique; il y a évaluation des
8 parties en présence et l'on y expose ce qui pourrait représenter une
9 prospection fiable des événements et ce que l'on souhaiterait réaliser au
10 cours de l'année.
11 Dans ces documents, le commandement suprême procède par étapes, dans une
12 période déterminée et conformément à des circonstances déterminées au
13 niveau des champs de bataille, pour prévoir un ordre des opérations de
14 combat. C'est du moins ce que j'ai pu constater en étudiant la
15 documentation relative à "Krivaja 95". Et "Krivaja 95" ne se fonde pas sur
16 ces documents: j'entends par là qu'elle ne découle ou ne dérive pas
17 directement de ces documents.
18 En effet, cette directive est réalisée de façon à représenter un cadre
19 pour la plupart des activités sur les champs de bataille. C'est la raison
20 pour laquelle ce n'est pas concret et ce n'est pas direct. Cela ne peut
21 pas constituer une corrélation directe avec l'opération "Krivaja 95".
22 Et lorsque j'essaie de répondre à la question que je me pose de savoir
23 qu'est-ce qui a servi comme fondement pour la réalisation de cette
24 opération, il me semble que ni le commandant du corps ni quelqu'un d'autre
25 ne saurait planifier par lui-même une opération, c'est-à-dire que les
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1 opérations doivent faire partie d'un système intégré au niveau des champs
2 de bataille et sous le contrôle du commandement suprême, à savoir sous
3 l'autorité des pouvoirs civils ou militaires suprêmes.
4 Dans cette introduction ou ce préambule de la directive, il y a une phrase
5 qui pourrait nous dire, nous indiquer ce qui a servi de fondement pour la
6 réalisation de cette opération. J'espère qu'on y arrivera, mais je pense
7 qu'il est tout à fait certain que l'opération a été réalisée partant de la
8 situation concrète prévalant à l'époque. Cette situation concrète,
9 lorsqu'il s'agit du Corps d'armée de la Drina, c'est notamment toute une
10 série d'activités intenses en provenance des enclaves et dans le cadre de
11 ces opérations de sabotage appelées "Skakavac" ou en traduction
12 "Sauterelle".
13 Question: Je voudrais qu'on présente au témoin, sur le rétroprojecteur, la
14 pièce à conviction 426 du Bureau du Procureur.
15 (L'huissier s'exécute.)
16 Je crois qu'il s'agit de la page 3.
17 Réponse: Mais je n'ai que le courrier d'accompagnement. Je n'ai ici que
18 l'acte d'accompagnement, directive 7.1.
19 Question: La pièce était censée être celle qui porte la cote 426.
20 (L'huissier s'exécute.)
21 Il s'agit de la directive 7.1 ou plutôt 7/1, qui a été délivrée par le
22 grand état-major de la VRS. Je n'ai plus d'exemplaire sous les yeux, mais
23 je vous prie de retrouver le segment qui concerne le Corps d'armée de la
24 Drina. Je crois qu'il s'agit de la page 3 ou 4.
25 Réponse: Il s'agit de la page 3.4. C'est la partie où le commandement
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1 suprême, la partie conceptuelle où le commandement suprême définit ou
2 décide des actions qui devraient être entreprises.
3 Dans ce point-ci, dans ce point 4, concernant le corps de la Drina, on
4 prévoit expressément ce qui suit: les forces du Corps d'armée de la Bosnie
5 de l'Est et du Corps de la Drina, renforcées par des troupes de
6 l'Herzégovine et du Corps de Sarajevo Romanija, doivent réaliser au plus
7 vite les tâches prévues par l'opération "Spreca 95", à savoir couper et
8 détruire les forces ennemies à l'est de la ligne Vis Stolice et créer
9 ainsi les conditions pour la continuation de l'attaque en direction de
10 Tuzla et Zivinice. C'est tout à fait en dehors de la zone de
11 responsabilité et des enclaves. C'est la pointe, ici, au nord-ouest de
12 Zvornik. Il n'est pas du tout question dans cette directive, dans cette
13 directive 7.1 qui était censée constituer une concrétisation de la
14 directive du commandant suprême, énumérer des missions précises ainsi que
15 des devoirs concrets ou qui seraient à considérer comme des devoirs
16 concrets, donc il n'y a rien dans cette directive qui nous indiquerait
17 quoi que ce soit en corrélation avec "Krivaja 95".
18 Question: Je vous prie maintenant de passer au paragraphe qui concerne
19 directement le Corps de la Drina.
20 Réponse: "Tâches des unités, Corps de la Drina"; c'est le point 5.3.
21 Parmi les tâches du Corps de la Drina, dans ce point 5.3, on dit: "C'est
22 au moyen de la défense et des activités de combat au nord et autour des
23 enclaves: empêcher la percée des troupes ennemies". Donc on dit "empêcher
24 la percée des troupes ennemies".
25 On dit ensuite "A. Mesures de camouflage tactique et activités de
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1 diversion: attacher un maximum de troupes sur sa propre tâche". Il s'agit
2 donc d'activités défensives et non pas offensives. Et c'est en
3 collaboration avec le Corps d'armée de la Bosnie de l'Est. "Réaliser au
4 plus vite les tâches prévues par l'opération "Spreca 95". Donc une
5 opération dont je ne suis pas du tout au courant, qui n'a jamais du tout
6 été réalisée; je ne sais même pas ce que cela sous-entendait. Mais ceux
7 qui ont élaboré cette directive devaient savoir de quoi il s'agissait;
8 mais moi, je n'ai pas appris de quoi il s'agissait, car je sais que cette
9 opération n'a pas planifiée et n'a pas été non plus réalisée.
10 Mais au cours de cette première étape de l'opération, sortir sur l'axe Vis
11 Kalesija, donc en dehors de cette zone en direction de Tuzla, et ensuite
12 procéder au regroupement des forces; en deuxième et troisième étapes de
13 l'opération, en appliquant des manœuvres appropriées, introduire des
14 forces vers les arrières de l'ennemi par intervention des troupes blindées
15 et procéder à une attaque sur l'axe Kalesija/Tuzla.
16 C'est donc tout à fait en dehors du contexte dans lequel se situait
17 l'opération "Krivaja 95", et tout ce qui était censé se passer dans la
18 zone de responsabilité du Corps de la Drina depuis le début du mois de
19 juillet jusqu'à la fin des opérations.
20 Question: Général Radinovic, dans le document précédent, à savoir la
21 directive n°7, il y a une phrase où il est fait état des enclaves; c'est
22 dans la partie qui concerne le Corps de la Drina. Par contre, dans la
23 directive 7.1, dans la même partie concernant le Corps de la Drina, on ne
24 mentionne plus les enclaves.
25 Compte tenu de la corrélation entre les directives, comme vous nous l'avez
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1 expliqué, à savoir que la directive 7.1 était censée être l'élaboration de
2 la directive n°7, comment nous expliquez-vous la chose?
3 Réponse: Eh bien, j'interprète cela de plusieurs façons. D'abord, ce que
4 j'ai souligné hier lorsque j'ai parlé de la structure organisationnelle de
5 la VRS et du commandement suprême: si vous vous rappelez, j'ai dit hier
6 que le positionnement du grand état-major, en sa qualité de commandement
7 suprême parallèle, donc il s'agit d'attribution de commandement et non pas
8 d'attribution technique et professionnelle, comme cela se pratique dans le
9 monde entier, cela peut, dans certaines circonstances, générer certaines
10 forces de dualité de pouvoir ou dualité de commandement.
11 Sur l'exemple de ces deux directives, la chose vient à être confirmée de
12 façon très claire; nous suivons ce qui concerne le Corps de la Drina.
13 Ce qui importe le plus pour ce qui est de la situation opérationnelle dans
14 la zone de responsabilité du Corps de la Drina, c'est précisément le
15 comportement des forces armées de la Bosnie-Herzégovine dans les enclaves
16 ainsi que les activités à l'encontre de la VRS. Dans cette directive 7,
17 émise par le commandant suprême, à savoir le Président de la Republika
18 Srpska, il y a une phrase qui se rapporte aux enclaves. Bien entendu, moi,
19 je ne l'aurais pas rédigée et je pense qu'il n'aurait pas dû la rédiger
20 lui non plus. Mais il n'y a pas une seule lettre dans cette directive 7.1
21 relative à cette phrase qui se rattachait au Corps de la Drina.
22 Par conséquent, le commandant du grand état-major de la VRS et le système
23 militaire dans son ensemble avaient estimé nullement obligation de
24 réaliser l'idée contenue dans cette phrase ainsi que dans la directive
25 7.1. Comme on a pu le voir, la phrase ne figure plus; je dois vous dire
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1 que j'ai étudié la chose en détail et cette phrase n'est plus reprise.
2 Ce qu'il convient également de mettre en valeur ici, c'est que la
3 directive du Président, du commandant suprême, à savoir le chef civil de
4 l'Etat, est une directive plus générale, alors que la directive du grand
5 état-major doit être plus précise, plus concrète à l'intention de ceux qui
6 sont appelés à la réaliser.
7 La directive 7.1 est en effet plus courte, plus menue ou plus précise; il
8 n'y a plus d'évaluation de la situation, elle traite juste ce qui est
9 considéré comme étant important.
10 Si l'on parle maintenant de l'ordre selon lequel les choses se réalisent,
11 eh bien, le commandant suprême émet une directive à l'attention du chef
12 d'état-major, et le chef d'état-major en émet une autre pour ce qui est de
13 la responsabilité relative au comportement de ses troupes. Comme je l'ai
14 dit hier, dans mon témoignage concernant la réalisation des ordres et la
15 façon dont ces ordres sont réalisés, on ne réalisait pas les ordres qui
16 sous-entendaient une violation de la loi ou une violation des principes du
17 droit humanitaire. Le commandant du grand état-major, dans sa directive,
18 n'a pas repris un texte qui pourrait d'une façon quelconque impliquer ou
19 induire un comportement de ce type.
20 Question: Général Radinovic, combien de temps faut-il pour bien préparer,
21 organiser, planifier une opération de ce type?
22 Je demanderai à M. l'huissier de préparer à l'intention du témoin la pièce
23 à conviction du Bureau du Procureur n°427.
24 Réponse: Je répondrai à votre question de la même façon que l'a fait le
25 Gal Dannat dans son rapport d'expert et je suis tout à fait d'accord pour
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1 dire que, s'agissant de ce niveau d'opération, il suffit largement de
2 disposer de 72 heures pour sa planification. Selon nos normes à nous, le
3 temps nécessaire ou alloué à une planification, préparation des opérations
4 faite en temps utile et selon les normes voulues, il faut trois à cinq
5 jours. Cela, bien entendu, dépend de la situation, des circonstances sur
6 le territoire où l'opération est appelée à être réalisée. Ou alors,
7 lorsqu'il s'agit de diriger des troupes vers des terrains insuffisamment
8 connus, dans des circonstances méconnues, comme c'est le cas, par exemple,
9 des grandes manœuvres opérationnelles lorsqu'on entreprend des activités
10 en dehors des zones de responsabilité.
11 Mais dans le cas concret, lorsqu'il s'agit de la zone de responsabilité
12 qui fait partie du système de commandement du Corps de la Drina et que ce
13 dernier connaît fort bien, 72 heures suffisent largement pour préparer une
14 opération de ce type.
15 Question: Général Radinovic, vous avez la pièce à conviction cotée 427 du
16 Bureau du Procureur. Il s'agit d'un ordre portant n°1 du 2 juillet 1995.
17 Dans le contexte du temps nécessaire pour la planification, comme cela est
18 d'ailleurs indiqué au dernier paragraphe de l'ordre en question, pouvez-
19 vous nous dire quel serait votre commentaire au sujet du temps investi
20 dans la préparation et planification de l'opération "Krivaja 95"?
21 Réponse: Eh bien, au dernier paragraphe de ce document et au dernier
22 alinéa de ce dernier, en page 2, ou plutôt à la page suivante, le
23 commandant du Corps ordonne que toutes les activités à venir, lorsqu'il
24 s'agit de la planification des activités de combat, et ce, s'agissant de
25 toutes les variantes et de l'élaboration de tous les documents afférents,
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1 doivent être terminées jusqu'au 3 juillet 1995. Alors que la remise des
2 documents à l'intention des unités chargées de la réalisation de ces
3 activités de combat devrait se plier à ses ordres à lui.
4 Si nous revenons maintenant à la page 1 de ce document où l'on voit la
5 date du document, à l'angle gauche, la date qui y figure c'est le 2
6 juillet 1995. Par conséquent pour toutes les activités de préparation, de
7 planification et d'organisation, acheminement des unités aux endroits
8 voulus, tout ceci avait été approuvé par le commandant du Corps. Ce
9 dernier a prévu pour tout cela une seule journée. D'après ma profonde
10 conviction, j'estime que ce temps est très court, insuffisant pour une
11 planification sérieuse de l'opération. Ce qui fait que, concernant
12 l'opération "Krivaja 95", si j'ai ce renseignement en vue, ce fait-là, eh
13 bien, je rangerais cette opération dans un panier d'opérations préparées
14 ou planifiées à la va-vite, et ce qu'on appellerait une opération préparée
15 sous la contrainte ou bâclée. Et il peut arriver que, dans des situations
16 pareilles, bien des éléments de l'opération ne soient pas réalisés
17 convenablement.
18 Question: Je demanderai maintenant à M. l'huissier de présenter la pièce à
19 conviction 428 du Bureau du Procureur.
20 Monsieur le témoin, Général, quels sont les objectifs ou quels sont les
21 ordres pour ce qui est des activités de combat dans ce document?
22 Réponse: Je n'ai pas ce document.
23 Question: Patientons un peu.
24 (L'huissier s'exécute.)
25 Réponse: Eh bien, à la page 2 de cette version en langue serbe -et je me
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1 réfère au point 4-, c'est la partie conceptuelle de la décision et l'idée
2 principale du commandant où il décide que le gros des forces du Corps de
3 la Drina continue à procéder à une défense tenace et active. Et que ce
4 n'est qu'une partie de l'effectif disponible qui doit attaquer pour
5 dissocier les enclaves de Zepa et Srebrenica.
6 Par conséquent, dans la partie conceptuelle de la décision qui est le
7 fondement même de la planification et de l'ordre donné aux unités pour
8 leurs activités, il n'y a guère de libération ou conquête de Srebrenica.
9 Il spécifie, il dit ce qu'il en est du détail de la mission ou des tâches;
10 on parle des activités tactiques. Alors on peut planifier, mais ne pas
11 avoir à réaliser. Pour ce qui est des tâches plus précises, il s'agit
12 d'aboutir.
13 Et si vous me le permettez, j'aimerais bien me servir du pointeur pour le
14 montrer. Je ne sais pas si cela était fait.
15 Question: Je crois qu'on nous l'a montré.
16 Réponse: Je pourrais vous le montrer sur la carte.
17 Question: Il suffit de l'indiquer puisque nous connaissons les lieux.
18 Réponse: De Predol, Divljakinje, Banja Guber, Zivkovo Brdo, Alibegovac,
19 Kak, ça c'est le détail de la mission et la suite, c'est Bojna et Siljato
20 Brdo. Et parmi ces objectifs détaillés, qui sont énumérés par le
21 commandant du Corps, dans la planification de l'opération, il n'est pas
22 fait état d'une attaque éventuelle sur la ville. Il s'agissait donc de
23 maîtriser les points dominants qui étaient susceptibles de désactiver
24 -militairement parlant- l'enclave et de permettre pratiquement l'entrave
25 de toutes les activités militaires que l'armée musulmane pouvait déployer
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1 en provenance de la zone protégée de Srebrenica pendant tout le temps, et
2 ce, notamment, dans le cadre de l'opération Srebrenica.
3 L'objectif est plus spécifié, précisé davantage encore; on dit: "Objectifs
4 des activités: attaquer par surprise; séparer et réduire les dimensions de
5 Srebrenica et Zepa -non pas les occuper, mais les réduire-; améliorer la
6 position tactique en profondeur de la zone et créer des conditions pour
7 l'élimination des enclaves".
8 Alors, je vous prie maintenant de me permettre de commenter cette partie-
9 là du texte. Le fait même de parler d'occuper certains sites, d'atteindre
10 certains sites, eh bien, cela signifie que le commandant assure des
11 opérations tactiques pour que, dans le dénouement de la situation, on
12 puisse éliminer les enclaves. Militairement parlant, cela pouvait être
13 fait de façon simple, si nécessaire.
14 Mais la phrase, telle que rédigée, ne signifie pas et ne doit pas être
15 interprétée comme la nécessité de procéder à une attaque sur la partie
16 urbaine de la ville même. Il s'agissait de mettre en place des conditions
17 pour éliminer une ou les enclaves, si l'évolution de la situation
18 militaire venait à le nécessiter.
19 Et, dans le cadre de cette opération 95 et des activités autour de
20 l'enclave, il s'agissait d'atteindre les sites énumérés ici. En effet, il
21 y a d'autres éléments de cet ordre qui n'ont aucune pertinence pour le
22 sujet qui nous intéresse ici.
23 Question: Donc, c'étaient les idées fondamentales du plan d'engagement des
24 forces ou des effectifs pour la réalisation de "Krivaja 95"?
25 Réponse: Ce segment militaire…
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1 Question: J'aimerais retirer cette question. Laissez-moi vous en poser une
2 autre.
3 Quels sont les documents afférents à la planification que vous avez
4 retrouvés et utilisés dans votre élaboration de l'analyse que nous avons
5 sous les yeux?
6 Réponse: Eh bien, nous avons eu les documents relatifs aux préparatifs des
7 activités.
8 C'est une chose que l'on prépare à chaque fois qu'on envisage de passer
9 d'un type d'activité à un autre. Si un corps d'armée avait certaines
10 missions à accomplir et s'il devait intervenir de façon active sur un
11 autre segment ou dans un autre domaine, il s'agissait d'élaborer des
12 documents.
13 J'avais, par exemple, l'ordre du commandant du Corps pour la prise
14 d'actions à ce sujet et certains documents du plan des transmissions; je
15 n'avais pas l'ensemble des plans de transmission pour ce qui est des
16 communications entre les postes de commandement et pour la participation
17 de toutes les unités. Mais j'avais des documents de planification qui
18 avaient trait aux communications radio.
19 Il manquait toute une série de documents; je dirai même qu'il manquait
20 davantage de documents que nous n'en avions à notre disposition et il n'y
21 avait pas le plan de la sécurité du génie, le plan de sécurité des
22 arrières, plan de l'entretien des communications, des voies routières.
23 Question: Vous déduiriez quoi, en fin de compte?
24 Réponse: Eh bien, c'est la conséquence du fait qu'il s'agit là, à mon
25 avis, d'une opération ad hoc qui a été décidée à la va-vite, qui n'a donc
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1 pas été planifiée longtemps à l'avance, mais qui a dû être ménagée sous
2 l'influence des circonstances qui avaient prévalu en fin juin 1995. Et
3 compte tenu du fait que le préparation avait été prévue en une seule
4 journée, eh bien, les choses n'ont pas pu se faire comme cela a été prévu
5 par les règlements, mais cela a été fait dans le cadre des possibilités
6 imparties dans les délais prévus.
7 Question: Si nous gardons à l'esprit tout ce qui a été dit jusqu'à
8 présent, je vous demande quels sont les événements qui ont été à l'origine
9 de la planification et de l'exécution de l'opération "Krivaja 95". Je vous
10 demanderai de distinguer entre les événements qui ont provoqué la
11 planification de cette opération et ceux qui ont influé sur son exécution.
12 Réponse: Je crois que j'ai déjà répondu partiellement à cette question.
13 J'ai dit que dans les dix derniers jours du mois de juin, la situation
14 était devenue particulièrement complexe et difficile en raison de percées
15 des forces musulmanes à l'arrière des forces de la VRS et d'opérations de
16 commandos de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui ont créé une situation très
17 difficile pour l'armée de la Republika Srpska et des pertes très
18 importantes infligées par l'armée de Bosnie-Herzégovine, au mois de juin.
19 En effet, les 15 et 16 juin par exemple, toute une brigade de l'armée de
20 Bosnie-Herzégovine s'est infiltrée à l'arrière de la 1e Brigade de
21 Podrinje, ce qui a entraîné la mort de quarante hommes.
22 Question: Je prierai l'huissier de préparer la pièce D 67 pour le témoin.
23 (L'huissier s'exécute.)
24 Réponse: Est-ce que je peux continuer et terminer? Si l'on établit un lien
25 entre ce que je viens de dire et les événements qui se déroulaient au
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1 voisinage immédiat de l'enclave de Srebrenica, donc à l'extérieur de
2 l'enclave, il est permis de conclure que l'opération "Krivaja 95" a été
3 planifiée sous l'influence directe de ces événements, c'est-à-dire avec
4 pour objectif d'empêcher que les répercussions de ces événements ne
5 s'aggravent dans le temps.
6 Dans le document que j'ai à présent sous les yeux, qui est un rapport du
7 commandant de la 28e Division adressé au commandant du 2e Corps d'armée
8 -c'est un rapport qui date du 30 juin 1995-, dans ce rapport, nous voyons
9 que le commandant de la 28e Division informe le commandant du 2e Corps
10 d'armée de l'action de ses unités et de ce qui se passe au voisinage
11 immédiat des forces serbes dans l'enclave.
12 Question: Général Radinovic, la Chambre connaît déjà la teneur de ce
13 document qui a déjà été présenté en qualité d'élément de preuve. La
14 question que je vous pose est la suivante: dans ce document, pièce à
15 conviction de la défense 67, trouve-t-on un résumé rapide de toutes les
16 activités réalisées par la 28e Division au-delà des frontières de la zone
17 protégée de Srebrenica et de Zepa?
