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1 Le jeudi 28 août 2008
2 [Audience publique]
3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 8 heures 57.
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Faites entrer le témoin.
6 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Ossogo, vous vouliez
8 soulever quelques questions.
9 M. OSSOGO : Oui, Monsieur le Président, juste une petite question. J'en ai
10 parlé déjà à mes confrères du conseil de la Défense, peut-être pas à M.
11 Alarid. Il s'agit d'une requête que nous avons déposée le 18 août pour
12 l'admission de certaines pièces à conviction, et cette requête n'a pas
13 encore connu une décision. Dans cette requête il y avait un document, un
14 programme spécial pour aider la Chambre et la Défense à voir les lieux.
15 C'est un programme spécial que nous avons conçu et que nous vous avions
16 annoncé au cours de précédentes Conférences de mise en état. C'est un
17 programme qu'on appelle 360 degrés. En attendant la décision que vous allez
18 prendre sur cette requête, je voudrais demander à mes confrères si je peux
19 utiliser des extraits de ce programme. Ce sont juste des images, le lieu à
20 Bonista [phon] et à Bikavac dans lesquelles le témoin nous précisera
21 exactement où les lieux se sont passés et où elle était. J'ai donc parlé à
22 mes collègues -- à mes confrères en face et ils n'ont pas d'opposition à
23 cet égard.
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien.
25 Je vois qu'il n'y a pas d'objection à ce que vous les utilisiez.
26 Ne faites pas entrer le témoin pour le moment.
27 [La Chambre de première instance se concerte]
28 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, huis clos partiel.
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1 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes maintenant à huis
2 clos partiel.
3 [Audience à huis clos partiel]
4 (expurgé)
5 (expurgé)
6 (expurgé)
7 (expurgé)
8 (expurgé)
9 (expurgé)
10 (expurgé)
11 (expurgé)
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 (expurgé)
15 (expurgé)
16 (expurgé)
17 [Audience publique]
18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je souhaiterais que l'on fasse
19 entrer le témoin dans le prétoire.
20 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Poursuivez, Monsieur Ossogo.
22 LE TÉMOIN: TÉMOIN VG-115 [Reprise]
23 [Le témoin répond par l'interprète]
24 Interrogatoire principal par M. Ossogo : [Suite]
25 Q. [interprétation] Bonjour, Témoin VG-115.
26 R. Bonjour.
27 Q. Avez-vous bien dormi ?
28 R. Oui, j'ai bien dormi pendant une ou deux heures. Je vous en remercie.
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1 Q. Très bien. Je vois que vous serez donc en forme pour pouvoir répondre
2 aux dernières questions que nous aurons à vous poser dans cette affaire.
3 Nous allons revenir sur les événements concernant l'incendie qui a eu lieu
4 dans la rue de Pionirska. Et pour cela, Monsieur le Président, je voudrais
5 que nous puissions aller à huis clos partiel, car il y aura des
6 informations qui ne sont pas à être révélées.
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Très bien. Huis clos partiel.
8 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes maintenant à huis clos
9 partiel.
10 [Audience à huis clos partiel] [Confidentialité partiellement levée par une ordonnance de la Chambre]
11 (expurgé)
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 (expurgé)
15 (expurgé)
16 (expurgé)
17 (expurgé)
18 (expurgé)
19 (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 (expurgé)
24 (expurgé)
25 (expurgé)
26 (expurgé)
27 (expurgé)
28 (expurgé)
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1 (expurgé) à partir de laquelle vous avez observé l'incendie.
2 R. [Le témoin s'exécute]
3 Q. Ensuite, pouvez-vous tracer avec une flèche un trait sur la rue
4 Pionirska, quelques centimètres, peut-être 5 centimètres, pour marquer la
5 rue Pionirska.
6 R. [Le témoin s'exécute]
7 Q. Pouvez-vous, si vous vous souvenez - merci - pouvez-vous, si vous vous
8 souvenez, indiquer à quel endroit vous avez vu la fumée. D'où venait la
9 fumée ? Si vous ne vous souvenez pas, ce n'est pas grave.
10 R. [Le témoin s'exécute]
11 Q. Merci.
12 M. OSSOGO : Monsieur le Président, je voudrais que cette pièce à conviction
13 puisse être déposée pour le compte de l'Accusation.
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, oui.
15 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Cela est versé au dossier sous la cote
16 P31.
17 Mme LE JUGE VAN DEN WYNGAERT : [interprétation] Monsieur le Procureur, il
18 serait peut-être utile de savoir quelle maison a été mise à feu, de
19 demander au témoin qu'elle indique quelle maison a été mise à feu. Merci.
20 M. OSSOGO : Merci, Madame le Juge.
21 Q. Témoin VG-115, est-ce que vous pouvez indiquer, au cas où vous le
22 savez, la maison qui a été mise à feu et de laquelle sortaient la fumée et
23 le feu et les flammes que vous avez vus ?
24 R. Sur l'écran ou sur la photographie ?
25 Q. Sur la photographie, s'il vous plaît.
26 R. [Le témoin s'exécute]
27 Q. Merci.
28 M. OSSOGO : Maintenant, Monsieur le Président, nous allons continuer notre
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1 interrogatoire sur quelque deux ou trois questions pour finir avec
2 l'incident de Pionirska.
3 Q. Témoin VG-115, est-ce que le lendemain de l'incendie qui a eu lieu dans
4 la rue de Pionirska, Milan Lukic vous a rendu visite, (expurgé)
5 (expurgé)
6 (expurgé)
7 (expurgé)
8 Q. Et quelle était son apparence ? Comment était-il habillé ?
9 R. Milan portait un uniforme de camouflage; il était armé comme
10 d'habitude, comme toujours; et il avait eu une des ses mains qui était
11 bandée.
12 Q. Est-ce que vous pouvez vous souvenir de la main, de quelle main avait
13 le bandage -- portait le bandage ?
14 R. Non, je ne m'en souviens plus. De toute façon, ce n'était qu'une main.
15 Je m'excuse, je ne me souviens plus de laquelle de ses mains.
16 Q. Très bien. Est-ce qu'il a expliqué à qui que ce soit pourquoi il
17 portait ce bandage ?
18 R. Normalement les gens lui demandaient : Qu'est-ce qui est arrivé à votre
19 main ? Et Milan répondait : Je me suis blessé à la main hier soir, la nuit
20 dernière.
21 Q. Quand vous dites "les gens," pouvez-vous vous souvenir qui il a
22 contacté dans l'entreprise ?
23 R. Tout le monde connaissait Milan dans l'entreprise, les hommes et les
24 femmes. Je le connaissais personnellement également, mais je ne lui ai
25 jamais posé de questions à propos de sa main. Donc je ne peux pas
26 maintenant dire à la Chambre ce qu'il était advenu de sa main, mais de lui-
27 même il a indiqué qu'il s'était blessé la nuit précédente.
28 Q. Je vous remercie.
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1 Témoin VG-115, nous allons maintenant parler d'un incident. Avant de
2 passer à un autre incident, nous allons passer à un incident préliminaire,
3 à savoir qu'en l'année 1992, je vous demanderais si vous souvenez que le
4 groupe de Milan (expurgé) et a extrait des Musulmans
5 --
6 M. ALARID : [interprétation] Objection, question directrice.
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous ne pouvez pas poser de
8 questions directrices à ce sujet. Je vous demanderais de bien vouloir
9 reformuler votre question.
10 M. OSSOGO :
11 Q. Est- il arrivé un jour de l'année 1992 que Milan Lukic (expurgé)
12 (expurgé)
13 M. ALARID : [interprétation] Objection, question directrice.
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Non, non, je vais autoriser cette
15 question. Il peut demander si Milan Lukic (expurgé)
16 Il peut lui demander ce qu'il a fait, ce qu'il a fait lorsqu'il est
17 venu d'ailleurs dans l'entreprise.
18 Donnez votre réponse. Madame, est-ce que Milan Lukic (expurgé)
19 (expurgé)
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Milan Lukic (expurgé)
21 (expurgé) Mais un jour, comme l'a indiqué l'avocat lorsqu'il a posé sa
22 question, ils étaient en train de planifier quelque chose. (expurgé)
23 (expurgé) j'ai vu tout un convoi de voitures et
24 de personnes (expurgé) Ils voulaient faire
25 sortir (expurgé)
26 (expurgé) Il y avait des femmes -- enfin, c'était valable pour les
27 femmes et pour les hommes également. (expurgé)
28 (expurgé)
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1 (expurgé) j'ai pu prévenir beaucoup de personnes et leur dire de se
2 cacher. Je leur ai dit qu'il y avait quelque chose de louche qui se tramait
3 et qu'on allait les extraire, (expurgé)
4 (expurgé)
5 (expurgé)
6 (expurgé) Mais Milan Lukic a pu trouver trois (expurgé)
7 (expurgé) et les a emmenés. (expurgé)
8 (expurgé)
9 (expurgé)
10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie.
11 Je vous demande de reprendre à partir de maintenant, Monsieur Ossogo.
12 M. OSSOGO : Merci, Monsieur le Président.
13 Q. Lorsque Milan Lukic est arrivé avec son groupe, est-ce qu'il vous a
14 parlé, ou un des membres de son groupe vous a parlé ?
15 R. Cela s'est passé il y a fort longtemps maintenant, et je ne m'en
16 souviens pas très bien, mais quelqu'un (expurgé)
17 (expurgé) a commencé à vociférer, a commencé à poser des
18 questions, en demandant où se trouvaient les autres. Il semblait en fait me
19 soupçonner, mais mon devoir consistait à protéger ces personnes. Elles
20 n'étaient pas armées et elles n'avaient aucune protection. Elles se
21 contentaient tout simplement de faire leur travail. Ce n'était pas des
22 personnes impliquées en politique, et ces personnes avaient besoin d'être
23 protégées, d'être mises en sécurité. (expurgé)
24 (expurgé)
25 Lorsqu'ils les ont conduits vers la voiture et lorsqu'ils sont partis avec
26 eux, peu de temps après nous avons entendu des tirs. Je soupçonne qu'ils
27 ont été tués alors qu'ils se trouvaient sur le nouveau pont qui enjambait
28 la Drina. C'était pendant la journée, malheureusement, ils n'ont même pas
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1 respecté le couvre-feu. Peu leur importait, qu'il s'agisse du jour ou de la
2 nuit, que les gens pouvaient les voir ou les entendre d'ailleurs. Ils
3 vaquaient à leurs occupations quelle que soit l'heure de la journée. (expurgé)
4 (expurgé)
5 (expurgé)
6 (expurgé)
7 (expurgé)
8 (expurgé)
9 (expurgé)
10 (expurgé)
11 (expurgé)
12 (expurgé) Parce que j'ai très vite compris que dans la
13 ville de Visegrad, parmi la population musulmane, il y avait une profonde
14 injustice dont ils avaient fait les frais. Il s'agissait de personnes qui
15 ne participaient pas à la guerre, des femmes, des enfants, des jeunes
16 filles, des personnes âgées, tous des civils. Les Lukic ne se battaient pas
17 pour leur territoire, pour la république serbe. Ils massacraient, ils
18 tuaient la population civile innocente en juin, juillet et août. Et après
19 cela il n'y a plus un seul Musulman qui restait à Visegrad, pas d'enfants,
20 pas de vieillards non plus. Je m'excuse, je suis ici et je ne peux pas vous
21 montrer de preuves, des photographies. Mais il y avait tous les jours,
22 après 15 heures, des assassinats sur le pont de la Drina. Il y avait plus
23 d'une centaine d'hommes qui venaient, qui travaillaient pour l'entreprise
24 Varda, par exemple, qui résidaient en ville, qui venaient des villages
25 avoisinants. Il y avait du sang dans la rivière.
26 Q. Oui. Merci, Témoin VG-115. Nous allons continuer notre interrogatoire
27 sur un aspect assez particulier que vous avez pu observer concernant les
28 activités de Milan Lukic et de son groupe, c'est l'incendie de Bikavac. Y
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1 a-t-il eu un incendie dans le quartier de Bikavac à votre connaissance, et
2 en quelle année ?
3 R. Cela s'est également passé à la fin du mois de juin 1992, après
4 l'incident de la rue Pionirska, après le grand massacre; après le grand
5 massacre dans la maison d'Omeragic, il y a eu dans la maison de Meho Aljic
6 (expurgé) un massacre à Bikavac.
7 Q. Pouvez-vous nous décrire, s'il vous plaît, ce que vous avez observé de
8 cet incident ?
