Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   (Jeudi 8 mars 2001.)

  2   (Audience publique avec mesures de protection.)

  3   (L'audience est ouverte à 9 heures 22.)

  4   (Les accusés sont introduits dans le prétoire.)

  5   M. le Président: Bonjour, vous pouvez-vous asseoir, s'il vous plaît.

  6   Bonjour à la cabine technique, bonjour aux interprètes, bonjour au

  7   personnel du Greffe, bonjour aux conseils de l'accusation et de la

  8   défense. Nous allons reprendre nos travaux, et c'est donc à Me Fila de

  9   nous dire ce que nous allons faire.

 10   M. Fila (interprétation): Bonjour, Monsieur le Président. Le témoin

 11   suivant ne va pas tarder à arriver et j'envisage aujourd'hui de vous faire

 12   entendre quatre témoins. Il nous en restera deux pour demain.

 13   M. le Président: Et le premier pour aujourd'hui est…?

 14   M. Fila (interprétation): C'est un témoin protégé, DC4.

 15   (Le Témoin DC4 est introduit dans le prétoire.)

 16   M. le Président: Bonjour, Témoin DC4. M'entendez-vous bien?

 17   Témoin DC4 (interprétation): Oui, je vous entends.

 18   M. le Président: Vous allez lire la déclaration solennelle que M.

 19   l'huissier va vous tendre, s'il vous plaît.

 20   Témoin DC4 (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

 21   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 22   M. le Président: Vous pouvez-vous asseoir, s'il vous plaît. Etes-vous bien

 23   installée, Témoin DC4?

 24   Témoin DC4 (interprétation): Oui.

 25   M. le Président: Monsieur l'huissier va vous montrer une pièce de papier


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   1   avec votre nom, en principe, inscrit. Vous allez répondre par oui ou par

  2   non s'il s'agit vraiment de votre nom.

  3   Témoin DC4 (interprétation): Bien. Oui.

  4   M. le Président: Très bien. Pour l'instant, vous allez répondre aux

  5   questions que Me Fila, qui est debout à votre gauche et que vous

  6   connaissez sûrement, va vous poser.

  7   M. Fila (interprétation): Monsieur le Président, je vous demanderai de

  8   passer en session à huis clos partiel pour quelques instants afin de faire

  9   entendre à la Chambre les coordonnées personnelles du témoin.

 10   M. le Président: Donc nous allons passer en session à huis clos partiel.

 11   Nous y sommes.

 12   (Audience à huis clos partiel.)

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 22   (Audience publique avec mesures de protection.)

 23   M. Fila (interprétation): (Hors micro.) Témoin DC4, vous nous avez dit que

 24   vous avez vécu à Ljubija depuis 1954?

 25   Témoin DC4 (interprétation): 1956.


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   1   Question: Oui, 1956. Avez-vous connu Mlado Radic, surnommé Krkan?

  2   Réponse: Oui.

  3   Question: Que faisait-il à Ljubija?

  4   Réponse: Il était policier ordinaire.

  5   Question: Quelle est la structure nationale de Ljubija?

  6   Réponse: C'est assez mixte. Il y avait des Croates, des Musulmans, des

  7   Serbes.

  8   Question: Et Mlado Radic, lui, était Serbe, n'est-ce pas?

  9   Réponse: Oui.

 10   Question: Que pouvez-vous nous dire sur son comportement dans ce milieu?

 11   Réponse: Eh bien, je ne puis dire que du bien. Il aidait les gens, c'était

 12   un policier. Il effectuait ses tâches. Nous étions bons voisins et tout se

 13   passait convenablement.

 14   Question: Est-ce que, dans son comportement, vous avez pu remarquer à

 15   quelque moment que ce soit des positions nationalistes?

 16   Réponse: Non, jamais.

 17   Question: Vous avez dit qu'un membre de votre famille, à un moment donné,

 18   s'était trouvé détenu au camp d'instruction d'Omarska?

 19   Réponse: Oui.

 20   Question: Savez-vous nous dire pourquoi il s'était retrouvé là-bas?

 21   Réponse: Eh bien, parce que qu'il était Musulman.

 22   Question: Je vous demanderai de dire par vos propres termes, sans mon

 23   intervention, pour nous expliquer si au cours de son séjour de deux ou

 24   quatre mois…?

 25   Réponse: Oui, deux mois et dix jours.


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  1   Question: Et nous dire ce qui s'est passé.

  2   Réponse: J'ai appris que mon frère était emprisonné, c'est mon fils qui me

  3   l'a fait savoir. Et je suis venue aussitôt, étant donné que je le

  4   connaissais, je connaissais sa femme, j'ai appelé au téléphone et je lui

  5   ai demandé si je pouvais apporter des médicaments, des vivres, des

  6   vêtements. Sa femme m'a dit qu'elle verrait avec Mlado et Mlado avait dit

  7   de venir et il m'avait dit qu'il accepterait de prendre sur soi

  8   l'obligation de faire passer cela. Et je suis partie le matin, le train ne

  9   circulait plus, il n'y avait pas d'électricité. Je suis revenue chez mon

 10   fils et j'ai gardé ses affaires et j'ai téléphoné à sa femme pour demander

 11   que Mlado passe en allant au travail. Il est passé, effectivement, il a

 12   pris ces affaires et il les a données.

 13   Question: Excusez-moi, quand vous dites "il le lui a remis", de quoi

 14   parlez vous?

 15   Réponse: De vivres, de médicaments, de vêtements, de pantalons, de tee-

 16   shirts. Il a tout reçu puis je suis rentrée chez moi à Ljubija. Par la

 17   suite, Mlado est passé et je lui ai demandé s'il pouvait prendre des

 18   médicaments à son intention étant donné qu'il avait un ulcère à l'estomac.

 19   Il m'avait dit qu'il essayerait de faire passer cela. Il avait promis

 20   quelque chose d'analogue à d'autres personnes, il avait porté des

 21   affaires, des petites affaires, pas de grosses affaires; des vivres, des

 22   vêtements, de l'argent… Ces gens-là ont reçu toutes ces affaires-là et

 23   voilà.

 24   Question: Connaissez-vous une personne répondant au nom de Zenkovic?

 25   Réponse: Oui.


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  1   Question: Qui était-il?

  2   Réponse: Il était Président du SDA .

  3   Question: Est-ce que Radic lui apportait quelque chose aussi, à lui?

  4   Réponse: Oui. Il attendait chez moi pendant que sa femme préparait des

  5   vivres à son intention. Il a pris ces vivres, un blouson en cuir sans

  6   marque et sa femme m'a raconté par la suite que son mari avait reçu tout

  7   cela.

  8   Il y en avait d'autres encore au sujet desquels il avait dit qu'il

  9   essayerait de transmettre le tout.

 10   Question: Etait-ce facile à faire, était-ce permis?

 11   Réponse: Non. Mlado était un policier ordinaire et c'est ainsi.

 12   Question: L'avez-vous rencontré après le camp?

 13   Réponse: Oui.

 14   Question: Qu'était-il après le camp?

 15   Réponse: Il est resté simple policier au SUP de Prijedor. Je suis passée

 16   chez un ami qui était, lui, chef d'équipe. Mlado se trouvait au desk de

 17   réception et il m'avait vue et il s'est approché. On s'est assis ensemble

 18   à un bureau à côté, mais lui travaillait au guichet, au guichet en tant

 19   que policier ordinaire.

 20   Question: Votre frère vivait, lui, à Prijedor, n'est-ce pas?

 21   Réponse: Oui.

 22   Question: Lui n'était pas originaire de Ljubija?

 23   Réponse: Non.

 24   Question: Connaissez-vous une personne appelée Antunovic Milomir?

 25   Réponse: Oui.


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  1   Question: Que pouvez-vous nous dire à son sujet?

  2   Réponse: Je peux vous dire qu'il était au camp. Il est originaire d'un

  3   village où Mlado se rendait lorsqu'il se déplaçait sur le terrain pendant

  4   qu'il travaillait à Ljubija. C'était un garçon assez jeune et il y avait

  5   Milka qui était une parente à lui. Elle était chez moi lorsque Mlado est

  6   passé une fois, Milka Milicic, et lui avait demandé d'essayer de faire

  7   quelque chose pour Milomir, pour qu'il soit relâché. Il lui a répondu que

  8   ce serait difficile mais qu'il pourrait essayer de voir avec quelqu'un de

  9   compétent, étant donné que Milomir avait été blessé. Il avait donc dit

 10   qu'il essayerait de passer par des gens compétents en la matière et

 11   Milomir est sorti. Il vit actuellement en Croatie. Et on nous a fait

 12   savoir que Mlado était intervenu auprès de gens qui avaient la possibilité

 13   de le faire relâcher.

 14   Question: Est-ce que vous êtes entretenue avec votre frère quand il est

 15   sorti du camp?

 16   Réponse: Oui.

 17   Question: Que vous a-t-il dit?

 18   Réponse: Il a dit qu'il avait reçu toutes les affaires et que Mlado lui

 19   avait donné du pain quand il le pouvait, en sus de ce qu'il lui portait à

 20   plusieurs reprises, qu'il lui avait donné des cigarettes et que c'était un

 21   homme bon.

 22   Question: Pouvez-vous nous citer des noms d'autres personnes encore qu'il

 23   avait aidées?

 24   Réponse: Il a aidé Sefik Bilkic. Il y avait d'autres personnes encore, je

 25   pense, je n'arrive pas à me souvenir de tous les noms Sefik, Antunovic,


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  1   mon frère et ainsi de suite.

  2   Question: Pourquoi ces gens ne viendraient-ils ou viendraient

  3   éventuellement témoigner ici, y compris votre frère?

  4   Réponse: Mon frère n'ose pas venir ici pour des raisons de sécurité. Il

  5   vit loin, dans un autre pays, il n'est pas avec nous, mais il n'ose pas

  6   venir pour des raisons de sécurité.

  7   Question: Est-ce qu'il sait que vous témoignez?

  8   Réponse: Oui, il le sait, il sait tout.

  9   Question: Vous a-t-il dit quelque chose concernant votre témoignage?

 10   Réponse: Non. Il m'a dit "vas-y librement" parce que je lui avais envoyé

 11   des affaires via Mlado, et il m'a dit de témoigner de ce que je savais. Il

 12   a dit que c'était vrai, qu'il lui avait apporté des affaires, que c'était

 13   un homme bon et qu'il aidait les gens autant qu'il le pouvait. Il le

 14   faisait en cachette pour que les siens ne le remarquent pas, ceux qui

 15   étaient notamment ses supérieurs.

 16   Question: Comment votre frère a considéré le comportement de Mlado Radic à

 17   son égard?

 18   Réponse: Eh bien, de toute de manière superbe, il avait estimé que c'était

 19   un homme bon, honnête et qui aidait autant qu'il le pouvait.

 20   M. Waidyaratne (interprétation): Maître Fila demande une opinion à ce

 21   témoin concernant l'opinion émise par un autre témoin. Nous avons donc là

 22   un témoignage ou un élément de preuve de deuxième main.

 23   M. le Président: Demandez au témoin ce que son frère lui a dit à propos du

 24   comportement!

 25   M. Fila (interprétation): Que vous a dit votre frère concernant le


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   1   comportement de Mlado Radic à son égard?

  2   Je m'excuse, Monsieur le Président, j'avais voulu aller plus vite.

  3   Témoin DC4 (interprétation): Comment se comportait Mlado?

  4   Question: Oui.

  5   Réponse: Eh bien, Mlado avait été honnête à son égard. Il l'a aidé autant

  6   qu'il le pouvait, il lui apportait les affaires que j'envoyais, il lui

  7   avait donné du pain, des cigarettes quand il le pouvait, voilà. C'est ce

  8   qu'il m'a raconté lorsqu'il est revenu du camp.

  9   Question: Je voudrais que nous passions très brièvement à huis clos

 10   partiel pour une question que je voudrais poser au témoin.

 11   M. le Président: Nous allons passer à huis clos partiel, s'il vous plaît.

 12   (Audience à huis clos partiel.)

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  8   (Audience publique avec mesures de protection.)

  9   Mme Thomson (interprétation): Nous sommes en session publique.

 10   M. le Président: Merci. Est-ce qu'il y a d'autres conseils qui veulent

 11   poser des questions? Je vois des signes négatifs. Maître Simic?

 12   M. K. Simic (interprétation): Non.

 13   M. le Président: Non? Très bien. Donc, Monsieur Waidyaratne, vous avez

 14   l'opportunité de contre-interroger le témoin.

 15   Témoin DC4, vous allez maintenant répondre aux questions que le Procureur

 16   va vous poser, s'il vous plaît.

 17   Vous avez la parole.

 18   (Contre-interrogatoire principal du Témoin DC4 par M. Waidyaratne.)

 19   M. Waidyaratne (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 20   Témoin DC4, c'est la façon dont je dois m'adresser à vous étant donné que

 21   vous êtes un témoin protégé, au sujet de votre frère, on lui avait

 22   demandé… Ou plutôt, je voudrais savoir si c'est lui qui vous avait demandé

 23   de venir témoigner?

 24   Témoin DC4 (interprétation): Oui, il m'avait dit qu'il ne pouvait pas,

 25   lui, venir et il m'a demandé d'y aller à sa place, et qu'il n'osait pas


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   1   venir.

  2   Question: Ne me dites pas où il se trouve actuellement, je ne veux pas le

  3   savoir mais je voudrais savoir s'il vit en Bosnie ou dans un pays tiers?

  4   Réponse: Non. Dans un pays tiers.

  5   Question: Donc, dans un pays tiers?

  6   Réponse: Oui.

  7   Question: Et il redoute le déplacement vers ici pour venir témoigner?

  8   Réponse: Oui. L'an passé encore, il est venu chez moi et m'avait dit qu'il

  9   n'osait pas venir. On lui a restitué sa maison à Prijedor mais il n'osait

 10   pas retourner là-bas.

 11   Question: Il ne vous a toutefois pas dit pourquoi il avait peur,

 12   indépendamment du fait de vivre dans un pays tiers?

 13   Réponse: Il y a des gens qui se trouvaient là-bas et qui avaient fait

 14   cela, qui avaient procédé à des arrestations, et c'est eux qu'il redoute.

 15   Question: Je crois que vous ne m'avez pas bien compris. Sa peur de venir

 16   témoigner ici, elle est due à quoi? Au fait que ces gens-là se trouvent à

 17   Prijedor?

 18   Réponse: Oui, ils se trouvent à Prijedor et il craint, il redoute d'y

 19   aller. Il a peur de ces Serbes.

 20   Question: Mais votre frère n'est pas à Prijedor, il est dans un pays

 21   tiers. Et à l'époque où il est parti…

 22   Madame, est-ce que vous aviez une maison à Prijedor?

 23   Réponse: Non, j'avais une maison à Ljubija.

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 13   Question: [expurgé]

 14   [expurgé]?

 15   Réponse: [expurgé]

 16   [expurgé].

 17   M. Fila (interprétation): Je tiens à vous faire remarquer que nous en

 18   avons parlé en séance à huis clos partiel et M. Waidyaratne vient d'en

 19   parler en session publique et cela met en danger l'identité du témoin

 20   [expurgé]

 21   M. Waidyaratne (interprétation): Puis-je vous demander, Monsieur le

 22   Président, de passer à huis clos partiel?

 23   M. le Président: Donc nous allons passer en session à huis clos partiel.

 24   (Audience à huis clos partiel.)

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  6   (Audience publique avec mesures de protection.)

  7   Mme Thomson (interprétation): Nous sommes en session publique.

  8   M. le Président: Vous pouvez continuer Monsieur Waidyaratne.

  9   M. Waidyaratne (interprétation): Merci Monsieur le Président.

 10   Madame le témoin, votre frère était toujours sous traitement médical quand

 11   il a été arrêté, n'est-ce pas?

 12   Témoin DC/4 (interprétation): Oui.

 13   Question: Et les gens qui l'ont emmené au camp, ne l'ont pas autorisé à

 14   prendre ses médicaments, n'est-ce pas?

 15   Réponse: C'est cela.

 16   Question: Votre frère faisait-il de la politique ou était-il membre du

 17   SDA?

 18   Réponse: Non, non.

 19   Question: Etait-il marié?

 20   Réponse: Oui.

 21   Question: Combien d'enfants avait-il?

 22   Réponse: Deux.

 23   Question: C'était un civil, votre frère?

 24   Réponse: Oui.

 25   Question: Savez-vous pour quelles raisons on ne l'a pas autorisé à prendre


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   1   ses médicaments après son arrestation?

  2   Réponse: Il n'était pas chez lui au moment de son arrestation, il était

  3   chez sa soeur avec sa femme pour déjeuner.

  4   Question: Il n'a donc pas eu l'occasion de prendre ses médicaments, n'est-

  5   ce pas?

  6   Réponse: C'est exact.

  7   Question: Madame le témoin, vous avez dit que M. Radic, simple policier,

  8   était allé prendre des affaires que vous vouliez transmettre à votre

  9   frère, et qu'il était venu spécialement pour cela.

 10   Réponse: Il est venu. Maintenant, est-ce que c'était spécialement ou est-

 11   ce que c'est parce qu'il avait certaines choses à faire, en tout cas, il

 12   est venu tout près chez des gens qui étaient membres de la famille de sa

 13   femme, et qui habitaient dans le coin.

 14   Moi, j'ai dit que je n'ai pas vérifié mais, en tout cas, j'ai demandé s'il

 15   pouvait transmettre cela, et il a dit qu'il ferait de son mieux.

 16   Question: Mais l'argent, est-ce que vous lui avez donné l'argent ou est-ce

 17   qu'il a demandé de l'argent pour l'emporter dans le camp?

 18   Réponse: Non, absolument pas, il ne l'a pas demandé, il ne pouvait pas

 19   demander quelque chose de ce genre. Je lui ai demandé de transmettre cet

 20   argent et je lui ai donné des médicaments, des vêtements et quelques

 21   vivres.

 22   Question: Témoin, pourquoi avez-vous envoyé de l'argent dans le camp? Il

 23   n'y avait pas de magasins dans le camp? Est-ce que quelqu'un vous a

 24   demandé cela?

 25   M. Fila (interprétation): J'aimerais que M. Waidyaratne lise le passage du


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  1   compte rendu d'audience en anglais où il est indiqué que le témoin a dit

  2   qu'elle avait envoyé de l'argent, parce que moi, je n'ai pas entendu cela.

  3   Alors je demande avec toute la civilité requise que ce passage soit lu ou

  4   que la question soit posée au témoin: A-t-elle envoyé de l'argent dans le

  5   camp?

  6   M. le Président: Monsieur Waidyaratne?

  7   M. Waidyaratne (interprétation): Je vais reformuler Monsieur le Président.

  8   Madame le témoin, avez-vous envoyé de l'argent à votre frère par

  9   l'intermédiaire de M. Radic?

 10   Témoin DC4 (interprétation): Non. Je n'ai pas envoyé de l'argent, je lui

 11   ai envoyé des vivres, des pantalons, des tee-shirts, comme je l'ai déjà

 12   dit tout à l'heure, des médicaments, mais je n'ai pas envoyé d'argent. Des

 13   cigarettes.

 14   Question: Monsieur le Président, je vous demande un instant.

 15   M. le Président: Excusez-moi, vous ne faites pas de commentaire s'il vous

 16   plaît. (A l'attention de Me Fila.)

 17   Continuez Monsieur Waidyaratne, continuez. Je crois que c'est tout à fait

 18   normal que le conseil ait besoin de quelque temps pour se réorganiser.

 19   M. Waidyaratne (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 20   Page 3 du compte rendu d'audience en anglais, ligne 15, le témoin

 21   mentionne ce fait, c'est la raison pour laquelle j'ai posé ma question.

 22   M. Riad (interprétation): Je crois que le témoin dit que c'est quelqu'un

 23   d'autre, le Président du SDA qui a redemandé à Radic de transmettre 100

 24   deutsch Marks et des vivres.

 25   M. Waidyaratne (interprétation): Oui, merci Monsieur le Juge.


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  1   Madame le témoin, vous saviez donc que M. Radic apportait de l'argent dans

  2   le camp à l'attention de personnes détenues dans le camp, n'est-ce pas?

  3   Vous l'avez appris?

  4   Réponse: Il a apporté ce que son épouse lui avait demandé de transmettre

  5   100 deutsche Marks, un blouson en cuir et des vivres et Zenkovic a reçu

  6   tout cela.

  7   Question: Puisque nous parlons de cela, savez-vous où se trouve cet homme

  8   aujourd'hui? Je ne demande pas que vous disiez à quel endroit exactement,

  9   mais je demande si vous savez où il se trouve.

 10   Réponse: Il est décédé l'année dernière, quelque part dans un pays

 11   étranger. Son frère est revenu à Ljubija et c'est ce qu'il nous a dit.

 12   Question: Madame le témoin, vous êtes censée avoir parlé avec votre frère.

 13   Je vous demande si votre frère a dit quel était le poste occupé par M.

 14   Radic dans le camp, ce que faisait M. Radic dans le camp?

 15   Réponse: Simple policier.

 16   Question: Je vous demande s'il vous a dit quelles sont les fonctions qu'il

 17   exerçait dans le camp. Qu'est-ce qu'il faisait exactement dans le camp? Je

 18   sais qu'il était policier.

 19   Réponse: Oui, c'était un simple policier. Que pouvait-il faire d'autre,

 20   n'ayant eu que huit années d'école?

 21   Question: Votre frère vous a-t-il parlé des fonctions exactes qu'il

 22   exerçait?

 23   Réponse: Non, non, il ne m'a rien dit qui aurait indiqué qu'il avait un

 24   poste quelconque. C'était un simple policier. Quoi dire d'autre?

 25   Question: Monsieur le Président, un instant s'il vous plaît.


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  1   Madame le Témoin, vous connaissiez M. Radic depuis pas mal de temps?

  2   Réponse: Oui.

  3   Question: Et vous avez dit qu'il était simple policier, n'est-ce pas?

  4   Réponse: Oui, c'est ainsi.

  5   Question: Mais pendant le temps que votre frère a passé dans le camp il a,

  6   en fait, fait des choses assez extraordinaires que n'aurait pas pu faire

  7   un simple policier, n'est-ce pas?

  8   Réponse: Mais comment, quand ce sont des gens… Je ne sais pas comment

  9   dire.

 10   M. Fila (interprétation): Monsieur le Président vous savez d'avance ce que

 11   je vais dire. Il s'agit d'une affirmation, ce n'est pas une question.

 12   M. le Président: C'est cela que je vous répète. Vous vous accusez

 13   mutuellement de choses que vous faites. Posez la question, Monsieur

 14   Waidyaratne, ne faites pas d'affirmation avec une interrogation à la fin.

 15   Posez la question.

 16   M. Waidyaratne (interprétation): Je vais le faire, Monsieur le Président.

 17   Madame le témoin, connaissiez-vous d'autres policiers qui se sont trouvés

 18   dans le camp et qui ont aidé des détenus du camp, à votre connaissance?

