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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-16-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
3 Mardi 16 Mars 1999
4 L'audience est ouverte à 9 heures.
5 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
6 Mme Ameerali (interprétation). - Bonjour Monsieur le Président.
7 L'affaire IT-95-16-T, le Procureur contre Zoran Kupreskic,
8 Mirjan Kupreskic, Vlatko Kupreskic, Drago Josipovic, Dragan Papic,
9 Vladimir Santic.
10 M. le Président (interprétation). – Bonjour. Maître Susak ?
11 M. Susak (interprétation). – Monsieur le Président, après avoir
12 examiné un certain nombre de choses et après m'être consulté également
13 avec mon collègue, je pense qu'il ne faut pas poser de questions, parce
14 que je n'ai pas de questions d'une importance toute particulière à poser.
15 M. le Président (interprétation). – Merci. Maître Terrier ?
16 M. Terrier. – Bonjour, Monsieur le Juge. Bonjour Monsieur le
17 témoin. Mon nom est Franck Terrier, je suis l'un des avocats de
18 l'accusation et, comme cela vous a certainement été dit, je vais vous
19 poser quelques questions à la suite de votre témoignage d'hier.
20 Je voudrais tout d'abord savoir si vous avez tenu un journal des
21 événements que vous avez vécus au cours de la guerre.
22 M. Kupreskic (interprétation). - Non. Je n'ai pas tenu le
23 journal.
24 M. Terrier. – Je vous posais cette question, car vous nous avez
25 donné hier beaucoup de précisions et vos souvenirs sont apparus
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1 extrêmement détaillés.
2 Ma première question se rapporte aux relations que vous
3 entreteniez avec les Musulmans habitant à Ahmici. Vous nous avez dit, bien
4 entendu, que ces relations étaient excellentes ; je voudrais savoir tout
5 de même si elles n'ont pas évolué de manière défavorable dans le courant
6 de l'année 1992 et le début de 1993 et, si c'est le cas dans l'affirmatif,
7 je voudrais que vous nous expliquiez pour quelles raisons cela s'est
8 produit.
9 M. Kupreskic (interprétation). - Il n'y avait pas de dégradation
10 des relations avec des amis avec lesquels j'étais en très bons termes,
11 notamment avec les témoins de mon mariage, avec mes premiers voisins que
12 je rencontrais régulièrement et avec lesquels j'avais l'occasion, de temps
13 à autre, de prendre une boisson dans un café.
14 M. Terrier. – Est-ce que la construction de la mosquée basse à
15 Ahmici, la mosquée avec le minaret, en 1990 peut-être, sauf erreur de ma
16 part, n'a pas provoqué des discussions, n'a pas modifié le climat qui
17 régnait entre les communautés à Ahmici ?
18 M. Kupreskic (interprétation). - Je ne le dirais pas et ceci, à
19 cause du fait que de nombreux Croates ont aidé M. Hazim Ahmic, celui qui
20 avait construit sa mosquée privée. Les Croates lui ont permis d'abord
21 d'obtenir un certain nombre de papiers, dont il avait besoin pour
22 construire cette mosquée, ensuite, il avait beaucoup de difficultés avec
23 ses propres voisins d'Ahmici-le-haut, donc des Musulmans. Et même au
24 moment où le minaret aurait dû être posé, il ne pouvait pas trouver des
25 clous d'une dimension toute particulière, et c'est moi qui lui avait
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1 acheté les clous à Kakanj. C'était une très grande quantité. C'est moi qui
2 lui ai remis ces clous sous forme de donation, justement pour la
3 construction de cette mosquée.
4 Par la suite, je pourrais rajouter également qu'au moment où on
5 avait inauguré cette mosquée, il y avait un très grand nombre
6 d'invitations qui ont été envoyées aux Croates.
7 M. Terrier. – Et vous même étiez présent à l'inauguration de
8 cette mosquée ?
9 M. Kupreskic (interprétation). - Oui, moi aussi j'y étais
10 présent.
11 M. Terrier. – Monsieur Kupreskic, vous avez dit hier que la
12 population d'Ahmici avait doublé en 1993, au début de 1993 par l'afflux de
13 réfugiés. Est-il exact de dire que ces réfugiés qui se sont installés à
14 Ahmici en grand nombre étaient pour la plupart Musulmans ?
15 M. Kupreskic (interprétation). - Au moment où Jajce est tombée,
16 il y avait des Croates et des Musulmans qui étaient partis de cette ville.
17 Tous sont restés entre une journée et deux journées dans le secteur de
18 Vitez. Cependant, un très grand nombre de Croates, qui ont été chassés de
19 leur foyer, ne souhaitaient pas rester à Vitez et c'est la raison pour
20 laquelle ils ont poursuivi leur chemin en direction de Tomislavgrad et en
21 Herzégovine. En revanche, la population musulmane est restée, je parle des
22 réfugiés, dans le secteur de la Bosnie centrale.
23 M. Terrier. - Mais Monsieur Kupreskic, comment expliquer ce
24 phénomène ? Les réfugiés croates ne s'installent pas dans la région de
25 Vitez ni à Ahmici, vont vers Tomislavgrad ou plus loin encore vers
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1 l'Herzégovine alors que les réfugiés musulmans, eux, s'installent en
2 Bosnie centrale. Comment est-ce que vous l'expliquez ?
3 M. Kupreskic (interprétation). - Je ne sais pas comment
4 pourrais-je expliquer une telle attitude, mais à ce moment-là, moi, j'ai
5 mis à la disposition des réfugiés les deux maisons dont les propriétaires
6 étaient mes frères, car à cette époque-là encore le village Didak, dont
7 j'ai parlé, n'était pas encore tombé, par conséquent les réfugiés
8 n'étaient pas encore chassés. Ces réfugiés sont restés dans ces deux
9 maisons entre deux et trois jours. Par la suite ils sont partis une fois
10 de plus vers la direction de Tomislavgrad et plus loin en Herzégovine. Il
11 y en a qui sont partis en Croatie, d'autres encore sont partis à
12 l'étranger, en Allemagne, aux Pays-Bas et partout où les gens pouvaient
13 trouver des amis ou des cousins pour s'y installer.
14 M. Terrier. - Mais tout de même, dans la région de Bosnie
15 centrale, dans la région de Vitez, de Busovaca, ces réfugiés pouvaient, et
16 vous l'avez montré d'ailleurs, aisément trouver un endroit où se loger,
17 pouvaient obtenir l'aide d'amis ou de membres de leur famille. Ce n'est
18 pas cela qui les a conduits à aller plus loin.
19 Est-ce que l'explication peut tenir dans le climat politique ou
20 la composition ethnique de la Bosnie centrale à cette époque ? Est-ce que
21 c'est là l'explication de ce souhait des réfugiés croates d'aller plus
22 loin, de ne pas s'arrêter à Vitez ?
23 M. Kupreskic (interprétation). - Malheureusement, je ne pourrai
24 pas répondre à cette question, je ne sais pas.
25 M. Terrier. - Monsieur Kupreskic, je voudrais maintenant que
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1 nous évoquions vos activités professionnelles et en particulier les
2 affaires dont vous aviez la charge à cette époque-là dans la région de
3 Vitez. Tout d'abord, il me semble que vous exploitiez à Vitez même, dans
4 la ville de Vitez, un restaurant. C'est bien exact ?
5 M. Kupreskic (interprétation). - C'est exact.
6 M. Terrier. - Lorsque vous avez quitté, avec vos enfants et
7 votre épouse, Vitez pour l'Allemagne, quelles dispositions avez-vous
8 prises pour l'exploitation de ce restaurant ?
9 M. Kupreskic (interprétation). - Compte tenu du fait que mon
10 beau-frère était également dans l'hôtellerie au moment où je m'apprêtais à
11 partir en Allemagne, j'ai mis ce restaurant à la disposition de mon beau-
12 frère. C'est lui qui était à la tête donc de ce restaurant jusqu'à la
13 veille du conflit.
14 M. Terrier. - Mais vous êtes vous-même resté le propriétaire de
15 ce restaurant ?
16 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. Je suis resté le
17 propriétaire du restaurant, mais je lui ai loué et il l'a pris en
18 location.
19 M. Terrier. - Ce restaurant existe-t-il toujours aujourd'hui ?
20 M. Kupreskic (interprétation). - Oui, oui, il existe encore
21 aujourd'hui et aujourd'hui, c'est mon épouse qui s'en occupe.
22 M. Terrier. - Parlons maintenant de la société dont le nom était
23 d'abord Stefani Bosna, puis ensuite Sutra à partir de novembre 1992. Nous
24 avons un document qui établit ce changement de dénomination sociale, qui a
25 été versé hier sous la cote D23/3. Je
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1 voudrais que vous nous disiez pour quelle raison vous avez changé le nom
2 de cette société ?
3 M. Kupreskic (interprétation). - En ce qui concerne le
4 changement de ma société, c'était une simple raison : j'ai cessé de
5 travailler avec la Grèce et j'ai créé mon entreprise comme Stefani ; cette
6 dénomination sociale tirait l'origine du fait que j'avais coopéré avec une
7 entreprise correspondante en Grèce. Par la suite, j'ai cessé cette
8 activité avec la Grèce et j'ai désigné l'entreprise selon un surnom qui a
9 été connu à cette époque-là et que l'on donnait à notre famille.
10 M. Terrier. – Vous voulez dire que la société grecque avec
11 laquelle vous travailliez s'appelait elle-même Stefani ?
12 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. A Athènes, c'était
13 Stefani Athènes, il y avait Stefani Ljubljana à la tête de laquelle se
14 trouvait M. Stefan Duskan et moi ; j'avais créé l'entreprise
15 Stefani Bosna.
16 M. Terrier. – Je comprends. Est-ce que vous pouvez nous dire, en
17 parlant de la société Sutra, quelle est sa forme juridique et quel rôle
18 précisément y joue M. Vlatko Kupreskic ? Y jouait, à l'époque, M. Vlatko
19 Kupreskic ?
20 M. Kupreskic (interprétation). - Vlatko Kupreskic travaillait à
21 SPS à Vitez. Il est de formation économiste et, compte tenu du fait que la
22 société ne fonctionnait plus, il était au chômage technique. Moi, je
23 voulais tout simplement profiter de ses capacités professionnelles, compte
24 tenu qu'il est diplômé de sciences économiques. C'est la raison pour
25 laquelle je l'ai engagé, je l'ai employé dans mon entreprise. Après un
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1 certain nombre de missions que je lui avais confiées, je l'ai nommé
2 copropriétaire de l'entreprise.
3 M. Terrier. – Mais quelle est la forme juridique de cette
4 entreprise ? S'agit-il d'une société anonyme dont la responsabilité est
5 illimitée ? S’agit-il d'une société de personnes ? Je me réfère à des
6 catégories de droit commercial qui, je crois, existent dans le droit
7 croate.
8 M. Kupreskic (interprétation). - Il s'agissait d'une entreprise
9 à responsabilité
10 illimitée.
11 M. Terrier. – Le capital de cette société était réparti entre
12 quelles personnes ?
13 M. Kupreskic (interprétation). – Non, le capital était
14 uniquement le mien.
15 M. Terrier. – Est-ce qu'à un moment ou l'autre, avant avril 1993
16 ou après avril 1993, M. Vlatko Kupreskic est devenu l'un des propriétaires
17 de cette société ?
18 M. Kupreskic (interprétation). - Il a été tout simplement
19 copropriétaire. Au moment où il avait construit cette installation
20 utilitaire pour les ventes en gros et cet entrepôt dont on a beaucoup
21 parlé, à ce moment-là il est devenu copropriétaire.
22 M. Terrier. – Quelle était l'activité principale de cette
23 société ? Nous parlons de la période 1992, fin 1992, début 1993. Quelle
24 était l'activité principale de Sutra ?
25 M. Kupreskic (interprétation). - En général, il s'agissait des
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1 ventes de marchandises telles que vivres, vêtements… vous voyez de tels
2 types d'articles.
3 M. Terrier. – Où est-ce que vous achetiez ces articles ?
4 M. Kupreskic (interprétation). - Nous avons acheté ces produits
5 en gros en Croatie, en Herzégovine et nous avons complété également les
6 marchandises, parce que nous avons pu trouver un certain nombre de
7 marchandises à Kiseljak.
8 M. Terrier. – Et à qui revendiez vous ces marchandises ? De
9 quelle manière ?
10 M. Kupreskic (interprétation). - Nous avons vendu les
11 marchandises à tous les acheteurs, aussi bien en gros qu'en détail.
12 M. Terrier. – Est-ce qu'il est possible d'avoir une idée du
13 volume de vos activités, c'est-à-dire peut-être de votre chiffre
14 d'affaire ? Le montant global des achats que vous faisiez, par exemple,
15 sur une année ? Est-ce que c'est possible ?
16 M. Kupreskic (interprétation). - Peut-être entre 200 000 DM.
17 M. Terrier. – Par an ?
18 M. Kupreskic (interprétation). - C’était en 1992, le chiffre
19 d'affaire.
20 M. Terrier. – En 1992 alors ? Est-ce que l'exploitation
21 (inaudible)…
22 M. Kupreskic (interprétation). - Oui, c'était en 1992.
23 M. Terrier. – Est-ce qu'en 1992 l'exploitation de votre société
24 a été bénéficiaire ?
25 M. Kupreskic (interprétation). – Oui, oui.
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1 M. Terrier. – Largement bénéficiaire ? Est-ce que vous pouvez
2 évaluer le montant des bénéfices que vous avez réalisé en 1992 ?
3 M. Kupreskic (interprétation). – Eh bien, c'était une période
4 déjà lointaine, mais je ne pourrais pas vous répondre très exactement. De
5 toute façon on était largement bénéficiaire.
6 M. Terrier. – Quelle a été l'évolution de cette situation
7 financière de la Sutra en 1993 ?
8 M. Kupreskic (interprétation). – En 1993, nous avons poursuivi
9 nos activités normalement jusqu'au 15 avril ou bien je dirai même jusqu'au
10 16 avril, au moment où nous avons cessé nos activités. Jusqu'à ce moment-
11 là, toutes les activités se développaient tout à fait normalement.
12 Nous n'avons pas fait un bilan, la guerre a coupé toutes ces
13 activités et ce que nous avons souhaité bien évidemment, c'est que toutes
14 ces marchandises qui sont restées à notre disposition puissent être
15 transformées en argent, donc que l'on écoule sur le marché cette
16 marchandise, car en partie, l'armée nous a confisqué une quantité de la
17 marchandise, et notamment des vivres et des cigarettes qui se trouvaient
18 sur le stock.
19 M. Terrier. - Est-ce qu'il est donc juste de dire que vous étiez
20 en 92-93 un homme d'affaire prospère en Bosnie centrale ?
21 M. Kupreskic (interprétation). - Oui, on pourrait le dire.
22 M. Terrier. - Est-ce qu'il est exact que vous avez en 94, du
23 moins rapidement après le conflit, retrouvé cette prospérité, que vous
24 avez même développé largement vos activités commerciales et je me réfère
25 en particulier à ce que vous avez dit hier quant à l'importation du
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1 monde entier d'un nombre considérable de moutons ?
2 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. J'ai repris mes activités
3 en avril 94 et je dois dire qu'à ce moment là, les prix étaient très très
4 élevés, notamment en Bosnie centrale et, certes, tout le monde ne pouvait
5 pas se déplacer pour aller chercher les marchandises. Nous sommes arrivés
6 donc à ce niveau assez élevé auquel nous étions parvenus déjà avant la
7 guerre.
8 En ce qui concerne les marchandises que j'ai importées
9 d'Australie en 96, c'était effectivement une quantité assez importante,
10 parce que la communauté islamique était au contact direct avec la banque
11 australienne qui avait une succursale à Vienne et c'est après que nous
12 avons pu prendre, nous avons importé les moutons grâce donc à ce prêt que
13 nous avons pu obtenir en passant par la communauté islamique.
14 En ce qui concerne le transport, nous sommes passés par le
15 chantier naval de Farez, de la compagnie Farez, et nous avons payé
16 1 600 000 DM pour le transport de ces moutons.
17 M. Terrier. - Nous pouvons par conséquent dire, si je me réfère
18 au chiffre que vous venez de donner, que vous êtes aujourd'hui un homme
19 d'affaire important.
20 M. Kupreskic (interprétation). - C'est vrai.
21 M. Terrier. - Revenons à la période 92-début 93. Je voudrais que
22 vous nous expliquiez quelle relation vous aviez avec les autorités du HVO
23 pour la conduite de vos affaires.
24 M. Kupreskic (interprétation). - Je peux vous dire que je
25 n'avais pas de très grands problèmes, car chaque fois quand j'en avais
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1 besoin, quand j'avais besoin par exemple d'obtenir une autorisation pour
2 voyager moi-même ou pour les marchandises à transporter, j'avais tout de
3 suite obtenu les autorisations. Le fait même que j'étais quelqu'un qui
4 avait proposé la meilleure offre des paquets divers en 92 en témoigne
5 également. Je n'ai jamais eu de problème de ce genre-là.
6 M. Terrier. - Nous pouvons dire par conséquent que vous
7 entreteniez d'excellentes
8 relations avec les autorités du HVO ?
9 M. Kupreskic (interprétation). - Oui, oui, en très bons termes.
10 M. Terrier. - Qui étaient les responsables du HVO avec lesquels
11 vous étiez en contact ? Quel était leur nom ?
12 M. Kupreskic (interprétation). - A cette époque-là, c'était
13 M. Ivica Santic, c'est lui qui était le maire.
14 M. Terrier. - Oui. Néanmoins, dans le domaine économique ou dans
15 le domaine de l'approvisionnement, il y avait d'autres personnes qui
16 étaient responsables ?
17 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. A cette époque-là, c'était
18 Dragan… je ne peux plus me souvenir de son nom de famille.
19 M. Terrier. - Peu importe. A cette époque-là, vous aviez des
20 concurrents en Bosnie centrale ?
21 M. Kupreskic (interprétation). - Oui.
22 M. Terrier. - Comment se fait-il que vous parveniez si
23 régulièrement et si facilement à supplanter vos concurrents auprès des
24 autorités responsables de l'approvisionnement du HVO ?
25 M. Kupreskic (interprétation). - Un certain nombre d'entreprises
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1 avaient d'autres affaires et d'autres activités, moi je me suis occupé
2 notamment de fournir les aliments, enfin les produits alimentaires sur le
3 marché, j'avais d'autres activités, pas tellement. Il y avait d'autres
4 compagnies, mais le marché, bien évidemment, fonctionnait selon l'offre et
5 l'offre que j'avais était la meilleure, comme je l'ai dit.
6 M. Terrier. - Est-ce que, pour être si bien considéré par les
7 autorités du HVO, il n'y avait pas un certain nombre de conditions à
8 remplir ?
9 M. Kupreskic (interprétation). - Oui, il y avait des conditions
10 à remplir. Tout premièrement, il fallait que les marchandises soient d'une
11 bonne qualité, que l'on respecte
12 toutes les conditions, que l'on se fasse rembourser, que les prix soient
13 les meilleurs.
14 M. Terrier. - Est-ce que vous vous rendiez souvent en dehors de
15 Bosnie à cette époque-là ? Je parle toujours de la période deuxième
16 semestre 92, début 1993.
17 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. Assez souvent.
18 M. Terrier. - Où est-ce que vous alliez pour vos affaires ?
19 M. Kupreskic (interprétation). - Le plus souvent, je me suis
20 rendu en Croatie, en Herzégovine pour des affaires, compte tenu du fait
21 que la grande quantité de marchandises provenait de ces deux endroits.
22 M. Terrier. - Lorsque vous êtes revenu à Ahmici le
23 19 octobre 1992, vous avez dit hier que vous reveniez de Split à ce
24 moment-là et que vous avez découvert un barrage à l'entrée d'Ahmici. Est-
25 ce que vous reveniez d'un voyage d'affaires de cette sorte ?
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1 M. Kupreskic (interprétation). - Tout premièrement, à vous
2 parler du 19 octobre : oui. Le 19 octobre, j'étais à Split et je revenais
3 de Split.
4 M. Terrier. - Est-ce que vous étiez seul au cours de ce voyage ?
5 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. J'étais seul.
6 M. Terrier. - Est-ce qu'habituellement, lorsque vous vous
7 rendiez en voyage d'affaires à Split ou en Croatie, vous étiez seul ?
8 M. Kupreskic (interprétation). - Cela dépend. Des fois, j'étais
9 seul, et par moment également Vlatko m'accompagnait.
10 M. Terrier. - Pour quelle raison est-ce que Vlatko Kupreskic
11 vous accompagnait ? Est-ce qu'il y avait une raison particulière pour
12 cela ?
13 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. Il était diplômé de
14 sciences économiques, il avait beaucoup d'amis avec lesquels il était
15 encore en contact et qui travaillaient dans des entreprises différentes
16 avec lesquelles nous avons contactés. C'est la raison pour laquelle
17 également nous avons profité de ces amitiés pour pouvoir obtenir un
18 certain nombre d'affaires.
19 M. Terrier. - Est-ce que l'on peut avoir une idée de la
20 fréquence de vos voyages en Croatie à cette époque ? Étaient-ils mensuels,
21 bimensuels, hebdomadaires ?
22 M. Kupreskic (interprétation). - En moyenne, une fois par
23 semaine.
24 M. Terrier. - Est-ce que vous avez déjà été condamné
25 Monsieur Kupreskic ?
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1 M. Kupreskic (interprétation). - Non.
2 M. Terrier. - Vous ne vous souvenez pas avoir été condamné en
3 décembre 1985 ?
4 M. Kupreskic (interprétation). - Pardon. C'était une
5 condamnation avec sursis. Excusez-moi. J'ai oublié.
6 M. Terrier. - Pour quel motif cette condamnation a-t-elle été
7 prononcée ?
8 M. Kupreskic (interprétation). - C'était une sentence qui a été
9 prononcée pour une raison qui était la suivante : il n'y avait pas
10 d'essence à cette époque-là, moi à l'époque j'avais un restaurant qui se
11 trouvait entre Zenica et Jepce et comme il y avait une très grande pénurie
12 en essence et ma maison se trouvait à 50 kilomètres à peu près par rapport
13 à ce restaurant, un ami m'avait offert 120 litres d'essence, qu'il m'avait
14 donnés, car il disposait d'une citerne. J'ai donc pris cette essence,
15 cette quantité d'essence ; ensuite, il y a la police qui est arrivée, il y
16 avait quelqu'un qui m'avait dénoncé, nous étions au Tribunal à Zaridovici
17 et c'est comme ça qu'une sentence a été prononcée.
18 M. Terrier. - Une sentence a été prononcée pour vol. Est-ce
19 exact ?
20 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. C'est comme ça.
21 M. Terrier. - Venons en maintenant, Monsieur Kupreskic, aux
22 circonstances dans lesquelles votre famille et vous-même...