9 R. Oui, je peux vous le décrire. Cela s'est passé pendant l'après-midi.
10 J'étais seule dans la maison de ma famille dont je m'occupais et je me
11 souciais du sort des Subasic. (expurgé)
12 Pasan et Aisa Subasic. Leur maison se trouvait tout près à Bikavac. (expurgé)
13 (expurgé) pour ce qui est de ce
14 couple âgé, il faut savoir qu'ils avaient plus de 80 ans, qu'ils étaient
15 seuls. J'allais souvent leur rendre visite pour leur amener à manger parce
16 qu'on ne pouvait plus rien acheter. Tous les magasins étaient fermés. On ne
17 pouvait pas tout simplement aller acheter quelque chose dans un magasin. Et
18 ce jour-là je suis allée chez moi, il s'agissait de ma maison qui venait
19 d'être meublée pour que nous puissions y habiter. (expurgé)
20 (expurgé) Donc
21 je suis allée chez moi pour chercher du café, du sucre, de la lessive, pour
22 pouvoir amener tout cela à ce couple âgé afin de les aider. Juste avant, je
23 les avais vus, ils m'avaient expliqué comment ils se cachaient, parce
24 qu'ils habitaient dans un bâtiment qui venait d'être construit. Il y avait
25 également un abri antiguerre là, et ils ont dit : cela fait des jours que
26 nous nous cachons dans votre maison avec de nombreux voisins du quartier.
27 Lorsque je suis rentrée de chez moi, j'ai vu un convoi de véhicules. Ils ne
28 pouvaient pas atteindre les maisons parce que la rue était très étroite, et
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1 tellement étroite que les véhicules ne pouvaient pas y passer. J'ai reconnu
2 la voiture de Milan Lukic ainsi que les voitures d'autres membres de son
3 groupe. Ils avaient pris d'ailleurs ces voitures à des Musulmans. Il y
4 avait de nombreuses voitures et il y avait de nombreuses personnes
5 également, et il y avait beaucoup de personnes que j'ai reconnues qui
6 venaient de Gostilja et ils ont tous été conduits dans la maison de Meho
7 Aljic, (expurgé)
8 (expurgé) Puis je suis allée dans un petit
9 verger, il y avait de petits pruniers sur la droite --
10 (expurgé)
11 (expurgé)
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 (expurgé)
15 (expurgé)
16 (expurgé)
17 (expurgé)
18 (expurgé)
19 (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 Monsieur Ossogo.
24 M. OSSOGO : Oui, Monsieur le Président.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Il y a différentes approches pour ce
26 qui est de poser des questions au témoin. L'approche narrative n'est pas
27 une approche qui me plaît particulièrement parce que cela nous donne un
28 très long récit. Je préfère que les avocats posent des questions au témoin,
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1 que les témoins répondent de façon succincte, ensuite vous pouvez poser une
2 autre question. Je pense que dans ce cas de figure, l'approche que je
3 préconise serait une bien meilleure approche car visiblement le témoin est
4 en train de souffrir.
5 M. OSSOGO : Je vous remercie, Monsieur le Président. En fait, j'ai bien
6 voulu interrompre le témoin, mais il y a aussi une conséquence qui peut y
7 arriver, c'est la perte de la construction de ses idées, sachant que ce
8 témoin effectivement est traumatisé, comme vous avez pu le constater par
9 deux fois au moins, et par plusieurs fois depuis que - d'ailleurs elle est
10 arrivée ici, nous sommes en session à huis clos partiel, hors de cette
11 Chambre nous avons constaté quand même des éléments qui pouvaient troubler
12 sa santé. C'est pour ça que je ne me suis pas permis de l'arrêter pour
13 qu'elle ne perdre pas le fil de ses idées afin de revenir au moment où elle
14 s'arrêterait. Mais sinon, je suis tout à fait d'accord avec vous que cette
15 approche est probablement la meilleure qui puisse nous permettre, n'est-ce
16 pas, de pouvoir avoir avec précision les faits.
17 Maintenant qu'elle s'est arrêtée, je peux donc effectivement continuer. Je
18 vous remercie.
19 Q. Merci, Témoin VG-115, de tout ce que vous venez de dire. Je voudrais
20 revenir donc à un aspect de ce que vous avez observé avant de continuer.
21 Est-ce que vous pouvez nous indiquer où vous étiez lorsque le groupe de
22 Milan Lukic est allé à la maison que vous avez indiquée, à savoir la maison
23 de M. -- vous avez dit, Meho Aljic; c'est bien ça ?
24 (expurgé)
25 (expurgé) d'où avez-vous observé l'intrusion,
26 n'est-ce pas, du groupe de Milan Lukic dans la maison de M. Meho Aljic
27 ainsi que vous l'avez indiqué ?
28 R. Ils se trouvaient dans cette rue très étroite devant moi. Si vous avez
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1 des photographies, je peux vous montrer la rue. Ils étaient en face de moi
2 et je n'avais aucune possibilité de les contourner.
3 Q. Vous avez parlé de photographies. J'y arrive tout à l'heure. Est-ce que
4 vous avez pu reconnaître les membres de ce
5 groupe ?
6 R. Oui, je pouvais reconnaître les membres de ce groupe, parce que je les
7 connaissais très bien (expurgé) Il y avait
8 également des ressortissants de Visegrad dans ce groupe.
9 Q. Est-ce que vous pouvez les désigner nommément ?
10 R. Je vais m'efforcer de me souvenir de tous les membres. Il y avait Milan
11 Lukic, Sredoje Lukic également, donc Milan Lukic avec son père, Mile; il y
12 avait Gojko Lukic qui était là; il y avait Niko Vujicic qui était là
13 également, il était policier à Visegrad; Veljko Planincic, un officier de
14 police de la ville de Visegrad également, que l'on appelait Razinoda; il y
15 avait Radoje Simsic (expurgé) un homme plutôt âgé qui
16 se trouvait là également; Oliver Krsmanovic, qui était également de
17 Visegrad, il était routier; Caruga de Pljevlja qui était là également. Je
18 ne connais pas son nom et son prénom; Slobodan Roncevic qui était là
19 également; (expurgé)
20 (expurgé) c'était un étudiant de Novi Sad qui
21 est originaire du Monténégro. Puis il y avait Mitar -- Mitar Vasiljevic --
22 Mitar père; il y avait aussi Knezevic qui n'avait qu'un œil; il y avait
23 Zoran qui venait des environs de Belgrade, de Ostruznica -- je ne sais plus
24 s'il s'appelait Simsic ou Vasiljevic d'ailleurs, mais je le connaissais
25 très bien, et lui, je le reconnais très bien. Il y avait d'autres membres
26 du groupe de Lukic dont je ne me souviens pas des noms mais que je pourrais
27 reconnaître d'ailleurs.
28 Q. Qu'ont-ils fait par la suite ? Vous les avez vus, qu'ont-ils fait ?
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1 R. Je suis allée sur la droite. Il y avait une petite barrière, on pouvait
2 la franchir et aller vers le verger où il y avait les pruniers. C'était un
3 itinéraire que l'on empruntait pour éviter la route. Eux, ils étaient en
4 train d'emmener les gens vers la maison de Meho Aljic. Il y avait des gens
5 de Gostilja que j'ai reconnus. (expurgé)
6 (expurgé) Je
7 ne connais pas le nom de l'oncle, c'était un homme âgé. Ces gens étaient en
8 train de pousser la porte du garage de Meho, ils ont bloqué la porte grâce
9 à la porte du garage et ils l'ont placée sous la fenêtre du salon qui se
10 trouvait face à la route.
11 Je pouvais très bien reconnaître (expurgé) qui sont
12 entrés dans la maison de Meho Aljic. Milan était en train de vociférer, il
13 était en train de crier, et il s'agissait des dernières dont je me
14 souviens.
15 Q. Oui, je voulais vous interrompre justement pour vous demander : à
16 ce stade, avez-vous vu des personnes qui étaient forcées d'entrer dans
17 cette maison de M. Miho Aljic ?
18 R. Oui, je les ai vues.
19 Q. -- les identifier pour la Chambre au mieux de votre connaissance ?
20 R. Je m'en souviens très bien. Est-ce qu'il faut que je vous donne tous
21 les noms de cette famille, tous les noms des membres de cette famille
22 maintenant ?
23 R. Si vous pouvez, Madame.
24 (expurgé)
25 (expurgé) C'était la famille Turjacanin, Djulka Turjacanin. Sa fille était Zehra
26 Turjacanin --
27 Q. Je voulais vous interrompre ici. Je vous ai remis une feuille hier, et
28 la deuxième feuille comportait un pseudonyme. Alors le premier nom que vous
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1 venez de citer, il s'agit de VG-114.
2 R. [aucune interprétation]
3 Q. Allez-y, vous pouvez continuer.
4 R. C'était la famille Turjacanin. Djulka Turjacanin; VG-114. Zehra
5 Turjacanin, je ne sais pas quel est son nom de femme mariée; il y avait la
6 fille en bas âge de Djulka Turjananin, (expurgé) et elle
7 avait des problèmes d'origine mentale, elle ne pouvait pas parler, elle
8 avait 10 ans à l'époque. J'ai oublié son nom. Puis il y avait Zehra
9 Turjacanin. Elle aussi, elle avait un enfant à bas âge qui se trouvait là,
10 et c'est la dernière famille qui est entrée dans la maison de Meho Aljic.
11 Q. Je vous arrête un instant. Je voudrais qu'il y ait une correction. VG-
12 114, c'est Zehra Turjacanin. C'est le pseudonyme de Zehra Turjacanin et non
13 Djulka. Une correction sur le transcript.
14 Vous pouvez continuer, Madame, à citer le nom des personnes que vous avez
15 vues être forcées d'entrer dans la maison de Meho Aljic.
16 R. Je m'excuse. Je n'avais pas tout à fait compris la question. Je me
17 concentrais sur VG-114, donc je n'ai pas tout à fait saisi le sens de votre
18 question. Auriez-vous l'amabilité de répéter votre question.
19 Q. Oui, certainement --
20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Cepic.
21 M. CEPIC : [interprétation] Je m'excuse, une petite question d'ordre
22 technique. Est-ce que nous pourrions procéder à l'expurgation du nom parce
23 que nous sommes en audience publique. Voyez, le VG-114 --
24 Mme LA GREFFIÈRE : [aucune interprétation]
25 M. CEPIC : [interprétation] -- parce qu'il s'agit d'un témoin protégé et là
26 je vois que le nom complet figure au compte rendu d'audience.
27 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.
28 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Nous sommes
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1 à huis clos partiel.
2 M. CEPIC : [interprétation] Très bien, je m'excuse alors.
3 M. OSSOGO :
4 Q. Oui, VG-115. Je vais répéter ma question. Je voulais vous demander de
5 reprendre, de continuer du moins à citer les noms des familles que vous
6 connaissiez et qui ont été forcées d'entrer dans la maison de Meho Aljic.
7 Vous avez cité le chef de la famille Turjacanin et VG-114 elle-même, Zehra.
8 Continuez donc à nous donner ces noms-là, puisque vous avez dit que vous
9 les connaissez.
10 R. Donc je vous ai dit qu'il s'agissait de personnes de Gostilja. Je vous
11 ai donné les noms de la famille Murtic. Ce sont des gens qui habitaient
12 dans les villages avoisinants. Je ne connaissais pas leurs noms, mais je
13 connaissais très bien la famille Turjacanin, (expurgé)
14 (expurgé) Donc pour la famille Turjacanin, il y avait
15 quatre femmes de cette famille qui étaient présentes, puis il y avait un
16 enfant, l'enfant de Dzehva Turjacanin.
17 Q. Je vous remercie. Donc ces personnes ont été forcées d'entrer dans la
18 maison de Meho Aljic par le groupe de Milan Lukic. Que s'est-il passé par
19 la suite ?
20 R. Après cela, alors qu'ils étaient en train de tirer cette porte du
21 garage, j'ai supposé qu'ils allaient incendier la maison, ce qui s'est
22 passé d'ailleurs. Donc je suis passée par ce verger où il y avait les
23 pruniers pour arriver à la route principale. Je descendais vers la ville.
24 Je n'ai pas eu le temps d'aller rendre visite au couple âgé avec le petit
25 sac que je portais. Le témoin protégé et les autres membres de la famille
26 Turjacanin dont j'ai parlé m'ont tous vue alors que j'entrais dans le
27 verger et le terrain appartenait à Medo Mulahasic.
28 Q. Est-ce que vous connaissez M. Mulahasic ou des membres de sa famille ?
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1 R. Oui, je le connaissais très bien.
2 Q. Y avait-il autour de sa maison ou à côté des membres de sa famille qui
3 y habitaient ?
4 R. Medo vivait dans la maison de Medo Mulahasic, avec son épouse Sevala et
5 ses deux filles. Il y en avait une qui s'appelait Hanka. J'ai oublié le
6 prénom de son autre fille. Ces jeunes filles étaient mariées. Il avait
7 également deux fils qui habitaient en Serbie. Donc Medo et Sevala Mulahasic
8 vivaient seuls parce que leurs enfants étaient partis et résidaient
9 ailleurs. Donc c'était un couple âgé qui vivait seul. Mais ce jour-là je
10 n'ai pas vu Sevala ou Medo Mulahasic. Par la suite, j'ai vu un incident en
11 ville, un incident auquel a participé Medo Mulahasic.
