Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 9353

  1   Le mardi 30 janvier 2007

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.

  5   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Nous allons passer à huis clos de

  6   façon à ce que le témoin puisse entrer dans le prétoire.

  7   [Audience à huis clos]

 8  (expurgé)

 9  (expurgé)

10  (expurgé)

11  (expurgé)

12  (expurgé)

13  (expurgé)

14  (expurgé)

 15   [Audience publique]

 16   M. ZECEVIC : [interprétation] Il y aura d'abord le général Pavkovic, le

 17   général Lazarevic, M. Sainovic, M. Milutinovic, le général Ojdanic et le

 18   général Lukic.

 19   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.

 20   Bonjour, Monsieur le Témoin K90.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 22   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Le contre-interrogatoire des

 23   différents représentants des accusés va commencer. Chacun des conseils va

 24   vous interroger à son tour. Je vous rappelle que vous vous êtes engagé à

 25   dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Cette déclaration

 26   solennelle s'applique toujours aujourd'hui.

 27   Le premier conseil à vous interroger sera Me Ackerman.

 28   Bonjour, Maître Ackerman.


Page 9354

  1   M. ACKERMAN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Avec l'aide de

  2   l'huissier, je souhaiterais présenter plusieurs documents au témoin ce

  3   matin.

  4   LE TÉMOIN: TÉMOIN K90 [Reprise]

  5   [Le témoin répond par l'interprète]

  6   Contre-interrogatoire par M. Ackerman :

  7   Q.  [interprétation] Monsieur le Témoin, nous allons examiner tout à

  8   l'heure ces documents. Pour le moment, nous n'allons pas les examiner, mais

  9   nous le ferons bientôt. Quand avez-vous eu la possibilité pour la première

 10   fois de revoir votre déclaration en langue serbe ?

 11   R.  Monsieur le Président, il y a eu un problème par rapport à la

 12   déclaration. L'interprète qui était là avec l'enquêteur à Belgrade n'est

 13   pas la personne qui a signé cette déclaration. Cette déclaration ne s'est

 14   pas faite sur deux jours mais en une seule journée.

 15   Je ne peux pas être vraiment précis, mais lorsque j'ai rencontré

 16   l'enquêteur près de l'hôtel M - c'est là qu'il y a eu un accident de la

 17   circulation devant l'hôtel, c'était peut-être le même jour - ensuite, il y

 18   avait ce parc à Belgrade.

 19   Je ne sais pas si c'est à ce moment-là qu'ils m'ont relu la

 20   déclaration, mais la première femme qui a interprété mes propos - en fait,

 21   je crois que cette déclaration est plus fiable que celle que j'ai ici. Le

 22   Procureur ne m'a pas tout de suite donné la déclaration, il me l'a donnée

 23   dans ma chambre. Je l'ai préparée en compagnie du Procureur et j'ai soulevé

 24   certaines objections, non pas par rapport à la teneur de la déclaration,

 25   mais j'ai fait des observations.

 26   Q.  Cette déclaration vous a été remise dans votre chambre ? Vous voulez

 27   parler du témoignage dans cette affaire ?

 28   R.  Oui, jeudi.


Page 9355

  1   Q.  L'un des documents que je viens de vous remettre s'appelle feuille de

  2   renseignements supplémentaires. Il y a deux feuilles de papier qui

  3   composent ce document.

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Est-ce que vous l'avez déjà vu auparavant ?

  6   R.  Donnez-moi quelques instants pour que j'en prenne connaissance. Non.

  7   Q.  Il s'agit du rapport préparé par M. Hannis concernant les échanges que

  8   vous avez eus avec lui vendredi dernier. Il est question de certaines

  9   modifications dans votre déclaration. D'après ce que j'ai compris de votre

 10   déposition hier à propos de ce que vous avez dit à M. Hannis, ce document

 11   n'est pas exact, il ne comporte pas toutes les informations que vous avez

 12   fournies à M. Hannis vendredi dernier; c'est bien cela ?

 13   R.  M. Hannis et moi-même avons examiné ensemble cette déclaration vendredi

 14   dernier. Nous nous sommes mis d'accord sur la plupart des choses, mais nous

 15   avons précisé d'autres éléments. Des mesures de protection devaient être

 16   ordonnées à mon encontre, donc il n'y avait pas de contestation par rapport

 17   à la teneur de la déclaration, il y avait certaines précisions seulement à

 18   apporter.

 19   Lorsque le Président de la Chambre m'a demandé de revoir ma

 20   déclaration hier, je l'ai revue plusieurs fois, en outre j'ai examiné les

 21   autres documents qui m'ont été présentés par la suite. Je n'ai pas

 22   d'objections à soulever à l'exception de certains éléments. Il n'y a pas de

 23   grandes divergences, mais c'est bien de cela que nous avons parlé vendredi

 24   dernier.

 25   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Excusez-moi, Maître Ackerman, j'aurais

 26   dû évoquer cela au début.

 27   Est-ce qu'il y a d'autres modifications que vous souhaitez apporter à

 28   cette déclaration ?


Page 9356

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je peux vous remettre cette

  2   déclaration, Monsieur le Président, celle que j'ai corrigée. Il y a très

  3   peu de corrections ici, ce sont des corrections mineures.

  4   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Si ces corrections sont en langue

  5   serbe, je ne pourrai pas en prendre connaissance.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non. Je voulais que vous voyiez le nombre

  7   de corrections, ensuite c'est vous qui déciderez de ce qu'il convient de

  8   faire.

  9   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Non, nous devons voir ce qui est

 10   nécessaire. Dans quels paragraphes de votre déclaration souhaiteriez-vous

 11   apporter des corrections ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais lire ces paragraphes les uns après les

 13   autres, je veux dire ce que j'ai corrigé, et vous déciderez. Paragraphe 28,

 14   pour commencer. Il s'agit d'une correction apportée par le Procureur. Il

 15   s'agit de la 549e Brigade motorisée dans ce paragraphe. Ensuite, au

 16   paragraphe 36, deuxième phrase : "Pour ce type d'occasion, nous avions

 17   toujours des sprays." J'ai parlé de cette occasion uniquement, il n'y a pas

 18   eu d'autres occasions de ce genre.

 19   Ensuite, au paragraphe 39.

 20   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, il n'y a rien à changer ici. En fait non,

 22   non, il y est question d'un homme, mais il n'y a pas de modification à

 23   apporter.

 24   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Nous en avons parlé hier.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Au paragraphe 41. Le Procureur a ajouté

 26   quelque chose dans la première phrase : "Ce n'était pas la mission

 27   principale de mon unité."

 28   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui.


Page 9357

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Il y a une autre phrase qui est très

  2   importante à mes yeux. Elle change le contexte. Mon commandant n'a jamais

  3   donné l'ordre d'expulser les villageois vers l'Albanie. C'est une phrase

  4   qui a été ajoutée par la suite par le Procureur, donc c'est l'une des

  5   modifications à apporter.

  6   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous avez expliqué cela en détail

  7   hier.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est vrai.

  9   Paragraphe 43. "En compagnie de mon unité, j'ai participé aux expulsions."

 10   C'est ce qui a été dit ici, mais j'ai parlé de "réinstallation," et non pas

 11   "d'expulsion." Ce n'est pas la même chose. Ici, il est question de

 12   "quelques villages." En fait, c'est ce qu'a ajouté le Procureur. Il faut

 13   remplacer le terme "expulsés" par "réinstallés."

 14   Tous les habitants de ce village "ont été contraints, et cetera." Je vous

 15   ai expliqué hier que je n'avais pas d'ordre précis. Si quelqu'un me disait

 16   qu'il ne voulait pas partir, j'en informais mon commandant et c'est lui qui

 17   décidait, mais je ne savais pas ce que j'étais censé faire.

 18   En fait, cela ne s'est jamais produit et nous n'avons pas vraiment eu

 19   d'instructions précises sur ce que nous étions censés faire au cas où

 20   quelqu'un refuserait de partir.

 21   Au paragraphe 44, il est question "d'expulsion." Je voudrais que l'on

 22   remplace le terme par "réinstallation" là encore.

 23   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Au paragraphe 45. Vous m'avez posé une

 25   question au sujet de ce vol, Monsieur le Président. Personne n'osait

 26   prendre quoi que ce soit dans les maisons. Il y a eu des cas isolés,

 27   certes, peu importe qu'il se soit agi de deux ou trois personnes.

 28   Ce qui est important, c'est qu'ils fouillaient dans les affaires des gens,


Page 9358

  1   ils fouillaient les maisons. Tous les soldats ne faisaient pas cela; il

  2   s'agissait de cas isolés. C'est ce que j'ai écrit ici. Est-ce que je vous

  3   ai expliqué clairement les choses, est-ce que vous m'avez bien compris ?

  4   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui, oui.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Au paragraphe 46. Comme je vous l'ai déjà dit,

  6   je me répète, il s'agit d'informations que j'ai obtenues d'autres

  7   personnes.

  8   Je dois reconnaître que samedi dernier j'ai parlé à un homme de cet

  9   incident qui s'est produit à Korisa. Il m'a confirmé que ma déclaration est

 10   presque exacte, sauf que ces hommes étaient sur la colline, ensuite ils se

 11   sont dirigés vers le village et vers l'Albanie; ensuite, ils les ont

 12   laissés là dans un entrepôt, c'est là qu'ils ont été touchés.

 13   En fait, il s'agit de connaissances indirectes. Je n'ai pas été

 14   témoin direct de cela. C'est d'autres personnes qui me l'ont raconté. Voilà

 15   ce que j'ai ajouté. Voilà ce que j'ai changé dans ma déclaration.

 16   Est-ce que vous avez bien compris ce que j'ai essayé de vous

 17   expliquer ?

 18   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je vais essayer de comprendre ce que

 19   vous nous dites.

 20   Oui, je comprends maintenant. Poursuivez.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Paragraphe 47. Dans la dernière phrase de ce

 22   paragraphe il est dit que : "Tout le monde portait des couvre-chefs bien

 23   connus des hommes de Frenki." J'ai parlé de cela à cet homme samedi

 24   dernier. Il s'agit là encore d'une imprécision qui est due à

 25   l'interprétation faite.

 26   Ce sont les membres des SAJ qui portaient ce type de couvre-chefs ou

 27   les membres des unités chargées des opérations spéciales, certains membres

 28   des PJP, des policiers. En fait, il ne s'agissait pas des unités spéciales,


Page 9359

  1   mais peut-être que cet homme n'était pas membre des JSO. Donc, essayons de

  2   faire en sorte que les choses soient bien claires.

  3   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je ne comprends pas. Vous nous avez

  4   dit hier que ces couvre-chefs bien connus portés par les hommes de Frenki

  5   étaient des bérets rouges.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. C'est vrai. Ces calots étaient portés par

  7   les membres des SAJ et des unités chargées des opérations spéciales, mais

  8   j'ai vu cet homme qui portait ce calot. J'ai alors pensé qu'il était membre

  9   d'une unité chargée des opérations spéciales. Mais je me suis peut-être

 10   trompé. Enfin, je n'ai pas vu tous les hommes de l'unité. Je ne sais pas.

 11   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maintenant, je ne comprends plus rien.

 12   Dans votre déclaration, vous dites que : "400 policiers supplémentaires

 13   sont arrivés. Parmi eux se trouvaient des membres des unités des PJP et des

 14   hommes de Frenki." Hier, vous avez parlé d'une unité chargée des opérations

 15   spéciales. Est-ce qu'il s'agit de la même unité, est-ce qu'il s'agit de

 16   l'unité de Frenki ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non.

 18   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Donc, il y avait une autre unité.

 19   C'est bien cela ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Cet homme que j'ai vu, qui était cagoulé et

 21   qui avait ce calot sur la tête, quand je l'ai vu j'ai pensé que les autres

 22   étaient là aussi. Vous savez pourquoi j'ai dit cela ? Parce qu'il cherchait

 23   un homme de mon groupe. C'était un réserviste de cette unité chargée des

 24   opérations spéciales.

 25   J'ai pensé qu'ils étaient là sur le terrain et c'est la raison pour

 26   laquelle j'ai voulu apporter cette correction. Mais il y avait cet homme

 27   cagoulé et il portait un calot. Cela, c'est vrai.

 28   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous dites dans votre


Page 9360

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14  

15  

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 9361

  1   déclaration qu'ils portaient tous ces couvre-chefs, ces calots ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Je viens de corriger cela. Je n'ai vu

  3   que quelques hommes, je n'ai pas vu tous les effectifs de l'unité. Il y

  4   avait deux hommes dans une voiture et j'ai échangé des cigarettes contre du

  5   jus de fruit qu'ils m'ont donné.

  6   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Mais vous parlez de deux hommes

  7   maintenant.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui. Tout à l'heure, j'ai parlé de deux

  9   hommes. J'ai parlé d'un homme, puis d'un autre homme. Donc, cela fait deux

 10   hommes au total. Là où cela s'est passé, il y avait ce groupe de policiers.

 11   C'est là que j'ai vu cet homme-là. Mais je ne sais pas. Il ne faisait pas

 12   partie de cette unité. Je suis sûr qu'il n'en était pas membre.

 13   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous nous dites : "Je reconnaissais

 14   les hommes de Frenki par l'uniforme qu'ils portaient."

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, les couvre-chefs. Les membres des unités

 16   spéciales portaient un type particulier de couvre-chef et cet homme-là

 17   était cagoulé. C'est la raison pour laquelle j'ai pensé que les hommes

 18   membres de l'unité étaient quelque part dans les parages.

 19   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Mais vous nous dites dans votre

 20   déclaration que vous avez vu cela de vos propres yeux. Ce n'était pas

 21   quelqu'un qui vous a raconté cela.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui.

 23   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] A qui avez-vous parlé de tout cela

 24   samedi dernier ?

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Un policier.

 26   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] C'est quelqu'un qui se trouve ici ou

 27   quelqu'un avec qui vous avez parlé au téléphone ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Ici.


Page 9362

  1   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Ici ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Un homme qui avait été là-bas sur place.

  3   M. HANNIS : [interprétation] Peut-être pourrions-nous discuter de cela à

  4   huis clos partiel ?

  5   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Les Juges de la Chambre ne devraient

  6   pas se trouver dans cette position. Cette situation est terrible. Lorsque

  7   les témoins doivent présenter leurs témoignages par écrit, le Procureur

  8   doit s'assurer de la teneur de leurs déclarations.

  9   Ici, nous devons préciser un certain nombre d'éléments. En fait, nous

 10   pensons qu'il n'est pas judicieux d'admettre cette déclaration.

 11   M. HANNIS : [interprétation] Je dois me défendre. Nous avons parcouru tout

 12   cela ensemble avec le témoin. Je lui ai demandé s'il voulait apporter des

 13   corrections supplémentaires et il m'a dit que non. Il ne voulait pas

 14   apporter d'autres corrections que celles apportées à la feuille de

 15   renseignements supplémentaires. Il a apporté des précisions et avant sa

 16   comparution, il a fait une liste de corrections qu'il souhaitait apporter,

 17   je lui ai demandé s'il voulait en apporter d'autres, il m'a dit que non.

 18   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous avez fait cela au dernier moment;

 19   c'est bien cela ?

 20   M. HANNIS : [interprétation] C'est un témoin à qui l'on a décerné une

 21   injonction de témoigner. C'est un témoin qui a refusé de se présenter à mon

 22   bureau pour la séance de récolement lorsque les représentants de la section

 23   d'aide aux Victimes et aux Témoins sont venus le chercher.

 24   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Nous allons passer brièvement à huis

 25   clos partiel.

 26   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

 27   [Audience à huis clos partiel]

 28  (expurgé)


Page 9363

 1  (expurgé)

 2  (expurgé)

 3  (expurgé)

 4  (expurgé)

 5  (expurgé)

 6  (expurgé)

 7  (expurgé)

 8  (expurgé)

 9  (expurgé)

10  (expurgé)

11  (expurgé)

12  (expurgé)

13  (expurgé)

14  (expurgé)

15  (expurgé)

16  (expurgé)

17  (expurgé)

18  (expurgé)

 19   [Audience publique]

 20   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Quelle est la correction suivante que

 21   vous souhaitez apporter ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] "Il est question d'un petit ruisseau, ils

 23   devaient s'occuper des gens", c'est ce qui est écrit ici, mais je voulais

 24   parler des "membres de l'UCK" et non pas "des civils."

 25   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] C'est à quel paragraphe ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Au paragraphe 52.

 27   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Qu'est-ce que vous voulez changer dans

 28   ce paragraphe ?


Page 9364

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Ici, il est question de "gens," pour moi les

  2   "gens" ce sont les "civils." Je veux que l'on change ce mot pour remplacer

  3   cela par "membres de l'UCK."

  4   M. ACKERMAN : [interprétation] C'est à la sixième ligne.

  5   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Mais je ne comprends pas, cela ne veut

  6   rien dire.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Si, si. Le reste de mon unité a été déployé le

  8   long de cette route à des endroits indiqués par la lettre P sur le croquis.

  9   Il y a un cours d'eau à cet endroit. Ils devaient faire en sorte que les

 10   gens ne s'échappent pas pour aller vers Djakovica, ce que je voulais dire,

 11   c'est qu'il devait s'assurer que les membres de l'UCK ne s'échappent pas

 12   pour aller vers Djakovica.

 13   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Dans le reste de la phrase on peut

 14   lire : "Mais qu'ils restent sur la route." Donc les membres de l'UCK

 15   devaient simplement marcher sur la route, c'est cela, tranquillement.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Nous n'arrivons pas à nous comprendre.

 17   Une partie de l'unité était déployée le long de la route, l'autre partie se

 18   trouvait le long du cours d'eau que j'ai indiqué sur la carte hier, si vous

 19   vous souvenez de l'endroit où j'ai indiqué le carrefour, le ruisseau. Nous

 20   avons parlé de tout cela, de l'endroit où Letic avait été blessé, de

 21   l'endroit où était déployée une partie de l'unité, et cetera.

 22   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Comment avez-vous reconnu les membres

 23   de l'UCK ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Il établit ici que les soldats étaient

 25   déployés à cet endroit pour empêcher les gens de s'enfuir. Les soldats

 26   n'étaient pas là pour protéger les gens, plutôt pour les empêcher de

 27   s'enfuir, mais pour empêcher l'UCK de faire une percée vers Djakovica.

 28   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Bien. Correction suivante.


Page 9365

  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Lorsqu'ils ont fait sortir les hommes sous la

  2   menace des armes, ils les ont conduits vers un ensemble de bâtiments

  3   indiqués par la lettre E. Les policiers ont également contraint les hommes

  4   à entonner des chants nationalistes serbes alors qu'ils se dirigeaient vers

  5   cet endroit.

  6   Ils ont seulement contraint le dernier groupe à chanter, ils ne les

  7   ont pas tous contraints à le faire. C'est ce que j'ai indiqué au dernier

  8   paragraphe. Donc c'était seulement le dernier groupe d'hommes.

  9   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Correction suivante.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] On dit que les policiers étaient très durs.

 11   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] C'est à quel paragraphe ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Les paragraphes ne sont pas numérotés dans

 13   cette déclaration.

 14   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Jusqu'à présent vous nous avez indiqué

 15   les numéros de paragraphes.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, mais dans cette nouvelle déclaration il

 17   n'y a pas de numéro de paragraphes. Regardez.

 18   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] A quelle page nous trouvons-nous

 19   maintenant ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est à la page 10.

 21   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] En partant du haut, c'est à quel

 22   paragraphe ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est la dernière phrase avant le début du

 24   paragraphe 61.

 25   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] "Les policiers étaient très durs, très rudes,

 27   j'ai été très clair, et il m'a dit qu'ils étaient en train de donner des

 28   claques aux Siptar."


Page 9366

  1   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous avez dit : "dépecer les

  2   Siptar." ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non. Je n'ai pas dit cela.  C'est vrai

  4   que cela peut vouloir dire dépecer, mais cela peut vouloir dire aussi tuer,

  5   cela ne veut pas dire forcément qu'on les a "dépecés." Mais vous savez,

  6   c'est dur de traduire cela. Chez nous, cela a plusieurs significations.

  7   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Peu importe, l'intention était de les

  8   tuer. Ce n'est même pas la peine d'en discuter. Quel est le prochain

  9   changement, Monsieur ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Le paragraphe 61. C'est écrit : "Entre cinq et

 11   dix hommes." Je vous ai bien expliqué cela hier, je vous ai dit qu'ils

 12   étaient entre huit et dix.

 13   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Attendez, nous avons déjà parlé de

 14   cela. Quels sont les nouveaux changements ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Il n'y en a pas.

 16   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Au début de votre déposition

 17   aujourd'hui vous avez dit que l'interprète qui a signé cela n'est pas le

 18   même que celui qui a traduit tout cela. Mais nous avons cependant ici

 19   l'affirmation de l'interprète qui dit que c'est bien elle qui interprétait

 20   cette déposition.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur, quand j'ai fait cette déclaration,

 22   j'étais là avec l'enquêteur et cette dame, mais ce n'est pas la dame qui a

 23   signé la déclaration préalable mais une autre femme. Puis de temps en

 24   temps, il y avait un autre, il y avait un autre homme, mais il n'était pas

 25   là tout le temps, il était là juste de temps en temps.

