Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mercredi 21 mai 2014

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 32.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à toutes et à tous dans le

  6   prétoire et autour du prétoire.

  7   Madame la Greffière, veuillez annoncer l'affaire, s'il vous plaît.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges. Ceci est

  9   l'affaire IT-09-92-T, le Procureur contre Ratko Mladic.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière.

 11   La Chambre vient d'être informée que l'Accusation souhaite soulever une

 12   question à titre d'introduction.

 13   M. GROOME : [interprétation] Bonjour, Messieurs les Juges, et merci.

 14   La question préliminaire que je souhaite soulever concerne l'article 90(E)

 15   et elle concerne les témoins qui sont censés venir - ou, plutôt, le témoin

 16   qui est en train de déposer - dans l'affaire Karadzic, les Juges de la

 17   Chambre ont adopté la position suivant laquelle il fallait lui adresser un

 18   avertissement en fonction de l'article 92(E) [comme interprété]. Je ne suis

 19   pas sûr si c'est à l'Accusation de faire une requête dans ce sens. Puisque,

 20   de toute façon, je n'ai pas trop de détails concernant tous ces témoins à

 21   venir. Il semblerait que ce serait à la Défense d'en décider après toutes

 22   les conversations qu'ils ont avec les témoins puisqu'ils sont en meilleure

 23   position d'en décider.

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  1  (expurgé)

  2  (expurgé)

  3   [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

  4   [La Chambre de première instance se concerte]

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Groome, les Juges de la Chambre

  6   vont se pencher sur la question en temps voulu.

  7   M. GROOME : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La Défense est-elle prête pour reprendre

  9   son interrogatoire principal ? Si oui, veuillez, s'il vous plaît, faire

 10   venir le témoin, le faire entrer dans la salle d'audience.

 11   [Le témoin vient à la barre]

 12   LE TÉMOIN : DUSAN SKRBA [Reprise]

 13   [Le témoin répond par l'interprète]

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour, Monsieur Skrba. Veuillez vous

 15   asseoir.

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Skrba, je tiens à vous rappeler

 18   que la déclaration solennelle que vous avez prononcée hier, vous engageant

 19   à dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité, est toujours en

 20   vigueur. Cela est peut-être sous-entendu, mais je tenais tout de même à

 21   vous le rappeler.

 22   Me Stojanovic va maintenant reprendre son interrogatoire principal.

 23   Vous avez la parole, Maître Stojanovic.

 24   M. STOJANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 25   Interrogatoire principal par M. Stojanovic : [Suite]

 26   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Skrba.

 27   M. STOJANOVIC : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche dans le

 28   système du prétoire électronique la pièce qui s'est vue accorder la cote


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  1   D465 hier au moment où nous avons levé l'audience.

  2   Merci.

  3   Monsieur l'Huissier, s'il vous plaît, aidez le témoin à se servir d'un

  4   stylet de couleur bleue encore une fois.

  5   Q.  Quant à vous, Monsieur le Témoin, vous vous souviendrez qu'hier nous

  6   avons indiqué l'endroit où se trouvait le QG de la division d'artillerie

  7   mixte et nous avons également indiqué l'endroit où se trouvait une batterie

  8   de mortiers à 120 millimètres. En se servant de la même carte, pourriez-

  9   vous indiquer aux Juges de la Chambre l'endroit où se trouvait le flanc

 10   gauche de la zone tenue par votre unité ?

 11   R.  Eh bien, sur notre flanc gauche, nous avions le lit de la rivière

 12   Zeljeznica.

 13   Q.  Eh bien, s'il vous plaît, veuillez tracer une ligne pour nous indiquer

 14   cette position en vous servant du stylet bleu.

 15   R.  Mais c'est impossible. Je ne vois pas l'image dans la partie qu'il me

 16   faut, à savoir dans le coin gauche.

 17   Q.  Je vais reformuler ma question. Ilidza représentait-elle le territoire

 18   couvert par votre division d'artillerie mixte ?

 19   R.  Non, Ilidza était tenue par un autre groupe. Elle se trouvait dans la

 20   zone de responsabilité de la Brigade d'Ilidza.

 21   Q.  Très bien. Et qu'en est-il de la zone de Butmir, était-elle tenue par

 22   l'armée de la BiH pendant toute la période de la guerre ?

 23   R.  Oui, en effet.

 24   Q.  Alors, quant aux zones qui étaient tenues par vous, votre unité, à

 25   savoir la 1ère Brigade de Sarajevo, faisaient-elles objet de tirs

 26   d'artillerie depuis la ville de Sarajevo ?

 27   R.  Oui, constamment.

 28   Q.  De quelles positions tirait-on sur vous le plus souvent ?


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  1   R.  Eh bien, nous étions bombardés des positions mobiles, ensuite depuis

  2   Ciglana, depuis le tunnel, depuis le mont Zuc et aussi depuis Trebevic.

  3   Q.  Pour ce qui est de la zone de Ciglana, avez-vous pu identifier les

  4   armes utilisées pour vous bombarder par l'armée de la BiH ?

  5   R.  Ils se servaient d'armes lourdes continuellement. Ils sortaient du

  6   tunnel et ils nous prenaient pour cible quand cela leur convenait.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Stojanovic, pourriez-vous

  8   insister pour que le témoin vous réponde d'une façon plus précise.

  9   Le témoin a dit : "Ils se servaient d'armes lourdes continuellement."

 10   Quelles armes lourdes le témoin avait-il à l'esprit et de quel nombre de

 11   pièces s'agit-il ?

 12   M. STOJANOVIC : [interprétation] Je vais procéder comme vous le conseillez,

 13   Monsieur le Président.

 14   Q.  Avez-vous pu constater quelles armes ont été utilisées depuis Ciglana ?

 15   R.  Ils se servaient d'un char, d'un char du type T-55, et ce char tirait

 16   directement sur nous. Il y avait aussi un autre char du type T-100.

 17   Q.  Et depuis la zone de Bjelave, quelles étaient les armes utilisées par

 18   l'armée de la BiH ?

 19   R.  Ils se servaient de mortiers de 120 millimètres. C'étaient des mortiers

 20   mobiles qui étaient posés sous des roues. Mais enfin, tout dépendait de la

 21   situation.

 22   Q.  Et qu'en est-il de la zone de Trebevic --

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Stojanovic, je vous ai aussi

 24   suggéré de demander au témoin de préciser de quel nombre de pièces

 25   d'artillerie il s'agissait. Donc, vous pourriez peut-être demander de

 26   combien de mortiers mobiles de 120 kilomètres [comme interprété] les forces

 27   armées opposées disposaient. Je parle de la zone de Bjelave.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] C'étaient nos services compétents qui


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  1   disposaient de ce type de renseignement. Ce qui me préoccupait, moi,

  2   surtout, c'est de détecter l'endroit d'où les tirs provenaient pour pouvoir

  3   les neutraliser.

  4   M. STOJANOVIC : [interprétation]

  5   Q.  Et aviez-vous des éléments de renseignement vous indiquant de combien

  6   de mortiers ils disposaient dans la zone de Bjelave, je parle des mortiers

  7   de 120 millimètres ?

  8   R.  Ils en avaient au moins deux à quatre de placés à chaque position de

  9   tir d'où ils nous ciblaient.

 10   Q.  Merci. Et la même question pour la question de Trebevic. De quelles

 11   armes se servaient-ils ?

 12   R.  Ils se servaient surtout de mortiers. Il y avait, par ailleurs, deux

 13   mortiers à 120 millimètres.

 14   Q.  Et qu'en est-il du mont de Zuc ? Avez-vous pu identifier les armes

 15   utilisées pour cibler vos positions ?

 16   R.  Sur le mont de Zuc, ils avaient un char qui était en mouvement

 17   perpétuel et ils se servaient de char pour nous tirer dessus. Il s'agissait

 18   d'un char du type M-55.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Maître Stojanovic, le témoin ne nous a

 20   toujours pas indiqué le chiffre approximatif du nombre de mortiers de 82

 21   millimètres situés sur le mont de Trebevic.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, généralement, il y avait des sections

 23   équipées de trois mortiers. Alors, tout dépendait si on avait mis sur place

 24   une batterie complète. A ce moment-là, cette batterie comprenait six

 25   mortiers ou, alors, une section qui disposait de trois mortiers. Tout

 26   dépendait du moment où les opérations étaient menées et tout dépendait de

 27   la direction dans laquelle une opération était menée. Les pièces

 28   d'artillerie étaient positionnées dans des endroits différents.


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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pour commencer, les interprètes vous

  2   demandent de bien vouloir ralentir votre débit. Ils ont du mal à vous

  3   suivre.

  4   Deuxièmement, veuillez, s'il vous plaît, reprendre la dernière partie

  5   de votre réponse. Je vais donner lecture de ce qui est enregistré au compte

  6   rendu d'audience, et ensuite vous pourrez répéter ce qui n'a pas été

  7   consigné. Alors, je vous donne lecture de la partie qui a déjà été

  8   consignée :

  9   "Ils les plaçaient dans des zones différentes et, de temps en temps,

 10   ils faisaient semblant de lancer une attaque, mais c'était un leurre pour

 11   tromper la partie opposée. Mais tout dépendait…"

 12   Et ensuite, qu'est-ce que vous avez dit ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais tout dépendait où se situait la cible

 14   principale de leur attaque, le long de quelle direction. Et ensuite, le

 15   long de cet axe, ils concentraient un grand nombre de mortiers, tous les

 16   mortiers qu'ils avaient à leur disposition; tandis que le long des axes

 17   d'attaque auxiliaires, ils plaçaient trois ou quatre pièces d'artillerie

 18   équipées de munitions. Mais c'était le long de la ligne d'attaque

 19   principale qu'on déployait trois fois plus d'armées, de munitions, et

 20   cetera. Tout dépendait de la cible qu'ils avaient choisie.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Eh bien, vous avez fourni une réponse

 22   assez longue. Maître Stojanovic, pour être tout à fait sincère, je ne peux

 23   pas dire que je me suis fait une idée très précise sur le nombre de

 24   mortiers que l'autre partie avait à sa disposition. Mais si souhaitez

 25   préciser davantage, allez-y. Quant à moi, tout ce que j'ai à dire, c'est

 26   que je n'ai pas pu vraiment m'orienter au niveau des chiffres.

 27   Vous avez la parole.

 28   M. STOJANOVIC : [interprétation] Je vais poser une petite question à cet


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  1   égard puis je vais passer à un autre sujet.

  2   Q.  Le nombre de mortiers qui étaient déployés dans tous ces endroits

  3   différents pendant la guerre, est-ce qu'il était permanent tout au long de

  4   la guerre ou est-ce qu'il variait en fonction de l'intensité des combats,

  5   du développement de la situation, et cetera ?

  6   R.  Eh bien, il y avait un nombre constant. Il y avait un certain niveau

  7   qui était maintenu de façon permanente. Une section, par exemple, avait

  8   trois pièces d'artillerie à sa disposition, mais ils pouvaient compléter

  9   cette batterie avec d'autres pièces si l'attaque préparée le nécessitait.

 10   Alors, ils augmentaient le chiffre à six ou à 12 mortiers. Tout dépendait

 11   aussi des munitions qu'ils avaient à leur disposition et de l'objectif

 12   final qu'ils visaient.

 13   Q.  Merci. Je vais maintenant vous poser quelques questions au sujet d'un

 14   quartier qui fait partie de la ville de Sarajevo, à savoir du quartier

 15   Bjelisici. Dans cette partie de la ville, avaient-ils des armes à leur

 16   disposition ainsi que des pièces d'artillerie ?

 17   R.  Je vous ai déjà dit qu'au pied du mont Hum, à Velesici, ils avaient un

 18   char du type T-55, et ils s'en servaient.

 19   Q.  Et leur était-il possible de camoufler ce char pour que votre unité ne

 20   puisse pas le voir et le détecter ?

 21   R.  Les armes étaient disposées, étaient déployées en profondeur. Ils se

 22   servaient d'abris pour camoufler les emplacements des armes. Et comme ils

 23   couvraient une zone assez large, ils pouvaient aussi changer l'endroit où

 24   les armes étaient positionnées.

 25   Q.  Merci. Et je vais en terminer avec la question suivante : sur le

 26   pourtour du cercle extérieur que nous avons décrit hier et qui s'étendait

 27   derrière votre dos, depuis le mont d'Igman et le long des autres montagnes

 28   que vous aviez derrière vous, receviez-vous des tirs d'artillerie à partir


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  1   de cette direction ?

  2   R.  Oui, nous avions le même nombre de pertes le long de ce cercle externe

  3   qu'à l'intérieur du cercle.

  4   Q.  Et je l'ai terminé mon interrogatoire en vous demandant si vous avez pu

  5   détecter les positions le long de ce cercle externe depuis lequel l'ABiH

  6   vous prenait pour cible ?

  7   R.  Leurs positions principales étaient situées sur le mont d'Igman en

  8   dehors de Sarajevo, à Hrasnica, et c'est surtout de là qu'ils nous tiraient

  9   dessus. Mais après l'action Lukavica 93, ils ont commencé à tirer depuis

 10   Trnovo et Rogoj.

 11   Q.  Je sais très bien que la zone de Butmir ne faisait pas partie de votre

 12   zone de responsabilité, mais moi, je souhaite vous poser la question

 13   suivante : est-ce qu'il y avait des installations ou est-ce qu'il y avait

 14   des fermes ou à l'institut d'agriculture qui se trouvait là-bas et dont on

 15   se servait pour tirer contre vos positions ?

 16   R.  Eh bien, depuis nos postes d'observation, oui, nous pouvions voir du

 17   feu et des explosions d'obus de mortier chaque fois qu'ils lançaient une

 18   attaque.

 19   Q.  Merci. Je n'ai plus de questions à poser au témoin.

 20   M. STOJANOVIC : [interprétation] Messieurs les Juges, compte tenu du fait

 21   que nous ne nous sommes pas servis de la pièce D465, et que nous n'avons

 22   pas apporté de nouvelles indications sur la carte, et qu'au fait déjà le

 23   document a déjà reçu une cote provisoire, je souhaite maintenant demander

 24   son versement au dossier.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, et comme on n'a pas apporté de

 26   nouvelles indications, il est superflu de le remplacer par une nouvelle

 27   version du document.

 28   Madame la Greffière, la pièce D465 est reçue au dossier, elle est admise au


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  1   dossier.

  2   J'ai deux questions supplémentaires à vous poser, Monsieur Skrba.

  3   Vous nous avez parlé d'un char qui était placé à Bjelisici, ou plutôt à

  4   Velesici, c'est le nom cité dans la question qui vous a été posée, en tout

  5   cas vous avez parlé d'un char qui avait été dissimulé et qu'on déplaçait un

  6   kilomètre d'un côté ou d'un autre. Que faisiez-vous pour venir à bout de ce

  7   problème ? Si le char était dissimulé, vous ne pouviez pas le détecter.

  8    Vous avez bien entendu ma question, j'espère. Donc ma question était la

  9   suivante : si ce char était dissimulé, vous ne pouviez pas le voir ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai compris tout à fait votre question, mais

 11   l'important c'est que le char tirait un, deux, trois, cinq obus, et ensuite

 12   il se repliait derrière un abri. Et cette partie du terrain était très

 13   boisée, et c'est pourquoi il était facile de le dissimuler. Mais en même

 14   temps, à chaque fois que le char tirait, la fumée se dégageait et on

 15   pouvait voir aussi quelles étaient les conséquences du tir, et c'est à

 16   partir de là que nous déduisions où il se trouvait. Mais ils ne le

 17   laissaient jamais trop longtemps placer dans un même endroit, donc il

 18   n'occupait pas de position fixe. Ils repliaient une fois qu'ils s'en

 19   servaient pour tirer.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous dites que ce char était positionné

 21   dans une zone boisée. Cela veut-il dire que ce n'était pas une zone où les

 22   gens habitaient ou que c'était peut-être une zone où il y avait très peu

 23   d'habitants ?

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, cette zone qui s'étirait dans la

 25   direction de Hum et dans la zone de Pofalici était habitée à 80 % par la

 26   population serbe. Mais suite aux opérations qui ont été menées par l'armée

 27   de la BiH, la population serbe a été expulsée de ce quartier, et alors

 28   l'armée de la BiH en a profité pour y installer ses positions puisque les


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  1   Serbes n'y étaient plus, la population serbe n'y était plus. Et ils se

  2   servaient aussi de toutes les mesures et de toutes les installations qui

  3   avaient été abandonnées. Ils pouvaient y abriter leurs chars, leurs

  4   équipements, leurs munitions. Ils pouvaient, par exemple, se servir d'une

  5   étable pour y cacher un char, et vous ne pouviez pas savoir si le char

  6   était dissimulé à l'intérieur de cet étable ou ailleurs. Et après l'année

  7   1993 ou 1994, en revanche, ils ont dû couper tout le bois pour se chauffer.

  8   A partir de ce moment-là, il est devenu plus facile de détecter les armes.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et y a t-il des éléments de preuve

 10   documentaires qui seraient à même d'étayer ce que vous venez de nous dire ?

 11   Pourriez-vous nous citer, par exemple, des ordres écrits à cet effet ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, je pense qu'ils ont fêté chaque leur

 13   victoire et que cela a été enregistré dans leurs documents et aussi dans

 14   des films qu'ils ont tournés. Ils fêtent l'anniversaire de chaque victoire

 15   qu'ils ont remportée, parce que ce sont les moments pour eux où ils ont

 16   réussi à percer les lignes, et tout ceci a dû être enregistré.

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je parle surtout aux documents émanant

 18   de l'armée de la Republika Srpska, y a-t-il des rapports où il est indiqué

 19   : "Nous avons tiré sur un char, qui ensuite s'est replié derrière un abri".

 20   Y a t-il des rapports de ce type où on parle concrètement de ces chars-là ?

 21   Donc, au sein de vos forces armées, peut-on retrouver des documents qui

 22   confirmeraient ce que vous venez de nous dire ?

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne le crois pas.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et savez-vous si des ordres ont été

 25   donnés pour ouvrir le feu sur la zone de Pofalici, sans qu'on dise

 26   concrètement que les tirs provenaient d'un char, par exemple, y a-t-il des

 27   documents où on dit des tirs depuis la zone de Pofalici ? Etes-vous au

 28   courant des documents de ce type, des ordres de ce type ?


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai jamais reçu un ordre de ce type et je

  2   n'avais jamais entendu parler par le biais de notre système de

  3   transmission, parce que cette zone était dans la zone de responsabilité

  4   d'une unité militaire tout à fait différente. Elle faisait partie de la

  5   zone de responsabilité de la Brigade de Vogosca, qui se trouvait face à

  6   nous. Nous, nous nous trouvions du côté opposé, vers le sud-est par rapport

  7   à la zone de Pofalici et par rapport à la montagne de Hum.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais d'après ce que vous nous avez

  9   dit, j'ai cru comprendre -- attendez, je vais vérifier. Donc, vous avez vu

 10   un char ouvrir le feu, mais vous n'avez pas riposté, vous n'avez pas réagi

 11   depuis vos positions ? Vous avez tout simplement relevé que ce char ouvrait

 12   le feu, un point c'est tout ? Parce que si j'ai bien compris, vous étiez la

 13   cible de ces tirs.