 19   Témoin DC4 (interprétation): Non. D'ailleurs, cela ne m'intéressait pas.

 20   Moi, je m'intéressais pour mon frère, c'est le seul dont je m'occupais,

 21   personne d'autre.

 22   Question: Merci bien, merci. Merci, Monsieur le Président. Je n'ai pas

 23   d'autres questions.

 24   M. le Président: Maître Fila?

 25   (Interrogatoire principal supplémentaire du Témoin DC4 par Me Fila.)


Page 8864

   1   M. Fila (interprétation): Madame le témoin, comment avez-vous appris que

  2   Mlado Radic travaillait dans le camp d'Omarska?

  3   Témoin DC4 (interprétation): Parce que mon fils travaillait à Omarska à la

  4   station d'essence, il connaissait sa femme qui était cuisinière à la

  5   coopérative. Et mon fils a pris contact avec eux et leur a demandé où

  6   Mlado travaillait car pendant un certain temps il a travaillé au poste de

  7   police en tant que simple policier quand il a quitté Ljubija et ensuite,

  8   il a été muté ailleurs. Et c'est comme cela que je l'ai appris.

  9   Question: Mais avez-vous su ou n'avez-vous pas su que votre frère était à

 10   Omarska?

 11   Réponse: Oui, je le savais, mon fils me l'a dit à partir de Prijedor.

 12   Question: C'est ainsi que vous avez contacté Mlado Radic car votre fils

 13   connaissait sa femme et avait appris qu'il travaillait à Omarska, n'est-ce

 14   pas?

 15   Réponse: oui.

 16   Question: Merci. Je n'ai pas d'autres questions.

 17   M. le Président: Merci beaucoup, Maître Fila.

 18   Monsieur le Juge Riad?

 19   (Questions au Témoin DC4 par M. le Juge Riad.)

 20   M. Riad (interprétation): Je vais devoir m'adresser à vous en vous

 21   appelant Témoin DC4, Madame, et je vous dis bonjour. Vous m'entendez?

 22   Témoin DC4 (interprétation): Bonjour. Je vous entends, oui.

 23   M. Riad (interprétation): J'espère que vous pourrez m'aider à mieux

 24   comprendre un certain nombre de choses. En tout cas, du mieux de vos

 25   possibilités. Vous avez dit que votre frère ne faisait pas de politique,


Page 8865

   1   qu'il n'étiez pas membre du SDA. A votre connaissance, pourquoi des gens

  2   comme lui auraient été arrêtés?

  3   Réponse: Parce que qu'il était Musulman.

  4   Question: C'était le cas uniquement des hommes, ou des femmes également?

  5   Réponse: Des femmes également.

  6   Question: J'aimerais maintenant vous poser des questions au sujet de votre

  7   intervention quand vous avez voulu lui envoyer des vivres et des

  8   médicaments. Pensez-vous que c'est grâce au fait que vous-même connaissiez

  9   Mme Radic que cela a pu se faire ou parce que votre frère connaissait M.

 10   Radic, car il n'aurait pas pu agir de la sorte en faveur de tout le monde?

 11   Réponse: Bien sûr, il n'aurait pas pu. Mais il l'a fait car nous avions de

 12   bonnes relations. Nous nous connaissions depuis les années 70 et il a dit

 13   qu'il ferait tout ce qui serait dans ses possibilités, tout ce qu'il

 14   pourrait faire, mais bien sûr il avait peur. Et il y a eu d'autres Serbes

 15   qui ont agi ainsi.

 16   Question: Quand vous dites "nous", il s'agit de vous, de vous-même, ou de

 17   votre frère? Qui était ami avec Radic, vous, votre famille, qui?

 18   Réponse: C'est moi qui avais de bonnes relations avec sa famille, avec

 19   lui.

 20   Question: Maintenant, je ne crois pas que ce soit un secret mais enfin,

 21   votre frère aujourd'hui vit à l'étranger, n'est-ce pas? Dans un autre pays

 22   que la Bosnie ?

 23   Réponse: Oui.

 24   Question: Et il a peur de rentrer, mais il a peur de qui? Des Serbes? Il

 25   n'a pas peur des Musulmans?


Page 8866

   1   Réponse: En effet.

  2   Question: Il a donc peur des Serbes. Mais pourquoi aurait-il peur de venir

  3   ici témoigner en faveur d'un Serbe, pour défendre un Serbe? A-t-il aussi

  4   peur des Musulmans?

  5   Réponse: Il a aussi peur des Musulmans que des Serbes.

  6   Question: Mais je veux dire, il n'a pas de contacts avec les Musulmans, sa

  7   maison est dans un secteur serbe, n'est-ce pas?

  8   Réponse: Oui.

  9   Question: Merci beaucoup.

 10   M. le Président: Merci beaucoup, Monsieur le Juge Riad.

 11   Madame la Juge Wald?

 12   Mme Wald (interprétation): Je n'ai pas de questions.

 13   (Questions au Témoin DC4 par M. le Président.)

 14   M. le Président: J'ai un question, Témoin DC4. Vous avez dit que ces gens

 15   ont reçu toutes ces affaires que Radic avait amenées. Vous reconnaissez

 16   cette affirmation?

 17   Je crois que nous avons encore des problèmes techniques. Est-ce que vous

 18   m'entendez, Madame, maintenant?

 19   Témoin DC4 (interprétation): Oui, oui, j'entends.

 20   Question: Vous avez dit, je cite: "Ces gens ont reçu toutes ces affaires".

 21   J'entends que c'étaient les affaires que Radic avait amenées. Vous

 22   reconnaissez cette affirmation?

 23   Réponse: Oui.

 24   Question: Comment savez-vous que ces personnes avaient reçu toutes ces

 25   affaires?


Page 8867

  1   Réponse: Parce qu'il s'agissait en majorité de voisins à moi, donc nous

  2   avions des contacts, nous nous rendions visite et la femme d'Irfan, par

  3   exemple, m'a dit qu'il avait tout reçu. Il avait demandé de l'argent parce

  4   qu'il avait l'intention de quitter Omarska et de partir, d'ailleurs ils

  5   sont partis à Manjaca et ensuite encore plus loin.

  6   Puis je voudrais dire encore autre chose: une femme qui était là-bas m'a

  7   dit que Mlado avait emmené cette femme chez le médecin, avait emmené sa

  8   femme chez le médecin pour demander des médicaments à l'intention de cette

  9   femme et qu'elle était allée dans le camp les lui apporter parce que cette

 10   femme était malade. Il a donc emporté ces médicaments au nom de sa propre

 11   femme pour les apporter à la femme d'un autre prisonnier, la femme d'un

 12   détenu qui était un de leurs voisins. Voilà donc ce qu'elle m'a dit, elle

 13   m'en a parlé.

 14   M. le Président: Très bien. Donc, Témoin DC4, nous n'avons pas d'autres

 15   questions à vous poser, nous vous remercions beaucoup d'être venue et nous

 16   vous souhaitons un bon retour à votre lieu de résidence. Merci beaucoup.

 17   Je vais demander à M. l'huissier de vous raccompagner.

 18   Témoin DC4 (interprétation): Merci.

 19   (Le Témoin DC4 est reconduit hors du prétoire.)

 20   M. le Président: Maître Fila, nous aurons le témoin suivant. Qui est-ce?

 21   M. Fila (interprétation): Monsieur le Président, nous n'avons qu'un résumé

 22   de la déposition des deux témoins à venir car ils n'habitent pas en

 23   Bosnie-Herzégovine et comme M. Christian Rohde n'aime pas que nous

 24   dépensions l'argent de ce Tribunal pour voyager à gauche à droite, je les

 25   ai vus pour la première fois quand ils sont arrivés ici. Je n'ai donc pas


Page 8868

   1   pu recueillir une déclaration complète.

  2   M. le Président: Est-ce que le Procureur à quelques commentaires?

  3   Mme Somers (interprétation): C'est M. Saxon qui interrogera ce témoin,

  4   Monsieur le Président, mais apparemment ce qui vient d'être dit ne lui

  5   pose pas de problème. Merci.

  6   M. le Président: Très bien, donc.

  7   (Le Témoin DC5 est introduit dans le prétoire.)

  8   Bonjour, m'entendez-vous?

  9   Témoin DC5 (interprétation): Oui, bonjour.

 10   M. le Président: Vous allez lire la déclaration solennelle que M.

 11   l'huissier va vous tendre.

 12   Témoin DC5 (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

 13   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 14   M. le Président: Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît. Merci d'être

 15   venu. Pour l'instant, vous allez répondre aux questions que Me Fila va

 16   vous poser.

 17   Maître Fila, vous avez la parole, s'il vous plaît. Ah oui, je crois qu'il

 18   y a quelque chose encore.

 19   M. Fila (interprétation): Je vous demande un huis clos partiel, Monsieur

 20   le Président.

 21   M. le Président: Pas encore, Maître Fila.

 22   Témoin, vous allez regarder cette pièce de papier pour voir si votre nom

 23   est inscrit là et vous allez répondre seulement par oui ou par non. Allez-

 24   y.

 25   Témoin DC5 (interprétation): Oui.


Page 8869

  1   M. le Président: Il s'agit bien de votre nom, c'est cela?

  2   Témoin DC5 (interprétation): Oui, oui.

  3   M. le Président: Nous allons passer maintenant à huis clos partiel, s'il

  4   vous plaît.

  5   (Audience à huis clos partiel.)

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 20   (Audience publique avec mesures de protection.)

 21   Interprète: Monsieur le Président, l'interprète française a entendu 1950

 22   pour la date de naissance et au compte rendu d'audience il est écrit 1952.

 23   M. Fila (interprétation): Monsieur le Témoin, connaissiez-vous quelqu'un

 24   qui s'appelait Mlado Radic avant la guerre?

 25   Témoin DC5 (interprétation): Oui.


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   1   Question: Où avez-vous fait sa connaissance et que faisait-il?

  2   Réponse: J'ai fait sa connaissance dans les années 1970 quand il est venu

  3   travailler chez nous à Ljubija. C'était un jeune policier à l'époque.

  4   M. le Président: Excusez-moi de vous interrompre mais à la suite d'une

  5   note de l'interprète, je crois qu'il n'y a aucun problème de préciser cela

  6   en session publique, la date de naissance du témoin… Ou peut-être on va

  7   entrer… Seulement l'année, s'il vous plaît.

  8   M. Fila: Il y a l'année.

  9   M. le Président: Je crois que c'est mieux de passer en session à huis clos

 10   partiel maintenant. On va passer en session à huis clos partiel.

 11   (Audience à huis clos partiel.)

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 23   (Audience publique avec mesures de protection.)

 24   Mme Thomson (interprétation) : Nous sommes en session publique.

 25   M. le Président: Je remercie quand même l'attention de l'interprète. J'ai


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  1   vu que Me Saxon était debout… Est-ce qu'il y avait un problème, Monsieur

  2   Saxon?

  3   M. Saxon (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Oui, il y en a

  4   mais peut-être devrions-nous passer à huis clos partiel pour que je vous

  5   en explique la nature, Monsieur le Président.

  6   Mme Thomson (interprétation): Nous sommes à huis clos partiel. Excusez-

  7   moi, non, nous ne le sommes pas encore mais maintenant, oui, nous le

  8   sommes.

  9   (Audience à huis clos partiel.)

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  1   [expurgée]

  2   [expurgée]

  3   (Audience publique avec mesures de protection.)

  4   Nous y sommes. Maître Fila, vous pouvez continuer, s'il vous plaît.

  5   M. Fila (interprétation): Monsieur, vous avez dit que vous aviez fait la

  6   connaissance de M. Mlado Radic dans les années 1970 à Ljubila?

  7   Réponse: Oui.

  8   Question: Que faisait-il là-bas?

  9   Réponse: Il était policier.

 10   Question: Ljubija est-elle une localité dont la population est mixte?

 11   Réponse: Oui.

 12   Question: Quelle est sa composition?

 13   Réponse: Il y avait des Croates, des Musulmans, des Serbes et même des

 14   gitans, des Tziganes.

 15   Question: Auriez-vous remarqué que, dans son travail, M. Radic aurait fait

 16   des différences entre les différentes nationalités?

 17   Réponse: Non, au contraire. D'ailleurs, à l'époque, la police était très

 18   différente et il était absolument interdit de faire des différences entre

 19   les nationalités. Mais moi, je faisais du sport à l'époque, on allait

 20   souvent dans les salles de sport, on se voyait, on se fréquentait et je le

 21   voyais donc assez souvent. Il me semble qu'il était dans son travail

 22   exactement comme il était en dehors de son travail.

 23   Avec lui on pouvait faire des plaisanteries, on pouvait rire de nous-

 24   mêmes, rire de lui, cela ne posait aucun problème. Il était plus difficile

 25   de le faire avec d'autres policiers. Avec lui, cela ne posait aucun


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   1   problème, ni pendant le travail ni en dehors du travail. On allait… On

  2   fréquentait les cafés, on courait un peu les femmes, enfin ce genre de

  3   choses.

  4   M. le Président: Oui. Témoin, s'il vous plaît, vous devez aller un peu

  5   plus lentement. C'est très rapide! S'il vous plaît, parlez lentement parce

  6   qu'il y a entre vous un interprète. Si vous parlez avec Me Fila en dehors

  7   de la salle d'audience, pas problème. Excusez-moi, si vous pouvez parler

  8   lentement parce que les interprètes ne peuvent plus suivre. Je sais que

  9   vous pouvez le faire. Merci.

 10   Témoin DC5 (interprétation): D'accord.

 11   M. Fila (interprétation): Monsieur DC5, à un certain moment vous vous êtes

 12   retrouvé détenu dans le camp d'Omarska, n'est-ce pas?

 13   Témoin DC5 (interprétation): Oui. Je suis arrivé dans le camp d'Omarska au

 14   début du mois de juillet, en provenance du camp de Keraterm. A mon arrivée

 15   au camp d'Omarska, en fait nous sommes arrivés dans deux autobus et le

 16   groupe le plus nombreux était le groupe de Ljubija parce que ce jour-là,

 17   la population de Ljubija a été regroupée et les habitants arrêtés ont été

 18   emmenés au camp Keraterm. Mais à Keraterm, nous n'avons pas réussi à être

 19   interrogés parce qu'il y avait trop de monde, donc on nous a replacés à

 20   bord des autobus et on nous a emmenés jusqu'au camp d'Omarska.

 21   A notre arrivée au camp d'Omarska, on nous a fait descendre des autobus,

 22   on nous a alignés sur deux rangs, on nous a fait nous tourner vers un mur

 23   qui était là et pendant qu'on attendait comme cela, on avait des gardiens

 24   qui étaient dans notre dos. On ne savait pas du tout pourquoi on attendait

 25   mais en tout cas, ces gardiens nous ont dit de lever les mains et de


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  1   déployer trois doigts. Et ceux qui ne le faisaient pas assez vite ont reçu

  2   des coups sur les mains.

  3   Puis on nous a dit de rentrer dans une pièce, c'était une petite pièce qui

  4   se trouvait dans le garage du bâtiment administratif. Nous étions 74, il

  5   n'y avait pas de place pour tout le monde, même pas suffisamment de place

  6   pour qu'on reste debout. Quant à s'allonger par terre, il n'en n'était pas

  7   question. J'ai passé plusieurs jours dans cette pièce jusqu'à ce qu'arrive

  8   mon tour pour l'interrogatoire.

  9   Pendant les trois jours que j'ai passés là, nous pouvions sortir si nous

 10   en avions besoin pour satisfaire nos besoins naturels car il n'y avait pas

 11   de toilettes, mais on pouvait sortir et on devait faire tout cela sur

 12   l'herbe. Il y avait aussi un robinet d'eau à l'extérieur. Une fois, ils

 13   nous ont emmenés dans le réfectoire pour déjeuner et ils nous ont ensuite

 14   ramenés dans la pièce.

 15   Le troisième jour, c'était mon tour d'être interrogé et ces

 16   interrogatoires se déroulaient au premier étage où il y avait des

 17   responsables qui travaillaient dans des bureaux là-haut. Pendant

 18   l'interrogatoire, on entendait des cris, des gémissements, des choses qui

 19   se cassaient, des hurlements. Je crois qu'il y avait des tortures mais je

 20   ne savais pas exactement ce qui nous attendait là-haut.

 21   Je crois d'ailleurs que c'est la raison pour laquelle on nous avait

 22   enfermés dans cette pièce pour qu'on entende tout cela, ce qui exerçait

 23   une pression psychologique sur nous. Mais on savait qu'on allait attendre,

 24   monter au premier étage, ressortir ensuite, et on avait vu qu'après les

 25   interrogatoires les prisonniers sortaient et restaient sur la Pista où il


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  1   y avait déjà pas mal de monde.

  2   Question: Excusez-moi de vous interrompre, mais vous pourrez continuer

  3   ensuite. Combien de temps avez-vous passé au total à Omarska?

  4   Réponse: Je ne sais pas exactement, mais je pense un mois.

  5   Question: Ce gardien qui vous a forcés à vous appuyer contre le mur en

  6   étendant trois doigts, vous et tous les autres prisonniers, savez-vous à

  7   quelle formation il appartenait, quel était son uniforme?

  8   Réponse: Il y avait des uniformes très variés. C'était l'été, il faisait

  9   chaud. Il y en avait donc qui avaient des chemises bigarrées, d'autres qui

 10   avaient des chemises bleues, il y en avait qui portaient uniquement le

 11   bas, comme par exemple le pantalon bigarré et en haut un tee-shirt civil à

 12   manches courtes bleues ou d'une autre couleur. Je n'étais donc jamais sûr

 13   des formations auxquelles ces hommes appartenaient et je n'étais pas

 14   toujours sûr qu'ils appartenaient à l'armée serbe. Je ne pouvais pas

 15   déterminer l'armée à laquelle ils appartenaient, je veux dire tous ces

 16   Serbes. Et puis il y avait aussi les détenus qui étaient bien sûr

 17   Musulmans et Croates.

 18   Question: Très bien. Maintenant, je vous prie, Monsieur le témoin, de

 19   parler de M. Radic à Omarska, de ce que vous pouvez nous raconter des

 20   rencontres que vous avez eues avec lui, et de nous le dire dans vos

 21   propres termes, sans interruption de ma part.

 22   Réponse: Eh bien, je pense que la première fois que j'ai entendu parler de

 23   Mlado Radic, c'est le deuxième jour, quand on revenait du déjeuner. Il y

 24   avait deux, trois gardiens qui nous ramenaient et ils ont fait la même

 25   chose qu'à notre descente des autobus, ils nous ont disposés en deux rangs


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  1   et nous ont dit de nous tourner tous dans la même direction. Puis ils nous

  2   ont donné l'ordre de nous asseoir et de mettre la tête entre les genoux et

  3   les bras au-dessus de la tête. A ce moment-là, ils ont commencé à nous

  4   frapper dans le dos. Ils étaient derrière nous.

  5   Question: Vous pouvez boire un verre d'eau.

  6   Réponse: Ils nous tabassaient de toutes les manières, ils sautaient sur

  7   nous, nous ne savions même pas qui nous tabassait ni à combien de reprises

  8   on était frappé. A un moment, on a presque perdu connaissance, et j'ai

  9   entendu quelqu'un mentionner le nom de Krkan.

 10   Peu de temps après, il a été dit qu'il fallait qu'on entre dans un garage.

 11   On a dû y aller à toute vitesse, donc nous étions un peu trop serrés à la

 12   porte. Ensuite, nous sommes entrés lentement. Nous y sommes entrés et une

 13   personne que nous connaissions en tant que Krkan, depuis l'endroit où nous

 14   avions vécu avant… Les personnes avaient beaucoup de surnoms, je ne sais

 15   pas comment le sien s'expliquait.

 16   Question: Excusez-moi de vous interrompre. Vous avez dit que quelqu'un a

 17   mentionné Krkan, mais dans quel sens?

 18   Réponse: Eh bien, un garde a dit: "Arrête! Krkan vient."

 19   Question: Arrêter quoi?

 20   Réponse: Arrêter de nous battre!

 21   Ensuite, nous sommes entrés dans le garage et ensuite, nous avons fait des

 22   commentaires pendant qu'on était dans le garage, on souhaitait savoir si

 23   c'était le Krkan que nous connaissions, nous, puisque souvent il y avait

 24   des surnoms différents. Parfois, il trouve que ce surnom-là est dénigrant,

 25   péjoratif, parfois on pense qu'il ne l'est pas. Mais je pense que Krkan,


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  1   on le surnommait comme cela parce qu'il aimait beaucoup boire et manger.

  2   Chez nous Krkati, c'est se goinfrer, c'est donc pour cela qu'on le

  3   surnommait ainsi. Mais ce n'était pas péjoratif pour nous, et je ne sais

  4   pas d'ailleurs qui était celui qui a créé ce surnom pour lui.

  5   Lorsque mon tour est venu d'être interrogé, lorsque le garde m'a amené en-

  6   haut, je suis arrivé dans un bureau où se trouvaient deux hommes un peu

  7   plus âgés. L'un d'eux lisait un journal et l'autre attendait de

  8   m'interroger parce qu'ils se relayaient: l'un d'eux interrogeait une

  9   personne et l'autre la deuxième personne. Lorsqu'il a pris mes

 10   coordonnées, il a commencé à lire la fiche, le document, soi-disant

 11   indiquant quelle était ma culpabilité et la raison pour laquelle j'étais

 12   dans le camp.

 13   En ce qui concerne les premières allégations à mon encontre, bien sûr je

 14   n'ai pas pu donner une réponse affirmative parce que les faits qui

 15   m'étaient reprochés n'étaient absolument pas vrais. Et à leurs questions,

 16   j'ai eu un sourire un peu ironique en disant que ce n'était pas la vérité.

 17   A ce moment-là, j'ai été frappé de dos, et jusqu'à ce moment-là je ne

 18   savais même pas que quelqu'un se trouvait derrière mon dos. C'était un

 19   jeune homme portant un tee-shirt noir et un pantalon de camouflage, et

 20   lorsque je suis tombé de la chaise, il m'a frappé encore une fois, et là

 21   je me suis relevé le plus vite possible pour éviter d'être frappé encore.

 22   Entre-temps, je ne l'avais pas encore vu. Lorsque je me suis assis sur la

 23   chaise, on m'a posé d'autres questions et moi je niais tout ce qu'on

 24   essayait de m'imputer. Lui, il s'est mis devant moi pour continuer à me

 25   battre, et la personne qui m'interrogeait lui a dit à ce moment-là


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  1   d'arrêter de me toucher. On m'a posé quelques autres questions, ensuite

  2   ils m'ont dit que je pouvais sortir pour me placer sur la Pista.

