Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mardi 23 novembre 2004

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 21.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je crois, Monsieur Guy-Smith, je crois

6 que les nouvelles que vous avez de votre client sont encourageantes.

7 M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui, je crois que c'est effectivement le

8 cas.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vois que nous sommes au complet.

10 J'ai cru comprendre qu'il y avait un point à débattre avant l'entrée du

11 témoin.

12 M. BLACK : [interprétation] Oui, c'est exact. Je souhaite que l'Accusation

13 fasse une demande eu égard au témoin suivant.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Monsieur Black.

15 Monsieur Nicholls.

16 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

17 Madame, Monsieur les Juges, pardonnez-moi de la présentation tardive

18 de cette demande. Je souhaite apporter une modification aux mesures de

19 protection qui sont accordées au témoin suivant conformément à la décision

20 qui a été entendue hier. Je demanderais à ce que le témoignage dans son

21 intégralité soit entendu à huis clos. Je me suis entretenu avec les trois

22 conseils des trois accusés, et ils ne s'opposent pas à cette requête. Il

23 s'agit de passer en revue les faits et les éléments concernant le

24 témoignage de cette personne que nous avons rencontré récemment.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] D'après vous, l'interrogatoire

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1 principal va durer combien de temps ?

2 M. NICHOLLS : [interprétation] C'est un petit peu difficile à dire car cela

3 ne fait pas longtemps que je suit cette affaire. Je crois qu'il me faudra

4 environ que trois heures.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous proposez pour l'interrogatoire

6 principal, le contre-interrogatoire, les questions supplémentaires, vous

7 proposez que tout ceci soit entendu à huis clos ?

8 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je crois que la

9 quasi-totalité de sa déposition devra être entendue à huis clos, en tout

10 cas, en vertu des ordonnances existantes. Car il serait possible d'entendre

11 l'identité de la personne au cours de son témoignage.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Quel est ce témoin que vous souhaitez

13 citer à la barre ?

14 M. NICHOLLS : [interprétation] L-7.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Les conseils de la Défense,

16 souhaitent-ils faire une remarque particulière ?

17 M. KHAN : [interprétation] Non, merci, Monsieur le Président.

18 M. GUY-SMITH : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

19 M. TOPOLSKI : [interprétation] Moi, non plus. Merci, Monsieur le Président.

20 [La Chambre de première instance se concerte]

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Black, par conséquent, nous

22 allons rendre une ordonnance dans ce sens.

23 M. NICHOLLS : [interprétation] Je vous remercie.

24 Pardonnez-moi, je dois quitter le prétoire.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Très bien. Nous allons maintenant

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1 faire entrer le témoin.

2 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour, Monsieur Kickert.

4 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour, Monsieur.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il y a deux points : la Chambre de

6 première instance s'excuse pour l'interruption d'hier de l'audience, ceci

7 était dû à un problème de santé d'un des accusés. Je souhaite vous rappeler

8 la déclaration sous serment que vous avez faite hier, et qui s'applique

9 toujours au témoignage d'aujourd'hui.

10 Monsieur Whiting [comme interprété] vous avez la parole.

11 M. BLACK : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

12 LE TÉMOIN: JAN KICKERT : [Reprise]

13 [Le témoin répond par l'interprète]

14 Interrogatoire principal par M. Black : [Suite]

15 Q. [interprétation] Monsieur Kickert, lorsque nous avons terminé hier, nous

16 parlions de la première réunion que vous avez eue avec l'UCK à la fin du

17 mois de juillet, je crois, vous avez dit en 1998. A quel moment avez-vous

18 de nouveau rencontré les membres de l'UCK ?

19 R. Je crois que cela devait être le lendemain, lorsque je me suis rendu

20 encore une fois à Malisevo. A ce moment-là, je m'y suis rendu seul sans le

21 secrétaire général qui avait déjà quitté le Kosovo à ce moment-là.

22 Q. Qui avez-vous rencontré lors de cette deuxième réunion ?

23 R. J'ai revu le numéro 7 à nouveau, mais j'ai également vu celui qui était

24 appelé, celui qui s'appelait, à ce moment-là, le numéro 3.

25 Q. Savez-vous maintenant qui est le numéro 3 ?

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1 R. Oui, Hashim Thaqi.

2 Q. Etait-ce la première fois que vous avez rencontré Hashim Thaqi ?

3 R. Oui.

4 Q. Savez-vous quelle position il occupait au sein de l'UCK à l'époque ?

5 R. Non, je ne le savais pas. Après avoir rencontré le numéro 7, j'ai

6 supposé que le numéro 3 se trouvait plus haut placé dans la hiérarchie de

7 l'UCK.

8 Q. Monsieur Kickert, avez-vous préparé un rapport ou un procès-verbal de

9 cette réunion suite à cette réunion ?

10 R. Oui.

11 Q. Je crois que vous devriez avoir une liasse de documents qui vous a été

12 remise hier. Je vous demande de bien vouloir regarder le premier document,

13 celui qui porte le numéro U008-1196 en haut.

14 R. J'ai le 1197 --

15 Q. Avez-vous trouvé ce document ? Il s'agit de la version allemande.

16 R. Oui. Ça y est, je l'ai trouvé.

17 Q. Quelle est la date de ce document, s'il vous plaît ?

18 R. Le 24 juillet 1998.

19 Q. Pourriez-vous dire ce que cela représente pour la Chambre de première

20 instance ?

21 R. C'est un document que j'ai rédigé moi-même. Il est précisé en haut,

22 "SB". Je suis l'auteur de ce document, et mon nom figure en regard de cela.

23 M. BLACK : [interprétation] Est-ce que l'on peut donner un numéro à cette

24 cote, s'il vous plaît. C'est une pièce de l'Accusation.

25 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous allons donner le numéro P56 à ce

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1 document.

2 M. BLACK : [interprétation] Avec l'aide de Monsieur l'Huissier, je souhaite

3 mettre ce document sur le logiciel Sanction.

4 Q. Monsieur Kickert, voyez-vous ce document sur l'écran de votre

5 ordinateur ?

6 R. Non.

7 M. BLACK : [interprétation] Peut-être que l'Huissier pourrait nous aider.

8 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

9 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vois maintenant un document, mais je

10 n'arrive pas à le lire.

11 M. BLACK : [interprétation] Nous avons maintenant agrandi cette partie du

12 document.

13 Q. Est-ce lisible ?

14 R. A peine, mais je peux lire. Ce qui est en italique est un petit peu

15 difficile à lire.

16 Q. Pardonnez-moi si je deviens très technique ici. Vous savez, il y a

17 plusieurs boutons. Vous pouvez appuyer ici sur le bouton où il est indiqué

18 présentation électronique.

19 R. Merci beaucoup.

20 Q. Monsieur Kickert, si vous voulez bien regarder le premier titre,

21 "Gouvernement d'une unité nationale ou table ronde". Je vous demande de

22 bien vouloir lire la partie qui est surlignée et qui est agrandie sur votre

23 écran.

24 R. "L'ambassade rapporte que j'ai rencontré des représentants de haut rang

25 de l'UCK, qui sont également des idéologues de l'UCK." Si je puis ici, ce

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1 n'est pas une traduction exacte de ce qui était écrit en allemand, car ils

2 sont -- "on considère qu'il s'agit d'idéologue." Ce qui n'est pas le cas

3 dans le texte ici, dans "un débat très ouvert le 23 juillet à Malisevo."

4 Q. Merci beaucoup. Je vous remercie d'avoir apporté une correction au

5 niveau de la traduction. Je vous demande de vouloir me signaler toutes les

6 fois que vous remarquer une non concordance entre les textes, faites-le

7 nous savoir, s'il vous plaît.

8 Je vous demande de bien vouloir continuer à lire cette partie. R. Ce qui

9 est en italique, c'est une des remarques qui est citée ici, où j'ai déclaré

10 que : "Le numéro 1 soit n'existe pas du tout, ou a son siège à l'étranger.

11 Le numéro 7 qui a rencontré le secrétaire général, il ne s'agit pas du

12 'HGS'," secrétaire en allemand. Le secrétaire général ce n'est pas "head

13 office" siège ici; c'est une erreur. Il a dit qu'il connaissait l'existence

14 du secrétaire général, mais il a clairement indiqué, "qu'il y avait des

15 membres de l'UCK qui n'avaient pas beaucoup d'expérience dans le cercle

16 diplomatique." Le texte se poursuit en disant, "Gani Krasniqi qui était un

17 commandant de l'UCK et qui a pris part à la création de l'UCK à Malisevo.

18 Le porte-parole Jakup Krasniqi est le numéro 11 ou 12 au niveau de la

19 hiérarchie."

20 Q. Telle est ma question. D'où viennent ces éléments ?

21 R. Cela vient de pourparlers que j'ai eus à Pristina, des spéculations

22 faites plutôt que des preuves. Je n'ai pas d'information directe concernant

23 le numéro Jakup Krasniqi qui, je ne sais pas quel numéro il avait.

24 Q. Merci. Je vais maintenant vous demander de regarder sous le titre ou la

25 rubrique numéro 2, où s'est indiqué UCK. Je vais demander à M. l'Huissier

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1 de nous aider à placer ceci à l'écran. Je vous demande de lire la partie

2 surlignée, s'il vous plaît. Je vous assure que je ne vais pas vous demander

3 de lire un document toute la journée.

4 R. "Les dissensions au sein de l'UCK qui ont été assez évidentes aux

5 observateurs extérieurs, semblent s'être dissipées pour la plupart à

6 Malisevo." Oui, c'est à peu près -- c'est une transcription à peu près

7 exacte. "On a supposé que l'UCK de Decani souhaitait s'assurer le soutien

8 des Etats-Unis. L'UCK, par conséquent, devait se rapprocher de la LDK." Je

9 crois qu'ici il y a une erreur de traduction. C'est une traduction très

10 erronée d'après l'UCK, d'après le QG de l'UCK le commandant, et cetera. Si

11 je peux me permettre, l'UCK de Decani souhaitait se rapprocher d'une ligne

12 de l'UCK -- tentait de se rapprocher de la LDK qui était un parti

13 politique, et essayer d'obtenir le soutien des Etats-Unis pour l'UCK.

14 Ensuite, entre parenthèses on peut lire que l'UCS de Decani avait accueilli

15 ensemble avec le parlement. Ceci avait été fait par le commandant de la 1e

16 Brigade de l'UCK. Dans les pourparlers que j'ai eus, ils ont nié tout cela.

17 Ils ont dit que la 1e Brigade de l'UCK n'existait pas du tout.

18 Q. Pardonnez-moi, si vous êtes obligé de corriger la traduction, mais je

19 crois que la traduction, enfin, le texte se poursuit sur la page suivante.

20 Je vous demande de bien vouloir tourner ou passer à la page suivante, s'il

21 vous plaît.

22 R. "Ceci est interprété par le QG de l'UCK comme étant une tentative de

23 division --

24 Q. Nous allons passer à la page suivante.

25 R. "Par le LDK. Un article rédigé par Enver Maloku, chef du centre de

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1 Renseignement de Kosovo, de la LDK qui a été accusé par l'UCK de

2 comportement irresponsable à Orahovac, où des centaines de civils ont

3 trouvé la mort, et a également contribué à la relation extrêmement

4 difficile entre l'UCK et le LDK. (Maloku a été la victime d'une tentative

5 d'assassinat.)"

6 Si je peux regarder la traduction allemande.

7 Q. Oui, s'il vous plaît.

8 R. Oui, il s'agit d'une traduction exacte.

9 Q. Quel est le LDK, la ligue démocratique du Kosovo ?

10 R. C'était le principal parti politique d'Ibrahim Rugova au Kosovo.

11 Q. L'avant-dernière ligne sur la partie surlignée. Si on peut retourner à

12 l'écran et regarder ceci.

13 Je souhaite attirer votre attention sur "les relations de plus en

14 plus difficiles entre l'UCK et le LDK." Pourriez-vous nous expliquer à quoi

15 ceci fait référence, s'il vous plaît.

16 R. Je crois qu'il y a deux éléments que j'ajouterais ici. A ce moment-là,

17 on parlait d'un groupe qui s'appelait FARK, qui représente les forces

18 armées du Kosovo. Il s'agissait là d'un groupe qui était soi-disant soutenu

19 par le LDK, et M. Buja Bukoski particulièrement qui était le premier

20 ministre en exil à ce moment-là.

21 La deuxième question importante est ceux qui ont pris les armes n'étaient

22 pas satisfaits de la politique du LDK. Ils ont trouvé que c'était trop

23 passif. C'étaient les personnes qui ont critiqué le LDK et le Dr Rugova, à

24 mon avis, ceux-ci se sont scindés en deux

25 groupes : il y a ceux qui souhaitaient voir une politique plus active être

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1 appliquée, et ceux qui souhaitaient que ceci soit effectué de façon non

2 violente, sans arme. Il s'agissait surtout d'étudiants qui manifestaient,

3 et il y avait différents partis politiques à Pristina. Ensuite, il a eu

4 l'UCK qui a pris les armes pour mener son combat.

5 Q. D'après ce que j'aie compris, cela a créé une certaine tension entre

6 l'UCK et le LDK ?

7 R. Oui, c'est en tout cas comme cela que j'ai évalué la situation à

8 l'époque.

9 Q. Un autre point que je souhaite évoquer avant de poursuivre. Il y a

10 plusieurs références qui sont intéressantes ici. Vous avez parlé du "QG de

11 l'UCK" à Malisevo. Est-ce que vous pensez que c'est une référence à

12 Malisevo que vous avez décrit un peu plus tard ?

13 R. Oui. Nous avions des raisons de croire que le QG était à Malisevo à ce

14 moment-là, mais nous n'avions aucun élément nous permettant de le

15 confirmer. En tout cas, c'était l'impression que nous avions à ce moment-

16 là.

17 M. BLACK : [interprétation] Je souhaite que nous nous tournions vers la

18 dernière partie soulignée de ce texte, s'il vous plaît.

19 Q. Monsieur Kickert, je vous demande de bien vouloir lire cette partie

20 également.

21 R. "Pour ce qui est des différends et des factions au sein de l'UCK, il

22 semble qu'il y a des factions de l'UCK qui se sont détachées du

23 commandement central de Malisevo avec les commandants de la région de

24 Drenica (Likovc) sont représentés directement, encore une fois étaient

25 ramenés à l'ordre."

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1 Si je peux regarder la version allemande, s'il vous plaît, je souhaite

2 simplement vérifier.

3 Le plus exact serait de dire : les factions de l'UCK -- et [en français]

4 entre guillemets, à partir du commandement central, qui n'ont pas suivi le

5 commandement central à Malisevo. Ils disent, ils prétendent qu'ils ont été

6 rappelés à l'ordre.

7 Le texte se poursuit : "Le simple soldat est devenu un héros, Lum Haxhiu,

8 qui s'est placé à la droite de la photo durant la visite de Holbrooke à

9 Junik, et par la suite des certaines personnes ont parlé de lui, d'après le

10 QG de Malisevo, on lui a demandé de ne pas faire de commentaires

11 supplémentaires à cet égard, ce qu'il respecte."

12 Il s'agissait de ce soldat de l'UCK. Lorsque Richard Holbrooke a visité cet

13 endroit, différentes photographies ont été prises, et même un film a été

14 tourné en présence de Holbrooke.

15 Q. Il s'agit ici des différences qui commençaient à surgir au sein de

16 l'UCK, comme cela apparaît dans la traduction, s'agit-il d'un incident en

17 particulier ou s'agissait-il de quelque chose qui s'appliquait à l'UCK de

18 façon plus générale ?

19 R. Bien, écoutez, je ne pense pas. Je crois qu'il faut être prudent. Lum

20 Haxhiu n'était pas quelqu'un qui s'est détaché de l'UCK. Il s'est entretenu

21 avec la presse et je crois que l'on n'a pas beaucoup apprécié. Il avait un

22 problème plutôt général d'après ce que je j'ai compris à ce moment-là. J'ai

23 estimé qu'au niveau du Kosovo oriental il y avait quelques groupes armés

24 qui allaient agir seuls et qui n'allaient pas forcément suivre le

25 commandement.

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1 Q. D'après vous, Fatmir Limaj s'est-il jamais opposé aux dirigeants de

2 l'UCK ?

3 R. Je n'ai jamais rien entendu à ce propos.

4 M. BLACK : [interprétation] Je crois que nous en avons terminé avec ce

5 document.

6 Q. J'ai encore une question à propos de cette réunion. Cela ne figure pas

7 dans ce rapport, mais vous souvenez-vous avoir soulevé la question des

8 conventions de Genève avec Hashim Thaqi ?

9 R. Oui, oui, effectivement. Parce que le jour où je me suis trouvé à

10 Malisevo, les représentants du CICR recherchaient un interlocuteur parce

11 qu'il souhaitait évidemment aborder la question des conventions de Genève.

12 Q. Savez-vous si M. Thaqi a fait des déclarations à cet égard ?

13 R. Oui. Il nous a assuré que les conventions de Genève seraient respectées

14 parce qu'il avait une armée régulière.

15 Q. Merci, Monsieur Kickert. Nous allons laisser de côté cette réunion

16 maintenant. Si je peux vous demander, quand avez-vous rencontré les membres

17 de l'UCK par la suite ?

18 R. Un peu plus tard, c'était toujours au mois de juillet 1998, après que

19 Malisevo a été abandonné par l'UCK. Nous ne savions pas où trouver des

20 interlocuteurs à l'intérieur de l'UCK. Ma prochaine cible, si vous voulez,

21 ou l'interlocuteur que je recherchais était quelqu'un qui, au mois de

22 juillet, s'est présenté comme étant le porte-parole de l'UCK. C'était Jakup

23 Krasniqi.

24 Q. Comment avez-vous organisé une réunion avec lui ?

25 R. Par l'intermédiaire de journalistes locaux.

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1 Q. Où êtes-vous réunis ?

2 R. A Klecka.

3 Q. Savez-vous quelle route vous avez empruntée pour vous rendre à Klecka ?

4 R. C'est vrai que nous avons fait un petit détour. Nous avons traversé une

5 réserve naturelle, où il y avait des qens qui chassaient. Au sud, le long

6 de la vallée de la Londenica [phon], nous avons traversé cette vallée pour

7 entrer dans cette région vallonnée.

8 M. BLACK : [interprétation] Avec l'aide de l'huissier, je souhaite que l'on

9 montre au témoin la carte numéro 6 qui se trouve dans vos classeurs, et

10 c'est la pièce de l'Accusation portant le numéro 1. Je vous demande de bien

11 vouloir placer ceci sur le rétroprojecteur.

12 Q. Monsieur Kickert, je vous demande, s'il vous plaît, de bien vouloir

13 vous munir du pointeur.

14 M. BLACK : [interprétation] Je vous demande d'agrandir un petit peu, s'il

15 vous plaît --

16 M. KHAN : [interprétation] Monsieur le Président, je m'excuse. Avant que

17 vous ne passiez au document suivant, je vous demande si l'Accusation a

18 l'intention de verser au dossier le texte allemand qui a été cité tout à

19 l'heure.

20 M. BLACK : [interprétation] Absolument. Je souhaite présenter les deux

21 documents ensembles, la version anglaise et allemande. On peut peut-être

22 ajouter point 1 au document.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] J'ai supposé que vous allez procéder

24 ainsi. Mais je crois que les versions dans les deux langues auraient le

25 même numéro de cote. Merci.

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1 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

2 M. BLACK : [interprétation] Puis-je poursuivre, Monsieur le Président ?

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci, Monsieur Black.

4 M. BLACK : [interprétation] Merci. Je voulais demander aux techniciens de

5 faire un zoom arrière pour avoir une vue plus générale de la carte. Cela

6 suffit. Je vous remercie.

7 Q. Monsieur Kickert, est-ce que vous voudriez indiquer ou l'itinéraire que

8 vous avez pris pour aller à la réunion à Klecka ?

9 R. Je ne pourrais pas décrire à 100 % de certitude l'itinéraire. En

10 partie, je sais que nous sommes passés par Lipovac, la réserve naturelle

11 dont je parlais précédemment. Mais quant à la manière de savoir dont nous

12 sommes arrivés là depuis Pristina, je ne sais pas. Mais nous avons traversé

13 cette vallée ici dans le sud pour aboutir à Klecka ici. Alors, cela, c'est

14 une partie de l'itinéraire dont je suis sûr. Lipovac, puis le bas vers le

15 haut.

16 Q. Je vous remercie.

17 Monsieur Kickert, vous étiez à Klecka. Où cette réunion s'est-elle tenue ?

18 Vous en souvenez-vous ?

19 R. Dans une maison, dont je ne me souviens plus d'aspect.

20 Q. Est-ce que vous avez reconnu la salle dans laquelle cette réunion s'est

21 tenue ?

