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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-95-16-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
3 Vendredi 9 Juillet 1999
4 L'audience est ouverte à 9 heures 05.
5 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
6 Mme Lauer. - Affaire IT95-16 T, le Procureur contre
7 Zoran Kupreskic, Mirjan Kupreskic, Vlatko Kupreskic, Drago Josipovic,
8 Dragan Papic et Vladimir Santic.
9 M. le Président (interprétation). – Bonjour, Monsieur Blaxill ?
10 M. Blaxill (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le
11 Président. Bonjour à la Chambre, bonjour au conseil de la défense, bonjour
12 Monsieur Franjic.
13 Je m'appelle Michael Blaxill et je suis l'un des membres de
14 l'accusation dans cette affaire. J'ai quelques questions à vous poser,
15 Monsieur, par rapport à votre déposition d'hier.
16 M. Franjic (interprétation). - Je vous en prie.
17 M. Blaxill (interprétation). - Jusqu'au 15 avril 1993, y compris
18 ce jour-là, vous vous rendiez à l'hôtel Vitez pratiquement tous les jours,
19 n'est-ce pas ?
20 M. Franjic (interprétation). - Oui.
21 M. Blaxill (interprétation). - En exécutant vos tâches, étiez-
22 vous en civil généralement ?
23 M. Franjic (interprétation). - Oui.
24 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce que vous portiez un
25 complet, une tenue civile le jour du 15 avril 1993 ?
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1 M. Franjic (interprétation). - Oui.
2 M. Blaxill (interprétation). - A ce moment-là, vous avez dit que
3 vous n'étiez nullement un militaire, que vous n'étiez pas membre du HVO,
4 des unités armées du HVO ou quoi que ce soit de ce genre, n'est-ce pas ?
5 M. Franjic (interprétation). – Je ne faisais pas partie d'une
6 formation organisée en tant que soldat, à l'exception des patrouilles de
7 villages dont on a parlé. Nous avons vu ce qui était en train de se
8 produire, les Serbes attaquaient déjà, Sarajevo se défendait. Dans le
9 village de Ravno, des choses bizarres se produisaient. Nous n'avions que
10 ces patrouilles villageoises afin de protéger nos familles et nos foyers.
11 Je ne faisais pas partie d'une unité organisée à l'époque.
12 M. Blaxill (interprétation). – S'agissant de votre participation
13 à ces patrouilles villageoises, est-ce que vous aviez un uniforme
14 quelconque ?
15 M. Franjic (interprétation). - Souvent c'était un uniforme
16 emprunté jusqu'à ce que l'on arrive à s'en procurer un. Tant que l'on
17 n'avait pas d'uniforme, on l'empruntait.
18 M. Blaxill (interprétation). - Vous-même, vous avez acheté une
19 tenue de camouflage, vous-même, un pantalon, un anorak ou quelque chose de
20 ce genre ?
21 M. Franjic (interprétation). - Oui.
22 M. Blaxill (interprétation). - Et vous possédiez ces éléments
23 constituant l'uniforme avant la date du 15 avril 1993, est-ce exact ?
24 M. Franjic (interprétation). - Oui.
25 M. Blaxill (interprétation). - Et cet uniforme comprenait à la
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1 fois le pantalon et l'anorak ?
2 M. Franjic (interprétation). - A l'époque, je n'avais que
3 l'anorak de camouflage et le couvre-chef.
4 M. Blaxill (interprétation). – Aviez-vous un badge ou un insigne
5 que vous avez mis sur votre couvre-chef ou votre anorak ?
6 M. Franjic (interprétation). - Cela dépendait. Parfois, on
7 mettait un insigne, mais à ce moment-là je pense qu'il n'y avait pas
8 encore d'insignes officiels et cela changeait souvent parce qu'il n'y
9 avait pas vraiment d'organisation à l'époque.
10 M. Blaxill (interprétation). – Donc, très précisément, Monsieur,
11 avez-vous mis un badge quelconque sur votre uniforme et, si oui, pouvez-
12 vous nous le décrire, s'il vous plaît ?
13 M. Franjic (interprétation). - Je pense qu'il n'y avait pas
14 d'insigne sur mon anorak ni sur le bonnet.
15 M. Blaxill (interprétation). – Aviez-vous un badge en métal que
16 vous avez accroché à votre uniforme si vous n'avez rien cousu sur votre
17 uniforme ?
18 M. Franjic (interprétation). - Oui.
19 M. Blaxill (interprétation). - Pouvez-vous nous le décrire, s'il
20 vous plaît ?
21 M. Franjic (interprétation). - C'était l'échiquier, mais il n'y
22 avait pas de blason royal au-dessus, c'était un échiquier simple. Je l'ai
23 acheté moi-même.
24 M. Blaxill (interprétation). - Merci. Possédiez-vous une arme à
25 l'époque
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1 M. Franjic (interprétation). - Oui.
2 M. Blaxill (interprétation). - Pouvez-vous nous dire quel genre
3 d'arme vous aviez ?
4 M. Franjic (interprétation). – J'avais un pistolet.
5 M. Blaxill (interprétation). - Et vous le portiez sur vous au
6 moment où vous faisiez partie des gardes villageoises, des patrouilles
7 villageoises ?
8 M. Franjic (interprétation). - Oui.
9 M. Blaxill (interprétation). - Vous aviez une autre arme que ce
10 pistolet ? Peut-être un fusil de chasse ou un autre fusil ?
11 M. Franjic (interprétation). - Je n'avais pas d'autre fusil. Je
12 n'étais pas chasseur, donc je n'ai pas de fusil de chasse m'appartenant.
13 M. Blaxill (interprétation). – Monsieur, quand vous avez quitté
14 l'hôtel de Vitez dans l'après-midi du 15 avril 1993, quelle était
15 l'ambiance dans l'hôtel, c'était calme, tout était normal ? Ou bien avez-
16 vous remarqué qu'il y avait une certaine tension parmi le personnel
17 militaire qui s'y trouvait ?
18 M. Franjic (interprétation). - Rien d'inhabituel, une journée de
19 travail habituel.
20 M. Blaxill (interprétation). - Très bien. Vous vous êtes rendu
21 chez vous, vous êtes rentré chez vous et plus tard, dans la soirée, vous
22 avez dit que vous avez remarqué des soldats. Vous les avez vus depuis
23 votre appartement, est-ce exact ?
24 M. Franjic (interprétation). - Ce n'était pas dans la soirée,
25 c'était dans l'après-midi vers 15 heures.
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1 M. Blaxill (interprétation). - Oui ?
2 M. Franjic (interprétation). - Ce n'était pas devant mon
3 appartement, c'était en aval par rapport à ma maison familiale. Ils
4 circulaient sur la route.
5 M. Blaxill (interprétation). - Donc, Monsieur, vous avez vu ces
6 hommes armés sur la route et ils ont dressé une espèce de barrage. Il me
7 semble que vous avez dit que ce barrage était tourné vers la partie croate
8 de la ville, est-ce exact ?
9 M. Franjic (interprétation). - Ce n'était pas orienté vers ce
10 barrage. Quand on dresse un barrage, on bloque la route, vraisemblablement
11 pour pouvoir mieux contrôler la circulation sur cette route, identifier
12 les gens, etc.. Ce barrage était donc dressé sur la route afin de partager
13 la population croate et la population musulmane. Mon malheur était que ma
14 maison se soit trouvée dans la partie musulmane du village.
15 M. Blaxill (interprétation). - Très bien. Aviez-vous déjà eu
16 l'occasion de voir ce genre de choses auparavant. Il me semble que ce
17 genre de barrage avait été dressé précédemment.
18 M. Franjic (interprétation). - Pas une fois, plusieurs fois.
19 M. Blaxill (interprétation). - Et vous-même, il vous est arrivé
20 de passer par ce genre de barrage plus d'une fois ?
21 M. Franjic (interprétation). - Souvent, il m'est arrivé de
22 traverser ce genre de barrage. D'après mon évaluation de la situation, du
23 danger, je choisissais plutôt de passer par les prés pour éviter tout
24 problème, tout malentendu. Toutefois, je pense que c'était fin 1992, vers
25 le mois d'octobre, de novembre, qu'un barrage a également été dressé et
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1 que j'ai essayé de passer par là en utilisant ma voiture personnelle. J'ai
2 voulu emmener ma famille chez mes frères qui se trouvaient dans la partie
3 du village à majorité croate. A ce moment-là, ils m'ont demandé mes
4 papiers, ils ont tiré sur moi, ils m'ont fouillé, il y a eu plein de
5 choses désagréables.
6 M. Blaxill (interprétation). - Lorsque vous passiez par ces
7 barrages, vous portiez des vêtements civils ou vous est-il arrivé de
8 porter un des éléments de cet uniforme dont vous nous avez parlé ?
9 M. Franjic (interprétation). - Eh bien souvent j'étais en civil,
10 mais la fois où ils ont tiré sur moi j'avais cet anorak et ce bonnet. Je
11 n'avais pas d'arme.
12 M. Blaxill (interprétation). - Très bien. Vous dites que plus
13 tard vous avez eu l'impression que la situation n'était pas suffisamment
14 sûre et que vous avez envoyé des membres de votre famille dans la maison
15 de votre frère parce que vous aviez l'impression qu'ils se sentiraient
16 plus en sécurité là-bas ?
17 M. Franjic (interprétation). - Ce n'est pas moi qui les ai
18 conduits, je les ai envoyés seuls là-bas, je suis resté seul chez moi.
19 M. Blaxill (interprétation). - Oui. Et à l'époque, vous, vous
20 étiez seul dans votre appartement, après leur départ ?
21 M. Franjic (interprétation). - J'avais un cousin avec moi. Lui
22 aussi est venu, je l'ai appelé par téléphone, il est venu chez moi,
23 c'était vraiment en fin d'après-midi, le soir, plutôt vers 8 ou 9 heures
24 du soir qu'il est arrivé, et depuis 5 heures à 5 heures 30 j'y étais seul.
25 M. Blaxill (interprétation). - Il me semble que vous avez dit
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1 par la suite que vous-même vous avez quitté votre appartement, que vous
2 vous êtes rendu dans votre ancienne maison, est-ce exact ?
3 M. Franjic (interprétation). - Oui, mais ça c'était vers
4 22 heures, 23 heures. Je n'ai pas quitté ma maison, je suis sorti tout de
5 suite de ma maison, dès qu'ils ont installé ce barrage. Je suis sorti de
6 ma maison, j'ai circulé un peu autour et puis dedans. Quand la nuit est
7 tombée, il n'y avait plus d'électricité, j'ai considéré que c'était très
8 dangereux et risqué de rester seul, j'ai donc appelé mon cousin qui est
9 arrivé. Jusqu'à 22 heures, 23 heures, nous sommes restés dans les parages
10 de ma maison, il y a des étables, enfin d'autres bâtiments, et c'est à une
11 dizaine, une vingtaine de mètres par rapport à la route où se trouvaient
12 ces soldats, je ne sais pas quel était leur propos, peut-être de nous
13 intimider.
14 M. Blaxill (interprétation). - Vous dites que vous vous trouviez
15 dehors par intermittence donc, au début de la soirée. Ces soldats vous
16 ont-ils harcelé d'une manière quelconque ? Vous ont-ils fait quelque
17 chose ?
18 M. Franjic (interprétation). - Ils ne pouvaient pas m'arrêter
19 puisque je suis en amont par rapport à la route, je vous dis à une dizaine
20 de mètres. C'est vrai, ils n'ont pas cherché à s'approcher de ma maison
21 car probablement ils supposaient que cela ne pouvait pas se faire
22 facilement parce que nous sommes tous des gens qui ont leur dignité.
23 M. Blaxill (interprétation). - A certains moments, ces soldats
24 pouvaient vous voir, n'est-ce pas, puisque vous étiez à une dizaine de
25 mètres par rapport à la route ? Est-ce qu’ils vous voyaient depuis
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1 l'endroit où ils se trouvaient ?
2 M. Franjic (interprétation). - Non, parce que... comment dire ?
3 C'est un endroit surélevé par rapport à la route cachée par cette
4 élévation.
5 M. Blaxill (interprétation). – Donc, lorsque vous parlez de
6 cette maison, c'est l'appartement où vous étiez plus tôt le jour en
7 question ?
8 M. Franjic (interprétation). - Oui, c'est ma maison familiale.
9 M. Blaxill (interprétation). - Pouvez-vous me préciser un point,
10 s'il vous plaît ? Pourquoi avez-vous quitté cette maison familiale pour
11 vous rendre chez vos cousins plus tard ?
12 M. Franjic (interprétation). - Eh bien parce qu'à proximité de
13 ma maison, je vous dis à 10 mètres plus bas d'après mon estimation, il y
14 avait une dizaine, quinzaine, vingtaine, je pense 15 ou 20 membres de
15 l'armée musulmane. Ils discutaient de manière très vive et, à 30 ou
16 50 mètres de là, à ce barrage il en y avait 30 ou 40, comment savoir, je
17 n'ai pas pu les compter à ce moment-là.
18 Donc, je ne me sentais pas en sécurité et j'ai dit que nous nous
19 sommes retirés jusqu'à mon ancienne maison qui se trouvait sur une colline
20 au-dessus de ma maison familiale, à 150 ou 200 mètres de distance. Là-
21 haut, on se sentait bien plus en sécurité, on pouvait mieux contrôler la
22 situation si quelqu'un tentait de s'approcher.
23 M. Blaxill (interprétation). - Que portiez-vous quand vous avez
24 quitté votre maison familiale pour vous rendre dans cette autre maison ?
25 M. Franjic (interprétation). - J'avais cet anorak de camouflage
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1 et un jean.
2 M. Blaxill (interprétation). - Vous aviez votre couvre-chef
3 militaire ?
4 M. Franjic (interprétation). - Oui.
5 M. Blaxill (interprétation). - Et ce bonnet avait toujours ce
6 badge croate ?
7 M. Franjic (interprétation). – Non, ce n'était pas sur le
8 bonnet, c'était sur la poche gauche de l'anorak.
9 M. Blaxill (interprétation). - Très bien et vous portiez une
10 arme quand vous avez quitté votre maison familiale pour vous rendre dans
11 cette autre maison ?
12 M. Franjic (interprétation). - Oui.
13 M. Blaxill (interprétation). – Monsieur Franjic, je suis peut-
14 être un peu confus, je n'arrive pas à bien percevoir la situation. Vous
15 nous avez dit que généralement parlant, lors des rencontres que vous avez
16 eues précédemment avec des membres de l'armée musulmane, les seuls moments
17 où l'on vous a tiré dessus, c'est quand vous portiez un uniforme de
18 camouflage. C'était peut-être une manière de s'exposer au danger lorsque
19 vous avez décidé de porter l'uniforme en vous rendant dans cette autre
20 maison.
21 M. Franjic (interprétation). – Non, je pense que non, parce que
22 je pourrais vous décrire toute une série de situations comparables, alors
23 qu'on était en civil, il s'agissait de provocation, parce que… comment
24 voulez-vous l'expliquer autrement si on dresse un barrage à 30 mètres de
25 chez moi, j'arrive en tant que civil en véhicule particulier, on me
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1 demande mes papiers, on me fouille, les gens que je connais depuis mon
2 enfance avec qui j'ai grandi, est-ce normal ? Que l'on soit en uniforme ou
3 en civil, ils faisaient ce qu'ils faisaient, ils nous intimidaient, ils
4 tiraient sur ma maison, ils ont par exemple tiré sur la lampe qui restait
5 allumée la nuit et ce genre de chose se produisait souvent, pas une seule
6 fois. On demandait d'éteindre les lumières pour pouvoir identifier les
7 positions.
8 M. Blaxill (interprétation). – Mais, je crois que j'ai raison
9 par rapport à ce que vous avez dit ici ce matin, on vous a tiré plutôt
10 lorsque vous portiez un uniforme que lorsque vous étiez en civil, il y a
11 quand même une différence là, n'est-ce pas, Monsieur ?
12 M. Franjic (interprétation). - Je pense que ce n'était pas cela
13 la raison, je veux dire que mon uniforme de camouflage n'était pas la
14 raison. C'était plutôt parce que ces membres de l'armée musulmane ne se
15 comportaient pas de manière correcte et moi, j'ai peut-être répondu de
16 manière trop énergique quand ils m'ont demandé mes papiers, quand ils ont
17 voulu que je leur montre ma pièce d'identité. Je ne voulais pas leur
18 montrer cela et ils voulaient que je leur ouvre le coffre et j'ai résisté.
19 Finalement, j'ai ouvert le coffre et je n'avais que des outils et un pneu
20 de rechange.
21 De leur côté, c'était vraiment une envie de blesser ma dignité
22 et je m'y suis opposé. Je ne pense pas du tout que ce soit l'uniforme qui
23 ait provoqué ces tirs.
24 M. Blaxill (interprétation). - Je vois, merci. Vous avez passé
25 cette nuit dans cette maison et pour être bref, disons que le lendemain
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1 vous êtes allé dans un village à majorité croate et à partir de là, à
2 l'hôtel Vitez. Est-ce un résumé fidèle de ce que vous avez dit hier ?
3 M. Franjic (interprétation). - Je ne vois pas dans quel sens
4 vous parlez de résumé ?
5 M. Blaxill (interprétation). - Vous avez passé la nuit dans
6 cette autre maison vous appartenant. Il me semble que vous avez dit que
7 vous n'avez pas vraiment bien dormi la nuit en question, que vous
8 surveilliez votre propriété, que vous étiez aux aguets quant à ce qui se
9 passait, est-ce exact ?
10 M. Franjic (interprétation). - Oui.
11 M. Blaxill (interprétation). - Avez-vous en réalité vu ces
12 membres de l'armée musulmane faire des choses extraordinaires,
13 inhabituelles pendant cette nuit ?
14 M. Franjic (interprétation). - Mais c'était inhabituel. Ce qui
15 était inhabituel, c'est que, tout d'abord, on dresse ce barrage. Certes,
16 cela s'était déjà produit dans le passé mais quand il y avait un incident,
17 par exemple à Gornji Vakuf ou à Novi Travnik. Donc, les raisons qui les
18 ont poussés à dresser ce barrage, je n'en sais rien, mais enfin, c'était
19 tout à fait à inhabituel qu'il y ait devant ma maison 50 ou 70 personnes,
20 hommes, cela c'était inhabituel.
21 M. Blaxill (interprétation). – Donc, vous vous disiez que
22 c'était inquiétant, et que c'était après des incidents que l'on dressait
23 les barrages. Vous avez donc vu tous ces gens, c'est ce qui vous a
24 inquiété.
