Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 (Lundi 10 Juillet 2000.)

2 (Audience publique.)

3 (L'audience est ouverte à 9 heures 52.)

4 Le témoin est contre-interrogé par Mme Uertz-Retzlaff.)

5 Mme le Président (interprétation): Je demande à la greffière d'audience

6 d'annoncer le numéro de l'affaire.

7 Mme la Greffière (interprétation): Affaire IT-96-23-T, le Procureur contre

8 Kunarac et consorts.

9 Mme le Président (interprétation): Ce matin, la Chambre de première

10 instance siège avec du retard du fait de problèmes de nature de sécurité

11 et de nature administrative. C'est pourquoi nous avons perdu 21 minutes

12 d'audience, et c'est pourquoi nous commençons un peu tard. Je souhaiterais

13 demander au service administratif de résoudre les difficultés auxquelles

14 est confrontée la Chambre car si nous continuons à perdre 21 minutes

15 d'audience chaque jour, nous aurons des difficultés à achever les

16 audiences en temps utile. Ce matin, nous allons reprendre avec le contre-

17 interrogatoire du témoin et je donne la parole à l'accusation.

18 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Bonjour. Bonjour, monsieur Kunarac.

19 M. Kunarac (interprétation): Bonjour.

20 Question: Monsieur Kunarac, lors de votre comparution initiale, le 9 mars

21 1998, vous avez plaidé coupable de viols, n'est-ce pas?

22 Réponse: Oui, je suis venu pour la première fois le 9 mars, et j'ai dit

23 que je plaidais coupable parce que je me sentais coupable. C'est ce que

24 j'ai dit.

25 Question: Concernant les témoins 75 et DB, vous avez dit avoir commis un

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1 crime, n'est-ce pas?

2 Réponse: A ce moment-là, quand j'ai présenté mon plaidoyer de

3 culpabilité, je savais ce qui était arrivé au témoin DB. C'est la raison

4 pour laquelle j'ai plaidé comme je l'ai fait. J'avais mauvaise conscience

5 et c'est pourquoi j'ai souhaité témoigner à ce sujet.

6 Question: Parce que c'est vous qui avez emmené à la maison de Osmana

7 Dikica les témoins DB et 75, n'est-ce pas?

8 Réponse: Oui, je les ai effectivement emmenés, mais je n'avais pas

9 l'intention de les violer. Je les ai emmenés là-bas parce que j'avais

10 l'intention de savoir qui les avait fait sortir précédemment, si cela

11 avait été le cas. C'est la raison pour laquelle je les ai emmenés là-bas.

12 C'est cela la vérité.

13 Question: Nous y reviendrons plus tard. Mais vous avez eu des rapports

14 sexuels avec DB, et le témoin 75 a été victime d'un viol collectif, n'est-

15 ce pas?

16 Réponse: J 'ai eu un rapport sexuel avec le témoin DB dans les

17 circonstances expliquées lors de ma déposition mais, à ce moment-là, je ne

18 savais absolument pas que le témoin 75 avait été violé. Je ne le savais

19 pas à l'époque.

20 Question: Mais vous le savez aujourd'hui.

21 Réponse: Aujourd'hui, je le sais.

22 Question: Aujourd'hui, vous savez, et à l'époque vous le saviez, que le

23 viol même en temps de guerre constitue un crime, n'est-ce pas?

24 Réponse: Ce qui s'est passé ce jour-là entre moi-même et le témoin DB,

25 je l'ai expliqué, je l'ai dit lors de mon premier interrogatoire et je l'ai

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1 répété ici dans le prétoire. J'ai essayé d'expliquer ce qui s'était passé.

2 Le témoin elle-même, quand elle a témoigné, a dit qu'elle avait pris

3 l'initiative de ce qui s'est passé. Je n'avais pas l'intention, je n'avais

4 pas le désir d'avoir des rapports sexuels avec elle au moment où je l'ai

5 emmenée là-bas.

6 Question: Mais, monsieur, ce n'est pas la question que je vous ai posée.

7 A l'époque et aujourd'hui, vous saviez et vous savez que le viol constitue

8 un crime? C'est cela la question que je vous pose.

9 Réponse: Oui, je suis d'accord avec vous.

10 Question: Monsieur Kunarac, vous avez fait deux déclarations aux

11 enquêteurs du Bureau du Procureur, n'est-ce pas?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Et vous avez dit la vérité aux enquêteurs, n'est-ce pas?

14 Réponse: Oui, j'ai dit la vérité.

15 Question: Monsieur Kunarac, pendant ces événements, vous étiez le

16 commandant d'une unité spéciale, n'est-ce pas?

17 Réponse: Dans le cadre de ma déposition, je me suis efforcé d'expliquer

18 en quoi consistait mon travail, ce que je faisais exactement, le type de

19 travail que je faisais. J'étais chargé de réunir, de rassembler des

20 informations. Je travaillais dans les renseignements et je déployais donc

21 les gens sur le terrain. Dans le cadre de mon premier interrogatoire, le

22 13 mars 1998, lorsque j'ai répondu au premier interrogatoire, lorsque j'ai

23 parlé avec celui qui me représentait à l'époque, mon conseil de l'époque,

24 quand je lui ai expliqué combien il y avait d'hommes avec moi, il m'a dit

25 que ce n'était pas important de savoir si on appelait cela une unité ou

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1 autre. Sur la base des conseils que j'ai reçus de mon conseil de l'époque,

2 j'ai dit qu'il s'agissait d'une unité mais, en fait, c'était un groupe

3 comme je l'ai expliqué ici, un groupe avec lequel je travaillais et je

4 menais à bien des missions de reconnaissance ou toutes les missions que

5 l'on me demandait de mener.

6 Question: Mais c'était vous qui commandiez ce groupe, n'est-ce pas? Vous

7 en étiez le commandant?

8 Réponse: J'avais pour responsabilité de mener à bien mon travail avec

9 ces hommes et je leur disais ce qu'il fallait faire sur le terrain. Je

10 dirigeais donc ces hommes dans le cadre des missions que l'on me confiait.

11 Question: Monsieur Kunarac, vous étiez responsable de ce groupe d'hommes

12 et ceci, à partir de juin 1992 jusqu'au moment où vous avez été blessé en

13 1995, n'est-ce pas?

14 Réponse: J'ai dit que j'ai travaillé dans ce domaine à partir du 8 juin

15 jusqu'au moment où j'ai été blessé. Dans le cadre de mes deuxième et

16 troisième interrogatoires et dans le cadre de ma déposition, j'ai précisé

17 que je ne travaillais pas toujours avec les mêmes personnes. Une fois que

18 l'on m'avait donné une mission, et sur la base de cette mission, je

19 choisissais les hommes qui mèneraient à bien cette mission avec moi car

20 toutes les missions que l'on me confiait n'étaient pas les mêmes. Je ne

21 pouvais donc pas toujours faire appel aux mêmes hommes pour toutes ces

22 missions. Je n'ai donc jamais eu de groupe bien défini, constitué par les

23 mêmes personnes comme, par exemple, une unité pour mener à bien les

24 missions que l'on me confiait. Généralement, il s'agissait de volontaires,

25 de gens qui se portaient volontaires pour cette mission et moi, à ce

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1 moment-là, je choisissais le nombre d'hommes dont j'avais besoin pour la

2 mission en question.

3 Question: Je vais vous rappeler ce que vous avez dit lors de votre

4 premier interrogatoire avec les enquêteurs du Procureur. Il s'agit de la

5 pièce 67, cassette n°1, face A, page 9. On vous a demandé la chose

6 suivante: dans l'acte d'accusation, on dit que vous êtes commandant d'un

7 groupe de soldats qui n'appartiennent pas à l'armée régulière et qui

8 viennent du Monténégro et vous avez répondu: "C'est exact, j'étais

9 commandant d'une unité spéciale. On faisait appel à moi pour des missions

10 de reconnaissance, et on me confiait également des missions qui avaient

11 pour but de rassembler des informations sur l'ennemi. C'est pourquoi on

12 qualifiait cette unité "d'unité spéciale"". A ce moment-là, vous faites

13 référence à ceux qui vous confient les missions que vous avez menées à

14 bien.

15 Ensuite, vous dites: "En d'autres termes, j'étais un soldat et un

16 commandant dans le cadre du conflit qu'il y avait dans cette région" C'est

17 ce que vous avez répondu lorsqu'on vous a demandé si vous étiez commandant

18 dans votre premier interrogatoire. Vous avez également dit, dans le

19 premier interrogatoire, cassette 67, face A, page 11, vous avez dit:

20 "J'étais responsable de cette unité à partir du 12 juin 1992, jusqu'au

21 moment où j'ai été blessé, c'est-à-dire jusqu'au 14 juin 1995".

22 Monsieur Kunarac, vous-même, vous vous êtes ainsi désigné comme étant

23 commandant de cette unité?

24 Réponse: Eh bien, à ce moment-là, et pendant mon deuxième interrogatoire,

25 j'ai expliqué que j'étais une personne qui était chargée de rassembler des

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1 informations au sujet de l'ennemi. Pour cela, j'avais besoin d'aide,

2 j'avais besoin d'hommes pour m'aider. Dès que je suis arrivé, on m'a

3 affecté un certain nombre d'hommes. Au début, il s'agissait d'exercices de

4 déminage, trouver les mines, les désactiver, etc.

5 Ensuite, il y a eu des missions de reconnaissance pour obtenir des

6 informations au sujet de l'ennemi et je sais qu'un expert -qui va venir

7 ultérieurement-, va expliquer quelle était la nature de mon travail. J'ai

8 également expliqué que je n'ai jamais eu de grade quel qu'il soit, je n'ai

9 jamais été officier, je n'ai jamais fait non plus le travail d'un officier

10 gradé. J'étais un soldat comme tous les autres mais, du fait de la

11 formation que j'avais reçue précédemment, une formation très spécialisée,

12 je disais à ceux qui m'accompagnaient ce qu'ils devaient faire. Comme je

13 l'ai dit, les groupes d'hommes étaient toujours très limités, cinq à dix

14 maximum quand nous travaillions ainsi sur le terrain.

15 Question: Monsieur Kunarac, vous-même et ces hommes avec qui vous avez

16 travaillé sur le terrain, vous étiez occupés à réunir des informations au

17 sujet de l'ennemi?

18 Réponse: Oui.

19 Question: Et votre travail consistait à savoir exactement ce qui se

20 passait à Foca et dans les alentours, n'est-ce pas?

21 Réponse: Non, non. Mon travail consistait à savoir ce qui se passait sur

22 la ligne de confrontation, sur la ligne de front ou bien à l'arrière,

23 derrière la ligne de confrontation, du côté de l'ennemi. C'était là ma

24 mission et c'est le genre de travail que je faisais essentiellement. La

25 ligne de démarcation la plus proche était à 17, 18 kilomètres de la ville.

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1 Il y en avait même une qui était à 20 ou 40 kilomètres. Pendant que

2 j'étais en mission, je ne savais pas vraiment ce qui se passait dans la

3 ville et je n'avais pas les moyens de le savoir.

4 Question: Donc toutes les missions que vous avez menées à bien étaient

5 directement liées aux offensives des forces musulmanes, n'est-ce pas?

6 Réponse: Toutes ces missions étaient liées à ce qui se passait au niveau

7 de la ligne de démarcation, aux activités de l'ennemi, également aux

8 préparations de notre camp et des préparatifs pour nous défendre. Il

9 s'agissait donc d'opérations militaires sur la ligne de démarcation entre

10 nos forces et les forces de l'ennemi.

11 Question: En d'autres termes, vous étiez les yeux de la brigade, n'est-ce

12 pas?

13 Réponse: En tout cas, je rassemblais des informations au sujet de

14 l'ennemi. J'avançais devant nos lignes, si on ne pouvait pas voir les

15 lignes de l'ennemi depuis là. J'allais donc jusqu'aux lignes de l'ennemi

16 et je suivais ce qui se passait exactement sur les lignes tenues par

17 l'ennemi.

18 Question: Cela signifie donc que vous étiez les yeux de la brigade, vous-

19 même l'avez dit lors de votre premier interrogatoire, n'est-ce pas?

20 Réponse: Oui, j'étais censé surveiller ce qui se passait sur les lignes

21 de l'ennemi et je devais communiquer ces informations à mes supérieurs.

22 Question: Parlons brièvement de la structure des forces militaires à Foca.

23 J'ai quelques questions à vous poser sur la base de ce que vous avez dit

24 dans votre interrogatoire principal. Vous et vos hommes apparteniez à la

25 structure militaire régulière qui se trouvait à Foca et c'était le groupe

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1 tactique de Foca. C'est cela, n'est-ce pas?

2 Réponse: Comme je l'ai dit dans mon interrogatoire et au cours de ma

3 déposition, lorsque je suis arrivé et que j'ai rejoint les rangs des

4 unités de l'armée, il s'agissait encore d'une unité de la Défense

5 territoriale. On était à peine en train de mettre une véritable unité

6 militaire qui s'est ensuite transformée en brigade.

7 Question: Le groupe tactique de Foca appartenait ou a appartenu plus tard

8 à la VRS, l'armée des Serbes de Bosnie, n'est-ce pas?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Et ceci à partir du 26 juin 1992, c'est-à-dire à partir de la

11 Saint Guy, n'est-ce pas?

12 Réponse: Autant que je m'en souvienne, la Saint Guy est le 28, et je

13 crois que la brigade a été mise en place officiellement le 26. Pour nous,

14 c'est la date de la création de la brigade et, le 28, on a célébré la

15 création de la brigade et c'était la Saint Guy.

16 Question: Le groupe tactique de Foca ou la brigade de Foca comportait

17 cinq bataillons, n'est-ce pas?

18 Réponse: Oui, à l'époque il y avait quatre bataillons actifs et un

19 bataillon logistique qui travaillaient à l'arrière.

20 Question: Et dans le cadre de votre interrogatoire, vous avez dit que le

21 1er Bataillon était situé à Ustikolina, le 2ème à Previla près de Japoga.

22 Réponse: Le commandement du Bataillon était au début à Ustikolina puis,

23 ensuite, à Prvila. Sinon, le commandement se trouvait le long de la ligne

24 de confrontation avec l'ennemi.

25 Question: Et vous avez déclaré, dans votre déposition, que le troisième

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1 bataillon était stationné à Miljevina?

2 Réponse: Oui, un de ces bataillons. Je ne sais pas exactement lequel

3 mais l'un d'entre eux était à Miljevina et le quartier général de ce

4 bataillon en question se trouvait à l'hôtel de Miljevina.

5 Question: Et DP3 -nous allons utiliser son pseudonyme-, en 1992, était le

6 commandant de ce que nous allons appeler le bataillon de Miljevina, n'est-

7 ce pas?

8 Réponse: Je n'ai pas la liste des pseudonymes et des témoins.

9 Question: Vous pouvez vous servir de ceci, de ce bout de papier que je

10 vous tends et que je vais demander à l'huissier de vous remettre.

11 Réponse: Oui, DP3, c'est effectivement le commandant de ce bataillon à

12 Miljevina.

13 Question: Et le 4ème Bataillon se trouvait-il à Buk Bijela? Je veux

14 parler du commandement de ce bataillon.

15 Réponse: Au tout début, c'est-à-dire en mai et en juin, le commandement

16 de ce bataillon se trouvait à Tjentiste même. Ultérieurement, quand il y a

17 eu un certain nombre de catastrophes dans cette région, ils se sont

18 déplacés, ils se sont installés à Buk Bijela à partir de juillet.

19 Question: Et DP6 menait un peloton d'intervention de ce bataillon, n'est-

20 ce pas, du 4ème Bataillon?

21 Mme le Président (interprétation): Je souhaiterais voir le document que

22 vous venez de donner au témoin. D'ailleurs, il aurait été bien que

23 l'accusation prépare une liste avec les noms des témoins et leurs

24 pseudonymes.

25 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): J'avais préparé cette liste, mais je

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1 pensais que l'accusé connaîtrait ces pseudonymes.

2 Mme le Président (interprétation): C'est un peu trop demander à l'accusé

3 parce qu'il y a beaucoup de témoins et beaucoup de pseudonymes. Il

4 vaudrait mieux qu'il y ait une liste.

5 M. Hunt (interprétation): D'ailleurs, pour beaucoup d'entre eux, on peut

6 faire référence à leurs noms plutôt qu'à un pseudonyme.

7 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Est-ce que vous voulez dire que

8 l'accusé a parlé de ces gens en utilisant leurs noms?

9 M. Hunt (interprétation): Mais on a souvent mentionné ces gens dans le

10 cadre de la présentation des moyens à charge en disant leurs noms, et non

11 pas leurs pseudonymes.

12 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Je me réfère à une décision de la

13 Chambre de première instance attribuant ces pseudonymes aux personnes qui

14 figurent sur la liste suite à une demande de la défense. C'est pourquoi,

15 j'ai pensé que l'accusé serait au fait de ces pseudonymes.

16 Mme le Président (interprétation): Effectivement, mais on ne peut pas

17 vraiment attendre de l'accusé qu'il se souvienne de tous ces pseudonymes

18 et de tous les témoins. Il vaudrait mieux, et cela serait utile également

19 aux Juges, que nous ayons une liste.

20 Poursuivez, s'il vous plaît, madame Uertz-Retzlaff.

21 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Je pense qu'il faut se référer ou

22 utiliser la décision que vous avez faite, puisque l'on y mentionne toutes

23 les personnes en question et leurs pseudonymes à l'exception du dernier

24 que j'ai écrit à la main. Mais on pourrait se servir de cette décision,

25 s'en servir de liste. Je vais demander à l'huissier de la communiquer à

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1 l'accusé. On pourrait d'ailleurs également considérer ce document comme

2 une pièce à conviction et lui attribuer une cote.

3 Mme le Président (interprétation): Vous voulez dire la décision de la

4 Chambre de première instance?

5 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui, ou plutôt cette feuille de

6 papier sur laquelle j'ai rajouté un nom supplémentaire.

7 Mme le Président (interprétation): Oui, effectivement, puisque vous avez

8 ajouté un nom.

9 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Effectivement, ce serait une bonne

10 idée.

11 Mme le Président (interprétation): Peut-on avoir une cote? La greffière

12 d'audience va chercher quelle est la dernière cote attribuée, donc

13 poursuivons.

14 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): DP6 dirigeait un peloton

15 d'intervention du 4ème Bataillon, n'est-ce pas, monsieur le Témoin?

16 M. Kunarac (interprétation): Madame la Présidente, Messieurs les Juges, je

17 suis ici pour témoigner au sujet de ce que j'ai fait, au sujet de moi-

18 même. Je souhaiterais demander à la Chambre de première instance, dans la

19 mesure du possible, de limiter les questions à ce qui me concerne

20 personnellement et de ne pas permettre que l'on me pose des questions au

21 sujet de personnes avec qui je n'ai rien à voir.

22 Effectivement, DP6 faisait partie du bataillon et il a en effet dirigé un

23 peloton de ce bataillon.

24 Mme le Président (interprétation): Monsieur Kunarac, vous devez répondre

25 aux questions de l'accusation. Lorsque la Chambre de première instance

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1 estimera qu'il n'est pas nécessaire que vous y répondiez, elle le dira.

2 Mais je vous demande de répondre dans le cadre du contre-interrogatoire

3 aux questions qui vous sont posées, mêmes si elles ne sont pas directement

4 liées à vos propres activités, puisque vous apparteniez à une équipe.

5 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Donc était-il commandant?

6 M. Kunarac (interprétation): Oui, pendant un certain temps.

7 Question: Le 6ème Bataillon était chargé de la rive droite de la Drina et

8 son quartier général se trouvait à Preljuca, n'est-ce pas?

9 Réponse: Oui, le commandement de ce bataillon se trouvait effectivement

10 à Preljuca.

11 Question: Je vais vous demander d'examiner la feuille de papier qui se

12 trouve devant vous. Vous allez voir à quoi correspond le pseudonyme DP1.

13 Vous le voyez?

14 Réponse: Oui.

15 Mme le Président (interprétation): Est-ce que la greffière d'audience peut

16 nous donner une cote?

17 Mme la Greffière (interprétation): 232, pièce à conviction de

18 l'accusation, pièce à conviction confidentielle, sous scellés.

19 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): DP1 faisait partie d'une unité du 2ème

20 Bataillon, n'est-ce pas?

21 M. Kunarac (interprétation): Oui.

22 Question: Et il appartenait, il était membre des gardes de Cosa, n'est-ce

23 pas?

24 Réponse: Si vous me posez des questions sur les gens qui appartenaient à

25 tous les pelotons d'intervention, je ne peux pas vous répondre, je ne les

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1 connais pas tous. Il est vrai que DP1 a appartenu à cette unité pendant un

2 certain nombre de temps, mais quand et pendant combien de temps, je ne

3 peux vraiment pas vous le dire.

4 Question: Et les gardes de Cosa, il s'agissait d'un groupe qui entourait

5 DP2. Veuillez examiner la liste, s'il vous plaît. Est-ce exact?

6 M. Kolesar (interprétation): Objection!

7 Mme le Président (interprétation): Oui, maître Kolesar?

8 M. Kolesar (interprétation): Madame la Présidente, la défense fait

9 objection puisque cette série de questions dépasse le champ de

10 l'interrogatoire principal. Nous considérons que du point de vue de la

11 procédure, ceci n'est pas correct. Il est nécessaire de réduire les

12 questions à ce qui a été dit dans le cadre de l'interrogatoire principal.

13 M. Hunt (interprétation): Le Règlement a changé, maître Kolesar.

14 Maintenant, de nouveau, nous sommes revenus à une situation habituelle. Le

15 contre-interrogatoire n'est pas limité d'une quelconque manière à partir

16 du moment où les questions sont pertinentes. Mais si vous faites

17 objection, peut-être, devons nous savoir quelle est la pertinence de ceci.

18 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): C'est pertinent, puisque ceci montre

19 le lien entre l'accusé à l'époque. Et puis, c'est pertinent également à

20 l'égard de deux autres co-accusés. Je pense que ceci est évident

21 d'ailleurs.

22 M. Hunt (interprétation): Peut-être c'est ce que vous pensez, mais nous ne

23 sommes pas sûrs de cela. Comment est-ce que ceci montre le lien entre les

24 accusés?

25 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Cela montre qu'ils savaient, les uns

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1 pour les autres, qu'ils étaient impliqués dans une guerre, qu'ils

2 fonctionnaient au sein de groupes individuels, de détachements précis et

3 puis qu'ils faisaient partie des mêmes opérations -on le verra sur la base

4 de l'ordre de bataille-, qu'ils se connaissaient entre eux; et les deux

5 autres accusés faisaient partie d'un tel groupe indépendant, d'un tel

6 détachement indépendant, eux aussi.

7 (Les Juges se consultent.)

8 Mme le Président (interprétation): Maître Kolesar, votre objection est

9 rejetée, puisque la Chambre est satisfaite de l'explication du Procureur

10 en ce qui concerne la question de savoir qui faisait quoi dans le cadre de

11 ces opérations militaires -mêmes s'ils appartenaient à des unités

12 indépendantes.

13 M. Prodanovic (interprétation): J'ai simplement souhaité dire que dans

14 l'acte d'accusation, il n'y a même pas un mot concernant le lien entre

15 l'accusé Kunarac et les deux autres co-accusés, ni entre les deux co-

16 accusés eux-mêmes. Dans le cadre de nos déclarations liminaires, nous

17 avons dit qu'il n'y a absolument rien en commun entre ces personnes. C'est

18 simplement ce que je souhaitais dire, et je ne vois pas où est la

19 pertinence de ces questions-là puisque, lui, il n'a absolument pas de lien

20 avec eux.

21 M. Hunt (interprétation): Bien sûr, vos déclarations liminaires ne sont

22 pas contraignantes pour nous. Et je comprends quel est votre point de vue,

23 mais je ne vois pas pourquoi ceci devrait être contraignant pour le

24 Procureur si le Procureur trouve qu'il existe des liens entre les parties,

25 ce qui les aidera à prouver qu'ils sont cités les uns les autres dans le

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1 cadre de ces actions, ils ont le droit de le faire. Que ce soit

2 explicitement formulé dans l'acte d'accusation ou pas.

