Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Lundi 15 mai 2000.

  2   (Audience publique)

  3   (L'audience est ouverte à 9 heures 45)

  4   (Les accusés sont introduits dans le prétoire.)

  5   M. le Président: Vous pouvez vous asseoir. Bonjour.

  6   Accusés: Merci beaucoup.

  7   M. le Président : Bonjour, Mesdames, Messieurs, bonjour, cabine technique

  8   Les interprètes sont là ?

  9   Interprète : Oui, Monsieur le Président, bonjour.

 10   M. le Président: Bonjour, les sténotypistes. Bonjour, l'accusation,

 11   bonjour, la défense. Je vois qu'ils sont tous là. Bonjour, les accusés.

 12   Nous allons donc reprendre notre affaire Kvocka et d'autres. On dit cela

 13   pour le compte rendu. C'est au Procureur, Mme Hollis ou M. Keegan, de dire

 14   aujourd'hui ce que nous allons faire.

 15 (Questions administratives de l'accusation et de la Défense)

 16   Mme Hollis (interprétation): Monsieur le Président, permettez-moi de vous

 17   dire où nous en sommes pour ce qui est du retard pris en matière de

 18   communication de pièces. Nous avons communiqué les renseignements

 19   concernant le témoin IA, M. Oklopcic, le témoin B qui est le N°6 de la

 20   liste et le témoin 7 qui est en deuxième position pour des circonstances

 21   personnelles, puis le témoin N° 8 qui occupe une autre place, de même que

 22   le N° 10 pour des raisons personnelles et le témoin 11 dont nous avons

 23   communiqué les déclarations, sauf en BCS qui sera communiquée aujourd'hui.

 24   Le témoin 12 est en cours. Le témoin 13 est en cours, sauf un affidavit

 25   bref qui sera versé et remis à la défense aujourd'hui. Le témoin 14 est en


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  1   version BCS et le témoin 3, le témoin AK, était communiqué sauf

  2   l'enregistrement vidéo que nous sommes en train d'essayer de retrouver et

  3   nous ne l'avons pas encore.

  4   Nous sommes donc tout à fait prêts pour poursuivre avec M. Oklopcic, puis

  5   avec le témoin N° 4.

  6   M le Président: Merci beaucoup, Madame Hollis. Vous pouvez vous asseoir,

  7   Madame Hollis.

  8   Avant de reprendre le cours normal de ses travaux, la Chambre souhaite

  9   faire part aux parties de son extrême préoccupation en ce qui concerne la

 10   situation des témoins dans l'affaire qui nous occupe. Pour des raisons que

 11   vous tous connaissez et qui sont publiques, plusieurs témoins ont dû

 12   passer de nombreux jours à La Haye, d'autres sont repartis et doivent

 13   revenir et l’un d'entre eux viendra pour la troisième fois. Nous devons

 14   tout faire pour éviter aux témoins de devoir affronter de telles

 15   difficultés et la Chambre dit cela par rapport aux témoins de l'accusation

 16   et va le dire aussi pour les témoins de la défense.

 17   Il ne s'agit pas essentiellement d'un problème budgétaire, même si les

 18   coûts engendrés par de telles circonstances sont considérables. Il s'agit

 19   d'abord des personnes. Nous savons tous que nous ne pouvons pas

 20   fonctionner sans l'aide indispensable que nous apportent les témoins, mais

 21   pour la plupart d'entre eux, ce ne sont pas seulement des témoins, ce sont

 22   d'abord des victimes qui viennent dire ici leur souffrance et celle de

 23   leurs proches et de leurs amis. Cela est vrai pour les témoins présentés

 24   par l'accusation et pour les témoins de la défense.

 25   Nous devons tous nous efforcer de leur donner le sentiment de l'intérêt


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  1   que nous leur portons et agir de telle manière qu'ils puissent déposer le

  2   plus séreinement possible. Il en va de l'efficacité comme de la

  3   crédibilité de notre justice.

  4   Je voudrais saisir cette occasion aussi pour exprimer mes plus vifs

  5   remerciement en mon nom -mais je crois pouvoir parler aussi en notre nom à

  6   tous- aux membres de la section des victimes et témoins qui accomplit un

  7   travail admirable.

  8   Encore une fois, je vous serais reconnaissant de tout faire pour faciliter

  9   les dépositions des témoins et rendre leur attente avant leur comparution

 10   aussi brève que possible et indispensable.

 11   Si nous sommes tous vigilants, nous permettrons à une justice meilleure et

 12   plus humaine d'être rendue et, pour y arriver, la Chambre ordonne aux

 13   parties de remettre à la Chambre une liste des témoins qu'elles vont

 14   appeler pour témoigner dans la semaine. C'est-à-dire sept jours ouvrables

 15   avant, on doit avoir une liste des témoins qui vont déposer dans la

 16   semaine. Je crois que cela peut aider les parties à s'organiser, à se

 17   discipliner pour éviter d'amener des témoins qui ne vont pas témoigner,

 18   qui doivent attendre. Je crois que vous comprenez bien les objectifs de

 19   cette décision.

 20   J'ai vu que M. O'Sullivan a mentionné l'intention de parler.

 21   Monsieur O'Sullivan, avez-vous quelques messages à communiquer ?

 22   M.O'Sullivan (interprétation): Oui, Monsieur le Président, bonjour

 23   d'abord. La défense voudrait soulever encore une question devant cette

 24   Chambre avant de laisser entrer le témoin M. Oklopcic.

 25   Mardi  9 mai, nous avons levé la session après le témoignage de


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  1   M. Oklopcic dans son interrogatoire principal. Le contre-interrogatoire

  2   n'a pas encore commencé.

  3   Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Juges, vous avez délivré une

  4   ordonnance concernant les témoins sous serment et il y est précisé que

  5   sans autorisation de la Chambre, il n'était pas question d'avoir des

  6   contacts entre les parties et le témoin à cette phase, donc une fois que

  7   le témoin a déposé son serment, c'est-à-dire en attendant qu'il ou elle

  8   n'achève son témoignage.

  9   Mardi dernier, le 9 mai, pendant la pause de 11 heures, à 11 heures 30, le

 10   témoin Oklopcic a été vu dans la pièce destinée aux témoins qui se trouve

 11   juste àl'extérieur de ce prétoire en train de s'entretenir avec M. Keegan,

 12   le représentant de l'accusation et c'était pendant l'interrogatoire

 13   principal du témoin. Il me semble que l'accusation a violé l'ordonnance

 14   que vous avez délivrée et il me faut être tout à fait clair là-dessus,

 15   concernant les raisons pour lesquelles la défense soulève la question.

 16   Nous ne soulevons pas ce problème aux fins de dire que l'intégrité de

 17   M. Keegan est à mettre en question ou devrait être interrogé sur ce sujet.

 18   Notre position est la suivante : il nous semble en effet qu'il y a eu

 19   violation prima faciae de votre ordonnance. Et si vous me le permettez, je

 20   rappellerai à la Chambre que lors de la délivrance de cette ordonnance,

 21   vous avez souligné que les contacts devaient cesser une fois que le témoin

 22   comparaissait devant la Chambre et que ce témoin était moins le témoin de

 23   l'une des parties en présence, mais un témoin de la justice, pour

 24   reprendre vos termes. Nous affirmons que quand on considère la rationalité

 25   de votre ordonnance, il ne s'agit pas seulement d'exécuter la justice,


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  1   mais de le faire dans l'intérêt de la crédibilité de la justice. Et comme

  2   cela devient apparent, il me semble que l'accusation a violé l'ordonnance

  3   en question. Dans l'intérêt bien entendu de la justice, nous affirmons que

  4   le remède juridique serait le suivant : les pièces à conviction qui ont

  5   été présentées lors de l'interrogatoire de M. Oklopcic après cette pause

  6   entre 11 heures et 11 heures 30, donc ce mardi dernier 9 mai, cette

  7   partie-là devrait être biffée du compte rendu d'audience ou alors

  8   alternativement, la Chambre devrait négliger simplement le témoignage

  9   depuis le moment en question. C’est ce que j'avais à soulever au sujet de

 10   cette question.

 11  

 12   M. le Président : Merci beaucoup Maître O’Sullivan vous pouvez vous

 13   asseoir. Je vais donner l’opportunité au Procureur de s'expliquer. S'il

 14   vous plaît M. Keegan ?

 15   M. Keegan (interprétation) : Merci beaucoup Monsieur le Président. Pour

 16   que les choses soient tout à fait claires pour le compte rendu d'audience,

 17   pendant cette pause en question, je suis allé dans la pièce des témoins

 18   afin d'informer les témoins qui devaient suivre M. Oklopcic, je voulais

 19   les informer de la situation. Le problème c'est qu'il n'y a qu'une seule

 20   pièce pour les témoins, c'est celle dont on vient de parler, l'autre nous

 21   a été enlevée et madame Nikolic m'a aperçu, étant donné que les avocats de

 22   la défense se servent de la même entrée et il y avait d'autres témoins qui

 23   étaient présents et cela constitue une des difficultés dont j'ai parlé. Je

 24   tiens à dire que je me suis entretenu avec d'autres témoins et je n'ai

 25   rien pu faire concernant le fait que Monsieur Oklopcic se soit trouvé dans


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  1   cette pièce. Il a essayé de me redemander quand va-t-on recommencer, et

  2   par le biais du traducteur, j'ai essayé de lui expliquer puisque je ne

  3   pouvais pas communiquer avec lui directement, je lui ai dit que nous

  4   étions conscients des difficultés, mais en même temps, il n'y avait aucune

  5   personne du département de la protection des victimes et des témoins dans

  6   la pièce en question et il n'y avait pas un seul des témoins depuis le

  7   début de cette affaire et comme en principe, il n'y avait pas

  8   d'intermédiaire avec qui j'aurais pu m'entretenir sur la question, j'ai

  9   été placé dans une position où j'ai dû m'entretenir directement avec

 10   d'autres témoins.

 11   Heureusement, l'un de nos interprètes était présent et m'a aidé à

 12   transmettre le message. Nous avons soulevé la question au niveau du bureau

 13   chargé de la protection des victimes et des témoins en raison de notre

 14   préoccupation et de notre conscience du fait qu'il s'agit d'un problème

 15   véritable. Ils ont affirmé qu'ils s'efforçaient de faire quelque chose,

 16   mais qu'ils n'avaient toujours pas de solution pour ce qui était de

 17   dissocier les témoins qui ont prêté serment de ceux qui n'ont pas encore

 18   prêté serment et c'était la nature du contact que nous avons eu et je

 19   tiens à affirmer à cette Chambre, qu'il n'y avait pas eu d'entretien entre

 20   nous et M. Oklopcic.

 21   M. le Président : Maître O'Sullivan ?

 22   M. O'Sullivan (interprétation) : Comme je l'ai déjà indiqué, la question

 23   n'a pas été soulevée aux fins de remettre en question l'intégrité de

 24   Monsieur Keegan, mais je ne sais pas jusqu'où il faudrait aller.

 25   M. le Président : Excusez-moi, mais devant l'explication que Monsieur


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  1   Keegan a donnée, quelle est votre position ?

  2   M. O'Sullivan (interprétation) : Le contact dont j'ai parlé s'est situé

  3   entre 11 heures et 11  heures 30 et pour autant que j'ai pu le comprendre,

  4   le contact de M. Keegan et celui de Madame Nikolic a suivi la fin de notre

  5   session. J'ai parlé moi-même d'une autre période quand M. Keegan avait été

  6   vu avec M. Oklopcic et cela se situe entre 11 heures et 11 heures 30.

  7   Madame Nikolic l'a vu après que nous ayons fini les travaux de la session.

  8   C'est la raison pour laquelle d'ailleurs nous avons demandé à ce que le

  9   témoignage soit rejeté après cette période.

 10   M. le Président : A votre avis, est-il nécessaire de mener une enquête

 11   pour éclaircir toutes ces circonstances, ou vous maintenez votre demande ?

 12   M. O'Sullivan (interprétation) : Eh bien je ne sais pas si Monsieur Keegan

 13   se souvient de l'événement dont je parle moi-même et qui a eu lieu entre

 14   11 heures et 11 heures 30.

 15   M. le Président : Vu que Monsieur Keegan allait dire quelque chose.

 16   Monsieur Keegan, pour terminer ?

 17   Nous avons des témoins qui attendent, vous le savez.

 18   M.Keegan (interprétation) : Oui, Monsieur le Président. Je ne me souviens

 19   que d'une chose, c'est l'incident où je me suis entretenu avec madame

 20   Nikolic, et s'il y a eu un autre incident, cela a probablement été dans un

 21   contexte analogue où je me suis adressé à des témoins qui se trouvaient

 22   dans la même pièce et il y avait là d'autres témoins avec le témoin qui a

 23   prêté serment. Mais je peux affirmer à la Chambre que je n'ai eu aucun

 24   autre contact avec le témoin, exception faite que j'ai dit au témoin que

 25   je ne pouvais pas m'entretenir avec lui.


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  1   M. le Président : Si j'ai bien compris, vous êtes allé à ce compartiment

  2   parce que vous alliez parler avec le témoin qui était en train de

  3   témoigner, et là par hasard, se trouvait le témoin Oklopcic. C'est ça que

  4   je dois comprendre ?

  5   M.Keegan (interprétation) : Non, je voulais m'entretenir avec les témoins

  6   qui n'avaient pas encore été cités à témoigner, et je suis allé là-bas, il

  7   n'y avait personne avec eux dans cette salle, ils voulaient savoir ce qui

  8   se passait, quand est-ce qu'on allait commencer. Au cours de chaque pause,

  9   nous nous efforçons de dire à chaque témoin jusqu'où nous sommes arrivés

 10   et quand est-ce que ce sera leur tour et ainsi de suite.

 11   (Les juges se consultent sur le siège.)

 12   M. le Président: La Chambre a entendu les parties sur cette question. Nous

 13   n'avons pas au moins des certitudes que Monsieurn Keegan a fait cela

 14   volontairement. Je crois que nous sommes d'accord que cela est arrivé par

 15   hasard, mais même si ce n'était pas arrivé par hasard, la Chambre va

 16   certainement prendre des mesures avec l'unité des témoins pour qu'on

 17   puisse créer une situation afin de faciliter les contacts des parties avec

 18   les témoins qui n'ont pas encore prêté serment et éviter que ces témoins

 19   se trouvent ensemble parce que, là, nous allons rester avec des doutes.

 20   Nous comprenons qu'il y a eu une situation logistique qui a au moins

 21   permis cette hypothèse et, en prenant donc en compte que dans quelques

 22   situations, être et apparaître peuvent être confondus, ce qu'on doit

 23   faire, c'est de régler la situation pour qu'on puisse avoir être et

 24   apparaître en même temps.

 25   Nous allons donc contacter l'unité des témoins pour éviter ces situations


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  1   et d'avoir ensemble les témoins qui n'ont pas encore prêté serment et que

  2   les parties peuvent contacter et les témoins qui ont déjà prêté serment et

  3   qui ne peuvent pas être contactés par les parties. Nous sommes donc bien

  4   conscients de cela.

  5   Nous réitérons ce que Me O'Sullivan nous a rappelé : les témoins sont les

  6   témoins de la justice et c'est pour cela aussi que nous avons aussi rendu

  7   l'autre décision. La Chambre est préoccupée avec les témoins, comme je

  8   l'ai dit, soit présentés par la défense, soit présentés par l'accusation,

  9   et cette situation doit être éclaircie pour éviter que demain M. Keegan

 10   dise : "J'ai vu quelques-uns d'entre vous contacter un témoin qui ne

 11   n'avait pas prêté serment, mais qui par hasard était avec un autre témoin

 12   qui avait déjà prêté serment".

 13   Voilà, nous allons tout faire pour éclaircir cette situation et que les

 14   choses soient claires. Donc pour l'instant, c'est ce que l'on va faire et

 15   nous déclarons cet incident clos. Donc maintenant, nous allons reprendre

 16   le contre-interrogatoire de M. Oklopcic.

 17   Je voudrais savoir, Maître Simic, quel est l'ordre ? Si vous le permettez,

 18   pouvez-vous nous le rappeler ?

 19   M. Simic (interprétation): Monsieur le Président, l'ordre sera quelque peu

 20   modifié. M. Oklopcic sera d'abord interrogé par la défense de M. Kos, puis

 21   ce sera mon tour, puis la défense de M. Radic puis de M. Prcac et,

 22   ensuite, celle de M. Zigic. Nous avons quelque peu perturbé l'ordre du

 23   contre-interrogatoire que nous pratiquons habituellement.

 24   M. le Président: Merci beaucoup, Maître Simic. Pouvons-nous faire entrer

 25   le témoin, s'il vous plaît ?


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  1   Maître Fila ?

  2   M. Fila (interprétation): En attendant que l'on fasse entrer le témoin, je

  3   voulais profiter de l'occasion de vous dire quelque chose pendant que le

  4   témoin est en train de pénétrer dans le prétoire. Nous n'avons pas reçu la

  5   liste des témoins de l'accusation. Nous ne savons donc pas quels sont les

  6   témoins qui témoigneront cette semaine et, deuxièmement, j'ai l'impression

  7   qu'entre Mme Hollis et nous-mêmes, il y a une certaine différence

  8   concernant les chiffres des témoins, c'est-à-dire la liste des témoins et

  9   la numérotation sous laquelle les témoins sont inscrits. Quand elle les a

 10   énumérés, les chiffres ne correspondaient pas aux témoins. Nous avions,

 11   par exemple, M. Oklopcic qui est inscrit sous le N° 5 chez nous, je ne

 12   sais pas si c'est le cas pour Mme Hollis également.

 13   (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

 14   M. Fila (interprétation): Les numéros aujourd'hui ne sont pas inscrits

 15   sous les mêmes chiffres ou sous les mêmes numéros que sur nos listes. Je

 16   ne sais pas s'il y a un problème là-dessus.

 17   M. le Président: Madame Hollis ?

 18   Mme Hollis (interprétation): La liste que je lisais est l'annexe

 19   confidentielle de la liste des témoins qui a été versée au dossier le

 20   25 avril. Les numéros sont les mêmes que ceux que j'ai lus, qui se

 21   trouvent sur cette liste qui a été communiquée à la défense. Ce sont les

 22   numéros que j'ai lus pour éviter toute confusion.

 23   M. le Président: Pardon, Madame Hollis, 25 ou 28 avril ?

 24   Mme Hollis (interprétation): Le 28 avril, Monsieur le Président, ce sont

 25   les changements qui ont été apportés, c'était la liste mise à jour.


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  1   M. le Président: J'ai entendu en traduction 25, mais je vois dans le

  2   transcript 28. C'est la liste que j'ai et cela répond donc à la difficulté

  3   de Me Fila ?

  4   M. Fila (interprétation): Non, Monsieur le Président. Je vais vous citer

  5   un exemple. Le témoin AI, par exemple, qui est inscrit sous le N °4 sur la

  6   liste de Mme Hollis aujourd'hui, elle l'a lu comme étant le témoin N °2

  7   (expurgée)

  8   (expurgée)

  9   (expurgée)

 10   (expurgée)

 11   (expurgée)

 12   Mme Hollis (interprétation): Le N° 2, c'est le témoin AJ.

 13   M. Fila (interprétation): Alors ça va, merci.

 14   Oui, très bien mais, ce matin, vous aviez donné le nom du témoin N° 4 sous

 15   le N  2, donc qui sera examiné aujourd'hui. J'aimerais avoir le numéro du

 16   témoin qui témoignera après celui-ci.

 17   Mme Hollis (interprétation): Il s'agit du N °3, AK, suivi par le témoin

 18   N °4.

 19   M. Fila (interprétation): Merci.

 20   M. le Président: C'est clair maintenant, il faut vraiment prendre soin

 21   d'une bonne communication. Il faut toujours mentionner le document comme

 22   vous avez fait maintenant. Il y a 12 avocats, ils peuvent avoir

 23   différentes versions. Il s'agit vraiment de la liste déposée le 28 avril

 24   cette année. Quand Mme Hollis parle du N° 1 ou du N °2, c'est de cette

 25   liste. C'est pour cela qu'il est bien d'avoir au moins sept jours avant la


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  1   liste des témoins qu'on va présenter dans la semaine. De cette façon, je

  2   crois qu'il n'y a pas de problème. Cela peut faciliter et éviter que les

  3   témoins attendent au moins 15 jours. C'est une façon -excusez-moi quand

  4   même de vous dire cela- de nous obliger à nous-mêmes de nous organiser.

  5   Si nous avons besoin de cinq témoins pour une semaine, nous appelons cinq

  6   témoins pour cette semaine, pas dix, pas quinze. La Chambre préfère avoir

  7   un temps qui n'est pas utilisé, qui n'est pas rempli le vendredi au lieu

  8   d'avoir un témoin qui commence une heure vendredi et reste le lundi. Est-

  9   ce que vous pouvez faire attention à cela ? Respectez les personnes. Les

 10   témoins sont des personnes. C'est pour cela que l'on doit le faire. Si

 11   nous nous organisons, nous pouvons peut-être faire les choses mieux pour

 12   nous et pour les témoins qui sont des personnes déplacées comme vous

 13   savez.

 14   Evitez, quand il y a un témoin protégé, d'attendre ici quinze jours.

 15   Quelle est la justification que le témoin va donner quand il va rentrer ?

 16   Je dis cela pour les témoins de l'accusation toujours et de la défense.

 17   C'est la même chose.

 18   Excusez-moi, Madame Hollis, les choses sont claires maintenant et je crois

 19   que toutes les difficultés que vous avez de fonctionner avec cela,

 20   dites-les-nous, peut-être que nous pouvons parler, peut-être nous pouvons

 21   faire les choses en commun.

 22   Vous pouvez donc vous asseoir, Madame Hollis, merci beaucoup. Je vais

 23   donner maintenant la parole à l'équipe de la défense, Me Nikolic, pour le

 24   contre-interrogatoire de M. Oklopcic.

 25   Bonjour, Monsieur Oklopcic, vous m'entendez ?


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   1   M. Oklopcic (interprétation): Bonjour.

  2   M. le Président: C'est moi qui vous parle. Excusez-moi de vous déranger

  3   avec toutes ces petites questions. Finalement, nous allons continuer votre

  4   contre-interrogatoire. Je vous rappelle que vous continuez sous serment.

  5   Vous nous avez dit que vous diriez toute la vérité, seule la vérité et

  6   rien que la vérité.

  7   Maintenant vous allez répondre aux questions que Me Nikolic va vous poser

  8   du côté de la défense. Merci.

  9   (Contre-interrogatoire de M. Oklopcic par Me Nikolic.)

 10   M. Nikolic (interprétation): Bonjour. Monsieur Oklopcic, bonjour, je vais

 11   vous poser quelques questions. Je suis certain que vous allez répondre

 12   très franchement à ces questions et brièvement.

 13   Vous avez eu une rencontre avec les enquêteurs du Tribunal et avez fait

 14   une déclaration en 1994, est-ce exact ?

 15   R.    (Hochement de la tête.)

 16   Q.    Il s'agit de votre déclaration ici. J'aimerais demander à l'huissier

 17   de remettre la version originale en anglais et la version en BCS au

 18   témoin, s'il vous plaît.

 19   (L'huissier s'exécute.)

 20   Q.    Je souhaiterais demander à l'huissier de distribuer la version en

 21   langue anglaise au Tribunal.

 22   (L'huissier s'exécute.)

 23   Q.    Monsieur Oklopcic, vous avez devant vous deux versions, l'une est en

 24   langue anglaise et l'autre en version BCS.

 25   La version en BCS vous a été remise pour que vous puissiez suivre mes


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  1   questions plus facilement. Monsieur Oklopcic, voulez-vous jeter un coup

  2   d'oeil sur la page de couverture de la version en BCS ?

