Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le jeudi 26 octobre 2006

2 [Audience publique]

3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

4 [L'accusé Sljivancanin vient à la barre]

5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 03.

6 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Bonjour.

7 Monsieur Moore.

8 M. MOORE : [interprétation] Oui, une petite question, Monsieur le

9 Président. Il s'agit de ce qui s'est passé hier soir parce qu'il était

10 question de la Brigade motorisée de la Garde par opposition au Groupe

11 opérationnel sud et Me Lukic avait dit que c'était une question qui avait

12 été posée au témoin. Nous avons examiné tous les comptes rendus d'audience.

13 Il n'y a jamais eu une question qui a été posée directement aux témoins. Il

14 y a des questions elliptiques qui ont été posées à propos de Trifunovic.

15 Cela n'a pas été mis dans la liste 65 ter; cela ne fait pas partie des

16 résumés. Je voulais juste le dire de façon très claire et distincte. Je

17 pense qu'il doit s'agir d'un malentendu de la part de Me Lukic.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Moore.

19 Monsieur Sljivancanin, je me permets de vous rappeler la déclaration

20 solennelle que vous avez prononcée au début de votre déposition,

21 déclaration solennelle qui est toujours valable.

22 Apparemment, je crois comprendre que M. Sljivancanin n'a pas entendu ce que

23 je viens de dire. Est-ce que l'interprétation fonctionne ?

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, cela fonctionne

25 maintenant. Je vous remercie.

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Merci.

27 Maître Lukic.

28 M. LUKIC : [interprétation] Bonjour, Madame, Messieurs les Juges.

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1 Je vais réagir à l'intervention de M. Moore, pendant la pause nous allons

2 trouver les pages, où il sera montré que nous avons posée la question au

3 témoin Trifunovic à propos de ce qui existait pour ce qui est du Groupe

4 opérationnel sud, ou pour voir s'il s'agit de quelque chose qui existait

5 théoriquement. Je sais quand est-ce que la question a été posée, je sais où

6 cela se trouve, je sais d'ailleurs même quelle réponse a été donnée à cette

7 question.

8 Par ailleurs, je dirais que dans notre premier résumé que nous avons

9 présenté conformément à l'article 65 ter nous avions indiqué de façon très

10 catégorique que M. Sljivancanin était le chef de la sécurité de la Brigade

11 motorisée de la Garde. C'est ce que nous disons dans ce résumé, nous

12 indiquons ce à quoi correspondaient ses fonctions en tant que chef de la

13 sécurité de la Brigade motorisée de la Garde. Cela peut se trouver dans le

14 premier résumé.

15 J'aimerais maintenant poser une question à M. Sljivancanin à ce sujet

16 justement. Avant, je souhaiterais dire que je suis d'accord avec M. Moore

17 à ce propos. Hier, ils nous ont donné un autre document qu'ils ont

18 l'intention d'utiliser lors du contre-interrogatoire de M. Sljivancanin, ou

19 il se peut qu'ils ne l'utilisent pas. Toujours est-il que je leur ai

20 demandé de transmettre un exemplaire de ce document en B/C/S à M.

21 Sljivancanin. Nous avons reçu cela dans le cadre des communications, il

22 s'agit d'une déclaration qui a été faite par quelqu'un devant le tribunal

23 militaire à Belgrade, mais je ne suis pas sûr que M. Sljivancanin ait ce

24 document. Je suis sûr que cela ne sera pas un problème que de lui

25 transmettre ce document pendant la pause pour qu'il puisse avoir en B/C/S

26 son propre exemplaire du document.

27 Je vais maintenant reprendre le fil de mon interrogatoire.

28 LE TÉMOIN: VESELIN SLJIVANCANIN [Reprise]

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1 [Le témoin répond par l'interprète]

2 Interrogatoire principal par M. Lukic : [Suite]

3 Q. [interprétation] Monsieur Sljivancanin, vous connaissez le sujet, vous

4 savez quelles questions vous ont été posées hier. Qu'était le Groupe

5 opérationnel sud ? Est-ce que vous étiez le chef de sécurité ? Est-ce que

6 vous étiez un membre du Groupe opérationnel sud ? Qui composait le

7 commandement du Groupe opérationnel sud ?

8 R. Bonjour à tous. Peut-être que je vais répondre de façon un peu longue,

9 mais je veux préciser la question pour faire éclater la vérité à ce sujet.

10 Je suis venu ici à la barre des témoins pour dire ce que je sais et dire ce

11 qui est vrai. Maintenant, pour ce qui est de savoir si cela convient à

12 d'aucun ou non, il vous appartient d'en décider.

13 La Chambre peut décider et ma tête pourra tomber. Peu importe, mais

14 ce qui importe, c'est que la vérité soit dite. Je sais que lorsque je suis

15 arrivé dans le secteur de Negoslavci, il y avait un commandement et, à ce

16 moment-là, ce commandement s'est présenté comme le commandement du Groupe

17 opérationnel sud. Je me souviens qu'au sein de ce commandement, il y avait

18 quelques officiers. J'en connais deux ou trois par noms. Le commandant qui

19 s'est présenté à ce moment-là était le colonel Rajo Bojat et le chef

20 d'état-major était également un colonel, Ljubicic, mais j'ai oublié son

21 prénom. Je pense qu'au sein de ce commandement, il y avait un adjoint pour

22 le moral, Jelic Blagoje. Je pense qu'il était lieutenant-colonel. Il y

23 avait quelques autres officiers parmi l'état-major et au commandement

24 également, mais je ne m'en souviens pas.

25 Quelques jours plus tard, lorsque les combats ont commencé pour

26 déverrouiller les casernes et désarmer les formations paramilitaires,

27 subitement ce commandement s'est volatilisé, si je puis m'exprimer de la

28 sorte. Je sais que le colonel Mrksic a alors assumé le commandement de ces

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1 unités. Ce que je savais à ce moment-là, c'est que personne ne m'a jamais

2 donné un ordre ou ne m'a jamais donné un document. Si quelqu'un a un

3 document de ce type, il pourrait me le montrer et je m'excuserai de tout ce

4 que j'ai dit. J'ai été nommé chef de sécurité de la Brigade motorisée de la

5 Garde. C'est tout ce que je faisais. Voilà quelle était ma fonction.

6 Il y avait des organes qui m'ont fourni des orientations

7 professionnelles, il s'agit du chef de sécurité du cabinet du secrétaire

8 fédéral et hormis eux, je n'ai reçu aucunes autres instructions suivant

9 lesquelles je devais présenter mes rapports à tel organe de sécurité et ce,

10 afin d'obtenir des orientations pour tel et tel travail de contre-

11 espionnage. Toute personne qui dispose de ce genre de documents peut me les

12 montrer librement, mais je ne pense pas que ce genre de documents ait

13 jamais existé.

14 Dans l'exercice de mes fonctions, je n'ai jamais été appelé par les

15 organes de sécurité du 1er District militaire à aucune réunion. Je n'ai

16 jamais été convoqué à une réunion. Je n'ai jamais reçu de documents qui

17 avaient trait au travail de contre-espionnage dans cette zone.

18 Tous les documents que je souhaite montrer ici et que j'ai qui ont

19 trait au travail de contre-espionnage et qui sont parvenus jusqu'à moi par

20 la voie hiérarchique de la sécurité étaient adressés à l'organe de sécurité

21 de la Brigade motorisée de la Garde. Sur les documents que j'ai moi-même

22 envoyés, ce sont des documents que j'ai envoyés en tant que chef de la

23 sécurité de la Brigade motorisée de la Garde.

24 Je souhaiterais également ajouter à ce sujet que je ne suis pas en

25 train de vous dire que je suis si intelligent que cela. J'ai suivi une

26 école militaire. Il y a des experts militaires ici. Il y a des règlements

27 et des règles de service que l'on devait suivre lorsque l'on faisait partie

28 des unités de l'armée populaire yougoslave. J'ai fait de mon mieux pour

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1 respecter ces règles et les règlements.

