Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-16-T

2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

3 Mardi 12 janvier 1999

4 (L’audience est ouverte à 9 heures.)

5 M. Le Greffier (interprétation). - L'audience du Tribunal pénal

6 international pour l'ex-Yougoslavie est ouverte. Bonjour, dossier n° IT-

7 95-16-T Procureur contre Zoran Kupreskic, Mirjan Kupreskic,

8 Vlatko Kupreskic, Drago Josipovic, Dragan Papic, Vladimir Santic.

9 M. le Président (interprétation). - Bonjour, pouvons-nous

10 reprendre nos travaux ?

11 Mme Glumac (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président,

12 Madame le Juge, Monsieur le Juge. Bonjour Monsieur Cilic.

13 M. Cilic (interprétation). - Bonjour.

14 Mme Glumac (interprétation). - Je vais tout simplement vous dire

15 que nous avons regardé hier le transcript mais il y avait des problèmes

16 parce que vous avez parlé trop vite. Par conséquent, si vous voulez bien

17 essayer de ne pas parler trop rapidement.

18 M. Cilic (interprétation). - Oui, je vais faire un effort.

19 Mme Glumac (interprétation). - Il y avait une donnée qui était

20 erronée concernant les premiers résultats électoraux.

21 Quel était le pourcentage du HDZ, s'il vous plaît ?

22 M. Cilic (interprétation). - Le HDZ avait 40,2 %.

23 Mme Glumac (interprétation). - Merci, c'était tout simplement

24 pour corriger le transcript.

25 Vous avez dit que vous avez mis sur pied un service de presse,

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1 que vous avez publié le journal, que vous avez fondé également une station

2 radio, est-ce que c'est vrai ?

3 M. Cilic (interprétation). - Oui.

4 Mme Glumac (interprétation). - Et qu'est-ce que vous avez fait

5 également sur le plan communication ?

6 M. Cilic (interprétation). - Il y avait également la télévision.

7 Mme Glumac (interprétation). - Quand ?

8 M. Cilic (interprétation). - C'était le 17 avril 1992, la radio.

9 A la télévision, la première émission a été émise le 17 juin 1992.

10 Mme Glumac (interprétation). - Quelle était la raison pour

11 laquelle vous avez mis sur place tous ces mass médias : le journal, la

12 presse, la radio, la télévision ?

13 M. Cilic (interprétation). - Depuis que les événements ont

14 commencé à se dérouler en ex-Yougoslavie, le territoire de Bosnie-

15 Herzégovine, et tout particulièrement la Bosnie centrale, où la grande

16 majorité de Croates vivaient, se trouvait dans un blocus informatique et

17 nous avons pu tout simplement suivre les mass media de Belgrade,

18 éventuellement de Sarajevo également qui était tout à fait fidèles aux

19 autorités officielles de l'ex-Yougoslavie, et par la suite, il y avait

20 également des journaux qui nous parvenaient de Belgrade et de Sarajevo.

21 Il n'y avait aucun journal que nous avons pu avoir en provenance

22 de Croatie, on ne pouvait pas écouter la radio de Zagreb en Bosnie

23 centrale.

24 Par ailleurs, on avait supprimé l'unique quotidien... les

25 actualités que nous avons pu suivre pour l'ensemble de la Yougoslavie et

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1 de Zagreb. Il n'y avait pas ces actualités qui étaient des actualités-clés

2 pendant la journée, c'était à 19 heures 30. Ce sont les actualités qui ont

3 été supprimées.

4 Par conséquent, les Croates se sentaient complètement coupés. Il

5 y avait des informations qui leur parvenaient qui ne convenaient pas à

6 cette population, qui convenaient plutôt à l'agresseur serbe et à la

7 politique officielle de l'ex-Yougoslavie, et en partie également à la

8 politique officielle et au gouvernement de la république de Bosnie-

9 Herzégovine.

10 Mme Glumac (interprétation). - Dites-nous, est-ce qu'à Vitez, à

11 part donc la TV Vitez qui a formé la station radio, est-ce que les

12 Musulmans avaient également la radio et puis la télévision ?

13 M. Cilic (interprétation). - Au début, quand nous avons mis en

14 place la radio Vitez, nous l'avons formée ensemble avec les représentants

15 du peuple musulman. C'était le service de presse dont j'ai parlé hier.

16 Nous avons travaillé sur un pied d'égalité, il y avait Mithat

17 qui était journaliste et Muhamed Halilovic qui était avec nous, donc les

18 deux Musulmans.

19 C'était pendant les deux premiers mois, mais par la suite quand

20 nous avons commencé à organiser la télévision et les émissions à la

21 télévision, au début, M. Varupa Midhat avait participé avec nous dans

22 l'organisation des émissions, mais avec le temps il s'est arrêté, il n'est

23 plus venu. Et par conséquent c'était une télévision, je peux le dire tout

24 à fait franchement, croate parce qu'il ne voulait pas participer avec nous

25 dans l'organisation de cette émission.

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1 Mais en même temps, quand ils se sont arrêtés, quand ils ne sont

2 plus venus à la radio Vitez, à la télévision dans la partie de

3 Stari Vitez que nous appelons Mahala, ils ont mis en place leur radio. Et

4 c'était en quelque sorte une radio qui n'avait pas de grandes possibilités

5 mais qui pouvait couvrir une partie de la vallée de la Lasva ou plutôt la

6 zone de Vitez.

7 Mme Glumac (interprétation). - Et en ce qui concerne la

8 télévision des Musulmans ?

9 M. Cilic (interprétation). - C'est un peu plus tard qu'ils ont

10 commençé à organiser la télévision, ils avaient une équipe de

11 journalistes, de cameramen également qu'ils avaient à Stari Vitez, à

12 Mahala.

13 Mme Glumac (interprétation). - D'accord, merci.

14 En dehors du fait que vous avez participé à l'organisation des

15 mass media, quand avez-vous commencé à travailler pour l'armée ? Avez-vous

16 travaillé pour l'armée ?

17 M. Cilic (interprétation). - C'est début octobre 1992 et sur

18 l'invitation d'un très bon ami, Mario Cerkez qui, à cette époque-là, était

19 directeur du quartier général du HVO, qui m'avait demandé de l'aider au

20 niveau administratif et de l'organisation, et notamment dans le service

21 d'information parce que l'on avait senti le besoin d'organiser

22 l'information notamment à l'intention des formations des soldats qui se

23 trouvaient au sein du HVO à Vitez. Donc, à ce moment-là, j'avais accepté

24 d’y participer parce que je me sentais redevable et je pensais que c'était

25 mon devoir et mon obligation de citoyen à l'époque où la situation était

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1 de plus en plus difficile sur tous les plans, sur le plan politique, sur

2 le plan national, sur le plan économique également. Je me sentais devoir

3 répondre à cette invitation parce qu’il y avait cette amitié entre Mario

4 et moi-même et, en tant que citoyen, je voulais tout simplement aider.

5 Mme Glumac (interprétation). - Et quelle était votre fonction ?

6 M. Cilic (interprétation). - C'était la fonction d'un agent

7 politique. J'étais adjoint du responsable du quartier général et chargé de

8 l'information.

9 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que votre qualité était la

10 qualité professionnelle ? Avez-vous également participé aux activités

11 militaires dans le cadre de ce poste ?

12 M. Cilic (interprétation). - Mais Mario savait très bien que

13 j'étais quelqu'un qui n'était pas un militaire et je n'avais absolument

14 pas d'affinité vis-à-vis de l'armée et de tout ce qui est militaire, de

15 l'uniforme, et par conséquent que je n'aurais jamais accepté de fonctions

16 qui auraient eu un caractère militaire ou qui auraient compris également

17 des tâches militaires. Mais c'était en quelque sorte quand même des tâches

18 militaires parce que j'étais dans le cadre de ce quartier général. Mais,

19 de toute façon, c'était tout à fait professionnel. Je me devais de

20 préparer l'information sur le plan de la situation politique dans la zone

21 de Vitez et dans les alentours, et même globalement dans l'ex-Yougoslavie,

22 dans l'ensemble.

23 Mme Glumac (interprétation). - Par conséquent, en tant que

24 membre du commandement, avez-vous eu des armes ou pas ?

25 M. Cilic (interprétation). - Pendant toute la guerre, je ne

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1 disposais pas d'armes. Même quand la guerre s'est terminée, je n'ai jamais

2 porté des armes et, pour être tout à fait franc, il y avait un certain

3 nombre de membres du quartier général qui ne disposaient pas d'armes. Il y

4 avait un pistolet que nous avons éventuellement pu utiliser ; nous étions

5 trois à l'utiliser quand nous nous rendions sur le terrain. Par

6 conséquent, je n'avais absolument aucune arme et j'en étais heureux.

7 Mme Glumac (interprétation). – Au moment où vous vous êtes rendu

8 sur le terrain, vous n'aviez pas besoin d'avoir un fusil ?

9 M. Cilic (interprétation). – Mais souvent je voulais l'avoir

10 parce que je devais fréquemment me déplacer à plusieurs kilomètres et

11 traverser un espace où il n'y avait aucun soldat, où il y avait également

12 des lignes entre les Musulmans et les Croates qui s'interpénétreraient,

13 mais de toute façon, il n'y avait pas d'armes et c'est la raison pour

14 laquelle un grand nombre de membres du commandement ne disposaient pas

15 d'armes parce que, tout simplement, nous avons considéré qu'il était

16 beaucoup plus important que le soldat sur la ligne puisse disposer d'une

17 arme, et pas nous autres qui étions au commandement.

18 Mme Glumac (interprétation). - Avez-vous porté l'uniforme ?

19 M. Cilic (interprétation). - Pendant toute la guerre, l'hiver

20 était très très dur, je l'ai passé dans un survêtement de camouflage pour

21 ne pas avoir trop froid. J'avais pris tout ce que j'avais sur moi

22 J'utilisais mes pulls, mes vestes, j'avais des bottes militaires à la fin

23 de la guerre. Sinon j'avais des chaussures que normalement je portais et

24 tout le temps, j'étais sur le terrain, j'étais dans la boue, dans la

25 neige, sur le terrain, et je dois dire qu'il faisait très froid.

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1 Mme Glumac (interprétation). - Hier, nous avons parlé de la mise

2 en place du HVO, qui s'était fondé comme le quartier général municipal.

3 C'est ce que vous avez dit ?

4 M. Cilic (interprétation). - Oui. A cette époque là, ce n'était

5 pas le HVO, c'était le commandement municipal, et ensuite c'était le HVO

6 qui s'était formé des deux.

7 Mme Glumac (interprétation). - Mais quand avez-vous eu ces

8 formations de brigades ?

9 M. Cilic (interprétation). - En ce qui concerne cette formation

10 de brigades, en ce qui concerne les membres du peuple croate, pour la

11 première fois cela a été formé le 21 décembre 1992, et c'est là que la

12 brigade Stjepan Tomasevic a été formée à Novi Travnik, et c'est elle qui

13 avait regroupé les soldats représentants du HVO de la municipalité de

14 Vitez et de la municipalité de Novi Travnik.

15 Mme Glumac (interprétation). - Les représentants de cette

16 formation de la municipalité de Vitez étaient les membres du deuxième

17 bataillon ?

18 M. Cilic (interprétation). - Oui, cela a été regroupé dans le

19 cadre de la brigade Stjepan Tomasevic, et il y avait également un autre

20 bataillon qui faisait partie de cette brigade.

21 Mme Glumac (interprétation). - Après la mise en place de

22 Stjepan Tomasevic, avec ce bataillon de Travnik, y avait-il d'autres

23 changements, d'autres événements qui se sont produits ?

24 M. Cilic (interprétation). - De quels changements parlez-vous ?

25 Mme Glumac (interprétation). - Ce bataillon de Vitez, comment a-

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1 t-il fonctionné ? Quand a-t-il été formé ?

2 M. Cilic (interprétation). - Au mois de mars, on en avait

3 ressenti le besoin. Ce sont les gens de formation militaire qui avaient

4 pressenti qu'une brigade ne pouvait pas fonctionner sur l'ensemble de

5 cette zone opérationnelle. Par conséquent , il a fallu avoir les deux

6 brigades et mi-mars, je ne peux pas vous dire exactement quand,

7 Stjepan Tomasevic est resté à Travnik et à Vitez, il y avait la brigade de

8 Vitez qui a été formée.

9 Mme Glumac (interprétation). - De combien de membres la brigade

10 de Vitez se composait-elle ? Quels étaient les effectifs ?

11 M. Cilic (interprétation). - Je pense qu'il y avait à peu près

12 300 soldats.

13 Mme Glumac (interprétation). – Compte tenu du fait que c'est le

14 16 avril 1993 que la guerre a commencé, alors que la brigade Vitez a été

15 formée au mois de mars, dans quel état se trouvait cet brigade ? Etait-

16 elle structurée comme elle devait l'être, en une unité militaire, du point

17 de vue du nombre de membres, des armes, des équipements, etc. ?

18 M. Cilic (interprétation). - Je vais essayer de vous expliquer.

19 Nous avons commencé à construire la maison à partir du toit. Le toit était

20 la dénomination de la brigade, le commandement, alors que le reste n'était

21 pas conforme aux besoins militaires pour pouvoir appeler une formation

22 "brigade", parce que je vous ai déjà dit qu'avant le conflit entre les

23 Musulmans et les Croates à Vitez, dans la vallée de la Lasva, cette

24 brigade n'avait que 300 soldats. Cela ne suffit même pas pour un

25 bataillon, sans parler d'une brigade. Par conséquent, nous avons utilisé

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1 le terme de "brigade" probablement pour des raisons d'encouragement, pour

2 nous encourager nous-mêmes et faire peur quelque peu aux ennemis, aux

3 adversaires éventuels.

4 Mme Glumac (interprétation). - Je vais maintenant vous donner

5 une liste de la brigade de Vitez, ou le deuxième bataillon de

6 Stjepan Tomasevic du mois de février. Vous allez me dire si le nombre des

7 effectifs au total correspond à ce que vous savez, si tous ces insignes

8 correspondent également à ce que devraient être, pour dénommer ces

9 unités.

10 M. le Greffier. Le document porte la côte D-18/ 2.

11 (Les Juges examinent le document)

12 Mme Glumac (interprétation). - S'agit-il de ce document ?

13 M. Cilic (interprétation). - Je dois dire que je ne m'y retrouve

14 pas tout à fait parce que dans la partie où l'on parle du commandement du

15 Deuxième bataillon il n'y a pas mon nom, alors que j'étais membre du

16 commandement.

17 Mme Glumac (interprétation). - Est-il possible qu'à ce moment là

18 on n'ait pas marqué tous les membres du commandement, que l'on n'ait pas

19 marqué toutes les données concernant le commandement, car je pense que

20 l'on s'est axé beaucoup plus sur le nombre de soldats que sur le

21 commandement. Je pense qu'il s'agit du recensement du personnel.

22 M. Cilic (interprétation). - Oui, c'est fort possible, parce

23 qu'au début, j'ai dit qu’au début où je suis devenu membre du quartier

24 général, j'ai été engagé tout simplement sur le plan professionnel, c'est

25 probablement la raison pour laquelle on n'a pas marqué mon nom. Il n'est

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1 pas impossible que plus tard, sur la liste, mon nom figure parce que

2 j'étais quand même membre.

3 Mme Glumac (interprétation). - Entendu. Selon les adresses des

4 résidences d'un certain nombre de soldats, on voit qu'il s'agit des

5 soldats qui étaient de la municipalité de Vitez.

6 M. Cilic (interprétation). - Mais à ce moment-là, c'était tout à

7 fait rare que quelqu'un en dehors de la municipalité de Vitez, qui n'avait

8 pas son domicile à Vitez, soit membre de notre formation.

9 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que ces référence et

10 toutes les données qui sont attachées à une unité précise, à un peloton, à

11 cette Deuxième compagnie, au Deuxième peloton de la Troisième compagnie,

12 correspondent à la réalité ? Y avait-il véritablement une telle

13 structure ?

14 M. Cilic (interprétation). - Je pense que c'est un peu embelli

15 par rapport à la situation réelle, sur le champ. On dirait, d'après ce

16 document, qu'il y avait un certain règlement militaire que l'on suivait ;

17 je pense que ça a été préparé sur papier beaucoup plus que ce n'était en

18 réalité.

19 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez parlé d'environ

20 300 personnes. Ca correspond, je pense, avec la liste que vous avez ?

21 M. Cilic (interprétation). - Oui, depuis 1992, donc depuis la

22 nouvelle année jusqu'en 1993, jusqu'à la formation de la brigade de Vitez,

23 je pense que les effectifs n'ont pas changé, que c'est un nombre qui était

24 à peu près celui dont j'ai parlé, 300 personnes.

25 Mme Glumac (interprétation). - Jusqu'à 300 personnes ou bien y

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1 en avait-il davantage ?

2 M. Cilic (interprétation). - Je dis : jusqu'à 300 personnes au

3 total.

4 Mme Glumac (interprétation). - Je vais maintenant vous donner le

5 nombre de personnes qui faisaient partie du deuxième bataillon, donc les

6 effectifs du deuxième bataillon dans le cadre de la brigade de Vitez,

7 c'est avant le conflit, le jour du 14 avril 1993, et on énumère le nombre

8 de membres par village et les effectifs au total, probablement, c'est un

9 objectif. Voulez-vous bien voir ce document et nous dire pourquoi l'on

10 parle de compagnie dans ce document ?

11 Je vais demander à l'huissier de m'aider.

12 M. le Greffier (interprétation). - Le document porte la

13 cote D 19/2.

14 Mme Glumac (interprétation). - Pourriez-vous nous dire, s'il

15 vous plaît, par rapport au titre qui figure sur cette liste "hommes du

16 premier bataillon par villages" -il s'agit donc du premier bataillon,

17 n'est-ce pas- si, en voyant la liste de ces villages, vous pensez qu'il y

18 a d'autres villages qui auraient pu contenir d'autres bataillons ?

19 M. Cilic (interprétation). - Le premier bataillon était le seul

20 qui existait et on le voit très bien à partir de cette liste de villages

21 puisque vraiment tous les villages plus grands de la municipalité de Vitez

22 figurent sur cette liste, il n'y avait ni de second ni de troisième

23 bataillon. C'est pourquoi j'ai dit que la brigade s'appelait "brigade de

24 Vitez", alors qu'elle ne correspondait pas par sa structure à ce titre de

25 brigade.

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1 Mme Glumac (interprétation). – Nadioci, Santici, Dubravica,

2 Poculica, Rijeka sont les villages qui figurent ici. Pourriez-vous nous

3 dire à quelle portion du secteur du premier bataillon correspondaient ces

4 villages ?

5 M. Cilic (interprétation). - Il s'agit du secteur Est, le

6 secteur qui est orienté vers la municipalité de Busovaca et en partie vers

7 la municipalité de Zenica.

8 Mme Glumac (interprétation). – Veliki Mosunj, Ardol, Zabilje,

9 Marosi Bilja, à quoi correspond cela ?

10 M. Cilic (interprétation). - C'est la partie occidentale de la

11 municipalité de Travnik, frontalière à la municipalité de Travnik et à la

12 municipalité de Novi Travnik.

13 Mme Glumac (interprétation). - Et la dernière partie s'il vous

14 plaît ?

15 Nous voyons Gornja Vecerska, Krcevine, Stari Vitez, Kolonija,

16 Kamenjace, Gacice

17 M. Cilic (interprétation). – Ici, il s'agit d'une série de

18 villages qui ne sont pas reliés entre eux, Krcevine se situe au nord de la

19 municipalité, la partie qui va vers Zenica, bien qu'il y ait d'autres

20 villages musulmans dans cette zone, avant de toucher la municipalité de

21 Zenica. Quant à Stari Vitez, il s'agit d'une partie de la zone urbaine

22 autour de la paroisse, et puis Kolonija concerne le coeur même de la

23 ville, Kamenjace c'est la banlieue, c'est là que se trouve le centre

24 scolaire de l'enseignement secondaire et Gacice c'est au sud de la

25 municipalité. Pratiquement à l'opposé du premier village.

