Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 (Jeudi 8 février 2001.)

2 (Audience publique.)

3 (L'audience est ouverte à 9 heures 28.)

4 (Les accusés sont introduits dans le prétoire.)

5 M. le Président: Bonjour. Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.

6 Je salue les personnes présentes dans le prétoire et dans les cabines, les

7 conseils de l'accusation et de la défense. Nous allons reprendre notre

8 affaire.

9 Avant d'appeler le témoin, j'aimerais informer Me K. Simic qu'une décision

10 a été prise à la suite de notre réunion d'hier, concernant votre requête

11 de mesures de protection. Etes-vous déjà informé, Maître Krstan Simic?

12 M. K. Simic (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président.

13 J'ai reçu cette décision immédiatement après la conférence de mise en

14 état.

15 M. le Président: Très bien. De toute façon, cette décision est datée du 25

16 janvier. Maintenant vous avez donc la parole.

17 M. K. Simic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

18 La défense appelle à présent le témoin Dragan Popovic, selon l'ordre

19 prévu.

20 (Le témoin, M. Dragan Popovic, est introduit dans le prétoire.)

21 M. le Président: Bonjour, Monsieur Dragan Popovic. M'entendez-vous?

22 M. Popovic (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président.

23 M. le Président: Vous allez lire la déclaration solennelle que M.

24 l'huissier va vous tendre, s'il vous plaît.

25 M. Popovic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

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1 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

2 M. le Président: Vous pouvez vous asseoir.

3 (Le témoin s'exécute.)

4 Rapprochez-vous un peu des micros. Merci beaucoup d'être venu.

5 Pour l'instant, vous allez répondre aux questions que Me K. Simic va vous

6 poser. Vous vous connaissez déjà: il est là, à votre gauche.

7 Vous avez la parole, Maître Krstan Simic.

8 (Interrogatoire principal du témoin, M. Dragan Popovic, par Me K. Simic.)

9 M. K. Simic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

10 Monsieur Popovic, je vous salue également.

11 M. Popovic (interprétation): Bonjour.

12 Question: Pour le compte rendu d'audience, je vous prierai de décliner vos

13 nom et prénom.

14 Réponse: Je m'appelle Dragan Popovic.

15 Question: Pouvez-vous nous donner la date exacte de votre naissance?

16 Réponse: Je suis né le 25 octobre 1964, à Gradina, dans la municipalité de

17 Prijedor.

18 Question: Où résidez-vous actuellement?

19 Réponse: A Gradina.

20 Question: Quelles études avez-vous faites?

21 Réponse: J'ai terminé l'école primaire, ensuite j'ai commencé l'école

22 secondaire que je n'ai pas terminée; puis, j'ai suivi deux stages de

23 formation professionnelle, l'un pour devenir facteur et l'autre pour

24 travailler dans les chemins de fer.

25 Question: Etes-vous marié?

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1 Réponse: Oui.

2 Question: Avez-vous des enfants?

3 Réponse: Oui, j'ai une fille.

4 Question: Avez-vous accompli votre service militaire?

5 Réponse: Oui.

6 Question: De quelle date à quelle date?

7 Réponse: Du 1er novembre 1984 au 25 décembre 1985.

8 Question: Monsieur Popovic, où travailliez-vous jusqu'au début de la

9 guerre?

10 Réponse: Je travaillais à Zagreb, en Croatie, où j'habitais également.

11 Question: Votre famille était-elle avec vous?

12 Réponse: Oui. Mon père, ma sœur, ma femme et ma fille.

13 Question: Avez-vous quitté Zagreb peu avant le début du conflit?

14 Réponse: Oui, j'y ai été obligé.

15 Question: Avez-vous quitté Zagreb seul ou avec votre famille?

16 Réponse: J'ai dû partir seul d'abord et ma famille m'a rejoint sept mois

17 après. Donc, pendant sept mois, je suis resté sans nouvelles d'eux.

18 Question: Je vous remercie. Dans le courant de l'année 1992, avez-vous été

19 mobilisé selon le système en vigueur à l'époque?

20 Réponse: Oui.

21 Question: Quelle était votre obligation militaire dans la cadre de cette

22 mobilisation?

23 Réponse: J'ai d'abord été versé dans les rangs de la 43e Brigade

24 motorisée, à Prijedor. Puis, je suis parti sur le front de Lipik, mais

25 très peu de temps. Et ensuite, je me suis de nouveau présenté au district

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1 militaire de Prijedor et on m'a affecté au département de police

2 d'Omarska.

3 Question: Aviez-vous le statut de policier de réserve dans ce département

4 de police d'Omarska?

5 Réponse: Oui.

6 Question: Monsieur Popovic, dans votre situation de policier de réserve,

7 aviez-vous également pour tâche d'assurer la sécurité du camp d'Omarska

8 avec d'autres policiers?

9 Réponse: Moi, on m'a parlé d'un centre d'enquête d'Omarska et,

10 effectivement, j'y suis allé.

11 Question: Qui vous a donné cette mission?

12 Réponse: Le commandant du département de police d'Omarska, Zeljko Mejakic.

13 Question: De quelle date à quelle date avez-vous rempli ces fonctions que

14 vous a confiées Zeljko Mejakic?

15 Réponse: Je crois que j'ai fait ce travail du 29 mai jusqu'au début du

16 mois d'août, mais je ne saurais vous donner les dates exactes.

17 Question: De 1992?

18 Réponse: Oui, 1992.

19 Question: Quelles étaient les modalités de vos tours de garde?

20 Réponse: Nous avions trois tours de garde. Moi, je travaillais 12 heures;

21 après quoi, j'avais 24 heures de repos.

22 Question: Merci. Durant l'existence de camp, vous est-il arrivé de vous

23 trouver absent du camp?

24 Réponse: Oui, deux fois.

25 Question: Quand avez-vous été absent du camp pour la première fois?

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1 Réponse: La première fois, cela s'est passé après un incident qui a eu

2 lieu là-bas.

3 Question: Combien de temps avez-vous été absent?

4 Réponse: Entre neuf et dix jours au total, la première fois.

5 Question: Quel mois était-ce?

6 Réponse: C'était le mois de juin.

7 Question: Pourriez-vous dire à peu près à quel moment a commencé et à quel

8 moment s'est achevée cette absence?

9 Réponse: Je ne saurais pas le dire exactement, mais elle a dû commencer

10 entre le 10 et 12 juin et se terminer à peu près autour du 19 ou du 20

11 juin.

12 Question: Vous avez dit avoir été absent une seconde fois. Quand cela

13 s'est-il passé?

14 Réponse: Cela s'est passé au moment de la visite de ma famille. Ce congé a

15 commencé aux alentours du 7 juillet et a duré à peu près jusqu'au 20

16 juillet.

17 Question: Où votre famille s'est-elle installée à son arrivée de Zagreb?

18 Réponse: Chez les parents de mon épouse à Prnjavor.

19 Question: Quelle est la distance entre Prnjavor et Omarska/Prijedor?

20 Réponse: Je crois qu'il y a à peu près 830 kilomètres d'Omarska.

21 Question: Qui vous a donné l'autorisation de vous absenter en juillet

22 1992?

23 Réponse: Moi, j'ai d'abord contacté Zeljko Mejakic, le dirigeant du

24 département de police. Lui aussi a dû sans doute s'adresser à ses

25 supérieurs, car il ne pouvait pas me donner cette autorisation de congé

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1 sans un accord de ses supérieurs.

2 Question: Pour quelle raison cette absence au mois de juillet 1992 vous a-

3 t-elle été accordée?

4 Réponse: Elle m'a été accordée car je n'avais vu ni mon épouse ni ma fille

5 depuis plus de sept mois.

6 Question: Où votre famille a-t-elle passé ces sept mois?

7 Réponse: A Zagreb.

8 Question: Pendant ces sept mois, avez-vous eu la possibilité d'entendre au

9 moins la voix de votre femme ou de votre enfant, au moins une fois?

10 Réponse: Non.

11 Question: Avez-vous obtenu une quelconque information à leur sujet?

12 Saviez-vous si votre femme et votre fille étaient en bonne santé, si elles

13 avaient faim, de quoi manger, de quoi se vêtir et se loger?

14 Réponse: Je n'avais aucune nouvelle, je ne savais rien.

15 Question: En tenant compte de ces deux permissions que vous avez eues en

16 juin et juillet, je vous demande combien de tours de garde vous avez faits

17 dans le camp d'Omarska?

18 Réponse: Je pense avoir accompli au total une quinzaine de tours de garde.

19 Question: Vous avez déjà déclaré qu'à l'occasion de votre première

20 permission, une dizaine de jours au mois de juin, enfin, qu'à ce moment-là

21 s'était produit un incident auquel vous avez assisté personnellement,

22 n'est-ce pas?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Qu'avez-vous fait pendant ces neuf ou dix jours de permission?

25 Réponse: J'ai subi une enquête.

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1 Question: Qui menait, qui dirigeait cette enquête?

2 Réponse: Des inspecteurs de Prijedor que je ne connaissais pas.

3 Question: Sur quoi portait cette enquête?

4 Réponse: Eh bien, cette enquête a porté sur un incident auquel j'ai

5 assisté personnellement. Moi, je suis arrivé pour prendre mon tour de

6 garde aux alentours de 19 heures, un jour. Aux alentours de 22 heures, un

7 homme qui était détenu là-bas -enfin c'est ce que je crois-, en fait un

8 prisonnier,...

9 Question: Nous y viendrons, nous y viendrons. Un instant.

10 Réponse: Je n'ai pas compris, excusez-moi.

11 Question: Nous y viendrons un peu plus tard. Mais ce soir-là, le soir de

12 l'incident, où étiez-vous de garde?

13 Réponse: Au coin du bâtiment administratif, dans la direction de la maison

14 blanche, donc de ce côté-là du bâtiment administratif, devant la cantine.

15 Question: Y avait-il d'autres réservistes de la police qui étaient

16 également de garde au même endroit?

17 Réponse: Oui, Dude Jokic.

18 Question: Quel était son statut?

19 Réponse: Il était également policier de réserve.

20 Question: A quel endroit se trouvait-il, lui, à ce moment-là?

21 Réponse: Il était à son poste ce jour-là, jusqu'à la relève. Mais après la

22 relève, il a quitté son poste de garde pour rentrer chez lui à la maison.

23 Question: A-t-il demandé l'autorisation à quelqu'un pour rentrer chez lui?

24 Réponse: Non, puisque le commandant du département de police d'Omarska

25 n'était pas là. Dès que le commandant n'était pas là, tout le monde

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1 faisait à peu près ce qu'il voulait, c'est ainsi qu'il est rentré chez

2 lui.

3 Question: J'aimerais à présent que nous reparlions un peu de l'incident,

4 et je vous prierai de vous efforcer de décrire de la façon la plus concise

5 et précise qui soit ce qui s'est exactement passé au moment de cet

6 incident.

7 Réponse: Eh bien, je suis resté seul à mon poste de garde. Il faisait nuit

8 et, tout d'un coup, j'ai vu un peu de désordre dans la cantine. Je me suis

9 approché de la fenêtre, les fenêtres étaient ouvertes pour faire pénétrer

10 l'air dans la cantine, donc je me suis approché de la fenêtre et j'ai vu

11 un homme debout qui disait: "Eh! Les gars! Il faut nous évader d'ici, nous

12 sommes des êtres humains, nous n'avons rien à faire ici.". Et ces hommes

13 ont regardé dans ma direction puisque j'étais le gardien.

14 Celui qui avait pris la parole le premier a dit: "Mais pourquoi est-ce que

15 vous avez peur de lui? Pourquoi est-ce que vous avez peur d'un gardien?".

16 A ce moment-là, il a insulté ma mère, mon enfant, moi-même, il a dit: "Je

17 trancherai la gorge des gardes et la route sera ouverte pour vous tous.".

18 A ce moment-là, j'ai dit quelques mots à cet homme pour essayer de le

19 calmer, -je ne connais pas son nom-, j'ai dit: "Monsieur, restez calme, ne

20 tentez rien", mais il s'est dirigé vers moi. Il y avait une chaise entre

21 nous, il a saisi cette chaise et il a fait mine de jeter cette chaise vers

22 la fenêtre, donc sur moi. J'ai essayé de l'avertir encore une fois, j'ai

23 saisi mon fusil, j'ai voulu tirer en l'air pour l'avertir qu'il fallait

24 qu'il arrête ce qu'il était en train de faire, mais la balle a frappé cet

25 homme je ne sais pas comment. Après cela, j'ai entendu que d'autres

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1 personnes également ont été blessées. Je regrette beaucoup tout ce qui

2 s'est passé.

3 Question: Reprenez-vous si vous le voulez bien quelques instants, et nous

4 poursuivrons.

5 Est-ce que vous visiez cet homme?

6 Réponse: Non, je n'ai pas visé cet homme parce que, comme je l'ai dit, mon

7 intention était de calmer un peu les choses. J'ai tiré en l'air et, en

8 fait, la balle a atteint le plafond et il l'a sans doute été par une balle

9 qui a ricoché sur le plafond.

10 Question: Comment savez-vous que les balles ont frappé le plafond?

11 Réponse: Le lendemain, j'étais à Prijedor...

12 Question: Je vous demande si quelqu'un vous a parlé de cela, vous a dit

13 cela?

14 Réponse: Oui, les inspecteurs de Prijedor me l'ont dit, les enquêteurs.

15 Question: Au moment où vous avez tiré, étiez-vous seul devant la cantine?

16 Réponse: Oui.

17 Question: Après ces coups de feu, après le malheur qui est arrivé,

18 d'autres gardiens sont-ils arrivés?

19 Réponse: Quelques gardiens sont arrivés, ils sont accourus pour voir ce

20 qu'il se passait. Parmi eux se trouvait Zeljko Mejakic, le commandant du

21 département de police. Il a appelé très rapidement du poste de police

22 l'ambulance pour que les blessés puissent être transportés quelque part où

23 ils recevraient des soins. Ensuite, il m'a fait monter à bord d'une

24 voiture et m'a emmené en dehors d'Omarska.

25 Question: Quand le commandant du département, M. Mejakic, est arrivé sur

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1 place, accompagné d'autres gardiens, y avait-il également, parmi ces

2 autres gardiens, un policier d'active, Miroslav Kvocka?

3 Réponse: Non, il n'était pas de service cette nuit-là.

4 Question: Vous avez dit, il y a un instant, qu'après que l'ambulance avait

5 emporté les blessés, à l'initiative de M. Mejakic, ce dernier était parti

6 à Omarska. Mais où?

7 Réponse: Nous sommes partis et nous sommes allés dans un petit café. Nous

8 nous sommes assis dans ce petit café; il m'a dit qu'il voulait que je me

9 calme. Il m'a annoncé qu'il fallait me présenter au poste de police de

10 Prijedor à 9 heures. Et c'est ce que j'ai fait.

11 Question: Que s'est-il passé le lendemain au poste de police, quand vous

12 les avez contactés, comme vous l'avez dit tout à l'heure?

13 Réponse: Ils ont procédé à une enquête: ils m'ont demandé de quelle

14 manière les choses se sont passées. J'ai dit que j'avais été très effrayé.

15 Vraiment, encore aujourd'hui, j'en souffre; encore aujourd'hui, j'ai peur

16 à cause de cela parce que je regrette fortement cet incident. Je leur ai

17 dit qu'il fallait qu'ils aillent demander l'avis des détenus dans le cadre

18 de leur enquête et également des personnes blessées.

19 Question: Avez-vous été interrogé à plusieurs reprises pendant ces

20 journées de l'enquête?

21 Réponse: Oui, ils m'ont interrogé à plusieurs reprises au cours du jour.

22 Question: Est-ce que vous vous souvenez des enquêteurs? Est-ce que vous

23 connaissiez leurs noms?

24 Réponse: Non, je ne les connaissais pas.

25 Question: S'agissait-il des personnes qui venaient mener des enquêtes dans

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1 le camp d'Omarska?

2 Votre dernière réponse n'est pas dans le compte rendu d'audience: est-ce

3 que les personnes qui enquêtaient, qui vous interrogeaient à Prijedor

4 étaient les mêmes que celles qui venaient mener leurs enquêtes dans le

5 camp d'Omarska?

6 Réponse: Je ne connaissais pas ces personnes-là, je ne connaissais pas les

7 enquêteurs.

8 Question: Est-ce que vous les avez vus à Omarska en train de mener des

9 enquêtes?

10 Réponse: Oui, un certain nombre d'entre eux, je les ai vus, mais pas tout

11 le monde.

12 Question: J'ai l'impression que nous ne nous comprenons pas. Ecoutez-moi

13 attentivement: les personnes qui vous ont interrogé à Prijedor, les avez-

14 vous vues en train de mener les enquêtes dans le camp?

15 Réponse: Eh bien, certaines de ces personnes, je les ai vues dans le camp.

16 Question: A la fin, les enquêteurs, qu'est-ce qu'ils vous ont dit?

17 Réponse: Ils m'ont dit qu'ils ont terminé leur enquête, qu'ils se sont

18 rendus sur le lieu des crimes à Omarska, qu'ils ont parlé avec le détenu,

19 Crnalic Dedo, je pense, et qu'il avait confirmé mon récit de même qu'une

20 personne blessée. Donc ils ont raconté exactement la même histoire que la

21 mienne.

22 Question: Après cela, est-ce que vous êtes retourné, est-ce que vous avez

23 regagné votre poste de travail dans le cadre de la sécurité dans le camp

24 d'Omarska?

25 Réponse: Oui, puisque j'avais une dizaine de journées de libres. Ils ont

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1 fait appel à moi pour que je regagne mon poste de garde à Omarska.

2 Question: Je souhaite que l'on parle du début, brièvement, encore une

3 fois. Quand M. Mejakic vous a confié la tâche d'assurer la sécurité avec

4 les autres policiers, est-ce qu'il vous a dit quoi que soit sur la durée?

5 Disposiez-vous d'une quelconque information à ce sujet-là?

6 Réponse: Oui. On nous avait dit que cela allait durer une dizaine de

7 jours.

8 Question: Tout à l'heure, vous avez déclaré que vous connaissiez le

9 policier Miroslav Kvocka?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Lui aussi, est-ce qu'il était actif dans le cadre de cette

12 mission à Omarska?

13 Réponse: Sa mission était identique à la mienne.

14 Question: Et vous le voyiez à combien de reprises?

15 Réponse: Pas vraiment souvent parce que, pendant que Miroslav Kvocka était

16 là-bas, moi, j'étais absent.

17 Question: Monsieur Kvocka, est-ce qu'il est arrivé dès le début pour

18 assurer la sécurité dans le camp?

19 Réponse: Oui.

20 Question: Compte tenu de votre absence, est-ce que vous pourriez nous

21 dire… Je reformule: Monsieur Kvocka, est-ce qu'il est resté jusqu'à la fin

22 du fonctionnement du camp?

23 Réponse: Non, Miroslav Kvocka est parti au bout de deux, trois jours après

24 mon retour.

25 Question: Et après cela, vous ne le voyiez plus dans le camp?

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1 Réponse: Eh bien, après mon retour, je l'ai revu peut-être deux, trois

2 fois, mais pas plus.

3 Question: Mis à part vous, dans le camp, y a-t-il eu d'autres gardes qui

4 assuraient la sécurité?

5 Réponse: Oui. L'armée assurait la sécurité aussi, mais après nous.

6 Question: Et dans le cadre de l'enceinte, est-ce qu'il y avait d'autres

7 personnes qui le faisaient?

8 Réponse: Oui, il y avait des forces spéciales de police de Banja Luka.

9 Question: Savez-vous qui était leur commandant?

10 Réponse: Non.

11 Question: Zeljko Mejakic était-il leur commandant?

12 Réponse: Ils avaient leur propre commandant.

13 Question: Ils sont restés jusqu'à quel moment?

14 Réponse: Environs quinze jours. Ils travaillaient en deux équipes. Ils

15 avaient même deux commandants; chacune de leurs équipes avait son propre

16 commandant.

17 Question: Aviez-vous d'autres supérieurs, d'autres commandants mis à part

18 M. Zeljko Mejakic qui, comme vous l'avez dit, était votre commandant de

19 département?

20 Réponse: Non.

21 Question: Monsieur Popovic, avez-vous un surnom?

22 Réponse: Oui.

23 Question: Quel est votre surnom?

24 Réponse: Mon surnom est "Pavlic".

25 Question: Etes-vous connu de ce surnom?

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1 Réponse: C'est ainsi que tout le monde m'appelle à Omarska et aux

2 environs.

3 Question: Voici ma dernière question: vous, personnellement, dans le cadre

4 de ces quinze relèves, que vous avez eues approximativement à Omarska,

5 avez-vous participé à un autre incident?

6 Réponse: Non, mais j'ai entendu parler d'un autre incident.

7 Question: Monsieur "Pavlic", pardon Monsieur Popovic, en ce qui concerne

8 ces événements-là, nous en avons parlé deux, trois fois déjà, je souhaite,

9 pour ainsi dire, faire droit à votre souhait et vous permettre de dire

10 quelle était votre motivation de comparaître ici.

11 M. le Président: Quand vous dites "nous avons déjà parlé de ces

12 événements", qui c'est "nous"?

13 M. K. Simic (interprétation): Monsieur Popovic et moi-même.

14 M. le Président: D'accord.

15 M. K. Simic (interprétation): Qu'est-ce qui vous a motivé à un moment où

16 toutes les personnes, qui n'ont rien à voir avec le malheureux camp

17 d'Omarska, essaient de fuir ce Tribunal? Qu'est-ce qui vous a poussé à

18 venir comparaître ici?

19 M. Popovic (interprétation): Je suis venu devant ce Tribunal parce que je

20 ne me sens pas coupable, je regrette fortement cet incident et je

21 souhaitais dire la vérité concernant cet incident et la vérité concernant

22 tout cela.

23 Question: Merci, Monsieur Popovic. Je n'ai plus de questions à poser.

24 M. le Président: Est-ce que d'autres conseils veulent interroger?

25 Oui, je vois Me Nikolic. Maître Nikolic, vous avez la parole.

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1 (Interrogatoire principal du témoin, M. Dragan Popovic, par Me Nikolic.)

2 M. Nikolic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

3 Monsieur Popovic, bonjour.

4 M. Popovic (interprétation): Bonjour.

5 Question: Je m'appelle Zarko Nikolic. Je représente l'accusé, Milojica

6 Kos. Je souhaite vous poser quelques questions.

7 Réponse: Allez-y, Monsieur.

8 Question: S'il vous plaît, dites-nous si vous vous rappelez d'un dénommé

9 Milojica Kos?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Milojica Kos, vous le connaissez depuis avant la guerre?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Savez-vous d'où est Milojica Kos?

14 Réponse: Il vient du village Donja Lamovita, je le sais, cela se trouve à

15 3/4 kilomètres d'Omarska, vers le villages de Kevljani.

16 Question: Est-ce que vous savez quel est le métier de Milojica Kos?

17 Réponse: Oui, garçon de café.

18 Question: Je vais employer votre terme dans la question que je vous pose:

19 dans le centre d'enquête d'Omarska, avez-vous travaillé avec Milojica Kos?

20 Réponse: Oui.

21 Question: Savez-vous ce que Milojica Kos faisait dans le camp, centre

22 d'enquête?

23 Réponse: Il était comme moi, policier de réserve.

24 Question: Connaissiez-vous sa fonction?

25 Réponse: Milojica Kos ne détenait aucune fonction, il était garde comme

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1 moi.

2 Question: Pour autant que vous le sachiez, Milojica Kos avait-il des

3 compétences lui permettant de donner des ordres à qui que ce soit?

4 Réponse: Milojica Kos ne pouvait pas donner d'ordres à qui que ce soit.

5 Question: Pour autant que vous le sachiez, Milojica Kos avait-il certaines

6 personnes qui lui étaient subordonnées dans le centre d'enquête d'Omarska?