25 M. Franjic (interprétation). - Je ne m'attendais à rien de
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1 particulièrement mauvais parce que cela s'était déjà produit dans le
2 passé. Toujours, cela se terminait. La nuit, on la passait à prendre la
3 garde, on ne dormait pas bien, mais le lendemain matin, on se levait
4 normalement et on allait travailler. Or, ce matin-là, il s'est produit ce
5 qui s'est produit.
6 M. Blaxill (interprétation). - Pour vous trouver là où vous
7 étiez, vous étiez obligé de quitter cette maison qui se trouvait près du
8 barrage et de la route où se trouvaient les militaires. Donc vous l'avez
9 abandonnée vide, n'est-ce pas, elle était vide ?
10 M. Franjic (interprétation). – Je ne comprends pas la question.
11 M. Blaxill (interprétation). - Quand vous et votre cousin vous
12 êtes partis dans l'autre maison, votre épouse et votre enfant étaient déjà
13 partis, donc je suppose que toute la nuit cette maison familiale s'est
14 retrouvée vide, inoccupée ?
15 M. Franjic (interprétation). - Vous parlez de ma maison
16 familiale ?
17 M. Blaxill (interprétation). - Oui.
18 M. Franjic (interprétation). - Oui, oui.
19 M. Blaxill (interprétation). - Je vous remercie.
20 Finalement, vous êtes arrivés à l'hôtel Vitez et vous pensez que
21 c'était vers 6 heures du matin, n'est-ce pas, est-ce exact ?
22 M. Franjic (interprétation). - Je pense que quant à cette
23 ancienne maison, de mes parents, je l'ai quittée vers 5 heures 30.
24 M. Blaxill (interprétation). - Quand vous avez quitté votre
25 vieille maison, est-ce qu'à ce moment-là vous avez entendu des pilonnages,
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1 des bruits d'artillerie ou des tirs d'armes légères ?
2 M. Franjic (interprétation). - On n'entendait que les
3 détonations, les obus pleuvaient, on entendait des détonations. Que sais-
4 je ? Il y avait des détonations.
5 M. Blaxill (interprétation). - Au moment où vous vous êtes
6 rapprochés de l'hôtel, avez-vous commencé à entendre les bruits provoqués
7 par des armes légères, fusils, pistolets, etc. ?
8 M. Franjic (interprétation). - Oui.
9 M. Blaxill (interprétation). - Et à votre avis, combien de temps
10 vous a-t-il fallu pour marcher depuis votre maison jusqu'au village, et
11 ensuite du village jusqu'à l'hôtel Vitez ?
12 M. Franjic (interprétation). - Je ne sais pas exactement. A cet
13 instant, je ne pensais même pas à mesurer le temps, peut-être qu'il me
14 fallait un peu plus de temps pour parcourir le chemin depuis ma maison
15 familiale jusqu'aux villages peuplés de Croates, les villages Toljusici.
16 Et de Toljusici, je crois que j'ai mis environ une vingtaine de minutes
17 puisqu'il y a environ 800 mètres à 1 kilomètre à parcourir.
18 M. Blaxill (interprétation). - Quand vous êtes arrivés à l'hôtel
19 Vitez, il me semble que vous nous avez décrit une scène de confusion
20 totale, est-ce bien exact ?
21 M. Franjic (interprétation). - Oui.
22 M. Blaxill (interprétation). - Donc il y avait des gens qui
23 couraient partout, qui hurlaient, qui criaient et qui déambulaient, qui
24 couraient de façon désordonnée dans l'hôtel, est-ce bien une description
25 exacte de la situation ?
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1 M. Franjic (interprétation). - Non, je n'ai pas parlé de
2 l'extérieur, mais de l'intérieur de l'hôtel.
3 M. Blaxill (interprétation). - Oui, je m'excuse, je parlais de
4 l'intérieur de l'hôtel. Et à un moment quelconque, est-ce que vous avez
5 effectivement regardé votre montre ou autre chose pour savoir quelle heure
6 il était exactement ?
7 M. Franjic (interprétation). - Laissez-moi vous dire quelque
8 chose, j'ai toujours ma montre sur moi et de temps en temps on y jette un
9 coup d'œil. Je pense qu'il était 6 heures et quart, 6 heures 30 peut-
10 être ; c'était il y a longtemps, il y a 7, 8 ans quand même.
11 M. Blaxill (interprétation). - Je comprends parfaitement,
12 Monsieur Franjic.
13 Ensuite vous avez vu M. Vlado Santic dans la zone de réception
14 de l'hôtel, n'est-ce pas ?
15 M. Franjic (interprétation). - Oui.
16 M. Blaxill (interprétation). - Et nous vous avons entendu nous
17 décrire une rencontre très brève, et une attitude peu aimable de sa part,
18 une rencontre qui a duré au maximum une minute, est-ce bien exact ?
19 M. Franjic (interprétation). - Oui.
20 M. Blaxill (interprétation). - Et à ce moment-là, vous avez
21 décidé de quitter l'hôtel, est-ce bien exact ?
22 M. Franjic (interprétation). - Je n'ai pas décidé, cela s'est
23 passé de manière spontanée, j'avais peur et j'ai vu qu'il n'y avait pas de
24 personnel, il ne me restait plus rien à faire là-bas.
25 M. Blaxill (interprétation). - Comment avez-vous quitté le
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1 bâtiment, quelle direction avez-vous prise ?
2 M. Franjic (interprétation). - Je me suis dirigé vers le grand
3 magasin qui se trouvait derrière l'hôtel, vers le centre de la ville.
4 M. Blaxill (interprétation). - Permettez-moi de vous
5 interrompre, j'ai mal formulé ma question. Vous êtes à l'intérieur de
6 l'hôtel, quelle sortie avez-vous emprunté pour quitter l'immeuble, c'est
7 la question que je voulais vous poser ?
8 M. Franjic (interprétation). - Je suis sorti par l'entrée
9 principale.
10 M. Blaxill (interprétation). - Ensuite, qu'avez-vous fait, vous
11 êtes vous dirigé vers chez vous ?
12 M. Franjic (interprétation). - Oui.
13 M. Blaxill (interprétation). - Monsieur Franjic, vous vous
14 rappelez avoir rencontré un enquêteur du Tribunal il y a quelques semaines
15 déjà ?
16 M. Franjic (interprétation). - Oui.
17 M. Blaxill (interprétation). - Je voudrais ici reprendre
18 quelques mots qui ont été enregistrés lors de votre conversation et les
19 conseils de la défense étaient également présents, donc je cite : "J'ai
20 traversé le restaurant pour vérifier qu'aucun des membres du personnel
21 n'était présent et puisqu'il n'y avait personne je suis parti. Je suis
22 sorti par l'autre sortie, par le café, en passant devant la balustrade ou
23 la clôture de la terrasse afin d'être à couvert". (Fin de citation.)
24 Est-ce que vous vous souvenez avoir déclaré cela, Monsieur ?
25 M. Franjic (interprétation). - Oui.
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1 M. Blaxill (interprétation). - Quelle est la version exacte
2 puisque vous venez de nous dire à l'instant que vous êtes sorti par
3 l'entrée principale, et maintenant vous nous confirmez que vous avez
4 déclaré auparavant que vous êtes sorti par le café ? Pouvez-vous, s'il
5 vous plaît, dire à la Chambre quelle est la version conforme à la vérité ?
6 M. Franjic (interprétation). - L'une et l'autre sont exactes,
7 parce que j'ai traversé la salle à manger, le restaurant, je suis entré
8 dans le bureau que j'ai traversé, ensuite je me suis rendu au café, je
9 l'ai traversé également et je n'ai pas sauté par-dessus la clôture du
10 balcon, mais je suis passé à côté.
11 M. Blaxill (interprétation). - Si vous permettez, Monsieur le
12 Président, je souhaiterais conférer avec mon confrère.
13 Je souhaiterais soumettre au témoin la dernière pièce à
14 conviction, la photo de l'hôtel Vitez, afin de pouvoir situer exactement
15 où se trouve cette fameuse terrasse. Je crois qu'il s'agit de la pièce
16 D10, merci.
17 Monsieur Franjic, je vous prie de regarder cette photo. Est-ce
18 que l'on voit bien la façade de l'hôtel Vitez ?
19 M. Franjic (interprétation). - Oui.
20 M. Blaxill (interprétation). - Je ne sais pas si c'est possible
21 avec cette photo, mais en regardant cette photo, est-ce que vous pouvez
22 nous dire où se situe cette terrasse à laquelle vous avez fait référence ?
23 Vous avez parlé d'une terrasse, d'une clôture, pouvez-vous nous dire où
24 elle se situe par rapport à cette photo ?
25 M. Franjic (interprétation). - La voilà.
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1 M. Blaxill (interprétation). - Pouvez-vous, s'il vous plaît, le
2 faire sur le rétroprojecteur. Ceci permettra à tout le monde de pouvoir le
3 voir. Pouvez-vous, s'il vous plaît, utiliser le pointeur ? Merci beaucoup.
4 (Le témoin s'exécute)
5 M. Blaxill (interprétation). – Maintenant, je voudrais en
6 revenir à ce que faisait M. Santic au moment où vous l'avez rencontré,
7 est-ce qu’il se trouvait en compagnie d'autres personnes ?
8 M. Franjic (interprétation). - Il se trouvait dans l'entrée près
9 de l'accueil, dans l'espace entre l'accueil et le restaurant. Il avait
10 peur, il était tout agité, il indiquait diverses directions avec ses
11 mains. Autour de lui, il y avait quelques policiers militaires, je ne sais
12 pas si c'est à eux qu'il s'adressait, est-ce que c'est à eux qu'il
13 indiquait quelque chose, quelle était la conversation qu'ils ont eue, je
14 n'ai pas vraiment pu identifier de quoi il s'agissait. Je ne prêtais
15 attention qu'aux choses qui m'intéressaient, je ne savais pas ce qui se
16 passait et j'essayais d'obtenir les informations de Vlado et j'ai obtenu
17 effectivement la réponse telle quelle.
18 M. Blaxill (interprétation). - Vous connaissiez M. Vlado Santic
19 depuis très longtemps, est-ce bien exact ?
20 M. Franjic (interprétation). - Oui.
21 M. Blaxill (interprétation). - Savez-vous quel rôle, quelle
22 fonction il avait au sein de la police militaire ?
23 M. Franjic (interprétation). - Je ne sais pas exactement, je
24 crois qu'il était un commandant en quelque sorte, mais je ne sais pas
25 exactement quel était son grade.
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1 M. Blaxill (interprétation). - Le matin du 16 avril 1993,
2 M. Santic portait un uniforme ?
3 M. Franjic (interprétation). - Oui.
4 M. Blaxill (interprétation). - Et quelle sorte d'uniforme ?
5 M. Franjic (interprétation). – C'était un uniforme de
6 camouflage.
7 M. Blaxill (interprétation). - Et est-ce qu'il portait également
8 une ceinture ou d'autres accessoires ?
9 M. Franjic (interprétation). - Non, il portait son uniforme
10 habituel.
11 M. Blaxill (interprétation). - Est-ce qu'il portait une arme
12 quelconque ?
13 M. Franjic (interprétation). – Oui, il portait un pistolet.
14 M. Blaxill (interprétation). - Quand vous avez quitté l'hôtel,
15 ou êtes-vous allé, s'il vous plaît ?
16 M. Franjic (interprétation). - Je me suis rendu chez
17 Vinko Miskovic où se trouvait ma famille, dans la cave de la maison de
18 Vinko Miskovic, dans le garage si on peut dire.
19 M. Blaxill (interprétation). - Etes-vous retourné à l'hôtel
20 Vitez le 16 avril 1993 ?
21 M. Franjic (interprétation). - Non.
22 M. Blaxill (interprétation). - Quand êtes-vous retourné à
23 l'hôtel Vitez ?
24 M. Franjic (interprétation). – Il me semble que c'était après 6
25 ou 7 jours, au bout de 6 ou 7 jours, mais je ne me suis pas rendu à
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1 l'hôtel même. Je suis allé juste dans la ville à Vitez.
2 M. Blaxill (interprétation). - Quand êtes-vous retourné ? Ou
3 bien êtes-vous retourné à l'hôtel Vitez depuis ce 16 avril 1993 ? Quelle
4 est la date de votre premier retour à l'hôtel, si vous y êtes retourné ?
5 M. Franjic (interprétation). - Je pense que cela s'est produit,
6 je ne sais pas exactement, si vous voulez que je vous dise la date, je ne
7 suis pas en mesure de le faire. Sept ou 8 jours plus tard, je me suis
8 rendu à Vitez et je suis allé à l'hôtel 10 ou 12 jours plus tard, je ne
9 sais pas exactement.
10 M. Blaxill (interprétation). – Merci, Madame et Messieurs les
11 Juges, je n'ai pas d'autres questions. Je voudrais demander le versement
12 au dossier de la transcription de l'entretien auquel j'ai fait référence
13 auparavant. Je souhaiterais donc que le document dans son entier soit
14 versé au dossier. Le document n'a pas été communiqué à M. Plavovic
15 aujourd'hui parce que, bien entendu, il en a reçu une copie au cours des
16 semaines précédentes ainsi qu'un exemplaire des cassettes qui ont été
17 utilisées lors de l'entretien. Je pense donc qu'il n'y aura pas
18 d'objection.
19 M. le Président (interprétation). - Pouvons-nous avoir la date
20 de l'entretien ?
21 M. Blaxill (interprétation). - Je devrais m'en souvenir puisque
22 j'étais présent moi-même. Mais c'était le 10 mars.
23 M. le Président (interprétation). - Maître Pavkovic, avez-vous
24 une objection quelconque à formuler ?
25 M. Pavkovic (interprétation). - Non, Monsieur le Président, je
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1 ne peux que confirmer qu'il s'agit bien du 10 mars 1993, non... excusez-
2 moi, 1999.
3 M. le Président (interprétation). - Merci. Pouvons-nous obtenir
4 ce document, Maître Blaxill ?
5 M. Blaxill (interprétation). - Je n'ai malheureusement pas de
6 copies pour l'instant, pouvons-nous attendre la pause et à ce moment-là
7 les documents seront distribués ?
8 Mme Lauer. - Ce document sera coté 372.
9 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur le Président, je
10 demanderai l'assistance de l'huissier, je souhaiterais que le
11 document D10/6 soit placé sur le rétroprojecteur afin de continuer le
12 contre-interrogatoire du témoin à ce sujet.
13 (L'huissier s'exécute.)
14 Monsieur Franjic, vous nous avez indiqué le chemin que vous avez
15 pris pour sortir de l'hôtel le 16 avril. Vous nous avez dit qu'il
16 s'agissait de l'entrée principale.
17 M. Franjic (interprétation). - Je n'ai montré, je n'ai indiqué
18 que la terrasse, je n'ai pas indiqué l'entrée principale, personne ne m'a
19 demandé de le faire.
20 M. Pavkovic (interprétation). - Mais vous êtes sorti par
21 l'entrée principale ?
22 M. Franjic (interprétation). - Oui.
23 M. Pavkovic (interprétation). - Nous voyons sur cette
24 photographie deux entrées identiques, l'unique distinction qui peut être
25 faite c'est l'inscription "Hôtel Vitez" au-dessus de l'une des entrées.
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1 Pouvez-vous nous indiquer maintenant l'entrée que vous avez empruntée?
2 M. Franjic (interprétation). - C'est l'entrée n° 1 puisque
3 l'entrée n° 2 était fermée à clé.
4 M. Pavkovic (interprétation). - Dans la partie inférieure de
5 l'hôtel, postérieure plutôt, il y avait-il d'autres entrées ?
6 M. Franjic (interprétation). - Oui.
7 M. Pavkovic (interprétation). - Ces entrées étaient également
8 fermées à clé ?
9 M. Franjic (interprétation). - Oui, toutes les entrées étaient
10 fermées, sauf l'entrée n° 1.
11 M. Pavkovic (interprétation). - Merci. Lorsque vous êtes arrivé
12 sur la terrasse, que vous nous avez indiqué tout à l'heure, par où êtes-
13 vous passé, à l'intérieur de l'hôtel afin de pouvoir rejoindre l'entrée
14 principale ? Et par où êtes-vous passé par la suite ?
15 M. Franjic (interprétation). - Je suis allé vers le magasin, je
16 vous l'ai déjà dit.
17 M. Pavkovic (interprétation). - Non, je parle de l'hôtel, donc
18 vous vous trouvez sur la terrasse...
19 M. Franjic (interprétation). - Non, à côté de la terrasse se
20 trouve le café, donc du bureau je suis entré, je suis passé au café,
21 ensuite j'ai rejoint le hall qui relie les deux entrées et je suis sorti
22 par l'entrée principale. J'ai longé l'entrée n° 2 et la terrasse.
23 M. Pavkovic (interprétation). - Veuillez, je vous prie, nous
24 indiquer cet itinéraire sur la photographie ?
25 (Le témoin s'exécute.)
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1 En répétant ce que vous venez de dire.
2 M. Franjic (interprétation). - Ici c'est le café, là se trouve
3 la terrasse, là mais un peu plus derrière en fait se trouve la cuisine et
4 le bureau. Donc j'ai traversé le restaurant, je suis entré dans le bureau,
5 je suis sorti par l'autre porte et je suis entré dans le café, j'ai
6 traversé le café, je suis arrivé à cette porte et le hall qui relie les
7 deux entrées, j'ai traversé le hall, le couloir et puisqu'ici c'est la
8 partie en fait qui est la plus sûre de l'autre côté se trouve une partie
9 habitable, c'était utile parce qu'on pouvait s'abriter des tirs, donc je
10 suis passé par là, j'ai longé la terrasse, il y a des sapins qui montent,
11 j'ai pu m'abriter, ensuite j'ai longé également le magasin et je me suis
12 rendu au centre-ville.
13 M. Pavkovic (interprétation). - Merci. Il semble maintenant que
14 ce soit beaucoup plus clair votre itinéraire ce matin-là.
15 M. Franjic (interprétation). - Il me semble que oui.
16 M. May (interprétation). - Maître Pavkovic, il y a un point qui
17 n'est pas clair, ceci est peut-être dû à l'interprétation, je n'en suis
18 pas tout à fait sûr. Le témoin a dit, en regardant la photographie D10/6,
19 que les fenêtres qui sont situées à gauche étaient les fenêtres de la
20 cafétéria. S'agit-il là en fait de ce fameux café ? Peut-être serait-il
21 bon d'éclaircir ce point ?
22 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur le Juge, ce qui serait
23 le mieux c'est que le témoin nous explique, nous éclaircisse sur ce point.