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui. Mais quand nous remarquions qu'on

 15   tirait sur nous en se servant des chars, nous ripostions en tirant un ou

 16   deux obus, ensuite ce char se repliait, et se mettait derrière un abri.

 17   Nous avions des points d'observation sur le mont de Trebevic, et nous

 18   pouvions voir le char, mais nous ne pouvions riposter qu'au moment où le

 19   feu était ouvert contre nos positions de tir. Mais physiquement, le char se

 20   trouvait sur le territoire couvert par la Brigade de Vogosca qui, à son

 21   tour, a été capable de suivre tous ces événements.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais vous faites référence à la

 23   Brigade de Vogosca, mais en même temps, vous nous dites qu'on vous tirait

 24   dessus en se servant d'un char, et que vous ripostiez. Alors, si j'ai bien

 25   compris, Pofalici se trouve plus près de la zone de la responsabilité qui

 26   était tenue par la Brigade de Vogosca, mais eux, ils ne pouvaient rien

 27   faire puisqu'ils ne voyaient rien du tout. Mais je ne sais pas si on tirait

 28   sur eux. Il n'est pas tout à fait clair, ce que vous voulez dire exactement


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  1   lorsque vous parlez de la Brigade de Vogosca ?

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, excusez-moi. La Brigade de

  3   Vogosca c'est comme dans votre dos et, eux, ils étaient face à vous, donc

  4   ils n'avaient pas de visibilité depuis Vogosca concernant la position de ce

  5   char; mais nous, on pouvait nous cibler directement vers Grbavica, ils

  6   étaient en surélévation de l'autre côté de Sarajevo, ils pouvaient

  7   directement nous tirer dessus par-dessus Sarajevo.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je comprends le point auquel vous faites

  9   référence maintenant. Mais quand je vous ai posé ma question relative à des

 10   ordres, vous avez dit que vous n'avez jamais reçu d'ordres relatifs à des

 11   tirs de Pofalici. Alors, vous avez également dit que vous n'aviez pas

 12   entendu prononcer des ordres de ce genre par le biais des transmissions.

 13   Mais ça, c'est une unité militaire tout à fait différente qui tombait sous

 14   les ordres ou l'autorité de la Brigade de Vogosca, mais toujours est-il que

 15   vous avez, depuis vos positions, été ciblés. Donc, si la Brigade de Vogosca

 16   ne pouvait rien voir et ne pouvait pas tirer sur des cibles dans ce

 17   secteur-là, comment faisaient-ils ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Ils ne pouvaient pas voir l'endroit à partir

 19   duquel on nous tirait dessus. C'est depuis Trebevic et Vrace que nous

 20   pouvions le voir. Et nous ripostions à chaque fois qu'ils tiraient un ou

 21   deux obus. Mais nous demandions un rapport du commandement supérieur pour

 22   ce qui est d'une autorisation relative à la riposte et on ripostait avec

 23   deux, éventuellement trois projectiles.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci pour vos réponses. Nous allons

 25   aborder un autre sujet avant le début du contre-interrogatoire. Ce qui fait

 26   que la pause risque d'être un peu plus longue que d'habitude, plus de 30

 27   [comme interprété] minutes, en d'autres termes. Nous voudrions vous voir

 28   revenir après la pause, Monsieur Skrba, et c'est M. l'Huissier qui vous


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  1   aidera à quitter le prétoire.

  2   [Le témoin quitte la barre]

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous sommes passés à huis clos partiel.

  4   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel,

  5   Monsieur le Juge.

  6   [Audience à huis clos partiel]

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 13  Pages 21224-21229 expurgées. Audience à huis clos partiel.

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  6   [Audience publique]

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Madame la Greffière.

  8   Nous allons faire une pause quelque peu plus tôt que d'habitude, et nous

  9   allons reprendre à 11 heures moins 20.

 10   --- L'audience est suspendue à 10 heures 18.

 11   --- L'audience est reprise à 10 heures 44.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons patienter en attendant

 13   l'arrivée du témoin dans le prétoire.

 14   Monsieur Shin, ça va être à vous que de contre-interroger ce témoin ?

 15   M. SHIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, Messieurs les Juges.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et vous aviez estimé à combien de temps

 17   votre contre-interrogatoire; c'était deux heures ?

 18   M. SHIN : [interprétation] Je crois que nous avions prévu trois heures et

 19   demie.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et vous avez gardé trois heures et demie

 21   ?

 22   M. SHIN : [interprétation] Oui, d'après ce que je crois comprendre, en

 23   effet.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon. Et il y a un autre témoin que vous

 25   aviez ramené à deux heures --

 26   M. SHIN : [interprétation] Oui, c'est exact. Je crois que j'ai vu ceci

 27   récemment.

 28   [Le témoin vient à la barre]


Page 21231

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, peut-être est-ce prendre ses désirs

  2   pour des réalités.

  3   Asseyez-vous, Monsieur Skrba.

  4   Monsieur Skrba, vous allez maintenant être contre-interrogé par M. Shin. M.

  5   Shin se trouve à votre droite.

  6   Monsieur Shin, veuillez commencer.

  7   M. SHIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  8   Contre-interrogatoire par M. Shin :

  9   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Skrba.

 10   R.  Bonjour.

 11   Q.  Je voudrais commencer par un certain nombre de questions liées à

 12   l'organisation de ce bataillon d'artillerie mixte, le MAD, et je vais

 13   parler des fonctions que vous avez exercées au sein du MAD. Alors, pour

 14   être tout à fait clair, le MAD, c'est subordonné à une brigade, comme un

 15   bataillon d'infanterie ?

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez des difficultés ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'entends pas l'interprétation en serbe de

 18   ses propos.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bon, alors, on va vérifier si vous êtes

 20   sur le bon canal. Recommençons, s'il vous plaît. Est-ce que vous me

 21   comprenez maintenant dans une langue que vous êtes à même de comprendre ?

 22   Enfin, vous ne m'entendez pas, vous entendez l'interprète.

 23   Monsieur Shin, à vous.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui, j'entends.

 25   M. SHIN : [interprétation]

 26   Q.  Alors, Monsieur Skrba, ce que je disais tout à l'heure, c'est que

 27   j'allais commencer avec certaines questions liées à l'organisation de ce

 28   bataillon d'artillerie mixte. Alors, on va parler pour commencer de ce


Page 21232

  1   bataillon d'artillerie mixte, le MAD. C'est subordonné de façon directe à

  2   une brigade, tout comme un bataillon d'infanterie ?

  3   R.  Mon unité s'appelait division d'artillerie mixte, ça s'appelle division

  4   parce que toutes les pièces d'artillerie se trouvent dans mon unité et

  5   elles sont placées sous mon commandement. Je suis chargé d'apporter un

  6   soutien à l'infanterie lors de ces attaques ou de ces opérations de

  7   défense. J'ai du personnel, des soldats sous mes ordres, mais j'ai ce qu'on

  8   appelle une division d'artillerie mixte. Et si besoin est, je vais vous

  9   dire tout ce que cela constitue.

 10   Q.  Monsieur Skrba, je pense que ma question n'a pas été tout à fait

 11   claire. Je vais y aller au pas à pas. Alors, peut-être pour le moment que

 12   nous allons tirer les choses au clair. Vous faites référence à une division

 13   d'artillerie mixte, est-ce que c'est à un niveau qui se trouve être

 14   l'équivalent d'un bataillon d'infanterie ? Etait-ce là une bonne

 15   comparaison de ma part ? Et je parle du fait de savoir quel est le

 16   commandement qui est votre supérieur hiérarchique direct. Ce serait le

 17   commandement de la brigade, non ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Merci.

 20   R.  Attendez un peu. Une division d'artillerie mixte, ça a une puissance de

 21   combat qui se traduit sous forme de pièces d'artillerie. L'infanterie,

 22   elle, elle a une puissance de feu de nature différente. Nous parlons de

 23   deux choses tout à fait différentes, d'une part l'artillerie et d'autre

 24   part l'infanterie.

 25   Q.  C'est exact, et ça semble évident, l'une de ces unités s'appelle unité

 26   d'artillerie et l'autre s'appelle unité d'infanterie. Alors, quels étaient

 27   les effectifs que vous aviez dans votre unité ?

 28   R.  Eh bien, les membres, c'étaient des gens qui étaient issus de la


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  1   population locale et on avait toutes professions confondues. Il y avait des

  2   batteries avec plusieurs pièces d'artillerie qui composaient plusieurs

  3   spécialités. Un cyber [phon], un topographe, un éclaireur, et des chargées

  4   de transmission pour correspondre avec les autres unités. Donc, ceci

  5   différait du type d'armements que nous avions et des calibres, ce qui fait

  6   que --

  7   Q.  Excusez-moi. Est-ce que nous pourrions nous mettre d'accord sur la

  8   nécessité de prêter une oreille attentive à mes questions. Et si besoin est

  9   d'avoir des informations complémentaires, je vous les demanderai. Donc,

 10   prêtez une attention assez grande à ce que je vais vous demander au juste.

 11   Ma question était simple. Je voulais savoir combien de personnel vous aviez

 12   dans une division d'artillerie mixte.

 13   R.  Moi, j'avais mes effectifs complétés à à peu près 35 à 40 % des

 14   effectifs nécessaires.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Skrba, personne ne vous a

 16   demandé quel était le complètement, le niveau de complètement. Il vous a

 17   demandé combien de personnes vous aviez; 20, 100, enfin, un chiffre. Et

 18   essayez, donc, de vous concentrer sur la question en tant que telle.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Moi, j'avais quelque 350 hommes.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Prêtez donc une oreille attentive

 21   aux questions et essayez de répondre de façon directe.

 22   M. SHIN : [interprétation]

 23   Q.  Ma question suivante est celle de savoir comment ces 350 hommes ont été

 24   organisés ? Et, à titre d'exemple, je voudrais vous rappeler que vous aviez

 25   parlé de pelotons et de batteries. Alors, est-ce que vous pouvez expliquer

 26   comment ces 350 hommes se trouvaient être organisés au sein des unités,

 27   combien de batteries et combien de pelotons aviez-vous eus ?

 28   R.  Je pense avoir dit que j'avais six batteries, j'avais eu six batteries.


Page 21234

  1   Chaque batterie comportait deux, voire quatre pelotons de tir. Et dans le

  2   cadre des pelotons, il y avait des sections. Et puis, il y avait aussi un

  3   peloton de commandement qui avait des éclaireurs, des observateurs, et des

  4   chargés de transmission, plus un topographe.

  5   Q.  Vous avez mentionné un peloton de commandement ou une section de

  6   commandement. Quel était le grade du commandant de ce peloton ou section ?

  7   R.  Ça dépendait, c'était en général un jeune officier ou sous-officier, un

  8   sergent. Ça dépendait de ce qu'on avait sous la main. Parce qu'il y avait

  9   des gens qui avaient suivi une certaine formation et d'autres qu'il fallait

 10   soumettre à des formations complémentaires.

 11   Q.  On y viendra. Pour bien comprendre une autre expression utilisée ici,

 12   vous avez dit "batterie". Est-il exact de dire, de façon générale, que

 13   "batterie" est un terme utilisé pour décrire une unité qui dispose de

 14   quatre ou six canons ?

 15   R.  Oui. C'est la formation de départ d'une batterie au niveau militaire,

 16   et c'est la raison pour laquelle je vous en ai parlé. Parce que quand on a

 17   complété à 100 % les effectifs, on a besoin de quelque 72 hommes pour cette

 18   batterie.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La question qui a demandé combien de

 20   canons ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai dit que si l'on était équipé à part

 22   entière, on avait 72 hommes pour les répartir par différentes pièces

 23   d'artillerie et en combinaison avec ce petit peloton d'éclaireurs qui était

 24   chargé de faire tous les calculs de tir.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez parlé des hommes. M. Shin vous

 26   a posé la question concernant le nombre de canons dans une batterie, il a

 27   dit qu'il y avait entre quatre et six. Est-ce vrai ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Une batterie D30 de 120 millimètres, il y en a


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  1   eu trois avec quatre canons et quatre sections.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Continuez, Monsieur Shin.

  3   M. SHIN : [interprétation]

  4   Q.  Je vais essayer de poser la question de cette façon-ci : si nous avons

  5   quatre canons dans une batterie de D30, est-ce qu'il s'agit d'un nombre

  6   habituel, typique, pour une batterie de D30 ?

  7   R.  Non. S'il y a suffisamment d'hommes, cette batterie disposerait de six

  8   canons et de six sections, complétée de sept hommes avec des pièces

  9   correspondantes. Mais il y a toujours des services, c'est-à-dire des

 10   pelotons de communication et d'éclaireurs, indépendamment du fait qu'il

 11   s'agit de quatre ou de six canons, puisque ces services doivent préparer

 12   tout, des communications, des topographes, et cetera, même s'il y a un

 13   canon ou six canons. Mais chez nous, il y a eu trois batteries D30, trois

 14   groupes qui disposaient de trois sections chacune.

 15   Q.  Bien. Nous allons en parler de cela et plus en détail plus tard. Mais,

 16   s'il vous plaît, répondez précisément à ma question. Je vais poursuivre. Au

 17   paragraphe 7 de votre déclaration, Monsieur Skrba, vous avez déclaré ceci :

 18   D'après l'organisation de l'unité, le chef de l'artillerie vous était

 19   subordonné.

 20   J'aimerais que vous expliquiez l'expression "d'après l'organisation",

 21   "d'après l'organigramme", qu'est-ce que cela veut dire ?

 22   R.  D'après le statut et des règlements de la JNA que nous avons repris de

 23   la JNA, puisque nous n'avions pas à l'époque nos propres règlements, un

 24   chef de l'artillerie doit être désigné au sein de la brigade qui s'occupe

 25   des pièces des pièces d'artillerie au sein de la brigade, et c'est la

 26   personne la plus compétente pour l'artillerie. Et pour ce qui est de toutes

 27   les questions relevant de l'artillerie, c'est l'officier le plus important

 28   aux côtés du commandant de la brigade.


Page 21236

  1   Q.  Et pour ce qui est de votre cas, du cas du MAD, le chef de l'artillerie

  2   de la brigade était M. Savo Simic; est-ce vrai ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Et quel était son grade ?

  5   R.  Il était capitaine de première classe.

  6   C'était au début de la guerre qu'il avait ce grade.

  7   Q.  Et quel était votre grade ?

  8   R.  J'étais commandant.

  9   Q.  Vous étiez donc au-dessus de lui par rapport à votre grade ?

 10   R.  J'appartenais aux effectifs de réserve et, lui, il était officier des

 11   effectifs d'active.

 12   Q.  Bien. Vous avez expliqué -- en fait, c'était pendant votre témoignage

 13   dans l'affaire Karadzic que vous avez dit que vers la fin de l'année 1994,

 14   mis à part vos activités en tant que commandant de la division MAD, que

 15   vous étiez chef de l'artillerie de la brigade après le départ de M. Savo

 16   Simic, que cela faisait partie de vos compétences. Ai-je raison de dire

 17   cela ?

 18   R.  Oui, c'est vrai.

 19   Q.  Donc, à partir de la fin de l'année 1994, vous exerciez deux fonctions

 20   : vous étiez chef de l'artillerie de la brigade et commandant de la

 21   division d'artillerie mixte ?

 22   R.  Jusqu'au début de 1995 et en février ou en mars 1995 le commandant de

 23   la division est devenu Dragan Elez, il a été désigné à ce poste, et moi,

 24   j'ai continué à exercer la fonction du chef de l'artillerie au sein de la

 25   brigade.

 26   Q.  Bien. Merci pour cette clarification. Maintenant, j'aimerais qu'on

 27   procède pas à pas. D'abord quand, à peu près, vers la fin de 1994, vous

 28   êtes devenu chef de l'artillerie de la brigade et vous étiez toujours le


Page 21237

  1   commandant de la division d'artillerie mixte ?

  2   R.  Je ne me souviens pas exactement de la date, mais je pense que c'était

  3   en octobre ou en septembre, ou en octobre 1994, si je me souviens bien,

  4   puisque le commandant Simic à l'époque a été désigné à un autre poste au

  5   sein du corps.

  6   Q.  Bien. Jusqu'à ce moment-là, à partir du début de la guerre jusqu'au

  7   mois de septembre ou d'octobre 1994, dites-nous de quel organe vous

  8   receviez des ordres ?

  9   R.  Je recevais des ordres exclusivement de mon chef, de M. Simic ou du

 10   commandant de la brigade. Il s'agissait des ordres et des approbations.

 11   Q.  Après que vous avez repris la fonction de M. Simic à l'époque où vous

 12   occupiez du poste, dites-nous de qui vous receviez des ordres à ce moment-

 13   là ?

 14   R.  Pour ce qui est des activités de l'artillerie, je recevais des ordres

 15   du commandant pour ce qui est des questions du personnel. Et pour ce qui

 16   est des questions techniques du chef de l'artillerie du corps.

 17   Q.  Et il s'agissait du chef de l'artillerie, de M. Tadija Manojlovic, il

 18   était chef de l'artillerie au sein du corps ?

 19   R.  Oui. Et le colonel Cvetkovic était son remplaçant puisque le colonel

 20   Tadija Manojlovic était souvent absent.

 21   Q.  Bien. J'aimerais qu'on se concentre davantage sur la période pendant

 22   laquelle vous occupiez deux postes, vous exerciez deux fonctions, ainsi que

 23   sur la période par la suite pendant laquelle vous n'étiez que le chef de

 24   l'artillerie. Lorsqu'on parle de votre rôle concernant votre poste du chef

 25   de l'artillerie de la brigade, ai-je raison de dire que pour ce qui est de

 26   vos obligations, l'une de vos obligations était d'informer le commandant de

 27   la brigade des questions concernant, par exemple, l'entraînement ?

 28   R.  Oui, c'était obligatoire de l'informer là-dessus. Mais chaque mois, au


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  1   début ou à la fin du mois, cela dépendait du jour, nous devions exposer

  2   notre rapport mensuel et nos prévisions d'activités pour le mois suivant.

  3   S'il n'y avait pas d'activités de combat, nous devions l'informer quels

  4   étaient les entraînements, les formations, les réparations, et cetera.

  5   Q.  Bien. Ma question portait précisément sur vos obligations, vos

  6   activités, vos responsabilités concernant le commandant de la brigade et

  7   des entraînements des formations pour ce qui est de l'artillerie.

  8   R.  Notre obligation était d'accomplir notre plan mensuel, de procéder aux

  9   formations du personnel des pièces d'artillerie, le commandant devait être

 10   informé des dates exactes de ces entraînements, de ces formations, et il

 11   devait être informé de sujet sur lequel portaient ces formations.