 26   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Attendez donc. Quelqu'un vous a lu

 27   cette déclaration dans votre langue; est-ce exact ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Pour ce jour-là, je ne me souviens pas


Page 9367

  1   que l'on m'ait lu cela. Mais quand l'ai signée, oui, effectivement. Sans

  2   doute qu'on me l'a lue, mais peut-être que non aussi. Parce que vous savez,

  3   si on m'avait lu la déclaration telle qu'elle figure, j'aurais sûrement,

  4   sûrement, sûrement fait des corrections. Je ne me souviens pas qu'on m'ait

  5   lu le texte de cette déclaration préalable.

  6   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous voyez bien qu'il y a un

  7   certificat, une attestation qui a été ajoutée émanant de l'interprète,

  8   Emina Vukic, qui dit que cette déclaration a été interprétée en votre

  9   présence, que vous sembliez avoir compris cette déclaration, et que ceci

 10   s'est produit le 8 décembre. Sur la première page figure votre signature,

 11   il y a la date qui est ajoutée, la date du 8 décembre écrite à la main. On

 12   a l'impression que c'est vous qui avez écrit cela.

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai fait cette

 14   déclaration, j'ai parlé pendant une journée. Ici, c'est écrit que j'ai

 15   parlé pendant deux jours. Je suis sûr que c'était juste une fois. Je me

 16   souviens que je suis allé dans ce bureau une seule fois.

 17   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Il est tout à fait possible que vous

 18   ayez fait la déclaration juste pendant une journée et que le lendemain on

 19   vous l'a lue et que vous l'avez signée. Est-ce cela qui s'est produit ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non, non. Je suis sûr que cet homme,

 21   celui qui l'a prise, il est rentré chez lui, ensuite il est rentré chez lui

 22   parce que c'est le Nouvel An. Ensuite, on s'est retrouvé au mois de janvier

 23   ou au mois de février devant l'hôtel M ou dans un parc, dans un des parcs

 24   de Belgrade. C'est sûr, sûr à 100 %, que nous ne nous sommes pas rencontrés

 25   dans le bureau du Tribunal puisque je n'y suis allé qu'une seule fois.

 26   C'est là que cette demoiselle, celle qui a signé cette déclaration

 27   était là alors la première fois c'était une autre dame qui était là, une

 28   dame de Belgrade. J'en suis sûr à 100 %. Quand j'ai fait cette déclaration


Page 9368

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14  

15  

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 9369

  1   une autre femme était là, c'est devant elle que j'ai fait cette

  2   déclaration.

  3   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Hannis, sauriez-vous nous

  4   aider ?

  5   M. HANNIS : [interprétation] Non. Pour l'instant je ne peux vous dire que

  6   ce qui figure dans la déclaration préalable. Je peux essayer de contacter

  7   les gens dont le nom figure ici pour voir ce qu'ils en pensent.

  8   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Ce n'est pas l'élément le plus

  9   important ici, puisque la déclaration a été relue par le témoin, il a fait

 10   toutes les corrections nécessaires. Je vous demande ce que vous demandez,

 11   qu'est-ce que vous nous demandez de faire par rapport à cela ?

 12   M. HANNIS : [interprétation] Je vous demande de verser ces documents. Je

 13   suis prêt à faire les corrections supplémentaires sur la base de ce qu'il

 14   nous a dit ce matin, lui proposer aussi de relire ce document et de

 15   confirmer si cela correspond à ce qu'il a dit.

 16   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Ackerman, Ackerman, quel est

 17   votre point de vue ?

 18   M. ACKERMAN : [interprétation] Je pense que ce que propose

 19   M. Hannis est probablement la façon la plus appropriée.

 20   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] La question qui se pose c'est quand

 21   est-ce que nous allons faire cela ?

 22   M. HANNIS : [interprétation] Pendant la pause je peux demander à quelqu'un

 23   de mon bureau de m'aider par rapport à ce que figure dans le compte rendu

 24   d'audience de ce matin et par rapport à ce qu'il a dit hier, donc de faire

 25   ces corrections, les corrections nécessaires; et après la fin de sa

 26   déposition, nous allons le revoir.

 27   S'il nous dit qu'il est content avec cette version-là, nous allons la

 28   compléter et la dactylographier.


Page 9370

  1   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Bien. Ce que nous allons faire,

  2   nous allons continuer le contre-interrogatoire, nous n'allons pas encore

  3   décider du versement de cette déclaration. Nous allons terminer le contre-

  4   interrogatoire, et c'est après cela que nous allons terminer ou plutôt

  5   demander le versement au dossier après toutes les corrections.

  6   La terminaison de ce contre-interrogatoire dépendrait du fait si les

  7   conseils auront et trouveront le besoin d'apporter d'autres questions, de

  8   poser d'autres questions par rapport à la version définitive.

  9   M. IVETIC : [interprétation] Est-ce que je peux ajouter quelque chose.

 10   D'après ce que j'ai entendu, le paragraphe 46, ce n'est pas quelque chose

 11   dont le témoin a des connaissances directes. Je ne pense pas que ceci

 12   devrait figurer dans cette déclaration. Parce qu'apparemment le témoin a

 13   appris cela de quelqu'un d'autre, il a dû vérifier avec quelqu'un d'autre

 14   si ceci correspondait à la vérité. Donc ceci ne sert à rien d'avoir un

 15   témoin qui dépose sous serment ici.

 16   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je ne suis pas sûr que c'est vraiment

 17   le cas puisque le Procureur peut aussi lui poser des questions au sujet de

 18   choses dont il a entendu parler, et cela revient au même.

 19   Mais vous savez, cette question-là, nous allons en décider à la fin

 20   quand nous allons décider si nous allons accepter ou non cette déposition

 21   préalable et qu'elles sont les parties qui ne seront éventuellement pas

 22   acceptées. Il faut continuer sur ces bases-là, cela fait partie de sa

 23   déposition. Si le contre-interrogatoire est utile, cette partie-là -- si

 24   cette partie-là de la déposition est annulée par un bon contre-

 25   interrogatoire, il n'y aura pas besoin de poser des questions

 26   supplémentaires.

 27   [La Chambre de première instance se concerte]

 28   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Ackerman.


Page 9371

  1   M. ACKERMAN : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

  2   Q.  Monsieur le Témoin, vendredi, quand vous avez rencontré

  3   M. Hannis, pourriez-vous nous dire combien de temps vous avez parlé avec

  4   lui ?

  5   R.  Ce n'était pas très long. Nous avons apporté quelques éclaircissements

  6   par rapport à la déclaration préalable. Il a noté cela et c'était tout. Il

  7   ne m'a pas demandé de faire quelque chose d'autre. Il ne m'a pas forcé de

  8   faire quoi que ce soit d'autre.

  9   Tout ce que j'ai fait, c'était de lui faire part de mes déclarations. Il a

 10   posé les questions qu'il avait à poser. Je ne me souviens pas du temps que

 11   nous avons passé vraiment ensemble, peut-être une petite heure.

 12   Q.  Vous pensez que vous avez passé en tout une heure avec

 13   M. Hannis, vendredi ?

 14   R.  Peut-être un petit peu plus. Je n'en suis pas sûr. Je ne m'en souviens

 15   pas.

 16   Q.  Vous ne vous souvenez pas de l'heure où vous avez commencé et de

 17   l'heure où vous avez terminé cette réunion ?

 18   R.  Non. Non.

 19   Q.  Vous ne parlez pas anglais, n'est-ce pas ?

 20   R.  Non.

 21   Q.  M. Hannis ne parle pas le serbe ?

 22   R.  Non, enfin je ne sais pas.

 23   Q.  Votre entretien avec M. Hannis s'est fait par le biais d'un

 24   interprète ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Vous ne savez absolument pas ce que l'interprète a dit à

 27   M. Hannis; vous ne savez pas ce qu'il lui a interprété, ce qu'il disait, ce

 28   que vous disiez. Vous saviez uniquement ce que vous, vous lui disiez à


Page 9372

  1   l'interprète ?

  2   R.  A partir du moment où cette demoiselle qui traduisait mes propos disait

  3   à M. Hannis ce que je lui avais dit, je pense qu'elle disait la même chose,

  4   qu'elle ne changeait pas le contexte de ma déclaration. Si vous voulez, je

  5   répondais à la question posée par

  6   M. Hannis et je pense qu'elle a interprété cela.

  7   Q.  Je voudrais vous poser quelques questions au sujet de votre déposition

  8   hier. Par rapport à ceci justement, à la page 8 du compte rendu d'hier, M.

  9   Hannis vous a posé un certain nombre de questions concernant les

 10   corrections à apporter à votre déclaration. Cela a quelque chose à voir

 11   avec la réinstallation des gens. Vous avez dit à ce moment-là que c'était

 12   une des choses dont vous discutiez vendredi.

 13   Vous vous souvenez que pendant que vous avez déposé, vous étiez là sous

 14   serment. Vous aviez dit que vous alliez dire la vérité, toute la vérité,

 15   rien que la vérité. Est-ce qu'il est exact que vendredi vous avez bien

 16   discuté de la différence entre ces deux termes, à savoir la réinstallation

 17   et les expulsions ?

 18   R.  J'ai bien dit à M. Hannis, comme je l'ai dit aujourd'hui, qu'il s'agit

 19   de "réinstallation" et pas "d'expulsion." Je lui avais bien dit cela.

 20   Q.  Très bien.

 21   R.  En fait, je ne suis même pas sûr si nous avons parlé de cela. Cela

 22   étant dit, je suis sûr que là il s'agit d'une réinstallation. Je n'ai

 23   jamais voulu dire "expulsion." Si nous avons parlé de cela, je suis sûr lui

 24   avoir dit cela.

 25   Q.  Ensuite, on vous a demandé si vous aviez d'autres changements à

 26   apporter par rapport à la question d'expulsion et de réinstallation. A la

 27   page 10 de votre déposition d'hier, vous avez dit à M. Hannis :

 28   "Vendredi, je vous l'ai dit, et je vais le répéter devant les Juges


Page 9373

  1   de la Chambre, que ce qui est écrit ici ce n'est pas très précis, c'est-à-

  2   dire que mon commandant ne m'a jamais donné l'ordre d'expulser les

  3   villageois, il ne fallait pas les expulser en Albanie. L'ordre était que

  4   ces gens devaient être dirigés en direction de Djakovica et les premiers

  5   villages près de Djakovica."

  6   Est-ce que vous avez dit cela à M. Hannis vendredi ?

  7   R.  Oui. Je pense qu'il a apporté ce changement au niveau de la nouvelle

  8   déclaration, celle que j'ai reçue hier.

  9   Q.  Après cela, vous avez dit que : "La population n'était pas réinstallée

 10   avant que les bombes à fragmentation ne commencent à tomber." Est-ce que

 11   vous avez dit cela vendredi à M. Hannis ou c'est la chose que vous nous

 12   avez dite hier pour la première fois ?

 13   R.  Je pense que je lui ai dit cela. Cela figure d'ailleurs dans le

 14   paragraphe 42 de la déclaration préalable.

 15   Q.  Au niveau des pages 34 et 35 de votre déclaration, vous parlez de la

 16   réinstallation des gens du village Zub. Je pense que là-bas se trouve un

 17   poste de commandement de l'armée yougoslave.

 18   Vous avez dit : "A aucun moment nous ne leur avons dit qu'ils

 19   devraient quitter ce pays ou cet Etat. Mais pourquoi resteraient-ils de

 20   leur plein gré ici à la merci des avions ?"

 21   Ensuite, vous avez dit à M. Hannis : "Je vous ai expliqué cela

 22   vendredi. Quand je dis pour eux-mêmes, j'ai voulu dire que les autres

 23   soldats n'ont pas participé à cela. Je vous ai dit vendredi et je le dis

 24   aux Juges à présent. Je ne sais pas pourquoi on aurait réagi si quelqu'un

 25   avait protesté, ne voulait pas partir. Je ne sais pas. Peut-être que le

 26   commandant devait venir pour leur dire que nous n'avions pas de tels

 27   ordres."

 28   Vous avez fait ces corrections trois fois au cours de votre


Page 9374

  1   déposition. Est-ce que vous avez dit cela à M. Hannis ?

  2   M. HANNIS : [interprétation] J'ai une objection. Parce que ce n'est

  3   pas vraiment clair, si la question de M. Ackerman porte sur ce qu'il m'a

  4   dit ou ce qu'il ne m'a pas dit.

  5   M. ACKERMAN : [aucune interprétation]

  6   M. HANNIS : [interprétation] Parce que si c'est bien cela la

  7   question, je n'ai pas d'objection.

  8   M. ACKERMAN : [interprétation] Je parle de ce qu'il a dit à M. Hannis

  9   : "Je vous ai dit vendredi et je l'ai dit aux Juges aujourd'hui. Je ne sais

 10   pas comment nous aurions réagi si quelqu'un avait protesté en disant qu'il

 11   ne voulait pas partir. Je ne sais pas."

 12   M. HANNIS : [interprétation] Ce que je vois sur le compte rendu

 13   d'audience, c'est la phrase d'avant : "Je vous ai dit cela vendredi et je

 14   répète cela devant les Juges." Ensuite, il y a cette déclaration au sujet

 15   "des soldats," et cetera. On a l'impression que c'est à cela qu'il fait

 16   référence.

 17   M. ACKERMAN : [interprétation] Je vais laisser tomber cela.

 18   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.

 19   M. ACKERMAN : [interprétation]

 20   Q.  Ensuite, il y a une question qui a été plus développée au niveau

 21   du paragraphe 45. Vous avez dit :

 22   "Après que nous avons ordonné au village de partir, à peu près une

 23   heure plus tard, on avait l'impression qu'une bombe atomique était tombée

 24   sur le village. Les soldats passaient par le village en pillant absolument

 25   tout, en détruisant tout."

 26   Vous avez dit à M. Hannis en répondant à cette question :

 27   "Ce que je vous ai dit vendredi, je vais le répéter. Personne ne

 28   pouvait rien prendre. Mais c'est vrai que de temps en temps des individus


Page 9375

  1   venaient. Si c'était un groupe, nous les aurions vus et ils auraient fini

  2   en prison. Je peux vous garantir que personne n'avait le droit de prendre

  3   quoi que ce soit pendant toute la guerre au Kosovo."

  4   Donc, vous avez dit que vous avez dit cela vendredi à

  5   M. Hannis ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Ensuite, sur ce même sujet au niveau du paragraphe 46 -- ou

  8   plutôt la page 46, où le Juge Bonomy vous a demandé si vous n'avez pas

  9   changé ce paragraphe avant de venir aujourd'hui, vous avez répondu :

 10   "Je l'ai dit clairement au Procureur. Je l'ai dit vendredi clairement

 11   que c'étaient des individus qui faisaient cela, et pas des grands groupes

 12   de gens, et c'était surtout le dernier jour."

 13   R.  Oui, c'est exact. Il y avait des individus qui ont fait cela. Ils

 14   n'ont pas emporté des choses, parce qu'ils n'avaient pas le droit de le

 15   faire, mais ils sont allés chercher des choses dont ils avaient besoin. Par

 16   exemple, il y avait des gens qui étaient des toxicomanes, ils cherchaient

 17   des choses. Le dernier jour, c'est vrai qu'il y a eu du pillage. Cela,

 18   c'est clair. C'est absolument clair. Personne ne pouvait contrôler les

 19   pillages qui ont eu lieu le dernier jour.

 20   Q.  Oui, ceci figure dans votre déclaration. Je vais vous demander

 21   d'examiner le quarantième paragraphe.

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Là, on peut lire : "Le pillage a été strictement interdit par l'armée

 24   yougoslave." Ensuite, vous dites : "l'exception faite du dernier jour de

 25   notre retrait."

 26   Quand vous dites que le pillage était parfaitement interdit pour les

 27   soldats de l'armée yougoslave, ensuite au niveau du paragraphe 45, vous

 28   dites que tout ce qui était encore là était emporté par les soldats, il y a


Page 9376

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14  

15  

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 9377

  1   une contradiction.

  2   Si vous dites aujourd'hui que c'était strictement interdit de piller

  3   et que cela ne s'est pas produit, alors ce qui figure dans le paragraphe 45

  4   est forcément une erreur; est-ce exact ?

  5   R.  Le pillage était interdit. Mais le dernier jour il n'y a pas eu

  6   de contrôle, donc il y a eu des pillages. Sans doute que les pillages

  7   étaient encore interdits, mais cela est arrivé, cela s'est produit. On ne

  8   peut pas dire que cela ne s'est pas produit.

  9   Jusqu'au dernier moment, jusqu'au dernier moment où il était encore

 10   possible de contrôler l'unité, il n'y a pas eu de pillages. Puis à la fin,

 11   quand tout cela a échappé au contrôle des supérieurs, quand il n'était plus

 12   possible de contrôler les gens au cours de ces derniers jours, il y a eu

 13   des pillages.

 14   Q.  Je ne vous ai pas posé une question au sujet des derniers jours.

 15   Au niveau du paragraphe 40, vous avez dit que : "Les pillages par l'armée

 16   yougoslave étaient strictement interdits." Ensuite, vous décrivez des

 17   pillages à grande échelle par l'armée yougoslave.

 18   On ne peut pas avoir les deux choses contraires dans cette

 19   déclaration. Si ce que vous dites au niveau du paragraphe 40 est exact, ce

 20   qui figure au niveau du paragraphe 45 est forcément faux.

 21   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Hannis.

 22   M. ACKERMAN : [interprétation]

 23   Q.  Est-ce -- 

 24   M. HANNIS : [interprétation] Je ne suis pas tout à fait d'accord. Le

 25   pillage peut être interdit, mais il peut se produire quand même en dépit

 26   des interdictions. Ensuite, il a parlé des soldats et pas de l'armée

 27   yougoslave. Cela peut vouloir dire les soldats individuels, des cas isolés.

 28   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Ackerman, vous avez déjà reçu


Page 9378

  1   l'explication. Nous voyons bien qu'il y a une incohérence, mais on peut

  2   considérer que le témoin a expliqué ce qui figure au niveau du paragraphe

  3   45 puisqu'il s'agissait des cas isolés. En ce qui concerne des pillages

  4   massifs, ils ont eu lieu uniquement les derniers jours.

  5   M. ACKERMAN : [interprétation] Oui, c'est justement ce que j'ai voulu

  6   obtenir, et je pense que c'est chose faite.

  7   Q.  Monsieur le Témoin, au niveau du paragraphe 40 par rapport aux

  8   pillages, vous avez dit que les pillages étaient strictement interdits pour

  9   l'armée yougoslave. Vous nous avez même dit que le commandant, qu'un

 10   certain commandant, le commandant Radic a été arrêté parce qu'il a volé et

 11   qu'il a été emprisonné pour cela. Ceci a été confirmé par une pièce à

 12   conviction que nous avons vue hier; est-ce exact ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Donc ceci confirme, n'est-ce pas, votre position, à savoir qu'il était

 15   absolument interdit de voler pendant que vous étiez dans l'armée yougoslave

 16   au Kosovo, et ceci jusqu'au tout dernier jour, le jour où il y a eu le

 17   chaos généralisé ?

 18   R.  Oui. C'est ce que j'ai dit. C'était interdit. Je ne dis pas qu'il n'y a

 19   pas eu de cas isolés, mais c'était interdit. Il y a eu des exceptions

 20   cependant, c'étaient ces individus que j'ai évoqués.

 21   Ce commandant, par exemple, l'a fait, il a été arrêté et il a été

 22   emprisonné. Donc les pillages généralement parlant étaient interdits,

 23   exception faite du dernier jour quand il n'y avait plus de contrôle, quand

 24   la situation échappait à tout contrôle. Je pense que c'est bien clair.

 25   Q.  On vous a aussi montré la pièce P962 hier, c'est la liste des charges

 26   contre différentes personnes faisant partie de votre bataillon, de votre

 27   brigade, qui démontre bien qu'il y avait des gens qui ont été arrêtés pour

 28   pillage. Je ne veux pas répéter tout cela.


Page 9379

  1   Mais je veux vous parler d'un autre sujet, il s'agit du paragraphe

  2   37. Vous avez parlé de la fouille des maisons à Djakovica, dans le quartier

  3   de Cabrat. De quel quartier s'agit-il ?

  4   R.  Vous n'êtes pas allé à Djakovica. Vous savez, quand on traverse la

  5   rivière, il y a l'église, du côté gauche il y a ce quartier, le quartier de

  6   Cabrat.

  7   Si vous arrivez de la direction de Belgrade, c'est du côté gauche; et

  8   si vous arrivez de Pristina, c'est du côté droit. C'est un quartier

  9   résidentiel, Cabrat.

 10   Q.  Ce quartier résidentiel est à côté d'une vieille caserne, n'est-ce pas,

 11   tout près d'une vieille caserne ?

 12   R.  Je ne sais pas si la caserne fait même partie du quartier, c'est tout à

 13   fait possible. Vous avez une rue, donc à la fin de Djakovica se trouve la

 14   caserne, ensuite s'étend ce quartier, c'est juste à côté de la caserne,

 15   dans le quartier de Cabrat, du côté gauche.

 16   Q.  Vous étiez là. Vous devez en savoir quelque chose. Vous avez dit qu'il

 17   y a eu un échange de feu et qu'un des inspecteurs de police a été tué.

 18   Savez-vous qui a tué cet inspecteur de police ? Etait-ce l'UCK ou vous ne

 19   le savez pas ?