  3   R.    Oui.

  4   Q.    En haut de la page, il est écrit "Tribunal international chargé de

  5   poursuivre les personnes présumées responsables de violations graves du

  6   droit international humanitaire commises sur le territoire de l'ex-

  7   Yougoslavie".

  8   R.    Oui.

  9   Q.    Votre signature, c'est-à-dire il s'agit d'une déclaration du témoin,

 10   est-ce exact ?

 11   R.    Oui.

 12   Q.    Vous voyez également la date de l'entrevue sur la page couverture,

 13   est-ce exact ?

 14   R.    Oui.

 15   Q.    Voulez-vous jeter un coup d'oeil sur la version anglaise, sur la

 16   page couverture ? Votre signature apparaît en bas de la page, est-ce

 17   exact ?

 18   R.    Oui.

 19   Q.    J'aimerais vous demander de prendre la version en langue anglaise,

 20   j'aimerais que vous la feuilletiez et je souhaiterais que vous nous disiez

 21   si votre signature apparaît bien sur chaque page.

 22   R.    Oui.

 23   Q.    M. Oklopcic, j'aimerais que vous preniez la version en BCS, que vous

 24   tourniez la dernière page, puis il est indiqué : "J'atteste". C'est une

 25   attestation du témoin et la date qui apparaît est le 10 décembre 1994,


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  1   est-ce exact ?

  2   R.    Oui.

  3   Q.    Je souhaiterais que vous jetiez un coup d'oeil sur la le dernière

  4   page de la version anglaise. Vous avez signé cette déclaration avec la

  5   date qui est bien le 10 décembre 1994, est-ce exact également ?

  6   R.    Je ne me souviens pas exactement, mais je vois que ma signature

  7   figure sur cette page. S'il s'agit bien de cette date, c'est très

  8   probable, mais il s'agit certainement de ma signature.

  9   Q.    Est-il exact, Monsieur Oklopcic, que vous avez donné cette

 10   déclaration librement et d'une façon volontaire, sans pression ?

 11   R.    Oui.

 12   Q.    Au moment où vous avez donné la déclaration, vous avez dit la

 13   vérité ?

 14   R.    J'ai toujours essayé de dire la vérité.

 15   Q.    Merci, vous avez donné cette déclaration sur une période de six

 16   jours, le 22, le 23, le 24, le 25, le 26 septembre 1994 ainsi que le

 17   10 décembre 1994, est-ce exact ?

 18   R.    Oui.

 19   Q.    Est-ce que vous vous souvenez combien de temps vous avez passé

 20   environ en entrevue avec les enquêteurs ?

 21   R.    Eh bien, c'était une journée de huit heures, c'était comme une

 22   journée normale de huit heures mais, en fait, peut-être un peu plus, peut-

 23   être un peu moins, mais en moyenne, il s'agissait d'une journée de huit

 24   heures.

 25   Q.    Très bien. Il y avait trois personnes présentes lors de votre


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  1   entrevue. Si vous jetez un coup d'œil sur la page couverture, c'est ce qui

  2   figure sur la page ?

  3   R.    Oui, c'est exact.

  4   Q.    Très bien, merci. Ces personnes vous ont posé des questions et vous

  5   donniez une réponse à leurs questions ?

  6   Q.    Oui.

  7   Q.    Vous est-il arrivé de dire des choses d'une façon spontanée ?

  8   R.    Oui, eh bien...

  9   Q.    Oui ou non ?

 10   R.    Je ne me souviens pas.

 11   Q.    Vous avez dit probablement.

 12   R.    Vous me demandez de dire oui ou non, je ne me souviens pas

 13   exactement.

 14   Q.    Lorsque vous avez donné ces déclarations, il n'y avait aucune

 15   pression faite sur vous ?

 16   R.    Non.

 17   Q.    Vous avez parlé d'une façon libre ?

 18   R.    Oui.

 19   Q.    Votre entrevue a eu lieu deux ans après les événements critiques

 20   d'Omarska, est-ce exact ?

 21   R.    Oui.

 22   Q.    Ces questions, c'est-à-dire ces événements étaient très frais dans

 23   votre mémoire à ce moment-là, est-ce exact ?

 24   R.    Oui.

 25   Q.    Merci. Maintenant votre déclaration -vous pouvez la revoir- contient


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  1   environs 29 pages, votre déclaration est truffée de détails, est-ce

  2   exact ?

  3   R.    Oui.

  4   Q.    Quand vous avez donné cette déclaration, vous avez donné la

  5   meilleure version d'après vos souvenirs ?

  6   R.    Oui, d'après mes souvenirs, oui.

  7   Q.    Monsieur Oklopcic, saviez-vous que cette déclaration nous sera

  8   présentée devant un Tribunal pénal international ?

  9   R.    Je le présumais.

 10   Q.    Très bien merci. Pourriez-vous tourner la page 23. Dans votre

 11   déclaration figurant à la page 23…

 12   R.    Juste un instant s'il vous plaît.

 13   Q.    Dans votre déclaration figurant à la page 23, c'est-à-dire l'avant-

 14   dernier paragraphe, Monsieur  le Président il s'agit de la page 31 du

 15   troisième paragraphe dans la version anglaise à partir du haut, vous avez

 16   mentionné un surnom Krle. Est-ce exact ?

 17   R.    Oui.

 18   Q.    Merci. Etes-vous d'accord avec moi, compte tenu de la déclaration,

 19   que dans votre déclaration, vous n'avez jamais à aucun moment mentionné un

 20   nom portant un surnom Krle, en relation avec quelque autre incident à

 21   Omarska ?

 22   R.    Eh bien, si c'est ce qui est écrit, je dois être d'accord avec vous.

 23   Q.    Oui très bien. Je n'ai pas d'autres questions. J'aimerais que le

 24   Tribunal entre cette déclaration comme moyen de preuve, verse au dossier

 25   cette déclaration au dossier. Il s'agit de la déclaration D/2.


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   1   M. le Président : Avez-vous des objections Maître Keegan ?

  2   M. Keegan (interprétation) : Nous n'avons pas d'objection Monsieur le

  3   Président.

  4   M. le Président: Quelle cote ?

  5   M. Dubuisson: Comme cela a été mentionné, il s'agit bien de la pièce D2/.

  6   M. le Président: Merci beaucoup M. Nikolic. Maintenant nous allons passer

  7   à Maître K. Simic.

  8   M. Oklopcic est contre interrogé par M. K.Simic

  9   M.  K. Simic (interprétation): Monsieur Oklopcic, Me Nikolic vous a posé

 10   certaines questions que j'avais également l'intention de vous poser. Pour

 11   ne pas répéter, les déclarations que vous avez données ont été signées et

 12   données d'une façon libre et volontaire ?

 13   R.    Oui.

 14   Q.    Puisque nous parlons déjà de déclarations, je souhaiterais vous

 15   demander de vous rappeler à combien de reprises et avec combien de

 16   personnes vous avez discuté des événements reliés à Omarska ?

 17   R.    Pensez-vous aux enquêteurs ou d'autres personnes ?

 18   Q.    Je parle des officiels.

 19   R.    Plusieurs personnes sont venues me voir, les enquêteurs étaient venu

 20   me voir à plusieurs reprises concernant les événements qui ont eu lieu à

 21   Omarska. Il est très rare que j'en parle à d'autres personnes.

 22   Q.    Je parle de représentants d'institutions officielles.

 23   R.    Il ne s'agit donc que des enquêteurs, à 4 ou 5 reprises. Il sont

 24   venus me voir à plusieurs reprises chez moi à la maison.

 25   Q.    Est-ce que cela voudrait dire que nous avons une déclaration le 22,


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  1   le 23, le 24, le 25, et le 26 septembre 1994, et par la suite, il y en a

  2   eu une autre le 10 décembre 1994.

  3   R.    Oui, c'était à deux reprises exactement.

  4   Q.    Est-ce que vous avez discuté avec les enquêteurs du Tribunal au mois

  5   de juin 1994 ?

  6   R.    Je ne me souviens pas précisément, mais je sais que par la suite,

  7   après cette première et deuxième déclaration, il est impossible pour moi

  8   de vous donner des dates exactes et les mois exacts.

  9   Q.    Je ne sais pas si j'oserai vous demander, j'ai une déclaration faite

 10   le 22 juin, je ne sais même pas qui l'a prise, nous ne savons pas quelle

 11   était l'année à laquelle elle a été prise, mais nous allons revenir plus

 12   tard là-dessus. Puisque nous parlons déjà de déclaration, puisque Me

 13   Nikolic vous a remis les textes à plusieurs endroits, dans ces textes vous

 14   parlez, vous comparez le tout à une déclaration, c'est-à-dire vous

 15   mentionnez un enquêteur, vous ne parlez pas d'une déclaration que vous

 16   auriez donnée à quelqu'un, mais vous ne parlez pas à quel moment cette

 17   déclaration a été donnée, vous corrigez certaines différences qui

 18   apparaissaient dans votre déclaration précédente. De quelle déclaration

 19   s'agissait-il ?

 20   R.    Je ne sais pas exactement, vous devriez me remémorer le passage ?

 21   Q.    Il s'agit de la page 9. Il s'agit du dernier paragraphe. Et je vais

 22   vous donner la page dans la version anglaise dans quelques instants. Dans

 23   la version en langue anglaise, il s'agit de la page 12, et au dernier

 24   paragraphe. Je sais que dans la déclaration qui a été faite avec

 25   l'enquêteur, et là on voit un passage biffé et vous énumérez certains


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  1   événements. Est-ce que vous vous souvenez de cela ?

  2   R.    Je ne sais pas ce qui est biffé exactement. Je sais que… je ne me

  3   souviens pas, je ne peux pas répondre à cette question, il ne s'agit pas

  4   d'une mauvaise volonté mais je ne le sais pas.

  5   Q.    Est-ce que vous vous rappelez avec qui discutiez-vous et de quelle

  6   déclaration s'agit-il, à qui avez-vous donné cette déclaration et quand ?

  7   R.    Eh bien à l'enquêteur, c'était Allan Tiger, il s'agit d'Allan Tiger,

  8   de Brezvo Martinµ et de Stig Ekvist.

  9   Q.    Mais non, mais il s'agit de la chose suivante : vous dites que dans

 10   la déclaration que j'ai donnée précédemment il y a certaines différences

 11   et j'aimerais savoir de quelle déclaration vous parliez à ce moment-là ?

 12   R.    Ce n'est pas ce que j'ai dit. Je sais lire, je sais que dans la

 13   déclaration qui a eu lieu avec l'enquêteur, les choses suivantes ont été

 14   énumérées.

 15   Q.    Monsieur Oklopcic, il ne s'agit pas de ça. Je vous pose la question

 16   suivante : de quelle déclaration s'agissait-il, est-ce qu'on vous avait

 17   montré cette déclaration à l'époque ?

 18   R.    Mais je ne me souviens vraiment pas de cette déclaration.

 19   Q.    Pendant le mois de juin 1995, à ce moment-là est-ce que les

 20   enquêteurs vous ont présenté des photos pour que vous puissiez identifier

 21   certaines personnes ?

 22   R.    Je sais qu'on m'a remis des photos à un certain moment donné, je ne

 23   sais pas si c'était cette fois-là en 1995 mais je sais que j'ai déjà reçu

 24   des photos pour reconnaître certaines personnes.

 25   Q.    Combien de photos vous a t-on présentées ?


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  1   R.    De 6 à 9 photos.

  2   Q.    Est-ce que vous avez reconnu quelqu'un sur ces photos ?

  3   R.    Oui mais je ne peux pas vous dire combien de personnes.

  4   Q.    Est-ce que vous l'avez mentionné dans le procès-verbal ?

  5   R.    Ce n'était pas moi qui menais ces conversations donc ce n'était pas

  6   à moi d'entrer les détails dans le procès-verbal, ce n'était pas moi qui

  7   inscrivais le procès-verbal.

  8   Q.    Est-ce que vous avez signé les photos ?

  9   R.    Non.

 10   Q.    Monsieur le Président, jusqu'à présent nous n'avons jamais vu ces

 11   photos, nous n'avons jamais eu l'occasion de voir ce qui a été montré à

 12   M. Oklopcic, c'est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas poser des

 13   questions-là dessus, mais nous voulions simplement vous démontrer que la

 14   défense n'avait pas eu la possibilité, n'a pas toujours la possibilité de

 15   préparer la défense et de questionner, c'est-à-dire de contre interroger

 16   le témoin d'une façon adéquate. Et maintenant je vais commencer le contre-

 17   interrogatoire. Vous avez mentionné que le 20 mai à Prijedor, vous jouiez

 18   dans un match de football ?

 19   R.    Oui.

 20   Q.    Vous avez mentionné que durant ce match de football, vous avez

 21   entendu des tirs en provenance de Hambarine.

 22   R.    Oui c'est ça et j'ai également vu de la fumée.

 23   Q.    Par la suite, vous avez mentionné qu'à ce moment-là, vous n'aviez

 24   pas les renseignements nécessaires, mais que par les médias, vous avez su

 25   de quoi il s'agissait ?


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  1   R.    Oui non seulement les médias mais pendant la nuit. Vous savez

  2   comment c'est, on entend les gens dire des choses.

  3   Q.    Par contre, durant votre déposition, vous avez rapidement passé sur

  4   ces évènements qui étaient plutôt tragiques ?

  5   R.    Oui, c'était un drame.

  6   Q.    Qu'est-ce que vous avez entendu pas les médias ou quels étaient les

  7   renseignements que vous avez entendus des autres personnes s'agissant des

  8   événements du 20 mai ?

  9   R.    Il s'agissait des tirs sur le point de vérification, le check point,

 10   qui se trouvait juste devant Hambarine.

 11   Je ne sais pas si vous avez déjà été à Hambarine, c'est comme

 12   une petite côte et, devant, il y avait un barrage routier, juste devant

 13   Hambarine puisqu'il y avait des barrages routiers un peu partout, tout

 14   autour du village. Alors, les citoyens d'Hambarine avaient décidé

 15   également de faire un barrage routier et, sur ce barrage routier, il y a

 16   eu donc des tirs.

 17   Q.    Quelles étaient les conséquences de ces tirs ?

 18   R.    Les conséquences de ces tirs étaient telles qu'il y a eu un

 19   ultimatum. C'est-à-dire, qu'est-ce que vous voulez dire par : "Quelles

 20   étaient les conséquences ?"

 21   Q.    Je parle des blessures des gens, des personnes

 22   blessées ?

 23   R.    Je ne sais pas quelles étaient les conséquences, mais je sais

 24   que deux personnes avaient trouvé la mort et que deux autres personnes

 25   avaient été blessées de la part des soldats serbes.


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  1   Q.    Tranquillement, Monsieur Oklopcic, voulez-vous simplement

  2   répondre à mes questions.

  3   R     Je réponds à vos questions.

  4   Q.    Je vous pose la question de savoir : est-ce que durant cet

  5   incident sur ce point de contrôle devant Hambarine, deux personnes ont

  6   trouvé la mort et certaines autres personnes, c'est-à-dire deux autres

  7   personnes de nationalité serbe ont été blessées ?

  8   R.    Oui, d'après les médias serbes, oui, d'après la télévision

  9   serbe.

 10   Q.    Vous mentionniez les points de contrôle, de quoi

 11   s'agissait-il ?

 12   R.    Ces points de contrôle étaient des sacs de sable, il

 13   s'agissait d'une dizaine, de dix à quinze et, sur chaque point de

 14   contrôle, il y avait trois à quatre soldats avec des armes, soit des

 15   soldats, soit des policiers.

 16   Q.    Monsieur Oklopcic, à qui appartenaient ces points de contrôle

 17   -je parle de la municipalité de Prijedor ?

 18   R.    A l'intérieur de la ville dans laquelle je vivais -je

 19   vivais au centre-ville-, tout un point était tenu par la police serbe et

 20   les soldats serbes, c'est-à-dire dans les villages musulmans environnants,

 21   par exemple, Kozarac, Hambarine, puisque je travaillais à Kozarac et à

 22   Trnopolje, à Kozarac.

 23   Donc d'un côté, il y avait la Défense territoriale de Kozarac

 24   et, de l'autre côté, sur le carrefour Banja Luka, Prijedor, Kozara, il y

 25   avait un point de contrôle de l'armée serbe et de la police serbe et, à


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  1   Hambarine, il s'agissait également du point de contrôle juste au bas

  2   d'Hambarine. C'était le point de contrôle de la Défense territoriale qui

  3   avait organisé et qui avait érigé ce point de contrôle.

  4   Q.    Peut-on conclure que vers la fin du mois de mai, dans la région de

  5   la municipalité de Prijedor, il y a eu une sorte de partage qui a été

  6   effectué entre les deux groupes ethniques et qui s'est manifesté par le

  7   biais de ces points de contrôle sur lesquels on arrêtait et on empêchait

  8   la libre circulation des gens et des marchandises ?

  9   R.    Non, on ne peut pas conclure cela puisque le 30 avril, c'est le côté

 10   serbe qui a pris le contrôle et, après cette date-là, il contrôlait tous

 11   les points de contrôle, et le point d'Hambarine a constitué une réponse à

 12   ces événements organisés par les Serbes parce que des gardes ivres

 13   passaient, des soldats et des policiers marchaient, ils montraient des

 14   signes avec les trois doigts de la main, etc.

 15   Donc moi, je regrette profondément le fait que des soldats serbes ont été

 16   tués, mais de toute façon, pour autant que je sache, les points de

 17   contrôle, tel celui d'Hambarine, par exemple, ont été le résultat de la

 18   prise de pouvoir par les Serbes le 30 avril 1992, et ceci ne s'est pas

 19   produit le lendemain, mais quelques jours plus tard.

 20   Me permettez-vous de continuer un peu, sinon je vais m'arrêter ?

 21   Q.    Allez-y.

 22   R.    Nous avons eu, par exemple, des discussions avec M. Kuruzovic en mai

 23   1992 et nous avons dit : "Pourquoi c'est juste les soldats serbes qui

 24   doivent se trouver à ces points de contrôle ?" C'était à la réunion qui a

 25   eu lieu à Trnopolje, et lui a commencé à rire. C'était sa réaction, et le


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  1   résultat de cela était les points de contrôle à Hambarine et à Kozarac.

  2   Ceci s'est produit en conséquence de tout cela.

  3   Q.    Est-ce que ce point de contrôle qui se trouvait à l'entrée

  4   d'Hambarine... Ou bien, si vous voulez celui qui se trouvait à Prijedor et

  5   qui était contrôlé par les Serbes, est-ce qu'à ce point de contrôle, on

  6   empêchait les gens de passer librement, est-ce qu'on vérifiait leurs

  7   pièces d'identité, etc. ?

  8   R.    Moi, personnellement, cela m'est arrivé d'être arrêté à ce point de

  9   contrôle sur le chemin de mon école. On vérifiait les cartes d'identité

 10   des gens.

 11   Q.    On peut dire que ces points de contrôle limitaient la circulation

 12   libre ?

 13   R.    Oui, on peut le dire, d'après mon expérience.

 14   Q.    Quelle était l'appartenance ethnique des gens qui contrôlaient le

 15   point de contrôle d'Hambarine ?

 16   R.    Je suppose qu'ils étaient Musulmans puisque la population était

 17   musulmane.

 18   Q.    Est-ce que vous avez entendu qui avait participé à cet échange de

 19   tirs tragique ?

 20   R.    Oui, il y avait un policier, Aziz Aliskovic.

 21   Q.    Est-ce qu'il était possible de mener une enquête criminelle, comme

 22   c'était le cas durant les conditions normales de vie ?

 23   R     Je ne peux pas être sûr, mais je sais que le lendemain un ultimatum

 24   a été lancé à la population d'Hambarine afin qu'elle rende Aliskovic aux

 25   autorités.


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  1   Q.    M. Aliskovic, est-ce qu'il a jamais été arrêté suite à ces

  2   événements ?

  3   R.    Je ne l'ai jamais vu

  4   Q.    Nous parlons maintenant des événements dont vous avez parlé tout à

  5   fait brièvement auparavant et je souhaite que l'on reparle maintenant de

  6   votre engagement militaire. Vous avez dit que vous avez fait votre service

  7   militaire dans l'infanterie ?

  8   R.    Oui.

  9   Q.    Et que puisque vous étiez déjà assez fort physiquement et vous avez

 10   progressé rapidement et vous êtes devenu le sous-officier avec le grade le

 11   plus important c'est-à-dire le caporal, le sergent ?

 12   R.    Oui.

 13   Q.    En tant que sergent quelle était votre fonction ?

 14   R.    J'étais le commandant de peloton.

 15   Q.    Et vous aviez combien d'hommes sous vos ordres ?

 16   R.    Pour autant que je m'en souvienne, chaque peloton avait quatre

 17   groupes avec huit à dix personnes, donc cela veut dire qu'il y avait

 18   environ 32 personnes, disons entre 30 et 35 personnes.

 19   Q.    Donc vous étiez officier de réserve, et vous aviez une trentaine

 20   d'hommes sous vos ordres pendant les exercices ?

 21   R. Oui.

 22   Q.    Et quel était le commandant de cette unité ?

 23   R.    C'était Karlica. Zoran Karlica, je crois.

 24   Q.    C'était l'officier de réserve ?

 25   R.    Oui il était l'officier de réserve, il était lieutenant et, par la


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  1   suite, il est devenu capitaine de première classe.

  2   Q. Et qui était le supérieur de cette personne ?

  3   R. Meo Grbic pour autant que je m'en souvienne, puis il y avait

  4   d'autres sous-officiers et le colonel lieutenant Koprivica, mais vous

  5   savez tout ça s'est passé il y a bien des années, donc je ne me souviens

  6   pas de tout, mais je sais qu'il y avait ce Koprivica et le commandant

  7   Grbic.

  8   Q.    Vous avez décrit donc la situation, pouvez-vous nous dire quel était

  9   votre rôle dans l'armée, après votre service militaire ?

 10   R.    Je devais répondre aux ordres de mobilisation et participer à la

 11   défense.

 12   Q     Vous n'avez pas bien compris. Quelle était votre fonction après

 13   cela.

 14   R     J'étais responsable devant la Défense territoriale et à peu près

 15   deux fois par an, puisque nous étions des réservistes, nous devions nous

 16   présenter au bureau de la Défense territoriale.

 17   Q.    Donc vous êtes devenu membre des forces de réserve de l'armée

 18   populaire yougoslave ?

 19   R.    Oui.

 20   Q. Donc est-ce que vous pouvez nous dire s'il s'agissait des forces

 21   de police de réserve ?

 22   R. Tout à fait.

 23   S. Puisque nous parlons de tout cela, je souhaite vous demander

 24   s'il existait une obligation de travail ?

 25   R.    Oui ceci existait mais moi je n'ai jamais été dans la situation où


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  1   j'étais face à une obligation de travail, je ne vois pas de quoi vous

  2   parlez.

  3   Q. Je parle des situations où vous êtes obligé d'aller à votre

  4   propre travail.

  5   R. Je n'avais pas un travail aussi important pour que ceci me

  6   concerne.

  7   Q.    Nous allons parler maintenant des forces de réserve et de la

  8   mobilisation et j'aimerais que l'on essaie de parler maintenant du camp

  9   d'Omarska. Est-ce que vous y avez remarqué des membres des forces de

 10   réserve de la police qui faisaient partie du personnel de sécurité dans le

 11   camp ?

 12   R.    Oui et effectivement il y avait une distinction.

 13   Q.    Nous parlerons de distinction tout à l'heure. Mais donc il y a eu

 14   des policiers de réserve ?