 12   Q.  Vous avez dit que "vous vous occupiez des entraînements des équipages",

 13   est-ce qu'il est vrai qu'en tant que chef de l'artillerie de la brigade,

 14   vous procédiez à l'organisation de ce type d'entraînement; ai-je raison de

 15   dire cela ?

 16   R.  Etant donné que vers la fin de 1994 je suis devenu chef de

 17   l'artillerie, à l'époque on ne pouvait que réviser ce qu'on avait appris.

 18   Les membres de l'armée étaient déjà formés, mais il fallait rappeler des

 19   éléments de base de l'artillerie et des éléments de base militaire pour

 20   qu'ils puissent être entraînés proprement.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La question portait sur l'organisation

 22   et la question était de savoir si vous étiez en charge de cette

 23   organisation et non pas sur la révision des connaissances.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, parce qu'à l'époque c'était mon

 25   obligation --

 26   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Il m'est plus facile de vous répondre à vous

 28   parce que vous me posez des questions directes.


Page 21239

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, mais c'est M. Shin qui vous pose

  2   des questions et M. Shin pose des questions claires également.

  3   Continuez, Monsieur Shin.

  4   M. SHIN : [interprétation]

  5   Q.  Monsieur Skrba, nous allons faire de notre mieux pour vous poser des

  6   questions plus concrètes, et j'accepte votre excuse.

  7   Ce plan mensuel, vous avez dit que cela faisait partie de vos obligations,

  8   de vos tâches, vous avez dit que c'était votre obligation au pluriel, mais

  9   en tant qu'individu vous étiez en charge de la préparation de ce plan

 10   mensuel, même si vos subordonnés vous aidaient à le faire, n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  A qui envoyez-vous ce plan mensuel ?

 13   R.  Au commandement de la brigade et aux unités qui devaient procéder à

 14   l'exécution de ce plan.

 15   Q.  En tant que chef de l'artillerie de la brigade, est-ce correct de dire

 16   que vous étiez également responsable concernant les informations envoyées

 17   au commandant de la brigade par rapport aux munitions ?

 18   R.  Oui, c'était quelque chose dont on informait le commandant de la

 19   brigade lors des réunions mensuelles.

 20   Q.  Maintenant, j'aimerais lire quelque chose, c'est ce que M. Simic a dit

 21   dans une autre affaire, et après je vais vous poser des questions là-

 22   dessus. Il a décrit les fonctions du chef de l'artillerie de la brigade en

 23   les décrivant comme ceci :

 24   "Au commandement de la brigade, lorsque j'étais au commandement de la

 25   brigade, j'apportais mon assistance quand il s'agissait des questions

 26   concernant l'utilisation de l'artillerie, je donnais des propositions au

 27   commandant de la brigade. Après quoi, le commandant de la brigade, à la fin

 28   de la journée, décidait s'il allait accepter mes propositions, ou peut-être


Page 21240

  1   s'il allait donner ses propres propositions et, par la suite, il donnait

  2   des ordres concernant le déploiement des pièces d'artillerie."

  3   Seriez-vous d'accord avec moi pour dire qu'il s'agit d'une description

  4   exacte de la fonction du chef de l'artillerie de la brigade ?

  5   R.  C'est tout à fait exact. Il s'agit de son rapport qui est exact. Et il

  6   préparait ce type de rapport, en particulier au début de la guerre.

  7   Q.  Il a également dit, et je vais citer ses propos :

  8   "Lorsqu'un ordre de combat était rédigé, je donnais mes propositions

  9   concernant l'utilisation de pièces d'artillerie oralement et également

 10   graphiquement en utilisant une carte."

 11   Seriez-vous d'accord pour dire que cela aussi représente une description

 12   exacte de l'une des fonctions du chef de l'artillerie de la brigade ?

 13   R.  Il décrit exactement les tâches qui étaient les tâches du chef de

 14   l'artillerie.

 15   Q.  Maintenant, j'aimerais passer à des questions concernant des armes au

 16   sein de la division d'artillerie mixte. Vous avez parlez de cela hier et

 17   aujourd'hui, il y a quelques minutes. J'aimerais être sûr que nous avons

 18   bien compris ce qu'il a été dit.

 19   Vous avez dit d'abord qu'il y avait trois batteries des obusiers D30,

 20   où il y avait quatre pièces d'artillerie dans chacune de ces trois

 21   batteries; au total, 12 pièces d'artillerie, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Hier, dans le compte rendu, il a été consigné que D30 est un obusier de

 24   calibre de 120 millimètres. Et je vous demande si ce n'était plutôt 122

 25   millimètres ?

 26   R.  122 millimètres.

 27   Q.  Bien. Vous avez également dit que vous disposiez d'une batterie de

 28   lance-roquettes multiples, VBR en B/C/S, que vous disposiez de quatre de ce


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  1   type de lance-roquettes multiples, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Vous avez expliqué que vous aviez deux mortiers -- deux batteries de

  4   mortiers de calibre de 120 millimètres, M-75; au total, 12 pièces

  5   d'artillerie de ce type-là ?

  6   R.  C'est exact.

  7   Q.  Et j'aimerais parler d'une autre chose concernant des obusiers D30. Un

  8   obusier D30 veut dire -- cette appellation D30 veut dire qu'il s'agit d'une

  9   pièce d'artillerie qui n'est pas autopropulsée, qui est tractée ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Est-ce qu'il est également vrai que cette pièce d'artillerie, cet

 12   obusier de ce type-là, D30, peut être montée sur un véhicule blindé; en

 13   d'autres termes, que dans ce cas-là il s'agit d'une pièce autopropulsée qui

 14   s'appelle gvozdika ?

 15   R.  Oui. Les mêmes caractéristiques comme D30, 122 millimètres, il y a des

 16   gvozdika qui sont sur chenilles et qui utilisent le même type de munitions.

 17   Mais comme ils sont sur chenilles, ils n'utilisent pas un véhicule pour les

 18   tracter comme c'était le cas dans mon unité.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Shin, à la page 31, à la ligne

 20   16 du compte rendu, vous avez dit, si j'ai bien compris --

 21   L'INTERPRÈTE : Les interprètes ont bien traduit ce terme pour cette pièce

 22   d'artillerie, "vutchno" [phon].

 23   M. SHIN : [aucune interprétation]

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense que tout est clair au niveau de

 25   cette réponse.

 26   M. SHIN : [interprétation] Oui.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Continuez, Monsieur Shin.

 28   M. SHIN : [interprétation]


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  1   Q.  Monsieur Skrba, votre unité, la division d'artillerie mixte, disposait-

  2   elle des gvozdika ?

  3   R.  C'était uniquement au début de la guerre qu'on disposait des gvozdika

  4   jusqu'à la fin du mois de mai à peu près ou début du mois de juin.

  5   Q.  Et dites-nous ce qui leur est arrivé en fin mai et début juin ?

  6   R.  C'était dans la zone de Milici que ces pièces d'artillerie ont été

  7   envoyées, et d'autres pièces de ce type ont été envoyées dans la garde, au

  8   commandement de la garde, au moment où la garde a été formée à Han Pijesak.

  9   Il s'agissait de deux unités qui disposaient chacune de 600 pièces

 10   d'artillerie.

 11   Q.  Est-ce que mis à part la division d'artillerie mixte, la brigade

 12   disposait d'autres gvozdika ?

 13   R.  Au sein de ma division d'artillerie mixte, non. Mais pour ce qui est de

 14   la brigade, la brigade disposait des pièces de calibre de 90 millimètres

 15   qui étaient déployées. Mais moi je n'étais pas en charge du déploiement de

 16   ces pièces d'artillerie de calibre de 90 millimètres.

 17   Q.  Et pour ce qui est de ce calibre 90 millimètres, de quoi il s'agit ?

 18   R.  Il s'agit d'une sorte de char ou d'obusier de calibre de 90

 19   millimètres.

 20   Q.  Il s'agit, donc, d'un obusier autopropulsé de 90 millimètres ?

 21   R.  Oui, cela ressemble à un char de 90 millimètres qui est autopropulsé,

 22   puisque toutes ces pièces sont baptisées d'après le diamètre des

 23   projectiles qui sont lancés depuis ces pièces d'artillerie.

 24   Q.  Bien. Vous nous avez expliqué que vous n'étiez pas en charge du

 25   déploiement de ces pièces d'artillerie de calibre de 90 millimètres. Qui au

 26   sein de la brigade décidait du déploiement de ces pièces d'artillerie de 90

 27   millimètres ?

 28   R.  A l'époque, c'était Savo Simic, chef de l'artillerie au sein de la


Page 21243

  1   brigade.

  2   Q.  Quel était le nom de l'unité à laquelle appartenaient ces pièces

  3   d'artillerie ?

  4   R.  Ces pièces d'artillerie étaient parties de la zone de la 1ère Brigade de

  5   Sarajevo. Ces pièces d'artillerie n'étaient pas restées physiquement dans

  6   cette zone. La plupart de ces pièces étaient restées dans la zone du front

  7   de la Drina, vers Milici. Et je ne sais pas dans quels endroits dans la

  8   zone du Corps de la Drina ces pièces ont été déployées.

  9   Q.  Vous venez de nous dire que Savo Simic commandait pour ce qui est de

 10   l'utilisation de ces pièces puisqu'il était chef de l'artillerie de votre

 11   brigade.

 12   R.  Lorsque j'ai dit ça, c'était lui qui donnait son aval pour

 13   l'utilisation de ces pièces, et que c'était au début de la guerre en 1992.

 14   En tant que chef, il savait dans quelle unité ces pièces ont été envoyées.

 15   Je pensais à cela lorsque j'ai dit qu'il commandait l'utilisation de ces

 16   pièces. En fait, il ne faisait que décider dans quelle unité ces pièces

 17   allaient être envoyées. Il ne décidait pas de l'utilisation de ces pièces.

 18   Q.  Quel était le nombre de ces pièces de 90 millimètres ?

 19   R.  Il y en a eu peut-être six ou sept. Je ne me souviens pas du nombre

 20   exact. Mais pour ce qui est des gvozdika, il y en a eu 11. Une batterie

 21   disposait de cinq canons et l'autre de six.

 22   Q.  Vous venez de nous dire que concernant les gvozdika, ces pièces

 23   d'artillerie dont vous disposiez au début de la guerre, que ces gvozdika

 24   ont été envoyées ailleurs. Est-ce qu'il y a eu d'autres pièces d'artillerie

 25   dont vous disposiez au début de la guerre qui, par la suite, ont été

 26   envoyées ailleurs ?

 27   R.  Il y avait des obusiers, des missiles, des gvozdika, des canons de

 28   calibre de 90 millimètres et des lance-roquettes.


Page 21244

  1   Q.  Nous allons parler de tout cela l'une après l'autre. Quel était le

  2   nombre d'obusiers par rapport aux obusiers dont vous disposiez au début de

  3   la guerre qui ont été envoyés ailleurs ? Nous ne parlons que d'obusiers qui

  4   ont été déployés ailleurs.

  5   R.  Il s'agissait de batteries de gvozdika qui sont mobiles comme, par

  6   exemple, des chars. Il y avait deux unités, une unité disposait de cinq

  7   canons et l'autre de six canons. L'unité qui disposait de cinq canons était

  8   partie à Milici et l'autre à Han Pijesak pour préparer la création de la

  9   Brigade de la Garde.

 10   Q.  Bien. Je pense qu'au début je n'ai pas bien compris votre réponse, mais

 11   je pense que maintenant tout m'est clair. Concernant des lance-roquettes

 12   multiples, des VBR, il y en a eu combien ?

 13   R.  Dans mon unité, il y en avait quatre. Mais je disposais d'encore deux

 14   sections qui étaient parties à Milici ensemble avec des gvozdika.

 15   Q.  Bien. Est-ce que vous aviez d'autres pièces de D30, puisque vous avez

 16   dit que vous aviez des lance-roquettes multiples ? Est-ce qu'au début de la

 17   guerre vous disposiez des mortiers de 120 millimètres, au début de la

 18   guerre, qui ont été envoyés par la suite ailleurs ?

 19   R.  Je ne disposais que de deux batteries au sein desquelles se trouvaient

 20   six mortiers. Si je me souviens bien, c'était le nombre de mortiers dont

 21   j'étais en charge en mai.

 22   Q.  Bien.

 23   M. SHIN : [interprétation] Est-ce qu'on peut afficher maintenant P353. Il

 24   nous faut la page 28 dans la version en anglais et également dans la

 25   version en B/C/S.

 26   Q.  Monsieur Skrba, en attendant que cela soit affiché, je vais vous dire

 27   qu'il s'agit d'un extrait du journal de général Mladic pour ce qui est du

 28   30 mai 1992.


Page 21245

  1   M. SHIN : [interprétation] Peut-on afficher la page 28 dans les deux

  2   versions. Excusez-moi, il nous faut la page -- puisque je ne sais pas si

  3   c'est la page correcte. Essayons la page 30. Bien. Juste un instant, s'il

  4   vous plaît.

  5   C'est la bonne page. Mais j'ai juste voulu vérifier si j'ai fourni la bonne

  6   référence. J'ai peut-être réagi trop rapidement.

  7   Q.  Vous allez voir qu'il s'agit des notes prises à la réunion entre le

  8   général Mladic et les commandants des unités du Corps de Romanija-Sarajevo.

  9   M. SHIN : [interprétation] Maintenant, il faut passer à la page 30.

 10   Q.  Nous devons toujours attendre, Monsieur Skrba, que la page soit

 11   affichée. Maintenant, on a la bonne page. Et dans la version en B/C/S, au

 12   point 10, vous allez voir qu'il s'agit du lieutenant-colonel Stojanovic

 13   Veljko, qui est commandant de la Brigade mécanisée de Sarajevo, n'est-ce

 14   pas ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Je vois qu'il s'agit, au niveau de ce point, de deux batteries de

 17   gvozdika dont vous avez parlé tout à l'heure ?

 18   R.  Oui.

 19   M. SHIN : [interprétation] Est-ce qu'on peut passer maintenant à la page 31

 20   dans les deux versions.

 21   Q.  Et dans la partie qui se trouve dans le premier tiers supérieur de la

 22   page, vous allez voir qu'il s'agit de 1MB et 2MB. Est-ce qu'il s'agit de

 23   bataillons motorisés ?

 24   M. SHIN : [interprétation] Je ne sais pas ce que le témoin nous montre sur

 25   cette page.

 26   Q.  Monsieur Skrba, est-ce que la page dont il est question ici est

 27   affichée sur votre écran ? Est-ce que vous le voyez ?

 28   R.  La page 30. J'ai toujours la page 30.


Page 21246

  1   Q.  Oui. J'ai compris pourquoi vous avez cette confusion. Je fais référence

  2   à la page dont le numéro est "30" où on voit la référence à 1MB et 2MB.

  3   Il s'agit des références de bataillons, du 1er et du 2e Bataillons

  4   motorisés, n'est-ce pas ?

  5   R.  C'est ce qui est écrit sur cette page.

  6   Q.  Bien, ma question - et peut-être que vous connaissez la réponse à cette

  7   question - donc, ma question est comme ceci : la Brigade motorisée de

  8   Sarajevo disposait de deux bataillons blindés, n'est-ce pas ?

  9   R.  Pas deux bataillons motorisés. Il y a eu un bataillon motorisé et un

 10   bataillon blindé.

 11   Q.  Donc, il s'agissait d'un bataillon motorisé, c'est comme ça qu'il

 12   s'appelait, et l'autre s'appelait bataillon blindé. Vous allez voir dans

 13   cette entrée dans le journal du général Mladic que le 1er Bataillon motorisé

 14   ou Bataillon blindé avait des chars du type T-55, n'est-ce pas ?

 15   R.  Je ne connais pas très bien ce domaine, et je ne peux pas confirmer ni

 16   infirmer cela puisqu'il s'agit d'une autre branche qui faisait partie de

 17   cette brigade. Et je ne connaissais pas le nombre de véhicules blindés de

 18   transport de troupes ou de chars. Je sais qu'il y a eu un bataillon

 19   motorisé et un bataillon blindé. C'est tout ce que je sais.

 20   Q.  Monsieur Skrba, vous exerciez les fonctions du commandant de la

 21   division d'artillerie mixte. A partir du mois de septembre ou à partir du

 22   mois d'octobre 1994, vous avez également occupé le poste du chef

 23   d'artillerie au sein de la brigade. Alors, même si on admet que les

 24   branches d'artillerie d'une part et des véhicules blindés d'autre part sont

 25   mutuellement différentes, vous n'allez quand même pas nous dire que vous ne

 26   saviez pas s'il y avait deux ou plusieurs bataillons de blindés ? Etes-vous

 27   en train de nous dire que vous ne le saviez pas ?

 28   R.  Mais je ne sais pas, moi. Je ne le sais pas parce que lorsque j'ai


Page 21247

  1   suivi ma formation pour les officiers de réserve, je n'ai jamais suivi de

  2   cours à ce sujet. Je n'ai pas étudié le système qui est mis en place au

  3   sein des blindés. Je ne peux pas parler de leurs armes puisque je n'en

  4   faisais pas partie. Moi, je servais dans les rangs d'artillerie. C'est ce

  5   que j'ai appris à faire en tant qu'officier de réserve. Avant la guerre, je

  6   n'étais pas un militaire professionnel. Je ne sais vraiment pas combien de

  7   chars ils avaient et de combien d'hommes ils disposaient. Vraiment, je n'en

  8   savais rien.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous ne connaissiez pas les faits. Vous

 10   étiez censé le savoir, mais vous ne le saviez pas; est-ce là le sens de

 11   votre déposition ?

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Exact. C'est un élément d'information qui

 13   m'était communiqué pendant des réunions au sein du QG de la brigade lorsque

 14   les commandants des unités concernées soumettaient leurs rapports. Je me

 15   souviens -- je ne retenais en passant que quelque chose qui me concernait,

 16   soit pour la défense ou pour l'attaque. Mais je ne me suis pas penché sur

 17   tous les détails techniques puisque, sur le plan professionnel, ce n'est

 18   pas un domaine que je connaissais.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, vous ne saviez pas s'il y avait

 20   dix chars au sein du 1er Bataillon motorisé, ou 20, ou un seul char ? Vous

 21   n'en saviez rien ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, je sais qu'il était

 23   prévu d'avoir un bataillon motorisé et un bataillon blindé. Je sais que

 24   cela avait été prévu par le règlement. Mais combien de pièces d'artillerie

 25   ils avaient à leur disposition, combien d'unités chacun de ces bataillons

 26   comptait, vraiment je ne le sais pas. Je n'avais pas été formé pour le

 27   savoir. Je ne me trouvais pas à la tête de cette unité et je n'avais reçu

 28   aucune formation au niveau de ce sujet.


Page 21248

  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais vous n'avez pas appris par hasard

  2   quelque chose sur le sujet ? Même si cela ne faisait pas partie de vos

  3   responsabilités. Parfois nous apprenons les choses. Moi, par exemple,

  4   parfois j'apprends des éléments qui, pourtant, ne font pas partie de mes

  5   responsabilités. Avez-vous entendu parler, par exemple, des armes dont

  6   disposaient ces bataillons ?