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1 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que ces secteurs avaient

2 été définis formellement ?

3 M. Cilic (interprétation). – Oui, nous avions quatre secteurs

4 jusqu'au moment où l'on a atteint le point, et il s'agit bien sûr de

5 l'époque qui était pendant la guerre, où nous avons constitué des

6 bataillons et des brigades. Sinon, avant, ceux qui fonctionnaient que ce

7 soit sur le plan pratique ou théorique étaient les secteurs définis de

8 manière territoriale.

9 Mme Glumac (interprétation). - Et à quel moment, en fait, la

10 brigade de Vitez a-t-elle été réellement constituée ? A quel moment les

11 listes ont-elles été définies, à quel moment son équipement en armement a-

12 t-il été terminé ?

13 M. Cilic (interprétation). - Je ne pense pas qu'on puisse dire

14 qu'on a abouti dans ce processus puisque pendant onze mois Vitez est resté

15 complètement isolé, sans aucun moyen de communiquer avec l'extérieur.

16 Donc, il ne nous a pas été possible de nous procurer tout le matériel

17 d'équipement et d'armes qui nous était nécessaire. Mais pendant la guerre,

18 certes, nous avons pu compléter notre équipement, et pendant la deuxième

19 moitié de la guerre, je pense que l'on peut dire que la brigade de Vitez a

20 été complètement constituée.

21 Mme Glumac (interprétation). - Quand vous parlez de la deuxième

22 moitié de la guerre, vous pensez à quoi concrètement ?

23 M. Cilic (interprétation). - Il s'agit de l'automne tard,

24 l'automne 1993.

25 Mme Glumac (interprétation). - Sur la base de cette liste, on

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1 peut voir qu'il s'agit de la date du 14 avril, et qu'environ 260 hommes

2 constituent les formations de cette unité. Est-ce possible ?

3 M. Cilic (interprétation). - Oui, c'est possible. Peut-être y a-

4 t-il des unités qui manquent. Je ne sais pas si les membres du

5 commandement sont là, si les membres de la police militaire auprès du

6 commandement manquent, mais je pense que c'est à peu près complet.

7 Mme Glumac (interprétation). - Ce qui ne figure pas sur cette

8 liste c'est le village d'Ahmici. En suivant le principe territorial, il

9 était vraisemblablement partie intégrante de la Première compagnie, n'est-

10 ce pas ?

11 M. Cilic (interprétation). - Oui, vous voyez, au village

12 d'Ahmici il y avait très peu d'habitants croates, tout juste une quinzaine

13 de familles, une quinzaine de foyers croates, alors que ces villages de

14 Nadioci, Santici, Dubravica, c'est la partie de la municipalité de Vitez

15 où l'on pourrait intégrer Ahmici.

16 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que cela veut dire

17 qu'aucun agent n'était actif sur la zone du village d'Ahmici ?

18 M. Cilic (interprétation). - Je ne sais pas si l'on peut dire

19 qu'il n'y en avait aucun, mais ils devaient être très peu nombreux. Moi,

20 je connais très peu de personnes de cette région, il y avait très peu de

21 Croates.

22 Mme Glumac (interprétation). - Monsieur Cilic, puis-je vous

23 poser une question : si sur cette liste cela ne figure pas, pouvez-vous

24 nous dire si quelqu'un y était... se trouverait dans le village d'Ahmici ?

25 M. Cilic (interprétation). - Je ne sais pas.

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1 Mme Glumac (interprétation). - Donnez-moi des réponses

2 concrètes. Je vous ai donné une liste. Savez-vous s'il y avait quelqu'un à

3 Ahmici sur place ? Je vous demande ce que vous savez, si vous ne savez

4 pas, ne répondez pas. Dites-moi en fonction de ce que vous savez, de ce

5 que vous voyez sur les listes.

6 M. Cilic (interprétation). - Je sais qu'il n'y en avait aucun.

7 Mme Glumac (interprétation). - Merci.

8 Hier, nous avons abordé la création du Comité de coordination

9 pour la protection des intérêts des Musulmans. A ce moment, vous nous avez

10 dit que ce comité de coordination a été crée à quel moment ? Excusez-moi,

11 je ne me souviens plus de la date.

12 M. Cilic (interprétation). - Je pense que tout cela se situe au

13 mois de septembre. C'est à ce moment-là que les représentants des

14 Musulmans au sein des instances municipales ont quitté, donc, ces

15 instances municipales et ont créé leurs instances au sein de Mahala à

16 Stari Vitez.

17 Mme Glumac (interprétation). - Donc, ils ont abandonné le

18 pouvoir civil et le pouvoir municipal ?

19 M. Cilic (interprétation). - Oui, toutes les instances

20 municipales ainsi que toutes les fonctions, tous les postes qui leur

21 revenaient d'après les résultats des élections ; ils les ont abandonnés

22 début septembre et ils ont constitué leur pouvoir à Mahala.

23 Mme Glumac (interprétation). - Ce comité de coordination, est-ce

24 qu'il change de dénomination à un moment ? Est-ce qu'il se transforme en

25 présidence de guerre ? Et savez-vous à quel moment ?

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1 M. Cilic (interprétation). - Je ne pense pas que je pourrai vous

2 donner une date précise, mais il me semble que c'était à l'automne, fin

3 septembre ou début octobre, je crois. Mais en tout cas, c'était peu après

4 l'instant où ils ont quitté les instances municipales au pouvoir et où ils

5 ont constitué leur propre pouvoir à Mahala.

6 Mme Glumac (interprétation). - Et ce pouvoir, ce gouvernement

7 qu'ils ont constitué à Mahala, est-ce qu’il comptait tous les secteurs

8 comme d'autres instances du pouvoir ?

9 M. Cilic (interprétation). - Oui, il l'avait et l'on pourrait se

10 demander pourquoi moi je le sais. Je le sais simplement parce que notre

11 service de presse recevait les décisions prises par ce gouvernement. Je

12 pense que de cette façon, il cherchait à se légitimer sur l'ensemble de la

13 municipalité de Vitez.

14 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que la police civile

15 musulmane se constitue et se sépare à ce moment, au même moment que le

16 pouvoir civil ?

17 M. Cilic (interprétation). - Je ne sais pas si c'était le même

18 jour, mais cela s'est passé en quelques jours seulement, sûrement à la mi-

19 septembre. Sur une zone très exiguë, on avait déjà les pouvoirs municipaux

20 croates d'un côté, municipaux d'autre part ; la police croate d'un côté,

21 la police musulmane d'autre part, et puis déjà auparavant la TO croate et

22 musulmane.

23 Mme Glumac (interprétation). - Je vous demanderai d'examiner un

24 document ; il s'agit d'une décision, des conclusions prises par le Comité

25 exécutif de la municipalité de Vitez, il s'agit de l'application de la

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1 décision concernant le régime des impositions dans la municipalité de

2 Vitez et l'on dit que la décision sur les impositions sera mise en

3 application en collaboration avec les forces armées de l'armée de Bosnie-

4 Herzégovine. C'est signé par Fuad Kaknjo qui est à la tête du Comité

5 exécutif.

6 M. le Greffier (interprétation). - Le document porte la cote

7 D 20 / 2.

8 Mme Glumac (interprétation). - Ainsi donc, quelle était la

9 fonction de Fuad Kaknjo ?

10 M. Cilic (interprétation). - Fuad Kaknjo était membre des

11 autorités communes, conjointes, et il avait la fonction qui figure ici,

12 donc il était à la tête du Comité exécutif de la municipalité de Vitez au

13 sein de ce gouvernement commun.

14 Mme Glumac (interprétation). - En quelle qualité peut-il prendre

15 ce genre de décisions ? En quelle qualité peut-il décider que le partage

16 ainsi que la levée des impôts municipaux seront effectués en collaboration

17 avec les forces armées ?

18 M. Cilic (interprétation). - C'est la décision que nous avons

19 prise au sein de notre service de presse. Nous l'avons commentée dans nos

20 informations publiées quotidiennement parce que cette décision était

21 contraire à tous les principes démocratiques de la vie politique et de

22 l'exercice du pouvoir, puisque cela ne pouvait absolument pas être

23 légitime. Effectivement, en se basant sur des principes simples, ils ont

24 eu moins de voix aux élections et à partir d'un certain nombre de

25 différends, certains députés venus d'autres partis se sont mis en alliance

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1 avec le HDZ. Ceux-ci sont une minorités, ils sont absolument minoritaires,

2 et ne se privent pas de constituer un pouvoir parallèle. On le voit là,

3 dans cette décision qui vient du département administratif. On voit que

4 l'appellation est très formelle, et l'on voit aussi que Fuad Kaknjo signe

5 en tant que Président du Comité exécutif.

6 Mme Glumac (interprétation). - Lorsqu'il est dit, dans ces

7 conclusions, que la mise en application de la décision concernant la levée

8 des impositions, ce sont les employés du ministère chargé du travail, les

9 agents des communautés locales ainsi que le directeur du budget sur la

10 municipalité de Vitez, on pense là aux membres du Comité de coordination ?

11 M. Cilic (interprétation). - Oui, ce sont des départements, des

12 organes du pouvoir municipal qu'ils ont constitué à Mahala.

13 M. le Président (interprétation). - Excusez-moi, je n'ai pas eu

14 d'interprétation. Pourriez-vous interpréter la déclaration du témoin ?

15 Maître Glumac, pouvez-vous nous dire ce que le témoin a dit en

16 réponse à votre question ?

17 Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous dire à la Chambre,

18 s'il vous plaît, si ces organes que j'ai énumérés constituent bien les

19 éléments de la structure du pouvoir de la municipalité de Vitez ?

20 M. Cilic (interprétation). - Il s'agit d'une structure propre au

21 pouvoir municipal. Ce sont les mêmes éléments qui étaient constitutifs des

22 organes municipaux de Vitez au moment du départ des représentants

23 musulmans. Tous ces organes appartiennent au pouvoir municipal, et je ne

24 vais pas énumérer tous ces éléments.

25 Mme Glumac (interprétation). - Lorsqu'on dit que le coordinateur

Page 4835

1 Elvida Muhir est responsable de toutes les tâches, que c'est à elle de

2 répartir tous ces travaux qui sont liés à leur travail sur la municipalité

3 de Vitez, elle est de quelle nationalité ?

4 (L'interprète précise qu'il n'a pas le texte du document qui est

5 lu par l'avocat.)

6 M. Cilic (interprétation). - Elle est de nationalité musulmane.

7 Mme Glumac (interprétation). - Donc, faisant partie de ce

8 nouveau gouvernement ?

9 M. Cilic (interprétation). - Oui.

10 Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous expliciter comment il

11 se fait que Fuad Kaknjo signe en qualité de Président du Comité exécutif,

12 alors qu'il était dans le premier gouvernement constitué après les

13 élections ?

14 M. Cilic (interprétation). - Je pense que c'est précisément de

15 la manière que je viens de décrire, que l'on cherche à se légitimer et à

16 couvrir géographiquement du terrain, parce qu'ils souhaitent montrer que

17 ce gouvernement couvre l'ensemble de la municipalité de Vitez. Ce genre de

18 décisions et de conclusions étaient envoyées à l'adresse des médias

19 croates comme Radio-Vitez, la télévision de Vitez, et pour autant que je

20 sache c'était également adressé aux contribuables sur le territoire de la

21 municipalité de Vitez.

22 Mme Glumac (interprétation). - Cela veut-il dire que les membres

23 des organes du pouvoir ont, d'une certaine manière, transféré leurs voix,

24 leurs mandats ?

25 M. Cilic (interprétation). - Oui, oui, pour l'essentiel je pense

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1 que tous ceux qui avaient été nommés à des fonctions importantes ou à la

2 tête d'un certain nombre d'organes, je ne peux pas l'affirmer à cent pour

3 cent, mais je pense que presque tous les députés musulmans l'ont fait.

4 Mme Glumac (interprétation). - Puisque le gouvernement s'est

5 séparé, la police civile s'est séparée, tout cela se passe au mois de

6 septembre 1992, peut-on dire que dans la population, les Musulmans, les

7 Croates continuent à travailler dans leurs entreprises ou bien en tant que

8 fonctionnaires, à la Poste ou ailleurs. Ont- ils continué à travailler

9 normalement ou bien y a-t-il eu des différences dans le traitement des

10 Croates et des Musulmans ?

11 M. Cilic (interprétation). - Mis à part le pouvoir civil,

12 militaire, la police, je ne pense pas que l'on puisse parler de problème

13 au niveau de la vie commune.

14 Mme Glumac (interprétation). - Y a-t-il eu des Croates ou des

15 Musulmans qui ont dû quitter leur travail ?

16 M. Cilic (interprétation). – Non, personne n'a été licencié à

17 Vitez, mais nous avons tous été victimes de la crise économique. Nous

18 étions tous envoyés en chômage technique et, comme je l'ai dit hier, moi

19 aussi, j'ai été victime de cette crise économique dès 1991 et nombre de

20 Croates, de Serbes ainsi que de Bosniaques musulmans ont partagé mon sort.

21 Mme Glumac (interprétation). – Je souhaite vous présenter un

22 autre document. Je vous demanderai de l'examiner. L'huissier peut-il

23 m'aider s'il vous plaît ?

24 M. le Greffier (interprétation). - Le document porte la cote

25 D 21/2.

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1 Mme Glumac (interprétation). - Vous souvenez-vous de ce

2 document ? A-t-il fait l'objet de publications ?

3 M. Cilic (interprétation). – Oui, je le sais, j'en suis certain,

4 les mêmes choses sont écrites dans mes notes. Je me souviens très bien de

5 cela. Il s'agit d'une réunion où cet accord a été obtenu.

6 Mme Glumac (interprétation). - Et qui ont été les participants à

7 cette réunion ? Ici, on voit le HVO de Vitez, on voit mal, je vais le

8 lire :

9 "Comité de coordination pour la protection des intérêts des

10 Musulmans, le parti HDZ et le parti SDA" à la date du 25 septembre 1992.

11 S'il vous plaît, pouvez-vous me dire si vous reconnaissez ces

12 signatures, si vous connaissez les hommes qui en sont les auteurs ?

13 M. Cilic (interprétation). – Oui, c'était Ivan Santic,

14 Pero Skopljak devant les Croates, Fuad Kaknjo et Kajmovic devant le peuple

15 musulman bosniaque, le dernier était à la tête du SDA de la municipalité

16 de Vitez.

17 Mme Glumac (interprétation). - Le Président de ce comité de

18 coordination était Fuad Kaknjo. Et qui était à la tête de la Présidence de

19 guerre ?

20 M. Cilic (interprétation). - A la tête de la Présidence de

21 guerre, pour autant que je sache -et je pense que je le sais bien- il y

22 avait le Docteur Muhamed Mujezinovic.

23 Mme Glumac (interprétation). - On voit dans cette déclaration,

24 dans le dernier chapitre : "Conscients que le pouvoir double sur la

25 municipalité de Vitez ne peut pas fonctionner correctement, nous nous

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1 engageons à coordonner notre activité en permanence afin de relier le

2 pouvoir commun sur la base des élections démocratiques".

3 Cela veut-il dire que la partie croate a reconnu la légitimité

4 des pouvoirs musulmans ainsi que la légitimité de ce comité de

5 coordination ?

6 M. Cilic (interprétation). - Je suis peut-être subjectif, mais

7 l'homme qui était notre chef, Ivan Santic, à Vitez a déployé des efforts

8 colossaux pour que l'unité soit maintenue dans la municipalité de Vitez,

9 même au prix de reconnaître comme légitime quelque chose qui ne l'était

10 pas. Je ne sais pas si l'on cherchait à légitimer par le biais de ce

11 document le Comité de coordination musulman de Vitez mais l'intention

12 d'Ivan Santic était certainement de stabiliser et de calmer la situation,

13 car il était manifeste que la situation se dégradait et que la grosse

14 majorité de la population cherchait la paix et des solutions qui allaient

15 au profit de toute la population de Vitez.

16 Mme Glumac (interprétation). - Où est située cette municipalité

17 à Stari Vitez, connaissez-vous l'endroit ?

18 M. Cilic (interprétation). – Oui, je me suis même rendu

19 plusieurs fois sur ces lieux. Elle se trouvait au cœur de la partie

20 ancienne de Stari Vitez, Mahala, dans un complexe où était avant le foyer

21 des pompiers, et puis une petite salle de ping-pong, parce que Vitez était

22 très connue au niveau yougoslave par ces joueurs d'excellent niveau en

23 ping-pong. Il y avait là beaucoup de place, ce qui permettait d'organiser

24 tous ces services dont il a été question.

25 Mme Glumac (interprétation). - Où était située la police civile

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1 musulmane ?

2 M. Cilic (interprétation). - Dans le même bâtiment au rez-de-

3 chaussée, à côté de ce foyer des pompiers, à côté de cette route qui part

4 de Vitez en direction de Travnik.

5 Mme Glumac (interprétation). - Je souhaite que vous examiniez un

6 autre document. Monsieur l'huissier s'il vous plaît ?

7 M. le Greffier (interprétation). - Ce document porte la cote

8 D 22/ 2.

9 Mme Glumac (interprétation). - On voit dans l'en-tête

10 "République de Bosnie Herzegovine, Municipalité de Vitez, présidence de

11 guerre, à la date du 11 février 1993". Cela veut-il dire que la Présidence

12 de guerre a continué à fonctionner jusqu'au début de la guerre, voire plus

13 tard évidemment, en tant que pouvoir séparé ?

14 M. Cilic (interprétation). - Oui, tout à fait, jusqu'au conflit

15 qui a éclaté le 16 avril 1993, ni moi, ni officiellement les pouvoirs

16 croates de Vitez n'ont été informés de modifications importantes. Cette

17 présidence de guerre a certainement fonctionné.

18 Mme Glumac (interprétation). - Par ailleurs, vous même avez

19 peut-être été informé, du moment que vous faisiez partie d'une unité

20 militaire et du service presse. Vous-même avez-vous reçu ce genre de

21 communication, ce genre de texte ? Des communications de la Présidence de

22 guerre ?

23 M. Cilic (interprétation). - Je ne peux pas vous dire

24 certainement, mais la Présidence de guerre a toujours cherché à

25 communiquer au HVO, à la radio et à la télévision croate, des documents

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1 des décisions prises par la Présidence de guerre. Après, c'est nous mêmes

2 qui décidions si nous souhaitions les publier, les diffuser via les médias

3 ou non. Nous ne les diffusions pas dans leur version originale, mais

4 accompagnés de commentaires généralement.

5 Mme Glumac (interprétation). – Reconnaissez-vous ici leur

6 sceau ?

7 M. Cilic (interprétation). - Oui je le reconnais, c'est le sceau

8 qui a toujours été utilisé.

9 Mme Glumac (interprétation). - S'agit-il du sceau du Comité

10 exécutif de l'assemblée municipale de Vitez ?

11 M. Cilic (interprétation). - Oui. Il faut insister sur le fait

12 qu'il s'agit de la partie musulmane, parce que ce n'était pas le sceau des

13 autorités communes municipales de Vitez.

14 Mme Glumac (interprétation). – Donc, vous-même, vous aviez le

15 même texte avec un autre sceau, n'est-ce pas ?

16 M. Cilic (interprétation). - Oui.

17 Mme Glumac (interprétation). - Dans les conclusions, on dit que

18 deux points de contrôle mixte seront établis à l'entrée et à la sortie de

19 VITEZ afin de contrôler la circulation des véhicules, des biens et des

20 hommes. Il s'agit donc de la police civile qui constituera ses équipes,

21 ainsi que les membres du HVO, les membres de la police militaire de

22 l'armée BH, ainsi que les représentants de la police militaire du HVO. Ils

23 se rendront à ces points de contrôle, à ces barrages, chacun venu de son

24 siège. Autrement dit, à aucun moment, puisque nous savons qu'il y a eu un

25 certain nombre d'initiatives pour que les polices militaires et civiles

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1 des Musulmans et des Croates soient jointes, ceci ne s'est produit,

2 jamais ?