 15   R.    Oui, réguliers.

 16   Q.    Très bien, réguliers. En ce qui concerne l'enceinte d'Omarska,

 17   l'ensemble de cette enceinte, est-ce qu'il y a eu des membres des forces

 18   de réserve de l'armée au sein du personnel de sécurité ?

 19   R.    Ils étaient tous des soldats à l'époque, ils portaient tous des

 20   uniformes donc je ne vois pas quelle est la différence entre les

 21   réservistes et les membres actifs, car ils avaient tous un uniforme, un

 22   fusil et tout ce que vous voulez.

 23   Q.    Très bien, mais vous en tant que réserviste, vous aviez à la fois

 24   l'uniforme et le fusil ?

 25   R.    Chez moi je n'avais rien.


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  1   Q. Mais je parle des réservistes. Quelle était la différence entre

  2   vous et par exemple le sergent actif, est-ce que l'uniforme

  3   était différent ?

  4   R. Non, c'est juste l'insigne du grade qui était différent.

  5   S. C'était l'uniforme vert olive ?

  6   T. Je n'avais pas d'uniforme d'officier.

  7   Q.    C'est justement ma question, vous étiez un officier de réserve,

  8   sergent de réserve ?

  9   R.    Sergent de réserve.

 10   Q.    Face à vous il y a un sergent professionnel et moi en tant

 11   qu'observateur ordinaire, est-ce que sur la base des uniformes je pouvais

 12   voir une différence entre vous ?

 13   R.    Oui.

 14   Q. Est-ce que sur la base des uniformes des membres des forces de

 15   réserve et de police et des forces de police régulière, est-ce qu'il y

 16   avait une différence qu'on pouvait voir sur la base de l'uniforme ?

 17   R. Eh bien oui et non. Je vous répondrai tout à l'heure.

 18   Q.    S'agissant des soldats, est-ce qu'on pouvait voir une différence

 19   entre les forces de réserve de l'armée et les membres actifs des forces de

 20   police ou des forces de l'armée ?

 21   R.    Oui.

 22   Q. C'est ce dont je voulais parler. Dans le camp d'Omarska en ce

 23   qui concerne le personnel chargé de la sécurité, est-ce que ces trois

 24   structures y ont été représentées ?

 25   R. Oui toutes les trois.


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  1   Q.    Pour que les choses soient tout à fait claires, il y avait les

  2   forces de réserve de la police, les policiers actifs et les soldats

  3   actifs ?

  4   R.    Tout à fait.

  5   Q.    Nous avons terminé en ce qui concerne les membres du personnel

  6   chargés de la sécurité. Vous avez dit qu'au début du mois de juin à

  7   Omarska se trouvait également une unité de police spéciale ?

  8   R.    Il s'agissait de l'unité spéciale de Banja Luka.

  9   Q. Est-ce que leur uniforme à eux était différent ?

 10   R.    Non, mais ils portaient plus d'armes par rapport aux gens locaux à

 11   ceux qui venaient d'Omarska et de la région d'Omarska.

 12   Q.    Je sais que beaucoup de temps s'est écoulé, mais pourriez-vous

 13   essayer de nous dire combien de temps ils sont restés à Omarska ?

 14   R.    Une semaine ou deux. Je suis certain de ma réponse.

 15   Q.    Au cours de leur séjour, est-ce qu'il y a eu une sorte de relève,

 16   est-ce qu'une équipe est partie, est-ce qu'elle s'est vu relayer par une

 17   autre ? Je parle d'une relève du personnel ?

 18   R.    Non non, ils sont venus avec les autres, ils étaient responsables

 19   pendant la première semaine et la deuxième et ensuite eux ils sont partis,

 20   et les autres personnes y compris ceux qui sont ici sont venus et c'est

 21   eux qui sont devenus chargés du camp.

 22   Q.    Donc, vous dites que ces gens-là étaient responsables pour l'unité

 23   au début ?

 24   R.    Oui.

 25   Q.    Pouvez –vous les identifier ?


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  1   R.    Non je ne peux pas puisqu'ils sont de Banja Luka, c'est ce qu'ils

  2   ont dit eux-mêmes, je ne les connais pas du tout, je ne connais aucun nom

  3   sinon je vous l'aurais dit.

  4   Q.    Donc vous ne savez pas qui était le commandant de cette unité ? R.

  5         C'était une personne plutôt jeune d'une trentaine d'années, il

  6   commandait et donnait des ordres à cette unité. Ils étaient tous plutôt

  7   jeunes.

  8   Q.    Quand est-il parti cet homme ?

  9   R.    Ils sont tous partis au bout d'une semaine ou deux, ils ont pris un

 10   ou deux transport de troupes, il ne s'agissait pas d'une grande unité, il

 11   y avait peut-être 15 à 20 personnes.

 12   Q.    Est-ce que vous avez remarqué quelles étaient leurs tâches, quel

 13   était leur rôle dans le système de sécurité ?

 14   R.    Ils étaient devant la Pista, devant les toilettes, devant l'immeuble

 15   principal. Quant à la question de savoir quelles étaient leurs intentions,

 16   je ne peux pas savoir ce à quoi ils pensaient.

 17   Q.    S'agissait il des gardes classiques ?

 18   R.    De quoi de voulez-vous parler ? Pour moi tous les gardes étaient des

 19   gardes, ils avaient un fusil, un pistolet, je ne vois pas de différence

 20   entre deux gardes, je dois vous répondre ainsi, tous les gardes étaient

 21   des gardes classiques.

 22   Q.    Qui était chargé de leur alimentation ?

 23   R.    Cela provenait d'Omarska.

 24   Q.    Si l'on parle de ce personnel chargé de la sécurité ?

 25   R.    Vous parlez de ces unités spéciales ?


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  1   Q.    Non non, je vais terminer ma question. Nous parlons de ces membres

  2   actifs et de réserves attachées au poste de police d'Omarska. Est-ce que

  3   vous vous souvenez ou pouvez-vous calculer combien de policiers actifs il

  4   y avait ?

  5   R.    Concernant ceux qui étaient sur place, toujours ou souvent comme

  6   Kvocka; Radic, etc, mais tous les jours, absolument tous les jours. Quand

  7   on faisait venir un nouveau groupe de 5 à 6 prisonniers, des policiers de

  8   Prijedor venaient. Il n'y a pas un seul policier de Prijedor qui ne soit

  9   jamais rentré dans le camp d'Omarska. Croyez-moi quand je vous dit ça,

 10   donc nous pouvons dire que c'était la majorité.

 11   Q.    Essayons d'être clairs. Je vous ai parlé clairement du personnel

 12   chargé de la sécurité et des gens qui avaient travaillé au poste de police

 13   d'Omarska. Je ne parlais pas des policiers qui venaient par ci par là.

 14   R.    Vous m'avez demandé combien de personnes faisaient partie du

 15   personnel chargé de sécurité ?

 16   Q.    Oui.

 17   R.    J'ai dit Kvocka, Radic, ce sont les gens dont je me souviens. En ce

 18   qui concerne les autres je ne vais pas les mentionner tous.

 19   Q.    Et les autres étaient des réservistes ?

 20   R.    Pas uniquement, il y avait les membres des forces actives, la

 21   constitution était mixte.

 22   Q.    Je ne vous demande pas qui entrait dans le camp mais j'ai demandé

 23   qui montait la garde ?

 24   R.    En ce qui concerne les policiers réguliers, aucun d'eux ne montait

 25   la garde.


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  1   Q.    Je souhaite maintenant parler du système de sécurité. Vous avez

  2   parlé d'un certain Stupar dans votre déclaration préalable.

  3   R.    Pour autant que je m'en souvienne, j'ai demandé qu'on ne le

  4   mentionne pas. Vous pouvez le mentionner en tant que J, M, N, je ne

  5   souhaite pas que cette personne soit mentionnée; Il s'agissait d'une

  6   provocation ici ?

  7   Q.    Il ne s'agit pas d'une provocation.

  8   Interprète: Est-ce que le témoin et l'avocat peuvent arrêter, ils parlent

  9   en même temps, les interprètes ne peuvent pas suivre.

 10   Q.    Nous avons beaucoup de sympathie pour cette personne.

 11   M. Dubuisson: Je me permettrai d'interrompre les débats mais ça va

 12   nettement trop vite, ni les interprètes et certainement pas les

 13   sténotypistes ne peuvent plus suivre les débats.

 14   M. le Président (interprétation) : Moi-même j'ai remarqué ça. Et ne parlez

 15   pas en même temps. Si c'est difficile de vous traduire, on arrive vraiment

 16   à une situation d'impossibilité. Et j'aimerais demander Maître Simic,

 17   posez des questions selon les règles que nous avons déjà établies, claires

 18   et concises. Nous irons plus vite. Peut-être si vous pouviez terminer

 19   avant 11 heures ce serait bien. Mais je ne pose pas de pression. Mais

 20   allez au concret, posez des questions directes et vous aurez la réponse

 21   directe. Allez-y Maître Simic, et n'oubliez jamais qu'il y a des

 22   interprètes entre vous.

 23   M. K Simic (interprétation): Monsieur Oklopcic, connaissez-vous

 24   M. Stupar ?

 25   R.    Oui, très bien.


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  1   Q.    Qui est-il ?

  2   R.    Un collègue à moi, il était enseignant à l'école primaire Brane

  3   Prokupic à Omarska.

  4   Q.    Où se trouvait-il pendant les événements qui se sont produits à

  5   Omarska ?

  6   R.    Monsieur Sutpar, entrait souvent dans le camp de concentration

  7   d'Omarska, mais il ne montait pas la garde ni rien, parfois il passait.

  8   Q.    Etait-il était membre des forces de police ou de l'armée ?

  9   R.    De l'armée, il portait un uniforme vert.

 10   Q.    Et l'unité à laquelle il appartenait était chargée elle aussi de la

 11   sécurité d'Omarska ?

 12   R.    Je ne peux pas répondre à cela, je ne connais pas la réponse à cette

 13   question.

 14   Q.    Vous avez parlé avec M. Stupar, beaucoup ?

 15   R.    Oui beaucoup, beaucoup de fois, j'ai parlé avec M. Stupar dans le

 16   camp d'Omarska.

 17   Q.    En tant qu'ami, est-ce qu'il a essayé de vous aider ?

 18   R.    Oui, il m'a aidé.

 19   Q.    De quelle manière ?

 20   R.    Parfois il m'apportait de la nourriture.

 21   Q.    Est-ce qu'il a parlé avec l'un quelconque des responsables, afin de

 22   vous aider à résoudre votre situation ?

 23   R.    Oui.

 24   Q.    Avec qui a-t-il parlé ?

 25   R.    Le jeune homme, son nom de famille est Rosic. Lui et son père


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  1   étaient des propriétaires du café où du restaurant à Omarska qui

  2   s'appelait Munich, je crois que son père avait travaillé à l'étranger à

  3   Munich, donc c'est pour cela qu'il a donné ce nom à ce restaurant.

  4   Q.    Est-ce qu'il à parlé avec des responsables, des personnes au

  5   pouvoir ?

  6   R.    Rosic, ce jeune homme justement, il faisait partie des autorités, il

  7   était une personne au pouvoir.

  8   Q.    Est-ce qu'il à parlé avec M. Dorljaca ?

  9   R.    Oui avec M. Dorljaca aussi.

 10   Q.    Quel a été le résultat de ces entretiens ?

 11   R.    Il a essayé d'obtenir l'autorisation que je sois relâché du camp de

 12   concentration d'Omarska. C'est du moins ce qu'il m'a dit et je le crois,

 13   au moins à l'époque je le croyais.

 14   Q.    Donc en ce qui concerne votre libération éventuelle, il a parlé avec

 15   un certain Rosic et M. Dorljaca ?

 16   R.    Oui.

 17   Q.    Personne d'autre ?

 18   R.    Les gardes aussi mais ces deux personnes également, pour autant que

 19   je sache.

 20   Q.    Monsieur Oklopcic, au cours de votre déposition vous avez dit, je

 21   vois ici, j'ai les extraits du compte rendu où il est indiqué que vous

 22   avez dit que M. Meakic avait été le commandant, ou plutôt le chef chargé

 23   de la sécurité et que vous supposez que M. Kvocka était son adjoint. Et

 24   ensuite vous avez énuméré quatre raisons pour lesquelles vous supposez que

 25   cette hypothèse est exacte. Est-ce exact ?


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  1   R.    Oui.

  2   Q.    Est-ce que vous étiez au courant de la structure d'organisation de

  3   la police de Bosnie Herzegovine ?

  4   R.    Je suppose que oui.

  5   Q.    Connaissiez-vous l'organisation de la police à Prijedor, ou plutôt

  6   ça s'appelait à l'époque le poste de sécurité publique ?

  7   R.    Je ne connaissais pas tout, mais je connaissais l'organisation et je

  8   connaissais la plupart des personnes qui y travaillaient. Par exemple par

  9   contre, je ne peux pas vous dire qui était le chef du SUP.

 10   Q.    Je vais vous poser une question quelque peu différente. Est-ce que

 11   vous connaissiez les règles, saviez-vous de quelle manière les gens

 12   étaient nommés à certains postes, affectés à des postes, mutés etc ?

 13   R.    Non.

 14   Q.    Est-ce que vous connaissiez le règlement ayant trait à la question

 15   de savoir quels membres de personnel avaient le droit d'utiliser quelle

 16   sorte, quel type d'armes ?

 17   R.    Non, je ne le savais pas.

 18   Q.    Le témoin a dit non, mais ceci n'apparaît pas dans le compte rendu.

 19   R.    Je répète ? Non.

 20   Q.    Est-ce que vous savez quelle a été l'organisation et la manière dont

 21   les mesures disciplinaires pouvaient être appliquées dans ce contexte-là ?

 22   R.    Non.

 23   Q.    Quand vous avez parlé des raisons pour lesquelles vous avez fait

 24   votre hypothèse, vous avez mentionné le respect des autres ?

 25   R.    Oui.


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  1   Q.    J'ai un autre commentaire concernant le compte rendu, j'ai parlé de

  2   la notion de respect, "respecte en BCS, et dans le compte rendu s'est

  3   marqué comme "despote".

  4   R.    Non, moi, j'ai parlé du respect que les gades avaient vis-à-vis de

  5   leurs supérieurs.

  6   Q.    Très bien. Est-ce que dans chaque communauté, il existe des

  7   personnes qui sont des personnes d'honneur, compétentes ?

  8   R.    Oui.

  9   Q.    Elles existent. Et dans la vie quotidienne, est-ce que quand on a

 10   affaire à ce genre de personnes, on les traite avec un certain respect ?

 11   R.    C'est exact.

 12   Q.    Ensuite, vous avez dit que votre supposition est confirmée également

 13   par le fait que M. Kvocka apportait de la nourriture aux autres ?

 14   R.    Je ne parle pas de la nourriture pendant le déjeuner mais, au moment

 15   du goûter et pendant la nuit, il leur apportait de la nourriture, des

 16   boissons et des cigarettes.

 17   Q.    M. Oklopcic, vous-même, vous étiez commandant. Dans quel système le

 18   supérieur sert ses subordonnés ? Dans quel système il joue le rôle de

 19   coursier face à eux ?

 20    R.   Je ne sais pas dans quel système ceci se fait, mais je vous dis ce

 21   que j'ai vu.

 22    Q.   Très bien, mais je constate simplement que vous venez de dire que

 23   vous ne connaissez pas de système où ceci se passe comme cela.

 24    R.   J'ai dit ce que j'ai dit.

 25    Q.   En ce qui concerne le drapeau qui a été mentionné, à quel endroit se


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  1   trouvait le mât où l'on hissait le drapeau que vous mentionniez ?

  2    R.   Quand nous sommes arrivés à Omarska, au début, donc après deux ou

  3   trois semaines, au début, il n'y avait pas de mât. Puis, il y a eu une

  4   espèce de poteau un peu penché qui se trouvait entre le robinet et le

  5   bâtiment central. Et cela a fait son apparition à ce moment-la.

  6    Q.   Est-ce que vous pourriez nous indiquer la chose pendant que nous y

  7   sommes ?

  8    R.   Oui, tout à fait. (Le témoin le montre sur la maquette avec le

  9   pointeur.) A cet endroit-ci.

 10   Q.    Là, il y a une dalle en béton, n'est-ce pas ?

 11   R.    Oui.

 12   Q.    Qui a placé cela à cet endroit ?

 13   R.    Je ne sais pas, je sais que par la suite, le mât a fait son

 14   apparition pour qu'on puisse dresser un drapeau.

 15   Q.    Donc un pilier un peu penché sur une dalle en béton. Comment se

 16   passait cette cérémonie ?

 17   R.    Le matin, lors de la relève des équipes, ils s'alignaient là et ils

 18   remettaient leur fonction les uns aux autres et, comme nous étions souvent

 19   sur la Pista, il nous fallait nous lever également, nous mettre au garde-

 20   à-vous pendant quele drapeau était hissé et cela ne se faisait pas tout le

 21   temps, mais il y a une équipe de gardes qui était chargée spécialement de

 22   le faire. Ce n'était pas tous les jours le cas, des fois ils oubliaient

 23   eux-mêmes, mais pour nous, cela nous était égal le fait de savoir s'ils

 24   avaient hissé le drapeau tel jour ou pas. Cela nous a été égal.

 25   Q.    Monsieur le Président il est déjà 11 heures, est-ce que vous


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  1   souhaitez que nous procédions à une pause. Et je crois que nous sommes

  2   dans le bon contexte et que M. Oklopcic a commencé à nous donner des

  3   réponses très claires et nous acceptons certaines objections mais, très

  4   souvent, le témoin répond de façon très ample et nous amène dans une

  5   position où il me faut demander à chaque fois plus de précisions.

  6   M. le Président. Je pensais que vous alliez terminer et demander 2 ou 3

  7   minutes de plus, malheureusement, on doit faire la pause maintenant et

  8   vous avez l'opportunité de continuer. Donc une pause d'une demi-heure.

  9   (L'audience, suspendue à 11 heures est reprise à 11 heures)

 10   (Le témoin est déjà dans le prétoire.)

 11   (Les accusés sont introduits dans le prétoire.)

 12   M. le Président: Vous pouvez vous asseoir, s'il vous plaît.

 13   (Les accusés s'exécutent).

 14   Maître Simic, c'est à vous de continuer à poser des questions claires.

 15   M. Simic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 16   Monsieur Oklopcic, dans vos dépositions qui ont duré cinq ou six jours,

 17   vous avez souvent mentionné le nom de M. Kuruzovic, n'est-ce pas ?

 18   M. Oklopcic (interprétation): Oui.

 19   Q.    Qui est M. Kuruzovic ?

 20   Interprète: Nous n'entendons pas le témoin, Monsieur le Président.(...)

 21   Ah, c'est bon.

 22   R.    M. Kuruzovic est l'ex-directeur de l'école primaire appelé le 16 mai

 23   et il était commandant du camp de concentration de Trnopolje, il avait été

 24   mon enseignant et ainsi de suite.

 25   Q.    Vous avez également indiqué dans ces dépositions qu'à l'occasion de


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  1   votre séjour à Omarska à plusieurs reprises, ce monsieur a effectué des

  2   visites à Omarska, est-ce vrai ?

  3   R.    Oui.

  4   Q.    Vous avez également précisé dans l'une de vos dépositions, à savoir

  5   en page 22 en version BCS et page 29 de la version anglaise, paragraphe 2,

  6   vers la fin de ce paragraphe... Je me propose de citer et vous pouvez

  7   vérifier si je cite bien. Cela nous permettra d'aller plus vite. Vous avez

  8   déclaré alors -je cite- que M. Meakic et M. Kvocka, à l'occasion de ces

  9   visites de M. Kuruzovic, étaient silencieux et pleins de respect à l'égard

 10   de M. Kuruzovic, est-ce exact ?

 11   R.    Oui, je l'ai déclaré.

 12   Q.    Vous avez dit également que M. Kuruzovic était enseignant ?

 13   R.    Oui.

 14   Q.    Il a travaillé pour la police ?

 15   R.    Non.

 16   Q.    Vous avez dit dans l'une de vos déclarations que de vous supposiez

 17   que M. Meakic et M. Kvocka étaient chef et adjoint du chef du camp ?

 18   R.    Oui.

 19   Q.    Pouvez-vous nous expliquer en raison de quoi cette subordination de

 20   personnes qui étaient donc responsables vis-à-vis d'une personne qui était

 21   ni supérieur hiérarchique ni supérieur sur la ligne de commandement ?

 22   R.    Je vais vous répondre. M. Kuruzovic avait un grade de commandant

 23   dans le cadre de la JNA, de l'ex-armée populaire yougoslave, il avait été

 24   participant à la guerre en Croatie.

 25   Q.    Vous avez suffisamment répondu, je veux dire que vous avez soulevé


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  1   une question fort intéressante. Est-ce qu'il a existé une quelconque

  2   structure de commandement entre la composition des forces militaires et

  3   les forces policières ?

  4   R.    Ces deux coopéraient.

  5   Q.    Mais ma question a été claire ?

  6   R.    Je ne sais pas, je ne ne pourrais pas vous répondre.

  7   Q.    Quand vous avez vu M. Kuruzovic, est-ce que vous avez pu le revoir

  8   une fois que vous avez quitté Omarska ?

  9   R.    Oui.

 10   Q.    Où ?

 11   R.    Au camp de concentration de Trnopolje.

 12   Q.    M. Kuruzovic avait-il pris quelque part dans la décision de vous

 13   relâcher ?

 14   R.    Oui.

 15   Q.    Que devait-il faire ?

 16   R.    Il devait signer un acte de relâchement. Personne ne ne pouvait

 17   sortir avant que M. Kuruzovic ne signe le papier en question.

 18   Q.    M. Meakic pouvait-il signer ce type d'autorisation ou pouvait-il lui

 19   poser la question de le faire ?

 20   R.    Pour autant que je le sache, non.

 21   Q.    Merci. Je voudrais tirer au clair certains points peut-être un peu

 22   obscurs dans vos dépositions précédentes. Dans ces dépositions, vous avez

 23   décrit un incident survenu à l'occasion du meurtre de M. Nasic.

 24   R.    Oui.

 25   Q.    Vous nous avez dit que c'était vers le 10 juillet.


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  1   R.    Une semaine à dix jours après mon arrivée.

  2   Q.    Vous avez également décrit l'événement ?

  3   R.    Oui.

  4   Q.    Mais vous avez souligné dans votre témoignage la semaine passée que

  5   M. Meakic s'était adressé aux détenus ?

  6   R.    Le lendemain matin, mais il était présent la veille également.

  7   Q.    Clarifions un peu, je vous prie. En d'autres termes, M. Meakic et

  8   M. Kvocka étaient donc présents au camp d'Omarska lorsque cet incident est

  9   survenu, l'incident où M. Nasic a été tué.

 10   R.    Oui.

 11   Q.    Et qui s'est adressé aux détenus le lendemain ?

 12   R.    Jelko Meakic.

 13   Q.    Kvocka était-il là ?

 14   R.    Je n'arrive pas à me le rappeler, je sais que la première nuit,

 15   MM. Meakic et Kvocka étaient présents.

 16   Q.    Monsieur Oklopcic, j'ai un compte rendu d'audience devant moi, mais

 17   cela importe peu. Vous avez expressément affirmé que M. Meakic et

 18   M. Kvocka étaient chef et adjoint du chef de la sécurité et qu'ils avaient

 19   travaillé dans des équipes différentes qui se relayaient à 24 heures,

 20   est-ce exact ?