23 M. le Président (interprétation). - Maître Radovic ?
24 M. Radovic (interprétation). - Monsieur le Président, le
25 Procureur a probablement des données exactes et, bien évidemment, on parle
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1 probablement d'un article très précis en fonction duquel la sentence a été
2 prononcée, c'est la raison pour laquelle je vais demander au Procureur de
3 nous citer l'article selon lequel la sentence a été prononcée, car selon
4 ce que Kupreskic venait de nous dire, ce n'était pas le vol, mais c'est
5 qu'il y avait eu une quantité d'essence qui a été mise à sa disposition,
6 c'est-à-dire celui qui lui a mis à la disposition cette quantité d'essence
7 était quelqu'un qui avait volé, pas lui. Par conséquent, c'est extrêmement
8 important que le Procureur nous cite l'article en fonction duquel la
9 sentence a été prononcée.
10 M. le Président (interprétation). - Merci. Maître Par ?
11 M. Par (interprétation). - Juste un petit quelque chose à propos
12 de cette sentence. Tout ce qui a été prononcé comme sentence en 1985,
13 elles ont été effacées car ce sont les sentences qui ne sont plus en
14 vigueur, selon la législation en vigueur.
15 M. le Président. - Merci. Peut-être pourriez-vous,
16 Maître Terrier, nous donner les éléments essentiels de ce dossier parce
17 qu'en principe, de l'arrêt de la sentence, etc., parce qu'en principe
18 toute question concernant le dossier pénal d'un témoin n'est pas
19 pertinente, sauf si la partie qui interroge le témoin nous dit pourquoi,
20 quelle est la pertinence des questions concernant le dossier pénal.
21 M. Terrier. - Monsieur le Président, en posant cette question au
22 témoin -et le témoin, je pense, nous a éclairé suffisamment-, je
23 souhaitais aider le Tribunal -peut-être l'ai-je fait maladroitement, si
24 c'est le cas, je vous prie de m'en excuser- à évaluer la crédibilité de ce
25 témoin. Le témoin nous a dit qu'effectivement il avait été condamné pour
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1 vol en 1985, à une peine prononcée avec sursis, je n'y attache pas
2 davantage d'importance que cela. Je veux bien dire à Me Radovic que
3 l'article de loi sur la base duquel le témoin a été condamné est
4 l'article, sauf erreur de ma part, 147 paragraphe 1…
5 M. Radovic (interprétation). - Il avait tout simplement passé
6 sous silence, il n'a pas volé. Il avait acheté de celui qui avait volé.
7 C'est cela ce que je veux préciser.
8 M. May (interprétation). – Avez-vous des documents à ce propos,
9 Maître Terrier ? Il n'est pas nécessaire de le faire maintenant, mais en
10 temps voulu, vous pourriez peut-être
11 communiquer ces documents à la défense pour régler la question ?
12 M. Terrier. – Entendu Monsieur le Juge.
13 J'en viens maintenant, Monsieur le Témoin, au départ donc de
14 votre famille et de vous-même en Allemagne en mars 1992. Vous nous avez
15 dit que cette décision avait été prise pour assurer la sécurité de votre
16 famille, de votre épouse et de vos enfants, de vos trois fils. Vous nous
17 avez dit qu'en mars 1992, la situation en Bosnie centrale était
18 particulièrement incertaine, qu'elle était menaçante et que vous aviez la
19 possibilité d'obtenir pour votre famille un logement en Allemagne. C'est
20 bien cela ?
21 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. C'est cela.
22 M. Terrier. – Je voudrais que vous nous expliquiez pour quelles
23 raisons il a été décidé à ce moment-là, un an plus tard en avril 1993, de
24 ramener toute votre famille sur Ahmici ?
25 M. Kupreskic (interprétation). - Essentiellement, j'étais ému,
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1 parce que mon fils cadet m'avait dit qu'il en avait tellement assez de
2 l'Allemagne que si je ne venais pas le chercher, il allait se jeter du
3 troisième étage. Ça, je l'ai déjà déclaré. Est-ce qu'il y a quelque chose
4 de plus important que les enfants ?
5 M. Terrier. – Je ne conteste pas vos raisons bien entendu.
6 Simplement, ma question est la suivante : votre épouse nous a dit, ici, en
7 déposant il y a quelques temps, que si elle était rentrée, c'est parce que
8 vous l'aviez assurée que la situation s'était arrangée. Qu'en avril 1993
9 la situation était meilleure en Bosnie centrale qu'elle ne l'était en
10 mars 1992. Qu'est-ce que vous pensez de cette déclaration de votre
11 épouse ?
12 M. Kupreskic (interprétation). - Je voudrais présenter les
13 choses comme cela : à cette époque-là, la situation s'était vraiment
14 tassée. En fait, il n'y avait pas de problèmes dans cette zone à
15 l'exception de cette première escarmouche à Ahmici et ça, d'après moi,
16 c'était déjà passé. En effet, beaucoup de gens s'étaient réconciliés les
17 uns les autres ; on avait recommencé
18 à mener une vie normale, les gens étaient à la terrasse des cafés et je me
19 suis dit tout simplement qu'il ne devrait plus y avoir de problèmes.
20 M. Terrier. – Lorsque vous êtes parti en mars 1992, quelles
21 étaient vos intentions à vous-même ? Votre famille devait s'installer à
22 Essen chez votre frère, mais pour vous-même, quelles étaient vos
23 intentions ? Est-ce que vous aviez l'intention de rester en Allemagne ou
24 de rentrer ?
25 M. Kupreskic (interprétation). - J'avais l'intention de rester
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1 en Allemagne quand je suis parti avec mes enfants, avec ma femme en
2 mars 1992. Cependant, mon père m'avait parlé des menaces, on avait menacé
3 que la maison soit détruite, que nos biens soient confisqués, c'est pour
4 ça que je suis revenu.
5 M. Terrier. – Mais vous nous avez dit en effet hier que vous
6 étiez considéré comme un déserteur quand vous vous êtes rendu en
7 Allemagne. Mais qui vous considérait comme un déserteur ?
8 M. Kupreskic (interprétation). – Eh bien, les Croates bien
9 entendu, je parle des officiels croates.
10 M. Terrier. – Est-ce que cela ne signifie pas que tous les
11 Croates, tous les citoyens croates de Bosnie centrale à cette époque-là
12 étaient considérés comme mobilisés de fait et nous sommes en mars 1992,
13 donc au tout début, avant même la création du HVO. Tous les citoyens
14 croates étaient considérés comme mobilisés au service de la nation
15 croate ?
16 M. Kupreskic (interprétation). – Moi, je ne présenterais pas les
17 choses comme cela. Je ne suis pas prêt à dire qu'ils étaient considérés
18 comme mobilisés. Il s'agissait simplement de menaces qui avaient été
19 faites par des particuliers et mon père en avait entendu parler. Il m'a
20 appelé et m'a dit : "Il faut que tu reviennes". Il m'a dit : "Si tu ne
21 reviens pas, tes biens risquent d'être confisqués et tu risques d'être
22 considéré comme déserteur".
23 M. Terrier. – Est-ce que vous avez le nom de ces particuliers
24 qui ont proféré des
25 menaces contre vous et vos biens ?
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1 M. Kupreskic (interprétation). - Vous voyez, c'est mon père qui
2 m'a dit ça au téléphone. Lui-même l'avait entendu dire par d'autres
3 personnes, c'étaient des rumeurs de village. Alors vous donner des noms de
4 particulier, je n'en sais rien, je n'étais pas là et lui n'était pas en
5 mesure de me le dire.
6 M. Terrier. - Cela signifie que ceux qui vous menaçaient ou qui
7 menaçaient vos biens appartenaient à ce village ?
8 M. Kupreskic (interprétation). - Non. Ils n'étaient pas du
9 village. C'étaient des gens qui appartenaient aux autorités croates de
10 l'époque.
11 M. Terrier. - Lorsque vous êtes revenu d'Allemagne, au mois de
12 mai 1992, sauf erreur de ma part, vous nous avez dit hier que vous aviez
13 contribué à rapporter en Bosnie centrale de l'aide humanitaire, en
14 particulier des médicaments. Je voudrais savoir par qui cette opération a-
15 t-elle été financée ? Comment vous avez obtenu les autorisations
16 nécessaires et éventuellement qui vous a mandaté pour cette mission ?
17 M. Kupreskic (interprétation). - L'ensemble de l'aide
18 humanitaire, les médicaments, les véhicules, tout ça, était organisé par
19 un de mes parents, Vlado Susic, qui tient un restaurant à Feldbert, mais
20 il m'a désigné pour l'aider, parce qu'il avait besoin de gens pour emmener
21 les véhicules en Bosnie centrale. On était convenus qu'une partie des
22 médicaments devrait être distribuée à Novi Travnik ; et deux véhicules (et
23 je conduisais la Granada) devaient être aussi donnés à Novi Travnik et le
24 reste à Vitez.
25 M. Terrier. - Et comment était financée cette opération ?
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1 M. Kupreskic (interprétation). - On a fait une collecte, c'est
2 Vlado Susic qui a fait une collecte et les gens de Feldbert et des
3 environs, les gens de Bosnie centrale, amenaient leur contribution, que ce
4 soit en médicaments ou en argent, en numéraire. En tout cas, c'est ce
5 qu'il m'avait dit. Il y avait trois personnes qui en étaient responsables.
6 Si quelqu'un venait avec du numéraire, on utilisait cet argent pour
7 acheter des véhicules, des médicaments. Si quelqu'un donnait des
8 médicaments, on les renvoyait sur la Bosnie centrale.
9 M. Terrier. - Venons en maintenant, Monsieur Kupreskic, à cette
10 période qui suit le premier conflit, le conflit du mois d'octobre 1992.
11 Vous nous avez parlé d'une réunion qui a suivi ce conflit, réunion au
12 cours de laquelle le retour des Musulmans a été décidé. Vous nous avez dit
13 hier qu'au cours de cette réunion, qu'à cette réunion, ont pris par
14 Nenad Santic, Pero Skopljak et Zoran Kupreskic. Est-ce que cela signifie
15 que ces trois personnes étaient, chacun à leur niveau et chacun dans leur
16 sphère géographique, des dirigeants ?
17 M. Kupreskic (interprétation). - Non, ce n'est pas comme ça que
18 je vois les choses. Il y a une raison bien simple à cela. Fuad et
19 Ano Sverbic avaient insisté pour que cette réunion se tienne. C'étaient
20 d'excellents amis de Zoran et c'est un ingénieur mécanique, il travaillait
21 dans la même société qu'eux. Donc ils ont appelé Zoran pour lui demander
22 de tenir une réunion si possible avec les acteurs principaux de la
23 municipalité et y faire venir certains représentants. Donc, ils devaient
24 venir où que se tienne la réunion.
25 Ainsi, la réunion s'est tenue sur la terrasse de ma maison. J'en
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1 ai entendu parler lorsque ma tante m'a appelé à Vitez au restaurant où
2 j'étais à cette époque-là, donc je suis arrivé à la réunion par la suite,
3 tandis que Pero Skopljak qui représentait les Croates Vitez, c'était ce
4 genre de représentants, et puis il y avait Karlso Sulejman, j'en ai parlé
5 hier.
6 M. Terrier. - Vous nous dites que Pero Skopljak représentait les
7 Croates de Vitez, représentait les Croates de Ahmici, Santici et Pirici ?
8 M. Kupreskic (interprétation). - Vous voyez, hier, j'ai
9 également déclaré que Nenad Santic était celui qui avait créé le HDZ dans
10 cette région et alors probablement, je ne suis pas sûr, mais j'imagine que
11 c'était lui le représentant principal des Croates de la région, mais je
12 n'en suis pas sûr. Zoran devait organiser la réunion à l'initiative de
13 M. Berbic Fuad et des autres.
14 M. Terrier. – Est-ce que vous pouvez nous dire quelles décisions
15 ont été prises au cours de cette réunion ?
16 M. Kupreskic (interprétation). - Ce que je sais, dans la mesure
17 où je m'en souviens, des décisions ont été prises : essentiellement,
18 chacun devait travailler avec ses propres gens dans la région où il vivait
19 et, bien sûr, il s’agissait de ramener la situation au statu quo ante ;
20 chacun devait parler avec les siens pour que la vie reprenne son cours de
21 manière à ramener des patrouilles conjointes qui monteraient la garde à
22 l'entrée du village. J'ai décidé d'être le premier représentant pour
23 montrer que nous, ça ne nous posait pas de problèmes.
24 M. Terrier. – Est-ce que vous vous souvenez d'une décision
25 consistant à ordonner aux Musulmans de remettre leurs armes ?
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1 M. Kupreskic (interprétation). - Non, pas à cette réunion chez
2 moi. J'ai entendu dire que l'on avait parlé, lors d'une réunion
3 précédente, de ce genre de choses. Je crois que c'était le premier ou le
4 second jour après le début du conflit. Que certains quatre fusils devaient
5 être rendus. Ils avaient été pris à l'armée lorsqu'il y avait eu une mise
6 en garde à une barricade près du cimetière et un véhicule aussi avait été
7 confisqué. Mais le véhicule, lui, a été rendu, pas les fusils. Ça, j'en ai
8 entendu parler. Autrement dit, on n'en a pas parlé sur la terrasse de ma
9 maison.
10 M. Terrier. – Mais est-ce que vous avez été informé d'une
11 décision consistant à demander ou sommer les Musulmans d'Ahmici et Santici
12 de remettre leurs armes ?
13 M. Kupreskic (interprétation). – J'en ai entendu parler, mais je
14 n'étais pas à la réunion.
15 M. Terrier. – Qu'est-ce que vous savez de cette réunion au cours
16 de laquelle cette décision a été prise d'ordonner aux Musulmans de
17 remettre leurs armes ?
18 M. Kupreskic (interprétation). - Tout ce que j'en sais, je viens
19 de vous le dire. C'est ce que j'avais entendu dire.
20 M. Terrier. – Donc ce que vous savez, c'est que cette décision a
21 été prise au cours d'une autre réunion, mais vous ne savez pas qui était
22 présent ?
23 M. Kupreskic (interprétation). - Non, je sais que ce genre de
24 décision avait été prise, mais je ne sais vraiment pas qui assistait à
25 cette réunion.
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1 M. Terrier. – Parlons des patrouilles, d'abord conjointes puis
2 ensuite séparées, qui ont été assurées pour la sécurité des habitants
3 d'Ahmici, Santici et Pirici. Par qui étaient organisées ces patrouilles du
4 côté croate ?
5 M. Kupreskic (interprétation). - Croyez-moi, je n'en sais rien.
6 Quand je suis rentré d'Allemagne, ces patrouilles, ces gardes avaient déjà
7 été mise en place. Tout ce qui me restait, c'était de m'y ajouter, parce
8 qu'ils m'avaient plus ou moins traité en déserteur. Ils m'ont dit : "Tu
9 dois te joindre à ces patrouilles", donc j'ai trouvé le temps et j'ai
10 rempli ce devoir. Mais ça, c'était seulement le soir ; dans la journée, il
11 n'y avait pas de patrouille au village, mais il y avait des gens en
12 sentinelle à côté du radio qui était dans la cour de l'école.
13 M. Terrier. – Est-ce que vous-même et vos amis croates, lorsque
14 vous faisiez ces patrouilles, vous étiez en uniforme ?
15 M. Kupreskic (interprétation). - Pas à cette époque.
16 M. Terrier. – Est-ce que vous disposiez d'une arme ?
17 M. Kupreskic (interprétation). - Je sais que seul Mirko Sakic
18 avait un fusil à cette époque et Zdravko Vrebac lors du premier conflit.
19 M. Terrier. – A quelle époque est-ce que vous avez revêtu un
20 uniforme ?
21 M. Kupreskic (interprétation). - J'ai endossé un uniforme de 10
22 à 15 jours après le premier conflit.
23 M. Terrier. – Revenons à 1992, fin 1992 début 1993, à ces
24 patrouilles. Est-ce que vos cousins Vlatko Kupreskic, Mirjan Kupreskic et
25 Zoran Kupreskic assuraient eux aussi ces patrouilles ?
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1 M. Kupreskic (interprétation). - Zoran et Mirjan, oui. Pas
2 Vlatko. Il n'était pas apte au service militaire en Yougoslavie non plus.
3 M. Terrier. – Venons-en maintenant au mois d'avril 1993 et à ce
4 voyage à Split. Je voudrais que… je demanderai à M. l'huissier de remettre
5 au témoin la pièce de la défense D24/3.
6 (L'huissier s'exécute.)
7 M. Terrier. - Monsieur Kupreskic, ce document vous a été soumis
8 hier, est-ce que vous en êtes le signataire ?
9 M. Kupreskic (interprétation). - Non. C'est M. Vlatko Kupreskic
10 qui l'a signé.
11 M. Terrier. - Est-ce que vous pouvez nous l'expliquer, peut-être
12 l'avez vous déjà fait hier, et dans ce cas je vous prie de m'en excuser,
13 mais je n'ai pas très bien saisi l'explication de ce document, la raison
14 d'être de ce document. Pourquoi a-t-il été établi ? A qui a-t-il été
15 remis ?
16 M. Kupreskic (interprétation). - Ce document. En fait, toute
17 personne qui voyage au nom de son entreprise doit disposer d'un document
18 de ce genre qui justifie cet objectif, son voyage d'affaires et les coûts
19 afférents au voyage.
20 M. Terrier. - Est-ce que c'est une règle qui avait été instaurée
21 en raison des circonstances, c'est-à-dire une règle instaurée par le HVO,
22 par la communauté croate, ou est-ce que c'est une règle qui existait
23 durant l'ancienne Yougoslavie ?
24 M. Kupreskic (interprétation). - C'était un règlement qui
25 existait dans l'ancienne Yougoslavie et, à partir de ce document, on
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1 établit un rapport montrant ce qui a été fait pendant ce voyage
2 d'affaires, c'est-à-dire à quel accord on est arrivé et cela sert à
3 justifier les charges encourues lors de ce voyage d'affaires.
4 M. Terrier. - Est-ce que le HVO avait expressément maintenu ces
5 règles de l'ancienne Yougoslavie ?
6 M. Kupreskic (interprétation). - Je n'en sais rien. Je ne sais
7 pas s'il respectait tous les règlements, mais en tout cas il en a repris
8 certains.
9 M. Terrier. - Ce document qui se trouve devant vous était remis,
10 montrait une autorité. Quelle autorité ?
11 M. Kupreskic (interprétation). - Non. Ce document ne précise pas
12 de quelle autorité il s'agit. Là, il s'agit d'un document qui porte sur
13 l'entreprise. C'est un document d'entreprise.
14 M. Terrier. - J'ai bien compris que c'était un document
15 d'entreprise, mais c'est un document qui n'est pas destiné à être remis à
16 une autorité pour justifier par exemple d'une autorisation ?
17 M. Kupreskic (interprétation). - C’est vrai, mais il est produit
18 sur l'ensemble de l'année et on fait un bilan final à la fin de l'année. A
19 ce moment-là, on l'envoie à l'inspectorat des revenus de la municipalité
20 où l'entreprise est enregistrée.
21 M. Terrier. - Le document D24/3 qui se trouve devant vous est la
22 photocopie d'un original ?
23 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. C'est vrai.
24 M. Terrier. - Est-ce que l'original n'a pas été envoyé à une
25 administration comme vous venez de le dire ?
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1 M. Kupreskic (interprétation). - Non, l'original n'est pas
2 envoyé à un service administratif quelconque, il faut que nous gardions
3 ceci dans nos dossiers, dans nos archives de façon que, s'il y a une
4 inspection, s'il y a un inspecteur des services fiscaux qui vient sur
5 place, il peut constater si tout est en ordre.
6 M. Terrier. - Je comprends.
7 M. Kupreskic (interprétation). - Le document demeure au sein de
8 l'entreprise.
9 M. Terrier. - Parlons maintenant de ce voyage de Vitez à Split.
10 Pouvez-vous nous
11 rappeler à quelle date vous êtes parti, à quelle heure vous êtes parti et
12 à quelle heure vous êtes arrivé à Split ? Je ne vous demande pas bien
13 entendu un récit de ce voyage -que vous nous avez déjà fait hier-, je vous
14 demande simplement la date et les heures.
15 M. Kupreskic (interprétation). - Nous sommes partis le 14 au
16 matin, il devait être 6 heures du matin à peu près, et nous sommes arrivés
17 à Split entre 13 et 14 heures.
18 M. Terrier. - Qu'est-ce que vous avez fait lorsque vous êtes
19 arrivé à Split ?
20 M. Kupreskic (interprétation). - Nous sommes allés sur la place
21 du marché, il y avait des amis à nous qui apportaient des marchandises en
22 provenance directe de Turquie. Là, il était question de jeans et lorsque
23 nous faisons de tels voyages, à cause de ma femme, nous profitons de
24 l'occasion pour emporter la quantité de jeans qui est nécessaire et le
25 plus possible de tailleurs pour que ceci soit emmené dans la voiture. Et
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1 par la suite, nous sommes allés chercher ma femme à l'aéroport le soir.
2 M. Terrier. - Est-ce que vous pouvez nous dire quelle est la
3 nature de la transaction commerciale à laquelle vous avez procédé à ce
4 moment-là et qui justifie le déplacement de Vlatko Kupreskic en votre
5 compagnie ?
6 M. Kupreskic (interprétation). - Nous étions ensemble dans une
7 maison assez grande qui s'appelle que Koteks qui se trouve à Split ; je
8 parle d'une firme. C'est là que nous discutions de l'acquisition d'une
9 grande quantité de sel.
10 M. Terrier. – Donc ce jour-là, à Split, vous n'avez pas
11 seulement acheté des jeans, vous avez aussi négocié un marché portant sur
12 des quantités importantes de sel ?
13 M. Kupreskic (interprétation). - Oui, avec cette firme de Split
14 Koteks.
15 M. Terrier. – Avez-vous signé, établi des documents
16 commerciaux ?
17 M. Kupreskic (interprétation). - A cette occasion, nous avons
18 négocié les termes du contrat, mais l'envoi à proprement parler s'est fait
19 30 jours plus tard puisqu'il n'avait pas été possible de répondre à nos
20 besoins sur-le-champ.
21 M. Terrier. – Est-ce qu'il existe un seul document commercial
22 établi par vous ou l'un de vos partenaires croates se référant à cette
23 rencontre le 14 avril 1993 à Split, à laquelle Vlatko Kupreskic a
24 participé ?
25 M. Kupreskic (interprétation). - Vous savez, il y a longtemps de
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1 cela, il ne m'est plus possible de dire s'il existe un tel document.
2 M. Terrier. – Est-ce que ces jeans, ces textiles que vous avez
3 achetés sur le marché, est-ce qu'ils ont été payés par une traite ou un
4 chèque bancaire ?
5 M. Kupreskic (interprétation). - Les jeans ont été achetés
6 comptant, en liquide.
