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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-16-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
3 Jeudi 11 février 1999
4 L'audience est ouverte à 09 heures 05.
5 Mme Ameerali (interprétation). - Bonjour, Madame le Juge,
6 Monsieur le Juge. Il s'agit de l’affaire IT-95-16-T, le Procureur contre
7 Zoran Kupreskic, Mirjan Kupreskic, Vlatko Kupreskic, Drago Josipovic,
8 Dragan Papic et Vladimir Santic.
9 M. May (interprétation). - Puis-je me tourner vers vous au nom
10 de tous les conseillers de la défense ? Aujourd'hui le Juge Cassese est
11 malade, je pense que vous en avez été informés. Il se sent mal et ne sera
12 pas avec nous pendant tout le reste de la semaine.
13 Ayant été informés de cette situation, nous proposons la chose
14 suivante. Afin de ne pas retarder de façon inutile le procès, afin de ne
15 pas perdre de temps, nous proposons d'entendre les dépositions de tous les
16 témoins présents sous la forme de dépositions. C'est la pratique suivie
17 dans une autre Chambre de première instance, dans l'affaire Blaskic -à
18 plusieurs reprises- quand l'un des Juges de la Chambre de première
19 instance était indisposé.
20 Vous trouverez une disposition à l'article 71 qui permet
21 d'entendre des témoignages par déposition. La conséquence de cette
22 disposition est la suivante : dans des circonstances exceptionnelles, la
23 Chambre de première instance, et je me tourne vers l'article 71, dans
24 l'intérêt de la justice, peut ordonner à la demande de l'une des parties
25 qu'une déposition soit recueillie en vue du procès, la Chambre mandate à
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1 cet effet un officier instrumentaire.
2 La pratique est en fait identique à celle suivie au cours du
3 procès. Les dépositions de témoins sont recueillies de façon tout à fait
4 normale, la seule exception étant que ces témoignages ne sont entendus en
5 direct que par deux Juges. Par conséquent il y aura interrogatoire
6 principal du témoin, un contre-interrogatoire, puis des questions
7 supplémentaires.
8 Un compte rendu sera pris et il y aura également un
9 enregistrement vidéo qui permettra au troisième Juge de la Chambre de
10 visionner l'audience.
11 Il semble que ce soit là une façon rapide de régler ce problème.
12 Bien entendu, il faut que cette possibilité recueille l'assentiment des
13 parties.
14 D'ailleurs, je dois ajouter qu'il y a un nouvel événement si je
15 puis dire : nous avons appris que deux des témoins qui devaient être cités
16 aujourd’hui sont bloqués par la neige à Sarajevo. Peut-être pourront-ils
17 arriver aujourd'hui à La Haye, mais ceci n'est pas certain car il fallait
18 organiser leur venue et plusieurs personnes devaient participer à cette
19 organisation.
20 Par conséquent, nous avons décidé qu'il était plus approprié de
21 ne pas les faire venir dans des circonstances si difficiles. Nous l'avons
22 fait savoir à la Section d'aide aux victimes et aux témoins.
23 Cependant, il y a un autre témoin, un troisième témoin. Vous
24 verrez dans l'article 71 que la question des dépositions ne peut être
25 posée que par une des parties, quand elle en fait la demande. J'espère que
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1 l'une des parties fera effectivement cette demande.
2 Je signale également qu'un officier instrumentaire doit être
3 nommé. L'officier instrumentaire, en l'espèce, serait les deux Juges
4 présents aujourd'hui.
5 La proposition est donc la suivante, à savoir que les
6 témoignages soient entendus en la présence de deux Juges.
7 M. Terrier. - Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour, Madame le
8 Juge. L'accusation qui souhaite, comme le Tribunal, qu'aucun délai inutile
9 ne vienne retarder ce procès, est parfaitement d'accord avec la
10 proposition faite par votre Tribunal d'agir aujourd'hui et peut-être
11 demain sur la base de l'article 71.
12 M. le Président (interprétation). - Maître Terrier, s'agit-il là
13 d'une demande
14 formulée par l'accusation ?
15 M. Terrier. - Tout à fait, Monsieur le Président. Il s'agit en
16 effet d'une demande formulée par l'accusation.
17 M. le Président (interprétation). - Bien entendu, nous
18 limiterions cette situation à un témoin, celui qui se trouve à La Haye
19 aujourd'hui.
20 M. Terrier. - Il me semblait, en tout cas c'est peut-être le
21 moment d'évoquer la question, qu'il y avait un second témoin. Nous avons
22 eu notification hier soir d'un second témoin, M. Blaze. Mais je ne sais
23 pas, j'ignore, s'il est à La Haye aujourd'hui et s'il est en mesure de
24 témoigner ou s'il est en route ; seule la défense peut nous en informer.
25 M. le Président (interprétation). - Oui, merci. Maître Glumac,
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1 puis-je me tourner vers vous à présent ? Au nom de la défense, vous
2 pourriez peut-être nous parler de ce témoin parce que je crois qu'il
3 s'agit là de l'un de vos témoins. J'espère que la défense a été informée
4 de notre proposition.
5 Comme je l'ai dit, il faudra que nous obtenions l'assentiment
6 des parties et bien entendu l'assentiment des accusés. J'espère que nous
7 pourrons parvenir à une solution, car cette affaire doit parvenir à son
8 terme le plus rapidement possible. Il nous semble que c'est là une
9 possibilité nous permettant de ne pas perdre plus de temps que nécessaire.
10 Bien entendu si vous souhaitez disposer d'une période de temps
11 afin de consulter vos collègues, nous vous l'accorderons. Mais nous avons
12 compris qu'il y avait un témoin qui était présent, M. Strukar, n'est-ce
13 pas ?
14 Mme Glumac (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.
15 Bonjour, Madame le Juge.
16 En ce qui concerne la poursuite dans les conditions actuelles,
17 je pense que mes collègues vont certainement se prononcer par Me Pavkovic
18 qui est le coordinateur du groupe. Je suis sûre qu'il va donner leur
19 proposition.
20 En ce qui concerne les témoins, je dois dire que nous avons
21 actuellement M. Zoran Strukar qui a été prévu pour aujourd'hui. Pour
22 demain nous avons prévu Plavkic et Blaze, deux témoins qui en ce moment ne
23 sont pas à La Haye effectivement, mais qui se trouvent à Sarajevo d'où ils
24 ne peuvent partir à cause des conditions atmosphériques. Par conséquent,
25 la poursuite dépendra de leur arrivée au cours de la journée.
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1 Pour l'instant, nous avons uniquement M. Strukar et c'est moi-
2 même qui l'interrogera.
3 Je vais vous demander quand même un petit peu de temps pour
4 consulter mes collègues parce que nous n'avons pas réussi à transmettre
5 l'information de ce qui nous a été dit. Nous étions deux seulement hier
6 après-midi. Par conséquent, il faudrait peut-être que nous nous
7 consultions avant de vous donner notre avis.
8 M. le Président (interprétation). - Oui, oui.
9 M. Radovic (interprétation). - Avant de nous consulter, je vais
10 encore une fois vous demander de bien vouloir me préciser quelque chose :
11 j'aimerais savoir si la maladie du Juge Cassese est une maladie qui
12 pourrait éventuellement exiger qu'il reste plus de deux jours, donc une
13 semaine éventuellement.
14 M. le Président (interprétation). - Nous avons compris qu’il
15 serait de retour dès la semaine prochaine. Comme je l’ai dit, nous
16 souhaitons appliquer cette procédure afin de gagner du temps.
17 Pour ce qui est des autres témoins, je crois qu'ils ne seront
18 pas ici avant la semaine prochaine. Par conséquent, nous ne parlons ici
19 que d'un témoin. Mais effectivement nous pouvons nous renseigner. Vous
20 pourrez vous consulter. De combien de temps avez-vous besoin ?
21 Vingt minutes ?
22 Eh bien, l'audience sera levée pendant vingt minutes.
23 (Maître Glumac fait un signe positif de la tête.)
24 (L'audience, suspendue à 9 heures 15, est reprise à
25 9 heures 35.)
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1 M. le Président (interprétation). - Oui, Maître Pavkovic ?
2 M. Pavkovic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président,
3 Madame le Juge. La défense espère que l'état de santé du Juge Cassese
4 n’est pas vraiment très grave et donc qu'il va nous rejoindre très
5 bientôt, ce que nous souhaitons. La défense, bien évidemment, souhaite
6 poursuivre les débats et c'est aussi ce qui a été dit par le Procureur.
7 Nous considérons que, dans ces conditions qui sont nouvelles, nous pouvons
8 poursuivre l'interrogatoire du témoin et que, dès lundi, nous pourrons
9 faire une nouvelle mise en état pour voir si M. Cassese nous rejoindra ou
10 non, si on peut poursuivre le procès. Et nous sommes d'avis
11 qu'effectivement on peut poursuivre le débat quand il s'agit du point
12 numéro 1 qui concerne tous les accusés.
13 Le conseil de l'accusé Papic considère qu’au moment où il citera
14 ses témoins, les autres conseils également quand il s'agit des accusations
15 qui sont concrètes qui concernent un seul accusé, qu'il est indispensable
16 pour que la Chambre soit dans sa composition complète, sinon nous sommes
17 parfaitement d'accord pour poursuivre les débats.
18 Nous devons, par ailleurs, remarquer la chose suivante : c'est
19 déjà la pratique, bien évidemment, du Tribunal de poursuivre les débats
20 dans de nouvelles conditions, mais il nous semble qu'il est important
21 d'attirer votre attention sur un point qui est extrêmement important :
22 ici, c'est le Président de la Chambre qui est malade, alors que dans
23 d'autres affaires il y avait des Juges qui manquaient.
24 Par conséquent, nous sommes d'avis que ce n'est pas un fait
25 négligeable. Voilà, Monsieur le Président, Madame le Juge, c'est
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1 l'attitude de la défense en ce qui concerne nos travaux pour aujourd’hui
2 et pour demain.
3 Si vous permettez, j'aimerais vous demander, en profitant de la
4 parole que vous m'avez accordée, de donner votre avis au sujet d'une
5 question que je voulais déjà poser hier.
6 M. le Président (interprétation). - Traitons des informations
7 que vous nous avez déjà données. Cette mesure n'est que temporaire. Si le
8 Juge Cassese ne pouvait pas nous rejoindre lundi, ce qui ne sera pas le
9 cas vraisemblablement, nous devrons revoir notre procédure. Nous gardons à
10 l'esprit le fait qu'il s'agit du Président de cette Chambre qui est
11 absent. Et si nous devions entendre des témoignages relatifs à d'autres
12 chefs d'accusation que le chef d'accusation numéro 1, effectivement nous
13 devrions peut-être fonctionner de façon différente, mais suis-je en droit
14 de supposer que les accusés sont d'accord pour que les témoignages soient
15 entendus sous forme de déposition. Et que nous entendions donc le témoin
16 qui se trouve à La Haye aujourd'hui et tout autre témoin qui pourrait
17 arriver cette semaine.
18 Pouvez-vous me confirmer cette information, s'il vous plaît ?
19 M. Pavkovic (interprétation). - Oui, je peux confirmer,
20 Monsieur le Président, ce que vous venez de dire et, bien évidemment, nous
21 pouvons poursuivre nos travaux.
22 M. le Président (interprétation). - Très bien. Nous délivrerons
23 une ordonnance en vertu de l'article 71 afin de mandater les Juges
24 présents en tant qu'officiers instrumentaires dans le cadre de l'audition
25 de témoignages sous forme de déposition, témoignage du témoin qui se
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1 trouve présent et de tout autre témoin qui pourrait arriver à La Haye
2 entre-temps.
3 Avant de poursuivre, il y a une question connexe, à savoir que
4 la Section d'aide aux victimes et aux témoins, je crois, attend notre
5 décision vis-à-vis des témoins qui se trouvent à Sarajevo. Je crois que
6 nous pourrions adopter la position suivante : s'il est possible qu'ils
7 arrivent à La Haye, bien sûr, mais si c'est tout à fait impraticable, eh
8 bien, dans ce cas-là, nous devrons lever l'audience. Je crois que ce
9 serait la meilleure solution pour aborder la question. Bien entendu,
10 certains problèmes se posent à l'aéroport même à cause de la neige. Il y a
11 un problème de calendrier également ; le témoin peut-il parvenir jusqu'ici
12 ou non à temps ? J'aimerais donc que ce message soit transmis à la Section
13 d'aide aux victimes et aux témoins.
14 Y a-t-il des commentaires sur ce point précis ? Oui,
15 Maître Glumac ?
16 Mme Glumac (interprétation). - Monsieur le Président, pendant la
17 pause M. Vaatainen, de l'Unité de victimes, est venu nous voir et il nous
18 a dit qu'il était pratiquement impossible de les amener aujourd'hui même,
19 au cours de la journée, et qu'il serait beaucoup mieux pour eux qu'ils
20 arrivent demain avec d'autres témoins qui doivent se rendre à La Haye pour
21 lundi. Donc ils seront là pendant la nuit.
22 Par conséquent, pour eux, ce serait extrêmement difficile de
23 pouvoir témoigner le lendemain matin d'autant plus qu'il y en a un parmi
24 eux qui est diabétique et qu'il faudrait peut-être en tenir compte.
25 C'est la raison pour laquelle je pense que, même si M. le
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1 Président Cassese ne revient pas, nous avons dit que nous allons pouvoir
2 poursuivre nos débats le lundi. C'est pour les deux.
3 (Les Juges se consultent sur le Siège.)
4 M. le Président (interprétation). - Très bien. Nous allons donc
5 entendre le témoin qui se trouve à La Haye, et puis nous reverrons notre
6 procédure lundi. Mais nous comprenons donc que les témoins seront tous
7 présent lundi. Maître Pavkovic ?
8 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur le Président, j'accepte
9 de poursuivre les débats, mais il y a quelque chose qui, à mon avis,
10 devrait quand même être débattu avant de poursuivre nos travaux, car il me
11 semble que cette question que je veux soulever peut devenir un problème et
12 je ne peux pas le résoudre en discutant simplement avec le Procureur.
13 C'est pourquoi, j'attire votre attention sur cette question pour que vous
14 puissiez m’aider.
15 En effet, il s'agit de la chose suivante : la semaine dernière
16 ou l’avant-dernière -je ne me souviens plus- la Chambre, cette Chambre
17 avait pris la décision par laquelle on avait obligé les conseils de
18 Vladimir Santic de contacter les témoins en passant par les enquêteurs.
19 Les conseils, dans ce sens-là, pour mettre en application cette décision
20 de défense par alibi, a entrepris toute une série de mesures pour mettre
21 en application cette décision. Nous avons bien évidemment parlé à
22 plusieurs reprises avec le Procureur sur les modalités de la mise en
23 application de cette décision. Nous avons adopté les suggestions du
24 Procureur : avoir cet entretien et que cet entretien n'ait pas lieu dans
25 le foyer, à la maison du témoin en question, ni dans les institutions
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1 officielles. Nous avons également tenu compte des conditions de sécurité.
2 Nous pensons donc que nous avons fait pratiquement tout pour
3 mettre en application cette décision et permettre aux enquêteurs les
4 contacts. Nous en avons informé par voie écrite le Procureur que, le
5 20 février, ce mois ci, cet entretien ait lieu, quand la Chambre arrêtera
6 ses travaux.
7 Mais hier nous avons eu la réponse du Procureur et cette lettre
8 nous a surpris de manière désagréable. Le Procureur se réfère aux
9 conditions de sécurité, il considère que pour ces entretiens que nous
10 avons envisagés à Vitez, à l'hôtel Vitez, il s'agit d'un endroit qui n'est
11 pas sûr. Il insiste même pour que cet entretien ait lieu à Sarajevo et que
12 si on n'accepte pas cette proposition, il allait considérer que nous ne
13 sommes pas prêts pour la coopération et qu'il serait contre le fait que
14 ces témoins soient cités.
15 Moi, je comprends cette attitude, mais je pense que celle-ci
16 n'est pas justifiée, et je pense qu'elle n'est pas justifiée d'autant plus
17 que c'est en quelque sorte un ultimatum à la défense, alors que la défense
18 est tout fait pour que cette décision soit mise en application. C'est une
19 attitude qui est très ferme, à notre avis, et ne peut pas nous satisfaire.
20 Nous pouvons comprendre les raisons, nous pouvons comprendre que les
21 enquêteurs du Bureau du Procureur également craignent, notamment quand
22 s'il s'agit des conditions de sécurité, mais il n'y a véritablement pas de
23 raison pour lesquelles ces craintes pourraient être justifiées.
24 C'est la raison pour laquelle nous insistons, nous pensons que
25 cet entretien devrait avoir lieu à Vitez, d'autant plus que nous avons
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1 organisé cet entretien et que nous ne pourrions pratiquement rien faire
2 sur ce plan-là.
3 C'est pourquoi, j'aimerais rappeler à la Chambre et au Procureur
4 que le Procureur soulève la question de la sécurité, mais cette Chambre
5 avait également pris la décision de se rendre à Ahmici et qu'elle ne se
6 sentait pas menacée, elle n'avait pas considéré que c'était la raison pour
7 laquelle elle devait ajourner cette visite.
8 Un autre point également sur lequel j'aimerais insister, à
9 savoir que nous devons tenir compte des intérêts de ces témoins. Il s'agit
10 des témoins qui sont de cette région ; les trois témoins sont des
11 habitants de Vitez et ils ne se sentent pas en sécurité à Sarajevo non
12 plus. Cette Chambre a porté la décision concernant la libre circulation
13 des témoins, y compris ces trois témoins. Nous nous sommes portés garants,
14 même devant le Tribunal, mais pas quand il s'agit d'autres régions. Par
15 conséquent, nous ne pouvons pas accepter ce que le Bureau du Procureur
16 nous propose.
17 En guise de conclusion, je considère que ceci pourrait être
18 résolu de la façon qui a été déjà convenue : l'entretien aura lieu à Vitez
19 ou éventuellement que ces témoins, avant d'être cités devant le Tribunal,
20 rencontrent le Procureur et que ces enquêteurs obtiennent les informations
21 souhaitées.
22 J'espère que vous me comprenez, Monsieur le Président, Madame le
23 Juge, car il s'agit d'une question que nous ne pouvons pas résoudre
24 facilement. Nous sommes limités par le temps, c'est la semaine prochaine
25 et c'est pourquoi je pense qu'il faut prendre une décision dès maintenant
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1 si nous voulons mettre en application cette décision de la Chambre. Je
2 vous remercie.
3 M. le Président (interprétation). - Monsieur Terrier, avant que
4 vous ne commenciez, nous ne pouvons pas délivrer d'ordonnance à ce stade,
5 étant donné la composition de la Chambre à l'heure actuelle qui n'est pas
6 à son complet. Mais peut-être pouvons-nous faciliter la résolution de ce
7 problème ?
8 M. Terrier. - Monsieur le Président, je souhaite donner
9 effectivement quelques indications au Tribunal, quelques éléments
10 d'information au Tribunal et peut-être répondre à Me Pavkovic et qui sait,
11 peut-être, le convaincre de ce que sa proposition n'est pas réaliste.
12 Je rappelle tout de même à Me Pavkovic que nous sommes dans une
13 situation où le Tribunal et l'accusation ont accepté d'entendre les
14 témoins d'alibi de l'accusé Vlado Santic, alors que nous nous trouvons
15 dans une situation parfaitement irrégulière au regard du Règlement. La
16 notification de la défense d'alibi n'a pas été faite dans les délais
17 prévus par le Règlement.
18 Néanmoins, dans le souci de garantir pleinement les droits de la
19 défense, l'accusation, et surtout le Tribunal a accepté d'entendre ces
20 témoins sous la réserve, cependant, que l'accusation puisse les rencontrer
21 avant leur comparution devant le Tribunal.
22 Nous avons communiqué à Me Pavkovic, et je pense que le Tribunal
23 en a reçu une copie, les conditions dans lesquelles cette rencontre avec
24 les témoins de la défense de M. Vlado Santic devaient être réalisées. Je
25 pense que toutes les garanties ont été accordées à Me Pavkovic et à
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1 M. Vlado Santic dans la mesure où l'avocat de M. Vlado Santic ou son
2 représentant sera présent au cours de cette interview, que cette interview
3 sera enregistrée, que l'enregistrement sera communiqué immédiatement à
4 Me Pavkovic.
5 Nous souhaitons cependant, je pense que le Tribunal pourra le
6 comprendre et que Me Pavkovic doit le comprendre, qu'une totale sérénité
7 et une totale sécurité entourent cette rencontre de nos enquêteurs et des
8 témoins de la défense.
9 La seule question qui se pose aujourd'hui, selon ce que vient de
10 dire Me Pavkovic, est la question du lieu de cette rencontre.
11 Maître Pavkovic souhaite que cette rencontre ait lieu à l'hôtel Vitez.
12 Selon les renseignements dont nous disposons et selon les
13 indications qui nous ont été données par la SFOR, présente dans la région
14 de Vitez-Busovaca, il est parfaitement inopportun que cette rencontre ait
15 lieu à cet endroit, pour des raisons de sécurité, parce que la SFOR
16 devrait déployer des moyens pour la sécurité qui seraient trop importants
17 et qui pourraient troubler l'ordre et la tranquillité dans la ville de
18 Vitez.
19 Nous devons aussi conserver à l'esprit que nous devons apporter
20 un matériel vidéo important pour enregistrer la conférence et que cela
21 doit être organisé avec soin. Nous proposons donc, nous souhaitons et nous
22 souhaitons vivement que cette rencontre ait lieu au Bureau du Procureur de
23 Sarajevo où, bien entendu, l'absolue sécurité des témoins est garantie,
24 sans aucun doute possible, et je ne comprends pas que Me Pavkovic puisse
25 mettre en doute ce point.
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1 Nous proposons aussi d'assurer le transport des témoins, si cela
2 est nécessaire, jusqu'à Sarajevo et leur retour dans la région de Vitez.
3 Je pense que cette discussion sur le lieu de la rencontre est
4 parfaitement inutile et que nous devrions aboutir sur ce point à un
5 accord.
6 Maître Pavkovic doit comprendre qu'il n'est pas question pour
7 nous d'aller à l'hôtel Vitez avec tout le matériel dont nous avons besoin,
8 qu'il est tout à fait nécessaire que cela se passe à Sarajevo, qu'il n'en
9 résultera aucun inconvénient pour les témoins, et que de cette manière-là
10 nous garantissons la sérénité de cette rencontre et par là-même la
11 sérénité des débats qui se poursuivront devant ce Tribunal.
12 C'est le sens de la réponse que nous avons faite à Me Pavkovic.
13 Il n'y a pas d'ultimatum dans notre réponse. Nous souhaitons que
14 Me Pavkovic entende simplement nos raisons.
15 (Les Juges se consultent sur le siège.)
16 M. le Président (interprétation). - Maître Pavkovic, comme je
17 l'ai dit, en l'absence du Président de la Chambre, la Chambre de première
18 instance dans sa constitution actuelle ne peut délivrer aucun type
19 d'ordonnance.
20 Cependant, après avoir entendu les arguments des deux parties,
21 nous recommandons que vous tentiez de parvenir à un compromis. Nous avons
22 entendu les objections de l'accusation à l'hôtel Vitez, comme le Procureur
23 nous l'a exposé, nous avons également entendu les objections formulées par
24 vos témoins d'aller témoigner au sein du Bureau du Procureur. Il me semble
25 qu'il s'agit d'une question à résoudre entre les parties.
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1 Ce n'est pas véritablement une question sur laquelle doit
2 statuer la Chambre. Nous vous invitons donc à poursuivre le plus fortement
3 possible les voies de négociations habituelles et à résoudre cette
4 question.
5 M. Pavkovic (interprétation). - Merci. Nous allons essayer de
6 nous mettre d'accord. Bien évidemment, je ne conteste pas la question de
7 la sécurité.
8 C'est le voyage à Sarajevo, puisque les témoins doivent être
9 également en sécurité pour s'y rendre, et -comme je l'ai dit- ces témoins
10 pour s'y rendre ainsi doivent être quand même en sécurité pleine et
11 complète.
12 Mais de toute façon nous acceptons votre suggestion et nous
13 allons faire tout ce qui est dans notre possible pour rapprocher nos
14 attitudes, pour trouver la solution, c'est dans l'intérêt des
15 deux parties.
16 M. le Président (interprétation). - Merci. Y a-t-il d'autres
17 questions à soulever avant l'entrée du témoin ? Non. Très bien, eh bien
18 que l'on fasse entrer le témoin,s'il vous plaît.
19 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
20 M. Strukar (interprétation). - Je déclare solennellement que je
21 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
22 M. le Président (interprétation). - Veuillez vous asseoir, s'il
23 vous plaît.
24 (Le témoin s'exécute.)
25 Mme Glumac (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
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1 Bonjour, Monsieur le Témoin. Auriez-vous l'amabilité de vous présenter, de
2 nous dire comment vous vous appelez et quand vous êtes né ?
3 M. Strukar (interprétation). - Je m'appelle Zoran Struckar. Je
4 suis né à Vitez le 16 avril 1961.
5 Mme Glumac (interprétation). - Qu'avez-vous fait comme école et
6 comme formation ?
7 M. Strukar (interprétation). - J'ai terminé l'école secondaire à
8 Sarajevo pour travailler au ministère de l'Intérieur, après quatre ans
9 d'études.
10 Mme Glumac (interprétation). - Avant la guerre, où avez-vous
11 travaillé ?
12 M. Strukar (interprétation). - J'ai travaillé au poste de police
13 de Vitez.
14 Mme Glumac (interprétation). - Quel était le poste que vous avez
15 occupé ?
16 M. Strukar (interprétation). - Entre deux et trois ans, j'ai
17 travaillé comme policier en ville. Un agent de police sur le terrain et
18 ensuite, j'ai suivi un séminaire à Sarajevo et j'ai fait ce séminaire sur
19 le cryptage et c'est là que j'ai travaillé jusqu'en 1991. Ensuite, je suis
20 retourné en ville, j'ai travaillé en tant que policier jusqu'en 1992.
21 En 1992, j'ai fait un séminaire sur la criminalité, technicien de
22 criminalité à Sarajevo.
23 Mme Glumac (interprétation). - Excusez-moi, pouvez-vous vous
24 arrêter là, s'il vous plaît ? Vous avez dit que vous avez terminé un
25 certain nombre de séminaires et que c'est la raison pour laquelle vous
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1 avez également travaillé dans la transmission ?
2 M. Strukar (interprétation). - Oui, au poste de police, je l'ai
3 dit, pour le cryptage. J'ai reçu des télégrammes, j'ai travaillé au
4 standard téléphonique.
5 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez donc travaillé à Vitez,
6 au début ?
7 M. Strukar (interprétation). - Oui, à Vitez.
8 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit qu'en 1992 vous
9 avez travaillé comme policier ?
10 M. Strukar (interprétation). - Oui, c'était mi-91.
11 Mme Glumac (interprétation). - Et qui était chef au poste de
12 police où vous avez travaillé ?
13 M. Strukar (interprétation). - Il y avait des élections
14 auparavant à Vitez donc selon les résultats, il a été connu également
15 comment on va pourvoir les postes au poste de police. C'est un Croate qui
16 était le chef du poste et le commandant était Musulman. Pero Skopljak
17 était le chef du poste et le commandant Saban Mahmutovic.
18 Mme Glumac (interprétation). - Par conséquent, les deux premiers
19 postes ont été occupés par un Croate et un Musulman, respectivement ?
20 M. Strukar (interprétation). - Selon les résultats des
21 élections.
22 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez
23 quand est-ce que Pero Skolpjak est arrivé au poste du chef du poste de
24 police ?
25 M. Strukar (interprétation). - Je ne me souviens pas exactement
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1 de la date mais je sais qu'il y avait des élections. Je ne me souviens pas
2 de la date.
3 Mme Glumac (interprétation). - Etait-ce en 1991 ? Les élections
4 avaient lieu fin 1991 ?
5 M. Strukar (interprétation). - Probablement à la fin de 1991 ou
6 peut-être 1992, mais je ne me souviens pas.
7 Mme Glumac (interprétation). - Saban Mahmutovic qui était
8 commandant de la police était Musulman ?