12 Q. VG-114, donc vous avez cité parmi les personnes qui ont été forcées
13 d'entrer dans la maison de Meho Aljic, habitaient-elles loin ou quelle
14 était la proximité de sa maison, si vous savez, la proximité de sa maison
15 par rapport à celle de Meho Aljic.
16 R. Très près.
17 Q. Je vais vous remettre une carte que vous avez d'ailleurs désirée, pour
18 que vous puissiez indiquer un premier point la maison de Meho Aljic, où
19 s'est déroulé ce drame. (expurgé)
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9 Q. Témoin VG-115, je reviens donc à vous sur ces incidents. Et je voulais
10 vous demander après que ces personnes aient été forcées d'entrer dans la
11 maison de M. Meho Aljic, de l'endroit ou de votre poste d'observation que
12 vous venez d'indiquer sur cette photo, qu'est-ce que vous avez entendu ou
13 vu par la suite ? Vous avez parlé de coups de feu, je pense.
14 R. Je pouvais voir qu'ils jetaient des bouteilles contenant de l'essence
15 qu'ils enflammaient et je pouvais voir qu'ils tiraient des rafales vers la
16 fenêtre et ils jetaient très fort des grenades à main. Et après ça j'ai dû
17 m'en aller, je n'ai pas eu le temps d'aller visiter ce couple de personnes
18 âgées. Je suis allée vers le centre-ville. J'ai suivi la rue Bikavac. Il y
19 avait beaucoup de bruit, il y avait des explosions, et ils faisaient la
20 même chose que dans la rue Pionirska, mais à Bikavac j'ai pu voir de mes
21 propres yeux, et je maintiens ma déclaration, je la maintiens absolument.
22 Q. Je vous remercie. Vous avez au début de la description de cet incident
23 donné des noms de personnes qui avaient été forcées d'entrer dans cet
24 immeuble, et je voulais vous demander si, après tout ce que vous avez
25 entendu, vous avez rencontré certaines de ces personnes ? Que sont-elles
26 devenues ?
27 R. Depuis cet événement, je n'ai plus revu qui que ce soit de la famille
28 Turjacanin. J'ai rencontré un homme de la famille Murtic qui est venu me
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1 voir et qui m'a raconté des choses concernant cet incident. Il m'en a dit
2 davantage. J'avais vu sa femme et sa mère et son oncle. Mais je n'ai jamais
3 rencontré et revu qui que ce soit de la famille Turjacanin.
4 Q. Vous dites que vous avez rencontré un homme de la famille Murtic qui
5 vous a dit des choses. Que vous a-t-il dit ?
6 R. Il m'a dit que dans la maison qui appartenait à Meho Aljic, sa mère, sa
7 femme et son oncle avaient été brûlés, mais qu'il avait réussi à s'échapper
8 du village de Gostilja et qu'ils n'ont pas réussi à le retrouver. Il m'a
9 également dit ce qu'il avait entendu, à savoir qu'il y avait un témoin qui
10 avait survécu, une femme de la famille Turjacanin. Je suis très heureuse
11 qu'elle ait survécu à cette tragédie.
12 Q. Merci. Quand vous dites vous êtes très heureuse qu'elle ait survécu,
13 vous parlez de qui ?
14 R. Est-ce que j'ai la permission de mentionner son nom maintenant pour ne
15 pas créer un incident ? Est-ce que j'ai le droit de mentionner le nom de
16 cette personne qui a survécu ?
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] En audience privée ? Oui, en
18 audience privée.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] La personne qui a survécu est Zehra
20 Turjacanin, c'était une fille qui avait à peu près 23 ans à l'époque. Je la
21 connais très bien. Elle avait des cheveux longs et c'était une jolie fille.
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4 M. OSSOGO :
5 Q. Témoin VG-115, je voudrais vous poser quelques dernières questions
6 avant d'en finir avec cet incident de Bikavac. Vous avez indiqué
7 précédemment que Milan Lukic criait sur les personnes qu'il avait fait
8 entrer de force dans la maison de Meho Aljic. Est-ce qu'en criant il leur a
9 dit quelque chose que vous avez pu entendre ?
10 R. Il criait. Il criait pour qu'ils entrent dans la maison beaucoup plus
11 vite, parce que les gens résistaient, notamment la famille Turjacanin.
12 Q. Quand vous dites qu'il criait, est-ce qu'il poussait des cris ou alors
13 il disait des paroles ? S'il disait des paroles, est-ce que vous pouvez
14 vous souvenir éventuellement du contenu de ces paroles qu'il disait ?
15 R. Non, Milan Lukic ne m'a jamais rien dit. Il criait. Il criait en fait à
16 l'attention des personnes qu'il voulait faire entrer beaucoup plus vite
17 dans la maison de Meho Aljic.
18 Q. Merci. Ensuite vous avez dit qu'il a ajouté des produits incendiaires.
19 Des produits incendiaires ont été jetés dans la maison ainsi que des
20 grenades. Savez-vous qui a jeté ces produits ?
21 R. Dans la mesure où je pouvais le voir, ils avaient des bouteilles qui
22 étaient remplies d'essence ou qui étaient remplies de produit incendiaire;
23 et les grenades à main, il s'agissait en fait de petites grenades à main
24 qui font beaucoup de bruit.
25 Q. Quand vous dites "ils", avez-vous pu identifier peut-être qui parmi
26 eux, parmi le groupe, faisait cela ?
27 R. Il s'agissait des membres de son groupe, bien que Milan soit celui que
28 l'on remarquait le plus. Je n'avais pas beaucoup de temps de toute façon.
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1 Je n'ai pas osé m'attarder là davantage.
2 Q. Oui, je comprends bien. Mais quand vous dites Milan était celui donc
3 qui dirigeait le groupe, est-ce que vous pouvez - je m'excuse d'insister
4 dessus - identifier ce que lui-même faisait ? Vous avez déjà identifié le
5 fait qu'il a ouvert le garage, qu'il criait sur ces personnes qui étaient
6 forcées d'entrer dans la maison de Meho Aljic et qui ont péri par la suite
7 et -- qu'a-t-il fait ensuite ? Avez-vous pu observer autre chose ?
8 R. Milan tirait la porte métallique, la porte du garage, qui a ensuite été
9 placée contre la porte principale de la maison. Le garage d'ailleurs
10 faisait partie de la maison. Ils ont placé cette porte du garage contre la
11 porte de la maison pour empêcher les gens d'en sortir, et de là où je me
12 trouvais, je pouvais voir tout cela.
13 Q. Merci. Lorsque donc il a procédé ainsi pour empêcher les gens de
14 sortir, c'est ensuite que les grenades ont été jetées. Etait-il parmi ceux
15 qui jetaient les grenades ?
16 R. Ils étaient plusieurs. C'est Milan qui dirigeait tout cela. C'est lui
17 qui dirigeait. C'était sa voix que l'on pouvait entendre le plus. Vous
18 savez, ce n'était pas très agréable pour moi que d'être là et de voir tout
19 ce qui se passait. Je savais ce qui se passait, je n'ai pu aider personne,
20 je ne pouvais pas véritablement aider quelqu'un.
21 Q. Ensuite, s'agissant de Sredoje Lukic, est-ce que vous pouvez donner des
22 précisions sur sa participation à cet incident ? Que faisait-il ? Vous nous
23 avez décrit ce que faisait Milan Lukic.
24 R. Sredoje Lukic criait également, poussait ces personnes, vociférait. Il
25 a aidé Milan à tirer la porte métallique du garage, et ce, jusqu'à la porte
26 d'entrée de la maison. Il intimidait également les gens. Il portait une
27 cagoule pour ne pas être reconnu, parce qu'il était officier de police dans
28 la ville de Visegrad, donc tout le monde le connaissait.
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1 Q. Et vous, vous avez déjà indiqué que vous le connaissiez personnellement
2 ?
3 R. Je connais Sredoje Lukic. Je le connais personnellement. Lorsque la
4 paix régnait, c'était une personne fort aimable.
5 Q. Après la paix, c'est-à-dire lorsque la guerre a commencé, ce n'était
6 plus la même personne ?
7 R. Lorsque la guerre a éclaté, Sredoje a véritablement beaucoup changé.
8 C'était un homme qui était marié, un père de famille, il avait trois
9 enfants, sa femme s'appelait Vicenka [phon]. D'après ce que je sais, il n'y
10 a aucun membre de sa famille qui a été tué. Donc il n'avait aucune raison
11 de se comporter de la sorte.
12 Q. Je vous remercie. Les personnes qui ont été -- toutes ces personnes que
13 vous avez citées et qui ont été enfermées dans la maison de Meho Aljic,
14 étaient-ce des civils ? Vous avez dit que vous les connaissez. C'était des
15 gens du village ?
16 R. Il s'agissait tous de civils. Personne n'était armé ou il n'y en avait
17 pas un qui portait l'uniforme. Il s'agissait de civils.
18 Q. Je voudrais maintenant vous référer à un incident, celui qui concerne
19 M. Gojko Lukic. Vous aviez dit que c'est le frère de Lukic, vous l'avez
20 identifié comme le frère de Lukic, et comme étant quelqu'un qui vivait avec
21 Lukic dans la maison que vous avez identifiée à Pionirska, et qui vivait
22 également avec ses parents. Est-ce qu'il était marié ?
23 R. D'après les dires de Gojko Lukic lui-même, il était marié, son épouse
24 résidait à Belgrade, et ils avaient deux fils. Je ne sais pas si cela est
25 vrai. Et d'ailleurs je n'avais pas envie de mettre à l'épreuve tout cela.
26 C'était le frère aîné de Milan Lukic.
27 Q. Est-ce que sa femme a été tuée ?
28 R. Gojko Lukic a rencontré une jeune fille, une jeune femme pendant la
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1 guerre. Il l'a rencontrée à Visegrad; pendant les premiers mois, ce n'était
2 pas son épouse.
3 Q. Qu'est devenue cette femme, s'il vous plaît ?
4 (expurgé)
5 (expurgé)
6 (expurgé) Il avait besoin de carburant.
7 Il m'a dit : Tiens, retourne-toi et regarde par la fenêtre, c'est ma petite
8 amie Amela Gacka du village de Dobrun.
9 Q. Avez-vous aperçu cette femme dans une voiture avec Milan Lukic -- que
10 conduisait Milan Lukic ?
11 R. J'avais remarqué cette femme dans la Passat, mais ce n'est pas ce jour-
12 là, c'était à la fin de l'automne, un ou deux mois plus tard.
13 Q. Après que vous l'ayez rencontrée, avez-vous appris ce qu'elle était
14 devenue ?
15 R. J'ai eu également l'occasion de l'apercevoir lorsqu'elle marchait avec
16 la mère de Milan Lukic. Elles portaient des provisions qu'elles avaient
17 achetées au marché. Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer qu'Amela Gacka
18 était enceinte.
19 Q. Est-ce qu'elle est vivante aujourd'hui ?
20 R. Amela Gacka n'est plus en vie.
21 Q. Pouvez-vous nous décrire dans quelle condition elle est morte, si vous
22 le savez ?
23 R. Je rentrais du centre de la ville, des services de la comptabilité (expurgé)
24 (expurgé) Amela Gacka était assise à côté
25 de Milan dans la voiture. Il l'a amenée vers le pont, vers le pont qui
26 enjambait la Drina. Je me souviens que cela s'est passé avant 13 heures,
27 pendant la journée. C'est la dernière victime que je connais dans la ville
28 de Visegrad. Cela se passait à la fin de l'automne, il faisait froid. En
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1 fait, d'après ce que j'ai appris, Milan a fait en sorte qu'elle revienne de
2 Belgrade pour pouvoir mettre un terme à sa très jeune vie. Amela Gacka
3 avait un père et un frère. Son père s'appelait Meho Gacka. J'ai oublié le
4 nom de son frère d'ailleurs, (expurgé)
5 (expurgé)
6 Q. Vous dites qu'il l'a fait venir pour mettre un terme à sa vie. Que
7 voulez-vous dire ?
8 R. Ce que j'entends, c'est que Gojko Lukic, son frère aîné, a tout
9 abandonné, a renoncé à tout, et sa présence au cours des derniers mois
10 n'était plus remarquée à Visegrad. Il est parti avec Amela Gacka pour
11 pouvoir se construire un avenir avec elle, ailleurs, et elle était enceinte
12 également. Avant d'accoucher et avant que l'enfant ne naisse, il l'a
13 ramenée dans la ville de Visegrad et a mis un terme à sa vie. Sinon, Amela,
14 elle serait ici également comme témoin, elle aurait beaucoup de choses à
15 dire à propos de ce qu'a fait Milan. Je suis vraiment désolée pour elle,
16 pour sa famille, pour ses parents, son frère que je connaissais bien, même
17 si je ne sais pas où ils sont de nos jours. Je ne sais pas s'ils sont
18 encore en vie. Je n'ai absolument aucune information à leur sujet.