7 Réponse: Absolument pas.

8 Question: Vous et Milojica Kos, avez-vous travaillé dans le cadre des

9 mêmes équipes?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Je souhaite vérifier si j'ai bien compris: dans l'interrogatoire

12 principal, vous avez dit que votre seul supérieur était le commandant du

13 département de poste de police d'Omarska, Zeljko Mejakic. C'est exact?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Merci, Monsieur. Je n'ai plus de questions, Monsieur le

16 Président.

17 M. le Président: Oui, merci Maître Nikolic. Y a-t-il d'autres conseils? Je

18 vois des signes négatifs, donc merci beaucoup Maître Nikolic.

19 Monsieur Waidyaratne va contre interroger. Monsieur Dragan Popovic, vous

20 allez maintenant répondre aux questions que M. le Procureur va vous poser,

21 s'il vous plaît.

22 M. Popovic (interprétation): Je comprends.

23 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Dragan Popovic, par M. Waidyaratne.)

24 M. Waidyaratne (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

25 Bonjour, Monsieur Popovic.

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1 M. Popovic (interprétation): Bonjour.

2 Question: Monsieur Popovic, pourriez-vous nous dire comment vous êtes venu

3 au camp après que vous vous êtes présenté pour recevoir votre affectation?

4 Réponse: Eh bien, c'est le chef du poste de police d'Omarska qui m'y a

5 affecté. Il m'a amené là-bas en me disant que c'était le centre

6 d'instruction d'Omarska.

7 Question: Et ensuite, comment êtes-vous venu? Est-ce que vous êtes venu en

8 bus ou tout seul?

9 Réponse: Nous y sommes allés avec une camionnette.

10 Question: Donc les policiers de réserve, qui devaient se présenter pour

11 travailler dans certaines équipes, étaient transportés dans une

12 camionnette?

13 Réponse: Oui.

14 Question: Et la personne, que vous avez mentionnée en tant que M. Mejakic,

15 qui était le commandant du poste de police d'Omarska, elle venait à part,

16 en voiture. Est-ce que vous l'avez vue, cette voiture?

17 Réponse: Non, je ne l'ai pas dit mais j'ai dit qu'il était le commandant

18 du département du poste de police et non pas le chef du poste de police.

19 Question: Est-ce que vous avez vu quand il venait dans le camp en voiture?

20 Réponse: Parfois il venait en voiture.

21 Question: Avez-vous vu M. Kvocka en train de venir en voiture, une

22 Mercedes verte?

23 Réponse: Non. Il avait sa propre voiture.

24 Question: Il venait au camp dans sa propre voiture?

25 Réponse: Je l'ai vu deux fois en train de venir avec sa propre voiture.

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1 C'est ce que je pensais mais je ne suis pas sûr.

2 Question: Merci. Je vais vous poser quelques questions de base,

3 rapidement.

4 Quand vous avez travaillé dans le camp, vous avez dit que vous avez

5 travaillé pendant douze heures et, ensuite, vous étiez de repos pendant

6 vingt-quatre heures. Ai-je raison?

7 Réponse: Oui.

8 Question: Pendant que vous vous présentiez pour travailler dans le cadre

9 de ces relèves, combien de personnes y avait-il avec vous dans le cadre

10 d'une même équipe?

11 Réponse: Une vingtaine environ.

12 Question: Et vous receviez des tâches concrètes? Par exemple, vous deviez

13 monter la garde à un certain endroit?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Et qui vous donnait ces instructions?

16 Réponse: Le commandant du département du poste de police d'Omarska, Zeljko

17 Mejakic.

18 Question: Et lorsque M. Mejakic n'était pas sur place, qui vous donnait

19 ces ordres? Qui vous disait ce que vous deviez faire, où monter la garde?

20 Réponse: Eh bien, nous avions déjà nos postes de garde définis

21 préalablement par le commandant Zeljko.

22 Question: Si, par exemple, un jour, quelqu'un était absent et qu'il

23 fallait couvrir une autre région aussi, qui vous donnait l'ordre de le

24 faire?

25 Réponse: Personne ne me donnait des ordres. Moi, simplement, j'avais une

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1 tâche double à partir de ce moment-là.

2 Question: C'est exact. Mais par exemple, vous le faisiez sur votre propre

3 initiative? Personne ne vous disait qu'il fallait que vous remplaciez un

4 autre garde, une autre personne?

5 Réponse: Oui, c'est ainsi que cela se passait. Tout le monde reprenait les

6 tâches des autres de cette manière.

7 Question: Quand vous vous présentiez au travail, est-ce que vous étiez

8 enregistré quelque part?

9 Réponse: Non. Juste la première fois, on a fait l'appel de nos noms. C'est

10 ensuite que nous avons reçu nos affectations et, ensuite, par la suite,

11 nous savions. Chacun de nous savait où aller, où était son poste de garde.

12 Question: En ce qui concerne la période que vous avez passée dans le camp,

13 vous avez dit "quinze relèves"?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Est-ce que vous étiez engagé seulement dans le cadre des tâches

16 de garde ou bien est-ce que vous avez eu d'autres tâches également?

17 Réponse: Non, ma seule tâche était d'être le garde pendant les quinze

18 relèves que j'y ai effectuées.

19 Question: Donc, Monsieur Popovic, pourriez-vous dire aux Juges où vous

20 montiez la garde?

21 Réponse: Eh bien, je montais la garde devant le réfectoire du bâtiment

22 administratif, c'est-à-dire à côté de la maison blanche, de l'autre côté.

23 Là, je parle de la maison que les gens appelaient la maison blanche.

24 Question: Est-ce que c'était plus proche de la maison blanche ou plus

25 éloigné?

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1 Réponse: Ça dépendait selon l'accord entre moi et mon collègue, Dude

2 Jokic: parfois c'était lui, parfois c'était moi. Tout dépendait de la

3 manière dont nous nous mettions d'accord tous les deux.

4 Question: Donc, en général, d'habitude, où étiez-vous? Si Jokic était là-

5 bas, vous, vous étiez où?

6 Réponse: Jokic était à un angle et moi, j'étais auprès de l'autre angle.

7 Ou l'inverse.

8 Question: Donc vous changiez de place entre tous les deux?

9 Réponse: Oui, c'était conformément à un accord interne entre nous deux.

10 Question: Très bien. Quelle est l'arme que vous avez reçue?

11 Réponse: J'ai reçu un fusil automatique.

12 Question: Avec combien de balles? Combien de balles avez-vous reçues?

13 Réponse: Moi, j'avais un chargeur de trente balles.

14 Question: Comment étiez-vous vêtu? Portiez-vous un uniforme?

15 Réponse: Oui, un uniforme bleu, l'uniforme des policiers de réserve. En

16 laine rêche.

17 Question: Mis à part M. Jokic, que vous avez mentionné, quelles autres

18 personnes faisaient partie de votre relève?

19 Réponse: Eh bien, MM. Kos, Mile Jaskic, Rajko Marmat, mais je ne me

20 souviens pas de tout le monde parce que j'avais déjà passé douze ans à

21 Zagreb, auparavant. Donc je ne connaissais pas très bien les gens.

22 Question: Cette personne que vous avez mentionnée comme Ranko ou Rajko,

23 était-il Rajko Marmat, un policier de réserve?

24 Réponse: Oui.

25 Question: Vous avez dit que vous avez reçu des instructions concernant les

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1 endroits où vous devriez vous trouver et monter la garde. Est-ce que qui

2 que ce soit vous a donné des instructions en ce qui concerne ce que vous

3 deviez faire et qui vous deviez garder? C'était quoi l'objet de votre

4 garde?

5 Réponse: Eh bien, nous assurions la sécurité, surtout la sécurité des

6 détenus.

7 Question: Est-ce que vous avez reçu des instructions quant à ce que vous

8 deviez faire si ces détenus commettaient des infractions?

9 Réponse: En fait, ce que Zeljko Mejakic nous a dit, c'est de faire en

10 sorte que la personne à proximité aille le chercher, aille le contacter.

11 Et si lui n'était pas sur place, il nous a dit d'essayer de calmer la

12 situation.

13 Tout comme moi j'ai essayé de le faire, mais l'homme allait se jeter sur

14 moi; moi, j'étais effrayé, j'étais seul et il faisait nuit, et autour, il

15 n'y avait pas d'autres gardes.

16 Question: Excusez-moi. Je ne vous demande pas des questions concernant cet

17 incident: je vous pose des questions générales; nous parlerons de

18 l'incident plus tard.

19 Monsieur Popovic, en l'absence de M. Mejakic, quelle est la personne que

20 vous auriez cherchée afin de recevoir des instructions ou bien pour le

21 consulter? Quelle était la personne qui vous était supérieure en son

22 absence?

23 Réponse: Il n'y avait personne qui le remplaçait dans le camp en tant que

24 supérieur. S'il était absent, nous avions son numéro de téléphone, nous

25 pouvions l'appeler et, dans ce cas-là, il revenait pour résoudre la

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1 situation lui-même.

2 Question: Est-ce que vous savez s'il y avait un règlement qui s'appliquait

3 à la conduite des détenus dans le camp? Par exemple en ce qui concerne la

4 manière dont ils devaient se déplacer à un endroit, la manière dont ils

5 devaient s'asseoir, etc.?

6 Réponse: Ceci se passait seulement s'ils allaient déjeuner, ils étaient

7 alignés dans ce cas-là, et c'est ainsi qu'ils se déplaçaient. Mais sinon,

8 personne ne leur disait comment et où s'asseoir.

9 Question: Qui leur donnait des instructions lorsqu'ils allaient déjeuner?

10 Réponse: Un garde, quelqu'un de nous, la personne qui était chargée de cet

11 endroit-là.

12 Question: Les gardes, est-ce qu'ils donnaient également les instructions

13 aux détenus en ce qui concerne l'heure à laquelle ils devaient manger?

14 Réponse: Non, on connaissait bien l'heure à laquelle ils prenaient leur

15 déjeuner et ils pouvaient manger tant qu'ils finissaient leur plat. Mais

16 je ne connais pas ces détails car je ne travaillais pas là où ils

17 prenaient leur déjeuner, je ne travaillais pas à l'intérieur de cette

18 salle de réfectoire.

19 Question: Monsieur Popovic, vous dites que votre surnom est "Pavlic"?

20 Réponse: Oui, c'est ainsi qu'on m'appelle.

21 Question: Et quelle est la signification de "Plavic", pourriez-vous le

22 dire?

23 Réponse: Pour moi, la signification est très importante parce que mon

24 grand-père s'appelait Pavle, et mon frère cadet s'appelle Pavle. C'est

25 ainsi que dans le village, on me surnommait "Pavlic", c'était à l'époque

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1 où j'étais encore très jeune, j'avais environ sept ans.

2 Question: Vous avez parlé d'un incident qui concerne des coups de feu qui

3 ont été tirés. Est-ce que vous pourriez dire aux Juges combien de

4 personnes se trouvaient dans ce réfectoire, et là, je parle des détenus,

5 approximativement?

6 Réponse: Je dirai environ cent, peut-être un peu plus.

7 Question: Et ils étaient tous assis à ce moment-là?

8 Réponse: Non, il y en avait qui étaient debout. A ce moment-là, au moment

9 de l'incident, il y en a qui se sont levés alors que cette personne -que

10 malheureusement j'ai tuée-, leur disait qu'ils devaient fuir et ces

11 personnes-là s'étaient levées, et je ne savais pas quelles étaient leurs

12 intentions.

13 Question: Monsieur Popovic, vous étiez à l'extérieur du réfectoire, du

14 bâtiment du refectoire. Ai-je raison?

15 Réponse: Oui.

16 Question: Et la personne, dont vous dites que vous l'avez tuée

17 accidentellement, était à l'intérieur du bâtiment. Ai-je raison?

18 Réponse: Oui.

19 Question: Avez-vous appris par la suite comment s'appelait cette personne,

20 la personne qui est décédée?

21 Réponse: Je l'ai appris par le biais de la presse.

22 Question: Saviez-vous si c'était une personne jeune ou âgée?

23 Réponse: Non, je ne le sais pas encore aujourd'hui. Je sais qu'il était

24 d'âge moyen, à mon avis, à ce moment-là. Il avait peut-être 45 à 50 ans;

25 c'est d'après ce que j'ai pu voir.

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1 Question: Vous êtes une personne qui avait été sur le front, qui avait eu

2 un entraînement avec l'usage des armes et je crois avoir raison de dire

3 que vous vous y connaissez en armes?

4 Réponse: Non, je n'ai pas eu de formation autre que la formation reçue au

5 service militaire régulier que j'ai effectué.

6 Question: Mais vous saviez comment l'on maniait des armes, c'est pour cela

7 que l'on vous avait donné une arme?

8 Réponse: Oui, je l'ai appris pendant mon service régulier militaire

9 normal.

10 Question: Pouvez-vous vous rappeler quand est-ce que cet incident est

11 survenu, au cours de quel mois?

12 Réponse: Entre le 10 et le 12 juin. Il s'est passé beaucoup de temps

13 depuis, on n'arrive pas à se souvenir de toutes les dates.

14 Question: Vous nous avez dit qu'il y avait eu plusieurs autres personnes

15 blessées suite à ces coups de feu, et vous avez dit que vous connaissiez

16 ces gens-là?

17 Réponse: Je n'ai pas très bien compris votre question. Pourriez-vous la

18 répéter?

19 M. K. Simic (interprétation): Objection!

20 M. le Président: Oui, Maître Krstan Simic?

21 M. K. Simic (interprétation): Monsieur Popovic n'a pas dit qu'il y avait

22 beaucoup de personnes blessées et il n'a pas dit qu'il connaissait ces

23 personnes.

24 M. le Président: Objection rejetée. Poursuivez Monsieur le Procureur.

25 M. Waidyaratne (interprétation): Monsieur Popovic, avez-vous appris

Page 7707

1 combien de gens ont été blessés par ces coups de feu accidentels, comme

2 vous nous les avez décrits?

3 M. Popovic (interprétation): J'ai appris par les inspecteurs de Prijedor

4 qu'il y avait deux personnes.

5 Question: Combien de personnes?

6 Réponse: Deux.

7 Question: Sauriez-vous nous dire comment ils étaient blessés, où ils

8 étaient blessés?

9 Réponse: Je ne le sais pas, je ne l'ai pas vu étant donné que j'étais

10 parti avec M. Mejakic. Mais j'ai appris que l'un des deux avait été

11 effleuré par balles à l'épaule.

12 Question: Avez-vous appris les noms de ces personnes?

13 Réponse: Non.

14 Question: Avez-vous essayé d'apprendre quels étaient les noms de ces gens?

15 Réponse: J'ai essayé d'apprendre leurs noms mais personne ne m'a répondu.

16 J'ai demandé aux enquêteurs, aux inspecteurs et j'ai demandé au chef du

17 département, M. Mejakic. Monsieur Mejakic m'avait dit qu'il allait

18 demander aux enquêteurs, mais il ne me les a pas transmis, mais j'aurais

19 aimé les connaître pour pouvoir m'excuser publiquement.

20 Question: Et à ce jour, vous n'avez pas appris les noms de ces gens. C'est

21 bien ce que vous voulez nous dire?

22 Réponse: Oui.

23 Question: Vous nous avez dit que vous avez été interrogé par des

24 enquêteurs à plusieurs occasions?

25 Réponse: Oui, à plusieurs reprises, en deux journées.

Page 7708

1 Question: Et ces gens-là, ces enquêteurs, vous ne connaissez pas leurs

2 noms, n'est-ce pas?

3 Réponse: Non, je ne les connaissais pas.

4 Question: Avez-vous reçu un rapport quelconque qui aurait été rédigé suite

5 aux enquêtes auxquelles vous avez été soumis?

6 Réponse: Je n'ai reçu qu'un rapport verbal.

7 Question: Avez-vous signé une déposition quelconque?

8 Réponse: Oui, j'ai signé la déposition que j'ai faite devant ces

9 enquêteurs.

10 Question: Et le résultat de cette enquête a fait que vous n'avez pas subi

11 d'avertissement, de réprimande?

12 Réponse: Je n'ai rien reçu après cela, mais je m'attendais à être puni

13 -c'est ce que j'avais mérité.

14 Question: Suite à ce que vous nous avez dit, dix jours après, vous êtes

15 revenu au même poste pour accomplir les mêmes fonctions, n'est-ce pas?

16 Réponse: Oui.

17 Question: Monsieur Popovic, vous avez été là-bas au camp pendant un

18 certain temps. Auriez-vous, par hasard, été intéressé par le fait

19 d'apprendre pourquoi ces gens, ces détenus, ces Musulmans, avaient été

20 amenés au camp?

21 Réponse: Ce que j'ai pu apprendre, c'est ce que nous a dit notre chef du

22 département de police d'Omarska: c'est que ces gens étaient censés faire

23 des déclarations aux enquêteurs.

24 Question: Pour ce qui est… de quel sujet, au fait, est-ce que vous saviez

25 pourquoi ces détenus étaient là-bas ou était-ce un fait notoire?

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1 Réponse: Je ne le savais pas, et ce n'était pas du tout un fait notoire.

2 Question: En avez-vous discuté?

3 Réponse: Je sais que le premier soir où nous n'avions pas encore travaillé

4 là-bas -il y avait la police de Prijedor sur place-, je sais que dans mon

5 village, cette nuit-là, les gens avaient fait une sorte de soulèvement, se

6 sont révoltés pour ce qui est de l'acheminement de tant de gens à la mine.

7 On avait décidé, les gens avaient décidé de demander aux autorités

8 municipales de démanteler le camp et de relâcher les gens. C'est du moins

9 la demande qui a été envoyée à la municipalité.

10 Question: Monsieur Popovic, lorsque vous êtes entré au service de la

11 police, avez-vous fait une déclaration, signé une déclaration de loyauté à

12 la police d'Omarska?

13 Réponse: Je n'ai pas très bien saisi votre question. Est-ce que vous

14 pouvez répéter, je vous prie?

15 Question: Monsieur Popovic, avez-vous signé un acte d'allégeance en tant

16 que policier de réserve?

17 Réponse: Oui, j'ai signé un acte aux termes duquel j'étais censé accomplir

18 mes tâches de façon honorable.

19 Question: Quand est-ce que cela s'est fait?

20 Réponse: Cela a eu lieu vers le 30 avril étant donné que, quelque temps

21 avant cette période, j'avais fait partie de la police de réserve et

22 j'avais eu à accomplir des permanences au sein de mon village, en tant que

23 membre d'une patrouille.

24 Question: Avant de conclure, je vous demanderai encore un peu de patience.

25 Monsieur, j'ai deux questions à vous poser encore: quand êtes-vous revenu

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1 de Zagreb à Omarska?

2 Réponse: Le 20 octobre 1991.

3 Question: Et vous êtes allé sur le front à Lipik, c'est bien ce que vous

4 avez dit?

5 Réponse: Oui, j'ai eu une convocation de la part du département chargé de

6 la Défense à Prijedor.

7 Question: Et quand est-ce qu'on vous a amené pour la première fois au

8 camp?

9 Réponse: On m'a emmené au camp le 29 mai 1992.

10 Question: Dernière question: quand avez-vous été mobilisé à Omarska, ou

11 plutôt au département du poste de police d'Omarska?

12 Réponse: Je vous l'ai déjà dit: j'ai été mobilisé vers le 30 avril 1992

13 pour ce poste de police, département de poste de police à Omarska, donc un

14 mois avant de me rendre à Omarska. Et j'avais eu des permanences au niveau

15 de mon village, le village de Gradina.

16 Question: Monsieur "Pavlic", concernant l'incident, vous avez mentionné

17 une personne qui s'appelait Kos, qui faisait partie de la même équipe:

18 était-il présent au moment où il y a eu ces coups de feu?

19 Réponse: A ce moment-là, je n'ai reconnu personne: j'étais tellement hors

20 de moi. Ce n'est pas une chose qui vous arrive tous les jours. C'était un

21 coup terrible pour moi. J'étais si perdu que je n'ai pas remarqué s'il y

22 avait à ce moment-là un certain M. Kos à côté de moi.

23 Question: Vous avez mentionné le nom de Dedo Crnalic?

24 Réponse: Oui.

25 Question: Saviez-vous qu'il était un parent quelconque de Miroslav Kvocka?

Page 7711

1 Réponse: Non.

2 Question: Et savez-vous nous dire si Dedo Crnalic est en vie ou ce qui est

3 arrivé?

4 Réponse: Eh bien, j'aurais aimé qu'il soit vivant, j'aimerais qu'il soit

5 vivant mais je ne sais pas du tout ce qu'il est advenu de lui.

6 Question: J'en ai terminé avec mon contre-interrogatoire, Monsieur le

7 Président. Merci.

8 M. le Président: Merci beaucoup, Monsieur Waidyaratne.

9 Maître Krstan Simic, des questions supplémentaires?

10 (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, M. Dragan Popovic, par

11 Me K. Simic.)

12 M. K. Simic (interprétation): Juste une question, Monsieur le Président.

13 Monsieur Popovic, je vous demanderai de vous concentrer sur le moment où

14 ces coups de feu malheureux ont commencé, pas au moment d'après. Alors y

15 avait-il dans la zone du restaurant quelqu'un de vos collègues au moment

16 où vous avez commencé à tirer?

17 M. Popovic (interprétation): Non, il n'y avait à ce moment-là personne

18 autour.

19 M. K. Simic (interprétation): J'en ai fini avec mes questions. Merci.

20 M. le Président: Monsieur le Juge Riad, s'il vous plaît.

21 (Questions au témoin, M. Dragan Popovic, par M. le Juge Riad.)

22 M. Riad (interprétation): Bonjour, Monsieur Popovic. Est-ce que vous

23 m'entendez?

24 M. Popovic (interprétation): Oui. Bonjour.

25 Question: J'ai plusieurs question à clarifier. Je vais finir avec la fin,

Page 7712

1 c'est-à-dire au moment où vous vous étiez entretenu avec le Procureur.

2 Vous avez dit qu'il y avait eu dans votre village une espèce de

3 soulèvement ou de rébellion au moment où les détenus avaient été amenés au

4 camp. S'agissait-il d'un village musulman?

5 Réponse: Non.

6 Question: Bien. Mais qui s'était rebellé?

7 Réponse: C'était un village serbe. Ils s'étaient rebellés contre le fait

8 que l'on ait amené autant de gens sur place; ils ne comprenaient pas de

9 quoi il s'agissait.

10 Question: Mais qui a commencé à crier? Vous entendez que les Serbes

11 avaient commencé à crier à cause du fait que l'on avait amené des

12 Musulmans?

13 Réponse: Non. Ils étaient indignés que des gens étaient arrêtés et c'est

14 pour cela qu'ils criaient.

15 Question: Oui. Est-ce que cela signifie que ces détenus étaient des

16 habitants de ce village?

17 Réponse: Non. Ces détenus n'étaient pas des habitants de ce village;

18 c'étaient des habitants venus d'autres villages.

19 Question: Donc la rébellion s'est faite en raison de détenus amenés en

20 provenance d'autres villages?

21 Réponse: Oui, c'est exact.

22 Question: Vous avez également mentionné le fait que M. Zeljko Mejakic

23 avait été chef de cette police. Et quand le Procureur vous a demandé qui

24 donnait les ordres quand il n'était pas là, vous avez répondu en disant

25 que tout le monde savait en quoi consistait sa tâche. Est-ce que cela

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1 signifie que Mejakic n'étant pas là, il n'y avait plus de cadre de

2 commandement?

3 Réponse: Non, il n'y avait plus de cadre de commandement. C'était la seule

4 personne habilitée à nous donner des ordres.

5 Question: Par conséquent, il s'agissait d'une institution où, le

6 commandant absent, plus personne ne donnait des ordres?

7 Réponse: C'est cela.

8 Question: Et vous-même avez été chef d'une équipe ou membre d'une équipe?

9 Réponse: Moi, je n'étais que policier de réserve de ce département de

10 police à Omarska.

11 Question: Oui, mais j'ai compris que M. Kvocka avait pratiquement le même

12 grade que vous. Est-ce que j'ai bien compris, ou était-il un supérieur à

13 l'égard de vous-même?

14 Réponse: Non, il était dans la même position. Mais il était policier actif

15 et moi, policier de réserve. Nous accomplissions le même type de tâches.

