Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 12 mars 2009

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 14 heures 15.

  5   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] La Chambre a rendu une ordonnance

  6   que je pense avoir été déjà distribuée. Nous n'allons pas en parler

  7   maintenant. Nous allons en parler demain.

  8   M. GROOME : [interprétation] Vous ne m'entendez pas ?Nous avons reçu du

  9   français dans le canal anglais.

 10   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vois. Mais peut-être que cela est

 11   en train de vous dire quelque chose, Monsieur Groome ?

 12   Alors, j'étais en train de dire, je vais répéter, que la Chambre a rendu

 13   une ordonnance aujourd'hui et je pense que tout un chacun a dû la recevoir.

 14   Demain, nous allons en discuter. Je ne veux pas que l'on en débatte à

 15   présent.

 16   Maître Cepic.

 17   M. CEPIC : [interprétation] Monsieur le Président, avec votre autorisation,

 18   j'aimerais évoquer une autre question.

 19   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Une autre question ?

 20   M. CEPIC : [interprétation] Oui, tout à fait autre.

 21   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Fort bien.

 22   Je dois dire qu'en l'absence de la Juge Van Den Wyngaert, le Juge David et

 23   moi allons siéger en application de l'article 15 bis.

 24   Oui, Maître Cepic.

 25   M. CEPIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 26   A l'occasion du contre-interrogatoire de certains témoins du bureau du

 27   Procureur, les deux parties se sont servies d'une pièce à conviction du

 28   bureau du Procureur en application du 65 ter portant le numéro 177.12. Et

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  1   il s'agit de la carte de ce secteur de Visegrad. Donc je vais demander à ce

  2   que soit versée la carte entière. J'en ai parlé à M. Groome et à M. Alarid.

  3   Il n'y a pas d'objection.

  4   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bon. Alors, on va la verser au

  5   dossier.

  6   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce 2D59.

  7   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Votre témoin suivant, Maître Alarid.

  8   M. ALARID : [interprétation] Aujourd'hui, nous allons citer à comparaître

  9   un témoin qui est disponible ici, à savoir Stephen Patrick O'Donnell.

 10   [Le témoin est introduit dans le prétoire] 

 11   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je voudrais que le témoin fasse la

 12   déclaration solennelle, je vous prie.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 14   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 15   LE TÉMOIN : STEPHEN PATRICK O'DONNELL [Assermenté]

 16   [Le témoin répond par l'interprète]

 17   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous pouvez vous asseoir.

 18   Maître Alarid, à vous.

 19   M. ALARID : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 20   Interrogatoire principal par M. Alarid : 

 21   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur O'Donnell.

 22   R.  Bonjour.

 23   Q.  Comment allez-vous cet après-midi ?

 24   R.  Oui, ça va bien.

 25   Q.  Je vous demande de nous donner votre nom en entier pour les besoins du

 26   compte rendu d'audience.

 27   R.  Je m'appelle Stephen Patrick O'Donnell. S-t-e-p-h-e-n O'D-o-n-n-e-l-l

 28   [comme interprété].

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  1   Q.  Veuillez indiquer aux Juges de la Chambre où est-ce que vous êtes né.

  2   R.  A Chicago, dans l'Etat de l'Illinois, en 1973.

  3   Q.  Où résidez-vous à présent ?

  4   R.  A Albuquerque, Nouveau-Mexique.

  5   Q.  Est-ce que vous êtes marié ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Avez-vous des enfants ?

  8   R.  Oui, trois. Deux filles et un garçon.

  9   Q.  Quel âge ont-ils ?

 10   R.  Treize, 7, et un garçon qui est un bébé, en réalité, qui n'a que deux

 11   mois.

 12   Q.  Veuillez nous indiquer quelque chose au sujet de votre école

 13   secondaire.

 14   R.  J'ai terminé mes études secondaires à Chicago, à l'école de Grayslake,

 15   ensuite j'ai servi dans le Corps des marines pendant quatre ans. Par la

 16   suite, je suis allé faire une année de collège.

 17   Q.  Quel collège avez-vous fait ?

 18   R.  Celui de l'Université de l'Illinois de l'Ouest. C'est à côté du

 19   Mississippi.

 20   Q.  Est-ce que vous avez eu une éducation spécialisée postsecondaire ?

 21   R.  Mis à part les écoles militaires que j'ai fréquentées, non.

 22   Q.  Fort bien. Nous allons en parler dans un instant. Parlons d'abord de

 23   votre service militaire. Veuillez nous indiquer de quand à quand vous avez

 24   fait votre service au sein du Corps des marines aux Etats-Unis.

 25   R.  J'ai fait le service actif de septembre 1991 à septembre 1995, et de

 26   1995 à 1996, j'ai fait partie d'une unité de la réserve.

 27   Q.  Où avez-vous fait votre service ?

 28   R.  S'agissant du Corps des marines, j'ai d'abord été au camp de San Diego,

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  1   ensuite j'ai servi dans une unité aéroportée des marines. Par la suite je

  2   suis allé en Caroline du Nord et par la suite à Hawaii, et au camp de

  3   Pendleton, Californie.

  4   Q.  Quelle école avez-vous faite à l'armée ?

  5   R.  C'était une formation spécialisée en matière d'explosifs.

  6   Q.  Est-ce que vous avez obtenu un entraînement ou une formation

  7   spécialisée autre au Corps des marines ?

  8   R.  Pendant les deux années de service d'active dans les marines, j'ai été

  9   instructeur en matière de tir.

 10   Q.  Quel est le grade que vous avez obtenu au Corps des

 11   marines ?

 12   R.  J'étais caporal, grade 4.

 13   Q.  Est-ce que vous avez obtenu des certificats en matière de sécurité ou

 14   des services de sécurité ?

 15   R.  Oui. Je suis passé par les vérifications en matière de sûreté.

 16   Q.  [aucune interprétation]

 17   R.  Cela ne fait pas partie de ce que font tous les soldats des forces

 18   armées des Etats-Unis, mais cela dépend des services et des unités dans

 19   lesquelles vous êtes appelé à intervenir pour ce qui est des contrôles de

 20   sécurité que l'on vous fait passer.

 21   Q.  Est-ce que vous avez participé, au cours de ces dix années d'active, à

 22   des combats au Corps des marines ?

 23    R.  Non.

 24   Q.  Pouvez-vous nous parler de cette unité de réserve des marines ? Je

 25   crois que vous y avez été de 1995 à 1996.

 26   R.  Oui. C'est dans cette période que j'y ai séjourné. Je me trouvais dans

 27   une banlieue de Chicago nord.

 28   Q.  Quelles étaient vos fonctions pendant cette période de temps ?

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  1   R.  On m'a dispensé une formation à l'école militaire de là-bas afin que je

  2   puisse acquérir d'autres connaissances en matière de spécialisation. Je

  3   n'étais pas obligé de le faire et à un moment donné j'ai décidé de quitter

  4   l'armée.

  5   Q.  Mais est-ce que vous avez obtenu des formations complémentaires ?

  6   R.  Au centre des réservistes, non.

  7   Q.  Y a-t-il eu un changement de grade vous concernant ?

  8   R.  Non.

  9   Q.  Comment se fait-il que vous ayez quitté le Corps des US marines ?

 10   R.  J'ai terminé le contrat que j'avais signé, au niveau des quatre années

 11   de service d'active et la formation, à savoir le domaine d'intervention qui

 12   était censé être le mien, ne permettait pas d'avancer au-delà.

 13   Q.  Un instant. Est-ce que vous pouvez nous dire, parlant de cette

 14   formation spécialisée, vous avez mentionné un MOS. Qu'est-ce que c'est ?

 15   R.  Je ne pouvais pas progresser.

 16   Q.  Ecoutez, quand vous vous servez d'abréviations, veuillez nous expliquer

 17   de quoi il s'agit au juste.

 18   R.  Oui, certainement.

 19   Q.  Alors, comment êtes-vous sorti de l'armée ?

 20    R.  Avec les honneurs.

 21   Q.  Qu'est-ce que c'est de s'en aller avec les honneurs ?

 22   R.  Avec un bon comportement, j'ai de façon appropriée servi le temps que

 23   j'ai passé à l'armée.

 24   Q.  Est-ce que vous avez reçu des appréciations positives ou négatives pour

 25   le service rendu ?

 26   R.  Positives.

 27   Q.  Pourquoi êtes-vous parti de là ?

 28   R.  Je vous dis une fois de plus que les temps avaient changé. C'était sous

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  1   l'autorité des démocrates, qui n'étaient pas enclins aux militaires, et

  2   j'ai tout simplement décidé de rentrer.

  3   Q.  Qu'avez-vous fait une fois que vous avez quitté l'armée ?

  4   R.  J'ai fait plusieurs jobs. J'ai cherché des candidats pour des positions

  5   ou des postes à occuper au sein de différentes corporations et entreprises.

  6   Pendant trois ans, j'ai continué à faire des études au collège.

  7   Q.  Comment êtes-vous venu à retourner à l'armée ?

  8   R.  Après avoir fait deux semestres à l'Université de l'Illinois de

  9   l'Ouest, je me suis entretenu avec les services de recrutement de l'armée

 10   et j'ai décidé de me réactiver au service de l'armée des Etats-Unis,

 11   notamment au programme EOD, à savoir les services des explosifs.

 12   M. ALARID : [interprétation] Bien. Je voudrais qu'on montre au témoin le

 13   1D22-0611.

 14   Q.  Alors, Monsieur O'Donnell, je vous propose de vous montrer une copie du

 15   dernier des résumés établis à votre sujet pour que nous puissions nous y

 16   référer en cas de besoin.

 17   M. ALARID : [interprétation] Alors, nous avons un problème technique, et je

 18   crois qu'il nous faudra aller de l'avant. Ce que je voudrais essayer de

 19   faire avec l'assistance du huissier, c'est de demander à l'huissier de nous

 20   aider à placer un document sur le rétroprojecteur.

 21   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, nous n'avons pas

 22   vu ceci auparavant. Est-ce qu'on peut avoir une copie et savoir de quoi il

 23   s'agit.

 24   M. ALARID : [interprétation] Justement, je voudrais poser quelques

 25   questions à ce sujet pour que les choses soient tout à fait tirées au

 26   clair, et nous pouvons vous envoyer ce document par courrier électronique

 27   sur-le-champ.

 28   Q.  Nous nous sommes penchés sur ceci lorsque nous nous sommes préparés aux

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  1   fins de ce témoignage, mais d'une manière générale, qu'est-ce que l'on peut

  2   voir sur notre écran, si vous le reconnaissez de par votre expérience

  3   militaire ?

  4   R.  Ici, on montre les insignes de différentes unités militaires du Corps

  5   des marines.

  6   Q.  Pendant que vous étiez à l'armée, est-ce que vous avez eu l'occasion de

  7   voir ce type d'insigne ?

  8   R.  Oui. J'ai vu ces deux qui se trouvent au milieu, le VF-84 et le VF-103.

  9   Q.  Qu'en est-il de ce 4e Corps de reconnaissance ?

 10   R.  Ils se trouvent à présent à Albuquerque, au Nouveau- Mexique.

 11   Q.  Pour être tout à fait concret, est-il inhabituel de voir ces fémurs

 12   croisés et cette tête de mort utilisés comme insigne ?

 13   R.  Non, ce n'est pas inhabituel.

 14   Q.  Est-ce que vous reconnaissez des insignes de certaines unités qui

 15   proviennent de l'extérieur des Etats-Unis ?

 16   R.  Oui, je crois qu'en bas en gauche on voit des insignes appartenant aux

 17   lanciers du Corps royal de l'armée Britannique.

 18   Q.  Fort bien.

 19   M. ALARID : [interprétation] Je n'ai plus besoin de m'en servir. Merci.

 20   Q.  Maintenant, parlons du temps que vous avez passé à l'armée, à partir de

 21   la date d'entrée au service. Commençons à partir du début.

 22   R.  Certainement.

 23   M. ALARID : [interprétation] Monsieur le Président, à moins qu'il n'y ait

 24   des objections de la part de l'Accusation, nous voudrions que ce document

 25   soit versé au dossier, ces insignes.

 26   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Groome, quelque chose à ce

 27   sujet ?

 28   M. GROOME : [interprétation] Non, Monsieur le Président, bien que je n'ai

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  1   vu cela qu'il y a quelques secondes à peine, je n'ai pas d'objection à

  2   formuler.

  3   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous allons le verser au dossier.

  4   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la pièce 1D132, Monsieur

  5   le Président.

  6   M. ALARID : [interprétation] Fort bien.

  7   Q.  Revenons maintenant à l'année 1999. Veuillez nous indiquer ce que vous

  8   aviez fait à l'époque et pourquoi.

  9   R.  Je venais de quitter le collège après avoir été dans le service

 10   militaire et j'ai travaillé pour le gouvernement, à savoir pour le

 11   Département à la Défense. J'avais 26 ans, je me suis trouvé à l'extérieur

 12   d'un système pour la première fois, d'un système extrêmement bien organisé.

 13   C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de regagner les rangs de l'armée.

 14   J'ai donc quitté le 17 août 1999. J'ai passé quelques jours à la base

 15   administrative pour ce qui est des formalités, et j'ai reçu un uniforme.

 16   Etant donné que j'avais fait un service préalable dans le Corps des

 17   marines, je n'ai pas eu à  faire un entraînement de fond. Après un certain

 18   temps, je me suis formé à cette spécialisation de destruction des moyens

 19   explosifs.

 20   Q.  Revenons maintenant à la question de savoir pourquoi vous n'êtes pas

 21   retourné vers les marines. Vous avez regagné les rangs de l'infanterie ?

 22   R.  C'était dû au rang ou au grade que je pouvais obtenir. J'ai quitté le

 23   Corps des marines avec de bonnes notes et j'avais le grade de caporal mais

 24   je ne pouvais pas progresser, je ne pouvais pas revenir à ce grade. J'étais

 25   censé revenir au tout début, et je ne me serais pas retrouvé au sommet de

 26   la liste pour ce qui est des promotions.

 27   Q.  Maintenant pour ce qui est des rangs de l'infanterie, comment en êtes-

 28   vous venu à vaquer à la destruction des explosifs ?

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  1   R.  Je suis tombé sur un gars du génie, un gars que j'ai connu auparavant

  2   et qui travaillait dans le secteur civil de l'armée. Il a parlé de cette

  3   spécialité militaire qui est le EOD, le service de déminage, et je l'ai

  4   consulté, c'est-à-dire l'élimination d'engins explosifs. Je me suis

  5   entretenu avec les gens qui étaient chargés de ce type d'activité, j'ai

  6   obtenu de bonnes notes et on m'a proposé d'approfondir cette spécialité.

  7   Q.  Fort bien. Penchons-nous maintenant sur le 1D22-0611. Je crois bien que

  8   c'est déjà affiché sur nos écrans.

  9   Veuillez, je vous prie, nous indiquer lorsque vous avez commencé à vaquer à

 10   cette spécialité de EOD, qu'est-ce que cela englobait ?

 11   R.  Il s'agit d'un stage de neuf mois. Cependant, pour diverses raisons

 12   médicales, voire académiques, cela peut même durer plus longtemps. Je suis

 13   arrivé en septembre 1999 et je n'ai pas diplômé avant février 2001. J'ai

 14   passé six mois après mon arrivée à cette école à attendre que le Corps des

 15   marines ne m'attribue le niveau de confidentialité ou de grade de sécurité

 16   qui était le mien au Corps des marines. En réalité, on devait attendre que

 17   toute cette paperasserie passe par la procédure indiquée. J'ai dû attendre

 18   pendant six mois.

 19   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Maître Alarid, est-ce que le témoin

 20   vous a dit ce que signifie ce EOD ?

 21   M. ALARID : [interprétation] Oui l'a dit, mais je vous prie de le répéter.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce EOD, ça veut dire élimination d'engins

 23   explosifs.

 24   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci.

 25   M. ALARID : [interprétation]

 26   Q.  Fort bien. Parlons maintenant de ce stage spécialisé en matière de

 27   matière de EOD que vous avez effectué en février 2001. Qu'est-ce qui est

 28   principal en matière de ce stage ?

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  1   R.  Le principal est de bien connaître les munitions militaires

  2   conventionnelles, ensuite de prendre connaissance de tout ce qui est

  3   explosif, munitions chimiques, munitions nucléaires et tout ce qui pourrait

  4   être qualifié d'explosif improvisé.

  5   Q.  Vous voulez dire que vous avez suivi un stage en la

  6   matière ?

  7   R.  Oui, et aussi un stage qui consistant à faire en sorte que cela ne soit

  8   plus un danger imminent pour les forces armées. Il s'agit d'EOD, un

  9   acronyme qui se rapporte à cette école de la marine qui se trouve dans une

 10   base en Floride.

 11   Q.  Quel type d'instructeur avez-vous eu pour effectuer ce type de

 12   formation ?

 13   R.  Les instructeurs étaient des techniciens spécialisés sur le plan

 14   militaire en matière de destruction des moyens explosifs. Ils avaient des

 15   grades de maîtrise en réalité pour l'accomplissement de ce type de tâche,

 16   et cela revient à dire qu'ils avaient des grades supérieurs, des grades

 17   d'officier avec plus de huit ans d'expérience. En réalité, ce sont des gens

 18   qui ont déjà vaqué à ce type d'activité et qui sont venus à l'école pour

 19   former les générations à venir.

 20   Q.  De façon concrète et brève, pouvez-vous nous indiquer quel type

 21   d'entraînement vous avez effectué ?

 22   R.  L'école elle-même, enfin la formation elle-même a été départagée en

 23   plusieurs phases. Il y a la reconnaissance des codes de couleur, des codes

 24   barres, ensuite les types de couleur utilisée, la reconnaissance des types

 25   de munitions et d'armes existant de par le monde. Ensuite on vous enseigne

 26   la possibilité de distinguer les différents obus d'artillerie et les

 27   différentes bombes. Ensuite vous êtes à même d'identifier toutes sortes de

 28   munitions, de mines, de roquettes, de grenades, obus utilisés dans

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  1   l'infanterie. Puis, nous sommes passés aux munitions qui sont utilisées

  2   dans l'aviation. Donc tout ce qu'un avion ou un engin aéroporté peut

  3   catapulter ou jeter ou alors, s'agissant de missiles guidés ou téléguidés.

  4   Donc nous avons par la suite procédé à des études de munitions, de

  5   roquettes terre/terre ou terre/air et nous sommes passés à une autre phase

  6   où on nous a enseigné la guerre chimique. Et nous avons appris ce qu'il

  7   arrivait aux individus lorsqu'ils sont exposés à certains produits

  8   chimiques. Nous avons donc eu à apprendre quelles sont les procédures à

  9   suivre lorsqu'on s'approche d'un obus ou d'une munition que l'on suspecte

 10   comporter des moyens chimiques et, en dernière phase, nous nous sommes

 11   penchés sur les explosifs improvisés ainsi que sur les explosifs

 12   nucléaires.

 13   Q.  Mais qu'avez-vous appris, de façon concrète, pour ce qui est de l'étude

 14   de certains sites après les explosions ?

 15   R.  A l'école, rien du tout.

 16   Q.  Mais qu'est-ce que cela veut dire, cette étude du terrain après

 17   explosion ?

 18   R.  Une fois que vous êtes arrivé sur un site après qu'une explosion y ait

 19   eu lieu, disons, qu'il y ait eu, par exemple, une embuscade de tendue aux

 20   explosifs, il s'agit d'examiner toute la documentation, c'est-à-dire tous

 21   les restes, tous les fragments que l'on peut y retrouver, voir le type de

 22   dégâts occasionnés, voir quelles étaient les cibles visées. Il s'agit donc

 23   de procéder à une étude systématique pour tirer des conclusions techniques

 24   pour ce qui est du type d'engin explosif utilisé.

 25   Q.  Fort bien. Est-ce que vous avez également obtenu un certificat ou un

 26   diplôme à la fin de ce stage ?

 27   R.  Oui. J'ai eu mon diplôme en février, le 6 février 2001, et j'ai reçu

 28   cet insigne de base qui comporte le EOD et cela est porté sur les uniformes

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  1   des militaires d'active ainsi que sur les uniformes de parade une fois que

  2   le stage a été effectué.

  3   M. ALARID : [interprétation] J'aimerais obtenir l'assistance du huissier

  4   aux fins de nous pencher sur le 1D22-0598.

  5   Q.  Tiens. Fort bien. Pouvez-vous nous dire de quel type de document il

  6   s'agit ici.

  7   R.  Il s'agit d'un diplôme qui m'a été décerné une fois que j'ai terminé le

  8   stage. Il s'agit donc d'un insigne pour ce qui est de cette formation

  9   élémentaire en matière de techniques EOD, à savoir cet insigne me permet

 10   donc d'intervenir à cet effet au sein de l'armée des Etats-Unis.

 11   Q.  Fort bien.

 12   M. ALARID : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais que ceci

 13   soit versé au dossier.

 14   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

 15   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce 1D133, Messieurs les

 16   Juges.

 17   M. ALARID : [interprétation] Bien maintenant, je voudrais que nous

 18   revenions au document que nous avons déjà cité tout à l'heure, à savoir le

 19   1D22-0611.

 20   Q.  Alors, je suis en train de me pencher sur votre résumé, sur votre

 21   curriculum. Et nous pouvons le parcourir ensemble. On peut voir que vous

 22   avez eu d'autres stages de formation au sein de l'armée, notamment cette

 23   formation pour ce qui est d'être chef de peloton.

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Pouvez-vous nous en dire quelque chose de plus.

 26   R.  Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais au niveau du diplôme de

 27   tout à l'heure, on voit "SPC," ça veut dire spécialiste Stephen Patrick

 28   O'Donnell. Donc je suis spécialiste pour ce qui est du Corps des marines

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  1   des Etats-Unis. Et cela correspond au grade de sergent au sein de l'armée

  2   des marines. Donc pour être sergent au sein de l'infanterie, ça n'a plus

  3   rien à voir avec le grade que vous avez obtenu à l'EOD. Vous êtes en train

  4   de parcourir un stage pour obtenir un rang qui est celui d'après, à savoir

  5   celui de sergent-chef.

  6   Q.  Dites-nous à présent ce qu'il en était de cet autre cours concernant

  7   les attaques aériennes.

  8   R.  Il s'agissait du cours de l'armée portant sur la façon de repousser des

  9   attaques d'hélicoptères dans des situations tactiques. Il était nécessaire

 10   pour moi de suivre ce cours dans le cadre de nos déploiements en Iraq et en

 11   Afghanistan puisque nous y avions été déployés. On nous avait envoyés en

 12   courte mission là-bas, et étant donné la nature du terrain en Afghanistan,

 13   il n'est pas toujours le plus facile de se déplacer en véhicule alors que

 14   par voie aérienne on peut faire parfois certains trajets aux dix ou 15

 15   minutes. Cela prend 12 à 15 heures en véhicule, en raison du terrain. Donc

 16   c'est pourquoi nous nous déplacions, nous et notre équipement, par voie

 17   aérienne afin de pouvoir étudier les différents aspects tactiques. Et c'est

 18   l'école qui nous a fourni les certificats et l'entraînement qui nous a

 19   permis de faire cela.

 20   Q.  Excusez-moi, mais je vous ai posé une question concernant le module

 21   d'encadrement, de leadership. Vous l'avez terminé, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui. C'était à Fort Benning en Géorgie.

 23   Q.  Avez-vous reçu un diplôme pour cela ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Et pour le module sur les attaques aériennes ?

 26   R.  Oui. C'était un module de 12 jours que j'ai également achevé avec

 27   succès. J'ai reçu un diplôme également.

 28   Q.  Alors, en page 3, si je veux demander l'aide l'huissier.

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  1   En page 3 de votre CV, nous avons donc une note. Qu'en est-il de ce cours

  2   NCO, cours de base NCO ?

  3   R.  C'est un cours que dispense l'école de l'armée et qui vous fournit la

  4   formation nécessaire entre les rangs E5 et E6, donc entre le rang de

  5   sergent et de sergent-chef. C'est un prérequis parce qu'au niveau E6, au

  6   niveau de sergent-chef, vous devenez chef d'équipe et c'est quelque chose

  7   qui est un prérequis si vous voulez suivre un cours en matière

  8   d'élimination d'engins explosifs, EOD. C'était en Alabama que j'ai suivi ce

  9   cours, à Huntsville, et il y avait un certain nombre de semaines

 10   d'entraînement spécifique en matière de NCO à l'armée. C'était découpé en

 11   deux moitiés de dix semaines chacune, avec un entraînement basé sur

 12   différents scénarios correspondant à la pratique de ce poste de chef

 13   d'équipe et l'entraînement à différentes techniques nécessaires en matière

 14   d'EOD.

 15   Q.  Et si l'on revient à 2001, vous avez dit quelque chose concernant la

 16   différence en matière d'accréditation et de sécurité entre le Corps des

 17   marines et l'armée, qui avait un temps d'attente. Dites-nous-en un peu

 18   plus.