22 R. La seule chose dont je me souvienne, c'est que j'ai une sensation de

23 déjà-vu en entrant dans cette pièce. En effet, il y avait un drapeau

24 albanais, une table avec des ordinateurs, une image que j'avais pu déjà

25 voir sur des photos publiées par les médias locaux auparavant.

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1 M. BLACK : [interprétation] En utilisant le logiciel Sanction, voici un

2 extrait qui commence à 16 minutes 51 d'une vidéo.

3 [Diffusion de cassette vidéo]

4 M. BLACK : [interprétation] Peut-on arrêter ici ? Oui.

5 Q. Monsieur Kickert, est-ce que vous reconnaissez la salle dans cette

6 vidéo ?

7 R. Oui, je reconnais cette image.

8 Q. Est-ce que c'est dans cet endroit que votre réunion s'est tenue ?

9 R. Oui.

10 Q. Est-ce que vous reconnaissez les hommes sur cet extrait vidéo ?

11 R. Oui, je reconnais deux personnes. Jakup Krasniqi assis, et à sa droite,

12 Fatmir Limaj.

13 Q. Merci.

14 M. BLACK : [interprétation] Merci. J'en ai terminé avec cette pièce à

15 conviction.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je voudrais vous interrompre.

17 Monsieur Kickert, vous avez dit, "à sa droite." Est-ce que vous

18 voulez dire à sa droite, donc à la droite de la personne qui est au

19 milieu ? Ou est-ce que vous voulez dire à la droite comme nous, nous le

20 voyons ?

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, à la droite de l'image. Donc, à la gauche

22 de la personne assise.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

24 M. BLACK : [interprétation] Merci pour cette précision, Monsieur le

25 Président. Je pense que nous en avons maintenant terminé avec cette pièce à

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1 conviction.

2 Q. Monsieur Kickert, qui participait à cette réunion dans votre

3 délégation ?

4 R. David Slinn, mon collègue de l'ambassade britannique à Belgrade.

5 Q. Et pour l'UCK ?

6 R. Pour l'UCK, il y avait Jakup Krasniqi, que nous voulions précisément

7 rencontrer. Rame Buja également, et également Fatmir Limaj.

8 Q. En quelle qualité vous a-t-il été présenté ?

9 R. Du commandant Celiku.

10 Q. Etait-ce la première fois que vous rencontriez Fatmir Limaj ?

11 R. Oui.

12 Q. Est-ce que par la suite vous l'avez bien connu ? Vous avez après bien

13 le connaître ?

14 R. Après la guerre, oui.

15 Q. Quand avez-vous pour la première fois appris son vrai nom ?

16 R. Bien plus tard, sans doute vers 1999. Je ne sais pas exactement. Peut-

17 être à Rame Buja ou après les attaques à la bombe.

18 Q. Je voudrais qu'on projette également cela sur le logiciel sanction.

19 M. BLACK : [interprétation] C'est une photo qui porte la cote U003-3244,

20 incluse dans la pièce à conviction de l'Accusation P24. On l'a vue

21 précédemment.

22 Q. Monsieur Kickert, est-ce que vous reconnaissiez des gens sur cette

23 photo ?

24 R. Oui.

25 Q. Nommez les, s'il vous plaît.

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1 R. A gauche, Rexhep Selimi; à droite, Fatmir Limaj; et au centre Hashim

2 Thaqi.

3 Q. Est-ce que c'est l'aspect qu'avait Fatmir Limaj à l'époque où vous

4 l'avez rencontré en juillet 1998 ?

5 R. Oui. Je l'ai vu en 1998/1999, parfois barbu, parfois glabre. Je ne sais

6 pas si lors de cette réunion il portait la barbe ou non. Mais sans doute,

7 il portait la barbe. Je l'ai vu plus tard glabre, sans sa barbe.

8 M. BLACK : [interprétation] Monsieur, nous avons fini avec cette

9 photographie. Merci.

10 Q. En ce qui concerne le contenu de cette réunion, Monsieur Kickert, est-

11 ce que vous aviez préparé un ordre du jour pour cette réunion ?

12 R. Oui. Je l'avais fait en compagnie de David Slinn.

13 Q. Je voudrais vous montrer une autre photo sur Sanction, qui porte la

14 cote U008-1333. A propos, Monsieur Kickert, vous avez les documents dans

15 votre dossier si vous avez du mal à lire ce qui se trouve sur l'écran.

16 N'hésitez pas à prendre l'exemplaire papier qui vous a été remis. Est-ce

17 que vous reconnaissez ce document ?

18 R. Oui. C'est mon écriture.

19 Q. Est-ce que c'est l'ordre du jour de la réunion ?

20 R. Oui.

21 M. BLACK : [interprétation] A ce stade, je voudrais que l'on attribue la

22 prochaine cote à cette pièce à conviction.

23 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce P57. M. BLACK :

24 [interprétation] Merci.

25 Je demande à nouveau l'aide de M. Younis.

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1 Q. Je vous demanderais, Monsieur le Témoin, d'examiner la première section

2 qui est surlignée ici. Cela peut-être un petit peu difficile à déchiffrer,

3 mais est-ce que vous pouvez en donner lecture, Monsieur Kickert.

4 R. Oui. "Le cessez-le-feu n'est pas une défaite (les crimes de guerre

5 commis par les deux parties ne feront pas l'objet d'une amnistie).

6 Agir de manière responsable.

7 Possibilité réelle."

8 Q. La deuxième partie soulignée, est-ce que vous pourriez la lire ?

9 R. "Prisonniers de guerre;

10 Convention de Genève;

11 Accès du CICR."

12 Q. Est-ce que vous pourriez nous expliquer ce que vous vouliez dire ici ?

13 R. L'idée, c'était de rappeler au représentant Jakup Krasniqi de l'UCK,

14 que l'UCK devait respecter la convention de Genève, et qu'aucun civil ne

15 devait être détenu.

16 Q. Est-ce que vous souvenez ce qui vous a amené, ce qui en particulier

17 vous a amené à soulever la question ?

18 R. Il s'agissait d'une préoccupation d'ordre générale. On parlait beaucoup

19 dans les médias des kidnappings, d'enlèvements, de détentions sans que cela

20 ne soit confirmé de quelque manière que ce soit.

21 Q. Est-ce que vous savez si ce point était abordé, en réalité, dans cette

22 réunion ?

23 R. Non.

24 Q. Je voudrais attirer votre attention sur la deuxième section mise en

25 lumière au milieu du numéro 3.

Page 684

1 M. BLACK : [interprétation] On peut fermer les autres. Merci.

2 Q. Est-ce que vous pouvez en donner lecture, s'il vous plaît.

3 R. "La communauté internationale pourra peut-être concrétiser l'idée qui

4 consiste à envoyer des troupes dans le nord de l'Albanie."

5 Q. Est-ce que vous pouvez expliquer cela ?

6 R. Oui. On envisageait d'envoyer les troupes de l'OTAN dans le nord de

7 l'Albanie pour stabiliser la région. C'était un petit peu la philosophie de

8 la carotte et du bâton en quelque sorte et on se disait que si des troupes

9 de l'OTAN étaient dans le nord de l'Albanie, les choses auraient été plus

10 difficiles pour l'UCK et il aurait été plus difficile, disais-je, d'avoir

11 des bases dans le nord de l'Albanie.

12 Q. Est-ce que vous avez des informations selon lesquelles l'UCK avaient

13 des bases dans le nord de l'Albanie ?

14 R. Je n'avais pas d'information à ce sujet, mais c'était une conjecture

15 qui n'était pas fondée sur des preuves.

16 Q. Merci. Nous en avons terminé avec ce document. Je voudrais, à présent,

17 vous montrer le document suivant qui porte la cote U008-1332.

18 M. BLACK : [interprétation] Ces documents ont été annexés à la déposition

19 et à la déclaration écrite du témoin, donc il est facile de les retrouver.

20 Je dis cela à l'attention de Madame et Messieurs les Juges.

21 Q. Est-ce que vous reconnaissez ceci ?

22 R. C'est mon écriture.

23 Q. Est-ce que ce sont les notes de votre réunion avec M. Krasniqi ?

24 R. Oui.

25 M. BLACK : [interprétation] Quel cote peut-on attribuer à cette pièce à

Page 685

1 conviction.

2 M. LE GREFFIER : [interprétation] La P58.

3 M. BLACK : [interprétation] Est-ce que je pourrais demander à M. Younis

4 d'agrandir les deux premières sections surlignées.

5 Q. C'est assez difficile à lire, je suppose. Mais est-ce que vous pourriez

6 nous donner lecture de ces passages.

7 R. Oui, en haut, on dit : "Celiku" et à gauche "COMM." et "Sheliku," avec

8 S-h.

9 Q. Et Comm, qu'est-ce que cela veut dire ?

10 R. Cela veut dire commandant.

11 Q. C'est une référence à Fatmir Limaj ?

12 R. Oui.

13 Q. Est-ce que l'on peut passer à l'autre section surlignée, l'autre

14 passage surligné. Est-ce que vous pouvez donner lecture des deux mots

15 surlignés.

16 R. "VJ surtout."

17 Q. Qu'est-ce que cela signifie.

18 R. VJ, c'est l'armée yougoslave, je suppose leur préoccupation concernait

19 surtout l'armée yougoslave, et je suppose que c'est cela que cela signifie.

20 Q. Pourquoi pensez-vous que l'UCK était surtout préoccupée par l'armée

21 yougoslave ?

22 R. Je ne sais pas. Ils étaient mieux équipés, des chars.

23 Q. Mieux que qui ?

24 R. Mieux que la MUP, la police.

25 Q. Passons à présent au passage suivant surligné et veuillez en donner

Page 686

1 lecture.

2 R. "L'armée doit se retirer, toute la population doit retourner,

3 suppression des contrôles. Trois conditions, en fait, pour s'abstenir

4 d'attaquer."

5 Q. Cela correspond au cessez-le-feu que vous aviez évoqué dans l'ordre du

6 jour ?

7 R. Oui, effectivement. L'un de nos objectifs était cela et nous essayions

8 de les convaincre de s'abstenir de lancer tout attaque car, à cette époque-

9 là, pour vous expliquer le contexte, nous cherchions à mettre en place une

10 plateforme commune kosovare afin d'entamer des pourparlers avec Belgrade.

11 Notre objectif était qu'en évitant toute action militaire, il serait plus

12 facile pour nous de mettre en place cette plateforme commune.

13 Q. Je vous remercie. Passons au prochain passage surligné. Est-ce que vous

14 pouvez en donner lecture ?

15 R. "Si les Serbes n'acceptent pas, plus de guerre frontale (personnes

16 éliminées)."

17 Q. Qu'est-ce que cela signifie ?

18 R. Comme je l'ai écrit dans mon rapport, cela signifie que si ces

19 conditions ne sont pas acceptées, nous allons modifier notre tactique et

20 passer de la guerre frontale à la guerre directe, à la guerre de guérilla,

21 à la guérilla.

22 Q. Vous parlez de votre rapport. Nous en parlerons avec la prochaine

23 pièce. Mais je voudrais vous demander de donner lecture de la dernière

24 partie surlignée.

25 R. Oui. En fait : "Les gens se fourvoient, se trompent totalement s'ils

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1 estiment que les routes sont libres."

2 Q. Qu'est-ce que cela signifie ?

3 R. Pendant très longtemps, en mai et en juin 1998, quelques routes

4 principales traversant le Kosovo étaient bloquées par l'UCK. A cette

5 époque, sans doute, des forces de Sécurité serbe ont repris le contrôle des

6 routes principales. Il s'agit de l'idée selon laquelle à tout moment ils

7 pouvaient lancer une attaque sur ces routes.

8 Q. Je vous remercie. Nous en avons, je le pense, terminer avec de

9 document. Je voudrais attirer votre attention sur un troisième document en

10 ce qui concerne cette même rencontre. Je voudrais vous montrer le document

11 portant la cote ERN U008-1193, que vous avez en exemplaire papier

12 également, ce qui vous facilitera la tâche, je le pense.

13 Est-ce que vous reconnaissez ce document, Monsieur Kickert ?

14 R. Oui. Je reconnais le document allemand.

15 Q. Est-ce que vous pouvez l'identifier ?

16 R. Oui, j'ai moi-même écrit ce rapport.

17 M. BLACK : [interprétation] Je voudrais que ce document soit versé au

18 dossier.

19 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il portera la cote P59 pour la version

20 allemande. La traduction anglaise portera la cote P59A, et la version

21 albanaise P59B.

22 M. BLACK : [interprétation] Je vous remercie.

23 Q. Pour le moment c'est la version anglaise qui est projetée sur l'écran.

24 M. BLACK : [interprétation] Monsieur Younis, est-ce que vous voulez bien

25 agrandir la première section surlignée.

Page 688

1 Q. Monsieur Kickert, veuillez lire ce paragraphe.

2 R. "Devant l'incapacité de la troïka de l'Union européenne d'établir

3 contact avec des haut représentants de l'UCK en ce qui concerne les

4 conséquences des combats les plus récents, le 30 juillet, l'officier

5 responsable et le collègue britannique se sont rendus en voiture (pendant

6 deux heures dans une voiture armée, le Land Rover blindé britannique dans

7 des routes secondaires construites par l'UCK) pour se rendre au nouveau

8 'siège' de l'UCK qui avait déménagé dans le nord de Crnoljevo, où ils ont

9 rencontré le représentant de l'UCK, Jakup Krasniqi, le commandant régional

10 Celiku, et Rame Buja, ancien secrétaire de la LDK, qui est à présent membre

11 de l'état-major de l'UCK."

12 Q. Vous avez parlé du "déménagement du siège de l'état-major de l'UCK."

13 Est-ce qu'il s'agit de Klecka dont vous aviez parlé ?

14 R. Oui. Mais en fait, j'ai évité à dessein de mentionner l'endroit au cas

15 où ce nom était évoqué quelque part.

16 Q. Vous avez omis le nom pour protéger le siège de l'état-major de l'UCK.

17 R. [aucune interprétation]

18 Q. Ce terme d'état-major ou de siège était entre guillemets, pourquoi ?

19 R. Parce qu'il n'y avait pas de certitude de mon côté. C'est la raison

20 pour laquelle j'ai mis cela entre guillemets.

21 Q. Qu'est-ce qui vous fait penser que Klecka était le siège de l'UCK ?

22 R. Parce que j'y ai rencontré le représentant, le

23 porte-parole, Jakup Krasniqi.

24 Q. Dans ce même paragraphe, vous parlez du "commandant régional Celiku."

25 Est-ce que c'est ce qu'on vous a dit, ou est-ce une impression que vous

Page 689

1 vous êtes faites, vous-même ?

2 R. C'était ma propre idée. Mon me l'a présenté comme étant le commandant

3 Celiku et j'ai eu une impression que s'il participe à cette réunion, c'est

4 qu'il est peut-être un commandant régional.

5 Q. Merci.

6 M. BLACK : [interprétation] Nous pouvons passer à un autre passage de ce

7 document. Je demande à M. Younis d'agrandir les deux passages surlignés.

8 Q. Est-ce que vous voulez donner lecture de la première partie ?

9 R. "Globalement, l'impression subsistait selon laquelle l'UCK n'avait pas

10 encore mené à bien son processus interne d'adoption d'avis."

11 Q. Que ce que cela signifie ?

12 R. L'objectif de cette réunion était de parler de la formation d'une

13 plateforme politique commune pour le Kosovo, afin que des pourparlers

14 puissent être entamés à Belgrade. J'avais l'impression que, pour le moment,

15 l'UCK n'avait pas encore adopté un avis définitif. En d'autres termes, les

16 délibérations avaient toujours lieu. Il restait des questions qui faisaient

17 l'objet de critiques. Il y a avait une liste de personnes présentée, je

18 pense que c'était la veille ailleurs dans le nord, à Likofc, par le premier

19 ministre Mehmet Hajziri, qui avait été désigné, qui était en compagnie de

20 l'envoyé des Nations Unies, Chris Hill, pour rencontrer l'UCK à Likofc.

21 Q. Vous parlez du processus d'adoption d'un avis. Est-ce que vous pensez

22 que c'était connecté à la prise de décisions militaires ?

23 R. Non. Je suis diplomate. Je ne me suis jamais intéressé à la hiérarchie

24 militaire. Je voulais tout simplement avoir un interlocuteur qui ait

25 suffisamment de pouvoir politique, la légitimité nécessaire pour s'exprimer

Page 690

1 au nom de l'UCK, d'un point de vue politique.

2 Q. Je vous remercie. Nous pouvons passer à l'avant-dernière page de ce

3 document.

4 M. BLACK : [interprétation] Monsieur Younis, veuillez zoomer sur la partie

5 surlignée. Voilà, nous allons commencer par le passage figurant en haut du

6 page.

7 Q. Monsieur Kickert, je voudrais que vous donniez lecture de ce

8 paragraphe.

9 R. "Dans une réaction initiale, les représentants de l'UCK ont

10 complètement rejeté Nekiba Kelmendi de la LDK, et ont demandé la

11 participation de la LPK," un autre parti politique, "après l'objection du

12 représentant local que la LPK est un parti représentant les Albanais à

13 l'étranger, il a été répondu qu'il existait une aile à l'intérieur du

14 Kosovo et les représentants du LDK causent des problèmes pour l'UCK en

15 raison du principe même de leur présence; il a été signifié clairement du

16 point de vue de l'Autriche et du Royaume-Uni qu'il ne serait pas possible

17 de mettre en place cette plateforme commune sans la participation de la

18 LDK."

19 Je voudrais regarder la version allemande.

20 Q. Bien entendu.

21 R. D'accord, c'est bien.

22 Q. Est-ce que vous pourriez nous expliquer ce qu'était la LPK ?

23 R. C'est un parti politique actif à l'étranger, et beaucoup -- un grand

24 nombre des combattants de l'UCK venaient de la LPK, mais pas tous. Jakup

25 Krasniqi, par exemple, et Rame Buja venaient de la LDK.

Page 691

1 Q. Merci. Vous dites que : "C'était une question de principe, que l'UCK

2 s'opposait à la présence des représentants de la LDK par principe."

3 Est-ce vous pourriez expliquer cela ?

4 R. Oui. Il y avait des frictions entre l'UCK et la LDK. J'essaie de

5 rappeler le contexte lorsque l'UCK est apparu ou en tout cas est devenu

6 public en 1998, et s'est mise à gagner en influence, à partir du printemps

7 de l'année 1998. La LDK a cherché à profiter de sa situation de domination,

8 et a convoqué des élections présidentielles. Il y avait donc une tension,

9 chacun cherchant à dominer l'échiquier politique.

10 Q. Oui. Je voudrais à présent attirer votre attention à la partie

11 intermédiaire de la page, le numéro 3, UCK.

12 M. BLACK : [interprétation] Monsieur Younis, est-ce vous voulez bien

13 agrandir le premier passage surligné ?

14 Q. Est-ce que vous voulez bien donner lecture, s'il vous plaît ?

15 R. "Les représentants de l'UCK que nous avons rencontrés ont confirmé le

16 changement intervenu dans la tactique. Il était clair pour eux qu'une

17 guerre conventionnelle avec des fronts bien définis n'était possible, et

18 ils vont dès lors adopter la tactique de la guérilla."

19 La traduction anglaise n'est pas correcte. Mais qu'ils passeront, c'est

20 cela l'idée, à la guérilla.

21 "Ils ont répété la menace selon laquelle les attaques pouvaient être lancés

22 dans de grandes villes telle que Pristina à tout moment."

23 Q. C'est cela que vous disiez dans vos notes en disant que : "Si les

24 Serbes n'acceptent plus la guerre frontale." C'est cela ?

25 R. Oui.

Page 692

1 Q. Est-ce que vous compreniez que l'UCK allait utiliser la tactique de la

2 guérilla, et que c'était une décision tactique ?

3 R. Je ne suis pas expert en questions militaires, mais c'était à un moment

4 où ils avaient dû abandonner certaines zones telle que Malisevo.

5 Effectivement, c'est un changement de tactique militaire, par rapport à ce

6 qui avait été entrepris au départ, au début de 1998.

7 Q. Ensuite, dans la dernière phrase, vous dites que : "On a répété la

8 menace selon laquelle des attaques pouvaient être lancées contre de grandes

9 villes telle que Pristina à tout moment." Est-ce que l'UCK était capable de

10 mener une attaque sur une grande ville telle que Pristina ?

11 R. Je ne sais pas. Je ne peux pas vraiment vous le dire. Je sais qu'ils

12 n'étaient pas très loin de Pristina. Mais je ne peux pas vous le confirmer.

13 Q. Merci. Dans ce même paragraphe, est-ce que vous pouvez agrandir la

14 phrase surlignée suivante ?