24 S'agit-il d'un café, d'une cafétéria ?
25 M. Franjic (interprétation). - Il s'agit de la cafétéria, alors
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1 que le café même se trouve de l'autre côté de la cafétéria.
2 M. Pavkovic (interprétation). - Donc à l'intérieur se trouve
3 tout cet espace que vous avez traversé pour vérifier si des membres de
4 votre personnel s'y trouvaient ?
5 M. Franjic (interprétation). - Oui.
6 M. Pavkovic (interprétation). - La porte n° 2 était fermée à
7 clé, comme vous l'avez dit, et aucun de vos employés ne se trouvait là, ce
8 n'est que par la suite que vous vous êtes dirigé vers l'entrée n° 1,
9 l'entrée principale ?
10 M. Franjic (interprétation). - C'est exact.
11 M. May (interprétation). - Ce n'est toujours pas clair, Monsieur
12 Franjic. Quand vous avez été interrogé par l'enquêteur, vous avez dit que
13 vous aviez traversé le café, disons que vous aviez quitté l'hôtel en
14 empruntant la sortie qui passe par le café. Alors où se trouve le café
15 dans l'hôtel ?
16 M. Franjic (interprétation). - Je n'ai pas dit que j'ai traversé
17 le café en sortant de l'hôtel, non, j'ai parlé de la cafétéria puisqu'on
18 ne pouvait même pas à l'époque entrer dans le café même, car le garçon qui
19 était de service à l'époque c'est lui qui avait les clés et qu'il avait
20 fermé à clé les deux portes du café, et donc personne ne pouvait y
21 accéder. Je n'ai jamais eu les clés de quoi que ce soit, donc je n'ai pas
22 pu entrer.
23 M. May (interprétation). - On voit sur cette photographie les
24 fenêtres de la cafétéria. Par rapport à ces fenêtres, où se trouve le
25 café ?
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1 M. Franjic (interprétation). - Si vous avez une photo montrant
2 l'autre côté de l'hôtel... parce qu'il est difficile de montrer sur cette
3 photographie-là, le café se trouve de l'autre côté du bâtiment.
4 M. May (interprétation). - Merci.
5 M. Pavkovic (interprétation). – Monsieur Franjic, vous êtes
6 sorti par l'entrée principale uniquement parce que cette entrée était la
7 seule entrée qui n'était pas fermée.
8 M. Franjic (interprétation). - C'est exact.
9 M. Pavkovic (interprétation). - Revenons au moment où vous avez
10 rencontré Vlado Santic près de l'accueil. Vous avez dit que cette
11 rencontre était brève, vous vous êtes senti mal à l'aise et vous vous êtes
12 dirigé tout de suite vers la cafétéria et vous avez emprunté le chemin
13 dont vous avez parlé tout à l'heure et vous êtes sorti.
14 C'est en quelque sorte l'essentiel de ce que vous avez dit, est-
15 ce exact ?
16 M. Franjic (interprétation). - Je ne me suis pas dirigé tout de
17 suite vers la cafétéria, je suis d'abord entré dans le restaurant et
18 ensuite dans le bureau.
19 M. Pavkovic (interprétation). - Ce que je voulais dire c'est que
20 tout cela s'est passé très rapidement.
21 M. Franjic (interprétation). - Oui.
22 M. Pavkovic (interprétation). - Lorsque vous êtes sorti de
23 l'hôtel, où se trouvait Vlado Santic ?
24 M. Franjic (interprétation). - Je ne sais pas. Lorsque je suis
25 entré dans le restaurant, Vlado est resté dans le hall. Je l'ai laissé
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1 dans le hall.
2 M. Pavkovic (interprétation). - Lorsque vous êtes sorti de
3 l'hôtel, vous longiez la façade de l'hôtel en vous cachant ?
4 M. Franjic (interprétation). - Oui.
5 M. Pavkovic (interprétation). - En supposant que Vlado Santic
6 vous a suivi immédiatement, supposons qu'il soit sorti de l'hôtel, est-ce
7 que vous auriez pu vous en rendre compte ? Est-ce que vous auriez pu le
8 voir ?
9 M. Franjic (interprétation). - Oui.
10 M. Pavkovic (interprétation). – Donc, vous auriez pu voir
11 n'importe qui d'autre, non seulement Vlado Santic ?
12 M. Franjic (interprétation). - Oui bien sûr.
13 M. Pavkovic (interprétation). - Lorsque vous sortiez de l'hôtel,
14 avez-vous remarqué quelqu'un devant l'hôtel ?
15 M. Franjic (interprétation). - J'ai vu un soldat qui s'était
16 jeté par terre et plusieurs policiers militaires, ils entraient et
17 sortaient.
18 M. Pavkovic (interprétation). - Merci. Monsieur Franjic, vous
19 nous avez dit que vous n'étiez pas membre d'une unité organisée
20 quelconque ?
21 M. Franjic (interprétation). - Avant le début du conflit, non,
22 exception faite des tours de garde que l'on faisait dans le village.
23 M. Pavkovic (interprétation). – Donc, dans cette période qui a
24 précédé le conflit, pourquoi alors avez-vous acheté, pourquoi vous êtes-
25 vous procuré cet uniforme ?
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1 M. Franjic (interprétation). - Pour des raisons de sécurité. On
2 suivait les médias, on voyait ce qui se passait et si j'avais eu
3 l'occasion, j'aurais probablement acheté quelque chose de plus lourd.
4 M. Pavkovic (interprétation). - Mais nous parlons de
5 l'uniforme ?
6 M. Franjic (interprétation). - Mais c'est parce qu'il s'agissait
7 bien d'un uniforme de camouflage, c'était pour me protéger si jamais je
8 devais me cacher. A l'époque, c'était aussi un peu la mode de porter un
9 uniforme de camouflage.
10 M. Pavkovic (interprétation). - S'agissant de cette période ou
11 de renouveau des sentiments nationaux et d'appartenance ethnique, était-ce
12 une façon de manifester son appartenance ?
13 M. Franjic (interprétation). - Bien sûr.
14 M. Pavkovic (interprétation). - Parlons maintenant de l'insigne
15 que vous portiez sur votre chemise ou votre anorak, que vous portiez le
16 15 avril 1993. Ma question est la suivante : s'agissait-il d'un insigne
17 qui montrait votre appartenance à une unité quelconque ?
18 M. Franjic (interprétation). - Non. Il s'agissait d'un insigne
19 qui me permettait de manifester mes sentiments d'appartenance ethnique. Il
20 s'agissait d'une certaine dignité et fierté.
21 M. Pavkovic (interprétation). - Est-ce qu'il s'agissait d'un
22 insigne que l'on portait uniquement sur des uniformes militaires ou bien
23 est-ce que des gens les portaient pour manifester leur appartenance même
24 sur des vêtements civils ?
25 M. Franjic (interprétation). – J'ai acheté ces symboles pour mes
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1 enfants et, en quelque sorte, par fierté, je voulais montrer mon
2 appartenance ethnique. Il s'agissait d'un insigne en métal, mais il y
3 avait des badges différents que portaient les membres des unités, de
4 certaines unités. Mais ce n'était pas mon cas.
5 M. Pavkovic (interprétation). – A la question du Procureur
6 concernant la situation qui régnait dans l'hôtel le 15 avril 1993, vous
7 avez répondu que la situation était normale, vous avez constaté que la
8 situation était normale. En disant cela, est-ce que vous pensiez en fait
9 indiquer que la situation était comme les jours qui ont précédé ?
10 M. Franjic (interprétation). - Oui c'était une journée normale,
11 il n'y avait pas d'incidents. Donc, à mes yeux, la situation était
12 normale.
13 M. Pavkovic (interprétation). – Donc, avant le 15 avril 1993, et
14 pas seulement le 15 avril, les membres de l'armée se trouvaient à l'hôtel.
15 Les membres de l'armée se trouvaient depuis longtemps, n'est-ce pas, dans
16 l'hôtel ?
17 M. Franjic (interprétation). - Oui depuis 1992.
18 M. Pavkovic (interprétation). - Vous nous avez dit que lorsque
19 vous vous êtes dirigé vers votre ancienne maison, vous portiez un
20 pistolet ?
21 M. Franjic (interprétation). - Oui.
22 M. Pavkovic (interprétation). - Pourquoi avez-vous acheté ce
23 pistolet ?
24 M. Franjic (interprétation). - Pour des raisons de sécurité
25 probablement. Ce n'est pas parce que je voulais particulièrement faire le
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1 fier.
2 M. Pavkovic (interprétation). - Mais vous sentiez-vous menacé ?
3 M. Franjic (interprétation). - J'ai raconté au représentant du
4 Procureur ce qui m'était arrivé à l'époque.
5 M. Pavkovic (interprétation). - Ne le répétons pas, vous l'avez
6 déjà dit.
7 M. Franjic (interprétation). - J'ai encore des épisodes de ce
8 type, encore plus désagréables à raconter.
9 M. Pavkovic (interprétation). - Les militaires qui se trouvaient
10 devant votre maison le 15 avril étaient à l'origine de votre décision de
11 déplacer votre famille.
12 M. Franjic (interprétation). - Je n'ai pas bien entendu la
13 question, je n'ai pas compris la question, je pensais à autre chose,
14 excusez-moi.
15 M. Pavkovic (interprétation). - Si vous avez décidé d'envoyer
16 votre famille ailleurs, est-ce que vous avez pris cette décision par peur
17 lorsque vous avez vu les militaires qui circulaient devant votre maison ?
18 M. Franjic (interprétation). - Oui, c'était la raison
19 principale. A présent, en fait quand je vous ai demandé de répéter votre
20 question, j'étais en train de me rappeler une situation qui s'est produite
21 dans ma famille, une tragédie, c'était cela la raison principale qui m'a
22 amené à mettre à l'abri ma famille, le fils qui était encore chez moi,
23 puisque l'autre avait déjà rejoint mes frères.
24 M. Pavkovic (interprétation). - Merci, Monsieur Franjic. J'ai
25 une question de plus à vous poser. Le Procureur vous a posé une question
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1 et vous avez répondu que le matin du 16 avril 1993 Vlado Santic était vêtu
2 comme d'habitude, est-ce exact ?
3 M. Franjic (interprétation). - Oui.
4 M. Pavkovic (interprétation). - Répondez-moi très brièvement,
5 s'il vous plaît. Quand vous parlez de vêtements habituels, qu'entendez-
6 vous par là ?
7 M. Franjic (interprétation). - Eh bien, du moins pour Vlado,
8 c'était tout à fait ordinaire, habituel, que de le voir vêtu ainsi, donc
9 en uniforme de camouflage, avec un pistolet, un ceinturon.
10 M. Pavkovic (interprétation). - Vous le voyiez vêtu de la même
11 manière précédemment, lorsque vous vous rendiez à l'hôtel ?
12 M. Franjic (interprétation). - Oui.
13 M. Pavkovic (interprétation). - Merci. Je n'ai plus de
14 questions, Monsieur le Président.
15 M. le Président (interprétation). - Merci, Maître Pavkovic. Nous
16 n'avons pas quant à nous de questions pour le témoin.
17 Monsieur Franjic, merci beaucoup de votre témoignage, hier et
18 aujourd'hui. Vous pouvez maintenant disposer.
19 M. Franjic (interprétation). - Merci.
20 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
21 M. le Président (interprétation). - Maître Pavkovic, alliez-vous
22 appeler M. Groenwald ?
23 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur Groenwald, d'après
24 notre accord, devrait se trouver ici et pouvoir rentrer dans le prétoire.
25 Monsieur le Président, nous en avons déjà parlé il y à quelques jours et
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1 je pense qu'il ne déposera que très brièvement.
2 Je pense que les deux autres témoins de moralité pourront être
3 entendus également aujourd'hui.
4 M. le Président (interprétation). - Merci. Oui, je suis d'accord
5 avec vous, il faudrait que ceci soit extrêmement bref.
6 M. Pavkovic (interprétation). - Oui.
7 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
8 M. le Président (interprétation). - Monsieur Groenwald, bonjour.
9 Pouvez-vous prononcer la déclaration solennelle ?
10 M. Groenwald (interprétation). - Je déclare solennellement que
11 je dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
12 M. le Président (interprétation). - Asseyez-vous.
13 Maître Pavkovic ?
14 M. Pavkovic (interprétation). - Bonjour Monsieur. Permettez-moi
15 de me présenter. Je suis Petar Pavkovic, je défends ici Vladimir Santic.
16 Je ne sais pas si vous m'entendez.
17 M. Groenwald (interprétation). - Oui.
18 M. Pavkovic (interprétation). - Pourriez-vous vous présenter à
19 présent à la Chambre ? Pourriez-vous décliner votre identité, s'il vous
20 plaît ? Pouvez-vous nous dire quel est votre âge, votre profession et où
21 vous résidez ?
22 M. Groenwald (interprétation). - Je m'appelle Wout Groenwald,
23 j'ai 40 ans, je suis directeur d'une école à Amsterdam et j'habite à
24 Jandam.
25 M. Pavkovic (interprétation). - Pouvez-vous, s'il vous plaît,
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1 répéter le nom de la localité où vous vivez, les interprètes n'ont pas pu
2 comprendre ?
3 M. Groenwald (interprétation). - J'habite à Jandam, donc cela se
4 situe à côté d'Amsterdam.
5 M. Pavkovic (interprétation). - Vous avez dit que vous étiez
6 directeur d'une école, si j'ai bien entendu ?
7 M. Groenwald (interprétation). - C'est exact.
8 M. Pavkovic (interprétation). - Vous souvenez-vous si, pendant
9 l'année scolaire 1992, 1993, vous étiez également directeur de l'école ?
10 Ou depuis combien de temps exercez-vous la fonction de directeur de
11 l'école ?
12 M. Groenwald (interprétation). - Depuis 1985.
13 M. Pavkovic (interprétation). - Merci. Rappelons-nous l'année
14 1992, puis l'année 1993. A l'époque, avez-vous fait connaissance d'une
15 famille qui était venue de Bosnie, une famille de réfugiés, de
16 Stipo Alilovic ?
17 M. Groenwald (interprétation). - Oui.
18 M. Pavkovic (interprétation). - Pouvez-vous nous dire quelles
19 sont les circonstances dans lesquelles vous les avez connus ?
20 M. Groenwald (interprétation). - Le premier membre de la famille
21 que j'ai rencontré c'était la femme ; elle est venue à l'école et elle a
22 demandé l'inscription de sa fille aînée, parce que son garçon était trop
23 jeune. Ensuite, lui aussi est venu et lui allait au jardin d'enfants parce
24 qu'il était encore tout petit, il n'avait pas encore 4 ans ; c'était en
25 décembre 1992. Il venait d'un camp de réfugiés, je crois.
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1 M. Pavkovic (interprétation). - Bien. A partir de ce moment-là,
2 vous les voyiez de temps à autre.
3 M. Groenwald (interprétation). - C'est vrai.
4 M. Pavkovic (interprétation). - Lors de ces rencontres, une
5 personne les a accompagnés afin de les aider dans leur démarche.
6 M. Groenwald (interprétation). - Oui, la mère avait une amie, je
7 ne sais pas si c'était vraiment une amie ou si c'était plutôt une voisine,
8 c'était la mère d'un élève qui avait déjà quitté notre école. J'essaie de
9 me souvenir de son nom de famille... Non.
10 M. Pavkovic (interprétation). - Si je vous disais que c'était
11 Mme Hume, est-ce que cela vous direz quelque chose ?
12 M. Groenwald (interprétation). - Non. C'est son nom de jeune
13 fille ?
14 M. le Président (interprétation). - Madame Hume.
15 M. Pavkovic (interprétation). - Et Madame Dasovic ?
16 M. Groenwald (interprétation). - Madame Dasovic, je crois que
17 c'est cela, elle avait deux filles ? Non ? Parce que généralement je
18 connais mieux les enfants que les parents. Dasovic, il me semble que c'est
19 ça. Vous avez une adresse ? Est-ce qu'elle habitait à Kolronam Straat ?
20 M. Pavkovic (interprétation). - Je n'ai pas l'adresse sur moi,
21 mais je pense que ce que vous venez de dire suffira.
22 M. Groenwald (interprétation). - Bien.
23 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur, après avoir connu la
24 mère de ces enfants, vous avez également fait la connaissance de leur
25 père ?
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1 M. Groenwald (interprétation). - Oui, je l'ai rencontré à
2 plusieurs reprises, pas très souvent cependant. C'était surtout la mère
3 qui amenait les enfants à l'école. Je crois que la première fois que j'ai
4 rencontré le père, c'était au bout déjà de quelques mois, en janvier ou en
5 février, mais généralement ce n'était pas lui qui amenait les enfants, et
6 moi je ne suis pas allé chez eux. On se rencontrait dans la rue, on disait
7 bonjour, bonsoir, parce que je connaissais son visage, mais on ne s'est
8 jamais parlé à l'époque.
9 M. Pavkovic (interprétation). - Lorsque les parents conduisaient
10 les enfants à l'école vous les voyiez, toujours ? Vous êtes le directeur,
11 donc...
12 M. Groenwald (interprétation). - Pas toujours, mais généralement
13 quand le portail s'ouvre et que les enfants entrent, moi je suis à la
14 porte et je suis là parce que parfois les parents veulent me parler,
15 parfois il y a des problèmes. Généralement c'est moi qui ouvre la porte et
16 les enfants entrent ; et les enfants plus jeunes ce sont les parents qui
17 les amènent à l'école.
18 M. Pavkovic (interprétation). - Est-ce que plusieurs enseignants
19 travaillent dans votre école ?
20 M. Groenwald (interprétation). - Oui, je peux le dire.
21 M. Pavkovic (interprétation). - Je ne sais pas si j'arriverai à
22 prononcer correctement. Madame Kolk, est-elle également enseignante dans
23 votre école ?
24 M. Groenwald (interprétation). - Oui.
25 M. Pavkovic (interprétation). - Elle travaille toujours dans
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1 votre école ?
2 M. Groenwald (interprétation). - Oui et elle était
3 l'institutrice de Petar, le plus jeune des enfants, mais ça c'était en
4 août 1993, à partir d'août 1993, parce qu'avant il était trop jeune pour
5 aller à l'école. C'est peut-être même plus tard qu'elle a commencé à être
6 son institutrice parce que je crois que Petar avait son anniversaire en
7 novembre.
8 M. Pavkovic (interprétation). - S'il vous plaît, s'agissant
9 d'enfants aussi jeunes, aussi petits... Non, je retire ma question.
