Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mardi 6 décembre 2016

  2   [Réquisitoires]

  3   [Audience publique]

  4   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 9 heures 35.

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Bonjour à toutes et à tous dans le

  7   prétoire et autour du prétoire.

  8   Monsieur le Greffier d'audience, s'il vous plaît, citez le numéro de

  9   l'affaire.

 10   M. LE GREFFIER : [interprétation] Merci. Bonjour, Monsieur le Président,

 11   Messieurs les Juges. C'est l'affaire IT-09-92-T, le Procureur contre Ratko

 12   Mladic.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

 14   Avant de commencer, j'ai deux questions à soulever. La première question

 15   concerne l'information reçue par la Chambre hier que dans la galerie du

 16   public il y avait des gestes inappropriés dirigés vers le prétoire. La

 17   Chambre a pris cela au sérieux et a donc résolu cette question. Je pense,

 18   Maître Lukic, que vous savez comment cela a été résolu. Il est clair

 19   maintenant que nous nous attendons à ce que le public dans la galerie se

 20   conduise de façon appropriée. Vous savez ce que la Chambre a fait

 21   exactement pour prévenir cela à l'avenir, et je ne vais plus parler de cela

 22   pour le moment. C'est la première chose.

 23   La deuxième chose, je pense que c'était hier, la Défense a déposé une

 24   requête pour ajouter encore trois documents, trois déclarations, pour ce

 25   qui est du prononcé de fixation de la peine, et je me pose la question pour

 26   savoir quand l'Accusation répondra à cela. Je pense que si vous répondez de

 27   façon expéditive, il serait plus facile pour nous de nous occuper de ces

 28   questions pendant les réquisitoires et plaidoiries.


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  1   M. TIEGER : [interprétation] Nous allons donc fournir notre réponse,

  2   Monsieur le Président, le plus rapidement possible.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Et qu'est-ce que cela veut dire,

  4   Monsieur Tieger ?

  5   M. TIEGER : [interprétation] Cela dépend quand vous avez besoin de cela,

  6   mais, par exemple, jeudi avant la fin de l'audience.

  7   [La Chambre de première instance se concerte]

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] C'est bien. Comme cela, les deux parties

  9   auront la possibilité de se pencher là-dessus dans leurs réquisitoires et

 10   plaidoiries, si on fait droit à cette requête avant la fin des

 11   réquisitoires et plaidoiries.

 12   M. TIEGER : [interprétation] Nous allons faire de notre mieux pour faire

 13   cela.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce qu'il y a d'autres questions à

 15   soulever ? Non.

 16   Alors, Monsieur Traldi, vous pouvez poursuivre.

 17   M. TRALDI : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Et bonjour,

 18   Messieurs les Juges.

 19   La Défense affirme que la VRS protégeait des villages musulmans dans

 20   plusieurs municipalités, notamment à Sanski Most, Kljuc et Rogatica. Les

 21   municipalités que la Défense cite montrent de façon convaincante quel était

 22   le scénario selon lequel les crimes étaient commis, y compris le nettoyage

 23   ethnique. Par exemple, au paragraphe 686 de leur mémoire en clôture, la

 24   Défense soutient que 3 000 non-Serbes étaient restés à Sanski Most, où ils

 25   étaient protégés, et "pas d'actions hostiles n'ont été lancées contre eux",

 26   et je cite par rapport à cela Nenad Davidovic, qui était officier de la 6e

 27   Brigade et membre de la cellule de Crise.

 28   Donc, il y avait 3 000 habitants qui restaient par rapport à 28 285 [comme


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  1   interprété] habitants avant la guerre. Lorsque vous y réfléchissez, à

  2   savoir que de 28 000 non-Serbes restaient 3 000, il faut que vous vous

  3   penchiez sur le témoignage de Davidovic, qui a admis, pages 31 550 et 557,

  4   que les autorités serbes à Sanski Most étaient d'avis que quiconque était

  5   considéré comme "pas loyal envers les autorités serbes devait être expulsé

  6   avec leurs familles."

  7   Maintenant, sur vos écrans, vous pouvez voir la pièce P841 [comme

  8   interprété], page 24. Il s'agit des notes de Davidovic concernant une

  9   réunion de la cellule de Crise, et cela s'est tenu le 8 juin 1992. Dans ces

 10   notes il est question, entre autres, selon ses mots, du fait qu'il fallait

 11   chasser les Musulmans et les Croates de Sanski Most, dans la mesure où il

 12   est possible de contrôler fermement le pouvoir.

 13   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Traldi, lorsque vous parlez de

 14   Sanski Most, dans la citation il ne figure pas "en dehors de Sanski Most".

 15   M. TRALDI : [interprétation] Dans le document, il est écrit :

 16   "Les Musulmans et les Croates doivent être chassés pour qu'on puisse tenir

 17   le pouvoir de façon stable."

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci. Donc, il n'y a pas de mention

 19   "Sanski Most" dans ce document ?

 20   M. TRALDI : [interprétation] Oui.

 21   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre.

 22   M. TRALDI : [interprétation] A Sanski Most, ainsi que dans d'autres

 23   municipalités, ces personnes étaient chassées par la perpétration -- des

 24   arrestations en masse, cinq massacres retenus dans l'acte d'accusation, par

 25   la destruction de leurs habitations, de leurs villages et de leurs lieux de

 26   culte.

 27   [problème technique]

 28   M. TRALDI : [interprétation] J'ai perdu le LiveNote pour quelques instants,


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  1   c'est pour cela que j'ai ménagé une pause.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Oui. Et lorsque cela revient -- parce

  3   que LiveNote sur nos écrans fonctionne, non ? Juste un instant, s'il vous

  4   plaît. Oui, cela s'est arrêté. Il faut qu'on attende que cela revienne.

  5   [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il semble que cela fonctionne de

  7   nouveau. Nous voyons encore une fois dans quelle mesure nous dépendons de

  8   bons services de notre sténotypiste, et nous l'apprécions beaucoup.

  9   Monsieur Traldi, vous pouvez reprendre en reprenant dans la phrase où le

 10   compte rendu s'est arrêté, où vous avez dit : "A Sanski Most et dans

 11   d'autres municipalités", et cetera.

 12   M. TRALDI : [interprétation] Donc, c'est là-bas où ils ont été liquidés, en

 13   perpétrant des crimes horribles, notamment la destruction de leurs

 14   habitations, villages, en procédant à des arrestations en masse et

 15   commettant cinq massacres retenus dans l'acte d'accusation.

 16   L'évêque catholique Komarica décrit "la fuite en masse terrible de mes

 17   fidèles, en particulier de la région de Sanski Most et de Prijedor, qui

 18   essayaient de sauver leurs vies." Pièce P7011, page 2.

 19   Et le Témoin de la Défense Kupresanin a admis qu'il était au courant de ces

 20   crimes et que le 1er Corps de Krajina était au courant également, la page

 21   du compte rendu 29 820 jusqu'à 821.

 22   Peut-être le plus terrible des crimes commis à Sanski Most était le

 23   massacre d'au moins 29 femmes et enfants musulmans dans un garage à

 24   Hrustovo à la date du 31 mai, ou vers cette date-là, 31 mai 1992. Parmi les

 25   enfants [comme interprété] et les enfants tués dans ce garage, il y avait

 26   une femme âgée qui avait 75 ans ainsi que des enfants qui avaient moins de

 27   10 ans. Après quoi, la 6e Brigade s'est félicitée de commettre le

 28   "nettoyage couronné de succès à Hrustovo". P2365, page 3.


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  1   Maintenant nous voyons ici la pièce P2409, c'est la décision de la cellule

  2   de Crise de Sanski Most et c'est seulement quelques jours après le massacre

  3   à Hrustovo. Ils ont décidé d'envoyer à Manjaca des hommes politiques, des

  4   extrémistes nationalistes, et tous ceux qui étaient indésirables sur le

  5   territoire de la municipalité de Sanski Most. Dans la pièce P2362, on peut

  6   voir qu'il s'agissait des non-Serbes. Donc, le déplacement des non-Serbes

  7   de Sanski Most relevait d'une politique officielle.

  8   De même, la Défense affirme au paragraphe 687 que des villages musulmans

  9   étaient protégés sur le territoire de la municipalité de Kljuc, mais

 10   lorsque GRM014 a dit que les Musulmans pouvaient y rester et qu'ils y

 11   étaient protégés, il a été contraint d'admettre que les Musulmans avaient

 12   quitté Kljuc à cause des crimes perpétrés contre eux - la page du compte

 13   rendu 30 397 - et les villages pour lesquels il disait, ainsi que d'autres

 14   témoins de la Défense, que les Musulmans "restaient indemnes", on peut voir

 15   dans les documents de guerre de la Republika Srpska qu'il n'y avait pas de

 16   Musulmans ou très peu de Musulmans qui étaient restés, c'est pièces P4071

 17   et P7639 [comme interprété].

 18   Et pour ce qui est des notes du général Mladic, on peut voir qu'il suivait

 19   le nombre de la population musulmane : en janvier, 17 000, qui a été réduit

 20   à 5 000 en septembre et à 2 000 en novembre.

 21   A Rogatica, pour ce qui est du village de Satorovici, il dit, et c'est au

 22   paragraphe 689, "un exemple concret de paix qui régnait entre les Musulmans

 23   et la VRS." Et après que Tolimir ait ordonné en octobre à différents corps

 24   de la VRS de procéder aux échanges, les soldats ont regroupé les Musulmans

 25   de Satorovici, les ont fait partir de leurs maisons et les ont transportés

 26   à Sarajevo. C'est au paragraphe 345 de notre mémoire en clôture et dans le

 27   résumé concernant Rogatica. Egalement, les témoins de la Défense

 28   Veselinovic et Sokolovic ont admis que lorsque Mladic était entré à Zepa en


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  1   automne 1995, lui-même et ses subordonnés ont commencé le processus de

  2   déplacement de presque tous les Musulmans qui restaient dans la

  3   municipalité de Rogatica.

  4   La réponse de Mladic au nettoyage ethnique illustre le fait qu'il

  5   partageait l'objectif commun et a contribué à sa mise en œuvre.

  6   La Défense avance que Mladic a essayé de punir ses subordonnés lorsqu'ils

  7   ont commis des crimes. Il a ordonné certaines mesures disciplinaires à un

  8   certain nombre de fois. Confer les paragraphes 117 à 119 de notre mémoire

  9   en clôture; les paragraphes 795 à 796 du mémoire en clôture de la Défense.

 10   Mladic disposait de l'autorité à la fois officielle et fonctionnelle qui

 11   lui permettait d'ordonner ces mesures disciplinaires contre ses

 12   subordonnés. Et comme ce commandant faisait l'éloge de l'obéissance et du

 13   bon fonctionnement de la chaîne de commandement, comme il l'a dit devant la

 14   16e Assemblée, au P431, page 42 : "Il nous faut une obéissance absolue.

 15   Sans discipline, il n'y a rien…" Et donc, il a usé de cette autorité.

 16   Ce que les parties contestent, c'est ce pour quoi Mladic a utilisé son

 17   autorité. La Défense avance que Mladic a donné des ordres pour sanctionner

 18   ses soldats qui se "comportaient de façon irresponsable parce qu'ils ont

 19   commis des crimes", mais les éléments de preuve montrent que ces ordres

 20   n'ont pas été donnés pour sanctionner des crimes commis dans le cadre de

 21   l'entreprise criminelle commune. Les officiers de la VRS ont appliqué cette

 22   politique d'impunité quasiment exclusivement dans tous les échelons de la

 23   VRS.

 24   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Cette autorité a été utilisée pour

 25   quoi, si cette autorité n'a pas été utilisée dans le cadre de l'entreprise

 26   criminelle commune ?

 27   M. TRALDI : [interprétation] En premier lieu, vous avez vu comment

 28   fonctionnait la justice militaire et traitait de questions comme la


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  1   rébellion armée, la désertion. Et Radulj, le procureur militaire de Banja

  2   Luka, a admis que des crimes avaient été commis contre des Serbes et contre

  3   l'armée -- et il a reconnu que ce type de crimes avait été commis et a été

  4   poursuivi par cette justice militaire.

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

  6   M. TRALDI : [interprétation] Nous allons maintenant nous pencher sur un des

  7   exemples cités par la Défense. La Défense cite le P4453 dans la note de bas

  8   de page 1 674 de leur mémoire en clôture pour appuyer ce qu'ils avancent, à

  9   savoir que Mladic a ordonné la sanction de crimes contre des non-Serbes.

 10   Vous le voyez à l'écran maintenant. Il s'agit d'un avertissement du

 11   commandant de la SRK d'alors, Tomislav Sipcic, à la Brigade de Rogatica, le

 12   commandant Rajko Kusic. Sipcic écrit le 26 juin 1992, et je cite :

 13   "Pour la dernière fois, je vous avertis de vous abstenir de commettre des

 14   massacres, de vous livrer à des exactions, en traitant mal une population

 15   innocente quelle que soit sa nationalité."

 16   Quel que soit cet ordre qui est peut-être l'illustration des agissements de

 17   l'officier, il illustre le problème que la Défense tente de nous faire

 18   accepter, à savoir d'attribuer à Mladic ce qui semble être une action

 19   humanitaire qui aurait été menée par tout soldat de la VRS. Peu de temps

 20   après que cet ordre ait été donné, Sipcic - qui a averti Kusic de ne pas

 21   massacrer des innocents - il a été remplacé tout de suite par l'autre

 22   commandant de la SRK, Stanisic Galic. La 30e Division a été placée sous son

 23   commandement, qui avait déjà nettoyé des Musulmans les zones de Kljuc,

 24   comme nous l'indiquons dans notre résumé sur Kljuc. Kusic et ses unités,

 25   d'autre part, ont continué à commettre des crimes contre des non-Serbes, et

 26   ce, jusqu'en 1995. Comme il a dit ouvertement au commandement du Corps de

 27   la Drina, à la pièce P1064, le 7 août 1995, il restait cinq "balija" qui

 28   tentaient de se rendre à pied à Relovica [phon] le long de la voie de


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  1   chemin de fer et ils ont été liquidés, et des "Oustachi non armés" ont

  2   également été liquidés.

  3   Au moment où il a rendu son rapport sur la liquidation de ceux qu'il

  4   appelait des balija en 1995, Kusic était lieutenant-colonel. Nous

  5   constatons que Mladic a été à l'origine d'une des promotions de Kusic, et

  6   il y en a eu plusieurs. Malgré ces crimes massifs et tristement célèbres

  7   commis par les unités de la Brigade de Rogatica contre des civils non-

  8   serbes, la pièce P3689 expose la pensée de Kusic. Je vais demander à Mme

  9   Stewart de visionner cette partie.

 10   [Diffusion de la cassette audio]

 11   L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 12   "Il serait très injuste si je ne mentionnais pas Rajko Kusic, un soldat

 13   très important, le commandant de la Brigade de Rogatica, qui a été et

 14   demeure toujours l'alpha et l'oméga du sommeil protégé des enfants serbes.

 15   Rajko, vous êtes digne de tous les honneurs."

 16   [Fin de la diffusion de la cassette audio]

 17   M. TRALDI : [interprétation] Donc, si nous nous penchons sur ce document,

 18   nous constatons que la façon de grimper les échelons de la VRS était de

 19   procéder au nettoyage ethnique, comme l'a été Kusic à Rogatica. Dans

 20   Rogatica, il y avait plus de 13 000 Musulmans en 1991. A la fin de l'année

 21   1991 [comme interprété], ils étaient entassés dans trois petites enclaves

 22   de la municipalité. Comme je l'ai dit, au moment où Zepa est tombée, il ne

 23   restait quasiment plus aucun Musulman. La brigade de Kusic avait dirigé

 24   cette campagne de nettoyage. Elle avait été organisée et armée par la JNA

 25   et le SDS en mars 1992. Comme nous l'indiquons dans notre résumé, dès sa

 26   création, ceci a été placé sous le commandement de la 216e Brigade de la

 27   JNA de Dragomir Milosevic. Comme Kusic l'a indiqué dans la pièce P6931, et

 28   le Témoin de la Défense Djeric l'a confirmé, la Brigade de Rogatica a été


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  1   intégrée à la VRS le 19 mai 1992 ou vers cette date. Ensuite, cette brigade

  2   a commis des crimes contre des innocents dans des endroits qui comprenaient

  3   le camp de Rasadnik et l'école de Vlahovic, placés tous deux sous le

  4   contrôle de Kusic. Les détenus de Rasadnik ont été torturés, ont subi des

  5   sévices sexuels, ont été humiliés, passés à tabac, utilisés pour des

  6   travaux forcés. Certains détenus sont décédés suite aux passages à tabac et

  7   conditions fort dures, y compris une femme âgée de 101 ans, Hanka Kustura.

  8   De même, dans l'école de Vlahovic, il y avait des soldats des brigades et

  9   de la police serbe qui ont passé à tabac, torturé, violé et cambriolé des

 10   détenus à l'école de Vlahovic. Les détenus ont été violés à maintes

 11   reprises, des hommes et des femmes. Et d'autres détenus pouvaient entendre

 12   ces victimes hurler pendant la nuit. P309, paragraphes 69 à 77; P2223, page

 13   4.

 14   La Défense a laissé entendre dans son mémoire que des non-Serbes se sont

 15   rendus de leur plein gré à Rasadnik et à l'école de Vlahovic, arguant du

 16   fait que les références faites aux prisonniers de Rasadnik sur les listes

 17   étaient pure fiction. Il s'agissait simplement de faciliter l'échange de

 18   ces personnes. Mais les non-Serbes de Rasadnik et à l'école de Vlahovic ne

 19   s'y sont pas rendus de leur plein gré, comme le prouvent les documents,

 20   comme le document P6809 [comme interprété] et le P6805, et les éléments de

 21   preuve des témoins qui ont survécu et que vous avez entendus, mais en se

 22   fondant sur la simple logique du fait que les gens n'ont pas tendance à

 23   rester sur place alors que d'autres sont passés à tabac, violés et torturés

 24   mentalement.

 25   Nous avons constaté que Mladic a promu Kusic à la pièce P3684 - il exerçait

 26   donc son autorité personnelle - et certains exemples sont tirés de ses

 27   carnets, des réunions avec son état-major pour aborder les questions des

 28   promotions et des distinctions. Par exemple, à la pièce P360, pages 149 à


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  1   150, au cours de laquelle il prend des notes sur les nominations de Radmilo

  2   Zeljaja et Vladimir Arsic, qui avaient dirigé la 43e Brigade lors du

  3   nettoyage ethnique de Prijedor en 1992, ces deux hommes ont été promus

  4   pendant la guerre. Arsic, lorsque la guerre était terminée, était général,

  5   comme l'a indiqué le Témoin  Javoric, témoin de la Défense, à la page du

  6   compte rendu d'audience 31 424.

  7   A la fin de nos récits sur la municipalité et ainsi que dans le paragraphe

  8   487 de notre mémoire en clôture, nous avons parlé de la réputation

  9   tristement célèbre de la campagne de nettoyage dans cette municipalité, et

 10   nous disposons d'éléments de preuve qui indiquent que Mladic et d'autres

 11   officiers de la VRS ou de membres de la JRS [comme interprété] ont

 12   clairement indiqué qu'ils étaient d'accord souvent avec les promotions de

 13   ces auteurs. Et Kusic a gravi les échelons dans toutes les municipalités

 14   reprochées dans l'acte d'accusation. Arsic, à la fin de la guerre, est

 15   général; Galic est nommé commandant de la SRK après que ses unités aient

 16   nettoyé Kljuc; Radislav Krstic est devenu commandant de la DK après que la

 17   2e Brigade de Romanija ait nettoyé la municipalité de Sokolac, comme nous

 18   l'avons dit hier; Andric est devenu chef du Corps de la Drina, chef d'état-

 19   major, après que la Brigade de Birac ait nettoyé la Bosnie orientale; le

 20   commandant du camp de Manjaca, Bozidar Popovic, a été promu colonel.

 21   La VRS, en même temps, a tenté de dissimuler les crimes, comme vous pouvez

 22   le constater dans les carnets de Mladic, où il ordonne que des informations

 23   sur le nombre très important de Musulmans ensevelis dans la fosse de

 24   Tomasica soient "bien conservés pour que les personnes non autorisées ne

 25   puissent pas découvrir cela." P358, page 155.