 19   R.  Avant de recevoir mon diplôme en élimination d'engins explosifs, quand

 20   je suis arrivé, j'avais déjà une accréditation auprès du Corps des marines,

 21   mais j'étais techniquement encore sous contrat, sous contrat de huit ans,

 22   bien que cela ne soit plus dans la période d'active. L'armée a alors

 23   entrepris les démarches nécessaires afin que je puisse recevoir

 24   l'accréditation de plus haut niveau en matière de sécurité, qui était

 25   indispensable afin de pouvoir prendre des mesures de protection assurant la

 26   protection des chefs d'Etat, du président, en collaboration avec les

 27   Services secrets.

 28   Q.  Alors, parlons maintenant de votre déploiement et de votre période de

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  1   service dans l'armée passée après l'école.

  2   R.  J'ai terminé donc ma formation en février 2001. En avril 2001, j'ai été

  3   affecté à Fort Benning en Géorgie.

  4   M. ALARID : [interprétation] Maintenant, avec l'aide de l'huissier,

  5   pourrions-nous passer, s'il vous plaît, à la suite.

  6   Q.  Dites-nous-en plus sur Fort Benning à l'époque.

  7   R.  Il s'agit d'une localité où l'on entraîne les soldats d'infanterie, les

  8   bataillons de rangers également. Donc ils ont beaucoup à faire avec la

  9   tactique d'infanterie à Fort Benning.

 10   En tant que membres des unités EOD de l'armée des Etats-Unis, nous

 11   fournissions des mesures de protection contre les engins non explosés et

 12   les engins explosifs improvisés pour la partie continentale des Etats-Unis.

 13   Et même lorsque j'étais stationné à Fort Benning, nous avions compétence

 14   pour 56 comtés dans trois différents Etats : la Géorgie, la Floride et

 15   l'Alabama. Nous devions assister l'application des mesures législatives au

 16   quotidien. Lorsqu'il s'agissait de scénarios où, par exemple, un vétéran de

 17   la Deuxième Guerre mondiale décède et sa femme retrouve une pièce de

 18   munition dans son garage, et dans ce cas-là, ils nous appelaient pour

 19   intervenir. Nous avions donc à nous déplacer afin d'éliminer l'engin

 20   explosif en question et c'était là l'objet de notre entraînement.

 21   Q.  Quelles étaient vos autres tâches pendant que vous étiez à Fort Benning

 22   ?

 23   R.  J'ai participé à la formation d'officiers et de soldats qui s'étaient

 24   engagés. Je participais également à ces actions de formation lorsqu'il

 25   s'agissait de menaces provenant d'explosifs et j'ai apporté mon concours au

 26   consul des Services secrets des Etats-Unis pour ce qui est de la protection

 27   des dignitaires étrangers et des officiels du département.

 28   Q.  Je remarque des accréditations de six niveaux. Qu'est-ce que cela veut

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  1   dire ?

  2   R.  Les niveaux d'accréditation correspondent aux différentes phases de

  3   l'opération d'élimination d'engins explosifs qu'il faut respecter afin de

  4   pouvoir mener à bien cette opération sans prendre de risques et sans mettre

  5   sa vie en danger.

  6   Q.  Est-ce que vous donniez des formations également ?

  7   R.  Pourriez-vous clarifier ?

  8   Q.  Etiez-vous formateur ?

  9   R.  Oui. Je donnais des formations en matière d'engins explosifs non

 10   explosés, munitions non explosées, munitions non identifiées également et

 11   je donnais des formations en matière de sécurité liée aux explosifs et

 12   d'engins explosifs improvisés.

 13   Q.  Parlez-nous de votre déploiement sur le terrain.

 14   R.  En septembre 2003, nous avons été déployés en Iraq. Nous sommes arrivés

 15   à l'aéroport international de Bagdad à partir de la Géorgie. Nous avions

 16   six équipes et quatre autres équipes ont été ajoutées à notre compagnie

 17   afin d'assurer les opérations d'élimination d'engins explosifs dans le

 18   cadre des combats qui étaient menés dans cinq secteurs de Bagdad. Les

 19   quatre équipes ont été ajoutées donc à notre compagnie et étaient composées

 20   de deux équipes de l'armée et deux équipes de la marine. Nous avons

 21   décomposé cela en dix équipes d'un côté et deux équipes qui étaient

 22   divisées, réparties de la façon suivante : deux équipes par secteur qui,

 23   chacune, était en charge du secteur en question.

 24   Q.  Alors, dites-nous à quoi cela correspond. Expliquez un peu plus.

 25   R.  Vous pouvez avoir quatre bataillons dans une brigade, et il y avait

 26   quatre pelotons à l'intérieur d'un bataillon. Donc ça correspondait en gros

 27   à 700 hommes, à peu près, peut-être un millier dans les unités de la taille

 28   d'une brigade. Cela dépendait si c'était une unité d'infanterie ou une

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  1   unité de blindés. Cela vous disait à peu près combien de personnes il y

  2   avait.

  3   Q.  Et dites aux Juges de la Chambre qu'est-ce que vous faisiez pendant que

  4   vous étiez en Iraq.

  5   R.  Bien, ce que nous faisions, c'était à peu près la même chose que ce que

  6   nous faisions à Fort Benning, à ceci près que nous le faisions plus

  7   souvent. En tant que techniciens de déminage, nous intervenions de façon

  8   urgente lorsqu'une unité ou une patrouille remarquait quelque chose de

  9   suspect. Nous étions alors appelés afin d'éliminer tout risque lié à des

 10   explosifs afin de sécuriser les engins explosifs qui avaient pu être

 11   trouvés afin d'éliminer ces engins qui avaient pu être posés afin de servir

 12   d'embuscade ou de détruire les forces de la coalition. Il s'agissait de les

 13   neutraliser.

 14   Q.  Dites aux Juges de la Chambre quelles étaient vos missions et ce que

 15   vous avez accompli à l'époque.

 16   R.  Nous avons apporté notre soutien à la 1ère Brigade. C'était une unité

 17   blindée qui venait d'Allemagne. Ils avaient été envoyés donc d'Allemagne,

 18   et j'ai conduit plus de 300 missions dans une période de six mois. Il y

 19   avait eu 469 [comme interprété] incidents en six mois, qui pouvaient

 20   concerner des UXO, c'est-à-dire des engins explosifs non explosés, qui

 21   pouvaient se trouver dans la cour de telle ou telle personne ou en plein

 22   désert et donc il s'agissait également, dans le cadre de ces missions, de

 23   neutraliser des engins explosifs qui présentaient un risque. Dans ces

 24   tâches, nous devions nous assurer du transport sécurisé de ces engins

 25   jusqu'à un lieu sûr, ensuite devions détruire, éliminer ces engins. Nous

 26   nous sommes acquittés de ces missions de telle sorte que les insurgés ne

 27   puissent pas se procurer ces engins explosifs et les transformer en engins

 28   explosifs improvisés qui auraient pu être utilisés contre les forces de la

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  1   coalition.

  2   Q.  Et à partir de votre CV, je vois également que la neutralisation et la

  3   destruction ont concerné plus de 8 000 pièces de munitions dangereuses.

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Pouvez-vous nous en dire plus.

  6   R.  Evidemment, ce n'était pas 8 000 d'un seul coup. Nous intervenions

  7   lorsque nous étions appelés. Il y avait donc des patrouilles qui tombaient

  8   sur des obus de mortier. Ça pouvait être des obus de 60-millimètres, des

  9   obus de 80-millimètres, qui étaient tout simplement au sol et nous

 10   intervenions alors. Lorsque nous étions appelés, nous devions identifier

 11   les engins en question, les détonateurs également, ensuite nous assurer que

 12   cela soit éliminé. En cette occasion particulière, nous avons trouvé 1 968

 13   obus de mortier.

 14   Q.  Alors, est-ce que vous avez été témoin de combats réels en Iraq ?

 15   R.  Oui. On nous a tiré dessus avec des armes à feu légères, avec des RPG

 16   également et des lance-roquettes. Mon unité également a été victime

 17   d'embuscades par des civils à deux reprises.

 18   Q.  Avez-vous également procédé à des enquêtes ?

 19   R.  Nous avons apporté notre concours aux travaux de la brigade après que

 20   l'unité a été prise en embuscade. Nous avons donc été déployés et avons

 21   procédé à une évaluation après explosion du site et nous avons fourni les

 22   informations correspondantes au commandant du bataillon de la brigade.

 23   Q.  Pouvez-vous nous en dire plus sur la façon de procéder à ces enquêtes ?

 24   R.  Lorsque nous donnons des formations en matière d'évaluation

 25   postexplosion à des soldats ordinaires, nous leur disons de rester à

 26   l'écart du site de l'impact ou de la détonation et que, au moment de

 27   l'arrivée sur le site, il faut travailler, procéder de façon très

 28   systématique, dans le sens des aiguilles d'une montre. Il faut s'approcher

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  1   progressivement en spirale du lieu de l'explosion et fournir des détails

  2   concernant les traces éventuelles de fragmentation, examiner la cible en

  3   elle-même, examiner les traces d'impact et le dommage qui a été subi par la

  4   cible ainsi que la taille des différents éléments. Il faut également

  5   examiner les différents éléments du détonateur.

  6   Q.  De quoi s'agit-il ?

  7   R.  Les éléments de détonation peuvent être des téléphones mobiles, des

  8   bipeurs, des télécommandes de portes de garage, tout objet qui utilise une

  9   fréquence radio peut être utilisé afin d'activer un détonateur au moyen des

 10   équipements électriques nécessaires, et ainsi prendre en embuscade une

 11   cible.

 12   Q.  Quel type de sites avez-vous étudiés en termes d'évaluation

 13   postexplosion ?

 14   R.  Nous en avons étudié plusieurs qui étaient à côté d'une route, c'est-à-

 15   dire que des véhicules se déplaçaient dans une certaine direction et une

 16   détonation se produisait à gauche ou à droite de la route alors que les

 17   véhicules s'approchaient. Nous avons également procédé à des évaluations

 18   postexplosion dans d'autres circonstances. L'un des scénarios que nous

 19   avons étudiés concernait l'axe principal au nord-est de Bagdad, la route

 20   Pluton [comme interprété], où il y avait un convoi qui s'était placé le

 21   long de cet axe. Lorsque les véhicules sont passés sous la piste qui s'y

 22   trouvait à un endroit de la route, il y a eu explosion au-dessus du

 23   véhicule, à peu près à peut-être 10 pieds au-dessus du soldat qui se

 24   trouvait au canon. Il y a eu quatre morts immédiatement dont ces soldats.

 25   Lorsque nous sommes arrivés, nous avons vu que le véhicule en question ne

 26   brûlait plus, mais les corps étaient toujours en train de brûler à

 27   l'intérieur.

 28   Q.  En tant que votre expérience que vous avez pu avoir des combats,

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  1   avez-vous vu des personnes mourir, brûlées vives ?

  2   R.  Oui j'en ai vu, et ce n'est pas quelque chose d'agréable à voir.

  3   Q.  Avez-vous procédé également à des évaluations postexplosion de

  4   certaines structures ? 

  5   R.  Cela dépendait de l'endroit où l'explosion s'était produite. En

  6   fonction de cela, en temps de guerre, vous pouviez avoir des schémas de

  7   fragmentation sur les murs, pas nécessairement à l'intérieur de la

  8   structure, mais des murs. Des pylônes pouvaient avoir subis des dommages

  9   collatéraux ou reçus des marques de fragmentation dues à une détonation.

 10   Q.  Pendant que vous étiez à Bagdad, au sein d'opérations de combat, avez-

 11   vous eu l'occasion d'entrer dans des structures où des explosifs avaient

 12   été utilisés ? 

 13   R.  Oui. Dans la mesure où des ressortissants étrangers, en plus des

 14   Américains, s'étaient trouvés de façon accidentelle dans certaines zones où

 15   il y avait eu des objets piégés qui avaient explosé dans des caches

 16   d'armes.

 17   Q.  Avez-vous également vu des structures, d'autres types de structures ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Au titre de votre participation à des activités de combat ?

 20   R.  Oui. Il s'agissait d'incidents qui se sont produits à l'étranger et en

 21   Iraq ainsi qu'en Afghanistan.

 22   Q.  Combien de temps êtes-vous restés en Iraq ?

 23   R.  C'était une période de six mois.

 24   Q.  Qu'avez-vous fait ensuite ?

 25   R.  Nous sommes partis en avril 2004, et nous sommes revenus à Fort

 26   Benning. Nous avons eu à peu près deux semaines de repos, et c'était une

 27   année d'élection, 2004. Nous avons donc apporté notre assistance pour le

 28   reste de cette année aux Services secrets qui étaient en charge dans le

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  1   cadre des élections. Nous avons également suivi l'entraînement obligatoire

  2   qui avait eu lieu à l'école militaire, et j'ai suivi cette formation en

  3   matière d'attaques aériennes avant de me rendre en Afghanistan.

  4   Q.  Dites-nous-en plus maintenant sur votre déploiement en Afghanistan.

  5   R.  A peu près un an plus tard, nous avons été déployés à partir de Fort

  6   Benning en Géorgie directement en Afghanistan. La situation était la

  7   suivante : nous avions plusieurs unités qui étaient dispersées à travers

  8   l'ensemble du pays et nous devions leur porter assistance. Ils ne

  9   disposaient pas de personnel aussi nombreux qu'à Bagdad, où il y avait dix

 10   équipes. Moi-même et mon équipe, nous sommes rendus sur place afin

 11   d'apporter notre soutien à un bataillon qui était un bataillon blindé qui

 12   couvrait un territoire de la taille du New Jersey, qui est un territoire

 13   considérable comparé à ce que nous avions en Iraq.

 14   Q.  AO, cela signifie zone d'opération ?

 15   R.  Oui. C'est la zone d'opération.

 16   Q.  Je vois qu'en décembre, vous étiez chef d'équipe. De quoi s'agissait-il

 17   ?

 18   R.  En tant que chef d'équipe, j'étais responsable d'une mission accomplie

 19   par l'équipe. Fondamentalement, il s'agissait de la sécurité des soldats

 20   qui étaient placés directement sous ma responsabilité. Nos missions, dans

 21   le cadre des opérations de combat, consistaient à intervenir sans causer de

 22   dommages à nos biens ni à nous-même.

 23   Q.  Avez-vous eu l'occasion de procéder à des évaluations postexplosion en

 24   Afghanistan ?

 25   R.  Oui, mais à une échelle beaucoup plus petite. L'unité apportait son

 26   soutien aux unités d'infanterie en provenance d'Italie, et je suis

 27   intervenu dans des situations d'incendies suite à des explosions où il y

 28   avait eu des blessés. Il s'agissait de déterminer quel était le type de

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  1   munitions qui avaient causé les blessures des personnes, quels types

  2   d'objets piégés, également.

  3   Q.  Pourquoi est-il important de déterminer le type de munitions dans une

  4   évaluation postexplosion ? 

  5   R.  Pour plusieurs raisons. Si c'est un engin chimique, cela nécessite une

  6   procédure complètement différente. La façon dont il faut traiter les

  7   blessés est également complètement différente, ainsi que la façon de

  8   traiter toute personne qui s'est approchée de la zone, car les munitions

  9   chimiques représentent quelque chose qui reste pendant un certain temps,

 10   qui laisse une trace, un résidu. Si j'étais emmené à effectuer une

 11   évaluation postexplosion sur un objet piégé, j'identifiais les différents

 12   éléments qui le composaient afin de pouvoir éviter que des personnes soient

 13   de nouveau piégées par ce même type d'objet.

 14   A plusieurs reprises, nous avons évidemment été confrontés à des

 15   situations différentes en Afghanistan, si l'on compare ça avec l'Iraq, en

 16   matière d'engins explosifs improvisés. Les routes pouvaient rester vides de

 17   circulation pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Ils

 18   utilisaient des engins qui étaient détonés par leurs propres victimes.

 19   Lorsque je dis cela, je parle de véhicules qui étaient munis d'un

 20   détonateur improvisé et qui étaient désactivés afin de permettre aux

 21   véhicules de fonctionner.

 22   Q.  Entendu. En fait, cela était déclenché à distance ?

 23   R.  Oui. Personne n'aurait été présent pendant des semaines. Ensuite, on

 24   aurait attendu que quelqu'un arrive dans une certaine zone et il leur

 25   suffisait d'activer une clé ou d'appuyer sur un bouton pour activer l'engin

 26   à distance. Cela pouvait être un camion transportant du bétail ou un camion

 27   de transport. Je pense qu'une fois, c'est même une vache qui a déclenché

 28   l'explosion.

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  1   Q.  Quel niveau d'accréditation de sécurité aviez-vous à l'époque ?

  2   R.  J'avais le niveau le plus élevé pour tout mon temps de service dans

  3   l'armée des Etats-Unis.

  4   Q.  Quelles médailles avez-vous reçu en service, quelles recommandations ?

  5   R.  J'ai reçu trois décorations.

  6   ALARID : [interprétation] Si nous passons à la page 3, s'il vous plaît.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai reçu trois médailles de l'armée. La

  8   première, pour chacune de mes missions à l'étranger. Une seconde pour mes

  9   cinq années d'affectation à Fort Benning et les tâches que j'avais

 10   accomplies là-bas. J'ai reçu deux médailles de bonne conduite de l'armée et

 11   ça fonctionne comme suit : si vous êtes un bon soldat pendant une certaine

 12   durée, vous recevez une médaille de bonne conduite. J'ai reçu également une

 13   médaille de bonne conduite du Corps des marines. Et lorsque vous servez en

 14   temps de guerre vous recevez également un ruban au titre du service rendu à

 15   la nation. J'en ai reçu un lors de la première guerre du Golfe. Ensuite, un

 16   pour la guerre contre le terrorisme. J'ai reçu également une médaille au

 17   titre de la campagne d'Afghanistan, et également pour l'ensemble du temps

 18   que j'ai passé en Afghanistan et en Iraq. J'ai également reçu des

 19   décorations au titre du NCO, des certificats en tant que chef de peloton au

 20   titre de module de chef de peloton que j'avais suivi et d'officier

 21   également.

 22   Q.  Après que vous avez été libéré de votre service d'actif, qu'avez-vous

 23   fait ?

 24   R.  J'ai continué à travailler pour des sociétés qui étaient en contrat

 25   avec le Département de la Défense où le génie de l'armée des Etats-Unis.

 26   Lorsque j'ai quitté mon service en septembre 2007, j'ai été engagé par une

 27   compagnie qui procédait au nettoyage des installations militaires, les

 28   surfaces au sol notamment. Il s'agissait d'écarter, d'éliminer tous les

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  1   engins explosifs. Je ne pense pas que cela soit porté sur mon CV. J'ai eu

  2   deux ou trois contrats qui ont été très courts.

  3   En mai 2008, j'ai rejoint la compagnie NEK, et j'ai fourni mon

  4   expertise technique au Département de la Défense dans le cadre de forces de

  5   la coalition et de ce groupe nommé JCIE [comme interprété], le groupe

  6   conjoint de lutte contre les engins explosifs qui ont expertise. Il s'agit

  7   d'un groupe qui se rendait à l'étranger et qui intervenait pour le compte

  8   des unités de l'armée des Etats-Unis dans la zone de Bagdad.

  9   Q.  Juste pour revenir un peu en arrière, quel était votre dernier

 10   grade lors de votre dernière mission ?

 11   R.  J'avais le rang GS13 lorsque j'étais au sein de NEK et que je

 12   fournissais mon concours aux unités de l'armée en Iraq pour la dernière

 13   fois.

 14   Q.  Qu'est-ce que le grade GS13 ?

 15   R.  C'est l'équivalent du rang de capitaine ou de major pour ce qui

 16   est des grades.

 17   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Cela correspond au capitaine ou

 18   major, n'est-ce pas, capitaine ou commandant ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Ça dépend du domaine dans lequel vous

 20   intervenez.

 21   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie.

 22   M. ALARID : [interprétation]

 23   Q.  Qui a participé à la force multilatérale de la coalition, la JCIE

 24   [comme interprété] ?

 25   R.  Nous avons travaillé avec des officiers canadiens, des officiers

 26   australiens de l'Armée royale d'Australie, l'Armée royale du Canada, des

 27   officiers britanniques et des soldats également qui étaient présents pour

 28   être formés.

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  1   Q.  A la fin de votre période de service vous fournissiez des formations,

  2   vous entraîniez d'autres soldats ?

  3   R.  Vous parlez de ma période d'active ?

  4   Q.  Oui.

  5   R.  Lorsque j'étais encore d'active, j'ai continué à fournir des formations

  6   pour les soldats. Cela sortait du cadre des tâches qui m'incombaient. Nous

  7   fournissions le même type de formation en termes d'identification de

  8   munitions non explosives et d'engins explosifs improvisés, tout comme en

  9   matière d'identification de munitions à ces soldats afin qu'ils sachent

 10   quoi rechercher lorsqu'ils se retrouvaient dans des opérations de combat.

 11   Q.  Qu'en est-il des formations que vous avez pu dispenser pendant que vous

 12   étiez au sein de la société NEK ?

 13   R.  J'ai fourni ce type de cours pour des soldats et nous avons également

 14   fourni cette formation de façon intégrée dans la zone de risque de Bagdad.

 15   Ma compétence plus spécifique concernait l'identification des engins

 16   explosifs non explosés pour les soldats qui se trouvaient sur place. Il y

 17   avait aussi des équipes de l'armée aérienne, des équipes de déminage.

 18   Q.  Très bien. Vous avez formé ces soldats, vous avez travaillé avec eux.

 19   M. ALARID : [interprétation] Monsieur le Président, je demande que ce

 20   témoin, qui est un expert en explosif, qui est un expert aussi en ce qui

 21   concerne l'étude de l'évaluation du site où il y a eu une explosion, je

 22   demande que son CV soit versé au dossier.

 23   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Groome ?

 24   M. GROOME : [interprétation] Il me semble tout à fait clair que M.

 25   O'Donnell est un homme expérimenté. Il me semble qu'il est surtout

 26   expérimenté pour identifier les engins qui n'ont pas explosé. Mais cela

 27   étant dit, je me demande s'il va déposer vraiment au sujet de ce qui tombe

 28   sous son domaine d'expertise, ou bien est-ce qu'il va déposer au sujet des

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  1   matières où il n'est pas vraiment expert. Mais je vais tout de même

  2   attendre mon contre-interrogatoire.

  3   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Alarid.

  4   M. ALARID : [interprétation] Je pense, quand on parle du fondement pour

  5   verser cette pièce, je pense que nous avons démontré qu'il s'agit là d'un

  6   témoin expert. En revanche, M. Groome peut effectivement poser ses

  7   questions au moment de son contre-interrogatoire et cela concernera plutôt

  8   la valeur et le poids qu'on va attribuer à sa déposition. Il appartiendra

  9   aux Juges d'en juger.

 10   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je suis tout à fait d'accord.

 11   M. ALARID : [interprétation] Est-ce qu'on accepte son expertise en ce qui

 12   concerne les évaluations après explosion ?

 13   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

 14   M. ALARID : [interprétation] Très bien.

 15   Q.  Maintenant on va parler de Visegrad. Il va parler de la procédure que

 16   vous appliquez quand il s'agit d'évaluer un site après l'explosion.

 17   R.  Quand il arrive sur le site, il s'agit tout d'abord d'entendre le

 18   témoin pour voir ce qui s'est passé exactement. Ensuite il s'agit aussi

 19   d'évaluer les photographies prises sur le site et d'établir aussi de façon

 20   chronologique comment cette évaluation s'est faite, qu'est-ce qui s'est

 21   passé exactement, est-ce qu'on a trouvé des résidus sur place, des résidus

 22   d'explosif aussi qui pourraient éventuellement pointer sur un certain type

 23   d'explosif qui a été utilisé. Il s'agit aussi d'établir s'il y a eu des

 24   dégâts collatéraux, s'il y a eu des victimes humaines ou bien des

 25   destructions des biens et de voir de quelle façon les explosifs ont agi. Il

 26   s'agit aussi ensuite de récapituler toutes ces informations et d'écrire un

 27   rapport corroboré par les photographies. C'est la procédure habituelle que

 28   nous adoptions alors que nous étions sur le terrain.

Page 5415

  1   Q.  Pendant que vous étiez dans le service, est-ce que vous pourriez nous

  2   dire quel est le nombre d'évaluations après explosion que vous avez

  3   effectuées sur le site ?

  4   R.  Pendant que j'étais en service d'active j'en ai fait à peu près 14 ou

  5   15 par rapport aux incidents qui se sont produits soit en Iraq, soit en

  6   Afghanistan. Pendant que j'étais GS13 à ce niveau-là pendant mon dernier

  7   service en Iraq, j'en ai fait deux.

  8   Q.  Très bien. Quel type de dégâts collatéraux infligés soit aux individus,

  9   soit aux biens, à quel type de dégâts peut-on s'attendre ?