3 M. Cilic (interprétation). – Non, cela ne s'est pas produit. Une

4 police commune n'a jamais pu être constituée en dépit des tentatives d'y

5 parvenir. J'ai ici également une note : la dernière tentative date du

6 27 janvier 1993, la tentative de remettre en activité le commissariat

7 commun de Vitez parce qu'il y avait des pillages, des actes criminels,

8 mais ceci n'a pas pu être réalisé.

9 Mme Glumac (interprétation). – Donc, sur cette zone très réduite

10 de Vitez, quatre polices fonctionnaient ?

11 M. Cilic (interprétation). – Oui, quatre : d'un côté les polices

12 civiles croates et musulmanes, et d'autre part, les polices militaires

13 croates et musulmanes et la police militaire de l'armée de Bosnie-

14 Herzégovine.

15 Mme Glumac (interprétation). - Il est dit ici que les membres de

16 ces équipes se rendront à leur travail depuis leur siège. Où se trouvait

17 la police civile du HVO ?

18 M. Cilic (interprétation). - Elle était basée au commissariat de

19 police ancien qui datait de l'ancien système, alors que la police civile

20 musulmane était située à Mahala, à Stari Vitez.

21 Mme Glumac (interprétation). – Et la police militaire ?

22 M. Cilic (interprétation). - La police militaire elle aussi, les

23 deux avaient leur siège à proximité, très près des polices civiles.

24 Mme Glumac (interprétation). - Il est dit également dans ce

25 document, -on le voit au point 7- que si les décisions ci-dessus

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1 mentionnées n'étaient pas réalisées, les points de contrôle devraient être

2 mis en place d'une manière différente conformément aux conclusions du

3 commandement du troisième corps d'armée de Bosnie-Herzégovine. Est-ce que

4 vous estimez qu'il s'agit là d'une menace, est-ce que vous l'avez compris

5 de telle façon ?

6 M. Cilic (interprétation). - On peut peut-être le comprendre

7 autrement. Cela veut dire qu'on ne reconnaît pas l'existence ni la

8 légitimité du HVO ni des unités croates et que les seules formations

9 légitimes dans cette région sont l'armée de Bosnie-Herzégovine, en

10 l'occurrence le troisième corps, puisque la zone de Vitez était placée

11 d'après eux sur la partie qui relevait de l'autorité du troisième corps.

12 Mme Glumac (interprétation). - Au point 3, on voit également

13 qu'il faut abolir obligatoirement tous les points de contrôle dans les

14 villages situés dans la municipalité de Vitez

15 (Les interprètes n'ont pas d'exemplaire de ces documents)

16 Où ont été installés ces différents postes de contrôle ?

17 M. Cilic (interprétation). – Eh bien, partout, partout où qui

18 que ce soit pensait qu'il était nécessaire ou qu'il était approprié

19 d'installer un poste de contrôle, il y en avait un, sur toutes les routes,

20 au niveau de tous les carrefours, sur des voies d'accès permettant de

21 mener à la ville et de sortir de la ville, dans les différents villages,

22 et dans différents endroits dans toute la vallée de la rivière Lasva.

23 Mme Glumac (interprétation). – Généralement, où les Musulmans

24 installaient-ils leurs postes de contrôle ?

25 M. Cilic (interprétation). - Ils en avaient un à l'entrée et à

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1 la sortie de Mahala, donc sur l'axe principal entre les quartiers

2 urbanisés de Vitez. Par la suite, un accord a été conclu visant à éliminer

3 ce poste de contrôle, mais cet accord n'a jamais été mis en application ou

4 bien les postes de contrôle étaient démantelés pendant quelques jours et

5 puis il réapparaissaient ailleurs.

6 Il y avait également des postes de contrôle sur la route qui

7 venait du centre de la ville et qui allait jusqu'à l'entreprise Vitezit.

8 C'était une route très utilisée par les employés de l'usine. Et ils

9 avaient tous des expériences plus ou moins agréables à ce type de poste de

10 contrôle non officiel.

11 Mme Glumac (interprétation). - Y avait-il des postes de contrôle

12 à Kruscica ?

13 M. Cilic (interprétation). - Eh bien, à Kruscica très souvent,

14 effectivement il y avait des postes de contrôle, mais, à mon avis, il y a

15 un motif tout à fait important : dans la partie sud de Kruscica, à

16 l'extérieur du village ou du hameau, il y avait des membres du HVO qui

17 étaient logés dans certains hôtels, et la partie du village qui se

18 trouvait derrière les hôtels était peuplée majoritairement de Musulmans.

19 Par conséquent, à l'endroit appelé Fatiha Vodica, endroit qui

20 séparait les parties croates et musulmanes du village, certains postes de

21 contrôle ont été installés. Il y a eu certains incidents, saisies d'armes,

22 saisies de véhicules, et puis échanges de tirs également. D'autre part,

23 certains membres du HVO y ont été arrêtés.

24 Mme Glumac (interprétation). - Excusez-moi, Madame et Messieurs

25 les Juges, mais je ne parviens pas à trouver un document que je cherche,

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1 parce que ce témoin a comparu plus tôt que prévu. Donc nous y reviendrons

2 plus tard, ce n'est pas grave.

3 Quand est-il de Grbavica ?

4 M. Cilic (interprétation). - Une portion importante de la route

5 entre Vitez et Travnik, ou disons cette espèce de route circulaire qui

6 entoure Vitez et qui rejoint la route provenant de Vitez, à un carrefour

7 que l'on appelle le carrefour de Grbavica, a été utilisé à de nombreuses

8 reprises. Des postes de contrôle y ont été installés et un certain nombre

9 d'incidents s'y sont produits. Au cours de mon témoignage, peut-être,

10 nous verrons qu'il s'agissait-là d'une des raisons du conflit qui a éclaté

11 dans la municipalité de Vitez.

12 Je peux également vous dire sans que vous ayez besoin de me le

13 rappeler que souvent, des postes de contrôle étaient installés vers

14 Vjetrenica sur le route entre Vitez, je crois, et Zenica. Il y avait donc

15 également des postes de contrôle sur la route de Bila vers Zenica. Il y

16 avait Jupe Brajkovici et puis vers Zenica également, et puis dans des

17 hameaux où les Musulmans étaient majoritaires, Sadovaca par exemple,

18 Han Bila et Guca Gora également. Et là, il y a eu également plusieurs

19 incidents, des affrontements qui se sont produits au poste de contrôle.

20 Mme Glumac (interprétation). - Je vous demanderai de consulter

21 un autre document à présent. C'est un avis du gouvernement civil du HVO de

22 Vitez. Ce document porte sur les problèmes de logement de l'armée et de la

23 police à Vitez.

24 M. Le Greffier (interprétation). - Il s'agit de la pièce D 23/2.

25 Les interprètes. - Peut-on placer un exemplaire de ce document

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1 sur le rétroprojecteur ?

2 M. le Président (interprétation). - Avez-vous un exemplaire que

3 nous pourrions placer sur le rétroprojecteur, s'il vous plaît, pour les

4 interprètes ?

5 Mme Glumac (interprétation). - Oui, merci.

6 M. le Président (interprétation). - Avez-vous un exemplaire

7 supplémentaire ?

8 Mme Glumac (interprétation). - J'ai un problème avec ce document

9 particulier, je n'en ai pas assez.

10 M. le Président (interprétation). - Dans ce cas-là, puis-je vous

11 demander de lire lentement, si vous citez des passages de ce document afin

12 que les interprètes puissent vous suivre ? Merci.

13 Mme Glumac (interprétation). - C'est donc un avis émanant du

14 gouvernement civil et énoncé le 2 janvier 1993 lors d'une réunion

15 extraordinaire.

16 Dans ce document, il est dit que le gouvernement a examiné la

17 situation politique et la situation en matière de sécurité régnant dans la

18 municipalité, après la concentration de différentes institutions

19 militaires hétérogènes sur le territoire de Vitez. Et, à la lumière des

20 incidents qui se sont produits au cours des vacances de Noël et de la

21 soirée du Nouvel-An.

22 Il a été remarqué qu'à Vitez, à l'heure actuelle, les personnes

23 sont logées. L'état-major régional du HVO, l'état-major de la police

24 militaire régionale du HVO, l'état-major du bataillon de Vitez du HVO, la

25 police militaire municipale du HVO, la police civile municipale, les

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1 forces armées qui se trouvent dans la caserne de Kruscica, celles qui se

2 trouvent à Preocica, le quartier général des forces armées de Vitez, le

3 quartier général municipal, la police militaire municipale des forces

4 armées de Vitez dans le cadre desquels se trouve la police civile

5 musulmane. Nous trouvons également, sur le territoire de la municipalité,

6 la caserne abritant la brigade des Vitezovi, en fait dans l'école de

7 Dubravica.

8 La disparité de tous les intérêts de ces différentes

9 institutions, parfois contradictoires, qui se trouvent toutes sur une zone

10 relativement limitée, provoque de plus en plus d'incidents indésirables

11 ayant parfois des résultats tragiques. Le gouvernement du HVO de Vitez a

12 étudié la question au cours de sa réunion du 28 décembre 1992, et étant

13 donné le logement des soldats du HVO et la situation du logement des

14 soldats des forces armées en général, le gouvernement a donc pris une

15 position tout à fait définitive, à savoir que tous les soldats et tous les

16 quartiers-généraux devraient être placés dans les casernes de Travnik,

17 Busovaca, Zenica et Kiseljak, et que les écoles et les hôtels devraient

18 être vidés, que les soldats devraient partir.

19 Il est également fait référence à des échanges de tirs

20 incontrôlés au cours des vacances de Noël, échanges de tirs importants, et

21 aussi à la mort de Mate Jakovljevic, membre de la police militaire, au

22 mois de janvier 1993, ce qui a fait d'une situation désagréable une

23 situation dramatique.

24 Au vu de l'évolution de la situation à Vitez, le gouvernement

25 estime qu'un conflit de plus grande envergure pourrait éclater d'un moment

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1 à l'autre, ce qui mettrait en danger la vie de soldats, de commandants et

2 également de citoyens ne prenant pas partie. Il a également été souligné

3 que quotidiennement, et à plusieurs égards, l'armée provoque des dégâts

4 matériels inutiles.

5 Nous sommes d'avis que des mesures de prévention doivent être

6 prises dans les meilleurs délais. Le gouvernement du HVO de Vitez réitère

7 sa position, à savoir que les soldats et leur commandement, à la fois du

8 HVO et des forces armées, les OS, devraient être logés dans des casernes.

9 Suite à l'évolution de la situation, nous demandons la même

10 chose pour la police militaire régionale, et signée par le président du

11 HVO de Vitez Ivan Santic.

12 Monsieur Cilic, reconnaissez-vous la signature ?

13 M. Cilic (interprétation). - Oui.

14 Mme Glumac (interprétation). - Vous souvenez-vous de ce

15 communiqué ?

16 A-t-on parlé à plusieurs reprises de ce problème ?

17 M. Cilic (interprétation). - Oui, bien sûr, et d'après mes

18 souvenirs le quartier général régional, le quartier général de la zone

19 opérationnelle de Bosnie centrale et du troisième corps d'armée de Zenica

20 ont essayé de mettre en place, d'appliquer une telle décision.

21 Malheureusement, la position, les propositions du gouvernement n'ont pas

22 fait véritablement l'objet d'un accord et d'une reconnaissance.

23 Mme Glumac (interprétation). - Il est fait référence, n'est-ce

24 pas, aux forces armées Kruscica, Preocica, à l'état major municipal des

25 forces armées, mais de quelle armée parle-t-on ?

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1 M. Cilic (interprétation). - Chaque fois qu'il est question des

2 forces armées, on parle des forces armées musulmanes, on parle de la

3 police militaire, de la police civile, et des soldats également.

4 Mme Glumac (interprétation). - Utilisaient-ils l'expression

5 "forces armées" avant de devenir "armée de Bosnie-Herzégovine" ?

6 M. Cilic (interprétation). - Non, c'est le terme "défense

7 territoriale" qui était utilisé ; cependant, dans certaines situations

8 effectivement le terme de "forces armées de Bosnie-Herzégovine" était

9 utilisé.

10 Mme Glumac (interprétation). - Les unités et leurs commandements

11 ont-ils jamais été transférés suite à cette suggestion ?

12 M. Cilic (interprétation). - A ma connaissance, non. Je crois

13 que la situation n'a pas changé, elle est restée identique à la situation

14 régnant avant qu'une telle possibilité soit suggérée par le HVO de Vitez.

15 Mme Glumac (interprétation). - Merci. Avec l'aide de l'huissier

16 je souhaiterais distribuer un autre document.

17 M. le Greffier (interprétation). - Il s'agit du document

18 D 24/2.

19 Mme Glumac (interprétation). – Monsieur le Président, mon

20 collègue Radovic demande l'autorisation de se retirer pour un instant.

21 (M. Radovic se retire)

22 Il s'agit d'un document émanant du quartier général de la

23 défense du district de Zenica, en date du 13 novembre 1992. Le sujet est :

24 "Assurer le logement des unités des forces armées de la République de

25 Bosnie-Herzégovine". Il est adressé au commandement de Vitez et signé...

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1 M. Terrier. – Monsieur le Président, il me semble que la

2 traduction anglaise dont nous disposons n'est pas celle du document en

3 langue croate, nous avons une traduction du 21 novembre 1992 d'un document

4 signé par M. Merdan, mais nous ne sommes pas absolument sûrs d'avoir la

5 bonne traduction.

6 Mme Glumac (interprétation). – Oui, il y avait un problème, mais

7 maintenant tout va bien.

8 M. le Président. - Tout va bien ?

9 Mme Glumac (interprétation). - Oui.

10 Avez-vous consulté ce document ?

11 M. Cilic (interprétation). - Oui.

12 Mme Glumac (interprétation). – Avez-vous lu la teneur de ce

13 document ? Je vais moi-même vous en donner lecture et je vous demanderai

14 de formuler certaines remarques : "Sur la base de l'ordre du commandement

15 suprême du quartier général des forces armées de la République de Bosnie-

16 Herzégovine, strictement confidentiel en date du 4 juillet 1992, sur la

17 formation des commandements états-majors et unités des forces armées de la

18 République de Bosnie-Herzégovine, visant à prendre des mesures opportunes,

19 relatives au logement de ces différentes entités dans les casernes, étant

20 donné l'arrivée de l'hiver, j'ordonne la chose suivante : prendre des

21 mesures nécessaires immédiatement auprès des autorités compétentes du

22 territoire de la municipalité, afin de loger les commandements, état-major

23 et unités qui ont été formés sur la base de l'ordre susmentionné. Les

24 installations et le déploiement d'unités dans ces casernes doit être

25 organisé selon le plan d'utilisation de ces bâtiments. Il faut assurer les

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1 travaux de construction nécessaires, il faut meubler ces différents locaux

2 et s'assurer que les mesures de sécurité nécessaires sont prises.

3 Paragraphe 3 : l'organisation doit être telle que, dans le cadre

4 du bataillon et de l'unité, et également pour les commandements états-

5 majors et unités de rangs hiérarchiques inférieurs, la nourriture soit

6 distribuée.

7 Paragraphe final : Prendre toutes les autres mesures nécessaires

8 que vous considérez comme étant indispensables et qui permettront

9 d'établir les meilleures conditions de travail et de combats possibles.

10 Signalez à ce commandement les différentes mesures prises. Faites preuve

11 de persistance dans l'exécution de cet ordre et insistez auprès des

12 autorités pour qu'elles fassent leur travail.

13 Vraisemblablement donc, ce document a trait au déploiement des

14 unités des forces armées de Bosnie-Herzégovine, puisque c'est l'expression

15 utilisée dans ce document de Vitez. Le commandement couvrait Vitez et les

16 autres villages environnants n'est-ce pas ?

17 M. Cilic (interprétation). - Oui.

18 Mme Glumac (interprétation). - Un tel document pouvait-il être

19 distribué librement ? Pouvait-on y avoir accès librement ? Ou bien était-

20 il simple de dissimuler les locaux dans lesquels ces forces armées étaient

21 logées ?

22 M. Cilic (interprétation). - Vous me demandez si ce document

23 avait été caché, dissimulé, je ne suis pas sûr de cela, outre le fait

24 qu'il porte l'annotation "strictement confidentiel". Je pense que c'était

25 un document bien connu du public en général, parce que la municipalité de

Page 4851

1 Vitez est trop petite pour qu'une quelconque activité visant à la

2 construction de bâtiments, au logement d'unités militaires, soit réalisée

3 sans que le public l'apprenne.

4 Mme Glumac (interprétation). - Des bâtiments de ce type ont-ils

5 été construits dans la région de Stari Vitez ?

6 M. Cilic (interprétation). – Non, mais les bâtiments existants

7 ont été rénovés, remeublés, parce qu'il n'y avait pas suffisamment de

8 moyens financiers permettant de construire de nouveaux bâtiments. Par

9 conséquent, à Vitez, ce sont des bâtiments existants qui ont été utilisés,

10 par exemple à Bukve, Kruscica, Preocica, les bâtiments des écoles ont été

11 utilisés. En effet les écoles ne recevaient pas d'enfants à ce moment là,

12 il n'y avait pas d'école.

13 Mme Glumac (interprétation). - Il est dit dans le document que,

14 outre les travaux de construction, des mesures pour assurer la sécurité,

15 des plans de sécurité doivent être élaborés. Qu'est-ce que cela veut dire,

16 étant donné vos connaissances militaires ?

17 M. Cilic (interprétation). – Cela veut dire que la zone

18 entourant ces différents bâtiments doit être sûre, parce que si l'on met

19 toutes les unités militaires afin qu'elles passent l'hiver dans certains

20 bâtiments, il faut assurer la sécurité du terrain environnant les

21 bâtiments pour éviter toute surprise parce qu'à cette époque les tensions

22 étaient exacerbées entre les Croates et les Musulmans et également entre

23 le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine. Et aux environs immédiats, dans

24 la municipalité, les forces serbes n'étaient pas très loin., membres de

25 l'armée populaire yougoslave.

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1 Mme Glumac (interprétation). - Par conséquent, ce document a en

2 partie pour but d'assurer le soutien logistique des soldats, n'est-ce

3 pas ?

4 M. Cilic (interprétation). - Oui, à partir de ce document, on

5 voit que des efforts ont été déployés pour structurer les unités

6 musulmanes.

7 Mme Glumac (interprétation). - Dans votre témoignage, nous avons

8 entendu qu'il n'y avait pas de casernes, mais ici, au troisième paragraphe

9 il est fait référence à la nécessité de préparer les repas pour les

10 commandants et pour les unités hiérarchiques de rangs inférieurs.

11 Cela veut-il dire qu'il y avait des groupes importants de

12 personnes dans les casernes ? Les casernes étaient-elles finalement

13 utilisées ?

14 M. Cilic (interprétation). - Eh bien par exemple, à Travnik

15 effectivement, oui, la caserne était utilisée. Mais dans d'autres cas,

16 d'autres bâtiments ont été adaptés, rénovés, pour devenir des casernes en

17 quelque sorte. C'était une pratique tout à fait courante dans la région.

18 Mme Glumac (interprétation). - Peut-on distribuer le document

19 suivant, s'il vous plaît ?

20 M. Le Greffier (interprétation). - Il s'agit du document D25/2.

21 Mme Glumac (interprétation). - Ce document provient de

22 Ivan Santic, le Président du gouvernement du HVO à Vitez et date du

23 28 décembre 1992. Ce document a trait à ce dont vous venez de nous parler

24 justement. Je vais lire une partie de ce document à haute voix :

25 "Pour ce qui est du logement des forces du HVO et des forces

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1 armées, le gouvernement du HVO a pris une position tout à fait claire :

2 l'armée et son commandement devront être transférés dans la caserne de

3 Travnik, Zenica, Busovaca et Kiseljak afin que les écoles et les

4 hôtels soient libérés."

5 Le dernier paragraphe dit la chose suivante : "Les unités

6 militaires de l'armée de Bosnie-Herzégovine sont stationnées dans les

7 écoles régionales de Preocica et Kruscica et dans des maisons de

8 particuliers, propriétés de M. Mico Andric à Kruscica.