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, je sais que le bataillon blindé avait

  8   été envoyé à Grbavica. Mais combien de pièces d'artillerie il avait à sa

  9   disposition, cela, je ne le sais pas. Mais je pense que c'était à Grbavica

 10   qu'il a été employé. D'après mes souvenirs, d'après ce que j'ai pu entendre

 11   pendant les réunions, il y avait donc une compagnie déployée à Grbavica.

 12   Quant aux positions occupées par les autres, je n'en sais rien. Je veux

 13   dire, j'ai cité tout simplement ces réunions mensuels où on disait où se

 14   trouvaient certaines unités et quelles opérations ils menaient en

 15   coordination avec moi, par exemple, pour une opération donnée.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Shin, vous pouvez poursuivre.

 17   M. SHIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 18   Q.  Monsieur Skrba, je vais maintenant me concentrer sur quelque chose que

 19   vous avez dit tout à l'heure et que vous venez de répéter, à savoir que

 20   vous avez appris l'existence de cette unité pendant les réunions qui se

 21   tenaient au QG de la brigade, et j'aimerais vous poser quelques questions à

 22   ce sujet. Donc, ce que vous avez pu apprendre lorsque vous avez suivi des

 23   cours à l'académie militaire ne m'intéresse pas particulièrement; ai-je été

 24   clair ?

 25   R.  Oui, c'est tout à fait clair. Donc, vous vous intéressez aux choses que

 26   j'ai pu apprendre pendant les réunions, les choses que je suis en mesure de

 27   confirmer.

 28   Q.  Alors procédons par étape. Pour commencer, lors de ces réunions, vous


Page 21249

  1   avez appris que chacun de ces deux bataillons - et je parle du Bataillon

  2   motorisé et du Bataillon blindé - disposaient des chars du type T-55,

  3   n'est-ce pas ?

  4   R.  En effet.

  5   Q.  Et vous avez appris qu'ils disposaient par ailleurs des véhicules

  6   blindés du type BVP, n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Et vous avez appris aussi qu'ils étaient équipés des armes du type

  9   M80S, n'est-ce pas ?

 10   R.  Ça, je ne l'ai pas vu. Ça, je ne l'ai pas entendu dire. Je ne peux pas

 11   vous confirmer qu'ils disposaient des M80.

 12   Q.  Mais vous savez ce que c'est une arme du type M80 ?

 13   R.  Non, non, je ne sais même pas ce que cela veut dire. Je sais ce que

 14   c'est un M82; ça, c'est un mortier. Mais un M80, je ne vois pas ce que

 15   c'est.

 16   Q.  Et un M82, c'est une abréviation qui correspond à un mortier de 82

 17   millimètres, comme vous l'avez décrit plutôt ?

 18   R.  Oui, et cela fait partie de ma spécialité, à savoir l'artillerie, et

 19   c'est pourquoi je suis au courant des détails techniques.

 20   Q.  C'est vrai vous avez été spécialisé en artillerie. Vous l'avez déjà

 21   indiqué.

 22   Alors, tout à l'heure, vous avez indiqué avoir entendu parler de ces

 23   unités différentes, par exemple, dans des situations où on en "avait besoin

 24   pour lancer une attaque ou pour organiser la défense" et vous entendiez

 25   parler aussi lorsqu'ils étaient censés "coordonner" leurs opérations avec

 26   vous.

 27   Alors, n'est-il pas vrai qu'à certaines occasions vous coordonniez

 28   vos activités avec ces bataillons, soit avec le Bataillon motorisé ou avec


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  1   le Bataillon blindé ?

  2   R.  Non, des situations de ce type n'ont jamais survenu.

  3   Q.  Donc, lorsque vous dites que vous avez entendu parler de toutes ces

  4   choses parce qu'on avait besoin de ces unités pour la défense ou pour

  5   l'attaque au niveau de la coordination, en fait, vous avez parlé en

  6   abstrait, ces choses-là ne se sont jamais produites concrètement. Vous en

  7   parliez hypothétiquement ?

  8   R.  Tout à fait.

  9   Q.  Monsieur Skrba, dans votre déclaration préalable --

 10   M. SHIN : [interprétation] Messieurs les Juges, je vous signale qu'il

 11   s'agit du paragraphe 11.

 12   Q.  -- vous dites que la chaîne du commandement n'a jamais été contournée,

 13   et vous expliquez que le principe de la subordination a toujours été

 14   respecté. Ma question pour vous serait la suivante : faut-il en déduire que

 15   les ordres étaient envoyés par le corps d'armée aux brigades et qu'il était

 16   sous-entendu que ces ordres seront mis en œuvre. C'est là le principe de

 17   base du commandement et du contrôle, n'est-ce pas ? Donc, les ordres sont

 18   donnés par le commandement ou par le commandement du corps d'armée aux

 19   brigades.

 20   R.  Exact.

 21   Q.  Et ensuite la brigade fait passer ces ordres au niveau du bataillon ou

 22   -- dans le cas de votre spécialité, la brigade fait passer les ordres à la

 23   division d'artillerie motorisée et ainsi de suite ?

 24   R.  Exact.

 25   Q.  Et lorsque vous évoquez la chaîne du commandement et le principe de la

 26   subordination, vous, du même coup, faites référence au fait que le corps

 27   d'armée lui-même soumet ses rapports au commandant de l'état-major

 28   principal. Cela est limpide, n'est-ce pas ?


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  1   R.  Oui. Cela fait partie des pratiques courantes au sein de toutes les

  2   armées. Chaque commandement soumet des rapports à ses supérieurs

  3   hiérarchiques.

  4   Q.  Très bien. J'aimerais maintenant passer à une question qui avait été

  5   invoquée auparavant et qui concerne les positions de tir.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Shin, permettez-moi d'élucider

  7   un point.

  8   M. SHIN : [interprétation] Oui, bien sûr.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais vous donner lecture d'une

 10   déclaration que vous avez faite tout à l'heure lorsqu'on vous a posé des

 11   questions au sujet de vos connaissances relatives au bataillon concerné.

 12   Vous avez indiqué :

 13   "C'était seulement lors des réunions mensuelles que j'apprenais où se

 14   trouvait une telle ou une telle unité et si elle devait agir en

 15   coordination avec moi au cours d'une opération donnée."

 16   Alors, si je vous ai bien compris, de telles choses se produisaient, il

 17   arrivait qu'un bataillon ou deux bataillons ou trois bataillons opèrent en

 18   coordination avec vous. Parce que si ces choses-là n'étaient jamais

 19   arrivées, comment pouvait-il en être question lors des réunions ?

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, lors de nos réunions, chacun

 21   soumettait un rapport où il présentait les problèmes auxquels il devait

 22   faire face et parlait de la façon dont il s'était acquitté de ses

 23   responsabilités. Chacun parlait des tâches à accomplir sur le terrain avec

 24   l'aide de nos unités.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais vous avez dit que vous

 26   appreniez où ces unités se trouvaient si elles devaient agir en

 27   coordination avec vous. Donc, j'ai cru comprendre que lors des réunions

 28   vous soumettiez également des rapports concernant des opérations qui se


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  1   déroulaient de façon coordonnée.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais nous agissions toujours de façon

  3   coordonnée. Mais pendant toute la durée de la guerre, nous n'avons jamais

  4   essayé de lancer une attaque et d'avancer pour se replier par la suite.

  5   Nous avons passé toute la durée de la guerre déployés sur les mêmes

  6   endroits, sur les mêmes positions de tir. Et notre infanterie, qui était

  7   placée devant nous, avait gardé elle aussi les mêmes positions tout au long

  8   de la guerre dans les 95 % des cas. Mais, par exemple, si nous avions un

  9   endroit élevé, il fallait décider d'abord si on allait l'attaquer et si le

 10   bataillon blindé devait poursuivre notre attaque première. Et, dans ce

 11   sens-là, les opérations étaient coordonnées et nous recevions nos

 12   instructions du commandement pendant les réunions, qui devait prêter

 13   l'assistance à qui ou qui avait la meilleure visibilité dans ce sens-là où

 14   nous étions coordonnés en ripostant aux attaques de l'ennemi lorsqu'elles

 15   se produisaient.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 17   Vous pouvez poursuivre, Monsieur Shin.

 18   M. SHIN : [interprétation]

 19   Q.  Monsieur Skrba, nous en étions venus à la question de vos positions de

 20   tir. Mais permettez-moi d'abord de vous poser une question au sujet de la

 21   réponse que vous venez de fournir. Vous dites que vous débattiez si vous

 22   deviez d'abord lancer l'attaque pour que l'attaque soit reprise par la

 23   suite par un bataillon armé. Mais cela ne veut-il pas dire que vous

 24   coordonniez vos activités ?

 25   R.  Eh bien, pour commander en temps qu'officier supérieur au sein de la

 26   division mécanisée d'artillerie, je recevais tous mes éléments du

 27   renseignement depuis le poste d'observation qui était en mesure de suivre

 28   les mouvements de l'ennemi. Donc, je recevais un rapport où l'on me disait


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  1   que des installations avaient fait l'objet d'une attaque. Je faisais suivre

  2   ce rapport, je le passais à mes supérieurs hiérarchiques, mes supérieurs

  3   hiérarchiques me disaient alors si je devais agir immédiatement ou si

  4   c'était à une autre unité de riposter. Si mes supérieurs hiérarchiques me

  5   le commandaient, j'ouvrais le feu pour riposter contre les tirs, et ensuite

  6   l'infanterie poursuivait l'action sur le terrain.

  7   Q.  Monsieur Skrba, vous comprenez que les Juges vous ont posé des

  8   questions au sujet de ces réunions et que vous n'avez pas répondu à la

  9   question posée, parce qu'elle ne concernait pas ce qui s'est passé sur le

 10   terrain, elle ne concernait pas vos postes d'observation ?

 11   R.  Eh bien, ce sont mes postes d'observation qui me soumettaient des

 12   rapports, et moi, je les faisais passer aux supérieurs hiérarchiques en

 13   disant que, par exemple, dans un certain secteur on tirait à un endroit en

 14   particulier, et après les supérieurs me passaient des instructions; qui

 15   devait riposter, qui devait réagir en premier.

 16   Q.  Je vais passer à un autre sujet. Nous allons parler de vos positions de

 17   tir, et je souhaite d'abord vérifier que nous avons bien compris votre

 18   déposition jusqu'à présent.

 19   Alors, pour commencer, vous avez expliqué que toutes vos positions de

 20   tir se situaient à 300 mètres de distance par rapport à votre QG. Vous avez

 21   indiqué cet endroit sur une carte. Alors, juste pour préciser, j'aimerais

 22   vous montrer une carte plus détaillée et où vous avez apporté des

 23   indications pendant votre déposition dans l'affaire Karadzic.

 24   M. SHIN : [interprétation] Peut-on afficher, s'il vous plaît, le document

 25   30675 de la liste 65 ter.

 26   Q.  Monsieur Skrba, pendant que nous attendons l'affichage de ce document -

 27   - ah, le voilà affiché à l'écran. Reconnaissez-vous cette carte; vous y

 28   avez apporté des indications lors de votre déposition dans l'affaire


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  1   Karadzic ? Par exemple, nous y voyons votre signature, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Shin, je pense que nous avons

  4   repris nos débats il y a une heure. Donc, je préfère que vous étudiiez la

  5   carte après la pause.

  6   M. SHIN : [interprétation] C'est difficile pour moi d'évaluer le temps

  7   qu'il me faut. Il me faudra plus de deux, trois minutes.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Alors, nous allons d'abord prendre une

  9   pause, et reprendre nos travaux à midi.

 10   [Le témoin quitte la barre]

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, nous allons suspendre la séance

 12   maintenant.

 13   --- L'audience est suspendue à 11 heures 42.

 14   --- L'audience est reprise à 12 heures 03.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pendant que nous attendons que l'on

 16   fasse entrer le témoin dans la salle d'audience, je peux dès maintenant

 17   annoncer que notre pause suivante sera un peu plus longue que d'habitude.

 18   Nous allons prendre, donc, notre pause suivante de 13 heures à 13 heures

 19   30. Une pause d'une demi-heure.

 20   [Le témoin vient à la barre]

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous avez la parole, Monsieur Shin.

 22   M. SHIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 23   Q.  Monsieur Skrba, je vois que vous avez apporté vos lunettes. En effet,

 24   nous allons nous pencher sur la carte.

 25   M. SHIN : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche le document qui

 26   porte la cote 30675 de la liste 65 ter.

 27   Q.  Monsieur Skrba, je crois vous avoir entendu confirmer qu'il s'agit bien

 28   de votre signature sur cette carte ?


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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Pouvez-vous expliquer aux Juges de la Chambre -- ou, plutôt, permettez-

  3   moi de reformuler ma question : en haut de la page -- vers le milieu de la

  4   page, nous voyons deux lignes rouges qui se rencontrent à un moment donné,

  5   qui s'entrecroisent. Le voyez-vous ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Il s'agit de deux lignes rouges que vous avez tracées pour indiquer où

  8   se trouvaient les positions de tir ?

  9   R.  Exact.

 10   Q.  Au-dessous, nous voyons deux indications à côté d'un endroit qui

 11   s'appelle Uzdojnice. Est-ce que vous avez apporté ces indications pour

 12   montrer où votre QG était situé ?

 13   R.  Oui. Le QG était situé au même endroit tout au long de la guerre, et

 14   c'est là que se trouvaient aussi nos observateurs.

 15   Q.  Et encore un peu plus bas, nous voyons deux autres lignes. Ces deux

 16   autres lignes nous indiquent les positions de tir elles aussi ?

 17   R.  Oui, c'est là qu'étaient déployés les obusiers.

 18   Q.  Vous avez anticipé mes questions suivantes. Donc, à commencer par les

 19   quatre lignes qui se trouvent en haut de la carte à gauche, pouvez-vous

 20   nous décrire ce que ces séries de lignes différentes représentent ? Quelles

 21   positions de tir elles représentent plus précisément ?

 22   R.  Les deux lignes qui se trouvent tout en haut de la page représentent

 23   les positions de tir où se trouvaient les mortiers de 120 millimètres, qui

 24   étaient au nombre de six. Les lignes qui se trouvent au-dessous du QG

 25   montrent les positions de tir où étaient déployés les obusiers du type 100-

 26   D30 et 122 millimètres. Les obusiers étaient eux aussi au nombre de six.

 27   Donc, nous avions deux positions de tir équipées de six pièces d'artillerie

 28   chacune.


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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Permettez-moi de demander une

  2   élucidation. Vous avez parlé des mortiers de 120 millimètres et vous avez

  3   indiqué qu'ils étaient au nombre de six. Est-ce que ça vaut pour un seul

  4   tiret ou pour les deux ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Les deux lignes représentent nos deux

  6   positions de tir où étaient déployés les mortiers de 120 millimètres, du

  7   type M75. Donc, sur le long d'une ligne étaient déployées six pièces

  8   d'artillerie et le long de l'autre ligne étaient déployées six autres

  9   pièces d'artillerie. Donc, nous avions deux batteries comportant des pièces

 10   d'artillerie de calibre 120 millimètres.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Mais est-ce que les lignes nous

 12   permettent aussi de nous orienter, est-ce qu'elles pointent dans la

 13   direction où les canons étaient orientés ? Par exemple, les obusiers

 14   étaient-ils déployés parallèlement les uns aux autres ? C'est ce que la

 15   carte semble indiquer. A la différence des autres armes qui semblent former

 16   la lettre V. Pourriez-vous nous préciser la signification de ces

 17   indications différentes ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] La ligne que nous voyons vers le bas de la

 19   page et qui se dirige vers le QG montre où était déployée la batterie de

 20   120 millimètres. Cette batterie était orientée vers le nord, vers le

 21   secteur de Zlatiste, le cimetière juif, et cetera; tandis que l'autre ligne

 22   de déploiement faisait face à la rue Ozrenska, à Lukavica, à la caserne

 23   Cica, et cetera.

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, l'orientation était

 25   occidentale plutôt que vers le nord ?

 26   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, sur le coup, je n'ai pas de boussole

 27   sur moi.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, non. Je comprends clairement la


Page 21258

  1   situation. Merci.

  2   [La Chambre de première instance se concerte]

  3   M. SHIN : [interprétation]

  4   Q.  Monsieur Skrba, je vais enchaîner les questions posées par les Juges.

  5   Vous nous dites que vous n'aviez pas de boussole, mais vous avez passé

  6   toute la période de la guerre dans ce même secteur, n'est-ce pas ?

  7   R.  Oui, oui.

  8   Q.  Et vous saviez pertinemment où se trouvait Lukavica, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Etes-vous en train de dire aux Juges de la Chambre que vous aviez

 11   besoin d'une boussole pour déterminer en quelle direction était situé

 12   Lukavica par rapport à vos positions de tir ?

 13   R.  Elle se situait en direction de l'ouest.

 14   Q.  Merci. Dans l'affaire Karadzic, vous avez déclaré que ces positions de

 15   tir existaient à titre permanent et qu'elles n'ont pas été déplacées avant

 16   le mois d'août 1995; ai-je raison de l'affirmer ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Et ces postes de tir se trouvaient sur place aussi au moment où vous

 19   avez assumé le commandement le 27 mai 1992, je parle du commandement de la

 20   division d'artillerie mixte; ai-je raison de l'affirmer ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  J'aimerais maintenant passer au sujet des QG.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Une autre question, Monsieur Shin,

 24   permettez-moi.

 25   Les mortiers qui sont représentés symboliquement ici en guise de lignes

 26   parallèles, étaient-ils orientés vers le nord-est ou vers la direction de

 27   l'est-ouest [comme interprété] ? Donc, autrement dit, leurs canons étaient-

 28   ils orientés vers la ville ou non ?


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai compris votre question. J'ai tracé ces

  2   lignes de façon approximative pour montrer où étaient déployées les six

  3   pièces d'arme. La ligne que vous voyez en haut est orientée vers l'occident

  4   et la ligne qui se trouve un peu plus bas est orientée vers le nord. Cette

  5   ligne-là se trouvait face à Zlatiste, tandis que l'autre ligne, celle qui

  6   se trouve en haut, était orientée vers Debelo Brdo.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous nous parlez des mortiers, mais je

  8   vous ai posé ma question au sujet des obusiers qui se trouvent quelque deux

  9   lignes plus en bas. Ces obusiers étaient-ils orientés vers le nord-est ou

 10   inversement, vers l'occident et vers le sud ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, c'était de l'équipement nouvellement

 12   obtenu. Avec ces obusiers, je pouvais tirer sur une échelle de 360 degrés.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

 14   M. SHIN : [interprétation]

 15   Q.  Monsieur Skrba, nous avons évoqué votre poste de commandement, votre

 16   QG. Vous avez déjà expliqué où il se trouvait. Dans l'affaire Karadzic,

 17   vous avez indiqué que Uzdojnice représentait aussi le QG de quelques autres

 18   unités déployées dans la zone. Pourriez-vous nous énumérer ces autres

 19   unités ?