19 Q. Quand vous dites qu'il a mis un terme à sa vie, vous parlez de qui, de
20 Gojko ou de Milan Lukic ?
21 R. Je parle de Milan Lukic. Ce que je veux dire, c'est qu'au cours des
22 derniers mois, Gojko, on ne le voyait plus, il n'était plus dans la ville
23 de Visegrad. Lui-même avait dit qu'il allait renoncer à tout, qu'il allait
24 quitter la ville, qu'il allait tout abandonner pour aller vivre avec Amela
25 Gacka. Et il me l'a dit, il m'a dit : J'ai peur qu'il la tue, qu'il tue
26 Amela un jour, parce qu'il avait également tué sa mère. Je vous relate tout
27 cela et ce sont en fait les propos de Gojko Lukic que je vous relate. J'ai
28 réfléchi à ce que m'a dit cet homme et à ce qu'il a fait. Il a fait tant de
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1 choses, il a fait tant d'erreurs, mais je dois dire que j'ai quand même une
2 certaine lueur d'espoir pour lui, et je m'excuse de toute l'injustice dont
3 il a souffert, parce qu'il ne faut pas oublier qu'il a perdu son épouse
4 ainsi son bébé qui n'était pas né.
5 Q. Je vous remercie, Témoin VG-115.
6 M. OSSOGO : Monsieur le Président, sur ce, j'en ai terminé avec ce témoin.
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Ossogo.
8 Maître Alarid.
9 Maître Alarid, bien sûr, vous avez tout à fait le droit de poser vos
10 questions de façon véhémente, cela relève un peu de votre tradition du
11 système auquel vous êtes habitué, mais j'aimerais quand même que vous
12 n'oubliiez pas que ce témoin est extrêmement troublée et a vécu des choses
13 très dures. Prenez cela en considération, Maître, et je sais que vous
14 pourrez poser vos questions de façon catégorique, peut-être, mais je vous
15 demanderais toutefois de ne pas oublier l'état dans lequel elle se trouve
16 maintenant. Je vous remercie.
17 M. ALARID : [interprétation] Je vous remercie. C'est ce que je ferai.
18 Contre-interrogatoire par M. Alarid :
19 Q. [interprétation] Témoin 115, bonjour.
20 R. Bonjour.
21 Q. J'aimerais revenir sur ce que vous venez de nous dire, mais dans un
22 premier temps j'aimerais vous rappeler quel a été votre rôle dans les
23 poursuites engagées contre Mitar Vasiljevic, Milan Lukic et Sredoje Lukic.
24 Est-ce que nous pouvons faire ceci ?
25 R. Pour être très franche avec vous, j'ai décidé de le faire moi-même.
26 J'ai décidé de témoigner moi-même pour pouvoir prouver par le menu quelle
27 était la vérité à propos de ce qu'ont fait les Lukic, à propos de ce qu'a
28 fait Mitar Vasiljevic. Personne ne m'a forcée à le faire et je le fais de
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1 façon tout à fait volontaire.
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie.
3 M. ALARID : [interprétation]
4 Q. Oui, bien. C'est justement ce dont je voulais que nous parlions. Vous
5 avez pris cette décision de témoigner, d'être témoin à charge contre Milan
6 Lukic, Sredoje Lukic et Mitar Vasiljevic. Et j'aimerais savoir quand vous
7 avez pris la décision de devenir témoin à charge.
8 R. De toute façon, c'est une idée que j'ai toujours eue dans mon
9 subconscient. Bien entendu, je ne pouvais pas le faire à Visegrad parce
10 qu'à Visegrad je n'étais pas libre. (expurgé)
11 (expurgé)
12 (expurgé) Je savais qu'un jour je viendrais témoigner à la
13 barre des témoins ou j'écrirais un livre à ce sujet.
14 Q. Pourquoi est-ce que vous souhaitiez écrire un livre à ce sujet ?
15 R. Je souhaiterais écrire un livre parce que la plus belle des villes, à
16 savoir Visegrad, qui était la ville que j'aimais le plus dans la République
17 de Bosnie-Herzégovine, qui est devenue la Republika Srpska maintenant,
18 (expurgé)
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20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 Q. Oui.
23 R. Allez-y. Posez votre question. Puis-je poursuivre ?
24 Q. Madame, n'est-il pas exact que vous imputez la responsabilité
25 personnelle pour la destruction de Visegrad à mon client, Milan Lukic,
26 ainsi qu'à Sredoje Lukic et Mitar Vasiljevic ? Vous les rendez responsables
27 de la destruction de cette ville ?
28 R. Maître, je dois vous dire ce qui suit : Milan Lukic, Sredoje Lukic,
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1 Mitar Vasiljevic, ainsi que tous les membres du groupe de Milan, ont
2 toujours arboré leur drapeau noir où il y avait une tête de mort et il
3 était écrit sur le drapeau "Les justiciers." (expurgé)
4 (expurgé)
5 (expurgé)
6 Q. Je n'ai pas encore dit que vous mentiez.
7 R. Je ne suis pas venue ici pour mentir. Je suis venue ici pour que la
8 vérité éclate. Cette vérité porte tout simplement sur ce qu'ont fait ces
9 personnes à la ville et dans la ville de Visegrad. Je ne suis pas en train
10 de défendre la population musulmane ou la population serbe, d'ailleurs. Je
11 suis venue ici tout simplement pour vous relater mon vécu, pour vous dire
12 ce que j'ai pu observer, pour que la justice puisse éclater.
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7 R. Je vous dis, et je vous le dis aujourd'hui également, que je ne ressens
8 pas le besoin de haÏr quiconque. Je ne peux pas haïr les personnes. J'ai
9 tout simplement un sentiment de honte. C'est un sentiment de honte que j'ai
10 encore. Je n'ai jamais haï la famille Lukic. Je ne les haïssais pas avant
11 la guerre, pendant la guerre, je ne les hais pas maintenant. (expurgé)
12 (expurgé)
13 (expurgé) C'est moi qui avais peur d'eux. Ce n'est pas eux qui ont
14 peur de moi. J'aimerais répéter ce que j'ai dit. Je n'ai pas de haine
15 personnelle à leur égard. Je n'ai pas de haine personnelle à l'égard des
16 Serbes. Je me contente tout simplement de dire la vérité. Je ne protège pas
17 les Musulmans.
18 Q. Madame, le fait que vous avez été très proche de plusieurs crimes,
19 n'est-il pas exact que les personnes qui ont participé à ces crimes ne vous
20 ont jamais fait mal ?
21 R. Vous savez, il y a eu des choses maléfiques dans d'autres situations
22 qui ne sont pas pertinentes en l'espèce, mais je dois dire que pendant deux
23 ans et demi j'ai connu cette situation maléfique, parce que je ne pouvais
24 pas quitter la ville. Si je l'avais quittée, cela aura été beaucoup mieux
25 pour Lukic, (expurgé)
26 (expurgé) Visegrad est une
27 petite ville. Tout le monde se connaît. Tout on peut entendre. On sait tout
28 ce que font les gens. J'ai pu voir ce qu'ils faisaient, et j'aimerais
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1 insister sur le fait que je n'ai pas de haine personnelle à leur égard.
2 Q. Mais ce n'est pas la question que je vous ai posée. La question que je
3 vous ai posée est comme suit : Vous étiez à proximité géographique des
4 auteurs de crimes très, très graves. Ils vous ont vue. Ils savaient que
5 vous les aviez vus, et pourtant ils ne vous ont fait aucun mal; est-ce que
6 cela n'est pas exact ?
7 R. Oui, ça c'est vrai. A ce moment-là, ils ne m'ont fait aucun mal.
8 Q. Mais ne pensez-vous pas qu'il est illogique que vous n'ayez pas été
9 touchée, notamment parce qu'en fait vous (expurgé) ne pensez-
10 vous pas qu'il est illogique que vous ne soyez pas devenue une victime
11 comme le reste de ces personnes ou comme ces autres personnes ?
12 R. Je ne vois pas où vous voulez en venir. Quelle est votre question
13 précise ? Est-ce que Milan Lukic aurait dû me tuer dans la rue Pionirska ou
14 à Bikavac ? C'est cela qui vous conviendrait ?
15 Q. Non, ce n'est pas du tout cela qui me conviendrait, mais ce qui me
16 conviendrait, par contre, c'est que vous nous expliquiez pourquoi un témoin
17 important de ces crimes si atroces, (expurgé)
18 ne fait pas partie des victimes. Avec le recul, vous ne pensez pas que cela
19 est illogique ? Vous ne seriez pas ici aujourd'hui, mais tout simplement
20 puisque vous avez dit qu'ils vous haïssaient également ?
21 R. Oui, ils me haïssaient. Ce n'est qu'aujourd'hui qu'ils ont vu que
22 j'avais survécu. Les Lukic, ils n'ont pas eu le temps de me tuer. Ils
23 savaient pertinemment que je ne pouvais pas quitter la ville, (expurgé)
24 (expurgé)
25 (expurgé)
26 (expurgé)
27 Q. Madame, vous avez fait une déclaration et vous dites que vous avez
28 décidé donc proprio motu de devenir témoin à charge contre les Lukic et
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1 Vasiljevic, n'est-ce pas ?
2 R. Oui.
3 Q. J'aimerais savoir, avant de prendre la décision, de prendre cette
4 décision de fournir votre déclaration dans les deux procès, est-ce que vous
5 aviez lu quoi que ce soit ou est-ce que vous aviez, par exemple, pris
6 connaissance de l'acte d'accusation dressé à l'encontre de M. Lukic ?
7 R. Non.
8 Q. Donc vous n'avez absolument rien lu à propos des faits et des
9 circonstances de l'incendie avant que vous ne fournissiez vos déclarations
10 pendant trois jours en l'an 2000; c'est cela ?
11 R. J'ai fait mes déclarations lorsque Mitar Vasiljevic a été arrêté. C'est
12 à ce moment-là que j'ai fait ma déclaration.
13 Q. Donc je suppose que vous avez pris connaissance de cette information
14 dans la presse ou en parlant à des personnes de la communauté ?
15 R. Vous pouvez certes supposer cela. Je ne m'y oppose absolument pas. Je
16 suis venue ici pour dire la vérité.
17 Q. Lors de l'interrogatoire principal, vous avez témoigné et dit que
18 lorsque vous avez vu que Mitar Vasiljevic avait été arrêté, il était
19 beaucoup plus corpulent que lorsque vous le connaissiez, et lorsque vous
20 avez pu assister aux atrocités qu'il avait commises; est-ce exact ?
21 R. Mitar Vasiljevic avait grossi lorsque je l'ai revu dans le prétoire, il
22 avait grossi depuis la dernière fois je l'avais vu à Visegrad.
23 Q. Mais n'est-il pas exact que vous avez dit que vous aviez vu des
24 photographies de Vasiljevic après son arrestation ?
25 R. Je ne me souviens pas de cela. J'ai vu Mitar en chair et en os dans la
26 ville de Visegrad, ensuite, après plusieurs années, j'ai vu Mitar qui avait
27 été arrêté. Quelques années s'étaient écoulées, je n'ai pas pu m'empêcher
28 de remarquer, et j'ai fait la remarque que Mitar avait grossi.
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1 Q. Alors il y avait deux années qui s'étaient écoulées. Vous faites une
2 déclaration en 2008 à propos des événements qui s'étaient produits en 1992.
3 J'aimerais savoir quand est-ce que vous aviez vu Mitar Vasiljevic pour la
4 dernière fois lorsque vous avez fait votre déclaration en 2001 ?
5 R. J'ai pu voir Mitar Vasiljevic tout le temps que je me trouvais à
6 Visegrad. (expurgé)
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10 (expurgé)
11 Q. J'aimerais que soit affichée à l'écran la pièce 1D00-0596 qui est la
12 version anglaise de la déclaration de l'an 2000 du Témoin 115, et vous avez
13 donc la pièce 1D00-0016 [comme interprété] qui est la version en B/C/S.
14 En attendant que cela soit affiché à l'écran, est-il exact, Madame, que
15 vous avez lu cette déclaration avant de venir déposer
16 ici ?
17 R. Excusez-moi, je n'ai pas compris votre question. Que m'avez-vous
18 demandé ?
19 Q. Est-ce que vous avez lu la déclaration que vous avez faite au Tribunal
20 en l'an 2000 avant votre déposition d'aujourd'hui pour vous rafraîchir la
21 mémoire ?
22 R. Oui, je l'ai parcourue. Je n'ai pas lu l'intégralité de la déclaration.
23 M. ALARID : [interprétation] J'aimerais demander à Mme l'Huissière de vous
24 présenter la page 14 des deux déclarations respectives.
25 Q. Est-ce que vous voyez cette page ? Je souhaiterais que vous lisiez le
26 paragraphe où il est question de Gojko Lukic, c'est le troisième paragraphe
27 à partir du haut ?
28 R. Oui, Gojko Lukic.
Page 728
1 Q. Vous avez dit, alors que vous avez fait votre déclaration solennelle,
2 que vous avez vu la mort sur la Drina de la femme de son frère, n'est-ce
3 pas ?