9 Un grand nombre de soldats ont été logés dans les écoles, ce qui

10 empêche les cours de recommencer, et d'autre part ceci renforce également

11 de façon significative les tensions ethniques.

12 Une police civile parallèle a été mise sur pied ainsi qu'une

13 station de télévision musulmane.

14 Tout ceci existe véritablement et mène à une séparation encore

15 plus importante de ces deux groupes nationaux, même si la politique

16 officielle de M. Izet Begovic soutient apparemment l'unité".

17 A la page 2, il est dit : "nous proposons qu'une réunion soit

18 organisée dans les plus brefs délais à laquelle les personnes suivantes

19 devraient participer : le commandement du commandement régional du HVO, le

20 commandant du quartier général régional des forces armées de la Bosnie-

21 Herzégovine, le responsable du bureau de la défense au sein du

22 gouvernement du HVO de Vitez, le Président du comité de coordination pour

23 la protection des intérêts musulmans, le commandant de l'état-major

24 municipal des forces armées de Vitez."; ceci ne figure pas dans le texte

25 de la traduction. Et enfin : "Le Président du gouvernement de guerre

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1 temporaire civil du HVO à Vitez.".

2 Par conséquent, je crois que ce sont là tous les éléments dont

3 vous avez parlé dans votre témoignage ayant trait au problème du logement

4 des soldats dans les écoles, et que les écoles ne pouvaient pas reprendre

5 leur travail, et la vie civile était difficile à organiser étant donné

6 cette situation.

7 Ce document date du mois de décembre 1992, du 28 plus

8 précisément, et toutes les entités dont il y est question, à savoir les

9 entités militaires du HVO d'une part, et les entités des forces armées

10 d'autre part, puis ensuite des parties civiles du HVO, puis des parties

11 civiles du comité de coordination du gouvernement musulman ; à cette

12 époque toutes ces entités coexistent à Vitez.

13 M. Cilic (interprétation). - Sauf le commandement des forces

14 armées de la Bosnie-Herzégovine. Peut-être qu'il y a une erreur ici, il

15 s'agissait du commandement municipal, et pas du commandement régional

16 comme le dit le texte. Mais effectivement, toutes ces entités

17 fonctionnaient et coexistaient sur le territoire de la municipalité de

18 Vitez.

19 Mme Glumac (interprétation). - Vous connaissiez l'existence de

20 ces problèmes, étant donné vos activités au service de presse, et

21 également en tant que membre du commandement de la brigade de Vitez. Avez-

22 vous reçu des plaintes de ce type émanant du gouvernement ?

23 M. Cilic (interprétation). - Oui. Ou bien je me trouvais

24 personnellement à des réunions du gouvernement, ou bien je recevais le

25 procès-verbal écrit de ces réunions.

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1 Mme Glumac (interprétation). - Par conséquent, ces problèmes-là

2 se sont posés à plusieurs reprises ?

3 M. Cilic (interprétation). - Oui, c'est un problème qui figurait

4 à l'ordre du jour de toutes les réunions du gouvernement de Vitez.

5 M. le Président (interprétation). - Très bien. Nous allons faire

6 une pause de vingt minutes maintenant. Nous nous retrouvons à

7 10 heures 50.

8 (L'audience, suspendue à 10 heures 34, est reprise à

9 10 heures 55.)

10 M. le Président (interprétation). - Maître Glumac, avant de

11 commencer, je me tourne vers l'accusation et la défense pour leur dire que

12 je viens d'avoir une réunion avec le greffier adjoint et la responsable de

13 la section traduction et interprétation. Ils m'ont exprimé leur

14 préoccupation, et la préoccupation des interprètes. Nous avons de très

15 bons interprètes mais malgré cela, bien sûr, ils ne peuvent suivre

16 lorsqu'un conseil lit un document et que les interprètes ne disposent pas

17 eux-mêmes du document. Alors, je vous demanderai de communiquer aux

18 interprètes le document, si vous le pouvez en langue originale et en

19 traduction, chaque fois que vous souhaiterez verser un document au

20 dossier, et également de ralentir. Vous le savez, le compte-rendu est en

21 anglais et si malheureusement nous n'avons pas la plupart des mots, étant

22 donné le rythme de parole, cela veut dire que le Tribunal se basera sur un

23 compte-rendu qui n'est pas à cent pour cent précis, et ce ne sera pas là

24 la faute des interprètes ni des sténotypistes ; mais simplement ce sera

25 parce que les débats auront été trop rapides. Par conséquent, je vous

Page 4856

1 demanderai de ralentir, je demanderai au témoin de le faire également, et

2 d'attendre quelques secondes avant de poser la question après chaque

3 réponse.

4 Mme Glumac (interprétation). - [Hors micro]

5 M. le Président (interprétation). - Oui.

6 Mme Glumac (interprétation). - Je pourrais donner maintenant

7 l'exemplaire du document, si c'est possible.

8 M. le Président (interprétation). - Oui. Un point, pour

9 terminer : le greffier adjoint, M. Heintz, suggère qu'une réunion de tous

10 les conseils de la défense soit tenue avec lui et avec la responsable de

11 la section interprétation, peut-être jeudi, puisqu'il n'y a pas

12 d'audience, afin que vous ayez toutes les ficelles relatives à la question

13 de l'interprétation. Il s'agit simplement d'assurer la précision de notre

14 compte-rendu d'audience. Merci.

15 Mme Glumac (interprétation). - Voici l'ensemble des documents

16 que je vais utiliser au cours de l'heure qui va s'écouler. Je peux donc

17 donner ces documents dès maintenant à l'huissier, pour les interprètes.

18 M. le Président (interprétation). - Merci.

19 Mme Glumac (interprétation). - Bonjour Monsieur Cilic, encore

20 une fois.

21 M. Cilic (interprétation). - Bonjour.

22 Mme Glumac (interprétation). - Nous allons maintenant examiner

23 encore un document, si vous voulez bien. Il est en date du

24 20 janvier 1993.

25 M. le Greffier (interprétation). - La pièce porte la

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1 cote D 26 / 2.

2 Mme Glumac (interprétation). - Il s'agit du document qui a été

3 établi lors de la réunion des représentants de l'UN HCR, de la Forpronu,

4 du parti SDA, de l'armée de Bosnie-Herzégovine, du gouvernement du HVO, du

5 quartier général du HVO et de la station de police à Vitez.

6 Dans le texte, le point 2 réactive le poste de police de Vitez,

7 et tous ceux qui travaillent au poste de police vont donc être en une

8 composition conjointe, vu les conditions qui sont spécifiques à la

9 station, le poste fonctionnera en fonction des ordres qui vont être

10 délivrés pour la municipalité de Vitez, ce sont M. Mircko Samija et

11 M. Saban Mahmutovic qui sont responsables pour les tâches qui vont être

12 accomplies, et ces tâches vont être mises en oeuvre tout de suite.

13 Le point 3 : "Dans le but de surmonter les problèmes d'actualité

14 dans la municipalité de Vitez, on va former le gouvernement conjoint

15 municipal provisoire, de composition mixte ; la proposition du

16 gouvernement conjoint sera faite dans les cinq jours par MM. Ivan Santic,

17 Fuad Kaknjo, Dragan Varos et Midhat Varupa."

18 Le Point 4 : "Les commandants des brigades du HVO et de l'armée

19 de Bosnie-Herzégovine, M. Mario Cerkez et Esan Dzananovic, sont chargés

20 d'échanger les personnes emprisonnées et les biens confisqués, ainsi que

21 de supprimer les points de contrôle qui n'ont pas été placés dans les

22 conditions régulières."

23 Il ressort de ce document qu'on avait essayé pendant toute cette

24 période de mettre sur place le gouvernement conjoint et le poste de police

25 conjoint ?

Page 4858

1 M. Cilic (interprétation). - Oui, c'est tout à fait vrai, c'est

2 une des tentatives d'y aboutir.

3 Mme Glumac (interprétation). - Pour ce qui est de la composition

4 des personnes qui avaient été chargées de former et de mettre en oeuvre

5 cette proposition, ce sont MM. Ivan Santic, Dragan Varos, Midhat Varupa,

6 et Fuad Kaknjo ; pourriez-vous nous dire de quelle nationalité sont

7 Fuad Kaknjo et Midhat Varupa ?

8 M. Cilic (interprétation). - Il s'agit des quatre personnes qui

9 étaient membres du gouvernement conjoint ; MM Ivan Santic et Dragan Varos

10 sont de nationalité croate, alors que Midhat Varupa et Fuad Kraknjo sont

11 de nationalité musulmane.

12 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous pouvez vous

13 rappeler... on parle au Point 4 qu'il est indispensable d'échanger les

14 personnes emprisonnées ainsi que des biens matériels ; de quel échange

15 s'agissait-il ? Il s'agissait du mois de janvier ?

16 M. Cilic (interprétation). - Je pense que la raison de cette

17 réunion, c'est qu'il y avait un incident auparavant qui s'était produit à

18 Kruscica, ce jour-là, au point de contrôle, à l'endroit dénommé

19 Fatina Vodica dans le village Kruscica, les représentants de l'armée de

20 Bosnie-Herzégovine ont désarmé les soldats du HVO qui retournaient à

21 Vitez, après avoir participé aux patrouilles. Et à cet endroit, à

22 Kruscica, il y avait des patrouilles, il y avait un certain nombre de

23 bases logistiques du HVO à ce moment-là.

24 Je ne peux pas vous dire exactement quel était le nombre, mais

25 je pense qu'il s'agissait d'entre dix et douze personnes, plutôt soldats,

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1 qui ont été désarmées. Et les représentants de l'armée de Bosnie-

2 Herzégovine les ont conduites quelque part.

3 C'est la raison pour laquelle, je pense, qu'en partie cette

4 réunion a été organisée ; elle a été déjà planifiée auparavant, mais on

5 l'a organisée un peu plus tôt à cause de cet incident.

6 Mme Glumac (interprétation). - On parle également de supprimer

7 les points de contrôle irréguliers. C'était un problème, n'est-ce pas ?

8 M. Cilic (interprétation). - Oui, c'était effectivement un

9 problème permanent et si, Monsieur le Président, Madame le Juge, Monsieur

10 le Juge, vous me le permettez, je pourrais peut-être ajouter quelque chose

11 qui ne concerne pas tout à fait la question que vous venez de poser, mais

12 moi je me souviens fort bien de cette séance de travail, de cette réunion

13 et de la situation. Si je peux juste compléter...

14 Mme Glumac (interprétation). - Allez-y.

15 M. Cilic (interprétation). - Lors de la réunion, on avait...

16 nous sommes parvenus à un accord de principe de faire fonctionner la

17 police conjointe, le gouvernement conjoint, et on aurait appelé la

18 municipalité de Vitez et le gouvernement conjoint de guerre de Vitez. Ce

19 qui est très intéressant également, c'est que la partie croate était

20 d'accord et elle avait demandé également à la partie musulmane d'essayer

21 de créer une oasis de paix dans cette partie de Bosnie-Herzégovine, étant

22 donné que ce gouvernement aurait fonctionné avec les deux sceaux, ce qui

23 n'était pas légal, mais la partie croate était prête et par conséquent,

24 quand il s'agissait des documents qui étaient adressés au gouvernement

25 croate, donc qu'ils partent avec le sceau avec des insignes croates.

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1 Et les documents qui partaient vers Sarajevo ou Zenica portent

2 le sceau qui était utilisé par la partie musulmane, alors que les

3 documents qui étaient adressés vers les représentants des organisations

4 internationales, d'autres institutions, etc., portent les deux sceaux.

5 Eh bien, cela aurait dû être une petite ruse en quelque sorte

6 des représentants des peuples croate et musulman à Vitez, pour préserver

7 la paix, pour satisfaire aussi bien aux exigences des autorités croates,

8 aux exigences des autorités musulmanes et également aux exigences des

9 représentants des Nations Unies et des organisations internationales.

10 Je dois dire que ceci n'a jamais fonctionné, même si l'accord de

11 principe a été obtenu le 27 janvier 1993, donc le jour de la réunion.

12 Mme Glumac (interprétation). - En ce qui concerne ce

13 gouvernement municipal de guerre dont on parle au point 3, il n'y avait

14 pas dans l'en-tête la Croatie ni le HVO.

15 M. Cilic (interprétation). – Non, on appelait municipalité de

16 Vitez et le gouvernement municipal, il n'y avait aucun insigne ni d'un

17 côté ni de l'autre, ni Musulman ni Croate.

18 Mme Glumac (interprétation). - Je vous remercie. Eh bien, en ce

19 qui concerne quelque chose que vous avez dit tout à l'heure, vous avez dit

20 qu'il y avait aussi cette réunion organisée, parce qu'on avait confisqué

21 un certain nombre d'armes et de soldats à Kruscica. J'aimerais demander à

22 l'huissier de m'aider et de vous montrer ce document et de l'examiner.

23 M. le Greffier (interprétation). - Le document portera la cote

24 D-27/ 2.

25 Mme Glumac (interprétation). - Il s'agit par conséquent de cet

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1 événement qui a eu lieu le 27 janvier, celui dont on a parlé au point 9 ?

2 M. Cilic (interprétation). - Oui.

3 (Au point 1, pardon, l'interprète se corrige)

4 Mme Glumac (interprétation). - Le 27 janvier 1993 à Kruscica, à

5 l'endroit de Fatiha Vodica, l'endroit où se trouvaient les sapeurs-

6 pompiers, il y a les matériels techniques et militaires qui ont été

7 confisqués. Tout d'abord, il y a le véhicule minibus TAM TR 283-12.

8 Est-ce qu'à cette époque là, on avait confisqué également les

9 armes des soldats ?

10 M. Cilic (interprétation). - Oui, sûrement. Car chaque fois,

11 quand il y avait de tels genres d'événements, il y avait les armes d'abord

12 qu'on confisquait, c'était l'objectif même.

13 Mme Glumac (interprétation). - En ce qui concerne les armes, je

14 vais demander également … S'il vous plaît, je demande à l'huissier de

15 porter le document au témoin.

16 M. le Greffier (interprétation). - Le document portera la cote

17 D 28/ 2.

18 Mme Glumac (interprétation). - Il s'agit encore une fois d'un

19 rapport en date du 27 janvier 1993, et c'est le responsable de sécurité

20 M. Ivan Budimir qu'il l'avait signé. Vous connaissez M. Ivan Budimir ?

21 M. Cilic (interprétation). – Oui, il était un très bon ami,

22 malheureusement, il n'est plus en vie.

23 Mme Glumac (interprétation). – Connaissez-vous sa signature ?

24 M. Cilic (interprétation). – Oui, je connais sa signature, lui-

25 même je le connaissais très très bien et je suis désolé qu'il ne soit plus

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1 en vie.

2 Mme Glumac (interprétation). - Dans le texte du rapport, on note

3 qu'en date du 27 janvier 1993 à Kruscica, il y a eu le remplacement des

4 patrouilles auxquelles on avait procédé régulièrement, et lors du retour

5 de Kruscica le minibus TAM TR 283-12 a été arrêté à 12 heures 30, le

6 chauffeur était M. Livancic Stipo, avec une équipe complète.

7 Tous ont été désarmés, le minibus a été également confisqué. La

8 liste des armes Kalachnikof, quatre pièces ; fusil-mitrailleur, une

9 pièce ; Thomson, trois pièces ; Cokac cinq pièces, FAP, c'est un fusil,

10 une pièce ; fusils, deux pièces ; pistolet, une pièce ; pistolet, une

11 pièce ; une grenade à main, 15 pièces.

12 Est-ce que vous vous rappelez si les armes ont été restituées

13 par la suite ?

14 M. Cilic (interprétation). - Je me souviens très bien de cette

15 situation. Le minibus a été restitué. En ce qui concerne les armes...

16 malgré les négociations qui ont duré pendant des jours entiers, les armes

17 n'ont jamais été restituées.

18 Mme Glumac (interprétation). - Et qu'est-ce qui s'est passé avec

19 les gens auxquels on a confisqué les armes et qui ont été arrêtés ?

20 M. Cilic (interprétation). - A un moment donné, ils étaient en

21 détention, dans un local qui était sous le contrôle des membres de l'armée

22 de Bosnie-Herzégovine, mais il y avait un certain nombre d'interventions

23 urgentes aussi bien du colonel Tihomir Blaskic, des autorités civiles, des

24 représentants de la brigade de Vitez. Il y avait des contacts également

25 avec les représentants des autorités civiles, et les soldats ont pu

Page 4863

1 retourner chez eux.

2 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit qu'il y avait des

3 formations du bataillon, du deuxième bataillon de la brigade

4 Stjepan Tomasevic qui se trouvait à Kruscica ?

5 M. Cilic (interprétation). - Oui.

6 Mme Glumac (interprétation). - Il était installé où ?

7 M. Cilic (interprétation). - Dans les deux hôtels dénommés Lovac

8 et Plavac.

9 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous souvenez combien

10 donc il y avait ?

11 M. Cilic (interprétation). - Je pense que déjà cette liste que

12 vous nous avez mise à l'examen témoigne à peu près qu'il n'y avait pas

13 plus de quinze personnes.

14 Mme Glumac (interprétation). - Un peu plus loin, dans le même

15 rapport, on dit que ce même jour à Gornji Vitez, on avait confisqué des

16 policiers militaires régionaux de Zlatko Ivankovic de Ilija Santic et de

17 Mijo Dotlo, c'étaient les noms des policiers, des armes suivantes : AP

18 7,62 millimètres, c'est un fusil nommé tigan 4, deux pièces. Ensuite, un

19 Kalachnikof ; ensuite un pistolet, un ; ensuite un pistolet, une pièce ;

20 et puis 150 deutchmarks.

21 M. le Président (interprétation). - Excusez-moi de vous

22 interrompre, mais je ne sais pas si c'est véritablement indispensable de

23 donner lecture de tous ces textes, parce que nous avons les textes, nous

24 avons tout dans le document. Pour économiser du temps, il serait peut-être

25 utile tout simplement de poser les questions à ce sujet-là et de ne pas

Page 4864

1 donner lecture de ces textes.

2 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez de

3 cet événement ?

4 M. Cilic (interprétation). - Oui, je me souviens, car le

5 27 janvier 1993 au moment où il y a eu cet incident à Kruscica, dès le

6 matin, nous savions qu'il y avait un point de contrôle qui avait été

7 également érigé à Mahala, car ici, dans ce document, on parle de

8 Stari Vitez, on parle de Gornji Vitez, alors qu'il s'agit au fond de cette

9 vieille partie de Vitez qui s'appelle Mahala, à l'endroit où se trouvaient

10 le commandement de l'armée de Bosnie-Herzégovine, des autorités militaires

11 et des autorités civiles de la police militaire et de la police civile qui

12 se trouvaient à Mahala.

13 Mme Glumac (interprétation). - Au point 3, on dit que

14 M. Drago Sliskovic qui a été arrêté, ensuite Stjepan Tomacevic le

15 commandant de la brigade et qu'à ce moment-là on lui avait également

16 confisqué les armes.

17 Compte tenu du fait qu'il s'agissait de représentants du

18 commandement de la brigade, vous vous souvenez de cet incident ? Il s'agit

19 du même jour.

20 M. Cilic (interprétation). - Oui, je m'en souviens. Il s'agit

21 une fois de plus de mon collègue, de quelqu'un que je connaissais bien et

22 qui était dans la même brigade. Et outre donc cela, le 27 janvier 1993, il

23 y avait une quinzaine d'incidents également qui se sont produits au même

24 point de contrôle alors qu'ici on nous a présenté ceux qui étaient les

25 plus caractéristiques, les plus intéressants.

Page 4865

1 Mme Glumac (interprétation). - Il s'agit par conséquent du

2 27 janvier 1993 ?

3 M. Cilic (interprétation). - Oui. Et je vais tout simplement

4 rajouter que la cause de tous ces incidents, c'est que le 27 janvier 1993

5 les écoles ont cessé de fonctionner dans cette partie de Vitez où le

6 programme croate a été mis en oeuvre.

7 Mme Glumac (interprétation). - Il y avait un autre également

8 point de contrôle à côté de sapeurs-pompiers, il y avait également un

9 pistolet, un Snipper qui a été confisqué.