15 R. "En outre, ils ont indiqué qu'il serait erroné de penser

16 qu'actuellement, les rues étaient sûres et praticables."

17 Q. Une question de traduction. Vous parlez des routes. En Allemand, vous

18 parlez de "strassen." Est-ce que vous voulez parlez de rues, ou de routes ?

19 R. Je parle des routes ici, des grandes artères.

20 Q. Vous dites les grandes artères. Est-ce que vous dites les routes entre

21 les villes, plutôt que les rues dans les villes ?

22 R. Oui. Je parle des grandes artères entre les villes. Par exemple, entre

23 Pristina et Pec.

24 Q. Merci. Est-ce que vous voulez simplement relire ceci ? Vous ne devez

25 pas en donner lecture. Mais est-ce qu'il s'agit des mêmes exigences

Page 693

1 exprimées dans vos notes ?

2 R. Oui.

3 Q. Merci. Nous avons terminé avec ce document.

4 Est-ce que vous avez continué après juillet 1998 à rencontrer l'UCK ?

5 R. Non. Nos réunions se sont interrompues. En effet, depuis la mi-juillet

6 1998, les forces serbes de Sécurité avaient déclenché une offensive, ce qui

7 fait que les lieux où nous avions coutume de nous rencontrer étaient rendus

8 impossibles. Il n'était plus possible de s'y retrouver. En août 1998, nous

9 nous attachions davantage à la crise du IDP. Du fait de l'offensive des

10 forces de Sécurité serbe, beaucoup de gens avaient quitté leurs foyers. En

11 août, nous avons essayé de voir comment on pouvait essayer de parer à cette

12 situation. Parallèlement, les Etats-Unis avaient décidé de constituer une

13 équipe de négociation uniquement avec des représentants de la LDK. Cette

14 position avait été appuyée par le groupe de contact. Par conséquent, l'UCK

15 n'était plus la bienvenue à cette table de négociation -- dans cette équipe

16 de négociation.

17 Q. Est-ce que vous avez quand même eu l'occasion de rencontrer au cours de

18 l'année 1998 le commandant Celiku ?

19 R. Oui, plus tard au cours de l'automne de cette année. A ce moment-là, la

20 Mission de vérification du Kosovo de l'OSCE avait été établie. Nous avons

21 eu des contacts avec des représentants de l'UCK une fois de plus. Avec

22 Hashim Thaqi surtout.

23 Q. Est-ce qu'il est arrivé à Fatmir Limaj d'accompagner

24 M. Thaqi à ces réunions ?

25 R. Il était présent à au moins une des réunions; une réunion à Banja en

Page 694

1 compagnie de Haschim Thaqi.

2 Q. Revenons à une chose que vous avez mentionnée rapidement. Vous avez dit

3 que M. Hashim Thaqi s'était présenté comme étant le numéro 3. Quand avez-

4 vous appris son identité réelle ? Vous en souvenez-vous ?

5 R. D'emblée, me semble t-il, aussitôt. Mais je ne me suis jamais servi de

6 ce nom. C'est seulement lorsque son nom est devenu de notoriété publique,

7 en automne 1998, c'est à ce moment-là que je m'en suis servi.

8 Q. Pour vous Hashim Thaqi c'était une personne très politique ou plutôt

9 militaire ?

10 R. Nous, nous nous intéressions surtout aux personnalités politiques.

11 C'est comme cela que je le voyais.

12 Q. En été 1998, pour vous, Fatmir Limaj était un homme politique ou

13 militaire ?

14 R. Il était présent aux réunions, mais il n'était pas mon interlocuteur de

15 prédilection.

16 Q. Vous souvenez-vous s'il est venu à ces réunions en uniforme ?

17 R. Oui, mais c'était vrai aussi pour Hashim Thaqi.

18 Q. Merci. Nous avons parlé de l'année 1998, est-ce que plus tard, vous

19 avez travaillé avec la MINUQ ?

20 R. Oui.

21 Q. Quelles furent vos fonctions ?

22 R. J'étais le conseiller politique du secrétaire général Bernard Kushner,

23 à partir de l'été 1999 jusqu'à la fin de l'année 2000.

24 Q. En cette qualité, est-ce que vous avez eu des contacts avec Fatmir

25 Limaj ?

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1 R. Tout à fait. Fatmir Limaj est devenu un représentant officiel du PDK,

2 de ce parti politique qui s'était constitué en 1999.

3 Vu son rôle, nous nous sommes rencontrés plus souvent cette année-là qu'en

4 1998.

5 Q. Aviez-vous de bons rapports avec lui ?

6 R. Oui.

7 Q. Quelle impression vous a-t-il fait en 1999 ?

8 R. J'avais beaucoup de respect pour lui; c'est toujours le cas

9 aujourd'hui. Dans les rapports, les contacts que j'ai eu avec lui, j'ai eu

10 le sentiment que c'était un homme responsable, pragmatique, quelqu'un qui

11 n'était pas un idéologue. Ce n'était pas non plus un homme qui affichait

12 des positions extrêmes, qui était tout à fait prêt à l'idée de la

13 réconciliation. Puisque nous n'avons pas de langue commune, on parlait

14 ensemble serbo-croate. C'était un homme très ouvert.

15 Q. A cette époque-là, aviez-vous entendu des allégations suivant

16 lesquelles des hommes se trouvant sous ses ordres avaient enlevé des gens ?

17 R. Non.

18 Q. Est-ce que vous avez entendu parler du camp, d'un camp à Lapusnik ?

19 R. Non.

20 Q. Avez-vous eu l'occasion de rendre visite à Fatmir Limaj chez lui ?

21 R. Oui, en 1999.

22 Q. Pourriez-vous en quelques mots nous relater cette visite ?

23 R. C'est un voyage que j'ai effectué comme cela m'arrive parfois le week-

24 end. On a tendance à trop rester à Pristina. On ne comprendra pas le Kosovo

25 si on ne quitte pas la capitale. Je faisais des sorties en week-end. Je

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1 suis notamment allé à Banja. Sans aucun préparatif, à l'improviste, nous

2 avons simplement demandé si M. Limaj était dans son village. Nous l'avons

3 rencontré et il nous a accueillis chez lui dans sa maison.

4 Q. Est-ce que cette visite vous a donné une idée du standing qu'il avait

5 dans la région ?

6 R. Nous n'étions pas les seuls à le rencontrer. Il y avait également

7 d'autres personnes avec lui, des personnes plus âgées notamment. Nous nous

8 sommes assis de la façon traditionnelle par terre. Nous avons pris le thé.

9 Ceux qui fumaient, fumaient; ce n'était pas mon cas. J'ai eu l'impression

10 qu'il inspirait beaucoup de respect dans sa communauté.

11 Q. Je vous remercie.

12 M. BLACK : [interprétation] Madame et Messieurs les Juges, je vais changer

13 de sujet. Nous avons terminé l'examen des réunions de

14 M. Kickert avec des représentants de l'UCK. Peut-être le moment se prête-t-

15 il bien à une pause, qu'en pensez-vous ?

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] En général, on travaille encore 20

17 minutes.

18 M. BLACK : [interprétation] Je n'ai pas encore l'habitude des horaires que

19 nous appliquons ici. Je peux parfaitement continuer.

20 Q. Il y a certains documents que je ne vais pas examiner, pardon, je vais

21 examiner. Ce sont des documents qui concernent les mois de juin et de

22 juillet qui, je l'espère, seront utiles à la Chambre. Il y a d'abord un

23 document du 8 juin 1998 envoyé de l'ambassade de Belgrade au ministère des

24 Affaires étrangères autrichien. La version en allemand porte le numéro

25 U008-1208 à 1209. La traduction en anglais, c'est U003-7981 à 83.

Page 697

1 Q. Est-ce que vous avez trouvé ce rapport, ou plutôt ce document ?

2 Est-ce vous qui avez rédigé ce rapport ?

3 R. Oui.

4 M. BLACK : [interprétation] Peut-on lui donner une cote.

5 M. LE GREFFIER : [interprétation] P60 pour la version en allemand, et la

6 traduction en anglais portera la cote P60A. Pour ce qui est de la version

7 en albanais, ce sera P60B.

8 M. BLACK : [interprétation] Merci.

9 Q. En guise d'introduction, je vais sans doute vous demander de lire le

10 résumé surligné avec l'aide de notre commis aux audiences, M. Younis.

11 R. Première phrase. "Les forces de sécurité serbes semblent n'avoir aucun

12 contrôle pour ce qui est des routes Pristina-Pec et Kosovska Mitrovica-

13 Pec."

14 Q. Poursuivez.

15 R. Je vérifie l'allemand.

16 Deuxième point : "Le tronçon entre Djakovica et Pec est toujours

17 fermé à la circulation des particuliers."

18 Troisième : "Les combats le long de la route Pec à Djakovica ont

19 cessé. Manifestement, ces combats se concentrent autour de Decani et des

20 environs." La traduction n'est pas bonne. Il faut que vous lisiez ceci à la

21 place. "Les combats qui ont cessé sur la route allant de Pec à Djakovica,

22 se concentraient de toute évidence sur Decani et les alentours." Ce n'est

23 pas plus tard que ces combats se sont concentrés sur cette partie; ces

24 combats avaient cessé au moment de notre visite.

25 Quatrième point : "L'UCK semble avoir barré des routes pendant une certaine

Page 698

1 période." La traduction est bonne. Ce troisième point parlait ici du

2 tronçon Pec et Djakovica.

3 Quatrième point : "Dégâts considérables à Decani mais moindre ou inférieur

4 à ceux qui avaient été allégués par la LDK, et aussi moindre que ceux qu'on

5 avait connus à Drenica, au mois de mars," en d'autres lieux. "Il y a des

6 incendies volontaires manifestes."

7 "La situation à Decani est très tendue. Il semblerait que la majorité

8 des habitants ait quitté l'endroit."

9 "Les zones limitrophes de l'Albanie n'ont pas été montrées."

10 "Le ministère des Affaires étrangères yougoslave vient de répéter,

11 que maintenant, cette région qui avait été en proie à des combats est

12 ouverte aux diplomates."

13 Q. Merci. Prenez la partie qui se trouve dans le bas du document et qui

14 est surlignée. Je ne vais pas vous demander de lire cette partie, ou peut-

15 être la deuxième partie qui commence par les mots suivants :

16 R. "Il était impossible de constater que les routes menant directement de

17 Pristina à Pec et de Kosovsko Mitrovica à Pec, en passant par la région de

18 Drenica avaient été évitées."

19 Q. Poursuivez ce paragraphe à la page suivante, s'il vous plaît.

20 R. "La raison qui nous avait été donnée, c'était qu'on ne pouvait garantir

21 la sécurité sur ce tronçon, sur cette partie de la route."

22 Q. Le 7 juin 1998, on vous dit que la route de Pristina à Pec avait été

23 sinon barrée, en tout cas, peu sûre.

24 R. En tout cas, peu sûre pour les diplomates, replaçons ceci dans son

25 contexte. Ce déplacement avait été organisé par le ministère des Affaires

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1 étrangères yougoslaves, et était destiné à permettre à des diplomates

2 étrangers installés à Belgrade d'aller voir la région; la région du Kosovo

3 occidental.

4 Q. Je vais demander de l'aide de notre commis et de l'Huissier pour vous

5 montrer une carte. C'est sans doute utile. C'est la carte numéro 4. Peut-on

6 la placer sur le rétroprojecteur ?Veuillez vous servir du pointeur pour

7 nous indiquer la route que vous avez suivie.

8 R. Oui, nous sommes arrivés en avion à Pristina et nous n'avons pris la

9 route directe qui va de Pristina à Pec ou Peja. Nous avons été emmenés vers

10 le nord-ouest. Nous sommes passés par Mitrovica. Nous sommes passés par

11 Rozaj [phon] au Monténégro, et nous sommes arrivés à Pec-Peja. Nous sommes

12 partis vers le sud, vers Decani et un village appelé Prileb [phon]. Nous

13 avons poursuivi notre route vers le sud en direction de Prizre. Puis, nous

14 avons repris cette route-ci pour arriver à Pristina.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît. Je crois

16 que notre système de Livenote de compte rendu d'audience affiché

17 électroniquement connaît quelques difficultés.

18 M. KHAN : [interprétation] Puisqu'il y a cette pause. Ceci ne doit pas être

19 consigné. Mon client dit que la traduction en albanais est assez

20 précipitée. Il serait peut-être utile de ralentir les débats, en tout cas,

21 le débit de parole pour rendre la tâche des interprètes un peu plus aisée.

22 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense que cela fonctionne à

24 nouveau. C'est vrai. Poursuivez.

25 M. BLACK : [interprétation] Merci. Voulez-vous que je rembobine un peu ?

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cela avait été consigné apparemment

2 d'après ce qui m'est dit. Ce sera répercuté dans le compte rendu d'audience

3 sous peu.

4 M. BLACK : [interprétation] Merci.

5 Revenons à l'examen du document. Je ne le vois pas à l'écran. Voilà. Je

6 l'ai retrouvé. M. Younis, est-ce que vous pourriez nous montrer tout le

7 paragraphe ?

8 Q. Veuillez lire la première partie surlignée ?

9 R. "Decani : Dégâts considérables, mais qui sont loin d'être aussi

10 importants que ceux décrits par la LDK, (80 % de destructions, un deuxième

11 Vukovar)," avait-il été dit.

12 Q. Qu'est-ce que vous avez vu précisément à Decani ?

13 R. Permettez-moi de dresser le décor. Nous avions reçu des renseignements

14 sur ce qui se passait au Kosovo, mais ils étaient très limités à l'époque.

15 Nous avions reçu des informations soit des Serbes, soit de la LDK. Je vous

16 relate ici la description que faisait la LDK de la situation à Decani.

17 Q. On fait référence à Vukovar ici. Est-ce que vous êtes allé vous-même à

18 Vukocar ?

19 R. Oui.

20 Q. Pourriez-vous en quelques mots expliquer aux Juges de la Chambre ce

21 qu'il en est de cette référence; je ne sais pas s'ils l'ont comprise.

22 R. Vukovar, c'est une ville, ce l'était, ce l'est toujours une ville de la

23 Croatie orientale qui a subi de lourds bombardements de la part des forces

24 serbes. Les dégâts étaient toujours visibles lorsque je me suis trouvé à

25 Vukovar en 1997.

Page 701

1 Q. La référence tente à dire ici que les dégâts constatés à Decani ne sont

2 pas aussi considérables que ceux provoqués à Vukovar.

3 R. Oui. Ce n'était pas le même degré de destruction. Cela ne veut pas dire

4 que rien n'avait été détruit. J'estimais que ce que la LDK avait dit était

5 exagéré. Il faut savoir que les deux parties ont essayé de tirer la

6 couverture de leur côté, sachant que les diplomates occidentaux n'avaient

7 pas nécessairement tous les renseignements voulus s'agissant de la

8 situation sur le terrain.

9 Q. Apparemment, il y avait des signes montrant qu'il y avait eu des

10 combats à Decani ?

11 R. Oui, c'est sûr.

12 Q. Dernière phrase surlignée, veuillez la lire.

13 R. "Des collègues qui sont allés dans la région de Drenica en mars ont dit

14 qu'il y avait eu relativement peu de destruction (pas de bombardement à

15 l'arme lourde."

16 Q. Est-ce que cela veut dire que les destructions provoquées à Drenica au

17 mois de mars étaient plus considérables, plus importantes que ce que vous

18 avez eu à Decani ?

19 R. Ici, je parle de collègues. C'étaient sans doute des attachés

20 militaires qui se trouvaient aussi faire partie du voyage. Eux, ils avaient

21 vu la région de Drenica au mois de mars après les événements. Ce n'était

22 pas mon cas. Ces hommes ont fait une comparaison, et ont conclu qu'à

23 Drenica il y avait eu des pilonnages ou bombardements. Je parle plutôt de

24 pilonnages ou de tirs de chars, dans la région de Dugadjin Gorani.

25 M. BLACK : [interprétation] Peut-on surligner tout le dernier paragraphe ?

Page 702

1 Q. Apparemment, ici on fait état d'une réunion d'information organisée par

2 le ministère des Affaires étrangères yougoslave.

3 Est-ce que vous pourriez lire ces quelques points ?

4 R. "Des activités policières en réponse aux assassinats et aux enlèvements

5 de policiers, mais surtout en réponse à une tentative entreprise par des

6 bandes de terroristes visant à barrer la route principale."

7 Q. Aussi on parle d'activité policière. Est-ce qu'il s'agit d'activités

8 qui sont le fait des forces de sécurité serbe que vous avez vues et qui

9 seraient responsables de ces destructions ?

10 R. Oui. On parle ici de la région de Dugogin sur cette partie que nous

11 avons vue entre Pec/Peja et Betonaj.

12 Q. Je sais que vous n'êtes pas expert militaire, mais pourriez-vous dire

13 aux Juges ce qu'il en est lorsqu'on parle d'activités policières. Ce ne

14 sont pas des patrouilles routinières, c'est un peu plus, n'est-ce pas ?

15 M. KHAN : [hors micro]

16 M. BLACK : [interprétation] Excusez-moi. J'ai peut-être mal entendu. Quelle

17 était l'objection, je guidais trop le témoin --

18 M. KHAN : [interprétation] Je peux me répéter. J'ai enfoncé des portes

19 ouvertes, le témoin est libre de répondre et il peut vous parler des

20 activités policières. Mais je ne pense pas qu'il soit nécessaire que M.

21 Black nous guide dans un sens plutôt qu'un autre.

22 M. BLACK : [interprétation] Oui. Excusez-moi. Je comprends.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous avez bien compris maintenant ?

24 M. BLACK : [interprétation] Oui, oui. En fait, je vais passer à la partie

25 suivante du document.

Page 703

1 Q. Deuxième point de ce passage qui est surligné : "La frontière est

2 sécurisée par l'armée."

3 Savez-vous si la VJ se concentrait sur les zones frontalières ?

4 R. Bien, elle était là pour cela, pour assurer la sécurité des frontières,

5 mais je n'ai pas vu d'armée. Je n'ai pas vu de membres de la VJ, lorsque je

6 me suis trouvé dans ce lieu.

7 Q. En fait, ce que j'essayais assez maladroitement de vous demander

8 auparavant, c'est ceci : pourriez-vous nous dire quelle est la différence

9 entre des activités de l'armée et des activités de la police dans votre

10 rapport ?

11 R. Dans ce passage-ci, je vous cite ce que nous disait le ministère

12 yougoslave. Il parlait des activités de la police. Ce n'est pas ici une

13 évaluation que je fais moi-même. Je répète simplement. Je relaie ce qui a

14 fait l'objet de cette réunion d'information.

15 Q. Inutile d'insister, je pense.

16 Dernier point ou plutôt dernière phrase de ce point. On dit qu'il est

17 nécessaire d'assurer la sécurité des routes. De quelles routes ? Est-ce que

18 vous vous en souvenez ?

19 R. Il y avait ce tronçon entre Pec/Peja et Decani. Je pense que c'est à

20 cela qu'on pense. Parce que la route était de nouveau ouverte, et c'est

21 pour cela qu'on a été emmené à cet endroit.

22 Q. Veuillez lire les deux points suivants.

23 R. "Augmentation spectaculaire des 'attaques terroristes' depuis le début

24 de l'année (au juin 3, il y en avait eu 409, 53 morts dont 18 policiers)."

25 Q. Point suivant.

Page 704

1 R. "Les Albanais sont accusés de procéder à un nettoyage ethnique."

2 Q. J'aimerais que tout soit clair. Ce sont des sources, des chiffres, des

3 allégations présentées par le ministère serbe ?

4 R. Oui. Je fais que rapporter ce qui est dit dans ce briefing. Afin que

5 mon ministère à moi sache ce qui a été dit à cette réunion.

6 Q. Est-ce que les Serbes affirmaient que les Albanais attaquaient des

7 civils ?

8 R. S'il parle de nettoyage ethnique, je suppose que oui. Mais il ne

9 revient pas d'apporter mon interprétation personnelle.

10 Q. Lisez le point suivant.

11 R. "L'UCK essaie de relier les zones de Drenica et Malisevo avec le Kosovo

12 occidental."

13 Q. A votre connaissance, est-ce que l'UCK, à cette époque-là, contrôlait

14 ces zones de Drenica et Malisevo ?

15 R. C'est ce que nous pensions.

16 Q. Pourquoi essayez de relier ces deux régions au Kosovo occidental ? Quel

17 en serait l'intérêt ?

18 R. C'était deux zones de combat et le Kosovo occidental était tout près de

19 l'Albanie du nord, était limitrophe. C'était important sur le plan

20 logistique pour la contrebande d'armes.

21 Q. Fort bien.

22 M. BLACK : [interprétation] Je vais en terminer rapidement et je vais

23 terminer l'examen de ce document par ces deux derniers points qui se

24 trouvent à la page suivante.

