Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   (Jeudi 15 février 2001.)

  2   (Audience publique.)

  3   (L'audience est ouverte à 9 heures 23.)

  4   (Les accusés sont introduits dans le prétoire.)

  5   M. le Président: Bonjour veuillez vous asseoir s'il vous plaît. Bonjour

  6   cabine technique, bonjour interprètes.

  7   Interprète: Bonjour Monsieur le Président.

  8   M. le Président: Bonjour personnel du Greffe, bonjour conseil de

  9   l'accusation et de la défense, bonjour Monsieur Kvocka.

 10   Nous allons continuer.

 11   M.Kvocka (interprétation): Bonjour.

 12   M. le Président: Je vous rappelle que vous continuez sous serment, je ne

 13   vais pas expliquer ce que cela signifie, vous le savez. Je vais donner la

 14   parole à Mme Somers. C'est à vous, Madame Somers.

 15   (Suite du contre-interrogatoire du témoin, M. Miroslav Kvocka, par Mme

 16   Somers.)

 17   Mme Somers (interprétation): Monsieur Kvocka, quand est-ce que vous avez

 18   vu M. Zeljko Mejakic pour la dernière fois?

 19   M. Kvocka (interprétation): Je l'ai vu au cours de l'année 1992, peut-être

 20   une ou deux fois, éventuellement en 1993 une ou deux fois. Somme toute, je

 21   l'ai vu fort rarement au cours et au fil de ces années jusqu'à mon

 22   arrestation. Pendant toutes ces années, je ne l'ai vu que plusieurs fois.

 23   Question: L'avez-vous rencontré en 1995 ou 1996?

 24   Réponse: C'est possible. Il se peut que nous nous soyons vus en passant et

 25   que nous soyons dit bonjour, mais je ne peux pas vous préciser, je ne peux


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  1   pas vous l'affirmer comme étant une chose sûre. Je ne m'en souviens pas.

  2   Question: L'avez-vous revu après ou au cours de la période suite aux Actes

  3   d'accusation contre tous les deux?

  4   Réponse: Non.

  5   Question: Savez-vous où il se trouve aujourd'hui?

  6   Réponse: Non. Je sais qu'il a un appartement en propriété sociale à

  7   Omarska, c'est ce que j'ai appris, mais en 1992 il n'habitait pas dans cet

  8   appartement. Par la suite, j'ai appris qu'il avait obtenu cet appartement.

  9   Question: En page 4 de votre interview, de l'interview où l'on parle de

 10   Christopher Bennet, c'est la pièce à conviction 3/201, avez-vous retrouvé

 11   cette page, Monsieur Kvocka? Avez-vous une copie dans votre langue?

 12   Réponse: Non, je n'ai pas l'exemplaire, je voulais le garder en souvenir

 13   mais le personnel du Greffe l'a repris!

 14   Question: Je suis certaine que l'on vous confiera maintenant un

 15   exemplaire.

 16   Je vous prie de retrouver la partie où on vous demande: "Pourquoi avez-

 17   vous quitté Omarska?" Cela se trouve en page 4 de la version anglaise. Je

 18   vous demande de me faire savoir si vous avez retrouvé le passage, là où on

 19   vous pose la question "Pourquoi avez-vous quitté Omarska en juin?"

 20   (Signe affirmatif du témoin.)

 21   Merci. On vous a donc demandé:

 22   "Question: Pourquoi avez-vous quitté Omarska en juin?

 23   Réponse: comme je l'ai dit, j'ai été désigné là-bas et d'autres personnes

 24   devaient être transférées ailleurs, et la formulation utilisée dans la

 25   police est la suivante: "Transférées en conformité avec les besoins du


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  1   service.

  2   Puis vient la question: Avez-vous été relevé de vos fonctions parce que

  3   vous vous étiez plaint de ce qui se passait à Omarska?

  4   Votre réponse: Laissez-moi vous dire, je ne m'étais plaint à qui que ce

  5   soit de façon concrète. Si tant est que j'étais présent lors de certains

  6   incidents, j'avais pour habitude d'intervenir et de demander une enquête

  7   régulière, normale.

  8   Question: Est-ce que vous pensez que c'est la raison de votre révocation?

  9   Réponse: C'est possible, je ne sais pas. Je n'ai jamais cherché à savoir,

 10   mais je crois qu'ils m'ont rendu un grand service".

 11   (Fin de citation.)

 12   Réponse: Il y a pas mal d'imprécisions ici, les formulations sont autres.

 13   On dit ici: "Pourquoi avez-vous quitté Omarska?" et puis j'ai répondu par

 14   une réponse qui n'est pas logique de la même façon dont j'ai été désigné.

 15   Je ne sais ce que cela a donné en traduction mais cela n'est pas là

 16   l'essentiel.

 17   Je crois qu'en substance on comprend. La question avait dû être posée dans

 18   le sens suivant: "comment avez-vous quitté Omarska?" Alors j'ai dû

 19   répondre de la même façon que j'ai été désigné là-bas. Quand on m'a

 20   demandé comment j'étais parti, eh bien, j'entendais par là que le

 21   supérieur qui m'avait désigné là pouvait fort bien dire "eh bien, tu n'as

 22   plus à travailler là-bas". Nos supérieurs n'ont pas l'obligation expliquer

 23   dans les détails, il leur suffit de dire que "pour les besoins du service,

 24   vous allez être assignés à un autre site, non pas un autre poste de

 25   travail, mais un autre site".


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  1   Il y a peut-être quelques imprécisions, c'est la raison pour laquelle j'ai

  2   dû intervenir. Comme quand je dis ici que je ne m'étais pas plaint de

  3   façon particulière à qui que ce soit parce que j'explique que mon principe

  4   avait été de ne pas demander des explications particulières. Si je reçois

  5   un ordre disant: "Tu dois faire ceci et cela", je n'ai pas à demander

  6   d'explication pour savoir pourquoi. C'est la signification de mes dires,

  7   mais en substance c'est cela.

  8   Question: Donc la substance a été la suivante: il s'agissait d'un

  9   transfert administratif et non pas d'un transfert qui pourrait être

 10   interprété comme une sanction. C'est dans ce sens-là que cela abonde?

 11   Réponse: Oui, on pourrait dire cela dans ce sens. Le supérieur a dit:

 12   "Vous allez travailler là-bas".

 13   Maintenant de là à savoir s'il y a une différence à faire entre les

 14   raisons administratives ou non administratives, c'était un ordre de mon

 15   supérieur. Que les raisons soient administratives ou non, je ne le sais

 16   pas.

 17   J'ai dû me conformer à ses ordres, et je ne voulais pas me renseigner sur

 18   les raisons, sur les motifs. Si je m'étais renseigné à ce sujet, je me

 19   demande quelle pourrait être la réponse. On aurait très bien pu me dire

 20   "mais pourquoi veux-tu le savoir, c'est à nous de déterminer où vous allez

 21   travailler".

 22   Question: Tukovi, vous avez dit dans votre témoignage qu'il s'agissait

 23   d'un petit poste de réserve. Afin que nous ayons une idée claire de ce que

 24   constitue un poste de réserve, je voudrais demander à M. l'huissier de

 25   distribuer le document qui porte la cote 3/209. Il s'agit d'un document


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  1   émanant de toute une série de documents en provenance de Prijedor et

  2   compte tenu du souhait de la Chambre concernant l'authenticité des

  3   documents, je m'attends à ce que la personne qui a fait l'enquête revienne

  4   à La Haye et je lui demanderai de nous présenter un résumé concernant les

  5   lieux, les sites où des documents ont eu lieu.

  6   (L'huissier s'exécute.)

  7   Monsieur Kvocka, voyez-vous devant vous un document qui porte l'intitulé

  8   "reçu" concernant les déclarations ou les actes d'allégeance? Je voudrais

  9   savoir si c'est là une liste des postes de police sous l'abréviation RSM,

 10   et vous avez là dix postes: il y a Prijedor 1, Prijedor 2, puis en

 11   troisième position RSM Omarska, puis RSM Lamovita, puis cinquièmement RSM

 12   Rakezici, sixièmement RSM Gomjenica, septièmement, RSM Brezicani,

 13   huitièmement RSM Cikote, neuvièmement RSM Tukovi et dixièmement RSM

 14   Rasavci. Vous êtes bien d'accord avec moi pour dire qu'il s'agit de postes

 15   de police de réserve? Est-ce exact?

 16   Réponse: C'est ce qui est écrit.

 17   Question: Fort bien. Et quoi que la colonne afférente au nombre des

 18   effectifs diffère, nous sommes bien d'accord pour dire qu'il s'agit de

 19   postes de police de réserve, c'est ce qu'ils ont en commun.

 20   Je voudrais vous poser des questions maintenant portant sur les

 21   différences: pouvez-vous me dire ce que vous savez sur le nettoyage, le

 22   ratissage de la zone appelée Brdo?

 23   Réponse: Oui, cette notion ne m'est pas inconnue.

 24   Question: Et quelles sont les municipalités qui sont concernées par Brdo?

 25   Réponse: Non, Brdo appartient à une municipalité, celle de Prijedor pour


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  1   autant que je le sache.

  2   Question: Oui, excusez-moi, oui. Je vais me reprendre, j'avais pensé au

  3   village, je suis désolé.

  4   Réponse: Eh bien, plusieurs village en font partie. J'en connais peut-être

  5   quelques-uns mais comme c'est un secteur où je ne me suis pas beaucoup

  6   déplacé, ou plutôt où je ne me suis jamais déplacé, exception faite d'une

  7   période en 77 et 78 lorsque j'ai effectué des patrouilles là-bas et

  8   c'était au tout début de ma carrière de policier, il y avait des villages

  9   tels que Biscani, Rizvanovici, Zecovi, Rasavci.

 10   Question: Et Carakovo?

 11   Réponse: Oui, et Carakovo.

 12   Question: Et Hambarine?

 13   Réponse: Oui, il y avait aussi Hambarine.

 14   Question: Hambarine, c'était le site du point de contrôle au mois de mai,

 15   c'est là qu'a eu lieu l'incident au point de contrôle.

 16   Réponse: Oui, j'ai entendu parler de cet incident.

 17   Question: Il s'agissait en fait de la dernière place forte, si je puis

 18   dire, concernant la population musulmane, où celle-ci n'a pas été nettoyée

 19   au moment où vous avez été transféré à Tukovi et il y avait encore des

 20   Musulmans dans ces villages, n'est-ce pas?

 21   Réponse: Je ne serais pas tout à fait d'accord. Plusieurs activités ont

 22   précédé cela. Il y a eu des incidents le 20 mai à Hambarine, après

 23   l'opération de Hambarine, Biscani, Rasvci, et je crois que par la suite,

 24   ces opérations ont ensuite eu lieu. Pour ce qui est de Rasvci et Biscani,

 25   et c'étaient des localités plutôt serbes alors qu'à Biscani, la population


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  1   était mixte. C'est ce que dont je me souviens des années 77/78.

  2   Question: Mais ne seriez-vous pas d'accord pour dire que le 23-24 juillet

  3   92, certains villages, y compris Carakovo, ont été nettoyés? On a nettoyé

  4   la population musulmane qui s'y trouvait et on l'a fait en tuant des gens

  5   ou en les transférant vers des camps. Vous le saviez, vous vous trouviez à

  6   Tukovi à l'époque. Est-ce que vous vous en souvenez?

  7   Réponse: La seule chose dont je me souviens, c'est que la Croix-Rouge,

  8   partant d'un stade dont la construction n'était pas achevé, a procédé au

  9   transfert d'un certain nombre de personnes et ce, en direction de Travnik

 10   ou je ne sais pas exactement quelle ville. C'est une chose qui était

 11   notoirement connue pour ce qui est de Tukovi.

 12   Question: Vous avez travaillé...

 13   Réponse: Et je me souviens qu'un peloton d'intervention avait déployé des

 14   activités à ce sujet. Un peloton d'intervention. Alors maintenant, de là à

 15   savoir à qui appartenait de façon organisationnelle ce peloton, il m'est

 16   difficile de le dire. Je pense qu'il devait appartenir au poste de

 17   sécurité publique de Prijedor. Je ne pense pas qu'il ait fait partie du

 18   poste de police.

 19   Question: Vous êtes en train de parler d'un peloton d'intervention serbe.

 20   Réponse: Oui.

 21   Question: Donc c'était un peloton d'intervention mis en place par des

 22   institutions serbes?

 23   Réponse: Oui.

 24   Question: Vous travailliez de façon régulière, vous aviez des horaires

 25   normaux, vous étiez policier actif à Tukovi, si j'ai bien compris, à


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  1   l'époque?

  2   Réponse: A l'époque où la Croix-Rouge a organisé ces activités, j'étais à

  3   Tukovi.

  4   Question: Et à quelle date ont eu lieu ces activités avec la Croix-Rouge?

  5   Réponse: Je ne sais pas exactement, je crois que c'était quelque part en

  6   juillet. Il se peut que cela ait eu lieu sept, huit, dix, voire quinze

  7   jours après mon arrivée mais il m'est très difficile d'être plus précis.

  8   Question: Il s'agissait de la Croix-Rouge locale, ce n'était pas la Croix-

  9   Rouge Internationale, si je vous ai bien compris?

 10   Réponse: Oui, celle de Prijedor. Et à l'époque, nous n'avions pas eu

 11   l'opportunité de voir où que ce soit des membres de la Croix-Rouge

 12   internationale.

 13   Question: A quelle date êtes-vous venu travailler au poste de police de

 14   Tukovi?

 15   Réponse: D'après les documents qui m'ont été accessibles, ici lors de la

 16   présentation de vos éléments de preuve et des nôtres, je puis affirmer

 17   qu'il s'agissait du 1er juillet et je dois vous dire que jusque là, je ne

 18   pouvais pas être aussi précis. Il se pouvait aussi que ce soit un jour

 19   avant ou un jour après.

 20   Par la suite, quand j'ai repassé le film dans ma mémoire, je suis devenu

 21   certain que cela s'est fait le 1er juillet.

 22   Question: Je demanderai maintenant à M. l'huissier de bien vouloir

 23   distribuer la pièce à conviction de l'accusation 3/189.

 24   (L'huissier s'exécute.)

 25   Monsieur Kvocka, le document qui se trouve sous vos yeux, Monsieur le


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  1   Président, Madame et Monsieur les Juges, il s'agit également d'un document

  2   saisi à Prijedor, eh bien ce document qui émane du poste de sécurité

  3   publique de Prijedor, concerne le salaire et le personnel, daté du 29 juin

  4   1992. Il y figure des noms des membres de la police, on voit M. Jankovic,

  5   M. Brane Bolta, et je suis en train de chercher votre nom sur cette liste.

  6   Je m'excuse auprès de la Chambre, je demande juste un petit instant.

  7   Il s'agit de la page, on voit un n°1 au bas de la page, mais au coin droit

  8   en haut, il y a un n°01907797 et vous êtes le numéro 1 sur cette liste, et

  9   je m'excuse si je parle trop vite Monsieur Kvocka.

 10   Donc au coin supérieur, nous avons peut-être un autre numéro, mais vous

 11   voyez bien que...

 12   Réponse: Oui oui, j'ai trouvé.

 13   Question: Il y a d'autres renseignements que je ne connais pas, mais je

 14   voulais juste confirmer les horaires concernant ce mois de juillet 1992.

 15   Vous avez 184 heures de travail et Zeljko Mejakic, Ljuban Grahovac, Mlado

 16   Radic, Milutin Bujic ont le même nombre d'heures. Il y a donc un nombre

 17   standardisé d'heures de travail pour ce mois de juin? C'est ce qui

 18   constitue un horaire de travail complet pour le mois de juin, vous êtes

 19   d'accord?

 20   Réponse: Oui, oui c'est à peu près 182 ou 184 heures que nous avions le

 21   droit de travailler de par la loi. Mais la loi permettait aussi de faire

 22   quelques heures de plus, mais on ne les payait pas, on ne les rémunérait

 23   pas, les heures supplémentaires n'étaient pas rémunérées dans la police.

 24   Question: Indépendamment de cela, tous ceux qui ont travaillé à ces

 25   postes-là ont effectué 184 heures, et vous étiez parmi ces gens-là, n'est-


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  1   ce pas?

  2   Réponse: Oui.

  3   Question: Il n'y a pas d'indication pour ce qui est de congés éventuels,

  4   ce nombre d'heures est le nombre d'heures de travail réel? Il s'agit donc

  5   du nombre d'heures qui ont été effectuées?

  6   Réponse: Eh bien, laissez-moi vous dire que si quelqu'un avait reçu une

  7   journée libre de la part de son supérieur, on ne réduisait pas le nombre

  8   d'heures de travail.

  9   Par exemple, vous avez une course privée à effectuer, la pratique était de

 10   demander au commandant si vous pouviez avoir une journée libre et il vous

 11   l'accordait, mais cela ne se reflétait pas sur une diminution du salaire.

 12   Le commandant avait donc le droit de vous accorder une journée libre sans

 13   pour autant déduire cela de vos heures de travail; ces heures de travail

 14   étaient reconnues.

 15   Et je précise qu'il se pouvait que parfois que vous ayez à travailler

 16   plusieurs heures de plus, et dans ce cas-là on ne fait pas figurer cela

 17   sur les horaires effectués au bout du mois.

 18   Question: Mais ces heures de travail, 184 heures, cela traduit le nombre

 19   d'heures que vous effectuez en équipe de 12 heures, et si l'on multiplie

 20   cela par le nombre de journées ouvrables -je ne sais pas quelle est la

 21   formule mathématique qui est à appliquer-, mais cela représente le total

 22   des heures que vous avez effectuées au cours de vos équipes?

 23   Réponse: Oui. Je dois vous clarifier quand même la chose. Il s'agit d'un

 24   rapport qui est destiné au service de comptabilité pour que celui-ci

 25   puisse vous verser un salaire complet. Et c'est la raison pour laquelle


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  1   vous voyez pour tous les employés le même nombre d'heures de travail.

  2   Mais je suis certain que dans la réalité ces employés ont des heures de

  3   travail effectives variées. Et le vrai, le véritable nombre d'heures de

  4   travail effectué peut être vu sur d'autres fichiers, mais pas sur ce type

  5   de document. Parce que ce type de document est destiné à la comptabilité

  6   et le commandant précise le même nombre d'heures, il ne met pas plus que

  7   184 heures parce que cela n'avantage personne que d'avoir plus d'heures

  8   marquées ici, et il n'indique pas les journées libres.

  9   Par contre, s'il y a eu des congés maladie supérieurs à une durée de 7

 10   jours, cette liste reflèterait une diminution du nombre d'heures de

 11   travail effectuées. Ceci est un rapport comptable pour le décompte des

 12   salaires, et le commandant présente, pour chacun des employés, le fait

 13   qu'il a accompli ces heures prévues sans tenir compte des deux ou trois

 14   journées de libre qu'il lui aurait accordées. Mais il ne précise pas non

 15   plus si un particulier a fait plus de 184 heures parce que cela ne sert à

 16   rien, cela n'augmentera pas le salaire pour des heures supplémentaires

 17   éventuellement effectuées.

 18   Question: Monsieur Kvocka, je sais que sur des pages précédentes avant que

 19   d'arriver à votre propre nom, par exemple à la page 4, j'ai remarqué que

 20   M. Milorad Macura a 92 heures et non pas 184 heures. Son nom se trouve à

 21   deux emplacements en dessous du nom de Brane Cvijic, c'est la personne qui

 22   avait arrêté Fikret Kadiric.

 23   On voit donc que, sur ces pages, il y a quand même des différences: tout

 24   le monde n'a pas 184 heures. Il y a peut-être une raison secrète qui nous

 25   échappe concernant ce fichier, mais tout le monde n'a pas le même nombre


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  1   d'heures?

  2   Réponse: C'est précisément ce que je venais de vous dire. Macura a

  3   probablement dû faire la moitié du mois et l'autre moitié il a dû la

  4   passer soit en congés maladie soit en congés annuels. C'est la raison pour

  5   laquelle il n'a que 92 heures, donc on a enregistré sur sa fiche la moitié

  6   de l'horaire normal. Parce que s'il a été en congés maladie, c'est

  7   quelqu'un d'autre qui compense le reste du salaire, par exemple la

  8   Sécurité sociale.

  9   Là, on constate une diminution radicale du nombre des heures de travail,

 10   donc elle est consignée dans les registres. Tandis que ce dont je parlais

 11   tout à l'heure, c'était une différence de 10 à 15 heures en plus ou en

 12   moins, et je parle en m'appuyant sur mon expérience personnelle en tout

 13   cas, peut-être y avait-il quelque part des commandants qui étaient plus

 14   précis et qui consignaient des...

 15   Mais en tout cas si un commandant a décidé de donner un jour de permission

 16   à quelqu'un, il va lui reconnaître ce congé, il va accepter ce congé, mais

 17   si quelqu'un, si un homme ne vient pas au travail parce qu'il n'a pas

 18   envie d'aller au travail, donc de sa propre initiative, dans ce cas-là, le

 19   nombre d'heures qu'il n'a pas travaillé va être déduit de ses heures de

 20   travail.

 21   Question:  Donc vous êtes en train de nous dire que travailler 45 heures

 22   de moins que ce qui est prévu, vous permet tout de même d'avoir votre nom

 23   dans la liste de ceux qui ont travaillé à plein temps.

 24   Est-ce bien ce que vous nous dites? Vous travailliez les trois quarts du

 25   mois et vous nous avez dit pour l'essentiel qu'une différence de sept


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  1   jours ou de moins de sept jours ne se retrouvait pas dans les comptes

  2   d'horaires, c'est bien cela?

  3   Réponse: Oui, et je dis que si un commandant vous donne deux ou trois

  4   jours de repos -de sa propre initiative d'ailleurs, cela fait partie de

  5   ses attributions, il a je crois le droit tout à fait précis de vous

  6   accorder y compris jusqu'à trois jours de congé-, dans ce cas, il ne

  7   réduira pas le nombre des heures que vous êtes censé avoir effectuées et

  8   qui sera pris en compte pour le versement du salaire parce que cette

  9   question des horaires de travail a un rapport direct avec les salaires.

 10   Mais dans d'autres registres, comme par exemple le registre des heures de

 11   présence, il sera indiqué clairement quelles sont les heures qui ont été

 12   effectuées parce qu'il peut se faire qu'un accident de voiture se produise

 13   et alors vous êtes sur la liste des gens qui ont travaillé alors que vous

 14   avez subi l'accident de voiture, cela pourrait avoir des conséquences très

 15   graves. Donc il y a d'autres registres qui indiquent exactement qui était

 16   présent, qui n'était pas présent à tel et tel moments, mais un rapport qui

 17   est destiné à être pris en compte pour le calcul du salaire et si le

 18   commandant vous a donné, vous a fait cadeau d'un, deux ou trois jours de

 19   congé -je ne me rappelle plus exactement combien de jours il avait le

 20   droit de donner en cadeau en application du règlement mais en tout cas je

 21   pense que c'était un maximum de trois jours-, eh bien les heures qui

 22   seront prises en compte pour le calcul de votre salaire ne seront pas

 23   réduites parce qu'il pourra vous ajouter des heures de travail

 24   supplémentaires un autre mois et vous pourrez, par exemple, ajouter 10

 25   heures le mois suivant et travailler 200 heures.