 21   R.    Oui.

 22   Q.    Je vous remercie. Je tiens à vous préciser que Meakic s'était

 23   adressé, selon le compte rendu, le lendemain, mais nous allons tirer la

 24   chose au clair par la suite.

 25   Je voudrais revenir maintenant à l'événement survenu en date du 30 mai,


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  1   l'événement vous nous avez décrit. Je paraphrase et je crois que je

  2   pourrais même citer. Vous avez dit qu'un autocar s'était arrêté -et vous

  3   avez indiqué l'emplacement où il s'était arrêté-, que vous attendiez que

  4   les personnes descendent et qu'il y a eu des coups de feu que l'on avait

  5   entendu, que vous avez dû vous baisser et que vous n'avez rien vu.

  6   R.    Oui, je n'ai fait qu'entendre.

  7   Q.    Quand vous êtes sorti, vous avez vu quelqu'un laver le sang sur le

  8   sol, vous êtes allé dans une pièce où l'on vous avait dit que l'on avait

  9   tué le père et le fils Avdo et Asaf Kapetanovic, n'est-ce pas ?

 10   R.    Oui, c'est cela.

 11   Q.    Monsieur Oklopcic, en page 4 de votre déposition, paragraphe 2 -en

 12   version anglaise, c'est la page 5, deuxième paragraphe, vous avez déclaré

 13   expressément -je cite- : "J'ai vu lorsque Tivo a ouvert le feu d'une arme

 14   automatique vers un groupe de personnes qui se trouvaient toutes à quelque

 15   cinq mètres de Tivo. Ils attendaient leur tour pour se ranger le long du

 16   mur, tout comme les autres appartenant à leur groupe. J'étais à 15 ou

 17   20 mètres plus loin. J'ai vu lorsqu'Avdo Kapetanovic et son fils Asaf

 18   Kapetanovic ont été touchés et, tout de suite après ces coups de feu, le

 19   groupe a été pris de panique."

 20   Q.    Monsieur Oklopcic, vous avez expliqué tout à l'heure à Me Nikolic

 21   que cette déclaration avait été le fruit de 50 à 60 heures de travail.

 22   Alors quelle était la vérité concernant cet événement du 30 mai 1992 ?

 23   R.    Le 30 mai 1992 ?

 24   Q.    Oui. Concernant ce qui s'est passé, l'endroit où vous vous trouviez

 25   et les gens tombés ?


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  1   R.    La vérité c'est ce que j'ai décrit ici, je ne connaissais pas Zigo,

  2   je n'ai pas vu Zigo tuer ces gens, j'aurais pu persévérer dans ces dires,

  3   mais je ne doute pas qu'il s'agissait là d'une erreur car nous avions des

  4   interprètes différents, la vérité c'est que je n'ai pas vu Zigo tuer ces

  5   gens et ce n'est qu'après, donc une fois que je suis entré dans la pièce,

  6   que d'autres personnes me l'ont dit.

  7   Q.    M. Oklopcic, ici les choses sont clairement inscrites, mais nous

  8   y reviendrons par la suite. Ce meurtre en juillet, et je vais en finir

  9   avec mon interrogatoire, vous avez dit que vous avez été témoin du passage

 10   à tabac de M. Ramadanovic par M. Suduk, est-ce exact ?

 11   R.    Oui. Ce n'est pas Suduk, c'est Sifut.

 12   Q.    Vous persévérez à affirmer que M. Ramadanovic est mort suite à ce

 13   passage à tabac ?

 14   R.    Je l'affirme, non seulement ce passage à tabac mais aussi le passage

 15   à tabac précédent.

 16   Q.    Vous connaissiez bien ce Ramadanovic ?

 17   R.    Très bien.

 18   Q.    Avait-il des problèmes de santé ?

 19   R.    C'était une personne âgée, je ne sais pas s'il avait des problèmes

 20   de santé.

 21   Q     Après M. Ramanodovic, vous avez parlé d'un incident avec M. Rizo

 22   Hadzalic.

 23   R.    Oui.

 24   Q.    Vous avez déclaré que son passage à tabac avait eu lieu devant

 25   ce bâtiment administratif ou plutôt l'immeuble central alors qu'il


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  1   attendait qu'on l'emmène vers les pièces d'interrogatoire ?

  2   R.    C'est exact.

  3   Q.    Et vous avez dit que la raison de ce passage à tabac avait été le

  4   fait qu'il avait dit Burum à l'un des gardiens qui était en train de

  5   manger. Etant donné que nous venons tous les deux de la même région, nous

  6   connaissons ces turcismes, nous savons ce que cela veut dire, et vous avez

  7   déclaré au Juge Riad que cela voulait dire : "Je vous en prie, veuillez

  8   vous joindre à moi".

  9   R.    C'est cela.

 10   Q.    M. Rizo Hadzalic ne mangeait pas. Comment se fait-il, alors, qu'il

 11   se serve de ce terme turc Burum pour dire : "Venez vous joindre à moi" ?

 12   R.    J'ai répondu que, d'une manière générale, puisque nous venons des

 13   mêmes régions, la coutume veut que si l'un des deux est en train de

 14   manger, il propose à celui qui est à côté, il propose à l'autre :

 15   "Veuillez vous joindre à moi", "Burum", et il voulait probablement

 16   entendre par là que le gardien devrait le convier à se joindre à lui pour

 17   partager cette nourriture, et il est arrivé ce qui est arrivé. Et vous

 18   savez que ces turcismes n'étaient pas utilisés seulement par des

 19   Musulmans, que beaucoup de Serbes utilisaient ces termes turcs aussi.

 20   Q.    C'étaient des termes qui étaient d'usage général ?

 21   R.    Oui, tout à fait.

 22   Q.    Et vous avez vu personnellement ce passage à tabac ?

 23   R.    Oui, personnellement.

 24   Q.    Je me propose de vous poser deux ou trois questions brèves, je ne

 25   sais pas si vous saurez me répondre.


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  1   R.    Bon deux ou trois questions, d'accord.

  2   Q.    Sauriez-vous nous dire qui avait été chargé de l'organisation de

  3   l'alimentation au sein du camp ?

  4   R.    Je ne sais pas.

  5   Q.    Et savez-vous nous dire devant qui était responsable les

  6   enquêteurs ?

  7   R.    Je ne sais pas. Vous entendez, là, les enquêteurs qui interrogeaient

  8   les détenus ?

  9   Q.    C'est cela.

 10   R.    Je ne sais vraiment pas.

 11   Q.    Est-ce que vous savez nous dire si dans le cadre de ces services de

 12   sécurité il y avait des personnes qui avaient auparavant travaillé dans la

 13   mine, dans la compagnie d'exploitation de la mine d'Omarska ?

 14   R.    Vous entendez les détenus ?

 15   Q.    Non, les personnes qui avaient l'obligation de travail de servir

 16   de garde.

 17    R.   Je connaissais des gens qui avaient joué au foot avec moi ou qui

 18   avaient été à l'école avec moi, mais il y avait des personnes… Je

 19   comprends maintenant ce que vous voulez me demander, oui, il y avait des

 20   personnes qui travaillaient là-bas.

 21    Q.   Donc dans l'organisation qui existait en place il y avait un certain

 22   nombre de personnes qui étaient employées par la compagnie des mines

 23   d'Omarska ?

 24    R.   A l'époque du camp d'Omarska ?

 25    Q.   C'est cela.


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   1   Q. Oui, deux ou trois civils.

  2   Q.    Qui était leur supérieur ?

  3   R.    Je n'en ai aucune idée.

  4   Q.    Monsieur Oklopcic, je n'ai plus de questions à votre intention, et

  5   j'espère que vous allez, aussitôt que possible, rentrer chez vous.

  6   R.    Je vous remercie, j'espère que vous allez en faire de même.

  7   Q.    Monsieur le Président, j'ai fini.

  8   M. le Président: Très bien. Maître Keegan ?

  9   M. Keegan (interprétation): Monsieur le Président, avant que le conseil de

 10   la défense suivant ne commence son contre-interrogatoire, je voulais dire

 11   quelque chose concernant ce qu'a dit M. Simic et cela va peut-être se

 12   réitérer. Est-ce que nous pourrions passer en séance à huis clos partiel,

 13   je vous prie ?

 14   M. le Président: Oui, nous allons passer à huis clos partiel, s'il vous

 15   plaît.

 16   (Audience à huis clos partiel.)

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 23   (Audience publique)

 24   (Contre-interrogatoire de M. Azedin Oklopcic par Me Fila)

 25   M. le Président : Nous sommes en session publique, vous pouvez commencer.


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  1   M. Fila (interprétation) : Monsieur Oklopcic, le contre-interrogatoire

  2   sera bref, vous avez donné quelques déclarations imprécises. Je n'ai aucun

  3   doute en ce qui concerne votre véracité mais il y a peut-être quelques

  4   imprécisions. Concernant la déclaration faite en 1995, votre déclaration

  5   est un peu différente de celle qui figure dans votre déclaration

  6   aujourd'hui, vous dites que le 30 mai il y aurait eu une présumée attaque.

  7   R.    Oui.

  8   Q.    Vous avez dit qu'environ 150 personnes auraient attaqué la ville,

  9   vous ne savez pas pour quelle raison ils ont pris la radio à Prijedor ?

 10   R.    Oui.

 11   Q.    Est-ce que cette attaque a vraiment eu lieu ?

 12   R.    Oui, c'est un essai de libérer la ville.

 13   Q.    Le professeur Lukic disait chez nous que dans 95 % des cas, il y a

 14   eu un malentendu. Donc il y a eu un essai de la prise de pouvoir ?

 15   R.    Oui.

 16   Q.    Est-ce que des gens ont été faits prisonniers à un moment donné à

 17   Omarska ?

 18   M. le Président: Il faut faire des pauses entre vous, sinon vous pouvez

 19   parler en dehors de la salle. Vous êtes ici pour qu'on puisse comprendre.

 20   Si vous continuez comme ça, vous pouvez parler en dehors de la salle, nous

 21   pouvons faire autre chose. Pensez à nous aussi et pas seulement aux

 22   interprètes et aux sténotypistes, excusez-moi.

 23   M. Fila (interprétation): Donc il y avait eu des prisonniers, vous en avez

 24   vu quelques-uns. D'autres, vous n'en avez pas vu ?

 25   R.    Oui.


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  1   Q.    Vous dites également que par la suite, on a fait prisonniers

  2   certaines personnes plus tard ?

  3   R.    D'accord.

  4   Q.    Est-ce que vous les comptez parmi la population civile qui avait été

  5   détenue dans le camp d'Omarska ?

  6   R.    Oui, je les compte parmi ces détenus pour une raison. Si vous le

  7   permettez, je vous l'expliquerai. Ces jeunes gens n'ont pas reçu leurs

  8   armes de la part de la JNA, ce n'étaient pas des policiers mais des

  9   civils. Je ne sais pas comment ils se sont procuré des armes ou achetées,

 10   mais la différence entre le sommet civil et militaire ou policier, c'est

 11   que la population serbe avait reçu des armements de la part des forces de

 12   la police et des forces yougoslaves, et les jeunes gens qui avaient fait

 13   une tentative de libérer la ville ou de la reprendre, ils n'avaient pas

 14   tous des armes. La plupart, oui, mais c'étaient des armes légères, des

 15   fusils ou des pistolets.

 16   C'est la raison pour laquelle je vous dis sincèrement que je les aligne

 17   parmi ces civils qui se sont emparé de certaines armes pour essayer de

 18   libérer la ville.

 19   Q.    Mais il s'agit de jeunes hommes qui avaient des armes qu'ils

 20   s'étaient procurées de façon illégitime ?

 21   R.    Je serais d'accord avec vous pour le dire.

 22   Q.    En ce qui concerne le point de contrôle à Hambarine, est-ce que ces

 23   gens portaient des armes ?

 24   R.    Je n'y étais pas, je suppose que oui.

 25   Q.    Est-ce qu'il s'agissait des armes qu'ils avaient obtenues de manière


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  1   régulière puisqu'il s'agissait de la Défense territoriale, n'est-ce pas ?

  2   R.    Non. La Défense territoriale au moment de la prise de contrôle de la

  3   ville, toutes les armes qui appartenaient à la Défense territoriale, ce

  4   sont les Serbes qui s'en sont emparé.

  5   Q.    En ce qui concerne la Défense territoriale, on ne peut pas parler de

  6   ce terme si on parle des gens qui contrôlaient le point de contrôle à

  7   Hambarine ?

  8   R.    Croyez-moi, je ne le sais pas.

  9   Q.    En réponse à la question de M. Keegan, vous avez dit qu'un soldat

 10   serbe blessé a déclaré quelque chose dans une interview à la télévision ou

 11   à la radio ?

 12   R.    Oui, à la télévision serbe. J'ai dit qu'il a parlé à la télé serbe.

 13   Q.    Qu'a-t-il dit ?

 14   R.    Il a dit que cette patrouille..., qu'ils étaient peut-être quatre ou

 15   cinq dans le véhicule et qu'ils avaient été attaqués à ce point de

 16   contrôle.

 17   Q.    Durant la période, au cours du mois de mai 1992, avant cette

 18   tentative de libération, pouvez-vous nous dire quand le premier Musulman a

 19   été tué ?

 20   R.    Le premier Musulman tué ?

 21   Q.    Dans la région de Prijedor ?

 22   R.    La région de Kozarac et tous les autres endroits.

 23   Q.    Il y avait un citoyen de renom de Brezicani, Jusuf Kucukovic, je

 24   crois que c'était son nom. Ceci s'est produit au cours de la période avant

 25   cette attaque, cette tentative de libération de Prijedor, je ne connais


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  1   pas la date exacte.

  2   Q.    Est-ce que vous savez si quelque chose a eu lieu à Kozarac le 25 ?

  3   R.    Oui, l'armée serbe a attaqué Kozarac

  4   Q.    Est-ce qu'il y a eu des Musulmans ? Est-ce qu'il y a eu un Musulman

  5   de tué ?

  6   R.    Pas un seul mais beaucoup.

  7   Q.    Mais je ne veux pas parler à votre place, je sais très exactement ce

  8   qui s'est passé, c'est pour cela que je dis "quelques-uns". Je sais qu'ils

  9   étaient plusieurs. Est-ce que cet événement s'est produit avant ou après

 10   celui dont vous avez parlé.

 11   R.    Le meurtre de Jusuf Kutukovic ? Non, ceci s'est produit plus tôt.

 12   Q.    Et en ce qui concerne Kutukovic par rapport à Hambarine, est-ce que

 13   vous savez quand ceci s'est passé ?

 14   R.    Oui, c'était cela aussi, avant l'attaque de Hambarine.

 15   Q.    Très bien. Vous avez dit au cours de votre déposition... Vous avez

 16   parlé d'un nombre de gardes, vous avez cité certains noms de gardes qui

 17   faisaient partie de la relève de Krkan ou de quelqu'un d'autre. Mais en ce

 18   qui concerne une personne, quelque chose m'intéresse. Je ne suis pas sûr

 19   qui est cette personne. Vous avez mentionné un certain garde. Je suppose

 20   qu'il s'appelait Pavlic ?

 21   R.    Oui.

 22   Q.    La première question, c'est son nom ou son surnom ?

 23   R.    C'est le nom de famille et son prénom est Milan.

 24   Q.    Milan Pavlic ?

 25   R.    Oui.


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  1   Q.    Est-ce que je peux affirmer qu'il ne s'agissait ni de Pavlovic ni de

  2   Popovic ?

  3   R.    Oui.

  4   Q.    Pouvez-vous le décrire, a t-il quelque chose de caractéristique ?

  5   R.    Il avait une mèche blanche, il avait teint ses cheveux ici, sinon il

  6   avait les cheveux noirs, il était un peu plus grand que moi. Moi, je suis

  7   déjà grand, mais il était encore plus costaud.

  8   Q.    Et quel était son âge ?

  9   R.    Moins de 30 ans.

 10   Q.    En ce qui concerne l'organisation du camp d'Omarska, vous avez déjà

 11   décrit la structure. Est-ce que vous savez si ces gens-là avaient été

 12   nommés à ce poste de manière formelle ? Vous avez travaillé à l'école,

 13   vous voyez de quoi je parle ? Est-ce qu'ils ont été nommément nommés au

 14   poste de commandant du camp, de chef d'équipe de garde, etc., etc.

 15   R.    Je ne sais pas.

 16   Q.    Quelle est votre source d'information ? Pourquoi est-ce que vous

 17   concluez qu'ils détenaient ces postes-là, à commencer par Meakic et en

 18   allant par les autres ?

 19   R.    La source de mes informations est mon séjour dans le camp de

 20   concentration d'Omarska. Cela, c'était premièrement. Deuxièmement, c'était

 21   sur la base de ce que les gardes disaient entre eux parce qu'ils disaient

 22   clairement qui était le commandant du camp de concentration d'Omarska.

 23   Troisièmement, nous avons tous pu voir qui était la personne responsable

 24   au moment de la relève des équipes, des gardes. Cela, c'est mon opinion.

 25   J'ai déjà dit que je ne l'ai pas vu de manière officielle, je n'ai pas vu


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  1   de documents signés à ce sujet, mais cela, c'est mon opinion.

  2   Q.    Vous avez mentionné un drapeau hissé et vous avez parlé du moment où

  3   l'on hissait le drapeau. Qui assistait à cet événement ? Je ne parle pas

  4   des gardes qui étaient sur place par hasard, mais des personnes qui

  5   devaient assister à cela.

  6   R.    J'ai déjà dit cela une fois au début : on ne hissait pas le drapeau.

  7   C'est pour cela qu'on a trouvé cela étrange. Au bout de quelques jours

  8   seulement, de manière improvisée, ce drapeau a été placé devant la

  9   fontaine. Tout d'un coup, vers 7 heures du matin, d'habitude, peut-être

 10   6 heures 55 ou 7 heures 05, le chef de l'équipe de gardes et le commandant

 11   des gardes du camp, soit Meakic, soit Kvocka, étaient présents. Kvocka et

 12   Meakic n'étaient pas présents à chaque fois, mais le chef de l'équipe de

 13   garde était toujours présent. Vous voyez de quoi je parle, je parle des

 14   trois chefs des trois équipes de gardes et, nous, nous devions assister,

 15   pas ceux qui se trouvaient dans le hangar, mais nous qui étions sur la

 16   Pista, nous devions assister à cela.

 17   Croyez-moi, parfois, eux, ils se moquaient de cet événement et, nous, il

 18   fallait qu'on se taise et pourquoi, eux, ils se moquaient ? Je ne sais

 19   pas.

 20   Q.    Mais qu'est-ce qu'ils faisaient très exactement ? Vous ne l'avez

 21   jamais dit ?

 22   R.    Ils hissaient le drapeau et on était en position de garde-à-vous.

 23   C'est tout.

 24   Q.    Vous avez dit que vous avez écouté l'hymne national.

 25   R.    Non, non, j'ai parlé des chants nationalistes qu'on devait chanter


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  1   quand ces gens de Banja Luka sont venus.

  2   Q.    Mais il n'y a pas eu de musique au moment où on hissait le drapeau ?

  3   R.    Non, non, pas du tout, pas de musique.

  4   Q.    Au cours de votre séjour, il y a eu également la fête de Vidovdan.

  5   R.    Oui, je sais à quelle date a lieu cette fête. C'est le 28 juin.

  6   J'étais quand même l'enseignant de l'histoire.

  7   Q.    Que s'est-il produit à ce moment-là, au moment de cette fête de

  8   Vidovcan ?

  9   R.    Plusieurs fois, peut-être deux fois pendant mon séjour, les

 10   hélicoptères sont venus et, vous savez, il y avait les convoyeurs dans le

 11   camp pour les minerais et nous, pas tous, mais les personnes choisies

 12   devaient placer tout cela dans les hélicoptères. Puis, ils allumaient des

 13   feux mais, en ce qui concerne ce chargement, ces rubans convoyeurs, ils

 14   ont dit qu'ils en avaient besoin pour les hélicoptères et les avions.

 15   Q.    Est-ce qu'ils allumaient les feux à certaines autres dates ?

 16   R.    Oui, aussi pendant la fête de Petrovdan.

 17   Q.    Quels étaient les gardes qui faisaient partie de l'équipe de Krkan.

 18   R.    Je pense qu'ils n'étaient pas tous d'Omarska, il y en avait de

 19   Jelicka.

 20   Q.    Omarska et Jelicka ?

 21   R.    Oui, c'est ce que je pense.

 22   Q.    Il n'y en n'avait pas de Maricka ?

 23   R.    Je crois que non. Mon équipe, celle que j'appelle mon équipe, je

 24   crois qu'elle était de Maricka. Je la connais très bien.

 25   Q.    C'est ceux que vous avez mentionnés quand vous avez parlé des


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  1   Tchip ?

  2   R.    Non, je mentionne Krkan quand je parle des Tchim.

  3   Q.    C'est ce que vous avez dit.

  4   R.    Non, peut-être c'était une erreur.

  5   Q.    Vous savez, nous faisons tous des erreurs.

  6   R.    Mais ce n'est pas de ma faute si c'était l'équipe de Krkan ce jour-

  7   là. En ce qui concerne l'équipe de Maricka, j'ai dit qu'eux, ils étaient

  8   liés à Hankin.

  9   Q.    Et Slavko Ecim, le même jour... C'est à la page 17, paragraphe 2 de

 10   votre déclaration en BCS et, en anglais, c'est page 22, dernier

 11   paragraphe. Donc "le même jour...". Je ne vais pas tout relire. Vous

 12   savez, nous savons tous lire, cela n'est donc pas la peine.

 13   Vous dites : "Je crois que les gardes qui le passaient à tabac, qui

 14   faisaient partie de ce groupe étaient de Maricka".

 15   R.    Je ne sais pas, c'est peut-être écrit ici comme cela, mais ce

 16   n'était vraiment pas le cas.

 17   Q.    Je n'ai pas besoin de beaucoup de temps encore. Tout dépend.

 18   Dites-nous, est-ce que vous receviez du pain ?

 19   R.    Oui.

 20   Q.    Je pose cette question pour le compte rendu car, hier, ceci ne

 21   figurait plus dans le compte rendu.

 22   R.    Oui, un petit morceau, mais on le recevait.

 23   Q.    Et en ce qui concerne l'eau, est-ce que vous savez si cette eau

 24   pouvait se trouver le camp même avant la constitution du camp ?

 25   R.    Oui.


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  1   Q.    Les gens la buvaient ?

  2   R.    Je crois que oui.

  3   Q.    On n'a donc pas pris une eau spéciale pour vous empoisonner ?

  4   R.    Tout ce je sais, c'est que les gardes ne buvaient pas la même eau

  5   que nous, mais je ne sais pas si l'eau était empoisonnée ou non. Je ne le

  6   savais jamais d'ailleurs et je ne l'ai jamais affirmé d'ailleurs.

  7   Q.    Au cours de votre séjour, vous avez vu Krkan plusieurs fois. Pouvez-

  8   vous nous dire où ?

  9   R.    Sur la Pista, quand il passait et surtout quand il allait au

 10   bâtiment central, à l'étage, là où il faisait des interrogatoires.

 11   Q.    Pas ailleurs ?

 12   R.    Si, à d'autres endroits aussi parce que lui et tous les autres qui

 13   étaient parmi les chefs se déplaçaient quand même à travers tout le camp

 14   mais, comme j'étais toujours sur la Pista, j'ai pu le voir beaucoup de

 15   fois et ça n'était pas un secret qu'il était là, qu'il était passé.

 16   Q.    Dans cette partie en vert, je ne sais pas comment vous l'appeliez,

 17   mais vous voyez de quoi je parle ?

 18   R.    Je l'ai vu beaucoup de fois.

 19   Q.    Que faisait-il ?

 20   R.    Il se tenait debout, regardait. Et le soir, il avait un sous-

 21   vêtement blanc.