 20   R.  Je n'étais pas dans cette maison, je ne peux pas savoir ce qui s'est

 21   passé exactement. Je sais que cet homme a été blessé, mais je ne sais pas

 22   qui a tiré.

 23   Q.  Très bien. Au niveau du paragraphe 38, vous avez dit que vous vous êtes

 24   retiré de ce quartier résidentiel parce que l'OTAN commençait à bombarder.

 25   Est-ce que les bombes tombaient vraiment sur ce quartier résidentiel ?

 26   R.  Les bombes tombaient au niveau des maisons incendiées, tout autour.

 27   Oui, c'était vraiment tout près des maisons. C'était un des premiers

 28   bombardements de la ville de Djakovica.


Page 9380

  1   Q.  Vous et votre groupe vous êtes sortis de là et vous avez vu aussi un

  2   certain nombre d'habitants de ce quartier partir à cause de ces

  3   bombardements, n'est-ce pas ?

  4   R.  Ils ne sont pas partis.

  5   Q.  Bien.

  6   R.  Non, ils ne sont pas partis, non.

  7   Q.  Au sein de votre bataillon où vous, vous étiez postés vous-même près de

  8   la frontière avec l'Albanie, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Connaissez-vous les postes-frontières qui étaient contrôlés par votre

 11   bataillon dans cette zone ?

 12   R.  Du poste-frontière jusqu'à Prizren, je ne me trouvais pas là, donc je

 13   ne sais pas quel est le dernier poste-frontière. Mais j'ai traversé la

 14   frontière de Deva à Pastrik. J'ai été sur chacune de ces positions, mais je

 15   ne peux pas les énumérer toutes. Quand on va sur la droite, d'abord il y en

 16   a une, puis je ne me souviens pas du dernier poste-frontière, et il y a un

 17   poste Radanovic. Je ne me souviens pas de tous ces postes.

 18   M. ACKERMAN : [interprétation]

 19   Q.  Je vais vous demander d'examiner la pièce P35 qui va s'afficher à

 20   l'écran. Je vais vous demander simplement si vous connaissez la

 21   localisation de certains de ces postes. Si c'est possible, je vais vous

 22   demander de tracer un carré à côté, puis on trouvera une façon d'identifier

 23   ces différents postes.

 24   R.  Je ne vois pas très bien.

 25   Q.  Maintenant, est-ce que vous voyez mieux ?

 26   R.  Oui, je vois mais --

 27   Q.  Savez-vous où se trouve le poste-frontière de Cafa Prusit ?

 28   R.  Oui, j'y étais.


Page 9381

  1   M. ACKERMAN : [interprétation] Est-ce qu'on peut remonter un petit peu dans

  2   l'autre sens ?

  3   Q.  Vous voyez Zub. Est-ce que vous savez où se trouvait Cafa Prusit ?

  4   R.  Oui, Zub et je vois ici écrit Cafa Prusit, c'est tout. Mais il me

  5   faudrait un stylo. Je vois le village de Zub.

  6   Q.  Vous venez de tracer un cercle rouge autour du village de Zub, n'est-ce

  7   pas ?

  8   R.  Oui. Là se trouve le poste-frontière.

  9   Q.  A côté de ce cercle que vous avez tracé en dessous de Zub, veuillez, je

 10   vous prie, écrire les initiales CP. Je voudrais que vous écriviez les

 11   lettres CP à côté du cercle que vous avez dessiné pour dessiner Cafa

 12   Prusit.

 13   R.  [Le témoin s'exécute]

 14   Q.  Le poste-frontière Dejan Radanovic, pouvez-vous le dessiner également ?

 15   R.  Si là c'est le poste-frontière, cela ne peut être que là parce que

 16   c'est écrit Dejan. Non, excusez-moi, ce n'est pas Dejan, c'est Damjan.

 17   Q.  Je pense qu'il faut qu'on élargisse un petit peu.

 18   R.  Non, je me suis trompé. Je ne vois pas le lieu que vous m'avez demandé.

 19   Je crois que c'est à partir de Djakovica, c'est à gauche, mais à partir du

 20   premier poste-frontière que vous m'avez demandé de dessiner, c'est à

 21   droite. C'est le premier à sa droite. J'y étais parce que c'est là qu'il y

 22   avait le poste relais, mais ils l'ont détruit.

 23   Q.  Est-ce qu'on pourrait changer et faire en sorte de voir le reste de la

 24   carte ?

 25   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Non, Monsieur Ackerman, on ne peut pas

 26   le faire parce qu'à ce moment-là on va perdre ces annotations.

 27   M. ACKERMAN : [interprétation] A ce moment-là on peut faire une sauvegarde

 28   image et une sauvegarde écran pour que cette pièce soit versée au dossier.


Page 9382

  1   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce IC119.

  2   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce que j'ai dessiné, ce n'est pas Dejan

  4   Radanovic. C'est écrit Damjan ici. Peut-être que c'est un poste-frontière.

  5   M. ACKERMAN : [interprétation] Bien.

  6   On va afficher de nouveau la carte à l'écran sans aucune annotation

  7   et on va la présenter de façon à ce que l'on voie un peu plus la zone.

  8   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

  9   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Nous avons apparemment un problème

 10   technique, si bien qu'il est impossible de faire une sauvegarde de cette

 11   carte pour l'instant. Est-ce qu'on pourrait passer à autre chose pour y

 12   revenir plus tard.

 13   M. ACKERMAN : [interprétation] Ce que je vais faire c'est abandonner cet

 14   exercice pour le faire avec un autre témoin.

 15   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] On n'a même pas besoin d'un témoin

 16   pour déterminer la localisation de ces différents postes-frontières.

 17   M. ACKERMAN : [interprétation] Je vais essayer d'une autre manière parce

 18   que cela prend beaucoup trop de temps et pour l'instant ce n'est pas

 19   nécessaire.

 20   Q.  Monsieur le Témoin, il y avait d'autres postes-frontières : Dejan

 21   Radanovic, le poste de Goden, que l'on peut voir sur cette carte. On voit

 22   la localité de Goden. Il y en avait à Guri Bard, Velika Hoca, Guri Bard et

 23   Deva ?

 24   R.  Deva avec un D.

 25   Q.  Oui. Vous savez, n'est-ce pas, qu'après le début des bombardements de

 26   l'OTAN le 24 mars, ces postes-frontières ont fait l'objet d'attaques

 27   fréquentes, voire constantes, aussi bien de la part de l'UCK que de la part

 28   des avions de l'OTAN, n'est-ce pas ?


Page 9383

  1   R.  Les avions de l'OTAN, oui.

  2   Q.  Et l'UCK ?

  3   R.  De temps à autre, mais je crois qu'à Pastrik il y a effectivement eu

  4   une attaque. S'agissant des autres, il y a eu, c'est vrai, des tirs, mais

  5   pas de manière constante. Mais pour ce qui est des avions de l'OTAN, oui,

  6   tous les jours.

  7   Q.  Savez-vous que Djakovica se trouvait dans la zone opérationnelle d'un

  8   chef de l'UCK dénommé Haradinaj ?

  9   R.  Non. Plus tard et même peut-être à l'époque j'en ai entendu parler,

 10   mais à l'époque même ce nom ne me disait rien. Aujourd'hui, bien sûr que

 11   si, mais à l'époque, non.

 12   Q.  Saviez-vous que de l'autre côté de la frontière en Albanie, de l'autre

 13   côté de la frontière par rapport à l'endroit où vous vous teniez, il y

 14   avait la ville de Bajram Curri, qui était un point de départ important pour

 15   la contrebande et le passage d'armes clandestinement au Kosovo ?

 16   R.  Monsieur le Président, en traversant les bois du côté de la frontière,

 17   nous avons trouvé beaucoup d'équipements, des équipements militaires ou des

 18   choses que les gens jetaient en s'enfuyant. Si ceci corrobore la thèse de

 19   la Défense, qu'il en soit ainsi. J'ignore ce qu'il y avait à Bajram Curri.

 20   Je sais ce qui se passait sur le terrain.

 21   Il y avait des équipements militaires, des effets civils que les gens

 22   jetaient alors qu'ils s'enfuyaient. C'est ce que nous avons trouvé dans la

 23   forêt. Mais pour ce qui est de Bajram Curri, je ne sais pas. Est-ce que

 24   cela vous convient ?

 25   Q.  Je ne souhaite pas que vous me parliez de ce que vous ne connaissez

 26   pas. Cette partie de la frontière que vous étiez censé défendre avec votre

 27   unité faisait face à une zone en Albanie, dont on pouvait s'attendre

 28   qu'elle pourrait servir de point de départ à une offensive terrestre de


Page 9384

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14  

15  

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 9385

  1   l'OTAN, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  A cause de ces attaques fréquentes de l'OTAN, les communications au

  4   sein de votre unité ne fonctionnaient pas correctement, n'est-ce pas ?

  5   R.  Pratiquement jamais; seulement dans des circonstances exceptionnelles

  6   et très brièvement.

  7   Q.  Même quand cela fonctionnait, quand les transmissions fonctionnaient,

  8   on ne les utilisait pas après le début des opérations de l'OTAN parce que

  9   cela aurait pu révéler votre localisation, cela aurait pu la faire

 10   connaître aux forces de l'OTAN et à l'ennemi ?

 11   R.  Etant donné que les communications existaient entre le commandement et

 12   le poste-frontière, j'imagine que cela se faisait par téléphones filaires

 13   ou par estafettes. Le chef, le commandant, il venait sur le terrain tous

 14   les jours, pratiquement tous les jours et dans la plupart des cas je

 15   l'accompagnais. Mais je suis sûr que chaque jour il allait d'un poste-

 16   frontière à l'autre. Si bien que pour ce qui est des transmissions, non,

 17   elles ne fonctionnaient que très rarement et uniquement dans des

 18   circonstances exceptionnelles.

 19   Q.  Je vous ai remis un document qui se trouve dans une chemise noire. Il

 20   s'agit de la pièce P2089 ou plutôt 2019 de l'Accusation. Il s'agit du

 21   journal de guerre de votre bataillon. C'est un document manuscrit.

 22   R.  Oui. Malheureusement, je n'ai pas vu le journal quand il a été écrit

 23   parce que cela n'entrait pas dans le cadre de mes activités. Je ne peux pas

 24   dire qui l'a rédigé et dans quelles circonstances. Rien du tout, rien de

 25   plus que cela.

 26   C'était sans doute rédigé par celui qui l'a signé, mais je ne sais pas s'il

 27   l'a rédigé lui-même, dans quelles circonstances. Je n'en sais rien du tout.

 28   Q.  Vous venez de répondre à toute une série de questions que je ne vous


Page 9386

  1   avais même pas posées. Ce document est manuscrit et j'aimerais que vous

  2   examiniez l'entrée du 30 mars. La première entrée correspond au 24 mars, si

  3   bien que celle qui correspond au 30 mars doit se trouver dans les premières

  4   pages des documents.

  5   R.  J'ai trouvé le 29. Allez-y.

  6   Q.  L'entrée du 30 mars dit la chose suivante :

  7   "Pendant la journée, quelque 2 000 personnes ont traversé le poste-

  8   frontière Cafa Prusit. On a organisé le transport des personnes âgées et

  9   des enfants. La route Djakovica-Prizren est complètement encombrée par les

 10   colonnes de réfugiés. Difficile d'imaginer spectacle plus poignant que

 11   cette colonne de pauvres gens qui sont contraints à quitter leurs foyers.

 12   Les soldats n'ont simplement pas pu résister à la tentation de distribuer

 13   des biscuits et des jus de fruit aux enfants qui passaient."

 14   Est-ce que vous êtes au courant de cela, des soldats qui ont aidé les gens,

 15   qui leur ont distribué des jus de fruit, des biscuits et de la situation

 16   très difficile ?

 17   R.  Est-ce que je peux avoir un peu d'eau, s'il vous plaît ?

 18   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Madame l'Huissière.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] J'étais près de la poste de Djakovica. J'ai vu

 20   une femme dont les enfants étaient en pleurs, elle avait besoin de couches

 21   pour ses enfants. J'ai demandé à une dame dans le magasin de lui donner des

 22   couches. Notre commandant avait un point de contrôle à la sortie de

 23   Brekovac, là où les gens ont reçu tout ce dont ils avaient besoin; pain,

 24   eau, et cetera.

 25   Ce point de contrôle, il est resté sur place autant que nécessaire.

 26   Pendant un jour et demi, pendant tout le passage de la colonne, c'était

 27   quelque chose de vraiment très difficile à supporter.

 28   M. ACKERMAN : [interprétation]


Page 9387

  1   Q.  Ce journal est signé par votre commandant, par le commandant, et si

  2   c'est bien lui qui a rédigé ce passage ?

  3   R.  Oui, c'est tout à fait vrai.

  4   Q.  Est-ce que c'est assez représentatif cette description des événements

  5   tels qu'ils se déroulaient ?

  6   R.  Oui, tout à fait, c'est tout à fait comme cela. D'ailleurs, il n'y a

  7   pas que lui qui a ressenti cela. C'était vraiment très triste.

  8   Q.  Au paragraphe 43 de votre déclaration, vous expliquez qu'on a déplacé

  9   les gens du village de Zub. Il y avait un poste de commandement de la VJ

 10   sur place, n'est-ce pas, à l'époque ?

 11   R.  C'est exact. Quand je suis arrivé là, il y en avait un, effectivement.

 12   Q.  Vous savez que l'OTAN visait les postes d'observation, les postes de

 13   commandement, les postes-frontières de la VJ, et toutes les installations

 14   de la VJ étaient visées par l'OTAN ?

 15   R.  Oui. Mais l'ancien poste de commandement où nous étions au départ

 16   n'avait pas été touché. C'était la maison d'un Albanais où celui-ci

 17   résidait jusqu'à ce que nous partions tous. Quand nous sommes partis, il

 18   est parti avec nous vers Djakovica.

 19   La cour de cette maison -- il y avait plusieurs maisons dans cette

 20   cour. Il y avait le poste de commandement dans une maison, sa famille dans

 21   l'autre. Dans l'autre maison, il y avait l'état-major du bataillon,

 22   commandant, commandant adjoint, et cetera.

 23   Q.  J'aimerais qu'on examine l'entrée du journal du 2 avril. En

 24   regardant la carte, nous avons vu le village de Goden et de Zulfaj, en

 25   dessous de Zub pas loin de la frontière. Selon vous, Goden et Zulfaj se

 26   trouvaient près la frontière à proximité de postes-frontières tenus par la

 27   VJ, n'est-ce pas ?

 28   R.  Je n'ai pas bien entendu et pas compris votre question.


Page 9388

  1   Q.  Les villages de Goden et Zulfaj, ils se trouvaient dans la zone

  2   frontalière à côté d'un poste-frontière de la VJ, n'est-ce pas ?

  3   R.  C'est possible, mais je ne m'en souviens plus. Tout ceci s'est déroulé

  4   il y a bien longtemps. J'ai entendu parler de ces villages, mais je ne peux

  5   pas vous dire exactement où ils se situaient.

  6   Q.  J'imagine que vous conviendrez avec moi que les habitants de certains

  7   villages ont activement aidé ou plutôt que si des habitants ont aidé

  8   activement l'UCK ou l'OTAN en fournissant des informations pour aider les

  9   bombardements, et cetera, il serait logique qu'on ait déplacé ces

 10   personnes ?

 11   R.  Je n'en sais rien, je ne peux pas en parler. Cela, ce sont d'autres qui

 12   s'en sont occupés, d'autres qui étaient responsables de ces activités. Je

 13   me souviens que depuis notre position de Zub, j'ai vu ces signaux, ces

 14   signaux lumineux qui venaient de la direction de Djakovica et qui allaient

 15   vers le ciel, on essayait de déterminer d'où venaient ces signaux lumineux.

 16   Le lendemain, on a été dans un bâtiment public, je ne sais pas

 17   exactement de quoi il s'agissait. On a fouillé ce bâtiment. On n'a rien

 18   trouvé. Je sais qu'on pouvait voir des signaux lumineux qui venaient de ce

 19   village, mais je ne peux pas vraiment en parler. Je ne décidais rien de ce

 20   sujet. Je ne participais en rien à tout cela, d'une manière ou d'une autre.

 21   Q.  Dans l'entrée du 2 avril dans ce journal, on peut lire d'abord : "A

 22   cause des signaux lumineux qui venaient des villages de Zulfaj et de Goden,

 23   les habitants de ces villages ont été évacués à cause de leur comportement

 24   hostile." Apparemment, on a découvert que c'est de ces endroits que

 25   venaient ces signaux ?

 26   R.  Peut-être.

 27   Q.  Dans la dernière phrase, il est indiqué : "Une unité procède à des

 28   travaux de génie civil dans ce secteur-là." J'imagine qu'il s'agissait là


Page 9389

  1   de se préparer à une éventuelle attaque terrestre, n'est-ce pas ?

  2   R.  Je sais qu'il y avait des travaux le long des lignes parallèles à la

  3   frontière. Je ne sais pas exactement pourquoi, cela a duré très longtemps.

  4   C'étaient les Rom qui faisaient cela. Ils ont travaillé à cela

  5   quelque 15 jours. Ce n'est pas exagéré de le dire. En tout cas, ce n'était

  6   pas l'armée.

  7   Q.  Nous avons parlé des postes-frontières, nous avons expliqué qu'ils

  8   avaient été attaqués par l'OTAN ainsi d'ailleurs que par l'UCK. J'aimerais

  9   que vous examiniez dans ce journal de guerre ce qui est inscrit pour la

 10   date du 18 avril. La dernière entrée --

 11   R.  Je n'ai pas trouvé. Je ne trouve pas la date en question.

 12   Q.  Le 18 avril.

 13   R.  Allez-y. Donnez-moi lecture du passage. Je n'arrive pas à le lire.

 14   Q.  "L'équipe de sapeurs du secteur du poste-frontière de Goden a été

 15   l'objet de tirs venant du territoire de la République d'Albanie." La

 16   question que j'ai à vous poser est la suivante : s'ils ont essuyé des tirs

 17   qui venaient du territoire de la République d'Albanie, est-ce que c'était

 18   l'UCK qui tirait sur eux à partir de l'Albanie ?

 19   R.  Je n'en suis pas sûr. Ce que je vais vous dire maintenant, je n'en suis

 20   pas très sûr. En tout cas, il y a eu une attaque à Pastrik, je ne sais pas

 21   à quelle date seulement. Je me dirigeais vers l'UCK. Moi-même et mon

 22   groupe, on se dirigeait vers là où se trouvait l'UCK. Le capitaine

 23   Rangejov, qui était avec nous, nous montrait la route. Ensuite, derrière

 24   nous, il y avait une section de la police militaire.

 25   La veille ou plutôt la veille au soir, un éclaireur s'était fait

 26   tuer. C'est peut-être cela, c'est peut-être de cela qu'il s'agit. Je n'en

 27   suis pas sûr. Est-ce que c'est cela ?

 28   Q.  Il y a plusieurs entrées dans ce journal. C'est ce qui explique ma


Page 9390

  1   question au sujet de tirs qui viennent du territoire de la République de

  2   l'Albanie - et je me demande si vous pouvez nous dire si le feu était

  3   ouvert par l'UCK de la République d'Albanie ou par l'armée albanaise qui

  4   attaquait tout simplement les postes-frontières serbes ?

  5   R.  Il y avait plein de choses qui se passaient à l'époque avec l'UCK,

  6   notamment. Pour ce qui est de l'armée albanaise, on ne les voyait que très

  7   peu. On ne voyait que très peu d'hommes, un, deux, trois. Sans doute

  8   ouvraient-ils le feu sur nos soldats, ensuite ils battaient en retraite.

  9   Ils avaient de meilleures routes quand on traversait la frontière, quand on

 10   entrait en Albanie.

 11   Dans cette zone, vous trouvez une casemate albanaise tous les 50

 12   mètres. Il y a au moins trois routes qui mènent à chacun de ces bunkers.

 13   Donc, ils tiraient, ensuite ils battaient en retraite. Aussi bien l'UCK que

 14   les autres tiraient. En tout cas, on ne peut pas dire que l'armée albanaise

 15   attaquait en nombre. Il y avait parfois des petits groupes qui ouvraient le

 16   feu, puis qui battaient en retraite.

 17   Q.  Très bien.

 18   R.  Voilà ce que j'ai vu en tout cas.

 19   Q.  J'aimerais que nous passions à un autre sujet brièvement. Pour le

 20   27 avril, nous trouvons une entrée particulière dans le journal de guerre.

 21   J'aimerais vous poser des questions au sujet de ce passage du journal.

 22   R.  Oui, ça y est, j'ai trouvé le passage concerné, mais je n'arrive

 23   pas à le lire. Je cherche.

 24   Q.  Il s'agit du 27 avril - des villages de Korenica-Meja, d'une zone

 25   qui se situe à proximité. "A 8 heures 35, dans le secteur du cimetière, le

 26   long de l'axe d'arrêt." Est-ce que vous savez où se trouve le secteur du

 27   cimetière le long de l'axe d'arrêt ou de blocage ?

 28   R.  Oui, je sais où c'est. Le cimetière se trouvait à Brekovac de l'autre


Page 9391

  1   côté du fleuve ou de la rivière, comme je l'ai expliqué hier. Ce n'était

  2   pas là où se trouvait le barrage, mais c'était de l'autre côté du fleuve,

  3   de l'autre côté.