7 M. Terrier. – De ce voyage commercial du 14 avril 1993 à Split,
8 il ne reste donc aucune trace commerciale ou bancaire ?
9 M. Kupreskic (interprétation). - Tout ce que nous avions avait
10 été inscrit dans un registre que nous tenions et qui portait sur les
11 marchés que nous pouvions passer. Nous l'avons fait par la suite, c'est
12 avec Koteks que nous avons traité effectivement.
13 M. Terrier. – Puis-je vous demander d'être aussi précis que
14 possible pour ce qui concerne le nom, l'adresse de la compagnie où vous
15 êtes allé négocier pour le marché de sel et le nom des personnes que vous
16 avez rencontrées ?
17 M. Kupreskic (interprétation). – Eh bien, je sais pour
18 l'essentiel qu'il s'agissait de la firme Koteks de Split, mais je ne suis
19 pas en mesure de vous dire aujourd'hui quel était le nom des personnes que
20 nous avons rencontrées à cette occasion ; il faudrait que je vérifie ces
21 noms dans mes notes étant donné le temps qui s'est écoulé depuis.
22 M. Terrier. – Je voudrais prier Monsieur l'huissier de soumettre
23 au témoin la pièce D25/3 qui a été versée hier au dossier du Tribunal.
24 (L'huissier s'exécute.)
25 Monsieur Kupreskic, ce document a été établi par le HVO, signé
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1 par Marjan Skopljak. Est-ce qu'il est exact de dire que Marjan Skopljak
2 était une personne que
3 vous connaissiez très bien ?
4 M. Kupreskic (interprétation). - Effectivement, c'est tout à
5 fait exact.
6 M. Terrier. – Il est exact de dire que ce document a été établi
7 par le HVO à votre demande ?
8 M. Kupreskic (interprétation). - C’est exact.
9 M. Terrier. – Est-ce que cette demande a été formulée par écrit
10 ou simplement verbalement ?
11 M. Kupreskic (interprétation). - Par écrit.
12 M. Terrier. – Quel type de document écrit avez-vous fourni pour
13 obtenir cette autorisation ?
14 M. Kupreskic (interprétation). - Nous avons rédigé une espèce de
15 mémo, de mémorandum de l'entreprise par lequel nous demandions
16 l'autorisation de nous déplacer en voyage d'affaire pour tel ou tel
17 négoce. C'est alors qu'ils délivraient à partir de ce document que nous
18 leur remettions, qu'ils délivraient le permis.
19 M. Terrier. – Est-ce que, lorsque vous avez fait cette demande,
20 vous avez précisé quelles devaient être les dates de votre voyage
21 d'affaire ?
22 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. J'ai précisé ces dates
23 dans ma requête écrite. Il s'agissait du 13. C'est le 13 avril en vue
24 du 14. De manière générale, il était coutumier de demander une période
25 plus longue, ce qui voulait dire que si vous rentriez plus tôt, ça ne
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1 posait pas de problèmes.
2 M. Terrier. – Est-ce que c'est vous qui avez fixé comme date de
3 votre voyage la période allant du 14 avril au 24 avril ?
4 M. Kupreskic (interprétation). – Eh bien, en règle générale,
5 nous obtenions dix jours, dix journées pour de tels déplacements.
6 M. Terrier. – Est-ce qu'il vous arrivait de faire des
7 déplacements d'une dizaine de
8 jours ?
9 M. Kupreskic (interprétation). – Oui, oui. J'ai même passé des
10 périodes de temps plus longues ; par exemple, quand j'ai rendu visite à ma
11 famille en Allemagne. Là, je demandais trente jours pour ce déplacement.
12 M. Terrier. – Donc ces dates qui figurent sur l'autorisation de
13 voyage n'impliquent pas que vous ayez interrompu ou abrégé votre voyage
14 pour rentrer plus vite qu'il n'était prévu ?
15 M. Kupreskic (interprétation). - Il arrivait que nous utilisions
16 un même permis à deux reprises. Supposons que si nous étions partis le 14
17 pour la première fois, que nous étions rentrés le 15, cela voulait dire
18 que le 20, nous pouvions repartir à nouveau et revenir avant le 24. Mais
19 si nous n'étions pas rentrés avant le 24, ceci entraînait automatiquement
20 des problèmes aux différents barrages routiers que nous devions franchir,
21 tenus par le HVO. En l'absence de ce document, il était carrément
22 impossible de se déplacer.
23 M. Terrier. - Sur ce document qui figure devant vous, on peut
24 voir un timbre, timbre humide sans doute, qui mentionne le franchissement
25 d'une frontière à Metkovic le 14 avril 1993. Par qui a été apposé ce
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1 timbre sur ce document ?
2 M. Kupreskic (interprétation). - Eh bien ce timbre a été apposé
3 par le policier qui se trouvait à ce poste frontière. Il arrivait qu'il
4 n'examine même pas le document.
5 M. Terrier. - Mais de quel policier s'agit-il ? Est-ce qu'il
6 s'agit d'un policier du HVO ou est-ce qu'il s'agit d'un policier de la
7 République de Croatie ?
8 M. Kupreskic (interprétation). - Il s'agissait de policiers de
9 la République de Croatie.
10 M. Terrier. - Est-ce que ce timbre que l'on peut voir sur la
11 pièce D25/3 établit dans quel sens la frontière a été franchie ?
12 Est-ce que la frontière a été franchie le 14 avril de Bosnie
13 vers la Croatie ou de Croatie vers la Bosnie ?
14 M. Kupreskic (interprétation). - De la Bosnie en direction de la
15 Croatie en passant par Metkovic.
16 M. Terrier. - Quand vous avez franchi au retour cette même
17 frontière au même endroit, mais cette fois de Croatie vers la Bosnie, rien
18 ne vous a été demandé ?
19 M. Kupreskic (interprétation). - Eh bien, en premier lieu, nous
20 n'avons pas franchi la frontière au même poste frontière, nous l'avons
21 franchie à un autre endroit, à celui de Crveni Grm, en d'autres termes,
22 sur la route qui va à Ljubuski. Et là, ils n'ont effectivement pas
23 estampillé le document puisque nous quittions la Croatie.
24 M. Terrier. - Au retour, vous n'avez pas franchi la frontière à
25 Metkovic. C'est ce que j'avais cru comprendre.
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1 M. Kupreskic (interprétation). - Non.
2 M. Terrier. - J'aimerais, et là je sollicite des instructions du
3 Tribunal, nous avons, le bureau du Procureur a entendu M. Vlatko Kupreskic
4 le 11 juin 1998 dans le cadre de l'article 63 du Règlement, c'est-à-dire à
5 la demande expresse de M. Vlatko Kupreskic et en présence de ses avocats,
6 Me Krajina, Me Par et Me Gradac.
7 Cette rencontre a été enregistrée par vidéo et elle a donné lieu
8 à une transcription de tout ce qui a été déclaré par M. Vlatko Kupreskic à
9 cette occasion. Aussitôt, le jour même d'ailleurs, le 11 juin 1998, une
10 copie des bandes vidéo a été remise aux avocats de M. Vlatko Kupreskic,
11 comme il est prescrit dans le Règlement de procédure et de preuve.
12 J'aimerais à cette occasion évoquer certaines des déclarations
13 de M. Vlatko Kupreskic, faites le 11 juin 1998, et remettre à votre
14 Tribunal les bandes vidéo de cette audition et la transcription de cette
15 même audition. J'indique à votre Tribunal que, peu avant le début de cette
16 audience, nous avons remis aux avocats qui n'en disposaient pas la
17 transcription de cette d'audition, mais bien entendu, Me Par et
18 Me Krajina, ici présents, en disposent depuis le mois de juin 1998.
19 J'indique aussi à votre Tribunal que cette audition se rapporte
20 à la situation de l'accusé Vlatko Kupreskic, mais ne se rapporte pas à la
21 situation des autres accusés ici présents. Je m'en rapporte donc à la
22 décision de votre Tribunal, en souhaitant pouvoir m'y référer sur quelques
23 points très précis.
24 M. le Président. - Vous avez cité l'article 64.
25 M. Terrier. - 63, Monsieur le Président.
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1 M. le Président. - 63, oui.
2 (Les Juges se consultent sur le Siège.)
3 M. Par (interprétation). - Monsieur le Président, Monsieur le
4 Président !
5 M. le Président (interprétation). - Maître Par, vous avez la
6 parole.
7 M. Par (interprétation). - Madame et Messieurs les Juges, nous
8 sommes les défenseurs de Vlatko Kupreskic et nous pouvons apporter la
9 confirmation de tout ce qui a été dit par notre éminent collègue de
10 l'accusation, s'agissant de la question de l'audition et des documents et
11 bandes vidéo y affairant que nous avons reçus à cette occasion. Nous ne
12 contestons pas non plus qu'il s'agisse là d'éléments que le Procureur soit
13 tout à fait justifié à utiliser. Toutefois, nous estimons qu'à ce stade de
14 la procédure, il est inutile, il n'y a aucun intérêt à présenter des
15 éléments apportés par Vlatko Kupreskic à l'égard de ce témoin.
16 Nous proposons que ceci soit évoqué au moment où ce sera
17 Vlatko Kupreskic qui fera sa déposition. On pourra ainsi peut-être émettre
18 des doutes sur la crédibilité d'autres déclarations préalables de témoins,
19 mais nous ne voyons aucun intérêt à avancer ce qu'aurait dit
20 Vlatko Kupreskic à ce témoin-ci aujourd'hui, d'autant que le Procureur a
21 toute latitude de poser des questions au témoin afin d'apporter la preuve
22 de ce qu'il veut faire.
23 Nous suggérons que le Tribunal n'autorise pas le Procureur à
24 présenter ces pièces à cet instant. Le Procureur pourra pourtant les
25 présenter au moment de la déposition de l'accusé.
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1 M. Terrier. – Monsieur le Président, très brièvement, je
2 souhaite répondre à
3 Me Par.
4 Il me semble que dans les déclarations faites librement le
5 11 juin 1998 par M. Vlatko Kupreskic, on peut relever un certain nombre de
6 contradictions flagrantes avec ce qu’a déclaré le témoin devant ce
7 Tribunal et cela à propos du voyage à Split, des circonstances de ce
8 voyage. Je souhaite résoudre, et peut-être est-ce possible, ces
9 contradictions. Peut-être n'est-ce pas le moment de déposer et remettre au
10 dossier du Tribunal ce document, du moins je souhaite être autorisé à
11 évoquer verbalement, en me référant à ce document sous le contrôle de
12 Me Krajina et de Me Par, et rappeler ce qu'a dit à ce moment-là
13 M. Vlatko Kupreskic pour obtenir le point de vue du témoin.
14 Si nous laissons passer cette occasion, lorsque
15 M. Vlatko Kupreskic témoignera -s'il témoigne- nous n'aurons plus ici le
16 témoin pour obtenir son point de vue sur les déclarations faites par
17 M. Vlatko Kupreskic.
18 (Les Juges se consultent sur le Siège.)
19 M. le Président. – Oui, nous considérons en effet que ce
20 document ne devrait, à ce stade, ne devrait pas être versé au dossier,
21 mais que d'autre part, là, vous avez raison, il peut être utile de faire
22 ressortir ce que vous considérez des contradictions, mais dans ce cas,
23 donc dans ce cadre limité, pourriez-vous poser des questions toutefois
24 d'une manière neutre pour ainsi dire, c'est-à-dire sans faire référence
25 aux déclarations de Vlatko Kupreskic, référence explicite. Vous comprenez
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1 bien ce que je viens de dire ? C'est-à-dire vous avez sous les yeux le
2 document, les avocats de la défense ont aussi ce document, vous pouvez
3 faire allusion à ce document, vous pouvez vous baser sur ces documents
4 pour poser des questions au témoin.
5 Nous considérons que c'est plus approprié de ne pas dire "voilà
6 ce que M. Vlatko Kupreskic a dit" à ce stade-là.
7 M. Terrier. – Bien Monsieur le Président, je vais me conformer
8 aux instructions du Tribunal.
9 Monsieur le Témoin, ne peut-on pas penser que ce voyage de Vitez
10 à Split et ensuite, de Split à Vitez, a duré non pas deux jours, mais
11 trois jours et qu'en réalité, vous avez passé une nuit à Split et une
12 seconde nuit chez cet ami dont vous avez parlé hier ?
13 M. Kupreskic (interprétation). - Non. En effet, ça ne s'est pas
14 passé comme ça. Nous sommes bien arrivés à Split le premier jour, nous
15 avons fait nos affaires, nous sommes allés à l'aéroport, nous y avons
16 trouvé ma femme, il y a eu une heure de trajet en voiture, un peu moins,
17 de Split à Baske Vode ; c'est là que nous avons passé la nuit, parce que
18 nous étions chez un bon ami de la famille et nous avons poursuivi notre
19 route le lendemain. Pourquoi serions-nous restés deux jours ?
20 M. Terrier. – Ne peut-on pas penser, Monsieur le Témoin, pour ce
21 qui concerne la partie commerciale de ce voyage, il s'agissait
22 exclusivement d'acheter des produits textiles et qu'il n'a pas été
23 question de négociations portant sur du sel ?
24 M. Kupreskic (interprétation). – Bon, bien sûr, on pourrait le
25 penser. Cependant, nous avons effectivement eu ces négociations, si vous
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1 voulez, en parallèle, mais dans cette situation précise où Vlatko me
2 tenait compagnie pour que je n'aie pas à voyager seul.
3 M. Terrier. – Est-ce qu'il n'est pas logique de penser que,
4 nécessairement, des documents à caractère commercial (contrats, traites ou
5 des documents à caractère bancaire) ont été signés au cours de ce voyage
6 d'affaire ?
7 M. Kupreskic (interprétation). - On pourrait le penser, bien
8 sûr, mais nous n'avons pas signé de contrat ce jour-là, ceci ne s'est fait
9 que plus tard. En fait, au cours de ces discussions, ces négociations ,
10 nous nous sommes contentés de nous mettre d'accord pour, en fait,
11 négocier, passer le contrat un mois plus tard.
12 M. Terrier. – Est-ce qu'il ne serait pas logique de penser, dans
13 ces conditions, Monsieur le Témoin, qu'un accord -s'il y a eu accord ce
14 jour là entre vous et vos partenaires commerciaux- nécessairement, une
15 proposition de contrat y fasse référence, même s'il a été
16 établi, si ce contrat a été établi un mois plus tard ?
17 M. Kupreskic (interprétation). - Voyez, ce n'aurait pas été
18 possible un mois plus tard, parce qu'il y avait un conflit et nous étions
19 pratiquement dans l'impossibilité de quitter la région, ceci
20 jusqu'en 1994. Mais à cette occasion-là, nous nous sommes mis d'accord de
21 principe, nous sommes convenus qu'un mois plus tard, nous obtiendrons
22 certaines quantités de sel qui viennent des marais salants de Pâques.
23 M. Terrier. – Bien. Maintenant je ne me réfère plus aux
24 documents dont nous avons parlé tout à l'heure, mais j'aimerais
25 comprendre, Monsieur le Témoin, pour quelles raisons M. Vlatko Kupreskic
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1 vous a accompagné, car, selon ce que vous dites, il semble qu'à la fois
2 M. Vlatko Kupreskic était une sorte de négociateur que vous souhaitiez
3 avoir à vos côtés et aussi qu'il s'agissait simplement -c'est ce que vous
4 venez de dire je crois il y a quelques instants- de vous épargner le fait
5 d'avoir à voyager seul.
6 M. Kupreskic (interprétation). - Mais bien sûr. Tout d'abord, je
7 partais en déplacement, en voyage, je voulais voir s'il était possible de
8 conclure quelques affaires, d'acheter des jeans et en même temps d'aller
9 chercher ma femme. Étant donné qu'à l'époque, il n'était pas conseillé de
10 se déplacer seul, il y avait déjà eu des assassinats sur ce tronçon de la
11 route entre Novi Travnik et Cebicic, des personnes avaient été arrêtés,
12 stoppées et puis tuées, surtout si elles avaient de l'argent sur elles.
13 M. Terrier. – En toute hypothèse, ce n'est pas pour négocier les
14 jeans sur le marché de Split que vous avez emmené Vlatko Kupreskic avec
15 vous ?
16 M. Kupreskic (interprétation). - Non, pas tout à fait. Il avait
17 des amis à Split. Ce sont ses amis qui avaient acheminé les jeans depuis
18 la Turquie jusqu'à Split. Nous nous sommes contentés d'aller chercher ces
19 jeans, c'est tout. Nous sommes passés par chez Koteks afin de voir les
20 personnes de qui nous avions acheté des marchandises auparavant.
21 M. Terrier. – Est-ce que vous disposez de l'original du document
22 qui se trouve
23 devant vous ? Le document coté D26/3 ?
24 M. Kupreskic (interprétation). - Non. Je n'ai pas ce document,
25 mais je pense qu'effectivement, mon avocat a une copie de ce document.
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1 M. Terrier. – Est-ce qu'il n'est pas possible d'en avoir
2 l'original ?
3 M. Kupreskic (interprétation). - Je ne l'ai pas sur moi, ici
4 même.
5 M. Terrier. – Est-ce que vous en disposez chez vous à votre
6 domicile en Bosnie ? A Vitez ?
7 M. Kupreskic (interprétation). – Non, ce n'est pas possible que
8 je l'aie, car il n'y a qu'un original à ce document et cet original, il
9 est entre les mains d'un conseil de la défense.
10 M. Terrier. – Il n'est pas perdu ? L'original n'est pas perdu ?
11 Vous l'avez remis à un conseil ?
12 M. Kupreskic (interprétation). - Non. Je ne pense pas qu'il ait
13 été perdu. Il ne devrait pas être perdu, puisque je l'ai remis à la femme
14 de Vlatko Kupreskic qui rassemblait ces documents à l'intention de
15 M. Vlatko Kupreskic.
16 Quant à savoir si ce document est toujours entre les mains de
17 Ljubuska Kupreskic ou si c'est désormais le conseil de la défense qui
18 l'a ? Ça je ne sais pas.
19 M. Terrier. – Monsieur le Président, peut-être est-il temps de
20 faire une brève interruption ?
21 M. le Président. – Oui, d'accord.
22 (L'audience, suspendue à 10 heures 30, est reprise à 11 heures).
23 M. le Président (interprétation). - Maître Terrier, vous avez la
24 parole.
25 M. Terrier. - Merci Monsieur le Président. Monsieur le témoin,
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1 vous nous avez expliqué hier, comme l'avait fait votre épouse un peu
2 avant, qu'après l'aéroport vous vous êtes
3 rendu chez un ami et vous avez passé à cet endroit la nuit du 14 au
4 15 avril 1993. Hier, sur une question de Me Par, vous nous avez montré sur
5 une carte l'endroit où vous avez passé la nuit, l'endroit où habite cet
6 ami.
7 Ma question est la suivante : est-ce qu'il existe une quelconque
8 trace écrite de ce séjour que vous avez passé, vous, votre épouse et
9 M. Vlatko Kupreskic chez cet ami ? Est-ce que vous avez payé une chambre
10 par un chèque bancaire ou par un paiement par carte bleue ? Est-ce que
11 vous avez annoncé votre arrivée par un fax ou tout autre moyen écrit qui
12 constituerait une trace de ce séjour ? Est-ce que cela existe ?
13 M. Kupreskic (interprétation). - Non, ça n'existe pas. Tout
14 simplement, il s'agissait d'un très très bon ami, nous l'avons appelé
15 quand nous étions à Split. Nous lui avons dit que nous allions passer
16 cette nuit, pour passer chez lui, c'est tout et lui, en tant que notre
17 ami, il ne nous a pas fait payer.
18 M. Terrier. - J'en viens maintenant à votre retour le
19 15 avril 1993 à Ahmici, Santici en fin d'après-midi. Vous nous avez dit
20 que vous êtes arrivé vers 18 heures 30 et que vous vous êtes, à ce moment-
21 là, séparé de Vlatko Kupreskic que vous avez déposé devant sa maison. Est-
22 ce que vous lui avez donné des instructions pour la journée du lendemain,
23 des instructions à caractère professionnel ?
24 M. le Président (interprétation). - Maître Par, je vous en
25 prie ?
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1 M. Par (interprétation). - Monsieur le Président, je pense que
2 le témoin avait parlé de 6 heures 30. De toute façon, nous pouvons le
3 vérifier dans la transcription.
4 M. Terrier. - Maître Par a tout à fait raison, j'ai dit
5 d'ailleurs, sauf lapsus de ma part, j'ai dit 6 heures 30. Effectivement,
6 c'est 6 heures 30.
7 Ma question, Monsieur le témoin, est la suivante, je vous la
8 répète : est-ce que vous avez donné à M. Vlatko Kupreskic, ce 15 avril au
9 soir, des instructions professionnelles pour la journée du lendemain ?
10 M. Kupreskic (interprétation). - Oui, déjà en cours de voyage
11 depuis Novi Travnik jusqu'à Vitez, que nous allons laisser chez lui les
12 jeans et que, le lendemain matin, lui-même, il allait se charger de
13 transporter une quantité de ces jeans jusqu'à Travnik, jusqu'à sa sœur qui
14 a une boutique et déposer les jeans chez elle. Nous sommes passés chez
15 lui, nous avons déchargé la voiture et puis mon épouse et moi-même, nous
16 avons poursuivi le chemin jusqu'à notre maison.
17 M. Terrier. - Comment est-ce que vous expliquez que votre
18 épouse, lorsqu'elle a témoigné et que je lui ai demandé ce que vous
19 transportiez comme marchandises, a été incapable de le dire ? Elle a
20 affirmé n'avoir pas vu ce que vous transportiez, alors que vous venez de
21 dire qu'elle a assisté au déchargement.
22 M. Kupreskic (interprétation). - Mais ce n'est pas mon épouse
23 qui avait aidé pour décharger la voiture. Elle a vu sa cousine et puis
24 avec l'épouse de Vlatko, elle est rentrée à la maison. Ce n'est pas cela
25 qui l'intéressait. Par conséquent, c'est moi-même avec Vlatko qui avons
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1 déchargé. Il n'y avait pas une quantité grande pour qu'elle y participe.
2 M. Terrier. - Hier, vous avez relaté la soirée que vous avez
3 passée à votre domicile, en compagnie d'amis et de personnes de votre
4 famille et vous avez cité beaucoup des personnes qui sont venues rendre
5 visite en particulier à votre épouse qui revenait d'Allemagne.
6 Devant ce Tribunal, un autre témoin Mirko Sakic a fait des
7 déclarations un peu différentes sur les personnes qui étaient présentes et
8 sur les déclarations et les conversations qui ont eu lieu à ce moment-là.
9 Il a indiqué en particulier que Zoran et Mirjan étaient présents, mais non
10 leur épouse, et que Vlatko Kupreskic était présent. Qu'est-ce que vous en
11 dites ?
