Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 1er novembre 2012

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 33.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à tous et à toutes.

  6   Je voudrais que l'on nous cite l'affaire.

  7   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Il s'agit

  8   de l'affaire IT-09-92-T, le Procureur contre Ratko Mladic.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière.

 10   La Chambre a été informée du fait que les parties en présence ont des

 11   questions préliminaires à poser.

 12   Monsieur Groome.

 13   M. GROOME : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Je vais être

 14   très bref.

 15   Hier, j'ai mentionné un document en application de l'article 70, qui

 16   n'a pas encore reçu l'approbation pour ce qui est de la communication à la

 17   partie adverse. Nous avons reçu un mail, hier soir, et à présent nous

 18   sommes autorisés à le faire. Nous l'avons déjà fait, et il y aura des

 19   copies d'imprimées qui seront distribuées avant que d'être téléchargé au

 20   prétoire électronique, au cas où la Défense voudrait l'utiliser avec le

 21   témoin. Alors le propriétaire du document a dit qu'il n'y avait toujours

 22   pas d'autorisation pour ce qui était de s'entretenir au sujet du document

 23   au cas où la Chambre voudrait donner un conseil au témoin, et lui dire

 24   qu'il ne fallait pas qu'il mentionne le fait qu'il y a eu autorisation de

 25   délivrée. Et s'il y a des questions posées à ce sujet, il a la liberté de

 26   répondre.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Fort bien, Monsieur Groome. Merci.

 28   Si je puis maintenant m'adresser au témoin à huis clos partiel, ce


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  1   serait préférable.

  2   Des aspects préliminaires de la part de la Défense ?

  3   M. LUKIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

  4   Nous avons eu un malentendu avec l'unité de détention. Il y avait nécessité

  5   de faire examiner M. Mladic par des médecins, et nous avons demandé à

  6   l'unité de détention de ne pas l'envoyer au prétoire, ce matin. Mais,

  7   malheureusement, il y a eu un malentendu quelconque, et M. Mladic est à

  8   présent avec nous, et nous demanderions aux Juges de la Chambre d'autoriser

  9   M. Mladic à quitter le prétoire dès que possible, afin que les médecins

 10   puissent faire leur travail. Et il a été d'accord pour que nous continuions

 11   sans lui.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien.

 13   [La Chambre de première instance se concerte]

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Lukic, vous pouvez informer M.

 15   Mladic, et recevoir des instructions pour lui, et au cas où il renonce à

 16   son droit d'être présent dans le prétoire, vous pouvez le lui faire savoir.

 17   M. LUKIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais je vous demande de vous

 19   consulter au préalable avec M. Mladic.

 20   [Le Conseil de la Défense se concerte]

 21   M. LUKIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, j'ai reçu des

 22   instructions claires de la part de M. Mladic. Il renonce à son droit d'être

 23   présent au prétoire aujourd'hui et demain.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Fort bien. Je demanderais alors à ce que

 25   M. Mladic soit escorté hors du prétoire. Je ne sais pas quelle est la

 26   vitesse de la, enfin quelle est la rapidité d'organisation du transport par

 27   les soins de l'UNDU, mais je confie le soins au Greffier d'organiser ceci

 28   avec les services de transport des autorités néerlandaises.


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  1   M. LUKIC : [interprétation] Je voudrais également vous demander

  2   l'autorisation de quitter le prétoire pour organiser toutes ces visites.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je comprends.

  4   M. LUKIC : [interprétation] Merci.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Stojanovic va rester ici en sa

  6   qualité de co-conseil.

  7   [L'accusé se retire] 

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, les autres conversations peuvent se

  9   faire à l'extérieur du prétoire.

 10   Madame Hochhauser, est-ce que vous êtes prête à continuer avec votre

 11   interrogatoire au principal ?

 12   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Oui, nous sommes prêts.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, alors faites donc entrer le témoin

 14   dans le prétoire, s'il vous plaît.

 15   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] En attendant que le témoin ne soit

 16   acheminé jusqu'au prétoire, je voudrais qu'on nous affiche sur nos écrans

 17   la pièce P429.

 18   [Le témoin vient à la barre]

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Mole. Veuillez vous

 20   asseoir, s'il vous plaît.

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mole, je tiens à vous rappeler

 23   que vous avez toujours, vous êtes toujours tenu par la déclaration

 24   solennelle que vous avez faite au tout début de votre témoignage, hier.

 25   LE TÉMOIN : RICHARD MOLE [Reprise]

 26   [Le témoin répond par l'interprète]

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous en remercie.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et je voudrais que nous passions


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  1   brièvement à huis clos partiel.

  2   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel,

  3   Monsieur le Président.

  4   [Audience à huis clos partiel]

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 24   [Audience publique]

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière.

 26   C'est Mme Hochhauser qui va continuer son interrogatoire.

 27   Veuillez continuer, Madame.

 28   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Merci, Messieurs les Juges.


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  1   Interrogatoire principal par Mme Hochhauser : [Suite]

  2   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

  3   R.  Bonjour, Madame.

  4   Q.  Nous avons terminé notre entretien, hier, en parlant de la façon dont

  5   se présentait la différence entre un poste de collecte des armes et un

  6   poste d'observation. Veuillez brièvement nous expliquer ce que c'est qu'un

  7   poste d'observation.

  8   R.  Un poste d'observation a été utilisé pour pouvoir recueillir des

  9   informations sur la totalité du territoire de Sarajevo. Mais c'était

 10   essentiellement tourné vers le côté Papa. Comme je l'ai déjà expliqué,

 11   hier, il y avait moins d'armes à surveiller du côté Papa, ce qui fait que

 12   nous avons eu des surplus d'effectifs que nous avons pu utiliser dans la

 13   ville afin de les observer ce qui se passait en ville plutôt que d'assurer

 14   le monitoring des armes lourdes. Et je pense l'avoir mentionné, hier. Cette

 15   surveillance des armements a été essentiellement faite du côté Lima. Nous

 16   avons placé plus de postes d'observation qui ont en fait été disposés avant

 17   que je n'arrive à Sarajevo, et moi, j'ai procédé seulement à un certain

 18   ajustement, une fois arrivé. Mais l'objectif poursuivi par ces postes

 19   d'observation était de se placer sur des positions en surélévation pour se

 20   trouver donc à proximité de la ligne de conflit, et avoir la possibilité

 21   d'observer la totalité de la ville.

 22   Q.  Or, si maintenant on peut se pencher un document qui est le P429,

 23   auquel vous faites référence au paragraphe 14 de votre déclaration.

 24   Alors est-ce que nous avons ceci sur nos écrans ?

 25   R.  Il y a une carte sur nos écrans, si c'est ce que vous voulez dire.

 26   Q.  Certainement. Alors les triangles qu'on peut voir sur la carte, où on

 27   voit un L avec un numéro ou un P avec un numéro; est-ce que ce sont les

 28   postes d'observation ou alors est-ce que ce sont aussi les postes qui


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  1   permettent d'assurer le monitoring du déploiement des armes ?

  2   R.  C'est les deux.

  3   Q.  Et alors est-ce que ceci reflète bien l'emplacement des différents

  4   postes à Sarajevo ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Hier, nous avons parlé d'un mode de collecte des informations normative

  7   -- habituelle. Et je voudrais que pour le moment nous nous penchions sur la

  8   pièce à conviction P427.

  9   La voyez-vous sur votre écran ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Alors ce P427 porte une inscription en haut, et on voit qu'il s'agit de

 12   la date du 3 décembre 1992. Il s'agit d'un rapport au sujet des incidents.

 13   Est-ce que c'est l'imprimé habituel dont vous avez parlé, hier ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Est-ce que vous pouvez brièvement nous dire quel est le type

 16   d'information que vous avez consigné dans ce type d'imprimé, et peut-être

 17   pourriez-vous nous aider le mieux en commençant à commenter les colonnes.

 18   Alors est-ce que ce P5/1 à la première colonne à gauche du document, où

 19   l'on voit qu'il y a une série; est-ce que vous pourriez d'abord nous dire

 20   ce que c'est ?

 21   R.  Ce P5 se rapporte au poste à partir duquel observation a été faite, il

 22   s'agit en l'occurrence de Papa 5. Et ensuite, vous avez cette barre

 23   oblique, puis il y a la référence de l'incident qui est désignée par le

 24   chiffre suivant.

 25   Q.  Alors au sujet de la pièce à conviction précédente que nous avons déjà

 26   vue, tout à l'heure, le P429, ce poste Papa 5, c'était le cinquième des

 27   postes, n'est-ce pas ?

 28   R.  Absolument.


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  1   Q.  Alors est-ce que vous pouvez nous dire ce qui est expliqué dans les

  2   différents chapitres reliés au détail des activités ?

  3   R.  Eh bien, ça se rapporte à l'emplacement, au type d'arme que l'on pense

  4   avoir été utilisé pour tirer et le lieu de chute ou de l'obus. Ensuite

  5   autre détail numérique, par exemple combien de salves il a été tiré au

  6   cours de tel ou tel autre incident.

  7   Q.  Alors, si on se cantonne sur ce premier exemple, est-ce que vous

  8   pourriez nous interpréter ce qui a été consigné ?

  9   R.  Eh bien, je vais vous expliquer, il y a des gens qui, c'est quelqu'un

 10   d'autre qui a apporté ces inscriptions et ces gribouillages, ce n'est pas

 11   moi. Mais quand on parle de salve d'artillerie, on parle de IRTR MR, le

 12   AAA. C'est une arme antiaérienne, et le 5, je crois que c'est un char,

 13   donc, il a été tiré quelque 100 tirs d'obus de char.

 14   Q.  Et maintenant pour revenir à Sarajevo, quand vous avez eu l'occasion de

 15   vous pencher sur ce type de rapports ?

 16   R.  Non, ça nous a été transmis de façon coordonnée.

 17   Q.  Mais est-ce que c'est le type d'imprimé qu'ils ont utilisé pour

 18   informer qui de droit de tout ce qui se passait ?

 19   R.  Oui, tout y est consigné.

 20   L'INTERPRÈTE : Les interprètes demanderaient au Procureur et au témoin de

 21   ne pas parler en même temps. Merci.

 22   Mme HOCHHAUSER : [interprétation]

 23   Q.  Passons maintenant à la colonne des remarques; est-ce que vous pouvez

 24   nous indiquer quelle est la source de l'information qui se trouve être

 25   indiquée dans la colonne suivante ?

 26   R.  Oui. Au paragraphe 5, paragraphe 5, c'est ce que l'on considérait être

 27   la source d'un incident tel que consigné au paragraphe précédent, au

 28   paragraphe 4.


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  1   Q.  Fort bien. Alors vous venez de dire présumé, ou source supposée. Alors

  2   on suppose le type de pièces d'artillerie ou d'arme qui a été utilisé; est-

  3   ce que vous avez eu une norme ou un critère qui vous a été fixé par les

  4   Nations Unies ou les observateurs militaires avant que de procéder à ce

  5   type d'inscription ?

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La sténotypiste vous demande de faire

  7   des petites pauses entre vos réponses et vos questions.

  8   Veuillez continuer.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que vous pouvez répéter la question, je

 10   vous prie.

 11   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Oui, je vais la reformuler.

 12   Q.  Avant que l'un quelconque de vos observateurs militaires des Nations

 13   Unies consigne qu'il y a eu tir d'un obus; est-ce qu'il y avait un

 14   protocole d'établi pour ce qui est des informations habituelles qui

 15   devraient être consignées pour ce qui est des tirs constatés ?

 16   R.  Tous les observateurs militaires des Nations Unies, lorsqu'ils venaient

 17   dans nos secteurs, ont été mis au courant de ces imprimés, et ils ont reçu

 18   des instructions sur la façon dont il fallait les compléter. C'était donc

 19   un élément universel de l'entraînement suivi par la totalité des

 20   observateurs militaires des Nations Unies, indépendamment du fait de -- et

 21   de les -- les avoir affectés à Limoj ou à Papa. Alors, cette partie de

 22   l'entraînement, c'est -- ça fait l'objet de la première partie de votre

 23   question. Ils étaient censés voir l'endroit d'impact, l'emplacement de

 24   l'impact de l'obus, puis faire une évaluation au niveau du type d'obus

 25   tiré, du type d'arme utilisé et, si possible, donner une indication pour ce

 26   qui est de l'endroit à partir duquel cet obus a été tiré.

 27   Q.  Donc, quand on dit ici "UNMO seen," c'est-à-dire "a vu," est-ce que ça

 28   veut dire qu'un observateur de l'UNMO a effectivement vu cet obus tomber ?


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  1   R.  Absolument.

  2   Q.  Et dans les remarques pour ce qui est du secteur ou de -- de -- de la

  3   région hôtesse ou quoi ?

  4   R.  Alors, ça, c'est la région ou la zone à partir de laquelle les tirs

  5   sont venus, et l'appellation qui se trouve -- ou les -- les références qui

  6   se trouvent juste après, c'était des chiffres -- enfin, c'était un numéro à

  7   quatre chiffres pour ce qui est de la référence numérique.

  8   Q.  Bien. Alors, penchons-nous sur la deuxième page de ce document, s'il

  9   vous plaît. Veuillez expliquer aux Juges de la Chambre ce que nous voyons

 10   ici.

 11   R.  Ce que nous voyons ici, c'est la partie arrière de la page de l'imprimé

 12   que nous avons vu tout à l'heure. On a la date concrète de cet imprimé

 13   concret. On voit que ça se passe pendant le conflit OTES. On voit donc que

 14   ça se répète à plusieurs reprises sur face avant et face arrière de la page

 15   et le conflit a été si intense qu'il apparaît clairement que l'imprimé ne

 16   suffisait pas et il fallait tourner la page et utiliser l'autre côté pour

 17   continuer à compter les projectiles. Alors, ce que vous voyez, ce sont des

 18   groupes de cinq tirs et on a des totaux d'établis -- on a un total qui est

 19   établi à la fin de chaque colonne.

 20   Alors, Colonel, vous avez eu l'opportunité de vous pencher sur les rapports

 21   mensuels des observateurs militaires des Nations Unies pour octobre,

 22   novembre et décembre 1992. Et c'est déjà versé au dossier comme la pièce

 23   P425 -- 24, 425 et 426. En sus des informations qui sont consignées sur ce

 24   type d'imprimé, comme on peut le voir sur nos écrans, veuillez indiquer aux

 25   Juges de la Chambre s'il y avait eu d'autres sources d'informations que

 26   vous avez utilisées lors de la rédaction de ce type de rapport de fin de

 27   mois.

 28   R.  Le rapport de fin de mois, c'était en fait une compilation de toute une


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  1   série de -- d'informations détaillées que nous recevions de -- à partir de

  2   sources variées. Alors, on rassemblait les informations. Avant que je

  3   n'aille à Sarajevo, j'ai fort heureusement eu l'occasion de -- de me rendre

  4   sur plusieurs secteurs de -- du théâtre des combats, et après cette petite

  5   explication, je voudrais faire cette explication pour donner plus de sens à

  6   la réponse que je vais vous donner.

  7   Etant donné que j'étais dans un secteur -- un secteur protégé à

  8   Erdut, ensuite dans une zone protégées par les Nations Unies à Istok et

  9   j'ai été la -- l'officier opérationnel pour tous les groupes des UNMO et ça

 10   m'a permis d'utiliser les informations provenant de tous les différents

 11   rapports rédigés par les observateurs militaires haut gradés qui étaient

 12   dans les zones protégées des Nations Unies, et j'ai été, donc, à même de

 13   les rassembler, de les interpréter, donc, j'ai visité la totalité des zones

 14   protégées par les Nations Unies et je suis aussi allé à Bihac.

 15   Alors, une fois que j'ai été désigné pour occuper un poste à

 16   Sarajevo, j'avais déjà disposé de bon nombre d'informations au sujet du

 17   théâtre des conflits dans son ensemble. Ayant expliqué ceci, vous allez

 18   plus aisément comprendre que le rapport mensuel que je présentais n'était

 19   que l'un des rapports de toute une série de rapports qui provenaient de

 20   toutes les zones protégées des Nations Unies.

 21   Et c'était un processus à double sens, parce que lorsque ce type

 22   d'informations arrivait à Zagreb jusqu'à l'observateur militaire en chef,

 23   un rapport coordonné était renvoyé à la totalité des haut gradés parmi les

 24   observateurs militaires pour qu'ils aient une information générale de ce

 25   qui se -- au sujet de ce qui se passait sur les autres secteurs de -- des

 26   conflits. Alors, il y a eu, bien sûr, la présence d'autres agences au -- à

 27   l'intérieur de Sarajevo. Il y avait la -- la Croix-Rouge, l'UNHCR, il y

 28   avait trois bataillons de la FORPRONU et en premier lieu, mon centre


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  1   opérationnel se trouvait juste à côté ou très près du centre des opérations

  2   qui faisait partie du QG du secteur avec qui je coopérais et aussi avait

  3   leurs sources d'informations en provenance de -- d'agences variées.

  4   Alors, comment avons-nous procédé à l'échange des informations ? Eh

  5   bien, nous le faisions au quotidien aux réunions opérationnelles de la

  6   totalité des groupes. Ça se tenait le matin et des fois, ça se tenait aussi

  7   dans l'après-midi. Et il y avait les représentants des différents partis de

  8   la FORPRONU. On se réunissait au -- au bâtiment des PTT pour procéder aux

  9   échanges d'information et pour évaluer ce qui allait probablement se passer

 10   à l'avenir.

 11   Q.  Colonel, je vais un peu m'éloigner de ce cheminement-là pour vous poser

 12   une question de suivi compte tenu de la réponse que vous venez d'apporter.

 13   Alors, est-ce que, d'après ce que vous nous avez dit au sujet des sources

 14   d'informations tout à l'heure et au sujet de la façon dont vous avez

 15   procédé aux échanges d'informations, est-ce que vous vous êtes servi de ces

 16   informations aux fins d'analyser ce qui se passait à Sarajevo, l'évolution

 17   de ces événements et déterminer quels seraient les pas ou les mesures à

 18   prendre par la suite ? Et si c'est le cas, pourrez-vous nous dire quelle en

 19   a été la résultante ?

 20   R.  En effet. Je vais vous l'expliquer.

 21   La finalité de l'échange de ces informations était de faire en sorte que

 22   moi-même et les observateurs militaires des Nations Unies puissent avoir la

 23   -- la possibilité d'accomplir les missions qui leur aient été confiées ou

 24   la mission qui m'a été confiée à moi par les soins du -- de la -- de

 25   l'observateur militaire en chef ou du commandant du secteur. Donc, il

 26   s'agissait d'interpréter la totalité des événements sur le théâtre des

 27   combats et évaluer si cela allait avoir un effet direct quelconque pour ce

 28   qui est de Sarajevo en sa qualité de secteur.


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  1   Q.  Fort bien. Mais lorsque vous dites théâtre des combats ou des conflits,

  2   que voulez-vous dire par là ?

  3   R.  Eh bien, ça englobait la totalité des zones protégées par les Nations

  4   Unies, tant au niveau des limites de la Bosnie qu'à l'intérieur de la

  5   Bosnie, Bihac, et cetera. Donc la totalité des zones protégées.

  6   Q.  Est-ce que vous avez pu conclure que ces événements qui -- enfin, les

  7   événements qui se produisaient dans la totalité de ces zones protégées

  8   avaient un effet direct sur ce qui se passait à Sarajevo ?

  9   R.  Absolument. Une partie de mon analyse avait son volet militaire. J'ai

 10   mis en œuvre ou en application l'expérience qui -- que j'ai acquise au fil

 11   des 24 années de service dans l'armée pour pouvoir interpréter ce qui se

 12   passait autour de moi. Les gens qui n'ont pas connu -- enfin, connu, qui

 13   n'ont pas eu à connaître ce qu'est un siège d'une ville semblaient --

 14   enfin, pensaient -- trouvaient la chose chaotique, mais il y avait une

 15   structure à tout ceci. Et ce que j'ai essayé d'interpréter, c'était

 16   justement ceci en utilisant les données que l'on vient d'évoquer.

 17   Par exemple, lorsque je n'étais pas à Sarajevo, mais le chef des opérations

 18   y était, j'étais au courant des pressions sur Brcko. Donc, je ne vais pas

 19   entrer dans les détails en dehors du fait que je pourrais dire qu'une

 20   menace sur une zone si sensible de Bosnie avait été perçu par, par exemple,

 21   le côté serbe tout au long -- sur l'ensemble, plutôt, du théâtre, il y

 22   avait très souvent des représailles ou, si vous voulez, nous nous

 23   attendions à ce qu'il y ait des représailles contre Sarajevo. Et ceci

 24   n'était pas par hasard, parce que mon expérience découlant de mes rapports

 25   avec le général Galic, qui à l'époque était colonel, mon expérience, donc,

 26   me disait que les -- que les choses n'allaient pas aller conformément ou se

 27   dérouler conformément au plan ailleurs sur le théâtre. Donc -- il y avait

 28   donc un rapport très clair entre les événements sur le théâtre et ceux qui


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  1   se déroulaient dans la ville.

