Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL   AFFAIRE N° IT-95-16-T

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE  

  3   Vendredi 25 Juin 1999

  4   L'audience est ouverte à 9 heures 05.

  5   Mme le Greffier. - Affaire IT-95-16-T, le Procureur contre Zoran

  6   Kupreskic, Mirjan Kupreskic, Vlatko Kupreskic, Drago Josipovic, Dragan

  7   Papic et Vladimir Santic.

  8   M. le Président (interprétation). – Maître Par ?

  9   M. Par (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président, Madame et

 10   Monsieur le Juge.

 11   Avec votre permission, avant de faire comparaître le témoin, je voudrais

 12   soulever une question relative à la procédure, à savoir le témoignage de

 13   l'accusé, si vous le permettez.

 14   Vlatko Kupreskic, la défense de Vlatko Kupreskic, a annoncé que le

 15   témoignage donné par l'accusé... qu'à la fin du témoignage, il est dans

 16   l'intérêt de notre défense… il faudrait que l'accusé donne son avis sur

 17   toutes les accusations que le Procureur met à sa charge.

 18   Ma question est la suivant. Est-ce que la Chambre permettrait que l'accusé

 19   témoigne une fois que le Procureur a présenté tous ses éléments de preuve

 20   ou bien la Chambre d'accusation exige-t-elle que l'accusé le fasse avant ?

 21   Je ne sais pas si cela peut être dans l'intérêt de la Chambre, mais dans

 22   notre système juridique l'accusé est le dernier qui prend la parole et a

 23   l'occasion de donner son avis sur tous les éléments de preuve qu'on a

 24   contre lui.

 25   J'espère avoir été clair et que vous pourrez nous donner une réponse dans


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  1   ce sens.

  2   M. le Président (interprétation). – Maître Terrier ?

  3   M. Terrier. – Monsieur le Président, le Règlement de Procédure et de

  4   Preuve est clair sur le déroulement du procès. Les preuves de l’accusation

  5   et les preuves de la défense doivent être soumises aux Juges avant que

  6   l'accusation puisse présenter sa réplique et, enfin, la défense sa

  7   duplique.

  8   Il me semble que Me Par en voulant que l'accusé puisse témoigner en tout

  9   dernier ressort -alors que l'accusation sera hors d'état de présenter

 10   quelque réfutation que ce soit- me paraît tout à fait contraire au

 11   Règlement de Procédure. Je ne crois pas que cela ait été observé ici, dans

 12   le cadre de ce Tribunal international.

 13   La défense a le dernier mot dans tous les systèmes judiciaires que je

 14   connais, mais pas nécessairement l'accusé. Il est bien évident que la

 15   défense, ici, par la voix des avocats, aura le dernier mot. Il me semble

 16   que les droits des accusés sont, de cette manière, suffisamment garantis.

 17   M. le Président (interprétation). – Avant de consulter mes collègues, je

 18   dois dire que même à Nuremberg les accusés avaient le dernier mot, non pas

 19   pour témoigner mais pour faire une déclaration. Il faut donc bien faire la

 20   distinction entre un témoignage -donc une déposition- et une déclaration.

 21   Pour autant que je m'en souvienne, c'est ainsi que cela s'est passé. Mais

 22   avant la prononciation de la sentence, ils avaient la possibilité de dire

 23   un dernier mot. Je crois que c'est une distinction qui est importante.

 24   (Les Juges se consultent sur le Siège.)

 25   La Chambre a décidé de la façon suivante.


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  1   Selon le Règlement de Procédure et de Preuve, l'accusé... bien sûr, si le

  2   conseil de la défense le cite à comparaître... ils doivent déposer à la

  3   fin de la présentation des moyens à décharge par la défense... donc avant

  4   que l'accusation commence avec sa réplique et les témoins qu'ils citent

  5   dans ce cadre-là.

  6   Ceci dit, cela ne veut pas dire que pendant la duplique la défense ne peut

  7   appeler un accusé à témoigner.

  8   Et, avant la prononciation du verdict, ils peuvent faire une déclaration.

  9   M. Par (interprétation). – Oui, j'ai bien compris, merci.

 10   M. le Président (interprétation). – Maître Susak ?

 11   M. Susak (interprétation). – Hier, pendant que j'ai interrogé Finka Bralo,

 12   j'ai mentionné, de la même façon que l'accusation l'a fait, le témoin l'a

 13   fait aussi, l'heure : cinq heures quarante. Cependant, j'ai entendu, par

 14   la suite, que l'on avait marqué une mauvaise heure dans le compte rendu

 15   d'audience : cinq heures moins vingt. Donc soit je me suis trompé moi-

 16   même, soit il y a une erreur dans le compte rendu d'audience. L'heure

 17   exacte est celle de cinq heures quarante.

 18   Par ailleurs...

 19   M. May (interprétation). - C'est vous qui vous êtes trompé, vous avez fait

 20   un petit lapsus vers la fin de votre interrogatoire et c’est cela qui est

 21   à l’origine de l'erreur et de la confusion.

 22   M. le Président (interprétation). - Nous allons rectifier le compte rendu

 23   d'audience.

 24   M. Susak (interprétation). - Je demande, aussi, au Greffe si la

 25   pièce D35/4 a été versée au dossier ?


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  1   M. le Président (interprétation). - J’allais vous poser cette question. Je

  2   pense que vous tous, aussi bien que nous, vous étiez fatigués et que vous

  3   avez omis de verser cette pièce au dossier ; mais je voulais tout d'abord

  4   demander à l’accusation si elle a une objection ? J'espère que non.

  5   M. Terrier. – Non, Monsieur le Président.

  6   M. le Président (interprétation). - Dans ce cas là, la pièce est versée au

  7   dossier.

  8   Mme le Greffier. – Il ne s'agit pas de la pièce D35/5 mais bien de la

  9   pièce D34/5.

 10   M. Susak (interprétation). - Très bien, merci.

 11   M. le Président (interprétation). - Maître Susak, est-ce bien cela la

 12   pièce à conviction ?

 13   (Le Président montre une carte aérienne)

 14   M. Susak (interprétation). - Oui, il s'agit bien de la photographie

 15   aérienne.

 16   M. le Président (interprétation). - Bien

 17   M. le Président (interprétation). - Nous pouvons maintenant appeler notre

 18   dernier témoin, M. Bralo.

 19   (Le témoin est introduit dans le prétoire)

 20   Veuillez vous lever et lire la déclaration solennelle.

 21   M. Bralo (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président, bonjour à

 22   tous. Je déclare solennellement que je dirai la vérité, toute la vérité et

 23   rien que la vérité.

 24   M. le Président (interprétation). - Merci.

 25   M. Bralo (interprétation). - Merci à vous.


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  1   M. le Président (interprétation). – Maître Susak, allez-y.

  2   M. Susak (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Bonjour,

  3   Monsieur Bralo.

  4   M. Bralo (interprétation). - Bonjour.

  5   M. Susak (interprétation). - Pourriez-vous vous présenter, donner votre

  6   date de naissance et nous dire ou vous habitez ?

  7   M. Bralo (interprétation). - Je m'appelle Anto Bralo. J'habite dans le

  8   village de Santici, municipalité de Vitez et je suis né en 1954.

  9   M. Susak (interprétation). - Vous habitez avec qui ?

 10   M. Bralo (interprétation). - Avec ma femme Finka Bralo et nous avons deux

 11   fils.

 12   M. Susak (interprétation). - Qu'avez-vous fait en 1993, en début d'année ?

 13   Quelle était votre métier, votre profession ?

 14   M. Bralo (interprétation). - Je suis ouvrier et je travaillais pour la

 15   Forpronu britannique, sur le chauffage.

 16   M. Susak (interprétation). - Je vais vous corriger. Vous travailliez pour

 17   la Forpronu, pour les besoins du Bataillon britannique. Est-ce que votre

 18   épouse à travaillé pour la Forpronu pendant la même période ?

 19   M. Bralo (interprétation). - Oui. Mon épouse travaillait aussi pour la

 20   Forpronu à Vitez.

 21   M. Susak (interprétation). - Depuis quand travailliez-vous pour la

 22   Forpronu ?

 23   M. Bralo (interprétation). - Depuis le début de la saison, donc depuis le

 24   mois d'octobre, et je devais y rester jusqu'à la fin de la saison, mettons

 25   jusqu'au 25 avril.


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  1   M. Susak (interprétation). - Pourriez-vous donner des dates exactes ?

  2   M. Bralo (interprétation). - A partir du 1er octobre ?

  3   M. Susak (interprétation). - De quelle année ?

  4   M. Bralo (interprétation). – 1993.

  5   M. Susak (interprétation). – Non, pas 1993, 1992.

  6   M. Bralo (interprétation). – Du 1er octobre 1992 jusqu'au 15 avril.

  7   M. Susak (interprétation). – Du 1er octobre 1992, si j'ai bien compris,

  8   jusqu'à…

  9   M. Bralo (interprétation). – Jusqu'au 15 avril 1993.

 10   M. Susak (interprétation). - Je voudrais demander l'assistance de

 11   l'huissier pour soumettre un document au témoin.

 12   (L'huissier s'exécute.)

 13   Mme le Greffier. -  Il s'agit de la pièce D35/4.

 14   M. Susak (interprétation). - Voyez-vous ce document et quelle est sa

 15   teneur ?

 16   M. Bralo (interprétation). - Je le vois.

 17   M. Susak (interprétation). - Pouvez-vous nous dire sa teneur ? Vous l'avez

 18   ici en deux langues, en croate et en traduction anglaise.

 19   M. Bralo (interprétation). - Ceci est un document prouvant que j'ai

 20   travaillé pour le Bataillon britannique.

 21   M. Susak (interprétation). – Donc cela prouve que vous y avez été employé

 22   en tant que... ? Pourriez-vous nous lire la dernière phrase ? Vous y étiez

 23   employé en tant que... ?

 24   M. Bralo (interprétation). - On confirme par la présente qu'Anto Bralo

 25   travaille à Vitez en tant que chauffagiste…


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  1   M. Susak (interprétation). – Et qu'il peut rentrer dans le camp ?

  2   M. Bralo (interprétation). - Oui.

  3   M. Susak (interprétation). - Pourriez-vous nous dire si pendant que vous

  4   travailliez à la Forpronu, vous travailliez le jour et la nuit ?

  5   M. Bralo (interprétation). - Oui, je faisais partie de la première et de

  6   la troisième équipe.

  7   M. Susak (interprétation). – Donc ça veut dire le jour et la nuit ?

  8   M. Bralo (interprétation). - Oui.

  9   M. Susak (interprétation). – Je demande l'assistance de l'huissier pour

 10   soumettre un autre document au témoin.