10 Vous avez dit que vous ne vous êtes pas rendu à leur domicile,
11 au domicile de la famille Alilovic. Mais, d'après le règlement de l'école
12 ou d'après ce qui est habituel à l'école, l'enseignante se rendait-elle au
13 domicile des enfants pour voir dans quelle condition ces enfants
14 vivaient ? Pouvez-vous m'en dire un peu plus, s'il vous plaît ?
15 M. Groenwald (interprétation). - Oui, c'est exact. Généralement
16 on va une fois tous les deux ans chez les enfants, pas chaque année mais
17 une fois tous les deux ans.
18 M. Pavkovic (interprétation). - Les enseignants doivent-ils
19 rédiger un rapport au sujet de leur visite, un rapport qui vous est
20 adressé ?
21 M. Groenwald (interprétation). - Uniquement s'il y a des choses
22 que je suis censé savoir, des choses particulières, importantes. Mais
23 généralement non, ce n'est pas le cas, je ne reçois pas de rapport.
24 M. Pavkovic (interprétation). - Aux Pays-Bas, y a-t-il une
25 réglementation vous demandant de conserver les documents pendant un
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1 certain temps ?
2 M. Groenwald (interprétation). - Oui, je dois garder la plupart
3 des documents pendant je crois 5 ans.
4 M. Pavkovic (interprétation). - Autrement dit, si nous voulions
5 savoir des choses portant sur cette époque-là nous ne pourrions pas nous
6 procurer certains de ces documents, même s'ils étaient importants.
7 M. Groenwald (interprétation). - Non, en effet. Moi-même, j'ai
8 essayé de rechercher des documents de l'époque, mais depuis 1993, 1994,
9 nous avons installé un système informatique. Sur la période depuis cette
10 date j'ai un certain nombre de dossiers qu'il me reste, mais il y en a
11 d'autres qui ne sont plus là ; donc tout ce que j'ai pu trouver c'est un
12 formulaire d'inscription pour la petite fille mais pas pour son garçon.
13 Il faut savoir que notre école a fusionné en 1995 avec une autre
14 école. L'administration a été complètement bouleversée, transformée, et
15 donc je n'ai pas pu trouver de documents relatifs à cette époque pour la
16 famille.
17 M. Pavkovic (interprétation). - Pourriez-vous nous dire quel
18 était l'aspect physique de Stipo Alilovic, pouvez-vous nous le décrire,
19 s'il vous plaît ?
20 M. Groenwald (interprétation). - Il était grand, il avait les
21 cheveux gris. Mais pendant les dernières années il a beaucoup changé parce
22 que, comme vous le savez, il est mort d'un cancer. Donc il a beaucoup
23 changé, son visage s'est émacié.
24 M. May (interprétation). - Emacié.
25 M. Groenwald (interprétation). - J'essayerai de m'en souvenir.
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1 Il avait des yeux très sombres, très impressionnants. Si vous avez des
2 photos, je peux le reconnaître. C'est difficile de décrire quelqu'un.
3 M. Pavkovic (interprétation). - Il avait une barbe ?
4 M. Groenwald (interprétation). - Oui.
5 M. Pavkovic (interprétation). - A l'époque où vous le
6 connaissiez et jusqu'à son décès, est-ce que pendant la totalité de cette
7 période il portait une barbe ?
8 M. Groenwald (interprétation). - Pas au début je crois, mais
9 ensuite il avait une barbe assez courte.
10 M. Pavkovic (interprétation). - Vous dites que Stipo est décédé.
11 Vous rappelez-vous l'année de son décès ?
12 M. Groenwald (interprétation). - Je crois que c'était en mars,
13 avril 1995 parce que Ema était encore à l'école et elle était partie en
14 août 1995. Ce doit être à peu près vers cette date-là, je ne me souviens
15 pas exactement.
16 M. Pavkovic (interprétation). - Avant sa mort, vous avez dit
17 qu'il était atteint d'un cancer. Vous rappelez-vous si en 1992, 1993,
18 d'après-vous il était déjà exténué par cette maladie ? Vous avez dit qu'à
19 l'époque il avait un visage émacié, et cela révélait que la personne était
20 malade, en mauvaise condition physique, je ne sais pas. Si vous vous en
21 savez quelque chose dites-le moi, s'il vous plaît ?
22 M. Groenwald (interprétation). - Je crois qu'en 1992, 1993,
23 d'abord cela n'a jamais été un homme extrêmement corpulent, mais en 1992,
24 1993 il n'était pas aussi émacié qu'en 1994 et 1995 parce qu'à ce moment-
25 là il s'est beaucoup amaigri.
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1 M. Pavkovic (interprétation). - Stipo consommait-il de
2 l'alcool ? Le savez-vous ?
3 M. Groenwald (interprétation). - S'il buvait ? Je ne sais pas,
4 mais il fumait beaucoup en tout cas.
5 M. Pavkovic (interprétation). - Vous ne savez pas. Très bien,
6 merci.
7 Monsieur le Président, j'en aurais terminé très rapidement mais
8 je voudrais que l'on remette au témoin une photographie, la photographie
9 cotée C10. Je voudrais que le témoin identifie la personne, qu'il nous
10 dise si c'est bien la personne dont nous parlons aujourd'hui.
11 Monsieur le Témoin, pouvez-vous nous dire ce que vous voyez sur
12 cette photographie ? C'est bien la personne dont vous avez parlé
13 aujourd'hui, Stipo Alilovic ?
14 M. Groenwald (interprétation). - Oui, je pense.
15 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le
16 Témoin. Je n'ai pas d'autres questions pour vous pour le moment. Je vous
17 remercie, Monsieur le Président.
18 M. le Président. - Merci.
19 Maître Terrier ?
20 M. Terrier. - Bonjour, Monsieur le témoin. Mon nom est
21 Franck Terrier, je représente l'accusation dans ce procès. Je vais vous
22 poser quelques très brèves questions.
23 Ce qui nous préoccupe à cet instant du procès c'est la question
24 suivante : est-ce qu’il est possible d'établir de manière certaine, sans
25 aucun risque d'erreur, que Stipo Alilovic ne s'est pas absenté d'Amsterdam
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1 le 15 ou le 16 et le 17 avril 1993 ? La question est très précise. Est-ce
2 que vous pouvez nous aider à la résoudre ou pas ?
3 M. Groenwald (interprétation). - Non, je ne peux pas.
4 M. Terrier. - Merci, Monsieur le Président. Je n'ai pas d'autres
5 questions.
6 M. le Président (interprétation). - Merci.
7 Maître Pavkovic ?
8 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous remercie, je n'ai pas
9 d'autres questions moi non plus.
10 M. le Président (interprétation). - Nous n'avons pas de
11 questions pour le témoin. Monsieur Groenwald, merci beaucoup de votre
12 déposition vous pouvez maintenant disposer.
13 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
14 Je propose que nous fassions la pause maintenant pendant
15 30 minutes.
16 La séance, suspendue à 10 heures 25, est reprise à 11 heures
17 M. le Président (interprétation). - Bonjour. Veuillez vous lever
18 et prononcer la déclaration solennelle s'il vous plaît.
19 M. Kocaj (interprétation). - Je déclare solennellement que je
20 dirai la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité.
21 M. le Président (interprétation). - Merci.
22 Maître Pavkovic, puisqu'il s'agit de deux témoins de moralité,
23 j'imagine que les témoignages pourront être assez brefs.
24 M. Pavkovic (interprétation). – Merci, Monsieur le Président. Le
25 témoignage de ce témoin sera très bref, mais la déposition du deuxième
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1 sera un peu plus longue. Mais nous essaierons d'accélérer.
2 Monsieur, veuillez vous présenter et nous donner quelques
3 informations sur vous-même.
4 M. Kocaj (interprétation). - Je m'appelle Zeljko Kocaj. Je suis
5 né le 7 novembre 1958 à Sarajevo, mais j'habite à Vitez depuis ma
6 naissance jusqu'à ce jour. C'est à Vitez que j'ai fait mes études
7 primaires et secondaires. J'ai fait des études universitaires d'économie à
8 Zagreb. Je suis donc diplômé de l'université de Zagreb. Ensuite, je suis
9 rentré à Vitez. Je travaille dans une entreprise. J'y ai travaillé
10 jusqu'en 1991 et après la guerre en Bosnie centrale, j'ai été nommé
11 directeur de la bibliothèque municipale de Vitez. J'écris pour le journal
12 Vecenilist. Je suis le correspondant de ce journal.
13 Un de mes centres d'intérêt est la littérature. J'ai publié
14 trois livres jusqu'à présent. Mon deuxième livre traite le sujet de la
15 guerre en Bosnie centrale.
16 M. Pavkovic (interprétation). - Merci, Monsieur Kocaj. Cela
17 suffit, du moins en ce qui concerne les faits vous concernant.
18 Donc, vous habitez à Vitez. Quand avez-vous rencontré, fait la
19 connaissance de Vlado Santic ?
20 M. Kocaj (interprétation). - J'ai fait la connaissance de
21 Vlado Santic en 1970. J'avais 12 ans à l'époque.
22 M. Pavkovic (interprétation). - Où l'avez-vous rencontré ?
23 M. Kocaj (interprétation). - Dans notre quartier. Lorsqu'il a
24 déménagé, il est venu habiter dans l'immeuble à côté du mien. Donc depuis
25 son arrivée, on est devenu ami.
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1 M. Pavkovic (interprétation). - Donc vous étiez amis depuis
2 l'enfance ?
3 M. Kocaj (interprétation). - Oui, dès son arrivée. D'une manière
4 spontanée, on a commencé à se fréquenter l'un l'autre et c'est comme cela
5 que l'amitié est née.
6 M. Pavkovic (interprétation). – Donc, vous aviez des intérêts
7 communs, qui ont contribué à la construction de cette amitié ?
8 M. Kocaj (interprétation). - On était proche dès le début et on
9 faisait du sport ensemble, des randonnées, on escaladait les montagnes et
10 on faisait d'autres activités ensemble.
11 M. Pavkovic (interprétation). – Quels étaient les intérêts
12 particuliers de Vlado Santic à l'époque ?
13 M. Kocaj (interprétation). - C'était un petit garçon comme nous
14 tous à l'époque dans cette période d'enfance, d'adolescence, mais il me
15 semble que déjà il savait ce qu'il voulait faire dans la vie, il était
16 plus mature, il avait plus de maturité que moi par exemple. C'est l'une de
17 ses caractéristiques.
18 M. Pavkovic (interprétation). - Quelle était son attitude envers
19 les autres camarades ?
20 M. Kocaj (interprétation). - Il était toujours très correct. En
21 ce qui me concerne, il était toujours en quelque sorte mon protecteur. Il
22 était un peu plus mâture et c'était en quelque sorte naturel qu'il nous
23 protège.
24 M. Pavkovic (interprétation). - Donc à cet âge-là, on se
25 querelle, on se bagarre de temps en temps, on se dispute. Est-ce que Vlado
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1 était agressif à cet âge-là ?
2 M. Kocaj (interprétation). - Moi personnellement, je ne me
3 bagarrais jamais, cela ne fait pas partie de ma nature et je ne me
4 souviens pas avoir vu Vlado se battre avec quelqu'un, mais je sais qu'il
5 l'aurait fait pour moi.
6 M. Pavkovic (interprétation). – Donc, il était un peu plus
7 sérieux à cet âge, il savait ce qu'il voulait. Quel était le métier qu'il
8 avait choisi à l'époque ?
9 M. Kocaj (interprétation). - Après avoir terminé l'école
10 primaire, il est parti à Sarajevo pour s'inscrire à l'école de police et
11 c'est le métier qu'il a choisi.
12 M. Pavkovic (interprétation). – Donc, à cette époque-là, vous
13 vous êtes séparés ?
14 M. Kocaj (interprétation). - Je ne peux pas le dire parce qu'on
15 passait les week-ends ensemble. Il était à l'école à Sarajevo, mais le
16 week-end, il rentrait à Vitez, ainsi que pour les vacances d'hiver et
17 d'été, et nous avons continué à nous fréquenter. Pendant cette période de
18 l'école secondaire, on allait souvent dans la montagne à Zabrdj en
19 particulier. Il y avait une grotte qui s'appelle Ilidza, près de Kruscica,
20 on y allait, on l'explorait.
21 Pendant 3 ou 4 années, on l'a fait pratiquement tous les week-
22 ends, on se rendait à cette grotte.
23 M. Pavkovic (interprétation). - Lorsqu'il rentrait de Sarajevo à
24 Vitez, vous vous souvenez de cette période ?
25 M. Kocaj (interprétation). - Il est rentré au bout de 3 ans et
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1 il a tout de suite été employé au poste de police. Moi, j'étais encore à
2 l'école. On se voyait souvent, mais il me semble que déjà à l'époque, il a
3 commencé à fréquenter la dame qui allait devenir son épouse. Il s'est
4 marié très jeune, et donc sa vie a changé, elle était différente de la vie
5 que nous menions. Il était sérieux, il voulait avoir une vie de famille et
6 faire une carrière professionnelle. Tout cela me semblait naturel
7 puisqu'il était sérieux de nature.
8 M. Pavkovic (interprétation). – Donc, vous étiez amis, vous vous
9 fréquentiez lorsqu'il travaillait pour la police. Professionnellement,
10 pouvez-vous dresser son portrait ?
11 M. Kocaj (interprétation). - Je sais qu'il voulait construire
12 une carrière, avoir du succès en tant que policier. Il a fait des études
13 complémentaires et je sais qu'il était un bon professionnel. Il a occupé
14 plusieurs postes. Au début, il n'était que policier et par la suite, il a
15 été promu, je crois qu'à la fin il était chef de la police judiciaire.
16 En 1977, moi je me suis rendu à Zagreb et c'est depuis cette
17 époque-là que l'on se voyait de plus en plus rarement parce que, moi, je
18 ne rentrai pas fréquemment à Vitez jusqu'en 1983.
19 M. Pavkovic (interprétation). - Donc Vlado s'est marié.
20 Connaissiez-vous son épouse ?
21 M. Kocaj (interprétation). - Je la connais assez bien. Sa soeur
22 est ma voisine. Je connais toute la famille. Je sais qu'il s'agit d'une
23 femme sérieuse. C'est un bon mariage. Vlado Santic est même aujourd'hui
24 amoureux de son épouse, ce sont des âmes-soeurs. Il me semble que c'était
25 pour lui la chose essentielle dans la vie, exception faite de sa carrière.
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1 M. Pavkovic (interprétation). - Vous fréquentiez-vous, vous
2 rendiez-vous l'un chez l'autre à cette époque ?
3 M. Kocaj (interprétation). - Un peu plus rarement. Moi, je ne
4 suis pas marié, je mène une vie différente. A l'époque, je commençais donc
5 à travailler dans l'entreprise Slobodan Princip Seljo dans le secteur
6 commercial et on se voyait de temps en temps. Vlado avait ses obligations
7 à lui, donc notre amitié avait quelque peu changé de nature, on ne se
8 fréquentait pas si souvent que cela.
9 M. Pavkovic (interprétation). - Vlado Santic a-t-il des
10 enfants ?
11 M. Kocaj (interprétation). - Il a deux fils. Ce sont deux jeunes
12 gens, Sacha et Simica, très gentils. Je pense qu'il s'agit là d'une
13 famille de Vitez tout à fait ordinaire, aucun scandale ne peut être lié à
14 cette famille.
15 M. Pavkovic (interprétation). - Vous nous avez dit que vous
16 n'êtes pas marié, que vous n'étiez pas marié à l'époque. En tant que
17 célibataire, avez-vous pu apprécier l'attitude qu'avait Vlado envers son
18 épouse et ses enfants ?
19 M. Kocaj (interprétation). - C'était un bon père. Il avait une
20 autorité paternelle. Ses enfants étaient scolarisés, son fils aîné était
21 plus fantasque, il avait des penchants artistiques. Le petit avait des
22 activités plus propices pour son âge.
23 M. Pavkovic (interprétation). - Revenons à la période des
24 premières élections. Donc à l'époque où les sentiments nationaux se
25 manifestent un peu plus intensément, Vlado Santic faisait-il partie de ces
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1 personnes qui ont acquis à cette période une certaine conscience
2 d'appartenance nationale ethnique ?
3 M. Kocaj (interprétation). - Pour ce qui est de tous les
4 bouleversements liés aux appartenances ethniques à l'époque, je ne me
5 souviens pas avoir vu le nom de Vladimir Santic où que ce soit. Il
6 travaillait normalement et il n'a jamais été qualifié de nationaliste, à
7 ma connaissance. Je me posais la question s'il allait rejoindre le HDZ ou
8 s'il allait rester au sein de SDP, ce qui n'est absolument pas
9 contestable, c'est le fait qu'il a poursuivi son travail de manière
10 correcte. La composition de la police était multi-ethnique à l'époque.
11 M. Pavkovic (interprétation). - Ces sentiments nationalistes
12 quelquefois dépassent les bornes et on devient de moins en moins tolérant
13 vis-à-vis d'autres ethnies. Est-ce que Vlado Santic exprimait des
14 sentiments intolérants envers les autres communautés ?
15 M. Kocaj (interprétation). - Dans les années 90, on se voyait de
16 temps en temps. Je n'ai jamais ressenti un quelconque changement dans
17 l'attitude de Vlado Santic. Même lorsque nous faisions des commentaires,
18 nous discutions de politique, il n'a pas changé d'opinions, de points de
19 vue. Je pense qu'il faisait son travail du mieux et c'est ce qu'il a fait
20 depuis qu'il avait terminé ses études. C'est ce dont je me souviens
21 s'agissant de cette période.
22 M. Pavkovic (interprétation). - Si on parle de l'année
23 1991/1992, de la situation, du climat économique et politique qui régnait
24 à l'époque pour ce qui est aussi des organes politiques au niveau
25 municipal, pouvez-vous un peu nous décrire la situation à l'époque ?
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1 M. Kocaj (interprétation). - A partir de l'année 1991, la
2 situation commençait à changer. Tout d'abord, ce sont les conséquences de
3 la guerre qui sévissaient en Croatie, et par la suite des malentendus et
4 des tensions qui ont vu le jour en Bosnie. Petit à petit, les divergences
5 entre différentes communautés sont de plus en plus apparentes. Pour ce qui
6 est des accords entre les hommes politiques, ils sont de moins en moins
7 réalisés à l'époque.
8 Pour ce qui est de Vlado Santic, je ne me souviens pas l'avoir
9 vu ni entendu exprimer des positions nationalistes. Je pense qu'il a juste
10 continué à travailler normalement, conformément aux règles. Je sais que
11 tout le monde à Vitez le connaît comme quelqu'un de correct, qui est
12 professionnel. Même les autres, ceux qui appartenaient à d'autres
13 communautés le fréquentaient, je le voyais souvent avec eux. Je pense
14 qu'il ne s'agit pas du tout d'un personnage négatif dans les conditions
15 qui régnaient à l'époque et il ne s'intéressait pas trop à la politique.