 20   R.  Dans le secteur qui se trouve entre les positions de tir où étaient

 21   déployés les obusiers, vous pouvez voir un petit point noir. Même avant la

 22   guerre, une compagnie chargée des transmissions se trouvait à cet endroit-

 23   là. Leur équipement dont ils se servaient pour effectuer des transmissions

 24   était disposé entre nos positions de tir. Si nécessaire, je peux vous

 25   l'indiquer sur la carte.

 26   Q.  Nous allons voir si cela est vraiment nécessaire. Dans l'affaire

 27   Karadzic, vous avez dit qu'Uzdojnice représentait le QG de quelques autres

 28   unités. Vous vous êtes exprimé au pluriel, vous avez parlé d'autres unités


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  1   déployées dans la zone. Alors, mis à part cette unité chargée des

  2   transmissions, quelles autres unités ont-elles été déployées dans la zone ?

  3   R.  Mais il n'y avait personne d'autre mis à part ma batterie. Peut-être

  4   que je voulais dire que le QG des différentes batteries se trouvaient au

  5   même endroit. Parce que j'en suis sûr à 100 %. Mais mis à part la compagnie

  6   chargée des transmissions, il n'y avait pas d'autres unités, qu'elles

  7   soient militaires ou techniques.

  8   Q.  Et cette compagnie chargée des transmissions, qui était son supérieur

  9   hiérarchique ?

 10   R.  Le corps d'armée.

 11   M. SHIN : [interprétation] Messieurs les Juges, je souhaite demander le

 12   versement au dossier de cette carte.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière.

 14   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document 30675 reçoit la cote

 15   P6519, Messieurs les Juges.

 16   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce P6519 est admise au

 17   dossier. Je signale qu'elle avait également reçu une cote dans une affaire

 18   précédente.

 19   Vous pouvez poursuivre.

 20   M. SHIN : [interprétation]

 21   Q.  Pour continuer avec le même sujet, Monsieur Skrba, le sujet des QG,

 22   j'aimerais vous montrer une autre carte.

 23   M. SHIN : [interprétation] Peut-on afficher, s'il vous plaît, le document

 24   30674 de la liste 65 ter.

 25   Q.  Monsieur Skrba, pendant que nous attendons l'affichage de la carte,

 26   permettez-moi de vous annoncer qu'il s'agit d'une autre carte où vous avez

 27   apporté vos indications pendant votre déposition dans l'affaire Karadzic.

 28   Reconnaissez-vous cette carte et reconnaissez-vous votre signature sur


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  1   cette carte ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  En plein milieu de la carte, nous voyons l'endroit où, comme vous

  4   l'avez expliqué, se trouvait votre QG. A gauche de cet endroit et quelque

  5   peu vers le sud, nous voyons un autre cercle rouge qui est tracé autour

  6   d'une localité appelée Pavlovac. Dans l'affaire Karadzic, vous avez

  7   expliqué que ce cercle symbolisait l'endroit où se trouvait une unité qui

  8   vous était subordonnée et que son QG se trouvait là. De quelle unité

  9   s'agissait-il ?

 10   R.  Mais il ne s'agissait pas d'une unité qui nous était subordonnée. A cet

 11   endroit se trouvait le QG de ma brigade. Et nous étions, nous, subordonnés

 12   au commandement de la brigade.

 13   Q.  Merci de l'avoir précisé. Donc, cette indication nous montre où se

 14   trouvait le QG de la Brigade mécanisée de Sarajevo ?

 15   R.  En effet.

 16   Q.  Poursuivons. Si nous nous concentrons maintenant sur la partie de la

 17   carte qui se trouve à droite, vous avez apporté des indications non loin

 18   d'un endroit qui s'appelle Tilava. Dans l'affaire Karadzic, vous avez

 19   expliqué qu'à cet endroit on pouvait retrouver une communauté locale ainsi

 20   qu'un dispensaire; ai-je raison de l'affirmer ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Et pour que tout soit tiré au clair, avant que je ne demande le

 23   versement au dossier de ce document, pourriez-vous expliquer aux Juges de

 24   la Chambre ce que signifient les indications apportées en haut de la carte

 25   à gauche ?

 26   R.  Eh bien, on m'avait posé des questions au sujet -- cet endroit montre

 27   où se trouvait une entreprise assez importante et aussi la faculté

 28   d'électrotechnique.


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  1   Q.  Donc, les lettres IE réfèrent à cette entreprise qui s'appelait

  2   Energoinvest et les lettres ETF se référent à la faculté

  3   d'électrotechnique; ai-je raison de l'affirmer ?

  4   R.  Oui.

  5   M. SHIN : [interprétation] Messieurs les Juges, je demande le versement au

  6   dossier de ce document.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document 30674 reçoit la cote P6520,

  9   Messieurs les Juges.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] La pièce est admise au dossier.

 11   M. SHIN : [interprétation]

 12   Q.  Monsieur Skrba, j'aimerais maintenant passer à un sujet légèrement

 13   différent. Dans votre déclaration préalable --

 14   M. SHIN : [interprétation] Et, Messieurs les Juges, je vous signale qu'il

 15   s'agit du paragraphe 7.

 16   Q.  -- vous décrivez de quelle façon a été formée la 1ère Brigade de

 17   Sarajevo mécanisée et vous expliquez qu'on avait utilisé ce qui était resté

 18   de la JNA au niveau de l'équipement et au niveau des effectifs. Vous avez

 19   indiqué que les effectifs n'étaient pas suffisants. C'est un sujet que vous

 20   avez encore évoqué un peu plus tôt aujourd'hui.

 21   Alors, pour préciser, n'est-il pas vrai qu'au début de la guerre, la

 22   division d'artillerie mécanique, en particulier, avait le nombre

 23   d'officiers d'active le plus important parmi toutes les unités d'artillerie

 24   de la SRK et la même chose vaut pour les soldats ?

 25   R.  Ceci est faut, et j'insiste sur ce point en assumant toute la

 26   responsabilité pour mes propos. Pas un seul officier au sein de notre

 27   division n'a été un officier d'active, mis à part le chef Savo Simic, qui

 28   était un spécialiste en artillerie. Nous avions quelques lieutenants


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  1   d'active, mais ils avaient quitté l'unité pour aller à Milici. Le secteur

  2   dont nous avons parlé et le déploiement de ces unités après le départ de la

  3   JNA, la JNA n'a pas laissé des officiers professionnels après son départ.

  4   Q.  Penchons-nous sur un document.

  5   M. SHIN : [interprétation] Veuillez, s'il vous plaît, présenter le document

  6   P4435.

  7   Q.  Monsieur Skrba, pendant que nous attendons l'affichage du document,

  8   permettez-moi de vous expliquer de quoi il s'agit. Il s'agit d'une analyse

  9   élaborée par le commandement du corps d'armée de Sarajevo-Romanija, on

 10   analyse le niveau d'aptitude au combat des unités chargées des missiles. La

 11   date du rapport est le mois de juillet 1994. Nous allons y revenir un peu

 12   plus tard pour voir que le document a été signé par le chef d'artillerie,

 13   le colonel Tadija Manojlovic, dont nous avons déjà évoqué le nom.

 14   Alors, une petite question. Est-ce qu'il faisait partie du commandement de

 15   la SRK et de son état-major ? Et ce colonel Tadija Manojlovic  faisait

 16   également partie du QG du commandement ?

 17   R.  Mais quel QG ? Il faisait partie du commandement du corps d'armée.

 18   Q.  Exactement. C'est là façon dont je voulais poser la question. Je vous

 19   remercie de m'avoir donné un coup de main.

 20   Cette phrase qui dit "unité d'artillerie et de lance-missiles du

 21   corps d'artillerie", ça englobe quoi au juste ?

 22   R.  En sa qualité de chef de l'artillerie au niveau du corps, ça englobe

 23   toutes les unités d'artillerie vers les unités les plus subalternes. Puis,

 24   vous avez les batteries, les divisions, les régiments, ça dépend des

 25   différentes spécialités et des armes mises à disposition des différentes

 26   unités. Et les unités subalternes, ce sont des brigades et ça peut aussi

 27   être des régiments d'artillerie autonomes avec différents armements. Et les

 28   régiments se trouvent au niveau de brigades d'après la répartition des


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  1   unités par formation militaire.

  2   Q.  Pour enchaîner sur l'explication que vous venez de nous apporter, il

  3   serait exact de dire que ce régiment d'artillerie mixte, le quatrième,

  4   était l'une des unités faisant partie du corps d'armée, non ?

  5   R.  Le 4e Régiment d'artillerie ? Je ne connais. Vous n'avez peut-être pas

  6   bien formulé les choses.

  7   Q.  Laissez-moi essayer d'utiliser le terme utilisé par la VRS, c'est le 4e

  8   MAP ?

  9   R.  Mais MAP, c'est autre chose. C'est un régiment d'artillerie mixte, et

 10   c'est mixte parce qu'il y a différents calibres d'armes d'artillerie. C'est

 11   la raison pour laquelle ça c'est appelé chez moi division. Et c'est appelé

 12   "mixte" parce que nous disposons de différents types de pièces

 13   d'artillerie.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois que le problème linguistique a

 15   fini par être surmonté. La question était celle de savoir si le 4e MAP

 16   faisait partie de l'une des unités -- était l'une des unités qui était

 17   subordonnée au corps d'armée. Je crois que c'était ça.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 19   M. SHIN : [interprétation]

 20   Q.  Vous venez de nous expliquer la signification du terme "mixte". Votre

 21   unité était également une unité d'artillerie mixte. Partant donc de votre

 22   déclaration et de votre description, ce 4e MAP, d'après ce que vous nous

 23   avez dit, il devrait comporter également des mortiers de 120 millimètres ?

 24   R.  Le régiment ?

 25   Q.  Oui, le MAP.

 26   R.  Et comme c'est plus petit que -- plus grand qu'une division, ça ne fait

 27   pas partie d'une brigade, mais d'un corps d'armée. Je donne l'explication

 28   pour vous dire pourquoi ça s'appelle mixte. On a appelé cela mixte, mais


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  1   ils n'ont pas de mortiers de 120 millimètres. Ils ont des obusiers de 105

  2   et des 130. Alors plus une unité est grande, plus les tubes des canons sont

  3   gros.

  4   Q.  Mais ce corps a disposé de mortiers de 120 millimètres, n'est-ce pas ?

  5   R.  Je ne connais pas la façon dont ils étaient organisés. Ils étaient

  6   délocalisés à Pale. Ils ne faisaient pas dans une zone à proximité de mon

  7   unité, ni à gauche ni à droite. Je n'ai même pas coopéré avec eux.

  8   Q.  Monsieur Skrba, vous étiez chef de l'artillerie de la brigade motorisée

  9   ou mécanisée de Sarajevo à partir de septembre 1994 et au-delà. Et vous

 10   nous dites que vous ne savez pas du tout si le Corps de Sarajevo-Romanija,

 11   votre commandement direct, avait disposé de mortiers de 120 millimètres ?

 12   Vous ne savez pas nous dire si oui ou non ils en avaient ?

 13   R.  Je n'affirme rien du tout. Je ne connais pas du tout ce qu'ils avaient.

 14   Je ne sais pas du tout. Je suis peut-être passé par leurs lignes de

 15   déploiement, je sais qu'ils avaient des obusiers 155, 105, des VBR, mais je

 16   n'ai pas vu de mortiers. Il se peut qu'ils en aient eu, mais je les ai pas

 17   vus et on ne m'a pas informé non plus, parce que je n'ai jamais été présent

 18   aux réunions au niveau du corps d'armée pour savoir de quoi au juste ils

 19   disposaient.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Avez-vous eu une impression quelconque ?

 21   Vous a-t-on fourni une information quelconque pour savoir ce qu'ils

 22   pouvaient bien avoir ? Même si ce n'était pas une information officielle.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Mais oui, je l'ai déjà dit; obusier 155, 105

 24   millimètres. Et je connaissais le commandant Dragoljub Tosic, parce que

 25   c'est quelqu'un que je connaissais avant la guerre. Il était à la tête de

 26   ce régiment. Mais je ne sais pas ce qu'ils avaient dans leur armement. Je

 27   sais qu'ils avaient aussi eu des VBR de 120 millimètres, mais la

 28   composition exacte de leur armement, je ne la connaissais pas. Je n'avais


Page 21266

  1   pas eu de contact avec eux.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et s'agissant des mortiers ?

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne peux pas affirmer que oui ou que non ils

  4   en ont eu. D'après leur organigramme, ils ne devaient pas en avoir, mais il

  5   se peut qu'ils en aient eu, je n'affirme rien. Mais je n'ai pas eu

  6   l'opportunité d'apprendre qu'ils avaient eu des mortiers.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous nous avez dit précédemment que vous

  8   ne saviez pas comment ils avaient établi leur organigramme. Et tout à

  9   l'heure, vous venez de dire que d'après leur organigramme, il n'était pas

 10   prévu qu'ils aient des mortiers du tout. Alors, est-ce que vous avez des

 11   renseignements ou pas au sujet de l'organigramme du point de vue de leur

 12   armement ?

 13   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et, en même temps, vous nous avez dit

 15   que d'après leur organigramme, ils n'étaient pas censés posséder de

 16   mortiers. Or, si vous ne saviez pas, comment savez-vous qu'il n'avait pas

 17   été prévu d'en posséder ?

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Lorsque j'ai fait mon service militaire dans

 19   la JNA, nous avons eu des exercices, et partant de là, je sais ce qui

 20   faisait partie d'une division comme armement, ce qui faisait partie des

 21   régiments comme armement, et cetera. Donc, d'après les exercices que nous

 22   avons eus, il n'y a jamais eu de mortiers. Ils ont toujours eu de gros

 23   calibre et de grosses pièces d'artillerie avec les portées plus grandes.

 24   Ils avaient du 100 millimètres, 155. C'était donc un régiment d'armement

 25   mixte. Et si c'était un simple régiment, ils avaient un type d'arme.

 26   Il en va de même avec les divisions. Parce qu'une division, il y a

 27   trois batteries avec le même type d'armes. Si c'est mixte, il n'y a pas que

 28   du 122 millimètres, il n'y a pas que du VBR. Et là, ça s'appelle mixte. Ça


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  1   s'appelle division d'artillerie mixte ou formation à composition mixte

  2   parce que les types d'armes en leur possession varient.

  3   M. SHIN : [interprétation]

  4   Q.  Monsieur Skrba, une autre question peut-être encore, ou plutôt, une

  5   explication. Vous nous avez dit plusieurs choses que vous pensez avoir été

  6   en possession du corps d'armée, des VBR, des obusiers, et peut-être savez-

  7   vous nous dire - et là, je ne comprends pas moi-même - c'est le fait de

  8   savoir si le corps d'armée avait possédé des mortiers de 120 millimètres.

  9   Est-ce qu'il s'agissait du 4e MIS À PART ou autre chose, c'est égal, je

 10   parle du corps.

 11   R.  Le corps disposait de mortiers qui étaient placés au niveau de ces

 12   brigades.

 13   Q.  Nous allons aller de l'avant. On s'est penchés sur ce document.

 14   M. SHIN : [interprétation] J'aimerais qu'on nous montre la page 2 dans les

 15   deux versions.

 16   Q.  Nous pouvons voir maintenant, Monsieur Skrba, vers le bas de cette

 17   page, dans la première des phrases intitulée "contrôle et commandement", il

 18   nous est donné la possibilité de voir qu'il y a deux périodes : à compter

 19   du début de la guerre jusqu'au 20 mai 1992; et ensuite, à partir de la

 20   dernière des dates citées jusqu'à juillet 1994. Plus bas encore, on dit :

 21   "MAD/1st Smbr, étant donné que ceci faisait partie intégrante du 4e Corps,

 22   il y avait eu le plus grand nombre possible de hauts gradés officiers et

 23   soldats, chose qui facilitait l'accomplissement de toutes les missions de

 24   combat dans le secteur de responsabilité de la 1ère Brigade motorisée et du

 25   Corps."

 26   Alors, je vais vous poser une question pour la première partie. Est-il

 27   exact de dire, comme l'affirme le colonel en question, que votre unité,

 28   parmi les unités d'artillerie et de lance-roquettes, avait disposé du plus


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  1   grand nombre des officiers d'active et de soldats ?

  2   R.  Je vous ai dit qu'au niveau du MOYENS À DÉCHARGE, il y a que le chef

  3   d'artillerie qui était un officier d'active dans la brigade. Nous autres,

  4   on était tous des réservistes. Si vous voulez, je peux vous donner les noms

  5   et prénoms des différents commandants qui sont issus de la réserve. Et M.

  6   Manojlovic, s'il l'a dit, moi, j'aimerais bien l'entendre dire lui-même. Il

  7   ne pouvait pas dire chose pareille. Il est vrai de dire que la Brigade de

  8   Sarajevo avait le plus grand nombre des officiers d'active, mais ils

  9   étaient répartis dans d'autres unités, pas dans le MAD.

 10   Q.  Peut-être pourrions-nous nous pencher sur la deuxième partie de cette

 11   phrase. N'est-il pas exact dire, ce que nous dit M. Manojlovic, le

 12   lieutenant-colonel Manojlovic, à savoir que c'est en raison pour les

 13   raisons avancés par le MAD, "qu'on a facilité les missions de combat pour

 14   ce qui est de la zone de responsabilité du corps et de la Brigade

 15   motorisée" ? Est-ce exact ?

 16   R.  Mais où que cela ait pu être consigné ? Moi, je ne comprends pas la

 17   substance de votre question. Nous accomplissions des missions dans le cadre

 18   d'une brigade, si la brigade recevait des ordres, et je vous ai dit que

 19   quand nous avions deux batteries V30 de six pièces, on a dit après qu'on

 20   avait des pièces de quatre -- des unités de quatre pièces, et si on devait

 21   se déplacer de 20 kilomètres, on nous envoyait accomplir une mission. Alors

 22   c'était peut-être l'avantage de cette unité parce qu'elle était mobile.

 23   Elle était autoportée. C'est peut-être pour cela que cela a été dit.

 24   Q.  Si j'ai bien compris votre explication, vous avez indiqué que le

 25   lieutenant-colonel Manojlovic a bien expliqué les choses en précisant que

 26   le MAD pouvait être envoyé à 20 kilomètres de là, ce qui fait qu'il se

 27   trouvait à l'extérieur de la zone de responsabilité du Smbr ?

 28   R.  Oui. Mais ce n'était pas forcément hors de la zone de responsabilité du


Page 21269

  1   1er Corps de Sarajevo, mais ça se trouve à, quand même, 20 kilomètres de

  2   distance par rapport au centre de Sarajevo.

  3   Q.  Je vois. Je crois que j'ai mal compris votre réponse précédente.

  4   Veuillez nous dire si le MAD - comme on nous le dit ici - a facilité

  5   l'accomplissement des opérations de tir dans la zone de responsabilité du

  6   Corps de Sarajevo-Romanija et cela s'est trouvé à l'extérieur de la zone de

  7   responsabilité du Smbr ? Alors, est-ce que ça s'est produit pendant toute

  8   la durée de la guerre ou est-ce que vous êtes en train de parler d'une

  9   période spécifique ?

