Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-16-T

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3 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

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5 Mardi 16 février 1999

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7 L'audience est ouverte à 09 heures 05.

8 Mme Ameerali (interprétation). - Bonjour Madame et Messieurs les

9 Juges, il s'agit de l’affaire IT-95-16-T, le Procureur contre

10 Zoran Kupreskic, Mirjan Kupreskic, Vlatko Kupreskic, Drago Josipovic,

11 Dragan Papic et Vladimir Santic.

12 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie.

13 M. Puliselic (interprétation). - Monsieur le Président, hier,

14 j’ai oublié de demander le versement de certaines pièces au dossier. Il

15 s'agit des pièces allant de D4/5 à D10/5.

16 M. le Président (interprétation). - En l'absence d'objection,

17 ces pièces seront versées au dossier. Je vous remercie, Maître Puliselic.

18 Je vais demander à Me Par de procéder à l'interrogatoire principal du

19 témoin.

20 M. Par (interprétation). - Merci, Monsieur le Président, merci

21 Madame et Messieurs les Juges.

22 Bonjour, Monsieur Vidovic.

23 M. Vidovic (interprétation). - Bonjour.

24 M. Par (interprétation). - Monsieur Vidovic, j'ai plusieurs

25 questions à vous poser, questions qui ont trait ou qui sont liées à

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1 l'accusé Vlatko Kupreskic. Permettez-moi de commencer par le

2 16 avril 1993.

3 Dans le corps de votre déposition d'hier, vous avez déclaré que

4 le 16 avril 1993, le matin de ce jour-là, vous aviez entendu des tirs et

5 vous vous étiez dirigé avec votre famille vers l'abri.

6 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

7 M. Par (interprétation). - Quelle heure était-il à ce moment-là,

8 au moment où vous avez quitté votre demeure ?

9 M. Vidovic (interprétation). - Il devait être 5 heures 45,

10 6 heures du matin, je ne me souviens plus exactement. A peu près à ce

11 moment-là, vers 5 heures 45.

12 M. Par (interprétation). - A quelle distance se trouve cet abri

13 de votre maison ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Disons 200 mètres.

15 M. Par (interprétation). - Pourriez-vous nous dire à quelle

16 heure vous êtes arrivé à cet abri ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Six heures moins 5, 6 heures à

18 peu près.

19 M. Par (interprétation). - Pourriez-vous nous dire combien de

20 temps vous avez passé dans cet abri ? Quelle heure était-il quand vous

21 l'avez quitté ?

22 M. Vidovic (interprétation). - J'y suis resté dix à vingt

23 minutes à peu près.

24 M. Par (interprétation). - Qui se trouvait dans l'abri, à

25 l'intérieur de l'abri, lorsque vous y êtes arrivé ? Est-ce qu'il était

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1 vide ou est-ce qu'il y avait déjà du monde ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Il était pratiquement plein mais

3 il y avait encore des gens qui arrivaient, des gens qui ont pris la fuite

4 plus tard, qui ont quitté leur maison plus tard.

5 M. Par (interprétation). - Ces personnes, étaient-ce des femmes,

6 des enfants, des personnes âgées, des personnes qui n'étaient pas en âge

7 de porter les armes ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'étaient surtout des

9 civils, des personnes de cet âge-là.

10 M. Par (interprétation). - Est-ce que vous connaissez

11 Vlatko Kupreskic et les membres de sa famille ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

13 M. Par (interprétation). - Avez-vous vu l'un quelconque des

14 membres de la famille de Vlatko Kupreskic à l'intérieur de cet abri, et si

15 ce fut le cas, qui était-ce ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Effectivement. Lorsque j’y suis

17 arrivé, je voulais mettre ma famille en sécurité. A ce moment-là, j'ai vu

18 Vlatko, sa femme, ses enfants, sa mère, deux de ses oncles parmi les

19 nombreuses personnes qui se trouvaient à l'intérieur de l'abri.

20 M. Par (interprétation). - Pourriez-vous une fois de plus nous

21 dire quelle heure il était à ce moment-là, au moment où vous les avez

22 vues, ces personnes ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Il devait être à peu près

24 6 heures.

25 M. Par (interprétation). - Vous avez dit avoir vu

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1 Vlatko Kupreskic.

2 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

3 M. Par (interprétation). - Pourriez-vous décrire son aspect, ou

4 plutôt comment il était habillé ? Est-ce qu'il était en civil ? Il portait

5 un uniforme militaire, armé ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Il était en civil et il n'avait

7 pas d'armes.

8 M. Par (interprétation). - Avez-vous été surpris de le trouver,

9 Vlatko Kupreskic, dans un abri où il y avait des personnes qui n'étaient

10 pas en âge de porter des armes ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Non.

12 M. Par (interprétation). - Pourriez-vous expliquer cela ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Tout à fait. De fait, je savais

14 que Vlatko n'était pas en âge de porter les armes, ou n’était pas en état

15 de porter les armes. Il avait subi une opération cardiaque et n'avait pas

16 pu servir au sein de l’ex-JNA.

17 M. Par (interprétation). - Avez-vous jamais eu l'occasion de le

18 voir en uniforme ou portant une arme ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Non.

20 M. Par (interprétation). - Est-ce que par hasard vous savez

21 s'il a eu des activités politiques ou s'il est intervenu en public à cette

22 occasion ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Non.

24 M. Par (interprétation). - Savez-vous quelles étaient ses

25 activités à l'époque ?

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1 M. Vidovic (interprétation). - Il faisait du commerce. Il avait

2 un gros entrepôt de grossiste.

3 M. Par (interprétation). - Est-ce que vous vous approvisionniez

4 chez lui ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

6 M. Par (interprétation). - A l'époque des faits, est-ce que

7 Vlatko donnait à ses clients des marchandises à crédit ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

9 M. Par (interprétation). - Est-ce qu'il opérait une distinction

10 entre les Croates et les Musulmans parmi ses clients, ou est-ce qu'il

11 donnait aussi de telles marchandises à crédit aux Musulmans ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

13 M. Par (interprétation). - Madame et Messieurs les Juges,

14 j'aimerais avoir le son de la bande, que l'on ne fasse pas passer le son.

15 C'est-à-dire que l'on passe à huis clos partiel. Je voudrais mentionner

16 quelques noms, ne serait-ce que l'espace d'un moment.

17 M. le Président (interprétation). - Oui.

18 Audience à huis clos partiel

19 (expurgée)

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24 (expurgée)

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12 Pages 6644 à 6648 – expurgées – audience à huis clos partiel.

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1 (expurgée)

2 (expurgée)

3 (expurgée)

4 (expurgée)

5 Audience publique

6 M. Blaxill (interprétation). - Comment s’appelle cet

7 établissement de restauration ?

8 M. Vidovic (interprétation). – Le café Victoria.

9 M. Blaxill (interprétation). - Je pense que ce café se situe à

10 proximité d'un autre café ? A quelques 40 mètres de ce café que l'on

11 appelle généralement dans la région le café Pekan ou Pizan ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Pas Pikan, Pizan, à 40 mètres du

13 mien, c'est exact. Il se trouve sur la route principale.

14 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que ce café avait la même

15 clientèle que votre café ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Moi, je n'y allais pas souvent,

17 mais pratiquement c'étaient les mêmes clients, à peu près.

18 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez déclaré qu'auparavant,

19 en 1992, vous vous étiez porté volontaire pour aller sur la ligne de front

20 ainsi que votre fils, et vous l'avez fait pendant quatre ou cinq jours.

21 Est ce exact ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Cela ne s'est passé qu'une

23 fois au début de l'année 1992, mais nous n'avions pas beaucoup le choix.

24 Et nous nous sommes portés volontaires pour aller sur la ligne de front

25 pour une première fois.

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1 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que ceci a fait de vous un

2 membre des éléments du HVO ? Est-ce que vous êtes devenu membre du HVO

3 pour exécuter ces tâches ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Non.

5 M. Blaxill (interprétation). - Vous a-t-on remis une arme, un

6 uniforme ou une partie d'uniforme, de matériel au moment où vous êtes

7 arrivé sur ces lignes de front ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, sur le front, oui,

9 effectivement.

10 M. Blaxill (interprétation). - Lorsque vous êtes parti du front

11 pour rentrer chez vous, avez-vous été autorisé à garder une partie du

12 matériel qui vous avait été remis, par exemple l’uniforme ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Non, je n'avais pas de matériel.

14 On m'a tout simplement donné un fusil et lorsque je suis parti, j'ai remis

15 cette arme.

16 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez donc constitué cette

17 garde villageoise dans votre communauté locale avec d'autres. Quand cette

18 garde locale a-t-elle été constituée ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Difficile de vous le dire

20 précisément. Je sais que cela s'est passé au début de l'année 1992, mais

21 je ne me souviens pas de la date exacte.

22 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que cette initiative était

23 le fait de Nenad Santic qui est devenu le commandant général de cette

24 garde, ou était-ce simplement un rassemblement spontané de personnes ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Que je vous explique : nous avons

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1 eu une réunion qui nous réunissait, nous et les Musulmans. Nous avons

2 appris que certains terroristes avaient pénétré dans le village près de

3 Turbe et nous nous sommes tous mis d'accord afin de monter cette garde de

4 nuit, afin d'éviter que ceci se reproduise chez nous.

5 M. Blaxill (interprétation). - Combien de personnes y avait-il

6 dans cette garde villageoise pour le côté croate ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Trente ou quarante, je dirais.

8 C'étaient surtout des personnes âgées, des hommes âgés. Il n'y avait pas

9 beaucoup de jeunes parmi ceux qui montaient la garde.

10 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que Dragan Papic ou

11 Josipovic étaient membres de cette garde villageoise ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Drago Josipovic l'était. Dragan

13 Papic était plus éloigné par rapport à nous, il n'était pas à proximité de

14 notre village, et il n'était donc pas membre de notre garde villageoise.

15 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous avez fait de

16 cette garde villageoise un groupe où il y avait en fait deux groupes

17 ethniques représentés mais séparés : l'un constitué de Croates et l'autre

18 de Musulmans ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Non, nous avons monté la garde

20 ensemble. Nous étions sur un pied d'égalité. Nous ne faisions qu'un à

21 l'époque.

22 M. Blaxill (interprétation). - Combien en général y avait-il de

23 personnes pour monter la garde un soir, en particulier ? Cette patrouille

24 se constituait de combien de personnes ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Il y avait toujours dix hommes de

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1 garde chaque nuit et ils y passaient toute la nuit. Nous nous relevions.

2 M. Blaxill (interprétation). - Quand vous dites "toute la nuit",

3 cette patrouille fonctionnait de quand à quand ? Quand commenciez-vous et

4 quand finissiez-vous ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, nous commencions le

6 soir, à la tombée de la nuit, et puis nous rentrions chez nous lorsque le

7 jour commençait à se lever, à l'aube.

8 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que c'était une patrouille

9 mobile ? Est-ce que vous vous déplaciez en tant que groupe ou est-ce que

10 vous vous positionniez, occupiez des positions pendant un certain temps,

11 par exemple comme aux points de contrôle ou aux barrages routiers ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Nous avions une maison où nous

13 nous retrouvions tous, et puis trois hommes partaient en patrouille sur

14 tel ou tel secteur du village et d'autres partaient aussi par trois. C'est

15 comme cela que nous nous relevions.

16 M. Blaxill (interprétation). - Je pourrais peut-être reprendre

17 la pièce qui se trouve déjà sur le rétroprojecteur pour vous poser la

18 question suivante : quelle était la surface que vous couvriez, quel était

19 votre territoire ? Je vous demande de déterminer de façon approximative le

20 territoire que vous couvriez avec ces patrouilles.

21 M. Vidovic (interprétation). - Volontiers. Est-ce que je vous

22 entoure ceci d'un cercle ?

23 M. Blaxill (interprétation). - Ce n'est peut-être pas

24 nécessaire, ce n'est pas une pièce de l'accusation que vous avez sous les

25 yeux. Je vous demandais simplement d'indiquer du doigt, sans pour autant

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1 entourer ou apporter d'annotations au document. Je vous en remercie.

2 M. Vidovic (interprétation). - De ce côté-ci de la route,

3 c'était à 50 % croate, 50 % musulman. Et puis, nous avons couvert ce

4 territoire qui commence ici et puis nous empruntions ce chemin jusqu'au

5 pont de Radak. Et puis nous faisions demi-tour et nous revenions jusqu'à

6 hauteur de l'abri. Voilà à peu près ce tour que nous faisions, qui englobe

7 le centre sportif. Il y a tout un groupe de maisons également.

8 (Le témoin montre les emplacements sur la carte.)

9 Mais dans d'autres villages il y avait d'autres gardes.

10 M. Blaxill (interprétation). - Merci. Nous parlons toujours de

11 l'époque des faits début 1992. C'étaient des patrouilles mixtes de Croates

12 et des Musulmans qui exécutaient ces tours de garde ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

14 M. Blaxill (interprétation). - Alors que c'étaient toujours des

15 unités mixtes, est-ce que Nenad Santic était votre supérieur hiérarchique

16 à qui vous faisiez rapport ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

18 M. Blaxill (interprétation). - Et quelle était la fréquence de

19 vos communications avec Nenad Santic à l'époque ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Nous étions souvent en contact.

21 En effet, sa maison était à proximité et il montait la garde avec nous.

22 M. Blaxill (interprétation). - Savez-vous s'il y avait des liens

23 entre Nenad Santic et d'autres gardes d'autres régions, d'autres éléments

24 militaires ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Je n'avais pas accès à de telles

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1 informations, je ne sais donc pas.

2 M. Blaxill (interprétation). - Portiez-vous des armes lorsque

3 vous faisiez ces patrouilles ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Oui, certaines personnes avaient

5 des permis de port d'arme pour des pistolets, ou bien pour des fusils de

6 chasse pour ceux d'entre nous qui étaient chasseurs. Mais tout le monde

7 n'avait pas d'arme, non. Certaines personnes portaient des bâtons,

8 d'autres des fusils, cela dépendait.

9 M. Blaxill (interprétation). - Et vous-même, aviez-vous un fusil

10 de chasse ou un pistolet ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Non.

12 M. Blaxill (interprétation). - Alors, avez-vous emprunté une

13 arme à quelqu'un ou

14 peut-être que vous portiez un bâton ?

15 M. Vidovic (interprétation). - J'avais un voisin qui s'appelait

16 Marko Santic qui était chasseur et lui, régulièrement, il me prêtait son

17 arme.

18 M. Blaxill (interprétation). - Avez-vous fait l'acquisition d'un

19 uniforme ou d'une partie d'uniforme pour participer à ces patrouilles,

20 peut-être une tenue de camouflage ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Non.

22 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez dit que, plus tard, les

23 résidents musulmans ont formé une garde indépendante, séparée. Est-ce bien

24 exact ?

25 M. Vidovic (interprétation). - La séparation a eu lieu juste

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1 après le premier conflit à Ahmici, à savoir après les élections. Dès que

2 les structures nationales ont été formées, les deux peuples ont commencé à

3 se séparer.

4 M. Blaxill (interprétation). - Et je crois vous avoir entendu

5 dire que tout le monde a adopté une position ethnique à l'époque ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Je n'ai pas très bien compris la

7 question.

8 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez dit, n'est-ce pas,

9 qu'au moment de la séparation, tout le monde a dû s'exprimer sur ce qui

10 s'était passé sur cette séparation à l'époque, à savoir que tout le monde

11 a dû s'aligner sur les résultats des élections.

12 M. Vidovic (interprétation). - Je n'ai pas dit que c'était

13 obligatoire, mais j'ai dit qu'effectivement tout le monde a commencé à

14 rejoindre son propre parti. Il y avait le SDA, le HDZ, le SDS. Et dans les

15 petits villages et hameaux, la population a commencé à se séparer ainsi et

16 à rejoindre son propre parti.

17 M. Blaxill (interprétation). - Et en fait, vous avez dit qu'une

18 garde musulmane locale s'est formée. Etaient-ce les membres de l'ancienne

19 Défense territoriale qui se trouvaient là auparavant, qui ont formé cette

20 garde musulmane ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Non. Les gardes ont été

22 constituées de personnes

23 membres du SDA.

24 M. Blaxill (interprétation). - Je crois que vous avez dit que

25 M. Mehmet Ahmic était le commandant de cette garde de village.

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1 M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas s'il était

2 commandant de la garde villageoise, mais c'était la personnalité la plus

3 importante à Ahmici. C'était un homme politique dominant dans cette

4 région, si je puis dire.

5 M. Blaxill (interprétation). - A la moitié de 1992, je pense que

6 vous avez entendu parler de la création du HVO, le conseil croate de

7 défense ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Je n'en ai pas eu connaissance

9 jusqu'au début du conflit. Je ne savais pas que le HVO avait été formé,

10 même si je voyais de temps en temps des personnes portant des uniformes.

11 Nous étions loin de Vitez, nous étions assez isolés, par conséquent je

12 n'ai pas vu avant cette date ces unités.

13 M. Blaxill (interprétation). - Mais nous avons entendu dire que,

14 au cours de la seconde moitié de 1992 et au début de 1993, il y a eu des

15 rassemblements de personnes portant des uniformes, dans la région ;

16 seriez-vous d'accord avec cette proposition ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

18 M. Blaxill (interprétation). - Et je pense que, dans votre café,

19 un certain nombre de vos clients ont commencé à porter différents types

20 d'uniforme, n'est-ce pas ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Tous les jeunes hommes qui

22 portaient des uniformes allaient au front. Ils n'avaient pas véritablement

23 le temps de venir boire des verres dans des cafés.

24 M. Blaxill (interprétation). - Pour revenir aux gardes

25 villageoises…

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1 M. Vidovic (interprétation). – Oui…

2 M. Blaxill (interprétation). - Savez-vous si Nenad Santic, entre

3 mai et la fin de 1992, portait un uniforme lorsqu'il travaillait avec vous

4 ou lorsqu'il avait affaire avec vous ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, laissez-moi réfléchir.

6 Plusieurs jeunes hommes portaient des tenues de camouflage, soit des

7 pantalons, soit des vestes. C'était tout à fait habituel, mais je ne sais

8 plus véritablement si j'ai aperçu Nenad Santic en uniforme.

9 Une personne obtenait une veste, une autre personne avait un

10 pantalon, mais nous avions du mal à obtenir des uniformes.

11 M. Blaxill (interprétation). - Le 20 octobre 1992, vous avez dit

12 qu'un conflit a éclaté lorsque le barrage routier établi par les Musulmans

13 a été éliminé de force par le HVO. Vous vous souvenez de cette journée,

14 n'est-ce pas ?

15 M. Vidovic (interprétation). - J'ai dit qu'un conflit a éclaté

16 lorsque des unités de Kiseljak et de Busovaca ont commencé à se diriger

17 vers la défense de Jajce. Je n'ai pas dit que le barrage routier avait été

18 éliminé. C'est quelque chose que je n'ai pas dit. Peut-être que vous

19 m'avez mal compris. Je n'ai pas dit que ce barrage avait été enlevé, je ne

20 le sais pas.

21 M. Blaxill (interprétation). - Mais vous êtes d'accord que le

22 conflit a éclaté à cause de ce poste de contrôle, qui avait été placé par

23 les Musulmans ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Le conflit s'est produit parce

25 que les Musulmans ne laissaient pas passer ces unités qui se rendaient

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1 vers Jajce.

2 M. Blaxill (interprétation). - Où étiez-vous au cours de la

3 matinée du 20 octobre 1992 ? Etiez-vous dans votre établissement ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Oui, effectivement, j'étais dans

5 mon café.

6 M. Blaxill (interprétation). - Et vous y êtes resté pendant

7 toute la matinée ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Oui, toute la matinée. Et j'ai

9 entendu dire par des gens qui passaient que ce conflit avait commencé.

10 M. Blaxill (interprétation). - Et ces personnes qui sont

11 passées, certaines d'entre elles portaient-elles des uniformes ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Non.