 10   R.  Vous pouvez avoir un explosif d'une intensité assez basse, qui a une

 11   quantité minimale d'engins explosifs, mais qui provoque une explosion

 12   puissante, donc il s'agit d'un engin qui contient des fragments qui sont

 13   ceux qui infligent les dégâts au niveau des personnes ou des biens. Mais

 14   vous avez aussi des engins qui contiennent une grande quantité d'explosifs

 15   et peu de fragments, et à partir du moment où la destruction intervient, à

 16   cause de la quantité de la pression provoquée par l'explosion, on va

 17   évaluer les dégâts infligés.

 18   M. ALARID : [interprétation] Je demande que ceci soit versé au dossier.

 19   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Greffière, pourriez-vous y attribuer

 20   une cote.

 21   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la cote 1D134.

 22   M. ALARID : [interprétation] A présent je vais demander que l'on montre le

 23   document 1D22-0599.

 24   Q.  Monsieur O'Donnell, avant de parler de votre enquête proprement dite,

 25   je voudrais vous demander de nous parler de la fragmentation, qu'est-ce

 26   qu'on peut considérer comme étant une fragmentation ?

 27   R.  C'est un élément qui fait partie d'un engin explosif qui est celui qui

 28   provoque la destruction soit des biens ou des vies humaines, des hommes.

Page 5416

  1   Q.  D'accord.

  2   R.  Donc, par exemple, si vous avez une munition militaire, s'il s'agit

  3   d'une munition qui a une paroi lourde, l'explosion de cette paroi va être

  4   celle qui va infliger les dégâts au moment de la fragmentation. En

  5   revanche, si vous avez un engin qui n'est pas blindé et dont la paroi est

  6   fine, l'explosion va être plutôt provoquée par l'impact même de l'explosion

  7   et pas de la fragmentation. Si cette explosion était suffisamment

  8   puissante, les hommes qui se trouvent à proximité, ils vont peut-être agir

  9   comme des fragments secondaires et ils vont devenir des impacts eux-mêmes

 10   qui vont infliger des dégâts à l'entourage.

 11   Q.  On va prendre l'exemple d'un véhicule, par exemple, un véhicule piégé

 12   qui contient un explosif, ce véhicule peut aussi agir comme un fragment qui

 13   va être destructif ?

 14   R.  Oui. Par exemple, vous prenez l'exemple d'un véhicule qui contient un

 15   explosif, par exemple, une voiture piégée. On va aussi s'attendre à ce que

 16   les fragments de l'automobile vont infliger aussi les dégâts, donc les vis,

 17   les pneus, enfin, toutes pièces du véhicule vont aussi représenter des

 18   fragments.

 19   Q.  Dans le cadre de vos compétences et de votre mission, est-ce que vous

 20   devez aussi connaître les munitions produites dans le monde entier ?

 21   R.  Pendant que je fréquentais ce stage de l'EOD, donc de déminage, on peut

 22   dire qu'on a utilisé 50 %, 50 %, dans ces proportions-là, les munitions

 23   domestiques et étrangères.

 24   Q.  Pourriez-vous nous décrire les composantes des engins explosifs

 25   improvisés.

 26   R.  Les engins explosifs improvisés peuvent contenir toutes sortes

 27   d'éléments pour créer l'explosion.

 28   Q.  [aucune interprétation]

Page 5417

  1   R.  Pourriez-vous clarifier cela ?

  2   Q.  Vous avez des différents types d'explosions : chimiques, à gaz. Est-ce

  3   que le gaz, par exemple, l'essence, est-ce que l'essence peut être utilisée

  4   comme le déclencheur ?

  5   R.  Oui, parce qu'à cause des vapeurs de l'essence on peut produire une

  6   explosion. Là on parle surtout des engins improvisés.

  7   Q.  Pourriez-vous nous parler davantage de la pression provoquée par le gaz

  8   et parler davantage la fragmentation.

  9   R.  En Iraq - et en Afghanistan, d'ailleurs - il y avait un mécanisme

 10   déclencheur qui était souvent un fil de fer qui était ensuite relié à une

 11   batterie, qui était donc une source d'énergie. A partir du moment où le

 12   choc chaleur qui provoquait la friction, ce choc était suffisant pour

 13   provoquer l'explosif parce que c'est quelque chose de très sensible.

 14   Q.  Est-ce que vous pourriez nous parler de ces déclencheurs.

 15   R.  On utilise, par exemple, les déclencheurs au fulmonate [phon] de

 16   mercure. Ils sont extrêmement sensibles à l'explosion.

 17   Q.  Qu'en est-il du détonateur utilisé ?

 18   R.  Quand on a été formé, on a appris à faire détoner les engins que par la

 19   suite nous allons apprendre à neutraliser. Donc il existe des détonateurs à

 20   retardement, et là il s'agit donc d'ajouter un détonateur qui correspond à

 21   un fusible en plastique qui va brûler, le fait de brûler va provoquer

 22   l'explosion. Cela dépend aussi de l'humidité ambiante, et cetera.

 23   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire s'il existe une combinaison entre

 24   l'amorce et, par exemple, le fusible utilisé, et est-ce qu'on peut utiliser

 25   cela dans le cadre des explosifs

 26   chimiques ?

 27   R.  Non, pas avec les explosifs chimiques.

 28   Q.  Excusez-moi, je n'ai pas très bien compris.

Page 5418

  1   R.  Par exemple, quand vous avez les gaz lacrymogènes, c'est une arme

  2   chimique.

  3   Q.  Est-ce qu'on peut l'utiliser dans le cadre d'un engin explosif ?

  4   R.  Quand vous avez un projectile de 105-millimètres, en haut de ce

  5   projectile se trouve un détonateur, donc c'est un mécanisme qui sert à

  6   détoner. Il s'agit dans ce cas d'enlever l'explosif qui se trouve à

  7   l'intérieur de la capsule pour pouvoir y introduire une amorce, qui est

  8   ensuite liée avec ce déclencheur à distance, et c'est cela qui provoque

  9   cette explosion.

 10   Q.  [aucune interprétation]

 11   R.  [aucune interprétation]

 12   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire quelle est la différence entre

 13   l'explosif qui provoque le feu, l'incendie, et ceux qui libèrent une grande

 14   quantité de gaz sous pression.

 15   R.  Les explosifs qui produisent le feu, par exemple, le cocktail Molotov

 16   ou d'autres engins improvisés, donc qui sont destinés à provoquer un

 17   incendie, de quoi il s'agit ? Vous incendiez, par exemple, un morceau de

 18   tissu qui sort d'une bouteille dans le cas du cocktail Molotov, et à partir

 19   du moment où le verre est brisé, ce liquide part dans tous les sens, et

 20   c'est cela qui provoque l'incendie et ce morceau de tissu va brûler. Ces

 21   engins qui visent à provoquer un incendie ne sont pas extrêmement

 22   destructifs, parce que l'explosion n'est pas très puissante parce qu'il n'y

 23   a pas beaucoup de pression. Donc il n'y a pas beaucoup de dégâts à

 24   proprement dit à cause de l'explosion, mais ils provoquent l'incendie.

 25   Q.  Mais comment se fait-il qu'il y a le feu après l'explosion, qu'est-ce

 26   qui provoque l'incendie ?

 27   R.  Il faut qu'il y ait l'essence, l'alcool, quelque chose qui provoquait

 28   le déclenchement de l'incendie.

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  1   Q.  Est-ce que le magnésium peut être utilisé pour cela dans le cadre d'un

  2   engin explosif ?

  3   R.  Une grenade explosive fait exactement cela. A cause de températures

  4   extrêmement élevées, ces grenades incendiaires incendient tous les éléments

  5   avec lesquels elles entraient en contact.

  6   Q.  Par exemple, dans le cadre de ces grenades incendiaires, est-ce que

  7   l'on suppose que cette grenade va incendier tout ce qu'elle va toucher ?

  8   R.  S'il n'y a pas eu de protection de la cible, oui.

  9   Q.  Quand il s'agit des explosifs réguliers là où il y a la libération des

 10   gaz à cause de la pression, est-ce que cela provoque nécessairement un

 11   incendie, un feu ? Est-ce qu'on peut au moins avoir cette impression ?

 12   R.  Non, non. Pas au début.

 13   Q.  Bien.

 14   R.  Mais à partir du moment où cet engin explose, c'est à ce moment-là

 15   qu'il y a une espèce d'éclair qui peut survenir.

 16   Q.  Un profane, est-ce qu'il peut apercevoir cet éclair et est-ce qu'il

 17   peut penser que cet éclair représente un incendie ?

 18   R.  Je pense que ceci ne pourrait pas être pris pour un incendie.

 19   Q.  Je vous ai posé la question si un profane pourrait en arriver à une

 20   telle conclusion ?

 21   R.  Quelqu'un qui n'a pas été habilité à manier les explosifs et au

 22   déminage ou à la neutralisation, de tels agents pourraient éventuellement

 23   méprendre cela pour la cause de l'incendie.

 24   Q.  On va revenir sur la question de Visegrad. Pourriez-vous nous dire ce

 25   que vous avez fait comme enquête sur le terrain ?

 26   R.  J'ai enquêté, j'ai eu des entretiens avec plusieurs témoins, j'ai

 27   examiné des photos qui ont été prises sur place. Je ne sais pas quelle est

 28   la date de cette photo, mais en tout cas c'est surtout le matériel auquel

Page 5421

  1   j'ai pu avoir accès.

  2   Q.  Quand il s'agit des déclarations des témoins, pourriez-vous nous dire

  3   quelles sont les informations pertinentes que vous avez utilisées pour

  4   pouvoir faire votre rapport d'expert et pour arriver aux conclusions

  5   auxquelles vous êtes arrivé, à savoir qu'il s'agissait là d'une sorte

  6   d'explosion.

  7   R.  Un des témoins a dit quelque chose allant dans le sens qu'il a été

  8   projeté physiquement de l'immeuble par la fenêtre. Ensuite il y a des

  9   témoins qui ont dit qu'ils ont entendu des tirs, qu'ils ont entendu des

 10   cris à peu près une heure après le premier incident. A cause de toutes ces

 11   informations, je suis arrivé à la conclusion qu'on avait utilisé un engin

 12   explosif pour neutraliser les gens qui se trouvaient à l'intérieur de cette

 13   pièce, en quelque sorte. Donc je suis arrivé à ces conclusions après avoir

 14   été à Visegrad.

 15   Q.  Vous avez aussi reçu un exemplaire de l'acte d'accusation dressé contre

 16   M. Lukic ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Puisque nous parlons tous les deux la langue anglaise et que tout ceci

 19   doit être traduit, je vous demande de bien vouloir faire des pauses entre

 20   mes questions et vos réponses.

 21   Question, donc : vous avez reçu un exemplaire de l'acte d'accusation et

 22   vous savez qu'en ce qui concerne la rue Pionirska, on y trouve un chef

 23   d'accusation qui est fondé sur l'affirmation qu'on avait placé un engin

 24   incendiaire sur le tapis qui se trouvait par terre dans l'immeuble, et

 25   c'est à cause de cela qu'il y a eu des gens qui avaient été brûlés.

 26   Pourquoi alors maintenant vous faites le lien entre le fait que le témoin a

 27   entendu des cris et des tirs, et pourquoi vous pensez que donc ceci est

 28   important pour votre enquête ?

Page 5422

  1   R.  Ce n'est tout simplement pas consistant par rapport à cette théorie et,

  2   par conséquent, par rapport à ce qu'ont dit les autres témoins qui disent

  3   qu'ils ont continué à entendre des cris et des feux même une demi-heure

  4   après.

  5   Q.  Mais pourquoi ?

  6   R.  Si vous avez beaucoup de personnes présentes dans une pièce et ensuite

  7   vous initiez un incendie avec un engin incendiaire, les gens seraient morts

  8   asphyxiés en l'espace d'une demi-heure et pas une heure.

  9   Q.  Vu que vous avez une certaine expérience, c'est-à-dire que vous avez vu

 10   des gens mourir asphyxiés dans le cadre des incendies, est-ce que vous

 11   pourriez nous dire combien de temps cela dure normalement ?

 12   M. GROOME : [interprétation] Je pense que là on sort complètement du

 13   domaine de l'expertise de M. O'Donnell.

 14   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Alarid.

 15   M. ALARID : [interprétation] Monsieur le Président, sur la base de ses

 16   expériences sur le terrain, son expérience personnelle, je pense qu'il

 17   dispose des informations pertinentes, parce qu'il a pu voir lui-même quel

 18   est le temps nécessaire pour tuer les gens dans le cadre d'un incendie.

 19   Ceci doit être comparé au fait qu'il y avait des témoins qui ont entendu

 20   des cris, et je pense que c'est quelque chose qui est assez important.

 21   C'est peut-être un point mineur, mais c'est important par rapport à cet

 22   incident.

 23   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Pourriez-vous répondre ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Les situations que j'ai pu expérimenter moi-

 25   même où les gens se sont fait tuer dans le cadre des incendies en Iraq, il

 26   y avait cette situation dont j'ai déjà parlé où quatre personnes ont été

 27   attaquées alors qu'elles étaient à bord d'un camion, ensuite l'engin

 28   explosif a explosé au-dessus du camion.

Page 5423

  1   Il y avait une personne qui a été tuée immédiatement, c'était la personne

  2   qui maniait le canon. Mais les autres personnes n'ont pas été mortes sur le

  3   champ. Nous sommes arrivés 25 minutes plus tard, et leurs corps étaient

  4   toujours en feu. Donc je pense que ces personnes ont été tuées à cause des

  5   fragments libérés par l'engin explosif alors que leurs corps brûlaient

  6   encore au moment où on est arrivés.

  7   M. ALARID : [interprétation]

  8   Q.  Donc vous dites que sur la base des déclarations des témoins vous

  9   pensez qu'on avait utilisé un engin explosif. Est-il possible que les gens

 10   avaient été blessés, grièvement blessés à cause de cet engin explosif dans

 11   cette pièce fermée ?

 12   R.  Oui. Cela dépend effectivement du nombre de personnes qui se trouvaient

 13   à l'intérieur de la pièce où il y a eu une explosion. Même les personnes

 14   qui n'auraient pas été directement touchées par les fragments d'obus

 15   auraient pu se faire tuer à cause de cette pression extrême provoquée par

 16   l'explosion.

 17   Q.  Maintenant, nous allons parler concrètement de Visegrad. Que faisiez-

 18   vous exactement au moment où vous êtes arrivé là-bas ?

 19   R.  On m'a demandé de faire une enquête sur ce qui s'est passé dans la rue

 20   Pionirska.

 21   Q.  Comment vous avez été contacté ?

 22   R.  J'ai été contacté par téléphone et par e-mail. C'est vous-même qui

 23   m'avez appelé.

 24   Q.  Très bien. Qui vous a fourni les matériaux et les déclarations des

 25   témoins ?

 26   R.  C'est vous qui m'avez fourni les exemplaires de ces déclarations des

 27   témoins ainsi que les photographies.

 28   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire comment on a arrangé votre voyage ?

Page 5424

  1   R.  J'ai voyagé avec des enquêteurs qui sont des spécialistes d'incendies,

  2   il y avait un certain M. Jenkins, il y avait Albert Tirca [phon], Nouvelle

  3   Mexique [phon]. Nous sommes arrivés à Belgrade -- enfin, on est arrivés

  4   tout d'abord à Amsterdam, ensuite on est allés à Belgrade, et je pense que

  5   c'est le 28. Ensuite nous avons décidé de partir le soir même en direction

  6   de Visegrad, et je pense qu'on est arrivés à peu près à 2 heures ou 3

  7   heures du matin, donc le 29.

  8   Q.  Maintenant, pourriez-vous nous dire quelque chose au sujet de

  9   l'évaluation que vous avez faite sur place, sur le site à Pionirska, la rue

 10   Pionirska ?

 11   R.  Dès qu'on est arrivé sur le site, donc dans la rue Pionirska, je n'ai

 12   pas commencé immédiatement mon enquête. J'ai tout d'abord laissé les autres

 13   enquêteurs, les enquêteurs chargés des enquêtes sur les incendies, de

 14   procéder à la prise des photos. Ensuite j'ai commencé mon enquête, ma

 15   propre enquête. Il s'agissait donc de faire une évaluation sur le site et

 16   on peut dire que mon évaluation était différente de la leur. Pour moi, il

 17   était important de trouver le reste, les fragments d'obus, les fragments

 18   d'engins explosifs au niveau des murs et du site en entier.

 19   Q.  La date de l'incident qui figure dans le chef d'accusation est la date

 20   du 14 juin 1992. Quelle est l'importance du fait que vous n'êtes arrivé sur

 21   le site qu'en 2009 ?

 22   R.  Bien, au cours de ces 15 années, parce que là il s'agit presque d'une

 23   quinzaine d'années, bien, il n'était absolument pas possible de trouver des

 24   traces d'engins explosifs, de résidus de quelle sorte qu'il soit 15 années

 25   plus tard. Sur la base des photos présentées, on a vu que cette

 26   installation s'est détériorée. Elle est dans un état de délabrement

 27   extrême. Tout élément de preuve qui aurait pu exister par rapport à cet

 28   engin explosif a disparu. Donc on a trouvé des débris, des excréments

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  1   humains, des déchets sur le site. Il est clair qu'au cours de ces 15

  2   années, plusieurs personnes ont été présentes sur le site.

  3   Q.  Très bien.

  4   M. ALARID : [interprétation] Bien, pour l'instant je ne vais pas demander à

  5   verser ce rapport, mais je vais demander que ce rapport soit marqué aux

  6   fins d'identification pour que l'on puisse examiner les photos.

  7   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la pièce 1D135 marquée aux

  9   fins d'identification, Monsieur le Président.

 10   M. ALARID : [interprétation] Bien, maintenant je vais vous demander

 11   d'examiner la pièce Y020-3362.

 12   Excusez-moi, je me suis trompé, 3362. Je me suis trompé, excusez-moi,

 13   donc Y020-3362, sur mon écriture. 

 14   Q.  Donc pourriez-vous nous montrer, s'il vous plaît, la pièce 36 -- mais

 15   pourriez-vous, s'il vous plaît, identifier cette photo.

 16   R.  Bien, c'est le devant de la maison. C'est la photo qui est prise devant

 17   le rez-de-chaussée de la maison qui se trouve dans la rue Pionirska.

 18   Derrière moi immédiatement se trouve cette pièce où cette explosion aurait

 19   eu lieu, le 29 janvier.

 20   M. ALARID : [interprétation] Je vais demander que ce soit versé au dossier.

 21   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien.

 22   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la pièce 1D136.

 23   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Donc vous parlez du 29 janvier de

 24   cette année ?

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 26   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien.

 27   L'INTERPRÈTE : L'interprète se reprend : C'est la photo qui a été prise le

 28   29 janvier de l'année en cours.

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  1   M. ALARID : [interprétation] Bien, à présent je vais demander que l'on

  2   présente au témoin la pièce Y020-3566.

  3   Q.  Maintenant, imaginez que vous êtes en train d'entrer par la porte

  4   d'entrée de cette pièce. Je vais vous montrer toute une série de photos et

  5   je vais vous demander de vous rendre utile en aidant les Juges de

  6   s'orienter par rapport à cette pièce. Donc je vais demander que l'on

  7   assiste le témoin pour qu'il puisse annoter certaines de ces photos.

  8   Est-ce que vous reconnaissez cette photo ?

  9   R.  Oui. Il s'agit de la photographie du mur qui se trouve à gauche au fond

 10   dès que l'on entre dans la pièce.

 11   Q.  Est-ce que vous étiez en mesure d'examiner cela de loin et de près ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  D'une manière générale, en dépit du temps qui s'est écoulé depuis,

 14   auriez-vous retrouvé des éléments de preuve ou des traces disant qu'il y a

 15   pu y avoir explosion d'un engin explosif à cet endroit ?

 16   R.  Oui. Lorsque je suis entré dans la pièce, j'ai décidé de me diriger

 17   vers le mur d'arrière qui se trouve sur cette photo ici. J'ai commencé à

 18   suivre les aiguilles d'une montre pour faire le tour de la pièce. J'ai

 19   trouvé des éléments de fragmentation ou des points d'impact.

 20   Q.  Est-ce que vous pouvez nous tracer un cercle à l'endroit où vous avez

 21   trouvé des points d'impact ?

 22   R.  Oui.

 23   Ce sont les points qui sont les plus visibles.

 24   Q.  Dites-nous, quelle est la composition de ces murs que vous avez trouvés

 25   là-bas ?

 26   R.  Bien, ce secteur en blanc ici, c'est du plâtre et nous avons trouvé pas

 27   mal de traces de plâtre dans toute la pièce. C'était en train de se

 28   détériorer, ça partait en morceau, ça s'effilochait. Il y a derrière un mur

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  1   en béton. La pièce se trouve en terrible état de décomposition.

  2   Q.  Est-ce que vous pourriez me donner une idée des dimensions de la pièce

  3   ?

  4   R.  Je n'ai pas mesuré, mais je pense que ça devait faire 20 sur 20.

  5   Q.  Vous parlez de "feet" ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Vous nous parlez de traces d'impact. Pourquoi êtes-vous aussi vague en

  8   la matière ?

  9   R.  Etant donné le temps qui s'est écoulé depuis l'incident, et ce, depuis

 10   l'incident et le moment où nous sommes arrivés là-bas, le 29, pour procéder

 11   à cette investigation, je n'ai pas pu dire au-delà de tout doute

 12   raisonnable qu'il s'agit là de traces de fragmentation d'un engin explosif.

 13   Et c'est la raison pour laquelle je me sers de ce terme ou de cette notion

 14   de point d'impact, parce qu'il est possible qu'au fil des 15 années

 15   écoulées, d'autres personnes qui se seraient aventurées là aient pu générer

 16   ces traces avec d'autres moyens.

 17   Q.  Bien. Dans quelle mesure il se trouve être pertinent le témoignage du

 18   témoin qui a dit qu'ils ont entendu des coups de feu d'arme à feu ?

 19   R.  Bien, parce que cela est pertinent parce que ceci peut avoir été des

 20   points d'impact de balles ou de ricochet. Il s'agit donc de tir au hasard.

 21   Il se peut que les balles aient cogné contre ces murs en béton. Il se peut

 22   que ceci ait été des points d'impact de balles.

 23   Q.  Fort bien. Merci.

 24   M. ALARID : [interprétation] Je demanderais à ce que ceci soit versé au

 25   dossier.

 26   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

 27   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce à conviction

 28   1D137.

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  1   M. ALARID : [interprétation]

  2   Q.  Et vous avez dit que la pièce est en état de délabrement total.

  3   Pourquoi ?

  4   R.  Bien, c'est extrêmement humide et ça a été humide au fil des 15 années

  5   écoulées.

  6   Q.  Et quel type de dégâts l'humidité a-t-elle générés ?

  7   R.  Bien, on peut voir les traces d'armature du béton au plafond. On peut

  8   voir ces espèces de tiges en métal qui sont complètement rouillées et à

  9   droite, le mur s'est complètement délabré du fait de l'humidité. La partie

 10   extérieure du mur ne porte rien du tout dessus.

 11   Q.  Bien.

 12   M. ALARID : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que l'heure

 13   est venue de faire une pause.

 14   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous allons faire une pause, certes.

 15   M. ALARID : [interprétation] Merci.

 16   --- L'audience est suspendue à 15 heures 50.

 17   --- L'audience est reprise à 16 heures 15.

 18   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Allez-y, Monsieur Alarid.

 19   M. ALARID : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 20   Alors, j'imagine qu'on a gardé la dernière photo au dossier.  Donc on va

 21   passer maintenant au Y020-3569. Je voudrais que ce soit versé au dossier.

 22   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

 23   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Pièce 1D138, Monsieur le Président.

 24   M. ALARID : [interprétation] Bien. J'aimerais qu'on me montre maintenant le

 25   Y020-3574.

 26   Q.  Que voit-on ici ?

 27   R.  On voit de près des traces d'impact sur le mur.

 28   Q.  Et que cette photo vous dit-elle ?

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  1   R.  Bien, sur cette photo, je vois que la trajectoire allait du sol vers le

  2   haut en raison de cette arête en haut de la trace d'impact.

  3   Q.  Alors, partant de votre formation et de l'expérience qui est la vôtre,

  4   que cela peut-il laisser entendre ?

  5   R.  Compte tenu de la hauteur sur le mur, j'imagine que la trajectoire

  6   allait depuis le sol vers le haut et on voit que sur le mur, la trace se

  7   trouve au niveau de l'épaule d'un homme.

  8   Q.  Bien.

  9   M. ALARID : [interprétation] J'aimerais que ce soit versé au dossier,

 10   Monsieur le Président.

 11   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

 12   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce 1D139.

 13   M. ALARID : [interprétation] J'aimerais maintenant qu'on nous remontre la

 14   Y020-3566, et ceci, de façon à établir une corrélation entre cette photo et

 15   la photo du mur entier sans inscription dessus.