18 Réponse: Oui, c'est précisément ce que je disais à l'instant.
19 Question: J'aimerais maintenant que vous établissiez un lien entre ce
20 document et les ordres de l'armée de la Republika Srpska que nous avons
21 soumis aux Juges de cette Chambre hier -les pièces à conviction de la
22 défense 88 et 153- et je vous en rappelle rapidement le contenu. Il s'agit
23 d'ordres du Corps de la Drina, signés par le général Zivanovic et portant
24 sur l'inspection des troupes par lui, ainsi que des ordres donnés à la
25 brigade de Milici.
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1 Réponse: Oui, oui, je me rappelle tout à fait ces documents. Dans le
2 premièer ordre dont vous venez de parler, il est question de mieux
3 contrôler le secteur; le Gal Zivanovic ordonnait donc une inspection de
4 toutes les unités et il ordonnait que les hommes responsables lui rendent
5 compte avant la date du 25 juin. Dans ce document, il est fait état d'un
6 incident lié à l'incursion d'une brigade musulmane sur les arrières de la
7 1e Brigade de Podrinje et de la 5e Brigade de Podrinje. Le Gal Zivanovic
8 demande à ses commandants de réaliser les inspections de leurs troupes,
9 d'inspecter également les positions et de vérifier si les lignes sont
10 fortifiées comme il convient, avant de lui rendre compte jusqu'à la date
11 du 25 juin. Et véritablement, il a été informé de tout ce qui s'était
12 passé sur ces lignes, à la date du 24 juin, par l'un de ses commandants;
13 les autres commandants ont sans doute fait la même chose.
14 Voilà le genre de rapport que j'ai eu à ma disposition pour préparer ma
15 question.
16 Question: Alors que vous prépariez votre analyse et votre témoignage
17 devant ce Tribunal, avez-vous trouvé la moindre indication d'une opération
18 de combats actifs qui se serait préparée à la fin du mois de juin 1995, en
19 rapport avec l'enclave de Srebrenica?
20 Autrement dit, est-ce que vous avez trouvé la moindre mention, la moindre
21 indication, le moindre document, le moindre signe permettant de penser que
22 des actions de combat se préparaient de la part de l'armée de la Republika
23 Srpska en rapport avec l'offensive de Srebrenica, à ce moment-là?
24 Réponse: J'aimerais, pour répondre à votre question, que vous ne perdiez
25 pas de vue un fait qui, pour toute armée du monde, est tout à fait
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1 capital. Toutes les armées sont, par définition, dans la meilleure
2 situation possible lorsqu'elles accomplissent des actions de combat.
3 Aucune armée n'aime ou n'apprécie d'attendre, aucune armée n'apprécie de
4 laisser l'initiative à d'autres. Cela ne correspond pas par nature à
5 l'esprit d'un soldat.
6 Mais je peux vous affirmer que je n'ai trouvé aucune preuve, aucun indice,
7 je n'ai eu aucune conversation avec les personnes impliquées d'une façon
8 ou d'une autre dans cette opération. Je n'ai rien appris, je n'ai rien
9 entendu dire, je n'ai rien vu qui permette de penser que, jusqu'à la fin
10 du mois de juin 1995, il y ait eu quiconque qui ait pensé à réaliser une
11 telle opération. D'ailleurs, il n'y avait pas les conditions permettant de
12 réaliser une telle opération parce que la situation sur le front était
13 tellement difficile, notamment dans le secteur tenu par le Corps d'armée
14 de la Drina, qu'une offensive de ce genre était impossible à imaginer.
15 M. Riad (interprétation): Une seconde, je vous prie, Général. Si je vous
16 ai bien compris, vous venez de dire qu'il n'y avait aucun moyen, que vous
17 n'avez rien trouvé dans un document ni ailleurs -enfin, excusez-moi, je
18 relis le compte rendu d'audience-, en tout cas rien qui indique qu'avant
19 le mois de juin 1995, quiconque ait pu avoir l'idée de réaliser une
20 opération de ce genre. Et vous avez parlé de personnes impliquées d'une
21 façon ou d'une autre par ces mots "d'une façon ou d'une autre". Vous
22 voulez parler des deux parties en présence, des deux parties en conflit?
23 M. Radinovic (interprétation): Monsieur le Juge…
24 M. Riad (interprétation): Vous parlez de l'armée de la Republika Srpska et
25 des Musulmans? "Des personnes impliquées d'une façon ou d'une autre",
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1 avez-vous dit: de qui s'agit-il?
2 M. Radinovic (interprétation): Je crains de ne pas avoir interprété
3 correctement en anglais. Je répondais à une question qui consistait à me
4 demander, alors que je me préparais à témoigner devant ce Tribunal,
5 lorsque je préparais donc mon rapport d'expert, j'étais tombé sur un
6 document ou sur un autre signe, une autre indication permettant de penser
7 que l'armée de la Republika Srpska, et plus précisément le Corps de la
8 Drina, préparait à cette époque-là une action offensive dans le voisinage
9 de l'enclave. C'est donc en répondant à cette question que j'ai dit que,
10 par nature, toute armée au monde est offensive; elle n'aime pas attendre,
11 elle aime avoir l'initiative, elle n'aime pas être sur la défensive. Mais
12 l'armée de la Republika Srpska et le Corps de la Drina, au mois de juin
13 1995, étaient absolument en situation défensive.
14 M. Riad (interprétation): J'ai compris tout cela.
15 M. Radinovic (interprétation): Et j'ai dit que je n'avais découvert aucun
16 document permettant de penser qu'une action militaire offensive était en
17 cours de préparation. D'autre part, j'ai dit également qu'au cours des
18 conversations que j'ai pu avoir avec des personnes impliquées dans cette
19 opération et, hier, dans mon témoignage, j'ai dit que j'avais eu des
20 entretiens avec un certain nombre de personnes, y compris impliquées dans
21 cette opération du côté serbe -malheureusement, parce que je n'ai eu
22 aucune possibilité de parler avec des gens de l'autre partie; j'aurais
23 aimé pouvoir le faire mais je n'en ai pas eu l'occasion- donc, y compris
24 après ces conversations que j'ai eues avec des personnes impliquées, je me
25 suis convaincu qu'il n'y avait pas, que les conditions en vigueur ne
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1 permettaient pas une telle opération offensive.
2 Voilà ce que je voulais dire et je ne sais pas si cela a été bien
3 interprété en anglais lors de ma première tentative d'expression.
4 M. Riad (interprétation): Donc vous ne parlez que de l'armée de la
5 Republika Srpska lorsque vous parlez des personnes impliquées d'une façon
6 ou d'une autre? Ce ne sont que des membres de la VRS?
7 M. Radinovic (interprétation): Oui.
8 M. Riad (interprétation): Merci.
9 M. Visnjic (interprétation): Général Radinovic, je ne sais pas si vous
10 avez sous les yeux la pièce à conviction de l'accusation 428, un ordre
11 relatif à des opérations de combat?
12 M. Riad (interprétation): Je vous prie de m'excuser mais je voudrais que
13 soit corrigé le compte rendu d'audience, s'agissant de ce que j'ai dit
14 tout à l'heure. Je n'ai pas dit: "des gens qui allaient dans un sens ou
15 dans un autre", "going one way or another"; j'ai parlé "de gens impliqués
16 d'une façon ou d'une autre", "involved one way or another".
17 M. Visnjic (interprétation): Dans cet ordre relatif à des actions de
18 combat, un poste de commandement avancé est prévu, n'est-ce pas?
19 M. Radinovic (interprétation): Si vous me permettez d'ajouter quelques
20 mots avant de répondre à votre question, lorsque je parlais des objectifs
21 à atteindre, je n'avais pas tout à fait terminé.
22 Dans le document du commandant qui distribue les tâches dans le cadre des
23 activités de combat, le commandant dit aux unités qu'elles ont pour tâche
24 d'obtenir la séparation des enclaves de Zepa et de Srebrenica, et de
25 rétrécir la superficie de l'enclave. Donc l'objectif est tout à fait
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1 précisé: il est question de rétrécir, de diminuer la taille de l'enclave.
2 Il convient donc de tenir compte de cela lorsqu'on parle des objectifs
3 assignés à l'opération.
4 Question: Il est mentionné dans ce document un poste de commandant avancé.
5 Je vous demande donc quel est le rôle courant d'un poste de commandant
6 avancé? Comment établit-on un poste de commandant avancé et de quelle
7 façon une opération est exécutée à partir d'un tel poste?
8 Réponse: Les postes de commandant sont à la fois des installations à
9 partir desquelles on commande des opérations militaires et un site, un
10 lieu. C'est à cet endroit que l'on trouve les installations nécessaires
11 pour travailler, pour se reposer, les installations nécessaires pour
12 abriter les forces de sécurité et la logistique ainsi que les hommes
13 veillant à la protection, à la défense du poste de commandement.
14 Les postes de commandement: on y trouve un endroit de base, qui est
15 l'endroit d'où les ordres sont donnés, et des arrières, donc un poste de
16 commandement de réserve. Le poste de commandement principal, c'est
17 l'endroit le plus développé du point de vue de la qualité des
18 installations qu'on y trouve, du point de vue de la facilité d'utilisation
19 de l'espace, du point de vue des conditions générales et du confort que
20 l'on y trouve. C'est nécessaire pour que le travail du commandement puisse
21 s'exercer dans les meilleures conditions possibles.
22 C'est là que l'on trouve un groupe d'officiers supérieurs, chacun ayant
23 une tâche précise à effectuer: certains hommes sont donc assignés au
24 commandement en tant que tel, d'autres à la défense du poste et d'autres à
25 la logistique, donc à la réserve. Bien entendu, ce sont les hommes qui
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1 sont affectés au commandement en tant que tel qui ont le rôle le plus
2 important; ils travaillent dans le secteur opérationnel du poste. C'est là
3 que sont élaborés les ordres, que sont transmis les ordres, que s'effectue
4 le travail de création du commandant qui est nécessaire pour qu'une
5 opération puisse être menée à bien, dans les meilleures conditions
6 possibles.
7 On trouve donc à cet endroit du poste de commandement les opérationnels,
8 les hommes qui sont chargés des transmissions, les hommes qui sont chargés
9 du renseignement, les hommes qui sont chargés d'aider le commandement; et,
10 bien entendu, le commandant ainsi que l'ensemble de l'état-major et des
11 officiers chargés de la protection du poste. Puis on y trouve également
12 les chefs des services de logistique et des autres aspects du
13 commandement.
14 Et à l'arrière du poste en question, on trouve les responsables de la
15 logistique et de l'appui logistique; des postes de commandement avancés
16 sont créés lorsque le poste de commandement principal n'est plus
17 entièrement utile, ne suffit pas à la tâche. En général, pour créer un
18 poste de commandement avancé, on trouve un lieu où les axes de
19 communication sont nombreux et utilisables et où les transmissions
20 pourront exister dans les meilleures conditions possibles, donc où les
21 communications pourront s'effectuer dans les meilleures communications
22 possibles.
23 S'agissant de Corps de la Drina, en particulier, et de l'armée de la
24 Republika Srpska, de façon générale, il y a un élément qui est peut-être
25 un peu contraire à tout ce que je viens d'indiquer sur le plan théorique,
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1 à savoir que les corps d'armée ont des zones de responsabilité qui leur
2 sont affectées et, dans chacune des zones de responsabilité, les corps
3 d'armée disposent d'un quartier général, donc d'un lieu à partir duquel
4 est exercé le commandement.
5 Pour le Corps de la Drina, ce lieu c'était Vlasenica. Si l'on parle de
6 l'aspect transmission, il importe de signaler que le Corps de la Drina a
7 désigné Vlasenica comme son poste de commandement, ce qui devrait
8 permettre de penser qu'il s'agit du poste de commandement de base. Or un
9 poste de commandement est toujours défini par rapport aux opérations
10 prévues. Donc il peut y avoir des endroits prévus pour les postes de
11 commandement en temps de paix et d'autres endroits pour les postes de
12 commandement en cas de combats, en cas de guerre.
13 Donc, dans le cas qui nous intéresse, Vlasenica a continué à être
14 considéré comme le lieu du poste de commandement de base du Corps de la
15 Drina. Mais ceci était contraire à la doctrine militaire parce que le
16 Corps de la Drina avait une zone de responsabilité qui a été définie de
17 façon permanente et ce qui a donc permis de conserver Vlasenica comme
18 poste de commandement de base, comme poste de commandement fondamental.
19 Mais le Corps de la Drina s'est rendu compte qu'il était possible, pour
20 certaines activités militaires, de créer un poste de commandement avancé
21 ailleurs et, notamment, pour l'opération de Srebrenica, ce poste de
22 commandement avancé a été créé à Pribicevac; pour Zepa, un autre poste de
23 commandement avancé a été créé à Krivaca.
24 Donc le commandant du Corps d'armée, lorsqu'il existe un poste de
25 commandement avancé, se rend au lieu où ce poste de commandement avancé a
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1 été créé, accompagné de son état-major, et pas nécessairement de l'état-
2 major dans son ensemble mais, en tout cas, d'un certain nombre d'officiers
3 supérieurs. Le nombre des officiers supérieurs qui accompagnent le
4 commandant n'est pas fixé de façon obligatoire; la seule obligation, c'est
5 celle qui incombe au commandement du Corps d'armée qui, lui, doit se
6 trouver au poste de commandement avancé lorsqu'il en existe un. En effet,
7 l'hypothèse de base, c'est que le commandement ne peut pas être aussi bien
8 exercé au poste de commandement fondamental qu'au poste de commandement
9 avancé, lorsqu'il en existe un.
10 Question: Qui étaient les hommes du commandement du Corps de la Drina qui
11 se trouvaient au poste de commandement avancé de Pribicevac?
12 Réponse: Vous parlez bien des hommes appartenant au commandement du Corps,
13 n'est-ce pas?
14 Question: Oui.
15 Réponse: Au poste de commandement avancé se trouvent le commandant du
16 corps d'armée, son suppléant, son assistant chargé des opérations, son
17 assistant chargé du renseignement, mais lui n'était pas là-bas tout le
18 temps; il faisait des allers et retours; son chef des transmissions, bien
19 sûr, était là-bas aussi.
20 Voilà les organes auxquels je me suis intéressés personnellement; aux
21 autres, je n'ai pas accordé une attention particulière. En tout cas, la
22 présence de ces hommes-là est tout à fait suffisante pour exercer un
23 commandement efficace à partir du poste de commandement avancé.
24 Question: Le commandant du Corps de la Drina, pendant l'exécution de
25 l'opération "Krivaja 95", était-il au poste de commandement avancé tout le
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1 temps?
2 Réponse: Moi, je n'ai pas étudié cette question pour la simple raison que
3 c'est l'affaire personnelle du commandant de savoir s'il importe qu'il
4 reste tout le temps au commandement avancé, ou bien s'il peut se rendre de
5 temps en temps auprès des unités qui combattent sur le terrain, ou bien
6 s'il faut qu'il inspecte les centres logistiques et les différents
7 endroits où sont déployées les unités du Corps d'armée.
8 Autrement dit, le commandant d'un corps d'armée n'a pas nécessité d'être
9 tout le temps au poste de commandement avancé. Mais ce qui importe, c'est
10 que le commandement fonctionne et, lorsque le commandant ne se trouve pas
11 physiquement au poste de commandement avancé, il a son suppléant qui le
12 remplace: et il est donc, en son absence, le chef qui, dans les faits,
13 dans la réalité, reprend en main le commandement. Il n'y a donc pas
14 interruption du commandement, indépendamment du fait que le commandant est
15 présent physiquement ou pas au poste de commandement avancé. Mais ce qui
16 est très important, c'est de savoir que c'est à partir du poste de
17 commandement avancé que les ordres sont adressés aux unités pour la
18 réalisation des opérations prévues et commandées par ce poste de
19 commandement avancé.
20 Question: Général Radinovic, si nous pensons le Corps de la Drina dans son
21 ensemble, je vous demande quelle proportion, quel pourcentage du Corps de
22 la Drina était engagé dans l'opération "Krivaja 95"?
23 Réponse: Dans l'ordre du commandant, au point 4 de cet ordre, la partie
24 conceptuelle de l'ordre dont nous avons parlé tout à l'heure, lorsque vous
25 m'avez interrogé à ce sujet, il est stipulé de la façon la plus claire qui
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1 soit que le gros des forces du Corps de la Drina continue à mener des
2 opérations de combat sur les fronts extérieurs de la zone de
3 responsabilité, c'est-à-dire en direction de Tuzla et de Kladanj. Il
4 s'agit donc du gros des forces du Corps de la Drina. Et seules les forces
5 qui restent sont affectées à l'exécution de l'opération "Krivaja 95";
6 d'ailleurs, même pas la totalité des forces qui restent, mais simplement
7 une portion de ces forces restantes.
8 Nous avons donc vu, dans cet ordre, quelles étaient ces forces de la façon
9 la plus explicite qui soit: il s'agissait d'un groupe de combat issu de la
10 Brigade de Zvornik, qui s'est dirigé vers Zeleni Jadar et Srebrenica;
11 puis, il y avait le groupe de combat issu de la 2e Brigade de Romanija et
12 de la Brigade de Bratunac; il y avait un groupe issu de la Brigade de
13 Milici, des Brigades de Milici et de Bratunac, qui sont en contact l'une
14 avec l'autre mais qui ne participent pas à l'offensive: elles se
15 contentent simplement de paralyser sur place les forces de la 28e
16 Division.
17 Donc, dans la pratique, n'ont participé à l'opération "Krivaja 95" que des
18 effectifs inférieurs à ceux d'une brigade. D'après moi, il s'agissait
19 d'effectifs correspondant à deux bataillons et demi, peut-être au maximum
20 trois bataillons, mais en tout cas des effectifs inférieurs à ceux d'une
21 brigade en bonne et due forme.
22 Donc, pour répondre à votre question, il est permis de dire qu'il
23 s'agissait simplement des forces qui étaient restées disponibles. Selon la
24 doctrine, on appelle cela des forces de secours au sein d'un corps
25 d'armée, des forces d'appui.
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1 Question: Quelles ont été les positions opérationnelles des forces
2 engagées dans l'opération "Krivaja 95"? Je veux parler aussi bien des
3 forces musulmanes, donc de l'armée de Bosnie-Herzégovine, que des forces
4 d'armée de la Republika Srpska.
5 Réponse: Les forces de la 28e Division étaient déjà sur les positions
6 qu'elles occupaient à ce moment-là depuis pas mal de temps, depuis le mois
7 de mai 1993. Bien entendu, en 1993, les forces présentes étaient moins
8 nombreuses qu'en 1995 mais, en tout cas, elles étaient à cet endroit
9 depuis 1993. Donc elles étaient déjà, elles occupaient les mêmes positions
10 depuis deux années entières.
11 Que les hommes dont je parle aient été présents pendant toutes ces deux
12 années ou que certains d'entre eux soient arrivés un peu plus tard, en
13 tout cas, il est permis de dire qu'ils avaient eu amplement le temps de
14 préparer leurs positions défensives, autrement dit, les tranchées et les
15 fortifications nécessaires pour défendre leurs positions. Ils avaient donc
16 tous les moyens nécessaires du point de vue de la défense de leurs lignes
17 et de la possibilité d'agir sur un plan offensif; ils avaient aussi tous
18 les moyens issus des études de reconnaissance du terrain, toutes les
19 méthodes leur permettant de se défendre de façon très dynamique; ils
20 avaient eu le temps aussi de se préparer à cette défense.
21 Je ne sais pas avec quelle constance ces forces ont défendu Srebrenica
22 mais, en tout cas, elles ont été sur la défensive à partir d'un certain
23 moment, étant encerclées. Cela oui, effectivement, c'est une situation
24 défavorable.
25 La présence de la Forpronu, quant à elle, donc la présence du bataillon
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1 néerlandais a été un facteur positif s'agissant de définir la situation
2 opérationnelle des forces de la 28e Division. Une action constante des
3 unités du 2e Corps d'armée de l'armée musulmane, sur les axes extérieurs
4 partant de Kladanj et de Tuzla, ainsi que des pressions constantes
5 exercées sur la zone de responsabilité du Corps de la Drina ont obligé les
6 forces de ce corps d'armée à tenir le gros de leurs forces sur des
7 positions défensives et à se déployer vers l'extérieur de la zone de
8 responsabilité, ce qui a été un autre facteur avantageux, même si -je le
9 répète- le fait d'être encerclé était une situation défavorable.
10 Question: Et les positions du Corps de la Drina?
11 Réponse: S'agissant des positions tenues par le Corps de la Drina, il y a
12 un certain nombre d'aspects qui peuvent être considérés comme positifs et
13 d'autres négatifs. Ce qui était positif, c'était que les forces du Corps
14 de la Drina se trouvaient sur les limites externes de l'enclave et
15 encerclaient les forces de la 28e Division de l'armée Bosnie-Herzégovine.
16 L'espace qui était situé entre les enclaves n'était pas contrôlé par
17 l'armée de la Republika Srpska, ce qui était en revanche un élément
18 défavorable s'agissant de définir, de décrire les positions tenues par le
19 Corps de la Drina.
20 Un autre élément défavorable pour l'armée de la Republika Srpska réside
21 dans le fait que le Corps de la Drina ne pouvait pas disposer de forces de
22 manœuvre ou de forces susceptibles de se lancer dans une action offensive,
23 puisque l'intégralité des forces participait à la défense des lignes
24 tenues à l'extérieur des enclaves.