9 M. Strukar (interprétation). - Oui.
10 Mme Glumac (interprétation). - En ce qui concerne les policiers,
11 comment recrutait-on les policiers ? Est-ce qu'on avait fait attention à
12 la composition ethnique ?
13 M. Strukar (interprétation). - Oui, on a également tenu compte
14 du nombre de la population de nationalité musulmane, croate et serbe, et
15 c'est proportionnellement à ce nombre que l'on avait recruté les policiers
16 à la police. C'était la tradition qui datait d'avant la guerre.
17 Mme Glumac (interprétation). - La composition ethnique de la
18 police correspondait à la composition de la population ?
19 M. Strukar (interprétation). - Oui, moitié-moitié.
20 Mme Glumac (interprétation). - Vous souvenez-vous combien de
21 policiers il y avait au poste de police de Vitez ?
22 M. Strukar (interprétation). - Vingt-sept environ.
23 Mme Glumac (interprétation). - A la fin de 1991, quand la guerre
24 a commencé en Croatie, pourriez-vous nous dire si quelque chose s'était
25 passé au sein de la police à Vitez ?
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1 M. Strukar (interprétation). - Non, rien. On avait poursuivi nos
2 activités de manière normale. On avait accompli nos tâches.
3 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce qu'il s'était passé
4 quelque chose au niveau des réserves d'armes, au sein de la police ?
5 M. Strukar (interprétation). - Pendant que je travaillais dans
6 ce service de transmission, il y avait un certain nombre de télégrammes
7 qui sont parvenus de Sarajevo et selon lesquels il fallait retirer toutes
8 les armes de notre poste et les restituer à la police de Sarajevo. La
9 réponse était la suivante : nous avions notre propre entrepôt et
10 l'entrepôt à Princip Seljo.
11 Mme Glumac (interprétation). - Un petit moment, s'il vous plaît.
12 Pouvez-vous dire une autre chose parce que vous donnez des précisions ?
13 Qui a envoyé le télégramme au poste de police à Vitez ? Quelle était la
14 teneur du télégramme et quelle est la raison pour laquelle il fallait
15 restituer les armes ?
16 M. Strukar (interprétation). - Le télégramme est arrivé de
17 Sarajevo en provenance du ministère de l'Intérieur de la République. Le
18 problème, d'après ce qu'ils disaient, c'est que les postes n'avaient pas
19 d'entrepôt pour emmagasiner les armes que nous possédions à l'époque.
20 C'est la raison pour laquelle ils nous ont demandé de restituer les armes
21 et de les transporter à Sarajevo. C'était l'explication, alors que la
22 réponse donnée par notre poste c'est que nous avons l'usine d'explosifs à
23 Princip et que nous avons également des entrepôts pour mettre les armes et
24 que nous pouvons entreposer les armes dans l'usine et dans cet entrepôt.
25 Nous avons de nouveau reçu le télégramme et qu’indépendamment de
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1 ce fait-là qu'il était indispensable de transférer. On nous a pratiquement
2 donné un ordre de transférer les armes à Sarajevo.
3 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que d'autres postes de
4 police avaient également reçu de tels types d'ordres pour rassembler
5 toutes les armes de la Bosnie centrale ?
6 M. Strukar (interprétation). - Oui, c'est un télégramme qui
7 était envoyé à tous les postes de police. Dans l'en-tête, il était
8 marqué : "A tous les postes de police". Par conséquent, les autres postes
9 ont également reçu le même ordre.
10 Mme Glumac (interprétation). - Quelle était la décision à cette
11 demande ? Vous avez donc répondu que vous aviez des entrepôts, que vous
12 pouviez entreposer les armes et quelle a été la décision définitive ?
13 M. Strukar (interprétation). - Nous avons dit que nous allions
14 entreposer les armes. Ils ont de nouveau réclamé les armes ; pour qu'elles
15 ne soient pas restituées et transférées, Pero Skopljak avait, à cette
16 époque-là, demandé aux policiers de réserve de se joindre à nous. Il avait
17 mis en place un poste qui était regroupé, les armes ont été réparties
18 parmi les policiers de réserve. Et comme je l'ai dit, les armes étaient en
19 possession de ces postes de réserve et des policiers de réserve.
20 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez donc mobilisé les
21 effectifs de réserve de la police, n'est-ce pas ?
22 M. Strukar (interprétation). - Oui.
23 Mme Glumac (interprétation). - C'est donc au niveau des
24 communautés locales que Pero Skopljak avait pratiquement rassemblé les
25 postes de police ?
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1 M. Strukar (interprétation). - Oui, chaque communauté locale
2 avait un poste de réserve de police. Et Pero avait regroupé les postes de
3 police dans une communauté locale. Donc, les trois communautés locales se
4 sont regroupées en un poste de police de réserve et c'est de cette manière
5 que l'on a pu répartir les armes.
6 Mme Glumac (interprétation). - Quel est le type d'armes qui ont
7 été réparties ?
8 M. Strukar (interprétation). - Chaque poste de police avait un
9 fusil mitrailleur, quelques fusils automatiques, il y avait également des
10 fusils à lunettes avec des munitions, bien évidemment.
11 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce de cette façon que vous
12 avez réparti les armes dans les voisinages, dans les environs de Vitez ?
13 M. Strukar (interprétation). - Oui, dans toutes les communautés
14 locales.
15 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce de cette façon-là que les
16 armes ont été aussi réparties à Ahmici, à la communauté locale d'Ahmici ?
17 M. Strukar (interprétation). - Oui. Ahmici, à cette époque-là,
18 faisait partie intégrante de Nadjoci. Il y avait donc Santici, Ahmici et
19 Nadjoci qui faisaient une communauté locale et c'est comme cela qu'ils ont
20 eu leur propre poste de réserve de police.
21 Mme Glumac (interprétation). - Ils ont eu les armes au même
22 moment, n'est-ce pas ?
23 M. Strukar (interprétation). - Oui, oui. Ils ont eu également
24 les uniformes parce qu'il y avait des uniformes pour les effectifs de
25 réserve, ils étaient de couleur bleue.
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1 Mme Glumac (interprétation). - Vous souvenez-vous qui était le
2 commandant de la police de réserve à Ahmici ?
3 M. Strukar (interprétation). - Oui, c'était Zahid Ahmic car, à
4 cette époque-là, j'étais commandant du poste de réserve dans mon village,
5 à Vitez pardon !, et c'est pourquoi nous avons contacté. Il y avait un
6 certain nombre d'armes qui n'étaient pas en bon état, et c'est pourquoi
7 nous avons organisé un certain nombre de rencontres et nous en avons
8 parlé.
9 Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous préciser également à
10 quel moment cette répartition a eu lieu ?
11 M. Strukar (interprétation). - Je pense que c'était fin 1991, ou
12 bien à la fin de 1991, je ne me souviens pas... ou à l'automne, je ne me
13 souviens pas.
14 Mme Glumac (interprétation). - Quand il s'agit des armes, c'est
15 quelque peu en dehors du contexte de l'interrogatoire, mais savez-vous
16 comment on a procédé à la répartition des armes de la Défense
17 territoriale, les armes qui appartenaient à la Défense territoriale ?
18 Parce que des armes étaient en possession de la police, mais aussi en
19 Bosnie centrale des armes en possession de la Défense territoriale, n'est-
20 ce pas ? Savez-vous que la Défense territoriale également était dans
21 l'obligation de restituer les armes ?
22 M. Strukar (interprétation). - Non, je ne sais pas.
23 Mme Glumac (interprétation). - A Slimena, il y avait un certain
24 nombre d'armes. Qui avait gardé ces armes ?
25 M. Strukar (interprétation). - Il y avait un entrepôt, mais j'ai
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1 appris très ultérieurement qu'il y avait des fusils mitrailleurs et
2 d'autres armes. Mais je ne savais pas qui avait gardé ces armes et en
3 quelle possession elles étaient.
4 Mme Glumac (interprétation). - Donc vous ne savez pas si c'était
5 la Défense territoriale ?
6 M. Strukar (interprétation). - Non.
7 Mme Glumac (interprétation). - On ne va pas poursuivre ces
8 questions. Pouvez-vous me dire comment ces armes ont été réparties à
9 Slimena, par exemple ?
10 M. Strukar (interprétation). - Au moment où les entrepôts ont
11 été libérés, j'ai entendu en écoutant les actualités que ces armes
12 allaient être réparties aux Musulmans et aux Croates. Le matin, les
13 entrepôts ont été pris, saisis. Et puis, les villageois sont allés vers
14 ces entrepôts, il y en avait qui ont été même blessés parce qu'ils avaient
15 traversé les champs de mines. C'est pourquoi le commandant Saban avait
16 envoyé une patrouille, Dzemo Bektas était avec eux, Hrustanovic pardon !,
17 je m'excuse.
18 Mme Glumac (interprétation). - Je m'excuse, mais je pense que
19 nous avons un petit problème avec la traduction et surtout avec le compte
20 rendu. Pouvez-vous reprendre ce que vous avez dit ? Qui a envoyé à Slimena
21 pour répartir les armes ?
22 M. Strukar (interprétation). - C'est Saban Mahmutovic, le
23 commandant, qui a envoyé Zemo Hrustanovic en patrouille. Il lui avait
24 demandé de réglementer la circulation, de résoudre la circulation parce
25 qu'il y avait toute une foule autour des entrepôts. Moi, j'ai appris
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1 beaucoup plus tard que ces armes allaient être réparties d'égal à égal
2 entre les Musulmans et les Croates. Nous avons vu de manière équitable, et
3 nous avons eu une rencontre à ce propos.
4 Mme Glumac (interprétation). - Saban Mahmutovic était commandant
5 du poste de police. Et Zemo Hrustanovic, qu'était-il ? Un policier ?
6 M. Strukar (interprétation). - Oui, c'était un policier.
7 Mme Glumac (interprétation). - Il était Musulman ?
8 M. Strukar (interprétation). - Oui.
9 Mme Glumac (interprétation). - C'est lui qui a été envoyé à
10 Slimena également pour contrôler, pour surveiller la répartition ?
11 M. Strukar (interprétation). - Oui, plutôt la circulation, pas
12 la répartition.
13 Mme Glumac (interprétation). - Entendu. Y avait-il une libre
14 circulation à cette époque-là, pouvait-on traverser en voiture sans
15 problème, porter également les armes que l'on avait prises dans les
16 entrepôts ? Pour faire la circulation, donc, il n'y avait pas de
17 problème ?
18 M. Strukar (interprétation). - Oui, effectivement, au début on a
19 eu des problèmes, mais par la suite on les a résolus.
20 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit que vous étiez
21 parti à Sarajevo, et par la suite je vous ai interrompu. C'est
22 début 1992 ?
23 M. Strukar (interprétation). - Oui, au début de 1992, il y avait
24 deux techniciens chargés de la criminalité qui devaient poursuivre ce
25 séminaire. Moi-même, avec un ami qui s'appelle Zlatko Zlotra, nous sommes
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1 allés à Sarajevo. Nous y sommes restés jusqu'en avril 1992, et à cette
2 époque-là le blocus de Sarajevo a commencé. Nous avons suivi ce séminaire
3 de techniciens en criminologie. C'est la raison pour laquelle en avril
4 nous sommes retournés à Vitez. Nous sommes allés au poste de police, et
5 depuis j'ai travaillé comme technicien en criminologie dans ce poste de
6 Vitez.
7 Mme Glumac (interprétation). - La personne qui vous
8 accompagnait, voulez-vous répéter son nom ?
9 M. Strukar (interprétation). - Zlotra Edo, Edo c'était son
10 prénom.
11 Mme Glumac (interprétation). - Il est Musulman ?
12 M. Strukar (interprétation). - Oui, Musulman.
13 Mme Glumac (interprétation). - Il va travailler avec vous
14 également comme technicien en criminologie ?
15 M. Strukar (interprétation). - Oui.
16 Mme Glumac (interprétation). - Donc c'est en avril 1992 que vous
17 êtes retourné à Vitez. Pouvez-vous nous dire quelle était la situation à
18 Vitez en ce qui concerne la sécurité ?
19 M. Strukar (interprétation). - Pour la sécurité, je dois dire
20 tout d'abord que nous avons pu constater l'augmentation d'actes criminels,
21 des défauts, des vols, des pillages Un certain nombre de documents ont été
22 falsifiés car on ne pouvait pas les avoir de manière légale, et pour se
23 protéger contre les surveillances de la part des postes de police et des
24 policiers, il y avait des pillages, des vols, des cambriolages, des
25 incendies, on avait incendié les maisons. Par ailleurs, on portait des
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1 uniformes qu'on n'avait pas le droit de porter....
2 Mme Glumac (interprétation). - D'accord. Y avait-il des tirs
3 également qui étaient échangés en ville ? Y avait-il de tels incidents qui
4 se produisaient ?
5 M. Strukar (interprétation). - Bien évidemment, c'était de plus
6 en plus fréquent.
7 Mme Glumac (interprétation). - Du point de vue de la sécurité,
8 quelle était la situation depuis le mois d'avril 1992 jusqu'en avril 1993,
9 donc on parle d'une année ?
10 M. Strukar (interprétation). - Chaque mois, c'était de plus en
11 plus difficile de travailler, et puis de vivre également. Beaucoup de
12 groupes portaient des armes, on échangeait des coups de feu, des explosifs
13 ont été déposés dans des installations diverses, dans la rue... C'était de
14 moins en moins sûr.
15 Mme Glumac (interprétation). - A ce moment-là, vous avez
16 travaillé au poste de technicien en criminologie, c'était votre activité
17 principale.
18 M. Strukar (interprétation). - Oui.
19 Mme Glumac (interprétation). - Mais quelles étaient les raisons
20 pour lesquelles la sécurité s'est dégradée ?
21 M. Strukar (interprétation). - A mon avis, la cause principale
22 d'une telle situation était le fait que les gens se permettaient de porter
23 les uniformes, et ces jeunes qui portaient des uniformes souvent
24 rejoignaient les formations qui ont commencé à apparaître comme les PPN, à
25 cette époque-là on les appelait comme cela.
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1 Nous, en notre qualité de police civile, on n'avait pas les
2 compétences sur la police militaire, car eux ils disposaient de
3 certificats selon lesquels ils avaient le droit de développer ces
4 activités. Par conséquent, nous avons pu faire des constats. A partir du
5 moment où on nous montrait qu'il s'agissait d'un soldat et d'un agent
6 militaire, automatiquement on n'avait plus de compétences et on était
7 obligé d'en informer une formation militaire.
8 Mme Glumac (interprétation). - Donc l'augmentation des actes
9 criminels, d'après vous, est également due au fait qu'il y avait beaucoup
10 de gens qui portaient l'uniforme et que la police civile ne pouvait pas
11 intervenir à l'égard de ces personnes ?
12 M. Strukar (interprétation). - Oui, nous n'étions pas compétents
13 pour agir.
14 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit par ailleurs qu'à
15 Vitez il y avait un certain nombre de personnes qui ont également commencé
16 à former des groupes, par exemple le PPN. Vous en avez parlé. Que
17 représente ce sigle, le PPN ?
18 M. Strukar (interprétation). - Le PPN...
19 Mme Glumac (interprétation). - Dites ce qu'est le PPN de manière
20 plus précise ?
21 M. Strukar (interprétation). - Ce sont toutes les formations
22 chargées des activités spéciales. Des unités spéciales.
23 Mme Glumac (interprétation). - Eh bien, comment étaient-elles
24 organisées ces unités spéciales ? Le savez-vous ?
25 M. Strukar (interprétation). - Il s'agissait des unités qui
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1 étaient organisées à l'initiative d'un certain nombre de personnes. Par
2 exemple, une personne décidait d'organiser de tels groupes. Par
3 conséquent, ils mettaient les uniformes. A Vitez, Darko Krajlevic, par
4 exemple, était quelqu'un qui avait organisé le HOS. Ils portaient des
5 uniformes noirs. Ensuite, le HOS a été transformé en Vitezovi, c'étaient
6 les jeunes hommes qui en faisaient partie. Ils voulaient se prouver un
7 certain nombre de choses, ils voulaient la gloire, se couvrir de gloire.
8 Il y en a également qui étaient des idoles pour eux et les
9 autres les suivaient. Ils se coupaient les cheveux, comme ça ils avaient
10 l'air de ressembler à un certain nombre de héros qu'ils ont vus au cinéma
11 et dans les films. Ils buvaient beaucoup trop. Ils ne respectaient pas non
12 plus les règles qui à cette époque-là devaient être respectées. Dans les
13 restaurants ou dans les cafés, on n'avait pas le droit de rester au-delà
14 de 23 heures, mais eux restaient et ensuite ils sortaient saouls, ils
15 tiraient. Ils avaient disposé des explosifs. Enfin, ils faisaient
16 n'importe quoi.
17 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez parlé des Vitezovi.
18 Vous avez dit que c'était également une unité spéciale ?
19 M. Strukar (interprétation). - Oui, chaque ville avait une de
20 ces unités spéciales. Les membres des PPN, de ces unités spéciales, au
21 fond respectaient, c'était un petit peu comme les bandes qui respectaient
22 le territoire de l'autre. Les Vitezovi, par exemple, n'allaient pas à
23 Novi Travnik, ils restaient là où ils avaient été formés, sauf s'il y
24 avait éventuellement une action qui était commune, ou bien le vol de
25 camions, ou bien s'il s'agissait de marché noir, etc. A ce moment-là ils
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1 organisaient ces vols ensemble.
2 Mme Glumac (interprétation). - Dans d'autres villes, il existait
3 d'autres unités spéciales. Vous avez dit qu'à Vitez c'étaient les
4 Vitezovi, mais que dans d'autres villes il y en avait d'autres. Est-ce que
5 vous connaissez d'autres unités spéciales, pouvez-vous nous citer d'autres
6 noms ?
7 M. Strukar (interprétation). - Oui, il y avait également comme
8 autre unité spéciale les Zuti. C'était le surnom de Andric qui s'appelait
9 Zuti. C'était à Nova Bila. Il avait également sa police. Ensuite, il y
10 avait les Trvtkovci, les Jokeri également. Les Jokeri étaient membres de
11 la police militaire, comme une unité spéciale donc. Il y avait aussi des
12 Munja pendant le conflit. Ils ont été assez actifs.
13 Mme Glumac (interprétation). - Y avait-il des affrontements
14 entre ces groupes ?
15 M. Strukar (interprétation). - Oui. A Nova Bila, il y avait de
16 tels incidents. Par exemple, le groupe Zuti était en conflit avec un autre
17 groupe qui a été conduit par Zoran Tuka. Lors de ce conflit, Tuka avait
18 tiré sur Zuti et il l'avait blessé dans le dos, à la colonne vertébrale.
19 Il est actuellement invalide, il est dans un fauteuil, il est paralysé. Le
20 groupe de Zuti, en représailles, avait organisé un piège à Tuka et c'est
21 là où il a été tué.
22 Mme Glumac (interprétation). - Par conséquent, il y a eu des
23 affrontements qui se sont produits entre les groupes ? Savez-vous
24 également quelles étaient les raisons pour lesquelles il y avait ce genre
25 d'affrontements ? Quels étaient les intérêts de ces groupes ?
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1 M. Strukar (interprétation). - En général, c'étaient les biens,
2 la propriété, enfin les biens matériels. Le vol rapportait de l'argent et
3 c'était de l'argent qu'il fallait répartir, c'est à cause de cela.
4 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que dans ces groupes il y
5 avait également des criminels ?
6 M. Strukar (interprétation). - Oui. Il y en avait avec un casier
7 judiciaire qui n'était pas vierge, mais qui en revanche avaient été des
8 criminels dans le passé. Oui, il y en avait.
9 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que ces unités, Vitezovi
10 ou bien cette unité de Zuti, de Tvrtkovci, avaient éventuellement
11 entrepris un certain nombre d'actions criminelles à cette époque-là ?
12 M. Strukar (interprétation). - Oui. Mais comme je l'ai dit,
13 j'étais à la police civile et même si on savait un certain nombre de
14 choses on n'avait pas le droit de leur demander leurs armes, car tout
15 simplement il s'agissait, comme je l'ai dit, de membres soi-disant de
16 l'armée, donc on ne pouvait rien faire.
17 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce qu'ils possédaient des
18 armes et quels types d'armes ?
19 M. Strukar (interprétation). - Oui, ils avaient des pistolets,
20 des fusils automatiques. C'est la première fois que j'ai vu des fusils
21 noirs avec cette crosse qui est poussée un petit peu vers le milieu. Et
22 puis, il y avait également un fusil qui était spécial avec un tambour où
23 l'on pouvait mettre des cartouches comme dans un fusil de chasse ; c'est
24 un fusil qu'on appelait "la glycérine".
25 Mme Glumac (interprétation). - Par conséquent, ils étaient très
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1 bien armés, ils avaient des fusils que vous n'aviez jamais vus
2 auparavant ?
3 M. Strukar (interprétation). - Oui. Par rapport à nous, oui, ils
4 étaient armés et bien armés. Beaucoup plus que nous.
5 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que ces unités se
6 rendaient sur les champs de bataille ?
7 M. Strukar (interprétation). - Oui, souvent. Ils sont allés à
8 Jajce, à ma connaissance, et à Vlacic également. Au moment où ils
9 rentraient, ils chantaient, ils tiraient en centre ville, c'est là où ils
10 se mettaient à boire et ils veillaient comme ça pendant la nuit en buvant
11 et en tirant.
12 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que pendant la guerre,
13 donc au moment où la guerre s'est déclenchée, ces groupes ont participé
14 également aux conflits armés, aux opérations militaires ?
15 M. Strukar (interprétation). - Oui, ils ont participé aux
16 opérations militaires et notamment pour défendre les lignes : si, par
17 exemple, une ligne devrait être déplacée, à ce moment-là ils organisaient
18 une opération pour percer cette ligne qui devait être déplacée, pour la
19 replacer, etc.
20 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce qu'ils se trouvaient sur
21 la ligne de défense ou bien allaient-ils également pour entreprendre les
22 actions pour placer les lignes de défense ?
23 M. Strukar (interprétation). - Par moment, ils restaient sur la
24 ligne de défense jusqu'au petit matin et jusqu'au moment où les tranchées
25 étaient creusées. Ensuite, quand les villageois se rendaient sur la ligne
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1 de défense, à ce moment-là ils se retiraient et souvent ils se retiraient
2 même avant. Mais l'ennemi ne le savait pas, bien évidemment.
3 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit que chaque unité
4 avait son commandement et qu'il s'agissait généralement des personnes qui
5 avaient été à l'initiative de la création de tels groupes. Suivaient-elles
6 une certaine structure militaire, en tout cas certaines de ces unités ?
7 Avez-vous des informations à nous donner sur ce point ?
8 M. Strukar (interprétation). - A ma connaissance, il s'agissait
9 de forces indépendantes de l'armée mais seuls les Jokeri, peut-être,
10 étaient placés sous la compétence, sous le contrôle de la police
11 militaire, mais je ne suis pas expert en la matière. Je sais que les
12 membres de cette unité étaient des policiers militaires.
13 Mme Glumac (interprétation). - Savez-vous si Blaskic, ou en tout
14 cas la zone opérationnelle et à sa tête Blaskic, avait une influence
15 quelconque sur les actes des Vitezovi ? Blaskic, par exemple, pouvait-il
16 ordonner aux Vitezovi ou à Zuti de participer à une opération quelconque ?
17 M. Strukar (interprétation). - Non, il ne pouvait pas. Peut-être
18 au cours de la guerre a-t-il pu y parvenir, avec un accord quelconque avec
19 eux, mais en tout cas il ne pouvait pas leur ordonner quoi que ce soit.
20 Mme Glumac (interprétation). - Et qu'en est-il de Cerkez et de
21 la brigade de Vitez ? Travaillait-il en coopération avec ces unités et les
22 Vitezovi, notamment ? Pouvez-vous nous dire quoi que ce soit à ce sujet ?
23 M. Strukar (interprétation). - Peut-être qu'ils étaient parvenus
24 à un accord afin de participer à certaines opérations de façon conjointe,
25 mais je ne pourrais pas vous le dire avec certitude.
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1 Mme Glumac (interprétation). - Très bien. Allons de l'avant, si
2 vous le voulez bien, étudions le comportement de la police civile à cette
3 époque. Vous avez dit que votre travail a été entravé vis-à-vis de ces
4 individus parce qu'ils n'avaient pas été placés sous votre contrôle, que
5 vous n'étiez pas compétent ?
6 M. Strukar (interprétation). - C'est exact.
7 Mme Glumac (interprétation). - Cependant, que se passait-il si
8 on vous signalait un vol de voiture, par exemple, ou toute autre
9 agression ? Meniez-vous une enquête ?
10 M. Strukar (interprétation). - Chaque fois que nous recevions
11 des informations selon lesquelles un crime ou un délit avait été commis,
12 nous nous rendions sur le terrain pour déterminer ce qui s'était
13 véritablement passé et il y avait toujours quelqu'un qui était de garde.
14 Un officier de police qui recevait ce type de plainte des civils. Ensuite,
15 nous décidions si l'enquête criminelle devait être convoquée sur le
16 terrain.
17 S'il s'agissait de vol d'importance mineure, eh bien, c'étaient
18 les membres du poste de police qui se rendaient sur les lieux mais s'il
19 s'agit de crimes plus importants, de délits plus importants, par exemple
20 si une porte avait été forcée, s'il y avait eu attaque, agression vis-à-
21 vis d'une certaine personne, si les auteurs n'étaient pas identifiés, nous
22 allions recueillir des témoignages, nous allions pour essayer de
23 rassembler des éléments de preuve, etc.
24 Si l'auteur du crime du délit était identifié, dans ce cas-là
25 nous l'incarcérions au poste de police et si nous découvrions qu'il était
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1 membre d'une unité militaire, nous devions le remettre aux mains de la
2 police militaire. Si ce n'était pas le cas, nous menions l'enquête nous-
3 mêmes, nous lui posions des questions et nous prenions toutes les mesures
4 prévues par la procédure.
5 Mme Glumac (interprétation). - Par conséquent, vous avez assuré
6 votre fonction du mieux que vous le pouviez. Aviez-vous des formulaires à
7 remplir ?
8 M. Strukar (interprétation). - Oui, effectivement, j'avais un
9 registre qui reprenait tous les crimes et délits commis. Chaque fois
10 qu'une plainte était déposée à l'encontre de l'auteur du crime ou du
11 délit, cette plainte ou la trace de cette plainte était conservée dans un
12 registre séparé.
13 Mme Glumac (interprétation). - De quelle façon avez-vous
14 découvert une filière de trafic de voitures ? Quelle en a été la
15 répercussion ?
16 M. le Président (interprétation). - Je ne sais pas,
17 Maître Glumac, je ne vous ai pas interrompu jusque-là, mais nous sommes
18 en 1992. Nous allons maintenant entendre parler d'une enquête relative à
19 un trafic de voitures. Ceci va-t-il nous être d'une quelconque utilité
20 lorsque nous aurons à statuer dans cette affaire ?
21 Mme Glumac (interprétation). - Effectivement, je pense que c'est
22 un point important parce qu'une filière a été découverte par la police
23 civile, une filière de trafic de voitures et cette opération est parvenue
24 à son terme de la façon suivante : toutes les unités militaires ont
25 attaqué le poste de police et ont libéré les personnes qui avaient été
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1 arrêtées. Ceci constituant le lien entre ce que dit le témoin actuellement
2 et ce qu'il dira par la suite. En fait, les opérations menées par la
3 police civile et la façon dont elle tentait de faire régner l'ordre ont
4 été entravées par ces unités spéciales. Et nous verrons cela dans un
5 rapport que nous entendons présenter au cours de l'audience.
6 Par conséquent, cette partie de la déposition du témoin a trait
7 avec quelque chose qui a été dit au début du procès à savoir que la
8 situation n'était pas sûre et particulièrement pour les Musulmans,
9 exclusivement pour les Musulmans alors que ce témoin montre que nous avons
10 vu qu'un climat d'insécurité régnait et que tout le monde était soumis à
11 la même situation. Les Musulmans, les Croates, les Serbes et les membres
12 de différentes institutions ou communautés existant à l'époque.
13 M. le Président (interprétation). - Eh bien, s'il vous plaît,
14 arrivons à l'attaque menée contre les postes de police le plus rapidement
15 possible et évitons les détails relatifs à l'enquête en soi.