3 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur Kunarac, veuillez répondre à

4 ma question de savoir si DP2 était le responsable des gardes de Cosa?

5 Réponse: La seule réponse que je puis donner à cette question, c'est que

6 je ne savais pas quelles étaient les personnes qui faisaient partie de ces

7 unités d'intervention. Concernant beaucoup de ces personnes, je ne les

8 connaissais pas personnellement à l'époque. Et en ce qui concerne les deux

9 co-accusés qui sont présents ici, à ce moment-là, je ne connaissais même

10 pas M. Kovac, je n'avais pas eu d'occasion de le rencontrer, et je

11 connaissais Vukovic seulement de vu.

12 Pendant une certaine période DP2 était effectivement le commandant de l'un

13 de ces groupes de personnes, mais les commandants de ces unités elles-

14 mêmes changeaient en ce qui concerne cette unité-là et en ce qui concerne

15 les autres unités. Je n'appartenais absolument pas à l'un quelconque de

16 ces groupes-là. En ce qui concerne les personnes qui en faisaient partie,

17 vraiment je ne les connaissais pas. Je ne connais pas toutes les personnes

18 qui faisaient partie de ces unités-là.

19 Question: Mais vous saviez que les gardes de Cosa étaient connus également

20 en tant que détachement indépendant de Dragan Nikolic, n'est-ce pas?

21 Réponse: J'ai déjà dit que le peloton d'intervention, l'unité

22 d'intervention, qui faisait partie du 1er et du 2ème Bataillon s'est vu

23 attribuer le nom de Dragan Nikolic par la suite. Son premier commandant

24 était Dragan Nikolic. Après cela, les gens changeaient et d'autres

25 personnes se trouvaient à la tête de ce groupe de personnes, de cette

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1 unité d'intervention.

2 Question: Monsieur Kunarac, vous avez dit dans des entretiens différents

3 -et puis vous avez donné des exemples au cours de votre déposition

4 également-, que vous avez reçu les tâches directement du commandement

5 militaire de Velecevo. Est-ce exact?

6 Réponse: Le commandement de toutes les brigades étaient à Velecevo. Au

7 cours de ma déposition, ici, j'ai essayé de décrire les tâches une par

8 une, en disant où je devais les remplir en tant que membre de l'unité

9 reconnaissance. J'ai effectué des missions de reconnaissance pour tous les

10 bataillons au cours de ma mission là-bas et puis, plusieurs fois, j'ai

11 reçu des tâches directement du commandement de la brigade. J'ai reçu des

12 instructions, parfois aussi directement de la part du commandant de

13 bataillon. Et lorsque j'étais dans la zone de responsabilité de l'un des

14 bataillons, je dépendais du commandement de ce bataillon-là, du bataillon

15 dans la zone de responsabilité duquel j'effectuais ma mission.

16 Question: Mais vous avez reçu des affectations, des missions également de

17 la part du commandant de la brigade lui-même, et parfois vous lui

18 soumettiez le rapport également. Réponse: Je soumettais le rapport à

19 la même personne qui me confiait la tâche suite à l'accomplissement de la

20 mission. Il est vrai que parfois, je recevais la tâche du commandement

21 même de la brigade mais, dans mon entretien, j'ai dit également que le

22 commandement de la brigade elle-même est constitué de tous les commandants

23 des bataillons et de leurs adjoints. C'est cela le commandement même de la

24 brigade. Le commandant de la brigade, son adjoint, ses adjoints et puis

25 les commandants de tous les bataillons, tout ceci constitue l'état-major

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1 de la brigade.

2 Question: Mais lorsque vous avez reçu la tâche directement de Velecevo,

3 et lorsque vous leur soumettiez directement vos rapports, tout ceci indique

4 que votre rôle était important.

5 Réponse: Toutes les données recueillies sur le terrain étaient envoyées

6 au commandement et il y avait une personne qui avait la tâche de

7 recueillir les informations de toutes les zones de responsabilité de tous

8 les bataillons afin de recueillir toutes ces informations à un seul

9 endroit pour distribuer, de la meilleure manière, les effectifs de la

10 brigade. J'ai dit qu'au cours de ces trois années, souvent, ce sont les

11 organes chargés de la sécurité de la brigade elle-même qui me confiaient

12 la tâche, qui me confiaient les missions.

13 Question: Ceci n'était pas vraiment ma question, mais peu importe.

14 Monsieur Kunarac, vous étiez responsable, vous envoyiez des rapports au

15 commandement, soit à Velecevo ou sur le terrain quotidiennement, n'est-ce

16 pas?

17 Réponse: Lorsque je pouvais le faire, si je pouvais le faire

18 quotidiennement. Si je rentrais sur la ligne de front le jour même, dans

19 ce cas-là, je faisais un rapport soit devant le commandant du bataillon ou

20 de la compagnie. Si je restais pendant assez longtemps sur le terrain,

21 dans ce cas-là, j'envoyais des télégrammes brefs en indiquant que tout se

22 passe bien et tout se passe de manière prévue. C'est seulement après mon

23 retour que je soumettais un rapport plus détaillé.

24 Question: Monsieur Kunarac, vous avez dit que le quartier général de

25 Velecevo se trouvait sur la route Foca-Godijevno, est-ce exact?

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1 Réponse: Oui, la route Foca-Godijevno, effectivement.

2 Question: Et le lycée de Foca se trouve sur la même route, est-ce exact?

3 Réponse: Le lycée se trouve dans la ville elle-même, effectivement sur

4 la même route. Question: L'huissier peut-il, s'il vous plaît,

5 soumettre la pièce à conviction du Procureur 12/1 à M. Kunarac? Il s'agit

6 d'une carte de la ville, 12/1. C'est une carte, un plan de la ville.

7 Veuillez placer cela sur le rétroprojecteur, s'il vous plaît.

8 Monsieur Kunarac, je souhaite simplement que l'on clarifie deux ou trois

9 points. Veuillez examiner, peut-être que si vous examinez la carte elle-

10 même, c'est mieux. Est-ce que vous voyez une flèche avec le numéro 8?

11 Réponse: Oui.

12 Question: Ceci indique la maison qui se trouve à l'adresse Osmana Dikica

13 16, est-ce exact?

14 Réponse: Oui, ceci indique ce carrefour où se trouvait la maison.

15 Question: Et la flèche numéro 9 indique le lycée, est-ce exact?

16 Réponse: Oui, le lycée pourrait se trouver là-bas.

17 Question: Et Velecevo, en fait, ne figure pas sur ce plan mais se

18 trouverait un petit peu plus loin en amont de la rivière Cehotina.

19 Réponse: Oui, en amont. Velecevo se trouve en amont de la rivière

20 Cehotina sur la rive droite de la rivière, à peut-être 2 ou 2 kilomètres

21 et demi par rapport au centre ville.

22 Question: Vous avez dit, au cours de votre déposition, que vos parents

23 ont vécu près de l'église orthodoxe à Cerezluk. Pourriez-vous indiquer

24 cela sur le plan?

25 Réponse: A peu près ici se trouve l'église. C'est en face du lycée, au-

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1 dessus du cimetière orthodoxe, sur la rive gauche de la rivière Cehotina,

2 vers le lycée, en face de la rivière.

3 Question: Sur le plan, vous montrez la zone au-dessus de Cehoto Mahala.

4 Est-ce exact?

5 Mme le Président (interprétation): Peut-être qu'il serait utile de donner

6 un marqueur au témoin, comme cela il peut indiquer ces endroits et surtout

7 l'endroit où ses parents ont vécu?

8 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Tout à fait.

9 M. Kunarac (interprétation): Concernant l'agglomération Mahala, puis-je

10 inscrire l'endroit où vivaient mes parents?

11 Mme le Président (interprétation): Oui.

12 M. Kunarac (interprétation): Mahala est encore plus en amont par rapport à

13 la maison de mes parents; la maison et l'église sont à peu près ici, la

14 maison de mes parents. Là où je le marque.

15 Mme le Président (interprétation): Est-ce que nous pouvons écrire le

16 numéro suivant?

17 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui, veuillez inscrire le numéro 12 à

18 côté de ce point que vous avez marqué, comme cela ce sera plus facile pour

19 nous d'identifier cet endroit.

20 (Le témoin s'exécute.)

21 Merci, monsieur Kunarac. Vous pouvez reprendre le plan.

22 (L'huissier s'exécute.)

23 Monsieur Kunarac, Velecevo faisait partie, dépendait entièrement...

24 c'était le commandement militaire du groupe tactique ou de la brigade,

25 n'est-ce pas? Il ne s'agissait pas d'une caserne?

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1 M. Kunarac (interprétation): Non, il s'agissait des locaux du quartier

2 général de la brigade et il y a eu un nombre très limité de personnes qui

3 assuraient la sécurité de ces bâtiments.

4 Question: Au cours des semaines qui ont suivi votre arrivée à Foca, vous

5 vous êtes rendu sur la ligne de front dans des parties différentes de la

6 municipalité, est-ce exact?

7 Réponse: Oui.

8 Question: Et vous avez vérifié le terrain dans des parties différentes de

9 la municipalité pour voir s'il y avait des champs de mines.

10 Réponse: J'ai expliqué ce à quoi ressemblaient mes activités jusqu'au

11 mois de septembre. Ma première tâche se déroulait dans la zone de

12 responsabilité des 1er et 2ème Bataillons. C'était à Ustikolina et j'ai dû

13 vérifier tous les axes de communication entre Ustikolina et Previla et

14 ensuite, j'ai été envoyé à la zone de responsabilité du 5ème Bataillon.

15 Question: Il n'est pas nécessaire de répéter tout ce que vous avez dit au

16 cours de votre interrogatoire principal. Je souhaite simplement vérifier

17 certains points. Il n'est pas nécessaire que vous répétiez tout ceci.

18 Vous étiez en stand-by, en attente à l'époque, n'est-ce pas?

19 Réponse: Non. Comme je l'ai déjà expliqué, ma première tâche devait être

20 accomplie dans la zone de responsabilité du 1er Bataillon et c'est là que

21 je l'ai accomplie, et ensuite, j'ai dû effectuer des tâches dans le cadre

22 des activités de reconnaissance pour le 5ème Bataillon.

23 Par la suite, à partir du 22 juin -je pense-, j'ai été sur la liste des

24 effectifs appartenant au 5ème Bataillon, dans la zone de responsabilité se

25 trouvant à la rive droite de la rivière Drina en aval au-dessous de

Page 4646

1 Cvilin. Et le commandement était à Preljuca.

2 Question: Mais vous avez dit dans votre entretien que vous étiez en

3 attente, je cite la pièce à conviction 69, page 26: "Mon premier ordre

4 était d'être en attente et de me rendre à des lignes de front." C'est ce

5 que vous avez dit, c'est vous qui avez employé le mot de stand-by ou en

6 attente.

7 Réponse: La question était de savoir quelle était ma première tâche.

8 Lorsque je me suis présenté le 8 au matin dans le quartier général de la

9 Défense territoriale, j'ai reçu les équipements et les armes, je n'ai pas

10 reçu d'affectation tout de suite. Moi-même et les autres personnes qui se

11 sont présentées ce jour-là, nous y sommes restés en attendant de recevoir

12 nos affectations liées aux bataillons. Ensuite, j'ai reçu ma tâche directe

13 dans la zone de responsabilité du 1er et du 2ème Bataillon et je suis donc

14 parti afin d'accomplir cette tâche.

15 Question: Lorsque vous êtes en attente, cela ne veut pas dire que vous

16 êtes en repos, n'est-ce pas?

17 Réponse: Cela veut dire dans l'état mais prêt, cela veut dire être au

18 repos momentanément mais de telle manière à pouvoir répondre dès que le

19 besoin surgit sans possibilité de s'éloigner de la municipalité de Foca;

20 et puis également être en mesure de répondre immédiatement à une

21 mobilisation éventuelle. C'est cela être en alerte.

22 Question: Est-ce qu'il est vrai qu'au cours de la guerre, aucun soldat

23 n'est jamais complètement au repos par rapport à ces activités?

24 Réponse: Les gens qui faisaient partie des bataillons contrôlaient la

25 ligne de front et recevaient leur affectation. Ensuite, ils étaient

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1 relayés par d'autres personnes, ils étaient donc au repos. Lorsque

2 d'autres personnes prenaient la relève, ils n'étaient plus en alerte, ils

3 n'étaient plus en attente. A ce moment-là, ils étaient en attente

4 puisqu'il régnait la situation de danger imminent de guerre, n'est-ce pas.

5 Question: Donc, cela veut dire que vous ne pouviez pas faire tout ce que

6 vous vouliez parce que, à tout moment, il pouvait y avoir une urgence,

7 même pendant la nuit?

8 Réponse: C'est exact. A tout moment, il pouvait être possible d'être

9 mobilisé, de devoir répondre à la mobilisation, que ce soit de jour ou de

10 nuit.

11 Question: Monsieur Kunarac, vous avez dit que vous n'avez pas pu vous

12 acquitter de votre tâche tout seul, mais que vous aviez besoin d'aide

13 d'autres soldats, parfois en un nombre plus important, parfois moins

14 important. Est-ce exact?

15 Réponse: Oui.

16 Question: Cela veut donc dire qu'il était nécessaire, pour vous, de

17 savoir où vos hommes se trouvaient à tout moment, est-ce exact?

18 Réponse: Non. Lorsque je recevais l'affectation, c'est seulement à

19 partir de ce moment que je décidais du nombre de personnes dont j'avais

20 besoin. C'est seulement à partir de ce moment-là que je décidais quels

21 étaient les hommes que j'allais regrouper. Tout ceci était décidé en

22 fonction de la zone de responsabilité du bataillon, etc.

23 A partir de ce moment-là, je m'adressais au commandant de bataillon pour

24 voir quels étaient les volontaires que j'allais regrouper pour accomplir

25 cette mission. A partir du moment où plusieurs volontaires se

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1 présentaient, s'il y en avait plus que nécessaire, je faisais le tri, je

2 sélectionnais les personnes dont j'avais besoin. Après la fin de la

3 mission, je retournais alors que, eux, ils rentraient au poste où ils

4 avaient été avant de partir avec moi afin d'accomplir la mission.

5 Question: Monsieur Kunarac, le commandant de quelque rang qu'il soit

6 donne des ordres aux unités qu'il commande, n'est-ce pas, aux soldats

7 qui font partie de ces unités?

8 Réponse: La subordination du commandement, donc la hiérarchie du

9 commandement dans chaque armée, donc aussi dans l'armée de la Republika

10 Srpska, agit selon le principe d'un commandement unique. Cette hiérarchie

11 descend verticalement vers les soldats.

12 Question: Et les commandements militaires, les commandants ne doivent pas

13 chercher de volontaires pour des missions d'urgence, ils donnent des

14 ordres.

15 Réponse: Oui. Mais moi, je disais que les missions que l'on me confiait

16 étaient des missions extrêmement risquées. Chaque soldat devait être

17 capable de mener à bien une partie de la tâche qui m'était confiée et

18 donc, qui lui était également confiée. Il n'était pas possible que ce soit

19 un commandant de bataillon qui donne un ordre en disant: "Voilà, les cinq

20 soldats suivants vont faire ceci ou cela".

21 J'ai essayé de l'expliquer au cours de mes interrogatoires préalables et

22 au cours de ma déposition, ces terrains étaient toujours devant là où nous

23 allions en mission de reconnaissance, ces régions étaient souvent minées

24 des deux côtés et se trouvaient devant, bien devant nos lignes de front.

25 Il était donc difficile de circuler sur ces terrains. Il fallait franchir

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1 tous ces obstacles avant de se rendre, avant d'effectuer une mission dans

2 une région déterminée sur le terrain.

3 Par exemple, si on me confiait la mission d'effectuer une mission de

4 reconnaissance dans une partie des municipalités -par exemple dans la zone

5 de responsabilité du 5ème Bataillon-, par exemple, il n'était absolument

6 pas utile pour moi de prendre des gens qui venaient d'un autre bataillon

7 et qui ne connaissaient absolument pas le terrain. Nous cherchions donc

8 toujours des volontaires venant de ces villages ou de ces municipalités

9 précises pour qu'ils puissent m'aider ou aider toute personne qui

10 participait à cette mission pour nous aider en cas de difficulté, en cas

11 d'une d'attaque de l'ennemi ou de combat concret.

12 J'ai toujours essayé de dire que je n'ai jamais eu un groupe précis qui

13 m'était attribué pour mener à bien mes missions, car moi-même je m'étais

14 porté volontaire -comme je l'ai déjà dit.

15 Question: Au cours de vos activités, de vos missions, vous travailliez de

16 façon assez indépendante sur le terrain, n'est-ce pas?

17 Réponse: Les missions qui m'étaient confiées par mes supérieurs

18 hiérarchiques, eh bien, on me les confiait directement et moi, je les

19 menais à bien avec ce groupe de personnes qui étaient avec moi. Très

20 souvent, les autres personnes qui se trouvaient sur nos lignes de défense

21 ne savaient pas où nous étions, ne savaient pas du tout que nous étions

22 sur le terrain. Pour notre propre sécurité, c'étaient des tout petits

23 groupes de reconnaissance qui consistaient en trois, six ou sept personnes

24 au maximum.

25 Moi, j'avais besoin d'un groupe le plus restreint possible pour que l'on

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1 ne nous voit pas tout simplement, et pour mener à bien ma mission de

2 reconnaissance, la mission concrète qu'un supérieur hiérarchique m'avait

3 confiée à ce moment-là.

4 Question: Ce n'était pas vraiment la portée de ma question. Je vous ai

5 posé la question de savoir si vous travailliez de façon indépendante

6 pendant que vous étiez sur le terrain. C'est vous-même qui preniez vos

7 décisions?

8 Réponse: Je ne sais pas à quelle mission concrète vous faites allusion.

9 En tout cas, j'avais des missions concrètes, des tâches concrètes que je

10 devais effectuer. En ce qui concerne l'accomplissement de la mission sur

11 le terrain, il est exact que je disais à mes hommes ce qu'ils devaient

12 faire pour chacun d'entre eux, pour que nous puissions mener à bien la

13 mission qui nous avait été confiée.

14 Question: Vous-même, monsieur Kunarac, au cours d'un entretien, vous avez

15 dit: "J'ai été en mesure de travailler de façon indépendante sur le

16 terrain". Vous avez dit cela dans la pièce à conviction 67, la cassette 1,

17 face 1, page 9.

18 Réponse: Oui. Je vous ai dit par exemple, si on me demandait de me

19 rendre dans la zone de responsabilité d'un bataillon, je me mettais devant

20 les lignes qui étaient tenues par ces bataillons. A partir du moment où

21 j'avais franchi cette ligne, j'étais évidemment responsable de mener à

22 bien cette mission.

23 Sur le terrain, dans le cadre de cette mission concrète, puisque l'on

24 m'avait confié cette mission, eh bien, je menais à bien cette mission. Les

25 hommes qui étaient à côté de moi m'ont aidé à mener à bien cette mission.

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1 Effectivement, sur le terrain, mes supérieurs hiérarchiques n'étaient pas

2 présents. Donc ils n'étaient pas en mesure de me donner des ordres précis

3 concernant la façon dont je devais effectuer ma mission. Je ne sais pas si

4 vous m'avez compris.

5 Question: Oui, précisément. Avec l'aide de l'huissier, je souhaiterais

6 montrer à M. Kunarac l'ordre de combat du 7 juillet 1992.

7 Il s'agit de la pièce à conviction de l'accusation numéro 2.

8 Monsieur Kunarac, vous avez dit qu'à l'époque vous n'aviez pas reçu cet

9 ordre de combat,mais que vous en aviez été informé oralement.

10 Réponse: J'ai parlé de cet ordre de combat au cours de ma déposition. A

11 l'époque, je n'ai pas pu voir, je n'ai pas eu l'occasion de voir cet ordre

12 qui avait été émis par le commandant du groupe tactique ou de la brigade

13 et qui était destiné au commandant de bataillon.

14 Si on regarde les événements qui se sont produits à ce moment-là dans

15 cette région, j'ai dit qu'en regardant cet ordre, je peux me rendre compte

16 de ce qui a été fait. Effectivement, j'ai participé à l'accomplissement

17 d'une partie des missions ordonnées par cet ordre.

18 Question: Je voudrais que vous regardiez la page 3, mais je ne suis pas

19 sûre qu'en langue BCS il s'agisse de la page 3. Il s'agit de poste de

20 commandement de la caserne d'Ustikolina et il est écrit que "dans la

21 direction du 5ème Bataillon, des attaques menées par (inaudible)..."

22 Réponse: Oui, effectivement, on parle de détachement dépendant de Zaga.

23 Moi, au cours de ma déposition, j'ai dit que j'étais dans la zone de

24 responsabilité du 5ème Bataillon à partir du 26 juin et que, le 6 juillet,

25 j'ai reçu un ordre du commandant du 5ème Bataillon pour mener à bien une

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1 mission de reconnaissance vers Cerova Ravan.

2 Avant que cet ordre ne soit donc émis -puisqu'on voit que cet ordre a été

3 émis le 7 juillet 1992-, avant cela, j'étais déjà sur le terrain en train

4 de mener à bien des missions de reconnaissance sur le terrain. C'est

5 justement là que cette attaque devait être menée par le 5ème Bataillon. A

6 l'époque, j'étais en train de mener à bien cette mission dans cet axe

7 d'attaque du 5ème Bataillon. J'ai déjà dit que le 5ème Bataillon devait

8 attaquer en aval de la rive droite de la Drina avec, pour but ultime, le

9 devoir de prendre Cerova Ravan.

10 Question: Quand on parle de ce détachement dépendant de Zaga, dans cet

11 ordre de combat, il s'agit bien de vous et de vos hommes?

12 Réponse: Il s'agit du nettoyage des communications, des axes de

13 communication et des villages. Il fallait donc nettoyer le terrain. Et

14 comme je l'ai dit, à partir de Cvilin jusqu'à Cerova Ravan, il y avait six

15 ou sept hameaux et il n'y avait pas d'habitants. Ces hameaux n'étaient pas

16 habités, la ligne de l'ennemi allait de Cerova Ravan vers Drina et il y

17 avait une grande possibilité…

18 Question: Monsieur Kunarac, je vais vous interrompre, je vous ai posé une

19 question très simple et je n'avais pas besoin de vous entendre répéter

20 tout ce que vous avez fait. La seule chose que je vous ai demandée,

21 c'était de me dire si les détachements indépendants de Zaga, si c'était

22 bien vous et vos hommes. Tout ce que j'ai voulu avoir, c'était une réponse

23 "oui" ou "non".

24 Réponse: J'ai reçu pour ordre de nettoyer le terrain des mines et

25 d'engins explosifs, donc sur le terrain où le 5ème Bataillon devait mener

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1 l'attaque.

2 Question: Vous avez donc répondu par oui. Le détachement dépendant de

3 Zaga, c'est bien vous?

4 Réponse: Personnellement, j'étais le seul soldat du 5ème Bataillon qui

5 était capable de trouver une mine, de la démonter, de la désarmer et

6 j'avais cinq ou six hommes qui m'ont aidé dans ma mission de

7 reconnaissance.

8 Effectivement, avec ce groupe, j'ai donc été présent sur le terrain et

9 j'étais en train d'accomplir ma mission, la mission de nettoyage de

10 terrain, de chercher les mines et les engins explosifs. J'avais donc déjà

11 reçu l'ordre de nettoyer cette partie de la route, la partie qui devait

12 être utilisée pour l'attaque qui devait être menée par le 5ème Bataillon.

13 Question: Et donc vous avez obéi à cet ordre de combat, n'est-ce pas?

14 Réponse: J'ai déjà dit, au cours de ma déposition, que j'étais déjà en

15 train de mener à bien ma mission de reconnaissance pour le 5ème Bataillon.

16 J'ai été, pendant toute cette période, sous le commandement du 5ème

17 Bataillon. Ensuite, au cours de l'attaque, j'ai été sous le commandement

18 de la compagnie de Jocenica.

19 Question: Vous avez déjà dit que l'on vous appelait Zaga. Est-ce que Zaga

20 veux dire une "scie"?