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  1   Mais, comme je l'ai dit, puisque les heures supplémentaires ne sont pas

  2   payées dans la police et que ces registres ont un rapport direct avec le

  3   versement des salaires, 184 heures c'est ce qui est pris en compte de

  4   façon standard, s'il n'y a pas de congés annuels ou de congé maladie

  5   supérieur à 7 jours.

  6   Question: Donc comment est-ce qu'un commandant ou un membre du département

  7   de police de Prijedor pourrait, plusieurs années plus tard, examiner un

  8   registre tel que celui-ci et voir, par exemple, que vous aviez été absent

  9   pendant une semaine au mois de juin?

 10   M. le Président: Je crois que M. Kvocka va dire qu'il y a un autre

 11   registre. Peut-être que nous répétons les choses mais c'est votre travail,

 12   allez-y.

 13   Mme Somers (interprétation): J'apprécie votre remarque, Monsieur le

 14   Président, et je suis sûre que vous avez tout à fait raison mais

 15   j'aimerais que le témoin me le dise.

 16   Pouvez-vous me dire, Monsieur le témoin, comment six ou sept ans plus tard

 17   quelqu'un pourrait dire "Effectivement, il était absent à telle et telle

 18   heure" si l'heure en question n'est pas indiquée, n'est pas consignée par

 19   écrit? Pouvez-vous nous expliquer dans quel registre cela figurerait?

 20   M. Kvocka (interprétation): La liste de présence, c'est ainsi qu'on

 21   l'appelle. Il existait une liste de présence et un représentant de

 22   l'administration au poste de police, pas au département, au département il

 23   n'y avait pas ce genre de listes, mais au poste de police il y avait un

 24   homme qui, tous les deux ou trois jours, recueillait toutes les mains

 25   courantes du travail quotidien et inscrivait dans la liste de présence les


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  1   heures de travail effectuées par les uns et par les autres. C'est donc

  2   dans cette liste de présence que l'ont voit exactement qui était présent

  3   de quelle heure à quelle heure et pour effectuer quoi, quel genre de

  4   travail, c'est-à-dire patrouille, contrôle de la circulation ou autres

  5   tâches.

  6   Question: Merci, merci de votre explication.

  7   Vous n'étiez qu'un ou deux policiers d'active à être stationnés au poste

  8   de police de Tukovi, n'est-ce pas?

  9   Réponse: Oui, au début, mais je crois qu'un troisième homme, Dragan

 10   Macura, qui n'est pas le Macura dont je viens de lire le nom tout à

 11   l'heure, Milorad... Ou plutôt si, peut-être bien que c'est justement le

 12   Milorad Macura dont j'ai parlé, qui est arrivé un peu plus tard que moi à

 13   Tukovi. Mais si vous pensez à Lazar Basrak, lui était un policier d'active

 14   effectivement, mais n'avait pas encore de travail à Prijedor, donc on le

 15   considérait comme un réserviste. C'était donc une policier d'active, un

 16   policier régulier, mais comme il venait d'arriver de Zagreb, il n'avait

 17   pas encore obtenu un poste de travail fixe.

 18   Question: Donc on vous a envoyé à Tukovi pour y être l'adjoint du

 19   commandant, n'est-ce pas, Mile Drazic?

 20   Réponse: Drazic, oui, c'était le commandant.

 21   Question: On vous a envoyé là-bas pour devenir son adjoint?

 22   M. K. Simic (interprétation): Objection, ne répondez pas, Monsieur Kvocka

 23   car ceci est l'exemple parfait d'une question qui comporte déjà la

 24   réponse. Ecoutez, Monsieur le Président, vraiment! "On vous a envoyé là-

 25   bas pour devenir l'adjoint", c'est ce que j'ai entendu dans


Page 8250

  1   l'interprétation, "On vous a envoyé là-bas pour devenir l'adjoint du

  2   commandant".

  3   M. le Président: Allez-vous répondre ce qu'il doit dire, Maître Krstan

  4   Simic? Je pourrais vous couper aussi. Monsieur Kvocka sait répondre bien.

  5   Allez-y.

  6   De toute façon il y a, comme vous le savez, des questions inductrices,

  7   oui, mais je dois dire que cela est peut-être applicable surtout à des

  8   témoins qui sont fort impressionnés, etc., ou comme vous, que vous

  9   impressionnez beaucoup aussi. Mais ce n'est pas le cas, M. Kvocka allait

 10   répondre tranquillement, pas de problème.

 11   Madame Somers continuez, s'il vous plaît.

 12   Mme Somers (interprétation): Vous êtes allé là-bas, on vous a envoyé là-

 13   bas pour devenir l'assistant, l'adjoint du commandant, comme votre épouse

 14   l'a dit dans sa déposition, n'est-ce pas?

 15   M. Kvocka (interprétation): Mon épouse, je le dirai pour commencer, n'a

 16   aucune idée que de qu'est la police. Puis, deuxièmement, vous verrez dans

 17   les réponses que j'ai faites à Bob Reid ce matin-là, quand j'ai réussi à

 18   retrouver Jankovic pour lui demander ce qui allait advenir de moi, j'ai eu

 19   l'impression qu'il avait envie d'améliorer un petit peu notre relation qui

 20   dans les derniers jours s'était beaucoup dégradée. Il m'a dit: "Va voir à

 21   Tukovi, essaie d'aider un peu Drazic notamment en ce qui concerne les

 22   registres que l'on doit tenir dans un poste de police parce que là-bas, il

 23   n'y a personne qui sait ne serait-ce que rédiger une note de service,

 24   c'est-à-dire l'écriture la plus élémentaire de la police, la note de

 25   service qui est un papier sur la base duquel les autres agents continuent


Page 8251

  1   à effectuer un travail particulier.

  2   Donc c'est ce qu'il m'a dit et il est possible que j'aie dit à Chris

  3   Bennet que je suis allé là-bas pour travailler comme..., comme une espèce

  4   d'adjoint du commandant.

  5   Question: Oui, c'est exact. Si vous regardez la page 6 de votre

  6   interrogatoire en anglais, je n'ai pas la version en BCS...

  7   Réponse: Mais je la connais par coeur.

  8   Question: En page 6 de l'interrogatoire par Bennet, nous lisons ce qui

  9   suit: "Question: que vous est-il arrivé après votre départ d'Omarska?

 10   Qu'avez-vous fait à partir de ce moment-là? Réponse: J'étais adjoint du

 11   commandant dans un poste de police. En temps de guerre un poste de police

 12   de réserve à un endroit..."

 13   Réponse: Excusez-moi de vous interrompre mais dans l'original je dis:

 14   "J'étais comme un adjoint, comme un assistant", c'est ce que je vois dans

 15   mon texte. Excusez-moi, si votre traduction dit autre chose, ne confondez

 16   pas! Je pense qu'il faut utiliser les mêmes mots dans votre texte que dans

 17   le mien: j'étais comme un assistant du commandant du poste de police de

 18   réserve.

 19   Encore une fois, on fait une confusion, comme cela a été dit entre poste

 20   de police et département de police, poste de police et poste de réserve,

 21   dans le voisinage de Prijedor, aux environs de Prijedor. Voilà la réponse

 22   que j'ai donnée, et c'est ce qui figure ici dans mon texte. Je ne pouvais

 23   pas savoir exactement ce que j'allais devenir, j'étais comme une espèce

 24   d'assistant, une espèce d'adjoint. Je suis resté dans ce service.

 25   Ma femme savait que j'étais chef de secteur à Omarska, au département, et


Page 8252

  1   quand elle a parlé ici, ce qu'elle avait à l'esprit c'est qu'elle savait

  2   que j'étais chef de secteur à Omarska. Et puis tout d'un coup, je suis

  3   devenu adjoint du chef de secteur.

  4   Question: [expurgé]

  5   [expurgé]

  6   reveniez dans le camp d'Omarska trois fois par semaine à peu près, donc un

  7   jour sur trois, jusqu'au 6 août.

  8   Est-ce que cela veut dire que vous aviez une certaine liberté pour

  9   organiser vos journées à Tukovi?

 10   Réponse: Je ne sais pas qui a dit cela "deux ou trois fois par semaine",

 11   c'est [expurgé]?

 12   Question: Excusez-moi de vous interrompre mais en tout cas dans la

 13   question précédente, il ne s'agissait pas de [expurgé]

 14   [expurgée]

 15   Mais je ne voulais pas vous interrompre, Monsieur Kvocka.

 16   Réponse: Je ne me rappelle pas ce qu'il a dit exactement dans son

 17   témoignage sur ces détails. Je me souviens qu'il a dit m'avoir vu à

 18   Omarska après son arrestation, et, dans mon témoignage, j'ai dit à

 19   plusieurs reprises aussi bien aux journalistes qu'aux enquêteurs dans ma

 20   déposition ici dans ce prétoire, que j'ai quitté Omarska deux ou trois

 21   fois durant la première semaine de mon séjour. Maintenant je sais que je

 22   suis parti deux ou trois fois, et une fois encore le 1er juillet quand

 23   j'étais déjà à Tukovi.

 24   Question: Je crois que vous avez indiqué vous-même être revenu voir vos

 25   beaux-frères, vous avez également indiqué au cours de l'interrogatoire


Page 8253

  1   principal que l'un des parents de votre épouse, qui vivaient dans l'un des

  2   villages -j'essaie de me rappeler le nom de ce village-, avait besoin

  3   d'aide, et que vous avez pu commanditer un camion, obtenir de l'essence,

  4   l'aide d'un chauffeur pendant que vous étiez à Tukovi et fournir à ces

  5   personnes l'aide dont elles avaient besoin pour les emmener en sécurité,

  6   parce que vous avez indiqué également qu'elles se sentaient très menacées.

  7   Donc là, encore cela montre que vous aviez une certaine liberté de

  8   mouvement pour pouvoir agir de la sorte?

  9   Réponse: Oui.

 10   Question: Quand avez-vous quitté Tukovi?

 11   Réponse: Là, il n'était pas question de liberté de manoeuvre sur le plan

 12   professionnel. Moi, j'ai fait cela à mon initiative personnelle, cela n'a

 13   rien à voir avec l'aspect professionnel.

 14   A Tukovi, je travaillais dans une pièce où il n'y avait qu'un bureau et un

 15   lit, un lit où Mile Drazic, qui était un homme âgé, dormait. Il y avait

 16   aussi un poste de téléphone. Un jour, ma femme m'a appelé et m'a dit: "Les

 17   Alisic, nos cousins, m'ont appelé -leur nom de famille c'est Alisic, et

 18   ils vivent dans le village de Alisici près de Sanski Most, à la frontière

 19   entre Prijedor et Sanski Most-, ils disent que chez eux, on tire de tous

 20   les côtés, qu'il y a des obus. Ils ne savent pas quoi faire." Et moi, j'ai

 21   répondu à mon épouse: "Eh bien, je viens tout de suite à la maison et nous

 22   verrons ce que nous allons faire."

 23   En une heure ou deux, nous avons trouvé un camion, de l'essence et un

 24   chauffeur qui s'appelait Mijatovic, c'était un chauffeur qui avait un

 25   petit camion à Prijedor. Nous l'avons trouvé, il avait peur d'aller là-


Page 8254

  1   bas, on lui a dit: "On va aller avec toi, et il arrivera ce qui arrivera!"

  2   Mon épouse est allée avec lui, et moi d'ailleurs je n'étais pas dans le

  3   camion avec eux, mais j'étais devant dans une petite Golf blanche qui

  4   avait été réquisitionnée et qui était gardée à Tukovi au poste de police

  5   de réserve. Donc j'ai conduit cette Golf devant le camion et nous sommes

  6   allés à Alisici. Nous y avons trouvé cette vieille femme, et puis ce

  7   cousin Alisic avec sa femme et deux enfants. Ils avaient déjà préparé des

  8   sacs de pomme de terre et d'autres articles, nous avons mis tout cela à

  9   bord du camion, et je leur ai conseillé de se coucher sur le fond du

 10   camion.

 11   C'est à partir de là que nous sommes allés à Prijedor, nous avons fini par

 12   arriver dans la maison de mes beaux-parents. A Prijedor, nous nous sommes

 13   rendu compte que la bâche du camion avait des trous provoqués par des

 14   balles. La toile qui recouvrait la partie supérieure du camion et qui

 15   était utilisée pour le transport de ces articles, avait été percée par des

 16   balles.

 17   Question: Et tout cela s'est passé pendant que vous travailliez en tant

 18   que policier?

 19   Réponse: En tant que policier à Tukovi.

 20   Question: J'aimerais vous rappeler votre interrogatoire par l'enquêteur

 21   Reid, page 124. J'essaie de retrouver la page dans votre version, je vous

 22   demande une seconde de patience. Page 131 à 132, en version BCS.

 23   A la page 124 en version anglaise, l'inspecteur Reid vous demande ce qui

 24   suit. Je cite:

 25   "Question: Quelles étaient vos fonctions au poste de police de réserve de


Page 8255

  1   Tukovi?

  2   Réponse: Jankovic m'a dit que je l'aiderais dans son travail, parce qu'il

  3   y avait un seul autre policier professionnel à cet endroit et personne

  4   d'autre. Aucun autre policier professionnel, les autres étaient des

  5   policiers de réserve.

  6   Question: Et vous deviez aider le commandant, c'est bien cela?

  7   Réponse: Oui."

  8   (Fin de citation.)

  9   Réponse: Eh bien, c'est ce que je viens de dire il y a à peine quelques

 10   instants, cela correspond exactement.

 11   Question: Le nettoyage de villages, tels que Carakovo, lorsque ce

 12   nettoyage a eu lieu, lorsque les habitants ont été arrêtés, votre poste de

 13   police de Tukovi se trouve sur la route sur laquelle devaient passer ces

 14   personnes au cas où on les emmenait dans des camps, n'est-ce pas?

 15   Tukovi est le poste de police le plus proche de la zone de Brdo?

 16   Réponse: Oui.

 17   Question: Pouvez-vous nous dire, je vous prie, combien de personnes

 18   originaires des différents villages, que vous avez énumérés, ont été

 19   arrêtées durant le processus de nettoyage qui a eu lieu en 1992?

 20   Réponse: Dans les opérations menées à bien là-bas, à ce moment-là, on peut

 21   les appeler "nettoyage" ou autre chose, -en tout cas il y a eu des coups

 22   de feu que l'on pouvait entendre-, ces opérations ont été menées par

 23   l'armée, dirigées par l'armée.

 24   Or moi, en tant que policier, parce que je suis un policier expérimenté,

 25   j'ai appris que la police militaire et le peloton d'intervention qui, à


Page 8256

  1   mon avis, d'après ce que je sais, étaient directement dirigés par Simo

  2   Drljaca, -je parle du peloton d'intervention du poste de sécurité

  3   publique, du MUP- ont participé à ces opérations. L'armée, la police

  4   militaire et le peloton d'intervention.

  5   Question: Et il fallait, n'est-ce pas, disposer d'un poste de police bien

  6   équipé pour faire face aux éventuelles conséquences d'un tel processus de

  7   nettoyage, n'est-ce pas?

  8   Réponse: Non, ce n'est pas exact. La police n'a rien à faire. C'est le

  9   commandement militaire qui est responsable des opérations de guerre. La

 10   police n'a rien à voir avec cela, la police n'a pas participé à ces

 11   opérations, elle n'aurait d'ailleurs pas pu le faire. C'est le

 12   commandement militaire.

 13   Je ne sais pas à quel niveau de l'armée: est-ce que c'est la 43e Brigade

 14   motorisée ou la 343e Brigade motorisée, comme on appelait à l'époque, qui

 15   a dirigé ces opérations, je ne sais pas. Mais moi, j'ai pu constater,

 16   apprendre que le peloton d'intervention a participé à cela également,

 17   parce que vous savez si une opération de guerre se déroule dans une zone

 18   déterminée, la police ne s'en mêle pas, elle ne peut pas s'en mêler, elle

 19   n'a pas le droit de le faire.

 20   Il s'agit d'opérations militaires, là nous parlons d'une opération

 21   militaire, nous ne parlons pas de circonstances de paix, nous ne parlons

 22   pas d'un temps de paix.

 23   Question: Simo Drljaca faisait partie d'une structure policière, n'est-ce

 24   pas?

 25   Réponse: Oui.


Page 8257

   1   Question: J'aimerais, Monsieur le Président, vous demander quelques

  2   instants de huis clos partiel.

  3   M. le Président: Oui, nous allons passer à huis clos partiel

  4   (Audience à huis clos partiel.)

  5   [expurgée]

  6   [expurgée]

  7   [expurgée]

  8   [expurgée]

  9   [expurgée]

 10   [expurgée]

 11   [expurgée]

 12   [expurgée]

 13   [expurgée]

 14   [expurgée]

 15   [expurgée]

 16   [expurgée]

 17   [expurgée]

 18   [expurgée]

 19   [expurgée]

 20   [expurgée]

 21   [expurgée]

 22   [expurgée]

 23   [expurgée]

 24   [expurgée]

 25   [expurgée]


Page 8258

  1   [expurgée]

  2   [expurgée]

  3   [expurgée]

  4   [expurgée]

  5   [expurgée]

  6   [expurgée]

  7   [expurgée]

  8   [expurgée]

  9   [expurgée]

 10   [expurgée]

 11   (Audience publique.)

 12   M. le Président (interprétation): Oui. Nous y sommes maintenant. Vous

 13   pouvez continuer, s'il vous plaît.

 14   Mme Somers (interprétation): Monsieur Kvocka, je vous demanderai de ne pas

 15   répéter les noms que je viens de mentionner, mais vous rappelez-vous être

 16   allé, avec les deux personnes dont je viens de parler, jusqu'à Carakovo,

 17   excusez ma prononciation, pour mettre la main sur les objets de valeur

 18   laissés derrière eux par ces Musulmans contraints de s'enfuir? Portiez-

 19   vous un uniforme de policier? Vous portiez un uniforme de policier ou un

 20   uniforme militaire et Ckalja portait un uniforme de policier. Vous avez

 21   retrouvé les bijoux en or quand cette femme est revenue avec son frère et

 22   vous lui avez rendu la montre de son mari tué sous ses yeux. Vous ne vous

 23   rappelez pas tout cela?

 24   Réponse: Je me rappelle tout à fait bien tout ce qui s'est passé et je

 25   vais vous le dire, mais cela ne s'est pas passé comme vous l'avez dit, il


Page 8259

   1   n'y a pas eu d'assassinat, il n'y a pas eu...

  2   Question: Monsieur Kvocka, je ne suis pas en train de dire que vous ayez

  3   eu un quelconque rôle à jouer dans cet assassinat. L'assassinat a eu lieu

  4   au moment où les soldats serbes avaient nettoyé le village, en 1992, mais

  5   vous saviez, comme le savait Ckalja, qu'il y avait des objets de valeur

  6   dans ce village et c'est la raison pour laquelle vous y êtes retourné avec

  7   cet homme.

  8   Réponse: C'est inexact, c'est faux.

  9   Question: Ah, expliquez-moi pourquoi ces bijoux, cet or ont été partagés

 10   entre vous et Ckalja.

 11   Réponse: Nous ne nous le sommes pas partagé. Comprenons-nous bien: 1993,

 12   il est possible que ce soit l'année en question, ou peut-être 1994. Peut-

 13   être le savez-vous vous-même plus exactement mais ce n'est pas essentiel.

 14   Ckalja est venu me voir à Prijedor, il m'a dit qu'il avait un ami très

 15   proche qui devrait sortir de terre quelque chose qu'il y avait enterré et

 16   que cet ami nous demandait notre aide. J'ai dit que nous pouvions l'aider

 17   et nous sommes allés là-bas. D'ailleurs, ce n'était pas une Lada bleue

 18   mais une Saslava 101, la voiture de mon Kum Hasan Oklopcic, et il n'y

 19   avait que moi[expurgée].

 20   [expurgée]

 21   [expurgée]

 22   [expurgée]

 23   [expurgée]

 24   M. Kvocka (interprétation): Ah, excusez-moi!

 25   Nous sommes donc allés là-bas. Cet homme ne savait pas exactement où les


Page 8260

  1   objets se trouvaient. Nous sommes revenus à Prjedor. Il a dit qu'il allait

  2   prendre contact par téléphone avec quelqu'un à l'étranger pour que ce

  3   quelqu'un lui explique où se trouvaient les objets en question, et après

  4   quelque temps ils sont revenus tous les deux parce que cet homme disait

  5   avoir des détails plus précis au sujet de l'emplacement des objets.

  6   Nous y sommes retournés et il a trouvé à ce moment-là un petit coffret qui

  7   contenait une montre en or, deux ou trois bagues et une chaîne en or, et

  8   il a pris tout cela. Qu'est-ce qu'il est advenu de ces objets par la

  9   suite? Je ne sais pas.

 10   Question: Ne vous rappelez-vous pas lui avoir dit de reprendre cette

 11   montre cassée qui appartenait à l'homme assassiné pour la donner à sa

 12   veuve? Donc vous lui avez donné les objets sans valeur et vous avez gardé

 13   les objets en or. Vous ne vous rappelez pas cela? Parce que pour le reste,

 14   vous donnez l'impression d'avoir de très bons souvenirs.

 15   Réponse: Je ne vais pas répéter le nom de famille mais l'homme qui portait

 16   ce nom de famille, je ne vais pas revenir sur son nom, a pris ces objets.

 17   Moi, je n'ai pas la moindre idée de qui en était propriétaire et à qui cet

 18   homme devrait rendre ces objets.

 19   Question: Passons à un autre sujet. Les femmes dans le camp d'Omarska,

 20   combien y avait-il de femmes dans le camp d'Omarska pendant la durée de

 21   votre séjour dans le camp, pour autant que vous le sachiez?

 22   Réponse: Quinze à dix-huit.

 23   Question: Que faisaient-elles au camp d'Omarska?

 24   Réponse: Elles étaient des détenues, elles étaient considérées comme des

 25   détenues.


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  1   Question: Que faisaient-elles, quelle était leur tâche dans le camp?

  2   Réponse: Elles n'avaient aucune tâche. Elles étaient assises dans le

  3   réfectoire, dans le coin le plus souvent, c'est là que je les voyais. Et

  4   de temps en temps, une, deux ou trois d'entre elles lavaient la vaisselle

  5   à l'endroit où l'on distribuait la nourriture.