25 Q. Lisez seulement le dernier point, s'il vous plaît.

Page 705

1 R. Je vous rappelle que ceci nous est dit au cours de cette période

2 d'information par les Yougoslaves.

3 "Présentation des armes : Armes, dont deux bazookas et un petit obusier qui

4 appartient à la JVA." Là je vous donne mon information : "Ces armes

5 semblent vieilles, en partie rouillées ou n'ayant pas été utilisées (mais

6 il se peut que je n'ai pas l'expérience)".

7 Q. Qu'est-ce que c'est un bazooka ?

8 R. Je ne suis pas expert en armes et en choses militaires. Je pense qu'un

9 bazooka cela se porte à l'épaule.

10 Q. Un obusier, qu'est-ce que c'est ?

11 R. C'est un petit canon.

12 Q. Est-ce que vous avez fait votre service militaire ?

13 R. Non.

14 M. BLACK : [interprétation] Nous avons fini avec ce document, Monsieur le

15 Président. Peut-être le moment est opportun de prendre la pause.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous prendrons la pause. Nous

17 reprendrons à 16 heures.

18 --- L'audience est suspendue à 15 heures 42.

19 --- L'audience est reprise à 16 heures 05.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Black, vous avez la parole.

21 M. BLACK : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

22 Q. Monsieur Kickert, on m'a rappelé que je devais effectuer des pauses

23 entre les réponses. Puis, vous-mêmes aussi, je crois que vous devez faire

24 une pause, car nous parlons tous les deux la même langue. Il faut faire une

25 pause avant de répondre à mes questions. Lorsque je vous demande de lire,

Page 706

1 je vous demande de bien vouloir lire plus lentement, s'il vous plaît. Je

2 vous remercie.

3 Monsieur Kickert, je souhaite vous montrer un autre document qui

4 porte le numéro ERN 0081-1205, daté du 27 juin 1998. Si vous pourriez

5 retrouver ce document, je vous prie. Monsieur Kickert, c'est vous qui avez

6 rédigé ce rapport ?

7 R. Oui, j'ai rédigé ce rapport conjointement avec mon ambassadeur.

8 M. BLACK : [interprétation] La version anglaise se trouve maintenant sur

9 l'écran de nos ordinateurs. Je vais demander à M. Younis d'agrandir le

10 premier point, s'il vous plaît.

11 Q. Monsieur Kickert, je vous demande de bien vouloir lire la partie

12 surlignée, s'il vous plaît.

13 R. "Le blocus de l'UCK de la ville majoritairement serbe de Kijevo doit

14 bientôt être terminé (les Etats-Unis pensent que l'armée yougoslave

15 pourrait interrompre ce blocus mais s'abstient de le faire pour des raisons

16 politiques)."

17 Q. Nous allons peut-être revenir sur ce sujet avec un autre document. Mais

18 avant de poursuivre, je souhaite vous poser cette question. L'UCK était-

19 elle en mesure de bloquer ainsi des villes entières ?

20 R. D'après ce que j'avais compris à l'époque, la route principale sur

21 laquelle se trouvait Kijevo, autrement dit l'artère principale entre

22 Pristina et Pec/Peja était barrée. Par conséquent, le village de Kijevo --

23 on ne pouvait accéder de façon sûre à ces villes principales.

24 Q. Pendant combien de temps a duré cette situation si vous le savez ?

25 R. Pendant une quinzaine de jours environ. Un envoyé américain a appelé

Page 707

1 Kijevo comme étant l'endroit le plus dangereux du monde, car il a évoqué la

2 possibilité d'une escalade due à ce qui était perçu, à ce moment-là, comme

3 un blocus pour la ville.

4 M. BLACK : [interprétation] Je vous prie de bien vouloir surligner la

5 partie suivante, ou d'indiquer sur l'écran la partie suivante.

6 Q. Monsieur Kickert, je vous demande de bien vouloir lire ceci maintenant.

7 R. "Un accroissement net de la militarisation et du professionnalisme de

8 l'UCK d'après l'attaché militaire américain.

9 Si je puis, je crois que le terme "militarisation" n'est pas tout à fait

10 exact. Cela a une connotation idéologique. Je crois que ce que l'on

11 entendait ici c'est qu'ils avaient davantage d'équipement militaire.

12 M. BLACK : [interprétation] Je souhaite maintenant que nous agrandissions

13 la dernière partie surlignée, s'il vous plaît.

14 Q. Monsieur Kickert, je vous demande de bien vouloir lire ceci s'il vous

15 plaît.

16 R. "La structure de commandement de l'UCK était quelque chose qui est

17 resté néanmoins un point d'interrogation, d'après les Etats-Unis. Bien que

18 l'UCK utilise des termes comme 'état-major', d'après l'opinion américaine,

19 il s'agit plutôt d'un commandement horizontal diffus et de structure de

20 coordination. Ceci pourrait poser problème en terme de participation de

21 l'UCK à un dialogue politique."

22 Q. Merci. Avant de porter votre attention là-dessus, je demande à ce que

23 l'on attribue une cote à ce document, s'il vous plaît.

24 M. LE GREFFIER : [interprétation] P62, la version allemande; la version

25 anglaise P61A; et la version albanaise P61B.

Page 708

1 M. BLACK : [interprétation] Merci.

2 Q. Monsieur Kickert, mention est faite ici de "la structure du commandement

3 de l'UCK, ceci reste un point d'interrogation pour les Américains." Savez-

4 vous sur quoi se fondait cette évaluation ?

5 R. Cette évaluation était, sans doute, due à des difficultés de trouver

6 des interlocuteurs comme nous, et nous ne savions pas à qui nous adresser.

7 Etant donné que nous ne savions pas comment fonctionnait cette

8 organisation, quelle en était sa structure, il était difficile d'identifier

9 quelqu'un.

10 Q. Le terme "état-major" apparaît ici entre guillemets. Pourquoi est-ce

11 ainsi ?

12 R. Ceci a été utilisé mais nous ne savions pas ou n'étions pas tout à fait

13 sûrs de son existence.

14 Q. Aviez-vous entendu parler d'un état-major de l'UCK au mois de juin

15 1998, au moment où ce document a été rédigé ?

16 R. Étant donné que j'utilise ce terme, cela a sans doute dû être utilisé.

17 Q. Je crois que vous avez parlé du commandement central de l'UCK dans

18 certains documents que nous avons passés en revue un peu plus tôt

19 aujourd'hui. Est-ce que vous faites référence à la même chose, est-ce qu'il

20 s'agit de la même chose ici ou non. A savoir "l'état-major" entre

21 guillemets ?

22 R. Oui, non c'est la même chose. Encore une fois je ne suis pas un

23 militaire moi-même. Si j'utilise ces termes, c'est que je les ai entendus.

24 Peut-être que je ne les utilise pas à proprement parler dans un sens

25 strictement militaire.

Page 709

1 Q. Encore une fois Monsieur Kickert, d'après vous étant donné que vous

2 n'êtes pas un expert militaire, est-ce que vous avez compris que le

3 commandement central ou l'état-major couvrait une région simplement ou

4 couvrait l'ensemble du Kosovo ?

5 R. Mon évaluation de la situation pendant toute l'année 1998, je ne sais

6 pas exactement à quel moment, mais que cela allait recouvrir l'ensemble du

7 Kosovo. J'avais l'impression qu'il y avait une coordination entre les

8 différentes régions, et que cette coordination s'avérait très difficile.

9 Q. Qu'en est-il de la coordination entre les régions ?

10 R. Je ne sais pas. J'ai moi-même été un représentant sur la scène

11 politique. Toutes les fois que nous leur soumettions une proposition, il

12 leur fallait beaucoup de temps pour arriver une décision, je crois que

13 pendant toute la durée de nos échanges avec l'UCK, j'ai eu l'impression

14 qu'il y avait un groupe important qui prenait part aux décisions, et ces

15 décisions étaient plutôt prises sur la base d'un consensus et non pas par

16 l'intermédiaire d'un système de structures hiérarchiques.

17 Q. Nous allons maintenant passer à un autre document. Je souhaite vous

18 montrer maintenant un document qui est daté du 1er juillet 1998, c'est un

19 rapport de l'ambassade envoyé au ministère des Affaires étrangères. Il

20 porte le numéro 0081-1203 à 1204.

21 Monsieur Kickert, est-ce vous qui avez rédigé ce document également ?

22 R. Oui.

23 M. BLACK : [interprétation] Je demande à ce qu'on donne à ce document un

24 numéro de cote, s'il vous plaît.

25 M. LE GREFFIER : [interprétation] P62.

Page 710

1 M. BLACK : [interprétation] Merci.

2 Monsieur Younis, auriez-vous l'obligeance de bien vouloir surligner

3 la première partie, s'il vous plaît.

4 Q. Monsieur Kickert, je vous demande de bien vouloir lire cette

5 partie du texte.

6 R. "D'après," ici en anglais ce serait des extraits des la presse locale.

7 "Le préfet du Kosovo, Veljko Odalovic, a confirmé à Reuters le 30 juin que

8 l'armée yougoslave (la VJ) a participé à des opérations en rapport avec

9 Balacevac. Ceci serait la première fois que la VJ aurait participé à des

10 opérations sur ce territoire qui aurait été confirmé par les Serbes.

11 Q. Merci. Je vais également vous demander de lire la partie surlignée

12 suivante de ce document.

13 R. "On pense que Odalovic aurait déclaré également à Reuters que l'action

14 lancée par la (police) est censée avoir lieu à la fin de cette semaine, aux

15 fins de libérer un endroit très important sur le plan stratégique, Kijevo,

16 (le long de la route Pristina-Pec, ce qui relie les régions contrôlées par

17 l'UCK, Drenica et Malisevo). Pendant des semaines, l'UCK a encerclé cet

18 endroit, ainsi que 200 civils serbes et des douzaines d'officiers de

19 police."

20 Q. Merci beaucoup. Nous avons parlé brièvement de Kijevo.

21 M. BLACK : [interprétation] Je souhaite maintenant qu'avec l'aide de

22 l'huissier, nous replacions sur la rétroprojecteur la carte numéro 6, s'il

23 vous plaît, qui se trouve dans le classeur au niveau de la pièce P1 de

24 l'Accusation. Si nous pourrions agrandir, s'il vous plaît.

25 Q. Monsieur Kickert, pourriez-vous, s'il vous plaît, nous indiquer où se

Page 711

1 trouve Kijevo sur cette carte ?

2 R. [Le témoin s'exécute]

3 M. BLACK : [interprétation] Est-ce que nous pourrions voir la carte un

4 petit peu mieux, et la déplacer un petit peu ? C'est très bien, merci

5 beaucoup.

6 Q. Vous indiquez Kijevo maintenant ?

7 R. Oui, oui. Tout à fait, j'indique Kijevo maintenant.

8 Q. Monsieur Kickert, le document utilise le terme "un endroit d'importance

9 stratégique, Kijevo sur la route Pec-Pristina."

10 Pourquoi cette région était-elle importante au plan stratégique ?

11 R. Premièrement, parce que c'était un endroit qui se trouvait sur la route

12 principale entre Pristina et Pec/Peja. Il s'agit également d'une

13 intersection, et là une partie de la route mène vers le sud.

14 Q. Je crois qu'un peu plus tôt, vous avez indiqué que cette route

15 permettait d'accéder à l'Albanie du nord. Le fait que cette route était

16 contrôlée ou sous le contrôle de l'UCK, ceci avait-il une quelconque

17 incidence sur les forces serbes ?

18 R. Non. Je dois vous corriger quelque peu. La route que je vous ai

19 signalée, qui était importante pour avoir l'accès à l'Albanie du nord, si

20 on en assurait le contrôle, était celle qui se trouvait dans le sud, qui

21 allait de Pec/Peja à Decani, et non pas cette axe-là entre Pristina et

22 Pec/Peja, qui se trouve en fait sur l'axe est/ouest.

23 Q. Merci beaucoup pour cette correction. La route Pec/Peja était-elle

24 également importante au plan stratégique ?

25 R. Bien sûr, puisqu'elle traversait le milieu du Kosovo et reliait de

Page 712

1 grandes villes entre elles : la capitale, Pristina et Pec/Peja.

2 Q. Merci.

3 Si je puis attirer votre attention maintenant sur le document autrement dit

4 si nous pouvons repartir un petit peu en arrière et demander à M. Younis de

5 tourner la page, s'il vous plaît. Je vous demande de bien vouloir lire la

6 première partie, si vous surlignée, s'il vous plaît, ici.

7 R. "Pavle Bulatovic, ministre yougoslave de la Défense, a déclaré le 30

8 juin que jusqu'à 55 personnes avaient été enlevées, y compris 50 Serbes et

9 Monténégrins."

10 Q. Aviez-vous reçu d'autres éléments d'information sur les enlèvements ?

11 R. Ici, je cite les représentants officiels de Belgrade. Il y a eu, à de

12 multiples reprises, des allégations de ce type dans la presse serbe,

13 concernant ces enlèvements.

14 Q. Je vous demande de bien lire l'autre partie qui est surlignée, de la

15 lire à voix haute pour la Chambre de première instance, s'il vous plaît.

16 R. Les allégations des Serbes en vertu de quoi ils contrôlent toutes les

17 villes, et un nombre important de routes et d'axes au Kosovo, malgré les

18 régions sous contrôle de l'UCK (estimé à quelque 30 %, Demaqi : 50%) sont

19 vraies eu égard aux villes, mais tout à fait erronées eu égard aux routes.

20 "

21 Permettez-moi de regarder le texte allemand, s'il vous plaît.

22 Q. Je vous en prie.

23 R. C'est très bien.

24 Q. Je vous en prie, prenez le temps de regarder. Je crois qu'il s'agit du

25 dernier paragraphe de ce document.

Page 713

1 R. Oui. Il s'agit, en fait, du gros de ces axes routiers. Mais c'est un

2 mélange entre ce qu'ils prétendent, et mon estimation de la situation. Ils

3 ne contrôlent pas les routes.

4 Q. Qu'en est-il des estimations de l'UCK, 30 à 40 %, et Demaqi, 50 %.

5 R. Je crois qu'il s'agit ici de pures spéculations. Je crois qu'il était

6 vraiment difficile de le savoir.

7 Q. C'était des chiffres que vous avez proposés vous-même, ou s'agit-il de

8 chiffres qui vous ont été rapportés ?

9 R. En fait, ceux sont des chiffres qui nous ont été rapportés. C'est la

10 raison pour laquelle -- M. Demaqi prétendait que 50 % était sous le

11 contrôle de l'UCK. D'autres estimations qui étaient de l'ordre de 30 à 40

12 %, je crois que ces chiffres venaient peut-être des médias, la source en

13 était peut-être un attaché militaire. A ce moment-là, nous avions déjà nos

14 propres observateurs sur le terrain et ils avaient leurs propres

15 estimations, ils se déplaçaient à l'intérieur du Kosovo à l'extérieur de

16 Pristina.

17 Q. Merci. Nous allons maintenant passer au document suivant, qui doit

18 comporter le numéro ERN 0081-1201 à 1202. Il s'agit d'un document qui est

19 daté du 6 juillet, de l'ambassade à Belgrade envoyé au ministère à Vienne.

20 Monsieur Kickert, avez-vous rédigé ce document ?

21 R. Oui. Il s'agit d'un document qui est en grande partie en anglais, car

22 après le 1er juillet, l'Autriche avait assuré la présidence de l'Union

23 européenne. Je l'ai écrit, par conséquent, en anglais de façon à ce qu'il

24 puisse être communiqué à tous les autres états membres de l'Union

25 européenne.

Page 714

1 M. BLACK : [interprétation] Puis-je avoir un numéro de cote pour ce

2 document, s'il vous plaît ?

3 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce document portera la cote numéro P63.

4 M. BLACK : [interprétation]

5 Q. Je vous demande, Monsieur Kickert, de bien vouloir lire la partie

6 surlignée de ce document.

7 R. "La route empruntée allait de Pristina au nord, jusqu'à Kosovska

8 Mitrovica à l'est, en direction de Gornji Klina et Srbica (Skenderaj, en

9 Albanais), jusqu'à Donji Prekaz, où on se trouvait une famille regroupée

10 autour de Jashari était la cible des forces de Sécurité serbe au début du

11 mois de mars. La même route a été empruntée pour aller à Pristina.

12 Le convoi n'est pas entré dans des régions contrôlé par l'UCK."

13 Q. Merci.

14 M. BLACK : [interprétation] Je ne sais pas si le témoin a toujours devant

15 lui la carte numéro 4; ce serait utile.

16 Q. Monsieur Kickert, pourriez-vous nous indiquer l'itinéraire ici ou cette

17 route sur la carte.

18 R. De Pristina au nord jusqu'à Mitrovica, ensuite au sud Skendraj. Là,

19 tout près de Skendraj, nous avons Prekaz, où se trouve cet endroit, cette

20 localité où vivait la famille Jashari.

21 Q. Vous dites que le "convoi n'est pas entré dans des régions contrôlées

22 par l'UCK." Si vous aviez des régions contrôlées par l'UCK en tête,

23 pourriez-vous nous les indiquer.

24 R. C'est tout ce qui se trouve au sud de Skendraj.

25 Q. Merci. Je crois que nous pourrions maintenant passer au document

Page 715

1 suivant. Nous n'avons plus besoin du rétroprojecteur pour l'instant.

2 Monsieur Kickert, il s'agit d'un document du 7 juillet, document envoyé par

3 l'ambassade au ministère des Affaires étrangères. Je crois qu'il comporte

4 le numéro 0081-1198 à 1200 dans la version allemande. Est-ce vous qui avez

5 rédigé ce rapport ?

6 R. Oui.

7 M. BLACK : [interprétation] Pourrions-nous avoir un numéro de cote, s'il

8 vous plaît.

9 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ceci comportera la cote P64.

10 M. BLACK : [interprétation] Nous avons une version anglaise ici sur le

11 système d'affiche électronique. Je vous demande de bien vouloir regarder la

12 partie surlignée.

13 Q. Monsieur Kickert, je vais vous demander de bien vouloir lire ces deux

14 phrases qui sont soulignées.

15 R. "En rapport avec l'UCK : Holbrooke lui-même dit qu'on ne sait pas si

16 l'UCK a une chaîne de commandement interne. Il pense qu'il n'y en a pas."

17 Q. Savez-vous sur quoi se fonde cette opinion de

18 M. Holbrooke ?

19 R. Non.

20 Q. Si nous pourrions passer maintenant, s'il vous plaît, à la page

21 suivante, où on peut lire les "pourparlers de Demaqi". Pourriez-vous, s'il

22 vous plaît, lire la partie surlignée qui est dernier paragraphe de cette

23 page.

24 R. "Pour ce qui est de l'organisation de l'UCK:

25 "Il y a des structures organisationnelles et claires et une hiérarchie. Il

Page 716

1 avait rencontré des personnes qui s'étaient présentées à lui en utilisant

2 des numéros (numéro 1, numéro 2, et cetera).

3 "Le porte-parole Jakup Krasniqi était un porte-parole officiel de l'UCK,

4 non seulement pour la région de Drenica, mais pour l'ensemble de l'UCK.

5 "Bien que les personnes portant l'uniforme que Holbrooke avaient rencontré

6 étaient effectivement des membres de l'UCK, un d'entre eux était un poète

7 qui vivait en Scandinavie. Ils n'occupaient pas une position particulière

8 et n'avaient pas de grades particuliers.

9 Ceux qui se décrivaient comme étant des porte-parole de l'UCK à l'étranger

10 n'étaient pas des porte-parole officiels."

11 Ce que je cite ici où je rapporte les propos de Demaqi, c'est ce que

12 l'ambassadeur m'a dit.

13 Q. Qui était Adem Demaqi ?

14 R. C'était un homme politique qui avait passé plusieurs décennies dans les

15 prisons serbes. A ce moment-là, c'était le chef de la partie politique qui

16 s'intitulait le PPK. C'était un des partis d'opposition, qui s'appelait le

17 Parti parlementaire du Kosovo et qui était un parti d'opposition par

18 rapport au LDK, qui était le principal parti leader, à ce moment-là.

19 Q. Adem Demaqi avait-il un lien avec l'UCK ?

20 R. A ce moment-là, je ne sais pas. Un peu plus tard en 1998, lorsque nous

21 n'étions plus en contact avec l'UCK, il a été désigné comme étant le porte-

22 parole de l'UCK à Pristina. Il semble qu'il avait quelques contacts car il

23 évoque une hiérarchie, et il évoque des chiffres.

24 Q. Ces quatre points que l'on voit ici et ces citations de

25 M. Demaqi, concordent-ils avec l'opinion de M. Holbrooke que nous avons vue

Page 717

1 sur la page précédente ?