16 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous remercie. Donc, vous
17 nous avez dit qu'à l'époque, il travaillait à la police, dans le service
18 judiciaire. Dans l'économie de l'époque, il y a eu plusieurs événements
19 qui n'étaient pas conformes aux règles.
20 M. Kocaj (interprétation). - C'est exact, oui.
21 M. Pavkovic (interprétation). - Des témoins qui ont comparu
22 devant ce Tribunal ont dit que Vlado Santic enquêtait uniquement lorsqu'il
23 s'agissait de crimes commis contre des Croates, alors qu'il ne faisait
24 rien lorsqu'il s'agissait de crimes qui avaient été perpétrés contre les
25 autres, les Musulmans notamment. Donc il s'agit de plusieurs allégations
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1 qu'on a entendues ici dans ce Tribunal, mais est-ce exact d'après vous ?
2 M. Kocaj (interprétation). - Je ne dispose absolument pas
3 d'informations qui pourraient confirmer que Vlado se conduisait de cette
4 façon-là. Les mécanismes de fonctionnement de la police sont clairs, même
5 lorsqu'on parle de l'époque, il me semble, je pense que ce n'est pas
6 exact.
7 M. Pavkovic (interprétation). - La situation devenait de plus en
8 plus complexe, les conflits ont éclaté entre les Musulmans et les Croates,
9 des incidents. Puisque vous avez dit déjà que Vlado faisait partie de la
10 police, pouvez-vous conclure, pouvez-vous dire que Vlado a changé
11 d'attitude envers les autres communautés, en particulier les Musulmans ?
12 M. Kocaj (interprétation). - On se voyait rarement à l'époque.
13 Moi, je m'occupais plutôt de ma famille. Je travaillais pour l'association
14 Caritas, par la suite pour la télévision, mais je ne vois absolument
15 aucune raison pour laquelle Vlado Santic aurait dû être accusé ici dans ce
16 Tribunal.
17 M. Pavkovic (interprétation). – Donc, la guerre est finie et on
18 parle malheureusement beaucoup, même aujourd'hui, de la guerre. Donc vous
19 n'avez pas entendu parler de Vlado Santic en tant que personne impliquée
20 dans ce conflit ?
21 M. Kocaj (interprétation). - On commence à n'en parler qu'au
22 sujet de l'acte d'accusation qu'on a vu tout d'abord dans les journaux, et
23 après, l'acte d'accusation public a été dressé. J'ai appris donc à cette
24 époque que le nom de Vlado Santic était lié à un événement particulier.
25 Avant cela, je n'en avais jamais entendu parler, son nom n'a jamais été
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1 lié à un crime de guerre.
2 M. Pavkovic (interprétation). - Merci.
3 Ma dernière question sera la suivante. Vitez et ses environs
4 représentent un territoire restreint, donc tout le monde se connaît et on
5 sait tout les uns sur les autres. Donc, dans une ville pareille, et compte
6 tenu de votre poste, si jamais on avait parlé de Vlado Santic dans un
7 contexte quelconque, vous l'auriez appris ?
8 M. Kocaj (interprétation). - Il serait très difficile,
9 pratiquement impossible de ne pas entendre d'une source quelconque dire
10 que Vlado Santic a participé effectivement à un événement. Moi, je n'ai
11 absolument rien appris de négatif à son sujet avant que l'acte
12 d'accusation ait été publié. J'ai été très surpris de voir les noms des
13 personnes qui ont été accusées en 1997.
14 M. Pavkovic (interprétation). – Monsieur Kocaj, pouvez-vous nous
15 montrer la personne dont il a été question aujourd'hui ?
16 M. Kocaj (interprétation). - Vladimir Santic est assis à gauche,
17 au dernier rang.
18 M. Pavkovic (interprétation). - Donc nous pouvons constater que
19 le témoin a reconnu Vlado Santic dans le prétoire.
20 Merci Monsieur Kocaj, je n'ai plus de questions à vous poser.
21 Monsieur le Président, Me Radovic souhaiterait poser une
22 question au témoin.
23 M. le Président (interprétation). – Maître Radovic ?
24 M. Radovic (interprétation). - Je vous ai entendu parler d'un
25 livre que vous avez publié au sujet de la guerre en Bosnie centrale.
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1 M. Kocaj (interprétation). - Oui.
2 M. Radovic (interprétation). - Ce livre est-il écrit et
3 imprimé ?
4 M. Kocaj (interprétation). - Oui, le livre est paru en 1996.
5 M. Radovic (interprétation). - Je vais vous poser des questions
6 concernant des détails. Quel est le titre de ce livre ? Peut-on l'acheter
7 à Vitez uniquement ou à Zagreb aussi ?
8 M. Kocaj (interprétation). - Il me semble que -puisque l'éditeur
9 est Tolimir de Varesdin- on pourrait le trouver à Zagreb. Il s'agit du
10 "Cygne blessé".
11 M. Radovic (interprétation). - Avez-vous exposé dans ce livre
12 vos opinions personnelles concernant les événements de la Lasva, qui ont
13 eu lieu dans la vallée de la Lasva, ou bien ce livre est-il basé sur vos
14 enquêtes personnelles ?
15 M. Kocaj (interprétation). - Je me suis concentré sur la
16 chronologie des événements dans la vallée de la Lasva. Il s'agissait du
17 fil conducteur et j'ai écrit huit ou neuf nouvelles ayant trait en fait à
18 mon impression personnelle sur tout ce qui s'est passé dans la vallée de
19 la Lasva, ce qui est arrivé aux Croates. Il s'agit d'une tragédie des
20 Croates. Donc, c'est mon point de vue personnel sur une période d'un an,
21 un an et demi.
22 M. Radovic (interprétation). – Donc, il s'agit de votre point de
23 vue personnel, subjectif ?
24 M. Kocaj (interprétation). - Oui.
25 M. Radovic (interprétation). - Y mentionne-t-on certaines
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1 personnes et leur rôle dans ces événements ?
2 M. Kocaj (interprétation). - Oui. Mais j'ai mentionné des
3 personnes de manière littéraire, en ne mentionnant pas vraiment leur nom
4 et prénom.
5 M. Radovic (interprétation). - Y avez-vous décrit les actions de
6 certaines personnes immédiatement avant la guerre et pendant la guerre ?
7 M. Kocaj (interprétation). - Oui.
8 M. Radovic (interprétation). - Quelles sont les personnes que
9 vous avez décrites dans votre livre ?
10 M. Kocaj (interprétation). - Un de mes héros dans l'une des
11 nouvelles est Darko Kraljevic, feu Darko Kraljevic par exemple.
12 M. Radovic (interprétation). - Mais en fait, vous ne vous basez
13 pas sur les faits historiques, c'est plutôt littéraire, ou bien s'agit-il
14 quand même de faits ?
15 M. Kocaj (interprétation). - Les événements réels m'ont servi de
16 base, mais je les ai traités de manière littéraire.
17 M. Radovic (interprétation). - Pour ce qui est des faits, vous
18 êtes-vous basé sur les documents ou sur les témoignages ?
19 M. Kocaj (interprétation). - C'est d'après la chronologie des
20 événements dont on disposait à la télévision où je travaillais à l'époque.
21 M. Radovic (interprétation). - Donc vos sources étaient les
22 documents qui étaient disponibles à la télévision.
23 M. Kocaj (interprétation). - Oui, ainsi que ce que j'ai vécu
24 personnellement.
25 M. Radovic (interprétation). - Vous travailliez où ? De quelle
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1 télévision il s'agit ?
2 M. Kocaj (interprétation). - C'est la télé locale de Vitez.
3 M. Radovic (interprétation). - Est-ce qu'on pourrait établir la
4 vérité d'après certaines parties de votre livre ?
5 M. Kocaj (interprétation). - Je pense que oui.
6 M. Radovic (interprétation). - Je vous remercie, je n'ai plus de
7 questions.
8 M. le Président (interprétation). - Merci.
9 Maître Terrier ?
10 M. Terrier. - Mon nom est Franck Terrier. Je suis l'un des
11 représentants de l'accusation. Je vais vous poser quelques questions. Je
12 ne pense pas devoir être très long. Pour continuer les questions de
13 Me Radovic au sujet du livre que vous avez écrit sur les événements de la
14 vallée de la Lasva, je voudrais savoir si vous aviez consacré un texte,
15 une nouvelle ou un chapitre à ce qui s'est passé à Ahmici le
16 16 avril 1993.
17 M. Kocaj (interprétation). - Oui. Dans une nouvelle, au début de
18 celle-ci, j'ai mentionné un événement, ainsi qu'un entretien avec un ami
19 où il est question de ce qui s'est passé à Ahmici. Lui et moi-même, je
20 crois, en fait c'est ce que j'ai éprouvé à Vitez, nous l'avons vécu comme
21 un épisode tragique, comme quelque chose qui nous a marqué de manière tout
22 à fait négative.
23 M. Terrier. - Est-ce que vous pouvez préciser votre pensée ?
24 Quelle impression votre lecteur peut-il avoir de cet épisode tragique ?
25 Qu'est-ce qui s'est passé à Ahmici ?
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1 M. Kocaj (interprétation). - Eh bien, l'idée, je pense, est
2 exprimée de manière tout à fait claire. Je veux dire notre pensée est
3 exprimée de manière claire. Il y est question de nos gars et il est dit
4 qu'un crime a été perpétré... Enfin, je vais vous décrire un petit peu ce
5 qui est dit, quelque chose qui pèse sur nos âmes comme du plomb et qui ne
6 peut pas être effacé comme un tatouage. Voilà, c'est à peu près ce qui est
7 dit.
8 M. Terrier. - Et cette conception que vous avez d'Ahmici, elle
9 vient de vos constatations personnelles ou de conversations que vous avez
10 eues avec différentes personnes ?
11 M. Kocaj (interprétation). - Avant tout, après avoir appris ce
12 qui s'est passé à Ahmici et après des entretiens que j'ai eus avec des
13 gens ordinaires de Vitez, je peux dire que c'est ce qu'on a ressenti comme
14 une honte que les Croates ont durement éprouvé. Pour ces raisons là ou
15 pour d'autres raisons, je dois dire qu'Ahmici reste un sujet tabou pour
16 nous et on en a peu parlé, probablement à cause de ce sentiment de honte
17 au sujet du crime qui a été commis.
18 M. Terrier. - S'agissant d'un crime, est-ce que vous avez une
19 idée des auteurs de ce crime ? Je ne parle pas de personnes, je ne vous
20 demande pas de noms de personnes individuelles, mais d'unités
21 responsables, du processus de décision et éventuellement de
22 responsabilités politiques, militaires.
23 M. le Président (interprétation). - Maître Pavkovic ?
24 M. Pavkovic (interprétation). - Veuillez m'excuser, Monsieur le
25 Président, mais il me semble que nous rentrons dans un détail portant sur
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1 les faits, en fait sur les événements qui s'y sont produits, du moins
2 c'est mon impression. Si le témoin commençait à répondre à cette question,
3 tel serait le cas.
4 Cette semaine, pour autant que je m'en souvienne, mon collègue
5 Susak a également tenté d'interroger un témoin de moralité au sujet des
6 faits et, à ce moment-là, M. le Procureur est intervenu. Il me semble que
7 ces deux situations sont comparables. Par conséquent, je demanderai à ce
8 qu'on rappelle à M. le Procureur de se focaliser sur ce pourquoi ce témoin
9 est venu déposer.
10 M. Terrier. - Il me semble, Monsieur le Président, que le témoin
11 a parlé d'un livre qu'il a écrit sur les événements de la guerre. Il me
12 paraissait pertinent et peut-être utile même de demander à ce témoin ce
13 que ce livre renferme tout en gardant à l'esprit qu'il s'agit d'une oeuvre
14 littéraire et que le témoin n'est pas témoin du crime, bien entendu.
15 M. le Président. - Oui, je suis d'accord avec vous, vous pouvez
16 continuer.
17 M. Terrier. - Dois-je répéter ma question, Monsieur le Témoin ?
18 Je vous demandai si vous aviez, en tant qu'auteur de ce livre, une opinion
19 sur le processus de décision qui a conduit à ce crime et sur les
20 institutions mises en cause, les unités mises en cause ?
21 M. Kocaj (interprétation). - Tout d'abord, permettez-moi de
22 répondre à la seconde moitié de la question. Je ne sais pas qui a commis
23 ce crime, même si nous tous, et notamment aujourd'hui, avons pris
24 conscience du fait que ce sont les Croates qui ont fait cela. Je ne sais
25 pas à quelle unité ils appartenaient, mais c'est la raison pour laquelle
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1 moi-même, personnellement, ainsi que mes concitoyens l'avons éprouvé comme
2 quelque chose de très difficile. Voilà, ce serait la première partie de la
3 réponse.
4 Deuxième partie, concernant la filière de commandement, là je ne
5 peux rien vous dire avec certitude. On ne peut que spéculer sur tout
6 l'enchaînement des événements qui ont précédés cela, qui ont amenés cet
7 événement d'Ahmici. Mais si on se lançait là-dedans, on rentrerait dans le
8 domaine de la sociopsychologie ou... Enfin, pour ne pas rentrer dans la
9 généalogie des conflits en Bosnie à partir du mois d'octobre 92 en passant
10 par Dusina en janvier 1993, et ainsi de suite. Donc j'ai un peu peur de
11 cela. Je ne sais pas si cela vaut la peine que je me lance dans ce genre
12 de réponse.
13 M. Terrier. – Non, Monsieur le Témoin, assurément non, car
14 j'espérais une réponse plus simple, s'agissant d'un crime, il peut
15 susciter une enquête et c'est sur ce point-là que je vous posais la
16 question.
17 Justement, votre ami Vlado Santic étant membre de la communauté
18 croate, officier du HVO et policier. Est-ce que ce crime n'a jamais
19 suscité chez lui une réaction dont il vous aurait fait part ?
20 M. Kocaj (interprétation). - Je peux vous répondre de la manière
21 suivante à la question que vous venez de me poser :
22 Durant la guerre, je pense que je n'ai jamais rencontré Vlado
23 Santic sauf en 1994. En fait, en 1995, lors d'une rencontre qui s'est
24 produite par hasard, nous avons eu l'occasion de nous entretenir un peu
25 plus longuement. A ce moment-là, nous avons mentionné ce crime et pour
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1 autant que je m'en souvienne, Vlado Santic a montré une réflexion assez
2 proche de la mienne et de ce à quoi je m'attendais de sa part, à savoir
3 qu'il a dit qu'un crime avait été commis à Ahmici et que quelqu'un devait
4 répondre de cela. Et c'est ce que je pense encore aujourd'hui. Je ne vois
5 pas ce que je peux vous dire d'autre, à moins que vous reformuliez votre
6 question.
7 M. Terrier. – Est-ce que vous pouvez préciser pendant quelle
8 période vous n'avez pas rencontré votre ami Vlado Santic ?
9 M. Kocaj (interprétation). - Je ne l'ai pas vu en 1993, ni
10 pendant la première moitié de 1994.
11 M. Terrier. – Au début de 1993, jusqu'en avril, quelles étaient
12 vos activités ?
13 M. Kocaj (interprétation). - En 1993, j'étais déjà à la
14 télévision de Vitez et donc je travaillais comme journaliste.
15 M. Terrier. – Quel était votre domaine d'activité en qualité de
16 journaliste. Vous travailliez sur quoi ?
17 M. Kocaj (interprétation). - J'avais une émission. Elle
18 s'appelait "le chargement fluide". Il y avait un petit peu de politique,
19 un petit peu de divertissement, des informations sur des événements au
20 sens un peu plus large sur ce qui se produisait en Bosnie-Herzégovine. En
21 plus, je faisais tout ce qui m'appartenait en ma qualité de journaliste.
22 Je faisais le bulletin d'informations locales, des émissions du genre "les
23 souhaits des auditeurs", etc..
24 M. Terrier. – Est-ce que vous étiez affilié à un parti
25 politique ?
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1 M. Kocaj (interprétation). - Non.
2 M. Terrier. – Est-ce que dans le cadre des institutions
3 représentant la communauté croate, vous avez à un moment ou l'autre pris
4 des responsabilités ?
5 M. Kocaj (interprétation). - Durant la guerre, si je m'en
6 souviens bien, on était en 1993 lorsque le directeur Slavko Pavlovic de la
7 télévision est parti, j'ai accepté son poste.
8 M. Terrier. – Je vais demander à M. l'huissier de vous soumettre
9 un document. Ce n'est pas, Monsieur le Président, une pièce à conviction.
10 Je n'entends pas demander au Tribunal de la retenir. C'est juste que je
11 souhaiterais avoir une explication de la part du témoin. Je n'ai
12 malheureusement que deux copies. Je demanderai à M. l'huissier de remettre
13 -je n'ai qu'une seule copie, j'en suis désolé- celle-ci sur le
14 rétroprojecteur.
15 (L'huissier s'exécute.)
16 Monsieur le Témoin, je vous demande simplement de regarder en
17 bas et à gauche de ce document et de nous indiquer si c'est bien votre nom
18 qui y figure, et votre signature en bas à gauche ?
19 M. Kocaj (interprétation). - (Hors micro.)
20 M. Terrier. – Monsieur le Témoin, peut-être pourriez-vous
21 regarder directement le document car cela n'apparaît pas sur l'écran de la
22 télévision.
23 M. Kocaj (interprétation). - Oui, c'est mon nom, oui, là en bas.
24 M. Terrier. – Et votre signature ?
25 M. Kocaj (interprétation). - Oui.
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1 M. Terrier. – Est-ce que vous pouvez nous expliquer de quoi il
2 s'agit, qu'est-ce que c'est que ce document ?
3 M. Kocaj (interprétation). - Dans ce document, en fait, à
4 l'époque, j'étais volontaire dans l'association des "patrons de Vitez".
5 Cette association a été constituée, je crois, en octobre 1993. Je suis
6 toujours secrétaire de l'association des "patrons de Vitez" à titre
7 bénévole. Il me semble qu'à l'époque, s'agissant des personnes qui
8 travaillaient en temps de guerre, il fallait délivrer des certificats
9 attestant que telle ou telle personne, j'ai vu le nom de Josip Basic par
10 exemple ici, donc il fallait certifier que pendant la période donnée, ces
11 gens-là étaient employés dans l'association des patrons pour des raisons
12 de tous ordres, enfin, pour des besoins des registre... comment dire…
13 enfin, du ministère de la Défense. Je ne sais pas exactement comment
14 s'appelle cette instance.