 22   Q.    Donc il se tenait debout ?

 23   R.    Oui.

 24   Q.    Avait-il une arme ?

 25   R.    Parfois oui et parfois non.


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  1   Q.    Est-ce qu'il y avait un poste de garde là-bas ?.

  2   R.    Non.

  3   Q.    Est-ce que vous l'avez vu en train de monter la garde à cet endroit-

  4   là ?

  5   R.    Je ne l'ai pas vu, je sais où vous voulez en venir.

  6   Q.    Il y a un film.

  7   R.    Je sais, je sais.

  8   Q.    Ca n'est pas contestable du tout.

  9   R.    Je sais.

 10   Q.    Au cours de votre déposition vous avez dit, j'espère que je ne me

 11   trompe pas, ne me le reprochez pas si c'est le cas, vous avez dit que Brk

 12   était l'adjoint de Meakic. C'est qui ?

 13   R.    C'est le surnom d'un homme, ils étaient toujours ensemble, ils

 14   conduisaient la même voiture, ils tabassaient ensemble. Je crois que son

 15   nom de famille est Tadic, je ne suis pas sûr mais son surnom est Brk.

 16   Q.    Est-ce qu'il faisait partie de certaines forces de police armées ?

 17   R.    Je ne sais pas, je crois qu'il portait l'uniforme des forces de

 18   police régulières, les forces de réserve, l'uniforme bleu.

 19   Q.    Est-ce que vous savez quel était le rôle du défunt Simod Iljaca par

 20   rapport à ce camp ? Est-ce que vous le savez maintenant ? Peut-être qu'à

 21   l'époque vous ne le saviez pas ?

 22   R.    Puis-je donner une réponse détaillée ?

 23   Q.    Faites-le, je suis ici pour qu'on constate quelle est la vérité.

 24   R.    Je suppose que je connaissais très bien Simod Iljaca puisqu'il avait

 25   travaillé comme juriste qui coopérait avec les 16 écoles primaires qui


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  1   existaient dans la municipalité de Prijedor. Nous nous connaissions très

  2   très bien, nous avions souvent assisté aux mêmes réunions. Mais je peux

  3   vous dire qu'en même temps, c'était quelqu'un de très peu compétent en

  4   tant que juriste, je pense qu'il n'a jamais gagné une quelconque affaire

  5   devant un Tribunal. J'ai été étonné de voir qu'il était à un poste aussi

  6   élevé. Qui l'a nommé à ce poste étant donné qu'il a été si peu compétent ?

  7   Vous m'avez demandé quel était son rôle ? Son rôle était très grand, c'est

  8   mon opinion, je pense que son rôle était très grand, je ne peux pas savoir

  9   s'il y avait quelqu'un de supérieur par rapport à lui, mais lui, je le

 10   connaissais très bien.

 11   Q.    En ce qui concerne le camp d'Omarska, il jouait un certain rôle ?

 12   R.    Oui.

 13   Q.    Plus important ou moins important que Meakic ?

 14   R.    Oui.

 15   Q.    Plus important ou moins important ?

 16   R.    Plus important.

 17   Q.    Vous n'avez pas mentionné Hankin avant, mais vous l'avez mentionné

 18   ici.

 19   R.    Si je l'ai mentionné, je ne sais pas pourquoi ceci ne figure pas

 20   dans la déclaration.

 21   Q.    Vous avez dit à un moment, pour que les choses soient tout à fait

 22   claires, en ce qui concerne Soskan, au cours de votre interrogatoire

 23   principal, je n'ai pas très bien vu, est-ce que vous l'avez vu tirer, est-

 24   ce que vous étiez convaincu qu'il a tiré ou avez-vous entendu cela ?

 25   R.    J'ai vu qu'il a tiré mais je ne suis pas sûr à 100 %, je pense et


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  1   c'est ce que j'ai dit, je pense que c'était Soskan, mais je ne suis pas

  2   sûr. J'ai vu le soldat qui a tiré.

  3   Q.    Vous n'êtes pas sûr à 100 % que c'était Soskan ?

  4   R.    Oui, je ne suis pas sûr et c'est ce que j'ai dit dans ma déclaration

  5   préalable.

  6   Q.    C'est pour ça que j'ai posé la question, parce que ce n'était pas

  7   suffisamment clair. Vous avez mentionné un certain Timarac ?

  8   R.    Zeljko Timarac.

  9   Q.    Encore une fois, je ne sais pas quel était son rôle là-bas ?

 10   R.    Rien, simplement il entrait d'Omarska, il torturait et tuait des

 11   gens.

 12   Q.    C'était un civil ?

 13   R.    Non, ce n'était pas un civil il portait un uniforme militaire.

 14   Q.    C'est pour ça que je demande parce que ce n'était pas clair. Vous

 15   avez parlé des armes et là c'est vraiment ma dernière question, des armes

 16   que certaines personnes portaient et vous avez dit je ne sais pas quoi.

 17   Les armes qu'ils portaient ces gens pour lesquels vous dites qu'il

 18   s'agissait des chefs de l'équipe, est-ce qu'il y avait une différence

 19   entre eux et les autres gardes où étaient-ils vêtus de la même manière ?

 20   R.    Il y en avait une.

 21   Q.    Quoi ?

 22   R.    Par exemple, Kos n'avait pas de fusil, seulement le pistolet.

 23   Q.    Krkan ?

 24   R.    Krkan, chaque fois qu'il était sur la Pista, il ne portait jamais le

 25   fusil automatique mais comme vous l'avez dit vous-même, sur les photos on


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  1   le voit avec ça. Milo Kvocka ne portait pas toujours le fusil à pompe mais

  2   parfois il le faisait. Zeljko Meakic, il avait le pistolet parfois, il

  3   n'avait pas de fusil automatique.

  4   Q.    Et les autres gardes à chaque moment, ils portaient leur fusil ou

  5   parfois non ?

  6   R.    A chaque fois ils portaient un fusil.

  7   Q.    A aucun moment, des gardes, des forces de réserve ou active, ils

  8   n'étaient pas sans armes ?

  9   R.    Si, au moment de repos.

 10   Q.    Vous avez souffert beaucoup, vous avez traversé une lourde épreuve

 11   vous avez vu des choses horribles qui se sont passées avec d'autres

 12   personnes. Est-ce que vous ressentez quelque chose, une sorte de

 13   ressentiment à la suite de tout cela ?

 14   Mme Hollis (interprétation): J'interromps simplement puisque la

 15   sténotypiste indique qu'elle n'arrive pas à suivre cet échange. Je

 16   souhaite simplement intervenir pour qu'on ralentisse.

 17   M. le Président : Oui c'est toujours la question de faire des pauses entre

 18   les questions et les réponses, sinon on mélange il y a une dose de

 19   coïncidence, on ne peut pas. Si vous pouvez faire attention on vous

 20   remercierait beaucoup. Merci.

 21   Q.    Vous savez qu'on vous a dit que vous regrettiez les morts des

 22   Serbes, j'ai apprécié cela et moi aussi je regrette les morts des gens qui

 23   ne font pas partie de mon groupe ethnique par exemple de tous les Croates

 24   si vous voulez, les morts qui ne sont ni des gens de mon groupe ethnique

 25   ni du vôtre. Mais par exemple est-ce que vous ressentez de la haine vis-à-


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   1   vis d'un groupe ethnique, est-ce que vous ressentez le besoin de vous

  2   venger ?

  3   R.    Je m'attendais à cette question de quelqu'un, de vous. Pour ainsi

  4   dire, je me suis préparé. En ce qui concerne la haine, je hais, oui,

  5   comprenez-moi. Mais si j'avais fais la même chose qu'ils ont fait à mon

  6   peuple, je ne le ferais pas et j'espère qu'ils seront punis de manière

  7   juste devant le Tribunal et devant Dieu.

  8   Q.    Ma question était vis-à-vis du peuple. Vous n'avez pas de haine vis-

  9   à-vis du peuple ?

 10   R.    Non.

 11   Q.    Merci, c'est justement ce que je voulais entendre.

 12   M. le Président: Merci beaucoup Maître Fila.

 13   M. Fila (interprétation): Merci.

 14   M. le Président: Nous allons passer à Maître Jorvan Simic.

 15   (Monsieur Oklopcic est contre interrogé par Jovan Simic).

 16   M. le Président: Maître Jovan Simic, vous avez la parole.

 17   M. J Simic (interprétation): Merci Monsieur le Président. Avant de débuter

 18   le contre-interrogatoire, j'aimerais qu'on verse au dossier le document

 19   serbo croate de la liste manuscrite par le témoin. J'ai également la

 20   traduction en anglais de ce même document. Et nous avons également une

 21   version en langue BCS qui est datée du 22 juin et il y a une mention du

 22   pays dans lequel elle est faite, je crois qu'elle a été faite en 1995,

 23   mais nous ne sommes pas sûrs.

 24   (L'huissier s'exécute.)

 25   M. J.Simic (interprétation): Est-ce que nous pouvons commencer ?


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  1   M. le Président: Excusez-moi, mais je crois que nous avons deux documents.

  2   Nous avons seulement la traduction d'un des deux. Est-ce qu'il y en a

  3   encore d'autres ?

  4   Monsieur Dubuisson, nous avons deux versions en anglais ?

  5   M. Dubuisson: Dans le document que j'ai sous les yeux, il n'y a qu'une

  6   seule version en anglais dans le document que j'ai sous les yeux.

  7   M. le Président: Oui mais nous avons deux versions BCS, l'une est

  8   manuscrite et l'autre dactylographiée du 22 juin et nous avons seulement

  9   la traduction du manuscrit ?

 10   M. Simic (interprétation): Monsieur le Président, la liste manuscrite et

 11   le document qui a été traduit en anglais en fait, il s'agit d'un seul

 12   document. C'est la version BCS avec la traduction anglaise, c'est de cette

 13   façon-là qu'elle nous est parvenue. S'agissant du deuxième document, c'est

 14   la déclaration pour laquelle M. Keegan a dit qu'elle portait une note du

 15   22 juin et que le pays dans lequel la déclaration a été faite, le code du

 16   pays est inscrit, nous n'avons pas la version en anglais, c'est la raison

 17   pour laquelle nous vous versons le document dans la langue originale dans

 18   laquelle nous l'avons reçue, c'est-à-dire dans la langue BCS.

 19   M. le Président: Les choses sont plus claires, est-ce que Madame la

 20   greffière peut nous donner la cote pour identifier le document et le

 21   mentionner ?

 22   M. Dubuisson: Le document du 22 juin uniquement en BCS portera la cote

 23   2/5. L'autre document pour lequel nous avons la traduction en anglais sera

 24   D1/5. D1/5a pour la version anglaise qui est la traduction.

 25   M. le Président: Donc Maître Simic, nous sommes en condition de commencer.


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  1   Une fois que nous avons mentionné le document, il est plus facile de le

  2   mentionner avec la cote s'il vous plaît. Vous pouvez commencer Maître

  3   Simic, nous sommes en condition de le faire.

  4   M. J Simic (interprétation)….

  5   M. Riad (interprétation): Il n'y a pas de traduction.

  6   M. le Président: Maître O'Sullivan ?

  7   M. O'Sullivan (interprétation) : J'ai une question concernant la cote ou

  8   la façon dont ces documents ont été cotés. J'ai entendu D2/5 et il s'agit

  9   de D1/5.

 10   M. le Président: Je n'ai pas eu l'opportunité de vous suivre; excusez-moi

 11   vous pouvez répéter ?

 12   M. O'Sullivan (interprétation) : Oui Monsieur le Président. Ma question

 13   est la suivante, il s'agit donc du numérotage, j'ai entendu la traduction

 14   D1/5 et D2/5. Je crois qu'il s'agit d'une erreur.

 15   Je crois que M. Portac est le cinquième accusé donc ça serait D5/1 et D5/2

 16   si je ne m'abuse.

 17   M. le Président: Merci beaucoup. On va voir Monsieur Dubuisson.

 18   M. Dubuisson: Non, non on aurait pu utiliser ce système-là mais on a

 19   utilisé le slash et le numéro qu'on a attribué à l'accusé en dernier lieu.

 20   Cela a été ainsi pour Kvocka, c'était D24/1, ici c'est D1/5.

 21   Monsieur le Président: C'est clair maintenant Maître O'Sullivan ?

 22   M. O'Sullivan (interprétation): Oui.

 23   M. le Président : Excusez-moi de vous interrompre. Un moment s'il vous

 24   plaît. Maître Jovan Simic allez-y ?

 25   M. Simic (interprétation) : Merci Monsieur le Président. Monsieur


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  1   Oklopcic, s'agit-il d'une liste que vous avez fait vous-même ?

  2   R.    Oui.

  3   (Le témoin fait signe qu'il n'entend pas.)

  4   R.    J'entends maintenant.

  5   Q. Je suis désolé Monsieur le Président il s'agit de notre erreur,

  6   nous avons trouvé la version anglaise du document portant la

  7   cote D2/5. S'il est possible, puisque nous n'avons pas eu la

  8   chance de photocopier ce document, est-il possible de verser ce

  9   document plus tard ?

 10   (L'huissier s'exécute.)

 11   Q. Donc sur ce document, en fait, il s'agit d'un document que vous

 12   avez fait vous-même et d'une liste des personnes les plus

 13   importantes pour la municipalité de Prijedor ?

 14   R.    Oui.

 15   Q. Au camp d'Omarska ?

 16   R.    Oui.

 17   Q.    Il s'agit donc des gardes et des inspecteurs, des interrogateurs ?

 18   R.    D'après ce que j'ai pu me souvenir cette fois-là.

 19   Q. Et également il s'agissait des gens qui ont été liquidés,

 20   échangés, qui ont disparu. Et à la page 4, vous avez signé et

 21   attesté que les noms mentionnés sur la page de 1 à 4, que c'est

 22   une déclaration véridique, est-ce que c'est exact ?

 23   R.    Oui.

 24   Q. Ce document a été confectionné à quel moment ?

 25   R.    En 1993.


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  1   Q. A quel moment ?

  2   R.    Au début de l'année 1993.

  3   Q. Donc il s'agit d'une période peu de temps après votre libération

  4   j'imagine que vos souvenirs étaient clairs à ce moment-là ?

  5   R.    Oui.

  6   Q.    Ma question est donc la suivante : si vous avez confectionné une

  7   telle liste et que vous l'avez fait au mois de décembre….

  8   R.    Non pas au mois de décembre.

  9   Q. En janvier, je suis désolé.

 10   R.    Oui.

 11   Q. Quelle est la raison pour laquelle vous n'avez pas mentionné

 12   Dragolub Prcac ?

 13   R.    Je vais vous répondre à cette question. Dragolub Prcac, je ne le

 14   connaissait pas personnellement et je ne le voyais pas beaucoup au camp.

 15   J'ai également omis de mentionner beaucoup d'autres noms. Si quelqu'un

 16   m'avait parlé de Dragolub Prcac, lorsque je confectionnais ce document,

 17   j'aurais dit : "de qui s'agit-il ?"

 18   Q. Cela veut dire que vous avez entendu parler de Dragolub Prcac

 19   par la suite ?

 20   R.    Non, il était là depuis le premier jour, mais pour moi Dragolub

 21   Prcac n'était pas la personne la plus importante à ce moment-là, les

 22   autres étaient peut-être plus importantes.

 23   Q. Pour quelle raison n'était-il pas si important pour vous ?

 24   R.    Parce que j'ai aperçu M. Dragolub Prcac comme étant l'un des

 25   dirigeants du camp, mais je ne l'ai pas vu très souvent, c'est-à-dire il


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  1   s'est présenté par la suite.

  2   Q. Vous le considérez comme étant l'un des dirigeants ?

  3   R.    Oui, l'un des dirigeants, l'un des commandants du camp.

  4   Q. Mais vous ne l'avez pas mentionné non plus dans votre

  5   déclaration datant du mois de décembre 1994 ?

  6   R. Non, je ne m'en souviens pas.

  7   S. Vous ne l'avez pas mentionné non plus dans la déclaration qui a

  8   été versée au Tribunal ici comme pièce à conviction ?

  9   R.    Probablement que non, je ne sais pas.

 10   Q. Même aujourd'hui vous ne l'avez pas mentionné quand vous avez

 11   parlé des personnes qui étaient armées ?

 12   R.    Mais je crois que c'est mieux qu'il n'ait pas été mentionné.

 13   M. le Président : Ne faites pas des affirmations, posez des questions

 14   Maître Simic, posez des questions.

 15   Q. Je suis désolé Monsieur le Président. Est-ce que vous l'avez vu

 16   souvent à l'extérieur de l'immeuble principal ?

 17    R.   Vers la fin, au début je ne l'ai pas vu.

 18    Q.   Où se promenait-il, où était-il la plupart du temps ?

 19    R.   Comme les autres, devant l'immeuble principal, en haut, en bas et

 20   tout autour.

 21    Q.   Que portait-il comme armement ?

 22   R. Un fusil automatique.

 23   Q     Toujours ?

 24   R     Non pas toujours, des fois il portait un pistolet, mais des fois

 25   il portait une arme automatique.


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  1   Q.    De quelle façon était-il habillé ?

  2   R.    Un habit de camouflage.

  3   Q. Etait-ce un ancien uniforme vert olive ?

  4   R.    Oui, c'est exact.

  5   Q.    Maintenant je voudrais parler des événements que vous avez

  6   mentionnés et très brièvement, pour ne pas perdre du temps, j'aimerais que

  7   vous me disiez, pourriez-vous me donner la date et par la suite je vais

  8   vous donner des noms concernant ces dates. Vous avez mentionné Mehmet

  9   Aljanacic ?

 10   R.    Oui.

 11   Q.    Nacic. J'aimerais savoir à quel moment les événements entourant ces

 12   personnes se sont déroulés et vous n'êtes pas obligé de nous mentionner la

 13   journée précise ou pouvez-vous vous rappeler ?

 14   R.    Oui, comme je l'ai mentionné aujourd'hui et la dernière fois c'est

 15   arrivé de 7 à 10 jours après notre arrivée au camp.

 16   Q.    C'est à ce moment-là que vous vous trouviez sur la piste, est-ce

 17   exact ?

 18   R.    Non, quand ils ont tué Mehmet Aljanacic je me trouvais dans le

 19   réfectoire.

 20   Q. Est-ce que Turnalic Adim était présent ?

 21   R. Oui.

 22   S. Vous le connaissez ?

 23   R.    Oui.

 24   Q.    Etait-il présent ?

 25   R.    Oui.


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  1   Q. Est-ce que Alic Mirko était présent ?

  2   R. Oui.

  3   Q     Et Okic Yasmin ?

  4   R.    Oui également. Je crois qu'ils étaient là, je pourrais affirmer

  5   qu'ils étaient là, je crois qu'ils étaient là.

  6   Q.    Quand on a tué Ratkim, à quel moment s'est arrivé ?

  7   R.    De deux à trois semaines, en fait, c'était vers la fin de juin

  8   environ.

  9   Q. Est-ce que Senafer Katovic était présent lors de ces

 10   événements ?

 11   R.    Je crois qu'oui, je sais de qui vous parlez, j'ai énuméré les gens

 12   dont j'ai pu me souvenir le nom.

 13   Q.    Je vous est posez la question, est-ce que (expurgé) était

 14   également présent ?

 15   R.    Je ne sais pas.

 16   Q.    Est-ce que Mija Sico était également présent ?

 17   R.    Je ne sais pas.

 18   Q.    Y a-t-il eu un événement avec Becir Medjunjanin, enfin, est-ce que

 19   vous avez remarqué quand ces événements ont eu lieu ?

 20   R.    Le jour avec les événements avec Becir Medjunjanin.

 21   Q.    Bekadic Fadim, Sead Cikota, Brkic Abdulah. Vous connaissez Brkic

 22   Abdulah ?

 23   R.    Je ne peux pas me souvenir, je ne peux pas vous le dire avec

 24   certitude. Il y a eu… Un certain temps s'est déroulé depuis.

 25   Q.    Riza Hadzalic, vous vous souvenez des événements avec Reza Hazalic ?


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  1   Vous nous avez raconté. Est-ce que Senad Ferhatovic était présent ?

  2   R.    Je crois que oui.

  3   Q.    Besim Kodzic également ?

  4   R.    Oui.

  5   Q.    Nusret Sivac ?

  6   R.    Je crois que oui, je crois qu'il était présent.

  7   Q.    Tsernalic Edin ?

  8   R.    Je crois que oui.

  9   Q.    (expurgé)

 10   R.    Je crois que oui.

 11   Q.    Hadzalic Mirsada ?

 12   R.    Hadzalic Mirsada n'était pas présente et elle a été emmenée par la

 13   suite après le meurtre de son homme, Rizo Hadzalic.

 14   Q.    S'agissant de Sivac Nusreta ?

 15   R.    Il était au camp, mais je ne sais pas si elle était présente.

 16   Q.    Kerim Asanovic ?

 17   R.    (Inaudible.)

 18   Q.    Bekim Fazlic ?

 19   R.    Je crois que oui.

 20   Q.    Brkic Abdulah ?

 21   R.    (Hochement de la tête.)

 22   Q.    L'événement concernant Ramadanovic Cifut, à quel moment s'est-il

 23   passé environ ?

 24   R.    Au mois de juillet, je crois qu'il s'agissait du début du mois de

 25   juillet 1992.


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  1   Q.    Vous souvenez-vous si Besim Kodzic était présent ?

  2   R.    Je crois que oui, Besim Kodzic était presque tout le temps avec ses

  3   fils et moi-même sur la Pista.

  4   Q.    Valjek Esad ?

  5   R.    Je crois que oui. Je connais ces gens que vous énumérez, c'est la

  6   raison pour laquelle je me souviens de leurs noms.

  7   Q.    Osmanovic Nedim ?

  8   R.    Je ne sais pas. Je ne suis pas certain, je ne sais pas.

  9   Q.    Une question additionnelle. Excusez-moi, Monsieur le Président. Je

 10   n'ai plus d'autre questions, Monsieur le Président.

 11   M. le Président: Merci, Maître Simic.

 12   Maître Tosic, de combien de temps avez-vous besoins plus ou moins ?

 13   M. Tosic (interprétation): Monsieur le Président, étant donné que l'heure

 14   de la pause approche, nous suggérons peut-être de commencer nos questions

 15   après la pause et donc de ne pas commencer avec les questions pour les

 16   deux ou trois minutes qui nous restent puisque nous avons besoin de plus

 17   de temps que cela.

 18   M. le Président: Merci beaucoup de votre attention, mais je vous avais

 19   demandé de combien de temps vous aviez besoin plus ou moins ?

 20   M. Tosic (interprétation): Jusqu'à la fin de la journée d'aujourd'hui.

 21   M. le Président: Vraiment ?

 22   M. Tosic (interprétation): Nous n'allons pas entamer sur la journée de

 23   demain.

 24   M. le Président: Il y a beaucoup de questions ont déjà été posées. De

 25   toute façon, nous allons maintenant faire une pause d'une demi-heure.


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   1   (L'audience, suspendue à 12 heures 50 est reprise à 13 heures

  2   20.)

  3   (Le témoin est dans le prétoire.)

  4   (Après l'arrivée des Juges, les accusés sont introduits dans le

  5   prétoire.)

  6   M. le Président: Vous pouvez vous asseoir, s'il vous plaît.

  7   (Les accusés s'exécutent.)

  8   Nous reprenons l'audience. Qui va contre-interroger, Maître

  9   Tosic ou Maître Stojanovic ? Vous pouvez changer le microphone ou vos

 10   sièges.