  3   Lorsque je traversais le couloir -je sais qu'un peu plus loin dans le

  4   couloir devant chaque bureau, on frappait les gens-, je suis sorti, je

  5   n'ai vu personne dans le couloir. Je pensais qu'ils se cachaient derrière

  6   la porte. J'allais lentement, j'avançais lentement, j'étais prêt à

  7   recevoir des coups, mais vers le dernier bureau j'ai vu que ces soi-disant

  8   gardes qui se trouvaient d'habitude dans le bureau étaient dans un bureau

  9   en train de boire du café. C'est donc ainsi que j'ai traversé le couloir

 10   sans être battu par qui que ce soit. Seulement, en bas, un garde était en

 11   train de parler avec une femme et lorsqu'il m'a vu, il a placé son pied

 12   devant moi, ce qui m'a fait tomber.

 13   Ensuite j'ai pris mon sac, je suis entré dans le réfectoire, c'était

 14   l'heure du déjeuner. Le réfectoire se trouvait en bas, le déjeuner durait

 15   deux à trois minutes, le temps de manger quelque chose, et ensuite je suis

 16   sorti sur la Pista et je suis arrivé parmi les autres détenus qui s'y

 17   trouvaient, qui y étaient depuis avant. C'est là que j'ai rencontré

 18   d'autres personnes que je connaissais, qui sont venues dans le camp avant

 19   moi et qui se trouvaient donc sur cette Pista à l'extérieur.

 20   Ainsi, nous avons parlé un peu, la journée s'écoulait. Moi, j'ai demandé:

 21   "Comment on peut boire de l'eau?" et puis eux ils ont dit: "Quand on a la

 22   permission, on peut aller chercher de l'eau". Sinon, toute la journée on

 23   est assis ici, et ensuite la nuit on va ailleurs dans certaines pièces

 24   pour y passer la nuit.

 25   En ce qui concerne la première journée, nous y sommes restés jusqu'au


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  1   soir, donc sur la Pista et le soir, lorsque le moment d'aller se coucher

  2   est venu, ils nous ont répartis en groupe d'environ 30 personnes et ils

  3   nous ont amenés dans des pièces. Moi-même, avec mon groupe, on a été

  4   amenés dans un bureau à l'étage. Par la suite, j'ai vu qu'en bas il y

  5   avait une grande salle de dumpers.

  6   Pendant la nuit, des gardes entraient. Parfois ils nous frappaient,

  7   parfois ils demandaient qu'on leur donne de l'argent, des montres; les

  8   personnes qui avaient des chaussures de montagne ou de sport, on voulait

  9   leur saisir cela aussi. C'est ainsi que nous n'avons pas vraiment pu

 10   dormir.

 11   Le matin, ils nous ont fait sortir sur la Pista de nouveau, c'est là que

 12   nous étions allongés ou assis pendant toute la journée. Et le soir, cette

 13   commission chargée d'enquêtes venait. A chaque fois nous devions nous

 14   allonger par terre, la tête vers le sol afin d'éviter de voir les membres

 15   de la commission. La deuxième nuit...

 16   Question: Racontez-nous quand vous avez rencontré M. Mlado Radic.

 17   Réponse: Je pense que j'ai rencontré Radic la troisième nuit parce que

 18   j'ai passé la deuxième nuit à l'étage et à un certain moment j'ai regardé,

 19   j'ai vu une personne que j'avais l'impression de connaître parce que tous

 20   les autres gardes, je ne les connaissais pas. Par la suite, j'ai appris

 21   que c'étaient des gardes provenant des villages alentours.

 22   La seule personne que j'ai reconnue, c'était lui. J'hésitais et je me

 23   demandais si je devais le rencontrer, l'approcher, pour qu'il me voie,

 24   pour demander de l'aide mais au début j'avais peur de l'approcher. Parce

 25   que parfois j'avais des amis avec lesquels j'avais grandi et qui m'avaient


Page 8880

  1   oublié du jour au lendemain sans me reconnaître par la suite.

  2   Question: Vous parlez des amis serbes?

  3   Réponse: Oui. J'ai pris une bouteille de la part d'un ami, une bouteille

  4   en plastique. Il y avait un garde, comme d'habitude je faisais signe en

  5   demandant si je pouvais aller chercher de l'eau, il m'a permis d'y aller.

  6   A mon retour, j'ai cherché Mlado des yeux, il m'a regardé avec une

  7   expression du visage surprise et il m'a demandé quand j'étais arrivé là-

  8   bas. Je lui ai dit que c'étaient trois ou quatre jours auparavant. Il m'a

  9   demandé s'il y avait des problèmes, quelque chose comme cela, et moi je

 10   lui ai dit de faire si possible quelque chose pour nous transférer

 11   ailleurs, pour nous permettre de dormir dans le réfectoire. Parce que

 12   d'habitude, ce groupe-là était un peu privilégié: le matin tôt, le matin

 13   lorsqu'il sortait, il prenait des places près du mur de la salle du hangar

 14   et cette partie-là avait l'ombre plus longtemps pendant la journée. Il a

 15   dit qu'il allait voir avec la personne chargée de la répartition des

 16   détenus et il est parti. Ensuite, lorsque l'heure d'aller se coucher est

 17   venue, le garde qui répartissait les détenus a dit tout de suite: "Voilà,

 18   ce groupe-là doit être déployé ailleurs." Nous, on était dans un groupe de

 19   trente personnes, on était nombreux de Ljubija dans ce groupe.

 20   Nous nous sommes placés en cinq ou six rangs. Je ne me souviens plus

 21   combien de fenêtres il y avait dans le réfectoire car il faut savoir qu'on

 22   entrait dans le réfectoire par les fenêtres qui étaient étroites. C'est

 23   ainsi que nous, nous sommes entrés dans le réfectoire pour y dormir.

 24   C'était un lieu un petit peu plus protégé, personne ne nous frappait

 25   vraiment là-bas, sauf que parfois on entrait pour faire l'appel de


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  1   certains détenus que l'on amenait à l'extérieur. Ceci s'est poursuivi

  2   pendant deux ou trois jours encore, on a continué à dormir dans le

  3   réfectoire et puis à un moment nous avons eu des problèmes d'estomac, de

  4   dysenterie, nous nous sommes adressés à lui pour qu'il nous apporte des

  5   médicaments et de toute façon il aidait les gens.

  6   Question: De qui parlez-vous?

  7   Réponse: De Mlado Radic.

  8   Un certain moment, lorsque j'étais de passage, il m'a donné même un petit

  9   bout de pain à la fin du déjeuner. Il a souhaité que j'en dispose et

 10   c'était un morceau de pain qu'on pouvait répartir, qu'on pouvait diviser

 11   entre deux, trois personnes. Et par la suite, j'ai entendu qu'il avait

 12   tendance à faire ce genre de choses, surtout vis-à-vis du groupe de

 13   Ljubija. Et après, nous avons été transférés dans le hangar, donc nous ne

 14   devions plus être sur la Pista, et le hangar est devenu presque vide pour

 15   recevoir les détenus. Lorsque nous y sommes entrés, nous avons vu de

 16   grands dumpers et quand nous sommes entrés dans le hangar, nous avons vu

 17   que la moitié du hangar avait été divisée par un fil de fer et nous avons

 18   pu voir également que le hangar avait été lavé. Tout était mouillé, nous

 19   avions vu des traces d'huile et de la poussière. C'était un peu boueux et

 20   ils nous ont forcés à nous allonger par terre et à nous relever plusieurs

 21   fois et c'est ainsi que nous avons dû nettoyer cette eau qui était sur le

 22   sol.

 23   Question: Quand avez-vous rencontré Mlado Radic de nouveau?

 24   Réponse: J'ai rencontré Mlado Radic de nouveau ce même jour, dans l'après-

 25   midi, quand il est venu avec deux, trois pains. Mais je n'y étais pas


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  1   directement. Il s'est placé derrière le fil de fer et il a donné les pains

  2   en disant que ceci devait être divisé entre les gens. Et le soir, il est

  3   venu me chercher, il a appelé mon nom, il m'a dit de m'approcher du fil de

  4   fer et m'a apporté un sac en papier qui contenait environ vingt quarts de

  5   pain. Car d'habitude, nous recevions un huitième de pain pour le déjeuner

  6   et à ce moment-là il a apporté une vingtaine de quarts de pain pour que

  7   nous les divisions entre nous. Et ensuite, lorsqu'on a appelé, un garde

  8   qui était de permanence m'a appelé et il m'a dit de lui apporter le sac.

  9   Lorsque je lui ai donné cela, il a pris deux quarts de pain et il a dit:

 10   "Vous pouvez vous partager le reste entre vous et moi, j'apporte cela pour

 11   mes cochons car ils ont plus de valeur que vous. Et surtout, tu ne dois

 12   pas dire cela à Radic car sinon tu vas disparaître".

 13   Moi, bien sûr, je ne l'ai pas dit à Radic car je savais ce qu'il voulait

 14   dire lorsqu'il a dit que j'allais disparaître. Ces personnes-là avaient

 15   peu de respect pour nous. Là, je parle des autres gardes mais de toute

 16   façon, lui, il nous protégeait d'une certaine manière. En ce qui concerne

 17   le pain qui a été pris, je suppose que c'était par dépit, pour prouver

 18   qu'il peut s'opposer à Radic.

 19   Question: En ce qui concerne les relèves, y avait-il un nom des relèves,

 20   par exemple la relève dans laquelle travaillait Mlado Radic?

 21   Réponse: Quand je suis arrivé au camp, j'ai appris de la part des

 22   personnes que je connaissais qu'il y avait des équipes, des relèves, mais

 23   il n'y avait pas d'uniformes différents pour pouvoir conclure que

 24   quelqu'un était un chef. Mais nous, on disait toujours "l'équipe de Krkan"

 25   car lui était dans cette équipe et cette équipe, par ailleurs, il y avait


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  1   plusieurs gardes, vraiment je ne sais pas comment les décrire. Ces gens-là

  2   n'avaient aucun sentiment humain. Parfois ils passaient quelqu'un à tabac

  3   simplement parce qu'ils s'ennuyaient. Par exemple, parfois leurs

  4   collègues, surtout ceux qui étaient dans l'enceinte du hangar, c'est eux

  5   qui nous tabassaient. Mais par exemple, Mlado Radic je ne le voyais pas

  6   là-dedans en tant que garde. Quand on sortait, on le voyait.

  7   Vous savez, les gardes n'avaient pas vraiment des postes de garde

  8   définitifs mais ils pouvaient se déplacer.

  9   Question: Quelles sont les armes qu'ils portaient, s'ils portaient des

 10   armes?

 11   Réponse: Moi, je ne me souviens pas qu'ils portaient des armes. Je pense

 12   que je ne l'ai jamais vu en train de porter des armes. La première fois

 13   que je l'ai vu porter des armes, là je parle de Mlado Radic, c'était

 14   lorsque je suis sorti du camp en Croatie et quand je l'ai vu à la télé en

 15   train de porter un fusil automatique.

 16   Question: Là, vous parlez du film qui a été montré?

 17   Réponse: Oui. Il y a eu quelques séquences qui le montraient sur un

 18   escalier roulant et il avait un fusil automatique entre les mains. Mais

 19   moi, dans le camp, je ne l'ai certainement pas vu porter des armes et

 20   beaucoup de gardes ne portaient pas d'armes.

 21   Question: Pourquoi appelez-vous cela l'équipe de Krkan?

 22   Réponse: Eh bien, puisque qu'il était la seule personne que nous

 23   connaissions dans cette équipe.

 24   Question: Merci. Comment évaluez-vous le comportement de Mlado Radic Krkan

 25   dans le camp?


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  1   Réponse: Ecoutez, je ne sais pas. Peut-être, moi, je peux comprendre que

  2   Mlado Radic souhaitait me protéger puisqu'il me connaissait depuis

  3   longtemps. Mais mis à part moi-même, il y avait une trentaine d'autres

  4   personnes protégées tout comme moi.

  5   Et si seulement Dieu avait permis dans ce camp qu'il y ait quelques autres

  6   gardes qui auraient protégé, par exemple, 20 à 30 personnes, je pense que

  7   cela aurait constitué un bon nombre de personnes protégées dans le camp.

  8   Question: Merci beaucoup. Une seule question encore: vous êtes parti à

  9   Manjaca depuis le camp d'Omarska?

 10   Réponse: Oui.

 11   Question: A Manjaca, avez vous rencontré toutes les autres personnes qui

 12   avaient été avec vous à Omarska?

 13   Réponse: (inaudible).

 14   Question: Etes-vous allé à Manjaca d'Omarska, n'est-ce pas? Y avez-vous

 15   rencontré d'autres détenus qui avaient été avec vous dans le camp

 16   d'Omarska?

 17   Réponse: Oui.

 18   Question: Et à ce moment-là, avez-vous fait des commentaires avec ces

 19   personnes-là à l'égard de Mlado Radic? Et si oui, de quoi s'agissait-il?

 20   Réponse: Une partie des détenus de Ljubija, eux aussi qui

 21   avaient été avec moi, on a fait appel de leur nom pour qu'ils sortent de

 22   nouveau sur la Pista. Par la suite, il s'est avéré que ces personnes qui

 23   avaient été appelées à sortir étaient envoyées au camp de Trnopolje et

 24   ensuite renvoyées chez elles. Simplement, nous avons appris que toutes les

 25   autres personnes dont les noms n'avaient pas été appelés, devaient entrer


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  1   dans les autocars. Il y avait environ 17 cars qui nous ont amenés jusqu'à

  2   Manjaca.

  3   A Manjaca pendant le premier jour, la situation était tout aussi

  4   difficile, mais les gardes ne venaient pas jusqu'à nous. Nous ne pouvions

  5   pas beaucoup parler entre nous: les mains étaient attachées, la tête

  6   devait être penchée.

  7   Mais quelques jours plus tard, la Croix-Rouge internationale est

  8   venue nous enregistrer et par la suite, les conditions se sont nettement

  9   améliorées, les conditions de vie: nous pouvions nous déplacer, passer de

 10   l'étable -car nous étions installés dans des étables-, nous pouvions nous

 11   déplacer entre les étables, parler avec d'autres détenus.

 12   Sur la base de nos entretiens, nous avons donc remonté le fil

 13   des événements. Nous avons parlé de tout ce qui nous était arrivé, mais en

 14   ce qui concerne Mlado, personne n'a jamais dit qu'il l'avait vu

 15   directement en train de frapper quelqu'un ou je ne sais pas, quoi que ce

 16   soit de mauvais à son égard. Moi, j'étais surtout parmi les gens de

 17   Ljubija, en ce qui concerne d'autres opinions, je ne sais pas, je ne sais

 18   pas ce que d'autres personnes pensaient.

 19   Mais en ce qui nous concerne, une trentaine, une cinquantaine

 20   d'entre nous ont fini à Manjaca. Je parle des gens de Ljubija, car on

 21   était plus de mille de Ljubija, là-bas. Auparavant, en ce qui me concerne,

 22   personnellement, j'ai parlé en mon propre nom, j'ai traversé l'enfer, mais

 23   dans cette affaire j'ai eu une seule protection, c'était Mlado Radic

 24   pendant que j'étais à Omarska.

 25   Question: Merci beaucoup, Témoin DC5, merci de ces gentils


Page 8886

  1   propos également.

  2   M. le Président: Merci, Maître Fila.

  3   Je crois que nous allons faire une pause mais avant de faire une pause,

  4   Témoin, je vais demander à M. l'huissier de vous raccompagner pour la

  5   pause.

  6   (Le Témoin DC5 est reconduit hors du prétoire.)

  7   Donc une demi-heure de pause.

  8   (L'audience, suspendue à 10 heures 50, est reprise à 11 heures 28.)

  9   (Les accusés sont réintroduits dans le prétoire.)

 10   (Le Témoin DC5 est dans le prétoire.)

 11   M. le Président: Veuillez vous asseoir s'il vous plaît.

 12   Est-ce qu'il y a d'autres conseils qui veulent poser des questions à ce

 13   témoin? Personne? D'accord, merci.

 14   Monsieur le témoin, vous allez maintenant répondre aux questions que M. le

 15   Procureur va vous poser.

 16   Monsieur Saxon, vous avez la parole, s'il vous plaît.

 17   (Contre-interrogatoire du Témoin DC5 par M. Saxon.)

 18   M. Saxon (interprétation): Merci Monsieur le Président.

 19   En ce qui concerne mes deux premières questions, je souhaite que l'on

 20   passe à huis clos partiel, s'il vous plaît.

 21   M. le Président: Oui, nous allons donc passer à huis clos partiel pour

 22   quelques instants.

 23   (Audience à huis clos partiel.)

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 20   (Audience publique avec mesures de protection.)

 21   M. le Président: Nous sommes en session publique.

 22   M. Saxon (interprétation): Ma question était de savoir si vous et M.

 23   Radic, vous alliez au restaurant pour courir les femmes jusqu'à l'année

 24   1984, lorsque M. Radic a été transféré au département de police d'Omarska?

 25   Réponse: Non, lorsque Mlado Radic est parti de Ljubija, on se voyait


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   1   moins. Moi, pendant une certaine période, j'ai travaillé à Ljubija,

  2   ensuite à Prijedor, j'étais activement sportif, donc j'avais moins de

  3   temps pour sortir. Lui, il est parti, lui aussi. Donc nous avions moins de

  4   temps pour nous rencontrer, même à Prijedor.

  5   Question: Peut-être ma question n'était pas claire, je vais la reposer. Ma

  6   question était la suivante: vous et M. Radic avez-vous continué à aller au

  7   restaurant ensemble, à courir après les femmes ensemble depuis les années

  8   70 jusqu'à l'année 1984, c'est-à-dire l'année à laquelle M. Radic a été

  9   transféré au poste de police d'Omarska?

 10   Réponse: Oui. On sortait, mais il ne faut pas comprendre cela mot à mot.

 11   On ne le faisait pas si souvent que cela. Mais parfois on sortait dans des

 12   villes avoisinantes.

 13   Parfois moi lorsque je travaillais jusqu'au soir et lui aussi terminait

 14   son travail, on s'asseyait ensemble. Il avait une petite voiture, une

 15   petite Fiat, et on parlait de temps en temps. Moi, après, je me suis

 16   marié. Si vous voulez, avant je sortais avec cette femme, elle était ma

 17   petite amie, et c'était une liaison stable. Question: Monsieur Radic, est-

 18   ce qu'il avait une liaison stable avec une jeune femme à Ljubija?

 19   Réponse: Elle n'était pas de Ljubija. Mais par la suite, lorsqu'il s'est

 20   marié, il a épousé une femme d'un petit village qui se trouvait à

 21   proximité de Ljubija; il s'agit de sa femme actuelle.

 22   Mais pendant la période, à l'époque, je n'ai pas vu de petites amies avec

 23   lesquelles il sortait.

 24   Question: Après que vous et M. Radic vous vous êtes mariés, dans les

 25   années 70, avez-vous continué à sortir avec lui et à courir après les


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  1   femmes?

  2   Réponse: On sortait dans des cafés, on se rencontrait surtout entre hommes

  3   de Ljubija; c'étaient des gens qui aimaient s'amuser et plaisanter, mais

  4   il ne s'agissait pas des mêmes sorties que celles qu'on faisait pendant

  5   qu'on était célibataires.

  6   Et puis j'ai dit, j'étais athlète, actif professionnel, donc je voyageais,

  7   je m'apprêtais à des compétitions. Donc je sortais rarement. De temps en

  8   temps, par exemple je sortais, je rencontrais des gens de Ljubija. On

  9   s'amusait, on plaisantait, on se faisait des petites plaisanteries les uns

 10   à l'encontre des autres, et lui aussi de sa part. Tout ceci, c'était la

 11   manière dont on s'amusait entre nous.

 12   Question: Parlons maintenant de votre détention dans le camp d'Omarska en

 13   juillet 1992, vous avez mentionné un incident.

 14   En fait, je vais ralentir.

 15   Dans votre déposition, dans votre interrogatoire en chef, on vous a posé

 16   une question, à la page 29 du compte rendu, concernant les gardes du camp

 17   d'Omarska, vous avez dit qu'ils portaient des uniformes différents mais

 18   que vous étiez sûr qu'ils appartenaient à l'armée serbe.

 19   Ma question est la suivante: est-il possible de dire que ces personnes qui

 20   portaient des uniformes différents étaient en fait des policiers de

 21   réserve qui avaient été mobilisés afin de servir de gardes au sein du camp

 22   d'Omarska?

 23   Réponse: Je ne sais pas puisque, d'après ce que j'ai pu voir dans le camp,

 24   j'avais l'impression qu'il s'agissait là d'une…, je ne peux pas vraiment

 25   dire que c'était une armée car c'étaient des formations pas bien


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  1   organisées. Parce que vraiment ils portaient non pas seulement des

  2   uniformes différents mais aussi des tee-shirts noirs. C'étaient surtout

  3   des hommes un peu plus costauds qui portaient ces tee-shirts noirs pour

  4   montrer un peu leurs muscles. C'était l'été. Puis il y en avait qui

  5   portaient des chemises vert olive, puis il y en avait qui portaient des

  6   chemises multicolores puis des chemises de police.

  7   Donc c'était vraiment un mélange de tout cela. Nous ne pouvions donc pas

  8   du tout conclure sur la base de cela quel était le grade de telle et telle

  9   personne.

 10   Question: Vous avez mentionné un incident lors duquel un détenu a été

 11   passé à tabac et vous avez vu cet incident. Des détenus étaient passés à

 12   tabac et vous avez entendu qu'un garde a dit: "Arrête, arrête, Krkan

 13   vient." Et lorsque ce garde a dit ceci, les autres gardes ont-ils arrêté

 14   de tabasser les gens?

 15   Réponse: Moi, j'ai simplement entendu, il a dit, je pense: "Cela suffit

 16   Krkan vient." Je ne l'ai même pas vu tout de suite, je ne sais même pas où

 17   il était. J'ai pu constater qu'il y avait une voiture qui s'approchait,

 18   c'était loin tout cela.

 19   A ce moment-là, le passage à tabac durait depuis une dizaine de minutes

 20   déjà, donc peut-être ils en avaient un peu marre. Donc ils nous ont fait

 21   entrer dans le garage. Je ne savais pas à ce moment si c'était Mlado

 22   Radic, nous, nous connaissions un certain Krkan et il s'est avéré que

 23   c'était lui.

 24   Question: A la page 30 du compte rendu, ligne 9, voici ce que vous avez

 25   dit. Un autre garde a dit: "Arrêtez, arrêtons, Krkan vient."


Page 8891

  1   Ma question était la suivante et veuillez répondre par oui ou non: lorsque

  2   vous avez entendu ces mots, le passage à tabac est-ce qu'il s'est arrêté?