  6   Question: L'interview avec M. Bennet, page 9. On vous a posé la question

  7   concernant les femmes. En anglais c'est à la page 9. En BCS,

  8   malheureusement je ne sais pas. "Question: En ce qui concerne les

  9   dépositions selon lesquelles certaines femmes ont été enfermées,

 10   maltraitées et violées à Omarska, que savez-vous à ce sujet-là? Réponse:

 11   Tout ce que je sais, c'est qu'un certain nombre de femmes s'y trouvaient,

 12   je ne sais pas exactement combien, peut-être une vingtaine. Je sais

 13   qu'elles étaient séparées par rapport aux autres prisonniers et leurs

 14   conditions d'hébergement étaient bien meilleures que les conditions dans

 15   lesquelles les autres se trouvaient parce qu'elles étaient des femmes. Je

 16   connaissais certaines d'entre elles avant la guerre. Si elles se

 17   plaignaient de l'ennui, elles avaient la permission de se promener un peu

 18   dans la cuisine, d'aider à laver la vaisselle et distribuer la

 19   nourriture."

 20   Est-ce que vous pouvez me dire qui s'est plaint auprès de vous du fait

 21   d'être ennuyées?

 22   Réponse: [expurgé] parce que c'était une femme qui était d'une

 23   nature un peu instable, pour ainsi dire, elle n'arrêtait pas de se

 24   promener dans ce réfectoire, et puis elle disait: "Oh la la je m'ennuie.

 25   Est-ce qu'il n'y a vraiment rien à faire?" Elle riait sans arrêt, elle


Page 8262

  1   cherchait des cigarettes, elle disait: "Mais vraiment j'aimerais bien

  2   faire quelque chose, je vais mourir d'ennui, là".

  3   Question: Je sais que, dans votre entretien avec l'enquêteur Reid, vous

  4   n'avez pas du tout mentionné votre frère Zoran Kvocka...

  5   Réponse: Je crois que je l'ai mentionné quelque part, mais peut-être pas.

  6   C'est possible. De toute façon, il ne m'a pas posé de question à ce sujet-

  7   là. Mais je vais répondre à toutes vos questions à ce sujet.

  8   Question: Je m'excuse mais je vais terminer mon commentaire: vous n'avez

  9   pas mentionné le fait que votre frère s'appelait "Lija", son surnom était

 10   "Lija", c'est bien ce qu'il a dit ici devant ce Tribunal?

 11   Réponse: Oui, mon frère est surnommé "Lija".

 12   Question: Et "Lija" était à Omarska pendant au moins une nuit pendant

 13   laquelle vous-même vous y étiez? C'est lui qui nous a dit cela, vous ne

 14   l'avez pas mentionné.

 15   Réponse: Je n'ai pas mentionné cela et lui non plus il ne l'a pas dit. Il

 16   n'a pas dit qu'il était là-bas pendant que moi j'y étais. Je ne sais pas

 17   si vous le faites de manière délibérée ou pas, mais vous déformez vraiment

 18   les choses parce que, lui, il a parlé de son arrivée là-bas, du moment où

 19   des gens étaient arrêtés, mais il n'a jamais dit que moi j'étais sur place

 20   à ce moment-là, et il ne pouvait pas le dire.

 21   Moi, je ne pouvais pas parler de cela à M. Reid parce que je ne le savais

 22   même pas. C'est juste avant qu'il vienne déposer ici que j'ai appris qu'il

 23   y avait été la première nuit, la nuit du 27 au 28, c'est-à-dire au début

 24   du fonctionnement du centre d'instruction. Donc là, la fabrication que

 25   vous nous présentez est trop exagérée et en même temps trop simple.


Page 8263

  1   Question: Mais il était un garde, lui aussi, au moins il avait accès aux

  2   détenus à Omarska, n'est-ce pas?

  3   Réponse: Non, ce n'est pas vrai parce qu'il y avait des gardes, Kvocka

  4   Miroslav, Kvocka Zoran et Kvocka Milojica, c'étaient les trois gardes. Et

  5   Zoran Kvocka, fils de Gorcin du village de Maricka, qui a été tué en

  6   novembre ou décembre 1992, ça c'est le Zoran Kvocka qui a été le garde

  7   dans le camp d'Omarska. Et Zoran Kvocka surnommé "Lija", fils de Dragomir,

  8   mon frère, n'était pas garde dans le camp d'Omarska. Il est très facile de

  9   vérifier cela sur la base de vos documents.

 10   Question: Peut-être il n'était pas un garde officiel, mais il a été dans

 11   le camp à beaucoup de reprises, n'est-ce pas, et il maltraitait les

 12   détenus, n'est-ce pas? Vous le savez?

 13   Réponse: C'est vous qui dites le savoir. Moi ce que je sais c'est que même

 14   cela je ne le savais pas avant, c'est lui qui me l'a dit. Il a dit qu'il a

 15   apporté des cigarettes à mes beaux-frères plus tard. Ici j'ai entendu dire

 16   que la première nuit, il y est allé avec Cigo.

 17   Ne me faites pas répéter ces propos qu'il a tenus au cours de sa

 18   déposition ici parce que vous disposez du compte rendu.

 19   Question: Nous avons vu un document hier et vous nous avez aidé à

 20   l'identifier en tant que document où sont énumérées les personnes

 21   travaillant au poste de police de guerre d'Omarska, et de nombreux noms y

 22   figuraient, des personnes qui devraient recevoir des laissez-passer, enfin

 23   il y avait des cuisiniers...

 24   M. K. Simic (interprétation): Objection. L'interrogatoire de M. Kvocka

 25   entre dans sa onzième heure, dure depuis 11 heures déjà. Je souhaite que


Page 8264

  1   Mme le Procureur présente le document à M. Kvocka pour qu'il puisse suivre

  2   ces propos parce qu'il ne peut pas se rappeler de tous les documents.

  3   Parce que déjà aujourd'hui nous avons examiné quatre ou cinq documents,

  4   donc cela facilitera la compréhension entre le client et Mme le Procureur.

  5   M. le Président: Oui, Maître Krstan Simic, vous avez mentionné le temps et

  6   nous devons faire les comptes pour décompter le temps de vos

  7   interventions. Il faut être juste. Il semble que vous soyez préoccupé avec

  8   la question du temps, M. Kvocka ne s'est pas plaint qu'il veut avoir le

  9   document.

 10   Vous êtes un avocat très très soigneux, mais laissez un peu d'espace à

 11   votre témoin aussi.

 12   Madame Somers, continuez, s'il vous plaît.

 13   Mme Somers (interprétation): Le document d'hier était le document 3/208,

 14   et dans ce document figurait aussi le nom de Dzervida. Cette personne a

 15   été mentionnée comme une personne qui a travaillé dans la cuisine, en tant

 16   que cuisinier ou un autre travail lié à la nourriture dans le camp

 17   d'Omarska.

 18   Je demanderai à l'huissier de distribuer la pièce à conviction, le

 19   document 3/199.

 20   (L'huissier s'exécute.)

 21   Monsieur Kvocka, vous avez devant vous... Tout d'abord, la première page

 22   qui existe peut-être seulement en serbo-croate, là il s'agit d'un document

 23   qui indique qu'un représentant de ce Tribunal, signé en tant que William

 24   Studenar, a reçu un certain nombre de documents de la part des autorités

 25   bosniaques à Bihac. Et parmi ces documents se trouve le document dont le


Page 8265

  1   numéro est 021271694 de même que 0212715/94.

  2   Le document apparemment est une déclaration, d'un côté un résumé et

  3   d'autre part les informations concernant le contexte. Dans la langue

  4   originale de l'un de ces documents, nous voyons la signature de la

  5   personne Dzervida de même que les personnes qui ont parlé avec Dzervida.

  6   Il s'agit d'une déclaration qui porte la date avant votre mise en

  7   accusation en 1994, et la personne Dzervida est un Serbe capturé par les

  8   bosniaques qui a fourni des informations.

  9   A la deuxième page de ce document, il parle un peu de lui-même et de vous.

 10   Pardon à la deuxième page, il parle de votre frère Zoran mais il parle

 11   également de vous.

 12   En ce qui concerne Zoran, à la deuxième page du document, il dit: "Cigo

 13   est un groupe de sabotage dont le commandant était Momcilo Radakovic

 14   surnommé Cigo." Ensuite il a décrit les membres du groupe Zoran Kvocka

 15   surnommé "Lija" du village de Maricka. Ensuite il donne les noms des

 16   personnes, il dit: "Zoran Kvocka est grand, il a les cheveux dégarnis, âgé

 17   d'environ 30 ans. Le groupe dit Cigo a participé aux pillages avec

 18   d'autres personnes, il incendiait les maisons, tuait, expulsait la

 19   population et les amenait au camp. Les gens de Prijedor et des villages

 20   alentours ont été amenés à Omarska".

 21   M. K. Simic (interprétation): Monsieur le Président, je dois faire une

 22   objection malheureusement, est-ce que Mme Somers a l'intention de nous

 23   lire l'ensemble de la déclaration? Je souhaite souligner également que

 24   dans la déclaration qui se trouve devant nous, nous ne voyons pas de

 25   signature de Dzervida. Est-ce qu'elle doit poser des questions concernant


Page 8266

  1   cette déclaration ou bien est-ce qu'elle veut que l'ensemble de la

  2   déclaration entre dans le compte rendu d'audience, tout comme elle l'a

  3   déjà fait avant?

  4   M. le Président (interprétation): Madame Somers, quel est le but?

  5   Mme Somers (interprétation): Je souhaite lire seulement les passages

  6   concernant Zoran Kvocka, et puis également à la dernière page des détails

  7   concernant Miroslav Kvocka. Mais je ne vais certainement pas faire perdre

  8   du temps à cette Chambre en lisant tout. Mais je suppose qu'il n'a jamais

  9   vu cette déclaration non plus.

 10   M. O'Sullivan (interprétation): J'ai une objection qui se base sur les

 11   ordonnances déjà rendues par cette Chambre de première instance qui ont

 12   cette stipulé qu'il n'est pas permis juste dans le contre-interrogatoire

 13   de présenter la déclaration de quelqu'un d'autre devant un témoin sur la

 14   base de ce que quelqu'un d'autre disait. Et c'est une règle qui nous

 15   empêchait de présenter des parties des dépositions d'autres témoins de

 16   l'accusation au cours de nos contre-interrogatoires. Donc il ne serait pas

 17   acceptable de demander des commentaires de ce témoin sur les propos

 18   d'autres témoins conformément aux ordonnances déjà rendues par cette

 19   Chambre.

 20   M. le Président: Vous avez raison, mais la Chambre a décidé, nous avons

 21   décidé que les parties pourraient utiliser dans le contre-interrogatoire

 22   pour éclaircir une contradiction ou tester la crédibilité du témoin, et

 23   qu’on utilisait le document mais on ne le versait pas au dossier. Cela, à

 24   la suite de toute une série de discussions que nous avons eues.

 25   Donc Madame Somers, je crois que le point c’est ou vous choisissez ou vous


Page 8267

  1   lisez le document et vous ne demandez pas le versement au dossier, ou vous

  2   demandez le versement au dossier mais...

  3   Je suis perdu un petit peu perdu maintenant.

  4   La règle, la décision de la Chambre c'est que les documents, les

  5   déclarations préliminaires, y compris les déclarations prêtées à d'autres

  6   autorités n'étaient pas versés ou admis et versés au dossier. Mais qu’ils

  7   pouvait être utilisés pour tester la crédibilité du témoin ou éclaircir

  8   une contradiction.

  9   Voilà si vous utilisez le document, vous n'allez pas demander son

 10   versement: c'est cela. Donc choisissez.

 11   Oui, Maître O'Sullivan?

 12   M. O'Sullivan (interprétation): Avec tout le respect que je vous dois, les

 13   déclarations préalables données par le témoin peuvent être utilisées de la

 14   manière que vous avez décrite, mais là il s'agit de la déclaration donnée

 15   par quelqu'un d'autre, prétendument par une personne tierce.

 16   Et justement, nous en tant que la défense nous n'avons pas reçu votre

 17   permission de présenter les propos des autres témoins de l'accusation

 18   devant les témoins de l'accusation dans le cadre de notre contre-

 19   interrogatoire.

 20   Il ne s'agit pas d'une déclaration préalable émanant de M. Kvocka mais

 21   d'une personne tierce.

 22   M. le Président: D'accord. Il faut l'aller vite et poser la question,

 23   Madame Somers. C'est la question essentielle à la fin.

 24   Toutes les parties peuvent dire j'ai l'information de, êtes-vous d'accord,

 25   est-ce que vous savez quelque chose sur cela? Donc posez la question.


Page 8268

  1   Mme Somers (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Je ne

  2   souhaitais pas demander que ce document soit admis, mais je souhaitais

  3   être correcte et distribuer le document à tout le monde pour que toutes

  4   les parties puissent me suivre.

  5   Dans ce document figurent certaines informations et je souhaite votre

  6   commentaire sur ces informations. Ce Serbe faisait partie d'un groupe et

  7   il a dit que le commandant du camp d'Omarska... Pardon, je dois revenir un

  8   peu en arrière pour vous permettre de savoir ce dont je parle. A la page

  9   2, au fond de la page, il est dit: "J'ai été déployé au 3ème Bataillon de

 10   la 43ème Brigade de Prijedor. Je travaillais dans la cuisine en préparant

 11   la nourriture pour le camp d'Omarska. J'étais en charge du transport du

 12   pain de Prijedor à Omarska. Le commandant du camp était Miroslav Kvocka

 13   qui a été remplacé au bout d'un certain temps par Zeljko Mehakic".

 14   Connaissiez-vous cette personne, Dzervida? Vous en souvenez-vous?

 15   M. Kvocka (interprétation): Je ne sais pas exactement à présent comment le

 16   visualiser. Dzervida, il y en a au moins trois ou quatre. Dzervida Drasko,

 17   il y en au moins trois ou quatre dans la région des villages de Gradina et

 18   Omarska, au moins trois ou quatre Drazko Dzervida. Il est possible que

 19   l'un d'eux transportait le pain entre Prijedor à la cuisine dans la mine

 20   de fer. Ça, c'est tout à fait possible. Mais il dit qu'il transportait le

 21   pain de Prijedor jusqu'à la cuisine. Il n'a aucune autre information.

 22   Je souhaite éventuellement analyser ou vous faire analyser un grand nombre

 23   d'informations qu'il donne ici car je vois qu'il a été capturé et qu'il

 24   délirait, comme on dirait chez nous. Il a simplement fait le lien entre

 25   plusieurs noms dont il se souvenait. Vous savez, il a été échangé avec


Page 8269

  1   beaucoup de difficulté et il a eu du mal à survivre, c'est ce que j'ai

  2   appris par la suite. J'ai même l'impression, si c'est le Dzervida que j'ai

  3   à l'esprit, qu'il n'a même jamais été échangé. Je ne suis pas sûr, je ne

  4   pouvais pas me préparer, je ne savais pas que vous alliez parler de lui

  5   pour me préparer, mais je sais qu'il y a un Drazko Dzercida qui n'a jamais

  6   été échangé, et il a donné ses déclarations à la police musulmane à Bihac.

  7   Vous savez, l'homme, sous ce genre de tortures, aurait déclaré qu'il avait

  8   couché avec sa propre mère s'il considérait que ceci pourrait être utile

  9   pour lui.

 10   Question: Pardon, Monsieur Kvocka, vos opinions concernant le moment

 11   auquel une personne est entrée dans le camp d'Omarska ou une personne qui

 12   se trouvait au seuil du camp d'Omarska font l'objet d'un débat entre vous

 13   et M. Reid à la page 43 dans la version en anglais de l'entretien. Dans de

 14   votre langue, permettez-moi un moment pour trouver.

 15   M. K. Simic (interprétation): Monsieur le Président...

 16   Mme Somers (interprétation): 46-47.

 17   M. K. Simic (interprétation): Je vois que mon éminente collègue est passée

 18   à autre chose. En quittant ce document, elle a constaté que le document

 19   était signé malgré ce qu'a dit M. Kvocka mais vraiment, ici, nous n'avons

 20   rien qui nous permette de prouver l'authenticité d'une quelconque

 21   signature, donc nous souhaitons vérifier au moins si vraiment M. Dzervida

 22   a signé cette déclaration.

 23   Moi, je n'en doute pas puisque Madame le Procureur l'a dit, mais nous

 24   souhaitons voir la signature et nous souhaitons que les Juges la voient

 25   parce qu'ici, il n'y a pas de Drazko Dzervida.


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  1   M. Kvocka (interprétation): Mais ce n'est pas Drazko qui a donné cette

  2   déclaration, c'est l'AID qui l'a donnée, les services de sécurité

  3   bosniens.

  4   M. le Président: Madame Somers?

  5   Mme Somers (interprétation): Monsieur le Président, je ne demande pas le

  6   versement au dossier de ces documents. Les signatures existent. Je n'ai

  7   pas l'original, il s'agit ici d'une copie. Je vais vérifier. Dans ma

  8   traduction, on y voit mention d'un endroit à gauche et je pense que dans

  9   la version originale la signature est très peu visible, mais j'ai

 10   l'impression que dans ma version serbo-croate, le nom de Drazko Dzervida

 11   figure. Mais je ne vois pas très bien parce que sur mon exemplaire, on ne

 12   peut pas voir autre chose.

 13   M. Kvocka (interprétation): Il n'y a pas de signature.

 14   M. K. Simic (interprétation): (... Pas d'interprétation.)

 15   M. le Président: Est-ce que vous pouvez attendre que je vous donne la

 16   parole, Maître Simic? Le problème, c'est que je suis la traduction, donc

 17   je ne peux pas entendre Mme Somers et vous entendre en même temps. Donc je

 18   dois dire "Vous avez la parole". D'accord?

 19   Maintenant, vous avez la parole s'il vous plaît, mais il faut savoir qu'il

 20   y a toujours les interprètes. Allez-y.

 21   M. K. Simic (interprétation): Excusez-moi, Monsieur le Président. Sur la

 22   photocopie dont je dispose, il est clairement visible qu'il y a les

 23   signatures des deux autres personnes mais non pas de Drazko Dzervida,

 24   alors que Mme le Procureur a dit que Drazko Dzervida a signé. Cela est

 25   vraiment... Je fais objection et je propose que l'on retire cette partie


Page 8271

  1   du compte rendu s'il n'y a pas de signature, parce que sinon cela peut

  2   très bien être une simple fabrication qui ne se base pas sur les faits.

  3   M. le Président: Maître Simic, ce que Mme Somers a dit, c'est que le

  4   document est signé parce qu'elle a dans la traduction la mention d'un nom.

  5   Elle a dit qu'elle a vu l'original et que l'original a une signature. Ceci

  6   est une copie.

  7   Donc ce qu'il faut, c'est que Mme Somers, demain ou un autre jour, montre

  8   aux parties le document original avec la signature. C'est seulement cela.

  9   Comme la semaine prochaine nous aurons une conférence de mise en état,

 10   nous pourrons éclaircir cette question lorsque nous parlerons des

 11   documents.

 12   Pour l'instant, Mme Somers n'a pas l'intention de demander le versement au

 13   dossier. C'est un document qui, à la fin, ne figurera pas au dossier.

 14   M. K. Simic (interprétation): Oui, Monsieur le Président, mais Mme Somers

 15   a cité des propos sur la base de ce document, elle a demandé des

 16   commentaires. Vous savez, si je demande des commentaires sur un certificat

 17   ou une fabrication, c'est de cela dont je parle. Je ne parle pas de ce

 18   que, elle, elle va demander.

 19   Elle a demandé un commentaire sur ce document en tant que document valide,

 20   en rendant l'accusé perplexe parce qu'on ne peut pas se servir d'un

 21   document falsifié, même s'il ne va pas être versé au dossier, à la longue.

 22   C'est ce dont je parle en ce moment.

 23   Nous souhaitons simplement voir l'original et voir cette signature.

 24   M. le Président: Pourrons-nous voir cette signature?

 25   Mme Somers (interprétation): Monsieur le Président, je n'ai pas


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  1   d'original. Si peut-être... il n'y en a pas?

  2   Ce que je peux soumettre à la Chambre est le fait que les autorités

  3   bosniaques l'ont remis, et même si ceci n'a pas été signé, la valeur et le

  4   poids à donner peut être décidé par les Juges.

  5   Je ne souhaitais par le versement au dossier de ce document, mais je

  6   souhaitais un commentaire sur le document qui se trouvait dans les

  7   archives des autorités bosniaques qui avaient capturé un soldat serbe.

  8   Si le témoin ne peut faire aucun commentaire, très bien, je ne vais pas

  9   insister.

 10   Mme Wald (interprétation): Mais en employant une telle technique, je vous

 11   avoue que la confusion se crée, si vous citez des passages extrêmement

 12   longs. Si j'ai bien compris, comme vous venez de le répéter, vous ne

 13   demandez pas le versement au dossier de ce document.

 14   Mais vous savez cela devient un petit peu une pratique limite si vous

 15   citez tous les paragraphes. Beaucoup de paragraphes de toute façon. Mais

 16   de toute façon dans ces paragraphes, il n'y a rien d'essentiel que nous

 17   pouvons utiliser en tant que preuve que les choses se sont vraiment

 18   passées ainsi.

 19   Cela devient une preuve seulement après les propos de M. Kvocka, s'il dit

 20   "Je ne connaissais pas cette personne, ce n'était certainement pas le cas,

 21   etc." Cela devient un élément de preuve, et non pas ce qui lui a été lu.

 22   Donc dans notre jugement, nous ne pouvons rien lire de ce que vous avez lu

 23   de la manière.

 24   Donc il faut savoir et c'est ainsi que l'importance de ces passages est

 25   moins grande que si vous versez le document au dossier, et il faut savoir


Page 8273

  1   aussi que si vous mentionnez que c'est une personne qui a été capturée par

  2   les bosniens et qui a déclaré cela: "Que pensez-vous, quel est votre

  3   commentaire?" et si le témoin dit: "Je n'en sais rien, ceci ne s'est

  4   jamais produit", cela est un élément de preuve. Nous ne pouvons pas nous

  5   référer à quoi que ce soit de ce que vous avez lu pour poser votre

  6   question.

  7   Mme Somers (interprétation): Oui, c'est tout à fait exact. Je souhaitais

  8   simplement donner suffisamment d'informations au témoin pour lui permettre

  9   de réagir, de faire un commentaire. Je suis désolée si ma manière de

 10   procéder à prêter à confusion.

 11   M. le Président: J'ajoute une chose. Je suis d'accord mais il y a une

 12   chose, c'est que vous dites et présentez ce document, et vous dites que ce

 13   document a été signé. Le problème est là: vous ne pouvez pas présenter un

 14   document comme étant signé quand vous n'avez pas une signature. C'est la

 15   question à la fin. Avec cela, nous avons perdu beaucoup de temps Madame

 16   Somers.

 17   Nous revenons à la question d'hier: vous présentez des documents mais il

 18   faut expliquer. Ici il y a cette explication, il y a le "receipt", mais

 19   vous devez présenter le document comme n'étant pas signé. Dès que vous

 20   dites donc qu'il a été signé, cela créé cette confusion.

 21   Mais je crois qu'on doit faire maintenant une pause d'une demi-heure.

 22   (L'audience, suspendue à 10 heures 55, est reprise à 10 heures 26.).

 23   M. le Président: Vous pouvez vous asseoir s'il vous plaît.

 24   (Les accusés s'assoient.)