25 Question: Quel était le rapport de forces entre l'armée de Bosnie-
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1 Herzégovine, donc celle de la 28e Division, d'une part, et les autres
2 forces ayant participé à l'opération "Krivaja 95", d'autre part?
3 Réponse: Moi, j'ai analysé ce rapport de forces à Srebrenica. Dans les
4 documents, les chiffres varient beaucoup d'un document à l'autre; certains
5 document stipulent que la 28e Division disposait de 8000 hommes à peu près
6 et, dans les documents opérationnels, on trouve des chiffres plus précis.
7 Il y a aussi des renseignements, des informations provenant du service de
8 renseignements qui ont été utilisés par le Corps de la Drina, dans ses
9 messages communiqués par radio.
10 Et puis, il y a également des conclusions que l'on peut tirer de la
11 lecture de documents musulmans qui parlent de quatre formations présentes
12 à Srebrenica, à partir de l'automne 93 et jusqu'au printemps 95, donc
13 avril 1995 à peu près. Lorsque je prends tous ces chiffres et que je les
14 confronte, j'en arrive à la conclusion qu'à Srebrenica, il y avait à peu
15 près 10000 hommes du côté musulman, dans les formations militaires
16 musulmanes, et peut-être 8000 hommes portant les armes. Ce nombre dépasse
17 de loin le nombre des hommes présents dans les unités autour de Srebrenica
18 et, si l'on compare les effectifs d'un côté et de l'autre, les effectifs
19 des unités musulmanes et de la VRS ayant participé à l'opération "Krivaja
20 95", j'en arrive à la conclusion que le rapport de forces s'établit à 2,8
21 par rapport à 1 à l'avantage des forces de la 28e Division de l'armée de
22 Bosnie-Herzégovine. Donc 2,8 par rapport à 1 et ce pourcentage, ce
23 rapport, on peut le vérifier en constatant, en ajoutant que l'armée de la
24 Republika Srpska, la VRS était mieux équipée, mieux armée; elle avait donc
25 une puissance de feu supérieure aux forces de l'armée de Bosnie-
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1 Herzégovine, l'armée de Bosnie-Herzégovine étant plus faible de ce point
2 de vue là. Mais du point de vue numérique, du point de vue des effectifs,
3 ils étaient plus nombreux du côté musulman.
4 Question: Y a-t-il des normes, dans la théorie militaire, concernant le
5 rapport de forces entre les positions qui se trouvent à l'extérieur
6 d'endroits habités et l'intérieur d'endroits habités?
7 Réponse: Oui, certainement. Dans la doctrine à travers le monde, il existe
8 de tels rapports et dans la nôtre également. En principe, dans la nouvelle
9 doctrine, il faut essayer d'éviter d'attaquer les endroits habités pour
10 deux raisons: la première raison étant celle que les endroits habités
11 doivent être préparés pour une défense à long terme, c'est-à-dire on parle
12 des habitations, des immeubles, des endroits qui se trouvent dans le sous-
13 sol, qui peuvent être préparés et pourvus de feu à plusieurs étages. Les
14 endroits habités sont des centres nerveux très importants; en principe, la
15 tendance est d'essayer de ne pas les attaquer.
16 Je vais vous rappeler, je vais vous parler de l'agression qui a eu lieu
17 sur le Liban en 1982. Lorsqu'Israël a attaqué le Liban, Israël a bloqué
18 Beyrouth mais ne l'a pas attaquée; donc personne n'a eu l'idée d'attaquer
19 la ville en question. Donc on n'attaque pas les villes, d'après les
20 nouvelles doctrines, pour les raisons que ce sont des endroits très
21 sécurisés -il faut les préparer pour une défense à long terme- et ceci est
22 la première raison; et la deuxième raison est qu'en attaquant les villes
23 avec des systèmes dont nous disposons, nous aurions des pertes absolument
24 dramatiques, et ces pertes du côté de la défense. Ce ne serait pas
25 efficace au point de vue militaire et c'est une raison sérieuse pour
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1 laquelle les villes ne sont pas attaquées.
2 Mais, dans le cas où on attaquerait une ville, le rapport de force de
3 l'attaquant, du côté qui attaque pourrait être sûr; il faudrait donc
4 s'assurer que ce rapport de forces soit prédominant, c'est-à-dire de 7 à
5 10 fois supérieur. C'est la raison pour laquelle… C'est la raison: parce
6 que les villes sont très difficiles à conquérir.
7 Lorsqu'on parle de région déjà bien établie, à l'extérieur des endroits
8 habités, c'est-à-dire sur le territoire qui se trouve dans les environs,
9 si l'on parle de territoire de manœuvre qui ne se trouve pas du côté du
10 défenseur, qui n'a pas d'installations dominantes, supérieures, élevées et
11 même plus élevées que l'endroit qui est attaqué, le rapport de force est
12 de 5 par rapport à 3; et de 3 par rapport à 1 pour l'armée qui attaque.
13 Mais sur un territoire qui est difficile à traverser, il est donc
14 difficile pour le défenseur d'organiser sa défense; donc, par contre, le
15 ratio devrait être de 10 par rapport à 7 pour l'attaquant sinon l'armée
16 qui attaque n'a aucune chance de conquérir la ville.
17 Question: Et ma dernière question avant la pause serait la suivante: est-
18 ce que vous pouvez nous dire si le rapport de forces qui existait pouvait
19 garantir le succès du combat de Srebrenica? Y avait-il un plan de
20 conquérir Srebrenica ayant en tête ce rapport de forces qui existait déjà?
21 Réponse: Lorsqu'on parle du rapport de forces, il ne fallait pas…, on ne
22 pouvait pas planifier la conquête de Srebrenica, aucune personne du
23 commandement du Corps de la Drina n'aurait pu planifier un plan -si vous
24 me permettez ce mot- si fou dans un tel rapport de forces. C'était
25 impossible de faire une attaque sur Srebrenica si l'on prend en
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1 considération les effectifs qu'avait le Corps de la Drina le 6 juillet
2 1995.
3 Question: Monsieur le Président, je proposerais maintenant à ce que l'on
4 procède à une pause.
5 M. le Président: Oui, c'est une bonne proposition et nous allons revenir à
6 11 heures.
7 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
8 (L'audience, suspendue à 10 heures 40, est reprise à 11 heures.)
9 M. le Président: Maître Visnjic, nous allons poursuivre jusqu'à 12 heures
10 et 10 minutes. Donc Allez-y!
11 M. Visnjic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
12 Général Radinovic, pouvez-vous nous dire brièvement, car la Chambre a déjà
13 entendu plusieurs témoins là-dessus, nous dire quel était le cours
14 principal de l'opération "Krivaja 95" et, étant donné la structure interne
15 des combats, d'après la doctrine militaire, de quelle façon pourriez-vous
16 caractériser cette opération?
17 M. Radinovic (interprétation): D'après les ordres donnés par le commandant
18 du Corps de la Drina, après la percée principale ou le but principal des
19 combats, c'était Zeleni Jadar, Srebrenica. Donc c'était cette direction-
20 là, c'est l'axe Zeleni Jadar/Srebrenica. L'installation principale ou le
21 but, la cible qu'il fallait atteindre, c'était Zivkovo Brdo qui se trouve
22 en direction, qui en fait a dû être fait par le 2e Groupe de combat, qui
23 fait partie de la Brigade Romanija et de Bircani.
24 J'ai donc donné une réponse aux questions précédentes. J'ai déjà dit que
25 la Brigade de Bratunac, ce n'étaient pas des membres de la Brigade de
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1 Bratunac mais de la Brigade de Bircani. Donc l'installation principale ou
2 l'objet principal qu'il fallait atteindre, c'était Alibegovac. Et il y
3 avait également l'installation de Kak, c'est-à-dire l'installation de la
4 cible Kak.
5 L'attaque a commencé au matin, le 6; il a plu toute la journée, la
6 température était très mauvaise, donc il n'y a pas eu d'attaque. Les
7 unités avaient simplement procédé à des opérations de reconnaissance, mais
8 elles n'ont pas attaqué ce jour-là.
9 Je m'excuse auprès des interprètes, j'ai perdu le fil de mes idées. En
10 fait, ce que je veux dire, c'est que la dynamique était très lente. Cette
11 première journée, qui était le 6, donc il n'y a presque pas eu de succès.
12 Par contre, lors de cette opération, au lieu de décrire le tout, je crois
13 qu'il serait préférable de donner une note, c'est-à-dire d'évaluer le
14 tout. En fait, le 9 déjà, objectivement parlant, les unités des Corps de
15 la Drina ont pu réaliser la cible de l'opération, c'est-à-dire entre la
16 journée du 9 et du 8, c'est-à-dire d'atteindre les installations de
17 Zivkovo Brdo et Alibegovac. Le but de l'opération, pratiquement parlant,
18 était donc terminé en atteignant ces cibles.
19 Donc, avec le rétrécissement de l'enclave et avec l'établissement de
20 l'espace, entrecoupant les espaces entre les enclaves, ce but était donc
21 d'établir cette coupure pour qu'on ne puisse pas communiquer entre les
22 deux enclaves;, c'était donc le but de l'opération du 9 et du 10, et cela
23 a été atteint. Maintenant plus loin, lorsqu'il y avait cette opération de
24 Srebrenica, sous les ordres du commandant du Corps, les attaques actives
25 sont presque arrêtées. Tout ce qui est arrivé par la suite a été fait en
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1 se basant sur la décision d'entrer dans Srebrenica. Pour cela, il a fallu
2 un mandat, un nouveau mandat au commandant du Corps d'armée de la part de
3 ses supérieurs.
4 Lorsque nous parlons de l'intensité des combats, cette opération, je la
5 catégoriserais dans le groupe d'opérations avec une intensité très basse,
6 donc une intensité très basse. Et sur quoi est-ce que je me base lorsque
7 je dis cela? C'est sur la façon, la dynamique des combats, c'est-à-dire
8 qu'il s'agissait de quelques kilomètres par jour: c'est une intensité très
9 basse d'activité. Un tout petit nombre de pertes des deux côtés a eu lieu.
10 Des documents que j'ai étudiés, je n'ai pas pu trouver de pertes plus
11 importantes des deux côtés des belligérants qui se sont rencontrés dans
12 l'enclave; je parle du côté de l'opération militaire, de l'opération de
13 Srebrenica. Ensuite, il y a eu un nombre très faible de destructions
14 également. C'est clair quand nous pensons au fait que les combats, la
15 puissance de feu était très basse et donc les combats très restreints. Si
16 le Corps de la Drina avait voulu conquérir Srebrenica, le groupe
17 d'artillerie aurait agi mais, dans notre cas, cela n'a pas eu lieu.
18 J'ai donc pu rencontrer certaines données concernant le nombre d'obus
19 lancés lors de cette attaque, de cette opération. Selon certaines sources,
20 il est dit qu'il y avait plus de 200 obus d'artillerie lancés sur la
21 ville; s'il s'était agi effectivement de 200 obus, la destruction aurait
22 été beaucoup plus importante. Sur les vidéos que nous avons vues, lorsque
23 la VRS est entrée à Srebrenica, je n'ai pas vu, je n'ai pas pu constater
24 une destruction aussi importante, s'il y avait eu un tel nombre de
25 grenades, d'obus lancés.
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1 Ce sont des données que j'ai lues dans des documents se trouvant dans
2 toutes sortes de documents qui émanaient des observateurs des Nations
3 Unies. Ils se trouvaient probablement tout près des installations, ils ne
4 sont pas allés sur place, ils n'ont pas pu constater les dégâts
5 directement. Les données, ce qu'ils consignaient dans leurs documents, ce
6 sont des données qu'ils recevaient des membres de l'armée musulmane. Bien
7 sûr, il est tout à fait certain qu'il y a eu de l'exagération, car un
8 nombre d'obus tel aurait occasionné beaucoup de destructions, une grande
9 destruction dans cette zone urbaine. Je voudrais également dire que ce qui
10 a été dit de la part des soldats de la Forpronu, d'après les documents
11 émanant du Bataillon néerlandais, était beaucoup plus juste, c'est-à-dire
12 que, selon eux, il y avait un nombre d'obus inférieur.
13 Je crois que, d'après la structure de cette opération, nous pouvons dire
14 qu'il s'agissait d'une opération avec une cible établie avec une intensité
15 très basse. Dans cette opération, il manquait certains éléments dont toute
16 opération militaire dispose, c'est-à-dire que, lorsque nous voulions
17 préparer les attaques sur une cible établie, il a fallu nous attendre à ce
18 que les positions de la 28e Division, d'après les deux années pendant
19 lesquelles il s'agissait d'une zone protégée, et il faudrait dire que
20 l'attaque aurait été beaucoup plus longue et beaucoup plus intense, c'est-
21 à-dire cette étape-là, cette partie-là qui s'appelle "Krivaja 95" ne l'a
22 pas. Il y en avait bien sûr, il y avait une attaque avec des armes de
23 soutien, mais il s'agissait plutôt de lance-roquettes qui provenaient des
24 bataillons qui participaient activement dans les combats. Mais je crois
25 qu'il s'agit de combats: c'étaient des chars qui étaient comme des poings
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1 et il y avait aussi de l'artillerie de grand calibre, car la destruction
2 aurait été beaucoup plus importante. Cet élément d'artillerie et de
3 préparation d'artillerie manque; or, on ne peut faire une opération
4 d'attaque en s'attendant à du succès, sans avoir une préparation
5 d'artillerie importante.
6 De plus, il faut dire qu'il n'y a pas non plus de plus grande incursion
7 sur la ligne, il n'y a pas de manœuvre de part et d'autre, il n'y a pas de
8 manœuvre de côté; donc il n'y a pas eu de dynamique. Cette opération
9 manque de dynamique et chaque opération intensive est dotée de cette
10 dynamique. C'est en me basant sur cela que je peux conclure qu'il
11 s'agissait de sortes de combats qui avaient une cible tout à fait
12 délimitée et qui bénéficiaient d'une structure assez simplifiée avec les
13 éléments qu'elle possédait.
14 Question: Général Radinovic, si nous comparons l'attaque qui a lieu sur
15 Srebrenica, c'est-à-dire l'attaque de l'armée de la VRS, en 1993, lorsque
16 la cible était la prise de Srebrenica, et si l'on compare avec l'opération
17 "Krivaja 95", quelles sont les conclusions que nous pouvons tirer en
18 comparant ces deux opérations?
19 Réponse: Eh bien, nous pouvons tirer les conclusions qui confirment tout
20 ce que j'ai déjà dit auparavant et jusqu'à présent, en parlant de
21 l'intensité, en parlant du territoire que l'opération devait conquérir.
22 Lorsqu'on parle de l'opération de Srebrenica en 1995, les forces qui
23 étaient engagées étaient les forces sous une brigade, alors que, lorsque
24 nous parlons de Srebrenica 1993, les forces engagées étaient équivalentes
25 à près de quatre brigades; c'étaient des forces jusqu'à quatre brigades.
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1 Donc il faut mentionner qu'il y avait deux brigades de gardes, la 1e
2 Brigade de garde nationale -et il y avait presque deux bataillons- et la
3 Brigade de Milici. Toutes ces brigades, nous pouvons les mettre sous
4 l'équivalent de quatre brigades. Donc c'étaient tous les effectifs qui
5 s'assuraient que Srebrenica, en tant que lieu d'habitation préparée pour
6 la défense, pouvait être conquise.
7 C'est le rapport de forces dont j'ai parlé. J'ai dit qu'il est important
8 d'avoir ce rapport de forces de 10..., de 7 par rapport à 1. Donc
9 Srebrenica, à ce moment-là, était la cible: la VRS avait l'intention de
10 libérer Srebrenica, d'établir et de contrôler la zone de Podrinje.
11 Hier, nous avons parlé de la raison pour laquelle cette opération n'a pas
12 été terminée, quelles étaient les circonstances qui ont mené à cela. Mais,
13 à votre question aujourd'hui, je réponds qu'il s'agissait d'effectifs qui
14 pouvaient garantir que cette cible pouvait être faite, c'est-à-dire qu'on
15 aurait pu prendre la ville à ce moment-là. Lorsqu'on parle de l'opération
16 "Krivaja 95", les effectifs ne pouvaient garantir absolument aucune
17 possibilité de conquérir la ville. De ce point de vue, j'estime que
18 personne n'a même eu l'idée de conquérir la ville, de prendre la ville.
19 Nous pouvons également nous baser sur les documents qui sont confectionnés
20 pour cette opération, préparés pour cette opération, c'est-à-dire les
21 ordres pour les combats.
22 Question: Général Radinovic, avec quelle ténacité la 28e Division a-t-elle
23 défendu Srebrenica?
24 Réponse: Eh bien, c'est une histoire tout à fait à part. Je pense que
25 c'est avec une très faible ténacité qu'elle l'a fait. Il y a eu des
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1 possibilités de le faire sur le plan opérationnel et tactique, pour ce qui
2 était de défendre Srebrenica, avec une ténacité de très haut niveau. Je
3 suis au courant de certains témoignages à ce sujet. Je me suis penché
4 notamment sur les documents émanant du secrétariat général des Nations
5 Unis qui disaient que les forces de la 28e Division n'étaient pas en
6 mesure de défendre Srebrenica, moyennant ténacité et endurance.
7 Je ne suis pas tout à fait d'accord avec cela; je pense même pouvoir
8 contester cette affirmation de façon très aisée. Je sais notamment que le
9 secrétaire général de l'ONU avait tiré ses conclusions des rapports qui
10 lui avaient été présentés par ses propres experts.
11 Mais je viens de parler tout à l'heure de la façon dont la ville, une
12 ville est censée se préparer pour la défense. Srebrenica aurait pu se
13 préparer à la défense avec les effectifs de la 28e Division et ce,
14 moyennant toutes les limitations relatives à l'armement et aux équipements
15 en armes lourdes.
16 Je tiens à dire que pour la défense de Srebrenica, il aurait suffi de ce
17 dont l'armée de la 28e Division disposait déjà. Il s'agissait d'armes de
18 combat rapproché, d'armes de soutien rapproché et les moyens antichars.
19 Donc il ne s'agissait pas d'opérations de grande intensité, il ne
20 s'agissait pas d'opérations où il y aurait de l'aviation, des
21 hélicoptères, des systèmes lance-roquettes. Il s'agissait plutôt de
22 conflits de petite dimension, à des distances rapprochées, avec une faible
23 intensité des activités de combat, avec en plus des armes
24 technologiquement peu évoluées. La 28e Division aurait très certainement
25 pu défendre Srebrenica longtemps, si longtemps -je tiens à le répéter-, si
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1 longtemps, en attendant l'intervention imminente des effectifs
2 internationaux ou du système des Nations Unis, qui auraient pu donc par la
3 suite empêcher l'escalade des conflits.
4 Maintenant si, post festum, je puis parler d'une partie de la
5 responsabilité de ce qui s'est passé, je tiens à dire que le commandement
6 suprême ou plutôt le système de commandement à Srebrenica des Musulmans
7 avait beaucoup de responsabilité à porter sur ses épaules parce que
8 l'opération aurait pu être interrompue moyennant un engagement plus
9 important.
10 Question: Est-ce que ce commandement musulman de l'armée de Bosnie-
11 Herzégovine...
12 M. Cayley (interprétation): Monsieur le Président, je tiens à faire
13 objection. Avant que de passer aux questions qui concernent davantage le
14 matériel relatif à cette affaire, je tiens à dire que le général donne son
15 opinion: ses déclarations ne sont pas appuyées de fondements spécifiques
16 pour ses opinions. Il nous a dit qu'il avait pris appui sur des documents,
17 qu'il s'était entretenu avec un certain nombre de personnes; il a
18 mentionné des pièces à conviction de la défense.
19 Mais lorsqu'il dit que la 28e Division avait suffisamment d'équipements
20 pour défendre l'enclave, est-ce que, pour les besoins du Bureau du
21 Procureur, il pourrait nous dire ce qui lui a permis de faire cette
22 conclusion? Par exemple, il peut dire: "pièce à conviction D57" ou "pièce
23 à conviction du Procureur untel". Donc au lieu de présenter des
24 déclarations assez vagues, à moins que d'avoir été là-bas et d'avoir
25 compté les munitions et les armes à la disposition des Musulmans, je ne
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1 vois pas partant de quoi il présente des telles opinions.
2 M. le Président: Maître Visnjic, vous avez entendu cette demande
3 d'éclaircissement. J'aimerais bien demander, et vous pouvez encadrer le
4 témoin, si cette opinion est une opinion ou une conclusion à laquelle le
5 témoin arrive après les événements, ou si l'opinion existait déjà avant
6 les événements.
7 C'est facile de dire, après avoir vu, quelle est la conclusion. Mais le
8 problème, c'est que nous sommes ici, si je puis dire, pour faire un effort
9 de nous placer dans l'endroit et à l'époque. C'est un peu cela. Donc il
10 faut quand même, quand ces opinions viennent, qu'elles viennent clairement
11 du point de vue du temps, des circonstances et des fondements parce que
12 c'est un témoin expert. Il faut donc voir quels sont les fondements des
13 conclusions.
14 Vous avez donc compris, Maître Visnjic? Le témoin a aussi écouté. On va
15 donc peut-être essayer. C'est tout, Monsieur Cayley?
16 M. Cayley (interprétation): Oui, Monsieur le Président. Enfin je tiens à
17 dire que le témoin a été très clair jusqu'à présent, mais nous voudrions
18 connaître les fondements pour ce qu'il a dit. Comme l'a dit, l'a fait M.