  3   Réponse: Oui. Pas tout à coup mais à ce moment-là ils ont arrêté de

  4   tabasser et on nous a dit: "Oust, au garage."

  5   Question: Après cela, Krkan, l'homme que vous connaissiez comme s'appelant

  6   Mlado Radic, est-il entré en scène?

  7   Réponse: Nous ne l'avons pas vu parce que l'on nous a fait partir à

  8   l'intérieur du garage.

  9   Question: Et pour autant que vous le sachiez, vous avez entendu ce garde

 10   prononcer ces paroles et les coups ont cessé de pleuvoir n'est-ce pas?

 11   Réponse: Oui.

 12   Question: Vous nous avez mentionné le fait qu'avec l'assistance de M.

 13   Radic vous et d'autres prisonniers originaires de Ljubija aviez

 14   l'autorisation de dormir au restaurant, c'est ce que vous avez dit à la

 15   page 34. Vous aviez dit que vous étiez quelque peu plus protégés au

 16   restaurant.

 17   Quand vous dites "nous", vous entendez vous-même et vos voisins

 18   originaires de Ljubija, n'est-ce pas?

 19   Réponse: Oui. Cela me concernait et les gens qui faisaient partie de mon

 20   groupe parce que, quand je suis allé poser la question, je posais la

 21   question pour moi-même et les autres, mais je ne connaissais pas tout le

 22   monde.

 23   Question: Témoin DC5, vous avez dit qu'il y avait eu des problèmes

 24   d'estomac de dysenterie au niveau des prisonniers. Sauriez-vous nous dire

 25   ce qui a provoqué cette maladie?


Page 8892

  1   Réponse: Eh bien, je ne sais pas. C'était probablement dû à une mauvaise

  2   alimentation. Je ne suis pas médecin, je ne saurai vous le dire mais je

  3   sais que nous avions demandé de faire en sorte que cela cesse. Il y avait

  4   là-bas un médecin qui nous donnait des médicaments et quand il ne venait

  5   pas, nous demandions à Mlado de nous apporter lui-même quelque chose.

  6   Personnellement je n'en n'avais pas eu besoin mais je sais que certains

  7   détenus qui se trouvaient là-bas, à proximité de moi-même, disposaient de

  8   quelques cachets qu'ils avaient reçus de certains médecins. D'autres

  9   avaient dit qu'ils avaient reçu cela de la part de Radic et ainsi de

 10   suite.

 11   Question: Monsieur DC5, vous nous avez décrit des scènes où l'un des

 12   gardiens avait pris du pain aux détenus qui faisaient partie de votre

 13   groupe, je crois au hangar, et que ce gardien vous avez dit à vous et vos

 14   compagnons prisonniers que vous pouviez vous partager le reste et qu'il

 15   prenait ce qu'il prenait pour ses cochons parce qu'ils avaient plus de

 16   valeur que vous. Je me réfère à la page 35 du compte rendu d'audience de

 17   votre interrogatoire principal.

 18   Mais selon la traduction anglaise, vous avez enchaîné en disant: "Ne dites

 19   pas cela à Radic car sinon vous allez disparaître englouti, être englouti

 20   par l'ombre". Et comme il peut y avoir une confusion dans la traduction,

 21   je voudrais que vous vous référiez à ce dernier commentaire si vous vous

 22   en souvenez.

 23   Réponse: Je n'ai pas dit que Radic était présent, j'ai dit que le gardien

 24   qui m'avait confisqué ce pain, qui était assis là à une table -il y avait

 25   plusieurs gardiens autour des Dumpers et derrière les fils-, mais il y


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  1   avait là un gardien qui était une sorte de gardien de permanence, c'est

  2   lui qui avait pris deux quarts de pain et m'avait rendu le reste. Il

  3   m'avait dit qu'il porterait cela pour ses cochons, et il m'avait dit que

  4   si j'en référais à Radic, je serais englouti par l'obscurité.

  5   Question: D'après ce que vous savez ou à votre avis, que voulez dire par

  6   là ce gardien en faisant ce commentaire?

  7   Réponse: Eh bien, il savait que nous, ce groupe, ou plutôt pas nous

  8   seulement, nous originaires de Ljubija, nous étions une centaine et dans

  9   ce hangar nous étions une trentaine, et lorsqu'on nous apportait quelque

 10   chose, des médicaments ou du pain, comme il me connaissait le mieux, il

 11   communiquait par mon biais. Pour ce qui est des autres personnes je

 12   partageais ce qu'on nous amenait avec eux.

 13   Donc on savait fort bien qu'il était là. Ils savaient fort bien que nous

 14   étions sous une sorte de protection de sa part. J'imagine qu'il pouvait

 15   faire une sorte d'observation à l'un à l'autre, c'est une hypothèse de ma

 16   part: il aurait pu demander à ce gardien "pourquoi a-t-il confisqué du

 17   pain que lui nous avait amené"?

 18   Question: (Hors micro.)

 19   Vous nous avez décrit plusieurs gardiens faisant partie de l'équipe de

 20   Krkan comme étant des gens qui étaient dépourvus de sentiments humains et

 21   à qui cela ne faisait rien de passer quelqu'un à tabac. Pouvez-vous nous

 22   donner les noms des gardiens auxquels vous vous référiez?

 23   Réponse: Je ne connaissais pas leurs noms. Je savais qu'il s'agissait de

 24   gardiens originaires des villages environnants d'Omarska. Je suppose

 25   qu'ils habitaient tout près parce que lorsque les portes étaient ouvertes,


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  1   ou lorsque nous étions sur la Pista, nous voyions qu'ils venaient à pied

  2   au travail ou à vélo. Mais je n'en connaissais aucun personnellement.

  3   Certains visages pouvaient me paraître familiers mais je ne connaissais

  4   pas les noms des gens de cette région-là car j'habitais une autre région

  5   et je ne venais guère souvent à Omarska auparavant.

  6   Question: Qu'a fait M. Radic concernant le comportement de ces gardiens

  7   qui, comme vous l'avez dit, n'avaient pas fait preuve de quelque sentiment

  8   humain que ce soit?

  9   Réponse: Je ne le sais pas, je n'ai pas pu le voir. Nous étions dans cette

 10   salle. Nous avions des déplacements limités. Nous pouvions nous déplacer à

 11   l'intérieur de cette salle jusqu'aux toilettes, et des fois on ouvrait les

 12   portes là où les barreaux se trouvaient à l'extérieur afin que nous ayons

 13   un peu d'air. Je ne suis pas au courant de ce qu'ils se sont dits entre

 14   eux lors de leur rencontre.

 15   Question: Ne serait-il pas juste de dire, Témoin DC5, que l'origine du

 16   terme équipe de Krkan, parmi les prisonniers du camp d'Omarska, provenait

 17   du comportement brutal de ces gardiens qui étaient de service avec M.

 18   Radic au sein de l'équipe en question?

 19   Réponse: Les gardiens, ces individus de l'équipe avaient un comportement

 20   effectivement brutal, mais personnellement et nous originaires de Ljubija

 21   nous appelions cette équipe l'équipe de Krkan, car nous ne connaissions

 22   que lui dans cette équipe et nous appelions cette équipe par le nom de la

 23   personne que nous connaissions, et nous nous attendions dans cette équipe-

 24   là à un peu plus de protection, un peu plus de liberté de déplacement et

 25   la satisfaction de certains besoins, par exemple certains médicaments.


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  1   Nous attendions que lui vienne dans l'équipe pour nous procurer les choses

  2   dont nous avions besoin.

  3   Question: Quand vous dites "nous", vous vous référez aux 30 autres

  4   personnes originaires de Ljubija que vous avez mentionnées et qui avaient

  5   bénéficié du même type de protection dont vous bénéficiiez vous-même,

  6   n'est-ce pas?

  7   Réponse: Oui.

  8   Question: Ces 30 personnes et vous-même, avez-vous été battus par ces

  9   gardiens qui étaient dépourvus de sentiments humains ou avez-vous été

 10   protégés avec succès par Mlado Radic?

 11   Réponse: Ceux qui ont été battus… Quand on était battus dans cette salle,

 12   on ne savait pas qui battait qui et comment ils le faisaient parce que

 13   c'était dans le noir. Quand, dans ce tumulte, nous étions couchés,

 14   allongés les uns par-dessus les autres, on nous marchait dessus et on ne

 15   savait pas qui le faisait.

 16   Toutefois, il est un fait qu'aucun d'entre nous, originaires de Ljubija,

 17   n'avons été interpellés la nuit, exception faite de certaines personnes

 18   qui ont été interpellées en fonction de certaines listes qui venaient de

 19   l'extérieur. Je ne sais pas en fonction de quoi ces listes avaient été

 20   confectionnées mais je crois que les gardiens nous contournaient, en

 21   quelque sorte, et que cela était certainement dû à ce fait-là, si l'on se

 22   compare par exemple aux autres.

 23   Question: Par conséquent, on vous contournait, exception faite des fois où

 24   vous-même et vos collègues avez été battus? C'est ce que vous vouliez nous

 25   dire?


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  1   Réponse: Non.

  2   M. Saxon (interprétation): Objection, Monsieur le Président. Je vois que

  3   Me Fila hoche de la tête et j'ai entendu quelqu'un dire "non" ici… Ceci

  4   est un Tribunal et à mon avis, nous devrions faire attention à la

  5   nécessité d'entendre le témoin donner sa version des événements sans

  6   entendre des instructions de la part de qui que ce soit d'ailleurs.

  7   M. Fila (interprétation): Monsieur le Président, je tiens d'abord à dire

  8   que je n'ai pas prononcé une seule parole. Je hoche de la tête et je

  9   regarde M. Saxon parce qu'il s'agissait d'une erreur de traduction.

 10   Venez voir ici, vous asseoir comme moi! Je ne vois pas du tout le témoin

 11   de ma place, à cause des appareils qui sont devant. Deuxièmement, ce genre

 12   d'astuce et d'intervention existe peut-être en Amérique mais dans le pays

 13   d'où je viens, ce genre de comportement n'existe pas.

 14   M. le Président: Monsieur Saxon, je n'ai pas entendu un mot, je n'ai rien

 15   observé, mais nous avons la parole de Me Fila et nous avons la vôtre.

 16   C'est vrai que nous savons que "pictures speak louder than words", nous

 17   savons que les images parlent plus fort que la parole. Mais je crois que

 18   je ne peux pas…

 19   Moi-même, je n'ai pas entendu, mais peut-être que vous avez des raisons.

 20   Donc c'est la parole de l'un contre l'autre, nous allons faire attention à

 21   cela.

 22   De toute façon, continuez, s'il vous plaît.

 23   M. Saxon (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 24   Dites-moi, Témoin DC5, vous avez mentionné le fait que vous avez passé un

 25   certain nombre de nuits à dormir dans le restaurant, le réfectoire, n'est-


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  1   ce pas?

  2   Témoin DC5 (interprétation): Oui.

  3   Question: Vous avez également témoigné du fait que personne de Ljubija

  4   n'avait été interpellé la nuit, exception faite des gens qui étaient sur

  5   certaines listes, n'est-ce pas?

  6   Réponse: Oui.

  7   Question: Et si j'ai bien compris votre témoignage, vous avez dit que M.

  8   Radic communiquait avec les autres par votre biais parce que vous étiez la

  9   personne qu'il connaissait le mieux. Est-ce que cela signifiait que

 10   c'était par votre biais que M. Radic communiquait avec les autres détenus

 11   originaires de Ljubija?

 12   Réponse: Quand il m'apportait du pain ou autre chose, il me faisait venir

 13   pour me le remettre, pour me remettre ce pain pour que je le partage entre

 14   nous, ou autre chose. Et je voyais d'autres personnes lorsque nous étions

 15   sur la Pista parce que quand j'étais enfermé dans la salle, je ne pouvais

 16   pas voir grand-chose.

 17   Mais sur la Pista, lorsque nous pouvions nous redresser, on pouvait le

 18   voir aller vers d'autres détenus et s'entretenir avec eux alors que

 19   d'autres gardiens, les autres gardiens ne s'aventuraient pas dans la foule

 20   de détenus qui se trouvaient sur la Pista, qu'ils soient allongés, assis

 21   ou debout.

 22   Question: Mais pendant que vous étiez la nuit au restaurant et que M.

 23   Radic voulait communiquer de quelque façon avec les détenus originaires de

 24   Ljubija, est-ce qu'il communiquait par votre biais, est-ce qu'il vous

 25   appelait dans le restaurant?


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  1   Réponse: Non, jamais. Pendant que nous étions au restaurant, personne ne

  2   nous interpellait. Nous avions des ordres, il s'agissait de s'allonger et

  3   de dormir jusqu'au matin, jusqu'à tôt le matin parce que vers 5 heures

  4   déjà, on nous faisait sortir sur la Pista.

  5   Question: Avant la guerre, avant cette guerre de 1992, avez-vous connu un

  6   certain Ismet Taras originaire de Ljubija?

  7   Réponse: Ismet Taras. Je pense que son nom de famille était Taras. Si

  8   c'est la même personne, Ismet Taras, c'était quelqu'un qui était policier

  9   Ljubija.

 10   Question: Ismet Taras avait également été détenu au camp d'Omarska, n'est-

 11   ce pas?

 12   Réponse: Moi, je ne l'ai pas vu mais j'ai entendu, une nuit, qu'on était

 13   venu le chercher.

 14   Question: Qu'avez-vous entendu, au juste?

 15   Réponse: Je me trouvais, à ce moment, au restaurant. Il est venu trois ou

 16   quatre gardiens. Nous étions allongés, nous ne regardions pas de qui il

 17   s'agissait. Et ils ont juste demandé: "Est-ce que Ismet Taras est là?".

 18   Ils ont répété ce nom trois ou quatre fois et comme nul ne répondait, ils

 19   sont ressortis et s'en sont allés.

 20   Question: Donc, certaines personnes venaient au restaurant la nuit pour

 21   faire sortir des prisonniers, n'est-ce pas?

 22   Réponse: Oui.

 23   Question: Voici ce que l'un des ex-détenus d'Omarska nous a dit vous

 24   concernant et Ismet Taras, je cite: "Une nuit, vers le 10 juillet, vous

 25   avez essayé d'interpeller Ismet Taras et le faire sortir du restaurant


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  1   bondé".

  2   M. Fila (interprétation): Monsieur le Président, je ne comprends pas du

  3   tout. Un témoin a dit quelque chose et comme on m'a reproché de hocher la

  4   tête tout à l'heure, moi je voudrais savoir quel témoin, quand est-ce

  5   qu'il l'a dit et ainsi de suite.

  6   On dit "un homme a dit telle chose". Qu'est-ce que cela signifie?

  7   Je ne sais même pas s'il en est ainsi ou s'il n'en est pas ainsi! Il n'est

  8   pas usuel de faire savoir à un témoin ce qu'un autre témoin a dit, et ce

  9   conformément au Règlement respecté par ce Tribunal.

 10   M. Saxon (interprétation): Est-ce que je peux répondre, Monsieur le

 11   Président?

 12   M. le Président: Oui.

 13   M. Saxon (interprétation): Monsieur le Président, si Me Fila s'inquiète au

 14   sujet d'éléments de preuve d'un autre témoin, je pourrai dire que c'est

 15   une chose qui a été généralisée non seulement dans cette Chambre mais au

 16   niveau du Tribunal.

 17   L'Article 90 H… cet article 90 H)2) nous dit, si vous me permettez de

 18   continuer: "Lors du contre-interrogatoire du témoin qui est en mesure de

 19   témoigner à titre pertinent lors du contre-interrogatoire, on doit

 20   indiquer la nature de la partie qui témoigne en contradiction des éléments

 21   de preuve donnés par le témoin".

 22   Donc, par conséquent, je me dois de présenter des éléments de preuve à ce

 23   témoin, et si ce témoin dispose d'informations qui nous disent, qui

 24   contredisent son témoignage et si cela est pertinent pour notre

 25   présentation des éléments de preuve, en fonction du Règlement, je dois


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  1   être en mesure de pouvoir le présenter au témoin.

  2   M. le Président: Avant de donner la parole à Me Fila, je crois que ce

  3   n'est pas le point que Me Fila a soulevé. Il n'a pas dit que vous n'aviez

  4   pas le droit de dire, il a demandé quel est le témoin ou la page d'où vous

  5   tirez cela.

  6   Maître Fila?

  7   M. Fila (interprétation): Excusez-moi, je suis… C'est justement ce que je

  8   voulais dire. S'il s'agissait d'un témoignage de M. Saxon, je ne sais pas

  9   si lui-même a été témoin mais je n'ai peut-être pas entendu ce témoignage

 10   moi-même.

 11   M. le Président: C'est très facile. Vous dites le nom du témoin ou la page

 12   du transcript et on dépasse immédiatement cette question.

 13   M. Saxon (interprétation): Il s'agit d'une personne qui a fourni des

 14   informations au Bureau du Procureur et si je dois donner le nom du témoin,

 15   je demande à passer à huis clos partiel.

 16   M. le Président: Avant de passer à huis clos partiel, Maître Fila, vous

 17   voudrez répondre?

 18   M. Fila (interprétation): Entendons-nous bien. Ce type d'informations et

 19   ce témoin n'ont pas été divulgués, donc nous n'avons aucune idée de cela,

 20   on nous a donc dissimulé quelque chose.

 21   On ne peut pas se servir de quelque chose dont on dit que cela a été dit

 22   au Procureur ou au Bureau du Procureur! Moi, je ne sais pas ce que les

 23   gens disent au Bureau du Procureur et pour moi, cela n'a aucune

 24   pertinence.

 25   Et je voulais dire, deuxièmement, que votre temps est écoulé.


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  1   M. le Président: Oui, c'est vrai. Monsieur Saxon… On doit aller...

  2   M. Fila (interprétation): Pourquoi maintenant M. Saxon fait des hochements

  3   de tête? Alors moi, il m'est interdit de faire des hochements de tête,

  4   pourquoi M. Saxon pourrait-il bénéficier de ce droit?

  5   M. le Président: Attention. Nous sommes entrés dans un champ un peu

  6   dangereux. Faites attention.

  7   Nous allons donc passer à huis clos partiel pour que M. Saxon puisse

  8   expliquer.

  9   (Audience à huis clos partiel.)

 10   [expurgée]

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  1   (Audience publique avec mesures de protection.)

  2   Mme Thomson (interprétation): Nous sommes en session publique.

  3   M. le Président: Maître Fila, pour des questions supplémentaires?

  4   (Interrogatoire principal supplémentaire au Témoin DC5 par Me Fila.)

  5   M. Fila (interprétation): Le nom qui a été mentionné tout à l'heure, ne le

  6   répétez pas. Est-ce que vous connaissez cet homme?

  7   Témoin DC5 (interprétation): Je pense que je le connais de Ljubija, mais

  8   moi je connaissais tout le monde de Ljubija et tout le monde me

  9   connaissait mais je ne connaissais pas les noms de tout le monde.

 10   Interprète: Le témoin vient de dire le nom de la personne, mais

 11   l'interprète ne le répète pas.

 12   Réponse: Je pense que c'était une personne jeune, ils étaient plutôt

 13   nombreux dans cette famille, je ne sais donc pas qui il était.

 14   M. le Président: Oui Monsieur Saxon, vous allez dire que le nom a été

 15   mentionné, c'est cela? Nous allons donc expurger.

 16   M. Fila (interprétation): Je ne l'ai pas mentionné, moi.

 17   M. le Président: Je sais, je sais.

 18   M. Fila (interprétation): Lorsque vous avez parlé du fait que Krkan d'une

 19   certaine manière protégeait les gens de Ljubija, est-ce que ceci

 20   concernait une trentaine de personnes ou plus?

 21   Réponse: Eh bien, pour autant que je le savais, en ce qui concerne le

 22   cercle dans lequel j'étais, je pense que ceci concernait tous les hommes

 23   de Ljubija qui s'y trouvaient, toutes les personnes de Ljubija qui s'y

 24   trouvaient. Mais même avant, les détenus qui avaient été avant, les

 25   détenus de Ljubija que je connaissais, bien sûr j'étais en contact avec


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  1   ceux que je connaissais parce que parfois il y avait des détenus qui

  2   étaient des alentours de Prijedor. Mais moi bien sûr j'étais toujours dans

  3   le groupe de personnes que je connaissais.

  4   Jamais personne n'a dit que Mlado aurait amené quelqu'un afin de le passer

  5   à tabac, ni d'avoir entendu parler de ce genre de choses.

  6   Question: Ma dernière question, Monsieur DC5: avez-vous l'impression selon

  7   laquelle vous diriez que M. Mlado Radic, Krkan, aurait été supérieur, en

  8   position de supériorité par rapport à l'homme qui vous a pris le pain, ou

  9   par rapport à qui que ce soit d'autre?

 10   Réponse: Bien sûr que non, il est difficile de dire cela avec précision.

 11   Il n'y avait aucune discipline. Tout le monde faisait ce que bon lui

 12   semblait parmi ces gardes. Donc je ne peux pas dire s'il avait une

 13   quelconque fonction. Le tout était complètement désordonné.

 14   Je sais qu'il y avait quelques personnes qui venaient à l'étage, dans les

 15   bureaux. Mais en ce qui concerne les supérieurs, lorsqu'ils venaient, il

 16   fallait qu'on s'allonge sur la Pista, la tête vers le sol pour ne pas voir

 17   les membres de la commission, ni le commandant, etc.

 18   Question: Est-ce que sur la base de ceci, nous pouvons conclure qu'il

 19   n'était pas nécessaire de recevoir des ordres pour un garde afin qu'il

 20   puisse vous frapper ou tabasser?

 21   Réponse: Non, à mon avis, lorsqu'ils souhaitaient le faire, ils nous

 22   frappaient. S'ils s'ennuyaient, voilà, ils nous frappaient sans aucune

 23   raison.

 24   M. Fila (interprétation): Merci beaucoup, c'est tout.

 25   M. le Président: Merci beaucoup Maître Fila.


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   1   Monsieur le Juge Riad, s'il vous plaît.

  2   (Questions au Témoin DC5 par M. le Juge Riad.)

  3   M. Riad (interprétation): Bonjour Monsieur le témoin. Je ne peux pas

  4   m'adresser en employant votre nom.

  5   Témoin DC5 (interprétation): Bonjour.

  6   Question: Vous m'entendez?

  7   Réponse: Je vous entends.

  8   Question: Je voudrais tout simplement entendre votre opinion ou une

  9   explication à l'égard de certaines choses que vous avez dites. Vous avez

 10   dit que mis à part votre groupe, le groupe de la trentaine de personnes de

 11   Ljubija, si vous compariez ce groupe-là vous étiez plus ou moins exemptés

 12   des tabassages, des tortures etc.

 13   Avez-vous remarqué d'autres groupes également qui étaient privilégiés tout

 14   comme le vôtre et qui étaient traités avec un peu plus d'égard?