  2   Q.  Colonel, vous avez également parlé dans votre déclaration de ceci, et

  3   dans votre déclaration aux paragraphes 36 et 35, vous dites que les Serbes

  4   ont risqué beaucoup plus en essayant de prendre Sarajevo militairement que

  5   les avantages possibles qu'ils pouvaient se procureur en se faisant. La

  6   position dans laquelle ils se trouvaient déjà leur permettait de --

  7   d'arriver à leur objectif et ils le faisaient en appuyant ou en faisant une

  8   pression sur la ville afin de pouvoir atteindre leur objectif ailleurs.

  9   Maintenant, lorsque vous parlez d'appliquer la pression ou de faire plutôt

 10   une pression dans ce contexte, qu'est-ce que vous aviez remarqué ?

 11   R.  D'abord, je dois vous dire que la ville était dans un état de siège. La

 12   ligne de front se trouvait à environ 65 kilomètres et elle entourait la

 13   ville. Donc, d'un point de vue militaire, la ville était encerclée. Et dans

 14   mes déclarations, j'ai parlé du fait que le côté serbe disposait d'armes

 15   lourdes, mais ils n'avaient pas beaucoup d'armes d'infanterie. La meilleure

 16   façon, donc, pour eux de répondre pour essayer de prendre une partie de la

 17   ville dans un -- dans une situation urbaine est de mener une opération du

 18   type d'infanterie. Et comme je l'ai dit, ils n'avaient -- ils ne

 19   disposaient pas suffisamment d'armes d'infanterie, donc ils répondaient

 20   avec des armes lourdes. Et nous avions remarqué que, lorsque l'activité a

 21   augmenté, nous en avons parlé dans -- dans desquels j'ai déjà parlé, nous

 22   pouvions remarqué qu'il y a eu donc des -- des résultats, que les choses se

 23   déroulaient là et ailleurs sur le théâtre des opérations.

 24   Q.  Lorsque vous parlez des événements qui se déroulaient ailleurs à la

 25   suite de ceci et sur le théâtre des opérations, est-ce que vous parlez des

 26   tirs qui étaient dirigés vers la ville, mais qui ne réagissaient pas ou que

 27   ces tirs n'étaient pas dirigés contre les positions serbe ?

 28   R.  Eh bien, c'est une autre question, justement, qui doit déterminer si


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  1   des tirs qui avaient été tirés avaient un objectif militaire ou pas. J'ai

  2   déjà expliqué la ligne de front qui entourait la ville et l'on pouvait

  3   s'attendre à ce qu'il y ait une activité militaire à l'intérieur de cette

  4   zone. Il -- l'on pouvait s'attendre également à ce que les armes lourdes et

  5   que les Serbes du côté de Lima avaient la possibilité de viser des

  6   objectifs militaires à l'intérieur de la ville. Mais si vous décidez de

  7   faire ceci, en tant que commandant des pièces d'artillerie et ce en

  8   acceptant, bien sûr, qu'il s'agit d'armes indirectes qui n'est pas

  9   particulièrement précis, mais vous pouvez également tirer de façon plus

 10   concentrée et ceci représenterait une réponse naturelle contre une cible

 11   militaire. Mais lorsque vous examinez les bombardements qui ont été menés

 12   contre Sarajevo, il nous faut conclure et d'ailleurs --

 13   L'INTERPRÈTE : -- l'interprète se reprend --

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] -- il nous faut nous pencher sur la question,

 15   à savoir ce que représentaient les autres tirs lancés contre la ville, et

 16   c'est là qu'il y a un autre élément. Donc, il est bien difficile de

 17   conclure qu'il y ait eu une cible militaire et qui aurait causé cette

 18   réaction et que l'on puisse appeler des tirs indiscriminés. Nous savons que

 19   le côté serbe avait la possibilité de créer -- de mener, de lancer des tirs

 20   sur une partie bien concentrée de la ville, car la pièce qui se trouve

 21   devant moi, le rapport parlant de Papa 5, parle justement de ceci, c'est-à-

 22   dire des tirs très efficaces menés contre la ville de plusieurs positions

 23   de tir.

 24   Mme HOCHHAUSER : [interprétation]

 25   Q.  Colonel, je vais vous interrompre quelques instants. D'abord, pourriez-

 26   vous nous dire, s'il vous plaît, quelle est la Défense que vous êtes en

 27   train d'utiliser pour les tirs ? Et d'abord, je vais vous demander de nous

 28   dire comment le savez-vous, comment savez-vous qu'ils avaient la capacité


Page 4327

  1   de mener des tirs de façon efficace ?

  2   R.  Eh bien, les documents que vous voyez sont justement les effets de --

  3   de tirs. Mais si vous vous rendez de l'autre côté, du côté des positions de

  4   tir, le commandant donnait des instructions pour dire quelles étaient les

  5   cibles qu'il avait identifiées et combien de tirs -- de combien de tirs on

  6   s'attendait à ce que ces tirs soutiennent. Donc, il aurait -- il eu

  7   également une carte avec les cibles, avec la portait et il aurait eu une

  8   idée très précise. Donc, il pouvait faire ses propres -- sur ses propres

  9   projets de tirs à la demande de son commandant et eu égard à la portée de

 10   la quantité de la munition dont ils disposaient, ils pouvaient donc à ce

 11   moment-là organiser ces tirs et mener à bien les ordres reçus.

 12   Je ne sais pas si ceci répond à la question concernant les -- les plans de

 13   tir.

 14   Q.  Oui, cela répond à la question des tirs. Lorsque vous dites que vous

 15   pouvez voir sur l'"increp" [phon],  qui se trouve toujours à l'écran que

 16   les forces autour de Sarajevo étaient en mesure d'effectuer des tirs très

 17   efficaces et très ciblés, est-ce que vous pourriez nous dire où voyez-vous

 18   ceci dans ce rapport "increp" ?

 19   R.  Eh bien, vous avez des armes, plusieurs types d'armes et les armes sont

 20   annotées dans l'incident qui se trouve à l'endos de cette page en question.

 21   Et cela nous indique que les tirs venaient de différents -- différentes

 22   positions, mais qu'elle -- elles étaient tous arrivées au même endroit.

 23   Donc, c'est ceci que je veux dire lorsque je dis que cela démontre

 24   l'efficacité de tirs menés de façon planifiée et qui venaient de la chaîne

 25   de commandement et qui étaient -- qui étaient exécutés le long de la chaîne

 26   de commandement.

 27   Q.  Dans votre déclaration P421 à la page -- au paragraphe 22, vous

 28   décrivez de quelle façon vous avez encouragé les observateurs militaires


Page 4328

  1   des Nations Unies placés sous votre commandement d'établir des liens entre

  2   les commandants locaux et vous confirmez à la fin de ce paragraphe que :

  3   "Des fois, on posait la question à savoir ce que faisait le

  4   commandant de batterie et ceci réduisait parfois le niveau d'engagement."

  5   Est-ce que vous pourriez nous décrire ce que vous voulez dire par là, à la

  6   lumière de ce que l'on vient de dire tout à l'heure ?

  7   R.  J'aimerais expliquer quelque peu ma réponse ou -- ou expliquer ceci.

  8   Nous avons parlé de tirs qui exigeaient une coordination ou une instruction

  9   de la chaîne de commandement. Cet événement de la déclaration que vous

 10   venez de me lire était plutôt dirigé vers la situation suivante, c'est-à-

 11   dire que les observateurs militaires des Nations Unies qui se trouvaient du

 12   côté Lima savaient très bien ce qui se passait sur les positions de tir,

 13   mais il arrivait que les armes soient tirées, que l'on tire depuis ces

 14   armes. Ceci ne serait pas toujours pertinent, et il semblerait que pour un

 15   observateur militaire des Nations Unies, des tirs bien organisés étaient

 16   faits. Donc cette personne qui suivait le tout pouvait savoir ce qui se

 17   passait, que ceci faisait partie d'une opération plus large. Mais si

 18   seulement son site d'arme est utilisée et que les tirs sont tirés depuis

 19   les armes qu'il suivait, qu'il observait, il parlerait, il s'entretiendrait

 20   avec le commandant des armes, il demandait de voir les cartes, de voir les

 21   cibles également, de demander également d'où provenait cette information et

 22   ce qu'il souhaitait obtenir comme objectif en tirant sur ces cibles avec

 23   leurs armes.

 24   Vous pouvez bien sûr vous imaginer que, si quelqu'un d'entre nous et

 25   s'il allait parler au commandant du cru et poser une question de ce genre

 26   sans avoir un rapport avec ce dernier, la personne ne recevra jamais de

 27   réponse et serait éloignée du site. Alors les observateurs militaires, et

 28   c'est là que je veux en venir établissaient des rapports personnels avec


Page 4329

  1   ces commandants. Et dans mes déclarations que j'ai déjà faites auparavant,

  2   j'ai expliqué que j'ai essayé d'arrêter un moment fréquent des observateurs

  3   militaires pour qu'il n'y ait pas de rotation, énormément de rotation parce

  4   que ceci pouvait briser justement ces liens qui s'étaient tissés avec les

  5   commandants locaux.

  6   Je ne sais pas si j'ai répondu à votre question.

  7   Q.  Bien. Ce que je voudrais savoir en fait est ceci : en prenant la

  8   dernière partie de ces déclarations, lorsque vous dites que le fait

  9   d'établir ces rapports, ces liens, avait pour résultat un niveau

 10   d'engagement inférieur. Alors pourriez-vous nous dire de quelle façon,

 11   qu'est-ce que c'était que ces observateurs militaires découvraient

 12   lorsqu'ils s'entretenaient avec les commandants ? De quelle façon à ce que

 13   cela se déroulait ?

 14   R.  Eh bien, l'effet de ces relations, et l'effet, l'impact de ces

 15   discussions en tant que observateur militaire sur site, sur un lieu de tir,

 16   étaient d'obtenir les informations que j'ai déjà décrites un peu plus tôt.

 17   Il arrivait parfois que certaines réponses, que les observateurs

 18   militaires recevaient, n'étaient pas particulièrement orientées d'un point

 19   de vue militaire, et j'ai déjà fait des déclarations auparavant, où j'ai

 20   exprimé mes expériences personnellement s'agissant de ma présence sur les

 21   positions de tir, ou par exemple, j'ai pu poser la question : Pourquoi est-

 22   ce que l'on tire ? Et il est arrivé une fois sur un site de mortier, on m'a

 23   donné, on m'a dit que … 

 24   Q.  Excusez-moi, la Chambre est en possession de votre déclaration. Je vais

 25   vous interrompre quelques instants.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Attendez. Permettez-moi de poser une

 27   question pour raccourcir le tout, et pour aller droit au but. Si j'ai bien

 28   compris, Monsieur Mole, je ne sais pas si j'ai bien compris ce que vous


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  1   nous avez dit donc je vais vous demander de préciser un point.

  2   Est-ce que vous pourriez me dire, par exemple, si lorsqu'il y avait des

  3   tirs très intenses, et si vos observateurs militaires connaissaient les

  4   personnes sur les positions; est-ce que ces derniers allaient les voir pour

  5   leur dire, mais qu'est-ce que tu fais ? Est-ce que c'est à la suite d'un

  6   commentaire comme celui-là que l'intensité de tir était moindre; est-ce que

  7   c'est ce que vous vouliez nous dire ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, de cette façon-là, c'est les choses mais

  9   il y avait des conditions, bien sûr.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais je crois que Mme Hochhauser

 11   essayait de voir quelle était la réponse.

 12   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Oui, justement mais je voulais également

 13   attirer l'attention des Juges de la Chambre qu'au paragraphe 80 de la

 14   déclaration du témoin, et je crois que vous vouliez nous parler justement

 15   de cette situation où on vous a expliqué qu'ils étaient en train de

 16   réchauffer les canons; est-ce que c'est ce que vous voulez nous dire.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mole, si vous pourriez peut-

 18   être juste résumer en quelques phrases ce que vous vouliez dire.

 19   LE TÉMOIN : [aucune interprétation] 

 20   Mme HOCHHAUSER : [interprétation]

 21   Q.  S'agissant tout ceci dépendait des rapports; alors est-ce que vous

 22   pourriez nous expliquer ceci ?

 23   R.  Je crois que la déclaration justement qui vient d'être faite, qu'est-ce

 24   qui a été résume bien la situation.

 25   Q.  Très bien, merci. Je voudrais maintenant passer à un autre document,

 26   s'il vous plaît.

 27   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Et je demanderais que l'on affiche pour

 28   ce faire, le document 65 ter 2353. A la page en e-court 9, en anglais, et


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  1   si je ne m'abuse, c'est vers le milieu de la page 13 en B/C/S.

  2   Q.  Mon Colonel, vous avez eu l'occasion de lire la déclaration de Radovan

  3   Karadzic, qui porte sur le cinquième objectif stratégique, et nous

  4   retrouvons ce passage dans les deux dernières phrases de la page 9, en e-

  5   court, et se poursuit sur la page 10 dans l'e-court. Vous avez bien eu

  6   l'occasion de lire ces phrases avant de venir ici, ce matin, n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Je vais maintenant demander de passer à la page 10 de la version

  9   anglaise, après la lecture de ces deux phrases. Lorsque vous avez terminé

 10   la lecture, pourriez-vous nous le dire, et je vous poserai ma prochaine

 11   question.

 12   R.  Merci.

 13   Q.  Aux paragraphes 35 et 36 de votre déclaration, vous parlez de la

 14   politique d'endiguement à Sarajevo, et vous nous parlez de ce que vous avez

 15   pu observer pendant, à l'époque où vous étiez posté à cet endroit. Et je

 16   vais vous demander de nous faire un commentaire sur une partie du document

 17   65 ter 2353, s'agissant du commentaire de Radovan Karadzic, dans lequel il

 18   dit :

 19   "De plus, les combats à Sarajevo gardent les combats -- maintiens les

 20   combats à l'extérieur de Krajina, Semberija, et loin de la Drina, et dans

 21   les zones où nous pourrons possible avoir des conflits avec les Musulmans."

 22   R.  Ma déclaration sur l'endiguement de Sarajevo avait été faite

 23   initialement à la suite de la compréhension de la situation militaire à

 24   l'intérieur de la ville et autour de la ville, c'est-à-dire après avoir

 25   passé deux mois, après les deux premiers mois, à Sarajevo. Et j'ai déjà

 26   indiqué que les événements qui s'étaient déroulés ailleurs en Bosnie

 27   auraient certainement un effet sur Sarajevo. Je n'ai jamais vu ce document

 28   auparavant, mais le document est vraiment, enfin il est fort intéressant


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  1   que je sois parvenu aux conclusions auxquelles -- parvenu et je le vois, je

  2   vois mes conclusions confirmées par ces phrases. Je crois que c'est un

  3   document émanant de l'assemblée et en fait, c'est une révélation, et ceci

  4   correspond tout à fait à ce que je vous ai déjà expliqué et ce que j'ai pu

  5   constater lorsque je me suis déplacé dans les zones protégées des Nations

  6   Unies. Donc, l'impact majeur de la guerre avait laissé ces zones protégées

  7   des Nations Unies concentrées autour de Sarajevo.

  8   Et donc, ce document confirme exactement et confirme l'ensemble de

  9   tout ce -- toutes les conclusions que j'avais tirées moi-même par les

 10   diverses sources que j'ai décrit et de part mon expérience à Sarajevo.

 11   Q.  Colonel Mole, avez-vous jamais rencontré M. Mladic pendant l'époque où

 12   vous vous trouviez à Sarajevo ?

 13   R.  Nous nous étions imposé une réorganisation -- enfin, une organisation

 14   qui s'appelait le groupe militaire mixte nous était d'une certaine façon

 15   imposée. Donc, nous nous rencontrions de façon fréquente. La première

 16   réunion que nous avons eue, c'était le 5 novembre 1992. Nous nous

 17   rencontrions fréquemment, mais pas de façon régulière et ce pendant les

 18   deux mois et c'était dans le cadre de ces réunions-là que j'ai pu

 19   rencontrer le général -- que j'ai eu l'occasion de rencontrer le général

 20   Mladic.

 21   Q.  Et très brièvement, quel était l'objectif de ce groupe militaire mixte

 22   ?

 23   R.  Je voudrais vous expliquer ceci. Donc, nous avions un QG du secteur à

 24   l'intérieur de la Bosnie, mais nous avions également la personne qui était

 25   le deuxième en commandement pour la FORPRONU. C'était le général Morillon

 26   et il avait reçu pour tâche d'établir un commandement de l'ABiH, donc le

 27   commandement de la FORPRONU, non pas à Zagreb, mais tout près, à Kiseljak,

 28   c'est-à-dire près de Sarajevo. Et c'est ce QG-là et c'était -- l'initiative


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  1   de ce QG était d'avoir un groupe de travail mixte militaire pour pouvoir

  2   assembler divers éléments de combat ensemble pour essayer de négocier les

  3   cessez-le-feu et une démilitarisation lors de diverses réunions.

  4   Q.  Est-ce que vous pourriez expliquer, aux Juges de la Chambre, où et à

  5   combien de reprise M. Mladic était-il présent pendant ces réunions

  6   auxquelles vous étiez également présent ?

  7   R.  Je me souviens qu'il s'y est trouvé à plusieurs reprises. Je me

  8   souviens qu'il y a eu des déjeunes également, mais je ne pouvais pas vous

  9   donner de dates précises. J'ai toutefois remarqué que, dans une déclaration

 10   préalable, j'ai mentionné que j'avais pris un message du général Morillon

 11   et que j'avais transmis ce message à Mladic.

 12   Q.  Est-ce que vous vous souvenez, lorsque M. Mladic était présent, était-

 13   il le seul représentant de la VRS, ou bien était-il accompagné par Galic

 14   également ? Vous en souvenez-vous ?

 15   R.  Eh bien, cet élément a changé de façon importante avec chaque réunion.

 16   C'est-à-dire que nous avions établi un groupe de travail où les principales

 17   personnes n'étaient pas présentes, mais les officiers l'étaient, ou bien

 18   les représentants du groupe militaire mixte. Donc, il s'y trouvait des

 19   fois. D'autres fois, c'était le général Gvero qui représentait ce côté.

 20   D'autres fois, c'était Galic. Et il arrivait également que des personnes ne

 21   puissent pas être présentes en raison des activités militaires.

 22   Q.  Au paragraphe 58 de votre déclaration, page 14 en e-court, vous dites

 23   que la -- le -- la capacité du Corps de Sarajevo-Romanija à établir des

 24   communications avec les éléments à l'extérieur du corps que vous avez pu

 25   observé indiquaient en fait que le corps d'armée lui-même était placé sous

 26   un commandement. Bien. Maintenant, j'aimerais vous demander si, sur la base

 27   de cette conclusion, vous avez pris -- vous avez fait des observations

 28   concernant la structure du commandement qui existait sur le Corps de


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  1   Sarajevo-Romanija.

  2   R.  Je me suis rendu dans la pièce des opérations, au centre des

  3   opérations. J'ai été accompagné par le général Galic et c'était dans la

  4   caserne. Et j'étais en mesure également donc d'être présent et de voir

  5   cette salle, ce centre et toutes les composantes auxquelles je m'attendais,

  6   les composants d'un QG y étaient également qui permettaient des

  7   communications aux sous unités -- avec les sous unités, mais qui pouvaient

  8   également leur permettre d'établir des communications ailleurs sur le

  9   théâtre des opérations.

 10   A savoir ce qu'a fait le général Galic et ce qui s'est passé autour

 11   de Sarajevo avec le Corps de Romanija-Sarajevo [comme interprété], je ne

 12   sais pas si ceci avait eu -- si leurs activités étaient impactées par ce

 13   qui se passait ailleurs. Eh bien, je ne sais pas. Je vais vous demander de

 14   me poser une question précise, car je ne sais pas ce que vous voulez

 15   exactement que je vous explique. Est-ce que vous êtes en train de dire ou

 16   me demandez-vous si j'ai vu physiquement ou fait quelque chose physiquement

 17   qui m'a fait comprendre qui était ou que le corps de Sarajevo était placé

 18   sous un commandement ?

 19   Q.  En fait, non, sur la base de vos observations personnelles et sur la

 20   base de ce que le général Galic ou d'autres personnes aient pu vous dire au

 21   commandement, qu'est-ce que vous avez pu tirer s'agissant du commandement

 22   de ce corps ?

 23   R.  Je comprends ce que vous me posez comme question. Eh bien, j'ai déjà

 24   décrit la façon dont j'ai vu le Corps de Sarajevo-Romanija, de quelle façon

 25   ils -- leurs opérations se déroulaient, de quelle façon ils fonctionnaient

 26   à l'intérieur du théâtre des opérations en Bosnie. Il m'était devenu très

 27   clair qu'il y a eu certaines limites et que des instructions avaient été

 28   données au général Galic, à savoir de quelle façon il devait atteindre ses


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  1   objectifs, car il ne travaillait pas seul. Nous savons ceci, car j'ai déjà

  2   pu décrire les événements qui se sont déroulés ailleurs en Bosnie et que

  3   ces événements avaient une incidence très sérieuse sur la ville. Et donc,

  4   ce type d'informations devaient parvenir d'ailleurs et il était donc tout à

  5   fait normal que ces informations étaient diffusées par la chaîne de

  6   commandement. Mais d'après mon expérience personnelle en tant que personne

  7   chargée de la logistique et s'agissant du nombre de -- de les munitions, du

  8   nombre de personnes, d'armes qui étaient allouées pour le Corps -- ou au

  9   Corps Sarajevo-Romanija pour Sarajevo n'était qu'une partie de l'ensemble

 10   de l'opération et ne pouvait pas être séparé de la plus grande image en

 11   fait, des opérations qui se déroulaient en Bosnie.