4 R. Oui, une petite minute. Oui, je l'ai lu.
5 Q. Est-il exact que vous ne mentionnez pas dans votre déclaration que vous
6 avez été témoin oculaire du meurtre ?
7 R. Oui, mais il s'agit d'un résumé de ma déclaration.
8 Q. Madame, ne pensez-vous pas que c'est un fait important, le fait d'avoir
9 été témoin oculaire d'un crime, c'est un fait très important qui aurait dû
10 se retrouver dans votre déclaration ?
11 R. Ce jour-là, je rentrais (expurgé) Et Milan a fait sortir cette
12 femme enceinte de sa voiture. J'étais seule et eux étaient seuls.
13 Q. Le pont qui enjambe la Drina se trouve dans le centre-ville, n'est-ce
14 pas ?
15 R. Il y a deux ponts qui enjambent la Drina.
16 Q. Et les choses avaient retrouvé leur cours normal, vous aviez indiqué
17 que vous aviez vu l'épouse de Gojko au marché avec la mère de Gojko; n'est-
18 ce pas exact cela ?
19 R. Oui, c'est vrai. Cela s'est passé deux ou trois jours avant le meurtre.
20 Q. Et maintenant vous nous dites qu'à 13 heures vous étiez là, comme cela,
21 il s'agit d'une coïncidence très fortuite, et que vous étiez juste là au
22 moment où la femme de Gojko a été conduite par Milan Lukic sur le pont, et
23 ce, afin d'être tuée ?
24 R. Je rentrais (expurgé)
25 (expurgé) passant par le pont Novi Most.
26 Q. Et maintenant vous êtes en train de nous dire aujourd'hui que vous avez
27 assisté au meurtre; c'est cela ?
28 R. Oui, c'est vrai.
Page 729
1 Q. Est-ce qu'il l'a fait avec un pistolet ou à l'arme
2 blanche ?
3 R. Des tirs ont été entendus. Il l'a fait non pas à l'arme blanche mais
4 avec une arme à feu.
5 Q. Pourquoi est-ce que vous n'avez pas dit cela en 2000 ?
6 R. Je ne me souviens pas des mots exacts que j'ai prononcés en 2000. J'ai
7 essayé de fournir autant de détails que possible, et maintenant vous me
8 posez des questions et je réponds à vos questions.
9 Q. Vous avez quand même parcouru ou eu la possibilité d'examiner les
10 déclarations avant de les signer, n'est-ce pas ?
11 R. Oui.
12 Q. Et vous les avez également examinées et vous avez en fait signé ou
13 présenté une déclaration de certification, et il y a les notes de
14 récolement également, vous avez marqué votre accord avec ces notes de
15 récolement, n'est-ce pas ?
16 R. Oui.
17 Q. Et dans la déclaration de récolement vous n'avez jamais mentionné le
18 fait que vous aviez été témoin oculaire de la mort de la belle-sœur de
19 Milan; n'est-ce pas exact ?
20 R. Dans cette déclaration, vous pouvez voir qu'il est indiqué que j'étais
21 dans un véhicule, et j'ai indiqué que Milan et Amela se trouvaient
22 également dans un véhicule. Et comme je l'ai indiqué cela s'est passé sur
23 le pont.
24 Q. Mais vous n'avez jamais dit dans la déclaration que vous aviez en fait
25 assisté au meurtre de sa femme enceinte, vous ne l'avez pas dit jusqu'à
26 aujourd'hui, n'est-ce pas ?
27 R. Personne ne m'a posé de question précise à propos de ce meurtre à ce
28 moment-là -- il y avait Mitar Vasiljevic qui était jugé, son procès avait
Page 730
1 commencé. Donc j'ai dit que j'étais seule sur le pont, Milan était dans un
2 véhicule. J'étais dans un véhicule, Milan était dans un véhicule sur le
3 pont, il était armé. Moi, je n'étais pas armée. Et Milan a pris cette
4 femme, il l'a fait sortir, il l'a amenée sur le pont et c'était de
5 notoriété publique ce qu'il advenait aux hommes et femmes lorsqu'on les
6 emmenait sur ce pont-là. On n'a tiré sur personne. Milan ne m'a pas tiré
7 dessus. Amela Gacka a été tuée et lorsque je suis rentrée (expurgé)
8 le lendemain et pendant très longtemps, ce que l'on a entendu, c'était
9 qu'Amela Gacka avait été tuée sur le pont.
10 Q. Vous êtes en train de nous dire, en fait, que vous avez juste entendu
11 dire qu'elle avait été tuée ?
12 R. Non. Milan tirait au moment où nous passions par là, et il tirait vers
13 Amela. Toute la ville en parlait. C'était une nouvelle histoire. C'était
14 vers la fin de l'automne. Sur le moment il se trouve que j'étais là. Nous
15 devions traverser le pont. Le pont est trop long, donc nous n'avons pas pu
16 revenir en arrière dans notre véhicule.
17 Q. Est-ce que vous ne trouvez pas que c'est une coïncidence étonnante --
18 et incidemment il s'agit bien du mois de novembre, n'est-ce pas ?
19 R. C'était en novembre.
20 Q. Et ne trouvez pas que c'est une coïncidence étonnante que vous vous
21 trouviez dans une situation en étant au mauvais endroit, au mauvais moment,
22 vous ayez été témoin d'un si grand nombre d'atrocités perpétrées par Milan
23 Lukic, Mitar Vasiljevic et Sredoje Lukic ?
24 R. C'était tout à fait par hasard que ça a eu lieu. C'est incroyable, mais
25 c'est par hasard, mais ils faisaient ça de façon quotidienne, de sorte que
26 tout un chacun aurait pu se trouver là en mesure d'être témoin de quelque
27 chose de ce genre. Pour mon malheur, j'ai dû aller, ou plus exactement,
28 j'ai dû faire le trajet allant du centre-ville (expurgé)
Page 731
1 (expurgé) et donc il se trouve que
2 j'ai vu les événements qui se passaient sur le pont et ce qui était arrivé
3 à ces gens-là. (expurgé)
4 (expurgé)
5 (expurgé)
6 (expurgé)
7 (expurgé) Ne vous méprenez
8 pas sur ce que je dis. Je n'aurais pas eu le courage de suivre les Lukic là
9 où ils allaient, ou des membres de leur groupe pour savoir ce qu'ils
10 faisaient. Personne ne s'opposait à eux, et d'ailleurs ils s'en moquaient.
11 (expurgé)
12 (expurgé)
13 (expurgé)
14 (expurgé)
15 (expurgé)
16 (expurgé)
17 (expurgé)
18 (expurgé)
19 (expurgé)
20 (expurgé)
21 (expurgé)
22 (expurgé)
23 (expurgé) Et les Lukic et les membres de ce groupe étaient en
24 train de commettre des massacres et ils savaient ce qu'ils faisaient. Ils
25 s'occupaient de leurs propres tâches, (expurgé) Je
26 ne pouvais pas m'opposer à eux. Personne ne pouvait le faire.
27 M. ALARID : [interprétation] Est-ce que l'huissier [comme interprété]
28 pourrait présenter la page 12 de la déclaration, s'il vous plaît.
Page 732
1 Q. Je voudrais, Madame, appeler votre attention sur le deuxième paragraphe
2 et les troisième et quatrième paragraphes de votre déclaration en B/C/S.
3 R. A la première page --
4 Q. Page 12, s'il vous plaît.
5 (expurgé)
6 (expurgé)
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci beaucoup.
8 M. ALARID : [interprétation]
9 Q. Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous dire quand vous avez fini de
10 lire ?
11 R. Oui, je l'ai lu.
12 Q. Est-ce que vous vous rendez compte que dans votre déclaration de 2000,
13 avant le début du procès de Mitar Vasiljevic, vous avez eu toute
14 possibilité de décrire l'incendie de Bikavac, n'est-ce pas vrai ?
15 R. C'est vrai, mais ici --
16 Q. N'est-il vrai que vous avez dit que Mitar Vasiljevic était celui dont
17 on faisait le procès, et vous avez dit qu'il était présent lors de
18 l'incendie de Bikavac ?
19 R. J'ai mentionné Mitar Vasiljevic parce qu'il y avait deux personnes qui
20 portaient ce nom. Celui que je connais, c'est celui qui est le plus jeune
21 Mitar Vasiljevic, qui travaillait comme serveur à Panos, et Mitar
22 Vasiljevic plus âgé, ça c'était mon erreur, était en fait Mitar Knezevic,
23 un homme plus âgé, c'était celui qui avait perdu un œil.
24 Q. En fait, vous affirmez bien que Mitar Vasiljevic, le plus jeune qui
25 travaillait comme serveur, était à l'incendie de Bikavac et vous soutenez
26 cela aujourd'hui; c'est bien cela ?
27 R. Je dis qu'il s'agit de Mitar Knezevic qui est mort de mort naturelle.
28 Q. Alors vous dites maintenant que c'est une erreur ?
Page 733
1 R. Mais je les ai toujours désignés comme Mitar Vasiljevic senior ou le
2 vieux et Mitar Vasiljevic junior ou le jeune, et celui-ci c'est Mitar
3 Knezevic qui était plus vieux que Mitar Vasiljevic, le serveur.
4 Q. Donc Mitar Vasiljevic, maintenant, n'était pas à l'incendie comme vous
5 l'avez dit plus tôt dans votre déposition ?
6 R. Quand est-ce que j'ai dit précédemment cela ? La première fois que j'ai
7 déposé concernant l'incendie de Bikavac, c'est aujourd'hui.
8 Q. Moi, je vous parle de votre déclaration, Madame.
9 R. Et moi, je vous dis ce que signifie cette déclaration. Je ne peux pas
10 me rappeler les noms exacts de chaque personne.
11 Q. Bien. Mais vous avez indiqué que vous connaissiez Mitar Vasiljevic
12 depuis 20 ans, et qu'il était quelqu'un du cru (expurgé)
13 (expurgé) et qu'il était un serveur, une personne bien connue ?
14 R. Oui, c'était une personne bien connue.
15 Q. Dans votre déclaration, vous indiquez avec une telle certitude que vous
16 l'avez vu à l'incident de la rue Pionirska, le feu de Bikavac, et plusieurs
17 incidents d'atrocités fin juin et juillet 1992; n'est-ce pas vrai ?
18 R. C'est vrai que je l'ai vu --
19 Q. Et donc est-ce que --
20 R. -- au feu.
21 Q. Et c'était à la rue Pionirska, le feu de la rue Pionirska à Bikavac ?
22 R. J'ai vu Mitar Vasiljevic dans la rue Pionirska et je l'ai désigné. Il
23 était sur un cheval, un cheval blanc, mais c'était Mitar Knezevic. Je ne
24 peux pas bien me rappeler en ce qui concerne Mitar Vasiljevic le jeune, et
25 je me rappelle bien tout ce que j'ai dit concernant ces autres personnes.
26 Il y avait toujours une confusion pour moi, parce qu'il y avait ces deux
27 personnes qui portaient ce même nom, Mitar.
28 Q. Mais il n'y avait rien qui donne l'impression qu'ils se ressemblaient,
Page 734
1 n'est-ce pas, ou comment les connaissiez-vous ?
2 R. Non, ils ne se ressemblent pas du tout. Mitar Knezevic dans mon esprit
3 c'était toujours Mitar Vasiljevic, mais il était plus âgé que le vrai Mitar
4 Vasiljevic, et je le répète, il n'avait qu'un œil. Je ne me rappelle pas
5 quel œil, mais ils étaient là ensemble souvent.
6 Q. N'est-il pas vrai que vous déclarez dans votre déclaration avec une
7 telle certitude que Mitar Vasiljevic commettait des atrocités avec, on peut
8 le supposer, Milan, vers fin de juillet
9 1992 ?
10 R. [aucune interprétation]
11 M. LE JUGE ROBINSON : [aucune interprétation]
12 M. OSSOGO : Monsieur le Président, je me demande si on peut poursuivre,
13 avec tout le respect que je dois à mon confrère Alarid, qui a parfaitement
14 le droit de poser cette question, je me demande si on peut poursuivre dans
15 ce sens-là, c'est-à-dire que ça devient comme un procès de Mitar
16 Vasiljevic. Nous avons déjà eu une décision dans le procès Mitar
17 Vasiljevic, et en ce qui concerne l'étendue ou le cadre de l'acte
18 d'accusation au profit duquel cette dame est en train de témoigner, je ne
19 sais pas si ces questions sur Mitar Vasiljevic sont -- au point où elles
20 sont étendues, sont vraiment importantes pour cette cause. Je sais qu'elle
21 l'a cité. Quelques questions pourraient éventuellement aider la Chambre,
22 mais je ne sais pas si la Chambre est aidée par cette -- nous avons à faire
23 à Milan Lukic, à ces deux Lukic. Il y a déjà eu une décision, un jugement
24 concernant Mitar Vasiljevic.