 25   (L'accusé reprend sa place à la barre des témoins.)


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  1   Pas encore Madame Somers, M. Kos n'est pas encore là.

  2   Très bien, maintenant Madame Somers, nous sommes en condition de

  3   continuer. S'il vous plaît?

  4   Mme Somers (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

  5   Monsieur Kvocka, j'ai commencé à vous poser des questions relatives à

  6   votre façon de voir les arrivées des personnes au camp d'Omarska.

  7   Pour mieux comprendre, je crois que nous devrions nous pencher sur la page

  8   42 de votre interview avec l'enquêteur M. Reid, je crois qu'il s'agit de

  9   la page 42 en version anglaise et en BCS ce serait 46, 47.

 10   L'entretien sur lequel j'aurais besoin d'éclaircissements concerne les

 11   personnes qui sortaient des autocars au fur et à mesure qu'elles étaient

 12   amenées à Omarska. Et cela commence par une question. Juste une seconde.

 13   Bob Reid vous demande, je cite:

 14   "Question: Certains de ces extrémistes, qui étaient plus extrémistes que

 15   d'autres, ne nécessitaient-ils pas des attentions spéciales?"

 16   Vous avez répondu:

 17   "Réponse: Je n'ai pas d'information particulière. Je sais que des gens

 18   avaient escorté certains groupes qui étaient considérés comme étant

 19   extrémistes parce qu'ayant été fait prisonniers au combat.

 20   Question: Lorsque ces prisonniers ont été sortis des autocars, avez-vous

 21   vu des cordons ou des haies d'hommes, de policiers et de personnes qui les

 22   avaient escortés se former. Les prisonniers étaient tenus de passer par

 23   ces espèces de haies d'hommes et d'être battus, se faisant."

 24   Vous avez répondu en disant qu'au début il y avait des situations de ce

 25   genre. Puis on vous a demandé si vous avez vu cela, et vous avez répondu:


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  1   "Oui, au début au moins une fois".

  2   Puis on vous a demandé: "Qu'avez-vous fait?" et vous avez répondu: "Rien,

  3   je n'ai rien pu faire et je n'ai rien eu à faire. Cela était fait par les

  4   gens qui avaient acheminé les prisonniers jusque là. Ce sont eux qui les

  5   faisaient passer par ces haies d'hommes, et c'était ainsi que cela se

  6   passait. Ensuite, ils étaient installés, comme je l'ai déjà mentionné, et

  7   les gardiens revenaient vers les autocars".

  8   On vous a demandé ensuite: "Mais n'est-il pas vrai de dire que ces

  9   prisonniers avaient été transférés vers votre secteur de responsabilité?"

 10   Vous avez répondu que vous ne pouviez pas comprendre cela parce que les

 11   gens qui les avaient amenés étaient toujours là.

 12   Alors on vous avait demandé: "Mais n'étiez-vous pas vous-même responsable

 13   de leur sécurité? N'était-ce pas là une partie intégrante de vos

 14   instructions?", vous avez répondu: "Je dirai qu'à ce moment-là ils

 15   n'étaient pas encore confiés au centre".

 16   (Fin de citation.)

 17   Ce qui prête à confusion à mes yeux ici, c'est que cela nécessitait de

 18   dire ici à la Chambre que vous n'entrepreniez quelque chose que si cela se

 19   passait devant vos yeux et en disant que vous n'avez pas vu certaines

 20   choses. Mais dans ce cas-ci vous avez vu cela et vous semblez nous dire

 21   que cela ne relevait pas de vos responsabilités en dépit du fait que cela

 22   se passait sous vos yeux. Est-ce que vous pouvez nous apporter un

 23   éclaircissement concernant cet aspect confus?

 24   Réponse: Je peux le faire. Cela me prendra peut-être une demi-journée mais

 25   je vais m'efforcer d'être le plus bref possible. Je ne sais pas ce qui


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  1   vous intéresse de plus dans tout ce que vous venez de dire, peut-être les

  2   haies d'hommes. Les gens lorsqu'on les amenait en autocars, ceux qui les

  3   escortaient sortaient avec. Et je parle toujours des deux premiers jours,

  4   ce n'est qu'alors qu'on avait amené des gens en autocars, et plus jamais

  5   pour ce qui relève de mes connaissances parce que je suis parti par la

  6   suite.

  7   Donc il y avait des autocars qui venaient, les autres, ceux qui suivaient

  8   attendaient que les gens qui étaient dans le premier quittent l'autocar,

  9   et il arrivait que les personnes qui avaient escorté ces autocars, qui

 10   étaient au nombre de 4 à 6, sortent des autocars, et deux ou trois se

 11   plaçaient de part et d'autre, à côté de la porte, à l'extérieur, de la

 12   porte. Les prisonniers qui sortaient de l'autocar passaient entre eux.

 13   C'était cette haie d'hommes que l'on appelait ainsi. Cette espèce de

 14   cordon.

 15   On ne le mentionne pas ici, mais moi je peux vous dire un cas

 16   caractéristique que j'ai notée: à savoir des gens qui faisaient partie de

 17   cette haie d'hommes avaient obligé les prisonniers à chanter des chansons

 18   qui avaient été estimées être des chansons nationalistes. Il est arrivé

 19   aussi que ces gens, ces prisonniers doivent se gifler les uns les autres.

 20   C'est ce que j'ai pu voir en une occasion, à partir de ma fenêtre du

 21   bureau de permanence.

 22   Donc les gens qui avaient escorté ces prisonniers portaient notamment des

 23   ceinturons blancs, et je suppose que la plupart étaient de la police

 24   militaire, des membres de la police militaire. Il y en avait d'autres,

 25   mais la plupart avaient des ceinturons blancs.


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  1   Maintenant si nous nous référons à l'autre partie, j'ai parlé de la façon

  2   dont je comprenais les choses, dont je concevais les choses. Tant qu'ils

  3   n'étaient pas installés, ils appartenaient, ces prisonniers appartenaient

  4   aux compétences de ceux qui les avaient amenés; et une fois installés,

  5   nous, policiers qui étions chargés de la sécurité, prenions la

  6   responsabilité de la protection. C'est dans cet esprit-là que j'ai essayé

  7   d'expliquer la situation en question à l'intention de M. Bob Reid.

  8   Question: Où cela est-il inscrit? Vous êtes en train de nous dire qu'il y

  9   avait une espèce d'espace gris intérieur, les gens se dirigeant vers les

 10   lieux où ils devaient être installés sur le secteur du camp d'Omarska.

 11   Où est-ce que cela est inscrit? Où est-ce qu'il est inscrit qu'ils ne sont

 12   pas encore entrés au camp?

 13   Réponse: Je ne comprends pas. Il n'y avait pas de ligne de tirée pour

 14   savoir où est la ligne de penalty, où est la ligne de coup franc. Ils sont

 15   confiés à ces gens jusqu'à ce qu'ils ne soient internés dans une pièce qui

 16   relève de nos attributions, et c'est ce qui était usuel.

 17   Question: Mais où est-ce que cela est-il inscrit?

 18   Réponse: Je ne sais pas où cela est inscrit, je vous parle de la pratique!

 19   Il n'y avait aucune loi régissant ces centres d'instruction. S'il y avait

 20   eu une loi régissant les centres d'instruction, moi je me ferai un plaisir

 21   de la commenter, mais il n'y avait pas de loi de ce type, il y avait juste

 22   une réglementation régissant le comportement de la police.

 23   Question: Vous étiez debout là-bas, vous avez observé ce que vous venez de

 24   nous décrire, vous avez vu cela de vos yeux, donc en votre présence on

 25   avait maltraité des prisonniers en votre présence à vous, et vous n'avez


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  1   rien fait. N'est-ce pas ce qui est arrivé effectivement?

  2   Réponse: On ne peut pas dire qu'il s'agissait là de ma présence, parce que

  3   si j'avais été en bas à ce moment, ce serait autre chose. Il s'agissait de

  4   quelques secondes. Maintenant il s'agit de savoir si on fait chanter des

  5   gens, est-ce que ce sont effectivement de mauvais traitements? Je ne

  6   voyais pas la nécessité de m'organiser. Je ne sais pas s'il fallait que je

  7   m'organise d'une façon quelconque et que j'entame un combat avec la police

  8   militaire. Si ces gens-là les ont contraints à chanter des chansons et si

  9   cela a duré une à deux minutes, je ne vois pas à quel type d'intervention

 10   vous pouvez vous attendre de la part de qui que ce soit de façon logique.

 11   Est-ce que nous étions censés ouvrir le feu sur la police militaire et

 12   tuer par la même occasion une centaine de détenus? Peut-être pensez-vous

 13   que cela eût constitué une solution acceptable?

 14   M. Riad (interprétation): Excusez-moi, Madame Somers. Vous venez de nous

 15   dire qu'il n'y avait pas de ligne tirée. Cela signifiait qu'il y avait une

 16   police militaire à l'intérieur et à l'extérieur. Est-ce que cela signifie

 17   que la police militaire avait accès à l'intérieur et qu'elle pouvait faire

 18   la même chose, et vice versa, et que vous, vous pouviez aussi sortir et

 19   faire tout ce que vous vouliez s'il n'y avait pas de ligne de délimitation

 20   précise?

 21   Réponse: En principe, oui. Il s'agissait de personnes qui étaient chargées

 22   d'escorter ces autocars. Ce sont eux qui ont amené les prisonniers en

 23   détention sur les lieux, et ce sont eux qui les ont fait descendre des

 24   autocars et qui les installaient dans les lieux, les pièces. Cela signifie

 25   qu'ils pouvaient accéder aux différentes pièces à ce moment-là. Jusqu'à


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  1   l'achèvement de cette tâche d'installation des prisonniers, ils pouvaient

  2   accéder, il n'y avait pas moyen d'empêcher la chose, il n'y avait aucune

  3   suggestion ou aucun ordre disant que cela était interdit.

  4   La police militaire est venue à plusieurs reprises chercher des détenus

  5   qui étaient censés être interrogés concernant des domaines qui étaient les

  6   leurs.

  7   M. Riad (interprétation): Mais s'ils avaient accès à l'intérieur et s'ils

  8   pratiquaient les mêmes enfreintes ou s'ils demandaient aux uns et aux

  9   autres de se frapper mutuellement, est-ce que vous pouviez les stopper ou

 10   est-ce qu'ils étaient des supérieurs par rapport à vous?

 11   Réponse: En tout état de cause, à ce moment-là ils étaient en position de

 12   supériorité. Maintenant, la chose relève des gardiens qui le voient. Est-

 13   ce qu'il estime qu'il peut se permettre d'intervenir? C'est à lui de juger

 14   quelle est son attitude vis-à-vis de la police militaire, mais c'est une

 15   chose qui incombait à tout gardien de faire lui-même. Je vous ai fait

 16   plusieurs commentaires là-dessus. Si j'avais été présent en bas, sur

 17   place, j'aurais probablement fait au moins ne serait-ce qu'un commentaire.

 18   C'était donc une position individuelle pour ce qui est de savoir si

 19   quelqu'un oserait dans une telle situation s'opposer à la police militaire

 20   ou pas. Si j'avais été concerné, eh bien il me reviendrait de faire cette

 21   estimation moi-même, si oui ou non il fallait intervenir. Mais je crois

 22   que j'aurais au moins fait un commentaire en disant aux gens: "Mais ne le

 23   faites pas" ou "Ne faites pas ceci".

 24   M. Riad (interprétation): Merci.

 25   Mme Somers (interprétation): Est-ce que vous avez raisonné de la même


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  1   façon lorsque ces gens descendaient des autocars, au moment où vous avez

  2   décrit cette intervention héroïque où vous vous étiez placé devant un

  3   Serbe ivre qui était armé d'un fusil et qui avait tué quatre, cinq ou six

  4   personnes? Est-ce que vous aviez réfléchi sous l'attribution ou sous les

  5   compétences de qui se trouvaient les gens lors de votre intervention?

  6   Réponse: Oui, j'ai réfléchi de la même façon mais la situation était

  7   drastique, il y avait eu des cris et des coups de feu et j'ai franchi le

  8   seuil. J'avais décidé de m'ingérer pour satisfaire à mes principes et

  9   devoirs de policiers.

 10   Mais là, je vous ai parlé tout à l'heure du fait de chanter des chansons.

 11   Je pense que, quoiqu'il s'agisse d'une humiliation, cela ne met en péril

 12   la vie de personne, aussi humiliant que cela puisse être. Mais s'il y a

 13   confusion concernant l'intervention, là il pourrait y avoir évidemment

 14   risque de mettre la vie de quelqu'un en péril.

 15   Question: Je pense que M. Reid vous a posé des questions concernant les

 16   coups que recevaient les gens et non pas les chants qu'ils devaient

 17   chanter. Est-ce que cela modifie votre façon de voir la nécessité

 18   d'intervenir ou pas, référence faite à la réglementation ou référence

 19   faite à vos instincts de policier?

 20   Réponse: Cela ne change rien. J'ai dit tout à l'heure qu'en sus des

 21   champs, on avait obligé les prisonniers à se gifler mutuellement. Ces

 22   gifles ne mettent la vie de personne en danger. Mais je vous répète:

 23   l'évaluation relative à une ingérence concernant l'opposition à la police

 24   militaire aurait pu entraîner un recours aux armes. Peut-être que les gens

 25   de l'escorte auraient ouvert le feu. Si vous pesez le pour et le contre,


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  1   eh bien vous faites le choix entre deux maux et entre deux maux, vous

  2   choisissez le moindre.

  3   Question: Je voudrais vous poser deux ou plusieurs questions concernant la

  4   description de votre travail juste avant la situation de guerre, époque à

  5   laquelle votre département de police d'Omarska a été transformé, et je

  6   voudrais que M. l'huissier vous distribue la pièce à conviction 3/206.

  7   (L'huissier s'exécute.)

  8   Le document que vous avez sous les yeux, à savoir le 3/206, en avez-vous

  9   pris connaissance?

 10   Réponse: J'ai la version anglaise sous les yeux.

 11   Question: Excusez-moi. J'en ai un en BCS et je vais vous le passer. Est-ce

 12   que vous l'avez maintenant dans votre langue, Monsieur Kvocka?

 13   Réponse: Oui.

 14   Question: Il s'agit d'un document daté de janvier 1990, il vient de

 15   Sarajevo, c'est un règlement d'organisation interne concernant le

 16   secrétariat à l'Intérieur de la République. Ce secrétariat, ce serait

 17   l'instance qui chapoterait votre institution, n'est-ce pas?

 18   Réponse: Oui.

 19   Question: En page 2 de la version anglaise, il y a un paragraphe n°40 qui

 20   parle des devoirs et des tâches des chefs de secteur de patrouille et des

 21   zones de patrouille.

 22   Vous avez été chef de secteur de patrouille au niveau de ce poste de

 23   police, ou plutôt département de poste de police dépendant d'Omarska?

 24   Réponse: Oui, j'ai été chef du secteur de patrouille au sein du

 25   département de police d'Omarska et par la suite, j'ai également été chef


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  1   de secteur au poste de police de Prijedor 1, et ce jusqu'en 1993. De 1993

  2   à 1994, j'ai été chef de secteur de patrouille et en 1994, je suis devenu

  3   chef d'équipe, toujours à Prijedor.

  4   Question: D'accord, fort bien. Nous parlons d'Omarska. Vous étiez chef de

  5   secteur de patrouille d'Omarska.

  6   Réponse: Oui, du département du poste de police.

  7   Question: Oui, c'est cela. Désolée, c'est cela. Jusqu'au 30 avril 1992?

  8   Réponse: Et même après.

  9   Question: Fort bien. Si nous nous penchons maintenant sur ce qui est noté

 10   concernant la description de vos tâches de travail, on dit "établit les

 11   dossiers de sécurité pour le secteur, tient à jour les données, procède

 12   aux patrouilles dans le secteur, entreprend des mesures préventives et

 13   opérationnelles, évalue la situation dans les communautés locales de ce

 14   secteur et en informe le commandant du poste et propose les mesures à

 15   prendre à l'égard de toute situation nouvellement créée". Puis on dit…

 16   Cette description du poste de travail traduit votre façon de prendre en

 17   considération les tâches de ce chef de secteur de patrouille?

 18   Réponse: Oui à peu près.

 19   Question: Donc ce serait là vos responsabilités à vous à la veille de la

 20   prise de Prijedor. Est-ce que c'est juste ce que je dis?

 21   Réponse: C'étaient mes tâches régulières, ce sont des tâches pas des

 22   responsabilités, des tâches qui doivent être accomplies par un chef de

 23   secteur.

 24   Question: Merci de nous l'avoir confirmé. Si nous essayons maintenant

 25   d'avoir une idée vague des responsabilités, des tâches de travail de


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  1   Zeljko Mejakic, est-ce que cela engloberait la supervision du travail

  2   effectué par les policiers? Ce serait donc une fonction de supervision de

  3   personnes qui seraient là pour suggérer comment il fallait se conduire

  4   dans l'accomplissement de ces tâches, est-ce que c'est ainsi que nous

  5   pourrions prendre en considération les responsabilités de Mejakic?

  6   Réponse: Vous parlez de la période où il était chef du département ou…

  7   Question: Oui oui et au camp. Est-ce qu'on pourrait dire que lui dans le

  8   cadre de ses fonctions et partant de son expérience était chargé de

  9   superviser la façon dont les autres policiers travaillaient? Est-ce ainsi

 10   que vous comprenez la chose?

 11   Réponse: Oui c'est de cette façon-là ou d'une certaine façon que ce

 12   commandant était en principe chargé de superviser ce que faisaient les

 13   policiers et ce, d'un point de vu professionnel. Pour ce qui est de la

 14   structure de commandement, il n'avait pas de grosses attributions si ce

 15   n'est la confection d'une structure d'organisation. Il y a donc une

 16   structure de commandement et une structure professionnelle, et certains

 17   sont placés à des postes pour leurs qualités professionnelles plutôt que

 18   par leurs qualités de commandement. Donc un commandant de département est

 19   plutôt responsable du point de vue des aptitudes professionnelles des uns

 20   et des autres.

 21   Question: Mais son expérience et son professionnalisme lui permettaient,

 22   dans le cas où il constaterait que quelque chose ne se faisait pas

 23   convenablement parmi ses subordonnés, de procéder à une rectification de

 24   ce comportement, est-ce que vous décririez ces tâches-là comme étant

 25   celles de Mejakic?


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  1   Réponse: Oui cela devrait se faire. Pour ce qui est de certaines

  2   incorrections, il était censé y remédier et s'il ne pouvait pas y

  3   remédier, il devait s'adresser à une instance qui suivrait la ligne de la

  4   structure de fonctionnement, une ligne de supériorité.

  5   Question: A la page 39 de votre interview avec l'inspecteur Reid, en

  6   version Serbo-croate ce serait la page 43 et 44, et en version anglaise

  7   c'est la page 39, Reid vous pose une question, je cite: "Que faisiez-vous

  8   au camp? Quel était votre rôle? Qu'avez-vous fait pendant que vous étiez

  9   au centre d'instruction d'Omarska? Quelles étaient vos tâches

 10   quotidiennes?" Et vous avez répondu: "Si Zeljko Mejakic n'était pas là, et

 11   j'ai déjà dit auparavant que je n'avais pas un poste de garde où je devais

 12   être placé, ses ordres à mon intention signifiaient qu'il fallait voir

 13   comment les policiers effectuaient leur travail et user de mon expérience

 14   pour suggérer aux policiers, la bonne façon de faire, de se comporter et

 15   en cas de constatation de comportement incorrect, le tenir informé".

 16   C'est en substance et cela ressemble à ce que vous venez de nous dire

 17   concernant les tâches de M. Mejakic. Ce que je voudrais vous poser comme

 18   question c'est…

 19   Réponse: Attendez! J'ai un commentaire. Vous voulez tout de suite passer à

 20   autre chose. Cela peut sembler comme étant quelque chose d'analogue mais

 21   c'était la tâche de M. Mejakic à l'égard des policiers subordonnés.

 22   A la même page, il y a une autre question qui dit, je cite: "Quand Mejakic

 23   vous confie une mission, est-ce qu'il vous la confie en votre qualité de

 24   policier subordonné ou en qualité d'assistant?" Et j'ai répondu: "En

 25   qualité de subordonné". Je ne vais pas enchaîner par la suite et je


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  1   commenterai que mon obligation en ma qualité de policier expérimenté c'est

  2   de faire des suggestions à l'intention des policiers qui n'ont pas

  3   d'expérience. Et je tiens à ne pas mélanger les choses. Il s'agit de

  4   policiers de réserve, ce sont des réservistes qui ne savent rien, qui sont

  5   analphabètes en matière de travail policier, donc mon travail, mon

  6   obligation est de les enseigner même si Zeljko ne m'en a pas donné

  7   l'ordre.

  8   Donc il fallait que j'attire leur attention sur certaines choses et j'ai

  9   pris peut-être cela trop à la lettre, j'ai peut-être fait trop de zèle,

 10   j'aurais mieux fait de me mettre plus de côté afin que l'on ne remarque

 11   pas ma présence.

 12   On aurait commis beaucoup plus de mal, mais dans les yeux de qui que ce

 13   soit, je ne passerais pas pour un supérieur et cela fait partie aussi des

 14   tâches d'un chef de secteur. Un chef de secteur n'est pas là de par son

 15   appartenance à une structure de commandement, mais par son expérience

 16   professionnelle.

 17   Question: Le nombre d'heures que vous avez passées au travail, je crois

 18   que nous en avons parlé hier, mais les choses n'ont pas été tout à fait

 19   claires. Si j'ai bien compris, vous avez dit que vous aviez passé un

 20   nombre considérable d'heures de travail au bureau. Combien de temps

 21   passiez-vous au bureau pendant que vous étiez d'équipe?

 22   Réponse: Il est très difficile de faire ce calcul et d'ordonner le temps.

 23   Pendant les deux premiers jours, je vous l'ai dit, je passais là-bas 16,

 24   17 heures, j'ai peut-être dit hier 19 heures, je ne sais pas trop mais

 25   c'est le temps que je passais pendant ces deux premiers jours au centre


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  1   d'instruction, et sur ce temps-là, la moitié, je la passais au bureau.

  2   Je crois que nous nous sommes déjà entretenus sur le fait que Zeljko

  3   m'avait dit de poursuivre mon service de permanence jusqu'à ordre

  4   contraire de sa part. Et j'ai continué, j'ai prolongé. Il m'a dit en

  5   passant qu'il y avait: "Tu vois ici des policiers de réserve nouveaux,

  6   trouve-toi à proximité pour qu'ils ne fassent pas de bêtise". C'étaient

  7   des ordres émanant de Zeljko.

  8   Question: La page 97 de votre interview avec Bob Reid, en version BCS ce

  9   serait la page 102, on vous a demandé, Reid vous pose la question

 10   suivante, je cite: "En moyenne pour autant que vous puissiez le faire au

 11   mieux, pouvez-vous nous faire une évaluation concernant le temps que vous

 12   avez passé dans le secteur de la Pista, vers le restaurant? Combien en

 13   moyenne par jour vous passiez là-bas au cours d'une équipe de 12 heures?"