13 M. Blaxill (interprétation). - Quand avez-vous appris pour la

14 première fois que ce conflit avait eu lieu au cours de la journée ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Juste après, lorsque les tirs ont

16 commencé. Nous nous sommes tous demandé ce qui se passait. Et les Croates

17 qui se trouvaient à Ahmici, lorsque les tirs ont commencé, se sont enfuis,

18 ceux qui ne portaient pas d'armes. C'est comme cela que nous avons appris

19 que le conflit avait eu lieu.

20 M. Blaxill (interprétation). - En tant que membre de la garde

21 villageoise, avez-vous eu l'idée de prendre des mesures particulières afin

22 d'évaluer vous-même la situation, par exemple ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Non, parce que je ne pouvais pas

24 accéder à l'endroit, je n'avais pas d'armes. Personne ne m'a forcé à y

25 aller et je n'en ai pas ressenti le besoin.

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1 Je ne savais pas quelle était véritablement la situation et ce

2 qui s'était passé. Ce n'est que par la suite que j'ai appris que ces

3 unités souhaitaient se rendre à Jajce et qu'un conflit avait éclaté.

4 M. Blaxill (interprétation). - Aviez-vous un quelconque moyen de

5 communication avec Nenad Santic à l'époque ? Pouviez-vous le contacter par

6 téléphone, par téléphone portable ou autre ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Oui, j'avais un téléphone, mais

8 je ne lui ai pas parlé par téléphone. Je ne le faisais pas souvent étant

9 donné que parfois, même très fréquemment, les lignes étaient coupées. Il y

10 a eu probablement des tranchées qui ont été creusées, ce qui a endommagé

11 les lignes de téléphone.

12 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez dit que vous craigniez

13 l'incursion de terroristes et notamment la nuit. C'est pourquoi vous avez

14 constitué la garde de village ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

16 M. Blaxill (interprétation). - Avez-vous pensé, au moment où

17 vous avez entendu

18 les tirs, qu'il pouvait s'agir effectivement d'une incursion de

19 terroristes ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Lorsque le premier conflit a

21 eu lieu à Ahmici, puisque nous étions proches des Musulmans ; en fait,

22 nous avions attaché nos drapeaux l'un à l'autre ; j'ai pensé qu'il

23 s'agissait d'une attaque serbe. Je n'aurais jamais imaginé qu'il

24 s'agissait d'un conflit entre Musulmans et Croates.

25 M. Blaxill (interprétation). - Et pourtant, vous dites que vous

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1 n'avez pris aucune mesure pour entrer en contact avec M. Santic ou avec

2 les autres hommes qui faisaient partie de la garde villageoise à ce

3 moment-là ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Non. Nenad Santic travaillait à

5 la station essence, il n'était pas chez lui au cours de la journée, il

6 travaillait à Vitez, à la station d'essence.

7 M. Blaxill (interprétation). - Après le 20 octobre, avez-vous

8 entendu parler du dépôt des armes par les résidents musulmans qui vivaient

9 dans la région au profit du HVO ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Non.

11 M. Blaxill (interprétation). - Au cours de cette période entre

12 octobre et, disons, janvier 1993, les incursions de terroristes étaient-

13 elles votre seule préoccupation lorsque vous procédiez à des patrouilles,

14 dans le village, ou y avait-il également d'autres problèmes que vous

15 craigniez ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Non, il y avait également

17 d'autres problèmes parce que les gardes se sont séparées et nous ne

18 savions jamais d'où pouvait provenir le danger, de quelle zone.

19 M. Blaxill (interprétation). - Et au cours de cette période,

20 quel était le taux de criminalité à l'époque dans la région ? Des biens

21 étaient-ils volés, pillés ? Y avait-il des crimes qui ont été commis

22 contre la population ?

23 M. Vidovic (interprétation). - A ma connaissance, en tout cas

24 autour de chez moi, il n'y a pas eu d’augmentation.

25 M. Blaxill (interprétation). - Je sais que vous n'étiez pas à

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1 Vitez, mais Vitez n'est pas très éloigné. Avez-vous entendu parler des

2 événements qui se sont produits à Vitez à l'époque ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

4 M. Blaxill (interprétation). – Etaient-ils exacts ?

5 M. Vidovic (interprétation). - J'en ai entendu parler. J'ai

6 entendu dire qu'il y avait des cambriolages dans un magasin de temps en

7 temps, ce genre de choses. Ce type d'incidents était pléthore.

8 M. Blaxill (interprétation). – Et avez-vous entendu parler

9 d’hommes jeunes qui portaient des uniformes et qui agissaient de façon

10 plus ou moins indépendante à Vitez ? Ils formaient une unité. En avez-vous

11 jamais entendu parler ? Ces jeunes homme commettaient des crimes à Vitez.

12 M. Vidovic (interprétation). – Non, C'est une information qui ne

13 nous est pas parvenue et particulièrement à nous, les personnes plus

14 âgées.

15 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez dit que ce type

16 d'incidents ne se produisaient pas dans votre région.

17 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

18 M. Blaxill (interprétation). – Connaissez-vous le village

19 environnant -j'espère que je le prononce bien- de Nadjoci ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Il est assez éloigné de chez moi,

21 mais oui, je le connais.

22 M. Blaxill (interprétation). - Et connaissiez-vous un restaurant

23 -je crois que cela a été un restaurant à une époque- que l'on appelait le

24 "Bungalow" ?

25 M. Vidovic (interprétation). – Oui.

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1 M. Blaxill (interprétation). - Plus tard, au début de 1993,

2 avez-vous jamais entendu parler d'une unité des militaires du HVO, ou

3 d'une unité de police qui était stationnée dans le "Bungalow" ? Disons

4 vers février 1993 ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, voyez-vous, comme le

6 poste de contrôle musulman était placé vers le cimetière, les civils ne

7 pouvaient pas accéder à l'endroit et, personnellement, je n'ai pas entendu

8 parler de cette unité.

9 M. Blaxill (interprétation). - Par conséquent, si je vous

10 donnais le nom de "Jocker" -je pense que c’est "Jockeri" dans votre

11 langue- ceci ne vous dirait rien ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Pour moi, non.

13 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez dit, n'est-ce pas, que

14 les mouvements, la liberté de circulation des civils a été entravée étant

15 donné l'existence de ce poste de contrôle ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Oui, pas seulement à un endroit,

17 d'ailleurs ; il y avait des postes de contrôle un peu partout. Il était

18 donc assez difficile de se déplacer, notamment pour les civils.

19 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez dit que certains postes

20 de contrôle étaient occupés par des Musulmans portant des tenues

21 militaires et d'autres, par des Croates portant également des tenues

22 militaires. Il y avait donc des postes de contrôle différents ?

23 M. Vidovic (interprétation). – Permettez-moi d'apporter

24 l'information suivante : moi j'allais du côté de chez Vlatko Kupreskic et

25 d'une autre personne encore qui avait un magasin ; ce sont les gens à qui

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1 je rendais visites. Et puis, je faisais la patrouille à Zume mais je

2 n'allais pas plus loin que cela. J'entendais dire qu'effectivement, il y

3 avait des postes de contrôle partout dans les villages musulmans qui

4 étaient contrôlés, bien entendu, par des Musulmans. J'ai entendu dire que,

5 donc, il y avait des postes de contrôle en différents endroits.

6 M. Blaxill (interprétation). – Et, à l'époque, je pense que vous

7 connaissiez l'expression "HVO", ou "Conseil croate de défense, à cette

8 époque ? Nous parlons de février ou

9 de mars 1993.

10 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

11 M. Blaxill (interprétation). - Aviez-vous connaissance de

12 l'existence d'unités de l'armée de Bosnie-Herzégovine dans le village

13 d'Ahmici ? Disons en mars 1993. Y avait-il une base ou un quartier

14 général ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Il y avait un nombre

16 important de personnes déplacées venant de que Kraola, Jajce, etc. La vie

17 est devenue beaucoup plus compliquée, il y a eu des actes de provocation

18 lorsque ces personnes sont arrivées. Elles ont constitué une grande

19 majorité de la population. Il y a donc eu différents incidents.

20 M. Blaxill (interprétation). - Mais ma question était la

21 suivante : aviez-vous connaissance de l'existence officielle d'une unité

22 de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui était stationnée à Ahmici, ou dans

23 ses environs ? Je ne parlais pas des réfugiés musulmans.

24 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Tous ces réfugiés ont

25 immédiatement rejoint le mouvement de défense et l'armée de Bosnie-

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1 Herzégovine.

2 M. Blaxill (interprétation). – Passons maintenant au 15 avril,

3 si vous le voulez bien. La veille, donc, du conflit majeur qui s’est

4 déroulé à Ahmici. A quelle heure avez-vous commencé à travailler ce matin-

5 là ?

6 M. Vidovic (interprétation). – Eh bien, j'ouvrais généralement

7 mon établissement à 9 heures ou 10 heures, je ne suis jamais très matinal.

8 M. Blaxill (interprétation). – Et jusqu'à quelle heure êtes-vous

9 resté ouvert ce jour-là ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Jusqu'à minuit.

11 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez dit avoir fermé votre

12 établissement à minuit. A un quelconque moment, avez-vous participé à une

13 patrouille villageoise ce soir-là ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

15 M. Blaxill (interprétation). - Et à quelle heure ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Il y en avait d'autres. En fait,

17 ce n'était pas à moi de faire la patrouille. Mais la patrouille a eu lieu

18 ce soir-là comme d’habitude.

19 M. Blaxill (interprétation). – Mais j'aurais dû m'exprimer plus

20 clairement. Vous, vous-même, avez-vous participé à une patrouille ce soir-

21 là ?

22 M. Vidovic (interprétation). – Non.

23 M. Blaxill (interprétation). - Par conséquent, votre journée a

24 été tout à fait normale et habituelle ? Vous avez exercé votre activité

25 professionnelle ?

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1 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, oui. J'ai exécuté toutes

2 mes tâches quotidiennes, comme d'habitude.

3 M. Blaxill (interprétation). – Et avez-vous vu beaucoup de

4 clients au cours de cette soirée ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Oui et non. Je n'en avais jamais

6 beaucoup. Les clients entraient et sortaient rapidement. C'est une zone

7 rurale, il n'y avait jamais beaucoup de clients.

8 M. Blaxill (interprétation). – Et vos clients étaient de quelle

9 humeur ce soir-là ? Y avait-il un changement, un sentiment d’anxiété ou de

10 préoccupation parmi vos clients ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Non. Ils ont parlé surtout de

12 Zifko Totic qui avait été enlevé, et puis ils ont parlé du meurtre de son

13 escorte. Voilà, c'était le sujet des conversations. Tout le reste,

14 c'étaient des conversations normales.

15 M. Blaxill (interprétation). – Et à quelle heure êtes-vous allé

16 vous coucher ce soir-là ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, j'ai travaillé jusqu'à

18 minuit et dès que je suis rentré chez moi, je suis allé au lit

19 directement.

20 M. Blaxill (interprétation). – Et serait-on en droit de dire

21 que, lorsque vous êtes allé au lit ce soir-là, vous n'étiez pas du tout

22 préoccupé par l'éventuel éclatement d'affrontements aux environs de chez

23 vous ?

24 M. Vidovic (interprétation). – Non.

25 M. Blaxill (interprétation). - Par conséquent, il n'y a eu aucun

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1 signe pour vous, habitants de Zume et pour les gens vivant dans la même

2 zone que vous, il n'y a aucun signe qui pouvait vous laisser prévoir une

3 opération lancée par l'armée de Bosnie-Herzégovine ou une attaque

4 imminente ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Personne n'était au courant de ce

6 qui allait se produire, aucun d'entre nous n'avait la moindre idée qu'une

7 telle chose allait se produire.

8 M. Blaxill (interprétation). - Avez-vous observé une quelconque

9 activité de forces armées, que ce soit le HVO ou l'armée de Bosnie-

10 Herzégovine au cours de la journée du 15, qu'il s'agisse de mouvement de

11 véhicules, d'artilleries, de mouvements de soldats ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Non, j'étais à peu de distance de

13 la route principale et on entendait généralement les véhicules lorsqu'ils

14 passaient sur la route, mais c'étaient les véhicules habituels. Je n'ai

15 pas fait attention, d'ailleurs, aux types de véhicules qui sont passés sur

16 la route ce jour-là.

17 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez dit avoir été réveillé

18 vers 5 heures 30 du matin par des bruits de tirs, n'est-ce pas ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

20 M. Blaxill (interprétation). - Par la suite, vous nous avez dit

21 ce que vous aviez fait et à quelle heure vous êtes allé avec votre famille

22 vers l'abri, mais je crois que à l'extérieur de l'abri, vous avez

23 rencontré M. Nenad Santic vers 6 heures 10 à peu près, n'est-ce pas ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

25 M. Blaxill (interprétation). - Que portait Nenad Santic lorsque

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1 vous l'avez rencontré à l'extérieur de l'abri ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Il portait une sorte de veste de

3 camouflage, un pantalon civil. Il est venu à moi et il m'a parlé d'une

4 façon assez rapide. Il m'a dit : "Laisse tes enfants et ta femme et va

5 assurer la garde du pont de Radak".

6 M. Blaxill (interprétation). - Vous a-t-il expliqué pourquoi il

7 voulait que vous alliez garder le pont ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Il m'a dit qu'il y avait eu

9 des affrontements entre les Musulmans et les Croates et que la route

10 principale, la route entre Busovaca et Vitez, avait été bloquée au niveau

11 de la maison de Buhas, qu'il n'y avait pas de moyens de passer. Par

12 conséquent il fallait assurer la sécurité de ce pont parce qu'aucun

13 incident ne devait s'y produire. Et il m'a dit : "Va au pont, tu trouveras

14 Drago Vidovic et Dragan Papic sur les lieux."

15 M. Blaxill (interprétation). - Il n'est pas entré dans les

16 détails ? Il n'a pas parlé des personnes qui avaient participé aux

17 affrontements ou ce genre de chose ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Non, il n'a rien dit.

19 M. Blaxill (interprétation). - Afin d'assurer la garde de ce

20 pont, avez-vous fait quoi que ce soit ? Avez-vous tenté d'obtenir des

21 armes, par exemple ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Nenad Santic nous a amené

23 deux fusils M48. Ce sont les armes dont nous disposions au pont.

24 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez dit qu'il les a

25 apportés. Par conséquent, est-il venu par la suite pour vous les

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1 apporter ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Lorsque nous sommes arrivés

3 sur place, il est arrivé, lui, quelque quinze minutes après nous avec ces

4 deux fusils M48 et il a ordonné que personne ne s'éloigne du pont. Par

5 conséquent, nous n'avons pas eu l'autorisation de quitter le pont. Nous

6 pouvions nous déplacer entre la maison où nous étions et le pont de Radak,

7 aller et venir entre ces deux points, disons sur une distance de

8 50 mètres.

9 M. Blaxill (interprétation). - Pourriez-vous me dire la chose

10 suivante à nouveau ? Quelles étaient exactement les personnes qui se

11 trouvaient avec vous lorsqu'il vous a envoyé au pont ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, j'y ai retrouvé Drago

13 Vidovic. Dragan Papic n'était pas sur les lieux quand je suis arrivé, il

14 n'est arrivé que dix minutes plus tard, de la direction de Donja Rovna.

15 Nous avons été surpris de le voir arriver de cette direction et

16 nous lui avons demandé pourquoi il arrivait par là. Et il a répondu qu'il

17 avait emmené sa femme, sa mère et sa soeur à l'abri qui se trouvait là-

18 bas. Puis il est venu nous rejoindre et nous sommes restés au pont.

19 M. Blaxill (interprétation). - Par conséquent, à ce moment-là

20 vous étiez trois à garder le pont ?

21 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

22 M. Blaxill (interprétation). - Monsieur Papic a-t-il amené une

23 arme avec lui ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Non.

25 M. Blaxill (interprétation). - Monsieur Papic a-t-il dit qu'il

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1 avait reçu l'ordre de venir assurer la garde du pont ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

3 M. Blaxill (interprétation). - Et vous saviez, Monsieur, que

4 M. Papic en tant que forestier disposait d'une arme, une arme de chasse

5 avec une lunette ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Non, je ne le savais pas. Je

7 savais qu'en tant que forestier il avait un fusil. Mais était-ce le sien,

8 appartenait-il à l'entreprise pour laquelle il travaillait ? Je ne le

9 savais pas.

10 M. Blaxill (interprétation). - Mais vous nous dites ne l'avoir

11 jamais vu portant cette arme en ville.

12 M. Vidovic (interprétation). - Les gens ne se baladaient pas en

13 ville avec leurs armes. Généralement, ils l'utilisaient dans la forêt.

14 M. Blaxill (interprétation). - Mais n'est-il pas exact qu'au

15 cours des mois qui ont suivi avril 1993 il y avait plus de personnes

16 portant des uniformes et des armes qu'auparavant dans votre région et aux

17 environs ? N'est-ce pas exact ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, moi j'étais sur place,

19 mais je n'ai pas eu vraiment beaucoup d'occasions d'apercevoir ces

20 personnes. Peut-être qu'il y en avait beaucoup plus qu'avant, peut-être

21 pas, je ne sais pas.

22 M. Blaxill (interprétation). - Vous étiez tous les trois sur le

23 pont le 16 avril ?

24 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

25 M. Blaxill (interprétation). - Et à vous trois, vous ne

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1 possédiez que deux fusils, c'est bien cela ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Oui, oui.

3 M. Blaxill (interprétation). - Combien sur les trois sont restés

4 au travail, restés en fonction à ce moment-là ? Est-ce que deux ont

5 continué à travailler et un est parti, ou le contraire ?

6 M. Vidovic (interprétation). - En général, il y en avait deux

7 qui montaient la garde et un qui partait se reposer.

8 M. Blaxill (interprétation). - Et le repos durait combien de

9 temps ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, je vais vous dire, notre

11 repos n'était pas limité. Chaque fois qu'un homme était fatigué, on le

12 remplaçait.

13 M. Blaxill (interprétation). - Donc pour l'essentiel, les tours

14 de garde sur le pont représentaient un travail effectué par deux hommes,

15 c'est-à-dire deux hommes montant la garde et un homme en repos ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Nous avions là une petite

17 maison qui servait au repos. L'homme qui se reposait pouvait dormir dans

18 cette maison et ensuite reprenait son poste lorsqu'il remplaçait

19 quelqu'un.

20 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que dans le courant de

21 cette journée du 15... non, excusez-moi, est-ce que dans le courant de la

22 journée du 16, des mesures ont été prises pour organiser le repos des

23 hommes ? En d'autres termes, est-ce que des remplacements ont été

24 organisés ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Non.

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1 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'on vous a apporté de la

2 nourriture et des munitions ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Nous avions de quoi nous

4 alimenter parce que, dans la maison dont je viens de parler, il y avait

5 une femme qui nous faisait la cuisine.

6 M. Blaxill (interprétation). - Et des munitions, vous en avez

7 reçues ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Et bien, nous avions un ou deux

9 paquets pour les fusils M48.

10 M. Blaxill (interprétation). - Nous avons vu où se trouvait

11 cette maison, mais quand l'un d'entre vous allait dans cette maison pour

12 se reposer, est-ce que les autres continuaient à patrouiller le long de la

13 rivière comme vous l'avez indiqué sur la photographie ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Nous circulions 50 mètres en

15 contrebas, 50 mètres en amont à partir de cette maison et du pont, comme

16 je l'ai montré.

17 M. Blaxill (interprétation). - Comment s'appelait cette femme

18 qui vous faisait la cuisine dans la maison, si je puis me permettre de

19 vous poser la question ?

20 M. Vidovic (interprétation). - C'était une femme âgée. Je sais

21 que c'était l'épouse d'un certain Ljubas, mais je ne connais pas son nom

22 de famille.

23 M. Blaxill (interprétation). - Merci.

24 M. Vidovic (interprétation). - Je vous en prie.

25 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez déclaré que vous

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1 montiez la garde au niveau du pont sur ordre ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

3 M. Blaxill (interprétation). - Mais vous a-t-on dit combien de

4 temps il vous faudrait rester au niveau du pont ce premier jour ?

5 M. Vidovic (interprétation). - On ne nous a rien dit de

6 particulier, on nous a simplement dit qu'il fallait garder le pont à tout

7 prix, et que nous n'avions absolument pas le droit de nous écarter, de

8 nous éloigner du pont.