12 M. Kupreskic (interprétation). - Je ne sais pas ce que
13 Mirko Sakic a dit. Ce que je sais, c'est que, ce soir-là, Zoran et Mirjan
14 sont passés nous voir, leur épouse, mais l'épouse de Zoran et Zoran lui-
15 même sont restés très peu de temps, parce qu'eux-mêmes ils avaient des
16 invités chez eux. Mais de toute façon, les invités se relayaient, il y
17 avait des cousins, des amis,
18 juste pour nous saluer. Mon épouse et moi-même, nous avons discuté, nous
19 avons plaisanté quelque peu et chacun est rentré chez lui par la suite. On
20 a bien évidemment bu un petit verre et ensuite chacun est retourné chez
21 soi.
22 M. Terrier. - Vous avez dit hier que le 16 avril à 4 heures du
23 matin quelqu'un est venu sonner à votre porte pour vous dire que les
24 Musulmans allaient attaquer le village et qu'il convenait de trouver un
25 refuge. Vous nous avez dit que cette personne était Dragan Vidovic. Est-ce
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1 que vous pouvez nous expliquer qui était Dragan Vidovic ?
2 M. Kupreskic (interprétation). - Dragan Vidovic était mon
3 voisin, mon voisin qui habitait à 150 mètres par rapport à ma maison. Il a
4 travaillé à cette époque-là à la protection civile et je ne peux pas
5 savoir d'où il tenait cette information. Il est un fait que c'est lui qui
6 m'a réveillé, moi-même et, ensuite, j'ai réveillé ma famille, les membres
7 de ma famille.
8 M. Terrier. – Est-ce que Dragan Vidovic faisait partie d'une
9 unité militaire du HVO ?
10 M. Kupreskic (interprétation). - A cette époque-là, non, il a
11 été membre de la protection civile.
12 M. Terrier. – Est-ce que, lorsqu'il s'est présenté à votre porte
13 le 16 avril à 4 heures du matin, il était en uniforme ?
14 M. Kupreskic (interprétation). - Je ne me souviens pas. Il
15 faisait sombre encore. Il a frappé sur ma porte, il a dit de ne pas
16 allumer les lumières et, de toute façon, je ne me souviens pas
17 véritablement quels genres de vêtements il portait.
18 M. Terrier. – Est-ce que vous vous souvenez s'il portait une
19 arme ?
20 M. Kupreskic (interprétation). - Non, ça je n'ai pas vu. J'ai
21 dit que, tout de suite, il nous a suggéré de rester dans le noir, enfin de
22 ne pas allumer les lumières.
23 M. Terrier. – Lorsque vous avez quitté votre maison, votre
24 épouse, vos trois fils et vous-même pour rejoindre l'abri qui vous a été
25 assigné, comment est-ce que vous étiez habillé ?
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1 M. Kupreskic (interprétation). – Moi, je portais un vêtement
2 civil.
3 M. Terrier. – Est-ce que vous aviez une arme ?
4 M. Kupreskic (interprétation). - Non. Non, à ce moment-là, je ne
5 portais pas d'arme.
6 M. Terrier. – Vous nous avez dit hier que vous avez conduit
7 votre famille en direction de l'abri de Vrebac, mais que vous les avez
8 laissés aller devant, à hauteur de la maison d'Ivica Vidovic et que vous
9 êtes revenu sur vos pas en direction de votre maison. Comment est-ce que
10 vous pouviez être sûr que votre famille serait accueillie à l'abri de
11 Vrebac ? Qu'il y aurait, par exemple, suffisamment de places pour les
12 abriter ?
13 M. Kupreskic (interprétation). - Tout d'abord, je n'ai pas dit
14 que je les ai laissés dans la maison d'Ivica Vidovic, mais je les ai
15 laissés à côté de la maison d'Ivica Vidovic, car ils ont poursuivi la
16 route en direction de la maison de Jozo Vrebac. Nous étions en liens de
17 parenté avec Jozo Vrebac également ; il était témoin de mon mariage. Par
18 conséquent, je ne me posais la question s'il y aurait de la place ou pas.
19 J'étais un petit peu perdu, je ne savais pas ce que je faisais.
20 M. Terrier. – Comment est-ce que vous pouviez être sûr -puisque
21 vous parliez d'une attaque des forces musulmanes sur le village- que
22 l'abri de Vrebac serait une zone sûre ? Qu'aucun tir ne pourrait
23 l'atteindre et que la zone dangereuse, c'était seulement la zone
24 d'Ahmici ?
25 M. Kupreskic (interprétation). - Je ne le savais pas, mais ce
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1 que je sais, c'est que chaque fois, quand il y avait une alerte à ce
2 moment-là, il s'agissait d'un abri qui était le plus important, le plus
3 grand et tous se déplaçaient dans cette direction-là. Même avant que je
4 retourne d'Allemagne, les gens le faisaient. J'en ai été averti et je
5 savais que c'était un abri vers lequel il fallait se diriger.
6 M. Terrier. – Et vous aviez, par conséquent, lorsque vous avez
7 laissé devant la maison de M. Ivica Vidovic votre famille continuer vers
8 cet abri, vous étiez certain que dans cet abri ils seraient non seulement
9 accueillis, mais aussi pleinement en sécurité ?
10 M. Kupreskic (interprétation). - Non. Je n'étais absolument pas
11 en sécurité nulle part. A mon avis, en ce qui me concerne, je ne le
12 pensais pas. Mais c'est Dragan qui m'avait suggéré, il m'avait dit de
13 m'acheminer dans cette direction. Je ne sais pas si lui disposait
14 d'informations plus complètes, ça je ne le sais pas.
15 M. Terrier. – Vous nous avez dit hier que vous êtes donc revenu
16 sur la route en direction de votre maison plus précisément pour aller
17 rencontrer les réfugiés qui habitaient dans les maisons de vos frères et
18 que, sur ce chemin, vous avez rencontré d'abord Zoran et sa famille,
19 Mirjan et sa famille et qu'ensuite, à proximité de la maison de
20 Mirko Sakic, vous avez rencontré des soldats. J'ai bien compris votre
21 déposition hier ?
22 M. Kupreskic (interprétation). - Au moment où je rentrais de la
23 maison d'Ivica Vidovic, j'ai rencontré d'abord les parents de Zoran et
24 Mirjan et ensuite, au niveau de la maison de Pudza, j'ai rencontré Zoran
25 et Mirjan avec leur famille et Mirjan qui transportait sa belle-mère dans
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1 une brouette. Devant la maison de Mirko Sakic, comme je marchais
2 rapidement, j'ai rencontré ce groupe de soldats qui se dirigeait vers
3 l'entrepôt. Mais au moment où moi-même j'ai emmené ma famille dans l'abri,
4 j'avais appelé Marica qui se trouvait dans la maison de Branko et Manda
5 qui se trouvait dans la maison de Josip, mon frère. C'est là où elles
6 m'avaient dit toutes les deux qu'elles en avaient marre de ces alarmes qui
7 étaient des fausses alarmes et qu'elles ne voulaient pas partir. Mais au
8 moment où j'ai rencontré les soldats, je me suis dit que c'était beaucoup
9 plus sérieux, que quelque chose pouvait leur arriver. C'est la raison pour
10 laquelle j'ai couru vers chez elles pour leur demander de quitter quand
11 même leurs maisons respectives et d'aller vers cet abri. Je ne sais pas si
12 j'ai été clair maintenant.
13 M. Terrier. – Monsieur le Témoin, revenons à ces soldats que
14 vous rencontrez sur la route. Vous vous trouvez, eux et vous, sur la même
15 route et vous allez dans la même direction ?
16 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. Parce qu'ils étaient
17 devant moi et je les ai rattrapés.
18 M. Terrier. – J'ai un peu de mal à comprendre comment il se fait
19 que, dans ces conditions, vous ne les ayez pas croisés, ces mêmes soldats,
20 au moment où vous conduisiez votre famille en direction de l'abri de
21 Vrebac ?
22 M. Kupreskic (interprétation). - Voyez-vous, pourquoi ? Parce
23 qu'il y avait au moins cinq autres chemins qu'ils auraient pu emprunter en
24 venant d'autres provenances, et pas, donc, prendre le chemin que j'avais
25 pris. Ils auraient pu également venir en provenance de la route
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1 principale, en provenance également de la maison de Niked Sakic, des
2 maisons de Pudza ; ils auraient pu également traverser un chemin de la
3 forêt entre la maison de Pudza et la maison de Mirko Sakic. Par
4 conséquent, ils sont arrivés d'en haut et il n'est pas tout à fait
5 obligatoire qu'ils passent le même chemin que moi j'avais traversé en
6 prenant ma famille pour les emmener dans cet abri.
7 M. Terrier. - Vous ne pensez pas logique de penser que ces
8 soldats étaient certainement venus à bord d'un véhicule, que ce véhicule
9 s'était arrêté sur la route ou à proximité de la route et en particulier
10 peut-être à Pirici ou Zume ? Avez-vous jamais su où leur véhicule s'était
11 arrêté ?
12 M. Kupreskic (interprétation). - Je n'ai jamais su et je ne sais
13 toujours pas comment ils sont arrivés, mais c'est la première fois où j'ai
14 rencontré devant la maison de M. Sakic, ça je le sais.
15 M. Terrier. - Combien étaient-ils à peu près ?
16 M. Kupreskic (interprétation). - Il s'agissait d'un groupe d'une
17 trentaine de soldats.
18 M. Terrier. - Comment étaient-ils habillés selon votre
19 souvenir ?
20 M. Kupreskic (interprétation). - Au moment où je les ai
21 rattrapés, il faisait encore sombre, mais je pouvais remarquer qu'il y en
22 avait qui portaient des uniformes de camouflage et d'autres des uniformes
23 noirs. Ils avaient des peintures noires sur le visage, ils portaient des
24 bandes noires et puis des brassards bleu clair. Voilà.
25 M. Terrier. - Est-ce que vous avez reconnu l'un ou l'autre
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1 d'entre eux ?
2 M. Kupreskic (interprétation). - Non. Ce n'était absolument pas
3 possible de reconnaître qui que ce soit, car ils étaient vraiment
4 peinturlurés de telle façon que c'était impossible de les reconnaître.
5 M. Terrier. - Est-ce que vous leur avez parlé ? Est-ce que vous
6 leur avez posé des questions sur ce qui se passait ?
7 M. Terrier. - Non. Je n'ai pas parlé avec eux. Je suis parti
8 tout de suite à gauche et eux, ils ont continué la route vers l'entrepôt.
9 Ils ne se sont pas arrêtés et je ne pouvais pas leur parler.
10 M. Terrier. - Vous avez dit hier qu'après cette rencontre avec
11 les soldats, vous étiez revenu chez vous, qu'à ce moment-là, vous aviez
12 appelé votre cousin Vlatko Kupreskic pour vous assurer qu'il rejoignait
13 lui aussi un abri, que vous étiez allé ensuite dans la maison de votre
14 frère Josip. Est-ce qu'à un moment ou l'autre de cette matinée par la
15 suite, ou même de cette journée du 16 avril, vous avez aperçu ou rencontré
16 Vlatko Kupreskic ?
17 M. Kupreskic (interprétation). - Non, je n'ai plus rencontré
18 Vlatko Kupreskic. Je l'ai entendu au téléphone une fois que je suis
19 rentré, quand j'ai envoyé Mme Marica et Mme Manda et quand je suis allé
20 vers ma tante pour lui demander, la supplier d'aller dans l'abri. C'est là
21 où j'ai appelé Vlatko, je l'ai appelé au téléphone, j'ai dit que j'ai vu
22 un groupe de soldats et que lui-même avec sa famille, il devait se cacher
23 dans cet abri.
24 M. Terrier. - Mais par la suite, vous ne l'avez pas vu et vous
25 ne savez pas où il a
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1 passé cette journée ?
2 M. Kupreskic (interprétation). - Après, j'ai appris qu'il était
3 parti dans la direction de l'entrepôt. Il n'y a que son père qui était
4 resté, parce qu'il avait la hanche fracturée et il ne voulait pas se
5 déplacer.
6 M. Terrier. - Ma question, Monsieur le témoin, ne se rapporte
7 pas à ce que vous avez appris, mais à ce que vous avez vu personnellement
8 ce jour-là. Vous n'avez pas vu Vlatko Kupreskic ce jour-là ?
9 M. Kupreskic (interprétation). - Exception faite les moments où
10 je suis allé dans l'abri pour porter les denrées alimentaires, je l'ai
11 rencontré. Je ne sais pas si c'était à 13 heures ou bien éventuellement à
12 18 heures, je ne me souviens pas exactement de l'heure où je l'ai vu, mais
13 je l'ai vu devant l'abri.
14 M. Terrier. - Vous voulez dire l'abri de Vrebac ?
15 M. Kupreskic (interprétation). - Oui, devant l'abri de Vrebac.
16 Devant, oui.
17 M. Terrier. - Devant l'abri de Vrebac. Vous avez vu
18 Vlatko Kupreskic soit à 13 heures, soi à 18 heures ?
19 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. Ou bien à 13 heures ou
20 18 heures, mais je pense que c'était plutôt 18 heures. Je pense que
21 c'était déjà la nuit.
22 M. Terrier. - Je voudrais que vous nous expliquiez pour quelle
23 raison vous avez jugé nécessaire de rester là où vous êtes resté pendant
24 la plus grande partie de cette journée, c'est-à-dire dans la chaufferie de
25 la maison de votre frère Josip, alors que vous vous trouviez seul ? Vous
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1 étiez proche des combats, si c'étaient des combats, et que tous vos amis,
2 tous les membres de votre famille se trouvaient plus loin, soit dans la
3 dépression, soit encore dans les différentes maisons de Zume. Est-ce que
4 cet endroit où vous êtes resté était un endroit qui vous a paru
5 particulièrement sûr ?
6 M. Kupreskic (interprétation). - A ce moment-là, j'ai eu
7 l'impression que c'était un
8 endroit le plus sûr et même plus sûr que celui de l'abri. Mais de toute
9 façon, ce n'était pas loin par rapport à ma maison, ce n'était pas loin
10 non plus par rapport à la maison de ma tante, cette tante dont j'ai parlé
11 qui était très âgée. Il y avait également des possibilités pour moi de me
12 déplacer, pour prendre les vivres, pour les apporter à l'abri et puis je
13 voyais également les maisons, je me disais que si jamais elles étaient
14 incendiées, j'allais essayer de m'en occuper. Voilà, c'était la raison
15 pour laquelle je suis resté à cet endroit.
16 M. Terrier. - J'aimerais comprendre Monsieur Kupreskic, parce
17 que vous nous dites que vous avez par exemple reçu la visite de deux
18 soldats dans la matinée, assez tôt dans la matinée, deux soldats dont le
19 comportement, avez-vous dit hier, vous a terrorisé, bien que cet endroit
20 paraisse donc très exposé, peu sûr, vous restez là sans bouger et sans
21 trouver nécessaire de rejoindre vos amis et votre famille dans un endroit
22 plus à l'écart. Je ne comprends pas pourquoi vous êtes resté à cet endroit
23 tout seul et, semble-t-il, en position d'être menacé par les soldats.
24 M. Kupreskic (interprétation). – Ça me paraît que c'était tout à
25 fait normal que j'aie eu peur à partir du moment où il y avait un soldat
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1 qui avait pointé son fusil sur moi. Il m'avait demandé également qui
2 j'étais. Bien évidemment que j'avais peur ! Mais j'ai sorti une bouteille
3 à ces soldats, ils ont bu un coup et puis ils sont partis. Moi, je suis
4 resté encore à cet endroit-là. Je ne peux pas véritablement vous dire,
5 vous donner les précisions ; je ne sais pas pourquoi je suis resté là-bas,
6 sauf des raisons que je vous ai énumérées tout à l'heure.
7 M. Terrier. – Ces deux soldats auxquels vous avez servi du
8 brandy, ils vous ont dit être membres de l'unité des Jokers. Est-ce que
9 vous connaissiez cette unité ?
10 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. J'ai entendu dire qu'il y
11 avait une unité appelée Jokeri, mais je ne savais pas trop de choses là-
12 dessus. Je ne savais pas véritablement qu'il s'agissait d'une unité
13 spéciale, mais ce matin-là, ils me l'ont dit.
14 M. Terrier. – Est-ce que vous étiez déjà passé devant le
15 bungalow avant ce
16 16 avril 1993 ?
17 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. Je suis passé à côté de
18 bungalows ; je savais qu'il y avait une unité également qui y était
19 installée mais je ne pourrais même pas vous dire maintenant de quelle
20 unité il s'agissait. Mais je savais qu'il y avait une armée qui était là-
21 dedans. Enfin, je savais qu'il y avait des soldats là-dedans.
22 M. Terrier. – Vous nous avez parlé hier de Nicolas Omazic.
23 Comment, lorsque vous l'avez rencontré, était habillé Nicolas Omazic ?
24 Etait-il en uniforme ou non ? Portait-il une arme ou non ?
25 M. Kupreskic (interprétation). - Je ne me souviens pas comment
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1 il était habillé. Je pense qu'il avait une arme, un fusil. Il était
2 quelque peu ivre, il titubait, mais je ne pourrais pas vous dire ce qu'il
3 portait.
4 M. Terrier. – Il résulte d'un document qui a été versé au
5 dossier du Tribunal au cours d'une précédente audience, sous la cote D354,
6 P354 pardon, que ce Nikola Omazic était ce jour-là à Ahmici en service
7 dans le cadre du HVO. Qu'est-ce que cela appelle comme commentaires de
8 votre part ?
9 M. Kupreskic (interprétation). - Je pense que ce n'est pas vrai.
10 Je ne pense pas qu'il ait été en service ce jour-là, mais je sais que je
11 l'ai rencontré la première fois à l'entrée du vallon, au moment où je suis
12 allé demander quelques personnes pour m'aider, pour porter le cadavre de
13 Mirjan Santic, dont le corps se trouvait déjà dans son garage. Nicolas,
14 Zoran et Mirjan et Dragan Vidovic l'ont transporté plus loin et ensuite,
15 je n'ai plus revu Nikola. Je ne peux pas vous dire où il se trouvait.
16 M. Terrier. – Monsieur Kupreskic, un témoin qui a déposé devant
17 ce Tribunal sous le pseudonyme "H" a déclaré avoir vu le 15 avril 1993, la
18 veille donc des événements qui nous préoccupent, des soldats du HVO
19 déposer devant votre maison -ou dans votre maison- des matériels à
20 caractère militaire. Quel commentaire cela appelle-t-il de votre part ?
21 M. Kupreskic (interprétation). - Il n'aurait pas pu être témoin
22 de cela. En effet, il n'y avait pas d'équipement militaire chez moi. Il
23 n'y avait que des camions qui amenaient des marchandises à la maison, des
24 marchandises à vendre, c'était amené à l'entrepôt. Si, chez Vlatko, dans
25 son entrepôt il n'y avait plus de place, on les amenait chez moi, donc, il
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1 s'agissait d'un débordement de marchandises, d'un surplus de marchandises
2 qui venait chez moi ; il n'y avait pas du tout d'équipement militaire chez
3 moi.
4 M. Terrier. – Est-ce que jamais vos activités commerciales ont
5 pu porter sur des matériels à caractère militaire ? Je ne parle pas
6 seulement de matériel d'armement, de systèmes d'armes, mais je parle aussi
7 de matériel à caractère militaire, comme par exemple des uniformes ou tous
8 ces objets dont peuvent avoir besoin les militaires qui sont en service.
9 M. Kupreskic (interprétation). - A l'époque, il n'y avait rien
10 d'intéressant. Par contre, à la fin de la guerre, à ce moment-là, on a
11 reçu des offres, il y avait une demande d'uniformes militaires et c'est
12 pour ça que ma société aussi a offert des uniformes militaires. Mais ça,
13 c'était vers 1994 et 1995. Par exemple des couvertures ou d'autres
14 survêtements.
15 M. Terrier. – Par conséquent, vous n'avez jamais exercé une
16 activité commerciale se rapportant, avant avril 1993, à des matériels
17 spécifiquement militaires et en particulier, certainement pas à des
18 armements ?
19 M. Kupreskic (interprétation). - Jamais.
20 M. Terrier. – Vous avez dit avoir vu, à plusieurs reprises au
21 cours de cette journée, Zoran et Mirjan Kupreskic. Est-ce que vous vous
22 souvenez comment l'un et l'autre étaient habillés ?
23 M. Kupreskic (interprétation). – Eh bien, il me semble me
24 souvenir que Mirjan avait un uniforme militaire et Zoran était habillé
25 d'une chemise de camouflage qui était beaucoup trop grande pour lui ; cela
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1 m'aurait mieux été. Je crois qu'il portait aussi des jeans, il me semble.
2 M. le Président. – Je m'excuse, mais, en français, j'ai entendu
3 dire "uniformes militaires". Peut-être que je me trompe. Mirjan portait un
4 uniforme militaire ?
5 M. Terrier. – Oui, vous avez raison, Monsieur le Président,
6 c'est ce que j'ai entendu. Monsieur le Témoin...
7 M. le Président. – Tandis que dans le texte, ici, on dit "civil
8 uniform".
9 M. Terrier. – Je vais reposer la question à Monsieur le Témoin.
10 Monsieur le Témoin, est-ce que vous pouvez nous redire de quelle
11 manière, selon votre souvenir, Mirjan Kupreskic était habillé ce
12 16 avril ?
13 M. Kupreskic (interprétation). - Avec des vêtements civils, mais
14 j'ai peut-être parlé d'uniformes civils. En fait, il portait des vêtements
15 civils. Il portait des vêtements civils complètement, tandis que Zoran,
16 lui, avait une chemise de camouflage ainsi qu'un pantalon.
17 M. Terrier. – Cette notion d'uniforme civil que vous employez,
18 est-ce qu'elle existait à l'époque ?
19 M. Kupreskic (interprétation). - Je voulais parler de vêtements
20 civils, je me suis trompé de mots simplement. J'ai parlé d'uniformes
21 civils, mais je me suis trompé, je voulais dire des vêtements civils.
22 M. Terrier. – Est-ce que Zoran et Mirjan Kupreskic étaient armés
23 lorsque vous les avez vus ce 16 avril ?
24 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. Zoran portait une carabine
25 de chasse et Mirjan, un M48.
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1 M. Terrier. – Hier, Monsieur le Témoin, on vous a montré un
2 registre, un document et on vous a demandé d'authentifier ou non la
3 signature de Mirjan Kupreskic. Sur ce document qui porte la cote D353
4 -sauf erreur de ma part- vous avez affirmé que ce n'était pas la signature
5 de Mirjan Kupreskic et vous nous avez dit en être parfaitement certain,
6 car dans le cadre de ses activités professionnelles dans le cadre de la
7 société Sutra, Mirjan Kupreskic
8 signait beaucoup de documents.