 14   Vous avez répondu "Si je passais là-bas 12 heures, eh bien, c'étaient les

 15   12 heures.

 16   Question: Le temps que vous avez passé à l'extérieur?

 17   Réponse: Non, je rentrais et je retournais de temps en temps vers le

 18   bureau.

 19   Question: Et combien de temps au cours de l'équipe vous passiez au

 20   bureau?"

 21   Vous avez répondu que si l'on faisait le nombre d'entrées, cela ferait une

 22   ou deux heures. Et on vous a demandé si 10 à 12 heures vous étiez à

 23   l'extérieur dans ce centre et vous avez répondu que l'on pourrait

 24   s'exprimer ainsi.

 25   Par conséquent, si pour la plupart du temps, là-bas, vous vous trouviez à


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  1   l'extérieur, avez-vous vu, avez-vous entendu des gens souffrir? Avez-vous

  2   vu régulièrement des gens allongés sur la Pista, sous la chaleur? Avez-

  3   vous entendu des cris?

  4   Réponse: J'ai entendu des cris quand j'étais au bureau. Je l'ai expliqué

  5   hier et je ne vais pas vous priver de votre temps davantage. J'ai vu une

  6   fois des gens allongés sur la Pista. Je vous l'ai également dit hier, je

  7   ne vais donc pas me répéter, et j'ai vu beaucoup de gens. Compte tenu des

  8   conditions de la situation ces gens-là soufraient. Je n'ai pas vu comment

  9   ils souffraient. J'ai vu des gens qui avaient des blessures.

 10   Mais il ne faut pas perdre de vue une autre chose. J'ai séjourné là-bas du

 11   28, du 29, je ne m'en souviens pas, il se peut fort bien que mes débuts

 12   datent du 29 au matin jusqu'aux 22 ou 23 juin.

 13   Après l'incident j'ai eu deux ou trois jours de congé et j'ai eu un congé

 14   du 16 au 19 en raison d'un problème avec ma jambe gauche. Même maintenant

 15   je puis vous montrer encore les traces de ces blessures qui sont encore

 16   visibles, si besoin est. Cela fait au total six jours d'absence.

 17   Si l'on tient maintenant compte des équipes où j'étais relevé, donc où je

 18   ne passais pas mon temps là-bas, et si l'on intègre à vos questions ces

 19   éléments-là, il faut parvenir au temps effectif que j'ai passé au centre

 20   d'instruction, quatre ou cinq nuits ou six, sept, huit jours, voire dix.

 21   Je ne sais pas vous faire le calcul mathématique exact maintenant.

 22   Question: (Hors micro.)

 23   Nous revenons à l'interview avec M. Bennet.

 24   En page 4 de la version anglaise, une question vous a été posée, et cela

 25   figure au bas de la page, je cite: "Avez-vous essayé..."


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  1   Excusez-moi, est-ce que vous avez le document sous les yeux, Monsieur

  2   Kvocka?

  3   Réponse: Oui.

  4   Question: Fort bien.

  5   "Avez-vous essayé de faire en sorte que les membres de la famille de votre

  6   épouse soient relâchés d'Omarska?" Et vous avez répondu: "Je ne sais pas

  7   comment vous expliquer. Je n'ai pas essayé de les faire relâcher, ils

  8   devaient également être amenés au centre d'instruction. J'ai pensé que

  9   s'ils avaient une culpabilité quelconque concernant l'organisation de

 10   l'attaque contre les autorités serbes de Prijedor il fallait qu'ils

 11   passent par la procédure régulière.

 12   Mais pour leur propre sécurité, pendant que je n'étais pas là-bas, je les

 13   avais installés chez mes parents à proximité du centre d'instruction ou du

 14   camp." (Fin de citation.)

 15   Au cours de votre interview avec M. Reid, et je me réfère à la page 139 de

 16   la version anglaise...

 17   M. le Président: Maître Krstan Simic?

 18   M. K. Simic (interprétation): C'est précisément ce texte-là que Mme Somers

 19   a cité hier, elle le cite de nouveau encore. Monsieur Kvocka a donné des

 20   explications, or maintenant on se réfère encore à ce texte.

 21   M. le Président: Est-ce que vous avez entendu la question de Mme Somers?

 22   Avez-vous entendu la question?

 23   M. K. Simic (interprétation): Non.

 24   M. le Président: Attendez s'il vous plaît. Posez la question?

 25   Mme Somers (interprétation): Donc en pages 138, 139 de la version Serbo-


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  1   croate, vous dites... Je m'excuse, je m'excuse, page 147 de la version

  2   BCS.Il est question là de vos beaux-frères, cela se trouve au bas de la

  3   page 138 de la version anglaise, et on passe à la page 139 de la version

  4   anglaise.

  5   En répondant à la question précédente, vous dites, je cite: "Non pas à ce

  6   moment-là, mais je suis allé voir Simo Drljaca pour lui demander de les

  7   relâcher, et je pense y être allé deux fois. Mais j'y suis allé sûrement

  8   une fois. Il a été très bref et m'a dit qu'il ne voulait pas s'entretenir

  9   avec moi à ce sujet, qu'il ne relâcherait aucun Musulman et m'a dit de

 10   quitter son bureau" (fin de citation).

 11   Ma question à votre intention est la suivante: qu'est-ce qui est vrai?

 12   Est-ce que vous avez demandé qu'il soit relâché ou pas? Pour que je sache

 13   à quelle réponse je dois faire confiance.

 14   Réponse: Je l'ai dit dans mon témoignage à Bob Reid et je l'ai dit à M.

 15   Chris Bennet.

 16   Ici, Chris Bennet ne m'avait pas demandé si je lui avais demandé de les

 17   relâcher. J'avais dit que moi je ne pouvais pas les relâcher parce que

 18   quelqu'un les avait mis en détention provisoire, quelqu'un les avait

 19   incarcérés. Celui qui les avait incarcérés pouvait les relâcher.

 20   Comme tout indiquait que Simo Drljaca avait demandé leur incarcération -et

 21   je ne savais pas qui est-ce qui avait demandé cette incarcération- alors

 22   jusqu'à 3 jours, c'est une détention à vue et après il faut que le juge

 23   d'instruction se prononce, on en a déjà parlé.

 24   On m'a demandé pourquoi je ne les ai pas libérés, et j'ai répondu que je

 25   ne pouvais pas, moi, les libérer. Je leur ai dit que si une instance


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  1   compétente les avait incarcérés, moi en tant que policier, je devais me

  2   conformer à la procédure. Ce n'était pas à moi de mettre fin à leur

  3   incarcération. Mais après les interrogatoires effectuées par les

  4   enquêteurs, les interrogatoires de mes beaux-frères, et étant donné qu'il

  5   s'agissait d'assez bons gars, Neso Babic et Neso Tomcic, ils avaient dit

  6   qu'il n'y avait aucune culpabilité quelle qu'elle soit et que leur partie

  7   du travail était achevée.

  8   Suivant ce même ordre d'idée, je suis allé et je l'ai dit à Zeljko. Zeljko

  9   m'a dit: "Ne me demande pas d'aller demander moi-même. Tu connais Simo, si

 10   tu veux, tu vas voir toi-même Simo. Etant donné qu'ils ont été interrogés,

 11   ils n'ont aucune responsabilité à assumer." C'est donc dans cet ordre

 12   d'idée-là que je suis allé voir Simo Drljaca, mais il ne m'appartenait pas

 13   à moi de les libérer. Ce que je pouvais faire, c'était de les protéger.

 14   M. le Président: Excusez-moi de vous interrompre, Madame Somers.

 15   Maître Simic, s'il vous plaît, pouvez-vous vous lever?

 16   (Maître Krstan Simic se lève.)

 17   Quelle est l'objection, maintenant?

 18   M. K. Simic (interprétation): Monsieur le Président, ces questions ont

 19   déjà été posées hier.

 20   M. le Président: Non! C'est la première fois que Mme Somers demande au

 21   témoin quelle est la vérité, parce qu'elle a confronté une version avec

 22   une autre version. Comprenez-vous cela, Maître Simic?

 23   M. K. Simic (interprétation): Oui.

 24   M. le Président: Acceptez-vous cela?

 25   M. K. Simic (interprétation): Oui.


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  1   M. le Président (interprétation): Comprenez-vous que votre interruption a

  2   été un peu précipitée?

  3   M. K. Simic (interprétation): Cette fois-ci, oui.

  4   M. le Président: Vous pouvez vous asseoir, s'il vous plaît.

  5   Madame Somers, vous pouvez continuer, s'il vous plaît.

  6   Mme Somers (interprétation): Monsieur Kvocka, vous venez de dire quelque

  7   chose et j'aimerais vous demander une explication.

  8   Je cite: " Donc je ne pouvais pas les libérer, je ne pouvais que les

  9   protéger" (fin de citation).

 10   Comment pouviez-vous les protéger? Pouvez-vous nous l'expliquer, je vous

 11   prie?

 12   Réponse: De la façon dont j'ai agi et que chacun connaît, j'abuserai de

 13   votre temps si je répète, je vous prie de m'en excuser.

 14   Je pouvais les protéger de la façon suivante: j'ai enfreint un règlement

 15   pour ce faire; je les ai fait sortir du lieu qui était prévu pour

 16   l'internement de certaines personnes.

 17   Vous avez dans vos documents un ordre qui montre que Simo Drljaca déclare

 18   que personne n'a le droit de libérer qui que ce soit sans son autorisation

 19   et sa signature, qu'il s'agisse d'un membre du personnel, d'un enquêteur,

 20   d'un coordinateur. Personne ne peut libérer un détenu sans un document

 21   signé par lui. Vous avez ce document dans vos pièces.

 22   J'ai donc pris un risque en agissant comme je l'ai fait, et je trouve

 23   presque indécent, presque répugnant de devoir mettre autant l'accent sur

 24   quelque chose que j'ai fait!

 25   Mais malgré le fait que je n'ai pas l'habitude de parler ainsi, je répète


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  1   que j'ai agi de la sorte en ne sachant pas quelles seraient les

  2   conséquences et en raison de mes principes d'humanité. Je n'ai pas prêté

  3   attention aux répercussions éventuelles.

  4   Je sais qu'il y a eu quelques confusions au centre d'instruction, et je

  5   sais que toutes sortes de choses auraient pu leur arriver, à eux et à tous

  6   les autres. Donc je voulais éviter cela et tout simplement me libérer, me

  7   débarrasser d'une pression que je ressentais. Donc je les ai placés dans

  8   ma maison, je les ai installés, et j'avais davantage de temps à consacrer

  9   aux autres. Si je les avais laissés là, je n'aurais pu que les garder,

 10   n'être qu’un gardien à leur égard.

 11   Mais il y a d'autres personnes qui elles aussi avaient besoin de

 12   protection et que je souhaitais protéger. Je souhaitais protéger tout le

 13   monde en fait, mais les possibilités...

 14   Question: Quand vous êtes allé à Trnopolje pour libérer vos beaux-frères

 15   ou pour au moins obtenir leur libération, est-ce que vous avez aussi...

 16   Réponse: Deux d'entre eux en fait, seulement deux.

 17   Question: ... Etes-vous passé aussi au camp de Keraterm à ce moment-là?

 18   Réponse: Non. Il est possible d'y passer, c'est la raison pour laquelle

 19   j'ai un peu attendu. Mais non, à ce moment-là non parce qu'à ce moment-là,

 20   on n'a pas pris la route qui mène à Banja Luka mais la route qui longe les

 21   rails.

 22   Question: Quand vous arriviez de votre maison à Prjedor pour aller au

 23   travail, est-ce que vous passiez devant le camp de Keraterm?

 24   Réponse: Si vous parlez du moment où le camp de Keraterm existait,

 25   fonctionnait...


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  1   Question: Oui, oui, quand il était en fonctionnement.

  2   Réponse: A ce moment-là, non. Non. Pendant que le camp de Keraterm

  3   fonctionnait, je devais aller au travail en passant par Gomjenica, Cela et

  4   Tomasica. Mais je ne le faisais pas tous les jours parce que parfois je

  5   travaillais jusqu'à minuit et je passais la nuit à Omarska, donc j'allais

  6   simplement à Prijedor pour vérifier la situation de mon appartement

  7   quelquefois entre minuit et tôt le matin.

  8   Un jour, c'était avant la création du camp de Keraterm, immédiatement

  9   après les opération de Kozarac pour autant que je m'en souvienne, il y

 10   avait un barrage routier tenu par la police militaire à cet endroit et pas

 11   de circulation, donc j'ai fait demi-tour. Après cela, je n'ai même plus

 12   essayé d'utiliser cette route. Peut-être pouvait-on passer mais pour ne

 13   pas perdre de temps, j'ai fait demi-tour et les fois suivantes, j'ai pris

 14   une autre route qui passe par Cela, Gomjenica et puis on tourne à gauche

 15   en passant par Donja Maricka et c'est ainsi qu'on arrive à Omarska.

 16   Question: Donc si je vous ai bien compris, lorsque vous veniez de Tukovi,

 17   vous ne passiez pas devant Keraterm, si j'ai bien compris?

 18   Réponse: C'est la première fois que vous parlez de Prijedor maintenant.

 19   Hier, je vous ai expliqué que Tukovi est sur la route de Sanski Most alors

 20   que Keraterm est sur la route qui va de Prjedor à Banja Luka. Donc à

 21   partir de la ville, ces deux endroits sont à l'opposé l'un de l'autre.

 22   Quant on va à Sanski Most, on passe par Tukovi, et quand on va à Banja

 23   Luka, on passe à côté de Keraterm. Et quand on va vers Omarska, vers le

 24   camp d'Omarska, on peut utiliser deux routes, même trois routes

 25   différentes: la route qui passe devant Keraterm, la route qui longe les


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  1   rails de chemin-de-fer Prijedor/Banja Luka, là on passe par Trnopolje et,

  2   troisièmement, la route Gomjenica/Cela qui, avant Tomasica, tourne à

  3   gauche pour aller à Omarska.

  4   Question: Donc vous n'êtes pas passé par le carrefour où se trouve

  5   Keraterm? Vous avez trouvé un autre itinéraire même si celui-ci était

  6   l'itinéraire principal?

  7   Réponse: Quand j'allais à Omarska? Oui, à ce moment-là oui. Je suis allé à

  8   Keraterm plus tard mais je ne sais plus si le camp de Keraterm avait déjà

  9   été démantelé à ce moment-là. Par la suite, la route a été ouverte, celle

 10   qui mène à Omarska en passant par Keraterm.

 11   Question: Vous avez indiqué hier, en tout cas fait un commentaire au sujet

 12   de Simo Drljaca qui vous détestait. Alors pourquoi vous détestait-il?

 13   Réponse: Eh bien, je n'ai pas dit qu'il me détestait ou qu'il me haïssait.

 14   J'ai utilisé le terme "ignorer". Il m'ignorait, et il m'ignorait parce que

 15   ma première rencontre avec lui avait été déplaisante et c'est à partir de

 16   là que j'ai tiré cette conclusion.

 17   Question: Je prierai Monsieur l'huissier de distribuer le document 3/207.

 18   Réponse: J'ai la version anglaise sous les yeux.

 19   Question: Ce document n'existe qu'en anglais, c'est la langue parlée par

 20   la personne qui l'a envoyé, donc je vais devoir m'appuyer sur les

 21   interprètes et leur demander leur aide. Le document sera placé sur le

 22   rétroprojecteur. Il a été rédigé et envoyé par un certain colonel Jozsef

 23   Boda, de nationalité hongroise, qui est officier entraîneur, chargé de

 24   l'entraînement dans son pays actuellement mais qui, en 1996, entre le mois

 25   de mars et la fin du mois de décembre, travaillait pour la Force de police


Page 8295

  1   internationale qu'il est convenu d'appeler l'IPTF, dans la région de Banja

  2   Luka. Il avait là son bureau. Il était donc commandant-adjoint régional et

  3   ensuite est devenu commandant régional.

  4   Le colonel Boda indique que durant son travail au sein de l'IPTF, à la fin

  5   mars, il a reçu une affiche sur laquelle figuraient des photos de

  6   personnes mises en accusation, qui circulait en Bosnie-Herzégovine grâce à

  7   l'IPTF. Je cite: "Nous avons commencé une enquête et essayé d'identifier

  8   des criminels de guerre dans le secteur qui était notre secteur de

  9   responsabilité. Nous avons réussi à identifier quatre criminels de guerre

 10   dans la région de Prjedor".

 11   Le premier nom figurant sur la liste est celui de Miroslav Kvocka, le

 12   deuxième celui de Milojica Kos.

 13   M. O'Sullivan (interprétation): Objection, Monsieur le Président.

 14   Mon client est présumé innocent jusqu'à ce qu'il soit prouvé coupable. Il

 15   est décrit dans ce document en tant que criminel de guerre. Ceci est une

 16   viloation du Statut du Tribunal. Il ne doit pas être accepté qu'on utilise

 17   ce genre de phrase devant ce Tribunal, c'est une violation de la

 18   présomption d'innocence.

 19   M. le Président: OK. Maintenant, oui?

 20   Mme Somers (interprétation): Merci, Monsieur le Président. La terminologie

 21   n'est pas ce qui est le plus critique ici, Monsieur le Président. En ce

 22   moment, la personne qui s'exprime est une personne dont la langue

 23   maternelle n'est pas l'anglais mais il est tout à fait clair que l'affiche

 24   dont il est question est une affiche émanant du Tribunal pénal

 25   international pour l'ex-Yougoslavie qui est distribuée un peu partout dans


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  1   le monde.

  2   Ce qui est le plus important dans ce document, c'est ce qu'il dit de ce

  3   qu'a fait Simo Drljaca au paragraphe suivant. Je pense que la

  4   qualification des faits est importante et que les Juges de cette Chambre

  5   pourront apprécier cette qualification. Le terme "mis en accusation" n'est

  6   peut-être pas le plus approprié, je suis d'accord, mais nous devons

  7   poursuivre néanmoins car je présente ce document pour apporter une aide

  8   aux Juges de cette Chambre dans le présent procès. Donc je demande au

  9   Président de bien vouloir m'autoriser à poursuivre.

 10   M. le Président: Oui, mais de toute façon nous ne sommes pas ici avec des

 11   pré-jugements, ce sont des mots qui sont utilisés mais, oui, ils ne

 12   devaient pas être utilisés. De toute façon, la Chambre ne va pas conclure

 13   de la même façon seulement parce que cela a été écrit dans ce document.

 14   C'est un peu ce que Mme la Juge Wald a dit un peu avant. Donc poursuivez

 15   et de toute façon nous avons l'observation.

 16   Maître Fila, je crois que vous aviez une observation aussi?

 17   L'interprète: Note de l'interprète: dans la phrase de Mme Somers tout à

 18   l'heure, ce n'était pas "le terme 'mis en accusion' n'était pas approprié"

 19   mais "le terme 'mis en accusation' était plus approprié".

 20   Me Fila (interprétation): Non, je n'ai pas d'objection, Monsieur le

 21   Président, mais j'ai une question au sujet du document que j'ai entre les

 22   mains. J'ai trois pages dans ce document et je vois sur la troisième page

 23   la signature "Salina". Enfin, j'ai du mal à lire, j'ai oublié mes

 24   lunettes. Je crois qu'il y a une erreur dans le document qui m'a été

 25   distribué.


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  1   Mme Somers (interprétation): C'est un document de deux pages, Monsieur le

  2   Président, pas trois.

  3   M. le Président (interprétation): Le document que j'ai ici comprend deux

  4   pages.

  5   M. Fila (interprétation): Le mien a trois pages.

  6   M. le Président: Vous êtes fortuné! Vous êtes plus heureux que moi, Maître

  7   Fila.

  8   M. Fila: Qu'est-ce que cela?

  9   M. le Président: Peut-être que Mme Somers pourra voir si l'huissier lui

 10   donne votre document.

 11   Mme Somers (interprétation): Merci. Merci beaucoup.

 12   M. le Président: Maintenant, Maître FIla, vous avez seulement deux pages?

 13   M. Fila: Oui.

 14   M. le Président: Très bien. Madame Somers, vous êtes très généreuse de

 15   donner trois pages au lieu de deux. Allez-y, Madame Somers.

 16   Mme Somers (interprétation): Je demande aux Juge de cette Chambre de

 17   m'autoriser à remercier Me Fila pour son aide dans le retour de ce

 18   document.

 19   Mme Wald (interprétation): Il y a un document qui provient des documents

 20   dont vous avez demandé le versement au dossier. Je sais qu'il a été

 21   présenté très récemment. Est-ce simplement un document que vous allez

 22   utiliser pour le contre-interrogatoire sans en demander le versement?

 23   Mme Somers (interprétation): Madame le Juge, ce document est arrivé dans

 24   des conditions très particulières, il ne fait pas partie des documents

 25   saisis.


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  1   Mme Wald (interprétation): Je comprends cela, mais c'est un document du 12

  2   février 2000.

  3   Mme Somers (interprétation): Effectivement, c'est un document qui fait

  4   partie des confirmations d'informations reçues par nous jusqu'à hier.

  5   Mme Wald (interprétation): Mais je me demande si vous allez simplement

  6   l'utiliser pour le contre-interrogatoire comme vous l'avez dit

  7   précédemment ou bien si vous allez en demander le versement au dossier,

  8   allez-vous simplement demander au témoin: "Monsieur Kvocka, que pensez-

  9   vous au sujet de ce document?"?

 10   Mme Somers (interprétation): En fait, je voulais essayer d'en demander le

 11   versement, même si son auteur n'est pas présent dans le prétoire. Mais je

 12   lis entre les lignes, je vais certainement donner lecture à haute voix des

 13   passages pertinents. En tout cas, j'ai l'intention, sinon dès à présent du

 14   moins au moment des questions supplémentaires, d'en demander le versement

 15   au dossier, mais j'aimerais au moins avoir la possibilité de traiter des

 16   questions les plus importantes avec ce témoin et obtenir des réponses de

 17   sa part.

 18   Mme Wald (interprétation): Donc vous ne demandez pas…

 19   Mme Somers (interprétation): J'aimerais, à condition que…

 20   Mme Wald (interprétation): Vous ne demandez pas le versement au dossier de

 21   ce document dans l'immédiat, parce que si vous le faites nous devons

 22   authentifier ce document et, il y a un problème comme vous le savez, ce

 23   n'est pas simplement un problème d'affidavit. Si vous avez l'affidavit, en

 24   revanche…

 25   Mme Somers (interprétation): Je me rends bien compte, j'aimerais


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  1   simplement demander d'enregistrer ce document avec une cote et le garder

  2   pour une date ultérieure, mais j'aimerais si la Chambre me le permet,

  3   poser des questions au témoin au sujet de ce document.