10 M. Cilic (interprétation). - Oui, effectivement, c'est un

11 endroit qui est tout à fait à proximité du centre où se trouvait la

12 population musulmane.

13 Mme Glumac (interprétation). - Ensuite, on parle également de

14 Kruscica, on dit qu'il y avait des radio-émetteurs qui ont été confisqués,

15 de Darjo Jukic et un pistolet également, et qu'on avait confisqué

16 Jaiko Karina un véhicule. Vous rappelez-vous si ce véhicule a été

17 restitué ?

18 M. Cilic (interprétation). - Je sais que le véhicule a été

19 restitué. En revanche, les radio-émetteurs, non.

20 Mme Glumac (interprétation). - Eh bien, vous avez le rapport qui

21 porte la cote D 27 / 2. Y figurent également un certain nombre de

22 personnes dont on a confisqué les armes, comme ceci figure dans l'autre

23 document. On rapporte également qu'à cette époque-là on avait confisqué

24 une grande quantité de munitions.

25 On leur a confisqué également leurs propriétés personnelles.

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1 Pouvez-vous, s'il vous plaît, consulter le point 6 de ce document pour

2 nous dire s'il s'agissait bien de soldats du HVO ?

3 M. Cilic (interprétation). - Je ne dispose pas en ce moment de

4 ce document. Monsieur l'a déjà emporté.

5 Mme Glumac (interprétation). - Pourriez-vous lui remettre le

6 document pour qu'il examine les noms, s'il vous plaît ?

7 (L'huissier remet le document au témoin.)

8 Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous reconnaître un

9 certain nombre de ces noms ?

10 M. Cilic (interprétation). - Je les connais presque tous. Je

11 connais tous ces hommes, ainsi que le chauffeur du minibus et le

12 propriétaire du minibus, qui est aujourd'hui transporteur et qui possède

13 ses propres véhicules.

14 Mme Glumac (interprétation). - Il s'agissait bien de soldats du

15 HVO ?

16 M. Cilic (interprétation). - Oui, tout à fait. C'étaient des

17 membres de nos unités.

18 Mme Glumac (interprétation). - Par rapport à la question qui

19 concerne ce grand nombre d'incidents qui se sont produits sur une période

20 prolongée, au poste de contrôle, pouvez-vous me dire quelle était la

21 situation du point de vue de la sécurité pour la population de Vitez ?

22 M. Cilic (interprétation). - Eh bien, la sécurité, pour ce qui

23 est de l'ensemble de la population, était bien au-dessous du niveau

24 normal. Autrement dit, elle était très, très mauvaise. Beaucoup de

25 citoyens ne sortaient qu'exceptionnellement le soir ou de nuit, tout

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1 simplement parce qu'il y avait un grand nombre d'hommes en armes qui

2 circulaient sur l'ensemble du territoire de la municipalité de Vitez, qui

3 se comportaient de manière irrégulière, qui consommaient de l'alcool de

4 manière exagérée, qui avaient tendance à piller, à voler, qui avaient

5 toutes sortes d'impulsions destructrices et donc la situation, en résumé,

6 était vraiment inquiétante.

7 Mme Glumac (interprétation). - Lorsque vous parlez de citoyens,

8 vous faites allusion à la fois aux Croates et aux Musulmans ?

9 M. Cilic (interprétation). - Oui, bien sûr, je parle de tous les

10 citoyens de Vitez puisqu'à l'époque, il n'y avait pas encore de départ de

11 personnes qui auraient quitté leur foyer, leur maison, s'agissant donc des

12 citoyens de Vitez. Toutefois, un certain nombre de citoyens serbes avaient

13 déjà quitté le territoire de la municipalité de Vitez.

14 Mme Glumac (interprétation). - Quelles étaient les raisons de

15 cette situation ? Vous avez évoqué l'alcool, beaucoup d'armes ; qu'en

16 était-il des réfugiés qui venaient ?

17 M. Cilic (interprétation). - Eh bien les réfugiés, avec tout

18 leur chagrin, toutes leurs difficultés, nous ont apporté, à nous qui

19 n'avions pas quitté nos foyers, de nouvelles difficultés parce qu'il y a

20 une grande concentration de réfugiés, avant tout des Musulmans qui

21 provenaient des territoires de la Bosnie occidentale qui, à l'époque,

22 avaient été entièrement occupés par les forces de la JNA. Ou plutôt des

23 Serbes locaux, des Serbes de Bosnie-Herzégovine.

24 Ainsi, une grande concentration de ces réfugiés était présente,

25 notamment en Bosnie centrale. Il faut dire que les Croates, les réfugiés

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1 croates, cherchaient des zones plus sûres, et qu'ils abandonnaient la

2 Bosnie centrale. Ainsi, la Bosnie centrale et la vallée de la Lasva

3 n'étaient que des zones par lesquelles ils transitaient, ils se rendaient

4 vers le sud de la Bosnie-Herzégovine, ou la proportion des Croates dans

5 l'ensemble de la population est bien plus élevée. Ils se rendaient

6 également en Croatie, voire dans des pays européens où nombre d'entre

7 d'eux avaient de la famille, des amis. Alors que pour ce qui est des

8 Musulmans, ils restaient pour la plupart dans la région de Bosnie

9 centrale.

10 Mme Glumac (interprétation). - Et quel a été l'impact sur cette

11 situation, du fait que les armes en grand nombre était déjà présentes, de

12 quelque côté que ce soit, entre les mains des privés, des militaires,

13 etc. ?

14 M. Cilic (interprétation). - Oui, tout à fait. Le marché noir

15 fonctionnait déjà. On pouvait acheter des armes, même aux Serbes, le long

16 des lignes de démarcation. Toutes sortes de canaux fonctionnaient pour

17 l'achat des armes.

18 Il s'agissait de tous types d'armes, aux mains de tous types de

19 personnes. On ne pouvait pas savoir si ces personnes étaient aptes et en

20 mesure de porter ces armes, si elles en avaient la capacité physique et

21 morale.

22 Mme Glumac (interprétation). - L'armée, autrement dit le HVO, au

23 sein de la police militaire, a-t-elle essayé de contribuer à ce que

24 l'ordre soit rétabli ?

25 M. Cilic (interprétation). - Eh bien, on a pas cessé de

Page 4869

1 l'essayer. Je me souviens de toute une série de commandements, d'ordres

2 qui sont venus via l'état-major et le commandement de la brigade de

3 Stjepan Tomasevic ainsi que de la brigade de Vitez et par ces ordres, on

4 intimait de manière stricte avant tout à la police militaire ainsi qu'à

5 d'autres organes, de rétablir l'ordre, d'essayer d'établir un minimum de

6 paix et de sécurité pour l'ensemble de la population de la municipalité de

7 Vitez.

8 Mme Glumac (interprétation). - La police militaire était-elle

9 opérationnelle ?

10 M. Cilic (interprétation). – Oui, c'est justement ce que je

11 voulais dire. La police militaire, elle aussi, fonctionnait ainsi que les

12 pouvoirs municipaux qui déployaient tous leurs efforts pour maintenir

13 l'ordre. En fait, la situation était telle, que les citoyens se trouvaient

14 dans une situation très difficile et qu'ils étaient nombreux à chercher

15 des moyens pour quitter cette région. Je pense même que c'était en janvier

16 que les pouvoirs municipaux, donc le pouvoir croate de Vitez, a pris la

17 décision de constituer une unité d'intervention.

18 Alors, cette unité d'intervention était constituée d'hommes dont

19 les capacités étaient reconnues sur le plan physique et mental. Donc,

20 c'était des gens qui avaient un casier judiciaire vierge, ce que l'on a

21 vérifié avant de les recruter, ils étaient aptes à intervenir physiquement

22 et à l'aide des armes pour maintenir l'ordre. A un moment, on a même

23 décidé de leur donner des compensations financières, qui étaient assez

24 élevées à l'époque. Il faut savoir que les salaires étaient misérables et

25 que le revenu mensuel était de l'ordre de 400 à 500 marks allemands. A

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1 l'époque, c'était des sommes extrêmement élevées, parce que le salaire

2 mensuel à l'époque, pour des gens qui étaient employés dans les usines,

3 était de 40 marks allemands.

4 Et un homme exceptionnel sur le plan physique et mental, qui

5 était membre de cette unité était Kreco Garic. Je pense vraiment que ce

6 peloton d'intervention a enregistré des résultats remarquables et dans

7 cette partie de la ville, il a pu rétablir l'ordre et la sécurité dont le

8 niveau a atteint effectivement des mesures acceptables.

9 Mme Glumac (interprétation). - Qui était responsable des

10 arrestations, de l'amorce des procédures pénales et autres, par rapport

11 aux membres des unités militaires ? Est-ce que c'était fait par la police

12 civile ?

13 M. Cilic (interprétation). - Je ne sais pas si je peux vous

14 répondre, je ne pense pas que cela soit la police civile qui avait les

15 pouvoirs d'ingérence dans ce genre d'affaire lorsqu'il s'agissait d'un

16 militaire qui était impliqué dans un acte criminel.

17 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez également dit que la

18 police civile fonctionnait, mais qu'il a fallu mettre sur pied un peloton

19 d'intervention pour rétablir l'ordre, autrement dit la police civile ne

20 fonctionnait pas ?

21 M. Cilic (interprétation). - Elle ne fonctionnait pas bien,

22 elle n'avait pas la force nécessaire, et là je viens de voir la date,

23 c'est le 25 février 1993 que ce peloton a été mis sur pied et il a

24 continué à agir jusqu'à l'escalade du conflit à la date du 16 mars 1993.

25 Mme Glumac (interprétation). - Un autre communiqué, je vous

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1 demanderai de l'examiner et de me dire si vous vous souvenez de cet

2 événement.

3 M. le Greffier (interprétation). - Ce document porte la cote

4 D-29/ 2.

5 Mme Glumac (interprétation). - Il s'agit d'un document émanant

6 du HVO de Novi Travnik n °12/ 93.

7 Il a été rédigé par IPD de Stjepan Tomasevic de la brigade de

8 Travnik. Qui était-ce, je ne vois pas la signature ?

9 M. Cilic (interprétation). - C'était Pero Jurisic, je crois,

10 mais je n'en suis pas tout à fait sûr.

11 Mme Glumac (interprétation). – Vous souvenez-vous de cet

12 événement ?

13 M. Cilic (interprétation). - Oui, je m'en souviens très bien

14 puisque cet événement est tout à fait typique. En fait, d'après ce que

15 nous avons appris au sein du service de presse par les représentants du

16 HVO de Novi Travnik et ce qui a été confirmé par le colonel Blaskic, il

17 devait être pris comme un avertissement à tout le monde, à savoir qu'on

18 n'allait pas tolérer les incidents quels qu'il soient, et qu'ils soient au

19 détriment du peuple musulman. Donc, les membres du peuple croate, qu'il

20 soient membre du HVO, policiers ou civils, ils ne pouvaient bénéficier

21 d'aucune circonstance atténuante s'ils avaient porté atteinte à la

22 personne physique ou morale d'un citoyen musulman. Autrement dit, on

23 s'était montré qu'on souhaitait contenir tout acte de violence quelle

24 qu'en soit la victime, Croate, Musulmane ou Serbe.

25 Mme Glumac (interprétation). – Donc ici, on dit que Zoran Jukic

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1 a perdu sa vie, Zoran Jukic appelé "Juka" pour avoir résisté avec des

2 armes à la police de Novi Travnik. Il a résisté au moment où on a essayé

3 de l'arrêter, parce qu'il a grièvement blessé un citoyen d'appartenance

4 musulmane. Avez-vous publié cette information ?

5 M. Cilic (interprétation). - Oui, nous l'avons publiée et je

6 peux vous dire de plus que l'enquête concernant cet assassinat et cet

7 incident a été rapidement bouclée et que les membres de la police

8 militaire qui ont tué l'homme qui est mentionné là-dedans, ont été

9 relâchés, acquittés.

10 Mme Glumac (interprétation). - Pour préciser, Zoran Jukic est de

11 nationalité Croate ?

12 M. Cilic (interprétation). - Oui, les policiers croates qui

13 l'ont tué sont également d'appartenance nationale croate.

14 Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous s'il vous plaît

15 consulter un autre document ?

16 M. Le Greffier (interprétation). - Il s'agit du document portant

17 la cote 30/2.

18 (Le greffier remet les documents aux Juges)

19 Mme Glumac (interprétation). - Il s'agit d'un document émanant

20 de la brigade Stjepan Tomasevic, Deuxième bataillon, un document qui est

21 signé par le responsable du six Stepan Budihmir.

22 Dans ce document, il est dit que dans la municipalité de Vitez

23 des problèmes énormes sont créés par des groupes ou des individus qui,

24 portant un uniforme à l'insigne du HVO, pillent la propriété sociale ou

25 plus souvent privée. Au moment des vols ou des pillages, les méthodes

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1 classiques de la criminalité sont appliquées.

2 Il est dit plus loin dans le texte que leur objectif premier est

3 de voler, mais, comme il n'est pas mis fin à ces pratiques, leurs actes

4 tendent à aggraver les relations inter-ethniques qui sont déjà tendues.

5 Il est dit dans ce texte qu'un certain nombre d'exemples peuvent

6 être cités. Il en ressort que certains membres du HVO ont été arrêtés au

7 moment de piller ou voler dans des maisons, au moment d'avoir commis des

8 vols ou des pillages en étant sous l'effet d'alcool, en agissant soit à

9 titre individuel, soit en groupe, et leurs noms sont cités.

10 A-t-on essayé de mettre fin à cette criminalité qui émanait des

11 membres du HVO ?

12 M. Cilic (interprétation). - Je pense que des mesures énergiques

13 ont été entreprises, mais si vous vous replacez dans la situation où nous

14 étions, où un grand nombre de soldats circulaient et qui étaient membres

15 d'unité qui échappait au contrôle, il y avait des hommes qui s'adonnaient

16 à des actes criminels, en portant un uniforme et en portant des armes.

17 On ne pouvait pas s'attendre à ce que la situation soit

18 meilleure en dépit des mesures très énergiques. Et là, je pense que le

19 colonel Blaskic a insisté tout particulièrement pour que l'ordre et la

20 discipline soient établis parmi les membres du HVO car c'était le seul

21 moyen de rétablir la confiance de la population face à cette armée puisque

22 si l'armée s'adonnait à des vols et à des pillages, elle n'était plus

23 l'expression de ce peuple ni d'un citoyen quelconque.

24 Mais je dois dire que les citoyens ne pouvaient pas être

25 satisfaits des résultats de ces efforts parce que, que cela soit à Vitez

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1 ou dans d'autres villages, la criminalité était vraiment très présente et

2 organisée, notamment par un certain nombre de groupes.

3 Mme Glumac (interprétation). - Dans les conclusions, il est dit

4 qu'il faut mettre fin en agissant très énergiquement et qu'il est

5 indispensable d'organiser une opération plus générale, notamment parce que

6 cela porte atteinte à des relations inter-ethniques.

7 Est-ce que, dans la période ultérieure, on a agi de la même

8 façon au sein de la brigade de Vitez ? Savez-vous s'il y a eu des

9 indications montrant comment il fallait se comporter ? Est-ce qu'on a fait

10 attention à cela ? Est-ce qu'on a agi contre les criminels faisant partie

11 des unités du HVO ?

12 M. Cilic (interprétation). - Quand vous parlez d'opérations plus

13 générales, M. Budihmir a rédigé ce communiqué en l'adressant également à

14 la partie musulmane, parce qu'à l'époque vous aviez des actes criminels

15 commis conjointement par des criminels musulmans et croates ; et ce qu'il

16 souhaitait, c'était que les instances du pouvoir civil et militaire

17 entreprennent des actions plus importantes, de plus grande envergure, pour

18 mettre fin à la criminalité. Et l'on cherchait sans cesse un moyen pour

19 faire en sorte que nos soldats arrêtent ce genre d'activité criminelle.

20 Entre autres, on a interdit le port d'arme en ville, on a

21 interdit le port d'uniforme lorsqu'on n'était pas de service. Il y a eu

22 d'autres mesures également. Evidemment, un certain nombre de ces mesures

23 ont eu des résultats positifs, mais comme je l'ai dit, ce n'était pas

24 suffisant pour satisfaire pleinement les demandes des citoyens.

25 Mme Glumac (interprétation). - Les noms qui sont cités ici, une

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1 quinzaine de noms, ce sont tous des Croates membres du HVO ?

2 M. Cilic (interprétation). - Oui, ils sont tous croates, et ils

3 ont tous fait l'objet d'une enquête et d'une procédure rapide, et ils ont

4 été enfermés à la prison de Busovaca.

5 Mme Glumac (interprétation). - J'ai encore un document à vous

6 soumettre relatif au même domaine.

7 (L'huissier remet le document au greffier)

8 M. Le Greffier (interprétation). - Il s'agit du document D31/2.

9 (L'huissier remet le document au témoin et le greffier remet le

10 document aux Juges et à l'accusation)

11 Mme Glumac (interprétation). - C'est un autre rapport émanant

12 de la brigade Stjepan Tomasevic, deuxième bataillon, bataillon de Vitez,

13 en date du 22 janvier 1993, élaboré par Ivan Budimir, et relatif à un

14 certain nombre d'incidents. Par exemple, au fait que des charges

15 explosives ont été lancées dans la ville, dans la zone de responsabilité

16 du deuxième bataillon.

17 De tels incidents étaient-ils fréquents ? Et y a-t-il eu des

18 tentatives afin de prévenir ce type d'incidents ?

19 M. Cilic (interprétation). - Ils étaient effectivement très

20 fréquents, et c'est peut-être la raison pour laquelle parmi tous les

21 incidents mentionnés je ne me souviens que de l'obus lancé sur

22 l'appartement de Zoran Krizanovic dans le centre ville, parce qu'en ce qui

23 concerne les autres incidents dont il est question, ils n'ont pas eu de

24 conséquences graves. C'est sans doute la raison pour laquelle je ne me

25 souviens plus des autres incidents, parce qu'il y en a eu des dizaines et

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1 des dizaines, tous les jours.

2 Mme Glumac (interprétation). - Par conséquent, vous ne savez pas

3 qui étaient les parties visées ? Nous savons simplement que certains

4 engins explosifs ont été lancés sur certains bâtiments publics, le

5 bâtiment de la Croix-Rouge, le bâtiment du ministère de l'intérieur, alors

6 que peut-on conclure de l'intention des auteurs de ces crimes ?

7 M. Cilic (interprétation). - Eh bien, le bâtiment de la Croix-

8 Rouge dans le centre ville était contrôlé par les Croates, la clinique

9 fonctionnait déjà selon des lignes ethniques parce que les Musulmans, eux,

10 avaient leur propre dispensaire, leur propre centre de soins dans le

11 Mahala. Le bâtiment du MUP se trouvait en centre ville, c'était un

12 bâtiment adjacent au quartier général du gouvernement municipal et, à

13 l'époque, seuls des policiers croates se trouvaient dans le bâtiment. Pour

14 ce qui est de l'appartement de Zoran Krizanovic, qui a été touché par un

15 obus lancé d'un lance-roquettes à main, il était croate et il vivait en

16 centre ville. Par conséquent, les auteurs, effectivement, n'ont pas été

17 identifiés, on ne peut pas donner leur nom.

18 Mme Glumac (interprétation). - Par conséquent, les Croates et

19 les Musulmans étaient victimes de ce type d'incidents ?

20 M. Cilic (interprétation). - Oui, effectivement. Des incidents

21 de ce type se produisaient dans toute la ville de Vitez, le chaos régnait

22 et on ne pouvait pas véritablement attribuer ce type d'actes à tel ou tel

23 groupe ethnique.

24 Mme Glumac (interprétation). - Mais la police bosniaque a-t-elle

25 enquêté lorsque ce type d'acte était perpétré ?