2 Le règlement stipule qu'un groupe opérationnel peut être créé de

3 façon temporaire en tant qu'unité pour s'acquitter d'une mission

4 temporaire qui peut durer un jour, deux jours, trois jours, cinq jours. Un

5 groupe opérationnel est composé d'unités opérationnelles.

6 Si nous analysons ceci ici, si nous analysons ce Groupe opérationnel

7 sud qui était composé d'un maximum de deux brigades, nous pouvons évaluer

8 la situation et voir s'il s'agissait d'un groupe opérationnel ou d'autres

9 chose. Je ne sais pas comment l'appeler.

10 Une autre chose, Madame, Messieurs les Juges. A propos du règlement

11 militaire, j'ai été formé dans les écoles militaires et j'ai appris que les

12 unités de la JNA étaient créées sur la base de l'évaluation des territoires

13 de la République socialiste fédérale de la Yougoslavie, de ses opérations

14 stratégiques et tactiques et ce, pour utilisation en cas de guerre. Si

15 vous consultez la carte et nous pouvons très bien afficher une carte, si

16 vous prenez la direction Sid-Vukovar, pour ce que j'ai appris et pour ce

17 que je savais, c'est un axe qui était un axe tactique. Il s'agissait d'un

18 axe qui méritait une brigade renforcée ou peut-être une brigade. Voilà ce

19 que je voudrais corroborer.

20 Puis, si vous analysez les documents qui ont été présentés par le

21 commandant Mrksic, vous verrez que dans les ordres et dans les décisions

22 émis, il a affecté des bataillons de la Brigade motorisée de la Garde, à

23 savoir il s'agissait des seuls qui ont participé au débouclage de la

24 caserne de Vukovar, et ils ont agi de concert avec la Défense territoriale

25 de Vukovar. Les autres unités se trouvaient de façon temporaire sur ce

26 territoire et elles ont été remplacées. Elles se trouvaient à l'extérieur

27 de la ville de Vukovar, là où il n'y avait pas d'action de combat.

28 En tant que chef de sécurité de la Brigade motorisée de la Garde, je

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1 dirais qu'à cette époque-là, j'ai fait de mon mieux pour pouvoir être à

2 Vukovar avec les soldats, avec la Brigade motorisée de la Garde et ce, afin

3 d'essayer d'apporter ma contribution pour pouvoir sauver leurs vies et pour

4 pouvoir m'acquitter de ma mission. Voilà ce que je voulais dire. Il y a des

5 esprits assez astucieux ici qui pourront faire la part des choses et voir

6 ce qui est vrai et ce qui n'est pas vrai. Merci.

7 Q. Monsieur Sljivancanin, nous allons justement essayer d'élucider un peu

8 plus ceci. Il y a de nombreux documents qui ont été présentés ici, nous en

9 avons déjà parlé. Nous reviendrons là-dessus. Il y a un terme qui est

10 utilisé : "Commandement du Groupe opérationnel sud." Dans les documents, ce

11 sont les termes qui sont utilisés. Voilà ce que j'aimerais vous poser comme

12 question, parce que je me suis dit que nous devrions peut-être en parler un

13 peu plus tard aujourd'hui, mais maintenant je me dis que c'est le moment

14 idoine pour en parler. Je voulais savoir si vous faisiez partie de ce

15 commandement ? Si vous avez participé à ces réunions ? Quelle était la

16 fréquence de ces réunions et quelle était la teneur de ces réunions ?

17 R. A cette époque, pour ce qui est du "Groupe opérationnel sud", je l'ai

18 accepté parce qu'il m'avait été suggéré que ce terme devait être un terme

19 secret afin que le nom de la formation ne soit pas mentionné, surtout pas

20 le nom de la Brigade motorisée de la Garde. Or, j'ai participé à des

21 réunions organisées par le commandant Mrksic et je me souviens qu'à ces

22 réunions il y avait tous les adjoints, tous les commandants adjoints de la

23 Brigade motorisée de la Garde, il y avait également à ces réunions les

24 commandants des bataillons et des divisions de la Brigade motorisée de la

25 Garde, il y avait également le commandant de la Défense territoriale de

26 Vukovar. A certaines réunions, cela dépendait de la présence des unités

27 dans certains territoires, à certaines réunions venaient les commandants

28 des brigades, soit la a 80e Brigade des Partisans, soit la 20e Brigade des

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1 Partisans et pour ce qui est des commandants de bataillons, ils n'ont pas

2 participé aux réunions ou j'allais moi.

3 Vous me posez des questions, vous m'avez demandé quelle était la durée de

4 ces réunions et leur fréquence ainsi que les dates de ces réunions, je vous

5 dirais que ces réunions étaient convoquées lorsque les commandants les

6 convoquaient. Généralement à la tombée du jour, pas quotidiennement, mais

7 lorsque le besoin s'en faisait sentir. Parfois ces réunions avaient même

8 lieu le matin, à 7 heures du matin, à 8 heures du matin. Tout cela est

9 consigné dans le registre de guerre. Il y a également un autre registre

10 tenu par le chef d'état-major dans lequel ces réunions étaient consignées,

11 vous le verrez là-dedans, si ce n'est que le commandant, d'après ses

12 besoins et ses idées, convoquait à certaines réunions certains commandants

13 seulement parce qu'il pensait que certains commandants avaient besoin

14 d'orientation supplémentaire, c'est pour cela qu'il convoquait ces

15 réunions. C'est ce qui indiqué dans le registre de guerre.

16 Q. Quelle était la tournure de ces réunions ?

17 R. Pour ce qui est des réunions, en règle générale il y avait un plan pour

18 la réunion. Pour autant que je m'en souvienne, voilà comment les choses se

19 passaient : premièrement, les commandants subordonnés se présentaient au

20 rapport conformément à un ordre émis par le chef d'état-major à propos des

21 affectations et des missions qui avaient été exécutées. Puis, des membres

22 du commandement ou plutôt les commandements adjoints en l'occurrence

23 présentaient leur point de vue à propos de ce qui se passait dans les

24 unités et indiquaient comment ils s'étaient acquittés de leurs missions.

25 Par exemple, pour ce qui en était du commandement et pour ce qui en

26 était des tâches opérationnelles, le commandement adjoint pour les

27 opérations ou le chef d'état-major parlait des opérations parce que c'était

28 justement leur domaine d'activités; ensuite quelqu'un du groupe ou

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1 quelqu'un responsable de la division des opérations, de la formation et de

2 l'entraînement parlait du plan en question; puis le chef d'état-major

3 adjoint responsable de la mobilisation et du réapprovisionnement parlait de

4 tous les problèmes d'effectifs et de tous les problèmes qui devaient être

5 réglés. Puis, il y avait le commandant adjoint pour le moral des troupes;

6 puis le commandant adjoint responsable de la logistique qui se présentait

7 au rapport également; pour ce qui est des questions relatives à la sécurité

8 et aux tâches afférentes à la sécurité, c'était le chef de la sécurité ou

9 plutôt le commandant adjoint de la sécurité qui se présentait au rapport. A

10 la fin de tout cela, le chef d'état-major proposait les missions pour le

11 jour suivant et le commandant adoptait ces missions et indiquait qu'elles

12 seraient les missions essentielles.

13 Q. Est-ce que vous êtes allé à ces réunions régulièrement ?

14 R. Chaque fois que j'ai été convoqué j'y suis allé.

15 M. LUKIC : [interprétation] Je pense que nous pouvons maintenant reprendre.

16 Si M. Moore a d'autres questions à poser je suis sûr que lors du contre-

17 interrogatoire il posera ces questions. J'aimerais maintenant reprendre là

18 où nous avions laissé l'audience hier. Je souhaiterais que soit affiché à

19 l'écran le document 02007, c'est un document présenté par l'administration

20 de la sécurité en date du 15 octobre 1991. Le numéro ERN est 3D04.