21 Réponse: Oui, c'est une scie. On utilise cet outil pour scier du bois.

22 C'est un outil de menuisier. J'ai été appelé comme cela depuis que je suis

23 tout petit.

24 Question: A l'époque, pendant la période de l'acte d'accusation, le

25 groupe d'hommes avait entre dix et seize... comptait entre dix et seize

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1 personnes qui comprenaient vous-mêmes, n'est-ce pas?

2 Réponse: J'ai déjà dit que ce groupe était assez réduit et qu'une seule

3 fois nous étions quinze, sinon nous étions toujours moins de quinze et

4 cela s'est produit donc une seule fois.

5 Question: Vous avez dit que vous êtes arrivé avec cinq hommes le 6 juin

6 1992.

7 Réponse: J'ai dit que nous étions cinq en tout et j'avais donné les noms

8 de cinq personnes, c'est-à-dire des quatre personnes. Moi, j'étais le

9 cinquième et il y a un nom que je n'ai pas mentionné. J'ai mentionné le

10 nom de trois hommes, j'étais le quatrième. Le nom du cinquième homme, je

11 ne l'ai pas mentionné pour la sécurité de ma famille, pour des raisons de

12 sécurité.

13 Question: Les hommes qui sont arrivés avec vous ont voulu rester avec

14 vous au cours des combats, n'est-ce pas?

15 Réponse: J'ai dit que moi et trois autres hommes, ainsi que trois autres

16 hommes de Foca, nous avons tous été affectés au 1er Bataillon. Nous avons

17 reçu les armes et avec ce groupe d'hommes, je me suis rendu dans la zone

18 de responsabilité du 1er Bataillon. Ces hommes sont restés après le 22

19 juin dans la zone de responsabilité du 1er Bataillon alors que moi, j'ai

20 été affecté plus tard dans la zone de responsabilité du 5ème Bataillon.

21 Donc je travaillais avec un autre groupe de personnes dans la zone de

22 responsabilité du 5ème Bataillon à partir de cette date-là.

23 Question: Je vais vous rappeler ce que vous avez dit au cours de votre

24 entretien. Il s'agit de la pièce à conviction 67, la cassette 1A, page 12:

25 "Je suis venu du Monténégro le 6 juin avec ces cinq ou six hommes. Nous

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1 étions tous volontaires. Ils ont voulu aider la population dans les mêmes

2 conditions et sous le même commandement qui relevait du même commandement

3 que moi". C'est ce que vous avez dit?

4 Réponse: Oui, j'ai dit cela au cours de mon premier entretien. J'ai

5 essayé d'expliquer cela au cours de mon deuxième entretien. Je vous ai

6 déjà dit dans quelles conditions j'avais fait ce premier entretien car mon

7 conseil, à l'époque, m'avait dit qu'il n'était pas important de parler de

8 quoi que ce soit d'autre, qu'il fallait tout simplement que j'explique

9 pourquoi j'avais plaidé coupable, c'est-à-dire par rapport à quoi

10 exactement j'avais plaidé coupable dans le cadre de l'acte d'accusation.

11 Question: Mais ce n'est pas votre conseil qui a répondu aux questions,

12 c'est vous-même qui avez dit que ce groupe d'hommes souhaitait rester avec

13 vous?

14 Réponse: Oui, j'ai également dit que ces hommes, à partir du moment où

15 ils étaient partis avec moi, qu'ils étaient volontaires. C'est-à-dire que

16 quand ils entendaient qu'on m'avait confié une tâche, ils se portaient

17 volontaires pour m'accompagner. En fonction du nombre de personnes dont

18 j'avais besoin, si j'avais besoin de plus d'hommes par exemple, ou bien si

19 j'avais besoin de l'un de ces hommes, eh bien, je les acceptais, je les ai

20 acceptés et je partais en mission avec eux.

21 Question: La plupart de ces hommes sont restés avec vous au cours du mois

22 de juillet et août 1992.

23 Réponse: Ces hommes qui sont venus avec moi, ces quatre hommes qui

24 étaient venus avec moi, l'un d'entre eux était avec moi au cours des

25 vingt premiers jours, après il n'était plus avec moi. En ce qui concerne

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1 Kontic, il a participé à une ou deux missions quand nous sommes partis à

2 Jabuka, il était avec nous, il s'était porté volontaire.

3 Et en ce qui concerne les combats à Rogoj, il était venu avec une autre

4 unité. Mais au cours de combats pour Rogoj, il s'est joint à mon unité, à

5 mon groupe. Donc nous n'étions que six parce que nous faisions une mission

6 de reconnaissance. Il y a eu des soldats des autres unités qui se sont

7 joints à mon groupe, les gens de Kalinovik. Ils étaient, ces nouveaux

8 arrivants, entre six et sept et j'ai déjà dit que nous étions quinze au

9 maximum le 2 août. Mon groupe comportait seize personnes au cours de

10 combats pour Rogoj.

11 Mme le Président (interprétation): J'ai remarqué que la greffière a donné

12 la traduction en anglais de l'article D, d'un article de presse. Il s'agit

13 de la pièce à conviction D86 donc en langue anglaise. Cette pièce va

14 recevoir la cote 86A et elle est confidentielle.

15 Nous allons interrompre jusqu'à 11 heures 30.

16 (L'audience, suspendue à 11 heures, est reprise à 11 heures 30.)

17 Mme le Président (interprétation): Maître Jovanovic?

18 M. Jovanovic (interprétation): Merci, Madame la Présidente.

19 La défense est très préoccupée et souhaiterait demander des

20 éclaircissements. Il est possible que la traduction ou l'interprétation

21 ait mené à un malentendu. Mais nous nous inquiétons au sujet du point

22 suivant: après l'objection qui a été soulevée par mon confrère, Me

23 Kolesar, le Juge Hunt nous a fait savoir que le Règlement avait été

24 modifié. Or, je ne sais pas, à ce stade, la chose suivante.

25 Nous, nous avons un règlement qui est entré en vigueur le 7 décembre 1999,

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1 qui avait été adopté le 30 novembre 1999. Y a-t-il eu une erreur de

2 traduction? C'est peut-être la raison mais, dans ma langue, quand on dit

3 "le règlement a changé", la défense estime que de nouvelle, un nouveau

4 règlement avait été adopté au sujet de l'interrogatoire des témoins.

5 Pendant la pause, nous avons essayé d'obtenir des informations auprès du

6 Greffe pour savoir s'il y avait eu effectivement des modifications.

7 M. Hunt (interprétation): Je fais référence à l'Article 90(H), c'est le

8 même règlement que vous ayez du 7 décembre 1999, on peut y lire -je cite:

9 "Le contre-interrogatoire se limite aux points évoqués dans

10 l'interrogatoire principal, aux points ayant trait à la crédibilité du

11 témoin (et ceci a été ajouté), ayant trait à la cause de la partie

12 procédant au contre-interrogatoire sur lesquelles portent les déclarations

13 du témoin".

14 C'est ce qui avait été ajouté l'an dernier afin que les choses soient bien

15 claires. C'est donc cet article du Règlement qui a été modifié auquel j'ai

16 fait référence. Donc, dans cet article, il apparaît que si l'accusation

17 souhaite prouver quelque chose, elle est en droit de contre-interroger les

18 témoins, les témoins de l'accusé, pour prouver ce qu'elle veut prouver.

19 M. Jovanovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

20 J'ai bien compris ce que vous avez lu, j'ai bien compris les disposition

21 de l'article 90, mais ma question a trait à des modifications que nous ne

22 connaissions pas. Mais je pense qu'en fait, il y a eu un petit problème de

23 traduction, d'interprétation.

24 M. Hunt (interprétation): Le Règlement n'a pas été modifié depuis 1999.

25 M. Jovanovic (interprétation): Merci.

Page 4658

1 Mme le Président (interprétation): Nous allons continuer le contre-

2 interrogatoire.

3 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Pendant la pause, nous avons rédigé

4 une nouvelle liste des témoins avec les pseudonymes des témoins. Je

5 souhaiterais verser ceci au dossier afin que nous ayons une liste qui ne

6 soit pas à moitié dactylographiée, à moitié écrite à la main.

7 Mme le Président (interprétation): Merci. Peut-on avoir une cote

8 officielle, s'il vous plaît?

9 Melle Lauer: Pièce à conviction de l'accusation, 232/1 du Procureur, elle

10 est enregistrée de façon confidentielle.

11 Mme le Président (interprétation): Merci, veuillez poursuivre.

12 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur Kunarac, vous nous avez dit

13 que vous avez reçu vos ordres de la part du commandement en l'absence de

14 tout autre témoin que celui qui vous donnait vos ordres?

15 M. Kunarac (interprétation): C'est ce que j'ai dit. Et le plus souvent,

16 mon supérieur, mes supérieurs me donnaient des instructions. Il n'y avait,

17 à cette occasion, que moi et celui qui me donnait mes ordres. Je ne sais

18 pas si vous voulez évoquer certaines des personnes qui sont mentionnées

19 sur cette liste, je souhaiterais en avoir un exemplaire.

20 Question: Je ne savais pas que vous ne disposiez pas d'un exemplaire de

21 cette liste, je vais demander à l'huissier de vous le remettre. Je pensais

22 que vous n'aviez pas besoin de la liste. Lors de votre interrogatoire

23 principal, vous avez spontanément mentionné ces pseudonymes. Mais bon,

24 maintenant, vous disposez de cette liste.

25 Réponse: Je n'ai mentionné une de ces personnes qu'à une seule prise

Page 4659

1 pendant l'interrogatoire principal.

2 Question: Vous avez donc reçu vos ordres en l'absence de tout autre

3 témoin. Est-ce que cela signifie qu'on vous confiait des missions qui

4 étaient très sensibles et confidentielles?

5 Réponse: Oui.

6 Question: Ensuite, vous prépariez votre équipement, vos jumelles, votre

7 équipement radio, etc.

8 Réponse: C'est exact.

9 Question: Vous aviez des jumelles tout à fait ordinaires, rien de très

10 sophistiqué, n'est-ce pas?

11 Réponse: Oui, j'avais des jumelles pour les missions de reconnaissance

12 pendant la journée. Pour la nuit, nous n'avions aucun équipement de ce

13 type.

14 Question: Ensuite, après ces préparatifs personnels, vous alliez informer

15 vos hommes, n'est-ce pas?

16 Réponse: Dès qu'on m'avait donné des instructions précises, qu'on

17 m'avait précisé la zone où je devais me rendre, ou pour reconnaître

18 le terrain, je préparais tout ce qu'il fallait, les cartes, etc.

19 Ensuite, je disais à celui qui venait de me donner les instructions, de

20 combien d'hommes j'avais besoin.

21 Pendant que je préparais les cartes, les liaisons radios, tout ce dont

22 j'avais besoin, celui qui m'avait donné mes instructions trouvait et

23 préparait les hommes qui allaient m'accompagner ou proposait un certain

24 nombre d'hommes. Généralement, j'insistais pour que ce soient des gens qui

25 s'étaient portés volontaires. Ensuite, je choisissais parmi ces hommes

Page 4660

1 disponibles ceux qui allaient m'accompagner pour ma mission.

2 Question: J'avais cru comprendre que c'était vous qui informiez ceux qui

3 allaient venir avec vous, que vous leur donniez les détails de vos

4 instructions, que parfois même vous ne le faisiez que sur le terrain parce

5 que vos missions étaient extrêmement confidentielles.

6 Réponse: En ce qui concerne la mission elle-même, et ceux qui

7 m'accompagnaient pour l'exécuter, généralement, en chemin, je disais à

8 chacun ce qu'il aurait à faire une fois que nous serions arrivés sur

9 place. C'est ainsi que nous opérions sur le terrain. Mais avant que ces

10 gens ne se joignent à notre groupe, je ne disais à personne où on allait

11 et ce qu'on allait faire. Généralement, je disais qu'on allait en mission

12 de reconnaissance, que j'avais besoin de trois ou quatre ou cinq

13 personnes.

14 Ceux qui se portaient volontaires savaient le type, de quel type de

15 mission il s'agissait. Ils savaient que c'était des missions extrêmement

16 dangereuses, complexes. Ils se portaient donc volontaires. Parfois, si des

17 gens se portaient volontaires qui n'avaient jamais travaillé précédemment

18 avec moi, ils me demandaient ce qu'on allait faire, où on allait aller. A

19 ce moment-là, brièvement, en quelques mots seulement, je leur expliquais

20 ce que nous allions faire sur le terrain. Alors ils m'accompagnaient ou

21 décidaient de ne pas venir.

22 Généralement, je ne disais à personne dans quelle direction nous nous

23 dirigions et où nous allions exactement pour remplir notre mission. Comme

24 je l'ai déjà dit, il s'agissait de missions extrêmement dangereuses. Si

25 j'avais dit à qui que ce soit où nous allions, cela aurait pu mettre en

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1 danger le groupe entier et moi-même et cela aurait pu entraîner des pertes

2 humaines parmi

3 nous.

4 Question: Donc on peut dire que ces hommes vous suivaient aveuglément

5 jusque sur le terrain?

6 Réponse: Tous ceux qui se portaient volontaires se portaient volontaires,

7 moi lorsque j'étais quelque part, qu'on me donnait une mission, je disais:

8 "J'ai besoin de tant d'hommes pour une mission de reconnaissance". Donc

9 ceux qui se portaient volontaires étaient tout à fait conscients du genre

10 de travail que nous allions accomplir. C'est-à-dire qu'on serait à l'avant

11 de nos lignes et que l'on se rapprochait des lignes ennemies et que l'on

12 passerait même peut-être derrière.

13 Ils se portaient donc volontaires, mais ils ne savaient jamais exactement

14 où nous allions. Cependant, ils savaient le genre de mission qu'ils

15 allaient accomplir. C'est dans ces conditions et sur la base de ces

16 informations qu'ils se portaient volontaires. Ils le savaient. Ils

17 savaient qu'ils allaient participer à une mission extrêmement complexe,

18 extrêmement risquée. Mais une fois qu'on s'était mis en route, je disais à

19 chacun où nous allions aller, combien de temps on allait rester sur le

20 terrain, et je disais à chacun ce qu'il avait besoin de savoir pour

21 réaliser la mission.

22 Question: Ces hommes qui vous accompagnaient devaient vous faire

23 confiance et vous respecter énormément.

24 Réponse: Il est toujours arrivé un moment où ces hommes venaient avec

25 moi pour la première fois. Il y a toujours une première fois. Quand ils me

Page 4662

1 rencontraient sur le terrain pour la première fois, ils apprenaient à me

2 connaître et voir comment je travaillais. Pendant la mission de

3 reconnaissance, je remplissais 80% du contenu de la mission. Ces hommes

4 pouvaient se convaincre du fait que moi, je faisais tout ce qui était

5 possible pour protéger le groupe et la vie de tous ceux qui participaient.

6 Ils me croyaient, ils avaient confiance en moi parce que, dans ce genre de

7 mission, s'il n'y a pas un climat de confiance, il n'est pas possible de

8 travailler correctement.

9 Question: Cela signifie que vous aussi vous aviez confiance en ces hommes

10 qui vous accompagnaient?

11 Réponse: J'ai déjà dit que, quand il y avait avec nous quelqu'un qui

12 venait pour la première fois et que je ne connaissais pas, dont je ne

13 savais pas quelles étaient ses aptitudes et son comportement, à ce moment-

14 là, j'avais la possibilité de connaître ces gens, de voir quelle était

15 leur valeur. Mais il fallait que je m'appuie sur ces gens tout comme eux

16 s'appuyaient sur moi. La vie de chacun de nous dépendait des autres, de

17 tous les autres.

18 Question: Monsieur Kunarac, vous avez donné le nom de certains de ces

19 hommes pendant le cours de votre interrogatoire principal. L'un d'eux

20 s'appelait Gaga, n'est-ce pas?

21 Réponse: Oui.

22 Question: Gaga est plus petit, plus vieux et plus gros que vous, n'est-ce

23 pas, plus corpulent?

24 Réponse: Oui, il était plus âgé que moi, il avait dix ou douze ans de

25 plus que moi. Il était plus petit que moi, dix centimètres de moins que

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1 moi, il était en effet assez corpulent.

2 Question: C'était votre adjoint, n'est-ce pas?

3 Réponse: J'ai déjà dit que Gaga partait en mission avec cinq ou six

4 hommes. En mission de reconnaissance, comme je l'ai dit, moi, j'étais le

5 seul qui disposais d'un équipement entier, c'est-à-dire un émetteur radio,

6 les cartes, les jumelles, etc.

7 Si je partais à l'avant avec l'un des hommes pour assurer une mission de

8 reconnaissance sur les lignes de l'ennemi, à ce moment-là, cette autre

9 personne restait avec les autres à l'arrière. Généralement, je confiais

10 cette mission à quelqu'un avec qui j'avais vraiment confiance, quelqu'un

11 dont le comportement sur le terrain et les aptitudes étaient optimales. Et

12 aussi quelqu'un en qui j'avais confiance.

13 Question: Mais vous n'avez pas répondu à ma question. Je vous ai demandé

14 si Gaga était votre adjoint. Etait-ce celui en qui vous aviez le plus

15 confiance?

16 Réponse: J'ai déjà dit que c'étaient des groupes de cinq ou six

17 personnes et nous étions égaux en matière de grade. C'est vrai que Gaga

18 était celui en qui j'avais le plus confiance.

19 Question: Vous étiez sûr qu'il vous était... que vous pouviez avoir

20 confiance en lui?

21 Réponse: Oui, sur le terrain, bien entendu, il l'a montré à plusieurs

22 reprises; il a toujours été prêt à risquer sa vie pour me protéger moi ou

23 un autre membre du groupe. C'était quelqu'un d'extrêmement courageux, il

24 n'avait pas de famille proche, il n'était pas marié. Nous étions tous plus

25 jeunes que lui, pour la plupart. Il nous disait qu'il avait vécu sa vie et

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1 si quelqu'un parmi nous devait perdre la vie, il valait mieux que ce soit

2 lui parce que tous, nous autres, nous étions plus jeunes que lui, nous

3 avions toute la vie devant nous. Nous avions des enfants en bas âges, nous

4 n'avions même pas encore, pour certains d'entre nous, le temps de fonder

5 une famille. Voilà.

6 Question: Si je me souviens bien, vous nous avez même dit qu'il avait

7 même sauvé votre vie au col de Rogoj?

8 Réponse: Oui, le 2 août, il m'a sauvé la vie au col de Rogoj.

9 Question: Dans quelles circonstances? Qu'a-t-il fait exactement?

10 Réponse: Je dis cela dans mon interrogatoire. J'ai dit que le 31 juillet

11 on m'avait envoyé en mission de reconnaissance sur les routes d'accès au

12 col de Rogoj. J'ai passé la nuit du 31 et la journée du 1er et la nuit du

13 1er au 2 sur place, pour cette mission de reconnaissance de toute la zone

14 de Rogoj. Lorsque le commandement combiné des Brigades de Kalinovic et de

15 Foca a décidé d'émettre un ordre pour reprendre ces positions qui avaient

16 été perdues dans un ordre d'attaque, on m'a intégré à l'attaque, à l'unité

17 qui a lancé l'offensive sur Rogoj et au café de Rogoj.

18 J'ai dit qu'à la suite de la prise de notre artillerie par les Musulmans,

19 personne n'avait été fait prisonnier, les forces ennemies étaient peu

20 présentes et j'ai reçu pour instruction de lancer une offensive pour

21 essayer de reprendre les pièces d'artillerie qui nous avaient été prises à

22 Rogoj.

23 Il y avait cinq ou six personnes qui étaient en mission de reconnaissance

24 avec moi à l'époque, et comme j'avais très peu d'hommes, j'ai demandé au

25 commandant qui était responsable de la totalité de cette offensive, de

Page 4665

1 cette contre-attaque, un service et de me permettre de prendre sept ou

2 huit hommes supplémentaires.

3 Ces hommes m'ont aidé dans le cadre de l'offensive que j'ai lancée sur le

4 col de Rogoj. Gaga faisait partie de ce groupe.

5 J'ai avancé avant eux, je suis arrivé dans une clairière. A ce moment-là,

6 l'ennemi a ouvert le feu sur nous. Gaga a touché et tiré celui qui tirait

7 sur moi. S'il ne l'avait pas fait, je serais mort, j'aurais été tué dans

8 cet espace dégagé, devant le café, au niveau du col.

9 Question: Il y avait également une femme au sein de votre groupe, n'est-

10 ce pas?

11 Réponse: J'ai dit dans mon interrogatoire, à une question qui m'a été

12 posée, que parfois sur le terrain il y avait également des femmes, des

13 femmes qui travaillaient de façon très compétente. Généralement, c'étaient

14 elles qui soignaient les blessés, les soldats blessés sur le terrain.

15 Question: Je vais vous rappeler ce que vous avez dit au sujet de cette

16 femme, dans votre déclaration précédente. Pièce 67, cassette 1, face B,

17 page 3 -je cite: "Il y avait une femme dans mon unité qui faisait un

18 meilleur travail que beaucoup de mes hommes." (Fin de citation.)

19 Cette femme c'est Jadranka, n'est-ce pas?

20 Réponse: Oui, c'est exact. J'ai effectivement dit que dans le groupe

21 auquel j'appartenais il y avait une femme. Il est vrai que le 12 août,

22 dans le cadre d'une de mes missions, Jadranka m'a accompagné, a accompagné

23 le groupe auquel j'appartenais. Nous avons eu quatre blessés et un tué. Ce

24 jour-là, Jadranka a fait quelque chose qu'aucun des autres hommes n'a osé

25 faire à ce moment-là; elle est allée vers chacun des hommes blessés, les a

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1 soignés, les a pensés, etc. Elle a fait preuve d'un courage extraordinaire

2 et grâce à elle, au moins un de ces blessés a pu être sauvé.

3 Question: Est-ce que Jadranka était blonde, maigre et vêtue d'une tenue

4 de camouflage?

5 Réponse: J'ai rencontré Jadranka à Trnovace. Je crois que c'était le 10

6 août qu'elle est arrivée là. Elle est arrivée avec quelqu'un dont j'ai

7 écrit le nom sur un bout de papier hier. Le 12, lorsque nous sommes partis

8 en mission, elle était aussi sur le terrain avec un groupe qui était aussi

9 sur le terrain. Comme je l'ai dit, l'un des hommes de ce groupe a été

10 grièvement blessé. Krnojelac pourra témoigner à ce sujet, au sujet des

11 détails de cet incident.

12 Elle a soigné ce blessé, moi-même je l'ai aidée. Ce jour-là, le 12 août,

13 elle était effectivement vêtue d'une tenue de camouflage. Elle n'avait pas

14 d'arme, elle avait une trousse médicale; sa mission était de donner les

15 premiers soins aux blessés, aux combattants blessés.

16 Question: Oui, mais moi je vous ai demandé si elle était maigre et blonde.

17 Réponse: Oui.

18 Question: Et quand elle était en votre compagnie, elle devait vous obéir

19 comme les hommes qui se trouvaient avec vous?

20 Réponse: Ce jour-là, quand elle était avec moi sur le terrain, c'est la

21 seule fois où elle était sur le terrain. En fait, elle appartenait à une

22 autre unité, unité qui se trouvait sur le terrain pour mener à bien sa

23 propre mission. A ce moment-là, elle n'était pas, à proprement parler,

24 sous mes ordres. Moi, j'étais en reconnaissance dans la zone. A côté de

25 nous, il y avait deux autres groupes qui avaient, chacun, leur propre

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1 mission. Elle, elle appartenait à un de ces deux groupes. Mais quand Vido

2 Vitkovic a été tué, quand quatre hommes ont été blessés, elle était la

3 seule infirmière disponible, elle était la plus proche. A ce moment-là,

4 elle est venue soigner les blessés. A ce moment-là, moi-même, comment

5 dire... enfin, elle n'appartenait pas au groupe que je dirigeais sur le

6 terrain.

7 Question: Monsieur Kunarac, je vais vous rappeler ce que vous avez dit

8 dans une déclaration préalable: "Il y avait dans mon groupe, dans mon

9 unité, une femme". Est-ce qu'il s'agit d'une autre femme?