9 Ma question est la suivante : est-ce que vous avez apporté à
10 La Haye, ou est-ce que vous pourriez transmettre à La Haye -peut-être par
11 l'intermédiaire de l'avocat de Mirjan Kupreskic- un specimen de la
12 signature de Mirjan Kupreskic ?
13 M. Kupreskic (interprétation). - Je l'ai amené et je l'ai remis
14 aux avocats.
15 M. Terrier. – Est-ce que vous connaissez, vous êtes en mesure
16 d'authentifier la signature de Zoran Kupreskic ?
17 M. Kupreskic (interprétation). - Non, parce que je n'ai pas eu
18 de relations particulières avec Zoran. Mais Mirjan m'a envoyé des
19 documents tous les jours avec sa signature et c'est pour ça que je connais
20 très bien sa signature.
21 M. Terrier. – Vous avez dit hier que vous avez quitté Ahmici et
22 que, maintenant, vous habitiez à Vitez et que, si vous avez déménagé,
23 c'est largement lié à ces événements dont nous parlons, ces événements
24 de 1993. Vous nous avez dit que, de la même manière, les familles de
25 Mirjan et de Zoran Kupreskic habitaient à Vitez et pour les mêmes raisons
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1 que vous, semble-t-il. Est-ce qu'il y a une raison pour laquelle
2 M. Vlatko Kupreskic et sa famille sont restés, eux, vivre à Ahmici ?
3 M. Kupreskic (interprétation). – Non, je ne sais vraiment pas
4 pourquoi Zlatko est resté là-bas. Ça le regarde.
5 M. Terrier. – Monsieur le Président, j'en ai terminé ; je n'ai
6 pas d'autres questions à poser.
7 M. le Président. - Merci.
8 M. le Président (interprétation). – Maître Glumac ?
9 Mme Glumac (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
10 Monsieur Kupreskic, en rapport avec cette réunion que vous avez
11 évoquée et qui a eu lieu sur la terrasse de votre maison après le premier
12 conflit, c'est-à-dire en octobre 1992,
13 pourriez-vous nous dire… Vous avez également déclaré que vous êtes au
14 courant d'une décision concernant la restitution de fusils. De quelle
15 décision s'agissait-il ? De combien de fusils ? Quels fusils ? De quelle
16 décision s'agissait-il ?
17 M. Kupreskic (interprétation). - Je crois déjà avoir répondu. On
18 l'a évoqué à la réunion la restitution de ces fusils et la décision a été
19 prise lors de réunions intérieures, une réunion. J'ai dit qu'il était
20 question de quatre fusils et qu'un véhicule avait été confisqué à un
21 contrôle. Je ne peux vraiment pas vous en dire davantage. C'est ce que
22 j'ai entendu dire.
23 Mme Glumac (interprétation). - Lors de cette réunion, est-ce
24 qu'on a également décidé que des sentinelles seraient postées à l'entrée
25 du village ?
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1 M. Kupreskic (interprétation). – Oui, c'est cela. D'ailleurs je
2 l'ai déjà dit.
3 Mme Glumac (interprétation). - Vous souvenez-vous de l'évolution
4 de la réunion ? Autrement dit, quelles décisions ont été prises et si on a
5 évoqué des décisions officielles ? Quelle était l'atmosphère de la
6 réunion ?
7 M. Kupreskic (interprétation). - Eh bien, tout d'abord, je suis
8 arrivé un petit peu en retard à la réunion, parce que j'étais à Vitez,
9 comme je l'ai dit, et ma tante m'a téléphoné là-bas ; c'est pour ça que je
10 suis arrivé en retard. Ils avaient déjà parlé de certaines questions, donc
11 c'est seulement plus tard que je les ai rejoints. On avait quelques
12 bouteilles, on a bu un peu et j'ai suggéré, le cas échéant, que je
13 pourrais prendre mon poste, que je pouvais travailler enfin, me mettre en
14 sentinelle. Donc il n'y avait pas beaucoup de problèmes là-dessus.
15 Mme Glumac (interprétation). – Pourriez-vous nous redire qui
16 représentait les Musulmans ?
17 M. Kupreskic (interprétation). - Pour les Musulmans, il y avait
18 Kalco Sulejman, le représentant de la municipalité.
19 Mme Glumac (interprétation). - Et qui était M. Kalco Sulejman à
20 la municipalité ?
21 M. Kupreskic (interprétation). - Il était responsable, je crois,
22 du service de la
23 défense. Quelque chose comme ça. En tout cas, je crois à cette époque.
24 Mme Glumac (interprétation). – Kalco Sulejman était là pour les
25 Musulmans. Qui d'autre était là ? Il y avait d'autres Musulmans ?
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1 M. Berbic Fuad était là ?
2 M. Kupreskic (interprétation). – Berbic Fuad, Ahmic Mud et un
3 autre militaire.
4 Mme Glumac (interprétation). – Savez-vous à quel titre il était
5 à cette réunion ? Est-ce qu'il était en uniforme ? Est-ce qu'il
6 représentait l'armée ? Est-ce qu'il était là à un autre titre ?
7 M. Kupreskic (interprétation). - Je ne saurais vous dire.
8 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce qu'il portait l'uniforme ?
9 M. Kupreskic (interprétation). - Je ne sais plus.
10 Mme Glumac (interprétation). -Comment savez-vous qu'il était
11 militaire à cette époque ?
12 M. Kupreskic (interprétation). - Je savais qu'il avait été dans
13 un établissement de formation militaire dans le système du JNA et je crois
14 que c'est pour ça qu'il représentait l'armée. J'essaie de me souvenir, je
15 crois qu'il portait un uniforme.
16 Mme Glumac (interprétation). - Savez-vous ce qu'il a fait
17 d'autre ?
18 M. Kupreskic (interprétation). - Non.
19 Mme Glumac (interprétation). - Très bien. Dites-nous, Ahmici,
20 c'était quelle municipalité ?
21 M. Kupreskic (interprétation). - C'était la municipalité de
22 Vitez.
23 Mme Glumac (interprétation). - Quelles étaient les fonctions de
24 Pero Skopljak ?
25 M. Kupreskic (interprétation). - Je ne m'en souviens pas. Je
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1 sais qu'il avait différentes fonctions. A un moment, il était chef de
2 police, il était président du SDZ pendant une certaine période, mais à
3 cette époque-là, je ne me souviens vraiment plus de quelle fonction il
4 s'acquittait.
5 Mme Glumac (interprétation). - Et faisait-il partie des
6 autorités municipales ?
7 M. Kupreskic (interprétation). - Je crois que oui.
8 Mme Glumac (interprétation). - Cette autorité a-t-elle été créée
9 pour Vitez, pour la municipalité ou pour la ville ?
10 M. Kupreskic (interprétation). - Pour la municipalité de Vitez,
11 ce qui est normal.
12 Mme Glumac (interprétation). - Pourriez-vous nous montrer sur la
13 carte la zone où les maisons de Jose Vrebac apparaissent ainsi que Vilovic
14 et Milutin Vidovic ? De quelle partie s'agit-il ?
15 (Le témoin s'exécute.)
16 M. Kupreskic (interprétation). - Voici Jozo Vrebac et voici
17 l'abri.
18 Mme Glumac (interprétation). - Monsieur Kupreskic, pouvez-vous
19 vous déplacer que l'on puisse voir la photo ?
20 M. Kupreskic (interprétation). - Voici la maison de
21 Milutin Jusevic et voici l'abri et la maison de Jabrica.
22 Mme Glumac (interprétation). - Et comment appelle-t-on cette
23 partie du village ?
24 M. Kupreskic (interprétation). - On l'appelle Santici.
25 Mme Glumac (interprétation). - Dites-nous : dans cette partie,
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1 les maisons ici, combien y avait-il de Musulmans là-bas ?
2 M. Kupreskic (interprétation). - Il y avait des Musulmans dans
3 cette partie également.
4 Mme Glumac (interprétation). - Non, ce que je demande, c'est
5 pour la partie que vous avez montrée.
6 M. Kupreskic (interprétation). - Vous voulez dire cette partie-
7 là ?
8 Mme Glumac (interprétation). - Oui.
9 M. Kupreskic (interprétation). - Il n'y avait pas de maisons
10 musulmanes, il y en avait seulement de l'autre côté du ruisseau. Je crois
11 que là aussi c'était une maison musulmane aussi et puis par là, dans ce
12 coin-là, Vilici.
13 Mme Glumac (interprétation). - Dans cette zone d'ensemble,
14 c'est-à-dire autour de la route, combien y a-t-il de maisons ?
15 M. Kupreskic (interprétation). - Dans cette zone globale, cette
16 partie-là, de l'ordre de cinq ou six maisons, pas plus.
17 Mme Glumac (interprétation). - Qu'en est-il des maisons croates,
18 combien y en avait-il ?
19 M. Kupreskic (interprétation). - Il y en avait beaucoup plus. Je
20 ne sais pas le chiffre précis, mais ça devait être de l'ordre d'au moins
21 une cinquantaine de ménages.
22 Mme Glumac (interprétation). - Merci. Vous pouvez vous rasseoir.
23 Désolé, puisque vous êtes debout, pourriez-vous nous montrer un autre
24 endroit ? L'endroit où vous avez vu Zoran et Mirjan Kupreskic.
25 M. Kupreskic (interprétation). - A quoi faites-vous allusion ?
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1 Mme Glumac (interprétation). - Je pense au matin du 16, quand il
2 se rendait à l'abri.
3 M. Kupreskic (interprétation). - C'était aux alentours de
4 Pudzine Kuce dans cette partie-là.
5 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez également déclaré que
6 les troupes que vous avez vues à la maison de Cekecic, que ces troupes
7 auraient pu se rendre là par différents itinéraires. Quel itinéraire
8 existait dans ce coin-là ?
9 M. Kupreskic (interprétation). - Regardez la carte, vous voyez
10 qu'il y a une route ici, ils auraient pu prendre cette route-là, ils
11 auraient pu prendre la route par le haut. Il y a un chemin ici, il y a un
12 chemin et puis une petite route ici, il y a une autre route là. Ils
13 auraient pu utiliser n'importe lequel de ces circuits, ils auraient pu
14 aussi venir de cette direction, par là, en utilisant cet route-là. Il
15 s'agit de petits chemins qu'ils auraient tous pu utiliser.
16 Mme Glumac (interprétation). - Merci. Vous avez vu dans quelle
17 direction ils allaient. Où les avez-vous vus précisément ? Est-ce que
18 c'était au premier endroit près de Nikosacico ?
19 M. Kupreskic (interprétation). - Oui, la première fois que je
20 les ai vus, c'était là et ils ont été dans la direction de l'entrepôt.
21 Mme Glumac (interprétation). - Vous ne savez pas dans quelle
22 direction, de quelle direction ils étaient venus ?
23 M. Kupreskic (interprétation). - Non.
24 Mme Glumac (interprétation). - Et vous ne pouvez pas nous le
25 dire ?
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1 M. Kupreskic (interprétation). - Non.
2 Mme Glumac (interprétation). - Merci. Vous pouvez vous rasseoir.
3 Dites-nous, s'il vous plaît, étiez-vous membre du HDZ à
4 l'époque ?
5 M. Kupreskic (interprétation). - Non.
6 Mme Glumac (interprétation). - Savez-vous si Zoran et Mirjan
7 étaient membres ?
8 M. Kupreskic (interprétation). - Non, ils n'étaient certainement
9 pas membres, Zoran en particulier. On a fait beaucoup pression sur Zoran
10 pour qu'il rejoigne le HDZ, Slavko Milicevic surtout avait fait pression
11 sur lui. Je crois qu'il est allé le voir une dizaine de fois au moins pour
12 le convaincre de rejoindre le HDZ, mais Zoran n'était pas d'accord.
13 Mme Glumac (interprétation). - Comment le savez-vous ? Comment
14 savez-vous que Slavko Milicevic a demandé à Zoran de rejoindre le HDZ ?
15 M. Kupreskic (interprétation). - Je le savais, parce que j'étais
16 là à plusieurs occasions quand il l'a rattrapé et il lui avait dit qu'ils
17 avaient besoin de quelqu'un comme lui, parce que c'était un intellectuel ;
18 il était sorti de l'université, etc. A chaque fois, Zoran disait
19 non, il n'acceptait pas.
20 Mme Glumac (interprétation). – Êtes-vous au courant de ce que
21 Mirjan Kupreskic, alors qu'il travaillait pour vous -c'est-à-dire après la
22 guerre- a eu des contacts avec M. Emir Perenda dont vous avez parlé ? Et
23 je crois que vous avez précisé que vous aviez effectué des transactions
24 importantes pour la Communauté islamique en 1995.
25 M. Kupreskic (interprétation). - Oui, Mirjan travaillait avec
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1 moi tout le temps et, à de nombreuses reprises, il a emmené Emir de Vitez
2 à Travnik chez lui, car Emir n'avait pas de véhicules propres. Donc, il
3 l'emmenait constamment. Il emmenait des marchandises aux Musulmans avec
4 des paiements à tempérament. Parfois, j'étais au courant, mais pas
5 toujours. Par exemple, Mustafa Didic, que l'on appelait Dida, qui était
6 dans un groupe folklorique avec lui et qui se lamentait en disant que sa
7 famille ne pourrait pas survivre et il lui a parlé pendant deux jours et
8 Mirjan a dit d'accord et jusqu'à présent, il n'a jamais payé ses
9 marchandises.
10 Mme Glumac (interprétation). - En ce qui concerne Emir Perenda,
11 vous le connaissez bien ?
12 M. Kupreskic (interprétation). – Oui, je peux dire que je le
13 connaissais bien.
14 Mme Glumac (interprétation). – Avez-vous parlé à Emir Perenda à
15 propos d'Emir Kupreskic ?
16 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. J'ai parlé de Kupreskic
17 avec Emir Perenda. Perenda n'a connu Mirjan Kupreskic qu'après la guerre ;
18 il l'aimait bien en tant que personne.
19 Mme Glumac (interprétation). – Savez-vous que, dès que cette
20 mise en accusation a été effectuée, Emir Perenda et Mirjan Kupreskic se
21 sont vus ?
22 M. Kupreskic (interprétation). - Après l'acte d'accusation, oui.
23 Mme Glumac (interprétation). - Après l'acte d'accusation
24 de 1995, après que Mirjan Kupreskic se soit rendu compte.
25 M. Kupreskic (interprétation). – Oui, ils se sont vus et Emir
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1 était surpris
2 d'apprendre que Mirjan Kupreskic avait été mis en accusation, parce qu'il
3 le connaissait bien.
4 Mme Glumac (interprétation). - Est-ce qu'Emir Perenda a parlé de
5 Mirjan Kupreskic et de sa réaction à l'acte d'accusation ?
6 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. Il a dit qu'il était très
7 touché. C'est normal, parce que, d'après moi, Mirjan n'aurait pas dû être
8 accusé de ces chefs d'accusation.
9 Mme Glumac (interprétation). - Pouvez-vous nous dire, en ce qui
10 concerne ces activités de Zoran et de Mirjan Kupreskic après la guerre
11 -vous nous avez dit que vous saviez que les deux avaient travaillé- est-ce
12 que vous pouvez nous dire si Zoran a été à l'étranger avec le groupe
13 folklorique ?
14 M. Kupreskic (interprétation). – Oui, parce que ce groupe
15 folklorique de Vitez était inimaginable sans Zoran et Mirjan.
16 Mme Glumac (interprétation). - Un petit instant, s'il vous
17 plaît.
18 Encore une question en rapport avec les jeans que vous avez
19 achetés au marché en 1992. Vous nous en avez parlé ?
20 M. Kupreskic (interprétation). - Oui.
21 Mme Glumac (interprétation). - Où les avez-vous achetés,
22 acquis ? Est-ce que vous les avez achetés dans une boutique ou à un
23 particulier ou à un marchand ambulant ?
24 M. Kupreskic (interprétation). - A un particulier qui avait un
25 étal au marché.
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1 Mme Glumac (interprétation). - A cette époque, est-ce qu'il
2 était habituel, pour quelqu'un tenant un étal au marché, d'être réglé par
3 virement bancaire ? En particulier des gens qui venaient d'un autre État ?
4 M. Kupreskic (interprétation). - Non. Aux marchés, aux étals, on
5 payait tout en numéraire, comme aujourd'hui.
6 Mme Glumac (interprétation). - En ce qui concerne les
7 négociations que vous avez eues auprès de Koteks à Split…
8 M. Kupreskic (interprétation). - Oui ?
9 Mme Glumac (interprétation). - Vous avez dit que vous aviez reçu
10 une sorte d'avis de mémo.
11 M. Kupreskic (interprétation). - Oui. J'ai mon agenda, parce que
12 j'utilise toujours cet agenda. Je ne l'ai jamais jeté, donc je garde cet
13 agenda.
14 Mme Glumac (interprétation). - Donc c'est une sorte de carnet où
15 vous notez vos rendez-vous d'affaire ? Vos négociations d'affaire ? Si
16 vous aviez passé une transaction ou non, etc ?
17 M. Kupreskic (interprétation). - Oui.
18 Mme Glumac (interprétation). - Donc vous ne l'avez pas jeté cet
19 agenda ?
20 M. Kupreskic (interprétation). - Je ne crois pas. Je crois que
21 je dois l'avoir quelque part, mais je ne suis pas absolument sûr de
22 pouvoir le trouver.
23 Mme Glumac (interprétation). - Très bien. Je vous remercie,
24 Monsieur le Président.
25 M. le Président (interprétation). – Merci, Maître Glumac. Maître
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1 Par ?
2 M. Par (interprétation). - Je serai très bref pour apporter une
3 précision en rapport avec la pièce D27/3. Je vais demander l'aide de
4 l'huissier afin que la pièce que je viens de citer soit remise au témoin
5 et soit placée sur le rétroprojecteur.
6 (L'huissier s'exécute.)
7 Monsieur Kupreskic, la pièce est en route. Dans l'attente de
8 celle-ci, il apparaît, du contre-interrogatoire qu'il reste des doutes
9 quand au passage, quand au poste frontière que vous avez franchi, lorsque
10 vous avez franchi la frontière. Puisque vous avez indiqué l'itinéraire que
11 vous avez emprunté de Vitez à Split ainsi que votre itinéraire de retour,
12 je vais vous demander d'indiquer par une flèche la direction que vous avez
13 prise et quelle route vous avez suivie pour parvenir à Split ?
14 M. le Président (interprétation). - Pouvez-vous arrêter, s'il
15 vous plaît ? Est-ce que ce document pourrait être remis aux Juges ?
16 (L'huissier s'exécute.)
17 (Les Juges se consultent sur le Siège).
18 M. Par (interprétation). - Est-ce que je peux poursuivre,
19 Monsieur le Président ?
20 M. le Président (interprétation). - Je vous en prie.
21 M. Par (interprétation). - Monsieur Kupreskic, je vais vous
22 demander d'indiquer, apparemment vous avez indiqué par une flèche la
23 direction que vous avez prise de Vitez à Split, je vous demanderais
24 d'apposer le chiffre 1 à cette première direction. Puis je vois que vous
25 avez déjà tracé une flèche pour le voyage de retour. Apposez-y le
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1 chiffre 2.
2 (Le témoin s’exécute.)
3 Je vous remercie.
4 Monsieur le Président, je n'ai plus de question à poser à ce
5 témoin.
6 M. le Président (interprétation). - Nous n'avons pas de question
7 à vous poser M. Kupreskic, je vous remercie d'être venu déposer devant
8 nous. Vous pouvez vous retirer.
9 M. Kupreskic (interprétation). - Je vous remercie.
10 M. le Président (interprétation). - Passons au témoin suivant.
11 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
12 M. le Président (interprétation). - Bonjour, Madame Vidovic. Je
13 vais vous demander de donner lecture de la déclaration solennelle.
14 Mme Vidovic (interprétation). - Je déclare solennellement que je
15 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
16 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie. Veuillez
17 vous asseoir. Maître Radovic ?
18 M. Radovic (interprétation). - Monsieur le Président, Madame et
19 Monsieur le Juge, pour l'interrogatoire principal, c'est Me Par également
20 qui voulait pouvoir procéder et Me Krajina également, s'il vous plaît.
21 Bonjour, Madame Vidovic.
22 Mme Vidovic (interprétation). - Bonjour.
23 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez décliner
24 votre identité, le nom, le prénom, la date de votre naissance, le nom de
25 votre père ?
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1 Mme Vidovic (interprétation). - Je m'appelle Ljuba Vidovic, je
2 suis née en 1944, le 12 mai, de père Iva de Busovaca et je me suis mariée
3 à Vitez.
4 M. Radovic (interprétation). - Où est-ce que vous habitez
5 actuellement ?
6 Mme Vidovic (interprétation). - A Santici dans ma maison n° 73.
7 M. Radovic (interprétation). - Dites-nous : en 1993, quand la
8 guerre a commencé, est-ce que vous étiez mariée ou bien vous étiez veuve ?
9 Mme Vidovic (interprétation). - J'étais à cette époque-là veuve.
10 M. Radovic (interprétation). - Dites combien d'enfants aviez-
11 vous ?
12 Mme Vidovic (interprétation). - Quatre. Un fils et trois filles.
13 M. Radovic (interprétation). - A l'époque où la guerre a
14 commencé, vous avez vécu avec qui ?
15 Mme Vidovic (interprétation). - Toute seule.
16 M. Radovic (interprétation). - Pendant la guerre, nous avons
17 entendu que vous aviez une famille nombreuse. Est-ce que vous pouvez nous
18 dire également si dans votre famille, il y avait également des personnes
19 qui ont été tuées ou blessées ?
20 Mme Vidovic (interprétation). - Oui. Tout premièrement, c'est
21 mon beau-frère, ensuite le fils d'un de mes beaux-frères, ensuite d'un
22 deuxième et troisième beau-frère également. Les fils ont été tués.
23 M. Radovic (interprétation). - Et la petite fille ?
24 Mme Vidovic (interprétation). - Elle a perdu sa main.
25 M. Radovic (interprétation). - Où ?
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1 Mme Vidovic (interprétation). - Au centre même de Vitez, elle a
2 été blessée.
3 M. Radovic (interprétation). - Est-ce qu'elle est en vie ?
4 Mme Vidovic (interprétation). - Oui, elle est au Danemark.
5 M. Radovic (interprétation). - Toute seule ?
6 Mme Vidovic (interprétation). - Non, avec sa famille, avec son
7 père, avec les trois sœurs et avec sa mère.
8 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous l'avez
9 rencontrée ?
10 Mme Vidovic (interprétation). - En 1995. En 1994, elle avait dit
11 qu'elle souhaitait voir la grand-mère et puis il m'avait envoyé, son père,
12 l'argent pour pouvoir payer mon billet d'aller et c'est comme ça que je
13 suis allée voir ma petite fille.
14 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que maintenant elle a une
15 prothèse ?