15 M. Terrier. – Je vous remercie. Une dernière question si vous me
16 le permettez. Vous nous avez dit que votre ami Vlado Santic en tant que
17 policier travaillait d'une manière tout à fait correcte, professionnelle
18 et de manière impartiale. Mais vous avez dit aussi qu'en réalité vous
19 n'aviez pas d'information précise et directe sur cet exercice
20 professionnel de Vlado Santic. C'est bien exact ?
21 M. Kocaj (interprétation). – Excusez-moi, vous faites référence
22 à quelle période ?
23 M. Terrier. – Je fais référence à la période 1992/1993.
24 M. Kocaj (interprétation). - En 1992, on ne peut pas dire que je
25 n'ai pas d'information pour l'ensemble de l'année. Mais en réalité, à
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1 partir du mois de novembre 1992, effectivement, je ne voyais pas Vlado
2 Santic pour des raisons tout à fait objectives. Je me suis consacré
3 davantage à ma famille et à mon travail, et tout simplement, c'étaient les
4 temps de "plomb", de problèmes politiques, de tergiversations. Et je
5 n'avais pas du tout envie de sortir et de fréquenter les gens à un moment
6 où ce n'était pas très opportun. En fait, je ne suis pas très courageux
7 comme personne et je préfère la vie de famille à quelque autre activité,
8 en plus donc de mon activité professionnelle.
9 M. Terrier. – Mais, Monsieur le Témoin, vous n'aviez pas même de
10 communications téléphoniques ou épistolaires, Vlado Santic et vous,
11 pendant cette période-là ? Est-ce que ce n'est pas un peu paradoxal et
12 surprenant qu'en quelque sorte au moment où les circonstances deviennent
13 très difficiles pour tout le monde, où les tensions s'accroissent, qu'à ce
14 moment-là... je ne dirai pas que vous rompiez, mais en tout cas que vous
15 ne voyiez plus votre ami, votre ami intime, votre très vieil ami ? Est-ce
16 que ce n'est pas un peu étrange et paradoxal ?
17 M. Kocaj (interprétation). - Je ne vois pas pourquoi ce serait
18 étonnant. Nos activités, notre travail était tel que nous ne pouvions plus
19 nous fréquenter à ce point. A l'époque, vous ne pouviez pas avoir une vie
20 sociale très riche, des sorties, enfin personne n'y songeait ! Du moins,
21 moi non. Je travaillais à cette radio-télévision parfois jusqu'à 16 heures
22 d'affilées et je faisais mon travail. Je me rendais chez moi, j'avais un
23 enfant en bas âge, je préférais passer mon temps avec mon épouse et avec
24 mon enfant. Et puis on sortait rarement, on fréquentait peu de gens hormis
25 les voisins les plus proches. Il faut savoir qu'à la tombée de la nuit,
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1 tout de suite on s'attendait à ce qu'il y ait des problèmes sur la route,
2 dehors. Voilà, je ne voyais pas pourquoi sortir dans ces conditions-là.
3 Quant aux informations sur tout ce qui m'intéressais, eh bien je les avais
4 plus ou moins. Je voyais, je savais. Je voyais quelle était la situation.
5 Je ne vois vraiment pas ce qui serait paradoxal là-dedans.
6 Pendant un moment, nos chemins ont un peu divergé.
7 M. Terrier. - Bien. Donc ce ne sont pas des divergences
8 d'opinion, d'attitude, qui vous ont éloignées l'un de l'autre ?
9 M. Kocaj (interprétation). - Tout simplement ce qui s'est passé
10 s'est passé de manière naturelle, on ne se voyait pas, c'était un temps de
11 guerre qui nous a séparés, lui avait vraisemblablement ses obligations
12 dont il s'acquittait comme il pouvait, moi je n'avais pas le temps pour
13 une vie sociale, pour ces entretiens, ses fréquentations, etc..
14 M. Terrier. - Merci, Monsieur le Témoin. Je n'ai pas d'autres
15 questions, Monsieur le Président.
16 M. le Président (interprétation). - Merci, Maître Terrier.
17 Monsieur Pavkovic ?
18 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous remercie, je n'ai pas de
19 questions.
20 M. le Président (interprétation). - Nous n'avons pas de
21 questions.
22 Monsieur Kocaj, merci d'avoir témoigné devant cette Chambre.
23 Vous pouvez maintenant vous retirer.
24 M. Kocaj (interprétation). - Merci.
25 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
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1 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)
2 M. le Président (interprétation). - Bonjour. Veuillez, s'il vous
3 plaît, prononcer la déclaration solennelle ?
4 M. Brkovic (interprétation). - Je déclare solennellement que je
5 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
6 M. le Président (interprétation). - Merci. Veuillez vous
7 asseoir.
8 Maître Pavkovic ?
9 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous remercie, Monsieur le
10 Président.
11 Bonjour, Monsieur le Témoin.
12 M. Brkovic (interprétation). - Bonjour.
13 M. Pavkovic (interprétation). - Pouvez-vous vous présenter, s'il
14 vous plaît ?
15 M. Brkovic (interprétation). - Je suis Marko Brkovic, je suis né
16 le 23 octobre 1942 dans le village Has municipalité de Novi Travnik, en
17 Bosnie-Herzégovine.
18 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous remercie. Cette localité
19 Has ou Haas, qu'est-ce que cela signifierait si on cherchait à traduire ?
20 M. Brkovic (interprétation). - Has ou Haas est un village
21 Musulman qui a deux origines. Has signifie grand, le plus grand en turc.
22 Et Haas, c'est insalubre, putride.
23 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous remercie. Je vous
24 remercie de nous l'avoir expliqué. Du moins à moi qui ne le savais pas.
25 Monsieur Brkovic, quel a été votre parcours scolaire ?
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1 M. Brkovic (interprétation). - Je suis allé pendant 4 ans à
2 l'école primaire dans mon village natal. A partir de ce moment-là, j'ai
3 poursuivi ma scolarité à Bugojno. C'est une localité qui se trouve à cent
4 kilomètres environ de mon village natal. A l'époque, notre situation
5 financière était assez modeste. Après la deuxième guerre, c'était
6 difficile pour nous, alors mon père a acheté une propriété près de
7 Bugojno, c'est là que je me suis installé et que j'ai poursuivi ma
8 scolarité.
9 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur Brkovic, par la suite,
10 vous avez fait des études universitaires ?
11 M. Brkovic (interprétation). - Oui, j'ai terminé d'abord le
12 lycée à Bugojno et puis j'ai poursuivi mes études à Sarajevo. Je suis
13 diplômé de l'Académie pédagogique de Sarajevo.
14 M. Pavkovic (interprétation). - Donc c'était une formation vous
15 permettant de travailler avec des enfants au sens large ?
16 M. Brkovic (interprétation). - Oui.
17 M. Pavkovic (interprétation). - Quel a été votre premier emploi,
18 Monsieur Brkovic ?
19 M. Brkovic (interprétation). - J'ai travaillé sur l'éducation et
20 l'enseignement. En 1964, à partir du 1er septembre 1964, j'ai eu mon
21 premier emploi dans la municipalité de Busovaca. J'avais été leur
22 boursier. C'est la que j'ai commencé mon premier emploi dans
23 l'enseignement.
24 M. Pavkovic (interprétation). - Vous étiez donc enseignant. Est-
25 ce que vous étiez responsable d'une des classes éventuellement ? Est-ce
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1 que vous êtes devenu peut-être directeur par la suite ?
2 M. Brkovic (interprétation). - Oui. Par définition, en vertu de
3 la loi qui était en vigueur à l'époque, l'école est un établissement
4 d'enseignement et d'éducation. Donc en plus d'enseigner des matières qui
5 étaient dans ces compétences, tout enseignant devait être chargé également
6 de l'éducation des enfants. On était donc tenu à être responsable, à
7 prendre en charge une classe afin de pouvoir mieux les aider dans leur
8 travail, enfin les élèves.
9 M. Pavkovic (interprétation). - Si on cherche à se rappeler
10 cette période et si je vous parle de Nada Santic, qu'est-ce que ce nom
11 vous dit ?
12 M. Brkovic (interprétation). - Après les trois années passées à
13 Busovaca, je suis allé à Han Pjesak, dans la région de Romanija. C'est là
14 que je suis resté pendant une brève période. Par la suite, je suis arrivé
15 dans la municipalité de Vitez où j'ai eu un poste dans l'école primaire de
16 Nova Bila qui est à 4 kilomètres de Vitez. C'est là que j'ai commencé à
17 travailler. J'enseignais les mathématiques et la physique, et j'étais
18 responsable des classes les plus âgées, des élèves les plus âgés, parce
19 que j'étais l'un des enseignants les plus expérimentés. Je venais de
20 l'enseignement secondaire et je connaissais le niveau et les matières qui
21 étaient requises au niveau secondaire. Comme il s'agit d'un âge où on
22 devient adolescent, d'autres problèmes se posaient également et parmi ces
23 élèves, dans ces classes ; j'avais également Nada Santic.
24 M. Pavkovic (interprétation). - Vous fréquentiez les parents de
25 cette élève ?
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1 M. Brkovic (interprétation). - Non seulement de celle-là, mais
2 de tous les autres élèves. L'éducateur, qui est également enseignant, doit
3 connaître le statut social et le cadre familial de ses élèves, connaître
4 ses parents, leur formation, leur activité professionnelle, enfin, tout ce
5 qui influe sur l'état des élèves. Donc j'ai rendu visite aux parents de
6 Nada Santic, mais j'avais également visité d'autres parents au préalable.
7 M. Pavkovic (interprétation). - Quand vous êtes venu voir ses
8 parents, vous avez fait la connaissance de qui exactement ?
9 M. Brkovic (interprétation). - En tant que responsable de
10 classe, je devais remplir un formulaire. Il fallait que sur ce formulaire
11 figure un certain nombre d'informations demandées par l'école ou plutôt
12 par le ministère de l'Education qui avait établi initialement ces
13 formulaires. Quand j'ai commencé à connaître la famille Santic, avec mes
14 collègues parce que généralement on s'y rendait ensemble, j'ai donc
15 rencontré le père, Mirko, la mère Lucija et puis Nada, je la connaissais,
16 ainsi que sa soeur Mirjana et le petit Vlado. A l'époque, je n'étais pas
17 un enseignant de Vlado, mais je l'avais connu parce qu'il était déjà à
18 l'école et j'étais venu sur place avec Josip Celic qui était, lui,
19 responsable de sa classe.
20 M. Pavkovic (interprétation). - Vous parlez "du petit Vlado". En
21 fait vous pensez à Vlado Santic et vous êtes venu aujourd'hui témoigner
22 pour lui, n'est-ce pas ?
23 M. Brkovic (interprétation). - Oui.
24 M. Pavkovic (interprétation). - Que pouvez-vous dire, en plus,
25 au sujet de l'attitude qu'avaient les parents de Vlado Santic à son égard,
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1 ainsi qu'envers leurs autres enfants ?
2 M. Brkovic (interprétation). - J'avais déjà visité les autres
3 parents qui habitaient dans les parages, en remplissant ces formulaires,
4 on a fini par connaître beaucoup de détails : comment vivaient-ils,
5 quelles étaient leurs ressources financières, est-ce qu’ils avaient besoin
6 de subventions, dans quel genre d'appartement ils habitaient, est-ce
7 qu’ils avaient besoin d'aide pour les vivres, l'alimentation, quel était
8 le niveau d'étude des parents, etc.?
9 Je ne connaissais pas ce milieu auparavant, mais je dois dire
10 que là, j'ai connu des gens qui n'avaient ni radio ni poste de télévision,
11 alors que chez la famille Santic c'était complètement différent. C'était
12 une famille cultivée, où les enfants avaient une pièce qui leur permettait
13 d'étudier. Ils avaient leur propre bibliothèque, ils avaient une radio,
14 une télévision, ils avaient des livres très bien rangés. Ils avaient
15 suffisamment de place pour travailler. Ils avaient suffisamment d'argent
16 pour pouvoir soigner et s'occuper de leurs enfants, donc toutes les
17 conditions étaient réunies pour une scolarité normale.
18 M. Pavkovic (interprétation). - De ce que vous venez de dire, il
19 en ressort que c'était une famille riche ?
20 M. Brkovic (interprétation). - Non, ce n'était pas une famille
21 riche. C'était une famille modestement riche. Quand je dis modestement, en
22 fait ils étaient équipés pour donner toutes les conditions nécessaires aux
23 enfants pour qu'ils poursuivent une scolarité normale.
24 Enfin, dans ces régions, les conditions de vie étaient assez
25 modestes. Riche était celui qui possédait un vélo. Donc là, on ne peut pas
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1 parler de richesse.
2 M. Pavkovic (interprétation). - Vous êtes de toute évidence une
3 personne qui peut évaluer de manière tout à fait pertinente ces relations
4 et ces rapports. Si vous vous rappelez ces entretiens que vous avez eus
5 avec ses parents, que disaient-ils de leurs enfants ? Quelles étaient les
6 valeurs qu'ils souhaitaient cultiver ? Comment envisageaient-ils l'avenir
7 de leurs enfants ?
8 M. Brkovic (interprétation). - Ce que nous avons noté, ce que
9 nous avons pu remarquer, c'est la chose suivante. Ses parents vivaient
10 pour l'avenir de leur enfant, complètement dédiés à cela. Compte tenu des
11 circonstances, il y avait tout ce qui était nécessaire pour que les
12 enfants soient normalement scolarisés. Ils ne buvaient pas, ils ne
13 fumaient pas, il n'y avait rien qui aurait pu représenter une entrave à
14 l'évolution, au développement des enfants. Les parents se souciaient de
15 leurs enfants, développaient leur amour. L'enfant aîné était toujours
16 celui qui en fait devait surveiller les autres, un peu comme un enseignant
17 à l'école. Donc, la soeur aînée, Nada surveillait ses frères et sœurs
18 cadets pour veiller à ce qu'ils préparent tout ce qu'il fallait pour
19 l'école.
20 Autrement dit, les parents étaient vraiment très... comment
21 dire ? ...très présents, ils venaient régulièrement à l'école,
22 s'entretenir avec les professeurs. Ils voulaient savoir comment se
23 comportaient leurs enfants à l'école, comment étaient leurs notes, s'il y
24 avait des problèmes avec eux, s'ils s'entraidaient avec les autres
25 enfants, quelle était leur attitude vis-à-vis des camarades, etc..
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1 M. Pavkovic (interprétation). - Quand Vlado a grandi, quand il
2 est allé à l'école, quand il était plus grand, vous avez été son
3 instituteur, n'est-ce pas ?
4 M. Brkovic (interprétation). - Oui. Un an après mon arrivée, je
5 lui ai enseigné la physique. Je n'étais pas son professeur principal, mais
6 j'étais son professeur de physique. C'était en 1969/1970.
7 M. Pavkovic (interprétation). - Comment se comportait Vlado à
8 l'école ? En dehors des périodes de classe, comment se comportait-il en
9 dehors de la salle de classe ?
10 M. Brkovic (interprétation). - J'ai connu énormément d'élèves,
11 donc il est assez difficile de parler d'un élève en particulier. Mais ce
12 que l'on peut dire, c'est que la famille Santic était très bien vue et
13 Vlado était un...Nada était une de mes meilleures élèves. Elle a participé
14 à des concours en maths et en physique. Elle a représenté notre école, et
15 j'attendais beaucoup de son frère, j'attendais à ce qu'il soit excellent
16 lui aussi en physique. Il aimait beaucoup l'histoire, la biologie, mais il
17 ne participait pas au concours de physique, cela ne l'intéressait pas.
18 Quant à l'attitude de Vlado Santic, je crois qu'il a commencé l'école un
19 peu trop tôt. Cela, on le voit quand les enfants arrivent dans les classes
20 les plus élevées, quand ils commencent à aborder des sujets, des domaines
21 plus complexes. C'était un bon élève, il n'était pas cependant extrêmement
22 doué en physique. Mais il avait des dons pour d'autres disciplines.
23 Parmi ses amis, parmi ces élèves, je crois qu'il était
24 extrêmement populaire. Il aimait beaucoup ses camarades de classe, ils
25 l'aimaient, ils allaient participer ou regardaient les matchs, les
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1 événements sportifs, parce qu'il était un des rares élèves à avoir une
2 télévision. Ils en parlaient souvent en classe. Il était ami avec les
3 enfants des familles qui habitaient à côté de chez lui. C'étaient des
4 enfants qui étaient toujours ensemble et c'étaient des enfants qui se
5 comportaient bien. Il n'y avait pas de problèmes particuliers. On ne peut
6 rien dire de négatif au sujet de cet enfant. Je souhaite insister là-
7 dessus parce qu'il y avait beaucoup d'enfants qui étaient pauvres,
8 certains ne mangeaient pas à leur faim. Il faut savoir que Vlado aidait
9 ces enfants. Il récoltait, trouvait de l'argent quand par exemple un
10 camarade n'avait pas d'argent pour s'acheter un livre, Vlado faisait en
11 sorte de trouver l'argent pour le lui payer et si, par exemple, un élève
12 avait perdu un de ses parents, quelqu'un de sa famille, Vlado s'occupait
13 de faire une collecte pour payer des fleurs, des couronnes, etc..
14 M. Pavkovic (interprétation). - Vous nous dites qu'à cette
15 époque, Vlado était très aimé de ses camarades. Est-ce qu'il était
16 serviable ?
17 M. Brkovic (interprétation). - Je crois que tout ce que je viens
18 de vous dire vous montre quels étaient ses qualités humaines. C'était
19 quelqu'un de très fidèle, de très loyal en amitié et tout le monde
20 l'aimait. Je l'ai remarqué au moment où il a quitté notre école parce que
21 tout le monde à ce moment-là voulait lui dire au revoir. Et cela a été une
22 journée très triste quand il est parti pour Vitez parce que son père avait
23 obtenu, grâce à ses qualités professionnelles, un autre emploi à Vitez et
24 un appartement là-bas et c'est pourquoi Vlado a quitté notre école.
25 M. Pavkovic (interprétation). - Où habitait Vlado à l'époque ?
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1 M. Brkovic (interprétation). - Au moment où il a quitté notre
2 école, il est allé habiter en ville, dans un quartier beaucoup plus
3 urbain. Dans mon quartier.
4 M. Pavkovic (interprétation). - Pouvez-vous nous parler des
5 voisins de Vlado ?