9 M. Blaxill (interprétation). - A ce moment-là, je suppose que

10 votre famille était toujours dans l'abri, et que donc personne ne

11 s'occupait de votre magasin parce que le conflit avait éclaté, n'est-ce

12 pas ?

13 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Le commerce était fermé et

14 personne ne pouvait plus s'occuper ni de la maison, de l'endroit où

15 j'habitais, ni de l'entreprise.

16 M. Blaxill (interprétation). - Mais est-ce que vous étiez un peu

17 préoccupé ? Est-ce que vous aviez l'impression que vous auriez aimé aller

18 voir ce qui se passait dans votre maison un peu plus tard dans la journée,

19 pour vérifier que tout allait bien ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Non. Nenad Santic était venu nous

21 voir, il nous avait dit que les membres de notre famille étaient à l'abri,

22 qu'il n'y avait pas de raison de s'inquiéter.

23 M. Blaxill (interprétation). - Mais je crois me rappeler qu'hier

24 vous avez dit que vous êtes resté jusqu'au mois d'août à garder le pont.

25 M. Vidovic (interprétation). - Oui, moi, je suis resté sur le

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1 pont jusqu'au mois d'août, jusqu'au 24 août.

2 M. Blaxill (interprétation). - Mais pendant cette période, est-

3 ce que vous avez eu la possibilité de retourner dans votre entreprise, de

4 revoir les membres de votre famille, de voir ce

5 qui se passait à votre domicile ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Non, je ne suis pas sorti, parti

7 un instant du pont. Une ou deux fois, ma femme est venue me voir de nuit

8 pour m'informer, me dire que tout allait bien. Donc je n'avais pas

9 l'autorisation d'aller à la maison, mais je ne pouvais pas y aller non

10 plus. C'est à ce moment-là que je suis tombé malade, gravement malade.

11 J'ai commencé à vomir du sang et j'ai dû aller me soigner.

12 M. Blaxill (interprétation). - Eh bien Monsieur, si vous me le

13 permettez, j'aimerais revenir à ce premier jour. Vous avez donc travaillé

14 toute la journée du 16 et vous avez déclaré que vous étiez arrivé au pont

15 de Radak aux alentours de 6 heures, n'est-ce pas, ou de 7 heures, entre

16 6 heures 30 et 7 heures. C'est bien cela ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Non, j’ai travaillé le 15, pas

18 le 16.

19 M. Blaxill (interprétation). - Excusez-moi, j'ai dû créer la

20 confusion dans votre esprit par la façon dont j'ai posé ma question, je

21 vais la reformuler. Le 16, vous êtes arrivé au pont aux alentours de

22 6 heure 30, 7 heures, n'est-ce pas ? C'est ce que j'ai cru comprendre.

23 M. Vidovic (interprétation). - Oui. J'ai dit que j'étais arrivé

24 au pont de Radak à 6 heures 20 ou 6 heures 30 à peu près. Je ne peux pas

25 préciser à la minute près.

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1 M. Blaxill (interprétation). - Et il est permis de penser que

2 vous avez monté la garde à vous trois, y compris pendant la nuit, c'est-à-

3 dire que vous montiez la garde 24 heures sur 24 à vous trois, n'est-ce

4 pas ?

5 M. Vidovic (interprétation). - C'est absolument cela. J'ai

6 d'ailleurs déjà dit qu'il y avait toujours un homme de repos pendant que

7 les deux autres montaient la garde.

8 M. Blaxill (interprétation). - Le deuxième jour, le 17 donc, ou

9 bien le 18, est-ce que d'autres hommes vous ont rejoints de façon à ce que

10 vous soyez plus nombreux que trois ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Oui. Il y a d'autres hommes qui

12 étaient de garde de l'autre côté du pont. C'est déjà une autre

13 municipalité. C'est la municipalité de Busovaca.

14 M. Blaxill (interprétation). - Mais eu égard à votre extrémité

15 du pont, est-ce que des renforts ou des remplacements sont arrivés dans

16 les deux ou trois jours qui ont suivi le 15 ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Non.

18 M. Blaxill (interprétation). - Monsieur Dragan Papic vous a-t-il

19 fait part de certaines préoccupations, eu égard à sa situation à la

20 maison ? Sa femme était enceinte, proche du terme, et les combats

21 faisaient rage à Ahmici. Est-ce qu'il était inquiet ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Oui, il m'a dit qu’il était

23 inquiet parce que sa femme était enceinte mais qu'elle était dans un lieu

24 sûr, elle était à l'abri, et que donc il n'y avait pas de problème de ce

25 côté-là.

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1 M. Blaxill (interprétation). - Lorsque M. Nenad Santic venait

2 vous rendre visite, est-ce qu'il parlait à Dragan Papic ? Est-ce qu'il lui

3 communiquait des messages de sa famille ou d'autres messages comme il le

4 faisait pour vous ?

5 M. Vidovic (interprétation). - Non. Sa famille était dans la

6 municipalité de Busovaca. Et Nenad Santic ne circulait pas dans la

7 municipalité de Busovaca.

8 M. Blaxill (interprétation). - Vous rappelez-vous si

9 M. Dragan Papic a quitté cet endroit, à quelque moment que ce soit,

10 pendant les trois jours en question ? Je parle des 16, 17 et 18 avril.

11 M. Vidovic (interprétation). - Je sais qu'il ne l'a pas fait.

12 D'ailleurs, nous n'avions absolument pas le droit de quitter notre poste

13 de garde.

14 M. Blaxill (interprétation). - Mais il arrive que lorsqu'on a

15 reçu des ordres, on désobéisse à ces ordres. C'est pourquoi je vous

16 demande si à quelque moment que ce soit M. Papic n'est pas, peut-être,

17 parti ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Ce n'est pas possible. Nous

19 sommes certains que personne n'a quitté son poste de garde.

20 M. Blaxill (interprétation). - Mais si par exemple vous étiez de

21 repos dans la maison

22 où il y avait cette vieille femme, et que les deux autres hommes gardaient

23 le pont et que ces deux hommes aient commencé à marcher le long de la

24 rivière, n'aurait-il pas été possible de quitter la maison pour se diriger

25 par la route, vers Zume, sans être vu par ces collègues ? Je pose cette

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1 question comme étant une hypothèse, n'est-ce pas.

2 M. Vidovic (interprétation). - Non, ce n’était pas possible

3 Parce que nous ne marchions que sur une circonférence de 50 mètres et la

4 maison est à moins de 20 mètres du pont.

5 M. Blaxill (interprétation). - Mais manifestement, il y avait

6 tout de même des moments où un des hommes n'était plus dans le champ de

7 vision des deux autres. Ne serait-ce que quand il était à l'intérieur de

8 la maison.

9 M. Vidovic (interprétation). - Il était toujours dans notre

10 champ de vision, il ne pouvait aller nulle part, sauf à emprunter la porte

11 du garage. Et il était toujours sous nos yeux. Et puis il n'avait pas le

12 droit. S'il était parti, il n’aurait jamais pu revenir, il n'aurait jamais

13 osé revenir.

14 M. Blaxill (interprétation). - Vous rappelez-vous le jour où

15 M. Papic a reçu l'ordre de quitter son poste ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Ce n'est pas un ordre qu'il a

17 reçu, mais je me rappelle qu'il est resté avec nous huit à neuf jours, et

18 il nous a dit, soit que sa femme était sur le point de donner naissance à

19 son enfant, soit qu'elle l'avait fait. Je ne souviens pas absolument

20 exactement de ce qu'il a dit, mais à ce moment-là il est rentré chez lui

21 et nous ne l'avons pas revu jusqu'après la guerre.

22 M. Blaxill (interprétation). - Mais que les choses soient

23 claires. Est-ce que vous avez reçu un message ou est-ce que Nenad Santic

24 est venu vous rendre visite pour annoncer que M. Papic pouvait rentrer

25 chez lui ?

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1 M. Vidovic (interprétation). - Oui, M. Nenad Santic est venu

2 nous voir et nous a dit que M. Papic pouvait rentrer chez lui. Et les deux

3 autres, nous sommes restés seuls sur place.

4 M. Blaxill (interprétation). - Donc, à partir de ce moment-là il

5 ne restait que vous-même et M. Dragan Vidovic sur les lieux ?

6 M. Vidovic (interprétation). – Oui.

7 M. Blaxill (interprétation). – Est-il resté avec vous jusqu’au

8 mois d’août ?

9 M. Vidovic (interprétation). – Oui, il est même resté plus

10 longtemps. Il est même resté encore quand je suis déjà parti pour me faire

11 soigner. D’ailleurs, je ne sais pas, à ce moment-là, si quelqu’un d’autre

12 l’a rejoint ou s’il est resté seul ; je ne suis pas au courant.

13 M. Blaxill (interprétation). – Vous avez déclaré que M. Dragan

14 Papic rendait régulièrement visite à votre restaurant. C’est exact ?

15 M. Vidovic (interprétation). – Oui, avant la guerre.

16 M. Blaxill (interprétation). – Donc, en tant que client, vous

17 deviez très bien le connaître ?

18 M. Vidovic (interprétation). – Oui, parce qu’il était forestier.

19 Donc, il allait au travail là haut et quand il venait travailler dans la

20 forêt, il s’arrêtait toujours quelques instants dans mon restaurant.

21 M. Blaxill (interprétation). – Nous avons entendu dire, certains

22 témoins ont déclaré que M. Papic était vu assez fréquemment dans des

23 vêtements de camouflage ou des vêtements assez foncés, y compris noirs, et

24 qu’il portait régulièrement ces vêtements au cours du mois qui a précédé

25 le conflit, quand il allait au travail. Vous rappelez-vous l’avoir vu vêtu

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1 de la sorte ?

2 M. Vidovic (interprétation). – Eh bien, je vais vous dire, pour

3 autant que je le sache, Dragan Papic a toujours travaillé en tant que

4 forestier jusqu’au début du conflit et quand il allait là-haut, oui en

5 effet, il avait toujours une chemise verte et un uniforme vert.

6 M. Blaxill (interprétation). – Mais de quel vert s’agissait-il ?

7 Un vert clair, un vert foncé ou un vert moyen ?

8 M. Vidovic (interprétation). – Eh bien, disons un vert un peu

9 comme celui que l’on voit ici. Les forestiers portaient un uniforme vert

10 comme les uniformes kaki.

11 M. Blaxill (interprétation). – Vous avez indiqué le vert du

12 micro, n’est-ce pas ? C’est donc un vert semblable à celui du micro ?

13 M. Vidovic (interprétation). – Oui, oui à peu près ; comme le

14 vert qu’il y a là sur les écouteurs. C’est difficile pour moi de vous

15 décrire précisément la couleur. Le vert porté par les forestiers, chez

16 nous, par tous les forestiers était ce vert, ce vert de l’uniforme.

17 M. Blaxill (interprétation). – Vous avez déclaré qu’au cours des

18 nombreuses visites qu’il a faites dans le quartier, lorsqu’il allait dans

19 la forêt, vous n’avez jamais vu M. Papic avec une arme à la main ?

20 M. Vidovic (interprétation). – Eh bien, il avait un fusil ;

21 quand il allait dans la forêt, il avait un fusil. Toujours.

22 M. Blaxill (interprétation). – Vous avez dit que vous ne

23 connaissiez pas le sexe du bébé auquel sa femme a donné le jour, n’est-ce

24 pas ? Mais est-ce que vous n’avez plus eu de contacts avec M. Papic, en

25 tant que client, après le conflit ?

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1 M. Vidovic (interprétation). – Non, non, non. D’abord, il faut

2 que je vous dise que, encore aujourd’hui, je ne sais pas si son enfant est

3 un garçon ou une fille. Je ne le sais pas.

4 M. Blaxill (interprétation). – Si je puis me permettre,

5 j’aimerais vous ramener quelques instants à la journée du 16 avril. Vous

6 avez dit être arrivé dans l’abri qui était plein de personnes de

7 nationalité croate, hommes et femmes, n’est-ce pas ?

8 M. Vidovic (interprétation). – Oui, il y avait des femmes, des

9 hommes âgés, des enfants, des mineurs d’âge… il y avait de tout.

10 D’ailleurs, il ne cessait d’arriver des gens dans cet abri.

11 M. Blaxill (interprétation). – Je crois vous avoir entendu dire

12 que M. Marko Santic était dans cet abri à ce moment-là. Est-ce exact ?

13 M. Vidovic (interprétation). – Oui, toutes les personnes âgées

14 étaient dans l’abri. C’est un homme à qui j’avais pris son fusil pour

15 monter la garde. Tous les vieux étaient dans l’abri.

16 M. Blaxill (interprétation). – Et vous avez dit qu’à ce moment

17 de la journée, aux alentours de 6 heures du matin, vous avez vu M. Vlatko

18 Kupreskic dans l’abri. Cela, c’est clair ?

19 M. Vidovic (interprétation). – Oui.

20 M. Blaxill (interprétation). – Vous avez dit être resté dans

21 l’abri une dizaine de minutes. Donc, entre 6 heures 10 et 6 heures 15 du

22 matin, vous avez quitté l’abri alors que M. Vlatko Kupreskic s’y trouvait

23 encore ?

24 M. Vidovic (interprétation). – Oui, ils sont tous restés, ceux

25 qui y étaient, après mon départ.

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1 M. Blaxill (interprétation). – Pendant le reste de cette

2 journée, avez-vous vu, à quelque moment que ce soit, M. Vlatko Kupreskic ?

3 M. Vidovic (interprétation). – Non, non, je ne l’ai plus revu ce

4 jour-là. Je ne l’ai plus revu.

5 M. Blaxill (interprétation). – Parce que, bien entendu, vous

6 êtes parti au pond de Radak et vous n’êtes plus revenu à l’abri ? Vous

7 êtes resté au pont pendant le reste de cette journée ?

8 M. Vidovic (interprétation). – Oui, en effet, je n’ai plus eu

9 l’occasion de voir Vlatko parce que j’étais au pont et je n’avais plus le

10 droit de quitter le pont.

11 M. Blaxill (interprétation). – Donc, la seule chose que vous

12 pouvez dire avec certitude ici, c’est que vous savez où se trouvait Vlatko

13 Kupreskic juste avant 6 heures 10 du matin ce jour-là ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

15 M. Blaxill (interprétation). - Je vous remercie.

16 M. Vidovic (interprétation). - Je vous en prie.

17 M. Blaxill (interprétation). - Pendant que vous étiez dans

18 l'abri, est-ce que vous avez échangé quelques propos que ce soit avec les

19 personnes qui étaient dans l'abri avec vous ? Est-ce que vous avez parlé à

20 quelqu'un ?

21 M. Vidovic (interprétation). - J'ai parlé avec les réfugiés qui

22 ne cessaient d'arriver, ceux qui étaient de la limite d'Ahmici. Les

23 Croates qui se trouvaient à Ahmici étaient tous en train de fuir. Ceux qui

24 habitaient le plus près d'Ahmici fuyaient tous.

25 M. Blaxill (interprétation). -Et est-ce que vous avez échangé

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1 quelques propos avec Vlatko Kupreskic ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Non, parce que Vlatko était déjà

3 dans l'abri lorsque j'y suis arrivé et je n'ai eu aucune conversation avec

4 lui.

5 M. Blaxill (interprétation). - Je crois vous avoir entendu dire

6 dans votre déposition que des femmes croates vous ont dit qu'il y avait eu

7 des combats violents en raison d'unités musulmanes qui avaient attaqué

8 Ahmici. C'est bien cela que vous nous avez dit dans votre récit, n'est-ce

9 pas ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Il est exact que j'ai dit que des

11 unités musulmanes d'Ahmici avaient attaqué des maisons croates et qu'on

12 avait entendu dire que Mirjan Santic était mort au cours de ces combats du

13 matin. C'est cela que ces femmes m'ont appris. Je n'ai rien appris

14 d'autre.

15 M. Blaxill (interprétation). - Donc, ce que vous êtes en train

16 de dire en ce moment, c'est qu'on vous a dit que Mirjan Santic avait été

17 tué dans les combats, et que les femmes en question ne vous ont rien dit

18 au sujet de pertes importantes des deux côtés ?

19 M. Vidovic (interprétation). - Non, elles n'ont fait référence à

20 rien et ce jour-là, ce

21 matin-là, je ne savais rien s'agissant de ces pertes humaines importantes.

22 La seule chose que j'ai apprise concernait Mirjan Santic. Mais par la

23 suite, j'ai appris qu'il y avait eu un grand nombre de victimes d'un côté

24 et de l'autre.

25 M. Blaxill (interprétation). - Avez-vous jamais fait le moindre

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1 effort pour essayer de vérifier si ce qu'on vous avait dit était exact et

2 précis ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Non, parce que je n'ai pas eu la

4 possibilité de confirmer ces faits, puisque je ne pouvais pas m'éloigner

5 du pont de Radak.

6 M. Blaxill (interprétation). - Si je vous disais, Monsieur, que

7 les éléments de preuve que nous avons reçus indiquent qu'il y a eu un

8 grand nombre de victimes musulmanes, est-ce que ce serait une surprise

9 pour vous ou est-ce quelque chose que vous avez peut-être entendu par la

10 suite ?

11 M. Vidovic (interprétation). - Ce ne serait pas une surprise

12 pour moi parce que j'ai entendu dire qu'il y avait eu un grand nombre de

13 victimes d'un côté et de l'autre, donc cela ne me surprendrait pas le

14 moins du monde.

15 M. Blaxill (interprétation). - Dans ces conditions, est-ce que

16 cela vous surprendrait d'entendre, Monsieur, qu'en fait à Ahmici, le

17 16 avril, il n'y a eu pratiquement aucune victime croate enregistrée, si

18 ce n'est peut-être deux ou trois personnes ? Comment est-ce que vous

19 réagiriez à cette proposition, Monsieur ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, je vais vous dire, quoi

21 qu’il en soit, moi, selon les informations que j’aie reçues, il y a eu des

22 victimes des deux côtés. Mais, de toute façon, ce n’était pas ma

23 responsabilité de savoir tout cela.

24 M. Blaxill (interprétation). – Il y a encore une chose que

25 j’aimerais vous demander, Monsieur. Une question relative à l’abri en tant

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1 que tel. Pourriez-vous décrire, physiquement, ceux qui se trouvaient dans

2 cet abri et l’aspect de cet abri ? Quel était sa profondeur dans le sol ?

3 Ou étaient situées les fenêtres, les portes, etc. ? Pouvez-vous me le

4 dire, Monsieur ?

5 M. Vidovic (interprétation). – Oui, oui, je peux le faire,

6 absolument. La maison dans laquelle se trouvait cet abri avait deux étages

7 et la cave était enterrée. Pour descendre à la cave, on empruntait des

8 escaliers. Quant aux fenêtres, eh bien, j’ai passé très peu de temps dans

9 cet abri, donc je n’ai pas pu remarquer, je n’ai pas fait attention ; je

10 n’ai pas regardé s’il y avait des fenêtres ou pas. Je sais seulement que

11 la porte était une grande porte. On accédait à l’escalier et c’est à ce

12 moment-là que l’on commençait à descendre.

13 M. Blaxill (interprétation). – Pouvez-vous nous donner une

14 indication quant aux dimensions de la pièce ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, je dirais qu’il y avait,

16 à peu près, 100 m2 dans cette cave. 10 m sur 10 m.

17 M. Blaxill (interprétation). – Dix mères sur 10 m. Pouvez-vous

18 nous donner quelques indications quand à la lumière qu’il y avait

19 éventuellement dans cette pièce ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Il y avait la lumière électrique

21 et à ce moment-là je ne me souviens pas si la lumière était allumée, il

22 faisait déjà jour, je ne me rappelle pas exactement. Je crois que la

23 lumière était encore allumée.

24 M. Blaxill (interprétation). - Je vous demande un instant,

25 Monsieur le Président, pour converser avec mon collègue. Nous allons

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1 essayer d’être aussi rapides que possible.

2 Eh bien, j’ai trois questions qui me viennent à l’esprit,

3 Monsieur le Président, et je crois qu’elles s’inscriront dans notre

4 horaire avant la pause.