16 Mme Glumac (interprétation). - Excusez-moi, je n'allais pas
17 rentrer dans les détails de cette enquête, je voulais simplement entendre
18 les résultats et les conséquences de cette opération.
19 J'aimerais demander son aide à l'huissier afin que ce document
20 soit distribué au témoin et à la Chambre.
21 (L'huissier s'exécute.)
22 Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agit de la pièce D75/2.
23 Mme Glumac (interprétation). - Monsieur Strukar, en attendant
24 que la distribution soit terminée, pouvez-vous nous dire quelles ont été
25 les informations que vous avez recueillies au terme de votre enquête
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1 en 1993 ?
2 M. Strukar (interprétation). - Nous avons découvert que certains
3 jeunes hommes de Nova Bila faisaient du trafic de voitures et falsifiaient
4 certains documents. Nous avons donc tenté de saisir les véhicules en
5 question et d'emprisonner les auteurs de ces crimes. Un groupe est arrivé
6 au poste de police de Nova Bila avec trois fusils, ou plutôt avec trois
7 fusils à trois canons et une voiture, qui avaient pour objectif de faire
8 libérer la personne arrêtée.
9 Mme Glumac (interprétation). - Mais Ferdo Gazibaric a été
10 arrêté, n'est-ce pas ? C'était le principal coupable. Alors, qui est
11 arrivé au poste de police pour le libérer ?
12 M. Strukar (interprétation). - C'est un groupe de Zuti qui est
13 arrivé en camion avec un canon à trois canons. Il y avait également un bus
14 qui les accompagnait, le bus était plein de membres de l'unité.
15 Mme Glumac (interprétation). - Par conséquent, les membres de
16 l'unité spéciale de Zuti, c'est cela ?
17 M. Strukar (interprétation). - Oui.
18 Mme Glumac (interprétation). - Et ensuite, que s'est-il passé ?
19 M. Strukar (interprétation). - Nous savions qu'ils allaient
20 venir, donc nous nous étions préparés. Lorsqu'ils sont arrivés, Zuti est
21 sorti du véhicule, et lorsqu'il a vu quels avaient été nos préparatifs, il
22 a dit que nous devrions négocier. Pasko, qui était chef de la police
23 militaire régionale, a effectivement négocié.
24 Mme Glumac (interprétation). - Comment s'appelle-t-il ?
25 M. Strukar (interprétation). - Pasko Ljubicic, mais je n'en suis
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1 pas certain. Il a donc mené les négociations avec lui. Il a dit qu'ils
2 étaient parvenus à un accord, et lorsque les policiers se sont dispersés,
3 Zuti et son équipe ont brisé toutes les portes, ont frappé le policier qui
4 était de garde, ont brisé les vitres. Ils ont demandé où se trouvait
5 l'homme qui avait été arrêté. Il a répondu qu'il avait été avec lui au
6 camp de Kaonik, que Ferdo donc avait été avec Paskoc au camp de Kaonik, et
7 ils ont libéré cet homme.
8 Mme Glumac (interprétation). - Et ce Ferdo Gazibaric a été
9 arrêté à ce moment-là, n'est-ce pas ?
10 M. Strukar (interprétation). - Oui.
11 Mme Glumac (interprétation). - Et il a été libéré de Kaonik,
12 c'est cela ?
13 M. Strukar (interprétation). - Oui.
14 Mme Glumac (interprétation). - Mais la police avait déjà arrêté
15 ce Ferdo et l'avait emmené à Kaonik dès qu'il avait été arrêté, c'est
16 cela ?
17 M. Strukar (interprétation). - Oui. Dès son arrestation, il a
18 été transféré directement à Kaonik.
19 Mme Glumac (interprétation). - Très bien. Je vous demanderai
20 donc d'examiner ce rapport.
21 (Le témoin s'exécute.)
22 Pouvez-vous nous dire si ce rapport porte sur les événements que
23 vous venez de décrire ?
24 M. Strukar (interprétation). - Oui.
25 Mme Glumac (interprétation). - Vous souvenez-vous si vous avez
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1 participé à l'arrestation de Ferdo Gazibaric, et si vous avez participé à
2 l'opération en général ?
3 M. Strukar (interprétation). - Oui, j'ai participé à l'enquête
4 sur le terrain, mais je ne suis pas allé à Kaonik, je ne l'ai pas emmené
5 jusqu'à Kaonik. Je suis rentré chez moi après mon travail.
6 Mme Glumac (interprétation). - Ce rapport est intitulé
7 "Informations relatives aux personnes qui ont organisé l'attaque contre le
8 MUP et la police militaire de Vitez", c'est cela ? Les personnes qui sont
9 mentionnées, les connaissez-vous ?
10 M. Strukar (interprétation). - Oui, certaines : Zarko Andric,
11 c'est Zuti.
12 Mme Glumac (interprétation). - Connaissez-vous ou savez-vous,
13 plus exactement, à quels types d'opération ils ont participé ?
14 M. Strukar (interprétation). - Oui, il y a aussi celui qui est
15 surnommé "Klempo", j'ai entendu dire qu'il faisait du trafic d'armes, je
16 l'ai vu à la télévision. Mais je n'ai eu aucun contact avec lui.
17 Mme Glumac (interprétation). - Très bien. Pourriez-vous
18 consulter la dernière page et me dire qui a signé ce document, ce rapport,
19 et à qui appartient le seau que l'on voit également apposé à la fin de ce
20 document ?
21 M. Strukar (interprétation). - C'est Pasko Ljubicic. Je ne
22 connais pas sa signature, mais lui je le connais.
23 Mme Glumac (interprétation). - Etait-il également commandant du
24 4ème Bataillon de la police militaire à cette époque ?
25 M. Strukar (interprétation). - Oui.
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1 Mme Glumac (interprétation). - Reconnaissez-vous le tampon ?
2 M. Strukar (interprétation). - Il est dit : "Herceg-Bosna,
3 ministère de la Défense..." J'ai vu ce type de blason auparavant.
4 Mme Glumac (interprétation). - Merci. Y avait-il d'autres
5 affaires de ce type dont vous vous souvenez peut-être ? Y a-t-il eu
6 d'autres cas d'attaque contre le poste de police ?
7 M. Strukar (interprétation). - Eh bien, certains engins
8 explosifs ont été jetés sur le poste de police, mais rien de plus direct
9 que cela, si je puis dire, en tout cas pas à mon souvenir.
10 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit qu'il était très
11 fréquent à l'époque que des engins explosifs soient lancés ou posés à
12 Vitez.
13 M. Strukar (interprétation). - Oui.
14 Mme Glumac (interprétation). - Seuls les bâtiments musulmans ou
15 maisons musulmanes étaient-elles visées ou bien les bâtiments croates
16 étaient-ils également la cible de ces engins ?
17 M. Strukar (interprétation). - Outre les bâtiments musulmans et
18 les maisons musulmanes, certains bâtiments et maisons croates étaient
19 également ciblés, par exemple des magasins tels que Ogrjev. Il y a eu des
20 pillages, des vols, des marchandises étaient subtilisées et puis il y a
21 également des explosifs qui ont été jetés à droite à gauche, et il y a eu
22 un conflit. Je sais qu'on a visé le balcon d'une maison croate.
23 Mme Glumac (interprétation). - Avez-vous le souvenir de cafés ou
24 de restaurants qui étaient la propriété de Croates et que l'on a fait
25 sauter ?
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1 M. Strukar (interprétation). - En ville, il y a eu le café Kanin
2 qui était la propriété de Jukic, effectivement celui-ci a disparu. Il y
3 avait également un restaurant qui s'appelait Tina, à Zabilje. Et puis
4 effectivement, devant certains bâtiments publics tels que le dispensaire
5 médical, le cinéma, il y a eu ce type d'incidents, le poste de police
6 également. Peut-être y a-t-il eu d'autres cas, mais je n'en ai pas le
7 souvenir maintenant.
8 Mme Glumac (interprétation). - Y a-t-il eu des incidents au
9 cours desquels certains bâtiments ont été incendiés de façon criminelle
10 dans des villages ?
11 M. Strukar (interprétation). - Oui, effectivement, il y a eu des
12 incidents criminels à Kruscica, notamment. C'est un village
13 majoritairement musulman. Et des maisons, des résidences secondaires
14 appartenant à des Serbes et des Croates et c'est généralement ces maisons
15 qui étaient la cible de ces incendies criminels. Et dans les villages
16 majoritairement croates, les résidences secondaires de Musulmans ont été
17 visées. Il y a eu également ce genre d'incident à Tolovici ; toutes les
18 maisons ont été incendiées lorsque la population a quitté le village.
19 Mme Glumac (interprétation). - Et quand cela s’est-il produit ?
20 M. Strukar (interprétation). - Je crois que c'était en 1993.
21 Mme Glumac (interprétation). - Quelqu'un est-il venu se
22 réinstaller dans ce village, dans le village de Tolovici ?
23 M. Strukar (interprétation). - Oui, oui, des réfugiés musulmans,
24 je crois.
25 Mme Glumac (interprétation). - Je voudrais maintenant vous
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1 soumettre d'autres rapports relatifs à des explosions et des engins
2 explosifs. Pouvez-vous nous dire s'il s'agit d'endroits où vivaient des
3 Musulmans, des Croates ou les deux ? La pièce de la défense D 31/2 peut-
4 elle être soumise au témoin ?
5 (L'huissier s'exécute.)
6 Pourriez-vous, s'il vous plaît, garder à l'esprit le fait que
7 nous avons besoin d'une pause ? Je crois que l'un des accusés vient de me
8 le faire savoir ou de me le rappeler.
9 M. le Président (interprétation). - Oui, nous avons recommencé à
10 9 heures 35, nous nous arrêterons à 11 heures 05 et ferons la pause à ce
11 moment-là lorsque nous parviendrons à un moment opportun de votre
12 interrogatoire principal. C'est évident !
13 Mme Glumac (interprétation). - Avez-vous pu consulter ce
14 document, Monsieur le Témoin ?
15 M. Strukar (interprétation). - Oui.
16 Mme Glumac (interprétation). - Nous parlons d'un rapport relatif
17 à des attaques menées à l'aide d'explosifs le 22 janvier 1993. Ces
18 endroits dont il est question, on parle de la clinique, on parle du
19 bâtiment de la Croix-Rouge, du MUP, du bâtiment Crnogorka. Dans quelle
20 région se trouvent ces bâtiments exactement ? S'agissait-il d'endroit où
21 vivaient exclusivement les Musulmans ou bien exclusivement des Croates ?
22 Ou s'agissait-il d'une population mixte ?
23 M. Strukar (interprétation). - Ceci s'est passé en ville, Il
24 s'agit de bâtiments publics. Autour de la clinique, il y a des bâtiments
25 où habitent des Croates et des Musulmans. Deux bâtiments plus précisément.
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1 Et de l'autre côté du ministère de l'Intérieur, le MUP, il y a également
2 un immeuble où vivent des civils. C'est le bâtiment Crnogorka, un immeuble
3 d'appartements.
4 Mme Glumac (interprétation). - Par conséquent, nous parlons du
5 centre ville de Vitez, n'est-ce pas ?
6 M. Strukar (interprétation). - Oui, oui. Tout se trouve dans le
7 centre. Il est question du balcon, dont j'ai parlé tout à l'heure, de
8 Zoran Krizanovic.
9 Mme Glumac (interprétation). - Etait-il Croate ou Musulman ?
10 M. Strukar (interprétation). - Il était Croate.
11 Mme Glumac (interprétation). - Vous souvenez-vous si de tels
12 incidents étaient fréquents ?
13 M. Strukar (interprétation). - Eh bien, il y en avait
14 pratiquement tous les soirs, au moins un.
15 Mme Glumac (interprétation). - L'huissier pourrait-il distribuer
16 ce document ? Il s'agit d'une note de service.
17 (L'huissier s'exécute.)
18 Mme Ameerali (interprétation). - Document D 76/2.
19 Mme Glumac (interprétation). - Monsieur Strukar, vous souvenez-
20 vous de cet incident ?
21 M. Strukar (interprétation). - J'en ai entendu parler, oui, mais
22 je n'ai pas mené l'enquête relative à cet incident.
23 Mme Glumac (interprétation). - Des explosifs ont été lancés
24 également au cours de cet incident, n'est-ce pas, vers Impregnacija ?
25 Alors qu'était Impregnacija ?
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1 M. Strukar (interprétation). - C'était une entreprise qui
2 traitait le bois.
3 Mme Glumac (interprétation). - Et un explosif a été également
4 lancé sur la maison de Dzevad Mujanovic qui est toute proche, n'est-ce
5 pas ?
6 M. Strukar (interprétation). - Oui, elle est effectivement près
7 de l'entreprise dont j'ai parlé il y a un instant.
8 Mme Glumac (interprétation). - C'était une explosion
9 relativement violente, n'est-ce pas ?
10 M. Strukar (interprétation). - Oui, en effet, les vitres se sont
11 brisées.
12 Mme Glumac (interprétation). - Et il y a eu des dégâts sur la
13 maison, n'est-ce pas ?
14 M. Strukar (interprétation). - Oui.
15 Mme Glumac (interprétation). - La police a-t-elle fait quoi que
16 ce soit lorsque ce type d'explosion se produisait et qui vraisemblablement
17 constituait une menace pour les gens qui vivaient dans l'endroit visé ?
18 M. Strukar (interprétation). - Oui, effectivement il y avait une
19 enquête sur le terrain. La police tentait de recueillir des empreintes,
20 afin de pouvoir identifier les auteurs et afin d'utiliser ces différentes
21 informations en tant que preuves. Bien entendu, les voisins étaient
22 interrogés, des témoins éventuels également.
23 Mme Glumac (interprétation). - Pourriez-vous consulter cette
24 note de service et nous dire qui l'a signée ?
25 M. Strukar (interprétation). - C'est une note de service émanant
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1 du 4ème Bataillon de la police militaire. Elle a été signée par
2 Ivan Josipovic.
3 Mme Glumac (interprétation). - Connaissiez-vous cette personne ?
4 M. Strukar (interprétation). - Oui.
5 Mme Glumac (interprétation). - Que faisait cet homme ? Etait-il
6 un policier militaire
7 M. Strukar (interprétation). - Oui, c'était un policier
8 militaire, et il travaillait donc dans la police militaire, il participait
9 à différentes opérations.
10 Mme Glumac (interprétation). - Merci beaucoup. Vous avez dit que
11 la police avait tenté d'intervenir lorsqu'elle pensait que des opérations
12 dangereuses étaient menées. Par la suite, qu'advenait-il des dossiers ?
13 M. Strukar (interprétation). - Un rapport criminel était déposé
14 auprès du Bureau du Procureur qui se trouvait à Travnik auparavant, mais à
15 l'époque ce Bureau était fermé et devait être rouvert à Vitez. Par
16 conséquent, ce rapport criminel était déposé auprès du Bureau du Procureur
17 qui ensuite le transmettait aux autorités compétentes.
18 Mme Glumac (interprétation). - Et pourquoi ce Bureau du
19 Procureur a-t-il cessé de fonctionner à Travnik, et quand ?
20 M. Strukar (interprétation). - Parce que les routes étaient
21 souvent coupées, je crois que c'est la raison principale. Je ne sais pas
22 quand ce Bureau a cessé de fonctionner exactement, je crois en 1993, en
23 tout cas très probablement.
24 Mme Glumac (interprétation). - A cette époque, un Bureau du
25 Procureur a-t-il été ouvert à Vitez ? Le savez-vous ?
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1 M. Strukar (interprétation). - Il était censé être ouvert là-
2 bas, et cela s'est effectivement produit, mais je ne sais plus si c'était
3 avant la guerre, pendant la guerre ou après la guerre.
4 Mme Glumac (interprétation). - Qu'en était-il du Tribunal
5 municipal, du Tribunal local donc ? A cette époque, de quelle juridiction
6 dépendait Vitez, avant la guerre s'entend ?
7 M. Strukar (interprétation). - Vitez dépendait du Tribunal
8 municipal qui fonctionnait sur le territoire de la municipalité de Vitez.
9 Mais nous appelions toujours un Juge d'instruction provenant de Travnik,
10 du Tribunal de Travnik. Pendant un certain temps, il a travaillé à Travnik
11 et ensuite il a cessé d'y travailler. La même chose d'ailleurs a été mise
12 en place à Vitez.
13 Mme Glumac (interprétation). - Qu'en était-il du Tribunal
14 supérieur ? Y avait-il un Tribunal d'instance supérieur à Vitez, et si
15 oui, où ?
16 M. Strukar (interprétation). - Je pense qu'au cours de la guerre
17 ce Tribunal se trouvait à Vitez, mais je ne sais pas quand il a été
18 établi.
19 Mme Glumac (interprétation). - Au cours de la période qui a
20 précédé la guerre, vous souvenez-vous si le Bureau du Procureur
21 fonctionnait à l'époque, en 1993 ? Y avait-il un Bureau du Procureur à
22 Vitez ?
23 M. Strukar (interprétation). - Je ne sais plus, je ne sais pas
24 quand le Bureau du Procureur de Travnik a cessé de fonctionner et quand
25 celui de Vitez a commencé.
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1 Mme Glumac (interprétation). - Monsieur le Président, peut-on
2 faire la pause maintenant puisque je vais passer à un domaine différent ?
3 Alors peut-être qu'il est bon de cesser nos travaux maintenant ?
4 M. le Président (interprétation). - Oui; Maître Glumac, pensez-
5 vous que pourrez terminer l'interrogatoire principal de ce témoin
6 aujourd'hui ? Il serait plus approprié que ce soit le cas.
7 Mme Glumac (interprétation). - Je ne sais pas, cela va dépendre
8 aussi du Procureur.
9 (L'audience, suspendue à 11 heures, est reprise à 11 heures 35.)
10 M. le Président (interprétation). - Maître Glumac, ce que nous
11 proposons, de façon à essayer de terminer l'audition de ce témoin
12 aujourd'hui, c'est de siéger cet après-midi. Autrement dit, nous
13 poursuivons l'audience de ce matin jusqu'à 13 heures, si vous le voulez
14 bien et nous aurons la pause déjeuner jusqu'à 15 heures. Je pense qu'il
15 faudrait que nous ne reprenions pas avant 15 heures et siégerons de
16 15 heures à 16 h 30.
17 J'espère que cela ne sera pas trop difficile pour qui que ce
18 soit ici, je crois que c'est une façon de procéder qui est plus
19 raisonnable que de prévoir une audience demain.
20 Mme Glumac (interprétation). - Merci Monsieur le Président cela
21 nous convient également d'achever l'audition de ce témoin aujourd'hui.
22 Monsieur Strukar, si vous le voulez bien, nous pourrions
23 maintenant parler du 19 octobre 1992 puisque des événements importants,
24 pour décrire la situation à Vitez, se sont produits ce jour-là.
25 Pouvez-vous nous dire où vous vous trouviez le 19 octobre 1992 ?
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1 M. Struckar (interprétation). - Le 19 octobre 1992, vers la fin
2 de notre journée de travail, nous avons appris qu'un incident de
3 circulation s'était produit à Klupe près de Nadjoci et que des personnes
4 avaient été tuées au cours de cet accident. Nous avons reçu du Procureur
5 et du Juge d'instruction la demande de nous rendre sur place.
6 Mme Glumac (interprétation). - Pourriez-vous répéter où
7 l'accident a eu lieu, car nous avons entendu Klupe ?
8 M. Struckar (interprétation). - Non, à Klupe, près de Nadjoci.
9 Mme Glumac (interprétation). - Et c'est un endroit qui se trouve
10 tout près de Nadjoci, n'est-ce pas ? Il y a un virage dangereux à cet
11 endroit ?
12 M. Struckar (interprétation). - Oui.
13 Mme Glumac (interprétation). - Avez-vous été constater les faits
14 sur place ?
15 M. Struckar (interprétation). - Nous avons attendu le Procureur
16 et le Juge et au bout d'une demi-heure, comme ils ne sont pas arrivés,
17 nous nous sommes rendus sur place pour voir ce qu'il s'était exactement
18 passé. Nous sommes arrivés sur les lieux où nous avons attendu pendant
19 deux heures à peu près et seul le Procureur de Travnik est arrivé en
20 disant que le Juge ne pouvait pas venir. Le prétexte avancé étant les
21 barrages sur la route. Il a donc demandé que nous effectuions le travail
22 seuls avec lui, ce que nous avons fait avant de reprendre le chemin de
23 Vitez.
24 Une fois que nous sommes arrivés près du cimetière de Topalsko
25 dans les environs de Vitez, j'ai remarqué des gens qui portaient des
Page 6434
1 armes. Il y avait des obstacles qui étaient placés sur la route, c'est ce
2 qu'on appelle des chemins de frise et je me suis rapproché car j'ai vu un
3 jeune homme qui portait une arme, qui s'approchait de nous et qui nous
4 faisait le signe de nous arrêter.
5 Mme Glumac (interprétation). - Qui était-ce ? Pouvez-vous le
6 dire aux Juges ?
7 M. Struckar (interprétation). - C'était Zaid Ahmic, commandant
8 de l'unité de police de réserve d'Ahmici. Il m'a demandé où nous étions
9 allés je le lui ai dit et qu'il y avait eu un accident que nous nous
10 étions rendus sur les lieux. Il m'a donné l'autorisation de passer en
11 ajoutant : "Vous pouvez passer, mais ne revenez pas ici." Et quelques
12 jeunes gens qui étaient à cet endroit ont donc retiré le chemin de frise.
13 Nous avons poursuivi notre chemin jusqu'au commissariat de police. J'ai vu
14 que les lumières avaient été éteintes, cela m'a paru bizarre, j'ai ralenti
15 et devant le bâtiment j'ai vu des hommes en uniforme, qui portaient un
16 uniforme noir et qui m'ont donné l'ordre d'arrêter.
17 Mme Glumac (interprétation). - Qui étaient les membres de cette
18 unité qui se trouvaient devant le commissariat de police ?
19 M. Struckar (interprétation). - A ce moment-là je ne le savais
20 pas, mais j'ai appris plus tard que c'étaient des membres des Vitezovi. Un
21 de ces hommes a demandé comment je m'appelais. Il a demandé à l'homme qui
22 se trouvait dans la voiture avec moi de dire son nom également. J'ai dit
23 que son nom était Zoran et il a dit à ce moment-là : "Qu'est-ce que vous
24 voulez faire ici ?" Je lui ai dit : "Nous travaillons ici." Il m'a
25 rétorqué : "Vous n'y travaillez plus, rentrez chez vous."
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1 Donc j'ai emmené un de mes collègues à Jardol en voiture, car je
2 me suis rendu compte que la situation était assez dangereuse et je suis
3 rentré chez moi à la maison. Je ne me suis plus arrêté au commissariat de
4 police. Une demi-heure après, le téléphone a sonné, une voix inconnue m'a
5 dit de revenir au commissariat de police pour rendre mon véhicule de
6 fonction et pour rendre également les clefs du bureau et les clefs des
7 véhicules de fonction que j'avais sur moi.
8 Je me suis donc rendu au commissariat de police, je me suis
9 arrêté devant le bâtiment. Un soldat m'a escorté jusqu'à mon bureau et
10 j'ai remarqué que toute les portes du couloir avaient été cassées et tous
11 les tiroirs renversés. Mon tiroir aussi avait été fouillé et renversé.
12 J'ai sorti mes clefs et l'homme m'a dit de l'accompagner en bas pour
13 attendre son chef. Je l'ai reconnu, son surnom était Sidi, il a dit : "Où
14 sont les clefs ?" J'ai dit : "Là." Et il m'a dit à ce moment-là :
15 "Retourne chez toi, je ne veux plus te voir ici." Je suis donc rentré ce
16 soir-là à la maison et j'y suis resté.
17 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce qu'au commissariat de
18 police ce jour-là, le 19 octobre, est-ce qu'un seul policier est resté
19 dans les locaux du commissariat ce soir-là ?
20 M. Struckar (interprétation). - Je n'ai vu personne. En fait,
21 j'ai fait le tour du bâtiment puisque la section des enquêtes criminelles
22 était tout à fait au bout du couloir, mais je n'ai vu personne pendant
23 tout ce trajet.
24 Mme Glumac (interprétation). - Etes-vous allé à votre bureau au
25 commissariat de police le lendemain ?
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1 M. Struckar (interprétation). - Je me suis demandé si je ne
2 devais pas y aller pendant la journée mais, dès le matin, j'y suis allé
3 pour voir ce qui se passait et ce que je devais faire. Quand je suis
4 arrivé au commissariat un jeune homme m'a demandé ce que je voulais ; je
5 lui ai demandé si des policiers et si nous pouvions prendre notre service,
6 il m'a dit : "Non, va à l'hôtel Vitez." Et j'y ai trouvé, à l'hôtel Vitez,
7 certains de mes collègues. J'ai passé quelque temps dans cet hôtel.
8 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que l'ensemble du
9 commissariat de police a été déménagé dans l'hôtel ?
10 M. Struckar (interprétation). - Les Croates ont déménagé dans
11 l'hôtel. Les Musulmans, eux, ont créé leur propre commissariat de police
12 dans le quartier de Mahala à Stari Vitez dans les locaux des sapeurs-
13 pompiers. Quant aux policiers qui sont restés au commissariat, ils ont dit
14 qu'ils voulaient rester dans les mêmes locaux et on leur a dit : "Rentrez
15 chez vous, on vous appellera éventuellement."
16 Mme Glumac (interprétation). - Autrement dit, à ce moment-là il
17 y a eu scission de la police après cet événement ?
18 M. Struckar (interprétation). - Oui.
19 Mme Glumac (interprétation). - Mais, si j'ai bien compris, tous
20 les membres, toutes les personnes qui travaillaient dans le commissariat
21 de police ont été expulsées par les Vitezovi ?
22 M. Struckar (interprétation). - Oui, l'ensemble des effectifs
23 ont été chassés par les Vitezovi qui ont repris les locaux. Aucun membre
24 de la police ne pouvait plus pénétrer dans le bâtiment.
25 Mme Glumac (interprétation). - Combien de jours avez-vous passés
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1 à l'hôtel avec les autres policiers ?
2 M. Struckar (interprétation). - Je crois que j'y ai, que nous y
3 avons passé dix à vingt jours. Je n'en suis pas trop sûr, mais nous étions
4 stationnés à l'hôtel pendant quelque temps.
5 Mme Glumac (interprétation). - Les Musulmans, selon ce que vous
6 avez dit, ont constitué leurs propres forces de police à Mahala ?
7 M. Strukar (interprétation). - Oui, nous avons appris au bout de
8 quelques temps qu'ils avaient créé leurs propres forces de police à
9 Mahala, à Stari Vitez, dans les locaux des sapeurs-pompiers. Le commandant
10 Sabah Mahmutovic a eu des communications avec notre commandant.
11 Mme Glumac (interprétation). - Sabah Mahmutovic, selon ce que
12 vous dites, est passé au poste de police de Mahala ?
13 M. Strukar (interprétation). - Oui.
14 Mme Glumac (interprétation). - Qui à ce moment-là commandait la
15 police civile croate ?
16 M. Strukar (interprétation). - Pero Skopljak était encore à la
17 direction, mais après ces événements, il a donné sa démission et c'est
18 Mirko Samir qui a repris ses fonctions.
19 Mme Glumac (interprétation). - Y a-t-il eu des problèmes ? Est-
20 ce que quelqu'un a demandé à Pero Skopljak de démissionner ? Est-ce que
21 des cadres de la police, autrement dit des dirigeants de la police de
22 Sarajevo, avaient déjà demandé par le passé à Pero Skopljak de
23 démissionner ?
24 M. Strukar (interprétation). - Je ne sais pas ce qu'il en est
25 pour Sarajevo, mais nous avons un jour demandé aux Musulmans de nous
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1 revoir pour essayer de retravailler ensemble, et eux, à ce moment-là, ont
2 donné comme condition la démission de Pero Skopljak . Et à ce moment-là
3 nous avons demandé que Sabah Mahmutovic démissionne également.
4 Mme Glumac (interprétation). - En tant que remplaçant de
5 Pero Skopljak ?
6 M. Strukar (interprétation). - Oui, en tant que chef de la
7 police. Pero Skopljak a donné sa démission en disant : "Ecoutez, d'accord,
8 je ne veux pas créer de problèmes, je ne veux pas être un obstacle à une
9 solution possible", et les Musulmans n'ont pas suivi. Donc nous n'avons
10 plus eu de contacts.