 12   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Monsieur le Président, je ne sais pas si

 13   l'heure est opportune pour prendre la pause.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je vais faire un commentaire

 15   concernant les pauses. Nous avons ces volets d'audience qui sont plus

 16   courts, parce que M. Mladic était présent et -- et pour répondre à ses

 17   besoins, mais nous pourrions prendre une pause maintenant. Etait donné

 18   qu'il n'est pas là, nous pourrions continuer. Cela dépend. Mais je vais

 19   poser la question au témoin.

 20   Monsieur Mole, si vous le souhaitez, nous pouvons poursuivre ou nous

 21   pourrions prendre une pause maintenant. C'est comme vous le souhaitez. Si

 22   vous souhaitez que l'on prenne une pause, n'hésitez pas à nous le dire,

 23   cela dit.

 24   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 25   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 26   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Absolument aucune préférence, Monsieur le

 27   Président. C'est comme vous le souhaitez

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et qu'en est-il des conseils de la


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  1   Défense ?

  2   M. IVETIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président. C'est comme vous

  3   le souhaitez.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien. Alors nous pouvons poursuivre

  5   la procédure habituelle. Nous allons prendre une pause maintenant et nous

  6   reprendrons dans 20 minutes.

  7   --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.

  8   [Le témoin quitte la barre]

  9   --- L'audience est reprise à 10 heures 54.

 10    M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Faites entrer le témoin dans le

 11   prétoire, s'il vous plaît.

 12   Madame Hochhauser, vous avez dit que vous pensiez avoir besoin d'une heure

 13   et 20 minutes -- 15 minutes.

 14   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Il me semblerait que j'aurais besoin d'un

 15   peu plus de temps, mais je ne pense pas que cela ait une incidence sur

 16   notre calendrier de la semaine. Mais j'aurais besoin d'encore un quart

 17   d'heure par rapport à mon estimation, 15 à 20 minutes.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Si vous êtes plus concentrée dans vos

 19   questions, plus seront les réponses concentrées. Et si le témoin commence à

 20   élaborer trop, vous pouvez le diriger un peu.

 21   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Oui, merci.

 22   [Le témoin vient à la barre]

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mole, Mme Hochhauser va

 24   poursuivre son interrogatoire. Je vous prie de vous concentrer et que vos

 25   réponses soient précises.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ferai de mon mieux.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez poursuivre, Madame Hochhauser.

 28   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.


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  1   Q.  Mon Colonel, dans la dernière réponse que vous avez apportée, vous avez

  2   commencé de parler de la logistique, des munitions, des effectifs, des

  3   armes, et cetera. Et j'aimerais que nous examinions maintenant le document

  4   28456 de la liste 65 ter.

  5   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Maintenant nous en arrivons au premier

  6   des deux documents pour lesquels l'Accusation a demandé à ce que ces

  7   documents soient ajoutés à la liste des pièces conformément à l'article, au

  8   terme de l'article 65 ter.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord.

 10   Est-ce que la Défense s'y objecte par rapport à ce document outre est-ce

 11   que vous avez déjà élaboré dans votre réponse écrite ?

 12   M. IVETIC : [interprétation] Outre est-ce que ce que nous avons déjà

 13   élaboré dans notre réponse par écrit, nous n'avons rien d'autre à ajouter,

 14   tout dépend des questions qui se seront posées. Et nous allons voir comment

 15   cela se passera au moment où le document sera proposé aux fins d'être versé

 16   au dossier.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord. La Chambre accepte que ce

 18   document soit ajouté à la liste 65 ter, et nous allons voir quelles seront

 19   vos questions, et nous allons voir si la Défense aura éventuellement des

 20   objections.

 21   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 22   Q.  Je vous prie d'examiner le document 28456, Mon Colonel, il s'agit d'un

 23   ordre en date du 26 décembre portant sur les activités, sur les opérations,

 24   signé par Stanislav Galic. Vous avez déjà eu l'occasion de voir ce

 25   document, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Est-ce que ce document se réfère à l'offensive Otes dont vous avez

 28   parlé lors de votre déposition ?


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  1   R.  Oui, cela se passe juste, il a été donné juste avant.

  2   Q.  Est-ce que cela correspond à ce que vous avez pu observer lorsque vous

  3   étiez à Sarajevo ?

  4   R.  L'opération que nous connaissions en tant qu'opération enveloppe, était

  5   la réponse serbe par rapport aux activités militaires émanant de la

  6   présidence.

  7   Q.  Examinons le paragraphe 13 dans le système du prétoire électronique, en

  8   fait, dans mes notes, j'ai noté qu'il s'agissait du paragraphe 23, je ne

  9   sais pas, peut-être que je m'abuse, que je me trompe, excusez-moi, je n'ai

 10   pas vu à quoi se réfère en B/C/S. Donc il s'agit du soutien logistique.

 11   Mais s'agissant donc de ce soutien logistique; est-ce que ce qu'on voit

 12   dans ce document, correspond à ce que vous pourriez nous dire au sujet de

 13   la logistique du RSK, du Corps de Sarajevo-Romanija lorsque vous étiez à

 14   Sarajevo ?

 15   R.  Lorsque j'ai vu ce document pour la première fois, je l'ai relié à mes

 16   connaissances par rapport à la logistique, donc à mes connaissances que

 17   j'avais lorsque j'étais officier chargé de la logistique. Ici, il est fait

 18   état du Corps de Sarajevo-Romanija, qui fait partie de la VRS, et par

 19   conséquent, tout commandant de l'armée allait être limité à son propre

 20   champ, théâtre de combat, compte tenu des opérations et des effectifs,

 21   armes et munitions dont il dispose.

 22   Comme je vous ai déjà dit, le Corps de Romanija faisait partie d'une

 23   armée plus large, et donc, par conséquent, ce corps n'était qu'une unité

 24   parmi d'autres qui demandaient un soutien logistique. Et comme les moyens

 25   étaient limités, ce document correspond tout à fait à cette idée que les

 26   moyens étaient limités.

 27   Q.  Par rapport à ce que vous avez pu voir, à l'époque où vous étiez placé

 28   sur -- déployé là-bas, et compte tenu de ce que vous avez pu observer au


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  1   sujet du fonctionnement du Corps de Romanija, est-ce que vous pourriez nous

  2   dire quelque chose au sujet de l'emploi des munitions de l'ordre de 50 % ?

  3   Qu'est-ce que cela veut dire ?

  4   R.  Cela veut dire que le commandant local avait à sa disposition 50 % des

  5   munitions trouvées sur place dans ces unités. Cela lui donne un champ

  6   d'action suffisamment large néanmoins et les 50 % qui restent n'étaient pas

  7   mises à sa disposition.

  8   Q.  Mais s'agissant de l'opération -- de cette liberté d'agissement, cette

  9   liberté lui était donnée par qui ?

 10   R.  Il s'agit de son pouvoir discrétionnaire qui lui est attribué par le

 11   commandement. Donc, je suppose que c'est le commandant qui lui a donné,

 12   donc, ce pouvoir discrétionnaire.

 13   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Monsieur le Président, j'aimerais que ce

 14   document soit enregistré aux fins d'identification. Pour l'instant, je ne

 15   demande pas son versement au dossier, étant donné qu'il s'agit d'un

 16   document qui comporte un grand nombre de page et le témoin n'en a touché

 17   qu'une partie.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous envisagez de revenir sur

 19   ce document par la suite étant donné que vous n'avez pas du tout cité une

 20   seule partie de ce document ? Parce que si quelqu'un se penche sur le

 21   compte rendu d'audience, il ne pourrait pas comprendre quelle était la

 22   teneur du document que le témoin a eu l'occasion de -- de voir au

 23   préalable.

 24   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Oui, excusez-moi. Je vais le préciser.

 25   Q.  Le document auquel nous nous référons maintenant, Monsieur le Témoin,

 26   c'est un document émanant du 26 -- 26 -- 26 novembre. C'est un ordre

 27   portant sur les activités opérationnelles à l'avenir, signé par Stanislav.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, ce n'est pas cela le problème. Vous


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  1   avez demandé au témoin d'apporter des commentaires au sujet de certaines

  2   parties de ce document et néanmoins, cela n'a pas été lu pour -- au -- pour

  3   les besoins du compte rendu d'audience. Et si cela reste dans l'état actuel

  4   des choses, le compte rendu d'audience ne sera pas précis, clair. Est-ce

  5   que vous envisagez de demander son versement par la suite ou bien demandez

  6   uniquement d'une partie de ce document à ce qu'il soit versé au dossier ou

  7   bien --

  8   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] En fait, excusez-moi, Monsieur le

  9   Président. J'aimerais que le document soit versé au dossier dans son

 10   intégralité.

 11   M. IVETIC : [interprétation] Cette partie à laquelle se réfère le témoin

 12   peut être versée au dossier pour faire partie du compte rendu d'audience.

 13   Je ne sais pas ce qui se trouve dans le reste des 23 pages de ce document,

 14   mais je pense que le témoin ne peux pas dire qu'il s'agit effectivement

 15   d'un document authentique.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord. Nous allons l'enregistrer aux

 17   fins d'identification et si plus tard nous aurons besoin de ce document,

 18   nous allons revenir là-dessus et nous verrons s'il y a des objections quant

 19   à son versement à ce moment-là. Mais pour l'instant, nous appelons les

 20   parties à ce qu'elles se mettent d'accord au sujet de ce document. Si vous

 21   avez un document et vous avez par exemple à la page 7, juste quelques

 22   paragraphes qui sont cités et puis à une autre page, encore quelques

 23   paragraphes, là, le situations et -- est compliquée. Donc, il vaut mieux

 24   que vous vous mettiez d'accord, les deux parties, et que vous voyiez

 25   comment résoudre ce problème.

 26   Mais pour l'instant, nous allons l'enregistrement en fins d'identification.

 27   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document 28456 sera versé au dossier

 28   en tant que P430, enregistré en fins d'identification.


Page 4341

  1    Mme HOCHHAUSER : [aucune interprétation]

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que vous n'avez pas demandé le

  3   versement au dossier du document précédent, à savoir 02353. Il s'agit d'un

  4   document portant sur une session. C'est également un document plutôt

  5   volumineux et je me demande ce que vous voudriez en faire étant donné que

  6   vous vous êtes référé uniquement à une petite partie de ce document.

  7   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Monsieur le Président, je demanderais

  8   également le versement au dossier de ce document. Peut-être que nous

  9   pourrions procéder de la même manière comme tout à l'heure.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans ce cas-là, nous allons le verser

 11   aux fins d'identification -- enregistré aux fins d'identification.

 12   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ça sera le document -- Donc, c'est le

 13   document 23 -- 2353, enregistré aux fins d'identification en tant que P431.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. J'aimerais que le -- que les

 15   parties se mettent d'accord au sujet de ce document, au plus tard demain à

 16   la fin de notre journée de travail.

 17   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] J'aimerais me référer à un paragraphe au

 18   sujet duquel j'ai posé des questions au témoin. Il est dit dans ce document

 19   :

 20   "L'utilisation des -- les munitions peuvent être utilisées ainsi que le

 21   fuel uniquement de l'ordre de 50 % maximum. Donc, il ne faut pas dépasser

 22   les 50 % et le reste doit être utilisé en tant que réserve précieuse."

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord. C'est la partie à laquelle

 24   vous souhaitiez attirer notre attention. Elle est maintenant consignée au

 25   compte rendu d'audience.

 26   Donc, plutôt que de demander l'autorisation de la Chambre de le faire, vous

 27   avez préféré y procéder tout de suite et puis, vous avez dit que vous

 28   alliez avoir besoin d'encore 15 minutes supplémentaires. En fait, vous


Page 4342

  1   n'avez pas demandé à la Chambre de vous attribuer ces 15 minutes, vous avez

  2   tout simplement constaté que vous aviez besoin de 15 minutes

  3   supplémentaires. Je vous prie de penser à votre manière de demander les

  4   choses lorsque vous êtes dans le prétoire.

  5   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche maintenant le

  6   document 11354 de la liste 65 ter.

  7   Q.  Il s'agit d'un document émanant du Corps de Sarajevo-Romanija. Il porte

  8   la référence 10/74-695 [comme interprété]. Le document est signé par le

  9   colonel Stanislav Galic. Il porte la date le 2 décembre 1992.

 10   Mon Colonel, avez-vous déjà vu ce document avant de venir déposer

 11   aujourd'hui ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Est-ce que ce document correspond à ce que vous avez pu observer à

 14   Sarajevo à l'époque, notamment lorsqu'il s'agit de l'offensive Otes et de

 15   son déroulement compte tenu de la date que porte ce document ?

 16   R.  Oui. Je vois les quatre premiers paragraphes de ce document.

 17   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Passons à la deuxième page, s'il vous

 18   plaît, en anglais.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci. J'en ai terminé la lecture.

 20   Mme HOCHHAUSER : [interprétation]

 21   Q.  Pourriez-vous nous expliquer un petit peu ce document compte tenu de la

 22   question de logistique et de la chaîne de commandement dont nous avons

 23   parlé tout à l'heure ?

 24   R.  L'opération Otes n'était pas une opération au sujet de laquelle il

 25   pouvait se prononcer un commandant local, tout simplement. Parce que comme

 26   je vous l'ai déjà dit, les moyens étaient limités s'agissant de

 27   l'intégralité du théâtre des combats et le commandant pensait qu'il fallait

 28   que les moyens soient alloués là où on avait le plus besoin de ces


Page 4343

  1   ressources. Et par conséquent, l'opération a été menée conformément aux

  2   commandes -- aux instructions données par le commandement de l'armée.

  3   Q.  Pour que nous comprenions les choses de manière précise, quel est le

  4   niveau de ce commandement dont vous parlez ?

  5   R.  Nous parlons du commandement de l'armée, plus précisément et donc, il

  6   s'agit des ordres donnés par le commandant Mladic.

  7   Q.  Et s'agissant de la logistique, est-ce qu'il y a quelque chose qui

  8   attire votre attention, notamment lorsqu'on parle ici par exemple du fait

  9   qu'il faut qu'il y ait des moyens appropriés pour des conditions d'hiver ?

 10   R.  Cela se réfère à ce que je vous ai dit tout à l'heure au sujet des

 11   munitions, des effectifs et des armes, et cetera. Et cela se réfère

 12   également à d'autres moyens tels que les équipements militaires divers, les

 13   vivres, et cetera. Donc, il n'y a aucune -- aucun moyen dont un commandant

 14   local pouvait disposer comme il voulait. Il devait à chaque reprise

 15   demander une autorisation auprès du commandement pour pouvoir disposer de

 16   ces moyens.

 17   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Je demande le versement au dossier de ce

 18   document.

 19   M. IVETIC : [interprétation] Je n'ai pas d'objection.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce sera la cote.

 21   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document 11354 portera la cote P432.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le document est versé au dossier.

 23   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Monsieur le Président, nous en arrivons

 24   au deuxième des deux documents qui n'étaient pas, qui ne figuraient pas sur

 25   la liste 65 ter, c'est le document 28457. Je demande l'autorisation afin de

 26   l'ajouter à la liste.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je fais droit à votre demande, et nous

 28   allons voir par la suite si le document peut être effectivement versé au


Page 4344

  1   dossier.

  2   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche le document,

  3   s'il vous plaît.

  4   Q.  Mon Colonel, il s'agit d'un document qui porte la date du 4 décembre

  5   1992, également il émane du commandement du Corps de Sarajevo-Romanija. Et

  6   comme tout à l'heure, pourriez-vous nous dire en quoi ce document se réfère

  7   à ce que vous avez pu observer lorsque vous étiez à Sarajevo à l'époque, et

  8   de quelle manière ce document a une incidence sur la chaîne de commandement

  9   et le contrôle du commandement à l'époque, notamment en ce qui concerne la

 10   logistique ?

 11   L'INTERPRÈTE : Note de l'interprète : Pourriez-vous apporter des précisions

 12   en ce qui concerne ce document, compte tenu de ce que vous avez pu observer

 13   au sujet de la chaîne de commandement et du commandement et du contrôle au

 14   sein du Corps de Sarajevo-Romanija.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Au paragraphe 6, on voit qu'il s'agit d'une

 16   demande portant sur les livres, sur la nourriture. On demande à ce que cela

 17   soit approvisionné pour les forces terrestres, et cela correspond à ce que

 18   je vous ai dit tout à l'heure, à savoir que de telles demandes portant sur

 19   la logistique devaient être présentées à l'intérieur de la chaîne de

 20   commandement.

 21   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Monsieur le Président, je demande le

 22   versement au dossier de ce document.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous avez une objection ?

 24   M. IVETIC : [interprétation] Pas d'objection.

 25   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document 28456 portera la référence

 26   P433.

 27   Mme HOCHHAUSER : [interprétation]

 28   Q.  Mon Colonel, pourriez-vous nous dire quelque chose au sujet de certains


Page 4345

  1   commandants qui agissaient sur le terrain, à Sarajevo; est-ce qu'ils

  2   bénéficiaient du soutien logistique ?

  3   R.  Comme je vous l'ai déjà dit dans mes déclarations préalables, j'ai dit

  4   qu'il y avait des moyens de soutien logistique du côté Lima, en ce qui

  5   concerne les positions où se trouvaient les armes. Je vous ai déjà dit

  6   qu'il y avait des réserves de munitions sur les positions où se trouvaient

  7   ces armes, et je le mets en relation avec l'opération Otes dont nous avons

  8   parlé tout à l'heure, et par exemple, s'agissant des demandes aux fins

  9   d'envoyer des munitions, et cela n'aurait pas été à la disposition des

 10   commandants, parce que les réserves que j'ai pu voir de manière quotidienne

 11   sur place, devaient être renforcées de manière importante pour que mission

 12   militaire puisse être menée à terme.

 13   Q.  Vous parlez sans cesse de cette opération, opération Otes, en tant

 14   qu'exemple d'une mission militaire. Mais le concept dont nous parlons

 15   maintenant, est-ce que l'on pourrait appliquer ce concept même à d'autres

 16   moments où il n'y avait pas de telle mission telle que Otes ?

 17   R.  Oui, bien sûr. L'opération Otes est un exemple extrême de ceci, mais

 18   l'approvisionnement habituel de la logistique s'est passé de manière

 19   continue à l'époque où j'étais sur place.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Hochhauser, vous avez dit que

 21   vous aviez besoin d'encore 20 minutes.

 22   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Oui, si vous me permettez, j'aimerais

 23   poser encore une question au témoin.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, allez-y.

 25   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] J'aimerais que -- cette question porte

 26   sur la pièce P425.

 27   Q. En attendant que le document soit affiché, j'aimerais vous poser une

 28   question portant sur les observateurs militaires principaux et sur leur


Page 4346

  1   rapport mensuel. Là, nous voyons un rapport portant la date du 4 décembre,

  2   se référant à la période, au mois précédent. Et nous voyons dans les notes

  3   quotidiennes, qu'il y a -- il y a un certain nombre d'écart quant au nombre

  4   de projectiles tirés depuis le territoire observé, et d'autre part, le

  5   nombre de projectiles pour lesquels on a constaté qu'ils avaient atterris

  6   de l'autre côté. Comment vous l'expliquez ?

  7   R.  Nous n'observions pas toutes les armes qui fonctionnaient à Sarajevo,

  8   mais uniquement certaines armes choisies au hasard, suite à l'accord conclu

  9   portant sur le rapport. Par conséquent, les armes utilisées sur ce théâtre

 10   des combats -- il y a certaines armes qui ont été apportées sur ces

 11   théâtres de combat, il y avait d'autres armes qui étaient statiques et qui

 12   n'étaient pas déplacées. Vous savez nous n'avions pas suffisamment

 13   d'observateurs pour observer toutes ces armes.

 14   Et c'est pourquoi il y a de tels écarts entre les données portant sur les

 15   obus tirés et pour les obus pour lesquels nous avons constaté qu'ils

 16   avaient touché une cible.

 17   Q.  Merci.

 18   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Je n'ai plus de questions.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 20   Maître Ivetic, est-ce que vous êtes prêt à procéder au contre-

 21   interrogatoire du témoin Mole.

 22   M. IVETIC : [interprétation] Oui.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mole, Me Ivetic, membre de

 24   l'équipe de la Défense de M. Mladic va vous contre-interroger maintenant.

 25   Contre-interrogatoire par M. Ivetic :

 26   Q.  [interprétation] Bonjour, Mon Colonel. Etant donné que nous parlons la

 27   même langue, je vous prie de faire une pause entre la question et la

 28   réponse. A plusieurs reprises aujourd'hui, nous avons été, j'ai vu que vous


Page 4347

  1   avez été demandé à faire une pause avant de répondre à la question posée.