16 Question: Vous voulez dire qu'il n'aurait pas été votre supérieur, qu'il

17 ne donnait pas d'ordres?

18 Réponse: Non, il ne pouvait pas donner d'ordres, car chacun d'entre nous

19 pourrait aussi, de son côté, donner des ordres, nous qui étions dans la

20 réserve. Mais on savait fort bien qui donnait les ordres: c'était M.

21 Mejakic.

22 Question: Et donc, exception faite de Mejakic, personne ne pouvait donner

23 des ordres. Est-ce que les chefs d'équipe pouvaient donner des ordres?

24 Réponse: Je ne sais pas s'il y avait des chefs d'équipe, parce qu'ils

25 étaient pratiquement tous membres de l'équipe.

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1 Question: Vous aviez dit que vous n'étiez pas présent quand les détenus

2 étaient emmenés pour avoir leur repas. Mais j'avais compris que les tirs

3 qui sont survenus sont situés au niveau du restaurant?

4 Réponse: Oui, mais moi, j'étais de l'autre côté du restaurant, pas à

5 l'intérieur, à l'endroit où les repas étaient distribués.

6 Question: Bien. J'ai compris, mais c'était à proximité ou à côté du

7 restaurant?

8 Réponse: Oui.

9 Question: Quand on parle de cet incident, vous nous avez dit qu'une

10 personne est morte et que la balle avait ricoché sur le plafond, est-ce

11 que c'est le résultat auquel a abouti l'enquête? Est-ce que c'est bien un

12 ricochet qui a tué cet homme?

13 Réponse: C'est ce que l'on m'a dit, c'est ce que m'a dit l'un des

14 inspecteurs.

15 Question: Bien. Y a-t-il eu d'autres incidents de ce type pendant que vous

16 y avez séjourné?

17 Réponse: Je n'ai pas vu d'autres incidents de ce type. J'ai entendu parler

18 d'un autre incident, mais c'était en écoutant parler d'autres gardiens.

19 Question: Et il n'y avait pas eu de sanction, personne n'a été sanctionné?

20 Réponse: Pour cet autre incident, je ne sais pas ce qui est arrivé aux

21 autres gardiens, mais je m'attendais à être moi-même puni. Ils ont

22 interrogé M. Crnalic et l'une des personnes blessées, c'est ce qu'on

23 m'avait dit. Ils ont confirmé, en effet, qu'ils avaient vu que j'avais eu

24 peur parce que l'une de ces personnes s'était dirigée vers moi. Je sais

25 que maintenant je ne le ferais pas du tout mais, sur le moment, vous avez

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1 les yeux agrandis de peur et vous perdez le contrôle.

2 Question: Et vous êtes venu ici pour nous exprimer ce sentiment honorable

3 de remord, ou avez-vous autre chose à dire au sujet de M. Kvocka?

4 Réponse: Je suis venu notamment pour parler de mon sentiment, de mes

5 sentiments personnels concernant cet incident parce que je n'en pouvais

6 plus de garder cela pour moi. Je voulais dire la vérité devant cette

7 Chambre.

8 Pour ce qui est de M. Kvocka, je n'ai pas eu beaucoup de contacts avec

9 lui, je ne l'ai vu peut-être que cinq fois là-bas.

10 Question: Je vous remercie.

11 Réponse: Je vous remercie aussi, Monsieur le Juge.

12 M. le Président: Merci, Monsieur le Juge Riad.

13 Madame la Juge Wald, s'il vous plaît?

14 (Questions au témoin, M. Dragan Popovic, par Mme la Juge Wald.)

15 Mme Wald (interprétation): Monsieur Popovic, vous nous avez dit -me

16 semble-t-il- que cet incident est survenu vers 22 heures. Vous nous avez

17 dit que c'était la nuit, à plusieurs reprises, et je crois avoir compris

18 que c'était vers 10 heures du soir. Vous avez jugé qu'il y avait une

19 centaine de personnes à l'intérieur du réfectoire.

20 D'après votre expérience de gardien, était-il habituel de voir quelque 100

21 détenus au restaurant vers 10 heures du soir? Est-ce qu'ils mangeaient à

22 10 heures du soir? Que faisaient-ils?

23 M. Popovic (interprétation): Non, ils dormaient la nuit sur place.

24 Question: Bien. Donc il s'agissait de gens qui étaient installés la nuit à

25 l'intérieur du réfectoire. Vous avez également dit que vous aviez tiré en

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1 l'air pour leur faire peur, ou plutôt, votre intention était de tirer en

2 l'air pour faire peur à la personne qui avait fait mine de soulever une

3 chaise pour vous frapper, et vous l'avez vue par la fenêtre.

4 Cette fenêtre était-elle ouverte?

5 Réponse: Cette fenêtre-là n'était pas ouverte, mais il y avait plusieurs

6 fenêtres ouvertes au niveau du réfectoire.

7 Question: Donc quand vous avez tiré en l'air, vous avez dû tirer à travers

8 la vitre et vous avez pointé votre fusil vers l'intérieur?

9 Réponse: Je crois avoir dit que j'avais tiré à partir de ma hanche, la

10 crosse étant appuyée sur la hanche.

11 Question: Je ne crois pas avoir entendu cela, mais je suis contente

12 d'avoir appris la chose. Vous avez tiré à travers la fenêtre parce que

13 vous aviez peur. Avez-vous tiré une balle ou plusieurs?

14 Réponse: J'ai tiré une courte rafale, étant donné que l'on m'avait

15 confisqué mon fusil, que Zeljko m'avait confisqué mon fusil et remis ce

16 fusil aux inspecteurs. Par la suite, on m'avait dit que dans le chargeur

17 il manquait trois balles.

18 Question: Fort bien, trois balles. Je voudrais être sûre d'avoir bien

19 compris votre témoignage concernant la façon dont fonctionnait l'équipe de

20 gardiens: il y avait des équipes, n'est-ce pas? Les gens venaient à une

21 heure, repartaient à une autre et travaillaient donc par équipe?

22 Réponse: Oui.

23 Question: Je crois avoir compris qu'il n'y avait pas de chef d'équipe au

24 sujet duquel vous seriez conscient de la présence d'un chef, mais vous

25 venez de dire que vous n'aviez pas de chef d'équipe. Il n'y avait pas de

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1 chef d'équipe?

2 Réponse: Moi, je n'avais pas de chef d'équipe. Pour moi, le seul

3 commandant était Zeljko Mejakic.

4 Question: Fort bien. La nuit où cet incident est survenu, quand vous nous

5 dites que Mejakic est venu et vous a confisqué votre fusil, et quand on

6 avait appelé une ambulance pour prendre en charge les personnes blessées,

7 êtes-vous vous-même resté là-bas jusqu'à l'arrivée de l'ambulance,

8 jusqu'au départ des blessés? Etiez-vous sur place lorsqu'on les a amenés?

9 Réponse: Non, Zeljko m'avait emmené avant, au moment où il a appelé

10 l'ambulance.

11 Question: C'était bien ce que je voulais savoir. Vous nous avez donc dit

12 qu'une fois qu'une personne est morte et que les autres étaient blessées

13 et que l'on avait appelé l'ambulance, Zeljko Mejakic vous a ramené à

14 Omarska avec son propre véhicule. Il n'a laissé personne dans le camp pour

15 ce qui est de la personne qui serait en charge du camp? Parce qu'il y

16 avait encore des détenus à l'intérieur du restaurant, les blessés étaient

17 à l'extérieur et personne n'était responsable des choses?

18 Réponse: Ecoutez, j'étais très secoué, j'aurais voulu que la terre

19 m'engloutisse à ce moment-là, c'est très simple.

20 Question: Oui, je comprends, mais pour autant que vous puissiez vous en

21 souvenir compte tenu des circonstances traumatisantes, vous ne vous

22 souvenez pas si Mejakic avait chargé quelqu'un d'une responsabilité

23 afférente au camp, pendant que lui vous avait emmené là-bas, et en

24 attendant que les détenus blessés aient été emmenés?

25 Les détenus, au restaurant, étaient révoltés, donc vous ne vous souvenez

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1 pas s'il a laissé quelqu'un en lui confiant la charge d'un certain

2 commandement?

3 Réponse: Je ne m'en souviens pas. Il l'a peut-être, probablement, fait,

4 mais il a peut-être choisi au hasard un policier de réserve pour lui

5 confier cette tâche.

6 Question: Mais vous ne vous souvenez pas duquel?

7 Réponse: C'est cela.

8 Question: Bien. Vous nous avez dit que les enquêteurs s'étaient entretenus

9 avec deux détenus, l'une des personnes détenues et avec M. Crnalic. Avez-

10 vous pu apprendre s'il s'était entretenu avec d'autres personnes en sus de

11 ces deux détenus? En vous parlant, est-ce qu'ils se sont prononcés sur le

12 fait d'avoir discuté avec M. Mejakic ou d'autres détenus?

13 Réponse: Monsieur Mejakic était avec moi pendant que j'étais à Prijedor,

14 soumis aux interrogatoires.

15 Question: Vous ne savez donc pas s'ils s'étaient entretenus avec lui à

16 part, en lui demandant s'il avait vu quoi que ce soit concernant

17 l'incident?

18 Réponse: Il se peut fort bien qu'ils l'aient fait, mais moi je ne l'ai pas

19 vu.

20 Question: Fort bien. Ma dernière question à votre intention est la

21 suivante: à plusieurs reprise, une fois dans votre témoignage et une fois

22 en répondant à l'une des questions de M. le Juge Riad, vous nous avez

23 mentionné un autre incident mais vous ne nous avez pas dit de quel type

24 d'incident il s'était agi. Est-ce que, brièvement, vous pourriez nous

25 relater le deuxième incident en question?

Page 7719

1 Réponse: On ne m'a pas posé de question concernant ce deuxième incident,

2 ici, dans le prétoire. Vous êtes la première personne à me poser la

3 question.

4 Question: Oui, je sais, vous avez tout à fait raison. Voilà, je vous pose

5 justement cette question car cela a probablement dû rester gravé dans

6 votre mémoire. Donc dites-nous ce que vous savez.

7 Réponse: Ce jour-là, j'étais de permanence au hangar, Zeljko m'avait dit

8 de rester de permanence dans le hangar ce jour. Et tout à coup, vers le

9 début de la soirée, la nuit commençait à tomber, on a entendu des coups de

10 feu, j'ai entendu un cri.

11 Nous étions trois gardiens au hangar. L'un des trois, je crois qu'on

12 l'appelait "Cica" ou "Mico" ou quelque chose de ce genre, il est revenu et

13 il a dit qu'un homme saoul et que des autocars arrivaient en amenant des

14 Musulmans et que l'homme en question avait commencé à tirer vers eux.

15 C'est lui qui est allé voir ce qui se passait. Il est venu, il a dit qu'un

16 homme saoul et que des autocars étaient arrivés en amenant des Musulmans.

17 Et que l'homme en question avait commencé à tirer vers eux.

18 Il avait entendu dire que M. Kvocka avait arraché le fusil des mains de

19 cet homme ivre; donc il avait bondi, il lui avait arraché le fusil des

20 mains. Je n'étais pas là-bas mais j'ai entendu le récit, en termes

21 élogieux, concernant le courage de M. Kvocka.

22 Question: Fort bien. Je vous remercie.

23 Réponse: Je vous remercie aussi, Madame la Juge Wald.

24 M. le Président: Merci beaucoup, Madame la Juge Wald.

25 (Questions au témoin, M. Dragan Popovic, de M. le Président.)

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1 Monsieur Popovic, j'ai quelques questions aussi pour vous.

2 Ma première question: si j'ai bien compris, pendant sept mois, vous ne

3 saviez rien de votre femme et de votre fille. Jamais vous n'avez entendu

4 leurs voix. C'est vrai?

5 Réponse: Non. En effet, je n'ai pas eu de nouvelles parce que les lignes

6 étaient coupées.

7 Question: Quand est-ce que les lignes ont été rétablies?

8 Réponse: Je ne me souviens pas exactement, mais j'ai revu ma famille

9 seulement une fois que celle-ci est arrivée de Zagreb sur les lieux.

10 Question: Donc vous avez vu votre famille seulement vers le 7 juillet,

11 c'est cela?

12 Réponse: A peu près le 7 juillet, oui. Alors, de là à vous dire si c'était

13 le 7 ou le 8, je ne sais pas. J'avais demandé, le 7 juillet,

14 l'autorisation de pouvoir partir. Donc je crois que j'étais parti le 8

15 pour Prijedor.

16 Question: Quand vous êtes revenu de Zagreb, le 20 octobre 1991, est-ce que

17 vous avez dit à votre famille où vous alliez?

18 Réponse: Oui.

19 Question: Et qu'avez-vous dit?

20 Réponse: Monsieur le Président, voyez-vous, il y avait eu des menaces

21 téléphoniques du genre "Pourquoi ne t'en vas-tu pas, espèce de Chetnik?

22 pourquoi ne quittes-tu pas Zagreb? Ceci est un Etat croate!"

23 D'abord, je suis allé chez un oncle en Slovénie; j'y ai passé une

24 quinzaine de jours. Quand j'ai appris que l'on pouvait passer…

25 M. le Président: Vous aviez dit à votre famille que vous alliez en

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1 Slovénie, ou en Slavonie?

2 Réponse: Oui, ma famille savait que j'étais parti en Slovénie. Puis, je

3 suis revenu à Zagreb de Slovénie.

4 Question: Après la Slovénie, vous êtes parti pour la Serbie, c'est cela?

5 Réponse: Non, non. Je suis parti en Bosnie. Donc je suis arrivé à Zagreb

6 et, de Zagreb, je suis allé en Bosnie.

7 Question: Et votre famille a été informée de vos déplacements?

8 Réponse: Ma famille ne pouvait rien savoir à mon sujet, tout comme moi je

9 ne savais rien au sujet de ma famille. Ils savaient que j'allais partir

10 car il y avait des menaces. J'ai donc dû partir.

11 Question: Comment avez-vous appris que votre famille était arrivée?

12 Réponse: Cela m'avait été communiqué par sa mère, car elle se trouvait à

13 Prnjavor; c'était la mère de ma femme.

14 Question: Autre chose: vous avez déjà répondu qu'il y a eu d'autres

15 incidents où des personnes ont été tuées. Savez-vous combien d'incidents?

16 Réponse: Je suis au courant de mon incident à moi et de l'incident où il y

17 a eu des tirs, que je viens de vous relater. Mais je sais que la première

18 fois que je suis arrivé, à la première équipe que j'ai faite, j'ai vu là-

19 bas trois ou quatre cadavres; je pense quatre cadavres.

20 Question: Etait-il fréquent pour vous de voir des cadavres dans le camp?

21 Réponse: Non, ce n'est que cette fois-là que moi-même, j'ai vu des

22 cadavres. Seulement cette fois.

23 Question: Où se trouvaient les cadavres?

24 Réponse: Seulement cette fois-là. Ces cadavres se trouvaient en direction

25 de la maison blanche, à savoir entre la maison blanche et mon poste de

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1 garde, donc entre le restaurant et la maison blanche.

2 Question: Donc on peut dire qu'en tout, pour les quinze tours de garde

3 environ que vous avez faits, il y a eu deux incidents avec des coups de

4 feu. C'est cela?

5 Réponse: Oui, mon incident et celui de l'homme ivre qui est venu tirer

6 vers les personnes qui sortaient de l'autocar.

7 Question: Savez-vous qui vous a communiqué le résultat de votre enquête?

8 Réponse: Excusez-moi, je n'ai pas très bien compris votre question.

9 Pouvez-vous la reprendre?

10 Question: A un moment donné, vous nous avez dit que des enquêteurs vous

11 avaient parlé du résultat de l'enquête sur votre incident de coups de feu.

12 Oui? J'ai bien compris?

13 Réponse: Oui, oui.

14 Question: Qui vous a donné ces résultats? Qui vous a informé?

15 Réponse: L'inspecteur à Prijedor.

16 Question: Cet inspecteur travaillait-il aussi à Omarska ou non?

17 Réponse: Oui, cet inspecteur travaillait aussi à Omarska.

18 Question: Où vous a-t-il donné l'information?

19 Réponse: A Prijedor même, au poste de police.

20 Question: Donc à Prijedor: pas à Omarska?

21 Réponse: Non, non, à Prijedor. Parce que je suis allé là-bas deux fois et,

22 le deuxième jour où j'y suis allé, c'est là qu'il me l'a dit.

23 Question: Vous vous rappelez quelle était la date de ce jour?

24 Réponse: Non. Pas au moment de cet incident.

25 Question: Le jour ou le moment où il vous a informé, aviez-vous déjà

Page 7723

1 repris vos fonctions ou non? Après les dix jours de la première fois où

2 vous étiez absent?

3 Réponse: Après l'incident, le lendemain, je suis allé pour être interrogé

4 pendant deux jours. Il y avait eu plusieurs interrogatoires pendant ces

5 deux jours. Ce deuxième jour, on m'avait dit de rentrer chez moi, que

6 j'étais sous instruction et que l'on m'informerait si je devais revenir à

7 mon poste de travail ou si je serais affecté ailleurs. Et puis on m'a

8 informé de revenir au travail.

9 Question: Vous êtes allé un premier jour à Prijedor, pour l'enquête, et le

10 deuxième jour, ils vous ont donné le résultat de l'enquête: c'est ce que

11 je dois comprendre?

12 Réponse: Oui.

13 Question: D'accord. Notamment, ils vous ont dit d'attendre chez vous et

14 qu'ils allaient vous convoquer pour reprendre le travail. C'est cela?

15 Réponse: Oui. Ou alors, ils allaient décider qu'ils examineraient les

16 autres circonstances et apporter une décision autre.

17 Question: Vers le 19 ou 20, plus ou moins? C'est cela?

18 Réponse: Oui.

19 Question: Qui vous a communiqué que vous alliez reprendre le travail?

20 Réponse: J'ai été informé de la chose par le chef du département de police

21 d'Omarska, Zeljko Mejakic, et lui a dû obtenir cette information de la

22 part des enquêteurs eux-mêmes.

23 Question: A ce moment, avez-vous reçu un fusil ou non?

24 Réponse: Oui, on m'a attribué une fois de plus une arme, mais en

25 m'avertissant qu'il fallait réfléchir davantage sur l'utilisation d'une

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1 arme à feu. Et Zeljko m'a lui-même averti de cela.

2 Question: Cet avertissement avait été fait la première fois ou non, quand

3 on vous a donné l'arme pour la première fois?

4 Réponse: Non, il n'y a pas eu d'avertissement de ce genre à l'époque.

5 Question: L'arme était-elle la même ou non?

6 Réponse: Oui, j'ai reçu le même fusil, le même numéro de série.

7 Question: D'accord. L'autre question: les policiers de réserve étaient

8 transportés dans une camionnette. C'était le cas pour toutes les polices?

9 Réponse: Je n'ai pas de traduction.

10 Question: Vous ne m'entendez pas? Et maintenant?

11 Réponse: Maintenant, oui.

12 Question: Ma question: vous avez dit que les polices de réserve étaient

13 transportées dans une camionnette. C'est vrai?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Toutes les polices ou non?

16 Réponse: Les policiers de réserve et les policiers d'active étaient

17 transportés ainsi jusqu'au centre d'enquête d'Omarska.

18 Question: Zeljko Mejakic était transporté dans cette camionnette?

19 Réponse: Non, non. Pas à l'époque. Il était venu avec une voiture privée,

20 une Mercedes verte.

21 Question: Monsieur Kvocka était-il transporté dans cette camionnette?

22 Réponse: Oui. Ce soir-là, il est venu en camionnette. Par la suite, je

23 l'ai vu venir parfois avec une voiture privée; pas toutes les fois, mais

24 de temps en temps.

25 Question: De temps en temps. Vous vous rappelez quelle voiture il

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1 utilisait comme voiture privée?

2 Réponse: Je ne m'en souviens pas. Vous savez, je n'ai pas de permis de

3 conduire du tout, je n'ai jamais conduit une voiture, je ne m'y connais

4 pas du tout en voiture. Mais je sais qu'il venait surtout en voiture

5 privée quand il amenait des colis à l'intention des détenus.

6 Question: D'accord, très bien. Je crois que vous avez dit qu'il y avait au

7 moins vingt gardes dans le camp d'Omarska. C'est vrai, ce nombre?

8 Réponse: Oui, nous étions une vingtaine de gardes dans l'équipe.

9 Question: Vous aviez un fusil. Est-ce que vous aviez un téléphone ou un

10 portable, ou un Motorola pour communiquer?

11 Réponse: Pas moi. Mais j'ai appris qu'il y avait un téléphone et un poste

12 émetteur-récepteur au bâtiment administratif, mais je ne l'ai pas vu parce

13 que je n'avais rien à faire là-bas. Au fait, j'ai vu une fois, quand je

14 suis allé voir Zeljko Mejakic à l'étage: lorsque j'ai appris que ma

15 famille était arrivée, je suis allé à l'étage dans son bureau et je suis

16 allé lui demander de m'autoriser à m'absenter. Il y avait encore deux

17 femmes, là-bas, qui étaient en train de taper des textes à la machine.

18 Question: Oui, donc à ma question, vous avez répondu spontanément "pas

19 moi". Est-ce que d'autres gardes avaient un Motorola ou des moyens de

20 communiquer?

21 Réponse: Moi, je n'ai pas vu de gardiens, de policiers de réserve ou de

22 policiers d'active en avoir.

23 Question: Monsieur Dragan Popovic, vous avez déclaré dire la vérité et

24 toute la vérité. Je vous demande une chose: si un problème existe dans le

25 camp et que Zeljko Mejakic n'est pas là… Vous avez un problème et Zeljko

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1 Mejakic n'est pas là: comment pouvez-vous communiquer avec lui?

2 Réponse: Eh bien, je me rendrais dans la pièce où il y avait le téléphone.

3 Il y avait un numéro où nous pouvions contacter le département du poste de

4 police parce que le camp se trouvait éloigné de ce département et, là-bas,

5 la personne de permanence appelait Zeljko.

6 Question: S'il y avait un problème, comme il n'y avait pas de commandant

7 dans le camp, il devait aller à ce poste de téléphone pour communiquer

8 avec Zeljko Mejakic. C'est ce que vous nous dites?

9 Réponse: Oui, tout le monde pouvait aller au téléphone et appeler Zeljko

10 si besoin était, s'il y avait un problème.

11 Question: Donc il n'y avait aucune personne qui coordonnait les vingt

12 gardes qui étaient dispersés dans plusieurs coins du camp. C'est cela?

13 Réponse: Eh bien, pendant que j'y étais, il n'y avait personne. Par la

14 suite, je ne sais pas.

15 Question: On peut dire que chaque garde, entre les vingt gardes, se

16 commandait soi-même. C'est votre conclusion?

17 Réponse: Je ne pense pas qu'il puisse se commander lui-même. Nous étions

18 de simples gardiens et nous étions censés nous adresser à Zeljko; c'était

19 notre seul commandant, nous n'avions personne d'autre à qui nous aurions

20 pu nous adresser.

21 Question: Je ne mets pas en doute ce que vous nous dites. Ce que vous nous

22 dites, c'est que Zeljko Mejakic était le commandant. Si Zeljko Mejakic

23 n'était pas là, il n'y avait pas de commandant. C'est cela que vous nous

24 dites?

25 Réponse: Eh bien, à vrai dire, Zeljko n'était pas absent très souvent de

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1 ce camp; il était notamment surtout présent et, parfois, pour une

2 quinzaine de minutes ou la nuit.

3 Question: Monsieur Popovic, Zeljko Mejakic habitait dans le camp, résidait

4 dans le camp, passait 24 heures dans le camp?

5 Réponse: Il ne passait pas tout le temps 24 heures, mais il avait une

6 chambre avec un lit. C'est du moins ce que l'on m'avait dit; je n'ai pas

7 vu cette chambre mais on m'avait dit qu'il avait une chambre parce que je

8 le voyais souvent de jour et de nuit.

9 Question: Combien de prisonniers y avait-il dans le camp? Avez-vous une

10 idée?