11 Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous me dire si depuis cet
12 événement votre statut a changé, qui vous payait vos salaires ? Est-ce que
13 vos salaires venaient de Mostar ou de Sarajevo ?
14 M. Strukar (interprétation). - A ce moment-là, j'ai appris que
15 dans cette période les policiers croates ont vu leur statut interne
16 changé, parce que nous avons commencé à percevoir nos salaires de Mostar,
17 du gouvernement. Je ne sais pas exactement pourquoi.
18 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que tous les Croates de
19 Vitez ont perdu leur emploi, d'une certaine façon ?
20 M. Strukar (interprétation). - Seuls les policiers croates l'ont
21 perdu, les membres de la police qui étaient croates.
22 Mme Glumac (interprétation). - Je vous prierai maintenant de
23 jeter un coup d'oeil à ce document. Je prie l'huissier de le remettre au
24 témoin.
25 (L'huissier s'exécute.)
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1 Mme Ameerali (interprétation). - Ce document a pour cote :
2 D77/2.
3 (Le témoin prend connaissance du document.)
4 Mme Glumac (interprétation). - Je vous demanderai de regarder
5 particulièrement ces pages qui sont une photocopie de l'original. Est-ce
6 votre carnet de travail ?
7 M. Strukar (interprétation). - Oui.
8 Mme Glumac (interprétation). - Veuillez regarder la page 3 où il
9 est signalé que le 19 octobre 1992 vos relations de travail ont été
10 interrompues, donc à compter de ce jour et que c'est le SUP de la
11 République...
12 M. Strukar (interprétation). - De Bosnie-Herzégovine ?
13 Mme Glumac (interprétation). - De Bosnie-Herzégovine qui a mis
14 un terme à ces rapports de travail, ainsi que le centre de sécurité de
15 Zenica qui vous a donc informé que vous étiez relevé de vos fonctions au
16 commissariat de Vitez.
17 Donc, vous avez perdu vos fonctions le 19 octobre 1992 et c'est
18 le SUP de Sarajevo, n'est-ce pas, qui a mis un terme à ces fonctions ?
19 M. Strukar (interprétation). - Oui.
20 Mme Glumac (interprétation). - En a-t-il été de même pour vos
21 collègues policiers ?
22 M. Strukar (interprétation). - Quand je suis allé à Sarajevo
23 pour récupérer mon carnet de travail, j'ai dit que j'aurais dû recevoir un
24 document officiel me signalant qu'un terme avait été mis à mes fonctions.
25 Mais la réponse que j'ai reçue a consisté à me dire que tous mes collègues
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1 avaient subi le même sort, c'est-à-dire qu'ils avaient tous vu un terme
2 mis à leurs fonctions. C'est à ce moment-là que j'ai compris que nous
3 avions tous vécu la même chose.
4 Mme Glumac (interprétation). - Mais votre carnet de travail
5 contient un certain nombre de données relatives notamment au nombre de vos
6 années de service. Où se trouvait ce carnet de travail ?
7 M. Strukar (interprétation). - Dans les locaux du SUP de la
8 République, à Sarajevo.
9 Mme Glumac (interprétation). - Cela signifie que c'est dans ce
10 carnet de travail qu'est enregistré le nombre d'années de service que vous
11 avez effectuées, ainsi que toutes les autres données, toutes les autres
12 informations relatives à votre travail, n'est-ce pas ?
13 M. Strukar (interprétation). - Oui.
14 Mme Glumac (interprétation). - Lorsque la police civile s'est
15 divisée, que les Musulmans ont installé leur commissariat à Mahala et que
16 les Croates sont restés à Vitez, de quelle façon le travail de la police
17 était-il réglementé ?
18 M. Strukar (interprétation). - Nous avons décidé de continuer de
19 travailler sur les territoires peuplés majoritairement par les Croates et
20 eux ont travaillé là où la population était majoritairement musulmane.
21 Nous avons coopéré dans la mesure où il y avait des échanges
22 d'informations : si l'auteur d'un délit croate se trouvait sur un
23 territoire musulman, ils nous autorisaient à prendre la déposition des
24 personnes dont nous devions prendre les dépositions. Et puis, nous nous
25 rendions ensemble sur les lieux d'un délit, par exemple, un cambriolage,
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1 ce genre de choses.
2 Mme Glumac (interprétation). - Autrement dit, d'une certaine
3 façon cela a correspondu au partage, à la division du territoire relevant
4 de l'un ou de l'autre commissariat, n'est-ce pas ?
5 M. Strukar (interprétation). - Oui, pour des raisons de
6 sécurité, chacun étant responsable de son propre territoire.
7 Mme Glumac (interprétation). - Mais comment se fait-il que dans
8 ces conditions vous ayez coopéré, notamment dans le cadre de prises de
9 constatation au moment d'un délit ?
10 M. Strukar (interprétation). - Nous le faisions, nous nous
11 rendions ensemble sur les lieux.
12 Mme Glumac (interprétation). - Vous rappelez-vous quelles
13 étaient les zones qui relevaient du poste de police musulman et quelles
14 étaient les zones qui ont posé problème ?
15 M. Strukar (interprétation). - Mahala, à Stari Vitez, Kruscica,
16 Veceriska et dans une certaine mesure mais moins, Preocica.
17 Mme Glumac (interprétation). - Jusqu'à quelle date les policiers
18 croates pouvaient-ils aller constater les faits à Mahala ?
19 M. Strukar (interprétation). - Le jour où une grenade a été
20 lancée dans la cour d'un Croate. Nous l'avons fait chez Vinko Pavlovic et
21 également lorsque des coups de feu ont été tirés sur un bâtiment non loin
22 du stade dans la direction de Prkacin, des coups de feu tirés sur un homme
23 qui s'appelait Jurga et puis à Kurscica...
24 Mme Glumac (interprétation). - Un instant, s'il vous plaît.
25 S'agissant de Mahala, j'aimerais vous demander si vous avez eu
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1 connaissance d'un incident relatif à deux personnes dénommées Pocrhja ?
2 M. Strukar (interprétation). - Oui, je sais. A Mahala il y avait
3 une vieille femme qui vivait avec son fils qui était handicapé physique et
4 un jour des coups de feu ont été tirés sur l'espèce de baraque où elle
5 habitait. Donc ce soir-là, je suis allé constater les faits.
6 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que c'est la dernière fois
7 que vous êtes allé à Mahala ? Pouvez-vous nous dire environ à quelle date
8 cela s'est passé ?
9 M. Strukar (interprétation). - Non, cela n'a pas été la dernière
10 fois. J'y suis encore allé mais je ne me rappelle pas exactement les
11 dates, en tout cas j'y suis allé quand des Croates ont été passés à tabac
12 à Kruscica chez Metef. Une équipe de Zenica est arrivée à ce moment-là et
13 ils ont demandé qu'un membre de la police civile soit présent. Donc, c'est
14 moi qui y suis allé et ils nous ont amenés jusqu'à une maison de week-end
15 où les faits ont été constatés, des observations effectuées. Puis, nous
16 sommes allés à Stari Vitez au poste de police et je crois que je n'y suis
17 plus allé.
18 Mme Glumac (interprétation). - Savez-vous à quelles personnes
19 étaient liés ces incidents, l'incident du passage à tabac de Kruscica ?
20 M. Strukar (interprétation). - Il y en a un qui s'appelait Tomic
21 et l'autre, son prénom est Dragan Botic. Puis, encore, je ne sais plus
22 très bien, mais peut-être y en avait-il encore un ? Je ne sais plus
23 exactement.
24 Mme Glumac (interprétation). - Je demanderai que l'on soumette
25 au témoin la pièce à conviction de la défense D 72/2.
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1 (L'huissier s'exécute.)
2 C'est un rapport relatif à l'arrestation d'un membre du HVO.
3 Vous rappelez-vous cet incident, cet événement ? Est-ce que cet événement
4 entre dans le cadre du passage à tabac de Botic ou est-ce un événement
5 distinct ?
6 M. Strukar (interprétation). - C'est un autre événement. J'ai
7 entendu en ville que des hommes ont été appréhendés, que leurs armes leur
8 ont été confisquées, il y avait aussi une camionnette qui était en cause,
9 je crois.
10 Mme Glumac (interprétation). - Donc, vous avez entendu parler du
11 fait que des membres de l'armée de Bosnie-Herzégovine et du MOS ont arrêté
12 un membre du HVO ?
13 M. Strukar (interprétation). - Oui, j'en ai entendu parler.
14 Mme Glumac (interprétation). - Y a-t-il eu d'autres incidents de
15 ce genre, si vous pouvez vous les rappeler ?
16 M. Strukar (interprétation). - Je crois qu'il y en a eu
17 plusieurs. Des groupes composés d'un nombre plus ou moins important
18 d'hommes arrêtaient des gens, leur retiraient leurs armes et puis ensuite
19 les relâchaient.
20 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que dans d'autres parties
21 du territoire relevant de la police musulmane il y a eu des incidents que
22 vous vous rappelez ? Vous avez dit qu'à Veceriska il y a eu quelques
23 incidents.
24 M. Strukar (interprétation). - Eh bien, là-haut, à Veceriska.
25 Veceriska est tout près de la forêt et il y avait donc souvent des
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1 transports de bois qui se faisaient à Veceriska. Le moyen de transport
2 utilisé étant le tracteur et je sais qu'un jour un homme a vu les pneus
3 des roues de son tracteur crever et des coups de feu ont été tirés sur son
4 tracteur. Il est venu porter plainte mais nous n'avons rien pu faire.
5 Mme Glumac (interprétation). - Dans cette période où vous avez
6 essayé de coopérer avec cette police musulmane, lorsque vous avez essayé
7 de coordonner votre travail avec eux, sur le territoire tenu par les
8 Musulmans, comment coordonniez-vous votre travail avec la police
9 militaire ?
10 M. Strukar (interprétation). - Dans le cas où une affaire
11 concernait la police militaire nous passions un coup de téléphone et ils
12 venaient chez nous ou nous allions chez eux parce que nous étions assez
13 près les uns des autres. Donc il existait une collaboration.
14 Mme Glumac (interprétation). - Alliez-vous constater les faits
15 ensemble ?
16 M. Strukar (interprétation). - S'il était impossible de prouver
17 d'emblée que l'auteur d'un délit était ou n'était pas membre d'une unité
18 militaire nous nous rendions ensemble sur les lieux et une fois que la
19 confirmation était apportée, c'est l'entité responsable qui se chargeait
20 de relever les faits.
21 Mme Glumac (interprétation). - Je vous prierai, si vous le
22 voulez bien, de regarder encore un document qui est lié au travail de la
23 police civile et de la police militaire.
24 (L'huissier s'exécute.)
25 Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agit de la pièce D 78/2.
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1 Mme Glumac (interprétation). - Il s'agit donc d'un rapport
2 d'Ivan Budimir du deuxième bataillon de Vitez. Est-ce que vous savez
3 quelles étaient les activités qu'Ivan Budimir avait organisées ? Quelles
4 étaient ses fonctions ?
5 M. Strukar (interprétation). - Je pense qu'il était directeur ou
6 chef de cette police militaire.
7 Mme Glumac (interprétation). - C'était au début mais après ?
8 M. Strukar (interprétation). - Ensuite, il était à la police
9 civile.
10 Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous voir maintenant les
11 points 1, 2 et 3 ? Il est dit qu'il y a une police régionale à Vitez comme
12 police municipale séparée. Ensuite quatrième également (?), police
13 militaire et police civile. On dit également qu'il n'y a pas de compétence
14 qui sont bien définies. Eh bien, pouvez-vous me dire quelle était la
15 différence entre ces trois unités militaires et de quelle manière ont-ils
16 réparti les activités, les tâches et quelle était la structure
17 d'organisation de ces trois unités ?
18 M. Struckar (interprétation). - Tout d'abord concernant la
19 police militaire, ils étaient à part, régionale également. Ils avaient
20 reçu des salaires qui étaient supérieurs aux autres. Entre eux, il y avait
21 des affrontements. Chaque fois quand il y avait un incident à résoudre, la
22 responsabilité était transférée sur les uns ou sur les autres. Je veux
23 dire qu'il y avait des affrontements et qu'ils ne coopéraient pas
24 correctement. Eh bien, pour cette raison...
25 Mme Glumac (interprétation). - Où se trouvait le siège du
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1 commandement de ces deux unités ? Etait-il au sein du ministère de la
2 Défense ou au ministère de l'Intérieur à Mostar ?
3 M. Struckar (interprétation). - La police régionale probablement
4 a été attachée à Mostar, mais pour les autres je ne peux pas vous le dire.
5 Mme Glumac (interprétation). - Il a été dit également, ce que
6 vous aviez précisé, qu'il y avait des vols, des pillages, des personnes
7 blessées, des diversions diverses, dans des cafés, restaurants, etc. On a
8 parlé également de six cambriolages et qu'il y avait deux Croates, un
9 Serbe et trois Musulmans qui avaient été blessés.
10 M. Struckar (interprétation). - Oui.
11 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce qu'on a essayé de la part
12 de la police militaire d'agir, de faire quelque chose pour que la sécurité
13 soit assurée ? Est-ce que vous-même vous avez eu un certain nombre de
14 contacts avec la police militaire ?
15 M. Struckar (interprétation). - Oui, il y avait un certain
16 nombre d'entretiens que nous avons eus pour interdire de porter les armes
17 en ville mais nous, en tant que policiers civils, on n'avait pas la
18 compétence. Et ce sont nos chefs qui se sont entretenus avec les
19 représentants de la police militaire, mais on n'est jamais parvenu à un
20 accord sur le papier. Peut-être, il y avait quelque chose qui a été
21 marqué, c'était la lettre morte mais, dans la réalité, cela ne s'est pas
22 produit.
23 Mme Glumac (interprétation). - On parle également dans le
24 document qu'il y avait un certain nombre d'incidents, beaucoup d'incidents
25 dans des cafés. Il y avait le couvre-feu ou pas ? Est-ce que les cafés
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1 devaient interdire l'ouverture ?
2 M. Struckar (interprétation). - Oui, effectivement il y avait le
3 couvre-feu qui a été mis en place et le soir c'était à partir de 20 heures
4 jusqu'à 4 heures du matin qu'on n'avait pas le droit d'ouvrir les cafés.
5 Au début, on avait respecté cette règle, les citoyens honnêtes
6 respectaient ce type de règles mais, par la suite, un certain nombre
7 d'autorisations ont été délivrées pour permettre la circulation la nuit et
8 de plus en plus de personnes avaient le droit de circuler en ville. Après,
9 il n'y avait plus de couvre-feu dans la réalité.
10 Mme Glumac (interprétation). - Qui a apporté ces décisions
11 concernant le couvre-feu ? Ces décisions concernaient tous les citoyens de
12 Vitez ?
13 M. Struckar (interprétation). - Oui, c'était publié dans les
14 mass médias et on avait bien précisé que le couvre-feu sous-entendait
15 qu'on n'avait pas le droit de circuler la nuit, c'était publié.
16 Mme Glumac (interprétation). - Par rapport à la situation
17 concernant l'ordre public qui régnait en 1992 et 1993, est-ce qu'en fait
18 cet ordre public n'a pas pu être assuré, que la sécurité n'existait pas ?
19 Ce n'était pas véritablement contrôlé ?
20 M. Struckar (interprétation). - Oui, vous avez raison.
21 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que tous les citoyens
22 étaient menacés de cette façon-là ?
23 M. Struckar (interprétation). - Oui, tous les citoyens étaient
24 menacés, car il y avait d'abord cette crainte, cette peur qui régnaient
25 tout le monde avait peur des explosions. Tout le monde avait peur.
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1 Mme Glumac (interprétation). - Comment cela se passait-il dans
2 les villages ?
3 M. Struckar (interprétation). - Dans les villages, les
4 villageois avaient organisé des patrouilles qui patrouillaient la nuit. Il
5 n'y avait pas de patrouille de jour, mais quand la nuit tombait ils
6 avaient organisé les patrouilles. Les Musulmans et les Croates également
7 organisaient des patrouilles, quelques patrouilles serbes également, mais
8 jusqu'au matin on montait les gardes.
9 Mme Glumac (interprétation). - Vous considérez que les
10 patrouilles villageoises ont été organisées parce que la sécurité n'était
11 pas assurée et il y avait ces déclarations générales ?
12 M. Struckar (interprétation). - Oui, car on avait bien compris
13 que la police ne pouvait pas faire grand-chose et les gens se sont
14 organisés entre eux.
15 Mme Glumac (interprétation). - Au cours de 1992/1993, dans la
16 municipalité de Vitez jusqu'au 16 avril 1993, est-ce qu'il y avait des
17 assassinats, des meurtres de Musulmans ? Est-ce qu'il y a un certain
18 nombre de cas que vous connaissez, dont vous êtes au courant ?
19 M. Struckar (interprétation). - Oui, il y avait un certain
20 nombre d'assassinats qui ont été commis par des Musulmans, mais il y avait
21 également des cas où les Croates ont tué des Musulmans et l'inverse
22 également. Il y avait des deux.
23 Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous vous souvenir d'un
24 certain nombre de cas, notamment, où des Musulmans ont été assassinés par
25 des Croates ?
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1 M. Struckar (interprétation). - Je me souviens d'un cas à
2 l'hôtel Vitez.
3 Mme Glumac (interprétation). - Qui a été tué à cette époque-
4 là ?
5 M. Struckar (interprétation). - Je pense Strako, mais je ne me
6 souviens plus de son prénom, c'est ce que j'avais appris.
7 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez de
8 la date ? Est-ce que vous savez quelle était la période ?
9 M. Struckar (interprétation). - Non. Peut-être 1993, mais je ne
10 suis pas sûr.
11 Mme Glumac (interprétation). - Je vais demander à l'huissier de
12 m'aider pour soumettre au témoin le compte rendu concernant le constat de
13 police.
14 (L'huissier s'exécute.)
15 Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agit de la pièce D 79/2.
16 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous pouvez, s'il vous
17 plaît, jeter un coup d'oeil à la version en BCS sur le rapport en
18 question ?
19 (Le témoin s'exécute.)
20 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous avez pensé à cet
21 événement au moment où vous avez parlé de Trako ?
22 M. Struckar (interprétation). - Oui, effectivement.
23 Mme Glumac (interprétation). - Il s'agit d'un rapport d'enquête
24 qui a été rédigé à cause de Samir Trako ? Est-ce qu'on voit de ce document
25 que le Procureur municipal avait assisté à l'enquête ?
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1 M. Strukar (interprétation). - Oui, Vlado Miskovic avait assisté
2 sur les lieux.
3 Mme Glumac (interprétation). - Il a été Procureur à Travnik, je
4 pense ?
5 M. Strukar (interprétation). - Oui.
6 Mme Glumac (interprétation). - On voit dans ce rapport d'enquête
7 qu'on avait désigné l'auteur de ce crime et qu'on pensait que c'était
8 Perica Vukadinovic qui avait commis cet acte criminel et qu'il était de
9 Vitez. Est-ce que Vukadinovic Perica était membre du HVO ?
10 M. Strukar (interprétation). - Oui, je pense.
11 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce qu'il y avait une plainte
12 qui a été introduite à l'encontre de cette personne ?
13 M. Strukar (interprétation). - Je le pense.
14 Mme Glumac (interprétation). - Savez-vous comment cette
15 procédure s'est terminée ?
16 M. Strukar (interprétation). - Je ne sais pas, je pense qu'il
17 était en fuite et je ne peux pas vous dire exactement de quelle manière la
18 procédure s'est déroulée.
19 Mme Glumac (interprétation). - Savez-vous s'il est en vie
20 actuellement ?
21 M. Strukar (interprétation). - Je ne sais pas.
22 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que... un moment, excusez-
23 moi. Est-ce que vous pouvez voir également la signature ? Si vous regardez
24 la signature sur le rapport d'enquête, qui avait signé ce rapport
25 d'enquête ?
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1 M. Strukar (interprétation). - C'est le Juge d'instruction
2 Zeljko Percinlic.
3 Mme Glumac (interprétation). - Le Juge d'instruction a donc
4 assisté à l'enquête ?
5 M. Strukar (interprétation). - Oui.
6 Mme Glumac (interprétation). - Connaissez-vous
7 M. Zeljko Percinlic ? Reconnaissez-vous sa signature ?
8 M. Strukar (interprétation). - Je connais Zeljko, mais je ne
9 connais la signature.
10 Mme Glumac (interprétation). - Mais il était Juge
11 d'instruction ?
12 M. Strukar (interprétation). - Oui.
13 Mme Glumac (interprétation). - Il s'agit par conséquent d'un
14 assassinat dont vous avez gardé le souvenir. Avez-vous gardé le souvenir
15 d'un autre assassinat, par exemple de gens qui avaient été assassinés par
16 des Croates ? On parle de la période qui a précédé le 16 avril.
17 M. Strukar (interprétation). - Un autre incident s'est produit à
18 Nadjoci, Salkic, un Musulman, a été tué.
19 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que son prénom était
20 Esad Salkic ?
21 M. Strukar (interprétation). - C'est possible.
22 Mme Glumac (interprétation). - Savez-vous si une enquête a été
23 faite ?
24 M. Strukar (interprétation). - Oui, nous sont allés ensemble
25 avec la police militaire parce qu'à ce moment-là on ne savait pas qui
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1 était l'auteur de cet acte. Nous avons appris ultérieurement qui était
2 l'auteur de cet acte, nous l'avons interpellé et ensuite nous l'avons
3 acheminé dans la prison de Kaonik.
4 Mme Glumac (interprétation). - Vous souvenez-vous qui avait fait
5 l'enquête ? Vous-même, la police militaire ou ensemble ?
6 M. Strukar (interprétation). - Ensemble, nous avons coopéré
7 ensemble. Nous étions sur les lieux ensemble et c'est sur les lieux que
8 nous avons fait cette enquête.
9 Mme Glumac (interprétation). - Lors de l'entretien avec les
10 témoins, avez-vous pu désigner l'auteur de ce crime ?
11 M. Strukar (interprétation). - Oui.
12 Mme Glumac (interprétation). - Qui était-ce ?
13 M. Strukar (interprétation). - On avait pensé que c'était
14 Miroslav Bralo, surnommé "Cicko".
15 Mme Glumac (interprétation). - Une plainte pénale a été
16 introduite contre cette personne ?
17 M. Strukar (interprétation). - Oui.
18 Mme Glumac (interprétation). - A-t-il été interpellé, arrêté ?
19 M. Strukar (interprétation). - Oui, il a été arrêté.
20 Mme Glumac (interprétation). - Où a-t-il été emmené ?
21 M. Strukar (interprétation). - Nous l'avons emmené à Kaonik, il
22 y avait une prison à Kaonik.
23 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce vous qui l'avez escorté
24 jusqu'à Kaonik ?
25 M. Strukar (interprétation). - Oui.
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1 Mme Glumac (interprétation). - Dites, s'il vous plaît parce que
2 cela ne figure pas dans le compte rendu, si c'était vous ?
3 M. Strukar (interprétation). - Oui, c'était moi.
4 Mme Glumac (interprétation). - Vous souvenez-vous de l'époque où
5 cet incident a eu lieu ?
6 M. Strukar (interprétation). - C'était en 1993 et l'incident
7 dont on a parlé auparavant était en 1992.
8 Mme Glumac (interprétation). - Vous souvenez-vous d'autres cas
9 d'assassinat où des Croate avaient commis de tels actes à l'encontre des
10 Musulmans jusqu'au 16 avril 1993 ?
11 M. Strukar (interprétation). - Je ne peux pas m'en souvenir.
12 Mme Glumac (interprétation). - Vous souvenez-vous s'il y avait
13 des assassinats qui ont été commis par des Musulmans, mais cette fois-ci à
14 l'encontre des Croates ?
15 M. Strukar (interprétation). - Oui.
16 Mme Glumac (interprétation). - Et que s'est-il passé avec
17 Zuljevic ?
18 M. Strukar (interprétation). - C'était au mois de juin ou de
19 juillet.
20 Mme Glumac (interprétation). - Mais je vous pose la question
21 pour l'année 1992.
22 M. Strukar (interprétation). - Ces deux personnes ont disparu.
23 D'abord, c'étaient Zuljevic et Pocrnja, et au mois de juillet, on avait
24 trouvé des cadavres dans une petite forêt du côté de Krcevina. C'est là où
25 une commission d'enquête s'est rendue sur les lieux, ils étaient venus de
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1 Zenica. Ce sont eux qui ont organisé l'enquête. Et plus tard j'ai appris
2 qu'il y avait éventuellement les deux auteurs musulmans qui avaient commis
3 ce crime. Mais ensuite, je n'ai plus suivi cette enquête.
4 Mme Glumac (interprétation). - Mais pourquoi y avait-il une
5 commission d'enquête de Zenica ? Parce qu'on avait douté éventuellement
6 que ces personnes avaient été tuées par des Musulmans ? Ou quelle en était
7 la raison ?
8 M. Strukar (interprétation). - Mais chaque fois qu'il s'agissait
9 d'un acte criminel et grave, le ministère de l'Intérieur municipal de
10 Zenica s'en occupait. Ce sont eux qui descendaient sur les lieux et qui
11 menaient les enquêtes. C'est la raison pour laquelle, dans ce cas précis,
12 ce sont eux qui ont envoyé une commission d'enquête.
13 Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous vous souvenir d'un
14 autre cas ? Au cours des incidents dont on a parlé, y a-t-il également des
15 assassinats qui ont été commis dans des cafés ou dans les hôtels, des
16 Croates qui ont commis des assassinats sur les Croates ?
17 M. Strukar (interprétation). - Oui, il y avait à l'hôtel un tel
18 incident : Vlado Santic, je pense, mais je ne suis pas sûr de ce nom, mais
19 un autre Croate a été tué ; une femme qui travaillait au café également,
20 une serveuse a été tuée ; à Kruscica également, à ma connaissance,
21 quelqu'un montait la garde et simplement avait manipulé son arme de
22 manière incorrecte, c'est comme cela qu'il s'est fait tuer. Je ne me
23 souviens plus d'autres cas.
24 Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous dire aux Juges, c'est
25 par erreur que j'ai sauté ce cas, des Musulmans sont-ils restés au poste
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1 de police après le 19 octobre ?
2 M. Strukar (interprétation). - Je pense qu'il y en avait sept,
3 huit, qui sont restés au poste. Je pense qu'ils ont continué leurs
4 activités jusqu'au début du conflit, un certain nombre ; d'autres sont
5 restés pendant le conflit, oui. Il y en a qui sont restés après le
6 conflit.
7 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce qu'on leur avait interdit
8 de poursuivre leurs activités ? Le savez-vous ?
9 M. Strukar (interprétation). - De notre côté, non, mais le chef
10 du poste souvent leur demandait de se faire accompagner par un Croate pour
11 qu'il n'y ait pas d'incident en route, etc.
12 Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous dire aux Juges ce que
13 vous avez fait le 16 avril 1993, le matin du 16 ?
14 M. Strukar (interprétation). - Moi, le 16 avril je me suis
15 trouvé au poste et j'ai traité un album de photos. J'étais de garde du 22
16 au soir jusqu'au matin. Donc pendant ce service, j'ai regardé un peu
17 l'album de photographies : étant donné qu'il y avait beaucoup de
18 cambriolages, de pillages, etc., nous avons organisé des permanences au
19 poste, même la nuit. C'est la nuit où j'avais donc travaillé la nuit. J'ai
20 été de permanence la nuit.
21 Mme Glumac (interprétation). - A quel moment avez-vous entendu
22 des choses qui se sont passées ?
23 M. Strukar (interprétation). - Je me trouvais dans le
24 laboratoire. Au moment où j'ai entendu la détonation, je suis sorti. Bien
25 évidemment, je ne pouvais pas sortir tout de suite parce qu'il fallait que
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1 je range un petit peu les photos. J'ai vu Mirko Samija qui était avec
2 l'officier de permanence. Il nous a demandé d'appeler d'autres membres de
3 la police et certains sont arrivés tout de suite parce qu'ils ont entendu
4 la détonation. Ils ont tout de suite supposé que quelque chose se passait
5 et, de toute façon, le centre de regroupement était le poste.