19 Butler, il a tiré certaines conclusions, mais il avait apporté des
20 documents à l'appui de ses conclusions. C'est la chose que nous
21 souhaiterions obtenir.
22 M. Visnjic (interprétation): Monsieur le Président, si vous me permettez
23 une brève réponse à l'intention de M. Cayley, il sera peut-être satisfait
24 de l'obtenir. Je ne puis répondre maintenant à la place du témoin, mais je
25 sais que les conseils de la défense ont présenté au témoin toute une série
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1 de documents concernant l'armement à la disposition de l'armée de la
2 Bosnie-Herzégovine, dans le cadre de la zone protégée de Srebrenica. Par
3 conséquent, je suppose que ce sont ces sources-là dont s'est servi le
4 témoin pour fonder ses conclusions.
5 D'autre part, je n'ignore pas qu'à l'époque où le général avait rédigé son
6 expertise, nous avons eu pas mal de difficultés. Nous avons travaillé en
7 parallèle, à savoir que certains documents avaient été versés ici au
8 dossier et, en parallèle, le général avait fait son expertise de l'autre
9 côté. Il se peut qu'un certain nombre de malentendus en découlent.
10 Pour être tout à fait concret, pour ce qui concerne les armements, une
11 partie des documents n'avait toujours pas été versée au dossier. La
12 question était en suspens, bien entendu, mais cela n'avait pas été remis à
13 la Chambre, juste au moment où le témoin était en train de rédiger son
14 expertise. Mais je suis convaincu que le témoin pourra nous dire le détail
15 de ses sources.
16 Général Radinovic, est-ce que les forces concernant les positions tenues
17 par la Forpronu avaient fait l'objectif des attaques de la VRS?
18 Ou plutôt je retire ma question. Est-ce que vous pouvez d'abord nous
19 préciser quelles sont les sources qui vous ont permis de tirer les
20 conclusions que vous avez faites concernant les armements ou la puissance
21 de feu des effectifs de la 28e Division?
22 M. Radinovic (interprétation): Eh bien, tout d'abord, je n'ai pas fondé
23 mes opinions seulement sur les documents que j'ai étudiés, seulement pour
24 cette occasion-ci.
25 Tout d'abord, il faut dire qu'il y a une chose qui relève des normes:
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1 lorsqu'on crée une armée, on sait ce qu'un peloton, ce qu'une compagnie,
2 un bataillon, un régiment, une division doivent comporter; on sait de
3 quels types d'armement tel type d'unité dispose ou doit disposer. Et si
4 quelqu'un est soldat, sous les armes, donc dans une composition armée, il
5 est certain que ceux qui portent des armes portent des armes individuelles
6 donc au moins un fusil, qu'il s'agisse du fusil M48 ou d'un fusil
7 automatique ou semi-automatique. Cela, c'est une question qui doit être
8 analysée ultérieurement et à titre complémentaire.
9 Mais il est tout à fait certain qu'une brigade, dans sa composition
10 organisationnelle, devait sous-entendre un appui de puissance de feu avec
11 des mortiers et avec des explosifs d'un certain calibre. Donc, si l'on ne
12 s'était défendu qu'avec ces armes-là, donc des armes portatives, des armes
13 individuelles et avec peu de soutien de puissance de feu, eh bien, ils
14 auraient pu résister en attendant l'intervention de la communauté
15 internationale pour faire cesser le conflit.
16 Et je tiens à vous dire que les documents n'ont pas un grand poids
17 spécifique lorsque j'ai consulté. Mais, dans mon expertise, j'ai cité le
18 fait qu'il y a une photographie où l'on peut voir le type d'uniformes et
19 le type d'armements à la disposition des soldats musulmans à Srebrenica.
20 Croyez-moi bien que ce type d'armes; eh bien, l'armée de la Republika
21 Srpska n'en disposait pas. Il s'agissait de fusils automatiques tout à
22 fait modernes, il s'agissait de gilets pare-balles et ainsi de suite. Mais
23 soyez assurés que c'est un type d'armes qui inspirent la crainte.
24 Question: Général Radinovic, est-ce que les forces et les positions tenues
25 par la Forpronu avaient fait l'objectif d'attaques des forces serbes?
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1 Réponse: Non, pas du tout. Dans les documents que j'ai pu consulter pour
2 la rédaction de mon expertise, les positions de la Forpronu n'avaient pas
3 fait l'objet d'attaque. J'ai même pu voir, dans les documents des
4 commandements supérieurs à l'intention du Corps de la Drina, des ordres
5 explicites pour ce qui était de l'interdiction de faire l'objet d'attaque
6 de ces points de contrôle tenus par la Forpronu. Il est un fait que les
7 effectifs de la Forpronu et du Bataillon néerlandais avaient traversé les
8 lignes avancées des formations de combat du Corps d'armée de la Drina et
9 c'est derrière ces lignes serbes que ces effectifs ont trouvé abri pour ne
10 pas subir de pertes. Nous savons qu'un membre de ce Bataillon néerlandais
11 avait trouvé la mort, malheureusement, à Srebrenica. Heureusement, nous
12 n'avons aucun renseignement et aucun fait qui viendrait nous dire qu'il y
13 a eu d'autres victimes du côté du Bataillon néerlandais, occasionnées par
14 les effectifs serbes; et je dis heureusement.
15 Question: Comment évaluez-vous l'efficience de l'activité de la Forpronu
16 pour ce qui est des activités de combat?
17 Réponse: La Forpronu n'est pas intervenue au niveau des activités de
18 combat et c'est un fait; il n'est point besoin d'en parler davantage. Ses
19 unités ne sont pas intervenues contre les forces du Corps de la Drina qui
20 avaient lancé les attaques en direction de Srebrenica.
21 Toutefois, je crois qu'il faut souligner le fait que les autres forces de
22 la Forpronu non plus n'avaient pas été actives dans le sens d'une
23 obstruction éventuelle qui aurait pu relever le niveau de la crise autour
24 de Srebrenica. Je crois que, dans la réalisation de "Krivaja 95", le
25 système de la Forpronu aurait dû intervenir pour empêcher l'évolution,
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1 c'est-à-dire l'évolution, la conduite des activités par la suite; donc ils
2 devaient faire intervenir ces mécanismes qu'il avait à sa disposition pour
3 empêcher l'une et l'autre partie musulmane, et la partie serbe, de
4 poursuivre les combats. Mais comme on l'a dit, c'est une évaluation poste
5 festum. Je pense que la Forpronu avait à sa disposition des moyens
6 suffisants permettant d'empêcher le déroulement de l'opération en
7 question.
8 Question: Quelle avait été l'attitude de l'armée de la Bosnie-Herzégovine
9 à l'égard de la Forpronu ou plutôt à l'égard de la 28e Division? Quelle
10 était l'attitude de la 28e Division vis-à-vis de la Forpronu?
11 Réponse: Eh bien, la 28e Division avait une attitude ambiguë à l'égard de
12 la Forpronu. Je ne sais pas si c'est à juste titre ou pas, ils
13 s'attendaient que la Forpronu les protège à part entière, mais ils
14 n'étaient pas préoccupés du tout par le fait d'avoir eux-mêmes opéré des
15 actions de sabotage et de diversions dans les arrières du Corps de la
16 Drina.
17 Alors "Krivaja 95", en fait, est une conséquence directe des activités de
18 sabotage et de diversion à l'extérieur de l'enclave. Si cela n'avait pas
19 été le cas, il n'y aurait pas eu de "Krivaja 95"; tous les documents
20 l'indiquent d'ailleurs comme raison principale. Et puisque ces activités
21 de combat ont déjà eu lieu, les forces armées de la 28e Division musulmane
22 s'attendaient à ce que les armes sous contrôle de la Forpronu leur soient
23 remises. Il est probable que, dans l'évaluation des rapports ou de
24 l'attitude des forces musulmanes à l'égard de la Forpronu, il convient de
25 ne pas perdre de vue le fait que ces forces-là s'attendaient de la part de
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1 la Forpronu à bien plus que la Forpronu n'était en mesure de leur
2 accorder; ce qui a occasionné une certaine frustration au niveau des
3 forces musulmanes.
4 Je pense que cela est la conséquence et c'est peut-être la raison ou un
5 concours de circonstances malheureux qui a occasionné la perte de la vie
6 d'un soldat néerlandais. Mais il apparaît avec évidence que cette attitude
7 de la 28e Division à l'égard de la Forpronu avait été négative, à savoir
8 qu'il y a des traces écrites qui nous indiquent que des Musulmans avaient
9 même arraché des armes aux membres du Bataillon néerlandais de la
10 Forpronu. En d'autres mots, nous pourrions dire que l'attitude de la 28e
11 Division à l'égard de la Forpronu n'avait pas aménagé le type de relations
12 que l'on pourrait s'attendre à avoir d'une zone protégée. Et les membres
13 de la 28e Division n'ont pas respecté le régime mis en place et la
14 Forpronu ne les a non plus pas obligés à le faire.
15 M. le Président: Oui, Monsieur Cayley?
16 M. Cayley (interprétation): Monsieur le Président, je m'excuse
17 d'interrompre le cours du témoignage. Je pense que vous devez savoir quel
18 est le type d'objection je vais faire.
19 Le témoin est en train de parler de la relation entre la 28e Division et
20 le Bataillon néerlandais. Il avait dit que les Musulmans s'attendaient à
21 être protégés, que ce type de relations n'avait pas été ce qu'il aurait dû
22 être.
23 Est-ce qu'il pourrait nous dire sur quoi il se fonde? Est-ce qu'il peut
24 identifier le témoignage ou les documents spécifiques qui pourraient nous
25 le démontrer?
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1 M. le Président: Oui, Professeur Radinovic. Oui, nous sommes à différent
2 niveaux d'analyse, de conclusion, comme vous pouvez imaginer. Conclusion,
3 supposez que nous avons une analyse derrière nous, est-ce que vous pouvez
4 au moins préciser quels sont les documents ou les faits ou les résultats
5 d'observations ou de conversations que vous avez faits, qui vous
6 permettent de tirer cette conclusion?
7 M. Radinovic (interprétation): L'assassinat de ce membre du Bataillon
8 néerlandais est, à mon avis, un fait qui témoigne de l'attitude
9 inacceptable de la 28e Division à l'égard du Bataillon néerlandais de la
10 Forpronu. C'est un fait qui nous illustre suffisamment la chose.
11 Je ne sais pas ce que vous vous voudriez de plus fort comme argument, si
12 ce n'est la mort d'un soldat qui est tout à fait innocent, qui est venu
13 pour protéger cette zone protégée et qui n'est pas venu là pour perdre sa
14 vie.
15 M. le Président: Témoin, mais les mauvaises relations dont vous avez parlé
16 entre la 28e Division et les forces de la Forpronu existent avant et
17 justifient la mort de ce soldat? Ou c'est à cause de la mort de ce soldat
18 que les mauvaises relations s'installent?
19 Comme vous le voyez, nous avons ici beaucoup de choses à éclaircir. Au
20 moins, je vous pose cette question.
21 Pour établir, pour dire que les relations entre la 28e Division et les
22 forces de la Forpronu étaient mauvaises ou n'étaient pas bonnes, il faut
23 avoir des raisons. C'est cela que M. Cayley vous a demandé. Quelles sont
24 les raisons, quelles sont les bases de connaissance ou d'expertise qui
25 vous permet de conclure cela? La mort de ce soldat, comme je vous ai
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1 expliqué, ne le démontre pas parce que votre réponse n'établit quand même
2 pas une relation d'avant ou après.
3 Je vois que M. Cayley est debout: il a quelque demande à faire, une
4 objection?
5 M. Cayley (interprétation): Monsieur le Président, vous avez en fait
6 articulé le fond de ma pensée. Je n'ai donc plus rien à rajouter.
7 M. le Président: Donc, Témoin, vous avez entendu nos discussions. Est-ce
8 que vous pouvez répondre, s'il vous plaît?
9 M. Radinovic (interprétation): Oui. L'obligation fondamentale du Bataillon
10 néerlandais, en sa qualité de partie du mécanisme de la Forpronu, avait
11 consisté à assurer à un régime de zone protégée au sein de Srebrenica.
12 L'obligation principale de la 28e Division avait consisté à un respect de
13 ce régime. La 28e Division, comme on vient de le voir et de le prouver par
14 une série de documents, ici dans ce procès, n'a pas respecté ce régime.
15 Pour moi, c'est l'indicateur principal d'un comportement inacceptable de
16 la part de la 28e Division vis-à-vis de la tâche principale du Bataillon
17 néerlandais, qui consistait à assurer l'application du régime de la zone
18 protégée. En d'autres termes, il s'agissait de ne pas autoriser des
19 activités militaires en provenance de la zone protégée de Srebrenica vers
20 l'armée de la VRS. Donc l'attitude de ces forces-là à l'égard de la
21 Forpronu n'est pas ce qui importe dans cette situation-ci, mais je tiens à
22 dire que leur l'attitude n'avait pas été correcte vis-à-vis de leur
23 obligation principale pour ce qui concerne le respect du régime de la zone
24 protégée, conformément aux accords signés en avril et mai de l'année 1993.
25 M. Visnjic (interprétation): Monsieur le Président, je me propose
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1 maintenant de poser quelques questions au témoin et d'abonder dans le sens
2 d'une réponse à ce sujet. Je voudrais aussi apporter une brève explication
3 à la Chambre.
4 Général Radinovic, est-ce que votre expertise se base entre autres sur le
5 briefing tenu par le ministère de la Défense néerlandais, à Srebrenica, au
6 niveau de son Bataillon de la Forpronu?
7 M. Radinovic (interprétation): Oui.
8 Question: J'ai ici le point 16.14 de ce document: est-ce qu'il est
9 question dans ce document de l'attitude de l'armée de la Bosnie-
10 Herzégovine à l'égard du Bataillon néerlandais, si vous en souvenez?
11 Réponse: Oui.
12 Question: Monsieur le Président, je puis, si vous le permettez, citer le
13 document qui a déjà été d'ailleurs versé au dossier comme une pièce à
14 conviction du Bureau du Procureur. C'est pour illustrer ce que M. Cayley
15 avait demandé au témoin et le témoin n'arrive pas à se rappeler le
16 document.
17 Monsieur Butler avait été un témoin très précieux parce qu'il avait en
18 tête toute une série de renseignements. Je pense que notre témoin ici
19 présent s'est également préparé pour les témoignages, mais il y a deux
20 raisons pour lesquelles il ne peut répondre à toutes les exigences de M.
21 Cayley. A savoir d'abord, parce qu'il ne dispose pas de toutes les sources
22 utilisées auprès de soi et la deuxième raison, c'est qu'il n'arrive
23 probablement pas à se souvenir de mémoire, tout de suite, de tous les
24 renseignements ou de toutes les sources. Je sais par expérience qu'il
25 n'arrive pas toujours à se resituer d'où il a puisé un renseignement.
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1 Si le Bureau du Procureur est d'accord, nous pouvons le faire
2 ultérieurement, par voie écrite, et appuyer certaines insertions par les
3 sources d'informations. Nous pouvons donc apporter une confirmation
4 ultérieure à toutes les assertions afin qu'il n'y ait pas affirmation sans
5 tout ce qui est logistique de cette assertion, si je puis m'exprimer
6 ainsi.
7 M. le Président: J'aimerais quand même bien ouvrir ce débat ici. De toute
8 façon, je vais demander la position de M. Cayley. Je crois qu'il y a une
9 façon de réagir si le témoin exprime son opinion, mais dit quels sont les
10 pas qui l'amènent à arriver à cette conclusion; après, nous aurons le
11 contre-interrogatoire du Procureur qui peut quand même prendre un peu plus
12 de temps parce qu'il faut éclaircir ce point. De toute façon j'aimerais
13 bien que M. Cayley réponde à cette proposition de la défense?
14 M. Cayley (interprétation): J'ai eu l'opportunité, Monsieur le Président,
15 de consulter M. Harmon, ce qui fait que le Bureau du Procureur parle d'une
16 seule voix. C'est la raison pour laquelle nous avons demandé la chose et
17 nous ne voulons pas soulever le problème, mais nous demandons cela, tout
18 simplement, pour nous faciliter le contre-interrogatoire de façon
19 efficiente.
20 Parce que, si nous ne savons pas sur quoi le témoin fonde son opinion, il
21 nous sera extrêmement difficile de procéder au contre-interrogatoire parce
22 que nous allons avoir à demander ou à rechercher les sources
23 d'informations nous-mêmes, pour savoir en fonction de quoi le témoin a
24 tiré certaines de ses conclusions.
25 C'est la raison pour laquelle nous estimons que c'est une façon qui ne
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1 pourrait pas être acceptée pour ce qui est de la présentation de ce type
2 de ce témoignage. Parce que le témoin vient, témoigne, il est contre-
3 interrogé et, par la suite, la défense nous introduit un document écrit
4 qui vient abonder dans le sens des affirmations du témoin, en se référant
5 à certains documents. C'est ce qu'il faudrait faire à présent, pendant que
6 le témoin est ici; sinon, tout le procès devient inapproprié.
7 Mme Wald (interprétation): Je voudrais peut-être ajouter ce qui suit. Nous
8 devons quand même adopter, avoir une dose de souplesse pour ce qui est
9 d'un témoin expert. Comme vous le savez, dans certaines juridictions, y
10 compris la nôtre, le témoin expert ne doit pas toujours concrètement
11 indiquer de quelle façon il est arrivé à certaines conclusions et
12 présenter tous les documents.
13 En effet, je comprends votre position; il faut en effet que vous ayez une
14 idée de la façon dont le témoin est arrivé à certaines conclusions, mais
15 je crois me rappeler un ou deux exemples où nous avons posé des questions.
16 Les témoins, M. Butler et M. Ruez, avaient émis des opinions en fonction
17 de leurs enquêtes.
18 Je crois qu'il faut que nous disposions d'une certaine dose de souplesse.
19 Je crois que la crédibilité concernant l'opinion du témoin expert sera
20 jugée également en fonction des assertions concrètes qu'il a présentées.
21 Et plus les choses seront concrètes, plus je crois que le contre-
22 interrogatoire sera qualitativement meilleur.
23 Je ne voudrais pas dire que cela nous éloigne un peu de notre attention.
24 Il ne faut donc pas qu'à chaque fois qu'il dit une phrase, nous ayons à
25 nous pencher sur le rapport ou l'expertise. Ce que je souhaite entendre,
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1 c'est ce que veut dire ce témoin. Je crois que nous avons fait preuve de
2 suffisamment de souplesse lorsque ce sont les témoins de l'accusation qui
3 se sont présentés à la barre.
4 M. Riad (interprétation): Permettez-moi d'ajouter quelques mots à ce qui
5 vient d'être dit par le Juge Wald.
6 Bien sûr, les déclarations générales ont un poids, ont une valeur devant
7 ce Tribunal et, d'ailleurs, devant tout autre tribunal. Ce point doit être
8 apprécié par les Juges, mais il peut être difficile pour vous de procéder
9 au contre-interrogatoire d'une déclaration générale, sauf dans certaines
10 circonstances. Vous pouvez vous appuyer sur cette déclaration générale,
11 qui est disponible déjà actuellement, et, si vous le voulez, vous pourrez
12 demander que cette déclaration soit étayée par un document écrit par la
13 suite, si cela vous convient.
14 M. Cayley (interprétation): Monsieur le Président, est-ce que je peux
15 répondre?
16 M. le Président: Vous parlez la même langue et les interprètes ont dû mal
17 à vous suivre. Vous parlez la même langue: donc les interprètes ont des
18 difficultés à vous suivre si vous ne faites pas de pause entre deux
19 conversations.
20 Maintenant, je crois qu'on peut reprendre. Excusez-moi, Monsieur Cayley,
21 allez-y!
22 M. Cayley (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Je me
23 permettrais, si vous le voulez bien, Monsieur le Président, de répondre
24 aux commentaires qui viennent d'être faits par les Juges de cette Chambre.
25 Je ne pense pas une seconde que chacune des affirmations du témoin doit
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1 être absolument appuyée par un document écrit ou par une référence à un
2 témoignage oral, mais nous en arrivons, nous le savons bien maintenant, à
3 des éléments qui vont être tout à fait importants par rapport à l'affaire
4 qui nous occupe. Donc, dès lors que le témoin parle d'un élément qui va au
5 cœur même de l'Acte d'accusation, j'aimerais, si cela est possible, qu'il
6 nous donne tout de même une référence documentaire à l'appui de ses
7 affirmations.
8 Par ailleurs, Monsieur le Président, je crois qu'au total, il y a quarante
9 notes en bas de page dans le rapport d'expertise de ce témoin. Si vous
10 regardez l'expertise de M. Butler, vous trouvez des centaines, des
11 centaines et des centaines de notes en bas de page à l'appui ce que dit
12 l'expert.
13 Pour ma part, je tiens à éviter d'irriter qui que ce soit dans ce prétoire
14 en intervenant de façon trop fréquente, mais je dis simplement que,
15 s'agissant d'affirmations tout à fait fondamentales, qui ont une
16 importance capitale dans le présent procès, il importe tout de même que ce
17 témoin nous apporte un fondement de sa déclaration. Sinon, il peut dire
18 simplement: "C'est une déduction personnelle que je fais, c'est une
19 conclusion personnelle que je tire".
