Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL   AFFAIRE N° IT-95-16-T

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE  

  3   Mardi 2 Mars 1999

  4   L'audience est ouverte à 9 heures.

  5   (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

  6   Mme Ameerali (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.

  7   L'affaire n° IT-95-16-T, le Procureur contre Zoran Kupreskic,

  8   Mirjan Kupreskic, Vlatko Kupreskic, Drago Josipovic, Dragan Papic et

  9   Vladimir Santic.

 10   M. le Président (interprétation). - Merci. Bonjour. Nous pouvons

 11   poursuivre avec le témoin avec lequel nous avons commencé.

 12   Monsieur Puliselic, je vous en prie.

 13   M. Blaxill (interprétation). - Excusez-moi mais j'ai

 14   l'impression que M. Vlatko Kupreskic et M. Santic ne sont pas dans le

 15   prétoire. Est-ce que nous allons poursuivre même si les accusés ne sont

 16   pas dans le prétoire ?

 17   M. le Président (interprétation). - Merci de m'avoir averti.

 18   Effectivement, il y a un accusé qui n'est pas présent,.

 19   Nous allons peut-être demander aux conseils de nous dire s'ils

 20   acceptent de poursuivre même si l'accusé n'est pas présent. Mais il

 21   arrive. C'est bien, nous pouvons poursuivre. Maître Puliselic ?

 22   M. Puliselic (interprétation). - Bonjour, Monsieur Kvasina.

 23   M. Kvasina (interprétation). - Bonjour.

 24   M. Puliselic (interprétation). - Hier, vous avez répondu, à la

 25   question que je vous ai posée, que vous avez rencontré Dragan dans le


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  1   village souvent, à plusieurs reprises, et qu'il était toujours sociable,

  2   qu'il était agréable avec les gens qu'il rencontrait. Par conséquent, nous

  3   allons poursuivre si vous le voulez bien notre interrogatoire.

  4   Est-ce que vous avez quelques connaissances, quelques

  5   informations selon lesquelles Dragan Papic aidait les gens, leur portait

  6   assistance. Vous avez dit hier qu'il a aidé les personnes qui se rendaient

  7   dans les bois pour couper les arbres illégalement, qu'il les aidait quand

  8   même, même si c'était contre la loi.

  9   M. Kvasina (interprétation). - Oui, il avait porté assistance à

 10   bien des personnes. Moi-même, ma voiture était en panne et il s'est rendu

 11   sur place, il m'a aidé, il a réparé ma voiture.

 12   M. Puliselic (interprétation). - Vous ne lui aviez pas demandé

 13   de le faire ?

 14   M. Kvasina (interprétation). - Non, mais c'est lui-même qui

 15   m'avait dit qu'il était capable de le faire.

 16   M. Puliselic (interprétation). - Et qu'est-ce que vous

 17   transportiez avec cette voiture ?

 18   M. Kvasina (interprétation). - C'était un petit camion. J'avais

 19   des pièces détachées que je transportais avec. Comme cette petite

 20   camionnette était tombée en panne, il était venu, il avait réparé ma

 21   voiture. En attendant, j'avais trouvé une autre voiture. Donc il avait

 22   remorqué cette voiture restée en panne sur la route, et lorsque je lui ai

 23   posé la question de savoir combien je devais le payer, il m'a dit que je

 24   n'avais absolument rien à lui donner.

 25   M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous avez été


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  1   sanctionné par lui éventuellement, car vous avez dit que vous aviez coupé

  2   des arbres et que c'était contraire à la loi ?

  3   M. Kvasina (interprétation). - Oui, il m'avait averti à

  4   plusieurs reprises. Il m'avait dit qu'il ne fallait pas que je le fasse,

  5   mais par la suite j'ai subi une sanction.

  6   M. Puliselic (interprétation). - Vous avez dit que vous avez

  7   rencontré Dragan dans le village et dans une boutique, dans un magasin ou

  8   je ne me souviens plus tellement bien, là

  9   où on jouait aux cartes ?

 10   M. Kvasina (interprétation). - Dans le village, il y avait un

 11   magasin, une boutique où on vendait des articles de toute sorte et c'est

 12   là où il avait l'habitude de venir, puis il jouait aux cartes avec des

 13   villageois, il aimait plaisanter.

 14   M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous l'avez entendu

 15   dire qu'à Gornja Veceriska, en compagnie de ces gens-là, il soulevait des

 16   thèmes politiques, qu'il imposait ces sujets politiques, qu'il avait un

 17   comportement négatif vis-à-vis des Musulmans ?

 18   M. Kvasina (interprétation). – Non, il n'a jamais parlé

 19   politique et il parlait plutôt de femmes.

 20   M. Puliselic (interprétation). - Pourriez-vous nous dire quels

 21   étaient les vêtements qu'il portait quand il faisait les tournées du bois

 22   ou de la région que vous habitez ?

 23   M. Kvasina (interprétation). - Il portait toujours un uniforme

 24   de garde forestier. C'était une uniforme vert, c'étaient des vêtements

 25   civils. Et par moments également, il avait une veste de camouflage vert


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  1   olive.

  2   M. Puliselic (interprétation). - Vous voulez parler de

  3   l'uniforme de camouflage, de la veste ?

  4   M. Kvasina (interprétation). – Oui, c'est la veste, le haut.

  5   M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous l'avez vu

  6   porter le fusil et qu'en pensez-vous, pourquoi avait-il un fusil ?

  7   M. Kvasina (interprétation). – Oui, il portait le fusil mais

  8   rarement et en général l'hiver quand il y avait beaucoup de gibier,

  9   notamment le gibier dangereux, c'est la raison pour laquelle il devrait

 10   porter un fusil.

 11   M. Puliselic (interprétation). - Qu'est-ce que vous savez, quel

 12   genre, quel type de gibier y a-t-il dans ce bois ?

 13   M. Kvasina (interprétation). - Il y avait des ours, des

 14   sangliers, des loups, l'hiver

 15   est assez dur et notamment les derniers temps, il y avait des loups.

 16   Probablement que ces loups étaient en provenance de Slovénie et de

 17   Croatie, c'était déjà la guerre qui avait commencé, il faut dire que

 18   c'était une époque assez dangereuse.

 19   M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous avez gardé

 20   souvenir... Pouvez-vous nous dire jusqu'à quand vous l'avez rencontré dans

 21   cette région de Veceriska ?

 22   M. Kvasina (interprétation). – Jusqu'au début de la guerre.

 23   M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous le voyiez plus

 24   tard ?

 25   M. Kvasina (interprétation). – Je l'ai rencontré une fois la


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  1   guerre terminée.

  2   M. Puliselic (interprétation). – Mais là, je parle de la région

  3   de Gornja Vecerska.

  4   M. Kvasina (interprétation). – Non, je l'ai vu jusqu'au début de

  5   la guerre.

  6   M. Puliselic (interprétation). - Est-ce qu'il se rendait chez

  7   vous à la maison de temps à autre ?

  8   M. Kvasina (interprétation). – Vous pensez avant la guerre ?

  9   M. Puliselic (interprétation). - Oui.

 10   M. Kvasina (interprétation). – Oui, une fois il est venu avec

 11   son épouse chez moi mais je n'y étais pas, je n'étais pas avec ma femme et

 12   c'est ma mère qui m'a dit que Dragan Papic était venu nous rendre visite

 13   et qu'il était accompagné de son épouse.

 14   M. Puliselic (interprétation). - A cette époque-là, vous avez

 15   dit que vous le rencontriez. Est-ce que vous avez pu remarquer quelque

 16   chose de particulier sur son visage ? Je parle du visage, est-ce que vous

 17   avez remarqué quelque chose de particulier.

 18   M. Kvasina (interprétation). - Il avait fait pousser sa barbe et

 19   je lui avais demandé pourquoi, il m'avait dit qu'il ne voulait plus se

 20   raser.

 21   M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que Dragan Papic dans ce

 22   prétoire porte la même barbe, est-ce que vous voulez regarder s'il vous

 23   plaît ?

 24   M. Kvasina (interprétation). – Ce n'est rien par rapport à ce

 25   qu'il avait, il avait une barbe très longue.


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  1   M. Puliselic (interprétation). – Il avait une barbe beaucoup

  2   plus longue ?

  3   M. Kvasina (interprétation). – Oui

  4   M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que pendant que vous

  5   discutiez avec Dragan, est-ce qu'il vous a dit éventuellement quelque

  6   chose sur lui-même, sur sa famille, sur son épouse ?

  7   M. Kvasina (interprétation). – Non, il n'a pas parlé beaucoup de

  8   lui-même, il a tout dit simplement qu'il aurait aimé avoir un fils parce

  9   que son épouse était enceinte à ce moment-là, il a parlé d'autres choses.

 10   M. Puliselic (interprétation). - Vous voulez dire qu'il aurait

 11   aimé avoir un fils ?

 12   M. Kvasina (interprétation). – Oui

 13   M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous savez s'il

 14   était en conflit avec quelqu'un ?

 15   M. Kvasina (interprétation). – Non.

 16   M. Puliselic (interprétation). - Avez-vous remarqué qu'il a été

 17   violent ? Est-ce que vous avez entendu parler qu'il se bagarrait avec

 18   quelqu'un ?

 19   M. Kvasina (interprétation). - Non je n'ai pas entendu parler de

 20   cela et je n'ai jamais remarqué qu'il était violent dans son comportement

 21   quand je le voyais, non je ne l'est pas remarqué.

 22   M. Puliselic (interprétation). - Eh bien, qu'est-ce que vous

 23   pourriez nous dire en guise de conclusion sur Papic, sur son caractère, sa

 24   personnalité que pourriez-vous nous dire en quelques phrases sur lui et

 25   sur sa personnalité ? Est-ce que vous pourriez constater que c'était un


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  1   personnage positif ?

  2   M. Kvasina (interprétation). - Nous pourrions dire qu'il était

  3   sociable, qu'il avait assisté tous ceux qu'il pouvait assister, il ne

  4   faisait pas la distinction entre les gens. Il était, je le répète,

  5   sociable. Il aimait les gens, il n'a jamais maltraité qui que ce soit, il

  6   n'a jamais provoqué qui que ce soit. C'est lui qui saluait en premier.

  7   M. Puliselic (interprétation). - Vous avez commencé à parler et

  8   je de vous ai interrompu. Vous avez dit que vous l'avez rencontré après la

  9   guerre ?

 10   M. Kvasina (interprétation). – Oui, je l'ai rencontré à Vitez et

 11   je lui ai demandé il où travaillait et lui, il m'a répondu qu'il

 12   travaillait à Impregnacija entreprise en tant que garde.

 13   M. Puliselic (interprétation). - Donc il ne travaillait plus

 14   dans cette entreprise Sumarija.

 15   M. Kvasina (interprétation). – Non parce qu'à cette époque, il

 16   n'y avait plus beaucoup d'arbres car ils étaient pratiquement coupés et

 17   ensuite il y avait également une ligne de front au niveau du bois,

 18   contrôlée par les Musulmans, une ligne qu'on ne pouvait pas dépasser.

 19   M. Puliselic (interprétation). - Par conséquent, il vous a dit

 20   qu'il travaillait dans une autre entreprise. Vous a-t-il dit autre chose ?

 21   M. Kvasina (interprétation). - Non, je n'en ai pas gardé le

 22   souvenir, on a parlé de choses et d'autres, mais je ne peux pas m'en

 23   souvenir.

 24   M. Puliselic (interprétation). - Monsieur le Président, je vous

 25   remercie, j'ai terminé  mon interrogatoire principal.


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  1   M. le Président (interprétation). - Merci.

  2   Maître Pavkovic ?...

  3   M. Pavkovic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.

  4   Mes collègues n'ont pas l'intention d'interroger ce témoin.

  5   M. le Président (interprétation). - Merci.

  6   L'accusation, Maître Blaxill ?

  7   Avant que Me Blaxill ne commence, je voudrais poser une

  8   question. Dans ce cas concret, les conseils avaient posé toute une série

  9   de questions, c'étaient es détails, et de toute façon l'accusation ne peut

 10   pas les contester. Est-ce que l'accusation, par exemple, peut contester

 11   que l'accusé avait une barbe plus longue ou moins longue, etc. ? Non. Par

 12   conséquent, la question que je me pose, c'est si véritablement cela vaut

 13   la peine de répéter à plusieurs reprises. Cinq ou six témoins ont parlé de

 14   ce même détail.

 15   M. Blaxill (interprétation). - Je pense, Monsieur le Président,

 16   que je ne peux qu'approuver ce que vous venez de dire. Par conséquent,

 17   l'accusation ne posera pas ce type de questions, et Me Terrier l'avait

 18   déjà précisé. Nous n'avons aucune raison de dire que l'accusé n'avait pas

 19   bon caractère, nous ne pouvons qu'approuver tout ce qui a été dit. Nous ne

 20   pouvons pas non plus contester qu'il portait, en haut, l'uniforme de garde

 21   forestier ou de camouflage, qu'il portait la barbe longue à cette époque-

 22   là. Donc nous n'avons aucune question à poser à ce sujet.

 23   C'est la raison pour laquelle mon contre-interrogatoire va

 24   certainement montrer que ce n'est pas sur la personnalité du témoin que

 25   nous allons poser les questions.


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  1   M. le Président (interprétation). - Je de vous en prie,

  2   Maître Blaxill.

  3   M. Blaxill (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

  4   Monsieur Kvasina, bonjour. Je m'appelle Maître Blaxill et je

  5   suis au Bureau de l'accusation, du Procureur. Je voudrais vous poser

  6   quelques questions, si vous voulez bien m'y répondre.

  7   Ma première question est de savoir s'il est vrai que les

  8   relations entre les Croates et les Musulmans, dans la région que vous

  9   habitiez, étaient vraiment des relations normales, amicales, tout au moins

 10   jusqu'au milieu de 1992. Est-ce que c'est vrai ?

 11   M. Kvasina (interprétation). - Oui, il s'agissait des relations

 12   amicales parce que les

 13   Musulmans, ensemble, avec les Croates venaient à Gornja Veceriska. Ils

 14   sont venus ensemble de Gornja Veceriska, étant donné que Gornja Veceriska

 15   se trouvait dans une clairière en quelque sorte et c'est là où ils se

 16   sentaient en sécurité.

 17   M. Blaxill (interprétation). - Par conséquent, s'il y avait des

 18   ennemis, à ce moment-là, vous aviez un ennemi qui vous a été commun : les

 19   Serbes de Bosnie. Ce sont les Serbes qui ont fait l'agression sur vous,

 20   n'est-ce pas ? Vous pouvez répondre par oui ou non.

 21   M. Kvasina (interprétation). - Oui.

 22   M. Blaxill (interprétation). - Pendant cette période, il y avait

 23   donc un certain nombre d'évolutions politiques et, vu cette évolution, il

 24   y avait des changements dans l'ambiance qui avait régné entre les

 25   Musulmans et les Croates vers la fin de 92. Est-ce vrai ?


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  1   M. Kvasina (interprétation). - Est-ce que vous pouvez me

  2   reformuler la question, s'il vous plaît ?

  3   M. Blaxill (interprétation). - Il nous a été dit déjà

  4   auparavant, nous l'avons appris ici, qu'il y avait une certaine évolution,

  5   des changements dans les rapports entre les Croates et les Musulmans à la

  6   fin de 92. Est-ce vrai ?

  7   M. Kvasina (interprétation). - Je ne peux pas répondre à cette

  8   question. Dans le milieu où je vivais, il n'y avait que des Croates et,

  9   moi, je me suis rendu à Vitez et, chaque fois que je communiquais avec

 10   quelqu'un, moi, je n'avais aucun problème. A cette époque-là, j'avais fait

 11   construire les maisons et je n'avais pas fait encore la distinction. Il y

 12   avait de petits affrontements peut-être.

 13   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vos relations avec

 14   M. Dragan Papic se sont déroulées uniquement dans la région de votre

 15   village ?

 16   Comme vous l'avez déjà précisé, c'était un village croate, donc

 17   vous étiez tous Croates, vous étiez entourés de Croates dans ce

 18   village ?...

 19   M. Kvasina (interprétation). - Oui.

 20   M. Blaxill (interprétation). - En ce qui concerne les rapports

 21   que Dragan Papic avait vis-à-vis des Musulmans, c'est que vous l'avez vu

 22   vous-même, ou vous avez entendu parler de lui par d'autres personnes ?

 23   M. Kvasina (interprétation). - Oui, j'ai entendu parler de lui à

 24   travers les conversations diverses que j'ai pu avoir.

 25   M. Blaxill (interprétation). - En d'autres termes, je ne


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  1   conteste aucunement ce que vous dites, c'est votre propre expérience qui

  2   m'intéresse, c'est pourquoi je vous pose des questions. Vous avez dit par

  3   ailleurs qu'il portait un fusil tout simplement parce qu'il y avait du

  4   gibier dans le bois, dans ces forêts. Est-ce que c'est vrai ?

  5   M. Kvasina (interprétation). - Oui, il portait le fusil car

  6   l'hiver était très dur, la forêt, le bois était assez profond et il

  7   devrait à mon avis s'assurer...

  8   M. Blaxill (interprétation). - Ce qui m'intéresse, Monsieur

  9   Kvasina, vous avez dit qu'il y avait beaucoup de loups et vous avez même

 10   dit que ces loups sont devenus de plus en plus nombreux avec la guerre qui

 11   a commencé. Est-ce qu'il y avait des problèmes avant la guerre ?

 12   M. Kvasina (interprétation). - De quel type de problèmes parlez-

 13   vous ?

 14   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que c'était dangereux de

 15   traverser le bois à cause des loups et de la présence des loups ?

 16   M. Kvasina (interprétation). - Oui, il y avait des loups. Il y

 17   avait des ours auparavant. Mais les derniers temps, il y avait beaucoup

 18   plus de loups.

 19   M. Blaxill (interprétation). - Vous voulez dire qu'avant la

 20   guerre, pour des questions de sécurité, c'était bien de porter un fusil

 21   car il y avait des ours, mais une fois que la guerre s'est déclenchée, il

 22   y avait également beaucoup de loups, c'est bien ce que j'ai compris. Est-

 23   ce que vous pourriez également nous dire si M. Papic éventuellement était

 24   menacé par quelqu'un ? Est-ce qu'il y avait un certain nombre de gens qui

 25   lui ont demandé aussi de se joindre à l'armée ? Est-ce que vous diriez que


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  1   c'était quelqu'un qui serait capable de se défendre ?

  2   M. Kvasina (interprétation). - Moi, je n'ai jamais entendu dire

  3   que quelqu'un l'ait menacé, je n'avais jamais tant entendu parler  de

  4   cela.

  5   M. Blaxill (interprétation). - Je n'ai peut-être pas formulé la

  6   question comme il le fallait. Est-ce que vous pensez que M. Papic était

  7   quelqu'un qui était assez fort et qui pouvait se défendre ?

  8   M. Kvasina (interprétation). - Non, il était toujours très gai,

  9   souriant. Non. Il avait une nature très gaie, très agréable.

 10   M. Blaxill (interprétation). - Merci, Monsieur le Président, je

 11   n'ai plus de questions à poser.

 12   M. le Président (interprétation). - Merci. Maître Puliselic ?

 13   M. Puliselic (interprétation). - Je voudrais poser juste deux

 14   questions.

 15   Monsieur Kvasina, Me Blaxill vous a posé une question au sujet

 16   de la présence des loups dans le bois. Pourriez-vous nous répondre de

 17   manière très précise. Quand les loups sont devenus plus nombreux dans

 18   cette région -j'ai l'impression que vous avez déjà répondu à ma question-,

 19   vous avez dit que c'était notamment au moment où la guerre s'est

 20   déclenchée en Croatie.

 21   M. Kvasina (interprétation). - Oui, les loups étaient beaucoup

 22   plus nombreux dans les bois les derniers temps.

 23   M. Puliselic (interprétation). - A la question qui vous a été

 24   posée par Me Blaxill, on pouvait conclure que c'est au moment où la guerre

 25   s'est déclenchée dans la vallée de la Lasva que les loups étaient beaucoup


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  1   plus présents. Est-ce que c'était avant ou après ?

  2   M. Kvasina (interprétation). - Non. Quand la guerre a commencé

  3   en Slovénie et en Croatie, on avait dit que des loups venaient de plus en

  4   plus nombreux en Bosnie, que les loups

  5   avaient été chassés.

  6   M. Puliselic (interprétation). - C'est tout ce que je voulais

  7   préciser.

  8   Il y a une autre question également : quelle était l'attitude de

  9   la population qui vivait à Donja Veceriska ? Vous avez dit qu'à

 10   Gornja Veceriska, la population était croate. Eh bien, à Donja Veceriska,

 11   quelle était la composition de la population ?

 12   M. Kvasina (interprétation). - Moitié moitié, Musulmans et

 13   Croates. Je ne peux pas vous dire exactement, mais de toute façon il y

 14   avait des Musulmans et des Croates.

 15   M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que vous pensez que même

 16   des Musulmans également coupaient les arbres et que Dragan Papic les

 17   appréhendait de temps en temps ?

 18   M. Kvasina (interprétation). - Oui, des Musulmans et puis des

 19   Serbes également venaient couper le bois.

 20   M. Puliselic (interprétation). - Est-ce que des Musulmans de

 21   Donja Veceriska traversaient Gornja Veceriska ?

 22   M. Kvasina (interprétation). - Oui, ils devaient passer par

 23   Gornja Veceriska, ils ne pouvaient pas emprunter une autre de voie.

 24   M. Puliselic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

 25   Je n'ai plus de questions.


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  1   M. le Président (interprétation). - Merci. Monsieur Kvasina, je

  2   vous remercie d'avoir bien voulu venir témoigner. Vous pouvez disposer

  3   maintenant.

  4   M. Kvasina (interprétation). - Merci.

  5   M. le Président (interprétation). - Nous allons maintenant

  6   entendre le premier des cinq témoins qui vont être interrogés par

  7   Me Radovic et Me Slokovic-Glumac.

  8   (Le témoin quitte le prétoire.)

  9   M. le Président (interprétation). - Je voudrais simplement

 10   demander si les conseils demandent des mesures de protection.

 11   Mme Glumac (interprétation). - Non, ce n'est pas indispensable.

 12   M. le Président (interprétation). - Donc aucun ne demande de

 13   mesures de protection.

 14   (M. Milutin Vidovic est introduit dans le prétoire.)

 15   M. le Président (interprétation). - Bonjour, Monsieur Vidovic.

 16   Est-ce que vous voulez donner lecture du serment solennel ?

 17   M. Vidovic (interprétation). - Je déclare solennellement que je

 18   dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 19   M. le Président (interprétation). - Merci. Vous pouvez vous

 20   asseoir. Maître Slokovic-Glumac, je vous en prie.

 21   Mme Glumac (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

 22   Bonjour, Monsieur Vidovic.

 23   M. Vidovic (interprétation). - Bonjour.

 24   Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous vous présenter ?

 25   M. Vidovic (interprétation). - Je m'appelle Milutin Vidovic. Je


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  1   suis né le 31 janvier 1961, à Vitez.