 15   Réponse: Eh bien, je n'ai pas remarqué d'autres groupes. Peut-être parfois

 16   certains individus étaient en contact, parlaient avec certains gardes -je

 17   ne sais pas de quoi ils parlaient, si c'était quelque chose d'officiel ou

 18   de privé.

 19   Mais comme je l'ai déjà dit, s'il y avait un peu plus de gardes de ce

 20   genre, comme Mladen Radic, qui auraient pris un petit groupe sous sa

 21   protection, je pense que cela aurait fait un bon nombre de personnes

 22   protégées quand même.

 23   Question: Vous voulez dire que Radic ne pouvait pas étendre sa protection

 24   sur tout le monde?

 25   Réponse: Eh bien, je ne sais pas quelles étaient ses capacités.


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  1   Question: A deux reprises, vous avez dit que Krkan, vous l'avez mentionné

  2   en tant que Krkan, et vous avez dit lorsqu'il voyait les personnes qui

  3   tabassaient les autres, ils arrêtaient le tabassage, lorsqu'il venait.

  4   Vous avez expliqué cela déjà, donc nous n'allons pas répéter cela. Et puis

  5   en ce qui concerne le pain, vous avez dit que la personne qui a pris votre

  6   pain, pour le donner au cochon, vous a dit de ne surtout pas dire cela à

  7   Radic, sinon vous alliez disparaître. Vous avez dit également qu'il n'y

  8   avait pas de différence parmi les gardes.

  9   A votre avis, pourquoi est-ce que la présence de Radic avait un tel effet

 10   sur eux? Pourquoi est-ce qu'il inspirait un tel respect de leur part?

 11   Réponse: Ecoutez, si j'y réfléchis, je ne dirais pas qu'il s'agissait d'un

 12   respect mais d'une opposition au fait que Radic aidait un certain nombre

 13   de détenus, des personnes non serbes.

 14   Question: Est-ce que c'était par opposition à lui, sachant que vous, vous

 15   étiez privilégiés et protégés, là je parle de votre groupe de Ljubija, là

 16   il s'agissait d'un privilège presque qui montre un certain respect qu'il

 17   avait pour les gens qui étaient ses amis?

 18   Réponse: Vous savez, tous les hommes ne sont pas pareils. Ils n'ont pas

 19   les mêmes sentiments et comme je l'ai dit au début, j'ai grandi avec

 20   beaucoup de personnes, j'ai passé des années avec eux, on sortait

 21   ensemble, on s'amusait ensemble, on dansait ensemble, mais du jour au

 22   lendemain la plupart d'entre eux m'ont oublié. Heureusement pour moi, ce

 23   n'était pas le cas de Radic.

 24   Question: Mais ce privilège ne concernait pas seulement vous-même mais

 25   tous les gens de Ljubija?


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  1   Réponse: Oui. Je parle de ce groupe-là. Vous savez, nous avons constitué

  2   un groupe des gens de Ljubija sur notre propre initiative. On se

  3   connaissait entre nous. On connaissait les faiblesses des uns et des

  4   autres et puis les autres gens constituaient leur propre groupe en

  5   fonction de leur région d'origine. Donc nous aussi, nous avons constitué

  6   notre propre groupe, le groupe des personnes de Ljubija.

  7   Question: Mais lorsque vous parlez de l'équipe de Krkan, cette équipe

  8   n'affligeait pas de souffrance à ce groupe dans son intégralité?

  9   Réponse: Je n'ai pas compris.

 10   Question: Ce groupe n'a pas été maltraité par ceux que vous avez appelés

 11   l'équipe de Krkan, ni par qui que ce que soit d'autre?

 12   Réponse: Certaines personnes, certains individus nous ont traités ainsi.

 13   Cela dépendait parce que parfois, au passage, un garde allait vous

 14   frapper, indépendamment du fait que vous étiez coupable ou pas. Par

 15   exemple, à la fin du lavage des toilettes, les gardes s'amusaient en

 16   attendant l'arrivée des deux, trois premiers détenus pour les tabasser.

 17   Donc là, il s'agissait simplement des individus qui se défoulaient ainsi.

 18   Question: Mais lorsque vous avez parlé de cela tout à l'heure, vous avez

 19   dit qu'il n'y avait pas de distinction lorsqu'il faisait sombre, donc

 20   personne ne pouvait faire la distinction entre les gens… Lorsque vous

 21   étiez ensemble, les gens de Ljubija, étiez-vous soumis aux mauvais

 22   traitements ou étiez-vous traités mieux que les autres?

 23   Réponse: Non, de toute façon pendant la journée il n'y a pas eu tellement

 24   de mauvais traitements et dans le hangar, personne ne nous touchait sauf

 25   si on allait chercher de l'eau ou si on allait vers les toilettes. Là,


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   1   parfois, des gardes donnaient un coup, frappaient les personnes qui

  2   passaient. Et pendant la nuit parfois ils entraient, ils faisaient

  3   irruption, ils demandaient de l'argent ou autre chose, des montres, des

  4   objets de valeur et à ce moment-là ils nous donnaient des coups de pied et

  5   ils mettaient leurs mains dans nos poches, ils nous fouillaient.

  6   Question: Dans votre groupe aussi?

  7   Réponse: Nous étions tous mélangés dans un grand groupe. A vrai dire, un

  8   détenu se trouvait dans ce hangar. Je ne sais pas comment expliquer mais

  9   cette personne, il faisait ce travail pour les gardes. Il se déplaçait

 10   parmi nous et en journée il savait si quelqu'un avait de l'argent parce

 11   que les gardes vendaient des cigarettes, donc comme cela il savait qui

 12   avait de l'argent et la nuit il passait, il cherchait cet argent de la

 13   part des détenus et ces détenus… Je sais qu'il a été passé à tabac à

 14   Manjaca de la part de son propre peuple, car lui aussi est parti avec nous

 15   à Manjaca quand nous sommes tous partis.

 16   Question: Merci beaucoup.

 17   M. le Président: Merci beaucoup, Monsieur le Juge Riad.

 18   Madame Wald, s'il vous plaît?

 19   (Questions au Témoin DC5 par Mme la Juge Wald.)

 20   Mme Wald (interprétation): Vous avez dit à un moment de votre déposition

 21   qu'après que vous étiez à Omarska pendant plusieurs jours, vous saviez que

 22   tous les gardes venaient des villages aux alentours. Ce sont les mots que

 23   vous avez employés. Est-ce que vous souhaitiez dire que les gardes étaient

 24   tous des policiers ou des policiers de réserve des villages qui se

 25   trouvaient aux alentours, ou bien que certains d'entre eux étaient des


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  1   policiers et d'autres des militaires? Pouviez-vous faire la distinction

  2   entre les gardes qui étaient policiers, comme M. Radic, des réservistes et

  3   des gardes qui appartenaient à une unité militaire, à une armée?

  4   Réponse: Je n'ai pas dit que je le savais, peut être je l'ai même dit mais

  5   j'ai supposé que ces soldats, que ces gardes, on les appelait ainsi,

  6   venaient des alentours. Car il y avait beaucoup de Musulmans qui vivaient

  7   dans les villages limitrophes de ces villages, de ces autres villages,

  8   donc ils se connaissaient entre eux. Ils pouvaient dire que tel garde

  9   vivait sur cette colline et certains autres venaient à vélo, donc on se

 10   disait que probablement ils partaient de chez eux pour venir travailler

 11   dans le cadre de leur équipe.

 12   Question: Très bien. Ce qui m'intéresse surtout, c'est de savoir si vous

 13   pouviez faire la distinction entre les gardes qui appartenaient à la

 14   police dans des localités telles qu'Omarska et les gardes qui faisaient

 15   partie d'une unité militaire mobilisée? Pouviez-vous faire cette

 16   distinction entre les policiers, les anciens policiers tels que Radic et

 17   les militaires?

 18   Réponse: Vraiment, je ne peux pas vous le dire parce qu'il y avait des

 19   uniformes différents, donc je ne sais pas.

 20   Question: Les policiers tels que M. Radic portaient-ils des uniformes

 21   différents par rapport aux personnes qui appartenaient aux unités

 22   militaires, ou bien le tout était-il mélangé?

 23   Réponse: Ils étaient complètement mélangés. Par exemple, Radic, il portait

 24   une chemise bleue de police. A côté de lui, il y avait un autre soldat

 25   portant une chemise vert olive, puis…


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  1   Question: Très bien. Au moment où vous, vous avez été passé à tabac,

  2   lorsque l'un des gardes dit: "Krkan vient!" et qu'ils vous ont permis de

  3   regagner votre pièce, est-ce que vous pouvez dire si, à ce moment-là, ces

  4   hommes qui vous tabassaient étaient des soldats ou des policiers? Est-ce

  5   que vous pouviez le conclure à ce moment-là?

  6   Réponse: Eh bien non parce que nous, après ce déjeuner à l'extérieur, nous

  7   devions courir la tête penchée et ensuite nous devions nous asseoir la

  8   tête penchée, donc nous ne savions jamais qui était derrière nous et qui

  9   nous tabassait. Et puis beaucoup de temps s'est écoulé donc je ne peux pas

 10   me souvenir, me rappeler des détails.

 11   Question: Très bien. Merci.

 12   Lorsque vous avez parlé de l'incident, lorsque le garde a pris le pain,

 13   deux fois j'ai reçu une traduction un peu différente donc je souhaite que

 14   ce soit clair. Est-ce que le garde vous a dit la chose suivante: "si vous

 15   dites cela à Krkan, je serai englouti par l'obscurité", ou bien est-ce

 16   qu'il vous a dit: "si vous dites cela à Krkan, vous allez être englouti

 17   par l'obscurité"?

 18   Réponse: "Vous allez être englouti par l'obscurité", donc il a parlé de

 19   moi.

 20   Question: Très bien. C'est clair, maintenant.

 21   Ma dernière question est la suivante: pendant que vous étiez sur place,

 22   qui était le responsable du camp? Est-ce que vous avez eu l'impression

 23   d'une personne qui était le supérieur? Vous avez dit que les gardes

 24   n'avaient pas de discipline et qu'ils faisaient ce que bon leur semblait

 25   mais est-ce que vous aviez l'impression, vous et les autres détenus, qu'il


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  1   y avait qui que ce soit qui était en charge des autres, qui avait un

  2   quelconque pouvoir, une quelconque autorité sur toutes ces personnes?

  3   Parce qu'il serait très difficile d'avoir un camp de 6.000 personnes dans

  4   lequel personne n'est responsable.

  5   Quelle était votre impression en ce qui concerne la manière dont le camp

  6   était géré?

  7   Réponse: Je ne sais pas. A vrai dire, ceci ne m'intéressait pas tant que

  8   cela. Moi, ce qui m'intéressait surtout, c'était de survivre à cela parce

  9   que d'après ce que nous avons pu voir, s'il y avait des personnes détenant

 10   des postes de supériorité qui venaient, à chaque fois qu'ils venaient dans

 11   le camp nous devions nous allonger par terre, la tête tournée vers le sol

 12   pour éviter de voir qui ils étaient au moment de leur passage vers le

 13   bâtiment administratif. Donc je ne peux pas le savoir. Je sais qu'il y

 14   avait beaucoup de gens qui venaient, que les gardes ne devaient pas

 15   strictement rester à une seule position avec leur fusil mais ils se

 16   déplaçaient plutôt librement.

 17   Question: Mais vous nous avez dit que vous aviez l'impression d'être un

 18   peu plus protégés lorsque l'équipe de M. Radic était de service. Vous

 19   aviez l'impression que vous aviez une sorte de protection amicale, je

 20   pense que c'est ce que vous avez dit tout à fait directement?

 21   Réponse: Oui.

 22   Question: Pour autant que vous le sachiez, est-ce qu'il y avait d'autres

 23   personnes, parmi les gardes, que vous ou d'autres détenus connaissiez et

 24   au sujet de qui vous aviez la même impression? C'est-à-dire est-ce qu'il y

 25   avait d'autres personnes dont la présence vous inspirait un sentiment


Page 8914

   1   renforcé de protection, ou bien est-ce qu'il était le seul?

  2   Réponse: Eh bien moi, je me suis focalisé sur Krkan. J'avais l'impression

  3   qu'il allait aider, suite à la première rencontre que j'ai eue avec lui

  4   lorsqu'il m'a vu. Je sais qu'il a dit, dès la première fois, qu'il allait

  5   voir le collègue qui répartissait les groupes pour nous aider, justement,

  6   pour être transférés au réfectoire. Voilà.

  7   Peut-être que les autres gardes ont pu voir que nous lui parlions souvent,

  8   qu'il s'approchait de nous, donc peut-être est-ce pour cela qu'ils nous

  9   maltraitaient un peu moins que, par exemple, lorsqu'il s'agissait d'une

 10   autre personne.

 11   Mme Wald (interprétation): Merci.

 12   M. le Président: Merci beaucoup, Madame la Juge Wald.

 13   (Questions au Témoin DC5 par M. le Président.)

 14   Témoin, plusieurs fois vous avez mentionné que, pour ne pas voir la

 15   commission ou le commandant ou les commandants, vous deviez vous coucher

 16   sur la Pista. Ai-je bien compris?

 17   Témoin DC5 (interprétation): Oui.

 18   Question: Comment savez-vous que c'est pour cette raison?

 19   Réponse: Eh bien, on le savait. On savait à peu près à quel moment cette

 20   commission venait le matin, avec un petit car. On voyait le car à distance

 21   et ensuite on recevait l'ordre de nous allonger par terre, la tête vers le

 22   sol. Et ensuite, nous recevions l'ordre de nous relever de nouveau lorsque

 23   les membres de la commission étaient à l'étage dans le bureau.

 24   Question: Qu'est-ce qui vous a fait conclure que c'était pour ne pas voir

 25   ces personnes?


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  1   Réponse: Puisque pour ainsi dire… Je ne sais pas si je peux parler d'un

  2   ordre mais par exemple, si nous étions assis ou debout, ils disaient tout

  3   de suite: "Allongez-vous par terre, la tête vers le sol". C'est tout.

  4   Question: Ils ne disaient pas: "pour ne pas voir cette personne"?

  5   Réponse: Non.

  6   Question: De cet ordre, par la suite, vous avez conclu que c'était pour ne

  7   pas voir ces personnes? C'est cela que je dois comprendre?

  8   Réponse: Oui.

  9   Question: Donc est-ce que vous avez jamais vu cette personne? Votre

 10   curiosité vous a amenés à voir quelquefois une ou ces personnes?

 11   Réponse: Eh bien, non. La peur était plus grande que cela, la peur

 12   m'empêchait de le faire. Moi, personnellement. Je ne sais pas si certaines

 13   autres personnes l'ont fait.

 14   Question: Mais comment savez-vous que ces personnes étaient commandants ou

 15   étaient la commission?

 16   Réponse: Je ne sais pas s'ils étaient des commandants mais je savais

 17   qu'ils étaient des membres de la commission d'enquête, je le savais parce

 18   que les détenus le disaient, puisque ces personnes venaient à une heure

 19   exacte et ils partaient à une heure exacte. Donc on avait l'impression

 20   qu'ils avaient une sorte d'heure de travail.

 21   M. le Président: Très bien. Nous n'avons pas d'autres questions à vous

 22   poser, Témoin DC5. Nous vous remercions beaucoup d'être venu et nous vous

 23   souhaitons un bon retour dans votre lieu de résidence. Je vais demander à

 24   M. l'huissier de vous raccompagner. Merci.

 25   Témoin DC5 (interprétation): Merci à vous. Je salue tout le monde.


Page 8916

  1   (Le Témoin DC5 est reconduit hors du prétoire.)

  2   M. le Président: Donc, Maître Fila, vous voyez, la communication non

  3   verbale fonctionne aussi puissamment, non, de telle façon que j'ai compris

  4   sans que vous ne disiez rien que ce témoin était très court et qu'on

  5   pourrait donc le faire avant la pause. C'est cela, ai-je bien compris?

  6   Bien. Vous n'avez rien dit et j'ai tout compris.

  7   Nous allons donc, avant la pause, entendre ce témoin. Qui est ce témoin?

  8   DC6?

  9   M. Fila (interprétation): Là encore, c'est un témoin que nous n'avons vu

 10   qu'hier lorsqu'il est venu, puisqu'il habite en dehors de la Bosnie-

 11   Herzégovine.

 12   M. le Président: Madame Somers, avez-vous des commentaires à propos de

 13   cela, ou des objections?

 14   Mme Somers (interprétation): Monsieur le Président, en ce qui concerne un

 15   quelconque résumé, même bref, je souhaite que le Procureur l'obtienne un

 16   peu plus tôt avant la déposition du témoin. Si j'ai bien compris, M. Saxon

 17   pourra procéder au contre-interrogatoire mais ceci m'inquiète quelque peu

 18   parce qu'à mon avis, il faut respecter les mêmes normes que celles qui

 19   avaient été adoptées par le Procureur.

 20   M. le Président: Donc je crois que nous maintenons le principe mais,

 21   Madame Somers, cela n'a pas toujours été une Règle vis-à-vis du Procureur.

 22   De toute façon, nous retenons le principe, je crois, que Me Fila a

 23   expliqué. Je crois qu'il va faire des efforts aussitôt que possible.

 24   D'accord.

 25   Mme Somers (interprétation): Merci, Monsieur le Président.


Page 8917

   1   M. le Président: Vous pouvez faire entrer le témoin, s'il vous plaît,

  2   Monsieur l'huissier?

  3   (Le Témoin DC6 est introduit dans le prétoire.)

  4   Bonjour, Témoin DC6. Maintenant, vous m'entendez?

  5   Témoin DC6 (interprétation): Oui.

  6   M. le Président: Vous allez lire la déclaration solennelle que M.

  7   l'huissier va vous tendre, s'il vous plaît.

  8   Témoin DC6 (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

  9   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 10   M. le Président: Vous pouvez-vous asseoir. Installez-vous le plus

 11   confortablement possible. Merci beaucoup d'être venu. Vous allez pour

 12   l'instant répondre aux questions que Me Fila va vous poser. Merci.

 13   Monsieur l'huissier va donc vous montrer une pièce, un papier sur lequel,

 14   en principe, est inscrit votre nom. Vous allez répondre par oui ou par non

 15   pour dire s'il s'agit de votre nom.

 16   Témoin DC6 (interprétation): Oui.

 17   (Interrogatoire principal du Témoin DC6 par Me Fila.)

 18   M. Fila (interprétation): Monsieur le Président, je demanderai de passer

 19   pour quelques instants en huis clos partiel.

 20   M. le Président: Oui, nous allons passer en huis clos partiel.

 21   (Audience à huis clos partiel.)

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  7   [expurgée]

  8   (Audience publique avec mesures de protection.)

  9   M. Fila (interprétation): Connaissiez-vous Mlado Radic avant la guerre?

 10   Témoin DC6 (interprétation): Oui.

 11   Question: Comment l'avez-vous connu et combien de temps l'avez-vous connu?

 12   Réponse: J'ai connu Mlado Radic depuis 1977, date à laquelle je suis

 13   arrivé dans cette localité. Nous avons fait connaissance pratiquement au

 14   niveau du poste de police étant donné que, de par mon affectation

 15   militaire, j'étais policier de réserve. Et de temps en temps on nous

 16   faisait venir, on nous convoquait pour un service ou pour une assistance

 17   quelconque au niveau du poste de police et je suis allé plusieurs fois là-

 18   bas pour effectuer des patrouilles dans la localité ou dans les villages

 19   environnants où nous étions censés accomplir certaines tâches de

 20   patrouille, de vérification et ainsi de suite.

 21   Nous nous sommes mieux connus encore au niveau de cette association de

 22   chasseurs dont nous étions membres tous les deux et où nous nous rendions

 23   ensemble, notamment nous allions ensemble chasser avec d'autres amis qui

 24   faisaient partie de cette association et qui appartenaient à des groupes

 25   ethniques différents.


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   1   Question: Comment évalueriez-vous le comportement de Mlado Radic à l'égard

  2   des différents groupes ethniques en présence?

  3   Réponse: Nous étions bons amis. Il n'y avait aucune différence en ce qui

  4   concerne les groupes ethniques différents. Et si je vous dis que dans le

  5   groupe dont nous faisions partie, nous chasseurs, je dirais que nous

  6   étions trois Musulmans dans le groupe, quelques Croates et le reste

  7   c'étaient des Serbes… Je ne saurais pas vous dire le nombre exact des

  8   membres de ce groupe. Je m'excuse, sur deux Musulmans, il y en avait deux

  9   qui étaient médecins.

 10   Question: Jusqu'à quelle date avez-vous fait partie des réservistes de la

 11   police?

 12   Réponse: J'ai fait partie des effectifs de réserve jusqu'au 4 juin 1992.

 13   Question: Que vous a-t-on dit à ce moment-là?

 14   Réponse: Avant l'éclatement des conflits en Bosnie-Herzégovine, dans cette

 15   composition de réserve de la police, j'y ai passé un peu plus de temps,

 16   pendant deux ou trois mois, je n'allais donc pas travailler dans la

 17   société ou j'étais employé mais je venais prêter main-forte sur place et

 18   le 4 juin 1992 au matin, le commandant lors des affectations de tout un

 19   chacun pour assigner des missions à chacun, le commandant m'avait demandé

 20   de rester au bureau car il avait quelque chose à me dire. Je suis resté et

 21   il m'a effectivement dit: "Excuse-moi, mais à compter d'aujourd'hui tu

 22   devras restituer ton équipement." A ce moment-là, j'avais un pistolet de

 23   policier, je le lui ai remis tout de suite et je lui ai dit que je devais

 24   rentrer chez moi pour aller chercher le reste, à savoir l'uniforme et les

 25   canons longs, à savoir un fusil automatique qui m'avait été confié. Je


Page 8920

  1   suis allé chez moi, j'ai tout restitué au poste de police et j'ai été

  2   libre de repartir.

  3   Question: Monsieur DC6, nous allons maintenant prêter attention à la

  4   journée où vous avez été arrêté et vous nous direz où on vous a emmené,

  5   qui vous avez rencontré à l'endroit où on vous a emmené.

  6   Réponse: Le 21 juillet à 8 heures du matin, étant donné que dans

  7   l'appartement où j'habitais il n'y avait pas de sonnette, on a frappé à la

  8   porte, j'étais en train de dormir, donc je me suis réveillé, j'ai ouvert

  9   la porte et il y avait là, devant, deux policiers que je connaissais. L'un

 10   des deux était policier actif, et l'autre faisait partie des effectifs de

 11   réserve. Ils avaient dit qu'il me fallait les accompagner au poste de

 12   police pour faire une déclaration quelconque. Je me suis dit qu'il

 13   s'agissait de quelque chose au niveau de la restitution des armes et de

 14   l'uniforme que j'avais effectuée et je n'avais signé aucune pièce de

 15   papier concernant la restitution de ces équipements. Je pensais qu'il

 16   devait s'agir de cela. Je leur ai dit: "il n'y a pas de problème, j'arrive

 17   tout de suite, je dois me vêtir seulement" et ils m'ont dit: "Tu n'as pas

 18   à t'habiller, tu n'as pas besoin de vêtement, ce sera très bref." J'ai mis

 19   ma chemise, je suis sorti avec eux, il y avait une fourgonnette qui

 20   attendait.