 16   Q.  Alors pouvez-vous à peu près nous dire où cette trace concrète se

 17   trouve-t-elle sur l'arrière du mur ?

 18   R.  Bien, la dernière photo, ce serait ici.

 19   M. ALARID : [interprétation] J'aimerais que l'huissier nous apporte son

 20   aide au niveau des annotations à apporter.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie. La dernière photo, bien,

 22   c'est cette trace-là qu'on y a vue.

 23   M. ALARID : [interprétation]

 24   Q.  Bien. Alors, vous croyez que la trajectoire allait du bas vers le haut

 25   ?

 26   R.  Exact. Je sais que ceci est bidimensionnel, mais la trajectoire est

 27   venue de cette direction-là, donc partant du sol vers le haut.

 28   Q.  Bon, il est évident que nous ne pouvons pas voir le milieu de la pièce.

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  1   R.  Non, bien sûr. On ne voit pas sur la photo d'où est venu éventuellement

  2   ce fragment, mais cela devait se situer vers le centre de la pièce,

  3   l'origine du tir. Et ce fragment a suivi une trajectoire pour retomber sur

  4   ce mur, ici.

  5   M. ALARID : [interprétation] Je voudrais que ce soit versé au dossier,

  6   Monsieur le Président.

  7   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce 1D140, Messieurs

  9   les Juges.

 10   M. ALARID : [interprétation] J'aimerais maintenant que l'on aille vers le

 11   côté droit et j'aimerais qu'on nous affiche à présent le Y020-3394.

 12   Q.  Que voyons-nous ici ?

 13   R.  Ceci est quand vous entrez dans la pièce, le mur qui se trouve juste à

 14   droite.

 15   Q.  Vous avez mentionné auparavant l'état de délabrement de ce mur de

 16   droite. Est-ce que c'est ce qu'on voit ?

 17   R.  Oui. Malheureusement, on ne peut pas voir le bas de ce mur où on peut

 18   voir des traces de sédimentation, à savoir tous les sédiments qui sont

 19   tombés du mur et qui se trouvent ramassés en bas.

 20   Q.  Et en quoi cette autre photo est-elle pertinente ? Que trouve-t-on en

 21   haut à gauche ?

 22   R.  Dans ce segment, on voit un bout de brique. La seule pièce en métal, à

 23   savoir le bout de fragmentation n'appartenant pas au bâtiment même a été

 24   trouvé juste à cet endroit-là.

 25   Q.  Bien. Dites-nous, comment vous l'avez trouvé et qu'avez-vous fait à ce

 26   sujet ?

 27   R.  Bien, j'ai relevé cette trace d'impact sur le mur à droite de la brique

 28   que je viens de montrer et j'ai constaté qu'un bout de brique manquait. Je

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  1   l'ai trouvée dans ce secteur-ci. En suivant la trajectoire et d'après la

  2   trace laissée dans le mur, il m'a été donné de retrouver ce morceau de

  3   métal dans le mur.

  4   Q.  L'avez-vous apporté avec vous ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Je voudrais que vous remettiez cela à l'huissier.

  7   M. ALARID : [interprétation] Monsieur le Président, je voudrais que cette

  8   photo soit versée au dossier.

  9   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Certes.

 10   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce 1D141.

 11   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, quoi qu'il puisse y

 12   avoir dans ce sachet se trouve enveloppé dans une feuille de papier. Peut-

 13   être pourrait-on l'enlever afin que tout un chacun ait la possibilité de

 14   voir. A moins que M. O'Donnell n'y voie un inconvénient quelconque,

 15   j'aimerais qu'il le fasse.

 16   M. ALARID : [interprétation] Peut-être pourrions-nous le mettre sur le

 17   rétroprojecteur, Monsieur le Président.

 18   M. GROOME : [interprétation] Oui. Je voudrais aussi voir de plus près.

 19   M. ALARID : [interprétation] Bien entendu.

 20   Peut-être pourrions-nous, une fois que les Juges auront vu, placer cela sur

 21   le rétroprojecteur.

 22   Q.  Monsieur O'Donnell --

 23   M. ALARID : [interprétation] Est-ce qu'on peut agrandir un peu sur le

 24   rétroprojecteur ?

 25   Q.  Compte tenu du fait que vous ayez décidé de procéder à ces examens

 26   suite à l'explosion, vous nous avez dit que vous êtes allé à partir du mur

 27   de l'arrière et que vous avez suivi le sens des aiguilles d'une montre,

 28   n'est-ce pas ?

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  1   R.  Exact.

  2   Q.  Si on va vers l'arrière du mur et si on va vers les intersections du

  3   mur de droite qu'on a vu sur la photo, à quoi avez-vous pensé lorsque vous

  4   avez procédé à cela ?

  5   R.  Lorsque je suis entré dans la pièce, je suis allé au mur arrière et

  6   j'ai suivi les traces d'impact qu'on a pu voir sur les photos précédentes.

  7   J'ai vu que du plâtre était tombé, mais en enlevant le reste du plâtre, je

  8   n'ai pu retrouver aucun corps étranger en profondeur de ces traces

  9   d'impact. Ceci a été la seule exception. J'ai inspecté ces traces et j'ai

 10   réussi à y trouver un bout de métal dans l'état d'oxydation qu'on voit à

 11   présent.

 12   Q.  Pour ce qui est de l'examen et de la reconnaissance des moyens à

 13   explosif qui étaient à la disposition des gens sur le théâtre de guerre en

 14   ex-Yougoslavie, que pourriez-vous nous dire à son sujet ?

 15   R.  Il y avait eu plusieurs types de grenades à main. J'ai apporté ici un

 16   manuel avec des photos et des images de ces grenades, et bon nombre de ces

 17   grenades sont des grenades habituelles et d'autres sont encore improvisées.

 18   Q.  Quand vous parlez d'improvisées, qu'est-ce que vous voulez dire ?

 19   R.  On se servait du corps d'un moyen à explosif habituel, mais l'explosion

 20   était générée par quelque chose d'autre, qui n'était pas le mécanisme qui

 21   servait d'amorce prévue pour ce type de grenade.

 22   Q.  On pouvait le faire pour ce qui est d'un instrument de réglage du

 23   moment de l'explosion ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Comment ?

 26   R.  Nous avons des photos de ces moyens explosifs de l'ex-Yougoslavie. On

 27   voit des fils entrer dans le corps même de cet engin explosif, et on peut

 28   voir un détonateur.

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  1   M. GROOME : [interprétation] Oui. Je voudrais voir quel est le type de

  2   livre que le témoin a devant soi et quel est son titre.

  3   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Donnez-nous des détails.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Ceci est un manuel relatif aux munitions et

  5   moyens explosifs utilisés en ex-Yougoslavie et établi par un institut

  6   chargé de recherches en matière d'armement de l'infanterie des Etats-Unis,

  7   dont les archives se trouvent à New Jersey.

  8   M. ALARID : [interprétation] Absolument. Nous allons --

  9   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] De quelle année s'agit-il ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agit de janvier 2000. Cela a été établi

 11   pour les stages en matière de moyens à explosif utilisés par les membres

 12   des effectifs militaires allant au Kosovo ainsi qu'en Bosnie pour faire

 13   partie des forces de la coalition militaire.

 14   M. ALARID : [interprétation]

 15   Q.  Est-ce que vous pouvez montrer aux Juges de la Chambre certaines pages

 16   de ce manuel sur le rétroprojecteur, notamment les pages qui se rapportent

 17   à ces moyens explosifs improvisés.

 18   R.  Absolument. Ici, vous pouvez voir deux types de grenades de ce genre.

 19   La partie amorce comporte un anneau qu'il convient d'enlever aux fins

 20   d'activer la grenade à main et de la jeter. Cette espèce d'élément recevant

 21   une cuiller est enlevé, c'est-à-dire écarté. Cela libère le mécanisme avec

 22   un ressort, et c'est cela qui active le détonateur. Le temps qui reste

 23   jusqu'à l'explosion est de trois à cinq secondes, suite à quoi le

 24   détonateur agit sur la masse explosive.

 25   Q.  Est-ce que c'est ce qu'on appelle la grenade à main noire ? Avez-vous

 26   entendu parler de ce terme-là ?

 27   R.  Non.

 28   Q.  Fort bien. Mais dites-moi ceci, ce fragment potentiel qui a été

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  1   retrouvé par vos soins dans le mur, est-ce que cela pouvait provenir d'une

  2   grenade à main; sinon veuillez dire aux Juges de la Chambre pourquoi.

  3   R.  Je ne peux pas prouver que cela tire ses origines d'un moyen à explosif

  4   ou d'une autre espèce de matériel qui aurait pu rester là à l'occasion de

  5   la construction même de la maison. Je ne peux pas affirmer que cela

  6   provient d'un moyen à explosif quelconque.

  7   Q.  Mais si vous aviez pu vous déplacer là-bas plus tôt dans le temps, est-

  8   ce que vous auriez eu plus de facilité à établir les

  9   faits ?

 10   R.  Oui. Etant donné que la question a été posée au sujet des moyens

 11   improvisés ou des moyens à explosif habituels, il est évident que le mieux

 12   c'est d'enquêter au plus tôt après l'explosion parce que le temps, par la

 13   suite, travaille contre vous. Les traces, au fur et à mesure que le temps

 14   passe, disparaissent entre le moment où l'incident est survenu et le moment

 15   où vous y êtes arrivé. Comme il s'est passé 15 ans depuis, je ne peux pas

 16   tirer des conclusions, vous apporter de réponses conclusives.

 17   Q.  S'agissant de cette photo, est-ce que vous pouvez nous parler de ce que

 18   signifie grenade à main improvisée ?

 19   R.  Je vais prendre la grenade à main à gauche. Ceci est une grenade à main

 20   fabriquée habituellement par certains pays. Ici, on voit ce mécanisme de

 21   détonation improvisé. On voit le corps de l'engin explosif qui est un corps

 22   habituel pour cette grenade ou bombe surprise. Le dispositif ici, c'est la

 23   partie improvisée.

 24   Q.  Allez plus loin.

 25   R.  Si on va plus loin, on voit qu'il y a une pièce qui sort du corps de la

 26   grenade à main. C'est ce qu'il y a eu d'improvisé, parce que c'est un

 27   dispositif de détonation à explosion à retardement.

 28   La question qui se pose --

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  1   Q.  Justement, pourquoi mettrait-on quelque chose de techniquement mieux

  2   fait pour mettre quelque chose de ce type de détonateur à retardement ?

  3   R.  Quand on va sur le champ de bataille, il arrive qu'on retrouve des

  4   corps de grenades, sans pour autant nécessairement retrouver le détonateur

  5   avec. C'est ce qu'on fait pour pouvoir se servir de certaines pièces ou de

  6   certains éléments de façon à pouvoir se défendre, plutôt que de s'en servir

  7   de façon habituelle.

  8   M. ALARID : [interprétation] Je voudrais obtenir l'autorisation de la

  9   Chambre pour copier cette page et la verser au dossier.

 10   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

 11   M. ALARID : [interprétation] Nous voudrions également verser au dossier le

 12   fragment de métal apporté et identifié par M. O'Donnell.

 13   M. GROOME : [interprétation] Je voudrais qu'il soit donné un titre à la

 14   page du livre afin que nous ayons les mêmes références de la pièce à

 15   conviction pour pouvoir nous y retrouver.

 16   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, ce sera fait.

 17   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la pièce 1D142.

 18   M. ALARID : [interprétation]

 19   Q.  Je crois comprendre que vous ne pourrez pas dire pour sûr que ceci, ce

 20   fragment est un éclat d'obus ou de grenade, et que cela pourrait être aussi

 21   une partie de matériaux de construction. Pourquoi avez-vous considéré que

 22   c'était un fragment potentiellement ?

 23   R.  Cela a pris dans les murs et je l'ai trouvé juste en bordure de la

 24   trace d'impact. Ce morceau de métal s'y trouvait. Je crois qu'on pourrait

 25   dire que cette trace d'impact a été créée justement par le présent

 26   fragment.

 27   Q.  O.K.

 28   M. ALARID : [interprétation] Avec l'aide de la greffière, j'aimerais qu'on

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  1   nous montre sur nos écrans la pièce Y020-3557. Enfin, je crois que nous

  2   avons déjà demandé le versement de cette photo au dossier. Il s'agit de la

  3   3394, n'est-ce pas ?

  4   Q.  Ceci est une image plus grande de la pièce. Pouvez-vous nous décrire ce

  5   que l'on y voit.

  6   R.  Sur cette photo on voit le mur arrière qui se trouve juste face à la

  7   porte. On voit ensuite le mur de droite de cette pièce, et on peut voir

  8   qu'au sol il y a des sédiments. C'est dû à l'effilochement du mur, à sa

  9   détérioration au fil des années. Il s'est passé plus de 15 ans.

 10   Q.  Lorsque vous vous penchez sur la partie haute du mur sur la photo, est-

 11   ce que c'est là que vous aviez trouvé le fragment ? Est-ce que c'est bien

 12   là la brique qui a été cassée ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Pouvez-vous mettre un cercle dessus ?

 15   R.  Absolument. C'est ici.

 16   Q.  Est-ce que vous pouvez avec votre stylo bleu nous marquer les autres

 17   éléments de fragmentation que vous avez pu relever ?

 18   R.  Ici on voit la trace d'impact où j'ai retrouvé le fragment, et ici, sur

 19   le mur arrière il est donné la possibilité de voir plusieurs traces

 20   d'impact; ici, ici et là.

 21   Q.  Veuillez nous indiquer une chose. Est-il possible avec un certain

 22   niveau de certitude d'affirmer que cette pièce de métal que vous avez

 23   sortie du mur n'est pas une douille ou pièce de douille d'une arme à feu,

 24   par exemple d'un fusil AK47 ou autre chose ?

 25   R.  La façon dont il y a eu impact à cet endroit indique que cela est venu

 26   du sol vers le haut. S'il s'était agi d'un AK47, cela pourrait pu être

 27   quelqu'un de couché à même sol pour tirer vers le haut.

 28   Q.  Mais est-ce qu'il y a aussi des différence en matière de ce qui

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  1   constitue une balle de fusil et de ce qui pourrait être l'enveloppe d'une

  2   grenade ou d'un moyen à explosif ?

  3   R.  Oui. Le matériau utilisé pour les balles est un métal plus lourd, plus

  4   malléable, plus déformable, lors de l'impact contre le mur et il y a des

  5   bords à aspérités. Lorsqu'il s'agit de l'enveloppe d'un obus, le métal est

  6   épais, et il n'est pas modifié. Il n'y a pas d'altération sur cette pièce

  7   de métal.

  8   Q.  Merci.

  9   M. ALARID : [interprétation] Est-ce qu'on peut faire verser au dossier ceci

 10   avant que d'aller de l'avant.

 11   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Certes.

 12   M. ALARID : [interprétation] Si on se penche --

 13   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Juste un instant, je vous prie. La

 14   photo à marquage ou à annotation deviendra la pièce 1D145, alors que le

 15   fragment de métal en tant que tel devient la pièce 1D143. La deuxième photo

 16   devient le 1D144.

 17   M. ALARID : [interprétation]

 18   Q.  Si maintenant nous nous penchons sur le mur qui se trouve à droite et

 19   le plafond, est-ce que cela nous indique de quelle façon il y a eu

 20   détérioration de cette partie-là ?

 21   R.  Oui. On peut voir les armatures dans le béton. En fait, le plafond est

 22   en train de s'enfoncer.

 23   Q.  Sur le sol, au bas du mur que voit-on à droite ?

 24   R.  Vous parlez de la base du mur ?

 25   Q.  Oui, ce qui est indiqué là où il y avait votre flèche bleue?

 26   R.  En réalité ce sont les couches dues à la sédimentation du recouvrement

 27   du mur du fait du temps.

 28   Q.  Est-ce que quand on se penche ici ça rappelle du bois calciné ?

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  1   R.  Je ne suis pas un expert en matière de matériau qui aurait brûlé. Mais

  2   ici, la partie qui est plus sombre, qui est très sombre serait plutôt des

  3   détériorations dues à l'humidité. Si vous vous penchez vers l'arrière au

  4   coin, je vais me servir maintenant d'un stylo rouge dans cette partie-là.

  5   Là on peut voir que le bois est sec, c'est la raison pour laquelle il y a

  6   cette différence de couleur.

  7   Q.  Là où le bois est plus foncé en avant-plan, est-ce que c'est une

  8   modification qui est due du fait d'un incendie ou d'un feu, d'après vous ?

  9   R.  D'après mes constatations, non.

 10   M. ALARID : [interprétation] Je voudrais que ce soit versé au dossier,

 11   cette photo Y020-33.

 12   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, nous allons le verser au

 13   dossier.

 14   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la pièce 1D147.

 15   M. ALARID : [interprétation] Maintenant je voudrais qu'on nous montre le

 16   3359.

 17   Ce n'est pas la photographie que je voulais vous montrer, excusez-moi,

 18   c'est le Y020-3393 dont nous avons besoin maintenant.

 19   Que représente ceci, Monsieur le Témoin ?

 20   R.  C'est une photographie du mur de droite. Là encore, vous pouvez voir un

 21   tas de sédiments en bas, là où le mur rencontre le sol. Nous voyons ici une

 22   pile qui a été formée par la couche qui s'est effritée au moment où j'ai

 23   retiré le fragment du mur.

 24   Q.  Pourriez-vous entourer cet endroit, et pouvons-nous verser cette pièce

 25   avant de continuer.

 26   R.  Oui, c'est à l'intérieur du cercle où se trouve la tuile.

 27   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ceci reçoit la cote 1D147, Messieurs

 28   les Juges.

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  1   M. ALARID : [interprétation] Passons maintenant au Y020-3592.

  2   Q.  Alors on est à un autre endroit. Dites-nous ce que vous voyez

  3   maintenant.

  4   R.  C'est une photo du mur de gauche entre les deux seules fenêtres de

  5   cette pièce. La fenêtre de droite est fermée par un empilement de tuiles,

  6   la fenêtre de gauche est en dehors du champ.

  7   Q.  Que remarquez-vous au milieu de la photographie ?

  8   R.  Sur le mur lui-même, on voit des traces d'impact dans cette zone ici.

  9   Q.  Que cela représente-t-il le fait que ces traces d'impact forment un

 10   demi-cercle tout autour de la pièce ?

 11   R.  Cela signifie que l'origine en est sans doute un engin qui se trouvait

 12   au sol et au milieu de la pièce.

 13   Q.  Y a-t-il une pertinence quelconque à cela par rapport au nombre de

 14   personnes qui auraient pu se trouver là ? Il est allégué qu'il y aurait eu

 15   70 [comme interprété] personnes entassées dans cette pièce mesurant 20

 16   pieds par 20 pieds. Mais que peut-on en conclure quant au nombre de

 17   personnes présentes ?

 18   R.  Les traces d'impact indiquent qu'il y avait en fait une masse moins

 19   importante. Et lorsque je parle de masse, je parle du nombre du nombre de

 20   personnes présentes dans la pièce qui auraient fait écran entre l'engin qui

 21   détonnait à ce moment-là et les murs et qui auraient donc arrêté le

 22   processus de fragmentation et les impacts potentiels sur les murs, les

 23   marques que nous voyons en ce moment même.

 24   Q.  Pour quelqu'un qui ne s'y connaît pas, peut-on dire que lorsqu'il y a

 25   fragmentation, si le fragment touche une personne ou un corps il ne

 26   touchera pas le mur ?

 27   R.  Oui. On peut dire cela.

 28   Q.  Inversement, les personnes présentes dans la pièce auraient absorbé

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  1   l'effet de fragmentation dû à l'engin.

  2   R.  Les personnes les plus proches de l'engin, oui. Elles se seraient

  3   trouvées sur le chemin des impacts dus à la fragmentation. Plus il y aurait

  4   eu de personnes ou de corps dans la pièce, moins l'effet explosif aurait

  5   été prononcé, la masse présente aurait d'autant plus absorbé l'effet de

  6   surpression.

  7   Q.  Je vous remercie.

  8   M. ALARID : [interprétation] Pouvons-nous verser cette pièce.

  9   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

 10   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera la cote 1D148.

 11   M. ALARID : [interprétation] Alors passons maintenant au Y020-3579.

 12   Q.  Si vous examinez cela, pouvez-vous voir quelque autre trace d'impact ou

 13   de fragmentation sur cette partie du mur ?

 14   R.  Oui, il y a des traces d'impact visibles sur cette photographie.

 15   Q.  Pouvez-vous les entourer ?

 16   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Allez-y.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

 18   [Le témoin s'exécute]

 19   M. ALARID : [interprétation] Nous souhaitons verser cette pièce, Monsieur

 20   le Président.

 21   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Entendu.

 22   M. ALARID : [interprétation] Pourrions-nous passer à la pièce Y020-3650

 23   [comme interprété].

 24   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Cette pièce reçoit le numéro de cote

 25   1D148, Messieurs les Juges.

 26   M. ALARID : [interprétation]

 27   Q.  Alors je vais vous poser la question suivante en attendant l'affichage

 28   de la photographie : est-il possible qu'un petit engin explosif tel qu'une

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  1   grenade ait pu mettre feu à un objet ou à une personne qui se serait

  2   trouvée juste à côté, ne serait-ce que pour quelques courts instants ?

  3   R.  Une personne aurait très bien pu subir ce que nous appelons une brûlure

  4   instantanée, mais cela n'aurait pas entraîné un processus de combustion

  5   persistant. Des brûlures de ce type proviendraient du transfert de chaleur

  6   dû à l'explosion elle-même, l'explosion des substances explosives, mais

  7   cela n'entraînerait pas un incendie à moins qu'il ne s'agisse d'un engin

  8   lui-même incendiaire.

  9   M. ALARID : [interprétation] Ceci est maintenant la photo 3650, et ce que

 10   je voulais c'était la numéro 3560. Excusez-moi.

 11   Q.  Alors si vous examinez cette photographie, pouvez-vous trouver des

 12   repères ? Alors nous sommes encore passés à une autre partie de la pièce.

 13   De quoi s'agit-il ?

 14   R.  Il s'agit d'une photographie du mur de droite et aussi du mur où se

 15   trouve la porte, après la partie de droite.

 16   Q.  Alors ce que vous voulez dire c'est que c'est une vue à partir du seuil

 17   de la porte en regardant vers la droite ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Voyons-nous ici des traces d'impact, pour autant que nous puissions les

 20   distinguer étant donné l'état de détérioration du mur ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Pouvez-vous les entourer, s'il vous plaît.

 23   R.  [Le témoin s'exécute]

 24   M. ALARID : [interprétation] Pouvons-nous verser cette pièce au document et

 25   poursuivre.

 26   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

 27   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La pièce reçoit la cote 1D149,

 28   Messieurs les Juges.

Page 5446

  1   M. ALARID : [interprétation] Pourrions-nous passer au Y020-3637, s'il vous

  2   plaît.

  3   Q.  Alors où se trouve ce qui est montré sur cette

  4   photographie ?

  5   R.  Cette photographie représente le cadre la porte. Lorsque vous entrez

  6   dans la pièce, la porte s'ouvre vers l'intérieur et vers la gauche, et cela

  7   représente ce qui se trouve juste derrière la porte, la partie à gauche de

  8   la porte, le mur qui s'y trouve.

  9   Q.  Avez-vous vu une quelconque trace de dommage due au feu sur la

 10   structure en bois de la porte ?

 11   R.  Non.

 12   Q.  Pouvez-vous identifier toute marque éventuelle d'impact, toute trace

 13   d'impact éventuelle sur cette photographie ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Entourez-les, s'il vous plaît. Nous verserons ce document.

 16   R.  [Le témoin s'exécute]

 17   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La pièce reçoit la cote 1D150,

 18   Messieurs les Juges.

 19   M. ALARID : [interprétation] Pourrions-nous passer à la pièce Y020. Et

 20   disons que c'est le document suivant : 3638. Le document suivant dans la

 21   série.

 22   Q.  Juste alors pour préciser de quoi il s'agit. Que voyons-nous ?

 23   R.  C'est une photographie de cette même partie du mur derrière la porte,

 24   mais c'est la moitié inférieure.

 25   Q.  Voyez-vous des traces d'impact ou des traces d'incendie ?

 26   R.  Non. Je n'en vois pas non plus.

 27   Q.  Entendu.

 28   M. ALARID : [interprétation] Pouvons-nous maintenant passer à la dernière

Page 5447

  1   photographie Y020-3398. Et nous souhaitons verser la photographie

  2   présentement affichée, Monsieur le Président.

  3   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Entendu.

  4   Monsieur Alarid, j'essaie de mesurer le temps qui sera nécessaire pour ce

  5   témoin. Combien de temps avez-vous encore besoin ?

  6   M. ALARID : [interprétation] J'ai encore une photographie dans ma liste. Je

  7   verserai ensuite le rapport et j'en aurai fini.

  8   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Groome, votre contre-

  9   interrogatoire durera combien de temps ?