  2   Mme Glumac (interprétation). - Où habitez-vous ?

  3   M. Vidovic (interprétation). - J'habite à Vitez.

  4   Mme Glumac (interprétation). - Quel est votre niveau

  5   d'éducation ?

  6   M. Vidovic (interprétation). - J'ai terminé mes études primaires

  7   et secondaires dans une branche technique, la serrurerie.

  8   Mme Glumac (interprétation). - En 1992, pouvez-vous nous dire où

  9   vous travailliez ?

 10   M. Vidovic (interprétation). - En 1992, je travaillais à l'usine

 11   Slobodan Princip Seljo. J'ai travaillé dans la vallée jusqu'au mois de

 12   mars ou avril et à ce moment là, j'ai été en en stand-by, mais j'étais

 13   officiellement encore salarié. A l'usine, je travaillais dans les

 14   chaudières.

 15   Mme Glumac (interprétation). - Et après cela ?

 16   M. Vidovic (interprétation). - Après cela, en avril, avec un

 17   voisin, M. Santic, j'ai loué le café Pican et nous l'avons tenu, géré

 18   pendant trois ou quatre mois.

 19   Mme Glumac (interprétation). - Et après cela, est-ce que vous

 20   avez changé d'emploi ?

 21   M. Vidovic (interprétation). - Après cela, j'ai commencé à

 22   travailler au marché, au marché aux légumes.

 23   Mme Glumac (interprétation). - Et vous avez travaillé à cet

 24   endroit jusqu'à quel moment ?

 25   M. Vidovic (interprétation). - J'y ai travaillé jusqu'au début


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  1   du premier et du deuxième conflit. Entre-temps, j'avais ouvert un petit

  2   kiosque à Vitez, à côté de la maison de ma soeur où je vendais de

  3   l'alimentation.

  4   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que pendant tout ce temps,

  5   vous avez été membre, à quelque niveau que ce soit, du HVO ?

  6   M. Vidovic (interprétation). - Non.

  7   Mme Glumac (interprétation). - Ou participé de quelque façon que

  8   ce soit à la guerre contre les Serbes qui avait lieu en 1992 ?

  9   M. Vidovic (interprétation). - Oui. Oui, je suis allé deux fois

 10   sur le front contre les Serbes. La première fois, c'était à cela

 11   Slatka Voda, au-dessus de Travnik. J'y ai passé sept jours. La deuxième

 12   fois, c'était à Vlasici où j'ai passé aussi sept jours. Les deux fois, je

 13   suis allé sur le front en tant que de volontaire.

 14   Mme Glumac (interprétation). - Vous rappelez-vous à quel moment

 15   de 1992 cela s'est passé : au début, au milieu, à la fin de l'année 92 ?

 16   M. Vidovic (interprétation). - La première fois, quand je suis

 17   allé à Slaka Voda, je crois que cela devait être au milieu de l'année.

 18   Quant à Vlasici, j'ai dû y aller à la fin de l'été, je crois. Je crois que

 19   cela devait être au mois de septembre, mais je n'en suis pas absolument

 20   sûr.

 21   Mme Glumac (interprétation). - Je vous pose ces questions parce

 22   que votre nom figure sur la liste des membres actifs du HVO.

 23   M. Vidovic (interprétation). - Oui, pourquoi ?

 24   Mme Glumac (interprétation). - La liste que nous avons remise au

 25   Tribunal. Avez-vous jamais reçu de quelconques émoluments du HVO ?


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  1   M. Vidovic (interprétation). - Non.

  2   Mme Glumac (interprétation). - Avez-vous participé à des

  3   opérations de guerre hormis ce que de vous venez de relater ? Je parle de

  4   la période qui va jusqu'au 16 avril.

  5   M. Vidovic (interprétation). - Non.

  6   Mme Glumac (interprétation). - Comment expliquez-vous dans ces

  7   conditions que votre nom figure sur cette liste ? Est-ce une donnée

  8   exacte ?

  9   M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas, mais je crois...

 10   Je ne sais pas, cette donnée est inexacte, je n'ai jamais fait partie des

 11   membres actifs du HVO, jusqu'à la guerre en tout cas, après nous sommes

 12   tous passés sur la ligne de défense.

 13   Mme Glumac (interprétation). - Donc jusqu'au 16 avril, vous n'en

 14   faisiez pas partie ?

 15   M. Vidovic (interprétation). - Non.

 16   Mme Glumac (interprétation). - Et les deux fois où vous êtes

 17   allé sur le fronts contre les Serbes, à Sladka Voda et à Vlacici, avez-

 18   vous reçu des armes et un uniforme militaire de qui que ce soit ?

 19   M. Vidovic (interprétation). - Les deux fois, j'ai reçu un

 20   équipement et dans cet équipement, il y a devait aussi des parties

 21   d'uniforme qui m'ont été données par Ante Vidovic. De lui, j'ai reçu un

 22   couvre-chef. De Dragan Calic, j'ai reçu un fusil, et d'un autre homme,

 23   j'ai reçu des bottes. Et quand je suis rentré du front, j'ai restitué à

 24   ces hommes les vêtements et les armes.

 25   Mme Glumac (interprétation). - Qui étaient ces hommes ?


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  1   C'étaient des villageois ?

  2   M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'étaient des villageois.

  3   Dragan Calic, qui m'a donné les bottes, est de Nadioci. Les deux autres

  4   étaient de Santici.

  5   Mme Glumac (interprétation). - Vous dites que c'est lui qui vous

  6   a donné un fusil. Cela signifie que vous n'aviez pas de fusil ?

  7   M. Vidovic (interprétation). - Non, je n'avais pas de fusil

  8   jusqu'à la chute de Jajce. A ce moment-là, un important flux de réfugiés

  9   est arrivé à Vitez. Des armes se vendaient. Et, à ce moment-là, j'ai

 10   acheté un fusil M48.

 11   Mme Glumac (interprétation). - Combien avez-vous payé ce fusil ?

 12   Quel était le prix d'un fusil à l'époque ?

 13   M. Vidovic (interprétation). - 150 Deutsche Marks.

 14   Mme Glumac (interprétation). - Et où avez-vous acheté ce fusil ?

 15   Où est-ce qu'on achetait des fusils ?

 16   M. Vidovic (interprétation). - Dans la ville ! Et même il y

 17   avait un flux important de réfugiés, il y avait une colonne de tracteurs

 18   et de véhicules divers, et la plus pluie commençait à tomber, ils ont

 19   demandé à s'abriter. Les Croates sont restés là et sont partis après un

 20   jour ou deux. Ils sont partis vers Tomislavgrad et vers la Croatie. Quant

 21   à la majorité des réfugiés musulmans, ils sont restés à Vitez et, par la

 22   suite, nous avons constaté qu'il y avait dans la ville pas mal des

 23   personnes que nous ne connaissions pas, dans la ville même et dans

 24   les visages avoisinants.

 25   Mme Glumac (interprétation). - Et dans votre village ?


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  1   M. Vidovic (interprétation). - A Santici, il n'y avait pas de

  2   gens de Jajce. Il y avait quelques Croates. Je sais qu'ils sont partis

  3   ensuite vers Busovaca. Les Musulmans étaient, eux, en majorité à Ahmici.

  4   Il y avait 20 ou 30 personnes dans chaque maison, dans chaque appartement.

  5   Ils se sont installés où ils ont pu.

  6   Mme Glumac (interprétation). - Monsieur le Président, j'aimerais

  7   que l'on remette que la pièce à conviction de l'accusation n° 2, c'est la

  8   photo aérienne de Ahmici.

  9   (L'huissier s'exécute.)

 10   Merci.

 11   Monsieur Vidovic, pouvez-vous sur cette photo aérienne de Ahmici

 12   montrer à présent où se trouve votre maison, et quel est le territoire qui

 13   correspond à Santici ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - Ma maison se trouve ici, et le

 15   territoire correspondant à Santici commence en-dessous de la photo et se

 16   poursuit par ici, jusqu'au stade et puis jusqu'à la route, et au-delà de

 17   la route. Mais la partie, ici, Gornje Zume et ici Donje Zume, mais

 18   l'ensemble constitue le village de Santici.

 19   Mme Glumac (interprétation). - Donc Zume fait partie de Santici,

 20   n'est-ce pas ?

 21   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 22   Mme Glumac (interprétation). - Et cette partie qui se trouve

 23   juste après Santici, où on lit, sur la photographie, le mot Ahmici, est-ce

 24   que cela correspond au village de Ahmici ?

 25   M. Vidovic (interprétation). - Ici ? Vous voulez dire ici ?


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  1   Mme Glumac (interprétation). - Oui.

  2   M. Vidovic (interprétation). - Non, cela correspond au village

  3   de Pirici. Pirici part ici et se poursuit ici par la route, et arrive

  4   jusqu'à Ahmici. Ahmici se trouve là. On a Donje Ahmici ici et

  5   Gornje Ahmici par là, et Pirici c'est tout l'espace qui se trouve ici en-

  6   dessous.

  7   Mme Glumac (interprétation). - Quand vous dites Gornje Pirici,

  8   de quelle partie de Pirici s'agit-il ?

  9   M. Vidovic (interprétation). - J'ai dit Gornje Ahmici.

 10   Mme Glumac (interprétation). - Mais quand certains parlent de

 11   Gornje Pirici, où se trouve Gornje Pirici ?

 12   M. Vidovic (interprétation). - Ici et jusque-là.

 13   Mme Glumac (interprétation). - Et dans la région où vous avez

 14   dit que se trouvait votre maison, que vous avez montrée sur la

 15   photographie aérienne, y avait-il une majorité de Croates ou de

 16   Musulmans ?

 17   M. Vidovic (interprétation). - C'était une zone majoritairement

 18   croate, comme Santici d'ailleurs.

 19   Mme Glumac (interprétation). - Vos premiers voisins étaient-ils

 20   Musulmans ?

 21   M. Vidovic (interprétation). - Mon premier voisin était un

 22   Musulman et il habitait ici, plus près de la route. Il s'appelait

 23   (expurgé) et il habitait ici. Et j'avais aussi d'autres voisins vers la

 24   route.

 25   Mme Glumac (interprétation). - Donc (expurgé)


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  1   M. Vidovic (interprétation). - Oui, (expurgé)

  2   (expurgé).

  3   Mme Glumac (interprétation). - C'étaient vos voisins les plus

  4   proches ?

  5   M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'étaient mes voisins les

  6   plus proches.

  7   Mme Glumac (interprétation). - En amont de la route, n'est-ce

  8   pas ?

  9   M. Vidovic (interprétation). - Oui, en amont de la route, ils

 10   étaient ici.

 11   Mme Glumac (interprétation). - Donc à gauche, autrement dit, en

 12   partant de Vitez, n'est-ce pas ?

 13   M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est cela.

 14   Mme Glumac (interprétation). - Pourriez-vous encore montrer

 15   l'emplacement du café Pican ?

 16   M. Vidovic (interprétation). - Le café Pican se trouve juste sur

 17   la route.

 18   Mme Glumac (interprétation). - Et dans cette même zone, il y a

 19   encore un autre café ?

 20   M. Vidovic (interprétation). - Oui, celui de Ivo Vidovic qui se

 21   trouve ici à une vingtaine de mètres de la route principale quand on va

 22   vers ma maison, sur le côté droit de la route.

 23   Mme Glumac (interprétation). - Donc ces deux cafés étaient

 24   pratiquement l'un à côté de l'autre ?

 25   M. Vidovic (interprétation). - Oui. Oui, ils n'étaient séparés


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  1   que par la route.

  2   Mme Glumac (interprétation). - Merci beaucoup, vous pouvez vous

  3   rasseoir.

  4   (Le témoin s'exécute.)

  5   Est-ce qu'il y avait des patrouilles villageoises dans votre

  6   partie du village en 1992 ?

  7   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  8   Mme Glumac (interprétation). - Vous rappelez-vous quand les

  9   hommes ont commencé à monter la garde, quand ont commencé à se créer ces

 10   patrouilles ?

 11   M. Vidovic (interprétation). - On a commencé à monter la garde

 12   après le conflit avec les Serbes, le conflit de 1992. Les gens ce sont

 13   organisés eux-mêmes et ils ont commencé à monter la garde car ils avait

 14   peur pour leurs familles. En effet, on racontait que dans les villages

 15   serbes de Tolovici, un hélicoptère était arrivé à plusieurs reprises et il

 16   y avait aussi un risque de vol d'automobiles parce que cela arrivait, des

 17   bandes volaient les voitures qui entraient par effraction dans les

 18   garages, ce genre de choses.

 19   Mme Glumac (interprétation). – Est-ce que vous avez fait partie

 20   vous-même de cette garde villageoise ?

 21   M. Vidovic (interprétation). – Non, jusqu'au premier conflit,

 22   jusqu'au premier conflit je n'ai fait partie d'aucune patrouille.

 23   Mme Glumac (interprétation). – Pourquoi est-ce que vous n'avez

 24   pas participé à ces patrouilles ?

 25   M. Vidovic (interprétation). – Car je n'avais pas d'armes, et je


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  1   travaillais toute la journée au marché. J'y travaillais très tôt le matin

  2   jusqu'au soir.

  3   Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit que les patrouilles

  4   ont été créées en 1992, mais dans quelle partie de l’année :, durant le

  5   premier semestre ou le deuxième semestre de 1992 ?

  6   M. Vidovic (interprétation). – A la fin du premier semestre,

  7   autrement dit on montait déjà la garde au mois d'avril ou au mois de

  8   mai 1992.

  9   Mme Glumac (interprétation). - Mais selon ce que de vous en

 10   savez, combien d'hommes participaient aux patrouilles dans votre secteur

 11   dans le village ?

 12   M. Vidovic (interprétation). – Eh bien, à l'époque ils n'étaient

 13   pas très nombreux en fait car ils n'avaient pas tous une arme. Ceux qui en

 14   avaient faisaient partie de la patrouille mais ils étaient une dizaine de

 15   Croates et, par la suite, des Musulmans sont arrivés de la partie basse du

 16   village et les patrouilles sont devenues mixtes

 17   Mme Glumac (interprétation). - Qui, parmi les Musulmans,

 18   participait à ces patrouilles avec les Croates dans votre village ? Est-ce

 19   que vous avez vu les Musulmans de votre village participer à ces

 20   patrouilles également ?

 21   M. Vidovic (interprétation). – Oui, (expurgé)

 22   (expurgé)  ont participé aux patrouilles. Ils patrouillaient avec

 23   deux Croates. Il y avait aussi un frère Vrebac avec Ljubo Santic et les

 24   (expurgé), Farhan Ahmic aussi. Lui venait de la partie basse du

 25   village. Ils se sont retrouvés aux abords du café d'Ivo. Je sais aussi que


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  1   (expurgé), faisait partie de ces patrouilles, ainsi que son gendre

  2   Miralem Strmonja.

  3   Mme Glumac (interprétation). – (expurgé),, Strmonja Miralem, ce

  4   sont des Musulmans n'est-ce pas ?

  5   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

  6   Mme Glumac (interprétation). – Pouvez-vous encore montrer sur la

  7   photographie aérienne quel était l'itinéraire sur lequel circulaient ces

  8   patrouilles ?

  9   (Le témoin montre l'emplacement.)

 10   M. Vidovic (interprétation). – Eh bien, elles partaient de la

 11   route principale en suivant ce chemin dans la direction de ma maison, la

 12   maison de Sdravko Vrebac ensuite et vers Pirici, jusqu'au hameau qu'on

 13   appelle Repsove Kuce, près la forêt. Non, j'ai fait une erreur. C'est ici,

 14   Repsove Kuce. Et ensuite, le chemin de retour qui prenait un virage au

 15   niveau de la forêt.

 16   Mme Glumac (interprétation). - Donc à partir de la route ?

 17   M. Vidovic (interprétation). – Oui, à partir de la route sur la

 18   gauche jusqu'à ma maison et puis vers Repsove Kuce et retour vers la

 19   maison de Niko Sakic par ce chemin-là.

 20   Mme Glumac (interprétation). - Très bien, merci beaucoup.

 21   Quand vous êtes entré dans ces patrouilles, vous avez dit que

 22   vous l'avez fait après le premier conflit ?

 23   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

 24   Mme Glumac (interprétation). – Est-ce qu'il y avait dans votre

 25   partie du village une personne qui organisait ces patrouilles ?


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  1   M. Vidovic (interprétation). – Non, il n'y avait personne. Nous

  2   nous organisions par nous-mêmes. Et à ce moment là, j'ai simplement

  3   remplacé à plusieurs reprises des hommes qui avaient patrouillé avant pour

  4   leur permettre de se reposer de dormir un peu.

  5   Mme Glumac (interprétation). – Comment est-ce que vous

  6   répartissiez les hommes, comment est-ce qu'on savait qui devait participer

  7   aux patrouilles le lendemain ?

  8   M. Vidovic (interprétation). – Il n'y avait pas de répartition.

  9   C'était un peu sur la base de "Aujourd'hui j'y vais, demain ce sera toi,

 10   je vais te remplacer" il n'y avait aucune répartition à proprement parler.

 11   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous avez eu les

 12   moindres rapports, relations avec des hommes qui patrouillaient dans

 13   l'autre partie du village ?

 14   M. Vidovic (interprétation). – Non, nous n'avions pas de

 15   relations, chacune des parties du village patrouillait pour elle-même,

 16   patrouillait autour des maisons de ce secteur pour protéger les femmes,

 17   les enfants, les vieux et les biens.

 18   Mme Glumac (interprétation). - Eh bien, nous allons maintenant,

 19   si vous le voulez bien, parler du premier conflit qui a eu lieu le

 20   19 octobre 1992. Où vous trouviez-vous ce jour-là, ce soir là ?

 21   M. Vidovic (interprétation). – Le 19 octobre 1992, j'ai passé la

 22   journée sur le marché, je travaillais, et comme d'habitude je suis rentré

 23   à la maison quand la nuit tombait. J'avais à ce moment-là une voiture, une

 24   Opel Kadet. J'ai laissé les objets que je transportais à la maison et je

 25   suis parti au café d'Ivo Vidovic aux alentours de 20 heures 30-21 heures.


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  1   Je ne sais pas exactement qui il y avait au café, mais en tout cas une

  2   quinzaine de personne s'y trouvaient et quelqu'un est arrivé de Busovaca

  3   et a annoncé que les Musulmans avaient érigé un barrage routier à Topola,

  4   près de notre cimetière. Une discussion s'est engagée sur sujet, sur cet

  5   événement, et au cours de cette discussion moi-même, Anto Vidovic et

  6   Pero Jelic avons décidé d'aller au cimetière parce que ce qu'on nous avait

  7   dit, c'est que les Musulmans creusaient des tranchées sur le côté gauche

  8   du cimetière, à l'intérieur même du cimetière. Or, une quinzaine de jours

  9   avant, j'avais fait installer un monument funéraire sur la tombe de ma

 10   mère, donc je voulais aller au cimetière pour vérifier que ce monument

 11   n'allait pas être détruit, que rien

 12   n'allait arriver qui aurait pu nous déplaire à tous.

 13   Donc vers 21 heures, nous avons pris le chemin du cimetière,

 14   moi, Anto et Pero. Nous sommes arrivés au cimetière. Nous sommes entrés

 15   dans le cimetière et, à l'intérieur du cimetière, nous n'avons trouvé

 16   aucun Musulman et nous n'avons pas remarqué non plus que quelqu'un

 17   creusait des tranchées à l'intérieur du cimetière. Mais juste à côté du

 18   cimetière, au niveau du virage, il y avait une chicane qui était installée

 19   avec quelques mines antichars et, un plus loin, on a entendu des bruits

 20   qui ressemblaient au bruit de quelqu'un qui aurait creusé la terre, et

 21   nous avons vu des silhouettes, mais je ne peux pas dire exactement combien

 22   parce qu'il faisait nuit, c'était l'obscurité.

 23   Nous n'avons parlé à personne à ce moment-là. Nous avons allumé

 24   une bougie sur la tombe et nous avons pris le chemin du retour. Nous avons

 25   marché jusqu'au moment où nous sommes arrivés à l'entrée de Ahmici sur la


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  1   route. A l'entrée même de Ahmici, il y avait un autre barrage. Un autre

  2   barrage qui était fait avec des morceaux de bois, des troncs d'arbre. Il y

  3   avait aussi, un peu plus loin, des mines antichars.

  4   Nous avons reconnu sur les lieux un certain nombre de Musulmans

  5   de la région : (expurgé), Ibrisim Pezer, son frère, (expurgé),

  6   (expurgé), qui était chauffeur d'autobus. Et il y avait aussi un

  7   autre Pezer qui, lui aussi, est chauffeur d'autobus. Je crois que son

  8   prénom est Nezer, mais je ne me rappelle pas avec certitude, et son surnom

  9   c'est "Scene".

 10   Mme Glumac (interprétation). - Nezer Ahmic ?

 11   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 12   Mme Glumac (interprétation). - Ces hommes, vous les avez

 13   reconnus ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 15   Mme Glumac (interprétation). - Mais au barrage, est-ce qu'il y

 16   avait d'autres hommes que vous n'avez pas reconnus ?

 17   M. Vidovic (interprétation). - En dehors des ces hommes, il y

 18   avait au niveau du

 19   barrage sept ou huit autres hommes que je ne connaissais pas. Et, j'y

 20   repense, il y avait aussi le fils de Cazim Ahmic. Il est rentré avec nous

 21   dans la direction de sa maison parce que sa maison se trouve aussi sur la

 22   route qui mène de Ahmici à Santici. Avec lui, il y avait aussi un jeune

 23   homme de grande taille, à qui j'ai demandé : "Mais tu viens d'où, toi ?"

 24   parce que je ne le connaissais pas, et lui a simplement marmonné : "Je

 25   suis d'ici", et il n'a plus rien dire d'autre.


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  1   A ce moment-là, ils se sont séparés de nous pour aller vers

  2   leurs maisons et nous, nous avons poursuivi notre chemin jusqu'au café de

  3   Vidovic.

  4   Mme Glumac (interprétation). - Mais les hommes que vous avez vus

  5   au niveau du barrage, avaient-ils des armes ?

  6   M. Vidovic (interprétation). - Oui, (expurgé)

  7   (expurgé) et

  8   un revolver et il portait l'uniforme des gardiens car il travaillait là-

  9   haut à l'usine Princip comme gardien. (expurgé) avait un fusil-

 10   mitrailleur, un de ces nouveaux fusils-mitrailleurs serbes.

 11   Mme Glumac (interprétation). - Et les autres hommes ?

 12   M. Vidovic (interprétation). - Les autres hommes, (expurgé)

 13   (expurgé)  avait une carabine de chasse et le jeune homme de grande

 14   taille qui était avec lui avait un fusil automatique.

 15   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce qu'il portait un

 16   uniforme ?

 17   M. Vidovic (interprétation). - (expurgé)

 18   (expurgé)  et tous ceux que je ne connaissais pas

 19   portaient l'uniforme. Donc (expurgé)

 20   vêtements de gardien de l'usine Princip. Et Ibrisim était en civil et son

 21   frère aussi.