 26   Le commandant du Bataillon de Vlasenica, Slobodan Pajic, donne un ordre et

 27   précise que l'opinion publique ne doit pas découvrir les conditions de vie

 28   des détenus de Susica, et on ne doit pas non plus leur apporter de la


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  1   nourriture. P193, page 4. Les ensevelissements dans les fosses communes,

  2   paragraphes 492 à 498 de notre mémoire en clôture. Et comme ils

  3   dissimulaient leurs crimes, Mladic et d'autres membres de l'entreprise

  4   criminelle commune ont fait l'éloge de cette campagne de nettoyage ethnique

  5   couronnée de succès; et comme M. Tieger l'a mentionné hier, il s'agissait

  6   d'en faire un état de fait.

  7   Bien évidemment, ils n'ont pas sanctionné les auteurs. La VRS a reconnu que

  8   certains officiers étaient responsables et qu'il fallait empêcher les

  9   crimes et punir les auteurs. Mais lorsque les officiers de la VRS n'ont pas

 10   sanctionné ces personnes, ils ont dit :

 11   "Ils sont donc responsables de ces crimes."

 12   P3352, page 8.

 13   Contrairement à ce qu'avance la Défense au paragraphe 2 902 de son mémoire

 14   en clôture, que l'état-major n'était pas impliqué dans la justice militaire

 15   dans laquelle de telles affaires devaient être traitées, Mladic et Gvero

 16   ont envoyé des instructions au tribunal militaire. Milovanovic a dit dans

 17   sa déposition que Gvero et son secteur contrôlait et analysait tout le

 18   système judiciaire. Page du compte rendu d'audience 16 919. Et nous avons

 19   indiqué quelle était la relation entre l'état-major principal et la justice

 20   militaire dans notre mémoire en clôture aux paragraphes 110 à 120.

 21   La Défense avance au paragraphe 678 de son mémoire en clôture que

 22   quelquefois les soldats qui avaient commis des crimes ont été envoyés au

 23   front. Notre dossier est clair à cet égard : ceci a permis de faciliter

 24   davantage de crimes. Vous avez entendu dire cela de la bouche d'officiers

 25   de la VRS comme RM802, de personnel du tribunal militaire comme Radulj, le

 26   Témoin de la Défense Matijevic, du MUP de la RS. Ils étaient tous d'accord

 27   pour dire que les auteurs ont été armés et qu'ils sont partis au combat, et

 28   il n'est donc pas surprenant qu'ils récidivent.


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  1   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Traldi, une confusion dans mon

  2   esprit. Vous parlez du paragraphe 2 902 du mémoire en clôture de la

  3   Défense. Ceci n'a rien à voir avec ce dont nous parlons, me semble-t-il.

  4   M. TRALDI : [interprétation] Je n'avais pas l'intention d'aborder la

  5   question de la réunion à l'école Fontana. C'est en rapport avec l'école de

  6   Velagici.

  7   La Défense se fonde également sur les ordres qui n'ont aucune valeur et qui

  8   ne sont que superficiels pour suivre les lois de la guerre. Karadzic

  9   ordonne prétendument qu'il fallait protéger les non-Serbes dans les

 10   municipalités comme Sokolac. Il s'agit là d'un seul exemple, au paragraphe

 11   1 502. Ils ignorent, par exemple, la réponse de Tupajic, dans la pièce

 12   P3181, en expliquant que la 2e Brigade de Romanija et de Sokolac, faisant

 13   partie du MUP, rendait compte à leurs propres chaînes de commandement au

 14   niveau de la république, Mladic, Mico Stanisic et Karadzic. Ils ignorent la

 15   réalité des faits sur le terrain. Et la 2e Brigade de Romanija a continué à

 16   nettoyer la municipalité de Sokolac. Ses commandants ont été promus.

 17   Mladic, Galic et Karadzic, comme nous l'avons noté, ont reçu les honneurs

 18   de cette brigade.

 19   Brown explique le sens de ces ordres. Il n'y a pas eu de poursuites et,

 20   donc, d'autres crimes ont été commis. Page du compte rendu d'audience 19

 21   536. Un exemple très clair qui est donné ici, page du compte rendu

 22   d'audience 19 536. Ceci est particulièrement vrai dans le cadre de la

 23   directive numéro 1, où la Défense se repose sur un libellé communément

 24   utilisé sur comment se conformer aux conventions de Genève, mais nous avons

 25   montré que cette directive a été mise en œuvre pendant toute la durée du

 26   nettoyage ethnique et de ces séparations. Donc, les résultats ont fait

 27   l'objet d'éloges plutôt que de poursuites.

 28   D'un autre côté, ceci envoyait un message clair, un message qui précisait


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  1   que la VRS prenait l'exécution des lois de guerre au sérieux, mais qu'il

  2   n'était pas nécessaire de poursuivre chaque crime commis par un soldat.

  3   Donc, si la Défense laisse entendre que la justice militaire avait quelques

  4   défis à affronter, elle n'avait pas besoin de poursuivre tous les cas de ce

  5   genre; il s'agissait simplement d'envoyer un message dans ce sens. Le fait

  6   qu'il n'y a pas eu intention de poursuivre les crimes contre les non-Serbes

  7   se trouve illustré dans les cas que nous avons présentés au niveau de nos

  8   preuves. Par exemple, Radulj a admis à la page du compte rendu d'audience

  9   35 582 que certains corps de victimes étaient disponibles, que l'arme du

 10   crime était connue, que les auteurs s'étaient confessés et qu'il n'y avait

 11   aucune raison pour que les procureurs militaires ne les condamnent pas.

 12   Pour ce qui est des massacres de Velagici et de Skrljevita, deux massacres,

 13   un petit nombre de crimes ont été commis et les auteurs ont été arrêtés.

 14   Personne n'a été sanctionné pour ces crimes pendant la guerre même si les

 15   corps ont été retrouvés, l'arme du crime également, et que les auteurs ont

 16   confessé. Donc, de nombreux défis auxquels a dû faire face la justice

 17   militaire. Aucune raison pour que les soldats ne soient pas poursuivis pour

 18   les crimes commis contre des non-Serbes. Et dans le cas où ils l'étaient,

 19   comme Admizic et Kajtez, et les autres, ils auraient dû être condamnés.

 20   La Chambre a reçu suffisamment d'éléments de preuve sur le fonctionnement

 21   de cette justice militaire qui a préparé des milliers de cas en 1992,

 22   P3535; et des affaires impliquant des victimes serbes qui ont été

 23   poursuivies de façon agressive et dans lesquels cas les auteurs ont été

 24   condamnés. P2375, P1054, et Radulj. La Défense, néanmoins, affirme que la

 25   justice militaire ne fonctionnait pas, comme cela est cité à la pièce

 26   P3560. Mais à la pièce P3560, page 4, la justice militaire indique qu'elle

 27   est satisfaite de son travail et note en outre que malgré les conditions

 28   difficiles de son travail au niveau des tribunaux, elle a réussi à obtenir


Page 44426

  1   de "bons résultats" en 1995. Même si vous-mêmes, vous avez reçu des

  2   rapports correspondant à cette année-là qui montraient qu'aucun effort

  3   n'avait été fait pour sanctionner les soldats pour les crimes qu'ils

  4   avaient commis contre des non-Serbes. La raison pour laquelle ceux-ci ont

  5   été considérés comme de bons résultats est que les soldats ont fait ce

  6   qu'ils étaient censés faire, autrement dit, nettoyer ethniquement le

  7   territoire pour lequel la VRS était responsable.

  8   Est-ce que nous pouvons passer brièvement à huis clos partiel, s'il vous

  9   plaît.

 10   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Passons à huis clos partiel.

 11   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

 12   [Audience à huis clos partiel]

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 25   [Audience publique]

 26   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

 27   M. TRALDI : [interprétation] Au paragraphe 134 de son mémoire, la Défense

 28   indique que lorsque les officiers de la VRS apprenaient des meurtres dans


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  1   les municipalités, ils prenaient des mesures pour mener des enquêtes pour

  2   arrêter et punir les auteurs. La Défense se fonde sur des preuves relatives

  3   au massacre dans des endroits tels que Brisevo et à Prijedor, et plusieurs

  4   sites à Sanski Most.

  5   A Brisevo, vous avez entendu des preuves que tout le monde était au courant

  6   des massacres - la VRS, les autorités civiles, le MUP - mais aucun auteur

  7   n'a été sanctionné. Le témoin de la Défense Kupresanin a dit dans son

  8   témoignage qu'il s'est rendu là-bas après le massacre avec des officiers du

  9   1er Corps de la Krajina. Prijevo [comme interprété] était un village non

 10   armé. Et même s'il était incohérent lorsqu'il disait à quel haut gradé il

 11   l'avait dit, on peut savoir que Tadic [comme interprété] était au courant,

 12   par exemple, à la page 2 de P7477. Et Radulj a reconnu que son bureau n'a

 13   poursuivi personne à Sanski Most pour des crimes contre des non-Serbes.

 14   La Défense prétend également aux paragraphes 866 et 67 que la VRS a

 15   mené des enquêtes et a réprimé des meurtres des détenus de Manjaca, Omer

 16   Filipovic et Esad Bender, même si le garde de Manjaca Radinkovic a reconnu,

 17   compte rendu page 31 734, que personne n'a été poursuivi avant dix ans

 18   après les crimes, bien après le départ de Mladic de la VRS. Radinkovic a

 19   également reconnu que la police militaire de la VRS avait commis des

 20   crimes, au contraire de ce que la Défense, dans son mémoire, qui dit qu'il

 21   s'agissait de Chetniks non identifiés.

 22   La Défense cherche à faire le flou sur les auteurs à Manjaca et au

 23   sujet de ce que savaient les officiers hauts gradés, mais les sources

 24   qu'elle cite, telles que le P229, en rapport du camp de Manjaca selon

 25   lequel des policiers militaires "ne comprennent pas que les prisonniers

 26   sont également des êtres humains", ce qui reflète que la VRS a commis une

 27   grande partie des sévices et que les hauts commandants étaient au courant.

 28   Bien au contraire, plutôt que d'avoir poursuivi les auteurs, le


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  1   commandement du camp a dissimulé le crime. Sabanovic exprime que le

  2   commandant Popovic lui avait ordonné de faire la fausse déclaration selon

  3   laquelle un détenu de Kljuc qui avait été passé à tabac jusqu'à sa mort

  4   était mort de pneumonie. P3124, pages 9 et 10.

  5   Donc le système de justice militaire ne poursuivait pas les auteurs

  6   des crimes contre les Musulmans et les Croates. On peut voir la suite de la

  7   stratégie de la Défense aux paragraphes 132 et 133 du mémoire de la

  8   Défense. Mladic n'était pas au courant ou n'était informé que de manière

  9   sélective des crimes incriminés dans cette affaire. Nous ne prétendons pas

 10   - et nous ne devons pas prouver - que Mladic recevait notification de

 11   chaque crime individuel par lesquels ses subordonnés et les autres

 12   réalisaient les objectifs de l'entreprise criminelle commune. Mais les

 13   exemples dont parle la Défense reflètent la faiblesse de cet argument. Je

 14   veux m'attarder sur trois événements qui, selon la Défense, ont fait

 15   l'objet d'enquête et ont été, en tout cas en partie, signalés.

 16   Vous avez entendu parler de la campagne de nettoyage à Kotor Varos

 17   avec le premier témoin. Elvedin Pasic a expliqué comment son village avait

 18   été pilonné le deuxième jour de Bajram en 1992. Les Serbes ont annoncé à

 19   l'aide d'un mégaphone : "Balijas, nous allons arriver."

 20   Sa famille a fui comme les Serbes entraient dans le village et

 21   incendiaient les maisons. Ils ont fui de village en village, ont ensuite

 22   cherché à retourner à leur village, à Hrvacani, pour constater que leur

 23   village avait été totalement incendié, y compris leur maison. Ils sont

 24   arrivés à Vecici, qui était assiégé.

 25   Vous voyez que Vecici avait acquis une importance stratégique et il

 26   avait retenu l'attention de Mladic. Cela reflète une systématicité dans la

 27   campagne de nettoyage : le commandement incontesté de Mladic; la mise en

 28   œuvre par la VRS du nettoyage ethnique par le biais des crimes, tout cela a


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  1   formé un tout, en ce compris les meurtres en masse; et Mladic savait que la

  2   campagne était mise en œuvre à l'aide de ces crimes; et il y avait la

  3   tentative de la VRS de dissimuler les crimes, tout en s'abstenant de punir

  4   les auteurs. Mladic a rendu un ultimatum pour que personne ne quitte, ni

  5   femme, ni enfant, ni homme ne quittent le village jusqu'à ce que les armes

  6   soient rendues. P2884, page 3. C'est l'ordre dont Zupljanin parlait, j'en

  7   ai parlé hier. Les hommes de Vecici, notamment des combattants musulmans de

  8   Bosnie, mais également des adolescents et quelques femmes, ont formé une

  9   colonne et se sont rendus dans les bois pendant la nuit en colonne pour

 10   rejoindre un territoire tenu par les Musulmans. Ils ont été capturés par la

 11   VRS, envoyés à l'école de Grabovica, dans une caserne, et les hommes et les

 12   femmes ont été expulsés, plus de 150 hommes ont été massacrés. La Défense

 13   cherche à faire endosser la responsabilité à des Serbes civils non

 14   identifiés, mais Krsic a reconnu que les forces de la VRS les ont emmenés à

 15   l'école de Grabovica où les prisonniers ont été mis sous la garde de la

 16   VRS. Les prisonniers ont été séparés, les hommes, les femmes et les

 17   enfants, sous les ordres de Novakovic. Et Pasic a vu un soldat qui faisait

 18   la séparation, a dit aux femmes et aux enfants qu'il ne leur arriverait

 19   rien, mais comme l'a dit Pasic, "nos hommes vont payer". Compte rendu

 20   d'audience page 577. Et les preuves montrent que les femmes et les enfants

 21   ont été éloignés et les hommes ont été massacrés.

 22   J'ai commencé par dire que la Défense prétendait que les crimes

 23   étaient signalés au compte-goutte de manière sélective. Vous voyez ici le

 24   1er Corps de la Krajina adressé à l'état-major principal le 4 novembre

 25   1992. Et vous voyez que l'état-major principal savait qu'il y avait un

 26   "massacre brutal" des prisonniers capturés. Vous voyez ici que le 1er Corps

 27   de la Krajina a signalé le lendemain que 150 soi-disant extrémistes avaient

 28   été tués lors de combats. Comme Brown l'avait dit, le 1er Corps de la


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  1   Krajina était en train de transformer sa version des événements, donner

  2   d'autres versions des événements.

  3   Et je demande que l'on passe à huis clos partiel.

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Huis clos partiel.

  5   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

  6   [Audience à huis clos partiel]

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  2   [Audience publique]

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci.

  4   M. TRALDI : [interprétation] La Défense évoque également le massacre de 80

  5   prisonniers à l'école de Velagici, à Kljuc. Vous avez reçu le dossier du

  6   tribunal militaire, P3528, et ce dossier montre que les auteurs étaient

  7   soldats de la VRS, contrairement à ce que dit la Défense au paragraphe 64

  8   du mémoire de la Défense, selon lequel il s'agissait de soldats de la JNA

  9   qui n'étaient pas sous le contrôle de Mladic. Vous avez entendu des témoins

 10   et des hauts commandants qui n'étaient pas à Kljuc et qui étaient au

 11   courant du massacre. Le chef d'état-major du 1er Corps de la Krajina,

 12   Kelecevic, était au courant, compte rendu d'audience page 3 242 [comme

 13   interprété]. Radulj savait qu'il était encore à Prijedor dans l'été 1992,

 14   compte rendu d'audience 35 538-35 539. Et vous pouvez voir dans le dossier

 15   militaire que Talic était au courant, car les auteurs lui ont écrit et ont

 16   demandé à être renvoyés dans leurs unités. Comme nous disons dans notre

 17   résumé de Kljuc, après avoir écrit à Talic, ils ont été libérés sans

 18   procès. Et la Défense cite également Velagici comme exemple d'un cas où des

 19   crimes contre les non-Serbes ont fait l'objet d'enquête, et les auteurs ont

 20   été effectivement arrêtés pour les crimes. Les deux ont été libérés après

 21   avoir écrit à Talic, et ensuite, une nouvelle fois libéré après avoir été

 22   réarrêté en 1993. Cela montre que les hauts niveaux du commandement de la

 23   VRS n'avaient aucune volonté de les punir pour avoir massacré près de 80

 24   prisonniers musulmans non armés.

 25   Nous indiquons dans notre mémoire que personne n'a été traduit par la

 26   justice militaire pour les crimes de Batkovic, même si l'administration du

 27   camp et le tribunal militaire étaient au courant des meurtres des détenus,

 28   en ce compris ceux qui étaient tués lors de travail forcé à l'usine de


Page 44432

  1   Zitopromet. Dans ce cas, l'administration du camp a dit au CICR que les

  2   prisonniers avaient été échangés et pas tués.

  3   La Défense cite ces preuves et dit que les crimes de Batkovic n'étaient que

  4   partiellement signalés à Mladic. Mais le témoin qui vous en a parlé, RM088,

  5   a dit que la VRS dissimulait les crimes du CICR en envoyant des faux

  6   rapports au sujet de ce qui se passait aux détenus -- il n'était pas au

  7   courant de faux rapports que le camp envoyait aux commandants supérieurs.

  8   Pour revenir un moment à ce que dit la Défense, la Défense, aux paragraphes

  9   832 et 834 de son mémoire, se fonde sur l'affirmation du Témoin Solaja

 10   selon laquelle il n'y avait pas de policiers pour expulser les non-Serbes

 11   de Banja Luka. Et même si - comme l'a dit M. Tieger hier - il a reconnu que

 12   Radic, dont il dit qu'il n'a pas de politique d'expulsion des non-Serbes,

 13   était sous la pression constante de ceux qui étaient "au fait de la

 14   hiérarchie politique" parce que les non-Serbes n'avaient pas été expulsés

 15   et les mosquées n'avaient pas été détruites. Ces preuves démontrent

 16   l'entreprise criminelle commune, le pouvoir était exercé par ceux qui

 17   étaient au sommet, qui partageaient le but commun, qui critiquaient Radic

 18   pour ne pas avoir expulsé les non-Serbes. Ils le furent plus tard. Ils

 19   déclarent que les mosquées étaient encore debout; et comme vous le savez,

 20   toutes les mosquées ont été détruites. Et les preuves relatives à Manjaca

 21   sont similaires. La Défense essaie d'utiliser le fait qu'un soldat de la

 22   VRS criait pour rien et disait que la détention en masse de civils non-

 23   serbes à Manjaca n'était pas dans l'intérêt des Serbes. Les prisonniers

 24   étaient "amenés en grande quantité, sans aucune sélection. De telles

 25   personnes ne peuvent pas être traitées comme des prisonniers de guerre, ni

 26   être internés dans des camps de prisonniers de guerre. Ce camp peut être

 27   considéré comme un camp de détention, un camp pour la séparation des

 28   Musulmans et des Croates, ce que l'histoire n'oubliera pas." P221.


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  1   La Défense estime que cela montre que la VRS cherchait à éviter d'arrêter

  2   des non-combattants à Manjaca, mais ce que cela montre en fait, c'est qu'un

  3   homme se préoccupait de cela, et que le commandement du corps, les gardes

  4   du camp envoyaient des rapports au  commandement du corps. Ils savaient

  5   qu'on arrêtait des gens qu'on n'aurait pas dû arrêter. Nous citons les

  6   preuves aux paragraphes 28 et 29 de notre mémoire. Et la VRS utilisait des

  7   ressources pour détenir des civils pendant une guerre parce que le camp

  8   faisait partie du processus de les rassembler et de les expulser dans le

  9   cadre de l'objectif commun.

 10   Je vois l'heure qu'il est, Messieurs les Juges.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Effectivement, c'est l'heure, Monsieur

 12   Traldi, Nous allons faire une pause. Nous reprendrons à 11 heures moins 10.

 13   --- L'audience est suspendue à 10 heures 33.

 14   --- L'audience est reprise à 10 heures 52.

 15   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Traldi, vous pouvez procéder.

 16   M. TRALDI : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 17   Avant d'aborder mon sujet suivant, j'aimerais apporter deux petites

 18   corrections au compte rendu d'audience. D'abord, au compte rendu

 19   d'aujourd'hui page 7, ligne 8, comme vous l'avez souligné, j'ai parlé du

 20   paragraphe 2 902 du mémoire en clôture de la Défense, alors qu'il

 21   s'agissait du paragraphe 1 277 et de la note en bas de page 2 902.