21 Q. Très brièvement à propos de ce document, Monsieur Sljivancanin, à

22 propos de ce dont vous nous parliez il y a un petit moment, le document 65

23 ter 3D04 et 3D050027, il s'agit de la référence pour le système e-court.

24 J'aimerais savoir à qui s'adresse ce document, Monsieur Sljivancanin ?

25 R. Je ne vois rien sur mon écran.

26 Q. Très bien, je pensais que le document avait déjà été affiché.

27 R. Il est affiché maintenant.

28 Q. Merci.

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1 Q. Peut-être qu'on pourrait l'agrandir un peu ce document. A qui était

2 adressé ou envoyé ce document si vous voyez l'en-tête ?

3 R. C'est un document qui a été envoyé par le chef adjoint de la sécurité

4 du chef de cabinet du secrétaire fédéral. Cela a été envoyé au commandement

5 de la Brigade des Gardes, là vous voyez que le récipiendaire est le chef de

6 l'organe de sécurité.

7 Q. Ce document se passe d'explications, il est évident qu'il y a quelque

8 chose qui est présenté au chef de la sécurité, et vous voyez qu'il est

9 question des : "Groupes opérationnels qui vont travailler avec les

10 prisonniers." J'aimerais savoir ce qu'ont fait vos organes de sécurité avec

11 les prisonniers dans la mesure où il y en avait ?

12 R. Je viens juste de le parcourir, je vois que c'est un document qui a été

13 émis par l'administration de la sécurité. L'administration de la sécurité

14 qui était au centre des tactiques pour l'équipement des unités de la police

15 militaire et travaillait avec les autres de la police militaire pour ce qui

16 est des armes et de l'équipement. Cela m'a été envoyé pour m'indiquer

17 exactement où étaient déployées les unités de la police militaire, pour

18 m'indiquer quels étaient leurs effectifs, quelles étaient leurs missions

19 précises pour que l'administration centrale puisse envoyer suffisamment

20 d'armes, puisse adapter le niveau des effectifs, et cetera.

21 Pour ce qui est des prisonniers de guerre ou plutôt des auteurs de

22 crimes, c'est ainsi que nous les appelions à l'époque. Le commandant ainsi

23 que l'administration nous ont donné un ordre, il s'agissait d'une question

24 importante pour les commandements et non pas seulement pour l'organe de la

25 sécurité et pour la police militaire. On nous a dit que si nous trouvions

26 ces personnes, il fallait les emmener de suite à Sid dans un centre de

27 rassemblement où on les ferait travailler.

28 Q. Nous verrons cela par la suite. J'aimerais savoir qui étaient vos

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1 associés au sein des groupes opérationnels ?

2 R. Pour ce qui était de la mission qui consistait à mettre terme au

3 bouclage des casernes, le seul endroit où les civils étaient rassemblés en

4 quelque sorte, il y avait un triage qui était effectué, c'était le centre

5 de Velepromet. Je dirais que mes organes de sécurité subordonnés ont

6 parfois participé à ces tâches techniques et ces tâches qui étaient des

7 tâches de spécialistes. Je pense par exemple plus précisément au capitaine

8 Srecko Borisavljevic.

9 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce que nous pourrions avoir une cote, je

10 vous prie ?

11 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cela sera versé au dossier.

12 M. LE GREFFIER : [interprétation] Pièce 821, Monsieur le Président.

13 M. LUKIC : [interprétation] Le document suivant que j'aimerais

14 maintenant voir. Il s'agit d'un document dont la référence e-court est

15 3D050165; la référence 65 ter est la 3D37. C'est un document qui est

16 intitulé "Information" en date du 22 octobre.

17 Q. Nous n'allons pas nous étendre sur ce document, mais j'aimerais savoir

18 si vous êtes en mesure de nous dire de quoi il s'agit ? Qui a présenté ce

19 document et sur la base de quelle information ?

20 R. Nous avons étudié un document semblable hier qui a été également publié

21 par le chef de sécurité du cabinet du secrétaire fédéral et ce, sur la base

22 des informations que je leur avais envoyées à partir de mon secteur ou de

23 ma zone d'opération. J'avais envoyé cela à l'administration de la sécurité.

24 Q. J'aimerais vous demander de nous faire des observations à propos de ces

25 deux premiers paragraphes qui se trouvent à l'écran. Quel était le sujet de

26 votre analyse sur la sécurité pendant les opérations de Vukovar ?

27 R. Pendant que les opérations de combat étaient menées à Vukovar et que le

28 siège autour de la caserne a pris fin, il faut savoir qu'il y avait

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1 d'autres questions qui avaient des incidences sur le moral des troupes et

2 qui pouvaient représenter une entrave par rapport à la disponibilité aux

3 combats des unités; ce qui signifie que toute activité de l'ennemi contre

4 ces unités étaient prises en considération. C'étaient toujours des

5 problèmes qui me préoccupaient en tant que chef de l'organe de la sécurité.

6 Il fallait voir quelles étaient les activités irrégulières des unités

7 d'artillerie, je peux vous expliquer.

8 Q. Nous verrons cela plus tard, lorsque nous aurons commencé l'analyse.

9 R. Au deuxième paragraphe, il est question d'une unité du 2e Bataillon,

10 les soldats ont commencé à exprimer leur mécontement à propos de la façon

11 dont se déroulaient nos activités de combat et il était question également

12 de renvoyer certains réservistes qui avaient été avec l'unité depuis plus

13 de 45 jours.

14 Q. C'est quelque chose que vous avez mentionné hier, mais est-ce que vous

15 pourriez préciser à l'intention de la Chambre de première instance : quel

16 était votre point de vue à propos de cette décision du gouvernement de la

17 République de la Serbie, décision qui consistait à renvoyer les réservistes

18 et à les renvoyer de la ligne de front. Quelle était l'incidence avec la

19 situation relative à la sécurité dont vous vous occupiez ?

20 R. Je pense que la Brigade motorisée de la Garde était une unité des

21 forces armées de la République socialiste fédérale de Yougoslavie. Je pense

22 que cette décision qui fut prise par le ministre de la Défense de la

23 République de la Serbie n'était pas valable pour nous, au vu de la

24 constitution à l'époque. Je pensais que cela était valable pour la Défense

25 territoriale de la République de la Serbie, plutôt que pour nous.

26 J'ai demandé au commandant de faire en sorte que cette unité ne soit

27 pas respectée, que tous les combattants qui sont arrivés qui faisaient

28 partie de nos unités générales restent jusqu'à la fin de leur mission et

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1 que les soldats jeunes soient retirés.

2 Je dois dire qu'on m'a opposé une résistance assez féroce, parce

3 qu'il faut savoir que certains volontaires et que certains réservistes du

4 bataillon motorisé ont commencé à diriger leurs armes vers moi, ce genre de

5 choses s'est passé. Finalement, j'ai fini par avoir une réunion avec le

6 commandant adjoint responsable du moral des troupes. Il était assez

7 réticent. J'ai dû simplement aller lui parler, j'ai expliqué ce que nous

8 pouvions faire. Mon influence s'arrêtait là. Je ne pouvais rien faire

9 d'autre. Voilà les propositions que j'ai faites à ce moment-là.

10 Q. Page 2 du document. Nous pouvons prendre le paragraphe premier où il

11 est question d'un homme qui s'appelle Macura Miroslav. Il a mentionné votre

12 travail concernant les opérations.

13 R. Il s'agit d'une méthode de collecte des informations concernant la

14 contrebande et le trafic des armes dans notre zone. On a essayé d'éviter

15 que ce phénomène se propage et que tous les auteurs de ces infractions

16 pénales soient identifiés.

17 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut verser au dossier ce

18 document, Monsieur le Président.

19 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce document sera versé au dossier.