16 Mme Vidovic (interprétation). - Oui, elle a une prothèse
17 effectivement et maintenant elle peut pratiquement utiliser cette main.
18 M. Radovic (interprétation). - Et maintenant, elle est au
19 Danemark, elle y habite ?
20 Mme Vidovic (interprétation). - Oui, elle est ressortissante au
21 Danemark.
22 M. Radovic (interprétation). - Est-ce qu'à la veille de la
23 guerre, vous avez travaillé, vous étiez maîtresse de maison ?
24 Mme Vidovic (interprétation). - J'étais maîtresse de maison.
25 M. Radovic (interprétation). - Qu'est-ce que vous avez fait
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1 comme formation ?
2 Mme Vidovic (interprétation). - L'enseignement obligatoire.
3 M. Radovic (interprétation). - C'est combien d'années de classe
4 que vous avez faites ?
5 Mme Vidovic (interprétation). - Cinq.
6 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous étiez intéressée
7 pour ce qui se passait au niveau politique ?
8 Mme Vidovic (interprétation). - Jamais.
9 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous savez quelque
10 chose au sujet de ce premier conflit qui s'est passé entre les Musulmans
11 et les Croates au mois d'octobre 1992 ?
12 Mme Vidovic (interprétation). - Oui. Je me souviens que les
13 Musulmans avaient dressé les barrages, je sais également qu'il y avait
14 quelques petits incidents qui se sont produits à cet endroit-là, mais de
15 toute façon c'était loin et puis je ne m'en souviens pas.
16 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous vous souvenez
17 vous-même également d'un certain nombre de choses ? Vous-même ?
18 Mme Vidovic (interprétation). - Oui, je me souviens que mon
19 premier voisin est arrivé chez moi avec son épouse et avec ses enfants. Il
20 avait peur et c'est la raison pour laquelle il s'est abrité chez moi. Il a
21 passé une nuit chez moi.
22 M. Radovic (interprétation). - C'était lors du premier conflit ?
23 Mme Vidovic (interprétation). - Oui, lors du premier conflit.
24 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous savez quelque
25 chose qui s'est passé entre le premier conflit et le début de la guerre,
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1 le 16 avril 1993 ?
2 Mme Vidovic (interprétation). - Il y avait des patrouilles qui
3 ont été organisées, ceux qui voulaient s'assurer un peu plus, parce qu'il
4 y avait également l'agression serbe, l'aviation que nous craignions.
5 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous savez un peu plus
6 en détails ces questions-là ?
7 Mme Vidovic (interprétation). - Non, parce que, de toute façon,
8 je ne faisais pas la politique.
9 M. Radovic (interprétation). - Vous souvenez-vous de ce que vous
10 avez fait le 15 avril 1993, c'est-à-dire à la veille de la guerre ?
11 Mme Vidovic (interprétation). - Qui s'en souviendrait ? Vous
12 savez une ménagère, c'est une ménagère, elle pense à ce qu'elle va
13 cuisiner à ses enfants le soir.
14 M. Radovic (interprétation). - Eh bien, ce jour-là, avant que la
15 guerre n'éclate, est-ce que ce jour était d'une quelconque façon différent
16 de tous les autres jours qui s'étaient écoulés depuis ?
17 Est-ce qu'il est possible de ménager une petite pause après que
18 j'ai posé la question, à l'intention des interprètes.
19 Je répète ma question, Madame : la veille du conflit, était-ce
20 là un jour en quelque façon différent des autres jours ?
21 Mme Vidovic (interprétation). - Pas du tout, c'était un jour
22 comme les autres.
23 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que des voisins vous ont
24 mise en garde, vous on dit que des jours plus dangereux allaient bientôt
25 arriver ?
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1 Mme Vidovic (interprétation). - Pas du tout.
2 M. Radovic (interprétation). - Pourriez-vous nous dire ce qui
3 s'est produit le 16 avril 1993 ?
4 Mme Vidovic (interprétation). - Eh bien en 1993...
5 M. Radovic (interprétation). - Mais avant de parler du 16 avril,
6 je vais vous demander d'avoir l'amabilité de nous indiquer sur la carte où
7 se trouve votre maison. Vous avez devant vous une photographie aérienne
8 d'Ahmici, je vais vous demander de prendre le pointeur et de nous indiquer
9 votre maison sur cette carte.
10 (Le témoin s'exécute.)
11 M. Radovic (interprétation). - Pourriez-vous vous déplacer un
12 peu, Madame, vous écarter, vous mettre sur le côté de façon que les Juges
13 puissent voir l'emplacement de votre maison ?
14 Mme Vidovic (interprétation). - Voici la maison de
15 Ante Vidocevic, voilà la maison de Ivo Vidovic , ici c'est la maison de
16 Mico Ilic, la maison de Ramic Ramis, la maison de ma fille, la maison de
17 Rero Poteljak et voici la mienne et voici la maison du fils de mon gendre,
18 voici la maison de notre parent et voici la maison d'un autre de mes
19 parents.
20 M. Radovic (interprétation). - Vous venez de citer toute une
21 série de maisons. Pourriez-vous nous redonner les noms et nous indiquer
22 les maisons musulmanes ?
23 Mme Vidovic (interprétation). - Voici la maison de Ramo Ramic,
24 Reju Poluljak, voici la maison de Reju Poluljak.
25 M. Radovic (interprétation). - Étaient-ce là vos seuls voisins
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1 musulmans ?
2 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
3 M. Radovic (interprétation). - Je vous remercie, Madame,
4 veuillez-vous asseoir.
5 Vous venez d'indiquer votre maison, Madame, sur la carte. Est-ce
6 que sur ce lotissement, il n'y avait qu'une maison ou est-ce qu'il y en
7 avait deux ?
8 Mme Vidovic (interprétation). - Ma maison ? Une seule maison.
9 M. Radovic (interprétation). - Et où se trouvait la maison de
10 votre fille ?
11 Mme Vidovic (interprétation). - De l'autre côté de la route,
12 plus loin au-delà de la maison de Ramo Ramic.
13 M. Radovic (interprétation). - Pouviez-vous nous donner le nom ?
14 Mme Vidovic (interprétation). - De ma fille ? Lydia Sula.
15 M. Radovic (interprétation). - Et votre maison, Madame, votre
16 ancienne maison ? Je vais ainsi la qualifier. En quel état était-elle ?
17 Mme Vidovic (interprétation). - Eh bien, c'était une vieille
18 bâtisse, il n'y avait pas de fondation en ciment, pas de dalle. J'ai donc
19 emménagé dans la maison de ma fille.
20 M. Radovic (interprétation). - Donc là il y avait des poutres en
21 bois ?
22 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
23 M. Radovic (interprétation). - Et qu'en est-il de la maison de
24 votre fille ?
25 Mme Vidovic (interprétation). - C'était une maison à trois
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1 étages avec du ciment armé, du béton armé.
2 M. Radovic (interprétation). - Y avait-il des caves, un
3 cellier ?
4 Mme Vidovic (interprétation). - Non.
5 M. Radovic (interprétation). - Quand avez-vous emménagé chez
6 votre fille ?
7 Mme Vidovic (interprétation). - A mon retour de l'abri.
8 M. Radovic (interprétation). - Ce qui veut dire qu'au début de
9 la guerre, vous habitiez dans votre maison et puis au retour de l'abri,
10 pour avoir plus de sécurité, vous êtes allée habiter chez votre fille ?
11 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
12 M. Radovic (interprétation). - Où se trouvait votre fille ?
13 Mme Vidovic (interprétation). - A Zenica.
14 M. Radovic (interprétation). - A Zenica, je vois. Est-ce que
15 votre fille venait de Zenica, est-ce qu'elle a passé toute la guerre à
16 Zenica ?
17 Mme Vidovic (interprétation). - Elle a passé toute la totalité
18 de la guerre jusqu'au cessez-le-feu à Zenica.
19 M. Radovic (interprétation). - Que s'est-il passé lors du
20 premier jour des hostilités chez vous ?
21 Mme Vidovic (interprétation). - Le matin, vers 4 heures du
22 matin, un soldat est venu me réveiller. J'ai regardé ma montre et j'ai vu
23 qu'il était 4 heures du matin, j'étais tout à fait terrifiée, je lui ai
24 dit : "Mais pourquoi est-ce que vous venez ici, qui êtes vous ?". Il a
25 dit : "Peu importe qui je suis, allez à l'abri, si vous avez du bétail,
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1 occupez-vous en et puis allez-y." J'ai donc fait tout ce qui était
2 nécessaire dans la maison, il n'y avait pas encore de coups de feu, je
3 suis allé à l'abri.
4 M. Radovic (interprétation). - Veuillez ralentir le débit,
5 Madame.
6 Le soldat qui vous a réveillée, à quoi ressemblait-il ? Qu'est-
7 ce qui s'est passé ? Est-ce qu'il a frappé à la porte, à la fenêtre ?
8 Mme Vidovic (interprétation). - Il a frappé à la porte.
9 M. Radovic (interprétation). - Si j'ai bien compris, vous avez
10 alors ouvert la porte.
11 Mme Vidovic (interprétation). – Oui.
12 M. Radovic (interprétation). - Et qu'avez-vous vu de l'autre
13 côté de la porte ? Est-ce que vous avez allumé la lampe ?
14 Mme Vidovic (interprétation). – Non. Non, il m'a dit de ne pas
15 allumer, mais plutôt d'ouvrir la porte, de ne rien craindre et de me
16 lever. Je suis sortie, je ne connaissais pas cet homme ; il était en
17 treillis, il avait le visage peinturluré, je ne l'ai pas reconnu. Il m'a
18 dit : "Occupez-vous de votre bétail et puis allez à l'abri".
19 M. Radovic (interprétation). – Quel était l'aspect de ce
20 soldat ?
21 Mme Vidovic (interprétation). - Eh bien, il avait le visage
22 couvert de peinture noire, il avait un uniforme de camouflage.
23 M. Radovic (interprétation). – Et son visage, à quoi
24 ressemblait-il ?
25 Mme Vidovic (interprétation). – Eh bien, je vous ai dit qu'il
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1 était grimé, qu'il avait
2 de la peinture noire dessus.
3 M. Radovic (interprétation). - Quelle était la couleur ?
4 Mme Vidovic (interprétation). - Je ne me souviens plus
5 exactement de la couleur.
6 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous remarqué si le témoin
7 était armé ou pas ?
8 Mme Vidovic (interprétation). - En toute franchise, il avait une
9 arme, mais je ne m'y connais pas beaucoup en armes.
10 M. Radovic (interprétation). – Est-ce qu'il était seul ou est-ce
11 qu'il était accompagné d'un autre soldat ?
12 Mme Vidovic (interprétation). - Il était seul.
13 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que c'était un homme de la
14 région ou est-ce que vous ne le connaissiez pas du tout ?
15 Mme Vidovic (interprétation). - Jamais je ne l'avais vu de ma
16 vie, je ne le connaissais pas du tout cet homme-là.
17 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous, par la suite, appris
18 qui il était ?
19 Mme Vidovic (interprétation). – Non.
20 M. Radovic (interprétation). - Ce qui revient à dire que vous ne
21 connaissez toujours pas l'identité de ce soldat ? Vous n'avez jamais
22 appris quelle était son identité ?
23 Mme Vidovic (interprétation). – Jamais.
24 M. Radovic (interprétation). – Monsieur le Président, nous en
25 sommes maintenant à un stade où l'on parle de choses plus concrètes. Le
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1 témoin ne va pas comparaître longtemps, nous pourrions peut-être
2 poursuivre après la pause. Nous en terminerons de ce témoin au cours de la
3 journée. Nous pourrions peut-être poursuivre après la pause et nous en
4 terminerons de ce témoin au cours de la journée.
5 (L'audience, suspendue à midi 15, est reprise à midi 30.)
6 M. le Président (interprétation). – Maître Radovic, vous avez la
7 parole.
8 M. Radovic (interprétation). - Madame Vidovic, nous allons
9 poursuivre. Je crois que nous en étions restés au moment où nous parlions
10 de la première journée de cette guerre du 16 avril 93. Vous aviez été
11 réveillée par un soldat que vous ne connaissiez pas. Est-ce bien exact ?
12 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
13 M. Radovic (interprétation). – Il vous a donc réveillée. Qu'avez
14 -vous fait ?
15 Mme Vidovic (interprétation). - Je suis allée à l'étable pour
16 m'occuper de mon bétail et puis lorsque tout cela a été réglé, je me suis
17 dirigée vers l'abri. Il devait être 5 heures et demi, 6 heures du matin.
18 J'ai vu que beaucoup de personnes se dirigeaient vers cet abri, il y avait
19 des femmes et des enfants.
20 M. Radovic (interprétation). - Et de quel abri s'agissait-il ?
21 Mme Vidovic (interprétation). - Il se trouvait à la maison de
22 Jozo Vrebac, dans la maison de sa fille Jelena. C'était le seul abri de
23 taille qu'il y avait et qui présentait une quelconque sécurité dans la
24 région.
25 M. Radovic (interprétation). - Pourquoi être allée à cet abri-là
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1 plutôt qu'à un autre ?
2 Mme Vidovic (interprétation). - Parce que c'était là qu'il y
3 avait le plus de sécurité, il était enfoui dans le sol.
4 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que quelqu'un vous a dit
5 d'aller à cet endroit ou est-ce que c'est vous qui avez tiré cette
6 conclusion qu'il y avait là plus de sécurité qu'ailleurs ?
7 Mme Vidovic (interprétation). - Nous sommes à l'abri lorsqu'il y
8 avait le passage des avions.
9 M. Radovic (interprétation). - Quel avion ?
10 Mme Vidovic (interprétation). - Ceux de l'armée communiste
11 yougoslave.
12 M. Radovic (interprétation). - A quelle heure êtes-vous arrivée
13 à cet abri ?
14 Mme Vidovic (interprétation). - 5 heures et demi, 6 heures du
15 matin, je ne sais plus exactement, je n'ai plus regardé ma montre.
16 M. Radovic (interprétation). - Y avez-vous trouvé dans cet abri
17 des personnes que vous connaissiez ?
18 Mme Vidovic (interprétation). - Eh bien, je connaissais chacun
19 des occupants, puisque c'étaient tous des gens du village.
20 M. Radovic (interprétation). - J’aimerais obtenir davantage de
21 renseignements concernant Zoran et Mirjan Kupreskic. Les avez-vous vus à
22 cet endroit ?
23 Mme Vidovic (interprétation). - Oui. Lorsqu'ils sont arrivés
24 plus exactement, Mirjan et sa femme Ljuba, ainsi que leurs deux enfants
25 sont venus. Puis Zoran a laissé sa femme et ses enfants à la maison de
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1 Milutin Vidovic.
2 M. Radovic (interprétation). - Comment savez-vous cela que Zoran
3 a laissé sa femme et ses enfants chez Milutin Vidovic ?
4 M. Radovic (interprétation). - J'étais sur le trottoir devant la
5 maison et je l'ai vu.
6 M. Radovic (interprétation). - Et là vous avez vu Zoran et sa
7 famille qui sont entrés dans la maison de Milutin Vidovic, est-ce exact ?
8 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
9 M. Radovic (interprétation). - Quelle heure était-il à ce
10 moment-là ?
11 Mme Vidovic (interprétation). - Vers 6 heures, peu de temps
12 avant 6 heures. Je ne me souviens plus exactement.
13 M. Radovic (interprétation). - Pourriez-vous décrire les
14 vêtements que portait Mirjan ?
15 Mme Vidovic (interprétation). - Il portait des vêtements civils.
16 M. Radovic (interprétation). - Qu'est-ce que ça veut dire pour
17 vous des vêtements civils ?
18 Mme Vidovic (interprétation). - Eh bien, il n'était pas habillé
19 en soldat.
20 M. Radovic (interprétation). - Et qu’en était-il de Zoran ?
21 Mme Vidovic (interprétation). - Je l'ai vu au moment où il est
22 venu rendre visite, voir sa femme et ses enfants. Il avait une espèce de
23 veste en treillis bigarrée. Il avait une paire de jeans.
24 M. Radovic (interprétation). - Quand vous parlez de veste
25 bigarrée, est-ce que cela fait partie d'un uniforme militaire ou est-ce
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1 une veste civile ?
2 Mme Vidovic (interprétation). - Eh bien, c'est une veste de
3 camouflage à plusieurs couleurs.
4 M. Radovic (interprétation). - Donc est-ce que c'est là une
5 partie d'uniforme ?
6 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
7 M. Radovic (interprétation). - Savez-vous combien de fois ce
8 jour-là vous avez vu Zoran Kupreskic ?
9 Mme Vidovic (interprétation). - Zoran et Mirjan sont venus voir
10 leur femme et enfants respectifs, environ trois fois.
11 M. Radovic (interprétation). - Vous dites trois fois, Madame.
12 Vous parlez de cette première journée de la guerre ?
13 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
14 M. Radovic (interprétation). - Pourriez-vous nous donner un
15 temps approximatif ? Quand les avez-vous vus ?
16 Mme Vidovic (interprétation). - Vers 10 heures, 13 heures, peut-
17 être 15 heures 30 environ.
18 M. Radovic (interprétation). - Et est-ce que vous aviez une
19 montre ? Est-ce que ces indications, vous les fournissez à partir de ces
20 observations ?
21 Mme Vidovic (interprétation). - Oui, à peu près.
22 M. Radovic (interprétation). - Combien de temps avez-vous passé
23 dans cet abri ?
24 Mme Vidovic (interprétation). - Jusqu'à 19 heures ce soir-là.
25 M. Radovic (interprétation). - Et qu'avez-vous fait à ce moment-
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1 là ?
2 Mme Vidovic (interprétation). - Eh bien, je suis allée chez ma
3 fille.
4 M. Radovic (interprétation). - Alors que vous étiez toujours
5 dans cet abri, est-ce que vous avez entendu des coups de feu ?
6 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
7 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous pu établir d'où
8 venaient ces coups de feu ?
9 Mme Vidovic (interprétation). - Qui sait. Vous savez quand on
10 est dans un abri, on ne sait pas trop d'où viennent les tirs.
11 M. Radovic (interprétation). - Pourriez-vous nous dire à quel
12 moment approximatif ces tirs ont commencé ?
13 Mme Vidovic (interprétation). - Vers 5 heures 30. Moi, je suis
14 allée en courant entre les maisons en direction de cet abri.
15 M. Radovic (interprétation). - Dès votre arrivée à cet abri, les
16 coups de feu ont commencé à retentir ?
17 Mme Vidovic (interprétation). - C’est exact.
18 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous vu des flammes ou des
19 reflets de flamme ou quoi ce se soit, des lueurs qui vous ont fait
20 conclure que les maisons étaient en feu ?
21 Mme Vidovic (interprétation). - Non. On n'a pas vu de maisons en
22 flammes, puisque nous étions de l'autre côté de la route.
23 M. Radovic (interprétation). - Vous êtes donc rentrée chez vous,
24 mais plus exactement à la maison de votre fille ?
25 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
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1 M. Radovic (interprétation). - Donc, cela s'est passé aussi le
2 premier jour ?
3 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
4 M. Radovic (interprétation). - Comment ce premier jour de la
5 guerre avez-vous osé rentrer chez vous ?
6 Mme Vidovic (interprétation). - Mais vous savez, j'ai des
7 petits-enfants et il y avait beaucoup de femmes et d'enfants. Il y avait
8 beaucoup de bruit.
9 M. Radovic (interprétation). - Dans l'abri, vous voulez dire ?
10 Mme Vidovic (interprétation). - Oui. Du coup, je suis allée chez
11 ma fille, parce que c'était un endroit sûr. Je suis allée chez moi, je me
12 suis occupée de mon bétail, j'ai vu Ramo Ramic qui était debout sur le
13 seuil de sa porte.
14 M. Radovic (interprétation). - Qui est-ce ?
15 Mme Vidovic (interprétation). - C’est mon voisin.
16 M. Radovic (interprétation). - Que s'est-il passé ?
17 Mme Vidovic (interprétation). - Je lui ai demandé de venir à la
18 maison de ma fille. Sa femme et son enfant étaient à Zenica et il a dit
19 qu'il y avait six autres femmes et des enfants... et un enfant plus
20 exactement, qu'ils pouvaient tous venir à la maison de ma fille. Ce qu'ils
21 ont fait.
22 M. Radovic (interprétation). - Que s'est-il alors passé ? Toutes
23 ces personnes sont allées chez vous ? Est-ce que Ramo Ramic est croate ou
24 musulman ?
25 Mme Vidovic (interprétation). - Musulman.
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1 M. Radovic (interprétation). - Et qu’en est-il des cinq ou six
2 personnes qui l'ont accompagné ?
3 Mme Vidovic (interprétation). - Ce sont tous des Musulmans.
4 M. Radovic (interprétation). - Donc ce sont tous des Musulmans.
5 Je vous remercie, Madame. Ces personnes musulmanes ont donc passé un
6 certain temps chez vous. Est-ce que des personnes les ont importunées
7 d'une quelconque façon ?
8 Mme Vidovic (interprétation). - Personne.
9 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous aviez peur de la
10 présence de ces personnes chez vous ?
11 Mme Vidovic (interprétation). - Non, personne ne les a embêtées.
12 Tous nos voisins savaient que les Musulmans étaient chez moi.
13 M. Radovic (interprétation). - Personne ne vous a posé de
14 difficultés de ce fait-là ?
15 Mme Vidovic (interprétation). - Non, mais ce n'était pas une
16 situation très facile.
17 M. Radovic (interprétation). - Ceci s'est donc produit dans la
18 soirée du 16 ou du 17 ?
19 Mme Vidovic (interprétation). - Non, le 17. Ils sont venus dans
20 la soirée du 16, mais ceci s'est produit le 17.
21 M. Radovic (interprétation). - Et qu'est-il advenu des six
22 Musulmans qui se trouvaient dans la maison de Ramo Ramic ?
23 Mme Vidovic (interprétation). - Quelqu'un les a accompagnés, les
24 a escortés depuis ce centre de collecte de Zenica. Deux d'entre eux sont
25 restés chez moi, Ramo et sa femme.
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1 M. Radovic (interprétation). - Donc certaines personnes sont
2 allées à ce centre de rassemblement. Combien de personnes y avait-il ?
3 Mme Vidovic (interprétation). - Six femmes et un enfant.
4 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que ces personnes sont
5 toujours en vie aujourd'hui ?
6 Mme Vidovic (interprétation). - Tout à fait.
7 M. Radovic (interprétation). – Ces personnes, pourquoi sont-
8 elles parties de chez vous ?
9 Mme Vidovic (interprétation). - Je n'avais pas assez de places
10 vous savez. C'était une maison assez récente mais qui n'était pas encore
11 tout à fait terminé ni parfaitement aménagée.
12 M. Radovic (interprétation). – Et qu'en était-il de Ramo Ramic
13 et de sa femme qu'on surnommait Drvica ? Vous les avez laissés là ?