 22   Mme Glumac (interprétation). - Et ces uniformes, est-ce que vous

 23   les avez reconnus ? Est-ce que c'étaient des uniformes de camouflage ou

 24   d'autres uniformes ?

 25   M. Vidovic (interprétation). - C'étaient tous des uniformes de


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  1   camouflage.

  2   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce qu'il y avait des

  3   emblèmes, des insignes sur ces uniformes, ou est-ce que vous ne l'avez pas

  4   remarqué ?

  5   M. Vidovic (interprétation). - Je ne me rappelle pas exactement

  6   s'il y avait des insignes sur ces uniformes, mais je sais que (expurgé)

  7   (expurgé).

  8   Mme Glumac (interprétation). - Et que s'est-il passé au niveau

  9   du barrage, quand vous y êtes arrivés ?

 10   M. Vidovic (interprétation). - Vous parlez du barrage de

 11   Ahmici ?

 12   Mme Glumac (interprétation). - Oui.

 13   M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, quand nous sommes

 14   arrivés au niveau du barrage, ils étaient derrière le barrage. Il y avait

 15   une espèce de bunker qui avait été construit avec des blocs, sur la

 16   droite, (expurgé).

 17   Mme Glumac (interprétation). - Mais vous dites un bunker.

 18   C'étaient des blocs mis les uns sur les autres ?

 19   M. Vidovic (interprétation). - Oui, des blocs placés les uns sur

 20   les autres pour former un carré le long de la route.

 21   Mme Glumac (interprétation). - Veuillez poursuivre, s'il vous

 22   plaît.

 23   M. Vidovic (interprétation). - Au moment où nous sommes arrivés

 24   à côté du café de Ivo...

 25   Mme Glumac (interprétation). - Excusez-moi, mais dites-nous quel


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  1   a été le sujet de conversation avec eux.

  2   M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, on a discuté de cette

  3   nouvelle qu'ont avait reçue, à savoir qu'ils étaient en train de détruire

  4   notre cimetière, de creuser des tranchées. Nous leur avons demandé de ne

  5   pas le faire pendant la nuit et (expurgé) qu'ils ne le feraient

  6   pas, de façon à éviter qu'il y ait un affrontement en raison de ces

  7   choses-là.

  8   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous leur avez demandé

  9   pourquoi ils avaient érigé ce barrage ?

 10   M. Vidovic (interprétation). - On a demandé à (expurgé) pourquoi il

 11   avait érigé ce barrage et il m'a répondu... Je ne sais plus très bien, je

 12   crois qu'il a passé de nécessité de reprendre les armes, mais je ne sais

 13   plus très bien.

 14   Mme Glumac (interprétation). - Donc à titre de vengeance ?

 15   M. Vidovic (interprétation). - Quelque chose comme cela.

 16   Mme Glumac (interprétation). - Vous êtes retournés jusqu'au café

 17   de Ivo Danicin à ce moment-là, et que s'est-il passé au cours de la

 18   soirée ?

 19   M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, ce  soir-là, nous avons

 20   annoncé que nous avions parlé avec les Musulmans, que nous leur avions

 21   demandé de ne pas creuser de tranchées dans le cimetière et qu'il n'y

 22   aurait pas de problème. Et puis je suis rentré à la maison pour aller

 23   dormir et le matin, vers 4 heures du matin, Dragan Vidovic, le fils de

 24   Niko, mon premier voisin, m'a réveillé. Il m'a dit qu'il fallait que je me

 25   lève car les Musulmans avaient bloqué la route, qu'ils laissaient passer


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  1   personne et qu'il fallait se réveiller.

  2   Mme Glumac (interprétation). –Excusez-moi…

  3   M. Vidovic (interprétation). - Oui ?

  4   Mme Glumac (interprétation). - Dragan Vidovic est votre voisin ?

  5   M. Vidovic (interprétation). – Dragan Vidovic, mais celui qu'on

  6   appelle Nikica, car il y en a cinq, le fils de Nikica, car il y a

  7   cinq Dragan Vidovic dans le village.

  8   Mme Glumac (interprétation). - Et ce Dragan Vidovic Nikica a une

  9   maison à Santici, n'est-ce pas ?

 10   M. Vidovic (interprétation). – Oui, de l'autre côté de la route

 11   par rapport à la maison de (expurgé).

 12   Mme Glumac (interprétation). – Merci, veuillez poursuivre.

 13   M. Vidovic (interprétation). - Je suis allé avec lui jusqu'à la

 14   maison de Satko, qui se trouve à Zume, à côté du stade. Satko s'est levé

 15   aussi, on était dans sa cour, il y avait de la brume ce matin-là et un peu

 16   avant 5 heures du matin, on a entendu une rafale qui provenait de la

 17   direction de Ahmici par là-bas. Et à 5 heures du matin, on a entendu une

 18   musique que je ne connaissais pas, je n'avais jamais entendu une telle

 19   musique jusque-là. Cette musique venait de la mosquée, car ils avaient des

 20   haut-parleurs puissants et l'annonce qui a été faite était la suivante :

 21   "Croates, rendez-vous, toute la ville est la ville du Jihad, vous êtes

 22   encerclés, vous n'avez pas la moindre chance".

 23   Après cela, il y a eu une détonation, et la musique ainsi que

 24   les mots qu'on entendait se sont tus. Il y avait de la brume, nous ne

 25   voyions rien et vers 6 heures 15, 6 heures 20, je suis parti avec Dragan


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  1   jusqu'à la maison de Mirko Sakic où j'ai retrouvé Mirko Sakic, Miro Puza,

  2   Dragan Samija, Mira Samija, Mira Vidovic, Anto Brnada, Mirko Grgic,

  3   Pero Jelic, et derrière nous, il y en avait d'autres qui arrivaient. Celui

  4   qu'on surnommait Zdenko Vrebac est arrivé aussi.

  5   Mme Glumac (interprétation). - Qui étaient ces hommes ?

  6   M. Vidovic (interprétation). - Ils étaient tous des habitants de

  7   Zume, de cette partie-là de Zume. C'étaient des civils.

  8   Mme Glumac (interprétation). - Donc c'étaient vos voisins ?

  9   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 10   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous voulez montrer

 11   aux juges, sur la photo aérienne, où vous êtes parti, quel est le chemin

 12   que vous avez pris jusqu'à la maison de Sakic et où elle se trouve ?

 13   M. Vidovic (interprétation). - Ceci est la maison de

 14   Anto Vidovic Satko. Ça c'est ma maison, donc c'est le chemin que j'ai pris

 15   pour aller jusqu'à sa maison et, de la maison de Satko, je suis parti avec

 16   Dragan en prenant cette route à côté de la maison de Mirko Vidovic où

 17   se trouvait un abri, ensuite la (expurgé), vers la maison de

 18   Niko Santic.

 19   Mme Glumac (interprétation). - Dites-moi encore, la maison de

 20   Niko Santic est là ? Montrez encore une fois, elle se trouve à quelle

 21   distance par rapport aux maisons Kupreskic ?

 22   M. Vidovic (interprétation). - Par rapport aux maisons

 23   Kupreskic, environ 150, 200 mètres, car pour arriver aux maisons des

 24   Kupreskic, il faut passer par cette vallée-là et c'est ici que se trouvent

 25   ces maisons-là.


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  1   Mme Glumac (interprétation). - Merci. Donc c'est là que se

  2   trouvent vos voisins. Vous arrivez et que s'est-il produit ? Avez-vous vu

  3   ou entendu quelque chose ?

  4   M. Vidovic (interprétation). - Vers 6 heures 30, on a entendu

  5   des coups de feu venant de la partie inférieure de Ahmici et, par la

  6   suite, nous avons appris que ces coups de feu ont été tirés de la région

  7   autour du cimetière ou du cimetière même. Du cimetière croate. Donc moi,

  8   Vidovic et Zdravko Vrebac -puisqu'aucun des Kupreskic n'était là-, nous

  9   sommes allés dans la vallée et nous avons essayé de voir, mais il a fallu

 10   monter un peu pour voir si quelqu'un était sur place. Donc nous avons

 11   regardé, nous avons vu Zoran et Mirjan Kurpeskic; leurs femmes et les

 12   leurs enfants, près de la maison du père de Iviza Vidovic, donc d'Ivo. Et

 13   moi j'ai aidé Zoran et Zdravko a aidé Mirjan à porter l'enfant, étant

 14   donné qu'il portait aussi des sacs pour les enfants, et donc nous les

 15   avons apportés jusqu'à la maison de Niko Sakic. Ils ont poursuivi le

 16   chemin jusqu'à l'abri et moi, je suis resté à la maison de Niko Sakic.

 17   Mme Glumac (interprétation). – Savez-vous jusqu'à quel abri ils

 18   sont allés ? Où sont-ils allés ?

 19   M. Vidovic (interprétation). - Nous leur avons dit d'aller vers

 20   notre maison, Mira, la femme de Zoran était chez moi, et la femme de

 21   Mirjan était chez Zdenko Vrebac dans la maison de sa sœur, dans la cave.

 22   Mais elle venait parfois jusqu'à ma maison à moi, car c'est juste à côté.

 23   Mme Glumac (interprétation). – Sont-ils allés chez leur soeur ?

 24   M. Vidovic (interprétation). – Ils sont restés là pendant très

 25   peu de temps et ils ont continué jusqu'à Santici où se trouvait la soeur


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  1   de Zoran et de Mirjan.

  2   Mme Glumac (interprétation). - Où se trouve la maison de leur

  3   soeur ? Comment s'appelle-t-elle, leur sœur ?

  4   M. Vidovic (interprétation). - Leur sœur est à Santici, c'est la

  5   maison de Anto Rajic et elle s'appelle Zorica. On ne voit pas leur maison

  6   sur cette carte, elle se trouverait ici. Voici.

  7   Mme Glumac (interprétation). - Donc ça encore, c'est Santici,

  8   n'est-ce pas ?

  9   M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est Santici.

 10   Mme Glumac (interprétation). - Donc après avoir aidé leurs

 11   femmes et leurs enfants à gagner l'abri, savez-vous si, eux aussi, ils

 12   sont allés chez leur soeur par la suite ? Vous l'ont-ils dit ?

 13   M. Vidovic (interprétation). - Ils ne me l'ont pas dit.

 14   Mme Glumac (interprétation). – Sont-ils revenus jusqu'à vous ?

 15   M. Vidovic (interprétation). – Oui, ils sont rentrés nous

 16   rejoindre et ils ont passé la journée près de la maison de Niko.

 17   Mme Glumac (interprétation). – Que s'est-il produit ensuite dans

 18   le village ? Vous avez entendu encore des coups de feu ?

 19   M. Vidovic (interprétation). - Par la suite, des femmes et des

 20   enfants allaient dans l'abri et à Ahmici, on entendait des coups de feu.

 21   Fort.

 22   Mme Glumac (interprétation). - Quel Ahmici ?

 23   M. Vidovic (interprétation). – Donje Ahmici près du cimetière.

 24   Mme Glumac (interprétation). - Et ces coups de feu ont duré

 25   pendant combien de temps ? C'étaient des coups de feu sporadiques ou


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  1   puissants ?

  2   M. Vidovic (interprétation). – Pendant que nous aidions Zoran

  3   Tiran et Mirjan, des tirs de feu étaient assez forts, mais dans l'après-

  4   midi, ceci s'est calmé vers 4 heures de l'après-midi.

  5   Mme Glumac (interprétation). - Avez-vous vu où on tirait et ce

  6   qui se passait ? Qui participait aux combats ?

  7   M. Vidovic (interprétation). – Depuis l'endroit où nous nous

  8   trouvions derrière la maison de M Sakic, nous n'avons pas pu voir car il y

  9   avait du brouillard et le bois bloquait notre vision aussi. Et par la

 10   suite, j'ai appris qu'un Croate et un Musulman ont été tués. Je pense que

 11   le Musulman s'appelait Halid Pezer et l'autre Andelko Vidovic. Il était

 12   d'une unité de Busovaca qui allait vers Jajce.

 13   Mme Glumac (interprétation). – Halid Pezer était un soldat ? Le

 14   savez-vous ?

 15   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

 16   Mme Glumac (interprétation). - Comment le savez-vous ?

 17   M. Vidovic (interprétation). – Il était en âge, apte au combat,

 18   il avait plus de 18 ans et les Musulmans envoyaient leurs hommes près de

 19   Sarajevo à Kacici, Cekrcici. Je sais que quand les hommes revenaient de

 20   Cekrcici, en passant par Ahmici, ils tiraient en l'air pour manifester

 21   leur joie d'avoir survécu.

 22   Mme Glumac (interprétation). - Je n'ai toujours pas compris

 23   cette partie-là. Vous avez vu Halid Pezer, c'est pourquoi vous saviez

 24   qu'il était un soldat ?

 25   M. Vidovic (interprétation). – Nous les voyions parfois en


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  1   uniforme quand ils allaient vers Sarajevo à Cekrcici, ils s'y rendaient en

  2   voiture et en camion.

  3   Mme Glumac (interprétation). – Là, vous parlez des Musulman que

  4   vous avez vus ?

  5   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

  6   Mme Glumac (interprétation). - Ce jour-là, avez-vous remarqué

  7   certaines maisons

  8   incendiées ?

  9   M. Vidovic (interprétation). – Ce jour-là nous avons remarqué,

 10   seulement dans la partie inférieure, quelques flammes, et par la suite

 11   nous avons appris que c'était la maison de Sudzuka qui avait brûlé, une

 12   étable et puis l'étable de Drago Josipovic.

 13   Mme Glumac (interprétation). - Avez-vous remarqué la population

 14   musulmane qui quittait le village ?

 15   M. Vidovic (interprétation). – Oui, derrière la maison de Mirko,

 16   dans une forêt, j'ai remarqué un homme et une femme qui amenaient leurs

 17   vaches et qui allaient vers la partie supérieure de Ahmici. Et à ce

 18   moment-là, moi-même, Mirko, Dragan Vidovic et je crois et que Zoran était

 19   avec nous lui aussi, nous sommes allés dans une partie boisée de la vallée

 20   et près de la maison de Vidovic Rudo. Nous avons entendu quelques voix et

 21   depuis cette partie en boisée, j'ai rampé un peu pour voir qui parlait. Et

 22   là, dans l'abri, se trouvait Goga Vidovic, sa mère, et puis nous avons

 23   entendu quelques voix d'hommes. Je suis resté environ une minute ou deux

 24   sur place et quand j'ai entendu Goga* s'adresser à l'un d'eux en utilisant

 25   leurs noms, j'ai compris qu'ils étaient des Musulmans.


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  1   Mme Glumac (interprétation). – Est-ce qu'ils se cachaient dans

  2   cet abri ?

  3   M. Vidovic (interprétation). – Oui, ils étaient tous dans la

  4   cave, dans cet abri.

  5   Mme Glumac (interprétation). – Est-ce que vous pourriez montrer

  6   sur cette photo aérienne cette maison de Rudo Vidovic ? La maison qui n'a

  7   pas été terminée ?

  8   (Le témoin s'exécute.)

  9   M. Vidovic (interprétation). – Voici, la maison était là et nous

 10   étions dans cette partie où il y avait quelques arbres. En bas, il y a la

 11   forêt et le chemin passe par ici, donc je suis venu depuis cette vallée là

 12   jusqu'à la maison. Ensuite, je suis rentré.

 13   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que Gordana Vidovic

 14   parlait normalement avec ces personnes-là ? Leurs voix n'étaient pas

 15   élevées ?

 16   M. Vidovic (interprétation). – Non, non ils parlaient tout à

 17   fait normalement.

 18   Mme Glumac (interprétation). - Veuillez vous asseoir.

 19   (Le témoin s'exécute.)

 20   Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit que vous avez

 21   entendu des tirs jusqu'à l'après-midi. Que s'est il produit ensuite après

 22   que les coups de feu se sont arrêtés ?

 23   M. Vidovic (interprétation). – Après que les coups de feu se

 24   sont arrêtés, nous avons passé toute la journée, et je pense même toute la

 25   nuit, à la maison de Niko Sakic, c'est-à-dire près de la maison, dans une


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  1   remise à bois et le lendemain j'ai continué à travailler au marché et les

  2   Musulmans qui avaient travaillé au marché tout comme moi ne sont pas

  3   rentrés pendant trois ou quatre jours.

  4   Mme Glumac (interprétation). - Quels Musulmans ?

  5   M. Vidovic (interprétation). – Je parle uniquement des Musulmans

  6   de Ahmici, Alaga Ahmic par exemple travaillait avec moi au marché, puis il

  7   y en a eu quelques uns de plus.

  8   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que tous les Musulmans ont

  9   quitté le village le 20 octobre, le savez-vous ?

 10   M. Vidovic (interprétation). – En ce qui concerne ma partie du

 11   village, personne ne l'a quittée. Je parle de (expurgé) avec sa famille

 12   et puis Miralem Stramonja non plus, (expurgé) non plus. Seulement trois ou

 13   quatre de leurs fils sont allés à Pirici chez Zehir, étant donné qu'assez

 14   souvent il passait la nuit chez lui. Sinon, en ce qui concerne l'autre

 15   partie de la population, personne n'est parti.

 16   Mme Glumac (interprétation). - Donc ce que vous dites, c'est que

 17   vous avez continué à voir vos voisins dans le village les jours suivants ?

 18   M. Vidovic (interprétation). – Oui, le jour même et puis les

 19   jours suivants aussi.

 20   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous savez si les

 21   Musulmans sont

 22   partis d'autres parties du village ou est-ce que vous ne savez pas ?

 23   M. Vidovic (interprétation). – Je ne sais pas. En ce qui

 24   concerne ceux que j'ai vus quitter la partie inférieure pour se rendre

 25   dans la partie supérieure, je l'ai dit, mais quant aux autres, je ne sais


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  1   pas, je ne les ai pas vus.

  2   Mme Glumac (interprétation). -  Est-ce que vous savez si qui que

  3   ce soit parmi les Musulmans a demandé que les armes soient rendues après

  4   les premiers conflits ? En fait, ce que je veux demander c'est : est-ce

  5   que les Croates l'ont demandé ?

  6   M. Vidovic (interprétation). – J'ai entendu que les Croates ont

  7   demandé que quatre fusils qui avaient été confisqués au barrage qui se

  8   trouvait près du cimetière leur soient rendus. Mais quant aux autres

  9   situations semblables, je n'en sais rien.

 10   Mme Glumac (interprétation). - Savez-vous qui l'a demandé ?

 11   M. Vidovic (interprétation). –Je ne sais pas.

 12   Mme Glumac (interprétation). -  Sur cette photo aérienne, je

 13   demanderai que certaines de ces positions soient indiquées étant donné que

 14   nous allons nous référer à cela en parlant de l'autre conflit, donc je

 15   demanderai l'aide de l'huissier en ce moment s'il vous plaît.

 16   (L'huissier s'exécute.)

 17   Mme Ameerali (interprétation). - C'est le document D 82/2.

 18   Mme Glumac (interprétation). - S'il vous plaît,

 19   Monsieur Vidovic, veuillez marquer par un cercle votre maison. Où se

 20   trouve-t-elle ?

 21   (Le témoin marque l'emplacement.)

 22   Veuillez maintenant indiquer la maison de Miko ou plutôt de

 23   Niko Sakic.

 24   (Le témoin marque l'emplacement.)

 25   Est ce que vous pourriez tracer la ligne sur la route menant de


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  1   votre maison à celle de Niko Sakic ?

  2   (Le témoin s'exécute.)

  3   Et maintenant en partant de la maison de Niko Sakic, pouvez-vous

  4   montrer quel est le chemin pour aller vers les maisons Kupreskic ?

  5   M. Vidovic (interprétation). – Vous voulez que je dresse une

  6   ligne encore une fois ?

  7   Mme Glumac (interprétation). – Oui, utilisez votre feutre, s'il

  8   vous plaît.

  9   (Le témoin s'exécute.)

 10   Mme Glumac (interprétation). – C'est un chemin ?

 11   M. Vidovic (interprétation). – C'est un chemin de piétons, la

 12   route s'arrête à la maison de Niko.

 13   Mme Glumac (interprétation). – Veuillez maintenant marquer

 14   l'endroit où vous vous trouviez le 20. Quel est l'endroit, quand vous avez

 15   dit que vous êtes arrivé jusqu'à la maison de Niko Sakic et que vous êtes

 16   allé dans la partie inférieure, dans la petite vallée ?

 17   M. Vidovic (interprétation). – C'est ici que j'ai aidé la

 18   famille de Mirjan et Zoran, c'est là que je les ai accompagnés jusqu'à la

 19   maison ici et jusqu'à la maison de Niko et je suis resté et eux, ils ont

 20   poursuivi leur chemin.

 21   Mme Glumac (interprétation). – Et où étiez-vous ce jour-là ?

 22   M. Vidovic (interprétation). – Derrière la maison de Niko,

 23   jusqu'au bord de ce petit bois, dans cette partie où se trouvaient

 24   quelques arbres.

 25   Mme Glumac (interprétation). – Est-ce que cette partie-là


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  1   bénéficie d'une sorte de protection naturelle, toute la vallée ?

  2   M. Vidovic (interprétation). – Oui, c'est la forêt et puis la

  3   vallée est assez profonde donc il n'est pas possible de voir ce qu'il y a

  4   à l'intérieur de la vallée avant d'arriver jusqu'à son bord.

  5   Mme Glumac (interprétation). – Pouvez-vous montrer encore une

  6   fois où se trouvait ce barrage routier ? Celui dont nous avons parlé,

  7   celui qui était près du cimetière ?

  8   M. Vidovic (interprétation). – Voilà ici, où se trouve ce virage

  9   et c'est ici qu'ils ont creusé les tranchées. Et puis aussi à l'entrée de

 10   Ahmici, près de ces deux maisons-là.

 11   Mme Glumac (interprétation). – Donc vous voulez dire qu'il y

 12   avait un barrage près du cimetière et un autre à l'entrée, mais quant aux

 13   tranchées, vous l'avez vu plus tard aussi ?

 14   M. Vidovic (interprétation). – Oui, j'ai vu des tranchées qui

 15   avaient été creusées et j'ai appris que des combats s'étaient déroulés

 16   autour de ces tranchées-là et c'est là que Halid Pezer et Andelko Vidovic

 17   sont morts. Ils sont morts sur la route en bas.

 18   Mme Glumac (interprétation). – Je pense que maintenant nous

 19   pouvons suspendre, nous pouvons faire la pause et ensuite nous pourrons

 20   continuer avec l'autre partie de la déposition du témoin, pour éviter de

 21   l'interrompre.

 22   M. le Président (interprétation). – Très bien, donc nous allons

 23   faire une pause maintenant.

 24   L'audience, suspendue à 10 heures 24, est reprise à

 25   10 heures 40.


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  1   M. le Président (interprétation). – Maître Glumac.

  2   Mme Glumac (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

  3   Après le premier conflit, quelles étaient les relations entre les

  4   Musulmans et les Croates dans le village ? Est-ce que vous-même vous avez

  5   remarqué un certain nombre de problèmes ?

  6   M. Vidovic (interprétation). - Après le premier conflit, les

  7   relations entre les Croates et les Musulmans étaient quelque peu tendues.