  2   R.  Merci.

  3   Q.  Avant d'être déployé à Sarajevo, en tant qu'observateur militaire

  4   principal, le 16 septembre; est-ce que vous avez eu l'occasion de recevoir

  5   un certain nombre d'instructions ou bien de suivre une formation portant

  6   sur les structures militaires et les règles opérationnelles qu'il s'agisse

  7   de la JNA ou de la VRS ou de l'armée BiH ?

  8   R.  Vous comprendrez qu'au début du conflit, nous n'avions pas beaucoup de

  9   connaissance à ce sujet. Nous avons bien entendu suivi une certaine

 10   formation, mais pour être tout à fait franc, il fallait apprendre des

 11   choses sur l'état, et nous avons eu un certain nombre de réponses

 12   apportées, mais vous savez, nous nous sommes posés un certain nombre de

 13   questions auxquelles il fallait trouver la réponse tout seul.

 14   Q.  Merci. Mais vous tout seul, vous n'avez pas fait des études plus

 15   approfondies de cette région, cela n'a pas fait partie de votre éducation

 16   militaire formelle, n'est-ce pas ?

 17   R.  Nous étudié les armées du bloc de l'est, et en partie nous nous

 18   intéressions aux armements. Mais chaque état s'organisait de sa propre

 19   manière, et étant donné que nous avons parlé de l'origine des trois

 20   composantes qui étaient nouvelles sur la scène mondiale, votre affirmation

 21   est exacte.

 22   Q.  Merci. J'aimerais préciser quelque chose dont nous avons parlé tout à

 23   l'heure, et à cette fin, j'aimerais que l'on affiche la pièce P430 dans le

 24   système du prétoire électronique. J'aimerais que nous examinions la

 25   première page pour l'instant.

 26   Monsieur, j'attire votre attention à la 02353 qui a envoyé ce document,

 27   c'est affiché en haut. Etes-vous d'accord pour dire que c'est le

 28   commandement du Corps de Sarajevo-Romanija qui est l'auteur de ce document


Page 4348

  1   ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Je vous rappelle que ce document -- je pense que cela figure à la page

  4   23 en anglais. Là, nous voyions la partie où l'on fait état d'une certaine

  5   liberté dont disposent les commandants lorsqu'il s'agit des 50 % des

  6   ressources, et vous avez dit qu'il s'agissait du document émanant de

  7   l'état-major principal. Etes-vous d'accord pour dire qu'il s'agit d'un

  8   ordre venant du commandant du Corps de Sarajevo-Romanija, et que c'est le

  9   général Galic qui a donné cet ordre et non par l'état-major principal ?

 10   R.  Dans mes déclarations et lors de mes dépositions devant ce Tribunal,

 11   j'ai expliqué en détail quelles sont les équivalences qui existent en

 12   logistique par rapport à notre propre armée britannique, à savoir quelles

 13   sont les ressources qui sont utilisées au niveau journalier, quotidien.

 14   Donc en tant que commandant, vous deviez prendre la décision à savoir

 15   quelle partie de vos ressources allait être utilisée et quelle partie

 16   allait être gardée en tant que réserve, et c'était une estimation qui

 17   devait être faite tous les jours. Et vous pouviez utiliser des ressources

 18   supplémentaires s'il y avait une opération qu'il fallait mener à terme, et

 19   dans de telles conditions, vous pouviez vous voir allouer des ressources

 20   supplémentaires donc pour mener à bien cette opération. Donc indépendamment

 21   de l'instruction envoyée par le biais de la chaîne, ce à quoi ce document

 22   se réfère est le fait que ces informations sont distribuées le long de

 23   toute la chaîne de commandement; sinon, cette information n'aurait pas de

 24   sens. Ici, il est dit que 50 % correspond plus ou moins au besoin, donc ce

 25   n'est pas quelque chose qui est imposé au commandant.

 26   Donc c'est juste une des indications données le long de la chaîne de

 27   commandement.

 28   Q.  Merci. Est-ce que vous êtes d'accord avec moi pour dire que la mission


Page 4349

  1   d'observation des Nations Unies n'était pas censée procéder au décomptage

  2   du nombre d'obus tirés, donc nous n'étions pas censés compter le nombre

  3   d'obus tirés, le nombre d'obus qui ont touché la cible, une cible, et

  4   cetera ?

  5   R.  Non, ce n'est pas exact. La mission de l'UNMO consistait entre autres à

  6   faciliter -- détermine quelle était la vérité des événements pour que cela

  7   puisse être relevé au secrétariat de l'ONU et pour que le monde entier en

  8   soit informé.

  9   Donc notre mission ne consistait pas uniquement à compter le nombre

 10   d'obus qui étaient tirés et ça aurait été trop simpliste que d'expliquer

 11   notre mission de la sorte. Nous cherchions à interpréter les événements de

 12   manière impartiale, bien que nous étions des observateurs impartiaux et

 13   nous ne pouvions pas accepter tout simplement ce que le parti nous faisait

 14   comprendre.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Revenons à ce que vous avez dit tout à

 16   l'heure parce que je ne suis pas sûr d'avoir compris la réponse apportée

 17   par le témoin.

 18   Donc il s'agissait de la chaîne de commandement et des ordres donnés

 19   par le général Galic.

 20   Vous ai-je bien compris, vous avez dit qu'il n'aurait pas été censé

 21   d'imposer une telle règle portant sur les 50 % et que cette chose devait

 22   être imposée partout le long de la chaîne de commandement ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président.

 24   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 25   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 26   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 27   Maître Ivetic, vous pouvez poursuivre.

 28   M. IVETIC : [interprétation] Je vais justement poser une question de suivi.


Page 4350

  1   Revenons au document 1D390, c'est la page 11 qui nous intéresse.

  2   Q.  Il s'agit du compte rendu d'audience de votre déposition d l'affaire

  3   Karadzic et c'est la page 5890, lignes 12 à 18 qui nous intéressent, c'est

  4   la base de ma question.

  5   J'aimerais que nous nous concentrions maintenant à la ligne 12 jusqu'à la

  6   ligne 18. D'après la façon dont j'ai compris votre réponse à la question

  7   qui a été posée par M. Karadzic, et c'était, je vais citer :

  8   "La mission des observateurs militaire des Nations Unies n'étaient pas de

  9   compter les obus tirés et reçus, mais évaluer les situations, fournir une

 10   aide humanitaire, et accomplir d'autres missions telles que je l'ai

 11   souligné, et l'une des choses à faire d'état et l'une des choses à faire,

 12   c'était observer le conflit tel qu'il évoluait. Alors nous n'avions pas à

 13   enquêter au sujet de tous les tirs qui avaient été faits, les zones

 14   d'impact, et nous n'avions pas non plus comme mission en tant que l'UNMO de

 15   juger de ce qui était bon ou mauvais au conflit qui se déroulait sur la

 16   ligne de front."

 17   Alors, Monsieur le Témoin, est-ce que vous vous souvenez de cette partie de

 18   votre témoignage que vous avez fourni dans le procès Karadzic, est-ce que

 19   vous le maintenez ?

 20   R.  Absolument. Ceci exprime exactement ce que je voulais expliquer. Et

 21   c'est trop simpliste que de dire que nous avons compté les tirs à l'arrivée

 22   ou au départ, nous n'aurions rien fait sans cette information. Ce

 23   paragraphe a été arraché du contexte pour essayer de résoudre le problème

 24   de manque de corrélation. Le problème n'est pas de compter seulement les

 25   obus arrivant ou partant. Ce que j'ai essayé d'expliquer dans ce

 26   paragraphe, c'était d'interpréter les choses. Nous n'avions pas à juger ce

 27   qui était juste ou mauvais. Nous devions transmettre nos impressions au

 28   sujet des observations effectuées à l'attention du reste du monde pour ce


Page 4351

  1   qui est de savoir ce qui se passait à Sarajevo.

  2   Une partie était, et évidemment, de savoir qui avait tiré quoi pour mieux

  3   répondre aux observations faites par les combattants qui se plaignaient

  4   auprès des Nations Unies au sujet de ce qui s'était passé, donc nous

  5   devions alors le dessous de ces informations neutres pour pouvoir prendre

  6   des décisions.

  7   Q.  Est-ce que vous seriez d'accord avec moi pour dire que puisqu'il

  8   n'appartenait à la mission des observateurs militaires des Nations Unies de

  9   juger de ce qui était bon ou mauvais, et si de telles constatations étaient

 10   faites au niveau d'un témoignage ou d'une déclaration, c'est-à-dire si vous

 11   planifiez des tirs comme étant des tirs légitimes ou justifiés, ceci doit

 12   être considéré comme sortant du domaine des conclusions que vous étiez

 13   censés adopter en votre qualité de mission d'observation des Nations Unies

 14   ?

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame Hochhauser.

 16   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Je fais objection à cette question. Je

 17   pense qu'il y a un mélange des termes utilisés pour ce qui est de savoir ce

 18   qui était légitime ou pas légitime et je ne pense pas que l'approche soit

 19   la bonne. Je demande à ce que ce soit reformulé.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ecoutez, essayez de reformuler, s'il

 21   vous plaît, Maître Ivetic.

 22   M. IVETIC : [aucune interprétation]

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous n'avez pas attiré l'attention du

 24   témoin ou des Juges de la Chambre sur la question qui avait précédé la

 25   réponse. Il est impossible, je crois, de comprendre la question sans se

 26   pencher -- la question de savoir ce qu'il a dit et non pas ce qui figure

 27   dans les lignes 2 à 9.

 28   Reformulez votre question et continuer.


Page 4352

  1   M. IVETIC : [interprétation]

  2   Q.  Monsieur, seriez-vous d'accord avec moi pour dire que quelque

  3   appréciation que ce soit qui pourrait être considérée comme l'expression

  4   d'une opinion au sujet de tirs d'artillerie qui auraient été bons ou

  5   mauvais doivent être pris en considération avec des réserves, parce que

  6   votre mission à Sarajevo n'était pas de -- d'accomplir ce type de travail.

  7   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Je suis désolée.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais vous -- vous avez reformulé la

  9   chose en disant la même chose. Veuillez vous reformuler, s'il vous plaît.

 10   M. IVETIC : [interprétation] Je crois que l'objection portait sur un

 11   mélange des termes au niveau de ce qui était juste ou mauvais ou légitime

 12   et non légitime. Et je me suis servi des mots qui ont été utilisés par le

 13   témoin dans son -- sa réponse dans l'affaire Karadzic. Je ne sais pas

 14   comment reformuler sans pour autant m'éloigner du témoignage déjà fourni

 15   par ce témoin. Ce que je demande, c'est de savoir ce qu'il a fait comme

 16   propos -- tenu comme propos au sujet de la mission des observateurs

 17   militaires des Nations Unies en disant ce qui était bon ou mauvais. Il a

 18   dit que ceci devait être pris avec une réserve pour ce qui est des tirs

 19   d'artillerie.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je peux aider à dire ce que j'en

 21   pense ?

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien que ce ne soit pas une façon -- une

 23   bonne façon de procéder, peut-être pourriez-vous justement aider les

 24   parties et la Chambre. Ça pourrait être utile.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] La déclaration, qui est sur les écrans au

 26   sujet de ce qui est justifié et non justifié au niveau du conflit qui se

 27   déroule sur la ligne de front, alors, vous établissiez un lien au niveau de

 28   ces expressions pour ce qui est de savoir si les projectiles tirés avaient


Page 4353

  1   eu une bonne ou pas, une mauvaise cible. Ce sont deux questions tout à fait

  2   distinctes. Si l'on parle de ce qui est justifié ou injustifié au niveau du

  3   conflit sur les deux fronts, je ne suis pas en train d'évaluer si quelqu'un

  4   a raison ou tort, s'il a raison de réagir d'une certaine façon. Mais

  5   lorsque des obus sont en train de tomber sur un secteur, nous avons à ce

  6   moment-là -- dès ce moment-là essayé de déterminer si ça avait été des

  7   cibles militaires qu'on visait ou pas. Ce n'est pas du tout la même chose

  8   que de dire qui -- ce qui est justifié ou pas justifié au niveau de ce qui

  9   se passe sur la ligne de front.

 10   M. IVETIC : [interprétation] Bon, c'est tout à fait raisonnable.

 11   Q.  Alors, vous nous dites que les observateurs militaires des Nations

 12   Unies n'avaient pas pour mission d'investiguer les -- au niveau des tirs

 13   qui ont été tirés au niveau des zones d'impact. Alors, peut-être n'avez-

 14   vous pas eu accès à certaines -- certains tableaux de tir ou de cibles

 15   utilisés par les différentes parties en présence pour ce qui est de

 16   l'orientation de leurs tirs.

 17   R.  Puis-je d'abord répondre à la première -- au premier volet de la

 18   question ? Vous dites -- ici, vous indiquez que la mission des observateurs

 19   militaires n'avaient pas été d'investiguer au niveau de tout ce qui a été

 20   tiré comme charge dans les zones d'impact ou comme l'obus dans les zones

 21   d'impact. Alors, ça, c'est exact. Mais on aurait enquêté dans le détail

 22   rien que s'il s'agissait d'incidents avec un ou deux tirs par jours. Mais

 23   nous étions dans une zone de guerre. Vous avez pu le voir dans mon

 24   témoignage antérieur ce que nous avions considéré comme étant une journée

 25   tranquille ou une journée normale ou une journée chargée d'événements pour

 26   ce qui est du nombre des chutes de -- d'obus sur la ville. Alors, vous avez

 27   pu voir qu'il y a eu description des activités militaires. Mais il n'était

 28   pas possible de faire le tour. Vous pouvez imaginer que nous serions allés


Page 4354

  1   au lieu d'impact pour enquêter en notre qualité -- enfin, de -- à la façon

  2   de -- de la police scientifique.

  3   Mais ce n'était définitivement pas notre mission. Pour ce qui est du

  4   deuxième volet de la question que vous avez posée et ceci se rapporte au

  5   niveau des cartes ou des chartes de tirs et cartes, mais là, vous êtes dans

  6   le tort. Et j'ai rendu visite aux salles de conduite des opérations des

  7   deux parties et je l'ai déjà indiqué dans mes -- mes témoignages

  8   antérieurs. J'ai demandé aux deux parties de nous dire ce que, de leur

  9   avis, la partie adverse était en train de faire pour se procurer des

 10   informations dont j'avais besoin.

 11   Alors, j'ai dit à ce titre que les observateurs militaires des

 12   Nations Unies avaient pu voir les chartes et les cartes de tir au niveau

 13   des positions d'artillerie qui étaient surveillées par leurs soins.

 14   Q.  Et ces cartes avec les différentes coordonnées, étaient-ce des cartes

 15   qui montraient qu'il y avait des cibles non appropriées, non justifiées qui

 16   n'auraient pas, donc, été considérées comme étant des cibles militairement

 17   légitimes ?

 18   R.  Je viens de dire que les observateurs militaires des Nations Unies

 19   examinaient les cartes de tir qui étaient utilisées par les commandants où

 20   il y avait des sites de tirs. Je n'étais pas commandant à un site de tir

 21   moi-même et -- mais je n'étais pas non plus un observateur militaire de --

 22   des Nations Unies se rendant à des tirs de positionnement de pièces

 23   d'artillerie.

 24   Q.  Mais si vous vous penchez au -- sur le paragraphe 62 [comme interprété]

 25   de votre déclaration consolidée, qui est la pièce P421, et je vous renvoie

 26   à la page 17 de la version anglaise et page 18 de la version en B/C/S - on

 27   attendra que ce soit affiché - ça devrait être la page précédente. On y

 28   est.


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  1   Alors, Monsieur, vous êtes en train de nous décrire ici les tentatives de

  2   faire en sorte d'identifier les différentes installations militaires et de

  3   procéder à une rationalisation des constatations faites pour corroborer ou

  4   justifier les choses et -- mais ça n'a pas été dans le cadre du mandat qui

  5   était le vôtre que d'avoir une liste de cibles militaires des différentes

  6   parties en présence. Alors, seriez-vous d'accord avec moi pour dire que

  7   pour ce qui est du mandat qui était le vôtre, il ne vous appartenait pas

  8   d'établir des listes de cibles militaires d'une partie -- enfin, d'un côté

  9   ou de l'autre et seriez-vous d'accord avec moi pour dire, au contraire, que

 10   la mission était de consigner toute une liste de cibles militaires qui se

 11   limiterait aux conditions de guerre telles qu'elles se présentaient à

 12   Sarajevo ?

 13   R.  Je ne suis pas tout à fait sûr d'avoir compris votre question.

 14   L'INTERPRÈTE : La cabine française précise qu'elle n'a pas compris non

 15   plus. Continuation du débat.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que vous pouvez repérer -- répéter la

 17   question ?

 18   M. IVETIC : [interprétation]

 19   Q.  Certainement. Seriez-vous d'accord avec moi pour dire que en dépit de

 20   cette carence au niveau de votre mandat ou de l'habilité de cette mission

 21   des observateurs militaires des Nations Unies à identifier la liste des

 22   cibles militaires du fait donc de limite dû au manque d'effectifs et des

 23   conditions de guerre qui se présentaient à Sarajevo. Alors, est-ce que vous

 24   vous voulez dire par là que c'est ce qui vous a empêché de tenir à jour une

 25   liste précise des cibles militaires des différentes parties en présence ?

 26   M. LE JUGE MOLOTO : [aucune interprétation]

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, il faut départager. D'abord, il y

 28   a d'abord le fait de savoir si le témoin est d'accord pour ce qui est des


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  1   limitations aux possibilités de définir quelles sont les cibles militaires.

  2   Et la deuxième partie de la question, c'était de savoir quelles étaient les

  3   causes à de telles limitations.

  4   Je crois que c'était la question apparemment.

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ce que je voulais dire tel que la

  6   transcription nous l'indique, il est question dans la -- dans -- dans la

  7   question, il y est fait état de la capacité. Or, dans la question qui a été

  8   posée par M. Ivetic, il y a le mot de "ability," et je ne pense pas que ce

  9   soit tout à fait la même chose que "possibilité."

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, tout d'abord, voyons voir si vous

 11   avez dit "habilité" ou "possibilité,"

 12   M. IVETIC : [interprétation] J'ai dit "habilité".

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, les -- la chose a été transcrite

 14   telle que dite.

 15   La première partie de la question a été simple. Monsieur Mole, avez-vous eu

 16   des limitations pour ce qui était de déterminer quelles sont les cibles

 17   militaires qui pouvaient être établies dans le secteur ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vais parler de la possibilité des

 19   observateurs militaires et de leurs missions pour ce qui est de déterminer

 20   la liste des conditions telles qu'elles se présentaient à Sarajevo. Je

 21   présume que vous vous imaginez que la mission de -- des observateurs

 22   militaires aux Nations Unies s'était trouvé dans u ne espèce de vacuum, or

 23   nous avions un secteur où il y avait trois bataillons de présents et nous

 24   avions un -- un état-major du secteur. Nous avions une mission de l'UNMO.

 25   Nous avions l'UNHCR et bon nombre d'autres agences que nous contactions et

 26   qui nous communiquaient des informations. Alors, avec seulement 60

 27   officiers qui étaient à notre disposition, je ne voudrais pas aller jusqu'à

 28   dire que la mission était facile, mais dans le contexte de ce que j'ai déjà


Page 4357

  1   évoqué, nos sources ont été plus grandes que vous ne le pensez.

  2   Est-ce que ceci répond en partie à la question posée ?

  3   M. IVETIC : [interprétation]

  4   Q.  Mais vous êtes en train de nous dire que vous avez eue une liste

  5   complète et précise de la totalité des cibles militaires dans un -- ce

  6   secteur.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, ceci semble --

  8   Je m'adresse aux deux, Maître Ivetic et vous -- à vous aussi, Monsieur

  9   Mole. Vous êtes plutôt tortueux dans vos questions. M. Ivetic a demandé

 10   s'il y a eu des limitations pour ce qui était de déterminer les -- le --

 11   qu'il y avait une -- qu'il existait une liste de cibles militaires et quand

 12   vous semblez entendre la question, vous semblez entendre autre chose. Me

 13   Ivetic a parlé de carence au niveau de vos effectifs pour -- et vous êtes

 14   en train d'expliquer que vos sources n'ont pas été aussi limitées, quelque

 15   comme déjà suggéré par le conseil de la Défense, bien que non clairement

 16   dit par Me Ivetic de cette façon-là.

 17   Alors, je vais poser la question de façon tout à fait simple. Est-ce

 18   que vous admettez la possibilité que vous ayez pu omettre certaines cibles

 19   militaires dans vos observations et partant des informations que vous aviez

 20   reçues ? Ou alors, est-ce que vous vous étiez fait une image tout à fait

 21   complète ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Nous avons eu une image plutôt bonne de ce qui

 23   --

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais ce n'était pas une image

 25   complète.

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Bien sûr que non.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, c'est justement la chose que nous

 28   sommes en train d'essayer d'établir.


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  1   Veuillez continuer.

  2   M. IVETIC : [interprétation] Merci.

  3   Q.  Vous -- Est-ce que vous diriez --

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais on pourrait dire que votre réponse

  5   est de celle de dire que ce n'était pas complet, mais pas trop mauvais non

  6   plus.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, si c'était la question, en effet.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, ce sont des formulations plutôt

  9   simples qu'il convient d'utiliser à présent.