 11   (L'huissier s'exécute.)

 12   Mme le Greffier. – Il s'agit de la pièce D36/4.

 13   M. Susak (interprétation). – Monsieur Bralo, pourriez-vous nous dire la

 14   teneur de ce document ?

 15   M. Bralo (interprétation). - Ce document veut dire que j'ai travaillé… Ils

 16   l'ont probablement traduit en croate parce je ne parlais pas l'anglais.

 17   M. Susak (interprétation). – Lisez-le en croate.

 18   M. Bralo (interprétation). - "Nous devons vous informer que votre contrat

 19   va se terminer le 25 avril 1993."

 20   M. Susak (interprétation). – Cela veut dire que la Forpronu vous informait

 21   que votre contrat se terminerait le 25 avril ?

 22   M. Bralo (interprétation). – Oui, le 25 avril.

 23   M. Susak (interprétation). – Monsieur le Président, si le Procureur ne

 24   veut pas croire à la teneur de ces documents et à leur authenticité, je

 25   peux lui apporter d'autres documents pour le prouver.


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  1   Je vois que ceci n'est pas nécessaire.

  2   Donc Monsieur Bralo, je continuerai avec les questions que j'ai à vous

  3   poser.

  4   Dites-nous où vous vous trouviez pendant le premier conflit, à savoir le

  5   20 octobre 1992 ?

  6   M. Bralo (interprétation). - Le 19 octobre, nous nous sommes rendus dans

  7   la forêt pour couper des arbres.

  8   M. Susak (interprétation). – Où se trouve cette forêt ?

  9   M. Bralo (interprétation). - La forêt s'appelle Kruscica. Nous y sommes

 10   allés, moi, Anto Bralo, Franjo Kovac, Mirzo Osmancevic et feu mon frère

 11   Drago.

 12   M. Susak (interprétation). – Avez-vous participé au premier conflit étant

 13   donné que vous avez dit être allé couper du bois ?

 14   M. Bralo (interprétation). – Non, je n'y ai pas pris parti.

 15   M. Susak (interprétation). – Savez-vous quelles maisons ont été

 16   endommagées lors du premier conflit ?

 17   M. Bralo (interprétation). – Oui, je l'ai vu à mon retour à la maison.

 18   L'étable de Drago Josipovic était en feu, je ne sais à pas si c'était son

 19   étable à lui ou celle de sa mère. On pouvait voir des traces de balles sur

 20   sa maison, les traces de balles se trouvaient sur les murs de la maison.

 21   M. Susak (interprétation). – Pendant que vous travailliez pour la

 22   Forpronu, au moment où vous étiez par la suite à Santici, montiez-vous

 23   parfois la garde ? Rarement, tout le temps ?

 24   M. Bralo (interprétation). - Je montais la garde rarement, je n'ai pas pu

 25   le faire plus puisque je travaillais. Tout simplement, on me dispensait de


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  1   cette tâche.

  2   M. Susak (interprétation). – Pendant que vous travailliez pour la

  3   Forpronu, portiez-vous l'uniforme de la Forpronu ?

  4   M. Bralo (interprétation). – Oui, c'est un soldat qui me l'a donné.

  5   C'était tout simplement mon uniforme de travail que j'utilisais quand je

  6   travaillais dans les chaudières.

  7   M. Susak (interprétation). – Vous le portiez cet uniforme ?

  8   M. Bralo (interprétation). – Oui, pour me rendre au travail et pour

  9   rentrer à la maison.

 10   M. Susak (interprétation). – Nous allons passer désormais au

 11   16 avril 1993.

 12   Pourriez-vous nous dire où vous vous trouviez la veille, c'est-à-dire le

 13   15 avril 1993 ?

 14   M. Bralo (interprétation). – Le 15 avril 1993, je suis rentré à la maison

 15   avec mon épouse.

 16   M. Susak (interprétation). – D'où êtes-vous rentrés ?

 17   M. Bralo (interprétation). – De la Forpronu, du bataillon où je

 18   travaillais. Nous sommes donc rentrés chez nous, nous avons donné à manger

 19   au bétail. Par la suite, nous sommes allés prendre un café et bien sûr

 20   après nous nous sommes couchés pour nous préparer pour le travail, le

 21   lendemain.

 22   M. Susak (interprétation). – Vous vous êtes couchés vers quelle heure ?

 23   M. Bralo (interprétation). - Comme d'habitude vers 11 heures moins 10.

 24   M. Susak (interprétation). – Pourriez-vous nous raconter maintenant

 25   comment vous avez vécu le 16 avril 1993, depuis le moment où vous vous


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  1   êtes réveillé ?

  2   M. Bralo (interprétation). - Le 16 avril j'ai été réveillé par les tirs ;

  3   je me suis levé et je suis allé sur le balcon, j'étais énervé et j'avais

  4   peur, je ne savais pas ce qui se passait.

  5   M. Susak (interprétation). – Quelqu'un est-il venu chez vous ce matin-là ?

  6   M. Bralo (interprétation). – Franjo Kovac avec son épouse et un enfant.

  7   M. Susak (interprétation). – Ils sont arrivés jusqu'à votre porte ?

  8   M. Bralo (interprétation). - Oui. Madame Kata Kovac et son enfant sont

  9   rentrés dans la maison. Et Franjo Kovac et moi-même sommes restés dehors,

 10   nous avons discuté de la situation et des événements.

 11   M. Susak (interprétation). – Avez-vous vu qui que ce soit sur la route ?

 12   M. Bralo (interprétation). – Oui, sur le croisement à 50 ou 60 mètres de

 13   ma maison, j'ai vu Anto Papic et Drago Josipovic.

 14   M. Susak (interprétation). – Ils étaient là ou bien ils circulaient ?

 15   M. Bralo (interprétation). – Franjo Kovac et moi-même, nous avons décidé

 16   d'aller vers l'étable d'Anto Papic.

 17   M. Susak (interprétation). – Et vous êtes allés vers Drago Josipovic et

 18   Anto Papic pendant qu'ils étaient sur la route ?

 19   M. Bralo (interprétation). – Oui, mais ils sont partis vers la maison de

 20   Nikola Omazic où habitait Franjo Kovac pour voir ce qui se passait.

 21   M. Susak (interprétation). – Et vous, où êtes-vous allé ?

 22   M. Bralo (interprétation). - Vers la maison de Franjo Kovac.

 23   M. Susak (interprétation). – Donc eux sont allés vers la gauche, et vous

 24   vers la droite ?

 25   M. Bralo (interprétation). – Oui.


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  1   M. Susak (interprétation). – Donc vous êtes partis, vous et Franjo Kovac

  2   derrière, l'étable d'Anto Papic. Qu'avez-vous fait après ? Avez-vous vu

  3   quelque chose sur la route ? Quelqu'un était-il venu ? Avez-vous revu Anto

  4   Papic par exemple ?

  5   M. Bralo (interprétation). - J'ai vu Anto peut-être quelques 10 minutes

  6   plus tard. Il y avait deux ou trois enfants qui venaient, ils étaient en

  7   pleurs. J'ai vu Asim Ahmic et son épouse, sa belle-fille et trois

  8   enfants ; deux fils et une fille. Anto Papic et Drago Josipovic marchaient

  9   à côté d'eux et ils sont rentrés dans la maison d'Anto Papic.

 10   M. Susak (interprétation). – Et après, quand avez-vous vu Drago Josipovic

 11   et Anto Papic ? Les avez-vous vus ?

 12   M. Bralo (interprétation). - Oui. Ils sont venus au bout d'un certain

 13   temps et nous avons parlé un peu, Franjo Kovac, moi-même, Drago Josipovic.

 14   Drago était excité, ainsi qu'Anto, il pleurait, moi j'étais très nerveux,

 15   je connaissais bien ces personnes, nous étions des voisins et en bons

 16   termes.

 17   M. Susak (interprétation). - Donc ce matin-là, vous voulez dire que vous

 18   étiez du côté de vos maisons, Anto Papic, Franjo Kovac et Drago

 19   Josipovic ?

 20   M. Bralo (interprétation). - Oui c'est exact.

 21   M. Susak (interprétation). - Donc on parle toujours du 16 avril 1993 ?

 22   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 23   M. Susak (interprétation). - Vous avez dit que vous étiez du côté de

 24   l'étable. Où êtes-vous allé par la suite ?

 25   M. Bralo (interprétation). – Par la suite, je me suis dirigé vers ma


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  1   maison en passant par la maison de Nikola Omazic, là où habitait Franjo

  2   Kovac.

  3   M. Susak (interprétation). - Et vous êtes allé dans votre maison ?

  4   M. Bralo (interprétation). - Oui, je suis allé chez moi.

  5   M. Susak (interprétation). - Quand nous regardons de la maison de Nikola

  6   Omazic, vers votre maison, y a t-il un chemin qu'on peut emprunter et

  7   n'est-il pas nécessaire de traverser un champ ?

  8   M. Bralo (interprétation). - Oui.

  9   M. Susak (interprétation). – Est-ce que, là, c'est un chemin qui est bien

 10   en pente ?

 11   M. Bralo (interprétation). – Oui, il y a une grande pente.

 12   M. Susak (interprétation). - Votre épouse nous a dit hier que de la

 13   terrasse, d'où elle observait la situation et l'espace de la maison de

 14   Nikola Omazic, elle aurait mieux pu voir l'espace vers la route si elle

 15   s'était éloignée de la maison de quelques 5 ou 5 mètres. Qu'est-ce que

 16   cela veut dire ?

 17   M. Bralo (interprétation). - Ma femme n'est pas grande.

 18   M. Susak (interprétation). - Pourriez-vous ralentir.

 19   Est-ce que votre maison a bien une cave ?

 20   M. Bralo (interprétation). - Oui, oui, elle a une cave et elle est au même

 21   niveau qu'une partie du champ.

 22   M. Susak (interprétation). – Cela, c'est la cave ?

 23   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 24   M. Susak (interprétation). - Et la terrasse ?

 25   M. Bralo (interprétation). – La terrasse est un peu plus élevée.


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  1   M. Susak (interprétation). - Et si vous allez vers la route, est-ce que ce

  2   niveau-là est un peu plus élevé que la terrasse ?

  3   M. Bralo (interprétation). – Oui, à quelques 5 ou 6 mètres de ma maison,

  4   si vous sortez vous pouvez voir l'espace dégagé.

  5   M. Susak (interprétation). – Donc vous dites qu'il y a un espace dégagé.

  6   Et quel type de terrain est-ce, vers la maison de Musafer Puscul et la

  7   route ?

  8   M. Bralo (interprétation). - A 2 ou 3 mètres de chez moi, on voit les

  9   maisons dispersées.