11 Réponse: Peut-être vers les 2000, 2500 au total -pour autant que je sache.

12 Question: Pour ces 2000 personnes, dans vos estimations, il y avait vingt

13 gardes et ces vingt gardes n'avaient pas… En l'absence de Zeljko Mejakic,

14 il n'y avait aucune personne qui le remplaçait ni un garde. C'est cela? Il

15 n'y avait aucun garde qui pouvait remplacer Zeljko Mejakic en son absence?

16 Réponse: Je ne suis pas au courant de cela, il ne m'a jamais désigné en

17 tant que tel.

18 Question: Vous avez dit, si j'ai bien compris, que les prisonniers

19 pouvaient prendre le temps nécessaire pour manger mais vous n'étiez pas

20 là: j'ai quelque doute, si j'ai bien compris. Avez-vous une idée?

21 Réponse: J'ai dit que c'est mon avis, mais je n'ai pas dit que je l'ai vu.

22 J'ai dit qu'à mon avis, ils pouvaient manger, mais je ne l'ai pas vu parce

23 que j'étais à l'extérieur.

24 Question: Ils pouvaient avoir tout le temps pour manger. Pourquoi êtes-

25 vous arrivé à cette conclusion si vous n'étiez pas là?

Page 7728

1 Réponse: Je n'ai pas dit des détails. Ils avaient la même portion que moi;

2 donc je pouvais évaluer le temps, on recevait la même...

3 Question: (hors micro) …du temps pour manger. Est-ce que les prisonniers

4 pouvaient s'asseoir à la table et manger calmement la portion égale à la

5 vôtre?

6 Réponse: Oui, mais je ne sais pas. Comme je n'étais pas à l'intérieur, je

7 ne peux pas vous dire si un garde leur a dit parfois de se dépêcher, de

8 terminer plus tôt, parce qu'ils étaient nombreux; tout le monde devait

9 manger. Je n'étais pas à l'intérieur donc je ne sais pas si jamais un

10 garde leur a dit.

11 Question: En étant à l'extérieur, est-ce que vous avez vu contrôler le

12 temps qui passait entre l'entrée d'un groupe de prisonniers et la sortie

13 de ce même groupe de prisonniers? Est-ce que vous avez vu cela?

14 Réponse: Ceci durait un peu plus de cinq minutes lorsqu'un groupe entrait,

15 s'asseyait avec la portion. Cela durait entre cinq et dix minutes, à mon

16 avis, d'après mon estimation.

17 Question: Entre l'entrée et la sortie, cinq minutes.

18 Réponse: Peut-être pas… Je n'ai plus de traduction.

19 Question: Vous pouvez répondre, je vous entends.

20 Parlez, vous pouvez continuer à répondre à ma question.

21 Réponse: Eh bien, c'étaient environ cinq minutes, parfois sept peut-être,

22 parfois peut-être quatre, trois. Je ne sais pas, je n'avais pas de montre,

23 je ne regardais pas.

24 Question: Vous travailliez douze heures et après, vous étiez en dehors du

25 camp vingt-quatre heures. Connaissiez-vous les gardes qui étaient avec

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1 vous dans cette période?

2 Réponse: Comme je l'ai dit, je connais que le garde qui était avec moi, il

3 y avait Mile Jaskic, Milojica Kos, Ralko Mahmat.

4 Je connais tout le monde de vue mais je ne connais pas tous les noms et

5 prénoms.

6 Question: Nous allons poser une autre question: ces gardes étaient

7 toujours les mêmes dans votre temps de garde ou ils changeaient?

8 Réponse: D'habitude, c'était les mêmes au sein d'une même équipe.

9 Question: D'accord, très bien.

10 Monsieur Popovic, je crois que je me suis perdu un peu dans les temps;

11 nous devions faire une pause. De toute façon, j'avais à l'esprit de

12 terminer votre témoignage.

13 M. Riad (interprétation): Je voudrais faire une correction.

14 M. le Président: Allez-y, s'il vous plaît.

15 (Questions supplémentaires au témoin, M. Dragan Popovic, par M. le Juge

16 Riad.)

17 M. Riad (interprétation): Une correction: dans le compte rendu d'audience,

18 il y avait une grave erreur à mon avis; c'est pour cela que j'interviens.

19 Je ne me souviens plus de la ligne et de la page mais c'était dans le

20 contexte, lorsque j'ai posé la question concernant l'autre incident relaté

21 par ce témoin. Le témoin a dit qu'il a entendu des rumeurs au sujet de

22 cela.

23 Ensuite, je lui ai posé -je cite-: "Donc, encore une fois, il n'y a pas eu

24 de peine prononcée à cause de cet incident". Alors que, dans le compte

25 rendu d'audience, était marqué "Donc il y a eu une peine prononcée aussi",

Page 7730

1 alors que j'ai dit le contraire.

2 Suite aux questions que le Président a posées, je souhaite reposer encore

3 deux questions à M. Popovic.

4 Monsieur Popovic, vous avez dit que vous étiez à l'extérieur du

5 restaurant. Comment avez-vous pu voir les détenus qui entraient, de quelle

6 manière? De quelle manière est-ce qu'ils y entraient? Est-ce qu'ils le

7 faisaient de manière paisible, y avait-il des disputes, est-ce qu'on les

8 poussait?

9 M. Popovic (interprétation): D'après ce que j'ai vu, ils étaient alignés,

10 ils y allaient tranquillement, ils se rendaient tranquillement au

11 déjeuner.

12 Question: Les gens qui étaient alignés étaient donc disciplinés, dans

13 l'ordre. Il n'y a pas eu de problème?

14 Réponse: Oui, aucun problème, mais il y avait un garde qui leur donnait

15 des instructions -je suppose- quant à la manière dont ils devaient y

16 entrer. Je n'y étais pas mais il y avait un garde qui leur donnait des

17 instructions, qui disait quelle rangée devait passer.

18 Question: Et donc ils étaient dans l'ordre et disciplinés, ou bien est-ce

19 qu'ils étaient agités?

20 Réponse: Ecoutez, je suppose qu'il y avait des personnes qui s'agitaient.

21 Moi, je ne connais pas comment tout un chacun fonctionne

22 psychologiquement.

23 Question: Et les gardes leur donnaient des ordres, ou bien est-ce que

24 c'étaient plus que les ordres?

25 Réponse: Eh bien, le garde disait: "Voici, cette rangée-là doit entrer;

Page 7731

1 ensuite, l'autre, etc." Et c'était tout, rien de plus parce que le garde

2 n'avait pas le droit de donner quelque ordre que ce soit. De toute façon,

3 ils connaissaient la manière dont les choses fonctionnaient: ils y

4 allaient tous les jours, ils avaient pris l'habitude, ils savaient quelle

5 était la rangée qui devait passer avant une autre.

6 M. le Président: Excusez-moi, Monsieur Riad, si on devait continuer.

7 M. Riad: J'ai encore une question, Monsieur le Président. J'ai encore une

8 question.

9 M. le Président: Il faut faire une pause.

10 M. Riad: Je sais, je sais bien.

11 M. le Président: Allez-y.

12 M. Riad (interprétation): Vous étiez dans la police. Est-ce que

13 normalement, dans la police, il y avait toujours un commandant et puis un

14 adjoint du commandant, normalement, d'habitude, au sein du département de

15 la police?

16 M. Popovic (interprétation): Je ne le sais pas puisque ce n'était pas le

17 poste de police mais un département du poste de police d'Omarska, alors

18 que le poste de police lui-même se trouvait à Prijedor -au moins d'après

19 les informations dont je disposais.

20 M. Riad (interprétation): Merci.

21 M. Popovic (interprétation): Merci à vous, Monsieur le Juge.

22 M. le Président: Monsieur Popovic, vous venez de terminer votre

23 témoignage, nous vous remercions d'être venu ici. Nous apprécions votre

24 courage d'être venu. Nous vous souhaitons un bon retour dans votre lieu de

25 résidence. Je vais demander à M. l'huissier de vous accompagner.

Page 7732

1 M. Popovic (interprétation): Merci à vous, Monsieur le Président, d'avoir

2 compris le besoin qui m'a poussé à venir ici. Je suis à votre entière

3 disposition pour collaborer par la suite encore.

4 (Le témoin, M. Dragan Popovic, est reconduit hors du prétoire.)

5 M. le Président: Nous allons faire une pause d'une demi-heure. Je m'excuse

6 devant les personnes d'avoir prolongé, mais tout le monde comprendra que

7 c'était pour ne pas faire revenir le témoin. Pause d'une demi-heure.

8 (L'audience, suspendue à 11 heures 20, est reprise à 11 heures 58.)

9 (Audience publique avec mesures de protection.)

10 M. le Président: Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.

11 (Les accusés s'assoient.)

12 Maître Krstan Simic?

13 M. K. Simic (interprétation): Monsieur le Président, la défense appelle le

14 témoin DA/2.

15 M. le Président: Ici, nous sortons un peu de l'ordre.

16 Avez-vous reçu ma traduction?

17 M. K. Simic (interprétation): Oui, oui. Maintenant, tout va bien.

18 M. le Président: Très bien. Donc Monsieur l'huissier, pouvez-vous faire

19 entrer le témoin, s'il vous plaît, Témoin DA/2?

20 (Le Témoin DA/2 est introduit dans le prétoire.)

21 M. le Président: Bonjour, Témoin DA/2. Pouvez-vous vous lever, s'il vous

22 plaît? M'entendez-vous? D'accord.

23 Vous allez lire la déclaration solennelle que M. l'huissier va vous

24 tendre, s'il vous plaît.

25 Témoin DA/2 (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

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1 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

2 M. le Président: Vous pouvez vous asseoir maintenant. Vous pouvez vous

3 rapprocher un peu des micros. Vous sentez-vous à l'aise? Maître Krstan

4 Simic va vous poser quelques questions; après, d'autres personnes vont

5 aussi vous poser des questions.

6 Maître Krstan Simic, vous avez la parole, s'il vous plaît.

7 Ah non! Pardon. Monsieur l'huissier, pouvez-vous montrer ce papier au

8 témoin?

9 Témoin DA/2, nous vous donnons ce nom à cause des mesures de protection

10 que vous avez demandées. L'huissier va vous montrer un document où, en

11 principe, votre nom est inscrit. Veuillez répondre seulement pour oui ou

12 non s'il s'agit vraiment de votre nom.

13 (L'huissier s'exécute.)

14 Témoin DA/2 (interprétation): Oui, c'est mon nom.

15 M. le Président: Maintenant, oui, Maître Krstan Simic, je crois qu'il faut

16 lever les rideaux.

17 Madame Thomson, montrez-le à la défense, s'il vous plaît.

18 (Le document avec le nom du témoin est montré aux Juges, à l'accusation et

19 à la défense.)

20 M. le Président: Je crois que nous sommes en condition de commencer,

21 Maître Krstan Simic, s'il vous plaît, si ce mouvement ne vous trouble pas.

22 (Interrogatoire principal du Témoin DA/2 par Me K. Simic.)

23 M. K. Simic (interprétation): Bonjour.

24 Témoin DA/2 (interprétation): Bonjour.

25 Question: Cela ne me dérange pas du tout, Monsieur le Président.

Page 7734

1 Madame le témoin DA/2, vous êtes au Tribunal et vous n'avez rien à

2 craindre du tout. Je vous prie de répondre en toute liberté aux questions

3 qui vous seront posées. Je vois que vous êtes assez tendue et, croyez-moi,

4 il n'y a nul besoin de l'être.

5 Je vous demanderai maintenant d'attendre quelques instants après avoir

6 entendu ma question pour ménager le temps aux interprètes de traduire ce

7 que j'ai dit, et puis de répondre à la question que je vous ai posée.

8 Etes-vous prête?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Monsieur le Président, je voudrais que nous passions à huis clos

11 partiel pour ce qui est des coordonnées relatives au témoin et afin que je

12 puisse procéder.

13 M. le Président (interprétation): Oui. S'il vous plaît, nous allons passer

14 à huis clos partiel pour quelques instants, seulement pour les questions

15 d'identification du témoin.

16 (Audience à huis clos partiel.)

17 [expurgée]

18 [expurgée]

19 [expurgée]

20 [expurgée]

21 [expurgée]

22 [expurgée]

23 [expurgée]

24 [expurgée]

25 [expurgée]

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1 [expurgée]

2 [expurgée]

3 [expurgée]

4 [expurgée]

5 [expurgée]

6 [expurgée]

7 [expurgée]

8 (Audience publique avec mesures de protection.)

9 Nous sommes en session publique. Maintenant, oui, vous pouvez continuer.

10 M. K. Simic (interprétation): Témoin DA/2, pouvez-vous nous dire où vous

11 viviez avant les conflits en Bosnie-Herzégovine?

12 Témoin DA/2 (interprétation): A Prijedor.

13 Question: Et votre famille aussi vivait à Prijedor?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Sans mentionner de nom, je vous prie de nous dire qui vivait

16 avec vous?

17 Réponse: Mon frère, sa femme.

18 Question: Et votre frère avait-il des enfants?

19 Réponse: Oui.

20 Question: Combien?

21 Réponse: Deux fils.

22 Question: Quel âge avaient-ils?

23 Réponse: A peu près 18 et 20 ans. L'un allait encore à l'école et l'autre

24 avait déjà fini.

25 Question: Témoin DA/2, suite aux événements de 1992 à Prijedor, avez-vous

Page 7736

1 quitté la ville de Prijedor?

2 Réponse: Oui.

3 Question: Et êtes-vous allé dans un pays tiers?

4 Réponse: Oui.

5 Question: Vivez-vous encore dans ce pays tiers?

6 Réponse: Oui.

7 Question: Votre fille est-elle partie avec vous?

8 Réponse: Oui.

9 Question: Suite à votre départ vers ce pays tiers, est-ce que l'un

10 quelconque des membres de votre famille est resté à Prijedor?

11 Réponse: Oui, comme je l'ai dit, mon frère et sa famille.

12 Question: Une fois arrivé dans ce pays tiers, avez-vous réussi, au travers

13 du temps écoulé, à contacter les membres de votre famille?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Sauriez-vous nous dire où avaient été installés les membres de

16 la famille de votre frère à Prijedor?

17 Réponse: Oui, ils étaient logés chez Miroslav Kvocka.

18 Question: Et au cours de ces contacts-là, avez-vous pu apprendre si tous

19 les membres de la famille de votre frère se trouvaient chez Miroslav

20 Kvocka?

21 Réponse: Oui, mon frère et ses fils.

22 Question: Donc, si j'ai bien compris, c'est chez la famille de M. Kvocka

23 que se trouvaient votre frère et son fils?

24 Réponse: Oui. Au début, il y avait son épouse aussi et l'autre fils mais

25 ils sont partis, alors que mon frère et l'un des fils sont restés chez

Page 7737

1 lui. Et depuis le début jusqu'à la fin, il les a tous entretenus.

2 Question: Procédons dans l'ordre: s'agissait-il du fils aîné ou du fils

3 cadet de votre frère?

4 Réponse: Du fils aîné.

5 Question: Avez-vous participé, vous aussi, à un apport d'aide à

6 l'intention de votre frère et de son fils qui séjournaient chez M. Kvocka?

7 Réponse: Oui, autant que je le pouvais. Ce n'était pas une aide bien

8 importante mais je me suis efforcé d'apporter de l'aide, car les temps

9 étaient très durs à l'époque là-bas. Et tout ce que j'ai envoyé, ils l'ont

10 effectivement reçu.

11 Question: Merci, Madame DA/2. Est-ce que, pendant ce temps-là, vous avez

12 pu contacter votre frère, voire son fils?

13 Réponse: Oui, je les ai contactés. Ils se trouvaient là-bas, chez lui, et

14 je les ai contactés. Il m'a rendu les choses possibles en me donnant son

15 numéro de téléphone et j'ai pu les contacter sans problème.

16 Question: Madame DA/2, suite à la stabilisation de la situation en Bosnie-

17 Herzégovine, avez-vous pu revoir votre frère et sa famille?

18 Réponse: Oui.

19 Question: Quand êtes-vous allée là-bas pour la première fois?

20 Réponse: Il y a deux ans à peu près. C'était il y a deux ans mais c'était

21 la deuxième fois que je les ai vus; je m'excuse.

22 Question: Et la première fois?

23 Réponse: La première fois, je n'arrive pas à me rappeler l'année.

24 Question: Etait-ce avant Dayton ou après?

25 Réponse: Après Dayton. Quand la situation s'était apaisée, je suis…

Page 7738

1 Question: Madame DA/2, au cours de cette période-là, votre frère et son

2 fils ont-ils fini par quitter Prijedor?

3 Réponse: Oui, il nous a aidés à les faire passer sur le territoire de la

4 Fédération.

5 Question: Et séjournent-ils de nos jours encore en Bosnie-Herzégovine?

6 Réponse: Oui.

7 Question: Séjournent-ils sur un territoire appartenant à la Fédération de

8 la Bosnie-Herzégovine?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Madame DA/2, pour ce qui est de ces contacts que vous avez eus,

11 pouvez-vous nous dire combien de temps votre frère et son fils ont passé

12 dans la maison de M. Kvocka?

13 Réponse: Son fils, il est resté un an à peu près, peut-être même un peu

14 plus, et mon frère six mois -environ.

15 Question: Madame DA/2, en quelle année était-ce?

16 Réponse: C'était en 1993 et 1994.

17 Question: Madame DA/2, dans les entretiens avec votre frère, avez-vous pu

18 apprendre par la suite avec qui avait dormi le fils de votre frère?

19 Réponse: Oui, il avait dormi avec le fils de Miroslav Kvocka.

20 Question: Ont-ils dormi dans la même chambre?

21 Réponse: Oui.

22 Question: C'était donc en 1993 et 1994?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Est-ce que la famille de Miroslav Kvocka a aidé, en plus de

25 l'hébergement, les membres de votre famille en vivres?

Page 7739

1 Réponse: Pratiquement toute chose. J'ai déjà dit que j'envoyais autant

2 d'aides que je pouvais, mais cela ne pouvait pas suffire. Mais ils ont

3 tout reçu, qu'il s'agisse d'un dinar ou deux, tout leur est bien parvenu.

4 Question: Madame DA/2, comme vous le savez, nous nous trouvons dans un

5 prétoire du Tribunal international.

6 Réponse: Oui.

7 Question: Avez-vous jamais vu Miroslav Kvocka dans votre vie?

8 Réponse: Non. Nous nous sommes entretenus seulement par téléphone. Nos

9 seuls contacts ont été des contacts téléphoniques.

10 Question: Quand ces contacts téléphoniques ont-ils eu lieu?

11 Réponse: Quand je suis arrivé dans ce pays tiers. Lorsque j'ai obtenu le

12 numéro de téléphone, je les ai sans cesse contactés.

13 Question: Madame DA/2, sauriez-vous nous dire si votre frère, avec sa

14 famille, suite à l'arrestation de M. Kvocka, est allé voir sa femme et ses

15 enfants?

16 Réponse: Pouvez-vous reprendre votre question?

17 Question: Avez-vous reçu une information au terme de laquelle votre frère,

18 suite à l'arrestation de M. Kvocka, est allé voir l'épouse et la famille

19 de Kvocka?

20 Réponse: Oui, oui.

21 Question: Et votre frère, de nos jours, entretient-il ces contacts?

22 Réponse: Oui.

23 Question: Et vous-même après cette arrestation, avez-vous appelé l'épouse

24 de M. Kvocka?

25 Réponse: Oui.

Page 7740

1 Question: Et cette fois-là, avez-vous demandé le numéro de division de

2 détention rien que pour entendre sa voix?

3 Réponse: Oui.

4 Question: Votre frère et son fils, vous ont-ils raconté quelle avait été

5 l'attitude de M. Kvocka et de sa famille à leur égard pendant les années

6 1993 et 1994?

7 Réponse: Oui, ils ont été bien reçus, ils ont partagé avec eux ce qu'ils

8 avaient et leur façon de vivre.

9 Question: Avez-vous reçu quelques informations pour ce qui est de savoir

10 si cette famille avait aidé d'autres Musulmans ou Serbes?

11 Réponse: Oui.

12 Question: Madame DA/2, vous êtes-vous entretenue avec votre frère après

13 l'arrestation de M. Kvocka concernant ce qu'il convenait de faire?

14 Réponse: Je ne comprends pas votre question.

15 Question: Votre frère vous a-t-il demandé, à vous, "de témoigner devant le

16 Tribunal et de relater ce que nous avons vécu, nous qui avons vécu cette

17 vérité si troublante."?

18 Réponse: Oui.

19 Question: Et lui-même ou son fils, pourquoi ne comparaissent-ils pas

20 devant ce Tribunal?

21 Réponse: Eh bien, la situation est difficile: ils aimeraient pouvoir venir

22 mais ils ne peuvent pas venir.

23 Question: Ont-ils peur de venir témoigner ici?

24 Réponse: Oui, ils n'ont pas peur de la vérité, mais la situation est

25 difficile. Je crois qu'il ne faut pas en dire plus. Ils m'ont dit de

Page 7741

1 raconter la vérité.

2 Question: Ont-ils estimé que cela était de leur devoir à l'égard de cette

3 famille qui les avait hébergés?

4 Réponse: Oui, je ne vous raconte que la vérité, je ne sais rien d'autre.

5 Je sais ce que j'ai appris de leur part, ce que j'ai entendu au cours de

6 ces contacts téléphoniques, c'est tout.

7 Question: Madame DA/2, à quel groupe ethnique appartenez-vous?

8 Réponse: Je suis Musulmane.

9 Question: Madame DA/2, je n'ai plus de questions à vous poser. Je tiens

10 véritablement à vous remercier de votre couage, de votre humanisme avant

11 tout.

12 Réponse: Je vous remercie aussi. Je vous remercie vous-même, et je

13 remercie toutes les personnes dans ce prétoire.

14 M. le Président: Merci beaucoup, Maître Krstan Simic.

15 Est-ce que les autres conseils ont des questions? Je vois des signes

16 négatifs.

17 Donc Madame Somers, s'il vous plaît?

18 (Contre-interrogatoire du Témoin DA/2 par Mme Somers.)

19 Mme Somers (interprétation): Témoin DA/2, pouvez-vous nous donner

20 l'adresse de l'endroit où résidaient votre frère et son fils avec M.

21 Kvocka?

22 Témoin DA/2 (interprétation): Je ne sais pas comment la rue s'appelle,

23 mais je sais que c'était dans le quartier Pecani, quelque part, et je sais

24 où se trouve la maison. Je ne connais pas l'adresse exacte, le numéro ou

25 la rue malheureusement, mais je sais où ils étaient, je sais où se trouve

Page 7742

1 cette maison. Je crois que le quartier s'appelle Pecani, dans la vieille

2 ville, je ne sais pas comment dire.

3 Question: Pouvez-vous nous dire, s'il vous plaît, si vous le savez, qui

4 habitait à l'autre adresse de M. Kvocka -si quelqu'un y habitait? La rue

5 Milosa quelque chose (Obilica), au n°46, -je ne connais pas le deuxième

6 nom. Qui habitait dans cette deuxième résidence de M. Kvocka?

7 Réponse: Je ne connais pas leur nom et leur prénom, mais je sais que

8 lorsque j'appelais, une femme me répondait qui se présentait comme

9 s'appelant Elvira, elle était Musulmane. Il y en avait pas mal d'ailleurs

10 qui étaient dans les environs et qui se présentaient lorsque j'appelais au

11 téléphone. Mais moi, je ne m'intéressais pas particulièrement au nom de

12 chacune de ces personnes, je sais seulement qu'il y avait beaucoup de

13 Musulmans qui se trouvaient là.

14 Question: Saviez-vous que M. Kvocka contrôlait aussi l'appartement de ses

15 deux beaux-frères? Connaissez-vous ce fait?

16 Réponse: Je n'ai pas compris. Pourriez-vous répéter votre question?

17 Question: Oui, je suis désolée si ma question n'était pas suffisamment

18 claire. Saviez-vous qu'il existait encore un autre appartement qui était

19 sous le contrôle de M. Kvocka, appartement qui appartenait aux deux beaux-

20 frères de M. Kvocka? Le saviez-vous?