6 Mirko nous a dit de prendre les armes, de prendre l'équipement
7 et de partir pour assurer les bâtiments que nous assurions normalement
8 dans ces cas-là, la Poste, la municipalité, la pompe d'essence et le
9 bâtiment où était abrité le poste de police. J'ai donc pris mon équipement
10 et j'ai posé la question de savoir où je devais aller. Il m'avait donné un
11 autre coéquipier et nous sommes allés du côté de la mairie.
12 Mme Glumac (interprétation). - Que s'est-il passé le 16 avril ?
13 Vous avez passé la journée entière à garder la mairie ou bien vous êtes-
14 vous déplacé ? Avez-vous circulé ?
15 M. Strukar (interprétation). - Non, mais on se relayait au bout
16 d'un certain nombre d'heures. Il y avait une autre équipe qui nous
17 relevait. La première fois quand je suis retourné au poste de police pour
18 me reposer, on m'avait demandé d'aller à la cave de la mairie, parce que
19 la mairie a une cave, et c'est là où nous nous sommes abrités. Je suis
20 entré dans la cave de la mairie et il y avait d'autres personnes dans
21 cette cave qui attendaient de prendre la relève.
22 Mme Glumac (interprétation). - Combien de temps êtes-vous restés
23 dans cette cave ? Et combien de temps avez-vous assuré la mairie ?
24 M. Strukar (interprétation). - Pendant plusieurs jours, quelques
25 jours.
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1 Mme Glumac (interprétation). - Quelques jours ?
2 M. Strukar (interprétation). - Oui et ensuite nous avons fait
3 les aller et retour jusqu'au poste de police. Il y avait également un abri
4 souterrain et nous étions sûrs à cet endroit-là.
5 Mme Glumac (interprétation). - Je vous remercie. Je n'ai plus de
6 questions, Monsieur le Président. Je propose que les pièces à conviction
7 de la défense soient versées au dossier à partir de D 75/2 jusqu'à D 78/2.
8 Je m'excuse, D 79/2.
9 M. le Président (interprétation). - Oui. Y a-t-il des questions
10 de la part de Me Radovic ou d'autres conseils ?
11 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur le Président, c'est
12 Me Par qui souhaiterait interroger le témoin.
13 M. le Président (interprétation). - Maître Par ?
14 M. Par (interprétation). - Monsieur le Président, je vous
15 remercie. Je vais poser quelques questions tout à fait brèves au témoin.
16 Monsieur Strukar, au cours de 1994 et 1995, vous avez travaillé
17 à la police de criminologie, n'est-ce pas ?
18 M. Strukar (interprétation). - Oui.
19 M. Par (interprétation). - Savez-vous qu'au cours de 1994
20 et 1995 il y avait un certain nombre de cambriolages et de boutiques de
21 Vlatko Kupreskic ?
22 M. Strukar (interprétation). - Oui.
23 M. Par (interprétation). - Est-ce que vous-même vous êtes
24 descendu sur les lieux d'enquête ?
25 M. Strukar (interprétation). - J'y suis allé deux fois pendant
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1 ces enquêtes.
2 M. Par (interprétation). - Pouvez-vous nous dire l'année ?
3 M. Strukar (interprétation). - Je pense que c'était 1994.
4 M. Par (interprétation). - S'agissait-il d'un cambriolage ?
5 M. Strukar (interprétation). - Oui, un cambriolage de la maison.
6 Les personnes sont entrées par la fenêtre et elles ont pris un certain
7 nombre de vêtements, je ne sais pas, de pantalons ou autre chose. C'était
8 le premier cambriolage.
9 M. Par (interprétation). - Et le deuxième cas ?
10 M. Strukar (interprétation). - Le deuxième cas, c'est quand ils
11 ont cambriolé un entrepôt qui était à côté de chez lui où il entreposait
12 les vêtements.
13 M. Par (interprétation). - Encore une autre question, s'il vous
14 plaît. En 1994/1995, pendant cette période-là, dans la municipalité de
15 Vitez, à Ahmici, Pirici, etc., y avait-il un certain nombre d'actes
16 criminels qui se sont accrus de cambriolages, vols, etc. ? Est-ce que les
17 biens ont été menacés tout particulièrement à cette époque-là ?
18 M. Strukar (interprétation). - Je pense que cela ne s'est pas
19 accru véritablement à tel point parce que nous nous sommes organisés à
20 cette époque-là et c'était beaucoup mieux.
21 M. Par (interprétation). - Mais les cambriolages dont on a parlé
22 chez Kupreskic, y avait-il uniquement chez Kupreskic ou éventuellement à
23 cette époque-là il y avait également d'autres cambriolages ? Est-ce qu'il
24 y avait un nombre beaucoup plus important ?
25 M. Strukar (interprétation). - Non, je pense que c'était quelque
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1 chose qui était habituel.
2 M. Par (interprétation). - Je vous remercie, je n'ai plus de
3 questions à poser.
4 M. le Président (interprétation). - Maître Susak.
5 M. Susak (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Je
6 défends Drago Josipovic et je m'appelle Luka Susak. Je vais vous poser un
7 certain nombre de questions.
8 Compte tenu du fait que Bralo Miroslav, surnommé Cicko, a été
9 mentionné à plusieurs reprises dans cette affaire, mais il y a d'autres
10 noms également, Bralo Cicko. Je voudrais vous poser une question précise
11 là-dessus. Pouvez-vous bien nous décrire qui est Miroslav Bralo surnommé
12 Cicko ?
13 M. Strukar (interprétation). - Il habitait Nadjoci, il était
14 membre des Vitezovi. Je n'en sais pas plus.
15 M. Susak (interprétation). - Savez-vous quand est-ce qu'il est
16 né ?
17 M. Strukar (interprétation). - Non.
18 M. Susak (interprétation). - Est-ce qu'il habitait en permanence
19 à Nadjoci ?
20 M. Strukar (interprétation). - Je ne le connaissais pas
21 auparavant, tout au moins pas avant qu'il n'ait commencé à faire des
22 problèmes. Et je sais qu'à cette époque-là il était membre des Vitezovi et
23 je sais qu'il avait également à l'époque un appartement au centre ville.
24 M. Susak (interprétation). - Vous avez dit qu'il a été, à un
25 moment donné, arrêté et que vous l'avez arrêté, escorté ?
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1 M. Strukar (interprétation). - Oui.
2 M. Susak (interprétation). - Vous avez également dit qu'il avait
3 été emmené à Kaonik, en prison.
4 M. Strukar (interprétation). - Oui.
5 M. Susak (interprétation). - Un jugement a-t-il été prononcé ? Y
6 avait-il une procédure pénale ?
7 M. Strukar (interprétation). - Je ne sais pas. Je sais que nous
8 l'avons mis en prison, que nous l'avons remis là-bas et ensuite nous
9 sommes retournés. Je ne peux pas vous dire ce qui s'en est ensuivi.
10 M. Susak (interprétation). - Vous avez parlé aujourd'hui,
11 également, de la police de réserve.
12 M. Strukar (interprétation). - Oui.
13 M. Susak (interprétation). - Et vous avez aussi dit qu'un poste
14 a été mis en place pour la réserve.
15 M. Strukar (interprétation). - Oui.
16 M. Susak (interprétation). - Avaient-ils un commandant qui était
17 le commandant désigné, outre le chef de la direction de ce poste...
18 Pardon, outre le chef de police qui était Pero Skopljak ?
19 M. Strukar (interprétation). - Je sais que Pero Skopljak était
20 responsable, chef de police mais il y avait effectivement un poste de
21 réserve en ville.
22 M. Susak (interprétation). - Vous voulez dire que Pero Skopljak
23 était également chef de police de réserve ?
24 M. Strukar (interprétation). - Oui.
25 M. Susak (interprétation). - Où se trouvaient-ils ?
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1 M. Strukar (interprétation). - Ils étaient dans le bâtiment de
2 la communauté locale. La police de réserve occupait environ quatre pièces.
3 M. Susak (interprétation). - Quand vous avez parlé de la
4 répartition des armes, y avait-il des armes uniquement pour les réserves
5 ou bien étaient-ce des armes qui appartenaient à tout le poste de police ?
6 M. Strukar (interprétation). - Chaque personne qui obtenait une
7 arme devait signer un papier comme quoi il a reçu cette arme.
8 M. Susak (interprétation). - En ce qui concerne les uniformes,
9 comment ont-ils été répartis ?
10 M. Struckar (interprétation). - Quand on voulait prendre
11 quelqu'un dans la police de réserve, à ce moment-là on avait d'abord
12 vérifié de quelle façon il s'agissait. A partir du moment où on savait
13 qu'on pouvait le prendre, à ce moment-là c'est la logistique qui lui
14 fournissait l'uniforme. Il devait signer une attestation.
15 M. Susak (interprétation). - Vous avez dit également de la
16 manière dont les gens ont été équipés, armés, je ne vais pas vous poser de
17 questions à ce sujet, mais j'aimerais savoir si éventuellement il y avait
18 d'autres moyens par lesquels ils pouvaient avoir des armes ?
19 M. Struckar (interprétation). - Je ne sais pas en ce qui
20 concerne les membres de réserve de la police, je ne pense pas qu'ils aient
21 pu obtenir des armes d'une autre façon.
22 M. Susak (interprétation). - Vous avez parlé de Pero Skopljak
23 aujourd'hui même. Pouvez-vous me dire jusqu'à quand il a été chef du poste
24 de police ?
25 M. Struckar (interprétation). - Il a été chef du poste de police
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1 jusqu'au moment où la police s'est séparée entre les Musulmans et les
2 Croates.
3 M. Susak (interprétation). - Jusqu'au moment, il n'avait pas
4 démissionné ?
5 M. Struckar (interprétation). - Oui.
6 M. Susak (interprétation). - Savez-vous où il est parti par la
7 suite ?
8 M. Struckar (interprétation). - Je ne sais pas, je pense qu'il
9 avait travaillé dans une organisation humanitaire. De toute façon, je n'en
10 suis pas sûr.
11 M. Susak (interprétation). - Etait-il au gouvernement du HVO ?
12 M. Struckar (interprétation). - Je ne sais pas.
13 M. Susak (interprétation). - D'accord. Nous allons passer à un
14 autre groupe de questions. Connaissiez-vous l'existence de l'entrepôt
15 Ogrjev à Santici qui appartenait à l'entreprise de Vitez ?
16 M. Struckar (interprétation). - Oui.
17 M. Susak (interprétation). - Où se trouve ce bâtiment ?
18 M. Struckar (interprétation). - Il se trouve le long de la route
19 principale à gauche entre Vitez et Kaonik, si l'on regarde dans la
20 direction de Vitez.
21 M. Susak (interprétation). - Pour rentrer dans la cour de cet
22 entrepôt, passait-on par une porte qui donne sur la route principale ou
23 qui donne ailleurs ?
24 M. Struckar (interprétation). - Eh bien, devant le hangar ou
25 l'entrepôt ? il y a une espèce de grande cour et on entre dans l'entrepôt
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1 par cette cour dans l'entreprise ou plutôt dans l'entrepôt Ogrjev.
2 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous nous décrire plus
3 précisément la porte d'entrée qui permet d'accéder à l'entrepôt ?
4 M. Struckar (interprétation). - Eh bien, généralement il y a des
5 grilles, des armatures en métal qui sont utilisées dans la construction en
6 général et, en fait, c'est une espèce de grand portail avec du grillage.
7 M. Susak (interprétation). - Je voudrais maintenant que
8 l'huissier me permette de distribuer cette photographie aérienne, c'est la
9 pièce D10, et je voudrais que cette pièce soit soumise au témoin.
10 M. Terrier. - Monsieur le Président ?
11 M. le Président (interprétation). - Monsieur Terrier ?
12 M. Terrier. - Une remarque, Monsieur le Président. Quand on
13 parle de la clôture entourant le bâtiment d'Ogrjev, je souhaite qu'on dise
14 de quelle époque nous parlons, car il a été établi dans une précédente
15 audience de ce même procès que des transformations avaient eu lieu et
16 qu'aujourd'hui la clôture n'est plus la même qu'en 1993.
17 Donc quand les questions sont posées au témoin, j'aimerais qu'on
18 indique très précisément de quelle époque nous parlons.
19 M. Susak (interprétation). - Eh bien, très bien, je vais poser
20 cette question mais, bien entendu, le Procureur pourra également lui poser
21 la question au cours du contre-interrogatoire.
22 Pourriez-vous nous dire de quoi il s'agit ? A quelle période
23 cette photo correspond ? S'agit-il d'avril 1993 ?
24 M. Struckar (interprétation). - Ogrjev existait en 1993
25 effectivement.
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1 M. Susak (interprétation). - Cette photographie aérienne est
2 identique à la pièce de l'accusation 247. La photographie a été prise par
3 les enquêteurs du Bureau du Procureur. Pouvez-vous nous dire où se trouve
4 l'entrée dans Ogrjev ?
5 M. Struckar (interprétation). - A gauche, du côté ouest.
6 M. Susak (interprétation). - Pourriez-vous indiquer l'entrée par
7 la lettre A, s'il vous plaît ?
8 M. Struckar (interprétation). - L'entrée à Ogrjev, c'est cela ?
9 M. Susak (interprétation). - Oui, tout à fait.
10 (Le témoin s'exécute.)
11 M. Susak (interprétation). - Combien de battants a la porte qui
12 permet d'accéder à l'entrepôt ?
13 M. Struckar (interprétation). - Eh bien, il y en a deux, plus
14 une petite porte auxiliaire qui fait partie de l'un des grands battants.
15 Donc l'un des battants est divisée en deux.
16 M. Susak (interprétation). - Pourriez-vous indiquer un battant
17 avec le numéro 1 et un deuxième battant avec le numéro 2 et la petite
18 porte avec le numéro 2A.
19 M. le Président (interprétation). - Je ne comprends pas très
20 bien, en traduction anglaise, j'ai le terme "aile" ou "wing" et je ne sais
21 pas très bien ce à quoi cela correspond.
22 L'interprète. - A une partie de la porte.
23 Très bien, je vois que c'est une partie de la porte, donc je
24 suppose qu'il s'agit du battant. Est-ce que c'est cela ?
25 M. Susak (interprétation). - Oui c'est cela, exactement.
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1 M. le Président (interprétation). - Bien.
2 M. Susak (interprétation). - Merci d'avoir attiré mon attention
3 sur ce point, Monsieur le Juge.
4 Voilà un battant, il est question "d'aile" en anglais, mais en
5 fait il s'agit bien d'un battant.
6 M. Struckar (interprétation). - Voilà le petit battant 2A.
7 M. Susak (interprétation). - Vous êtes-vous rendu à Ogrjev
8 avant 1993 ?
9 M. Struckar (interprétation). - Oui.
10 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous donc nous décrire
11 l'entrée ou la porte d'entrée car en fait nous avons obtenu différentes
12 descriptions ?
13 M. Struckar (interprétation). - En fait, la porte d'entrée est
14 composée d'une grille de fil de fer soutenue par une structure plus forte
15 en acier. Sur la gauche, si l'on regarde du côté de Vitez, on voit que
16 cette porte s'élargit. Au cours de la journée, ce portail ou cette porte
17 est ouverte et la nuit elle est fermée.
18 Cette porte auxiliaire est utilisée par les gardes qui peuvent
19 ainsi entrer et sortir, les gardes qui ont pour mission de surveiller les
20 locaux. Il y avait d'ailleurs des patrouilles régulières.
21 M. Susak (interprétation). - Regardez maintenant la photographie
22 aérienne. De quel angle ou de quelle direction la photo a-t-elle été
23 prise ?
24 M. Struckar (interprétation). - Dans la direction de Kaonik.
25 M. Susak (interprétation). - Donc du côté de la route
Page 6466
1 goudronnée, n'est-ce pas ?
2 M. Struckar (interprétation). - Oui.
3 M. Susak (interprétation). - En fait, il s'agit d'une
4 représentation erronée de l'entrée et de l'ensemble du paysage parce que
5 l'on peut effectivement apercevoir l'entrée de la route goudronnée, mais
6 où se trouve la porte et pourquoi y a-t-il bien deux barrières de fil de
7 fer, deux grilles ?
8 M. Struckar (interprétation). - Oui effectivement il y a
9 deux grilles composées de fil de fer : l'une entre la route principale et
10 l'autre grille de fil de fer où il y a un espèce de petit canal ou un
11 petit ruisseau. Et ensuite on va sur la droite vers le bâtiment lui-même
12 où se trouve le portail d'entrée qui se trouve à cet endroit-là.
13 M. Susak (interprétation). - Par conséquent, le portail d'entrée
14 est de l'autre côté de la route, n'est-ce pas, quand on part de la route
15 goudronnée, c'est bien cela ?
16 M. Struckar (interprétation). - Oui.
17 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous nous dire quelle est la
18 différence entre les poteaux plus petits et les poteaux en métal, en acier
19 plus importants ?
20 M. Struckar (interprétation). - Oui effectivement les poteaux
21 les plus lourds, les plus imposants sont ceux qui sont plus près de nous
22 alors que les plus petits se trouvent en arrière-plan, car ils sont plus
23 loin par rapport à la route.
24 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous indiquer d'une croix,
25 d'un x où se trouvent les petits poteaux qui constituent en fait la
Page 6467
1 deuxième barrière en fil de fer et placer d'un y l'endroit où se trouvent
2 les poteaux qui sont plus proches de la route ?
3 (Le témoin s'exécute.)
4 M. Susak (interprétation). - Vous avez indiqué le portail
5 d'entrée qui permet d'entrer à Ogrjev, mais je ne crois pas que vous ayez
6 indiqué la petite porte dont vous avez parlé.
7 (Le témoin s'exécute.)
8 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous utiliser le marqueur
9 afin de nous indiquer cette petite porte ?
10 (Le témoin s'exécute.)
11 M. Susak (interprétation). - C'est là, très bien. Pouvez-vous
12 utiliser à nouveau le marqueur afin d'indiquer où se trouve le sol, cet
13 endroit plat dont vous avez parlé ?
14 M. Struckar (interprétation). - Le long de la route, ici.
15 M. Susak (interprétation). - Et maintenant, à l'aide de
16 pointillés, pouvez-vous indiquer la barrière qui touche le sol, mais de
17 l'autre côté d'Ogrjev, je parle donc de l'autre barrière qui est plus
18 éloignée de nous sur la photo -des pointillés, s'il vous plaît, une ligne
19 en pointillés afin que les choses soient bien claires ?
20 (Le témoin s'exécute.)
21 Voilà. Par conséquent, il y a là deux niveaux et il y a là une
22 barrière qui se trouve des deux côtés ?
23 M. Strukar (interprétation). - Oui.
24 M. Susak (interprétation). - Où se trouve la cabane des gardes ?
25 M. Strukar (interprétation). - La cabane des gardes se trouve
Page 6468
1 dans un bâtiment précis qui en fait constitue un bureau la journée et le
2 poste de garde la nuit.
3 M. Susak (interprétation). - Vous avez dit que vous alliez à
4 Ogrjev. Cette cabane des gardes, avait-elle une porte, des fenêtres ?
5 M. Strukar (interprétation). - Oui, il y avait une porte
6 d'entrée et des fenêtres dans le bureau.
7 M. Susak (interprétation). - Combien ?
8 M. Strukar (interprétation). - Une à côté de la porte d'entrée,
9 lorsqu'on regarde vers Ogrjev.
10 M. Susak (interprétation). - Pourriez-vous d'une flèche indiquer
11 l'endroit de la fenêtre qui donne sur l'ouest, qui est orienté vers
12 l'ouest ? Une flèche, s'il vous plaît.
13 (Le témoin l'indique sur la photo.)
14 Pourriez-vous maintenant placer la lettre O à l'endroit de la
15 fenêtre orientée vers le sud ?
16 (Le témoin s'exécute.)
17 Merci. Pourriez-vous placer une flèche nous indiquant l'entrée
18 de la cabane des gardes ?
19 (Le témoin s'exécute.)
20 Et la troisième fenêtre ?
21 (Le témoin indique la troisième fenêtre.)
22 Vous avez placé un triangle, n'est-ce pas ?
23 M. Strukar (interprétation). - Oui, un triangle.
24 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous nous décrire les
25 fenêtres de cette cabane ? Y avait-il des vitres ? Les fenêtres étaient-
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1 elles fermées ? Comment était la porte ?
2 M. Strukar (interprétation). - Les fenêtres, effectivement,
3 avaient des vitres et on ne pouvait les ouvrir que de l'intérieur, on ne
4 pouvait pas les ouvrir de l'extérieur parce qu'elles étaient basses. La
5 maison était petite, la cabane, les fenêtres étaient basses et c'est
6 pourquoi nous ne pouvions les ouvrir que de l'intérieur.
7 M. Susak (interprétation). - Et qu'en est-il de la porte
8 d'entrée ?
9 M. Strukar (interprétation). - Eh bien, on l'ouvrait
10 normalement, d'un côté ou de l'autre.
11 M. Susak (interprétation). - Monsieur le Président, j'ai ici une
12 cassette vidéo qui a trait à cette question justement et il serait tout à
13 fait approprié que l'huissier puisse l'emmener jusqu'à la baie technique
14 afin que cette cassette soit visionnée puisqu'elle nous donne une
15 description de la situation sur le terrain.
16 M. le Président (interprétation). - Mais, avant de la visionner,
17 je voudrais obtenir quelques informations. Quand a-t-elle été filmée et
18 par qui ?
19 M. Susak (interprétation). - C'est moi, à Vitez, et j'ai
20 transmis immédiatement à l'accusation un exemplaire de cette cassette et
21 également une copie destinée à la Chambre.
22 M. le Président (interprétation). - Quand l'avez-vous filmée
23 exactement ?
24 M. Susak (interprétation). - Il y a très peu de temps, mais la
25 barrière est la même. Vous le verrez quand vous comparerez ces images avec
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1 la vue aérienne, dont nous venons de parler. La photographie aérienne,
2 quant à elle, a été prise par les enquêteurs du Bureau du Procureur, et il
3 s'agit d'ailleurs de leur pièce, la pièce 247.
4 M. le Président (interprétation). - Je ne veux pas vous empêcher
5 de faire cela, mais je me demande si c'est grâce à ce témoin que vous
6 pouvez présenter cette cassette-là. Combien de temps cela va-t-il
7 prendre ?
8 M. Susak (interprétation). - Pas très longtemps, pas très
9 longtemps, je ne peux pas vous le dire avec précision, mais je pense que
10 ce sera bref, peut-être quinze minutes parce que je crois que le témoin a
11 déjà répondu à toutes les questions.
12 M. le Président (interprétation). - Bien, quinze minutes me
13 semble un temps assez long pour la vidéo consacrée à une barrière.
14 Ces images sont de cette année, donc ?
15 M. Susak (interprétation). - Oui.
16 M. le Président (interprétation). - Oui, enfin l'année dernière
17 je suppose, comme vient de me le préciser le Juge Mumba.
18 Je ne pense pas que nous devrions perdre trop de temps. Si le
19 conseil veut passer cette cassette maintenant, eh bien qu'il en soit
20 ainsi, si c'est nécessaire, encore une fois.
21 Maître Terrier ?
22 M. Terrier. - Je m'en rapporte complètement à votre décision sur
23 ce point, Monsieur le Président. Je rappellerai tout de même que s'il
24 s'agit de la barrière qui séparait le terrain de cette entreprise de la
25 route, nous avons un document qui est déjà versé dans la procédure sous le
Page 6471
1 numéro 245, pièce de l'accusation numéro 245, et qui est une photo tout à
2 fait excellente sur le plan technique, prise par un officier britannique
3 le 16 avril 1993, dans le courant de l'après-midi.
4 Et sur cette photographie qui est versée au dossier de la
5 procédure et que le Tribunal connaît, on voit parfaitement bien la
6 barrière dont il est question. Donc je m'interroge sur l'intérêt de ce
7 film.
8 Mais, néanmoins, Monsieur le Président, je suis prêt à le
9 visionner si vous le souhaitez.
10 M. Susak (interprétation). - Excusez-moi...
11 M. le Président (interprétation). - Oui, eh bien nous allons
12 diffuser cette vidéo. Y a-t-il quoi que ce soit que vous souhaitiez
13 ajouter ?
14 M. Susak (interprétation). - Je souhaiterai ajouter que d'autres
15 témoins de l'accusation ont déclaré que le garde a sauté par-dessous la
16 barrière, alors qu'un autre témoin a déclaré que le garde est passé sous
17 la barrière. Cette cassette vidéo prouvera qu'il est impossible de faire
18 soit l'un soit l'autre.
19 M. le Président (interprétation). - Eh bien, très bien, faites
20 passer la cassette et nous la diffuserons.
21 (L'huissier porte la cassette à la technique.)
22 Mme Ameerali (interprétation). - La vidéo portera la cote D12/4
23 et le document précédent porte la cote D11/4.
24 (Diffusion de la cassette vidéo.)
25 M. Susak (interprétation). - Nous allons arrêter là, s'il vous
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1 plaît. Pourriez-vous rembobiner un tout petit peu ? Merci. Oui, voilà,
2 merci.
3 Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, où se trouve très
4 exactement la barrière par rapport à la route et où se trouve le portail
5 d'entrée ?
6 M. Strukar (interprétation). - La barrière se trouve en face.
7 M. Susak (interprétation). - Mais nous ne la voyons plus sur
8 notre écran... Voilà ! Maintenant où se trouve donc la barrière par
9 rapport à la route principale et où se trouve le portail d'entrée qui
10 permet d'accéder à la cour de cet entrepôt ?
11 M. Strukar (interprétation). - A gauche on voit la barrière. Et
12 c'est là que se trouve la route goudronnée.
13 M. Susak (interprétation). - La route principale, c'est cela ?
14 M. Strukar (interprétation). - Oui.
15 M. Susak (interprétation). - On y voit une voiture ?
16 M. Strukar (interprétation). - Oui.
17 M. Susak (interprétation). - Et où se trouve le portail
18 maintenant ?
19 M. Strukar (interprétation). - En face et sur la droite à côté
20 du premier poteau.
21 M. Susak (interprétation). - D'accord. Passons sur le portail
22 d'entrée.
23 Peut-on poursuivre la projection, s'il vous plaît ?
24 (Diffusion de la cassette.)
25 C'est un peu plus loin, voilà. Voilà le portail d'entrée ?
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1 M. Strukar (interprétation). - Oui.
2 M. Susak (interprétation). - Par conséquent, cette partie de la
3 route n'est pas goudronnée, n'est-ce pas ?
4 M. Strukar (interprétation). - Non.
5 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous nous en dire plus ? Où
6 est la petite porte ? Peut-on arrêter la vidéo, s'il vous plaît. Merci.
7 Où est la petite porte ?
8 M. Strukar (interprétation). - La petite porte se trouve juste à
9 côté du poteau, elle est ouverte.
10 M. Susak (interprétation). - Il y a une barre en fer qui permet
11 de la tenir ouverte au-dessus, n'est-ce pas ?
12 M. Strukar (interprétation). - Non, non, je crois que cette
13 barre en fer est le prolongement d'un poteau.
14 M. Susak (interprétation). - Et on peut l'ouvrir sur la droite
15 et sur la gauche ?
16 M. Strukar (interprétation). - Oui.
17 M. Susak (interprétation). - Peut-on poursuivre la vidéo.
18 (Diffusion de la cassette.)
19 Puisque nous en sommes là, pouvez-vous nous dire, à peu près,
20 quelle est la hauteur de cette barrière ?
21 M. Strukar (interprétation). - Je pense, deux mètres en
22 question.
23 M. Susak (interprétation). - Peut-on s'arrêter là, s'il vous
24 plaît ? Nous allons arrêter là, merci.
25 Que voyez-vous ? C'est une fenêtre, n'est-ce pas ?
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1 M. Strukar (interprétation). - Oui.
2 M. Susak (interprétation). - Qu'y a-t-il d'autre sur cette
3 maison ?
4 M. Strukar (interprétation). - Sur la droite, il y a la porte
5 d'entrée et une fenêtre.
6 M. Susak (interprétation). - Et voyez-vous la fenêtre orientée
7 vers l'ouest ?