  4   Q.  Il est indiqué que d'un groupe de civils où il y avait des enfants, on

  5   a ouvert le feu sur les soldats qui tenaient la barricade ou le barrage

  6   routier. Deux soldats ont été blessés, Lapadatovic et

  7   Vuckovic.

  8   R.  Lapadatovic, Monsieur, je leur ai parlé. J'ai parlé à ces hommes quand

  9   ils ont été blessés, et j'ai parlé à ceux qui étaient en leur compagnie. Ce

 10   serait vraiment une honte que je vous mente et que je dise que des civils

 11   ont tiré sur eux. Non, ce n'est pas que la police les ait visés, tirés; ils

 12   les ont touchés.

 13   Ce n'est pas les civils qui tiraient, ce n'est pas possible parce que

 14   j'étais avec les civils. J'étais sur la route quand les civils sont passés.

 15   Je l'aurais vu forcément s'ils avaient tiré. Puis ils auraient tiré sur

 16   moi, puisque j'étais celui qui était le plus proche d'eux. Il y avait aussi

 17   les services de santé qui étaient là. Puis ceux qui étaient à côté de cette

 18   rivière, je ne sais pas qui ils étaient, je ne sais pas même s'ils étaient

 19   en mesure d'ouvrir le feu.

 20   Q.  Maintenant, j'aimerais qu'on examine l'entrée du journal qui porte sur

 21   la date du 5 mai. J'ai trouvé le passage concerné. Comme je l'ai dit

 22   précédemment, c'est complètement illisible pour moi. Je peux vous dire ce

 23   qui s'est passé si je m'en souviens, mais je ne peux pas lire.

 24   Je vais vous demander si vous êtes au courant de ce qui est ici dans le

 25   journal, quand il est indiqué qu'à 13 heures 45 le 5 mai, le poste

 26   d'observation de Guri Bard a signalé que dix chars et 50 soldats avec sept

 27   véhicules motorisés étaient arrivés au secteur du village de Nikolici.

 28   Il s'agit là d'un secteur qui se trouve en Albanie. Qu'est-ce que


Page 9392

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14  

15  

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 9393

  1   c'était que ces chars ? C'était les chars de qui ?

  2   R.  J'étais là. Mais je ne sais pas à qui étaient ces chars. On les a vu

  3   passer, on est allés voir ce qui se passait. J'y suis allé avec mon chef,

  4   j'ai vu ce qui se passait.

  5   Ensuite, l'armée a reçu une mission. Ils sont allés, puis ils sont

  6   revenus le lendemain. Je sais qu'ils étaient là, je crois que c'était de la

  7   provocation pure et simple pour voir comment on réagirait. C'est vrai que

  8   les chars sont venus, j'étais là à l'époque, à ce moment-là. Je les ai vus

  9   arriver ces chars.

 10   M. ACKERMAN : [interprétation] J'en ai presque terminé, Monsieur le

 11   Président. Je peux sans doute en terminer dans les dix minutes qui

 12   viennent, mais on pourrait également faire la pause.

 13   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je pense qu'il vaut mieux de faire la

 14   pause. Nous allons passer à huis clos pour permettre au témoin de quitter

 15   le prétoire.

 16   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos.

 17   [Audience à huis clos]

18  (expurgé)

19  (expurgé)

20  (expurgé)

21  (expurgé)

22  (expurgé)

23  (expurgé)

24  (expurgé)

25  (expurgé)

26  (expurgé)

27  (expurgé)

 28   [Audience publique]


Page 9394

  1   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Ackerman, allez-y.

  2   M. ACKERMAN : [interprétation] Merci. Monsieur le Président.

  3   Q.  Monsieur le Témoin, je souhaiterais que l'on avance jusqu'à l'entrée du

  4   17 mai dans ce journal.

  5   R.  Dans le journal que vous m'avez remis ?

  6   Q.  Oui.

  7   R.  Oui, je l'ai trouvé.

  8   Q.  Vous remarquerez qu'il est dit : A 15 heures 20, nous avons observé

  9   neuf chars et dix camions dans le secteur du village de Caz. Est-ce que

 10   vous avez des informations à ce sujet ?

 11   R.  Je ne m'en souviens plus maintenant. S'il y avait des chars, je les ai

 12   certainement entendus. Mais je n'en suis pas sûr, je ne peux pas vous dire

 13   s'il y a eu des provocations ou pas. Enfin, il y a eu des actes de

 14   provocation avec des chars et des troupes d'infanterie, mais je ne me

 15   souviens pas de la date. Je sais qu'il y a eu des provocations de ce genre.

 16   Q.  Entrée suivante, entre 17 heures 05 et 17 heures 20, il est dit : "Deux

 17   chars suivis de troupes d'infanterie ont tiré sur les positions dans le

 18   secteur de Cafa Prusit. Après avoir ouvert le feu à l'aide de mortier de

 19   120-millimètres d'obusier, un char est retourné dans le secteur de TT-186.

 20   L'infanterie est partie, le char a été touché et incendié."

 21   Apparemment, ce jour-là, il y a eu une bataille à Cafa Prusit à

 22   laquelle ont participé ces chars.

 23   R.  J'en ai entendu parler, mais je n'étais pas présent lorsque cela s'est

 24   produit, mais j'en ai entendu parler. Je n'étais pas sur place, mais j'ai

 25   appris que cela avait eu lieu. A l'époque, je crois que j'étais à Pastrik.

 26   Je n'en suis pas sûr, mais je crois que j'étais là-bas.

 27   Q.  Plus tard ce jour-là, à 17 heures 40, on a vu six chars dans le village

 28   de Dobruna. Apparemment, il y a eu beaucoup de chars dans la zone


Page 9395

  1   frontalière ce jour-là ?

  2   R.  D'après ce qui est dit dans ce journal, oui, mais ces provocations

  3   étaient quotidiennes. Parfois il y avait des troupes d'infanterie, des

  4   véhicules, des chars, autres choses, mais cela avait lieu tous les jours.

  5   C'est le seul itinéraire qu'ils pouvaient emprunter à l'aide de chars pour

  6   se diriger vers le Kosovo dans ce secteur, donc ils devaient tester leur

  7   puissance. Je n'en sais rien.

  8   Je crois que c'était bien cela. Il y avait des provocations

  9   quotidiennes, comme je l'ai dit, à l'aide de chars, de troupes

 10   d'infanterie. J'en ai entendu parler, mais je n'étais pas là ce jour-là.

 11   J'ai entendu des tirs, mais je n'étais pas présent sur les lieux.

 12   Q.  Nous n'allons pas évoquer davantage les attaques qui se sont produites

 13   contre les postes-frontières. Comme vous l'avez dit, il s'agissait

 14   d'activités quotidiennes incessantes. Les Juges de la Chambre disposent de

 15   ce document, donc ils peuvent s'en rendre compte par eux-mêmes.

 16   Est-ce que ces attaques constantes menées par l'OTAN et menées depuis

 17   l'Albanie, est-ce que ces attaques constantes, disais-je, ont eu un effet

 18   négatif sur le moral des troupes qui se trouvaient à ces postes-

 19   frontières ?

 20   R.  Le plus difficile c'était de ne pas pouvoir se laver à ces postes-

 21   frontières. Tout le reste on pouvait le supporter. Les postes-frontières

 22   ont été détruits, mais les soldats ne pouvaient pas se laver. Cela c'était

 23   le problème le plus grave.

 24   Pour ce qui est des provocations, elles étaient quotidiennes. On s'y

 25   habituait. Mais les bains c'était le plus gros problème. Ces postes-

 26   frontières ont été détruits, mais tout le reste on s'y habituait. Le moral,

 27   je ne sais pas s'il était si mauvais que cela.

 28   Q.  Dans ce journal, on voit une entrée correspondant à la date du 7 juin


Page 9396

  1   où il est dit : "Dans le cadre de nos rapports réguliers de combat, nous

  2   avons informé nos supérieurs du fait que la situation au sein des unités

  3   était très difficile. Les soldats sont épuisés et le moral n'est pas bon."

  4   C'est la raison pour laquelle je vous ai posé cette question.

  5   R.  Nous nous sommes repliés le 8, si je me souviens bien. Je n'évoquerai

  6   pas l'aspect politique des choses pourquoi on a pris cette décision, mais

  7   les gens qui se trouvaient là, y compris moi-même, n'étaient pas satisfaits

  8   de ce retrait du Kosovo. Nous étions contre. Nous étions prêts à rester là

  9   jusqu'à la fin, jusqu'au dernier homme.

 10   Q.  Vous craigniez une offensive terrestre de l'OTAN au niveau de ce poste-

 11   frontière dans la zone de responsabilité de votre bataillon. Dans ce

 12   journal, il existe des informations selon lesquelles le 5 et le 6 mai,

 13   cette préoccupation était très vivace.

 14   Le 5 mai à 10 heures 19, des avions ennemis ont attaqué le secteur

 15   situé au nord-ouest de Djakovica. A 13 heures 45, le poste d'observation de

 16   Guri Bard a signalé l'arrivée de dix chars et de 50 soldats qui ont franchi

 17   la frontière. Nous en avons parlé tout à l'heure.

 18   De 17 heures 30 à 19 heures 30, les avions ont lancé une attaque

 19   intense contre le secteur de défense du bataillon se servant de roquettes

 20   et de bombes à fragmentation. A 18 heures 30, quatre roquettes ont été

 21   tirées contre le village de Kuzliu [phon]. Un soldat a été tué. A 19 heures

 22   25 des bombes de fragmentation ont été larguées sur le poste-frontière de

 23   Cafa Prusit. Un sergent a été tué. Deux soldats ont été blessés. Il y a eu

 24   des tirs d'infanterie ennemie contre les positions à Cafa Prusit, ces

 25   activités se sont déroulées le long de la frontière le 5 mai; pour ce qui

 26   est de l'entrée du 6 mai, un autre avion ennemi a largué une bombe à

 27   fragmentation dans le secteur de Pastrik. Il y a eu une alerte à

 28   l'intention de toutes les unités en raison d'une attaque généralisée qui


Page 9397

  1   était annoncée, une attaque par la voie aérienne et une attaque terrestre.

  2   Est-ce que vous vous souvenez de cette alerte qui a été faite ce

  3   jour-là pour annoncer cette offensive terrestre imminente ?

  4   R.  Je suis allé à Pastrik. Je n'avais pas peur de l'offensive terrestre,

  5   qu'elle se passe ce jour-là, le lendemain, peu importe. Je suis allé au

  6   Kosovo avec un seul objectif, peu m'importait qu'ils attaquent ou non.

  7   S'ils devaient attaquer, je serais là. S'ils n'attaquaient pas, je serais

  8   là quand même. Les soldats clairement étaient prêts à défendre ce secteur

  9   coûte que coûte.

 10   Q.  Je prends note de votre réponse, mais cela n'avait rien à voir avec ma

 11   question. Ma question était la suivante : on s'inquiétait sérieusement de

 12   l'éventualité d'une offensive terrestre menée depuis l'Albanie. Il y avait

 13   certains éléments qui indiquaient que cette attaque allait bientôt avoir

 14   lieu, n'est-ce pas ?

 15   R.  Dans la nuit du 5 au 6, je suis allé à Pastrik. Il y avait une alerte

 16   aérienne. Un groupe avait franchi la frontière. Il y a un rocher, un gros

 17   rocher dans ce secteur. Mon commandant et moi-même étions là depuis quelque

 18   temps. Le commandant qui était sur place nous a assurés que tout allait

 19   bien.

 20   Peut-être que mon commandant a noté cela quelque part, mais il n'y

 21   avait pas de soldat à cet endroit. Ils nous avaient menti. Je suis allé là-

 22   bas ce soir-là, comme je l'ai dit, pour riposter dans l'éventualité où ils

 23   allaient se diriger vers Prizren. Je voulais être sur les lieux.

 24   Mais ils sont restés au niveau de ce rocher, ils n'ont pas avancé

 25   davantage à l'intérieur du territoire. Il y a eu une alerte. Je comprends

 26   votre question. Je n'avais pas peur des attaques. Les gens qui étaient avec

 27   moi non plus. Ils pouvaient attaquer quand ils voulaient. Nous n'avions pas

 28   peur. Est-ce que ma réponse vous satisfait ?


Page 9398

  1   Q.  Je ne voulais pas insinuer que vous aviez peur. Je sais que vous

  2   n'aviez pas peur.

  3   Je souhaiterais que l'on évoque très brièvement une dernière question

  4   concernant le secteur de Korenica-Meja, le 27 avril lorsque vous vous

  5   trouviez à ce carrefour en compagnie de votre commandant. Comment vous

  6   êtes-vous retrouvé à cet endroit ce jour-là avec votre commandant ? Où se

  7   trouvaient votre lieutenant et le reste de l'unité ?

  8   R.  Vous avez mal formulé votre question. Je n'étais pas au carrefour avec

  9   le commandant. Nous avions un poste de commandement situé entre le

 10   carrefour et le village. Il se trouvait à 80 ou 100 mètres du carrefour du

 11   côté droit de la route. Il y avait une maison abandonnée où nous nous

 12   trouvions. Donc, nous n'étions pas au carrefour même.

 13   J'assurais la sécurité du commandant. J'étais son garde du corps. Le

 14   reste de l'unité était ailleurs, j'étais avec le commandant conformément

 15   aux ordres qui étaient donnés quotidiennement en vue  d'assurer sa

 16   sécurité. J'étais là avec d'autres hommes et notamment un autre homme de

 17   mon groupe.

 18   Q.  Où se trouvait votre lieutenant et le reste du groupe ?

 19   R.  Le lieutenant n'était pas là, mais le reste du groupe se trouvait au

 20   niveau du ruisseau, comme je l'ai expliqué aux Juges de la Chambre, nous

 21   nous trouvions là pour empêcher l'UCK de quitter le village, pas les

 22   civils.

 23   En fait, le ruisseau qui va du carrefour vers les collines à droite,

 24   cela ne se trouve pas sur la carte. Il s'agit d'une route ou plutôt d'un

 25   sentier d'un chemin non macadamisé qui est utilisé par les charrettes

 26   essentiellement.

 27   Q.  Vous nous avez dit hier que vous aviez informé votre commandant du fait

 28   que des gens avaient été tués. Cela l'a mis en colère. Mais vous ne savez


Page 9399

  1   pas s'il a signalé cela à ses supérieurs, s'il a relayé vos informations,

  2   ce que vous lui aviez dit. Vous ne savez pas s'il l'a fait ou non, n'est-ce

  3   pas ?

  4   R.  Je ne peux pas vérifier ce que faisait le commandant ce jour-là ou un

  5   autre jour peut-être, mais ce jour-là je n'ai pas vérifié ce qu'il faisait.

  6   Ce n'était pas ma mission. C'est lui qui devait vérifier ce que je faisais

  7   moi.

  8   Q.  Oui, je comprends bien. Mais avez-vous dit à votre lieutenant ce que

  9   vous aviez vu ?

 10   R.  Non. Il n'était pas là à ce moment-là.

 11   Q.  Après avoir dit à votre commandant ce que vous aviez vu, ce dernier

 12   vous a donné l'ordre à vous et à un autre soldat d'escorter un groupe de

 13   personnes qui quittaient le secteur pour aller à Djakovica, vous deviez les

 14   protéger, c'est bien cela ?

 15   R.  C'était après que ces deux personnes ont été blessées, les personnes

 16   qui sont mentionnées dans le paragraphe précédent. Il y a un champ entre le

 17   village et l'endroit où nous nous trouvions. Nous avons vu qu'ils étaient

 18   prêts à partir, il y avait des coups de feu.

 19   Le chaos régnait. Les soldats se trouvaient à gauche de la route, il

 20   m'a donné l'ordre d'évacuer ces personnes vers Djakovica en compagnie de ce

 21   soldat.

 22   Q.  Vous avez dit dans votre déclaration : Si nous n'avions pas fait cela,

 23   si nous ne les avions pas protégés, ils n'auraient jamais pu franchir le

 24   poste-frontière et les hommes ne seraient pas certainement pas en vie

 25   aujourd'hui. Vous nous dites que vous et votre commandant, grâce à cela,

 26   avez pu sauver la vie d'un certain nombre de personnes ce jour-là ?

 27   R.  C'est mon opinion, et je le pense toujours aujourd'hui.

 28   Q.  Au paragraphe 66 de votre déclaration, vous nous dites que personne au


Page 9400

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14  

15  

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 9401

  1   sein de votre unité, aucun des soldats que vous connaissiez n'était content

  2   de ce qui s'était passé ce jour-là. Vous dites, je cite : "Nous étions

  3   perturbés, ennuyés d'être impliqués dans les activités de la police." En

  4   fait, les soldats de la VJ que vous connaissiez étaient très surpris et

  5   perturbés par ce qu'ils avaient appris ce jour-là, n'est-ce pas ?

  6   R.  Dans la soirée, nous avons reçu la mission que nous étions censés

  7   effectuer le lendemain matin, nous n'avons pas parlé de cela. Il était tout

  8   à fait surpris, on n'a pas parlé de cela. En fait, on a parlé du ratissage

  9   du terrain afin de s'assurer qu'il n'y avait pas de soldats de l'UCK à cet

 10   endroit. C'est tout à fait autre chose, et je vous affirme que mon

 11   commandant était surpris de ce qui s'était passé. Je le connaissais depuis,

 12   je crois, 1992.

 13   Il était très surpris de ce qui s'était passé. Je pense qu'il n'était

 14   pas au courant de ce qui s'était passé. Je suis presque sûr qu'il ne savait

 15   pas ce qui s'était passé, vu sa réaction. Je pense que même les commandants

 16   de la police n'étaient pas au courant de ce qui se passait sur le terrain,

 17   car leurs officiers n'étaient pas présents non plus. Il y avait de simples

 18   policiers, mais il n'y avait pas d'officiers supérieurs. Ils se trouvaient

 19   déployés au niveau du pont, et non pas sur le terrain où ils auraient dû

 20   être.

 21   Q.  Vous dites que votre commandant était en colère et dégoûté par ce qui

 22   s'était passé. Mais tous les soldats de la VJ que vous connaissiez étaient

 23   en colère également et ils étaient gênés, dégoûtés par ce qui s'était passé

 24   eux aussi, n'est-ce pas ?

 25   R.  Les gens avec qui j'étais en communication ce jour-là, oui.

 26   Q.  C'est tout. Je n'ai plus d'autres questions à vous poser. Merci.

 27   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci, Maître Ackerman.

 28   Maître Bakrac.


Page 9402

  1   M. BAKRAC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je pense que mon

  2   contre-interrogatoire sera bref, car Me Ackerman a déjà posé au témoin un

  3   certain nombre de questions que je voulais lui poser.

  4   Contre-interrogatoire par M. Bakrac :

  5   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin K90. Je m'appelle Mihajlo

  6   Bakrac. Je suis l'un des avocats du général Lazarevic. Comme je l'ai dit,

  7   Me Ackerman vous a déjà interrogé au sujet d'un certain nombre de questions

  8   que je souhaitais évoquer avec vous. Donc je pense que mon contre-

  9   interrogatoire ne sera pas long.

 10   Ce que je souhaiterais préciser, c'est la chose suivante : est-ce que vous

 11   êtes en mesure de nous dire quelle était l'appellation officielle de votre

 12   unité, l'unité à laquelle vous étiez rattaché au Kosovo ?

 13   R.  Il s'agissait du 2e Bataillon de la 549e Brigade motorisée.

 14   Q.  Mais comment s'appelait votre unité ? Un instant, s'il vous plaît. Vous

 15   avez été interrogé précédemment par des conseils qui parlaient anglais. Là,

 16   nous allons avoir un problème car nous parlons tous les deux la même

 17   langue, nous devons ménager une pause entre les questions et les réponses.

 18   Lorsque vous verrez à l'écran que le curseur ne bouge plus, vous pourrez

 19   commencer à répondre.

 20   R.  Cela faisait partie de la section de la police militaire. Est-ce que

 21   vous avez entendu ce que je viens de dire ? Une section de la police, un

 22   groupe supplémentaire, nous faisions partie de cette section de la police

 23   militaire. En fait, la compagnie de la police militaire se trouvait à

 24   Prizren. Nous, nous étions en quelque sorte une section avancée, nous

 25   étions à Djakovica. Nous faisions partie de cette section, c'est ce que je

 26   veux dire.

 27   Q.  Est-ce que vous vous souvenez qui commandait cette section ?

 28   R.  Il s'agissait d'un sous-lieutenant, mais je ne me souviens pas de son


Page 9403

  1   nom.

  2   Q.  Très bien. Vous souvenez-vous de la date précise à laquelle vous avez

  3   rejoint les rangs de cette section de la police militaire ?

  4   R.  Le 27 dans la soirée je suis arrivé au Kosovo. Cela figure dans mon

  5   livret militaire. Oui, c'est bien cela. Le 27, j'étais à Zub, au poste de

  6   commandement. Mon commandant nous a accueillis et nous a dit ce que je vous

  7   ai dit hier.

  8   Ce n'est ni le Kosovo ni la Bosnie, les ordres vont être respectés

  9   ici. Il a dit que les ordres étaient confidentiels et qu'il fallait les

 10   appliquer à la lettre, même si nous étions des volontaires. Cela s'est

 11   produit le 27, tout cela.