6 M. Brkovic (interprétation). - Je connaissais assez bien les
7 parents, aussi bien que les enfants. Donc nous avions des relations de
8 voisins. Nous habitions à côté, et c'étaient des gens qui étaient très
9 respectueux envers les personnes âgées. Il y avait quelque chose qui me
10 plaisait particulièrement. Vlado se comportait avec moi comme si j'étais
11 toujours son professeur et j'ai demandé aux élèves si Vlado était toujours
12 aussi aimé que lorsqu'il était dans notre école.
13 M. Pavkovic (interprétation). - Lorsque nous nous sommes
14 préparés pour cette conversation, lorsque nous avons essayé de nous
15 pencher sur ces sujets, vous nous avez dit que souvent vous suiviez
16 l'évolution de vos élèves, même après qu'ils aient quitté votre école. Que
17 pouvez-vous nous dire justement de Vlado à ce sujet ?
18 M. Brkovic (interprétation). - Eh bien tout comme un entraîneur
19 suit ses joueurs, tout comme un prêtre suit ses paroissiens, eh bien un
20 professeur ne cesse de s'intéresser à ses élèves. C'est quelque chose, ce
21 sentiment continue à persister, c'est quelque chose qui se développe, qui
22 devient du respect dans certains cas. Et c'est exactement ce type de
23 relations que j'avais avec Vlado Santic.
24 M. Pavkovic (interprétation). - Savez-vous que Vlado Santic a
25 décidé de devenir policier ?
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1 M. Brkovic (interprétation). - Oui. A cette époque, dans les
2 années 70, il y avait beaucoup de chômage dans notre ville, beaucoup de
3 jeunes finissaient leurs études mais ne trouvaient pas de travail. A cette
4 époque, le ministère de l'Intérieur avait organisé des concours et
5 encourageait les jeunes à devenir policier en leur offrant des bourses
6 d'études. Une fois qu'ils avaient fini leurs études, ils pouvaient obtenir
7 un uniforme, ils pouvaient obtenir un travail. C'est sans doute sa
8 motivation. J'en ai parlé avec lui à ce moment-là, aussi bien avec lui
9 qu'avec ses parents.
10 M. Pavkovic (interprétation). - Jusqu'au départ de Vlado de
11 Vitez en 1977, est-ce que vous aviez des contacts avec lui, ou est-ce que
12 vous avez eu des contacts avec lui par la suite ?
13 M. Brkovic (interprétation). - Avec Vlado Santic ? J'ai toujours
14 eu des contacts avec lui. On avait une relation de coopération, si je peux
15 dire, quand il a fini l'école de police et quand je l'ai vu, il est revenu
16 dans la ville en tant que jeune policier, j'étais extrêmement content.
17 J'étais très fier de voir un des miens pour ainsi dire parmi les
18 policiers. C'était un des policiers les plus jeunes que j'ai jamais vu de
19 ma vie. Il avait l'air d'un gamin, il avait l'air d'avoir 15 ans, il avait
20 peut-être 18 ou 19 ans mais je crois que je n'avais jamais vu un policier
21 aussi jeune.
22 Très vite, il a commencé à travailler dans la rue. Il était
23 policier de la circulation. Je ne l'ai jamais entendu jurer, fumer, je ne
24 l'ai jamais vu taper sur les gens comme c'était souvent le cas
25 malheureusement des policiers.
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1 Je sais qu'il participait au club, un club d'automobilistes et
2 qu'il s'est également marié très jeune. J'ai été invité au mariage et il
3 m'a appris qu'il allait continuer à étudier parce qu'il voulait obtenir un
4 diplôme en droit et c'est ce qu'il a fait. Ensuite, il a eu un autre poste
5 où il travaillait à la délivrance de papiers d'identité. Un poste
6 extrêmement important parce que quand vous avez une trentaine de personnes
7 qui font la queue devant vous, devant votre guichet, quand il faut
8 attendre ce genre de temps pour obtenir des papiers, c'est important
9 d'avoir quelqu'un que vous connaissez qui travaille dans ce bureau parce
10 que comme cela vous n'avez pas à attendre aussi longtemps.
11 D'autre part, à l'école, on organisait toutes sortes de concours
12 pour les élèves. Cela avait trait notamment à la circulation, au code de
13 la route, etc., parce que les accidents de la route, c'est quelque chose
14 de très grave souvent. Et Vlado nous apportait des panneaux de
15 circulation. Il organisait le concours à l'école, concours national et
16 même international. Il faisait beaucoup de choses dans ce domaine.
17 J'ai aussi travaillé à la caserne avec Vlado. On travaillait
18 aussi bien pour protéger les biens que les personnes en tant que sapeurs-
19 pompiers. Moi-même, en tant qu'ancien professeur de Vlado, j'ai donné des
20 cours sur les dangers des incendies, etc., à Poculica et dans bien
21 d'autres endroits.
22 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur Brkovic, je voudrais
23 maintenant que nous nous concentrions sur les événements de 1990/1991 au
24 moment des élections multipartites. Je voudrais que vous nous disiez
25 comment vous avez vu Vlado se comporter dans ce contexte.
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1 M. Brkovic (interprétation). - A l'époque, dans les années 90,
2 il travaillait à la police criminelle. Moi j'étais le principal de l'école
3 et si on parle de cette époque, on ne peut que parler de la situation
4 politique, c'est inévitable. Et lui, en tant que policier et moi en tant
5 que principal d'une école, eh bien nous avions un peu des rôles... comment
6 dire ? ... subsidiaires, un peu liés. J'ai vu moi-même Vlado Santic
7 participer à des réunions où j'emmenai les élèves qui étaient censés
8 porter des fleurs, des drapeaux, etc..
9 Autant que je m'en souvienne, Vlado Santic ne participait pas à
10 ce genre de réunion politique en tant que citoyen mais en tant que
11 policier parce que c'étaient des réunions où se trouvaient des gens de
12 convictions très différentes ; Vlado était là en tant que policier, afin
13 de protéger les gens qui participaient, maintenir l'ordre et faire tout ce
14 qu'il lui incombait de faire en tant que policier.
15 M. Pavkovic (interprétation). - Pouvez-vous nous parler de son
16 point de vue, de sa vision des autres membres de la population, des
17 différentes appartenances ethniques ?
18 M. Brkovic (interprétation). - Vlado est né dans un quartier qui
19 était très mélangé. Il y avait des gens qui étaient de religion orthodoxe,
20 il y avait des Serbes, il y avait des Musulmans, etc.. Je ne l'ai jamais
21 vu avoir avec les gens de différentes appartenances ethniques une attitude
22 différente.
23 M. Pavkovic (interprétation). - Donc à cette époque, et là peut-
24 être que je ne m'exprime pas tout à fait clairement, mais on peut dire
25 qu'il y avait une espèce d'euphorie nationale. Est-ce que Vlado a succombé
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1 à cette euphorie généralisée ?
2 M. Brkovic (interprétation). - Non. Non, je ne l'ai jamais vu
3 ivre. Je ne l'ai jamais vu insulter ou critiquer les autres, les valeurs
4 des autres. Il était toujours d'un grand professionnalisme et il rentrait
5 chez lui le soir. L'ancien système, très centralisé, était en train de
6 s'affaiblir énormément à l'époque. Donc la tâche de la police était
7 extrêmement importante. Il s'agissait de protéger tout le monde et de
8 maintenir l'ordre.
9 M. Pavkovic (interprétation). - Maintenant si on parle des
10 Musulmans et de son attitude envers les Musulmans, comme vous nous l'avez
11 dit, il est né dans un quartier où il y avait des gens de toutes les
12 communautés. Est-ce qu’il a fait preuve de haine envers les membres
13 d'autres appartenances ethniques ?
14 M. Brkovic (interprétation). - Je n'ai jamais eu connaissance
15 d'incidents de ce genre et, le connaissant comme je le connais, je suis
16 convaincu qu'il n'aurait pas manifesté ce genre de comportement. Je vais
17 vous donner un exemple. En 1991, alors que le gouvernement central
18 s'affaiblissait de plus en plus, certaines institutions publiques
19 faisaient l'objet d'attaques. Il y avait beaucoup de cambriolages. Par
20 exemple dans mon école cela s'est produit. Vlado était à l'époque membre
21 de la police criminelle, il était chargé d'enquêter sur ce type
22 d'incidents et quand j'ai appelé la police après ce cambriolage Vlado est
23 venu. Il est venu en effet et il ne m'a jamais demandé : "Alors qui est
24 responsable ? Un Croate, un Serbe etc. ?" Il a simplement dit : "C'est un
25 bandit, un criminel qui a fait cela." Ils n'ont pas de nationalité, c'est
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1 juste un délinquant.
2 Donc Vlado lui ne faisait pas la différence entre les gens
3 suivant leur appartenance ethnique, mais suivant que les gens étaient
4 honnêtes ou pas.
5 M. Pavkovic (interprétation). - Merci, Monsieur Brkovic. Je vais
6 conclure mon interrogatoire avec quelques questions sur la famille de
7 Vlado, que vous connaissez bien j'imagine ?
8 M. Brkovic (interprétation). - Oui.
9 M. Pavkovic (interprétation). - Vous savez que Vlado est marié,
10 qu'il a des enfants ?
11 M. Brkovic (interprétation). - Oui.
12 M. Pavkovic (interprétation). - Pouvez-vous nous parler de son
13 attitude envers sa famille, envers ses enfants ?
14 M. Brkovic (interprétation). - Dans le système d'enseignement,
15 il y a trois façons dont les enfants sont élevés. A la maison, dans la rue
16 ou à l'école. Eh bien dans cette famille, les enfants étaient élevés à la
17 maison, parce que Vlado a suivi l'exemple de son père. C'était un père
18 très attentionné envers ses enfants, très aimant, qui faisait le maximum
19 pour ses enfants. J'ai fait la connaissance de sa femme, je connaissais le
20 père de sa femme également, c'était un bûcheron. Il aidait aussi l'école
21 parfois pour se procurer du bois. C'était une famille modeste mais une
22 famille où il n'y avait pas de querelles. C'était une famille où on savait
23 parfaitement faire la différence entre le bien et le mal, et une famille
24 où on élevait très correctement les enfants. J'ai été très heureux
25 d'apprendre que Vlado avait épousé une jeune fille qui venait de cette
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1 famille. Et puis il a eu deux enfants et j'ai rencontré ses enfants et
2 j'étais très heureux de voir qu'il avait des enfants.
3 M. Pavkovic (interprétation). - Vous parlez de
4 Slavica Josipovic, la femme de Vlado. Josipovic est son nom de jeune
5 fille ?
6 M. Brkovic (interprétation). - Oui.
7 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur Brkovic, ma dernière
8 question. Vous nous dites que vous connaissez les enfants de Vlado. Que
9 pouvez-vous nous en dire aujourd'hui ?
10 M. Brkovic (interprétation). - En tant que principal de l'école,
11 à la fin de la guerre, l'école organisait toutes sortes de concours pour
12 la municipalité de Vitez et donc j'ai participé à ce genre de concours en
13 tant que principal de l'école. Il y avait une exposition avec les
14 réalisations des enfants et nous avions plusieurs élèves qui étaient
15 extrêmement doués. L'un d'entre eux se distinguait particulièrement en
16 dessin. Alors j'ai regardé le nom de cet élève et j'ai vu que c'était
17 Sasa Santic, fils de Vlado. C'est lui qui a gagné le premier prix de ce
18 concours de dessin. Nous l'avons tous félicité chaleureusement. Ensuite, à
19 Pâques, la municipalité de Vitez a organisé une exposition et il y a
20 participé. Ses peintures ont été exposées et il a reçu énormément de
21 félicitations. Cela m'a fait très plaisir parce que c'était le fils d'un
22 de mes élèves. J'ai été le voir chez lui pour le remercier et il m'a
23 offert un certain nombre de ses peintures que je garde en souvenir.
24 Je savais qu'à l'époque, la situation familiale de sa famille
25 était très difficile, donc j'ai tout fait pour qu'il puisse aller à
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1 l'Académie des Arts. Il a été un des élèves... C'était un élève
2 extrêmement doué. Quand je lui ai demandé s'il voulait aller à
3 l'université, s'il voulait étudier l'art à l'université, il m'a dit que le
4 dessin l'aidait à se détendre, mais qu'il voulait étudier le droit. Et
5 actuellement, il étudie dans deux facultés à l'université en même temps.
6 C'est d'ailleurs le seul étudiant de Vitez à le faire, et il faut vraiment
7 lui rendre hommage parce qu'il a complètement abandonné toute forme de
8 loisir. Il se consacre exclusivement à ses études.
9 M. Pavkovic (interprétation). – Et Drago a un autre fils, nous
10 dites-vous ?
11 M. Brkovic (interprétation). - Oui, c'est également un enfant
12 très intelligent. Lui aussi, il est à l'université. Il n'a aucune
13 difficulté dans ses études. Je ne sais pas ce qu'il en est de sa situation
14 financière, mais j'espère en tout cas qu'il réussira ses études et je
15 crois que c'est quelqu'un qui est très amoureux des livres.
16 M. Pavkovic (interprétation). – Merci, Monsieur Brkovic. Je n'ai
17 pas d'autres questions.
18 M. le Président (interprétation). - Merci.
19 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur le Président, je
20 voudrais demander le versement au dossier de la pièce à conviction de la
21 défense. C'est un certificat qui a été délivré pour illustrer un certain
22 nombre des faits que nous avons mentionnés. Cela vient de l'administration
23 de la police de Vitez, certificat délivré par cette administration, qui
24 indique l'adresse du domicile de Vlado Santic, indiquant donc qu'il a vécu
25 à Vitez pendant une certaine période de temps et je voudrais également
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1 demander le versement au dossier d'un certificat de la police de Vitez qui
2 établit que Vlado Santic n'a pas de casier judiciaire, ou un casier
3 judiciaire vierge.
4 J'aimerais également demander le versement au dossier des
5 extraits, de trois extraits de naissance des fils de Vlado Santic, ainsi
6 qu'un certificat de mariage.
7 Et je voudrais demander à l'huissier de prendre ces documents et
8 d'en remettre des copies aussi bien aux Juges qu'aux représentants de
9 l'accusation.
10 Mme Lauer. - Le certificat délivré par la police de Vitez
11 indiquant l'adresse de Vladimir Santic sera coté D13/6. Le certificat de
12 la police de Vitez disant que M. Vladimir Santic n'a pas de casier
13 judiciaire sera coté D14/6. Et les extraits de naissance des enfants de
14 Vladimir Santic et le certificat de mariage seront cotés D15/6.
15 M. le Président. - Pas d'objection ?
16 M. Terrier. – Pas d'objection, Monsieur le Président.
17 M. le Président (interprétation). - Pas d'objection. Ces pièces
18 sont versées au dossier.
19 Maître Terrier ?
20 M. Terrier. – Monsieur le Président, je serai très bref. Bonjour
21 Monsieur le Témoin. Mon nom est Franck Terrier. Je représente l'accusation
22 dans ce procès.
23 Tout à l'heure, vous nous avez décrit le jeune élève Vlado
24 Santic que vous avez connu comme enseignant. Vous nous l'avez dit
25 extrêmement attentionné pour ces condisciples, organisant des quêtes pour
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1 aider l'un d'entre eux, etc.. Est-ce que vous diriez que Vlado Santic, dès
2 son jeune âge, avait une personnalité forte et qu'il était en quelque
3 sorte un meneur d'homme, un leader ?
4 M. Brkovic (interprétation). - Non. Je ne dirai pas qu'il avait
5 une personnalité de meneur. Ce n'était pas le plus intelligent, le plus
6 riche des élèves, mais il était très populaire parce que très humain. Les
7 meneurs, c'étaient les plus forts ou les plus beaux dans les grandes
8 classes ou les plus intelligents. Ca, c'étaient les meneurs selon ce
9 qu'ils faisaient, selon leurs activités soit sportives ou bien des garçons
10 séduisaient les jeunes filles… Il était très populaire. Ce n'était pas un
11 meneur. Il était modeste. Il aidait les autres, surtout les plus faibles.
12 Il voulait que tous ceux qui n'avaient pas suffisamment de biens, qu'on
13 fasse tout pour qu'ils se les procurent.
14 M. Terrier. – Monsieur le Témoin, un autre témoin, le témoin qui
15 vous a précédé, a dit que Vlado Santic avait, de manière assez
16 caractérisée, de grandes ambitions professionnelles. Il voulait réussir
17 dans son métier de policier, il était ambitieux. Est-ce que vous l'avez
18 noté, est-ce que vous pouvez le confirmer ?
19 M. Brkovic (interprétation). - Vlado Santic était très doué, ça
20 c'est sûr, il n'y a pas de dilemme, il l'a déjà prouvé puisque c'était un
21 des policiers les plus jeunes que j'ai jamais vu. Il faut tenir compte de
22 l'espace et du temps quand il est devenu policier à l'époque où il était
23 devenu policier. A l'époque, les policiers n'étaient pas si éduqués et
24 lui, il est devenu policier justement dans le milieu qu'il connaissait
25 bien. Suite à ses études à l'école de police, il avait passé un examen,
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1 l'examen d'Etat, au bout d'un an. Il a été tout de suite promu, au bout
2 d'un an donc. Il était agent de circulation, il s'est immédiatement
3 inscrit à l'université et il est diplômé de l'université et ses notes sont
4 très bonnes, excellentes même.
5 M. Terrier. - Vous avez parlé tout à l'heure, Monsieur le
6 Témoin, de cérémonies auxquelles vous emmeniez vos enfants, les enfants
7 dont vous aviez la garde, cérémonies qui, si j'ai bien compris, avaient un
8 certain caractère politique. Vlado Santic assistait à ces cérémonies,
9 avez-vous dit, en tant que policier. De quoi s'agissait-il ?
10 M. Brkovic (interprétation). - En 1991/1992, des meetings
11 politiques étaient organisés, les promotions des nouveaux partis. L'école
12 devait être présente lors de ces cérémonies, donc en tant que représentant
13 de l'école, nous étions chargés de faire venir les élèves si les
14 dirigeants des partis nous le demandaient. C'était la fête, il y avait de
15 quoi manger, de quoi boire. Bien sûr, ma position était différente de
16 celle de Vlado, j'étais le principal de l'école et j'organisais les
17 élèves, alors que Vlado, en tant que policier, était chargé de l'ordre.
18 C'est donc à ces occasions-là qu'on se rencontrait de temps en temps. Mais
19 lors de ces cérémonies, les fêtes s'en suivaient aussi.
20 M. Terrier. - De quels partis politiques s'agissait-il, Monsieur
21 le Témoin ?