10 Réponse: Non, non. Quand j'ai dit cela, je voulais dire qu'il arrivait

11 sur le terrain en mission que je travaille avec une femme qui faisait son

12 travail de façon très brillante. Mais on ne m'avait pas demandé si cette

13 femme appartenait au groupe que je dirigeais. Ce que j'ai dit, c'est

14 qu'elle se trouvait au même endroit que moi, à l'endroit où je me trouvais

15 avec mes hommes, et qu'elle a prodigué les premiers soins à quelqu'un qui

16 a été blessé dans le cadre de cette mission de reconnaissance.

17 Question: Dans le cadre de votre déposition, vous avez dit qu'il y avait

18 quatre hommes qui habitaient dans la maison située au 16 rue Osmana

19 Dikica. C'est exact?

20 Réponse: Oui, généralement, il y avait quatre hommes à cette adresse.

21 J'ai également dit qu'il arrivait que d'autres personnes y viennent

22 également. Mais j'ai dit qu'il y avait quatre hommes qui passaient tout

23 leur temps libre et de repos à cet endroit.

24 Question: Et il s'agissait d'hommes courageux?

25 Réponse: J'ai dit qu'il y avait aussi là des hommes très dangereux. Il y

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1 a une différence entre "courageux" et "dangereux".

2 Question: Il y avait également des hommes peu fréquentables?

3 Réponse: Oui, certains d'entre eux.

4 Question: Et parmi ces quatre hommes se trouvaient Kontic et Gaga, n'est-

5 ce pas?

6 Réponse: Oui.

7 Question: Vous ne nous avez pas donné les noms des deux autres, parce que

8 vous estimez que cela soulève des problèmes de sécurité?

9 Réponse: J'ai déjà dit que Gaga était là ainsi que Kontic et deux autres,

10 deux autres qui sont des Monténégrins. Afin de garantir la sécurité de ma

11 famille, je ne souhaite pas donner le nom de ces deux hommes parce qu'en

12 dépit de toutes les mesures de protection possibles et inimaginables, je

13 ne veux à aucun prix mettre en danger la vie de ma famille et de mon

14 enfant.

15 Question: Avec l'aide de l'huissier, je voudrais vous montrer une liste

16 de noms. Je crois que cette liste a déjà été distribuée à tous ceux qui

17 sont présents dans ce prétoire. Je souhaiterais demander le versement

18 au dossier de cette pièce.

19 Mme le Président (interprétation): Madame Uertz-Retzlaff, pourquoi n'y

20 avait-il pas également de numéros pour ces hommes?

21 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Je ne pense pas que cela soit

22 nécessaire puisque nous allons en parler que très brièvement.

23 Mme le Président (interprétation): Mais c'est beaucoup plus simple parce

24 qu'il va falloir en parler dans le jugement.

25 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): On pourrait appeler le premier DP7 et

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1 le deuxième DP8, si vous voulez. Nous préparerons une nouvelle liste

2 complète pendant la pause supplémentaire.

3 Mme le Président (interprétation): Est-ce que la défense voit une

4 objection à ce que l'on appelle ces personnes DP8 et DP7?

5 M. Prodanovic (interprétation): Non, Madame la Présidente.

6 Mme le Président (interprétation): Peut-on avoir une cote officielle pour

7 ces documents, s'il vous plaît?

8 Melle Lauer: Il s'agit du document 233 des pièces du Procureur, il est

9 enregistré de façon confidentielle.

10 Mme le Président (interprétation): Merci.

11 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur Kunarac, ces deux personnes,

12 il s'agit des deux autres personnes, c'est cela?

13 M. Kunarac (interprétation): Oui. Mis à part eux, il y a eu d'autres

14 personnes qui sont venues et qui séjournaient, mais ces deux personnes y

15 séjournaient plus que les autres. En ce qui concerne les quatre personnes,

16 mis à part Gaga et Kontic, ces deux personnes passaient le plus de temps

17 dans cette maison.

18 Question: Parmi ces gens, ces hommes, il y avait un Jure n'est-ce pas,

19 parmi vos hommes?

20 Réponse: Uros Radovic surnommé "Jure" s'est porté volontaire dans le

21 cadre de plusieurs de mes missions, plusieurs fois il a été avec moi sur

22 le terrain. Cet homme est de Foca et il a vécu à Foca chez ses parents.

23 Question: Monsieur Kunarac, au cours de votre déposition, vous nous avez

24 décrit la maison à l'adresse Osmana Dikica 16 et la maison avoisinante. Je

25 souhaite que l'on clarifie cela sur les photos. Avec l'aide de l'huissier,

Page 4670

1 je souhaite vous montrer les photos 7, 3, 9, 5, et 7, 3, 9, 6 qui font

2 partie de la pièce à conviction 11. Veuillez placer cela sur le

3 rétroprojecteur. Tout d'abord, 7, 3, 9, 5, c'est la photo numéro 2 sur

4 cette page. Voilà.

5 Lorsque vous examinez cette photo, au fond de la page, en bas de la page,

6 monsieur Kunarac, on voit quelques débris à gauche. C'est là que se

7 trouver la maison, est-ce exact? La photo en bas, s'il vous plaît. On voit

8 un peu de débris.

9 Réponse: Sur la photo, en bas, cette maison se trouverait ici, à l'angle

10 même. Et sur la photo d'en haut, ce serait tout à fait au fond, au haut,

11 dans cette partie-là. Cette partie-là, c'est l'endroit où se trouvait

12 cette maison à l'adresse Osmana Dikica, 16. Cela a donc été filmé à partir

13 d'un angle; sur l'autre photo, c'est cette partie-là où l'on voit les

14 restes de fondation de cette maison.

15 Question: Et la maison verte ou bleue que l'on voit sur cette même photo,

16 c'est l'autre maison dans laquelle certains de ces hommes séjournaient,

17 est-ce exact?

18 Réponse: En ce qui concerne cette autre maison, c'est écrit "Niksic".

19 Moi, personnellement, je n'y suis jamais allé. Je ne sais pas si l'un

20 quelconque de ces hommes y vivait. De toute façon, il s'agissait de deux

21 personnes qui étaient à une distance de 7 à 10 mètres au maximum. C'est

22 pourquoi je conclus que, peut-être, l'un des hommes qui vivait là était

23 logé également dans cette autre maison. Cette maison verte n'est pas cette

24 maison qu'on mentionnait en tant que maison située à Osmana Dikica, 16.

25 C'était la maison à côté de celle-ci. Je suppose que des gens qui vivaient

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1 dans cette maison, cette maison bleue, ils avaient écrit "Niksic" ici.

2 Question: Oui, merci. Cela suffit comme cela.

3 Monsieur Kunarac, la maison à Osmana Dikica, 16, avait appartenu

4 auparavant à un Musulman, est-ce exact?

5 Réponse: C'est très probable. Avant la guerre, je ne savais pas qui

6 avait vécu dans cette maison, et puis, je ne connaissais pas le

7 propriétaire de cette maison. C'est tout à fait possible que le

8 propriétaire ait été un Musulman.

9 Question: C'est tout à fait possible et probable puisque les Musulmans

10 perdaient leur maison à l'époque. Est-ce exact?

11 Réponse: Cela dépend de la partie de la municipalité dont vous partez.

12 Parce que dans d'autres parties de la municipalité de Foca, un grand

13 nombre de Serbes avaient perdu leur maison aussi, tout comme les

14 Musulmans.

15 Question: Vous avez rendu visite à vos hommes dans cette maison, n'est-ce

16 pas?

17 Réponse: La première fois que je suis entré dans cette maison, c'était

18 le 22 juillet, après la visite que j'ai rendue à l'hôpital à Goran Miracic,

19 lorsqu'il a été blessé et Gaga, lui aussi, lui avait rendu visite le

20 lendemain après qu'il a été blessé. Et une fois rentré, il m'a dit qu'il

21 avait trouvé un logement dans cette maison, à Osmana Dikica, 16. C'est

22 donc la première fois que je suis entré dans cette maison, j'y suis resté

23 très peu de temps. Par la suite, j'y suis allé à quelques autres reprises,

24 comme je l'ai dit, je l'ai fait le 3 août dans la matinée à deux reprises.

25 Question: Si vous aviez besoin de certains de vos hommes, vous saviez que

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1 vous pouviez les trouver là-bas, est-ce exact?

2 Réponse: D'habitude, j'avais besoin de Gaga parmi ces hommes lorsque

3 j'étais sur le terrain. Parce que, dès la première mission que nous avons

4 effectuée ensemble, il m'a dit qu'à chaque fois que j'avais besoin de

5 quelqu'un, il allait se porter volontaire pour accomplir une mission avec

6 moi, quelle que soit la nature de la mission, quel que soit le niveau de

7 danger et le terrain sur lequel il fallait effectuer cette tâche. Dans

8 cette maison, il n'y avait pas de téléphone, donc si j'avais besoin de

9 lui, je venais devant la maison, je klaxonnais si j'étais en voiture ou

10 bien, j'envoyais certains des hommes qui s'étaient déjà portés volontaires

11 pour aller dans cette maison, pour aller le chercher, lui et

12 éventuellement quelqu'un d'autre. Mais lui, de toute façon, il s'était

13 montré prêt à participer aux missions avec moi.

14 Question: Sur la base de vos déclarations préalables, j'avais l'impression

15 que vous alliez dans cette maison plus régulièrement. Je vais citer la

16 cassette 67, face A, page 14: "Mais lorsque j'étais au repos, souvent, je

17 passais, je leur rendais des visites, je vérifiais s'ils avaient besoin de

18 quelque chose, nous nous mettions d'accord sur les choses. Je voyais s'ils

19 avaient besoin d'aide, si les blessés avaient besoin d'aide, ou quelque

20 chose de semblable". Donc, vous rendiez visite à vos hommes, vous

21 cherchiez à savoir quels étaient leurs besoins, vous vous mettiez sur

22 certains points avec eux, vous vous acquittiez donc des tâches d'un

23 commandant, n'est-ce pas?

24 Réponse: Je vous ai dit que quand j'étais au repos, j'allais de temps en

25 temps dans cette maison pour voir les gens qui allaient éventuellement

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1 participer aux missions avec moi ou ceux qui avaient été blessés. Mais,

2 pendant la période couverte par l'acte d'accusation -je pense que nous

3 pourrons le prouver-, j'affirme que la première fois où je suis allé dans

4 cette maison, c'était le 22 juillet, puisque Milicic avait été blessé.

5 J'ai dit que j'y suis allé parce qu'auparavant, j'avais passé 15 ou 14

6 jours sur le terrain, et Gaga m'y a amené lui-même pour me montrer où ils

7 étaient logés.

8 La fois d'après où je suis allé dans cette maison, c'était le 3 août. J'en

9 ai parlé dans le cadre de ma déposition, dans la matinée, j'y ai amené DB

10 et 75. Après cela, j'y suis allé une ou deux fois brièvement dans cette

11 maison.

12 Question: Vous et vos hommes, vous portiez des uniformes militaires, est-

13 ce exact?

14 Réponse: Personnellement, je portais pendant les premiers 10, 15 jours

15 des uniformes comme tout le monde. Le 22, lorsque je suis devenu membre du

16 5ème Bataillon, je ne portais plus l'uniforme vert olive, mais j'ai reçu

17 l'uniforme de camouflage; tous les hommes pratiquement portaient des

18 uniformes de camouflage et parfois des uniformes vert olive. Parfois, ils

19 portaient des parties de vêtements civils, nous ne recevions que le

20 pantalon ou la chemisette de l'uniforme. S'il faisait froid, s'il

21 pleuvait, s'il fallait rester plus longtemps sur le terrain, y passer des

22 nuits, certaines personnes portaient aussi des parties de vêtements

23 civils, des cardigans, des vestes et d'autres pièces qui ne faisaient pas

24 partie de l'uniforme.

25 Question: Vous portiez des uniformes non pas seulement dans le cadre des

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1 missions mais toujours, sauf quand vous les laviez. Est-ce exact?

2 Réponse: C'est exact. C'est ce que j'ai dit. Comme je l'ai dit, il sera

3 montré de combien de temps libre je disposais à l'époque. Mais d'habitude,

4 je portais le pantalon et la chemisette de l'uniforme, je ne me déplaçais

5 pas en civil pendant la période couverte par l'acte d'accusation sauf lors

6 d'un incident. Je portais des vêtements civils lorsque je suis venu de

7 Tivat le 21 ou 22 septembre ou le 20 septembre lorsque je suis allé

8 assister à l'enterrement à Miljevina, suite au meurtre d'un grand nombre

9 de personnes dans cette région.

10 Question: Monsieur Kunarac, vous avez dit que vous n'aviez pas abusé

11 sexuellement de qui que ce soit avant le 3 août 1992.

12 Réponse: J'affirme encore aujourd'hui, ni avant ni après le 3 août, je

13 n'ai rien eu à voir du point de vue sexuel avec qui que ce soit, sauf le

14 témoin DB, dans les circonstances que j'ai décrites dans ma déposition, et

15 qu'elle aussi a décrites dans sa déposition à elle.

16 Question: Néanmoins, plusieurs témoins ont dit qu'entre le 14 juillet et

17 le 2 août 1993, elles ont été violées par Gaga entre le 13 juillet et le 2

18 août. Vous avez entendu leurs déclarations?

19 Réponse: J'ai entendu toutes ces affirmations. J'affirme avec certitude

20 qu'aucune de ces personnes n'a jamais eu l'occasion même de me parler,

21 sans parler de quoi que ce soit d'autre. J'affirme, en ce qui concerne

22 toutes les autres personnes, que ni avant ni après le 13 août je n'ai eu

23 de rapports sexuels, ni quoi que ce soit d'autre sauf pour le témoin DB.

24 Question: Est-ce que je dois conclure que vous n'affirmez pas que ces

25 femmes n'ont pas du tout été violées, mais vous affirmez que ce n'est pas

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1 vous qui l'avez fait?

2 Réponse: J'affirme absolument qu'à aucun moment, je n'ai été présent

3 nulle part où éventuellement l'une quelconque de ces femmes a subi des

4 violences sexuelles -si ceci est vrai. Je n'affirme pas que de telles

5 choses ne leur sont pas arrivées, mais ce que j'affirme c'est que je n'ai

6 pas été présent pendant qu'on les faisait sortir ou pendant qu'elles

7 étaient soumises aux violences sexuelles. Et puis je n'avais aucune

8 connaissance à ce sujet non plus.

9 Question: Vous avez dit que vous avez appris pour la première fois que

10 ces femmes étaient emmenées et violées, les femmes de Partisan et que, la

11 première fois que vous avez entendu parler de cela, c'était lorsque la

12 journaliste vous l'a raconté, Gordana Draskovic.

13 Réponse: C'est vrai.

14 Question: Vous dites qu'en réaction, vous avez emmené DB et 75 dans la

15 maison à Osmana Dikica, 16, afin de les confronter à certains soldats.

16 Est-ce exact?

17 Réponse: Ici, j'ai raconté comment les choses se sont passées. J'ai dit

18 que je suis allé au Partisan, que j'ai parlé avec ces personnes, qu'elles

19 m'ont confirmé qu'elles avaient parlé avec la journaliste. Elles ont

20 confirmé également que quelqu'un, certains hommes les faisaient sortir et

21 leur faisaient subir des violences sexuelles. Et puis elles m'ont confirmé

22 également qu'elles avaient été amenées à Aladja, mais elles niaient le

23 fait d'avoir mentionné dans quelque contexte que ce soit mon surnom, celui

24 de Zaga.

25 Elles ont nié également qu'elles avaient mentionné le terme de Monténégrin

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1 "Crnogorac" dans quelque forme que ce soit dans l'entretien avec le

2 journaliste. Elles ont dit que ni moi ni le Monténégrin Crnogorac,

3 qu'elles n'avaient établi aucun lien avec leur récit et ces deux noms.

4 Ensuite, je leur ai demandé de m'amener à Aladja et de me montrer la

5 maison et, éventuellement, les personnes qui avaient abusé d'elles afin de

6 pouvoir constater quelles étaient les personnes qui avaient abusé d'elles

7 et qui avaient, de quelque manière que ce soit, établi un lien entre moi

8 et elles.

9 J'avais sincèrement l'intention d'apprendre quelles personnes les avaient

10 soumises aux mauvais traitements et qui le faisait en mon nom. En ce qui

11 concerne ce qui s'est passé ensuite, ce n'était pas du tout mon intention

12 ni mon souhait.

13 Question: A ce moment-là, vous pensiez donc qu'éventuellement, ce que les

14 jeunes filles disaient était peut-être éventuellement la vérité?

15 Réponse: Lorsque la journaliste m'a raconté tout cela, je ne croyais pas

16 que quelque chose de semblable se passait. Personnellement, j'ai été

17 frappé en apprenant que mon nom avait été mentionné. Que les personnes

18 avaient dit que c'était moi-même qui les avait amenées et violées, et que

19 certaines personnes qu'elles appelaient les "hommes de Zaga" ou les

20 "Monténégrins" les ont violées. Je suis allé afin de vérifier tout cela.

21 Elles aussi m'avaient confirmé que quelque chose leur était arrivé.

22 75 et DB, même au Partisan lorsque je leur parlais, elles m'ont dit que

23 certaines personnes les avaient fait sortir, mais qu'elles ne les

24 connaissaient pas, elles ne connaissaient pas leur nom. Dans le même

25 entretien, elles affirmaient qu'elles n'avaient jamais dit à la

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1 journaliste le nom de Zaga, les hommes de Zaga ni les Monténégrins qui

2 auraient été reliés avec Zaga ou les hommes de Zaga. Je ne sais pas si

3 j'ai été suffisamment clair ou pas.

4 Question: Je pense que ma question était tout à fait claire mais, en

5 fait, je n'ai pas entendu la réponse. Vous n'avez pas considéré que

6 ce qu'elles disaient était ridicule. A l'époque, vous aviez considéré que

7 peut-être ce qu'elles disaient était la vérité?

8 Réponse: Comme je l'ai dit, jusqu'à ce moment-là, je ne savais même pas

9 que ces personnes existaient. Lorsque ces personnes m'ont confirmé que ce

10 genre de chose leur arrivait, moi, je l'ai cru et même aujourd'hui je le

11 ne nie pas, je ne nie pas la possibilité que certains individus l'aient

12 fait. Je les ai emmenées là-bas simplement afin de savoir qui sont ces

13 personnes et si l'une quelconque de ces personnes s'identifiait à moi

14 d'une quelconque manière, -c'était mon intention, si elles m'avaient

15 montré qui que ce soit-, j'avais l'intention d'aller au poste de police

16 avec elles afin de porter plainte contre les personnes qui les avaient

17 harcelées. Si elles avaient montré qui que ce soit, je suis sûr que cette

18 personne aurait été punie de telle sorte. Au moins moi, j'aurais fait tout

19 ce que j'aurais pu faire. J'étais prêt à aller au poste de police avec

20 elles, à porter plainte avec elles et à aider afin que ces personnes

21 soient arrêtées. La réponse concrète...

22 Question: Je vais vous interrompre. Il est inutile de répéter à chaque

23 fois la même chose. Vous avez déjà expliqué ce que vous avez fait et

24 pourquoi vous l'avez fait. Je préfère donc que vous répondiez à mes

25 questions de manière la plus brève possible. Cependant, ces témoins ont

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1 dit qu'elles ont été violées par Zaga, or c'est votre surnom, n'est-ce

2 pas?

3 Réponse: C'est exact. Elles ont déposé devant ce Tribunal en disant que

4 c'était moi-même, personnellement, qui les avait violées. Ce sont leurs

5 récits, je les ai entendus de leur part.

6 Question: Vous affirmez, vous croyez que quelqu'un se faisait passer pour

7 Zaga et procédait aux viols en tant que tel?

8 Réponse: A ce moment-là, comme je l'ai dit, les jeunes filles ne m'ont

9 même pas dit qu'elles avaient mentionné mon nom. Mais elles m'ont dit que

10 certaines personnes qu'elles ne connaissaient pas les avaient fait sortir

11 et les avaient violées. A ce moment-là, quand j'ai entendu leur récit,

12 j'ai cru qu'elles avaient quand même dit à la journaliste que la personne

13 qui était venue était Zaga ou se présentait comme Zaga. Je voulais trouver

14 cette personne afin de vérifier si la personne se présentait comme Zaga ou

15 bien si elles avaient établi le lien entre cette personne et moi-même

16 d'une autre manière.

17 Question: Vous avez même pensé que cette personne qui se faisait passer

18 pour Zaga était peut-être l'un de vos hommes situé à la maison, à Osmana

19 Dikica, 16. Est-ce exact?

20 Réponse: Elles m'ont dit qu'elles avaient été emmenées dans une maison à

21 Aladja. D'après la description de la maison, je me suis douté que, peut-

22 être, c'était cette maison-là. Et à ce moment-là, je leur ai demandé tout

23 d'abord de me montrer la maison. Elles m'ont montré cette maison-là en me

24 disant que c'était là qu'elles avaient été emmenées. Lorsqu'on s'est

25 approché de cette maison, ensuite, j'ai décidé d'entrer dans la maison et

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1 de leur demander de me montrer ces personnes-là. Si elles n'allaient pas

2 m'en parler devant eux, j'avais l'intention de leur demander de me dire,

3 par la suite, quelle était la personne qui l'avait fait.

4 Comme je l'ai dit, Gaga et Kontic et ces deux autres personnes, la

5 première DP7, n'a jamais été avec moi jusqu'alors dans le cadre d'une

6 quelconque mission. Et cette personne n'a jamais été subordonnée à moi sur

7 le terrain, alors que la personne DP8 -la deuxième personne sur cette

8 liste-, dans la première partie de la mission pendant les dix premiers

9 jours que j'ai passés dans la zone de responsabilité du 1er Bataillon,

10 elle était avec moi sur le terrain.

11 Question: Monsieur Kunarac, vous avez une réputation de guerrier, n'est-

12 ce pas?

13 Réponse: Oui, j'étais combattant, soldat dans l'armée de la Republika

14 Srpska, et j'ai participé à plusieurs opérations de combat.

15 Question: Et si quelqu'un se faisait passer pour vous et a fait des

16 choses horribles, et si vous deviez l'apprendre, ne pensez-vous pas que

17 tout le monde aurait su que vous vous mettriez très en colère, que vous

18 auriez été furieux?

19 Réponse: De toute façon, les gens, les hommes qui travaillaient avec moi

20 sur le terrain me connaissaient. Et si j'avais trouvé cette personne ce

21 matin-là... Vraiment, j'ai été blessé à cause de cette histoire. Si

22 j'avais appris que l'une quelconque de ces personnes s'était présentée en

23 tant que moi, je peux confirmer que j'aurais été furieux contre cette

24 personne. Et je ne sais pas ce qui se serait passé ensuite.

25 Question: Vous dites donc que quelqu'un qui voulait violer ces femmes a

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1 choisi justement votre nom parmi tous les noms afin de camoufler son

2 identité?

3 Réponse: Ecoutez, aujourd'hui, lorsque je réfléchis et que j'essaie de

4 comprendre pourquoi cette personne mentionnait mon nom, je pense qu'il y a

5 une autre explication.

6 Ce matin-là, je suis entré au Partisan. Tout d'abord, j'ai demandé quelles

7 étaient les personnes qui avaient parlé avec la journaliste. Ensuite,

8 devant tout le monde au Partisan -il y avait une cinquantaine de

9 personnes-, j'ai dit que je souhaitais voir les filles qui avaient été

10 emmenées par Zaga et les hommes de Zaga. Je l'ai dit parce que c'est dans

11 ce contexte-là que la journaliste m'en a parlé. Ces personnes, au

12 Partisan, l'ont vue y compris les témoins qui ont déposé ici. Je suppose

13 qu'elles étaient présentes sur place, à l'époque. Donc, elles m'ont vu ce

14 matin-là et ont donc pu entendre de ma propre bouche que je cherchais les

15 jeunes filles que les hommes de Zaga et Gaga avaient fait sortir.

16 J'ai fait sortir ces deux femmes. Ensuite, plusieurs personnes m'ont

17 mentionné et m'ont mis dans ce contexte en disant que c'était moi-même qui

18 les ai violées. C'est mon opinion, mais dans leur déclaration préalable,

19 lorsqu'elles ont quitté Foca, elles donnaient des récits tout à fait

20 différents par rapport à leur déposition.