20 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce document aura la cote 822, Monsieur le

21 Président. La cote sera 822.

22 M. LUKIC : [interprétation] Le document suivant, c'est le document qui

23 porte le numéro -- j'aimerais qu'on passe à huis clos partiel pour ce qui

24 est de ce document parce qu'un témoin protégé est mentionné dans ce

25 document.

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce qu'on peut passer à huis clos

27 partiel ?

28 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur

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1 le Président.

2 [Audience à huis clos partiel]

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20 [Audience publique]

21 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut retirer le document de

22 l'écran.

23 Q. Qu'est-ce qui est écrit dans le deuxième et dans le troisième

24 paragraphe, Monsieur Sljivancanin ?

25 R. Dans le deuxième paragraphe, il est question de volontaires.

26 Q. Qu'est-ce que vous avez fait par rapport à cela ?

27 R. Je pourrais parler longtemps sur ces volontaires, mais en tant que

28 membres de la Brigade des Gardes, nous voulions maintenir la discipline et

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1 l'ordre auprès des gens qui nous ont été envoyés. Ces volontaires nous ont

2 été envoyés pour le complètement de l'unité parce que les réservistes

3 étaient partis. Quelqu'un a conçu cela, je suppose que c'était quelqu'un du

4 commandement. Je ne peux pas en parler en détail.

5 Il fallait que l'ordre et la discipline règne parmi ces volontaires,

6 et il fallait faire en sorte qu'ils aient un comportement exemplaire. Il y

7 avait 70 volontaires qui ont été renvoyés.

8 Dans ce rapport, il est écrit que 70 volontaires ont été renvoyés et

9 que le 24, nous allions renvoyer encore 20 volontaires, qui étaient arrivés

10 à la brigade parce qu'ils n'étaient pas disciplinés et leur état psychique

11 n'était pas stable et ils ne comprenaient pas bien leurs tâches.

12 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Vos réponses sont longues et vous

13 parlez très vite. Pourriez-vous donner des réponses plus courtes et parler

14 plus lentement pour que les interprètes puissent traduire comme il faut.

15 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

16 M. LUKIC : [interprétation]

17 Q. Dans le paragraphe suivant, il est question des fouilles qui ont été

18 faites et que certaines choses ont été trouvées. Est-ce qu'il s'agissait

19 d'une procédure habituelle pour écarter ces personnes de la zone ?

20 R. Oui, personne ne pouvait prendre des armes avec soi pour partir de

21 cette zone.

22 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut accorder une cote à ce

23 document et le verser au dossier sous pli scellé.

24 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le document sera versé au dossier sous

25 pli scellé.

26 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le document avec la cote 823 sous

27 pli scellé, Monsieur le Président.

28 M. LUKIC : [interprétation]

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1 Q. Maintenant on va parler du document datant du 25 octobre 1991. Il

2 s'agit de deux documents en fait, mais d'abord regardons le premier

3 document et plus tard le deuxième. Il s'agit de la lettre de l'adjoint au

4 chef chargé de la sécurité du 25 octobre en 1991. Il s'agit d'une lettre

5 d'accompagnement.

6 M. LUKIC : [interprétation] Je ne dispose pas du numéro e-court, mais je

7 crois que tout le monde peut voir ce document.

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne dispose pas de ce document dans cette

9 liasse de documents.

10 M. LUKIC : [interprétation] Cela porte le numéro 3D09 concernant l'article

11 65 ter. Si la Chambre ne dispose pas de ce document, il s'agit du numéro

12 3D050205, c'est le numéro du prétoire électronique. Est-ce qu'on peut

13 agrandir un peu l'image ?

14 Q. Dites-nous ce que cela représente et après on va passer à l'autre

15 document. Qui vous a envoyé ce document ?

16 R. Selon le cachet, on peut voir que l'adjoint au chef chargé de la

17 sécurité du cabinet du secrétaire fédéral à la Défense nationale envoie le

18 document, à savoir l'information concernant certains événements survenus à

19 Vukovar auxquels participaient ceux qui sont indiqué ici : de nombreux

20 Croates "loyaux."

21 Q. Le rapport de la direction chargée de la sécurité du 25 octobre 1991,

22 c'est le document suivant. L'avez-vous, Monsieur Sljivancanin, parmi les

23 documents que vous avez ?

24 R. J'essaie de le retrouver, mais je n'y arrive pas. Je ne trouve pas le

25 document qui porte cette date.

26 M. LUKIC : [interprétation] Juste un instant, s'il vous plaît. Parmi ces

27 documents, peut-être il y a un document qui n'a pas été bien rangé ou peut-

28 être qu'il s'agit d'une faute.

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Maintenant je le vois sur mon écran.

2 M. LUKIC : [interprétation]

3 Q. C'est bien, je vous remercie. Lorsqu'on regarde le document précédent,

4 on peut voir qu'il mentionne ce document-là. Le deuxième paragraphe, c'est

5 le paragraphe qui m'intéresse. Pouvez-vous donner des commentaires sur ce

6 paragraphe ?

7 R. Le chef chargé de la sécurité du cabinet du secrétaire fédéral a reçu

8 un document de la direction chargée de la sécurité. Il a évalué que ce

9 document était important pour le travail de l'organe de la sécurité au sein

10 de la Brigade des Gardes parce que ce document concerne la zone où nous

11 nous trouvions. Ce document a été envoyé à la direction chargée de la

12 sécurité. Au deuxième paragraphe, il est écrit :

13 "L'un des centres de défense du Corps de la Garde nationale et du MUP

14 est l'hôpital de Vukovar. Dans les locaux de l'hôpital se trouvent les

15 membres du rassemblement de la Garde nationale tandis que les membres du

16 MUP se trouvent dans les locaux du poste de police. Les meurtriers les

17 plus extrémistes se trouvent dans l'ancien département de psychiatrie et

18 une partie du personnel médical de l'hôpital de Vukovar a participé à la

19 commission de ces crimes."

20 Q. Est-ce que cela aurait pu représenter pour vous une sorte d'instruction

21 pour procéder par la suite ?

22 R. Il s'agit des preuves contenues au journal de la Brigade des Gardes et

23 les éclaireurs de la brigade ont fait un rapport similaire au mois

24 d'octobre. L'hôpital de Vukovar ne se trouvait pas alors dans la zone des

25 opérations de la Brigade des Gardes, mais j'ai transmis le document au

26 commandant et les officiers du commandement restreint pendant une réunion,

27 ainsi que les commandants subalternes pour qu'ils puissent procéder à la

28 collecte des informations. Aux organes subordonnés chargés de la sécurité,

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1 j'ai donné les instructions nécessaires.

2 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce que ces deux documents pourraient être

3 versés au dossier en tant qu'un document, parce que cela fait un ensemble ?

4 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Etant donné que nous ne disposons pas

5 de copies de ces documents, je pense qu'il vaut mieux que ces deux

6 documents soient versés au dossier séparément.

7 On nous a dit qu'on peut faire comme vous voulez, parce que selon le

8 système e-court, cela ne représente qu'un seul document. On va donc leur

9 donner une seule cote.

10 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la cote 824, Monsieur le

11 Président.

12 M. LUKIC : [interprétation] Maintenant, j'aimerais qu'on se penche sur

13 l'information juste un instant pour que je voie le rapport de l'organe

14 chargé de la sécurité, le 25 octobre, 3D05211, 3D10. Nous devrions encore

15 une fois passer à huis clos partiel.

16 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Est-ce qu'on peut passer à huis clos

17 partiel.

18 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur

19 le Président.

20 [Audience à huis clos partiel]

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16 [Audience publique]

17 M. LUKIC : [interprétation]

18 Q. J'ai une question d'une portée générale. Est-ce que concernant la

19 sécurité, vous receviez des informations portant sur la situation générale

20 sur le front, concernant les unités adversaires et les informations

21 pertinentes pour ce qui est de la sécurité sur le front ? Est-ce que vous

22 avez reçu ces informations et si oui, de qui ?