  8   Il y avait un manque de confiance également que nous avons pu remarquer.

  9   Les patrouilles villageoises n'étaient plus mixtes, les Croates étaient

 10   d'un côté, les Musulmans de l'autre, montaient la garde autour de leurs

 11   maisons et même sur le marché, je sentais auprès des gens qui étaient à

 12   côté de moi un manque de confiance, on ne pouvait pas véritablement faire

 13   ensemble un certain nombre de choses comme auparavant.

 14   Mme Glumac (interprétation). - Y avait-il des incidents dans le

 15   village ? Avez-vous gardé le souvenir, y avait-il des problèmes dans votre

 16   village entre les Musulmans et les Croates ?

 17   M. Vidovic (interprétation). - Dans la partie que j'habitais du

 18   village, il n'y avait pas de problème entre les Musulmans et les Croates

 19   ni avant ni après le premier conflit.

 20   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous avez remarqué

 21   qu'il y avait des barrages qui étaient érigés dans le village et du côté

 22   musulman ?

 23   M. Vidovic (interprétation). - Un soir après le premier conflit,

 24   une trentaine de jours après, un de mes amis, Mirko Grgic, qui avait la

 25   voiture Mercedes, s'est saoulé quelque peu. Je suis monté dans sa voiture,


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  1   il était 21 heures 30 à peu près, le soir. Il a donc tourné vers Ahmici

  2   avec sa voiture. Je lui ai dit de ne pas y aller, mais lui, il conduisait,

  3   il était au volant et donc il a pris la route vers Ahmici. Nous avons

  4   dépassé la maison de Vlatko Kupreskic et nous nous sommes dirigés vers

  5   Gornja Ahmici. Quelque peu au-dessus de la maison de Vlatko Kupreskic, il

  6   y avait le barrage musulman qui a été érigé. Il y avait des obstacles et

  7   également des troncs qui étaient sur la route. Ils nous ont arrêtés et ils

  8   nous ont demandé de ne plus dépasser ce barrage, et ce barrage était juste

  9   à côté de la maison de Suad Ahmic de Zijad son père. Il y avait

 10   Sesko Pezer, Zuhtija Pezer, Ibrisim Pezer qui se trouvaient sur le

 11   barrage.

 12   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que les gens étaient

 13   armés ?

 14   M. Vidovic (interprétation). – Oui, ils étaient armés. Ahmic

 15   s'est approché de Mirko et Suad Ahmic s'est approché de Mirko et lui a dit

 16   qu'il ne pouvait pas dépasser ce barrage et Mirko a fait marche arrière.

 17   Il a fait marche arrière avec sa voiture et nous sommes retournés. Je l'ai

 18   critiqué, car j'ai considéré que ce n'était pas recommandé de se rendre

 19   dans d'autres parties, notamment dans les parties du village peuplées par

 20   les Musulmans ou d'autres,

 21   peu importe, il ne fallait pas circuler.

 22   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous avez eu peur à ce

 23   moment-là ?

 24   M. Vidovic (interprétation). – Oui, j'ai eu peur et je lui ai

 25   dit que je n'allais plus monter dans sa voiture et je lui ai dit également


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  1   d'autres choses mais, de toute façon, je ne suis plus jamais parti avec

  2   lui où que ce soit et notamment la nuit.

  3   Mme Glumac (interprétation). - Le 15 avril 93, le jour qui a

  4   précédé le conflit du 16 avril à Vitez, vous vous trouviez où et qu'avez-

  5   vous fait ?

  6   M. Vidovic (interprétation). – Ce jour-là, j'étais comme

  7   toujours sur le marché. Et j'avais un kiosque également dans la partie

  8   haute de Vitez et sur le marché, j'ai vu beaucoup de Musulmans également,

  9   il y avait un certain nombre de mes amis également, comme Mirko Grgic,

 10   Anto Brnada, et j'ai vu également mon frère.

 11   Mme Glumac (interprétation). - Comment s'appelle-t-il, votre

 12   frère ?

 13   M. Vidovic (interprétation). – Zoran Vidovic. Il était du PZO

 14   mais, ce jour-là, il portait des vêtements civils, il se trouvait dans le

 15   café Lovac, le chasseur, avec les garçons du marché, Zlovenko et Liljo,

 16   ils étaient ensemble assis à une table.

 17   Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit que votre frère

 18   était au sein du PZO. Est-ce que c'est la défense anti-aérienne ?

 19   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 20   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que le PZO faisait partie

 21   du HVO ?

 22   M. Vidovic (interprétation). – Non, le PZO était mixte à

 23   l'époque, il y avait des Musulmans, des Croates qui se trouvaient sur les

 24   canons antiaériens et ceci à cause de raids aériens… des Serbes qui

 25   bombardaient Busovaca et ensuite l'usine de Vitez.


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  1   Mme Glumac (interprétation). - A cette époque-là, ils

  2   protégeaient l'usine de SPS ?

  3   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  4   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que votre frère également

  5   vous a donné une information, étant donné qu'il était au sein du PZO ?

  6   Etait-il en contact avec le HVO ? Vous a-t-il dit également qu'il y avait

  7   quelque chose qui aurait pu se passer le lendemain ?

  8   M. Vidovic (interprétation). – Non, il ne m'a rien dit, je pense

  9   qu'il n'était pas au courant, il ne savait rien. Il est resté ce jour-là

 10   dans ce café. Ensuite, il est allé à Stari Vitez dans le foyer des

 11   sapeurs-pompiers et c'est là où il a passé la nuit dans une maison

 12   musulmane, et je n'ai jamais entendu parler de lui. Même pas aujourd'hui.

 13   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous savez qui avait

 14   emmené votre frère de cette maison musulmane et où ?

 15   M. Vidovic (interprétation). - Je sais que Safeta Hodic, fils de

 16   Sajo, est le beau-frère de Safeta Hodic qui habitait cette maison, je ne

 17   connais pas tout à fait bien son nom, et ensuite il y avait Bugar Abdic,

 18   surnommé "Cicko", et deux autres policiers. J'ai entendu dire qu'ils

 19   étaient originaires de Preocica, ils travaillaient dans cette partie de

 20   Vitez. Le siège du commandement se trouvait dans la caserne des pompiers.

 21   Mme Glumac (interprétation). - Ces personnes qui ont emmené

 22   votre frère étaient membres de la police militaire de l'armée de Bosnie-

 23   Herzégovine ?

 24   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 25   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous avez trouvé sa


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  1   dépouille mortelle ?

  2   M. Vidovic (interprétation). - Non.

  3   Mme Glumac (interprétation). - Vous êtes rentré chez vous et

  4   vous n'avez eu aucune information ?

  5   M. Vidovic (interprétation). – Non, je n'ai eu aucune

  6   information, je suis resté avec ma famille chez moi, à la maison, je me

  7   suis couché et le lendemain matin, vers 4 heures, Slavko Papic m'a

  8   réveillé. Il m'avait dit qu'il fallait que je me lève. Il m'a dit que

  9   c'était

 10   indispensable que la majorité parmi nous soit réveillée, car il y avait

 11   des affrontements qui se préparaient. Je ne l'ai pas tout à fait bien

 12   compris. Il m'a dit qu'il fallait que je reste réveillé. Je me suis

 13   habillé et je suis sorti sur la route juste devant ma maison.

 14   Je suis arrivé jusqu'à la maison de mon frère. J'ai frappé à sa

 15   porte et je ne savais pas que mon frère était resté dans cette maison. Je

 16   pensais qu'il était venu pour passer la nuit chez lui. J'ai frappé à sa

 17   porte. Personne ne m'a ouvert. Je me suis posé la question, je me suis dit

 18   qu'il y avait quelqu'un qui l'avait réveillé avant, étant donné qu'il

 19   était membre du PZO, et c'est là où je me suis dirigé vers la maison de

 20   Niko Sakic.

 21   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous avez rencontré

 22   quelqu'un sur la route ?

 23   M. Vidovic (interprétation). – Oui, il y avait un certain nombre

 24   de personnes que j'ai rencontrées, qui étaient des villageois. Derrière la

 25   maison de Slavko Papic, j'ai rencontré Anto Vidovic Sahko et


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  1   Ivica Vidovic, son frère. Nous avons parlé quelque peu et nous sommes

  2   arrivés ensemble jusqu'à la maison de Niko Vidovic. Il y avait un abri

  3   dans cette maison et c'est là qu'ils sont restés, alors que moi je suis

  4   allé plus loin, jusqu'à la maison de Niko Sakic.

  5   Mme Glumac (interprétation). - Vous pouvez montrer sur cette

  6   photo, s'il vous plaît, où vous êtes parti une fois que vous avez

  7   rencontré Ivica Vidovic et Sahko, où se trouvaient-ils, s'il vous plaît ?

  8   (Le témoin indique les emplacements.)

  9   M. Vidovic (interprétation). - J'ai rencontré ici Sahko et

 10   Ivica Vidovic et là, c'est la maison de Niko Vidovic et de son oncle, et

 11   c'est là où ils sont restés alors que moi, j'ai continué pour rejoindre la

 12   maison de Niko Sakic.

 13   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous étiez armé ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 15   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous portiez

 16   l'uniforme ?

 17   M. Vidovic (interprétation). – Non, j'avais juste une veste de

 18   camouflage, mais rien d'autre.

 19   Mme Glumac (interprétation). - Ce matin, quand Slavko Papic vous

 20   a réveillé, quand il vous a demandé de sortir, qu'il y avait des problèmes

 21   qui pouvaient survenir, est-ce qu'il vous a dit exactement ce qui allait

 22   se passer, où vous deviez vous rendre, ce que vous deviez faire ?

 23   M. Vidovic (interprétation). – Non, il m'a tout simplement

 24   réveillé et je suis resté à la fenêtre, chez moi. Je me suis habillé. Je

 25   ne l'ai plus rencontré. Je suis allé intuitivement vers la maison de


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  1   Niko Sakic parce qu'il y avait l'abri, comme je vous l'ai dit, dans la

  2   maison de Niko Sakic.

  3   Mme Glumac (interprétation). - Vous êtes allé jusqu'à la maison

  4   de Niko Sakic ?

  5   M. Vidovic (interprétation). – Oui, elle est là.

  6   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous avez trouvé les

  7   gens dans cette maison ?

  8   M. Vidovic (interprétation). – Oui. J'ai pu voir là-bas

  9   Pero Jeljic, Miro Vidovic, Miru Puda, c'est une femme, et ensuite il y en

 10   a d'autres qui sont arrivés, des villageois. Mirko Grgic est arrivé,

 11   Anto Brnada étant donné que sa maison est tout à fait à côté des maisons

 12   de Sakic, c'est cette maison-là, et à vrai dire nous nous sommes quelque

 13   peu perdus, on s'est posé la question, on ne savait pas ce qui se passait.

 14   Mme Glumac (interprétation). – Et ces gens-là dont vous parlez,

 15   ce sont donc les gens qui habitaient les maisons environnantes ?

 16   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

 17   Mme Glumac (interprétation). - Vous êtes resté combien de temps

 18   à cet endroit-là ?

 19   M. Vidovic (interprétation). – C'est le matin que je suis passé

 20   à cet endroit-là.

 21   Mme Glumac (interprétation). - Avez-vous rencontré d'autres

 22   personnes, outre les villageois, les voisins dont vous avez énuméré les

 23   noms ? Avez-vous vu d'autres personnes ?

 24   M. Vidovic (interprétation). – A 5 heures de l'après-midi en

 25   provenance de Kucurine*, Kuce et des maisons des Kupreskic, et Zoran est


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  1   venu avec son épouse, ses enfants, Mirjan avec son épouse également et ses

  2   enfants. Il y avait également la belle-mère de Mirjan qui était là. Il se

  3   sont arrêtés à côté de moi et de Mirko jusque aux abords de cette forêt, à

  4   côté de la maison de Mirko. J'avais dit à Zoran d'aller vers ma maison,

  5   alors Zoran avec son épouse est allé dans ma maison et ils sont restés

  6   chez moi, toute la famille. Mirjan en revanche, avec ses enfants et son

  7   épouse, sont restés dans l'abri qui se trouve juste à côté de ma maison.

  8   C'est cette maison qui est en face de la mienne.

  9   Mme Glumac (interprétation). – A qui appartient cette maison ?

 10   M. Vidovic (interprétation). – C'est la maison de Josa Vrebac et

 11   de son beau-frère. C'est un Macédonien dont je ne connais pas le nom,

 12   c'est quelqu'un qui n'a jamais vécu chez nous. Je pense qu'il habitait un

 13   pays étranger.

 14   Mme Glumac (interprétation). - Vous pouvez-vous rasseoir.

 15   Vous avez vu qu'ils emmenaient leur (maison ?) en direction de

 16   Zume, n'est-ce pas ?

 17   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

 18   Mme Glumac (interprétation). – C'est la route que vous nous avez

 19   montrée.

 20   M. Vidovic (interprétation). – Oui, c'est la route qui est entre

 21   ma maison et la maison de Niko Sakic. Une fois qu'ils ont été partis, il y

 22   avait une trentaine de personnes qui étaient armées, bien armées en

 23   uniformes de camouflage et également les visages peints, il faisait encore

 24   sombre, on ne voyait pas clairement parce que c'était le matin, ils

 25   portaient des uniformes noirs et comme j'ai dit, ils avaient le visage


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  1   couvert de peinture. Il y avait des personnes qui avaient des uniformes de

  2   camouflage. Et ils portaient des armes automatiques.

  3   J'ai vu qu'ils étaient armés, mais bien armés.

  4   Mme Glumac (interprétation). – Qu'est-ce qu'ils portaient comme

  5   armes ?

  6   Mme Glumac (interprétation). – Ils avaient des fusils

  7   automatiques. Ils portaient également un "Sekler". C'est un fusil avec le

  8   tuyau beaucoup plus long. Ensuite, ils avaient des fusils RPG, puis des

  9   Centurions avec des cartouches pour les fusils automatiques.

 10   Mme Glumac (interprétation). -  Je vous en prie, un peu plus

 11   lentement. Pouvez-vous dire ce qu'est un RPG ?

 12   M. Vidovic (interprétation). – Ce sont des lance-roquettes

 13   légers.

 14   Mme Glumac (interprétation). - Vous avez parlé de RAP

 15   également ?

 16   M. Vidovic (interprétation). – RAP, c'est une sorte de

 17   Centurion. Il y a des cartouches qui sont portées sur cette ceinture et

 18   c'est ce qu'on appelait RAP.

 19   Mme Glumac (interprétation). – Ils les portaient où ?

 20   M. Vidovic (interprétation). – Ce sont des chargeurs et on les

 21   portait devant et c'était multicolore comme l'uniforme également. Bigarré.

 22   Mme Glumac (interprétation). – Que portaient-ils sur la tête ?

 23   M. Vidovic (interprétation). – Des casques et des couvre-chefs

 24   noirs et des bonnets noirs.

 25   Mme Glumac (interprétation). - Ils portaient également des


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  1   ceinturons ?

  2   M. Vidovic (interprétation). – Oui, ils avaient des ceinturons.

  3   Ils avaient également des pistolets et des étuis à pistolet. Il y avait

  4   également des emblèmes verts qu'ils portaient sur le bras gauche. Il y a

  5   quelqu'un qui nous a demandé des allumettes au moment où il s'approchait

  6   de nous. Comme je ne fume pas, je n'en n'avais pas et je ne pouvais pas en

  7   donner. J'ai reconnu Mirjan Santic également. Lui n'avait pas le visage

  8   couvert de peinture, il avait juste une écharpe autour du cou..

  9   Mme Glumac (interprétation). - D'où vous le connaissez ?

 10   M. Vidovic (interprétation). – Je connais Mirjan depuis

 11   longtemps parce qu'il habitait Santici. Il habite dans cette partie où

 12   habitait également la soeur de Zoran et de Mirjan, au centre-ville de

 13   Santici.

 14   Mme Glumac (interprétation). - Il est né à Santici et il

 15   habitait Santici ?

 16   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

 17   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce qu'on voit sa maison sur

 18   la carte ?

 19   M. Vidovic (interprétation). – Ça doit être un peu plus bas,

 20   mais on ne voit pas très bien sur la carte parce que c'est une maison qui

 21   est construite toute neuve, mais il y a également la maison des parents.

 22   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous avez vu pu

 23   reconnaître l'unité militaire et savoir de quelle unité il s'agissait ?

 24   M. Vidovic (interprétation). – J'ai vu l'emblème de la police

 25   militaire qui était porté par quelques-uns.


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  1   Mme Glumac (interprétation). - Et vous avez vu également des

  2   ceinturons blancs ?

  3   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

  4   Mme Glumac (interprétation). – Qu'en avez-vous conclu ?

  5   M. Vidovic (interprétation). – J'ai conclu qu'il s'agissait de

  6   la formation de la police militaire. Je connaissais déjà Mirjan, comme je

  7   l'ai dit, et je savais qu'il était incorporé dans la police militaire.

  8   J'ai conclu de ça qu'il s'agissait de la police militaire.

  9   Mme Glumac (interprétation). - Qu'est-ce que vous avez ressenti

 10   au moment où vous les avez rencontrés ?

 11   M. Vidovic (interprétation). – On a eu très peur. Ils ont surgi

 12   subitement. Des gens qui portaient des uniformes noirs comme dans un film,

 13   quand vous voyez comme ça, on a été surpris, époustouflés, et avec mon

 14   collègue on s'est regardés et on ne savait pas trop bien quoi dire. C'est

 15   comme si vous regardiez un film Ninja.

 16   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que qu'ils sont arrivés en

 17   provenance des maisons de Niko Sakic ou comment ? Pouvez-vous montrer s'il

 18   vous plaît sur la carte ?

 19   M. Vidovic (interprétation). – Ils sont arrivés de cette

 20   direction et se sont dirigés vers la maison de Niko, par conséquent sur la

 21   route que j'avais empruntée. Mirjan et Zoran ont emprunté la même route

 22   quand ils sont partis avec leur famille.

 23   Mme Glumac (interprétation). - Et ce groupe de gens est parti

 24   dans quelle direction ?

 25   M. Vidovic (interprétation). - Ils sont partis vers ce vallon,


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  1   et ensuite on ne les a plus vus. Ils sont allés vers les maisons des

  2   Kupreskic.

  3   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous avez entendu les

  4   tirs à ce moment-là ou non ?

  5   M. Vidovic (interprétation). - Non, pas tout de suite. On n'a

  6   pas entendu les tirs tout de suite. C'est peu après leur départ qu'on a

  7   entendu les tirs.

  8   Mme Glumac (interprétation). - Je voudrais vous poser une autre

  9   question. Au moment où ils sont partis, est-ce que vous avez vu les

 10   Kupreskic quelque part ?

 11   M. Vidovic (interprétation). - Au moment où ils sont partis,

 12   quelques minutes plus tard, j'ai aperçu Zoran et Mirjan qui sont arrivés

 13   de cette direction. Ils sont partis avec Mirko Sakic, Dragan Vidovic, avec

 14   Dragan Samija également. Ils sont partis dans ce vallon et ils sont allés

 15   après eux. Quelques minutes plus tard, je suis resté à cet endroit et

 16   j'attendais Mirko Grgic et j'attendais Anto également pour se joindre à

 17   moi et j'ai revu Zoran Kupreskic. Il avait emmené deux femmes de Didak et

 18   quatre enfants qui étaient dans la maison du frère de Ivica et qui ne

 19   voulaient pas partir tout de suite. Ce n'est que plus tard qu'ils sont

 20   partis ensemble avec Zoran dans la direction que je montre, alors que moi

 21   je suis parti avec Anto Brnaba, Mirko

 22   Grgic, avec Mira Puda, Mira Samija, Bila Zemlja, plus haut. Nous avons

 23   décidé de protéger les abris de Niko Vidovic et des maisons de Niko Sakic.

 24   C'était donc en contre-bas par rapport Bila Zemlja.

 25   Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit que Mirko Sakic et


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  1   Mirjan Kupreskic... Et qui encore était avec eux ?

  2   M. Vidovic (interprétation). - Ils sont partis dans le vallon.

  3   Mme Glumac (interprétation). - Oui, dans le vallon. Mais qui

  4   encore était avec eux ?

  5   M. Vidovic (interprétation). - Dragan Samija, Dragan Vidovic.

  6   Mme Glumac (interprétation). - Et Dragan Vidovic, qui ?

  7   M. Vidovic (interprétation). - Dragance, fils de Niko, celui qui

  8   m'avait réveillé.

  9   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous voyez où ils sont

 10   partis, où ils se sont installés ?

 11   M. Vidovic (interprétation). - Ils se sont installés en contre-

 12   bas de cette maison, dans un vallon. C'est assez profond, on ne peut

 13   pratiquement rien voir d'ici. C'est un vallon qui est naturel et qui a été

 14   protégé des trois côtés.

 15   Mme Glumac (interprétation). - S'agit-il du vallon où vous étiez

 16   pendant le premier conflit ?

 17   M. Vidovic (interprétation). - Non, c'est un autre vallon. C'est

 18   le vallon qui est en direction de la maison de Niko Sakic, alors qu'ils

 19   sont partis à gauche et c'est un triangle, le vallon, qui est protégé des

 20   trois côtés.

 21   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que ce vallon est un abri

 22   naturel ?

 23   M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est un vallon qui est

 24   protégé, comme je l'ai dit, des trois côtés. Il n'y a que l'obus qui

 25   aurait pu éventuellement tomber dans ce vallon. Mais on ne pouvait pas


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  1   tirer sur les gens qui étaient là-dedans.

  2   Mme Glumac (interprétation). - Merci, vous pouvez vous asseoir.

  3   La deuxième fois que vous avez aperçu Zoran, il était accompagné

  4   de ces réfugiés. Est-ce qu'à ce moment-là on a entendu les tirs ?

  5   M. Vidovic (interprétation). - J'ai entendu les premiers tirs

  6   avant que Zoran soit passé à côté de moi avec la famille Didak. J'ai

  7   entendu les tirs autour de la mosquée et ensuite on a entendu des tirs qui

  8   provenaient de toutes les directions. On ne pouvait pas déterminer

  9   exactement. De toute façon, les balles sifflaient autour de nous et

 10   provenaient de toutes les directions.

 11   Mme Glumac (interprétation). - Et où également vous avez entendu

 12   les tirs ?

 13   M. Vidovic (interprétation). - On avait entendu les tirs

 14   également juste à côté des maisons des Kupreskic, dans la partie basse du

 15   village, autour du cimetière, dans la partie basse du village, et vers

 16   Ahmici, au milieu, du côté des maisons des Kupreskic.

 17   Mme Glumac (interprétation). - Je vais vous montrer une autre

 18   carte et je vais vous demander de prendre le feutre et de marquer les

 19   positions occupée par Mirjan et par Vidovic, Sakic et surtout de nous

 20   montrer votre position par rapport à eux. Je vais demander l'aide de

 21   l'huissier.

 22   M. Vidovic (interprétation). - La même car te ?

 23   Mme Glumac (interprétation). - Non, non, on va en prendre une

 24   autre.