21 Question: Je vous interromps là parce que nous allons nous perdre dans

22 trop de détails. Répondez à mes questions, s'il vous plaît.

23 Cette personne, Zaga, qui violait les femmes, il vous ressemblait, il

24 avait le même âge, la même constitution, les mêmes cheveux, les mêmes

25 yeux, etc.

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1 Réponse: Je vais faire un commentaire, s'il vous plaît, parce que, à

2 première vue, vous avez raison. Mais par exemple, le témoin 48 dans sa

3 déclaration a dit que Zaga l'a emmené à l'école, que cette personne était

4 âgée de 45 ans, qu'il était grand de 1,78 mètre, qu'elle a entendu que le

5 nom de la personne était Dragan Kunarac, etc. Vous pouvez vérifier cela

6 dans la déclaration du témoin 148. Donc, si ceci correspond à ma

7 description, c'est moi alors!

8 Question: Monsieur Kunarac, nous allons parler tout à l'heure de ces

9 autres viols. A un moment, vous avez pensé que c'était peut-être M. Kontic

10 qui se faisait passer pour vous.

11 Réponse: J'ai dit que Kontic avait la même taille que moi. Il avait huit

12 à dix ans de plus que moi, il était plus mince que moi, ses yeux sont

13 bleus et les miens sont foncés, mais il était peut-être le plus semblable

14 à moi. Et puis, c'était quelqu'un qui avait tendance à boire beaucoup, qui

15 avait tendance à se disputer facilement avec les gens.

16 Lorsque je suis rentré dans cette maison, au début, j'ai pensé

17 qu'effectivement c'était peut-être l'une de ces personnes. Cependant, il

18 était sur place lorsque je les ai fait venir et elles ne l'ont pas montré;

19 ni le témoin DB ni le témoin 75.

20 Question: Quand vous avez été interrogé par les représentants du

21 Procureur, à ce moment-là, vous soupçonniez Kontic, vous pensiez que

22 c'était peut-être quelqu'un qui s'était fait passer pour Zaga?

23 Réponse: Je vais vous répéter ce que j'ai déjà dit. A ce jour, je n'ai

24 toujours pas appris qui était cet homme. Sur la base de l'apparence de cet

25 homme et étant donné ce que je savais de Kontic, j'avais des doutes quant

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1 au fait qu'il puisse être cet homme, être l'auteur des actes qui ont été

2 décrits par ces témoins. J'avais des soupçons, mais je n'ai jamais obtenu

3 de preuves, aucun des témoins ne l'a jamais désigné en disant que c'était

4 lui. Donc, ce n'étaient que des soupçons que j'avais. J'avais un certain

5 nombre de doutes à ce sujet, c'est encore le cas aujourd'hui, je n'ai

6 aucune preuve.

7 Question: Mais vous n'avez jamais fait un rapport à son sujet, vous ne

8 lui avez jamais parlé de cela. Vous auriez pu, par exemple, établir

9 un rapport disant que vous aviez des doutes. Vous n'aviez pas besoin

10 d'avoir de preuves.

11 Réponse: A cette époque-là, quand l'offensive sur Foca était très forte,

12 puisque les forces musulmanes étaient très puissantes à l'époque, si

13 j'étais venu au commandement ou au SUP pour dire qu'une journaliste

14 alléguait que j'avais violé quelqu'un, et si je leur avais demandé de

15 commencer une enquête pour voir qui était cette personne qui utilisait mon

16 nom, j'aurais été démis de mes fonctions immédiatement puisque je n'étais

17 pas capable de montrer le coupable, puisqu'au moment où j'ai emmené ces

18 deux jeunes filles, elles n'étaient pas capables de me montrer une

19 personne, même pas une seule personne! Je n'avais aucune preuve.

20 Si elles m'avaient montré une personne, quelqu'un, j'affirme qu'avec ces

21 deux jeunes filles je me serais rendu directement au commissariat de

22 police pour les aider à porter plainte, à faire une déclaration, et pour

23 que cette personne qui les aurait fait sortir, pour que cette personne

24 soit arrêtée et punie. C'était mon intention, c'était mon souhait.

25 Question: Vous avez dit que Kontic vous ressemblait. Il était peut-être

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1 un peu plus maigre, il avait les cheveux bruns, mais il n'avait pas les

2 yeux comme vous, il n'avait pas ces grands yeux.

3 Réponse: Ses yeux étaient plus clairs, plus petit que les miens, ces

4 cheveux étaient un peu plus longs que mes cheveux, ils étaient plus

5 ondulés et plus longs que les miens à l'époque.

6 Question: Les témoins ont témoigné que cette personne, Zaga, n'est jamais

7 venue toute seule, qu'il venait toujours accompagné de quelques soldats.

8 Réponse: J'ai entendu ce qu'elles ont dit comme tous les autres, comme

9 toutes les personnes présentes dans le prétoire.

10 Question: Elles ont surtout mentionné que Gaga venait d'habitude avec

11 Zaga, n'est-ce pas?

12 Réponse: J'ai dit, et je le maintiens, que Gaga est venu le 3 août à deux

13 reprises avec moi à Partisan. La première et la deuxième fois où j'y suis

14 allé, c'est la vérité. Avant cela, est-ce que Gaga y venait avant cela ou

15 après au cours de leurs séjours à Partisan? Je ne le sais pas, je ne le

16 savais pas. A l'époque, je croyais vraiment que Gaga n'avait vraiment rien

17 à voir avec cela.

18 Quand j'ai parlé avec les deux jeunes filles, quand je les ai faites

19 sortir du Partisan, elles m'ont affirmé que c'était la première fois

20 qu'elles me voyaient, moi et Gaga. Cela s'est produit le 3 août.

21 Question: Mais il ressort de la déposition des témoins que cette

22 personne, qui se faisait passer pour vous, était aidée par d'autres

23 soldats, et que Gaga était apparemment mêlé à cette intrigue contre vous.

24 Réponse: Je ne pense pas que Gaga était mêlé à cela. Je ne pense pas que

25 c'était obligatoire, si jamais on a fait sortir ces jeunes filles

Page 4684

1 auparavant, je répète: ces témoins étaient présents sans doute à Partisan

2 ce jour-là, ils m'ont vu ainsi que Gaga. Moi, j'ai donné mon surnom, j'ai

3 dit que je m'appelais Zaga.

4 Au moment où je les ai fait revenir, où je les ai retournées à Partisan,

5 j'ai dit qu'il est possible que ces deux jeunes filles, DB et 75, aient

6 raconté aux personnes présentes ce qu'elles ont vécu. Ensuite, je suis

7 revenu à Partisan, j'ai fait sortir les deux jeunes filles, je les ai

8 emmenées a Miljevina où elles sont restées dans les circonstances que je

9 vous ai racontées. Après, dix jours plus tard, elles sont pas parties.

10 Moi, je pense que tout ce qu'elles ont raconté, ici, elles l'ont dit parce

11 qu'elles voulaient que je sois puni parce que l'on avait fait sortir ces

12 jeunes filles. Moi, j'ai raconté ma version des événements, j'ai raconté

13 ce qui s'est passé vraiment. Mais j'affirme que jamais auparavant, et

14 jamais plus tard, je ne suis entré à Partisan et je n'ai jamais eu un

15 rapport physique quelconque ou un rapport sexuel quelconque avec aucune

16 des témoins qui se sont présentées ici.

17 Question: Monsieur Kunarac, le témoin 48 a témoigné que vous l'avez

18 violée dans l'hôtel de Zelengora. Vous l'avez mentionné, il y a quelques

19 instants. Vous avez dit que vous n'êtes jamais entré dans l'hôtel

20 Zelengora, à part, à l'occasion, vous avez pris un café avec Gordana

21 Draskovic, n'est-ce pas?

22 Réponse: Oui, c'est vrai.

23 Question: Cet hôtel se trouve au coeur même de la ville, n'est-ce pas?

24 Réponse: Oui, c'est exact.

25 Question: Et donc vous... les gens se retrouvaient dans cet hôtel, n'est-

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1 ce pas?

2 Réponse: Oui, il y avait beaucoup de réfugiés à l'hôtel. Les gens se

3 retrouvaient juste devant l'hôtel ou aux alentours de l'hôtel. C'était le

4 centre de la ville, c'était un lieu de rassemblement, la place de la

5 ville.

6 Question: C'est donc un endroit, une place où vous pouviez recueillir pas

7 mal d'informations?

8 Réponse: Je ne sais pas à quelles informations vous pensez.

9 Question: Aux réfugiés. Par exemple, les réfugiés apportaient des

10 informations au sujet de la situation sur les terrains où il y avait des

11 combats.

12 Réponse: Les réfugiés qui venaient là venaient de certaines régions. A

13 l'époque, à l'hôtel, il y avait beaucoup de réfugiés venant de Slatina et

14 plus tard de Jabuka. Oui, c'est vrai qu'elles savaient ce qu'elles ont

15 vécu, elles savaient sous quelles conditions elles avaient été chassées de

16 chez elles.

17 Question: Vous avez dit que vous avez rencontré la journaliste, Gordana

18 Draskovic, le 3 août au matin, n'est-ce pas?

19 Réponse: Oui, le 3 août dans la matinée, entre 7 heures 30 et 8 heures

20 du matin.

21 Question: Vous la connaissiez d'avant, n'est-ce pas?

22 Réponse: Avant cela, je l'ai rencontrée à plusieurs reprises sur le

23 terrain. Avant et après certaines missions auxquelles j'ai participé. A

24 une ou deux reprises auparavant, elle avait tenté de demander une

25 interview, mais moi j'ai toujours refusé. C'était la nature de nos

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1 rapports, elle savait qui j'étais et moi je savais qu'elle était

2 journaliste. C'est tout. Nos rapports se limitaient à cela.

3 Question: Vous étiez ami avec elle, n'est-ce pas?

4 Réponse: Je savais qu'elle était journaliste pour la radio Srna et que

5 j'ai parlé à deux ou trois reprises avec elle. Ces conversations n'ont pas

6 duré plus de deux ou trois minutes. Elle avait tenté de me demander une

7 interview, je refusais systématiquement ces interviews et nos rapports

8 s'arrêtaient là. Je ne peux pas dire que nous étions amis. Elle savait qui

9 j'étais, elle savait ce que je faisais car elle était journaliste sur le

10 terrain. Elle était au courant de toutes les opérations de guerre qui se

11 déroulaient à l'époque et, en tant que journaliste professionnelle, elle

12 voulait obtenir des informations au sujet de certains missions. Elle

13 voulait par exemple, le jour où je l'ai rencontrée, avoir des informations

14 au sujet de Rogoj, les combats de la veille.

15 Question: Vous étiez assez ami avec elle pour qu'elle vous parle des ces

16 allégations de viols plutôt que de les publier tout simplement, n'est-ce

17 pas?

18 Réponse: J'ai dit qu'elle est venue me voir. Elle voulait, en tant que

19 journaliste professionnelle, parler avec moi. Elle voulait faire un

20 article au sujet de combats à Rogoj et je lui ai dit que je ne voulais pas

21 qu'elle me mentionne. C'est vrai que j'étais rarement dans la ville,

22 j'étais pratiquement tout le temps sur le terrain. Là, elle m'avait dit

23 que plutôt de faire un topo à mon sujet, de publier quelque chose, elle

24 était prête à prendre un café. J'ai accepté cela.

25 Nous nous sommes assis à l'hôtel Zelengora. Elle a à nouveau commencé à

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1 parler de Rogoj et je lui ai dit que je ne voulais pas parler de cela.

2 C'est à ce moment-là qu'elle a commencé à parler de Partisan, de ces

3 personnes qui se trouvaient à Partisan. Elle m'a dit qu'elle avait déjà

4 une histoire où on parle de moi et qu'elle avait l'intention de la

5 publier.

6 Question: Nous n'avons pas besoin de plus de détails. Est-ce qu'elle a

7 jamais parlé de cela à la radio? Est-ce qu'elle a jamais publié ces

8 histoires de viols?

9 Réponse: Je ne sais pas. Je ne suis pas au courant qu'elle l'ait fait. Je

10 n'ai jamais eu l'occasion de l'entendre ou bien de les lire quelque part.

11 Question: Monsieur Kunarac, vous avez entendu le témoin 183 qui a dit

12 qu'elle avait été violée par Zaga et les fils de Lekso et qu'après, il lui

13 a pris ses objets de valeur. Vous l'avez entendu?

14 Réponse: Oui, je l'ai entendu. J'affirme ici que je ne suis pas l'homme

15 qui est venu dans son appartement et qui a fait ce qu'elle dit que cet

16 homme a fait.

17 Question: Vous affirmez à nouveau que quelqu'un s'est fait passer pour

18 Zaga, fils de Lekso?

19 Réponse: Je ne sais pas si cela s'est produit. Effectivement, elle a dit

20 elle-même qu'elle connaissait mon père et ma famille, mais elle ne me

21 connaissait pas moi parce que, moi, je n'habitais pas à Foca. Cependant,

22 elle a mentionné cette personne qui aurait été présente, Tadic, elle a dit

23 que Tadic était le témoin de cet événement. Je pense qu'elle mentionne

24 Tadic uniquement parce qu'elle sait que cette personne est morte, elle a

25 été tuée le 8 août en même temps que Dragan Krnojelac et c'est pour cela

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1 qu'elle dit que c'était un témoin de cette scène. Elle sait que cette

2 personne est morte et moi, je ne suis jamais allé dans cet appartement, je

3 n'ai jamais pris quoi que ce soit de cette personne.

4 Question: Monsieur Kunarac, vous nous avez donné beaucoup de détails

5 concernant vos activités entre le 6 juin et le 9 novembre 1992.

6 Réponse: Pas novembre mais septembre.

7 Question: Excusez-moi.

8 Réponse: Le 19 septembre 1992, le 19 ou le 20, au moment où Kontic est

9 mort, 42 personnes avaient péri à Papratna Njiva. Je pense que mon frère

10 faisait partie de ces personnes à l'époque. C'est pour cela que je suis

11 allé à Foca, je pensais que mon frère était mort. Et le lendemain, je suis

12 allé à l'enterrement de ces personnes. Le jour d'après, mon épouse a

13 accouché, c'était le 22. Le 23, je suis parti à Tivat.

14 J'ai raconté tout ce que j'ai fait pendant cette période, j'ai dit où j'ai

15 été, ce que j'ai fait, etc.

16 Question: Vous étiez incroyablement précis, vous avez même donné des

17 heures exactes parfois.

18 Réponse: Oui. Pour certaines parties de mon récit, oui.

19 Question: Est-ce que vous avez tenu un journal intime?

20 Réponse: Non, je n'ai pas tenu un journal, mais il y a des moments dont

21 on se souvient très très longtemps, des événements qui se sont passés

22 pendant la guerre. On ne les oublie pas facilement.

23 Question: Il vous apparaissait clairement -et cela est toujours le cas-,

24 que vos absences de Foca, pendant la période couverte par l'acte

25 d'accusation, ont une importance particulière pour l'argumentation de la

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1 défense.

2 Réponse: Oui, c'est quelque chose que je comprends.

3 Question: Et pendant la phase préalable au procès, pendant les interviews

4 que vous avez données, vous avez dit que vous souhaitiez évoquer une

5 défense d'alibi pour les périodes entre le 7 juillet jusqu'au 21 juillet,

6 le 23 juillet jusqu'au 26 juillet, et le 2 Août jusqu'au 3 août, n'est-ce

7 pas?

8 Réponse: Oui, dans mon entretien préalable au procès, nous avons parlé

9 de cela. Mais à l'époque, je ne faisais que répondre aux questions au

10 moment de ces entretiens. J'ai donc donné des réponses concernant les dates

11 dont j'étais vraiment sûr.

12 Plus tard, au cours de l'enquête, et maintenant je suis en mesure de

13 donner d'autres dates, d'autres précisions, puisque la défense a réussi à

14 recueillir aussi un certain nombre d'événements pour lesquels je savais

15 que ces événements ont eu lieu, mais je ne me souvenais plus par exemple

16 de la date exacte. Par exemple, cette mine à Tjentiste, je savais que cet

17 incident s'était produit à la mi-juin et je l'avais dit à l'époque. Mais

18 maintenant je suis sûr que c'était le 22 juin.

19 Pour l'attaque à Jabuka, j'étais sûr que cela s'était produit au cours de

20 l'été. Maintenant, je suis sûr que cela s'est produit le 23 juillet. En ce

21 qui concerne un certain nombre de personnes qui ont été tuées ou blessées,

22 quand j'ai pu voir les documents à l'appui, j'ai pu donner les dates

23 exactes. En ce qui concerne la mort de ces personnes, en ce qui concerne

24 le fait que ces personnes ont été blessées, évidemment que je m'en

25 souviens, évidemment que je m'en souviendrai jusqu'à la fin de ma vie.

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1 En ce qui concerne les dates précises, puisque mon entretien je l'ai fait

2 peut-être sept ou huit ans après les événements, je ne pouvais pas

3 affirmer que ces incidents se sont produits à une date précise. Je ne

4 pouvais pas donner une date précise concernant la mort d'un camarade,

5 etc., et même si je m'en souvenais très bien, je me souvenais très bien

6 des incidents.

7 Question: Au cours de votre déposition, vous avez dit qu'entre le 7

8 juillet et le 21 juillet vous étiez dans la région de Cerova Ravan, n'est-

9 ce pas?

10 Réponse: Entre le 6 juillet et le 21 juillet, j'ai été entre Cvilin et

11 Gabelic Kosa. Entre le 6 et le 7 et entre le 7 et le 21, jusqu'à la chute

12 de Cerova Ravan, jusqu'à la veille de la blessure de Miracic, j'ai été à

13 Gabelic Kosa, entre Gabelic Kosa et Zubovic Kosa et Preljuca. J'ai donc

14 été dans cette zone au cours de ces 12 jours.

15 Question: Vous savez quelle est l'importance de cela, n'est-ce pas?

16 Réponse: Oui, bien sûr je le sais très bien. Je sais qu'à l'époque, dans

17 cette zone, il y avait au moins 70 personnes qui faisaient partie de la

18 compagnie de Josanica, et je suis sûr que ces 70 personnes seront en

19 mesure de confirmer, ici, que moi, à aucun moment pendant cette période,

20 je n'ai quitté la région de Gabelic Kosa et que j'ai été présent pendant

21 toute cette période sur le terrain. Enfin, des témoins viendront témoigner

22 -sans doute le commandant du 5ème Bataillon aussi-, et ils vont pouvoir

23 confirmer les informations que je vous ai données.

24 Question: Tout de même, vous n'avez pas parlé de votre présence à Cerova

25 Ravan au cours de votre premier entretien, n'est-ce pas?

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1 Réponse: J'étais obligé de le faire peut-être?

2 Question: Je vous pose des questions, monsieur Kunarac, vous n'êtes pas

3 celui qui pose des questions.

4 Puisque vous aviez des missions partout dans la municipalité de Foca, vous

5 pouviez aisément changer d'endroit. Vous pouviez circuler, n'est-ce pas, à

6 l'intérieur de la municipalité?

7 Réponse: Oui, j'ai eu des missions partout dans la municipalité de Foca.

8 Mais évidemment, chaque mission devait être menée, devait se faire sur un

9 territoire bien déterminé et donc chaque tâche...

10 Mme le Président (interprétation): Madame, vous ne souhaitez pas avoir la

11 réponse concernant votre question au sujet de Cerova Ravan?

12 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Il m'a donné une réponse. Je pense

13 que cette réponse pourrait être satisfaisante.

14 Mme le Président (interprétation): D'accord.

15 M. Hunt (interprétation): Nous avons des documents, n'est-ce pas?

16 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui.

17 Je vous ai posé une question d'ordre général, je vous ai demandé si vous

18 pouviez aisément changer d'endroit à l'intérieur de la municipalité?

19 M. Kunarac (interprétation): J'ai dit que les missions m'ont été confiées

20 par mes supérieurs hiérarchiques qui m'envoyaient dans certaines régions

21 précises en fonction des besoins précis.

22 Question: La distance qui sépare Cerova Ravan et Foca ne dépasse 20

23 kilomètres, n'est-ce pas?

24 Réponse: Oui, c'est exact. C'est à peu près... il s'agit à peu près

25 d’une distance de 20 kilomètres.

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1 Question: Il y a plusieurs routes dans cette région.

2 Réponse: Oui, à ce moment-là, entre le 7 et jusqu'au moment où nous

3 sommes arrivés à Gabelic Kosa, j'affirme que la seule route praticable

4 pour une voiture n'était pas praticable en réalité. La seule route qui

5 reliait Gabelic Kosa et Foca n'était pas praticable. Je n'ai pas quitté la

6 région et d'ailleurs, le témoin Subasic a parlé des différentes routes,

7 des différents moyens d'accès.

8 Mais si on regarde ces routes, on peut voir que la route que nous

9 utilisions était la route qui était la plus directe et la plus propice à

10 l'utilisation puisque nous ne pouvions pas, à cause d'une colline,

11 aisément emprunter d'autres routes parce que nous pouvions être aperçus

12 par l'ennemi. Les autres routes qu'il a mentionnées n'étaient pas

13 praticables et il n'était pas raisonnable de les utiliser pour circuler

14 dans cette direction.

15 Question: Monsieur Kunarac, nous n'avez pas parlé de barrages routiers au

16 cours de vos entretiens préalables.

17 Réponse: Dans l'un des entretiens -je pense que c'était mon deuxième

18 entretien-, je pense qu'on m'a posé la question que l'on m'a demandé où

19 j'ai été dans la période entre le 7 et plus loin. Je pense que j'ai dit

20 qu'entre le 6 juillet et les 20 et 21 juillet, j'ai dit que j'étais en

21 mission. Quand on m'a posé la deuxième question pour savoir où j'étais

22 précisément. Je me souviens que j'ai répondu que cela se trouvait sur la

23 rive droite de la rivière de Drina en direction de Gorazde. Je pensais

24 donc à cette mission précise mais, à l'époque, on ne me posait pas de

25 questions concrètes, précises au sujet des détails de cette même mission.

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1 A l'époque, je n'ai donc pas répondu dans ce sens.

2 Au cours du deuxième entretien, je me souviens que l'on m'a demandé où

3 j'étais entre le 7, le 20 et le 21. J'ai répondu que j'étais en mission

4 sur la rive droite, en aval de la rivière de la Drina, vers Gorazde. Je

5 pense même que j'ai mentionné Gabelic Kosa mais je n'en suis pas certain.

6 A l'époque déjà, j'ai bien dit où j'étais. Au cours du premier entretien,

7 vous saviez vous-même que vous n'aviez pas beaucoup de temps pour ce

8 premier entretien, quelles étaient les circonstance de cet entretien, déjà

9 à 11 heures et 11 heures et demie.

10 Question: Laissez-moi vous interrompre, je pense que nous n'avons pas

11 besoin d'entrer dans de tels détails. En ce qui concerne les routes, sans

12 les barrages routiers, on a besoin d'une heure à peu près pour aller de

13 Cerova Ravan jusqu'à Foca, n'est-ce pas?

14 Réponse: Oui, c'est à peu près cela. Mais la situation sur le terrain,

15 si vous prenez en compte la situation sur le terrain et les actions de

16 combat et le fait que moi, j'étais en mission pendant toute cette période,

17 je n'ai pas pu quitter cette zone et je ne l'ai pas fait. Nous avons reçu

18 notre mission le 6, et nous l'avons terminer le 21. Le témoin Subasic l'a

19 confirmé d'ailleurs.

20 Mme le Président (interprétation): Madame Uertz-Retzlaff, pourrions-nous

21 lever la séance pour l'instant jusqu'à cet après-midi, puisque nous avons

22 un certain nombre de requêtes. Il s'agit d'un certain nombre de requêtes

23 de la défense et de réponses. Nous allons donc passer à huis clos partiel.

24 Avant de faire cela, nous allons parler d'une requête de la défense où on

25 demande la permission d'interroger un certain nombre de témoins de

Page 4694

1 l'accusation. La décision orale de la Chambre est donc le refus de cette

2 requête. Nous allons maintenant évidemment faire une réponse écrite aussi.