2 R. Non. Mais ceci m'a permis, alors qu'il a clairement désigné M. Jakup

3 Krasniqi comme porte-parole officiel de l'UCK, puisque je ne pouvais plus

4 contacter quelqu'un à Malisevo, à ce moment-là, je pouvais me tourner vers

5 lui à Klecka.

6 Q. Monsieur Demaqi a dit avoir rencontré des personnes qui s'identifiaient

7 à l'aide d'un chiffre. Est-ce que vous avez pu vous rendre compte de cela

8 également par vous-même dans vos propres réunions ?

9 R. Comme je l'ai dit, lors de mes réunions à Malisevo, des personnes se

10 sont identifiées à l'aide d'un chiffre, en l'occurrence 3 et 7.

11 Q. Il dit que Jakup Krasniqi était porte-parole officiel de l'UCK, pas

12 seulement pour la région de Drenica, mais pour la totalité de l'UCK. Est-ce

13 que cela a été corroboré par votre expérience ultérieure ?

14 R. Il parlait au nom de l'UCK, et je ne pouvais pas me prononcer quant à

15 la question de savoir si l'UCK couvrait tout le Kosovo. Mais il était

16 porte-parole de l'UCK, et ne pouvait pas être remis en question dans cette

17 qualité.

18 Q. La puce, les deux puces suivantes parlent de personnes que Holbrooke a

19 rencontrées dont il a dit : Qu'ils n'avaient pas de postes ou de grades

20 particuliers.

21 Ensuite, je ne sais pas si c'est également dit à M. Holbrooke, mais on dit

22 : "Ces personnes qui se présentaient comme représentants de l'UCK à

23 l'étranger, n'étaient pas des représentants officiels de l'UCK."

24 Est-ce que cela s'est avéré exact également ?

25 R. Non, je ne le dirais pas, parce qu'à l'époque les Etats-Unis avaient

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1 des contacts avec des porte-parole de l'UCK à Genève, en Suisse, qui se

2 sont avérés avoir effectivement, par la suite, un lien avec l'UCK.

3 Q. Qu'en est-il des personnes qui avaient rencontré Holbrooke à l'époque,

4 est-ce que vous savez à quoi cela se réfère ?

5 R. Oui. Ce que nous avons dit précédemment, c'est que

6 M. Holbrooke s'est rendu à la mi-juin, à Munich. Il a été photographié en

7 compagnie d'un membre de l'UCK, en uniforme et portant une Kalachnikov.

8 Cela se réfère à cette réunion, cette rencontre de Holbrooke, qui n'avait

9 pas été prévue officiellement comme les Américains l'avaient dit, mais qui

10 s'est faite de manière fortuite.

11 Q. Merci, Monsieur Kickert. A ce stade, je n'ai pas d'autres questions à

12 votre endroit.

13 M. BLACK : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, je voudrais avec

14 votre permission vérifier si toutes les pièces qui ont été versées portent

15 une cote.

16 Cela semble être le cas. Je vous remercie, Madame, Messieurs les Juges.

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

18 C'est au tour de M. Khan.

19 M. KHAN : [interprétation] Avec votre permission, Madame, Messieurs les

20 Juges.

21 Contre-interrogatoire par M. Kahn :

22 Q. [interprétation] Monsieur Kickert, je m'appelle Maître Khan, et je suis

23 co-conseil de M. Michael Mansfield pour représenter M. Limaj. J'espère que

24 nous n'allons pas vous retenir trop, mais nous avons des choses importantes

25 à vous dire. Je vous prierais de prendre patience. Je pense que nous nous

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1 sommes jamais entretenu précédemment.

2 Je ne pense pas que nous ayons eu le plaisir de nous rencontrer par

3 le passé.

4 R. Non.

5 Q. Vous savez que l'Accusation estime que M. Limaj s'est rendu coupable de

6 délits très graves.

7 R. J'ai entendu ces allégations.

8 Q. Savez-vous que M. Limaj nie tous ces crimes ?

9 R. Je le sais également.

10 Q. Vous avez travaillé au Kosovo pendant plusieurs années.

11 R. Effectivement.

12 Q. Vous avez commencé en 1987.

13 R. Non, en 1998. Effectivement, j'ai couvert le Kosovo à partir de 1997,

14 mais je me suis rendu pour la première fois au Kosovo en 1998, oui, la

15 première fois.

16 Q. En 1997, lorsque vous vous êtes rendu à Belgrade, vous vous occupiez du

17 Kosovo ?

18 R. Oui, du point de vue politique, oui, mais j'étais également responsable

19 des médias et de la culture.

20 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Kahn, je voudrais que vous

21 ralentissiez pour permettre aux interprètes de vous suivre.

22 M. KHAN : [interprétation]

23 Q. Monsieur Kickert, cela ne fait aucun doute, vous l'avez dit hier, que

24 le gouvernement autrichien, à l'instar de bon nombre d'autres

25 gouvernements, se préoccupait de l'escalade au Kosovo ?

Page 720

1 R. En effet, et tous les efforts de la communauté internationale ainsi que

2 du ministère des Affaires étrangères de l'Autriche et de l'Union

3 européenne, plus tard, consistait à enrayer cette escalade.

4 Q. Car vous saviez que pendant des années, les Albanais du Kosovo avaient

5 été assujettis par le gouvernement serbe, par le régime serbe.

6 R. Je le sais.

7 Q. Votre gouvernement savait que la population atteignait un point de non-

8 retour. Comme vous l'avez dit hier, ils devenaient de plus en plus

9 impatients en raison de l'agression continue de la part des Serbes.

10 R. Oui, oui. Nous nous sommes rendus compte que cette impatience croissait

11 surtout chez les jeunes. C'est la raison pour laquelle les étudiants ont

12 manifesté. Ensuite, il y a eu l'escalade de confirmée. Je suis sûr que

13 c'est également pour cela que beaucoup de jeunes ont rejoint les rangs de

14 l'UCK.

15 Q. Pour que votre participation soit appropriée, vous-même et vos

16 collègues avez chercher à trouver un interlocuteur au sein de l'UCK.

17 R. Effectivement. Nous voulions trouver des interlocuteurs qui avaient la

18 légitimité suffisante pour se prononcer au nom de l'UCK de manière à ce que

19 nous puissions avoir quelqu'un pour impliquer nos processus politiques.

20 Q. Ce n'était pas facile ?

21 R. Pas du tout.

22 Q. Comme vous l'avez dit hier, vous ne saviez pas très bien quelle était

23 la structure de l'UCK ?

24 R. Effectivement, pendant très, très longtemps, ce n'était pas clair.

25 Peut-être encore aujourd'hui, je ne sais pas très bien comment elle

Page 721

1 fonctionnait.

2 Q. Votre ministre des Affaires étrangères et le secrétaire général du

3 ministère des Affaires étrangères étaient très intéressés par le Kosovo.

4 R. Absolument. Il s'agissait de l'un des dossiers les plus importants pour

5 nous. Cela faisait des années surtout que le secrétaire général attirait

6 l'attention sur la possibilité d'une escalade dans cette région. L'Autriche

7 s'est intéressé à cette région de très près en soutenant, notamment

8 également, les Kosovars albanais. L'Autriche, par exemple, était le seul

9 pays à avoir reconnu l'université parallèle de Pristina, de manière à ce

10 que les étudiants de cette université puissent poursuivre leurs études en

11 Autriche.

12 Q. C'était un problème. Dans les autres pays les diplômes obtenus à

13 l'université de Pristina étaient souvent refusés.

14 R. C'était la règle. L'exception, c'est que certaines universités privées,

15 peut-être la Turquie ou certaines universités turques, mais l'Autriche

16 était le seul pays en tant que tel qui reconnaissait les diplômes de

17 l'université parallèle de Pristina.

18 Q. Les préoccupations et les prédictions, ou les prévisions du

19 gouvernement autrichien ont été réitérées, renforcées lorsque vous avez

20 commencé à exercer la présidence de l'Union européenne.

21 R. Oui.

22 Q. Dans le cadre de votre fonction au ministère des Affaires étrangères où

23 vous étiez chargé du Kosovo, vous essayiez de vous informer au maximum au

24 sujet du Kosovo ?

25 R. Bien sûr.

Page 722

1 Q. Vous utilisiez les sources ouvertes telles que les journaux.

2 R. Oui, bien entendu. Mais nous avions également nos observateurs sur le

3 terrain à partir de mai 1998. Ensuite, ces missions d'observations se sont

4 intensifiées dans le courant de l'année 1998.

5 Q. Ces missions d'observation, vous envoyaient, bien entendu, des rapports

6 confidentiels.

7 R. Oui, des rapports quotidiens ainsi que des rapports hebdomadaires et

8 mensuels.

9 Q. Qui était complété par vos propres rapports de renseignement provenant

10 du gouvernement autrichien.

11 R. Non. Il n'y avait pas de rapport provenant des services de

12 Renseignements, en tout cas, pour ce qui est des sources autrichiennes.

13 Q. Certains des rapports dressés par les observateurs n'étaient pas

14 publics, n'est-ce pas ?

15 R. Non, ils étaient à diffusion restreinte.

16 Q. En dépit de toutes les ressources à votre disposition, en dépit de vos

17 efforts entrepris pour retrouver les dirigeants de l'UCK, au début, vous ne

18 saviez pas, vous n'avez pas pu vous rendre compte qui dirigeait l'UCK.

19 R. Les missions d'observation avaient un mandat tout autre. Elles

20 n'avaient pour vocation de rechercher les interlocuteurs les plus hauts

21 placés. Il s'agissait de missions cherchant à suivre la situation. Y avait-

22 il de problème de sécurité, y avait-il des déplacés, y avait-il des

23 destructions, mais ils n'entraient pas dans leur mandat de rechercher ou

24 d'identifier la structure hiérarchique de l'UCK.

25 Q. Il figurait parmi vos tâches de trouver un bon interlocuteur, un

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1 interlocuteur valable.

2 R. Effectivement.

3 Q. Lorsque vous vous êtes rendu à plusieurs missions, vous n'étiez

4 accompagné de personnes telles que M. Slinn qui essayait en votre compagnie

5 de trouver les dirigeants.

6 R. Pas nécessairement les dirigeants, mais quelqu'un qui était au commande

7 d'un point de vue politique qui pouvait légitiment parler au nom de l'UCK,

8 de manière à ce que nous puissions nous adresser à quelqu'un, et que nous

9 puissions l'intégrer dans le cadre plus global du Kosovo/Albanais pour

10 créer une plateforme, pour entamer des pourparlers avec Belgrade pour

11 résoudre la situation d'un point de vue politique.

12 Q. Bien sûr, vous savez que d'autres gouvernements étaient également en

13 train d'essayer de savoir qui était les dirigeants de l'UCK.

14 R. Effectivement. Comme on a vu dans ces rapports qui ont été remis au

15 Tribunal en mai 1999, je disais également que les Etats-Unis cherchaient un

16 interlocuteur.

17 Q. Vous dites que la position des -- vous parlez de la position des Etats-

18 Unis, et vous dites que l'ambassadeur Holbrooke ne savait non plus s'il

19 existait une filière hiérarchique interne au sein de l'UCK.

20 R. Oui. Effectivement, je l'ai dit. Cela reflète ses propos.

21 Q. Vous avez parlé de ses commentaires selon lesquels il mettait en doute

22 le fait qu'il existait cette filière hiérarchique au sein de l'UCK.

23 R. Oui, effectivement, c'est ce que j'ai écrit.

24 Q. Outre cette pièce P64 dont je parle, vous avez également, dans votre

25 mémo du 27 juin, la pièce à conviction 61. Vous avez également indiqué que

Page 724

1 "la filière hiérarchique de l'UCK restait en mystère selon les Etats-Unis."

2 R. Oui.

3 Q. Vous avez parlé de l'opinion des Etats-Unis selon laquelle en termes

4 d'état-major, il s'agit davantage d'une structure de coordination et d'un

5 commandement diffus et horizontal.

6 R. Oui, c'est ce que j'ai écrit.

7 Q. En fait, vous mettez en lumière le même problème que les Etats-Unis ont

8 épinglé, à savoir que cette absence de filière hiérarchique pouvait être un

9 problème lorsqu'il s'agirait de l'implication de l'UCK dans un dialogue

10 politique.

11 R. Oui, effectivement. Le fait que la structure de coordination et le

12 commandement étaient horizontaux, cela posait un problème, effectivement.

13 Q. Dans vos visites auprès de l'UCK, vous avez fait de sorte que l'UCK

14 vous désignerait quelqu'un comme leur porte-parole.

15 R. Oui. A un moment, j'avais pensé avoir trouvé quelqu'un, mais à la suite

16 de la retraite de Malisevo, je n'ai plus pu entrer en contact avec cette

17 personne.

18 Q. Est-ce que vous êtes d'accord pour dire qu'il est possible que la

19 difficulté à trouver quelqu'un qui dirigeait l'UCK provient du fait qu'il

20 n'y avait pas de structure de commandement clair au sein de l'UCK au moment

21 où vous cherchiez à savoir ces choses ?

22 R. Je ne sais pas. Mais on pourrait l'imaginer. Cela pourrait être une

23 conjecture, effectivement. Je n'ai pas connaissance de structure de

24 commandement clair au moment où je m'entretenais avec ces personnes.

25 L'indication la plus proche que j'avais, c'était ces chiffres qui avaient

Page 725

1 été attribués à ces personnes auxquelles je parlais.

2 Q. Vous avez parlé du numéro 3, ainsi que de M. Kadri Vaseli, qui avait le

3 numéro 7 ?

4 R. Oui, effectivement.

5 Q. Et vous avez également indiqué que vous estimiez que M. Krasniqi avait

6 le 11 ?

7 R. Le 11 ou le 12, oui.

8 Q. Vous n'avez pas entendu qu'un chiffre ait été attribué à M. Limaj ?

9 R. Non.

10 Q. Et vous estimez que les chiffres désignaient peut-être des personnes au

11 sein de l'hiérarchie ?

12 R. C'est ce que j'imaginais, oui.

13 Q. Peut-être des membres de l'état-major ?

14 R. Peut-être, oui.

15 Q. Et vous avez dit que, lorsque vous êtes rendu à Malisevo pour la

16 première fois, vous avez rencontré M. Gani Krasniqi ?

17 R. Oui.

18 Q. Et vous parliez de lui -- vous disiez qu'il s'agissait du commandant

19 Krasniqi ?

20 R. Non. Je ne sais pas si j'ai écrit cela. Mais, pour nous, il s'agissait

21 du représentant civil. Et je ne sais pas d'où nous savons cette

22 information. Mais c'est une information qui vient probablement de la

23 mission de la MCCE, car la MCCE s'était rendue à Malisevo par le passé. Il

24 était en quelque sorte le maire de Malisevo.

25 Q. Oui.

Page 726

1 R. Et il portait également des vêtements civils lors des entretiens.

2 Q. Un peu de patience, s'il vous plaît. Si vous examinez la pièce 56 de

3 l'Accusation, c'est votre mémorandum destiné au ministère des Affaires

4 étrangères, daté du 24 juillet 1998.

5 R. Oui.

6 Q. Je voudrais prendre la version anglaise. Est-ce que vous pouvez voir le

7 passage en italique qui porte sur vos remarques ?

8 R. Oui.

9 Q. Vous dites, dans vos remarques, que M. Gani Krasniqi était un des

10 commandants de l'UCK et a participé à la mise en place de l'UCK à Malisevo.

11 R. Oui. Lorsque nous l'avons rencontré, il était maire. Il occupait une

12 fonction civile.

13 Q. Lorsque vous avez rencontré M. Limaj le 30 juillet, on vous l'a

14 présenté comme le commandant Celiku ?

15 R. Oui.

16 Q. On ne vous l'a jamais présenté comme commandant régional, n'est-ce pas

17 ?

18 R. Effectivement.

19 Q. Vous parlez de manipulation médiatique. Effectivement, toutes les

20 parties voulaient apparaître sous un jour favorable aux yeux de la

21 communauté internationale ?

22 R. Oui.

23 Q. Vous êtes d'accord ?

24 R. Je suis d'accord.

25 Q. Et vous êtes d'accord pour dire que l'UCK voulait essayer d'obéir aux

Page 727

1 différentes règles protocolaires, de manière à paraître organisée et de

2 manière à avoir voix au chapitre, sur le plan international.

3 R. En fait, nous voulions juste obtenir un interlocuteur. La manière dont

4 il se présentait nous importait peu.

5 Q. Vous vous souvenez que, lorsque vous avez rencontré M. Thaqi, le numéro

6 3, il était assez inquiet du protocole. Il s'excusait. Il disait qu'il

7 rencontrait un haut fonctionnaire, et il vous demandait d'excuser leur

8 conduite, car ils étaient des soldats et ne connaissaient pas les

9 subtilités du protocole, et cetera.

10 R. Je n'ai pas été très clair, mais il s'agit du numéro 7 qui s'est

11 excusé, lors d'une réunion avec le secrétaire général, car il n'était pas

12 suffisamment préparé. Il a ajouté qu'il disait qu'il savait qu'il était.

13 Mais en fin de compte, je pense qu'il ne le savait pas vraiment -- il ne le

14 savait pas du tout. Il ne savait pas du tout à qu'il s'adressait.

15 Q. Quelques jours plus tard, lorsque vous leur avez accordé la faveur de

16 vous rendre à Klecka, il est évident qu'ils cherchaient à vous

17 impressionner favorablement ? Est-ce que c'est exact ?

18 R. Je ne pourrais pas me prononcer là-dessus. Je ne sais pas.

19 Q. Vous avez vu une photographie, un petit peu, avec M. Krasniqi assis à

20 une table, effectivement ?

21 R. Effectivement.

22 Q. Vous avez identifié une personne à gauche et à droite de cette personne

23 assise. Il y avait M. Limaj que vous avez reconnu, et vous n'avez pas

24 identifié la personne à gauche.

25 R. Non.

Page 728

1 Q. Est-ce que vous diriez que vous avez rencontré les personnes les plus

2 importantes au sein de l'UCK ?

3 R. Non, parce que je les ai rencontrés deux ou trois fois, en juin, en

4 juillet, donc je ne sais pas.

5 Q. Lorsque vous êtes rendu à Malisevo pour la première fois, vous êtes

6 passé par le poste de contrôle de Komorane. Est-ce que c'est exact ?

7 R. Oui. Nous avons traversé ce poste. En général, j'essayais de l'éviter,

8 mais le problème c'est que, parfois, les Serbes ne nous laissaient pas

9 passer, et nous renvoyaient.

10 Q. Il s'agit d'un poste de contrôle serbe ?

11 R. Oui, c'est un poste de contrôle serbe.

12 Q. Lorsque vous êtes rendu à Malisevo pour la première fois, avez-vous vu

13 des postes de contrôle de l'UCK ?

14 R. Oui.

15 Q. Où ?

16 R. Dans les alentours de Suhareke.

17 Q. Vous avez indiqué, qu'à Malisevo, vous pensiez qu'il y aurait un centre

18 de commandement principal.

19 R. Oui, c'est là que nous recherchons nos interlocuteurs.

20 Q. Est-ce que vous pourriez décrire Malisevo à l'époque où vous êtes

21 rendu.

22 R. C'était une ville pleine de vie. C'était une croisée des chemins, avec

23 des routes vers le nord, vers le sud, vers l'est, et vers l'ouest. Le long

24 des routes, il y avait beaucoup de "shops," des personnes vendant des

25 cigarettes, et toutes sortes de choses. C'était très vivant.

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1 Q. Avez-vous vu des réfugiés, à l'époque, à Malisevo ?

2 R. Non, pas à cette époque-là. Pas ce moment-là.

3 Q. Avant de vous rendre à Malisevo, si je me souviens bien, vous aviez

4 entendu parler du nom de Gani Krasniqi.

5 R. Oui.

6 Q. Avant de vous rendre à Klecka, est-ce que vous aviez entendu le nom de

7 Celiku ou de Fatmir Limaj ?

8 R. Non.

9 Q. Pensez-vous que l'UCK a dû battre retraite devant l'offensive serbe

10 lors des mois d'été ?

11 R. Effectivement. Après les combats à Rahovec, les Serbes pensaient que le

12 moment était venu de lancer une offensive, car, selon leur perception, il

13 s'agissait d'une attaque de l'UCK, et ils se sentaient en droit de mener

14 des représailles. C'est sous cette pression que l'UCK s'est retiré de

15 Malisevo dans les montagnes.

16 Q. Vous avez décrit le voyage de Pristina à Stimlje, Lipljan -- vers

17 Klecka.

18 R. Oui.

19 Q. Est-ce que vous avez pu voir des postes de contrôle de l'UCK sur cette

20 route ?