5 Monsieur Vidovic, j’ai encore quelques questions à vous poser.

6 Pourriez-vous, je vous prie, confirmer encore une fois à mon intention qui

7 était les gardes qui se trouvaient à l’autre bout du pont Radak ? Je crois

8 que vous avez déjà donné leur nom, mais je vous prierais si vous le voulez

9 bien de les redonner.

10 M. Vidovic (interprétation). - Zvonimir Santic et Jozo Vidovic.

11 Il y en avait d’autres d’ailleurs mais je ne les connaissais pas tous.

12 Mais je connaissais Jozo Vidovic et

13 Zvonimir Santic.

14 M. Blaxill (interprétation). - Vous rappelez-vous s’ils

15 portaient un uniforme complet ?

16 M. Vidovic (interprétation). - Non.

17 M. Blaxill (interprétation). - En disant non, vous voulez dire

18 que vous ne vous rappelez pas ou qu’ils ne portaient pas d’uniforme

19 complet ?

20 M. Vidovic (interprétation). - Ils étaient habillés en civil.

21 Nous nous voyions parfaitement puisque nous n’étions séparés que par le

22 pont qui n’est pas très long. Donc nous nous voyions bien.

23 M. Blaxill (interprétation). - Mais vous dites ne pas vous

24 rappeler le nom des autres hommes. Est-ce que ces gardes circulaient

25 également et est-ce qu’ils se relayaient ?

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1 M. Vidovic (interprétation). - Eux aussi se relayaient mais

2 Zvonimir Santic et Jozo Alilovic étaient là.

3 M. Blaxill (interprétation). - Vous rappelez-vous combien de

4 temps ils sont restés sur les lieux ? Plusieurs jours, plusieurs

5 semaines ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Les premiers vingt jours, ils

7 sont tous restés sur les lieux et après il y a eu des changements, mais je

8 n’en sais trop rien. Il y avait plus de remplacements chez eux que chez

9 nous, nous ne pouvions pas être remplacés nous n’avions pas de

10 remplaçants.

11 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu’il y a eu des incidents

12 au niveau du pont pendant le temps où vous avez monté la garde sur le

13 pont ? Notamment, y a-t-il eu des incidents impliquant des coups de feu et

14 des blessés ?

15 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, de l'autre côté de la

16 ligne, il était impossible de passer de l'autre côté parce qu'ils

17 frappaient toujours. Il y avait des obus qui tombaient sur le pont chaque

18 fois que quelqu'un essayait de traverser. Leur objectif à mon avis était

19 de détruire le pont parce qu'ils savaient que c'était notre corridor à

20 nous. Donc, voilà les incidents qu'il y a eus, mais il n'y en a pas eus

21 d'autres. Il y avait un canon de l'autre côté.

22 M. Blaxill (interprétation). - Encore quelques questions, si

23 vous le permettez. Il y a quatre noms que j'aimerais vous dire et

24 j'aimerais vous demander si ce sont les noms de personnes que vous

25 connaissez.

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1 Premier nom : Zdranko Prekovic. Connaissez-vous ce nom ?

2 M. Vidovic (interprétation). - Non.

3 M. Blaxill (interprétation). - Stipica Santic ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Il n'y a pas mal de

5 Stipica Santic, donc je ne peux pas vous répondre.

6 M. Blaxill (interprétation). - Très bien.

7 Zelko Grbavac ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Non.

9 M. Blaxill (interprétation). - Enfin, Ivica Krizanac ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Non.

11 M. Blaxill (interprétation). - Et puis, je vous demanderai

12 encore, Monsieur, si vous connaissiez la femme qui s'appelle

13 Enada Hadjic ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Non.

15 M. Blaxill (interprétation). - Vous n'aviez pas une voisine qui

16 portait ce nom, ou un nom proche ?

17 M. Vidovic (interprétation). - Peut-être, mais non.

18 (Le témoin fait un signe de dénégation.)

19 M. Blaxill (interprétation). - Très bien, je vous remercie. J'en

20 suis arrivé au terme de mon contre-interrogatoire, Monsieur le Président.

21 Je vous remercie.

22 M. le Président (interprétation). - Merci. Trente minutes de

23 pause.

24 (L'audience, suspendue à 10 heures 30, est reprise à

25 11 heures.)

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1 M. le Président (interprétation). - Maître Puliselic, vous avez

2 la parole.

3 M. Puliselic (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le

4 Président. Monsieur Vidovic, je vais vous poser quelques questions

5 supplémentaires. Dans votre déposition, vous avez déclaré qu'il ne vous

6 était pas autorisé de quitter la position que vous teniez sur le pont de

7 Radak ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

9 M. Puliselic (interprétation). - Et vous avez dit que Dragan

10 Papic ne s'était pas éloigné, qu'il était toujours resté à cette position,

11 qu'il l'avait fait pendant à peu près dix jours, c'est-à-dire jusqu'au

12 moment où sa femme a accouché ?

13 M. Vidovic (interprétation). - C'est bien ce que j'ai dit.

14 M. Puliselic (interprétation). - Ma question portera sur deux

15 dates précises, les 16 et 17 avril 1993. Etes-vous tout à fait sûr, sûr à

16 100 % que, à ces deux dates, les 16 et 17 avril, Dragan Papic n'a pas

17 quitté la position qu'il occupait en tant que garde ?

18 M. Vidovic (interprétation). - Je suis tout à fait sûr, sûr à

19 100 % que Dragan Papic n'a pas abandonné cette position pendant les huit

20 premiers jours du conflit.

21 M. Puliselic (interprétation). - Merci. Etant donné la position

22 que vous teniez au pont de Radak -vous avez dire qu'il n'était pas

23 possible de voir Ahmici depuis cette position-, pourriez-vous nous dire

24 quel jour les coups de feu, les tirs ont été les plus perceptibles ?

25 M. Vidovic (interprétation). - Le 16, le jour du début du

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1 conflit.

2 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il y a eu des tirs

3 le 17 ?

4 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

5 M. Puliselic (interprétation). - Pourrait-on dire qu'avec le

6 temps qui a passé les tirs ont diminué ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Tout au contraire, il y a eu des

8 tirs incessants, non

9 seulement à Ahmici, mais aussi dans d'autres localités.

10 M. Puliselic (interprétation). - Je vois. Vous avez déclaré que

11 Nenad Santic avait informé Dragan Papic du fait que sa femme avait

12 accouché, et il lui a donné la permission de quitter cette position qu'il

13 tenait au poste de garde. Vous ai-je bien compris ?

14 M. Vidovic (interprétation). - Tout à fait.

15 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez parlé de l'autre bout

16 du pont, de l'autre côté, celui qui est à proximité de Donja Rovna. Vous

17 avez dit qu'il y avait quand même beaucoup plus de gardes de ce côté-là.

18 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

19 M. Puliselic (interprétation). - Pourriez-vous nous préciser le

20 nombre de gardes qu'il vous était possible de voir de ce côté là, du moins

21 les premiers jours ?

22 M. Vidovic (interprétation). - Trois ou quatre, mais il y en

23 avait deux qui restaient là tout le temps. Il s'agissait de Zvonimir

24 Santic et de Jozo Alilovic. Je les connaissais personnellement, c'étaient

25 eux...

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1 M. Puliselic (interprétation). - Ce sont eux qui ont passé le

2 plus de temps là ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Oui, eux étaient là tout le temps

4 et les autres se relevaient.

5 M. Puliselic (interprétation). - Avez-vous quelque information

6 que ce soit à propos du fait que Zvonko Santic a été grièvement blessé

7 lorsqu'il était de garde, il faisait partie d'une patrouille ?

8 M. Vidovic (interprétation). - Oui, je suis au courant.

9 M. Puliselic (interprétation). - Par la suite, avez-vous appris

10 qu'un nombre assez important de Musulmans a été tué à Ahmici et que des

11 maisons ont été incendiées ?

12 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

13 M. Puliselic (interprétation). - Merci, je n'ai plus de

14 questions à poser à ce témoin,

15 Monsieur le Président, je vous remercie.

16 M. le Président (interprétation). - Maître Par, vous avez des

17 questions ?

18 M. Par (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

19 Monsieur Vidovic, mon éminent collègue de l'accusation,

20 lorsqu'il vous a posé des questions dans le cadre du contre-

21 interrogatoire, vous a demandé de décrire cet abri où vous étiez. Je vais

22 vous montrer plusieurs photographies et je vous demanderai d'apporter

23 votre commentaire à ces photos. Je demande l'aide de l'huissier pour qu'il

24 vous montre ces photographies.

25 Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agira de la pièce D20/3.

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1 M. Par (interprétation). - Monsieur Vidovic, dites-moi, cette

2 photo, que montre-t-elle ?

3 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, c'est une photographie

4 de la maison, on voit l'entrée de cette maison et l'entrée de l'abri.

5 M. Par (interprétation). - Est-ce bien cette entrée en forme de

6 labyrinthe que vous avez décrite ?

7 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

8 M. Par (interprétation). - Pourrait-on montrer la photographie

9 suivante ?

10 (L'interprète se corrige, il ne s'agit pas d'un labyrinthe, mais

11 d'une entrée à l'accès un peu difficile.)

12 Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agira de la pièce portant

13 la cote D21/3.

14 M. Par (interprétation). - Est-ce qu'on pourrait tourner la

15 photo, la positionner différemment de façon à ce que nous la voyions

16 bien ? Parfait. Dites-moi, cette photo, que montre-t-elle ? Elle est bien

17 placée de cette façon.

18 M. Vidovic (interprétation). - Elle montre les escaliers qui

19 mènent à l'abri.

20 M. Par (interprétation). - Est-ce bien l'entrée que vous avez

21 décrite ? A partir du

22 couloir, vous descendez quelques marches pour arriver à cet abri ?

23 M. Vidovic (interprétation). - Vous savez, il y a longtemps de

24 cela, je ne suis jamais retourné dans cette maison. Mais c'est à peu près

25 cela, oui.

Page 6691

1 Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agira de la pièce portant

2 cote D22/3.

3 (L'huissier s'exécute.)

4 M. Par (interprétation). - Dites-nous, pourriez-vous nous

5 décrire ce qui figure sur cette photographie ?

6 M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, c'est l'abri où nous

7 nous sommes trouvés.

8 M. Par (interprétation). - Vous voyez l'ampoule dont vous avez

9 parlé ?

10 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

11 M. Par (interprétation). - Vous voyez les fenêtres ? Et on voit

12 que ceci a été enfoui dans le sol, en tout cas que l'on a creusé dans le

13 sol pour construire cet abri.

14 M. Vidovic (interprétation). - Oui.

15 M. Par (interprétation). - Je n'ai plus de questions à poser.

16 J'aimerais demander le versement de ces trois photos.

17 M. le Président (interprétation). - Vous pourriez en fournir

18 copie aux Juges et à l'accusation. Nous pourrons à ce moment-là assurer le

19 versement. Nous voudrions avoir ces photocopies demain, nous reviendrons

20 sur la question demain.

21 M. Par (interprétation). - Fort bien.

22 M. le Président (interprétation). - Monsieur Vidovic, merci

23 d'être venu déposer devant nous, vous pouvez vous retirer.

24 M. Vidovic (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le

25 Juge.

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1 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

2 M. le Président (interprétation). - Maître Puliselic, avez-vous

3 demandé des mesures de protection particulière pour le témoin suivant ?

4 M. Goran Papic ?

5 M. Puliselic (interprétation). – Non, Monsieur le Président.

6 M. le Président (interprétation). - On peut donc introduire le

7 témoin.

8 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

9 Bonjour, Monsieur Papic.

10 M. Papic (interprétation). – Bonjour.

11 M. le Président (interprétation). - Veuillez donner lecture de

12 la déclaration solennelle.

13 M. Papic (interprétation). - Je déclare solennellement que je

14 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

15 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie. Veuillez

16 prendre place. Maître Puliselic, vous avez la parole.

17 M. Puliselic (interprétation). Bonjour, Monsieur Papic.

18 M. Papic (interprétation). - Bonjour.

19 M. Puliselic (interprétation). - Veuillez décliner votre

20 identité à l'intention des Juges ; votre nom, prénom, lieu et date de

21 naissance et lieu de résidence.

22 M. Papic (interprétation). - Je m'appelle Goran Papic. Je suis

23 né le 4 décembre 1975 à Travnik. J’habite Vitez. J'habite à un endroit

24 dénommé Topala.

25 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce un lieu-dit, Topala, ou

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1 est-ce que c'est un quartier de Santici ?

2 M. Papic (interprétation). – Effectivement, c'est un quartier de

3 Santici.

4 M. Puliselic (interprétation). – Pourriez-vous nous décrire le

5 lien de parenté que vous avez avec Dragan Papic ?

6 M. Papic (interprétation). - C'est mon frère aîné.

7 M. Puliselic (interprétation). - Quel âge aviez-vous en 1992 ?

8 M. Papic (interprétation). – J’avais 16 ans et demi.

9 M. Puliselic (interprétation). - Vous étiez donc mineur d'âge ?

10 M. Papic (interprétation). - Oui.

11 M. Puliselic (interprétation). – Pourriez-vous nous dire qui

12 habitait avec vous à l'époque ?

13 M. Papic (interprétation). - Dans notre maison, en 1992, il y

14 avait mon père Ivo, ma mère Dragica, mon frère Dragan, sa femme Ruzica, ma

15 soeur aînée Ivanka et moi-même.

16 M. Puliselic (interprétation). - A votre droite, vous voyez une

17 photographie aérienne qui a été prise à Ahmici et de ses environs.

18 Veuillez vous servir du pointeur pour nous indiquer la maison dans

19 laquelle vous viviez.

20 M. Papic (interprétation). - Voici notre maison.

21 (Le témoin pointe sur la carte.)

22 M. Puliselic (interprétation). - Qui est propriétaire de la

23 maison ?

24 M. Papic (interprétation). - Mon père, Ivo.

25 M. Puliselic (interprétation). - Vous souvenez-vous de l'année

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1 du mariage de votre frère ?

2 M. Papic (interprétation). - Il s'est marié au mois d'août,

3 en 1991.

4 M. Puliselic (interprétation). - Je demanderai l'aide de

5 l'huissier pour ce document-ci.

6 (L'huissier s'exécute.)

7 Mme Ameerali (interprétation). – Il s’agira du document D11/5.

8 M. Puliselic (interprétation). – Monsieur Papic, de quel

9 document s'agit-il ?

10 M. Papic (interprétation). - C'est un certificat de mariage qui

11 atteste du fait que mon frère s'est marié le 10 août 1991. Dragan Papic et

12 Ruzica se sont mariés ce jour-là.

13 M. Puliselic (interprétation). - Merci. Pourriez-vous nous dire

14 où s'est déroulé ce mariage ?

15 M. Papic (interprétation). - A l'église de Busovaca.

16 M. Puliselic (interprétation). - Y a-t-il eu de nombreux invités

17 à la cérémonie de mariage ?

18 M. Papic (interprétation). - Oui.

19 M. Puliselic (interprétation). - Et ces invités se sont-ils

20 divertis ou est-ce qu'il y a eu des problèmes ?

21 M. Papic (interprétation). - Il n'y a pas eu de problème, la

22 fête fut belle et elle s'est poursuivie jusqu'aux petites heures du matin,

23 dans la nuit.

24 M. Puliselic (interprétation). - Cette fête, où a-t-elle eu

25 lieu ?

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1 M. Papic (interprétation). - A l'arrière de notre maison, dans

2 la cour.

3 M. Puliselic (interprétation). – Donc, le mariage fut célébré à

4 Busovaca. Et après ?

5 M. Papic (interprétation). - Eh bien, nous avons fait la fête

6 dans l'arrière-partie de la propriété dans la cour.

7 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que, parmi les invités,

8 il n'y avait que des Croates, ou est-ce qu'il y avait aussi des

9 Musulmans ?

10 M. Papic (interprétation). - Non, il y avait aussi des

11 Musulmans ; nous étions tous ensemble.

12 M. Puliselic (interprétation). – Avez-vous pris des

13 photographies lors de l'événement ?

14 M. Papic (interprétation). – Oui, il y a eu un enregistrement

15 vidéo de toute la cérémonie.

16 M. Puliselic (interprétation). - Et aussi de la fête ?

17 M. Papic (interprétation). – Oui, de la cérémonie de mariage et

18 de la fête qui s'en

19 est suivie.

20 M. Puliselic (interprétation). - Et qui a tourné cette

21 cassette ?

22 M. Papic (interprétation). – Mehmet Ahmic.

23 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il a utilisé sa

24 propre caméra, son propre appareil ?

25 M. Papic (interprétation). – Oui, c'était lui qui était

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1 propriétaire du camescope.

2 M. Puliselic (interprétation). - Qui était Mehmet Ahmic ?

3 M. Papic (interprétation). - C'était notre voisin le plus

4 proche.

5 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il avait un surnom ?

6 M. Papic (interprétation). - On l'appelait "Suduka".

7 M. Puliselic (interprétation). - A quelle distance se trouve

8 votre maison de la sienne ? A peu près ?

9 M. Papic (interprétation). - A peu près 60 mètres, je ne sais

10 pas exactement.

11 M. Puliselic (interprétation). – Seriez-vous en mesure de nous

12 montrer sur la carte aérienne, sur la photographie aérienne la maison de

13 Mehmet Ahmic ? Ou, plus exactement, d’abord votre maison et puis la

14 sienne ?

15 (Le témoin indique l'endroit sur la carte.)

16 M. Papic (interprétation). - Voici notre maison et puis voici la

17 maison de Mehmet Ahmic.

18 M. Puliselic (interprétation). - Etant donné que Mehmet Ahmic

19 avait été invité au mariage et qu'il a filmé l'événement avec son propre

20 camescope, je suppose que votre frère Dragan Papic était en excellents

21 termes avec lui ?

22 M. Papic (interprétation). – Oui, oui, notre famille s'entendait

23 bien avec lui ; nous nous rendions souvent visite.

24 M. Puliselic (interprétation). - Donc il avait coutume de vous

25 rendre visite et vous

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1 faisiez de même ?

2 M. Papic (interprétation). - Oui, nous nous rendions visite

3 réciproquement les uns chez les autres.

4 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous vous rendiez

5 des services mutuels ?

6 M. Papic (interprétation). - Oui, lorsque Mehmet Ahmic était en

7 train de construire sa nouvelle maison, nous lui avons donné un coup de

8 main. Nous lui avons donné les services gratuitement dont il avait

9 besoin : l'eau, l'électricité, ce genre de chose.

10 M. Puliselic (interprétation). - Vous souvenez-vous du moment où

11 il a construit cette maison, pour autant que vous vous en souveniez ?

12 M. Papic (interprétation). - Je ne sais plus exactement quand il

13 l'a fait.

14 M. Puliselic (interprétation). - Lors du mariage dont nous

15 venons de parler, y avait-il d'autres membres de la famille de

16 Mehmet Ahmic ?

17 M. Papic (interprétation). - Toute sa famille était présente au

18 mariage.

19 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez dit qu'il y avait

20 d'autres Musulmans présents à la fête ?

21 M. Papic (interprétation). - Oui, tous nos voisins, toute la

22 famille Causevic.

23 M. Puliselic (interprétation). - Là, vous parlez du frère de

24 votre père ?

25 M. Papic (interprétation). - Oui, c'était et c’est toujours

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1 l'ami de mon père.

2 M. Puliselic (interprétation). - Pourriez-vous nous donner une

3 idée approximative du nombre d'invités qu'il y avait à cette fête ?

4 M. Papic (interprétation). - Je ne me souviens pas.

5 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que Fahrudin Ahmic a

6 assisté au mariage ?

7 M. Papic (interprétation). - Oui, avec toute sa famille.

8 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il vivait près de

9 chez vous ? Est-ce que vous pourriez nous montrer sa maison sur la

10 photographie aérienne ?

11 M. Papic (interprétation). - La maison de Fahrudin Ahmic se

12 trouve ici.

13 (Le témoin indique l'emplacement sur la carte.)

14 M. Puliselic (interprétation). - A proximité du bois et du

15 bosquet ?

16 M. Papic (interprétation). - Oui.

17 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que Dragan et votre père

18 s'entendaient bien avec les Musulmans ?