 12   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Un instant, Maître Bakrac. Est-ce que

 13   nous pourrions passer brièvement à huis clos partiel ?

 14   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

 15   [Audience à huis clos partiel]

16  (expurgé)

17  (expurgé)

18  (expurgé)

19  (expurgé)

20  (expurgé)

21  (expurgé)

22  (expurgé)

23  (expurgé)

24  (expurgé)

 25   [Audience publique]

 26   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Ackerman.

 27   M. ACKERMAN : [interprétation] Au paragraphe -- ou plutôt à la page 49,

 28   ligne 19, on peut lire une fois de plus : "Ce n'est ni le Kosovo, ni la


Page 9404

  1   Bosnie." Le témoin a corrigé cela hier, il voulait dire que ce n'est ni la

  2   Croatie ni la Bosnie." Je suis sûr que c'est ce qu'il voulait dire

  3   aujourd'hui également.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, la Croatie, c'est cela. Excusez-moi.

  5   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci, Monsieur.

  6   M. BAKRAC : [interprétation]

  7   Q.  Monsieur, dans le journal de guerre, il est indiqué que le 3 avril

  8   1999, 22 volontaires sont arrivés.

  9   R.  Nous étions déjà présents lorsqu'ils sont arrivés. Ils sont arrivés

 10   après nous. Ils sont allés au poste-frontière de Deva.

 11   Q.  Merci. Précisons un autre point dans votre déclaration préalable. Vous

 12   dites que Nesovic était un officier chargé de la sécurité au sein du

 13   bataillon. Est-il exact qu'il n'avait pas de responsabilité en matière de

 14   commandement ?

 15   R.  Il n'avait pas d'hommes, ce n'était pas ses hommes. Le commandant de la

 16   section avait des hommes placés sous son autorité, mais lui, en tant

 17   qu'organe chargé de la sécurité, il n'avait pas de soldats placés sous son

 18   autorité, pour autant que je m'en souvienne, il n'avait qu'une estafette,

 19   un chauffeur à sa disposition. Il n'avait pas de soldats d'active placés

 20   sous son autorité. Le lieutenant ne pouvait pas personnellement commander

 21   des soldats.

 22   Q.  Donc nous pouvons en déduire qu'il ne faisait que prendre des mesures

 23   pour ce qui est de la sécurité ?

 24   R.  Oui. Il s'occupait de la coordination entre le commandant de la brigade

 25   et les services de sécurité du bataillon.

 26   Q.  Merci. Mon collègue, Me Ackerman, vous a déjà interrogé sur certains

 27   points concernant le croquis. Je souhaiterais que l'on puisse être sûrs de

 28   l'endroit où se trouvaient certaines installations.


Page 9405

  1   Est-il exact de dire que la zone de responsabilité de votre bataillon

  2   allait du poste-frontière de Likan à Pastrik jusqu'à Kosare. La ligne de

  3   front faisait environ une trentaine de kilomètres de long; c'est bien

  4   cela ?

  5   R.  Trente-sept, grosso modo. En fait, la zone frontalière avait une

  6   profondeur de 5 kilomètres. En 1998 ou en 1999, la zone frontalière a été

  7   déplacée. Je ne me souviens pas à quelle distance exactement. Voilà la zone

  8   que nous couvrions, donc la frontière et la zone frontalière.

  9   Q.  Oui, je comprends. Pour gagner du temps et pour que vous puissiez

 10   rentrer chez vous plus vite, vous conviendrez avec moi qu'en 1999, lorsque

 11   vous étiez sur les lieux, la zone frontalière a été élargie de 10

 12   kilomètres ?

 13   R.  Je ne sais pas partout, mais à certains endroits, oui, donc de la

 14   frontière vers certains villages. Si j'étais dans un village où se trouvait

 15   un poste de commandement qui était censé être la caserne - en fait, il y

 16   avait une caserne à Djakovica. Nous ne pouvions pas être à cet endroit,

 17   bien sûr, parce que la caserne avait été détruite. Nous étions au poste de

 18   commandement avancé, la distance était peut-être de 1 à 5 kilomètres, enfin

 19   cela dépendait.

 20   Q.  Oui, je comprends.

 21   R.  Oui, mais est-ce que les Juges ont compris ?

 22   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Compris quoi ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que vous avez compris ce que j'ai

 24   essayé de vous expliquer ? La distance qui sépare la frontière et cet

 25   endroit, donc ces 10 kilomètres. A certains endroits, c'était 10

 26   kilomètres, d'autres endroits 5 kilomètres. En fait c'était 10 kilomètres

 27   au maximum. Cela n'allait pas au-delà de ces 10 kilomètres, cette zone

 28   frontalière.


Page 9406

  1   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui, nous comprenons bien votre

  2   réponse. Me Bakrac s'attendait à cette réponse lui aussi.

  3   Poursuivez, Maître Bakrac.

  4   M. BAKRAC : [interprétation] Peut-être que les choses pourraient être

  5   précisées grâce à la question suivante.

  6   Q.  Conviendrez-vous que la zone de défense du bataillon était telle qu'au

  7   moins 90 % des effectifs de votre unité étaient déployés le long de la

  8   frontière de l'Etat, à l'exception d'une petite portion ?

  9   R.  J'ai parlé de 70 % dans ma déclaration. Nous n'avions jamais

 10   suffisamment de troupes à la frontière ou ailleurs. Il est possible que ce

 11   chiffre soit exact, mais j'ai dit 70 %. Vous me dites 90 %, c'est possible.

 12   Q.  Les pourcentages ne sont pas importants. Si j'ai bien compris, il y

 13   avait une pénurie d'effectifs. Vous étiez tous dans la zone frontalière, à

 14   l'exception d'un petit contingent qui se trouvait à l'arrière ?

 15   R.  Ils étaient un jour à un endroit, puis le lendemain ailleurs, en

 16   fonction des besoins. Ils allaient là où on avait besoin d'eux. Voilà.

 17   Généralement, on ne déploie pas la police militaire de cette manière.

 18   C'était une exception. La section de la police militaire a été déployée à

 19   Pastrik, à la frontière même.

 20   Q.  Monsieur, vous conviendrez que tous les soldats recevaient une

 21   brochure, quelques informations de poche concernant les conventions de

 22   Genève ?

 23   R.  Oui. Je l'ai reçue. Je sais, puisque je formais les soldats, et nous

 24   les avons formés au sujet de ces conventions. Je ne me souviens plus ce

 25   qu'on leur disait exactement. A partir du moment où les soldats arrivaient,

 26   il fallait absolument aborder ces thèmes.

 27   Je ne sais pas s'ils avaient tout cela sur eux, s'ils avaient tous ce

 28   document. C'est vrai que je l'avais reçu. D'ailleurs, je l'ai encore


Page 9407

  1   quelque part chez moi. Je l'ai gardé avec ces informations, ces bouts de

  2   papier qui étaient jetés des avions de l'OTAN. J'ai gardé tout cela.

  3   Q.  Bien. Vous avez déjà parlé de ces bombardements, les bombardements avec

  4   les bombes à fragmentation, l'œuvre de l'OTAN. Est-ce que vous conviendrez

  5   que pendant toute cette période, durant tout le mois d'avril et tout le

  6   mois de mai, pendant tout le temps que votre unité a été déployée là où

  7   elle était déployée, il y a eu des attaques quotidiennes ?

  8   R.  Non, on ne peut pas le dire comme cela. Si vous prenez la tour qui se

  9   trouve entre un autre poste de commandement à Brekovac et la vieille

 10   caserne qui est à peu près à 100 mètres de là, on peut dire que cette tour

 11   a été bombardée au moins dix fois par jour. Toutes les unités de notre

 12   bataillon étaient bombardées au moins deux fois par jour, parfois même plus

 13   que cela, dix, douze fois.

 14   Vous savez, une heure ne se passait sans qu'il y ait des bombes qui

 15   tombent. Même une heure c'est trop, c'est trop long. On avait l'impression

 16   que tous les avions qui reviennent du Kosovo, s'ils n'ont pas réussi à

 17   bombarder quelque chose là-bas, au retour, ils lâchent quelques bombes sur

 18   nous, ensuite ils continuent vers l'Albanie.

 19   Q.  Si je vous ai bien compris, quand vous avez parlé de quelques villages

 20   - et d'ailleurs vous avez apporté une correction quand vous avez parlé de

 21   quelques villageois qui ont été réinstallés à Djakovica ou dans les

 22   villages à proximité de Djakovica - ce sont les villages qui dépendaient de

 23   la zone de responsabilité de votre unité et ce sont les villages qui sont

 24   près de la frontière ?

 25   R.  Oui, oui, je me souviens de Zub et de quelques autres villages.

 26   Q.  Monsieur, je ne suis pas intéressé par les noms.

 27   R.  Oui, c'est exclusivement les villages qui se trouvent là, vous savez,

 28   les premiers villages qui sont tout près de Djakovica. Il y avait déjà


Page 9408

 1  

 2  

 3   

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14  

15  

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 9409

  1   d'autres villages qui avaient été complètement vidés. Je ne me souviens

  2   plus de leurs noms.

  3   Je suis sûr que les villages qui étaient là au moment où je suis

  4   arrivé, ils sont partis en direction de Djakovica, pas de l'Albanie. Après,

  5   qu'est-ce qui s'est passé avec ces gens-là, est-ce qu'ils sont partis

  6   ailleurs, je ne rentrerai pas là-dedans.

  7   Q.  Conviendrez-vous que la raison de leur réinstallation résidait

  8   justement dans ces bombardements quotidiens, d'un danger d'une invasion

  9   terrestre venant de l'autre côté de la frontière, et c'est à cause de cela

 10   que les villages spontanément se sont dirigés vers Djakovica ?

 11   R.  Oui. Oui, même si on était resté là-bas, si on avait chassé tous

 12   les gens de là-bas, on serait les seuls qui serions restés à cet endroit.

 13   Personne ne voulait cela, parce qu'on nous aurait bombardés juste nous. Qui

 14   voulez-vous qui fasse cela ? Il faut être dingue pour faire cela.

 15   Ils étaient là avec nous, ils sont partis avec nous en direction de

 16   la ville. Le commandant savait mieux ce qu'il fallait faire et c'est eux

 17   qui ont décidé de cela.

 18   Q.  Est-ce que vous savez que les villages frontaliers en Albanie;

 19   Vlahna, Dobruna, Zogaj, et que les civils de ces villages se sont aussi

 20   déplacés, ont déménagé justement parce que la frontière était près ou parce

 21   qu'il y avait des bombardements, les menaces d'une invasion terrestre ?

 22   R.  Je ne sais pas comment s'appelait ce village, Cafa Prusit,

 23   quelque chose comme cela, du côté albanais. C'est vrai que je regardais

 24   avec des jumelles, et je savais très bien que c'était un village

 25   complètement vide. Il n'y avait pas d'habitants.

 26   Il y avait un homme qui venait avec des fusils, mais pas plus que

 27   cela. Le village était complètement vide. Pourquoi ? Parce qu'ils ne

 28   bombardaient pas que nous tout le temps, parfois, ils se trompaient et cela


Page 9410

  1   tombait sur eux.

  2   Q.  On savait que vous n'aviez pas peur, que vous n'aviez pas peur au

  3   combat. Est-il exact de dire qu'au poste-frontière Kosare, il y a eu des

  4   conflits quotidiens, qu'on a essayé de percer ces postes-frontières, cette

  5   ligne de défense au niveau du poste-frontière, poste de la frontière ?

  6   R.  Je n'ai passé que deux jours là-bas. Il y a eu des attaques constantes,

  7   permanentes, de l'aviation. Littéralement, on nous attaquait tout le temps,

  8   24 heures sur 24. Vous aviez une partie où il y a quelques arbres, où vous

  9   pouvez vous cacher un peu. Puis, il y a aussi du maquis. On ne peut même

 10   pas y entrer. Nous étions près à tout, mais vraiment tout.

 11   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous n'avez pas répondu à la question.

 12   On vous a demandé s'il y a eu des conflits, et je ne pense pas qu'on

 13   faisait forcément référence aux bombardements de l'OTAN. Quand vous étiez

 14   là deux jours, que s'est-il passé pendant ces deux jours ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, à l'époque j'ai vu mon

 16   voisin qui était un soldat d'active. Il s'est fait tuer là-bas, un de ces

 17   jours-là. J'ai vu que le corps d'un homme était attelé à une remorque de

 18   tracteur, et j'ai bien compris que c'était Marinko, ce jeune homme qui

 19   habitait dans le même quartier que moi.

 20   Vous savez, ce conflit était permanent, les membres de l'UCK et de notre

 21   armée, plus les bombardements de l'OTAN 24 heures sur 24.

 22   M. BAKRAC : [interprétation]

 23   Q.  Vous venez de dire qu'il y a eu des combats permanents. Est-ce qu'il

 24   existait des dangers qu'avec la chute du poste de frontière de Kosare l'UCK

 25   soit jointe, c'est-à-dire les unités de la vallée de la Carragojs et de

 26   Djakovica ?

 27   R.  Vous savez, c'est une vallée. Oui, ils étaient juste du côté gauche.

 28   J'imagine que ceci aurait été le résultat. Vous savez, je ne peux pas


Page 9411

  1   affirmer. Il y a des gens qui s'y connaissent mieux et savent exactement

  2   quel aurait été l'issue de cela, le résultat.

  3   Q.  Ce que j'ai voulu de savoir, c'était de voir si vous conviendriez avec

  4   moi que vu les faits que nous venons d'énumérer, que ce blocus le long de

  5   la frontière qui était tenue par l'armée, que tenir ces lignes c'était

  6   parfaitement justifié du point de vue militaire.

  7   R.  Ce que je peux vous dire, c'est que nous n'avions pas suffisamment de

  8   soldats. Puisqu'on savait quelle était la nature de l'ennemi que nous

  9   avions, nous savions que lors d'une attaque d'infanterie, des forces

 10   combinées de l'OTAN et de l'UCK, qu'on allait être écrasé. Vous savez, il y

 11   avait avant tout beaucoup de monde, puis des gens qui étaient très bien

 12   équipés.

 13   Donc oui, j'avais l'impression que nous n'avions pas suffisamment

 14   d'hommes, suffisamment d'éléments pour nous épauler. Je ne sais pas quelles

 15   sont les éventualités auxquelles le commandement avait prévu de faire face.

 16   Mais je sais que les unités qui étaient à la frontière, qu'elles avaient du

 17   mal à opposer une résistance durable.

 18   Q.  Je vous ai très bien compris, vous n'avez pas besoin d'entrer en

 19   détail. Dites-moi - là, c'est encore quelque chose, une information qui

 20   ressort du journal proposé par le bureau du Procureur - est-il exact que,

 21   par exemple, le 23 avril au moment où l'on a fouillé les villages Romel

 22   Lukanje [phon], qu'on a arrêté six membres de l'UCK, les uniformes, et

 23   cetera ?

 24   R.  Monsieur, je ne les ai pas vus. J'ai vu en revanche quelques uniformes

 25   noirs et j'ai vu le symbole des fusils. Je ne sais pas à qui appartenaient

 26   vraiment ces uniformes. Je ne sais pas à qui appartenaient les armes. J'ai

 27   vu cela au niveau du quartier général du peloton de la police militaire.

 28   Chez nous, j'ai vu une liste. Quand on était là-bas, quand on montait la


Page 9412

  1   garde, on pouvait très bien voir à qui appartenaient ces armes.

  2   Vous vous souvenez, j'avais parlé au Procureur de cela ? Ces hommes qui

  3   avaient des armes, puis finalement on a vu que ce n'était pas les armes de

  4   la police militaire. Il y avait des uniformes là-bas, mais je ne sais pas à

  5   qui ils appartenaient.

  6   Q.  Est-ce que vous savez si un accord en vertu des règles de combat, il

  7   est nécessaire pour une unité, avant de prendre ses positions, de fouiller

  8   les terrains, de ratisser les terrains pour voir s'il y a des troupes

  9   ennemies là-bas, s'il y a des mines, et cetera ?

 10   R.  Si vous ne faites pas cela, vous ne faites une faute. Si vous allez

 11   vous emparer d'un terrain, d'un bout de terrain et vous n'avez pas ratissé

 12   le terrain avant, vous ne l'avez pas nettoyé, on peut vous punir à cause de

 13   cela. Toutes les armées font cela. On n'est pas les seuls à le faire.

 14   Q.  Savez-vous si pendant la nuit du 27 au 28 avril, vous avez parlé de

 15   Meja et de Korenica, que les positions du peloton de la police militaire

 16   que l'UCK avait tenté de percer, c'est à ce moment-là que ce groupe de

 17   soldats de l'UCK a été démantelé. Je pense qu'il s'agit du village de

 18   Racaj. Est-ce que vous êtes au courant de cela ?

 19   R.  Non, non. Vous savez, vous m'avez posé beaucoup de questions. Ceci

 20   s'est passé il y a longtemps, et je ne me souviens pas de tout. C'est

 21   possible que cela s'est produit, mais je ne me souviens pas de cela.

 22   En revanche, il y a quelque chose qui ne figure pas dans la déclaration. Je

 23   sais qu'il y a eu un malentendu par rapport à un homme qui a tiré sur des

 24   policiers, des policiers militaires, mais cet homme s'est échappé. Il s'est

 25   enfui. Je ne sais pas qui c'était. Il a traversé la rivière, il est parti

 26   de l'autre côté, rien ne lui est arrivé. Je ne sais pas si c'est le même

 27   incident.

 28  (expurgé)


Page 9413

 1  (expurgé)

 2  (expurgé) Est-ce que vous savez qu'est-ce qui s'est passé au moment où la

  3   colonne est passée à partir de Korenica, là où vous étiez ? Comment vous

  4   vous êtes comportés ?

  5   R.  Nous n'avions aucun contact avec eux. Nous n'avions aucun contact avec

  6   eux.

  7   Q.  Très bien. Vous n'avez pas à répéter. Vous n'avez pas à répéter ce que

  8   vous avez déjà dit. L'armée tenait sa ligne en direction de la frontière.

  9   R.  Oui, oui. Tout ce qu'on faisait, c'était de monter la garde du côté

 10   gauche de la route, entre ce carrefour que j'ai dessiné et l'entrée gauche

 11   du village, rien d'autre. Puis, il y avait ce petit ruisseau, le côté du

 12   ruisseau.

 13   Nous n'avions pas plus que 100 hommes, on ne pouvait pas avoir de

 14   renforts. On était là, on était les seuls à être là, nous, les gens de la

 15   police militaire, puis une partie des soldats du poste-frontière Deva.

 16   C'est tout.

 17   Q.  Quand vous parlez de cette frontière, est-il exact que le caporal

 18   Vukadinovic [phon] a été le chauffeur de l'ambulance, il les a amenés à

 19   Djakovica ?

 20   R.  Je ne sais pas comment il s'appelait. Même si vous ameniez des milliers

 21   de personne ici, je ne l'aurais pas reconnu.

 22   Q.  Je vous ai posé cela --

 23   R.  Mais c'est possible que c'est Vukadinovic.

 24   Q.  Est-ce que vous savez si c'était lui ?

 25   R.  Je sais comment il était. Je me souviens de son apparence physique,

 26   mais je ne me souviens pas de son nom.

 27   Q.  Puisque vous savez qui est Vukadinovic, savez-vous si dans sa maison

 28   qui se trouvait à Cufodoj [phon], dans le hameau de Cufodoj, est-ce que


Page 9414

  1   vous savez si c'est là-dedans qu'il a hébergé une dizaine de familles

  2   albanaises ? Est-ce que vous êtes au courant de cela ?

  3   R.  Je ne serais pas étonné de l'apprendre. Nous avions de très bons

  4   rapports avec les gens qui étaient dans cet endroit. Le commandant de la

  5   Défense territoriale a donné ses garanties pour la sécurité de ces gens en

  6   disant que rien n'allait leur arriver.

  7   Nous avions des patrouilles le long de la rivière en direction de

  8   Deva, mais on n'est jamais entrés dans leurs villages. Jamais. Absolument

  9   jamais.

 10   Q.  Merci, Monsieur. La dernière question que je vais vous poser, c'est une

 11   question importante. Dans les informations supplémentaires, on peut lire

 12   quelque chose dont je vais vous poser quelques questions, parce que je suis

 13   sûr que le Procureur a oublié de vous poser cette question.

 14   Quand il vous a posé une question au sujet de l'incident B qui figure

 15   dans les informations supplémentaires quand il s'agit du meurtre dans ce

 16   village d'un homme, est-il exact que vous avez aussi dit à mon confrère, M.

 17   Hannis, que le commandant n'était absolument pas au courant de cela ?

 18   R.  Tout à fait, tout à fait d'accord, c'est tout à fait exact.

 19  (expurgé)

 20  (expurgé)

 21  (expurgé)

 22  (expurgé)

 23   R.  (expurgé)le sous-lieutenant qui le

 24   savait. Il s'agit d'un ordre très, très précis.

 25   M. HANNIS : [interprétation] Je voudrais demander que l'on apporte quelques

 26   corrections, quelques expurgations.

 27   M. BAKRAC : [interprétation] Excusez-moi, c'était ma dernière question. Je

 28   me suis un peu perdu, mais c'est bien puisque nous sommes en mesure


Page 9415

  1   d'expurger cela.