21 R. Oui. Dans les collines. Il ne s'agissait pas d'un poste de contrôle en

22 tant que tel, mais nous avons été arrêtés par un soldat. Nous avons dû nous

23 arrêter d'une manière à ce que des dispositions puissent être prises pour

24 nous permettre de nous rendre au bâtiment où nous avions une réunion.

25 Q. Et cela, c'était à l'extérieur de Klecka ?

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1 R. Oui, c'était à quelques -- vraiment -- au bord, à quelques centaines de

2 mètres du bâtiment.

3 Q. Pour ce qui est du voyage, par la route, dans le Land Rover britannique

4 blindé, en passant par le parc national de Lipovica, est-ce que vous avez

5 pu, sur tout ce voyage, voir des postes de contrôle de l'UCK ?

6 R. Non, je n'en ai pas vu.

7 Q. Est-ce que celui que vous avez vu, c'est celui que vous avez décrit ?

8 R. Oui. Il ne s'agit pas d'un poste de contrôle, à proprement parler. Nous

9 avons simplement été arrêtés pour vérifier nos identités, et de manière

10 également à ce que ces personnes puissent préparer la réunion.

11 Q. Après le départ forcé de l'UCK de Malisevo, est-ce que vous savez que,

12 dans la presse, on pensait que l'UCK avait été battu ?

13 R. Pouvez-vous répéter la question.

14 Q. Après le départ de l'UCK de Malisevo, est-ce que vous avez lu, dans la

15 presse serbe, que l'UCK avait été battu ?

16 R. Je ne me rappelle pas. Mais je pense qu'il aurait été correct de le

17 penser.

18 Q. Est-ce que vous vous souvenez d'avoir parlé à M. Limaj à Klecka le 30

19 juillet 1998 ?

20 R. Non, je ne me souviens pas lui avoir parlé. J'ai parlé à Jakup

21 Krasniqi, mais je ne sais pas si, lui, a pris la parole. Je ne me souviens

22 pas.

23 Q. Je vais essayer de vous rafraîchir la mémoire, et dites-moi si je me

24 trompe ou non. Mais, est-ce que vous vous souvenez que M. Limaj vous a

25 parlé, via un interprète ? Il vous aurait dit qu'il n'était pas important

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1 de parler en tant que gouvernement -- parler au gouvernement, mais il était

2 important que la communauté internationale persuade les Serbes de créer un

3 couloir permettant aux civils de quitter la zone de conflit pour se mettre

4 à couvert ?

5 R. Je ne me rappelle pas de ce que je n'ai pas écrit dans mes notes. Or,

6 c'est le seul souvenir que j'ai de cette réunion. Je me souviens qu'il

7 souhaitait le retour des déplacés internes, car il y en avait.

8 M. KHAN : [interprétation] Madame et Messieurs les Juges, je vous prie de

9 nous excuser un instant.

10 [Le conseil de la Défense se concerte]

11 M. KHAN : [interprétation]

12 Q. Monsieur Kickert, veuillez examiner la pièce à conviction de

13 l'Accusation numéro 58. Il s'agit de vos notes manuscrites relatives à la

14 réunion de Klecka.

15 R. Oui.

16 Q. Les avez-vous ?

17 R. Oui, je les ai.

18 Q. Un instant, s'il vous plaît.

19 Vous y parlez des préoccupations des membres de l'UCK, de M. Krasniqi,

20 notamment, et de M. Thaqi, qui voudraient que soit convenu un cessez-le-feu

21 avant la poursuite des pourparlers; c'est exact ou pas ?

22 R. M. Thaqi n'était pas présent à cette réunion --

23 Q. Excusez-moi, M. Krasniqi.

24 R. Oui, M. Krasniqi. L'idée c'était que -- je dois vous dresser le

25 contexte une fois de plus. Nous parlions d'une plateforme d'un programme

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1 unifié pour les protagonistes kosovars. Nous nous disions que ce n'était

2 possible que si l'UCK s'abstenait, tout comme les Serbes, de lancer des

3 offensives, des attaques. Je ne parlerais pas de cessez-le-feu, mais je

4 l'ai dit ici, il s'agissait d'une des trois conditions préalables, en

5 l'absence d'action offensive.

6 Q. Dans vos notes, vous dites ceci : "si les Serbes n'acceptent pas, il

7 n'y a plus de guerre ouverte aux frontales, des personnes qui sont enlevées

8 -- ôtées."

9 C'est ce que vous dites ?

10 R. Oui. Ce n'est pas tout à fait clair, ce que j'ai dit dans mes notes. Je

11 ne me comprends plus nécessairement. Cependant, dans mon rapport, je l'ai

12 dit, ils ont dit qu'ils allaient changer de tactique, que ce ne seraient

13 plus des lignes très claires, avec Malisevo notamment, avec des zones

14 contrôlées, qu'on passeraient, à ce moment-là, à la guérilla.

15 Q. Remémorez-vous cette journée là. Je sais qu'il y a quelques années qui

16 se sont écoulées depuis. En fait, ce qui a été dit, c'est que, si l'UCK

17 n'était plus à même de mener une offensive avec une ligne de front, cela

18 posait un problème à l'UCK. Parce qu'il y avait eu déplacement de tous ces

19 civils dont il fallait s'occuper.

20 R. Oui, il y avait déjà des déplacés internes lors de la retraite de

21 Malisevo. Malisevo était vide, sans personne. C'était une ville bruyante de

22 vie qui s'était vidée, à l'exception des forces de sécurité serbes et

23 quelques civils qui étaient restés, mais rien de comparable à ce que

24 j'avais vu auparavant. Donc, il fallait bien qu'ils soient quelque part,

25 ces gens. C'étaient des déplacés internes.

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1 Q. Ces déplacés internes, c'est l'UCK surtout qui s'en occupaient, n'est-

2 ce pas ?

3 R. Je ne peux vous le dire. Ces personnes déplacées se trouvaient sans

4 doute dans des zones où se trouvait également l'UCK.

5 Q. Mais vous vous souvenez que M. Limaj voulait surtout veiller à

6 l'installation d'un couloir qui permettrait le déplacement, vers un lieu

7 sûr, des déplacés internes ?

8 R. Mais la question du retour sans encombre avait été mentionnée en tant

9 que telle, me semble t-il.

10 Q. Mais la faiblesse relative de l'UCK apparaît clairement, n'est-ce pas,

11 dans ce briefing du 31 juillet, pièce P59 ? Vous y dites que l'UCK a

12 confirmé qu'elle allait changer de tactique.

13 R. Je ne sais pas si c'est une faiblesse ou pas. C'est simplement une

14 réponse à une évolution de la situation sur le terrain.

15 Q. Et si l'UCK n'avait pas la capacité d'avoir une guerre frontale avec

16 des lignes clairement délimitées, l'UCK allait passer à la guérilla ?

17 R. Mais c'est vrai partout. Si vous êtes en infériorité numérique en

18 matière d'armes devant votre ennemi, vous devez changer de tactique.

19 Q. Manifestement, les forces qui s'opposaient à l'UCK étaient

20 supérieures ?

21 R. Les forces serbes avaient, notamment, des blindés transporteurs de

22 troupes. C'est certain, l'UCK n'en avait pas.

23 Q. Vous avez entendu énormément de propagande serbe pendant votre séjour

24 au Kosovo, n'est-ce pas ?

25 R. Il y a des livres blancs qui ont été publiés, surtout pour le Kosovo.

Page 734

1 On parlait d'attaques supposées terroristes, de nombreuses personnes

2 portées disparues, de tuées. Il y avait des mises à jour constantes de ce

3 livre, qui était distribué aux ambassades de Belgrade.

4 Q. Et ces ambassades, les prenaient-elles au sérieux, ces livres blancs ou

5 avec une pincée de sel ?

6 R. Nous nous sommes appuyés sur ce que nous disaient nos observateurs sur

7 le terrain. Mais, effectivement, ils n'avaient qu'une vue d'ensemble. Au

8 départ, ils n'étaient que très peu, et c'est seulement plus tard que nous

9 avons eu une idée d'ensemble.

10 Q. Mais de façon générale, vous aviez ces livres blancs. Vous entendiez ce

11 que disaient vos observateurs. Est-ce qu'on peut dire que la communauté

12 internationale considérait, à bien des égards, que ce livre blanc n'était

13 que de la propagande serbe ?

14 R. Nous estimions que c'était, effectivement, des choses exagérées.

15 Q. C'est un euphémisme, n'est-ce pas ?

16 R. Mais, vous savez, je suis diplomate.

17 Q. Et moi, malheureusement, je suis avocat. Mais vous conviendrez avec moi

18 qu'il s'agissait de propagande, n'est-ce pas ?

19 R. Je n'y accordais pas beaucoup de foi.

20 Q. En effet, vous parlez des hésitations manifestées par le ministère

21 autrichien qui ne veut pas se laisser entraîner dans des jeux de

22 propagande ?

23 R. Exact.

24 Q. Vous fournissez un exemple. Vous avez refusez de participer à une

25 visite organisée par les autorités serbes à Prekaz ?

Page 735

1 R. Exact.

2 Q. Parce que vous estimiez qu'il y avait un grand péril, que vous soyez

3 utilisé comme pion dans une campagne de propagande menée par les Serbes ?

4 R. Tout à fait, exact.

5 Q. Vous fournissez un autre exemple. Début mai ou fin mai, début juin

6 1998, vous êtes allé à Decani, et là aussi, au fond, c'était un coup de

7 propagande organisé par la RFY.

8 R. C'est ce que nous craignions, mais finalement, cela n'a pas beaucoup

9 marché pour eux parce qu'ils essayaient de montrer qu'ils contrôlaient le

10 Kosovo et cela n'a pas marché.

11 Q. C'était une tentative de propagande mais peu sage ?

12 R. Oui. Parce que même si nous avons participé à cette visite, il y avait

13 tellement d'informations conflictuelles, contradictoires, que nous avons

14 décidé de mener une visite à bas bruit -- alors que dans la plupart des

15 pays ont envoyé des premiers ou des deuxièmes secrétaires. Certains pays

16 ayant cependant participé aux niveaux des ambassadeurs.

17 Q. Pièce 60, rapport que vous envoyez au ministère des Affaires

18 étrangères, le 8 juin 1998. Vous l'avez ?

19 R. Je le cherche. Je l'ai trouvé.

20 Q. Deuxième page, s'il vous plaît, vous mentionnez les points de la

21 réunion d'information organisée à votre attention par le ministère de

22 l'Intérieur et le ministère des Affaires étrangères yougoslaves en cinq

23 points en bas de la page.

24 R. Oui.

25 Q. Ne dites-vous pas que le ministère des Affaires étrangères et le

Page 736

1 ministère de l'Intérieur de la RFY, dans le fond, niaient qu'il y avait un

2 quelconque problème au niveau des réfugiés au plan international ?

3 R. Oui.

4 Q. A tel point que la propagande serbe, dirais-je, allait jusqu'à dire

5 qu'en fait on a utilisé ces réfugiés, on les affublés d'accoutrements

6 nécessaires pour qu'ils donnent l'impression d'être des réfugiés.

7 R. Apparemment.

8 Q. Chaque fois que les Serbes ont eu l'occasion de proférer des

9 allégations contre l'UCK ou ont voulu minimiser leurs propres rôles dans

10 cette crise, ils l'ont fait ?

11 R. Mais c'est un peu, -- respectivement, cette manipulation, cette

12 tournure qu'on donnait aux événements dont j'ai parlée.

13 Q. Mis à part les rapports que vous avez eus avec l'UCK, vous avez eu des

14 rapports avec des autorités serbes ?

15 R. Oui.

16 Q. Que ce soit à Pristina où à Belgrade ?

17 R. Oui.

18 Q. Ceci est vrai dès votre arrivée à Belgrade en 1997 jusqu'à votre

19 départ, je suppose.

20 R. Oui, à des degrés divers. J'ai eu peu de contacts avec le ministère des

21 Affaires étrangère en tant que tel, parce qu'il était difficile d'y avoir

22 des discussions franches. Mais il y avait une tradition, dirais-je, si on

23 allait à Pristina pour voir les gens du Kosovo, on allait aussi voir le

24 préfet serbe, Mirko Dautovic.

25 Q. C'était un homme qui avait beaucoup de poids ?

Page 737

1 R. Oui, il avait un poste important à Kosovo.

2 Q. Il connaissait la ligne déterminée par les grades ?

3 R. Oui.

4 Q. Au cours de toute cette période, jamais vous n'avez eu oui dire qu'il y

5 aurait eu des prisonniers au camp de Lapusnik ?

6 R. Jamais.

7 Q. Jamais, avant ou après la réunion de juillet que vous avez eue avec M.

8 Limaj en 1998, vous n'avez entendu d'allégations selon lesquelles il y

9 aurait eu un massacre commis par l'UCK au mont Berisa ?

10 R. Non.

11 Q. Vu votre expérience et la connaissance que vous avez des Serbes, de

12 leurs manipulations, pensez-vous que si les Serbes avaient détenu ce genre

13 d'information, ils auraient hésité une seconde à utiliser ces

14 informations ?

15 R. Ils ont utilisé d'autres informations qu'elles soient justes ou pas.

16 Les Serbes ont affirmé que des gens, je ne sais pas combien, avaient été

17 tués à Klecka, notamment. Ils ont soulevé la question de Glodjena, des lacs

18 de Rodanje [phon]. Ce sont des choses qui nous ont été mentionnées.

19 Q. Je reviens à Klecka. Qu'est-ce que les Serbes ont affirmé à propos de

20 Klecka ?

21 R. Ils auraient trouvé une fosse --

22 Q. Une fosse avec de la chaux ?

23 R. Oui. Ils auraient trouvé des restes humains.

24 Q. Qu'ont-ils dit à ce propos ?

25 R. Que ces gens auraient été tués par l'UCK.

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1 Q. Est-ce que quelque chose s'est fait après ces allégations des Serbes ?

2 R. Que voulez-vous dire ?

3 Q. Est-ce qu'il y a eu, par exemple, une enquête menée par une équipe de

4 médecins légistes de Finlande ?

5 R. Oui. C'était l'issue des négociations d'octobre qui a établi la mission

6 d'observation et de vérification du Kosovo. Une équipe de médecins légistes

7 indépendants sont allés sur place pour examiner les sites. A ce moment-là,

8 il y a eu participation de la présidence autrichienne de l'Union

9 européenne, et six lieux avaient été retenus que devait examiner ces

10 médecins légistes.

11 Q. Vous savez, sans nul doute, qu'il y a des articles serbes qui disent

12 que près de 200 personnes ont été tuées à Klecka.

13 R. Je ne me souviens pas de cela. Mais il y a eu cette fosse à chaux

14 effectivement, je m'en souviens. Vous souvenez-vous si ces allégations ont

15 été avérées ou c'était simplement de la propagande serbe ?

16 R. Je ne connais pas le résultat de cette enquête, mais s'agissant des

17 sites examinés par les médecins légistes de Finlande, je n'ai pas vu de

18 rapport.

19 Q. Pensez-vous en matière de propagande que c'était là la tournure que

20 donnaient les Serbes aux informations pour essayer de se donner l'air

21 d'être eux-mêmes les victimes ?

22 R. Je n'ai pas accordé beaucoup de poids à cette question, notamment, à

23 l'affaire de Klecka dès le début.

24 [Le conseil de la Défense se concerte]

25 M. KHAN : [interprétation]

Page 739

1 Q. Evidemment. mon argument massue, Monsieur Kickert, c'est qu'en dépit de

2 ces affirmations de manipulations qui sont fondées sur des contrevérités

3 absolues, jamais vous n'avez entendu parler d'un camp illégal situé à

4 Lapusnik pendant votre séjour au Kosovo ?

5 R. Je n'ai rien entendu. Il y avait des allégations générales

6 d'enlèvements, de camps de détention illégaux. Mais effectivement, je ne

7 sais pas si on a parlé de Lapusnik.

8 Q. Vous n'avez rien entendu à propos du commandant Celiku si ce n'est que

9 c'était un commandant local ? Vous vous êtes peut-être fait une idée, mais

10 jamais vous n'avez entendu quoi que ce soit dans ce sens ?

11 R. Il a simplement été présenté comme étant un commandant.

12 Q. Vous dites, bien entendu, que vers la fin de l'année 1998, vous avez

13 rencontré M. Limaj. Il était avec M. Thaqi et vous vous êtes rencontré à

14 Baja ?

15 R. Exact. Une réunion avec l'ambassadeur Petritsch, j'y étais présent

16 aussi.

17 Q. C'était du côté du mois de novembre 1998 ?

18 R. C'est bien possible. C'était l'hiver, cela c'est certain, et il y avait

19 du brouillard. Je crois que nous étions en retard. Nous étions déjà

20 repartis lorsqu'on nous a appelé sur notre portable pour repartir afin que

21 cette réunion puisse avoir lieu.

22 Q. Revenez à ce jour brumeux du mois de novembre 1998, vous souvenez-vous

23 si ce jour-là M. Limaj a été présenté comme étant le commandant de la 121e

24 Brigade ?

25 R. Je me souviens pas si on a du tout présenté M. Limaj. Je connaissais

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1 ses traits, à ce moment-là déjà. Je ne sais pas si on l'a présenté une fois

2 de plus.

3 Q. Vous dites qu'un week-end, c'était votre week-end, vous n'étiez pas en

4 congé, mais vous êtes parti faire une visite chez M. Limaj.

5 R. C'était en 1999.

6 Q. Vous dites que ce jour-là, il y avait beaucoup de monde chez lui ?

7 R. Oui, il y avait quelques hommes.

8 Q. Vous en avez conclu que les gens semblaient avoir beaucoup de respect

9 pour M. Limaj ?

10 R. Oui. Je pense que c'était un homme qui faisait l'objet de beaucoup

11 d'estime. Cela ne m'a pas surpris d'ailleurs, car c'était un commandant de

12 l'UCK.

13 Q. Ce jour-là, vous étiez avec un journaliste ?

14 R. Oui, un journaliste et un diplomate américain.

15 Q. Ce journaliste, comment s'appelait-il ?

16 R. Dugadjin Gorani.

17 Q. Vous souvenez-vous si M. Gorani a proposé que vous alliez chez M. Limaj

18 parce que son oncle venait de mourir ?

19 R. Je ne me souviens pas de cela. C'est bien possible. Mais effectivement,

20 puisque nous étions dans le coin, M. Gorani a dit que nous pouvions aller

21 voir M. Limaj. Si c'était à cause du décès de son oncle, ce serait tout à

22 fait logique.

23 Q. Savez-vous qu'il a une tradition au Kosovo lorsqu'un proche meurt, ceux

24 qui ne sont pas partis, eux, restent à la maison pour accueillir les autres

25 proches de la famille ? Vous connaissez cette tradition ?

Page 741

1 R. Non.

2 Q. Vous citez et donnez l'exemple de Lum Haxhiu debout à côté de M.

3 Holbrooke pour être photographié.

4 R. Oui. Cela est même passé à la télé. C'est pour cela que je l'ai vu.

5 Q. Vous dites que M. Haxhiu n'était pas un dissident de l'UCK mais que son

6 comportement n'était pas bienvenu.

7 R. Si j'ai bien compris, c'était un simple soldat. Ce n'était sûrement pas

8 quelqu'un qui avait l'autorité nécessaire pour parler au nom de l'UCK.

9 Q. Mais n'est-il pas vrai, d'après ce que vous savez, c'est qu'il a de

10 lui-même décidé de porter -- donc il portait l'uniforme de l'UCK. Il

11 voulait se faire photographier parce que ce serait peut-être bien pour

12 l'UCK.

13 R. Effectivement, être photographié avec Richard Holbrooke, effectivement,

14 c'est une reconnaissance officielle. C'est ce qu'il a peut-être pensé.

15 Q. Vous penserez peut-être qu'en l'absence d'une structure de commandement

16 claire venant d'un centre, chacun faisait à sa guise pour essayer de

17 soutenir la cause de l'UCK ?

18 R. C'était peut-être simplement parce qu'il voulait se faire

19 photographier. Je ne sais pas moi, je n'étais pas là. Je ne pourrais que me

20 perdre en conjecture si je disais autre chose.

21 Q. Mais vous donnez aussi un autre exemple, des Scandinaves -- ou plutôt

22 des membres de l'UCK en Scandinavie qui auraient discuté avec M. Holbrooke.

23 R. C'était la même personne.

24 Q. Je vois. La même personne ?

25 R. Oui.

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1 Q. Vous dites que cette famille n'avait pas de statut, de fonction ou de

2 grade particulier. C'est ce que dit votre document.