21 Réponse: Je sais qu'il avait des beaux-frères et qu'ils étaient là et

22 qu'ils étaient tous là en sécurité, parce que c'est lui qui leur

23 garantissait la sécurité. C'est tout ce que je sais. Je sais qu'il y en

24 avait beaucoup qui allaient là-bas.

25 Question: Un certain moment -et je vous demande d'être précise-, donc

Page 7743

1 depuis quel mois de quelle année et jusqu'à quel mois de quelle année

2 votre frère et son fils ont-ils habité dans l'appartement de M. Kvocka?

3 Réponse: Ils y ont habité en 1993 et 1994. Quand je suis arrivée en Suède,

4 j'ai eu des contacts avec eux tout le temps à son numéro de téléphone.

5 Maintenant, est-ce qu'ils étaient déjà là depuis une date antérieure, je

6 ne sais pas, je ne l'ai pas demandé. Mais je suis sûre qu'ils y étaient

7 aux dates que je viens d'indiquer.

8 Question: Savez-vous si, oui ou non, les beaux-frères de M. Kvocka sont

9 restés à Prijedor? Sont-ils toujours à Prijedor? Le savez-vous?

10 Réponse: Non, non.

11 Question: Savez-vous vous si, oui ou non,...

12 Réponse: Je vous prie de m'excuser, je sais que l'un des deux beaux-frères

13 est toujours là-bas, ça je le sais.

14 Question: Mais vous ne savez pas ce qu'il en est des deux autres, n'est-ce

15 pas? Vous ne savez pas où ils sont?

16 Réponse: Non.

17 Question: Savez-vous si, oui ou non, l'appartement de Pecani était une

18 propriété sociale?

19 Réponse: Là où habitait mon frère?

20 Question: C'est cela.

21 Réponse: C'est son appartement, sa propriété privée, sa maison.

22 Question: Comment le savez-vous?

23 Réponse: Parce que j'avais le numéro de la maison, le numéro de téléphone.

24 J'y suis allée d'ailleurs la première fois que je suis allée là-bas,

25 c'était la maison.

Page 7744

1 Question: Ma question était peut-être insuffisamment claire, je vais

2 essayer de la reformuler: l'appartement de Pecani, celui qui correspondait

3 au système en vigueur en 1992, était-il l'un de ces appartements que l'on

4 appelait une "propriété sociale", ou bien, en avait-il acquis la propriété

5 en payant avec son propre argent et était-ce donc sa propriété privée? Le

6 savez-vous?

7 Réponse: Non, non.

8 M. K. Simic (interprétation): Le Témoin DA/2 a dit qu'elle n'avait jamais

9 vu Kvocka, qu'elle n'avait jamais eu de contact avec lui avant d'appeler

10 par téléphone. Ici, on lui demande de savoir qu'il était propriétaire de

11 quoi.

12 M. le Président: Maître Krstan Simic! Poursuivez, objection rejetée.

13 Mme Somers (interprétation): Vous rappelez-vous encore de la question. Cet

14 appartement était-il sa propriété privée qu'il avait achetée avec son

15 argent, ou bien était-ce -je sais que vous connaissez ce système puisque

16 vous venez de la même région- ce qu'on appelait une propriété sociale? Le

17 savez-vous?

18 Réponse: Non.

19 Question: Non, vous ne savez pas?

20 Réponse: Non.

21 Question: Non, vous ne savez pas: c'est bien ce que vous répondez? Pouvez-

22 vous répondre: oui ou non? Ou bien: je ne sais pas.

23 Réponse: Non, je ne sais pas.

24 Question: Merci de votre précision.

25 Réponse: Je ne le connaissais pas, je ne le connais pas du tout.

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1 Question: Connaissez-vous une femme répondant au nom de Mira Skara?

2 Réponse: Non.

3 Question: Vous n'avez jamais entendu parler de Mira Skara?

4 Réponse: Non.

5 Question: Madame Kvocka vous a-t-elle dit qu'elle avait raconté votre

6 histoire à Mira Skaric? Lorsque je dis "histoire", je veux parler de la

7 situation de votre famille. Vous a-t-elle dit qu'elle disait à certaines

8 personnes qu'elle hébergeait des gens chez elle?

9 Réponse: Oui, qu'elle aidait. Oui.

10 M. le Président: Madame Somers, le témoin avait dit qu'elle n'avait jamais

11 entendu parler de cette femme.

12 Mme Somers (interprétation): Excusez-moi, Monsieur le Président, mais

13 j'essayais de déterminer si Mme Kvocka avait parlé à des tiers du fait

14 qu'elle hébergeait des familles musulmanes. C'était l'objet de ma

15 question. Si ce n'était pas clair, je vous prie de m'excuser. Elle aurait

16 pu le raconter à n'importe qui et je vous prie de m'excuser d'avoir mal

17 prononcé le nom que j'ai prononcé tout à l'heure: il s'agissait de Mira

18 Skaric.

19 Madame le témoin, saviez-vous que M. Kvocka recevait de l'aide humanitaire

20 pendant que ces personnes étaient hébergées dans les appartements?

21 Témoin DA/2 (interprétation): Non, non. D'ailleurs, cela ne m'intéressait

22 pas. Ce qui m'intéressait uniquement, c'était de voir qu'ils ne se

23 plaignaient pas, ils disaient qu'ils partageaient le pain, les uns avec

24 les autres et que cela leur permettait de survivre. Le reste, je ne m'y

25 intéressais pas beaucoup. Chacun à l'époque se débrouillait comme il le

Page 7746

1 pouvait pour trouver un morceau de pain, et eux le partageaient les uns

2 avec les autres.

3 Question: Savez-vous qu'une histoire circule au sujet du fait que vos

4 frères ont refusé de venir devant ce Tribunal, et que cette histoire est

5 un peu différente de ce que vous nous dites, vous-même? Etes-vous au

6 courant de cela?

7 Réponse: Ils ne peuvent pas venir. Comment pourraient-ils venir? Ils

8 n'osent pas venir. Ils m'ont dit à moi qu'il fallait que je dise la

9 vérité, qu'ils n'ont pas à se plaindre, qu'il les a aidés et qu'ils me

10 demandaient à moi de venir ici le dire.

11 Question: Dans ces conditions, l'histoire selon laquelle votre frère n'a

12 pas osé témoigner parce que cela provoquerait une certaine animosité, que

13 cela créerait des problèmes pour lui et sa famille, c'est une histoire

14 inexacte?

15 M. K. Simic (interprétation): Objection! Le témoin a répondu trois fois en

16 disant que son frère et son fils n'osent pas venir ici parce qu'ils ont

17 peur. Ma collègue de l'accusation revient sur ce que le témoin a déjà dit

18 trois fois.

19 Témoin DA/2 (interprétation): Oui, c'est vrai.

20 Mme Somers (interprétation): Monsieur le Président, puis-je répondre? Je

21 crois que l'excuse avancée était d'ordre financier, et je me demandais

22 seulement… je voulais être sûre que le Tribunal savait d'où venait

23 l'information.

24 M. le Président: Il faut demander au témoin si elle sait les raisons et

25 après…

Page 7747

1 Madame Somers, le témoin l'a déjà dit: ou vous reformulez la question ou

2 vous poursuivez.

3 M. K. Simic (interprétation): J'ai encore une observation à faire: ma

4 collègue de l'accusation parle toujours des frères, ce qui risque de créer

5 une confusion dans le compte rendu d'audience en anglais. En effet, il

6 s'agit du frère du témoin et du fils du frère du témoin; donc de son frère

7 et de son neveu.

8 Mme Somers (interprétation): J'apprécie l'aide qui m'est apportée.

9 J'aimerais poser la question suivante au témoin.

10 Témoin DA/2, votre frère vous a-t-il jamais dit qu'il n'osait pas se

11 présenter en personne devant ce Tribunal car, s'il le faisait, puisqu'il

12 vit dans la Fédération, une certaine animosité pourrait naître et certains

13 problèmes pourraient apparaître? Vous a-t-il jamais dit cela?

14 Témoin DA/2 (interprétation): Oui, oui.

15 Question: Etes-vous d'avis que Miroslav Kvocka était très estimé par la

16 population musulmane de Prijedor?

17 Réponse: Je pense que oui. Moi, je n'ai eu aucun contact, en tout cas, je

18 n'ai eu que peu de contact avec les autres Musulmans. Et j'avais des

19 contacts avec mon frère et son fils qui, eux, lui sont reconnaissants.

20 Question: [expurgé]

21 [expurgée]

22 Réponse: Oui.

23 Question: Pouvez-vous nous dire -et cela m'aiderait à mieux comprendre-

24 pourquoi, dans ces conditions, un certain nombre de Musulmans auraient pu

25 être dérangés par le fait que votre frère soit venu devant ce Tribunal

Page 7748

1 témoigner en faveur de quelqu'un qui était le champion de la cause

2 musulmane?

3 Réponse: Il n'ose pas venir parce qu'il n'ose pas. Simplement, il n'ose

4 pas, il n'a pas le courage. C'est pour cela qu'il m'a chargée de le faire.

5 M. le Président: Excusez-moi de vous interrompre.

6 Témoin DA/2 (interprétation): Autour de chez lui, il n'y a pas que les

7 Musulmans qui étaient là à l'époque; il n'y en a d'autres aujourd'hui.

8 M. le Président: Excusez-moi, Témoin, attendez.

9 (Le Président se concerte avec l'huissier.)

10 Vous pouvez continuer. Excusez-moi de l'interruption.

11 Mme Somers (interprétation): Merci, Monsieur le Président, pas de

12 problème.

13 Madame le témoin, avez-vous été propriétaire d'un appartement à Prijedor,

14 à un certain moment, ou bien votre famille a-t-elle été propriétaire d'un

15 appartement ou en tout cas -excusez-moi-, votre famille a-t-elle occupé

16 légalement un appartement à Prijedor à un certain moment?

17 Réponse: Vous me demandez si, moi, je l'ai fait personnellement?

18 Question: Vous, votre frère ou peut-être vos parents?

19 Réponse: J'habitais à Prijedor, j'avais ma maison, et mon frère aussi. Mon

20 frère avait sa maison lui aussi.

21 Question: Qu'est-il advenu de votre maison pendant la guerre et après la

22 guerre?

23 Réponse: Rien. La maison…, il y a un homme et ses proches qui habitent

24 dans ma maison, des réfugiés.

25 Question: Qui y habite? Est-ce que c'est quelqu'un qui est d'appartenance

Page 7749

1 ethnique musulmane ou serbe?

2 Réponse: Un Serbe habite dans ma maison, un représentant de la partie

3 serbe, et les siens sont aussi des réfugiés comme lui.

4 Question: Quand avez-vous quitté votre maison?

5 Réponse: En 1992, à la fin de 1992.

6 Question: Quel mois? Cela nous aiderait.

7 Réponse: Je suis partie de Prijedor à Zenica où j'ai eu un enfant, donc

8 mon enfant est né le 28 août à Zenica. J'y suis resté une dizaine de

9 jours, après quoi je suis partie pour Zagreb où je me suis rendue auprès

10 du HCR. J'étais à Karlovac et, en 1993, je suis partie dans un autre pays.

11 Question: Quand vous avez quitté votre maison, espériez-vous ou aviez-vous

12 l'intention d'y revenir?

13 Réponse: Oui, j'avais l'intention de rentrer mais je ne l'ai pas fait, je

14 suis restée vivre dans un autre pays.

15 Question: Donc quand vous avez quitté votre maison, vous ne l'abandonniez

16 pas vraiment, n'est-ce pas?

17 Réponse: Quand je suis partie, eh bien, évidemment, j'ai quitté ma maison.

18 Question: Avez-vous laissé vos objets personnels dans la maison?

19 Réponse: Oui, oui, oui, je les ai laissés.

20 Question: Quel incident particulier vous a poussée à quitter votre maison?

21 Réponse: La situation était difficile, c'était la guerre, j'étais

22 enceinte, je ne croyais pas qu'il y aurait suffisamment de médicaments.

23 J'ai attendu longtemps pour avoir un enfant, c'est la raison pour laquelle

24 je suis partie. Je pensais aller directement à Zagreb puisque c'était là

25 que se trouvaient mes médecins, mais je n'y suis pas arrivée, je suis

Page 7750

1 restée à Zenica. J'ai mis mon enfant au monde à Zenica et ensuite je suis

2 partie à Zagreb.

3 Question: Témoin DA/2, savez-vous combien de temps après votre départ de

4 chez vous ce réfugié serbe ou d'autres personnes ont occupé la maison?

5 Réponse: Cela, je ne sais pas, je ne sais pas quand il est entré dans la

6 maison, non. Est-ce que c'est tout de suite ou plus tard? Je ne sais pas.

7 Question: Témoin DA/2, quand avez-vous appris qu'un Serbe occupait votre

8 maison?

9 Réponse: Je l'ai appris quand je suis arrivée dans ce pays étranger en

10 1993.

11 Question: Vous-même ou votre frère, avez-vous séjourné dans un camp de

12 détention à quelque endroit sur le territoire de la Bosnie?

13 Réponse: Non, non.

14 Question: Avez-vous essayé ou, en tout cas, avez-vous fait des démarches

15 pour tenter de récupérer vos biens, des objets qui se trouvaient dans

16 votre appartement?

17 Réponse: Oui, mon ex-mari a fait cela. C'est lui qui s'est occupé de tout

18 et qui est allé là-bas, je ne sais pas, il essaie encore. Mais il n'y a

19 pas de problème, cela ne pose pas de problème que cet homme habite dans la

20 maison, j'ai eu des contacts avec lui, cela ne pose pas de problème, c'est

21 ce qui m'a été dit.

22 Mais moi, je vis là où je vis, dans un pays étranger. J'ai eu des contacts

23 avec cet homme qui habite dans ma maison, il a dit qu'il n'y avait pas de

24 problème.

25 Question: Donc le seul problème vient du fait qu'il est toujours là,

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1 n'est-ce pas?

2 Réponse: Je crois qu'il n'y a pas de problème. C'est ce que je crois mais

3 je ne sais pas, je ne peux pas le dire, je n'ai rien tenté.

4 Question: Pouvez-vous nous dire, s'il vous plaît, il y a un document...

5 M. K. Simic (interprétation): Objection!

6 Au compte rendu d'audience en anglais, il est stipulé qu'il y a des

7 problèmes, alors que le témoin a dit qu'il n'y avait pas de problème, page

8 67, ligne 9. Et puisque j'ai déjà la parole, j'ajouterai que ma collègue

9 de l'accusation emploie deux fois plus de temps que moi.

10 Mme Somers (interprétation): J'en finirai très rapidement si vous me

11 donnez l'autorisation d'ajouter deux ou trois questions. Je parle

12 actuellement de la pièce à conviction 2/4.19, une pièce déjà versée au

13 dossier et soumise en 1999. Pour faciliter le travail des Juges, nous

14 serons heureux de distribuer des exemplaires de ce document.

15 Je demande également la pièce de l'accusation 2/4.18.

16 Madame le témoin, je vais vous poser une question au sujet de chacun de

17 ces deux documents. Je demanderai à l'huissier de bien vouloir placer la

18 version anglaise sur le rétroprojecteur.

19 Témoin DA/2, il est possible que vous ayez vu ce document par le passé ou

20 que vous ne l'ayez pas vu, en tout cas, lors de votre dernier voyage en

21 Bosnie, il est possible que vous l'ayez vu. Ce document se déclare

22 "décision officielle" qui doit être traduite dans une loi. Il s'agit d'une

23 décision relative à la proclamation de toute propriété abandonnée comme

24 étant propriété de l'Etat.

25 L'article 1) se lit comme suit, je cite: "Toute propriété abandonnée

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1 -meubles et immeubles-, appartenant à des personnes qui ont quitté le

2 territoire de la municipalité de Prijedor et à des personnes qui ont

3 participé au soulèvement armé est temporairement proclamée propriété

4 d'Etat. La municipalité de Prijedor étant habilité à faire état de ses

5 droits de propriété sur ces propriétés, sur ces biens.".

6 Maintenant, je vous demanderai de jeter un coup d'oeil à l'autre document,

7 la pièce 2/4.18 de l'accusation, qui émane de la cellule de crise de la

8 présidence de guerre de la municipalité de Prijedor, comité exécutif

9 relatif à la sécurité publique depuis le 29 avril jusqu'au 17 août 1992.

10 Le point 4 mentionne une conclusion datant du 30 juin 1992 qui, je cite:

11 "Ordonne à tous les propriétaires d'appartements qui sont des propriétés

12 sociales de vérifier, avant le 20 juillet 1992, si leurs appartements ont

13 été utilisés en application des réglementations en vigueur et d'établir le

14 nombre exact d'appartements qui ont été évacués par leurs habitants ou

15 n'ont pas été utilisés conformément au règlement en vigueur relatif aux

16 logements et aux contrats signés en rapport avec l'utilisation de ces

17 appartements.".

18 Il est possible que vous ayez vu ou que vous n'ayez pas vu ces documents

19 par le passé mais, en tout cas, ils existent. Pouvez-vous nous dire, je

20 vous prie, lorsque vous vous êtes renseignée au sujet de votre

21 appartement, si vous avez vérifié auprès de la municipalité de Prijedor ce

22 qu'il en était puisque, conformément à ces documents, vous étiez

23 propriétaire de l'appartement que vous avez quitté?

24 Réponse: Non, je ne me suis pas adressée à la municipalité.

25 Question: Dans vos conversations à ce sujet, avez-vous jamais eu des

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1 informations au sujet de l'appartement de votre beau-frère?

2 Réponse: Non.

3 Question: Aucune information? Vous ne savez rien quant au statut de cet

4 appartement?

5 Réponse: Non, non.

6 Question: Ma dernière question à présent. Je vous prie d'avoir encore un

7 peu de patience, je sais que ce n'est pas facile pour vous. Comment votre

8 frère a-t-il fait la connaissance de M. Kvocka?

9 Réponse: Ca, je ne saurais pas le dire, mais j'ai reçu de mon neveu le

10 numéro de téléphone. Je ne sais pas comment ils se sont rencontrés, en

11 tout cas, ils étaient là-bas chez lui. C'est lui qui m'a donné le numéro

12 de téléphone. Comment ils se sont rencontrés? Je ne sais pas, j'ai cru

13 qu'ils se connaissaient déjà avant mais je n'ai pas la moindre idée de la

14 façon dont ils ont fait connaissance. En tout cas, moi, je ne le connais

15 pas.

16 Pour l'essentiel, j'avais des contacts avec mon frère. Chaque fois que je

17 l'appelais, il répondait, il n'y avait pas de problème.

18 Mais vous me posez de curieuses questions parce que ce qui m'intéressait,

19 c'étaient les êtres vivants et pas du tout les appartements ou les

20 propriétés. Moi, ce qui m'intéressait, c'était de savoir qu'ils allaient

21 bien et qu'ils se battaient tous les deux pour survivre.

22 J'ai essayé d'envoyer des paquets chaque fois que je pouvais, ce n'était

23 pas suffisant, ça, je le savais bien. Il n'est pas nécessaire d'apporter

24 des explications à ce sujet. Je ne travaillais pas, je vivais dans un pays

25 étranger avec de l'aide de ce pays. J'ai d'abord dû commencer par

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1 apprendre une langue que je ne connaissais pas, je n'ai pas pu envoyer

2 grand chose. Ce qu'ils recevaient, ils se le partageaient.

3 M. le Président: Madame Somers, vous avez terminé. C'est ce que je crois

4 avoir compris. C'est cela?

5 Mme Somers (interprétation): Merci.

6 M. le Président: Maître Krstan Simic, des questions supplémentaires, s'il

7 vous plaît?

8 M. K. Simic (interprétation): Je n'ai pas d'autres questions, Monsieur le

9 Président.

10 M. le Président: Monsieur le Juge Riad?

11 (Questions au Témoin DA/2 par M. le Juge Riad.)

12 M. Riad (interprétation): Merci.

13 Témoin DA/2, vous m'entendez? Bonjour.

14 Témoin DA/2 (interprétation): Bonjour. Oui, je vous entends.

15 Question: J'aimerais simplement savoir ce qui a amené votre frère dans la

16 vieille ville, ce qui l'a poussé à vivre avec son fils chez M. Kvocka.

17 Savez-vous ce qui l'a amené à cet endroit?

18 Réponse: Non. Non, non.

19 Question: Stari Grad, la vieille ville, était un quartier serbe, n'est-ce

20 pas? L'endroit où M. Kvocka habitait?

21 Réponse: Eh bien, moi, je ne sais pas. Nous vivions tous ensemble, tout le

22 monde vivait là.

23 Question: Etait-ce une ville musulmane?

24 Réponse: Elle était musulmane et serbe, je ne sais pas. Moi, je ne

25 m'intéressais pas beaucoup…

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1 Question: Mais sa résidence principale, à votre frère, n'était pas à Stari

2 Grad, dans la vieille ville. Où habitait-il?

3 Réponse: Non, non, non. Il habitait à six kilomètres de Prijedor. C'est là

4 qu'il habitait.

5 Question: Il a dû quitter sa maison pour aller vivre avec M. Kvocka,

6 avait-il été expulsé de chez lui?

7 Réponse: Cela, je ne sais pas. Je ne sais pas. Vraiment, je ne peux pas

8 vous dire s'il a été expulsé ou pas, il ne m'en a rien dit. Mais c'est

9 pour sa sécurité qu'il est allé chez lui, chez M. Kvocka. Et je n'ai pas

10 la moindre idée comment ils ont fait connaissance, pourquoi il y est allé.

11 Je vous ai dit: moi, j'ai reçu le numéro de téléphone; ils m'ont dit que

12 j'étais chez lui et j'ai eu des contacts avec eux.

13 Question: Et votre belle sœur, la femme de votre frère, où est-elle allée?

14 Est-elle allée ailleurs ou est-elle restée dans sa maison?

15 Réponse: Elle était aussi là pendant quelque temps; ensuite, elle a

16 déménagé avec son fils cadet. Ils ont vécu là tous les deux pendant

17 quelque temps.

18 Question: A partir des conversations que vous avez eues avec votre frère,

19 avez-vous cru comprendre que M. Kvocka le protégeait contre quelque chose?

20 Réponse: Oui, il était là, il était en sécurité; il était en sécurité. Il

21 le protégeait, il le protégeait, oui.

22 Question: Mais il est allé là-bas parce qu'il craignait pour sa sécurité?

23 Réponse: Où?

24 Question: Il est allé chez M. Kvocka parce qu'il ne se sentait pas en

25 sécurité chez lui?

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1 Réponse: Je ne sais pas. Ça, je ne sais pas. Certainement pas,

2 certainement pas, non.

3 Question: Il ne vous a pas dit pourquoi il n'allait pas dans la partie

4 musulmane de la ville?

5 Réponse: Non.

6 Question: Merci beaucoup.

7 (Questions au Témoin DA/2 par M. le Président.)

8 M. le Président: Oui, Témoin DA/2, savez-vous quelle est la couleur de ma

9 robe?

10 Témoin DA/2 (interprétation): Je ne vous vois pas. Je ne sais qui est en

11 train de parler. Non.

12 M. le Président: Pourquoi ne savez-vous pas qui vous parle?

13 Témoin DA/2 (interprétation): Ah, Monsieur le Président! Maintenant je

14 sais.

15 M. le Président: Maintenant vous savez quelle est la couleur de ma robe?

16 Témoin DA/2 (interprétation): La robe est rouge. Maintenant je sais:

17 rouge.

18 M. le Président: Très bien, Témoin DA2. Vous avez fini votre témoignage.

19 Nous vous remercions beaucoup d'être venue ici. Nous vous souhaitons un

20 bon retour à votre lieu de résidence.

21 Je vais demander à M. l'huissier de vous raccompagner. Merci.

22 Témoin DA/2 (interprétation): Merci à vous également, Monsieur le

23 Président, Madame et Monsieur les Juges. Merci de m'avoir permis de dire

24 ce que je sais et qui est la vérité.