 10   M. GROOME : [interprétation] C'est difficile à dire, Monsieur le Président,

 11   mais cela durera moins longtemps que l'interrogatoire principal de M.

 12   Alarid.

 13   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien.

 14   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La photographie reçoit le numéro de

 15   cote 1D151.

 16   M. ALARID : [interprétation] Alors maintenant, nous sommes à la

 17   photographie Y020-3398.

 18   Q.  Alors si l'on regarde ce mur, que voyez-vous, Monsieur O'Donnell ?

 19   R.  C'est une photographie prise en entrant dans la pièce, photographie du

 20   mur de gauche. C'est la fenêtre la plus proche de la porte. La partie du

 21   mur visible à droite et celle qui se trouve entre les deux fenêtres.

 22   Q.  Pouvez-vous marquer les traces d'impact ou de fragmentation et nous

 23   verserons cette pièce au dossier.

 24   R.  [Le témoin s'exécute]

 25   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

 26   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La pièce reçoit la cote 1D52, Messieurs

 27   les Juges.

 28   M. ALARID : [interprétation] Et la dernière pièce dont je vais demander

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  1   l'affichage est la 1D22-0599.

  2   Q.  Pendant que cette pièce s'affiche, Monsieur O'Donnell, avez-vous

  3   préparé un rapport parallèlement à votre voyage aux fins de mener une

  4   enquête à Pionirska "Street" ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Avez-vous préparé ce rapport après avoir passé en revue les

  7   photographies disponibles, incluant celles que nous avons passées en revue

  8   aujourd'hui ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Avez-vous préparé ce rapport après avoir procédé à un examen de visu du

 11   site connu sous le nom de rue Pionirska ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Dès que nous aurons l'affichage à l'écran, je vous demanderais

 14   d'identifier ce document. Est-il exact que le document, annexe

 15   photographique comprise, comprend quatre pages à peu près ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Reconnaissez-vous le document affiché à l'écran ?

 18   R.  Oui. C'est mon rapport d'évaluation post explosion.

 19   M. ALARID : [interprétation] Pouvons-nous aller à la page 2, s'il vous

 20   plaît.

 21   Q.  Est-ce que c'est bien votre signature au bas de la page 2 ?

 22   R.  Oui.

 23   M. ALARID : [interprétation] Pouvons-nous avoir maintenant les pages 3, 4

 24   et suivantes, s'il vous plaît. Excusez-moi. Donc ce sont les pages 3 et 4,

 25   non pas les paragraphes dont nous avons besoin. Merci.

 26   Q.  Est-ce que ces photographies représentent une partie de l'annexe

 27   photographique jointe à votre rapport ?

 28   R.  Oui.

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  1   M. ALARID : [interprétation] Passons maintenant à la page 4.    

  2   Q.  Est-ce que c'est bien la dernière page de votre rapport et de votre

  3   annexe photographique ?

  4   R.  Oui.

  5   M. ALARID : [interprétation] Je voudrais demander le versement du rapport

  6   et j'en aurai terminé avec ce témoin pour un interrogatoire principal.

  7   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La pièce reçoit la cote 1D153.

  9   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous devons faire une pause à

 10   présent. Nous reprendrons dans 20 minutes.

 11   --- L'audience est suspendue à 16 heures 59.

 12   --- L'audience est reprise à 17 heures 22.

 13   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Messieurs les Juges, avant de reprendre

 14   l'audience, je voudrais vous demander l'autorisation de procéder à une

 15   correction du compte rendu d'audience.

 16   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

 17   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document Y020-3575, marqué par le

 18   témoin, reçoit la cote 1D154. Cela n'avait pas été versé au compte rendu.

 19   M. LE JUGE ROBINSON : Monsieur Groome.

 20   M. GROOME : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 21   Contre-interrogatoire par M. Groome : 

 22   Q.  [interprétation] Bon après-midi, Monsieur O'Donnell. Je suis M. Groome,

 23   je représente l'Accusation et je vais vous poser quelques questions

 24   concernant votre rapport et les remarques que vous avez faites sur le site

 25   de la rue Pionirska.

 26   R.  Entendu.

 27   Q.  Alors, il apparaît à partir de votre témoignage et de votre rapport,

 28   qu'il n'y a absolument aucun doute pour vous concernant le fait qu'il se

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  1   soit produit une explosion d'un type ou d'un autre dans la pièce que vous

  2   avez examinée, n'est-ce pas ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Serait-il juste d'affirmer que vous n'êtes pas en mesure de dire s'il y

  5   avait une explosion, peut-être deux ou peut-être trois. Vous en pouvez pas

  6   nous dire cela, n'est-ce pas, le nombre d'explosions ?

  7   R.  D'après le témoignage des témoins.

  8   Q.  Pouvons-nous laisser de côté ces témoins pour le moment mais en rester

  9   à vos propres observations dans la pièce. Est-ce que vous avez été en

 10   mesure de déterminer le nombre d'explosions qui se sont produites ?

 11   R.  Non.

 12   Q.  Nous avons entendu dans votre déposition que vous étiez sur place le 29

 13   janvier, que vous avez conduit votre examen sur le site. La page 48 du

 14   compte rendu d'audience dit la chose suivante, je

 15   cite : "J'ai suivi les traces d'impact que nous avons vues dans les photos

 16   précédentes."

 17   Mais je n'ai pas vu de tracés ni de dessins. Est-ce que vous avez ces

 18   schémas avec vous aujourd'hui ?

 19   R.  Non. C'est en regardant à partir du centre de la pièce que j'ai vu

 20   cela.

 21   Q.  Quand vous avez déterminé la trajectoire, vous n'avez pas enregistré

 22   cela d'aucune façon ?

 23   R.  Non.

 24   Q.  Est-ce que cela ne ferait pas partie normalement d'une évaluation

 25   postexplosion ?

 26   R.  Si.

 27   Q.  Pourquoi cela n'a-t-il pas été fait ?

 28   R.  Je n'avais pas les moyens de le faire avec moi. Et c'était 15 ans après

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  1   les faits.

  2   Q.  Est-ce que les marques de la trajectoire auraient changé ?

  3   R.  Le niveau du sol aurait pu changer à cause du nombre de débris qui s'y

  4   trouvaient.

  5   Q.  Et les moyens dont vous auriez dû avoir besoin étaient autres qu'un

  6   morceau de papier et un crayon ?

  7   R.  Vous auriez pu utiliser un pointeur laser et des fils que vous

  8   attacheriez pour représenter la trajectoire à partir d'un trou et en

  9   reliant ce trou au centre de la pièce.

 10   Q.  Alors, compte tenu de ces facteurs, vous nous avez dit dans votre

 11   déposition que l'explosion s'était produite au centre de la pièce

 12   approximativement, à cause des incertitudes liées au niveau du sol et

 13   d'autres facteurs de ce type.

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Alors, si nous revenons à la taille de la pièce dont vous avez parlé.

 16   Donnez-nous une approximation de ce dont il s'agit ici. Vous avez tracé un

 17   cercle de la zone dans laquelle se trouvait l'engin qui a explosé et qui

 18   aurait pu causer les traces d'impact de la taille que l'on observe ?

 19   R.  Vous posez une question concernant le nombre de personnes qui se

 20   trouvaient dans la pièce, mais si nous plaçons 60 personnes dans cette

 21   pièce, alors nous ne pouvons pas avoir une détonation.

 22   Q.  Je ne suis pas sûr exactement de la façon dont l'explosion s'est

 23   produite, mais je sais que ça s'est produit dans ce cercle.

 24   R.  Je dirais que c'est un cercle de 7 pieds de diamètre à peu près.

 25   Q.  Donc dans une pièce de 20 pieds par 20 pieds, c'est ce que vous avez

 26   dit, n'est-ce pas ?

 27   R.  Oui, c'est mon estimation.

 28   Q.  Et le diamètre du cercle serait d'environ un tiers de la longueur de la

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  1   pièce ?

  2   R.  Oui. Un tiers.

  3   Q.  Entendu.

  4   Alors, en page 1, paragraphe 4 de votre rapport, vous dites, je cite :

  5   "Afin de fournir la meilleure analyse possible, les sites doivent faire

  6   l'objet d'un examen dès que possible. Cela n'a pas pu être le cas en

  7   l'espèce. Après 15 ans, le site ne présente plus aucun reste d'explosif qui

  8   aurait permis d'avérer la présence d'un engin explosif."

  9   Alors, selon vous, quelle est la durée dans le temps après laquelle il

 10   devient sans objet de procéder à une évaluation et une recherche de résidus

 11   d'explosifs ? Est-ce un an ? Deux ans ?

 12   R.  Je ne le sais pas.

 13   Q.  Dans votre formation, ces aspects ont-ils jamais été abordés, la durée

 14   de cette période ?

 15   R.  Non.

 16   Q.  Etes-vous en train de dire - il semblerait que votre déposition aille

 17   dans ce sens - dites-vous que les traces d'impact vous donnent un certain

 18   niveau de certitude quant au fait qu'il s'est produit une explosion dans

 19   cette pièce ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Donc si l'on trouvait des résidus dans cette pièce, cela corroborerait

 22   votre conclusion à laquelle vous êtes parvenu à partir de l'examen des

 23   traces d'impact ?

 24   R.  Bien, des débris et d'autres facteurs ont pollué le site et l'ont

 25   contaminé. Le jour où j'y étais présent, le 29 janvier, il y avait des

 26   excréments humains dans la pièce. Des facteurs tels que la météo,

 27   l'humidité, sont propres à détruire ces résidus.

 28   Q.  Mais est-ce que vous avez recherché des résidus ?

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  1   R.  Non.

  2   Q.  Et si vous aviez recherché des résidus, vous auriez trouvé qu'il n'y en

  3   avait pas. Est-ce que cela aurait modifié votre conclusion fondée sur

  4   l'observation des traces d'impact quant à cette question de savoir si une

  5   explosion s'était produite dans la pièce ?

  6   R.  Non.

  7   Q.  Donc la présence de résidus, finalement, est un facteur secondaire,

  8   n'est pas un facteur essentiel qui vous permette de parvenir à la

  9   conclusion qu'il y a eu une explosion dans la pièce ?

 10   R.  Non, pas après 15 ans.

 11   Q.  Il me semble que cette question des 15 ans que vous évoquez, et vous

 12   allez me corriger si je me trompe, signifie la chose suivante, à savoir

 13   qu'après 15 ans il est fort improbable qu'il reste des résidus.

 14   R.  Oui. C'est ce que j'ai dit en introduction, en résumé.

 15   Q.  Et les débris et la décomposition dont vous avez parlé, ils sont de

 16   plusieurs types. Vous avez parlé de l'humidité, de décomposition de la

 17   structure. Vous avez parlé d'excréments qui étaient présents, de détritus,

 18   puis l'effet du temps aussi. Est-ce que j'ai laissé de côté quelque facteur

 19   que ce soit dont vous estimez qu'il rende plus difficile la collecte de

 20   résidus d'explosifs ?

 21   R.  Honnêtement, je ne peux pas vous dire ici sous serment qu'est-ce qui

 22   aurait pu rester après 15 ans.

 23   Q.  Mais les facteurs que j'ai mentionnés sont ceux que vous avez isolés et

 24   qui auraient rendu extrêmement improbable le fait de trouver des résidus

 25   explosifs, n'est-ce pas ?

 26   R.  Je ne dis pas que de trouver des résidus juste après l'incident aurait

 27   permis de conclure. Je ne dis pas le contraire non plus. Je dis simplement

 28   que lorsque vous avez une explosion dans une pièce ou où que ce soit

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  1   d'autre vous procédez à une recherche de résidu pour certains types

  2   d'explosifs.

  3   Q.  Pouvez-vous nous expliquer s'il leur était possible, s'ils s'étaient

  4   rendus sur le lieu immédiatement après l'incident, de ne pas trouver malgré

  5   tout de résidu ?

  6   R.  Là encore, des facteurs extérieurs auraient pu influer, l'humidité, le

  7   temps, donc le degré hydrométrique de l'air, des matières extérieures

  8   amenées dans la pièce. Tout cela aurait pu polluer le site et le rendre

  9   inutilisable.

 10   Q.  Donc je suppose qu'il y avait une période relativement courte après

 11   cette explosion pendant laquelle on aurait pu ne pas trouver de résidu ?

 12   R.  Ce n'est pas ma conclusion.

 13   Q.  Mais je vous demande si vous êtes d'accord avec cette conclusion.

 14   R.  Oui, probablement.

 15   Q.  Est-ce une probabilité ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Alors, est-ce que vous pourriez nous donner une idée de la chose

 18   suivante : est-ce que, en tant qu'expert, vous pouvez estimer après cette

 19   période de temps qui s'est écoulé, il y a une probabilité de moins de 50 %

 20   que l'on trouve quelque résidu que ce soit d'explosif ?

 21   R.  Ça dépend du type d'explosif utilisé. Vous avez parfois des munitions

 22   qui sont vieilles de 50 ans mais qui sont en parfait état, qui n'ont pas

 23   été soumises à l'effet des éléments. Dans ce type de cas, on peut avoir des

 24   munitions qui ont été moins endommagées ou pas du tout endommagées, en tout

 25   cas moins endommagées que certaines d'autres qui ont été subies à l'usure

 26   des éléments. En fonction du type d'explosif utilisé et du processus fini

 27   qui se met en route au moment où l'explosion se produit, bien, cela donne

 28   lieu à des cas différents et à la présence souvent de résidu.

Page 5457

  1   Q.  Voyons si nous pouvons être un peu plus précis. Vous avez placé un

  2   livre émanant de l'ex-Yougoslavie sur le rétroprojecteur. Vous avez ouvert

  3   des pages particulières et vous avez montré des grenades à main. Alors les

  4   grenades que vous avez indiquées vous permettent-elles de nous donner une

  5   indication de la gamme de résidus que l'on aurait pu s'attendre ou du type

  6   de détérioration probable ?

  7   R.  Non, je ne suis pas un chimiste. Je peux faire des tests. Je peux

  8   collecter des échantillons sous forme de poudre. Mais j'aurais dû les

  9   envoyer à quelqu'un d'autre pour analyse chimique.

 10   Q.  Alors je vais vous poser la question un peu différemment. Lorsque,

 11   imaginons que vous auriez été encore dans l'armée, en service, et que votre

 12   officier supérieur vous aurait dit, "rendez-vous sur le site de cette

 13   explosion qui s'est produite, il y a trois mois. Allez-y avec votre équipe.

 14   Je veux que vous procédiez à une enquête exhaustive de ce qui se trouve

 15   encore sur ce site." Qu'auriez-vous répondu ?

 16   R.  Si nous étions dans la situation d'opérations de combat, j'aurais dit

 17   non.

 18   Q.  Pourquoi auriez-vous répondu non, dans ce cas-là ?

 19   R.  Quelque information pertinente que vous puissiez essayer de retrouver

 20   sur un site de cette nature ne justifie pas le risque de perdre des hommes

 21   en se mettant dans une situation où vous risquez d'être la cible d'une

 22   embuscade ou de tir. Vous devez tenir compte de ce type de facteur en

 23   situation de combat.

 24   Q.  Entendu. Alors avant de pouvoir procéder à votre travail d'analyse du

 25   terrain après l'explosion, il y a une notion de sécurisation nécessaire. Il

 26   ne peut pas y avoir de combat dans la zone, n'est-ce pas ?

 27   R.  Lorsque j'accomplissais mes tâches en tant que chef d'équipe en matière

 28   de déminage, nous avions une escorte armée qui nous accompagnait du point A

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  1   et du point B. Nous disposions d'information en matière de sécurité et si

  2   un officier supérieur le souhaitait, nous procédions à cette évaluation

  3   post impact au mieux de nos possibilités, mais là encore nous devions

  4   tenir, mettre en balance, nous devions tenir compte des facteurs en

  5   présence et les mettre en balance, et est-ce que cela valait la peine. En

  6   Afghanistan, par exemple, mon équipe devait fournir ses services dans une

  7   zone opérationnelle de la taille du New Jersey.

  8   Q.  Etait-ce une décision raisonnable pour un commandant que de dire qu'il

  9   était tout simplement trop dangereux d'envoyer une équipe de déminage dans

 10   une zone à l'époque ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Nous serions rendus plus rapidement si vous répondiez directement à ma

 13   question au lieu de vous embarquer dans une nouvelle anecdote à chaque

 14   fois. Donc ce que je vous demande c'est la chose suivante : est-ce que

 15   c'est raisonnable pour un officier supérieur de dire à quelqu'un comme

 16   vous, par exemple, écoutez c'est simplement trop dangereux pour le moment

 17   de vous rendre sur le site où a lieu l'explosion pour procéder à une

 18   enquête.

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Alors si nous revenons maintenant à l'effet du temps ou plutôt rôle du

 21   temps, à quel moment diriez-vous à votre commandant, "écoutez, trop de

 22   temps s'est écoulé, il est improbable que nous trouverions quoi que ce

 23   soit."

 24   M. ALARID : [interprétation] Je voudrais demander simplement un

 25   éclaircissement quant à ce que l'on pourrait s'attendre à trouver. S'agit-

 26   il de résidus ou de preuves ?

 27   M. GROOME : [interprétation]

 28   Q.  De résidus.

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  1   R.  Nous ne rendrions pas sur site pour procéder à une évaluation

  2   postexplosion juste pour essayer de retrouver des résidus.

  3   Q.  Très bien.

  4   R.  Pour répondre à votre question, si l'explosion s'est produite hier, par

  5   exemple, et si c'est une zone de combat intense, on ne serait pas envoyé.

  6   Q.  Mais que se passerait-il si c'était un an après et que cette zone ne

  7   soit plus une zone de combat intense ? Que diriez-vous à votre commandant

  8   si vous n'étiez pas sûr de l'intérêt qui aurait pour vous de vous rendre

  9   sur place ? Le diriez-vous tout d'abord si vous n'en étiez pas sûr ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Ce que j'essaie d'obtenir de vous, c'est le temps au bout duquel vous

 12   donneriez cette réponse à votre commandant.

 13   R.  Bien, cela dépendrait de la cible. Quelle était la cible ? Est-ce que

 14   c'était un officiel du département d'Etat qui avait été touché ou un convoi

 15   ou une patrouille d'infanterie, des soldats ? Si nous recherchons des

 16   éléments de preuve indiquant la nature de l'engin ou des résidus, c'est une

 17   question de priorité beaucoup plus importante. Si c'est un officiel du

 18   département d'Etat plutôt que si c'est juste de simples soldats qui ont été

 19   dirigés dans cette opération de combat. Si je ne suis pas sur les lieux,

 20   bien, il est possible que je puisse souhaiter être sur place dans les une,

 21   deux ou trois heures à partir de l'incident, en tout cas dans les 24

 22   heures, pour pouvoir procéder à une enquête pertinente. Mais nous nous

 23   trouvons dans une zone de combat.

 24   Q.  Entendu. Je voudrais revenir sur vos observations du 29 janvier. En

 25   page 2, paragraphe 1, vous avez bien votre rapport en face de vous, n'est-

 26   ce pas ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Vous dites :

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  1   "Les murs intacts du rez-de-chaussée, c'est-à-dire le mur du fond, le mur

  2   de gauche et le mur avant avaient subi de nombreux impacts qui sont

  3   cohérents avec des dommages qui auraient été produits par une

  4   fragmentation."

  5   Alors lorsque vous parlez de fragmentation, est-ce le type de fragmentation

  6   dont vous avez parlé dans l'interrogatoire principal ?

  7   R.  La fragmentation est une notion générale quant à des matières

  8   étrangères qui auraient pu causer tout type de dommage.

  9   Q.  Donc n'importe quel type de matière étrangère qui aurait été propulsée

 10   par une explosion, n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Alors combien de traces d'impact avez-vous trouvées en tout dans la

 13   pièce ?

 14   R.  Nous n'avons pas procédé à un décompte exact.

 15   Q.  Pouvez-vous nous donner un chiffre approximatif ?

 16   R.  Je dirais une trentaine.

 17   Q.  Pouvez-vous nous dire la distribution sur les différents murs de ces

 18   traces ?

 19   R.  Non, il n'y avait pas de répartition symétrique de ces impacts.

 20   Q.  Donc vous avez dit qu'il y en avait une trentaine. Mais est-ce que cela

 21   signifie qu'il y en avait environ huit sur chaque mur, il y en avait 20 sur

 22   un des murs et le reste ailleurs ?

 23   R.  Bien, en raison de la dégradation des murs et du degré de

 24   décomposition, nous avons retrouvé moins de marques d'impact sur la zone

 25   qui se trouvait en face de fenêtre. Alors que sur les murs du fond, il y

 26   avait davantage de plâtre et, de ce fait, il y avait davantage de traces

 27   d'impact sur ce mur-là.

 28   Q.  Très bien. Vous continuez dans votre rapport, je cite : "C'est cohérent

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  1   avec les dégâts produits par une fragmentation, fragmentation d'une grenade

  2   à main lancée dans la pièce."

  3   R.  Non, car ça aurait pu être un autre type d'engin aussi.

  4   Ça aurait pu être une grenade mais ça aurait pu être un engin explosif

  5   improvisé.

  6   Q.  Très bien. Ca aurait pu être une grenade mais aussi un engin explosif

  7   improvisé. Si l'explosion s'était produite, et en fonction du nombre de

  8   personnes présentes, je reviens encore à mon commentaire précédent

  9   concernant la masse présente dans la pièce et le nombre de corps présents.

 10   Il aurait été probable que cette dernière ait constitué un écran qui aurait

 11   atténué l'effet de la fragmentation et de dommages secondaires sur les

 12   murs. Mais jusqu'à présent, vous avez établi la liste des sources possibles

 13   telles qu'une grenade ou un engin explosif improvisé, n'est-ce pas ?

 14   R.  Oui. Mais nous parlons ici de l'engin à explosif.

 15   Q.  Vous excluez tout type d'obus d'artillerie ?

 16   R.  Non. Cela aurait pu être également un engin explosif improvisé.

 17   Q.  Très bien.

 18   R.  Vous avez parlé d'un obus d'artillerie, mais ce dernier peut être

 19   aménagé afin d'être mis à feu dans le cadre d'un engin explosif improvisé.

 20   Q.  Concentrons-nous un instant sur une grenade à fragmentation. Cette

 21   dernière en explosant se serait brisée en des centaines de petits fragments

 22   qui auraient blessés les personnes dans le voisinage immédiat ?

 23   R.  Où avez-vous trouvé cette information ?

 24   Q.  C'est une question que je vous pose.

 25   R.  Une grenade est ou bien offensive ou défensive, et produit un certain

 26   effet de fragmentation tout alentour, à 360 degrés, ce qui peut causer des

 27   blessures.

 28   Q.  Très bien. C'est un engin conçu spécifiquement pour se briser en une

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  1   multitude de petits fragments projetés loin du site de l'explosion pour

  2   blesser des personnes, n'est-ce pas ? 

  3   R.  Oui.

  4   Q.  A présent, les marques que vous avez remarquées sur les murs et dont

  5   vous avez déclaré qu'elles étaient cohérentes avec l'effet de fragmentation

  6   d'une grenade explosant dans la pièce, aurait laissé des traces. Vous

  7   étiez-vous concentré sur l'effet de grenade à ce moment-là ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Les marques que vous avez vues étaient cohérentes avec l'effet de

 10   fragmentation d'une grenade explosant dans la pièce, n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  A ceci près que des personnes ou des corps qui auraient entouré l'engin

 13   explosif, 80 % d'entre eux, la majorité, auraient été touchés.

 14   R.  Mon unité de mesure était la hauteur de mes épaules, pour savoir à

 15   partir de quelle hauteur les traces d'impact auraient été visibles.

 16   Q.  Si vous pouvez composer votre raisonnement, les fragments qui auraient

 17   été logés en-dessous de la hauteur d'une épaule ne seraient pas passés,

 18   alors que ceux qui passaient au-dessus seraient passés. Ceux qui étaient

 19   plus bas se seraient probablement incrustés dans le corps des personnes qui

 20   faisaient obstacle ?

 21    R.  Oui.

 22   Q.  Ceux que vous avez vu dans les murs, les traces d'impact que vous avez

 23   vues, correspondaient à ceux qui sont passés au-dessus de la hauteur d'une

 24   épaule ou de la hauteur de la tête des

 25   personnes ?

 26   R.  Oui. J'avance que les individus présents ont fait obstacle à la source

 27   de l'explosion et qu'une partie des fragments auraient été arrêtés par eux.

 28   Q.  Est-il possible que ces fragments aient eu une vitesse suffisante pour

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  1   traverser les tissus des corps de ces personnes ?

  2   R.  Je suis en désaccord avec cette déclaration, tout simplement parce que

  3   des fragments qui touchent des os changent de direction.

  4   Q.  Entendu. Nous ne parlons pas pour le moment de tissus osseux. Mais si

  5   nous parlons d'une grenade qui touche, par exemple, les tissus musculaires

  6   d'un bras, est-ce que ces fragments pouvaient traverser ce type de tissu ?