 11   M. Tosic (interprétation): Monsieur le Président, pour

 12   Zigic Zoran, le contre-interrogatoire sera conduit par Me Stojanovic et il

 13   n'est donc nul besoin de changer de place. Nous l'avons fait exprès.

 14   M. le Président: Bien, excusez-moi. Maître Stojanovic, vous

 15   pouvez donc commencer, s'il vous plaît.

 16   (M. Oklopcic est contre-interrogé par M. Stojanovic.)

 17   M. Stojanovic (interprétation) : Merci, Monsieur le Président,

 18   je crois que c'est une bonne chose que de se partager le travail qui n'est

 19   point aisé.

 20   Monsieur Oklopcic, je préférerais m'entretenir avec vous de mes

 21   matières préférées qui sont l'histoire et la géographie. Malheureusement,

 22   mon devoir est de m'entretenir avec vous de sujets qui me sont certes

 23   désagréables, mais qui sont bien plus désagréables pour vous, mais nous

 24   avons pour tâche de nous entretenir sur ces sujets.

 25   Vous avez commencé de témoigner concernant la date de 1991 et


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  1   vous avez dit que certains de vos collègues commençaient à porter des

  2   uniformes de la JNA. Est-ce qu'en 1995 la RSFY était encore l'Etat de tous

  3   les citoyens de l'ex-Yougoslavie et la JNA était-elle encore considérée

  4   comme l'Etat de tous les Yougoslaves ?

  5   R.    Vous avez mentionné 1995. Vous entendiez probablement 1991 ?

  6   Q.    Oui, je vous demande pardon, je voulais dire 1991.

  7   R.    Oui, c'était le pays de tous les citoyens de Bosnie-Herzégovine.

  8   Q.    Est-ce que dans la Constitution de Bosnie-Herzégovine, il y avait

  9   obligation pour tous les citoyens de cette République de défendre l'ex-

 10   Yougoslavie, si besoin était ?

 11   R.    Je pense que oui.

 12   Q.    Et en cette occasion, vous avez à plusieurs reprises mentionné que,

 13   le 30 avril 1992, date de démarrage de vos témoignages, la cellule de

 14   crise serbe avait pris le pouvoir à Prijedor. Est-ce qu'il y avait une

 15   autre cellule de crise à l'époque en parallèle ?

 16   R.    Non. On avait essayé d'instituer un gouvernement de la municipalité

 17   de Prijedor en fonction des résultats des élections de 1991 et les

 18   pouvoirs étaient conjoints.

 19   Q.    Je voudrais attirer l'attention de la Chambre, mais je ne sais pas

 20   si la question est permise ou pas, je voudrais savoir s'il y avait une

 21   cellule de crise qui était composée uniquement de Musulmans à compter du

 22   mois d'octobre 1991 ?

 23   R.    Il est probable qu'il y ait eu une cellule de crise, mais je ne

 24   dispose pas de renseignements concernant sa composition pour autant qu'il

 25   y ait eu cette cellule de crise.


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  1   Q.    Est-ce que je peux me permettre de rafraîchir votre

  2   mémoire ?

  3   R.    Oui, certainement.

  4   Q.    Mirsad Mujacic, Bacel Mujanin, Zimja Jopovac, Tidzamil Peso.

  5   R.    Ce n'était pas une cellule de crise, c'étaient les chefs du parti

  6   SDA. Je crois que vous faites la distinction entre la direction d'un parti

  7   et une cellule de crise. Ils n'ont pas, eux, pris le pouvoir avec les

  8   armes à la main comme cela a été le cas avec la cellule de crise serbe.

  9   Q.    A la première journée de votre témoignage, si mes souvenirs sont

 10   bons, vous avez utilisé les termes pour désigner la langue serbo-croate

 11   de : " langue dite serbo-croate". Qu'entendiez-vous par là ? Cela n'était

 12   pas la langue officielle de l'ex-Yougoslavie ?

 13   R.    En tant qu'historien, vous devez savoir que cette langue avait été

 14   imposée avec la création du premier Etat conjoint. Dès qu'il y a eu

 15   dissolution de l'ex-Yougoslavie, vous ne deviez pas dire que vous parliez

 16   le Croate en Serbie ou le Serbe en Croatie, ou que sais-je encore. Cette

 17   langue s'appelait le Serbo-croate, mais le Serbo-croate ne s'appelle plus

 18   nulle part.

 19   Q.    Je ne ne vais pas commenter la chose. Je ne sais pas si en Serbie la

 20   langue serbo-croate avait une connotation négative, quelle qu'elle soit ?

 21   R.    Je ne parle pas d'avant la guerre mais pendant la guerre cela avait

 22   une connotation négative.

 23   Q.    Vous avez répondu que la Ekavica était pratiquée en Serbie et au

 24   Monténégro ?

 25   R.    Je sais que cela est parlé en Serbie, en Voïvodine, dans la région


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  1   de Sanjak, mais j'ai dit qu'en Bosnie nous n'avions jamais utilisé la

  2   Ekavica.

  3   Q.    Vous avez dit qu'au Monténégro aussi ?

  4   R.    Je pense que non.

  5   Q.    Vous avez mentionné Zenia Jafic dans sa qualité de traître. Elle

  6   était présentatrice à la télévision et vous avez dit cela dans une

  7   déposition datée de 1994. Vous avez mentionné également son mari. De

  8   quelle nationalité étaient-ils ?

  9   R.    Je pense qu'ils étaient Musulmans.

 10   Q.    Est-ce qu'ils avaient été licenciés de leur poste de travail ?

 11   R.    Non, parce qu'ils s'étaient mis au service et ils avaient donc

 12   accepté de lire ces mensonges, ces terribles mensonges à la radio ou dans

 13   les médias. Ils ont donc été utilisés. C'est mon opinion à moi, quand j'ai

 14   dit qu'ils étaient traîtres.

 15   Q.    A votre avis, ceux qui étaient pour que la Bosnie-Herzégovine reste

 16   dans cet Etat commun de Yougoslavie étaient-ils tous traîtres ?

 17   R.    Nous, Musulmans, étions tous pratiquement pour la survie de cette

 18   Yougoslavie, mais quand nous avons vu que les Serbes allaient piétiner

 19   tout cela et, ce qu'ils préparaient à notre intention, nous étions contre.

 20   Q.    Quelle était votre attitude vis-à-vis de ceux qui étaient, pour

 21   ainsi dire, favorables à cette option serbe ? Et j'entends par là les

 22   Musulmans.

 23   R.    Avant la guerre, j'avais beaucoup d'estime pour cet Etat commun. Je

 24   le reconnais, dès que la guerre a commencé j'ai commencé à les détester

 25   pour ce qui me concerne. Je pense que vous devez forcément comprendre


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  1   pourquoi.

  2   Q.    Vous avez dit qu'il y avait eu des changements au niveau des médias,

  3   qu'on avait cessé de suivre les médias de Sarajevo et que la région de

  4   Prijedor s'était davantage tournée vers Belgrade.

  5   R.    Oui.

  6   Q.    Est-ce qu'à l'époque, donc depuis 1991, il y a eu des changements

  7   intervenus au niveau des médias de Sarajevo, par exemple la revue Novi

  8   Vox ? Est-ce que vous avez entendu parler de cette revue ?

  9   R.    Jamais.

 10   Q.    Est-ce qu'il y a eu des changements dans les médias de Sarajevo, à

 11   la même époque j'entends ?

 12   R.    Je ne saurais porter un jugement, j'ai toujours suivi les journaux

 13   de Sarajevo parce qu'ils étaient plus proches de ma façon de voir. J'avais

 14   lu aussi la Politika Express de Belgrade. Mais quand le transmetteur de

 15   Kozarac s'était tourné vers les émetteurs de Serbie, quand nous avons

 16   commencé à ne suivre rien que les programmes, que nous avons commencé à

 17   recevoir juste des journaux serbes, Borba, Politica Express, etc., je

 18   crois que vous comprendrez les raisons pour lesquelles je m'étais tourné

 19   vers l'autre parti.

 20   Q.    Mon collègue Fila avait touché à une question tout à l'heure, à

 21   savoir celle de l'attaque lancée par les Musulmans ou du mouvement de

 22   résistance selon les termes utilisés par les partis en présence. Je

 23   voudrais enchaîner, quant à moi, en posant une partie des questions

 24   relatives à un chapitre donné.

 25   Est-ce que vous savez de quel côté de la ville était venu le


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  1   mouvement de résistance, pour accéder à la ville ?

  2   R.    Je crois savoir qu'ils étaient venus de la rive gauche de la Sana,

  3   c'est la région d'Hambarine, Risvanovici, Cerakovine.

  4   Q.    Est-ce que cela se trouve à proximité de la vieille ville ?

  5   R.    Oui, non, mais on peut dire que oui. Cela dépend du point de vue que

  6   l'on prend.

  7   Q.    Est-ce que vous savez que, dans ce conflit, il y a eu des morts ?

  8   R.    Par la suite, quand j'ai quitté le camp, j'ai appris par ouï-dire

  9   qui était tombé et à quelle occasion mais, à l'occasion des combats, je ne

 10   l'ai pas su et, pour dire vrai, cela ne m'intéressait pas à moment-là.

 11   Q.    Je suppose qu'il y a eu des blessés ?

 12   R.    Probablement.

 13   Q.    Pouvez-vous nous transmettre ce que vous avez appris concernant le

 14   nombre des personnes qui sont tombées, mortes ou blessées de part et

 15   d'autre.

 16   R.    Oui, je peux le faire, mais ce seraient des suppositions.

 17   Q.    Revenons à vos déclarations de 1994. Vous avez les papiers devant

 18   vous. Est-ce dans ces déclarations que vous avez dit que Slavko Ecim,

 19   Croate, était chef du mouvement de résistance ?

 20   R.    Je pense que oui.

 21   Q.    Vous avez déjà expliqué ce que signifiait le mouvement de

 22   résistance. Pourriez-vous maintenant nous dire, si vous le savez, si

 23   derrière ce mouvement de résistance il y avait des autorités quelconques,

 24   à savoir des autorités en provenance de Sarajevo ?

 25   R.    Je pense que non et, si oui, les résultats auraient probablement été


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  1   autres mais, à vrai dire, je ne sais pas.

  2   Q.    Dans une bonne partie de vos déclarations écrites, vous mentionnez

  3   un certain Ecimovic.Vous le connaissez bien ?

  4   R.    Oui.

  5   Q. Vous l'avez vu à Omarska ?

  6   R.    Oui.

  7   Q.    Est-ce que vous savez que pendant une partie de sa vie il avait été

  8   membre de la Légion étrangère ?

  9   R.    Non, je ne le savais pas.

 10   Q.    Est-ce que Slavko Ecimovic, lors de l'un des passages à tabac, à

 11   Omarska avait dit qu'il était Oustachi ?

 12   R.    Oui. Oui, j'ai fait cette déclaration.

 13   Q.    Donc c'est ce chef du mouvement de la résistance ?

 14   R.    Probablement oui.

 15   Q. Est-ce que vous saviez qui étaient les Oustachis pendant la

 16   Deuxième Guerre mondiale ?

 17   R.    Oui, je le sais. Pour vous, tous les Croates étaient des Oustachis ?

 18   Q. Mais moi je parle de ce que lui disait.

 19   R.    Oui, je sais, mais vous disiez, les vôtres disaient à l'époque que

 20   nous étions nous et les Croates des Oustachis.

 21   Q. Dans cette opération ou tentative de libération de Prijedor,

 22   est-ce qu'il y a eu 10 à 15 % d'ex-criminels comme vous le dites

 23   dans votre déclaration écrite de 1994 ?

 24   R.    Je pense qu'une partie était effectivement de ceux-là.

 25   Q.    Est-ce qu'il y avait un certain Micic appelé Adzaà l'époque ?


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  1   R.    Oui.

  2   Q. Et avez-vous dit à son sujet qu'il était un criminel de

  3   notoriété publique ?

  4   R.    Je n'ai pas dit qu'il était un criminel de notoriété publique, j'ai

  5   dit qu'il avait des problèmes avec la loi.

  6   Q.    Je ne voudrais pas attarder l'attention de cette Chambre, mais nous

  7   pouvons nous pencher sur cette déclaration et la verser au dossier, donc

  8   il n'est nul besoin de s'attarder là-dessus.

  9   M. le Président : Oui, Maître Stojanovic vous ne voulez pas attarder

 10   l'attention de la Chambre, mais j'étais à m'interroger sur le fait de

 11   savoir à quoi servent tous ces détails. Le chemin pour arriver à Omarska

 12   est très long et peut-être d'une certaine façon répétitive. Donc si vous

 13   pouvez faire attention, merci beaucoup.

 14   Q.    Je vous remercie Monsieur le Président. Est-ce que ce Adza, susnommé

 15   Adza, avait désarmé un point de contrôle ?

 16   R.    Oui.

 17   Q.    Quelle avait été la composition du personnel desservant ce point

 18   de contrôle ?

 19   R.    Je crois qu'ils étaient tous Serbes.

 20   Q.    Mais vous avez dit dans votre déclaration écrite qu'ils étaient tous

 21   mixtes.

 22   R.    Il s'agissait d'une autre chose, la population de la vieille ville

 23   et de ces quartiers-là avait demandé que les unités soient mixtes, puisque

 24   la population était mixte, mais ça n'a pas été le cas.

 25   Q.    Et où a-t-on emmené ces armes ?


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  1   R.    Je ne sais pas.

  2   Q. Vous êtes au courant de l'attaque lancée contre Kozarac. Est-ce

  3   que vous savez où se trouve l'agglomération de Jakupovic ?

  4   R.    Oui, je le sais.

  5   Q. Est-ce que vous êtes au courant de l'incident qui est survenu

  6   dans cette agglomération ?

  7   R.    Je n'ai pas pris part, je n'ai pas pu voir, je crois qu'on avait

  8   attaqué une colonne serbe qui allait ou venait de Banja Luka.

  9   Q. Puisque nous sommes près de Kozarac quand vous étiez à Omarska, avez-vous

 10   pu voir pendant une longue série de journées qu'on avait incendié et pillé

 11   là-bas ?

 12   R.    Oui.

 13   Q.    Est-ce que cela signifie que cela n'a pas été détruit le 24 mai,

 14   mais complètement détruit par la suite ?

 15   R.    Je ne peux pas l'affirmer, mais quand je revenais d'Omarska vers

 16   Trnopolje nous suivions la route de Banja Luka à Prijedor.

 17   Q. Vous êtes arrivé à Omarska et si je ne me trompe dans vos

 18   déclarations écrites, vous avez déclaré à l'occasion de l'interrogatoire

 19   que vous étiez communiste et que les Serbes eux aussi étaient communistes,

 20   est-ce exact ?

 21   R.    J'ai dit que j'étais communiste, mais je n'ai pas dit que les Serbes

 22   étaient communistes. En fait, oui ils l'étaient, cela est exact.

 23   Q.    Votre réponse nécessite beaucoup d'attention. Est-ce qu'à votre

 24   connaissance Radovan Karadzic était aussi communiste ?

 25   R.    Posez-lui la question à lui.


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  1   Q.    Et que se passe-t-il avec le SDS ?

  2   R.    C'étaient tous des ex-communistes.

  3   Q.    Et les Chetniks étaient-ils aussi des anciens communistes ?

  4   R.    Il semblerait que oui pendant cette dernière guerre.

  5   Q.    Est-ce que vous pourriez désigner l'un quelconque des Serbes qui

  6   avait été communiste et président de l'ex-Yougoslavie ou premier

  7   ministre ?

  8   R.    Je ne sais pas. Tout comme les Musulmans ne l'ont pas été au cours

  9   de ces dernières années, avant le conflit.

 10   Q.    Vous avez dit qu'à Omarska vous étiez pour la plupart du temps

 11   sur la Pista, à proximité de la maison blanche, est-ce exact ?

 12   R.    Oui, cela est exact.

 13   Q.    Donc vous avez pu voir qui entrait et sortait de là ?

 14   R.    C'est exact.

 15   Q.    Vous pouviez entendre des voix aussi ?

 16   R     Exact.

 17   Q.    Est-ce que vous avez été vous-même à la maison blanche?

 18   R.    Une seule fois.

 19   M. le Président : Excusez-moi, Maître Stojanovic, vous avez demandé au

 20   témoin s'il était sur la piste, s'il pouvait voir qui entrait et sortait.

 21   Vous avez posé une question. Pourquoi vous répétez ? Pourquoi vous répétez

 22   ce que le témoin a dit ? Vous répétez seulement pour poser une question,

 23   si vous n'avez pas de question, vous passez, s'il vous plaît.

 24   Q.    Merci, Monsieur le Président. Vous connaissiez Becir

 25   Medunjanin ?


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  1   R.    Pas aussi bien que je ne connaissais sa femme.

  2   Q.    Et est-ce que les gardiens d'Omarska avant les événements, dont vous

  3   avez commencé à nous parler à l'occasion de votre interrogatoire

  4   principal, avaient été montrés en guise qu'exemples aux autres détenus ?

  5   R.    Oui.

  6   Q.    Dans quel sens ?

  7   R.    Eh bien, Becir Medunjanin avait été amené avec sa femme, mais

  8   ultérieurement, et avec son enfant. Je crois qu'il avait été capturé dans

  9   la région de Kozarac et, quand il est arrivé au camp, tous les trois ont

 10   dû s'aligner devant le mur et ont été passés à tabac, et les gardiens se

 11   retournaient vers nous en nous disant : "C'est celui qui conduisait, qui

 12   menait les événements de Kozarac", enfin c'était quelque chose de ce

 13   genre-là.

 14   Q.    Je voudrais que nous poursuivions l'histoire là où M. Keegan

 15   s'était arrêté, si je ne me trompe, en disant qu'il reviendrait par la

 16   suite à ces événements, mais il ne l'a pas fait. Si je ne me trompe, vous

 17   avez dit après un passage à tabac que Becir Medunjanin avait rampé jusqu'à

 18   la porte de votre pièce dans la maison blanche ?

 19   R.    Oui, cela est exact, j'ai décrit l'incident et c'était le même

 20   jour où il avait été tué, Ratkin et lui.

 21   Q.    Je voudrais que vous enchaîniez avec cette description, car nous

 22   n'avons pas traversé cet événement au cours de l'interrogatoire principal.

 23   Pouvez-vous nous relater ce qui s'est passé par la suite lorsqu'il est

 24   arrivé en rampant jusqu'à votre porte.

 25   R.    Il avait été battu par Dusko Kljvic, appelé Duca, et nous avions à


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  1   prêter attention à ce qui se passait à l'intérieur même de notre pièce, à

  2   ce que Zirko Tumaracfaisait à un jeune homme, appelé Hankin. Lorsque nous

  3   revenions de la maison blanche en courant, quand nous sommes sortis sur la

  4   Pista j'ai décrit comment s'est passé le meurtre de Hankin et, peu de

  5   temps après, on a sorti aussi Becir Medunjanin.

  6   Q.    Est-ce que dans cette pièce de la maison blanche, vous étiez assis à

  7   côté de Becir Meduljanin lorsque Kimarac et Duca sont entrés et ont

  8   commencé à le tabasser comme vous l'avez dit dans votre déclaration

  9   écrite ?

 10   R.    Non, Becir était dans la première pièce de la maison blanche et

 11   quand nous sommes arrivés nous dans la maison blanche, il avait été battu

 12   par Dusko Knezevic . Je ne sais pas ce qui est écrit mais ma déclaration

 13   avait été claire.

 14   Q.    Vous avez dit que vous étiez obligé de regarder les autres gens en

 15   train d'être torturés ?

 16   R.    Non au contraire on nous interdisait de regarder, mais nous

 17   regardions de façon dissimulée.

 18   Q.    Pouvez-vous nous dire franchement qui a tué Becir Meduljanin ?

 19   R.    Oui je le sais, Dusko Knezevic appelé Duca..

 20   Q.    Avec quoi l'avait il battu pouvez-vous nous le dire ?

 21   R.    Avec une batte, avec ses jambes, ses poings.

 22   Q.    Becir est-il tombé suite à ce tabassage ?

 23   R.    Oui.

 24   Q.    Est-il resté immobile après un certain temps ?

 25   R.    Il est resté immobile pour tout le reste de sa vie.


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  1   Q.    Est-ce que vous l'avez vu quand on le sortait de là ?

  2   R.    Oui.

  3   Q.    Est-ce que vous avez vu où ils on l'a posé ?

  4   R.    Ils l'ont posé devant la maison blanche, sur le pré.

  5   Q.    Est-ce que vous avez pu remarquer quelques signes de vie ?

  6   R.    J'ai pu remarquer qu'il ne donnait aucun signe de vie.

  7   Q.    Est-ce que cela a eu lieu à peu près en même temps que ce qui est

  8   arrivé à Hankin ?

  9   R.    Oui.

 10   Q.    Qui a tué Hankin ?

 11   R.    Zeljko Timarac.

 12   Q.    Je voudrais que nous passions maintenant aux évènements de (expurgé)

 13   (expurgé) et Emir Beganovic. Pouvez-vous vous souvenir, car dans vos

 14   déclarations écrites de 1994, qu'avez-vous dit, qui les a tués ?

 15   R.    Je me souviens. J'ai dit qu'il avait été battu par Zigic.

 16   Q.    Je voudrais que M. l'huissier vienne nous donner un coup de main. Il

 17   s'agit de la page 12 en version Serbe et de la page 15 en version

 18   anglaise.

 19   (L'huissier s'exécute).

 20   R.    Vous avez dit page 12 ?

 21   Q.    Oui. Je vous prie de vous pencher sur le premier paragraphe..

 22   "Un après-midi, lorsqu'on m'a transféré de la Pista"… et ainsi de suite.

 23   Je m'excuse, mais il vaut peut-être mieux vous lisiez vous-même.

 24   R.    Je vais vous expliquer. Vous voulez dire par là que le nom de Zigic

 25   n'a pas été mentionné là. Je me souviens bien de cet événement et il a été


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  1   vu par au moins 600 personnes je sais que j'ai nommé Zigic. Je ne vais pas

  2   m'aventurer à mentionner la chose. Mais Timarac,  Dusko Knezevic et

  3   l'équipe venaient une ou deux fois par semaine ensemble et séjournaient au

  4   camp d'Omarska.

  5   Q.    Combien de fois avez vous vu Zigic dans le camp d'Omarska ?

  6   R.    Au moins une dizaine de fois et deux ou trois fois à Trnopolje.

  7   Q.    Mais nous parlons d'Omarska pour le moment.

  8   Vous avez dit en version Serbe qu'aucun autre garde ne se trouvait avec

  9   eux. Vous avez mentionné Timarac et Duca et vous avez dit qu'aucun autre

 10   garde n'était avec eux et nous parlons de l'événement où il y a eu passage

 11   à tabac ?

 12   R.    Pour ce qui est de tous les gardes du camp d'Omarska;, c'était une

 13   attraction lorsque Zigic, Kunarac et Duca faisaient leur apparition. On

 14   savait qu'à ce moment-là, on allait voir ce qu'on ne pourrait jamais voir

 15   dans un film ou au cinéma et quand Zigic battait Rezak, Began et les

 16   autres, les autres se rapprochaient pour observer, pour voir ces scènes.

 17   Q.    Et d'où avez-vous pu voir cela ?

 18   R.    Du bâtiment du réfectoire.

 19   Q.    Je voudrais que vous nous montriez sur cette maquette ou vous étiez

 20   debout et où est-ce que Zigic était ? Donc, ils étaient sortis ?

 21   R.    Ils n'étaient pas là, ils étaient quelque part derrière la porte,

 22   moi j'étais ici.