3 Maintenant, je vous demande de passer à huis clos partiel.

4 (La séance se poursuit en audience à huis clos partiel.)

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12 Pages 4695 à 4696 – expurgées – audience à huis clos partiel.

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9 Nous allons suspendre l'audience jusqu'à 14 heures 30. (L'audience,

10 suspendue à 13 heures 05, est reprise à 14 heures 34.)Audience publique.

11 Mme le Président (interprétation): Nous poursuivons le contre-

12 interrogatoire du témoin par l'accusation.

13 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Merci, Madame la Présidente.

14 Monsieur Kunarac, vous affirmez que du 22 ou plutôt, du 23 au 26 juillet

15 1992 vous étiez à Jabuka, c'est bien exact?

16 Réponse: Oui.

17 Question: Et Jabuka se situe à une vingtaine de kilomètres de la ville de

18 Foca, n'est-ce pas?

19 Réponse: En fait, cela se trouve un petit peu plus loin, c'est à 25

20 kilomètres de là, sur la route qui mène de Foca à Jabuka.

21 Question: Je vais vous rappeler ce que vous avez dit dans le cadre de

22 votre deuxième interrogatoire en évoquant pour la première fois Jabuka. Il

23 s'agit de la pièce 69, page 22.

24 Je cite: "Mon premier combat, ma première mission en temps de guerre dans

25 la municipalité de Foca a eu lieu le 22 ou le 23. Je crois que c'était le

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1 23 juin ou juillet. Il s'agissait de l'attaque sur Jabuka". (Fin de

2 citation.)

3 Et vous poursuivez dans la même pièce à conviction numéro 69 à la page 24.

4 Je cite: "En fait, la brigade elle-même était en phase de formation à

5 l'époque, et j'ai été informé que le village de Jabuka avait été attaqué".

6 (Fin de citation.)

7 Vous nous dites que Jabuka, c'était votre première mission. C'est bien

8 exact?

9 Réponse: Oui, je sais quand j'ai mentionné cela et si vous me le

10 permettez, je souhaiterais expliquer exactement ce que j'ai voulu dire en

11 parlant de ma première mission de combat.

12 Ce matin-là, lorsque Jabuka a été attaquée, je me suis présenté au service

13 lorsque la sirène a sonné, Jabuka a été attaquée à 5 heures du matin. Le

14 23, j'ai pris mon équipement et je suis allé au point de rassemblement où

15 se trouvait le commandant de la brigade. Il nous avait dit de nous

16 présenter immédiatement. Je me suis porté volontaire et j'ai reçu ma

17 première mission du commandement de la brigade pour aller à Jabuka et voir

18 ce qui s'était produit là-bas. Il s'agissait également de combattre

19 l'ennemi qui était en mouvement.

20 Toutes les missions que j'avais menées à bien précédemment, c'était sur

21 les instructions du bataillon, sous le commandement de certains des

22 bataillons. Jusqu'à l'époque, j'avais eu…, il y avait eu un commandant de

23 compagnie ou un commandant de bataillon sur place qui me donnait des

24 ordres directs pendant les opérations de combat elles-mêmes. Mais là, il

25 s'agissait de la première fois où l'on me donnait une mission, où l'on me

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1 disait d'aller avec cinq ou six personnes qui s'étaient portées

2 volontaires, d'aller donc sur le terrain pour voir ce qu'il s'était passé.

3 C'était la première fois que je pouvais prendre des décisions de façon

4 indépendante sur le terrain pour lutter contre l'ennemi qui nous attaquait

5 avec un groupe qui se trouvait également dans la région de Jabuka.

6 C'est donc la première fois que j'ai mené à bien, indépendamment et seul,

7 une mission sans recevoir les ordres d'un commandant de compagnie, d'un

8 commandant de bataillon, comme cela avait été le cas précédemment.

9 Question: Pourtant, monsieur Kunarac, vous nous dites que la Brigade de

10 Foca était en train de se constituer à l'époque. Est-ce que ce n'est pas

11 plutôt en juin que vous avez combattu à Jabuka, et non pas en juillet?

12 Réponse: Non, non. Il s'agissait bien du 23 juillet quand j'ai donné,

13 répondu aux questions que l'on me posait à l'époque. Je ne savais plus

14 exactement quelle était la date exacte de l'attaque sur Jabuka, mais pour

15 moi, quand on m'a posé cette question, j'ai compris qu'il s'agissait d'une

16 mission dans le cadre de laquelle je travaillais indépendamment et je

17 prenais mes décisions indépendamment. C'est pour cela que j'ai répondu ce

18 que j'ai répondu en disant que, pour cette mission de Jabuka, j'ai pris

19 indépendamment la décision de mener la contre-attaque contre l'ennemi sur

20 le terrain, un ennemi qui attaquait ces villages.

21 Nous étions cinq ou six et nous avons été rejoints par des hommes qui se

22 trouvaient à Jabuka et qui sont parvenus à sortir du village. Au cours de

23 ces premiers combats, nous étions une quinzaine, une vingtaine et nous

24 sommes parvenus à Podstijene, au village de Podstijene, d'endiguer

25 l'avance de l'ennemi. Cela s'est passé le 23 juillet. Je suis arrivé à

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1 Jabuka le matin vers 9 heures ou 9 heures 30, parce que les sirènes de

2 mobilisation avaient résonné à 6 heures 30 du matin.

3 Question: Oui, mais dans le cadre de votre interrogatoire, vous n'étiez

4 pas sûr, vous ne saviez pas si c'était juin ou juillet. Comment se fait-il

5 que vous en soyez sûr maintenant?

6 Réponse: Eh bien, maintenant, après l'enquête des enquêteurs eux-mêmes

7 qui ont trouvé des documents et avec toutes les victimes qu'il y a eu à

8 l'époque, je sais que tout cela a eu lieu en juillet et pas avant. Parce

9 qu'en juin, étant donné ce que j'ai fait en juin, étant donné mes

10 déplacements à l'époque, je passais d'une mission à l'autre.

11 J'ai bien expliqué ce que je faisais en juin, mais quand même, quand j'ai

12 fait ma deuxième déclaration, le deuxième interrogatoire, nous étions de

13 l'autre côté. Il s'agissait en fait de l'enquête sur les allégations des

14 personnes qui avaient dit qu'elles avaient été violées, et vous avez dit

15 vous-même qu'il fallait que je sache exactement ce que j'avais fait dès le

16 premier jour.

17 C'est ce que nous avons fait avec mon conseil de la défense. C'est ce

18 qu'on a fait depuis cet interrogatoire que vous mentionnez.

19 Question: Monsieur Kunarac, est-ce qu'il y a eu des combats à Jabuka en

20 juin et en juillet?

21 Réponse: Non. En juin, il y a eu des embuscades, des petites opérations,

22 il y a eu des mines qui ont été placées, etc., mais il n'y a pas eu

23 d'attaque de grande envergure. Il y a eu des provocations mais pas

24 d'offensive de la taille, de l'ampleur de celle qui a été lancée le 23

25 juillet au matin.

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1 Question: Monsieur Kunarac, je ne parlais pas d'attaque à l'encontre de

2 la population civile serbe, mais je parlais de combat. Est-ce que les

3 Serbes n'ont pas attaqué Jabuka en juin 1992?

4 Réponse: Non. En juin 1992, comme le diront les témoins qui vont être

5 appelés par la défense, il n'y a pas eu d'offensive de grande envergure

6 sur le territoire de Jabuka de quelque côté que ce soit. La population

7 serbe et la population musulmane ont pu mener une vie relativement normale

8 et calme à Jabuka. A Ustikolina, ils ont installé leur ligne sur le

9 plateau de Grebac et c'est là qu'il y avait leurs lignes, les lignes de

10 l'ennemi.

11 Les Serbes, eux, avait leurs lignes dans la zone de Previla. Cette zone

12 entre Previla et Grebac, c'est la zone de Jabuka. Et là-bas, jusqu'à ce

13 moment-là, il n'y a pas eu d'incident majeur de quelque côté que ce soit.

14 Question: Vous affirmez qu'à partir de l'après-midi du 27 juillet jusqu'au

15 29 juillet au matin, vous étiez en mission de reconnaissance dans la zone

16 de Dragocava, Slatina, ainsi que dans une autre localité avoisinante, et

17 que vous êtes restés sur le terrain pour tout le temps et pendant la nuit,

18 n'est-ce pas?

19 Réponse: Le 22 juin, on m'a donné des instructions le matin, on m'a dit

20 d'aller à Dragocava, d'aller à Goldanjo pour une mission de

21 reconnaissance. Mais le 22, à Tjentiste, un minibus... Si vous permettez,

22 je vais expliquer pourquoi je suis allé là.

23 On m'a dit d'aller à Dragocava, mais ils ont roulé sur une mine; 9

24 personnes ont été tuées, 18 ont été grièvement blessées. Finalement, on

25 n'a pas été accomplir notre mission. Nous étions sensés partir le 23 au

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1 matin mais puisqu'il y a eu une offensive sur Jabuka, nous y sommes allés

2 et nous sommes restés jusqu'au 26 au soir et nous avons enterré les morts.

3 Le 27 au matin, je suis immédiatement retourné à Foca et j'ai été envoyé

4 sur la mission que j'aurais dû accomplir le 23 juillet. Le 23 juillet, je

5 suis allé là-bas, j'ai accompli ma mission de reconnaissance jusqu'à 5

6 heures du matin, lors de l'attaque sur Preljuca, quand la ligne de défense

7 qui se trouvait près de Preljuca a été attaquée.

8 Question: Je ne voulais pas entrer de nouveau dans tous ces détails,

9 puisque vous nous les avez déjà communiqués lors de votre interrogatoire

10 principal. La seule chose que je voulais confirmer, c'est que si cette

11 zone de Dragocava, Godijevno, Slatine, cette zone se trouve à moins de 15

12 kilomètres de Foca, n'est-ce pas?

13 Réponse: Dragocava se trouve à 6 kilomètres, Godijevno à 12 kilomètres,

14 et Slatine à 18 ou 19 kilomètres.

15 Question: Et il y a des routes qui relient ces endroits avec Foca, n'est-

16 ce pas?

17 Réponse: Oui.

18 Question: Vous dites que du 29 au 31 juillet vous étiez à Preljuca.

19 Réponse: Le 29 au matin, Preljuca a été attaquée. C'est alors que je suis

20 allé à Cerova Ravan et que je suis allé à Preljuca jusque dans l'après-

21 midi, jusqu'à ce que nous recapturions Preljuca. J'y suis resté la nuit,

22 le lendemain, le 30. Et dans la nuit du 30 au 31, j'y suis resté. Le 31 au

23 matin, un véhicule est arrivé, il m'a ramené à Foca et on nous a emmenés à

24 Rogoj parce que Rogoj était tombée alors. L'offensive depuis le mont Igman

25 s'était tournée vers nous, dans la direction où nous étions.

Page 4703

1 Question: A Preljuca vous avez…, la scène, ce que vous avez pu voir était

2 affreux, horrible, n'est-ce pas? Mais vous n'en avez pas parlé pendant vos

3 interrogatoires.

4 Réponse: Je n'ai pas eu la possibilité de le faire parce que pendant les

5 premiers et deuxième interrogatoires, j'ai été obligé de répondre aux

6 questions des enquêteurs. Si j'essayais d'expliquer quelque chose, on

7 m'interrompait et on me disait de me contenter de répondre aux questions,

8 de me concentrer sur les questions.

9 Question: Mais vous avez dit que les soldats musulmans empilaient les

10 corps des soldats serbes à Preljuca, vous nous en avez parlé dans votre

11 interrogatoire principal. Je voudrais cependant vous demander de répondre

12 par oui ou par non et de ne pas nous donner de détails.

13 Réponse: Oui, c'est exact. Cela s'est passé entre 14 heures et 15

14 heures, le 29 Juillet à Preljuca. Je l'ai vu de mes propres yeux, de même

15 que j’ai vu ces corps carbonisés quand j'y suis arrivé là-haut, quand nous

16 avons repris Preljuca à l'ennemi.

17 Question: Rassembler des corps, les traîner et les empiler, cela prend du

18 temps, n'est-ce pas? Cela prend beaucoup de temps, beaucoup d'énergie.

19 Réponse: Ils ont empilé les cadavres à un endroit qui se trouvait à 30

20 ou 50 mètres de l'endroit où ils avaient été rassemblés. Ceux qui ont été

21 tués, étaient ceux qui se trouvaient près du poste de commandement de la

22 brigade. C'est là également que se trouvait le mess. C'est là que le

23 bataillon d'intervention, l'unité d'intervention du 5ème Bataillon se

24 trouvait. C'était là qu'ils étaient censés se trouver en cas d'attaque sur

25 le poste de commandement. Ce sont donc uniquement ces hommes-là qui ont

Page 4704

1 résisté à l'attaque. Neuf ont été blessés, un autre a réussi à s'échapper.

2 Nous l'avons retrouvé, il était blessé et les autres se sont retirés de la

3 zone de Preljuca. Tous ces cadavres se trouvaient au même endroit et

4 avaient été rassemblés à 30 ou 50 mètres de l'endroit où ils avaient été

5 tués.

6 Question: Je vais vous prier de parler un peu moins vite afin que les

7 interprètes puissent vous suivre. Quand on brûle un cadavre, cela produit

8 beaucoup de fumée, n'est-ce pas?

9 Réponse: Oui. J'ai dit que les cadavres avaient été arrosés ou aspergés

10 d'essence, de pétrole et ils ont ensuite jeté une couverture enflammée

11 dessus ainsi que des restes de nourriture. Et puis tous les cadavres

12 avaient des vêtements également. La fumée qui se dégageait, n'était pas la

13 fumée qui se dégage d'un feu de pneus ou de caoutchouc. Quand ils ont

14 allumé le feu, j'étais à 400 ou 450 mètres de cela où cela se passait, je

15 l'ai donc vu moi-même. Mais il existe aussi des photographies des corps

16 carbonisés, le résultat du travail de la commission médicale qui est

17 arrivée sur place vers 16 ou 17 heures. Et on peut consulter le résultat

18 de ces travaux.

19 Question: Monsieur Kunarac, dans le cadre de vos missions de Juin et

20 Juillet 1992, et quand vous avez évoqué ces missions, vous n'avez à aucun

21 moment parlé de ce qui s'est passé à Subi.

22 Réponse: Je ne comprends pas.

23 Question: Dans votre premier interrogatoire avec les enquêteurs du

24 Tribunal, vous avez dit que vous avez observé les habitants de Subi qui se

25 trouve en amont dans la direction de Godijevno.

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1 Réponse: Oui, il s'agit du village de Subi qui se trouve à peu près à 8

2 kilomètres sur la rivière Cehotina, vers Godijevno. Le village s'étend le

3 long de la rivière Cehotina, vers Preljuca. C'est un village musulman et

4 je dis que, dans le cadre de mes missions de reconnaissance, dans cette

5 zone, du 22 au 23 Juin jusqu'au 6, date à laquelle j'ai été transféré à

6 Cvilin, j'étais dans cette zone. Le village de Subi se trouve à côté du

7 village de Brusana, derrière le village de Dragocava, à 8 ou 10 kilomètres

8 de Foca, sur la route Foca-Godijevno.

9 La population musulmane qui vivait là...

10 Question: Je vais vous interrompre et je voudrais vous montrer la pièce

11 21/1. Il s'agit de la carte qui a été utilisée par le témoin Subisic et je

12 voudrais que vous nous indiquiez où se trouve le village de Subi au moyen

13 de cette carte, s'il vous plaît.

14 Réponse: Le village de Subi se trouve derrière le village de Dragocava,

15 en amont sur la rivière Cehotina, sur la rive droite de la Drina, à 9 ou

16 10 kilomètres devant le village de Brusana. Voilà donc le village de Subi

17 ici. La rivière est indiquée en bleu, au-dessus du n° 424, sur la carte.

18 Subi va vers Rabina, c'est là que vivait la population, à Zuzelo, côte

19 785. On peut lire "Djurkovine". C'est la zone qui s'appelle Subi.

20 Question: Merci. Vous nous dites donc qu'à la mi Juillet, vous avez

21 observé les habitants de Subi.

22 Réponse: A la mi Juin, après ma première mission. Après la première

23 mission que j'ai menée de façon indépendante avec les deuxième et

24 troisième bataillons. Je l'ai dit dans l'interrogatoire. J'ai dit que le

25 lendemain matin, j'étais allé à Tjentiste, le 19 ou le 20, je ne sais pas

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1 exactement quelle est la date. Quand il y a eu une embuscade sur la route

2 Foca-Tjentiste, nous sommes revenus le même jour.

3 Question: Nous allons nous intéresser d'abord à Subi, avant de passer à

4 autre chose. Vous dites qu'il y avait 50 à 70 habitants et qu'il

5 s'agissait de Musulmans civils qui n'étaient pas armés. C'est ce que vous

6 avez constaté?

7 Réponse: Oui, c'est exact. Dans le cadre de ma mission de reconnaissance,

8 j'ai vu qu'il s'agissait de familles, d'hommes, d'enfants, de femmes etc.,

9 des personnes âgées. Et après l'incident au cours duquel une mine avait

10 été placée sur la route Foca-Godijevno, je suis allé au village, j'ai

11 parlé avec ces gens. Eux-mêmes m'ont dit qu'ils avaient passé un accord

12 avec les Serbes, c'est-à-dire qu'ils avaient décidé de rester neutres, de

13 ne pas se ranger d'un côté ou de l'autre et ils avaient décidé de

14 continuer à vivre normalement mais, après l'incident qui a eu lieu sur la

15 route de Godijevno-Foca, après cette histoire de mine, eh bien, ils

16 avaient peur. C'est ce qu'ils m'ont dit. Ils avaient peur que des

17 Musulmans venant des autres villages dans la zone de Slatina, où ils se

18 trouvaient aussi, que d'autres Musulmans n'enveniment la situation. C'est

19 pourquoi ils ont dit qu'ils voulaient partir, aller dans un centre de

20 réfugiés qui se trouvait en dehors du territoire de la Bosnie-Herzégovine.

21 A ce moment-là, moi, je suis allé à Foca. J'ai demandé à certains d'entre

22 eux de m'accompagner et ils m'ont dit qu'ils ne voulaient pas venir,

23 qu'ils avaient peur.

24 A ce moment-là, je suis allé moi-même au quartier général, j'ai fait part

25 de leur requête au commandement. Ceci a été communiqué au SUP et à ce

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1 moment-là, une personne du SUP est allée faire la liste de tous ces gens.

2 Ensuite, ils ont quitté de façon tout à fait organisée le village de Subi,

3 ils ont quitté le village ce Subi en bus.

4 Je n'étais pas présent lorsqu'ils ont quitté le village mais

5 ultérieurement, j'ai entendu dire qu'ils étaient tous allés à Skopilje

6 dans un centre de réfugiés.

7 Question: Passons maintenant à ce qui s'est produit et aux événements qui

8 ont trait à DB et 75. D'après ce que vous nous dites, quand vous avez eu

9 vent de ces allégations de viols qui circulaient contre vous, la première

10 chose que vous avez faite, cela a été de vous rendre à la maison sise rue

11 Osmana Dikica numéro 16, n'est-ce pas?

12 Réponse: Je suis allé à Aladza et je me suis arrêté devant cette maison,

13 dans la maison qui se trouvait à côté. Il y a un supermarché à côté, en

14 face de l'école. Là, il y avait quatre hommes qui habitaient là et qui

15 avaient fait des opérations avec moi. Ils m'ont dit qu'ils ne savaient

16 rien de tout cela.

17 On est tous allé ensemble à la rue Osmana Dikica, au numéro 16. Tous les

18 gens qui étaient là m'ont dit qu'ils n’avaient rien à voir avec cela.

19 J'étais furieux. A ce moment-là, j'ai dit que si quelqu'un avait fait cela

20 et essayait de m'impliquer d'une façon ou d'une autre dans ces événements,

21 qu'à ce moment-là, je le tuerai. J'étais capable de le tuer. J'ai dit que

22 je ferai en sorte que tous ces gens-là soient punis. Ensuite, je suis allé

23 au gymnase Partisan.

24 Question: Donc il y avait des démesures qui étaient prévues, des mesures

25 de sanctions prévues pour les soldats qui commettaient des délits ou des

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1 crimes?

2 Réponse: Moi, j'ai agi de façon tout à fait personnelle, individuelle.

3 On m'avait calomnié. Des gens avaient proféré des accusations à mon endroit

4 en présence du journaliste. Ils ne se sont pas adressés aux autorités, ils

5 ont parlé avec une journaliste et cette journaliste m'a dit qu'il lui

6 avait parlé de cela. Quand j'ai appris tout cela, cela m'a blessé.

7 C'est uniquement pour cela que je voulais savoir si, effectivement,

8 quelqu'un avait commis ce genre d'acte et qui essayait de m'impliquer et

9 pourquoi. Je voulais trouver qui était à l'origine de tout cela. Jusqu'à

10 ce jour...

11 Question: Non, ce n'est pas la question que je vous pose. Je voulais

12 savoir s'il y avait des sanctions qui étaient prévues pour des actes de ce

13 genre. Si effectivement un acte de ce type était commis, le commandant de

14 l'organe aurait été l'organe censé sanctionner ce type d'activité, n'est-

15 ce pas? Donc il y avait une organisation, un organe qui était à même de

16 sanctionner ces gens?

17 Réponse: Oui, j'ai bien compris votre question mais je n'étais pas un

18 officier. Tout ce qui se passait en ville relevait de l'autorité de la

19 police civile, c'était elle qui était chargée de maintenir l'ordre en

20 ville. Donc, moi, je ne me suis pas présenté en tant que commandant qui

21 cherchait à punir l'auteur d'un crime, non, j'ai agi en tant qu'homme qui

22 avait été calomnié; je voulais trouver celui qui m'avait calomnié pour y

23 remédier.

24 Question: Mais, monsieur Kunarac, quand un soldat commet un acte de ce

25 genre, la police militaire et les supérieurs de ce soldat interviennent

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1 forcément, n'est-ce pas? Est-ce que ce n'est pas une question qu'il

2 revient à la police de résoudre? Ne pensez-vous pas?

3 Réponse: Si ces personnes qui sont censées avoir été violées s'étaient

4 plaintes auprès des autorités civiles ou militaires et avaient donné le

5 nom des personnes dont elles prétendaient qu'elles avaient été violées, à

6 ce moment-là, les autorités auraient pu arrêter ces gens et les

7 poursuivre.

8 Mais, en ce qui me concerne, ce que j'ai fait était pour apprendre la

9 vérité. Si j'avais appris le nom de celui qui, apparemment, avait fait

10 sortir ces jeunes filles, à ce moment-là, moi je serais moi-même allé à la

11 police et j'aurais donné le nom de cette personne et rapporter les actes

12 qui avaient été commis. Parce que, comme je l'ai dit, sur les quatre

13 hommes qui étaient le plus souvent avec moi sur le terrain, il y en avait

14 un qui ne faisait même pas partie officiellement d'une unité militaire. Il

15 habitait dans cette maison et dans la ville, mais je crois qu'il n'était

16 même pas officiellement enregistré comme étant militaire ou même citoyen

17 de Foca. Il vaquait à ses propres occupations.

18 Question: Mais, monsieur Kunarac, vous n'avez jamais informé la police

19 locale ni à l'époque ni par la suite, suite à cette confrontation qui a

20 échoué alors que vous étiez tout à fait prêt du poste de police, n'est-ce

21 pas?

22 Réponse: Ce jour-là, pendant que j'étais à Miljevina, je voulais les

23 confronter à la journaliste parce que, même après tout cela, le témoin DB,

24 en parlant avec moi, m'a dit que ce n'était aucune de ces personnes-là. A

25 ce moment-là, j'avais l'intention de les confronter à la journaliste afin

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1 d'établir au moins l'un des noms de ces personnes.

2 A ce moment-là, j'ai reçu la tâche d'aller au quartier général et donc, je

3 suis parti. Lorsque j'étais à l'hôpital -je pense que c'était le 13 avant

4 l'enterrement de Vido-, j'ai parlé avec Gago lorsqu'il était à l'hôpital;

5 il m'a dit ce qui s'était passé à huis clos.