19 M. Papic (interprétation). - Oui.

20 M. Puliselic (interprétation). - Quel était le métier

21 qu'exerçait votre père à l'époque ?

22 M. Papic (interprétation). - Il était plombier.

23 M. Puliselic (interprétation). - Est-il toujours plombier ?

24 M. Papic (interprétation). - Oui.

25 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il faisait des

Page 6699

1 travaux de plomberie pour ceux qui le lui demandaient ?

2 M. Papic (interprétation). - Oui, il travaillait pour tout le

3 village d'Ahmici et les environs.

4 M. Puliselic (interprétation). - Donc il s'occupait de travaux

5 de plomberie dans des maisons musulmanes aussi ?

6 M. Papic (interprétation). - Oui.

7 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous saviez que

8 c'était lui, si c'était lui, qui s'était occupé de la plomberie à la

9 mosquée ?

10 M. Papic (interprétation). - Oui, c'est lui qui a fait les

11 travaux de plomberie dans les deux mosquées.

12 M. Puliselic (interprétation). - Donc dans celle où il y a un

13 minaret, et dans celle où il n'y en a pas ?

14 M. Papic (interprétation). - C'est exact.

15 M. Puliselic (interprétation). - Votre frère Dragan a-t-il

16 parfois aidé votre père s'il en avait le temps ?

17 M. Papic (interprétation). - C’est exact. S’il n'avait pas son

18 travail à faire, il aidait mon père, s'il ne travaillait pas ; si mon père

19 avait beaucoup de travail, il l'aidait.

20 M. Puliselic (interprétation). - Quel était le travail de

21 Dragan Papic ?

22 M. Papic (interprétation). - Il était garde forestier.

23 M. Puliselic (interprétation). - Quelle fut son éducation, sa

24 formation ?

25 M. Papic (interprétation). - Il a fait l’école de travaux

Page 6700

1 forestiers.

2 M. Puliselic (interprétation). - Où ?

3 M. Papic (interprétation). - A Travnik.

4 M. Puliselic (interprétation). - Pour qui travaillait-il ?

5 M. Papic (interprétation). - Il travaillait pour le service des

6 Eaux et Forêts de Vitez.

7 M. Puliselic (interprétation). - Jusqu'à quel moment a-t-il

8 travaillé à ce poste pour la municipalité de Vitez de façon régulière ?

9 M. Papic (interprétation). - Jusqu'au début du conflit, conflit

10 qui a éclaté le 16 avril.

11 M. Puliselic (interprétation). - Vous a-t-il expliqué en quoi

12 consistait son travail ?

13 M. Papic (interprétation). - Il devait assurer la protection du

14 gibier, des bois.

15 M. Puliselic (interprétation). - Que devait-il faire ? Est-ce

16 qu'il devait s’occuper et veiller à ce que personne ne coupe le bois sans

17 sa permission ?

18 M. Papic (interprétation). - Oui.

19 M. Puliselic (interprétation). - Vous souvenez-vous de ce qu'il

20 portait lorsqu’il allait au travail ? Est-ce qu’il avait toujours le même

21 genre de vêtements ?

22 M. Papic (interprétation). - Il avait une sorte d'uniforme de

23 garde forestier, un uniforme vert qui lui avait été donné au moment où il

24 a obtenu cet emploi.

25 M. Puliselic (interprétation). - Hormis cet uniforme, a-t-il

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1 jamais porté de veste de treillis ou ce genre de vêtement ?

2 M. Papic (interprétation). - Au début de la guerre qui nous a

3 opposés aux Serbes, quelqu'un -je ne sais plus qui- lui a donné une veste

4 de treillis, de camouflage qu'il portait parfois avec une paire de jeans.

5 Mais je n'ai pas souvenir d'avoir vu mon frère portant un autre type

6 d'uniforme.

7 M. Puliselic (interprétation). - Et lorsqu'il allait dans les

8 bois, est-ce qu'il emportait parfois une arme ?

9 M. Papic (interprétation). - Cela lui arrivait de porter un

10 fusil.

11 M. Puliselic (interprétation). - Et de quel fusil s'agissait-

12 il ?

13 M. Papic (interprétation). - C'était un fusil tout à fait

14 ordinaire, un M48 qu'il devait toujours avoir avec lui car il y avait des

15 bêtes sauvages dans la forêt.

16 M. Puliselic (interprétation). - Etait-il propriétaire de ce

17 fusil ou était-ce la propriété de la société pour laquelle il

18 travaillait ?

19 M. Papic (interprétation). - C'était la propriété de la société

20 pour laquelle il travaillait.

21 M. Puliselic (interprétation). - Quand Dragan a-t-il fait son

22 service militaire dans la JNA, en quelle année ?

23 M. Papic (interprétation). - Je pense que c'est en 1987, de 1987

24 à 1988, je n'en suis pas trop sûr, mais je pense que c'est le cas.

25 M. Puliselic (interprétation). - Vous a-t-il éventuellement

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1 parlé du type qu'il avait été formé à utiliser dans l'armée lorsqu'il est

2 revenu de l'armée ?

3 M. Papic (interprétation). - Oui, il en a parlé. Il a dit qu'il

4 avait appris le maniement d'armes d'infanterie ainsi que de mortiers de

5 60 mm. Cela fait partie des armes d'infanterie.

6 M. Puliselic (interprétation). - Dragan à l'époque, lorsqu'il

7 travaillait comme forestier, est-ce qu'il était membre du HVO ?

8 M. Papic (interprétation). - Non, il n'était pas membre du HVO.

9 M. Puliselic (interprétation). - Pourquoi ne lui était-il pas

10 possible d'être membre du HVO ?

11 M. Papic (interprétation). - Parce qu'il avait un métier et

12 personne ne lui a demandé de devenir membre du HVO.

13 M. Puliselic (interprétation). - Au cours des premiers jours du

14 conflit armé qui a débuté le 16 avril, où se trouvait-il ? Le savez-vous ?

15 M. Papic (interprétation). - Oui, je le sais. Il a monté la

16 garde au pont de Radak, du moins au début.

17 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il a été appelé de

18 façon officielle à cette fonction ?

19 M. Papic (interprétation). - Non, c'est Nenad Santic qui l'a

20 envoyé là.

21 M. Puliselic (interprétation). - Et comment Nenad Santic a-t-il

22 fait pour l'envoyer à cette position ? Qui était Nenad Santic pour être

23 autorisé à le faire ?

24 M. Papic (interprétation). - A l'époque, Nenad Santic était le

25 commandant d'une espèce de garde villageoise. Je ne sais pas quel était

Page 6703

1 son poste exact ou sa fonction exacte.

2 M. Puliselic (interprétation). - A quelle distance se trouve le

3 pont de Radak à vol d'oiseau, par rapport à votre maison ?

4 M. Papic (interprétation). - Je ne sais pas.

5 M. Puliselic (interprétation). - Mais vous savez où se trouve le

6 pont de Radak ?

7 M. Papic (interprétation). - Oui.

8 M. Puliselic (interprétation). - Pourriez-vous nous l'indiquer

9 sur la photographie ?

10 M. Papic (interprétation). - Voici où se trouve le pont de

11 Radak.

12 (Le témoin indique l'emplacement sur la carte.)

13 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il est possible de

14 voir la rivière Lasva sur la photographie ?

15 M. Papic (interprétation). - Tout à fait, je vous la montre,

16 ici.

17 (Le témoin indique l'emplacement sur la carte.)

18 M. Puliselic (interprétation). - Revenons au métier qu'exerçait

19 votre frère. Vous avez dit qu'il était forestier et qu'il l'avait été

20 jusqu'au 15 avril 1993, c'est-à-dire jusqu'au début de la guerre.

21 M. Papic (interprétation). - C’est exact.

22 M. Puliselic (interprétation). - Après la guerre, a-t-il

23 retrouvé un emploi ?

24 M. Papic (interprétation). - Oui, il a travaillé à l'usine

25 Impregnancija en 1995.

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1 M. Puliselic (interprétation). - Et que fabrique cette usine ?

2 M. Papic (interprétation). - Impregnancija, c'est une entreprise

3 de traitement du bois. Elle produit différents produits à base de bois.

4 M. Puliselic (interprétation). - Votre frère, Dragan Papic, est-

5 il toujours enregistré auprès d'Impregnancija en tant qu'un de ses

6 employés ?

7 M. Papic (interprétation). - Je crois que c'est toujours le cas.

8 M. Puliselic (interprétation). - Pourquoi l'usine a-t-elle pris

9 cette décision ?

10 M. Papic (interprétation). - Je ne sais pas, mais je pense que

11 les employés ont décidé qu'il fallait soutenir sa famille, étant donné

12 qu'elle n'a pas d'autres revenus. Pour prêter assistance à sa famille, ils

13 ont décidé de continuer à le considérer comme employé.

14 M. Puliselic (interprétation). - La femme de Dragan ne travaille

15 pas ?

16 M. Papic (interprétation). - Non, elle est ménagère.

17 M. Puliselic (interprétation). - Je vais demander l'aide de

18 l'huissier afin que certains documents soient remis au témoin.

19 (L'huissier s'exécute.)

20 Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agit du document D12/5.

21 M. Puliselic (interprétation). - Monsieur Papic ?

22 M. Papic (interprétation). - Oui ?

23 M. Puliselic (interprétation). - C'est une photocopie d'un

24 document. De quel document s'agit il ?

25 M. Papic (interprétation). - C'est une photocopie du registre de

Page 6705

1 travail, ou du livret professionnel de Dragan Papic.

2 M. Puliselic (interprétation). - Pouvez-vous examiner la page où

3 il est question de son emploi, page n° 10, n° 164 dans la première

4 colonne ? Que dit-on ? Jusqu'à quelle période a-t-il travaillé au bureau

5 des forestiers Sumarija ?

6 M. Papic (interprétation). - Jusqu'au 15 avril 1993.

7 M. Puliselic (interprétation). - Les deux cases suivantes sont

8 vides. Il est dit "effacé". Savez-vous de quoi il s'agit ?

9 M. Papic (interprétation). - Non, je ne sais pas. Il a dû s'agir

10 d'une erreur.

11 M. Puliselic (interprétation). - Voit-on à la fin qu'il

12 travaille maintenant à Impregnancija ?

13 M. Papic (interprétation). - Oui; son emploi là-bas y est

14 décrit. La description se poursuit sur la page suivante, mais à ces dates-

15 là il se trouvait déjà à La Haye.

16 M. Puliselic (interprétation). - Hormis ces emplois à

17 l'entreprise ou au bureau forestier, votre frère avait-il des passe-

18 temps ?

19 M. Papic (interprétation). - Eh bien, outre son travail, son

20 passe-temps était la mécanique. Il réparait des véhicules.

21 M. Puliselic (interprétation). - Et c'est un autodidacte dans ce

22 domaine, n'est-ce

23 pas ?

24 M. Papic (interprétation). - Oui. D'ailleurs, il avait beaucoup

25 de talent dans ce domaine.

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1 M. Puliselic (interprétation). - Il réparait les véhicules de

2 tout le monde, Musulmans ou Croates, ou autres ?

3 M. Papic (interprétation). - Oui, absolument. Il réparait les

4 véhicules de toutes les personnes qui lui faisaient confiance.

5 M. Puliselic (interprétation). – Savez-vous si la politique

6 l'intéressait ?

7 M. Papic (interprétation). – Non, ça ne l'a jamais intéressé.

8 M. Puliselic (interprétation). - Comment le savez-vous ?

9 M. Papic (interprétation). - Il n'a jamais exprimé aucune

10 opinion politique ou aucune conclusion politique. Je suis sûr qu'il n'est

11 jamais allé à des meetings politiques. Parfois, à la télévision, il

12 regardait certaines émissions mais il n'a jamais été militant d'une

13 quelconque façon.

14 M. Puliselic (interprétation). - Par conséquent, il n'a jamais

15 fait de politique dans le village ?

16 M. Papic (interprétation). – Non, absolument pas.

17 M. Puliselic (interprétation). - Il n'avait aucun poste

18 politique, n'est-ce pas ?

19 M. Papic (interprétation). – Non, ni à Santici ni ailleurs.

20 M. Puliselic (interprétation). – Savez-vous si, dans votre

21 village, des réunions politiques ou militaires ont eu lieu ?

22 M. Papic (interprétation). – Non, chez moi ? Vous voulez dire

23 dans ma maison ? Non, c'était une simple maison ; aucune réunion n'y a été

24 tenue, jamais.

25 M. Puliselic (interprétation). - Votre frère, Dragan, avait-il

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1 beaucoup d'amis parmi la communauté musulmane ?

2 M. Papic (interprétation). - Oui, il avait un certain nombre

3 d'amis avec lesquels il avait grandi à Santici.

4 M. Puliselic (interprétation). – Connaissez-vous une personne du

5 nom de Paco Nusret ?

6 M. Papic (interprétation). – Oui, je connaissais Nusret Paco.

7 M. Puliselic (interprétation). - Qui était-il ?

8 M. Papic (interprétation). – Nusret Paco était un réfugié qui

9 avait été expulsé de son village par les Serbes. Il est venu habiter dans

10 une maison qui était proche de la nôtre.

11 M. Puliselic (interprétation). – Etait-il musulman ?

12 M. Papic (interprétation). - Oui.

13 M. Puliselic (interprétation). - Votre frère, Dragan, l’a-t-il

14 fréquenté ?

15 M. Papic (interprétation). - Oui. Ils ont passé un certain temps

16 ensemble. Nusret Paco l'aidait parfois à la réparation des véhicules.

17 Cependant, il ne savait pas très bien se débrouiller mais, en tout cas,

18 ils étaient de bons amis.

19 M. Puliselic (interprétation). – Savez-vous que Nusret Paco

20 avait un jeune enfant ?

21 M. Papic (interprétation). – Oui.

22 M. Puliselic (interprétation). - Dragan a-t-il aidé cet enfant ?

23 M. Papic (interprétation). - Oui. Il lui a apporté du lait

24 gratuitement. Lorsqu’il avait le temps de le faire, il allait chercher le

25 lait ; lorsqu’il n'était pas là c'était ma mère ou ma sœur qui apportait

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1 le lait. Ou bien c'était Nusret qui venait chercher le lait lui-même.

2 M. Puliselic (interprétation). – Nusret Paco ne pouvait pas

3 acheter de lait ?

4 M. Papic (interprétation). – Non, il était réfugié, il vivait

5 dans la maison d'une autre personne, il n’avait rien, il ne possédait

6 rien.

7 M. Puliselic (interprétation). - Dans quelle maison vivait-il ?

8 Etait-ce une maison abandonnée ?

9 M. Papic (interprétation). - C'était une résidence secondaire

10 qui appartenait à Ramo qui vivait à Zenica. Ramo venait de temps en temps

11 mais, par la suite, il n'en a pas eu besoin. Par conséquent, comme

12 beaucoup d'autres personnes, il a permis à des réfugiés de s'installer

13 dans sa maison.

14 M. Puliselic (interprétation). – Savez-vous si votre frère

15 Dragan se rendait parfois à la mosquée ?

16 M. Papic (interprétation). – Eh bien, si une personne était

17 décédée ou bien si c'était une fête musulmane, il y allait avec ses amis,

18 à la mosquée.

19 M. Puliselic (interprétation). - Et votre père ?

20 M. Papic (interprétation). - Oui, mais seulement lorsqu’il y

21 avait un décès.

22 M. Puliselic (interprétation). - Vous souvenez-vous d'un

23 événement qui s'est produit en octobre 1992 ? Je parle du premier conflit

24 qui a opposé les Croates et les Musulmans ?

25 M. Papic (interprétation). - Oui, je me souviens du premier

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1 conflit.

2 M. Puliselic (interprétation). – Quelle en a été l'origine ? Et

3 que s'est-il passé ce jour-là ?

4 M. Papic (interprétation). – Eh bien, ce jour-là, le

5 20 octobre 1992, des unités musulmanes organisées et armées ont installé

6 une barrière, un barrage au niveau du cimetière et ont creusé des

7 tranchées afin de stopper les unités du HVO de Busovaca et de Kiseljak qui

8 étaient en route vers Jajce. Et pour apporter leur soutien aux Croates qui

9 se trouvaient là-bas, puisque Jajce était sur le point de tomber. Il y a

10 donc eu un affrontement parce que les Musulmans ont stoppé le HVO. Un

11 conflit qui a donc opposé les unités musulmanes au HVO qui tentait de

12 passer.

13 Dans ces unités musulmanes, il y avait des Musulmans d'Ahmici

14 qui dirigeaient les autres Musulmans qui arrivaient de villages

15 environnants et qui étaient venu leur apporter leur

16 soutien.

17 M. Puliselic (interprétation). - Par conséquent, les membres du

18 HVO de Busovaca et Kiseljak se rendaient à Jajce afin d’aider les soldats

19 du HVO qui se trouvaient là-bas ?

20 M. Papic (interprétation). - Oui.

21 M. Puliselic (interprétation). - A votre avis, qui a provoqué le

22 conflit ? Qui est responsable de l'éclatement de ce conflit ?

23 M. Papic (interprétation). - Ce jour-là, ce sont les Musulmans ;

24 ils sont à l'origine de ce conflit.

25 M. Puliselic (interprétation). - Y a-t-il eu des Croates de la

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1 région d'Ahmici qui ont participé à cet affrontement armé ?

2 M. Papic (interprétation). - Non. Les habitants du village ne

3 savaient pas ce qui se passait.

4 M. Puliselic (interprétation). - Des maisons ont-elles été

5 endommagées au cours de ce conflit ?

6 M. Papic (interprétation). - Oui, deux maisons. Et peut-être

7 quelques étables ou granges.

8 M. Puliselic (interprétation). - Par conséquent, avec ces

9 étables ou ces granges, il y aurait environ six bâtiments disons qui ont

10 été endommagés ?

11 M. Papic (interprétation). – Oui, au total six. Oui.

12 M. Puliselic (interprétation). – Savez-vous si, à ce moment-là,

13 des personnes ont été tuées ou blessées ?

14 M. Papic (interprétation). - Oui, je sais que chez les Musulmans

15 Pezer Halid a été tué.

16 M. Puliselic (interprétation). - Et chez les Croates ?

17 M. Papic (interprétation). - Un homme dont le nom de famille

18 était Vidovic de

19 Kiseljak, mais je ne connais pas son prénom.

20 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez mentionné Pezer

21 Halid, savez-vous où il a été tué ?

22 M. Papic (interprétation). - Oui. Il a été tué à proximité du

23 cimetière, dans la tranchée qui avait été creusée par les Musulmans cette

24 nuit-là.

25 M. Puliselic (interprétation). – Connaissiez-vous bien Halid

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1 Pezer ? Etiez-vous en bons termes avec lui ?

2 M. Papic (interprétation). – Oui, je l'ai connu toute ma vie et

3 nous étions amis.

4 M. Puliselic (interprétation). - Etes-vous allé à la même

5 école ?

6 M. Papic (interprétation). – Oui, mais il était plus âgé que

7 moi.

8 M. Puliselic (interprétation). - De combien ?

9 M. Papic (interprétation). - D'un an, un an et demi, je ne sais

10 plus exactement.

11 M. Puliselic (interprétation). – Halid Pezer était-il membre de

12 l'armée de Bosnie-Herzégovine ?

13 M. Papic (interprétation). - Non. Il était le messager de Mehmet

14 Ahmic.

15 M. Puliselic (interprétation). – Mehmet Ahmic aussi connu sous

16 le surnom de Suduka ?

17 M. Papic (interprétation). - Oui, effectivement, c'est lui. Il

18 était le messager pour Suduka. Et pour Zaid également, Zaid Ahmic.

19 M. Puliselic (interprétation). - Mais qui était cette personne

20 exactement ?

21 M. Papic (interprétation). - Eh bien, c'était un membre de

22 l'armée de Bosnie-Herzégovine, et il a été parmi les premiers soldats

23 d'Ahmici à rejoindre l'armée de Bosnie-Herzégovine.

24 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez dit que vous

25 connaissiez Halid Pezer assez bien. Ses parents avaient-ils des problèmes

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1 avec lui ?