25 [La Chambre de première instance se concerte]
26 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Ossogo, il s'agissait de la
27 question de la crédibilité. C'est la raison pour laquelle il présentait ces
28 questions.
Page 735
1 Mais je pense que vous avez passé suffisamment de temps et que vous
2 devez poursuivre.
3 Il était en train de mettre à l'épreuve la crédibilité du témoin;
4 c'est pour ça qu'il s'est référé à l'affaire Vasiljevic, et il a le droit
5 de le faire, mais évidemment pas ad nauseam.
6 M. ALARID : [interprétation] Vous me direz lorsque je commence vraiment à
7 exagérer.
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je pense que vous vous êtes
9 suffisamment arrêté sur ce sujet et que vous pouvez maintenant poursuivre.
10 M. ALARID : [interprétation]
11 Q. Maintenant, Madame 115, vous indiquez que vous vous êtes cachée dans un
12 verger --
13 M. CEPIC : [interprétation] Parfois il est difficile d'avoir la traduction
14 en B/C/S. Donc je voudrais demander à mon confrère de parler un petit peu
15 plus lentement, de façon à ce que nous puissions avoir une traduction
16 complète en B/C/S, parce qu'il y a des chevauchements.
17 M. LE JUGE ROBINSON : [hors micro]
18 M. ALARID : [interprétation] Oui.
19 M. LE JUGE ROBINSON : [hors micro]
20 M. ALARID : [interprétation]
21 Q. Maintenant, après cette question de l'incendie à Bikavac, serait-il
22 juste de dire que ces trois paragraphes que vous avez tous lus, que vous
23 avez tous examinés, et sur lesquels vous avez déposé avant cette déposition
24 aujourd'hui concernant le feu de Bikavac, c'est bien tout ce que vous avez
25 lu ? N'est-ce pas vrai, Madame ?
26 R. Oui, je l'ai lu et examiné.
27 Q. N'est-il pas vrai qu'il n'y a aucune mention de la porte du garage ?
28 R. La porte du garage a été mentionnée dans ma déclaration intégrale.
Page 736
1 Lorsque j'étais en train de déposer dans le procès Vasiljevic, je n'ai pas
2 eu la possibilité de dire quoi que ce soit concernant le massacre à
3 Bikavac. Mais à en juger par la mesure dont vous posez des questions
4 concernant Mitar Vasiljevic, vous êtes vous-même sur le point de le
5 reconnaître coupable, parce que vous insistez sur le fait que j'ai dit
6 qu'il était présent. Moi, je mentionne la question de la porte du garage,
7 parce que Milan Lukic et Sredoje Lukic les ont traînées là et les ont
8 appuyées contre la porte d'entrée de la maison de sorte que personne ne
9 pouvait échapper. J'ai pu voir ça clairement. Il n'y avait rien qui fasse
10 obstacle à la vue, et ceci fait partie de la déclaration complète que j'ai
11 faite aujourd'hui.
12 Q. Et dans votre déclaration antérieure, vous n'avez mentionné aucun
13 contact avec VG-114, n'est-ce pas ?
14 R. Non.
15 Q. Et vous n'avez pas mentionné de grenades ou de bouteilles remplis
16 d'essence qui avaient été jetées ? Vous n'avez pas dit que vous aviez vu
17 cela, n'est-ce pas ?
18 R. Je l'ai mentionné aujourd'hui, c'est ce que j'ai dit dans ma
19 déclaration développée.
20 Q. Dans votre déclaration écrite, en prévision de votre déposition
21 antérieure, n'est-il pas vrai que vous n'avez pas parlé de l'utilisation de
22 grenades ou de bouteilles contenant de l'essence qui étaient utilisées, que
23 vous ne l'avez pas fait avant aujourd'hui ?
24 R. Je dis aujourd'hui dans ma déposition ceci. C'est la première
25 possibilité qui m'est donnée de parler de Bikavac.
26 Q. Mais vous avez eu pleinement la possibilité au cours de trois jours en
27 l'an 2000 de donner tous les détails aux enquêteurs qui étaient pertinents
28 sur ce point, sur chacun des incidents dont vous aviez connaissance, et
Page 737
1 vous ne l'avez pas fait, n'est-ce pas vrai ?
2 R. J'ai beaucoup fait en ce sens, j'en ai écrit des volumes. Toutes ces
3 déclarations, en fait, digérées et répétés -- je répète que je dis la
4 vérité. Je pourrais écrire des volumes, et j'ai déjà oublié beaucoup de
5 choses.
6 Q. Vous avez eu la possibilité de rafraîchir votre mémoire, à la fois avec
7 la déclaration et vos volumes d'information, et vous avez eu une
8 possibilité de donner ces renseignements à l'Accusation lors de votre
9 récolement; et simplement, vous avez fait une modification en ce qui
10 concerne Bikavac, en prévision de la déposition d'aujourd'hui; c'est bien
11 cela ?
12 R. Je n'ai apporté aucune modification. La Chambre de première instance
13 m'a autorisée à parler de façon plus développée, plus longuement de ma
14 déclaration par rapport à aujourd'hui. J'ai simplement parlé de façon plus
15 longue aujourd'hui, ceci, en comparaison de ma déclaration plus courte,
16 déclaration antérieure et qui était plus brève. Je regrette simplement
17 d'avoir oublié un grand nombre de faits parce que beaucoup de temps s'est
18 passé depuis lors.
19 Q. Bien, si vous lisez votre déclaration en ce qui concerne l'incendie à
20 Bikavac, il semble qu'en écrivant, en fait, vous n'avez rien vu et vous
21 n'avez entendu que des bruits, des sons, et vous êtes partie; n'est-ce pas
22 vrai ?
23 R. Je ne pouvais pas partir de là en deux minutes; ça aurait été
24 impossible à faire.
25 Q. Vous n'avez pas parlé d'un verger, n'est-ce pas ?
26 R. C'était le raccourci. Je n'en ai pas parlé, mais c'était un raccourci
27 que j'ai pris et que j'ai d'ailleurs marqué par une croix et un cercle.
28 C'est l'itinéraire que j'ai suivi pour partir. C'est un sentier étroit. Je
Page 738
1 ne pouvais pas passer près des véhicules. C'était un très petit verger de
2 pruniers sur une parcelle qui m'appartenait.
3 Q. Dans votre déclaration vous avez indiqué que vous aviez entendu des
4 coups de feu, mais aujourd'hui dans votre déposition vous avez dit que vous
5 avez vu des grenades et le feu et des bouteilles contenant du carburant ?
6 R. Ils jetaient des bouteilles remplies d'essence et des grenades à main,
7 mais il y avait des rafales de coups de feu, et j'essayais de gagner la
8 route principale qui n'était pas très loin du verger. Tout ça est assez
9 proche, 20 mètres environ. J'essayais d'atteindre la route principale pour
10 pouvoir continuer vers le centre-ville.
11 Q. Et n'est-il pas vrai que dans votre déclaration vous n'avez pas indiqué
12 d'une quelconque manière que vous aviez vu jeter des grenades ou jeter des
13 bouteilles remplies d'essence ?
14 R. Je répète que ma déclaration était résumée. Est-ce que je n'ai pas le
15 droit de dire la vérité aujourd'hui ? Parce qu'on m'a demandé de donner le
16 plus de détails possibles concernant les événements à Bikavac. Pourquoi
17 est-ce que vous ne me posez pas de questions ainsi et m'empêchez de dire la
18 vérité ? Je ne l'ai pas fait, vous ne l'avez pas fait; nous savons tous ce
19 qu'il a fait, les deux Lukic et les membres de leur groupe.
20 Q. Vous avez nommé plusieurs participants ou prétendus participants à
21 l'incendie de Bikavac, y compris un certain Zoran Vasiljevic. Pourquoi
22 haïssiez-vous M. Zoran Vasiljevic à ce point que vous ayez indiqué dans
23 votre interrogatoire principal antérieur ?
24 R. Je vous remercie d'avoir posé cette question. Je peux maintenant vous
25 dire que pour moi cet homme, c'est Zoran Vasiljevic., Son nom est Zoran,
26 mais je ne suis pas sûr que son nom de famille soit Simsic ou Vasiljevic,
27 mais je connais son apparence. Je sais de quoi il a l'air. J'ai une raison
28 de haïr cet homme, (expurgé)
Page 739
1 (expurgé)
2 (expurgé) De même, dans le cas de Mitar Vasiljevic ou Knezevic.
3 Et s'il vous plaît, ne m'insultez pas à cause de ces personnes très
4 misérables que je ne voudrais pas appeler des animaux, mais c'est pour ça
5 que je déteste Zoran Vasiljevic ou Knezevic. Il vit quelque part dans les
6 environs de Belgrade. Il est aussi natif de Visegrad et il travaillait en
7 Serbie --
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Témoin, je vous remercie. Je pense
9 que vous avez donné une explication complète pour répondre à la question
10 qui vous était posée.
11 Poursuivons.
12 M. ALARID : [interprétation]
13 Q. Bien, dans votre déclaration à la page 17, il y a donc un résumé
14 concernant M. Vasiljevic, mais vous dites que Mitar Vasiljevic était avec
15 lui ou qu'il aurait été très facile pour vous d'être en mesure de les
16 distinguer l'un de l'autre, n'est-ce pas juste, n'est-ce pas exact ?
17 M. ALARID : [interprétation] Et si l'huissière de la Cour voulait bien
18 présenter maintenant la page 17 si le témoin a besoin de se rafraîchir la
19 mémoire.
20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je l'ai lue.
21 M. ALARID : [interprétation]
22 Q. Donc vous semblez très certaine en ce qui concerne l'identité de ces
23 deux personnes (expurgé)
24 R. Oui, c'était Mitar Knezevic, celui qui était plus âgé, et Zoran
25 Vasiljevic ou Simic. Je suis désolée de ne pas savoir exactement son nom de
26 famille. C'était Mitar Knezevic, celui qui était plus âgé.
27 (expurgé)
28 (expurgé)
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13 Pages 740-743 expurgées. Audience à huis clos partiel.
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1 (expurgé)
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5 (expurgé)
6 (expurgé)
7 (expurgé)
8 M. ALARID : [interprétation]
9 Q. Dans votre déposition précédente, vous avez parlé de la présence d'un
10 dénommé Niko Vujicic ?
11 R. Niko Vujicic.
12 Q. Oui. Et Veljko Planincic ?
13 R. Oui.
14 Q. Il s'agissait de deux officiers de police; c'est cela ?
15 R. Oui.
16 Q. Qui commandait les forces de police à Visegrad à l'époque ?
17 R. Le commandant de la police, "le komandir," c'était Milan Josipovic.
18 Q. Qu'en est-il de Perisic ?
19 R. Avec Risto Perisic.
20 Q. Et Drago Tomic?
21 R. Lui aussi avait un poste assez élevé au poste de police.
22 Q. Et qu'en est-il de la cellule de Crise ?
23 M. OSSOGO : Je ne sais pas si nous l'avons abordé. Je me demande si nous
24 avons abordé toutes ces questions d'ordre politique concernant la structure
25 de la police. Cette dame n'a pas été interrogée au commandement sur la
26 structure de la police à Visegrad. Elle peut donner effectivement des
27 renseignements individuellement sur les personnes qu'elle a citées, qui
28 appartenaient à la police, mais je pense que mon honorable confrère est en
Page 745
1 train d'insister sur la structure de la police, le commandement, et cetera.
2 Cette dame n'a rien à voir là-dedans.
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien, voyons si elle peut répondre,
4 en tout cas, on va bien voir. Mais je pense qu'il est temps de faire la
5 pause, donc nous allons nous arrêter et nous reprendrons dans 30 minutes.
6 --- L'audience est suspendue à 12 heures 09.
7 --- L'audience est reprise à 12 heures 43.
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Alarid, vous alliez poser au
9 témoin des questions portant sur la structure des forces de police.
10 Pourriez-vous nous dire dans quel but vous voulez poser ces questions ?
11 M. ALARID : [interprétation] C'était pour montrer qui contrôlait les choses
12 et le témoin dit qu'elle connaissait la ville à l'époque. (expurgé)
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8 [Audience publique]
9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] N'oubliez pas qu'il s'agit d'un
10 procès public. Il faut nous assurer que lorsqu'on est à huis clos partiel,
11 il faut avoir quitter le huis clos partiel et revenir en audience publique
12 quand il le faut. Bien sûr, c'est normalement à la Chambre de décider, mais
13 il faut quand même veiller à cela.
14 M. ALARID : [interprétation] C'est moi qui ai demandé le huis clos partiel
15 ?
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Non, mais je tiens juste à vous dire
17 qu'il faut nous avertir lorsqu'on est encore à huis clos partiel et qu'on
18 devrait repasser en audience publique.
19 M. ALARID : [interprétation]
20 Q. Témoin 115, je vous ai posé des questions à propos de la cellule de
21 Crise à Visegrad, la hiérarchie politique, pour savoir si vous en saviez
22 quelque chose. Pourriez-vous nous décrire quelle était la situation à l'été
23 1992 en ce qui concerne ce point, s'il vous plaît ?