25 M. le Président: Très bien.

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1 (Le Témoin DA/2 est reconduit hors du prétoire.)

2 M. le Président: Nous allons donc faire la pause de 50 minutes. En effet,

3 hier, j'ai fait une confusion: nous avons eu hier une pause d'une heure et

4 dix minutes. Je dois donc dire que c'est maintenant 50 minutes.

5 (L'audience, suspendue à 12 heures 55, est reprise à 13 heures 55.)

6 M. le Président: Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.

7 Pour une raison imprévue et urgente, M. le Juge Riad ne peut pas être ici.

8 Nous allons donc continuer aux termes de l'Article 15 bis; Mme le Juge

9 Wald et moi-même, nous avons décidé de continuer dès qu'un témoin attend.

10 Maître Krstan Simic, s'il vous plaît?

11 M. K. Simic (interprétation): Monsieur le Président, la défense cite le

12 témoin Nada Markovska. Nous avons fait la requête hier de procéder à une

13 modification des traits du visage, les autres mesures ne sont pas

14 nécessaires. J'ai juste tenu à ce que l'on ne reconnaisse pas les traits

15 de son visage.

16 M. le Président: Nous voyons que M. le Juge Riad est arrivé parmi nous.

17 J'étais en train de demander à Me K. Simic si nous avions déjà ce témoin,

18 si nous avons décidé les mesures de protection.

19 M. K. Simic (interprétation): Non, non. C'est le seul élément sur lequel

20 il n'y a pas de décision.

21 M. le Président: J'étais en train de consulter notre décision et je ne

22 voyais pas ce nom.

23 Madame Somers, avez-vous des objections par rapport à cette requête de

24 mesures de protection?

25 Mme Somers (interprétation): Non, Monsieur le Président.

Page 7758

1 (Les Juges se concertent sur le siège.)

2 M. le Président: La Chambre fait donc droit aux mesures de protection

3 accordées. Nous pouvons faire entrer le témoin.

4 (Le témoin, Mme Nada Markovska, est introduit dans le prétoire.)

5 M. le Président: Bonjour. M'entendez-vous bien, Madame?

6 Mme Markovski (interprétation): Oui, je vous entends.

7 M. le Président: Vous allez lire la déclaration solennelle que M.

8 l'huissier va vous présenter, s'il vous plaît.

9 Mme Markovski (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

10 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

11 M. le Président: Vous pouvez vous asseoir, s'il vous plaît.

12 Mme Markovski (interprétation): Merci. Bonjour, Monsieur le Président,

13 Madame, Monsieur les Juges.

14 M. le Président: Merci d'être venue. Pour l'instant, vous allez répondre

15 aux questions que Me Krstan Simic va vous poser.

16 Maître Krstan Simic, s'il vous plaît?

17 (Interrogatoire principal du témoin, Mme Nada Markovska, par Me K.

18 Simic.)

19 M. K. Simic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

20 Bonjour, Madame Markovski. Avant de passer à l'interrogatoire principal,

21 pour les besoins du compte rendu d'audience, je vous prierai de décliner

22 vos nom et prénom?

23 M. Markovski (interprétation): Markovski Nada.

24 Question: Je vous prie de nous indiquer aussi votre date de naissance.

25 Réponse: Le 3 mars 1950.

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1 Question: Où êtes-vous née?

2 Réponse: A Donja Gradina.

3 Question: A quelle municipalité cela appartient-il?

4 Réponse: A Bosanska Dubica.

5 Question: Où résidez-vous?

6 Réponse: A Prijedor.

7 Question: Etes-vous mariée?

8 Réponse: Oui.

9 Question: Avez-vous des enfants?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Que faites-vous comme profession?

12 Réponse: Je suis dactylo.

13 Question: Après votre formation de dactylo, où avez-vous travaillé?

14 Réponse: J'ai travaillé dans la municipalité de Bosanska Dubica et, en

15 1971, je suis passée au poste de sécurité publique à Prijedor. J'y ai

16 travaillé jusqu'au 31 décembre 2000.

17 Question: Et, en 1992, vous étiez employée au poste de sécurité publique,

18 n'est-ce pas?

19 Réponse: Oui.

20 Question: Dans quel département de ce poste de sécurité publique avez-vous

21 travaillé?

22 Réponse: Dans celui de la police criminologique.

23 Question: Au cours des mois de juin, juillet, août 1992, avez-vous eu une

24 tâche quelque peu différente de vos tâches quotidiennes?

25 Réponse: Oui.

Page 7760

1 Question: En quoi a consisté cette tâche?

2 Réponse: Eh bien, la même chose que je faisais au poste de sécurité

3 publique: je tapais à la machine.

4 Question: Où avez-vous travaillé pendant ces mois-là?

5 Réponse: Au centre d'instruction d'Omarska.

6 Question: Pouvez-vous vous rappeler quand vous avez commencé à travailler

7 au camp d'Omarska?

8 Réponse: L'attaque lancée contre Prijedor a eu lieu le 30 mai et, un jour

9 ou deux après cela, comme je n'étais pas venue au travail, on m'avait dit

10 de venir et j'ai reçu l'ordre d'aller à Omarska.

11 Question: Qui vous a donné cet ordre?

12 Réponse: Le chef du poste de police, Simo Drljaca.

13 Question: Est-ce que d'autres personnes appartenant à ce centre de

14 sécurité publique de Prijedor avaient reçu le même type d'ordre?

15 Réponse: Oui.

16 Question: Qui?

17 Réponse: Les inspecteurs appartenant à mon service.

18 Question: Y avait-il d'autres dactylos qui avaient reçu cette tâche?

19 Réponse: Oui.

20 Question: Qui était-ce?

21 Réponse: Bakic Slavica et Sikman Nevenka.

22 Question: A quelle distance de Prijedor se trouve Omarska?

23 Réponse: Je ne sais pas trop bien, mais je crois que c'est à une trentaine

24 de kilomètres.

25 Question: Comment alliez-vous à Omarska?

Page 7761

1 Réponse: En autobus.

2 Question: D'où partiez-vous?

3 Réponse: De devant l'immeuble où je travaillais.

4 Question: Vers quelle heure arriviez-vous au camp d'Omarska?

5 Réponse: Nous partions vers 8 heures et je crois que, vers 9 heures, on y

6 était.

7 Question: Jusqu'à quand restiez-vous là-bas?

8 Réponse: Pour nous, les horaires de travail étaient jusqu'à 15 heures,

9 mais nous restions jusqu'à 17 heures, 18 heures; des fois même jusqu'à 20

10 heures en fonction des besoins du service.

11 Question: Avez-vous travaillé toutes les journées de la semaine pendant ce

12 temps-là?

13 Réponse: Oui.

14 Question: Vous et les autres dactylos mentionnées, aviez-vous une pièce où

15 vous accomplissiez vos tâches?

16 Réponse: Oui.

17 Question: Où cela se trouvait-il?

18 Réponse: A l'étage du bâtiment administratif.

19 Question: Pouvez-vous nous situer la pièce en question?

20 Réponse: Une fois monté par l'escalier, il y avait les toilettes et, juste

21 à côté de celles-ci, il y avait notre pièce à nous.

22 Question: De quelle taille était cette pièce?

23 Réponse: Pas trop grande, peut-être une vingtaine de mètres carrés.

24 Question: Qu'y avait-il comme meubles dans la pièce?

25 Réponse: Il y avait trois tables, deux machines à écrire, un poste

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1 émetteur-récepteur et un téléphone.

2 Question: Y avait-il des armoires?

3 Réponse: Non, des portemanteaux.

4 Question: Qui utilisait ces bureaux?

5 Réponse: Les deux dactylos, un bureau chacune, et celui qui était de

6 permanence sur place.

7 Question: Où étaient installés les enquêteurs?

8 Réponse: Eux, ils avaient leur propre pièce à eux.

9 Question: Vous et votre collègue qui travailliez, vous étiez au service

10 des enquêteurs?

11 Réponse: Nous étions assis dans cette pièce, ils nous apportaient les

12 brouillons des notes qu'ils avaient prises. S'ils étaient pressés, ils

13 nous faisaient la dictée.

14 Question: Cela fait longtemps que vous travaillez dans la police? Depuis

15 1971?

16 Réponse: Oui.

17 Question: Avez-vous des informations aux termes desquelles vous pourriez

18 nous dire quel type d'inspecteurs il y avait à Omarska?

19 Réponse: Oui.

20 Question: Quel type?

21 Réponse: Eh bien, les inspecteurs de la police criminologique, il y avait

22 des inspecteurs de la sécurité d'Etat et il y avait des inspecteurs venus

23 de la sécurité militaire.

24 Question: S'agissait-il de trois services ou secteurs distincts?

25 Réponse: Oui.

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1 Question: Qui était votre chef?

2 Réponse: Ranko Mijic.

3 Question: Monsieur Mijic était-il votre chef en temps de paix aussi?

4 Réponse: Oui.

5 Question: Qui était le supérieur de M. Mijic?

6 Réponse: Simo Drljaca.

7 Question: Vous avez mentionné des inspecteurs appartenant au secteur de la

8 sécurité d'Etat.

9 Réponse: Oui.

10 Question: Savez-vous combien il y en avait là?

11 Réponse: Je ne sais pas trop, cinq, six, peut-être plus, je ne sais pas.

12 Question: Et savez-vous qui était leur supérieur à Omarska?

13 Réponse: Oui.

14 Question: Comment s'appelait-il?

15 Réponse: Mirko Jesic.

16 Question: Vous le connaissiez d'avant?

17 Réponse: Oui.

18 Question: Il était employé à temps plein dans le secteur de la sécurité

19 d'Etat?

20 Réponse: Je pense qu'à l'époque il était retraité et il a été, je pense,

21 activé en sa qualité de réserviste mais je ne sais pas vraiment.

22 Question: Qui était le supérieur de Mirko Jesic?

23 Réponse: Simo Drljaca, mais probablement aussi quelqu'un d'autre de Banja

24 Luka parce que c'est un service tout à fait distinct, je ne sais pas.

25 Question: Vous avez mentionné le secteur de la sécurité militaire.

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1 Sauriez-vous nous dire quelle est la personne qui avait été le chef de ces

2 gens-là pendant que vous travailliez là-bas, à Omarska?

3 Réponse: Oui.

4 Question: Qui?

5 Réponse: Majstorovic et je ne sais pas son grade.

6 Question: Il était militaire?

7 Réponse: Oui.

8 Question: Il avait des grades, des étoiles sur son épaule?

9 Réponse: Oui, mais je ne sais pas vous dire combien est-ce que cela

10 signifiait.

11 Question: Madame Markovska, vous avez dit que dans la pièce où vous avez

12 travaillé il y avait des policiers qui étaient de permanence. Qui étaient

13 ces policiers? A qui appartenaient-ils?

14 Réponse: Les policiers appartenaient au département de police à Omarska.

15 Question: S'agissait-il de policiers d'active ou de réserve?

16 Réponse: Il y avait les deux.

17 Question: Pendant que vous travailliez, combien de policiers y avait-il

18 dans cette pièce à être de permanence à ce bureau?

19 Réponse: Une fois, ils étaient un, deux, parfois trois, ils entraient et

20 sortaient.

21 Question: Ce département de police d'Omarska faisait-il partie du poste de

22 sécurité publique de Prijedor?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Connaissiez-vous le commandant de ce département de police

25 d'Omarska?

Page 7765

1 Réponse: Oui.

2 Question: Comment s'appelait-il?

3 Réponse: Zeljko Mejakic.

4 Question: Le connaissiez-vous avant?

5 Réponse: Oui.

6 Question: Etait-il policier de profession?

7 Réponse: Oui, un professionnel.

8 Question: Vous étiez là-bas quotidiennement pendant assez longtemps. Avez-

9 vous remarqué d'autres personnes ou groupes de gens en présence à Omarska?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Qui?

12 Réponse: Il y avait des policiers actifs.

13 Question: Non, je pensais au personnel.

14 Réponse: Ah oui, le personnel. Il y avait les gens de la mine de fer et il

15 y avait des militaires, je ne sais trop lesquels.

16 Question: Avez-vous remarqué des unités spéciales, comme on appelait cela?

17 Réponse: Non.

18 Question: Je me propose de revenir maintenant à cette pièce où vous vous

19 trouviez. Quelles étaient les conditions de travail là-bas?

20 Réponse: Terribles.

21 Question: Quand vous dites "terribles", qu'entendez-vous par là?

22 Réponse: Il y avait beaucoup de travail, la pièce était très petite, la

23 température était élevée, beaucoup de gens allaient et venaient. Il y

24 avait beaucoup de travail à accomplir en une seule journée.

25 Question: La pièce où vous vous trouviez, comment était-elle placée, elle

Page 7766

1 donnait sur quoi?

2 Réponse: On pouvait voir là-bas des robinets.

3 Question: Latéralement?

4 Réponse: Oui.

5 Question: Est-ce que vous pouviez voir l'espace entre le bâtiment

6 administratif et le hangar ou le bâtiment qu'on appelait "hangar"?

7 Réponse: Non.

8 Question: Est-ce que, de cette pièce-là, vous pouviez voir le restaurant?

9 Réponse: Non.

10 Question: Est-ce que, de cette pièce, vous pouviez voir la maison blanche,

11 celle qu'on désignait ainsi?

12 Réponse: Non.

13 Question: Madame, quand vous arriviez au travail, est-ce que vous quittiez

14 votre pièce? Alliez-vous peut-être vers un autre bâtiment ou dans

15 l'enceinte?

16 Réponse: Non.

17 Question: Lorsque vous arriviez au travail, par où entriez-vous dans le

18 bâtiment administratif?

19 Réponse: Par le restaurant, parfois même par la fenêtre du réfectoire.

20 Question: Je vais revenir à la structure de commandement. Y avait-il une

21 possibilité quelconque pour que M. Mejakic se fasse supérieur de M. Mijic?

22 Réponse: Absolument pas!

23 Question: Monsieur Mejakic pouvait-il ordonner à l'un quelconque…, de

24 donner des ordres à l'un quelconque des inspecteurs venus du département à

25 la tête duquel se trouvait M. Mijic?

Page 7767

1 Réponse: Non.

2 Question: Monsieur Mejakic pouvait-il donner des ordres à M. Mirko Jesic?

3 Réponse: Aucunement.

4 Question: Monsieur Mejakic pouvait-il donner des ordres à l'un quelconque

5 des enquêteurs appartenant au département de la sécurité d'Etat?

6 (Signe négatif du témoin.)

7 Question: Je vous prie de répondre parce que nous n'avons pas entendu

8 votre réponse.

9 Réponse: Certainement pas.

10 Question: Et à ceux de la sécurité militaire?

11 Réponse: Non.

12 Question: Vous travaillez depuis longtemps au sein de la police, vous

13 connaissez la structure de la police: est-ce qu'un département d'un poste

14 de police peut avoir un commandant adjoint?

15 Réponse: Non.

16 Question: Y a-t-il un suppléant du commandant?

17 Réponse: Non.

18 Question: Madame Markovski, dans le bâtiment administratif lui-même, y

19 avait-il des membres des forces, des effectifs de sécurité qui

20 appartenaient au département de police d'Omarska?

21 Réponse: Oui.

22 Question :Etaient-ce des policiers d'active ou de réserve?

23 Réponse: Les uns et les autres.

24 Question: Quelle était la tâche de ces policiers?

25 Réponse: Ils étaient chargés de sécuriser les lieux.

Page 7768

1 Question: Y avait-il des personnes, membres des services de sécurité, à

2 l'étage, entre les bureaux?

3 Réponse: Oui.

4 Question: Avez-vous remarqué ce qu'ils faisaient?

5 Réponse: Ils étaient là, debout. Je n'ai rien vu d'autre. Je ne sais pas

6 exactement ce qu'ils faisaient.

7 Question: Les enquêteurs les envoyaient-ils chercher des détenus?

8 Réponse: Les enquêteurs avaient un groupe de policiers de réserve qui

9 étaient placés au service des inspecteurs seuls.

10 Question: Ce groupe faisait-il partie du département de police d'Omarska?

11 Réponse: Oui.

12 Question: Les enquêteurs pouvaient-ils donner des ordres à ces réservistes

13 pour ce qui était d'amener ou de ramener des détenus?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Madame Markovski, dans la pièce où vous travailliez et où il y

16 avait des membres, des effectifs de sécurité issus de ce département de

17 police d'Omarska à exercer une permanence, pouviez-vous remarquer M.

18 Miroslav Kvocka?

19 Réponse: Oui.

20 Question: Le connaissiez-vous avant?

21 Réponse: Oui.

22 Question: Quelle était sa profession?

23 Réponse: Il était policier de profession. On appelait cela un milicien.

24 Question: Est-ce qu'à Omarska, il est resté jusqu'au bout, jusqu'à la fin,

25 comme vous?

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1 Réponse: Non.

2 Question: Est-ce que vous sauriez nous dire quand il est parti?

3 Réponse: Je pense quelque vingt jours après mon arrivée, une vingtaine de

4 jours.

5 Question: Vous ne l'avez plus revu à Omarska par la suite?

6 Réponse: Non.

7 Question: Saviez-vous où il habitait?

8 Réponse: Non.

9 Question: Avez-vous jamais vu Miroslav Kvocka donner des ordres à l'un

10 quelconque des policiers?

11 Réponse: Non.

12 Question: Que faisait-il dans cette pièce que vous occupiez, vous et votre

13 collègue, ainsi que certains enquêteurs?

14 Réponse: Il y avait un émetteur-récepteur, il y avait un téléphone aussi

15 qui était relié au bureau où se trouvaient les enquêteurs.

16 Question: L'avez-vous vu rédiger quelque rapport?

17 Réponse: Je ne sais pas, je ne pense pas qu'il ait écrit quoi que ce soit.

18 Question: Quittait-il cette pièce?

19 Réponse: Oui.

20 Question: Pourquoi quittait-il la pièce? Quel était le sentiment que vous

21 aviez?

22 Réponse: Je l'ai dit déjà: la pièce était petite, nous étions serrés et je

23 pense qu'il sortait souvent pour ne pas nous déranger, tout simplement.

24 Question: Le commandant, M. Mejakic, venait-il aussi vers ce bureau?

25 Réponse: Oui.

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1 Question: Monsieur Mejakic avait-il une autre pièce?

2 Réponse: Je ne sais pas.

3 Question: Madame, vous êtes restée là-bas suffisamment longtemps: est-ce

4 qu'au cours de ce séjour, vous êtes allée dans d'autres pièces pour

5 assister à des interrogatoires de personnes détenues de la part des

6 enquêteurs?

7 Réponse: Non.

8 Question: Et les enquêteurs ont-ils jamais amené des personnes interrogées

9 vers la pièce où vous travailliez vous-même?

10 Réponse: Non.

11 Question: Avez-vous eu l'occasion d'entendre, à partir de ces pièces-ci,

12 dans ce bâtiment administratif, des cris, des gémissements, des coups, des

13 bruits d'objets cassés?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Avez-vous eu l'occasion de rencontrer dans le couloir des

16 personnes qui avaient été interrogées?

17 Réponse: Oui.

18 Question: Est-ce que, à l'une quelconque de ces occasions, vous avez pu

19 voir sur le visage ou sur le corps des personnes interrogées des traces

20 quelconques?

21 Réponse: Il y en avait qui portaient des ecchymoses sur le visage, qui

22 étaient blessés.

23 Question: A quelle fréquence avez-vous eu l'occasion de le voir?

24 Réponse: Pas souvent, de temps en temps, quand j'allais aux toilettes

25 parce que je ne quittais pas souvent la pièce où je travaillais.

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1 Question: Mais ces cris, ces gémissements étaient-ils fréquents, plus

2 fréquents que vous n'aviez eu l'occasion de rencontrer ces gens?

3 Réponse: Je ne sais pas ce que vous voulez dire.

4 Question: Mais dans le couloir?

5 Réponse: Eh bien, au début, c'était plus fréquent; par la suite, cela

6 arrivait plutôt rarement.

7 Question: Est-ce que vous preniez vos repas dans le restaurant au rez-de-

8 chaussée de ce bâtiment?

9 Réponse: Non.

10 Question: Etiez-vous présente à une occasion où les détenus venaient

11 manger?

12 Réponse: Non.

13 Question: Avez-vous été présente quand ces détenus allaient prendre leur

14 repas?

15 Réponse: Non.

16 Question: Comment mangeaient les enquêteurs?

17 Réponse: Ils n'avaient pas d'heure précise mais, dans la matinée, un repas

18 leur arrivait et nous étions conviés vers une pièce où nous prenions notre

19 petit déjeuner, puis nous retournions dans nos pièces respectives.

20 Question: Laquelle des pièces?

21 Réponse: La plus grande qu'il y avait dans ce bâtiment.

22 Question: Sauriez-vous nous dire qui séjournait dans cette pièce-là?

23 Réponse: Des inspecteurs, mais je ne saurais vous dire maintenant

24 lesquels.

25 Question: Est-ce que les effectifs des forces de sécurité prenaient leurs

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1 repas avec vous dans cette pièce?

2 Réponse: Non.

3 Question: Receviez-vous habituellement un deuxième repas?

4 Réponse: Oui.

5 Question: Comment vous servait-on ce deuxième repas et où?

6 Réponse: A notre retour du centre d'instruction à Omarska, il y avait un

7 bâtiment où nous prenions ce deuxième repas alors que nous rentrions chez

8 nous.

9 Question: Est-ce que cela était servi là où l'on préparait les repas?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Par la suite, vous partiez chez vous, vous rentriez chez vous?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Vous n'avez pas vu M. Kvocka dans une pièce ou un endroit autre

14 que celui où vous avez travaillé? Est-ce exact?

15 Réponse: Oui.

16 Question: Est-ce que M. Kvocka pouvait donner des ordres à Ranko Mijic?

17 Réponse: Non, c'est ridicule.

18 Question: Je m'excuse, je vois que Ranko Milic. Il faut rectifier au

19 compte rendu: c'est Ranko Mijic.

20 Monsieur le Président, étant donné qu'il est 2 heures et demie et pour que

21 nous puissions finir à 3 heures, j'ai réparti mes questions de façon à

22 occuper la moitié du temps disponible. C'est la raison pour laquelle je ne

23 me propose pas de poser des questions autres ou supplémentaires.

24 M. le Président: Les choses ne doivent pas être vues aussi mécaniquement,

25 Maître K. Simic. Néanmoins, nous vous remercions de votre soin.

Page 7773

1 M. K. Simic (interprétation): J'ai de toute manière terminé avec mes

2 questions, Monsieur le Président.

3 M. le Président: Vous vous êtes accordé avec les autres conseils qu'il n'y

4 aurait pas de question de l'autre côté? En effet, si les autres conseils

5 posent des questions, vous pourriez en poser.

6 M. K. Simic (interprétation): Non, je vois qu'il n'y a pas d'autres

7 questions.

8 M. le Président: De toute façon, vous avez prévu cela, il faut le dire.

9 Il n'y a pas de question des autres conseils? Très bien.

10 Monsieur le Procureur, nous devons bien terminer à 15 heures.

11 Maître Simic, vous n'avez pas compté avec les questions des Juges. Nous

12 vous remercions tout de même.

13 M. K. Simic (interprétation): Monsieur le Président, j'avais espéré que

14 mon honorable collègue me restituerait une partie du temps de tout à

15 l'heure dont elle a eu davantage à disposition que moi-même.

16 M. le Président: De toute façon, vous aviez demandé beaucoup au Procureur

17 de poser aussi les questions des Juges. Mais, Maître Simic, nous

18 continuons à vous remercier et à vous dire que les choses ne sont pas

19 aussi mécaniques que nous aimerions qu'elles soient.

20 Monsieur Saxon, vous avez la parole.

21 Témoin, vous allez maintenant répondre aux questions du Procureur. Allez-

22 y, s'il vous plaît.

23 (Contre-interrogatoire du témoin, Mme Nada Markovska, par M. Saxon.)