 21   On m'a emmené jusqu'au poste de police. J'y suis entré et je n'ai eu aucun

 22   entretien avec aucun des supérieurs sur place. On m'avait juste dit de

 23   m'asseoir sur une chaise qui était là-bas et d'attendre. Je suis resté là-

 24   bas assis pendant à peu près une demi-heure et un autre policier s'est

 25   approché de moi pour me dire qu'il fallait descendre, étant donné que nous


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  1   nous trouvions à l'étage.

  2   Je l'ai suivi, nous sommes sortis de l'immeuble, il y avait encore cette

  3   fourgonnette. On m'a dit de monter par la partie arrière et à l'intérieur

  4   il y avait encore deux jeunes gens que je ne connaissais pas à ce moment.

  5   Il s'agissait de jeunes gens d'une vingtaine d'années à peu près, et je

  6   leur ai demandé où on allait. Ils m'ont répondu qu'ils ne savaient pas. Et

  7   j'ai dit: "Ecoutez, passez au moins à côté de chez moi, car j'habite sur

  8   la route, pour que je prenne un blouson, quelque chose pour me tenir

  9   chaud, car si jamais il faisait froid…". Il m'a dit: "Pas de problème",

 10   mais quand on passait à côté de l'immeuble où j'habitais, il est passé

 11   sans s'arrêter. J'ai trouvé cela suspect car je ne savais pas où nous

 12   allions. Il a roulé ainsi, on voyait qu'il connaissait la route, il

 13   suivait la route Prijedor Banja Luka et m'a emmené à Omarska.

 14   Lorsque nous sommes entrés là-bas par le portail, il s'est arrêté devant

 15   un bâtiment, je ne sais pas trop de quoi il s'agissait, et nous sommes

 16   restés à l'intérieur de la fourgonnette, un policier actif nous

 17   accompagnant et le jeune qui faisait partie des effectifs de réserve était

 18   au volant. Quand nous sommes arrivés devant cet immeuble, nous étions

 19   encore dans la fourgonnette, je n'ai pas vu de quel côté il était venu,

 20   mais Mlado Radic est arrivé, m'a vu à l'intérieur et a demandé: "Mais

 21   pourquoi es-tu là?". Je lui ai dit que je n'en savais rien, que j'avais

 22   été ramassé ce matin même et sans me donner d'explication. Il a demandé à

 23   l'accompagnateur, aux policiers pourquoi j'avais été amené, et l'autre lui

 24   a répondu qu'il ne savait pas. Il lui a montré des papiers et lui a dit:

 25   "Donne-moi cela, je vais aller vérifier, il s'agit probablement d'une


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  1   erreur." Il est reparti avec ces papiers-là. Entre-temps, il est arrivé un

  2   autre homme en uniforme de camouflage qui a donné l'ordre de sortir de la

  3   fourgonnette. Il nous a emmenés à l'intérieur d'un couloir et nous a donné

  4   l'ordre de nous tourner face au mur, de lever les bras contre le mur et

  5   nous a palpés pour voir si nous avions des armes ou autre chose, ou je ne

  6   sais trop quoi. Donc nous avons été fouillés, mais il avait été brutal. Il

  7   gueulait pas mal et il injuriait aussi.

  8   Mais Mlado est rapidement revenu et lorsque lui est arrivé sur les lieux,

  9   il a dit à l'accompagnateur du chauffeur, il lui a rendu les papiers et a

 10   dit qu'il fallait nous ramener à Ljubija, que c'était une erreur et que

 11   nous n'étions pas censés être là du tout. On nous a fait monter dans la

 12   fourgonnette et nous sommes ressortis de là-bas. J'ai pensé qu'on me

 13   ramenait chez moi. A Prijedor, on s'est arrêtés dans une rue adjacente aux

 14   grands magasins, ils nous ont dit qu'on allait au poste de police pour

 15   demander ce qu'il fallait faire par la suite mais comme je savais où se

 16   trouvait le poste de police, je savais très bien qu'on pouvait se garer à

 17   proximité du poste de police, dans la cour du poste de police et nous

 18   sommes restés enfermés dans cette fourgonnette entre deux et trois heures,

 19   je ne sais pas exactement combien de temps, mais près de trois heures. Il

 20   faisait en tout cas très chaud. Je ne sais pas si eux étaient partis vers

 21   le poste de police ou vers une cafétéria quelconque, je ne l'ai jamais

 22   appris par la suite puis ils sont revenus, sont montés à bord de la

 23   fourgonnette, ont fait tourner le moteur et je m'étais dit qu'on allait

 24   nous ramener à la maison mais on nous a emmenés. Je ne savais pas de quoi

 25   il s'agissait jusque-là, je savais qu'il s'agissait d'une usine mais je ne


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  1   savais pas quel type d'usine c'était et on nous a dit: "vous allez aller à

  2   Keraterm".

  3   Ils nous ont fait sortir tous les trois au portail, on nous a pris nos

  4   papiers, moi je n'avais que ma carte d'identité sur moi, je l'ai remise au

  5   portier. Il a inscrit mes coordonnées et m'a dit que je pouvais entrer et

  6   rejoindre les autres. J'ai reconnu là-bas quelques voisins et amis à moi

  7   et c'est donc là que je les ai retrouvés, je suis resté avec eux.

  8   Question: Fort bien. Vous n'avez plus revu là-bas Mlado Radic?

  9   Réponse: Non.

 10   Question: Ma dernière question à votre égard sera la suivante: à votre

 11   avis, est-ce que Mlado Radic a essayé de vous aider ce jour-là, où on vous

 12   avait emmené là-bas?

 13   Réponse: Oui. Il a très certainement essayer de m'aider car s'il n'avait

 14   pas essayé de m'aider, il n'aurait pas déclaré aux autres qu'il s'agissait

 15   d'une erreur et qu'il fallait me ramener à la maison.

 16   Question: Mais comment expliquez-vous le fait qu'on ne vous ait pas ramené

 17   chez vous mais à Keraterm?

 18   Réponse: Je ne sais pas. Il se peut que ceux qui nous emmenaient, ceux qui

 19   se trouvaient dans le véhicule, avaient estimé que Mlado n'était pas

 20   habilité à réfuter les ordres de quelqu'un et me ramener à la maison.

 21   Question: Et vraiment, dernière question: puisque vous étiez dans la

 22   réserve de la police, quelle était la position de Mlado Radic?

 23   Réponse: Mlado Radic était policier îlotier.

 24   Question: Y a-t-il un grade inférieur à ce dernier?

 25   Réponse: Non. Excusez-moi, il y avait en-dessous de ce policier îlotier,


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   1   que le policier de réserve que j'étais moi-même.

  2   Question: Comme je l'ai promis, Monsieur le Président, j'en ai fini avec

  3   mes questions et je vous remercie.

  4   M. le Président: Très bien, il n'était pas nécessaire de promettre de

  5   finir. Donc nous allons faire.... Nous sommes ici à travailler depuis déjà

  6   plus d'une heure et demie, il vaut mieux faire la pause, sinon on ne va

  7   pas finir et on va nous presser.

  8   Monsieur l'huissier, vous pouvez raccompagner le témoin, s'il vous plaît?

  9   (Le Témoin DC6 est reconduit hors du prétoire.)

 10   M. le Président: Donc on va faire une pause de cinquante minutes.

 11   (L'audience, suspendue à 12 heures 50, est reprise à 13 heures 50.)

 12   (Le Témoin DC6 est déjà dans le prétoire.)

 13   (Les accusés sont réintroduits dans le prétoire.)

 14   M. le Président: Veuillez vous asseoir s'il vous plaît.

 15   Y a-t-il d'autres conseils qui veulent posséder des questions au témoin?

 16   Je vois des signes négatifs de tous les conseils.

 17   Monsieur Saxon, vous avez la parole pour le contre-interrogatoire du

 18   Témoin DC6.

 19   (Contre-interrogatoire du Témoin DC6 par M. Saxon.)

 20   M. Saxon (interprétation): Merci beaucoup Monsieur le Président.

 21   Témoin DC6, pourriez-vous me dire quel est votre métier sans donner des

 22   données qui risquent de permettre de vous identifier? Quel est votre

 23   métier?

 24   Témoin DC6 (interprétation): Vous parlez de la période actuelle ou avant?

 25   Question: Disons ce que vous faisiez pour vivre au cours de l'année 1992.


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  1   Réponse: Eh bien, j'étais chauffeur d'un véhicule un peu plus grand.

  2   Question: Votre épouse est-elle Serbe?

  3   Réponse: Oui.

  4   Question: Vous avez décrit la manière dont le 4 juin 1992 vous avez

  5   travaillé en tant que policier de réserve lorsque votre commandant vous a

  6   appelé pour vous dire que vous deviez être relevé de vos fonctions ce

  7   jour-là. Votre commandant vous a-t-il dit la raison pour laquelle vous

  8   étiez relevé de vos fonctions?

  9   Réponse: Non. Il ne m'a pas dit pourquoi. Mais compte tenu des événements

 10   qui se déroulaient, je trouvais que c'était clair, puisque la société dans

 11   laquelle je travaillais… Le 22 mai, j'ai été licencié de la même manière,

 12   tout simplement j'ai reçu un acte de licenciement sans explication

 13   valable.

 14   Question: Vous dites que c'était clair pour vous mais pouvez-vous nous

 15   dire cela un peu plus concrètement pour que les Juges puissent comprendre?

 16   Réponse: Oui. J'ai trouvé cela clair puisque le 22 mai lorsque moi j'ai

 17   été licencié toutes les personnes qui travaillaient dans cette société

 18   dans laquelle moi-même je travaillais, qui étaient d'origine musulmane ou

 19   croates, ont été licenciées.

 20   Automatiquement, dans ce poste de police, la plupart des collègues qui

 21   travaillaient dans les forces de réserve de la police, qui étaient

 22   d'origine ethnique musulmane ou croate déjà auparavant, avaient été

 23   informés de la même chose que moi.

 24   Question: Vous avez dit que, le 21 juillet 1992, un policier d'active et

 25   un policier de réserve vous ont arrêté. Comment s'appelaient ces


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  1   policiers, si vous le savez?

  2   Réponse: Est-il important de citer leurs noms?

  3   M. Fila (interprétation): Huis clos.

  4   M. Saxon (interprétation): Peut-être nous devrions passer en audience à

  5   huis clos partiel, Monsieur le Président.

  6   M. le Président: Nous allons passer à huis clos partiel.

  7   (Audience à huis clos partiel.)

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 19   (Audience publique avec mesures de protection.)

 20   Mme Thomson (interprétation): Nous sommes en session publique.

 21   M. Saxon (interprétation): Témoin DC6, vous avez dit que lorsqu'on vous a

 22   amenés au camp d'Omarska, Mlado Radic est apparu en demandant à votre

 23   escorte pourquoi vous avez été emmenés là-bas, ensuite l'escorte lui a

 24   montré des papiers. Ensuite vous avez dit que Mlado Radic a pris ces

 25   papiers afin de les vérifier.


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   1   Que vouliez-vous dire par là? Expliquez-nous: que devait vérifier M.

  2   Radic?

  3   Réponse: Je ne sais pas comment vous expliquer cela car je ne sais pas ce

  4   qui était écrit sur ces papiers. Il a regardé cela, il a rendu cela au

  5   policier qui était dans l'escorte, qui était assis dans le véhicule à

  6   droite, je suppose qu'il a regardé les noms ou quelque chose comme cela

  7   mais je ne sais pas.

  8   Question: Monsieur Radic a-t-il dit auprès de qui il allait vérifier cela,

  9   à qui il allait s'adresser?

 10   Réponse: Non. Je ne l'ai pas entendu dire quelque chose comme cela. Il a

 11   dit simplement qu'il allait demander, vérifier s'il ne s'agissait pas

 12   d'une erreur mais je ne sais pas à qui il devait demander.

 13   Question: Lorsque vous dites M. Radic a dit… oui merci je comprends

 14   maintenant votre réponse. Avez-vous pu voir où est allé M. Radic?

 15   Réponse: Non. Je ne pouvais pas le voir puisque moi j'étais dans cette

 16   camionnette qui avait une vitre à l'arrière seulement et à l'avant il y

 17   avait juste à côté des toutes petites fenêtres. Je ne pouvais voir que la

 18   partie supérieure du corps de M. Radic car nous étions assis au sol de ce

 19   véhicule et donc c'était une position très basse et je ne pouvais pas tout

 20   voir.

 21   Question: Témoin DC6, avez-vous fait votre service militaire au sein de

 22   l'armée de la Republika Srpska?

 23   Réponse: Oui.

 24   Question: Depuis quand jusqu'à quand?

 25   Réponse: Je ne me souviens pas de la date exacte, mais c'était en hiver


Page 8928

  1   1992, fin de l'automne jusqu'en mai 1995.

  2   Question: Pourquoi y étiez-vous puisque vous étiez d'appartenance ethnique

  3   et de confession musulmane? Pourquoi faisiez-vous partie de l'armée de la

  4   Republika Srpska par opposition, par exemple, à l'armée de la Bosnie-

  5   Herzégovine?

  6   Réponse: Je suis né et j'ai vécu dans la région de la Republika Srpska

  7   d'aujourd'hui. Tous mes meilleurs amis, tous les gens, presque, qui

  8   m'entouraient étaient des membres du peuple serbe.

  9   Question: Où étiez-vous en tant que membre de ces forces-là? A quel

 10   endroit?

 11   Réponse: J'ai été dans la région de Modrica et les alentours.

 12   Question: Puis-je demander un peu de patience de la part des Juges?

 13   Avez-vous vu des combats se dérouler pendant votre service dans les rangs

 14   de l'armée de la Republika Srpska?

 15   Réponse: J'ai vu des combats mais je n'ai pas pris part.

 16   Question: Les unités dans lesquelles vous avez servi ont-elles participé

 17   aux combats sans que vous l'ayez fait personnellement?

 18   Réponse: Non.

 19   Question: Pourriez-vous nous dire le nom de l'unité dans laquelle vous

 20   étiez membre?

 21   Réponse: Je ne connais pas le nom exact mais c'était un bataillon de cette

 22   région-là. Mais puisque moi j'étais artisan, vous savez, je suis un

 23   mécanicien, je m'occupais de la réparation des voitures. C'était ma tâche.

 24   Question: Avez-vous travaillé dans ce cadre-là, c'est-à-dire la réparation

 25   des véhicules, tout au long de la période que vous avez passée dans la


Page 8929

   1   Republika Srpska?

  2   Réponse: Oui, parfois dans la zone des combats et parfois dans la région

  3   dans laquelle je vivais puisqu'un atelier s'y trouvait auquel je me

  4   rendais afin de réparer les véhicules.

  5   Question: Est-ce que vous vous souvenez du nom du commandant de l'unité

  6   dont vous étiez membre?

  7   Réponse: Je ne pourrais pas vous le dire, puisque ceci changeait assez

  8   souvent.

  9   Question: Je demanderai encore un peu de patience s'il vous plaît. Merci,

 10   Monsieur le Président. Je n'ai plus de questions à poser.

 11   M. le Président: Maître Fila? Des questions supplémentaires?

 12   (Interrogatoire principal supplémentaire du Témoin DC6 par Me Fila.)

 13   M. Fila (interprétation): Monsieur le Président, je n'ai qu'une question à

 14   poser.

 15   Monsieur le témoin, est-ce que dans l'armée musulmane aussi, il y a eu des

 16   Serbes?

 17   Témoin DC6 (interprétation): Oui.

 18   Question: Est-ce qu'il y avait un certain Jovan Divjak?

 19   Réponse: Oui.

 20   Question: Qu'est-ce qu'il était au sein de l'armée musulmane?

 21   Réponse: Je pense qu'il était le général, d'après ce que j'ai lu dans la

 22   presse et vu à la télé.

 23   Question: Et lui aussi, il était Serbe?

 24   Réponse: Oui.

 25   Question: Merci beaucoup.


Page 8930

  1   M. le Président: Merci, Maître Fila.

  2   Monsieur le Juge Riad, avez-vous des questions?

  3   Je crois qu'il y a ici un problème, avant de donner la parole à M. le Juge

  4   Riad. Je vois que l'interprète dit que la question était: est-ce qu'il y a

  5   des Serbes aussi dans l'armée musulmane, et pas vice-versa?

  6   Maître Fila, est-ce que vous aviez quelque chose à dire?

  7   M. Fila (interprétation): Non, j'ai demandé s'il connaissait le nom de

  8   Jovan Divjak.

  9   M. le Président: Je comprends quand même la raison d'être de l'observation

 10   de l'interprète. Donc je crois que…

 11   M. Fila (interprétation): Il vaudrait mieux que je répète ma question, ce

 12   sera plus facile.

 13   M. le Président: C'est pour cela que je vous ai donné la parole, s'il vous

 14   plaît.

 15   M. Fila (interprétation): Y a-t-il eu des Serbes dans les rangs de l'armée

 16   musulmane?

 17   Témoin DC6 (interprétation): Oui, il y en avait.

 18   Question: Connaissez-vous le nom de Jovan Divjak?

 19   Réponse: Oui, je le connais.

 20   Question: Etait-il un Serbe?

 21   Réponse: Oui, il était d'appartenance ethnique serbe.

 22   Question: Quel était son grade au sein de l'armée musulmane?

 23   Réponse: Aujourd'hui, je ne sais pas très exactement quels sont les grades

 24   qui existent mais je sais que le grade de général a été mentionné à son

 25   égard.


Page 8931

  1   M. Saxon (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Mon objection

  2   porte sur la clarté du compte rendu. Nous avons entendu maintenant le

  3   terme de "l'armée musulmane". Je suppose que l'armée dont il est question

  4   a un nom formel et peut-être Me Fila peut employer ce nom formel en posant

  5   sa question, tout comme moi j'ai parlé de l'armée de la Republika Srpska.

  6   M. le Président: Nous ne sommes pas ici pour que les conseils fassent le

  7   témoignage. Le témoin a dit que c'était cette armée et c'était cette armée

  8   dont il a parlé. On ne doit pas mettre dans la bouche du témoin les

  9   paroles ou les mots que vous voulez. Le témoin a dit "armée musulmane",

 10   c'est cela qu'il a dit, je crois, et on ne va pas mettre d'autres mots

 11   dans la bouche du témoin. C'est cela.

 12   M. Saxon (interprétation): Le conseil de la défense a utilisé le terme

 13   "armée musulmane". Notre objection est la suivante: nous ne comprenons pas

 14   ce que cela signifie. Voici notre objection.

 15   M. le Président: Oui, Maître Fila?

 16   M. Fila (interprétation): Le terme officiel, je suis d'accord, c'est

 17   l'armée de Bosnie-Herzégovine. Cependant, de même, la Republika Srpska

 18   n'est pas ladite Republika Srpska comme le Procureur, l'accusation et le

 19   Procureur Niemann le disent. Et la Republika Srpska contient une armée,

 20   c'est l'armée de la Republika Srpska, donc, l'armée de la Republika

 21   Srpska, alors que le Procureur dit que c'est l'armée serbe.

 22   La seule chose que je souhaite dire, moi, c'est que dans toutes ces armées

 23   il y avait des membres appartenant à des groupes ethniques différents, et

 24   c'est tout.

 25   M. le Président: Je crois que c'est clair.


Page 8932

   1   Mais quel est le problème, ici, à la fin? Quel est le problème? Est-ce

  2   qu'il y a une question? Je ne vois aucune question, ce sont des termes

  3   usuels. J'avais compris, il n'est pas nécessaire de m'expliquer cela deux

  4   ou trois fois. Ayez l'obligeance de penser que nous sommes des personnes

  5   intelligentes et que nous comprenons.

  6   Je crois que nous tous sommes des professionnels: vous, dans le Bureau du

  7   Procureur, les conseils de la défense et les Juges sont des

  8   professionnels. Il n'est pas nécessaire d'expliquer deux ou trois fois les

  9   choses, je crois. J'ai compris cela depuis le début. Pourquoi perdre du

 10   temps? Donc je clos l'incident.

 11   Monsieur le Juge Riad, avez-vous des questions?

 12   (Questions au Témoin DC6 par M. le Juge Riad.)

 13   M. Riad (interprétation): Témoin DC6, bonjour. Vous m'entendez?

 14   Témoin DC6 (interprétation): Oui.

 15   Question: Je souhaite simplement une clarification concernant vos

 16   activités au sein de la police et de l'armée. Vous étiez policier de

 17   réserve jusqu'au 4 juin 1992, est-ce exact?

 18   Réponse: Oui.

 19   Question: Et ensuite, vous avez rejoint les rangs de l'armée à partir de

 20   l'hiver 1992 jusqu'en mai 1995, est-ce exact?

 21   Réponse: Oui.

 22   Question: Et vous dites que vous avez été relevé de vos fonctions dans la

 23   police sans justificatif, sans motif? Est-ce que vous avez été relevé de

 24   vos fonctions afin de rejoindre les rangs de l'armée de la Republika

 25   Srpska?


Page 8933

   1   Réponse: Non.

  2   Question: Comment ceci s'est-il opéré, alors? Vous avez été relevé de vos

  3   fonctions au sein de la police. Est-ce que c'était pour des raisons

  4   ethniques ou à cause de votre comportement? Quelle était la raison? Parce

  5   que vous étiez Musulman?

  6   Réponse: Oui, c'est à cause de cela que j'ai été relevé de mes fonctions

  7   au sein de la police.

  8   Question: Donc vous avez été relevé de vos fonctions de la police à cause

  9   du fait que vous étiez Musulman, mais est-ce que malgré cela vous pouviez

 10   être admis dans les rangs de l'armée de la Republika Srpska? Est-ce qu'il

 11   ne s'agissait pas là d'une même institution qui appliquait la même

 12   politique, ou bien est-ce qu'il y avait une différence entre les deux?

 13   Réponse: Eh bien, je ne sais pas comment expliquer la différence entre la

 14   police et l'armée mais moi, je me suis porté volontaire pour rejoindre les

 15   rangs de l'armée.

 16   M. Riad (interprétation): Merci beaucoup.

 17   M. le Président: Madame la Juge Wald, s'il vous plaît?

 18   (Questions au Témoin DC6 par Mme la Juge Wald.)

 19   Mme Wald (interprétation): Je n'ai qu'une question à poser, Monsieur le

 20   témoin, concernant votre expérience personnelle dans la police de réserve

 21   avant votre séjour à Omarska et à Keraterm.