24 R. Vous devez me poser des questions bien précises si vous voulez que je
25 décrive quoi que ce soit, la police et la cellule de Crise, soyez plus
26 précis.
27 Q. Perisic et Tomic, par exemple, quelles étaient leurs responsabilités en
28 ce qui concerne les effectifs des forces de
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1 police ?
2 R. Oui. Donc c'est Perisic et Tomic qui vous intéressent. Risto Perisic
3 était le chef de la police, de ce qu'on appelle le MUP à Visegrad, à mon
4 avis, une personne extrêmement positive, extrêmement correcte. Il faisait
5 son travail dans les bâtiments de la police, il était responsable des
6 effectifs de la police, c'est-à-dire il voulait qu'ils nous aident et
7 qu'ils agissent correctement en tant qu'officiers de police.
8 Pour ce qui est de Dragan Tomic, je ne le connaissais pas bien. Mais j'ai
9 l'impression que lui aussi était une bonne personne, une personne tout à
10 fait correcte. Je sais que son frère a été tué, je ne sais pas si c'était
11 son grand frère ou son petit frère, mais je sais que son frère a trouvé la
12 mort au cours de la guerre.
13 Q. Et qu'en est-il de Savovic dans la cellule de Crise ?
14 R. Savovic, je le voyais assez souvent. Il travaillait pour la
15 municipalité et il faisait bien son travail lui aussi, il n'était pas du
16 tout associé avec les forces paramilitaires, je ne peux pas vraiment dire
17 ce que faisait Savovic. Tout ce que je sais c'est qu'il était une personne
18 qui semblait correcte et, en tout cas, appréciée à Vesigrad. Pendant qu'il
19 était en poste et après ce qu'il a fait en poste, je pense que je peux vous
20 dire que c'était une personne qui était consciencieuse, un homme honnête,
21 positif. D'après ce que j'ai entendu et ce dont je me souviens en ce qui
22 concerne ce qui s'était passé dans le bâtiment de l'entreprise électrique
23 du pays, on pouvait employer des radios. J'ai souvent vu Savovic --
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Ça suffit, Madame le Témoin.
25 Passez à autre chose.
26 M. ALARID : [interprétation] Très bien.
27 Q. Donc on peut dire que la cellule de Crise a été quand même mise sous le
28 contrôle de Perisic et Tomic après le SDS a pris le pouvoir, n'est-ce pas ?
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1 R. Non. Perisic et Tomic travaillaient pour la police avant que la guerre
2 ne commence. Ils avaient un certain pouvoir avant la guerre. La cellule de
3 Crise de crise en fait ne leur a conféré aucune fonction particulière.
4 Q. Mais quand même, la cellule de Crise avait le droit de nommer ses
5 membres dans la communauté, c'était une des attributions de la cellule de
6 Crise, n'est-ce pas, elle pouvait nommer des membres, y compris parmi les
7 forces de la police ?
8 R. Non.
9 Q. [aucune interprétation]
10 R. Le SDS était un parti séparé, un parti bien distinct.
11 Q. Distinct de quoi ?
12 R. Je ne peux rien vous dire à propos du SDS. C'était nouveau. Moi, je
13 faisais mon travail, Perisic faisait son travail a lui. Le SDS était une
14 entité tout à fait nouvelle dans la ville. Je ne peux pas vous dire grand-
15 chose à ce propos. Je ne sais même pas qui était responsable du SDS.
16 Q. Mais c'est le SDS qui a pris le contrôle de Visegrad suite aux
17 persécutions des Musulmans, n'est-ce pas, on peut le dire ?
18 R. Qu'est-ce que vous avez dit ? Pourquoi vous dites qu'il a pris le
19 pouvoir --
20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Une minute, Monsieur le Témoin.
21 Monsieur Ossogo.
22 M. OSSOGO : Mon honorable confrère Alarid amène le témoin à affirmer que ce
23 sont les Musulmans qui ont persécuté le SDS. Je ne sais même pas si, dans
24 le cadre l'examination ou de l'interrogatoire principal, cette question a
25 été soulevée. Elle n'a pas été soulevée et je crois qu'il y a un cadre.
26 Même si la crédibilité du témoin peut être engagée par les questions dans
27 le contre-interrogatoire, il reste qu'il y a des règles. On ne peut pas
28 s'écarter comme ça à tout vent. Il y a des règles, les questions doivent
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1 être posées par rapport aux questions qui ont été posées lors de
2 l'interrogatoire principal. J'ai retenu votre observation tout à l'heure,
3 mais je crois qu'ici nous sommes dans un tout autre cadre. Je ne retrouve
4 pas dans le document ou la déclaration de ma cliente des explications ou
5 des aspects concernant toutes les activités de la structure du SDS. Elle
6 parle, bien entendu, des persécutions, mais elle ne parle pas dans ces
7 termes-là. Donc je crois que mon honorable confrère pourrait demeurer dans
8 le cadre des questions qui ont été posées lors de l'examination ou lors de
9 l'interrogatoire principal. Et comme ça, nous pourrions avancer. A ce
10 rythme-là, je crois qu'on en aura pour deux jours.
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je n'autoriserai plus de questions
12 sur ce sujet, Maître Alarid.
13 M. ALARID : [interprétation] Très bien. Dans ce cas-là, je voudrais que le
14 compte rendu soit clair. Dans un procès, la crédibilité d'un témoin est
15 souvent vérifiée par rapport à d'autres témoins qui sont présentés. Quand
16 des témoins ont déposé à propos d'une structure politique qui est
17 contradictoire avec d'autres, ce sera ensuite à la Chambre, bien sûr, de
18 peser le pour et le contre. Mais c'est pour cela, en fait, que je voulais
19 poser toutes ces questions au témoin, c'était mon but.
20 Q. Cela dit, Madame, reprenons M. Perisic, vous le connaissiez, est-ce que
21 vous saviez que c'était un professeur avant la guerre ?
22 R. Oui, il était enseignant, il enseignait dans une école, mais je suis
23 comme je suis et je n'avais pas grand-chose à dire à Perisic, je n'avais
24 pas besoin de communiquer avec lui. Je sais qu'il était chef de la police,
25 qu'il faisait son travail tout à fait correctement, très consciencieusement
26 au cours de la guerre, avant la guerre et après la guerre, d'après ce que
27 je sais en tout cas. J'avais quand même des soucis plus urgents qui
28 m'occupaient, j'essayais de construire ma maison, j'avais mon travail, je
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1 ne m'impliquais pas dans la vie politique. Tout ce que je peux vous dire
2 c'est ce qui s'est passé dans la ville de Visegrad quand les gens ont été
3 divisés. C'est de ça que je peux parler.
4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui et on comprend. On vous demande
5 juste de répondre rapidement et d'être très concise dans vos réponses, s'il
6 vous plaît.
7 M. ALARID : [interprétation]
8 Q. Très bien. Vous vous souvenez avoir déposé précédemment dans un autres
9 procès, n'est-ce pas ?
10 R. Oui.
11 Q. Vous vous souvenez qu'on vous a montré des photos lors de votre
12 déposition, n'est-ce pas ?
13 R. De quelles photographies parlez-vous ? De quoi
14 parlez-vous ?
15 Q. On vous a montré des photos et on vous a demandé d'essayer de retrouver
16 l'emplacement où avait eu lieu l'incendie dans la rue Pionirska, n'est-ce
17 pas ?
18 R. Oui, c'est ça. Oui.
19 Q. N'est-il pas vrai que ce jour-là vous n'avez pas réussi à identifier
20 l'emplacement de l'incendie, parce que vous aviez eu beaucoup trop peur
21 lorsque vous avez assisté à cet incendie ?
22 R. Oui, c'est sûr que j'étais effrayée, mais je sais quand même d'où
23 venait le feu, je savais à qui appartenait la maison et c'est pour ça que
24 j'ai réussi à me repérer sur la photo.
25 Q. La question était la suivante : Lors du procès précédent, vous n'avez
26 pas réussi à trouver cette maison sur la photo, vous n'avez pas réussi à la
27 repérer alors qu'aujourd'hui vous êtes capable de le faire. C'est bien le
28 cas, n'est-ce pas ?
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1 R. Je ne me souviens pas de n'avoir pas réussi à trouver la maison. Peut-
2 être que je n'ai pas pu, peut-être que les photos n'étaient pas les mêmes.
3 Q. J'essaie juste de confirmer, c'est à vous de nous dire ce dont vous
4 vous souvenez, c'était vous le témoin en fait. Mais n'est-il pas vrai quand
5 même que dans le cadre du procès précédent vous n'avez pas réussi à repérer
6 la maison sur la photo ?
7 R. Mais je tiens à dire que je ne sais pas. Je n'ai peut-être pas pu
8 vraiment repérer bien avec précision la maison. Peut-être que c'est la
9 maison qui était toute neuve qui m'a été montrée dans cette photographie,
10 on m'a peut-être montré une photographie avec des maisons neuves, et là
11 j'ai pas pu repérer la bonne maison. Je ne m'en souviens pas bien.
12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Peut-être pourrions-nous clarifier
13 tout cela, il suffit peut-être de faire référence au compte rendu du procès
14 précédent.
15 M. ALARID : [interprétation] Oui. D'après ce que j'ai reçu de l'Accusation,
16 c'est la pièce 1D00-0706. Peut-être pourrions-nous avoir cette pièce à
17 l'écran.
18 Q. Est-ce que vous vous souvenez de cette photographie, Madame ?
19 R. Non. Je veux dire de cette photographie, je me demande s'il s'agit de
20 la même photographie, la photographie du jour, enfin, je reconnais la
21 maison. Il se peut que la photographie ait été différente. Mais en la
22 regardant cette photographie, je peux reconnaître la maison. Je ne me
23 souviens pas de ma situation lors de la déposition précédente. Je ne sais
24 pas si j'avais peur ou pas, là maintenant, j'arrive à me repérer sur cette
25 photographie.
26 Q. Comment se fait-il que vous ayez retrouvé la mémoire entre les procès
27 de l'an 2001 et le procès d'aujourd'hui, en 2008 ?
28 R. C'est parce que je suis mieux concentrée et je peux réfléchir à ce qui
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1 s'est passé avec plus de recul, de façon plus méticuleuse pour éviter de
2 vous montrer une maison qui ne serait pas la bonne maison. En fait, il se
3 peut qu'il y ait de nouvelles maisons d'ailleurs maintenant. En regardant
4 ces maisons, je ne me souviens plus de la photographie que j'ai vue il y a
5 quelques années. Je ne me souviens plus très bien de ce que j'ai dit. Je me
6 souviens des faits essentiels, mais je ne me souviens pas de tous les
7 propos que j'ai tenus et de tout ce qui a été consigné et écrit.
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Ossogo.
9 M. OSSOGO : Je ne voulais pas perturber le contre-interrogatoire de mon
10 honorable confrère, mais ce n'est pas ce document que je pensais qu'il
11 allait montrer, c'est plutôt les transcripts. Mais justement, puisque ce
12 document est là exposé, on voit bien que le témoin -- il y a un signe sur
13 la deuxième maison. Pardon, est-ce que nous sommes en session privée ?
14 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document n'est pas diffusé à
15 l'extérieur.
16 M. OSSOGO : Je voulais donc dire qu'il y a une maison qu'elle a identifiée
17 lors du précédent procès et c'est bien indiqué là, il y a un signe sur
18 cette maison, qui contient un balcon et qui était sa deuxième maison sur
19 Pionirska, donc il y a déjà une identification. C'est pour cela qu'on voit
20 bien que la Défense est en train de procéder à un contre-interrogatoire de
21 confusion. Elle a donc identifié sa maison et de cette maison, elle a pu
22 identifier d'où venait la fumée. Alors si nous voulons avoir des précisions
23 peut-être qu'il faudrait aller sur le transcript.
24 Parce que je voudrais rappeler que ce témoin a, comme vous avez pu le
25 constater, c'était un nombre de problèmes de traumatisme, et cetera, et que
26 c'est tout humain et que cela fait quand même presque qu'une vingtaine
27 d'années que ça s'est passé. Mais compte tenu de ce que nous avons devant
28 nous, elle a bien identifié sa maison, ce qui signifie qu'elle a identifié
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1 Pionirska. Et si nous pouvons aller sur le transcript au cas où la Défense
2 le désire, on pourrait y aller. Mais je ne pense que la Défense peut tirer
3 argument de ce que le témoin n'a pas pu identifier, la maison ou bien la
4 maison de l'incendie, ou sa deuxième maison à elle, en tout cas, elle a
5 identifié le lieu parce qu'il y a un signe --
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Ossogo, nous vous
7 avons bien compris.
8 Maître Alarid.
9 M. ALARID : [interprétation] Oui.
10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Est-ce que nous allons consulter nos
11 comptes rendus d'audience ou est-ce que vous êtes convaincu qu'elle a
12 identifié sa maison, le témoin ?