20 Lorsqu'il a parlé, par exemple, des rapports de la 28e Division, il
21 s'agissait apparemment d'une conclusion qu'il avait tirée simplement d'un
22 fait unique; c'est sur la base de ce seul fait qu'il nous a dit tout ce
23 qu'il nous a dit au sujet de la relation entre la 28e Division et le
24 Bataillon néerlandais.
25 M. le Président: Oui, je crois que M. Cayley a amené un argument
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1 important: c'est que, jusqu'à maintenant, c'était un peu l'encadrement de
2 toute cette histoire et nous arrivons au cœur de la question. Là, il faut
3 vraiment faire la distinction: ou le témoin donne son opinion personnelle,
4 ou le témoin donne son opinion d'expert. C'est-à-dire qu'il faut dire:
5 "J'ai manipulé, j'ai observé, j'ai vu ces documents et, de la lecture, de
6 l'analyse de ces documents, je tire cette conclusion".
7 Car là où nous allons avoir beaucoup de difficultés, c'est si nous allons
8 permettre au Procureur d'interrompre toujours la défense. C'est vrai que
9 le Procureur peut le faire dans le contre-interrogatoire, mais la base et
10 le principe pour son interrogatoire, c'est d'avoir l'information pour
11 tester son information sur la crédibilité du témoin.
12 Il faut dire -je fais une parenthèse- que, quand nous parlons de
13 crédibilité du témoin, c'est une question technique. Nous ne doutons pas
14 de vous, c'est seulement notre travail de tester la crédibilité du témoin.
15 Ce n'est pas une question personnelle.
16 Peut-être, Maître Visnjic, si vous guidez, il y a ici quelque chose
17 d'analogue aux questions inductrices. Nous sommes tous d'accord que nous
18 pouvons induire le témoin dans des zones, dans des matières qui ne sont
19 pas au cœur de la discussion et où il s'agit de faits, si je puis dire,
20 instrumentaires.
21 D'une certaine façon, ici, il faudrait que Me Visnjic prenne un peu la
22 direction de l'interrogatoire principal, c'est-à-dire aller aux questions
23 importantes et conduire le témoin peut-être. Car là, c'est vrai, si vous
24 laissez le témoin parler et parler et parler, bon, peut-être que le témoin
25 peut se situer dans ses positions personnelles et ne pas expliciter la
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1 base de sa connaissance.
2 Peut-être que, si Me Visnjic peut intervenir un peu plus maintenant, une
3 fois que nous sommes arrivés au cœur, notamment après une conclusion que
4 le témoin a donnée, vous pouvez demander: "Oui, merci beaucoup. Mais
5 dites-moi d'où tirez-vous votre conclusion?" Là, je crois que nous allons
6 éviter que M. Cayley… Je dois peut-être corriger: Monsieur Cayley, ce
7 n'est pas irritant que vous interveniez, non, c'est même toujours
8 bienvenu, mais nous allons éviter que M. Cayley ait besoin d'interrompre
9 fréquemment.
10 Etes-vous d'accord avec cette orientation d'aller peut-être un peu plus
11 aux côtés du témoin?
12 Mme Wald (interprétation): Je me sens dans l'obligation d'ajouter encore
13 quelques mots. Je crois qu'il importe que nous maintenions bien la
14 différence entre un témoin de fait et un témoin expert.
15 Un témoin factuel nous produit un certain nombre de documents; un témoin
16 expert, pour sa part, est cité ici précisément, car on estime qu'il
17 dispose de l'expérience et des connaissances académiques nécessaires pour
18 lui permettre d'exprimer un point de vue particulièrement intéressant.
19 Alors, supposons que le témoin ait dit: "En m'appuyant sur les événements
20 survenus à Srebrenica avant la prise de la ville, en m'appuyant donc sur
21 ces événements, j'ai acquis l'avis personnel… Après avoir étudié tous les
22 éléments de la guerre, que le rapport entre telle et telle formation
23 militaire était de telle et telle nature…", eh bien, si le témoin avait
24 dit cela, nous n'aurions peut-être pas été d'accord avec lui. Mais je
25 pense qu'il s'agirait d'une déclaration tout à fait crédible et légitime
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1 de la part d'un témoin expert qui n'est pas dans l'obligation de produire
2 des documents.
3 M. Cayley (interprétation): Je suis d'accord.
4 Mme Wald (interprétation): Oui, je ne suis pas irritée, mais je tenais à
5 souligner cette différence.
6 M. Cayley (interprétation): J'attends quelques instants pour les
7 interprètes.
8 Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Juges, c'est exactement ce
9 que je voulais dire. Si le témoin s'était exprimé dans ces termes, je ne
10 me serais jamais levé pour intervenir. S'il avait simplement dit: "En tant
11 que général, en tant que soldat de métier, sur la base de mon expérience
12 qui s'étend sur plusieurs années… Je n'ai pas de document particulier à
13 signaler, mais c'est mon avis d'expert", alors, tout aurait été parfait.
14 M. Riad (interprétation): Monsieur Cayley, j'aimerais vous rassurer.
15 J'aimerais que vous fassiez confiance au jugement de cette Chambre: quand
16 certaines choses ont une implication, nous connaissons l'implication en
17 question et, quand le témoin dit, par exemple, "que la 28e Division était
18 hostile vis-à-vis du Bataillon néerlandais, car un soldat a été tué", nous
19 savons de quoi il s'agit exactement. Nous savons quelle est la
20 conséquence, la répercussion de tout cela. Donc n'insistez pas sur les
21 répercussions.
22 M. Cayley (interprétation): Je vous prie de m'excuser, Monsieur le Juge,
23 si je fais votre travail à votre place, mais c'est un fait qui a été
24 souligné par le Président de cette Chambre. Le fait constitué par le décès
25 de ce soldat a été évoqué par le Président de la Chambre qui a interrogé
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1 le témoin à ce sujet. Avant, apparemment, la chose ne s'appuyait sur rien.
2 L'affirmation du témoin ne s'appuyait sur rien.
3 M. Riad (interprétation): Nous pouvons tirer les mêmes conclusions.
4 M. Cayley (interprétation): Merci.
5 M. le Président: Il faut tenir compte que nous sommes vraiment devant un
6 témoin expert, ce que Mme Wald a dit, cela veut dire que, d'une certaine
7 façon, l'objet du témoignage n'est pas le fait mais c'est l'évaluation que
8 le témoin fait des faits. Etre un expert signifie cela à mon avis. Donc,
9 souvent, il est difficile de parler de l'évaluation sans avoir les faits
10 rattachés. Je crois que nous pouvons peut-être faire une solution de
11 compromis, si nous allons arriver à une affaire, un moment important du
12 point de vue de l'affaire. Donc il y a des opinions, oui. C'est l'objet du
13 témoignage, c'est l'évaluation, mais comme nous sommes ici pour juger des
14 faits, peut-être qu'il faut appuyer le jugement, si je peux dire,
15 l'évaluation sur les faits. Je demande donc à Me Visnjic de faire
16 attention à cela.
17 Je crois que nous avons dix minutes pour voir comment les choses vont se
18 passer. D'accord, allez-y donc, merci.
19 M. Visnjic (interprétation): Monsieur le Président, si vous me le
20 permettez, j'aimerais dire encore quelques mots au sujet d'un aspect dont
21 il a été prouvé qu'il avait de l'importance par rapport à l'appréciation
22 de l'expertise de M. Radinovic.
23 Je me félicite d'avoir entendu M. Cayley évoquer l'expertise de M. Butler
24 et peut-être aussi de M. Dannat, même si celle de M. Dannat n'était pas
25 aussi détaillée que celle de M. Butler. Mais je dois dire que le Greffe de
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1 ce Tribunal n'a admis que 60 heures de travail pour la réalisation de la
2 présente expertise et je sais que le témoin que vous avez devant vous a
3 consacré beaucoup plus de 60 heures de travail à l'élaboration de ce
4 document. Excusez-moi, j'ai dit 60 heures et, en fait, je voulais dire 80
5 heures.
6 Compte tenu du nombre de documents transmis au témoin et du rythme de leur
7 arrivée entre les mains du témoin, il aurait fallu, pour obtenir
8 l'expertise que vous entendez actuellement, deux ou trois mois à M. Dannat
9 pour réaliser la sienne.
10 Donc il est difficile de répondre aux exigences du Procureur, compte tenu
11 de nos moyens matériels limités. Je comprends bien la situation du
12 Procureur, mais j'estime qu'il faudrait aussi que le Procureur tente de
13 temps en temps de voir la situation depuis notre perspective. Donc compte
14 tenu du grand nombre de documents et du rythme de transmission de ces
15 documents, j'estime pouvoir dire que le témoin que vous avez devant vous a
16 déployé des efforts tout à fait importants pour répondre aux exigences qui
17 lui étaient imposées par la Chambre et au délai qu'il était demandé de
18 respecter.
19 Je n'ai pas ici aujourd'hui l'intention de parler des possibilités qu'a ou
20 n'a pas le témoin de vous citer une source à l'appui de ses dires et de
21 vous citer cette source immédiatement. C'est pourquoi j'ai dit tout à
22 l'heure que, si nous ne pouvons pas obtenir la source immédiatement, je
23 vous demande tout de même d'aider le témoin à satisfaire aux exigences en
24 fournissant la source éventuellement un peu plus tard.
25 M. le Président: Je crois que nous avons besoin d'une pause maintenant: il
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1 est midi et ça tombe très bien, même dix minutes avant. Nous allons donc
2 faire une pause et, après, nous allons reprendre cette question.
3 M. Radinovic (interprétation): Monsieur le Président, puis-je dire
4 simplement deux phrases pour répondre aux remarques du Procureur?
5 M. le Président: Après la pause. D'accord?
6 M. Radinovic (interprétation): Peut-être serait-ce plus productif si je
7 pouvais dire ces phrases maintenant, si vous m'y autorisez. Je vous en
8 prie, Monsieur le Président.
9 M. le Président: Après la pause d'accord?
10 Nous allons revenir à 13 heures.
11 (L'audience, suspendue à 12 heures, est reprise à 13 heures.)
12 M. le Président: Professeur Radinovic, vous avez manifesté l'intention de
13 dire deux petits mots. Je m'excuse, mais je devais vraiment faire la pause
14 pour des raisons qu'il ne faut pas dire, c'était donc pour cela et je
15 conviens avec vous que c'était peut-être plus économique, pour maintenir
16 l'économie avant de recommencer.
17 Vous aviez quelque chose à dire à propos de la discussion que nous étions
18 en train de tenir?
19 M. Radinovic (interprétation): Oui, Monsieur le Président. C'est dans le
20 but d'éviter qu'une telle situation se reproduise que je vous demande à
21 présent l'autorisation de vous dire comment j'ai compris le rôle qui m'est
22 imparti dans la présente procédure.
23 Cette explication est sans doute indispensable. Je suis un expert
24 militaire qui s'occupe de synthèses stratégiques. Bien entendu, celles-ci,
25 je ne les élabore pas de ma propre initiative, mais en utilisant des
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1 documents divers et variés que je compare les uns aux autres. Et j'appuie
2 mon analyse sur l'expérience que j'ai acquise au cours de nombreuses
3 années de spécialisation dans ce domaine.
4 Je ne suis pas un témoin du même type que l'était M. Butler. M. Butler
5 cite un nombre très important de documents dans son expertise, mais moi,
6 je ne suis pas un expert analyste comme il l'était. Je suis un expert qui
7 correspond davantage au type d'expert qu'était le général Dannat; c'est
8 ainsi que j'ai compris mon rôle.
9 Pour chacune des choses que je dis, je dispose bien sûr d'arguments
10 étayant mon propos, mais j'ajoute que, pour réaliser les synthèses qui me
11 sont demandées, il est absolument impossible d'appuyer chacune des
12 affirmations proférées sur un document particulier.
13 J'ai dit ici, dans ce prétoire, que j'avais acquis le sentiment qu'entre
14 la 28e Division et la Forpronu à Srebrenica, régnaient des relations qui
15 n'étaient pas satisfaisantes. Je suppose qu'il est suffisant pour moi
16 d'illustrer mon propos mais peut-être ne l'ai-je pas fait suffisamment.
17 Mais, bien sûr, j'ai des arguments à l'appui de mon propos, je dispose du
18 plan documenté de l'attaque prévue par le commandement musulman contre le
19 camp de la Forpronu, en novembre 1994. Je dispose également de tous les
20 éléments mentionnés au cours du debriefing où il est question des
21 relations qui existaient entre la 28e Division et le Bataillon néerlandais
22 de la Forpronu. Je dispose par ailleurs du témoignage d'un certain nombre
23 d'officiers néerlandais qui ont dit ignorer quelles étaient les forces en
24 présence, comment elles étaient structurées, quelle était leur
25 composition, de quelles armes ces forces disposaient. Il y avait deux
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1 armées sur ce territoire; or les soldats du Bataillon néerlandais ne
2 connaissaient pas les rapports entre ces deux armées, ce qui implique de
3 la façon la plus claire que les relations avec le Bataillon néerlandais
4 n'étaient pas satisfaisantes.
5 J'ai donc tiré de tout cela certaines conclusions. Mais je partais du
6 principe qu'ici, chacun était informé de la méthodologie que j'appliquais
7 pour tirer mes conclusions. Cette méthodologie est tout simplement
8 différente de celle qui a été utilisée par d'autres participants au
9 présent procès.
10 Donc, à partir de ce que je viens de dire, je me pose en faux par rapport
11 à ce qu'a dit Me Visnjic tout à l'heure. Je n'ai pas manqué d'éléments
12 pour mon expertise, j'ai eu suffisamment de temps à ma disposition en tout
13 cas. Donc je ne confirme pas ce qu'a dit la défense.
14 Les problèmes qui se posent ici, dans mon expertise, ne sont pas dus à un
15 manque de temps, mais sans doute au fait que les éléments étaient
16 particulièrement complexes à analyser. Je n'ai peut-être pas disposé des
17 éléments matériels suffisants.
18 M. le Président: Oui, Professeur Radinovic, nous avons bien entendu vos
19 explications. On va essayer de fonctionner dans ce schéma. Je crois, oui,
20 c'est vrai que vous avez eu beaucoup de temps; le problème c'est, selon Me
21 Visnjic, que le greffier ne vous a pas payé tout le temps que vous avez dû
22 dépenser. Mais de toute façon, vous êtes ici. Maître Visnjic va essayer
23 de…
24 Non, excusez-moi?
25 M. Visnjic (interprétation): Non, Monsieur le Président, peut-être ne nous
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1 sommes-nous pas bien compris: le problème n'était pas le paiement.
2 M. le Président: Quel est le problème maintenant si ce n'est pas un
3 problème de paiement? Allons-y. J'étais un peu… j'ai essayé… Non, ce n'est
4 pas un problème de paiement donc. Continuez.
5 M. Visnjic (interprétation): Non, Monsieur le Président, ce n'était pas là
6 que résidait le problème. Le problème était plutôt le nombre d'heures
7 nécessaires; en tout cas, c'est de cette façon que j'avais considéré le
8 problème. Mais le général vient de corriger ce que j'ai dit et il est sans
9 doute mieux à même de connaître la nature exacte du problème de son point
10 de vue.
11 M. le Président: Nous sommes en train de nous accorder sur un schéma. Vous
12 allez conduire, interroger le témoin dans l'interrogatoire principal.
13 Essayez, si possible, d'expliciter un peu quelle est la base de sa
14 connaissance, de ne pas perdre de vue que l'objet du témoignage, c'est
15 l'opinion, la révélation, car ce n'est pas un témoin de fait, et que le
16 Procureur aura l'opportunité dans son contre-interrogatoire de contre-
17 interroger le témoin, même sur la base de la connaissance.
18 Mais pour que le Procureur puisse au moins avoir, si je puis dire, le coin
19 du voile, il faut lui donner au moins quelques bases pour que le Procureur
20 puisse voir ce qu'il en est.
21 Allez-y maintenant. Vous pouvez continuer.
22 M. Riad (interprétation): Monsieur le Président, puis-je me permettre
23 d'ajouter quelques mots?
24 Général Radinovic, vous êtes professeur et la méthode que vous appliquez
25 vous appartient. D'ailleurs, je ne suis pas en train de dire que vous ne
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1 suivez pas une méthode particulière, mais quand on vous écoute, puis-je
2 vous demander de nous faciliter la tâche en nous disant où vous établissez
3 la ligne de démarcation entre les faits et vos déductions personnelles?
4 Par exemple, quand vous parlez de la 28e Division, vous connaissez un
5 certain nombre de faits et, quand vous dites qu'elle était hostile à la
6 Forpronu, moi, je considère qu'il s'agit d'un fait.
7 Ensuite, Me Visnjic vous a demandé d'élaborer un peu en donnant les motifs
8 de cette hostilité et vous avez dit que la 28e Division avait tué un
9 homme. Ce n'est plus un fait, c'est votre déduction personnelle. Je
10 l'admets tout à fait, mais pouvez-vous nous dire à ce moment-là: "Je
11 considère que ce fait était dû à la mort d'un homme"; dans ce cas-là, nous
12 savons exactement quel est le fait, la réalité et quelle est votre
13 déduction personnelle. Et nous n'avons plus à faire le travail de
14 distinction entre les deux.
15 M. Visnjic (interprétation): Général Radinovic, à quel moment les forces
16 du Corps de la Drina ont-elles réalisé les objectifs contenus dans le plan
17 "Krivaja 95"?
18 Réponse: Les forces du Corps de la Drina ont réalisé l'objectif contenu
19 dans le plan de l'opération "Krivaja 95" quand elles ont atteint l'axe
20 Kak/Alibegovac/Zivkovo Brdo, c'est-à-dire au moment où elles se sont
21 emparé des côtes en surplomb, des hauteurs qui surplombaient l'enclave. En
22 tout cas, c'est l'opinion que j'ai acquise à la lecture des documents qui
23 m'ont été soumis et en jugeant les événements survenus entre le 9 et 10
24 juillet.
25 Question: Quand la décision a-t-elle été prise d'étendre les objectifs de
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1 l'opération, c'est-à-dire de lancer une nouvelle opération destinée à
2 s'emparer de Srebrenica? Et qui a pris cette décision?
3 Réponse: Cette décision a été prise par la seule personne habilitée à
4 prendre une telle décision, c'est-à-dire le commandant suprême, à savoir
5 le Président de la Republika Srpska, qui agissait en tant que commandant
6 suprême des forces armées.
7 Question: Il s'est appuyé sur quoi?
8 Réponse: Il l'a fait sur la base de documents qui ont été transmis par
9 l'un des adjoints du grand quartier général de l'armée de la Republika
10 Srpska et qui annonçait que le Président de la République était d'accord
11 pour que les opérations se poursuivent jusqu'à l'entrée dans la ville de
12 Srebrenica. C'est un document qui date du 9 juillet au soir et qui émane
13 du grand quartier général à l'intention du commandement du Corps de la
14 Drina.
15 Question: C'est la pièce à conviction de l'accusation 423; je le dis à
16 l'intention de mes collègues du Bureau du Procureur.
17 Général Radinovic, combien d'effectifs de l'armée de la Republika Srpska
18 ont pénétré dans Srebrenica et que savez-vous de cet événement?
19 Réponse: Je suis dans l'incapacité de dire avec une totale exactitude quel
20 est le nombre des effectifs qui ont pénétré dans Srebrenica. Mais j'ai eu
21 la possibilité de voir une séquence vidéo où l'on montre des images du
22 commandant du grand quartier général, accompagné d'un certain nombre
23 d'officiers supérieurs qui pénètrent dans la ville de Srebrenica. A ce
24 moment-là, le nombre des soldats présents était limité.
25 On ne voit tout simplement aucune image de soldats armés, on ne voit pas
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1 d'équipements de combat. Donc je dis que je ne connais pas le nombre exact
2 des effectifs qui ont pénétré dans la ville mais, au vu de ces images,
3 j'en conclus que le nombre est limité et qu'il y en avait peut-être
4 quelques dizaines.
5 J'ai eu l'occasion de lire le livre du général Sefer Halilovic, qui a été
6 commandant en chef des forces de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Dans son
7 ouvrage, il réagit à la situation qui prévalait à Srebrenica à ce moment-
8 là et il exprime le point de vue selon lequel le nombre de soldats serbes
9 qui ont pénétré dans Srebrenica était inférieur au nombre des responsables
10 de la sécurité du général Delic au congrès ou plutôt au séminaire organisé
11 par le parti SDA, à Tuzla. Il a dit, en toute responsabilité, que le
12 nombre des soldats qui ont pénétré dans Srebrenica était inférieur à 200.
13 C'est donc l'opinion exprimé par le général Halilovic et je suppose qu'il
14 avait la capacité de connaître le nombre exact de ses soldats.
15 Question: Les forces du Corps de la Drina ont trouvé qui dans Srebrenica,
16 quand elles y sont entrées?
17 Réponse: D'après les images de cette séquence vidéo que j'ai vue, j'ai
18 tiré la conclusion que les forces du corps de la Drina n'ont trouvé
19 personne a Srebrenica, à savoir Srebrenica était déserte.
20 Question: Où était, à ce moment-là, la population civile et où était la
21 Division d'infanterie, la 28e Division à ce moment-là? Avez-vous des
22 éléments à ce sujet?
23 Réponse: La population civile s'était regroupée dans la base de la
24 Forpronu à Potocari. Quant aux membres de la 28e Division, ils se
25 trouvaient aux alentours du village de Susnjari et du village de Jaglici;
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1 je vais le montrer ici, sur la carte, si vous le voulez bien.
2 (Le témoin s'exécute.)
3 Question: La retraite et le regroupement des forces de la 28e Division,
4 une fois qu'elles ont battu en retraite, comment se sont-ils effectués aux
5 environs du village de Susnjari? Et que pensez-vous de la façon dont cela
6 s'est fait?