  2   Je n'ai pas d'autres questions à poser.

  3   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci, Maître Bakrac.

  4   Maître Fila.

  5   M. FILA : [interprétation] Merci, je n'ai pas de questions.

  6   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Zecevic.

  7   M. ZECEVIC : [interprétation] Pas de questions.

  8   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Visnjic.

  9   M. VISNJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, j'ai des

 10   questions à poser.

 11   Contre-interrogatoire par M. Visnjic:

 12   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur.

 13   M. VISNJIC : [interprétation] Je voudrais vous demander de présenter au

 14   témoin la pièce P2019, page 4.

 15   Monsieur le Président, le Procureur nous a aussi proposé la pièce P2573.

 16   D'après moi, il s'agit du même document. Donc, je vais utiliser les mêmes

 17   chiffres, les mêmes cotes que celles qui sont utilisées par Me Ackerman

 18   pour ne pas apporter davantage de confusion au moment où nous allons

 19   analyser ces documents. La cote que je vais utiliser, c'est la cote 2019.

 20   M. HANNIS : [interprétation] Monsieur le Président.

 21   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Hannis.

 22   M. HANNIS : [interprétation] Par rapport à ces deux documents, il y a quand

 23   même une différence. Les deux documents sont soi-disant des journaux de

 24   guerre du 2e Bataillon. La différence figure à la dernière page, se trouve

 25   à la dernière page. Et la version que j'ai proposée, c'est la version 2019,

 26   cette version-là comporte la signature du commandant.

 27   Alors que l'autre version, qui a été reçue d'une commission chargée

 28   de coopération ou a été amenée par le biais du général Delic, dans ce cas,


Page 9416

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14  

15  

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 9417

  1   dans ce document-là, l'endroit où se trouve la signature n'est pas clair -

  2   c'est quelque chose qui est en B/C/S, mais je ne peux pas le lire en B/C/S,

  3   je n'ai que le document en anglais.

  4   On a l'impression que ces deux versions sont identiques, mais non, ce

  5   n'est pas le cas. C'est pour cela que je proposais deux documents, et je

  6   demanderais le versement du document qui comporte la signature.

  7   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] C'est 2573 ?

  8   M. HANNIS : [interprétation] Non, c'est 2019.

  9   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Très bien. 2019, cela nous va.

 10   M. VISNJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je vais utiliser la

 11   pièce 2019 puisque nous avons la traduction en anglais. Je vais demander

 12   que l'image ne soit pas diffusée dans le public, j'ai une question à poser.

 13   Q.  Monsieur, c'est le journal de guerre de votre brigade motorisée, où il

 14   est dit que le 29 mars suite à un ordre menant de la 549e Brigade

 15   motorisée, un peloton avec un mortier de 122-millimètres a été envoyé à

 16   Velika Hoca dans le secteur. Je ne vais pas lire le nom du commandant, mais

 17   il a été subordonné à la 6e Brigade de la 549e Brigade motorisée.

 18   Est-ce que vous aviez un mortier de 120-millimètres ?

 19   R.  Le nom dont vous n'avez pas lu le nom, c'est Gorani --

 20   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Répondez à la question. Je ne vois

 21   même pas pourquoi M. Visnjic a fait référence au nom. Répondez à la

 22   question.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas si nous, nous avions

 24   précisément ces mortiers. Je sais qu'il y en avait, mais je ne sais pas si

 25   nous, si on les avait.

 26   M. VISNJIC : [interprétation]

 27   Q.  Merci.

 28   M. VISNJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je vais demander que


Page 9418

  1   l'on montre au témoin la page 6 de ce document.

  2   M. HANNIS : [interprétation] Monsieur le Président, pour que tout soit bien

  3   clair, je vais vous faire part d'une autre différence entre le document

  4   2593 et le document 2019. Dans le document 2593, on copiait page par page,

  5   alors que dans l'autre document, 2019, on copiait page deux par deux. Je

  6   pense que si M. Visnjic continue à faire référence aux dates, cela nous

  7   conviendrait, on va pouvoir s'y retrouver.

  8   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] La référence que vous avez faite au

  9   document 2593, en réalité, vous faisiez référence au document 2573.

 10   M. HANNIS : [interprétation] Oui, excusez-moi.

 11   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Très bien.

 12   M. VISNJIC : [interprétation] Une page plus tôt, s'il vous plaît, en

 13   anglais, montrez-nous la page précédente en anglais. En langue serbe, la

 14   page qui est montrée est bonne. Merci.

 15   Q.  Monsieur, je vais vous donner lecture de ce qui est écrit à la date du

 16   3 avril 1999. La première ligne : "On a procédé à la jonction des unités au

 17   sens large du terme du village de Zub. Le peloton avec les lance-roquettes

 18   de 122-millimètres est arrivé."

 19   R.  [aucune interprétation]

 20   Q.  Laissez-moi vous poser la question.

 21   R.  Je m'en souviens.

 22   Q.  Savez-vous, ou plutôt la date, est-ce qu'elle correspond à la date à

 23   laquelle une partie de votre bataillon est revenue du village Orahovac ?

 24   R.  Je sais que ces soldats avec les lance-roquettes sont arrivés à Zub et

 25   sont allés dans une maison qui était au bout du village, vraiment au niveau

 26   du ruisseau, en direction de la frontière. Je ne me souviens pas de la date

 27   exacte, mais je m'en souviens, puisqu'un de mes voisins était un soldat

 28   d'active dans ce peloton.


Page 9419

  1   M. VISNJIC : [interprétation] Je me réfère aux pages du compte rendu

  2   d'audience 9144, 9171, 9177 et 9205. C'est un autre témoin en l'espèce qui

  3   en a parlé.

  4   Q.  Monsieur, vous avez dit que vous ne vous souvenez pas du nom du

  5   commandant de peloton ?

  6   R.  Non. Je sais que c'était un sous-lieutenant, mais je ne me souviens pas

  7   de son nom.

  8   Q.  Qui était le chef du peloton ?

  9   R.  Cela dépendait de la situation. Quand je n'étais pas là, c'est lui qui

 10   était --

 11   Q.  Pouvez-vous répondre à nouveau ? Qui était le commandant du peloton ?

 12   R.  Kurjak quand je n'étais pas là, et quand j'étais là, c'était moi --

 13   Q.  Pourriez-vous répéter à nouveau ? Attendez la fin de ma question.

 14   M. HANNIS : [interprétation] S'il va donner le nom, je vais demander que

 15   l'on passe à huis clos partiel.

 16   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Très bien.

 17   Nous passons à huis clos partiel.

 18   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes en audience à huis clos

 19   partiel, Monsieur le Président.

 20   [Audience à huis clos partiel]

21  (expurgé)

22  (expurgé)

23  (expurgé)

24  (expurgé)

25  (expurgé)

26  (expurgé)

27  (expurgé)

28  (expurgé)


Page 9420

 2 

 3 

 4 

 5 

 6 

 7 

 8 

 9 

10 

11  Page 9420 expurgée. Audience à huis clos partiel

12 

13 

14 

15 

16 

17 

18 

19 

20 

21 

22 

23 

24 

25 

26  

27  

28  


Page 9421

1  (expurgé)

  2   [Audience publique]

  3   M. HANNIS : [interprétation] Il s'agit ici des déclarations qui n'ont pas

  4   été signées, qui n'ont pas fait l'objet d'une déclaration solennelle donnée

  5   par les individus qui faisaient partie d'une unité plus grande que l'unité

  6   de ce témoin. J'ai l'impression qu'on va les utiliser pour contredire le

  7   témoin par rapport à sa déposition quand il disait où il était, et cetera.

  8   Je n'ai pas de problème à ce que l'on utilise ces documents comme une

  9   base ou la raison pour lui poser la question, mais je ne veux pas qu'on

 10   utilise cela comme une petite porte pour introduire les déclarations de

 11   témoins qui n'ont pas fait l'objet de contre-interrogatoire. C'est cela qui

 12   me soucie, qui me préoccupe.

 13   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Visnjic, quelle est votre

 14   réponse ?

 15   M. VISNJIC : [interprétation] Je dois vous dire de quoi il s'agit. Le

 16   document 3D502 est un document signé. L'autre déclaration, mis à part

 17   3D500, ce sont les déclarations qui ont été recueillies par téléphone par

 18   l'enquêteur. Pour aller plus vite, nous avons fourni les déclarations non

 19   signées pour qu'elles soient traduites. C'est tout à fait un hasard si ce

 20   sont les déclarations non signées qui figurent dans le système. Nous allons

 21   fournir les déclarations signées dès que nous les aurons.

 22   D'ici la fin de la journée, je pourrai obtenir la signature du

 23   document 3D502, 3D500, et en ce qui concerne l'autre 501, 499 et 504, ces

 24   déclarations ont été signées par l'enquêteur qui a fait ces entretiens, qui

 25   a parlé avec ces personnes au téléphone, qui les a interviewés. Je ne veux

 26   pas les utiliser à présent mais un petit peu plus tard. J'aurais dû être

 27   plus clair à ce sujet. Je voudrais demander que l'on place le document 3D26

 28   dans le système électronique.


Page 9422

  1   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Visnjic, ces pièces, ces

  2   documents ne vont pas devenir des pièces à conviction, tout simplement

  3   parce que vous les présentez au témoin dans ce contexte. Parce que ce que

  4   vous faites, c'est que vous lui montrez un certain nombre de points qui

  5   découlent de ces déclarations. Vous les utilisez comme la base de ces

  6   questions.

  7   Je pense qu'il serait mieux de parler de cela sans montrer ces documents,

  8   sans les montrer sur le rétroprojecteur ou sur les écrans; Tout simplement

  9   de lui présenter ces arguments. Puis, s'il y a une raison particulière

 10   d'examiner les déclarations, on peut le faire éventuellement.

 11   M. VISNJIC : [interprétation] Je vais essayer de le faire.

 12   Je voudrais voir la pièce 3D26.

 13   Q.  Monsieur, il s'agit d'une carte couleur avec quelques inscriptions.

 14   Est-ce que vous le voyez ? Est-ce que vous voyez cela sur l'écran ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Est-ce que ce territoire correspond à celui que vous avez vous-même

 17   dessiné sur la pièce IC119 ?

 18   R.  Oui, c'est sur la route.

 19   M. VISNJIC : [interprétation] J'aimerais que l'on montre la page 3 de cette

 20   pièce au témoin. C'est exactement la même carte, seulement on a fait un

 21   gros plan sur une partie de cette carte.

 22   Q.  Pourriez-vous nous indiquer sur cette carte l'endroit où vous affirmez

 23   que se trouvait votre poste de commandement et l'endroit où vous dites que

 24   se trouvait votre section, comment votre section a été assiégée.

 25   R.  [Le témoin s'exécute] 

 26   Q.  Pourriez-vous tracer la lettre A là où se trouvait assiégée votre

 27   section, ou plutôt la section de la police.

 28   R.  Il ne s'agissait pas uniquement de la police. Il y avait également des


Page 9423

  1   soldats qui venaient de la frontière, puis nous aussi.

  2   Q.  Qui était sur l'autre ligne que vous avez dessinée ?

  3   R.  Mon équipe.

  4   Q.  Votre équipe était --

  5   R.  Elle se tenait de ce côté-là de la rivière.

  6   Q.  Sur toute cette zone ?

  7   R.  Non, pas toute la zone. C'est à 400 mètres, 300, 400 mètres, enfin ce

  8   n'est pas une zone très étendue.

  9   Q.  A quelle distance du poste de commandement se trouvait votre équipe ?

 10   R.  A 150 à 200 mètres, pas plus.

 11   Q.  Votre équipe se trouvait à 150 mètres du poste de commandement ?

 12   R.  A 150 ou à 200 mètres, pas plus. 

 13   Q.  A quelle distance la police se trouvait-elle de votre poste de

 14   commandement ?

 15   R.  La police se trouvait au croisement ici.

 16   Q.  A quelle distance, s'il vous plaît ?

 17   R.  De 80 à 100 mètres.

 18   Q.  Si je vous comprends bien, votre équipe se trouvait --

 19   R.  Derrière la police.

 20   Q.  A 50 mètres derrière la police ?

 21   R.  Oui. Au bout de la cour du bâtiment qui se trouvait le long de ce

 22   ruisseau, --

 23   Q.  Il y avait uniquement votre équipe, dix hommes?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Et de l'endroit où se trouvait votre équipe, vous pouviez voir la route

 26   et le poste de commandement ?

 27   R.  Répétez la question.

 28   Q.  De l'endroit où vous vous trouviez, est-ce que vous pouviez voir le


Page 9424

 1  

 2  

 3  

 4  

 5  

 6  

 7  

 8  

 9  

10  

11   Page intercalée pour assurer l’équivalence de pagination des

12   versions anglaise et française

13  

14  

15  

16  

17  

18  

19  

20  

21  

22  

23  

24  

25  

26  

27  

28  


Page 9425

  1   poste de commandement ?

  2   R.  Non. Non, parce qu'il y avait la rivière; ensuite il y a la route, puis

  3   il y a une autre zone derrière la route, une ou deux trois maisons, tout un

  4   ensemble de bâtiments que j'ai indiqué sur mon croquis.

  5   Q.  Avant d'inscrire quoi que ce soit sur la carte, attendez qu'on vous

  6   demande de le faire parce que sinon on ne va jamais s'y retrouver.

  7   Veuillez, s'il vous plaît, me dire la chose suivante.

  8   M. VISNJIC : [interprétation] J'aimerais que soit donné une cote IC à cette

  9   pièce.

 10   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Maître Visnjic, selon vous, que nous

 11   montre cette pièce ? Maître Visnjic, que représente la lettre A ?

 12   M. VISNJIC : [interprétation] Monsieur le Président, selon moi, A désigne

 13   une partie de l'unité du témoin qui bouclait la route ou plutôt qui se

 14   trouvait à côté de la route.

 15   L'autre ligne nous montre la ligne de bouclage qui était tenue par

 16   son équipe. Entre ces deux lignes, nous voyons des points. D'après ce qu'a

 17   déposé le témoin, cela représente des maisons et l'endroit où se trouvait

 18   la police.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

 20   M. VISNJIC : [interprétation]

 21   Q.  Veuillez écrire X là où se trouve la police.

 22   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Mais pourquoi est-ce qu'on utilise une

 23   carte différente du croquis qui a été utilisé par le témoin dans sa

 24   déclaration. Pourquoi est-ce que vous utilisez une carte différente ?

 25   M. VISNJIC : [interprétation] Quand on compare les deux pièces, et c'est ce

 26   que j'avais l'intension de faire, on constate que certains lieux, certaines

 27   localités sur la carte se trouvent à des endroits différents. J'aimerais

 28   bien que le témoin nous l'explique.


Page 9426

  1   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui, je vous comprends bien, mais

  2   quand on lui a demandé d'écrire la lettre A à côté de l'endroit où sa

  3   section a été encerclée, ce à quoi il a répondu : "Il ne s'agissait pas

  4   uniquement de la police mais aussi du poste de commandement," et cetera, le

  5   témoin a inscrit la lettre A à l'endroit où sa section était encerclée.

  6   Mais pour vous, est-ce que cela signifie qu'il y avait quelqu'un qui était

  7   encerclé, assiégé sur la route ?

  8   M. VISNJIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

  9   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je ne pense pas qu'il soit possible de

 10   suivre la déposition du témoin avec ce croquis.

 11   Pour que les choses soient claires, il faut recommencer avec des

 12   questions très claires. Poser au témoin une nouvelle mouture de cette

 13   carte, il faut que vous contrôliez le témoin, que vous soyez extrêmement

 14   clair pour savoir exactement ce qu'il veut dire. Il semble qu'aujourd'hui

 15   nous ne serons pas en mesure d'en terminer avec la déposition du témoin, en

 16   tout cas pas si les informations que j'ai au sujet du temps que durera le

 17   contre-interrogatoire de Me Ivetic s'avère exact.

 18   M. VISNJIC : [interprétation] Essayons encore une fois donc. 3D26, page 3.

 19   Q.  Témoin K90, veuillez m'écouter attentivement. D'abord, tracez une ligne

 20   pour indiquer où se trouvait votre section dans ce bouclage.

 21   R.  [Le témoin s'exécute]

 22   Q.  Ecrivez le numéro 1, le chiffre 1 à côté.

 23   R.  [Le témoin s'exécute]

 24   Q.  Maintenant tracez une autre ligne, une autre ligne qui indiquera où se

 25   trouvait le reste de votre bataillon dans ce bouclage.

 26   R.  [Le témoin s'exécute]

 27   Q.  Inscrivez le chiffre 2 juste en dessous.

 28   R.  [Le témoin s'exécute]


Page 9427

  1   Q.  Maintenant, veuillez nous indiquer l'endroit où se trouvait le poste de

  2   commandement de votre bataillon.

  3   R.  [Le témoin s'exécute]

  4   Q.  Veuillez, s'il vous plaît, inscrire le chiffre 3 à cet endroit.

  5   R.  [Le témoin s'exécute]

  6   Q.  Veuillez également nous indiquer l'endroit où se trouvait la police.

  7   R.  [Le témoin s'exécute]

  8   Q.  Veuillez inscrire le chiffre 4 à côté de ce cercle.

  9   R.  [Le témoin s'exécute]

 10   Q.  Merci.

 11   M. VISNJIC : [interprétation] Je crois que nous pouvons maintenant donner

 12   un numéro IC à ce document.

 13   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui, c'est beaucoup plus clair

 14   maintenant. Merci.

 15   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

 16   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Nous sommes confrontés à la même

 17   difficulté que tout à l'heure. Maître Visnjic, est-ce que vous pouvez

 18   passer à autre chose pendant qu'on essaie de résoudre, résoudre cette

 19   difficulté afin que ceci reste à l'écran, à moins que vous n'ayez besoin

 20   d'un autre document.

 21   M. VISNJIC : [interprétation] Je peux demander au témoin de nous indiquer

 22   un autre lieu, un autre site qu'on pourrait indiquer sur la même carte

 23   pendant qu'on attend les techniciens.

 24   M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce IC120.

 25   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Le problème est résolu. Poursuivez,

 26   Maître Visnjic.

 27   M. VISNJIC : [interprétation]

 28   Q.  L'endroit où les deux soldats ont été blessés, ceux que vous avez


Page 9428

  1   évoqués dans votre déposition hier et aujourd'hui, est-ce que de cet

  2   endroit on pouvait le voir depuis le poste de commandement ?

  3   R.  Non.

  4   Q.  Non ?

  5   R.  Non.

  6   Q.  A quelle distance de votre poste de commandement se trouvait cet

  7   endroit ?

  8   R.  Je ne peux pas vous le dire avec certitude, mais en tout cas, on ne

  9   pouvait pas le voir à l'œil nu; pas parce que c'était trop loin, mais à

 10   cause de la disposition des lieux, ce n'était pas possible. Il y avait une

 11   route qui allait de l'entrée jusqu'au village et qui ensuite tournait vers

 12   la gauche, vers le village.

 13   C'est là qu'ils se trouvaient. C'est la raison pour laquelle il

 14   n'était pas possible de les voir depuis le poste de commandement. Mais ce

 15   n'était pas que c'était trop loin, c'est simplement que les lieux étaient

 16   tels qu'on ne pouvait tout simplement pas les voir.

 17   Q.  Est-il exact de dire que les communications entre les sections et le

 18   poste de commandement se faisaient par radio, par un poste de type RUP-12 ?

 19   R.  Je ne m'en souviens pas exactement. Dans d'autres cas, dans d'autres

 20   situations sans doute, mais là je suis pratiquement sûr qu'on ne s'en est

 21   pas servi. Mais, enfin, ne me prenez pas aux mots.

 22   Q.  Et chaque commandant avait un Motorola, n'est-ce pas ?

 23   R.  Commandant en chef de quoi ?

 24   Q.  Chef de sections.

 25   R.  Il est possible qu'il ne les ait pas utilisés à ce moment-là parce

 26   qu'il y avait sans cesse des avions qui nous survolaient.

 27  (expurgé)

 28   R.  Oui.


Page 9429

  1   Q.  Comment l'avez-vous appris si vous étiez au poste de commandement ?

  2   R.  Quelqu'un est venu nous le dire, mais je ne sais pas qui. Je crois que

  3   c'est comme cela que s'est passé même si je ne suis pas sûr. Quelqu'un est

  4   venu nous dire qu'il était blessé.

  5   Il est possible que cela nous a été communiqué d'une autre manière,

  6   mais je ne m'en souviens pas, je ne me souviens pas des détails. A moins

  7   que -- enfin, je n'en suis pas sûr à moins que les ambulances ne disposent

  8   de radio. Sinon, je ne sais pas.

  9   Q.  Est-il exact de dire que vous ne savez pas comment les unités

 10   communiquaient avec le poste de commandement ce jour-là ?

 11   R.  Je crois qu'ils utilisent l'aide des estafettes.

 12   Q.  Savez-vous par quels moyens on a appris au poste de commandement que

 13   les deux autres soldats avaient été blessés ?

 14   R.  Je ne sais pas. Je crois que quelqu'un est venu nous le dire, mais je

 15   ne m'en souviens pas.

 16   Q.  Vous avez dit que pendant toute la journée il y a eu des tirs. Vous

 17   l'avez répété à plusieurs reprises dans votre déclaration.