8 M. Strukar (interprétation). - Non.
9 M. Susak (interprétation). - Par conséquent, de la maison de
10 Drago Josipovic peut-on apercevoir la fenêtre orientée vers l'ouest ?
11 M. Strukar (interprétation). - Je ne pense pas. Je ne pense pas,
12 non, pas de cet angle, si la maison de Dragan Josipovic est derrière nous.
13 M. Susak (interprétation). - A quelle hauteur se trouve à peu
14 près cette fenêtre par rapport au sol ?
15 M. Strukar (interprétation). - Je ne sais pas.
16 M. Susak (interprétation). - Eh bien donnez-nous une
17 approximation...
18 M. Strukar (interprétation). - Je ne sais pas : 70 centimètres,
19 un mètre, je ne sais pas.
20 M. Susak (interprétation). - 70 quoi exactement ?
21 M. Strukar (interprétation). - 70 centimètres.
22 M. Susak (interprétation). - Très bien. Poursuivons.
23 (Diffusion de la cassette.)
24 M. Strukar (interprétation). - Il y a une partie ici qui
25 n'existait pas par le passé.
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1 M. Susak (interprétation). - Laquelle ?
2 M. Strukar (interprétation). - Celle qui se trouvait sur la
3 gauche et qui a été ajoutée.
4 M. Susak (interprétation). - Ici donc, c'est la porte dont vous
5 parliez ?
6 M. Strukar (interprétation). - Oui.
7 M. Susak (interprétation). - Et la petite porte, à l'intérieur
8 du battant donc.
9 (Diffusion de la cassette.)
10 C'est l'espace goudronné devant le portail, c'est cela ?
11 M. Strukar (interprétation). - Oui.
12 M. Susak (interprétation). - Au fait, à qui appartiennent ces
13 maisons de l'autre côté de la maison de gardiens ?
14 M. Strukar (interprétation). - Je pense qu'il s'agit de maisons
15 musulmanes.
16 M. Susak (interprétation). - Nous pouvons poursuivre.
17 (Diffusion de la cassette.)
18 Voilà... en changeant d'angle. De quoi s'agit-il ?
19 M. Strukar (interprétation). - Il s'agit du portail d'entrée.
20 Là, donc la petite porte, de l'autre côté.
21 M. Susak (interprétation). - Et cette petite porte, pensez-vous
22 que nous l'apercevions sur la vue aérienne ?
23 M. Strukar (interprétation). - Oui, je pense.
24 M. Susak (interprétation). - Poursuivons.
25 (Diffusion de la cassette.)
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1 Peut-on arrêter ici, s'il vous plaît ? De quoi s'agit-il ici, de
2 quelle fenêtre s'agit-il ?
3 M. Strukar (interprétation). - C'est la fenêtre orientée vers
4 l'ouest, de l'autre côté, en face ou à l'opposé de la porte d'entrée.
5 M. Susak (interprétation). - Lorsqu'on sort par la fenêtre, on
6 tombe directement sur la barrière en fil de fer, n'est-ce pas ?
7 M. Strukar (interprétation). - Oui, effectivement, elle est
8 juste à côté du bâtiment.
9 M. Susak (interprétation). - Est-ce qu'on peut grimper par
10 dessus cette barrière ?
11 M. Strukar (interprétation). - Oui, je pense parce que le fil de
12 fer est du gros fil de fer. Et je pense qu'un homme peut effectivement
13 passer par dessus.
14 M. Susak (interprétation). - Très bien. Poursuivons.
15 (Diffusion de la cassette.)
16 Peut on arrêter là, maintenant, s'il vous plaît ? Nous sommes
17 revenus vers le portail, c'est l'entrée ?
18 M. Strukar (interprétation). - Oui, tout à fait, la petite porte
19 à l'entrée.
20 M. Susak (interprétation). - Vous avez déclaré qu'un nouveau
21 bâtiment avait été construit à côté du poste de gardes. Le voit-on ?
22 M. Strukar (interprétation). - Non, on ne le voit pas d'ici.
23 M. Susak (interprétation). - Très bien, mais je vous le
24 montrerai plus tard quand je vous montrerai une photographie.
25 (Diffusion de la cassette.)
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1 Donc, ça c'est la porte, n'est-ce pas ?
2 M. Strukar (interprétation). - Oui.
3 M. Susak (interprétation). - Quelle porte est fermée
4 généralement à l'entrée de l'entrepôt ou de l'enceinte de l'entrepôt ?
5 M. Strukar (interprétation). - La grande porte généralement est
6 fermée à clef.
7 M. Susak (interprétation). - Pourquoi ?
8 M. Strukar (interprétation). - Pour que personne ne rentre.
9 Généralement, elle était utilisée lorsque des containers, de gros cartons
10 ou de grosses caisses étaient transportés.
11 M. Susak (interprétation). - Donc il s'agissait surtout d'une
12 porte destinée aux tracteurs et aux camions ?
13 M. Strukar (interprétation). - Oui.
14 M. Susak (interprétation). - Voyez-vous que sous cette barrière
15 il n'y a pas d'espace, qu'elle est directement enterrée dans le sol ?
16 M. Strukar (interprétation). - Oui.
17 M. Susak (interprétation). - Un homme peut-il ramper en
18 dessous ?
19 M. Strukar (interprétation). - Je ne pense pas.
20 M. Susak (interprétation). - Qu'est-ce que vous voulez dire par
21 "je ne pense pas" ? Vous le savez ou vous ne le savez pas ?
22 M. Strukar (interprétation). - Je ne pense pas parce que cette
23 barrière descend jusqu'au niveau du sol.
24 M. Susak (interprétation). - On voit la barrière qui rentre dans
25 le sol, n'est-ce pas ?
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1 M. Strukar (interprétation). - Oui.
2 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous nous parler de ces
3 mailles entre les différents bouts de fil de fer, parce que vous y alliez
4 tout le temps, n'est-ce pas ?
5 M. Strukar (interprétation). - Oui. Eh bien généralement ce type
6 de grille est utilisée pour du renforcement de clôture. Donc il fait à peu
7 près 12 sur 25, en principe.
8 M. Susak (interprétation). - Voyons si un homme peut grimper
9 par-dessus ? Je dois vous dire que cet homme fait environ 105 kilos. Alors
10 quelqu'un peut-il passer par-dessus cette barrière ?
11 M. Strukar (interprétation). - Oui.
12 M. le Président (interprétation). - Je crois que nous avons
13 compris la démonstration. Je ne pense pas que le témoin puisse
14 apporter quoi que ce soit d'autre sur ce point.
15 M. Susak (interprétation). - Bien, très bien, Monsieur le
16 Président, je suis d'accord avec vous.
17 M. le Président (interprétation). - Nous n'avons plus besoin de
18 cette cassette, merci.
19 (Fin de la diffusion de la cassette.)
20 Pourriez-vous nous donner la date à laquelle ce film a été
21 tourné ou peut-être le mois ?
22 M. Susak (interprétation). - Monsieur le Président, je ne peux
23 pas vous le dire avec certitude. Mais je sais que j'ai passé à peu près un
24 mois à Vitez, et c'est à ce moment-là que j'ai filmé ceci. Je crois que
25 c'était en décembre l'année dernière. Je pourrai vous donner la date
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1 précise lundi.
2 M. le Président (interprétation). - Non, cela ira pour
3 l'instant. Peut-être pourriez-vous vérifier la date exacte en temps
4 opportun ? Bien.
5 Nous allons poursuivre jusqu'à 13 heures. Y a-t-il quoi que ce
6 soit d'autres que vous souhaitiez demander à ce témoin ?
7 M. Susak (interprétation). - Oui, effectivement, je souhaitais
8 lui poser encore quelques questions, mais elles ne seront pas très
9 longues, encore douze à quinze minutes.
10 M. le Président (interprétation). - Très bien. Vous le ferez
11 après la pause déjeuner. Nous allons lever l'audience jusqu'à 15 heures et
12 nous poursuivons l'audience à ce moment-là. J'espère que nous pourrons
13 terminer l'audition du témoignage de cette personne avant la fin de
14 l'audience cette après-midi.
15 (L'audience, suspendue à 13 heures, est reprise à 15 heures.)
16 M. le Président (interprétation). - Maître Susak, c'est à vous.
17 M. Susak (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
18 J'aimerais tout premièrement faire une correction. J'ai parlé de la
19 photographie aérienne et au fond c'est la photographie D 11/4. Il s'agit
20 de la même photographie que celle qui a été soumise par le Procureur sous
21 la cote 247. Il s'agit d'une photographie et non pas d'une photographie
22 aérienne parce que j'ai fait l'erreur.
23 Maintenant, je vais poser un certain nombre de questions au
24 témoin. Vous avez décrit cette cabane du gardien, puis la clôture
25 également. Pourriez-vous me dire si éventuellement il y avait un certain
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1 nombre de reconstructions qui ont été faites après 1993 sur cette
2 installation ?
3 M. Strukar (interprétation). - Après la guerre, j'ai vu qu'il y
4 a une partie qui a été reconstruite et c'est du côté de l'emplacement de
5 l'entrepôt, enfin, là où l'on avait entreposé les affaires.
6 M. Susak (interprétation). - Je vais vous demander, s'il vous
7 plaît, la pièce à conviction D 11/4 pour montrer au témoin, s'il vous
8 plaît.
9 (L'huissier s'exécute.)
10 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous me dire, s'il vous
11 plaît, de quelle construction il s'agit ?
12 M. Strukar (interprétation). - C'est donc par rapport au
13 portail, c'est à droite.
14 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous, s'il vous plaît,
15 porter un signe avec le marqueur, avec le feutre ? Entourez, s'il vous
16 plaît. Et si vous voulez bien le mettre au rétroprojecteur pour que tout
17 le monde puisse bien voir.
18 (Le témoin s'exécute.)
19 M. Susak (interprétation). - Voulez-vous, s'il vous plaît, bien
20 mettre au rétroprojecteur la photographie, on ne voit pas clairement la
21 photo. Pouvez-vous pousser un petit peu cette photo ? Maintenant, si vous
22 voulez bien tracer un cercle autour de cette partie qui était construite.
23 Pouvez-vous marquer sans hésiter ? Pouvez-vous une fois de plus montrer,
24 s'il vous plaît, quelle était la partie qui a été construite, l'étage qui
25 a été construit au-dessus ? Cela peut être une flèche ou n'importe quoi.
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1 M. Strukar (interprétation). - C'est tout à fait à côté.
2 M. Susak (interprétation). - C'est rajouté à la cabane du
3 gardien. Y avait-il également d'autres constructions ultérieures,
4 constructions qui ont été rajoutées par la suite ?
5 M. Strukar (interprétation). - Non, je ne sais pas, je ne l'ai
6 pas vu.
7 M. Susak (interprétation). - D'accord. Maintenant nous pouvons
8 passer à un autre groupe de questions.
9 Je vais demander à l'huissier de montrer encore une autre photo.
10 C'est la pièce à conviction n° D 13/4.
11 (L'huissier s'exécute.)
12 Je vais demander à l'huissier, s'il vous plaît, d'aider le
13 témoin à mettre sur le rétroprojecteur la photographie.
14 (L'huissier s'exécute.)
15 M. Susak (interprétation). - Monsieur Strukar, pouvez-vous nous
16 expliquer cette photographie ? Avez-vous vu la photographie ? Pouvez-vous
17 nous dire de quelle fenêtre il s'agit ? Elle se trouve bien évidemment sur
18 la cabane du gardien.
19 M. Strukar (interprétation). - C'est la fenêtre ouest. C'est
20 côté ouest.
21 M. Susak (interprétation). - Est-ce que c'est la fenêtre ouest
22 ou non ? Soyez clair.
23 M. Strukar (interprétation). - Oui.
24 M. Susak (interprétation). - Vous voyez qu'il y a un homme par
25 conséquent qui engendre la clôture, la grille.
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1 M. Strukar (interprétation). - Oui.
2 M. Susak (interprétation). - Comment cette grille est-elle
3 posée ? Sur quoi est-elle posée ?
4 M. Strukar (interprétation). - Sur les armatures, sur les
5 poteaux. Ce sont des poteaux en béton.
6 M. Susak (interprétation). - Elle a été fixée sur les poteaux en
7 béton ?
8 M. Strukar (interprétation). - Oui.
9 M. Susak (interprétation). - Nous avons donc terminé ce groupe
10 de questions. Maintenant, je vais encore demander à l'huissier de m'aider,
11 de bien vouloir montrer la photographie suivante au témoin.
12 Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agit de la pièce D 14/4.
13 (L'huissier s'exécute.)
14 M. Susak (interprétation). - Monsieur Strukar, qu'est-ce que
15 cette photographie signifie pour vous ?
16 M. Strukar (interprétation). - C'est le portail de la clôture
17 dans cet emplacement d'Ogrjev.
18 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous, s'il vous plaît,
19 marquer la petite croix sur la petite porte de cette clôture, de ce
20 portail ?
21 (Le témoin s'exécute.)
22 M. Susak (interprétation). - Entendu. Pouvez-vous me dire
23 également jusqu'où va cette porte ?
24 M. Strukar (interprétation). - La petite porte ?
25 M. Susak (interprétation). - A partir de la droite vers la
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1 gauche.
2 M. Strukar (interprétation). - Il y a d'abord la petite porte et
3 ensuite il y a un deuxième renforcement et la grande porte, le grand
4 portail, ensuite, il y a la suite de cette porte jusqu'au poteau en béton.
5 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous maintenant marquer par
6 les chiffres les deux battants de chaque porte ?
7 M. Strukar (interprétation). - D'accord.
8 (Le témoin s'exécute.)
9 M. Susak (interprétation). - Est-ce que cette petite porte a été
10 fermée à clef ou non, parce que vous travaillez à la police ?
11 M. Strukar (interprétation). - C'était toujours ouvert, par
12 conséquent, on pouvait toujours s'y rendre.
13 M. Susak (interprétation). - Pourquoi cette porte-là n'a pas été
14 fermée à clef, parce que les gardes étaient dans la cabane ?
15 M. Strukar (interprétation). - Oui, effectivement, comme cela on
16 pouvait y pénétrer, entrer jusqu'à la cabane des gardes.
17 M. Susak (interprétation). - Nous avons terminé pour ces
18 questions. Nous allons poursuivre. On avait parlé de M. Anto Papic dans
19 cette affaire. Les témoins, le Procureur également avaient dit que dans
20 cette maison il y avait un certain nombre de Musulmans et de Croates qui
21 se sont abrités pour se sauver d'Anto Papic. Eh bien, Anto Papic a abrité,
22 accueilli aussi bien des Musulmans que des Croates dans cette maison. Qui
23 est M. Anto Papic ?
24 M. Strukar (interprétation). - Vous parlez d'Anto Papic qui
25 habitait Santici ?
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1 M. Susak (interprétation). - Oui.
2 M. Strukar (interprétation). - Eh bien, c'est une personne
3 pauvre qui est d'un âge avancé, qui ne travaillait nulle part.
4 M. Susak (interprétation). - Comment le connaissiez-vous ? D'où
5 le connaissiez-vous ?
6 M. Strukar (interprétation). - Il venait souvent au poste de
7 police. Il se plaignait, il disait que les enfants dans son voisinage
8 jouaient au football. Souvent il leur avait demandé de ne pas jouer au
9 football autour de sa maison. Et, donc, chaque fois quand il n'était pas
10 chez lui, il venait chez nous pour nous prévenir qu'ils continuaient quand
11 même à jouer au football.
12 M. Susak (interprétation). - Vous avez dit qu'il était une
13 personne pauvre, un villageois pauvre. Avec qui vivait-il dans sa maison ?
14 M. Strukar (interprétation). - Avec son épouse, tout au moins je
15 le pense. Je pense qu'il avait des enfants, un enfant ou deux, je ne sais
16 pas.
17 M. Susak (interprétation). - Avait-il une sśur ?
18 M. Strukar (interprétation). - Je ne sais pas.
19 M. Susak (interprétation). - Je vais encore une fois demander
20 l'aide de l'huissier pour montrer la photographie au témoin.
21 (L'huissier s'exécute.)
22 Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agit du document D15/4.
23 M. Susak (interprétation). - Est-ce que c'est la maison de
24 Anto Papic ?
25 M. Strukar (interprétation). - Oui, c'est la seule maison qui
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1 n'avait pas de toit dans cette région et c'est la raison pour laquelle il
2 était facile de la reconnaître.
3 M. Susak (interprétation). - Qu'est-ce que cela veut dire qu'il
4 n'y avait pas de toit ?
5 M. Strukar (interprétation). - Il était très pauvre et
6 probablement qu'il n'a jamais réussi à couvrir la maison. C'est la seule
7 maison où il n'y avait pas de toit.
8 M. Susak (interprétation). - Est-ce que vous avez été chez lui ?
9 M. Strukar (interprétation). - Oui, à deux reprises.
10 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous nous dire où est la
11 porte d'entrée ?
12 M. Strukar (interprétation). - Au milieu.
13 M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous mettre une flèche ou
14 signaler où se trouve la porte ?
15 (Le témoin s'exécute.)
16 Si vous avez été dans cette maison, il y a combien de pièces au
17 rez-de-chaussée à peu près, bien évidemment si vous vous en souvenez ?
18 M. Strukar (interprétation). - Deux, à ma connaissance.
19 M. Susak (interprétation). - Et chaque pièce avait une fenêtre ?
20 M. Strukar (interprétation). - Oui, on voit bien. Il y avait une
21 salle à manger, une salle de séjour, une cuisinière qui s'y trouvait et
22 puis il y avait une chambre à coucher, c'était une deuxième pièce.
23 M. Susak (interprétation). - Il y avait un certain nombre de
24 réfugiés qui habitaient dans cette maison et il y avait la famille de
25 Ante Papic ; il y en avait plus de 25.
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1 D'après vous, pouvaient-ils vivre dans ces deux-pièces et y
2 passer les nuits également, y coucher, à 24 ou 25 personnes ?
3 M. Strukar (interprétation). - Oui, très peu de temps
4 éventuellement, mais ils pouvaient s'y rendre et y rester. Mais, pour
5 vivre, c'était pratiquement impossible. Je ne vois pas comment ils
6 auraient pu tous tenir.
7 M. Susak (interprétation). - Mais pouvaient-ils se coucher dans
8 ces deux-pièces, ou bien restaient-ils debout ?
9 M. Strukar (interprétation). - Non, ils ne pouvaient pas y
10 passer la nuit. Et je ne pense pas qu'il avait de la nourriture pour les
11 garder et pour les nourrir.
12 M. Susak (interprétation). - Mais s'il était pauvre, avait-il
13 des couvertures ? Et puis il y avait des enfants qui n'avaient pas de
14 vêtements et des femmes également.
15 M. Strukar (interprétation). - Je pense que pour lui-même il
16 avait une couverture ou deux, mais cela m'aurait étonné qu'il ait de la
17 nourriture et des vêtements pour tout le monde. .
18 M. Susak (interprétation). - Vous avez dit qu'il se plaignait et
19 qu'il avait dit qu'il y avait un certain nombre de jeunes qui jouaient au
20 foot sur son terrain, etc.
21 M. Strukar (interprétation). - Oui. Quelque peu en contre-bas
22 par rapport à sa maison, il y avait une petite clairière, un terrain qui
23 était dégagé. Il y avait également de l'herbe qu'il faisait pousser. Les
24 jeunes, les enfants jouaient au football et par conséquent il venait se
25 plaindre contre ces enfants.
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1 M. Susak (interprétation). - Et où se trouve cette maison par
2 rapport au village ? Est-ce qu'elle se trouve dans la forêt ou est-elle à
3 la fin du village ?
4 M. Strukar (interprétation). - C'est la dernière maison du côté
5 de la rivière Lasva et dans une petite forêt, un petit bois.
6 M. Susak (interprétation). - Il y avait un ravin là-bas ?
7 M. Strukar (interprétation). - Oui, effectivement ce n'était pas
8 loin du ravin.
9 M. Susak (interprétation). - Par conséquent c'était dans un
10 ravin ?
11 M. Strukar (interprétation). - Oui.
12 M. Susak (interprétation). - Qu'est-ce qui se trouve en face de
13 sa maison ? Est-ce qu'il y avait une grange ?
14 M. Strukar (interprétation). - Oui, il avait lui-même une grange
15 qui se trouvait en face.
16 M. Susak (interprétation). - Est-ce que cette grange se trouvait
17 dans un ravin par rapport à sa maison ?
18 M. Strukar (interprétation). - Mais c'était à peu près au niveau
19 du toit et c'était une pente, un versant, et c'est sur ce versant, sur
20 cette pente, que se trouvait cette grange.
21 M. Susak (interprétation). - Est-ce que cette grange était
22 également un lieu où les gens pouvaient s'abriter ?
23 M. Strukar (interprétation). - Oui, éventuellement.
24 M. Susak (interprétation). - Est-ce qu'elle a été protégée ? De
25 quelle manière a-t-elle été protégée ?
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1 M. Strukar (interprétation). - Elle a été protégée par une pente
2 naturelle.
3 M. Susak (interprétation). - Cette maison se trouve à quelle
4 distance par rapport à la maison de Nikola Omasic ?
5 M. Strukar (interprétation). - Par rapport à la maison de Nikola
6 Omasic, je pense que c'était à une cinquantaine, peut-être cent mètres,
7 pas trop loin. Il y avait quelques arbustes et tout de suite après c'était
8 sa maison.
9 M. Susak (interprétation). - Le carrefour... Est-ce que vous
10 êtes passé à travers cet endroit-là ? Ce n'est pas trop loin par rapport à
11 Omasic et par rapport à Drago Papic. A quelle distance se trouve-t-elle
12 par rapport à cette maison dont on a parlé ?
13 M. Strukar (interprétation). - A une trentaine de mètres.
14 M. Susak (interprétation). - Je pense que c'est un peu moins
15 parce que je l'ai mesuré.
16 M. Strukar (interprétation). - C’est possible, je ne sais pas
17 exactement.
18 M. Susak (interprétation). - Je vais encore vous poser deux
19 questions et j'en aurais terminé. D'après votre estimation, la maison de
20 Ante Papic se trouve à quelle distance par rapport à la maison de Fahrudin
21 Ahmic ?
22 M. Strukar (interprétation). - C'est la maison qui est tout au
23 long de la route ?
24 M. Susak (interprétation). - Oui.
25 M. Strukar (interprétation). - Je pense que c'est à 250 mètres à
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1 vol d'oiseau.
2 M. Susak (interprétation). - Et à pied ?
3 M. Strukar (interprétation). - 300, 350 parce qu'il fallait
4 contourner un certain nombre également de maisons et retourner vers cette
5 maison.
6 M. Susak (interprétation). - Et si on allait à pied, est-ce que
7 le matin on pouvait apercevoir qu'il traversait cet endroit, ou bien est-
8 ce que c'était dangereux également si éventuellement il y avait des tirs ?
9 M. Strukar (interprétation). - Non, je ne pense pas qu'on puisse
10 le voir parce qu'il y a un certain nombre d'arbustes et des virages
11 également, et si on continue la route ce n'est pas possible.
12 M. Susak (interprétation). - S'il ne prend pas la route ?
13 M. Strukar (interprétation). - Mais il y a également un certain
14 nombre d'arbustes également. Du côté de la maison de Papic, il y a une
15 clairière et probablement on l'aurait vu.
16 M. Susak (interprétation). - Par conséquent si la personne
17 traversait la clairière, à ce moment-là c'est une route qui n'est pas
18 longue et donc on pourrait voir la personne en question ?
19 M. Strukar (interprétation). - Oui, effectivement, vous avez
20 raison.
21 M. Susak (interprétation). - Monsieur le Président, je n'ai plus
22 de questions. Je vous remercie.
23 M. le Président (interprétation). - Monsieur Terrier ?
24 M. Terrier. - Merci, Monsieur le Président. Monsieur le Témoin,
25 je m'appelle Frank Terrier, je suis l'un des avocats de l'accusation et je
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1 vais vous poser quelques questions à la suite de votre long témoignage
2 aujourd'hui.
3 Tout d'abord j'aimerais être certain de bien comprendre...
4 M. le Président (interprétation). - Maître Terrier, je crois
5 qu'il y a une question qu'aimerait soulever Me Susak. Souhaiterez-vous
6 verser au dossier les pièces que vous avez proposées ?
7 M. Susak (interprétation). - (Hors micro.)
8 M. le Président (interprétation). - Oui, d'accord.
9 M. Susak (interprétation). - (Hors micro.) Pièces à
10 conviction 11/4 jusqu'à 15/4, si on peut verser au dossier toutes ces
11 pièces à conviction.
12 M. le Président (interprétation). - Ca y est, merci.
13 M. Terrier. - Merci, Monsieur le Président. Monsieur le Témoin,
14 avant de revenir sur ce qu'a été la substance de votre témoignage
15 aujourd'hui, j'aimerais être certain d'avoir bien compris quelle a été
16 votre carrière et quelles sont vos qualifications. Je voudrais que vous
17 repreniez ce qui me paraît être une sorte de livret professionnel qui a
18 été remis au Tribunal et versé au dossier du Tribunal sous la cote D77/2,
19 Monsieur l’Huissier, à moins que vous l'ayez conservé, je ne sais pas.
20 (L'huissier s'exécute.)
21 (L'interprète demande à ce que ce document soit placé sur le
22 rétroprojecteur)
23 M. Terrier. - Monsieur le Témoin, si j'ai bien compris les
24 explications que vous avez données tout à l'heure lorsque ce document a
25 été donné, il s'agit d'un livret professionnel qui retrace les différentes
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1 étapes de votre carrière au sein de l'administration de la police de la
2 République de Bosnie-Herzégovine. N'est-il pas curieux qu'il n'y ait pas
3 votre photographie sur ce document ?
4 M. Strukar (interprétation). - Non, quand il s'agit des carnets
5 de travail, il n'y a pas de photographie, pour le livret professionnel, il
6 n'y a pas de photographie.
7 M. Terrier. - Monsieur le Témoin, je vous invite à vous reporter
8 à la page n° 6 de ce livret, page n° 6.
9 M. Strukar (interprétation). - Page n° 6 ?
10 M. Terrier. - Il est porté deux mentions : une première qui
11 fait état de votre entrée dans les services de police en 1980 et d'une
12 période qui s'étend jusqu'en 1989 ; et en dessous, il est fait état de
13 vos services à Zenica et Vitez de 1990 à 1992. N'est-il pas curieux,
14 Monsieur le Témoin, que cette dernière mention, qui ferait donc état de
15 votre départ le 19 octobre 1992, ne soit pas certifiée par un cachet
16 administratif, un tampon administratif ?
17 M. Strukar (interprétation). - Eh bien, ce livret professionnel,
18 je l'ai reçu au ministère de l'Intérieur de la République à Sarajevo.
19 C'est comme cela que je l’ai eu et c’est comme cela que cela a été remis
20 entre mes mains. En ce qui concerne les dates dont vous avez parlé, il
21 s'agit des opérations administratives et je ne peux absolument pas vous
22 dire comment et sur quelles bases ils ont complété ce document. Parce que
23 le centre de transmission à l'époque s'appelait le poste de la sécurité
24 publique, alors qu'ici on dit en notre terme, ensuite c'était également un
25 comité au sein du ministère de l'Intérieur. Je ne sais pas, je ne peux pas
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1 vous dire, c'est une question administrative.
2 M. Terrier. - A quelle date, Monsieur le Témoin, ce document
3 vous a-t-il été remis ?
4 M. Strukar (interprétation). - Eh bien, ce document m'a été
5 délivré à partir du moment où il a été possible de rentrer à Sarajevo.
6 M. Terrier. - Pouvez-vous, compte tenu de ces indications de
7 circonstances, pouvez-vous préciser la date, ou du moins approximativement
8 l'époque à laquelle ce document vous a été remis ?
9 M. Strukar (interprétation). - En 1994 à peu près. Je ne sais
10 pas si c'était la fin 1994 ou bien éventuellement 1995, mais je sais que
11 j'ai soumis une demande pour partir à la retraite. Ils m'ont demandé le
12 livret professionnel et j'étais dans l'obligation de me rendre à Sarajevo.
13 Après cela, j'ai obtenu ma retraite, et c'est comme cela que j'ai eu ce
14 livret professionnel avec tous ces documents.