Page 4877

1 La police des Musulmans, donc ?

2 M. Cilic (interprétation). - Chaque fois qu'un crime ou un

3 incident de ce type se produisait, on tentait d'agir de façon coordonnée

4 afin de prévenir ce type d'incidents. Certains points étaient contrôlés

5 par les Musulmans, d'autre par le HVO, et d'autres étaient contrôlés

6 conjointement. Mais vraisemblablement, à la fois au sein de la police et

7 de l'armée, il y avait des éléments criminels. Et il était de leur intérêt

8 de perpétrer ce type d'actes de façon généralisée. Alors dans quelle

9 mesure la partie musulmane a tenté de prévenir cette criminalité, cela je

10 ne sais pas, je ne dispose pas des informations nécessaires pour pouvoir

11 vous le dire.

12 Mme Glumac (interprétation). - Je voudrais vous parler de

13 l'assassinat de deux personnes dans le village de Kaidrace, de Laus Ivan

14 et de Bernard Kovacic.

15 M. Cilic (interprétation). - Je sais qu'effectivement ces deux

16 personnes ont été tuées. Je ne connaissais pas ces deux hommes qui étaient

17 jeunes, mais l'incident a eu une résonance dans toute la Bosnie centrale

18 et les médias en ont parlé. Bien entendu, les médias se sont exprimés de

19 façon différente sur la question, mais tous ont repris l'incident.

20 Mme Glumac (interprétation). - Il s'agissait de membres de la

21 police militaire du HVO de Jure Francetic, de la brigade Jure Francetic,

22 n'est-ce pas ?

23 M. Cilic (interprétation). - Oui, effectivement.

24 Mme Glumac (interprétation). - Passons au 19 octobre 1992. A

25 l'époque, vous étiez le responsable de votre brigade, n'est-ce pas ?

Page 4878

1 M. Cilic (interprétation). - Oui, j'étais membre du

2 commandement.

3 Mme Glumac (interprétation). - Où avez-vous été envoyé ?

4 M. Cilic (interprétation). - Quinze jours après avoir rejoint le

5 commandement en tant que conseiller politique, sur l'ordre du colonel

6 Tihomir Blaskic qui était passé par l'état-major municipal et d'autres

7 encore, dans les mains de Mario Cerkez également, j'ai été envoyé le

8 19 octobre 1992 à un séminaire qui était organisé à Busovaca par des

9 représentants de la Croix-Rouge de Genève.

10 Mme Glumac (interprétation). - Quel était le thème de cette

11 conférence ?

12 M. Cilic (interprétation). - Eh bien, les représentants du HVO

13 devaient assister à cette conférence et, par la suite, c'était une

14 conférence qui durait toute la journée et j'ai découvert qu'une conférence

15 de type similaire avait été organisée pour les représentants de l'armée de

16 Bosnie-Herzégovine. Le thème en était les conventions internationales

17 relatives aux lois de la guerre. Nous avons reçu beaucoup de documents en

18 anglais et en croate, nous avons vu des cassettes sur les activités de la

19 Croix-Rouge, et nombre d'entre nous ont appris beaucoup de choses sur la

20 Croix-Rouge, son histoire, ses objectifs.

21 Mme Glumac (interprétation). - Y a-t-il eu également des

22 discussions sur les conventions de Genève ?

23 M. Cilic (interprétation). - Oui, effectivement, il était

24 question du droit des prisonniers, droit des prisonniers de guerre, et je

25 dois dire que cette conférence m'a beaucoup marqué. Je me suis demandé

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1 pourquoi ils nous montraient ce type de documents et de vidéos, parce que

2 notamment ils nous ont montré un certain nombre de vidéos sur des pays

3 d'Afrique ou des pays d'Amérique latine, des images assez perturbantes.

4 Mme Glumac (interprétation). - Des choses qui n'auraient pas pu

5 se produire dans notre région ?

6 M. Cilic (interprétation). - Oui, effectivement, c'étaient des

7 régions très éloignées et je pensais que ceci ne pourrait pas se produire

8 dans notre pays.

9 Mais nous avons donc reçu de nombreux documents que j'ai ensuite

10 distribués à nos soldats, également aux officiers chargés du commandement,

11 et je pensais que ces documents n'allaient jamais être utilisés mais, en

12 fait, je me suis rendu compte qu'ils étaient relativement nécessaires.

13 Mme Glumac (interprétation). - Ensuite vous êtes retourné à

14 Vitez ?

15 M. Cilic (interprétation). - Oui.

16 Mme Glumac (interprétation). - Quand ?

17 M. Cilic (interprétation). - La conférence s'est terminée entre

18 3 heures et 3 heures 30. J'ai commencé à rentrer chez moi en voiture,

19 j'avais une distance de 12 kilomètres à parcourir, mais à quatre

20 kilomètres à peu près à partir de mon point de départ, j'ai été arrêté. Je

21 suis sorti de mon véhicule et j'ai demandé ce qu'il se passait, car il y

22 avait un problème sur la route vraisemblablement. On m'a répondu qu'il y

23 avait un accident de la circulation.

24 Par conséquent, j'ai garé ma voiture sur le bas-côté et j'ai

25 commencé à rentrer chez moi à pied.

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1 Et, en fait, je me suis rendu compte que le lieu de l'accident

2 était à quelques 300 mètres de l'endroit où je m'étais arrêté. J'ai appris

3 par la suite que trois personnes avaient été tuées au cours de l'accident,

4 des gens de Bilja, de la municipalité de Vitez donc. Et une autre personne

5 a été gravement blessée.

6 Mon ami Vlado Mickovic, Procureur, était également présent. Il

7 est maintenant Procureur fédéral dans la fédération de Bosnie-Herzégovine.

8 Lorsqu'il menait son enquête, il m'a demandé comment j'avais l'intention

9 de rentrer à Vitez, je lui ai dit que j'avais une voiture. Il m'a dit :

10 "Mais, tu ne sais pas qu'un barrage a été érigé à Ahmici, par l'armée de

11 Bosnie-Herzégovine, et que la route est bloquée". Je lui ai répondu que

12 non, que je n'étais pas au courant.

13 Et moi, j'étais très fatigué, j'avais faim. J'étais un peu

14 désemparé, je ne savais pas comment rentrer chez moi, parce que je n'avais

15 pas trente six moyens de m'y rendre. Et ensuite avec Vlado Mickovic, j'ai

16 décidé de faire preuve de hardiesse, de passer toute la colonne et de le

17 rejoindre. Il était là-bas, il était escorté par la police civile.

18 Ensuite, je suis retourné vers mon véhicule, et nous sommes

19 montés dans la voiture tous les deux. Il y avait un certain nombre de

20 chauffeurs qui attendaient également de pouvoir passer et qui ont réagi,

21 très violemment, devant ma hardiesse. Mais j'ai continué ma route, j'ai

22 rejoint donc le véhicule du Procureur et nous avons poursuivi notre chemin

23 jusqu'à l'endroit où nous nous sommes retrouvés face au barrage qui avait

24 été donc érigé sur la route à quelque un kilomètre cinq.

25 Et là, nous avons été arrêtés à nouveau, le véhicule du

Page 4881

1 Procureur et le véhicule de ses gardes du corps et moi, en tant que

2 troisième véhicule. Il y avait environ quinze soldats armés jusqu'aux

3 dents, ils se trouvaient sur la route même et également, dans le cimetière

4 catholique qui est adjacent à la route.

5 Une partie des barrières en béton avait été cassée, et une

6 mitrailleuse avait été installée dans le sein même du cimetière. C'était

7 donc en hiver, et la nuit tombait. Cependant, j'ai pu apercevoir les

8 soldats et ce nid de mitrailleuses parce qu'il ne faisait pas suffisamment

9 nuit pour que je ne puisse pas reconnaître les visages des soldats.

10 Mme Glumac (interprétation). - Avez-vous également aperçu des

11 tranchées sur la droite de la route ?

12 M. Cilic (interprétation). - Sur la droite, il y avait un groupe

13 de quatre ou cinq soldats, il y avait quelques buissons également. Je n'y

14 ai pas prêté grande attention. Je ne voulais pas qu'ils croient que je

15 tentais de les provoquer en portant un regard insistant vers eux.

16 Cependant, cette partie du cimetière était juste en face de moi parce

17 qu'il y a un virage sur la route. Et au moment où je me suis arrêté, j'ai

18 vu ces soldats, les soldats qui se trouvaient juste en face de moi parce

19 qu'ils étaient dans le virage, et au bout du cimetière catholique.

20 Mme Glumac (interprétation). - De quoi était fait le barrage ?

21 M. Cilic (interprétation). - C'était quelque chose qu'on a

22 appelé le hérisson à l'époque. En fait, il y a des barres en fer qui

23 empêchent les véhicules, même les véhicules lourds, de passer. Un véhicule

24 ne peut passer que si l'un de ces hérissons est retiré de la route. Donc,

25 outre les soldats et ces hérissons, il y avait également des mines

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1 antichars, et j'avais suffisamment de connaissance en matière militaire,

2 puisque j'avais travaillé dans ma jeunesse pour l'armée, j'avais fait mon

3 service, pour savoir qu'il n'y avait pas d'autres obstacles.

4 Mme Glumac (interprétation). – Avez-vous eu la permission de

5 passer ?

6 M. Cilic (interprétation). - Lorsque le véhicule de police qui

7 escortait le Procureur a pu passer, lorsque le véhicule du Procureur a pu

8 passer également, mon tour est venu. Ils ont regardé mes papiers, et

9 lorsque le policier m'a demandé d'ouvrir le coffre de ma voiture, l'un des

10 membres du groupe de soldats qui se trouvaient dans le cimetière a dit :

11 "Laissez le passer, je le connais".

12 Par conséquent, on ne m'a pas contrôlé plus avant, on m'a laissé

13 passer et j'ai pu continuer ma route jusqu'à Vitez.

14 Mme Glumac (interprétation). - En chemin sur Vitez, avez-vous

15 remarqué quoi que ce soit de particulier ?

16 M. Cilic (interprétation). - Quand je suis arrivé à Vitez, il

17 faisait totalement nuit. J'habitais dans un quartier de Vitez qui, par la

18 suite, est devenu une ligne de front entre les Croates et les Musulmans,

19 Mahala donc.

20 J'avais un garage où je laissais la voiture à quelque 150 mètres

21 de chez moi, vers la ville. C'était, en fait, une certaine zone de

22 démarcation entre nous et les Musulmans. J'avais donc pour habitude de

23 garer la voiture, et ensuite, de me rendre à l'état-major pour raconter

24 les activités qui avaient été les miennes au cours de la conférence.

25 Cependant, lorsque je suis arrivé au garage, j'ai arrêté mon

Page 4883

1 véhicule et j'ai entendu des bruits, des bruits qui ressemblaient à des

2 bruits que feraient des armes. Quelqu'un a dit à ce moment-là : "Arrête,

3 ne bouge pas". Alors, j'ai dit : "Non, non, je ne bouge pas", et l'on m'a

4 demandé : "Que faites-vous là ? Qu'est-ce que vous voulez ?"

5 Alors, j'ai répondu que c'était mon garage et que j'essayais d'y

6 garer ma voiture.

7 Mme Glumac (interprétation). - De quelle armée s'agissait-il ?

8 M. Cilic (interprétation). - Je ne pouvais pas voir, mais

9 d'après l'endroit où ils se trouvaient, il ne pouvait s'agir que de

10 membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine, parce qu'ils étaient déjà sur le

11 territoire qui, officieusement, était sous le contrôle des Musulmans.

12 Cependant, comme je pensais que c'étaient des jeunes qui me connaissaient,

13 puisque nous étions voisins, j'ai eu la possibilité de garer ma voiture

14 dans le garage et on ne m'a pas ennuyé davantage. J'ai eu l'autorisation

15 de rentrer chez moi. C'était à 420 mètres à peu près.

16 Mme Glumac (interprétation). - Que s'est-il passé ensuite à

17 Vitez ou plutôt à Ahmici ?

18 M. Cilic (interprétation). - Cette nuit-là, j'ai donc garé la

19 voiture dans le garage, je suis allé au poste de commandement et

20 Mario Cerkez, le commandant, m'a dit qu'un poste de contrôle similaire

21 avait été établi à Grbavica près de l'entreprise de construction Bosna,

22 c'est un carrefour qui permet d'arriver à la route qui entoure Vitez et

23 qui permet ensuite de continuer vers Travnik. Cependant, Mario a ajouté

24 qu'il y avait des négociations entre l'armée de Bosnie-Herzégovine et le

25 HVO, entre les autorités civiles des deux camps et les représentants de la

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1 Forpronu et du HCR, en tant que médiateurs. Cependant, on m'a dit de

2 rentrer chez moi et de prendre un peu de repos.

3 Mme Glumac (interprétation). - Y a-t-il eu d'autres incidents

4 impliquant le HVO et l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

5 M. Cilic (interprétation). – Oui, effectivement le conflit a

6 empiré le lendemain parce que les négociations ont échoué, et par

7 conséquent, les unités de police et du HVO qui devaient se rendre vers

8 Jajce qui, à l'époque, se trouvait dans une situation tout à fait critique

9 puisqu'elle était encerclée par les forces serbes, les unités donc ont

10 éliminé physiquement le barrage qui se trouvait à Ahmici. Ceci a été un

11 affrontement très dur et, par la suite, j'ai appris que ce poste de

12 contrôle qui se trouvait à Ahmici avait été renforcé par de nouvelles

13 forces, donc il n'y avait plus quinze personnes, quinze hommes, mais,

14 selon certaines estimations et à mon avis, il y avait jusqu'à cinquante

15 hommes qui s'y trouvaient maintenant.

16 Il y a eu donc un affrontement violent, mais heureusement, il y

17 a eu peu de blessés et près du village de Grbavica, les membres de l'armée

18 de Bosnie-Herzégovine ont démantelé leur barrage eux-mêmes, par

19 conséquent, il n'y a pas eu d'affrontement.

20 Mme Glumac (interprétation). – Oui, mais des membres de la

21 brigade Viteska ont participé au démantèlement de ce barrage, n'est-ce

22 pas ?

23 M. Cilic (interprétation). – Non, nous n'avons pas reçu l'ordre

24 de le faire, c'est la police militaire du HVO qui a participé au

25 démantèlement de ce barrage, ainsi que des membres de l'unité qui se

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1 rendaient à Jajce et qui venaient de Busovaca et de Kiseljak.

2 Mme Glumac (interprétation). – Les personnes participant aux

3 patrouilles de village ont-elles participé également ?

4 M. Cilic (interprétation). – Non, leur rôle était différent, ils

5 n'ont même pas montré leur tête. Ils n'ont eu absolument aucun rôle à

6 jouer. Ce n'était pas possible parce que, de toute façon, ils avaient des

7 armes très simples, très primitives et ils n'auraient pas pu participer à

8 cet affrontement. C'était le premier affrontement sérieux entre l'armée de

9 Bosnie-Herzégovine et le HVO.

10 Mme Glumac (interprétation). – Savez-vous quoi que ce soit sur

11 l'isolement du poste de commandement du HVO ?

12 M. Cilic (interprétation). – Oui, maintenant oui. Parce que

13 simultanément à une tentative visant à lever ce blocage, près d'Ahmici, le

14 blocage de cette ligne de communication, des membres de la brigade

15 Vitezovi ont bloqué le quartier général de la Défense Territoriale à Vitez

16 et des membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine ont, quant à eux, bloqué

17 l'état-major régional du HVO qui se trouvait à Kruscica, dans le bâtiment

18 Lovac. Par conséquent ces deux postes de commandement ont été isolés,

19 bloqués.

20 Mme Glumac (interprétation). - Et c'était donc le quartier

21 général de la zone opérationnelle, c'est cela ?

22 M. Cilic (interprétation). - Même si ce n'est pas ainsi qu'ils

23 étaient nommés.

24 Mme Glumac (interprétation). - Et c'est bien là que se trouvait

25 le quartier général de la zone opérationnelle ?

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1 M. Cilic (interprétation). - Oui à Kruscica.

2 M. le Président (interprétation). - Une pause de 20 minutes.

3 (L'audience, suspendue à 12 heures 10, est reprise à

4 12 heures 30.)

5 M. le Président (interprétation). – Madame Glumac, avant de

6 recommencer, pouvez-vous répondre à une question : Pourquoi ne suivez-vous

7 pas un ordre chronologique ?

8 Nous sommes allés jusqu'à janvier-février 1993, et maintenant

9 nous revenons à 1992.

10 Je suppose que vous avez une bonne raison, ou voulez-vous suivre

11 un ordre qui ne soit pas chronologique dans vos questions ?

12 Mme Glumac (interprétation). – Non, Monsieur le Président, mais

13 il y a un certain nombre de problèmes que j'ai réussi à regrouper et à

14 faire examiner par le témoin. C'était en quelque sorte une introduction et

15 maintenant, nous allons parler des incidents tout à fait concrets. Nous

16 allons parler de cette période du 15 au 20, par conséquent, je pense que

17 le Procureur également en a parlée dans son interprétation et lors de la

18 citation de ses témoins. C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité

19 grouper quelque peu les problèmes. De toute façon nous allons prendre

20 maintenant l'ordre chronologique, comme vous le souhaitez, Monsieur

21 le Président.

22 M. le Président (interprétation). - Merci.

23 Mme Glumac (interprétation). – Monsieur Cilic, nous nous sommes

24 arrêtés au point où nous avons dit qu'il y avait ce blocus du quartier

25 général de Kruscica et de la Défense Territoriale à Vitez n'est-ce pas ?

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1 M. Cilic (interprétation). - Oui.

2 Mme Glumac (interprétation). - Comment cette situation a-t-elle

3 été réglée ?

4 M. Cilic (interprétation). - Eh bien, l'état-major régional à

5 Lovac a été débloqué, également le quartier général de la Défense

6 Territoriale qui avait été installé à l'école secondaire a été transféré à

7 Stari Vitez, à Mahala.

8 Mme Glumac (interprétation). - Et que s'est-il passé avec le

9 quartier général régional du HVO ? A-t-il été transféré ?

10 M. Cilic (interprétation). – Je ne peux pas vous dire

11 exactement, mais une journée ou deux plus tard, il a été transféré à

12 l'hôtel Vitez à Vitez. Il est peut-être utile de rappeler qu'un autre

13 incident très grave s'était produit le 20 également, au croisement d'Otz

14 et Kucnegor, et quand Ivica Stojak a été tué, ce sont les membres de

15 l'armée de Bosnie-Herzégovine qui l'ont tué en lui tirant dans le dos.

16 Mme Glumac (interprétation). - Je vais demander à l'huissier de

17 m'aider s'il vous plaît et de montrer le document au témoin.

18 M. le Greffier (interprétation). - Le document portera la côte

19 D-32/ 2.

20 Mme Glumac (interprétation). - Il s'agit d'un communiqué du

21 22 octobre 1992. Il y avait donc les représentants du HCR, des Nations

22 Unies, de la Forpronu qui étaient présents, ensuite des forces armées de

23 Vitez, du HVO et du quartier général du HVO. Ensuite, il y avait des

24 représentants également de Père Ante Tomas et de Omerefendija Mestrovac,

25 donc des autorités ecclésiastiques et ensemble, ils sont convenus de

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1 supprimer tous les barrages de la municipalité de Vitez et notamment à

2 Kruscica et au croisement qui conduisait vers Zenica.

3 Pouvez-vous me dire qui avait tenu ce barrage à Kruscica ?

4 M. Cilic (interprétation). – C'étaient les forces musulmanes.

5 Mme Glumac (interprétation). - Et le croisement conduisant à

6 Zenica, Vjetrenica ?

7 M. Cilic (interprétation). - C'est effectivement le croisement

8 qui a été tenu par les représentants du HVO, c'est un barrage qui a été

9 tenu par le HVO.

10 Mme Glumac (interprétation). – Ensuite, on cite également que le

11 contrôle conjoint sera organisé par les commandants du HVO, des forces

12 armées de Vitez et en présence des représentants de la Forpronu. Ensuite,

13 les représentants de l'Eglise, de la communauté islamique et jusqu'à

14 18 heures au plus tard.