  7   R.  Lorsqu'il y a des fragments et que vous avez des personnes qui sont

  8   debout tout autour et qu'il y a fragmentation, les personnes qui sont le

  9   plus près subissent l'effet le plus fort de l'explosion. Il est possible

 10   que des fragments les traversent, mais dans ce cas-là, ils seront arrêtés

 11   par les corps des personnes qui se trouvent derrière.

 12   Q.  Mais en théorie, il serait possible qu'un tel fragment ne rencontre le

 13   corps de personne d'autre et continue après avoir traversé le tissu d'une

 14   ou deux personnes pour ensuite se retrouver incrusté dans le mur qui se

 15   trouve derrière elles ?

 16   R.  Ce scénario me semble impossible, car compte tenu de la pièce et de

 17   l'estimation d'une soixantaine de personnes dans la pièce, cela semble tout

 18   simplement impossible. C'est une masse beaucoup trop importante pour que

 19   cela soit possible.

 20   Q.  Mais vous avez dit plus tôt qu'il était possible que la zone dans

 21   laquelle les fragments seraient tombés était un cercle d'environ sept pieds

 22   de diamètre ?

 23   R.  Exact.

 24   Q.  Ce qui signifie que cela aurait pu atterrir plus près du mur que ce que

 25   vous supposez dans votre réponse. Peut-être que cela n'a atteint qu'une

 26   profondeur d'une ou deux personnes ?

 27   R.  Je ne pense pas que ma réponse ait changé. Ça dépend du nombre de

 28   personnes présentes et du nombre exact, entre 30 et 60 personnes. Si vous

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  1   avez 30 personnes, cela représente beaucoup moins de matière que 60

  2   personnes dans la pièce.

  3   Q.  Oui, mais là où je veux en venir, c'est qu'en fonction de l'endroit

  4   exact où se trouve la grenade, et supposons qu'elle ait atterri dans un

  5   cercle de sept pieds de diamètre, il semblerait que cela aurait pu être

  6   plus près du mur et qu'il aurait pu y avoir moins de personnes près de la

  7   grenade, lorsque celle-ci explose derrière ces personnes près du mur,

  8   n'est-ce pas ?

  9   R.  C'est exact.

 10   Q.  Pourriez-vous accepter cette idée selon laquelle il aurait été possible

 11   que les fragments traversent peut-être moins de personnes si la grenade

 12   avait atterri au milieu de la pièce, et les fragments auraient traversé

 13   leurs tissus mous et marquer d'impact au niveau du surélèvement de l'épaule

 14   ?

 15   R.  Oui, c'est exact.

 16   Q.  Mais le fait qu'il y ait eu plus de marques d'impact au-dessus du

 17   niveau de l'épaule pour vous indique qu'il y avait une probabilité que la

 18   pièce contenait davantage de personnes au moment où il y a eu l'explosion

 19   de l'engin, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Vous avez trouvé des fragments dans le mur de la maison, et je ne suis

 22   pas sûr ce que vous dites sur ce point exactement. Est-ce que vous pensez

 23   que c'était là un éclat de cette grenade ou non ?

 24   R.  C'est un objet étranger que j'ai trouvé après la forme de la marque de

 25   l'impact sur le mur. Je ne dis ce que c'est exactement. Je sais que c'est

 26   dans un état délabré et que je ne peux pas l'identifier avec certitude.

 27   Q.  Je l'ai examiné. Est-ce que vous seriez d'accord avec moi pour dire que

 28   ce n'est pas quelque chose qui est fait en plomb et ce n'est pas fait en

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  1   cuivre non plus.

  2   R.  Je ne suis pas chimiste. Mais je dirais que c'est un métal ferreux

  3   puisqu'il y a eu une oxydation.

  4   Q.  Donc, ça a rouillé.

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Les balles normalement, sont faites de plomb. Parfois, il y a une

  7   enveloppe en cuivre.

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Il y a pas de balles qui existent, d'après ce que vous savez, qui sont

 10   faites d'acier ou de fer ?

 11   R.  Non. Non que je sache.

 12   Q.  L'extérieur d'une grenade, est-ce que vous pouvez me dire de quoi cela

 13   est fait ?

 14   R.  C'est un métal ferreux, soit de fer carrément ou bien de l'acier.

 15   Q.  Encore quelques questions au sujet de la mission proprement dite. Il me

 16   semble d'après ce que vous avez dit et d'après ma lecture de vos rapports

 17   d'expert, que vous vous êtes tous rendus sur les lieux en même temps.

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Vous avez discuté entre vous au sujet de ce que vous avez pu observer

 20   sur les lieux, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Est-ce que vous avez discuté aussi de ce que vous avez pu voir sur les

 23   lieux après être partis de cet endroit ?

 24   R.  Non.

 25   Q.  Combien de temps êtes-vous restés là-bas, sur les lieux ?

 26   R.  On y est resté, je parle du lieu à Pionirska, à peu près une heure, une

 27   heure et demie, peut-être un petit peu plus. Je devais attendre aussi que

 28   les enquêteurs qui ont fait leur enquête sur les incendies et que les

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  1   volontaires terminent leur travail.

  2   Q.  Pourriez-vous m'énumérer les gens qui étaient présents sur les lieux au

  3   moment où vous avez fait votre enquête ?

  4   R.  Le conseil de la Défense, moi-même, M. Cliff Jenkins, M. Martin McCoy

  5   et M. Benjamin Dimas.

  6   Q.  Dans votre rapport, vous ne parlez pas d'éventuelles évaluations que

  7   vous auriez fait après l'explosion dans d'autres lieux où les incendies ont

  8   eu lieu, par exemple, Bikavac.

  9   R.  C'est exact.

 10   Q.  Est-ce que vous y êtes allé ?

 11   R.  J'y suis allé pendant qu'eux, ils ont fait leur enquête.

 12   Q.  Pourquoi vous n'avez pas fait cela, pourquoi vous n'avez pas fait

 13   d'évaluation pour cette explosion sur ce site-là ?

 14   R.  Parce que les témoins n'ont jamais dit qu'une explosion avait eu lieu

 15   là-bas.

 16   Q.  Les témoins ne vous ont pas parlé des cocktails Molotov qui auraient

 17   été jetés dans cette pièce ?

 18   R.  Quand vous jetez un engin incendiaire, à savoir cocktail Molotov ou

 19   autre qui se trouve dans une bouteille en verre, c'est cela qui cause le

 20   feu.

 21   Q.  Est-ce que cela dépassait le cadre de votre expertise ?

 22   R.  Pour moi, il s'agit là plutôt d'une situation d'incendie volontaire que

 23   d'explosion.

 24   Q.  La raison pour laquelle vous ne l'avez pas fait à Bikavac relève du

 25   fait que les déclarations des témoins que vous avez lues par rapport à cet

 26   incendie ne parlaient pas d'explosion.

 27   R.  S'il s'agissait d'un engin incendiaire cela aurait pu donc engendrer

 28   l'explosion, mais on m'a demandé de faire une évaluation postexplosion et

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  1   cela ne tombait pas dans ce cadre-là.

  2   M. ALARID : [interprétation] Moi, j'ai une objection quant à cela, parce

  3   qu'on ne lui a tout simplement pas demandé d'aller voir ce qui s'est passé

  4   à Bikavac, tout simplement.

  5   M. GROOME : [interprétation]

  6   Q.  Je vais vous poser la question autrement : est-ce qu'on vous a demandé

  7   si vous pensez éventuellement que ce qui s'est passé à Bikavac pouvait

  8   exiger une évaluation postexplosive ?

  9   R.  Non, parce qu'il n'y avait pas de structures de gardées, là-bas.

 10   C'était complètement détruit, on avait tout simplement les fondations en

 11   béton et tout était au niveau du sol. Je n'ai pu voir que les photos.

 12   Q.  Finalement, on a l'impression que la maison tout entière a été rasée.

 13   Il n'y avait pas de débris qui restaient.

 14   R.  Tout ce que j'ai vu, c'est les fondations de la maison.

 15   Q.  Il n'y avait pas de débris, des murs, et cetera ?

 16   R.  Non, je n'en ai pas vu.

 17   Q.  A peu près 450 photos ont été prises au cours de la mission. Si je vous

 18   demandais d'en examiner à peu près 50 %, si je vous avais demandé cela

 19   hier, est-ce que vous auriez pu travailler à partir de cela ?

 20   R.  Oui, je les aurais vues hier.

 21   Q.  Il y avait à peu près 50 photos, là. Est-ce qu'il s'agit des photos que

 22   vous avez pu reconnaître par rapport à votre mission que vous avez faite le

 23   29 janvier ?

 24   R.  Je pense que nous avons tous pris ces photos, moi et mes collègues.

 25   Q.  Cela correspond à la scène que vous avez vue ce jour-là ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Monsieur le Président, je vais demander que l'on cite cette pièce. Il

 28   s'agit donc d'un document MLDT. C'est un document électronique, et les deux

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  1   équipes de la Défense ont reçu aussi ce cahier contenant des photos. Il

  2   s'agit des copies de courtoisie pour les Juges. Je voudrais aussi demander

  3   si la Défense a reçu cela, parce que j'ai l'impression qu'il y a des

  4   conseils qui n'ont pas reçu cela. M. Alarid n'avait pas reçu les pages

  5   numérotées, mais peut-être que M. Alarid pourrait avoir un exemplaire aussi

  6   de sorte qu'il puisse suivre au fur et à mesure.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Moi aussi, j'ai besoin d'un exemplaire.

  8   M. GROOME : [interprétation] Effectivement. Il faudrait aussi donner un

  9   exemplaire au témoin.

 10   Maintenant que j'ai posé une base pour poser ces questions, je

 11   voudrais demander que cette pièce MLDT qui contient les photos soit versée

 12   au dossier en tant que pièce du Procureur.

 13   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien. Madame la Greffière.

 14   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la pièce P265, Monsieur le

 15   Président.

 16   M. GROOME : [interprétation]

 17   Q.  Avant d'examiner ces photos, vous avez dit à plusieurs reprises au

 18   cours de votre déposition, vous avez parlé donc d'une explosion provoquée

 19   par une énorme pression.

 20   R.  Oui, j'en ai parlé.

 21   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire de quoi il s'agit exactement.

 22   R.  Cela est provoqué par le choc qui est provoqué par l'effet chimique

 23   quand l'explosion commence.

 24   Q.  Très bien. A partir du moment où l'explosion intervient. Si, par

 25   exemple, si elle intervenait ici dans ce prétoire, les ondes provoquées par

 26   cette explosion pourraient briser les vitres, endommager les verres et les

 27   murs.

 28   R.  Cela dépend de la quantité des explosifs.

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  1   Q.  Ceci pourrait nous blesser nous aussi.

  2   R.  Oui, vous pourriez perdre votre audition, cela dépend. Plus il y a

  3   d'explosifs, plus il y a de dégâts. C'est proportionnel.

  4   Q.  J'avais oublié de vous poser une question au sujet de la grenade à

  5   fragmentation. Vous avez dit que normalement cela ne commence pas le feu,

  6   n'est-ce pas, ce n'est pas cela qui initie le feu ?

  7   R.  Oui, c'est vrai.

  8   Q.  Mais quelqu'un aurait pu être brûlé par cela ?

  9   R.  Oui, effectivement.

 10   Q.  Si, par exemple, on avait imbibé le tapis de cette pièce avec du

 11   pétrole, ensuite si la grenade avait explosé par terre, cela aurait pu

 12   provoquer des brûlures au niveau des personnes blessées ?

 13   R.  Oui, effectivement.

 14   Q.  Est-ce que ceci aurait pu aussi provoquer un incendie à cause des

 15   vapeurs de pétrole qui prennent feu ?

 16   R.  Oui, c'est possible.

 17   Q.  Est-ce que donc cette essence qui aurait imbibé le tapis aurait pu

 18   aussi provoquer le fait que le tapis prenne feu ?

 19   R.  Non, ce n'est pas probable.

 20   Q.  Pourquoi ?

 21   R.  Parce qu'on parle de la distance entre la détonation et des individus.

 22   Q.  Mais c'est vous qui êtes l'expert.

 23   R.  Oui, je le sais.

 24   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire si vous pouvez répondre à la

 25   question ? Parce que normalement vous devriez pouvoir répondre.

 26   R.  Je n'ai pas les ressources suffisantes pour répondre pour vous dire si

 27   cela se serait produit. Ça aurait pu se produire cinq fois, ça aurait pu ne

 28   pas se produite du tout.

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  1   Q.  Mais à partir du moment où le tapis est en feu, les gens qui sont

  2   habillés et qui sont sur le tapis prenne feu eux aussi, ceci aurait pu

  3   imbiber les chaussettes des individus, ensuite les individus auraient pu

  4   prendre feu, n'est-ce pas ?

  5   M. ALARID : [interprétation] Objection. Ceci demande au témoin de se livrer

  6   à des conjectures.

  7   M. GROOME : [interprétation] Je pense que c'est un témoin expert.

  8   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Laissez-la répondre à la question.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Pourriez-vous répéter la question.

 10   M. GROOME : [interprétation]

 11   Q.  Vous nous avez dit qu'à partir du moment où le tapis est imbibé de

 12   pétrole, de quelque chose d'une matière inflammable, vous pensez que les

 13   vêtements des gens auraient été imbibés aussi et que ceci aurait mis le feu

 14   aux vêtements des gens qui sont sur le tapis, n'est-ce pas ?

 15   R.  Oui, exact.

 16   Q.  Maintenant, on va revenir sur les photos et je vais vous demander de

 17   vous référer à la page 5 de ce cahier et d'examiner ce qui se trouve tout

 18   en haut, la photo qui est tout en haut. C'est la photo de la maison que

 19   vous avez examinée, et on regarde là l'entrée dans la pièce qui se trouve

 20   au rez-de-chaussée, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Ce qui m'intéresse tout particulièrement, c'est juste au-dessus de

 23   cette pièce où se trouve le premier de la maison. On voit qu'il manque des

 24   briques dans ce mur.

 25   R.  Oui, c'est exact.

 26   Q.  On a l'impression que ce trou a la forme d'un semi-cercle.

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Maintenant, on va regarder la même page, mais la photo qui se trouve

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  1   juste en dessous. Maintenant, en regardant la photo, on a le dos tourné

  2   vers le ruisseau et --

  3   R.  Oui.

  4   Q.  -- on a du mal à regarder, parce qu'il y a eu de la verdure qui a

  5   poussé entre temps, mais les deux fenêtres au rez-de-chaussée sont toujours

  6   devant nous ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Donc le premier étage que l'on voit ici, là où il manque quelques

  9   briques, bien, est-ce que c'est là que l'on trouve cette forme de demi-

 10   cercle ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Maintenant passons à la page 6. Maintenant on regarde la maison

 13   directement, le mur qui est en face de celui qu'on a regardé, qui regarde

 14   la rue Pionirska, qui est face à la rue Pionirska ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Donc à nouveau, là il manque des briques d'argile dans ce mur, et là, à

 17   nouveau c'est une forme de demi-cercle ?

 18   R.  Est-ce que vous parlez de ce mur qui est en face de la rue Pionirska ou

 19   bien de l'autre que nous avons déjà examiné ?

 20   Q.  Mais vous ne dites pas que c'est cela le mur qui est en face de la rue

 21   Pionirska ?

 22   R.  Oui, c'est exactement celui-ci.

 23   Q.  Je pense que vous vous trompez. On va revenir sur la page 5 et je vais

 24   voir que si vous allez pouvoir vous y retrouver. Donc en haut de la page 5,

 25   cette photo que l'on voit ici, vous voyez donc une porte en dessous ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Le mur que je suis en train de vous montrer là, c'est le mur qui se

 28   trouve du côté droit. Et là où nous nous sommes maintenant, c'est là que se

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  1   trouve la rue Pionirska ?

  2   R.  Oui, la rue est parallèle. Elle longe l'immeuble.

  3   Q.  Donc le mur que je vais vous montrer sur la page suivante, ce n'est pas

  4   le même mur. C'est le mur qui est du côté droit de ce même mur ?

  5   R.  C'est justement la question que je vous ai posée.

  6   Q.  Très bien. Maintenant qu'on est d'accord, le dernier mur qu'on a

  7   examiné avait un modèle différent, car on a l'impression que le mur qui se

  8   trouve sur la photo qui montre le bas de l'immeuble à la page 6, bien,

  9   c'est le mur de la maison qui est le plus éloignée de la porte; est-ce

 10   exact ?

 11   R.  La photo qui est en bas de la page 6, ce n'est pas l'arrière de la

 12   maison. Au fur et à mesure qu'on s'approche de la maison. Donc l'image de

 13   mur en bas de la page 6, ce sont les deux coins de l'immeuble que vous

 14   voyez à partir du moment où vous vous dirigez vers l'immeuble.

 15   Q.  Très bien. On va voir si on peut montrer cette photo. C'est la photo

 16   Y020-3491.

 17   Donc la partie de la photo sur laquelle j'ai voulu attirer votre attention

 18   c'est la première rangée des briques. Vous pouvez voir que chaque brique

 19   pratiquement ici est cassée; est-ce correct ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Je vais vous demander d'utiliser un crayon en vert quand vous faites

 22   les annotations suite aux questions que je vais vous poser dans le cadre de

 23   mon contre-interrogatoire, parce que je sais que vous avez utilisé le

 24   crayon vert, bleu et rouge lors de l'interrogatoire principal.

 25   On m'a dit donc qu'aujourd'hui on ne va utiliser que les couleurs bleu et

 26   rouge. Donc je vais vous demander qu'à chaque fois que vous faites des

 27   annotations, que vous apposez vos initiales à droite, parce que c'est

 28   justement cette partie-là de la photo qui nous intéresse et que vous allez

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  1   annoter donc en haut à gauche.

  2   R.  D'accord.

  3   Q.  Finalement on a un crayon vert. Donc on va écrire cela en vert, c'est-

  4   à-dire vos annotations suite aux questions que je vais vous poser.

  5   Donc je vais vous demander tout d'abord d'encercler ce rang inférieur de

  6   briques, correspondant à la photo, les briques qui sont cassées.

  7   R.  [Le témoin s'exécute]

  8   Q.  Bien.

  9   M. GROOME : [interprétation] Maintenant je vais demander que ceci soit

 10   versé au dossier.

 11   M. ALARID : [interprétation] Quelle est la pertinence ? Objection.

 12   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien, nous allons verser cela au

 13   dossier.

 14   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la pièce P266, Monsieur le

 15   Président.

 16   M. GROOME : [interprétation]

 17   Q.  Donc la question que je vais vous poser, quand vous parlez de cette

 18   explosion provoquée par un excès, par une surpression, si cela a eu lieu à

 19   un endroit où cette surpression aurait fait l'effet, c'est justement sur le

 20   plafond qui est au-dessus des gens ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Donc ce que l'on voit ici, ce modèle de destruction que l'on voit ici,

 23   et qui se produit sur le mur le plus près, là où on voit qu'il y a des

 24   briques qui manquent ou qui sont tombées ou bien quand on regarde ce rang

 25   inférieur de briques sur les murs. Est-ce que ceci correspondrait justement

 26   à cet effet de surpression d'une explosion due à la surpression ?

 27   R.  Je pense que la quantité d'explosifs qui aurait été nécessaire pour

 28   provoquer de telles cassures, de tels dégâts au niveau des briques dans les

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  1   coins, bien, aurait été plus importante. Donc je pense que ce n'est pas

  2   cela qui a provoqué la cassure de ces briques.

  3   Q.  Bien, s'il y avait, si cette surpression avait envoyé des ondes, des

  4   chocs vers les plafonds, est-ce que cela n'aurait pas provoqué des

  5   vibrations qui auraient pu provoquer des dégâts ?

  6   R.  Je ne dis pas qu'il n'y aurait pas eu des vibrations, mais je pense que

  7   tout simplement il y aurait eu beaucoup plus de dégâts.

  8   Q.  Est-ce que sur la base de votre expertise, est-ce que vous pensez

  9   quelle est la cause de la destruction, l'endommagement [phon]  de cette

 10   rangée de briques ?

 11   M. ALARID : [aucune interprétation]

 12   M. GROOME : [aucune interprétation]

 13   M. LE JUGE ROBINSON : [aucune interprétation]

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je dois répondre à

 15   cela ? Parce que je ne suis pas un charpentier. Je ne suis pas un

 16   spécialiste. Mais de toute façon, cette rangée de briques ne se trouvait

 17   pas dans la pièce que j'ai examinée.

 18   Q.  Donc vous n'avez pas examiné le restant de l'immeuble ?

 19   R.  Non. J'ai regardé ce que j'ai pu observer à partir de l'endroit où j'ai

 20   été.

 21   Q.  Donc vous n'avez pas examiné ce qui s'est passé autour ?

 22   R.  Bien, j'ai fait un tour du bâtiment. Ce que j'ai pu remarquer n'avait

 23   aucune importance.

 24   Q.  Donc vous dites qu'il n'y avait aucune importance que ce soit, que ce

 25   dégât provoqué au niveau de cette rangée de briques n'a aucune importance,

 26   n'a aucun lien avec l'explosion ?

 27   R.  Je ne pense pas que ceci est important, parce qu'il s'agit d'une pièce

 28   qui est en béton. Nous avons deux ouvertures et c'est par là que les ondes

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  1   de choc sont parties à partir du moment où l'explosion a eu lieu.

  2   Q.  Est-ce que vous avez mesuré quelle était l'épaisseur des murs ?

  3   R.  Non, on n'a pas vraiment fait cela.

  4   Q.  Mais quand vous regardez, est-ce que vous avez mesuré l'épaisseur des

  5   verdures qui ont poussé par la suite ?

  6   R.  Non, on n'a pas fait cela. Mais il y en a pas mal. Si vous regardez

  7   l'image, vous pouvez voir vraiment qu'il y a beaucoup de végétation qui ont

  8   poussé entre-temps, et je ne sais pas quelle est l'épaisseur du document

  9   [phon].

 10   Q.  On va passer à une autre photo. C'est la photo qui se trouve à la page

 11   9, on a vérifié, il y en a deux. En haut, on voit la fenêtre qui est sur la

 12   gauche dès qu'on entre, ensuite en bas on voit l'autre fenêtre, celle qui

 13   est un petit peu plus loin par rapport à l'entrée.

 14   R.  Si vous entrez en face sur le mur gauche, oui, c'est ce que l'on voit.

 15   Et l'autre fenêtre, celle qu'on voit en haut, c'est la fenêtre qui est la

 16   plus près de l'entrée.

 17   Q.  Donc, quand on regarde ces images, on voit que le cadre en bois de

 18   fenêtre, a disparu.

 19   M. ALARID : [interprétation] Ceci ne figure pas en tant que pièce à

 20   conviction, cela n'a jamais été dit. On n'a jamais dit qu'il y avait

 21   effectivement des verres sur les fenêtres de panneaux en verre.

 22   M. GROOME : [interprétation] Si l'on regarde la déposition de VG-18 ou VG-

 23   13, il y a beaucoup d'informations là-dessus.

 24   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous pouvez répondre à lorsque

 25   question.

 26   M. ALARID : [interprétation]

 27   Q.  Bien, vous pouvez aussi répondre à des questions qui sont des questions

 28   hypothétiques. Donc s'il y avait eu des fenêtres, enfin, de verre sur les

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  1   fenêtres, donc par ces cadres, est-ce que ces verres se seraient brisés ?

  2   R.  C'est possible. Je doute qu'il y en ait eu.

  3   Q.  Et pourquoi vous le doutez ?

  4   R.  Parce que si les vitres s'étaient brisées, bien, on aurait trouvé les

  5   restants. Mais je vais le dire autrement. Il n'est pas probable que des

  6   verres se soient brisés et tombés à l'extérieur de l'immeuble.

  7   Q.  Donc est-ce que vous pensez que quelqu'un aurait pu enlever ces débris

  8   de verre après l'explosion ?

  9   R.  C'est possible.

 10   Q.  Donc on a l'impression, on peut donc imaginer que quelqu'un aurait pu

 11   l'enlever, tout simplement, enlever ces débris.

 12   R.  Oui. Les deux sont possibles.

 13   Q.  Qu'en est-il de la porte ? Par exemple, si la porte était fermée à clé

 14   ou scellée en quelque sorte, est-il possible d'imaginer que cette explosion

 15   aurait fait exploser la porte en dépit de serrure, et cetera ?

 16   R.  C'est tout à fait possible, mais il s'agit là d'une porte qui a été

 17   faite d'une manière très dure, et je pense que cela ne s'est pas produit.

 18   Q.  Donc est-ce que vous pensez que le scénario le plus probable est que la

 19   porte se serait brisée avant que le cadre de la porte n'explose ?

 20   R.  Oui. C'est là que la résistance est la plus petite, c'est la partie la

 21   plus faible de la porte. Parce que la porte se serait enfoncée mais

 22   l'encadrement ne serait pas endommagé.