 25   Mme Ameerali (interprétation). - D83/2.


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  1   Mme Glumac (interprétation). - Prenez le feutre, s'il vous

  2   plaît, et marquez la lettre A à l'endroit où vous avez vu que Mirjan

  3   Kupreskic, Vidovic et Sakic se sont positionnés.

  4   (Le témoin indique les emplacements.)

  5   On le voit très peu. Est-ce que vous voulez une fois de plus le

  6   montrer plus clairement ?

  7   M. Vidovic (interprétation). - Je peux prendre le feutre noir ?

  8   Mme Glumac (interprétation). - Non, plutôt une autre couleur.

  9   Sur cette photographie, on voit l'endroit où il n'y a pas de

 10   forêt ?

 11   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 12   Mme Glumac (interprétation). - Quand dites que vous êtes parti à

 13   cet endroit que vous appelez Bela Zemja, cela se trouve où ?

 14   (Le témoin montre l'emplacement sur la carte.)

 15   Pourriez-vous apposer la lettre B à cet endroit ?

 16   (Le témoin s'exécute.)

 17   Il s'agissait également d'une partie qui était protégée d'une

 18   façon ou d'une autre ?

 19   M. Vidovic (interprétation). - C'est effectivement une partie

 20   qui était protégée d'une certaine façon parce qu'il y avait l'effondrement

 21   du terrain à cet endroit, car à l'époque il y avait une mine. On avait

 22   creusé des voies souterraines. La mine a été délaissée et avec la pluie,

 23   etc., il y avait des vallons qui se formaient naturellement, avec

 24   l'effondrement du terrain.

 25   Mme Glumac (interprétation). - Pourriez-vous entourer d'un


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  1   cercle la maison de Niko Sakic et la marquer avec le chiffre 1 ?

  2   (Le témoin s'exécute.)

  3   Savez-vous si les gens venaient dans sa maison pour s'abriter ?

  4   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  5   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous savez qui et de

  6   quelles parties du village ces gens sont venus ?

  7   M. Vidovic (interprétation). - Il y avait des femmes, des

  8   enfants, dont les maisons se trouvaient autour des maisons de Sakic et de

  9   Grgic, alors que les autres se sont abrités dans la maison de Niko

 10   Vidovic.

 11   Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous également entourer

 12   d'un cercle la maison de Niko Vidovic qui était un abri ?

 13   (Le témoin s'exécute.)

 14   Et inscrivez le numéro 2 à cet endroit, je vous prie.

 15   (Le témoin s'exécute.)

 16   Dans votre maison également un certain nombre de personnes ont

 17   trouvé refuge, n'est-ce pas ?

 18   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

 19   Mme Glumac (interprétation). - Qui s'est abrité dans votre

 20   maison ?

 21   M. Vidovic (interprétation). – Dans ma maison, il y avait

 22   Mira Kupreskic, la femme de Zoran avec ses enfants et, un peu plus tard,

 23   les deux femmes Didak sont arrivées aussi avec quatre enfants. Il y avait

 24   ma femme à moi, mon enfant. Il y avait aussi Safradin Jasna et sa fille,

 25   Kristina. Et quand je suis rentré à la maison vers 7 heures 30, j'ai vu


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  1   aussi la femme de Mirjan qui faisait quelque chose autour de la

  2   cuisinière, je pense qu'elle préparait à manger. Je ne suis pas resté

  3   longtemps d'ailleurs. Je suis resté quelques minutes avant de repartir,

  4   cinq ou dix minutes.

  5   Mme Glumac (interprétation). – Mais voulez-vous signaler votre

  6   maison où se trouvaient également des civils, marquer le numéro 3 à cet

  7   endroit et signaler la maison de Yozo Vrebac, ou plutôt celle de son beau-

  8   frère, et inscrire le numéro 4 à côté de cette maison ?

  9   (Le témoin s'exécute.)

 10   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous savez si des

 11   femmes, des enfants, des gens du voisinage se sont abrités dans cette

 12   maison également ?

 13   M. Vidovic (interprétation). – Oui, il y avait pas mal de

 14   personnes qui s'étaient abritées dans cette maison, car la partie

 15   inférieure de cette maison est totalement enterrée. Et, d'autre part, il y

 16   avait plus de place que dans ma maison à moi. Donc dans cette maison-là,

 17   le nombre de femmes et d'enfants qui s'y sont abrités était bien plus

 18   important que chez moi.

 19   Mme Glumac (interprétation). - Dans ces quatre maisons, y avait-

 20   il surtout des

 21   femmes et des enfants qui habitaient dans ce secteur du village : Ahmici,

 22   Santici, Pirici ?

 23   M. Vidovic (interprétation). – Oui, oui.

 24   Mme Glumac (interprétation). - Et l'endroit où vous avez choisi

 25   de vous placer -que vous venez de décrire était un peu en contrebas-, vous


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  1   avez dit que ce n'était pas une vallée naturelle, mais un vallon formé en

  2   raison d'un glissement du terrain, n'est-ce pas ?

  3   M. Vidovic (interprétation). – Oui, tout à fait. Il y avait un

  4   petit bois de chênes au-dessus de l'endroit où nous étions.

  5   Mme Glumac (interprétation). - Pourquoi êtes-vous allés à cet

  6   endroit ? Quelqu'un vous a-t-il indiqué cet emplacement ?

  7   M. Vidovic (interprétation). – Non, personne ne nous a indiqué

  8   cet emplacement, nous étions quatre ou cinq et c'est là où nous avons

  9   décidé de nous abriter. Il y avait d'autres hommes : Mirjan, Zoran, Mirko,

 10   qui ont plutôt pris le chemin des abris. En fait, nous cherchions tous à

 11   nous protéger contre une attaque éventuelle des Musulmans.

 12   Mme Glumac (interprétation). - Au cours de la journée, est-ce

 13   que vous êtes allé les voir ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - Pendant la journée, je suis allé

 15   les voir plusieurs fois dans ce petit vallon où ils s'étaient abrités. Et

 16   je les ai trouvés tous ensemble là-bas. J'ai parlé un petit peu avec eux.

 17   Il y a une espèce de piste naturelle qui va de l'entrée de la mine jusqu'à

 18   l'endroit où ils se trouvaient. C'est en pente, on descend un petit peu,

 19   on traverse le petit bois et on arrive jusqu'à l'endroit où ils étaient.

 20   Il y avait à peine 70 à 100 mètres à vol d'oiseau entre eux et moi.

 21   Mme Glumac (interprétation). - Quand vous êtes allé les voir,

 22   qui avez-vous trouvé à cet endroit ?

 23   M. Vidovic (interprétation). - J'ai trouvé Mirjan Kupreskic,

 24   Zoran Kupreskic, Mirko Sakic, Dragan Vidovic et Dragan Samija.

 25   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous avez vu si ces


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  1   hommes tiraient aussi ?

  2   M. Vidovic (interprétation). – Non, eux ne tiraient pas. Parce

  3   qu'à partir de cet endroit, il est d'ailleurs impossible de tirer sur

  4   quelque endroit que ce soit, on ne peut tirer qu'en l'air puisque on est

  5   enfoncé dans un trou.

  6   Mme Glumac (interprétation). – Mais quand vous êtes allé à

  7   l'endroit où ils étaient, est-ce que vous avez pu voir ce qui se passait

  8   dans le reste du village ?

  9   M. Vidovic (interprétation). - A Ahmici, on entendait toujours

 10   des tirs très nourris, on voyait de la fumée au-dessus des maisons qui

 11   brûlaient, on ne pouvait pas déterminer précisément l'emplacement des

 12   maisons qui étaient en feu. Il était impossible de savoir combien il y en

 13   avait mais, en tout cas, elles étaient tout près de la maison des

 14   Kupreskic, dans cette partie du village et dans la partie basse de Ahmici.

 15   Mme Glumac (interprétation). - Qu'est-ce qui vous a permis de

 16   constater que ces maisons brûlaient ?

 17   M. Vidovic (interprétation). - On voyait la fumée et puis on

 18   voyait quelque chose de plus éclairé, du feu, et il y avait des bruits de

 19   craquements.

 20   Mme Glumac (interprétation). - Dans la partie du village où vous

 21   vous trouviez, c'est-à-dire sur le chemin situé entre ces deux vallons, et

 22   tout à l'heure vous avez dit que vous étiez rentré chez vous aussi, n'est-

 23   ce pas ?

 24   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 25   Mme Glumac (interprétation). - Eh bien, sur ce chemin où vous


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  1   avez circulé, y avait-il des combats ?

  2   M. Vidovic (interprétation). – Non, quand je suis rentré dans ma

  3   maison à 7 heures 30 à peu près, au moment où je me suis trouvé près de

  4   l'abri de Niko Vidovic, j'ai rencontré (expurgé) et son beau-frère

  5   Miralem Strmonja avec Ivica Vidovic, Anto Vidovic dit

  6   "Satka", et ces quatre hommes avaient tous un fusil et ils étaient debout

  7   là sur la route.

  8   Mme Glumac (interprétation). – Ramo Bilic et Miralem Strmonja

  9   que vous venez de nommer ?

 10   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 11   Mme Glumac (interprétation). – Ces deux hommes sont-ils

 12   musulmans ou croates ?

 13   M. Vidovic (interprétation). – Ils sont musulmans. Leur maison

 14   se trouve exactement en face de l'abri de Niko Vidovic et quand nous nous

 15   sommes approchés d'eux, en fait eux marchaient aussi dans ma direction à

 16   ce moment-là et Ivica et Anto étaient avec eux, donc nous nous sommes dit

 17   les uns et aux autres : "Ne tirez pas, nous, nous ne tirerons pas non

 18   plus". Et nous avons échangé quelques mots en nous disant : "Mais que se

 19   passe-t-il ?" Et ni les uns ni les autres ne savaient répondre à cette

 20   question. A ce moment-là, Anto Vidovic a dit aux hommes qui

 21   l'accompagnaient de protéger leurs femmes et leurs enfants en les abritant

 22   dans le même abri que celui où se trouvaient nos femmes et nos enfants à

 23   nous, c'est-à-dire l'abri de Niko Vidovic.

 24   Nous avons parlé ensemble et je suis ensuite retourné dans ma

 25   maison et en repartant je ne les ai pas vus sur la route. Mais Anto m'a


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  1   dit qu'ils étaient déjà dans l'abri avec leurs femmes et leurs enfants et

  2   que même Zijad Bilic, le frère de Ramo qui n'était pas sur la route avant

  3   parce qu'il était à la maison avec sa femme et ses enfants chez lui, il

  4   m'a dit que lui aussi s'était mis à l'abri chez Niko Vidovic.

  5   Mme Glumac (interprétation). - Et lui aussi est un Musulman ?

  6   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  7   Mme Glumac (interprétation). - Et ces hommes donc se sont

  8   abrités dans cette maison croate ?

  9   M. Vidovic (interprétation). - Oui, en même temps avec les

 10   femmes et les enfants

 11   croates qui se trouvaient déjà dans cet abri.

 12   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que quelque chose est

 13   arrivé à ces personnes ce jour-là ? Ou les Croates les ont-elles

 14   protégées ?

 15   M. Vidovic (interprétation). – Ces personnes ont été protégées

 16   par les Croates, les habitants de cette région. Rien ne leur est donc

 17   arrivé mais, par la suite, j'ai appris qu'elles avaient été emmenées

 18   jusqu'à la gare ferroviaire où se trouvaient encore des familles

 19   musulmanes et qu'elles avaient été transférées à Zenica, mais je n'ai pas

 20   vu cela de mes yeux.

 21   Mme Glumac (interprétation). - Et toutes ces personnes ont

 22   survécu ?

 23   M. Vidovic (interprétation). – Oui, elles ont toutes survécu.

 24   Simplement, Zijad Bilic, le frère de Ramo, est mort plus tard dans les

 25   combats ultérieurs à Buhine Kuce.


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  1   Mme Glumac (interprétation). - Donc c'est à Buhine Kuce qu'il

  2   est mort en janvier 1994, n'est-ce pas ?

  3   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  4   Mme Glumac (interprétation). – Ce jour-là, s'est-il passé

  5   quelque chose dans la partie du village où vous vous trouviez, ou bien la

  6   même situation a-t-elle continué à prévaloir toute la journée ?

  7   M. Vidovic (interprétation). - La situation n'a pas changé de la

  8   journée, nous n'avons pas cessé de nous demander des informations les uns

  9   aux autres, mais personne n'en avait de l'extérieur, nous n'avons reçu

 10   aucunes nouvelles, donc nous sommes restés là où nous étions. Il est

 11   arrivé quelque fois que nous allions dans nos maisons chercher quelque

 12   chose à manger, mais nous revenions toujours

 13   Mme Glumac (interprétation). - Jusqu'à quel moment avez-vous pu

 14   entendre des tirs ce jour-là ?

 15   M. Vidovic (interprétation). – Nous avons pu entendre des tirs

 16   toute la journée, jusqu'à la tombée de la nuit et ensuite, le lendemain

 17   matin, les tirs ont repris.

 18   Mme Glumac (interprétation). -  Le lendemain où êtes-vous allé ?

 19   M. Vidovic (interprétation). – Le lendemain, le deuxième jour

 20   donc, je suis resté au même endroit. Ce deuxième jour, je suis aussi allé

 21   plusieurs fois dans la maison à l'endroit où se trouvaient Sakic, Grgic,

 22   Kupreskic et Dragan Vidovic. Nous avons parlé les uns avec les autres,

 23   commenté la situation. Nous ne savions pas ce qui se passait. La seule

 24   chose que nous pouvions constater, c'est que les combats étaient violents.

 25   Mme Glumac (interprétation). – Mais le deuxième jour, vous avez


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  1   entendu des tirs aussi ?

  2   M. Vidovic (interprétation). – Oui, nous avons toujours entendu

  3   des tirs, mais ils s'étaient déplacés. On les entendait à ce moment-là à

  4   partir du centre de Ahmici et moins à partir du bas du village de Ahmici.

  5   Mme Glumac (interprétation). - Et est-ce qu'on pouvait entendre

  6   des tirs à partir du haut de Ahmici ?

  7   M. Vidovic (interprétation). – On pouvait entendre des tirs à

  8   partir du haut de Ahmici, mais je dirais qu'ils venaient de l'autre côté,

  9   du côté de Krc, c'est le hameau qui se trouve du côté de Nadioci. Et tout

 10   cela, c'est à une distance de 400 à 500 mètres ; il nous nous arrivait

 11   même de voir des balles voler devant nous.

 12   Mme Glumac (interprétation). – Mais est-ce que le deuxième jour,

 13   quelque chose est arrivé aux femmes et aux enfants qui étaient dans les

 14   abris ? Est-ce que vous avez eu des informations ? Est-ce que vous avez

 15   appris que ces femmes et ces enfants ont été transférés dans un autre

 16   abri ?

 17   M. Vidovic (interprétation). – Oui, je sais que certaines de ces

 18   personnes ont quitté l'abri de Niko Vidovic pour aller ailleurs, mais je

 19   ne sais pas exactement qui, ni où ces personnes sont allées.

 20   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous savez que les

 21   femmes et les

 22   enfants sont allés à Rovna ou pas ?

 23   M. Vidovic (interprétation). – Je ne le savais pas à ce moment-

 24   là mais plus tard, quand je suis arrivé dans ma maison, j'y ai trouvé ma

 25   femme et mon enfant, ainsi que la femme et les enfants de Zoran qui m'ont


Page 7199

  1   dit que quelqu'un avait dit que ces personnes étaient entre Mahala et

  2   Krtina. A Mahala, il y a un ruisseau qui fait partie de Santici, et donc

  3   elles m'ont dit qu'il faudrait partir, que la plupart des gens était

  4   partis parce que des Musulmans étaient passés dans ce secteur. Mais ma

  5   femme et la femme de Zoran ainsi que les enfants sont restés dans la

  6   maison.

  7   Mme Glumac (interprétation). - Le troisième jour, que s'est-il

  8   passé ?

  9   M. Vidovic (interprétation). – Le troisième jour, trois ou

 10   quatre hommes qui portaient des uniformes sont arrivés. Ils n'avaient pas

 11   le visage peinturluré, mais je ne les connaissais pas, ces hommes. J'ai vu

 12   qu'il s'agissait de policiers militaires d'après l'uniforme qu'ils

 13   portaient et les insignes qu'ils arboraient et ils nous ont demandé de les

 14   suivre dans la direction de Pirici. C'est ce que nous avons fait, mais

 15   contre notre gré, parce que tout ce que nous pouvions voir à l'extérieur,

 16   c'est qu'il y avait, pas loin de l'endroit où nous étions, un abri

 17   naturel, protégé naturellement, avec ses petits vallons qui constituaient

 18   un abri. Mais enfin, nous les avons suivis et, aux abords de la maison de

 19   Gavro Vidovic, nous avons été arrêtés.

 20   Il y avait à cet endroit un vallon aussi, un fossé en fait très

 21   profond qui fait 7-8 mètres de profondeur à certains endroits avant de

 22   remonter. Nous nous sommes mis à l'abri dans ce fossé, et la nuit est

 23   tombée. Juste avant que la nuit ne tombe, on nous a amené 12 à 15 hommes

 24   très faiblement armés. Je les connais ces hommes, ils étaient de Vitez,

 25   c'étaient des civils. Nous étions donc toujours près de la maison de


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  1   Gavro Vidovic et on nous a déployés entre cette maison et plus loin à

  2   Gorni Ahmici en passant par la maison de Stomonja. Donc on nous a déployés

  3   là et on nous a laissés comme des enfants perdus. Ils nous ont laissés et

  4   ils sont partis.

  5   Mme Glumac (interprétation). - Mais dites-moi, il y a quelques

  6   mots qui ne sont pas entrés au compte rendu en anglais. Ces personnes qui

  7   venaient de Vitez et dont vous avez dit qu'elles étaient faiblement armées

  8   et mal habillées, est-ce que ces personnes sont arrivées seules ou est-ce

  9   quelqu'un les a amenées ?

 10   M. Vidovic (interprétation). – Quelqu'un les a amenées, c'est la

 11   police militaire qui les a amenées.

 12   Mme Glumac (interprétation). – Et donc ces hommes aussi ont été

 13   amenés le troisième jour sur le front ?

 14   M. Vidovic (interprétation). – Oui, sur le front de Pirici.

 15   Mme Glumac (interprétation). - Je vous demanderai simplement de

 16   montrer sur la photographie aérienne où a été créée cette ligne de défense

 17   à Pirici.

 18   (Le témoin montre l'emplacement.)

 19   Montrez où se trouve Barin Gaj ?

 20   M. Vidovic (interprétation). – Barin Gaj se trouve ici, à côté

 21   de la forêt. Ici se trouve ce fossé, ce vallon naturel qui part sur la

 22   gauche et sur la droite et la ligne a été créée entre ce vallon et le

 23   deuxième vallon qui se trouve devant la maison de Gavro Vidovic, en

 24   passant par ce verger, puis cela descend un peu. Ensuite, on passe devant

 25   la maison de Stomonja ici et puis on arrive ici au niveau de ces prés.


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  1   Mme Glumac (interprétation). - Donc cette ligne ?

  2   M. Vidovic (interprétation). – Et par la suite, je ne sais pas

  3   ce qu'il en est. Ça, c'était la ligne du début.

  4   Mme Glumac (interprétation). - Mais la ligne a été créée à

  5   Pirici, n'est ce pas, pas à Barin Gaj ?

  6   M. Vidovic (interprétation). – En face de Barin Gaj,

  7   effectivement. A Barin Gaj, c'étaient les lignes musulmanes.

  8   Mme Glumac (interprétation). – Et la ligne de défense était donc

  9   en aval de Barin Gaj ?

 10   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

 11   Mme Glumac (interprétation). - Quand vous avez été amené jusqu'à

 12   Barin Gaj, vous avez dit que les tirs étaient très nourris, mais d'où

 13   provenaient ils ?

 14   M. Vidovic (interprétation). – Ils provenaient de Barin Gaj et

 15   étaient dirigés dans la direction de la maison de Gavro Vidovic ici et

 16   dans cette direction ici, dans la direction de la forêt aussi. Nous, nous

 17   étions ici et donc les coups de feu couvraient cette zone ici et celle-ci

 18   également. Tout.

 19   Mme Glumac (interprétation). - Merci beaucoup.

 20   Sur cette photographie de Ahmici, je vous demanderai simplement

 21   de désigner maintenant les positions, les emplacements où on vous a amené.

 22   (Le témoin trace une ligne en pointillés sur la photo.)

 23   Est-ce que cette ligne est restée en place pendant toute la

 24   guerre, à part quelques petits déplacements ?

 25   M. Vidovic (interprétation). - Oui, elle y est restée tout le


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  1   temps.

  2   Mme Glumac (interprétation). - Combien de temps êtes-vous resté

  3   sur cette ligne ?

  4   M. Vidovic (interprétation). - Trois mois, trois mois et demi.

  5   Mme Glumac (interprétation). - Pendant ces trois journées qui

  6   ont précédé le moment où on vous a déployé sur la ligne, est-ce que vous

  7   savez si les maisons voisines de la vôtre, je veux parler (expurgé)

  8   (expurgé), étaient intactes ou si elles ont été

  9   endommagées ?

 10   M. Vidovic (interprétation). - Elles étaient toutes intactes. La

 11   (expurgé) est encore intacte aujourd'hui, elle n'a jamais été

 12   incendiée.

 13   Mme Glumac (interprétation). - (expurgé)

 14   (expurgé)

 15   M. Vidovic (interprétation). - Oui. Mais (expurgé) a

 16   été incendiée par la suite. C'est mon défunt père qui me l'a dit. Il m'a

 17   dit que trois jeunes gens qu'il ne connaissait pas et qui portaient

 18   l'uniforme de la police militaire sont arrivés, mon père les a entendu

 19   parler entre eux et il m'a dit qu'ils disaient qu'ils allaient incendier

 20   des maisons musulmanes. Et mon père leur a dit : "Mais non, ne faites pas

 21   ça, vous voyez bien qu'elles sont inhabitées, pourquoi des Croates ne

 22   s'installeraient pas dans ces maisons". Les trois jeunes gens lui ont dit

 23   de la fermer, parce que sinon ils allaient le tuer. Donc mon père s'est

 24   retiré et eux ont fait ce qu'ils avaient dit qu'ils avaient l'intention de

 25   faire, c'est à dire qu'ils ont mis le feu à l'étage de cette maison.


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  1   Par la suite, mon père a dit que Jozo Lovric, lui-même et un

  2   autre vieux ont essayé d'éteindre le feu de sorte que l'incendie ne s'est

  3   pas propagé jusqu'à l'étage supérieur, mais n'a endommagé que le bas des

  4   maisons.

  5   Mme Glumac (interprétation). - Ces hommes étaient des Croates,

  6   n'est-ce pas ?

  7   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  8   Mme Glumac (interprétation). - Vous avez également dit que votre

  9   père est disparu à Stari Vitez, plus précisément à Mahala ?