23 R. Toutes les informations que j'ai reçues, je les recevais concernant les

24 mesures de contre-espionnage et je les recevais du chef chargé de la

25 sécurité du cabinet du secrétaire fédéral de la Défense nationale. L'une de

26 ces informations m'a été envoyée qui portait sur la situation à l'hôpital

27 de Vukovar. Il y avait d'autres informations similaires dont nous nous

28 servions pour donner des instructions et les orientations aux unités d'une

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1 autre zone.

2 Q. Je pense que vous avez répondu à ma question, mais je vais la réitérer

3 : est-ce que vous avez reçu de telles informations de l'organe chargé de la

4 sécurité de la 1ère Région militaire ?

5 R. J'ai déjà mentionné dans toutes mes réponses que je n'ai reçu de

6 personne aucune information, non plus de l'organe chargé de la sécurité du

7 1er District militaire, uniquement les conseils techniques du général

8 Vasiljevic lors de son séjour dans la zone d'actions de combat. Je ne

9 recevais des informations que du chef de la sécurité du cabinet du

10 secrétaire fédéral.

11 Q. Est-ce que, pendant que vous étiez au front de Vukovar, vous aviez des

12 contacts directs ou grâce au centre de transmission avec Mile Babic et M.

13 Petkovic Ljubisa ? La Chambre sait déjà qu'il s'agit du chef et de

14 l'adjoint au chef chargé de la sécurité de la 1ère Région militaire.

15 R. Je n'ai jamais eu de contacts avec ces deux personnes, ni pendant des

16 actions de combat ni après ces actions, jamais d'ailleurs.

17 Q. Est-ce que pendant que vous étiez à Vukovar, vous avez appris - comme

18 ce que vous avez appris lors de témoignages devant la Chambre sur les

19 événements à Lovas, Sarengrad, Ilok et d'autres endroits de la Slavonie

20 orientale ?

21 R. Pour la première fois, j'ai appris ces événements au moment où les

22 documents là-dessus ont été présentés devant la Chambre. Je n'ai jamais

23 reçu d'information là-dessus. Pour être franc, je ne m'intéressais qu'à

24 l'exécution de la tâche de mon unité.

25 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut maintenant se pencher sur un

26 autre document ? Il s'agit du document qui, dans le système e-court, porte

27 le numéro 3D050054; conformément à la liste 65 ter porte le numéro 3D12. Il

28 s'agit de la lettre de l'administration chargée de la sécurité du 5

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1 novembre 1991.

2 Q. Maintenant, je vais lire la première partie du document et la fin.

3 Après quoi, vous allez me donner vos commentaires. Le 3, c'est la lettre de

4 l'administration chargée de la sécurité qui a été envoyée par le biais du

5 cabinet de l'adjoint du chef chargé de la sécurité au chef chargé de la

6 sécurité de la Brigade des Gardes.

7 "Le 3 novembre 1991, le chef de l'état-major de la Défense de

8 Vukovar, Mile Dedakovic appelé Jastreb, dans l'entretien avec F. Tudjman a

9 dit que les forces du MUP et du Corps de la Garde nationale dans la ville

10 se trouvent dans une situation difficile; que l'unité de la JNA (huit chars

11 et une unité d'infanterie) s'est introduit dans la région de Luka, du silo

12 et de l'hôpital à la proximité de l'abri du Corps de la Garde nationale et

13 du MUP et qu'elle n'a pas reçu de munitions."

14 Dans la suite il est question de l'entretien intercepté à la page

15 suivante, à la page numéro 2. On parle de l'objectif de l'envoi de ce

16 document.

17 Dites-moi si vous vous souvenez de ce document et ce que vous avez

18 fait par rapport à cela.

19 R. Le document je m'en souviens. C'est également un document qui nous est

20 parvenu comme celui de tout à l'heure. J'ai informé le commandement, le

21 commandement restreint, ainsi que le commandant de la Brigade des Gardes;

22 j'ai informé mes officiers chargés de la sécurité.

23 Ce qu'il importe de dire ici c'est que les informations émanant de

24 l'instance de sécurité ne viennent pas que d'un responsable, cela vient de

25 plusieurs côtés de l'administration chargée de la sécurité.

26 L'administration, elle, procède à l'analyse pour vérifier ce qu'il y a de

27 vrai ou de faux parce qu'il y a plusieurs sources et il se peut qu'il y ait

28 des désinformations, des inexactitudes, et ainsi de suite. Quand on a

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1 déterminé que c'était à peu près véridique, l'on communique la chose aux

2 effectifs qui se trouvent dans la zone pour qu'ils puissent planifier les

3 activités de combat à venir.

4 M. MOORE : [interprétation] Je ne sais pas si c'est une question liée à

5 l'interprétation parce que moi je me penche sur ligne 23, ligne 7, et ce

6 que je suis en train de lire ne correspond pas à ce que nous avons compris.

7 On y dit : "J'ai informé le commandement du corps à la tête duquel se

8 trouvait le commandant de la Brigade des Gardes." Je ne sais pas si mon

9 éminent confrère veut bien se pencher, mais cela ne fait pas de sens et il

10 faudrait tirer la chose au clair parce que cela ne correspond pas du tout

11 au bon sens.

12 M. LUKIC : [interprétation] Je remercie mon éminent confrère, M. Moore.

13 Q. C'est sûrement la conséquence de notre vitesse d'élocution.

14 R. En ma qualité de commandant de la Brigade des Gardes, à l'occasion de

15 cette réunion avec le commandant, je présente toujours le commandant ainsi

16 que ses collaborateurs les plus proches, à savoir je présente les choses

17 aux effectifs du commandement restreint de la Brigade des Gardes. Aux fins

18 de leur faire mettre à profit les informations dans la planification des

19 opérations de combat.

20 Q. Tout à l'heure à huis clos partiel vous avez parlé de l'arrivée de M.

21 Vasiljevic. Je crois qu'en audience publique nous pourrions aborder le

22 sujet en faisant attention à cette partie-là. Quels ont été ses motifs, que

23 voulait-il ? Avez-vous été présent lorsqu'il est venu ? Je crois que

24 c'était sa deuxième arrivée à Vukovar.

25 R. C'est une chose dont je me souviens fort bien. Le général Aca

26 Vasiljevic est venu à Vukovar, ou plutôt dans la zone de déploiement de la

27 Brigade motorisée de la Garde, il est venu là trois fois. La première fois

28 il était venu au mois d'octobre; la deuxième fois il est venu également fin

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1 octobre voir début novembre parce que je ne me souviens pas de la date

2 exacte; et la troisième fois il est venu - c'est une date dont je me

3 souviens un peu mieux - pendant la visite de M. Vance à Vukovar, mais lui

4 il est venu dans la soirée.

5 Le général Vasiljevic était quelqu'un d'extrêmement discipliné, un

6 officier très correct. S'agissant des missions qui étaient les siennes, je

7 n'en sais pas grand-chose, mais à chaque fois qu'il venait il se présentait

8 chez le commandant, et à chaque fois je le trouvais chez le commandant.

9 C'est moi qu'on avait convié à venir chez le commandant.

10 Après les conversations qu'il a eues avec le commandant, je ne sais

11 rien de cela, il venait dans les bureaux où je me trouvais et il m'a

12 dispensé des conseils concernant l'orientation professionnelle relative au

13 contre-renseignement. Il m'a critiqué, il m'a dit que je m'exposais un peu

14 plus qu'il ne le fallait. Par exemple, il s'est référé à la visite du

15 général Adzic. Il m'a demandé de formuler mes observations concernant les

16 points relatifs à la sécurité au sein de la Brigade motorisée de la Garde.