 23   Q.  Mais vous nous avez dit que l'une de vos missions a consisté en l'étude

 24   de la construction. Quand vous vous penchez sur la porte et l'encadrement

 25   de la porte, pensez-vous que ça se trouvait là-bas, à l'époque de

 26   l'explosion ?

 27    R.  Non, pour autant que je m'y connaisse en matière de construction, et

 28   j'ai fait des plans de tunnels mais pas du travail de charpentier.

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  1   Q.  Mais alors, qu'est-ce qui vous a fait penser que la porte et le cadre

  2   de l'encadrement ne se trouvaient pas là au moment de l'explosion ?

  3   M. ALARID : [interprétation] Je crois qu'on ne dit pas ce que le témoin a

  4   répondu. Il a parlé de l'expérience en matière de construction qui était la

  5   sienne.

  6   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Reformulez, Monsieur Groome.

  7   M. GROOME : [interprétation]

  8   Q.  Bien, je vais vous poser une fois de plus la question. Disons quelque

  9   chose au sujet de la porte.

 10   M. ALARID : [interprétation] Objection, parce qu'on demande à ce qu'il

 11   spécule.

 12   M. GROOME : [interprétation]

 13   Q.  Alors, vous dites que la porte se trouvait là au moment de l'explosion

 14   ?

 15   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, j'avais demandé à ce

 16   qu'il soit donné instruction au conseil de la Défense à ne pas nous

 17   interrompre constamment avec ses objections. Je peux poser ce type de

 18   questions au témoin pour ce qui est de l'explosion qui s'est produite.

 19   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Exactement, Maître Alarid. Il n'y a

 20   aucune finalité d'élever des objections continuellement.

 21   M. ALARID : [interprétation] Monsieur le Président, comment ce témoin peut-

 22   il savoir si la porte avait été placée là, à ce moment-là, et si cette

 23   porte était la porte d'origine ou pas ?

 24   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien, laissez-le dire ce qu'il sait

 25   dire.

 26   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, c'est un expert ici. 

 27   Q.  Alors, dites-nous, quelle est votre opinion au sujet de cette porte.

 28   Etait-ce la porte d'origine ou pas ?

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  1   R.  Non, je ne pense pas.

  2   Q.  Donc vous n'êtes pas en mesure de le dire.

  3   R.  Tout à fait exact.

  4   Q.  Donc la conclusion qui est celle de dire qu'il n'y a pas eu

  5   d'endommagement dû au feu sur cette porte est que la chose n'est pas

  6   pertinente ou ce n'est pas exact ?

  7   R.  Non. Moi, on ne m'a pas posé de questions au sujet de dégâts ayant

  8   éventuellement occasionnés par un incendie ou par le feu. Je ne suis pas un

  9   expert en la matière d'investigation de ce type. Je ne suis pas expert en

 10   matière d'investigation de causes d'incendie.

 11   Q.  Ou plutôt, donnez-moi un instant. Alors, je crois qu'on vous a montré

 12   la photo 36

 13   L'INTERPRÈTE : Inaudible.

 14   M. GROOME : [interprétation] Il s'agissait de cet encadrement de porte. Et

 15   vous avez dit qu'il n'y a pas eu de feu et qu'il n'y a pas eu d'impact à

 16   l'égard de cette porte.

 17   R.  Moi, on m'a posé des questions au sujet des traces d'impact sur les

 18   surfaces en béton non loin de la porte, mais on ne m'a pas parlé de dégâts

 19   au niveau de la porte elle-même, et notamment pas de dégâts dus au feu.

 20   Q.  On va justement voir. C'est de la page 60 qu'il s'agit. Excusez-moi de

 21   faire perdre le temps sur la recherche de la page.

 22   M. Alarid vous a interrogé sur cela, et au compte rendu, il s'agit de la

 23   page 60, ligne 9. Il vous a demandé :

 24   "Avez-vous vu quelque trace que ce soit d'impact ou de feu ?"

 25   Et vous avez dit : "Ni l'un ni l'autre."

 26   Est-ce que vous voulez modifier votre réponse ?

 27   R.  Non.

 28   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] A ce sujet, Monsieur Groome ?

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  1   M. GROOME : [interprétation] Excusez-moi. Laissez-moi lire la question

  2   d'avant, la question qui a été posée par M. Alarid. Il s'agit de la photo

  3   du même mur qui se trouve derrière la porte, à savoir la partie inférieure

  4   de la porte.

  5   Et vous avez dit, ou plutôt, on vous a demandé : "Avez-vous vu des traces

  6   d'impact ou des traces de feu ?"

  7   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Mais cela, apparemment, se rapporte

  8   au mur derrière la porte.

  9   M. GROOME : [interprétation] Oui, justement. Laissez-moi éclairer la chose.

 10   Q.  Alors, M. Alarid vous a posé des questions au sujet de la partie

 11   inférieure de la porte.

 12   R.  Non. L'observation qui a été la même au sujet de la photo a été celle

 13   de dire qu'il s'agissait du même mur que sur l'image précédente, mais il

 14   s'agissait de la partie inférieure du mur que l'on était en train de voir

 15   et l'image de la partie inférieure de la porte.

 16   Q. Mais que nous dites-vous au sujet de cette porte et de cet encadrement

 17   de porte ? Est-ce qu'il y a des traces de feu ?

 18   R.  Je ne suis pas qualifié pour vous apporter un élément de réponse. Je ne

 19   suis pas qualifié pour ce qui est de toute expertise liée au feu ou à

 20   l'incendie.

 21   Q.  Mais n'était-ce pas là une question d'expérience générale ? Nous avons

 22   tous vu de quoi avait l'air un bout de bois entamé par le feu. Alors, est-

 23   ce que vous voulez dire que vous n'avez pas de notions au sujet de traces

 24   de feu qu'il y aurait éventuellement eues sur la porte ?

 25   M. ALARID : [interprétation] Peut-on montrer au témoin la photo en

 26   question.

 27   M. GROOME : [interprétation] Il me semble qu'il s'agit des photos Y020.

 28   3637 en l'occurrence.

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  1   Q.  Voilà la photo dont nous avons parlé, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui. C'set la partie supérieure de la porte, de l'encadrement de porte

  3   et du mur au-dessus de la porte. Et c'est le mur derrière la porte. Lorsque

  4   cette porte est ouverte en direction de la pièce.

  5   Q.  Et quel a été votre témoignage au sujet des dégâts occasionnés par le

  6   feu à l'encadrement ?

  7   R.  Il semble que sur cette photo qu'il n'y a pas eu de dégâts dus au feu.

  8   Q.  Est-ce qu'on peut zoomer. S'agissant de cette pièce de bois qui se

  9   trouve sortir horizontalement de l'emplacement de la porte. J'aimerais

 10   qu'on zoome et qu'on descende.

 11   Alors, quand je me penche sur ce bout de bois, il me semble qu'une partie

 12   de ce bois se trouve être noircie. La partie inférieure semble avoir des

 13   traces de cendres. N'est-ce pas là des traces de dégâts par le feu ?

 14   M. ALARID : [interprétation] Objection. Ceci convie le témoin à spéculer,

 15   et il n'y a pas de fondement.

 16   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Ecoutez, arrêtez, Maître Alarid.

 17   Vous commencez à m'irriter.

 18   M. ALARID : [interprétation] C'est maintenant le Procureur qui témoigne.

 19   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Mais laissez le témoin répondre à la

 20   question.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Partant de cette photo, moi, je ne peux rien

 22   dire du tout.

 23   M. GROOME : [interprétation]

 24   Q.  Penchons-nous maintenant sur une autre photo, et on pourrait voir si

 25   vous pouvez nous dire à son sujet quelque chose.

 26   M. GROOME : [interprétation] J'aimerais qu'on montre au témoin le document

 27   1D151. Il s'agit d'un document a été proposé pour versement au dossier par

 28   la Défense et qui a été versé au dossier comme pièce de la Défense.

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  1   Alors, je vais à présent demander à ce que l'on zoome la bordure de

  2   l'encadrement, peu importe la partie -- le côté de l'encadrement. Donc, pas

  3   la porte, mais la partie qui n'a pas été repeinte et où on voit des bords

  4   noirs. Est-ce qu'on peut zoomer davantage encore.

  5   Q.  Alors, Monsieur O'Donnell, lorsqu'on regarde ceci, il semblerait que

  6   toute la bordure de l'encadrement est brûlée. Il me semble que ce sont là

  7   des traces de feu, n'est-ce pas ?

  8   R.  Je ne suis pas d'accord. Lorsque nous avons été dans la pièce et

  9   lorsque nous avons examiné toutes les parties en bois en les touchant, en

 10   les inspectant, nous n'avons vu aucune trace de feu.

 11   Q.  Donc, et maintenant --

 12   R.  [aucune interprétation]

 13   Q.  Et vous êtes maintenant en train de reconnaître qu'il y a eu des dégâts

 14   dus au feu ?

 15   R.  Non, je suis en train de vous dire que les pièces en bois que j'ai pu

 16   voir, partant de tout ce que j'y ai vu, n'ont pas comporté quelque trace

 17   que ce soit de flammes.

 18   Q.  Bon. Je peux admettre qu'une pièce de bois ait été soumise à du feu, il

 19   s'est passé beaucoup de temps et il n'est donc plus possible de déterminer

 20   s'il y a des traces de cendres. Mais ce n'est pas la même chose que de dire

 21   qu'il n'y a pas de dégâts sur le bois dus au feu, ce n'est pas la même

 22   chose.

 23   R.  Exact [comme interprété].

 24   Q.  Alors, ce sont des photos que vous avez prises vous-même. Nous nous

 25   appuyons sur les observations qui ont été faites par vos soins. Alors, bien

 26   que la technologie ait fait des progrès formidables, il n'est pas évident

 27   ici qu'il s'agisse d'une photo faite sur papier. Et je vous demande de vous

 28   pencher sur la pièce Y020-3639. C'est une photo que l'on a imprimée sur

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  1   papier, partant de ce que vous avez pris comme vue.

  2   Et j'aimerais maintenant que vous vous penchiez dessus.

  3   Penchez-vous une fois de plus sur la partie de bois qui se trouve sur

  4   la partie supérieure de l'encadrement, à l'horizontal. N'est-ce pas là des

  5   traces de feu ?

  6   R.  Moi, partant de ce que je vois ici, ce n'est pas la conclusion que je

  7   peux en tirer.

  8   M. GROOME : [interprétation] Je demande a ce que cette même photo soit

  9   montrée aux Juges de la Chambre et au conseil de la Défense avant que de

 10   demander à ce qu'elle soit versée au dossier.

 11   M. ALARID : [interprétation] Monsieur le Président, je vais interjeter une

 12   objection, parce que nous avons une copie électronique de la photo. Je ne

 13   vois pas la pertinence de cette photo mise sur papier. Je ne vois aucune

 14   différence entre cette photo-là et la photo que nous avons sur nos écrans.

 15   Alors, essayez de caractériser celle qui est sur papier comme montrant des

 16   détails qui ne sont pas visibles sur la photo à l'écran n'est pas une chose

 17   qui est appropriée.

 18   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Cette objection est dénuée de

 19   fondement. Nous allons admettre cet élément.

 20   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, vous avez dit --

 21   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Je m'excuse, mais il s'agit de la pièce

 22   P267, Messieurs les Juges.

 23   M. GROOME : [interprétation]

 24   Q.  J'aimerais maintenant qu'on retourne à la photo de la page 9. Est-ce

 25   que c'est encore l'encadrement de la porte, et notamment la partie où il y

 26   a la poignée de porte. Ce sont vos photos à vous.

 27   M. ALARID : [interprétation] Nous faisons objection. Peut-être ont-elles

 28   été prises par M. Jenkins, ces photos, et c'est quelque chose de déjà versé

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  1   au dossier.

  2   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Groome, veuillez vous

  3   servir de la bonne des descriptions possibles.

  4   M. GROOME : [interprétation]

  5   Q.  Est-ce que c'est la photo que vous avez prise vous-même ?

  6   R.  Je ne sais pas vous le dire maintenant, parce que nous avons pris bon

  7   nombre de photos. Nous avons été plusieurs à les prendre.

  8   Q.  Est-ce que vous êtes en train de parler de la photo qui se trouve tout

  9   en bas de la page ?

 10   R.  C'est la photo de la fenêtre, et non pas celle de la porte.

 11   Q.  Oui, excusez-moi. Je me suis trompé.

 12   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Donc, écoutez. Il y a eu une

 13   complainte de la part des interprètes. Vous parlez en même temps. Il est

 14   impossible pour les interprètes de traduire.

 15   M. GROOME : [interprétation] Je m'excuse.

 16   Q.  Alors, la fenêtre que nous voyons ici n'a pas d'encadrement en bois où

 17   l'on aurait pu placer une vitre, n'est-ce pas ?

 18   R.  Exact.

 19   Q.  Ce que vous voyez ici, ce sont des briques en argile qui sont collées

 20   entre elles avec du mortier, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui, c'est à peu près ce qu'on pourrait dire. Je ne sais pas si c'est

 22   du mortier qu'on a utilisé ou pas, mais oui, c'est une fenêtre et son

 23   encadrement.

 24   Q.  Si nous acceptons les témoignages fournis par les survivants, ceux qui

 25   se trouvaient là pendant la nuit en question, une logique nous laisserait

 26   entendre -- ou laisserait tirer la conclusion que quelqu'un a mis ces

 27   briques ici avec une finalité déterminée ?

 28   R.  On pourrait dire que quelqu'un a séjourné dans cette pièce, oui.

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  1   Q.  Vous dites "quelqu'un," or, j'aimerais que nous approfondissions cela

  2   avec vous. Ces briques sont placées là suivant une manière qui, pendant les

  3   hivers froids - et à Visegrad les hivers étaient froids - le froid pouvait

  4   passer au travers de ces briques telles qu'elles ont été placées.

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Donc quelqu'un qui aurait placé ces briques dans la fenêtre parce qu'il

  7   voudrait y habiter, bien, ça nous laisse entendre, partant d'une logique

  8   tout à fait simple, que les briques auraient été placées jusqu'au haut de

  9   la fenêtre pour fermer toute l'ouverture, n'est-ce pas ?

 10   R.  Oui. Mais je ne sais pas exactement ce qu'il convient de vous répondre.

 11   Q.  Mais seriez-vous d'accord avec moi pour dire que quelqu'un qui aurait

 12   souhaité habiter à cet endroit, ce quelqu'un aurait placé des briques dans

 13   l'ouverture de la fenêtre de façon à ce que cela bloque le vent et le froid

 14   ?

 15   R.  Exact.

 16   Q.  Seriez-vous d'accord avec moi pour dire que les briques ainsi posées

 17   laissent plutôt l'impression qu'on ne veut pas empêcher le froid d'entrer

 18   mais qu'on veut empêcher les animaux d'entrer dans la pièce ?

 19   R.  Non.

 20   M. ALARID : [interprétation] Objection --

 21   M. GROOME : [interprétation] Il semblerait que l'interprétation en français

 22   arrive sur le canal anglais.

 23   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 25   M. GROOME : [interprétation] Passons maintenant à la page 10.

 26   Q.  Alors, les deux photographies que nous avons en page 10 sont des

 27   photographies du plafond. Donc toujours au rez-de-chaussée de cette même

 28   maison, n'est-ce pas ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  La photographie du haut nous montre le plafond juste à l'extérieur de

  3   la porte d'entrée, n'est-ce pas ?

  4   R.  C'est difficile de l'affirmer catégoriquement en se fondant uniquement

  5   sur cette photographie.

  6   Q.  Et à partir de la photo du bas, est-ce que vous êtes en mesure de dire

  7   si c'est à l'intérieur de la pièce ou à l'extérieur ?

  8   R.  La photo du bas, je peux dire que c'est à l'intérieur. Si vous regardez

  9   le coin inférieur gauche, vous voyez le cadre de la fenêtre. Donc cela me

 10   dit que c'est le plafond à l'intérieur.

 11   Q.  Donc quand vous avez procédé à l'étude postexplosion, avez-vous examiné

 12   également le plafond de la pièce ?

 13   R.  Et qu'aurais-je recherché ?

 14   Q.  Bien, en recherchant ce que vous recherchez lorsque vous participez à

 15   une évaluation postexplosion.

 16   R.  Non. Je ne l'ai pas fait.

 17   Q.  Mais à partir de votre description de ce qui se passe lorsqu'il y a une

 18   explosion, il semblerait que le plafond aurait pu même être un endroit

 19   encore meilleur pour procéder à une recherche d'impact, car là il n'y

 20   aurait pas eu de corps de personnes faisant obstruction, faisant obstacle ?

 21   R.  Oui, vous avez tout à fait raison en disant cela. Mais la quantité de

 22   détritus et l'effet de l'humidité touchant le plafond, les gouttes d'eau

 23   qui tombaient du plafond nous a empêchés de faire quelque étude que ce

 24   soit.

 25   Q.  Alors ai-je raison de dire que, d'après vos remarques, vos

 26   informations, vous avez davantage d'armatures métalliques visibles à

 27   l'intérieur qu'à l'extérieur de la pièce ?

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  Et les deux auraient pourtant été soumis au même effet d'usure, n'est-

  2   ce pas ? Donc on pourrait affirmer que le plafond de la zone à l'extérieur,

  3   juste à l'extérieur, avait été même davantage exposé à l'usure des

  4   éléments, n'est-ce pas ?

  5   M. ALARID : [interprétation] Monsieur le Président, objection. Cela oblige

  6   le témoin à spéculer et j'objecte également à la pertinence.

  7   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Répondez à la question, Monsieur le

  8   Témoin.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Pouvez-vous répéter la question, Monsieur

 10   Groome.

 11   M. GROOME : [interprétation]

 12   Q.  La zone à l'extérieur de la porte, pour ce qui est du plafond, montre

 13   moins d'armatures visibles à nu que l'intérieur, n'est-ce pas ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Alors, en revenant à ce que vous nous avez expliqué quant à la façon

 16   dont la surpression au moment de l'explosion fonctionne. Est-il possible

 17   qu'une explosion se produisant à l'intérieur de la pièce aurait donné lieu

 18   à une onde de choc jusqu'au plafond et que cela aurait pu jouer un rôle

 19   quant à la quantité de béton qui est ici manquante et qui aboutit à la mise

 20   à nu de ces armatures ou c'est impossible ?

 21   R.  C'est possible.

 22   Q.  Passons à la page 8. Il s'agit de photographies que vous avez examinées

 23   lors de l'interrogatoire principal. Je ne me le rappelle pas maintenant

 24   exactement quelle est la cote qu'elles ont reçue. Alors, ces traces

 25   d'impact, pouvez-vous nous dire à peu près leur profondeur.

 26   R.  Il s'agit de fractions d'un pouce.

 27   Q.  Pourriez-vous être plus précis ?

 28    R.  Les impacts, les fragments ont traversé le plâtre qui recouvrait le

Page 5493

  1   mur, ensuite ont rencontré une couche de matière plus dense qui se trouvait

  2   derrière. Donc elles n'ont pas pénétré aussi profondément dans le plâtre du

  3   mur qu'elles l'auraient fait. En tout cas, cela aurait pu être un seizième

  4   de pouce, et --

  5   Q.  La marque sur le béton qui se trouve en bas semble avoir des traces

  6   noires à l'intérieur. Est-ce que cela ça représente quelque chose pour vous

  7   ?

  8   R.  Non.

  9   Q.  Est-ce qu'à votre sens, cela est une matière étrangère ou simplement

 10   des détritus, de la saleté ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Cette photo particulière est celle dont vous avez dit que vous aviez

 13   été capable de calculer la trajectoire à partie d'elle; est-ce exact ?

 14   C'est la photographie du bas de la page 8.

 15   R.  Il y a plutôt la probabilité d'une trajectoire.

 16   Q.  Très bien. Alors, dans votre témoignage, vous avez évoqué deux traces

 17   d'impact à partir desquelles vous avez estimé la trajectoire des fragments

 18   à partir de l'engin explosif et que cet engin explosif se serait trouvé en

 19   bas et que les fragments auraient été vers le haut, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Il n'y avait donc que deux traces d'impact parmi les 30 à partir

 22   desquelles vous étiez à même de faire cette estimation, ou y en avait-il

 23   davantage ?

 24   R.  C'étaient ces deux marques-là à partir desquelles je suis parvenu à ma

 25   conclusion. J'ai aussi dit que ces marques auraient pu être faites par

 26   n'importe quel autre objet. C'est ma déposition et c'est dans mon rapport.

 27   Q.  Très bien. Je suis en train d'essayer d'en venir à la chose suivante :

 28   est-ce que quelque marque que ce soit que vous avez vue était cohérente

Page 5494

  1   avec la direction horizontale de la trajectoire qui est le résultat de

  2   cette explosion et a marqué les murs ?

  3   R.  En partie, oui.

  4   Q.  Et combien d'impacts montraient ces trajectoires ascendantes ?

  5   R.  Peut-être la moitié, je dirais.

  6   Q.  Et pour la moitié restante, est-ce qu'il y avait des indications d'une

  7   trajectoire descendante ?

  8   R.  Non, je n'ai pas observé cela.

  9   Q.  Le fait que vous avez vu une moitié d'impact de marque qui indiquait

 10   une trajectoire ascendante et une moitié qui n'en montrait pas, vous

 11   permet-il de conclure qu'il y avait une probabilité -- y a-t-il eu deux

 12   explosions se produisant dans cette pièce ?

 13   R.  C'est possible, mais les relations faites par les témoins ne parlent

 14   que d'une explosion. Et il est question d'une demi-heure à une heure de

 15   tirs et de cris. Donc les impacts dont nous parlons sont des impacts en

 16   ligne droite et parallèles au sol auraient pu être faits par des armes

 17   plutôt que par un engin explosif dans la pièce.

 18   Q.  Alors si nous envisageons des fragments qui voyagent à travers la pièce

 19   à une vitesse suffisante pour laisser des impacts sur les murs, nous

 20   devrions trouver des particules, des restes incrustés dans le mur, dans le

 21   béton, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui. On devrait pouvoir en trouver. Mais je n'ai trouvé rien d'autre

 23   que les fragments que j'ai montrés dans le prétoire.

 24   Q.  Et quel pourcentage vous attendriez-vous à trouver concernant les

 25   fragments qui seraient restés dans le mur ?

 26   R.  Je n'ai pas de réponse à cela. Je ne sais pas, car j'ignore de quelle

 27   matière était fait l'engin. Et comme je l'ai dit dans mon témoignage, les

 28   fragments que j'ai apportés n'étaient pas une partie intégrante de la

Page 5495

  1   structure, de la formation. Donc il semblerait que ce ne soit pas un

  2   fragment d'armature de béton armé. Il pourrait s'agir d'une matière

  3   étrangère, par conséquent.

  4   Q.  Mais il semblerait qu'il s'agit d'une matière ferreuse, comme vous

  5   l'avez dit et du même type de matière qui est utilisé dans les grenades à

  6   main.

  7   R.  Exact.

  8   Q.  Donc il est possible qu'il s'agisse d'un fragment d'une grenade à main,

  9   n'est-ce pas ?

 10   R.  C'est possible.

 11   Q.  Ma question est donc la suivante : est-il probable que les particules

 12   des fragments qui se seraient incrustées dans les traces d'impacts qu'elles

 13   auraient laissées suggèrent le fait qu'on aurait pu les retirer, du moins

 14   une partie des traces d'impact ?

 15   R.  Non. Il ne semble pas que quiconque soit venu et aurait essayé de

 16   creuser des traces d'impact afin d'en retirer quoi que ce soit pour autant

 17   que nous avions là des traces d'impact qui auraient dû présenter des traces

 18   de fragmentation potentielles. Je ne sais pas d'ailleurs pourquoi il n'y en

 19   avait pas et je dirais que ces marques avaient été faites par autre chose

 20   que par une explosion.

 21   Q.  Alors, est-il possible que certains de ces fragments se soient

 22   incrustés dans le mur et que si quelqu'un s'était rendu dans cette pièce et

 23   avait lavé ces murs à l'aide d'une lance à eau puissante, bien, cela aurait

 24   évacué certains des fragments que vous vous seriez attendu à retrouver ?

 25   R.  Oui, je suppose. 

 26   Q.  Passons maintenant, s'il vous plaît, à la pièce Y020-5579. Excusez-moi,

 27   je parcours mes notes mais je vois que cela a été couvert de façon

 28   suffisante dans l'interrogatoire principal. Donc nous ne l'avons pas besoin

Page 5496

  1   maintenant.

  2   Je voudrais maintenant revenir sur la conclusion de votre rapport. Vous

  3   dites, je cite :

  4   "Il y avait un type d'engin explosif qui a été utilisé dans cet incident."