 10   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 11   Mme Glumac (interprétation). - Et dans ce secteur qui s'appelle

 12   Gornji Vitez, donc Vitez-le-Haut, vivait également votre soeur ?

 13   M. Vidovic (interprétation). - Oui, ma soeur avait une maison

 14   dans ce quartier. Elle m'a appelé par téléphone. Comme j'avais un kiosque,

 15   elle m'a demandé de venir chercher les produits que j'avais mis dans cette

 16   maison. Quand je suis arrivé chez elle, j'ai vu que la cour et l'entrepôt

 17   qui venait d'être reconstruit à côté de sa maison étaient pleins de

 18   Musulmans : des femmes, des enfants, des hommes. Il y avait une trentaine

 19   de personnes dans cet entrepôt qui

 20   était une cave, en fait.

 21   Mme Glumac (interprétation). - Et votre sœur s'est occupée de

 22   ces Musulmans pendant combien de temps ?

 23   M. Vidovic (interprétation). - Ces Musulmans, tous ces Musulmans

 24   sont restés près d'un mois chez eux. Par la suite, il y en avait qui

 25   voulaient aller à Travnik. Mon beau-frère Nikola Banic est allé voir la


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  1   Forpronu avec eux. Et la Forpronu s'est servie de ses véhicules pour les

  2   transférer jusqu'à Novi Travnik. Mais deux de ces Musulmans, plus jeunes,

  3   qui étaient aussi chez lui et qui pouvaient porter les armes, eh bien la

  4   Forpronu a refusé de les emmener à Novi Travnik. La Forpronu a dit : "Nous

  5   n'emmenons que les femmes, les enfants et les blessés". C'est pour cela

  6   que Nikola les a ramenés dans sa maison à lui. Ils ont tué une poule et

  7   ils se sont fait un pansement avec du sang sur la tête, comme s'ils

  8   étaient blessés. Ils sont retournés voir la Forpronu ensuite et, de cette

  9   façon, ils ont aussi été transférés à Novi Travnik. Il y a une famille qui

 10   est restée deux mois et demi chez Nikola, dans cette maison, c'était un

 11   mari, sa femme et deux enfants.

 12   Mme Glumac (interprétation). - Mais il y avait deux familles,

 13   donc vous connaissez les noms de ces familles ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - Il y avait la famille Alihodza.

 15   Mme Glumac (interprétation). - Et Topcic peut-être ?

 16   M. Vidovic (interprétation). - Oui, Topcic effectivement. Il y

 17   avait plusieurs familles chez Blaz aussi. La même chose s'est passée,

 18   c'est-à-dire qu'une trentaine de Musulmans y ont trouvé refuge. Plusieurs

 19   familles ont abrité des Musulmans.

 20   Mme Glumac (interprétation). - Encore un détail, s'il vous

 21   plaît. Vous rappelez-vous le mariage de Zoran Vidovic à Kruscica ?

 22   M. Vidovic (interprétation). - Oui, je me rappelle le mariage de

 23   Zoran Vidovic. Lui est de Kruscica, mais son mariage a eu lieu à l'hôtel

 24   Lovac, qui se trouve non pas sur la route principale de Vitez, mais sur

 25   une route secondaire, à côté de la station d'essence qui était tenue par


Page 7205

  1   Krizer*.

  2   Mme Glumac (interprétation). - Quand s'est déroulée cette noce ?

  3   M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, au mois de

  4   décembre 1992, c'est-à-dire entre le premier et le deuxième conflit.

  5   Mme Glumac (interprétation). - Vous vous rappelez qui a joué de

  6   la musique, qui a chanté, pendant le mariage ?

  7   M. Vidovic (interprétation). - Barucija Nedzad.

  8   Mme Glumac (interprétation). - Qui est cet homme ?

  9   M. Vidovic (interprétation). - Eh bien, un Musulman. Un

 10   Musulman. Fahran Ahmic, aussi un Musulman. Mirjan Kupreskic, pour lui vous

 11   savez qu'il est Croate. Et Zdravko Vrebac, un Croate. Et il y avait un

 12   Serbe aussi qui a joué de la guitare.

 13   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que c'était le groupe que

 14   fréquentait assez souvent Mirjan Kupreskic ?

 15   M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'était tout un groupe.

 16   Zoran jouait avec eux quelquefois quand le groupe était plus important.

 17   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce qu'il y avait beaucoup de

 18   Musulmans à ce mariage ?

 19   M. Vidovic (interprétation). - Il y avait beaucoup de Musulmans,

 20   de Croates et de Serbes à ce mariage, des Serbes qui vivent encore

 21   aujourd'hui à Vitez.

 22   Mme Glumac (interprétation). - Qu'est-il arrivé à ce Zoran

 23   Vidovic ?

 24   M. Vidovic (interprétation). - Zoran Vidovic est mort dans sa

 25   maison au cours des premiers jours du conflit. Il a été tué par la balle


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  1   d'un tireur isolé qui a traversé la fenêtre. Toute sa famille est partie,

  2   elle habite maintenant non loin de Zagreb.

  3   Mme Glumac (interprétation). - Il a donc été tué à Kruscica dans

  4   sa maison ?

  5   M. Vidovic (interprétation). - Oui, mais dans la route du bas

  6   qui va vers Kruscica ; car il avait deux routes qui allaient vers

  7   Kruscica, qui menaient vers Kruscica et c'est sur la route du bas que se

  8   trouvait sa maison.

  9   Mme Glumac (interprétation). - Veuillez examiner cela pour voir

 10   si les données concernant Zoran Vidovic sont exactes.

 11   Mme Ameerali (interprétation). - Il s'agit du document 84/2.

 12   (Le témoin prend connaissance du document.)

 13   Mme Glumac (interprétation). - Votre frère s'appelle Zoran

 14   Vidovic ?

 15   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 16   Mme Glumac (interprétation). - Est-ce que vous avez un acte de

 17   décès de votre frère ?

 18   M. Vidovic (interprétation). - Non, mais je sais que cela

 19   existe, donc je peux l'obtenir.

 20   Mme Glumac (interprétation). - Ici, il est indiqué qu'il s'agit

 21   de Zoran Vidovic, mort le 16 avril 1993 à Kruscica.

 22   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 23   Mme Glumac (interprétation). - Son père s'appelle Ivica. Il est

 24   né en 1970. Et votre frère, quand est-il né ?

 25   M. Vidovic (interprétation). - Le 4 novembre 1963 et le nom du


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  1   père est Anto.

  2   Mme Glumac (interprétation). - Très bien, merci. J'ai terminé

  3   mon interrogatoire principal et je demande que ces documents, qui ne

  4   portent pas de cote, soient versés au dossier.

  5   Mme Ameerali (interprétation). - Les cotes sont D82/2

  6   jusqu'à D84/2.

  7   M. le Président (interprétation). - S'il n'y a pas d'objection,

  8   dans ce cas-là les documents seront versés au dossier. Merci. Maître

  9   Radovic ? Vous n'avez pas de questions. Est-ce qu'il y a des avocats qui

 10   souhaitent procéder au contre-interrogatoire ? Maître Pavkovic, pouvez-

 11   vous me le dire ?

 12   M. Pavkovic (interprétation). - Non, il n'y aura pas de contre-

 13   interrogatoire d'autres avocats, Monsieur le Président. 

 14   M. le Président (interprétation). - Très bien, donc je donne la

 15   parole au Procureur, Maître Blaxill.

 16   M. Blaxill (interprétation). - Merci, Monsieur le Président,

 17   Madame et Monsieur le Juge.

 18   Monsieur Vidovic, bonjour. Je m'appelle Michael Blaxill. Je suis

 19   l'un des Procureurs chargés de cette affaire. J'ai plusieurs questions que

 20   je souhaite vous poser concernant votre déposition de ce matin.

 21   Tout d'abord, je souhaite dire que vous avez dit que vous avez

 22   été engagé deux  fois dans le conflit contre les Serbes, sur la ligne de

 23   front du HVO. Quand vous avez terminé cette période, est-ce que vous êtes

 24   resté au sein du HVO, même si vous n'étiez plus dans la composante active,

 25   donc en tant que réserviste ?


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  1   M. Vidovic (interprétation). - Lorsque j'ai terminé ces missions

  2   de sept jours -les deux fois il s'agissait de missions de sept jours sur

  3   la ligne de front, face aux Serbes-, je n'ai plus fait partie de quelque

  4   unité que ce quoi, étant donné que je n'avais pas d'arme, que je n'avais

  5   pas de mission. Les vêtements que j'avais pendant ces missions-là, je les

  6   ai rendus car c'étaient des vêtements que j'avais empruntés à quelqu'un

  7   d'autre. La situation était identique en ce qui concerne les armes.

  8   M. Blaxill (interprétation). - Etiez-vous volontaire pendant ces

  9   deux périodes ?

 10   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 11   M. Blaxill (interprétation). - Quand vous êtes rentré à la

 12   maison après la deuxième mission, vous a-t-on dit quelque chose concernant

 13   la question de savoir si vous deviez être volontaire de nouveau ou bien

 14   s'ils allaient vous convier, encore une fois, à l'avenir ? Est-ce que vous

 15   avez reçu des instructions à ce sujet ?

 16   M. Vidovic (interprétation). - Non.

 17   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous saviez quels

 18   étaient les mécanismes que le HVO employait pour se mettre en contact avec

 19   les gens et pour les convoquer, pour qu'ils participent aux combats ?

 20   M. Vidovic (interprétation). - Non.

 21   M. Blaxill (interprétation). - Donc vous êtes rentré à votre

 22   travail normal et en fait, au début de l'année 1992, vous ne faisiez pas

 23   partie de patrouilles villageoises, n'est-ce pas ?

 24   M. Vidovic (interprétation). - C'est vrai.

 25   M. Blaxill (interprétation). - Pouvez-vous me dire, à peu près,


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  1   à quel moment vous avez rejoint les rangs des patrouilles villageoises ? A

  2   quel moment avez-vous commencé à leur fournir votre aide ?

  3   M. Vidovic (interprétation). - Après la chute de Jajce, après

  4   avoir obtenu une arme.

  5   M. Blaxill (interprétation). - Donc, à partir de ce moment-là,

  6   avec votre arme, je crois qu'il s'agissait d'un fusil M48, n'est-ce pas ?

  7   M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est vrai.

  8   M. Blaxill (interprétation). - Donc, à partir de ce moment-là,

  9   vous vous êtes joint à la patrouille villageoise, n'est-ce pas ?

 10   M. Vidovic (interprétation). - Oui. Je l'ai fait à plusieurs

 11   reprises, mais pas plus.

 12   M. Blaxill (interprétation). - A ce moment-là, est-ce que cette

 13   patrouille était encore constituée de manière conjointe avec des Musulmans

 14   et des Croates, en tant que membres de la communauté ?

 15   M. Vidovic (interprétation). - Non.

 16   M. Blaxill (interprétation). - Donc la séparation entre les

 17   patrouilles croates et les patrouilles musulmanes s'était déjà opérée ?

 18   M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est vrai.

 19   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'il est vrai de dire

 20   qu'il n'y a pas eu d'incidents, de tensions, de difficultés entre vous-

 21   mêmes en tant que patrouilles villageoises croates et d'autres patrouilles

 22   villageoises musulmanes qui existaient dans le même village ?

 23   M. Vidovic (interprétation). - Dans cette partie du village où

 24   j'ai vécu, il n'y a pas eu de problèmes, du tout. Ils faisaient leurs

 25   propres tours de garde autour de leurs maisons à eux et nous, nous le


Page 7210

  1   faisions autour de nos maisons.

  2   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous saviez s'il y

  3   avait un mécanisme qui permettait de communiquer avec d'autres gardes du

  4   village, des gardes croates par exemple dans d'autres parties de la

  5   région ? Par exemple, si quelque chose se produisait, aviez-vous quelque

  6   ligne de communication que ce soit ?

  7   M. Vidovic (interprétation). - Le lendemain, si jamais je

  8   rencontrais quelqu'un de l'autre partie du village, nous en parlions, mais

  9   sinon nous n'avions pas de moyens de communication.

 10   M. Vidovic (interprétation). - Y avait-il une autre personne que

 11   vous pouviez contacter au cas où quelque chose de plus sérieux survenait,

 12   par exemple un commandant local du HVO, un responsable ? Est-ce qu'il y

 13   avait une telle personne avec qui vous pouviez vous mettre en contact ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - Non, uniquement la police, le

 15   poste de police à Vitez.

 16   M. Blaxill (interprétation). - Je vois. Est-ce que le nom d'un

 17   monsieur qui s'appelle Nenad Santic vous dit quelque chose ?

 18   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 19   M. Blaxill (interprétation). - Est-il vrai que M. Nenad Santic

 20   était en fait une personnalité locale au sein du HVO ?

 21   M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas.

 22   M. Blaxill (interprétation). - Vous ne savez pas. Que savez-vous

 23   de la présence de M. Nenad Santic, et là je parle d'une période

 24   ultérieure, à Ahmici le 16 avril 1993 ?

 25   M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas, je ne l'ai pas


Page 7211

  1   vu.

  2   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous avez au moins

  3   entendu dire que M. Nenad était habilité à donner des instructions à des

  4   gens qui faisaient partie du HVO local ou bien à des gens qui

  5   participaient à des patrouilles villageoises, qu'il leur donnait des

  6   tâches, des missions ? Est-ce que vous en avez entendu parler ?

  7   M. Vidovic (interprétation). - Non, il ne pouvait pas leur

  8   donner d'ordre, il n'était pas un commandant.

  9   M. Blaxill (interprétation). - Merci, Monsieur. Très bien. Je

 10   peux continuer maintenant et parler d'octobre 92.

 11   Je crois que vous avez dit que la situation s'était déjà

 12   aggravée entre les Croates et les Musulmans dans la région. Est-ce un

 13   commentaire juste, Monsieur ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - Vous parlez là du premier

 15   conflit ?

 16   M. Blaxill (interprétation). - Oui, tout à fait.

 17   M. Vidovic (interprétation). - En ce qui nous concerne, la

 18   population locale et les Musulmans de Ahmici, il n'y a pas eu de conflit,

 19   même à ce moment-là. Mais moi, j'ai entendu qu'une unité de Busovaca

 20   allait vers Jajce et que leur route avait été bloquée près de notre

 21   cimetière à Ahmici-le-Bas.

 22   M. Blaxill (interprétation). - Et je crois que vous avez dit

 23   qu'il y avait eu, à peu près, peu de personnes autour de ce barrage

 24   routier, n'est-ce pas ? Je crois que vous avez mentionné le chiffre de

 25   15 personnes, est-ce exact ?


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  1   M. Vidovic (interprétation). - J'ai mentionné qu'il y avait

  2   15 personnes autour du barrage routier à l'entrée de Ahmici. Mais en ce

  3   qui concerne le barrage plus loin, près du cimetière, je ne peux pas vous

  4   dire quel était le nombre exact de personnes, car j'ai vu plusieurs

  5   silhouettes pendant la nuit et il ne m'a pas été possible de les compter.

  6   M. Blaxill (interprétation). - Donc vous ne pouviez pas bien les

  7   voir ni les compter, donc c'est pour ça que vous ne pouvez pas dire le

  8   chiffre. A l'entrée de Ahmici, vous dites que sur ce barrage routier-là,

  9   il y avait 15 personnes ?

 10   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

 11   M. Blaxill (interprétation). – Est-il vrai de dire qu'au fur et

 12   à mesure que le conflit se développait entre le HVO et les gens autour du

 13   barrage routier, la conséquence en était que les forces du HVO... Que ceci

 14   a été provoqué par le fait que le HVO voulait passer par cette région,

 15   est-ce exact ? Donc une unité du HVO venant de l'extérieur ?

 16   M. Vidovic (interprétation). - Je sais qu'il y a eu un conflit

 17   entre les personnes qui voulaient passer et celles qui étaient autour du

 18   barrage routier près du cimetière.

 19   M. Blaxill (interprétation). - Très bien, merci. Vous avez dit

 20   également qu'il y avait des mines antichars autour des deux barrages ?

 21   M. Vidovic (interprétation). - C'est vrai.

 22   M. Blaxill (interprétation). – Et êtes-vous arrivé quand il

 23   faisait encore jour ou faisait-il déjà nuit ? Comment vous avez pu le

 24   voir ?

 25   M. Vidovic (interprétation). – A l'entrée de Ahmici, il y avait


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  1   une lumière qui était allumée devant une maison. C'est ce qui m'a permis

  2   de voir. Et à l'entrée du cimetière, nous sommes arrivés juste à côté du

  3   barrage routier et des chicanes, donc cela nous a permis de les voir.

  4   M. Blaxill (interprétation). – Et les conditions climatiques

  5   étaient comment à l'époque ? Il y avait du brouillard ou pouvait-on bien

  6   voir ?

  7   M. Vidovic (interprétation). - Le matin, il y a eu du brouillard

  8   au moment où le premier conflit a éclaté, effectivement, il y avait un

  9   brouillard dense, on ne pouvait voir quoi que ce soit.

 10   M. Blaxill (interprétation). - Vous avez dit que certaines

 11   personnes dont vous avez donné les noms étaient des Musulmans locaux qui

 12   se trouvaient autour des barrages routiers. Vous étiez à quelle distance

 13   par rapport à ces barrages routiers-là ? Comment les avez-vous reconnus ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - Je me suis arrêté au barrage

 15   routier de Ahmici et j'ai parlé avec ces personnes qui étaient à peu près

 16   à 50 centimètres, 1 mètre de moi.

 17   M. Blaxill (interprétation). - Donc ce sont des personnes qui

 18   étaient tout près de vous, vous avez pu les voir et décrire comment elles

 19   étaient armées ? Et c'est ce que vous avez fait ?

 20   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 21   M. Blaxill (interprétation). - Je crois qu'on vous a posé la

 22   question de savoir si vous aviez vu des insignes, mais vous avez dit que

 23   vous n'avez pas pu les remarquer sur les vêtements que portaient ces

 24   hommes. Est-ce exact ?

 25   M. Vidovic (interprétation). - Peut-être qu'ils portaient des


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  1   insignes, mais je dois dire que je ne les regardais pas de près et nous

  2   savions qu'ils portaient des insignes de l'armée de Bosnie-Herzégovine. Et

  3   les Croates portaient des insignes.

  4   M. Blaxill (interprétation). – Est-ce que les personnes que vous

  5   avez mentionnées en tant que Musulmans qui se trouvaient autour du barrage

  6   routier à l'entrée de Ahmici, est-ce que parmi ces hommes-là il y a eu des

  7   gens locaux du village qui faisaient partie de patrouilles villageoises ?

  8   M. Vidovic (interprétation). - Je pense que oui, sauf

  9   (expurgé) que je connaissais bien, qui travaillait à la police musulmane

 10   à Stari-Vitez, mais sa maison se trouvait là, donc lui aussi il était là.

 11   M. le Président (interprétation). – Maître Blaxill, peut-être

 12   pourrions-nous faire une pause maintenant de 15 minutes.

 13   M. Blaxill (interprétation). - Effectivement.

 14   L'audience, suspendue à 12 heures 15, est reprise à

 15   12 heures 32.

 16   M. le Président (interprétation). - Monsieur le procureur, vous

 17   pouvez reprendre.

 18   M. Blaxill (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

 19   Monsieur Vidovic, donc nous avons parlé tout à l'heure de la

 20   nuit entre le 19 et le 20 octobre 1992 et je crois que juste avant que

 21   vous êtes allé vous coucher, vous avez parlé avec des gens autour du

 22   barrage à l'entrée de Ahmici et. Ils ont parlé de représailles à cause des

 23   armes qui ont été saisies. Est-ce que vous savez de quoi ils parlaient ?

 24   Est-ce que vous avez une idée ?

 25   M. Vidovic (interprétation). - Non.


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  1   M. Blaxill (interprétation). - Vous êtes rentré chez vous pour

  2   dormir et le lendemain matin, ou plus tard ce matin, on vous a réveillé

  3   vers 4 heures, n'est-ce pas ?

  4   M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est exact.

  5   M. Blaxill (interprétation). - Et vous avez dit qu'au bout d'une

  6   heure ce matin-là, vers 5 heures du matin, il y a eu du brouillard et vous

  7   avez entendu une rafale de tirs de la direction de Ahmici, n'est-ce pas ?

  8   M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'était un peu avant

  9   5 heures.

 10   M. Blaxill (interprétation). - Ensuite, vous avez dit que vous

 11   avez entendu une annonce diffusée à travers les haut-parleurs, disant :

 12   "Croates, rendez-vous, vous n'avez aucune chance". C'est ce qui s'est

 13   produit ? C'est ce que vous avez dit ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 15   M. Blaxill (interprétation). - Et ceci a été diffusé depuis la

 16   mosquée de Ahmici ? Et c'étaient les seuls haut-parleurs dans le village

 17   de Ahmici, ceux qui se trouvaient dans la mosquée ?

 18   M. Vidovic (interprétation). - Je pense que oui.

 19   M. Blaxill (interprétation). - Et vous avez décidé ensuite de

 20   chercher un abri pour votre famille. Est-ce que je peux vous poser la

 21   question suivante : qu'est-ce qui vous a poussé à aller jusqu'à la maison

 22   de Mirko Sakic pour y chercher un abri puisque, selon votre description,

 23   il y avait d'autres abris comme par exemple l'abri dans la maison de

 24   M. Vrebac qui se trouvait beaucoup plus près de votre maison, donc

 25   pourquoi êtes-vous allé plus loin ?


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  1   M. Vidovic (interprétation). - Avant ce deuxième conflit, moi

  2   j'avais un fusil. Mais vous voulez peut-être que je vous parle du premier

  3   conflit ?

  4   M. Blaxill (interprétation). - Oui, du premier conflit.

  5   M. Vidovic (interprétation). - Je suis allé jusqu'à la maison de

  6   Sakic avec Dragan Vidovic. Je ne sais pas moi-même pourquoi je l'ai fait,

  7   pourquoi j'ai pris ce chemin-là. Ce que je savais, c'est qu'il y a eu des

  8   patrouilles villageoises dans cette partie-là, donc je me suis dit que

  9   c'était bien, ça me permettrait de rencontrer d'autres personnes, de

 10   m'informer près de Buhine Kuce même si cela ne m'a pas permis d'apprendre

 11   grand-chose.

 12   M. Blaxill (interprétation). - Je crois, peut-être que je me

 13   trompe, que vous avez amené votre famille avec vous et que vous les avez

 14   laissés dans un abri dans la maison de Sakic ?

 15   M. Vidovic (interprétation). - Non, vous vous trompez, vos notes

 16   ne sont pas correctes.

 17   M. Blaxill (interprétation). - Très bien. Donc votre famille, où

 18   était-elle à ce moment-là, lorsque vous êtes allé jusqu'à la maison de

 19   Sakic ?

 20   M. Vidovic (interprétation). - Ils sont restés dans ma maison.

 21   M. Blaxill (interprétation). - Et ce jour-là, vous avez vu,

 22   n'est-ce pas, M. Zoran Kupreskic et sa famille.

 23   M. Vidovic (interprétation). - C'est cela.

 24   M. Blaxill (interprétation). - En fait, ils sont rentrés vers

 25   votre maison après vous avoir croisé près de la maison de Sakic ?