15 M. Terrier. - Monsieur le Témoin, toutes les mentions qui
16 figurent sur la page 6 de ce livret sont-elles de la même... ?
17 M. Strukar (interprétation). - Je n'ai pas tout à fait bien
18 compris votre question, s'il vous voulez la reformuler. J'ai compris la
19 moitié de la question.
20 M. Terrier. - Monsieur le Témoin, je demandais simplement si -je
21 faisais peut-être appel à vos talents de policier- les mentions qui
22 figurent sur la page 6, les deux séries de mentions qui figurent sur la
23 page 6 vous paraissent avoir été faites, portées sur ce livret par la même
24 main. S'agit-il de la même écriture ?
25 M. Strukar (interprétation). - Eh bien, je n'ai pas
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1 l'impression, mais de toute façon le livret professionnel a été soumis
2 en 1989 au poste de police de Vitez, il est parti à Sarajevo, et ce n'est
3 qu'en 1994 que je l'avais pris. Par conséquent, je ne peux certainement
4 pas dire si le manuscrit est le même, qui l'a écrit, rempli, non.
5 M. Terrier. - Mais vous conviendrez avec moi, Monsieur le
6 Témoin, que rien d'officiel dans ce livret n'établit qu'il ait été
7 complété en 1992 et qu'il vous ait été remis ainsi complété en 1994. Il
8 n'y a rien d'officiel dans ce document qui l'établisse.
9 M. Strukar (interprétation). - Toutes ces données existent au
10 ministère des Affaires intérieures à Sarajevo.
11 M. Terrier. - Monsieur le Témoin, si j'ai bien compris vos
12 explications tout à l'heure, il semble que vous ayez bénéficié d'une
13 formation en matière de police technique ou de police criminelle à
14 Sarajevo, et que vous soyez revenu à Vitez en 1992. Etait-ce en
15 avril 1992 ?
16 M. Strukar (interprétation). - Je suis allé pour poursuivre ce
17 séminaire début 1992, et quand la guerre a commencé à Sarajevo, je pense
18 que c'était le 3 ou le 4 avril, quand il y avait le blocus de Sarajevo, un
19 de mes collègues et moi-même avons réussi à sortir de Sarajevo. Nous
20 sommes retournés à Vitez et nous avons recommencé nos activités au sein du
21 poste de police.
22 M. Terrier. - Et ces activités au sein du poste de police à
23 partir d'avril 1992 consistaient à enquêter dans les matières
24 criminelles ?
25 M. Strukar (interprétation). - Oui.
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1 M. Terrier. - Jusqu'à quand avez-vous exercé cette fonction ?
2 Peut-être d'ailleurs l'exercez-vous toujours ?
3 M. Strukar (interprétation). - Non, je suis technicien en
4 criminologie et je suis resté à ce poste jusqu'en 1994.
5 M. Terrier. - Pardonnez-moi. Pouvez-vous préciser les fonctions
6 que vous avez exercées après 1994 jusqu'à la date d'aujourd'hui ?
7 M. Strukar (interprétation). - Tout d'abord, j'ai travaillé au
8 poste de police comme technicien en criminologie ; pendant le conflit,
9 également, j'ai poursuivi ces activités et je suis resté au poste de
10 police et j'ai donc enquêté sur tout ce qui était actes criminels.
11 M. Terrier. - Ce sont les fonctions que vous exercez toujours,
12 aujourd'hui ?
13 M. Strukar (interprétation). - Non, je suis actuellement à la
14 retraite. C'est en 1994, fin 1994 que je suis parti à la retraite.
15 M. Terrier. - Pardonnez-moi, compte tenu de votre âge, est-ce
16 que je peux vous demander ce que veut dire être à la retraite ?
17 M. Strukar (interprétation). - Eh bien, j'avoue que l'on m'avait
18 permis, les conditions étaient réunies, la police, les membres de la
19 police avaient le droit de compter pas en double mais en une année et
20 demie l'ancienneté, et c'est comme cela que j'ai rempli les conditions
21 nécessaires et j'ai pu prendre la retraite, même si je ne parais pas cet
22 âge.
23 M. Terrier. - J'ai bien compris, Monsieur le Témoin, que vous
24 avez pris votre retraite de la police. Je vous demande quelles sont vos
25 activités ? Est-ce que vous avez des activités de retraité qui consistent
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1 à ne rien faire ou avez-vous d'autres activités aujourd'hui ?
2 M. Terrier. - Oui, j'ai un restaurant-grill. Ma femme a ce
3 restaurant et je l'aide à Vitez.
4 M. Terrier. - A Vitez. Qu'est-ce qui fait de vous, Monsieur le
5 Témoin, un spécialiste des installations de la société Ogrjev, puisque
6 vous nous avez décrit avec beaucoup de précisions ce que sont ces
7 installations, comment elles sont orientées ? Je vous demande comment se
8 fait-il que vous les connaissiez si bien ?
9 M. Strukar (interprétation). - Ogrjev se trouve le long de la
10 route principale. Je passe devant tous les jours. Je vais acheter les
11 marchandises dont nous avons besoin, donc je passe devant tous les jours
12 et c'est un endroit que l'on ne peut pas rater. Ogrjev stockait également
13 des matériaux de construction donc parfois j'allais là-bas avec certains
14 de mes collègues qui en avaient besoin lorsqu'ils construisaient certains
15 bâtiments, leur maison, des choses comme cela. Donc je les aidais parfois
16 à charger ces matériaux.
17 D'autre part, lorsque je travaillais au poste de police, je
18 venais parfois avec mes collègues rendre visite aux gardes qui s'y
19 trouvaient parce que lorsque nous étions en équipe de nuit nous devions,
20 c'était l'une de nos missions, rendre visite aux gardes et voir si aucun
21 problème ne se présentait à eux.
22 M. Terrier. - Est-ce que vous étiez présent lorsque le film que
23 nous avons vu tout à l'heure a été tourné ?
24 M. Strukar (interprétation). - Non.
25 M. Terrier. - Connaissez-vous l'accusé Drago Josipovic ?
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1 M. Strukar (interprétation). - Je l'ai vu une seule fois avant
2 qu'il parte. Je ne le connaissais pas avant.
3 M. Terrier. - Où l'avez-vous vu ?
4 M. Strukar (interprétation). - Au cimetière de Topolsko, il y
5 avait un enterrement ce jour-là. Et je l'ai vu, il était avec sa femme. Je
6 connaissais sa femme parce que c'est un personnage politique et c'est là
7 que j'ai appris qu'en fait il était son époux.
8 M. Terrier. - En quel sens Mme Josipovic est-elle un personnage
9 politique ?
10 M. Strukar (interprétation). - Eh bien, au sein de la
11 municipalité...
12 M. le Président (interprétation). - Je crois qu'il y a une
13 objection de la part de Me Susak.
14 M. Susak (interprétation). - Monsieur le Président, aux termes
15 de l'article 7 du statut, toute personne est dotée d'une responsabilité
16 individuelle, tout accusé. Or, je crois que l'épouse de l'accusé n'est
17 inculpée en aucune façon et je ne vois pas pourquoi on parle d'elle
18 maintenant.
19 M. Terrier. - Monsieur le Président...
20 (Les Juges se consultent sur le Siège.)
21 M. le Président (interprétation). - Maître Terrier peut poser
22 cette question. Le témoin disait qu'il connaissait l'épouse d'un des
23 accusés et le Procureur peut effectivement poser certaines questions sur
24 ce point. Je crois que c'est une question tout à fait pertinente.
25 M. Terrier. - Merci, Monsieur le Président. Voulez-vous que je
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1 répète la question ?
2 M. Strukar (interprétation). - Non. Je connaissais
3 Slavica Josipovic, elle travaillait à la municipalité juste à côté de nous
4 et j'ai travaillé avec elle par le passé.
5 M. Terrier. - Mais, Monsieur le Témoin, il ne s'agissait pas de
6 ma question. Ma question était : vous avez parlé d'un personnage
7 politique, qu'est-ce qu'un personnage politique ? En quoi Mme Josipovic
8 est-elle ou était-elle à l'époque un personnage politique ?
9 M. Strukar (interprétation). - A ma connaissance, elle était
10 membre du HDZ, mais je ne sais pas quel poste elle occupait.
11 M. Terrier. - Etre un personnage politique signifie-t-il, en
12 l'occurrence, être un membre important du HDZ ?
13 M. Strukar (interprétation). - Non, non, pas dans la structure
14 du HDZ en particulier, mais dans la structure du gouvernement.
15 M. Terrier. - Monsieur le Témoin, êtes-vous déjà allé dans la
16 maison de Drago Josipovic ?
17 M. Strukar (interprétation). - Non, jamais.
18 M. Terrier. - Comment pouvez-vous, dans ces conditions, avoir
19 répondu tout à l'heure à la question de Me Susak, qui était de savoir si
20 telle ou telle fenêtre de Ogrjev pouvait être vue de la maison de
21 Drago Josipovic ? Le transcript fait foi à cette question et de votre
22 réponse ?
23 M. Strukar (interprétation). - Eh bien, de l'autre côté de
24 Ogrjev, un peu plus en contrebas, de l'autre côté de la route se trouve la
25 maison de M. Josipovic.
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1 M. Terrier. - Vous avez répondu en fait par une supposition ?
2 Avez-vous un souvenir extrêmement précis et exact des installations de la
3 société Ogrjev en 1993 en avril 1993 ?
4 M. Strukar (interprétation). - Je pense, enfin, précisément oui.
5 M. Terrier. - Vous souvenez-vous qu'il existait, en dehors de la
6 porte d'accès que nous avons abondamment vue sur le film et sur les
7 photographies, une autre porte d'accès ou en tout cas une porte différente
8 qui était un accès direct sur la route ?
9 M. Strukar (interprétation). - Je n'ai pas le souvenir de cela,
10 non. Je n'ai pas le souvenir d'avoir vu cela.
11 M. Terrier. - Monsieur l'Huissier, pouvons-nous montrer très
12 rapidement au témoin la photographie 245, pièce de l'accusation n° 245 ?
13 (L'huissier s'exécute.)
14 Monsieur le Témoin, cette photographie a été prise le
15 16 avril 1993 par un officier britannique. Reconnaissez-vous ce qui se
16 trouve sur cette photographie ?
17 M. Strukar (interprétation). - Oui.
18 M. Terrier. - Reconnaissez-vous la clôture de la société Ogrjev
19 sur la droite de la route ?
20 M. Strukar (interprétation). - Oui.
21 M. Terrier. - Est-ce que vous voyez sur cette clôture, et à vrai
22 dire au début de cette clôture, une porte qui est fermée sur cette
23 photographie ?
24 M. Strukar (interprétation). - Oui effectivement, là, oui, ici.
25 (Le témoin le marque sur la photo.)
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1 M. Terrier. - Je vous remercie. Est-ce que cette porte que vous
2 venez d'indiquer sur la photographie existe aujourd'hui ?
3 M. Strukar (interprétation). - Je ne pense pas.
4 M. Terrier. - Nous devons donc en conclure que les lieux ont été
5 modifiés ? Sommes-nous d'accord ?
6 M. Strukar (interprétation). - Cette partie-là, oui.
7 M. Terrier. - Monsieur le Témoin, vous êtes-vous rendu dans la
8 maison de M. Anto Papic ?
9 M. Strukar (interprétation). - Non.
10 M. Terrier. - Dans ces conditions, comment avez-vous pu donner
11 un point de vue sur ce qui se trouve, ou sur ce qui se trouvait, à
12 l'intérieur de cette maison ?
13 M. Strukar (interprétation). - Je n'ai pas dit que je... Ah
14 pardon, excusez-moi, oui, Ante Papic, je croyais que vous parliez de Drago
15 Josipovic. Ante Papic, c'est cela ?
16 M. Terrier. - Oui.
17 M. Strukar (interprétation). - Oui, effectivement je suis allé
18 chez lui. Je suis allé chez lui.
19 M. Terrier. - Pour quelle raison êtes-vous allé chez M. Ante
20 Papic ?
21 M. Strukar (interprétation). - Il est venu nous rendre visite à
22 cause de nos enfants qui jouaient sur sa pelouse et ils ont abîmé son
23 herbe. Par conséquent, il voulait que nous le constations nous-mêmes afin
24 que nous puissions dire à nos enfants de ne pas recommencer parce que nos
25 enfants se moquaient de lui et ne le prenaient pas au sérieux. C'est pour
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1 cela qu'il nous a dit de venir chez lui et nous avons d'ailleurs bu une
2 tasse de café chez lui.
3 M. Terrier. - Pardonnez-moi, à cette époque-là vous habitiez à
4 proximité de la maison de M. Ante Papic ?
5 M. Strukar (interprétation). - Non, non, j'habitais à Vitez.
6 M. Terrier. - Mais vous vous rendiez à Ahmici avec vos enfants ?
7 M. Strukar (interprétation). - Non, non, non, je n'avais pas à
8 aller à Ahmici.
9 M. Terrier. - Pardonnez-moi, c'est sans doute ma faute, mais
10 j'aimerais comprendre. Vous avez dit que vos enfants, selon le transcript,
11 auraient abîmé la pelouse de M. Ante Papic. C'est bien cela ?
12 M. Strukar (interprétation). - Non, non, des enfants qui
13 habitaient autour de chez lui. Il y a donc cette rivière, la Lasva, où les
14 enfants vont nager et ensuite ils ressortent de l'eau et ils jouent au
15 football sur sa pelouse. Nous, nous venions réprimander ces enfants et
16 leur dire de ne plus recommencer.
17 M. Terrier. - J'ai compris. D'une manière générale, avant le
18 mois d'avril 1993, est-ce que vous vous rendiez souvent, soit pour des
19 raisons personnelles, soit dans le cadre professionnel, à Ahmici ?
20 M. Strukar (interprétation). - Non, pas très fréquemment, pas au
21 village d'Ahmici. Je n'en avais pas besoin. Je traversais Ahmici en
22 suivant la route principale mais je n'avais pas nécessité de m'y arrêter.
23 M. Terrier. - Mais pour une question de pelouse un peu abîmée,
24 les policiers de Vitez se déplaçaient de Vitez à Ahmici ?
25 M. Strukar (interprétation). - Oui, les policiers qui
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1 travaillaient sur le terrain se rendaient à Ahmici, Pocjoci , Nadjoci,
2 Krcevine et j'en passe... Et ensuite, nous...
3 M. Terrier. - Dans les circonstances de l'époque, Monsieur le
4 Témoin, un incident aussi mineur qu'une pelouse piétinée par un enfant
5 pouvait justifier le déplacement d'un policier ?
6 M. Strukar (interprétation). - Effectivement, dans notre police
7 il y avait certaines personnes qui étaient habituées à travailler sur le
8 terrain, qui faisaient des patrouilles dans les villages, qui recevaient
9 des rapports ou des plaintes et qui réglaient ces questions sur le
10 terrain.
11 M. Terrier. - Monsieur le Témoin, ce n'était pas votre cas. Vous
12 étiez technicien en scène de crimes, technicien en police technique. Vous
13 n'êtes pas un spécialiste des pelouses piétinées par les enfants ?
14 M. Strukar (interprétation). - Non, mais dès que je suis sorti
15 de l'école et de mes cours en 1981, 1982, je suis allé travailler dans
16 cette région avec les autres policiers. Nous passions ici et là et nous
17 disions aux gens ce qu'ils n'étaient pas censés faire.
18 M. Terrier. - Monsieur le Témoin, est-ce que vous connaissez
19 l'accusé Vlado Santic ?
20 M. Strukar (interprétation). - Oui.
21 M. Terrier. - Pouvez-vous expliquer au Tribunal dans quelles
22 circonstances vous l'avez connu et quelles relations vous entreteniez avec
23 lui, relations personnelles ou relations professionnelles ?
24 M. Strukar (interprétation). - J'ai fait la connaissance de
25 Vlado Santic quand j'ai commencé à travailler à la police. En fait,
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1 j'avais fait sa connaissance déjà avant. Quand j'ai dû commencer l'école,
2 c'est lui qui m'a annoncé que j'étais accepté à l'école. Et quand j'ai
3 commencé à travailler à Vitez, j'ai continué à avoir des relations avec
4 lui, nous nous fréquentions.
5 M. Terrier. - Est-ce que vous pouvez nous parler plus
6 précisément de l'époque qui nous intéresse, c'est-à-dire d'avril 92 à,
7 mettons, avril 93 ?
8 M. Strukar (interprétation). - En 1992, Vlado Santic travaillait
9 au service de criminologie de la police. Il a ensuite été transféré à la
10 police militaire, si je ne m'abuse, de sorte que nous avons cessé de
11 travailler ensemble.
12 M. Terrier. - Pouvez-vous indiquer, préciser la date à laquelle
13 Vlado Santic a rejoint la police militaire ?
14 M. Strukar (interprétation). - Je ne pourrais pas préciser cette
15 date.
16 M. Terrier. - Pouvez-vous préciser l'époque ?
17 M. Strukar (interprétation). - Peut-être à la mi-92.
18 M. Terrier. - Vous prétendez donc qu'après la mi-92 vous n'aviez
19 plus eu de relations avec Vlado Santic du fait qu'il avait rejoint la
20 police militaire ?
21 M. Strukar (interprétation). - Eh bien, nous avions des contacts
22 professionnels. Nous nous rencontrions quelquefois. Il nous arrivait de
23 boire un verre ensemble.
24 M. Terrier. - Mais auparavant vos relations étaient plus
25 intimes, plus proches que celles-là ?
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1 M. Strukar (interprétation). - Eh bien, oui, mais en raison du
2 rythme de la vie, du rythme du travail, des événements en cours, j'ai eu
3 moins de temps pour des fréquentations suivies.
4 M. Terrier. - Je comprends. Je voudrais aborder maintenant la
5 question de la composition du service de police de Vitez dans le cadre
6 duquel vous avez exercé. Vous nous avez expliqué que le chef de ce service
7 était Pero Skopljak, du moins lorsque vous êtes rentré en avril 1992.
8 Quelle était l'origine professionnelle de Pero Skopljak ?
9 M. Strukar (interprétation). - La seule chose que je sais, c'est
10 qu'en 1991, à l'époque des élections, le parti politique qu'il
11 représentait lui a sans doute donné un poste, mais je ne sais pas grand-
12 chose de plus.
13 M. Terrier. - Est-il une personne formée à la police, à
14 l'administration de la police, aux techniques de la police ?
15 M. Strukar (interprétation). - Il avait fait des études
16 universitaires. Maintenant, est-ce qu'il avait une qualification pour le
17 travail de policier, je ne sais pas. En général, à ce genre de poste on
18 nommait des représentants politiques.
19 M. Terrier. - Donc lorsque Pero Skopljak est nommé à ce poste
20 fin 1991 ou début 1992, il s'agit simplement d'une nomination à caractère
21 politique qui n'est pas justifiée par des connaissances professionnelles
22 ou techniques particulières. C'est ce que vous venez de nous dire ?
23 M. Strukar (interprétation). - C'était la pratique en vigueur
24 avant et c'est celle qui s'est poursuivie par la suite.
25 M. Terrier. - Je comprends. Est-ce que Pero Skopljak et l'accusé
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1 Vlado Santic avaient des relations étroites, personnelles ?
2 M. Strukar (interprétation). - Je ne saurais pas répondre à
3 cela.
4 M. Terrier. - Vous nous avez parlé tout à l'heure des réserves
5 de la police, c'est-à-dire des postes de police composés de réservistes,
6 implantés dans différentes communautés locales aux alentours de Vitez.
7 Vous nous avez dit, en particulier, qu'un de ces postes de police, de
8 réserve de la police, avait été implanté à Ahmici, Santici et Nadioci et
9 qu'il était dirigé par Zahid Ahmic. Est-ce que vous pouvez nous dire si
10 ces forces locales de réserve de la police étaient ethniquement
11 équilibrées ?
12 M. Strukar (interprétation). - Oui. Dans les communautés
13 locales, oui.
14 M. Terrier. - Est-ce que cet équilibre ethnique reflétait
15 l'équilibre ethnique de la municipalité ?
16 M. Strukar (interprétation). - En général, oui. En général, on
17 cherchait à ce que le rapport soit de 50/50.
18 M. Terrier. - Par conséquent, lorsqu'on évoque le poste de
19 réserve de la police d'Ahmici, Nadjoci, Santici, il faut bien comprendre
20 que cette force de réserve de la police était composée à la fois de
21 Musulmans et de Croates ?
22 M. Strukar (interprétation). - Oui.
23 M. Terrier. - Il faut donc comprendre que lorsque des armes ont
24 été remises à ces réservistes de la police, elles ont été tout autant
25 remises aux Croates qu'aux Musulmans ?
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1 M. Strukar (interprétation). - Oui.
2 M. Terrier. - Avez-vous été informé qu'après octobre 1992, à la
3 fin du mois d'octobre 1992, les autorités croates ont sommé les Musulmans
4 d'Ahmici, Santici et Nadjoci de remettre leurs armes ?
5 M. Strukar (interprétation). - Je ne suis pas au courant.
6 M. Terrier. - Monsieur le Témoin, parlons de l'équilibre
7 ethnique dans le service de police de Vitez, le service professionnel de
8 police de Vitez.
9 M. Strukar (interprétation). - Oui.
10 M. Terrier. - Vous avez indiqué, sauf erreur de ma part, que cet
11 équilibre avait été maintenu tant bien que mal jusqu'en octobre 1992, et
12 qu'après octobre 1992 les Musulmans -ou beaucoup des Musulmans- qui
13 composaient la police de Vitez étaient partis pour se regrouper à Mahala.
14 Vous souvenez-vous qu'en juin 1992 un certain Darko Kraljevic
15 est entré dans les locaux du poste de police de Vitez et a désarmé
16 plusieurs policiers musulmans ?
17 M. Strukar (interprétation). - Je ne me rappelle pas. Je n'étais
18 pas là, mais je ne me rappelle pas qu'il ait désarmé quelqu'un.
19 L'interprète. - La question posée au témoin a consisté à lui
20 demander s'il avait dit qu'en 1992 une personne nommée Darko Kraljevic est
21 entrée au poste de police et a désarmé un certain nombre de Musulmans.
22 M. Terrier. - Je corrige le transcript qui ne reflète pas tout à
23 fait la question que je posais. Je vous demandais, Monsieur le Témoin, si
24 vous aviez le souvenir de cet événement qui s'est produit en juin 1992 ?
25 Et si vous avez souvenir du fait que Darko Kraljevic, et plusieurs autres
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1 personnes du HVO, est entré dans le poste de police et a désarmé les
2 policiers musulmans qui s'y trouvaient ? Et enfin, s'il les a expulsés du
3 poste de police bien entendu ? Avez-vous le souvenir de cet événement ?
4 M. Strukar (interprétation). - Je ne me rappelle pas cet
5 événement.
6 M. Terrier. - Est-ce que la personne de Darko Kraljevic vous est
7 connue ?
8 M. Strukar (interprétation). - Oui.
9 M. Terrier. - Pouvez-vous préciser de qui il s'agissait ?
10 M. Strukar (interprétation). - Il était membre d'une unité
11 spéciale PPN, comme on les appelait, constituée par les HOS, les forces de
12 l'armée croate, et les Vitezovi, par les membres du HOS et les Vitezovi.
13 M. Terrier. - Est-ce que, Monsieur le Témoin, vous avez le
14 souvenir qu'à la suite de différents incidents, dont celui que j'ai évoqué
15 et dont vous n'avez pas gardé souvenir, les relations entre les policiers
16 croates et les policiers musulmans se sont graduellement détériorées au
17 cours de l'été 1992 et de l'automne 1992, au point qu'une séparation est
18 effectivement intervenue dans le courant du mois d'octobre ?
19 Quelles sont, à votre avis, si cela correspond bien à votre
20 souvenir, les causes profondes de cette séparation des policiers croates
21 et des policiers musulmans ?
22 M. Strukar (interprétation). - Avant la division des Musulmans
23 et des Croates, on avait gardé l'habitude de parler au poste de police du
24 HDZ et du SDA, des partis politiques. Lequel des deux allait l'emporter ?
25 Lequel allait avoir la majorité ? Ce genre de chose... C'était le sujet
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1 des conversations et des désaccords qui portaient sur des aspects
2 politiques.
3 M. Terrier. - Est-il exact qu'en septembre 1992 Pero Skopljak a
4 été remplacé par Mirko Samija ou Mirko Samije que vous avez évoqué tout à
5 l'heure, et que ce nouveau responsable de la police de Vitez a notifié aux
6 policiers musulmans que leur maintien au sein de la force de police de
7 Vitez était subordonné à une enquête de Mostar ?
8 M. Strukar (interprétation). - Je ne suis pas au courant de
9 cela. Je sais qu'après la démission de Pero Skopljak, c'est Mirko Samija
10 qui est arrivé, mais le fait qu'il fallait effectuer une vérification, ça
11 je ne suis pas au courant.
12 M. Terrier. - Monsieur le Témoin, vous avez évoqué la situation
13 d'insécurité croissante qui s'est développée à Vitez et dans la région de
14 Vitez au cours de l'année 1992 et les premiers mois ou les premières
15 semaines de 1993. Il m'a semblé, mais vous me corrigerez s'il vous semble
16 que je me trompe, que vous imputiez cette situation d'insécurité aux
17 milices armées telles que le HOS, les Vitezovi ou les Jockeri. Ai-je bien
18 interprété vos propos ?
19 M. Strukar (interprétation). - Oui.
20 M. Terrier. - A votre sens, ces milices armées poursuivaient-
21 elles des objectifs différents de ceux du HVO ?
22 M. Strukar (interprétation). - Je ne sais pas vraiment quels
23 étaient leurs objectifs. La seule chose que je sais, c'est que, nous en
24 tant que police civile, nous ne pouvions rien faire quand un jeune homme
25 en uniforme nous indiquait qu'il était membre d'une unité, nous ne
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1 pouvions pas remplir nos fonctions. Mais politiquement, je ne sais pas.
2 M. Terrier. - A cet égard, s'agissant de votre possibilité
3 d'agir en tant que policier civil, y avait-il une différence selon que la
4 personne qui se trouvait en face de vous était une personne appartenant à
5 l'une des milices que nous avons évoquées -HOS ou Jockeri-, ou appartenant
6 aux unités dites régulières du HVO -c'est-à-dire à la brigade de Vitez ? Y
7 avait-il une différence à faire pour vous, selon qu'il s'agit d'un membre
8 du HVO ou un membre d'une milice ?
9 M. Strukar (interprétation). - Il y avait une différence.
10 M. Terrier. - Pouvez-vous préciser ?
11 M. Strukar (interprétation). - Les paramilitaires en général
12 étaient vêtus d'un uniforme noir et ils avaient le crâne complètement
13 rasé. Les membres de ces unités avaient tendance à boire, ils perturbaient
14 l'ordre public et faisaient des choses de ce genre, alors que les membres
15 des brigades étaient toujours des jeunes gens assez calmes.
16 M. Terrier. - Pouvez-vous me rappeler -je sais que vous en avez
17 déjà parlé mais je pense que c'est suffisamment important pour que je
18 repose la question- quelle était l'autorité qui avait le commandement du
19 HOS ou Vitezovi ?
20 M. Strukar (interprétation). - A Vitez, il n'y avait personne
21 pour le HOS. Ils étaient autonomes et ils ne faisaient que ce qu'ils
22 décidaient de faire.
23 M. Terrier. - Il y avait bien un commandant, un chef ? Vous avez
24 cité son nom d'ailleurs, tout à l'heure.
25 M. Strukar (interprétation). - Le chef des Vitezovi était
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1 Darko Kraljevic, à Vitez.
2 M. Terrier. - Pouvez-vous me dire ce que vous savez des
3 Jockers ?
4 M. Strukar (interprétation). - Pour les Jokers, j'ai simplement
5 entendu dire qu'ils étaient installés à Nadjoci et qu'ils étaient membres,
6 semble-t-il, de la police militaire.
7 M. Terrier. - Quelle était la chaîne de commandement dont ils
8 dépendaient ?
9 M. Strukar (interprétation). - Je ne saurais le dire, je ne sais
10 pas.
11 M. Terrier. - Vous ne savez pas ? Vous la connaissez pour le HOS
12 mais pas pour...