6 Question: Monsieur Kunarac, inutile d'entrer dans ces détails. Je vous ai

7 posé une question très simple. La question était de savoir si vous n'avez

8 jamais informé la police de cela, et vous auriez pu répondre simplement

9 par oui.

10 Réponse: J'ai dit également que j'ai parlé avec Dragan Gagovic à ce

11 propos par la suite, mais ces personnes avaient déjà quitté Partisan.

12 Donc, moi, je n'ai pas eu de partie civile qui aurait été prête à porter

13 plainte contre qui que ce soit.

14 Question: Monsieur Kunarac, vous n'avez informé à aucun moment la police

15 militaire ni le commandement de la brigade, n'est-ce pas?

16 Réponse: Comme je vous le dis, à l'époque, je n'avais pas de preuve

17 tangible en ce qui concerne ce qu'il leur était arrivé. Ce qu'il m'est

18 arrivé à moi avec le témoin DB, je vous ai décrit les circonstances dans

19 lesquelles ceci s'est produit.

20 Le 13 août, j'ai appris ce qui s'était produit à l'égard du témoin DB,

21 c'est Gaga qui me l'a raconté. Mais, à ce moment-là, les femmes étaient

22 parties, avaient quitté le Partisan et moi, je croyais que ce témoin-là

23 était partie elle aussi. Je n'ai donc pas eu de partie civile qui aurait

24 été capable de confirmer cela auprès de la police, parce que je ne pouvais

25 pas aller dire à la police untel a fait ceci ou cela sans partie civile

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1 qui pouvait confirmer cela.

2 Ce jour-là, le 3, j'ai essayé de trouver la personne en question afin de

3 porter plainte contre elle auprès de l'organe compétent.

4 Question: Vous avez décrit la manière dont vous et Gaga vous avez amené

5 DB et 75 à la maison, vous les avez confrontées aux hommes qui s'y

6 trouvaient.

7 Lorsque vous les avez amenées à l'école, vous saviez qu'elles avaient

8 peur, n'est-ce pas?

9 Réponse: Pendant que nous parlions devant le Partisan et pendant toute

10 cette période, il est vrai qu'elles se sentaient mal à l'aise, peu sûres

11 d'elles-mêmes, mais sans arrêt j'essayais de leur expliquer qu'il n'y

12 avait pas de raison d'avoir peur et que je souhaitais simplement savoir la

13 vérité et les aider. J'ai ressenti un malaise, j'ai ressenti qu'elles

14 étaient mal à l'aise, mais pas de peur puisque moi je n'ai rien fait qui

15 leur permettait d'avoir plus peur.

16 Question: Suite à la confrontation avec vos hommes, vous n'avez pas pensé

17 que les filles avaient menti, n'est-ce pas?

18 Réponse: Moi, j'ai organisé cette confrontation avec les hommes qui

19 étaient sur place, qui résidaient et puis certains d'entre eux avaient

20 participé aux missions sur le terrain avec moi. Ils étaient au nombre de

21 10 à 12 et, à ce moment-là, lorsqu'on était ensemble sur place, et lorsque

22 je leur ai posé la question de savoir si elles le connaissaient, elles ont

23 fait un signe négatif de la tête. Par la suite, nous avons eu une

24 discussion en tête-à-tête et je leur ai demandé de me dire librement, sans

25 peur, si elles connaissaient l'une quelconque de ces personnes, si l'une

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1 quelconque de ces personnes étaient venues au Partisan afin de les faire

2 sortir. Et elles ont dit qu'aucun d'entre eux n'y était.

3 Question: Ce n'était pas vraiment ma question. Ma question était de savoir

4 si, à l'époque, vous ne croyiez pas que les filles avaient menti en ce qui

5 concerne les viols, puisque vous ne les avez pas ramenées au Partisan mais

6 vous avez continué à faire ce que vous avez commencé à faire puisque vous

7 avez cru ce qu'elles ont dit?

8 Réponse: Effectivement, j'ai vraiment cru qu'elles avaient été emmenés

9 quelque part du Partisan. Lorsqu'elles m'ont montré la maison, j'ai cru

10 que c'était la maison où elles avaient été emmenées. Et à ce moment-là,

11 j'ai souhaité qu'elles me montrent la personne qui l'avait fait. Et à ce

12 moment-là, elles affirmaient que c'était personne de ces gens qui étaient

13 sur place. Et lorsque j'ai parlé avec DB, pendant 2 heures, 2 heures et

14 demie, par la suite, elle m'a dit qu'elle avait été dans cette maison,

15 qu'on l'avait emmenée dans cette maison mais que ce n'étaient pas les

16 hommes qui s'y trouvaient. Aucun de ces hommes, qui étaient présents,

17 n'avaient été l'un de ceux qui l'avaient maltraitée, harcelée. J'ai donc

18 cru qu'on la faisait sortir, j'ai cru qu'elle avait été violée mais elle

19 ne m'a pas dit le nom de la personne. Elle ne m'a pas montré la personne.

20 Je ne sais pas si j'ai répondu à votre question maintenant?

21 Question: Oui. Vous avez dit que vous avez passé 2 heures et demie, peut-

22 être 3 heures, à huis clos avec DB dans cette maison, est-ce exact?

23 Réponse: A partir de 9 heures à peu près, nous sommes venus dans cette

24 maison et nous sommes sortis vers midi. Je ne connais pas les détails en

25 ce qui concerne le temps mais j'ai passé environ 2 heures et demie à 3

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1 heures avec elle dans cette maison, et j'ai parlé avec elle dans l'autre

2 pièce, à gauche dans cette maison. Après cette discussion, l'incident que

3 j'ai décrit a eu lieu. J'ai décrit cet incident lors de mon premier et de

4 mon deuxième entretiens, et également lors de ma déposition ici.

5 Question: Gaga a menacé le témoin DB avant votre rapport sexuel avec

6 elle, n'est-ce pas? Réponse: Je ne le savais pas à l'époque et puis elle

7 ne me l'a pas dit à l'époque.

8 Question: Oui, j'ai compris cela, mais c'est ce que vous avez appris par

9 la suite. Vous avez appris qu'il l'avait menacée?

10 Réponse: Il me l'a dit le 10 août, dans l'autre maison. Lorsque je lui ai

11 parlé de cela, lorsque je lui ai parlé de ce qui m'était arrivé à moi ce

12 jour-là, c'est vrai qu'il m'a dit que c'était de sa faute tout ce qui

13 s'était passé ce jour-là. Et à ce moment-là, il m'a dit qu'il avait parlé

14 avec elle pendant qu'elle était sortie afin de prendre un bain et que, là,

15 il lui a dit: "Débrouille-toi de toutes les manières possibles mais,

16 surtout, il ne faut pas dire qui a fait tout ceci parce que sinon je

17 risquais d'entrer en conflit avec la personne responsable". Il m'a dit

18 qu'il avait fait cela sincèrement, afin d'essayer de me protéger d'un

19 conflit contre les personnes responsables. Il jurait en disant qu'il ne

20 connaissait pas les personnes responsables lui non plus, et puis il a dit

21 qu'il avait parlé avec le témoin DB mais il m'a dit qu'il ne l'avait pas

22 menacé, qu'il ne l'avait pas harcelé physiquement.

23 Ensuite, elle est rentrée dans la pièce et, moi, j'insistais pour qu'elle

24 me dise qui étaient les personnes, les vrais responsables. Mais suite à

25 cela, elle m'implorait en me disant qu'il ne fallait pas que je pose ces

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1 questions. Avant cela, elle m'avait dit qu'on la faisait sortir et, moi,

2 je voulais absolument savoir qui était la personne qui le faisait.

3 Question: Monsieur Kunarac, vous avez parlé en détail de cette situation,

4 il y a quelques jours, dans le cadre de votre interrogatoire principal, il

5 n'est donc pas nécessaire de réécouter toute la version mais vos versions,

6 en ce qui concerne les circonstances de cet entretien, ont changé. Dans

7 votre première déclaration, vous avez dit que vous avez violé DB selon le

8 désir de quelqu'un d'autre et vous avez dit, également, que vous l'aviez

9 exploitée sexuellement et qu'elle était apeurée, qu'elle avait peur. Est-

10 ce exact?

11 Réponse: Au cours de ce premier entretien, j'ai raconté ce que je

12 ressentais à l'époque, ce que je ressens encore aujourd'hui. Je ne peux

13 pas d'écrire seulement l'état dans lequel j'étais à ce moment-là. Mais

14 pendant que Gaga m'a parlé, il m'a dit qu'il lui avait dit à elle: "Fais

15 tout ce que tu veux, mais tu dois absolument interrompre son

16 interrogatoire".

17 Question: Monsieur Kunarac, je vais citer votre déclaration. Il s'agit de

18 la pièce à conviction 67, face A, pages 6 et 7: "J'ai exploité

19 sexuellement cette personne et, maintenant, je sais qu'elle ne l'a pas

20 souhaité. J'ai fait certaines choses horribles à cause de la peur dans

21 laquelle vivait cette personne qui était devant moi. A ce moment-là, je

22 n'ai pas eu recours à la force. Elle a eu un rapport sexuel avec moi, elle

23 était sous pression, elle avait peur d'une autre personne. J'ai violé

24 cette personne selon le désir de quelqu'un d'autre, alors que je ne le

25 souhaitais pas moi-même", c'est ce que vous avez dit dans votre

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1 déclaration. Et dans votre premier entretien, vous avez dit que vous avez

2 enlevé certains de ses vêtements et elle a fait la même chose avec

3 certains de vos vêtements à vous, est-ce exact?

4 Réponse: Comme je l'ai dit, Gaga, quand il lui a parlé, il lui a dit de

5 faire tout ce qu'elle pouvait faire afin de m'empêcher de poser d'autres

6 questions. Et lorsqu'elle a vu qu'elle ne pouvait plus m'empêcher de poser

7 des questions concernant la personne responsable, elle a dit, par la suite

8 elle-même, qu'elle a pris l'initiative qui a débouché sur un rapport

9 sexuel. J'affirme que je n'ai rien fait afin de lui indiquer une volonté

10 d'avoir un rapport sexuel avec elle. Je ne lui ai jamais posé cette

11 question. Je ne lui ai pas demandé si elle souhaitait un rapport sexuel

12 avec moi. Je n'ai fait quoi que ce soit qui aurait pu lui faire conclure

13 que je souhaitais avoir un rapport sexuel avec elle. A ce moment-là,

14 j'affirme que j'étais complètement perplexe compte tenu de la situation

15 qui était en cours. Et j'affirme que, si elle n'avait pas commencé à faire

16 ce qu'elle faisait, il n'y aurait jamais eu de rapport sexuel entre nous.

17 C'est ce que j'ai affirmé à l'époque, c'est ce que j'affirme encore

18 aujourd'hui.

19 Question: Au cours de votre premier entretien, vous avez dit que ce

20 rapport sexuel était un rapport sexuel régulier qui ressemblait à un

21 rapport sexuel que vous pourriez avoir avec votre épouse ou avec une

22 amante?

23 Réponse: Lorsque j'ai dit cela, je répondais à la question de savoir

24 comment le rapport sexuel a eu lieu et j'ai dit que je n'ai pas eu de

25 recours à la force. Je n'ai rien fait qui permettrait d'interpréter cela

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1 comme un viol et je le pense encore aujourd'hui. Pendant cet incident,

2 c'est elle-même qui a commencé à m'exciter physiquement, à tout faire afin

3 de m'exciter. En ce qui concerne le rapport sexuel lui-même, ce n'était

4 pas un rapport sexuel naturel puisque c'était avec elle. Elle était

5 Musulmane et moi j'étais Serbe à ce moment-là, mais en ce qui concerne le

6 rapport sexuel qui a eu lieu, à ce moment-là, à mon avis, ce n'était pas

7 du tout un rapport sexuel que je pourrais appeler anormal, pas du tout.

8 Question: Au cours de votre déposition, vous avez dit que le rapport

9 sexuel a eu lieu contre votre gré. N'avez vous pas dit cela?

10 Réponse: Je l'ai dit à l'époque et je le dis maintenant aussi que je

11 n’ai pas eu d'envie ni l'intention avant ce rapport sexuel de l'avoir.

12 Mais compte tenu de son comportement à elle, je peux affirmer que je n'ai

13 absolument pas pu éviter ce rapport sexuel avec elle parce que, moi, j'ai

14 souhaité avoir un entretien avec elle. Elle a commencé à caresser tout mon

15 corps, à embrasser tout mon corps et, moi, simplement j'ai accepté ce

16 qu'elle faisait. Et je le dis et redis: à cause de tout ce que Gaga lui

17 avait dit auparavant, elle a abusé de son propre corps elle-même. Elle

18 s'est trahie elle-même, et je suppose qu'elle a fait ce qu'elle a fait

19 contre son gré. Mais j'affirme avec certitude que je n'ai absolument rien

20 fait qui lui ferait comprendre ou conclure que, moi, je voulais avoir un

21 rapport sexuel avec elle. Je redis: j'ai encore des remords aujourd'hui et

22 je continuerai à avoir des remords pour toujours. Mais à ce moment-là, son

23 comportement m'a rendu perplexe et je ne pouvais absolument pas éviter

24 cela. J'ai fait cet entretien avant d'avoir vu n'importe quel document ou

25 déclaration, etc.. Tout ce que j'avais, c'était l'acte d'accusation. J'ai

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1 eu cet entretien avec vous et je vous ai dit que je me sentais coupable,

2 que j'avais des remords et, encore aujourd'hui, je regrette ce qui s'est

3 passé et j'aimerais avoir l'occasion de m'excuser sincèrement auprès de

4 cette personne aujourd'hui à cause de ce qui s'est passé à ce moment-là.

5 Ce que j'ai dit, ce 13 Mars, c'était ma manière d'expliquer la situation

6 mais il s'agit là vraiment de la vérité. A aucun moment, je n'ai souhaité

7 avoir un rapport sexuel. Je ne lui ai jamais proposé cela, je ne lui ai

8 jamais demandé cela. C'est pour cela que je dis que j'ai eu un rapport

9 sexuel avec cette personne contre mon gré, mais lorsqu'elle a pris

10 l'initiative, d'après ses propres mots, effectivement, physiquement, elle

11 m'a excité. Physiquement, je ne l'ai pas refusée en tant que femme.

12 Question: Je vais vous interrompre. Donc, ce n'était pas vraiment contre

13 votre gré. Le témoin ne vous a pas violé, n'est-ce pas?

14 Réponse: Elle n'a pas eu recours à la force, elle ne m'a pas forcé. Quant

15 à la question que la Présidente m'a posée, la question de savoir si elle

16 m'a séduit, moi, j'ai répondu que je peux dire qu'elle ne m'a pas violé,

17 elle ne m'a certainement pas violé mais pendant 10, 15 peut-être 20

18 minutes, elle m'embrassait, elle me caressait. Elle a tout fait afin de

19 m'exciter en tant qu'homme et lorsqu'elle a réussi, elle a fait tout toute

20 seule. J'étais allongé sur le dos tout au long de l'incident, pendant

21 toute cette période, j'étais au-dessous et, elle, elle était au-dessus.

22 Qu'est-ce qui s'est passé ensuite? Oui, effectivement, nous avons eu un

23 rapport sexuel avec la pleine pénétration vaginale, ensuite, elle s'est

24 levée, elle est sortie et, moi, je suis sorti après elle. Je ne sais pas

25 si qui que ce soit peut comprendre la situation dans laquelle je me

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1 trouvais à l'époque. Mais je jure au nom de mes enfants que je n'ai

2 souhaité avoir quoi que ce soit avec cette personne à ce moment-là. Ce

3 n'était pas mon intention. C'est seulement à cause de cela que je me suis

4 rendu de mon propre gré, ici, devant ce Tribunal, afin de dire la vérité

5 devant cette Chambre, devant tout le monde concernant ce qui s'est passé.

6 J'ai des remords, je me sens moralement coupable d'avoir permis à moi-même

7 d'avoir un rapport sexuel avec cette personne à un tel moment, mais à ce

8 moment-là, je ne savais pas comment l'éviter.

9 Question: Monsieur Kunarac, parlons directement. Même d'après votre

10 version de l'incident, vous êtes conscient du fait que DB et 75 avaient

11 peur pendant qu'elles étaient dans la maison, je peux citer ce que vous

12 avez dit à ce propos.

13 Réponse: Ecoutez, lorsque je les ai fait venir là-bas devant ces

14 personnes, il est vrai qu'elles étaient effrayées et confuses et, moi,

15 souhaitant connaître la vérité quant à la question de savoir qui était la

16 personne dont elles avaient peur, qui était la personne qui avait fait

17 tout cela. J'ai eu cet entretien avec DB pendant 2 heures et demie, 2

18 heures, elle, elle m'a parlé tout à fait ouvertement et sincèrement, elle

19 m'a dit tout ce qui lui était arrivé, comment elle était venue.

20 Question: Monsieur Kunarac, nous n'avons pas besoin d'entendre encore une

21 fois les choses que vous avez dites. Je vais citer votre déclaration,

22 pièce à conviction 67, face A, pages 1 et 2: "J'ai réalisé qu'elles

23 avaient peur à cause de leur comportement, j'ai ressenti qu'elles avaient

24 peur. Elles étaient sales. A ce moment-là, elles me haïssaient puisque

25 j'étais l'ennemi de leur peuple, j'étais ennemi de leur partie au conflit.

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1 Elles pleuraient".Vous parlez de DB, elle a commencé à pleurer. Elle se

2 frottait les mains. Donc vous saviez qu'elles avaient peur?

3 Réponse: Oui. J'ai dit qu'elle pleurait, j'ai dit qu'elle se frottait les

4 mains mais elle faisait tout cela en m'implorant de ne pas lui poser des

5 questions concernant ces personnes. Elle pleurait, elle faisait tout cela

6 au moment où je lui demandais de me dire qui était la personne qui l'avait

7 violée, qui lui avait dit qu'elle était moi, et c'est là qu'elle pleurait

8 en m'implorant de ne pas demander qui étaient ces personnes-là. Je dis ce

9 que j'ai dit à l'époque déjà.

10 Question: Oui. Elle vous a rencontré seulement une heure ou deux avant le

11 rapport sexuel, est-ce exact?

12 Réponse: Au maximum 3 heures.

13 Question: Et vous saviez qu'elle avait été violée pendant qu'elle était

14 au Partisan. Est-ce exact?

15 Réponse: Je l'ai supposé. Elle a dit que certaines personnes l'avaient

16 fait sortir et que ceci s'était produit.

17 Question: Elle a été amenée dans la maison afin de la confronter à un

18 groupe de soldats. Est-ce exact?

19 Réponse: Je l'ai amenée dans la maison afin qu'elle puisse rencontrer,

20 être confrontée à cette personne-là, à la personne qui l'avait fait sortir

21 et qui l'avait violée.

22 Question: Elle était inquiète et elle pleurait?

23 Réponse: Elle pleurait et, au bout d'une heure peut-être, après avoir

24 pris la douche, après que moi, j'insistais absolument pour qu'elle me dise

25 qui était la personne qui la faisait sortir, je voulais savoir si la

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1 personne était sur place, si c'était des gens locaux etc.. Elle disait que

2 ce n'étaient pas les Monténégrins, ni les hommes de Gaga, ni Gaga lui-

3 même.

4 Question: Monsieur Kunarac, vous saviez que dans ses yeux, vous étiez

5 l'ennemi, est-ce exact?

6 Réponse: A ce moment-là, lorsqu'elle m'a dit qui elle était et ce qu'elle

7 était, je savais qu'elle était Musulmane. Au moment où elle m'a raconté

8 déjà devant le Partisan qu'elle avait subi un mauvais traitement, qu'on la

9 faisait sortir avec les autres, je faisais tout afin de connaître la

10 vérité, afin d'aider cette personne et vraiment c'était mon désir de

11 l'aider et de me montrer comme innocent puisque moi, je n'avais rien à

12 faire avec cela, alors que la journaliste m'avait accusé d'être la

13 personne qui les avait fait sortir et tout le reste.

14 Question: Monsieur Kunarac, compte tenu de ces circonstances, sa peur, le

15 fait qu'elle ne vous connaissait pas, qu'elle vous considérait comme

16 l'ennemi, qu'elle était dans la maison pleine de soldats, compte tenu de

17 tout cela, vous saviez qu'elle ne voulait pas avoir un rapport sexuel avec

18 vous, n'est-ce pas?

19 Réponse: C'est justement pour cela que j'étais confus lorsque cette

20 situation s'est déroulée dans la chambre, lorsqu'elle a commencé à se

21 comporter. Je ne sais pas comment expliquer cela, comment interpréter ce

22 qu'elle a dit elle-même: C'est moi qui ai pris l'initiative, a-t-elle dit

23 et le rapport sexuel a eu lieu" Je ne sais pas comment expliquer cela

24 différemment. Et en ce qui concerne ce comportement qu'elle a eu, ceci m'a

25 rendu perplexe. A ce moment-là, j'étais pris de cour.

Page 4721

1 Question: Monsieur Kunarac, le viol de DB a eu lieu dans cette même

2 maison et au même endroit où le témoin 75 avait subi un viol collectif,

3 est-ce exact?

4 Réponse: A ce moment-là, je ne savais pas que ceci s'était produit.

5 Question: Mais par la suite, vous avez appris que ceci s'était produit

6 effectivement.

7 Réponse: Je l'ai appris le 13 Août dans la matinée à l'hôpital. C'est

8 Gaga qui m'a dit que lui et trois autres soldats avaient violé le témoin

9 75.

10 Question: Et pendant que vous étiez dans la chambre avec DB, vous saviez

11 que le témoin 75 était là-bas avec tous les autres soldats. Est-ce exact?

12 Réponse: Je ne savais absolument pas ce qui se passait. Je ne supposais

13 absolument pas ce qu'il lui arrivait. Je ne l'ai même pas supposé, sans

14 parler de la possibilité de le savoir.

15 Question: Mais vous l'avez laissée seule avec ces autres soldats pendant

16 des heures et des heures, n'est-ce pas?

17 Réponse: Lorsque (expurgé) et Gaga sont entrés dans la pièce je lui ai dit

18 que je lui ai parlé pendant au moins deux heures. A aucun moment rien ne

19 s'est passé entre nous. Nous avons simplement parlé et pendant tout ce

20 temps j'ai insisté pour qu'elle me dise qui était cette personne.

21 Effectivement, je lui ai posé la question de savoir qui elle était, ce

22 qu'elle était et elle m'a donné des réponses tout à fait sincères à mes

23 questions.

24 A ce moment-là, je n'ai même pas songé que quoi que ce soit se passait en

25 ce qui concerne l'autre personne dans cette maison.

Page 4722

1 Question: Mais vous saviez qu'elle était avec ces autres soldats, les

2 soldats que vous soupçonniez de viol, les soldats auxquels vous l'aviez

3 confrontée?

4 Réponse: Comme je l'ai dit dans le cadre de mon entretien et ici, elles-

5 mêmes quand elles m'ont vu pour la première fois et Gaga, elles disaient

6 qu'elles nous voyaient tous les deux pour la première fois et j'étais sûr

7 que moi-même je n'y étais jamais allé auparavant. C'est ce que je croyais

8 en ce qui concerne Gaga. L'autre était resté avec Gaga et ils ont confirmé

9 que Bano, Miga et Tolja que j'avais vu devant le supermarché, que eux non

10 plus n'étaient pas parmi ces personnes-là. Eux, ils ne vivaient même pas

11 dans la maison.

12 Je croyais à l'époque que ces gens-là ne vivaient pas avec les autres, et

13 je ne pouvais pas du tout soupçonner qu'il se passait ce qui se passait,

14 puisque les autres personnes aussi qui étaient là-bas, ni l'une ni

15 l'autre, n'a montré qui que ce soit d'entre eux en disant: voilà, cet

16 homme je le connais. Elles affirmaient qu'elles ne connaissaient personne

17 dans ce groupe de personnes qui étaient sur place.

18 Question: Monsieur Kunarac…

19 Mme le Président (interprétation): Maître Lopicic?

20 Mme Lopicic (interprétation): (Hors micro).

21 Je vous prie de m'excuser, mais sur l'écran page 91, ligne 7, figure le

22 nom d'un témoin protégé et je souhaiterais demander que soit procédé à

23 l'expurgation de ce nom.