 23   Le témoin le montre avec le pointeur sur la maquette.

 24   Ils sont arrivés ici. Rezak était en train de se laver avec de l'eau sale

 25   dans cette zone là de la piste.


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  1   Q.    Cela était après l'incident ?

  2   R.    Cela était un incident tout le temps, cela n'a pas été un bref laps

  3   de temps.

  4   Q.    Je voudrais vous rafraîchir la mémoire. Dans toutes vos

  5   déclarations, vous n'avez pas mentionné Zigic comme ayant pris part à cet

  6   incident. Pouvez-vous nous expliquer de plus près ce qui s'est passé ?

  7   Cela a eu lieu en 1992, vous avez fait vos dépositions en 1994 et 8 ans

  8   après, vous mentionnez comme fait nouveau que Zigic par rapport à tout ce

  9   que vous avez déclaré jusqu'à maintenant, qu'il avait pris part à cet

 10   incident ?

 11   R.    De quel incident vous parlez ?

 12   Q.    Le passage à tabac de Asif Kapetanovic (expurgé)

 13   (expurgé).

 14   R.    Je crois avoir mentionné son nom, je ne sais pas pourquoi cela n'a

 15   pas figuré au procès verbal.

 16   Q     Est-ce que vous avez contrôlé ces procès verbaux ?

 17   R.    Oui j'ai regardé mais après 8 heures d'interrogatoire, cela a été

 18   plutôt difficile.

 19   Q.    Est-ce que Timarac avait pris part à l'incident ?

 20   R.    Oui

 21   Q.    Mais vous deviez être conscient du fait qu'il pouvait être soumis à

 22   responsabilité devant le  Tribunal ?

 23   R.    C'est bien pour ça que je l'ai dit, vous n'avez pas à me prévenir de

 24   ce que j'ai dit. Je sais très bien ce que j'ai dit dans mon témoignage.

 25   Q.    Est-ce que qu'on vous a prévenu que votre première déposition avait


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  1   été erronée ?

  2   R.    Est-ce que je peux m'asseoir.

  3   Q.    Je m'excuse, je vous prie de vous asseoir si MM et Madame les Juges

  4   le permettent.

  5   R.    Est-ce que vous pouvez réitérer votre question ?

  6   Q.    Avez-vous été prévenu du fait que vos dépositions préalables

  7   concernant cet incident avaient été erronées ?

  8   R.    Non.

  9   Q.    Et pour ce qui est de ce changement d'opinion, vous avez averti le

 10   Tribunal car la première déposition différait de la deuxième ? A la

 11   deuxième reprise, vous aviez changé de position concernant cet incident ?

 12   R.    Je ne sais pas ce qui figure ici, moi je sais ce que j'ai dit et la

 13   vérité c'est ce que j'ai dit au premier jour de mon interrogatoire, ici

 14   dans ce prétoire.

 15   M. le Président:  Excusez-moi de vous interrompre Maître. Si vous voyez

 16   une contradiction entre plusieurs déclarations du témoin, vous pouvez

 17   poser la question pour éclaircir, sinon vous allez entrer dans un

 18   processus d'argumentation avec le témoin. Posez la question : vous avez

 19   dit cela et vous dites cela, qu'est-ce que vous dites maintenant ?

 20   Maintenant que nous sommes ici sur le principe de l'oralité au lieu

 21   d'entraîner un processus d'argumentation, sinon on ne va pas sortir d'ici

 22   Maître Stojanovic..

 23   M. Stojanovic (interprétation): Merci Monsieur le Président, je m'efforce

 24   véritablement de présenter et d'expliquer ces contradictions différentes.

 25   M. le Président: Vous devez faire les efforts et nous allons attendre les


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  1   résultats.

  2   M. Stojanovic (interprétation). Merci. Dans toutes vos dépositions à ce

  3   jour, M. Oklopcic, vous n'avez pas mentionné l'incident avec Emir

  4   Beganovic mais vous l'aviez mentionné pour la première fois devant cette

  5   Chambre à l'occasion de votre témoignage.

  6   R.    Je n'ai pas eu l'opportunité de dire beaucoup de choses pendant

  7   cette première journée et cela s'est passé ainsi, il en va de même pour

  8   Emir Beganovic, je ne l'ai pas mentionné le premier jour, je n'ai pas fait

  9   beaucoup de choses encore. Vous savez qu'il n'est pas très simple ni pour

 10   vous ni pour moi ni pour qui que ce soit d'autre de venir ici et témoigner

 11   et pour être tout à fait clair, je connais très bien Rezak Began, nous

 12   étions voisins, il n'y a aucun doute pour ce qui est de savoir si j'étais

 13   en train de dire quoi que ce soit de contradictoire.

 14   Q.    J'ai été confus par vos déclarations préalable. Si j'avais vu que

 15   cela avait été indiqué dans les procès verbaux auparavant, je n'aurais pas

 16   posé de question à ce sujet. Est-ce que vous pouvez dire de quoi avec

 17   l'air Zigic, c'est-à-dire concernant la façon dont il était vêtu,

 18   l'uniforme, certaines caractéristiques ?

 19   R.    Je me souviens qu'il avait un béret rouge, nous appelions cela le

 20   couvre-chef français. Et il avait un uniforme militaire vert olive.

 21   Q.    Est-ce qu'il avait un  pansement quelconque sur l'une partie

 22   quelconque de son corps ?

 23   R.    J'ai beaucoup de mal à m'en rappeler.

 24   Q.    Vous ne pouvez pas vous en souvenir. Comment avez-vous pu le

 25   reconnaître. Vous le  connaissiez auparavant ?


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  1   R.    J'ai déjà répondu que je connaissais Zigic depuis pas mal de temps,

  2   mais que nous n'étions pas des amis personnels.

  3   Q.    Je crois que nous n'avions pas précisé l'époque dont il s'agissait.

  4   Vous aviez mentionné que c'était vers la cantine, le réfectoire mais je ne

  5   sais pas de quel mois vous parliez ?

  6   R.    Je crois que c'était fin juin, début juillet, il est très difficile

  7   de préciser maintenant 8 ans après, mais cela a eu lieu tard dans l'après-

  8   midi, c'était donc vers 6 à 8 heures de la soirée. Pourquoi ? Parce que

  9   c'était l'heure à laquelle on nous faisait entrer dans le bâtiment central

 10   où se trouvait le réfectoire.

 11   Q.    Si je ne m'abuse vous avez déclaré devant ce Tribunal qu'à

 12   l'occasion de cet incident, il y avait Dusko Tadic de présent aussi ?

 13   R.    Je ne me souviens pas avoir déclaré cela.

 14   Q.    Je ne sais pas si j'ai bien entendu, je crois que vous avez dit

 15   cela.

 16   Q. Je ne pense pas que vous ayez bien entendu.

 17   Q.    Et ces gens, j'entends ici M. Ukanovic, M. Kapetanovic et autres

 18   avaient été montés à cheval pour ainsi dire à l'occasion de cet incident ?

 19   R.    Ce dont je me souviens c'est qu'on avait donné l'ordre à Resad

 20   Ukanovic de se mettre à genoux sur la Pista et de boire l'eau sale qui se

 21   trouvait dans la mare sur la Pista et de se laver la figure avec cette

 22   eau.

 23   Q.    Vous n'avez rien remarqué d'autre qui aurait indiqué un comportement

 24   analogue, inhumain en tout état de cause ?

 25   R.    Ce que j'ai remarqué c'est qu'ils étaient ensanglantés, sales,


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  1   épuisés et battus.

  2   Q.    Vous avez dit que vous connaissiez Zigic aussi car pendant un

  3   certain temps il avait travaillé en Croatie et il est rentré afin de

  4   travailler comme un taxi ?

  5   R.    Je ne le connaissais pas pendant qu'il vivait en Croatie, mais

  6   pendant qu'il travaillait comme un chauffeur de taxi.

  7   Q.    Est-ce que vous savez quand ceci s'est produit ?

  8   R.    Avant la guerre et pendant qu'on était à Teljo Polje, quand Jekucja

  9   nous a alignés il a dit publiquement...

 10   Q.    Attendez, tout à l'heure on va parler de Teljo Polje. Si je ne me

 11   trompe vous avez dit catégoriquement que vous êtes venu le 8 août et non

 12   pas le 3 août à Teljo Pojle et nous acceptons votre explication, mais vous

 13   dites que dans l'après-midi des représentants de la Croix-Rouge

 14   internationale et des journalistes, des médias internationaux connus sont

 15   à Teljo Polje. Pouvez-vous nous dire jusqu'à quelle heure ils y sont

 16   restés et est-ce que leur visite a duré longtemps ?

 17   R.    Nous sommes venus d'Omarska vers 11 heures, 12 heures et durant

 18   cette période, aucun représentant de la Croix-Rouge internationale n'y

 19   était.

 20   Q. Vous avez dit que c'était dans l'après-midi mais vers quelle

 21   heure? Ils sont restés combien de temps ?

 22   R. Deux, trois heures.

 23   Q.    Deux, trois heures ?

 24   R.    C'est mon opinion d'après mes souvenirs.

 25   Q.    A la fin de votre déclaration préalable, il est écrit que vous avez


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  1   été échangé, pouvez-vous nous expliquer contre qui et pourquoi ?

  2   Q. Oui, vous savez que moi j'ai dû remplir un formulaire demandant

  3   mon déplacement et après cela j'ai dû quitter Prijedor dans le plus bref

  4   délai possible, étant donné que moi et ma famille nous ne pouvions pas

  5   partir par d'autres moyens.

  6   Q.    Je parle de l'échange, vous avez été échangé pour qui ?

  7   R.    Vous ne me permettez pas d'expliquer.

  8   Q.    Je ne sais pas, peut-être vous entrez dans trop de détails, je

  9   n'ai pas posé ces questions-là.

 10   R.    C'est une question très importante.

 11   Q.    Très bien.

 12   R.    Nous sommes allés à Banja Luka, à ce moment-là il y avait une

 13   femme Perka je crois à Banja Luka et elle faisait partie des gens en

 14   traversant Blacic, il s'agissait de civils, je ne sais pas comment dire.

 15   Cinq cars sont partis de Banja Luka et moi et ma famille on était dans un

 16   de ces cars, nous sommes arrivés jusqu'au plateau du mont Vlacic. En

 17   arrivant là-bas un autre car est venu de la Direction de Travnik, il y

 18   avait 10 à 15 personnes peut-être dans ce car seulement et c'est ainsi

 19   qu'ils ont présenté ça comme si nous, on avait été échangés pour eux, car

 20   nous on était dans 5 cars en quittant le territoire serbe, alors qu'il y

 21   avait un seul car avec 10 à 15 personnes venant de l'autre direction,

 22   alors que nos autocars étaient complètement pleins.

 23   Q. Et vous étiez des civils ?

 24   R. Oui des civils.

 25   Q.    Très bien. Vous avez constitué une liste des personnes


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  1   responsables et mon collègue maître Simic m'a présenté cette liste. Vous

  2   avez dressé la liste à la main et vous l'avez remise à l'accusation à un

  3   moment ?

  4   R.    Oui.

  5   Q.    Est-ce que le nom de Zoran Zigic y figure ? Je ne sais pas, il

  6   faut voir la liste.

  7   Q.    Est-ce que dans le cadre de cette liste vous avez mentionné

  8   expressément la personne qui avait tué Becir Medunjanin.

  9   R.    Je ne sais pas. Je peux voir ici il est indiqué simplement que Becir

 10   Medunjanin a été tué en juillet.

 11   Q.    Mais veuillez examiner la page 2.

 12   R.    Oui vous voyez Becir Medunjanin tué en juillet.

 13   Q.    Et en bas ?

 14   R.    Tué par Zeljko Timarac surnommé Ducja.

 15   Q.    Vous maintenez çà ?

 16   R.    Oui tout à fait.

 17   Q. Revenons à une autre question ou réponse fournie par vous. Vous

 18   avez dit que vous avez vu Zigic une dizaine de fois à Omarska ?

 19   R. Oui.

 20   Q.    Est-ce que vous vous souvenez d'un quelconque incident lié à

 21   cela mis à part l'incident dont nous venons de parler ?

 22   R.    Je m'en souviens, (expurgé)

 23   (expurgé).

 24   Q.    Etait-il présent au moment du meurtre de Becir Medunjanin ?

 25   Zigic ?


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   1   R.   Je crois que non, je ne l'ai pas vu à proximité.

  2   Q. Et Konran Hankin a été tué non plus ?

  3   R. Non, je ne l'ai pas vu.

  4   Q.    Merci beaucoup, je n'ai plus de questions.

  5   R.    Je vous remercie.

  6   M. le Président : Très bien. Maître Stojanovic merci beaucoup. Maître

  7   Keegan, avez-vous des questions supplémentaires.

  8   M. Keegan (interprétation) : Oui Monsieur le Président, merci.

  9   M. le Président : Allez-y donc.

 10   (Questions supplémentaires de M. Keegan à M. Oklopcic.)

 11   M. Keegan (interprétation) : Merci Monsieur le Président. Monsieur

 12    Oklopcic, au cours du contre-interrogatoire en réponse à une question,

 13   vous avez dit qu'aucun policiers réguliers dans le camp d'Omarska ne

 14   montaient la garde. Que faisaient-ils ces policiers réguliers dans le

 15   camp ?

 16   R.    Ils emmenaient, ils amenaient tous les jours de Prijedor plusieurs,

 17   5 ou 6, parfois 4 prisonniers ça dépendait, et ils les remettaient à ceux

 18   qui se trouvaient dans le camp de concentration d'Omarska.

 19   Q.    Si on parle des individus qui ont travaillé dans le camp et qui

 20   étaient des policiers réguliers, vous avez mentionné les noms de Soskan et

 21   Radic entre autres ?

 22   R.    Oui.

 23   Q.    Est-ce qu'il y en a eu d'autres personnes qui avaient été des

 24   policiers réguliers avant ce travail dans le camp, pour autant que vous le

 25   sachiez ?


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  1   R.    Moi j'ai vu des policiers réguliers qui entraient dans le camp et

  2   qui remettaient ça, mais je ne sais pas s'il y en avait plusieurs qui

  3   avaient travaillé comme ça avant, je ne sais pas, je ne peux pas vous

  4   donner la réponse à cette question.

  5   Q.    En ce qui concerne les questions ayant trait à Stupar, vous avez dit

  6   qu'il a parlé avec un certain Rosic dans le camp.

  7   R.    Oui.

  8   Q.    Est-ce que vous savez quelle était la fonction ou la tâche de ce

  9   Rosic dans le camp ?

 10   R.    Stupar m'a dit que ce dénommé Rosic était l'une des personnes

 11   principales à Omarska dans cette cellule de crise, je ne sais pas comment

 12   ils appelaient ça et il m'a dit que s'il le souhaitait il pouvait m'aider.

 13   Et cette personne, il a vraiment insisté, il avait vraiment essayé de

 14   m'aider pour que je sorte du camp.

 15   Q.    Et ce Rosic est-ce qu'il a travaillé dans le camps, est-ce qu'il

 16   occupait une certaine fonction dans le camp lui-même, pour autant que vous

 17   le sachiez ?

 18   R.    Il faudrait que j'explique qu'il s'agit de deux jeunes hommes

 19   portant le même nom de famille. L'un d'eux s'appelant Rosic était un garde

 20   et l'autre avec qui Stupar avait parlé est venu seulement deux ou trois

 21   fois à Omarska. Il s'est entretenu avec des gardes, ceux qui faisaient les

 22   interrogatoires, ce genre de personnes.

 23   Q.    Et c'est à ce deuxième Rosic que M. Stupar parlait ?

 24   R.    Oui.

 25   Q.    Et en ce qui concerne Slobodan Kuruzovic, saviez-vous s'il était


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  1   membre de la cellule de crise de Prijedor ?

  2   R.    Oui.

  3   Q.    Est-ce que vous saviez s'il détenait un poste de responsabilité ou

  4   de commandement dans la Défense territoriale de Prijedor après la prise de

  5   pouvoir ?

  6   R.    Oui.

  7   Q.    En ce qui concerne le passage à tabac de Reza Hadzalic, est-il

  8   possible de dire qu'à l'époque pendant laquelle il était sur la Pista,

  9   avant le passage à tabac, il avait mangé quelque chose lui-même, qu'il

 10   avait de la nourriture sur lui, qu'il mangeait ou qu'il était en train de

 11   manger ?

 12   R.    Il n'avait rien sur lui, il ne mangeait pas.

 13   Q.    En ce qui concerne M. Timarac que vous avez mentionné en disant

 14   qu'il est venu dans le camp... et vous avez dit au cours du

 15   contre-interrogatoire qu'il est venu afin de malmener les détenus, est-ce

 16   exact ?

 17   R.    C'est exact.

 18   Q.    Est-ce que vous avez vu à aucun moment que quelqu'un qui travaillait

 19   dans le camp, qui faisait partie du personnel ou des chefs, des

 20   commandants du camp a essayé d'intervenir, de l'empêcher de maltraiter les

 21   détenus ?

 22   R.    Non jamais.

 23   Q.    En ce qui concerne le passage à tabac de Becim Dudanin, est-ce que

 24   vous avez pu voir qui... Je reprends, est-il possible de dire qu'il y a eu

 25   d'autres personnes avec Duca et Timarac dans la maison blanche, des


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  1   personnes que vous n'avez pas vues puisqu'elles se trouvaient dans

  2   d'autres pièces ?

  3   R.    C'est possible.

  4   Q.    En ce qui concerne les occasions lors desquelles vous a avez vu

  5   Zoran Zigic et Duca Knezevic dans le camp d'Omarska, est-ce que vous

  6   n'avez jamais vu des membres du personnel du camp ou bien des chefs, des

  7   commandants du camp qui essayaient de l'arrêter, de l'empêcher d'attaquer

  8   ou de maltraiter les prisonniers ?

  9   R.    Je les ai vus, mais aucun d'eux n'a essayé de l'empêcher.

 10   Q.    En ce qui concerne la déclaration que vous avez donnée en 1994 au

 11   Tribunal international pénal, la déclaration qui a été versée au dossier,

 12   afin de clarifier la procédure, vous avez dit qu'entre le 22 et le

 13   26 septembre, les enquêteurs vous interrogeaient pendant environ huit

 14   heures par jour ?

 15   R.    Oui.

 16   Q.    Et vous avez discuté d'un grand nombre de sujets ?

 17   R.    Oui.

 18   Q.    Et vous avez signé ces déclarations (L'interprète n'a pas entendu la

 19   date) du mois de septembre 1994.

 20   R.    Oui.

 21   Q.    Et suivant la procédure appliquée normalement dans ce genre de

 22   situations, il est indiqué à la fin de votre déclaration qu'un interprète

 23   vous a relu la déclaration, est-ce exact ?

 24   M. Nikolic (interprétation): J'ai une objection.

 25   M. le Président: Quelle est l'objection, Maître Nikolic ?


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  1   M. Nikolic (interprétation): La défense a été patiente, elle n'a pas voulu

  2   réagir tout de suite, mais nous avons ici toute une série de questions qui

  3   ne sont pas restées non clarifiées. Sur la base du contre-interrogatoire,

  4   le témoin a répondu à toutes ces questions et il ne fait que confirmer ce

  5   qu'il a déjà dit.

  6   M. le Président: Monsieur Keegan ?

  7   M. Keegan (interprétation): Oui, Monsieur le Président, en fait, je

  8   souhaite me concentrer sur une question qui n'a pas été posée,

  9   c'est-à-dire, comment le témoin a confirmé la déclaration ? La défense a

 10   essayé de dire que la déclaration est erronée puisque le témoin a dit

 11   certaines choses qui ne figurent pas dans la déclaration. Je souhaitais

 12   donc demander si le témoin peut confirmer qu'il a donné cette déclaration

 13   en septembre et que, quelques mois plus tard, en décembre, ceci a été lu

 14   au témoin et qu'à ce moment-là, il l'a signé. J'essaie donc de clarifier

 15   ce qui s'est passé et que, quand le témoin a signé la déclaration, ceci ne

 16   s'est pas fait tout de suite après la prise de la déclaration.

 17   M. le Président: Maître Nikolic, vous avez vous-même posé toute cette

 18   question. Je crois que M. Keegan a raison de préciser ce point et,

 19   Monsieur Keegan, vous pouvez donc continuer.

 20   M. Keegan (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 21   Monsieur Oklopcic, sur la base de votre déclaration préablable, est-ce que

 22   l'on peut dire qu'effectivement, la déclaration vous a été relue dans la

 23   langue que vous comprenez le 12 décembre 1994 ?

 24   R.    Je crois que oui.

 25   M. Keegan (interprétation): Je m'excuse, il s'agissait du 10 décembre.


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  1   R.    Oui, je crois qu'il s'agit bien de la date.

  2   M. le Président: Ici, le témoin avait déjà répondu à cette question, il a

  3   confirmé qu'il l'avait signée le 10 décembre 1994.

  4   M. Keegan (interprétation): Oui, Monsieur le Président, je souhaitais

  5   simplement clarifier cette situation. Il est important de savoir à quel

  6   moment on a relu au témoin la déclaration préalable, et ceci a donc été lu

  7   le 10 décembre ?

  8   R.    Oui.

  9   M. Keegan (interprétation): Merci. Je n'ai plus de questions, Monsieur le

 10   Président.

 11   M. le Président: Merci beaucoup, Monsieur Keegan.

 12   Nous voudrions vraiment finir le témoignage de M. Oklopcic et je pose donc

 13   la question si nous pouvons prolonger de 10 minutes au moins pour que les

 14   Juges puissent poser leurs questions. Je vois un signe affirmatif de la

 15   cabine.

 16   Monsieur le Juge Fuad Riad ?

 17   M. Riad: Merci, Monsieur le Président. Monsieur Oklopcic, bonjour.

 18   R.    Bonjour.

 19   M. Riad: Je souhaite avoir quelques clarifications pour mettre un peu en

 20   lumière votre témoignage. D'abord, des petites questions concernant des

 21   détails. Vous avez dit,- je commence par le commencement,- que quand vous

 22   êtes parti vers l'hôtel, c'était l'hôtel…  quel était le nom de l'hôtel ?

 23   R.    L'hôtel Balkan à Prijedor..

 24   Q.    Vous avez vu des cadavres dans la rue et votre fils à attiré votre

 25   attention. C'était des cadavres de militaires ou de civils ?


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  1   R.    Des civils.

  2   Q.    Des civils. Et puis vous avez entendu des soldats parler le dialecte

  3   Ecivica, mais bien sûr ce dialecte se parle dans plusieurs endroits.

  4   Comment étaient leurs vêtements ? C'étaient des militaires, est-ce que les

  5   militaires ont des vêtements différents selon qu'ils sont d'un pays ou

  6   d'un autre ?

  7   R.    Oui.

  8   Q.    Comment avez-vous pu considérer leurs vêtements, c'était de quel

  9   parti ?

 10   R.    Bleu, vert. Ensuite des uniformes de camouflage vert olive, etc.

 11   Q.    Et vous qui connaissiez un peu peut-être les divers vêtements,

 12   c'était quelle armée ? De quelle armée étaient-ils ?

 13   R.    L'armée yougoslave.

 14   Q.    Maintenant, si j'ai bien compris M. Kvocka était l'adjoint du

 15   commandant Meakic, et ils se relayaient toutes les 24 heures. Est-ce qu'il

 16   y avait un changement dans l'atmosphère du camp ou le traitement des

 17   prisonniers selon si c'était Meakic ou Kvocka ? Où est-ce que vous vous

 18   sentiez mieux comme être humain ?