13 M. Strukar (interprétation). - La structure... Eux étaient
14 plutôt isolés, ils ne provoquaient pas les problèmes que provoquaient les
15 membres du HOS. Moi, je ne les connaissais pas. C'est simplement par les
16 récits que j'ai entendu dire que les Jokers existaient, mais je ne les
17 connaissais pas.
18 M. Terrier. - Et vous ne connaissez aucun de leurs officiers de
19 l'époque, aucun de leurs responsables de l'époque ?
20 M. Strukar (interprétation). - Non.
21 M. Terrier. - Je vais demander à M. l'huissier de soumettre à
22 M. le témoin la pièce de l'accusation 343.
23 L'interprète. - La pièce demandé à l'écran est la pièce 342.
24 (L'huissier s'exécute.)
25 M. Terrier. - Pièce 343. Monsieur le Témoin, si je vous invite à
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1 prendre connaissance de ce document, c'est simplement pour appeler votre
2 attention sur l'en-tête et les destinataires de cet ordre en date du
3 16 janvier 1993 et signé du colonel Blaskic. Vous pouvez constater que,
4 parmi les destinataires de cet ordre du colonel Blaskic, figure la
5 formation des Vitezovi.
6 M. Strukar (interprétation). - Je vois que le mot Vitezovi est
7 écrit.
8 M. Terrier. - Ne sommes-nous pas autorisés à conclure de cela,
9 Monsieur le Témoin, que ces miliciens appartenant aux Vitezovi et que vous
10 avez décrits d'une manière aussi défavorable, comme ayant une apparence
11 très particulière, comme étant des ivrognes, font en réalité partie de la
12 chaîne de commandement aboutissant au général Blaskic, commandant de la
13 zone opérationnelle ?
14 M. Strukar (interprétation). - Cela, je ne le savais pas. La
15 seule chose que je savais, c'est qu'ils travaillaient, ça je l'ai déjà
16 dit. Mais s'agissant de la structure, je ne la connais pas, je n'en avais
17 aucune idée.
18 M. Terrier. - Monsieur le Témoin, vous constaterez que parmi les
19 destinataires de cet ordre du colonel Blaskic figure aussi le
20 4ème Bataillon de police militaire de Vitez. Qui était responsable de ce
21 bataillon de police militaire de Vitez ?
22 M. Strukar (interprétation). - Je pense que le chef du
23 4ème Bataillon était le commandant... Un instant s'il vous plaît, je crois
24 que c'était Ivan Budimir, le 4ème Bataillon de la police militaire.
25 M. Terrier. - Monsieur le Témoin, dans un document qui a été
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1 remis tout à l'heure au dossier du Tribunal et qui porte la cote D 30/2,
2 il est évoqué un incident que vous avez abondamment décrit et qui est
3 imputable à un responsable des Vitezovi. Et l'auteur de ce rapport qui
4 relate cet incident dit que cet incident est déplorable dans la mesure où
5 il donne le sentiment que les forces HVO se trouvent divisées. Je me
6 réfère au dernier paragraphe de ce document signé de Pasko Ljubicic et de
7 Miso Mijic.
8 Est-ce que ce n'est pas encore là un indice, sinon une preuve,
9 de ce que les milices que nous évoquons et qui se comportent si mal, ces
10 milices qui sont responsables du sentiment d'insécurité, de l'insécurité
11 dans la région, sont bien intégrées au dispositif de commandement du HVO ?
12 M. Strukar (interprétation). - Je ne connais vraiment pas cela.
13 La seule chose que je sais, c'est qu'on racontait, on disait dans les
14 conversations qu'il faudrait que toutes les unités soient placées sous un
15 commandement unifié. Mais pour autant que je le sache, tous les membres de
16 ces PPN, unités spéciales, ont refusé d'être placés dans le même
17 bataillon, sous le même commandement si vous préférez.
18 M. Terrier. - Monsieur le Témoin, j'en viens maintenant à un
19 autre domaine de questions. Je voudrais parler de votre pratique
20 professionnelle. Vous avez, au cours de l'interrogatoire principal, donné
21 le sentiment que vous agissiez de manière parfaitement objective et que
22 vous enquêtiez sur tous les crimes ou les délits qui étaient portés à
23 votre connaissance, qu'ils soient imputables à des Croates ou qu'ils
24 soient imputables à des Musulmans. C'est ce point que j'aimerais que nous
25 examinions.
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1 Tout d'abord, j'aimerais que vous précisiez ce qu'étaient vos
2 relations professionnelles avec la police militaire. Quel était
3 précisément, à vous en tant que police civile, votre domaine de
4 compétences par rapport à la police militaire ?
5 M. Strukar (interprétation). - Le domaine de compétences : dans
6 le cas où un militaire avait participé à un acte criminel, nous avions
7 pour tâche de le remettre à la police militaire.
8 M. Terrier. - Néanmoins, il semble donc que lorsqu'un crime
9 était porté à votre connaissance, il vous appartenait dans tous les cas
10 d'enquêter sur ce crime ?
11 M. Strukar (interprétation). - Nous devions mener une enquête et
12 au cas où l'auteur était un militaire, c'est la police militaire qui
13 prenait le relais et qui poursuivait l'affaire.
14 M. Terrier. - Mais il ne pouvait pas être imaginé que la police
15 militaire se saisisse elle-même d'un crime ? Autrement dit, si vous me
16 permettez de préciser ma question, c'est uniquement lorsqu'un militaire
17 est identifié comme l'auteur d'un crime que vous passiez le relais à la
18 police militaire ?
19 M. Strukar (interprétation). - Oui.
20 M. Terrier. - Vous avez évoqué tout à l'heure l'assassinat...
21 L'interprète. - Au transcript, il est écrit pour votre
22 question : est-il imaginable que la police militaire commette un crime,
23 soit saisie d'un crime ?
24 M. Terrier. - Oui, Monsieur le Président, l'interprète me fait
25 savoir effectivement qu'il y a dans le transcript une erreur. Je n'ai pas
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1 évidemment dit que la police militaire, page 126-19, que la police
2 militaire pouvait commettre des crimes. Je ne l'ai même pas pensé, je
3 voulais dire que la police militaire devait être saisie de l'enquête sur
4 un crime.
5 Monsieur le Témoin, tout à l'heure vous avez évoqué l'assassinat
6 de Samir Trako à l'hôtel Vitez en mai 1992. Est-ce qu'une enquête...
7 M. Strukar (interprétation). - Oui.
8 M. Terrier. - Une enquête a eu lieu à laquelle vous avez
9 participé ?
10 M. Strukar (interprétation). - Je n'ai pas participé à cette
11 enquête, ce sont mes collègues qui l'ont fait, c'est le Juge d'instruction
12 de Travnik, si je ne m'abuse, qui a mené l'enquête et je ne connais pas
13 vraiment les conditions de cet événement. Je sais seulement, je me
14 rappelle seulement qu'il y a eu un meurtre dans l'hôtel, je n'étais pas de
15 service à ce moment-là.
16 M. Terrier. - Est-ce que la victime était un Musulman ?
17 M. Strukar (interprétation). - Oui.
18 M. Terrier. - Est-ce qu'à cette époque-là, mai 1992, assassinat
19 de ce Musulman, Samir Trako, l'hôtel Vitez est occupé par le HVO ?
20 M. Strukar (interprétation). - La police militaire y était, mais
21 je ne sais pas à partir de quand.
22 M. Terrier. - L'auteur de ce crime qui a été identifié comme
23 étant, selon le rapport qui a été remis au Tribunal tout à l'heure sous la
24 cote D 79/2, un certain avocat Vukadnovic Perica était un membre du
25 HVO ?
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1 M. Strukar (interprétation). - Je ne sais pas. Je pense que la
2 commission qui est allé constater les faits a confirmé s'il était membre
3 ou pas, mais je ne le sais pas s'il en était membre ou pas.
4 M. Terrier. - Par conséquent, vous ne savez pas davantage s'il
5 était membre de la police militaire du HVO ?
6 M. Strukar (interprétation). - Je ne sais pas cela.
7 M. Terrier. - Est-ce qu'à votre connaissance ce personnage
8 identifié comme l'auteur de ce crime a été arrêté ?
9 M. Strukar (interprétation). - Pour autant que je le sache, il
10 n'a pas été arrêté.
11 M. Terrier. - A cette époque-là, nous sommes à la fin du mois de
12 mai 92, qui est le responsable de la police militaire de Vitez ?
13 M. Strukar (interprétation). - Il y avait là deux polices, la
14 police régionale et la police militaire. Maintenant, au 4ème Bataillon je
15 ne sais pas exactement qui était responsable. Il y avait trois polices :
16 la police municipale, le bataillon et une police régionale. Elles avaient
17 toutes leur commandant. Je sais que pour le 4ème Bataillon c'était Ivan
18 Budimir.
19 M. Terrier. - Avez-vous le souvenir, Monsieur le Témoin, d'un
20 événement qui s'est produit en novembre 1992 sur la route entre Vitez et
21 Kruscica. Il s'agit de l'assassinat de deux membres de l'armée de Bosnie,
22 Huso Hadzic et Sead Uran, un troisième ayant été gravement blessé dans cet
23 attentat, il s'agit de Minet Akeljic. Ces trois hommes sortaient d'un café
24 lorsqu'ils ont été victimes de cet attentat. Avez-vous le souvenir de cet
25 événement ?
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1 M. Strukar (interprétation). - J'ai le souvenir.
2 M. Terrier. - Y a-t-il eu une enquête sur les circonstances de
3 ce double assassinat et de cette tentative d'assassinat ?
4 M. Strukar (interprétation). - Je crois qu'une enquête a eu lieu
5 mais je ne sais pas si... En général, dans le cadre d'une enquête, le Juge
6 allait sur place et le reste du travail dépendait du Juge.
7 M. Terrier. - La police de Vitez a-t-elle été mêlée à cette
8 enquête ?
9 M. Strukar (interprétation). - Je crois qu'elle l'a été en
10 partie.
11 M. Terrier. - Selon votre souvenir, cette enquête a-t-elle
12 abouti à une arrestation ?
13 M. Strukar (interprétation). - Je suis incapable de me souvenir.
14 M. Terrier. - Avez-vous le souvenir de la disparition en
15 décembre 1992 d'un homme qui s'appelait Armih Arnautovic ?
16 M. Strukar (interprétation). - Je ne me rappelle pas que
17 quelqu'un ait disparu.
18 M. Terrier. - Mais est-ce que ce nom vous rappelle quelque
19 chose ?
20 M. Strukar (interprétation). - Pouvez-vous répéter le nom ?
21 Comment s'appelait-il ?
22 M. Terrier. - Armin Arnautovic.
23 M. Strukar (interprétation). - Le nom de famille Arnautovic est
24 connu. Il y a des gens qui portent ce patronyme à Vitez, mais je ne le
25 connais pas par son prénom.
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1 M. Terrier. - N'avez-vous pas le souvenir d'un prétendu accident
2 de circulation à Zume où cette personne aurait trouvé la mort ?
3 M. Strukar (interprétation). - Je ne peux pas me rappeler.
4 M. Terrier. - Vous n'avez donc pas souvenir de vous être
5 personnellement chargé de cette enquête ?
6 M. Strukar (interprétation). - C’est possible, mais en cet
7 instant je n'arrive pas à me rappeler cet accident de circulation. Il y a
8 eu pas mal d'événements regrettables, alors maintenant...
9 M. Terrier. - Ce n'était pas précisément un accident de
10 circulation. Avez-vous le souvenir -j'espère qu'en revanche vous aurez ce
11 souvenir-là- d'attentat à l'explosif commis contre des magasins musulmans
12 de Vitez en décembre 1992 ? J'ai sous les yeux les noms de certaines des
13 victimes. Je ne pense pas que vous contesterez qu'il y ait eu ces
14 attentats.
15 Ma question est la suivante : avez-vous procédé à des enquêtes ?
16 Ces enquêtes ont-elles abouti à des arrestations ?
17 M. Strukar (interprétation). - Je n'ai pas compris. Qu'un auteur
18 serait connu, c'est ça la question ?
19 M. Terrier. - Non, Monsieur le Témoin, ma question était la
20 suivante : en décembre 1992 notamment et en particulier le 24, le 27 et le
21 30 décembre 1992, plusieurs magasins musulmans de Vitez ont été détruits
22 par des attentats à l'explosif. En avez-vous le souvenir ?
23 M. Terrier. - Je me rappelle que des engins explosifs ont été
24 jetés contre des restaurants et des magasins musulmans, cela je m'en
25 rappelle.
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1 M. Terrier. - Est-ce que ces attentats ont suscité des enquêtes
2 et ces enquêtes ont-elles permis d'arrêter les auteurs de ces attentats ?
3 M. Strukar (interprétation). - Cela a fait l'objet d'une
4 enquête, mais les auteurs de ces actes n'ont pas été découverts.
5 M. Terrier. - J'en reviens maintenant, Monsieur le Témoin, à
6 l'assassinat de M. Esada Salkic en février 1993 à Nadioci. Vous nous avez
7 dit tout à l'heure que vous aviez participé à l'enquête.
8 M. Strukar (interprétation). - Oui.
9 M. Terrier. - Que vous avez contribué à l'identification de
10 l'auteur de cet assassinat, Miroslav Bralo, et que vous l'aviez même
11 conduit à la prison de Kaonik. Pouvez-vous nous indiquer qui était
12 Miroslav Bralo ?
13 M. Strukar (interprétation). - Moi, je ne connaissais même pas
14 Miroslav Bralo jusqu'à ce moment-là et, après cet événement, j'ai mieux
15 connu sa personnalité, pendant la guerre. J'ai entendu parler de lui, ce
16 genre de choses.
17 M. Terrier. - Lorsque vous l'avez arrêté, s'agissait-il d'un
18 civil ou d'un militaire ?
19 M. Strukar (interprétation). - A ce moment-là, il était un
20 civil. Au poste de police nous avons vérifié l'instance dont il dépendait,
21 il se présentait comme étant membre des Vitezovi. Lorsque nous l'avons
22 vérifié, il s'est avéré que ce n'était pas le cas. Nous avons donc
23 continué à travailler sur cette affaire.
24 M. Terrier. - Miroslav Bralo a-t-il été jugé pour le crime de
25 Esada Salkic ?
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1 M. Strukar (interprétation). - Il a été transféré à la prison de
2 Kaonik. Il aurait fallu que des poursuites soient engagées. Maintenant, je
3 ne sais pas si l'affaire a suivi son cours. Je ne sais pas exactement si
4 les choses ont abouti. Je sais que nous avons lancé la chose, mais est-ce
5 que cela a abouti, je ne sais pas .
6 M. Terrier. - Vous venez de dire que vous avez appris beaucoup
7 de choses sur le compte de Miroslav Bralo pendant la guerre et vous ne
8 savez pas s'il a été jugé ou s'il n'a pas été jugé ?
9 M. Strukar (interprétation). - En effet, cela ne m'a plus
10 intéressé par la suite.
11 M. Terrier. - Vous n'avez donc pas été informé qu'il était sorti
12 très rapidement de prison ?
13 M. Strukar (interprétation). - Je l'ai entendu dire. J'ai
14 entendu dire qu'il était sorti rapidement de prison.
15 M. Terrier. - Donc vous saviez qu'il n'avait pas été jugé ?
16 M. Strukar (interprétation). - Oui. Je ne sais pas s'il a été
17 condamné, mais j'ai seulement entendu dire qu'il était sorti rapidement,
18 mais je ne sais pas comment.
19 M. Terrier. - Vous ne saviez pas qui a donné l'ordre qu'il sorte
20 de prison ?
21 M. Strukar (interprétation). - Non.
22 M. Terrier. - Ni ce qu'a fait Miroslav Bralo après être sorti de
23 prison ?
24 M. Strukar (interprétation). - Je sais qu'il s'est joint à cette
25 unité spéciale de Vitezovi et je l'ai vu ultérieurement portant des armes.
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1 M. Terrier. - Monsieur le Président, j'ai une question et j'ai
2 pratiquement terminé.
3 Monsieur le Témoin, vous nous avez remis, Me Glumac nous a remis
4 et a remis au Tribunal un certain nombre de rapports, d'enquêtes. Ces
5 rapports sont d'ailleurs classés "secret militaire", strictement
6 confidentiels, il ne s'agit pas de rapports d'enquêtes au sens judiciaire
7 ou policier du terme.
8 Je voudrais cependant vous demander si, à votre connaissance, il
9 existe un rapport de cette sorte sur les événements du 16 avril 1993 à
10 Ahmici ?
11 M. Strukar (interprétation). - Je ne sais pas s'il existe un tel
12 rapport.
13 M. Terrier. - Est-ce que vous-même en tant que policier, en tant
14 que spécialiste de l'investigation en matière criminelle, vous ne vous
15 êtes pas intéressé à ce qui s'était passé à Ahmici ?
16 M. Strukar (interprétation). - Eh bien, c'était la guerre, et au
17 début je ne savais même pas ce qui s'était passé à Ahmici. Ce n'est que
18 trois ou quatre jours plus tard que j'ai appris que les Nations Unies
19 avaient trouvé un certain nombre de personnes brûlées vives dans une
20 maison et moi j'étais vraiment frappé par une telle nouvelle et je me
21 posais la question comment ceci aurait pu se passer. Et ensuite il y avait
22 un échange auquel on a procédé quelques jours plus tard et j'ai appris
23 également qu'il y avait entre 50 ou 60 personnes qui allaient être
24 échangées. Voilà, c'est ce que je savais, je ne savais pas autre chose.
25 M. Terrier. - Ahmici était dans votre zone de compétences. Vous
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1 pouviez enquêter sur un crime commis à Ahmici, puisque vous alliez vous
2 occuper de la pelouse de M. Ante Papic, un crime commis à Ahmici pouvait
3 vous intéresser ?
4 M. Strukar (interprétation). - A partir du 16 avril, la guerre a
5 commencé et ensuite on ne pouvait plus se rendre sur le terrain et on ne
6 pouvait certainement pas entreprendre un certain nombre d'enquêtes. Il y
7 avait les deux lignes de défense, lignes de front et les gens se rendaient
8 sur le front et nous avons pratiquement cessé de travailler comme policier
9 en criminologie. C'est la raison pour laquelle j'étais un technicien en
10 criminologie et j'ai pu identifier les cadavres que l'on avait trouvés en
11 ville ou bien si éventuellement en ville même il y avait des cambriolages,
12 etc. Mais en ce qui concerne les villages dans les alentours, on ne
13 pouvait pas s'y rendre, il y avait des lignes de front.
14 M. Terrier. - Est-ce qu'à votre avis de technicien et de
15 policier, est-ce que c'est faire la guerre que de massacrer 128 femmes,
16 enfants, vieillards et hommes civils ? Est-ce vraiment la guerre ?
17 M. le Président (interprétation). - Maître Terrier, excusez-moi,
18 je pense que ce n'est pas une question à poser au témoin.
19 M. Terrier. - Je retire ma question, Monsieur le Président. Je
20 n'ai pas d'autres questions à poser.
21 M. le Président (interprétation). - Merci. Maître Glumac, il est
22 maintenant 16 heures 30, allez-vous poser de nombreuses questions ? Allez-
23 vous être longue ?
24 Mme Glumac (interprétation). - Je serai brève, Monsieur le
25 Président.
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1 M. le Président (interprétation). - Très bien.
2 Mme Glumac (interprétation). - Monsieur le Président, de combien
3 de temps je dispose, d'un quart-d'heure ? Est-ce que cela convient ?
4 M. le Président (interprétation). - Bien, je vais me tourner
5 vers les interprètes : peut-on poursuivre pendant quinze minutes, je crois
6 que tout le monde dans la salle sera d'accord. Les interprètes de la
7 cabine française sont d'accord. Mais pas plus.
8 Mme Glumac (interprétation). - Eh bien, Monsieur Strukar,
9 pourriez-vous dire aux Juges si, dans votre livret professionnel, il
10 y a de la place pour poser la photographie ?
11 M. Strukar (interprétation). - A mon souvenir, il n'y avait pas
12 de place pour poser la photographie sur le livret professionnel.
13 Mme Glumac (interprétation). - Je vais demander à l'huissier de
14 m'aider et de soumettre au témoin le livret professionnel aux Juges
15 également, au Procureur. C'est l'original et par conséquent vous allez
16 bien vouloir me répondre si c'était le livret qui a été photocopié et si
17 les données qui y figurent sont celles sur la base desquelles vous avez
18 réalisé votre retraite.
19 Est-ce que toutes ces données portent une référence et peut-on
20 les vérifier ?
21 M. Strukar (interprétation). - Oui, c'est l'original bien
22 évidemment, je reconnais le manuscrit et je reconnais le tampon.
23 Mme Glumac (interprétation). - Je vais demander à l'huissier de
24 soumettre aux Juges et à M. le Procureur le livret professionnel,
25 l'original.
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1 (L'huissier s'exécute.)
2 Mme Glumac (interprétation). - Si le Procureur conteste
3 l'authenticité du document, à ce moment-là, bien évidemment nous pouvons
4 lui fournir la décision, et sur la base de cette décision il va pouvoir
5 comparer également tout ce qui a été complété. Si le Procureur ne souhaite
6 pas que l'on verse au dossier cette pièce à conviction, s'il conteste
7 cette pièce à conviction...
8 M. le Président (interprétation). - Je crois qu'il n'y a pas
9 d'objection.
10 M. Terrier. - Je n'ai pas fait d'objection, Monsieur le
11 Président.,
12 Mme Glumac (interprétation). - A la question de M. le Procureur
13 Terrier, vous avez dit que Pero Skopljak a été nommé en quelque sorte
14 comme une personne politique, pas en tant que professionnel à la police,
15 mais comme quelqu'un qui normalement avait une fonction à caractère
16 politique.
17 M. Strukar (interprétation). - Oui.
18 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que le chef de la police
19 dans l'ex-système était également un poste politique ?
20 M. Strukar (interprétation). - Oui, c'était toujours un homme
21 politique aussi bien le chef du poste que le commandant. C'étaient
22 toujours les personnes politiques et normalement c'était un mandat entre
23 deux et quatre ans, je ne me souviens plus et ensuite ils changeaient, ils
24 étaient relevés : une fois c'était un Croate, une fois un Serbe, une fois
25 un Musulman, mais de toute façon cela changeait.
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1 Mme Glumac (interprétation). - Compte tenu du fait que ceci se
2 passait après les élections, avez-vous des informations sur lesquelles
3 Pero Skopljak a été nommé par un consensus entre le HDZ et le SDA ? A-t-il
4 était accepté aussi bien par des Croates que par des Musulmans ?
5 M. Strukar (interprétation). - Oui.
6 Mme Glumac (interprétation). - Pourriez-vous dire aux Juges
7 quelque chose au sujet de ce deuxième poste, le commandant du poste de
8 police ? Est-ce que ce poste a été un poste où il fallait nommer la
9 personne en question par consensus, par accord ?
10 M. Strukar (interprétation). - Oui, par un accord. Le commandant
11 également n'avait pas été un professionnel, n'avait pas cette formation
12 pour pouvoir occuper ce poste.
13 Mme Glumac (interprétation). - Le Procureur vous a également
14 posé une question qui concernait l'attaque sur le poste de police en 1992
15 au mois de juin. Vous avez dit que vous ne vous en souveniez pas Mais est-
16 ce que vous vous souvenez que du mois de juin à octobre les policiers de
17 nationalité musulmane travaillaient au poste de police à Vitez ?
18 M. Strukar (interprétation). - Oui.
19 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce qu'il y a eu des
20 interruptions de travail de la part de ces Musulmans jusqu'en octobre 92 ?
21 Avant le 19 octobre 92 ?
22 M. Strukar (interprétation). - Non. A ma connaissance, non, il
23 n'y avait pas d'interruption de travail de ces personnes avant le
24 19 octobre.
25 Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous dire aux Juges, en ce
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1 qui concerne cette demande qui a été soumise, à savoir que Pero Skopljak
2 et son adjoint, son suppléant, je pense que c'était Saban Mahmutovic si je
3 ne m'abuse, que les deux devaient quitter le poste ? Est-ce que c'était un
4 accord auquel ils sont parvenus aussi bien les Croates que les Musulmans,
5 enfin conjointement ?
6 M. Strukar (interprétation). - Oui, les Musulmans avaient
7 conditionné la démission de Pero Skopljak et les Croates, de leur côté,
8 ont demandé que le commandant Saban Mahmutovic de son côté dépose
9 également sa démission. C'est donc les membres de leur parti, ils étaient
10 responsables pour leur parti, au nom de leur parti et donc ils étaient
11 responsables également dans la ville. Par conséquent, Pero Skoplajk a
12 démissionné et, en revanche, Saban Mahmutovic ne l'a pas fait, il ne l'a
13 pas accepté.
14 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que qui que ce soit des
15 autorités civiles ou bien de ceux qui vous étaient supérieurs au niveau de
16 la police, est-ce que quelqu'un vous a dit que vous n'exerciez pas les
17 tâches qui vous incombaient, que vous ne sortiez pas sur les lieux des
18 crimes pour faire les enquêtes, etc. ?
19 M. Strukar (interprétation). - Non, personne ne m'a jamais dit
20 quoi que ce soit dans ce sens-là. Nous avons fait ce que nous avons pu
21 faire. Bien évidemment c'étaient les conditions qui étaient difficiles,
22 mais de toute façon nous avons fait ce que nous avons pu. Nous avons
23 essayé de recueillir tous les éléments de preuve.
24 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce qu'au cours de vos
25 activités vous aviez un traitement qui était différent en fonction de la
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1 victime et de sa nationalité, qu'il s'agisse d'un Musulman ou d'un
2 Croate ?
3 M. Strukar (interprétation). - A ma connaissance, il n'y avait
4 absolument aucune différence sur le plan du traitement. Nous sommes
5 toujours sortis sur les lieux pour faire l'enquête, pour recueillir les
6 renseignements, etc., que l'on n'a pas pu poursuivre jusqu'au bout.
7 Mme Glumac (interprétation). - Le Procureur vous a posé la
8 question de savoir si vous étiez au courant de Miroslav Bralo et Cicko, et
9 d'une éventuelle sortie de Miroslav Bralo, de Cicko, de Kaonik. Vous avez
10 dit que vous n'étiez pas au courant ?
11 M. Strukar (interprétation). - Non, je ne sais pas. J'ai appris
12 qu'il était en ville et on avait dit également que Cicko se trouvait dans
13 une formation militaire. Je pense que c'étaient les Vitezovi, mais de
14 toute façon je l'ignorais. Je pensais qu'il était resté en prison.
15 Mme Glumac (interprétation). - Une dernière question en ce qui
16 concerne les événements qui ont eu lieu à Ahmici. La police civile
17 pouvait-elle, d'une manière ou d'une autre, faire une enquête, organiser
18 une enquête ?
19 M. Strukar (interprétation). - Non, à cette époque-là, non parce
20 qu'il y avait beaucoup de soldats et puis il y avait également la ligne de
21 front, comme je l'ai dit, et elle n'avait donc aucune compétence.
22 Mme Glumac (interprétation). - Et ce serait dans la compétence
23 de qui, si éventuellement il y avait une enquête qui aurait été
24 entreprise ? Qui aurait pu entreprendre cette enquête ? Est-ce que cela
25 aurait été de la compétence de la police civile ?
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1 M. Strukar (interprétation). - Non ! La police militaire...
2 parce que de toute façon il n'y avait que des soldats de l'armée, les gens
3 qui portaient des uniformes. Par conséquent, c'est la police militaire qui
4 aurait dû s'occuper de l'enquête et certainement pas nous.
5 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que la police militaire
6 avait éventuellement engagé une enquête ? Est-ce qu'il y avait une demande
7 pour définir ce qui s'était passé à Ahmici ?
8 M. Strukar (interprétation). - Je ne suis pas au courant.
9 Mme Glumac (interprétation). - Merci, je n'ai plus de questions.
10 M. le Président (interprétation). - Merci.
11 Merci d'être venu témoigner, Monsieur Strukar. Vous pouvez
12 maintenant disposer, merci.
13 M. Strukar (interprétation). - Merci.
14 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
15 M. le Président (interprétation). - A moins qu'il y ait d'autres
16 questions, nous allons maintenant lever l'audience jusqu'à lundi matin,
17 9 heures.
18 L'audience est levée à 16 heures 40.
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