17 Ce sont là les questions dont il a parlé.

18 Pendant son deuxième passage, je lui ai présentée la problématique liée à

19 la sécurité au sein du 1er Bataillon de la Police militaire, ainsi que les

20 problèmes liés au témoin P01 car M. Aca Vasiljevic le connaissait aussi du

21 point de vue de l'accomplissement de certaines tâches opérationnelles

22 lorsqu'ils allaient accomplir des missions opérationnelles, il voulait se

23 rendre chez eux pour s'entretenir avec lui. Je lui ai dit de ne pas y

24 aller, que nous allions finir par résoudre la question nous-mêmes, mais il

25 y est quand même allé, ce que je sais, c'est que les questions relatives à

26 leur mécontentement n'ont pas été tranchées, et après j'ai appris comment.

27 Q. Mais pourquoi lui avez-vous conseillé de ne pas aller au sein de

28 l'unité ?

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1 R. Je lui ai conseillé de ne pas y aller en raison des rumeurs qui

2 couraient constamment parmi les membres de la JNA également, j'ai estimé

3 que ces gens-là étaient plutôt fatigués et qu'une fois qu'ils se seraient

4 reposés on finirait bien par trouver des solutions ou résoudre le problème

5 plus aisément.

6 Il y a eu à l'époque des phénomènes où des hauts gradés de la JNA,

7 comment dirais-je, avaient déserté ou avaient quitté les unités de l'armée

8 populaire yougoslave. Il en a constamment été question, on parlait de ceux

9 qui étaient des traîtres, de ceux qui n'avaient plus foi en l'armée

10 populaire yougoslave.

11 Ce que je puis vous dire et dire aux Juges de la Chambre, c'est que :

12 lorsque le général Vasiljevic a été présent à cette réunion, au sein de

13 l'unité, il y avait un homme extrêmement intègre, un Croate, Ivo Pavkovic

14 qui m'avait appris quel type d'officier qu'il fallait être. Lui, il avait

15 deux fils qui étaient sous-officiers, et il les a amenés tous les deux avec

16 lui pour accomplir la mission qui leur était confiée. Les officiers, eux,

17 ont posé des questions concernant une déclaration faite par le général

18 Grubesic, le commandant de la marine de guerre pour savoir pourquoi ce

19 dernier avait déserté ?

20 Le général, lui, a essayé de lui expliqué en justifiant, en disant

21 que c'étaient ses enfants qui l'avaient convaincu de le faire. Ces enfants

22 vivaient à Split. M. Ivo Pavkovic lui a dit : "Mon général, je suis Croate.

23 Je suis né dans un village non loin de Sibenik," dont le nom m'échappe à

24 présent. "Et avec tous les miens, tous mes villageois et ma famille, je me

25 suis disputé en raison de l'armée populaire yougoslave, parce que j'ai

26 toujours pensé que c'était un Etat commun où nous pouvons tous très bien

27 vivre."

28 Maintenant, vous êtes en train de justifier ce général-là parce qu'il

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1 a écouté ses enfants. Il y avait des rumeurs qui avaient couru et j'avais

2 estimé qu'il ne fallait pas discuter de la chose sur les premières lignes

3 de front.

4 M. LUKIC : [interprétation] J'aimerais que nous passions maintenant à la

5 pièce à conviction 749.

6 M. MOORE : [interprétation] Est-ce que mon éminent confrère va demander le

7 versement au dossier de cette pièce 3D12 ?

8 M. LUKIC : [interprétation] Merci. Oui. Je vous remercie. J'aimerais que

9 cette pièce datée du 5 novembre 1991 soit versée au dossier.

10 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce sera versé au dossier.

11 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce à conviction 825, Madame

12 et Messieurs les Juges.

13 M. LUKIC : [interprétation] Nous passons, disais-je, à la pièce à

14 conviction 749. La page qui nous intéresse est la deuxième page. Ce qui

15 nous intéresse c'est ce troisième et quatrième paragraphe. Pouvez-vous

16 relever un peu ? Voilà. Merci.

17 Q. Ici, il est question dans un rapport officiel qui est parvenu de la

18 part du Groupe opérationnel sud et qui est envoyé aux officiers supérieurs,

19 il est question de ce dont on a parlé tout à l'heure, à savoir le moral au

20 combat.

21 Je voudrais que vous me disiez, Monsieur Sljivancanin, du point de

22 vue des instances de sécurité, à quel point la discipline et le moral sont

23 importants ? A quel point il est important qu'il n'y ait pas de défaitisme

24 du point de vue de la sécurité ?

25 R. C'est important du point de vue de toute sorte de choses. Pas seulement

26 du point de vue du commandement, parce que le défaitisme et la désertion

27 lorsqu'ils font leur apparition dans les troupes et lorsque le moral est

28 bas, le commandant, lui, ne saurait accomplir aucune mission.

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1 Q. Etant donné que vous aviez un adjoint chargé du moral et de

2 l'information, son nom a déjà été mentionné à plusieurs reprises, est-ce

3 que tout comme vous, il était souvent sur les premières lignes de front et

4 est-ce qu'il a pu recevoir des informations de première main sur les points

5 dont nous avons déjà parlé ?

6 R. Au sujet de ce document, j'aimerais ajouté seulement ce qui suit : dans

7 mes rapports, le problème lié au moral est mentionné dans cette brigade et

8 dans le bataillon des blindés, vous voyez qu'ici une fois de plus cela est

9 également mentionné.

10 Pour ce qui est de l'adjoint du commandant chargé du moral, durant

11 toute l'opération qui a été réalisé pour débloquer la caserne, je ne l'ai

12 rencontré nulle part si ce n'est au village de Negoslavci. De là à savoir

13 s'il est allé ailleurs, je ne sais pas. Je ne l'ai pas vu.

14 M. LUKIC : [interprétation] J'aimerais que nous nous penchions à présent

15 sur un document qui, au niveau de l'affichage électronique est coté

16 3D050701; en application du 65 ter, sa cote est 3D38. Il y a une lettre

17 d'accompagnement. Il s'agit d'une information sur les activités des ZNG à

18 Vukovar. C'est adressé, pour autant que je puisse le voir, à

19 l'administration chargée de la sécurité. J'aimerais que nous voyions

20 d'abord la page 10 en B/C/S; alors qu'en version anglaise, c'est la page 8.

21 Q. Pouvez-vous d'une manière générale nous dire, Monsieur, de quoi il

22 s'agit ici ?

23 R. Ceci est un document similaire, mais d'un format plus grand. Cela a été

24 rédigé par l'administration chargée de la sécurité partant des informations

25 recueillies qui lui ont été accessibles partant de sources variées au sujet

26 des réseaux, des formations d'insurgés paramilitaires à Vukovar, ainsi

27 qu'au sujet de leurs formations, des noms de celles-ci et des regroupements

28 par points de rassemblement. Cela était censé servir aux instances

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1 opérationnelles dans leurs activités futures s'agissant des instances qui

2 se trouvaient dans la zone, bien entendu.

3 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce que l'on peut nous montrer la page

4 suivante, je vous prie ?

5 Q. Je vais donner lecture ici :

6 "Certains renseignements nous montrent que les abris atomiques et autres

7 sont utilisés par les paramilitaires croates et ils se trouvent : 1, à "--

8 L'INTERPRÈTE : Dans une localité dont l'interprète n'a pas entendu le nom.

9 LE TÉMOIN : [interprétation] -- "et ensuite à proximité de l'hôpital où il

10 y a à peu près 200 blessés. D'après certaines évaluations, on pourrait y

11 abriter encore une cinquantaine de personnes. L'hôpital est sécurisé par

12 des membres des ZNG."

13 Est-ce que, comme vous nous l'avez dit, tout à l'heure, ceci constituait

14 une information importante pour vos activités opérationnelles ?