  4   Monsieur Kvocka, le colonel Boda a indiqué…

  5   Mme Wald (interprétation): Eh bien, à mon avis, vous ne pouvez pas le

  6   présenter maintenant, vous devriez passer par la procédure habituelle,

  7   comme on le fait avec les affidavits. Je pense que vous pouvez poser des

  8   questions en vous appuyant sur ce document mais que c'est un document à

  9   charge.

 10   Mme Somers (interprétation): J'aimerais simplement demander au témoin,

 11   enfin il y a une description de certaines personnes qui ne comporte aucune

 12   qualification, mais des individus sont mentionnés dans ce document. Si

 13   vous me le permettez, Madame la Juge, Monsieur le Président, l'IPTF

 14   indique dans ce document les noms de Miroslav Kvocka, Milojica Kos, Mirko

 15   Babic et Mladen Radic.

 16   Alors ce qui est en cause ici, c'est une demande présentée par l'IPTF au

 17   chef de la police Simo Drjlaca dans la région de Prijedor lui demandant de

 18   fournir les registres de présence de différents officiers de service.

 19   Et il apparaît, à la lecteur de ce document, que vous-même Monsieur

 20   Kvocka, vous travailliez au département de police de Prijedor puisque ce

 21   n'est pas un poste de police au moment où M. Drjlaca a été prié de

 22   procéder à des arrestations, et ceci a été rejeté.

 23   Etes-vous conscient, pouvez-vous nous donner une raison quelconque

 24   expliquant pourquoi Simo Drjlaca en tant qu'officier de police aurait

 25   refusé de vous aider ou d'aider qui que ce soit d'autres, en tout cas de


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  1   vous aider vous, de quelque façon que ce soit, puisqu'il se méfiait de

  2   vous, ne vous aimait pas, ou si je me rappelle bien le mot utilisé par

  3   vous hier, s'il vous détestait? Pourquoi aurait-il agit de la sorte? Qu'en

  4   pensez-vous? Pouvez-vous le deviner?

  5   M. Kvocka (interprétation): Avant de deviner, il faut que je comprenne

  6   bien votre question. Je ne comprends pas. Qu'est-ce qu'il a refusé, où

  7   est-ce qu'il m'a défendu ou pas défendu? Qu'a-t-il demandé aux policiers

  8   internationaux, je n'ai absolument rien compris de ce que vous venez de me

  9   dire. Qui a refusé quoi?

 10   Question: Vous travailliez sous les ordres de Simo Drjlaca après avoir été

 11   mis en accusation par ce Tribunal, n'est-ce pas?

 12   Réponse: Oui. Il était le chef du centre à la fin 1995, début 1996, il y a

 13   eu une restructuration du service de sécurité au niveau de la République

 14   et il est resté chef à ce moment-là, mais il n'a pas occupé ces fonctions

 15   de 1993 à 1995. Entre 1993 et 1995, Simo Drjlaca ne travaillait pas à la

 16   police. Mais en 1995 ou début 1996, je ne sais pas exactement à quelle

 17   date, il est revenu à son poste, en tout cas si je ne donne pas la date

 18   exacte c'est à cette période.

 19   Question: Il savait, n'est-ce pas, que vous aviez été mis en accusation?

 20   Réponse: Je suppose qu'il le savait, tout le monde le savait, une fois que

 21   les médias l'ont annoncé tout le monde l'a su.

 22   Question: Pouvez-vous expliquer pourquoi, vous-même, en tant que policier

 23   ayant entendu parler de votre mise en accusation, et lui qui était votre

 24   supérieur et qui avait entendu parler de cela, et c'était un policier qui

 25   avait prêté serment, pourquoi vous avez refusé de respecter les mandats


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  1   d'arrêt de ce Tribunal et de vous remettre vous et vos collègues qui aviez

  2   été mis en accusation? Pourquoi l'arrestation n'a-t-elle pas été

  3   effectuée?

  4   Réponse: En premier lieu, je dirai qu'il ne voulait pas se rendre par

  5   qu'il avait été mis en accusation par un Acte d'accusation secret, qui

  6   n'était pas public. Cela c'est la vérité, mais d'après moi, tous les

  7   éléments dont nous venons de parler ces quatre ou cinq derniers jours,

  8   tout ce que j'ai dit à Bob Reid pendant trois ou quatre jours et à vous

  9   pendant trois ou quatre jours, ce sont là les raisons pour lesquelles Simo

 10   Drjlaca aurait préféré me tuer que de me livrer à la police

 11   internationale. Il se protégeait lui-même et pas moi.

 12   Question: Monsieur Drjlaca, je crois a été mis en accusation en 1997. A-t-

 13   il jamais discuté avec vous de cette mise en accusation avec vous? Vous a-

 14   t-il dit qu'elle le préoccupait? Avez-vous jamais parlé ensemble de sa

 15   mise en accusation?

 16   Réponse: Je crois qu'une fois il a dit: "On ne me verra pas aller à La

 17   Haye à moins que je ne sois mort". Je me rappelle qu'il a dit cela. Et

 18   c'est précisément la raison pour laquelle j'ai dit à Chris Bennet que

 19   quelque part je préférais être arrêté que de me rendre à La Haye, de me

 20   livrer à La Haye. Je voulais que cela ressemble à une arrestation.

 21   Question: Qu'il ait été ou qu'il n'ait pas été mis en accusation à

 22   l'époque, et je ne dis pas que la date que j'ai évoquée est tout à fait

 23   précise, mais avez-vous convenu avec lui de ne pas vous livrer, et

 24   d'encourager éventuellement les autres à ne pas le faire non plus, par

 25   exemple Kos et Radic? Est-ce qu'il y a eu un accord entre vous deux?


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  1   Réponse: Non, nous n'avons eu aucun contact l'un avec l'autre. J'ai

  2   travaillé effectivement pendant un certain temps après la mise en

  3   accusation, j'étais toujours dans le service et c'est à ce moment-là

  4   probablement que Simo Drjlaca m'a dit: "Je n'irai pas à La Haye à moins

  5   d'être mort". Si je lui avais donné la moindre indication montrant que

  6   j'étais d'accord pour aller à La Haye, si je lui avais donné le moindre

  7   signal indiquant que j'étais d'accord pour aller à La Haye, je pense que

  8   je ne serais pas arrivé jusqu'à La Haye.

  9   Question: Où avez-vous été arrêté?

 10   Réponse: Dans la cour de ma maison, enfin je l'appelle ma maison mais

 11   c'est la maison de ma femme ou plutôt de ses parents, dans le jardin, dans

 12   la cour. J'avais des bottes sales aux pieds et des pantalons troués, et ma

 13   femme a supplié pour que je puisse au moins mettre des chaussures bien

 14   cirée, mais l'autorisation ne m'a pas été donnée de le faire.

 15   J'ai immédiatement levé les bras en l'air, mais ces hommes étaient très

 16   émus, très impressionnés, ils tremblaient, ils m'ont immédiatement mis les

 17   menottes. Moi, avec les trois mots d'anglais que je savais à l'époque,

 18   j'ai dit: "Tout va bien, tout ira bien, n'ayez pas peur." Je n'avais pas

 19   peur à ce moment-là, mais je voyais qu'eux avaient peur et il était tout à

 20   fait évident -à voir leur peur- que le risque existait qu'ils tirent une

 21   balle dans la tête de ma femme ou de mes enfants ou dans ma tête à moi. Ma

 22   fille était là et ils ont mis un fusil, ils ont visé ma fille avec un

 23   fusil sur le seuil de la maison, ils lui ont mis le fusil sur le front

 24   comme ça. Je voulais que tout se passe le plus tranquillement possible et

 25   éviter que les voisins n'assistent à la scène.


Page 8303

  1   Question: Avez-vous démissionné de la police ou avez-vous été démis de vos

  2   fonctions?

  3   Réponse: J'ai été démis de mes fonctions, on m'a dit que je ne devais plus

  4   retourner au travail, c'était au mois d'octobre, non, au mois de novembre

  5   1996 je crois. Après un certain temps celui qui était à l'époque le chef

  6   de la police, c'était le numéro 2 après Simo Drljaca, m'a dit que le mieux

  7   serait que je signe un document mettant fin à ma carrière. Quelqu'un est

  8   donc venu chez moi, à la maison, et c'est de cette façon que j'ai moi-même

  9   mis un terme à mon emploi, à ma carrière disons officiellement, par

 10   consentement mutuel.

 11   Sans doute un mois après que j'ai effectivement arrêté de travailler. On

 12   m'a expliqué en quelques mots que l'IPTF ne motoriseraient plus à

 13   travailler au sein de la police. Donc c'est contre mon gré que j'ai quitté

 14   la police en fait.

 15   Question: Recevez-vous toujours un salaire ou une retraite de policier?

 16   Réponse: Pour le moment, la situation n'est pas réglée. J'aurais pu

 17   prendre ma retraite en 1995 parce que le nombre d'années de travail que

 18   j'avais était suffisant. Il est plus court que dans les autres

 19   professions.

 20   Mais comme j'avais encore envie de travailler, je n'ai pas fait une

 21   demande de mise à la retraite, et d'ailleurs je n'ai pas non plus commis

 22   de faute professionnelle grave qui aurait permis de me mettre à la

 23   retraite sous contrainte, enfin sans que je le souhaite. Car chez nous, il

 24   existe une réglementation qui permet que lorsque quelqu'un a commis une

 25   faute professionnelle grave de le mettre à la retraite de force.


Page 8304

   1   Je pense que certaines structures policières n'attendaient qu'une chose,

  2   c'est que je reprenne mon travail au sein de la police.

  3   Question: Merci, je n'ai pas d'autres questions.

  4   M. le Président: Très bien Madame Somers. Vous n'avez pas pris tout le

  5   temps qui vous avait été assigné. Peut-être pourrions-nous faire les

  6   questions supplémentaires, Maître Krstan Simic? Est-ce que vous êtes

  7   préparé?

  8   M. K. Simic (interprétation): Oui.

  9   M. le Président (interprétation): Vous dites que vous avez déjà pris 20

 10   minutes, on ne va pas prendre cela au sérieux, je vous le dis, mais les

 11   calculs disent que vous avez pris au moins 20 minutes du Procureur. C'est

 12   une façon de vous encourager à poser vos questions supplémentaires. Allez-

 13   y s'il vous plaît.

 14   (Interrogatoire principal supplémentaire au témoin, M. Miroslav Kvocka,

 15   par Me Krstan Simic.)

 16   M. K. Simic (interprétation): Merci Monsieur le Président.

 17   Monsieur Kvocka, lorsque vous avez déposé hier et en répondant aux

 18   questions de Mme Somers sur les brigades rouges et d'autres organisations

 19   terroristes, dans le contexte de votre travail à l'ambassade de Paris, je

 20   souhaite vous poser quelques questions relatives à cela.

 21   Au total, combien de personnes travaillaient à la sécurité de l'ambassade

 22   yougoslave à Paris?

 23   Réponse: Trois personnes. Il y avait partout deux, je le sais, c'était

 24   déjà le cas avant mais en ce qui concerne Paris, il y avait une situation

 25   spécifique et donc il y avait trois personnes, parce que l'immigration de


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  1   l'ex-Yougoslavie, l'immigration Oustachi et Chetnik était forte là-bas.

  2   C'était la raison et non pas tellement d'autres organisations terroristes

  3   étrangères.

  4   Question: Donc vous dites que trois personnes travaillaient?

  5   Réponse: Oui.

  6   Question: Et les équipes, comment étaient-elles organisées?

  7   Réponse: Eh bien, en principe deux hommes sur ces trois devaient être

  8   présents pendant les heures de travail de l'ambassade. Ils devaient se

  9   trouver dans une pièce qui se trouvait juste à côté de l'entrée de

 10   l'immeuble. Et le troisième était de repos. Après la fin des heures de

 11   travail de l'ambassade, une personne devait toujours être à l'intérieur de

 12   l'immeuble de l'ambassade et les deux autres pouvaient se promener en

 13   ville.

 14   Question: A quoi ressemblait votre journée de travail à l'ambassade

 15   yougoslave à Paris?

 16   Réponse: Eh bien, on était assis dans un bureau qui comportait un écran

 17   qui montrait l'entrée de l'ambassade. Par la suite, dans le cadre de notre

 18   travail, un petit appareil radiologique a été placé dans ce bureau qui

 19   nous a permis de vérifier à travers l'appareil à rayons X le contenu de

 20   petits colis, des lettres etc. C'est tout, et c'est ainsi qu'on contrôlait

 21   les choses.

 22   On contrôlait aussi l'entrée des personnes dans l'ambassade, mais on le

 23   faisait de manière tout à fait simple parce que d'habitude les gens de

 24   notre nationalité allaient dans des bureaux, dans des consulats, alors que

 25   dans les ambassades nous avions plutôt à faire aux diplomates; et là on ne


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  1   s'attendait pas à avoir des problèmes.

  2   Question: Quelle sorte de travail de police est-ce que vous avez effectué

  3   dans le cadre de votre travail à Paris?

  4   Réponse: La sécurité.

  5   Question: Merci. On a beaucoup parlé des uniformes que vous avez portés.

  6   Je souhaite que l'on aborde et clarifie cette question là aussi.

  7   Monsieur Kvocka, quels sont les uniformes que vous avez portés quand vous

  8   avez travaillé dans le cadre du service de permanence au sein de la

  9   sécurité du camp d'Omarska?

 10   Réponse: Moi, je portais uniquement l'uniforme de police bleu classique,

 11   c'est l'uniforme qui était encore employé par la police à l'époque. Il

 12   s'agissait d'une chemise aux manches, parfois courtes parfois longues,

 13   bleu clair, et de pantalons bleu-gris un peu plus foncés. Vous savez, j'ai

 14   du mal à décrire les couleurs. Et puis, il existait également une veste

 15   bleue que l'on portait s'il faisait froid.

 16   Puis plusieurs fois j'ai porté un uniforme vert de camouflage qui

 17   ressemble à 90% à l'uniforme de camouflage militaire, mais il y a une

 18   petite différence que je peux expliquer par la suite si nécessaire.

 19   Question: Je souhaite que l'on soumette au témoin maintenant la pièce à

 20   conviction 34/1, il s'agit de la pièce à conviction de la défense, donc

 21   D34/1.

 22   (L'huissier s'exécute.)

 23   Monsieur Kvocka, est-ce que vous reconnaissez ces uniformes-là?

 24   Réponse: Oui absolument, ce sont des uniformes de police avec les insignes

 25   des grades et de police. On ne voit pas le pantalon, mais la chemise bleue


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  1   est la chemise que moi je portais pendant une quinzaine, peut-être 20 ans

  2   de ma carrière.

  3   Question: Et dans le camp d'Omarska aussi?

  4   Réponse: Oui. De même que cet insigne, sauf que j'ai l'impression que

  5   j'avais trois traits à l'épaule parce qu'à chaque quatre années passées

  6   dans le service, on reçoit un trait de plus.

  7   Question: Merci. Je souhaite maintenant que l'on soumette au témoin la

  8   pièce à conviction 3/81. On peut retirer la pièce précédente.

  9   (L'huissier place le document sur le rétroprojecteur.)

 10   Question: Monsieur Kvocka, avant de poser la question, est-ce que vous

 11   pouvez identifier certaines de ces personnes?

 12   Réponse: Oui au moins deux, certainement.

 13   Question: Quelles sont les personnes que vous pouvez identifier?

 14   Réponse: Le premier homme qui figure sur cette photographie, le plus grand

 15   c'est Simo Drljaca avec une main levée. L'homme à côté de lui, je ne le

 16   connais pas. Et la personne plus petite derrière est Zeljko Mejakic. Et

 17   ensuite il y a un homme portant une barbe, je ne suis pas sûr de qui

 18   c'était. Mais en ce qui concerne ces deux-là, c'est sûr.

 19   Question: Merci. Monsieur Kvocka, veuillez regarder attentivement les

 20   uniformes portés par M. Drljaca et M. Mejakic.

 21   Réponse: Oui je vois.

 22   Question: Aviez-vous quelque fois un tel uniforme?

 23   Réponse: Oui avec ce petit pourcentage de différence, comme je l'ai déjà

 24   dit, parce que ma femme a expliqué qu'elle avait cousu un uniforme pour

 25   moi d'une toile de tente, donc il y a quelques petites différences de


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  1   détail, donc mon uniforme comporte quelques petites différences par

  2   rapport à celui-ci, mais au fond on peut dire que j'avais ce genre

  3   d'uniforme.

  4   Question: Est-ce que la couleur de fond est identique?

  5   Réponse: Oui, la couleur de fond est verte.

  6   Question: Merci. Vous pouvez retirer cette pièce à conviction. Je souhaite

  7   que l'on soumette au témoin la pièce à conviction du Procureur 3/22.

  8   Au cours de votre déposition hier, vous avez déclaré que la première fois

  9   que vous êtes venu à Omarska au centre d'instruction ou au camp d'Omarska,

 10   vous avez rencontré des membres de la police ou de l'armée qui portaient

 11   des uniformes que vous avez vus pour la première fois cette fois-ci?

 12   Réponse: Oui c'est exact.

 13   Question: Veuillez examiner la photographie suivante.

 14   (L'huissier place le document sur le rétroprojecteur.)

 15   Les membres de ces unités que vous avez rencontrés cette fois-ci, est-ce

 16   qu'ils portaient ce genre d'uniforme?

 17   Réponse: Oui ces quelque policiers que j'ai pu voir le matin, c'est-à-dire

 18   je n'ai vu personne d'autre portant d'autres uniformes, ils portaient tous

 19   des uniformes comme ça, le fond bleu avec des tâches plus ou moins

 20   claires. Ceci n'est pas très visible ici à l'écran mais si on examine la

 21   photographie, c'est tout à fait visible, donc c'est un uniforme bleu avec

 22   des tâches plus ou moins foncées.

 23   Question: Monsieur Kvocka -on peut retirer la pièce à conviction-, est-ce

 24   qu'au cours de votre séjour dans le centre d'instruction d'Omarska, vous

 25   avez jamais porté ce genre d'uniforme?


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  1   Réponse: Non jamais.

  2   Question: Monsieur Kvocka, est-ce que ces uniformes-là ont fait leur

  3   apparition au sein de la police à un certain moment et si oui quand?

  4   Réponse: En ce qui concerne leur emploi au sein de la police, j'ai reçu

  5   cela vers la fin 1994 ou début 1995 pour la première fois. C'est à partir

  6   de ce moment-là que tous les policiers portaient ce genre d'uniforme, à

  7   partir de ce moment-là c'est devenu l'uniforme officiel. Auparavant, on

  8   voyait ce genre d'uniforme parfois dans des unités spéciales ou des

  9   pelotons d'intervention, cela dépendait de la manière dont les gens

 10   appelaient ces formations-là et c'est là qu'on les voyait.

 11   Question: Monsieur Kvocka, beaucoup de personnes ont dit qu'au cours des

 12   deux premières semaines au camp d'instruction, au centre d'instruction

 13   d'Omarska, des membres d'une police spéciale s'y trouvaient, quels étaient

 14   leurs uniformes?

 15   Réponse: Au début, le premier groupe portait des uniformes bariolés, des

 16   uniformes de camouflage, mais le deuxième groupe commandé par Strazivuk

 17   portait des uniformes comme celui qu'on vient de voir, des uniformes bleus

 18   et ils portaient un numéro sur la manche qui désignait leur appartenance à

 19   une certaine unité au sein de leur formation. Je ne connais pas très

 20   exactement le système mais il était tout à fait visible qu'ils portaient

 21   un numéro sur la manche.

 22   Question: Monsieur Kvocka, nous avons entendu ici plusieurs dépositions de

 23   témoins qui ont indiqué qu'ils vous ont vu à Omarska en train de porter

 24   cet uniforme bleu, que l'on vient d'identifier en tant que pièce à

 25   conviction 3/22. Quel est votre commentaire à ce sujet?


Page 8310

  1   Réponse: Je n'ai pas grand-chose à dire. Il s'agit d'un mensonge absolu,

  2   ce n'était tout simplement pas le cas. Avant 1994/1995, je n'ai jamais

  3   porté d'uniforme de police bleu de camouflage.

  4   Question: Merci. Nous avons beaucoup parlé de l'organisation du poste de

  5   police, du département de la police, est-ce que vous pourriez maintenant

  6   nous décrire l'immeuble du département de la police à Omarska, nous dire

  7   ce que cet immeuble comportait?

  8   Réponse: Il s'agit d'un immeuble, il m'est difficile de vous dire quelles

  9   étaient ses dimensions, mais le bâtiment comporte un étage, il existe deux

 10   entrées au rez-de-chaussée, je peux expliquer par la suite la situation

 11   que je connais en ce qui concerne la deuxième entrée.

 12   Pour les pièces au sein du département, il y avait une entrée, ensuite le

 13   bureau pour les personnes de permanence, un bureau pour les policiers et

 14   puis une pièce dont se servait le commandant du département. C'étaient

 15   donc les pièces dont était constitué le département de la police.

 16   Il y avait également une cloison qui séparait la deuxième entrée que j'ai

 17   mentionnée tout à l'heure, et cette deuxième partie du rez-de-chaussée

 18   auparavant, avant que je n'y arrive, avait été utilisée pour y loger un

 19   policier qui n'avait pas un appartement à lui.

 20   A l'étage, il y avait deux ou trois petits appartements qui devaient être

 21   employés en principe par les policiers, mais je sais qu'un combattant de

 22   la Deuxième Guerre mondiale y vivait de même qu'un retraité qui avait

 23   travaillé au sein de la police d'Omarska auparavant.

 24   Question: Est-ce que dans le département de la police d'Omarska…

 25   M. le Président: Il serait convenable de faire une pause. Vous n'aurez pas


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  1   terminé dans les cinq prochaines minutes.

  2   M. K. Simic (interprétation): Non.

  3   M. le Président: Nous allons faire une pause de 50 minutes et puis nous

  4   reviendrons.

  5   (L'audience, suspendue à 12 heures 55, est reprise à 13 heures 52.)

  6   (Les accusés et le témoin regagnent le prétoire.)

  7   M. le Président (interprétation): Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.

  8   Maître Simic, très bien. Nous avons 10 minutes de soleil? Déjà, vous

  9   pouvez continuer.

 10   M. K. Simic (interprétation): Merci.

 11   Monsieur Kvocka, lorsque vous avez décrit le bâtiment dans lequel avait

 12   été installé le département du poste de police d'Omarska, vous avez

 13   également mentionné une pièce de permanence. Je vous demanderai maintenant

 14   de nous dire quelle est sa fonction et qui est-ce qui séjournait au juste

 15   dans cette pièce?

 16   M. Kvocka (interprétation): Dans cette pièce de permanence, il séjourne

 17   une ou plusieurs personnes de permanence, selon l'ordre du jour du

 18   commandant. Il y a là un émetteur récepteur et un poste téléphonique.

 19   Parfois la personne de permanence s'ennuie, il y a des fois un poste de

 20   télévision, un appareil radio. C'est là que viennent les citoyens s'ils

 21   ont à déclarer quoi que ce soit. C'est à peu près cela.

 22   Question: Si les chefs de secteur avec leur accompagnateur s'en allaient

 23   effectuer une mission vers leur secteur, est-ce que une fois revenus, ils

 24   informent la personne de permanence qu'ils sont rentrés?