 10   M. Susak (interprétation). - Donc vous voyez tout cet espace. Et on voit

 11   les maisons séparément, on voit l'espace qui sépare les maisons ?

 12   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 13   M. Susak (interprétation). - Qu'avez-vous fait le 16 avril, pendant la

 14   journée ?

 15   M. Bralo (interprétation). - On est allés vers l'étable d'Anto Papic.

 16   M. Susak (interprétation). - C'est là où vous vous trouviez la plupart du

 17   temps ?

 18   M. Bralo (interprétation). – Oui.

 19   M. Susak (interprétation). – Qui ?

 20   M. Bralo (interprétation). – Drago Josipovic, Anto, Franjo Kovac, moi.

 21   Nous étions voisins donc on passait notre temps ensemble.

 22   M. Susak (interprétation). – Alliez-vous ailleurs ?

 23   M. Bralo (interprétation). – Marija Papic avait des poules et elle nous a

 24   demandé d'aller les nourrir et de traire les vaches, de nourrir les

 25   cochons, donc nous y sommes allés.


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  1 M. Susak (interprétation).– Savez-vous si quelqu'un d'autre hormis (expurgé),  

  2  (expurgé), et sa famille, quelques autres Musulmans ont été dans la maison

  3   d'Anto Papic ?

  4   M. Bralo (interprétation). – Oui, Ramiz.

  5   M. Susak (interprétation). - Vous vous souvenez de son nom et de son

  6   prénom ?

  7   M. Bralo (interprétation). – Cazim ou Ciazim Ramic, je le connais comme

  8   Cazim, et son épouse, sa belle-fille et les petits-enfants, deux petits-

  9   enfants. Voilà, c'étaient mes voisins.

 10   M. Susak (interprétation). - Qui encore était là ?

 11   M. Bralo (interprétation). – Hasim et son épouse, sa belle-fille...

 12   M. Susak (interprétation). - Vous venez de le dire ?

 13   M. Bralo (interprétation). – Oui, il y avait aussi (expurgé), avec sa

 14   mère et ses deux enfants, je l'ai vue à l'intérieur de la maison d'Anto

 15   Papic.

 16   M. Susak (interprétation). - Qui d'autre ?

 17   M. Bralo (interprétation). - Il y avait d'autres réfugiés qui étaient

 18   arrivés de Jajce chez des amis, chez nos voisins. Il y en avait beaucoup,

 19   il y avait beaucoup de monde dans la maison.

 20   M. Susak (interprétation). - Bien.

 21   Savez-vous si Mirsad Osmacevic et sa famille se trouvaient dans la maison

 22   d'Anto Papic ?

 23   M. Bralo (interprétation). - Oui, le 16 il y était, Mirsad Osmanic.

 24   M. Susak (interprétation). – Osmanic ou Osmancevic ?

 25   M. Bralo (interprétation). - Non, Osmancevic, mais on l'appelait Osmanic ;


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  1   son épouse et ses trois fils.

  2   M. Susak (interprétation). - Est-ce qu'il sortait de la maison d'Anto

  3   Papic ?

  4   M. Bralo (interprétation). – Oui, son épouse. Je ne me souviens plus de

  5   son nom.

  6   M. Susak (interprétation). - Donc son épouse ?

  7   M. Bralo (interprétation). – Oui, ils sont partis vers la maison de Jozo

  8   Cerkez en traversant le pont Radak.

  9   M. Susak (interprétation). – Mirsad Osmancevic aussi ?

 10   M. Bralo (interprétation). – Drago Josipovic l'a emmené, il l'a accompagné

 11   pour qu'il rejoigne sa femme et ses enfants. Ils étaient en bons termes,

 12   ils étaient parrains.

 13   M. Susak (interprétation). – Mirsad Osmancevic avait-il un enfant en bas

 14   âge, d'un an ?

 15   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 16   M. Susak (interprétation). - Est-ce que cet enfant aurait pu rester dans

 17   ces conditions dans la maison d'Anto Papic ?

 18   M. Bralo (interprétation). – Non, les conditions n'étaient pas bonnes,

 19   même pour des adultes.

 20   M. Susak (interprétation). - Est-ce la raison pour laquelle ils ont quitté

 21   cette maison pour Rovna ?

 22   M. Bralo (interprétation). – Oui, les conditions y étaient bien

 23   meilleures, la maison était spacieuse.

 24   M. Susak (interprétation). - Comment Mirsad s'est rendu à Rovna ?

 25   M. Bralo (interprétation). – Drago Josipovic l'a accompagné jusqu'à la


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  1   maison de Jozo Cerkez.

  2   M. Susak (interprétation). – Lui a-t-il fourni d'autres aides ?

  3   M. Bralo (interprétation). - Oui, il lui a donné son gilet, le gilet qu'il

  4   avait sur lui afin qu'il traverse en sécurité le pont de Radak et se rende

  5   à la maison de Joso Cerkez.

  6   M. Susak (interprétation). – Savez-vous combien de temps il a passé là-

  7   bas ?

  8   M. Bralo (interprétation). - Il n'a pas passé beaucoup de temps.

  9   M. Susak (interprétation). – Qui ?

 10   M. Bralo (interprétation). – Mirsad Osmancevic avec sa famille, ils sont

 11   rentrés assez vite, au bout d'une heure.

 12   M. Susak (interprétation). - Où sont-ils revenus ?

 13   M. Bralo (interprétation). - Chez Anto Papic.

 14   M. Susak (interprétation). – Pourquoi le savez-vous ?

 15   M. Bralo (interprétation). - J'en ai entendu parler, mais je ne l'ai pas

 16   vu ; apparemment un soldat aurait menacé Jozo Cerkez. Il a lui a dit qu'il

 17   allait faire sauter sa maison si Mirsad Osmancevic restait chez lui et

 18   c'est par la suite que Mirsad est rentré.

 19   M. Susak (interprétation). – A-t-il eu des problèmes sur son chemin de

 20   retour ?

 21   M. Bralo (interprétation). - Non.

 22   M. Susak (interprétation). – Est-il rentré tout seul ou avec sa famille ?

 23   M. Bralo (interprétation). - Ils sont venus tous ensemble chez Anto Papic.

 24   M. Susak (interprétation). – Donc ils se sont réinstallés dans cette

 25   maison ?


Page 9864

  1   M. Bralo (interprétation). - Oui. Ils ont passé la nuit là.

  2   M. Susak (interprétation). – Vous êtes allé dans le bois avec Mirsad

  3   Osmancevic pour couper les arbres, donc vous étiez en bons termes. Pouvez-

  4   vous nous dire qui était-ce ? Est-ce un Musulman ?

  5   M. Bralo (interprétation). – Oui, c'est un Musulman.

  6   M. Susak (interprétation). – Avez-vous d'autres renseignements sur cette

  7   personne ?

  8   M. Bralo (interprétation). - Avant le conflit entre les Croates et les

  9   Musulmans, il partait souvent à, Preoscica pour des leçons, des

 10   formations, de l'entraînement.

 11   M. Susak (interprétation). – De qui ?

 12   M. Bralo (interprétation). - De l'armée de Bosnie-Herzégovine. Il me

 13   disait qu'il y allait.

 14   M. Susak (interprétation). – Donc il était membre de l'armée de Bosnie-

 15   Herzégovine, et il était instructeur, il formait les jeunes au sein de

 16   l'armée ?

 17   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 18   M. Susak (interprétation). – Actuellement, est-il officier de l'armée de

 19   la Fédération de Bosnie-Herzégovine ?

 20   M. Bralo (interprétation). - J'en ai entendu parler mais je n'en n'ai pas

 21   parlé avec lui.

 22   M. Susak (interprétation). – Qu'avez-vous entendu dire ?

 23   M. Bralo (interprétation). - J'ai entendu dire qu'il était commandant,

 24   qu'il avait un grade.

 25   M. Susak (interprétation). – Donc vous dites qu'il a un grade. Vous avez


Page 9865

  1   dit que de temps en temps vous montiez la garde, mais pas très souvent.

  2   Qui tenait les registres ?

  3   M. Bralo (interprétation). – Nikica.

  4   M. Susak (interprétation). – Et lui, il montait la garde ?

  5   M. Bralo (interprétation). - Non. Il avait d'autres obligations, il avait

  6   beaucoup de travail, il était très occupé. Il ne pouvait pas monter la

  7   garde.

  8   M. Susak (interprétation). – Où montiez-vous la garde ? Dans quel

  9   secteur ?

 10   M. Bralo (interprétation). – Entre la maison d'Anto Papic jusqu'à la

 11   route, la maison de Santic et de Drago Josipovic.

 12   M. Susak (interprétation). – Donc la frontière était la route, là où se

 13   trouvait la maison de Drago Josipovic, n'est-ce pas ?

 14   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 15   M. Susak (interprétation). – Compte tenu qu'il s'agit de hameaux et que la

 16   configuration du terrain est assez spécifique, pouvez-vous nous dire si,

 17   sur ce terrain-là où se trouvent les maisons des (expurgé), et

 18   Asim, donc en direction de la Lasva, qui montait la garde dans ce

 19   secteur-là ?

 20   M. Bralo (interprétation). - Nenad Santic, puisque leur hameau se trouvait

 21   là.

 22   M. Susak (interprétation). – Donc il s'agit d'un secteur à part et

 23   d'autres personnes étaient chargées de ce secteur ?

 24   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 25   M. Susak (interprétation). – Savez-vous où se trouvent les maisons de


Page 9866

  1   (expurgé) ?

  2   M. Bralo (interprétation). - Oui.

  3   M. Susak (interprétation). – Leurs maisons se trouvent au bord de la

  4   route ?

  5   M. Bralo (interprétation). - Oui.

  6   M. Susak (interprétation). – Au nord de la route, qui montait la garde ?

  7   M. Bralo (interprétation). – Slavko Papic.

  8   M. Susak (interprétation). – Donc une autre équipe était chargée de ce

  9   quartier ? Qui était à leur tête ?

 10   M. Bralo (interprétation). - Slavko Papic.

 11   M. Susak (interprétation). – Bon. Donc vous parlez du terrain au-dessus de

 12   la route, alors que les maisons des trois Ahmic… Et Nenad Santic habitait

 13   également dans ce quartier ?

 14   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 15   M. Susak (interprétation). – Etiez-vous membre du HVO ?

 16   M. Bralo (interprétation). - Non.

 17   M. Susak (interprétation). – Faisiez-vous partie des réservistes du HVO ?

 18   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 19   M. Susak (interprétation). – Donc vous étiez réserviste ?

 20   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 21   M. Susak (interprétation). – Pouvez-vous me dire la date à laquelle vous

 22   avez été mobilisé pour la première fois ?