7 Réponse: Ma conclusion, c'est que le retrait des forces de la 28e Division
8 hors de Srebrenica a commencé bien avant le regroupement de ces forces aux
9 alentours du village de Susnjari et de Jaglici, c'est-à-dire au niveau de
10 ce cercle bleu sur la carte. Donc c'est la conclusion que j'ai tirée. Mais
11 je demanderai aux Juges de cette Chambre de m'accorder leur confiance
12 quant à ce jugement, puisque je m'appuie sur la façon classique dont les
13 choses se font dans de telles circonstances.
14 Les parties en présence essaient de se séparer; elles essaient de créer
15 une situation dans laquelle la partie adverse ne va pas pouvoir s'emparer
16 de leurs positions de combat. A ce moment-là, pour obtenir, pour atteindre
17 cet objectif, elles doivent organiser une ligne de regroupement en
18 empêchant toute possibilité de contact entre les deux forces. C'est
19 seulement à partir de ce moment-là que les forces musulmanes pouvaient
20 partir vers Susnjari et Jaglici. Il s'agit d'un processus qui dure un
21 certain temps. C'est déjà un élément.
22 Le deuxième élément à prendre en compte, c'est que tout cela s'est passé
23 sur un territoire qui, à partir de la ligne de contact entre les deux
24 armées, et jusqu'à Susnjari, s'étend sur une dizaine de kilomètres.
25 Par ailleurs, il ne s'agissait pas d'une retraite de soldats individuels
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1 mais d'une retraite organisée d'un groupe important d'hommes. Et puis, les
2 lieux d'où venaient ces hommes étaient très divers. Donc il fallait les
3 regrouper en provenance de différentes positions, de différents endroits.
4 Un autre élément qui, à mon avis, est très important, un autre élément qui
5 me permet de dire que tout cela a commencé bien avant, c'est le fait qu'il
6 n'y a pas eu de prise de prisonniers parmi les membres de la 28e Division
7 à Srebrenica ou aux alentours immédiats de Srebrenica. Ce qui signifie que
8 la 28e Division a commencé sa retraite un jour, ou un jour et demi avant.
9 Donc il est tout à fait certain que c'est le 10 que la retraite de la 28e
10 Division a commencé.
11 D'ailleurs, il y a encore un fait qui me conduit à tirer cette conclusion;
12 je pense que ce fait est important. Le 9 juillet, nous voyons la première
13 initiative des représentants de la population civile de Srebrenica qui
14 demandent à entrer en contact avec les représentants de l'armée de la
15 Republika Srpska pour parler de la sortie de la population civile de
16 Srebrenica. Je ne pense pas que les représentants de la population civile
17 de Srebrenica auraient demandé un tel contact avec les membres de la VRS
18 si la Division qu'ils représentaient, c'est-à-dire la 28e Division, était
19 au contact et était capable de se battre avec toute la fermeté nécessaire
20 pour défendre les abords immédiats de Srebrenica à ce moment-là.
21 Voilà donc les faits sur lesquels je fonde ma conclusion.
22 Question: Cette retraite de la 28e Division aurait-elle pu s'effectuer le
23 jour même de la capture de la ville?
24 Réponse: Non, elle n'aurait pas été possible à ce moment-là pour une
25 raison très simple: à savoir que, compte tenu de la dimension de l'espace
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1 encerclé et si cette décision n'avait pas été prise à l'intérieur de la
2 28e Division, ce qui serait arrivé, c'est que certains éléments de la 28e
3 Division, c'est-à-dire les éléments qui étaient directement au contact de
4 la partie ennemie, adverse se seraient vus eux-mêmes encerclés ou
5 détruits. Et puisque cela n'a pas eu lieu, je suppose que cette retraite a
6 été réalisée dans les délais nécessaires, de façon organisée, c'est-à-dire
7 qu'elle a eu lieu dans la journée du 10.
8 Et voilà les éléments qui me permettent de penser que cette opération de
9 retraite a duré un jour ou un jour et demi.
10 Question: Général Radinovic, passons maintenant, si vous le voulez bien, à
11 un autre aspect des événements puisque, d'après les événements survenus,
12 nous pouvons déterminer un certain nombre de thèmes a discuter.
13 A partir du moment où les unités du Corps de la Drina pénètrent dans la
14 ville de Srebrenica, un certain nombre de problèmes opérationnels se
15 posent du point de vue militaro-stratégique. Pouvez-vous nous dire quels
16 étaient ces problèmes?
17 Réponse: Oui. Pour la partie musulmane, cela impliquait la nécessité de
18 retirer les membres de l'unité d'infanterie de la 28e Division de
19 l'endroit où ils se trouvaient. Autrement dit, il fallait regrouper ces
20 soldats, il fallait vérifier quelle était la situation du moment, dans
21 quel état étaient les forces en question, et décider de ce qu'il convenait
22 de faire par la suite et de la direction à prendre. Donc il fallait
23 trouver un système de commandement, un système de direction qui devait se
24 regrouper à un certain endroit pour décider de la suite des événements.
25 La question qui se posait devrait être de déterminer si les éléments
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1 suivants à mettre en œuvre, dans le cadre du plan, pouvaient être mis en
2 œuvre ou pas. Mais en tout cas, il fallait que les niveaux supérieurs de
3 la hiérarchie du commandement puissent avoir un rapport avec les
4 commandements des éléments de niveau hiérarchique inférieur, de façon à
5 s'entendre sur une direction physique à prendre et un certain nombre de
6 décisions. C'était donc un problème tout à fait important que les
7 dirigeants de la partie musulmane ont dû prendre à Srebrenica, après la
8 pénétration des éléments de l'armée de la Republika Srpska à l'intérieur
9 de la ville.
10 Et puis il y avait un problème encore plus grave qui consistait à
11 déterminer ce qu'il fallait faire de la population civile regroupée aux
12 abords de la base de la Forpronu à Potocari et même à l'intérieur de la
13 base de la Forpronu. C'était donc là un problème humanitaire multiple
14 présentant des aspects très divers et qu'il fallait également régler.
15 Pour la partie serbe maintenant, le problème qui se posait consistait,
16 compte tenu des exigences du représentant du pouvoir civil de Srebrenica,
17 à déterminer comment garantir et organiser le départ de la population
18 civile.
19 En effet, certains civils mais aussi des représentants des Nations Unies
20 avaient déjà entamé l'organisation du départ de la population. Nous avons
21 le télégramme de M. Akashi, envoyé le 11 aux Nations Unies et qui traite
22 du problème du départ de la population civile de Srebrenica. Le commandant
23 du Bataillon néerlandais, lui aussi, lors de la réunion à l'hôtel Fontana,
24 demande aux représentants de l'armée de la Republika Srpska d'organiser le
25 départ de la population. Donc le départ de la population civile de
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1 Srebrenica était un problème.
2 Et le deuxième problème consistait à déterminer où se trouvaient les
3 éléments de la 28e Division et quelles étaient leurs intentions et que
4 devait faire le Corps de la Drina par rapport à ces éléments de la 28e
5 Division avec lesquels, à l'évidence, le Corps de la Drina n'avait plus de
6 contact direct sur le plan militaire, n'était plus en contact sur le plan
7 militaire.
8 Question: Général Radinovic, le déplacement de la population civile était-
9 il un élément prévisible dans cette opération?
10 Réponse: D'après ma façon de voir la situation, le déplacement de la
11 population civile n'était pas un élément prévisible.
12 Question: Le déplacement de la population civile était-il un objectif
13 opérationnel souhaité par l'armée de la Republika Srpska?
14 Réponse: Le déplacement de la population civile de Srebrenica ne pouvait
15 pas être un objectif opérationnel souhaité par l'armée de la Republika
16 Srpska. Et sur quoi est-ce que je m'appuie pour dire cela? Toute armée, si
17 elle souhaite se comporter de façon rationnelle, elle utilise tous les
18 moyens autorisés à sa disposition pour limiter le potentiel géographique
19 de l'adversaire. Ce qui signifie que ce n'était pas bon pour l'armée de la
20 Republika Srpska de voir arriver une dizaine de milliers de combattants
21 supplémentaires sur le front de Tuzla. Cela, à l'évidence, aurait été tout
22 à fait contraire à la rationalité, à la raison.
23 Donc ce qui aurait été le plus satisfaisant pour les représentants de
24 l'armée de la Republika Srpska, c'était que la population civile reste
25 dans Srebrenica, mais ne puisse pas agir sur le plan militaire. C'était
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1 cela qui était souhaité et, d'ailleurs, je pense que l'objectif limité
2 consistant à établir un contrôle sur la ville de Srebrenica était associé
3 à l'objectif de désactiver la population civile.
4 Question: Je demanderai à l'huissier de montrer au témoin la pièce à
5 conviction de l'accusation 404; il s'agit des notes en bas de la page 73.
6 Je demanderai également à ce qu'il prépare la pièce à conviction de
7 l'accusation n°39A et B.
8 (L'huissier s'exécute.)
9 Général Radinovic, d'après votre connaissance des choses, qui était le
10 premier à prendre l'initiative du déplacement de la population civile de
11 la base du Bataillon hollandais de Potocari?
12 Réponse: D'après mon évaluation, la première personne ayant commencé cette
13 initiative de déplacement de la population civile était le Président,
14 c'est-à-dire la personne qui a signé le document, c'était le Président
15 Osman Suljic. Il s'agissait d'un document émanant du 9 juillet 1995 et il
16 a été signé à 19 heures.
17 Le président Suljic, le président de la présidence, M. Suljic s'est
18 adressé et je vais essayer de paraphraser le document: "Puisque l'armée
19 des agresseurs était entrée vers 18 heures à l'intérieur de la ville,
20 depuis le Zeleni Jadar, et que notre commandement était en démantèlement,
21 ainsi que les membres de la 28e Division n'étaient plus en mesure de faire
22 quoi que ce soit pour empêcher les agresseurs de pénétrer à l'intérieur de
23 la ville, étant donné qu'il y a un chaos et que la panique totale règne,
24 alors la seule chose qui pouvait être faite, c'est de sauver la population
25 urbaine et qu'au niveau des organes de la Bosnie-Herzégovine, il est
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1 absolument important d'arranger une réunion avec le côté des agresseurs
2 serbes dans le but de trouver un corridor afin de pouvoir déplacer la
3 population civile jusqu'au premier territoire libre de Bosnie-Herzégovine
4 sous le contrôle des facteurs internationaux. Nous demandons donc une
5 réponse urgente et, au plus tard, jusqu'à 24 heures". C'est le document
6 qui a été signé par le président de la présidence.
7 Question: Si l'on place le document dans le contexte lorsque l'attaque sur
8 la ville Srebrenica a été faite?
9 Réponse: Ce document avait été confectionné avant que l'ordre ne soit
10 donné à ce qu'il y ait pénétration dans la ville de Srebrenica.
11 Question: Je demanderai à l'huissier de montrer au témoin la pièce à
12 conviction de l'accusation 39;, il s'agit de la page 9 pour le texte en
13 BCS et le texte en anglais.
14 Monsieur le Président, il s'agit d'une transcription de la bande vidéo que
15 nous avons vue ici à plusieurs reprises. Il s'agit de cette première
16 réunion qui a eu lieu entre le général Mladic et le commandant Karremans.
17 Général Radinovic, je demande à l'huissier de placer la page n°9 sur le
18 rétroprojecteur, c'est-à-dire ici. En fait, il s'agit d'une traduction
19 combinée entre la langue BCS et la langue anglaise. Il s'agit de la page 8
20 et de la page 9 en l'occurrence. Vous pouvez peut-être donner à la Chambre
21 un petit survol de la conversation qui a eu lieu entre ces deux personnes?
22 Réponse: Il s'agit de la conversation qui a eu lieu entre le lieutenant-
23 colonel Karremans et le général Mladic. Le colonel Karremans a dit, par
24 l'entremise des interprètes, qu'il y avait beaucoup d'armes à l'intérieur
25 de l'enclave. Par la suite, il dit que ces armes ont été passées en
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1 contrebande à l'extérieur de l'enclave; et il dit que cette information
2 avait été donnée à plusieurs reprises aux supérieurs de Tuzla et de
3 Sarajevo. Il a essayé de communiquer cette information. Il dit que c'est
4 parce que le Bataillon néerlandais ne se sentait pas en mesure de fermer
5 l'enclave ni de contrôler l'enclave complètement, d'assurer le contrôle
6 entier de l'enclave…
7 C'est un peu difficile à suivre puisqu'il s'agit d'une traduction
8 combinée, donc bilingue, sur la page. Donc la population: il représente la
9 population; il dit qu'il n'est pas en mesure parce qu'il y a eu beaucoup
10 de demandes faites. Il dit qu'il n'est pas en mesure de demander quoi que
11 ce soit. Le commandement de Sarajevo a dit que l'enclave a été perdue,
12 donc il s'agirait de suivre la demande de déplacement de la population
13 civile et le lieutenant-colonel Karremans demande à ce que cela soit fait.
14 Question: Général Radinovic, est-ce qu'il vous est arrivé, à quelque
15 moment que ce soit, dans quelque document ce que ce soit, dans la VRS ou
16 dans quelque activité que ce soit avant le 11, c'est-à-dire avant les 23
17 heures du soir, est-ce que vous avez trouvé quelque trace que ce soit
18 qu'il y avait eu un plan afin d'évacuer la population civile de
19 Srebrenica?
20 Réponse: Non, je n'ai vu aucune trace d'un tel document, qui pourrait
21 démontrer qu'un tel plan aurait été planifié. Donc quiconque du
22 commandement de la VRS du quartier général ne s'attendait à ce que cela
23 n'arrive.
24 Question: Si jamais il y avait eu une planification, si jamais on avait
25 planifié le déplacement de la population civile de Srebrenica, est-ce
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1 qu'on aurait pu avoir, est-ce qu'on aurait pu entrevoir des éléments de ce
2 plan dans le cadre de "Krivaja 95"?
3 Réponse: Je serais tout à fait d'accord avec les conclusions du Gal
4 Dannat: il s'agit donc de la partie de son expertise où il parle du fait
5 que le déplacement ou l'évacuation de la population civile était une
6 action compliquée et qu'elle comprenait un plan généralisé, depuis le
7 déplacement, la sécurisation c'est-à-dire la sécurité d'établir également
8 des installations sanitaires pour ces personnes. Donc c'est un plan
9 généralisé. Je suis tout à fait d'accord avec lui à ce niveau-là.
10 Par contre, j'ajoute qu'un tel plan aussi général, aussi large n'aurait
11 pas pu être élaboré ni fourni au Corps de la Drina pour que ce dernier
12 soit mis en place sans que ces documents ne sortent à la surface. C'est-à-
13 dire que je trouve qu'il est complètement incompréhensible, je ne peux pas
14 croire que cela peut être un plan aussi détaillé, avec un nombre de
15 documents assez important. Et il aurait été très important d'inclure un
16 grand nombre d'intervenants pour cette opération et que le tout demeure
17 complètement caché des personnes ou des yeux des personnes qui auraient dû
18 savoir cela.
19 Cela veut donc dire, en ce qui est des documents d'élaboration de plan
20 pour "Krivaja 95", qu'on aurait dû trouver quelque chose, quelques
21 éléments de cela dans la condition où c'était une action planifiée et que
22 cela aurait été une conséquence de l'opération "Krivaja 95".
23 Personnellement, je n'ai rien trouvé de la sorte et, en me basant sur
24 cela, je peux conclure que les personnes qui ont planifié "Krivaja 95"
25 -cela veut dire le commandement du Corps de la Drina- ne s'attendaient
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1 donc sûrement pas à ces conséquences.
2 Question: Je demanderais à l'huissier de montrer au témoin, c'est-à-dire
3 de préparer la pièce à conviction D154 du Bureau du Procureur, la pièce
4 404. Il s'agit des notes en bas de page 45, des notes en bas de la page
5 125, 126, 127 et 128.
6 Général Radinovic, ces premières actions qui auraient pu être considérées
7 comme étant les premières activités de déplacement de la population civile
8 de Potocari, à quel moment pouvons-nous placer ce mouvement?
9 Réponse: D'après les documents que j'ai pu lire, j'ai trouvé les premières
10 traces qui se rapportent au déplacement de la population civile, je les ai
11 trouvées dans les documents qui dataient du 11 au soir; c'était donc après
12 la rencontre à l'hôtel Fontana qui a eu lieu entre les représentants du
13 Bataillon néerlandais et les représentants de la VRS. Donc les documents
14 qui se rapportent à cette action ont été intensifiés ou se sont
15 intensifiés plutôt le 12; je parle ici de la demande du commandant du
16 Corps de la Drina d'avoir des véhicules.
17 Question: Je crois que l'huissier va vous montrer les documents?
18 (L'huissier s'exécute.)
19 Réponse: Le commandement du Corps de la Drina en date du 12 juillet 1995,
20 le commandant s'adresse à ses subordonnés, ses brigades subordonnées:
21 d'abord la Brigade Zvornik, ensuite à la 1e Brigade de Bratunac, à la 2e
22 Brigade de Romanija, la 1e brigade de Bircani, à la 1e Brigade de Milici
23 et à la 5e Brigade de Podrinje. Dans cette demande, il ordonne que tous
24 les autobus disponibles et tous les minibus disponibles, qui appartiennent
25 aux unités de l'armée de la VRS, soient placés à l'utilisation du
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1 commandement du Corps de la Drina, en date du 12 juillet 1995. Ces autobus
2 doivent être donc emmenés au centre sportif de Bratunac, au plus tard à 16
3 heures 30. Ces autobus doivent donc passer par Vlasenica, c'est-à-dire
4 qu'on doit les emmener par la station d'essence de Vlasenica.
5 Question: Je ne voudrais pas entrer dans les détails mais j'aimerais que
6 vous nous fassiez un commentaire sur le document 154, qui est le même
7 document, mais qui nous provient d'autres sources. Il s'agit de la pièce à
8 conviction de l'accusation 404: des notes en bas des pages 125, 126, 127
9 et 128. Je demanderais à l'huissier de montrer l'un de ces documents qui
10 se ressemblent, en fait qui ont un contenu assez semblable, de nous
11 montrer ce document sur le rétroprojecteur, simplement pour pouvoir
12 comparer ou donner un exemple.
13 (L'huissier s'exécute.)
14 Réponse: J'ai déjà lu ce document. Il s'agit du même document: "Zivanovic
15 donne l'ordre pour le 12 juillet". En fait, c'est un document complètement
16 identique.
17 Question: Pourriez-vous seulement nous apporter quelques commentaires sur
18 les deux autres documents? Il s'agit en fait de trois documents qui
19 émanent du Bureau du Procureur -404- et il s'agit des notes en bas de
20 pages 126, 127 et 128.
21 Réponse: Oui, il y a le secrétariat de la défense de Zvornik qui, en se
22 basant sur la demande du grand quartier général de la VRS, en date du 11
23 juillet, concernant la mobilisation des autobus, s'adresse et demande que
24 tous les autobus soient mobilisés, tous les autobus disponibles de la
25 municipalité de Zvornik soient mobilisés, les autobus de Visegrad,
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1 Vlasenica, Milici, Bratunac également; et s'il est nécessaire, il faudrait
2 également mobiliser les autobus des autres municipalités. Il y a une
3 demande pour que tous les autobus avec leurs chauffeurs se présentent à
4 Bratunac, au centre sportif. C'est donc la demande du ministère.
5 Nous avons donc la demande faite par le commandant du Corps de la Drina
6 envers ces brigades, que tous les autobus qui appartiennent à l'armée
7 soient mobilisés. Nous avons également la demande du secrétaire du
8 ministère de la Défense qui s'adresse aux organes municipaux et demande
9 une mobilisation de ces autobus, en s'appuyant sur la demande du grand
10 quartier général de la VRS.
11 C'est-à-dire que, ce jour-là avant midi, de plusieurs différentes sources
12 -si vous permettez que je m'exprime ainsi-, c'est donc une question de
13 panique presque qu'on a demandé que les autobus soient mis en
14 disponibilité pour procéder au déplacement de la population civile.
15 Question: A quel moment est-ce que ce déplacement de la population civile
16 a débuté?
17 Réponse: D'après les documents militaires, le commandant Zivanovic, le
18 commandant du Corps qui émane également du ministère de la Défense, nous
19 pouvons conclure que le déplacement de la population a commencé le 12,
20 dans l'après-midi. En nous basant sur le document que j'ai voulu examiner,
21 cette action s'est terminée le 13, donc avant 19 heures 30.
22 Question: Quelles étaient les activités du mécanisme des Nations Unies
23 concernant le déplacement de la population civile?
24 Réponse: Dans le pire des cas, le Bataillon néerlandais était présent; il
25 avait accepté la population civile dans la base de Potocari et aux
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1 alentours de la base également. Et, étant donné que le Bataillon
2 néerlandais avait tel rôle, avait le rôle d'assurer la sécurité dans la
3 zone de sécurité, cette responsabilité était quand même assez importante
4 pour ce dernier. Je n'essaie pas d'évaluer la façon dont ils s'y sont pris
5 mais je dis que c'est vraiment un rôle très important qu'ils avaient à
6 jouer ici.
7 Ensuite, il y avait également d'autres mécanismes des Nations Unies. Si
8 vous me permettez de m'exprimer ainsi, je crois qu'ils n'ont pas été très
9 responsables envers certaines normes problématiques qui, tout d'un coup,
10 ont surgi dans les quelques jours qui ont suivi. Je crois personnellement
11 qu'on n'aurait pas dû permettre que l'on s'en tienne au télégramme que M.