15 R. Etant donné que nous avons déjà entendu dire --

16 M. MOORE : [interprétation] Je m'excuse. Peut-être, est-ce un peu tard,

17 mais je ferais objection s'agissant de ce document, à moins que l'on nous

18 fournisse des fondements pour sa présentation parce que, si j'ai bien

19 compris, ce document résulte des activités de M. Sljivancanin, soit il l'a

20 reçu, par conséquent, les connaissances qu'il peut avoir au sujet de ce

21 document doivent être déterminées avant qu'il ne vienne commenter au sujet

22 de cette pièce.

23 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Lukic. Oui.

24 M. LUKIC : [interprétation] Oui. Peut-être, suis-je allé trop vite.

25 Q. Monsieur Sljivancanin, dites-nous d'abord si c'est vous qui avez rédigé

26 ce document ou si c'est quelqu'un d'autre et est-ce que vous vous êtes

27 procuré celui-ci ?

28 R. Comme je vous l'ai déjà dit, s'agissant des documents précédents dont

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1 nous avons donné lecture concernant les entretiens du commandant avec

2 Tudjman sur ce qui se trouvait à l'hôpital, ce document, lui aussi, émane

3 de l'administration chargée de la sécurité. Cela découle des informations

4 recueillies de sources variées. Eux, ils sauront vous dire d'où ils ont

5 recueilli cela ? Cela a été envoyé au chef de cabinet chargé de la sécurité

6 auprès du secrétaire fédéral et cela m'a été transmis.

7 Suivant la même procédure que pour les autres documents. D'abord,

8 cela est utilisé dans les activités opérationnelles des instances chargées

9 de la sécurité qui m'ont été subordonnées et j'en ai informé le commandant,

10 ainsi que le commandement de la Brigade motorisée de la Garde notamment

11 pour ce qui est des éléments du document permettant de planifier les

12 activités au combat. Ces différents points que vous venez de nous dire

13 disent que les renseignements opérationnels recueillis à l'époque,

14 recueillis avant le déblocage de la caserne et avant le désarmement final

15 des paramilitaires, se trouvaient être vrais et d'après les témoins qui ont

16 témoigné ici, il a été question de cet entrepôt à Olajnica. Ils ont parlé

17 également des caves de ce combinat agricole où l'on avait installé des

18 hommes et ils ont parlé des caves entre les deux hôpitaux de Vukovar. Ce

19 qui signifie que l'administration chargée de la sécurité par ses méthodes

20 ou par ses filières à elle a pu disposer de renseignements tout à fait

21 exacts.

22 M. LUKIC : [interprétation] J'espère que maintenant les choses sont

23 suffisamment tirées au clair et je proposerais que ce document soit versé

24 au dossier.

25 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce sera versé au dossier.

26 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce à conviction 826, Madame

27 et Messieurs les Juges.

28 M. LUKIC : [interprétation] Nous allons maintenant passer à un autre sujet

Page 13521

1 et laisser ces documents de côté, mais nous allons y revenir. J'aimerais

2 que maintenant ou je crois que nous pourrions commencer à entamer le sujet

3 et puis nous ferons la pause après.

4 Q. Monsieur Sljivancanin, j'aimerais que nous parlions de l'évacuation des

5 blessés de l'hôpital de Vukovar au mois d'octobre. Je crois qu'il a été

6 fait mention de votre nom. Nous avons entendu parler de deux convois et

7 veuillez nous dire ce qui s'est passé la première fois et ce qui s'est

8 passé la deuxième fois. Peut-être pourriez-vous commencer par --

9 R. Dès le début de cette levée du blocus et du désarmement des

10 paramilitaires vers le 10 octobre, il est arrivé un ordre du commandement

11 supérieur et à ce sujet, j'aimerais que vous me posiez la question de la

12 conversation que j'ai eue avec Marin Vidic à ce sujet. Il nous est arrivé

13 des ordres du commandement supérieur demandant de stopper toutes activités

14 de combat. Au fil des deux ou trois jours à venir, il s'agissait pour nous

15 de recevoir un convoi humanitaire destiné à Vukovar. Ce convoi était censé

16 permettre d'évacuer de Vukovar, tous les blessés.

17 Le commandement de la Brigade des Gardes, avec son commandement et

18 tous les officiers subalternes, a fait tout ce qu'il pouvait pour stopper

19 les activités de combat, je précise que c'est là que nous avons subi les

20 plus grandes pertes au niveau de nos effectifs. Nous avons observé l'ordre

21 de cessez-le-feu.

22 Le 13 novembre, non le 13 octobre, excusez-moi. Quelqu'un peut se demander

23 comment se fait-il que j'ai souvenance de cette date ? J'ai un document à

24 ce sujet et j'espère que vous allez le montrer. Le commandant Mrksic a

25 donné des missions au colonel Pavkovic ainsi qu'à moi-même. Il s'agissait

26 pour nous d'aller au village de Marinci pour prendre en charge le convoi en

27 provenance des unités de la 1ère Division des Gardes et de faire en sorte

28 qu'il soit acheminé jusqu'à Vukovar en toute sécurité pour permettre son

Page 13522

1 passage vers le côté qui a été placé sous le contrôle des membres des

2 unités paramilitaires de la Croatie.

3 Par poste émetteur-récepteur dont je vous ai parlé hier; je vous ai

4 dit comment je me l'étais procuré ce jour-là. J'ai à plusieurs reprises

5 essayé de contacter le commandant des forces paramilitaires croates pour le

6 prier de créer des conditions de sécurité à l'égard des personnes qui

7 avaient exprimé le souhait d'être aidées. Mais très souvent, ils ont fait

8 la sourde oreille. Ils ont provoqué même et ils ont ouvert le feu.

9 Tard dans l'après-midi, nous avons acheminé en toute sécurité ce

10 convoi jusqu'à la caserne de Vukovar. Une fois de plus, nous avons appelé

11 le commandant des forces paramilitaires croates et nous lui avons demandé

12 d'ouvrir un passage afin de permettre le passage de ce convoi par la rue

13 Sajmiste et ce, en direction du centre de Vukovar. Je tiens à dire ici que

14 l'an passé j'ai vu à la télévision croate un passage à l'occasion de

15 l'anniversaire de la libération de Vukovar. Dans une émission appelée

16 Latinica, que j'aime bien regarder, il y a eu participation, dans cette

17 émission, du commandant. Il a dit publiquement à la lettre : "Qu'ils n'ont

18 pas laissé passer ce convoi parce que Sljivancanin voulait recourir à la

19 ruse afin d'entrer dans Vukovar avec des chars," ce qui est complètement

20 dénué de sens. D'abord, je n'y ai pas songé et de deux, ce n'est pas moi

21 qui ai commandé cet élément là.

22 Ils n'ont pas laissé entrer ce convoi et le convoi a passé la nuit

23 dans la caserne de Vukovar. Au sein de ce convoi, il y avait une centaine

24 de véhicules - des camions remorques, des camions médicaux. Ils étaient

25 tous remplis de vivres et d'équipement. Le convoi était conduit par Robert

26 Michel. Nous nous sommes efforcés, nous les membres de la Brigade des

27 Gardes, d'assurer des conditions de sécurité et de faire en sorte que ce

28 convoi arrive à Vukovar.

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1 Dans le courant de la nuit, on a tiré sur la caserne et les gens qui

2 ont conduit ces véhicules et qui ont escorté le convoi ont eu peur. Ils ont

3 demandé à ce que le convoi rebrousse chemin. J'ai insisté pour que le

4 convoi entre dans Vukovar, le commandant lui aussi a insisté pour qu'il en

5 soit fait ainsi, et nous avons contacté le commandement de la 1ère Région

6 militaire, à savoir le général Panic. Il a décidé de faire revenir le

7 convoi, et il nous a dit d'assurer les conditions nécessaires pour un

8 retour en toute sécurité jusqu'à Vinkovci, et cela a été beaucoup plus

9 difficile que de le faire venir jusque-là, ce convoi.

10 J'ai convenu avec Robert Michel de faire le nécessaire, mais je lui

11 ai demandé une attestation disant que nous avions fait tout le nécessaire.