 22   Hier page 44 0378 [comme interprété] du compte rendu d'audience, nous avons

 23   parlé de P976 alors qu'il devait s'agir pour la directive numéro 4 de P2217

 24   ou P196 [comme interprété] pour les deux exemplaires déposés en tant

 25   qu'élément de preuve.

 26   Au sein de la VRS, Mladic a conduit la mise en oeuvre de la campagne de

 27   nettoyage en intégrant les unités de la Défense territoriale serbe et les

 28   groupes paramilitaires serbes dans la chaîne de commandement, en


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  1   resubordonnant les unités du MUP de la Republika Srpska pendant les

  2   opérations de nettoyage, qui travaillaient avec les unités du MUP serbe et

  3   les cellules de Crise dans le but de mettre en œuvre l'objectif commun.

  4   Par exemple, la Brigade de Kozara [comme interprété], dont j'ai parlé à la

  5   dernière séance, a vu les non-Serbes expulsés par le biais d'un certain

  6   nombre de crimes, y compris d'opérations de nettoyage menées par la VRS

  7   avec l'appui du MUP de la Republika Srpska. Des crimes de masse ont eu lieu

  8   à Grabovica, Hanifici et ailleurs; des regroupements de non-Serbes par les

  9   soldats ont également eu lieu avec exactions commises contre ces détenus;

 10   les non-Serbes étaient écartés de leur emploi, en général par les autorités

 11   civiles; et des convois recevaient l'ordre de sortir des municipalités au

 12   niveau de la république. La Défense affirme au paragraphe 1 164 qu'il n'y a

 13   aucun élément de preuve attestant de l'existence d'un plan commun en vue de

 14   déplacer les non-Serbes hors de Kotor Varos. En fait, tous ces événements

 15   ont eu lieu et ne peuvent être expliqués que par l'existence d'un objectif

 16   commun et d'un plan commun, à savoir deux éléments retenus dans les charges

 17   contre l'accusé.

 18   J'aimerais maintenant parler de Mladic et des interactions de la VRS avec

 19   d'autres organes. Comme nous l'avons établi dans notre mémoire, les

 20   Défenses territoriales étaient rapidement incorporées en général au sein de

 21   la VRS, ce qui correspond à la décision de créer la VRS, P2799, et

 22   l'assemblée a aboli la Défense territoriale de cette façon en identifiant

 23   des unités de la Défense territoriale formée par la SDS, et faisant partie

 24   de la structure de commandement de la VRS comme l'une des premières

 25   priorités, le 11 mai 1992. Mladic a ordonné à ses subordonnés d'assurer le

 26   commandement et la direction de la Défense territoriale et des unités de

 27   volontaires le même jour. Ceci figure en pièce P3032.

 28   Plusieurs témoins, y compris Milorad Sajic, Zoran Djeric, Milenko Jankovic


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  1   et Rade Javoric, ont admis que leurs Défenses territoriales étaient placées

  2   sous le commandement de la VRS immédiatement ou presque immédiatement après

  3   la création de la VRS. Et comme Hanson l'a expliqué en page 4 162 du compte

  4   rendu d'audience, l'examen qu'il a fait des documents de la cellule de

  5   Crise a permis de montrer que dès sa nomination, Mladic a assumé le

  6   commandement et imposait sa volonté. Nous avons vu un certain nombre

  7   d'exemples de cela hier.

  8   Le 12 mai, lorsque la décision de l'assemblée a été émise, il y a eu

  9   deux types d'unités de la Défense territoriale mises en place. C'est ainsi

 10   que des unités ont été établies au niveau de la République de Bosnie-

 11   Herzégovine, et l'unité de Milovan Sajic ainsi que les unités de la Défense

 12   territoriale créées par le SDS, telles que l'unité de Rajko Kusic ou de

 13   Slobodan Kuruzovic, ont vu le jour, y compris à Prijedor. Nous avons établi

 14   dans notre mémoire quel a été le nombre des unités de la Défense

 15   territoriale qui sont devenues partie intégrante de la Défense territoriale

 16   officielle de la Republika Srpska lorsque celle-ci a été décrétée le 16 mai

 17   [comme interprété] 1992. Et comme nous l'avons établi dans les récits que

 18   nous faisons des situations dans les municipalités, ces trois unités que je

 19   viens d'évoquer étaient des unités de la VRS aux environs du 20 mai.

 20   La Défense fournit des exemples précis d'unités de la Défense

 21   territoriale dont elle affirme qu'elles n'ont pas été resubordonnées. Je

 22   vais passer cela en revue.

 23   Passons à huis clos partiel, je vous prie pour le début, Monsieur le

 24   Président.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Huis clos partiel, je vous prie.

 26   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur

 27   le Président.

 28   [Audience à huis clos partiel]


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 16   [Audience publique]

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Greffier.

 18   M. TRALDI : [interprétation] Ensuite, la Défense territorial de Sanski Most

 19   a été resubordonnée à la VRS pendant les opérations de nettoyage de Sanski

 20   Most à la fin du mois de mai 1992. La 6e Brigade de Basara était dès lors

 21   placée avec toutes ses forces à Sanski Most, sous le commandement unifié en

 22   1992, et nous apportons des preuves de cela dans ce que nous disons de

 23   cette municipalité. C'est ainsi que tout ceci est venu du commandant de

 24   corps Talic, qui était alors commandant du 5e Corps de la JNA, et qui

 25   prenait déjà des mesures en vue de garantir que toutes les Défenses

 26   territoriales et leurs états-majors de la RAK soient loyales vis-à-vis de

 27   la JNA à la mi-avril. Et ainsi, quelques jours après il émettait cet ordre,

 28   vous avez vu que l'état-major de la Défense territoriale de Sanski Most a


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  1   été remplacé et qu'un nouvel état-major a été créé dès que la municipalité

  2   a été prise, et le commandant du nouvel état-major était Anicic, le colonel

  3   Anicic, qui avait par le passé commandé la Défense territoriale serbe de

  4   Sanski Most, constituée quelques mois auparavant. Vous avez entendu le

  5   Témoin Kelecevic du 5e Corps, à ce moment-là, 1er Corps de Krajina, chef

  6   d'état-major qui a témoigné en disant que le 5 mai, les unités de la

  7   Défense territoriale de la RAK étaient placées sous le commandement du 5e

  8   Corps d'armée.

  9   Ensuite, nous avons le document P3294 dans lequel Rasula, le président de

 10   la cellule de Crise de Sanski Most, dans son journal personnel, indique que

 11   le 21 mai, Basara a dit lors d'une réunion de l'état-major de crise que

 12   l'ordre de Talic selon lequel la Défense territoriale "avait reçu le statut

 13   d'armée placée sous le commandement unifié et quelques membres de la

 14   Défense territoriale étaient devenus des officiers de la VRS". La VRS a

 15   ensuite mené des opérations de nettoyage à Sanski Most. Vous avez vu que

 16   les unités de la Défense territoriale ont participé en vertu d'ordres venus

 17   des officiers de la 6e Brigade, et dans la pièce P2411, vous voyez que le

 18   commandant de la Défense territoriale Anicic émet un ordre destiné à ces

 19   unités resubordonnées vis-à-vis de la 6e Brigade, pour que l'attaque du 26

 20   mai de Sanski Most, y compris l'attaque de Mahala, ait lieu.

 21   Le témoin de la Défense Vinko Nikolic, l'un des dirigeants de SOS de Sanski

 22   Most - qui comme vous l'avez vu faisait partie de la Défense territoriale

 23   de Sanski Most à la fin avril - a expliqué que lorsque son unité a

 24   participé à ces opérations à la fin du mois de mai à Mahala, Vrhpolje et

 25   Hrustovo dont j'ai parlé déjà, cela s'est passé sous le commandement de la

 26   6e Brigade et que les deux parties font ensuite référence à cela dans les

 27   mémoires en clôture. Ils parlent du 8 juin 1992, date à laquelle la Défense

 28   territoriale de Sanski Most a été abolie. La 6e Brigade établit un poste de


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  1   commandement avancé à Sanski Most et a nommé Anicic à son commandement.

  2   Et de même, vous voyez qu'à Prijedor, le 17 mai, Mladic pouvait donner des

  3   ordres qui descendaient le long de la hiérarchie militaire et atteignaient

  4   la chaîne de commandement de la JNA, c'est-à-dire Slobodan Kuruzovic et son

  5   unité de la Défense territoriale organisée par le SDS. Je dis "organiser

  6   par le SDS" parce que ce n'était pas une unité officielle de la TO de la

  7   Bosnie-Herzégovine, mais comme nous l'avons écrit dans notre mémoire, la

  8   JNA a joué en son sein un rôle significatif et Kuruzovic en était l'un des

  9   dirigeants.

 10   M. LE JUGE FLUEGGE : [interprétation] Vous pouvez procéder.

 11   M. TRALDI : [interprétation] J'attendais que la transcription écrite me

 12   rattrape, Monsieur le Président. Je vois que c'est le cas.

 13   Vous voyez également les ordres dont je viens de parler, ainsi que

 14   l'ordre de Mladic, qui constitue la pièce P3032; l'ordre mis en œuvre par

 15   Talic, le P7460; et puis l'ordre d'Arsic adressé à Kuruzovic, P7122. La

 16   Défense a également évoqué les cellules de Crise. Dans notre mémoire, nous

 17   parlons de la coopération entre la VRS et les autorités civiles s'agissant

 18   à la fois de façon générale et de façon plus spécifique de diverses

 19   municipalités.

 20   J'aimerais me concentrer sur un exemple précis fourni par la Défense. La

 21   Défense s'appuie sur le témoignage de Basara pour indiquer qu'il n'était

 22   pas membre de la cellule de Crise même s'il a assisté à pas mal de réunions

 23   et que dans le journal personnel de Rasula il apparaît sur deux listes de

 24   participants établies par la cellule de Crise qui ont été déposées au

 25   dossier, et ce, en dépit du fait que trois autres soldats de la 6e Brigade,

 26   Nikolic, Boro Tadic, et Nenad Davidovic, étaient également membres de la

 27   cellule de Crise. Les cellules de Crise fonctionnaient - comme nous l'avons

 28   montré dans ce passage de notre mémoire en clôture - en tant qu'organes de


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  1   coordination qui apportaient leur concours aux organes serbes plus

  2   importants pour travailler à leur côté au sein d'une municipalité. Vous

  3   avez entendu un responsable du comité de la RAK, président du comité et

  4   membre de la cellule de Crise, et vous avez également entendu parler des

  5   autres dirigeants des principales institutions de la RAK, de l'armée, du

  6   judiciaire, du bureau du procureur, de la police, qui prenaient la

  7   direction des activités dans leur zone de responsabilité dans ce cadre.

  8   Je vais maintenant parler en quelques mots de la police. Le MUP de la

  9   Republika Srpska a joué un rôle critique avec la VRS dans la mise en œuvre

 10   de la campagne de nettoyage. Le personnel du MUP de la Republika Srpska a

 11   déplacé des populations au sein d'un certain nombre de camps dans le cadre

 12   du système et a participé avec les forces de la VRS à des opérations

 13   brutales de nettoyage ethnique dans un certain nombre des municipalités

 14   mentionnées à l'acte d'accusation. Le ministre Stanisic dit que

 15   l'organisation de la VRS et du MUP ne faisait qu'un, il s'agissait donc

 16   d'une force indivisible. Nous le voyons dans la pièce P2724 [comme

 17   interprété], page 2. Et nous trouvons mention de cela à Prijedor, où le

 18   chef du service de Sécurité, Simo Drljaca, a mis en place la "coopération

 19   entre le MUP et la VRS," pièce P7211.

 20   La Défense, pour sa part, s'efforce de reporter la responsabilité sur les

 21   unités du MUP de la Republika Srpska pour un certain nombre de crimes en

 22   contestant leur resubordination. Il s'agit de crimes qui ont été commis

 23   dans le cadre d'un tout. Je ne vais pas rentrer dans le détail des auteurs

 24   en donnant l'identité de chacun d'entre eux. Mais dès lors qu'il y avait

 25   resubordination - nous allons parler de cela, par exemple, au paragraphe

 26   247 de notre mémoire en clôture - eh bien, un certain nombre de témoins de

 27   la Défense, membres du MUP, comme Mile Matijevic, Mane Djuric et Milenko

 28   Karisik, ont établi clairement que la pratique générale consistait pour


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  1   leurs unités à être resubordonnées vis-à-vis du commandement de la VRS

  2   pendant les opérations conjointes. Ils ont confirmé un certain nombre

  3   d'incidents spécifiques liés à cette resubordination. Ils ont également

  4   confirmé qu'après une action, ils rendaient compte en remontant la chaîne

  5   de commandement. Donc, il ne s'agit pas d'incidents isolés ou de la

  6   responsabilité d'un crime ici ou là, des crimes commis pendant les

  7   opérations. Mladic était responsable, dans tous les cas, de tous les crimes

  8   que l'un des membres de l'entreprise criminelle commune à laquelle il

  9   participait a commis en se servant de la resubordination à cette fin, mais

 10   le dossier montre grâce à des éléments de preuve que la resubordination

 11   était la pratique générale clairement établie.

 12   Parlons maintenant des militaires. Au début, lors des premières réunions de

 13   l'état-major principal, Mladic, Milovanovic et d'autres officiers de

 14   l'état-major principal sont convenus que tous les paramilitaires qui le

 15   souhaitaient pouvaient être réincorporés dans la chaîne de commandement de

 16   la VRS. La VRS, comme Milovanovic l'a dit dans sa déposition, "les

 17   commandants, les grands chefs de ces forces paramilitaires, parlaient avec

 18   eux et leur demandaient d'être placés sous commandement de la VRS." Comme

 19   il l'a dit dans sa déposition, "ces initiatives ont été bienvenues dès le

 20   mois de septembre," page 16 899 du compte rendu d'audience.

 21   Un certain nombre de paramilitaires ont alors été incorporés dans la chaîne

 22   de commandement de la VRS. Vous avez entendu qu'à partir du moment où ils

 23   étaient incorporés, les plus hauts officiers de la VRS, leurs supérieurs

 24   dans la hiérarchie, étaient responsables de leur comportement. Ceci est

 25   indiqué, par exemple, à la page 5 017 du compte rendu d'audience. Prenons

 26   un exemple, la Défense laisse entendre au paragraphe 3 366 de son mémoire

 27   en clôture que les paramilitaires, tels que le "voïvode Alexis", n'ont pas

 28   été incorporés. Il est clair que les mots voïvode Alexis font référence à


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  1   Slavko Aleksic, qui a joué un rôle très pertinent, comme l'indique le

  2   compte rendu d'audience en page 18 421 [comme interprété]. C'était l'un des

  3   hommes de Seselj --

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Puis-je vous demander de vérifier votre

  5   référence pour ce qui est du paragraphe 3 366 dans le mémoire en clôture de

  6   la Défense. Il s'agit seulement de deux lignes, 33 -- oh, peut-être que

  7   non. Permettez-moi de vérifier. Peut-être que c'est moi qui ai commis cette

  8   erreur.

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Traldi, à la page 24, ligne

 10   15, vous avez mentionné qu'il était l'un des hommes de Seselj, puis vous

 11   avez dit une phrase qui n'a pas été consignée au compte rendu. Pourriez-

 12   vous la répéter, s'il vous plaît.

 13   M. TRALDI : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge. Je vais reprendre à

 14   cet endroit-là.

 15   Seselj, pièce P4013, explique que tous ses hommes étaient placés sous le

 16   commandement de la VRS. Le Témoin de la Défense Radomir Maksimovic,

 17   officier du Corps Sarajevo-Romanija, a confirmé, pages du compte rendu 26

 18   815 à 26 816, qu'Aleksic faisait partie du Corps Sarajevo-Romanija et

 19   agissait conformément aux instructions du commandement du corps. Et le

 20   Témoin de la Défense Zdravko Salipur a dit dans son témoignage pour ce qui

 21   est d'Aleksic, je cite :

 22   "Je sais avec certitude que l'unité qu'il commandait faisait partie de la

 23   VRS en tant qu'une compagnie. C'est certain qu'ils faisaient partie de la

 24   VRS en tant qu'une formation militaire."

 25   C'est la page du compte rendu 37 452 à 53.

 26   Ils ont affirmé de la même façon au paragraphe 1 432 que Mladic n'avait pas

 27   le contrôle sur les paramilitaires à Rogatica. Mais le chef de l'état-major

 28   de la Brigade de Rogatica, Ujic, a admis qu'au sein de sa brigade il y


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  1   avait des paramilitaires, page du compte rendu 26 980.

  2   La Défense attribue à Mladic des mesures prises par la VRS contre certains

  3   groupes paramilitaires, paragraphes 745 à 753 de notre mémoire en clôture.

  4   Dans la pièce P2931, Karadzic indique clairement que les membres de

  5   l'entreprise criminelle commune n'avaient jamais eu l'intention d'engager

  6   des poursuites au pénal contre les paramilitaire qui étaient subordonnés au

  7   commandement de la VRS pour les crimes qu'ils avaient commis contre les

  8   non-Serbes.

  9   Ici, il s'agit d'un officier de la VRS qui glorifie le rôle des

 10   paramilitaires pour ce qui est du déplacement des non-Serbes. Il s'agit de

 11   Miladin Prstojevic, colonel du Corps de la Drina, qui a dit, je cite :

 12   "Avec l'arrivée des organisations paramilitaires dans la municipalité

 13   de Zvornik, en particulier depuis l'arrivée d'Arkan et de ses hommes, ce

 14   territoire était libéré des Turcs. Sur le territoire de cette municipalité,

 15   il y avait 60 % des Turcs, et aujourd'hui il n'y en a plus. C'est un

 16   territoire nettoyé, il n'y a que des Serbes ethniques qui y vivent."

 17   Comme nous avons déjà dit, les mesures contre les paramilitaires

 18   n'avaient rien à voir avec le désaccord pour ce qui est de l'objectif

 19   commun; ils ne devaient qu'assurer le fonctionnement de la chaîne de

 20   commandement. Et comme Karadzic a dit dans la pièce P2931, cela ne

 21   concernait pas les paramilitaires qui avaient été subordonnés à la chaîne

 22   de commandement.

 23   La contribution d'Arkan ainsi que la contribution d'autres organes

 24   basés à Belgrade à la mise en œuvre de l'entreprise criminelle commune,

 25   tels que la JNA, la VJ et la Sûreté de l'Etat de Serbie, étaient organisées

 26   par Slobodan Milosevic, membre de l'entreprise criminelle commune. Lorsque

 27   Mladic a été nommé commandant de la VRS à la date du 12 mai, Milosevic

 28   avait déjà pris le contrôle de la JNA, du MUP de la Serbie et de la


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  1   présidence de la RSFY; il a contribué de façon significative à l'armement

  2   et à la formation des forces serbes qui procédaient au nettoyage ethnique

  3   en Croatie; il a lancé la transformation de l'armée qui, et j'ai déjà dit

  4   cela hier, a mené à la création de la VRS; et a participé à la réunion à

  5   laquelle Mladic, qui était précédemment officier de la JNA sous son

  6   contrôle, a été nommé chef de la VRS; et partageait les objectifs des

  7   dirigeants des Serbes de Bosnie, notamment l'objectif consistant à créer un

  8   Etat serbe ethniquement homogène, ce qui incluait la grande partie de la

  9   Bosnie-Herzégovine et exigeait le déplacement forcé des non-Serbes des

 10   régions ciblées.

 11   Donc, il a contribué à la réalisation de ces objectifs par sa

 12   participation à la réunion avec Tudjman en 1991 concernant la division de

 13   la BiH entre les Serbes et les Croates et par ses déclarations à Milan

 14   Babic selon lesquelles il ne devait pas "empêcher" Karadzic d'expulser les

 15   Musulmans de Bosnie vers les vallées de rivière pour relier entre eux les

 16   territoires serbes. Et ces mêmes objectifs partagés sont indiqués en

 17   décembre 1993, lorsque Milosevic a rencontré Mladic, Karadzic, Krajisnik,

 18   Mico Stanisic, Jovica Stanisic et d'autres dirigeants de la RS et de la

 19   Serbie. Cette réunion s'était tenue à Belgrade. Dans les notes de Mladic,

 20   on peut voir que ce groupe a discuté des objectifs stratégiques et d'une

 21   opération militaire future. Et Milosevic, ce qui a été montré, qu'il avait

 22   le contrôle et qu'il apportait de l'aide à la VJ, a été d'accord en

 23   ajoutant, je cite : "Le général Perisic fera tout pour que l'aptitude au

 24   combat ne soit pas comprise." Il s'agissait de son autorité concernant le

 25   soutien militaire fourni par la VJ.