 23   M. Bralo (interprétation). – Le 15... le 19 avril 1993.

 24   M. Susak (interprétation). – Donc après le deuxième conflit ?

 25   M. Bralo (interprétation). - Oui.


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  1   M. Susak (interprétation). – Qui a été mobilisé ce jour-là ?

  2   M. Bralo (interprétation). – Franjo Kovac, Drago Josipovic.

  3   M. Susak (interprétation). – Rapprochez-vous du micro, je vous prie.

  4   M. Bralo (interprétation). – Drago Josipovic, Anto Bralo, Franjo Kovac.

  5   M. Susak (interprétation). – Et Nikica Grebenar ?

  6   M. Bralo (interprétation). – Oui.

  7   M. Susak (interprétation). – Merci. Je demande l'assistance de l'huissier

  8   pour soumettre au témoin… juste un instant... la pièce n° 353.

  9   (L'huissier s'exécute.)

 10   Oui, c'est bien la pièce. Pouvez-vous, je vous prie, regarder la page 78

 11   de ce document ? Excusez-moi, il s'agit de la page 84 et pas de la

 12   page 78. L'avez-vous trouvée ?

 13   Votre nom figure sur cette page. Le voyez-vous ? Il s'agit du n° 3562.

 14   Avez-vous trouvé votre nom ?

 15   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 16   M. Susak (interprétation). – Veuillez, je vous prie, regarder le document

 17   qui se trouve sur le rétroprojecteur et non celui du moniteur. L'avez-vous

 18   trouvé ?

 19   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 20   M. Susak (interprétation). – Est-ce bien votre signature ?

 21   M. Bralo (interprétation). - Non.

 22   M. Susak (interprétation). – En-dessous de votre nom se trouve le nom de

 23   Nikola Bralo. C'est bien votre frère ?

 24   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 25   M. Susak (interprétation). – C'est sa signature ?


Page 9868

  1   M. Bralo (interprétation). - Non.

  2   M. Susak (interprétation). – Ces deux signatures sont-elles pareilles ?

  3   M. Bralo (interprétation). – Oui, il s'agit de la même écriture mais ce

  4   n'est pas notre signature à nous ; ni la mienne ni celle de mon frère.

  5   M. Susak (interprétation). – Vous voyez la date de mobilisation dans

  6   l'unité. Il est écrit que vous avez été mobilisé du 18 avril 1992 au

  7   10 décembre 1993. Est-ce exact ?

  8   M. Bralo (interprétation). - Non.

  9   M. Susak (interprétation). – Comment cela ?

 10   M. Bralo (interprétation). - Quelqu'un d'autre l'a certainement écrit à

 11   cause des actions, mais ce n'est certainement pas ma signature.

 12   M. Susak (interprétation). – Donc on mentionne une date, ici, et cette

 13   date est-elle exacte ?

 14   M. Bralo (interprétation). - Non.

 15   M. Susak (interprétation). – Puisque vous travailliez à la Forpronu,

 16   auriez-vous pu en même temps être activement engagé au sein du HVO ?

 17   M. Bralo (interprétation). – Non, je n'ai pas pu le faire.

 18   M. Susak (interprétation). – Quand avez-vous été mobilisé pour la première

 19   fois ? Et depuis quand êtes-vous membre du HVO ?

 20   M. Bralo (interprétation). – Le 19 avril 1993.

 21   M. Susak (interprétation). – Et avant cette date, où travailliez-vous ?

 22   M. Bralo (interprétation). - Au Britbat.

 23   M. Susak (interprétation). – C'est pour ça que vous affirmez que les

 24   données, les dates qui figurent dans le document 353 ne sont pas exactes ?

 25   Etes-vous d'accord avec moi ?


Page 9869

  1   M. Bralo (interprétation). - Oui.

  2   M. Susak (interprétation). – Est-ce la signature de votre frère ?

  3   M. Bralo (interprétation). - Non.

  4   M. Susak (interprétation). – Comment expliquez-vous le fait qu'il s'agit

  5   d'une même écriture ?

  6   M. Bralo (interprétation). - La personne qui a signé est certainement la

  7   même, mais ce n'est pas moi, ni mon frère.

  8   M. Susak (interprétation). – Vous avez dit que vous connaissiez Franjo

  9   Kovac. C'est votre voisin, n'est-ce pas ?

 10   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 11   M. Susak (interprétation). – Savez-vous quand il a été mobilisé ?

 12   M. Bralo (interprétation). – Comme moi, le 19.

 13   M. Susak (interprétation). – Pouvez-vous répéter la date ?

 14   M. Bralo (interprétation). - Le 19 avril 1993.

 15   M. Susak (interprétation). – Avait-il été mobilisé auparavant ?

 16   M. Bralo (interprétation). - Non.

 17   M. Susak (interprétation). – Comment se fait-il que la date est différente

 18   également pour lui dans le registre ?

 19   M. Bralo (interprétation). – Lui, il habitait à Novi Travnik, il venait

 20   chez nous de temps en temps. Il n'a pas pu être mobilisé donc.

 21   M. Susak (interprétation). – On savait qu'il était là à Santici ou pas ?

 22   M. Bralo (interprétation). – Non, on ne pouvait pas savoir. Il venait de

 23   temps en temps, il allait chez ses parents, il venait de temps en temps

 24   chez nous, enfin il rentrait chez lui de temps en temps.

 25   M. Susak (interprétation). – Je souhaiterais vous soumettre une


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  1   photographie aérienne, et cela conclura mon interrogatoire. Je prie

  2   l'huissier de soumettre les pièces au témoin.

  3   (L'huissier s'exécute.)

  4   Mme le Greffier. – Il s'agit de la pièce D37/4.

  5   M. Susak (interprétation). – Monsieur Bralo…

  6   M. Bralo (interprétation). - Oui.

  7   M. Susak (interprétation). – Veuillez faire un cercle, entourer la maison

  8   de Nikola Omazic.

  9   (Le témoin s'exécute.)

 10   Mettez la lettre A, je vous prie.

 11   (Le témoin s'exécute.)

 12   Cazim Ramic a donné une déclaration le 6 février 1995 aux enquêteurs du

 13   Tribunal, et si le représentant de l'accusation n'y voit pas

 14   d'inconvénient, je souhaiterais lire une partie de cette déclaration avant

 15   de demander au témoin d'encercler la maison dudit Cazim.

 16   Donc dans cette déclaration qui a été faite après les deux conflits, il a

 17   dit, je cite : "J'ai vu Anto Papic et Drago Josipovic en uniforme de

 18   camouflage. Ils étaient armés, ils n'ont tué personne.", (fin de

 19   citation).

 20   Veuillez, je vous prie, entourer la maison de Cazim Ramic.

 21   (Le témoin s'exécute.)

 22   M. May (interprétation). - Un instant, Maître Susak.

 23   (Les Juges se consultent sur le Siège.)

 24   M. le Président (interprétation). – Maître Susak, comme nous avons décidé

 25   hier, vous ne pouvez pas citer la déclaration d'un témoin qui n'a pas été


Page 9871

  1   cité à comparaître. Vous pouvez convoquer cette personne, donc ce témoin

  2   peut être cité à comparaître, mais vous ne pouvez pas lire la déclaration

  3   de quelqu'un qui ne viendra pas déposer. Merci.

  4   M. Susak (interprétation). – Monsieur le Président, j'accepte votre

  5   remarque, mais je viens de dire : si le représentant du Procureur n'y voit

  6   pas d'inconvénient, effectivement il n'a pas soulevé d'objection, j'ai

  7   donc estimé que je pouvais continuer.

  8   M. Terrier. – Monsieur le Président, tout de même. Tout d'abord il ne

  9   m'appartient pas de faire la police de l'audience, ni de donner des

 10   autorisations à Me Susak de faire des lectures ou d'autres choses de ce

 11   genre. Bien entendu, le contrôle des débats et la direction des débats

 12   vous appartient, Monsieur le Président.

 13   Donc Me Susak commettait une erreur évidente en sollicitant l'autorisation

 14   tacite du représentant du Procureur.

 15   Mais surtout, je voudrais dire que la lecture qui vient d'être faite, de

 16   la déclaration que je connais, me paraît tout à fait discutable pour ne

 17   pas employer un autre mot, dans la mesure où ce témoin qui dit

 18   qu'effectivement que Drago Josipociv et Anto Papic n'ont tué personne, ne

 19   se réfère à l'évidence qu'au premier conflit et non pas au deuxième

 20   conflit.

 21   Effectivement la déclaration a été prise après le deuxième conflit, dans

 22   le cadre de l'enquête, mais très clairement -et bien entendu je suis à la

 23   disposition du Tribunal pour remettre cette déclaration- très clairement,

 24   ce témoin ne se réfère qu'au 20 octobre 1992 et je trouve très discutable

 25   la citation qui vient d'être faite, simplement sur le plan de l'honnêteté


Page 9872

  1   des faits, du rappel honnête des faits et des éléments de preuve dans ce

  2   procès.

  3   Reste le problème de procédure, sur lequel le Tribunal a déjà pris sa

  4   décision.

  5   M. le Président. - Merci.

  6   M. Susak (interprétation). - Monsieur le Président, je ne pensais

  7   absolument pas compter sur le fait que cela ferait partie des éléments de

  8   preuve. Il s'agit juste d'un élément qui me servait de base pour les

  9   questions que j'ai l'intention de poser au témoin.

 10   Monsieur Bralo, avez-vous marqué la maison de Cazim Ramic ?

 11   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 12   M. Susak (interprétation). - Veuillez je vous prie mettre le chiffre 1 sur

 13   la maison de Nikola Omazic, et le chiffre 2 sur la maison de Cazim Ramic.

 14   Veuillez je vous prie tirer une flèche entre les deux maisons, de la

 15   maison de Cazim Ramic vers la maison de Nikola Omazic.

 16   (Le témoin s'exécute.)

 17   Depuis la maison de Cazim Ahmic, peut-on voir la route sur laquelle

 18   circulaient Drago Josipovic et Anto Papic le 16 avril 1993 ?

 19   M. Bralo (interprétation). - Oui, la route se trouve à 5-6 mètres de la

 20   maison de Cazim.

 21   M. Susak (interprétation). – Cazim Ramic a-t-il pu les voir compte tenu de

 22   l'emplacement des fenêtres de sa maison ?

 23   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 24   M. Susak (interprétation). - Est-ce que les fenêtres sont tournées vers la

 25   maison de Nikola Omazic ?


Page 9873

  1   M. Bralo (interprétation). – Vers Nikola Omazic, Anto Papic, et une

  2   fenêtre et le balcon, ainsi que la porte d'entrée, sont tournés vers la

  3   route.