13 M. ALARID : [interprétation] Non, je ne suis pas convaincu. Je vais vous
14 dire pourquoi je ne suis pas convaincu. Parce que ce qu'elle a indiqué sur
15 la pièce originale, il n'y avait pas de repères.
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Qu'en est-il du compte rendu
17 d'audience ?
18 M. ALARID : [interprétation] Il s'agit du procès Vasiljevic, page 1 021,
19 compte rendu d'audience en anglais seulement, et que nous sommes en train
20 d'afficher à l'écran. Il s'agit de la page 1D00-0635. J'ai fait une erreur
21 pour ce qui est du numéro de la page, il s'agit en fait de la page 1 024.
22 [La Chambre de première instance et le Juriste se concertent]
23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] On me dit que ce compte rendu
24 d'audience a été consigné à huis clos, donc je pense que nous devons passer
25 à huis clos partiel.
26 M. ALARID : [interprétation] Je pense que ce n'est pas la bonne page.
27 Voilà, la voilà maintenant la bonne page.
28 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Mais attendez, attendez que nous
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1 passions d'abord à huis clos partiel.
2 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes maintenant à huis clos
3 partiel.
4 [Audience à huis clos partiel]
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16 [Audience publique]
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Alors vous avez trouvé la bonne page
18 et la bonne ligne ?
19 M. ALARID : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, il s'agit de la
20 page 1 024 et cela commence à la ligne 13, alors la question -- vous avez
21 la question et la réponse jusqu'à la ligne 18 et voilà ce qu'a dit le
22 témoin :
23 "Réponse : Oui, bien sûr, que je l'ai fait." On lui avait demandé si elle
24 avait entendu quelque chose à l'extérieur de la maison. Elle répond : Oui,
25 bien sûr, que j'ai entendu. C'était tout près. Je m'excuse, je ne suis pas
26 à même de vous montrer la maison où cela s'est passé. Je n'étais pas très
27 concentrée. Vous m'en excuserez. J'avais vraiment très très peur."
28 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Donc ce que vous avancez, c'est
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1 qu'elle n'a pas identifié la maison --
2 M. ALARID : [interprétation] Au départ.
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] -- au départ, et elle en donne la
4 raison. Elle dit que c'est parce qu'elle avait très très peur, elle était
5 effrayée. Mais elle n'a pas peur maintenant.
6 M. ALARID : [interprétation] Non, si vous passez les choses dans le
7 contexte, elle n'avait pas peur au moment de la déposition, mais elle était
8 effrayée au moment de l'incident et c'est cela qui l'a empêchée de se
9 souvenir de ces détails. Pour ce qui est du contexte, je pense que cela
10 peut être sujet à caution.
11 [La Chambre de première instance se concerte]
12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, mais là, maintenant, elle a
13 répondu. Elle nous a fourni une explication. Elle a dit qu'elle est
14 beaucoup mieux concentrée maintenant et qu'elle peut réfléchir davantage à
15 cette situation.
16 Donc voilà, vous avez entendu l'explication. Alors, poursuivez.
17 M. ALARID : [interprétation] Est-ce que nous pouvons reprendre la
18 photographie - et d'ailleurs, j'oublierai de le demander à l'avenir si je
19 ne le fais pas maintenant, je souhaiterais verser au dossier les
20 déclarations précédentes de ce témoin, à savoir 1D00-0596 pour la version
21 anglaise de la déclaration du témoin. Pour ce qui est du compte rendu
22 d'audience, la cote est la cote 1D00-0635. La déclaration de récolement
23 correspond à la cote 1D00-3144, et la photographie aérienne dont on a parlé
24 lors du procès Vasiljevic a pour cote le numéro 1D00-0706, et nous
25 aimerions demander le versement au dossier --
26 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
27 M. ALARID : [interprétation] -- sous pli scellé pour le moment.
28 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien.
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1 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Monsieur le Président, le document
2 1D00-0596 va devenir la pièce 1D18. La pièce 1D00-0635 deviendra la pièce
3 1D19, versée sous pli scellé. Le document 1D00-3144 deviendra la pièce
4 1D20, versée sous pli scellé, et la pièce 1D00-0706 deviendra la pièce
5 1D21, versée sous pli scellé.
6 M. ALARID : [interprétation]
7 Q. Maintenant --
8 M. ALARID : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, je souhaiterais
9 que nous examinions à nouveau la déclaration originale qui a maintenant été
10 versée au dossier, et qui est la pièce 17 de la Défense. Je le répète. Il
11 s'agit de la déclaration d'origine. J'aimerais que nous examinions la page
12 11. Pour la version en B/C/S il s'agit de la page 18, et je souhaiterais
13 que les deux versions soient affichées en parallèle. Non, je m'excuse, je
14 m'excuse. Vraiment il s'agit de la page 11, finalement.
15 Q. Est-ce que vous pourriez lire le premier paragraphe de cette page en
16 serbe ? Est-ce que vous avez lu le passage, Madame ?
17 R. Oui.
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6 M. ALARID : [interprétation] Est-ce que Mme l'Huissière pourrait faire en
7 sorte, ou Mme la Greffière plutôt, pourrait faire en sorte d'afficher la
8 page précédente, la page 10. C'est le dernier paragraphe de la page 10 qui
9 m'intéresse.
10 Q. Est-ce que vous pourriez lire le dernier paragraphe de cette page,
11 Madame ? Est-ce que vous auriez l'amabilité de nous indiquer à la fin de
12 votre lecture ?
13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Ossogo.
14 M. OSSOGO : Le témoin a indiqué le propriétaire de la maison. Je voudrais
15 que le nom du propriétaire de la maison ne soit pas indiqué puisque nous
16 sommes en séance publique, si je ne me trompe.
17 Témoin VG-115, est-ce que vous ne devez pas prononcer le nom du
18 propriétaire de la maison dans laquelle vous résidiez.
19 M. ALARID : [interprétation]
20 Q. Madame, avez-vous eu la possibilité de lire le paragraphe qui se trouve
21 au bas de la page 10 ?
22 Donc vous étiez en train de marcher vers l'endroit où vous résidiez, n'est-
23 ce pas; c'est cela ?
24 R. Oui.
25 Q. De quelle direction venez-vous ?
26 R. De la direction de mon entreprise. Je me rendais vers la maison où je
27 résidais, et dans la direction de la rue Pionirska, vers le haut et vers le
28 bas de cette rue.
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1 Q. Est-ce que nous pourrions avoir la pièce 1D00-0706 qui, me semble-t-il,
2 correspond à la cote 20 ou 21.
3 Est-ce que Mme l'Huissière pourrait remettre au témoin le marqueur
4 nécessaire pour cette carte ?
5 Q. Et à l'aide d'une flèche, d'une petite flèche, est-ce que vous pourriez
6 nous indiquer de quelle direction vous veniez et vers quelle direction vous
7 vous dirigiez ?
8 R. [Le témoin s'exécute]
9 Q. Est-ce que vous êtes allée jusqu'à la fin de la rue, là où s'arrête
10 votre flèche ? Est-ce qu'ensuite vous avez fait demi-tour et vous êtes
11 revenue ?
12 R. Je m'excuse. Non, mais la rue se poursuit. Ça dépasse le cadre de la
13 photographie.
14 Q. Oui, je comprends. Mais vous nous avez dit que vous veniez de votre
15 entreprise. Donc vous veniez de l'endroit où vous avez commencé à écrire la
16 ligne sur la photo; c'est cela ?
17 R. Oui, à partir du bas vers le haut.
18 Q. Et la maison où vous résidiez, où il y a 115 entouré d'un cercle, c'est
19 là en fait où vous deviez aller ce jour-là, n'est-ce pas, vous ne deviez
20 aller nulle part ailleurs ?
21 R. Oui.
22 Q. Dites-moi, où vous avez rencontré Mitar Vasiljevic sur la route ?
23 R. Non, ce n'est pas exact.
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6 M. OSSOGO : Je pense qu'il va falloir aller à huis clos partiel, parce
7 qu'il y a beaucoup d'informations identifiantes qui sont révélées.
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Maître Alarid, si c'est ce
9 genre de questions que vous allez poser, il va falloir que nous passions à
10 huis clos partiel.
11 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes maintenant à huis clos
12 partiel.
13 [Audience à huis clos partiel] [Confidentialité partiellement levée par une ordonnance de la Chambre]
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19 Q. C'est où que vous avez parlé à Mitar Vasiljevic alors ?
20 R. Mais pourquoi est-ce que j'aurais dû parler à Mitar Vasiljevic ?
21 Q. Mais n'est-il pas exact que vous avez parlé à une femme juste avant
22 l'incendie, et ce, d'après votre déposition précédente ?
23 R. J'ai vu la femme. La femme, je l'ai vue dans la rue. Elle s'est
24 échappée de ce convoi et elle m'a vue, mais moi je n'ai pas eu de contact
25 avec Mitar Vasiljevic, et d'ailleurs c'est très bien que les choses étaient
26 ainsi.
27 Q. Où avez-vous vu Mitar Vasiljevic ?
28 R. J'ai vu Mitar Vasiljevic à l'endroit où j'ai vu toutes ces personnes
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1 que j'ai mentionnées, comme je l'ai indiqué lors de ma première déposition.
2 J'aimerais demander à la Chambre de première instance pourquoi cet homme ne
3 cesse de faire des références à ma première déposition. Il ne faut pas
4 oublier que l'accusé a été condamné et déclaré coupable. Je suis maintenant
5 ici à ce procès où les accusés sont Milan Lukic et Sredoje Lukic. Je ne
6 devrais pas avoir à mentionner Mitar Vasiljevic. Pourquoi est-ce que vous
7 n'arrêtez pas de me poser des questions à propos de Mitar
8 Vasiljevic ?
9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Mais il a le droit de le faire,
10 Madame. Il essaie tout simplement de prouver que vous n'êtes pas un témoin
11 fiable. Il essaie de mettre à l'épreuve ce que nous appelons votre
12 crédibilité en suggérant que dans ce premier procès vous avez dit telle
13 chose, et que dans ce procès-ci vous dites autre chose. Voilà quelle en est
14 la raison. Ne soyez pas effrayée. Ne soyez pas contrariée par cela. C'est
15 tout simplement ce qu'on appelle une stratégie juridique qui portera ou ne
16 portera pas ses fruits, d'ailleurs.
17 Oui, Maître Cepic.
18 M. CEPIC : [interprétation] Je m'excuse de vous interrompre. Une petite
19 correction à apporter au compte rendu d'audience. Je vais m'exprimer en
20 B/C/S. Le témoin a dit : "On m'a dit qu'à ce procès je ne suis pas censée
21 mentionner Mitar Vasiljevic, ou plus précisément, des instructions m'ont
22 été données et on m'a dit qu'on ne me poserait pas de questions à propos de
23 Mitar Vasiljevic." Nous pouvons écouter l'enregistrement si vous le
24 souhaitez.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie, Maître Cepic.
26 M. ALARID : [interprétation]
27 Q. Est-il exact, Madame, qu'on vous a exhortée à ne pas parler de Mitar
28 Vasiljevic lors de ce procès ?
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1 R. Non, ce n'est pas exact, il ne faut pas prendre au pied de la lettre
2 cela. C'est moi qui ai parlé de Mitar Vasiljevic, ce qui m'a été dit c'est
3 qu'il n'était pas important dans ce procès. Donc je n'ai pas consulté les
4 déclarations que j'avais déjà faites. Mitar Vasiljevic ne m'intéressait pas
5 et je n'étais pas préparée pour parler de lui, c'est pour cela que je suis
6 un peu induite en erreur lorsque vous me posez une question, lorsque vous
7 m'avez demandé pourquoi est-ce que je marchais jusqu'au haut de la rue
8 Pionirska ?
9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Alarid, je pense que là vous
10 revenez à la charge.
11 M. ALARID : [interprétation]
12 Q. Où est-ce que ces gens allaient ?
13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous m'avez entendu ?
14 M. ALARID : [interprétation] J'étais en train de lire, en fait.
15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous dis que vous revenez
16 lourdement à la charge.
17 M. ALARID : [interprétation] Je reviens à la charge à propos de l'incendie
18 de la rue Pionirska ?
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Non, à propos de Mitar Vasiljevic et
20 de ce qui a été dit précédemment. Est-ce que vous passez à quelque chose
21 d'autre --
22 M. ALARID : [interprétation] Oui, c'est ce que j'allais faire.
23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien. Très bien.
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26 [Audience publique]
27 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Combien de temps va-t-il vous
28 falloir ?
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1 M. CEPIC : [interprétation] Moins d'une heure, peut-être davantage. Je ne
2 sais pas encore. Ça dépend.
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Dans ce cas, nous allons lever la
4 séance jusqu'à demain.
5 M. CEPIC : [interprétation] Merci beaucoup.
6 --- L'audience est levée à 13 heures 42 et reprendra le
7 vendredi 29 août 2008, à 8 heures 50.
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