24 Mme le Président (interprétation): Merci. Ceci a déjà été noté par le

25 Greffe.

Page 4723

1 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur Kunarac, quand vous avez

2 parlé avec les enquêteurs du Tribunal au cours de votre deuxième

3 entretien, le 22 avril 1992, vous avez entre-temps, donc depuis cet

4 entretien, vous avez lu la déposition du témoin 75.

5 Réponse: Oui, depuis je l'ai lue.

6 Question: Mais vous avez dit aux enquêteurs que le témoin 75 dit plus de

7 vérité que qui que ce soit d'autre.

8 Réponse: Dans sa première déposition, elle a dit pas mal de vérité. Je

9 l'ai dit à l'époque, tout au moins ce que je savais de la vérité. En ce

10 qui me concernait moi, à l'époque, j'avais aussi dit -puisque j'avais lu

11 sa déposition, sa première déposition-, elle dit donc dans sa déposition

12 qu'elle avait subi un viol de groupe dans cette maison. Plus tard, elle

13 dit qu'elle avait été amenée soi-disant le 2, mais moi j'affirme que cela

14 s'est produit le 3. Donc elle dit qu'elle a vécu ce qu'elle avait déjà

15 décrit.

16 Dans cette même déclaration, elle dit que DB lui avait dit qu'elle n'avait

17 pas été violée par moi, mais qu'elle avait parlé avec moi tout simplement,

18 et que j'avais dit aussi à DB que quelqu'un devait être puni et que c'est

19 pour cela qu'elle avait été punie.

20 Moi, ce que je disais à DB, c'était que je souhaitais que la personne qui

21 les aurait fait sortir, que cette personne devait être punie. Je ne

22 voulais pas dire que je voulais les punir à la place de quelqu'un d'autre.

23 Le témoin 75 énumère aussi les personnes qui venaient, allaient dans la

24 maison. Mais elle parlait aussi de l'époque où elle était près de cette

25 maison; elle disait qu'elle était dans la maison d'un certain Jovica, je

Page 4724

1 crois.

2 Cette maison était vraiment à proximité. Je pense que c'était à ce moment-

3 là qu'elle a rencontré toutes ces personnes dont elle a parlé, dont elle a

4 donné le nom et pas déjà le 3 août.

5 Mme le Président (interprétation): Madame Uertz-Retzlaff, pourriez-vous

6 identifier, s'il vous plaît, cette déposition du témoin, la première

7 déposition de ce témoin?

8 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Il s'agit de la pièce à conviction de

9 la défense 75, il s'agit d'une pièce à conviction de la défense. Il s'agit

10 de la pièce D24.

11 Mme le Président (interprétation): Merci. Nous voulions tout simplement

12 être sûrs de la pièce.

13 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui, et la pièce 69, page 56, c'est à

14 ce moment-là que vous avez dit que vous considériez que ce témoin disait

15 plus la vérité que qui que ce soit d'autre.

16 Monsieur Kunarac, elle a aussi témoigné que vous l'avez vue en train de se

17 faire violer et que vous lui avez ordonné de s'habiller.

18 Réponse: Oui, j'ai entendu cela. Mais moi, je déclare qu'au moment où je

19 suis sorti de la pièce, DB était aussi dans la première pièce à gauche, là

20 où nous étions avant.

21 Question: Nous allons passer aux événements au moment où vous avez amené

22 les jeunes filles à Miljevina. Après cette confrontation qui n'a pas porté

23 de fruits dans la rue Osmana Dikica, vous n'avez pas arrêté votre enquête.

24 Vous avez dit que vous avez emmené ces jeunes filles de Partisan jusqu'à

25 Miljevina pour les confronter avec la journaliste, n'est-ce pas?

Page 4725

1 Réponse: Oui, c'est exact. Après tout ce que j'ai vécu avec le témoin

2 DB, j'ai essayé de vous expliquer mon état d'esprit. Je vous ai dit que je

3 croyais le témoin DB, que je pensais que c'était la journaliste qui avait

4 menti et pas DB. Je l'avais crue, j'avais cru que DB n'avait pas mentionné

5 mon nom, ne m'avait pas mis en rapport avec ce qu'elle avait vécu. C'est

6 pour cela que je souhaitais la confronter avec la journaliste pour essayer

7 d'apprendre la vérité au cours de cette confrontation, de voir qui étaient

8 ces personnes et de vérifier si ce n'était pas la journaliste qui, pour

9 des raisons que je ne connaissais pas, m'avait raconté cette histoire me

10 disant que, moi, j'avais fait sortir ces filles. Je voulais vérifier si

11 c'était la journaliste qui avait mentionné mon nom à la fin.

12 Mais cette confrontation n'a pas eu lieu à cause des circonstances que

13 j'ai décrites. Donc elles sont restées à Miljevina contre ma volonté,

14 contre mes souhaits. En partant, j'avais demandé à DP3, je lui avais dit

15 d'où venaient ces jeunes filles et je lui avais demandé de les renvoyer

16 là-bas au moment où je suis parti. Il m'avait promis qu'il allait le

17 faire, mais il ne l'a pas fait et je l'ai appris...

18 Question: Monsieur Kunarac, donc vous n'avez pas confronté les deux

19 jeunes filles avec la journaliste; ni à cette occasion-là ni plus tard,

20 jamais, n'est-ce pas?

21 Réponse: Quand je suis arrivé là-bas, je vous ai dit que la journaliste

22 n'était pas avec les autres. DP3 avait envoyé un homme pour l'amener, pour

23 que cette confrontation ait lieu, mais 15 ou 20 minutes plus tard elle

24 n'était toujours pas arrivée.

25 En revanche, mon supérieur hiérarchique était arrivé sur place pour

Page 4726

1 m'envoyer à Kalinovik, parce que Rogoj venait de tomber à nouveau. Ce

2 jour-là, la journaliste n'était pas venue et moi je n'ai pas pu procéder à

3 cette confrontation.

4 Question: Monsieur Kunarac, en effet, vous nous avez déjà raconté tout

5 cela en détail mais moi, je vous ai posé la question à savoir si vous avez

6 jamais pu faire cette confrontation avec la journaliste à une autre

7 occasion.

8 Réponse: Plus tard, c'était seulement au mois de septembre, 20 ou 22

9 septembre, c'est là que j'ai appris pour la première fois qu'on n'avait

10 pas ramené ces deux jeunes filles à Partisan mais qu'elles étaient, en

11 revanche, restées à Foca.

12 Question: Quand vous les avez laissées à Miljevina, vous n'avez jamais

13 vérifié si on les a ramenées en toute sécurité.

14 Réponse: A ce moment-là, quand j'ai dit au témoin DP3, quand je lui avais

15 dit d'où elles venaient, quand il m'avait promis qu'il allait les ramener

16 là-bas, moi j'ai pensé qu'il allait le faire vraiment. Je n'ai donc pas

17 vérifié si on les avait ramenées puisque, moi, j'avais eu cet accident et

18 je suis revenu le 8. A cause de tout ce qui s'est passé, moi, je ne suis

19 jamais retourné à Partisan pour vérifier si elles y étaient.

20 Question: Monsieur Kunarac, ces jeunes filles vous ont dit qu'elles

21 avaient été violées. La seule chose qu'elles n'ont pas faite, c'était de

22 vous montrer quelle était la personne qui l'a fait?

23 Réponse: Ce n'étaient pas mes hommes, elles n'ont pas montré qui que ce

24 soit. Elles n'ont pas donné de nom, quelque nom que ce soit de la personne

25 qui l'aurait fait.

Page 4727

1 Question: La confrontation avec la journaliste n'aurait pas aidé à

2 identifier les violeurs, n'est-ce pas?

3 Réponse: Moi, personnellement, je vous dis que, quand tout cela s'est

4 produit avec DB et après l'évolution de la situation qui s'est produite

5 dans cette Chambre, à cause de ce qui s'est passé entre nous deux, elle,

6 elle affirmait ne pas savoir qui étaient ces personnes. Elle m'a demandé,

7 elle m'a supplié de ne plus lui poser de question. Elle m'affirmait ne pas

8 avoir mentionné mon nom et donc, moi, j'ai voulu la confronter à la

9 journaliste pour voir si c'était la journaliste qui avait inventé cela. Si

10 c'était la journaliste qui avait inventé le fait que mon nom avait été

11 mentionné ou si elles avaient vraiment mentionné mon nom parce qu'elle,

12 elle m'affirmait n'avoir jamais mentionné ni Zaga ni les hommes de Zaga,

13 alors que la journaliste avait dit, de façon affirmative, que ces jeunes

14 filles lui avaient dit qu'elles avaient été emmenées par Zaga et les

15 hommes de Zaga. C'est pour cette raison-là que j'ai voulu tout vérifier.

16 C'est pour cela que j'y suis allé, pour vérifier.

17 Question: Monsieur Kunarac, les jeunes filles n'ont pas nié avoir parlé

18 avec la journaliste et n'ont pas nié avoir mentionné votre nom non plus,

19 n'est-ce pas?

20 Réponse: Elles n'ont pas nié avoir parlé avec la journaliste mais elles

21 ont nié avoir mentionné mon nom. Elles m'avaient affirmé ne pas avoir

22 mentionné Zaga et ne pas avoir dit que c'était Zaga qui les avait fait

23 sortir. Moi, je leur avais demandé de me montrer ces personnes qui les

24 auraient fait sortir, parce que je n'avais pas de raison de ne pas croire

25 cette journaliste qui m'avait affirmé que mon nom avait été mentionné.

Page 4728

1 Question: Je voudrais citer votre déclaration. Il s'agit de la pièce 69,

2 la page 74 de la déposition du 22 avril 1992: "Quand je suis allé à

3 Partisan, le 3 août, et quand j'ai appelé le nom de ces personnes, puisque

4 la journaliste m'avait donné les noms, je leur ai demandé si elles avaient

5 été violées, si elles avaient été emmenées quelque part ou que ce soit.

6 Moi, je sais que je ne l'avais pas fait mais elles avaient dit que

7 quelqu'un d'autre l'avait fait, que d'autres gens l'avaient fait. Au

8 début, elles niaient avoir parlé avec la journaliste et, ensuite, le 75 a

9 admis qu'elle avait mentionné mon nom parce qu'elle pensait que c'était

10 moi".

11 Cela veut dire qu'il n'y avait pas de raison, qu'il n'y avait aucune

12 raison de confronter cette jeune fille avec la journaliste, n'est-ce pas?

13 Réponse: A un moment donné, le numéro 75, alors que nous étions toujours

14 devant Partisan, à un moment, elle a dit qu'elle avait en effet mentionné

15 les hommes de quelqu'un, qu'elle avait entendu parler de Zaga. Mais au

16 cours de mon entretien avec le témoin DB, elle m'a affirmé que mon nom

17 n'avait jamais été mentionné. On n'a jamais dit que, moi, je venais à

18 Partisan, bien que mes hommes allaient à Partisan pour faire sortir les

19 jeunes filles.

20 Question: La confrontation avec la journaliste, et surtout le fait que

21 vous ayez pris, amené le témoin 190 de Gasko pour confronter la

22 journaliste, ceci n'a pas de sens, n'est-ce pas?

23 Réponse: De quel témoin vous parlez?

24 Question: Le témoin 190, la jeune fille de Gasko?

25 Réponse: Oui, c'est vrai, il n'y a aucun lien entre le numéro 190, le

Page 4729

1 témoin 190 avec la journaliste.

2 Question: Oui, en effet, c'est ce que j'affirme parce qu'aujourd'hui,

3 monsieur Kunarac, vous avez dit que vous avez emmené trois jeunes filles à

4 Miljevina, n'est-ce pas?

5 Réponse: Hier, au cours de ma déposition, j'ai dit que j'étais sûr que

6 j'avais emmené le numéro 75, ainsi que DB, et que j'étais certain que le

7 numéro 87 n'était pas là quand je suis revenu une deuxième fois. DB, quand

8 je lui ai posé la question, à savoir où se trouvait le témoin 87, DB m'a

9 dit qu'elle était partie quelque part. Je suis donc sûr aussi que le

10 matin, ce matin, j'avais parlé avec les quatre jeunes filles, donc les

11 numéros 75, 87, la soeur de DB avait été présente et que cette autre

12 personne était retournée à Partisan.

13 Quand je suis revenu plus tard, et quand j'ai appris où se trouvait la

14 journaliste, j'ai dit que j'étais sûr que le numéro 87 n'était plus là.

15 Elle n'était pas à Partisan. C'est ce que DB m'avait dit, elle m'avait dit

16 qu'elle n'était plus là. Est-ce qu'il y avait une troisième personne dans

17 la voiture? Eh bien, en tout cas, si c'était la personne avec qui j'avais

18 parlé devant Partisan, avec qui j'avais parlé au sujet de la journaliste…

19 mais le numéro 190, je pense qu'elle n'a pas pu être à Partisan, il

20 n'était pas possible qu'elle ait été à Partisan. Je n'ai pas pu la faire

21 sortir de là, je n'ai pas eu l'occasion d'amener la personne qui porte le

22 pseudonyme 190 à Miljevina et je ne l'ai pas vue là-bas.

23 Question: Vous avez dit que vous avez transporté DB, 75 et deux autres

24 femmes à Miljevina. Vous avez dit cela au cours de votre premier

25 entretien?

Page 4730

1 Réponse: J'ai dit que j'avais fait sortir en effet trois personnes de

2 Partisan, que j'avais parlé avec quatre personnes. Il y avait 75, DB et 87

3 et cette quatrième personne, plus jeune…, je ne sais pas comment elle

4 s'appelait et qui était cette quatrième personne. J'avais amené DB et 75

5 et, à partir du moment où j'ai appris où se trouvait la journaliste, et

6 quand je suis retourné à Partisan, j'ai fait sortir DB et 75. J'ai demandé

7 à DB où se trouvait sa soeur parce que je lui avais promis, au cours de

8 notre conversation qui avait duré deux heures à deux heures et demie, je

9 lui avais promis que si jamais elle me donnait le nom de cette personne,

10 j'allais la protéger, la faire sortir de là, mais à condition bien sûr

11 qu'elle me donne le nom de la personne qui l'avait fait sortir.

12 C'est pour cela que j'ai essayé de trouver aussi sa soeur parce qu'elle

13 m'avait persuadé que mon nom n'avait jamais été mentionné, que tout cela

14 n'était qu'une invention. J'avais l'impression que c'était la journaliste

15 qui avait tout inventé et, moi, vraiment, je m'étais dit que si jamais

16 elle me disait la vérité, si elle me disait qui était la personne qui

17 avait fait cela, que j'allais les aider à porter plainte et à les amener

18 où elles souhaitaient partir.

19 Question: Il ressort de la pièce à conviction 60, cassette 1, face A,

20 pages 6 et 7: "Je suis allé à Partisan et j'ai pris les quatre personnes

21 et je les ai amenées à Miljevina. Ensuite, je me suis assis avec une autre

22 personne et j'ai demandé à ces personnes d'aller trouver Gordana. A ce

23 moment-là, j'ai reçu une communication radio et ces quatre personne, je

24 les ai laissées derrière avec DB3, le commandant du bataillon de

25 Miljevina. Les quatre personnes sont restées et je n'ai pas donné d'autres

Page 4731

1 informations".

2 A chaque fois, vous avez parlé de quatre personnes et maintenant, vous

3 essayez de réduire ce nombre à deux personnes, c'est-à-dire à DB et 75.

4 Réponse: Je permets la possibilité qu'il y ait eu trois personnes. Je

5 suis sûr que 75 était là, que DB était là, mais je ne peux pas affirmer si

6 la troisième personne était présente dans la voiture. C'est peut-être

7 possible. Mais en tout cas, je ne sais pas si le n° 87 était là parce que

8 DB m'avait dit qu'on l'avait emmenée plus tôt. En tout cas, je les ai

9 emmenées là où se trouvait le témoin D3. Je maintiens que le témoin 7

10 disait la vérité, je ne sais plus comment nous sommes arrivés à Miljevina

11 et je ne sais pas comment elles avaient été transférées à la maison de

12 Karaman. En tout cas, je ne sais pas si cette troisième personne était là.

13 Question: Monsieur Kunarac, les soldats de Miljevina étaient des gens

14 dangereux, n'est-ce pas?

15 Réponse: Oui, il y en avait parmi eux qui étaient dangereux.

16 Question: Vous avez dit vous-même, et cela ressort de votre déclaration,

17 pièce 67, page 10: "C'était un endroit de mauvaise réputation avec des

18 hommes dangereux", n'est-ce pas?

19 Réponse: Oui. Quand je suis allé dans cette maison, quand je suis allé

20 le 19 ou le 20 septembre, j'ai été en mesure de dire qu'il y avait des

21 hommes dangereux qui se rassemblaient dans cette maison, des gens bizarres.

22 Question: C'est donc justement là que vous avez amené ces jeunes filles,

23 vous les avez laissées à cet endroit et, ensuite, vous ne vous en

24 préoccupiez plus?

25 Réponse: Ce n'est pas exact que je les ai emmenées à là-bas. Je les ai

Page 4732

1 emmenées devant un café et quand je suis parti en mission, elles sont

2 restées devant le café avec le commandant du Bataillon. Je lui avais bien

3 dit d'où elles venaient et il m'avait promis qu'il allait veiller à ce

4 qu'elles soient retournées à cet endroit. Moi, j'étais sûr que cela allait

5 être fait. J'étais sûr que le 12 ou le 13, elles étaient parties pour

6 Partisan. J'avais parlé avec DB. Le 19, elles m'ont dit qu'en réalité, on

7 ne les avait pas retournées à Partisan ce jour-là mais qu'on les avait, en

8 revanche, emmenées dans cette maison.

9 Question: Monsieur Kunarac, le 9 ou le 10, Gaga vous a parlé de

10 circonstances dans lesquelles se sont produits les viols le DB ainsi que

11 le viol de groupe du témoin 75, n'est-ce pas? Il s'agit du 9 ou du 10 août

12 1992?

13 Réponse: Non, le 10 août, Gaga m'a raconté ce qui s'est passé avec DB,

14 au moment où nous avons parlé dans la maison à Trnovaca. Le 10 au matin,

15 j'avais parlé avec lui et je lui ai raconté ce que j'ai vécu, ce qui s'est

16 passé avec DB ce jour-là. Je lui avais raconté vraiment tout, je lui ai

17 vraiment raconté, décrit les circonstances dans lesquelles nous avons eu

18 un rapport sexuel. C'est à ce moment-là qu'il m'avait répondu que c'était

19 de sa faute. Il m'a dit qu'en réalité, il avait parlé avec DB et qu'elle

20 avait agi de la sorte parce qu'à l'époque, il lui avait dit de faire ce

21 qu'elle pouvait mais qu'il ne fallait, en aucun cas, qu'elle me donne le

22 nom de ces personnes qui l'avaient maltraitée parce qu'il pourrait y avoir

23 un règlement de compte et qu'il pourrait y avoir des victimes. C'est ce

24 qu'il m' a dit à l'époque mais, en revanche, il ne m'a pas raconté ce qui

25 s'était passé avec le témoin 75. Il ne m'a raconté cela que trois ou

Page 4733

1 quatre jours plus tard, je pense qu'il s'agissait du 13. Il m'avait

2 raconté cela sur son lit d'hôpital. Parce qu'au moment où il m'a raconté

3 ce qui concernait DB, moi j'avais des côtes cassées, j'étais dans un état,

4 j'étais faible physiquement et il avait bien vu que j'étais touché par

5 cela. Je l'avais même insulté, je ne me rappelle plus de l'injure, mais il

6 avait compris cela. Et il était parti de la maison.

7 Le lendemain, il avait été blessé à Miljevina et quand il a appris que ces

8 jeunes filles étaient restées là-bas, il m'avait dit qu'il avait

9 l'intention de les ramener, de ramener les jeunes filles mais qu'il y a eu

10 un conflit à Miljevina avec les hommes de Miljevina. Il a été blessé et il

11 est mort peut-être 10 jours plus tard, le 19 ou le 20 août.

12 Question: Nous revenons à la pièce 67, cassette 2, face B, pages 2 à 3:

13 "Gaga Vukovic m'a dit cela le 9 ou le 10. Gaga m'avait raconté cela

14 derrière une porte close pendant que j'étais (expurgé). J'avais des

15 fractures aux côtes. Physiquement, je n'étais pas en bon état et

16 personnellement je n'étais pas capable d'y aller. En même temps, je

17 pensais, j'avais des raisons de savoir qu'elles étaient restées à

18 Miljevina. Et j'ai demandé à Gaga d'aller là-bas, de m'amener ces

19 personnes parce que j'avais compris que j'avais fait une erreur. Et là,

20 j'ai donné ordre à Gaga d'aller là-bas et de m'amener ces personnes pour

21 que je puisse les protéger. Il est allé à Miljevina et il a été blessé par

22 les Serbes." (Fin de citation.)

23 Cela veut dire que vous aviez des raisons de savoir, vous pensiez que ces

24 jeunes filles étaient toujours à Miljevina et que vous avez envoyé Gaga

25 les chercher?

Page 4734

1 Réponse: Quand Gaga m'a dit ce qu'il s'est passé avec DB et quand il m'a

2 raconté ce qu'il avait fait avec DB, quand j'ai compris pourquoi j'avais

3 eu un rapport sexuel avec DB, eh bien, je me suis senti blessé. J'ai été

4 furieux parce qu'il a fait tout cela. Et là, j'ai eu des doutes qu'il

5 faisait partie de ces gens qui savaient ce qui s'était passé auparavant.

6 Et c'est vrai que j'avais dit que vraiment j'étais désolé, que j'allais

7 tenter de protéger ces jeunes filles pour que cela ne se reproduise plus.

8 C'est vrai que j'avais des doutes, je pensais qu'il était possible qu'on

9 les ait fait sortir et qu'elles aient été violées, mais je ne pensais pas,

10 je ne savais pas qu'il était mêlé à cela parce qu'il était sur son lit

11 d'hôpital. Il m'a demandé de ne pas me mêler de cela. Nous étions le 13

12 août, nous étions à l'hôpital, il était sur son lit d'hôpital; il y avait

13 d'autres témoins qui étaient présents. Il m'avait demandé de ne pas me

14 mêler de cette histoire.

15 Question: Monsieur Kunarac, vous saviez que le 2 août 1992 était une date

16 extrêmement importante, c'est le jour où beaucoup de viols se sont

17 produits, surtout dans la nuit du 2 août.

18 Réponse: D'après ce qu'affirment les témoins, oui, il y a beaucoup de

19 choses qui se sont produites le 2 août.

20 Mme le Président (interprétation): Madame Uertz-Retzlaff, vous avez besoin

21 de combien de temps encore pour votre contre-interrogatoire?

22 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Je ne pourrais pas terminer

23 aujourd'hui. Je pense que j'ai besoin d'encore une heure.

24 Mme le Président (interprétation): Nous avons encore quelques requêtes.

25 Nous souhaiterions interrompre le contre-interrogatoire et voir ce qu'il

Page 4735

1 en est avec les requêtes.

2 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): D'accord, merci.

3 Mme le Président (interprétation): Nous avons une requête, nous pouvons en

4 traiter en audience publique. Il s'agit de la requête qui concerne le Dr

5 Stanko Bejatovic en tant qu'expert juridique. La décision de la Chambre

6 est que l'objection de l'accusation, quant à l'expertise de Stanko

7 Bejatovic, surtout en ce qui concerne le paragraphe auquel l'accusation a

8 fait objection, eh bien, toutes ces objections sont rejetées. Donc

9 l'expertise est acceptée telle qu'elle est maintenant.

10 Nous passons à huis clos partiel pour parler de la deuxième requête qui

11 est une requête confidentielle.

12 (La séance se poursuit en audience à huis clos partiel.)

13 (Questions de procédure.)

14 (expurgé)

15 (expurgé)

16 (expurgé)

17 (expurgé)

18 (expurgé)

19 (expurgé)

20 (expurgé)

21 (expurgé)

22 (expurgé)

23 (expurgé)

24 (expurgé)

25 (L'audience est levée à 16 heures.)