 10   Maître Ivetic, veuillez continuer.

 11   M. IVETIC : [interprétation]

 12   Q.  Seriez-vous d'accord avec moi, Monsieur Mole, pour dire que la

 13   présidence des Musulmans de Bosnie et leur côté, à eux, avait essayé de

 14   dissimuler ses installations militaires dans Sarajevo même. Et les deux

 15   parties s'efforçaient de le faire, d'ailleurs. Je suis d'accord avec ce que

 16   vous dites dans votre déclaration.

 17   R.  Mais les deux parties ont fait cela.

 18   Q.  Merci. Alors, seriez-vous d'accord avec moi pour dire que cette partie

 19   de la Bosnie-Herzégovine -- de la -- la partie de l'armée de Bosnie-

 20   Herzégovine avait essayé de le faire, de le dissimuler, mais cette même

 21   partie avait aussi essayé de dissimuler les installations pour que la

 22   mission de la -- des -- des Nations Unies n'en -- n'en aie pas

 23   connaissance.

 24   R.  Oui. C'est ce que je disais. Les deux parties avaient essayé de faire

 25   la chose.

 26   Q.  Je vais en finir avec les paragraphes 71 et 72 de votre déclaration

 27   consolidée. Et vous avez parlé ici de cibles militaires et des -- des obus

 28   qui égaraient. Alors, serait-il important de garder à l'esprit la tactique


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  1   qui était celle des forces de la présidence de Bosnie, à savoir utilisation

  2   de mortiers mobiles qui étaient placés sur des véhicules civils et qui

  3   pouvaient être déplacés vers n'importe quelle partie de la ville et dont il

  4   n'est pas question dans les paragraphes ici présents ?

  5   R.  Oui. Vous devez garder à l'esprit le fait que dans mes déclarations,

  6   j'ai concrètement mentionné ce type de -- de choses.

  7   Q.  On y viendra tout à l'heure. Est-ce que nous sommes d'accord pour dire

  8   que l'artillerie lourde dont on a parlé qui a été utilisée autour de

  9   Sarajevo des deux côtés des la ligne de conflit n'étaient pas des pièces de

 10   haute technologie ou ce qu'il conviendrait d'appeler artillerie

 11   intelligente, telle qu'utilisée par les alliés de l'OTAN, mais que c'était

 12   plutôt à un niveau inférieur de -- d'évolution pour ce qui est des armes

 13   conventionnelles ?

 14   R.  Absolument.

 15   Q.  Alors, vous serez d'accord avec moi pour dire que la précision des

 16   armes qui étaient à la disposition des deux parties sur le théâtre des

 17   combats à Sarajevo étaient moins bonnes que l'artillerie de la dernière

 18   génération ?

 19   R.  Mais c'est tout à fait normal -- bien compris. Ça s'entend.

 20   Q.  Alors, est-ce qu'il y a -- s'il y a une moindre précision ou s'il y a

 21   un niveau moindre de précision de ces armes, est-ce que cela ne fait

 22   qu'augmenter la possibilité d'avoir des dégâts collatéraux.

 23   R.  C'est exact.

 24   Q.  Partant de vos connaissances et de votre expérience au niveau des

 25   forces armées britanniques, seriez-vous d'accord avec moi pour dire que

 26   certains pays de l'OTAN, tels que les Nations -- les Etats-Unis, ont des

 27   procédures opérationnelles habituelles pour s'assurer qu'il n'y a pas plus

 28   de 10 % de -- d'écart pour ce qui est de la précision des tirs militaires ?


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  1   R.  Je ne mettrais pas un chiffre aussi précis, mais dans l'essentiel ou

  2   pour l'essentiel, c'est tout à fait exact.

  3   Q.  Bon, c'est déjà assez bon. Est-ce que vous êtes au courant du terme

  4   militaire qui se -- s'énonce comme suit : manque d'identification positive

  5   au niveau de la cible ? Et dites nous aussi ce que cela signifie.

  6   R.  Je n'ai pas été quelqu'un qui ait eu à opérer au niveau de

  7   l'artillerie. Je n'ai jamais rencontré ce type de terme.

  8   Q.  Fort bien.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais est-ce que vous en avez eu vent ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Veuillez continuer, Monsieur

 12   Ivetic.

 13   M. IVETIC : [interprétation]

 14   Q.  Pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec cette terminologie

 15   utilisée, j'aimerais que vous expliquiez brièvement quelle est la

 16   signification de -- de ce tableau de tir ou carte de portée de tir. Est-ce

 17   que vous avez eu l'occasion de vous familiariser avec ce genre de

 18   terminologie ?

 19   R.  Eh bien, ce -- sur ce type de carte, il y avait essentiellement la

 20   liste des portées et la liste des cibles.

 21   M. IVETIC : [interprétation] J'aimerais qu'on se penche sur la pièce à

 22   conviction P3 qui est au prétoire électronique et à ce titre, c'est la page

 23   4 qu'il faudrait nous montrer sur nos écrans.

 24   Q.  Alors, en attendant que ce document soit affiché, je voudrais dire que

 25   l'Accusation a fait savoir qu'il s'agissait d'un document émanant du Corps

 26   de Sarajevo-Romanija et que c'est en réalité un planning d'activités pour

 27   l'artillerie. La date, malheureusement, n'est pas indiquée sur le document.

 28   Je crois que la page du prétoire électronique devrait être la page 47. Pour


Page 4362

  1   ce qui est du livre original, est sa page 41.

  2   On y est.

  3   Monsieur, si vous vous penchez sur cette carte, il semblerait que c'est un

  4   type de carte tel que vous nous avez déjà dit avoir eu l'occasion de voir

  5   dans les salles de la conduite des opérations des deux parties, sur la

  6   ligne de conflit ?

  7   R.  Plus du côté serbe que du côté de la présidence, oui.

  8   Q.  Bon, est-ce qu'il vous semble que ces informations sont celles que vous

  9   vous attendriez à voir sur ce type de cartes ? Et en fait, c'est un

 10   planning des activités de l'artillerie.

 11   R.  Je ne vois pas trop de détail, mais je comprends votre question. Je

 12   m'attendrais à avoir des distances parce que c'est le type d'information

 13   qui se trouve habituellement sur ce genre de carte.

 14   Q.  Je voudrais qu'on montre au témoin la page 49, qui est un planning et

 15   un tableau de tir qu'on pourra voir, une fois que la page soit affichée.

 16   Oui, j'aimerais qu'on fasse faire une rotation. Alors paragraphe 43 du

 17   livre.

 18   Monsieur, je tiens à attirer votre attention sur les deux tableaux qu'on y

 19   voit qui se rapportent à des obusiers de 122-millimètres et de 125-

 20   millimètres; est-ce que ce sont là des informations dont vous avez parlé

 21   auparavant ? Est-ce qu'on identifie les différentes cibles, les différentes

 22   portées, et cetera ?

 23   R. Je m'attendrais à ce type d'information pour ce qui est des cartes de ce

 24   type, et qui seraient mises à la disposition du commandant dans une salle

 25   d'opération, mais je ne me souviens pas d'avoir vu une chose pareille. 

 26   Q.  Non, moi, je vous pose ma question au sujet de ce que nous sommes en

 27   train de voir sur notre écran; est-ce que c'est là le type d'information

 28   auquel vous vous attendriez pour ce qui est d'une mission d'artillerie pour


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  1   que ce soit donc mis à disposition du commandant à un niveau quelconque de

  2   commandement, pour ce qui est de la conduite des opérations ?

  3   R.  Oui, Monsieur.

  4   Q.  Est-ce que vous savez nous dire si ce type de tableau était disponible

  5   à vos observateurs militaires des Nations Unies aux fins de les aider à

  6   déterminer les tirs qui étaient tirés de tel ou tel autre endroit, et des

  7   cibles visées ?

  8   R.  Mes observateurs militaires me communiquaient des informations qu'ils

  9   considéraient pertinentes. Je ne me souviens pas d'avoir vu ce type de

 10   tableau, et je ne pense pas m'être entretenu avec les observateurs

 11   militaires des Nations Unies au sujet de tel tableau de tir. Ça, ça devrait

 12   se trouver au QG et non pas sur le site des tirs, mais peut-être me

 13   trompais-je.

 14   Q.  Mais est-ce que ceci, ces cibles-là pourraient être identifiées par vos

 15   activités d'observation, collecte de renseignements pour situer les

 16   différentes coordonnées, l'envergure des postes de tir, et cetera ?

 17   R.  Je crois que c'est ce type de détermination de donnée justement.

 18   Q.  Fort bien. Est-ce que vous seriez d'accord avec moi pour dire que si

 19   erreur il y a, pour ce qui est de l'identification des cibles avant que de

 20   les consigner sur un tableau, indépendamment pour la raison pour laquelle

 21   ça a été fait, ça risque de constituer des problèmes ou de générer des

 22   problèmes pour les officiers de l'artillerie qui s'en servent pour cibler

 23   leur -- pour viser leur cible ?

 24   R.  Bien sûr.

 25   Q.  Bien. Au vu de ces différentes cibles tel qu'énumérées dans

 26   l'échantillon qu'on a sous les yeux, et quand on prend en considération les

 27   différents détails au niveau des chiffres, est-ce qu'il vous semble que

 28   ceux-ci sont des cibles militaires apparemment raisonnables ?


Page 4364

  1   R.  Je suis désolé, mais, là, ce n'est pas assez grand pour que je puisse

  2   lire.

  3   M. IVETIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut zoomer la version anglaise.

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que vous parlez du tableau du

  5   haut ou du bas ?

  6   M. IVETIC : [interprétation] Penchons-nous d'abord sur le tableau du haut,

  7   ça risque d'être plus facile pour nous.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Tout ce qui est énuméré ici comme type de

  9   cible, me semble correspondre à ce que vous avez dit.

 10   M. IVETIC : [interprétation] Merci.

 11   Q.  Alors penchons-nous maintenant sur le tableau du bas. Et une fois de

 12   plus, je vous demande le même type de commentaire.

 13   R.  Je suis d'accord.

 14   Q.  Merci. J'en ai terminé avec ce document. Merci. Alors j'aimerais qu'on

 15   nous montre le 65 ter 1D387. Et en attendant que ce soit affiché pour nous,

 16   Colonel, je voudrais dire que c'est là une déclaration que vous avez faite

 17   auprès du bureau du Procureur de ce Tribunal, en 1997. Et pour ce qui est

 18   de la première question, qui une fois ce sera affiché, je vous demanderais

 19   de vous pencher sur la première page et nous confirmer si l'une des

 20   signatures qui figurent sur cette page est bien la vôtre ?

 21   R.  C'est exact.

 22   Q.  J'aimerais maintenant que l'on prenne le milieu de la 13e page en

 23   anglais, ce qui correspond au bas de la page 11 en B/C/S. malheureusement

 24   ces paragraphes n'ont pas de numéro, ne sont pas numérotés, mais j'aimerais

 25   attirer votre attention sur le passage qui se lit comme suit, je cite :

 26   "Mes propres sentiments concernant le pilonnage effectué par les Serbes de

 27   Bosnie étaient que de façon générale, les commandants locaux ne

 28   s'occupaient pas trop du tableau de tir. Ils leur suffisaient de tirer,


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  1   d'atteindre Sarajevo, de toucher Sarajevo."

  2   Est-ce que ceci correspond toujours à votre impression aujourd'hui, à la

  3   position que vous aviez adoptée à l'époque, les commandants locaux

  4   voulaient simplement tirer quelque part dans Sarajevo ?

  5   R.  Oui, tout ce que j'ai dit à l'époque, dans ces déclarations, sont tout

  6   à fait justes.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Ivetic, je regarde l'heure, nous

  8   nous approchons de l'heure de la pause.

  9   Et je voulais vous dire qu'après la pause, la première chose que je

 10   voudrais faire c'est de revenir sur l'une des questions précédentes que

 11   vous avez déjà posées au témoin, à savoir très précisément ce que cela veut

 12   dire lorsque vous avez posé la question, à savoir, ce que les cibles

 13   militaires raisonnables veulent dire. Le concept ne m'est pas très clair.

 14   Alors je poserai cette question après la pause que l'on prendra dans

 15   l'instant.

 16    Et nous reprendrons à 12 h 20.

 17   [Le témoin quitte la barre]

 18   --- L'audience est suspendue à 11 heures 58.

 19   --- L'audience est reprise à 12 heures 22.

 20   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 21   [Le témoin vient à la barre]

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mole, j'ai mentionné tout

 23   à l'heure que je vais vous poser une question après la pause, et donc la

 24   voici : On vous a demandé en vous montrant un tableau de cibles qui sont

 25   énumérées ici, et s'agissant du document précédent qui porte la cote P3, je

 26   n'ai plus la cote --

 27   M. IVETIC : [interprétation] Page 47, dans l'e-court.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Très bien, je vous remercie. Alors


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  1   en examinant toutes les cibles qui se trouvent sur cet échantillon que nous

  2   avons devant nous, les dimensions, les détails, seriez-vous d'accord pour

  3   dire qu'il s'agit apparemment de cibles militaires raisonnables ?

  4   J'aimerais savoir ce que d'après vous représente les cibles militaires

  5   raisonnables, car vous avez dit, en réponse à cette question tout ces

  6   cibles, les dimensions ont été rencontrées, mais j'aimerais savoir qu'est-

  7   ce que représente les cibles raisonnables, d'après vous ? Est-ce que c'est

  8   les dimensions qui correspondaient aux descriptions ou bien est-ce que par

  9   exemple utiliser un obusier de 150-millimètres représente une arme qui peut

 10   utilisée de façon raisonnable contre ce genre de cible ou bien est-ce qu'il

 11   s'agit de quelque chose qui dépend plutôt du fait à savoir que si un

 12   mortier tiré dans une zone urbaine ou à l'extérieur, en fait, je n'ai pas

 13   très bien compris ce qu'on peut comprendre par cible militaire raisonnable.

 14   D'ailleurs je me penche sur ce tableau, et je vois que les mortiers de

 15   temps en temps, les mortiers et les armes, indépendamment de ce qu'ils sont

 16   des fois, nous pouvons voir une indication 100 mètres, et donc des fois on

 17   voit 100 mètres par 100 mètres ou 100 par 100, s'agissant des armes. Alors

 18   il y a des indications qui parfois démontrent ou plutôt montrent des

 19   mortiers 200 par 200, alors qu'est-ce que vous voulez dire, enfin qu'est-ce

 20   que cela veut dire exactement ? Vous étiez d'accord avec quoi lorsque Me

 21   Ivetic vous a posé sa question ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Alors j'ai cru comprendre qu'il m'a posé

 23   une question sur le type de cibles, à savoir si les cibles étaient des

 24   cibles militaires. Et je dis que oui, effectivement, il s'agissait de cible

 25   militaire.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc vous dites qu'un obusier

 27   pourrait représenter une cible militaire raisonnable ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.


Page 4367

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais il en va de même également pour les

  2   armes, c'est-à-dire qu'on ne dit rien sur par exemple, s'il était approprié

  3   d'utiliser un obusier de 150-millimètres contre ces cibles indépendamment

  4   de l'endroit où elles sont situées. En fait, vous n'avez répondu que pour

  5   l'obusier. Vous avez dit que pour vous, un obusier est une cible militaire

  6   ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, voilà c'est comme cela que j'ai cru

  8   comprendre la question, et c'est de cette façon-là j'ai répondu à la

  9   question.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 11   Poursuivez, je vous prie, Maître Ivetic.

 12   M. IVETIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 13    Alors pour continuer justement dans cette même veine, je demanderais

 14   que l'on prenne la page 13, en anglais, la page 11 en B/C/S du document

 15   1D387.

 16   Q.  Colonel, je crois qu'avant la pause, on a cité vos propos émanant de

 17   votre déclaration de 1997. Vous avez dit que c'était une déclaration que

 18   vous avez faite. Alors pour mieux comprendre justement le passage que je

 19   vous ai cité, j'aimerais savoir si le problème en fait n'était pas, ne se

 20   situe pas plutôt dans le type d'ordre qui a été envoyé mais qu'il s'agit

 21   d'autre chose, c'est-à-dire que vous aviez pensé que les commandants locaux

 22   ne se préoccupaient pas trop des cibles non légitimes ?

 23   R.  En fait lorsque j'ai parlé dans la deuxième partie de ma déposition,

 24   j'ai parlé des munitions. Je voulais parler de la façon dont les munitions

 25   ont été utilisées. Donc en tant que commandant, je veux toujours savoir de

 26   quelle façon mes munitions sont utilisées. Alors dans la deuxième partie de

 27   mon affirmation, lorsque je dis que les commandants locaux n'étaient pas

 28   précis quant à la quantité des munitions, le commandant ou les commandants


Page 4368

  1   pouvaient excéder le nombre de munitions. Et s'il n'y avait pas de cible

  2   spécifique, son commandant aurait voulu savoir ou voudrait savoir à ce

  3   moment-là, pourquoi a-t-il utilisé autant de munitions.

  4   Q.  Très bien. Merci. Alors je voudrais que l'on passe en revue un certain

  5   nombre de déclarations que vous avez faites dans le cadre de votre

  6   déposition dans l'affaire Karadzic.

  7   M. IVETIC : [interprétation] Pour ce faire, je demanderais que l'on affiche

  8   le document 1D00390, page 22 dans l'e-court, page du compte rendu

  9   d'audience 5901. Et j'aimerais que l'on prenne les lignes 5 à 12 de la page

 10   en question. Pour être tout à fait précis, et pour permettre à notre

 11   auditoire en B/C/S, il faut également trouver la partie correspondante en

 12   B/C/S et l'afficher.

 13   Q.  Donc la question en anglais, elle se lisait comme suit :

 14   "Etes-vous d'accord pour dire que le Corps Sarajevo-Romanija avait hérité

 15   des armées territoriales et municipales qui existaient déjà, et tout le

 16   monde, en partant du général Sipcic au général Milosevic, avait du mal à

 17   établir une structure de commandement unifiée sur ces unités locales ?

 18   "Réponse.  En fait, c'était une difficulté réelle, et c'est quelque chose

 19   que j'ai pu observer pour ce qui est des deux côtés. Ce n'était pas une

 20   expérience qui était unique aux côtés serbes. Donc je comprends tout à fait

 21   ce que vous dites. Je comprenais bien la situation, et je suis d'accord

 22   avec votre évaluation générale."

 23   Est-ce que vous affirmez, Monsieur, que cette partie-là de votre

 24   déposition que je viens de citer est précise et véridique ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Et seriez-vous également d'accord avec moi pour dire qu'une telle

 27   situation aurait certainement une incidence sur la compréhension ou la

 28   façon d'expliquer ce que nous avions expliqué un peu plus tôt, c'est-à-dire


Page 4369

  1   que les commandants locaux ne faisaient pas particulièrement attention à la

  2   carte de repérage des cibles et le pilonnage qui a suivi était fait en

  3   conséquence ?

  4   R.  Oui, c'est le cas effectivement.

  5   Q.  Vous dites ensuite, à la ligne 19 du même document :

  6   "Si à l'époque du général Sipcic -- non, plutôt, c'était déjà le

  7   général Galic. Donc le colonel Marcetic dit ici que les dirigeants locaux

  8   et leurs supporters ou les gens qui les appuient ne sont plus en contrôle -

  9   - sont hors contrôle dans certaines zones, ils rencontrent des difficultés

 10   en commençant par Sipcic qui a trouvé que la situation était empirée parce

 11   qu'au début la VRS venait juste d'être mise sur pied. Mais même en

 12   novembre, le commandant du corps d'armée avait rencontré certains

 13   problèmes. Est-ce que ceci correspond à ce que vous aviez confirmé un peu

 14   plus tôt ?"

 15   Et par la suite, vous dites :

 16   "Je vous remercie. Je n'ai jamais vu le document auparavant, mais

 17   c'est tout à fait en accord avec ce que nous avions compris être la

 18   situation. Donc oui, je suis d'accord avec vous."

 19   Donc est-ce que vous affirmez la véracité et la précision de cette

 20   déclaration qui fait partie du transcript ou du compte rendu d'audience

 21   dans l'affaire Karadzic ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Et ici, lorsque vous parlez de la situation et lorsque vous dites que

 24   c'est complètement en accord avec ce que -- "ce que nous croyons avoir cru

 25   comprendre," est-ce que c'est la mission des observateurs militaires ?

 26   R.  Où est-ce que vous avez vu le "nous ?" "C'est ce que nous avons cru

 27   comprendre" ?

 28   Q.  Oui, c'est dans votre réponse.


Page 4370

  1   R.  Ah oui, je l'ai vu. Exactement, effectivement.

  2   Q.  Est-ce que vous êtes d'accord avec moi pour dire qu'une telle situation

  3   a une incidence sur ce que nous avions dit un peu plus tôt, c'est-à-dire

  4   que les commandants locaux ne portaient pas une attention toute

  5   particulière sur la carte de repérage des cibles ?

  6   R.  Oui, c'est exact.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je voudrais poser une question, juste

  8   avant que vous passiez à un autre sujet.