 26   Et les moyens de preuve sont énumérés aux paragraphes 516 à 520 de

 27   notre mémoire en clôture. Cela montre que beaucoup de temps après que

 28   Milosevic ait commencé à essayer de s'attirer les faveurs de la communauté


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  1   internationale en leur disant qu'il condamnait les crimes commis par la

  2   VRS, il a continué à fournir le soutien militaire par rapport auquel

  3   Harland a expliqué qu'il permettait aux Serbes de Bosnie de continuer leur

  4   campagne de nettoyage ethnique. C'est la pièce P1.

  5   Et bien que plus tard pendant la période couverte par l'acte

  6   d'accusation Milosevic ait été parfois en désaccord avec les dirigeants des

  7   Serbes de Bosnie par rapport à la taille du territoire qui devait saisir et

  8   continuer à les assister, ces désaccords ou divergences ne nient pas son

  9   engagement à réaliser l'objectif commun.

 10   Aux paragraphes 818 à 822, la Défense affirme que nous n'avons pas

 11   fourni suffisamment de moyens de preuve pour ce qui est des membres de

 12   l'entreprise criminelle commune. M. Tieger a parlé du président Karadzic

 13   plus en détail et j'ai parlé de Milosevic. Mais pour ce qui est d'autres

 14   membres de l'entreprise criminelle commune, nous en parlons aux paragraphes

 15   499 à 528 de notre mémoire en clôture.

 16   Maintenant, je vais passer à certaines questions concernant les chefs

 17   d'accusation concrets. Ce sont les chefs 7 et 8 de l'acte d'accusation,

 18   concernant la déportation et le transfert forcé. Pour ce qui est de toutes

 19   les municipalités, la Défense a essayé d'expliquer le départ de tous les

 20   non-Serbes comme étant de leur plein gré. Lorsqu'on se penche sur les

 21   moyens de preuve cités par la Défense, nous pouvons voir que les gens qui

 22   fuyaient n'avaient pas le choix. Ces gens étaient victimes de transfert

 23   forcé.

 24   Par exemple, au paragraphe 2 386 [comme interprété] de leur mémoire

 25   en clôture, la Défense cite la pièce P6568, paragraphe 10, pour montrer que

 26   les Musulmans de Bosnie auraient voulu quitter Pale de leur plein gré "sans

 27   entrave et de façon organisée." Nous voyons ici une proposition par les

 28   citoyens musulmans des municipalités de Pale et de Koran transmise à la


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  1   cellule de Crise de Pale. Dans la ligne suivante de cette proposition, et

  2   cette ligne est cruciale, on peut voir pourquoi les Musulmans voulaient

  3   partir, je cite :

  4   "Pour des raisons d'abus, d'arrestations illicites exclusivement aux

  5   Musulmans, cambriolages des appartements avec effraction, désarmement des

  6   policiers musulmans, saisie des armes personnelles ayant un permis de

  7   port."

  8   Vous avez entendu des témoignages selon lesquels tous les policiers

  9   musulmans ont été licenciés à Pale quelques jours avant cela.

 10   Et les Musulmans de Pale voulaient partir puisqu'ils étaient

 11   persécutés. C'est un exemple de situation où les gens n'avaient pas

 12   réellement le choix. Comme nous avons déjà dit dans notre récit concernant

 13   Pale, les persécutions ont escaladé, et deux membres de la présidence des

 14   Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Nikola Koljevic, à ce moment, ont

 15   réaffirmé - publiquement dans le cas de Karadzic, et dans le cas de

 16   Krajisnik [comme interprété] c'était devant un groupe de Musulmans qu'il

 17   l'a dit - que les Musulmans étaient indésirables à Pale. Puis, le reste des

 18   Musulmans sont partis par la suite à bord de convois, et c'était en début

 19   juillet 1992.

 20   La Défense affirme que les gens de Kotor Varos partaient de leur

 21   plein gré, comme c'était confirmé par le témoignage d'un témoin, je cite :

 22   "Nous n'avions pas de possibilité de survivre à Kotor Varos." C'est P3303.

 23   Et de même, à Sokolac, la Défense a cité la pièce P6639, un rapport de la

 24   2e Brigade de Romanija, rapport du commandant Krstic du 4 août 1992, où il

 25   a dit que les Musulmans du village de Parzevici ont été déportés "à la

 26   demande explicite des Musulmans." Mais ils ont omis ce qui figure dans le

 27   document concernant ce qui s'était passé à Sokolac, fin juillet et début

 28   août 1992, et que cela a continué à Novoseoci, dont j'ai parlé hier, après


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  1   la demande des villageois de Parzevici au début du mois de juillet. La

  2   brigade de Krstic attaquait des villages de Musulmans en les détruisant, en

  3   détruisant leurs lieux de culte. C'est aux paragraphes 11 et 12 de notre

  4   résumé concernant Sokolac. Et, bien sûr, à ce moment-là, des mois après que

  5   les Musulmans avaient été licenciés à Sokolac, y compris les policiers

  6   musulmans, la 2e Brigade de Romanija détruisait des villages musulmans, et

  7   certains villageois pensaient qu'il était mieux pour eux de quitter ces

  8   villages. Et Tucker a expliqué qu'une campagne de nettoyage ethnique

  9   similaire en Bosnie orientale au début de 1993 a poussé les villageois

 10   musulmans de fuir leurs domiciles. Des observateurs militaires des Nations

 11   Unies ont vu des villages qui étaient pilonnés et attaqués par

 12   l'infanterie. Donc, les villageois savaient que le nettoyage ethnique se

 13   passerait et "ils partaient avec ce qu'ils pouvaient porter entre les

 14   mains, ils fuyaient les forces des Serbes de Bosnie."

 15   Et la VRS voulait que ce départ soit permanent. L'état-major principal a

 16   noté, le 30 mai 1993, après la mise en œuvre de la directive 4, que "les

 17   forces musulmanes de la Podrinje étaient démantelées. La majorité de leur

 18   population fuyait." Et ils ont remarqué que les problèmes majeurs des

 19   opérations futures de la VRS étaient les problèmes liés à "la prévention de

 20   la population musulmane de rentrer dans des villages précédemment

 21   abandonnés."

 22   Au paragraphe 813, la Défense a cité le témoignage de Boro Tadic, qui a nié

 23   que la VRS appliquait la politique visant à déplacer de façon permanente

 24   les Musulmans et les Croates en faisant abstraction du fait que la cellule

 25   de Crise de Sanski Most, dont il était membre, demandait que des gens de

 26   Sanski Most quittent Sanski Most. C'est P3256. Et c'était prévu comme un

 27   objectif militaire. Et il y a également le témoignage de Tolimir pour ce

 28   qui est de l'importance de prévenir que les non-Serbes rentrent chez eux.


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  1   C'est P6723. Et il y a beaucoup de moyens de preuve concernant la politique

  2   mise en œuvre par les membres de l'entreprise criminelle commune dont on a

  3   parlé dans notre mémoire en clôture, et M. Tieger a fait référence à cela

  4   hier.

  5   Et la Défense affirme qu'il s'agissait des opérations de combats légitimes,

  6   mais les moyens de preuve montrent encore une fois que la façon è laquelle

  7   la VRS menait ses opérations était destinée de nettoyer ces régions

  8   ciblées, comme Mladic a demandé dans la directive 4, ou Andric dans son

  9   ordre en mai 1992. Et le fait que des gens fuyaient la guerre faisait

 10   partie de ce résultat des combats de la VRS et des décisions prises au

 11   niveau stratégique, parce qu'ils considéraient toute la population comme

 12   étant des ennemis. Donc, selon ces décisions stratégiques, il fallait

 13   séparer la population en utilisant la force militaire et en commettant des

 14   crimes.

 15   L'une des façons les plus évidentes de le faire était la destruction des

 16   lieux de culte. Les témoins serbes, notamment Predrag Radic, Milan Tupajic,

 17   RM015, RM016 et RM513, ont tous dit dans leur témoignage que le message

 18   visant à détruire les mosquées envoyé à des communautés des Musulmans de

 19   Bosnie était de détruire les lieux où les Musulmans venaient pour prier, où

 20   ils ont grandi, se mariaient, pleuraient leurs morts; le message qui disait

 21   qu'eux-mêmes ainsi que leurs communautés n'étaient plus bienvenus. P4333,

 22   pages du compte rendu 7 468 jusqu'à 7 470.

 23   Maintenant, pour ce qui est de la politique mise en œuvre par les membres

 24   de l'entreprise criminelle commune, donc, on peut voir que cela a été fait

 25   au niveau de la république. On peut voir cela également dans la déclaration

 26   de Mladic devant l'assemblée, je cite : "Nous ne pouvons pas permettre que

 27   des mosquées à deux minarets" restent intactes dans la poche de Tesanj.

 28   C'est P2508. Et vous pouvez voir également le même scénario, et c'est ce


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  1   qu'a confirmé Riedlmayer dans son témoignage, en disant qu'il n'y avait pas

  2   de mosquée qui était resté intacte après la guerre dans les municipalités

  3   couvertes par l'acte d'accusation, page du compte rendu 17 933. Comme un

  4   autre témoin a expliqué en disant :

  5   "La destruction des mosquées avait pour but d'effacer toutes les traces de

  6   l'existence des Musulmans dans cette région et d'intimider les Musulmans

  7   restants pour qu'ils quittent la région. Le nettoyage ethnique était la

  8   raison pour détruire des mosquées…"

  9   La Défense cite le témoignage de Gojkovic, qui a essayé d'établir une

 10   distance entre la VRS et la destruction des mosquées. Son témoignage n'est

 11   pas fiable. Entre autres, il a admis qu'il n'a étudié que des photos

 12   recueillies par l'expert de l'Accusation, Riedlmayer. Pour ce qui est des

 13   sites pour lesquels Mladic est tenu responsable, il n'a pas expliqué ses

 14   conclusions -- pour ce qui est des sites qui ont été détruits pendant les

 15   combats et 84 après le départ de la VRS de cette région, c'est la

 16   conclusion que la Défense cite dans son mémoire en clôture, au paragraphe

 17   1156. En fait, Gojkovic a admis à la page du compte rendu 37 609 que

 18   certains de ces sites ne tombaient dans aucune de ces deux catégories. Il a

 19   repris la plupart, mais pas toutes les conclusions de Riedlmayer pour ce

 20   qui est d'une mosquée de Srebrenica de façon à dissimuler la date de la

 21   destruction et, de cette façon, il n'a pas souligné que la VRS avait le

 22   contrôle de la région.

 23   Nous allons maintenant passer aux chefs 4 et 6, extermination et meurtre.

 24   Je vais commencer par l'extermination. La Défense dit que les différents

 25   massacres ne peuvent pas faire l'objet d'éléments agrégés concernant les

 26   différentes attaques et constituer une extermination. Deux choses que je

 27   souhaite dire. Un certain nombre de massacres reprochés répondent aux

 28   conditions d'extermination à grande échelle en tant que telles. Je ne vais


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  1   pas vous fournir une liste complète, mais ceci comprend notamment

  2   Biljepolje [phon], B16.2, le meurtre des prisonniers restants à Vlasenica à

  3   la fin du mois de septembre 1992; annexe A3.3, le meurtre de plus de 200

  4   Musulmans dans l'école de Biljani; annexe A4.4, le massacre de plus de 150

  5   Musulmans détenus à l'école de Grabovica, comme j'en ai parlé ce matin; et

  6   B13.1, le massacre de plus de 150 Musulmans dans le camp de Keraterm, dans

  7   la pièce numéro 3.

  8   Deuxièmement, la jurisprudence du Tribunal est très claire à cet effet,

  9   différents faits constituant des meurtres peuvent être agrégés si ceux-ci

 10   sont fondés sur une analyse au cas par cas des circonstances distinctes

 11   dans lesquelles ceux-ci se sont produits et font partie d'une seule et même

 12   opération. Par exemple, dans le cas qui nous intéresse, les meurtres dans

 13   un seul camp peuvent être agrégés. Omarska et le KP Dom de Foca, par

 14   exemple, peuvent être qualifiés comme des actes d'extermination sous cette

 15   rubrique, puisqu'il s'agit, par exemple, de ce que, comme nous l'avons

 16   indiqué dans notre mémoire en clôture, la liste des victimes, dans le

 17   tableau comprenant les faits répertoriés, signifie que les meurtres en

 18   masse comprennent Omarska et le KP Dom de Foca.

 19   Je vais maintenant, finalement, aborder les questions des municipalités

 20   individuelles; mais avant de faire cela, je souhaite indiquer clairement

 21   qu'on ne reproche pas à Mladic d'avoir participé à une entreprise

 22   criminelle commune conjointe dans chaque municipalité qui a fait l'objet de

 23   nettoyage ethnique. Les crimes contre les populations musulmanes et croates

 24   dans ces municipalités font partie d'une seule et même entreprise

 25   criminelle commune visant à nettoyer ethniquement la région de la

 26   population non-serbe au moyen de crimes massifs. Je vais me concentrer

 27   maintenant sur la Bosnie orientale et la RAK, mais si la Chambre a d'autres

 28   questions à poser au sujet du nettoyage ethnique des communautés non-serbes


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  1   dans le secteur de Sarajevo, je suis prêt à répondre à ces questions-là

  2   également.

  3   Je vais commencer, donc, par la Bosnie oriental et Vlasenica. Grâce à la

  4   campagne de nettoyage ethnique dirigée par Svetozar Andric, la Brigade de

  5   Birac et les forces du MUP de la Republika Srpska sous le commandement de

  6   la SJB Mane Djuric, à l'automne de l'année 1992, la population musulmane de

  7   Vlasenica qui était restée sur place a été contrainte à partir et à se

  8   rendre dans l'enclave de Cerska. Des membres des forces bosno-serbes à

  9   Vlasenica ont reçu pour consigne d'incendier les maisons musulmanes pour

 10   les empêcher de revenir. Les forces du MUP ont tué des Musulmans dans leurs

 11   propres maisons. La politique était tout à fait claire, elle consistait à

 12   nettoyer ethniquement tous les non-Serbes de cette municipalité, comme

 13   l'illustre l'ordre donné par la Brigade de Birac, P466 et la décision de la

 14   SAO, la Région autonome de Birac, P3737, aux fins de déplacer la population

 15   musulmane de Birac. Les témoins de la Défense ont affirmé que les Musulmans

 16   avaient été intimidés, harcelés, licenciés, désarmés et soumis à des

 17   arrestations massives sur la base simplement de leur appartenance ethnique,

 18   et donc ont quitté Vlasenica de leur plein gré; ces affirmations ne sont

 19   tout simplement pas crédibles.

 20   Nous avons indiqué que les éléments de preuve concernant le Corps de Susica

 21   faisaient partie de cette campagne dans le tableau des faits répertoriés et

 22   indiquent comment les détenus ont été retenus dans des conditions

 23   terribles, frappés, violés, certains d'entre eux ont été tués. La Défense

 24   fait valoir d'abord que Susica était un centre de transit humain, et

 25   deuxièmement, que la VRS n'a pas commis ces crimes ou n'avait pas

 26   connaissance des crimes qui ont été commis à cet endroit.

 27   Comme vous avez pu constater au fil de ces deux jours, les mêmes témoins de

 28   la Défense citent et prouvent notre thèse. Au paragraphe 1 666, ils


Page 44452

  1   affirment, par exemple, que :

  2   "Les civils et les personnes avaient trouvé leur hébergement, et ont

  3   traversé Susica, notamment des réfugiés."

  4   Ce que les éléments de preuve disent en réalité c'est que :

  5   "Il y avait des civils à Susica qui venaient des villages voisins, mais qui

  6   ne sont pas venus de leur plein gré. Il y a eu quelques cas de personnes

  7   qui sont venues de leur plein gré, mais un très grand nombre de civils, des

  8   hommes et des femmes, ont été fait prisonniers dans les villages voisins et

  9   dans la ville elle-même, et on les a fait venir à Susica."

 10   Donc de dire que Susica était un endroit humain, en ignorant les éléments

 11   de preuve sur des crimes massifs et brutaux qui ont été commis à cet

 12   endroit, des femmes ont été violées dans la maison de gardien, CR 5346,

 13   5347, des prisonniers ont été frappés à mort, et les conditions de

 14   détention étaient fort difficiles. La Défense fait valoir que la VRS

 15   n'était pas au courant des crimes commis à Susica, ignorant même les

 16   éléments de preuve de leur propre témoin, Mane Djuric, qui a témoigné à la

 17   page du compte rendu d'audience 27 709, et a dit que la VRS n'était pas au

 18   courant des passages à tabac et des meurtres qui ont été commis à cet

 19   endroit, et ils ne tiennent pas compte des éléments non contestés qui

 20   précisent que le commandant du Bataillon de Vlasenica savait, était au

 21   courant et avait ordonné le massacre, mais avait demandé à ce que ceci soit

 22   dissimulé, fin septembre 1992.

 23   J'ai parlé du massacre de Drum également reproché au fait répertorié A1.9

 24   [comme interprété]. Il s'agit simplement d'un exemple d'une opération de

 25   nettoyage conjointe entre la VRS et le MUP de la Republika Srpska. Nous

 26   renvoyons à notre mémoire en clôture à Djuric qui a expliqué comment de

 27   telles opérations ont fonctionné à Vlasenica. Le P3391 et le P182 ont

 28   identifié des soldats de la VRS ainsi que du personnel du MUP de la


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  1   Republika Srpska, comme faisant partie des attaquants; P7352, il s'agit du

  2   rapport de la Brigade de Birac, qui renvoie au fait que la brigade a

  3   atteint Drum et Gradina, qui a été nettoyé au cours de la même opération, à

  4   la fin du mois de mai, au début du mois de juin 1992 lorsque cette

  5   opération a été menée. 

  6   A l'instar de Vlasenica, Foca est devenue quasiment entièrement serbe

  7   pendant la guerre. Comme nous l'avons indiqué dans notre mémoire, il y a

  8   une transformation choquante des données démographiques concernant cette

  9   municipalité. En 1992, Mladic a noté que Foca comprenait 99 % de Serbes.

 10   P355, page 66. Cette transformation, que des membres de l'entreprise

 11   criminelle commune ont fêtée à maintes reprises, Karadzic et Krajisnik, a

 12   été réalisée par le biais d'une opération de nettoyage ethnique à grande

 13   échelle comprenant notamment la détention et le mauvais traitement de

 14   milliers de non-Serbes au KP Dom de Foca et par le biais d'un scénario

 15   particulièrement brutal de violence sexuelle contre les quelques femmes

 16   musulmanes qui étaient restées à Foca. Les conséquences de cette campagne

 17   ont été dévastatrices : des centaines de prisonniers du KP Dom ont été

 18   massacrés. Comme nous l'avons indiqué dans notre mémoire en clôture, le

 19   Groupe tactique de Foca, à commencer par les unités du SDS en 1991 et ont

 20   été intégrés à la VRS en juin 1992. Un des commandants du SDS qui a

 21   organisé les unités de la Défense territoriale de Foca ont été intégrés à

 22   la VRS TG de Foca, c'est Marko Kovac et Pero Elez et son unité qui, d'après

 23   la Défense, et la Défense l'admet, sont responsables de nombreux crimes

 24   graves commis dans la municipalité de Foca et Kalinovik. La Défense tente

 25   de se distancer de Mladic par rapport à ces crimes, mais en niant que Elez

 26   a été intégré à la VRS. Mais les éléments de preuve sont clairs, à savoir

 27   qu'Elez a été un des subordonnés de Mladic lorsqu'il a commis ces crimes.

 28   Par exemple, le TG de Foca, nous avons un ordre qui est daté du 6 juillet


Page 44454

  1   1992, un ordre donné par Mladic, et qui ordonne à la Foca de TG "d'attaquer

  2   l'axe général Ustikolina-Gorazde, en accomplissant les tâches suivantes :

  3   d'encercler l'ennemi autant que faire se peut le long de l'Osanice, la

  4   Drina, et le village de Ilovaca."

  5   Ici, nous voyons un passage d'un ordre du commandant de TG de Foca, Marko

  6   Kovac, qui est daté du lendemain. Si nous regardons le point 2, nous

  7   constatons que Kovac ordonne à la TG de Foca d'attaquer "dans la direction

  8   générale d'Ustikolina-Gorazde, ayant pour tâche d'engager le plus possible

  9   les forces ennemies le long du front qui se trouve au niveau du village

 10   d'Osanica, à la confluence de la Drina et du village d'Ilovaca."