  4   M. Susak (interprétation). - Est-ce que Cazim Ramic a pu voir la maison de

  5   Musafer Puscul et de Fahran Ahmic depuis sa maison, et ce celle de Nail où

  6   il est parti par la suite ?

  7   M. Bralo (interprétation). - Veuillez répéter la question, je vous prie ?

  8   M. Susak (interprétation). - Pouvait-on voir la maison de Musafer Puscul

  9   et de Fahran ?

 10   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 11   M. Susak (interprétation). - Donc on peut les voir ?

 12   M. Bralo (interprétation). - Oui, on peut voir les maisons de Fahran Ahmic

 13   et de Musafer Puscul.

 14   M. Susak (interprétation). – Veuillez, je vous prie, indiquer la maison de

 15   Musafer Puscul et la signaler avec la lettre A.

 16   (Le témoin s'exécute.)

 17   A présent, veuillez, je vous prie, marquer les maisons d’Asim Ahmic,(expurgé)

 18   (expurgé) et mettez les lettres B, C et D à leur emplacement.

 19   (Le témoin s'exécute.)

 20   Vous l'avez fait ?

 21   M. Bralo (interprétation). - Un instant, je vous prie.

 22   M. Susak (interprétation). - Etes-vous sûr que c'est bien là que se

 23   trouvent les maisons ?

 24   M. Bralo (interprétation). - Cette photo me semble un peu floue, attendez

 25   une seconde.


Page 9874

  1   M. Susak (interprétation). - Est-ce que vous pouvez localiser Ogrijev,

  2   l'entreprise Ogrijev ? Peut-être que cela pourrait vous aider. Barrez ce

  3   que vous avez fait au départ et qui est erroné.

  4   Ce sont les maisons de (expurgé)? Veuillez tirer une

  5   flèche entre la maison de (expurgé) vers le haut.

  6   (Le témoin s'exécute.).

  7   Si on regarde depuis la maison de (expurgé) ou de son étable, étable

  8   vers la route et les maisons des (expurgé), peut-on voir un groupe de

  9   soldats par exemple ?

 10   M. Bralo (interprétation). – Oui, c'est possible.

 11   M. Susak (interprétation). - Quelques témoins ont dit qu'ils avaient vu

 12   plusieurs personnes se diriger de la maison de Musafer Puscul vers la

 13   route, les maisons des (expurgé)?

 14   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 15   M. Susak (interprétation). – Monsieur le Président, on m'a dit que, dans

 16   le compte rendu d'audience, figure "un groupe de témoins", alors que j'ai

 17   voulu dire en fait "un groupe de soldats".

 18   Monsieur le Président, peut-on passer à huis clos partiel, je vous prie ?

 19   M. le Président (interprétation). - Oui, nous passons à huis clos partiel.

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (expurgée)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (expurgée)


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 12   Pages 9875 à 9883 – expurgées – audience à huis clos partiel.

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  1   (expurgée)

  2   (expurgée)

  3   (expurgée)

  4   (expurgée)

  5   (expurgée)

  6   (expurgée)

  7   (expurgée)

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 10   (expurgée)

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 13   (expurgée)

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 15   (expurgée)

 16   (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   M. le Président (interprétation). - Oui. Nous passons en audience

 20   publique.

 21   M. Terrier. – Bonjour, Monsieur le Témoin. Mon nom est Franck Terrier, je

 22   suis l'un des avocats de l'accusation et je vais vous poser quelques

 23   questions à la suite du témoignage que nous avons entendu.

 24   Je voudrais savoir comment vous avez été recruté par le Bataillon

 25   britannique comme chauffagiste ? Comment avez-vous trouvé ce travail ?


Page 9885

  1   M. Bralo (interprétation). - Mon beau-père travaillait comme chauffagiste

  2   et ils avaient besoin de quelqu'un d'autre pour l'aider, donc mon beau-

  3   père m'a demandé si ça m'intéressait, j'ai dit oui, je m'y suis rendu,

  4   j'ai parlé avec un capitaine sur place et ils m'ont offert le travail, et

  5   c'est pour ça que j'ai commencé à travailler là-bas.

  6   M. Terrier. - Vous nous avez dit qu'un soldat anglais vous avait remis un

  7   uniforme. Je n'ai pas très bien saisi s'il s'agit vraiment d'un uniforme

  8   militaire ou d'un vêtement de travail. De quoi s'agissait-il exactement ?

  9   M. Bralo (interprétation). - Il était vert-olive, un pantalon vert olive,

 10   une veste de camouflage, enfin c'est ce que je mettais pour aller au

 11   travail. Je travaillais dans la salle des chaudières, ça n'est pas

 12   particulièrement propre comme endroit. Il y avait des poches, de grandes

 13   poches, beaucoup de poches d'ailleurs sur ces vêtements.

 14   M. Terrier. - Cette veste de camouflage, en particulier, vous a été remise

 15   par un soldat anglais ?

 16   M. Bralo (interprétation). - Oui, le pantalon et la veste m'ont été remis

 17   par ce soldat.

 18   M. Terrier. - Est-ce que ce sont ces vêtements que vous portiez le

 19   16 avril 1993 ?

 20   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 21   M. Terrier. - Est-ce que le 16 avril 1993,vous portiez aussi une arme ?

 22   M. Bralo (interprétation). - Je l'ai prise quand je suis allé de ma maison

 23   vers l'étable d'Anto Papic.

 24   M. Terrier. - C'est-à-dire, si j'ai bien compris votre témoignage

 25   Monsieur, que dès que vous êtes sorti de votre maison, le matin, vous vous


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  1   êtes muni d'une arme ?

  2   M. Bralo (interprétation). - Oui, pas tout de suite. Il a fallu que je

  3   rentre, car on allait souvent entre la maison de Nikola Omazic, l'étable,

  4   etc.. Quand je suis retourné dans ma maison pour la deuxième fois, c'est

  5   là que j'ai pris mon fusil et que je me suis dirigé vers l'étable d'Anto

  6   Papic.

  7   M. Terrier. - Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi vous avez

  8   éprouvé le besoin de vous munir d'une arme pour aller vers l'étable d'Anto

  9   Papic ? Quelle en est la raison ?

 10   M. Bralo (interprétation). - Que pouvais je faire ? Il y avait des femmes,

 11   des enfants ! Quelqu'un aurait pu la prendre, donc j'avais cette arme, il

 12   était mieux que je la porte sur moi plutôt que de la laisser dans la

 13   maison.

 14   M. Terrier. - De quelle arme s'agissait-il ? Pouvez-vous la décrire ?

 15   M. Bralo (interprétation). - Vous voulez dire mon fusil ?

 16   M. Terrier. - Oui.

 17   M. Bralo (interprétation). - Il s'agissait d'un vieux fusil M48, c'est le

 18   nom qu'il portait à l'époque c'est ainsi qu'on désignait cette arme.

 19   M. Terrier. – Vous nous avez dit tout à l'heure, Monsieur le Témoin,

 20   qu'après que la famille Kovac soit arrivée, vous êtes resté dehors, devant

 21   votre maison, avec votre voisin Franjo Kovac. Est-ce bien exact ?

 22   M. Bralo (interprétation). - Oui, c'est exact.

 23   M. Terrier. - Vous nous avez dit qu'à ce moment-là vous aviez aperçu Anto

 24   Papic et Drago Josipovic, à 50 ou 60 mètres de l'endroit où vous vous

 25   trouviez. C'est bien exact ?


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  1   M. Bralo (interprétation). - Oui, c'est exact. J'étais devant ma maison et

  2   ils étaient au carrefour. Franjo Kovac et moi, nous sommes dirigés vers

  3   l'étable et vers la maison de Franjo Kovac, c'est là où il habitait, la

  4   maison de son beau-père.

  5   M. May (interprétation). - Je vais vous interrompre pour vous parler de ce

  6   carrefour où le témoin à marqué la photo aérienne D37/4. Si on lui

  7   présentait cette photo il pourrait nous montrer exactement où se situe le

  8   carrefour dont il parle.

  9   (L'huissier s'exécute.)

 10   M. Bralo (interprétation). - Voici ma maison, voici le carrefour

 11   vers Anto Papic, et, là, c'est là maison de Nikola Omazic.

 12   M. May (interprétation). - Pouvez-vous nous indiquer où se

 13   trouve le carrefour ? Je ne le vois pas là, pour l'instant.

 14   M. Terrier. - Je crois que ce témoin a des difficultés avec cette

 15   photographie.

 16   Monsieur le témoin, vous venez de nous indiquer un endroit qui par rapport

 17   à votre maison se trouve en direction de la rivière Lasva, dans la

 18   descente. Est-ce que c'est là que vous avez vu Drago Josipovic et Anto

 19   Papic la première fois ?

 20   M. Bralo (interprétation). - Non, c'est ici, à ce carrefour, dans la

 21   direction de la maison de Nikola Omazic.

 22   M. Terrier. - Est-ce que, de cette manière-là, vous voyez mieux les

 23   lieux ? Est-ce que c'est plus facile pour vous comme ça, Monsieur le

 24   Témoin ?

 25   M. Bralo (interprétation). - Non. Ce n'est pas plus facile.


Page 9888

  1   Voici la route goudronnée qui va vers le pont de Radak, c'est-à-dire vers

  2   la rivière de la Lasva. Voici le pont.

  3   M. Terrier. - Pouvez-vous retrouver, Monsieur le Témoin, l'endroit où vous

  4   vous teniez avec Franjo Kovac au moment où vous avez aperçu Drago

  5   Josipovic et Anto Papic ? Peut-être pouvez-vous vous référer à votre

  6   maison et trouver cet endroit par rapport à votre maison ?

  7   M. Bralo (interprétation). - Voici ma maison. Nous étions ici sur le

  8   balcon. Moi-même et Franjo Kovac, nous nous sommes ensuite dirigés vers le

  9   carrefour, vers l'étable d'Anto Papic et, eux, ils sont remontés -eux-

 10   vers la maison de Nikola Omazic.

 11   M. Terrier. - Alors pouvez-vous indiquer le carrefour que vous évoquez,

 12   par rapport à votre maison ? Où est ce carrefour ?

 13   M. Bralo (interprétation). - Voici le chemin qui mène à ma maison.

 14   M. Terrier. - Donc, Monsieur le témoin, quand vous parlez du carrefour,

 15   vous parlez de l'intersection entre le chemin qui descend de votre maison

 16   et la route qui va vers la maison d'Anto Papic, c'est ça ?

 17   M. Bralo (interprétation). – Oui...  Non, Anto Papic est à droite et moi

 18   je suis là. Et voici le chemin qui descend. Et la maison de Nikola Omazic

 19   est un peu surélevée par rapport à cela, elle se trouve sur une espèce

 20   d'élévation.