  9   M. IVETIC : [interprétation] Oui, merci, Monsieur le Président.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Mole, vous avez décrit et vous

 11   étiez d'accord pour dire que les structures étaient irritées et non pas

 12   unifiées, et que c'était en partie -- c'était cela qui avait causé des

 13   problèmes. J'aimerais savoir si ce qui passait sur le terrain, est-ce que

 14   c'est ce qui explique les problèmes, par exemple, l'intensité des tirs, et

 15   cetera ? Est-ce que vous nous dites que c'est la raison derrière tout ceci,

 16   ou bien est-ce que vous pensez que c'est une grande partie de l'explication

 17   ou une partie mineure de l'explication ? Ou bien, si cela n'explique pas

 18   tout, qu'est-ce que vous pourriez apporter comme complément d'explication

 19   suivant ce que vous avez vu sur le terrain ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci. J'ai répondu à la question qui m'a été

 21   posée, à savoir : "Est-ce que ceci a contribué à…" Oui, effectivement, cela

 22   a contribué à cela. Mais est-ce que ceci correspond aux observations que

 23   nous avions faites, à l'époque, à savoir que la quantité des munitions qui

 24   atterrissaient dans Sarajevo était ce qu'elle était, alors non ce n'est pas

 25   le cas. Ce que j'essaie toujours de faire, c'est que j'ai essayé

 26   d'expliquer les tirs que nous ne pouvons pas expliquer, non pas de façon

 27   médicolégale, de façon précise, car lorsque vous avez de 6 à 800 tirs qui

 28   atterrissent dans la ville tous les jours, ce n'est pas possible de le


Page 4371

  1   faire. Mais en tant que commandant, je voudrais savoir pourquoi est-ce que

  2   le sous-commandant tire, et quelles sont les cibles qu'il vise ? Car les

  3   munitions, tout comme d'autres éléments de logistique, sont des ressources

  4   importantes. Donc il a une responsabilité qui incombe à la chaîne de

  5   commandement de savoir ce qui se passe sur le terrain et pourquoi ce qui se

  6   passe sur le terrain se passe ainsi.

  7   Donc ce que j'ai dit concernant les commandants locaux, effectivement, il y

  8   aurait un élément qui dépend de cela, il est difficile de quantifier les

  9   choses parce que dans une journée donné on pouvait compter 200 tirs, et

 10   d'autres fois nous pouvions compter 1 600 tirs, donc je ne peux pas mettre

 11   un pourcentage précis.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En fait, une autre question par rapport

 13   à ceci. Vous avez dit :

 14   "Moi, en tant que commandant, je voudrais toujours savoir de quelle façon

 15   mes munitions sont utilisées."

 16   Est-ce que ceci voudrait également dire qu'un commandement raisonnable et

 17   responsable pourrait améliorer la situation de façon considérable si ce

 18   commandant avait remarqué que des erreurs telles que décrites avaient été

 19   faites ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Je m'attendrais à ce que le commandant fasse

 21   pression sur ses sous-commandants et qu'il leur dise d'obéir à un contrôle

 22   de tirs -- de mettre en place un contrôle de tirs.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce qu'au fil du temps, vous avez

 24   remarqué un changement en partant du fait qu'il s'agissait de quelque chose

 25   d'urgent, qu'il fallait réagir urgemment ? Mais est-ce que vous avez vu

 26   qu'au fil du temps il y a eu une amélioration quant à la précision des

 27   tirs, et cetera ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Tout au long de mon déploiement, en tenant


Page 4372

  1   compte que la période du siège de Sarajevo a été relativement courte, mais

  2   intense, donc elle a duré environ trois mois, il n'y a pas eu de

  3   changements vraiment très importants au cours de cette période de trois

  4   mois. Nous avons essayé de faire une différence en nous adressant aux

  5   commandants et en leur demandant de réduire la quantité de tirs si nous

  6   estimions qu'il ne s'agissait pas de tirs qui étaient militairement

  7   nécessaires ou expliqués, qu'il n'y avait pas d'objectifs militaires.

  8   Maintenant, ce que vous dites concernant la façon dont le service

  9   avait été fait ou les choses avaient été faites, nous n'avions pas

 10   réellement remarqué une très grande différence pendant les trois mois en

 11   question. Mais, effectivement, c'était une période très courte, de nouveau,

 12   je répète.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie.

 14   M. IVETIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 15   Q.  Mon Colonel, j'aimerais maintenant passer à un autre sujet. C'est

 16   l'accord entourant l'aéroport. Est-ce que vous seriez d'accord avec moi

 17   pour dire que l'accord relatif à l'aéroport, qui est entré en vigueur avant

 18   que vous ne soyez déployé au secteur Sarajevo ? Est-ce que cet accord sur

 19   la collecte des armes lourdes qui étaient en possession des Musulmans de

 20   Bosnie -- des Serbes de Bosnie n'a pas fait en sorte que l'on arrête

 21   d'utiliser ces armes ?

 22   R.  C'est exact.

 23   Q.  Et juste pour être clairs, tous les côtés pouvaient utiliser ces armes

 24   à l'intérieur d'une zone géographique donnée couverte par l'accord sans

 25   pour autant être rendus à la violation de cet accord. Est-ce que c'est ceci

 26   que cela veut dire ?

 27   R.  Oui.

 28   M. IVETIC : [interprétation] J'aimerais que l'on revienne à 1D387. De


Page 4373

  1   nouveau, c'est une déclaration du Témoin 2997. Je voudrais que l'on passe

  2   au bas de la page 5 en anglais et que l'on prenne le milieu de la page 5 en

  3   B/C/S, et que l'on affiche ces deux pages-là. C'est le dernier paragraphe

  4   de la page en anglais qui m'intéresse.

  5   Q.  Et je vais en donner lecture, je cite :

  6   "L'accord relatif à l'aéroport du mois de juin 1992 était une petite mesure

  7   prise dans la tentative de séparer les factions dans la ville. Il

  8   s'agissait d'un accord très important pour le côté serbe, car il leur

  9   permettait d'avoir un avantage tactique considérable que cet accord leur

 10   assurait. En même temps, la décision et l'accord de faire en sorte que les

 11   observateurs militaires qui se trouvaient sur les sites d'armes lourdes des

 12   deux côtés étaient encore plus importants pour les Serbes, plus importants

 13   qu'ils ne l'ont jamais été pour le côté de la Présidence s'agissant des

 14   armes légères. L'on peut, bien sûr, comprendre qu'à partir du -- que depuis

 15   le début, les Serbes étant tactiquement toujours ceux à  qui devaient céder

 16   le plus dans le cadre de l'accord, et ceci a fait en sorte que leurs

 17   opinions et leurs points de vue étaient toujours d'une façon teintés.

 18   C'était un sujet tout à fait commun que je pouvais comprendre, mais qui

 19   n'était pas apprécié ou compris par les autres personnes qui se trouvaient

 20   à l'extérieur du groupe des observateurs militaires des Nations Unies. Les

 21   Serbes étaient et sont encore considérés comme étant des auteurs des pires

 22   excès et leurs avantages militaires ont toujours été interprétés comme

 23   étant -- comme démontrant leur agression. Alors qu'ils ne défendaient pas

 24   leurs actions -- alors que je ne défends pas leurs actions, il faut

 25   toujours trouver néanmoins un équilibre --

 26   L'INTERPRÈTE : -- se reprend l'interprète. Fin de citation.

 27   M. IVETIC : [interprétation] 

 28   Q.  Permettez-moi, mon Colonel, de vous demander, dans un premier temps, si


Page 4374

  1   vous maintenez ce que vous avez dit dans cette déclaration, et ce, comme

  2   étant quelque chose de vrai et précis.

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Pourriez-vous donner une explication quant à un aspect qui m'intéresse

  5   ici ? Est-ce que vous aviez l'impression que les personnes, qui avaient été

  6   identifiées dans cette section comme étant des personnes -- d'autres

  7   personnes dans cette sélection, qu'ils avaient plutôt tendance à pencher, à

  8   juger les Serbes de façon plus difficile ?

  9   R.  Est-ce que vous me demandez d'identifier ces personnes ?

 10   Q.  Non, par réellement. Je voulais simplement savoir : Est-ce que ces

 11   personnes que vous avez appelé "autres" - entre guillemets - est-ce que ces

 12   personnes-là avaient plutôt tendance à entre plus durs envers les Serbes

 13   qu'envers les Musulmans de Bosnie ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Est-ce que vous pourriez nous qualifier de façon général, en des termes

 16   généraux, ce que -- vous pourrez-nous dire qui sont ces -- ces autres

 17   personnes, qui sont-ils ?

 18   R.  Je crois qu'au sein de la FORPRONU, il y avait une compréhension

 19   générale de la déclaration que vous venez de lire, car ils avaient eu une

 20   expérience de première -- directe dans le cadre de négociations et comme le

 21   groupe et les observateurs militaires, ils ont pu avoir une impression de

 22   la situation générale. Je précise que je vous parle seulement du groupe des

 23   observateurs militaires des Nations Unies, parce que je ne suis pas en

 24   mesure de vous parler d'autres personnes. Mais, personnellement, moi-même,

 25   j'ai eu des négociations, des discussions de personnes de mon pays, avec

 26   les hommes politiques, avec les hommes militaires également. Je ne vais pas

 27   les nommes, bien sûr, mais c'est là que -- et je crois que de façon

 28   générale -- c'est -- c'est à la suite de ces types de -- d'entretien -- de


Page 4375

  1   négociation que j'ai déclaré ce que j'ai déclaration.

  2   Q.  Très bien. Je ne vais pas vous demander de nommer de noms, de nous

  3   donner des noms de personnes, mais ceci répond bien sûr à ma question.

  4   M. IVETIC : [interprétation] J'aimerais maintenant passer à un sujet

  5   similaire. Il s'agit d'une déposition dans l'affaire Karadzic et qui porte

  6   la cote 1D389, document 65 ter. Je demanderais que l'on affiche ce

  7   document, s'il vous plaît, à la page 78 dans l'e-court. Il s'agit du

  8   transcript page 5878. Je répète encore de nouveau : dans l'affaire Karadzic

  9   et la question commence à la page -- plutôt, à la ligne 2 de cette page, je

 10   vais la citer, et je vois également qu'ils étaient très critiques des

 11   médias et des récits. Je vois que -- je vois, dans votre déclaration

 12   amalgamée, que les rapports n'ont pas toujours été très précis s'agissant

 13   des interprétations de M. Karadzic, et cetera.

 14   Q.  Est-ce que vous le confirmez ?

 15   R.  Oui. La façon dont j'ai vécu les événements d'un point de vue de forces

 16   comparables, je crois que s'agissant des officiers qui travaillaient pour

 17   moi et par le biais de la -- de ce que j'ai pu voir, je crois que j'ai pu

 18   me forger une opinion sur des éléments clairs et fiables. J'ai toujours été

 19   d'avis que les éléments utilisés par certaines agences -- et à cet égard,

 20   je fais référence aux agences ou aux médias, leurs informations n'étaient

 21   pas -- ou étaient plutôt très faibles -- très -- peu fiables. J'étais

 22   convaincu qu'il a toujours eu une approche anti-serbe, importante, approche

 23   s'agissant du conflit dans la presse et, effectivement, au-delà de cela,

 24   allant jusqu'à certains hommes politiques très haut placés et que je les ai

 25   rencontrés et avec lesquels je me suis entretenu à Sarajevo."

 26   Fin de citation.

 27   Est-ce que vous pourriez nous confirmer la véracité et la précision de

 28   cette déclaration qui est la vôtre, comme je vous l'ai citée ?


Page 4376

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Et pour ce qui est de la dernière partie, s'agissant des personnes que

  3   vous avez appelé les hommes politiques très haut placés, je ne vais pas

  4   vous demander de nous citer des noms, mais est-ce que vous aviez plutôt eu

  5   en tête le même groupe de personnes que ceux que vous avez mentionnés dans

  6   votre réponse précédente ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Et est-ce que vous [inaudible] que certains d'entre eux sont des

  9   personnes qui avaient une autorité de prendre des décisions ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Pour ce qui est maintenant de la presse, au paragraphe 133 jusqu'à 134

 12   de votre déclaration amalgamée qui porte la cote P421, page 30 en anglais

 13   et à la page 32 en B/C/S, vous avez déjà identifié pour nous que vous étiez

 14   préoccupé quand aux informations qui étaient -- qui n'étaient pas appuyées

 15   et qui étaient plutôt anti-Serbes, et vous parlez de -- dans son -- vous

 16   parlez ici également d'une histoire qui a été fabriquée de toutes pièces

 17   par je crois les journalistes. Est-ce que vous pourriez nous dire si

 18   d'autres agences ont-elles également fabriqué des histoires ? Est-ce que

 19   vous savez si d'autres agences, tout comme ces journalistes de la BBC

 20   étaient également coupables de fabrication d'histoires ou d'invention

 21   d'histoires ?

 22   R.  Eh bien, d'abord, je vais vous dire en tant que personne, je peux vous

 23   dire que j'ai eu de très bon rapport avec des -- d'autres éléments de ce

 24   même groupe dans la mesure où j'ai réussi à les -- à leur permettre d'aller

 25   à des endroits où ils n'auraient pas pu aller sans que je ne les invite.

 26   Alors, je vous parle d'une occasion précise. Mais pour répondre à votre

 27   question concernant les autres journalistes, je peux vous dire que je n'ai

 28   jamais encourage les observateurs militaires de parler avec la presse de


Page 4377

  1   quelque chose que ce soit et si jamais la presse voulait avoir des

  2   informations, ce ne serait que moi qui était en mesure de le faire. Je suis

  3   la seule personne qui n'ait jamais parlé avec la BBC, mais je ne me

  4   souviens pas d'avoir parlé avec d'autres agences des médias.

  5   Q.  Très bien. Merci. Est-ce que vous pourriez nous donner le nom de la

  6   personne -- de ce journaliste, parce que nous aurons des journalistes qui

  7   viendront témoigner ici. Je voudrais simplement m'assurer qu'il ne s'agisse

  8   pas de cette personne-là.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] On pourrait peut-être aborder cette

 10   question à huis clos partiel. S'il s'agit d'un journaliste, il faudrait

 11   passer à huis clos partiel. Passons à huis clos partiel.

 12   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

 13   [Audience à huis clos partiel]

 14  (expurgé)

 15  (expurgé)

 16  (expurgé)

 17  (expurgé)

 18  (expurgé)

 19  (expurgé)

 20  (expurgé)

 21  (expurgé)

 22  (expurgé)

 23  (expurgé)

 24  (expurgé)

 25  (expurgé)

 26  (expurgé)

 27  (expurgé)

 28   [Audience publique]


Page 4378

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière.

  2   Maître Ivetic.

  3   M. IVETIC : [interprétation]

  4   Q.  J'aimerais maintenant revenir un instant sur ce que vous avez dit dans

  5   le cadre de votre déposition, dans l'affaire Karadzic. C'est la référence

  6   1D3930, dans le système du prétoire électronique. La partie qui m'intéresse

  7   est la réponse qui figure à la troisième page. Une fois que nous aurons

  8   cela affiché à l'écran, excusez-moi. En fait, il faut afficher la deuxième

  9   page, ligne 4.

 10   Réponse que vous avez apportée à la question posée portait sur les

 11   remarques qu'avaient le général Morillon et M. Henneberry, s'agissant de la

 12   partialité des médias et que cela représentait un obstacle à la paix, je

 13   cite :

 14   "Ces opinions dont vous parlez, qui étaient les opinions partagées par les

 15   médias, de notre point de vue, certainement, nous rendaient la tâche très

 16   difficile pour mener à bien notre mission, et je suis sûr que vous savez

 17   certains détails en la matière. Et cela a rendu la vie difficile aux

 18   factions s'agissant de leurs intentions notamment en ce qui concerne la

 19   partie serbe, si les rapports des médias rendaient de manière fausse ce qui

 20   s'était passé."

 21   Est-ce que vous maintenez ce que je viens de lire ? Est-ce que vous pensez

 22   que cela correspond à vos souvenirs ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Ici, l'on parle de manière générale des rapports de presse, nous ne

 25   parlons pas de certains journalistes que vous avez pu rencontrer, n'est-ce

 26   pas ?

 27   R.  Oui.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une question de suivi.


Page 4379

  1   Avez-vous suivi les rapports des médias dont le monde entier, dans le monde

  2   occidental, en Asie, en Afrique ? Qu'est-ce que vous pouviez lire et voir à

  3   l'époque, pour tirer une telle conclusion que vous avez exprimée ici ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai suivi les médias européens.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela veut dire le monde européen, donc

  6   en fait y compris la Russie --

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Je parle de l'Europe occidentale.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous receviez des rapports

  9   sur la manière dont les médias relayaient l'information sur le terrain,

 10   s'agissant des médias qui n'avaient pas un accès direct, comme vous -- qui

 11   n'avaient pas un accès direct à vous-même ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, il y avait plusieurs bataillons à

 13   Sarajevo, un Bataillon égyptien, un Bataillon ukrainien, un Bataillon

 14   français, et manifestement, il y en a un rapport dans lequel on a exprimé

 15   justement ce que vous venez de dire.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pourriez-vous être plus précis, dans

 17   quoi, l'on parle de la Serbie, de la Russie, de la Chine, et de l'Indonésie

 18   ?

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] La Russie. Donc nous avions un Bataillon

 20   ukrainien à Sarajevo, mais non, cela ne correspondait pas aux autres.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais est-ce qu'ils présentaient de

 22   manière fausse les bonnes intentions du côté serbe ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Ces gars russes et ukrainiens étaient plutôt

 24   favorables aux Serbes, et je dirais que les médias occidentaux avaient une

 25   autre attitude par rapport aux Serbes.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 27   M. IVETIC : [interprétation]

 28   Q.  Mon Colonel, pourriez-vous nous dire quelque chose davantage au sujet


Page 4380

  1   de votre compréhension de cette manière partiale de rendre compte dans les

  2   médias et de quelle manière cela vous rendait la vie difficile dans le

  3   cadre de votre mission ?

  4   R.  Compte tenu des différentes missions qui nous étaient confiées sur

  5   place, j'aimerais me concentrer davantage sur les éléments militaires et

  6   non pas sur les autres, parce que nous espérions mettre en place un cessez-

  7   le-feu, mettre un terme à ce conflit. Et une fois que vous vous lancez dans

  8   des discussions avec les différentes parties afin de réaliser de tels

  9   objectifs et même lorsque vous -- lorsque vous essayez de mettre en place

 10   des cessez-le-feu locaux sur place, afin de pouvoir réaliser d'autres

 11   missions qu'étaient les nôtres, bien sûr, que nos discussions avec les

 12   parties au conflit étaient affectées par ce qui s'était passé, par des

 13   choses dont nous voulons de parler. Et, par conséquent, les parties avaient

 14   une position plus dure, n'étaient pas prêtes à nous pardonner certaines

 15   choses, et par conséquent, la négociation a été plus difficile.

 16   Est-ce que j'ai été suffisamment clair ?

 17   Q.  Oui. Allons un petit peu au-delà. Nous avons mentionné les hommes

 18   politiques haut placés; est-ce que vous pensez que leur position - et je

 19   pense que vous avez dit qu'ils ne comprenaient la position serbe- est-ce

 20   que vous pensez que cela a eu une incidence sur votre capacité de mener des

 21   négociations de la même manière que cela a été le cas tout à l'heure ?

 22   R.  J'aimerais apporter une petite correction. Vous dites que ces hommes

 23   politiques n'avaient pas beaucoup de compréhension pour les Serbes. J'irai

 24   même plus loin, je dirais qu'ils ne comprenaient pas en fait à quel point

 25   ces sujets étaient complexes, et qui avaient attrait non seulement aux

 26   Serbes, mais de manière générale, et pour ce qui est du reste, je suis

 27   d'accord avec vous.

 28   Q.  Merci de cette précision. Nous pouvons passer à la question suivante.


Page 4381

  1   Ai-je raison de dire que lorsqu'il s'ait des forces armées musulmanes, que

  2   lorsqu'ils ont -- est-ce que ces forces ont utilisé les armes lourdes qui

  3   étaient dans la zone surveillée du côté Papa, les observateurs de l'ONU ne

  4   savaient pas quel était l'objectif de ces tirs. Vous pouvez présenter

  5   uniquement une moitié des statistiques, si par exemple ces obus tombaient à

  6   proximité du poste d'observation, Lima, sur le territoire serbe; ai-je

  7   raison ?

  8   R.  Puis-je relire votre question, s'il vous plaît ?

  9   Q.  Bien sûr.

 10   R.  S'agissant du nombre des armes lourdes du côté de la présidence que

 11   nous avions surveillée, n'était pas du tout grand, et les munitions qu'ils

 12   avaient à leur disposition étaient si limitées que je dois dire que l'on

 13   tirait si rarement de ces armes que je ne pouvais pas répondre à votre

 14   question, parce que nous ne surveillions pas les armes qu'ils utilisaient

 15   eux.

 16   Puis-je vous citer un exemple ? Il y avait trois chars. L'un a été

 17   démobilisé vite sur le chemin vers leur repère, et je pense que les deux

 18   autres n'ont pas été utilisés parce qu'ils étaient en manque de munitions.