 25   Réponse: Oui, ils reviennent chaque fois là. Ils présentent ou ils


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  1   laissent là leur rapport qui est repris le lendemain par le commandant et

  2   comme nous rentrions tard après les horaires de travail du commandant,

  3   nous laissions le rapport et ils le récupéraient le matin.

  4   Des fois, il arrivait aussi qu'ils soient présents, mais en son absence,

  5   nous laissions un rapport chez la personne de permanence et cet homme de

  6   permanence enregistre notre retour.

  7   Question: Au cours de votre témoignage et du témoignage de bon nombre de

  8   témoins, il a également été question d'une pièce de permanence des

  9   services sécurisant le centre d'instruction d'Omarska.

 10   Pouvez-vous nous décrire le contenu de cette pièce?

 11   Réponse: Dans une de ces parties, cela ressemblait à une pièce de

 12   permanence dans un département de police, à savoir de par le fait de la

 13   présence d'un ou de plusieurs hommes de permanence, il y avait un poste

 14   émetteur et un poste téléphonique, sauf que ce téléphone était moins

 15   utilisé qu'ailleurs, et l'autre partie de cette pièce de permanence nous

 16   avait été "occupée" (entre guillemets) par d'autres personnes, parce que

 17   cette pièce de permanence dérogeait par la présence aussi de deux

 18   dactylos, comme on a pu l'entendre dire lors de bon nombre de témoignages.

 19   Question: Monsieur Kvocka, selon le règlement de service que vous avez

 20   mentionné à maintes reprises, est-il permis ou recommandé dans cette pièce

 21   de permanence, d'avoir d'autres personnes, exception faite des personnes

 22   qui sont de permanence?

 23   Réponse: Non. Selon la règle, il faudrait qu'il y ait là un ou plusieurs

 24   hommes de permanence pour que les gens qui viennent déclarer quelque chose

 25   ou porter plainte, s'adressent aux personnes de permanence sans que


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  1   personne d'autre n'y assiste. C'est la raison pour laquelle j'ai dit que

  2   cette pièce de permanence au centre d'instruction se trouvait être en

  3   quelque sorte dégradée dans ces fonctions.

  4   Question: Avez-vous une information quelconque pour ce qui est de savoir

  5   qui est-ce qui avait désigné cette pièce pour être la pièce de permanence

  6   pour abriter les personnes qui sont de permanence?

  7   Réponse: Eh bien, quand je suis arrivé, je ne sais qu'une chose, c'est que

  8   cette pièce avait déjà été désignée soit par le commandant du poste de

  9   police de Prijedor, ou alors par la personne qui a donné l'ordre d'entamer

 10   les activités de ce centre d'instruction, mais je ne saurais vous répondre

 11   avec exactitude. Mais j'imagine que cela devait être une personne située à

 12   ce niveau-là de responsabilité.

 13   Question: Lorsque les membres de ce département du poste de police

 14   d'Omarska ont pris la charge du fonctionnement de cette pièce de

 15   permanence, est-ce que la pièce était déjà équipée techniquement parlant?

 16   Réponse: Oui, le poste émetteur était déjà installé, le poste téléphonique

 17   devait y avoir été présent déjà avant.

 18   Mais, en tout état de cause, le poste émetteur récepteur était déjà en

 19   état de fonctionner lors de notre arrivée.

 20   Question: Monsieur Kvocka, dans ce bâtiment administratif à l'étage, y

 21   avait-il une pièce où il n'y a point eu d'enquêtes de mener?

 22   Réponse: Oui, au bout du couloir, en face, donc tout au bout du couloir,

 23   il y avait une porte qui faisait face au couloir où il n'y avait pas

 24   d'enquêtes d'après ce que j'ai pu savoir. C'est là que séjournaient les

 25   chefs, les coordinateurs où, je ne sais comment on les appelait dans


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  1   différents documents, d'autres personnes de l'extérieur venant en visite

  2   allaient les voir. J'ai pu lire dans certains témoignages à l'adresse de

  3   Bob Reid qu'une fois Simo Drljaca était directement allé vers cette pièce-

  4   là.

  5   Question: Monsieur Kvocka, avez-vous jamais accédé à cette pièce où

  6   étaient installés ces coordinateurs des trois lignes d'enquête?

  7   Réponse: Non, jamais.

  8   Question: Le travail d'un homme de permanence diffère-t-il de celui d'une

  9   personne chargée de sécuriser une installation quelconque et ce, du point

 10   de vue de personnes connaissant le fonctionnement de la police?

 11   Réponse: Il y a une différence apparente dans la façon dont on effectue

 12   ces tâches. On est donc de permanence, on a un bureau, une communication

 13   radio et les autres tâches sont effectuées de façon différente.

 14   Par exemple, on sécurise en assurant un gardiennage à un endroit déterminé

 15   si cela est déterminé ainsi, ou alors en procédant à des patrouilles, en

 16   circulant d'un endroit à l'autre. Donc il y a différentes façons de

 17   sécuriser des installations.

 18   Question: Est-ce que cela peut donner l'impression de positions

 19   différentes occupées par les uns et les autres aux yeux des personnes qui

 20   ne connaissent pas le fonctionnement de la police?

 21   Réponse: Oui. Tout simplement, cela dégage cette impression. Dans le

 22   jargon que nous utilisions, dans notre façon de parler, nous avions

 23   l'habitude. Je me souviens que lorsque je revenais fatigué en allant à

 24   pied dans les différents villages, mouillé, les pieds trempés, gelé avec

 25   la neige ou trempé debout, je pouvais dire facilement à l'autre: "Eh bien,


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  1   écoute, la vie est facile pour toi, chef, parce que tu restes au chaud et

  2   au sec". C'est une façon argotique que nous avions de nous adresser les

  3   uns aux autres.

  4   Mais l'autre policier par exemple pouvait très bien être avec une seule

  5   année d'expérience, mais je m'adressais à lui en lui disant "chef" parce

  6   qu'il se trouvait être à ce moment-là dans une position qui était bien

  7   plus favorable ou avantageuse par rapport à la mienne. Donc c'était une

  8   façon plutôt ironique de s'exprimer.

  9   Question: Monsieur Kvocka, ma collègue vous a présenté tout à l'heure un

 10   document portant la cote 3/206. Je voudrais demander à Monsieur l'huissier

 11   de restituer à M. Kvocka ce document. Il s'agit d'un règlement portant

 12   organisation interne et émanant du secrétariat à l'Intérieur de la

 13   République.

 14   (Le document est remis au témoin.)

 15   Je demanderai également à Monsieur l'huissier de placer sur le

 16   rétroprojecteur la page 2, où il est question des tâches et des devoirs

 17   assignés au chef de secteur de patrouille dans un rayon de surveillance

 18   déterminée.

 19   Monsieur Kvocka, mon honorable collègue a cité ici, au point 40, les

 20   tâches et les devoirs d'un chef de secteur de patrouille et d'un chef de

 21   zone de patrouille, tâches que vous avez identifiées comme étant des

 22   tâches qui faisaient partie de votre mission également.

 23   Je ne me propose pas de vous poser de question à ce sujet, mais ma

 24   collègue a omis de vous poser certaines questions là-dessus mais cela

 25   n'est pas l'essentiel. Je voulais juste clarifier autre chose.


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  1   Au bas de la page, il est dit, et je demanderai à Monsieur l'huissier de

  2   déplacer un peu la page afin que nous voyions le dernier paragraphe. Il

  3   est dit: "Tâches et devoirs des activités fondamentales-professionnelles-

  4   opérationnelles-et-tâches simples".

  5   Monsieur Kvocka, est-ce que dans la pratique policière, les tâches d'un

  6   chef de secteur de patrouille sont considérées comme étant des tâches

  7   simples comme définies aux termes de ce règlement de service?

  8   Réponse: Cela est défini comme étant des tâches des plus simples dans le

  9   système du fonctionnement policier. Ce sont tout simplement parlant des

 10   tâches simples. C'est ce qui est prescrit par la réglementation en

 11   question.

 12   Question: Vous avez dit aujourd'hui que vous êtes resté chef de secteur de

 13   patrouille jusqu'en 1994. Est-ce bien exact?

 14   Réponse: Oui.

 15   Question: Je vous remercie, Monsieur l'huissier, nous n'avons plus besoin

 16   de ce document.

 17   Monsieur Kvocka, hier, en répondant à l'une des questions de Mme Somers,

 18   vous avez parlé d'un incident auquel a pris part un petit criminel appelé

 19   Dordin. Vous en souvenez-vous?

 20   Réponse: Oui.

 21   Question: Vous avez également témoigné en nous disant que vous aviez vu

 22   l'incident à partir de la fenêtre de cette pièce de permanence.

 23   Réponse: Oui.

 24   Question: Quelle est la distance qu'il fallait parcourir en sortant de

 25   cette pièce pour arriver jusqu'à l'endroit où cet incident a eu lieu?


Page 8317

  1   Réponse: Eh bien, il faut faire un demi-cercle à peu près, mais il se peut

  2   qu'il y ait 15 mètres.

  3   Question: Vous avez également dit hier que, dans l'enceinte, il y avait

  4   d'autres membres des forces de sécurité. Je voudrais vous demander s'il y

  5   en avait dans le couloir devant les bureaux de l'homme qui était de

  6   permanence et le bureau des inspecteurs.

  7   Réponse: Oui, il y avait des gardiens devant. Rares étaient les périodes

  8   où il n'y avait pas un seul gardien dans le couloir.

  9   Question: Pourquoi n'avez-vous pas donné l'ordre à l'un quelconque de ces

 10   gardiens pour que lui le fasse, accomplisse cette tâche?

 11   Réponse: Je ne pouvais donner d'ordre à personne. Ce que je pouvais faire,

 12   c'était intervenir dans le cadre de ce qui faisait partie de la

 13   description des tâches et des devoirs assignés à un policier, un simple

 14   policier.

 15   Question: Est-ce que, cette fois-là, l'un quelconque des gardiens est

 16   accouru pour vous prêter main-forte?

 17   Réponse: Non.

 18   Question: Monsieur Kvocka, dans votre témoignage, vous avez mentionné à

 19   plusieurs reprises une personne répondant au nom de Igor Kondic.

 20   Réponse: Oui.

 21   Question: Vous avez également témoigné en disant que vous l'aviez trouvé

 22   en situation grave, c'est-à-dire en état physique grave, étant donné qu'il

 23   avait été passé à tabac, et que vous l'aviez trouvé dans cet état-là une

 24   fois. Est-ce exact?

 25   Réponse: Oui.


Page 8318

  1   Question: Je voudrais maintenant que M. Kvocka puisse voir un document et

  2   qu'il soit procédé à la distribution d'un document qui porte notre

  3   désignation D44, pardon D44/1. Avez-vous reçu ce document?

  4   (Le document est distribué aux Juges, à l'accusation et au témoin.)

  5   Monsieur Kvocka, je vous prie de vous pencher sur la page 2 où il y a une

  6   photographie de plusieurs personnes.

  7   Réponse: Oui, je vois.

  8   Question: Vous voyez ici que l'on dit "Igor Kondic".

  9   Réponse: Oui.

 10   Question: Est-ce bien la personne que vous avez mentionnée lors de votre

 11   témoignage, en disant que vous l'aviez trouvée cette fois-là en situation

 12   d'homme qui avait été passé à tabac?

 13   Réponse: Oui.

 14   Question: Monsieur Kvocka, pouvez-vous nous donner lecture de

 15   l'appellation du journal et de la publication?

 16   Réponse: Il s'agit du journal Kozarski Vjesnik du 7 août 1992.

 17   Question: Monsieur Kvocka, je vous demanderai maintenant de regarder vers

 18   le coin gauche en haut et que vous nous lisiez le texte relatif au décédé

 19   Igor Kondic.

 20   Réponse: "En date du 7 août 1992, cela fera 40 jours qu'est prématurément

 21   décédé notre bien-aimé et jamais oublié, fils et frère, Igor Kondic", on

 22   donne en bas sa date de naissance et sa date de décès.

 23   Question: Merci. Est-ce que d'après nos coutumes locales, cela constitue

 24   un memorium pour ces 40 jours?

 25   Réponse: Oui, parmi la population orthodoxe, il y a une commémoration au


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  1   quarantième jour, on va au cimetière et on informe les amis, la famille,

  2   par le biais donc des annonces dans la presse, que cette commémoration se

  3   fera tel jour.

  4   Question: Est-ce que cela signifie que M. Igor Kondic est décédé 40 jours

  5   auparavant?

  6   Réponse: C'est bien ce qui est indiqué ici, à la lettre. Le 7 août 1992,

  7   cela a fait 40 jours à compter de son décès.

  8   Question: Monsieur Kvocka, avez-vous vu M. Kondic lorsque vous aviez amené

  9   vos beaux-frères ou lors d'une autre visite?

 10   Réponse: Selon mes souvenirs, cela a eu lieu lorsque je suis allé une

 11   deuxième fois en visite.

 12   Question: Je vous remercie. Monsieur Kvocka, nous avons mis beaucoup de

 13   temps ici aux fins de tirer au clair les relations ou plutôt le statut

 14   d'un département de poste de police. Ma collègue vous a présenté un

 15   document qui porte la cote 3/186, il s'agit d'une organisation de travail

 16   pour la date du 18 mai 1991.

 17   Mme Somers (interprétation): Monsieur le Président, je voudrais faire

 18   objection.

 19   M. le Président: Je vous en prie.

 20   Mme Somers (interprétation): La mort de Igor Kondic n'est pas une question

 21   qui avait été soulevée pendant le contre-interrogatoire. Je ne voudrais

 22   pas faire d'objection sans fondement, mais je voulais dire seulement qu'il

 23   s'agit d'une question qui n'a pas été soulevée.

 24   M. le Président: Maître Krstan Simic, quelle est la question dans le

 25   contre-interrogatoire que vous voulez éclaircir avec ce document, ou


Page 8320

  1   répondre à l'objection? Que voulez-vous poser?

  2   M. K. Simic (interprétation): Je vais répondre très clairement, Monsieur

  3   le Président, 70% du contre-interrogatoire fait par mon honorable collègue

  4   n'a pas concerné l'interrogatoire principal. Vous avez vous-même dit qu'il

  5   y avait un degré de souplesse, et c'est une question qui a été posée pour

  6   jeter un éclairage sur un affidavit et un témoignage de témoins protégés.

  7   Je tiens à dire que c'est une chose que la défense se propose de faire ou

  8   une chose à laquelle la défense se propose de recourir très rarement lors

  9   de son interrogatoire.

 10   M. le Président: Madame Somers?

 11   Mme Somers (interprétation): Je pense, Monsieur le Président, qu'il y a

 12   une divergence qui découle de l'Article 90 H) qui nous contraints à

 13   présenter tous les éléments de preuve, et nous ne pouvons pas nous limiter

 14   seulement aux questions posées lors de l'interrogatoire principal.

 15   Alors si j'ai peut-être mal interprété le Règlement, cela serait limité

 16   par l'ampleur de l'interrogatoire principal conformément à l'Article 90 H)

 17   M. le Président: Maître Simic, nous devons terminer, sinon...

 18   (Les Juges se concertent sur le siège.)

 19   Madame Somers, objection rejetée.

 20   Donc vous pouvez continuer, Maître Simic.

 21   M. K. Simic (interprétation): Merci.

 22   (Hors micro). Excusez-moi.

 23   J'en reviens au document 3/186. Monsieur Kvocka, que représente en fait le

 24   document que vous avez devant vous?

 25   M. Kvocka (interprétation): Il s'agit d'une répartition du travail


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  1   habituelle, qui se fait journellement pour un poste de police ou de milice

  2   à Prijedor selon les termes que l'on utilise. Cela concerne donc un

  3   établissement de police de base.

  4   Question: S'agit-il ici d'un poste de police générale qui disposait de 3

  5   départements?

  6   Réponse: Dans ce cas concret, il s'agit d'un poste de police générale de

  7   Prijedor.

  8   Question: Monsieur Kvocka, je voudrais que vous vous penchiez sur cette

  9   partie du calendrier qui concerne le 18 mai 91, qui parle de service de

 10   sécurité et d'un ordre n° 417. Vous avez trouvé?

 11   Réponse: Oui.

 12   Question: Y a-t-il là 9 personnes de nommées?

 13   Réponse: Oui.

 14   Question: Y a-t-il dans cette liste les noms des membres du département du

 15   poste de police d'Omarska et, si oui, je vous prie de nous donner en

 16   lecture?

 17   Réponse: Les 5 premiers ne le sont pas, ne sont pas à Omarska, et les 4

 18   suivants: Grahovac Ljuban, Mejakic Zeljko, Kvocka Miroslav et Mudrinic

 19   Branko le sont. Les 4 suivants...

 20   Question: Je m'excuse.

 21   Monsieur le Président, c'est le document où nous avons eu des problèmes de

 22   traduction et j'ai des appréhensions. Je parle de la page 2 où on a

 23   ajouté... Je ne sais pas si cela a été montré à la Chambre.

 24   Monsieur l'huissier, voulez-vous tourner la page, je vous prie, pour ce

 25   qui est de la version anglaise?


Page 8322

  1   (L’huissier s’exécute.)

  2   Est-ce que ce sont bien ces noms-là?

  3   Réponse: Oui, les numéros 6, 7, 8, 9 ce sont des policiers appartenant au

  4   département de police d'Omarska.

  5   Question: Je vous prierai de nous dire qui a délivré cet ordre de

  6   fonctionnement pour la date du 18 mai 1991?

  7   Réponse: Le chef du poste de police, Fikret Kadiric.

  8   Question: Et sous vos noms, y a-t-il des désignations pour ce qui est du

  9   département de Kozarac, du département de Ljublja et d'Omarska? Et à côté

 10   d'Omarska, il y a un chiffre, le chiffre 5. Vous voyez cela?

 11   Réponse: Oui.

 12   Question: Pouvez-vous nous faire un commentaire?

 13   Réponse: Eh bien, dans l'ordre établi par ce chef de poste de police, il

 14   avait mentionné tous les services qui avaient été prévus et, s'agissant

 15   des départements, il n'a indiqué que les effectifs en présence. Alors pour

 16   Omarska, il a diminué de 4 policiers qu'il avait déjà désignés dans un

 17   autre service. Les 5 autres sont laissés à la disposition du chef du

 18   département, probablement.

 19   Question: Monsieur Kvocka, vous avez travaillé dans ce département du

 20   poste de police d'Omarska?

 21   Réponse: Oui.

 22   Question: Comment se fait-il que quelqu'un d'autre vous fasse un ordre de

 23   fonctionnement sans consulter votre chef à vous?

 24   Réponse: Mais ce n'est personne d'autre. Fikret Kadiric était mon

 25   commandant. C'est lui qui détermine le calendrier, qui établit les ordres


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  1   pour tous les employés et, selon ce qui avait été prévu par les tâches

  2   précédentes confiées par lui au chef du département...

  3   Nous avons entendu que le chef du département allait tous les jours voir

  4   le chef de poste pour se voir assigner des missions. Donc c'est lui qui

  5   déterminait les ordres, et le chef du poste de police est le commandant

  6   principal, c'est lui le supérieur, le seul supérieur habilité à donner des

  7   ordres. Les autres sont supérieurs dans un domaine, mais ils ne peuvent

  8   pas délivrer d'ordre.

  9   Question: Pour tirer les choses bien au clair, je vous prie une fois de

 10   plus de nous indiquer la structure en suivant la ligne depuis vous et en

 11   allant vers les supérieurs hiérarchiques.

 12   Réponse: D'abord, il y a le chef du département, puis, suivant la même

 13   ligne de commandement, il y a l'assistant du commandant du poste et le

 14   commandant du poste. Il y a également les adjoints qui sont mes supérieurs

 15   à moi. Leur grade dans l'accomplissement des tâches se situe au niveau du

 16   grade de chef de département. J'ai omis avant l'assistant, donc

 17   l'assistant et le commandant du poste, il y a au sein du poste des chefs

 18   d'équipe.

 19   Question: Merci.

 20   Réponse: Qui se trouvent également être les supérieurs des policiers.

 21   M. le Président: Nous avons vu déjà cela même avec des chartes dessinées.

 22   Très bien. Vous avez versé au dossier je crois des chartes avec la

 23   structure de commandement. Mais allez-y, continuez s'il vous plaît.

 24   M. K. Simic (interprétation): Oui, Monsieur le Président, je vous remercie

 25   et je suis conscient de ce fait. Ce que je voulais notamment, c'est


Page 8324

  1   appuyer par le témoignage de M. Kvocka et par ce document les faits, donc

  2   résoudre une bonne fois pour toute le fait qu'il ne s'agit pas d'une

  3   institution indépendante, mais que c'est un petit département d'un poste

  4   de police qui lui est subordonné. Merci.

  5   Monsieur Kvocka, je sais que cela est difficile, mais pouvez-vous vous

  6   souvenir de la teneur de cet ordre-là? Qu'étiez-vous censé sécuriser à

  7   l'époque?

  8   M. Kvocka (interprétation): D'après le nombre de personnes qui devaient

  9   prendre part, et je parle d'un total de 9 personnes, et si j'en juge de

 10   par le nom de Jankovic Dusan qui était à l'époque assistant de Fikret

 11   Kadiric, et si j'en juge d'après la période, parce qu'on dit de 19 heures

 12   jusqu'au moment nécessaire, cela pourrait être un match de foot du club de

 13   football Rudar, où il y avait 5 à 10.000 spectateurs d'habitude.

 14   Question: Merci.

 15   Réponse: Je ne peux pas garantir à 100% qu'il s'était agi de ces tâches-là

 16   mais, je suppose qu'en fonction de tous ces paramètres, cela pouvait être

 17   cela.

 18   Question: Vous avez mentionné Fikret Kadiric et hier Mme Somers vous a

 19   posé des questions à son sujet. A l'époque où ce rapport a été présenté,

 20   que faisait-il?

 21   Réponse: Le 18 mai 1991, il était chef du poste de police de Prijedor, et

 22   je parle là du poste général de police.

 23   Question: Vous venez de dire que son assistant était Dusan Jankovic. Est-

 24   ce exact?

 25   Réponse: Oui.


Page 8325

  1   Question: Après la mise en place d'un pouvoir tripartite entre le SDS, SDA

  2   et le HDZ, y a-t-il eu changement de cette structure de commandement? A

  3   quel poste se trouvait être M. Kadiric au moment de son arrestation?

  4   Réponse: Après les élections, il y a eu certaines rotations, mais au

  5   moment de l'arrestation de Fikret Kadiric, ce dernier était chef du poste

  6   de police chargé de la sécurité de la circulation routière.

  7   Question: Et qui est devenu commandant du poste de police générale?

  8   Réponse: Dusan Jankovic.

  9   Question: Si j'ai bien compris, était-ce là l'organisation, le schéma

 10   organisationnel de la police jusqu'au moment de la prise du pouvoir des

 11   Serbes à Prijedor en date du 30 avril?

 12   Réponse: Oui.

 13   Question: Est-ce que c'est là que vous avez changé de commandant?

 14   Réponse: Oui, après le changement de pouvoir, il y a eu un nouveau

 15   changement, une nouvelle modification dans la structure de commandement.