 22   Vous avez dit, en décrivant M. Radic en tant que policier de base, vous

 23   avez dit qu'il n'y a rien de plus bas par rapport à cela que le policier

 24   de réserve, donc, à l'exception des policiers de réserve.

 25   Je souhaite que vous clarifiez cela: est-ce que vous vouliez dire qu'un


Page 8934

   1   policier de réserve est subordonné, reçoit des ordres ou a simplement un

  2   grade plus bas par rapport à tout policier d'active?

  3   Réponse: Non, il ne s'agit pas d'un grade moins élevé. Lorsque l'on parle

  4   du policier de réserve… Mais nous, en tant que policiers de réserve,

  5   puisque nous travaillions seulement de temps en temps, à notre avis nous

  6   considérions que les policiers d'active avaient plus d'expérience, etc.,

  7   c'est cela la différence; ils avaient plus d'expérience mais en ce qui

  8   concerne les droits, nous avions les droits.

  9   Question: Donc si vous, vous travailliez aux côtés d'un policier d'active,

 10   vous en tant que policier de réserve, est-ce que le policier d'active

 11   pouvait vous donner des ordres ou vous dire ce que vous pourriez faire?

 12   Réponse: Non. Nous pouvions travailler ensemble seulement par le biais des

 13   accords communs.

 14   Mme Wald (interprétation): Merci.

 15   M. le Président: Merci beaucoup, Madame la Juge Wald.

 16   Témoin, nous n'avons pas d'autres questions à vous poser. Nous vous

 17   remercions beaucoup d'être venu et nous vous souhaitons un bon retour dans

 18   votre lieu de résidence. Merci. Monsieur l'huissier va vous raccompagner.

 19   Témoin DC6 (interprétation): Merci.

 20   (Le Témoin DC6 est reconduit hors du prétoire.)

 21   (Questions relatives à la procédure.)

 22   M. Fila (interprétation): A partir de maintenant, nous n'allons plus avoir

 23   besoin des stores.

 24   M. le Président: Oui, je vois que notre huissier stagiaire s'apprête à

 25   travailler un peu.


Page 8935

   1   (L'huissier retire les stores.)

  2   (Audience publique.)

  3   M. Fila (interprétation): La semaine prochaine, nous n'aurons qu'un seul

  4   témoin protégé, Monsieur le Président, qui vient des Etats-Unis.

  5   M. le Président: J'avais cru comprendre que nous aurions seulement un

  6   témoin.

  7   M. Fila (interprétation): Non, non, ce n'est pas cela.

  8   (Le témoin, M. Ranko Radic, est introduit dans le prétoire.)

  9   M. le Président: Bonjour. Vous m'entendez?

 10   M. R. Radic (interprétation): Bonjour, je vous entends. Bonjour, Monsieur

 11   le Président.

 12   M. le Président: Vous allez lire la déclaration solennelle que M.

 13   l'huissier va vous tendre, s'il vous plaît.

 14   M. R. Radic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

 15   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 16   M. le Président: Vous pouvez vous asseoir, s'il vous plaît.

 17   M. R. Radic (interprétation): Merci.

 18   M. le Président: Etes-vous bien installé?

 19   M. R. Radic (interprétation): Oui.

 20   M. le Président: Merci beaucoup d'être venu. Vous allez répondre pour

 21   l'instant aux questions que… J'ai oublié le nom, pour être honnête et

 22   sincère.

 23   M. Jovanovic (interprétation): Monsieur le Président, je m'appelle Zoran

 24   Jovanovic.

 25   M. le Président: Merci beaucoup. Vous avez la parole.


Page 8936

  1   (Interrogatoire principal du témoin, M. Ranko Radic, par Me Jovanovic.)

  2   M. Jovanovic (interprétation): Merci, merci Monsieur le Président.

  3   Monsieur le témoin, pouvez-vous nous dire votre nom et votre prénom?

  4   M. R. Radic (interprétation): Je m'appelle Ranko Radic.

  5   Question: Quelle est votre date de naissance?

  6   Réponse: Le 10 mai 1952.

  7   Question: Où?

  8   Réponse: Dans le village de Lamovita, municipalité de Prijedor.

  9   Question: Où habitez-vous actuellement?

 10   Réponse: A Lamovita, dans la municipalité de Prijedor.

 11   Question: Quelle est votre profession?

 12   Réponse: Je suis chauffeur qualifié.

 13   Question: Quelle est votre nationalité?

 14   Réponse: Je suis Serbe.

 15   Question: Et votre religion?

 16   Réponse: Serbe… Enfin, je suis orthodoxe.

 17   Question: Monsieur Radic, en 1992 le centre d'enquête ou plutôt le camp

 18   d'Ormaska a été créé. Y avait-il dans ce camp certains de vos amis?

 19   Réponse: Oui.

 20   Question: Monsieur le Président, je vous demande un instant simplement de

 21   huis clos partiel pour une réponse que je demanderai au témoin.

 22   M. le Président: Nous allons passer à huis clos partiel, s'il vous plaît.

 23   (Audience à huis clos partiel.)

 24   [expurgée]

 25   [expurgée]


Page 8937

  1   [expurgée]

  2   [expurgée]

  3   [expurgée]

  4   (Audience publique.)

  5   M. Jovanovic (interprétation): Comment avez-vous appris qu'ils se

  6   trouvaient dans le camp?

  7   M. R. Radic (interprétation): C'est Mlado qui me l'a dit, qu'ils étaient

  8   dans le camp, et je suis allé leur rendre visite.

  9   Question: Pouvez-vous nous expliquer si vous avez un lien de parenté avec

 10   Mlado Radic?

 11   Réponse: Oui.

 12   Question: Quel est ce lien de parenté? Qu'est-ce que Mlado Radic est par

 13   rapport à vous?

 14   Réponse: C'est mon oncle, le frère de mon père.

 15   Question: Merci. Avez-vous exprimé le désir d'apporter une aide quelconque

 16   à ces personnes?

 17   Réponse: Oui, et d'ailleurs c'est la raison pour laquelle je leur ai rendu

 18   visite.

 19   Question: A qui avez-vous demandé si la chose était possible?

 20   Réponse: Je l'ai demandé à Mlado parce qu'il était là à ce moment-là. Il

 21   ne me l'a pas vraiment, comme cela…

 22   Question: Bien, merci.

 23   Mais pouvez-vous nous dire ce qu'il vous a répondu?

 24   Réponse: Il a dit que ce n'était pas autorisé mais qu'en cachette on

 25   pourrait sans doute faire quelque chose pour que j'arrive jusqu'à eux.


Page 8938

   1   Question: Cette aide leur a-t-elle été apportée et leur est-elle parvenue?

  2   Réponse: Oui, ce que j'avais apporté, c'est-à-dire des articles

  3   sanitaires, des produits d'hygiène personnels et de la nourriture. J'ai

  4   remis tout cela a Mlado et il a remis ces objets aux personnes en question

  5   qui ont confirmé les avoir reçus.

  6   Question: Combien de fois cela s'est-il passé?

  7   Réponse: Je ne m'en rappelle pas exactement, combien de fois, mais j'y

  8   suis allé plusieurs fois. Quelquefois, c'est moi qui remettais ces objets

  9   à Mlado mais à plusieurs reprises c'est lui qui a apporté des paquets tout

 10   seul.

 11   Question: Lorsque vous remettiez ces articles?

 12   Réponse: Eh bien, dans ce cas-là Mlado était présent.

 13   Question: Comment se comportait Mlado dans ces circonstances?

 14   Réponse: A mes yeux, tout à fait normalement. Parce que lui aussi

 15   connaissait ces gens qui étaient mes amis. Il les connaissait moins bien

 16   que moi, mais il savait que c'étaient des amis à moi.

 17   Question: Dans des situations de ce genre, aviez-vous la possibilité de

 18   parler avec d'autres personnes présentes éventuellement?

 19   Réponse: Oui, je connaissais des gens qui voyageaient à bord des véhicules

 20   que je conduisais quand je travaillais à Auto Transport, avec qui

 21   j'échangeais quelques mots. Je les ai reconnus, je leur ai demandé s'ils

 22   avaient des problèmes et ils m'ont répondu qu'il n'y avait pas de

 23   problème, notamment quand c'est l'équipe de Mlado qui était là parce qu'il

 24   les aidait autant que cela était possible, au mieux de ses capacités.

 25   Question: Merci. Monsieur Radic, vous avez dit que vous étiez chauffeur de


Page 8939

  1   profession?

  2   Réponse: Oui.

  3   Question: Pouvez-vous nous dire dans quelle entreprise vous travailliez?

  4   Réponse: Je travaillais dans l'entreprise Auto Transport de Prijedor en

  5   tant que chauffeur d'autobus pendant une dizaine d'années. J'ai travaillé

  6   pendant une dizaine d'années.

  7   Question: Connaissiez-vous une personne répondant au non [expurgée]?

  8   Réponse: Oui, je la connaissais. On la surnommait [expurgée]

  9   [expurgée]

 10   [expurgée].

 11   Question: Pouvez-vous nous dire quels souvenirs vous avez de cette

 12   personne?

 13   Mme Somers (interprétation): Objection.

 14   Monsieur le Président, je ne sais pas dans quelle mesure les résumés qui

 15   nous ont été distribués sont censés reproduire exactement le témoignage

 16   des témoins, mais le résumé que j'ai reçu pour ce témoin, qui d'ailleurs

 17   n'est pas entendu dans l'ordre prévu parce qu'il aurait dû être entendu

 18   après un autre témoin portant le même nom de famille… En tout cas, dans le

 19   résumé concernant ce témoin il n'est fait aucune mention du nom

 20  [expurgée]. Par conséquent, aucune préparation n'a été faite pour le contre-

 21   interrogatoire dans l'idée que ce nom serait prononcé. Nous acceptons bien

 22   sûr ce que dit la défense mais bien entendu, cela poserait un problème à

 23   l'accusation vis-à-vis du contre-interrogatoire donc je me vois contrainte

 24   de présenter cette objection.

 25   M. le Président: Je vous rappelle, Madame Somers, vous n'avez pas été ici


Page 8940

  1   dans ce prétoire mais combien de fois… Combien de fois le Procureur est

  2   sorti de ses déclarations préliminaires et combien de problèmes nous avons

  3   eus ici, et combien de temps nous avons perdu? Donc, d'accord, nous

  4   enregistrons votre protestation mais je vais donner la parole aussi à Me

  5   Jovanovic.

  6   Madame Somers, ce procès a connu beaucoup d'incidents. Nous voulons

  7   arriver à la fin de ce procès et nous allons le faire. Et donc d'accord,

  8   comme j'ai dit, nous enregistrons votre objection. Je vais donner la

  9   parole à Me Jovanovic mais je ne pouvais pas passer le moment et

 10   l'instinct de réagir. C'est cela que je devais faire. Je donne la parole à

 11   Me Jovanovic pour répondre.

 12   M. Jovanovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 13   Nous avons effectivement distribué une déclaration que vous avez reçue

 14   aussi et, avec cette déclaration, un résumé qui reprend ce qui est contenu

 15   dans la déclaration mais qui annonce que ce qui a été dit serait dit. Donc

 16   je peux même donner au Procureur les paragraphes.

 17   M. le Président: J'ai dit ce que j'ai dit, je m'excuse de la façon de

 18   laquelle je l'ai dit, je l'ai dit parce que je me préoccupe de la Chambre,

 19   je suis toujours préoccupé avec le traitement égal des parties. Et là, je

 20   vous dis que la Chambre ne va jamais abdiquer sur ce principe, traitement

 21   égal des parties. C'est cela que je voudrais vous dire. Donc, Monsieur

 22   Jovanovic, veuillez continuer, s'il vous plaît.

 23   M. Jovanovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 24   Monsieur Radic, je vais vous répéter la question que je vous ai posée tout

 25   à l'heure. Quels sont vos souvenirs par rapport à la personne dont vous


Page 8941

  1   avez parlé tout à l'heure dans le cadre de la connaissance que vous aviez

  2   de cette personne?

  3   M. R. Radic (interprétation): Tout ce que je peux dire à son sujet, c'est

  4   qu'il s'agit d'une personne qui n'était pas sérieuse. Deuxièmement, elle a

  5   eu des problèmes dans l'entreprise de la part de la commission de

  6   discipline qui existait parce qu'elle avait détourné de l'argent auquel

  7   elle avait accès car elle collectait les billets. Donc, elle n'était

  8   vraiment pas très responsable.

  9   Question: Merci pour votre réponse. J'ai encore une question à vous poser.

 10   Nous avons entendu de votre bouche que vous avez été engagé dans la police

 11   de réserve?

 12   Réponse: Oui, c'est exact.

 13   Question: Je me permettrai de vous poser la question suivante: quand

 14   officiellement on est engagé dans les rangs de la police de réserve, je

 15   vous demande quelles sont les différences qui existent entre les

 16   attributions d'un policier de réserve à partir de ce moment-là et celles

 17   d'un policier d'active tel que votre neveu Mlado Radic, par exemple?

 18   Réponse: A partir du moment où un réserviste de la police est appelé à

 19   entrer en action dans les rangs de la police, c'est-à-dire à partir du

 20   moment où on l'autorise à agir exactement comme si c'était un policier

 21   d'active, il est mobilisé, il porte un uniforme et il correspond

 22   entièrement à un policier d'active.

 23   M. Jovanovic (interprétation): Monsieur le Président, je n'ai pas d'autres

 24   questions mais je tiens simplement à souligner que la défense de l'accusé

 25   Radic a demandé, demande le versement au dossier d'un certain nombre de


Page 8942

   1   déclarations: celles de Slobodan Savic, de Slobodanka Banovic., Nenad

  2   Brkic et Rade Strika. Ce sont des déclarations qui corroborent le

  3   témoignage de ce témoin; des affidavits donc. J'en demande le versement au

  4   dossier.

  5   Merci, Monsieur le Président.

  6   M. le Président: Oui, Maître Jovanovic, mais on va considérer cette

  7   question à part, à la fin, c'est-à-dire qu'on ne va pas verser maintenant

  8   les déclarations. Vous aviez demandé comme déclaration sous serment; on va

  9   considérer cette situation et le Procureur se prononcera sur votre

 10   requête, d'accord?

 11   M. Jovanovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

 12   M. le Président: Y a-t-il d'autres conseils qui veulent poser des

 13   questions? Non? Personne. D'accord. Je vois des signes négatifs.

 14   Madame Somers, vous avez la parole pour le contre-interrogatoire, s'il

 15   vous plaît.

 16   (Contre-interrogatoire du témoin, M. Ranko Radic, par Mme Somers.)

 17   Mme Somers (interprétation):Merci.

 18   Monsieur Radic, où avez-vous servi en tant que réserviste de la police?

 19   Dans quel secteur, département de quelle municipalité, dans quelle région?

 20   M. R. Radic (interprétation): A partir du 17 septembre 1991, j'ai été

 21   mobilisé et affecté au contrôle de la circulation sur la route Banja

 22   Luka/Prijedor, dans la municipalité de Prijedor, au poste de police

 23   d'Omarska.

 24   En fait ce n'est pas un poste de police. Pour être tout à fait précis,

 25   c'est un département mais je ne sais pas très bien comment...


Page 8943

  1   Question: Vous aviez donc, entre autres, pour obligation de limiter les

  2   mouvements, la liberté de circulation des personnes qui allaient et

  3   venaient, n'est-ce pas?

  4   Réponse: Non. Mon obligation consistait à contrôler la circulation.

  5   Question: Ce qui est la même chose que le mouvement, le déplacement n'est-

  6   ce pas?

  7   Réponse: Non, il s'agit de réglementer la circulation, c'est-à-dire de

  8   faire en sorte que la circulation s'écoule de façon normale et régulière.

  9   Question: Vous avez indiqué que votre oncle, à savoir l'accusé Radic, vous

 10   avait fait savoir que deux de vos amis -dont je ne vais pas répéter les

 11   noms puisqu'ils ont été prononcés à huis clos partiel-, étaient présents

 12   dans le camp d'Omarska.

 13   Pour que tout soit tout à fait clair, je vous demande de nous dire, je

 14   vous prie, quelle était l'appartenance ethnique de ces deux personnes.

 15   Réponse: Ces deux personnes étaient Musulmanes.

 16   Question: Pour que vous puissiez accéder au camp d'Omarska -et c'est bien

 17   ce que vous avez dit dans votre déposition, n'est-ce pas, vous avez dit

 18   être allé au camp d'Omarska- quel genre d'autorisation ou de laissez-

 19   passer avez-vous obtenu à cette fin, je vous prie?

 20   Réponse: Je n'en n'avais pas besoin parce que beaucoup me connaissaient

 21   là-bas, ils savaient que j'étais policier. Et ceux qui ne me connaissaient

 22   pas me posaient des questions et je devais leur dire à quelles fins

 23   j'allais dans le camp et quand j'irais.

 24   Question: Vous étiez donc policier au département de police d'Omarska.

 25   Etiez-vous policier au département de police d'Omarska quand votre oncle,


Page 8944

  1   l'accusé, a été affecté à la sécurité du camp?

  2   Réponse: Oui.

  3   Question: Donc vous travailliez à l'extérieur d'Omarska?

  4   Réponse: Oui, pas à Omarska mais sur la route Prijedor/Banja Luka, et cela

  5   se trouve à peu près à cinq kilomètres d'Omarska.

  6   Question: Je vous demande qui était votre commandant au département de la

  7   police lorsque vous y étiez employé?

  8   Réponse: A la fin, c'était Ljuban qui a remplacé quelqu'un qui était là

  9   avant et qui était Milos Bujic, je crois.

 10   Question: J'ai bien peur de ne pas avoir tout à fait bien compris. Vous

 11   étiez réserviste de la police au département de police d'Omarska, donc

 12   dans le même département que celui où travaillait Mlado Radic?

 13   Réponse: Oui.

 14   Question: Est-ce qu'à un moment quelconque on vous a chargé de travailler

 15   en tant que réserviste de la police au centre d'enquêtes d'Omarska, à

 16   savoir ce que nous, nous appelons le camp d'Omarska? Réponse: Non, non,

 17   jamais.

 18   Question: Donc je vous demande, s'il vous plaît, combien de fois vous êtes

 19   allé dans l'enceinte du camp d'Omarska pour parler, voir, rencontrer ou

 20   avoir des contacts avec les détenus du camp?

 21   Réponse: J'y suis allé trois fois, pour autant que je m'en souvienne. Et

 22   une fois, en passant par là, j'ai parlé un petit peu, j'ai échangé

 23   quelques mots avec des gens que je connaissais, mais cela a duré très peu

 24   de temps.

 25   Question: Pouvez-vous nous dire, je vous prie, à quelle date vous êtes


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  1   allé dans le camp?

  2   Réponse: Non, cela, je ne peux pas. Je ne me rappelle pas parce que

  3   beaucoup de temps a passé depuis.

  4   Question: Dites-nous, je vous prie, quand vous êtes allé dans le camp si

  5   Mlado Radic, l'accusé, était toujours avec vous?

  6   Réponse: La plupart du temps parce que c'est quand il était là que

  7   j'essayais de faire passer ce sac que j'apportais pour mes amis. S'il

  8   n'avait pas été là, je craignais que quelqu'un d'autre, qui aurait été là

  9   à sa place, ne m'arrête.

 10   Question: Donc c'est la présence de Radic qui vous permettait de rentrer

 11   dans le camp, la présence de votre oncle, n'est-ce pas, Mlado Radic? Est-

 12   ce qu'il est permis de parler ainsi?

 13   Réponse: Je n'allais pas là-bas à cause de lui, j'allais à cause de mes

 14   amis mais quand il était là-bas, j'avais plus de garanties quant au fait

 15   que je réussirais à transmettre ce que j'apportais à mes amis.

 16   Question: Ayant donc décidé de vous rendre dans le camp au moment où votre

 17   oncle, l'accusé, s'y trouvait, je vous demande si lui vous accompagnait

 18   lorsque vous entriez en contact avec les prisonniers?

 19   Réponse: Avec mes amis, vous voulez dire? Oui.

 20   Question: Eh bien, je ne sais pas si vous limitez votre contexte

 21   uniquement à vos amis, ce n'est pas tout à fait clair dans votre

 22   déposition. Vous avez dit qu'au cours de vos visites, vous rencontriez des

 23   gens que vous connaissiez, des détenus, et que vous leur parliez, que vous

 24   leur avez posé des questions au sujet des conditions dans le camp et que

 25   vous leur avez demandé s'ils allaient bien, et que certains ont demandé


Page 8946

  1   des cigarettes, etc..

  2   Alors, y avait-il d'autres Musulmans qui étaient là, d'autres personnes en

  3   dehors des deux Musulmans auxquels vous rendiez visite et à qui vous avez

  4   parlé?

  5   Réponse: Oui, il y avait des gens qui me demandaient des cigarettes. En

  6   passant, ils me demandaient quelque chose et quand je revenais la fois

  7   d'après, je leur apportais des cigarettes ou ce qu'ils avaient demandé.

  8   Question: Donc vous connaissiez d'autres personnes, pas uniquement les

  9   deux Musulmans dont vous avez parlé jusqu'à présent? Je voudrais que tout

 10   soit clair à ce sujet.

 11   Réponse: Oui, oui c'est exact.

 12   Question: Votre oncle, l'accusé Radic, était-il avec vous lorsque vous

 13   avez parlé à ces personnes de leurs conditions de vie dans le camp?

 14   Réponse: Non, je leur ai parlé seul à seul. C'était au moment de mon

 15   retour, au moment où je quittais le camp après avoir rencontré mes amis

 16   que je leur ai parlé.

 17   Question: Donc vous aviez liberté de circuler dans le camp sans escorte,

 18   même sans être assigné à un lieu particulier? C'est bien ce que vous êtes

 19   en train de nous dire?

 20   Réponse: Eh bien, c'est au moment où je sortais du camp qu'il se trouvait

 21   là. J'étais donc pratiquement à l'extrémité du camp à ce moment-là,

 22   j'étais presque à la sortie.

 23   Question: Et où était votre oncle, l'accusé, lorsque vous quittiez le

 24   camp? Est-ce qu'il vous avait quitté un peu plus tôt? Est-ce qu'il était

 25   dans un bureau, quelque part?


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  1   Réponse: Dans un bureau, oui.

  2   Question: Où était son bureau, je vous prie, s'il vous le savez?

  3   Réponse: Dans le bâtiment, je ne sais pas comment on appelait ce bâtiment.

  4   C'était un bâtiment administratif de la mine avant, et quand on montait à

  5   l'étage, au premier étage, il y avait un palier et puis sur la droite un

  6   bureau, pour autant que je m'en souvienne. Question: Est-ce que vous avez

  7   vu ce bureau de vos yeux? Est-ce que vous êtes entré? Est-ce qu'il vous y

  8   a fait entrer?