 10   R.  C'est spécifique, ça dépendait de l'emplacement de l'ennemi, de

 11   l'endroit où ils attaquaient nos lignes de la défense à nous. Ce sont des

 12   situations tout à fait spécifiques, en particulier après 1994 ou vers la

 13   fin de 1994.

 14   Q.  Donc, nous devons comprendre, puisque vous faites référence à 1994 et

 15   1995, qu'il en allait de même pour 1992 et 1993 ? Est-ce que cela est exact

 16   ou pas ?

 17   R.  Non.

 18   Q.  Donc c'était vrai seulement pour les années 1994 et 1995 ?

 19   R.  Après 1993, après la fin de l'opération Lukavica 1993, on a eu du champ

 20   de manœuvre pour ce qui est donc d'un éloignement de 20 kilomètres par

 21   rapport au centre de Sarajevo.

 22   Q.  Je souhaite maintenant parler de cette brigade motorisée ou mécanisée

 23   de Sarajevo en tant que telle. Vous avez dit dans votre témoignage

 24   antérieur que les mortiers de calibre inférieur à 120 millimètres faisaient

 25   partie des bataillons d'infanterie; c'est bien cela ?

 26   R.  C'est exact.

 27   Q.  Donc les mortiers de 82 millimètres, ça faisait partie de l'armement

 28   des bataillons, n'est-ce pas ?


Page 21270

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Combien de mortiers de 82 millimètres étaient en possession du 2e

  3   Bataillon ?

  4   R.  Je pense qu'il en avait quatre.

  5   Q.  Et qu'en est-il des autres bataillons d'infanterie ?

  6   R.  Le 3e Bataillon d'infanterie en avait trois ou quatre aussi. Et le 1er

  7   en avait trois ou quatre lui aussi.

  8   Q.  Et qu'en est-il des mortiers de calibre plus petit ?

  9   R.  Ça, c'est du calibre 60 qu'on porte sur le dos. Je ne sais pas combien

 10   il y en avait eu et où on les avait distribués.

 11   Q.  Bien. Nous allons changer de sujet. Et peut-être allons-nous revenir

 12   sur ce sujet plus tard.

 13   M. SHIN : [interprétation] J'aimerais qu'on nous affiche maintenant la

 14   pièce 30641 de la liste 65 ter. Mais, excusez-moi, avant que de le faire,

 15   voyons un peu la dernière page de ce document. Veuillez nous l'afficher sur

 16   l'écran, s'il vous plaît.

 17   Q.  Monsieur Skrba, est-ce que vous reconnaissez la signature du colonel

 18   Manojlovic ?

 19   R.  Je vois que son nom est inscrit, mais je ne connais pas du tout sa

 20   signature. Moi, ce n'était pas un supérieur à moi, ni avant la guerre ni

 21   pendant, parce qu'il était au niveau du corps d'armée. Bon, je peux

 22   supposer que c'est bien la sienne, mais je ne sais pas.

 23   M. SHIN : [interprétation] Passons donc à cette pièce 30641 de la liste 65

 24   ter. Messieurs les Juges, il s'agit d'un détail de carte en provenance de

 25   la pièce P3. On en a vu plusieurs. On en a vu un légèrement différent hier.

 26   Q.  Alors, Monsieur Skrba, cette carte ne nous montre pas la totalité de ce

 27   secteur de responsabilité du 1er Smbr comme on l'a vu sur la carte qu'on

 28   vous a montrée lors de votre témoignage. Mais en bleu et en rouge, en


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  1   pointillé, c'est les lignes de confrontation, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Si maintenant on se penche sur le bas par rapport au milieu, il y a une

  4   ligne rouge plus fine qui est également interrompue, c'est-à-dire en

  5   pointillé, et on dit rivière Zeljeznica. Alors, l'avez-vous trouvée ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Cette ligne en pointillé, ça se trouve du côté gauche par rapport à la

  8   zone de responsabilité de la brigade, n'est-ce pas ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Serait-il exact de dire --

 11   M. SHIN : [interprétation] Et je pense, Messieurs les Juges, que cela

 12   figure à la déclaration du témoin au paragraphe 9.

 13   Q.  -- que du côté gauche se trouvait une unité voisine, à savoir la 2e

 14   Brigade d'infanterie de Sarajevo ?

 15   R.  Oui, c'est exact, à gauche il y avait la 2e Brigade d'infanterie de

 16   Sarajevo.

 17   Q.  Et si on se penche sur la droite au niveau de la carte, dans la partie

 18   qui se trouve encore sous le secteur où il y a ligne de conflit, on voit un

 19   autre pointillé qui va de travers vers la droite, dans la diagonale, et

 20   c'est la partie droite de la zone de responsabilité de la Smbr, n'est-ce

 21   pas& ?

 22   R.  Exact.

 23   Q.  Et l'unité voisine c'est la 1ère Brigade de la Romanija, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Un peu plus tôt dans le courant de la journée d'aujourd'hui, vous avez

 26   évoqué Trebevic et vous avez dit aux Juges de la Chambre que l'ABiH vous

 27   avait tiré dessus depuis Trebevic. Alors, le mont de Trebevic, on le voit

 28   sur la carte, c'est à peu près en parallèle avec cette fine ligne rouge


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  1   qu'on a montrée tout à l'heure. Alors, il est clair, n'est-ce pas, que

  2   Trebevic est tenu par la VRS, tout d'abord ?

  3   R.  Ces lignes-là, oui, ça se trouve dans le secteur tenu par la VRS, à

  4   gauche et à droite. Enfin, je n'ai pas bien compris votre question.

  5   Q.  Nous voyons le mot "Trebevic". Tout ce mot se trouve être inscrit du

  6   côté de la ligne de confrontation qui est placé sous le contrôle du Corps

  7   de Sarajevo-Romanija. C'est la raison pour laquelle je vous ai posé ma

  8   question.

  9   R.  Les parties de Trebevic descendent presque jusqu'à la Miljacka et

 10   jusqu'à la route circulaire. Je crois que c'est très petit comme carte.

 11   C'est 1:50 000 ici, c'est pour cela que les choses se présentent de la

 12   sorte. Eux, ils étaient sur les hauteurs vers Trebevic, en particulier à

 13   Zlatiste.

 14   M. SHIN : [interprétation] J'aimerais qu'on agrandisse un peu cette partie-

 15   là de la carte pour qu'on puisse voir mieux l'endroit où il y a

 16   l'inscription "Trebevic".

 17   Q.  On voit que -- vous évoquez aussi la Miljacka. Vous dites que de

 18   Trebevic on descend jusqu'à la Miljacka, c'est-à-dire jusqu'aux parties

 19   proches de Miljacka. Ce secteur lié à la rivière Miljacka va de la droite

 20   vers la partie en bas à droite de la carte ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Et toute cette partie de la rivière est sous le contrôle de la VRS ?

 23   R.  Non. Cette partie de la Miljacka n'était pas du tout sous le contrôle

 24   de la VRS. Il faut compter à partir du secteur de Kozja Cuprija.

 25   Q.  Je pense bien que nous pouvons voir ici l'emplacement de Kozja Cuprija

 26   que vous avez mentionné --

 27   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Moi, je vous prie de ne pas toucher

 28   l'écran.


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne l'ai pas touché.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vais essayer moi-même. Vous avez

  3   parlé de Zlatiste et de Trebevic. Est-ce que, d'après vous, Zlatiste ça

  4   fait partie du secteur de Trebevic ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Zlatiste et Debelo Brdo en contrebas de

  6   Zlatiste aussi.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Est-ce que sur cette carte-ci on

  8   peut voir Zlatiste ? J'ai du mal à retrouver moi-même.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] "Grad" et "Vranjac", c'est à Zlatiste même. Il

 10   y a là une espèce de rempart, et on appelle ça la "ville". Mais Zlatiste

 11   c'est un secteur assez grand.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pouvez-vous maintenant nous aider à voir

 13   le "Grad" que vous avez mentionné tout à l'heure. Est-ce qu'on le voit ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Ça se trouve entre Debelo Brdo et Vranjac.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ce Vranjac, on peut le voir sur la carte

 16   ? C'est indiqué ?

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] C'est entre les deux. Oui, c'est montré sur la

 18   carte.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que quelqu'un peut m'aider à le

 20   retrouver ?

 21   Monsieur Shin.

 22   M. SHIN : [interprétation] Mais je suis navré, j'ai du mal à retrouver moi-

 23   même. Il se peut que le mot "Grad" ne soit pas visible sur la carte. Peut-

 24   être M. Stojanovic pourrait-il nous aider.

 25   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

 26   M. STOJANOVIC : [interprétation] Si vous êtes à même de suivre, Messieurs

 27   les Juges, cette espèce de rectangle à côtés irréguliers, alors la partie

 28   supérieure de ce rectangle ça se trouve juste sous la petite ligne rouge,


Page 21274

  1   et on voit "Grad", "Vranjac" et "Debelo Brdo". C'est ça Trebevic et

  2   Zlatiste.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui, j'ai trouvé Debelo Brdo sur la

  4   carte, c'est l'élévation 745, et sur la carte cela se situe exactement

  5   entre la ligne de l'armée de la VRS et de l'armée opposée. Et ensuite, au

  6   sud, je vois "Grad" et "Vranjac", et cela ne semble pas être dans le cadre

  7   de la zone contrôlée par les forces opposées à la VRS. Sur la base de cette

  8   carte, on voit que cela n'était pas contrôlé par les Musulmans ou contrôlé

  9   par la présidence. Et, en même temps, je remarque que le témoin définit

 10   Trebevic de façon différente par rapport à ce qu'on peut voir sur la carte,

 11   c'est-à-dire les mots qui y figurent. Il s'agit des pentes du mont

 12   Trebevic.

 13   Par conséquent, lorsqu'on parle des tirs de Trebevic ou d'ailleurs,

 14   nous devrions être plus précis pour retrouver sur la carte les endroits

 15   auxquels le témoin fait référence.

 16   Pensez-y, Monsieur Shin.

 17   M. SHIN : [interprétation] Oui, bien sûr, Monsieur le Président.

 18   Q.  Juste une question par rapport à cette carte, Monsieur Skrba. Vous

 19   voyez le mot "Trebevic" sur la carte. Seriez-vous d'accord pour dire que ce

 20   mot "Trebevic" est écrit ici par-dessus la zone qui est connue comme étant

 21   Trebevic ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Et la zone de Trebevic se trouve dans la zone de responsabilité de la

 24   1ère Brigade de Romanija, n'est-ce pas ?

 25   R.  Oui, c'est la partie septentrionale de cette zone.

 26   Q.  Et, en fait, vous voyez que le drapeau se trouve au-dessus de Trebevic

 27   en forme de lettre V, avec le chiffre 4. Ce qui veut dire le poste de

 28   commandement du 4e Bataillon de la 1ère Brigade de Romanija, n'est-ce pas ?


Page 21275

  1   R.  Oui.

  2   M. STOJANOVIC : [interprétation] Excusez-moi. Aux fins du compte rendu, des

  3   fois il a été consigné "la 1ère Brigade de Romanija", ce qui peut prêter à

  4   confusion. Est-ce que le Procureur a fait référence à la Brigade de

  5   Romanija ou à la Brigade de Sarajevo ?

  6   M. SHIN : [interprétation] Je crois que le témoin nous a dit qu'à droite de

  7   cette ligne en pointillé en dessous de Trebevic se trouvait la Brigade de

  8   Romanija. Et je pense que cela a été consigné au compte rendu --

  9   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 10   M. SHIN : [interprétation] -- et il vient de confirmer cela.

 11   Q.  Monsieur Skrba, nous allons poursuivre, mais j'aimerais qu'on garde

 12   cette carte à l'écran. Mon collègue, Me Stojanovic, vous a dit qu'il y a un

 13   rectangulaire irrégulier qui se trouve au centre de cette carte. Donc,

 14   c'est à peu près rectangulaire, et au centre on voit des lettres en

 15   cyrillique qui indiquent un acronyme, BRAG. Est-ce que vous voyez cela ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  BRAG veut dire le groupe d'artillerie de la brigade, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Et le groupe d'artillerie de la brigade, pouvez-vous nous dire s'il

 20   s'agit d'une formation qui est créée par la combinaison de différentes

 21   formations appartenant à la brigade pour former un groupe d'artillerie

 22   d'une structure provisoire pour une action particulière ou concrète ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Merci. Et le même concept est appliqué au niveau du corps, n'est-ce pas

 25   ? L'abréviation KAG est utilisée pour indiquer le groupe d'artillerie au

 26   niveau du corps ?

 27   R.  Oui.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] J'entends sur le canal anglais


Page 21276

  1   l'interprétation en B/C/S. Je ne sais pas ce qui provoque cela. Et je ne

  2   veux pas être recensé comme quelqu'un qui connaît ces deux langues.

  3   Continuez.

  4   M. SHIN : [interprétation]

  5   Q.  Monsieur Skrba, nous avons discuté des groupes d'artillerie de la

  6   brigade.

  7   Et pour ce qui est de cette brigade plus concrète, cette brigade

  8   avait deux positions, et vous avez indiqué cela comme une position à

  9   Uzdojnice et une position un peu plus vers le sud, n'est-ce pas ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Et cela englobait également deux autres positions qui étaient plus

 12   proches de la ligne de confrontation, où se trouvaient des armes

 13   d'infanterie ?

 14   R.  C'est exact.

 15   Q.  Monsieur le Témoin, je crois que vous avez dit "tacno"; exact, n'est-ce

 16   pas ?

 17   R.  Je n'ai pas entendu la question jusqu'à la fin. L'interprétation a été

 18   interrompue.

 19   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Pouvez-vous répéter votre question,

 20   Monsieur Shin.

 21   M. SHIN : [interprétation] C'était probablement ma faute.

 22   Q.  Nous voyons en haut un rectangle irrégulier, deux diagrammes qui

 23   représentent des pièces d'infanterie des bataillons ?

 24   R.  Non.

 25   Q.  A qui appartenait ces pièces ?

 26   R.  Il s'agissait soit du bataillon motorisé, soit du bataillon blindé qui

 27   faisaient partie de la brigade.

 28   Q.  Bien. Et il s'agit des pièces du bataillon motorisé ou du bataillon


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  1   blindé dont vous avez parlé auparavant ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Donc, vous êtes certain qu'il s'agit de ces unités-là ? Puisqu'il

  4   semble qu'auparavant vous n'ayez pas eu assez de connaissances là-dessus.

  5   R.  Je vois qu'il s'agit ici des pièces montées sur les chars à chenilles

  6   et il s'agissait des véhicules de transport de troupes qui se trouvaient au

  7   sein de ces bataillons blindés et motorisés.

  8   Q.  En effet. Les bataillons blindés et motorisés disposaient des chars, et

  9   vous croyez qu'il s'agit des indications se référant à ces bataillons. Cela

 10   veut dire que vous meniez des actions coordonnées entre vos positions et

 11   les positions des bataillons, qu'il se soit agi des bataillons motorisés ou

 12   blindés, n'est-ce pas ?

 13   R.  Bien sûr que nous agissions ensemble si nous étions attaqués. C'est

 14   pour cela que c'était indiqué, au cas où une attaque serait lancée contre

 15   ces unités. C'est pour cela que sur la carte on voit des emplacements de

 16   ces pièces.

 17    Q.  Donc, bien que vous ayez coordonné vos activités avec les bataillons

 18   motorisés et blindés, vous n'étiez pas au courant de quelles pièces ces

 19   bataillons disposaient ?

 20   R.  Non. Lorsque je voyais qu'il s'agissait d'un char T-55, je savais qu'il

 21   s'agissait d'un char de ce type-là, parce que je connaissais ce type de

 22   char. Pour ce qui est d'autres pièces, je ne connaissais pas ces pièces.

 23   Q.  Nous allons poursuivre --

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je pense qu'il est 13 heures, et,

 25   Monsieur Shin, c'est le moment pour faire la pause.

 26   M. SHIN : [interprétation] Excusez-moi.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons faire une pause un peu plus

 28   longue. Mais avant cela, il faut d'abord que le témoin sorte du prétoire.


Page 21278

  1   Nous allons faire une pause d'une demi-heure.

  2   [Le témoin quitte la barre]

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons poursuivre à 13 heures

  4   30.

  5   --- L'audience est suspendue à 13 heures 00.

  6   --- L'audience est reprise à 13 heures 30.

  7   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Shin, d'après mes calculs ou

  8   d'après les calculs de Mme la Greffière, vous avez encore une heure à votre

  9   disposition.

 10   M. SHIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Permettez-moi de

 11   vérifier cela avec mes collègues.

 12   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, non, excusez-moi. Vous avez deux

 13   heures à votre disposition. Ce que j'ai ajouté n'était pas correct. Vous

 14   avez deux heures à votre disposition.

 15   [Le témoin vient à la barre]

 16   M. SHIN : [interprétation] Oui. Merci beaucoup, Monsieur le

 17   Président. Je pensais que quelque chose n'était pas bien calculé. Merci.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Non, non.

 19   Vous pouvez poursuivre, Monsieur Shin.

 20   M. SHIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 21   Q.  Monsieur Skrba, avant la pause nous avons discuté du groupe

 22   d'artillerie de la brigade. Maintenant, pourriez-vous nous expliquer,

 23   expliquer à la Chambre qui proposait la formation d'un groupe d'artillerie

 24   de la brigade ?

 25   R.  Avant moi, c'était M. Simic Savo, capitaine Simic Savo. Après lui,

 26   c'était moi-même, de par ma fonction nous étions déjà en guerre depuis deux

 27   ans et demi. Et lorsque je suis devenu chef de la brigade, c'était moi qui

 28   proposais cela.


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  1   Q.  Et qui recevait vos propositions ?

  2   R.  Mon commandant qui pouvait approuver cela ou pas ou même modifier mes

  3   propositions. Et, par la suite, nous devions demander une approbation au

  4   commandement supérieur du corps, d'après la chaîne de commandement et de

  5   subordination du chef d'artillerie au niveau du corps pour pouvoir procéder

  6   à ce type de déploiement.

  7   Q.  Après la création d'un groupe d'artillerie de la brigade, qui était

  8   commandant d'une telle formation ?

  9   R.  C'était le chef de l'artillerie, avec l'approbation du commandant de la

 10   brigade, et ces unités subordonnées devenaient ou faisaient partie des

 11   brigades ou de cette brigade.

 12   Q.  Pour ce qui est du chef de l'artillerie après le mois de septembre ou

 13   le mois d'octobre 1994, c'était vous ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Pour ce qui est d'un domaine similaire, nous avons déjà parlé du fait

 16   que les bataillons d'infanterie ne disposaient pas de mortiers de 120

 17   millimètres. Maintenant, si un bataillon d'infanterie a besoin d'un appui

 18   plus important par rapport à l'appui de mortier de 82 millimètres, qui

 19   deviez-vous demander cela ?