15 Ensuite, le point 3 : on dit qu'il est indispensable de

16 débloquer le quartier régional du HVO à Kruscica et que les détenus seront

17 libérés, ceux qui se trouvaient à l'hôtel Lovac. Par conséquent, il s'agit

18 du commandement du HVO, comme vous l'avez dit, n'est-ce pas ?

19 M. Cilic (interprétation). - Oui.

20 Mme Glumac (interprétation). - Le commandant des forces armées

21 se porte garant qu'il n'y aurait plus de barrage dans la même zone.

22 M. Cilic (interprétation). – Oui, mais malheureusement, cela n'a

23 pas été respecté.

24 Mme Glumac (interprétation). - Ensuite, le commandant du HVO

25 s'est chargé également de consulter les commandants du HVO de la Bosnie

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1 centrale et ceci en vue de mettre sur pied une commission mixte du HVO et

2 des forces armées qui aurait pour but de définir les conséquences du

3 conflit qui s'est produit à l'hôtel Plavac. Cela se trouve à Kruscica,

4 n'est-ce pas ?

5 M. Cilic (interprétation). - Oui.

6 Mme Glumac (interprétation). – Ensuite, le point 5 : on dit

7 qu'après le déblocage des voies de communication à Vitez et du quartier

8 régional, on allait libérer également le commandement qui se trouvait dans

9 les arrières et qui était détenu par les forces du HVO. Par conséquent, il

10 s'agit également de débloquer la Défense Territoriale au centre scolaire,

11 n'est-ce pas ?

12 M. Cilic (interprétation). - Oui.

13 Mme Glumac (interprétation). - Vous êtes au courant de ce

14 communiqué, de cet incident ? Cela vous a-t-il été présenté ?

15 M. Cilic (interprétation). - Oui, en plus, cela a été émis à la

16 radio à plusieurs reprises et publié.

17 Mme Glumac (interprétation). - A ce moment-là, le haut-

18 commissariat aux réfugiés se trouvait à Vitez, n'est-ce pas ?

19 M. Cilic (interprétation). - Oui, ils avaient leur bureau. Il y

20 avait également le HCR et le bataillon britannique de la Forpronu.

21 Mme Glumac (interprétation). - Pourquoi le HCR était-il à

22 Vitez ? Le savez-vous ? Pourquoi le siège était-il à Vitez ?

23 M. Cilic (interprétation). - A mon avis, c'était clair, parce

24 qu'il y avait énormément de réfugiés qui ont été expulsés et chassés par

25 les Serbes et en automne, très tard en 1992, à Vitez, il y avait plus de

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1 5 000 réfugiés. En général, il s'agissait de Bosniaques, de réfugiés qui

2 sont arrivés de la Bosnie occidentale et notamment de la région de Jajce.

3 Mme Glumac (interprétation). – Est-ce que ces réfugiés musulmans

4 ont également été accueillis par les autorités et le gouvernement croate ?

5 Avait-on défini un certain nombre de conditions également pour les loger,

6 pour les installer, pour les héberger, pour leur donner de la nourriture ?

7 M. Cilic (interprétation). – Oui, je pense qu'il y avait un très

8 haut niveau d'humanité parce que nous les avons perçus comme des personnes

9 misérables. On leur a confisqué leurs biens, ils ont été également

10 maltraités, torturés. Il était aussi très rare de trouver un homme à

11 Vitez, indépendamment de l'appartenance ethnique, qui ne voulait pas aider

12 et qui n'a pas aidé dans le cadre de ses possibilités.

13 Une importante aide aux réfugiés a été fournie par les autorités

14 civiles, ils ont mis à la disposition un certain nombre d'installations,

15 de bâtiments également pour loger ces réfugiés. A titre d'illustration, je

16 peux tout simplement dire que le jardin d'enfants, le plus beau en Bosnie

17 centrale, a cessé de fonctionner, tout à fait par hasard, d'ailleurs, il

18 se trouve à une vingtaine de mètres par rapport à l'appartement que

19 j'occupais et qui était le mien, il y avait des réfugiés qui y ont été

20 installés, qui sont arrivés de Prijedor et de Kosar. C'est une grande

21 communauté musulmane dans la municipalité de Prijedor. Toute la population

22 a été expulsée et tous se sont trouvés à Vitez et ils y sont restés.

23 Mme Glumac (interprétation). - Le HCR et la Forpronu ont quitté

24 Vitez à quel moment ?

25 M. Cilic (interprétation). - Si mes souvenirs sont bons, ils ont

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1 quitté Vitez après les conflits armés assez graves qui ont eu lieu à

2 Busovaca. Je pense que c'est à cette époque-là qu'ils ont quitté.

3 Mme Glumac (interprétation). - Après ces conflits ?

4 M. Cilic (interprétation). - Oui. Je me corrige : après les

5 conflits qui ont eu lieu le 20 octobre à Vitez et à Novi Travnik, c'est le

6 haut-commissariat et le bureau également du HCR qui ont transféré leur

7 bureau à Zenica et ils ont prétendu, tout au moins les responsables, que

8 l'état de sécurité n'était pas bon pour leur personnel. Ensuite, leur

9 véhicule était souvent exposé à différentes menaces, on tirait sur leur

10 véhicule, mais quand même un certain nombre de personnes sont restées,

11 elles appartenaient au HCR et à ces organisations internationales juste

12 pour aider un peu les réfugiés qui en permanence se rendaient à Vitez.

13 Mme Glumac (interprétation). - Après le 20 octobre 1992 et ce

14 conflit, y avait-il un comité de coordination pour protéger les citoyens

15 qui a été constitué ?

16 M. Cilic (interprétation). - Oui, il y avait des citoyens qui

17 commençaient à se sentir de plus en plus menacés eux-mêmes, leurs biens,

18 notamment ceux qui habitaient Stari Vitez, je sous-entends même la partie

19 de Stari Vitez qui s'appelait Mahala, et l'autre partie également qui est

20 à côté de l'église paroissiale. Les citoyens musulmans, bosniens ainsi que

21 les Croates ont formé ce comité de coordination pour la protection des

22 citoyens et à la tête de ce comité et sur la proposition des citoyens

23 musulmans, on avait élu Ljubonjev Pavlovic, ingénieur, une personnalité

24 éminente et un citoyen assez riche.

25 Mme Glumac (interprétation). - C'était un Croate ou un

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1 Musulman ?

2 M. Cilic (interprétation). - C'est un Croate mais une

3 personnalité de renommée et un homme d'affaires.

4 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que ce comité s'était

5 engagé pour reconstruire les maisons à Ahmici ?

6 M. Cilic (interprétation). - J'ai dit qu'il y avait un conflit

7 qui a été très dur. Il y avait des maisons bosniaques qui ont été

8 détruites parce que c'était là qu'elles étaient les plus nombreuses et une

9 des premières tâches de ce Comité de coordination pour la protection des

10 citoyens, était l'appel qui a été adressé au public, aux institutions, aux

11 autorités civiles de la municipalité de Vitez, à tous les citoyens qui

12 disposaient de biens matériels, de faire la collecte des biens, d'argent,

13 afin d'assainir la situation et les dégâts. Il s'agissait notamment des

14 maisons, des bâtiments et des édifices publics.

15 A mon avis, la réponse a été très grande et même plus que l'on

16 ne pensait. Il s'agissait des maisons musulmanes qui ont été détruites,

17 mais la majorité des Croates ont participé en donation, en aide, en argent

18 pour justement reconstruire et assainir ces maisons.

19 Mme Glumac (interprétation). - C'est avec les donations en

20 question ?

21 M. Cilic (interprétation). - Oui.

22 Mme Glumac (interprétation). - Le 24 octobre, il y a la chute de

23 Jajce, n'est-ce pas ?

24 M. Cilic (interprétation). - Oui.

25 Mme Glumac (interprétation). - Mais que veut dire la chute de

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1 Jajce pour la vallée de la Lasva et pour Vitez plus particulièrement ?

2 M. Cilic (interprétation). - On peut parler de la chute de Jajce

3 de deux points de vue, ce que cela a apporté aux Croates et à l'ensemble

4 de la population de la Bosnie centrale.

5 Tout premièrement, il y a une très grande peur et une crainte

6 car cette voie est ouverte à l'armée serbe, pour la Bosnie centrale et

7 pour la vallée de la Lasva. D'après un certain nombre d'indications, il a

8 été question que les Serbes étaient forts intéressés par un certain nombre

9 de complexes militaires dans cette région. Il s'agit de Jajce, de

10 Novi Travnik et de Vitez. Cela est un premier point de vue.

11 Il y a un autre point de vue quand on parle de la chute de

12 Jajce, il y a un grand nombre de réfugiés, d'expulsés qui en deux jours

13 sont arrivés par Vlasic et par Travnik dans la vallée de la Lasva. Il y a

14 un grand nombre de ces gens-là qui sont également arrivés pour s'installer

15 à Vitez. Parmi ces chassés, il y avait plusieurs milliers de Croates et

16 plusieurs milliers de Musulmans.

17 Pour ce qui concerne les effectifs, enfin la population à Jajce,

18 au total en ce qui concerne les Croates et les Musulmans, il y avait des

19 Serbes bien évidemment à Jajce, mais le rapport était à peu près le même.

20 Par conséquent, il y avait beaucoup d'expulsés Croates et beaucoup de

21 Musulmans. Mais les Croates ne voulaient absolument pas rester dans la

22 vallée de la Lasva. Ils voulaient coûte que coûte partir plus loin parce

23 qu'ils avaient déjà senti qu'il y avait des atrocités de guerre qui

24 n'allaient pas dépasser non plus notre région. Car il y avait les tensions

25 entre les Musulmans et les Croates qui s'aggravaient, qui étaient encore

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1 plus manifestes.

2 Les Serbes étaient à proximité, ils pouvaient déjà agir par des

3 canons, par d'autres armes lourdes également dans la vallée de la Lasva.

4 C'est la raison pour laquelle les Croates de Jajce ont fait absolument

5 tout ; malgré tout ce que les autorités ont pu faire pour les installer,

6 ils ont tout fait pour partir de la vallée de la Lasva. Et ils sont

7 effectivement partis et nous devons dire que nous avons souhaité que ceux

8 qui étaient en âge de combattre restent dans la vallée de la Lasva ; ceux

9 qui avaient des armes qui avaient une expérience de combat. Mais eux, ils

10 ne voulaient pas rester et personne ne pouvait leur imposer de rester.

11 Un pourcentage très grand, il y a plus de 95 % de Croates qui

12 ont été chassés, expulsés de Jajce. Donc ils sont partis quelques jours

13 plus tard de la région de Vitez et la vallée de la Lasva.

14 En revanche les Bosniens, à leur plus grand regret, n'avaient

15 pas où aller. Les Croates pouvaient aller ailleurs, ils voulaient aller

16 dans le sud de la Bosnie-Herzégovine où les Croates étaient majoritaires.

17 Ils étaient également reçus en Croatie parce que les Croates bien

18 évidemment se considéraient dans leur patrie en Croatie, alors que les

19 Bosniens restaient en Bosnie Centrale et ils ont partagé cette misère et

20 cette pauvreté dans laquelle nous nous sommes déjà trouvés auparavant.

21 Mme Glumac (interprétation). - Après la chute de Jajce, les

22 lignes de front vis-à-vis des Serbes se sont... il n'y avait plus de

23 combats sur ces lignes de front ?

24 M. Cilic (interprétation). - Oui au moment où Jajce est tombé,

25 il y avait juste un corridor qui liait Jajce avec Travnik et la vallée de

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1 la Lasva qui était tombée également. Et c'est un corridor que nous avons

2 utilisé pour envoyer l'aide humanitaire à Jajce. Et il a été également

3 emprunté par les véhicules blindés, pour sortir les blessés,

4 indépendamment du fait que Jajce avait un hôpital de guerre qui était de

5 très grande qualité. Mais les blessés ne pouvaient pas être traités tous

6 là-bas, et c'est la raison pour laquelle ils ont été tirés par un blindé

7 en passant par ce corridor. C'était un bus classique et ensuite il a été

8 arrangé. Il y avait des dalles métalliques à l'intérieur que l'on avait

9 mises pour que, au moment où l'on tire, on ne puisse pas faire du mal aux

10 personnes qui sont là-dedans.

11 On empruntait ce corridor et l'on tirait, comme j'ai dit, les

12 blessés mais à partir du moment où Jajce est tombé, ce corridor a

13 également été pris et il y avait à cette époque-là une ligne qui était

14 établie entre les Serbes et le HVO et les forces armées de Bosnie-

15 Herzégovine. Et juste à l'endroit qui était d'une importance stratégique

16 pour Travnik et pour la vallée de la Lasva.

17 Mme Glumac (interprétation). - Je vais demander une fois de plus

18 à l'huissier de m'aider pour montrer une carte. Il s'agit donc d'une carte

19 géographique qui est en couleurs et l'on voit plus clairement la

20 composition ethnique de la région en 1994 et à peu près au moment du

21 conflit.

22 Est-ce que nous pouvons voir cette carte s'il vous plaît ?

23 Le témoin pourrait peut-être nous montrer...

24 M. le Greffier (interprétation). - La cote sera 33/2.

25 Mme Glumac (interprétation). - Il s'agit d'une carte qui date du

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1 mois de juin 1993, mais c'est à peu près la situation qui était

2 caractéristique.

3 Pouvez-vous nous dire à qui appartient la zone rouge ?

4 M. Cilic (interprétation). - C'était la région qui était sous le

5 contrôle des Serbes.

6 Mme Glumac (interprétation). - Et à droite également ?

7 M. Cilic (interprétation). - Oui. Ozren, c'est également un

8 point qui était connu et qui a été détenu par les Serbes. Pour les Serbes,

9 c'était d'une très grande importance stratégique.

10 Mme Glumac (interprétation). - Et la couleur verte ?

11 M. Cilic (interprétation). - Ce sont les forces musulmanes ou,

12 si vous voulez, bosniennes. Quand je dis "les forces musulmanes", ce n'est

13 pas parce que je veux les vexer ; à cette époque on appelait tout

14 simplement cela les forces musulmanes. Ils occupaient la région qui est en

15 vert.

16 Mme Glumac (interprétation). - Et en bleu ?

17 M. Cilic (interprétation). - C'est la vallée de la Lasva dont on

18 parle, ensuite Lepenicka et la vallée de Lepenicka, il y avait Kiseljak,

19 Kresevo et Fojnica, les trois municipalités, une partie de Fojnica, parce

20 qu'une grande majorité a été détenue par les forces musulmanes. Et enfin,

21 c'est la troisième partie mais proportionnellement je pense que ce n'est

22 pas tout à fait correct, cela a été contrôlé par les Croates ; à mon avis

23 c'est beaucoup moins, parce qu'au fond c'est un plateau, Vares, que l'on

24 appelait Dastansko, où les Croates sont restés indépendamment du fait

25 qu'ils ont été encerclés aussi bien par les Serbes que par les Musulmans ;

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1 c'est beaucoup moins d'ailleurs que ce que l'on voit sur la carte. Il y

2 avait un certain nombre de citoyens croates, il y avait également des

3 Croates qui ont été expulsés de Vares. Je pointe maintenant la région de

4 Zepce, et ensuite il y a Maglaj, Zavidovici, c'est un territoire qui est

5 relativement grand, mais on appelait cela la région de Zepce. Ce n'est pas

6 uniquement Zepce. Enfin, je pense que c'est la région d'Usora, c'est une

7 des régions très rares où les Musulmans et les Croates, pendant tout le

8 temps, ont lutté contre les Serbes, ont combattu les Serbes, et des

9 conflits se sont prononcés au niveau politique à la fin de la guerre.

10 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez parlé de la vallée de

11 la Lasva, vous avez parlé également de Lepenica, n'est-ce pas ? Est-ce que

12 c'était l'ensemble de la zone opérationnelle en janvier 1993 ?

13 M. Cilic (interprétation). - Oui. Après le conflit entre les

14 Musulmans et les Croates le 25 janvier 1993 et ultérieurement, nous avons

15 compris que c'était également l'objectif des forces armées musulmanes,

16 parce que les forces armées musulmanes ont coupé ces voies de

17 communication et jusqu'à la fin de la guerre ces dix kilomètres sont

18 restés sous le contrôle des Musulmans, et même maintenant c'est sous le

19 contrôle des autorités musulmanes, bosniennes, et le reste est sous le

20 contrôle des Croates.

21 Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous nous montrer où se

22 trouve la région de Kacuni et Bilalovac ?

23 M. Cilic (interprétation). - Kacuni, c'est tout... Cela longe la

24 municipalité de Busovaca, et si vous allez du nord-ouest vers l'est, tout

25 de suite en sortant de Busovaca, à deux kilomètres, vous avez cette

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1 agglomération, Kacuni ; c'étaient les premières unités avant le conflit,

2 les unités de l'armée musulmane car il s'agit d'une communauté assez

3 grande, il y a une école, un hôpital, des commerces, un certain nombre de

4 bâtiments publics, et c'est là où il y avait Kacuni.

5 Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous nous localiser

6 Bilalovac ?

7 M. Cilic (interprétation). - Bilalovac se trouve en direction de

8 Kiseljak. Cette région est liée par la route régionale Sarajevo-Kiseljak-

9 Busovaca-Kaonik, et par la suite il y a un enfourchement en direction de

10 Sarajevo et de Zenica, alors que Bilalovac est plus bas en direction de

11 Kiseljak.

12 Mme Glumac (interprétation). - Merci. Vous venez de mentionner

13 Kacuni, Bilalovac, ainsi que cette route vers Kacuni... (l'interprète se

14 reprend) le poste de contrôle de Kacuni. A quel moment les conflits ont-

15 ils éclaté ?

16 M. Cilic (interprétation). - Toute une série d'incidents s'y

17 sont produits. J'ai peur de ne pas pouvoir vous citer précisément les

18 dates. Un attentat a été tenté contre des responsables très haut placés

19 croates, comme Ignac Kostroman, voire même contre Tihomir Blaskic.

20 Toutefois, je dois dire que cela a pu être calmé et que la circulation a

21 pu se faire, bien qu'il y ait des risques, jusqu'à ce que ce conflit qui

22 s'est produit le 25 janvier. Je pense que vers le 26 ou le 27 janvier, de

23 manière définitive, l'armée de Bosnie-Herzégovine a pris possession de ce

24 territoire sur une longueur de dix kilomètres environ.

25 Mme Glumac (interprétation). - Et c'est à partir de ce moment-là

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1 que date cette répartition ethnique ?

2 M. Cilic (interprétation). - Oui, il s'est avéré plus tard que

3 cela allait vraiment au détriment des intérêts croates, parce que la zone

4 de la Lasva était entièrement isolée, elle n'avait aucune ouverture vers

5 l'extérieur.

6 Mme Glumac (interprétation). - Sur cette zone de dix kilomètres

7 que vous venez de mentionner et qui était sous le contrôle des forces de

8 l'armée de Bosnie-Herzégovine, qu'est-il arrivé aux Croates ?

9 M. Cilic (interprétation). - Eh bien, sur cette partie, quand on

10 parle de pourcentage, les Croates étaient plus nombreux que les Musulmans

11 mais un conflit extrêmement violent a éclaté, qui a duré deux à trois

12 jours, sur la municipalité de Busovaca en touchant partiellement d'autres

13 zones. Tous les Croates, suite à ce conflit, ont été chassés. Je ne sais

14 pas si c'est intéressant pour vous, mais il s'agit d'un chiffre qui a été

15 énoncé par le haut représentant du HCR dans cette zone : lors de ce

16 conflit 277 maisons croates ont été détruites, et 35 maisons musulmanes.

17 Ce sont des chiffres officiels énoncés par les représentants de la

18 communauté internationale lors de la conférence de presse de Busovaca.

19 Mme Glumac (interprétation). - Quelle est la distance de Kacuni

20 par rapport à Busovaca ?

21 M. Cilic (interprétation). - Du centre-ville c'est 12 à

22 13 kilomètres. On peut y ajouter jusqu'à Kacuni, 2 kilomètres et demi

23 environ. Autrement dit, cela fait en tout une quinzaine de kilomètres

24 entre le cœur de Vitez et Kacuni.