2 M. Papic (interprétation). – Oui, parce que les Musulmans

3 d'Ahmici sont allés sur la ligne de front Visoko, et Mehmet Ahmic et Zaid

4 Ahmic ont organisé ce trajet. Je me souviens que Halid voulait y aller,

5 mais ses parents ont refusé. Et il a eu une discussion violente avec ses

6 parents et il s’est enfui pendant deux jours. Ensuite, il est revenu et je

7 ne sais pas ce qui s'est passé après, mais je me souviens qu'il a fugué.

8 M. Puliselic (interprétation). - Au moment du conflit, le

9 20 octobre 1992, votre père, Ivo Papic, était-il à la maison ?

10 M. Papic (interprétation). – Non, mon père était à Split ce

11 jour-là. Il s'était rendu dans une maison que nous avions à Split.

12 M. Puliselic (interprétation). - A Split même ?

13 M. Papic (interprétation). – Dans une banlieue de Split, à

14 Kastunica.

15 M. Puliselic (interprétation). - Et votre père donc n'était pas

16 à la maison le 20 octobre. Et les autres ?

17 M. Papic (interprétation). - Eh bien, tous les autres étaient à

18 la maison : mon frère Dragan, sa femme, ma soeur, moi-même, nous étions

19 tous à la maison.

20 M. Puliselic (interprétation). - Et vous avez entendu des bruits

21 de tirs, n'est-ce pas ?

22 M. Papic (interprétation). - Effectivement et cela nous a

23 réveillés. Nous nous sommes tous levés et à ce moment-là, nous étions très

24 apeurés par les propos que nous entendions, qui provenaient des haut-

25 parleurs sur la mosquée. Il était dit : "Croates, rendez-vous et déposez

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1 les armes". A ce moment-là, nous avons commençé à fuir de la maison.

2 J'étais le dernier, d'ailleurs, à quitter la maison. Un coup de feu a été

3 tiré de la direction de Mehmet Ahmic, de sa maison, vers moi.

4 M. Puliselic (interprétation). - Mais ces mots en croate "Rendez

5 vous", les avez-vous entendus au cours d'une accalmie entre des tirs ?

6 M. Papic (interprétation). - Oui, effectivement mais les tirs

7 étaient plus lointains que la mosquée par rapport à nous, donc on

8 entendait très bien ce qui était dit.

9 M. Puliselic (interprétation). - Y a-t-il un haut-parleur sur la

10 mosquée ?

11 M. Papic (interprétation). - Oui.

12 M. Puliselic (interprétation). - Qui est utilisé pour la prière,

13 n'est-ce pas ?

14 M. Papic (interprétation). - Oui.

15 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez dit qu'un tir vous a

16 frôlé de la direction de la maison de Mehmet Ahmic ?

17 M. Papic (interprétation). - Effectivement, ce tir provenait de

18 la maison de Mehmet Ahmic.

19 M. Puliselic (interprétation). - Et les autres membres de la

20 famille, où sont-ils allés ?

21 M. Papic (interprétation). - Ils sont allés vers les bois, mais

22 moi j'ai eu peur, je suis revenu dans la maison, j’y suis resté peu de

23 temps et ensuite je suis ressorti en courant. J'ai couru vers une haie et

24 j'ai trouvé ma famille qui était cachée derrière la haie.

25 M. Puliselic (interprétation). - Les avez-vous retrouvés par la

Page 6714

1 suite dans les bois ?

2 M. Papic (interprétation). - Non, ils étaient déjà partis. J'ai

3 trouvé un parent Zoran, Ivica, des parents, et mon frère leur avait dit de

4 m’attendre. Mon frère a emmené ma mère, sa femme, ma soeur et la mère de

5 Zoran, vers Rovna.

6 M. Puliselic (interprétation). - Pourquoi à Rovna ?

7 M. Papic (interprétation). - Parce qu'il n'y avait pas de

8 Musulmans à Rovna, la paix régnait à Rovna.

9 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez dit que vous vous

10 êtes cachés dans les bois, avec votre cousin et ami. Peut-être avez-vous

11 entendu ou vu un canon antiaérien dans ce bois, qui était utilisé pour

12 tirer sur la maison de Mehmet Ahmic ?

13 M. Papic (interprétation). - Non. Il n'y avait pas du tout ce

14 type d'armes vers chez nous parce qu'il s'agissait simplement de maisons

15 familiales où vivaient des femmes, des enfants et des personnes âgées.

16 M. Puliselic (interprétation). - Mais là, vous étiez dans le

17 bois alors, y avait-il ce genre d'armes ?

18 M. Papic (interprétation). - Non, rien de ce type.

19 M. Puliselic (interprétation). - Pouvez-vous nous indiquer sur

20 la photographie aérienne où se trouve le bois dans lequel vous vous êtes

21 cachés ?

22 M. Papic (interprétation). - C'est ici.

23 (Le témoin l'indique sur la carte.)

24 M. Puliselic (interprétation). - Quand êtes-vous rentrés chez

25 vous ?

Page 6715

1 M. Papic (interprétation). - Au cours de la nuit, lorsque la

2 nuit est tombée, nous sommes rentrés. Nous nous sentions un peu plus en

3 sécurité, même si notre retour a été un acte tout à fait stupide, mais

4 nous sommes rentrés néanmoins.

5 M. Puliselic (interprétation). - Vous souvenez-vous du moment où

6 les coups de feu ont cessé, le 20 octobre ?

7 M. Papic (interprétation). - Je ne sais plus exactement, peut-

8 être que c'était vers 4, 5 ou 6 heures.

9 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez parlé de ces bois.

10 J'aimerais savoir la chose suivante : ce bois est-il la propriété de

11 plusieurs personnes ?

12 M. Papic (interprétation). - Oui, cette partie des bois est

13 partagée entre cinq propriétaires.

14 M. Puliselic (interprétation). - Et qui détient la part la plus

15 importante ?

16 M. Papic (interprétation). - C'est Simo Vidovic qui possède

17 cette partie.

18 M. Puliselic (interprétation). - Et les autres ?

19 M. Papic (interprétation). - Eh bien, il y avait Gavro Vidovic,

20 Anto Papic, Marija Papic et une petite partie était à mon père, Ivo Papic.

21 M. Puliselic (interprétation). - Par conséquent, la plus petite

22 partie de ce bois était à votre père, n'est-ce pas, Ivo Papic ?

23 M. Papic (interprétation). - Oui.

24 M. Puliselic (interprétation). - Pouvez-vous nous donner la

25 distance qui sépare ce bois de la maison de Mehmet Ahmic ? Une

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1 approximation, disons.

2 M. Papic (interprétation). - Je ne pourrai pas vous donner de

3 chiffre exact, mais je pense 100 mètres, peut-être un peu plus, mais je

4 n'ai jamais mesuré, je ne peux pas vous le dire exactement.

5 M. Puliselic (interprétation). - J'aimerais que l'on montre au

6 témoin la pièce de l'accusation 61.

7 (L'huissier s'exécute.)

8 Reconnaissez-vous la maison que l'on voit sur cette

9 photographie ?

10 M. Papic (interprétation). - C'est la maison de Mehmet Ahmic,

11 Sudjuka, comme il était surnommé.

12 M. Puliselic (interprétation). - La maison ressemblait-elle à

13 cela, après le conflit du 20 octobre 1992 ?

14 M. Papic (interprétation). - Non. Cette maison n'a pas été

15 gravement endommagée, il n'y avait que la partie droite du toit qui a été

16 endommagée.

17 M. Puliselic (interprétation). - Pouvez-vous nous montrer à

18 l'aide du pointeur ?

19 M. Papic (interprétation). - Ici. C'est là que certains dégâts

20 ont été occasionnés, la partie arrière du toit, sur la droite.

21 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce la façade orientée vers

22 l'est ?

23 M. Papic (interprétation). - Oui.

24 M. Puliselic (interprétation). - Quand ces dégâts ont-ils été

25 causés ? Les dégâts que l'on peut observer sur cette photographie ?

Page 6717

1 M. Papic (interprétation). - Ceci s’est produit au cours du

2 deuxième conflit.

3 M. Puliselic (interprétation). - Le 16 avril ?

4 M. Papic (interprétation). - Oui, le 16 avril.

5 M. Puliselic (interprétation). - Mehmet Ahmic se trouvait-il

6 chez lui le 16 avril ?

7 M. Papic (interprétation). - Non, il n'était pas chez lui.

8 M. Puliselic (interprétation). - Par conséquent, il avait quitté

9 la maison précédemment ?

10 M. Papic (interprétation). - Oui, parce qu'il était membre du

11 SDA. Et juste après le premier conflit, il a pris un appartement à Zenica.

12 M. Puliselic (interprétation). - Avez-vous appris par la suite

13 de quelle direction la maison de Mehmet Ahmic a été endommagée ? A savoir

14 la partie est du toit ?

15 M. Papic (interprétation). - Oui. Quelques jours après, j'ai

16 entendu que le projectile venait de Rasno.

17 M. Puliselic (interprétation). - On a donc dit que les coups

18 provenaient de Rasno au cours de ce conflit, n'est-ce pas ?

19 M. Papic (interprétation). - Oui. Après le conflit, nous avons

20 appris qu'un obus a été tiré de Rasno.

21 M. Puliselic (interprétation). - Les dégâts occasionnés au toit,

22 à sa partie droite, auraient-ils pu l'être par des coups, des tirs

23 provenant d'une défense antiaérienne qui se trouvait dans les bois ? Donc

24 les dégâts auraient-ils pu être provoqués par des tirs provenant de cette

25 direction ?

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1 M. Papic (interprétation). - Non, parce que des bois on ne

2 pouvait apercevoir que la façade principale de la maison, celle qui se

3 trouvait devant. Or, là, les dégâts ont été causés à

4 l'arrière de la maison.

5 M. Puliselic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire quoi que

6 ce soit sur Mehmet Ahmic, sur sa personnalité ? A-t-il changé d'une

7 quelconque manière ?

8 M. Papic (interprétation). - Mehmet Ahmic n'était pas très

9 populaire dans la communauté musulmane même.

10 M. Puliselic (interprétation). - Pourquoi ?

11 M. Papic (interprétation). - Parce que c'était un joueur. Il

12 empruntait de l'argent et ne remboursait pas ses dettes. Il trempait

13 également dans un trafic de véhicules volés. Par conséquent, il n'était

14 pas tellement apprécié, même parmi sa propre communauté. Et il a trompé un

15 certain nombre de personnes, à la fois des Musulmans et des Croates et,

16 notamment, après les élections il est devenu membre du SDA et il dirigeait

17 la frange extrémiste du parti.

18 M. Puliselic (interprétation). - Par conséquent, il faisait de

19 la politique ?

20 M. Papic (interprétation). - Oui, c'était un homme politique. Et

21 au début, ou plutôt après les élections il y avait des voitures qui

22 étaient garées juste devant chez lui et dont les plaques d'immatriculation

23 indiquaient qu'il s'agissait de véhicules de l'armée de Bosnie-

24 Herzégovine. A l'époque, ça n'a pas attiré mon attention, je ne savais pas

25 non plus ce qui se passait.

Page 6719

1 M. Puliselic (interprétation). - Par conséquent, il faisait

2 partie de l'équipe dirigeante du SDA dans la municipalité de Vitez ?

3 M. Papic (interprétation). - Oui.

4 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez dit que votre frère

5 Dragan portait parfois un uniforme depuis le début de la guerre avec les

6 Serbes.

7 M. Papic (interprétation). - Oui, mais pas un uniforme complet :

8 parfois il ne portait que la veste de camouflage.

9 M. Puliselic (interprétation). - Y avait-il des insignes sur cet

10 uniforme ?

11 M. Papic (interprétation). - Non, jamais, jamais.

12 M. Puliselic (interprétation). - Savez-vous qu'il avait un

13 uniforme noir qu'il portait de temps en temps ?

14 M. Papic (interprétation). - Effectivement, il avait un uniforme

15 noir qui lui avait été offert par quelqu'un pour qui il avait réparé la

16 voiture, parce que c'était utile s'il se rendait à Zenica ou ailleurs, il

17 n'était pas arrêté au poste de contrôle. C'est pourquoi il portait cet

18 uniforme de temps en temps, même si cet uniforme était trop petit pour

19 lui, d'ailleurs. C'est pourquoi il ne le portait que très rarement, en

20 tout cas je ne l'ai vu avec cet uniforme que très rarement.

21 M. Puliselic (interprétation). - Par conséquent, si vous vous

22 rendiez à Zenica, c'était une bonne idée de porter un uniforme noir ?

23 M. Papic (interprétation). - Oui, parce que les HOS étaient les

24 seules forces organisées à l'époque à Zenica, et tous ses membres

25 portaient un uniforme noir.

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1 M. Puliselic (interprétation). - Et pourquoi portaient-ils un

2 uniforme de camouflage ?

3 M. Papic (interprétation). - Eh bien, ils le portaient parce que

4 tout le monde le faisait. Tous les hommes jeunes portaient un uniforme.

5 C'était la mode à l'époque, juste avant la guerre.

6 M. Puliselic (interprétation). - Par conséquent, les jeunes qui

7 n'étaient pas particulièrement membres d'une unité portaient ces

8 uniformes ?

9 M. Papic (interprétation). - Oui, effectivement, ils les

10 obtenaient auprès de leurs amis et ils les portaient.

11 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que Dragan participait

12 de temps en temps aux gardes qui ont été montées dans les villages ?

13 M. Papic (interprétation). - Peut-être parfois, lorsque

14 quelqu'un était malade ou

15 lorsqu'il ne devait pas se rendre à son travail le matin, mais c'était

16 très rare.

17 M. Puliselic (interprétation). - Savez-vous quelque chose de ces

18 gardes qui ont été montées dans les villages ? Comment ont-elles été

19 organisées ? Est-ce que ces gardes ont été organisées par des structures

20 militaires ou comment était-ce fait ?

21 M. Papic (interprétation). - Non, c'étaient les villageois qui

22 avaient peur des Serbes et ils ont organisés eux-mêmes ces gardes, donc

23 ils protégeaient en fait leur famille, parce que ce qui est arrivé dans

24 certains villages, c'est que les extrémistes serbes pénétraient dans les

25 villages et faisaient des massacres.

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1 M. Puliselic (interprétation). - Donc, si je vous ai bien

2 compris, ces gardes étaient des gardes communes ?

3 M. Papic (interprétation). - Oui, faites par des Musulmans et

4 des Croates.

5 M. Puliselic (interprétation). - Quelle arme avaient ces

6 gardes ?

7 M. Papic (interprétation). - Principalement des fusils de chasse

8 et peut-être quelqu'un avait un fusil M48, mais c'était tout, il n'y avait

9 rien de mieux que cela.

10 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que plus tard ces gardes

11 se sont séparées ?

12 M. Papic (interprétation). - Oui, lorsque les Musulmans ont créé

13 leur propre parti, le SDA, ils se sont séparés. Ils achetaient des armes

14 pour leur propre compte et ils essayaient de se séparer le plus possible

15 de nous -et c'est ce qu'ils ont fait, d'ailleurs.

16 M. Puliselic (interprétation). - Avez-vous vu ou entendu, c'est

17 au moins ce que l'on a dit une fois, que l'on vous a vu une fois avec

18 votre frère Dragan, entre ces deux affrontements et on dit que Dragan

19 aurait porté une espèce de... quelque chose pour étrangler les gens ?

20 M. Papic (interprétation). - Qu'avez-vous dit ?

21 M. Puliselic (interprétation). - Quelque chose pour étrangler

22 les gens ?

23 M. Papic (interprétation). - Non, ce n'est pas du tout vrai, pas

24 du tout ! Cela m'étonne en fait de ne pas entendre que l'on aurait même

25 étranglé quelqu'un.

Page 6722

1 M. Puliselic (interprétation). - Vous vous souvenez du jour de

2 la veille du deuxième affrontement, c'est-à-dire le 15 avril 1992, est-ce

3 que quelque chose de particulier se passait ce jour-là ? Dragan, où était-

4 il ce jour-là, le 15 avril 1992 ?

5 M. Papic (interprétation). - Moi, j'étais à l'école, Dragan

6 était à son travail. Dans l'après-midi, nous étions chez nous, à la

7 maison, rien de particulier ne se passait ce jour-là, rien de particulier,

8 aucun signe particulier.

9 M. Puliselic (interprétation). - Il n'y a pas eu d'indications

10 qu'il y aurait un affrontement le lendemain ?

11 M. Papic (interprétation). - Non, pas du tout, c'était une

12 situation tout à fait normale.

13 M. Puliselic (interprétation). - Qu'avez-vous fait dans l'après-

14 midi ?

15 M. Papic (interprétation). - On réparait un véhicule dans

16 l'après-midi. J'aidais mon frère et voilà, c'est tout.

17 M. Puliselic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire quelque

18 chose sur ce deuxième affrontement qui a eu lieu le 16 avril 1993 ? Que

19 s'est-il passé ce jour-là ? Est-ce que vous avez été réveillé par les

20 tirs ? Comment ceci s’est-il passé ?

21 M. Papic (interprétation). - Cette journée du 16 avril a

22 commencé par des tirs. Nous avons été réveillés par des tirs. Nous avons

23 déjà vu des choses similaires lors du premier affrontement qui a eu lieu

24 le 10 avril. Donc nous nous sommes levés, et c'est mon père qui a eu le

25 plus peur. Donc nous avons quitté nos chambres et nous nous sommes réunis

Page 6723

1 dans la cuisine. Nous nous sommes enfuis de la maison vers la forêt, et

2 dans la forêt nous avons trouvé certains de nos voisins, notre tante

3 Marija avec ses enfants, par exemple.

4 Nous avons vu au moment où nous sommes entrés dans la forêt,

5 nous avons vu Ljubica Milisevic qui est arrivée en courant avec ses

6 enfants. Elle pleurait, elle ne savait pas ce qui se passait parce que son

7 mari était parti travailler.

8 Ensuite, mon père a dit à Dragan d'amener sa femme qui était

9 enceinte, sa soeur, sa mère et d'autres femmes plus loin. Donc nous sommes

10 allés vers un ruisseau vers la fin de la forêt où nous avons passé le

11 reste de la journée jusqu'à la tombée de la nuit. La nuit, nous sommes

12 rentrés chez nous en suivant le ruisseau, nous sommes arrivés jusqu'à la

13 maison de Ljubica Milisevic et ensuite nous avons couru jusqu'à chez nous,

14 jusqu'à notre maison.

15 M. Puliselic (interprétation). - Donc vous êtes rentré chez vous

16 le soir ?

17 M. Papic (interprétation). - Oui, c'est exact.

18 M. Puliselic (interprétation). - Pourquoi êtes-vous allé chez

19 Ljubica Milisevic auparavant ?

20 M. Papic (interprétation). - Parce qu'on se trouvait au bas du

21 ruisseau de chez elle. A la fin de ce ruisseau, on peut monter jusqu'à

22 chez elle, jusqu'à devant sa maison.

23 M. Puliselic (interprétation). - Donc Dragan est allé à Donja

24 Rovna ?

25 M. Papic (interprétation). - Oui, il est allé à Donja Rovna.

Page 6724

1 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que le lendemain vous

2 avez remarqué des dégâts sur votre maison ?

3 M. Papic (interprétation). - Oui, ce n'est que le lendemain

4 matin que nous avons vu ce qui s'était passé. Nous avons vu des dégâts sur

5 d'autres maisons ainsi que sur notre maison.

6 M. Puliselic (interprétation). - Quelle était l'origine de ces

7 dégâts, à votre avis ?

8 M. Papic (interprétation). - A mon avis, ces dégâts étaient

9 provoqués par des armes d'infanterie.

10 M. Puliselic (interprétation). - Les dégâts les plus graves

11 étaient où ?

12 M. Papic (interprétation). - Sur le toit et ensuite sur les

13 façades et les vitres.

14 M. Puliselic (interprétation). - Avez-vous réparé ces dégâts ?

15 M. Papic (interprétation). - Oui, tout de suite dès notre retour

16 bien sûr nous avons été obligés de réparer le toit de la maison.

17 M. Puliselic (interprétation). - Je prie l'huissier de nous

18 donner un coup de main.

19 (L'huissier s'exécute.)