 18   R.  Oui. Dans les villages environnants, cela tirait sans cesse.

 19   Q.  Vous souvenez-vous à quelle heure ces deux soldats ont été blessés ?

 20   R.  Le matin, avant midi. Je ne sais pas exactement à quelle heure, mais en

 21   tout cas, pas plus tard que 10 heures, disons entre 8 heures et 10 heures.

 22   Maintenant vous êtes en train de me poser des questions au sujet

 23   d'événements qui se sont déroulés il y a longtemps.

 24   Ceci figure sans doute au centre médical dans les documents. Le fait

 25   est qu'ils ont été blessés ce jour-là, et l'autre soldat a été également

 26   blessé ce jour-là; mais je ne sais pas à quelle heure. C'est trop me

 27   demander.

 28   Q.  Je comprends très bien. Je crois qu'en 2002 vous vous souveniez mieux


Page 9430

  1   des événements qu'aujourd'hui. Vous souvenez-vous de ceux qui étaient au

  2   poste de commandement avec vous et le commandant ?

  3   M. VISNJIC : [interprétation] Mais je pense qu'avant que vous ne répondiez,

  4   nous devons passer à huis clos partiel.

  5   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Bien.

  6   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

  7   [Audience à huis clos partiel]

8  (expurgé)

 9  (expurgé)

10  (expurgé)

11  (expurgé)

12  (expurgé)

13  (expurgé)

14  (expurgé)

15  (expurgé)

16  (expurgé)

17  (expurgé)

18  (expurgé)

19  (expurgé)

20  (expurgé)

21  (expurgé)

22  (expurgé)

23  (expurgé)

24  (expurgé)

25  (expurgé)

26  (expurgé)

27  (expurgé)

28  (expurgé)


Page 9431

 2 

 3 

 4 

 5 

 6 

 7 

 8 

 9 

10 

11  Pages 9431-9432 expurgées. Audience à huis clos partiel

12 

13 

14 

15 

16 

17 

18 

19 

20 

21 

22 

23 

24 

25 

26  

27  

28  


Page 9433

1  (expurgé)

 2  (expurgé)

 3  (expurgé)

 4  (expurgé)

 5  (expurgé)

 6  (expurgé)

 7  (expurgé)

  8   [Audience publique]

  9   M. VISNJIC : [interprétation] Il s'agit de la pièce P2019. Il s'agit du

 10   journal de guerre. J'aimerais que l'on présente la page 11 de ce document

 11   au témoin.

 12   Est-ce qu'on pourrait zoomer sur la version en B/C/S. Ce qui

 13   m'intéresse, c'est le 27 novembre.

 14   Q.  Nous avons ici le journal de votre unité, Monsieur le Témoin. Il

 15   est indiqué que deux soldats, deux volontaires ont été blessés à 8 heures

 16   35. Est-ce que ceci correspond à ce dont vous vous souvenez ?

 17   R.  Je ne me souviens pas de l'heure. Nous étions trempés jusqu'aux

 18   os.

 19   M. VISNJIC : [interprétation] Page suivante, s'il vous plaît, en

 20   anglais. Page suivante, 28 avril. Mais j'aimerais que la version en serbe

 21   reste à l'écran.

 22   Je signale, Monsieur le Président, qu'il s'agit du 28 avril, ligne 3.

 23   Q.  Dans le document, on peut lire que l'autre soldat que vous avez

 24   mentionné a été blessé le lendemain à 14 heures 35 ?

 25   R.  C'est totalement faux. Je peux jurer ici même devant ces Juges que le

 26   soldat dont vous parlez et les deux autres ont été blessés le même jour. Le

 27   bouclage a commencé le matin à 5 heures, et ils ont été blessés le même

 28   jour.


Page 9434

  1   Je ne sais pas qui a écrit ceci et dans quelles circonstances, mais je sais

  2   qu'il y a trois soldats qui ont été blessés le même jour. C'est sûr à 100

  3   %. Vous (expurgé)

  4   (expurgé) même jour. Il n'y a pas eu de blocage, de

  5   bouclage le lendemain, donc personne n'aurait pu être blessé le lendemain.

  6   Q.  A savoir si le lendemain il y avait un bouclage ou pas, cela reste à

  7   voir. Il faudrait encore le démontrer. Je voulais cependant vous poser la

  8   question suivante.

  9   M. VISNJIC : [interprétation] Auparavant cependant, avant que je passe à

 10   une nouvelle série de questions, j'aimerais que nous passions, Monsieur le

 11   Président, à huis clos partiel.

 12   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui.

 13   M. VISNJIC : [interprétation]

 14  (expurgé)

 15   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

 16   [Audience à huis clos partiel] 

 17  (expurgé)

 18  (expurgé)

 19  (expurgé)

 20  (expurgé)

 21  (expurgé)

 22  (expurgé)

 23  (expurgé)

 24  (expurgé)

 25  (expurgé)

 26  (expurgé)

 27  (expurgé)

 28  (expurgé)


Page 9435

 

 2 

 3 

 4 

 5 

 6 

 7 

 8 

 9 

10 

11  Page 9435 expurgée. Audience à huis clos partiel

12 

13 

14 

15 

16 

17 

18 

19 

20 

21 

22 

23 

24 

25 

26  

27  

28  


Page 9436

 1  (expurgé)

 2  (expurgé)

  3   [Audience à huis clos]

 4  (expurgé)

 5  (expurgé)

 6  (expurgé)

 7  (expurgé)

 8  (expurgé)

 9  (expurgé)

10  (expurgé)

11  (expurgé)

12  (expurgé)

13  (expurgé)

14  (expurgé)

15  (expurgé)

 16   [Audience publique]

 17   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Allez-y, Maître Visnjic.

 18   M. VISNJIC : [interprétation] Monsieur le Président, s'agissant de l'une

 19   des dernières réponses faites par ce témoin où ce dernier affirme que le

 20   bouclage n'a eu lieu que le 27 avril 1999, je souhaiterais attirer votre

 21   attention sur la pièce 2019 que vous avez sous les yeux.

 22   On peut voir la date du 28 avril. Il y est dit qu'à

 23   2 heures 20, les Siptar ont essayé d'échapper au bouclage dans la région de

 24   Kikes. Le groupe a été liquidé, démantelé. De nombreuses munitions et des

 25   obus de mortier ont été saisis.

 26   Q.  Qu'avez-vous à dire à ce sujet ? Dans ce journal, il est dit que le

 27   bouclage s'est poursuivi --

 28   R.  Non, non. Si c'était le 27, ce dont j'ai parlé, c'est là que nous avons


Page 9437

  1   mis en place le bouclage. Ce qui s'est passé le lendemain, je ne sais pas,

  2   je n'étais pas là. Cet homme a été blessé le 27. Voilà ce que j'affirme. Je

  3   vous parle du jour où ces deux soldats ont été blessés, je ne sais pas

  4   exactement quel jour c'était, je ne l'ai pas dit non plus dans ma

  5   déclaration, je n'étais pas sûr de la date.

  6   Je sais que c'était au mois d'avril, mais je ne savais pas quel jour

  7   exactement. Dans la déclaration j'ai dit également que je ne savais pas

  8   quand c'était.

  9   Q.  Est-ce que vous pourriez répondre de façon plus concise, s'il vous

 10   plaît ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Merci.

 13   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Lorsque vous dites que le lendemain

 14   vous n'étiez pas là, est-ce que le bouclage se poursuivait ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, nous sommes tous partis.

 16   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci. Vous avez répondu à la

 17   question.

 18   Poursuivez, Maître Visnjic.

 19   M. VISNJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je souhaiterais que

 20   l'on passe à la journée suivante, la journée du 29. Il est dit également

 21   que le bouclage était terminé dans la région de Reka.

 22   Q.  Monsieur le Témoin K90 --

 23   M. HANNIS : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait voir la référence. Il

 24   n'est pas dit à la date du 29 que le bouclage est terminé.

 25   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui.

 26   M. VISNJIC : [interprétation] Est-ce que ce n'est pas à la première ligne

 27   de l'entrée du 29 ?

 28   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Pas dans la version anglaise.


Page 9438

  1   M. VISNJIC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait voir la page

  2   suivante dans la version serbe.

  3   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous vouliez parler de la page

  4   précédente, peut-être ? Cela doit se trouver à la page précédente. Là, nous

  5   avons le mois de mai à l'écran.

  6   M. VISNJIC : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que M. Hannis

  7   a raison. C'est moi qui me suis trompé.

  8   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Merci.

  9   M. VISNJIC : [interprétation] Vu le temps qui me reste, je propose que pour

 10   le reste de mon contre-interrogatoire nous passions à huis clos partiel.

 11   J'aurais des questions à poser et questions dans lesquelles je mentionnerai

 12   certains noms. Je pense qu'il vaudrait mieux de faire cela rapidement.

 13   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Très bien.

 14   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur

 15   le Président.

 16   [Audience à huis clos partiel]

17  (expurgé)

18  (expurgé)

19  (expurgé)

20  (expurgé)

21  (expurgé)

22  (expurgé)

23  (expurgé)

24  (expurgé)

25  (expurgé)

26  (expurgé)

27  (expurgé)

28  (expurgé)


Page 9439

 2 

 3 

 4 

 5 

 6 

 7 

 8 

 9 

10 

11  Pages 9439-9447 expurgées. Audience à huis clos partiel

12 

13 

14 

15 

16 

17 

18 

19 

20 

21 

22 

23 

24 

25 

26  

27  

28  


Page 9448

  1  (expurgé)

  2  (expurgé)

  3  (expurgé)

  4  (expurgé)

  5  (expurgé)

  6  (expurgé)

  7  (expurgé)

  8  (expurgé)

  9  (expurgé)

 10  (expurgé)

 11  (expurgé)

 12  (expurgé)

 13  (expurgé)

 14  (expurgé)

 15  (expurgé)

 16  (expurgé)

 17  (expurgé)

 18  (expurgé)

 19  (expurgé)

 20  (expurgé)

 21  (expurgé)

 22  (expurgé)

 23  (expurgé)

 24  (expurgé)

 25  (expurgé)

 26   [Audience publique]

 27   M. IVETIC : [interprétation]

 28   Q.  Monsieur, vous avez dit qu'à cette occasion on se servait d'un spray


Page 9449

  1   pour incendier les maisons. Est-ce que vous ou un membre de votre unité a

  2   apporté ce spray ?

  3   R.  Non.

  4   Q.  Vous l'avez trouvé dans la maison tout simplement ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Ces sprays ne faisaient pas partie de votre fourniment, n'est-ce pas ?

  7   R.  Non.

  8   Q.  J'ai l'impression en vous entendant que les événements que vous

  9   décrivez aux paragraphes 36 et 37 sont des incidents isolés, comme ils

 10   parlent des personnes isolées, donc ce sont des crimes que vous et d'autres

 11   personnes saoules à ce moment-là ont commis ?

 12   R.  Vous parlez de "crimes". On a tué personne. Le fait est que ces deux

 13   maisons ont été incendiées. En fait, il n'y avait personne dans ces

 14   maisons.

 15   Q.  Bien. Vous n'avez pas signalé ce qui s'était passé, vous n'avez pas dit

 16   que ces maisons avaient été incendiées, vous n'avez dit ni au SUP ni à

 17   d'autres représentants de la police ou de l'armée, n'est-ce pas ?

 18   R.  Ce n'était pas mon travail. C'est notre supérieur qui était avec nous

 19   qui était responsable de cela. C'était son ressort, pas du nôtre.

 20   Q.  Passons à autre chose. Vous avez dit plusieurs fois hier que l'UCK

 21   n'était pas actif dans ce secteur au cours de la période qui nous

 22   intéresse.

 23   Au paragraphe 47, vous décrivez l'embuscade tendue à cinq policiers

 24   qui ont été tués. Vous avez dit qu'on a signalé cet incident comme étant le

 25   fait de l'UCK était dans une région où vous affirmez que vous n'aviez

 26   connaissance d'activités de l'UCK.

 27   R.  Nous nous sommes mal compris. L'UCK n'agissait pas ouvertement en

 28   ville. Dans le village où il y a eu cet incident avec le policier ou plutôt


Page 9450

  1   sur la route, nous n'y sommes pas allés comme je l'ai déjà dit. Un

  2   commandant de la Défense assurait qu'il n'y aurait pas de problèmes.

  3   Est-ce qu'ils sont passés par ce village ou pas, en fait, ils

  4   n'avaient rien fait à personne avant cela; ensuite ils ont suivi ces

  5   policiers et voilà. Avant cela, il n'y avait pas eu d'activités publiques

  6   de leur part qui auraient pu attirer notre attention sur leur présence,

  7   mais ils ont continué à attaquer depuis la frontière.

  8   Q.  Dans ce secteur où cinq policiers ont été tués, n'est-il pas vrai de

  9   dire que cette route se trouve dans le secteur qui a été bouclé par la

 10   suite, vous nous en avez parlé ?

 11   R.  Je ne peux pas vous dire exactement où ces policiers ont été tués, mais

 12   c'était sur la route qui mène de Djakovica à Junik, dans les environs de ce

 13   village, c'est clair. Personne ne peut contester cela. Je ne peux pas vous

 14   dire où exactement. Je ne peux pas vous indiquer l'endroit précis où cela

 15   s'est passé, mais cela s'est trouvé dans ce secteur, sur cette route. C'est

 16   là que cela s'est passé.

 17   Q.  Excusez-moi. Je dois éteindre mon micro à chaque fois à cause des

 18   mesures de protection qui vous ont été octroyées s'agissant de la

 19   déformation de la voix.Monsieur, je souhaiterais vous soumettre une thèse.

 20   Nous avons entendu des témoignages, enfin, notamment le témoignage d'un

 21   autre policier militaire de la VJ qui a témoigné ici, M. le Témoin K73,

 22   dont l'unité a pris part aux activités dans les villages, enfin, ils n'ont

 23   pas participé au bouclage, mais il était près de Korenica dans la nuit du

 24   27 avril 1999.

 25   Il a dit qu'il y avait des soldats de l'UCK dans ce secteur, et que

 26   ce jour-là, cette nuit-là, des combattants de l'UCK ont rencontré des

 27   membres de son unité. Il y a eu un échange de coups de feu, un soldat a été

 28   tué, un autre s'est blessé. Cela se trouve à la page 3 332, lignes 1 à 20


Page 9451

  1   du compte rendu d'audience.

  2   Deux questions à ce sujet : premièrement, est-ce que vous êtes au courant

  3   de cela ?

  4   R.  Monsieur, je vous parle de la partie de la route entre le carrefour et

  5   l'entrée du village. Je ne sais pas ce qui s'est passé de l'autre côté du

  6   village, je n'y suis pas allé, je ne peux pas vous dire ce qui s'est passé

  7   là-bas. Est-ce qu'il y avait d'autres soldats, qu'est-ce que j'en sais,

  8   mais je pense même que les membres de la police militaire, de notre police

  9   militaire n'étaient pas là, il y avait peut-être des membres d'autres

 10   unités, je ne veux pas contester cela.

 11   Mais ce que je peux vous dire c'est qu'à l'endroit où l'incident

 12   s'est produit, il n'y avait pas d'autres personnes, il n'y avait que des

 13   gens appartenant à notre bataillon. C'est ce que j'ai vu, il n'y en avait

 14   pas d'autres à l'extérieur du village, de l'autre côté. Je ne savais même

 15   pas qu'il y avait des soldats là-bas. Je savais qu'il y avait des

 16   policiers, mais pas ceux-là. Ecoutez, je n'exclue pas cette possibilité, en

 17   tout cas je ne les ai pas vus.

 18   Q.  Donc, puisque vous n'étiez pas partout, omniprésent sur le terrain,

 19   est-ce que vous acceptez la possibilité qu'il y avait une certaine présence

 20   de l'UCK et même une certaine résistance dans la région qui était sujette à

 21   ce bouclage ou à l'opération ? Est-ce que vous acceptez cette possibilité ?

 22   M. HANNIS : [interprétation] Pourriez-vous préciser la période concernée ?

 23   M. VISNJIC : [interprétation] Le 27 et le 28 avril quand le bouclage était

 24   en vigueur.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur, peut-être serais-je prêt à accepter

 26   cette possibilité à condition que je sache où ils étaient. Parce que là où

 27   nous étions, là où j'étais, il n'y en avait pas. Il n'y avait pas de

 28   membres de l'UCK, il n'y en avait pas du tout. Donc s'il y a avait


Page 9452

  1   ailleurs, au début du village de l'autre côté, nous on ne pouvait pas y

  2   aller, on n'avait pas de moyens d'y aller, de les voir. C'est tout à fait

  3   possible, mais je ne peux pas vous en parler. Je ne pas peux dire que

  4   c'était le cas ou ce n'était pas le cas, je n'étais pas là. D'ailleurs je

  5   n'ai pas entendu parler du meurtre de cet homme. Ecoutez, je n'en sais rien

  6   à ce sujet. Donc --

  7   M. IVETIC : [interprétation]

  8   Q.  M. Ackerman vous a demandé, je pense, au sujet d'une inscription au

  9   niveau du journal où on dit que des soldats ont été blessés pendant

 10   l'opération. Je pense qu'ils ont été blessés dans la soirée du 27, et vous

 11   n'étiez pas d'accord avec ce qui était écrit dans le journal, dans le

 12   registre.

 13   Je voudrais vous parler du moment où un autre individu a été blessé,

 14   et pour ceci je vous propose d'examiner avec moi la pièce du Procureur

 15   P2569. Je ne voudrais pas qu'on la place sur le rétroprojecteur ou sur les

 16   écrans, pour éviter d'identifier la personne qui a signé le document.

 17   Donc, Monsieur, ce document qui a été signé par votre commandant parle de

 18   l'incident où un individu a été blessé le 28 avril, le deuxième jour du

 19   bouclage; et dans ce rapport, il est dit clairement qu'il a été blessé par

 20   accident, par le feu de son propre camp qui a été ouvert par les membres du

 21   MUP.

 22   Est-ce que vous pouvez accepter la possibilité que les deux hommes qui,

 23   d'après vous, ont été blessés par le MUP, -- bien, si c'était vraiment le

 24   cas, pourquoi ne l'a-t-on pas dit de la même façon, ne l'a-t-on pas décrit

 25   de la même façon que l'on a décrit cet incident. Pourquoi on n'a pas dit

 26   qu'il s'agissait d'un feu venant de leur propre camp ? C'est un incident.

 27   Pourquoi avait-on besoin de dire que le feu venant d'un groupe de civils ?

 28   R.  Monsieur, la personne dont vous parlez est une personne qui vient de la


Page 9453

  1   Republika Srpska. Les deux autres, ce sont les citoyens de la République de

  2   Serbie, puisqu'on veut dire quelque chose par là. Peut-être que cela

  3   signifie quelque chose. Mais je suis sûr que les deux hommes qui ont été

  4   blessés, les hommes qui les ont fait venir, qui les ont emmenés, et

  5   d'ailleurs j'ai parlé avec les deux personnes blessées, ils m'ont dit

  6   qu'ils ont été blessés par des balles perdues. Ils n'ont pas dit qu'ils ont

  7   été blessés par les policiers, mais c'était les Serbes qui tiraient là-bas.

  8   Je n'ai pas vu l'UCK tirer, je n'ai pas vu l'armée tirer. Donc c'est une

  9   conclusion logique. Mais à aucun moment je n'ai pensé qu'ils ont tiré

 10   vraiment sur les soldats. J'ai dit qu'ils s'étaient blessés par des balles

 11   perdues d'autant qu'il y en avait un qui était juste légèrement blessé

 12   alors que l'autre a été grièvement blessé et n'est même pas revenu dans

 13   l'unité. Je vois le document que vous m'avez montré et je vois ce qui est

 14   écrit. Enfin, je le vois en partie. Oui, je ne vois pas d'autres raisons, à

 15   moins que vous vouliez que je me lance dans des conjectures.

 16   Q.  Mais vous ne savez pas d'où est venue cette balle perdue, vous ne savez

 17   pas quelle est la provenance de cette balle perdue ?

 18   R.  Si, je le sais. Du village, du village, du village même où se

 19   trouvaient les policiers. Ils avaient déjà dépassé les premières maisons du

 20   village. Donc, les balles ne pouvaient venir que de cet endroit-là, les

 21   tirs. Si on exclut la possibilité que les civils ont tiré, ce qui est

 22   complètement absurde, du côté gauche, quand on traversait la rivière se

 23   trouvaient nos unités, elles étaient là au point de contrôle, et ce n'est

 24   pas eux qui tiraient.

 25   C'est complètement absurde. Pourquoi voulez-vous qu'ils tirent ?

 26   Pourquoi voulez-vous qu'ils tirent en direction de la rivière là où se

 27   trouvaient les nôtres, -- les civils. Mais c'est difficile de dire que ce

 28   sont les civils qui ont tiré, alors que ces gens ne savaient même pas où


Page 9454

  1   ils étaient. Je ne sais pas. Je veux comprendre. Je vois dans quelle

  2   situation vous êtes, mais j'aurais du mal à accepter cela, à vous confirmer

  3   cela. Comment voulez-vous que je dise que ce sont des civils qui ont tiré

  4   sur eux ?

  5   Q.  Donc, d'après vous, les civils ne sont absolument pas ceux qui ont

  6   tiré, d'après vous ?