24 M. Saxon (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

25 Madame Markovska, vous avez dit que Zeljko Mejakic ne pouvait pas donner

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1 d'ordres à un certain nombre de personnes. Vous avez dit qu'il ne pouvait

2 pas donner d'ordres à Mirko Jesic ou aux représentants du service de

3 sécurité de l'Etat. Vous avez dit qu'il ne pouvait pas donner d'ordres aux

4 enquêteurs appartenant au service de sécurité militaire non plus.

5 La première question que je vous pose est la suivante: à qui Zeljko

6 Mejakic pouvait-il donner des ordres dans le camp d'Omarska?

7 Mme Markovska (interprétation): Aux policiers, à ceux que l'on appelait

8 les miliciens, comme vous voulez.

9 Question: Vous avez dit également que Miroslav Kvocka ne pouvait pas

10 donner d'ordres à Ranko Mijic -j'espère que je prononce bien son nom.

11 C'est bien cela?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Les responsabilités de Ranko Mijic dans le camp d'Omarska

14 consistaient à mener des enquêtes et des interrogatoires, n'est-ce pas?

15 Réponse: Non, il était une espèce de représentant de la sécurité de l'Etat

16 et de la sécurité militaire, il assurait la coordination: une espèce de

17 coordinateur. Vous voyez? Je ne sais pas ce qu'il faisait exactement.

18 Question: Ranko Mijic était l'un des inspecteurs, n'est-ce pas?

19 Réponse: Non, il était le chef de la police criminelle. Il n'était pas

20 inspecteur.

21 Question: Et Miroslav Kvocka travaillait avec les policiers qui assuraient

22 la sécurité dans le camp d'Omarska, n'est-ce pas?

23 Réponse: Il était policier, Miroslav Kvocka était policier.

24 Question: Travaillait-il, assurait-il la sécurité dans le camp d'Omarska?

25 Réponse: Oui, il avait des tours de garde.

Page 7775

1 Question: Quand Zeljko Mejakic n'était pas dans le camp d'Omarska, qui

2 donnait des consignes aux policiers assurant la sécurité?

3 Réponse: C'est lui qui déterminait les affectations en tant que commandant

4 du département et chacun savait ce qu'il avait à faire. Il affectait à

5 leur poste aussi bien les représentants des services que les policiers.

6 Question: Que se passait-il si cette répartition des effectifs posait un

7 problème en l'absence de M. Mejakic? Qui intervenait à ce moment-là?

8 M. K. Simic (interprétation): Objection!

9 Madame Markovski est dactylo et mon collègue de l'accusation lui demande

10 de dire ce qui pouvait arriver en l'absence de M. Mejakic. Le témoin ne

11 peut pas le savoir.

12 M. le Président: Objection rejetée. Vous allez revoir votre interrogatoire

13 principal. Objection rejetée!

14 Poursuivez, Monsieur le Procureur.

15 M. Saxon (interprétation): Madame Markovska, ma question était simple:

16 quand M. Mejakic n'était pas dans le camp d'Omarska et qu'un problème se

17 posait au niveau des affectations de service, qui réglait ce problème?

18 Mme Markovska (interprétation): Je ne sais pas, je n'ai pas prêté

19 attention à cela. J'avais mon propre travail, je devais taper à la

20 machine, je ne m'intéressais pas à ce genre de problème. C'était tout à

21 fait logique. Moi, j'avais vraiment beaucoup de travail, je n'avais pas

22 loisir de m'occuper de ce genre de chose. C'est ridicule.

23 Question: Madame Markovski, quelle est votre appartenance ethnique?

24 Réponse: Je suis serbe.

25 Question: Vous étiez considérée comme une dactylo rapide, fiable et

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1 précise, n'est-ce pas?

2 Réponse: Oui.

3 Question: Après la prise du pouvoir par les Serbes, à la fin du mois

4 d'avril 1992, vous avez continué à travailler au poste de sécurité

5 publique de Prijedor?

6 Réponse: Oui.

7 Question: Vos collègues musulmans et croates du poste de police ont-elles

8 pu continuer à travailler à cet endroit après la prise de pouvoir par les

9 Serbes?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Vraiment?

12 Réponse: Non, ils auraient pu continuer à travailler mais ils ne l'ont pas

13 fait. Il y en a deux ou trois qui ont continué à venir au travail et les

14 autres ont boycotté. Je ne sais pas très bien comment dire: ils ont décidé

15 de ne plus venir au travail mais personne ne leur a interdit de venir

16 travailler.

17 Question: Vos collègues musulmans et croates ont-ils dû signer un acte

18 d'allégeance vis-à-vis du nouveau pouvoir serbe, du nouveau gouvernement

19 serbe, ce qui leur aurait permis de continuer à aller travailler?

20 Réponse: Je ne me rappelle pas exactement, mais je crois qu'il y a un

21 document qu'ils ont dû signer.

22 Question: Avant 1992, connaissiez-vous Ago Sadikovic qui travaillait au

23 poste de sécurité publique?

24 Réponse: Oui.

25 Question: Comment avez-vous fait sa connaissance?

Page 7777

1 Réponse: Il travaillait dans mon service, au service de la police

2 criminelle économique. Il y avait trois branches dans mon service: la

3 police judiciaire générale, la police criminelle économique et le service

4 criminel technique. Et lui travaillait au niveau du service économique.

5 Question: Connaissiez-vous quelqu'un qui s'appelait Vahid Rizvanovic?

6 Réponse: Oui.

7 Question: Connaissiez-vous quelqu'un qui s'appelait Sifeta Susic?

8 Réponse: Oui.

9 Question: Connaissiez-vous quelqu'un qui s'appelait Reuf Travancic?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Connaissiez-vous quelqu'un qui s'appelait Zijad Badnjevic?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Connaissiez-vous quelqu'un qui s'appelait Nedzmija Fazlic?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Aviez-vous une bonne relation avec Mme Fazlic?

16 Réponse: Oui.

17 Question: Connaissiez-vous son mari, Fehim Fazlic?

18 Réponse: Oui, de vue.

19 Question: Pouvez-vous imaginer une raison qui pousserait Nedzmija Fazlic à

20 mentir à votre sujet?

21 Réponse: Eh bien, je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est qu'alors que

22 je travaillais là-bas, j'ai apporté quatre ou cinq fois des paquets à son

23 mari. C'est Nedzmija Fazlic qui me donnait ces paquets pour lui. Je ne

24 sais pas ce qu'elle a dit, cela ne m'intéresse pas, mais ce que je dis,

25 c'est la vérité.

Page 7778

1 Question: En fait, vous avez aidé M. et Mme Fazlic, lorsque M. Fazlic

2 était détenu dans le camp d'Omarska?

3 Réponse: Oui.

4 Question: Vous avez aidé que de la nourriture soit apportée à M. Fazlic,

5 n'est-ce pas?

6 Réponse: Oui, c'est exact. Oui, Dieu merci, je l'ai fait. Je n'étais pas

7 la seule d'ailleurs, nous l'avons tous fait.

8 Question: Quelle est l'appartenance ethnique de M. et Mme Fazlic?

9 Réponse: Ils sont musulmans.

10 Question: Avez-vous subi des sanctions disciplinaires, avez-vous été puni

11 à votre travail pour les avoir aidés?

12 Réponse: Non, non.

13 Question: Vous dites que vous le faisiez tous: est-ce que cela signifie

14 que vous-même et vos collègues au poste de police de Prijedor vous

15 apportiez de la nourriture aux détenus d'Omarska?

16 Réponse: Oui, oui, je peux vous dire que pratiquement un Musulman sur deux

17 dans le camp avait son Serbe. Ce que je veux dire, c'est que si les

18 détenus connaissaient quelqu'un, ces personnes apportaient des paquets,

19 peut-être pas les tout premiers jours, mais par la suite oui. Parce qu'au

20 début, on avait un peu peur mais, après, on a tous apporté des paquets.

21 Comment faire autrement? Nous sommes des êtres humains.

22 Question: Et vos collègues n'ont subi aucune sanction disciplinaire pour

23 avoir aidé les personnes qui se trouvaient dans le camp, n'est-ce pas?

24 Réponse: Non, non.

25 Question: Vous avez dit connaître Miroslav Kvocka. Avant le début de la

Page 7779

1 guerre, quelle était la réputation de M. Kvocka en tant que policier?

2 Réponse: C'était un collègue fantastique, un très bon professionnel qui

3 faisait très bien son travail.

4 Question: Quand il était dans la pièce où vous tapiez à la machine dans le

5 camp d'Omarska, pouvez-vous nous dire à peu près combien de temps M.

6 Kvocka passait dans cette pièce?

7 Réponse: Peut-être la moitié du temps que nous y passions nous-mêmes, à

8 peu près. Il entrait et sortait, vous voyez. Maintenant je ne peux pas

9 dire exactement combien de temps il y passait.

10 Question: Mais n'importe quel jour, si vous passiez à peu près huit heures

11 dans le camp, M. Kvocka entrait et sortait, et était présent dans la pièce

12 à peu près trois ou quatre heures au total dans la journée?

13 Réponse: Oui, à peu près, à peu près.

14 Question: Avant la guerre en 1992, connaissiez-vous un homme répondant au

15 nom de Mlado Radic?

16 Réponse: Oui.

17 Question: Comment avez-vous fait la connaissance de M. Radic?

18 Réponse: Il était policier de profession, c'était un de mes collègues.

19 Question: Avant 1992, quelle était la réputation de M. Radic en tant que

20 policier?

21 Réponse: Eh bien, rien de particulier. Moi, je sais qu'il était policier

22 de métier.

23 Question: Madame Markovski, quand vous étiez dans ce bureau, au premier

24 étage du bâtiment administratif du camp d'Omarska, et que vous tapiez des

25 notes à la machine, M. Mlado Radic a-t-il jamais été présent dans cette

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1 pièce?

2 Réponse: Oui, quand on entrait dans le bâtiment, il était debout sur les

3 marches d'escalier -je crois que c'était son poste de garde, je pense en

4 tout cas- et, de temps en temps, il entrait dans la pièce où nous nous

5 trouvions. Et c'est à lui que je donnais les paquets destinés à M. Fazlic

6 et provenant de Nedzmija Fazlic. Car moi, je n'ai jamais eu de contact

7 direct avec les détenus du centre d'enquête.

8 Question: Monsieur Radic passait-il pas mal de temps dans la pièce où

9 vous-même travailliez?

10 Réponse: Il lui arrivait d'entrer de temps en temps, je ne sais pas ce

11 qu'il faisait exactement, il restait peu de temps et ressortait. Non, il

12 ne se passait pas beaucoup de temps.

13 Question: Avant la guerre de 1992, connaissiez-vous un homme répondant au

14 nom de Dragoljub Prcac?

15 Réponse: Oui.

16 Question: Comment avez-vous fait sa connaissance?

17 Réponse: Il travaillait dans le service technique des enquêtes

18 criminelles, c'est le même service que le mien, et ensuite il a pris sa

19 retraite.

20 Question: Si vous le savez, je vous demande quelle était la réputation de

21 M. Prcac en tant que professionnel?

22 Réponse: C'était un homme respecté, un homme apprécié, on ne peut dire que

23 du bien de lui; il était tranquille, discret, vraiment c'était ce genre

24 d'homme.

25 Question: Quand vous tapiez à la machine dans ce bureau situé au premier

Page 7781

1 étage du bâtiment administratif d'Omarska, M. Dragoljub Prcac était-il

2 présent à quelque moment que ce soit avec vous dans la même pièce?

3 Réponse: Oui, oui.

4 Question: Que faisait M. Prcac dans cette pièce?

5 Réponse: Il avait des papiers, il écrivait, je ne sais pas plus

6 précisément que cela ce qu'il faisait. A ce moment-là, il était réserviste

7 de la police. Tous nos inspecteurs qui ont pris leur retraite, en cas

8 d'éminence de guerre ou de guerre, avaient une affectation de guerre. Et

9 donc ils se sont fait connaître auprès des services compétents et ils ont

10 été affectés avec nous. C'est ainsi qu'on les a vu travailler au même

11 endroit que nous.

12 Question: Merci pour vos explications.

13 Combien de temps à peu près M. Prcac passait de temps dans cette pièce en

14 moyenne?

15 Réponse: Il sortait moins que M. Kvocka, il passait plus de temps dans la

16 pièce que lui, il lui arrivait de temps en temps de sortir.

17 Question: Vous rappelez-vous à quel moment à peu près vous avez vu M.

18 Prcac pour la première fois dans le camp d'Omarska? Je crois vous avoir

19 entendu dire que vous y avez travaillé au mois de juin, au mois de juillet

20 une partie du mois d'août. Quand y avez-vous vu M. Prcac pour la première

21 fois?

22 Réponse: Ca, c'est un peu plus difficile. J'ai travaillé un mois et demi

23 là-bas. Je crois qu'à la mi-juillet j'ai demandé à M. Simo Drljaca d'être

24 remplacée parce que, vraiment, les conditions étaient difficiles. On

25 travaillait tous les jours, c'était très pénible. Moi, j'ai des enfants

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1 que j'avais envoyés à la campagne, chez ma mère. Je suis donc allée voir

2 M. Drljaca pour lui demander s'il était possible de me remplacer. Il a dit

3 qu'il n'y aurait pas de problème. A ce moment-là, on a vu arriver Nevenka

4 Sikman. Elle a travaillé une semaine, et ensuite, je prenais la relève.

5 Nous avons donc travaillé de cette façon pendant quelque temps. Alors

6 savoir si je l'ai vu à la fin du mois de juillet ou à une autre date,

7 c'est un peu difficile, j'ai du mal à me rappeler.

8 Question: Savez-vous si vous avez vu M. Prcac dans le camp d'Omarska avant

9 le moment où vous êtes allée voir M. Simo Drljaca pour lui demander de

10 vous affecter ailleurs que dans le camp? Si vous ne vous rappelez pas,

11 dites-le.

12 Réponse: Je ne crois pas mais je ne me rappelle pas exactement.

13 Question: Vous avez dit combien les conditions de travail étaient dures

14 pour vous-même et vos collègues dactylographes, vous avez dit qu'il

15 faisait chaud et que votre travail était pénible. J'aimerais mieux

16 comprendre ce que vous faisiez exactement.

17 Est-il permis de dire que, durant la journée, les interrogatoires des

18 prisonniers se déroulaient dans les pièces situées au premier étage de ce

19 bâtiment administratif. Après quoi, les enquêteurs, ceux qui dirigeaient

20 les interrogatoires, vous apportaient leurs notes, ce qu'ils avaient écrit

21 sur des feuilles de papier et vous, vous tapiez cela n'est-ce pas?

22 Réponse: Oui, oui.

23 Question: Quel genre d'informations trouvait-on sur les notes que vous

24 tapiez à la machine?

25 Réponse: L'attaque a eu lieu contre Prijedor, d'abord contre Bahin et

Page 7783

1 ensuite contre Prijedor. Et les notes que nous tapions...

2 Question: Permettez-moi de vous interrompre.

3 Réponse: Oui.

4 Question: Je ne vous demande pas l'histoire de la région, je vous demande

5 simplement quel genre d'information on trouvait dans les documents que

6 vous tapiez à la machine.

7 Réponse: Eh bien, les questions posées par les enquêteurs. C'est par là

8 que le texte commençait. Est-ce que ces personnes avaient participé à

9 l'attaque contre Prijedor, avaient-ils des armes, quelles armes, qui était

10 responsable de leur organisation, etc., ce genre de chose. Maintenant, je

11 ne me rappelle pas exactement tout ce que je tapais parce qu'il y avait

12 pas mal de pages, ce serait impossible pour moi de tout me rappeler. Mais,

13 pour l'essentiel, c'était cela que l'on trouvait dans ces interrogatoires,

14 les modes d'organisation.

15 Question: Ces notes indiquaient-elles quels détenus étaient considérés

16 comme des détenus dangereux ou comme ce que l'on peut appeler des

17 "extrémistes" -si vous me permettez cette expression?

18 Réponse: Non. Enfin, ce n'est pas possible, ce n'était pas des

19 informations, c'étaient des déclarations faites par la personne

20 interrogée. Ce que la personne disait était écrit dans le texte.

21 Maintenant, moi, je ne savais pas qui était dangereux, qui n'était pas

22 dangereux.

23 Question: Et il était particulièrement important de consigner par écrit le

24 fait que certains prisonniers avaient participé à la résistance contre le

25 nouveau pouvoir serbe, n'est-ce pas? Il est permis de le dire ça?

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1 Réponse: Oui, oui, c'était particulièrement important.

2 Question: Il y a une minute ou deux, vous avez dit quelque chose et

3 j'aimerais que nous y revenions. Vous avez dit que ces interrogatoires

4 avaient pour objet de définir les modes d'organisation, etc. Alors, après

5 avoir tapé toutes ces notes, des milliers de pages, après avoir fait ce

6 travail très dur, quel était -d'après vous- l'objet, le but de tout ce

7 travail très pénible fait dans le camp d'Omarska? Quel était le but de

8 tout cela?

9 Réponse: Eh bien, le but était de déterminer la vérité au sujet des

10 responsables de l'organisation de l'attaque contre Prijedor, et des autres

11 incidents qui ont eu lieu et de rédiger des plaintes judiciaires.

12 Question: Avez-vous jamais discuté de ce but avec vos collègues d'Omarska?

13 Réponse: Non, nous, on est partis là-bas, et on nous a dit à ce moment-là

14 qu'on y resterait quelques jours. On ne savait même pas combien de temps

15 tout cela allait durer.

16 Question: Madame Markovski, je suis désolé mais ce n'est pas ce que je

17 vous ai demandé. Ma question était la suivante: vous est-il jamais arrivé

18 de discuter de ce but, de cet objectif avec vos collègues de travail dans

19 le camp d'Omarska?

20 Réponse: Non.

21 Question: Je n'ai pas entendu la réponse du témoin.

22 Réponse: Est-ce que j'ai... Non, je ne l'ai pas discuté.

23 Question: Donc êtes-vous en train de dire, dans votre déposition, qu'au

24 moment où vous accomplissiez tout ce travail, jour après jour, dans la

25 chaleur, durant les mois de juillet, d'août 1992, les gens entraient et

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1 sortaient de la pièce où vous tapiez à la machine, et vous n'avez jamais

2 discuté du but du travail accompli par vous avec les autres personnes qui

3 se trouvaient là?

4 Réponse: Mon travail consistait à taper à la machine, et eux décidaient ce

5 qu'ils allaient faire de cela, moi je n'en sais rien. Nous discutions pour

6 savoir quand tout cela allait s'arrêter parce que c'était difficile pour

7 nous. Voilà surtout de quoi nous parlions.

8 Question: Vous est-il jamais arrivé de discuter de ces sujets avec les

9 personnes chargées de la sécurité du camp, tel par exemple les policiers

10 d'active ou de réserve?

11 Réponse: Non non.

12 Question: Vous est-il jamais arrivé de montrer les notes que vous aviez

13 tapées à la machine dans le camp d'Omarska à Miroslav Kvocka?

14 Réponse: Non non non.

15 Question: Vous est-il jamais arrivé de montrer ces notes à l'un quelconque

16 des responsables de la sécurité? Je parle des notes tapées à la machine

17 par vous?

18 Réponse: Non non.

19 Question: En dehors des notes ou des rapports d'interrogatoire que vous

20 tapiez à la machine, tapiez-vous également à la machine des listes de

21 détenus enfermés au camp d'Omarska?

22 Réponse: Oui, je crois que nous l'avons fait plusieurs fois, moi en fait

23 et ma collègue.

24 Question: A quoi servaient ces listes?

25 Réponse: Je ne sais pas.

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1 Question: Vous dites que vous et votre collègue tapiez ces listes, qui est

2 votre collègue qui a tapé ces listes à la machine comme vous?

3 Réponse: Slavica Bakic.

4 Question: Vous dites ne pas savoir à quoi servaient ces listes, mais y

5 avait-il un titre, un intitulé en haut de ces listes?

6 Réponse: Non, il y avait simplement les noms et les prénoms. Ce sont les

7 inspecteurs qui nous apportaient ces papiers, ensuite ils les

8 remportaient. Tout comme les déclarations, on nous les apportait, et les

9 inspecteurs venaient les chercher après.

10 Question: N'est-il pas difficile de savoir à quoi une liste peut servir,

11 si cette liste ne comporte aucun titre, si ce à quoi la liste va servir

12 n'est pas indiqué sur la liste?

13 Réponse: Eh bien, je ne sais pas.

14 Question: Avez-vous jamais vu ou tapé à la machine une liste ou un rapport

15 traitant de différentes catégories de prisonniers dans le camp d'Omarska?

16 Réponse: Je ne comprends pas de quelle différence vous parlez.

17 Question: Eh bien, vous savez, n'est-ce pas, que les prisonniers du camp

18 d'Omarska étaient divisés en trois catégories différentes?

19 Réponse: Oui oui.

20 M. K. Simic (interprétation): Objection! Vous savez, n'est-ce pas, que les

21 prisonniers étaient répartis! Ce n'est pas une manière de poser les

22 questions.

23 M. le Président: Oui Maître Krstan Simic, mais je dois vous dire que vous

24 devez revoir le compte rendu de votre interrogatoire principal. Parce qu'à

25 la fin, vous vous accusez mutuellement de l'idée de poser des questions

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1 inductrices, mais vous savez toujours ce qu'on dit des toits vitrés! Pas

2 de problème. Reformulez votre question, Monsieur Saxon, s'il vous plaît.

3 M. Saxon (interprétation): Quelles étaient les différentes catégories qui

4 permettaient de désigner les prisonniers du camp d'Omarska au cours de

5 l'été 1992?

6 Mme Markovska (interprétation): Oui, maintenant je me rappelle: il y avait

7 les catégorie 1, 2 et 3. Oui, oui.

8 Question: Quelle était la signification de la catégorie n°1? Qu'est-ce que

9 cela impliquait d'être placé dans cette catégorie n°1?

10 Réponse: La première catégorie rassemblait sans doute les personnes les

11 plus extrémistes, les organisateurs, les participants les plus actifs, ce

12 genre de choses.

13 Question: Et quelle était l'implication lorsqu'on était placé dans la

14 catégorie n°2?

15 Réponse: Peut-être des gens qui avaient des armes. Je ne sais pas vraiment

16 parce que moi, quand j'ai travaillé, il n'était pas écrit: "1e, 2e, 3e

17 catégorie". Ce que je suis en train de dire ici, ce ne sont que des

18 suppositions que je fais.

19 Question: Quelle était la signification du fait d'être placé dans la

20 catégorie n°3?

21 Réponse: Je sais que certains détenus ont été transférés au centre de

22 rassemblement, de regroupement de Trnopolje. Donc c'était probablement la

23 signification.

24 Question: Donc, si vous étiez détenu placé dans la catégorie n°3, vous

25 étiez transféré au centre de Trnopolje, n'est-ce pas, mais si vous étiez

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1 un prisonnier placé dans la catégorie 1, vous n'étiez pas transféré à

2 Trnopolje?

3 Réponse: Le plus vraisemblablement.

4 Question: Qu'advenait-il des prisonniers placés dans la catégorie n°1?

5 Réponse: Je ne comprends pas ce que vous voulez dire: rien ne leur

6 arrivait.

7 Question: Très bien. Vous avez dit que les prisonniers placés dans la

8 catégorie n°3 étaient transférés au centre de regroupement de Trnopolje?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Où les prisonniers placés dans la catégorie n°1 étaient-ils

11 transférés, s'il étaient transférés quelque part? Ou bien restaient-ils

12 simplement dans le camp d'Omarska?

13 Réponse: Ils restaient dans le camp d'Omarska.

14 Question: Y sont-ils toujours aujourd'hui?

15 Réponse: Comment pourraient-ils s'y trouver aujourd'hui?

16 Question: Sont-ils toujours dans le camp d'Omarska?

17 Réponse: Aujourd'hui, dans le camp d'Omarska?

18 Question: Oui.

19 Réponse: Mais cela n'a pas de sens: est-ce que vous savez quand le camp

20 d'Omarska a été démantelé?

21 Question: Je sais. C'est pourquoi je vous pose la question que je vous

22 pose: qu'est-il advenu des gens placés dans la catégorie n°1?