 20   R.  A l'officier de permanence de la brigade ou au commandement de la

 21   division d'artillerie mixte, s'ils étaient au commandement -- le commandant

 22   de la brigade pouvait éventuellement demander au commandement de la

 23   division d'artillerie mixte une approbation.

 24   Q.  Est-ce qu'il était possible que le commandant de bataillon vous

 25   contacte directement pour cela ?

 26   R.  Oui, si c'était approuvé par le commandant de la brigade pour qu'il

 27   puisse communiquer avec moi directement dans une situation de ce type-là.

 28   Q.  Et dans de tels cas, est-ce que vous étiez en mesure d'utiliser des


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  1   armes, n'importe quelle arme qui était à votre disposition et pour laquelle

  2   vous pensiez que du point de vue professionnel l'utilisation d'une telle

  3   arme serait appropriée ?

  4   R.  Oui. C'était pour protéger mes positions que je pouvais utiliser ce

  5   type d'armes et mon unité.

  6   Q.  Votre réponse n'est pas tout à fait claire. Ma question ne portait pas

  7   sur la protection de vos positions mais de l'appui que vous apportiez aux

  8   bataillons. Et c'est pour cela que nous avons discuté du fait que les

  9   bataillons vous contactaient et pas l'inverse.

 10   R.  Oui, pour qu'ils puissent protéger et préserver leurs positions de

 11   défense. C'est pour cela que j'ai souligné qu'il s'agissait des activités

 12   qui étaient les activités de la défense, parce que nous n'allions jamais

 13   attaquer la ville.

 14   Q.  Et ce type d'appui pouvait être l'appui de vos mortiers de 120

 15   millimètres, n'est-ce pas ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Est-ce vrai que ces mortiers sont des armes antipersonnel ?

 18   R.  Cela dépend du type de l'attaque. Si l'infanterie est attaquée, c'est

 19   le cas. Dans ce cas-là, c'est la cible militaire légitime puisque nos

 20   soldats sont attaqués -- nos soldats déployés sur la première ligne de la

 21   défense.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Ceci n'était pas la question posée. La

 23   question était de savoir si les mortiers sont des armes antipersonnel, et

 24   non pas de savoir si les unités représentaient des cibles, des objectifs

 25   militaires légitimes par rapport à ce qu'ils faisaient, de savoir si les

 26   soldats représentaient des cibles militaires légitimes, mais de savoir si

 27   les mortiers étaient des armes antipersonnel.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, s'il s'agit des attaques directes contre


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  1   les lignes.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous n'avons pas parlé d'attaques. Nous

  3   avons parlé des caractéristiques d'une arme. Est-ce qu'il s'agit d'une arme

  4   antipersonnel, anti-infanterie, ou il s'agit d'un autre type d'arme ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agit d'une pièce d'artillerie qui est

  6   utilisée pour détruire l'infanterie dans de différents cas. Et je ne pense

  7   pas qu'il soit utile que je réitère cela.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Donc votre réponse est oui, oui,

  9   c'est une arme antipersonnel ou anti-infanterie.

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Continuez, Monsieur Shin.

 12   M. SHIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 13   Q.  Monsieur Skrba, maintenant je vais passer à un autre sujet. Dans votre

 14   déclaration --

 15   M. SHIN : [interprétation] Au paragraphe 15.

 16   Q.  -- vous avez dit que vous étiez "très content pour ce qui est de la

 17   précision des tirs et pour ce qui est du niveau de l'entraînement des

 18   membres de la division d'artillerie mixte."

 19   J'aimerais vous poser plus de questions là-dessus. Vous avez parlé

 20   davantage sur le fait de cibler des objectifs et vous avez parlé de cela

 21   lors de votre témoignage dans l'affaire Karadzic. Vous avez dit, entre

 22   autres, que :

 23   "Toute cible doit être décrite, et il faut savoir de quel type de cible il

 24   s'agit, de l'équipement de l'ennemi, des hommes de l'ennemi," et cetera.

 25   Vous maintenez ce que vous avez dit dans l'affaire Karadzic là-

 26   dessus, n'est-ce pas ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Vous continuez et vous dites :


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  1   "Nous nous attendions toujours à avoir les informations concrètes

  2   concernant les sites, l'emplacement et le volume de la cible."

  3   Vous maintenez cela ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  On vous a posé dans l'affaire Karadzic pourquoi ces détails étaient

  6   importants à vous, et vous avez répondu :

  7   "Ces détails sont importants puisque nous devrions être en mesure de

  8   planifier le type de tir d'artillerie, d'une arme d'artillerie ou d'un

  9   groupe de pièces d'artillerie en utilisant des pièces d'artillerie d'un

 10   calibre concret."

 11   Est-ce que vous maintenez cela aussi ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Vous avez également mentionné que vous receviez seulement des ordres

 14   par écrit, n'est-ce pas ?

 15   R.  Cela dépendait du fait si l'attaque était accomplie. Si c'était le cas,

 16   alors il n'y avait pas suffisamment de temps pour envoyer un ordre par

 17   écrit. Dans ce cas-là, moi j'informais le commandement de la brigade et la

 18   brigade donnait son aval à moi pour que je puisse protéger mes unités.

 19   Q.  En fait, contrairement à ce que vous avez dit lors de votre témoignage

 20   dans l'affaire Karadzic, vous receviez des ordres oraux également ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Dans votre témoignage dans l'affaire Karadzic, on vous a posé la

 23   question portant sur la procédure pour contester un ordre. Vous avez

 24   expliqué que dans ce cas-là, vous demandiez une explication ou une

 25   approbation par écrit. Vous avez expliqué :

 26   "…je m'assurais toujours, par le biais de mes observateurs et observateurs

 27   d'artillerie -- élévation, qui procédaient à la reconnaissance, pour qu'on

 28   sache de quel type de cible il s'agissait pour pouvoir par la suite donner


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  1   l'ordre portant sur la préparation des tirs et sur l'ouverture du feu."

  2   Est-ce que vous maintenez cela ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Ces observateurs d'artillerie, pouvez-vous nous dire par rapport à

  5   cela, pouvez-vous expliquer à la Chambre où ils se trouvaient vos

  6   observateurs d'artillerie ?

  7   R.  Nos observateurs d'artillerie se trouvaient derrière notre première

  8   ligne dans la zone de Zlatiste, ensuite à Vrace, et vers la rue Ozrenska.

  9   Q.  Lorsque vous dites qu'il s'agissait de vos "observateurs", pouvez-vous

 10   nous expliquer s'ils appartenaient à votre unité, division d'artillerie

 11   mixte ?

 12   R.  Oui, ils faisaient partie de certaines des unités qui faisaient partie

 13   de la division d'artillerie mixte.

 14   Q.  Est-ce que vous receviez également des informations concernant les

 15   cibles provenant des observateurs qui étaient rattachés au corps ?

 16   R.  Non, non. Aucun ordre. Je n'ai aucune information de ces observateurs

 17   puisque nous ne disposions pas de points d'observation communs et nous ne

 18   pouvions pas coordonner ces informations.

 19   Q.  Pour que tout soit clair, bien que vous n'ayez pas eu de postes

 20   d'observation communs, vous ne receviez jamais d'observations provenant des

 21   observateurs du corps et portant sur les cibles ?

 22   R.  Non.

 23   Q.  Dans l'affaire Karadzic, on vous a également posé la question pour

 24   savoir combien de temps vous tiriez des mortiers de 120 millimètres, et

 25   vous avez dit :

 26   "Très rarement, et il s'agissait d'un seul tir, d'un seul projectile."

 27   Est-ce que vous maintenez ce que vous avez dit dans votre témoignage dans

 28   l'affaire Karadzic ?


Page 21284

  1   R.  Oui.

  2   Q.  J'aimerais maintenant passer à un sujet quelque peu différent mais

  3   également en lien avec votre témoignage dans l'affaire Karadzic.

  4   Monsieur Skrba, dans votre témoignage vous avez décrit des endroits

  5   où vous n'avez rien pris pour cible, et vous avez dit concrètement que :

  6   "Il s'agissait des hôpitaux, des arrêts de bus, des gares

  7   ferroviaires, des écoles. Il s'agissait des endroits qui n'étaient pas nos

  8   cibles."

  9   Est-ce que vous maintenez cela ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  On vous a également posé la question pour savoir ce que vous avez

 12   entendu par "toutes les zones où de larges groupes de civils se

 13   rassemblaient." Vous avez répondu :

 14   "Je suis né et j'ai grandi là-bas, et je savais où se trouvaient les arrêts

 15   de bus, de trams et des grandes surfaces où des gens allaient pour

 16   s'approvisionner en tout et partout où la population civile se rassemblait

 17   fréquemment. Il s'agissait des zones qui n'étaient pas exposées à nos

 18   tirs."

 19   R.  Je maintiens cela.

 20   Q.  Ensuite, vous avez dit lors de votre témoignage que vous ne tiriez pas

 21   dans un périmètre de 1 kilomètre par rapport à un hôpital. Vous maintenez

 22   cela ?

 23   R.  Etant donné que je suis né à Sarajevo, je peux vous dire que jamais on

 24   a fait cela, et je sais exactement où se trouvent ces bâtiments.

 25   Q.  Et par rapport à ce que vous venez de dire, on vous a posé une question

 26   dans l'affaire Karadzic pour savoir si vous évitiez de tirer sur ces cibles

 27   puisque vous ne vouliez pas tuer de civils. Est-ce vrai ?

 28   R.  Oui. Nous essayions d'éviter de tirer sur ces cibles dans 90 % des cas,


Page 21285

  1   au moins pour ce qu'il s'agit de mes positions.

  2   Q.  Et concrètement, dans l'affaire Karadzic on vous a posé la question

  3   pour savoir s'il y avait des circonstances dans lesquelles vous auriez

  4   accepté le risque d'avoir des victimes civiles par rapport à ce type de

  5   cibles, vous avez dit :

  6   "Même dans de tels cas, je n'aurais pas tiré si je pensais que la

  7   population civile allait être exposée à ce risque."

  8   Est-ce que vous maintenez cela ?

  9   R.  Oui.

 10   Q.  Dans l'affaire Karadzic, vous avez dit dans votre témoignage -- mais

 11   permettez-moi de revenir à votre déclaration.

 12   M. SHIN : [interprétation] C'est au paragraphe 20, Monsieur le Président.

 13   Q.  Vous avez utilisé le terme "le tir proportionnel" et vous avez dit que

 14   s'il y avait des tirs de char, vous ripostiez également par les tirs de

 15   char. Est-ce que vous avez pensé à cela en utilisant ce terme, le feu

 16   proportionnel ?

 17   R.  Je n'ai pas pensé au même calibre. C'est impossible. Mais s'il y avait

 18   des projectiles, deux ou trois projectiles, moi je ripostais en lançant

 19   deux ou trois projectiles, si c'était de Ciglane ou de Hum.

 20   Q.  Donc, si vous êtes attaqués, vous ripostez dans la même mesure, de

 21   façon proportionnelle ?

 22   R.  Oui, pour neutraliser ces positions, pour qu'ils ne tirent plus depuis

 23   ces positions sur nos positions.

 24   Q.  Alors, laissons de côté les cibles civiles pendant quelques instants.

 25   Imaginons que nous avons une route qui est éloignée de toute habitation

 26   civile. Il serait possible d'ouvrir le feu pour établir un contrôle par

 27   rapport à cette route et pour prévenir l'ennemi de s'en servir, n'est-ce

 28   pas ?


Page 21286

  1   R.  Oui. Cela concernait avant tout le char situé sur le mont de Hum, qui

  2   se trouvait au-dessus d'une station relais. Il n'y avait plus de civils

  3   dans ce secteur, et le char se déplaçait d'un endroit à l'autre pour ouvrir

  4   le feu.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez, s'il vous plaît, répéter la

  6   dernière partie de votre réponse. Les interprètes ne vous ont pas entendu.

  7   Vous avez dit :

  8   "…les civils n'habitaient plus dans ce secteur, et le char était

  9   déplacé d'un endroit à l'autre."

 10   Et qu'est-ce que vous avez dit par la suite ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Eh bien, j'ai dit qu'on tirait sur nous en se

 12   servant de ce char, et alors je m'efforçais de le neutraliser pour

 13   l'empêcher de nous tirer dessus. Et le char était dissimulé à des endroits

 14   différents qui avaient été préparés au préalable.

 15   M. SHIN : [interprétation]

 16   Q.  Mais disons, pour citer un autre exemple, disons que nous avons quelque

 17   chose qui se passe dans une zone qui n'est pas habitée par les civils et

 18   vous souhaitez empêcher l'ennemi d'y accéder. Par exemple, vous souhaitez

 19   que votre ennemi ne se serve pas d'une route. Vous pourriez très bien

 20   ouvrir le feu pour établir un contrôle sur cette route et prévenir l'ennemi

 21   de s'en servir, n'est-ce pas ?

 22   R.  Mais si l'ennemi bouge, alors oui, je lui tire dessus. Mais comme je

 23   n'avais pas trop de munitions à ma disposition, je n'allais pas les

 24   gaspiller non plus. Je n'avais pas suffisamment de munitions pour cibler,

 25   pour ouvrir le feu sans avoir de cible concrète.

 26   Q.  Je vous présente mes excuses, Monsieur Skrba, c'est moi qui suis à la

 27   source de cette petite confusion. Je ne parle pas d'une situation où il y a

 28   présence d'un char. La situation que je vous décris est la suivante : nous


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  1   avons une route qui est située loin de toute zone habitée par des civils.

  2   Dans ce cas de figure, il est légitime de recourir à l'artillerie pour

  3   ouvrir le feu sur cette route et la contrôler afin d'empêcher à l'ennemi de

  4   s'en servir. Ai-je raison de l'affirmer ?

  5   R.  Mais nous n'avons jamais été dans une situation de ce type, et je n'ai

  6   jamais ouvert le feu dans des instants de ce type parce que nous avions

  7   qu'une quantité limitée de munitions à notre disposition.

  8   Q.  Très bien. Je vais passer à un autre sujet.

  9   Monsieur Skrba, dans une autre partie de votre déposition fournie

 10   dans l'affaire Karadzic, on vous a posé des questions au sujet des bombes

 11   aériennes. Vous avez dit :

 12   "Les bombes aériennes étaient très puissantes. Elles sont plus lourdes et

 13   les projectiles sont plus nombreux. La douille même est très lourde, elle

 14   pèse entre 50 et 70 kilogrammes, et, par conséquent, une bombe aérienne

 15   pouvait peser entre 300 et 500 kilogrammes. Et, bien sûr, elle avait

 16   beaucoup de puissance, elle pouvait détruire tout autour de soi. En

 17   revanche, il était impossible d'être sûr qu'on ciblera avec précision ce

 18   qu'on souhaitait cibler."

 19   Est-ce que vous vous en tenez toujours à cette déclaration que vous avez

 20   faite dans l'affaire Karadzic ?

 21   R.  Oui, je confirme ce que j'ai déjà dit. Mais ces bombes aériennes,

 22   d'après mes connaissances, pesaient entre 150 et 250 kilogrammes, pas

 23   davantage. Et il fallait suivre une formation spéciale pour pouvoir s'en

 24   servir, mais ça n'a jamais été le cas au sein de mon unité.

 25   Personnellement, je ne m'en suis jamais servi parce que nous n'avons pas

 26   été formés pour nous servir de ce type d'armes. Afin de pouvoir s'en

 27   servir, par ailleurs, il faut d'abord en disposer.

 28   Q.  Et concernant ce même sujet, dans l'affaire Karadzic vous avez déclaré,


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  1   et je vais vous le citer :

  2   "Si vous tirez un projectile en espérant de toucher une cible ou de toucher

  3   le périmètre d'environ 50 mètres qui entoure cette cible, c'est réaliste;

  4   mais si vous vous servez d'une bombe aérienne, alors le décalage peut aller

  5   jusqu'à 500 mètres parce que les projectiles sont de plus grande taille."

  6   Est-ce que vous confirmez cette déclaration aussi ?

  7   R.  Oui, je le crois. On nous a appris, en fait, que les obus avaient un

  8   certain diamètre sur lequel on pouvait compter mais que le diamètre

  9   recouvert par les bombes aériennes était beaucoup plus large. Mais comme je

 10   vous l'ai déjà dit, je ne m'en suis jamais servi, donc je n'ai jamais pu

 11   voir personnellement à quoi cela ressemblait. On ne recourait jamais à ce

 12   type d'armes en temps de paix, donc je ne peux qu'essayer de tirer des

 13   conclusions logiques : que l'explosion est plus forte et que, par

 14   conséquent, elle produit des effets plus importants.

 15   Q.  Passons à un autre sujet, Monsieur Skrba. Hier dans la salle

 16   d'audience, et c'est consigné dans le compte rendu d'audience --

 17   M. SHIN : [interprétation] Messieurs les Juges, je me réfère au paragraphe

 18   16.

 19   Q.  -- vous avez dit que le SRK était entourée d'un double cercle, un

 20   cercle extérieur et un cercle intérieur. J'aimerais que nous nous penchions

 21   sur une carte pour mieux comprendre vos propos.

 22   M. SHIN : [interprétation] Et j'aimerais que l'on affiche la pièce P3.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] En attendant l'affichage de la carte,

 24   j'aimerais demander que l'on élucide une des réponses précédentes fournies

 25   par le témoin.

 26   Monsieur Skrba, on vous a posé des questions au sujet d'une réponse fournie

 27   dans l'affaire Karadzic, et vous avez indiqué :

 28   "Si vous tirez un obus, vous pouvez espérer de toucher une cible ou le


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  1   périmètre qui l'entoure, le périmètre d'environ 50 mètres, cela est

  2   réaliste; mais dans le cas d'une bombe aérienne, le décalage peut s'élever

  3   à 500 mètres parce que le projectile est beaucoup plus gros."

  4   Et un peu plus tard dans vos réponses vous avez indiqué que l'explosion

  5   était beaucoup plus importante et, par conséquent, elle produisait aussi

  6   des effets plus désastreux. Mais la réponse que vous avez fournie dans

  7   l'affaire Karadzic semble concerner la précision lorsqu'on tire une cible.

  8   Ai-je bien compris votre déposition : mis à part le fait que ces bombes

  9   étaient de beaucoup plus grosse taille, elles étaient aussi beaucoup moins

 10   précises que tous les autres projectiles utilisés ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis d'accord avec la première partie de

 12   votre proposition, avec ce que j'ai dit tout à l'heure au sujet du

 13   périmètre de 50 mètres. Et d'ailleurs, ce périmètre s'applique aux mortiers

 14   de 120 millimètres. Une fois la cible visée, on peut tirer sur la cible. Et

 15   le décalage peut aller jusqu'à 50 mètres dans les circonstances où on se

 16   prépare à tirer des projectiles ou des pièces d'artillerie dans les délais

 17   les plus brefs. Alors, je ne sais pas quels éléments ont été pris en compte

 18   lorsqu'on évaluait les aires aériennes. J'imagine que pour s'en servir il

 19   fallait recourir aux aéronefs ou aux hélicoptères, mais je ne sais pas.