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  1   M. Vidovic (interprétation). - Non. C'était près de la maison du

  2   père d'Ivica étant donné que moi, Svako et Dragan Vidovic, nous sommes

  3   allés devant eux. Les coups de feu avaient déjà commencé à être tirés et

  4   eux, ils étaient toujours là, ils n'étaient pas encore sortis.

  5   M. Blaxill (interprétation). - Je vois. Donc vous êtes allé vers

  6   les maisons des Kupreskic, vous les avez croisés et ensuite, eux, ils sont

  7   retournés. C'est vrai, je vous ai bien compris ?

  8   M. Vidovic (interprétation). - Oui, et nous nous sommes

  9   rencontrés près de la maison de son oncle.

 10   M. Blaxill (interprétation). - Très bien, merci. Et vous êtes

 11   resté dans cette partie-là le reste de la journée du 20 octobre ?

 12   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 13   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous avez vu

 14   Zoran Kupreskic ou Mirjan Kupreskic au cours de cette journée.

 15   M. Vidovic (interprétation). - Oui. Eux aussi, ils étaient dans

 16   la maison de Niko Sakic avec l'autre groupe de gens locaux.

 17   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'ils étaient armés ?

 18   Est-ce qu’ils étaient des gardes comme vous ?

 19   M. Vidovic (interprétation). - Non.

 20   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'ils sont restés au même

 21   endroit toute la journée après la fin des échanges de tirs ?

 22   M. Vidovic (interprétation). - Nous avons passé la journée près

 23   de la maison de Niko Sakic, à un moment, nous sommes allés jusqu'au

 24   bosquet qui se trouvait au milieu du vallon. Je suis allé jusqu'à la

 25   maison en construction, la maison de Mirko, où j'ai entendu les voix.


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  1   Ensuite, je suis revenu jusqu'au bosquet. Donc c'est là que je me

  2   déplaçais, le vallon, la maison de Niko Sakic, un peu par la route. Il y

  3   avait une remise à bois près de la maison de Niko. C'est là que nous nous

  4   sommes assis, que nous avons discuté.

  5   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous étiez ensemble

  6   avec quelqu'un ? Est-ce que vous étiez accompagné de quelqu'un ou bien

  7   est-ce que vous étiez séparé des autres ?

  8   M. Vidovic (interprétation). – Parfois, je rentrais à la maison,

  9   les autres étaient là. Donc nous avons tous été ensemble presque pendant

 10   tout ce temps-là. Certaines personnes partaient parfois, mais pas pour

 11   longtemps.

 12   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez

 13   d'une période concrète par exemple où Zoran était parti de ce groupe ?

 14   Est-ce que vous pouvez vous souvenir d'un moment pareil ? De

 15   Zoran Kupreskic.

 16   M. Vidovic (interprétation). – Je crois que Zoran est parti avec

 17   l'un des Musulmans pour faire quelque chose, mais je ne sais pas très

 18   exactement à quelle heure cela s'est produit. Je crois que ceci s'est

 19   produit dans l'après-midi, vers midi ou dans l'après-midi.

 20   M. Blaxill (interprétation). - Et vous avez dit que vous, vous

 21   êtes rentré chez vous. Est-ce que vous vous souvenez vers quelle heure

 22   ceci s'est produit ? La fin de la matinée ? Dans l'après-midi ? Est-ce que

 23   vous avez une idée de l'heure ?

 24   M. Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas. C'était dans la

 25   matinée, mais quant à l'heure exacte, je ne sais pas.


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  1   M. Blaxill (interprétation). - Maintenant, parlons de l'après-

  2   midi du 20 octobre 1992. Je crois que vous avez dit qu'à peu près vers

  3   4 heures de l'après-midi, les échanges de tirs se sont arrêtés. Est-ce

  4   exact ?

  5   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  6   M. Blaxill (interprétation). - Depuis l'endroit où vous étiez,

  7   est-ce que vous avez pu remarquer quelque chose en ce qui concerne les

  8   personnes qui participaient à des échanges de tirs ? Est-ce que vous avez

  9   pu voir qui faisait partie de ces groupes ?

 10   M. Vidovic (interprétation). - Non.

 11   M. Blaxill (interprétation). - Vous avez mentionné que ce jour-

 12   là, la maison de Sudzuka a été incendiée et je crois que là il s'agit du

 13   surnom de M. Mehmed Ahmic. Est-ce exact ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 15   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous avez vu vous-même

 16   cette maison en train de brûler ce jour-là, ou bien est-ce que vous avez

 17   tout simplement vu la fumée venant de la direction de cette maison ?

 18   M. Vidovic (interprétation). - J'ai vu la fumée et j'ai eu

 19   l'impression qu'elle brûlait, qu'il y avait des flammes depuis la

 20   direction de cette maison, mais je n'ai pas vraiment pu voir la maison en

 21   train de brûler.

 22   M. Blaxill (interprétation). - Et est-ce qu'on peut dire la même

 23   chose concernant ce que vous avez dit à propos de l'étable de

 24   Drago Josipovic ?

 25   M. Vidovic (interprétation). - Oui.


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  1   M. Blaxill (interprétation). - Le 21 octobre, après cet

  2   incident, vous êtes rentré au travail. Je crois que c'est ce que vous avez

  3   dit ?

  4   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  5   M. Blaxill (interprétation). - Et vous avez dit que les

  6   Musulmans de la région n'étaient pas venus travailler pendant plusieurs

  7   jours ?

  8   M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est vrai.

  9   M. Blaxill (interprétation). - Et peut-être que vous l'avez

 10   entendu par la suite, mais est-ce qu'il est vrai de dire qu'un nombre

 11   important de Musulmans sont partis de Ahmici le 20 octobre, le jour de cet

 12   incident ? Est-ce que vous avez appris cela par la suite ?

 13   M. Vidovic (interprétation). - Je l'ai appris et puis j'ai

 14   appris que quelques jours plus tard, ils sont rentrés.

 15   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous savez si certains

 16   gestes de la population croate ou des autorités, si certains événements

 17   ont influencé leur retour ? Est-ce que vous vous en souvenez ?

 18   M. Vidovic (interprétation). - Ce dont je me souviens, c'est

 19   qu'à Ahmici, dans l'école, il y a eu des entretiens concernant la

 20   réconciliation, qu'il fallait calmer les tensions étant donné que la

 21   population locale des deux côtés n'avait pas participé à ce premier

 22   conflit.

 23   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez de

 24   qui que ce soit du côté croate qui a assisté à cet entretien qui s'est

 25   déroulé dans l'école ?


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  1   M. Vidovic (interprétation). - Je crois que c'était

  2   Zoran Kupreskic et Niko Sakic, mais quant aux autres, je ne sais pas.

  3   M. Blaxill (interprétation). - Donc d'après ce que vous avez

  4   dit, Monsieur Vidovic, vous n'avez pas participé à cette discussion, donc

  5   peut-être que vous ne disposez pas de cette information-là, mais est-ce

  6   que vous savez s'il y a eu un accord en conclusion de ces discussions-là ?

  7   Est-ce que l'on a parlé de cela au sein de la communauté, au sein de la

  8   population de Ahmici ?

  9   M. Vidovic (interprétation). - On a parlé de fusils qui ont été

 10   saisis chez les Croates. Je crois qu'il s'agissait de quatre fusils.

 11   M. Blaxill (interprétation). - C'est ceux dont vous avez entendu

 12   parler, donc visiblement durant cette réunion on a parlé de la question de

 13   la restitution des fusils aux Croates par les Musulmans, n'est-ce pas ?

 14   C'est ce que vous avez entendu ?

 15   M. Vidovic (interprétation). – Oui, c'est ce que je suppose.

 16   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous avez en fait vu

 17   un quelconque document concernant cela ?

 18   M. Vidovic (interprétation). - Non.

 19   M. Blaxill (interprétation). – Permettez-moi de me concerter

 20   avec mon collègue en ce qui concerne ce document, s'il vous plaît ?

 21   Merci, Monsieur le Président. Monsieur Vidovic, connaissez-vous

 22   la signature de Zoran Kupreskic ?

 23   Mme Glumac (interprétation). - Monsieur le Président, je

 24   voudrais soulever une objection pour ce qui concerne le comportement de

 25   Me Blaxill du bureau du Procureur. Il y a le document qui a déjà été


Page 7222

  1   proposé et qui a été rejeté. Nous n'avons donc pas la source de ce

  2   document. Le témoin a été coupé quand cette question a été posée également

  3   et au sujet du même document, par conséquent il ne s'agit pas d'une pièce

  4   à conviction.

  5   C'est la raison pour laquelle je pense, Monsieur le Président,

  6   compte tenu du fait que c'est un document qui n'a pas été accepté pour

  7   être versé au dossier, que ce document ne pourra pas être présenté au

  8   témoin qui se trouve dans la salle.

  9   M. Blaxill (interprétation). - Monsieur le Président, en ce qui

 10   concerne la question que je viens de poser au sujet de la signature, il

 11   s'agissait tout simplement de constater s'il connaissait ou pas la

 12   signature, sans véritablement demander au témoin de voir le document. Il

 13   s'agit de la pièce à conviction n° 313, qui porte également la cote 313 A.

 14   Il s'agit par conséquent d'un témoin qui a été interrogé lors de

 15   l'interrogatoire principal et je voudrais savoir s'il s'agissait d'un

 16   témoin qui était protégé ou non. Par

 17   conséquent, je ne sais pas si le document a été retiré à cette époque-là.

 18   De toute façon, le document a été sorti à ce sujet-là et il s'agit, par

 19   conséquent, de savoir si le document a été versé au dossier comme pièce à

 20   conviction. Sinon, dans ce cas, on va demander de le verser au dossier de

 21   manière conséquente.

 22   Par conséquent, je ne parle pas d'un document qui a été rejeté.

 23   Je parle d'un document qui n'est pas le même et je vais le mettre à la

 24   disposition de toute façon des conseils de la défense.

 25   M. le Président (interprétation). - Est-ce que vous voulez


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  1   poursuivre, s'il vous plaît, Maître Blaxill, et poser la question

  2   préliminaire concernant la signature, et après on verra ?

  3   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous reconnaissez la

  4   signature de Zoran Kupreskic ?

  5   M. Vidovic (interprétation). - Non.

  6   M. Blaxill (interprétation). - Je pense, Monsieur le Président,

  7   que cela nous convient et cela correspond parfaitement à la réponse que

  8   nous voulions obtenir.

  9   Je pense, Monsieur, que vous avez dit qu'en ce qui concerne la

 10   situation et les relations qui régnaient entre les Musulmans et les

 11   Croates, que ces relations se sont dégradées après le premier conflit.

 12   (Le témoin acquiesce.)

 13   Si je peux maintenant utiliser ces termes, c'est

 14   qu'effectivement dans la nuit, comme vous le disiez, il n'était plus

 15   véritablement sûr de se déplacer.

 16   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 17   M. Blaxill (interprétation). - Vous-même, vous avez eu cette

 18   expérience qui n'était pas agréable avec M. Grgic au moment où vous êtes

 19   monté dans sa voiture ?

 20   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 21   M. Blaxill (interprétation). - Vous avez parlé également d'un

 22   certain nombre d'incidents qui sont survenus, des vols, des pillages, etc.

 23   Auriez-vous l'amabilité de donner également quelques précisions au sujet

 24   des personnes qui ont commis de telles sortes de crimes, d'actes. Est-ce

 25   qu'il s'agissait de groupes croates ou musulmans, etc. ?


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  1   M. Vidovic (interprétation). - Il s'agissait de groupes mixtes,

  2   si je peux dire ainsi. Il s'agissait de personnes qui ne respectaient pas

  3   la paix, qui même à l'époque étaient des criminels et commettaient des

  4   actes criminels. A mon avis, ils se cachaient derrière des uniformes, ils

  5   entreprenaient de tels actes.

  6   M. Blaxill (interprétation). - En d'autres termes, vous

  7   considérez qu'il s'agissait de personnes qui mettaient des uniformes et se

  8   déplaçaient donc en groupe et qui commettaient des actes criminels ?

  9   M. Vidovic (interprétation). - Il y avait des civils. C'étaient

 10   des groupes mixtes, il y avait des gens qui portaient des uniformes, il y

 11   en avait d'autres qui étaient en civil, mais qui portaient tout simplement

 12   des armes.

 13   M. Blaxill (interprétation). - Vous avez monté des gardes, vous

 14   avez organisé les patrouilles villageoises pour protéger les villageois

 15   contre de tels incidents, n'est-ce pas ?

 16   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

 17   M. Blaxill (interprétation). – Le 15 avril 1993, si je ne

 18   m'abuse, vous avez dit que vous avez travaillé et que vous êtes rentré

 19   chez vous normalement, comme d'habitude ?

 20   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

 21   M. Blaxill (interprétation). – Excusez-moi, j'ai posé la

 22   question, je n'ai pas entendu votre réponse. Vous êtes rentré chez vous,

 23   vous vous êtes couché, vous n'aviez pas eu peur que quelque chose se

 24   produise le lendemain matin ?

 25   M. Vidovic (interprétation). – Non, bien évidemment. Je ne


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  1   pensais absolument pas qu'il y avait quoi que ce soit qui allait arriver.

  2   M. Blaxill (interprétation). – Et ensuite, Monsieur Slavko Papic

  3   vous a réveillé à 4 heures du matin, sauf erreur de ma part ?

  4   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

  5   M. Blaxill (interprétation). – Eh bien, vous avez été convaincu

  6   que c'était 4 heures du matin. Comment avez-vous su qu'il était 4 heures

  7   du matin ?

  8   M. Vidovic (interprétation). – Je voyais qu'il faisait encore

  9   nuit. Et puis j'ai traversé la cuisine, dans la cuisine il y avait une

 10   horloge et puis j'ai pu remarquer qu'il était 4 heures, autour de

 11   4 heures.

 12   M. Blaxill (interprétation). – Merci

 13   Comment M. Papic vous a appelé ? Il a frappé à la porte ou par

 14   téléphone ?

 15   M. Vidovic (interprétation). – Il a frappé à ma porte, la porte

 16   de ma maison.

 17   M. Blaxill (interprétation). – Il vous a averti qu'il fallait

 18   entreprendre un certain nombre de démarches. Est-ce que vous vous souvenez

 19   de manière précise ce qu'il vous a dit ? Est-ce qu'il vous a dit ce qui

 20   allait se produire ?

 21   M. Vidovic (interprétation). – A ce moment-là... D'abord, j'ai

 22   dit que pendant la nuit je dormais. J'étais au premier étage au moment où

 23   il a frappé à la porte. Ma fenêtre donne sur la porte. J'ai ouvert, j'ai

 24   vu que c'était lui. Ensuite, il m'a dit de me réveiller, de me lever, de

 25   m'habiller et de sortir parce qu'il faudrait qu'on reste debout et levés,


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  1   vu d'éventuels incidents qui auraient pu se produire.

  2   M. Blaxill (interprétation). – C'est tout ce qu'il vous a dit ?

  3   Il a parlé d'affrontements éventuels ?

  4   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

  5   M. Blaxill (interprétation). – Est-ce que vous avez vous-même

  6   réfléchi sur ces troubles différents qui auraient pu se produire. Qu'est-

  7   ce que ça pourrait être ?

  8   M. Vidovic (interprétation). – Mais avec le premier conflit, je

  9   savais qu'il y avait des incidents qui auraient pu se produire entre nous

 10   autres et les Musulmans car à cette époque-là, les Serbes étaient du côté

 11   de Vlazi* du côté de Sarajevo, en dehors de notre région.

 12   M. Blaxill (interprétation). – En d'autres termes, vous avez

 13   conclu qu'il pourrait s'agir d'un problème entre les Croates et les

 14   Musulmans ?

 15   (Le témoin acquiesce.)

 16   Est-ce que M. Slavko Papic était en relation avec le HVO ?

 17   M. Vidovic (interprétation). – Je ne sais pas. Je ne pense pas

 18   qu'il était en contact avec le HVO.

 19   M. Blaxill (interprétation). – Vous pensez qu'il n'était pas en

 20   contact avec le HVO ?

 21   (Le témoin acquiesce.)

 22   Je vais juste vous rappeler quelque chose qui a été dit dans

 23   cette Chambre, qu'il a été un des responsables du HVO, commandant pour

 24   Zume.

 25   M. Vidovic (interprétation). – Non, il n'était pas commandant


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  1   pour la région de Zume. C'est pendant la guerre qu'il avait été désigné

  2   pour ce poste de commandant.

  3   M. Blaxill (interprétation). – D'accord. Au moment où vous dites

  4   "pendant la guerre", vous pensez après le 16 avril 1993 ?

  5   M. Vidovic (interprétation). – Après le 16, et peut-être même

  6   trente jours plus tard, car il n'était pas pendant cette période-là

  7   commandant. Je parle de Slavko.

  8   M. Blaxill (interprétation). – Merci de nous avoir éclairci ce

  9   point. Par conséquent, à 4 heures du matin, vous vous êtes réveillé, vous

 10   vous êtes levé. Je suppose que vous avez réveillé également les membres de

 11   votre famille et vous vous êtes habillés tous.

 12   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

 13   M. Blaxill (interprétation). – Vous êtes parti tout de suite de

 14   chez vous, au moment

 15   où vous étiez prêt ? Ou bien vous êtes resté encore pendant un petit

 16   moment à la maison ?

 17   M. Vidovic (interprétation). – Je me suis réveillé, je me suis

 18   habillé, j'ai pris mon fusil M 48 et je suis sorti de chez moi. Je suis

 19   resté cinq ou dis minutes à la maison et ma famille est restée chez nous,

 20   à la maison. Moi, je suis passé à côté de chez mon frère., enfin, j'ai

 21   frappé à sa porte. Il n'y avait personne qui était à la maison et à ce

 22   moment-là, je suis parti vers la maison de Niko Sakic.

 23   M. Blaxill (interprétation). – Est-ce que je peux vous arrêter

 24   là, s'il vous plaît ? Merci. Je voulais tout simplement que vous me

 25   précisiez l'heure où vous avez quitté la maison. Est-ce que vous en avez


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  1   gardé le souvenir ?

  2   M. Vidovic (interprétation). – Je ne peux pas vous dire

  3   exactement à quel moment j'ai quitté la maison, mais je pense qu'il était

  4   4 heures 10, approximativement.

  5   M. Blaxill (interprétation). – Et vous avez mis combien de temps

  6   pour aller jusqu'à votre frère... Je pense que vous avez dit votre frère

  7   ou beau-frère, jusqu'à la maison de votre frère ? En combien de temps vous

  8   êtes arrivé jusqu'à sa maison ?

  9   M. Vidovic (interprétation). – Mais c'est à 30 mètres à peu

 10   près. C'est une maison à côté de l'autre. C'est par rapport à la maison de

 11   Sakic également. Dans le sens de la maison de Sakic.

 12   M. Blaxill (interprétation). – Et à partir de la maison de votre

 13   frère, est-ce que vous pouvez nous dire quel est l'itinéraire que vous

 14   avez suivi ?

 15   M. Vidovic (interprétation). – Je me suis dirigé vers l'abri de

 16   Niko Vidovic et vers la maison de Sakic. J'ai rencontré Anto Vidovic sur

 17   la route, Ivica Vidovic également. J'ai parlé quelque peu, j'ai échangé

 18   quelques mots et ensuite, ils se sont dirigés ensemble avec moi vers

 19   l'abri de Niko Vidovic et moi ensuite j'ai poursuivi jusqu'à la maison de

 20   Sakic.

 21   M. Blaxill (interprétation). – Et est-ce que vous avez gardé le

 22   souvenir à quel moment vous êtes arrivé dans la maison de Sakic ?

 23   M. Vidovic (interprétation). – A 4 heures 20, 4 heures et demie.

 24   M. Blaxill (interprétation). – Et combien de temps êtes-vous

 25   resté dans la maison de Sakic ?


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  1   M. Vidovic (interprétation). – Je n'étais pas dans la maison

  2   mais devant la maison.

  3   M. Blaxill (interprétation). – D'accord, devant la maison.

  4   M. Vidovic (interprétation). – Je ne sais pas combien de temps

  5   exactement, mais à Ahmici on a commencé déjà à échanger des tirs et au

  6   moment où je suis parti, je me suis dirigé vers Bila Zemja avec ce groupe

  7   dont j'ai parlé.

  8   M. Blaxill (interprétation). – Et à quelle heure êtes-vous

  9   arrivé ? Est-ce que c'était après 5 heures, 5 heures et quart ?

 10   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

 11   M. Blaxill (interprétation). – Quand vous dites que vous vous

 12   êtes dirigé vers la maison de Sakic, à quel moment vous êtes parti de chez

 13   lui ?

 14   M. Vidovic (interprétation). – Je n'ai pas dit exactement à quel

 15   moment je suis parti de la maison de Sakic vers Bila Zemja, c'était après

 16   les tirs que j'ai entendus, je ne peux pas vous dire exactement. C'était

 17   plus tard, je. ne peux pas vous dire exactement à quel moment c'était.

 18   M. Blaxill (interprétation). – Est-ce que c'était très peu après

 19   ou tout de suite après avoir rencontré Zoran et Mirjan Kupreskic et leur

 20   famille ?

 21   M. Vidovic (interprétation). – Non, j'ai vu que Zoran et Mirjan

 22   sont passés avec la famille de Didak et Anto Grgic. Ils ont préparé

 23   quelque chose et ensuite j'ai vu Zoran qui est passé à côté de moi avec

 24   les Didak, et nous on est partis à Bila Zemja.

 25   M. Blaxill (interprétation). – Est-ce que vous avez gardé le


Page 7230

  1   souvenir à quel moment vous êtes arrivé à cet endroit-là ?

  2   M. Vidovic (interprétation). – Je ne sais pas exactement. Je

  3   n'avais pas de montre.

  4   M. Blaxill (interprétation). – Pourriez-vous supposer combien de

  5   temps il vous fallait pour y arriver ?

  6   M. Vidovic (interprétation). – Jusqu'au moment où je suis parti

  7   à Bila Zemja ? Quelques minutes, pas plus.

  8   M. Blaxill (interprétation). – Est-ce que vous avez gardé le

  9   souvenir également combien de temps ? A quel moment vous avez rencontré la

 10   famille des Kupreskic qui se sont dirigés vers l'abri ?

 11   M. Vidovic (interprétation). – A 5 heures à peu près.

 12   M. Blaxill (interprétation). – Vous pensez que c'était autour de

 13   5 heures, c'est bien cela ?

 14   (Le témoin acquiesce.)

 15   Eh bien, si nous disons que vous n'aviez pas de montre, comment

 16   pouvez-vous savoir que c'était autour de 5 heures ?

 17   M. Vidovic (interprétation). – Le temps que j'ai passé devant la

 18   maison de Sakic, c'est sur la base de cela. Entre 30 minutes et 40 minutes

 19   que je me suis arrêté devant sa maison.

 20   M. Blaxill (interprétation). – A partir de cet endroit-là, comme

 21   vous l'avez décrit, les familles de Zoran et Mirjan Kupreskic sauf erreur

 22   de ma part, sont descendues vers l'abri qui se trouvait à côté de votre

 23   maison ?