23 Réponse: Comment est-ce que je pourrais savoir ce qu'il leur est advenu.

24 Question: Vous rappelez-vous avoir tapé à la machine des notes rédigées

25 sur la base de l'interrogatoire d'un prisonnier d'Omarska, qui s'appelait

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1 Miroslav Solaja?

2 Réponse: Je ne me rappelle pas.

3 Question: Et qu'en est-il de l'interrogatoire d'un prisonnier du camp

4 d'Omarska répondant au nom de Becir Medunjanin?

5 Réponse: Je ne me rappelle pas si j'ai tapé cette déclaration à la

6 machine, mais Becir Medunjanin était connu de moi en tant qu'organisateur

7 musulman.

8 Question: Est-ce que cela signifie qu'il avait été sans doute placé dans

9 la catégorie n°1, celle des extrémistes?

10 Réponse: Très vraisemblablement.

11 Question: Et qu'en est-il de la femme de Becir Medunjanin, une femme

12 répondant au nom de Sadeta Medunjanin? Avez-vous tapé à la machine les

13 notes issues de son interrogatoire ou de ses interrogatoires?

14 Réponse: Ça, je ne me rappelle pas.

15 Question: Vous rappelez-vous avoir éventuellement tapé à la machine les

16 notes émanant de l'interrogatoire ou des interrogatoires d'une prisonnière

17 d'Omarska, répondant au nom de Edna Dautovic?

18 Réponse: Non, je ne me rappelle absolument pas.

19 Question: Connaissiez-vous une femme détenue dans le camp d'Omarska et

20 répondant au nom d'Edna Dautovic?

21 Réponse: Non, c'est la première fois que j'entends ce nom.

22 Question: Madame Markovska, vous rappelez-vous avoir tapé à la machine les

23 notes décrivant l'interrogatoire d'un jeune garçon de 14 ans, originaire

24 de Kozarac, qui a été interrogé au camp d'Omarska par M. Dragan Ratkovic?

25 Réponse: Non. Je ne me rappelle pas. Je ne crois pas.

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1 Question: Vous rappelez-vous quel âge avait la personne la plus jeune

2 soumise à un interrogatoire et dont vous avez dû taper les notes à la

3 machine?

4 Réponse: Non. Moi, je suis dactylo professionnelle: je tape et j'oublie.

5 Si je devais me rappeler tous les noms et tout ce que j'ai tapé, je

6 devrais avoir un ordinateur dans la tête.

7 M. le Président: Monsieur Saxon, je dois vous rappeler le temps.

8 M. Saxon (interprétation): Merci, Monsieur le Président. M'accordez-vous

9 encore cinq minutes?

10 M. le Président: Oui, sûrement. Mais vous avez de bonnes raisons?

11 M. Saxon (interprétation): J'espère, Monsieur le Président.

12 M. le Président: Allez-y, s'il vous plaît.

13 M. Saxon (interprétation): Madame Markovska, le bureau dans lequel vous

14 tapiez se trouvait dans le couloir qui longeait toute la longueur du

15 premier étage du bâtiment administratif, n'est-ce pas?

16 Mme Markvoska (interprétation): Oui.

17 Question: Et ce couloir a une longueur de 30 à 35 pas, n'est-ce pas?

18 Réponse: Eh bien, je n'ai pas compté, peut-être la même distance qu'entre

19 ici et le bout du mur à peu près.

20 Question: Les gens qui travaillaient dans différentes pièces donnant sur

21 ce couloir, au cours de l'été 1992, gardaient-ils les fenêtres ouvertes

22 dans leur bureau à cause de la chaleur et de l'humidité?

23 Réponse: Evidemment, de temps en temps, ils les ouvraient, mais je ne sais

24 pas.

25 Question: Vous est-il jamais arrivé de voir du sang dans l'une ou l'autre

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1 des pièces qui donnaient sur ce couloir?

2 Réponse: Non.

3 M. K. Simic (interprétation): Objection!

4 M. le Président: Oui, Maître Krstan Simic.

5 M. K. Simic (interprétation): Le témoin a dit de la façon la plus ferme

6 qu'elle n'allait que dans la salle où on servait les repas; elle n'a donc

7 rien pu voir dans les autres pièces.

8 M. Saxon (interprétation): Je vais passer à autre chose, Monsieur le

9 Président.

10 Avez-vous jamais senti l'odeur d'excréments humains lorsque vous étiez

11 assise pour taper professionnellement à la machine dans votre bureau?

12 Mme Markovska (interprétation): Non, j'ai senti l'odeur du chlore parce

13 que, tous les jours, les femmes de ménage lavaient toutes les pièces avec

14 de l'eau chlorée. Il faisait très chaud, il y avait beaucoup de monde,

15 nous aussi nous étions nombreux. Donc afin d'éviter toute maladie

16 contagieuse les pièces étaient lavées.

17 Question: Savez-vous qu'un groupe de femmes a été détenu au camp

18 d'Omarska?

19 Réponse: Oui.

20 Question: Pendant que vous travailliez au camp d'Omarska, avez-vous jamais

21 entendu l'un ou l'autre des gardiens, ou l'un ou l'autre des hommes

22 travaillant dans le camp, parler de ces femmes en utilisant le mot "pute"?

23 Réponse: Non.

24 Question: Et qu'en est-il de l'expression "pute musulmane"? L'avez-vous

25 jamais entendu employer contre l'une ou l'autre de ces femmes?

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1 Réponse: Je ne me souviens pas. Non.

2 Question: Avez-vous jamais vu l'un ou l'autre des gardes ou des membres du

3 personnel du camp faire sortir une détenue féminine d'une pièce ou d'une

4 salle pour l'emmener dans une autre pièce ou dans un autre secteur.

5 Réponse: Non, non, je n'ai jamais eu l'occasion de voir ça.

6 Question: Monsieur le Président, à ce stade, je n'ai pas d'autres

7 questions. Merci.

8 M. le Président: Maître Simic, questions supplémentaires?

9 M. K. Simic (interprétation): Une seule question, Monsieur le Président.

10 (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, Mme Nada Markovska,

11 par Me K. Simic.)

12 M. K. Simic (interprétation): Madame Markovska, une quelconque personne

13 chargée de la sécurité vous a-t-elle jamais donné l'ordre de taper quelque

14 chose la machine?

15 Mme Markovska (interprétation): Non.

16 M. K. Simic (interprétation): Merci. Je n'ai pas d'autres questions.

17 M. le Président: Merci, Maître Krstan Simic.

18 Monsieur le Juge Riad, s'il vous plaît. Nous allons essayer de terminer ce

19 témoin aujourd'hui.

20 (Questions au témoin, Mme Nada Markovska, par M. le Juge Riad.)

21 M. Riad (interprétation): Madame Markovska bonjour. Vous m'entendez?

22 Mme Markovska (interprétation): Bonjour. Je vous entends, merci.

23 Question: Je vous demanderai simplement quelques éclaircissements. Vous

24 avez indiqué qu'à un certain moment vous entendiez fréquemment des

25 gémissements, des cris, que c'était au début, et qu'ensuite, cela a

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1 diminué au point de pratiquement disparaître.

2 Avez-vous une idée de l'identité de celui qui était responsable du camp

3 dans la première période et ensuite dans la deuxième période, puisque vous

4 avez établi une distinction très nette entre ces deux périodes?

5 Réponse: Il n'y a pas de principal et de secondaire, là. Mais ce que je

6 veux dire, c'est que c'était au début.

7 Question: Il n'y avait pas de commandant du camp?

8 Réponse: Non.

9 Question: Comment il n'y en avait pas?

10 Réponse: J'ai expliqué qu'il y avait le commandant du département du poste

11 de police et des policiers de réserve et d'active. Il n'y avait pas de

12 commandant.

13 Question: Très bien. Mais quel que soit le nom que vous donniez à ces

14 hommes, vous avez parlé de policiers d'active?

15 Réponse: Oui.

16 Question: Donc à l'époque où vous entendiez beaucoup de gémissements et de

17 cris, je vous demande qui étaient les policiers d'active qui étaient de

18 service? Et qui étaient ensuite les policiers d'active de service lorsque

19 les cris et les gémissements ont diminué?

20 Réponse: C'étaient les mêmes au début et à la fin, à part Kvocka qui est

21 parti avant la fin.

22 Question: Et M. Prcac était-il là seulement au début?

23 Réponse: Non, non.

24 Question: Non quoi? Etait-il là au début dans la première période ou aussi

25 dans la deuxième?

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1 Réponse: Dans la deuxième, à partir de la mi-juillet ou même plus tard, je

2 ne me rappelle pas exactement, je ne sais pas.

3 Question: Et dans cette période, vous dites qu'on n'entendait pratiquement

4 plus aucun gémissement, plus aucun cri?

5 Réponse: Il n'y en n'avait pas.

6 Question: Il n'y en n'avait pas. Mais dans la première période vous dites

7 qu'il y en avait?

8 Réponse: Oui.

9 Question: Bien. Vous dites que MM. Prcac et Kvocka venaient assez souvent

10 dans la pièce où vous tapiez à la machine, avec d'autres représentants de

11 l'administration?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Est-ce une habitude courante? Est-il normal que n'importe qui

14 entre dans votre pièce? Est-ce que les gardiens rentraient dans votre

15 pièce, ou bien, seules certaines personnes pouvaient-elles le faire?

16 Réponse: Eh bien, je ne sais pas exactement mais il y avait aussi des

17 réservistes qui venaient. Qu'est-ce qu'ils faisaient dans cette pièce? Je

18 ne sais pas. Moi, quand je tape à la machine, je ne prête pas attention

19 aux raisons pour lesquelles ils entrent. Ils entrent, ils sortent, moi, je

20 suis concentré sur ce que je fais. Maintenant, pour quelle raison ils

21 pénétraient dans la pièce, je ne sais pas.

22 Question: Vous avez dit que M. Prcac restait plus longtemps que M. Kvocka.

23 Il y faisait donc quelque chose?

24 Réponse: Oui.

25 Question: Qui faisait-il?

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1 Réponse: Il était assis là-bas à son bureau, il avait des papiers, je ne

2 sais pas ce qu'il faisait.

3 Question: Bien. Avez-vous jamais assisté en tant que dactylo à des

4 interrogatoires pour taper le rapport?

5 Réponse: Non, je ne le faisais que dans la pièce où je travaillais. Mais

6 je n'étais pas présente directement avec les inspecteurs quand ils

7 interrogeaient. Les inspecteurs venaient m'apporter leurs notes ou me

8 dictaient leur rapport.

9 Question: Merci Madame Markovski.

10 M. le Président: Merci Monsieur le Juge Riad.

11 Madame la Juge Wald?

12 (Questions au témoin, Mme Nada Markovska, par Mme la Juge Wald.)

13 Mme Wald (interprétation): Madame, j'ai simplement quelques questions à

14 vous poser: ces déclarations que vous tapiez, quand l'enquêteur vous

15 apportait le texte, ce texte avait-il la forme d'un rapport? En d'autres

16 termes, est-ce que l'enquêteur avait écrit un résumé de ce qui s'était dit

17 ou bien le texte se présentait-il sous la forme de question et réponse, et

18 pas sous la forme d'un rapport établi par l'enquêteur au sujet de ce qui

19 lui avait été dit?

20 Témoin: Il y avait les deux, certains écrivaient des questions et des

21 réponses, et les autres écrivaient une synthèse, un texte. Il y avait des

22 questions et des réponses, et l'enquêteur écrivait un rapport.

23 Question: Très bien. Ma deuxième question est la suivante: l'un quelconque

24 des détenus a-t-il jamais signé ces rapports? Parce que souvent lorsqu'une

25 personne est interrogée par la police, on montre sa déposition à la

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1 personne à la fin et la personne la signe.

2 Mais à votre connaissance, ces déclarations ont-elles jamais été signées

3 par le détenu qui faisait l'objet de l'interrogatoire?

4 Réponse: Je ne sais pas ce qu'ils faisaient lorsqu'ils venaient chercher

5 le texte une fois que je l'avais tapé à la machine. Qu'est-ce qu'ils en

6 faisaient après, je ne le sais pas et je n'avais pas le moyen de le

7 savoir.

8 Question: C'était l'objet de ma question suivante, mais je vais tout de

9 même la poser pour être sûre d'avoir bien obtenu une réponse complète.

10 Lorsque vous finissiez la dactylographie d'un rapport, vous rendiez ce

11 rapport à l'enquêteur qui vous l'avait apporté au départ?

12 Réponse: Oui oui oui.

13 Question: On ne vous demandait jamais d'envoyer une copie de ce texte à

14 une autre personne ou de l'envoyer par courrier? Vous vous contentiez de

15 rendre le texte à l'enquêteur, qui lui en faisait quelque chose, mais vous

16 ne savez pas quoi, c'est bien cela?

17 Réponse: Non, l'enquêteur venait donc me voir ou quelqu'un d'autre, il

18 emportait le texte et je ne sais pas ce qu'il en faisait ensuite. Je

19 n'étais pas au courant.

20 Question: Donc vous n'avez jamais eu besoin d'envoyer par courrier un

21 rapport à une autre personne?

22 Réponse: Non non non absolument pas. Il ne manquerait plus que cela.

23 Question: Combien d'interrogatoires avaient lieu, à peu près, à votre

24 avis, chaque jour de travail? Autrement dit, lorsque vous-même et vos

25 collègues tapiez ces rapports à la machine, vous en tapiez combien par

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1 jour?

2 Réponse: Eh bien, je ne sais pas combien, combien il y avait d'enquêteurs,

3 une vingtaine peut-être; 20+20= 40, parce qu'ils pouvaient interroger deux

4 personnes à peu près.

5 Question: Vous nous avez dit, je vous cite, que "vous aviez beaucoup de

6 travail, que vous étiez très occupée"?

7 Réponse: Oui oui oui.

8 Question: Donc en une journée de travail, était-il vraisemblable qu'à vous

9 toute seule vous receviez la consigne de taper 20 rapports de ce genre?

10 Réponse: Oui oui, quelquefois même davantage.

11 Question: Même davantage! Et cela a duré jusqu'à la fin de la période où

12 vous avez travaillé à cet endroit?

13 Réponse: Eh bien, au début, c'était vraiment trop pénible, et vers la fin

14 quand j'ai demandé à être remplacée, il y en avait moins.

15 Question: Il y en avait moins.

16 Réponse: Oui.

17 Question: Très bien. J'arrive à ma dernière question: vous avez dit que

18 quand dans la pièce il y avait un téléphone et une espèce de radio, enfin

19 un système de communication, de transmission.

20 Y avait-il quelqu'un qui gérait ces transmissions radio pendant une partie

21 du temps ou pendant tout le temps que vous avez passé à cet endroit?

22 Autrement dit, y avait-il un gardien, un policier ou quelqu'un d'autre qui

23 s'occupait de cet émetteur-récepteur pendant tout le temps où vous étiez

24 présente ou même seulement pendant une partie du temps où vous étiez

25 présente?

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1 Réponse: Miroslav Kvocka, lorsqu'il était là, et si quelqu'un appelait,

2 c'est lui qui répondait. On nous a dit que ce poste était relié au poste

3 de police d'Omarska. Et l'autre appareil, c'était un téléphone qui était

4 un téléphone interne.

5 Question: Donc quelquefois, lorsque vous, la dactylographe, vous étiez

6 dans la pièce et qu'il n'y avait personne d'autre, quand quelqu'un

7 appelait, vous avez dit que M. Radic parfois pénétrait dans la pièce, mais

8 qu'il n'est pas resté dans cette pièce aussi longtemps que M. Prcac, alors

9 arrivait-il parfois ou souvent ou rarement à M. Radic de faire quelque

10 chose avec cette radio ou ce téléphone?

11 Réponse: Je crois qu'il pouvait l'utiliser, mais à quelle fréquence, je ne

12 sais pas. Vraisemblablement, il fallait que quelqu'un…

13 Question: Vous nous avez dit qu'il lui arrivait de venir mais j'ai pris

14 des notes selon lesquelles vous avez dit qu'il ne restait pas longtemps;

15 donc je suppose qu'il pouvait l'utiliser une fois qu'il pénétrait dans la

16 pièce mais qu'il ne restait pas longtemps. Donc il n'utilisait pas cet

17 appareil tout le temps. On peut dire cela?

18 Réponse: Oui, oui. Il avait sans doute un autre lieu de travail.

19 (Questions au témoin, Mme Nada Markovska, par M. le Président.)

20 M. le Président: Merci beaucoup, Madame la Juge Wald.

21 Témoin, j'ai quelques questions; aussi mais je vais essayer d'être rapide.

22 J'ai vu toujours dans le compte rendu "Markovska": est-ce Markovska ou

23 Markovski?

24 Mme Markovska (interprétation): C'est Markovski. Mais, en Macédoine, on

25 dirait Markovska; seulement, comme j'habite là où j'habite, ils ont

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1 adapté: Markovski.

2 M. le Président: Très bien. Merci.

3 Encore une question: je crois avoir entendu que Me Simic vous a posé une

4 question plus ou moins comme ceci: "Vous avez travaillé beaucoup de temps

5 dans la police: est-ce qu'il y a un commandant adjoint dans un département

6 de police?"

7 Vous vous rappelez quelle a été votre réponse?

8 Réponse: Non.

9 Question: Mais je vous demande: dans un département de police, est-ce

10 qu'il y a un adjoint du commandant?

11 Réponse: Non. Je ne crois pas qu'il en existe. Non, un département… Le

12 département d'Omarska avait son poste de police à Prijedor, vous voyez. Et

13 alors, c'est quelque chose de différent. Moi, je ne connais pas

14 l'organigramme; je le connais mieux pour mon service d'enquêtes

15 criminelles.

16 Question: Très bien, mais le département de police d'Omarska avait-il

17 quelqu'un qui pouvait remplacer le commandant?

18 Réponse: Je pense. Enfin, je ne sais pas.

19 Question: Je crois que vous avez dit que le commandant du camp, c'était

20 Zeljko Mejakic. C'est vrai?

21 Réponse: Non. Non: du département, du département.

22 Question: Pardon, je vous demande: qui était le commandant du centre

23 d'Omarska?

24 Réponse: Le commandant? Il n'y en n'avait pas.

25 Question: Qui était le responsable du centre d'Omarska?

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1 Réponse: Sans doute celui qui nous y a envoyés. C'est Simo Drljaca qui

2 nous y a envoyés.

3 Question: Et donc, je pose la question… Allez-y.

4 Réponse: Nous avions tous une tâche précise à remplir quand nous avons été

5 envoyés là-bas. Et celui qui nous a envoyés là-bas est responsable de tout

6 cela.

7 Question: Qui donnait des ordres dans le camp d'Omarska?

8 Réponse: Il n'y avait pas d'ordres.

9 Question: Personne ne donnait d'ordre?

10 Réponse: Non, chacun savait ce qu'il avait à faire. Il n'y a pas de

11 dirigeant puisque nous savions tous ce qu'il y avait à faire. Qui va me

12 donner des ordres? Je viens travailler et je sais quel travail je dois

13 faire. Personne n'a à me donner d'ordre.

14 Question: Personne ne dirigeait le camp d'Omarska: c'est ce que vous nous

15 dites?

16 Réponse: Mais c'était pas un camp, c'était un centre d'enquêtes. Donc il

17 n'y avait ni commandant ni personne qui donnait des ordres.

18 Question: Combien de personnes existaient dans ce centre d'enquêtes?

19 Réponse: Je ne sais pas combien, mais il y en avait beaucoup.

20 Question: Dix?

21 Réponse: Plus.

22 Question: Mille?

23 Réponse: Plus de mille ou de deux mille.

24 Question: Deux mille?

25 Réponse: Oui.

Page 7801

1 Question: Et toutes étaient là en entendant une opportunité d'être

2 enquêtées? C'est ça?

3 Réponse: Oui.

4 Question: D'accord. Dites-nous une autre chose: est-ce que vous avez

5 jamais subi des menaces pour avoir aidé des personnes musulmanes qui

6 étaient dans le camp d'Omarska ou dans le centre d'enquête d'Omarska,

7 excusez-moi?

8 Réponse: Non.

9 Question: Est-ce qu'au-delà du téléphone et d'un poste radio dans votre

10 bureau, y avait-il d'autres moyens de communication?

11 Réponse: Non. Non, il n'y en n'avait pas.

12 Question: D'accord, très bien.

13 Donc, Madame Markovski ou Markovska -cela dépend de l'accent-, vous venez

14 de terminer.

15 Ah, mais j'ai oublié de laisser l'opportunité de parole à Me Fila et à Me

16 Jovan Simic, une fois que les accusés, MM. Radic et Prcac, ont été

17 mentionnés dans le contre-interrogatoire du Procureur.

18 Maître Fila, avez-vous des questions?

19 M. Fila (interprétation): Non, Monsieur le Président. J'ai prêté, donné

20 mon temps à Me Krstan Simic:

21 M. le Président: Maître Jovan Simic?

22 M. J. Simic (interprétation): Nous n'avons pas non plus de question,

23 Monsieur le Président.

24 M. le Président: Vous n'avez pas raison de demander des questions

25 maintenant. Allez-y.

Page 7802

1 M. K. Simic (interprétation): Non. Monsieur le Président, dans le cadre de

2 la pratique qui est la mienne, je souhaite dire que la déclaration de Mme

3 Markovic fait l'objet d'un affidavit recueilli par Rade Knezevic, un

4 enquêteur. C'est tout ce que je voulais dire. Merci.

5 M. le Président: Merci beaucoup. Pour terminer, Madame Markovski,

6 seulement un question: vous avez répondu à ma collègue, Mme la Juge Wald,

7 que l'on pouvait trouver les rapports dans les deux formes: un discours

8 indirect et questions et réponses?

9 Réponse: Oui, oui.

10 Question: Est-ce que vous pouvez nous dire s'il y avait des enquêteurs qui

11 utilisaient une forme et d'autres une autre ou c'était quelque chose qui

12 existait par hasard?

13 Réponse: Cela dépendait de l'enquêteur, ce qu'il trouvait plus facile -je

14 pense, je n'en sais rien. Je n'ai pas parlé avec eux, mais je sais qu'il y

15 avait cette différence.

16 Question: Aviez-vous la possibilité d'identifier l'enquêteur qui avait

17 rédigé, qui avait signé le rapport?

18 Réponse: Moi, je suis habituée à reconnaître différentes écritures mais il

19 n'y avait pas de signature en bas.

20 Question: Oui, mais c'est certainement pour cela que je pose la question.

21 Vous reconnaissiez les écritures. Donc est-ce qu'il y avait des

22 enquêteurs...

23 Réponse: Non, non, ce n'est pas que je reconnaissais mais je suis

24 habituée, je peux lire plusieurs écritures, mais il n'y avait pas de

25 signature en bas. Est-ce qu'après ils signaient, je ne sais pas.

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1 Question: Très bien.

2 Maintenant vous allez vraiment finir votre interrogatoire. Nous

3 travaillons depuis moins d'une heure et demie, nous avons commencé plus ou

4 moins à 2 heures, il est 3 heures 25. Nous avons fait une bonne période de

5 travail.

6 Nous vous remercions beaucoup d'être venue ici et nous vous souhaitons un

7 bon retour à votre lieu de résidence. Je vais demander à M. l'huissier de

8 vous raccompagner. Merci beaucoup.

9 Réponse: Merci à vous également.

10 (Le témoin, Mme Nada Markovska, est reconduit hors du prétoire.)

11 M. le Président: Avant de fermer l'audience, j'aimerais demander des

12 excuses pour les petits dérangements du début de ce soir. Il est vrai que

13 M. le Juge Riad m'a dit qu'il avait eu un petit dérangement médical. Nous ne

14 savions pas quand même où était le Juge Riad. Il a eu la diligence et

15 l'obligeance de venir ici. Nous le remercions beaucoup. Nous sommes très

16 heureux de l'avoir avec nous.

17 Pour aujourd'hui, nous allons finir. Demain, à 9 heures 20, nous serons

18 là.

19 (L'audience est levée à 15 heures 27.)

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