 21   M. Terrier. – Monsieur le Président, pour que les choses soient

 22   parfaitement claires, nous allons soumettre au témoin une autre

 23   photographie où je pense qu'il pourra se reconnaître plus facilement.

 24   (L'huissier s'exécute.)

 25   Mme le Greffier. - Il s'agit de la pièce 370.


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  1   M. Terrier. - Est-ce que vous parvenez à vous orienter sur cette

  2   photographie ?

  3   M. Bralo (interprétation). - Oui, oui, c'est bien mieux.

  4   M. Terrier. - Pouvez-vous nous désigner votre maison, s'il vous plaît ?

  5   (Le témoin s'exécute.)

  6   Pouvez-vous désigner le carrefour dont vous avez parlé ?

  7   (Le témoin s'exécute.)

  8   Ce carrefour est donc l'intersection entre le chemin qui descend

  9   vers votre maison et l'autre chemin qui va de la maison d'Anto Papic

 10   jusqu'à la route principale ?

 11   M. Bralo (interprétation). - Non, vers la maison de Nikola Omazic, vers la

 12   maison de Ramic et ensuite vers la route principale.

 13   M. Terrier. - Est-ce que vous pouvez nous désigner sur cette photographie

 14   l'endroit où vous vous trouviez ce matin-là, avec Franjo Kovac, lorsque

 15   vous avez aperçu pour la première fois Drago Josipovic et Anto Papic ? A

 16   quel endroit vous vous trouviez ?

 17   M. Bralo (interprétation). - Ici, juste devant la maison, à peu près à un

 18   mètre de la maison.

 19   M. Terrier. - Pouvez-vous inscrire la lettre A  à côté de ce point ?

 20   (Le témoin s'exécute.)

 21   Maintenant, pouvez-vous marquer sur cette photographie l'endroit

 22   où se trouvait Drago Josipovic et Anto Papic lorsque vous les avez aperçus

 23   pour la première fois du point A ?

 24   (Le témoin s'exécute.)

 25   Pouvez-vous mettre, s'il vous plaît, la lettre B à côté de ce point, que


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  1   nous puissions ensuite…

  2   (Le témoin s'exécute.)

  3   M. Terrier. – Quelle est la distance entre ces deux points, selon votre

  4   estimation ?

  5   M. Bralo (interprétation). - 50 ou 60 mètres, je n'ai jamais vraiment

  6   mesuré exactement, mais on a une bonne vue parce que ce chemin descend un

  7   petit peu, mais on voit très bien.

  8   M. Terrier. – Vous n'avez aucun hésitation sur cette reconnaissance, 50 ou

  9   60 mètres ? Vous n'avez eu aucune hésitation, aucune difficulté pour

 10   reconnaître Drago Josipovic et Anto Papic ?

 11   M. Bralo (interprétation). - Non, non, je les ai bien vus.

 12   M. Terrier. – Comment étaient-ils habillés l'un et l'autre à ce moment-

 13   là ?

 14   M. Bralo (interprétation). – Anto Papic avait un uniforme de camouflage,

 15   Drago Josipovic n'avait qu'un gilet, un gilet de l'armée et des pantalons

 16   civils. Je ne peux pas vous dire exactement quel genre de pantalon.

 17   M. Terrier. – Etait-il armé ?

 18   M. Bralo (interprétation). – Je n'ai rien vu à ce moment-là, mais une

 19   heure plus tard j'ai vu qu'il avait un fusil.

 20   M. Terrier. – A quelle heure avez-vous vu Anto Papic et Drago Josipovic

 21   pour la première fois sur ce carrefour ?

 22   M. Bralo (interprétation). – A 5 heures 30, peut-être une ou deux minutes

 23   plus tard, quand on est sorti de la maison je les ai vus.

 24   M. Terrier. – A ce moment-là, aviez-vous la possibilité de regarder votre

 25   montre, de regarder une horloge ?


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  1   M. Bralo (interprétation). - Non, je n'avais pas de montre. Nous n'avons

  2   pas d'horloge. Nous avons des réveils dans la maison, mais je n'ai pas

  3   regardé ma montre.

  4   M. Terrier. – Quand vous mentionnez l'heure que vous venez d'indiquer, il

  5   s'agit d'une estimation ?

  6   M. Bralo (interprétation). - Mais je me levais généralement à 5 heures 30

  7   pour aller au travail. Donc le temps que je me prépare, que je prenne mon

  8   café, c'était toujours à peu près la même heure, c'était l'heure à

  9   laquelle je me levais d'habitude.

 10   M. Terrier. – Quand vous voyiez Anto Papic et Drago Josipovic pour la

 11   première fois, à l'endroit que vous avez indiqué sur la photographie, que

 12   font-ils là ?

 13   M. Bralo (interprétation). - Ce qu'ils faisaient ? Que pouvaient-ils

 14   faire ? Ils étaient là.

 15   M. Terrier. – Ma question est : étaient-ils en train de se déplacer, de

 16   marcher ou restaient-ils sur place ?

 17   M. Bralo (interprétation). - Ils étaient immobiles. Ensuite, nous nous

 18   sommes dirigés avec Franjo vers l'étable d'Anto Papic, et eux se sont

 19   dirigés vers la maison de Nikola Omazic.

 20   M. Terrier. – A quel moment les avez-vous revus ?

 21   M. Bralo (interprétation). - Quelques minutes plus tard à peu près, peut-

 22   être dix minutes plus tard. Quand Franjo et moi-même, nous sommes allés

 23   vers l'étable, il y avait (expurgé) et trois enfants, et Drago Josipovic et

 24   Anto Papic étaient avec eux. Ils sont arrivés dans la maison d'Anto Papic

 25   et ils sont entrés dans la maison.


Page 9892

  1   M. Terrier. – Vous avez dit que toute la journée vous étiez resté à

  2   proximité ou dans l'étable d'Anto Papic. C'est bien ça ?

  3   M. Bralo (interprétation). - Devant l'étable, devant ma maison, devant la

  4   maison de Nikola Omazic, c'est à peu près dans cette zone que nous nous

  5   sommes tenus parce que nous n'osions pas aller vers la route.

  6   M. Terrier. – Entendiez-vous et pouviez-vous voir en direction de la

  7   route ?

  8   M. Bralo (interprétation). - On entendait des tirs, tout ce que l'on

  9   entendait c'étaient des tirs.

 10   M. Terrier. – Pouviez-vous voir quelque chose ?

 11   M. Bralo (interprétation). - Non, je n'ai rien pu voir, car en fait, moi,

 12   je suis le plus souvent resté dans ma maison ou près de l'étable où il y

 13   avait un mur ; c'est là où on se tenait.

 14   M. Terrier. – Excusez-moi, Monsieur Bralo, mais pendant toute cette

 15   journée vous n'avez pas aperçu la fumée des maisons qui brûlaient ?

 16   M. Bralo (interprétation). - Oui, de ma maison on pouvait voir la fumée.

 17   On pouvait voir la fumée.

 18   M. Terrier. – Avez-vous vu des soldats ?

 19   M. Bralo (interprétation). – Moi, je n'ai vu aucun soldat parce que ma

 20   maison est un peu en contre bas de la maison de Nikola Omazic. Donc je

 21   n'ai vu personne, je n'aurais pu voir quelqu'un que si j'étais remonté.

 22   M. Terrier. – Monsieur le Témoin, il vous arrivait de remonter puisque

 23   vous alliez dans la grange d'Anto Papic. Et pour aller dans la grange

 24   d'Anto Papic -sauf erreur de ma part-, il faut remonter le chemin jusqu'au

 25   carrefour et ensuite prendre à gauche ? Je commets une erreur ?


Page 9893

  1   M. Bralo (interprétation). - Non, non, ce n'est pas exact, car devant ma

  2   maison il y a une petite pente qui monte vers Anto Papic. Nous, nous

  3   n'étions pas vraiment sûr de ce chemin parce que c'était plus sûr d'être

  4   là.

  5   M. Terrier. - Est-ce qu'à un moment quelconque de cette journée, du

  6   16 avril 1993, vous avez compris ce qui était en train de se passer à

  7   Ahmici ?

  8   M. Bralo (interprétation). - Eh bien, j'ai vu -mais je n'ai pas vraiment

  9   su- ce qui se passait. On parlait de ce qui se passait parce qu'il y avait

 10   des coups de feu. Il se passait des choses là-haut, mais c'était plus

 11   loin, c'était à un endroit plus élevé, on n'est pas allés dans la

 12   direction de la route, nous.

 13   M. Terrier. - Monsieur le Président, à cet instant, j'aimerais que nous

 14   passions en private session, je voudrais évoquer brièvement un témoignage

 15   protégé.

 16   (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (expurgée)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (expurgée)


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 12   Pages 9894 à 9896 – expurgées – audience à huis clos partiel.

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Page 9897

  1  (expurgée)   

  2   Nous pouvons revenir, Monsieur le Président, en audience publique.

  3   M. le Président. - Nous sommes en audience publique.

  4   M. Terrier. – Monsieur le Témoin, je voudrais revenir à cette situation

  5   que vous avez décrite, dans la journée du 16 avril.

  6   Nous avons un grand nombre de réfugiés musulmans chassés de leurs maisons

  7   qui se trouvaient rassemblés dans la maison d'Anto Papic. Au cours de ces

  8   débats, il nous a été indiqué que plus de 30 personnes se trouvaient

  9   rassemblées dans deux pièces de 9 mètres carrés chacun. Et vous, avec

 10   d'autres personnes appartenant à l'ethnie croate, vous vous trouvez à

 11   l'extérieur.

 12   Pourquoi ces personnes -qui se trouvaient ainsi rassemblées dans des

 13   conditions aussi difficiles8 ne sont-elles pas sorties pour rester avec

 14   vous, pendant cette journée, à l'extérieur ? Comment expliquer cette

 15   situation ?

 16   M. Bralo (interprétation). - Ces gens, ces dames et ces Messieurs

 17   pouvaient sortir quand ils le voulaient de chez Anto Papic. Il n'y avait

 18   pas de toilettes chez lui. Les conditions étaient mauvaises et ils étaient

 19   très nombreux. Je n'ai pas compté mais j'ai vu qu'il y en avait partout,

 20   dans la cuisine, dans l'entrée, dans la salle. Il y en avait beaucoup.

 21   Evidemment l'espace n'était pas suffisant, ils sortaient, ils revenaient,

 22   ils sortaient pour aller aux toilettes notamment.

 23   M. Terrier. - Mais pourquoi est-ce qu'il n'y en avait pas chez vous de

 24   réfugiés musulmans, dans votre maison ?