12 Akashi a envoyé à New-York, au Conseil de sécurité. Il aurait dû trouver
13 une façon de se trouver sur place et, si ce n'était pas lui, dans tous les
14 cas, il aurait fallu qu'il envoie un de ses hommes, un émissaire ou une
15 personne habilitée à le représenter.
16 De plus, je crois que M. Bildt aurait dû également se trouver sur place.
17 Cela vaut également pour le commandant de la Forpronu, pour la Bosnie-
18 Herzégovine, le général Smith. Je ne peux pas m'expliquer la raison pour
19 laquelle il ne s'est pas présenté sur place, que toute cette machine des
20 Nations Unies soit engagée autour de cet énorme problème qui a surgi au
21 moment où ce problème est survenu. Je crois que cette action aurait été
22 faite sans aucune conséquence, comme on les a vues plus tard, ou au moins
23 le tout aurait été fait d'une façon beaucoup plus organisée et en
24 subissant beaucoup moins de conséquences.
25 Question: D'après la documentation que vous avez pu examiner, qui a trait
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1 à la période qui a suivi le déplacement de la population, est-ce que vous
2 avez trouvé des passages dans lesquels on parle de l'irrégularité du
3 déplacement de la population? J'entends ici, je parle des documents des
4 Nations Unies et de certains organes.
5 Réponse: Oui, certainement. J'ai pu rencontrer des passages de ce genre-là
6 dans le document émanant du Secrétaire général des Nations Unies. Il en
7 est question, car il dit qu'il y a eu certaines irrégularités. Dans les
8 expertises des membres du Bureau du Procureur, il en est question
9 également. Il en est également question dans toutes les études que j'ai pu
10 examiner pour faire mon rapport sur Srebrenica et les auteurs de ces
11 derniers sont les Musulmans, c'est-à-dire les membres de la population
12 musulmane; donc les auteurs musulmans parlent du fait qu'il y a eu
13 également des irrégularités. Il n'y a absolument aucune raison pour que je
14 ne crois pas que ces irrégularités ont bien eu lieu.
15 Question: Général Radinovic, est-ce que vous pourriez nous dire s'il y a
16 un autre exemple de déplacement? Pouvez-vous nous parler d'un autre
17 exemple de déplacement de la population civile, par exemple, en ce qui a
18 trait à la guerre civile de Bosnie-Herzégovine, à part cet événement à
19 Srebrenica?
20 Réponse: Malheureusement, il y a un déplacement de la population civile.
21 C'est une conséquence permanente qui a découlé de la guerre civile en
22 Bosnie-Herzégovine, c'est-à-dire qu'à chaque fois qu'une armée établissait
23 le contrôle sur une partie du territoire, tous ceux qui ne considéraient
24 pas cette armée comme étant la sienne, quittaient le territoire ou
25 partaient. Donc le déplacement ou l'évacuation de la population,
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1 malheureusement, est toujours une conséquence, a toujours été une
2 conséquence de la guerre en Bosnie-Herzégovine, de cette guerre civile.
3 Il y a quelques exemples pour appuyer cette thèse. Par exemple, dans la
4 vallée de la Neredva, en incluant Mostar en tant que grande ville de l'ex-
5 Yougoslavie, toute la population serbe a été déplacée, de Capljina jusqu'à
6 Fojnica. Les Croates de la Bosnie centrale ont également fait l'objet de
7 déplacements, et ce, avec escorte de l'armée de la VRS. Le déplacement de
8 la Bosnie centrale était la conséquence des actions musulmanes. L'armée
9 civile a aidé la population à se déplacer sans de plus graves
10 conséquences.
11 Il y a également eu des déplacements de population musulmane en 1993:
12 depuis Srebrenica, 10000 personnes, 10000 Musulmans ont été également
13 évacués ou déplacés. Et, comme vous le savez, de Sarajevo, à la fin de la
14 guerre, toute la population serbe a quitté cette ville.
15 Donc, malheureusement, nous pouvons dire sans aucune ambiguïté, nous
16 pouvons tirer la conclusion que le déplacement d'une population civile,
17 quand il y a des activités de combat, n'est pas spécifique, n'est pas
18 propre à Srebrenica mais c'est une conséquence directe des guerres
19 civiles. Je parle encore de guerre civile comme l'était la guerre en
20 Bosnie-Herzégovine.
21 Question: A la fin, pour terminer, Général Radinovic, comment pouvez-vous
22 évaluer le déplacement qui a eu lieu le 12 et le 13 juillet 1995, à
23 Srebrenica? Pourriez-vous dire qu'il s'agissait d'une opération planifiée,
24 d'une opération ad hoc? Quel était le genre d'opération?
25 Réponse: Quand je me penche sur les initiatives qui ont été données pour
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1 le déplacement de la population, quand je regarde les documents, quand
2 j'examine les documents qui m'ont été mis à disposition pour évaluer cette
3 dernière, quand tous les documents qui démontrent que ce problème devait
4 être résolu, tous ces documents qui ont été émis le 12, au matin, je crois
5 qu'il s'agit vraiment d'une opération ad hoc, c'est un problème ad hoc qui
6 a surgi à ce moment-là. C'était vraiment une conséquence complètement non
7 planifiée de l'opération "Krivaja 95"; donc c'est une conséquence qui n'a
8 pas été planifiée préalablement.
9 C'est pourquoi cette opération n'a pas pu être planifiée auparavant,
10 préalablement, élaborée préalablement non plus. Et on n'a pas pu la mener
11 d'une façon efficace, justement parce qu'il s'agissait d'une opération ad
12 hoc. Cette opération a été menée avec de grands manquements qui ont été
13 commis; nous pouvons trouver des documents là-dessus.
14 Question: Monsieur le Président, ayant en vue notre calendrier d'hier, il
15 serait peut-être bon de procéder à une pause?
16 M. le Président: Oui, nous allons diviser en deux parties. Comme nous
17 avons déjà eu une pause de 20 minutes et une heure, nous allons faire
18 maintenant une pause d'un quart d'heure.
19 (L'audience, suspendue à 13 heures 52, est reprise à 14 heures 10.)
20 M. le Président: Oui, Maître Visnjic, vous pouvez continuer jusqu'à 15
21 heures.
22 M. Visnjic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.
23 Général Radinovic, devant cette Chambre, on a présenté bien des
24 témoignages et nous avons vu des éléments de preuve, des enregistrements
25 vidéo nous parlant de la séparation d'hommes en âge de combattre à
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1 Potocari, en date du 12 et 13 juillet 1995. Pensez-vous qu'il s'agisse
2 d'un acte légitime que de vérifier l'identité des hommes en âge de
3 combattre?
4 Réponse: Oui, j'estime qu'il est tout à fait légitime de procéder à une
5 vérification de l'identité des hommes. Et pourquoi l'affirmé-je? Eh bien,
6 à Srebrenica, avait son siège la 28e Division de l'armée de la BiH, qui,
7 comme toute armée, était partie belligérante. A l'époque des débuts de la
8 guerre en Bosnie-Herzégovine, et allant jusqu'à l'opération de Srebrenica,
9 l'armée de la Republika Srpska disposait de renseignements concernant un
10 certain nombre de membres de la 28e Division ayant commis des crimes.
11 Le commandement de la Brigade de Bratunac, notamment, disposait d'une
12 liste de gens membres de la 28e Division, pour lesquels on avait affirmé
13 qu'il s'agissait de criminels de guerre. Et cette liste-là avait été
14 confiée à l'état-major, à savoir au commandement du Corps d'armée de la
15 Drina. Il était tout à fait normal donc de vérifier si, parmi cette
16 population civile de Potocari et des environs de Potocari, l'une
17 quelconque de ces personnes figurant sur cette liste de criminels de
18 guerre s'y trouvait.
19 Question: Les représentants de la Forpronu avaient été informés, lors de
20 cette activité, de cette action lors des deux réunions en date du 11 et du
21 12, ou plutôt je m'excuse du 12 et du soir du 12 et du jour suivant?
22 Réponse: Oui, le commandant du grand état-major à cette réunion avait
23 communiqué la chose directement au commandant de la Forpronu.
24 Question: Général Radinovic, je me propose de passer à un autre sujet
25 maintenant, à savoir le retrait, la percée opérée par la 28e Division.
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1 Vous nous avez déjà dit que les effectifs de la 28e Division s'étaient
2 rassemblés au niveau du village de Susnjari et la Chambre dispose déjà de
3 suffisamment de preuves à ce sujet pour ce qui est de la date du 11. Quand
4 ces forces-là ont fait leur apparition à la périphérie de l'enclave, où
5 ces effectifs ont-ils été amenés?
6 Réponse: Il y a deux faits qu'il convient de prendre en considération pour
7 ce qui est de la date de leur apparition. Il est indubitable de dire que,
8 le 11, ces effectifs-là s'apprêtaient à opérer une percée. Partant des
9 rapports présentés par le commandant du grand de l'état-major de la
10 Brigade de Zvornik, qui remplaçait le commandant de la brigade à ce
11 moment-là -et ce commandant se trouvait à Zepa à ce moment-là-, ce rapport
12 est daté du 13 juillet. Donc, ce 13 juillet, le chef d'état-major de la
13 brigade de Zvornik, commandant par intérim, envoie un rapport au
14 commandement du Corps de la Drina où il fait savoir à celui-ci qu'il avait
15 eu des informations concernant le déplacement de cette colonne vers sa
16 zone de responsabilité. En d'autres termes, j'en déduis que s'il a envoyé
17 ce rapport le 13, c'est qu'il l'avait su au moins le 12 dans la nuit. Et
18 des contacts ont déjà forcément eu lieu ce jour-là et, déjà le 13, il y a
19 eu un contact de combat.
20 Question: Avez-vous des renseignements concernant les effectifs dont il
21 s'agissait? De quels effectifs de la 28e Division il s'agissait? Quelle
22 était l'ampleur de cette colonne, quels étaient leurs armements et quelle
23 était la composition de la colonne?
24 Réponse: Eh bien, d'une source à l'autre, cela est interprété de façon
25 différente. Les sources serbes estiment que le nombre variait entre 10 et
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1 15000, dont un tiers portait des armes. Dans le témoignage de M. Butler,
2 le nombre de personnes portant des armes est moindre, mais je pense qu'il
3 n'est guère indispensable de faire de la surenchère au niveau des nombres.
4 La colonne était très nombreuse et il y avait un nombre considérable de
5 personnes sous armes.
6 Selon mon analyse à moi, si l'on évalue les effectifs totaux de la 28e
7 Division et si l'on sait qu'il n'y avait pas eu d'emprisonnement et que
8 personne ne s'était rendu au niveau des membres de cette 28e Division, je
9 pense qu'il nous apparaît fort probable que, dans cette colonne, pour ce
10 qui est des membres de la 28e Division, il devait s'agir d'un nombre
11 allant de 7 à 10000 membres de cette dernière.
12 Question: Et dans quel alignement, dans quel ordre se sont dirigées ces
13 forces de la 28e Division? Et comment appelait-on ce type d'action dans la
14 doctrine militaire?
15 Réponse: Selon des renseignements que j'ai pu obtenir dans la
16 documentation du chef d'état-major de la brigade de Zvornik et partant des
17 rapports de ce dernier à l'intention du commandement du corps de la Drina,
18 datés du 13 et du 14, il y souligne que les premiers contacts de combat
19 avec les membres de la 28e Division ont eu lieu là où vous voyez les
20 petites flèches bleues, un peu plus bas, en contrebas de la localité de
21 Snagovo. Il est peu probable que le gros de la colonne de Susnjari et de
22 Potocari ait pu, en si peu de temps, traverser un espace aussi grand. J'en
23 déduis, partant de là, qu'il est probable que le commandement de la 28e
24 Division avait formé des avant-gardes qui s'étaient dirigées en premier.
25 Et compte tenu du fait que, dans les rapports et dans le reste de la
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1 documentation obtenus ultérieurement, je n'ai pas pu retrouver trace de la
2 mort de l'un quelconque des commandants ou des supérieurs des unités.
3 Il est question d'une exception, il s'agit du commandant Gulic. J'en
4 déduis que, dans cette avant-garde, il y avait tout le cadre de
5 commandement de cette 28e Division et que ces avant-gardes se sont
6 extraites de là, sorties de là avant le début du gros des combats entre le
7 Corps de la Drina et les forces de la 28e Division.
8 Donc ces forces qui se sont retirées avaient une espèce d'avant-garde à
9 cette colonne principale, sans communication opérationnelle entre l'avant-
10 garde et le gros de la colonne. Il me semble que cette avant-garde n'avait
11 pas pour objectif de fournir la possibilité à la colonne de se sortir de
12 là, mais plutôt d'atteindre elle-même au plus vite le territoire sous
13 contrôle des Musulmans.
14 Donc cette action entreprise par la 28e Division est appelée par la
15 doctrine militaire comme une percée de l'encerclement ou tentative de
16 percée, partant d'un encerclement. Cette activité englobe en soi également
17 des éléments d'activité ou d'action appelés marche de retraite. Ces types
18 d'activité sous-entendent un ordre particulier, une répartition
19 particulière.
20 Donc, il faudrait qu'à la tête, se trouvent des régiments de tête qui
21 entrent en contact de combat contre les forces qui empêchent la retraite,
22 donc qui opèrent une percée dans ce rideau, traversent les embuscades et
23 les lignes que l'on pose pour empêcher la retraite, élargissent l'espace
24 de passage, assurent les flancs du passage de la colonne, pour opérer une
25 marche de retraite au travers du territoire donné. Et c'est ainsi que cela
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1 se fait à tout endroit où l'on est appelé à organiser des positions pour
2 empêcher des retraites de ce type.
3 Il est donc évident que le commandement de la 28e Division ne l'a pas
4 fait. Il n'a pas procédé ainsi pour une simple et bonne raison: c'est que
5 les renseignements et une partie des témoignages, qui figurent à ce sujet
6 au niveau de l'audition de M. Ruez, nous racontent qu'à certains endroits,
7 les effectifs musulmans se retirant étaient censés subir de très grosses
8 pertes.
9 Question: L'armée de la Republika Srpska avait-elle aussi déployé des
10 activités déterminées prévues par la doctrine militaire, pour ce qui est
11 de l'ordre de combat adopté par la 28e Division? Pouvez-vous nous dire
12 quelles sont ces activité-là?
13 Réponse: Eh bien, ces activités de combat que l'on pouvait escompter,
14 c'était de pourchasser. Précisément, c'est une activité que l'on appelle,
15 que l'on désigne par le fait de pourchasser l'ennemi. Parce qu'une fois
16 que l'on a perdu le contact de combat avec l'adversaire, avec l'ennemi, on
17 adopte une position pour poursuivre l'ennemi. Donc je ne désignerai pas
18 cela par colonne de poursuite, mais c'est une notion qui sous-entend une
19 telle activité.
20 Qu'est-ce qui est caractéristique ici? D'une manière générale, pour ce
21 processus et pour l'évaluation de ce complexe de questions désignées par
22 retraite des effectifs de la 28e Division et conséquences qui ont découlé
23 de cette activité, il est très, très inhabituel de voir le commandant du
24 Corps de la Drina ne pas organiser, ne pas avoir organisé la poursuite de
25 l'ennemi.
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1 De là à savoir pourquoi il ne l'a pas fait, je ne saurais vous le dire,
2 mais je sais qu'il ne l'a pas fait. Il est probable que, dans cette zone
3 de responsabilité du Corps de la Drina, il y avait des effectifs en mesure
4 d'adopter une autre méthodologie pour empêcher les effectifs de se retirer
5 au travers de la zone de responsabilité du Corps de l'armée de la Drina.
6 Et la raison principale pourrait être la suivante, à savoir que tout de
7 suite après l'achèvement des opérations pour Srebrenica, le Corps d'armée
8 de la Drina a reçu l'ordre de poursuivre les opérations vers Zepa.
9 Il n'est pas naturel d'entamer une deuxième opération avant que d'avoir
10 totalement achevé de traiter toutes les conséquences qui ont découlé de
11 l'opération précédente. Mais c'est le droit du commandement et le
12 commandement peut imposer de telles tâches ou de telles missions; il s'est
13 avéré qu'en fait, il y a eu commission d'une erreur opérationnelle en
14 faisant de la sorte.
15 Si, par un hasard quelconque, le Corps d'armée de la Drina, après la fin
16 des opérations de Srebrenica, avait enchaîné avec des activités de
17 poursuite de l'ennemi qui se retirait, il est tout à fait certain que les
18 conséquences pour la 28e Division auraient été bien plus lourdes qu'elles
19 ne l'ont été effectivement.
20 Question: Quand est-ce que ce premier contact de combat a été établi entre
21 les forces de la 28e Division et l'armée de la Republika Srpska dans la
22 zone de responsabilité du Corps d'armée de la Drina? Où est-ce que cela
23 est arrivé? Quels étaient les effectifs en conflit? Et à peu près quelles
24 étaient les conséquences qui ont découlé de ce contact, tant pour l'armée
25 de la VRS que pour la 28e Division?
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1 Réponse: Eh bien, je m'en tiens ici au témoignage de M. Ruez. A la sortie
2 même, là où se trouve la pointe de la première flèche, il se trouve une
3 localité appelée Bare. Monsieur Ruez affirme que, le 13 juillet, il y a eu
4 là un premier règlement de compte sérieux entre les effectifs de la 28e
5 Division se retirant et les forces qui tenaient ce territoire-là.
6 D'après le témoignage de M. Ruez, il devait y avoir là quelque 600 morts
7 au niveau de la 28e Division. Je pense personnellement que de telles
8 pertes pouvaient être attendues étant donné la situation dans laquelle se
9 trouvait la 28e Division et, notamment, considération faite du fait que
10 cette dernière n'avait pas été rendue apte à conduire une opération aussi
11 lourde, compliquée et risquée qui s'appelait ou que l'on appelle "retrait
12 et percée d'un encerclement dans un territoire ennemi qui fait plus de 100
13 km de profondeur", si l'on sait aussi qu'il ne peut y avoir de déplacement
14 en ligne droite et si l'on sait aussi un autre fait, à savoir que dans ce
15 sens de déplacement, il devait forcément y avoir des percées à opérer sur
16 quatre ou cinq lignes, à savoir traverser, opérer une percée au travers de
17 quatre ou cinq lignes de position.
18 Question: Je voudrais apporter une explication: il s'agit du témoignage de
19 M. Ruez du 14 mars, page 594 et 595, où vous avez dit vous-même qu'on
20 avait mentionné en 96 que 600 corps avaient été trouvés suite à une
21 opération de recherche faite par des experts de la Finlande. C'est là que
22 l'on a découvert 600 corps; on avait supposé qu'il s'agissait de soldats
23 musulmans qui étaient tombés sur le champ de bataille, étant donné que
24 nous n'avions pas d'autres informations ou d'autres détails à ce sujet.
25 Général Radinovic, pouvez-vous dire à la Chambre quelle est la profondeur
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1 du territoire que devaient traverser les forces de la 28e Division et quel
2 était le temps nécessaire pour le faire dans les conditions
3 opérationnelles en place?
4 Réponse: En finissant, en terminant ma réponse tout à l'heure, quand je
5 vous apportais des explications concernant l'importance des risques
6 qu'avaient accepté d'encourir ces effectifs quand ils avaient décidé
7 d'opérer une percée, je vous ai aussi dit qu'il s'agissait d'une
8 profondeur étant donné qu'il ne s'agit pas d'un déplacement rectiligne,
9 car les routes ne sont pas de bonne qualité -ce sont plutôt des sentiers
10 qui zigzaguent- et qu'il s'agissait d'un territoire de quelque 80 à 100 km
11 et que, dans des conditions de combat, comme cela a été le cas, c'est un
12 chemin ou une distance que l'on peut difficilement traverser en moins de
13 huit à dix jours.
14 Et, par miracle, la 28e Division a réussi à le faire plus vite.
15 Probablement, en partie parce que les unités qui se trouvaient sur son
16 passage avaient omis d'entreprendre les activités qui devraient être
17 entreprises si l'on avait agi de la façon prévue pour ce qui était
18 d'enrayer les percées de ce type.
19 Question: Général Radinovic, vous avez dit à la Chambre, en répondant à
20 l'une de mes questions, et vous avez expliqué quelles sont les activités
21 qui n'ont pas été entreprises par l'armée de la VRS pour ce qui était de
22 pourchasser l'ennemi. Mais ma question a été de savoir quelles sont les
23 actions entreprises par la VRS et de nous dire comment se déroulaient les
24 combats avec la 28e Division en retraite?
25 Réponse: La VRS a appliqué une méthode qui était à sa disposition à
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1 l'époque. Compte tenu du fait que le Corps de la Drina, tout de suite
2 après l'achèvement des opérations de Srebrenica, s'était vu assigner la
3 mission de continuer vers Zepa, ils ont appliqué la méthode des embuscades
4 sur des lignes successives, et ce, en se servant des forces qui se
5 trouvaient déjà sur le territoire.
6 Par conséquent, de telles embuscades ont été posées tout de suite après la
7 sortie hors du cercle ou entourant Srebrenica; la suivante se trouvait
8 entre Kasaba et Konjevic Polje. Et là où vous voyez cette petite flèche,
9 ces deux petites flèches, c'est la localité de Snagovo et la quatrième
10 ligne se trouvait déjà dans la zone de responsabilité du 4e Bataillon de
11 la brigade de Zvornik. C'est là où on voit l'inscription 16 juillet 1995.