 11   En somme, il exécute l'ordre de Mladic.

 12   Ici, vous pouvez constater qu'à la page 3, l'ordre de Kovac, je cite,

 13   "du Bataillon de l'armée serbe de Miljevine", que le témoin de la Défense

 14   Pljevalcic, a confirmé qu'il s'agissait de l'unité même d'Elez. Page du

 15   compte rendu d'audience 27 221. Donc Elez faisait très clairement partie de

 16   la chaîne de commandement de Mladic.

 17   Alors un peu plus bas sur cette page, il est fait un renvoi au

 18   détachement de Dragan Nikolic, placé sous le commandement de Brane Cosovic.

 19   Juste avant que cet ordre ne soit donné, et après que Kovac ait prit le

 20   commandement du TG de la Foca, des membres de ce détachement avaient

 21   massacré un groupe de civils musulmans qui se cachait dans les bois, près

 22   du village de Mjesaja.

 23   Pouvons-nous passer quelques instants à huis clos partiel, s'il vous

 24   plaît.

 25   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons passer à huis clos

 26   partiel.

 27   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

 28   [Audience à huis clos partiel]


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 17   [Audience publique]

 18   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Merci, Monsieur le Greffier.

 19   M. TRALDI : [interprétation] Comme nous l'avons indiqué dans notre résumé

 20   sur Foca et notre tableau sur les faits rapportés, le KP Dom a été dirigé

 21   conjointement par la VRS et le ministère de la Justice. De nombreux détenus

 22   ont été violentés et de nombreux détenus ont été tués. La Défense fait

 23   valoir que les conditions au KP Dom étaient parfaites, et si cela n'était

 24   pas le cas, c'est qu'il n'y avait pas suffisamment d'approvisionnements. Si

 25   les détenus étaient passés à tabac, eh bien, c'est qu'il y avait des

 26   paramilitaires et, donc, des personnes incontrôlées. Ce qui illustre les

 27   éléments de preuve portant sur les actes criminels commis au KP Dom. La

 28   Défense note au paragraphe 1 530 qu'un témoin a réussi à échapper aux


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  1   passages à tabac lors de sa détention, comme l'indique le témoignage de cet

  2   homme. Et de nombreux éléments de preuve indiquent qu'il y a eu des

  3   passages à tabac graves et des meurtres d'autres détenus.

  4   Kalinovik, maintenant. Souvenez-vous de ces Musulmans à propos

  5   desquels la Défense affirme fièrement que Mladic a dit qu'ils n'avaient pas

  6   dû être chassés ou n'ont pas été noyés parce qu'ils ont été neutralisés

  7   d'une façon différente. Comme nous l'avons indiqué dans notre mémoire, et

  8   grâce à la campagne de nettoyage dirigée par le Groupe tactique de

  9   Kalinovik de la VRS, au mois de septembre 1992, la population de plusieurs

 10   milliers de Musulmans de Kalinovik avait disparu. La Défense tente

 11   d'écarter la responsabilité de la VRS pour cette campagne, mais ceci est

 12   sans fondement.

 13   Comme à Foca, la Défense tente d'exonérer Mladic de ces crimes, parce

 14   qu'elle refuse d'accepter qu'Elez était intégré à la VRS et que l'unité

 15   d'Elez à Kalinovik était responsable des terribles crimes qui y ont été

 16   commis. Par exemple, quelques jours avant le crime, Elez a rencontré Mladic

 17   personnellement, P353, page 394. Et tout de suite après, son unité a

 18   participé à des opérations de la VRS ayant pour but de prendre le contrôle

 19   du couloir de Rogoj, et ceci faisait partie du Groupe tactique de Foca,

 20   P6684. Cela ne fait pas l'ombre d'un doute qu'Elez était intégré à l'époque

 21   où le crime a été commis.

 22   De même, la Défense reconnaît que l'unité d'Elez a participé à des

 23   crimes contre des détenus dans l'école Radojevic Miladin. Les éléments

 24   montrent que ces crimes -- qu'Elez était intégré à la VRS.

 25   Les prisonniers que l'unité d'Elez a massacrés ont été sortis d'un

 26   dépôt de munitions dans la caserne du Kalinovik TG à Jelasacko Polje. Les

 27   détenus ont été détenus dans des conditions inhumaines et ont fait l'objet

 28   de traitements inhumains régulièrement. La Défense allègue que le MUP de la


Page 44457

  1   RS n'était pas responsable de la détention et que la VRS "n'était même pas

  2   là dans ce dépôt", a cité Fejzija Hadzic dans sa déposition. Non seulement

  3   Hadzic n'a pas dit que la VRS n'était pas présente, il a clairement

  4   identifié le commandant de ce centre, Djordjislav Askraba. P7748 montre

  5   qu'Askraba a été détaché auprès de la VRS par le MUP de la Republika Srpska

  6   pendant la période qui nous intéresse. De même, au paragraphe 1 592, la

  7   Défense cite la pièce P4073, page 4, pour laisser entendre que le MUP de la

  8   RS détenait des hommes musulmans à l'école élémentaire Kalinovik, et

  9   ensuite les a transférés à la prison militaire lorsque le commandant de la

 10   TG de Kalinovik a pris en charge la sécurité de ces hommes. Les éléments de

 11   preuve montrent aux paragraphes 12 et 13 que le résumé Kalinovik indique

 12   clairement que la prison militaire citée dans la pièce P4073 correspondait

 13   à ce dépôt qui se trouvait dans la caserne de Jelasacko Polje, un dépôt de

 14   munitions.

 15   La Défense laisse entendre qu'aucun plan n'avait été élaboré pour

 16   chasser les Musulmans de Kalinovik, et c'est la raison pour laquelle,

 17   lorsqu'ils sont partis, "c'était malheureux, mais c'était simplement la

 18   conséquence de la guerre." Lors des opérations de nettoyage qui se sont

 19   déroulées au début du mois d'août, ces détenus ont donc été maltraités. De

 20   nombreux détenus ont été massacrés. Et ensuite, le schéma s'est reproduit à

 21   Kalinovik ainsi que dans d'autres municipalités sur l'ensemble du

 22   territoire de la Bosnie-Herzégovine.

 23   Je vais maintenant finalement parler de la RAK. Je vais parler de

 24   cette question juste avant la pause. Bon nombre de personnes ont été

 25   déplacées de la RAK et ont été détenues à Manjaca. Cela faisait partie d'un

 26   processus qui finalement a conduit à leur déplacement. La Défense avance

 27   qu'à certains moments le rôle de la VRS dans le fait de capturer ces hommes

 28   à Manjaca, leur transport, et cetera, était important.


Page 44458

  1   Des détenus à l'école de Kikic à Sanski Most ont été rassemblés par

  2   les forces serbes lors de l'opération de nettoyage menée par la VRS dans la

  3   municipalité à la fin du mois de mai 1992. Des groupes ont été emmenés à

  4   l'école par des soldats de la VRS, confer la pièce P3246, y compris la

  5   police militaire et des membres du SOS qui opéraient sous le commandement

  6   de la VRS à l'époque. Le 6 juin, ils ont été transférés à Manjaca. D'après

  7   les documents de la cellule de Crise, ce transfert a été coordonné par le

  8   chef de la sécurité et du renseignement du 1er Corps de Krajina, le colonel

  9   Stevilovic. Lorsqu'ils sont arrivés à Manjaca, certains d'entre eux ont

 10   fait subir des mauvais traitements aux détenus. Ils ont massacré plusieurs

 11   d'entre eux, notamment Danilusko Kajtez, un membre du SOS qui intervenait

 12   au nom de la 6e Brigade à l'époque. Les éléments le montrent aux

 13   paragraphes 28, 29 de notre résumé sur Sanski Most et les faits répertoriés

 14   dans le tableau B1.11 [comme interprété].

 15   Donc, les unités de la VRS ont rassemblé de nombreux détenus. La VRS

 16   a coordonné leur transfert à Manjaca avec les autorités civiles de Sanski

 17   Most. Les soldats de la VRS les ont maltraités lorsqu'ils sont arrivés et

 18   en ont massacré certains. Lorsque la VRS a continué à détenir des personnes

 19   de Sanski Most, elle savait pertinemment qu'il s'agissait essentiellement

 20   de civils, et ce, pendant des mois. Donc, la VRS savait certainement qu'ils

 21   étaient arrivés au camp et savait également qu'ils avaient subi des mauvais

 22   traitements. On constate la même chose dans d'autres municipalités de la

 23   RAK. Des détenus ont été transférés de Prijedor, rassemblés, et cela

 24   faisait partie des opérations de nettoyage. Des détenus à Kljuc, à la fin

 25   du mois de juin, ont été envoyés à Manjaca et dans des centres de détention

 26   depuis leurs municipalités d'origine.

 27   J'en ai terminé. Nous allons avoir la pause.

 28   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que vous êtes dans les temps ?


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  1   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

  2   M. TRALDI : [interprétation] Je crois que oui.

  3   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Veuillez vérifier, je vous prie, si

  4   c'est objectif ou pas, si c'est tout à fait clair.

  5   Nous allons avoir une pause et nous allons reprendre à midi 15.

  6   --- L'audience est suspendue à 11 heures 52.

  7   --- L'audience est reprise à 12 heures 19.

  8   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre, Monsieur Traldi.

  9   M. TRALDI : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 10   La campagne de nettoyage a atteint son paroxysme dans la violence à

 11   Prijedor. Avant la guerre, comme le montrent les preuves, Prijedor était

 12   une communauté dynamique avec plus de 50 000 non-Serbes, P7029; un symbole

 13   de fraternité et d'unité dans la région, Radulj; le dernier endroit où l'on

 14   pensait qu'un conflit ethnique pouvait survenir, RM065. Après l'effroyable

 15   campagne de nettoyage menée par la 43e Brigade et le SJB de Prijedor, comme

 16   Radulj l'a reconnu, ce symbole de fraternité et d'unité n'existait plus.

 17   Arsic, Zeljaja et Drljaca, leurs forces sont arrivées à ce résultat par le

 18   biais d'une destruction généralisée des villages croates et musulmans, les

 19   maisons, les mosquées et les églises catholiques, en tuant plus de 1 500

 20   Musulmans et en arrêtant des milliers dans des conditions inhumaines et

 21   brutales.

 22   Les deux parties ont présenté des moyens de preuve au sujet de Prijedor, et

 23   je vais approfondir cela pour conclure ma partie de cet exposé.

 24   A l'époque où la VRS a été formée, les autorités de Prijedor, avec la JNA

 25   et l'état-major du SJB de Prijedor, avaient pris le contrôle des organes du

 26   gouvernement et pris le pouvoir dans ce que Mandic a reconnu être une mise

 27   en œuvre du deuxième niveau de la variante B. Quelques jours avant la

 28   transformation officielle de la JNA en VRS, la 43e Brigade de la VRS a mené


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  1   des attaques contre les communautés musulmanes et croates de Prijedor. Des

  2   milliers de personnes ont trouvé la mort lors des opérations de nettoyage

  3   et dans les camps de Prijedor.

  4    Les attaques initiales, qui ont commencé vers le 23 mai 1992, ont été

  5   menées sur les villages de Hambarine et de Kozarac. Il s'agissait de

  6   niveaux de commandement élevés et coordonnés. La 43e Brigade a présenté un

  7   rapport au commandement du corps au sujet du "ciscenje" de Hambarine, P3946

  8   [comme interprété], page 139; et Kelecevic l'a confirmé, compte rendu

  9   d'audience page 37 253. Et Kelecevic a reconnu que lors du nettoyage,

 10   Hambarine a fait l'objet de pilonnage massif et des civils musulmans ont

 11   été tués, compte rendu d'audience 37 254. Un survivant a expliqué à quoi

 12   ressemblait le terrain. Pilonnage constant, des populations cachées dans

 13   les caves, les avions qui survolaient les lieux, et les autres civils qui

 14   fuyaient alors que l'infanterie pilonnait les domiciles privés à l'aide de

 15   tanks et les incendiaient, P3243, page 7.

 16   Dans la pièce P7364, page 2, on décrit le but de l'attaque, la

 17   punition des habitants de Hambarine à la suite d'un incident comportant des

 18   armes au poste de contrôle de Hambarine.

 19   La 43e Brigade était en contact avec le commandement du corps pour préparer

 20   l'attaque de Kozarac. Zeljaja a prévu que plus de 1 000 Musulmans

 21   trouveraient la mort. Talic a fait rapport à Milovanovic, lui signalant que

 22   Kozarac était encerclée, faisait l'objet d'un blocus et tomberait le

 23   lendemain, P7475. La VRS a pilonné et attaqué Kozarac ensuite pendant deux

 24   jours. Un nombre important de Musulmans ont été tués, comme le Témoin de la

 25   Défense Javoric l'a reconnu. Ensuite, au paragraphe 281 de notre tableau

 26   des faits répertoriés en annexe pour Kozarac, les preuves montrent qu'un

 27   nombre important de ces Musulmans tués étaient soit des civils, soit des

 28   personnes hors de combat.


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  1   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Traldi, à la page 4, ligne 1,

  2   je pensais que vous aviez indiqué le nombre de personnes tuées. Avant la

  3   phrase : "Comme Javoric l'a reconnu…"

  4   M. TRALDI : [interprétation] J'avais dit que Zeljaja avait prévu que 1 000

  5   personnes trouveraient la mort.

  6   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ça, c'était plus tôt.

  7   M. TRALDI : [interprétation] Et Javoric a reconnu -- ah, je pense que j'ai

  8   dit juste un nombre important. C'est cela qu'il a avoué. Je ne pense pas

  9   qu'il ait précisé de nombre particulier.

 10   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien.

 11   M. TRALDI : [interprétation] L'agent de la CSB de Banja Luka Radulovic a

 12   décrit cette action comme une "opération typique militaire de terre

 13   brûlée," P3207, paragraphe 85.

 14   Et effectivement, le 26 mai, le CSB de Banja Luka a présenté un rapport au

 15   MUP de la RS au sujet de Hambarine et de Kozarac :

 16   "Plusieurs centaines d'habitants de ces villages ont été tués ou blessés

 17   lors de ces attaques" - P3434 - "et des milliers d'autres personnes ont été

 18   rassemblées et arrêtées."

 19   Quelques jours plus tard, un groupe de Musulmans a cherché à reprendre la

 20   ville de Prijedor. Zeljaja a appelé Talic et lui a dit qu'il "nettoyait

 21   tout" et n'épargnerait ni les femmes ni les enfants. Un survivant a

 22   expliqué, je cite, "c'est ce qu'il y a de plus proche de la réalité du

 23   traitement des Musulmans et des Croates à Prijedor," P3273.

 24   Ce jour-là, la VRS a détruit le quartier musulman de Stari Grad à Prijedor

 25   et a rassemblé les civils qui vivaient là-bas. Deux jours plus tard, le 1er

 26   Corps de la Krajina a indiqué que 7 000 non-Serbes avaient été arrêtés à

 27   Prijedor, P2875.

 28   Comme ils étaient regroupés, Talic a félicité la 43e Brigade par écrit pour


Page 44462

  1   ses opérations à Hambarine, Kozarac et Prijedor, alors que le 1er Corps de

  2   la Krajina a signalé à l'état-major principal que :

  3   "Les conscrits de nationalité musulmane avaient demandé à être libérés de

  4   leurs unités car ils étaient mécontents de la destruction massive de leurs

  5   villes," et notamment Kozarac.

  6   P151, page 2.

  7   Ces milliers de Serbes détenus ont dans un premier été détenus à Omarska,

  8   Keraterm et Trnopolje. La Défense cherche à faire porter la responsabilité

  9   aux autorités civiles pour exonérer Mladic de toute responsabilité, mais en

 10   vain. Premièrement, la VRS a acheminé des milliers de détenus à Omarska,

 11   Keraterm et Trnopolje. Le chef de l'état-major du 1er Corps de la Krajina,

 12   Kelecevic, a reconnu que la VRS a emmené des nombres importants de

 13   prisonniers vers ces centres, et on peut voir cela à la page 37 257 jusqu'à

 14   la page 37 258 du compte rendu d'audience. Il y a d'autres preuves dans

 15   notre récit sur Prijedor.

 16   Le commandant de Trnopolje, Kuruzovic, a été incorporé à la VRS dans la 43e

 17   Brigade, on en a déjà parlé, et les Serbes de Bosnie ont présenté des

 18   rapports au sujet du système de camps tout en dissimulant les crimes, mais

 19   ils reconnaissaient que Trnopolje était géré par la VRS.

 20   La VRS a aidé à faire fonctionner Omarska et Keraterm en assurant une

 21   sécurité extérieure et dans une certaine mesure intérieure. La police

 22   militaire faisait partie des équipes d'interrogateurs qui essayaient de

 23   sélectionner et de trier les détenus. Tout cela figure dans notre résumé

 24   sur Prijedor.

 25   Les crimes commis dans ces camps étaient horribles. Selon la Croix-Rouge

 26   serbe, plus de 23 000 personnes, 8 000 chaque fois, y compris des femmes,

 27   des enfants et des personnes âgées, étaient passés par Trnopolje en

 28   septembre 1992, P7199. Ces personnes ont été soumises à des conditions et


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  1   des traitements indicibles. Ils vivaient à l'extérieur dans des abris de

  2   bâtons, de plastique et de couvertures, utilisaient des latrines qu'ils

  3   avaient dû creuser eux-mêmes et essayaient de chercher tant bien que mal à

  4   trouver à manger. Les soldats de la VRS ont violé les femmes et des petites

  5   filles jusqu'à 12 ans. Kuruzovic lui-même s'est livré à des crimes

  6   particulièrement brutaux de violence sexuelle. Les hommes étaient

  7   interrogés de manière brutale, passés à tabac avec des battes de baseball,

  8   des barres en fer, des crosses de fusil ou des pieds de table, on leur

  9   tirait dessus, on les coupait avec des couteaux. Et il y a eu toute une

 10   série d'autres sévices.

 11   Keraterm était un camp de torture. Les détenus étaient cantonnés dans des

 12   conditions inhumaines. Les détenus étaient passés à tabac de manière

 13   brutale à l'arrivée, avant d'être enfermés dans des entrepôts pleins,

 14   tachés de sang, avec insuffisamment d'espace. Ils étaient à même le sol,

 15   des sols en béton. Les gardes et les soldats, en ce y compris les soldats

 16   de la VRS dont on a parlé, Zigic et Knezevic, ont passé à tabac beaucoup de

 17   détenus, certains d'entre eux y ont trouvé la mort, et d'autres soldats ont

 18   violé des femmes détenues là-bas.

 19   A Omarska, comme le dit P3414, les détenus craignaient la mort à chaque

 20   minute, à chaque seconde. Ils avaient peur de mourir car ils savaient, ils

 21   sentaient, ils entendaient, ils sentaient l'odeur de la souffrance infligée

 22   par les actes criminels qui se comptaient par milliers et qui étaient

 23   infligés à leurs codétenus. Les détenus voyaient les autres, voire des

 24   membres de la famille, qui étaient humiliés, menacés de mort, passés à

 25   tabac ou forcés à boire de l'huile mécanique. Les détenus voyaient et

 26   entendaient des violences sexuelles. Ils avaient peur de faire leurs

 27   besoins, d'utiliser les toilettes, parce qu'ils étaient passés à tabac

 28   lorsqu'ils le faisaient. Des détenus étaient assassinés. Les Musulmans et


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  1   les Croates, lorsqu'ils étaient des dirigeants politiques, intellectuels,

  2   ou lorsqu'ils étaient de professions libérales, lorsqu'ils étaient

  3   policiers, des hommes d'affaire, étaient particulièrement visés pour

  4   liquidation. Les autres, qui ne présentaient aucun intérêt pour l'autorité,

  5   n'étaient pas libérés, mais ceux qui avaient de la chance étaient

  6   transférés et finalement expulsés.

  7   Lors des interrogatoires, on passait les détenus à tabac, on leur cassait

  8   des os. Ils étaient parfois tués. On entend les gémissements, les cris et

  9   les pleurs de ceux qui souffraient. Les soldats de la VRS entraient dans le

 10   camp et passaient à tabac, torturaient des détenus, en tuaient certains.

 11   Certains détenus étaient obligés de déplacer les cadavres et les laisser

 12   sur le gazon, près de la maison blanche, où ils étaient entassés au vu de

 13   tous les autres détenus avant d'être emmenés. Une détenue, lorsqu'elle a

 14   été interrogée au sujet des crimes contre sa famille, a dit :

 15   "Ma vie a cessé en 1992 et ma souffrance ne se terminera jamais."