25 Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous nous dire quels

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1 villages ont été purifiés ethniquement ?

2 M. Cilic (interprétation). - Je ne pourrai pas vous donner la

3 liste précise.

4 Mme Glumac (interprétation). – Connaissez-vous le cas de

5 Dusina ?

6 M. Cilic (interprétation). – Dusina ne se trouve pas situé sur

7 cette route principale, c'est pourquoi je ne l'ai pas mentionnée, mais je

8 peux tout vous dire sur Dusina. Cette agglomération est située au triangle

9 qui sépare les municipalités de Busovaca, Zenica et Kakanj.

10 Vous souhaitez, je suppose, savoir ce qui s'est passé à Dusina ?

11 Mme Glumac (interprétation). – Oui, brièvement.

12 M. Cilic (interprétation). – A la date du 25 janvier, le premier

13 crime de grande envergure s'est passé à Dusina, le premier crime qui a

14 marqué la guerre entre les Croates et les Musulmans, en une journée, à

15 cette date-là, donc, le 25 janvier, les forces musulmanes ont tué et

16 massacré quatorze soldats faits prisonniers ainsi que quelques civils.

17 D'après des estimations sérieuses, bien entendu, mon estimation

18 personnelle ne peut pas être pertinente, ce crime aurait par la suite

19 orienté le cours de cette guerre vers des extrémités les plus violentes

20 dans la vallée de la Lasva.

21 Puis-je ajouter quelque chose ?

22 Mme Glumac (interprétation). - Oui.

23 M. Cilic (interprétation). – Hélas, j'ai eu l'occasion de voir

24 une bande vidéo représentant les corps de ces personnes tuées et

25 massacrées de ce site, parce que des équipes de télé ont réussi à filmer

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1 ces morts à la morgue de Zenica et ceci a été montré lors de la conférence

2 de presse de Busovaca.

3 Mme Glumac (interprétation). - S'il vous plaît, vous dites qu'il

4 s'agit du premier crime qui s'est produit lors de la guerre qui a opposé

5 les Croates et les Musulmans de manière générale et non seulement dans

6 cette zone. Ce crime a-t-il suscité la peur auprès de la population

7 croate ? Quelles ont été les réactions dans la population croate ?

8 M. Cilic (interprétation). – Eh bien naturellement cela a

9 suscité la peur, surtout puisqu'on a pu lire des informations là-dessus,

10 on a pu l'entendre à la radio, on a pu même voir à la télévision puisque

11 la cruauté, la violence à l'époque n'était pas compréhensible pour nous.

12 Après, nous avons compris que cela pouvait se produire, mais à l'époque,

13 c'était extrêmement choquant pour tout être normalement constitué.

14 Mme Glumac (interprétation). - Nous allons passer maintenant à

15 la date du 15 avril 1993. Où étiez-vous à ce moment-là ?

16 M. Cilic (interprétation). - Le 15 avril 1993, c'est la veille

17 du conflit violent qui a éclaté entre les Croates et les Musulmans dans la

18 vallée de la Lasva. Je dois dire que, la veille, je me trouvais

19 naturellement au sein du commandement de la brigade de Vitez pendant la

20 nuit, et le matin même, alors que le commandement se trouvait à une

21 centaine de mètres du commandement de la zone opérationnelle de Bosnie

22 centrale, nous étions basés dans un immeuble qui auparavant avait été une

23 université ouvrière, nous étions à l'étage et, dans ce bâtiment, se

24 trouvait également le siège des médias locaux de la radio et de la

25 télévision de Vitez.

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1 Le jour en question, j'ai été chargé de me rendre de manière

2 inattendue à une conférence de presse à Busovaca qui n'avait pas été

3 annoncée auparavant. Par ailleurs, je dois dire que les conférences de

4 presse se tenaient régulièrement une fois par semaine et que, d'une

5 manière générale, elles se tenaient le mercredi. Mais celle-ci a été

6 convoquée un jeudi à 12 heures. Mais dès le matin, nous avons appris quel

7 pouvait être le sujet de cette conférence de presse et quelle pouvait être

8 la raison pour laquelle elle a été convoquée. En fait, ce matin, très tôt,

9 sur la route qui quitte la ville de Zenica, dans le commandement de la

10 brigade Jure Francetic du HVO, il y a eu un assassinat cruel du

11 commandement Zivko Totic, commandant de cette brigade, et les personnes

12 qui l'accompagnaient ont été également tuées par des tirs d'armes à feu,

13 des rafales d'armes à feu et afin de cacher les personnes qui ont perpétré

14 ce crime, un passant qui se trouvait là par hasard a, lui aussi, été

15 blessé, un passant d'appartenance musulmane.

16 Mme Glumac (interprétation). - Je souhaite présenter maintenant

17 quelques minutes une bande vidéo et je possède également le transcript en

18 anglais et en croate. Il s'agit précisément de cette conférence de presse

19 tenue à Busovaca.

20 M. le Greffier (interprétation). - La bande vidéo porte la

21 cote 34 /2. La traduction croate sera enregistrée sous la cote 34 /2-A, et

22 la traduction anglaise 34 /2-B.

23 (La cabine française demande le transcript pour pouvoir faire

24 une traduction à vue).

25 (Projection de la bande vidéo).

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1 "Mes chers collègues, Mesdames, Messieurs, nos nous trouvons à

2 une conférence de presse extraordinaire convoquée en relation avec les

3 événements qui se sont produits ce matin à Zenica. Ce matin à 8 heures, à

4 Podbrezju, sur la route en direction du commandement de la brigade, un

5 véhicule appartenant au commandant de la brigade Juraj Francetic de Zenica

6 a été attaqué. Plusieurs personnes ont perdu leur vie, quatre personnes.

7 Les gardes du corps du commandant Ivica Vidovic, Anto Zrnic, Marko et

8 Tihomir Ljubic et un homme dont le nom reste inconnu.

9 D'après l'enquête effectuée par la police, il s'agit

10 probablement d'un témoin de l'événement. Le commandant de brigade,

11 Zivko Totic a été kidnappé et emmené dans une direction inconnue. Cinq

12 personnes ont été tuées. Nos collègues de la presse du HVO de Zenica ont

13 enregistré, donc nous pouvons regarder la bande."

14 La situation allant du mois de février jusqu'au dernier

15 incident, je cite :

16 "Le 27 février 1993, au point de contrôle Vjetrenica-Maslinek,

17 une partie du chargement du convoi de CARITAS.

18 Le 28 février à Zenica de la part de quatre personnes, les

19 membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine ont aliéné de manière agressive

20 le véhicule de Marinka Hrgica.

21 Le 3 mars, sur la route Visoko-Kakanj à l'endroit de Papratnica,

22 au point de contrôle d'Armije BIH, le carburant a été confisqué au HVO de

23 Kakanj.

24 Le 4 mars 1993 à Zepce, les membres du MOS ont arrêté un car et

25 ont demandé des documents et ont effectué des fouilles sans fondement.

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1 Le 28 février à Travnik les membres du MOS ont effectué un

2 contrôle de la circulation, ils ont enlevé à une personne son pistolet et

3 ils ont tiré sur deux véhicules.

4 Le 7 mars à Vitez du village d'Ahmici, un village peuplé de

5 Musulmans, on a tiré sur l'immeuble de l'AT du peloton de la police

6 militaire.

7 Le 9 mars à Zenica, à l'endroit de Visnjica, cinq membres de

8 l'armée BH se sont rendus à la maison de M.Kriste, ont fouillé, ont

9 perturbé les choses et ont emporté tout, pour enfin incendier la maison.

10 Le 15 mars à Vitez, près de la boutique Maks, les membres de

11 l'armée de BH ont jeté une grenade à main, ce qui a blessé une personne,

12 une femme et un enfant, et des dégâts matériels considérables ont été

13 provoqués.

14 Le 16 mars, à l'endroit de Dolac, municipalité de Travnik de la

15 part des Mudjahidins ont été tués Zoran Matosevic, Ivo Juric, et les

16 membres qui étaient les membres du HVO de Travnik.

17 Le 16 mars, au point de contrôle Ravan Rosul, a été arrêté

18 Drago Mitrovic de Zenica, on lui a volé 7000 marks allemands.

19 Le 17 mars ont été effectués des cambriolages dans les maisons

20 de Mirolada Poleta et Vlatka Tvrtkovica. Et on a emmené tout ce qui était

21 dedans.

22 Le 17 mars, à Zenica, a été arrêté Z. Vukovic membre de l'armée

23 du BH qui a essayé de forcer la serrure d'un véhicule du HVO.

24 Le 17 mars à Kakanj a été blessée grièvement une fille

25 Gordana Rados. On a tiré sur elle depuis les positions de l'armée de

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1 Bosnie-Herzégovine.

2 Le 17 mars à Kakanj a été tué l'ex-commandant du HOS de Kakanj

3 Ivo Vuletic, il a été tué de la part de Sakiba Cile, membre du MUP de

4 Kakanj.

5 Le 17 mars, des membres de l'armée de BH ont jeté une grenade à

6 main sur les locaux de la police militaire de Travnik.

7 Le 16 mars, un membre de l'armée BH a lancé une grenade à main à

8 l'entrée du commandement du HVO D. Vecerska.

9 Le 15 mars, des membres de l'armée de BH ont tiré des armes

10 d'infanterie sur le commandement de HVO de D. Vecerska.

11 Le 22 mars à tous les points de contrôle de Zenica des membres

12 du MUP de l'armée de BH ont enlevé des plaques d'immatriculation des

13 véhicules qui portaient les insignes de la communauté croate de Herceg-

14 Bosnie.

15 Le 23 mars dans la localité de Kacuni, municipalité de Busovaca,

16 des membres de l'armée de BH ont confisqué un camion FAP 18 de Vitez qui

17 transportait de l'aide humanitaire pour Brestovsko.

18 Le 23 mars des membres de l'armée BH ont tiré sur l'immeuble de

19 la police militaire de Travnik, ces tirs provenaient d'un camion.

20 Le 23 mars sur le bâtiment de la police militaire de Travnik ont

21 tiré des membres de l'armée BH et ont ouvert le feu avec des armes à feu.

22 Le même jour à Kakanj au point de contrôle Vilosten des membres

23 de l'armée BH ont enlevé le drapeau du peuple croate qui a été déchiré et

24 incendié.

25 Le 24 mars les membres des bérets verts ont arrêté deux

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1 policiers militaires et les ont maintenus en détention.

2 Le 23 mars les membres de l'armée BH ont lancé une grenade à

3 main sur la position des unités du HVO.

4 Le 24 mars à Donje Vecerska des membres de l'armée BH ont tiré

5 sur des maisons croates.

6 Le même jour à Busovaca de la part des membres de l'armée BH a

7 été installé un engin explosif qui a été placé dans les bureaux de

8 Zorana Ahrepa et dans le café Toni. Dans les deux établissements, des

9 dégâts matériels ont été provoqués.

10 Le 25 mars des membres de l'armée BH ont lancé une grenade à

11 main sur l'entrée de l'église de saint Ilija.

12 Le 28 mars les membres de l'armée BH ont tué deux policiers

13 militaires.

14 Le 26 mars les membres de l'armée BH ont tiré depuis des armes à

15 feu sur l'école de Cagljas, des dégâts matériels considérables ont été

16 provoqués.

17 Le 29 mars également dans la localité de Cagljas, municipalité

18 de Zenica, a été tué Slavko Kucar et ceci de la part des membres de

19 l'armée BH.

20 Le 30 mars à Travnik des membres de l'armée BH ont placé un

21 engin explosif, cet incident a provoqué des dégâts matériels

22 considérables.

23 Le 3 avril à Travnik des membres de l'armée BH ont installé un

24 engin explosif dans un jardin près du kiosque, qui était la propriété d'un

25 Croate.

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1 Le 4 avril les membres de l'armée BH ont placé également des

2 engins explosifs vers l'hôtel Larint de Travnik, des dégâts matériels

3 considérables ont été provoqués par explosions.

4 Le 5 avril de la part de Mudjahidins à Travnik une attaque a été

5 perpétrée sur deux personnes civiles.

6 Le 6 avril à Travnik de la part des membres de l'armée BH

7 l'assassinat de Darija Majnarica a été perpétré, il était membre du HVO et

8 il a été tué dans son appartement.

9 Le 7 avril à Travnik des membres ont placé un engin explosif

10 sous le kiosque qui se trouvait à proximité de l'hôtel Orient.

11 Le 8 avril également à Travnik des membres de l'armée BH ont

12 enlevé et incendié dix drapeaux du peuple croate, et peu après six autobus

13 et cinq camions sont arrivés à Travnik qui étaient pleins de membres de

14 l'armée BH, de Mudjahidins et de légions vertes.

15 Le 8 avril à Novi Travnik des membres de l'armée BH ont pris

16 violemment de force à deux civils, deux pistolets.

17 Le 8 avril également à Novi Travnik on a confisqué de force un

18 4/4.

19 Le 9 avril à Novi Travnik les membres de l'armée BH ont arrêté

20 V. Lesica et ils lui ont confisqué son véhicule.

21 Le 10 avril à Vitez à proximité du commandement de l'armée BH

22 leurs membres ont arrêté Ivo Sucic et Slavko Maric, membres du

23 commandement de la brigade de Vitez qui étaient en civils et qui

24 revenaient de l'église. Ils ont été soumis à un mauvais traitement et

25 passés à tabac puis par la suite libérés.

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1 Le 10 avril sur la route Bugojno Novi Travnik dans la localité

2 de Zlatnice on a trouvé deux corps des membres du HVO de Kakanj, les mêmes

3 ont été tués par les membres de l'armée BH.

4 Le 11 avril à Travnik une bombe a été jetée sur le bâtiment de

5 la police militaire.

6 Le même jour, on a attaqué le bâtiment où étaient situées les

7 unités de Vitez, au cours de la journée tous les véhicules qui portaient

8 l'insigne du HVO et qui passaient par Travnik ont été attaqués depuis des

9 armes d'infanterie.

10 Le 12 avril à Travnik un obus lancé d'un bazooka a été tiré sur

11 le bâtiment où se trouvaient les brigades de la police militaire par des

12 membres de l'armée de BH.

13 Le 5 avril des membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine ont

14 placé une voiture en travers de la route afin de confisquer les véhicules

15 de la police militaire du HVO de Travnik, à Simena municipalité de

16 Travnik.

17 Le 8 avril, les membres du MOS, les Mudjahidins ont jeté des

18 armes par la porte du camion ouverte et ils essayaient de provoquer les

19 citoyens en passant.

20 Le 9 avril, la police militaire a reçu un appel téléphonique et

21 des appels de menace à Novi Travnik.

22 Le 8 avril, les membres de l'armée de BH ont essayé de

23 confisquer une voiture, une Golf à Zeljko Lozancic de Travnik.

24 Le 10 avril les membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine ont

25 pris par force que la Golf de Franje Gudenica, de Tuzla à Novi Travnik.

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1 Le 12 avril le commandant de l'unité de tâches spéciales les

2 Vitezovi a été désarmé et après cinq policiers militaires ont été désarmés

3 à Travnik à Medresa.

4 Le 12 avril, une attaque a été lancée à l'aide d'armes à feu

5 contre le bâtiment de la police militaire de Travnik.

6 Le même jour, les membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine sont

7 rentrés par effraction dans deux entrepôts de charges explosives à l'usine

8 Vitezit de Vitez et certains explosifs ont été emportés.

9 Le même jour, deux grenades à main ont été lancées par des

10 membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine sur la maison de Franjo Kasic à

11 Novi Travnik. Pour une seule raison, simplement parce qu'il avait hissé le

12 drapeau du peuple croate sur sa maison.

13 Le 13 avril les membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine ont

14 essayé de tuer le commandant de l'unité spéciale de Vitezovi et ses gardes

15 du corps à Kruscica, municipalité de Vitez.

16 Le 13 avril, trois officiers et le chauffeur de brigade

17 Stjepan Tomasevic de Novi Travnik ont été emmenés de force par les membres

18 de l'armée de Bosnie-Herzégovine à Novi Travnik. Ils n'ont pas été

19 retrouvés.

20 Le 13 avril, à Zukica Most à Travnik, les membres de l'armée de

21 Bosnie-Herzégovine ont arrêté 25 membres du HVO de Travnik, qui ont

22 ensuite été ramenés à la ligne de défense de Turbet et désarmés sous la

23 menace d'armes ".

24 Mme Glumac (interprétation). - Nous pourrons vous donner toute

25 la cassette, Monsieur le Procureur, si vous le souhaitez.

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1 Monsieur Cilic, il s'agissait donc de la partie introductive de

2 la conférence de presse. Que s'est-il passé ensuite ?

3 M. Cilic (interprétation). - A mon avis, le ton était celui

4 employé dans d'autres conférences de presse, mais l'atmosphère dans le

5 local était extrêmement lourde, tendue. On ne voit pas très bien à quoi

6 ressemblaient ces corps sur la cassette parce que la vidéo est en noir et

7 blanc. On voit des traces de sang néanmoins sur toute la voiture et

8 autour, et puis toute cette liste d'incidents qui se sont produits, nous a

9 fait revivre tous ces événements que nous avions vécus.

10 Mme Glumac (interprétation). – Vous souvenez-vous de l'un ou

11 l'autre de ces incidents ?

12 M. Cilic (interprétation). - Oui, je crois que nous avons

13 mentionné certains de ces incidents ici, celui de Kruscica par exemple et

14 l'assassinat du Commandant Stojak. Enfin, je crois que nous avons parlé de

15 5 ou 6 des incidents qui sont mentionnés sur cette liste.

16 M. le Président (interprétation). – Merci, je crois que ce

17 serait un moment opportun pour lever l'audience.

18 Avez-vous quelques questions supplémentaires à poser au témoin ?

19 Mme Glumac (interprétation). – En fait, une autre série de

20 questions, je dirai deux heures encore.

21 M. le Président (interprétation). - Deux heures !! Vous pensez

22 que cela va prendre deux heures pour la fin de son témoignage ?

23 Mme Glumac (interprétation). - Ce que j'essayais de dire hier,

24 c'est qu'il y a eu un certain nombre de changements dans notre calendrier.

25 Certains témoins ne viendront pas. Par conséquent M. Cilic aborde

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1 certaines questions qui auraient été couvertes par d'autres témoins et je

2 crois que c'est d'ailleurs une bonne chose, parce que je pense qu'il va

3 couvrir un domaine beaucoup plus large à lui seul, que ne l'auraient fait

4 plusieurs témoins. Nous aurons encore certains documents et M. Cilic va

5 couvrir certaines questions supplémentaires. Par conséquent, nous ne

6 pouvons pas véritablement suivre de façon très stricte la liste.

7 Cependant, il y a certains témoins qui ne viendront pas témoigner, des

8 témoins que nous avions envisagés au départ.

9 M. le Président (interprétation). - Merci.

10 Demain, nous allons travailler de 9 heures à 13 heures 30 et de

11 15 heures à 17 heures 30, mais il n'y aura pas d'audience jeudi, comme

12 vous le savez.

13 M. Terrier. – Je ferai simplement deux observations. Nous avons

14 remis ce matin aux avocats de la défense la liste des témoins pour

15 lesquels nous estimions être insuffisamment informés et nous remettons

16 cette même liste à votre Tribunal à cette instance.

17 En deuxième lieu, je souhaiterais que puisque la défense connaît

18 maintenant le nom de certains des témoins qui ne viendront pas, nous

19 puissions en avoir connaissance.

20 M. le Président (interprétation). – Oui, merci.

21 J'espère que la défense répondra favorablement à votre demande.

22 Pourriez-vous nous faire savoir dans les meilleurs délais quels seront les

23 témoins qui ne viendront pas témoigner et qui ne seront pas cités à

24 comparaître.

25 Très bien, nous levons donc l'audience et demain, nous

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1 travaillerons à la planification de notre avenir, puisque nous voulons

2 terminer cette affaire avant Pâques. Bien entendu, cela dépendra du rythme

3 de nos travaux, donc avant le 4 avril. Nous levons l'audience.

4 (L’audience est levée à.13 heures 33.)

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