22 M. Brkovic (interprétation). - Le SDP, le HDZ, le SDA et de
23 nombreux partis politiques qui organisaient des assemblées à cette époque-
24 là.
25 M. Terrier. - Vous me dites qu'en 1991/1992, dès lors que les
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1 représentants de ces partis politiques le demandaient, vous deviez emmener
2 tous vos enfants assister à ces manifestations politiques.
3 M. Brkovic (interprétation). - On n'était pas obligé d'emmener
4 tous les enfants. Ce sont plutôt les grandes classes qui étaient
5 convoquées. L'école se trouvait à 4 kilomètres de la ville. Donc s'il
6 s'agissait d'un jour ouvré, l'école était censée organiser l'arrivée des
7 écoliers, la présence des écoliers.
8 M. Terrier. - C'est à partir de quel âge que ces enfants
9 assistaient aux réunions politiques ?
10 M. Brkovic (interprétation). - C'étaient les grandes classes,
11 les grandes classes de l'école primaire.
12 M. Terrier. - Pouvez-vous préciser l'âge des élèves de ces
13 grandes classes de l'école primaire ?
14 M. Brkovic (interprétation). - Ils avaient 12 ans et plus.
15 M. Terrier. - Est-ce que vous pouvez nous donner une idée de la
16 fréquence des rencontres que vous aviez avec Vlado Santic pendant la
17 période qui par exemple des élections de novembre 1990 jusqu'en 1993, vous
18 le rencontriez selon quelle périodicité ?
19 M. Brkovic (interprétation). - Nos rencontres étaient peu
20 fréquentes, c'étaient plutôt des rencontres officielles. En 1992, la force
21 des Nations Unies est venue s'installer à l'école. Donc en 1992 on se
22 croisait dans le quartier puisqu'on habitait près l'un de l'autre. En
23 1992, un incident a eu lieu et les forces internationales sont donc venues
24 s'installer à l'école et y ont passé deux mois. Ils ont demandé que je les
25 présente au représentant de la police et aux autorités locales. C'est à
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1 cette occasion que j'ai présenté Vlado a la Forpronu. Un cambriolage a eu
2 lieu, certains biens ont disparu et Vlado est arrivé, il a mené l'enquête.
3 Les biens volés ont été restitués rapidement et la Forpronu l'a remercié.
4 Les représentants de la police criminelle venaient assez souvent à cette
5 époque-là, donc on pouvait compter sur eux.
6 Ensuite, à cette époque, il y avait beaucoup de problèmes,
7 quelques personnes ont fait leur apparition, ils étaient armés. Les cours
8 étaient interrompus, on entendait des explosions. Comme l'école se trouve
9 près du mont Vlasic, les unités y étaient déployées, certaines unités. On
10 entendait des tirs. Donc on a interrompu les cours à deux ou trois
11 reprises durant une année. Je me rendais fréquemment à la police pour leur
12 demander s'il fallait interrompre les cours. Je m'adressai à ces occasions
13 à Vlado Santic qui se trouvait dans le département des affaires
14 criminelles et il m'a dit : "Ayez confiance, nous ferons tout pour la
15 sécurité des enfants. S'il y a quoi que ce soit, vous en serez informé".
16 Quand Vlado Santic me disait que je n'avais rien à craindre,
17 j'avais confiance en lui et je n’interrompais pas les cours.
18 M. Terrier. - Je remercie le témoin. Je n'ai pas d'autres
19 questions, Monsieur le Président.
20 M. le Président. - Merci.
21 Maître Pavkovic ?
22 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur le Président, merci. Je
23 n'ai pas de questions supplémentaires pour ce témoin.
24 M. le Président (interprétation). - Nous n'avons pas non plus de
25 questions supplémentaires.
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1 M. Pavkovic (interprétation). - Je souhaiterais vous demander
2 quelque chose, mais je ne sais pas si vous désirez d'abord que le témoin
3 quitte la salle d'audience. Enfin, je souhaiterais que soient versées au
4 dossier les déclarations certifiées de cinq personnes conformément à la
5 règle pardon… à l'article 93 du Règlement.
6 M. le Président (interprétation). - Oui, mais nous allons
7 remercier le témoin. Monsieur Brkovic, merci d'être venu à La Haye, vous
8 pouvez disposer.
9 M. Brkovic (interprétation). – C'est moi qui vous remercie.
10 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)
11 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur le Président, je
12 souhaiterais demander à l'huissier de prendre ces documents, les
13 déclarations certifiées. Il s'agit des déclarations de M. Pripoljac,
14 Slavica Santic, Mme Calic, Josipovic...
15 (L'interprète n'a pas entendu le dernier nom...)
16 Je souhaiterais que tous ces documents soient versés au dossier
17 et qu'ils portent une cote unique.
18 M. le Président (interprétation). – Maître Pavkovic, vous avez
19 fait référence à l'article 93 ?
20 M. Pavkovic (interprétation). – 93.
21 M. Terrier. – Je pense que c'est 94 et non pas 93.
22 M. le Président (interprétation). – Oui, 94 ter. Il s'agit
23 d'affidavits, de déclarations sous serment ?
24 M. Pavkovic (interprétation). - Non. Il s'agit de déclarations
25 des témoins de moralité. Donc il s'agit bien de l'article 93.
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1 M. le Président (interprétation). - Avez-vous des objections ?
2 M. Terrier. – C'est pour objecter ! Je voudrais simplement faire
3 cette remarque. Jusqu'à présent, nous étions habitués à avoir
4 communication des documents au moins la veille de l'audience ou quelques
5 jours avant. Maître Pavkovic nous donne les documents vraiment au dernier
6 moment et là, nous avons toute une série de déclarations, d'affidavit dont
7 nous n'avons pas évidemment le temps de prendre connaissance ici, et nous
8 n'allons pas faire perdre son temps au Tribunal, donc je réserve la
9 position du Procureur sur ce plan.
10 M. Pavkovic (interprétation). - Je vous prie de m'excuser,
11 Monsieur le Procureur. Mon intention n'était pas de ne pas vous informer.
12 Vous verrez qu'il s'agit de déclarations qui ne portent que sur le
13 caractère de Vlado Santic.
14 M. le Président (interprétation). - Oui, mais les représentants
15 du Bureau du Procureur ont quelques jours pour dire si oui ou non ils ont
16 des objections.
17 Mme Lauer. - La déclaration de Muharem Pripoljac sera cotée
18 D16/6. La déclaration de Nesada Calic sera cotée D17/6. La déclaration de
19 Nada Josipovic sera cotée D18/6. La déclaration de Slavica Santic sera
20 cotée D19/6. La déclaration de Miro Lazarevic sera cotée D20/6.
21 M. le Président (interprétation). - Merci. Maître Puliselic ?
22 M. Puliselic (interprétation). - Je souhaiterais verser au
23 dossier deux déclarations ayant trait à la moralité de M. Papic. Il s'agit
24 de déclarations conformes à la décision concernant l'application de
25 l'article 94 ter. Ce sont les déclarations de M. Krizanovic et
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1 M. Pranisaj, les représentants de l'accusation ont obtenu ce document
2 depuis quelque temps et ils nous ont dit qu'ils n'ont pas d'objection à
3 soulever.
4 Je prie donc Monsieur l'huissier de venir prendre ces documents
5 et de les distribuer.
6 M. Terrier. – Nous n'avons pas d'objection sur ces deux
7 documents-là.
8 M. le Président (interprétation). - Ces documents vont donc être
9 versés au dossier.
10 Ce sont des documents qui ont trait à Dragan Papic.
11 Mme Lauer. - La déclaration de M. Drago Pranisaj sera cotée
12 D29/5 et la déclaration de M. Nikola Krizanovic sera cotée D30/5.
13 M. le Président (interprétation). - Pour le compte rendu, il
14 faut préciser qu'il s'agit de D29/5 et D30/5.
15 Avant de lever l'audience, je vais donner la parole d'abord à
16 Maître Susak.
17 M. Susak (interprétation). – Merci, Monsieur le Président. Je
18 vais être bref. La défense de Drago Josipovic, le 17 février 1999 a soumis
19 une requête demandant que la Chambre... que les pièces soient communiquées
20 de M. Omserovic.
21 Par la suite, une décision a été prise, on ordonne entre autres
22 la divulgation de tous les noms, sauf le nom de l'enquêteur, et deux
23 phrases qui apparaissent dans ce document : Compte tenu du fait que la
24 Chambre a pris la décision que les annexes de 1 à 4 ne concernent pas les
25 éléments à décharge, alors que l'annexe 5 a été qualifiée comme un élément
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1 à décharge, j'estime que la Chambre devrait demander au Procureur de
2 communiquer l'annexe n 5 sans les passages barrés, parce qu'on a déjà
3 entendu certains dire qu'il ne s'agissait pas de Omserovic Mirsad ou
4 Osmanac Mirsad comme on l'a souvent vu dans les documents soumis par le
5 Procureur, donc nous souhaiterions obtenir l'annexe 5, le texte intégral
6 afin de voir s'il s'agit bien de Mirsad Osmancevic, Omserovic ou Osmanac.
7 A ce jour, le Procureur ne s'est pas prononcé sur le nom de la
8 personne en question.
9 M. le Président (interprétation). - Merci.
10 M. Blaxill (interprétation). - Monsieur le Président,
11 souhaitiez-vous que nous commentions au sujet de ce qui vient d'être dit ?
12 La situation est la suivante : C'est que nous avions l'impression, d'après
13 ce que disait M. Susak, que la note faisait référence à Mirsad Osmancevic.
14 Et les faits qui étaient indiqués semblaient liés à cette même personne.
15 L'annexe 5, à la requête que nous avons soumise, était relative à la
16 divulgation de tous ces documents et vous avez eu l'occasion de voir ces
17 documents pour voir ce qui était pertinent. Je peux dire de mémoire que
18 l'annexe 5 qui a été divulguée de façon plus vaste que dans la forme
19 initiale présentait tous les détails relatifs à la personne et que tout ce
20 qui a été expurgé ne serait d'aucune aide, sauf pour permettre à M. Susak
21 de contacter cette personne Osmancevic.
22 Ensuite, il y a eu une demande orale ici et j'ai expliqué que
23 bien que nous ayons vérifié nos dossiers, et que nous ne disposions pas
24 d'informations supplémentaires pertinentes, nous avons fait une recherche
25 auprès des autorités bosniaques et la semaine dernière, nous avons eu les
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1 résultats, donc nous avons eu des enquêteurs sur le terrain à ce moment-là
2 et ces enquêteurs ont demandé que les autorités contactent M. Osmancevic
3 pour lui demander s'il était prêt à parler à la défense ou à une autre
4 partie. La réponse a été négative. En fait, il a refusé tout contact quel
5 qu'il soit avec nos représentants et tout contact avec la défense. Il
6 s'agissait de sa part d'un refus total de prendre contact avec quiconque.
7 Hier, nous avons soumis une requête ex-parte à la Chambre. Je ne
8 vais pas m'étendre sur ce sujet, mais, bien entendu, nous sommes
9 préoccupés pour la protection des victimes ou des témoins participants au
10 procès. Je pense que nous avons véritablement fait tout ce qui était en
11 notre pouvoir et je peux dire que tous les moyens de preuve relatifs à
12 M. Osmancevic, le fait qu'il soit allé dans la maison d'Anto Papic, qu'il
13 ait utilisé la veste militaire de Rovna, etc., n'est pas contesté par la
14 défense.
15 (Les Juges se concertent sur le siège.)
16 M. le Président (interprétation). - Oui, ce que le représentant
17 de l'accusation a dit est tout à fait exact, nous avons examiné l'annexe 5
18 il y a quelque temps.
19 Maître Susak ?
20 M. Susak (interprétation). - Merci, Monsieur le Président. Je
21 respecte votre décision concernant les annexes de 1 à 4, étant donné
22 qu'ils ne concernent pas des éléments à décharge, mais je ne comprends pas
23 que le Procureur puisse barrer le nom de Mirsad Osmancevic s'il s'agit
24 bien de cette personne, sa date de naissance, son appartenance ethnique,
25 sa nationalité, son métier ainsi que le fait qu'il ait été membre de
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1 l'armée de Bosnie-Herzégovine. Je ne comprends pas pourquoi on laisse le
2 texte dans cet état et ne pas permettre à la défense, c'est ne pas
3 permettre à la défense de voir ce qui se trouve dans l'intégralité du
4 document.
5 M. Blaxill (interprétation). - Les expurgations se limitaient au
6 nom de l'enquêteur, au titre etc., ainsi qu'à la profession et à
7 l'adresse. Il n'y avait rien d'écrit. Nous ne contestons pas que cet homme
8 a été membre de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
9 M. le Président (interprétation). - Nous avons examiné ces
10 documents, nous n'avons rien vu qui puisse être d'un intérêt quelconque
11 pour la défense et comme je l'ai dit, puisque l'accusation ne conteste pas
12 les faits qui sont avancés par Me Susak, nous ne voyons pas pourquoi ce
13 document devrait être remis à la défense. Donc, je le répète, nous sommes
14 convaincus que pour ce qui est de l'annexe 5, le Procureur a respecté les
15 devoirs qui sont ceux de l'accusation. La question soulevée par la défense
16 n'est pas contestée puisqu'on est d'accord sur le fait que Osmancevic a pu
17 passer en toute sécurité jusqu'à Rovna et on lui a donné un gilet
18 militaire pour se rendre là-bas.
19 M. Susak (interprétation). - Permettez-moi d'ajouter quelque
20 chose, Monsieur le Président. Mon collègue de l'accusation doit être
21 d'accord avec moi qu'il est bien question de Mirsad Osmancevic dans
22 l'annexe 5, qu'il est Musulman et membre de l'armée de Bosnie-Herzégovine.
23 M. Blaxill (interprétation). - Je crois que j'ai déjà dit que
24 j'étais d'accord sur ces points.
25 M. le Président (interprétation). - Très bien. Merci
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1 Maître Susak. Maintenant nous allons peut-être parler de ce que nous
2 allons faire la semaine prochaine.
3 Nous allons commencer avec l'anthropologue, un témoin de la
4 Chambre et ensuite, si j'ai bien compris, Maître Slokovic-Glumac vous
5 allez citer un témoin, celui dont nous avons déjà parlé. Que va-t-il se
6 passer ensuite ? Allons-nous passer aux accusés eux-mêmes ? J'imagine donc
7 que mardi nous allons commencer à entendre Zoran Kupreskic, ensuite Mirjan
8 et ensuite Vlatko.
9 (Mme Glumac acquiesce.)
10 M. le Président (interprétation). - Y a-t-il des questions ? Y
11 a-t-il des remarques ?
12 Donc la semaine prochaine, nous siégerons de 9 heures à
13 13 heure 15, car le Juge May, lui, siège dans une autre Chambre l'après-
14 midi.
15 M. Blaxill (interprétation). - Je voulais savoir si M. Pavkovic
16 avait eu des nouvelles de M. Marin. Je ne sais pas si cela peut affecter
17 le calendrier de la semaine prochaine.
18 M. Pavkovic (interprétation). - Non, je n'ai pas de nouvelles.
19 Je me suis préoccupé des questions qu'il fallait régler dans l'immédiat
20 hier. Dès que j'aurai des nouvelles concernant M. Marin, j'en informerai à
21 temps la Chambre. Merci.
22 M. le Président (interprétation). - Très bien. Donc nous saurons
23 ultérieurement de quoi il retourne.
24 Vous avez dit que vous allez ultérieurement décider si vous
25 estimez s'il est nécessaire de l'appeler à La Haye. Si vous décidez de ne
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1 pas le faire comparaître en tant que témoin, je me demande si
2 l'accusation, quant à elle, souhaite citer ce témoin à comparaître aux
3 fins d'un contre-interrogatoire parce qu'il peut... Enfin, cela pose peut-
4 être un problème. On peut peut-être y revenir ultérieurement, je ne sais
5 pas.
6 M. Terrier. - Monsieur le Président, l'accusation souhaite
7 effectivement procéder au contre-interrogatoire de ce témoin. En toute
8 hypothèse, nous ne pouvons pas envisager que ce témoin viendrait
9 corroborer une défense alibi qui a été présentée cette semaine au
10 Tribunal.
11 M. Pavkovic (interprétation). - Comme vous le savez,
12 Slavko Marin est un militaire. J'ai demandé l'autorisation des autorités
13 militaires donc pour qu'il puisse rejoindre La Haye, mais jusqu'à ce que
14 je vienne ici, je n'ai pas eu de réponse de leur part, ni négative ni
15 positive. Donc il me faut enquêter sur les raisons qui l'ont poussé à ne
16 pas venir et je ferai tout pour informer le Procureur et la Chambre à
17 temps, dès que je saurai quelque chose, parce que pour la défense son
18 arrivée nous serait très importante et le Procureur pourrait à ce moment-
19 là agir comme bon lui semble.
20 M. Terrier. - Monsieur le Président, la balle, si je puis dire,
21 est dans le camp de Me Pavkovic. La question qui se posait au début de
22 cette semaine et qui n'a pas de reçu de réponse était celle de savoir si
23 l'accusé allait déposer lui-même, notamment sur son moyen de défense
24 d'alibi. Peut-être la question est-elle prématurée, peut-être est-ce la
25 semaine prochaine qu'il faut la poser, mais la question est : est-ce que
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1 la défection de Slavko Marin peut avoir des conséquences sur ce plan-là,
2 sur la déposition de l'accusé en personne ?
3 M. le Président (interprétation). - Maître Pavkovic, avez-vous
4 finalement décidé si votre client, l'accusé, déposera ou non, ou cela
5 dépend-il de ce témoin dont nous venons de parler, M. Slavko Marin ?
6 M. Pavkovic (interprétation). - Monsieur le Président, à l'issue
7 de la présentation des moyens de preuve de la défense, je me pencherai sur
8 notre situation avec mon client, avec l'accusé, et c'est à partir de ce
9 moment-là que nous déciderons de la marche à suivre également concernant
10 la déposition de M. Slavko Marin et concernant la déposition de mon
11 client, comme je l'ai annoncé.
12 M. le Président (interprétation). - Bien. Bien entendu, si vous
13 rencontrez une difficulté quelconque, il sera possible de demander à la
14 Chambre de convoquer le témoin afin que les autorités militaires
15 l'obligent à se rendre à notre demande. Donc nous pourrons éventuellement
16 choisir cette solution.
17 M. Pavkovic (interprétation). - Très bien.
18 M. le Président (interprétation). - Nous levons la séance
19 jusqu'à lundi, 9 heures.
20 L'audience est levée à 13 heures.
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