3 R. Oui. C'est ce monsieur qui était photographié avec M. Holbrooke. Il

4 s'agit bien de la même personne. Vous faites maintenant référence à quelque

5 chose que je cite, je mentionne quelqu'un, je ne sais pas si c'était

6 Demaqi.

7 Q. Merci de cette précision.

8 Après la guerre, vous avez eu l'occasion de rencontrer plusieurs fois M.

9 Limaj ?

10 R. Oui.

11 Q. Est-ce que vous vous souvenez du rôle qu'il a joué au cours des

12 négociations de Rambouillet ?

13 R. Il n'avait pas le statut d'un membre de la délégation, mais si je ne

14 m'abuse, il était présent. Il avait une espèce de carte permettant l'accès

15 aux négociations en tant que conseiller.

16 Q. Vous avez pris part à ces négociations ?

17 R. Oui.

18 Q. Vous aviez un rôle, je pense, assez important en ce qui concerne les

19 services diplomatiques autrichiens.

20 R. Je n'étais pas là en tant qu'Autrichien, mais plutôt en tant

21 qu'assistant de l'envoyé spécial.

22 Q. Est-ce que vous savez que M. Limaj a œuvré pour que les Albanais du

23 Kosovo signe l'accord de Rambouillet ?

24 R. Non.

25 Q. Après la guerre en 1999, est-ce que vous connaissez le rôle qu'a joué

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1 M. Limaj ? Je pense qu'il s'agissait de l'accord administratif, mais je

2 vérifie pour en être sûr.

3 D'après vous, quel est le rôle joué par M. Limaj en 1999 ?

4 R. C'était un fonctionnaire du PDK haut placé.

5 Q. Est-ce qu'il prônait la démocratie ou est-ce que c'était un militant ?

6 R. Non, non, il était tout à fait en faveur de la démocratie et de la

7 réconciliation.

8 Q. Il en a parlé dans ce sens, officiellement et officieusement.

9 R. Oui. Oui, aucun problème. Lorsque nous avions des réunions officielles

10 au siège du parti, pas de problème. Il parlait sans difficulté le serbo-

11 croate qui était notre seul langage de communication, puisque normalement,

12 je parlais allemand, français ou anglais avec l'UCK.

13 Q. Est-ce qu'il vous est arrivé de l'entendre prononcer des termes qui

14 pourraient facilement être qualifiés d'incitation à la haine ethnique ?

15 R. Non, au contraire.

16 Q. Est-ce qu'il ne tenait pas au contraire à établir un Kosovo

17 démocratique avec des droits pour tous ?

18 R. Oui, c'est exact.

19 Q. Les mêmes droits pour les Serbes, les Bosniens, les Romes, et d'autres

20 Albanais qui seraient membres d'autres partis politiques que le sien ?

21 R. Oui, c'est exact.

22 Q. Il se peut que beaucoup d'hommes politiques albanais du Kosovo ne

23 veuillent pas parler le serbo-croate avec vous ?

24 R. Oui, c'est vrai, surtout en 1999. Je vous rappelle qu'un employé

25 onusien, un Bulgare, a été tué en 1999, sans doute parce qu'on a cru qu'il

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1 parlait le serbe quand il parlait sa langue, le Bulgare.

2 Q. Il est d'une notoriété publique que les Serbes avaient interdit

3 l'enseignement en albanais dans toutes les structures, dans toutes les

4 institutions du Kosovo.

5 R. Oui. Il y avait un système parallèle d'enseignement jusqu'au niveau

6 universitaire.

7 Q. A vos yeux, le fait que M. Limaj était prêt à parler le serbe avec vous

8 était un autre exemple du fait que c'était un vrai démocrate.

9 R. Oui.

10 Q. Pourriez-vous nous donner d'autres exemples de vos rapports avec M.

11 Limaj qui aideraient les Juges à comprendre quel homme il est ?

12 R. Je pense que c'est un bon exemple de quelqu'un qui, de soldat qu'il

13 était, est devenu homme politique. Il y a de nombreux exemples de ce genre

14 dans l'UCK. J'en ai connu à partir de 1999 jusqu'à aujourd'hui. Si je ne me

15 trompe, il s'est porté candidat à mairie de Pristina. La communauté

16 internationale avait beaucoup d'estime pour lui, comme étant une personne

17 avec qui il était tout à fait facile de collaborer.

18 Q. Merci de ces informations.

19 Merci beaucoup. Monsieur Kickert, mon confrère, Me Powles, va peut-être

20 vous poser des questions. Merci.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il faudra attendre la fin de la pause,

22 sauf si vous allez simplement nécessiter une minute ou deux.

23 M. POWLES : [interprétation] Non, un peu plus.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Oui. A cause des casettes vidéo, il

25 faut faire la pause. Nous reprendrons les débats à

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1 18 heures moins 10.

2 --- L'audience est suspendue à 17 heures 27.

3 --- L'audience est reprise à 17 heures 54.

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Guy-Smith, vous n'avez

5 pas l'impression qu'on vous oublie.

6 M. GUY-SMITH : [interprétation] Non du tout.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Powles, vous avez la parole.

8 M. POWLES : [interprétation] Je vous remercie.

9 Contre-interrogatoire par M. Powles :

10 Q. [interprétation] Monsieur Kickert, avec M. Topolski, nous représentons

11 M. Musliu qui se trouve derrière moi. Comme je vous l'indiqué, mon contre-

12 interrogatoire sera assez court, et j'espère que tout ceci ne sera pas trop

13 polémique. Vous êtes rendu au Kosovo pour la première fois dans la première

14 moitié de l'année 1998.

15 R. C'est exact. La première fois que je m'y suis rendu c'était au mois de

16 janvier 1998.

17 Q. Vous vous y êtes rendu aux fins de rencontrer des personnalités

18 importantes au Kosovo ?

19 R. Oui, des représentants politiques, mais également à l'université, car

20 il fallait s'assurer que les diplômes fournis par les étudiants albanais

21 kosovars soient des vrais diplômes. J'ai traité également avec des groupes

22 d'étudiants et les dirigeants de ces groupes. Tout ceci était à Pristina.

23 Q. Au mois de juin 1998, une décision a été prise aux fins d'entamer des

24 négociations avec l'armée de Libération du Kosovo.

25 R. Je ne sais pas si c'était au mois de juin, juillet, mais autour de

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1 cette période-là.

2 Q. Cela a été difficile car, comme vous l'avez dit, la structure de

3 l'armée de Libération du Kosovo n'était pas très claire ?

4 R. C'est exact.

5 Q. Il n'y avait pas de porte-parole à l'intérieur, ou d'interlocuteur

6 visible de l'armée de Libération du Kosovo ?

7 R. Hormis Jakup Krasniqi, il n'y avait personne -- il y avait quelqu'un à

8 Genève --

9 Q. Oui.

10 R. -- et moi, j'ai cherché quelqu'un sur le terrain.

11 Q. Oui.

12 R. Mais avant la désignation de Jakup Krasniqi, il n'y avait personne, pas

13 de porte-parole digne de ce nom.

14 Q. Connaissez-vous le rapport du Kosovo, c'était le rapport qui a été

15 rédigé par une commission indépendante au Kosovo, commission qui a été

16 présidée par Justice Richard Goldstone ?

17 R. Oui, je connais ceci.

18 Q. Cela a été décrit de cette façon : "Au mois de juillet, la mission, le

19 KDOM, Mission d'observation au Kosovo américain a été mis en place et il

20 est dit dans le rapport que le KDOM a tenté de rassembler les différents

21 groupes de l'UCK.

22 Etes-vous d'accord avec cela ?

23 R. Je ne pense pas que ce soit le KDOM qui ait fait cela en tant que tel.

24 KDOM avait différentes branches. Il y avait la branche américaine, la

25 branche russe, il y avait la MCCE. Mais KDOM, effectivement, y a pris part.

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1 Q. En essayant de rassembler les différentes factions de l'UCK et ils

2 étaient un petit peu désespéré ?

3 R. Peut-être qu'ils faisaient cela, mais notre but était de rassembler ces

4 différentes factions politiques au sein de la société albanaise kosovare,

5 et c'est l'UCK et les différentes factions politiques à Pristina qui

6 n'étaient pas unies.

7 Q. Lorsqu'il est dit dans le rapport du Kosovo qu'en réalité le KDOM avait

8 été confronté à un vide, il y avait un endroit où les dirigeants de l'UCK

9 pouvaient être contactés. Est-ce quelque chose avec lequel vous êtes

10 d'accord, et pensez-vous qu'en contactant le KDOM vous étiez à ce moment-

11 là, vous aviez la possibilité d'entrer en contact avec l'UCK ?

12 R. C'est en tout cas la voie suivie par les représentants américains. Ils

13 ont utilisé le KDOM dans ce domaine-là pour essayer d'entrer en contact

14 avec les représentants de l'UCK.

15 Q. Bien.

16 R. Mais je ne sais pas quelles personnes ils ont rencontré.

17 Q. Très bien. Vous avez eu trois réunions, si je me trompe, avec l'UCK en

18 juillet 1998.

19 R. C'est exact.

20 Q. Le 22, le 23 et le 30 juillet.

21 R. Oui, tout ceci peut être vérifié dans les rapports.

22 Q. Très bien. Et les réunions du 22 juillet, là, vous vous êtes rendu avec

23 M. Gani Krasniqi et M. Veseli, où accompagné d'un journaliste, et Lum

24 Haxhiu. Cette réunion a été organisée par Nick Turnbull, un observateur de

25 la MCCE.

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1 R. Tout est correct, hormis M. Haxhiu, le journaliste, qui n'avait pas été

2 invité, mais il s'est présenté sur les lieux.

3 Q. Et la deuxième réunion, celle du 23, le lendemain, pour rencontrer M.

4 Veseli et M. Thaqi, vous avez été emmené à cette réunion par un

5 journaliste; est-ce exact ? M. Dugadjin Gorani ?

6 R. C'est exact.

7 Q. Et la troisième réunion le 30 juillet, accompagné de

8 M. David Slinn, encore une fois, à cette réunion vous avez rencontré M.

9 Krasniqi et M. Buja, et ceci a été organisé encore une fois par le

10 journaliste ?

11 R. C'est exact, et il y avait une équipe de télévision de la BBC qui était

12 sur les lieux. Les journalistes effectivement avaient de très bons contacts

13 --

14 Q. Oui. M. Krasniqi est devenu le porte-parole de l'armée de Libération du

15 Kosovo le 11 juin.

16 R. Cela, je ne le sais pas exactement à quel moment, mais on a su au cours

17 du mois de juillet qu'il avait été désigné porte-parole.

18 Q. Cela vous est apparu de toute façon tout à fait claire --

19 R. Moi.

20 Q. -- au début du mois de juillet qu'il s'agisse là effectivement du

21 porte-parole.

22 R. A ce moment-là, nous n'étions pas tout à fait sûr au début, nous ne

23 savions s'il s'exprimait au nom de l'UCK ou non.

24 Q. Vous savez, en tout cas, le 7 juillet, vous aviez entendu dire que

25 c'était le porte-parole de l'UCK ?

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1 R. A ce moment-là, j'ai entendu de plus en plus de personnes le dire.

2 Q. Oui, mais vous ne l'avez pas rencontré, est-ce exact, avant le 30

3 juillet.

4 R. C'est exact.

5 Q. Et cette réunion qui avait été organisée par l'intermédiaire d'un

6 journaliste.

7 R. C'est exact.

8 Q. Est-il exact de dire que la situation sur le terrain au Kosovo à ce

9 moment-là, à savoir, essayer d'entrer en contact avec les différentes

10 personnes avec lesquelles vous souhaitiez entrer en contact, la situation

11 était difficile ?

12 R. Non. Elle était très difficile.

13 Q. Et même extrêmement difficile.

14 R. Surtout après le début de l'offensive serbe et militia était vidé de

15 sa population, qui était l'endroit où je pouvais les rencontrer.

16 Q. Et c'était assez difficile de savoir au sein de l'organisation qui

17 était l'interlocuteur privilégié, et ensuite de trouver un endroit où vous

18 pouviez vous réunir.

19 R. C'est exact. Je souhaitais rencontrer le numéro 3, et j'estimais que

20 c'était une personne qu'il fallait contacter, mais j'ai constaté par la

21 suite que je n'ai pas pu le rencontrer.

22 Q. Pour ce qui est de l'UCK, est-il exact de dire qu'on ne savait pas

23 précisément qui était le porte-parole, qu'il y avait une certaine confusion

24 à cet égard ?

25 R. Je crois qu'il faudrait poser la question directement à l'UCK, à

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1 savoir, s'ils étaient confus ou pas. Je peux simplement vous faire part de

2 mon point de vue.

3 Q. Quelques incidents simplement. Le 24 juin, je crois que c'est la date à

4 laquelle M. Lum Haxhiu a rencontré ou a pu se faire photographier à Munich

5 ou à côté de M. Holbrooke.

6 R. Je ne connais pas la date exacte, mais si vous le dites.

7 Q. Je crois qu'il s'agit bien de la date, mais bon, j'ai pu me tromper

8 moi-même. Cet incident a été évoqué par M. Krasniqi lors d'un entretien

9 qu'il a donné à Der Speigel, le journal allemand. Cette interview à la

10 presse -- avez-vous reçu une liasse de documents intitulés "Documents qui

11 pourront être utilisés lors du contre-interrogatoire de M. Kickert" ?

12 R. Non, je n'ai pas reçu une telle liasse de documents.

13 M. POWLES : [interprétation] Permettez-moi. Est-ce que les Juges l'ont

14 reçue ?

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Non.

16 M. POWLES : [interprétation] Et l'Accusation ?

17 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous sommes sur le point de --

18 M. POWLES : [interprétation] Merci.

19 Malheureusement, nous n'avons pas mis des intercalaires. Comme vous le

20 savez, nous n'avons pas les mêmes ressources que l'Accusation. Nous n'avons

21 même pas pu rassembler ces documents ensemble. Mais si vous me le

22 permettez, je vois il s'agit du cinquième document qui est intitulé,

23 "Porte-parole de l'UCK, le but est d'unifier tous les Albanais." Le numéro

24 est U008-3955. C'est la cinquième déclaration.

25 Q. Monsieur Kickert, avez-vous trouvé le document ?

Page 751

1 R. Oui, effectivement.

2 M. POWLES : [interprétation] Les Juges de la Chambre, vous avez pu

3 retrouver cet article ?

4 Q. A la deuxième page de cet article, vers le milieu de la question :

5 "Der Spiegel : Le journaliste : Il semble que l'UCK se soit fragmenté

6 en différents groupes qui ne sont pas d'accord sur les différentes

7 orientations. D'où viennent les ordres ? D'ici ou de l'extérieur ?"

8 La réponse de M. Krasniqi : "L'UCK n'a qu'un seul état majeur et qu'un seul

9 commandant suprême. Les décisions sont prises ici au Kosovo. Pour

10 l'instant, je suis le seul autorisé à parler au nom de l'UCK."

11 Ensuite, il poursuit en disant, M. Krasniqi -- une question est posée à

12 propos de M. Gelbard : "L'envoyé spécial s'est entretenu avec un de vos

13 représentants Suisse. Il répond : "C'était une tentative de Rugova de

14 présenter l'image de l'UCK, qui était fidèle à l'UCK." Nous avons nos

15 hommes en Suisse, mais que l'interlocuteur de Gelbard n'était pas un

16 représentant autorisé de notre mouvement."

17 La question suivante porte sur la réunion avec M. Holbrooke et M. Lum

18 Haxhiu.

19 "Le médiateur américain Holbrooke est visiblement en faveur de

20 l'intégration de l'UCK aux fins de trouver une solution au conflit. Il a

21 rencontré les représentants de l'UCK au Kosovo. Estimez-vous que ceci est

22 un signe de reconnaissance ?"

23 Réponse de Krasniqi : "Holbrooke ne s'est pas entretenu avec les vrais

24 représentants. Ce n'est pas la première fois qu'il se trompe dans son

25 évaluation de la situation.

Page 752

1 M. Krasniqi semble indiquer ici que Lum Haxhiu, lorsqu'il a rencontré

2 M. Holbrooke, n'était pas un véritable représentant de l'UCK.

3 Si vous voulez bien regarder le premier document qui se trouve dans cette

4 liasse, le rapport de la CIG sur "l'été au Kosovo, un été long et chaud."

5 Passez à la page 4, s'il vous plaît. Il y a au troisième paragraphe, la

6 dernière phrase de ce paragraphe, on peut lire, il y a une citation ici de

7 M. Krasniqi d'une interview qu'il a donnée à un journal kosovar, Koha

8 Ditore. Il dit ceci à propos de l'interview qu'il a donnée à Der Spiegel,

9 le journal allemand :

10 "Il y avait une erreur dans l'entretien que j'ai donné à Der Spiegel, car

11 il s'agit des représentants légitimes de l'UCK, et ont l'autorité

12 nécessaire pour parler au nom de l'UCK et les différents représentants et

13 diplomates à l'étranger."

14 Etes-vous d'accord, Monsieur Kickert, de dire que même

15 M. Krasniqi ne sait pas précisément qui avait la possibilité, ou qui était

16 autorisé à parler au nom de l'UCK à l'époque ?

17 R. Je ne sais pas ce qu'il entendait M. Krasniqi. A ma connaissance, M.

18 Gelbard s'est rendu à Genève, et je crois qu'il parlait au nom de l'UCK, et

19 --

20 Q. Oui, mais dans la première interview avec Der Spiegel,

21 M. Krasniqi a indiqué qu'il ne s'agissait pas de porte-parole ou de

22 représentants officiels de l'UCK. Il semble s'être corrigé lui-même par la

23 suite en disant que c'étaient des personnes qui n'étaient pas autorisées à

24 parler au nom de l'UCK.

25 R. Je crois qu'il faudrait poser la question directement à

Page 753

1 M. Krasniqi.

2 Q. Eu égard à quelque chose que vous avez écrit vous-même, vous avez fait

3 référence à M. Lum Haxhiu. Je crois qu'il s'agit de la pièce de

4 l'Accusation portant le numéro P56, Il s'agit d'une note rédigée le 24

5 juillet, note rédigée par vous. Je vous demande de bien vouloir vous

6 tourner vers la dernière page d'un rapport que vous avez rédigé vous-même.

7 Vous faites référence à Lum Haxhiu. Vous dites que c'est un simple soldat

8 qui s'est placé à droite de la photo en présence, ou lors de la visite de

9 Holbrooke à la Munich.

10 Vous dites : "Qu'au quartier général de Malisevo, évidemment, le

11 quartier général de l'UCK, on lui a donné -- on lui a demandé de ne pas

12 faire d'autres commentaires, chose qu'il a respectée."

13 Pardonnez-moi, mais s'agit-il des consignes qui ont été données à M.

14 Haxhiu de ne pas faire d'autres commentaires ?

15 R. Oui, il s'agit d'un "simple soldat". Effectivement, j'ai cité entre

16 guillemets.

17 Q. Oui.

18 R. Il y a une petite traduction, une erreur de traduction qui s'est

19 glissée ici. Cela ne se trouve pas à droite -- il ne s'est pas placé à

20 droite, mais il s'est placé dans la photo. Il a voulu être dans la photo,

21 et on lui a dit qu'il ne devrait pas parler à la presse après cela. Il ne

22 devait pas s'entretenir avec la presse, car la presse le recherchait

23 avidement, parce que s'il avait rencontré Holbrooke, qu'il devait s'agir

24 d'une personne importante.

25 Q. Oui. Si vous voulez bien maintenant vous tourner vers la quatrième --

Page 754

1 dans le sixième document dans la liasse qui vous a été remise. Je crois

2 qu'il s'agit d'un document qui s'intitule "L'UCK a prédit une marche

3 victorieuse sur Pristina".

4 Avez-vous retrouvé ce document ?

5 R. Oui, tout à fait.

6 Q. C'est un article qui a été publié dans Koha Ditore à la même date. Je

7 crois, que la date à laquelle vous avez rédigé votre rapport, à savoir, le

8 24 juillet 1998. C'est une "interview exclusive en présence de Lum Haxhiu,

9 un officier de l'armée de libération du Kosovo en charge du moral des

10 troupes, de la politique nationale et des renseignements, ou de

11 l'information dans la région de Reka." Je crois qu'il s'agit là d'éléments

12 qui ne sont peut-être pas tout à fait exacts.

13 Je souhaite que vous repreniez le rapport de TPY [comme interprété] sur ce

14 "Long été chaud". Puis-je attirer votre attention sur une partie de ce

15 document, le groupe chargé de la crise internationale et l'évaluation des

16 qualités de Krasniqi en tant que représentant en charge des relations

17 publiques au sein de l'UCK. Cela commence en bas de la page 4 du document à

18 la page 5. Je vais parler ici de l'évaluation qui en a été faite par la

19 commission chargée de résoudre la crise :

20 "D'une certaine façon, Krasniqi semble représenter -- semble être la

21 quintessence même de ces relations publiques non sophistiquées, ce qui se

22 comprend au sein de l'UCK. Alors qu'il y a des incohérences dans ses

23 déclarations que nous pouvons simplement rejeté comme étant trop

24 superficielles, mais illustrent néanmoins la difficulté de notre tâche, à

25 savoir, la difficulté de la tâche qui incombe aux observateurs

Page 755

1 internationaux qui doivent tenter de trouver des interlocuteurs valables au

2 Kosovo."

3 Est-ce que vous êtes d'accord avec ce que dit cet observateur

4 international ?