 16   P3242, compte rendu d'audience 6237 et 6254.

 17   Enfin, j'aimerais que nous parlions précisément de la semaine écoulée entre

 18   les 20 et 25 juillet 1992, date du nettoyage ethnique de Prijedor qui, à ce

 19   moment-là, comme nous l'établissons dans notre mémoire en clôture, a

 20   atteint un point particulièrement grave.

 21   Avant d'entrer dans les détails au sujet des éléments de preuve concernant

 22   cette semaine-là, la Défense déclare qu'aucun personnel de la VRS n'a

 23   participé aux enterrements de personnes tuées pendant la semaine du 20

 24   juillet dans la fosse commune de Tomasica; en fait, la VRS a été

 25   omniprésente autour de cette fosse commune. Les archives de la mine de

 26   Ljubija rendent compte des machines utilisées par la VRS autour de cette

 27   fosse commune les jours les plus importants de cette semaine, date des

 28   massacres. On trouve cela dans les P7422 et P7423.


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  1   Huis clos partiel, Monsieur le Président.

  2   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Passons à huis clos partiel.

  3   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

  4   [Audience à huis clos partiel]

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 21   [Audience publique]

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Greffier.

 23   M. TRALDI : [interprétation] J'ai commencé par Tomasica parce que Tomasica

 24   et Jakarina Kosa sont des endroits où tant de personnes ont été tuées

 25   pendant la semaine du 20 au 25 juillet dont les cadavres ont été retrouvés.

 26   Pendant cette semaine, près d'un millier de personnes ont été assassinées

 27   dans le cadre de neuf incidents répertoriés. La diapositive que nous voyons

 28   à présent, réalisée à partir de la pièce P2441, met l'accent sur les zones


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  1   qui ont subi le nettoyage. Sur la gauche, vous voyez les villages croates,

  2   en particulier Brisevo et Miska Glava, où plus d'une centaine de personnes

  3   ont été emmenées au centre culturel, ont subi des exactions, et certaines

  4   ont été tuées, avant que les autres soient emmenées à la mine de Ljubija en

  5   passant par le stade et risqué d'être assassinées.

  6   A côté de cet endroit, vous voyez les secteurs de Brdo et Biscani, où des

  7   centaines de Musulmans ont été assassinés, notamment à Carakovo, et où de

  8   très nombreuses personnes, après avoir été regroupées dans le secteur de

  9   Brdo, ont été assassinées dans la salle numéro 3 du camp de Keraterm. Sur

 10   la droite, vous voyez Omarska, où 200 Musulmans de Brdo, toujours, ont été

 11   tués. Et en bas de l'image, au centre, vous voyez Tomasica, où un grand

 12   nombre de personnes ont été tuées. Pour bien comprendre l'incidence de ce

 13   nettoyage, il est utile de se rappeler que les points en vert qui ne sont

 14   pas encerclés dans la partie supérieure droite de l'image sont concentrés

 15   autour de Kozarac, qui avait subi le nettoyage dès la fin mai, et

 16   j'aimerais à présent rappeler que le nettoyage de ces zones supplémentaires

 17   a eu lieu à la mi-juin.

 18   Des opérations dans lesquelles ces personnes ont été assassinées ont eu

 19   lieu en juillet, ce qui nous ramène aux opérations de la semaine de

 20   nettoyage ethnique précédente. Au début de la semaine, le 1er Corps de

 21   Krajina a rendu compte à l'état-major principal du fait que Prijedor était

 22   totalement tombée sous le contrôle de la VRS, voir pièce P7476; il était

 23   question de combattants musulmans qui n'apparaissaient "que sporadiquement,

 24   en petits groupes, autour de Kozarac et d'un certain nombre de villages,"

 25   P2892. Kelecevic a admis que Prijedor était sous contrôle de la VRS à ce

 26   moment-là, page du compte rendu d'audience 37 273. En fait, dans les

 27   semaines précédentes, le corps d'armée avait informé l'état-major principal

 28   qu'il y avait une centaine de présumés rebelles qui restaient dans le


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  1   secteur de Prijedor et qui "s'étaient divisés en plusieurs petits groupes

  2   de cinq à dix personnes qui se cachaient dans les caves, dans les bois et

  3   dans des abris souterrains. Ces groupes étaient détectés alors qu'ils

  4   cherchaient à se nourrir et étaient éliminés s'ils ne se rendaient pas."

  5   Donc, Prijedor étant tombée sous contrôle total de la VRS, des officiers de

  6   la VRS se sont rendus à Trnopolje et ont dit à un détenu -- aux détenus de

  7   Brdo et de Biscani de rendre leurs armes en ajoutant qu'ils subiraient le

  8   "nettoyage ethnique" dès que l'occasion serait donnée à la police; ceci

  9   figure au paragraphe 284 de notre mémoire. La Défense affirme que des

 10   centaines de non-Serbes tués pendant cette semaine n'ont été que le

 11   résultat de combats légitimes, paragraphe 933 de leur mémoire en clôture,

 12   et s'efforce constamment de transformer ces quelques rebelles présumés qui

 13   restaient en une véritable armée, ce qui n'a guère à voir avec la façon

 14   dont le Corps de la Krajina les a dépeints à l'époque. Nous trouvons cela

 15   dans la propagande du Kozarski Vjesnik, mais vous avez obtenu des éléments

 16   de preuve montrant l'existence de massacres et encore de massacres pendant

 17   cette semaine à Brisevo, Carakovo, et dans toutes les zones de Biscani et

 18   de Brdo, ainsi que dans les camps où les détenus étaient emmenés.

 19   Les archives officielles serbes suite au nettoyage confirment également les

 20   aveux de Radulj selon lesquels la communauté multiethnique de Prijedor

 21   n'existait plus et que la communauté musulmane avait été dévastée. Je cite

 22   : "Des douzaines de villages ont déjà été totalement détruits et privés de

 23   leurs habitants", Carakovo, Zecovi, Rizvanovici, Biscani, Rakovcani, dans

 24   toute cette région autour de Brdo, le nettoyage s'est produit en juillet

 25   1992, et Hambarine, Kozarusa, Kozarac, Kamicani avaient été nettoyés à la

 26   fin du mois de mai.

 27   Le CSB note : "Ces destructions ont vu le début d'un exode de masse

 28   des Musulmans et des Croates."


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  1   Comme le montrent les archives serbes, ils ont affirmé que les

  2   destructions étaient le résultat des combats, mais nous savons sur la base

  3   des éléments de preuve ce qui s'est réellement passé cette semaine-là.

  4   Kupresanin a avoué que Brisevo n'était pas armé. La déposition des témoins

  5   concerne des massacres qui ont eu lieu dans toutes les zones de Brdo,

  6   Biscani et Brisevo, et les documents du 1er Corps de Krajina rendent compte

  7   de la réduction très importante du nombre des forces musulmanes dans le

  8   secteur, pour employer un euphémisme.

  9   Ce que vous voyez maintenant sur cette diapositive suivante, ce sont

 10   les villages évoqués dans la pièce P3598 qui sont les plus pertinents

 11   s'agissant de la campagne de nettoyage ethnique de Prijedor et que l'on

 12   voit repris dans les pièces P7029, qui concernent le recensement de 1991,

 13   et P7126 qui sont une partie du recensement de Prijedor fait par la

 14   Republika Srpska en 1993. Comme vous le voyez, de nombreuses communautés

 15   que je viens de nommer sont littéralement réduites à néant, et cela fait

 16   froid dans le dos, n'existent donc plus en 1993. Au bas de la colonne de

 17   gauche, vous voyez qu'un millier de personnes membres de la communauté

 18   musulmane en 1991 et, qu'à droite, il n'y en plus aucun, en 1993 plus

 19   personne. Village après village, ces disparitions se sont produites.

 20   Avec ces éléments à l'esprit, Monsieur le Président, Messieurs les

 21   Juges, M. Tieger va maintenant évoquer plus précisément le chef

 22   d'accusation numéro 1.

 23   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Tieger, veuillez procéder, je

 24   vous remercie.

 25   M. TIEGER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 26   Monsieur le Président, Messieurs les Juges, les crimes dont vous venez

 27   d'entendre parler ont fait partie intégrante d'un effort organisé pour

 28   restructurer la Bosnie sur le plan démographique, dans le but de créer une


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  1   situation factuelle susceptible de garantir l'existence d'un Etat bosno-

  2   serbe dans les secteurs réclamés par ces derniers, dans lesquels il ne se

  3   trouverait plus aucun ennemi historique, comme il les appelait. Les crimes

  4   auxquels ils ont eu recours pour obtenir ces résultats, et notamment le

  5   génocide, ont fait partie intégrante de ce plan commun.

  6   Comme le mémoire en clôture de l'Accusation le détaille aux

  7   paragraphes 167 à 174 et en particulier au paragraphe 282 :

  8   Il était clair que la reconfiguration ethnique de la Bosnie avait

  9   pour but qu'il n'y ait plus de mélange de population. Comme nous l'avons

 10   entendu, cela passait par une exigence : la commission de crimes

 11   particulièrement graves.

 12   La séparation des personnes par rapport à tout ce qui avait été leurs

 13   maisons, leurs communautés, leurs biens propres et leur existence ne peut

 14   pas s'accomplir dans la réalité sans que des crimes soient commis, crimes

 15   suffisamment graves pour aller au-delà, pour éliminer la résistance

 16   naturelle des personnes et les contraindre à abandonner tout ce qui était

 17   leur, tout ce qu'ils connaissaient et aimaient. Les membres de l'entreprise

 18   criminelle commune étaient tout à fait au courant de cela, et en fait, ont

 19   menacé d'exercer un niveau de violence telle qu'il suffirait à leur

 20   permettre d'atteindre cet objectif, à savoir obtenir, y compris la

 21   "disparition" et l'"extinction" de ces personnes.

 22   Ces membres de l'entreprise criminelle commune ont préparé leurs

 23   partisans à utiliser la force nécessaire et la violence suffisante en

 24   assénant le message selon lequel les Serbes faisaient face à une attaque

 25   génocidaire. Mladic a dit durant une réunion de la VRS :

 26   "Les hordes oustachi et islamiques qui préparent depuis des décennies

 27   dans le secret cette attaque sont prêtes à nous faire subir

 28   l'extermination."


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  1   Vous vous rappellerez l'ambassadeur Okun qui reconnaît le rapport

  2   existant entre de tels qualificatifs et ce qu'il appelle un "génocide

  3   préventif".

  4   Ces crimes ont immédiatement fait parler d'eux et ont été connus par

  5   le monde entier, suscitant des protestations internationales répétées par

  6   rapport aux actions de Mladic et Karadzic. Au courant des déplacements

  7   forcés et de la façon dont ces déplacements étaient effectués par les

  8   membres de l'entreprise criminelle commune, ils ont tenté de désamorcer les

  9   critiques, de se défendre par rapport aux crimes, de minimiser les

 10   résultats, de promouvoir les auteurs de ces crimes plutôt que de les punir

 11   et ont défiguré totalement les résultats de ces crimes. Il y a menace, il y

 12   a eu mise en œuvre, il y a eu maintien de cette mise en œuvre, il y a eu

 13   félicitations par rapport aux résultats et même récompenses; pour quelle

 14   raison ? Parce que ces crimes, et notamment le génocide, n'étaient pas les

 15   seuls moyens nécessaires pour obtenir le résultat, à savoir le déplacement

 16   permanent des populations et des territoires indésirables.

 17   [Le conseil de l'Accusation se concerte]

 18   M. TIEGER : [interprétation] Je vais parler maintenant du contexte

 19   entourant les crimes commis contre la communauté musulmane de Prijedor, et

 20   je le fais parce que le niveau et l'intensité des crimes commis dans la

 21   région de Prijedor illumine de façon très frappante les différents facteurs

 22   qui ont eu une pertinence par rapport à l'existence de ces incidents. La

 23   même analyse qui a été appliquée aux faits entourant Prijedor peut ensuite

 24   être utilisée par la Chambre de première instance pour apprécier

 25   l'incidence de ces facteurs sur les autres crimes commis dans les

 26   municipalités incriminées de génocide. J'ai, dans le cadre de mon propos,

 27   choisi six municipalités où des génocides présumés ont été commis pour que

 28   les analyses concernent également les autres municipalités par la suite.


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  1   Comme vous le voyez sur l'écran et comme nous le savons, le génocide

  2   est un des actes prohibés les plus graves qui est commis dans l'intention

  3   de détruire un groupe ou une partie d'un groupe dans sa totalité. Les

  4   meurtres relevant de l'article 42(A), en l'espèce, comme vous le savez,

  5   concernent une communauté de 49 000 Musulmans, où plus de 1 500 civils ont

  6   été tués. Ceci est mis en évidence dans un certain nombre d'éléments de

  7   preuve concernant les incidents répertoriés et montre les pourcentages qui

  8   sont en cause. En 1993, selon la volonté du général Mladic, 5 000 Musulmans

  9   auraient été tués. Personne ne semble, à l'époque, s'étonner de ces

 10   chiffres. Nous évoquons ces faits dans les paragraphes 350 et 376 de notre

 11   mémoire en clôture et dans la synthèse concernant Prijedor aux paragraphes

 12   1 et 57.

 13   Les crimes évoqués dans les articles 42(B) [comme interprété] et (C),

 14   vous avez entendu parler du fait que plusieurs milliers de personnes ont

 15   été regroupées et détenues dans des centres de détention, 7 000 à Omarska

 16   et Keraterm, deux installations terrifiantes où le meurtre et la torture

 17   étaient quotidiens, où les détenus étaient affamés peu à peu et entassés

 18   les uns sur les autres dans des conditions indicibles, manquant d'eau et de

 19   soins médicaux, terrifiés par rapport à la possibilité d'être battus à

 20   nouveau, torturés ou tués, craignant de mourir, comme nous l'avons entendu,

 21   "chaque minute et chaque seconde de leur vie".

 22   Ceci figure aux paragraphes 357 et 58, paragraphes 362 et 364 du

 23   mémoire de l'Accusation.

 24   Après quelques semaines d'existence dans ces installations, ces

 25   personnes étaient réduites à l'état de squelette, comme vous l'avez vu dans

 26   un certain nombre d'éléments de preuve, et cette descente vers la mort a

 27   été largement commentée par les médias internationaux. De très nombreux

 28   prisonniers, comme le reconnaît Paddy Ashdown, -- un aspect effrayant,


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  1   comme il l'a dit lorsqu'il s'est rendu auprès des détenus qui avaient été

  2   transférés à Manjaca, et qui était d'après lui une installation où les

  3   conditions étaient simplement un peu inférieures à celles d'un "hôtel".

  4   Ceci est au paragraphe 365 du mémoire de l'Accusation.

  5   Plusieurs milliers d'autres détenus ont été détenus à Trnopolje, qui était

  6   une installation où régnait le désespoir étant donné l'incertitude de leur

  7   sort à venir, une installation dans laquelle des horreurs, des viols, des

  8   suppressions ou des privations importantes de nourriture constituaient le

  9   quotidien et ont entraîné des conséquences physiques importantes sur les

 10   détenus, jour après jour, soumis à la torture, aux privations et à d'autres

 11   actes qui évoquent "des méthodes de destruction qui consistent à ne pas

 12   tuer immédiatement les membres d'un groupe, mais à chercher à les détruire

 13   physiquement petit à petit."

 14   Nous voyons cela dans l'arrêt Tolimir, paragraphe 225.

 15   Donc, des milliers et des milliers et des milliers de crimes ont été

 16   commis, dont chacun satisfait aux critères régissant le génocide s'agissant

 17   de l'élément moral. Ceci nous laisse face à la question de savoir si ces

 18   actes se sont produits avec une intention génocidaire, intention donc de

 19   détruire un groupe ou une partie d'un groupe dans sa totalité. Or, la

 20   Défense argue du fait qu'une partie de ce groupe n'était pas concernée, en

 21   tout cas que la portion des Bosno-Musulmans ou Bosno-Croates de la

 22   population de Bosnie-Herzégovine évoquée au paragraphe 55 de son mémoire

 23   n'était pas concernée.

 24   Au contraire de cela, comme le montrent les paragraphes 383 à 389 de

 25   notre mémoire, le Tribunal a conclu que l'objectif et les conséquences de

 26   la situation devaient aboutir sur un génocide, même si l'intention

 27   préexistante ne concerne qu'un secteur géographique limité, comme par

 28   exemple une seule municipalité. Paragraphe 385 de notre mémoire.


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  1   Et lorsque vous regardez ce qui s'est passé à Prijedor, vous voyez ce

  2   qui suit. La communauté musulmane de Prijedor était à peu près identique,

  3   en tout cas du point de démographique, sinon plus importante que celle de

  4   Srebrenica. Par ailleurs, comme à Srebrenica, c'était un emblème important

  5   vers la fin de la guerre. Car Prijedor, au début de la guerre, était un

  6   symbole important de la Seconde Guerre mondiale et de l'action des Serbes

  7   de Bosnie à cette époque. Il y a donc toute la logique entourant la Seconde

  8   Guerre mondiale qui s'applique à cette ville. Le concept défendu par les

  9   Serbes de Bosnie était qu'ils cherchaient à remédier à la situation par

 10   division ethnique. Prijedor correspond à la jurisprudence du Tribunal, et

 11   j'appelle votre attention sur le paragraphe 384 de notre mémoire à cet

 12   égard.

 13   Alors, prenons les arguments de la Défense concernant l'intention. La

 14   Défense affirme que ce qui s'est passé à Prijedor et l'intention qui a

 15   présidé à ces événements ne constituent pas une intention génocidaire en

 16   raison d'une "approche discriminatoire" des meurtres qui contredit

 17   l'intention de détruire physiquement l'ensemble d'un groupe. Ceci figure au

 18   mémoire de la Défense, paragraphe 52. En d'autres termes, si l'auteur n'a

 19   pas l'intention de tuer chacun des membres d'un groupe, l'intention

 20   génocidaire n'existerait pas.

 21   Eh bien, ceci est une mauvaise interprétation assez courante qui

 22   découle de l'association qui est commise en général entre le génocide et

 23   des destructions équivalentes à celles de l'holocauste ou du Rwanda. Au

 24   contraire de cette appréciation erronée, comme les actes génocidaires le

 25   montrent clairement, les meurtres ne sont qu'un aspect additionnel d'une

 26   attaque intégrale contre un groupe. Par exemple, le fait de transférer les

 27   enfants d'un groupe vers un autre groupe n'a pas pour résultat physique la

 28   destruction de chacun des membres de ce groupe. C'est un acte qui aboutit à


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  1   la disparition de la capacité du groupe de "se renouveler" en tant que

  2   groupe. Vous voyez cela dans l'application de la convention sur le génocide

  3   de la Cour de justice internationale, au paragraphe 36 [comme interprété]

  4   de la règle concernant cela.

  5   Une erreur de conception assez courante, c'est de penser que le

  6   transfert sous la force est incompatible avec l'intention génocidaire parce

  7   que les gens n'ont été que transférés et pas tués. Bien au contraire, comme

  8   la jurisprudence le démontre clairement, je le répète, lorsque le transfert

  9   s'accompagne d'actes qui sont prohibés par les conventions sur le génocide

 10   et, l'article 4, permet "que des moyens supplémentaires soient utilisés par

 11   lesquels la destruction physique est obtenue." On trouve cela dans l'arrêt

 12   Krstic, au paragraphe 31. C'est un indicateur puissant de l'intention de

 13   détruire un groupe en tant que tel, comme l'arrêt Krstic l'établit

 14   clairement.

 15   Donc, s'il est vrai que le transfert forcé en tant que tel ne

 16   constitue pas un acte de génocide, ce n'est qu'une partie du raisonnement

 17   complexe concernant le transfert de population. Les opérations d'expulsion,

 18   comme vous l'avez entendu, étaient en général précédées d'attaques

 19   terrifiantes par leur violence et leur inévitabilité contre des domiciles,

 20   des villages et des villes. Des membres de familles étaient arrachés à

 21   leurs maisons et séparés les uns des autres. De nombreuses victimes étaient

 22   ensuite détenues dans des conditions terrifiantes pendant de longues

 23   périodes avant d'être expulsées. Ces personnes étaient plongées dans

 24   l'angoisse de l'exil et la nécessité terrifiante de penser à la perte de

 25   leur domicile, de leur communauté et de leur existence, bien trop souvent

 26   dans des douleurs importantes ou après avoir perdu un certain nombre de

 27   leurs personnes les plus proches. La jurisprudence du Tribunal a reconnu le

 28   mal causé à ces victimes par le transfert forcé dans des circonstances


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  1   traumatisantes comme étant des actes de génocide.