20 Mme Ameerali (interprétation). - Document D13/5.

21 . Puliselic (interprétation). - Monsieur Papic, est-ce que c'est

22 votre maison ?

23 M. Papic (interprétation). - Oui, c'est bien notre maison.

24 M. Puliselic (interprétation). - Peut-on voir les dégâts sur la

25 maison ?

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1 M. Papic (interprétation). - Ici, je ne les vois pas très bien.

2 M. Puliselic (interprétation). - Regardez un petit peu la photo.

3 On y voit mieux. Je prie M. l'huissier de nouveau de venir ici.

4 (L'huissier s'exécute.)

5 Mme Ameerali (interprétation). - Document D14/5.

6 M. Puliselic (interprétation). - S'agit-il de la façade

7 principale de votre maison ?

8 M. Papic (interprétation). - Oui.

9 M. Puliselic (interprétation). - Pourriez-vous indiquer par le

10 marqueur les dégâts que l'on peut voir, qui ont été causés sur votre

11 maison ?

12 (Le témoin s'exécute.)

13 M. Papic (interprétation). - On ne peut pas voir tous les

14 dégâts.

15 M. Puliselic (interprétation). - Je vous remercie.

16 Monsieur l'huissier ?

17 (L'huissier s'exécute.)

18 Mme Ameerali (interprétation). - Document D15/5.

19 M. Puliselic (interprétation). - Pourriez-vous nous indiquer les

20 dégâts que vous voyez sur cette photo ? Ce dégât, en bas, qu'est-ce que

21 cela représente ?

22 M. Papic (interprétation). - C'est la partie supérieure de la

23 porte.

24 M. Puliselic (interprétation). - Je demande l'aide de

25 l'huissier. Je voudrais montrer

Page 6726

1 encore une photo.

2 (L'huissier s'exécute.)

3 Mme Ameerali (interprétation). - Document D16/5.

4 M. Puliselic (interprétation). - Je vous prie d'indiquer les

5 dégâts que vous voyez sur cette photo ?

6 (Le témoin s'exécute.)

7 M. Puliselic (interprétation). - Ce jour, le 16 avril 1993, où

8 était votre frère Dragan Papic, ce jour-là et les jours suivants ?

9 M. Papic (interprétation). - Oui, j'ai su que mon frère Dragan

10 est resté sur le pont de Radak. Il montait la garde sur le pont.

11 M. Puliselic (interprétation). - Savez-vous pourquoi ce pont de

12 Radak, qui est un vieux pont, pourquoi était-il important ? Pourquoi

13 fallait-il le garder ?

14 M. Papic (interprétation). - Vous savez, étant donné qu'il

15 s'agissait d'un pont, c'était le seul moyen de communication entre Vitez

16 et Busovaca. A Buhine Kuce les Musulmans ont monté un nid de

17 mitrailleuses, donc il s'agissait du seul moyen de communication entre

18 Vitez et Busovaca.

19 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que c'était uniquement

20 ce jour-là ou pendant toute la période ?

21 M. Papic (interprétation). - C'était le seul moyen et point de

22 communication pendant toute la période de la guerre.

23 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez dit que la route

24 principale était coupée. C'était où ?

25 M. Papic (interprétation). - A Buhine Kuce.

Page 6727

1 M. Puliselic (interprétation). - De quelle manière ?

2 M. Papic (interprétation). - Les Musulmans ont installé un nid de

3 mitrailleuses là-bas.

4

5 M. Puliselic (interprétation). - Donc c'était très dangereux de

6 traverser la route. Pouvez-vous me dire quelle est la distance entre

7 Buhine Kuce et Santici ?

8 M. Papic (interprétation). - Il y a environ deux kilomètres. Je

9 ne sais pas exactement quelle est la distance, mais à peu près deux

10 kilomètres.

11 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que Dragan à cette

12 époque-là portait la barbe ?

13 M. Papic (interprétation). - Oui, il avait une grande barbe.

14 M. Puliselic (interprétation). - Plus grande que celle qu'il

15 porte maintenant ?

16 M. Papic (interprétation). - Beaucoup plus grande.

17 M. Puliselic (interprétation). - Monsieur le Président, je

18 voudrais montrer maintenant une cassette vidéo. Je ne sais pas simplement

19 s'il faut le faire maintenant ou plus tard.

20 M. le Président (interprétation). - Est-ce qu’il s'agit de la

21 cassette du mariage ?

22 M. Puliselic (interprétation). - Non, il ne s'agit pas du

23 mariage, il s'agit d'un autre événement de la famille.

24 M. le Président (interprétation). - Donc, est-ce que vous voulez

25 suggérer de faire une pause maintenant ?

Page 6728

1 M. Puliselic (interprétation). - Oui.

2 M. le Président (interprétation). - D'accord, on fait une pause

3 d'un quart-d'heure.

4 (L'audience, suspendue à 12h 15, est reprise à 12 h 30.)

5 M. Puliselic (interprétation). – Donc, maintenant, nous allons

6 voir une cassette vidéo enregistrée au mois de juillet 93.

7 (Projection de la cassette vidéo.)

8 Stop ! Arrêtons-nous là, s’il vous plaît.

9 Monsieur Papic, qui est la femme qui est représentée sur cette

10 image ?

11 M. Papic (interprétation). - Cette femme est la mère de Ruzica,

12 la femme de Dragan.

13 M. Puliselic (interprétation). - Et qui est l'enfant qu'elle

14 tient dans les bras ?

15 M. Papic (interprétation). - Le premier enfant de Dragan :

16 Marin.

17 M. Puliselic (interprétation). – Donc, Marin sur cette photo a

18 environ trois mois ? Peut-on poursuivre la projection de la cassette ?

19 (Suite de projection.)

20 Stop ! Arrêtons-nous là, s’il vous plaît. Arrêtons-nous là.

21 Monsieur Papic, qui reconnaissez-vous sur cette image ?

22 M. Papic (interprétation). - Je reconnais mon frère Dragan.

23 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce la forme de la barbe

24 qu'il portait à peu près au moment du conflit également ? Au mois

25 d'avril 1993 ?

Page 6729

1 M. Papic (interprétation). - Elle était encore plus fournie à ce

2 moment-là.

3 M. Puliselic (interprétation). - Qui tient-il dans ses bras ?

4 M. Papic (interprétation). - Son fils Marin.

5 M. Puliselic (interprétation). - On voit donc que la cassette a

6 été tournée le 18 juillet 1993 ?

7 M. Papic (interprétation). - Oui.

8 M. Puliselic (interprétation). – Peut-on poursuivre la diffusion

9 en accéléré peut-être ?

10 (Suite de la projection.)

11 Stop ! Arrêtons-nous là. Sur la gauche, vous reconnaissez

12 Dragan, n'est-ce pas ?

13 M. Papic (interprétation). - Oui.

14 M. Puliselic (interprétation). – Eh bien, Monsieur le Président,

15 je crois que cette cassette a suffisamment été montrée, j'en ai fini.

16 M. le Président (interprétation). - Très bien.

17 (Fin de la projection.)

18 M. Puliselic (interprétation). – Monsieur Papic, Dragan s’est-il

19 rasé la barbe plus tard ?

20 M. Papic (interprétation). – Oui, il s'est rasé la barbe au

21 moment du baptême de son fils Marin.

22 M. Puliselic (interprétation). - Vous avez dit que, sur les

23 images vidéo, nous avons vu son fils aîné Marin ?

24 M. Papic (interprétation). – Oui.

25 M. Puliselic (interprétation). – A-t-il eu un deuxième fils ?

Page 6730

1 M. Papic (interprétation). - Oui, un deuxième fils qui est né

2 en 1995.

3 M. Puliselic (interprétation). - Je demande l'aide de

4 l'huissier.

5 (L'huissier s'exécute.)

6 Mme Ameerali (interprétation). - La cassette vidéo portait la

7 cote D17/5, et ce document-ci porte la cote D18/5.

8 M. Puliselic (interprétation). - Je demanderai à Mme la

9 greffière… la cassette porte quel numéro ?

10 Mme Ameerali (interprétation). - 17.

11 M. Puliselic (interprétation). - 17. Très bien, merci.

12 Monsieur Papic, de quel document s'agit-il ? Quel est ce

13 document ?

14 M. Papic (interprétation). - C'est un extrait de naissance qui

15 prouve la date de naissance de Marin Papic.

16 M. Puliselic (interprétation). - Quelle est la date de naissance

17 de Marin Papic ?

18 M. Papic (interprétation). – Septembre 1993.

19 M. Puliselic (interprétation). - Et la date apparaît-elle ?

20 M. Papic (interprétation). – Le 28.

21 M. Puliselic (interprétation). – Donc, c’est douze jours après

22 le conflit ?

23 M. Papic (interprétation). – Oui, oui avril, avril semble-t-il.

24 Effectivement, douze jours après le conflit.

25 M. Puliselic (interprétation). – Savez-vous où Marin est né ?

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1 M. Papic (interprétation). - Il est né à Rijeke.

2 M. Puliselic (interprétation). - Où cela se trouve-t-il ?

3 M. Papic (interprétation). - Dans les environs de Vitez.

4 M. Puliselic (interprétation). - Et qui a accouché la mère ?

5 M. Papic (interprétation). - C'est la sage-femme, une vieille

6 femme qui travaillait dans la région, Ruzica n'avait confiance qu’en

7 elle ; c'est elle qui a suivi toute la grossesse. C'est une Musulmane qui

8 a aidé Ruzica à accoucher.

9 M. Puliselic (interprétation). - Je demande l'aide de

10 l'huissier.

11 (L’huissier s'exécute.)

12 Mme Ameerali (interprétation). – Document D19/5.

13 M. Puliselic (interprétation). – Monsieur Papic, quel est ce

14 document, je vous prie ?

15 M. Papic (interprétation). - C'est un document de même nature,

16 mais qui concerne l'autre fils de Dragan, Djan.

17 M. Puliselic (interprétation). - Quelle est sa date de

18 naissance ?

19 M. Papic (interprétation). - Le 26 septembre 1995.

20 M. Puliselic (interprétation). - Je vous remercie.

21 Pouvez-vous répondre à la question suivante : est-il jamais

22 arrivé que, devant votre maison ou au voisinage de votre maison, soit

23 installé un nid de mitrailleuses, un fusil-mitrailleur ou un canon

24 antiaérien ?

25 M. Papic (interprétation). – Non, non. Je l'ai d'ailleurs déjà

Page 6732

1 dit il y a quelques instants : notre maison et les autres maisons qui se

2 trouvaient au voisinage étaient des maisons familiales dans lesquelles

3 habitaient des personnes âgées. Chez nous, c'étaient mon père, ma mère,

4 des personnes âgées et puis ma belle-soeur qui était sur le point

5 d'accoucher. Donc, il n'y avait aucune raison que des armes se trouvent à

6 cet endroit.

7 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il n’est jamais

8 arrivé que quelqu'un tire avec une carabine à lunette contre votre

9 maison ?

10 M. Papic (interprétation). – Non, non, personne n'a tiré avec un

11 fusil à lunette contre notre maison.

12 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que quelqu'un, chez

13 vous, possédait un fusil à lunette ?

14 M. Papic (interprétation). - Personne chez nous ne possédait de

15 fusil à lunette.

16 M. Puliselic (interprétation). - Et qu'avez vous dit ? Quelles

17 étaient les armes que possédait Dragan ?

18 M. Papic (interprétation). – Dragan possédait un fusil

19 classique, un M48, qu'il avait reçu au travail, déjà pas mal de temps

20 avant.

21 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous savez qu'il est

22 arrivé, à quelque moment que ce soit, à Dragan de tirer contre des

23 Musulmans ou de menacer des Musulmans dans la région ?

24 M. Papic (interprétation). – Non, il n’a jamais tiré sur des

25 Musulmans, il n'a jamais menacé des Musulmans. Je ne suis pas au courant

Page 6733

1 de cela.

2 M. Puliselic (interprétation). – Avez-vous été informé du fait

3 que Dragan aurait participé, à quelque moment que ce soit, à un

4 affrontement physique avec autrui ?

5 M. Papic (interprétation). – Non, pour ce qui me concerne, je

6 n’ai aucun souvenir de violence physique de sa part contre qui que ce

7 soit.

8 M. Puliselic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire quelle

9 était sa personnalité ? Quelle personne était Dragan ?

10 M. Papic (interprétation). - Dragan était une personne

11 bienveillante qui aidait chacun lorsqu’il en avait besoin. Il ne

12 s'intéressait pas à la politique. Il était un bon mécanicien, il aimait

13 s'occuper des voitures.

14 M. Puliselic (interprétation). – A-t-il jamais été condamné ?

15 M. Papic (interprétation). – Jamais. Il n'a jamais été condamné.

16 M. Puliselic (interprétation). - Je demande l'aide de

17 l'huissier.

18 (L'huissier s'exécute.)

19 Mme Ameerali (interprétation). - Document D20/5.

20 M. Puliselic (interprétation). - Monsieur Papic, quel est le

21 document que nous sommes en train d'examiner ?

22 M. Papic (interprétation). - Ce document prouve que Dragan Papic

23 n'a jamais subi de sentence pénale.

24 M. Puliselic (interprétation). - Ce document émane de quelle

25 institution ?

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1 M. Papic (interprétation). - De la police de Vitez.

2 M. Puliselic (interprétation). - Pouvez-vous répondre à la

3 question suivante : est-ce que vous étiez au courant du fait que, sur

4 votre maison, sur la façade de votre maison était sans arrêt suspendu un

5 drapeau ?

6 M. Papic (interprétation). - Non, il n'y avait pas de drapeau en

7 permanence sur notre maison. Lorsqu'il y avait des fêtes particulières, il

8 y avait le drapeau croate, mais les Musulmans de la région avaient aussi

9 l'habitude de faire flotter un drapeau vert sur les façades de leur maison

10 au moment de leurs fêtes religieuses.

11 M. Puliselic (interprétation). - Y avait-il quelque autre

12 drapeau flottant sur votre maison ?

13 M. Papic (interprétation). - Aucun autre drapeau n'a jamais

14 flotté sur notre maison.

15 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que avant ou après la

16 guerre il y avait des automobiles aux environs de votre maison ?

17 M. Papic (interprétation). - Oui, avant la guerre il y en avait

18 moins, après la guerre il y en a eu beaucoup plus. Avant la guerre, mon

19 frère s'occupait des voitures et j'ai continué son travail.

20 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous êtes au courant

21 du fait que votre frère avait un véhicule automobile de marque Lada de

22 couleur rouge ?

23 M. Papic (interprétation). - Oui, il avait une Lada rouge.

24 M. Puliselic (interprétation). - Pouvez-vous vous rappeler à

25 quel moment cette voiture a été achetée ?

Page 6735

1 M. Papic (interprétation). - Je crois qu'elle a été achetée

2 en 1995, vers la fin de la guerre à la société Vjetrenica.

3 M. Puliselic (interprétation). - Je demande l'aide de

4 l'huissier, s'il vous plaît.

5 Mme Ameerali (interprétation). - Document D21/5.

6 M. Puliselic (interprétation). - Quel est le document dont nous

7 parlons en ce moment ?

8 M. Papic (interprétation). - C'est un document qui certifie la

9 vente et l'achat de la voiture achetée par Dragan à la société Vjetrenica.

10 M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que la couleur de la

11 Lada est indiquée sur ce document ?

12 M. Papic (interprétation). - Oui, couleur rouge.

13 M. Puliselic (interprétation). - Et quelle est la date de ce

14 document ?

15 M. Papic (interprétation). - Le 9 janvier 1995.

16 M. Puliselic (interprétation). - Merci. Est-ce que vous êtes au

17 courant du fait suivant : est-ce que votre frère avait une automobile

18 avant ?

19 M. Papic (interprétation). - Oui, il avait une Sastava.

20 M. Puliselic (interprétation). - Et de quelle couleur était

21 cette voiture Sastava ?

22 M. Papic (interprétation). - Jaune.

23 M. Puliselic (interprétation). - Monsieur le Président, Madame

24 et Messieurs les Juges, je demanderai que nous travaillions à présent à

25 huis clos partiel pour quelques instants, je vous prie.

Page 6736

1 M. le Président (interprétation). - Oui, nous allons passer en

2 huis clos partiel.

3 M. Puliselic (interprétation). - Monsieur Papic, est-ce que vous

4 êtes informé du fait qu'après la guerre...

5 M. le Président (interprétation). - Nous sommes à huis clos

6 complet, nous ne sommes pas en huis clos partiel, mais vous pouvez

7 poursuivre

8 Audience à huis clos partiel

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12 Pages 6737 à 6742 - expurgées – audience à huis clos partiel.

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20 Audience publique

21 M. Terrier. - Bonjour, Monsieur Papic, mon nom est

22 Frank Terrier, je suis l'un des avocats de l'accusation, et je vais vous

23 poser quelques questions sur votre témoignage, que vous avez fait devant

24 ce tribunal.

25 Tout d'abord, et avant d'en venir aux événements de l'époque, je

Page 6744

1 voudrais que vous nous disiez quelle est votre profession actuelle.

2 M. Papic (interprétation). - Ma profession actuelle est la vente

3 de pièces de rechange pour des véhicules.

4 M. Terrier. - Quel est votre employeur, Monsieur Papic ?

5 M. Papic (interprétation). - Je suis le propriétaire de cette

6 affaire. Je suis mon propre chef, pour ainsi dire.

7 M. Terrier. - Etes-vous marié ?

8 M. Papic (interprétation). - Non.

9 M. Terrier. - Vous avez dit tout à l'heure que vous habitiez à

10 Vitez, sauf erreur de ma part. C'est bien exact ?

11 M. Papic (interprétation). - Oui.

12 M. Terrier. - Est-ce que c'est à Ahmici que vous travaillez ?

13 M. Papic (interprétation). - Je ne vois pas exactement à Vitez,

14 mais plutôt dans la banlieue de Vitez, à Santici dans l'endroit qui

15 s'appelle Topala. Mais je n'ai pas compris votre deuxième question.

16 M. Terrier. - Mon autre question, Monsieur le Témoin, se

17 rapportait à l'endroit où vous travaillez. Est-ce à Ahmici ?

18 M. Papic (interprétation). - Non, avant la guerre, c'est là que

19 j'allais à l'école.

20 M. Terrier. - Ma question, Monsieur le Témoin -je ne suis pas

21 certain que nous nous soyons compris- était simplement de savoir où vous

22 travaillez actuellement, à quel endroit ?

23 M. Papic (interprétation). - En ce moment, je vends les pièces

24 de rechange chez moi, dans ma maison, dans l'endroit qui s'appelle Topala

25 et qui se trouve dans le village de Santici.

Page 6745

1 M. Terrier. - Et votre père est-il toujours en activité ?

2 M. Papic (interprétation). - Oui. Mon père est toujours en

3 activité. Il est responsable de tout le système de canalisation et d'eau

4 dans la région de Santici, jusqu'au village de Nadioci.

5 M. Terrier. - Peut-on remontrer au témoin la pièce de

6 l'accusation numéro 61 qui lui a été montrée tout à l'heure ?

7 (L'huissier s'exécute.)

8 Sur la gauche de cette photographie, Monsieur le Témoin, il y a

9 un panneau jaune avec des lettres rouges qui paraît être une annonce

10 commerciale. Nous avons d'autres photographies, bien entendu, de ce

11 panneau. J'utilise celle-là pour une simple commodité puisque nous l'avons

12 sous la main. Qu'est-ce que ce panneau indique ? Est-ce que vous pouvez

13 satisfaire notre curiosité à cet égard ?

14 M. Papic (interprétation). - Sur ce panneau, on voit donc qu'il

15 s'agit d'un magasin

16 de pièces détachées, donc c'est ma publicité. On peut y lire que l'on y

17 vend des pièces détachées.

18 M. Terrier. – Elle se réfère à votre activité professionnelle ?

19 M. Papic (interprétation). – Oui, cela se réfère à mon activité

20 professionnelle.

21 M. Terrier. – Je vous remercie. Je voudrais que nous revenions,

22 maintenant, au dernier mois de 1992 et au premier mois de 1993. Au début

23 de l'année 1993, vous aviez 17 ans.