  5   Donc vous dites avec un certain niveau de certitude scientifique

  6   conformément avec le niveau d'expertise qui est le vôtre, qu'un engin

  7   explosif a été mis à feu dans cette pièce, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Alors j'ai le colonel Travers, le colonel à la retraite à côté de moi,

 10   il aurait pu s'agit d'un de vos supérieurs en Afghanistan ou d'une

 11   [inaudible]. J'ai consulté le lieutenant-colonel Ray Lane, qui était chef

 12   des opérations dans un de ces secteurs chargés des engins explosifs

 13   improvisés dans le cadre de la lutte contre les engins explosifs au sien de

 14   la force présente en Afghanistan. Auriez-vous eu des contacts avec

 15   quelqu'un de ce type, donc un chef des opérations de l'Unité chargée de la

 16   lutte contre les engins explosifs improvisés ?

 17   R.  Non.

 18   Q.  Une des choses que vous avez mentionné, je voudrais examiner plus en

 19   détail, est l'effet de dispersion de l'essence dans l'air. Est-ce que vous

 20   êtes familier de cela ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s'agit ?

 23   R.  Je ne suis pas sûr de savoir de quoi vous parlez. C'est l'effet de

 24   dispersion de l'essence dans l'air et la mise à feu auxquels vous vous

 25   référez ?

 26   Q.  Je ne suis pas sûr de voir de quoi vous me référez. Est-ce qu'il s'agit

 27   de l'effet auquel nous assistons lorsque des vapeurs inflammables sont

 28   présentes dans l'air et que l'air peut être mis à feu ainsi, peut-être

Page 5497

  1   enflammé, et causant ainsi une explosion ? Est-ce que cela serait similaire

  2   au fait de tenir une allumette allumée au-dessus d'un jerrycan à essence

  3   ouvert ?

  4   R.  C'est exact.

  5   Q.  Donc de quoi s'agit-il, quel est cet effet de dispersion de l'essence

  6   dans l'air, c'est bien ça qu'il s'agit ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Donc ce n'est pas le cas de ce jerrycan d'essence qui donc exploserait

  9   ?

 10   R.  Non, ce sont les vapeurs qui explosent.

 11   Q.  Donc les vapeurs peuvent s'accumuler et c'est pour ça que dans toutes

 12   les stations d'essence il y a un avertissement qui interdit de se promener

 13   avec un briquet allumé, par exemple ?

 14   R.  Exact.

 15   Q.  Donc dans le cadre d'un espace confiné, est-ce que cet effet de

 16   dispersion de l'essence ne serait pas encore plus prononcé ? Par exemple,

 17   dans le cas d'une maison avec une fuite de gaz, les vapeurs de gaz

 18   s'accumulant dans la maison ne pourraient s'échapper et à la fin, elles

 19   pourraient être allumées avec, comme conséquence, la destruction

 20   catastrophique de la maison, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui, cela est tout à fait possible.

 22   Q.  Dans le cadre de matière chimique volatile et d'une chaleur élevée,

 23   d'un niveau d'humidité élevé qui accélérerait le passage de composés

 24   volatiles, est-ce que nous aurions un effet encore plus accentué ?

 25   R.  Est-ce que vous êtes en train de demander quelque chose au sujet de

 26   l'accélération de ce processus de vaporisation ?

 27   Q.  Oui.

 28   R.  Dans ce cas-là, oui.

Page 5498

  1   Q.  Donc si nous avions un jerrycan d'essence en hiver et un jerrycan

  2   d'essence en été, est-ce que vous vous attendriez à davantage de vapeur

  3   générée en été ?

  4   R.  Absolument.

  5   Q.  Donc dans vos remarques précédentes, vous avez mentionné plusieurs fois

  6   l'importance des témoignages des victimes. Je crois que vous avez dit,

  7   parmi les premières choses que vous avez affirmées que lorsque l'on évalue

  8   ce qui se passe sur un de ces sites, on observe ce que les témoins ont

  9   affirmé. Alors est-ce qu'il y a des preuves émanant de témoins comme quoi

 10   des substances chimiques volatiles auraient pu détremper le tapis dans

 11   cette pièce au moment où ils y sont entrés ? Est-ce que le fait que, dans

 12   une nuit d'été, avec à peu près 70 personnes qui se seraient trouvées sur

 13   place avec la chaleur de leur corps, la chaleur corporelle, et le fait que

 14   les fenêtres auraient été fermées, la porte fermée également, est-ce que

 15   tout cela aurait contribué au fait que cet effet de dispersion de l'essence

 16   dans l'air aurait conduit à une explosion dans la pièce ?

 17   R.  C'est possible.

 18   Q.  Quant à la fermeture de cette porte de la pièce, est-ce que ça aurait

 19   pu contribuer à la concentration de vapeurs inflammables dans la pièce ?

 20   R.  Bien, s'il n'y avait pas de ventilation, oui.

 21   Q.  Alors si on accepte l'hypothèse de ce scénario, est-ce qu'il aurait pu

 22   se passer que quelqu'un ouvre la porte avec une flamme, une source flamme

 23   dans sa main, peut-être une allumette, peut-être un cocktail Molotov ? Est-

 24   ce que si cette personne s'était trouvée dans le chambranle de la porte,

 25   est-ce que cela aurait pu aboutir à une mise à feu à partir de ce qui

 26   tenait dans sa main ?

 27   R.  Cela aurait pu même aboutir à une explosion à la face de cette

 28   personne.

Page 5499

  1   Q.  A partir des vapeurs présentes dans la pièce ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Aurait-il été probable que la source de mise à feu [inaudible] aurait

  4   été cette flamme portée par la personne ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Cette personne elle-même aurait pu être blessée au moins à la main,

  7   n'est-ce pas ?

  8   R.  La taille de la pièce fait que la personne aurait pu s'estimer heureuse

  9   de s'en sortir juste avec des blessures à la main.

 10   Q.  N'y aurait-il pas eu dans ce cas-là une réponse particulièrement

 11   violente à cause de cet effet de dispersion ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Et cela n'aurait-il pas été encore plus puissant dans le cadre d'une

 14   grenade à main ?

 15   R.  Dans cette pièce-là, cela aurait été encore plus puissant avec une

 16   grenade à main.

 17   Q.  Cette explosion, n'aurait-elle pas été essentiellement celle d'un nuage

 18   de flammes qui se seraient engouffrées dans la pièce et auraient touché

 19   toutes les personnes présentes ?

 20   R.  Bien, dans l'instant, ça serait produit.

 21   Q.  Une telle explosion aurait-elle également causé un effet de

 22   surpression, d'explosion, n'est-ce pas ?

 23   R.  Oui. Pas au point où cela se produit avec un explosif chimique, mais

 24   oui, cela aurait causé une onde de choc similaire à cette explosion.

 25   Q.  Entendu. Alors si nous passons à la page 25 du livre que vous avez

 26   devant vous. Nous avons ici des photos du rez-de-chaussée de la maison qui

 27   ont été prises par vous ou par vos collègues le 29 janvier. Pouvez-vous

 28   nous dire exactement où ces photos ont été prises ?

Page 5500

  1   R.  Il y a un petit espace qui se trouve à droite de la porte lorsque vous

  2   regardez l'entrée de la pièce. C'est à l'extérieur de la pièce.

  3   Q.  Entendu. Pouvons-nous couper l'écran en deux et montrer côte à cote la

  4   photographie Y020-3344.

  5   Pendant que ça s'affiche, pourriez-vous convenir avec moi du fait que nous

  6   avons ici une preuve patente de dommages causés par l'incendie aux éléments

  7   en bois. Donc il y a ici du bois endommagé par le feu ?

  8   R.  Oui.

  9   M. GROOME : [interprétation] Donc la référence, je me répète est le Y020-

 10   3344.

 11   Q.  Alors si nous regardons maintenant l'entrée. Je vais vous demander

 12   d'entourer la zone où se trouve ce bois. Pourriez-vous le faire sur cette

 13   photographie ?

 14   R.  Oui, je pourrai le faire.

 15   Q.  Alors pourriez-vous prendre le stylo vert.

 16   R.  J'aurais besoin d'aide.

 17   Q.  Alors je pourrais vous demander de placer d'abord vos initiales à un

 18   autre endroit que là où se trouvait la maison sur la photographie. Ensuite,

 19   lorsque vous pourrez le faire, d'entourer aussi précisément que vous

 20   pourrez, la zone où se trouvaient ces éléments en bois ?

 21   R.  [Le témoin s'exécute] C'est dans cette zone, ici.

 22   Q.  Pourriez-vous juste indiquer, pour que ce soit plus simple pour nous à

 23   l'avenir, les mentions "burnt" "brûlés," afin que nous sachions à quoi

 24   cette flèche correspond, donc matériaux brûlés.

 25   R.  [Le témoin s'exécute]

 26   Q.  On va encore rester sur cette photo. Donc maintenant, nous allons donc

 27   revenir vers la couleur bleue en ce qui concerne les réponses que vous avez

 28   données, des annotations que vous avez faites suite aux questions que je

Page 5501

  1   vous ai posées.

  2   M. GROOME : [interprétation] Maintenant, puis-je demander que ceci soit

  3   versé au dossier.

  4   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

  5   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agira de la pièce P268.

  6   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Groome, vous avez besoin de

  7   combien de temps encore ?

  8   M. GROOME : [interprétation] J'ai encore une dizaine de questions.

  9   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien, j'aimerais bien vraiment

 10   pouvoir terminer ce témoin aujourd'hui.

 11   M. GROOME : [interprétation] J'ai encore quelques photos, c'est tout.

 12   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Alarid, est-ce que vous

 13   avez des questions supplémentaires ?

 14   M. ALARID : [interprétation] Bien, je vais avoir besoin des deux photos

 15   pour tirer quelques points au clair, ensuite, pour cela, j'aurais besoin de

 16   deux photos.

 17   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Très bien. Vous pouvez poursuivre,

 18   Monsieur Groome. Très bien.

 19   M. GROOME : [interprétation] Donc je viens de verser cette photo de la

 20   maison qui a été annotée par M. O'Donnell et maintenant, je vais demander

 21   que l'on enlève cette photo. Pourrions-nous agrandir le côté gauche de la

 22   photo en haut.

 23   Revenons donc sur la photo qui est sur l'écran. Je vais demander que

 24   l'on agrandisse ce qui est en haut à gauche de la photo supérieure sur le

 25   document.

 26   Q.  Donc veuillez examiner de près cela, ce matériel brûlé. Il est évident

 27   que là il s'agit d'un matériel qui est vraiment carbonisé.

 28   R.  Oui.

Page 5502

  1   Q.  Et est-ce que vous avez aussi vu que ce morceau de bois qui sort a été

  2   aussi brûlé, endommagé par le feu ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Pouvez-vous l'encercler aussi ?

  5   R.  [Le témoin s'exécute]

  6   Q.  Bien, quand vous avez regardé cela, parce que vous l'avez vu de près.

  7   Moi, en regardant cela, j'ai l'impression que là, c'est un morceau de bois

  8   assez mince qui a été placé sur les fondations en béton de façon

  9   horizontale pour pouvoir fixer à cela autre chose, est-ce exact ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Et c'est le matériel qu'on a attaché sur cette pièce qui a brûlé

 12   finalement, et pas cette première pièce qui a été fixée à cela.

 13   R.  Oui, parce qu'on a l'impression que les bords ont brûlé, mais c'est

 14   plutôt la pièce qui a été attachée à cela qui a probablement été

 15   endommagée.

 16   Q.  Est-ce que - donc moi, je parle de ce morceau de bois assez fin - est-

 17   ce que vous connaissez cela ?

 18   R.  Non.

 19   Q.  Donc là, c'est finalement une latte en bois  on pourrait dire que c'est

 20   une latte en bois ou quelque chose que l'on fixe,  attache à ça.

 21   M. GROOME : [interprétation] Est-ce que je peux verser au dossier cela.

 22   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

 23   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la pièce P269.

 24   M. GROOME : [interprétation] Et je voudrais demander à présenter une pièce

 25   de la Défense, mais avant de faire cela, je vais demander que le témoin

 26   annote cette pièce en vert. Mais bon, peut-être qu'il faudrait mieux tout

 27   simplement lui montrer une photo vierge. Donc c'est pour cela que je vais

 28   demander à montrer au témoin la pièce Y020-3398. Donc est-ce que vous

Page 5503

  1   pouvez verser cela ?

  2   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

  3   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Oui, cela a été fait.

  4   M. GROOME : [interprétation] Parce que moi, j'ai vu que c'était  effacé,

  5   donc c'est bon, c'est sauvegardé. Très bien.

  6   Alors j'en termine avec cette pièce et à présent je vous demande de nous

  7   montrer la pièce Y020-3398.

  8   Q.  Donc là il s'agit d'une photo sur laquelle vous avez déjà travaillé

  9   avec M. Alarid. Ce qui m'intéresse ici, c'est est-ce que vous voyez donc ce

 10   morceau de bois qui est sous la fenêtre ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Donc ce n'est pas le même genre de bois que ce qu'on a regardé tout à

 13   l'heure.

 14   R.  Bien, c'est un morceau de bois. C'est tout simplement un morceau de

 15   bois.

 16   Q.  Mais est-ce que vous avez l'impression que ceci a les mêmes proportions

 17   que le morceau de bois qu'on a regardé tout à l'heure ? Parce que l'autre

 18   était vraiment fin et il était fixé sur le béton directement.

 19   R.  J'avais l'impression que là c'était vraiment quelque chose qui faisait

 20   partie des fondations de la maison. Ce n'était pas quelque chose qui était

 21   tout simplement fixé à la surface, mais on avait vraiment l'impression que

 22   cela faisait partie du mur. C'était la poutre, peut-être.

 23   Q.  Bien, je vais vous demander donc d'encercler cette partie du bois que

 24   l'on est en train de regarder et, comme ça, cela va être clair et je vais

 25   demander que ce soit versé au dossier.

 26   R.  [Le témoin s'exécute]

 27   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

 28   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Il s'agit de la pièce 270.

Page 5504

  1   M. GROOME : [interprétation] Et la dernière photo que je vais demander à

  2   regarder, c'est Y020-3564.

  3   Q.  Alors nous voyons ici une pièce de bois semblable qui n'est pas fixée

  4   au mur mais qui repose contre le mur, n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui. Dans le coin inférieur gauche.

  6   Q.  Pouvez-vous entourer cela, s'il vous plaît.

  7   R.  [Le témoin s'exécute]

  8   Q.  Est-ce que cela représente l'état que vous avez trouvé ou cela a été

  9   enlevé du mur ?

 10   R.  C'est ainsi que je l'ai trouvé.

 11   M. GROOME : [interprétation] Je voudrais demander le versement et je

 12   voudrais que l'on affiche de nouveau la pièce P269.

 13   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Entendu.

 14   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La pièce reçoit la cote P271, Messieurs

 15   les Juges.

 16   M. GROOME : [interprétation] Je demande le versement et je demande que l'on

 17   affiche de nouveau la pièce P269.

 18   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Entendu.

 19   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] La pièce reçoit la cote P271.

 20   M. GROOME : [interprétation]

 21   Q.  Encore une question, Monsieur le Témoin, en attendant que le document

 22   s'affiche à l'écran.

 23   Monsieur le Témoin, lorsque nous regardons cette pièce numéro P269 et

 24   compte tenu du fait que nous voyons cette étroite bande de bois, qui est

 25   plutôt intacte, elle se trouve derrière cette couche de matière en bois qui

 26   est complètement carbonisée, d'une part, et que d'autre part, nous trouvons

 27   un morceau de bois semblable dans la pièce où ces personnes sont mortes.

 28   Vous ne disposez d'aucun moyen de déterminer si l'ensemble de la surface

Page 5505

  1   intérieure en bois qui se trouvait initialement sur le mur a été carbonisé

  2   ?

  3   R.  Non, je n'ai aucun moyen.

  4   Q.  Je vous remercie.

  5   M. GROOME : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions.

  6   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Alarid.

  7   M. ALARID : [interprétation] Je vous remercie.

  8   Concernant cette pièce qui est affichée sur l'écran, est-ce que c'est ici

  9   le livre que nous avions. Est-ce que nous pouvons avancer page par page

 10   afin de ne pas avoir chaque fois un numéro différent ?

 11   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le livre en question reçoit la cote

 12   P265, Messieurs les Juges.

 13   M. ALARID : [interprétation] Est-ce qu'il s'agit bien le livre dont

 14   l'Accusation a tiré ses photos et auquel il a été fait

 15   référence ?

 16   M. GROOME : [interprétation] Messieurs les Juges, juste pour que ce soit

 17   clair au compte rendu d'audience, il ne s'agit pas des photos de

 18   l'Accusation mais de celles de la Défense qui ont été présentées d'une

 19   façon particulière par l'Accusation.

 20   M. ALARID : [interprétation] Exactement.

 21   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Alors continuons et n'oublions pas

 22   que nous essayons d'avoir fini à 7 heures 10.

 23   M. ALARID : [interprétation] Tout à fait. C'est ce que nous allons essayer

 24   de faire et je voudrais que nous revenions à la page 5 tel que cela est

 25   référencié dans ce livre de photographies.

 26   Nouvel interrogatoire par M. Alarid :

 27   Q.  [interprétation] Je voudrais qu'on regarde rapidement la page 5. Ceci

 28   est la page 4. Excusez-moi. La page suivante, s'il vous plaît.

Page 5506

  1   Q.  Lorsqu'on se penche sur ces photos, Monsieur O'Donnell, le Procureur a

  2   parlé de l'enlèvement de briques en demi-cercle juste à côté de la porte.

  3   Et j'ai l'impression qu'il n'a pas posé la question concrète, mais j'ai

  4   l'impression que sa thèse ou la thèse qu'il défend, c'est que l'explosion

  5   dans la pièce était si forte que cela a détruit une partie du mur.

  6   M. ALARID : [interprétation] Alors, j'aimerais qu'à cet effet, on montre au

  7   témoin la page d'après.

  8   Q.  Alors à regarder cette photo où l'on voit que des briques sont enlevées

  9   ou sont manquantes le long de la fondation, alors est-ce que vous vous êtes

 10   penché sur des explosifs suffisamment forts, capables de carrément souffler

 11   des murs et de fissurer les

 12   fondations ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Ce qui est problématique, c'est quand vous mettez des explosifs si

 15   forts, est-ce que cela s'amplifie dans cette pièce ou est-ce que la charge

 16   explosive diminue ?

 17   R.  Lorsque vous mettez un explosif à l'intérieur d'un espace confiné et --

 18   enfin, est-ce que vous pouvez être un peu plus clair dans votre question

 19   pour que je puisse vous répondre de façon appropriée ?

 20   Q.  Bien. Alors, une grenade à main, deux, trois grenades à main, serait-ce

 21   suffisamment fort pour occasionner ce type de dégâts au niveau des

 22   fondations et pour souffler une partie du mur ?

 23   R.  Non. Le Procureur a parlé des explosifs 155, Un 155 et là, ça aurait

 24   été possible. 

 25   Q.  Mais partant de la même analogie, que serait-il arrivé à toutes ces

 26   personnes qui se seraient trouvées dans la pièce ?

 27   R.  Avec l'explosif 155 et les trois grenades ?

 28   Q.  Le 155.

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  1   R.  Il serait difficile de trouver quelque reste que ce soit de ces gens.

  2   Q.  Mais qu'en est-il des cris et des tirs qu'on a entendus pendant les 30

  3   minutes qui ont suivi ?

  4   R.  Non. Négatif.

  5   Q.  Y aurait-il eu des survivants ?

  6   R.  Non.

  7   Q.  Alors cet engin explosif qui aurait été suffisamment fort pour arracher

  8   un bout du mur de l'étage du haut et endommager les fondations, est-ce que

  9   cela aurait laissé des survivants ?

 10   R.  Non.

 11   Q.  Y aurait-il eu des restes de portes ou de fenêtres ?

 12   R.  Non. Il n'y en aurait pas eu.

 13   Q.  J'aimerais maintenant que nous passions à la page 13. Alors on vous a

 14   montré ces images il y a un instant. C'est le numéro 12 dans le cahier mais

 15   en fait c'est le numéro 13 dans l'affichage électronique.

 16   Est-ce que vous vous souvenez d'avoir vu ces photos ?

 17   R.  Oui. En effet.

 18   Q.  Je pense que le débat a été conduit au sujet de la porte et de

 19   l'encadrement de porte. Et on a dit que la porte aurait dû être soufflée

 20   vers l'extérieur. Mais si la porte était fermée avant l'explosion, serait-

 21   il exact de supposer que la porte et l'encadrement auraient été soufflés

 22   vers l'extérieur ?

 23   R.  Non.

 24   Q.  Pourquoi, non ?

 25   R.  Le maillon le plus faible, pour ce qui est des trois ouvertures dans

 26   cette pièce, à savoir fenêtres et porte, bien, la pression de l'explosion

 27   elle, passerait en premier lieu par les fenêtres parce que c'est l'obstacle

 28   le plus faible au souffle de l'explosion.

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  1   Q.  Alors si on se penche sur les traces existant au plafond, se peut-il

  2   que l'impact de l'explosion ait affaibli la structure de la construction de

  3   la maison et avec les facteurs extérieurs, aurait-on pu constater des

  4   dégâts dus aux conditions atmosphériques ?

  5   M. GROOME : [interprétation] J'aimerais qu'on ne guide pas le témoin.

  6   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Vous êtes en train de guider le

  7   témoin, Maître Alarid.

  8   M. ALARID : [interprétation] Bon. Je m'excuse.

  9   Q.  Mais quand vous voyez ces traces de béton armé et ces traces d'humidité

 10   sur le plafond, ma question est la suivante : est-il possible de dire que

 11   l'explosion qui a eu lieu a fragilisé la construction ?

 12   R.  C'est possible.

 13   Q.  Lorsqu'on se penche sur ces deux photos - et là j'aimerais qu'on zoome

 14   un peu - alors si on parle d'une hypothèse qui serait celle de voir la

 15   porte soufflée vers l'extérieur, aurait-on pu voir des traces de bois et de

 16   béton devant?

 17   R.  Non.

 18   Q.  Pourquoi, non ?

 19   R.  Parce que le bois aurait éjecté le plâtre et le matériel de

 20   construction.

 21   Q.  Est-ce que vous pouvez nous dire ce que sont ces traces noircies ?

 22   M. GROOME : [interprétation] Est-ce que je peux savoir maintenant de quoi

 23   on parle. Les deux intervenants parlent en même temps.

 24   M. ALARID : [interprétation] Je suis en train de parler de la véranda qui

 25   se trouve devant.

 26   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Vous pouvez répondre.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Alors, M. Jenkins et moi avons vu ces traces

 28   noircies et nous avons constaté qu'il s'agissait de traces dues à

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  1   l'humidité.

  2   M. ALARID : [interprétation]

  3   Q.  Il y a des témoignages disant qu'un vieillard qui aurait survécu au feu

  4   a été éjecté par la force de l'explosion par l'ouverture de la porte. Alors

  5   se peut-il que quelqu'un soit éjecté, notamment un vieil homme, du fait de

  6   l'explosion ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Et de l'explosion d'une grenade à main ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Bien.

 11   M. ALARID : [interprétation] Je n'ai plus de questions, Monsieur le

 12   Président.

 13   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci.

 14   Monsieur O'Donnell, je vous remercie une fois de plus. Ceci met un terme à

 15   votre témoignage et maintenant vous pouvez vous retirer.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 17   [Le témoin se retire]

 18   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] J'ai déjà dit dans le courant

 19   de la journée d'aujourd'hui que la Chambre aurait une audition demain matin

 20   au sujet d'un sujet particulier. J'ai dit qu'il y aurait eu une discussion.

 21   Mais la Chambre, entre-temps, a pris position sur le sujet, et plutôt que

 22   d'avoir cela, il sera rendu une décision, mais peut-être aurons-nous besoin

 23   de poser une ou deux questions aux fins d'obtenir des éclaircissements.

 24   Donc je tiens à dire de façon tout à fait claire que la Chambre va rendre,

 25   demain matin, une décision.

 26   Monsieur Groome.

 27   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce que vous

 28   voudriez que l'un quelconque des autres membres de l'Accusation soit

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  1   présent lorsque vous rendrez votre décision ?

  2   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Non. Il suffira que vous soyez

  3   présent, vous avez suffisamment de compétences.

  4   Alors, nous allons lever l'audience. Mais tirons au clair la question des

  5   témoins pour demain.

  6  (expurgé)

  7  (expurgé)

  8  (expurgé)

  9  (expurgé)

 10  (expurgé)

 11   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bon.

 12   M. ALARID : [interprétation] D'après le département chargé des victimes et

 13   des témoins, il se peut que, compte tenu de sa condition, nous ne soyons

 14   pas à même de nous entretenir avec elle avant lundi. Alors s'il nous est

 15   possible de nous entretenir avec elle dimanche, nous aurons un témoin pour

 16   lundi, mais si nous ne pouvons nous entretenir avec le témoin que lundi,

 17   donc elle ne pourra comparaître que le mardi.

 18   M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien. Nous allons lever l'audience

 19   d'ici à demain matin.

 20   --- L'audience est levée à 19 heures 14 et reprendra le vendredi 13 mars

 21   2009, à 8 heures 50.

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