  2   Monsieur le Président, le transfert forcé représente un moyen

  3   supplémentaire de destruction puisqu'il sape la capacité à long terme du

  4   groupe de "se reconstituer" en tant qu'une communauté. C'est dans l'arrêt

  5   Krstic, paragraphe 31. Cette conclusion, encore une fois, traduit le fait

  6   que la destruction, comme définit dans la convention sur le génocide et

  7   dans l'article 4, dépend de l'impact voulu des actes génocidaires et

  8   d'autres actes sur la capacité du groupe pour survivre en tant que groupe,

  9   et non pas nécessairement sur la destruction physique des membres du

 10   groupe. Les attaques sur le groupe dont le but direct n'est pas la

 11   destruction physique des membres du groupe peuvent, et souvent, contribuer

 12   à cet effort destructeur et traduisent l'intention génocidaire.

 13   La Défense affirme également que prendre pour cible des dirigeants

 14   n'est qu'une incidence sur le "fonctionnement" d'un groupe national et non

 15   pas sur sa "survie physique". C'est au paragraphe 53 du mémoire en clôture

 16   de la Défense.

 17   Mais encore une fois, ici, on assimile de façon erronée l'intention

 18   génocidaire à l'intention de détruire physiquement tous les membres d'un

 19   groupe. Egalement, on fait abstraction de la jurisprudence qui a reconnu

 20   que prendre pour cible des dirigeants, en fait, "peut être assimilé au

 21   génocide et traduire l'intention génocidaire". L'arrêt Tolimir, paragraphe

 22   263; le jugement Jelisic, paragraphe 82.

 23   Et comme cela a été expliqué dans la jurisprudence, c'est ainsi

 24   puisque l'incidence de cette liquidation des dirigeants sur le "tissu" de

 25   la société, sur les liens qui font un groupe en tant que tel. C'est dans le

 26   rapport final de la Commission d'experts créée conformément à la Résolution

 27   du Conseil de sécurité 780, paragraphe 94. Et la Chambre d'appel s'est

 28   appuyée là-dessus lors de la rédaction de l'arrêt Tolimir. Pourquoi c'est


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  1   ainsi ? C'est parce qu'un groupe ne représente pas seulement une entité

  2   physique ou biologique. Ce groupe existe sur la base des liens entre les

  3   membres du groupe. Ce sont les facteurs de la cohérence du groupe qui lui

  4   permettent d'exister en tant que groupe en tant que tel. Et c'est ce dont

  5   il est question dans la convention sur le génocide. La référence peut être

  6   trouvée dans le jugement Krajisnik.

  7   Pour les mêmes raisons, Monsieur le Président, dans la jurisprudence, il a

  8   été reconnu - comme vous le savez également - que les violences sexuelles

  9   ont une incidence destructrice non seulement sur les victimes directes,

 10   mais également sur leurs familles, leurs communautés et sur le "groupe en

 11   tant que tel dans leur intégralité." Paragraphes 360, 368, ainsi que le

 12   paragraphe 731.

 13   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Excusez-moi, ce sont les paragraphes

 14   de quel document ?

 15   M. TIEGER : [interprétation] Du mémoire en clôture de l'Accusation.

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 17   M. TIEGER : [interprétation] Ce sont les paragraphes 360 et 368, et le

 18   paragraphe 731 du document Akayesu. Merci d'avoir attiré notre attention

 19   là-dessus.

 20   Donc, cet impact destructeur plus large ne concerne pas la question du

 21   meurtre des membres du groupe, mais le fait que les liens dans les familles

 22   et dans les communautés sont interrompus, et c'est le résultat des

 23   violences sexuelles.

 24   Il est important de faire valoir que c'est différent du "génocide

 25   culturel", qui ne concerne que des attaques sur les caractéristiques

 26   culturelles ou sociologiques d'un groupe et, comme nous le savons, ne

 27   représente pas la destruction interdite par la convention sur le génocide.

 28   Mais le comportement qui inclut des actes génocidaires concrets, d'après


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  1   les dispositions de la convention, et qui a pour but de prévenir

  2   l'existence d'un groupe, qu'il continue à exister en tant qu'entité

  3   distincte et séparée, est différent par rapport au comportement qui prend

  4   pour cible des caractéristiques culturelles ou sociologiques d'un groupe

  5   mais permet à ce groupe de continuer à exister en tant qu'une entité

  6   séparée et distincte.

  7   La Défense affirme également au paragraphe 88 de son mémoire en clôture que

  8   "l'intention" de l'accusé n'incluait pas la destruction des Musulmans et

  9   des Croates de Bosnie en tant que peuples. En fait, le "but primordial"

 10   était de défendre les Serbes de Bosnie contre la "subjugation". C'est au

 11   paragraphe 87 de leur mémoire en clôture.

 12   Cette affirmation qui se concentre sur des raisons présumées du

 13   comportement de Mladic représente le fait qu'on confond les motifs et

 14   l'intention. Comme cela a été clairement dit dans l'arrêt Stakic, les

 15   objectifs, les motifs - à savoir les raisons qui poussent quelqu'un à agir

 16   d'une certaine façon - sont distincts des moyens utilisés pour mettre en

 17   œuvre tout cela. C'est l'arrêt Stakic, où il est dit :

 18   "Dans les cas concernant le génocide, la raison pour laquelle l'accusé

 19   cherchait à détruire un groupe de victimes n'a rien à voir avec sa

 20   culpabilité."

 21   C'est au paragraphe 373 -- excusez-moi, c'est l'arrêt, paragraphe 45.

 22   L'existence de motifs personnels, de la haine, de l'avidité ou du désir de

 23   protéger votre propre groupe ethnique contre la menace d'être subjugué,

 24   tout simplement, "ne prémunit pas l'auteur de l'intention spécifique qui

 25   l'animait pour commettre le génocide."

 26   Arrêt Jelisic, paragraphe 49.

 27   Le risque similaire existe dans les affaires concernant l'entreprise

 28   criminelle commune où il y a l'intention de déplacer de façon permanente un


Page 44479

  1   groupe en perpétrant des crimes, notamment le génocide. Il est erroné de

  2   dire que l'intention destructrice est niée ou annulée puisqu'on pose la

  3   question quels sont les moyens utilisés pour mettre en œuvre cet objectif.

  4   Donc, l'exemple de base est le suivant : si je veux avoir l'appartement de

  5   quelqu'un et si, une nuit, je mets dans cet appartement de l'essence, la

  6   défense serait que je ne voulais pas tuer cette personne mais tout

  7   simplement l'évincer de son appartement. C'était peut-être mon motif de

  8   l'évincer de son appartement, mais le moyen utilisé pour l'évincer de son

  9   appartement avec un but traduit de mon intention clairement. Dans, la

 10   question n'est pas de savoir si le moyen utilisé reflète ou traduit

 11   l'intention de détruire un groupe en tant que tel. Il ne faut pas confondre

 12   cela avec l'objectif qui doit être réalisé en utilisant ce moyen. Comme il

 13   est dit dans l'acte d'accusation, il y a l'objectif commun visant "à

 14   déplacer de façon permanente des Musulmans et des Croates de Bosnie en

 15   utilisant des moyens qui consistaient à commettre un certain nombre de

 16   crimes, notamment le génocide."

 17   Le général Mladic ne peut pas trouver refuge dans les raisons qui étayent

 18   ses motifs, qui étaient des motifs pour commettre des meurtres, des

 19   incendies et d'autres sévices infligés à la communauté musulmane de

 20   Prijedor. Vu l'intensité de ces crimes, l'omniprésence de ces crimes et

 21   leur brutalité traduisent l'intention de détruire cette communauté, et rien

 22   d'autre. Cette intention, Monsieur le Président, n'est pas démontrée

 23   seulement dans l'intention des membres de l'entreprise criminelle commune

 24   d'utiliser le niveau de force qui devait être employé contre les Croates et

 25   les Musulmans et qui avait pour but leur extermination, leur disparition,

 26   leur extinction, mais également du fait qu'ils étaient satisfaits des

 27   résultats de cela.

 28   En octobre 1992, peu de temps après la destruction la plus brutale de la


Page 44480

  1   communauté musulmane de Prijedor, le général Mladic ainsi que d'autres

  2   membres des dirigeants des Serbes de Bosnie se sont réunis à Prijedor pour

  3   tenir une séance de l'assemblée. Comme Mme Plavsic l'a dit, ce n'était pas

  4   par hasard que Prijedor a été choisie. 

  5   "Nous tenions compte de tout ce qui s'était passé à Prijedor."

  6   Le général Mladic considérait que le peuple de Prijedor avait "tous les

  7   droits d'être fier de ses combattants."

  8   Il a traduit sa fierté par rapport à ces efforts déployés en des promotions

  9   de certains des participants-clés, notamment le général Talic et le colonel

 10   Zeljaja, qui a menacé de raser Kozarac si les non-Serbes n'obéissaient pas

 11   à leurs demandes. C'est dans les paragraphes -- c'est la pièce P4087 [comme

 12   interprété].

 13   Les dirigeants des Serbes de Bosnie étaient d'avis que Prijedor devait leur

 14   appartenir parce que c'était la région peuplée majoritairement par les

 15   Serbes avant la Deuxième Guerre mondiale, pages du compte rendu 34 091 à

 16   92. Et pour ce qui est de ces références, on peut les trouver aux pages

 17   34 092 et 94. Vu la composition démographique de Prijedor en 1992, on

 18   exigeait de l'armée de créer une nouvelle situation factuelle que la

 19   communauté internationale ainsi que les Musulmans devaient accepter. Les

 20   moyens pour obtenir cette situation factuelle étaient, de façon brutale,

 21   efficaces. Et lorsque dans une communauté comme était la communauté de

 22   Prijedor, où plus de 1 500 personnes avaient été assassinées en très peu de

 23   temps, et plusieurs milliers d'autres ont été affamées, ont été humiliés,

 24   maltraités ou torturés dans des centres de détention horribles, où ils ont

 25   été brutalement tués au moment où la plupart de ces domiciles avaient été

 26   détruits, au moment où les mosquées ont été détruites, et au moment où ils

 27   se trouvaient à l'exil, l'intention de détruire cette communauté et de le

 28   prévenir de se reconstituer sont indubitables. Et le mot utilisé pour ces


Page 44481

  1   crimes, pour l'intention de commettre ces crimes, est le mot du génocide.

  2   Il est venu le moment pour faire la pause, Monsieur le Président. Et

  3   lorsqu'on reprend, Monsieur le Président, M. Weber va parler de la terreur

  4   concernant Sarajevo.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Donc, Monsieur Tieger, vous avez fini la

  6   présentation de vos arguments.

  7   Nous allons prendre une pause maintenant et nous allons poursuivre à 13

  8   heures 35.

  9   --- L'audience est suspendue à 13 heures 14.

 10   --- L'audience est reprise à 13 heures 36.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Weber, vous pouvez prendre la

 12   parole.

 13   M. WEBER : [interprétation] Merci et bonjour à vous, Messieurs les Juges.

 14   Pendant plus de trois ans et demi, le monde a regardé Mladic

 15   assujettir la population de Sarajevo, qui faisait l'objet d'un siège, lors

 16   d'une campagne impitoyable de pilonnages et de tirs embusqués. Pendant

 17   toute la durée de la campagne, personne n'a été épargné de l'impact des

 18   obus et des balles de la RSK. Quelqu'un a perdu qu'il connaissait, soit

 19   quelqu'un qu'ils aimaient, et chacun pouvait être touché à tout moment.

 20   Le point culminant de cette campagne était la terreur. Personne ne

 21   savait à quel moment le prochain obus ou balle pouvait changer leur vie à

 22   tout jamais, et ce, de façon tragique. Cette Chambre de première instance a

 23   entendu les témoignages de témoins qui ont parlé de la manière dont ils ont

 24   survécu à l'intérieur de la zone encerclée par la SRK. Témoin après témoin

 25   ont parlé de la terreur provoquée par les pilonnages et les tirs embusqués

 26   contre les civils de Sarajevo. Ces témoins venaient de toutes les couches

 27   de la société et bon nombre d'entre eux possédaient une certaine expérience

 28   militaire. Ils ont tous eu l'occasion d'observer et de remarquer les


Page 44482

  1   conditions de vie qui étaient les leurs, qu'il s'agissait des observateurs

  2   militaires des Nations Unies, d'autres représentants de la communauté

  3   internationale, des journalistes, des enquêteurs de police, ou les

  4   habitants de Sarajevo eux-mêmes. Tous ces témoins vous ont parlé de la

  5   campagne de la VRS qui était violente et qui a duré longtemps, qui est

  6   dirigée contre la population civile de la ville.

  7   Un de ces témoins était Sulejman Crncalo. Comme M. Traldi vous l'a

  8   dit un peu plus tôt, M. Crncalo et sa famille ont été contraints à quitter

  9   Pale en juillet 1992 afin de "sauver leurs têtes". Ils sont partis, mais se

 10   sont retrouvés piégés à Sarajevo pendant les trois années suivantes. Au

 11   cours de ces années, lui et sa famille ont dû supporter ce que d'aucuns ont

 12   dû supporter dans la ville. Ils ont vécu sans électricité, sans eau

 13   courante. Pour rester chauds, ils ont commencé à brûler du bois. Et lorsque

 14   cela est devenu une denrée trop difficile à trouver, ils ont brûlé des

 15   chaussures, des planches du plancher et des portes. Lorsque l'aide

 16   humanitaire a été coupée, ils ont été contraints à s'alimenter avec de

 17   l'herbe bouillie et des feuilles. La difficulté de tout ceci a été

 18   exacerbée par la vue de corps et de sang dans les rues dû au pilonnage

 19   constant et aux tirs embusqués. M. Crncalo lui-même souhaitait simplement

 20   qu'il pleuve pour que l'on puisse effacer les traces de sang dans ces rues.

 21   Comme bon nombre d'autres personnes dans le même cas que lui, il

 22   avait toujours peur lorsqu'il quittait sa maison qu'il ne rentrerait pas

 23   vivant ou que ceux qu'il laissait derrière lui ne seraient pas en vie

 24   lorsqu'il rentrerait. Lorsque les obus sont tombés comme des grêlons, il a

 25   expliqué : "Nous pensions que personne ne pouvait survivre."

 26   S'ils avaient eu l'occasion de partir, vous a-t-il dit, ils seraient

 27   partis. Mais à aucun moment pendant le siège lui ou sa famille n'ont eu

 28   cette opportunité-là.


Page 44483

  1   Quelque mois seulement avant la fin de la guerre, sa femme s'est

  2   rendue au marché de Markale le 28 août 1995, après elle avait entendu dire

  3   que du lait en poudre serait peut-être disponible. Lorsque M. Crncalo a

  4   constaté qu'elle ne rentrait pas, il a appris ce que nous sommes sur le

  5   point de voir.

  6   Madame Stewart, veuillez visionner un extrait de la pièce P446, s'il

  7   vous plaît.

  8   [Diffusion de la cassette vidéo]

  9   M. WEBER : [interprétation] Une fois que M. Crncalo a entendu parler de ce

 10   pilonnage, il a suivi le chemin qu'avait emprunté sa femme jusqu'au marché.

 11   Il a fouillé les rues ensanglantées que nous venons de voir. Lorsqu'il ne

 12   l'a pas trouvée, il s'est rendu à l'hôpital et a vérifié la liste des

 13   blessés. Ensuite, il a découvert sa femme qui était à la morgue, couchée à

 14   côté de six autres femmes décédées. Après tout cela et après avoir survécu

 15   pendant des années à Sarajevo, il s'est rendu chez lui pour avoir une

 16   conversation qui, pour beaucoup d'habitants de la ville, était devenue trop

 17   familière. Il a expliqué à ses enfants ce qu'il était arrivé à leur mère et

 18   ils l'ont ensuite enterrée alors qu'il faisait nuit, en même temps que

 19   d'autres victimes du pilonnage, parce que les enterrements de jour étaient

 20   devenus trop dangereux.

 21   Pasa Crncalo était l'une des 43 personnes tuées par l'obus de SRK

 22   tiré de secteur de Trebevic le 28 août 1995.

 23   Le pilonnage de Markale II était un des derniers d'une liste trop

 24   longue de pilonnages et de tirs embusqués contre des civils et des zones

 25   civiles à Sarajevo. La Chambre de première instance a vu de nombreuses

 26   autres vidéos qui montraient la suite des pilonnages et des tirs embusqués

 27   contre la ville, et notamment P136, P864, P7551 et P7566. Même ces vidéos

 28   ne vont pas être visionnées lors de la présentation de mes arguments, ceci


Page 44484

  1   montre les ravages et le carnage qui a été provoqué par les balles et les

  2   obus de la SRK.

  3   Dans notre mémoire en clôture, l'Accusation a clairement exposé cette

  4   campagne de pilonnage et de tirs embusqués depuis sa création en avril

  5   1992. Cette campagne a été intensifiée et s'est poursuivie sous le

  6   commandement du général Mladic entre le mois de mai 1992 et le mois de

  7   novembre 1995. Aujourd'hui, l'Accusation va présenter ses arguments

  8   concernant la campagne de terrorisation [phon] faisant partie de

  9   l'entreprise criminelle commune à Sarajevo et se concentrera sur la

 10   responsabilité du général Mladic pour les crimes reprochés que sont la

 11   terrorisation, les actes illégaux et le meurtre. Ces arguments aborderont

 12   ensuite le pilonnage et les tirs embusqués de la SRK. Et, dernièrement, je

 13   me pencherai sur les arguments présentés par la Défense dans son mémoire en

 14   clôture. La plupart des arguments de la Défense eu égard à l'entreprise

 15   criminelle de Sarajevo figurent aux paragraphes 1 034 à 1 057 du mémoire en

 16   clôture de l'Accusation.

 17   Le général Mladic est responsable de la campagne parce que c'est lui

 18   qui était aux commandes. C'est lui qui a dirigé les forces et qui a mis en

 19   œuvre cette campagne. Entre le mois de mai 1992 et la fin de l'année 1995,

 20   Mladic a terrorisé la population civile de Sarajevo par le biais d'une

 21   campagne de pilonnage et de tirs embusqués qui a été mise en œuvre par les

 22   forces de la SRK placées sous son commandement et son contrôle. Et c'est

 23   Mladic qui était aux commandes et qui a dirigé cette campagne, intensifiant

 24   le niveau de terrorisation en fonction de ses objectifs et ceux des

 25   dirigeants bosno-serbes. De cette manière, il a utilisé Sarajevo comme un

 26   endroit sur lequel exercer une pression. Les Bosno-Serbes pouvaient exercer

 27   des pressions ou réduire l'intensité des attaques aux fins de réaliser

 28   leurs objectifs principaux. Ces objectifs principaux comprenaient la mise


Page 44485

  1   en place de la séparation ethnique qu'ils recherchaient ou avaient déjà

  2   accomplie sur de grands territoires de la Bosnie.

  3   A partir du moment où il est arrivé à Sarajevo en mai 1992,  Mladic a

  4   participé de façon active à la campagne de terrorisation dans le cadre de

  5   l'entreprise criminelle commune, parce qu'il était directement impliqué

  6   dans les attaques contre la population civile. A l'époque, son autorité

  7   était absolue et il contrôlait complètement la SRK. Il a ensuite adopté

  8   cette même approche eu égard à la SRK pendant toute la durée de la campagne

  9   et a été très impliqué dans tous les agissements de ladite SRK. Depuis le

 10   début jusqu'à la fin, Mladic savait exactement ce qu'il exigeait de ses

 11   subordonnés et il était d'accord avec ce que faisaient ces hommes qui

 12   exécutaient ses ordres. Ce qui est apparent, c'est que ces hommes-clés et

 13   les membres de l'entreprise criminelle commune, Galic et Milosevic, ont été

 14   récompensés par lui pour la manière violente dont ils ont mis en œuvre

 15   cette campagne de terrorisation sur le terrain.

 16   L'autorité de Mladic était également fort connue le long de la chaîne

 17   de commandement de la SRK. Ce qui était tout à fait manifeste à la manière

 18   dont ses subordonnés réagissaient, c'est que c'est lui qui était

 19   responsable de ce qui se passait à Sarajevo.

 20   Par exemple, dans la pièce D75, une conversation interceptée datée du

 21   24 mai 1992, Mladic a accru son autorité par l'intermédiaire d'un de ses

 22   subordonnés à Ilidza. Il a été très clair, il a dit : "C'est moi qui donne

 23   les ordres de tirer."

 24   Le message que Mladic transmettait était fort simple : lorsque le SRK

 25   tirait, c'est Mladic qui était à l'origine de ces tirs.