 19   Q.  D'accord. Mais s'agissant des armes que vous n'avez pas surveillées,

 20   mais qui néanmoins ont été utilisées, ai-je raison de dire que, dans ces

 21   cas-là, s'agissant de données statistiques, vous n'aviez que des données

 22   portant sur les endroits où ces obus ont tombé uniquement si ces obus

 23   tombaient à proximité de la position Lima, parce que vous n'aviez pas la

 24   même manière de couvrir le -- vous n'aviez pas la même manière de couvrir

 25   le côté Lima et le côté --- le côté Lima et le côté Papa, n'est-ce pas ?

 26   R.  Oui, vous avez absolument raison.

 27   Q.  S'il s'agissait, par exemple, d'un site qui n'était pas surveillé, eh

 28   bien, on ne pouvait pas exclure la possibilité que la cible -- que l'obus a


Page 4382

  1   dépassé la cible ou bien que l'obus est tombé -- n'a même pas atteint la

  2   cible et que, par conséquent, l'obus a tombé, par exemple, sur le

  3   territoire de Papa ?

  4   R.  Non. Nous ne savions pas forcément où était tombé un obus dans de tels

  5   cas de figure.

  6   Q.  D'accord.

  7   M. IVETIC : [interprétation] J'aimerai que l'on affiche le document 1D393

  8   de la liste 65 ter.

  9   Q.  Il s'agit d'un rapport relatif à l'incident pour la période du 20

 10   décembre 1992 jusqu'au 21 décembre 1992. Nous voyons qu'il y a votre nom

 11   qui figure en -- en bas de ce document. Monsieur, est-ce que vous pouvez

 12   nous dire que vous connaissez la teneur de ce document ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  S'agissant de l'envoi en question, les armes qui ont été surveillées;

 15   l'on voit que le côté de la présidence figure au paragraphe 2 et pour cette

 16   période, il semblerait qu'il n'y avait pas d'ancien obus qui a été remarqué

 17   à l'angle du côté de la présidence -- à être tiré du côté de la présidence.

 18   R.  Oui, c'est exact.

 19   Q.  Et passons maintenant au paragraphe 3. Ici, l'on constate quel est le

 20   nombre d'obus tombés sur le côté serbe et l'on voit qu'il y a un grand

 21   nombre d'obus. En tout, 16 obus d'artillerie et 125 projectiles mortiers.

 22   Et est-ce que cela montre précisément ce que vous nous avez dit tout

 23   à l'heure, à savoir que les forces de la présidence disposaient des pièces

 24   d'artillerie qui n'étaient pas sur veillées par votre mission ?

 25   R.  Oui, tout à l'heure, j'ai été tout à fait précis. Je parlais de la

 26   situation à l'intérieur de Sarajevo. Mais ici, l'on parle de la zone

 27   générale donc y compris d'autres régions qui n'étaient pas à l'intérieur de

 28   la ville.


Page 4383

  1   Q.  Et lorsque vous dites d'autres régions à l'extérieur de la ville, est-

  2   ce que cela comprend le mot Igman et Hrasnica entre autres ? Ce sont deux

  3   positions qui sont importantes s'agissant des pièces d'artillerie dont

  4   disposait la présidence et qui étaient à l'extérieur de Sarajevo et à

  5   l'extérieur de Papa.

  6   R.  Oui. Mais il faut avoir à l'esprit que l'artillerie peut être déplacée.

  7   Q.  D'accord. Est-ce que vous acceptez la possibilité selon laquelle les

  8   tirs qui sont tombés sur le territoire contrôlé par les Serbes pouvait être

  9   même plus grand par rapport à ce qui figure ici, justement parce que vous

 10   ne pouviez pas surveiller tous les territoires contrôlés par les Serbes.

 11   Les observateurs de l'ONU étaient plutôt chargés de surveiller les armes,

 12   de ce côté de -- de la ligne de confrontation.

 13   R.  C'est exact.

 14   Q.  Et s'agissant du mont Igman, ai-je raison de dire que vous essayiez,

 15   mais vous n'avez pas réussi à placer des observateurs à Igman sur les

 16   positions occupées par la présidence ?

 17   R.  C'est exact.

 18   Q.  Etes-vous d'accord pour dire qu'un facteur important s'agissant des

 19   écarts qui existe entre les différents rapports en la matière sont dus au

 20   fait que les observateurs de l'ONU ne savaient pas quelle était la

 21   situation s'agissant des tirs qui étaient tirés depuis le mont Igman.

 22   R.  Dans une certaine mesure, mais nous le savions, parce que dans ma

 23   déclaration, je me souviens plus, mais un observateur de l'ONU s'est rendu

 24   sur le mon Igman et il a effectivement quel était les lieux s'agissant des

 25   armes. Donc, cela nous a donné une idée des armes dont disposait la

 26   présidence sur le mont Igman.

 27   Q.  Je vous promets que je ne vais pas vous demander de vous rappeler quel

 28   était le nombre de ces pièces d'artillerie. Je sais que je l'ai quelque


Page 4384

  1   part consigné dans mes notes.

  2   Mais pour l'instant, s'agissant du mon lui-même, êtes-vous d'accord pour

  3   dire que c'était à un endroit qui était important sur le plan militaire et

  4   sur le plan -- plan stratégique, géographique ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Lorsque vous étiez déployé à Sarajevo pendant ces trois mois, ai-je

  7   raison de dire que les forces des la présidence occupaient cette position

  8   tout au long de votre séjour sur place ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Est-ce que vous vous souvenez qu'il y avait -- s'il y avait des

 11   habitants, si c'est une zone résidentielle ou bien s'il y avait uniquement

 12   une présence militaire là-bas sur le mont Igman ?

 13   R.  Je ne me suis jamais rendu, donc je ne peux pas répondre à cette

 14   question.

 15   Q.  Donc, les forces qui se trouvaient sur le mont Igman avaient une vue

 16   sans aucun obstacle donnant sur l'intégralité de la ville de Sarajevo ?

 17   R.  Oui, j'imagine que oui.

 18   Q.  Et par conséquent, ces forces pouvaient tirer sur toutes les positions

 19   tenues par les Serbes ou par la présidence à l'intérieur de la ville ?

 20   R.  Tout dépendait du type d'armes dont ils disposaient.

 21   Q.  Et de la portée de ces armes.

 22   R.  Oui.

 23   Q.  S'agissant de l'artillerie serbe ou de l'artillerie qui était à Lima et

 24   qui tiraient vers les forces de l'armée ABiH qui se trouvaient sur le mont

 25   Igman serait consigné en tant que tir allait à -- vers l'extérieur et ne

 26   serait pas considéré en tant que tir vers l'intérieur, étant donné qu'il

 27   n'y avait pas d'observateurs sur le mon Igman ?

 28   R.  C'est exact.


Page 4385

  1   Q.  Et de même, s'agissant des tirs depuis Igman, qui ont dépassé une cible

  2   ou qui sont tombés -- tombés avant ou qui n'ont pas réussi à toucher la

  3   cible, donc qui tombaient avant [inaudible], ils pouvaient potentiellement

  4   tomber sur le territoire détenu par la présidence. Cela ne pouvait pas

  5   identifier en tant que tir à Igman, n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui, je comprends ce que vous voulez dire, mais étant donné que nous ne

  7   savions pas ce qu'il y avait sur place et quelle était la source des tirs,

  8   nous nous intéressions uniquement aux endroits d'impact.

  9   Q.  Mais j'aimerais simplifier les choses. Donc s'agissant des observateurs

 10   qui étaient du côté Papa et qui, en considérant qu'il y avait des tirs

 11   provenant, ne pouvaient pas dire s'il -- s'il s'agissait des tirs depuis

 12   Igman ou bien s'il s'agissait de tirs provenant des positions observées ou

 13   non observées -- des positions serbes qui étaient observée ou non

 14   observées.

 15   R.  C'est exact.

 16   Q.  Etes-vous d'accord pour dire qu'il était non seulement probable, mais

 17   qu'en fait, on peut dire avec certitude que l'artillerie serbe tirait sur

 18   Igman, qu'il s'agisse de tirs offensifs ou contre offensifs contre les

 19   forces qui étaient déployées à Igman ?

 20   R.  C'est exact. 

 21   Q.  Et avec -- est-ce que ces tirs, quelle qu'elle soit la nature, étaient

 22   légitimes sur le plan militaire, à votre agis ?

 23   R.  Oui, il semblerait que c'était acceptable.

 24   L'INTERPRÈTE : Correction de l'interprète. La question a été : Est-ce que

 25   vous pensez que ces tirs légitimes ou justifiés, à votre avis ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, cela me semble acceptable.

 27   M. IVETIC : [interprétation]

 28   Q.  S'agissant de tous les rapports dont nous avons parlé dans votre


Page 4386

  1   déclaration et dans votre déposition, ai-je raison de dire que ces tirs

  2   tirés depuis le côté serbe pouvaient également inclure les tirs dirigés

  3   vers Igman -- plutôt que tiraient vers Papa ou l'avion de Papa ?

  4   R.  Oui, c'est possible.

  5   Q.  Et à la lumière de ce document, du moins s'agissant de cette période,

  6   les positions serbes ont subi plus de tirs contre eux que le côté Papa ou

  7   le côté de la présidence ?

  8   R.  Au vu de ce document ?

  9   Q.  [aucune interprétation] 

 10   R.  [aucune interprétation]

 11   Q.  Ayant à l'esprit les paragraphes 3 et 4.

 12   R.  Oui.

 13   M. IVETIC : [interprétation] Monsieur le Président, je demande le versement

 14   au dossier de ce document.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce document 1D393 ?

 16   M. IVETIC : [interprétation] C'est exact.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière, ce sera ?

 18   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce sera D83.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le document est versé au dossier.

 20   Je vois l'heure, Maître Ivetic. Est-ce que c'est le moment opportun pour

 21   faire la pause ?

 22   M. IVETIC : [interprétation] Oui.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons faire une pause maintenant

 24   et nous allons reprendre nos travaux à deux heures moins 25.

 25   --- L'audience est suspendue à 13 heures 13.

 26   --- L'audience est reprise à 13 heures 36.

 27   [Le témoin vient à la barre]

 28    M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Ivetic, vous pouvez poursuivre.


Page 4387

  1   M. IVETIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  2   Q.  Mon Colonel, comme promis, j'ai trouvé la partie de votre déclaration

  3   qui a trait aux renseignements relatifs au mont Igman.

  4   M. IVETIC : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche le document 1D387,

  5   c'est à la page 11 en anglais, et à la page 10 en B/C/S.

  6   Q.  Et en attendant son affichage, j'aimerais vérifier quelque chose avec

  7   vous. S'agissant des forces de la présidence qui étaient déployées sur le

  8   mont Igman; êtes-vous d'accord pour dire que c'étaient des forces

  9   d'infanterie et d'artillerie ?

 10   R.  Non, je ne peux pas le confirmer.

 11   Q.  D'accord. En bas de la page de la version en anglais du document 1D387,

 12   je vous donnerai lecture d'une partie de ce document, je cite :

 13   "Plus tard, j'ai pu confirmer grâce aux activités de reconnaissance menées

 14   par mes deux observateurs que les forces de la présidence déployées sur le

 15   mont Igman avaient deux transports blindés de troupes, ensuite un obusier

 16   de 130-millimètres, de calibre de 130-millimètres, quatre canons et deux

 17   canons de calibre de 122-millimètres, et ce mortier de calibre de 120-

 18   millimètres."

 19   Est-ce que cela correspond aux renseignements que vous avez reçus relatifs

 20   aux forces dont disposait la présidence sur le mont Igman ?

 21   R.  Oui, cela correspond à mes souvenirs.

 22   Q.  Est-ce que vous vous souvenez avoir reçu des plaintes constantes du

 23   côté serbe, selon lesquelles les forces de la présidence déployées au mont

 24   Igman, tiraient contre les zones civiles dans la zone contrôlée par les

 25   Serbes à Sarajevo, notamment la zone d'Ilidza ?

 26   R.  Oui, nous avons reçu de telles plaintes à bien des reprises, et je

 27   pense que cela est consigné dans la déclaration pour l'affaire contre le

 28   général Galic. Et le général Galic a en fait menacé qu'il allait tirer sur


Page 4388

  1   Sarajevo, si l'on poursuivait ces attaques.

  2   Q.  Et vous avez parlé des -- de la présidence bosniaque qui était dans la

  3   zone Papa, c'est-à-dire à l'intérieur de la ville, et vous avez dit qu'ils

  4   manquaient de me munition. Etes-vous d'accord avec moi pour dire que les

  5   forces qui étaient sur le mont Igman n'avaient pas les mêmes difficultés

  6   quant à l'approvisionnement que [inaudible] connaissait les forces qui

  7   étaient déployées dans la zone Papa ?

  8   R.  Oui, c'est exact.

  9   Q.  En plus de la localité Igman les forces de la présidence bosniaque

 10   contrôlaient plusieurs points élevés à l'extérieur de la ville où ces

 11   forces et ces armes lourdes étaient déployées ?

 12   R.  Il n'y avait d'autres endroits où les armes lourdes pouvaient être

 13   déployées du côté de la présidence. Mais d'après ma connaissance

 14   personnelle ce n'était pas le cas. En tout cas, je ne dispose pas de telle

 15   connaissance.

 16   Q.  D'accord. Etes-vous d'accord avec moi pour dire que nous ne pouvons pas

 17   considérer que les statistiques des observateurs de l'ONU reflètent de

 18   manière précise le niveau de l'artillerie serbe par rapport -- et les obus

 19   qui ont été tirés du côté serbe dans la ville, mais plutôt que ces données

 20   statistiques peuvent être considérées uniquement comme une tentative

 21   d'évaluer le nombre de tirs tirés d'où ils venaient ?

 22   R.  Nous pouvions faire un lien entre les tirs émanant du côté Lima allant

 23   vers le côté de la présidence, comme nous l'avons vu, il y avait des écarts

 24   dans -- des variations dans les différentes statistiques. Ce n'est pas une

 25   science exacte, comme je l'ai déjà dit à plusieurs reprises dans mes

 26   déclarations.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Ivetic, justement j'allais dire

 28   que le témoin nous l'avait expliqué à plusieurs reprises, mais il vient de


Page 4389

  1   le faire.

  2   Veuillez poursuivre.

  3   M. IVETIC : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche maintenant dans le

  4   prétoire électronique le document 1D00394.

  5   Q.  Il s'agit d'un document portant la date du 10 décembre 1992, son auteur

  6   est le commandant Rees qui a le grade de lieutenant et qui envoyait au

  7   commandement de la FORPRONU à Zagreb et c'est vous qui l'avez envoyé à la

  8   FORPRONU de Zagreb. Est-ce que vous reconnaissez ce document, est-ce que

  9   vous reconnaissez ce document ?

 10   R.  Oui, je l'ai signé et j'accepte ce qui y figure.

 11   Q.  S'agissant de la période du 9 au 10 décembre 1992 la situation générale

 12   était la suivante :

 13   "Le niveau d'activité moyen, voir peu élevé, 35 obus tirés depuis le

 14   côté de la présidence et 91 obus tombés sur le côté serbe. En tout 180

 15   [phon] tirs depuis les positions serbes, "et s'agissant des positions

 16   présidences 50 ou 53" - je ne vois pas - "et le pilonnage est très dispersé

 17   partout dans la ville."

 18   Etes-vous d'accord avec moi pour dire que s'agissant de ces dates les

 19   positions serbes ont subi trois fois plus de tir que le côté de la

 20   présidence ?

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Ivetic, c'est la deuxième fois

 22   que vous dites que ce qui figure ici en fait la Chambre ne peut pas établir

 23   qu'il s'agit de 189 tirs et que cela est trois fois supérieur à ce qui est

 24   environ 50 ou 53. Donc nous sommes peut-être pas très forts en

 25   mathématiques, mais nous connaissons quand même certaines choses de base.

 26   M. IVETIC : [interprétation] Ce sont des résumés des déclarations qui sont

 27   à la disposition du public et je pense qu'il est important que le public

 28   soit informé de tous les aspects de la déposition de ce témoin et quelles


Page 4390

  1   étaient les circonstances à Sarajevo pendant la période en question.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Ivetic, je ne suis pas en train

  3   de vous reprocher le fait d'avoir lu qu'il y a eu 35 tirs ou projectiles à

  4   l'arrivée, et je n'ai rien compte le fait que vous mentionniez. Mais dire

  5   après qu'il y a 150 -- enfin 150 c'est trois fois plus que 50, évidemment,

  6   mis à part le fait de présenter des chiffres c'est tout à fait non

  7   nécessaire, enfin inutile. C'est là où je voulais en venir. Enfin nous

  8   pouvons tirer nos propres conclusions -- les Juges de la Chambre peuvent en

  9   tirer leurs conclusions et l'opinion publique peut aussi tirer ses

 10   conclusions il est évident que 189 c'est plus que trois fois 50 ou 53.

 11   Veuillez continuer.

 12   M. IVETIC : [interprétation]

 13   Q.  Est-ce que vous seriez d'accord avec moi pour dire que la majeure

 14   partie des tirs à l'arrivée -- non, oubliez cela. Est-ce que vous supposez

 15   que certains de ces tirs à l'arrivée qui donc tombaient sur les positions

 16   serbes ça venait précisément de ces postes tenus par l'artillerie de la

 17   présidence de la Bosnie-Herzégovine qui n'était pas surveillée que ce soit

 18   le mont Igman ou ailleurs ?

 19   R.  Mais ce qu'on pourrait entendre par ces chiffres.

 20   Q.  Mais est-ce que vous pensez qu'il serait raisonnable ou probable de

 21   considérer que les positions serbes, si elles sont exposées à des tirs

 22   depuis les positions tenues par la présidence, vont nécessairement avoir à

 23   riposter en direction des positions tenues par la présidence de Bosnie-

 24   Herzégovine pour neutraliser la menace ?

 25   R.  Bien, c'est une expectative tout à fait raisonnable.

 26   Q.  Et c'est ce que ces tirs en riposte seraient, oui ou non, justifiés du

 27   point de vue militaire ?

 28   R.  A supposer que c'est bien la cible visée, oui.


Page 4391

  1   M. IVETIC : [interprétation] Monsieur le Juge, je voudrais demander le

  2   versement au dossier de ce document la même pièce à conviction de la

  3   Défense.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, il n'y a pas d'objection

  5   apparemment.

  6   Une référence, Madame la Greffière.

  7   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le 1D387 deviendra la pièce à

  8   conviction D84, Monsieur le Juge.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et ça sera versé au dossier.

 10   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] C'est 387 ou 394 ?

 11   M. IVETIC : [aucune interprétation]

 12   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je crois que c'est 394.

 13   M. IVETIC : [interprétation] Vous avez raison, c'est le 394.

 14   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Donc le 1D394 devient la pièce à

 15   conviction D84.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et ce document est versé au dossier.

 17   M. IVETIC : [interprétation] J'aimerais qu'on se penche à présent sur le

 18   1D392 sur le prétoire électronique.

 19   Q.  Et en attendant l'affichage de ce document je vais vous dire que c'est

 20   un document daté du 19 novembre 1992, et il semblerait que c'est le

 21   commandant Rosenroll qui a rédigé ce document pour vous et est-ce que c'est

 22   signé par vous ?

 23   R.  Oui, c'est cela.

 24   Q.  Et si on se penche sur la période de temps couverte par ce document,

 25   c'est-à-dire 18 au 19 novembre 1992, nous pouvons voir au point 1 qu'on dit

 26   activité moyenne ou basse il n'y a qu'un obus qui est tombé sur le

 27   territoire de la présidence alors que 16 obus sont allés vers le territoire

 28   tenu par les Serbes. Alors vous affirmez que les Serbes ont tiré 57 obus


Page 4392

  1   alors qu'il n'y en a qu'un seul à avoir atteint le territoire tenu par les

  2   forces de la présidence d'après ce que vous avez pu constater.

  3   Q.  Oui, et je dois dire qu'il y a certainement des limitations à toutes

  4   ces évaluations.

  5   Q.  Est-ce que vous êtes d'accord pour dire que ce document et les

  6   explications qui sont contenues peuvent expliquer de façon drastique la

  7   chose qu'on a évoquée antérieurement au sujet délimitations par ces données

  8   statistiques ?

  9   R.  Oui. Je pense l'avoir expliqué dans le document.

 10   Q.  Il apparaît ici qu'il s'agissait d'un cessez-le-feu qui est tombé à

 11   l'eau. Est-ce que vous vous souvenez du fait qu'étant donné que Zuc et

 12   Nedzarici ce sont des situations qui sont évoquées dans le document, et le

 13   fait qu'il n'y ait eu qu'un obus a tombé sur le territoire du côté de la --

 14   de l'ABiH ? Est-ce que c'est un cessez-le-feu que les forces de la

 15   présidence ont violé ?

 16   R.  Je ne peux pas faire -- porter un jugement là-dessus ?

 17   M. IVETIC : [interprétation] Je vais demander le versement au dossier de ce

 18   document ?

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pas d'objection ?

 20   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Ce document 1D392 deviendra donc la

 21   pièce à conviction D85.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et c'est versé au dossier.

 23   M. IVETIC : [interprétation]

 24   Q.  Et s'agissant maintenant des cessez-le-feu et c'est ce qui est évoqué à

 25   la pièce à conviction P24 -- 241. Il s'agira de la page 8 de la version

 26   anglaise de la page 6 de la version en B/C/S. Dans ce paragraphe -- et nous

 27   allons attendre qu'il soit affiché sur nos écrans.