 25   M. Bralo (interprétation). - Je ne sais pas. Ma porte était ouverte. Tout


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  1   le monde pouvait venir. Eux aussi. Mais puisqu'ils connaissaient mieux

  2   Anto Papic, c'est quelqu'un qui habite depuis longtemps dans la région,

  3   ils le connaissaient mieux.

  4   M. Terrier. - C'est parce qu'ils le connaissaient que ces personnes,

  5   femmes et enfants pour la plupart, sont allées chez Anto Papic se

  6   rassembler dans des conditions aussi détestables que celles que vous avez

  7   décrites ?

  8   M. Bralo (interprétation). - Probablement oui, c'est probablement la

  9   raison, ils connaissaient Anto.

 10   M. Terrier. - J'en viens maintenant, Monsieur le Témoin, au 17 avril, au

 11   lendemain. Est-ce que vous vous souvenez si des personnes ayant des

 12   responsabilités sont venues à la maison d'Anto Papic ce matin-là ?

 13   M. Bralo (interprétation). - A ma connaissance, nos voisins venaient. Les

 14   (expurgé) avec sa mère et ses enfants, Cazim Ramic, Hasim Ahmic

 15   avec son épouse, sa belle-fille, ses petits enfants, ils étaient là.

 16   Et le 17 dans la matinée, ils ont été accompagnés par Anto Papic et sont

 17   partis en direction de la route.

 18   M. Terrier. - Qu'est-ce que, selon votre souvenir, ils sont allés faire en

 19   direction de la route ?

 20   M. Bralo (interprétation). - Qui ?

 21   M. Terrier. - Les personnes que vous venez de citer, Hasim Ahmic et ses

 22   enfants ? Est-ce que vous pouvez expliquer ce que…

 23   M. Bralo (interprétation). – Ce n'est pas Fahrudin Ahmic, c'est son père

 24   Asim, et sa mère, sa belle-fille et ses petits-enfants se trouvaient chez

 25   Anto Papic, ainsi que Cazim Ramic et sa famille.


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  1   M. Terrier. - Je vais vous poser la question différemment. Est-ce que vous

  2   vous souvenez que des dispositions ont été prises ce 16 avril au matin

  3   pour assurer le ramassage des cadavres ?

  4   M. Bralo (interprétation). - Cela, je ne le sais pas. Je ne me souviens

  5   pas, je n'ai jamais entendu parler de quoi que ce soit.

  6   M. Terrier. - Comment et par qui la décision a été prise de conduire tous

  7   les réfugiés qui se trouvaient dans la maison de Nenad Santic jusqu'à

  8   Zume ?

  9   M. Bralo (interprétation). - Probablement quelqu'un de la protection

 10   civile, une personne responsable. Les conditions étaient mauvaises, il n'y

 11   avait même pas de nourriture pour toutes ces personnes.

 12   M. Terrier. - Dans le sommaire de votre témoignage, qui nous a été remis

 13   par Me Susak, il est indiqué que quelqu'un de la protection civile de

 14   Vitez a dit que les femmes et les enfants devaient être déplacés et

 15   conduits au Pizan café. C'est bien ce vous avez dit à Maître Susak ?

 16   M. Bralo (interprétation). - Oui. Ils ont été emmenés et ils étaient dans

 17   cette maison qui était plus spacieuse, jusqu'à ce que la Forpronu vienne

 18   les chercher. On nous a dit qu'ils les ont ensuite amenés vers Zenica,

 19   mais moi je ne le sais pas.

 20   M. Terrier. – Qu'est ce que vous entendez par "quelqu'un du service de la

 21   protection civile de Vitez" ?

 22   M. Bralo (interprétation). - Je ne connaissais pas ces personnes, je ne

 23   leur ai pas parlé. J'étais chez moi, je ne me suis pas éloigné de chez

 24   moi.

 25   M. Terrier. – Est-ce que vous l'avez vue cette personne ?


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  1   M. Bralo (interprétation). - Non.

  2   M. Terrier. - Comment savez-vous que c'était une personne de la défense

  3   civile de Vitez ?

  4   M. Bralo (interprétation). - C'est Anto qui nous l'a dit. Anto Papic, il

  5   parlait un peu allemand, il a donc discuté avec quelqu'un. Nous, on ne

  6   circulait pas beaucoup. Et il a dit que la Forpronu allait venir et les

  7   emmener jusqu'à chez Pizan. Une maison à deux étages se trouve juste au-

  8   dessus du café et c'est là qu'on a emmené les réfugiés ; je ne sais pas

  9   quand les membres de la Forpronu sont venus et quand ils les ont emmenés,

 10   ça je ne le sais pas.

 11   M. Terrier. - En fait, vous avez des souvenirs très imprécis de cette

 12   période ?

 13   M. Bralo (interprétation). - Je n'avais pas de montre, je ne pouvais pas

 14   suivre l'heure où les événements ont eu lieu.

 15   M. Terrier. - Je ne vous reproche pas d'avoir oublié, si vous avez oublié.

 16   Je souhaite simplement que vous fassiez la différence entre ce que sont

 17   vos souvenirs personnels et ce vous supposez qu'il s'est passé ou ce qu'on

 18   a dit qu'il s'est passé.

 19   Sur cette question de la protection civile de Vitez, il semble que vous

 20   soyez très imprécis.

 21   M. Bralo (interprétation). - Je n'ai pas été en contact avec eux, avec ces

 22   personnes là.

 23   M. Terrier. - Est-ce que vous pouvez nous dire rapidement ce que vous avez

 24   fait dans cette journée du 17 avril ?

 25   M. le Président. - Les interprètes insistent pour que vous vous


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  1   rapprochiez du micro, alors rapprochez vous, s'il vous plaît.

  2   M. Bralo (interprétation). – Le 17, au matin, Franjo et Drago sont venus

  3   chez moi, vers 9 heures-9 heures et demie environ. Drago est parti chez

  4   lui pour nourrir les bêtes, alors que nous deux nous nous sommes dirigés

  5   vers chez Marija Papic, à droite, en passant à travers les champs pour

  6   nourrir les animaux, les vaches, les cochons et les poules, pour éviter

  7   que les bêtes ne meurent de faim.

  8   M. Terrier. - Et puis ? Ce sont vos seuls souvenirs de cette journée du

  9   17 avril ?

 10   M. Bralo (interprétation). – Oui, le 17. Quand je suis revenu de chez

 11   Marija, on m'a dit qu'ils étaient partis avec Anto Papic. Les réfugiés qui

 12   se trouvaient chez lui se sont dirigés vers le café Pizan et on les a

 13   installés dans une maison qui se trouve près de ce café.

 14   M. Terrier. - Est-ce que vous savez ce qui leur est arrivé par la suite ?

 15   M. Bralo (interprétation). - J'ai entendu dire qu'ils sont partis vers

 16   Zenica, que c'est la Forpronu qui s'est chargée de les transporter vers

 17   Zenica, mais je ne sais pas exactement où on les a amenés.

 18   M. Terrier. - Et qui aurait bien pu vous dire ça ?

 19   M. Bralo (interprétation). – Anto Papic les a accompagnés et quand il est

 20   rentré chez lui, il nous a dit… En fait, il était venu pour chercher un

 21   peu de lait et des vêtements pour l'enfant de Mirso Osmancevic, qui avait

 22   aussi deux fils un peu plus âgés. Donc il est venu chercher du lait et mon

 23   épouse lui a donné du lait et des vêtements. Et lorsqu'avec toutes ces

 24   affaires il est parti vers le café Pizan, il ne les a plus retrouvés, ils

 25   n'y étaient plus.


Page 9902

  1   M. Terrier. - Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres questions.

  2   Je dois simplement demander que soit versée au dossier du Tribunal la

  3   pièce n 370.

  4   J'ajoute, Monsieur le Président, que tout à l'heure, je me suis référé à

  5   la pièce 266. Je crois qu'il était noté au transcript 262, mais c'était

  6   bien la pièce 266 qui a été montrée au témoin.

  7   M. le Président. - Très bien.

  8   Maître Susak, pas d'objection ?

  9   M. Susak (interprétation). - Non, Monsieur le Président. 

 10   M. le Président (interprétation). – Cette pièce est versée au dossier.

 11   Maître Susak vous voulez conduire l'interrogatoire supplémentaire ?

 12   M. Susak (interprétation). – J'aurais terminé très vite.

 13   Monsieur Bralo, vous avez dit que vous avez vu Anto Bralo le 17 ?

 14   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 15   M. Susak (interprétation). - Vous a t-il parlé de la Forpronu qui se

 16   trouvait sur la route ou quelqu'un d'autre vous en a fait part ?

 17   M. Bralo (interprétation). - C'est lui qui me l'a dit.

 18   M. Susak (interprétation). - Est-ce que quelqu'un d'autre vous a donné des

 19   informations sur la Forpronu, excepté Anto Papic ?

 20   M. Bralo (interprétation). - Non, personne d'autre. Lui, il parlait un peu

 21   allemand.

 22   M. Susak (interprétation). - A la question de l'accusation, vous avez dit

 23   que vous avez vu une fumée. Où l'avez-vous vue ?

 24   M. Bralo (interprétation). - De l'autre côté de la route.

 25   M. Susak (interprétation). – De l'autre côté de la route, au nord de la


Page 9903

  1   route Busovaca-Vitez ?

  2   M. Bralo (interprétation). - Oui.

  3   M. Susak (interprétation). - Savez vous si une maison musulmane, près de

  4   chez vous ou d'Anto Papic, a brûlé ?

  5   M. Bralo (interprétation). – Non, le 16 non, mais le 17 oui.

  6   M. Susak (interprétation). - La maison de qui a brûlé le 17 ?

  7   M. Bralo (interprétation). - La maison de Cazim Ramic.

  8   M. Susak (interprétation). – Y a t-il eu d'autres maisons qui ont

  9   brûlées ?

 10   M. Bralo (interprétation). - Dans ma rue, non, hormis cette maison, il n'y

 11   en a pas eu d'autres qui ont été incendiées.

 12   M. Susak (interprétation). - Les Musulmans qui se trouvaient chez Anto

 13   Papic le 16 avril, se sont-ils rendus chez vous à un moment quelconque ?

 14   M. Bralo (interprétation). – Oui, Hasim Ahmic et son épouse sont venus

 15   chez moi. La dame connaissait mon épouse. Elles ont bavardé ensemble, je

 16   n'étais pas à la maison à cet instant-là. Ensuite j'ai parlé un peu avec

 17   Hasim.

 18   M. Susak (interprétation). - Les Musulmans pouvaient-ils faire des allers-

 19   retours de la maison d'Anto Papic ?

 20   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 21   M. Susak (interprétation). - La porte était-elle fermée à clé ?

 22   M. Bralo (interprétation). - Non.

 23   M. Susak (interprétation). – Pouvez-vous nous dire qui était chez vous,

 24   des Croates, le 16 ?