 24   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

 25   M. Blaxill (interprétation). – Je voudrais être sûr que je vous


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  1   ai bien compris. Messieurs Mirjan et Zoran Kupreskic sont vraiment

  2   descendus, partis vers ces endroits que vous avez cités ?

  3   M. Vidovic (interprétation). – Oui, ils sont passés à côté de

  4   moi, puis ils se sont dirigés vers cet endroit. Je n'étais pas avec eux,

  5   mais je sais que je les ai revus et je l'ai dit tout à l'heure.

  6   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous avez gardé un

  7   souvenir, est-ce que vous avez l'idée de combien de temps à peu près,

  8   combien de temps s'est passé entre le moment où vous les avez vus pour la

  9   première fois et le moment où vous les avez revus ?

 10   M. Vidovic (interprétation). - Je pense que c'était entre

 11   10 minutes et un quart-d'heure, jusqu'à ma maison il y a 500 mètres dans

 12   un sens.

 13   M. Blaxill (interprétation). - Si je vous ai bien compris, je

 14   vous prie de me corriger si je ne vous ai pas bien compris, est-ce que

 15   pendant le temps pendant lequel ils n'étaient pas avec vous, est-ce que

 16   vous avez vu à ce moment-là ces 30 personnes armées ?

 17   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 18   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous êtes en mesure de

 19   nous dire s'il y avait, si le jour était levé déjà à ce moment-là ?

 20   M. Vidovic (interprétation). - Non. C'était tôt le matin, mais

 21   on ne voyait pas clair, non, encore.

 22   M. Blaxill (interprétation). - Donc il faisait encore sombre ?

 23   C'était encore le crépuscule ?

 24   (Le témoin acquiesce.)

 25   M. le Président (interprétation). - Maître Radovic ?


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  1   M. Radovic (interprétation). - Comment le Procureur peut-il

  2   demander si c'était le crépuscule alors que c'est l'aube, le matin ? Par

  3   conséquent, il veut lui faire dire que c'était le soir, le crépuscule et

  4   pas l'aube. Par conséquent, surtout ne faites pas de confusion.

  5   M. le Président (interprétation). - Je ne pense vraiment pas que

  6   ce soit une question qui avait pour but de provoquer une confusion. On

  7   demande au témoin de dire clairement et de répondre clairement à la

  8   question. Maître Blaxill, est-ce que vous voulez être clair dans votre

  9   question ?

 10   M. Blaxill (interprétation). - J'ai l'impression que vous avez

 11   dit, Monsieur le témoin, qu'il n'y avait pas suffisamment de lumière et

 12   qu'il ne faisait pas suffisamment clair et que vous ne voyiez pas

 13   clairement ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - On pouvait voir. On pouvait voir

 15   clairement, mais c'était effectivement l'aube. C'est la raison pour

 16   laquelle on distinguait, mais pas tout à fait de manière très claire.

 17   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que je peux poser la

 18   question de manière beaucoup plus claire ? Je pense que la réponse a été

 19   tout à fait claire, donc c'était l'aube.

 20   Monsieur Vidovic, vous avez dit par ailleurs que ces gens-là

 21   portaient des ceinturons blancs et que vous avez pu remarquer également

 22   des emblèmes de la police militaire. Est-ce exact ?

 23   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 24   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous pensez qu'il

 25   s'agissait de la police militaire du HVO ?


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  1   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  2   M. Blaxill (interprétation). - Merci, Monsieur. Et ces

  3   personnes, vous ne les voyez plus ?

  4   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  5   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous avez vu de

  6   nouveau les membres de cette unité au cours de la journée ?

  7   M. Vidovic (interprétation). - Non.

  8   M. Blaxill (interprétation). - Quelque peu plus tard... Excusez-

  9   moi... Je répète : quelque peu plus tard, si je vous ai bien compris, vous

 10   avez dit que M. Zoran Kupreskic et Mirjan Kupreskic sont retournés, qu'ils

 11   se sont joints à vous, à l'endroit où vous vous êtes trouvé ?

 12   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 13   M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'ensemble, avec

 14   Dragan Vidovic, Dragan Samija, et avec Dragan Sakic, vous vous êtes dirigé

 15   dans la même direction ? Avec Mirko Sakic, est-ce que vous avez suivi

 16   ensemble ce groupe ?

 17   M. Vidovic (interprétation). - Non.

 18   M. Blaxill (interprétation). - Excusez-moi, j'ai fait une

 19   erreur.

 20   M. May (interprétation). - C'est vrai, c'est ce qu'il avait dit

 21   et moi j'avais compris que M. le témoin avait suivi cette unité. Je ne

 22   sais pas s'il avait pris la même direction.

 23   M. Blaxill (interprétation). - Merci. Monsieur le Juge, je vais

 24   essayer d'éclaircir ce point-là. Est-ce que vous-même et vos amis, vous

 25   avez emprunté le même chemin comme celui qui a été emprunté par la police


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  1   militaire ?

  2   M. Vidovic (interprétation). - Non. Moi, je suis resté devant la

  3   maison de Niko Sakic et avec les soldats, Samir Kocakic, Dragan Vidovic,

  4   Grgic, Zoran et Mirjan et Mirko Sakic qui sont partis en direction du

  5   vallon ensemble avec les membres de la police militaire.

  6   M. Blaxill (interprétation). - Et vous-même, vous êtes resté

  7   dans ce vallon ?

  8   M. Vidovic (interprétation). - Non, je suis resté du côté de la

  9   maison de Niko, sur la route asphaltée.

 10   M. Blaxill (interprétation). - Merci. Combien de temps êtes-vous

 11   resté à cet endroit, s'il vous plaît ?

 12   M. Vidovic (interprétation). - Pas longtemps. Je ne suis pas

 13   resté longtemps à cet endroit. Quelques minutes, en attendant deux autres

 14   de mes amis pour qu'ils se préparent. Ensuite, nous sommes allés... Nous

 15   sommes partis vers Bela Zelja.

 16   M. Blaxill (interprétation). - Pourriez-vous nous dire à quel

 17   moment de la journée vous êtes allé à Bela Zelja, s'il vous plaît ?

 18   M. Vidovic (interprétation). - Nous avons entendu déjà des tirs

 19   à Ahmici, nous avons entendu les tirs qui provenaient du bas d'Ahmici.

 20   Nous avons entendu les tirs également du côté des maisons de Kupreskic.

 21   Zoran est venu vers nous avec la famille Didak et je ne peux pas

 22   véritablement vous dire l'heure exacte. Ca, je ne peux pas vous le dire.

 23   M. Blaxill (interprétation). - J'ai l'impression qu'on est

 24   retournés un peu en arrière dans le temps parce que moi, j'avais

 25   l'impression que lorsque vous avez vu ce groupe de policiers militaires,


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  1   c'était à un moment qui était postérieur à votre rencontre avec Mirjan et

  2   Zoran dans la maison des Sakic, n'est-ce pas ? Près de la maison des

  3   Sakic.

  4   M. Vidovic (interprétation). - C'est exact.

  5   M. Blaxill (interprétation). - Et plus tard Zoran et

  6   Mirjan Kupreskic sont revenus, vous ont rejoint.

  7   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  8   M. Blaxill (interprétation). - Et à ce moment-là, vous vous

  9   trouviez je crois, dans le voisinage de la maison de Niko Vidovic, selon

 10   ce que vous avez dit, n'est-ce pas ?

 11   M. Vidovic (interprétation). - Non, de la maison de Sakic.

 12   M. Blaxill (interprétation). - De Sakic, excusez-moi. Mais à ce

 13   moment-là, vous êtes allé à un autre endroit pour garder l'abri de

 14   M. Niko Vidovic. C'est bien cela que vous avez dit ?

 15   M. Vidovic (interprétation). - Oui, parce que l'endroit où je me

 16   trouvais, que je peux montrer sur la photographie aérienne, se trouve

 17   quelque part entre les deux abris, dans la direction de Pirici.

 18   M. Blaxill (interprétation). - Combien de temps êtes-vous resté

 19   à cet endroit ?

 20   M. Vidovic (interprétation). - J'y suis resté le premier jour,

 21   le deuxième jour et une partie du troisième jour, mais ce troisième jour

 22   dans l'après-midi, j'ai ensuite pris la direction de Pirici ou Baran Gaj.

 23   M. Blaxill (interprétation). – Donc vous êtes en train de dire

 24   que vous êtes resté à cet endroit pendant toute la journée du 16 avril ?

 25   Ne parlons que du 16 pour le moment.


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  1   M. Vidovic (interprétation). - Oui. Avec des moments où j'allais

  2   les voir, eux, à l'endroit où ils étaient, parce que la route, le chemin,

  3   qui part de la mine mène à la maison des Kupreskic dans la vallée et donc,

  4   deux ou trois fois, je suis allé les voir.

  5   M. Blaxill (interprétation). - Donc si j'ai bien compris ce que

  6   vous avez dit, vous occupiez en fait un poste de garde, n'est-ce pas, pas

  7   très loin de ce vallon ? Vous étiez quelque part près du vallon ?

  8   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  9   M. Blaxill (interprétation). - Combien aviez-vous de compagnons

 10   avec vous, lorsque vous occupiez ce poste ?

 11   M. Vidovic (interprétation). - Je peux vous donner les noms de

 12   ces hommes. Il y avait Miro Puja, Mirko Grgic, Pero Jelic, Anto Brnada et

 13   Miro Samija, qui ensuite est parti chez lui.

 14   M. Blaxill (interprétation). - Donc vous-même et ces autres

 15   hommes, vous êtes restés à cet endroit pratiquement toute la journée, et

 16   les autres hommes, eux, étaient dans le vallon ?

 17   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 18   M. Blaxill (interprétation). - Vous rappelez-vous quelle heure

 19   il était lorsque les hommes, qui sont allés dans le vallon, sont partis

 20   pour aller dans ce vallon, alors que vous vous êtes resté au sommet ?

 21   M. Vidovic (interprétation). - Je vous prie de m'excuser, mais

 22   ces hommes -dont je viens de donner les noms- sont restés avec moi. Ils ne

 23   sont pas descendus dans le vallon. Dans le vallon, c'étaient d'autres

 24   hommes : Sakic, Kupreskic et les autres.

 25   M. Blaxill (interprétation). - Oui, j'avais bien compris que


Page 7237

  1   c'était cela. Il y avait un

  2   autre groupe d'hommes dans le vallon, en bas, n'est-ce pas ?

  3   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  4   M. Blaxill (interprétation). - Et vous disiez que

  5   M. Mirjan Kupreskic faisait partie de ce groupe, c'est bien cela ?

  6   M. Vidovic (interprétation). - Le groupe qui était dans le

  7   vallon, oui, c'est exact.

  8   M. Blaxill (interprétation). - M. Zoran Kupreskic était-il

  9   également dans le groupe qui est resté dans le vallon ?

 10   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 11   M. Blaxill (interprétation). - Je crois vous avoir entendu dire

 12   également que, de temps à autres, vous y êtes allé aussi pour voir comment

 13   allaient ces hommes ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - Oui, dans ces cas-là nous

 15   échangions quelques mots parce que nous n'avions aucune information, nous

 16   ne savions rien.

 17   M. Blaxill (interprétation). - Pouvez-vous me dire combien de

 18   fois, au cours de cette matinée, donc avant le début de l'après-midi, vous

 19   êtes allé dans le vallon pour parler à ces hommes ?

 20   M. Vidovic (interprétation). - Je crois que je l'ai fait

 21   deux fois dans la matinée.

 22   M. Blaxill (interprétation). - Pouvez-vous me donner la moindre

 23   indication des heures où vous avez pu agir de la sorte ?

 24   M. Vidovic (interprétation). - La première fois, il devait être

 25   aux environs de 8 heures 30 et la deuxième fois un peu avant midi, entre


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  1   11 heures et midi, je ne sais pas exactement à quel moment.

  2   M. Blaxill (interprétation). - Et dans l'après-midi, c'est-à-

  3   dire après l'heure de midi, combien de fois êtes-vous allé dans le

  4   vallon ?

  5   M. Vidovic (interprétation). - Une seule fois. Juste avant la

  6   tombée de la nuit.

  7   M. Blaxill (interprétation). - Pouvez-vous me donner une

  8   indication quant à l'heure où la nuit tombe à cette période de l'année ?

  9   M. Vidovic (interprétation). - Aux alentours de 7 heures. Je ne

 10   sais pas exactement.

 11   M. Blaxill (interprétation). - Donc, dans le courant de la

 12   journée, vous déclarez avoir rendu trois visites dans le vallon ?

 13   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

 14   M. Blaxill (interprétation). - Je crois vous avoir entendu

 15   décrire à l'intention des Juges de cet Chambre de première instance ce

 16   vallon en disant qu'il était très bien protégé, qu'il y avait pas mal

 17   d'arbres et de végétation autour du vallon, donc vous ne pouviez pas bien

 18   voir ceux qui se trouvaient dans le vallon. Est-ce exact ?

 19   M. Vidovic (interprétation). - Oui, c'est exact.

 20   M. Blaxill (interprétation). - De même, les gens qui étaient à

 21   l'intérieur du vallon ne pouvaient pas nécessairement vous voir vous, si

 22   vous montiez la garde aux alentours ?

 23   M. Vidovic (interprétation). - C'est exact.

 24   M. Blaxill (interprétation). - Donc, pendant la majeure partie

 25   de la journée, vous n'avez pas pu voir les Kupreskic et vice-versa ?


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  1   M. Vidovic (interprétation). - En effet, d'un endroit à l'autre

  2   c'était impossible.

  3   M. Blaxill (interprétation). - Merci. Donc vous déclarez que les

  4   coups de feu ont continué à être tirés pratiquement toute la journée dans

  5   Ahmici et autour d'Ahmici ?

  6   M. Vidovic (interprétation). - Oui.

  7   M. Blaxill (interprétation). - Et vous aviez déjà entendu des

  8   coups de feu qui étaient tirés dans le voisinage de la maison des

  9   Kupreskic, n'est-ce pas ?

 10   M. Vidovic (interprétation). - C'est exact.

 11   M. Blaxill (interprétation). - Et manifestement il y avait des

 12   coups de feu tirés en provenance d'autres endroits également ?

 13   (Signe affirmatif du témoin.)

 14   Donc, sans aller trop loin dans la spéculation, si on essaie

 15   d'évaluer une heure, le groupe d'hommes qui se trouvaient dans le vallon

 16   s'y est trouvé à partir de très tôt le matin. Est-ce qu’il est permis de

 17   penser qu'ils s'y trouvaient à partir de 6 heures du matin ?

 18   M. Vidovic (interprétation). – Aux environs de 6 heures, mais je

 19   ne peux pas dire exactement.

 20   M. Blaxill (interprétation). – Bien sûr, bien sûr. Et si j'ai

 21   bien compris ce que vous avez dit, cela situerait M. Zoran Kupreskic et

 22   M. Mirjan Kupreskic dans ce vallon aux alentours de 6  heures du matin,

 23   aux premières heures de la matinée ?...

 24   M. Vidovic (interprétation). – Aux alentours de 6 heures. Je ne

 25   sais pas exactement.


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  1   M. Blaxill (interprétation). – Et si j'interprète correctement

  2   ce que vous nous avez dit, la nature du terrain était telle que vous ne

  3   pouviez pas les voir, eux ne pouvaient pas vous voir. Donc si je vous

  4   propose une possibilité, et ensuite vous pouvez me répondre si vous le

  5   souhaitez. Monsieur, si je vous dis à titre d'hypothèse que quelqu'un

  6   aurait pu quitter ce vallon pendant une certaine période, vous n'auriez

  7   pas pu voir cette personne si elle avait quitté le vallon, n'est-ce pas ?

  8   M. Vidovic (interprétation). – C'est exact. Mais si quelqu'un

  9   était sorti de ce vallon pour aller vers ma maison en passant par la

 10   route, j'aurais pu le voir sur la route, d'en haut.

 11   M. Blaxill (interprétation). – Mais supposons que quelqu'un

 12   quitte le vallon pour se diriger dans la direction de la maison de

 13   Vlatko Kupreskic et de Zoran Kupreskic. Est-ce que quelqu'un aurait pu

 14   quitter le vallon pour aller dans cette direction sans que vous le

 15   voyiez ?

 16   M. Vidovic (interprétation). – Je pense que c'est possible, mais

 17   je ne sais pas.

 18   M. Blaxill (interprétation). – Il y a une chose que j'aimerais

 19   vous demander, Monsieur. Qu'est-il arrivé en fait à votre famille ? Parce

 20   que vous avez dit que vous les avez laissés à la maison quand vous avez

 21   quitté la maison. Donc qu'est-il arrivé à votre famille ?

 22   M. Vidovic (interprétation). – Ma famille a passé toute la durée

 23   de la guerre dans ma maison. Elle n'a jamais quitté la maison.

 24   M. Blaxill (interprétation). – Je ne pensais pas toute la durée

 25   de la guerre, je parlais de cette journée-là. Est-ce que votre famille a


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  1   cherché à s'abriter ce jour-là ?

  2   M. Vidovic (interprétation). – Ma famille est restée dans ma

  3   maison.

  4   M. Blaxill (interprétation). – Donc pendant toute la durée des

  5   événements du 16 avril, en fait votre famille est restée chez elle à la

  6   maison ?

  7   M. Vidovic (interprétation). – Oui. Ma maison est juste à côté

  8   de l'abri de Jozo Vrebac Il y a à peine 10 mètres entre cet abri et ma

  9   maison.

 10   M. Blaxill (interprétation). – Donc je suppose sur la base de

 11   votre réponse, corrigez-moi si je me trompe, que votre famille savait

 12   qu'il y avait un abri tout près en cas d'urgence ?

 13   M. Vidovic (interprétation). – Oui.

 14   M. Blaxill (interprétation). – Est-ce que votre famille a en

 15   fait cherché à s'abriter dans cet abri pendant la journée du 16 avril ?

 16   M. Vidovic (interprétation). – Non. Ma famille est restée dans

 17   notre maison, avec la famille de Zoran et avec la famille Didak.

 18   M. Blaxill (interprétation). – Donc, Monsieur, est-ce que vous

 19   estimiez qu'indépendamment des événements de cette journée, votre famille

 20   était à l'abri dans votre maison ?

 21   M. Vidovic (interprétation). – Nous n'étions en sécurité nulle

 22   part même pas dans le centre de Vitez, donc sûrement pas dans ma maison

 23   familiale, mais la maison est tout de

 24   même solidement construite, elle a deux étages, elle a deux dalles de

 25   béton bien armé. Elle se trouve non loin de la route principale, donc je


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  1   pense que si les Musulmans étaient entrés dans le village et qu'ils

  2   avaient commencé à expulser les familles hors des maisons, il n'y avait

  3   tout de même pas nécessité pour ma famille de se mettre à l'abri dans un

  4   abri.

  5   M. Blaxill (interprétation). - Ecoutez, j'essaie de me faire une

  6   idée plus complète. Vous avez dit que si les Musulmans... Vous avez parlé

  7   des Musulmans qui éventuellement seraient entrés dans le village. Mais

  8   s'ils l'avaient fait et qu'ils avaient pillé le village, il est évident

  9   que votre famille aurait été plus à l'abri dans un abri. Est-ce que c'est

 10   cela que vous avez dit ?

 11   M. Vidovic (interprétation). - Non, dans un abri elle n'aurait

 12   pas été davantage à l'abri. Ma maison est aussi abritée d'un éventuel

 13   pilonnage que l'abri.

 14   M. Blaxill (interprétation). - Mais vous aussi vous avez une

 15   cave, un espace souterrain comme c'était le cas apparemment de ces maisons

 16   qui étaient considérées comme des abris ?

 17   M. Vidovic (interprétation). – Non.

 18   M. Blaxill (interprétation). - Donc n'est-il pas permis de dire

 19   que vous-même, Monsieur Vidovic, vous n'avez pas estimé que votre famille

 20   était suffisamment en danger le 16 avril pour l'engager à chercher refuge

 21   dans un abri comme l'ont fait d'autres familles croates ?

 22   M. Vidovic (interprétation). - Ma maison à ce moment-là était à

 23   500 mètres des combats et je considérais qu'il n'était pas nécessaire que

 24   les membres de ma famille aillent se pousser dans une maison qui était à

 25   une très faible distance et dans laquelle il y avait un grand nombre de


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  1   voisins. C'est ma femme d'ailleurs qui a décidé de rester à la maison.

  2   M. Blaxill (interprétation). - N'est-il pas vrai que c'est en

  3   raison de la nature même de l'action qui s'est déroulée à Ahmici ce jour-

  4   là et en raison du fait qu'elle ne représentait aucun danger pour vous-

  5   même, pour votre famille et pour les autres Croates du village et si l'on

  6   tient compte de la cible assignée aux troupes qui attaquaient, n'est-ce

  7   pas exact ?

  8   M. Vidovic (interprétation). - Pouvez-vous me répéter votre

  9   question, je vous prie ?

 10   M. Blaxill (interprétation). – Votre famille se trouvait dans

 11   une zone croate de la ville, un secteur majoritairement croate, et vous

 12   saviez, n'est-ce pas, que la nature de l'attaque de Ahmici ce jour-là ne

 13   créait pas de danger réel ni pour vous ni pour votre famille ?

 14   M. Vidovic (interprétation). - Quand j'ai quitté la maison, je

 15   ne savais absolument pas ce qui allait se passer à Ahmici, si bien que je

 16   ne pouvais pas prévoir. Je ne pouvais même pas dire à ma femme ce qu'il

 17   fallait qu'elle fasse. C'est ma femme qui a décidé elle-même de rester

 18   dans la maison.

 19   M. Blaxill (interprétation). - Et pourtant, manifestement, vous

 20   aviez été prévenu d'un trouble puisqu'on vous avait réveillé à 4 heures du

 21   matin. Un peu après 5 heures du matin, les coups de feu ont éclaté. Il y a

 22   eu des explosions. Est-ce que vous aviez toujours confiance ? Est-ce que

 23   vous vous sentiez toujours en sécurité, ou est-ce que vous pensiez qu'il y

 24   avait un danger et que vous auriez pu chercher à vous abriter ?

 25   M. Vidovic (interprétation). - J'ai quitté la maison aux


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  1   alentours de 7 heures 30. Ma famille était toujours dans la maison et n'a

  2   pas bougé.

  3   M. Blaxill (interprétation). - Merci. J'aimerais quelques

  4   instants pour consulter mes collègues, Monsieur le Président, si je puis

  5   me permettre.

  6   Monsieur le Président, je remarque l'heure qu'il est et donc je

  7   pense que ce serait un bon moment pour faire une césure. Je ne crois pas

  8   que je garderai très longtemps ce témoin demain matin, Monsieur le

  9   Président, avec mon contre-interrogatoire, mais il serait prématuré pour

 10   moi d'espérer en terminer aujourd'hui.

 11   M. le Président (interprétation). - Très bien, nous suspendons

 12   jusqu'à demain

 13   matin 9 heures.

 14   L'audience est levée à 13 heures 30.

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