 28   J'aimerais en attendant attirer votre attention sur la -- la nature du --


Page 4393

  1   de la conclusion ou de la fin de ce paragraphe, où il est fourni une

  2   conclusion qui s'énonce comme suit. Je cite :

  3   "Pendant toute -- tout mon séjour là-bas, le niveau des activités a

  4   toujours excédé notre possibilité à -- ou notre potentiel à -- à répondre

  5   aux incidents. Et il n'y a jamais eu de cessez-le-feu effectif."

  6   Alors, êtes-vous d'accord avec moi pour dire que toutes les parties au

  7   conflit à Sarajevo sont responsables de ce type de situation et elles ont

  8   toutes enfreint les accords de cessez-le-feu à bien des occasions ?

  9   R.  Le cessez-le-feu -- Enfin, vous pouviez violer -- enfreindre un cessez-

 10   le-feu si vous en avez un et je ne me souviens pas qu'il y en ait eu du

 11   tout.

 12   Q.  Est-ce que vous seriez d'accord avec moi pour dire que de façon

 13   générale, le côté de la présidence était hésitant et avait plus de réserves

 14   vis-à-vis de la -- d'un aboutissement à un cessez-le-feu universel et

 15   général pendant les -- les négociations ?

 16   R.  Eh bien, si je me remémore les négociations où j'ai pris part, tant en

 17   ma qualité d'individus et aux côtés d'autres individus qui étaient des

 18   collaborateurs proches, des deux côtés, et dans le cadre de groupes de

 19   travail militaire mixtes, je ne me souviens personnes qu'ils aient été plus

 20   contre la mise en place de cessez-le-feu. J'avais le sentiment que leur

 21   position était celle de vouloir volontiers aboutir à un cessez-le-feu étant

 22   donné qu'il y avait beaucoup plus d'armes lourdes de pointées vers eux,

 23   mais je pense qu'il n'y a pas eu d'insistance plus importante du côté de la

 24   présidence et je le dis de mémoire.

 25   Q.  Bon. Passons maintenant vers les questions liées aux services

 26   communaux. Aux paragraphes 10 et 11 de votre déclaration consolidée et je

 27   vous renvoie vers les paragraphes 3 et 4 en version anglaise, vous parlez

 28   des services communaux, des réparations qui sont effectuées et des missions


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  1   des observateurs militaires des Nations Unies. J'aimerais vous montrer une

  2   autre chose, quelque chose qui a été dite par M. Pyers Tucker dans

  3   l'affaire Galic, 1D367.

  4   M. IVETIC : [interprétation] Et j'aimerais qu'on nous affiche le compte

  5   rendu d'audience de l'affaire Galic, page 10029 à 10031 et ce à commencer

  6   de la ligne -- à commencer par la ligne 12.

  7   Q.  Pour être tout à fait équitable à votre égard, je vais vous fournir la

  8   possibilité de vous pencher sur la totalité des échanges, c'est-à-dire des

  9   questions et réponses et ensuite, je vais vous poser ma question.

 10   "Mais la dernière des questions que vous nous avez dit avoir

 11   constitué l'une des missions accomplies, c'était la question de la

 12   restauration des services communaux, à savoir le -- le rétablissement des

 13   fournitures en gaz, eau et électricité. Alors, est-ce que les parties en

 14   présence ont été -- ont fait preuve de coopérativité pour ce qui est de la

 15   réinstallation de ce type de services. Est-ce que les deux parties se sont

 16   comportées de façons égales ou différentes vis-à-vis de ces questions ?

 17   Est-ce que vous pouvez étoffer un peu vos propos ?

 18   "R.  Et vous avez répondu que les -- pour le -- le général Morillon, ces

 19   services communaux étaient considérés comme étant très importants et il a

 20   été toujours question des réparations au niveau des installations. Et pour

 21   ceux qui étaient des -- des réparations, les deux parties ont fait preuve

 22   de coopérativité, mais les réunions étaient fort complexes, parce qu'il

 23   fallait en même temps amener au sol un seul et même endroit, aussi les

 24   techniciens qui avaient les connaissances nécessaires, mais aussi aboutir à

 25   un cessez-le-feu qui se trouvaient à être accepté par les deux parties,

 26   ainsi que faire venir des techniciens qui connaissaient -- qui

 27   connaîtraient les voies sûres d'aboutir aux -- aux localités concernées,

 28   aux endroits où il fallait aboutir en traversant des champs de mines pour


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  1   procéder à ces réparations.

  2   "Et lorsqu'on -- lorsqu'on s'est penché sur ce qui se passait au

  3   niveau du terrain, on a pu voir que la coopération dont faisait preuve les

  4   autorités des Serbes de Bosnie était de nature générale d'une importance

  5   plus grande. La coopération de la part des commandants locaux bosniens

  6   variait de façon considérable et nous avions trouvé que dans certains

  7   secteurs où le -- la présidence exerçait son autorité, les choses se

  8   passaient assez bien. Mais il y a eu d'autres secteurs où les commandants

  9   locaux étaient des radicaux. Et du point du de la discipline générale et de

 10   l'obéissance, ils étaient fort peu fiables et on a dû se servir de toutes

 11   sortes de trucs, d'astuces pour -- enfin, c'est eux qui se servaient

 12   d'astuces pour empêcher que les réparations ne soient faites.

 13   "M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'essaie de comprendre ceci. Les

 14   approvisionnements en eau, électricité et gaz se -- étaient utiles pour

 15   leurs propres populations, alors quelle est la raison concrète pour

 16   laquelle ils se seraient servis d'astuces pour empêcher l'acheminement de

 17   ces fournitures communales à l'intention de leur propre population qui

 18   pâtissent de l'absence de ces services-là. Est-ce que vous pouvez expliquer

 19   ?

 20   "LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux l'expliquer comme suit. Il y a eu des

 21   éléments au sein de la direction des Bosniens qui croyaient que la seule

 22   façon pour eux de reprendre ce que les Serbes de Bosnie leur avaient pris

 23   étaient soit par le biais d'une intervention internationale en Bosnie, soit

 24   par la fourniture d'armes et de munitions à l'intention de la Bosnie. Or la

 25   chose n'était pas possible du fait d'un embargo sur la fourniture des

 26   armes. Et ces gens-là croyaient que la seule façon de s'assurer d'un

 27   soutien international et d'une assistance en ce sens était de présenter la

 28   situation à Sarajevo comme étant si pénible et difficile que la communauté


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  1   internationale forcément serait disposée à intervenir. Donc, il n'était pas

  2   dans leur intérêt de voir qu'il y ait une amélioration de la situation à

  3   Sarajevo. Il n'était pas de leur intérêt de voir qu'il y ait amélioration

  4   de -- des conditions de vie de la population civile. Au contraire, on

  5   pourrait dire : Plus il y avait de souffrances, mieux on pensait que ce

  6   serait pour eux, parce que c'était plutôt propice pour ce qui est de

  7   montrer aux caméras de la télévision et aboutir de la sorte à une pression

  8   exercée par la communauté internationale afin qu'il y ait une intervention

  9   internationale."

 10   Alors, je voudrais maintenant vous poser quelques questions au sujet de la

 11   première partie de la déclaration, c'est-à-dire du témoignage de M. Tucker

 12   pour ce qui est de savoir si cela corrobore les souvenirs que vous avez

 13   gardés de cette situation et est-ce qu'il y a véritablement eu ce type de

 14   choses au niveau des cessez-le-feu pour ce qui est de la [inaudible] de

 15   leurs missions respectives.

 16   R.  Peut-on revenir à cette page ?

 17   Q.  Oui, il faudrait reprendre la première page dans le prétoire

 18   électronique. Si vous croyez que M. Tucker a omis de dire quelque chose

 19   quant aux difficultés, je vous prierais de bien vouloir l'ajouter, si vous

 20   le souhaitez.

 21   R.  Il y a tellement de questions sous-jacentes, je ne sais même pas où

 22   commencer. Si vous voulez me poser une question bien précise sur une partie

 23   bien précise, je vous prierais de le faire.

 24   Q.  Je vous pose une question très précise quant à la réponse qui a été

 25   donnée entre les lignes 18 à 25.

 26   R.  [aucune interprétation]

 27   Q.  Est-ce que ceci correspond à votre souvenir quant à la difficulté

 28   d'avoir des réparations, de faire en sorte que les réparations soient


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  1   faites.

  2   R.  Avant de pouvoir répondre à votre question, est-ce que vous me

  3   permettriez de vous dépeindre un peu la situation ?

  4   Q.  Oui, tout à fait.

  5   R.  [aucune interprétation]

  6   Q.  [aucune interprétation]

  7   R.  Le général Morillon était le commandant de l'ABiH. Le commandant Tucker

  8   a travaillé ensemble en tant qu'officier britannique. Le général Morillon

  9   et le commandant Tucker connaissaient bien les missions, ils avaient eu

 10   accès à ces rapports.

 11   Avant d'aller à Sarajevo, j'ai passé en revue tous les rapports concernant

 12   les missions relatives au service public. Il m'est donc bien difficile de

 13   prendre connaissance de ce que quelqu'un d'autre pense de ces missions

 14   alors qu'en réalité, ces derniers n'avaient pas de contact direct avec les

 15   missions relatives au service public.

 16   Donc s'agissant du paragraphe long que vous nous avez lu, certains éléments

 17   de ce paragraphe sont vrais, mais il y a également d'autres points qui sont

 18   quelque peu confus et quelque peu erronés.

 19   Les réunions étaient effectivement complexes, cela est bien vrai. Il

 20   fallait souvent plusieurs jours pour s'assurer que les deux côtés sachent

 21   très bien ce qui se passe, où les choses se passaient, et il était

 22   compliqué d'envoyer des techniciens aux endroits où il y avait des

 23   problèmes pour mener à bien la mission.

 24   Je sais que moi-même j'ai mené des négociations, j'avais également un

 25   officier qui s'occupait de plusieurs missions, et lui aussi il menait des

 26   négociations. Donc c'était directement le long de la chaîne de

 27   commandement, en prenant le général Galic d'un côté, et M. Siber de

 28   l'autre. Mais je ne sais pas pourquoi et comment les choses n'ont pas


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  1   réussi, je ne sais pas qui est le responsable de l'échec. Pour ce qui me

  2   concerne, je sais que j'estimais qu'il n'était pas sûr pour les

  3   représentants des Nations Unies et de la FORPRONU d'envoyer les techniciens

  4   sur place. Quand cela n'était pas sûr pour le technicien et quand celui-là

  5   n'était pas en sécurité, je ne l'envoyais pas.

  6   Je ne voulais pas essayer de jeter le blâme l'un côté ou l'autre. Ce

  7   qui me préoccupe un peu c'est que j'ai l'impression que ce document, cette

  8   déclaration semble pencher plutôt vers un côté que de l'autre. Pour chacune

  9   des missions où nous avions envoyé des techniciens, je crois qu'en tout et

 10   partout nous avons eu un taux de réussite d'environ 60 % [comme

 11   interprété], donc dans certains cas le succès était réellement phénoménal,

 12   donc ceci indique qu'en réalité les deux côtés ont exprimé une volonté pour

 13   réussir dans ce que nous voulions réussir. Mais c'était la guerre. Ailleurs

 14   dans ma déclaration je me souviens très bien d'avoir déclaré, comme je l'ai

 15   dit, l'eau n'est pas de l'autre côté, alors ils ont pilonné la station

 16   électrique --

 17   Q.  [aucune interprétation]

 18   R.  -- et ceci était typique. Je crois que dans ces quelques premières

 19   lignes il y a certains éléments de vérité, mais je crois que mon

 20   explication est quelque peu plus précise, et en réalité, elles doivent

 21   l'être puisque c'est moi qui ai mené ces missions. J'étais à la tête de ces

 22   missions.

 23   Q.  Merci beaucoup. Est-ce que vous avez partagé l'opinion de M.

 24   Tucker selon laquelle il semblerait qu'à certains moments des éléments de

 25   la présidence bosnienne ou les commandants locaux semblent avoir été

 26   réticents d'essayer de réparer justement ces services publics et d'obtenir

 27   une intervention pour que les réparations soient faites ?

 28   R.  Je crois qu'on aborde trop d'éléments. Dans un premier temps,


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  1   nous avions du mal à mener à bien nos missions relatives au service public,

  2   pour plusieurs raisons. Ce n'était pas à moi d'analyser pourquoi elles ont

  3   échoué. Mais ce que je devais faire c'est d'essayer d'apprendre pourquoi et

  4   comment afin qu'à l'avenir nous puissions réussir. Nous ne nous penchions

  5   pas sur les analyses.

  6   Mais permettez-moi de dire ce que je crois avoir été les raisons pour

  7   lesquelles les choses ont échoué. C'est justement ce type de déclarations

  8   qui me donnent du mal à me mettre d'accord avec ces affirmations.

  9   Q.  Je vous remercie. Avec votre permission, j'aimerais que le document

 10   1D391 soit affiché, il s'agit d'un rapport qui émane de votre mission, si

 11   je ne m'abuse; le format en est différent. Mais il semblerait que ce

 12   document porte la date du 17 octobre 1992. Pourriez-vous, je vous prie,

 13   jeter un coup d'œil sur ce document et nous dire si c'est bien un document

 14   qui émane de votre position, qui émane de votre bureau ?

 15   Si vous le souhaitez, nous pouvons également passer à la page suivante.

 16   R.  Excusez-moi, est-ce que vous voulez parler du 17 décembre [comme

 17   interprété] ? Car je vois ici la date du 4 octobre.

 18   Q.  Non, en fait je pensais que c'était le 17 octobre, mais je peux très

 19   bien me tromper également.

 20   R.  Très bien. Oui, voilà, 17 octobre. Excusez-moi. J'avais l'impression

 21   que vous aviez dit qu'il s'agissait du 17 septembre qui aurait été un jour

 22   après mon arrivée.

 23   Q.  Très bien. Est-ce que ce document semble être un message ou un rapport

 24   qui émane de votre position -- qui émanait de votre position à Sarajevo ?

 25   R.  Oui, SMO de Sarajevo.

 26   Q.  D'abord, au point 1 comme nous le voyons à l'écran, il est indiqué ici

 27   que les statistiques démontrent que plus d'obus tombaient sur les

 28   territoires contrôlés par les Serbes que sur les territoires contrôlés par


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  1   la présidence, ou tout du moins pour cette période pour ce qui concerne ce

  2   rapport de situation quotidien. Est-ce que vous seriez d'accord avec moi

  3   pour dire - et maintenant que nous avons passé en revue un très grand

  4   nombre de documents - qu'à certains moments des tirs qui arrivaient dans la

  5   ville étaient plus lourds du côté serbe qu'il n'en était le cas du côté des

  6   forces de la présidence, même si je ne crois pas que c'est ce que vous avez

  7   identifié dans votre déclaration ?

  8   R.  Oui. Vous n'avez qu'à regarder les chiffres.

  9   Q.  Très bien. Maintenant j'aimerais me concentrer sur la partie du

 10   document qui est intitulée "questions continues."

 11   Et ici, très précisément vous parlez des problèmes avec les

 12   commandants locaux des deux côtés en réalité, pour ce qui est de trois

 13   missions relatives au service public qui étaient planifiées pour ce jour-

 14   là. Est-ce que c'est bien ce que l'on y voit ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Est-ce que ceci correspond de façon précise à la situation et aux

 17   points dont vous avez parlé ? Est-ce que ceci nous donne une indication

 18   précise des incidents qui ont eu lieu ?

 19   R.  [aucune interprétation]

 20   M. IVETIC : [interprétation] Je demande le versement au dossier de ce

 21   document en tant que pièce de la Défense.

 22   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Excusez-moi, ce n'est pas que j'aie une

 23   objection, mais s'agissant de la date. Je pense que le conseil a mentionné

 24   une date qui est imprimée en haut. Je ne suis pas sûre que le 17 octobre

 25   soit réellement la date de ce document.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pourrais peut-être vous aider. En

 27   haut, il a employé le terme "afgedrukt," ce qui veut dire imprimé le 17.

 28   Si vous êtes tous d'accord, donc c'est imprimé le 17.


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  1   M. IVETIC : [interprétation] D'accord.

  2   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

  3   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document 1D391 deviendra la pièce

  4   D86.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le document est versé au dossier.

  6   Maître Ivetic, il nous reste juste encore trois minutes. J'aimerais que le

  7   témoin quitte maintenant le prétoire et que nous reprenions sa déposition

  8   demain, parce que j'ai quelques questions à soulever avant la fin de

  9   l'audience.

 10   M. IVETIC : [interprétation] D'accord.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur le Témoin, vous reviendrez

 12   demain matin et je vous enjoins de ne pas parler de votre déposition à qui

 13   que ce soit, qu'il s'agisse de ce que vous avez déjà dit ou de ce que vous

 14   allez nous dire.

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, j'ai bien compris.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez sortir.

 17   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 18   [Le témoin quitte la barre]

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous n'avons pas beaucoup de temps.

 20   Mais, Maître Ivetic, vous avez utilisé plusieurs documents, vous n'avez

 21   néanmoins pas demandé leur versement au dossier, il se peut que vous l'ayez

 22   fait exprès, mais je voulais tout simplement attirer votre attention là-

 23   dessus, donc il y a quatre documents comme ça.

 24   Et deuxièmement, j'ai déjà dit que la Chambre peut faire le calcul elle-

 25   même. Mais néanmoins, j'ai commis une erreur, parce que votre question

 26   portait sur la question de savoir si 91 était plus grand que trois fois 35,

 27   mais il semblerait que le calcul est plus complexe que celui que j'avais

 28   mentionné, parce que la Chambre peut elle-même tirer ces conclusions, à


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  1   savoir que les tirs depuis le côté serbe étaient trois fois plus importants

  2   que les tirs sur le côté de la présidence, et la Chambre peut également

  3   calculer que les tirs depuis le côté serbe sont trois fois supérieurs aux

  4   tirs depuis le côté de la présidence.

  5   Mais maintenant cette question est réglée.

  6   La deuxième chose, je voulais dire quelque chose au sujet de notre

  7   calendrier.

  8   Vous avez besoin d'encore combien de temps ?

  9   M. IVETIC : [interprétation] Je pense que j'aurai besoin d'encore une heure

 10   et 15 minutes.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord. Madame Hochhauser, pourriez-

 12   vous nous dire de combien de temps vous aurez besoin dans le cadre des

 13   questions supplémentaires.

 14   Mme HOCHHAUSER : [interprétation] Je pense que j'en aurai pour peu, j'ai

 15   quelque quatre questions.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Cela veut dire que nous allons terminer

 17   la déposition de ce témoin demain pendant la deuxième séance. Je me demande

 18   si le contre-interrogatoire pourrait être concentré de la sorte qu'on

 19   termine la déposition du témoin suivant avant le début du week-end.

 20   Pourriez-vous le prendre en considération.

 21   M. LUKIC : [interprétation] Est-ce que vous parlez du témoin suivant après

 22   celui-ci ?

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Je pense qu'il était censé avoir un

 24   interrogatoire principal d'une demi-heure et vous avez demandé deux heures,

 25   deux heures et demie pour le contre-interrogatoire.

 26   M. LUKIC : [aucune interprétation]

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc je ne fais pas pression sur vous,

 28   mais si vous pouviez le faire, ce serait bien.


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  1   M. LUKIC : [interprétation] Je ne pourrais pas vous le dire à l'heure

  2   actuelle parce que lors de la dernière pause, nous avons appris que

  3   finalement le témoin allait venir.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Voyons.

  5   M. GROOME : [interprétation] Monsieur le Président, je pense qu'il y a un

  6   malentendu. Le témoin suivant ne bénéficie pas des mesures de protection,

  7   il s'agit de Elvir Pasic qui était censé déposer depuis un certain temps.

  8   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

  9   M. LUKIC : [aucune interprétation]

 10   M. GROOME : [interprétation] Peut-être que je pourrais en parler avec le

 11   conseil de la Défense pendant la pause pour voir quelle est la situation

 12   s'agissant de ce témoin. Nous pensions commencer avec sa déposition demain,

 13   puis finalement nous avons renoncé à cela.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] D'accord. Mais dans l'état actuel des

 15   choses, le témoin suivant devrait être M. Pasic.

 16   M. GROOME : [interprétation] Oui.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Dans ce cas-là, je me demande si peut-

 18   être les deux parties pourraient utiliser le temps alloué de manière si

 19   efficace de sorte que ce témoin puisse rentrer chez lui le week-end.

 20   M. LUKIC : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que vous savez

 21   que nous faisons tout notre possible pour répondre à vos demandes.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais ce n'était pas vraiment une

 23   ordonnance, mais tout simplement nous pensons au bien-être de ce témoin et

 24   nous voulions tout simplement répondre à ses besoins dans la mesure où cela

 25   est possible. Merci de votre attention.

 26   Nous allons reprendre demain, vendredi le 2 novembre, à 9 heures 30 dans ce

 27   même prétoire.

 28   --- L'audience est levée à 14 heures 18 et reprendra le vendredi 2 novembre


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  1   2012, à 9 heures 30.

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