  7   R.  Absolument.

  8   Q.  Bien.

  9   R.  Monsieur, c'est moi qui les ai amenés à Djakovica. Je les ai bien vus,

 10   qui ils étaient.

 11   Q.  Monsieur, je vous ai dit que nous sommes limités par le temps, et je

 12   vous demanderais surtout à cause de ces problèmes de déformation de votre

 13   voix, je vous demanderais à cause de tout cela de ne pas m'interrompre, de

 14   ne pas interrompre la question que je vous pose et de vous concentrer de

 15   répondre aux questions.

 16   Donc, je voudrais concentrer sur les bombardements de l'OTAN. Vous avez

 17   répondu aux questions posées par mes collègues. Vous avez dit que ces

 18   bombardements étaient assez intenses, sans trêve, que la communication

 19   était rendue pratiquement impossible, impraticable. Je voudrais vous

 20   demander de vous concentrer sur ce que vous avez décrit dans le paragraphe

 21   46 concernant le village de Korisa.

 22   Tout d'abord, cet incident s'est produit le 13 mai 1999, n'est-ce pas

 23   ?

 24   R.  Je ne sais pas.

 25   Q.  L'information que vous avez, est-ce que cela vous indique que cela

 26   s'est produit justement à ce moment-là, à peu près à minuit ?

 27   R.  Monsieur, j'ai appris cela en parlant avec les gens, les gens qui

 28   étaient sur place et aussi en parlant avec l'enquêteur.


Page 9455

  1   Q.   Est-ce que vous êtes d'accord ou vous n'êtes pas d'accord, ou vous ne

  2   le savez pas ?

  3   R.  Je ne sais pas quelle était la date.

  4   Q.  Donc, c'est l'enquêteur du bureau du Procureur qui vous a appris cela ?

  5   R.  Non, non, non. J'ai appris après la guerre au Kosovo, peut-être trois

  6   ou quatre ou cinq mois après, plus tard, enfin, avec les policiers qui

  7   étaient sur place.

  8   Q.  Je suppose que les sources qui vous ont parlé de cet événement ne vous

  9   ont pas dit que parmi les blessés dans le cadre de cet incident se

 10   trouvaient deux policiers, Dejan Nikolic et Ivan Djordjevic, les deux

 11   travaillaient au SUP de Prizren. Le saviez-vous ?

 12   R.  Non, je ne le savais pas. Mais au début de ma déposition aujourd'hui,

 13   j'ai dit que l'homme qui travaillait à la station de service, donc

 14   quelqu'un sur place, m'a raconté qu'il pensait que tout le monde a été tué

 15   tellement y avait-il des explosions.

 16   Il pensait que tout était détruit, tout le monde a été tué.

 17   D'ailleurs, je l'ai écrit là. Je n'ai pas été catégorique. Je m'excuse.

 18   Q.  Bien. Un autre sujet. Hier, vous avez parlé du paragraphe 47 de votre

 19   déposition, à savoir l'arrivée des policiers, des membres de Frenki, des

 20   unités de Frenki à Djakovica.

 21   Aujourd'hui, vous avez changé un peu la description de ce Frenki,

 22   comme vous nous l'avez décrit. Est-ce ce que vous souhaitez dire que ces

 23   couvre-chefs que vous connaissiez, que vous avez décrit, qu'en réalité

 24   c'étaient des bérets, des bérets rouges ?

 25   R.  Monsieur, on ne peut pas dire qu'un béret et un couvre-chef ou un

 26   chapeau, c'est la même chose. Non, non, ce n'est pas la même chose. Ces

 27   deux hommes qui avaient les masques sur le visage, ils avaient des petits

 28   chapeaux. C'est ce qu'ils portaient, des petits chapeaux. Vous savez comme


Page 9456

  1   chez nous les uniformes cela change tout le temps, cela dépend de beaucoup

  2   de situations, au cours d'une année vous pouvez changer plein d'uniformes.

  3   J'ai bien vu que parfois dans certaines situations, même les SAJ portaient

  4   des chapeaux semblables.

  5   Peut-être que c'est quelqu'un des PJP. Mais ce n'était pas l'uniforme

  6   classique. Si vous voulez, je n'ai pas vu le commandant. J'ai vu ces deux

  7   hommes, c'est tout, pas plus que cela.

  8   Q.  Je pense que c'est vraiment important de clarifier cela. Vous avez dit

  9   : "Ils portaient tous des chapeaux bien connus, des chapeaux portés par les

 10   hommes de Frenki." Pour moi, c'est un chapeau, un couvre-chef, enfin, comme

 11   dit, c'est un chapeau. Ce n'est rien d'autre.

 12   Hier, vous avez dit qu'ils portaient des bérets rouges. C'est pour

 13   cela que je ne suis sûr de la terminologie utilisée.

 14   R.  Hier, quand j'ai parlé des bérets rouges, j'ai dit, quand on me demande

 15   qui sont les hommes de Frenki, quand le Juge m'a posé cette question, j'ai

 16   dit que c'était l'unité chargée des opérations spéciales. Je n'ai jamais

 17   dit que cette unité était là. Je n'ai jamais dit que tous les hommes

 18   portaient des bérets routes. Je n'ai jamais dit cela, que les 400 hommes

 19   c'étaient des Bérets rouges. J'ai dit, qu'en général, c'étaient les membres

 20   de PJP. J'ai vu ces deux hommes qui portaient ce petit chapeau avec le

 21   masque sur le visage, et j'ai pensé que c'était peut-être une unité chargée

 22   des opérations spéciales.

 23   Je n'avais pas besoin de leur poser la question, puisque c'était la

 24   conclusion à laquelle j'étais arrivé. Je ne me suis même pas dit que je

 25   pouvais avoir tort. Puis vu l'équipement qu'ils avaient, je pensais qu'ils

 26   appartenaient tous à la même unité. Cela étant dit, je ne sais pas si cette

 27   unité était là.

 28   Q.  Peut-être que vous avez tort, mais j'ai voulu vérifier cela. Ces deux


Page 9457

  1   hommes, ils sont venus dans un véhicule particulier ?

  2   R.  Oui, dans un véhicule civil, dans une automobile.

  3   Q.  Bien. En ce qui concerne le bus, les autocars, est-ce que tous ces

  4   autocars que vous avez décrits, est-ce qu'ils sont tous arrivés en même

  5   temps dans un seul convoi ?

  6   R.  Je ne suis pas sûr. Je pense que non. Je pense qu'ils arrivaient un par

  7   un.

  8   Q.  Où est-ce que vous avez vu exactement ces véhicules, ces autobus ?

  9   R.  En général, ils arrivaient dans la ville de Djakovica.

 10   Q.  Dans quelle partie de la ville, là où vous étiez, par exemple ?

 11   R.  J'étais près de l'église, là où les bombes ne tombaient pas, plus près

 12   de la rivière, plus près du village. Donc, effectivement, ils ont vu les

 13   bus.

 14   Q.  Est-ce qu'il avait qui que ce soit avec vous à l'époque, là-bas, qui

 15   pourrait confirmer votre version de l'histoire ?

 16   R.  C'étaient ces gens, les gens qui travaillaient au niveau de la station

 17   de service, policiers, des soldats.

 18   Q.  Est-ce que vous avez vu tous ces bus et tous ces véhicules avec les

 19   membres des PJP à l'intérieur ? Est-ce que vous avez vu cela vous-même, de

 20   vos propres yeux ou est-ce que vous avez entendu parler de cela ?

 21   R.  Monsieur, je les ai vus à côté de moi. Ils sont passés juste à côté. Il

 22   y en avait même qui sont allés en autobus. Je ne sais pas jusqu'où ils sont

 23   allés avec cet autobus, mais ils sont allés quelque part. Je les ai vus.

 24   Ils étaient à peu près une dizaine. Peut-être un petit plus, peut-être un

 25   petit peu moins. J'ai vu des bus, cela c'est sûr.

 26   Q.  Hier, en ce qui concerne les PJP, vous avez dit que vous n'aviez jamais

 27   vu d'insignes de PJP de Kosovo. Comment alors pouvez-vous être sûr que

 28   c'était des membres des PJP ?


Page 9458

  1   R.  Parce qu'ils portaient ces uniformes de camouflage, une couleur plutôt

  2   jaunâtre que verdâtre, d'ailleurs. Puis, quand les policiers se sont

  3   retirés du théâtre des opérations, les bus sont venus les chercher. Ces

  4   mêmes bus qui les ont amenés là-bas, ils les ont fait revenir, les ont

  5   ramenés. A partir du moment où le terrain était nettoyé, ils sont venus les

  6   chercher.

  7   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Est-ce que sur le côté du bus, il

  8   était écrit "PJP" ?

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

 10   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Quelle est la pertinence de cette

 11   réponse que vous venez de nous donner ? Vous dites que les mêmes bus sont

 12   revenus les chercher. Comment vous pouviez savoir que c'était vraiment les

 13   PJP à l'intérieur, puisque vous ne pouviez pas les reconnaître, rien ne les

 14   distinguait des autres ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] C'était d'après les uniformes.

 16   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Dites-moi autre chose. Hier, vous nous

 17   avez dit qu'il y avait des gens qui portaient des bérets rouges. Vous

 18   faisiez référence à qui exactement ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Vous m'aviez demandé comment j'ai pu

 20   reconnaître les hommes de Frenki, j'ai dit que c'étaient les gens qui

 21   arboraient les bérets rouges. Mais pendant la guerre ils ne portaient pas

 22   des bérets rouges, pas au Kosovo. Alors, tout au moins, je ne les ai pas

 23   vus avec des bérets rouges.

 24   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Quels étaient ces chapeaux, ces

 25   couvre-chefs qu'ils arboraient ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] C'étaient des chapeaux.

 27   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] A quoi ressemblaient-ils ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] A des petits chapeaux un peu mis sur le côté,


Page 9459

  1   un peu inclinés. Ces mêmes gens sont venus chercher leurs collègues, pas

  2   ces deux-là mais les autres. C'étaient les mêmes uniformes, si vous voulez.

  3   Cela étant vrai que ces deux-là étaient vraiment membres de cette même

  4   unité, c'est une autre histoire.

  5   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous avez dit qu'ils portaient ces

  6   chapeaux caractéristiques, les chapeaux de Frenki, des hommes de Frenki. A

  7   quoi cela ressemblait-il ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] C'était un chapeau de camouflage. Comment

  9   voulez-vous que je vous décrive cela. Ce n'est pas une situation où vous

 10   regardez chaque détail, où vous essayez de remarquer tous les détails.

 11   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Comment saviez-vous alors qu'il

 12   s'agissait des hommes de Frenki ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Justement, j'ai dit que d'après les chapeaux

 14   qu'ils portaient, oui, cela pouvait être les hommes de Frenki. Mais j'ai

 15   laissé la possibilité que quelqu'un d'autre pouvait aussi porter un chapeau

 16   similaire.

 17   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Ce que je voudrais savoir, je voudrais

 18   vous demander de nous décrire ces chapeaux, les chapeaux vous permettant

 19   d'en arriver à la conclusion qu'il s'agissait là des hommes de Frenki.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur, le problème c'est qu'ils sont

 21   arrivés avec un véhicule civil.

 22   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Décrivez-nous le chapeau tout

 23   simplement. Ne faites pas autre chose. Peu importe le véhicule. Décrivez-

 24   nous ce chapeau.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Ce sont des chapeaux de camouflage, rien de

 26   spécial, un chapeau de camouflage. D'ailleurs, je ne me souviens même pas

 27   de l'apparence de ces chapeaux.

 28   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Ivetic.


Page 9460

  1   M. IVETIC : [interprétation] Oui, merci, Monsieur le Président.

  2   Q.  Je pense que nous avons épuisé ce thème. Nous allons aborder un autre

  3   thème. 

  4   Les paragraphes 43 et 45, vous dites que votre unité était la seule unité

  5   qui a participé à la réinstallation des civils des nombreux villages et des

  6   nombreux hameaux autour de Djakovica, et ceci, à la mi-avril. Quand vous

  7   dites qu'il n'y avait que votre unité qui a participé à cela, on parle de

  8   huit personnes que vous avez mentionnées dans le paragraphe 30, y compris

  9   les deux volontaires qui étaient d'un autre pays, qui étaient des bénévoles

 10   qui appartenaient à ce groupe ethnique.

 11   R.  Oui.

 12   Q.  On va parler de ce bouclage. Vous avez décrit le poste de commandement

 13   là où se trouvait votre commandement. Est-ce que vous pouvez nous dire à

 14   quelle distance se trouvait ce poste de commandement par rapport au centre-

 15   ville de Korenica ?

 16   R.  Je ne sais pas. Je ne suis pas entré dans le village. Je ne suis pas

 17   allé plus loin que les premières maisons du village.

 18   Q.  A partir de l'endroit où se trouvait ce poste de commandement, est-ce

 19   que vous pouviez voir de façon distincte les maisons du village de

 20   Korenica ?

 21   R.  Oui, je pouvais voir le début du village, oui.

 22   Q.  Vous avez dit que vous n'êtes pas allé à Korenica. Est-ce que vous êtes

 23   allé vous, personnellement, dans d'autres villages autour de Korenica à la

 24   date du 27 avril 1999 pendant le bouclage ?

 25   R.  Quand ces deux soldats ont été blessés et quand le commandant m'a

 26   ordonné de me rendre au bord de la rivière pour aller faire sortir ces

 27   gens, dans ma déclaration j'ai dit qu'il s'agissait du village de Meja. Au

 28   jour d'aujourd'hui, je pense toujours qu'il s'agit de ce village. Peut-être


Page 9461

  1   que je me suis trompé, mais je pense que c'était bien cela. Cela ne change

  2   rien à l'incident.

  3   Je suis bien allé dans ce village et j'ai fait sortir ces gens. Je

  4   pense que c'est bien ce village-là, le village Meja. Peut-être que je me

  5   suis trompé du nom de village, mais c'était bien ce village-là. C'est sûr

  6   que j'allais les chercher. Il y avait un autre homme qui était avec moi,

  7   mais je ne me souviens plus de son nom. D'ailleurs, l'homme qui m'a posé la

  8   question tout à l'heure, il ne l'a pas mentionné, il en a mentionné

  9   d'autres. A moins qu'il ne s'appelle pas autrement. Vous savez, c'est un

 10   homme qui est un soldat d'active et il est originaire de Sombor.

 11   Q.  Est-ce qu'on peut être sûrs que le village où vous êtes allé, dans

 12   lequel vous êtes entré, se trouvait au sud de Korenica, pas au-dessus mais

 13   au dessous de Korenica ?

 14   R.  C'était parallèle à la route, mais à gauche par rapport à la rivière.

 15   Si vous allez de Djakovica en direction de Junik, c'est du côté gauche. Ce

 16   village commence avec un grand moulin, ensuite il y a des maisons qui

 17   suivent la rivière.

 18   Q.  En revenant de Djakovica, Korenica était du côté droit, n'est-ce pas ?

 19   R.  Non, je vous parle de la direction de Junik. Dans ce cas-là, oui, c'est

 20   sur la droite, oui.

 21   Q.  Bien. Vous avez dit que les policiers tiraient sur des maisons au

 22   hasard. Est-ce que vous pouvez voir cela se produire à Meja et à Korenica

 23   depuis votre poste de commandement de l'armée yougoslave ? Est-ce que vous

 24   avez vu cela personnellement ou est-ce que vous avez quelque chose dont

 25   vous avez entendu parler ou que vous avez entendu dire ?

 26   R.  Quand j'ai commencé à entrer dans le village, j'ai vu cela, mais je

 27   n'ai pas pu voir ce qui se passait vraiment à l'intérieur dans le centre au

 28   cœur du village, puisque je me suis rendu uniquement au début du village,


Page 9462

  1   là où se trouvait les premières maisons. Et là, j'ai pu voir qu'ils

  2   tiraient sur les maisons.

  3   Q.  Corrigez-moi si j'ai tort, Monsieur, mais l'infanterie qui se trouvait

  4   dans le village, quelle que soit leur composition, ces troupes avançaient

  5   vers votre position; est-ce exact ?

  6   R.  Non, à partir de la position qui était la nôtre vers le cœur du

  7   village. Est-ce qu'il y avait une autre unité de l'autre côté, je n'en sais

  8   rien. Je n'étais pas là. Ils partaient depuis nos positions vers le

  9   village, vers le centre du village. Nous, nous étions à peu près là, et eux

 10   ils se sont dirigés à partir de l'endroit où on était vers le village. Est-

 11   ce qu'il y avait d'autres unités qui étaient de l'autre côté du village, je

 12   n'en sais rien, puisque je n'y étais pas.

 13   Q.  Monsieur, est-ce que vous êtes en train de nous dire que les forces

 14   d'infanterie essayaient de chasser les gens de ces points de contrôle, ou

 15   plutôt du carrefour Meja Orize-Djakovica ?

 16   R.  Vous parlez du point de contrôle qui était au niveau du pont dans le

 17   village de Brekovac, dans l'entrée de la ville, alors que je parle de cet

 18   endroit où se trouvaient les policiers qui se trouvaient à ce petit

 19   carrefour. C'est un tout petit carrefour entre un petit chemin de campagne

 20   et une vraie route. Donc on ne parle pas du même endroit.

 21   A partir du moment où ils sont entrés dans le village, les civils se

 22   sont dirigés en direction de Djakovica, donc ils sont arrivés sur la route

 23   où se trouvait notre bouclage. Ils allaient du village en direction du

 24   Djakovica, pas de l'autre côté, pas vers Junik. Ils revenaient vers

 25   Djakovica.

 26   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Monsieur Ivetic, essayez de vous

 27   interrompre à un moment opportun.

 28   M. IVETIC : [interprétation] Oui, j'ai encore une toute petite question à


Page 9463

  1   poser.

  2   Q.  Monsieur, vous n'avez pas vu de maisons incendiées dans ce village,

  3   incendiées par les policiers; vous n'avez pas vu cela de vos propres yeux ?

  4   R.  J'ai vu les premières maisons qui étaient incendiées. Qui vous voulez

  5   qui les incendie d'autre, qui les brûle d'autre que les policiers ?

  6   Personne d'autre ne pouvait le faire. Après, je suis allé quelques jours

  7   plus tard et j'ai bien vu que ces maisons avaient brûlé, donc les maisons

  8   près de la rivière.

  9   Les gens que j'ai emmenés là-bas, ces maisons ont été brûlées par des

 10   gens venus de Djakovica. Mais les maisons dans lesquelles les policiers

 11   sont entrés, je pense qu'elles ont été incendiées par les policiers. Qui

 12   d'autre pouvait les incendier, il n'y avait pas d'autres personnes là-bas.

 13   Q.  A nouveau, il s'agira des conjectures, pures conjectures. Quand il

 14   s'agit de savoir qui vraiment a incendié ces maisons, vous ne le savez pas,

 15   n'est-ce pas ?

 16   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Cette question --

 17   M. HANNIS : [interprétation] Objection.

 18   M. IVETIC : [interprétation] J'en ai terminé pour la journée d'aujourd'hui,

 19   et je pense que j'ai besoin encore d'une dizaine de minutes pour finir mon

 20   contre-interrogatoire demain.

 21   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Très bien. Merci, Monsieur Ivetic.

 22   Monsieur Hannis, est-ce que nous en avons terminé avec cette déclaration ?

 23   Est-ce que cet exercice est fini ?

 24   M. HANNIS : [interprétation] Lors de la dernière pause, je me suis assis

 25   avec mon co-conseil, avec l'interprète et ils étaient en train de finaliser

 26   cela. Je pense que maintenant c'est prêt. Je vais vous demander de me

 27   donner quelques instructions. Est-ce que vous souhaitez que je donne un

 28   exemple de cela au témoin avant qu'il ne quitte l'immeuble aujourd'hui ou


Page 9464

  1   est-ce que je fais cela avec lui, je parcours cette déclaration avec lui

  2   demain pour que ceci figure au compte rendu d'audience, et je lui demande

  3   si les changements apportés aux paragraphes correspond au changement qu'il

  4   voulait faire. Les deux possibilités me semblent être correctes.

  5   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je préfère la deuxième.

  6   M. HANNIS : [interprétation] Je peux la donner au conseil de la Défense.

  7   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui. Nous allons en parler après le

  8   contre-interrogatoire de M. Ivetic. S'il y a d'autres questions dans le

  9   cadre du contre-interrogatoire suite aux changements apportés, évidemment,

 10   nous allons les permettre.

 11   M. HANNIS : [interprétation] Très bien. Je propose qu'on donne un numéro

 12   ERN à ces documents, comme cela on va appeler cela la déclaration modifiée.

 13   Nous allons lui donner un autre numéro de pièce à conviction au moment où

 14   cela est nécessaire.

 15   M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Très bien.

 16   Monsieur le Témoin K90, avec ceci se termine votre déposition

 17   d'aujourd'hui. Vous allez devoir revenir demain à 9 heures, et je vous

 18   demande de ne pas discuter avec qui que ce soit de la teneur de votre

 19   déposition.

 20   Vous pouvez à présent quitter le prétoire.

 21   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos.

 22   [Audience à huis clos]

23  (expurgé)

24  (expurgé)

25  (expurgé)

26  (expurgé)

 27   --- L'audience est levée à 13 heures 52 et reprendra le mercredi 31 janvier

 28   2007, à 9 heures 00.