14 Est-ce que quelqu'un est venu chez vous le 18 ?
15 Mme Vidovic (interprétation). - Mejra Rasidovic, une grand-mère,
16 que l'on appelait Rasidovca, elle est venue.
17 M. Radovic (interprétation). - C'était la grand-mère de qui ?
18 Mme Vidovic (interprétation). - D'une certaine personne.
19 M. Radovic (interprétation). - Et la mère de qui ?
20 Mme Vidovic (interprétation). - De Sakib Ahmic. Elle est la
21 grand-mère de Mejra.
22 M. Radovic (interprétation). - Et qui est Sakib Ahmic ?
23 Mme Vidovic (interprétation). - Le fils de cette autre personne.
24 M. Radovic (interprétation). - Si j'ai bien compris, la mère de
25 Sakib est venue chez vous ? Est-ce bien exact ?
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1 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
2 M. Radovic (interprétation). – A ce moment-là, où se trouvait
3 votre petite fille ?
4 Mme Vidovic (interprétation). - Elle se trouvait chez sa mère,
5 chez ma fille.
6 M. Radovic (interprétation). – Donc avec sa mère ?
7 Mme Vidovic (interprétation). - Avec sa grand-mère.
8 M. Radovic (interprétation). - Quel était l'aspect de la mère de
9 Sakib Ahmic quand elle est venue chez vous ?
10 Mme Vidovic (interprétation). – Eh bien, elle portait le costume
11 traditionnel des vieilles dames musulmanes.
12 M. Radovic (interprétation). - Qui ressemblait à quoi ?
13 Mme Vidovic (interprétation). – Elle avait un foulard et elle
14 avait aussi le type de pantalon, les "dimje" comme ils les appellent, que
15 ces femmes portent.
16 M. Radovic (interprétation). - Qu'est-ce que c'est ce type de
17 pantalon ?
18 Mme Vidovic (interprétation). - Ce sont des pantalons larges
19 tout à fait larges, amples.
20 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous connaissiez,
21 auparavant, Sakib Ahmic ?
22 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
23 M. Radovic (interprétation). – Et que saviez-vous de lui ?
24 Mme Vidovic (interprétation). – Eh bien, c'était Sakib Ahmic ;
25 il a toujours été là, ainsi que ses frères. C'étaient nos voisins proches.
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1 La fille de sa sœur Merez était là ; je la connaissais.
2 M. Radovic (interprétation). - Mais vous n'aviez pas de rapports
3 particulièrement amicaux avec lui ?
4 Mme Vidovic (interprétation). - On n'était pas des grands amis,
5 mais on n'était pas des ennemis non plus, vous savez.
6 M. Radovic (interprétation). – Et que s’est-il produit à ce
7 moment-là lorsque la mère de Sakib Ahmic est venue chez vous ?
8 Mme Vidovic (interprétation). – Eh bien, elle est arrivée devant
9 la maison de Mejra.
10 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous pourriez parler
11 lentement, Madame ? Cette partie est importante et tout doit être consigné
12 dans le dossier.
13 Mme Vidovic (interprétation). - Donc elle est arrivée devant la
14 maison de Ramo Ramic ; je l'ai vue par la fenêtre par hasard. Je me suis
15 dirigée vers elle, il y avait des coups de feu, j'ai dû emprunter un
16 chemin détourné pour y arriver.
17 J'ai dit : "Bonjour Aldovsa" ; elle a dit : "Bonjour, où est
18 Ramo et Mejra ?" "Chez moi", j'ai dit. Elle m'a embrassée, elle m'a pris
19 par le bras et je l'ai emmenée à la maison. Elle a pris quelque chose à
20 boire, nous lui avons fait un petit café, nous l'avons aidée à se reposer
21 un peu. Elle était légèrement blessée. Elle avait été blessée par une
22 balle. J'ai demandé si elle voulait voir un médecin. Elle m'a dit : ce
23 n'est pas nécessaire d'appeler un médecin, contente-toi d'appliquer
24 quelque chose sur la plaie, de la panser. Elle ne voulait pas voir de
25 médecin.
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1 M. Radovic (interprétation). – Cette femme, Mme Ura Rasidovica,
2 combien de temps est-elle restée ?
3 Mme Vidovic (interprétation). – Huit jours, elle est partie le
4 neuvième jour.
5 M. Radovic (interprétation). – Elle est partie avec qui ?
6 Mme Vidovic (interprétation). - Avec Ramo et Mejra.
7 M. Radovic (interprétation). – Et où sont-ils partis ?
8 Mme Vidovic (interprétation). - A Zenica, à Perare.
9 M. Radovic (interprétation). – Monsieur le Président, j'aimerais
10 poser une question au témoin à propos des personnes qui les ont emmenés à
11 Zenica. Est-ce que nous pourrions passer à huis clos partiel puisque je
12 vais évoquer certains noms ?
13 M. le Président (interprétation). – (Signe affirmatif de la
14 tête)
15 M. le Président (interprétation). – Nous sommes à huis clos
16 partiel.
17 Huis clos partiel
18 (expurgée)
19 (expurgée)
20 (expurgée)
21 (expurgée)
22 (expurgée)
23 (expurgée)
24 (expurgée)
25 (expurgée)
Page 7750
1 (expurgée)
2 (expurgée)
3 (expurgée)
4 (expurgée)
5 Audience publique
6 M. Radovic (interprétation). - Comment s'appelle le père de
7 Mirko Sakic ?
8 Mme Vidovic (interprétation). – Il s'appelle Mirko, Niko –
9 pardon- Sakic.
10 M. Radovic (interprétation). - Madame, de quoi avez-vous parlé
11 avec la mère de Sakib Ahmic ? Avez-vous parlé de ce qui se passait, des
12 événements ?
13 Mme Vidovic (interprétation). - Oui. Le premier jour de la
14 guerre...
15 M. Radovic (interprétation). – Et avant, vous avez parlé des
16 moments précédents ? Le moment où elle était revenue chez vous ?
17 Mme Vidovic (interprétation). - Oui. Nous avons parlé de ce que
18 Sakib était venu. Lorsqu'il est venu à la porte, elle a ouvert la porte et
19 elle a dit : "C'est toi mon fils ?"
20 M. Radovic (interprétation). - Veuillez parler lentement,
21 Madame, nous tenons à vous suivre. Veuillez répéter.
22 Mme Vidovic (interprétation). – Lorsqu'il qu'il est arrivé à la
23 maison de sa mère, il a frappé à la porte et a dit : "Ouvre la porte,
24 Maman". Mais elle ne l'a pas reconnu au premier abord, parce qu'il avait
25 été un peu brûlé. Elle a dit : "Comment as-tu été brûlé ?" Il a répondu
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1 qu'il se trouvait sous une botte de foin et que des soldats avaient mis le
2 feu à cette botte de foin. Elle lui a donné des chaussettes, un paquet de
3 cigarettes et il est parti.
4 M. Radovic (interprétation). - Vous a-t-elle relaté ce qu'avait
5 dit son fils quant au sort qui avait été réservé aux personnes qui se
6 trouvaient dans sa maison ?
7 Mme Vidovic (interprétation). - Il a dit qu'il ne savait rien.
8 Qu'il s'était échappé alors que cette botte de foin était en feu et qu'il
9 était parti en direction de la fumée pour qu'il puisse s'y dissimuler.
10 M. Radovic (interprétation). - Mais vous a-t-elle dit ce qui
11 était arrivé à son fils et à sa belle-fille ?
12 Mme Vidovic (interprétation). - Il avait dit que son fils était
13 tué en route.
14 M. Radovic (interprétation). - Vous ne vous souvenez plus des
15 détails ?
16 Mme Vidovic (interprétation). - C’est exact. Il avait dit que
17 son fils et son petit-fils avait été tués, mais je ne me souviens pas s'il
18 avait parlé de l'endroit où cela s'est passé.
19 M. Radovic (interprétation). – Et qu'en est-il de sa belle-
20 fille ?
21 Mme Vidovic (interprétation). - Je ne m'en souviens plus.
22 M. Radovic (interprétation). – A-t-il dit à sa mère qui était
23 responsable de ces actes ?
24 Mme Vidovic (interprétation). - Sa mère lui a demandé qui en
25 était responsable et il a dit : "Je ne peux pas le dire, je ne peux pas le
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1 dire, parce que je ne sais pas".
2 M. Radovic (interprétation). – Madame, si je vous ai bien
3 comprise, vous avez demandé à cette dame si c'était le cas ?
4 Mme Vidovic (interprétation). - Non. C'est elle qui en a parlé
5 de son plein gré, à sa propre initiative, personne ne l'a forcée.
6 M. Radovic (interprétation). - Comment ont-ils appris qu'il y
7 avait eu cette discussion entre vous et la mère de Sakib Ahmic ?
8 Mme Vidovic (interprétation). – Eh bien, je regardais la
9 télévision de Bosnie-Herzégovine ; il y avait un procès et Sakib Ahmic
10 était témoin à ce procès. Il a dit que Mirjan avait donné naissance à
11 Zoran, que c'était lui qui avait mis le feu, que lui Sakib se trouvait
12 derrière le divan et je suis allé le dire à sa mère.
13 M. Radovic (interprétation). - Qu'avez-vous dit à sa mère ?
14 Mme Vidovic (interprétation). - Je lui ai dit qu'il avait dit
15 qu'il se trouvait près de la botte de foin. C'est ce qu'il avait dit à sa
16 mère et qu'il ne se trouvait pas dans la maison.
17 M. Radovic (interprétation). – Cette émission télévisée diffusée
18 par la télévision de Bosnie-Herzégovine, était-ce une émission intitulée
19 "Les jours de La Haye ou les heures de La Haye" ?
20 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
21 M. Radovic (interprétation). - Je n'ai pas saisi tous les
22 détails de la mère de Sakib Ahmic, de son histoire. Dites-nous, Madame,
23 est-ce que Sakib avait vu ce qui s'était passé dans sa propre maison ?
24 Mme Vidovic (interprétation). - Il avait vu que sa maison était
25 en proie aux flammes, que son petit-fils et que son fils avaient été tués.
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1 C'est ce que j'ai cru comprendre.
2 M. Radovic (interprétation). – Mais est-ce qu'il a dit où il se
3 trouvait, lui, lorsque son fils et son petit-fils avaient été tués ?
4 Mme Vidovic (interprétation). - Il se trouvait dans la botte de
5 foin.
6 M. Radovic (interprétation). – Mais comment pouvait-il voir ce
7 qu'il se passait dans la maison s'il était sous cette botte de foin ?
8 Mme Vidovic (interprétation). – Je ne sais pas, c'est ce qu'il a
9 dit à sa mère.
10 M. Radovic (interprétation). - Et cette botte de foin, où se
11 trouvait-elle ?
12 Mme Vidovic (interprétation). - A proximité de sa maison, je
13 suppose.
14 M. Radovic (interprétation). - Ce qui m'intéresse, en ce qui
15 concerne l'histoire, c'est qu'elle avait tout simplement raconté ce que
16 Sakib lui avait dit. Elle avait dit qu'elle n'était pas au courant.
17 Mme Vidovic (interprétation). – Oui.
18 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez me dire,
19 maintenant, si Sakib Ahmic, lors de ce témoignage a parlé de vous
20 également ?
21 Mme Vidovic (interprétation). - Oui. J'ai vu mon nom dans le
22 journal Novi List de Rijeka. Il avait dit que c'est grâce à moi qu'il a
23 été sauvé.
24 M. Radovic (interprétation). - Je vais demander à l'huissier de
25 vous soumettre, Messieurs les Juges également, cet article Novi List de
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1 Rijeka, le journal, le nouveau journal de Rijeka, la traduction.
2 Mme Ameerali (interprétation). - Le document marqué D14/1.
3 (L'huissier s'exécute.)
4 M. Radovic (interprétation). - Regardez le journal et dites-moi,
5 s'il vous plaît, ou dites plutôt aux Juges s'il s'agit de l'article dont
6 vous avez parlé.
7 M. le Président (interprétation). – Désolé de vous interrompre.
8 Est-ce que vous pourriez nous donner la date de la parution de cet
9 article ?
10 M. Radovic (interprétation). - Le témoin a juste l'extrait de ce
11 journal que je peux montrer aux Juges, mais il n'y a pas de date. La date
12 ne figure pas sur l'extrait.
13 Mme Vidovic (interprétation). - C'est ma sœur qui m'avait envoyé
14 de Rijeka l'extrait du journal.
15 M. Radovic (interprétation). - C'est arrivé de Rijeka et
16 Novi List, le journal en question, n'est pas vendu à Vitez. C'était
17 probablement au moment où Sakib Ahmic témoignait dans l'affaire Blaskic
18 probablement, car c'est à cette époque-là qu'à la télévision de Bosnie ce
19 témoignage a été diffusé. C'est là où il a parlé de notre témoin comme
20 d'une personne qui avait sauvé sa mère, quelques Musulmans. Si vous vous
21 souvenez, au moment où dans notre affaire Sakib Ahmic a été cité, il avait
22 dit justement que sa mère a été sauvée par le témoin. Par conséquent, nous
23 avons maintenant devant nous le témoin dont parlait Sakib Ahmic ici même,
24 dans ce prétoire et il a dit que c'est grâce à elle que sa mère a été
25 sauvée.
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1 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que je peux poursuivre,
2 Monsieur le Président ?
3 Je pense que c'est terminé. Je n'ai rien de plus.
4 M. le Président (interprétation). – Merci, Maître Radovic.
5 Maître Krajina vous avez la parole.
6 M. Krajina (interprétation). – Madame Vidovic.
7 Mme Vidovic (interprétation). - Oui, je vous écoute.
8 M. Krajina (interprétation). – Je suis conseiller de l'accusé
9 Vlatko Kupreskic et je vais vous poser un certain nombre de questions qui
10 le concernent, si vous voulez bien me répondre et répondre aux Juges.
11 Pouvez-vous me dire, tout d'abord, si vous connaissez
12 M. Vlatko Kupreskic ?
13 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
14 M. Krajina (interprétation). – Je vais terminer d'abord. Est-ce
15 que vous connaissez les membres de sa famille ? Est-ce que vous pouvez
16 dire si vous connaissez d'autres membres de sa famille ?
17 Mme Vidovic (interprétation). - Je connais Vlatko, je connais
18 son épouse, je connais les parents, je connais les enfants, je connais
19 tout le monde.
20 M. Krajina (interprétation). – Depuis quand ?
21 Mme Vidovic (interprétation). - Depuis que je suis arrivée à cet
22 endroit-là. Depuis mon mariage.
23 M. Krajina (interprétation). – Et pendant combien de temps vous
24 les avez connus ?
25 Mme Vidovic (interprétation). – Mais depuis 1962, au moment où
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1 je suis arrivée dans leur village.
2 M. Krajina (interprétation). – A partir de 1962 ?
3 Mme Vidovic (interprétation). – Oui.
4 M. Krajina (interprétation). – Vous avez dit, par ailleurs, que
5 dans l'abri, dans la maison de Jozo Vrebac, de sa sœur plus précisément,
6 vous étiez restée le 16 avril pendant la journée entière le 16 avril 1993,
7 depuis 6 heures du matin jusqu'à tard le soir, n'est-ce pas ? Jusqu'à
8 19 heures le soir ?
9 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
10 M. Krajina (interprétation). – Est-ce que vous pouvez également
11 dire aux Juges si vous êtes restée de manière continue dans cet abri ou,
12 éventuellement, vous êtes sortie de l'abri ?
13 Mme Vidovic (interprétation). - Je suis allé à deux reprises
14 pour nourrir le bétail. C'est tout près.
15 M. Krajina (interprétation). – Deux fois dix minutes, vous êtes
16 partie ?
17 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
18 M. Krajina (interprétation). – Est-ce que nous pouvons conclure,
19 de tout ce que vous avez dit tout à l'heure, que vous avez passé dans cet
20 abri pratiquement à partir de 6 heures du matin jusqu'à 19 heures du soir
21 le 16 avril et qu'il y avait à deux reprises donc que vous vous êtes
22 déplacée pour aller nourrir le bétail ?
23 Mme Vidovic (interprétation). – Oui, c'est effectivement ça.
24 M. Krajina (interprétation). – Est-ce que vous pouvez nous dire
25 maintenant si vous avez vu quelqu'un, enfin, les membres de la famille de
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1 Vlatko Kupreskic dans l'abri ? Est-ce que vous avez vu Vlatko également et
2 qui vous avez vu ?
3 Mme Vidovic (interprétation). - J'ai vu Vlatko, j'ai vu son
4 épouse, j'ai vu les enfants et j'ai vu sa mère, parce que le père est
5 resté à la maison.
6 M. Krajina (interprétation). – A quel moment vous les avez vus
7 pour la première fois ?
8 Mme Vidovic (interprétation). - Ce matin-là, tous sont arrivés.
9 M. Krajina (interprétation). – C'était quelle heure ?
10 Mme Vidovic (interprétation). – 5 heures et demi, 6 heures.
11 M. Krajina (interprétation). – Entendu. Est-ce que vous vous
12 souvenez ce que portait Vlatko ? Est-ce qu'il était en vêtements civils ?
13 Mme Vidovic (interprétation). - Vlatko portait des vêtements
14 civils.
15 M. Krajina (interprétation). – Est-ce qu'il a été armé ?
16 Mme Vidovic (interprétation). – Non.
17 M. Krajina (interprétation). – Entendu. Est-ce que vous savez
18 combien Vlatko Kupreskic est-il resté en pendant la journée dans cet
19 abri ?
20 Mme Vidovic (interprétation). - Il est resté compte tenu que son
21 oncle, Anto, ne l'a pas vu jusqu'à 10 heures 30. Il avait dit : "Je vais
22 voir mon père" pour voir s'il était encore vivant.
23 M. Krajina (interprétation). – Vous voulez dire qu'il est sorti
24 de l'abri à 10 heures 30 ?
25 Mme Vidovic (interprétation). – Oui.
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1 M. Krajina (interprétation). – Est-ce que vous l'avez revu dans
2 cet abri ce jour-là ?
3 Mme Vidovic (interprétation). – Oui, parce que je suis resté
4 parmi tout le monde et parce que nous sommes restés tous dans l'abri. Je
5 l'ai vu rentrer et puis il a été heureux, il était content, il a dit :
6 "Papa est en vie, il est en bonne santé".
7 M. Krajina (interprétation). – Et c'était à quelle heure ?
8 Mme Vidovic (interprétation). - C'était l'après-midi, peut-être
9 15 heures 30 ou 4 heures. Je n'ai pas vraiment eu la montre. Je ne sais
10 pas.
11 M. Krajina (interprétation). – Entendu. Donc à 15 heures 30 à
12 16 heures, et c'est là où il vous a dit que son père était en bonne santé
13 et qu'il était vivant ?
14 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
15 M. Krajina (interprétation). – Est-ce que, pour vous, c'était
16 quelque peu étrange ? Parce que qu'il s'agissait d'un abri où normalement
17 se rendaient les vieillards, les femmes, les invalides. Est-ce que pour
18 vous, vous avez trouvé que ce n'était pas tout fait normal de voir Vlatko
19 à cet endroit-là ?
20 Mme Vidovic (interprétation). – Non, ce n'était pas anormal pour
21 moi parce que lui, il n'a pas fait son service militaire, c'était
22 quelqu'un qui avait des problèmes de cœur.
23 M. Krajina (interprétation). – Vous voulez dire qu'il n'était
24 pas apte pour faire son service militaire ?
25 Mme Vidovic (interprétation). – Effectivement, c'est cela que je
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1 veux dire.
2 M. Krajina (interprétation). – Je vais maintenant vous poser
3 encore quelques autres questions si vous voulez bien. Est-ce que vous avez
4 rencontré à plusieurs reprises avant ce conflit Vlatko ?
5 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
6 M. Krajina (interprétation). – Est-ce que vous l'avez vu portant
7 l'uniforme ou une arme ?
8 Mme Vidovic (interprétation). - Non. Lui, il travaillait dans un
9 magasin, il vendait les marchandises.
10 M. Krajina (interprétation). – Est-ce que vous l'avez vu ?
11 Mme Vidovic (interprétation). - Oui parce que je me suis rendue
12 dans son magasin pour acheter les marchandises.
13 M. Krajina (interprétation). – Est-ce que vous l'avez vu porter
14 l'uniforme ?
15 Mme Vidovic (interprétation). - Non, jamais.
16 M. Krajina (interprétation). – Est-ce que vous avez entendu
17 parler dans le village, est-ce que vous savez si Vlatko était engagé sur
18 le plan politique ? Est-ce qu'il assistait à des réunions différentes ?
19 Est-ce qu'il appartenait à des unités militaires ?
20 Mme Vidovic (interprétation). - Non. Ce qui l'intéressait,
21 c'étaient ses affaires. Enfin, c'était certainement pas la politique qui
22 l'intéressait, c'était son magasin où il travaillait.
23 M. Krajina (interprétation). - Est-ce que vous pouvez me dire,
24 selon vos souvenirs et vos connaissances, comment Vlatko se comportait
25 vis-à-vis des gens en général et des Musulmans ?
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1 Mme Vidovic (interprétation). - Mais il était toujours en bons
2 termes avec tout le monde et même maintenant, ils viennent dans sa
3 boutique, ils achètent. Moi aussi, je me rends souvent dans sa boutique et
4 j'achète les marchandises.
5 M. Krajina (interprétation). - Monsieur le Président, je ne vais
6 pas être long, beaucoup de questions ont été posées à ce témoin.
7 Madame Vidovic, je vais vous poser une seule question et cette
8 fois-ci, en connexion avec une autre personne, et je vais vous demander,
9 Monsieur le Président, si éventuellement, nous pouvons passer à huis clos
10 partiel très brièvement parce qu'il va s'agir d'un témoin qui était ici et
11 qui était un témoin protégé.
12 M. Krajina (interprétation). - Merci. Est-ce que vous
13 connaissez, Monsieur...
14 Mme Ameerali (interprétation). - Attendez, attendez !
15 Huis clos partiel
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25 Audience publique
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1 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie, Maître
2 Krajina.
3 Maître Terrier, vous avez la parole.
4 M. Terrier. - Merci, Monsieur le Président.
5 Bonjour, Madame. Mon nom est Franck Terrier, je suis l'un des
6 avocats de l'accusation, je vais vous poser quelques questions ; je ne
7 pense pas en avoir pour très longtemps.
8 Je voudrais d'abord que vous m'éclairiez sur un point. Nous
9 avons reçu, à propos de votre témoignage, deux résumés, deux sommaires, et
10 ces sommaires sont un peu différents l'un de l'autre sur un point qui est,
11 à mon sens, important, c'est-à-dire l'heure à laquelle vous avez été
12 réveillée et l'heure à laquelle vous avez, ce 16 avril 1993, rejoint
13 l'abri.