 26   L'autorité de Mladic pendant toute la durée de la campagne était

 27   claire aux yeux des représentants de la communauté internationale

 28   également. En se fondant sur ses expériences avec les commandants de la


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  1   SRK, Galic et Milosevic, le général Fraser a conclu que ces deux hommes

  2   suivaient les ordres de Mladic et n'avaient quasiment aucune latitude pour

  3   prendre leurs propres décisions, mais que dans certains cas ils disposaient

  4   d'un petit peu de flexibilité peut-être s'agissant de certains tirs

  5   embusqués.

  6   Des expériences analogues ont été racontées par d'autres témoins

  7   comme Tucker, Abdel-Razek, Harland, Rose, Smith, Wilson et Thomas, entre

  8   autres. Les renvois à ces commentaires se trouvent au paragraphe 714 du

  9   mémoire en clôture de l'Accusation.

 10   Il existe de nombreux autres exemples du commandement actif et engagé

 11   du général Mladic eu égard aux troupes de la SRK. Outre les ordres

 12   fréquents qu'il donnait et qui concernaient les opérations de la SRK, il

 13   était souvent présent sur le front de Sarajevo car il se rendait sur les

 14   positions de la SRK. Lors d'une de ces visites, il a eu un entretien en

 15   1992 lorsqu'il a fièrement visité ces différentes positions dominantes au-

 16   dessus de Sarajevo.

 17   Mme Stewart va maintenant vous laisser entendre une partie de cet

 18   entretien, il s'agit de la pièce P76.

 19   [Diffusion de la cassette vidéo]

 20   M. WEBER : [interprétation] Comme nous venons de le constater, Mladic et

 21   ses forces contrôlaient les positions dominantes autour de Sarajevo. Et il

 22   savait pertinemment que la population de la ville était retenue captive et

 23   qu'il pouvait faire de cette population ce qu'il voulait dès le début. Ce

 24   qui se trouve reflété dans de nombreuses déclarations de Mladic lui-même au

 25   mois de mai 1992. Il disait en toute confiance : "J'ai bloqué Sarajevo, la

 26   ville est piégée, il n'y a aucune sortie possible."

 27   Lors d'une autre conversation au mois de mai, il a dit à un subordonné

 28   d'informer ses hommes que "toute la ville de Sarajevo est bloquée. Ils ne


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  1   peuvent rien faire. Ils ne peuvent que respirer, et des oiseaux peuvent

  2   voler autour de Sarajevo."

  3   Il s'agit des conversations interceptées P327 et P323.

  4   La ville était à sa merci, et le général Mladic s'est lancé dans des

  5   activités avec la SRK pendant les mois de mai et juin 1992. Sa campagne

  6   contre les civils de Sarajevo a démarré peu après avoir été nommé

  7   commandant de l'état-major principal de la VRS et il a promis lors de la

  8   16e Séance de l'assemblée qu'il intensifierait les attaques en cours contre

  9   la ville. Seulement deux jours après la 16e Séance de l'assemblée, le 14

 10   mai 1992, ses forces ont lancé une attaque à l'artillerie à grande échelle.

 11   De nombreux obus sont tombés sur des zones résidentielles dans la partie

 12   est de la ville. Ce bombardement massif a même touché Biljana Plavsic, qui

 13   a parlé de ce pilonnage à la pièce P2733. Elle a dit que c'était horrifiant

 14   et elle a demandé "est-ce qu'ils sont vraiment obligés de prendre pour

 15   cibles des civils ?"

 16   Dans les semaines qui ont suivi, Mladic a répété à maintes reprises qu'il

 17   allait détruire la ville si on ne répondait pas à ses exigences. Il a

 18   promis qu'il riposterait contre la ville et a dit à ses subordonnés :

 19   "Assurez-vous que vos soldats soient au courant du fait que Sarajevo va

 20   trembler … Sarajevo va trembler. Davantage d'obus tomberont par seconde que

 21   pendant toute la durée de la guerre jusqu'à présent."

 22   Il s'agit de la pièce P327.

 23   Le général Mladic a tenu sa promesse et s'est conformé à ses menaces --

 24   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] M. Mladic doit s'abstenir de faire des

 25   gestes quels qu'ils soient, de manifester des expressions particulières au

 26   niveau du visage. Et je lui demande de bien vouloir se concentrer sur ce

 27   qui se passe dans le prétoire plutôt que dans la galerie du public. C'est

 28   un léger avertissement. Je m'en tiens à cela. Vous n'êtes censé parler. Si


Page 44488

  1   vous souhaitez répondre, vous pouvez demander à votre conseil de le faire,

  2   qui, dans ce cas, aura la possibilité…

  3   [Le conseil de la Défense instance se concerte]

  4   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Je vous demande de ne pas parler à voix

  5   haute.

  6   Monsieur Mladic, j'ai dit que vous deviez vous abstenir de faire des

  7   gestes, et c'est ce que vous faites maintenant, vous les répétez. Peut-être

  8   que vous pouvez vous tourner de façon à pouvoir vous concentrer sur ce qui

  9   se passe dans le prétoire.

 10   Poursuivons.

 11   Vous parlez de nouveau, Monsieur Mladic. C'est le dernier avertissement.

 12   Abstenez-vous de faire des gestes, de toute expression du visage ou de

 13   parler. En écoutant le réquisitoire, il n'y a rien qui vous oblige à

 14   consulter votre conseil. Vous pouvez le faire pendant la prochaine pause si

 15   cela vous est nécessaire.

 16   [Le conseil de la Défense se concerte]

 17   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Vous pouvez poursuivre, Monsieur Weber.

 18   M. WEBER : [interprétation] Le général Mladic a donné suite à ses menaces

 19   et tenu ses promesses. Cela a été particulièrement bien démontré lors du

 20   fait répertorié G1. Le 28 mai, le soir, Mladic a décidé d'exercer son

 21   autorité et a ordonné à la RSK de bombarder sans discernement les zones

 22   civiles de Sarajevo. Ces ordres peuvent être entendus par tout le monde ici

 23   dans le prétoire dans l'enregistrement versé au dossier, portant la cote

 24   P105, au cours duquel Mladic, de manière calme et répétée, ordonne

 25   délibérément à ses subordonnés de tirer sur les zones civiles, notamment

 26   Bascarsija, Velesici et Pofalici, parce qu'il n'y a pas là-bas beaucoup

 27   d'habitants serbes.

 28   En voici un extrait.


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  1   [Diffusion de la cassette audio]

  2   "L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  3   Mladic : Ne le fais pas, parce que … tu dois aller à Pofalici ?

  4   Mirko : Parce que … nous avons tiré beaucoup dessus.

  5   Mladic : Tiré à Velesici.

  6   Mirko : Velesici ?

  7   Mladic : Oui.

  8   Mirko : C'est bien compris.

  9   Mladic : Tirez sur Velesici et Pofalici. Il n'y a pas beaucoup

 10   d'habitants serbes.

 11   Mirko : Oui.

 12   Mladic : Ensuite, tirez sur cette ville, autour de Humska.

 13   Mirko : C'est bien compris.

 14   Mladic : C'est clair ?

 15   Mirko : C'est clair.

 16   Mladic : Mais surveillez, on va les rendre fous.

 17   Mirko : C'est bien compris, Monsieur."

 18   [Fin de la diffusion de la cassette audio]

 19   M. WEBER : [interprétation] Comme indiqué dans le mémoire de l'Accusation

 20   aux paragraphes 925 à 930, Mladic a assuré le commandement direct des

 21   opérations de la RSK lors de ces bombardements, et les quartiers et lieux

 22   pour lesquels le général Mladic avait ordonné le pilonnage ont été

 23   pilonnés. Les attaques ont été féroces, il y a eu des victimes dans toute

 24   la ville et les dégâts ont été très étendus.

 25   Le général Wilson a expliqué ce qu'il a vu ce soir. Il a dit : "Il semblait

 26   que l'on s'attaquait à toute la ville, pas seulement certains quartiers,

 27   mais on tirait beaucoup sur la vieille ville."

 28   Et Wilson continue : "C'était une expérience horrible pour les habitants de


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  1   Sarajevo que ce soir-là."

  2   Wilson a vu exactement ce qu'avait ordonné le général Mladic, et l'accusé a

  3   réalisé son but explicite : terroriser les habitants de la ville, ou, dans

  4   ses mots, les rendre fous.

  5   La Défense cherche à dire dans les paragraphes 1 906 à 1 910 de son mémoire

  6   que la SRK ne visait que des cibles militaires dans la ville lors de leur

  7   bombardement G1. La Défense se fonde sur le témoignage de la victime Fadila

  8   Tarcin qui, selon elle, montre d'une certaine manière qu'il existait des

  9   cibles militaires à Sirokaca. La Défense déforme considérablement son

 10   propos. En réalité, Tarcin a dit qu'il n'y avait que des gardes qui

 11   n'étaient pas armés dans son quartier. A une ou deux reprises, elle a pu

 12   voir quelques policiers de réserve passer par son quartier. Elle a témoigné

 13   qu'elle n'a jamais vu de forces de l'ABiH, de postes de contrôle de l'ABiH

 14   ou de pièces d'artillerie de l'ABiH à Sirokaca à l'époque, et aucune

 15   attaque n'a été menée à partir de ce quartier. La Défense ignore totalement

 16   la déposition à la page 5 de P1596, et compte rendu d'audience 4 995 et

 17   5 048 jusqu'à 5 053.

 18   Une semaine seulement après le fait G1, les forces de Mladic ont lancé une

 19   autre série de pilonnages à grande échelle en début juin dans le cadre du

 20   fait répertorié G2. Lors de ces pilonnages, des vagues d'obus sont tombés

 21   sur Sarajevo de manière récurrente et pendant des jours. Les civils dans la

 22   ville ont été tués et blessés, et les quartiers civils détruits à grande

 23   échelle. C'est ce que nous indiquons aux paragraphes 933 à 937 du mémoire

 24   de l'Accusation.

 25   Dans la ville, lors de cette attaque, le journaliste Aernout van Lynden a

 26   déclaré que le pilonnage de Sarajevo au début juin était le pilonnage le

 27   plus intense qu'il ait connu à l'époque. Il se trouvait avec son caméraman

 28   au sommet de l'hôpital public au centre de la ville, et van Lynden a parlé


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  1   des attaques et il a décrit le pilonnage à large échelle avec les obus qui

  2   tombaient comme la pluie sur la ville sans viser quoi que ce soit en

  3   particulier. Il n'y avait aucun but militaire, a-t-il dit, mais il

  4   s'agissait simplement de répandre la terreur auprès de tous les habitants

  5   de la ville. Compte rendu d'audience page 1 322.

  6   La Défense prétend au paragraphe 1 920 dans son mémoire que la SRK n'était

  7   pas responsable des attaques décrites à l'incident répertorié G2 car "il

  8   existait des ordres stricts selon lesquels les tirs devaient être

  9   restreints." Pour étayer cela, ils se fondent sur la directive 1 de la VRS

 10   délivrée par le général Mladic le 6 juin, qui indique quelque part que la

 11   directive contenait un ordre de restreindre le feu. Mais il n'existe pas de

 12   tel ordre dans la directive. Au contraire, le général Mladic a ordonné dans

 13   cette directive à la SRK d'utiliser des actions offensives pour améliorer

 14   ses positions dans Sarajevo et autour de Sarajevo.

 15   Mais indépendamment du libellé de la directive 1, la Défense indique que la

 16   SRK n'est pas responsable des bombardements G2, et cela est contredit par

 17   les quatre vidéos versées au dossier portant les cotes P72 à P75, qui

 18   montrent à quoi ressemblait la ville lors des pilonnages G2.

 19   Mme Stewart va à présent nous faire visionner un passage d'une de ces

 20   vidéos, P75.

 21   [Diffusion de la cassette vidéo]

 22   "L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 23   Tout à coup, toute la ville est prise pour cible. Aucun quartier

 24   n'est épargné. C'était dimanche soir. Tout tremble. Toutes les dix

 25   secondes, des obus d'artillerie et de mortier tombent. Le tir est si

 26   intense que les éclairs se superposent les uns aux autres."

 27   [Fin de la diffusion de la cassette vidéo]

 28   M. WEBER : [interprétation] Nous avons vu qu'il ne s'agissait pas d'un


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  1   échange de tirs de part et d'autre d'un front, comme la Défense cherche à

  2   le dire aux paragraphes 1 918 à 1 921 de son mémoire, et ce n'était pas non

  3   plus un exemple des "tirs restreints" soi-disant de la SRK. Il s'agissait

  4   simplement d'une attaque franche et massive contre toute une ville, y

  5   compris les civils.

  6   Les pilonnages tels que G1 et G2 ont donné le ton des années à venir,

  7   et les preuves montrent que pendant plus de trois ans la campagne avait été

  8   conçue délibérément pour terroriser les habitants de la ville. Dans son

  9   mémoire, la Défense dément qu'il y ait eu une campagne de bombardement et

 10   de tirs embusqués à quelque moment que ce soit par la SRK. Ce propos est

 11   totalement démenti par un nombre impressionnant de preuves dans cette

 12   affaire, tel que nous le disons aux paragraphes 760 à 1 033 de notre

 13   mémoire.

 14   Ces preuves montrent que l'objectif de Mladic et de la SRK était le

 15   même, à savoir faire en sorte qu'aucun habitant de Sarajevo ne se sente à

 16   l'abri des tirs ou des bombardements. L'objectif de la terreur que l'on

 17   répandait dans la ville était évident du fait que l'on s'en prenait de

 18   manière constante aux civils, aux objets civils et aux quartiers civils

 19   pendant des années d'affilée. Ces activités ont été menées pour rendre la

 20   population désemparée et n'obéissaient à aucun objectif militaire légitime.

 21   Compte tenu de la durée de la campagne et du rôle central joué par l'accusé

 22   dans les activités de la SRK, il n'existe aucune autre conclusion

 23   raisonnable que celle qui veut que Mladic voulait que le bombardement et

 24   les tirs contre les civils étaient délibérés et qu'en fait ils étaient le

 25   produit de ses ordres.

 26   Pour les 300 [comme interprété] civils pris au piège à Sarajevo, le

 27   risque d'être pris pour cible transformait chaque décision quotidienne en

 28   décision portant sur leur vie ou sur leur mort. Les civils ne pouvaient


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  1   même pas se promener en rue dans leur propre ville car ils devaient se

  2   protéger des balles de la SRK.

  3   Vous avez entendu plusieurs vidéos, et je vous en montre une, P836.

  4   [Diffusion de la cassette vidéo]

  5   "L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

  6   Sarajevo est plus dangereuse que jamais. On doit prendre des petites

  7   routes pour se protéger des tireurs serbes embusqués. Les Serbes avaient

  8   promis qu'ils n'attaqueraient que des cibles militaires dans cette partie

  9   de la ville. Cette promesse n'a pas été tenue, parce qu'il s'agit de civils

 10   et de véhicules civils, l'un d'entre eux portant même une croix rouge.

 11   Peut-être l'ordre n'est-il pas passé, mais d'autres incidents de ce type

 12   ont été répertoriés dans d'autres parties de la ville. Le commandant des

 13   Nations Unies n'a pas…"

 14   [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

 15   M. WEBER : [interprétation] Comme le montre cette vidéo de juin 1992, les

 16   tireurs de la SRK tiraient sur les civils, des gens à vélo, et ils ont même

 17   tiré sur des véhicules civils portant des croix rouges.

 18   Les obus de la SRK sont tombés sur certains quartiers avec une telle

 19   régularité qu'un des témoins, au P2453, a décrit cela comme des "gouttes de

 20   pluie".

 21   Les civils se sont adaptés à l'environnement hostile en fermant les

 22   écoles, en vivant la nuit, en se cachant dans leurs appartements ou caves

 23   pendant la journée, en déplaçant des conteneurs et en érigeant des

 24   barricades pour se protéger contre les francs-tireurs, mais ils n'étaient

 25   malgré tout pas à l'abri des balles de la SRK.

 26   Les faits de cette affaire montrent qu'aucune activité civile ni

 27   aucun quartier de Sarajevo à l'intérieur des lignes de confrontation

 28   n'étaient à l'abri des obus et des balles de la SRK. Comme Van Lynden l'a


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  1   également expliqué, la réalité des civils de Sarajevo était qu'à

  2   l'intérieur du blocus des Serbes, n'importe quel d'entre eux pouvait être

  3   tué par un obus ou par une balle à tout moment. P66, paragraphe 24.

  4   Le dossier de cette affaire montre que les civils étaient pris pour

  5   cible presque tous les jours --

  6   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Monsieur Weber, votre référence ne

  7   figure pas au compte rendu d'audience parce que vous avez recommencé. Je

  8   pense que votre référence était une pièce P.

  9   M. WEBER : [interprétation] Oui, merci, Monsieur le Président. P66,

 10   paragraphe 24, telle est la dernière référence.

 11   Le dossier montre que des civils étaient pris pour cible quasiment tous les

 12   jours. La campagne de bombardement et de tirs embusqués ciblait les

 13   habitants les plus vulnérables de Sarajevo. Des tireurs embusqués tiraient

 14   sur les enfants lorsqu'ils traversaient la rue avec leurs parents ou

 15   lorsqu'ils rentraient de l'école pour se rendre chez eux. Les obus ont

 16   touché des enfants qui jouaient à l'extérieur dans la neige et ont touché

 17   leur école alors que des élèves étudiaient parmi les bruits d'explosion.

 18   Je vais vous passer à présent la P420.

 19   [Diffusion de la cassette vidéo]

 20   "L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

 21   Muhamed a été blessé à la mâchoire et à la jambe par un obus. Nous

 22   jouions. Tout à coup, un obus est tombé. Nous nous sommes mis à courir

 23   devant nous vers l'entrée de la maison. Danijel et moi avons commencé à

 24   courir et un obus est tombé entre nous deux. Il a été tué sur le coup et

 25   j'ai été blessé à quatre endroits."

 26   [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

 27   M. WEBER : [interprétation] C'était Muhamed Kapetanovic, l'une des victimes

 28   du fait répertorié G6. Dans cette vidéo et ici dans ce prétoire, la Chambre


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  1   a entendu la description du moment où il a été blessé, et son ami Danijel a

  2   été tué lors du pilonnage par la SRK d'Alipasino Polje le 22 janvier 1994.

  3   En 1994, l'UNICEF --

  4   M. LUKIC : [interprétation] Il n'y a pas de traduction.

  5   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Il n'y a pas de traduction. Donc, je

  6   vous propose de lever l'audience un petit peu plus tôt que prévu, Monsieur

  7   Weber. J'espère que l'interprétation va revenir. J'ai une petite chose à

  8   dire sur les traductions avant de lever l'audience.

  9   Est-ce que l'interprétation fonctionne ? Pas encore.

 10   M. LUKIC : [interprétation] Non.

 11   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que l'on sait pourquoi ?

 12   M. LUKIC : [interprétation] Je vois que le micro est allumé dans la cabine

 13   des interprètes, mais rien sur le canal 6.

 14   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Est-ce que la traduction française

 15   fonctionne ? Entendons-nous la traduction française ? Oui, l'interprétation

 16   française fonctionne. Et je n'entends rien pour le B/C/S. Je ne sais pas

 17   quelle en est la raison.

 18   Maître Lukic, vous expliquerez à M. Mladic que nous avons levé l'audience

 19   pour aujourd'hui et nous traiterons demain matin dès le début de la

 20   question de la traduction que je voulais traiter.

 21   M. LUKIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 22   M. LE JUGE ORIE : [interprétation] Nous allons donc lever l'audience. Nous

 23   reprendrons -- ah, cela remarche. Apparemment, l'interprétation

 24   refonctionne. Je préférerais donc traiter de cette question qui porte sur

 25   la pièce à conviction P7366.

 26   Le 4 mai 2015, la Chambre a versé au dossier la pièce P7366.

 27   Le 18 octobre 2016, l'Accusation a signalé à la Chambre et à la Défense par

 28   courriel qu'une traduction anglaise révisée avait été téléchargée dans le


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  1   logiciel e-court sous la référence doc ID 0147-1724-1ET. La Chambre donne

  2   instruction au Greffe de remplacer la traduction existante de la pièce

  3   P7366 par la traduction révisée, la Défense recevant une semaine pour

  4   examiner la question, le cas échéant.

  5   L'audience est levée pour aujourd'hui. Nous reprendrons demain, mercredi, 7

  6   décembre à 9 heures 30, dans ce même prétoire.

  7   --- L'audience est levée à 14 heures 15 et reprendra le mercredi, 7

  8   décembre 2016, à 9 heures 30.

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