 16   Question: Qui est devenu votre commandant par la suite?

 17   Réponse: Par la suite, le commandant du poste de police de Prijedor est

 18   devenu Cado Milutin et Jankovic est parti pour être le directeur de la

 19   police, c'est-à-dire l'homme n° 2 dans la hiérarchie après Simo Drljaca.

 20   Il était donc le directeur de toute la police de la municipalité, et on

 21   dit directeur de la police, donc il n'avait des ingérences qu'au niveau de

 22   la police.

 23   Question: Je vous remercie.

 24   Nous pouvons passer maintenant à un document qui porte la cote 3/186, que

 25   mon honorable collègue avait présenté. 3/176.


Page 8326

  1   C'est une correction que j'apporte. Je demande que le document soit remis

  2   au témoin.

  3   (Le document est remis au témoin.)

  4   Monsieur Kvocka, si vous voulez placer cela sur le rétroprojecteur, vous

  5   avez devant vous un document. Tout d'abord, dites-nous, s'il vous plaît,

  6   d’où émane ce document?

  7   Réponse: Le poste de la sécurité publique de Prijedor et le poste de

  8   police de Prijedor.

  9   Question: Monsieur Kvocka, s'agit-il du même poste de police que celui

 10   dont faisait partie le département du poste de police d'Omarska?

 11   Réponse: Oui.

 12   Question: Veuillez nous expliquer de quel type de document il s'agit?

 13   Réponse: Il s'agit ici d'un rapport sur les résultats du travail des

 14   employés du poste de police de Prijedor pour faire le calcul des revenus

 15   pour une certaine période qui a été prise en considération lors de

 16   l'assemblée des employés, et qui a été signé par le président de

 17   l'assemblée.

 18   Question: Monsieur Kvocka, est-ce que le département de la police est

 19   également inclus dans ce rapport du poste de police de Prijedor?

 20   Réponse: Oui, les trois sections sont incluses dans ce rapport du poste de

 21   police de Prijedor. Ljubija, Kozarac, Omarska.

 22   Question: Merci.

 23   Vous avez omis de dire quelle est la période concernée par ce rapport

 24   suite à son adoption par l'assemblée.

 25   Réponse: Le 16 juin jusqu'au 15 juillet 1992.


Page 8327

  1   Question: Merci.

  2   S'il vous plaît, veuillez examiner la page 3, pour vous c'est un peu plus

  3   haut, c'est-à-dire à l'endroit où il est écrit "le département de la

  4   police d'Omarska ".

  5   Monsieur Kvocka, ici, on trouve les noms des 12 personnes. Est-ce que

  6   toutes ces personnes étaient employées au sein du département du poste de

  7   police d'Omarska?

  8   Réponse: Oui, ces personnes y étaient employées mais, à ce moment-là,

  9   toutes ces personnes n'y travaillaient pas.

 10   Question: Est-ce que vous pourriez nous dire quelles sont les personnes

 11   qui travaillaient directement dans le département de la police d'Omarska?

 12   Et puis, est-ce que vous pouvez nous dire les personnes qui ont été mutées

 13   ailleurs et nous dire où elles ont été mutées, disloquées?

 14   Réponse: Je vais essayer de le faire au mieux de mes souvenirs.

 15   A ce moment-là, Miroslav Kvocka, mais il est vrai pas en ce qui concerne

 16   l'ensemble de la période sur laquelle se réfère le salaire. Ljuban

 17   Grahovac n'y était pas, il est allé au poste de police de réserve à

 18   Lamovita. Zeljko Mejakic travaillait à Omarska. Zeljko Mejakic travaillait

 19   à Omarska. Branislav Bojic travaillait à Omarska. Bozo Karajiica ne

 20   travaillait pas à Omarska. Je pense qu'il est parti pour exercer ses

 21   fonctions au sein du poste de police de réserve à Urije, qui dépendait de

 22   Prijedor. Ensuite, Dusan Alicic, j'en connais un qui était surnommé Dusko,

 23   donc je crois que cela doit être la même chose, il est parti à Rakelici.

 24   Mlado Radic travaillait à Omarska. Boro Delic travaillait à Omarska.

 25   Branko Mudrinic est parti à Prijedor lui aussi, à Urije, donc le même


Page 8328

  1   poste de la police de réserve que j'ai mentionné tout à l'heure. Dragan

  2   Matzura, de même, il ne travaillait pas à ce moment-là à Omarska. Je ne

  3   sais pas exactement où il était parti. Milutin Bujic à Rakelici, c'est ce

  4   qu'il a dit lui-même d'ailleurs l'autre jour, donc Milutin Bujic est allé

  5   à Rakelici. Zelko Stojnic, je ne sais pas exactement où il est parti

  6   travailler.

  7   Question: Monsieur Kvocka, vous, de même que nous, nous avons tous entendu

  8   ici la déposition de M. Bujic qui a déclaré devant ce Tribunal qu'en mars

  9   1992 M. Hasan Tulundzic l'avait affecté, déployé au poste de police de

 10   réserve de Rakelici. Est-ce exact?

 11   Réponse: Oui.

 12   Question: Comment se fait-il que son nom figure dans la liste des noms qui

 13   recevaient les rémunérations de la part du poste du département de la

 14   police d'Omarska au cours de la période entre le 16 juin et le 15 juillet

 15   1992?

 16   Réponse: Il s'agit là du poste de police mère pour lui, donc c'était le

 17   poste de police de Prijedor. C'est depuis cet endroit-là qu'il recevait

 18   ses affectations. Cet ainsi que le service de comptabilité le prenait en

 19   compte. Il n'y avait pas d'autres moyens, compte tenu du fait qu'il

 20   s'agissait ici d'une liste des salaires il ne pouvait pas se trouver sur

 21   une autre liste.

 22   Question: Est-ce qu'il existait dans les textes officiels le poste prévu

 23   du policier dans le poste de police de réserve à Tukovi ou à Rakelici?

 24   Réponse: Non. Une telle possibilité n'était pas prévue ni mentionnée au

 25   sein du règlement de travail.


Page 8329

  1   Question: Pendant que vous étiez à Tukovi, où étiez-vous enregistré en ce

  2   qui concerne les listes de salaire?

  3   Réponse: Eh bien, j'étais encore enregistré auprès du poste de police de

  4   Prijedor, probablement dans la section qui se réfère au département

  5   jusqu'à ce que la décision appropriée ne soit prise, c'est-à-dire je pense

  6   que ceci s'est passé à un moment en 1993.

  7   Question: Monsieur Kvocka, ce document a été rédigé par certaines

  8   personnes qui connaissaient la structure et le statut de la police à

  9   l'époque, au moment où ce document a été rédigé, est-ce exact?

 10   Réponse: Je le pense. Ce document a été émis par le poste de police de

 11   Prijedor et le rapport a été fait conformément à la liste des employés.

 12   Question: Quel est le terme officiel que l'on emploie dans ce document

 13   pour indiquer l'endroit où vous avez travaillé pendant le mois de juin,

 14   c'est-à-dire au moment où ce rapport a été rédigé? Est-ce que vous pouvez

 15   nous le lire?

 16   Réponse: Le terme employé est le terme qui est le plus exact, à savoir le

 17   département du poste de police d'Omarska. Parce que dans la pratique, on

 18   dit souvent "le département de la police", mais eux ils emploient le terme

 19   officiel prévu par le règlement, à savoir le département du poste de

 20   police d'Omarska. Donc il est clair qu'il s'agit là d'un département qui

 21   appartient à un poste de police.

 22   Question: Merci.

 23   Est-ce que dans la pratique, au moment de votre départ, vous avez

 24   effectivement travaillé au département du poste de police d'Omarska?

 25   Réponse: Oui.


Page 8330

  1   Question: Merci.

  2   Maintenant, Monsieur le Président, Madame, Monsieur le Juge, je souhaite

  3   que l'on revienne au document qui porte la cote 3/208. Nous n'avons plus

  4   besoin de ce document là, merci.

  5   (Le document est remis au témoin.)

  6   Monsieur Kvocka, hier vous avez eu l’occasion de voir ce document et, à

  7   travers l'ensemble de cette procédure, nous avons tous omis de nous

  8   pencher sur les questions liées aux membres de l'armée, dans ce qu'on

  9   appelait la sécurité interne. Veuillez examiner la section n°1 et nous

 10   dire de quoi il s'agit.

 11   Réponse: Les membres de l'unité de l'armée qui fournissent de

 12   l'assistance, et une quinzaine de personnes figurent dans la liste, plus

 13   précisément 19.

 14   Question: Monsieur Kvocka, parmi ces soldats, est-ce que M. Nenad Pusac

 15   s'y trouvait, si je me souviens bien de son nom?

 16   Réponse: Novak Pusac.

 17   Question: Oui.

 18   Réponse: Non. Il s'agissait là des personnes qui fournissaient leur aide

 19   dans le cadre de la sécurité interne, la sécurité dans l'enceinte. Donc il

 20   s'agit d'un groupe de soldats qui ont été ajoutés pour aider les employés

 21   qui assuraient la sécurité dans l'enceinte du camp. Ils se sont donc

 22   ajoutés aux policiers.

 23   Question: Quels uniformes portaient-ils, Monsieur Kvocka?

 24   Réponse: Surtout l'uniforme SMB, l'uniforme vert olive de l'ancienne JNA.

 25   Question: Etaient-ils membres de la police de réserve?


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  1   Réponse: Non, et ceci est d'ailleurs visible sur la base de cette liste.

  2   Question: Avaient-ils leur propre supérieur?

  3   Réponse: Oui, ils avaient un supérieur mais je ne sais pas qui c'était.

  4   Mais dans leur organisation, dans l'organisation de cette unité, il y

  5   avait certainement un supérieur, mais je ne sais pas qui c'était.

  6   Question: Vous avez eu l'occasion de voir ce document tranquillement

  7   aussi. Quel est le but de ce document, de cette liste?

  8   Réponse: Ici, il s'agit d'un souhait exprimé par Zeljko Mejakic

  9   d'introduire un peu d'ordre dans la situation qui concerne l'entrée des

 10   personnes dans le complexe du centre d'instruction.

 11   C'est comme ça que je le comprends, puisque nous pouvons voir la liste

 12   d'une quarantaine, de plus de 40 personnes qui travaillaient dans la mine

 13   de fer, puis il y a ces 19 personnes qui n'étaient pas des policiers. Je

 14   suppose qu'il voulait recevoir un certain document concernant ces

 15   personnes, ces membres de l'armée, qui pouvaient entrer dans l'enceinte du

 16   centre d'instruction pour éviter des situations qui apparemment existaient

 17   avant, selon lesquelles toute personne en uniforme et avec le livret

 18   militaire pouvait entrer. C'était le cas au début.

 19   Donc, à mon avis, il souhaitait savoir très exactement quelles étaient les

 20   personnes qui pouvaient entrer dans l'enceinte du centre d'instruction

 21   puisque c'était lui qui était en charge de la sécurité.

 22   Question: Merci, Monsieur Kvocka. Nous n'avons plus besoin de ce document.

 23   Dans le cadre de votre déposition, et d'ailleurs votre épouse l'a

 24   mentionné également, il a été question de l'argent que vous auriez pris.

 25   J'avais fait un lapsus, c'était Desanka Stanojevic et non pas Desanka


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  1   Popovic, je m'étais mal exprimé.

  2   Je propose donc que l'on soumette au témoin la pièce à conviction D45/1.

  3   (Le document est remis au témoin.)

  4   Monsieur Kvocka, quel est le document qui se trouve devant vous?

  5   Réponse: C'est un document habituel, employé par les membres de la police.

  6   C'est un certificat concernant la confiscation temporaire d'un objet.

  7   Question: Nous n'avons pas beaucoup de temps, donc veuillez nous dire très

  8   brièvement ce que ce certificat confirme.

  9   Réponse: Ce certificat confirme ou certifie que moi, avec deux autres

 10   policiers, avons confisqué une certaine somme, la somme qui est indiquée,

 11   d'argent en dinar de la part de Mme Desanska Stanojevic habitant à une

 12   certaine adresse à Prijedor.

 13   M. le Président: Madame Somers?

 14   Mme Somers (interprétation): Monsieur le Président, excusez-moi mais je

 15   souhaite que l'on clarifie la date. Dans l'original, nous pouvons voir

 16   qu'il s'agit du 13 mai, alors que dans la traduction nous voyons le mois

 17   de mars, avec un point d'interrogation.

 18   Est-ce que l'on peut clarifier les choses et savoir de quel mois il

 19   s'agit?

 20   M. le Président: Je crois qu'il est possible de voir le 13 mai 1992. C'est

 21   ce que je peux voir, mais de toute façon le témoin peut éclaircir, voir le

 22   document.

 23   M. K. Simic (interprétation): Je remercie Madame le Procureur. Nous avons

 24   constaté nous-mêmes qu'il s'agissait d'une erreur technique de traduction.

 25   Nous avons devant nous l'original et nous pouvons nous pencher sur cela.


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  1   M. Kvocka (interprétation): J'allais justement dire que ceci a été fait le

  2   13 mai 1992.

  3   Question: Ces moyens ont été confisqués de qui?

  4   Réponse: Desanska Stanojevic, fille de Aleksa, vivant dans la rue Omarska

  5   BB.

  6   Question: Monsieur Kvocka, s'agit-il de la femme en ce qui concerne

  7   laquelle pendant que vous étiez en congé, entre le 16 et une période

  8   ultérieure, le 16 et le 19, après que son mari a été tué, est-ce qu'à ce

  9   moment-là vous lui avez rendu cet argent?

 10   Réponse: Oui, c'est bien cette femme-là. Elle était active dans des

 11   activités de contrebande et c'est le certificat en question.

 12   Question: Merci. Je souhaite que l'on montre au témoin maintenant la pièce

 13   à conviction D46/1.

 14   (Le document est remis au témoin, aux Juges et à l'accusation.)

 15   Monsieur Kvocka, veuillez identifier ce document mais le plus brièvement

 16   possible parce que nous devons terminer d'ici 10 minutes.

 17   Réponse: Il s'agit là de la liste des soldats tués, la liste a été

 18   constituée par le poste de sécurité publique de Prijedor le 22 juin 1992.

 19   Question: Merci.

 20   Réponse: Ils ont dressé la liste des personnes suivant les dates de la

 21   mort.

 22   Question: Merci. Veuillez examiner la deuxième page maintenant. Je

 23   souhaite attirer votre attention sur le 12 juin 1992.

 24   Réponse: Oui.

 25   Question: Veuillez lire devant la Chambre quelle est la personne qui a été


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  1   tuée le 12 juin 1992.

  2   Réponse: C'était Strahilo Stanojevic, fils de Vid. Donc dans la police,

  3   c'est ainsi qu'on décrivait les personnes avec le nom du père, il s'agit

  4   donc là de la personne qui était le mari de cette femme, dont on avait

  5   confisqué l'argent.

  6   Question: Est-ce que vous lui avez rendu l'argent par la suite, après la

  7   mort de son mari?

  8   Réponse: Oui, Zeljko m'a dit lui-même qu'elle était venue, qu'elle avait

  9   indiqué que la situation en ce qui concerne cet argent n'était pas résolue

 10   et le statut de l'argent n'était pas encore déterminé. Il m'a été dit de

 11   lui rendre l'argent et c'est ce que j'ai fait au cours de la période entre

 12   le 16 et le 19, pendant que j'étais en congé maladie.

 13   Question: C'est le congé maladie dont a parlé votre épouse?

 14   Réponse: Oui, elle est au courant de cela parce que j'y suis allé.

 15   Question: Merci. Je vais vous poser quelques questions très brèves

 16   maintenant. Mais avant cela, je souhaite vous demander autre chose.

 17   Vous avez déclaré aujourd'hui que M. Drljaca était l'unique personne qui

 18   pouvait dire si quelqu'un pouvait quitter Omarska ou pas.

 19   Moi, j'ai mentionné dans mes déclarations liminaires la lettre de l'évêque

 20   Franjo Komarica, c'était une personnalité très connue, et je souhaite que

 21   l'on montre la pièce à conviction D47/1 au témoin et qu'on distribue ce

 22   document.

 23   (L'huissier s'exécute.)

 24   Monsieur Kvocka, je souhaite attirer votre attention sur le troisième

 25   paragraphe de la lettre de l'évêque Komarica.


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  1   Tout d'abord, je souhaite vous demander la chose suivante: à qui cette

  2   lettre est-elle adressée?

  3   Réponse: A M. Simo Drljaca, le chef de la sécurité publique, et la lettre

  4   a été envoyée par l'évêque de Banja Luka. Elle émane de l'évêché de Banja

  5   Luka.

  6   Question: Et est-ce que vous pouvez nous dire à la dernière page qui a

  7   signé cette lettre?

  8   Réponse: Monsieur Franjo Komarica, l'évêque de Banja Luka.

  9   Question: Et la lettre est envoyée à qui d'autre, adressée à qui d'autre?

 10   Réponse: Le Président de la municipalité de Prijedor, Milo Stakic, le

 11   général Talic et également au concile à Belgrade.

 12   Question: Merci. Je souhaite que vous vous penchiez maintenant sur le

 13   paragraphe 3 de la lettre.

 14   Réponse: Oui.

 15   Question: Je lis, je cite: "Puisqu'à l'époque vous n'avez pas pu faire

 16   droit à ma requête de visiter mon prêtre, le révérend Stipo Cocic, prêtre

 17   de Ljublja qui se trouve depuis le 15 juin 1992 dans le camp d'Omarska,

 18   vous m'avez promis que vous alliez m'informer sous deux jours de la

 19   situation et de la raison pour laquelle il se trouvait dans le camp en

 20   premier lieu".

 21   Monsieur Mejakic, en tant que chef de département du poste de police

 22   d'Omarska, qui était compétent -là, je parle du département-, donc qui

 23   était compétent pour le service de sécurité, pouvait-il permettre à qui

 24   que ce soit de visiter quelqu'un dans le camp?

 25   Réponse: Non.


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  1   Question: Avait-il les compétences lui permettant de rendre possible aux

  2   membres de la famille de rendre visite à quelqu'un dans le camp?

  3   Réponse: Non.

  4   Question: Et qui pouvait le faire?

  5   Réponse: La seule personne qui pouvait le faire, c'était Simo Drljaca, et

  6   ce document le confirme d'ailleurs. Nous avons également vu d'autres

  7   documents, y compris l'ordre où il est écrit de manière explicite que

  8   seulement Simo Drljaca pouvait permettre à quelqu'un d'entrer ou de partir

  9   du centre. Ceci se référait à tout autre contact avec les détenus là-bas.

 10   Question: Je ne souhaite pas que l'on revienne au document en question

 11   parce que nous l'avons vu plusieurs fois, il s'agit de l'ordre du 31 mai

 12   92 donné par Simo Drljaca. Est-ce que cet ordre contient des éléments de

 13   la chaîne de commandement et de l'organisation de cet endroit?

 14   Réponse: Oui, cet ordre montre justement ce que je viens de mentionner. Il

 15   s'agit de l'ordre classique qui prévoit toutes les tâches et les éléments

 16   du travail des départements différents et où il est dit de manière

 17   explicite que les supérieurs qui sont en charge doivent lui envoyer

 18   quotidiennement des rapports. Je ne sais pas très bien à quelle heure il

 19   fallait envoyer ces rapports, mais même ça c'est indiqué.

 20   Question: Merci. Je souhaite maintenant que l'on parle rapidement d'un

 21   certain nombre de points. Concernant votre entretien avec M. Bob Reid,

 22   est-ce que M. Bob Reid vous a demandé si vous pouviez donner des ordres à

 23   qui que ce soit à Omarska?

 24   Réponse: Oui.

 25   Question: Qu'avez-vous répondu?


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  1   Réponse: J'ai dit que non.

  2   Question: Veuillez répéter votre réponse.

  3   Réponse: Eh bien, à la question de Bob Reid de savoir si je pouvais donner

  4   des ordres, j'ai répondu que non. Je lui ai dit que non, à Bob Reid, et je

  5   le répète maintenant.

  6   Question: Est-ce que M. Reid vous a demandé si MM. Cos, Radic et Gruban

  7   pouvaient donner des ordres à qui que ce soit?

  8   Réponse: Oui, il me l'a demandé et je lui ai dit que là non plus, ils ne

  9   pouvaient pas le faire, ils n'avaient pas ce genre de compétence et ils ne

 10   pouvaient pas donner quelque ordre que ce soit.

 11   Question: Aujourd'hui, c'est moi qui vous le demande: ces trois personnes

 12   donnaient-elles des ordres? Je ne parle pas de leur capacité de le faire.

 13   Est-ce qu'ils le faisaient?

 14   Réponse: Non, ils ne pouvaient pas le faire et ils ne le faisaient

 15   absolument pas. Là, il s'agit d'un simple jeu de mots.

 16   Question: Monsieur Kvocka, Bob Reid vous a-t-il posé une question

 17   concernant un dénommé Dragoljub Prcac?

 18   Réponse: Madame Somers?

 19   Mme Somers (interprétation): Serait-il possible de faire en sorte que le

 20   conseil de la défense indique la page pour le compte rendu et pour que

 21   nous puissions suivre également?

 22   M. le Président (interprétation): Maître Simic?

 23   M. K. Simic (interprétation): Monsieur le Président, Monsieur Kvocka

 24   dépose sur ce qu'il a dit. Si nous lisons, dans ce cas-là nous allons

 25   entendre les réponses et ce sera le même scénario qu'avec Mme Somers. Il


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  1   donne ses réponses et Mme Somers peut facilement comparer cela en

  2   comparant la déposition de M. Kvocka aujourd'hui et ce qu'il a dit à M.

  3   Reid, et peut-être même elle trouvera si jamais il a menti, elle trouvera

  4   cela et elle peut à la fin l’utiliser.

  5   M. le Président: Mais Maître Simic, êtes-vous disponible pour faire cette

  6   faveur à Mme Somers? Demain par exemple?

  7   M. K. Simic (interprétation): En tant que gentleman, oui, demain.

  8   M. le Président (interprétation): Très bien.

  9   Donc Madame Somers?

 10   Mme Somers (interprétation): Oui, merci. Nous n'avons pas besoin de lire

 11   quelque chose maintenant mais nous souhaitons simplement avoir de l’aide.

 12   M. le Président: Vous équilibrez plusieurs intérêts.

 13   C'est le moment de faire une pause. Vous allez nous faire la faveur,

 14   Maître Simic, quand vous mentionnez la page seulement, après Mme Somers

 15   peut conférer.

 16   Nous allons finir pour aujourd'hui et demain, à 9 heures 20, on sera là.

 17   Monsieur Kvocka doit se reposer un peu aussi. Donc à demain, 9 heures 20.

 18   (L'audience est levée à 15 heures 02.)

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