14 Dans l'un des résumés, il est indiqué que vous avez été
15 réveillée à 4 heures du matin le 16 avril 1993, ce que vous avez confirmé
16 tout à l'heure, et dans l'autre, il est indiqué qu'à 5 heures 30, lorsque
17 les tirs ont commencé sur Ahmici, vous avez rejoint l'abri de Jozo Vrebac.
18 Est-ce que vous pouvez résoudre cette contradiction et nous dire très
19 précisément, aussi précisément que vos souvenirs le permettent bien
20 entendu, à quelle heure vous avez été réveillée ou alertée ce 16 avril au
21 matin ?
22 Mme Vidovic (interprétation). - Oui. J'ai été réveillée à
23 4 heures, mais il fallait d'abord que je nourrisse le bétail. Je ne suis
24 pas allée tout de suite à l'abri. Et quand vous avez peur, à ce moment-là,
25 vous vous perdez et je ne peux pas vous dire, donc, l'heure exacte, mais
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1 c'était 5 heures et demie, 6 heures parce qu'il fallait quand même...
2 j'avais des porcs, j'avais également du bétail dans mon étable, il fallait
3 les nourrir.
4 M. Terrier. - Je comprends parfaitement, Madame, que ce soit
5 difficile, effectivement, de donner une heure précise ; est-ce que vous
6 aviez une montre sur vous ?
7 Mme Vidovic (interprétation). - Non, pas à la maison, mais à
8 l'abri, on avait une montre ou plutôt un réveil.
9 M. Terrier. - Mais peut-être pouvez-vous être plus affirmative
10 et précise sur le point suivant ?
11 Vous avez dit, et je vous demande si vous le confirmez, que
12 lorsque vous êtes arrivée à l'abri de Jozo Vrebac, les tirs n'avaient pas
13 encore commencé. C'était encore le silence sur Zume, Santici, Ahmici ?
14 Est-ce bien exact ?
15 Mme Vidovic (interprétation). - J'ai dit qu'au moment où les
16 tirs commençaient, j'étais dans l'étable et puis j'ai couru entre les
17 maisons, parce que ce n'est pas loin.
18 M. Terrier. - Je me permets d'insister, Madame, pour savoir si
19 vous êtes absolument certaine de vos souvenirs, car sur l'un des deux
20 résumés qui nous ont été remis et qui se rapportent à votre témoignage, il
21 est indiqué que vous êtes arrivée à l'abri de Jozo Vrebac avant que les
22 tirs commencent.
23 Mme Vidovic (interprétation). - Non, j'ai dit que j'étais dans
24 l'étable au moment où on a commencé à tirer et quand les tirs sont devenus
25 violents, j'ai couru pour aller vers l'abri entre les maisons.
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1 M. Terrier. - Donc il y a une erreur sur ce résumé qui nous a
2 été remis.
3 De la même manière, lorsque, sur l'un de ces résumés, vous
4 évoquez les soldats... le soldat, enfin la manière dont vous avez été
5 réveillée à 4 heures du matin, vous parlez de "soldats dont les figures
6 étaient peintes avec de la peinture" ; vous parlez de plusieurs soldats.
7 Or, tout à l'heure, vous n'avez parlé que d'un seul soldat.
8 Mme Vidovic (interprétation). - Il y avait un soldat qui m'a
9 réveillée, un seul, et lui, il portait effectivement les peintures sur le
10 visage.
11 M. Terrier. - Mais à ce moment-là, vous n'avez vu qu'un seul
12 soldat, vous n'avez pas vu plusieurs soldats ?
13 Mme Vidovic (interprétation). - Oui, oui.
14 M. Terrier. - Est-ce que, plus tard, dans cette journée du
15 16 avril, à un moment quelconque de cette journée, vous avez vu d'autres
16 soldats ?
17 Mme Vidovic (interprétation). - Non, parce que j'étais dans
18 l'abri.
19 M. Terrier. – Je voudrais, avec l'assistance de M. l'huissier,
20 que soit soumis à Mme le Témoin la pièce de la défense D13/1.
21 (L'huissier s'exécute.)
22 Madame, est-ce que cette maison qui se trouve photographiée, en
23 particulier visible sur la photo N° 1 de cet album, est bien la maison où
24 vous avez trouvé un abri ? C'est bien cela ?
25 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
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1 M. Terrier. – Est-ce que, en vous aidant de ces photographies,
2 vous pouvez nous dire où vous êtes allée dans cette maison, lorsque vous y
3 êtes arrivée le 16 avril au matin ?
4 Mme Vidovic (interprétation). - Là, c'est l'entrée et puis il y
5 a une cave et c'est la porte. C'est la porte d'entrée. Il y a les trois
6 portes même.
7 M. Terrier. – Est-ce que vous vous souvenez dans quelle pièce
8 vous vous êtes rendue ?
9 Mme Vidovic (interprétation). - Il y avait une très grande pièce
10 où il y avait des femmes et des enfants, donc des adultes. Il y en avait
11 également dans le couloir.
12 M. Terrier. – Et vous-même, dans quelle pièce est-ce que vous
13 vous êtes rendue ?
14 Mme Vidovic (interprétation). – Moi, personnellement, j'étais
15 avec mes voisins dans le couloir, dans cette partie.
16 M. Terrier. – Cette partie que l'on peut voir sur quelle
17 photographie, Madame ?
18 Mme Vidovic (interprétation). - Devant cette porte, parce qu'il
19 fallait également descendre. Il y avait des escaliers pour descendre dans
20 la cave.
21 M. Terrier. – Est-ce que l'on peut dire que c'est cette partie
22 de la cave que l'on voit au-delà de la porte visible sur la photographie
23 N° 3 ?
24 Mme Vidovic (interprétation). - Voilà. Il y a des escaliers, il
25 faut descendre l'escalier pour rejoindre une pièce qui se trouve dans la
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1 cave.
2 M. Terrier. – C'est là que vous étiez ?
3 Mme Vidovic (interprétation). - Oui. C'est là.
4 M. Terrier. – Est-ce qu'il y avait la lumière électrique quand
5 vous êtes arrivée ?
6 Mme Vidovic (interprétation). - Oui. Au début, oui. Ensuite, la
7 lumière a été coupée et puis il n'y en avait plus.
8 M. Terrier. – Est-ce qu'il y avait, à l'endroit où vous vous
9 trouviez, une bonne lumière, une bonne luminosité après que la lumière
10 électrique ait été coupée ?
11 Mme Vidovic (interprétation). - Non. On ne voyait pas
12 clairement. Il fallait brûler les cierges. On avait des bougies et voilà,
13 c'est comme ça qu'on voyait.
14 M. Terrier. – Est-ce que vous vous souvenez à quel moment est
15 arrivé M. Vlatko Kupreskic et sa famille ? En particulier sa femme et ses
16 enfants ? A quel moment sont-ils arrivés ?
17 Mme Vidovic (interprétation). - Ils sont arrivés tout de suite
18 après moi. Tout de suite. Après moi, ils sont arrivés jusqu'à la rue.
19 M. Terrier. – Lorsque vous les avez vus arriver, à quel endroit
20 est-ce que vous vous trouviez ? A l'endroit que vous avez indiqué tout à
21 l'heure ?
22 Mme Vidovic (interprétation). – Moi, j'étais devant. Juste
23 devant la maison N° 1.
24 M. Terrier. – Combien de temps êtes-vous restée devant la maison
25 N° 1 ?
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1 Mme Vidovic (interprétation). - Je suis restée pendant une heure
2 parce qu'il y avait des tirs qui venaient dans bas et puis, la maison de
3 Jozo a été protégée. Je ne voyais pas clair.
4 M. Terrier. – Je ne suis pas sûr que nous nous comprenions bien.
5 Vous m'avez dit tout à l'heure que, lorsque vous êtes arrivée, vous êtes
6 descendue dans la cave, qu'il y avait d'abord de la lumière puis, ensuite,
7 qu'il n'y a plus eu de lumière, qu'ensuite vous avez allumé des bougies et
8 là, vous venez de me dire que vous êtes restée une heure à l'extérieur. Je
9 ne comprends pas très bien.
10 Mme Vidovic (interprétation). - Mais ça s'est passé après. La
11 lumière, on l'a eue pendant un premier temps. Ensuite, donc, on est
12 descendus et puis on est remontés pour ne pas empêcher les enfants qui
13 étaient en bas et puis voilà ; ça se passait comme ça.
14 M. Terrier. – Mais est-ce que vous avez le souvenir très précis,
15 compte tenu du de fait que vous ne portiez pas de montre vous
16 personnellement, de l'heure à laquelle vous êtes remontée, du temps que
17 vous avez passé en bas ? Est-ce que vous avez un souvenir très exact de
18 tout cela ?
19 Mme Vidovic (interprétation). - Mais qui pourrait s'en
20 souvenir ? Sept ans se sont passés.
21 M. Terrier. – C'est pour cette raison que je vous pose cette
22 question, car je ne veux pas vous inviter à dire des choses que vous ne
23 pouvez pas dire. Parce qu'il est fort normal, il est fort compréhensible,
24 il est tout à fait naturel que vous ayez oublié certaines choses, mais je
25 vous demande aussi de ne pas affirmer des choses précises qui ne seraient
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1 pas conformes à vos vrais souvenirs.
2 Donc, est-il exact de dire, Madame, que vous avez trouvé refuge
3 dans cette maison ? Vous avez passé un certain temps dans la cave ? Vous
4 avez passé un certain temps à l'extérieur devant la maison ? Mais vous
5 n'êtes plus vraiment en mesure de dire, aujourd'hui, à quelle heure vous
6 êtes descendue dans la cave, à quelle heure vous êtes remontée, combien de
7 temps vous avez passé dans la cave, combien de temps vous avez passé à
8 l'extérieur. Tout cela est, aujourd'hui, un peu difficile à dire compte
9 tenu de ce qu'à l'époque, vous n'aviez pas de montre et compte tenu du
10 temps qui s'est écoulé. Est-ce que c'est exact ? Est-ce que ce que je dis
11 est exact ?
12 Mme Vidovic (interprétation). - Au moment où je suis arrivée
13 dans l'abri, la famille de Kupreskic est arrivée avec moi et nous sommes
14 passés tous par la même porte. C'était à 5 heures et demi, 6 heures ; je
15 ne peux pas vous dire à la minute près.
16 Ensuite, nous sommes tous descendus dans l'abri et quand, par
17 exemple, on voulait allumer une cigarette, on sortait pour fumer la
18 cigarette à l'extérieur. Mais en gros, le gros de temps, on l'a passé dans
19 la cave. Donc c'est là où on se voyait à l'extérieur si on allumait une
20 cigarette.
21 M. Terrier. – Donc, vous nous dites maintenant, Madame Vidovic,
22 que vous êtes descendue dans la cave pratiquement en même temps que
23 Vlatko Kupreskic et sa famille et que Vlatko Kupreskic et sa famille sont
24 restés dans cette cave tout comme vous ?
25 Est-ce que je peux appeler votre attention sur le fait, Madame,
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1 que nous avons un témoin qui se trouvait présent dans cette même maison
2 que vous avez sans doute remarqué dans cet abri Mme Antica Kupreskic, qui
3 a remarqué l'arrivée de M. Vlatko Kupreskic et de sa famille, mais qui
4 nous a dit que Vlatko Kupreskic était remonté, n'était pas resté dans la
5 cave. Seule son épouse et ses enfants étaient restés dans cette cave.
6 Est-ce que cela correspond à vôtre souvenir de la même manière ?
7 Mme Vidovic (interprétation). - Il est resté devant la porte et
8 on est descendus à l'abri. Il était là tout le temps jusqu'à que ce
9 qu'Oncle Anto commence à pleurer et ait demandé ce qu'il était arrivé à
10 son frère.
11 M. Terrier. – Madame, il est très difficile d'être précis,
12 évidemment, compte tenu de l'écoulement du temps, compte tenu aussi peut-
13 être des circonstances que vous avez vécues qui étaient certainement
14 dramatiques, mais vous venez de nous dire que Vlatko Kupreskic, si j'ai
15 bien compris, est resté en dehors de la maison, devant la porte de la
16 maison, pendant que vous descendiez dans l'abri ? Est-ce que c'est bien
17 cela ?
18 Mme Vidovic (interprétation). - Oui. C'est ça. Il descendait, il
19 remontait ; on n'était pas tous au même endroit, on ne pouvait pas tous
20 s'asseoir au même endroit.
21 M. Terrier. – Donc, Vlatko Kupreskic, selon ce que vous nous
22 dites maintenant, n'est pas resté dans le sous-sol de cette maison jusqu'à
23 l'heure que vous avez dite tout à l'heure qui était, je crois, 10 heures
24 du matin ? Il n'est pas resté tout le temps jusqu'à 10 heures du matin ?
25 Mme Vidovic (interprétation). - C'est cela.
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1 M. Terrier. – Est-ce que vous-même êtes restée tout le temps
2 dans le sous-sol de la maison ?
3 Mme Vidovic (interprétation). – C'est ça. 15 minutes,
4 10 minutes, 5 minutes. Je suis allée m'occuper du bétail, mais quand je
5 suis venu, je l'ai vu et c'était avant 11 heures. Il devait être 10 heures
6 lorsque son oncle lui a demandé d'aller voir ce qui se passait avec son
7 père. Il se trouve que l'on a regardé notre montre à ce moment-là.
8 M. Terrier. – Vous avez dit tout à l'heure que vous n'aviez pas
9 de montre, Madame.
10 Mme Vidovic (interprétation). - Je ne sais pas si c'était une
11 montre ou une horloge, il y avait quelque chose dans l'abri.
12 M. Terrier. – Je voudrais que, Madame, vous me parliez de vos
13 voisins, Ramo Ramic, que vous avez accueilli dans votre maison le soir du
14 16 avril 1993.
15 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
16 M. Terrier. – Vous nous avez dit tout à l'heure que la maison de
17 M. Ramo Ramic et de sa famille a été détruite le lendemain 17 avril. C'est
18 bien cela ?
19 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
20 M. Terrier. – A votre avis, pour quelles raisons cette maison a-
21 t-elle été détruite ce jour-là ?
22 Mme Vidovic (interprétation). - Je ne sais malheureusement pas.
23 Malheureusement, je ne sais pas.
24 M. Terrier. – Est-ce que vous avez vu, le 16 ou le 17 avril,
25 votre autre voisin musulman Reuf Podojak et sa famille ?
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1 Mme Vidovic (interprétation). - Le même jour, ils ont été vers
2 Poculica. Le 16 vers 9, 10 heures, je ne sais plus exactement, ils sont
3 partis et ils sont toujours vivants.
4 M. Terrier. – Sont-ils partis de leur plein gré ou ont-ils été
5 obligés de partir ?
6 Mme Vidovic (interprétation). - Je ne saurais pas dire. C'est ce
7 que j'ai entendu dire.
8 M. Terrier. – Lorsque vous avez rencontré, puis ensuite reçu
9 dans votre maison, la mère de Sakib Ahmic, dans quel état était-elle ?
10 Dans quel état d'esprit se trouvait-elle ?
11 Mme Vidovic (interprétation). - Elle était dans un état
12 épouvantable. C'est une vieille femme.
13 M. Terrier. – Quel âge avait-elle en 1993?
14 Mme Vidovic (interprétation). - Elle avait plus de 70 ans à
15 cette époque. Je ne sais plus exactement combien.
16 M. Terrier. – Donc sur ce que Sakib Ahmic aurait dit à sa mère,
17 vous nous rappelez les propos que vous a tenus sa mère, âgée de 70 ans et
18 dans un état d'esprit extrêmement difficile -on peut le comprendre- et
19 vous nous dites ce que vous vous souvenez aujourd'hui des propos tenus par
20 cette femme ?
21 Mme Vidovic (interprétation). - Quand elle s'était rafraîchie et
22 qu'elle s'était restaurée, elle nous a dit elle-même comment son fils
23 était venu chez elle et l'expérience qu'il avait eue et que je viens de
24 raconter il y a un moment.
25 M. Terrier. – Est-ce que son récit vous a paru extrêmement
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1 précis ? Extrêmement clair ? Est-ce qu'elle vous a paru avoir une idée
2 extrêmement exacte de ce qui s'était produit ? Est-ce qu'elle était
3 vraiment affirmative ?
4 Mme Vidovic (interprétation). - Nous ne lui avons pas posé de
5 questions. Elle nous a parlé d'elle-même et puis, quand j'ai vu ça à la
6 télévision, j'ai eu l'impression que cela faisait "clic" et je me suis dit
7 c'est Mme Kupreskic que je ne connaissais pas depuis longtemps.
8 C'était difficile pour moi de saisir que des enfants innocents étaient là,
9 par terre.
10 M. Terrier. – Est-ce que vous habitez toujours Ahmici, Madame ?
11 M. Terrier. – A Santic même, N° 73.
12 M. Terrier. – Vous habitez toujours au même endroit qu'à
13 l'époque ? Dans la même maison ?
14 Mme Vidovic (interprétation). - Pendant la guerre, j'étais chez
15 ma fille et un obus est tombé devant la maison. Cela a brisé les vitres et
16 la maison, c'est-à-dire ma propre maison a été reconstruite désormais.
17 M. Terrier. – Je n'ai pas d'autres questions, Monsieur le
18 Président. Je vous remercie Madame.
19 M. le Président. - Merci.
20 Maître Radovic ?
21 M. Radovic (interprétation). - J'aurais quelques questions à poser au
22 témoin pour préciser un certain nombre de points ? Pourriez-vous nous dire
23 quelle était la relation entre Mejra et Sakib ? Mejra est la mère et Mejra
24 et Sakib étaient frère et soeur, donc Mejra est quoi par rapport à Sakib ?
25 Mme Vidovic (interprétation). - C'est sa cousine. C'est la fille
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1 de sa sœur, donc c'est son oncle. C'est ça.
2 M. Radovic (interprétation). - Quand vous parliez à la mère de
3 Sakib Ahmic, est-ce que c'est vous qui avez entamé la conversation sur
4 Sakib ou est-ce que c'est elle qui a commencé à en parler ?
5 Mme Vidovic (interprétation). - Elle nous en a parlé d'elle-
6 même. Après s'être reposée, elle a commencé à parler.
7 M. Radovic (interprétation). - Lorsqu'elle a commencé son
8 histoire, elle a raconté toute son histoire, vous l'avez interrompue avec
9 des questions ?
10 Mme Vidovic (interprétation). - Non. Elle a parlé de son propre
11 gré.
12 M. Radovic (interprétation). - Est-ce qu'elle vous aurait
13 expliqué, lorsque son fils Sakib lui avait rendu visite, où se trouvait sa
14 maison exactement ? Où se trouvait la maison ?
15 Mme Vidovic (interprétation). - A Ahmici.
16 M. Radovic (interprétation). - A vol d'oiseau, quelle est la
17 distance de chez vous ?
18 Mme Vidovic (interprétation). - De l'ordre de 500 mètres.
19 M. Radovic (interprétation). - Un peu plus loin, si vous prenez
20 le chemin ?
21 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
22 M. Radovic (interprétation). - Mais c'est en bas de la colline,
23 il me semble ?
24 Mme Vidovic (interprétation). - Oui. Bien sur, j'y vivais, alors
25 je sais.
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1 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous pourriez nous
2 dire, si elle a expliqué, pourquoi son fils Sakib est venu voir sa vieille
3 mère qui vivait toute seule et pourquoi il l'a laissée toute seule dans la
4 maison et ne l'a pas emmenée avec lui ?
5 Mme Vidovic (interprétation). - C’est ce qu’elle se demandait.
6 Il a demandé des cigarettes, des chaussettes et c’est tout.
7 M. Radovic (interprétation). - Est-ce qu'elle vous a dit que
8 lorsque Sakib a terminé sa visite chez elle, les tirs avaient déjà
9 commencé dans la direction de sa maison ?
10 Mme Vidovic (interprétation). - Non, elle ne nous a pas dit ça.
11 M. Radovic (interprétation). - Mais elle-même ne pouvait pas
12 expliquer pourquoi son fils s'échappait sans l'emmener ?
13 Mme Vidovic (interprétation). - Non, elle ne pouvait pas
14 l'expliquer.
15 M. Radovic (interprétation). - En ce qui concerne la question de
16 l'accusation, pouvez-vous nous dire quelles étaient vos relations avec vos
17 voisins musulmans ?
18 Mme Vidovic (interprétation). - Très bonnes.
19 M. Radovic (interprétation). - Vos voisins croates, quelles
20 étaient leurs relations avec leurs voisins musulmans ?
21 Mme Vidovic (interprétation). - On s'invitait les uns les
22 autres. On les invitait pour la Noël et il nous invitait pour une autre
23 fête.
24 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vos voisins croates
25 ont cherché à chasser leurs voisins musulmans ?
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1 Mme Vidovic (interprétation). - Absolument pas.
2 M. Radovic (interprétation). - Est-ce que vous et vos voisins
3 croates étiez déterminés à chasser vos voisins musulmans ?
4 Mme Vidovic (interprétation). - Non, pour ma part. Et mes
5 voisins, je ne sais pas, et je ne peux parler pour mes voisins, plutôt
6 non.
7 M. Krajina (interprétation). - A l'époque, je n'ai que deux
8 questions courtes. A l'époque, à cette époque-là, vers 5 heures 30 à
9 6 heures, jusqu'à 10 heures 30, lorsque vous étiez dans l'abri ou devant
10 l'abri, vous aviez dit que les adultes rentraient pour sortir fumer une
11 cigarette, etc. Est-ce que vous étiez là tout le temps ?
12 Mme Vidovic (interprétation). - Je l’ai déjà dit, je suis partie
13 un petit moment, parce qu'il y a cinq, dix minutes jusqu'à l'étape et j'ai
14 voulu m'occuper du bétail. Vous savez, je ne regardais pas constamment
15 l’horloge ou la montre.
16 M. Krajina (interprétation). - A partir de votre témoignage,
17 pouvez-vous confirmer avec certitude que Vlatko Kupreskic était avec sa
18 famille dans cet abri le 16 avril sans interruption de 6 heures à
19 10 heures 30 environ ?
20 Mme Vidovic (interprétation). - Oui, je le peux.
21 M. Krajina (interprétation). - Et qu'il n'a pas quitté devant
22 l'abri ? Seulement lorsqu'il a été voir si son père était vivant. C'était
23 vers 11 heures 30. Et à ce moment-là, il était là tout le temps ?
24 Mme Vidovic (interprétation). - Oui.
25 M. Krajina (interprétation). - Je n'ai pas d'autres questions.
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1 M. le Président (interprétation). - Nous n'avons pas d'autres
2 questions, Madame Vidovic. Merci d'être venue déposer devant nous, vous
3 pouvez maintenant vous retirer.
4 L'audience est levée, elle reprendra demain à 9 heures.
5 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
6 L'audience est levée à 13 heures 30.
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