  9   Réponse: Oui. Enfin, je ne suis pas entré dans le bureau, mais la porte

 10   était ouverte et je l'ai vu à partir du couloir, de l'extérieur.

 11   Question: Est-ce qu'il vous a personnellement fait monter à l'étage pour

 12   vous montrer le lieu où il travaillait?

 13   Réponse: Non. Je lui ai demandé de pouvoir le rencontrer pour lui remettre

 14   la nourriture que j'avais apportée pour mes amis.

 15   Question: Quand vous êtes arrivé dans le camp, est-ce qu'on vous a permis

 16   de pénétrer dans le camp avant que vous ne rencontriez votre oncle,

 17   l'accusé, ou est-ce que vous avez dû attente l'arrivée de votre oncle pour

 18   pouvoir entrer et passer le portail du camp?

 19   Réponse: Eh bien, je n'ai pas eu besoin d'attendre au portail. J'ai dit

 20   aux gens qui étaient là de me laisser passer parce qu'ils me

 21   connaissaient.

 22   Question: Avez-vous dit à votre oncle Mlado Radic, à l'avance, que vous

 23   viendriez de façon à ce que les gens qui allaient vous voir passer soient

 24   prêts à votre arrivée?

 25   Réponse: Non, je ne l'ai pas fait.


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  1   Question: Quand vous parliez avec ces autres personnes que vous avez

  2   rencontrées au sujet de leurs conditions de vie dans le camp, y avait-il

  3   des gardiens ou des policiers aux environs?

  4   Réponse: Non.

  5   Question: Y avait-il des détenus autres que les personnes dont vous venez

  6   de nous parler? En d'autres termes, est-ce que vous étiez seul avec les

  7   personnes avec qui vous avez discuté, dans une pièce, ou est-ce qu'il y

  8   avait aussi d'autres personnes?

  9   Réponse: C'était au moment où j'allais sortir du camp, sortir du bâtiment,

 10   c'était donc devant le bâtiment. Il y avait aussi d'autres personnes.

 11   Question: Quelle était l'appartenance ethnique de ces personnes avec qui

 12   vous avez parlé au moment où vous sortiez du camp?

 13   Réponse: Musulmane.

 14   Question: Pourriez-vous nous donner leurs noms?

 15   Réponse: Il y en a un qui s'appelait Raksic, cela je m'en souviens parce

 16   qu'il travaillait dans mon entreprise comme mécanicien, mais les autres,

 17   je ne me rappelle pas leur nom. Cela fait longtemps, je n'arrive pas à me

 18   rappeler comment ils s'appelaient.

 19   Question: Est-ce que vous prévoyiez de les entendre dire quelque chose de

 20   négatif?

 21   Réponse: Eh bien, je ne sais pas ce que je prévoyais, compte tenu de

 22   l'endroit où ils se trouvaient. Enfin pour l'essentiel, ils m'ont dit que

 23   ce n'était pas tellement... Enfin, je veux dire que cela allait, que ce

 24   n'était pas trop mal. Moi, je ne connais pas bien les camps donc j'aurais

 25   du mal.


Page 8949

  1   Question: Savaient-ils que l'accusé Radic, qui travaillait à Omarska à ce

  2   moment-là, était de votre famille?

  3   Réponse: Mlado?

  4   Question: Oui, oui.

  5   Réponse: Certains le savaient sans doute. Je ne peux pas vous le dire avec

  6   certitude, mais je pense que certains le savaient.

  7   Question: Leur avez-vous demandé s'ils avaient quelque chose qu'ils

  8   aimeraient que vous disiez à votre neveu pour que leur vie devienne plus

  9   facile?

 10   Réponse: Mais lui faisait déjà tout ce qu'il pouvait faire, tout ce qui

 11   était en son possible. Cela, ce sont eux que j'ai entendu tenir ces

 12   propos. Ils ont dit qu'il les aidait autant que c'était possible, chaque

 13   fois qu'il le pouvait.

 14   Question: Ces Musulmans dont vous avez parlé au début de votre déposition,

 15   et dont je ne répéterai pas les noms, étaient-ils originaires de la même

 16   ville que vous?

 17   Réponse: Ils venaient de Prijedor.

 18   Question: Votre oncle, l'accusé, vous a-t-il donné le nom d'autres

 19   personnes qui se trouvaient dans le camp et que vous connaissiez? Réponse:

 20   Non.

 21   Question: Dans quel secteur d'Omarska avez-vous parlé avec vos amis, dans

 22   quel bâtiment?

 23   Réponse: Dans ce bâtiment-là, le premier bâtiment, celui dans lequel je

 24   suis entré, j'ai parlé avec eux dans le couloir. Et c'est aussi à cet

 25   endroit que je leur ai remis ce que j'avais apporté pour eux.


Page 8950

  1   Question: Excusez-moi, mais pouvez-vous décrire l'endroit plus précisément

  2   parce qu'il y a plusieurs bâtiments? Vous dites "le premier bâtiment" mais

  3   est-ce le hangar, le bâtiment administratif? De quel bâtiment parlez-vous?

  4   Réponse: Je crois que c'était, à l'époque de la mine, le bâtiment dans

  5   lequel il y avait les bureaux. Est-ce que c'était un bâtiment

  6   administratif ou quoi, je ne sais pas exactement car je ne suis jamais

  7   entré sur les lieux quand la mine fonctionnait. Mais je crois que c'était

  8   le bâtiment administratif du temps de la mine.

  9   Question: Au fait, quand vous êtes allé au camp, est-ce que vous l'avez

 10   fait de jour ou de nuit? Vous vous rappelez?

 11   Réponse: De jour, de jour.

 12   Question: Toutes les visites que vous avez faites au camp ont été faites

 13   de jour?

 14   Réponse: Oui, de jour.

 15   Question: Avez-vous constaté un quelconque signe visible de blessure

 16   physique sur le corps de l'un quelconque des prisonniers du camp?

 17   Réponse: Je n'ai rien vu de tel sur le corps des personnes que j'ai

 18   rencontrées.

 19   Question: Pouvez-vous nous dire si vous avez entendu un bruit quelconque

 20   qui aurait pu permettre de penser qu'il y avait des gens qui souffraient,

 21   qui criaient, qui étaient terrorisés?

 22   Réponse: Non.

 23   Question: Et d'après vous, quelle était l'odeur qui régnait à cet endroit?

 24   Est-ce qu'on pourrait dire que l'odeur était agréable?

 25   Réponse: Eh bien, écoutez, je ne sais pas, pour moi c'était une odeur


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  1   normale. Il faisait jour, il faisait beau, donc pour moi c'était normal.

  2   Question: Est-ce qu'à une quelconque occasion lorsque vous étiez au camp

  3   d'Omarska, est-ce que vous y avez jamais remarqué des femmes?

  4   Réponse: Oui, j'ai vu [expurgée],

  5   [expurgée] je lui ai posé la question justement

  6   concernant les conditions de vie, je lui ai demandé comment elle se

  7   sentait et elle m'a répondu que tout allait bien et qu'elle n'avait pas

  8   d'objection.

  9   Question: Avez-vous vu d'autres femmes que vous connaissiez éventuellement

 10   dans le camp, et même des femmes que vous ne connaissiez pas?

 11   Réponse: Non.

 12   Question: Donc l'unique femme que vous avez vue est celle que vous venez

 13   de mentionner? Est-ce que c'est cela que vous affirmez?

 14   Réponse: Non, non. Il y avait une autre femme avec elle, que je

 15   connaissais moi aussi. Seulement ces deux-là. Attendez, je vais me

 16   rappeler quel était son nom. Nous, on l'appelait Nuska.

 17   Question: Lorsque vous veniez rendre visite en journée, est-ce que c'était

 18   pendant que vous étiez actif dans le cadre de votre travail sur la route,

 19   c'est-à-dire le travail lié à la circulation?

 20   Réponse: Non, je ne le faisais que dans le cadre de mes loisirs.

 21   Question: Excusez-moi un instant, s'il vous plaît. Merci beaucoup, je n'ai

 22   plus de questions à poser.

 23   Réponse: Merci.

 24   M. le Président: Avez-vous des questions supplémentaires?

 25   (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, M. Ranko Radic, par Me


Page 8952

  1    Jovanovic.)

  2   M. Jovanovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président, une seule.

  3   Monsieur Radic, vous êtes né et vous vivez à Lamovita?

  4   M. R. Radic (interprétation): Oui.

  5   Question: Cette année 1992, lorsque vous étiez dans la police de réserve,

  6   est-ce qu'à Lamovita un département, un poste de police existait?

  7   Réponse: Oui, et moi j'ai été transféré à Lamovita parce que le poste de

  8   police était plus proche de ma maison et mon poste de travail se trouvait

  9   là-bas. Donc c'est à ce moment-là que j'ai été transféré à Lamovita.

 10   Question: Qui était le commandant de ce département du poste de police?

 11   Réponse: C'était Zivko Kos pendant une certaine période et par la suite,

 12   il a été remplacé par Prvoslav Sekulic.

 13   Question: Est-ce qu'un dénommé Grahovac s'y trouvait aussi?

 14   Réponse: Ljuban Grahovac, oui, lui aussi. Et par la suite, lui aussi a été

 15   transféré avec nous. Il a été policier, comme nous.

 16   Question: Merci.

 17   Réponse: Je vous en prie.

 18   M. le Président: Monsieur le Juge Riad, s'il vous plaît?

 19   (Questions au témoin, M. Ranko Radic, par M. le Juge Riad.)

 20   M. Riad (interprétation): Monsieur Radic, bonjour. Vous m'entendez?

 21   M. R. Radic (interprétation): Bonjour. Je vous entends bien.

 22   Question: Je n'ai que deux petites questions à vous poser. Lorsque vous

 23   êtes allé plus d'une fois, vous avez dit trois fois, je pense, au camp

 24   d'Omarska, vous êtes allé au bureau de votre oncle dans le bâtiment

 25   administratif, vous l'avez dit. Il s'agissait de quel type de bureau? Est-


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   1   ce que c'était un bureau qu'il partageait avec d'autres personnes, est-ce

  2   que c'était un grand bureau? A quoi ressemblait-il?

  3   Réponse: J'ai dit que je n'étais pas dans le bureau mais dans le couloir

  4   et que la porte du bureau était ouverte lorsque je suis venu. Et je n'ai

  5   pas vu d'autres personnes avec lui à ce moment-là car lui, il était sorti

  6   du bureau.

  7   Question: Donc vous n'avez pas vu d'autres personnes là-bas?

  8   Réponse: Non.

  9   Question: Mais c'était bien son bureau?

 10   Réponse: Je ne sais pas cela.

 11   Question: Très bien. Et vous avez parlé [expurgée] qui

 12   étaient dans le camp, les deux femmes. Est-ce que vous saviez pourquoi

 13   [expurgée] s'y trouvait?

 14   Réponse: Non.

 15   Question: Vous ne lui avez pas posé cette question-là lorsqu'elle vous a

 16   dit qu'elle ne se plaignait pas, vous ne lui avez pas posé la question de

 17   savoir pourquoi elle s'y trouvait?

 18   Réponse: Je ne lui ai pas demandé mais elle m'a dit qu'elle n'avait pas

 19   d'objection par rapport aux conditions. [expurgée] aussi.

 20   Question: Merci beaucoup.

 21   Réponse: Merci à vous.

 22   M. le Président: Madame Wald?

 23   (Questions au témoin, M. Ranko Radic, par Mme la Juge Wald.)

 24   Mme Wald (interprétation): Monsieur Radic, lorsque vous avez vu M. Radic

 25   pour la première fois en lui demandant si c'était possible que vous


Page 8954

  1   rendiez visite à ces deux amis, il vous a répondu que les visites étaient

  2   interdites mais que vous pouviez essayer.

  3   Est-ce que c'était la première fois que vous avez essayé de rendre visite

  4   à vos amis et cette première fois, êtes-vous simplement venu au camp ou

  5   bien avez-vous contacté d'abord M. Radic en disant: "Je souhaite venir au

  6   camp, est-ce qu'il sera possible de m'aider éventuellement".

  7   Ma question est de savoir si vous l'avez contacté avant de rendre visite à

  8   ces amis dans le camp?

  9   M. R. Radic (interprétation): Non, non. Je me suis dit que j'allais me

 10   rendre au camp et si jamais on me renvoie, tant pis. Mais le hasard a

 11   voulu que lui, il soit là, et on m'a arrêté à l'entrée, on m'a demandé des

 12   explications et moi j'ai dit que je souhaitais entrer et que s'il était

 13   sur place, je souhaiterais lui rendre visite à lui aussi et le hasard a

 14   donc voulu qu'il soit là.

 15   Question: Donc pour que les choses soient claires, la première fois, vous

 16   ne l'avez pas contacté auparavant. Mais une fois à l'entrée, ils vous ont

 17   laissé entrer, ensuite vous êtes entré à l'intérieur et vous l'avez vu

 18   dans l'enceinte du camp?

 19   Réponse: Oui, il savait qui il était, mais moi je ne le savais pas. Eux

 20   m'ont dit qu'il était là-bas.

 21   Question: Donc, les gardes savaient qu'il y avait un certain lien entre

 22   vous et lui, et il vous a dit qu'il y était avant de vous laisser entrer à

 23   la première porte?

 24   Réponse: Non, à la première entrée, ils ne savaient pas mais ils le

 25   connaissaient lui, ils me connaissaient et ils savaient que nous étions


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  1   cousins.

  2   Question: Très bien. C'est ce que je souhaitais savoir. Voici ma deuxième

  3   question. Pendant vos trois visites, avez-vous vu qui que ce soit

  4   d'autres, ou avez-vous entendu dire de la part d'autres détenus, d'autres

  5   personnes, mis à part vous qui ne travailliez pas dans le camp, mais qui

  6   venaient rendre visite à certaines personnes, avez-vous donc entendu

  7   parler d'autres personnes qui rendaient visite aux détenus puisque votre

  8   oncle vous a dit qu'en général, c'était interdit. Savez-vous s'il y avait

  9   d'autres personnes qui rendaient visite aux détenus là-bas aussi?

 10   Réponse: Puisque moi j'y ai passé une période brève et que j'y suis allé

 11   seulement trois fois, je ne peux pas vous répondre à cette question car je

 12   ne connais pas la réponse.

 13   Question: Donc, nous pouvons dire que vous n'avez pas entendu parler ni vu

 14   concrètement quelqu'un d'autre qui ne travaillait pas dans le camp et qui

 15   était pour rendre visite ou faire autre chose?

 16   Réponse: Oui.

 17   Question: Merci.

 18   Réponse: Je vous en prie.

 19   Question: Donc, nous savons que vous êtes allé au moins trois fois au

 20   centre d'enquêtes. Est-ce que vous y êtes allé au moins une fois sans que

 21   votre oncle soit là? Ou était-il là toutes les fois que vous y êtes allé?

 22   Réponse: Il y était les trois fois quand je suis venu car je savais que

 23   s'il était sur place, je supposais que je n'allais pas être renvoyé. Là,

 24   je parle des trois fois lors desquelles j'ai réussi à entrer.

 25   Question: Très bien. Nous n'avons pas d'autres questions à vous poser.


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   1   Nous vous remercions beaucoup d'être venu et nous vous souhaitons un bon

  2   retour dans votre lieu  de résidence. Je vais demander à M. l'huissier de

  3   vous raccompagner.

  4   Réponse: Merci, Monsieur le Président.

  5   (Le témoin, M. Ranko Radic, est reconduit hors du prétoire.)

  6   M. le Président: Oui, Maître Fila.

  7   M. Fila (interprétation): Il serait inutile de commencer maintenant. Il ne

  8   me reste que deux témoins pour demain. Leurs dépositions seront très

  9   brèves, donc si les Juges souhaitent que l'on discute d'autre chose, nous

 10   aurons l'occasion de le faire demain.

 11   M. le Président: Oui, Maître Fila, nous vous remercions beaucoup et nous

 12   serons là demain. Au moins, nous avons quelque décision à rendre et nous

 13   allons le faire oralement, nous aurons donc l'opportunité.

 14   Je ne sais pas si les parties ont quelque chose de spécial à discuter. Je

 15   ne vois pas pour l'instant mais vous pouvez quand même prendre

 16   l'opportunité de le dire, Maître Fila?

 17   M. Fila (interprétation): Seulement ce qui pourrait être mon problème à

 18   moi, à savoir que la Chambre de première instance devrait dire si le

 19   psychiatre néerlandais Van Der Bussche doit être présent. Ensuite, lui, il

 20   a dit qu'il pourrait le faire lundi ou mercredi, mais moi je ne le connais

 21   pas et je ne peux pas le faire venir. Cela doit être accompli par le

 22   service si les Juges de la Chambre le décident.

 23   En ce qui concerne M. Beatovic, le dernier témoin, nous avons proposé de

 24   soumettre son rapport, plus le contre-interrogatoire qui a été mené dans

 25   le cadre de l'affaire Kunarac, sans le citer à la barre.


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  1   Je souhaiterais savoir demain si ceci a été accepté car il nous est un peu

  2   difficile de le faire venir parce qu'il est en Yougoslavie, alors que

  3   l'autre, le néerlandais, se trouve à proximité. C'est tout ce qui pose

  4   problème, pour autant que je le sache, entre moi même et Mme Somers, pour

  5   le moment bien sûr. Merci.

  6   M. le Président: Je crois qu'il n'y pas de problème entre vous et Mme

  7   Somers, c'est impossible. Mais de toute façon, je pensais exactement à

  8   vous donner la réponse demain. Mme Somers, excusez-moi. Cela a été un peu

  9   lourd comme session, on doit se décontracter.

 10   Mme Somers (interprétation): Sans problème, Monsieur le Président, c'est

 11   la journée internationale de la femme, ceci est tout à fait conforme à

 12   cela.

 13   Compte tenu de l'Article 94 bis, nous avons dit que nous avions des

 14   objections et que nous souhaitions contre interroger le témoin. Je

 15   considère qu'il nous est très important de procéder à cela. Si entre

 16   aujourd'hui et demain ceci est important pour le conseil de la défense de

 17   le savoir, je souhaite lui dire que nous allons essayer de le contre-

 18   interroger soit lundi soit mercredi.

 19   En ce qui concerne M. Beatovic, sur la base de la décision dans l'affaire

 20   Kunarac donc l'affaire Foca, je pense que nous pouvons discuter de cela

 21   mais si nous nous penchons sur cette décision-là dans le cadre de cette

 22   affaire, nous pouvons constater que la Chambre a trouvé qu'une bonne

 23   partie de ce rapport était sans pertinence. Mais de toute façon, je suis

 24   prête à continuer la discussion à ce sujet demain. Merci.

 25   M. le Président: Laissez-moi maintenant, je suis un peu confus.


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  1   Madame Somers, si j'ai bien compris, vous nous dites que vous voudriez

  2   continuer la discussion des rapports demain? Non?

  3   Mme Somers (interprétation): Je souhaitais faire savoir quelle était notre

  4   position par rapport à la Chambre. Nous avons souhaité demander la

  5   possibilité de contre-interroger les deux témoins. Mais certainement en ce

  6   qui concerne Van Den Bussche, nous souhaitons contre-interroger et compte

  7   tenu de la décision dans le cadre de l'affaire Foca Kunarac en ce qui

  8   concerne M. Beatovic , nous avons considéré que peut-être il était

  9   possible d'arriver à un accord sans objection potentielle. Mais peut-être

 10   d'ici demain, nous pourrons annoncer d'une certaine manière notre décision

 11   à la Chambre.

 12   M. le Président: Laissez-moi faire un point de la situation. Ce que j'ai

 13   en tête, dans ma mémoire, c'est que le Procureur faisait objection à

 14   accepter les rapports sans contre-interrogatoire, car par rapport à Van

 15   Den Bussche il sortait un peu des standards professionnels, si je peux

 16   dire. Je crois que c'est cela. Par rapport à M. Beatovic, parce que le

 17   rapport, la question c'était tout à fait "irrelevant" pour l'affaire. Je

 18   crois que c'est cela, car par rapport à l'autre expert vous avez gentiment

 19   suivi la suggestion de la Chambre de répondre par écrit.

 20   Est-ce que ce que j'ai dans ma tête maintenant correspond, Madame Somers?

 21   Mme Somers (interprétation):Merci, Monsieur le Président. En ce qui

 22   concerne Kecmanovic, nous préparons un mémoire que nous soumettrons la

 23   semaine prochaine, c'est notre expert qui le rédige. C'est exact en ce qui

 24   concerne Kecmanovic et en ce qui concerne les deux autres, nous

 25   souhaitions encore avoir la possibilité de les contre-interroger en direct


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  1   et certainement en ce qui concerne Van Den Bussche, nous souhaitons encore

  2   le faire et en ce qui concerne M. Beatovic nous allons essayer d'arriver à

  3   un accord différent. Merci.

  4   M. le Président: J'avais bien compris. Maître Fila, s'il vous plaît?

  5   Nous avons déjà préparé la décision, je pouvais vous dire quelle est la

  6   décision? Mais je crois que je dois attendre quand même.

  7   M. Fila (interprétation): Au fond, la différence entre Mme Somers et nous,

  8   c'est que comme vous le savez la décision Kunarac constitue un précédent

  9   donc c'est une première décision prise, une décision de ce genre-là. Et

 10   là-dessus, nous sommes tout à fait d'accord des deux côtés.

 11   Voici la différence en ce qui concerne l'application du Statut, il

 12   convient de tenir compte du système juridique de l'ex-Yougoslavie, je ne

 13   peux pas faire venir un expert qui va parler du viol en tant que crime de

 14   guerre dans le cadre du droit international, tout simplement car ceci

 15   n'existe pas. Il n'existe d'expert dans ce domaine que sur le plan

 16   national et non pas international, que ce soit un expert yougoslave ou

 17   provenant d'un autre pays. Donc je considère que cet expert ne peut parler

 18   que de la situation locale alors que Mme Somers considère que c'est sans

 19   pertinence parce qu' il parle du plan local alors qu'ici nous n'avons

 20   qu'un expert international, c'est cela l'unique différence. Mais il

 21   n'existe pas d'expert pour les crimes en tant que crimes de viol sur le

 22   plan international.

 23   M. le Président: De toute manière l'autre différence, c'est que c'est le

 24   jour de la femme et les autres jours sont toujours les jours des hommes.

 25   Je ne voudrais pas poser la question de cette façon, je voudrais seulement


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  1   profiter de l'instant pour saluer toutes les femmes qui sont ici à

  2   travailler avec nous et je crois que je peux peut-être parler au nom de

  3   tous les hommes qui sont présents ici.

  4   Demain, à 9 heures 20 minutes on sera là et nous resterons avec cette

  5   prestation d'hommage. Donc à demain.

  6   Il est 15 heures 05.

  7   (L'audience est levée à 15 heures 05.)

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