 25   M. Bralo (interprétation). – Marija Papic avec ses deux fils, Simo Vidovic


Page 9904

  1   et son épouse, Jozo Santic, ce sont des personnes âgées.

  2   M. Susak (interprétation). – Des Musulmans auraient-ils pu venir s'ils le

  3   voulaient chez vous ?

  4   M. Bralo (interprétation). - Oui, bien sûr, puisqu'ils étaient allés chez

  5   Anto, ils auraient très bien pu venir chez moi.

  6   M. Susak (interprétation). - Encore une question. Le 16 avril 1993 dans

  7   l'après-midi, où vous trouviez-vous, chez Anto Papic dans sa maison ?

  8   M. Bralo (interprétation). - Oui vers 8 heures-8 heures et demie du soir,

  9   je n'avais plus de cigarettes, je suis allé en chercher, j'en ai demandé à

 10   Mme Ramic.

 11   M. Susak (interprétation). - Comment s'appelait-elle ?

 12   M. Bralo (interprétation). – Zilka Ramic.

 13   M. Susak (interprétation). - Vous étiez accompagné par quelqu'un ?

 14   M. Bralo (interprétation). - Oui, j'étais avec Franjo Kovac.

 15   M. Susak (interprétation). - Avant d'entrer dans la maison d'Anto, avez-

 16   vous vu des Musulmans dans la cour ou sur la route, ou dans votre

 17   voisinage ?

 18   M. Bralo (interprétation). - J'ai vu Hasim et son épouse, ils sont venus

 19   chez moi alors que tous les autres se trouvaient devant la maison d'Anto

 20   et ils se promenaient en direction de la maison de Nikola Omazic.

 21   M. Susak (interprétation). - On parle de carrefour au-dessus de votre

 22   maison. Existe-t-il une route qui mène de Rovna en direction de la maison

 23   de Drago Josipovic ?

 24   M. Bralo (interprétation). - Non, il y a deux autres routes, mais pas sur

 25   cet axe-là.


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  1   M. Susak (interprétation). - Donc je vais poser une autre question. La

  2   route qui même de Rovna et qui passe devant la maison d'Anto Papic se

  3   poursuit par la suite ?

  4   M. Bralo (interprétation). - Oui, la maison de Nikola Omazic, Papic, oui.

  5   M. Susak (interprétation). - Donc une autre route croise-t-elle ce

  6   chemin ?

  7   M. Bralo (interprétation). - Oui, il s'agit de notre route principale.

  8   M. Susak (interprétation). - Donc il ne s'agit pas d'un carrefour, mais

  9   c'est plutôt un petit chemin qui mène vers votre maison ?

 10   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 11   M. Susak (interprétation). – Merci.

 12   Monsieur le Président, je n'ai plus de questions.

 13   M. le Président (interprétation). – Merci, Maître Susak.

 14   J'ai une question pour vous M. Bralo concernant la journée du

 15   16 avril 1993, et la réponse que vous avez donnée à la question de

 16   M. Susak.

 17   Donc vous aviez 39 ans, vous aviez une sorte d'uniforme de la Forpronu,

 18   une sorte d'uniforme donc, vous aviez une arme, un fusil M48, et vous avez

 19   passé toute cette journée en circulant entre votre maison, la maison

 20   d'Anto Papic et l'étable d'Anto Papic, et entre-temps vous nourrissiez les

 21   bêtes ?

 22   M. Bralo (interprétation). - Oui.

 23   M. le Président (interprétation). - Avez-vous remarqué des événements

 24   poignants, il y a eu des maisons qui brûlaient, il y avait des tirs, tout

 25   cela a commencé à 5 heures 20, et pendant tout ce temps, vous circuliez


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  1   avec votre fusil, en nourrissant des poules et des bêtes ?

  2   Cela me semble invraisemblable.

  3   Pouvez-vous nous donner plus de détails sur cette journée, ce que vous

  4   avait fait durant cette journée du 16 ?

  5   M. Bralo (interprétation). - Le 16 avril j'étais chez moi. On a entendu

  6   des tirs, ensuite Franjo est venu, on est allés vers l'étable. Par la

  7   suite, j'ai pris le fusil et me suis dirigé une nouvelle fois vers

  8   l'étable car c'était un endroit sûr. Marija Papic qui est venue chez moi

  9   nous a demandé, à moi et à Franjo Kovac, d'aller, soit moi soit Franjo,

 10   puisque tous les deux on se dirigeait vers sa maison, donc c'était à

 11   droite de chez moi, elle nous a demandé d'aller nourrir ses bêtes.

 12   M. le Président (interprétation). - Oui, mais Ahmici c'est un petit

 13   village, il y a 500 ou 600 habitants, ce n'est pas New York, ce n'est pas

 14   Tokyo dont on parle là.

 15   Vous êtes dans ce village, vous entendez des coups de feu, il y a des gens

 16   qui tirent avec des fusils, il y a des armes antiaériennes, et, vous, vous

 17   ne vous demandez absolument pas ce qui se passe, vous n'essayez pas

 18   d'aller voir ce qui passe, s'il y a des gens qui ont été blessés, tués,

 19   vous restez dans votre petit coin, vous donnez à manger aux cochons, aux

 20   poules, etc… et puis vous discutez avec vos voisins, c'est cela ?

 21   M. Bralo (interprétation). - Mais qui oserait rejoindre la route alors que

 22   les balles sifflaient tout autour, risquer sa vie, il y avait des obus qui

 23   tombaient.

 24   M. le Président (interprétation). - Mais pourquoi est-ce que vous portiez

 25   une arme alors, si simplement vous vouliez vous cacher ou rester à l'abri,


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  1   vous auriez pu rester dans votre maison toute la journée, sans porter

  2   d'arme ?

  3   M. Bralo (interprétation). - Il y avait des enfants, il y avait beaucoup

  4   d'enfants, de femmes, de personnes âgées. Moi j'avais déjà un fusil et je

  5   le portais avec moi.

  6   M. le Président (interprétation). - Bien.

  7   Merci Monsieur Bralo, merci de votre déposition. Vous pouvez maintenant

  8   disposer.

  9   M. Bralo (interprétation). – C'est moi qui remercie, Messieurs les Juges.

 10   (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

 11   M. le Président (interprétation). - Avant de lever l'audience, j'ai une

 12   question au représentant de l'accusation.

 13   Maître Susak nous a présenté ce document signé par M. Terrier. Et je ne

 14   suis pas sûr… Vous ne versez pas ceci pour que cela soit versé au dossier

 15   en tant que moyen de preuve ? Il faut que cela vous soit rendu ?

 16   M. Susak (interprétation). – J'ai déjà demandé que plusieurs pièces soient

 17   versées au dossier, les pièces qu'on a soumises au témoin aujourd'hui. Je

 18   ne me souviens plus des cotes, à la fin de mon interrogatoire j'avais fait

 19   une proposition dans ce sens.

 20   Mme le Greffier. - Il s'agit de la pièce D38/4.

 21   M. le Président. – Monsieur Terrier, une objection ?

 22   M. Terrier. - Pas d'objection.

 23   M. le Président (interprétation). - Merci, la pièce est versée au dossier.

 24   Avant de lever la séance je voudrais dire quelque chose.

 25   Tout d'abord nous allons nous retrouver le 5 juillet pour trois semaines.


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  1   Nous avons déjà reçu de Me Susak une liste de témoins qu'il entend citer.

  2   Et j'espère que Me Pavkovic nous communiquera aussi une liste des témoins

  3   qu'il souhaite citer à comparaître.

  4   Je signale que le 12 juillet, nous entendrons un témoin de la Chambre, une

  5   anthropologue ; elle viendra ici pour témoigner le 12 juillet, je crois

  6   que c'est un lundi, donc cela constituera une sorte d'interruption dans la

  7   liste des témoins de la défense, mais c'est le  seul jour où elle est

  8   disponible. Donc nous essaierons de voir si nous pourrons l'entendre le 12

  9   et le 13.

 10   Il y a quelque chose que je souhaite clarifier et qui n'est pas très clair

 11   dans le compte rendu. La décision que nous avons prise ce matin au sujet

 12   du témoignage de l'accusé. J'ai mentionné une déclaration finale de

 13   l'accusé, mais je parlais bien entendu, et je pense que cela a été clair

 14   pour tout le monde. Je faisais référence à Nuremberg.

 15   Nous voulons quant à nous nous concentrer et entendre l'accusé comme

 16   témoin, s'il décide de témoigner, à la fin de la présentation des moyens

 17   de défense, si cela est nécessaire et au moment de la duplique.

 18   Mais nous n'avons pas l'intention de lui donner la possibilité de faire

 19   une déclaration finale à la fin du procès, nous ne pensons pas que cela

 20   soit approprié puisqu'à ce moment-là, les accusés auront la possibilité de

 21   témoigner deux fois à la fin des présentations des moyens de défense et,

 22   s'ils le veulent, au moment de la duplique.

 23   Je voulais le signaler clairement car ce n'est pas très clair dans le

 24   compte rendu, sans doute n'ai-je pas été assez clair moi-même.

 25   Y a t-il d'autres questions que vous voulez évoquer avant que nous levions


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  1   la séance ?

  2   M. Terrier. – Une très brève question à propos de l'anthropologiste que

  3   vous avez cité et qui témoignera le 12 juillet.

  4   S'agissant d'un ancien témoin de l'accusation, si je puis dire, et

  5   actuellement d'un témoin du Tribunal ,est-ce que vous pensez qu'il serait

  6   possible que l'accusation la rencontre avant son témoignage, son

  7   apparition devant la Cour ? Ou pensez-vous que cela n'est pas

  8   souhaitable ?

  9   (Les Juges se consultent sur le Siège.)

 10   M. le Président (interprétation). - C'est un témoin de la Chambre, donc

 11   nous pensons qu'il est mieux, qu'il est plus approprié, que vous ne la

 12   rencontriez pas.

 13   Concernant l'interrogatoire et l'interrogatoire supplémentaire, nous les

 14   Juges, nous poserons des questions, ensuite ce sera votre tour, et puis ce

 15   sera au tour des représentants de la défense. Donc ce sera la façon de

 16   procéder habituelle quand on entend un témoin de la Chambre et pas un

 17   témoin cité par une des parties. Est-ce bien clair ? Donc nous allons

 18   commencer par un interrogatoire principal, ensuite ce sera le tour de

 19   l'accusation, puis le tour de la défense.

 20   Y a t-il d'autres sujets que vous souhaitiez évoquer du côté de la

 21   défense ?

 22   Non, eh bien nous levons la séance jusqu'au 5 juillet à 9 heures du matin.

 23   L'audience est levée à 11 heures 50.

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