24 M. Papic (interprétation). - Au début de 1993, un instant, s'il

25 vous plaît. J'avais 16 ans et demi.

Page 6746

1 M. Terrier. – A moins que j'ai fait une erreur sur votre date de

2 naissance, est-ce que vous n'avez pas eu vos 18 ans en décembre 1993 ?

3 M. Papic (interprétation). - Oui.

4 M. Terrier. – 18 ans à l'époque, en Bosnie-Herzégovine, c'est

5 l’âge de la majorité officielle ?

6 M. Papic (interprétation). - Oui.

7 M. Terrier. – A l'époque, fin 1992 début 1993, vous habitiez

8 avec votre famille, vos parents, votre frère et votre petite soeur ?

9 M. Papic (interprétation). - Oui. Je vivais avec ma famille.

10 M. Terrier. – Quel était l'âge de votre petite soeur ?

11 M. Papic (interprétation). - Ma soeur est plus âgée que moi :

12 elle est née en 1970.

13 M. Terrier. – Pardonnez-moi cette erreur, Monsieur le Témoin.

14 Vous nous avez dit que, dans le climat familial de l'époque, il n'y avait

15 pas d'intérêt qui se manifestait pour la politique. Est-ce que vous le

16 confirmez ? Est-ce que c'est bien exact ?

17 M. Papic (interprétation). - Oui, c'est exact. Mon père faisait

18 son travail, ma mère était toujours à la maison, ma soeur travaillait dans

19 un magasin chez quelqu'un de notre famille, moi j'allais à l'école et

20 personne n'était engagé dans la vie politique.

21 M. Terrier. – Est-ce que vous n'avez pas le souvenir de

22 discussions à la maison -ou avec votre frère Dragan- de discussions sur la

23 situation de la nation croate, à l'époque ? Ou sur l'histoire de la nation

24 croate ?

25 M. Papic (interprétation). – Non, on n'a jamais eu ce genre de

Page 6747

1 discussions chez nous dans la maison. Ce que l'on voyait à la télé, que

2 l'on pouvait voir dans les médias de temps en temps, bien sûr on faisait

3 des commentaires. Mais on ne discutait jamais de la politique d'avant la

4 guerre.

5 M. Terrier. – Vous avez dit que votre famille, votre père et en

6 particulier votre frère Dragan entretenaient d’excellentes relations avec

7 les Musulmans qui habitaient Ahmici, et en particulier avec certains des

8 voisins.

9 Est-ce que vous n'avez pas noté que ces excellentes relations,

10 qui ont existé avant la guerre, se sont transformées ou se sont dégradées

11 après le début de la guerre ? C'est-à-dire dans les derniers mois de 1992

12 ou les premiers mois de 1993 ?

13 M. Papic (interprétation). - Les relations avec les Musulmans ne

14 se sont pas dégradées ; ces relations ont été changées ainsi du côté

15 musulman que du côté croate, mais pas dans une mesure très importante. Et

16 ceci est arrivé après les élections. Les Musulmans se sont séparés un

17 petit peu des Croates et vice-versa, mais on n'a jamais eu vraiment des

18 problèmes graves. On vivait normalement avec nos voisins qui étaient

19 Musulmans.

20 M. Terrier. – Quand vous parlez d'un changement de ces

21 relations, dans votre souvenir vous vous référez à quoi ?

22 M. Papic (interprétation). - Par cela, je veux dire le

23 changement de Mehmet Sudjuka qui a obtenu un poste au sein du parti SDA.

24 Il a complètement changé, il ne voulait plus communiquer avec les Croates.

25 Il ne voulait plus coopérer ni professionnellement ni personnellement. Il

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1 évitait tout rapport professionnel ou privé. Ceci bien sûr nous a étonnés

2 étant donné que, auparavant, nous avions de bonnes relations, mais c'était

3 quelqu'un qui faisait

4 un peu de tout.

5 M. Terrier. – Mais si on laisse de côté le cas de Mehmet Ahmic,

6 est-ce que par exemple, avec Fahrudin Ahmic, les relations que vous

7 entreteniez avec lui et sa famille ont changé ?

8 M. Papic (interprétation). - Avec lui, on avait de bons

9 rapports. On n'a jamais eu de mauvaises relations avec lui, alors que lui,

10 il ne pouvait pas, en fait, nous fréquenter ouvertement à cause de ses

11 relations avec d'autres personnes qui étaient au pouvoir. Et on pouvait

12 remarquer, en fait, ce changement dans son attitude.

13 M. Terrier. – Par conséquent, pour résumer votre point de vue,

14 il semble que les relations des Croates et des Musulmans au sein du

15 village d'Ahmici ont changé, sont devenus plus froides, plus rares, par le

16 fait -c'est ce que vous venez de dire- par le fait des Musulmans eux-

17 mêmes ? Est-ce que j'ai correctement résumé votre point de vue ?

18 M. Papic (interprétation). - Oui. Vous l'avez fait correctement.

19 C'était par le fait des Musulmans eux-mêmes qu'il y a eu ce changement.

20 M. Terrier. – Vous nous avez dit, je crois, que votre frère

21 Dragan et votre père également s'étaient rendus à la mosquée en diverses

22 occasions un peu solennelles. Est-ce que vous avez le souvenir de la

23 dernière occasion où votre père et votre frère se sont rendus à la

24 mosquée ?

25 M. Papic (interprétation). – Non, je ne peux pas me rappeler.

Page 6749

1 Beaucoup de temps s'est écoulé entre-temps.

2 M. Terrier. – Je comprends, bien entendu. Vous nous avez dit que

3 votre père, qui exerçait la profession de plombier, avait fait les travaux

4 de plomberie dans les deux mosquées d'Ahmici. Et vous nous avez indiqué

5 cela comme étant une preuve des bonnes relations que votre père

6 entretenait avec les Musulmans. Je voudrais simplement que vous me disiez

7 s'il y avait d'autres plombiers à Ahmici que votre père ?

8 M. Papic (interprétation). - Non, il n'y a pas eu d'autres

9 plombiers à Ahmici que mon père. Il y en a eu à Vitez, mais dans la région

10 de Santic et Nadioci il n'y avait que mon père comme plombier.

11 M. Terrier. - Votre père a été rémunéré pour ces travaux ?

12 M. Papic (interprétation). - Non, il l'a fait gratuitement. Il

13 n'a pas été rémunéré pour ces travaux. C'était comme une espèce d'offre à

14 cet édifice religieux.

15 M. Terrier. - Vous nous avez parlé de l'emploi de garde

16 forestier qui était celui de Dragan, de votre frère Dragan avant la

17 guerre. Est-ce que vous pouvez nous indiquer en quoi consiste l'emploi de

18 garde forestier et en particulier pour quelle raison faut-il disposer

19 d'une arme ?

20 M. Papic (interprétation). - Dragan avait besoin de ce travail,

21 il le faisait parce qu'il a fait des études pour le faire, et il avait

22 besoin bien sûr de l'argent pour pouvoir vivre avec son épouse.

23 M. Terrier. - Bien entendu, je ne conteste pas, Monsieur le

24 Témoin. Je ne vous demande pas pour quelle raison Dragan travaillait, je

25 vous demandais en quoi consistait son travail et pour quelle raison il

Page 6750

1 avait besoin d'une arme dans le cadre de ce travail.

2 M. Papic (interprétation). - Son travail était le suivant : afin

3 de prévenir tout vol dans les forêts, il avait besoin bien sûr de disposer

4 d'une arme, notamment à cause des animaux qui devenaient très agressifs

5 pendant la période d'hiver.

6 M. Terrier. - Qui était l'employeur de Dragan Papic ?

7 M. Papic (interprétation). - Son employeur était l'entreprise

8 Sumarija de Vitez dont le directeur était un Musulman de Kruscica. J'ai

9 oublié son nom.

10 M. Terrier. - Est-ce que vous vous souvenez jusqu'à quand votre

11 frère Dragan Papic a assuré cet emploi ?

12 M. Papic (interprétation). - Dragan Papic a fait ce travail

13 jusqu'au 15 avril 1993 en

14 tant que garde forestier à Sumarija.

15 M. Terrier. - Et pourquoi dans les jours qui ont suivi -je ne

16 parle pas du 16 bien entendu- mais dans les jours qui ont suivi, pourquoi

17 n'a-t-il pas repris ce travail ?

18 M. Papic (interprétation). - Parce que la guerre avait éclaté

19 entre-temps et personne ne pouvait reprendre son travail normal. Les

20 affrontements ont commencé entre les Croates et les Musulmans.

21 M. Terrier. - Quel a été le rôle de votre frère Dragan dans

22 cette guerre ?

23 M. Papic (interprétation). - Il n'avait aucun rôle. Il a été

24 désigné pour faire la garde sur le pont de Radak, au début, tout à fait au

25 début parce que c'était un point de communication très important, mais

Page 6751

1 plus tard son fils est né et on l'a mis sur un autre poste, je crois à

2 Krtina Mahala. Je crois que c'était une vingtaine de jours après ces

3 affrontements du 16 avril. Il était simple soldat une fois qu'il a été

4 envoyé sur cette ligne de front à Krtina Mahala.

5 M. Terrier. - Donc vous dites qu'après le 15 avril 1993 -je

6 n'indique pas précisément de date pour éviter toute polémique-, mais après

7 cette époque-là, votre frère est devenu un soldat du HVO et s'est battu

8 dans le cadre de cette guerre qui s'est déroulée pendant ces mois

9 de 1993 ?

10 M. Papic (interprétation). - Non, je ne l'ai pas dit. Il n'est

11 pas devenu soldat le 15 avril, non. Le 15 avril, il montait la garde sur

12 le pont de Radak, et environ une vingtaine de jours plus tard, après avoir

13 été sur le pont de Radak, il a été transféré à Krtina Mahala et jusqu'à

14 cette époque-là il était un simple garde sur le pont de Radak.

15 M. Terrier. - J'ai bien compris, et pour éviter justement cette

16 discussion, je m'abstenais d'évoquer des dates. Mais êtes-vous d'accord

17 avec moi pour dire qu'après cette période et en particulier lorsqu'il a

18 été appelé à aller sur la ligne de front, il est devenu un soldat du HVO

19 et s'est donc battu en qualité de soldat du HVO pendant cette guerre ?

20 M. Papic (interprétation). - Le 15 et le 16 avril 1993, mon

21 frère à cette époque-là n'a jamais reçu d'appel officiel pour se rendre

22 sur des lignes de front. Ce n'est qu'une vingtaine de jours plus tard

23 qu'il a été affecté.

24 M. Terrier. - Encore une fois, je ne veux vraiment pas vous

25 piéger ni quoi que ce soit. Simplement au point où j'en suis de mes

Page 6752

1 questions, je veux simplement savoir si vous confirmez qu'à une certaine

2 période de 1993, mettons une vingtaine de jours après le 16 avril 1993

3 -bien entendu, nous allons revenir sur cette question de date, mais pour

4 le moment je vous demande simplement si, une vingtaine de jours après le

5 16 avril 1993, votre frère est bien devenu un soldat du HVO ?

6 M. Papic (interprétation). - Oui, il est devenu un soldat du

7 HVO, tout à fait comme tous les autres qui sont devenus soldats alors

8 qu'ils ne l'étaient pas par le passé.

9 M. Terrier. - Est-ce que vous-même avez été un soldat du HVO ?

10 M. Papic (interprétation). - Je suis devenu un soldat du HVO à

11 la fin de 1993 et au début de 1994.

12 M. Terrier. - Est-ce que vous êtes devenu un soldat du HVO le

13 jour de vos 18 ans ?

14 M. Papic (interprétation). - Peut-être deux mois après mon jour

15 de 18 ans, peut-être un mois après mon anniversaire, je ne m'en souviens

16 pas.

17 M. Terrier. - Est-ce que vous avez été volontaire ou est-ce que

18 vous avez été appelé ?

19 M. Papic (interprétation). - J'étais appelé, je n'étais pas

20 volontaire.

21 M. Terrier. - Quel a été votre rôle, personellement, pendant

22 cette guerre après que vous ayez été appelé ?

23 M. Papic (interprétation). - J'étais sur les lignes à Barin Gaj,

24 tout comme les autres. J'étais dans les tranchées, j'étais un simple

25 soldat. Je n'ai pas eu d'affectation particulière.

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1 M. Terrier. - Je souhaite montrer ceci, Monsieur l'Huissier.

2 (L'huissier s'exécute.)

3 Mme Ameerali (interprétation). - Document qui porte la cote 351.

4 M. Terrier. - Monsieur le Témoin, je vous invite à regarder ce

5 document. Il s'agit de la photocopie d'un registre tenu par le HVO. Nous

6 en avons la photocopie de la couverture, la photocopie de la première

7 page, et la photocopie grandeur nature d'une page où figurent deux noms

8 sur lesquels je vais appeler votre attention. Aviez-vous déjà vu ce

9 document ?

10 M. Papic (interprétation). - Non.

11 M. Puliselic (interprétation). - Monsieur le Président, nous

12 venons de recevoir ce document pendant la pause et nous n'avons pas eu le

13 temps de l'étudier ni de le regarder comme il faudrait. Je parle ici du

14 document qui vient de nous être présenté par M. le Procureur.

15 M. Terrier. - Monsieur le Président, c'est un document qui se

16 présente de manière très, très simple, qui est effectivement très épais

17 pour son intégralité, mais il n'y a qu'une page et en réalité deux

18 mentions qui nous intéressent. Et nous avons pris soin de communiquer ces

19 documents à la défense avant le début du contre-interrogatoire.

20 Il y a d'autres documents dont il est apparu qu'ils pourraient

21 être et devaient être présentés au Tribunal simplement au cours de cet

22 interrogatoire. Et je ne les évoque pas maintenant encore. Mais le

23 Tribunal comprendra très bien que je ne pouvais pas avant, il y a quelques

24 jours, imaginer que j'aurais besoin de ces documents quand bien même j’en

25 disposais déjà.

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1 M. le Président. – Merci. En tout cas, Me Puliselic aura cet

2 après-midi pour étudier le document parce que, j'imagine, que l'on aura

3 besoin...

4 M. Terrier. – Je ne pense pas, qu'effectivement, nous ayons fini

5 ce matin, Monsieur le Président.

6 M. le Président (interprétation). – Donc, demain on reprendra

7 peut-être avec votre

8 contre-interrogatoire et ensuite, Me Puliselic aura tout le temps

9 nécessaire pour poser des questions. Et cet après-midi, il pourra profiter

10 de la pause de l’après-midi pour regarder, examiner d'une manière très

11 attentive ce document donc je crois qu'il n'y a pas de problème.

12 M. Terrier. – J'ajoute, Monsieur le Président, car le Tribunal

13 comprendra peut-être que cette directive du Tribunal nous pose quelquefois

14 des difficultés et nous conduit à nous interroger, que nous avons veillé

15 en particulier à ce que ce document remis avant le début du contre-

16 interrogatoire ne concerne que l’accusé qui a appelé le témoin. C'est-à-

17 dire que son avocat est en mesure de procéder au nouvel interrogatoire.

18 Cela ne concerne absolument pas un autre des accusés.

19 Monsieur le Témoin, j'appelle votre attention sur la page qui

20 est sous vos yeux je pense en particulier sur les deux noms qui figurent

21 en regard des numéros d'ordre 46-28 et 46-29.

22 Monsieur le Témoin, pouvez-vous voir ces deux noms ?

23 M. Papic (interprétation). - Oui.

24 M. Terrier. – Prenons le numéro qui figure au regard du numéro

25 d'ordre 46-28 ; Il s'agit de Papic Ive Dragan.

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1 M. Papic (interprétation). – Oui, oui.

2 M. Terrier. – Sur la colonne suivante se trouve un numéro

3 d'identification. Une autre colonne est vide et ensuite, sur une autre

4 colonne figure la lettre "P". Savez-vous ce que signifie cette lettre

5 "P" ?

6 M. Papic (interprétation). – Non.

7 M. Terrier. – Les deux colonnes suivantes, comme on peut le

8 comprendre, précisent le temps d'engagement dans les unités. Ceci peut

9 être vérifié en consultant la première page du registre.

10 S'agissant de Papic Dragan, nous pouvons constater que son temps

11 d'engagement

12 dans les unités débute le 8 avril 1992 et s’étend jusqu'au

13 15 janvier 1996.

14 M. le Président. – Maître Terrier, quelle est votre question ?

15 M. Terrier. – Ce n'était pas une question, Monsieur le

16 Président.

17 M. Papic (interprétation). - Je n'ai pas compris votre question.

18 M. Terrier. – Ma question était simplement -si c'était une

19 question- d'appeler, Monsieur le Témoin, votre attention sur ces deux

20 colonnes dont la première mentionne le point de départ de l'engagement

21 dans les unités et la deuxième, la dernière date d'engagement dans les

22 unités.

23 Autrement dit, si l'on consulte ces deux colonnes, on doit

24 comprendre que M. Papic Ive Goran s'est engagé le 8 avril 1992 jusqu'au

25 15 janvier 1996. Est-ce que ceci appelle, de votre part, une réflexion,

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1 une remarque ou une réaction ?

2 M. Papic (interprétation). - Je ne le sais pas, ceci n'est pas

3 exact. Ce qui me confond, c'est qu'il y a également les noms de femmes, de

4 ma sœur, par exemple, et d'autres femmes. Je ne sais pas quel est le but

5 de ce document. Pourquoi il a été fait. Ceci n'est pas du tout exact.

6 M. Terrier. – Monsieur le Témoin, simplement j'indique que, sur

7 le transcript, j’ai parlé, à la page 109, de Dragan Papic et non pas de

8 Goran Papic. Est-ce que, un peu plus à droite sur le document, vous voyez

9 la signature de Papic Dragan ?

10 M. Papic (interprétation). - Je ne comprends pas du tout de quoi

11 il s'agit. Oui.

12 M. Terrier. – Est-ce que vous identifiez cette signature comme

13 étant celle de votre frère Dragan ?

14 M. Papic (interprétation). - Non. Je ne le sais pas. Je ne sais

15 pas, je ne peux pas identifier la signature.

16 M. Terrier. – Est-ce que vous connaissez la signature de votre

17 frère Dragan ?

18 M. Papic (interprétation). - Je ne m'en souviens pas. Vous

19 savez, pendant cette

20 période qui vient de s'écouler, j'ai oublié comment est sa signature.

21 M. Terrier. – D’accord. Dans la ligne du dessous, devant le

22 numéro d'ordre 46-29 figure le nom Papic Ive Goran engagé le

23 16 décembre 1993 jusqu'au 15 janvier 1996. A droite figure une signature

24 manuscrite. Est-ce que vous reconnaissez cette signature manuscrite comme

25 étant la vôtre ?

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1 M. Papic (interprétation). – Oui, cette signature ressemble un

2 petit peu à la mienne, mais je ne me souviens pas d'avoir signé un

3 document de ce genre, jamais.

4 M. Terrier. – Est-ce que vous admettez, aujourd'hui examinant ce

5 document, qu'il s'agit bien de votre signature ?

6 M. Papic (interprétation). - Non. Je n'ai jamais signé ce

7 document.

8 M. Terrier. – Je voudrais que vous soyez très clair, Monsieur le

9 Témoin. Est-ce que vous affirmez ne pas vous souvenir d'avoir signé ce

10 document ? Ou est-ce que vous affirmez que vous n'avez jamais signé ce

11 document et que, par conséquent, la mention qui y figure serait un faux ?

12 M. Papic (interprétation). - Je n'ai pas signé ce document.

13 S'agit-il d'un faux ou pas ? Cela, je ne le sais pas.

14 M. Terrier. – Avez-vous, sur votre personne… Le Tribunal

15 souhaite que nous en restions là ?

16 (Les Juges se consultent sur le Siège.)

17 M. le Président. – Avez-vous beaucoup d’autres questions sur ce

18 problème ?

19 M. Terrier. – Oui, je souhaitais un peu continuer sur cette

20 question-là.

21 M. le Président. – Oui, mais le Juge May a une audience à

22 14 heures. Hélas ! Il faut interrompre. Donc nous reprenons demain à

23 9 heures.

24 L'audience est levée à 13 heures 35.

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