 20   Comme tous les vols étaient interdits dans la zone qui nous intéresse, je

 21   ne sais pas de quelle façon ils tiraient ces projectiles. Mais il est tout

 22   à fait logique de déduire que si une bombe pèse 150 à 250 kilogrammes,

 23   qu'elle est plus lourde, qu'elle risque donc de toucher un périmètre plus

 24   large. Et comme elle est lourde, c'est plus difficile de cibler précisément

 25   lorsqu'on s'en sert.

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Donc, lorsque vous avez parlé du

 27   périmètre de 500 mètres, vous, en fait, disiez que cette bombe était

 28   beaucoup moins précise pour cibler ?


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Quand j'ai parlé de 500 mètres, j'ai déduit ce

  2   chiffre à partir des éléments suivants : si on tire un obus ou si on tire

  3   une bombe aérienne, elle a le pouvoir destructeur dans un périmètre de 500

  4   mètres. Alors, quant à sa précision, elle peut être de 100 % ou alors il

  5   peut y avoir un décalage de 50 mètres par rapport à la cible visée.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Mais alors, je ne comprends pas tout à

  7   fait votre réponse précédente. Je vais céder la parole à M. Shin.

  8   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Avant de poursuivre, Monsieur Shin,

  9   souhaitez-vous demander le versement au dossier du document 34061 [comme

 10   interprété] de la liste 65 ter ?

 11   M. SHIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Juge. Vous avez anticipé ce que

 12   j'allais vous demander. Mais avant de passer à la carte, il faut bien

 13   demander le versement du document précédent qui porte la cote 30641 de la

 14   liste 65 ter, vous avez bien raison.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Madame la Greffière.

 16   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document 30641 recevra la cote

 17   P6521, Messieurs les Juges.

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Le document est admis au dossier.

 19   Vous avez la parole, Monsieur Shin.

 20   M. SHIN : [interprétation] Peut-on afficher la page 54 dans le système du

 21   prétoire électronique.

 22   Q.  Monsieur Skrba, nous allons vous montrer une carte. J'espère que j'ai

 23   cité la bonne référence.

 24   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Est-ce que vous avez aussi le numéro

 25   de la page dans la version imprimée de ce recueil de carte ?

 26   M. SHIN : [interprétation] J'ai cité la page dans le système du prétoire

 27   électronique.

 28   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Si vous n'avez pas la page de la


Page 21291

  1   version imprimée, ne vous en faites pas, nous allons la retrouver.

  2   M. SHIN : [interprétation] On vient de me dire que le décalage est de six

  3   pages.

  4   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Merci beaucoup.

  5   M. SHIN : [interprétation]

  6   Q.  Monsieur Skrba, vous voyez la carte affichée à l'écran.

  7   M. SHIN : [interprétation] J'aimerais rester pour le moment là où nous en

  8   sommes il ne faut rien agrandir.

  9   Q.  Alors, pour commencer, vers le centre de la carte -- ou plutôt,

 10   commençons par le cercle qui est situé à gauche, non loin du numéro 2,

 11   voyez-vous les lettres cyrilliques SRK ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Ce cercle englobe une partie de la zone de responsabilité de la SRK,

 14   n'est-ce pas ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Et nous voyons par ailleurs la zone de la responsabilité du Corps de la

 17   Drina à droite de la carte et nous y voyons les lettres cyrilliques DK ?

 18   R.  Oui, c'est bien indiqué sur la carte ainsi que la ligne qui sépare la

 19   zone de responsabilité du Corps d'armée de Sarajevo et du Corps d'armée de

 20   la Drina.

 21   Q.  Donc, c'est bien cela qui est indiqué par la ligne tracée en rouge;

 22   c'est la ligne de séparation entre les deux corps d'armée ?

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Et à l'intérieur du cercle que nous venons d'examiner, vous allez peut-

 25   être reconnaître une carte plus grande dont nous avons tirée la nôtre, et

 26   vous voyez des lignes en bleu et en rouge en pointillée qui montrent où se

 27   trouvait la ligne de confrontation entre l'ABiH et la VRS, n'est-ce pas ?

 28   R.  Exact.


Page 21292

  1   Q.  Une autre question concernant le même sujet. De l'autre côté du Corps

  2   de la Drina, est-ce qu'on retrouve la Serbie ?

  3   R.  On ne le voit pas sur la carte présentée à l'écran. Mais cela

  4   correspond à la vérité, à droite de la zone de responsabilité du Corps de

  5   la Drina on trouve la Serbie, mais cela ne se voit pas sur la carte.

  6   Q.  Et dans quel sens la SRK était entourée d'un double cercle, si nous

  7   consultons cette carte-ci ?

  8   R.  Eh bien, cette carte a été manifestement dessinée après les opérations

  9   dans le cadre de Lukavica 1993. Or, j'ai parlé de la situation en 1993.

 10   Q.  Nous allons passer plus tard à la question de l'opération Lukavica 93,

 11   mais le Corps de la Drina n'a-t-il toujours pas tenu les territoires qui se

 12   situaient à côté du territoire détenu par le Corps de Sarajevo et de

 13   Romanija ?

 14   R.  Ici, chaque corps d'armée se trouve à sa place. Le Corps de Sarajevo et

 15   de Romanija, vous le retrouvez de l'autre côté de la carte.

 16   Q.  Mais ce n'était pas là ma question, Monsieur Skrba. N'est-il pas clair

 17   que le Corps de la Drina et le Corps de Sarajevo-Romanija étaient deux

 18   corps d'armée voisins au niveau de leur zone de responsabilité ?

 19   R.  Oui, mais ils étaient plus près de ce cercle intérieur où vous voyez

 20   les lettres SRK et couvraient le territoire d'environ 90 kilomètres.

 21   Q.  Je comprends. Alors Lukavica 1993 concernait surtout le Corps

 22   d'Herzégovine, n'est-ce pas ? Cette opération n'avait rien à voir avec le

 23   Corps de la Drina ?

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] M. Mladic est censé ne pas s'exprimer à

 25   voix haute. Il devrait s'abstenir de toute intervention à voix haute.

 26   Monsieur Mladic, j'espère que vous m'avez entendu.

 27   Vous pouvez poursuivre.

 28   M. SHIN : [interprétation]


Page 21293

  1   Q.  Vous souvenez-vous toujours de la question posée, Monsieur Skrba ?

  2   R.  Non, je l'ai oubliée.

  3   Q.  Je vais la répéter alors. La question concernait l'opération Lukavica

  4   1993. Laissons de côté cette question pour le moment. Nous allons y revenir

  5   un peu plus tard. Je vais vous présenter la thèse suivante : la VRS

  6   estimait qu'elle avait encerclé la ville de Sarajevo et qu'elle l'avait

  7   placée sous une blocade [phon]. C'est une blocade qu'il fallait à tout prix

  8   maintenir. On m'était constamment l'accent sur ce point. Donc, c'était ça

  9   la vérité. Ce n'était pas nous qui étaient encerclés par l'armée de l'ABiH

 10   ?

 11   R.  Nous étions encerclés à 70 %, et je vais ajouter quelques phrases à ce

 12   sujet. Après l'opération Lukavica 1993 il y avait des lignes de déploiement

 13   et les lignes de séparation, parce que pour nous il était impossible de

 14   nous relier directement avec le Corps d'Herzégovine en 1993. Donc, nous

 15   étions séparés physiquement, les deux corps d'armée, celui de Sarajevo et

 16   celui d'Herzégovine. Il n'y avait pas de point de contact.

 17   Q.  Alors, deux questions de suivi. L'opération Lukavica 1993 concernait

 18   surtout le Corps d'Herzégovine et non pas le Corps de Drina ?

 19   R.  Une partie des unités du Corps de la Drina ont dû participer avec leurs

 20   armes et leur équipement et leurs effectifs. Ils ont dû participer à

 21   l'opération pour pouvoir la mener à bien.

 22   Q.  J'aurais dû formuler ma question de façon plus précise. Dans le cadre

 23   de l'opération Lukavica 1993, le Corps de la SRK et le Corps de la Drina

 24   avaient déjà été reliés mutuellement. Par conséquent, l'objectif visé par

 25   l'opération était d'établir des liens entre le Corps d'Herzégovine et le

 26   Corps de la Drina ?

 27   R.  Mais le Corps de la Drina en pouvait pas être relié avec le Corps

 28   d'Herzégovine puisqu'il fallait d'abord relier le Corps de Sarajevo-


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  1   Romanija avec le Corps d'Herzégovine.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, il s'agissait d'établir un lien

  3   entre votre corps d'armée et celui d'Herzégovine, et un lien existait déjà

  4   entre votre corps d'armée et celui de la Drina ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Nous étions voisins. Il se trouvait sur notre

  6   droite.

  7   M. LE JUGE ORIE : [aucune interprétation]

  8   M. SHIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  9   Q.  Monsieur Skrba, j'aimerais revenir sur une déclaration que vous avez

 10   faite hier dans la salle d'audience. Vous avez parlé de ce double cercle

 11   qui entourait le territoire de votre corps. Mais, maintenant, vous venez de

 12   préciser que vous n'étiez encerclé qu'à 70 %; cela est-il vrai ?

 13   R.  Eh bien, oui. Le Corps de Sarajevo et de Romanija était complètement

 14   bloqué en direction de l'est et du sud-est parce que ce territoire était

 15   entre les mains des forces musulmanes de Gorazde. Donc, nous n'avions pas

 16   de contact direct avec le Corps d'Herzégovine. Et sur notre droite, les

 17   forces musulmanes s'étendaient aussi tout autour de Sarajevo vers le nord,

 18   vers le sud, vers le sud-est, vers Jahorina. Nous étions donc complètement

 19   encerclés. Il est resté que ce petit bout de cercle qui était percé et qui

 20   me permettait de le déplacer en profondeur.

 21   Q.  Monsieur Skrba, nous allons examiner quelques documents.

 22   M. SHIN : [interprétation] Pour commencer la pièce P1963.

 23   Q.  Et pendant que nous attendons l'affichage du document, je vais vous

 24   indiquer qu'il s'agit d'une directive pour la suite des opérations émanant

 25   du général Mladic et en date du mois d'août 1992.

 26   M. SHIN : [interprétation] J'aimerais que nous passions à la page 3 de la

 27   version anglaise, qui correspond à la page 5 dans la version B/C/S.

 28   Q.  Eh bien, dans la partie qui est intitulée "Type d'opération", vous


Page 21295

  1   voyez, je cite :

  2   "Empêcher la percée du blocus de Sarajevo."

  3   Puis, je cite une fois de plus, quelques lignes plus bas :

  4   "Garder fermement Sarajevo sous blocus et empêcher toute percée."

  5   Il devrait lire "proboj" [phon] en B/C/S, mais en fait, en B/C/S, c'est

  6   "déblocage" que l'on voit.

  7   Alors, Monsieur Skrba, n'est-il pas clair que dans ce document on voit que

  8   Sarajevo était sous blocus tenu par la VRS, n'est-ce pas ?

  9   R.  Non.

 10   Q.  Je vois. Donc, vous interprétez ce document de façon à affirmer que

 11   l'ABiH était en train de bloquer le Corps de Sarajevo-Romanija, n'est-ce

 12   pas ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  On va voir un autre document.

 15   M. SHIN : [interprétation] Et j'aimerais qu'on nous affiche le 65 ter

 16   11410, s'il vous plaît.

 17   Q.  Et en attendant son affichage -- oui, voilà. Il s'agit d'un ordre du

 18   commandement du Corps de Sarajevo-Romanija à l'intention de toutes les

 19   unités du corps. Je crois que c'est signé par Tomislav Sipcic, daté du 4

 20   août 1992.

 21   M. SHIN : [interprétation] Et j'aimerais qu'on nous affiche les deux

 22   versions, je vous prie. Page 2 en B/C/S et page 2 en anglais.

 23   Messieurs les Juges, je voudrais retrouver la phrase appropriée.

 24   Q.  Monsieur Skrba, j'attirerais votre attention sur le paragraphe qui se

 25   trouve juste en dessous des mots "j'ai décidé". Est-ce que vous voyez

 26   l'endroit où il est dit : "Missions suivantes : empêcher le déblocage de

 27   Sarajevo et entreprendre des activités en simultané pour empêcher

 28   l'approvisionnement des forces oustachi."


Page 21296

  1   Alors, vous voyez qu'il est fait référence à un blocus et à sa percée dans

  2   Sarajevo.

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Est-ce que vous affirmez ou continuez d'affirmer le fait que Sarajevo

  5   n'était pas sous blocus ? Ça a été envoyé par votre corps d'armée.

  6   R.  C'est ce qui est dit ici, mais de fait, les forces de l'ABiH et celles

  7   de la présidence avaient toujours eu un passage libre jusqu'à août 1993 par

  8   la piste de l'aéroport et Butmir, qu'ils traversaient la nuit et ils ont

  9   creusé par la suite un tunnel. Et ils passaient des centaines et des

 10   milliers de gens sans arrêt. Ils transportaient des vivres, de l'eau, du

 11   carburant. Il y avait de l'électricité qu'on faisait passer. Donc, je ne

 12   peux pas parler de blocus, parce que j'ai connu des voisins qui sortaient,

 13   mais qui devaient payer 1 000 ou 1 500 marks pour sortir par le tunnel. Les

 14   Musulmans eux-mêmes étaient censés passer. On appelait par la suite ce

 15   tunnel comme était le tunnel du salut. Qu'a-t-il fait ce tunnel ? Il a été

 16   le salut de certaines personnes.

 17   Je n'ai jamais tiré sur les gens qui traversaient la piste de

 18   l'aéroport ou qui empruntaient le tunnel. J'ai estimé que c'étaient des

 19   civils, je ne voulais pas.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que je peux vous demander la

 21   chose suivante : vous avez dit qu'il n'y a pas eu de blocus parce que les

 22   gens, au cours de la nuit ou en empruntant le tunnel, s'en allaient dans la

 23   direction de l'ouest. Le fait est que certaines personnes avaient fui et

 24   cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de blocus. Ce serait comme si vous

 25   vous trouviez en prison et on peut s'en aller parce que certaines personnes

 26   ont réussi à s'évader. Ça n'explique tout de même pas ce que c'est qu'une

 27   prison, n'est-ce pas ?

 28   Monsieur Mladic, on vous demande de vous asseoir.


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Je voudrais vous donner un fait que nous avons

  2   vu à la télévision de la Fédération. Lorsqu'ils tiennent des conférence de

  3   presse, il y avait Delalic qui était devenu commandant et il a dit : "Je

  4   sortirai cet après-midi et je viendrai vous voir à Igman." Alors par où

  5   voulez-vous que le commandant sorte s'il n'y a pas de voie de sortie ? Donc

  6   celui qui pouvait faire envoyer une délégation de Sarajevo pour aller

  7   négocier quelque part, ils passaient par la piste de l'aéroport et sous

  8   l'aéroport. Les pauvres, eux, étaient censés payer pour sortir.

  9   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous êtes donc d'avis qu'étant donné que

 10   des personnes ont réussi à sortir en payant cher le coût de cette sortie,

 11   ça signifie qu'il n'y a pas eu de blocus et que tous les documents

 12   militaires qu'on a vus sur nos écrans, pour cette raison, se trouvent être

 13   erronés vu qu'il n'y a guère eu de blocus et il n'y a pas eu intention de

 14   maintenir ce blocus. Est-ce que c'est ainsi que nous devons comprendre

 15   votre témoignage ?

 16   LE TÉMOIN : [interprétation] Il n'y a pas eu de blocus à 100 %. Même de nos

 17   jours, si vous regardez les émissions de leur part à la télévision, ils

 18   célèbrent août 1993 parce qu'ils ont creusé ce tunnel. Ils avaient une voie

 19   de communication pour approvisionner la population en vivres et en eau et

 20   en matériel technique. On laissait passer les gens et par là sortaient des

 21   unités aussi pour aller vers des théâtres de combat à l'extérieur de la

 22   zone de Sarajevo. C'était la façon la plus brève et la plus courte de

 23   procéder pour -- parce qu'il y avait 1 200 mètres, et toute la piste de

 24   l'aéroport était contrôlée par la FORPRONU, parce que l'aéroport était

 25   gardé par la FORPRONU pour que puisse atterrir leurs avions et les

 26   délégations qui venaient dans Sarajevo.

 27   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] A l'écoute attentive de vos réponses, il

 28   me semble que vous essayez de nous expliquer que cet encerclement, voire ce


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  1   blocus, n'était pas efficace à 100 % vu que certaines personnes ont réussi

  2   à s'évader. Et c'est la raison pour laquelle vous estimez qu'il n'y a pas

  3   eu de blocus ?

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai pas dit ça pour les raisons qui ont

  5   animé les gens à se sauver. Ils ont bloqué les voies de communication. Ils

  6   ont empêché les personnes qu'ils voulaient empêcher de sortir ou de rentrer

  7   dans la ville. Et ce passage, c'était la piste de l'aéroport et le tunnel.

  8   Et c'est la raison pour laquelle on avait gardé -- il y avait eu l'ordre de

  9   garder cela dans l'encerclement pour qu'ils ne puissent pas s'étendre sur

 10   le reste des théâtres de combat. J'entends les militaires.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Shin, je vois l'heure.

 12   M. SHIN : [interprétation] En effet. Et je demanderais seulement à ce que

 13   ce document soit versé au dossier et le reste pourrait être laissé pour

 14   demain. Mais je n'aimerais pas laisser ce document en suspens.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bien. Alors, on va le faire verser au

 16   dossier maintenant.

 17   Madame la Greffière.

 18   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Le document 1110 [comme interprété]

 19   recevra la cote P562 [comme interprété], Messieurs les Juges.

 20   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est versé au dossier.

 21   Nous allons lever l'audience une fois que le témoin aura quitté le

 22   prétoire. Mais avant que de le faire -- attendez, ne vous en allez pas

 23   encore. Je tiens à vous donner une instruction, la même que celle que je

 24   vous ai donnée hier, vous n'êtes pas censé vous entretenir ou communiquer

 25   avec qui que ce soit au sujet du témoignage que vous êtes en train de

 26   fournir, témoignage fourni jusqu'à présent ou témoignage à venir pour

 27   demain. Alors, ceci étant clairement été indiqué, je vous demande de

 28   revenir demain matin dans ce même prétoire à 9 heures 30.


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  1   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci. J'espère qu'on terminera et que je

  2   pourrai rentrer chez moi.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je crois qu'il y a de fortes chances que

  4   cela soit le cas.

  5   Nous allons lever l'audience pour aujourd'hui. Nous allons reprendre

  6   demain, jeudi, 22 mai, à 9 heures 30 du matin dans ce même prétoire,

  7   prétoire numéro I.

  8   --- L'audience est levée à 14 heures 21 et reprendra le jeudi, 22 mai 2014,

  9   à 9 heures 30.

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