 19   R.    Quand c'était M. Kvocka, lorsque c'était la relève de M. Kvocka..

 20   Q.    Et après M. Prskac a remplacé M. Kvocka. Est-ce que ça s'est

 21   amélioré sous M. Prskac ou ça a empiré ?

 22   R.    Ecoutez, en ce qui me concerne personnellement, les 15 derniers

 23   jours de mon séjour dans le camp de concentration d'Omarska étaient les

 24   jours bien meilleurs que le début de mon séjour.

 25   Q.    Ces 15 derniers jours étaient sous quelle direction ?


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  1   R.    Sous la direction de Zeljko Meakic et de M. Prskac. Mais je dois

  2   expliquer pourquoi, je dois clarifier cela pour vous donner une réelle

  3   image. En ce qui concerne mon groupe il s'agissait d'un groupe de

  4   70 personnes. On nous a séparés le 28 juillet, on a lu nos noms et on nous

  5   a séparés vis-à-vis de tous les autres prisonniers et on nous a placés sur

  6   la Pista. A ce moment-là, durant cette attente avant le 5 août M. Ckaja

  7   qui était le chef d'un groupe, s'est approché de moi et m'a dit : "Ecoute,

  8   aujourd'hui ou demain, une organisation internationale va venir qui va

  9   procéder à une inspection ici". Il m'appelait Uco, ça veut dire

 10   l'enseignant. Il a dit :"Uco, est-ce que tu comprends ce que tu dois faire

 11   puisque tu vas parler avec tes amis". J'ai dit : "Oui, je comprends" et

 12   puis il m'a dit :"Alors, qu'est-ce que tu veux dire ?" et moi j'ai

 13   répondu : "Je vais bien, personne ne m'a tabassé, on reçoit suffisamment

 14   de nourriture, personne ne nous touche". Et lui m'a répondu : "Je vois que

 15   tu es intelligent et que tu vas transmettre le message à tes collègues."

 16   Je suis rentré et j'ai transmis le message. Ils ont tous compris ce qu'ils

 17   devaient dire, sauf un jeune homme qui a dit : "Non, je ne vais pas faire

 18   ça, je vais dire les choses telles qu'elles sont". J'ai dit :"Bon, si tu

 19   veux disparaître, fais ce que tu veux".

 20   M. Simic (interprétation): J'ai une objection Monsieur le Président, par

 21   rapport au compte rendu. Je pense que M. Oklopcic a fait un lapsus, il a

 22   parlé de Kcalja et il a dit Kvocka.

 23   R.    Oui, c'est un lapsus, je parlais de Kcalja.

 24   M. Simic (interprétation): Oui, c'est ce que j'ai remarqué.

 25   R.    Je m'excuse auprès de M.  Kvocka, ce n'était pas M. Kvocka mais


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  1   c'était M. Kcalja.

  2   M. le Président: Merci beaucoup Maître Simic, la correction est faite,

  3   merci beaucoup.

  4   M. Riad: Monsieur Oklopcic, essayez de me donner des réponses plus ou

  5   moins cohérentes pour les questions que je voudrais vous poser. Vous

  6   m'avez dit que le traitement changeait et qu'il était meilleur sous la

  7   direction de Kvocka et vous avez dit aussi que ça dépendait de chaque

  8   équipe. Vous avez mentionné que l'équipe de Krkan était la plus cruelle,

  9   sous sa direction, Reza Hazalic a été battu à mort et puis il y avait

 10   aussi Safet Ramadovic, etc.

 11   Alors les équipes étaient indépendantes de la direction ou est-ce qu'il y

 12   avait une certaine hiérarchie ou discipline ? Si le patron avait une

 13   certaine tendance, les équipes obéissaient ou chaque équipe faisait ce

 14   qu'elle voulait sous son chef.

 15   R.    Je ne peux pas vous donner une réponse précise à cette question.

 16   Cependant voici ma réponse, voici comment je peux répondre. Les gardes

 17   dans les équipes n'échappaient jamais au contrôle, donc leur chef était

 18   toujours sur place, la personne responsable de cette équipe de garde y

 19   était toujours. Quant à la question de savoir s'ils se mettaient d'accord

 20   entre eux ou pas, ça je ne le sais pas.

 21   Q.    D'accord. En d'autres termes, si par exemple si le chef c'était

 22   Mlakic que vous avez indiqué comme étant le plus sévère, est-ce que les

 23   chefs d'équipe pouvaient être tolérants et moins sévères dans leur

 24   traitement ou est-ce qu'ils devaient agir conformément à leur chef, et

 25   vice-versa. Avec Kvocka, est-ce que le chef d'équipe avait une certaine


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  1   liberté d'action pour faire ce qu'il voulait ?. Si vous pouvez répondre à

  2   cela, allez-y, sinon je vous en dispense.

  3   R.    Je pense que la réponse est oui et non. Moi je n'ai jamais assisté à

  4   une situation ou M. Kvocka aurait participé à un passage à tabac ou

  5   quelque chose comme ça. Je n'ai jamais assisté à une situation ou M Radic

  6   aurait participé à un passage à tabac, ni Prle, ni Krcac, mais ceci se

  7   passait pendant leur relève. Quant à la question de savoir qui leur

  8   donnait des ordres, ça c'est vraiment une question à laquelle je n'ai pas

  9   de réponse à donner.

 10   Q.    Mais vous avez senti s'il y avait une discipline ou non dans le camp

 11   ou si c'était seulement une pagaille ou chaque soldat s'amusait ?

 12   R.    Il y avait une discipline.

 13   Q.    Il y avait une discipline et dans ce cadre, c'était l'équipe de

 14   Krkan qui était la plus cruelle selon vos dires ?

 15   R.    Oui.

 16   Q     Concernant M. Kvocka, vous avez signalé qu'il avait protégé son

 17   beau-frère Rezra et l'avait séparé publiquement des autres. Est-ce que

 18   n'importe qui, n'importe quel soldat serbe pouvait protéger quelqu'un

 19   publiquement comme ça, ou fallait-il une certaine autorité ?

 20   R.    Je ne sais pas moi, mais M. Kvocka l'a fait, et non pas vis-à-vis de

 21   lui mais de deux autres beaux-frères à lui, c'étaient mes voisins et mes

 22   amis mais à ce moment-là, il était très difficile de faire libérer

 23   quelqu'un de ce camp, c'était pratiquement impossible.

 24   Q.    Il les a libérés ?

 25   R.    Il ne les a pas libérés mais il les a emmenés quelque part, ils ne


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  1   sont pas entrés avec moi dans la même pièce.

  2   Q.    Avez-vous vu quelqu'un d'autres procéder de la même façon et

  3   protéger quelqu'un ?

  4   R.    Non.

  5   Q.    Vous dites souvent que chaque équipe avait une certaine attitude.

  6   Comment pouviez-vous distinguer entre les équipes ?

  7   R.    C'était pratiquement impossible, cependant le fait reste que les

  8   meurtres les plus atroces auxquels j'ai assisté, que j'ai vus on eu lieu

  9   pendant l'équipe de Krkan et ensuite, si je peux le dire ainsi : je me

 10   sentais le mieux quand c'était la relève de Maricka puisque je connaissais

 11   certains parents et certains anciens élèves. mais là je parle de moi-même

 12   personnellement.

 13   Q.    Si vous dites c'est l'équipe de Krkan, est-ce qu'il était parmi

 14   eux ? Comment vous saviez que c'était l'équipe de Krkan ?

 15   R.    Pardon, parce que je connaissais presque tous les gardes et je

 16   savais de quelles équipes ils faisaient partie. Chaque chef d'équipe

 17   prenait la relève avec les membres de son équipe et était sur place

 18   pendant la passation d'une relève à une autre vers midi, au bout de

 19   quelques heures.

 20   Q.    Oui mais les chefs d'équipe n'étaient pas là pendant les tortures et

 21   le passage à tabac ?

 22   R.    Non.

 23   Q.    Est-ce que vous avez pensé faire des plaintes au chef d'équipe ?

 24   R.    Nous n'avions pas d'occasion de le faire.

 25   Q.    Ma dernière question : la plupart des prisonniers étaient des


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   1   militaires, des soldats musulmans où étaient des civils, à votre avis,

  2   selon vos connaissances ?

  3   R.    Des civils.

  4   Q.    Je vous remercie beaucoup M. Oklopcic.

  5   R.    Merci à vous.

  6   M. le Président : Merci beaucoup M. le Juge Riad. Madame le Juge Wald.

  7   (M. Oklopcic est interrogé par Mme le Juge Wald)

  8   Mme Wald (interprétation) : Monsieur Oklopcic, vous avez dit au cours de

  9   votre déposition, vous avez souvent parlé des équipes soit de Krakanj,

 10   parfois de Kanley. Est-ce que d'habitude les détenus parlaient des équipes

 11   en indiquant le nom du chef d'équipe, autrement dit si quelqu'un disait

 12   l'équipe de Krakanj est-ce que ça voulait dire que Krakanj était le chef

 13   de l'équipe ?

 14   R.    Oui.

 15   Q.    Très bien. Ma question suivante est de savoir quelque chose à propos

 16   de ce que vous avez dit dans votre déclaration à savoir que les équipes se

 17   relayaient toutes les 12 heures, c'est ce que vous avez dit au cours de

 18   votre déposition. Est-ce que ça veut dire qu'il y avait toujours une

 19   équipe qui était de garde à la fois ou bien est-ce que parfois il y avait

 20   plus qu'une équipe qui était de garde durant une même période ?

 21   R.    Non mais je vais vous expliquer.

 22   Q.    Très bien.

 23   R. J'ai dit que les équipes duraient de 7 heures du matin jusqu'à 7

 24   heures du soir et de 7 heures du soir jusqu'à 7 heures du matin. Donc ça

 25   veut dire qu'en une journée, c'est-à-dire en 24 heures, il y avait 2


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  1   équipes et la troisième équipe se reposait pendant une journée et

  2   revenait après.

  3   Q.    Je comprends. Ma dernière question portant sur ce sujet est de

  4   savoir si Krakajn venait d'habitude pendant la journée ou pendant la nuit,

  5   ou bien parfois c'était pendant la journée, parfois pendant la nuit, là je

  6   parle de l'équipe de Krakanj.

  7   R.    En ce qui concerne tous les meurtres que j'ai mentionnés tout cela

  8   s'est produit en plein jour, en ce qui concerne ce qui passait la nuit je

  9   suppose que quelqu'un d'autre connaîtra plus de détails pour pouvoir vous

 10   en parler.

 11   Q.    Je voulais savoir l'équipe de Krakanj est-ce qu'elle était surtout

 12   sur place de jour, est-ce que c'était d'habitude pendant la journée ou

 13   bien pendant la nuit aussi ?

 14   R.    Je vais vous expliquer : si l'équipe de Krakanj commençait à

 15   travailler le matin ou une quelconque équipe, ils travaillaient de 7

 16   heures du matin jusqu'à 7 heures du soir et la prochaine fois de 7 heures

 17   du soir jusqu'à 7 heures du matin, donc ils faisaient le tour.

 18   Q.    Très bien, c'est justement ce que je voulais savoir. Vous avez

 19   également dit qu'une fois au mois de juillet, il y avait une délégation

 20   officielle qui est venue de la Republika Sprska qui est venue rendre

 21   visite au camp et quand on vous a posé la question de savoir quels sont

 22   les dirigeants du camp qui étaient présents, vous avez dit d'après le

 23   compte rendu, "les commandants et les adjoints des commandants". Est-ce

 24   que vous vouliez dire plus d'un commandant et plus d'un adjoint du

 25   commandant ou peut-être était-ce une erreur dans le compte rendu et sinon


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  1   si ce n'était pas une erreur, qui étaient les autres commandants et les

  2   autres adjoints des commandants qui étaient sur place au moment de la

  3   visite de la délégation de la Republika Sprska en juillet ?

  4   R.    Tout ce qui était important dans le camp c'est-à-dire, les

  5   dirigeants, les chefs d'équipe, ils étaient tous sur place. J'ai dit que

  6   d'autres personnes aussi de Prijedor par exemple le commandant Slobodan

  7   Kuruzetilic de même que Simo Mickovic lui aussi de Prijedor, donc je

  8   voulais parler d'eux aussi.

  9   Q.    Très bien. Je souhaite savoir notamment concernant les dirigeants du

 10   camp par exemple, est-ce que Meakic était sur place ?

 11   R.    Oui.

 12   Q.    Et qui d'autres parmi les dirigeants du camp a assisté à cet

 13   événement, mis à part donc le commandant Meakic ? Et les chefs d'équipe ?

 14   R.    En ce qui concerne les dirigeants du camp, Meakic et Kojetska ils

 15   étaient les dirigeants, c'était le commandant et son adjoint.

 16   Q.    Et ceci s'est produit au mois de juillet, n'est-ce pas ?.

 17   R. Oui.

 18   Q.    Très bien. Vous avez également dit que Brcic apparemment était très

 19   proche, qu'il était la main droite de Meakic, comment avez-vous pu faire

 20   la distinction entre une personne comme Kvoka ou Prcac d'un côté et Brcic

 21   de l'autre côté ? Qu'est-ce qui distinguait Brcic ? Vous avez dit qu'il

 22   était proche de Meakic.

 23   Pourquoi n'avez-vous pas conclu que c'était lui l'adjoint du commandant

 24   mais que c'étaient plutôt Kvoka et Prcac qui étaient les adjoints du

 25   commandant du camp ?


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  1   R.    Eh bien ce monsieur que l'on appelait Buck battait les détenus. Et

  2   il se trouvait toujours à proximité de Seljko Meakic. J'ai dit tout à

  3   l'heure que je n'ai jamais vu Krcac ou Prcac battre qui que ce soit pour

  4   autant que je sache mais Buck et je crois que c'était Tadic surnommé Buck,

  5   il entrait, il battait les détenus et une fois quand Becir Medunjanin

  6   avait été amené avec sa femme et son enfant, Zeljko Meakic s'était joint à

  7   lui, mais il se déplaçait tout le temps avec Zeljko Meakic.

  8   Q.    Fort bien. Et d'après vos impressions, il a davantage été une sorte

  9   d'assistant à Meakic et non pas un subordonné quelconque comme ce serait

 10   le cas de l'adjoint ?

 11   R.    Oui.

 12   Q.    Fort bien. Ma dernière question sera la suivante. Vous avez

 13   mentionné que le fait que la femme et l'enfant de Medunjanin avaient été

 14   battus quand ils ont été amenés au camp. Quel âge avait l'enfant à peu

 15   près ? Vous avez témoigné de la chose, vous avez dit que l'enfant aussi

 16   avait été battu ?

 17   R.    C'était un jeune homme de 18 à 20 ans.

 18   Q.    Donc c'était un jeune homme, fort bien. Et quel âge avait Hankin,

 19   vous avez dit qu'il était un jeune homme, est-ce qu'il devait avoir le

 20   même âge ou un peu plus ?

 21   R.    Il était plus âgé, moi j'avais 31/32 et il devait avoir deux ou

 22   trois ans de plus que moi.

 23   Q.    Fort bien, je vous remercie.

 24   R. Merci.

 25   (M. Oplokcic est interrogé par M. le Président.)


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   1   M. le Président : Merci beaucoup madame le Juge Wald. Je suis un peu dans

  2   la bonne condition d'être le dernier à poser les questions, la plupart des

  3   questions ont déjà été posées, mais tout de même j'ai 2 ou 3 petites

  4   questions. Vous avez répondu à mon collègue le Juge Fuad Riad que vous

  5   avez réussi à identifier les gardes de l'équipe Krakanj parce que vous les

  6   connaissiez. Comment identifiez-vous les gardes des autres équipes ?

  7   R.    D'abord, je ne les connaissais pas personnellement avant d'arriver

  8   dans ce camp de concentration d'Omarska. Comment je les ai connus ? Ils

  9   s'interpellaient publiquement entre eux, ils s'appelaient Popoz, Zoca,

 10   Paspal, Kricka, Savic et ainsi de suite.

 11   La deuxième équipe, celle de Mariska et comme je vous l'ai déjà expliqué,

 12   c'étaient 6 à 8 anciens élèves de l'école où j'étais et certains étaient

 13   des parents d'élèves où j'avais enseigné et d'autres étaient joueurs de

 14   football quand nous avions joué des matchs de foot contre l'équipe

 15   d'Omarska, donc pour moi cela n'avait pas été difficile de les identifier.

 16   Q.    Ma deuxième question : à un moment donné vous avez mentionné la

 17   partie ou le bâtiment Mujo et vous avez dit qu'ils l'ont surnommé de Mujo.

 18   Pourquoi ? Quelles sont les raisons, pourquoi ils ont choisi ce nom ?

 19   R.    Dans cette équipe ou plutôt dans cette pièce, cette pièce à Mujo, il

 20   y avait là pratiquement des gens qui venaient du centre-ville, de Stari

 21   Grad, Ratkovac et ainsi de suite. Et Mujo était le représentant de cette

 22   pièce et c'est lui qui menait ces gens pour les emmener au restaurant, ils

 23   les alignaient par 20 ou 30. Puis, il a été rejoint par un certain Buho

 24   alors de là à vous dire pourquoi cela ne s'est pas appelé la pièce à Buho

 25   au lieu de la pièce à Mujo, je ne sais pas, mais cela s'appelait la pièce


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  1   à Mujo, et lorsque ces deux ont disparu une nuit, c'est moi qui ai pris la

  2   relève et qui ai emmené les petits groupes de détenus pour les emmener

  3   manger au réfectoire.

  4   Q.    La nourriture des gardes était différente de la vôtre. Comment le

  5   saviez-vous ?

  6   R.    D'abord, j'ai décrit la chose en disant que nous mangions, que nous

  7   recevions un morceau de pain, une espèce de soupe qui se composait d'un

  8   peu de pommes de terre, un peu de feuilles de choux et, puis, des fois,

  9   c'étaient des haricots blancs ou des petits pois.

 10   Les gardiens, eux, recevaient une autre sorte de nourriture, ils

 11   recevaient des escalopes parce que l'on abattait du bétail, on avait

 12   ammené des vaches de Kozarac, et les détenus qui avaient été bouchers de

 13   profession allaient aider pour dépecer les bêtes et classifier les

 14   viandes.

 15   Troisièmement, quand on avait notre goûter, donc vers 11 heures-midi, ils

 16   recevaient leur goûter à part, avec des cigarettes, du café, des bierres,

 17   des sandwiches avec du salami ou du fromage à l'intérieur.

 18   C'est une grosse différence entre la nourriture qu'ils recevaient et celle

 19   que nous recevions, nous.

 20   Q.    A un moment donné, Monsieur Okopcic, vous avez mentionné que les

 21   gardes étaient ivres. Je ne ne sais pas si vous êtes en condition de

 22   répondre à ma question et, moi-même, je dois avouer que j'ai quelques

 23   difficultés à la formuler.

 24   Mais, à votre avis, l'ivresse était accidentelle ou était volontaire,

 25   c'est-à-dire était-elle favorisée ou d'autres hypothèses ?


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  1   R.    Je ne puis vous dire qu'une chose, c'est que les gardiens étaient

  2   beaucoup plus agressifs quand ils étaient saouls. Je ne sais pas si on

  3   avait cherché à renforcer ou à susciter la chose, je ne saurais vous le

  4   dire, mais c'est un fait qu'ils étaient beaucoup plus agressifs lorsqu'ils

  5   avaient bu.

  6   Q.    Seulement pour reformuler, il est vrai de votre point de vue que

  7   quand les gardes étaient saouls, ils étaient plus agressifs ?

  8   R.    Oui.

  9   Q.    Monsieur Oklopcic, vous avez répondu à beaucoup de questions du

 10   Procureur, de la défense, des Juges. Vous avez passé beaucoup de temps ici

 11   à La Haye. Est-ce que vous avez quelque chose à dire qui n'a pas encore

 12   été demandé ? Bref !

 13   R.    Oui, je voulais précisément dire une chose concernant la question

 14   posée par M. Fila, et j'avais pensé que la question serait posée par l'un

 15   quelconque des avocats de la défense, mais aussi de la part de

 16   l'accusation ou des Juges.

 17   Je me suis efforcé, Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Juges,

 18   de vous présenter la vérité. Tout ce que je vous ai raconté est la vérité.

 19   Quand M. Fila m'a demandé si je haïssais ces gens-là, j'ai répondu que

 20   oui, que je devais forcément les haïr mais, aux messieurs qui sont

 21   présents ici, sur ma gauche, jamais je ne leur ferai ce qu'ils ont fait à

 22   moi-même et à mon groupe ethnique et j'espère qu'ils recevront une peine

 23   bien méritée de la part de Dieu, de vous-mêmes et de ce Tribunal.

 24   Je vous remercie, je remercie donc le Tribunal, les Juges, l'accusation et

 25   les avocats. Je crois que nous avons tout de même collaboré d'une façon


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   1   très correcte.

  2   M. Fila (interprétation): Je m'appelle Fila et non pas Filota.

  3   L'interprète : La correction a été faite immédiatement.

  4   M. le Président: Très bien, donc la correction a été faite.

  5   Je crois que le Tribunal est ici pour analyser et juger les actions que

  6   les personnes ont commises, et nous remarquons quand même que vous n'étiez

  7   pas capable de faire la même chose, c'est-à-dire qu'il y a des faits qui

  8   sont arrivés mais qu'il faut tout faire pour ne pas les répéter, vous ou

  9   quelqu'un d'autre.

 10   Nous vous remercions beaucoup, Témoin Oklopcic, d'être venu, aussi de

 11   votre coopération. Nous nous excusons devant vous de votre dérangement et

 12   de vos attentes. Merci beaucoup donc.

 13   On va lever la séance et on va reprendre demain à 9 heures 30.

 14   Etes-vous prête, Madame Hollis, pour demain 9 heures 30 ?

 15   Mlle Hollis (interprétation): Oui, Monsieur le Président, nous sommes

 16   prêts.

 17   Une fois que le témoin sera sortie du prétoire, il se peut que M. Keegan

 18   prenne la parole pour vous dire quelques mots concernant le témoin à

 19   venir. Il s'agit de quelques paroles seulement. Et je crois que cela

 20   pourrait éventuellement être fait avec l'accord de la défense.

 21   (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

 22   (Questions administratives.)

 23   M. le Président: Monsieur Keegan ?

 24   M. Keegan (interprétation): Merci, Monsieur le Président, je comprends que

 25   nous avons déjà outrepassé les limites du temps imparti, je voulais juste


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  1   vous dire que nous avons une demande pour ce qui est des mesures de

  2   protection concernant le témoin suivant. Je vous laisserai décider pour ce

  3   qui est de l'énoncé des raisons pour lesquelles nous les demandons. Nous

  4   avons préféré les demander oralement, car il s'agit d'un témoin qui se

  5   présentera en fin de semaine, et il vous appartiendra donc de décider si

  6   ce témoin devra venir ou pas.

  7   M. le Président: Laissez-moi essayer de comprendre. Vous nous dites que

  8   vous allez présenter le témoin si la Chambre accorde les mesures de

  9   protection, ou bien que vous allez présenter le témoin demain et que l'on

 10   discute les questions des mesures de protection ?

 11   M. Keegan (interprétation): Non, Monsieur le Président. Le témoin doit

 12   faire l'objet d'une demande à présent afin que nous puissions dire au

 13   témoin quelle est votre décision avant que celui-ci ne vienne ici.

 14   M. le Président: Je crois donc comprendre que l'on doit passer à huis

 15   clos ?

 16   M. Keegan (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

 17   Monsieur le Président, pouvons-nous passer à huis clos, s'il vous plaît ?

 18   (Audience à huis clos partiel.)

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 13   pages 1940-1949 expurgées – audience à huis clos partiel

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 25   (L'audience est levée à 15 heures 05.)