12 Là précisément.
13 Alors ces unités en retraite avaient dû franchir plusieurs points
14 d'obstacle qui ont été placés là par les unités se trouvant déjà sur le
15 territoire de la zone de responsabilité du Corps d'armée de la Drina.
16 Question: Je demanderais maintenant à M. l'huissier de préparer à
17 l'intention du témoin la pièce à conviction du Bureau du Procureur portant
18 la cote 540 et 550.
19 Général Radinovic, dans son avancée dans la zone de responsabilité…
20 (L'huissier s'exécute.)
21 Ou plutôt je me reprends: en se retirant de la zone de Srebrenica, la 28e
22 Division a établi un contact de combat avec des éléments, des effectifs
23 appartenant au Corps de la Drina, et il s'agissait des effectifs de la
24 brigade de Zvornik.
25 Quels sont les problèmes opérationnels qu'a été appelé à résoudre le chef
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1 d'état-major de la brigade de Zvornik, partant du 13 juillet? Et comment
2 s'est-il efforcé de les résoudre?
3 Réponse: Je dispose d'un document que j'ai déjà mentionné, il s'agit du
4 document du 13 juillet. En effet le chef d'état-major de la Brigade de
5 Zvornik dans le rôle de commandant ou commandant par intérim...
6 Question: Je m'excuse, il s'agit juste de préciser qu'il s'agit de la
7 pièce à conviction cotée 540, et je demanderai à M. l'huissier de placer
8 sur le rétroprojecteur la pièce à conviction 540 afin que la Chambre
9 puisse suivre plus facilement l'exposé du témoin.
10 Réponse: Donc ce 13, le commandement de la Brigade de Zvornik, à savoir le
11 commandant d'intérim, informe le commandement du Corps de la Drina qu'aux
12 fins de bloquer les groupes qui se retiraient vers Tuzla en provenance de
13 Srebrenica et de protéger les unités de sa brigade, il avait entrepris ce
14 qui suit: un peloton de la police militaire a organisé une embuscade à
15 Dzafin Kamen. C'est ici.
16 (Le témoin s'est levé pour montrer sur la carte.)
17 Question: (Hors micro: il demande au témoin de prendre son micro.)
18 (Le témoin est debout.)
19 Il s'agit de cet emplacement-ci, Dzafin Kamen, c'est là que se trouvait ce
20 peloton de la police militaire et plusieurs pelotons d'intervention
21 provenant du 5e Bataillon et 6e Bataillon, et c'est là qu'ils ont organisé
22 des embuscades et c'est le secteur de Snagovo.
23 Qu'est-ce que je puis en déduire? Je puis en déduire ce qui suit: le chef
24 d'état-major de la Brigade de Zvornik, commandant par intérim dans ce cas-
25 là, n'a pas évalué la situation de façon suffisamment sérieuse et il n'a
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1 pas été conscient de l'importance des effectifs dont il s'agissait,
2 jusqu'au contact avec eux dans le secteur de Snagovo.
3 Ce n'est qu'alors, lorsque ces effectifs de la 28e Division ont facilement
4 brisé l'embuscade qui leur avait été posée, et quand elles se sont
5 dirigées vers Zvornik, ce n'est qu'à partir de ce moment-là, donc à partir
6 du 14, que de fait le chef d'état-major demande, dans la panique, le
7 retour du commandant de la Brigade et le retour de certaines parties de la
8 brigade dirigées vers Zepa aux fins d'assainir la situation opérationnelle
9 grave survenue dans la zone de responsabilité de cette brigade. Et en
10 guise de conséquence de sa requête, nous voyons que le commandement du
11 Corps ordonne à la brigade de Zvornik de retourner, de revenir à sa zone
12 de responsabilité, et dès le 15 juillet, le commandant de Zvornik arrive
13 dans la zone de responsabilité avec les effectifs ramenés vers Zepa. C'est
14 là que commence véritablement un dur et difficile règlement de compte avec
15 les effectifs de la 28e Division. Cela a été un combat à la vie, à la
16 mort.
17 Question: Je demanderai maintenant à M. l'huissier de placer sur le
18 rétroprojecteur la pièce à conviction du Bureau du Procureur cotée 550. Il
19 s'agit d'un rapport journalier de combat extraordinaire provenant du
20 commandement de la Brigade de Zvornik qui est fort illustratif lorsqu'il
21 s'agit de la situation dans laquelle s'est trouvée la Brigade de Zvornik.
22 (L'huissier s'exécute.)
23 Général Radinovic, quand est-ce que le commandant de la Brigade de Zvornik
24 revient dans sa zone de responsabilité et qu'entreprend-il pour régler la
25 situation dans sa zone de responsabilité?
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1 Réponse: Dans ce rapport qui date du 14 juillet et qui émane du chef
2 d'état-major, on trouve une liste des conséquences de la tentative
3 effectuée pour briser l'encerclement dans sa zone de responsabilité. Le
4 chef d'état-major informe donc le commandement du Corps de la Drina du
5 fait que la colonne de Musulmans s'étire sur trois kilomètres de long, et
6 qu'il prévoit une tentative d'établissement de contact avec les forces de
7 sa Brigade. Il dit, en d'autres termes, qu'il est incapable de défendre
8 cette zone et demande les moyens d'une intervention prématurée des forces
9 qui doivent être engagées, donc d'une intervention dès le matin.
10 C'est donc un appel qui émane du commandant de Brigade qui demande des
11 renforts au commandement au Corps de la Drina pour réussir à évacuer les
12 forces de la Brigade de Zvornik et les diriger vers Zepa, c'est-à-dire la
13 zone de responsabilité de la Brigade. Le commandant en question tente donc
14 de régler la situation dans sa zone de responsabilité et il sera avéré
15 plus tard qu'il a été dans l'incapacité de le faire, qu'une situation très
16 complexe et tout à fait tragique a été créée et que cette situation risque
17 d'entraîner la division en deux de la zone de responsabilité de la
18 Brigade.
19 Question: Comment évaluez-vous la situation dans la zone de la
20 responsabilité de la Brigade de Zvornik, et quelles sont les conséquences
21 qu'il était possible d'attendre d'une intensification des combats?
22 Réponse: A partir du 14 et durant les journées du 15, du 16 et du 17, les
23 combats se sont intensifiés pour atteindre ce que moi, j'apprécie comme un
24 niveau d'intensité de combat très élevé. L'intensité des combats était la
25 plus élevée, les 16 et 17, dans le secteur que l'on voit ici, en haut de
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1 la flèche, au niveau de la pointe de la flèche. Dans ce secteur, les
2 combats ont atteint une telle intensité que l'on pouvait s'attendre à des
3 pertes très importantes au sein de la 28e Division. Au cours de ces
4 opérations, la Brigade de Zvornik a subi elle aussi des pertes
5 importantes: 39 morts; 5 disparus sans doute morts également et plus de
6 200 combattants hors d'état de combattre et ayant subi des blessures plus
7 ou moins graves. Je cite ces chiffres pour illustrer l'importance de
8 l'affrontement, de la confrontation.
9 C'est le 4e Bataillon de la Brigade de Zvornik qui a été la première
10 victime de cette intensification des combats, c'est-à-dire le Bataillon
11 qui se trouvait au niveau de la pointe de la flèche sur la carte. Les
12 forces de la 28e Division ont réussi à enfoncer les positions du 4e
13 Bataillon et à s'emparer de trois tranchées en capturant des pièces de
14 batteries et trois mortiers. A ce moment-là, il était possible d'envisager
15 l'élimination complète du 4e Bataillon de la Brigade de Zvornik de ce
16 secteur.
17 Ce qui a été fait par le commandant de la brigade est tout à fait
18 inhabituel: il a réussi à ouvrir un corridor au milieu de la 28e Division
19 et ce corridor a tenu jusqu'au 17, en dépit de tout ce qui s'est passé
20 entre-temps. Le 17 donc, on peut dire que pratiquement tous les éléments
21 de la 28e Division sont sortis de la zone tenue par le 4e Bataillon de la
22 brigade de Zvornik dans la zone de responsabilité du Corps de la Drina, en
23 réussissant à atteindre le secteur de Nezuk, qui était leur objectif et
24 qui était dans la zone de responsabilité du 2e Corps d'armée de la Bosnie-
25 Herzégovine.
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1 Question: Général Radinovic, avez-vous pu obtenir des renseignements
2 relatifs au chiffrage des pertes subies par la 28e Division dans la zone
3 de responsabilité de la brigade de Zvornik à ce moment-là?
4 Réponse: Sur la base des documents et des éléments qui ont été mis à ma
5 disposition, je n'ai pas été capable d'apprécier avec une totale
6 exactitude, une totale précision, le nombre des pertes subies par la 28e
7 Division, mais l'intensité et la violence de ces opérations ont été
8 telles, elles se sont menées en profondeur et la situation de départ de la
9 28e Division était telle qu'il est réaliste de penser que ces pertes
10 étaient importantes. Moi, j'évaluerais ces pertes en milliers plutôt qu'en
11 centaines d'hommes. Je n'ai aucun document particulier sur lequel je peux
12 m'appuyer pour dire cela mais, dans les ouvrages que j'ai lus ainsi que
13 d'après les témoignages d'un certain nombre de personnes qui ont participé
14 à cette retraite, deux endroits sont mentionnés en particulier: Bare dans
15 la zone de Srebrenica et au niveau de l'indication écrite 16 et 17 juillet
16 1995 sur la carte, donc dans la partie supérieure des arrières. C'est à
17 ces deux endroits qu'à mon avis, les pertes subies de la 28e Division ont
18 été les plus importantes en nombre, après la retraite de la 28e Division
19 hors de Srebrenica.
20 Question: Général Radinovic, à partir de l'endroit où les ordres étaient
21 donnés par le commandant de la 28e Division, ordres consistant à exiger
22 une poursuite de l'avancée de la 28e Division, donc à partir de cet
23 endroit, que pouvait de façon réaliste espérer le commandement de la 28e
24 Division?
25 Réponse: Eh bien, je pense que je répondrai de façon crédible à votre
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1 question en disant que, dans les conditions dans lesquelles s'est menée
2 cette opération, la personne qui était au commandement de la 28e Division
3 avait pratiquement décidé au départ de sacrifier la 28e Division.
4 D'ailleurs, dans l'histoire militaire, des exemples de ce genre existent.
5 Bien sûr, l'armée yougoslave en 1943 dans la vallée de la Sutjeska, a elle
6 aussi sacrifié sa division de Banja dans le but de protéger 4000
7 combattants blessés par les soldats allemands. Donc cette division a été à
8 l'époque pratiquement détruite intégralement.
9 Je ne sais pas quels étaient les objectifs du commandement suprême de la
10 l'armée de Bosnie-Herzégovine eut égard à la 28e Division et pourquoi les
11 ordres qui ont été donnés à la 28e Division ont été données dans les
12 conditions tactiques et les conditions stratégiques qui prévalaient à
13 l'époque. En effet, l'existence de tels ordres dans ces conditions est
14 pratiquement impensable. Il est inimaginable pour un commandement qui
15 connaît les répercussions des ordres qu'il va donner, d'ordonner une telle
16 opération. Je répète ici ce que j'ai déjà dit au début de ma déposition, à
17 savoir que les forces du Corps de la Drina, si elles étaient effectivement
18 lancées à la poursuite de la 28e Division, auraient pratiquement éliminé
19 intégralement cette 28e Division. Mais de toute façon, le Corps de la
20 Drina n'a pas agi de la sorte puisqu'il était engagé dans la direction de
21 Zepa.
22 Je ne peux pas comprendre ni croire que le commandement suprême de l'armée
23 de Bosnie-Herzégovine ait été incapable de prévoir les conséquences des
24 ordres qui ont été donnés par ce commandement; le commandement en question
25 connaissait les répercussions de ces ordres et encore aujourd'hui, je ne
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1 comprends pas pourquoi ces ordres ont été donnés.
2 Question: Des commentaires très divers ont été entendus s'agissant de la
3 composition de la 28e Division au moment où certains de ses membres ont
4 été versés dans ce 2e Corps d'armée de Bosnie-Herzégovine ou, en tout cas,
5 ont atteint le territoire tenu par le 2e Corps d'armée de Bosnie-
6 Herzégovine. Pouvez-vous nous parler de cela?
7 Réponse: J'ai eu la possibilité de lire ce que le Gal Sefer Halilovic a
8 dit lui-même à ce sujet. Je crois personnellement qu'il a tout à fait
9 raison de décrire comme il le fait le comportement du commandant du 2e
10 Corps d'armée, ainsi que du commandement suprême de l'armée de Bosnie-
11 Herzégovine. Le seul comportement acceptable de la part du commandant
12 suprême de la Bosnie-Herzégovine et du commandement du 2e Corps d'armée de
13 Bosnie-Herzégovine, lorsque la 28e Division a reçu l'ordre de briser
14 l'encerclement dans lequel elle se trouvait, consistait à appliquer la
15 seule méthode acceptable, c'est-à-dire chercher des effectifs disponibles
16 pour effectuer une percée en provenance de Tuzla vers Zvornik, en avançant
17 vers les forces de la 28e Division.
18 Je suis tout de même quelqu'un qui a quelques connaissances dans ce genre
19 de domaine, et puisque cela n'a pas été fait -or la 28e Division ne s'est
20 pas retirée dans ces conditions-, la seule conclusion que je peux tirer
21 c'est que cette 28e Division a été sacrifiée. Et j'ajoute encore une fois
22 que le Corps de la Drina ne s'est pas lancé totalement à la poursuite de
23 la 28e Division sinon les conséquences négatives pour la 28e Division
24 auraient été encore plus graves.
25 Question: Général Radinovic, vous avez déjà dit être incapable d'évaluer
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1 avec exactitude absolue le nombre des pertes humaines subies par la 28e
2 Division, lorsqu'elle a tenté de briser son encerclement. Mais est-ce
3 qu'un ratissage du terrain a été effectué après ces événements, est-ce
4 qu'il s'est effectué sur tous les territoires traversés par la 28e
5 Division dans sa retraite?
6 Réponse: Parlons de cela. Je dois m'exprimer de façon critique à l'égard
7 de l'armée de la Republika Srpska et du Corps de la Drina. Il est vrai que
8 ratisser le terrain -et j'insiste bien sur le fait que je parle de
9 ratissage et non de nettoyage, donc je parle de ratissage dans le sens de
10 nécessité de découvrir tous les éléments épars de l'armée adverse qui
11 restent encore sur le terrain et de l'élimination de tous les obstacles
12 physiques qui peuvent nuire à des opérations militaires-, donc le
13 ratissage du terrain qui implique aussi d'assainir les champs de bataille
14 sont une obligation qui incombe au commandant d'une armée ou d'une unité
15 après une campagne. Lorsqu'on parle d'assainissement du champ de bataille,
16 cela implique de rechercher les cadavres, donc les cadavres des êtres
17 humains d'abord; après quoi, on recherche les cadavres éventuels d'animaux
18 et puis on les enterre.
19 Est-ce que cela a été fait ou pas? Je ne sais pas exactement, je crois que
20 cela a été fait. Mais il y a tout de même eu une erreur. En quoi a
21 consisté cette erreur? Cette erreur a consisté dans le fait qu'aucun
22 rapport n'a été rédigé qui permette de vérifier de façon sûre l'exécution
23 de cette tâche, autrement dit, je n'ai trouvé aucun rapport contenant des
24 informations relatives au nombre de cadavres découverts et enterrés dans
25 le cadre de cette action d'assainissement du champ de bataille. Ceci,
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1 c'est une insuffisance dans toute cette situation, c'est quelque chose qui
2 constitue un obstacle empêchant de déterminer avec une totale précision ce
3 qui s'est effectivement passé dans la zone de responsabilité du Corps
4 d'armée, donc sur le territoire traversé par les éléments de la 28e
5 Division, une fois qu'ils ont brisé leur encerclement et qu'ils ont battu
6 en retraite.
7 Question: Général Radinovic, alors que vous examiniez les documents à
8 votre disposition pour préparer votre témoignage ici, vous avez découvert
9 un certain nombre de documents qui prouvent que, durant la retraite de la
10 2e Division hors de la zone de responsabilité de la Brigade de Zvornik, un
11 certain nombre de prisonniers de guerre musulmans ont été faits sur ce
12 territoire. Connaissez-vous ces éléments?
13 Réponse: Oui, un rapport de combat extraordinaire émanant du commandant de
14 la Brigade de Zvornik est daté du 15 juillet.
15 Question: Nous allons discuté de ce rapport pendant quelque temps. Je vous
16 demande pour l'instant simplement si vous avez vu ce rapport?
17 Réponse: Oui, je l'ai vu. Je l'ai lu.
18 Question: Pouvez-vous nous dire s'il était dans l'intérêt de l'armée de la
19 Republika Srpska de liquider le nombre le plus important de combattants
20 ennemis ou de faire un grand nombre de prisonniers de guerre?
21 Réponse: Non.
22 Question: Pourquoi?
23 Réponse: Cela aurait été totalement contraire aux intérêts de la VRS. Je
24 ne parle même pas de l'aspect humanitaire ou juridique de la chose qui est
25 sous-entendu et coule de source. Je parle simplement d'un point de vue
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1 opérationnel pour m'exprimer sur ce point. Si la VRS avait fait un grand
2 nombre de prisonniers de guerre parmi les membres de la 28e Division,
3 c'est-à-dire parmi les Musulmans. Cela aurait contraint à un échange de
4 prisonniers. Et il aurait fallu restituer un nombre équivalent de
5 prisonniers entre les deux parties. Donc ce n'était pas dans l'intérêt de
6 l'armée de la Republika Srpska de liquider des soldats ennemis mais de les
7 faire prisonniers.
8 M. Visnjic (interprétation): Monsieur le Président, je crois que nous
9 pouvons terminer pour cet après-midi.
10 M. le Président: OK. Je crois que oui. Nous avons terminé pour
11 aujourd'hui. J'aimerais bien vous demander combien de temps vous estimez
12 avoir besoin pour terminer l'interrogatoire principal, Maître Visnjic?
13 M. Visnjic (interprétation): Monsieur le Président, j'ai besoin encore de
14 peu de temps mais j'espère pouvoir terminer demain. Cela dit, je ne peux
15 pas vous dire de combien de temps exactement j'aurai besoin: une heure,
16 deux heures, trois heures peut-être mais, en tout cas, nous nous
17 efforcerons de terminer l'interrogatoire principal demain.
18 M. le Président: OK. On va voir donc. Il est sûr que nous avons terminé ce
19 témoin cette semaine? C'est ma préoccupation parce que, si le Procureur
20 prend le même temps que la défense, je crains qu'on ne puisse pas terminer
21 cette semaine. Bon, de toute façon on va voir. On verra demain. Le
22 Procureur a quelques idées pour l'instant à propos du temps qu'il aura
23 besoin?
24 M. Cayley (interprétation): Eh bien, Monsieur le Président, je dois dire
25 que nous aurons besoin au moins d'un temps égal à celui qui a été utilisé
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1 par la défense. En disant cela, je m'appuie sur mon expérience. Mais pour
2 ce qui me concerne je tâcherai de me concentrer sur les éléments les plus
3 importants dont a parlé le témoin et de ne pas le faire parler du
4 contexte. Enfin, je pense que nous aurons besoin de trois jours sans
5 doute.
6 M. le Président: Oui, parce que nous avons encore un autre témoin pour
7 cette semaine: le témoin, je crois, n'est-ce pas, le témoin qui devait
8 être ici lundi: il était encore en voyage.
9 M. Visnjic (interprétation): Monsieur le Président, je pense que Me
10 Petrusic a plus d'informations que moi sur ce point.
11 M. le Président: Merci, parce qu'on essaye quand même de programmer les
12 choses pour qu'on n'arrive pas à la fin de la semaine et avoir des
13 surprises.
14 M. Petrusic (interprétation): Monsieur le Président, le témoin qui devait
15 voyager la semaine dernière a été reporté, enfin son voyage a été reporté
16 à hier pour diverses raisons. Or, hier, j'ai reçu l'information qu'en
17 raison du mauvais temps, son vol avait encore une fois été retardé. Et
18 c'est seulement aujourd'hui dans la soirée que je saurai plus précisément
19 si ce témoin a embarqué ou pas. Maintenant nous devons discuter avec le
20 Procureur pour déterminer si l'ensemble de ce témoignage ne devrait pas
21 être reporté à la semaine prochaine.
22 Je vous demande simplement, Monsieur le Président, de m'autoriser à vous
23 informer plus précisément sur ce point dans la journée de demain et, s'il
24 ne restait éventuellement que ce témoin dont nous sommes en train de
25 parler pour la semaine prochaine, peut-être pourrions-nous accepter un
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1 compromis, c'est-à-dire l'entendre au mois de janvier à la reprise du
2 procès.
3 Enfin tout ce que je vous demande, Monsieur le Président, pour le moment,
4 c'est de me laisser un petit peu de temps jusqu'à demain pour avoir des
5 informations plus précises.
6 M. le Président: Je vous pose cette question parce qu'il était possible de
7 faire tout effort pour siéger demain après-midi, si ça pourrait contribuer
8 pour terminer les deux témoins. Si l'on doit reporter, on doit reporter à
9 janvier ou éventuellement la Chambre peut passer ça à lundi? Mais demain
10 on va en parler. De toute façon je vous donne les préoccupations de la
11 Chambre et vous, demain, vous allez nous informer.
12 Donc demain, à 9 heures 20, on sera là pour continuer. Merci beaucoup et à
13 demain.
14 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
15 (L'audience est levée à 15 heures 05.)
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