5 R. Oui, je suis d'accord avec cela.

6 Q. Et poursuit en disant : "Mouvement qui a été un mouvement clandestin,

7 et qui est sorti de l'ombre en portant un uniforme de guérilléro."

8 Et poursuit en disant : "Alors qu'au sein de l'UCK, on n'a jamais vu sortir

9 de l'ombre de tels chefs. En tout cas, sur une base hebdomadaire, les

10 journalistes interviewaient des représentants de l'UCK. Chacun prétend

11 appartenir à un groupe de rebelles, et chacun raconte une histoire

12 différente."

13 Etes-vous d'accord avec l'estimation qui est donnée par le groupe de crise

14 internationale ?

15 R. Nous n'avons pas d'idée très claire sur qui était les dirigeants de

16 l'UCK.

17 Q. Maintenant, nous allons encore une fois essayer de suivre la trame, et

18 avoir une autre estimation de M. Krasniqi. Je crois qu'il s'agit du

19 cinquième document qui a été remis. Pardonnez-moi, le quatrième document.

20 Il est intitulé "BETA recherche --"

21 Il s'agit d'un document qui s'intitule "BETA recherche l'UCK, 'l'UCK est

22 fortement ébranlée.'" C'est un document de quatre pages. Si on peut passer

23 à la page 3, s'il vous plaît, de cet article, troisième paragraphe, vers le

24 bas. Une évaluation qui est faite de

25 M. Krasniqi :

Page 756

1 "Après Orahovac, un bon nombre d'intellectuels albanais ont commencé à

2 critiquer à voix basse la responsabilité des dirigeants de l'UCK, et ont

3 clairement indiqué que ces personnes 'dans les bois' avaient peut-être des

4 'capacités intellectuelles' quelque peu réduites. Le porte-parole Krasniqi

5 était la principale cible de ces critiques, parce qu'il était incapable de

6 remplir ces obligations.

7 L'Article poursuit en disant : "Pour illustrer sa 'stupidité et son -

8 - il parlait de sa stupidité le fait qu'ils soient analphabètes. Il faisait

9 souvent état du fait que l'UCK avait remis 30 civils serbes à la Croix

10 rouge internationale, alors que personne n'avait songé à inviter une équipe

11 étrangère de télévision afin qu'il puisse couvrir l'événement. Ce qui

12 aurait permis à l'UCK de marquer des points.

13 Il semble d'après cet article, que pour ce qui est des histoires qui

14 sont racontées autour de l'UCK, qu'il n'était pas en mesure de -- que ceci

15 ne correspondait pas à ce que racontaient dans la presse les Serbes, si

16 vous pouviez les appeler comme cela.

17 Est-ce que vous êtes d'accord avec cela ? Les personnes qui faisaient

18 ou répandaient des bruits dans la presse, et cetera.

19 R. Je ne peux pas faire de commentaire là-dessus. Je savais simplement que

20 la déclaration de M. Krasniqi parle d'une patrie unifiée pour les Albanais,

21 ensuite, a retiré ceci. C'est quelque chose qui a été mal perçu par la

22 communauté internationale.

23 Q. Je crois que c'est une des incohérences faites de

24 M. Krasniqi, qu'a mentionné cette cellule de Crise internationale, qui

25 expliquait les critiques de M. Krasniqi, puisqu'on s'adressait à lui comme

Page 757

1 étant le porte-parole de l'UCK.

2 R. Je ne sais pas. Souvent les porte-parole des différentes organisations

3 internationales doivent retirer ce qu'ils ont dit. C'est vrai si vous

4 voulez l'appeler comme cela.

5 Q. Ceci s'est passé au mois de novembre en 1997. Vous-même vous étiez basé

6 à Belgrade à ce moment-là ?

7 R. C'est exact.

8 Q. Vous étiez au sein de l'ambassade, vous travailliez pour l'ambassade

9 autrichienne à Belgrade ?

10 R. C'est exact.

11 Q. Vous, sans aucun doute, vous receviez des rapports. En votre qualité

12 d'ambassadeur à Belgrade, des rapports vous parvenaient sur ce qui se

13 passait au Kosovo.

14 R. A ce moment-là, c'étaient surtout les reportages de presse que nous

15 lisions.

16 Q. Dans ces reportages de presse, y avait-il d'autres éléments

17 d'information que vous receviez ? Etiez-vous en mesure, ou saviez-vous si

18 les forces serbes menaient des attaques contre les Albanais, les Albanais

19 kosovars, la population civile du Kosovo ?

20 R. Est-ce que vous faites allusion ici à certains incidents ?

21 R. Oui, peut-être si vous pouviez nous éclairer sur ce point. Y avait-il

22 des incidents dont vous avez connaissance qui ont impliqué des civils qui

23 ont été attaqués au Kosovo dans la première partie de l'année 1998 ?

24 R. Oui, et aux mains des forces de sécurité serbe.

25 Q. Oui.

Page 758

1 R. Je ne me souviens pas. A ce moment-là, lorsqu'il y a eu l'escalade du

2 conflit et lorsque les opérations menées par les services de Sécurité

3 serbes contre Drenica à la fin du mois de février, au début du mois de mars

4 1998, c'est cela.

5 Q. Il y avait des pertes en hommes du côté des civils, comme étant une des

6 conséquences directes de ces activités ?

7 R. Il y a effectivement oui, parmi des membres de la famille Jashari, il y

8 avait des enfants et des femmes.

9 Q. Bien. Je crois qu'il y avait 18 femmes et 10 enfants.

10 R. Cela est fort possible. Il y avait un nombre important de femmes et

11 d'enfants.

12 Q. Il y avait des pertes en hommes du côté des civils, qui sont tombés aux

13 mains des autorités serbes au Kosovo.

14 R. Oui, il y a des civils qui ont souffert tout au long de ce conflit.

15 Q. Bien. Je crois que vous y avez fait déjà référence au sujet de

16 l'inquiétude de la part du gouvernement autrichien. On ne savait pas ce qui

17 se passait ici aux mains des Serbes, et ce qui se passait au Kosovo, ces

18 personnes livrées aux Serbes à ce moment-là. On vous a demandé par les

19 autorités de Prekaz au mois de mars 1998, vous avez été invités par les

20 autorités de vous rendre -- au mois de mars 1990 les autorités vous ont

21 demandé de vous rendre à Prekaz. C'est votre gouvernement qui a refusé.

22 R. Oui. Nous avons considéré qu'il s'agissait là d'un acte de propagande.

23 Mais deux de mes collègues se sont rendus à Prekaz. J'ai pu voir un petit

24 peu quelle était la situation à ce moment-là. Il y avait des attachés

25 militaires dans la région et à la morgue. Ils sont allés constater la mort

Page 759

1 des victimes.

2 Q. Oui. Si je puis tourner votre attention maintenant sur le dernier

3 document de cette liasse. En haut à droite, vous avez un numéro R025-781.

4 Est-ce que vous avez ce document sous les yeux, Monsieur Kickert ?

5 R. Oui, je l'ai.

6 Q. C'est un rapport, je crois, qui est un rapport de "l'Union européenne,

7 KDG CC Pristina/Conseiller médical, OPS, PIO." Savez-vous qui en est

8 l'auteur ? Ce rapport peut-être n'est pas quelqu'un qui était sous votre

9 responsabilité.

10 R. Oui, c'était certainement sous la responsabilité de la MCEE, je crois

11 qu'il s'agit d'un rapport de la MCEE. Il s'agit d'un conseiller médical.

12 C'était à l'époque un médecin autrichien qui faisait partie de l'équipe de

13 la MCEE à Pristina. Il aurait pu en être l'auteur.

14 Q. Ce texte se poursuit en disant : "RC Belgrade HC MCEE Sarajevo."

15 Ensuite, on peut lire "ambassade autrichienne."

16 S'agit-il de votre ambassade de l'ambassade autrichienne ?

17 R. Oui, ce serait notre ambassade, puisque nous avions l'ECMU à l'époque.

18 Q. Il s'agit d'un document que vous auriez transmis en votre qualité de

19 représentant de l'ambassade autrichienne à l'époque ?

20 R. Absolument.

21 Q. Si on peut lire ceci et certains éléments contenus dans ce rapport,

22 titre :

23 "Milliers de personnes déplacées.

24 "Signes de maladie contagieuse.

25 "Besoin urgent d'eau potable et de nourriture.

Page 760

1 On parle de "destruction, de vandalisme dans la région de Malisevo,

2 et ceci au quotidien. Ceci s'accroît au quotidien.

3 " Les forces de police serbes pillent les magasins de Malisevo et

4 incendient les bâtiments.

5 "Tombes à Orahovac.

6 Je dois dire que la date de ce rapport est le 6 août 1998.

7 Le résumé indique qu'il s'agit d'un rapport qui porte sur la période allant

8 du mois de juillet, le 28 juillet au 5 août. Ensuite, les auteurs de ce

9 rapport sont indiqués, on y fait référence.

10 Sous le titre de juillet 29, à la deuxième page du document, on peut lire :

11 "La police se trouvait sur la route. Il semble qu'ils aient le contrôle, ou

12 assuraient le contrôle de la région entre Komorane et Orahovac. Il n'y a

13 qu'un seul homme qui a été vu à Malisevo; il était escorté par un policier.

14 Il était entré dans un bâtiment alors qu'il patrouillait le village." Est-

15 ce que l'on voit ceci sous la date du 29 juillet ?

16 R. Oui.

17 Q. De façon plus importante, en bas de la page 2 août, on peut lire : "La

18 patrouille commune de l'Union européenne, américaine et russe, a visité

19 Malisevo-Banja-Suva et Reka [phon] cette région." Ensuite, ce qui est

20 encore plus important, ils disent avoir conduit, être allés jusqu'à

21 Lapusnik en voiture, parce qu'il se trouve à

22 5 kilomètres de Komorane. La patrouille a vu des maisons incendiées, et il

23 n'y avait personne aux alentours."

24 Le rapport poursuit en disant : "Le nombre d'animaux morts dans la région

25 de Malisevo était plus important que les deux jours précédents. La

Page 761

1 patrouille s'est rendue à Banja à 4 kilomètres au sud-est de Malisevo, et a

2 vu des attaques de mortiers dans la rue, et a vu le minaret d'une mosquée

3 détruite. La patrouille a appris que les habitants dans leur quasi-

4 totalité, -- les habitants de Malisevo et Banja dans leur quasi-totalité

5 ont quitté leurs maisons avant que les forces de sécurité ne lancent leur

6 offensive quelques jours avant."

7 Ensuite, le texte se poursuit en disant : "Ils craignent toujours le

8 massacre et se cachent dans les collines voisines. La patrouille s'est

9 rendue à Krvasorija à 6 kilomètres au sud-est de Malisevo pour rendre

10 visite au DP à cet endroit." Ils disent que; "ils se cachaient dans les

11 forêts. Ils disent qu'ils vivent dans des conditions d'hygiène déplorables.

12 Certains sont malades, certains souffrent de diarrhée et de fièvre et

13 d'infection."

14 Le texte se poursuit en disant à la troisième page : "Ensuite,

15 lorsque nous sommes repassés à Lapusnik, "lors de notre retour," on peut

16 lire, "il y avait un village désert. Nous avons vu des bâtiments brûlés,

17 quelques heures auparavant, indiquant qu'il y avait peut-être des

18 propriétés qui brûlaient à Lapusnik à ce moment-là."

19 Ensuite, on regarde août 4, la dernière phrase -- pardonnez-moi, au début

20 de la page, le 4 août. "La patrouille conjointe, Union européenne et la

21 patrouille américaine, se sont rendues à Malisevo et ont remarqué que des

22 policiers étaient en train de piller des magasins à cet endroit-là."

23 Ensuite, en bas du paragraphe, on parle toujours de la même date du 4

24 août : "Lorsque nous sommes repartis à Komorane, les policiers de Lapusnik

25 ont été vus en train de mettre le feu à une ferme. Quelques dizaines de

Page 762

1 bâtiments ont été détruits, et certains brûlaient encore."

2 Une référence, ici, est faite aux forces de police et aux forces

3 serbes, dans ce rapport ?

4 R. Oui, c'est exact. Comme je vous l'ai indiqué précédemment, lorsqu'on se

5 rendait à Malisevo, après que cette ville ait été abandonnée par l'UCK, on

6 voyait, à chaque fois, lorsqu'on traversait le village, qu'il y avait eu

7 encore davantage de destructions. Chaque fois que l'on s'y rendait,

8 quelqu'un avait utilisé un bulldozer, et le bulldozer avait terminé ce qui

9 avait été commencé à Malisevo.

10 Q. Oui.

11 R. Les observateurs de la MCCE n'ont vu personne. Je ne sais pas s'il

12 s'agit du même incident. Il y avait un policier serbe portant l'uniforme

13 avec un jerrican d'essence, qui mettait le feu aux maisons.

14 Q. Oui. Mais d'après ce rapport, vous serez d'accord avec moi pour dire,

15 qu'à partir du 28 juillet, il y a un rapport qui indique que les forces

16 serbes détruisaient toutes les maisons à Lapusnik et ailleurs.

17 R. Oui, effectivement. C'est vrai que, dans les villages et les maisons,

18 il n'y avait pas d'habitants, et lorsqu'on traversait ceux-ci, on voyait

19 qu'on avait mis le feu à ces maisons.

20 Q. Oui.

21 R. Ceci, également, est arrivé aux observateurs de l'Union européenne

22 lorsqu'ils s'y sont rendus à la fin du mois de juillet, lorsqu'ils ont vu

23 les champs; lorsqu'ils sont rentrés, ils voyaient que tout ceci était en

24 feu.

25 Q. Et que les forces serbes étaient responsables; c'est cela ?

Page 763

1 R. Oui, nous supposons que -- c'est qu'il ne s'agissait pas de civils, et

2 qu'il s'agissait simplement des forces de police serbes.

3 Q. Ce rapport mentionnait-il les Serbes ?

4 R. Oui. Ils ont vu même les observateurs, et c'est ce qu'ils ont consigné

5 dans ces rapports.

6 Q. Oui.

7 R. Je ne l'ai pas vu, mais eux l'ont vu.

8 Q. Et les conséquences, il me semble, pour la population civile dans cette

9 région, c'est que tout avait été détruit, et ils ont été obligés de fuir.

10 R. C'est la raison pour laquelle, au mois d'août 1998, nous savions qu'une

11 crise humanitaire se profilait à l'horizon, non seulement à cause de ce

12 rapport, mais à cause de ce que nous pouvions constater à ce moment-là. Par

13 exemple, le commissaire qui était responsable des affaires humanitaires et

14 qui était en visite dans cette région a fait état de cela. Nous avons

15 essayé de déployer nos différents observateurs dans différentes régions --

16 parties du Kosovo pour assurer -- donner un sentiment de sécurité, par leur

17 présence, à la population dans ces régions, de façon à ce qu'ils puissent

18 retourner chez eux et s'éloigner de ces collines dans lesquelles ils

19 s'étaient réfugiés.

20 Q. Vous n'êtes jamais allé à Lapusnik, vous-même, Monsieur Kickert ?

21 R. Jamais.

22 Q. Mais vous avez entendu de plusieurs combats menés au cours de la

23 guerre.

24 R. On pouvait voir ceci. Sur l'artère principale, on voyait l'impact des

25 balles.

Page 764

1 Q. Oui. Cela n'est pas quelque chose sur lequel vous pouvez mettre --

2 faire la clarté, mais saviez-vous où se trouvait la ligne de front à

3 Lapusnik ?

4 R. Non.

5 Q. Encore une fois, ceci peut être un peu en dehors de votre domaine

6 d'expertise, Monsieur Kickert, mais peut-être que vous êtes en mesure de

7 nous aider et d'aider la Chambre de première instance sur ceci. Je vais

8 vous poser la question. Au début de 1998, les forces serbes, et en

9 particulier, les services de renseignements des forces serbes étaient assez

10 sophistiqués, si on le compare avec l'Armée de libération du Kosovo ?

11 R. Je ne peux pas faire des commentaires. Je ne sais pas.

12 Q. Est-il exact de dire que les forces serbes avaient de l'expérience, une

13 expérience assez récente, lors de la guerre dans les autres républiques

14 yougoslaves ?

15 R. Je crois que c'est votre interprétation, et c'est vrai qu'ils avaient

16 certainement de l'expérience.

17 Q. Savez-vous que les forces serbes s'étaient infiltrées dans l'Armée de

18 libération du Kosovo et qu'il s'agissait là d'informateurs ?

19 R. Non.

20 Q. Est-ce que vous avez entendu les forces serbes utiliser les Albanais

21 comme des informateurs au cours de cette période ?

22 R. Non.

23 Q. Est-ce que c'est quelque chose dont vous avez entendu parler ?

24 R. Non.

25 Q. Merci beaucoup, Monsieur Kickert.

Page 765

1 M. GUY-SMITH : [interprétation] Pas de questions, Monsieur le Président.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

3 Monsieur Black.

4 M. BLACK : [interprétation] Monsieur le Président.

5 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous demande de bien vouloir

6 ralentir, s'il vous plaît.

7 M. BLACK : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai une seule question.

8 Je demande simplement à ce que ce document portant le numéro ERN U008-3969

9 ait une cote, s'il vous plaît, qu'on lui attribue une cote. C'est une pièce

10 de l'Accusation.

11 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agit de la pièce P65.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce que vous pourriez attendre un

13 moment, le temps que nous retrouvions ledit document.

14 M. BLACK : [interprétation] Oui. Je m'excuse.

15 Si cela peut vous aider, Monsieur le Président, moi, je pense que, si ce

16 document est versé au dossier, je n'ai pas besoin d'en poser des questions

17 --

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il ne s'agit pas de dire quiconque, il

19 s'agit maintenant de dire qu'il s'agit d'une pièce à conviction. Ce

20 document est devenu une pièce à conviction de l'Accusation. Il s'agit de

21 l'article BETA.

22 M. BLACK : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

24 M. BLACK : [interprétation] Et l'autre document, qui porte le numéro ERN

25 U008-3955, sur sa première page, est le titre suivant, "L'objectif du

Page 766

1 porte-parole de l'UCK est l'unification de tous les Albanais."

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Il s'agit de l'article Der Spiegel ?

3 M. BLACK : [interprétation] Oui, et je voudrais que ce document ait

4 également une cote pour l'Accusation.

5 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira du document P66.

6 M. BLACK : [interprétation] Ceci dit, Monsieur le Président, je n'ai pas

7 d'autres questions.

8 M. POWLES : [interprétation] Madame et Messieurs les Juges, je voudrais

9 dire la chose suivante. J'ai oublié de demander que le dernier document qui

10 a été soumis au témoin, le rapport du 6 octobre, soit admis au dossier

11 comme pièce à conviction pour la Défense. Je pense qu'il s'agirait du

12 document portant la cote DM2.

13 M. LE GREFFIER : [interprétation] Effectivement, Maître Powles.

14 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Monsieur Kickert, comme vous l'aurez

15 compris, dans cette série de considérations techniques, il n'y a pas

16 d'autres questions pour vous. Le Tribunal vous remercie d'avoir été là et

17 d'avoir fourni les réponses à nos questions, et nous vous souhaitons un bon

18 voyage.

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

20 [Le témoin se retire]

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] La question se pose de savoir à

22 présent si -- Monsieur Nicholls, je m'adresse à vous.

23 M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vous pouvez utiliser les 23 minutes

25 qui nous restent.

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1 M. NICHOLLS : [interprétation] Je suis à la disposition du Tribunal. Nous

2 devons préparer la salle d'audience avant de l'entrée du témoin. Nous

3 pouvons commencer demain car je pense que nous ne travaillerons pas

4 beaucoup aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, si je commence demain, j'aurais

5 fini demain également. Donc, je pense que nous pouvons lever la séance à ce

6 stade et renvoyer le témoin chez lui, qui est déjà ici depuis un certain

7 temps. Mais quoi qu'il en soit, je suis entre vos mains.

8 [La Chambre de première instance se concerte]

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je pense qu'il serait opportun de

10 lever la séance un petit peu plus tôt aujourd'hui et de reprendre demain à

11 14 heures 15.

12 M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

13 --- L'audience est levée à 18 heures 38 et reprendra le mercredi 24

14 novembre 2004, à 14 heures 15.

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