12 Il a dit qu'il le ferait lorsque nous amènerions le convoi jusqu'à la

13 frontière en direction de Vinkovci.

14 Une fois revenus au village de Marinci, nous avons eu d'énormes

15 difficultés avec les villageois et la TO de ce village. Ils étaient sur le

16 point de s'attaquer au convoi et à tous ces gens-là. La raison principale

17 était la suivante : d'après eux, à savoir que ce jour-là avant, lorsque

18 nous avons fait passer ce convoi par le village, quelques heures après, les

19 paramilitaires croates sont entrés dans le village et ont commis un

20 massacre. Ils nous ont dit : "Nous aujourd'hui on est en train d'enterrer

21 les gens qui ont été tués parce que vous étiez passés par-là. Ils nous ont

22 traités de traîtres parce que nous aidions la JNA."

23 Dans cette émission Latinica que j'ai vue à la télévision M. Paraga et le

24 commandant des forces croates ont déclaré que le 13 à 6 heures, ils ont

25 opéré une percée par le village de Marinci en direction de Vukovar. Ils ont

26 montré les documents afférents.

27 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce qu'avant la pause, nous pourrions encore

28 voir ce document.

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Je voudrais terminer. Nous avons réussi à

2 faire retourner ce convoi. Le convoi est retourné en Croatie sans avoir

3 accompli sa mission première.

4 M. LUKIC : [interprétation] J'aimerais que nous en terminions, Monsieur le

5 Président, et que nous voyions maintenant le 3D010060. Il s'agit d'un

6 document en version électronique.

7 Q. Monsieur Sljivancanin, je crois que vous savez bien quel est le

8 document que nous allons voir sur le moniteur maintenant.

9 M. MOORE : [interprétation] Excusez-moi. Est-ce un document de la Défense

10 3D, ou est-ce que c'est une pièce à conviction ? Parce que je n'ai qu'une

11 pièce à conviction et je n'ai qu'un numéro. Normalement, nous recevons un

12 3D37, 36, 25. Cela nous aiderait de le savoir.

13 M. LUKIC : [interprétation] 3D010060. On le voit sur nos écrans.

14 Q. Monsieur Sljivancanin, je ne vous demande pas d'en donner lecture. Vous

15 savez bien qu'il y a une version B/C/S. J'aimerais que vous nous indiquiez

16 de quoi il s'agit en une phrase.

17 R. C'est une attestation que M. Michel a rédigé le 14 octobre dans le

18 village de Marinci, de sa main à lui, lors du retour du convoi en Croatie.

19 M. LUKIC : [interprétation] On voit à présent le texte qui a été rédigé à

20 l'époque et qui est traduit en B/C/S. J'aimerais que ce document soit versé

21 au dossier en guise de pièce à conviction.

22 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce sera versé au dossier.

23 M. LE GREFFIER : [interprétation] La cote sera 827, Monsieur le Président.

24 M. LUKIC : [interprétation] Je crois que l'heure est venue de faire la

25 pause, Madame et Messieurs les Juges.

26 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons continuer à 10 heures 50.

27 --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.

28 --- L'audience est reprise à 10 heures 55.

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1 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Lukic.

2 M. LUKIC : [interprétation]

3 Q. Monsieur Sljivancanin, j'aimerais vous demander de nous donner des

4 réponses aussi concises que possible car, comme l'a indiqué M. le Juge

5 Parker, nous avons beaucoup de thèmes à aborder, vous avez encore beaucoup

6 de choses importantes à dire, et je pense qu'il ne faut pas oublier la

7 concision. Si nécessaire, nous pourrions poser d'autres questions dans le

8 cadre des questions supplémentaires. Pour le moment, tenons-nous-en à

9 l'essentiel.

10 J'aimerais que nous parlions de la deuxième évacuation en octobre, si

11 nous pouvons l'appeler ainsi. Que s'est-il passé quelques jours plus tard,

12 si vous pouvez nous faire une description brève de ce qui s'est passé ?

13 R. Plusieurs jours plus tard, après que le premier convoi n'a pas pu

14 arriver, une fois de plus, le colonel Pavkovic et moi-même avons reçu une

15 affectation de la part de notre commandant qui nous a demandé d'aller

16 rencontrer un nouveau convoi dans le village de Marinci. Une fois de plus,

17 c'était Robert Michel qui dirigeait ce convoi, il y avait beaucoup moins de

18 véhicules que la première fois. Il y avait au grand maximum 30 véhicules

19 essentiellement médicaux et il y avait un ou deux camions de petites

20 tailles; il n'y avait pas de remorques cette fois-ci.

21 Une fois de plus, il a demandé que le convoi passe par le village de

22 Bogdanovci. Comme la première fois, nous l'avons mis en garde car la route

23 était piégée et le village était placé sous le contrôle d'unités

24 paramilitaires croates. Nous lui avons dit que nous pourrions l'amener tout

25 près de ce village, mais pas au-delà du village. Nous lui avons montré une

26 carte pour lui montrer où nous pourrions l'attendre afin qu'il puisse être

27 escorté de Bogdanovci à Vukovar. Il s'agit d'un secteur qui se trouve près

28 de la cote 102 sur la route, le village de Bogdanovci, dans la région de

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1 Vukovar. Il a marqué son accord et il a dit qu'il avait pris un autre

2 engagement pour emmener quelqu'un parce qu'il y avait quelqu'un d'autre qui

3 l'attendait dans le village de Bogdanovci; je ne sais pas de qu'il

4 s'agissait.

5 Nous les avons amenés près du village. Ils ont emprunté un différent

6 itinéraire à partir de ce moment-là. Nous sommes revenus et nous en avons

7 informé le commandant Mrksic. Je ne sais pas exactement ce qu'a dit Mrksic

8 à ce sujet, mais je sais que lui aussi, plus tard, il est venu avec nous au

9 niveau de la cote 102, pour voir si le convoi pourrait atteindre Vukovar en

10 toute sécurité. Nous avions reçu des ordres de notre commandement supérieur

11 suivant lesquels il ne fallait pas ouvrir le feu; il fallait que nous

12 assurions l'entrée du convoi dans Vukovar. Nous avons respecté cette

13 décision.

14 Lorsque nous sommes arrivés au niveau de la cote 102, pour autant que je

15 m'en souvienne, il y avait une unité qui avait été déployée là, il

16 s'agissait d'une unité du bataillon blindé de la 212e Brigade mécanisée, je

17 pense qu'il s'agissait de cette unité qui se trouvait là. Peut-être que je

18 suis dans l'erreur, mais je ne le pense pas. Je sais plutôt que le

19 commandant a informé le commandant du bataillon que le convoi n'était pas

20 passé, nous étions préoccupés parce que nous étions responsables de ce

21 convoi. Je ne sais pas quelle mission a été confiée par le commandant au

22 commandant du bataillon blindé, mais il aurait dû mieux contrôler son

23 territoire à ce moment-là. Ceci est certain.

24 Nous avons attendu un certain temps et après quelque temps, le convoi est

25 apparu, il venait de la direction de Vukovar. Le convoi se déplaçait le

26 long de champs de maïs. D'ailleurs, je pourrais vous montrer où cela se

27 trouve sur la carte. Je pourrais vous montrer l'itinéraire emprunté. Il

28 était précédé d'une voiture Zastava 101 blanche, de couleur blanche. Les

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1 gens qui marchaient à l'avant du convoi ont ouvert le feu sur des soldats,

2 qui se trouvaient dans un blindé. Ils ont quitté la voiture Zastava, ils

3 l'ont laissée, sont sortis en courant et ont commencé à courir vers le

4 champ de maïs. Le commandant Mrksic a donné l'ordre de ne pas ouvrir le feu

5 en dépit du fait qu'ils nous avaient tiré dessus, que ces gens avaient tiré

6 sur nos soldats, nous n'avons jamais su qui étaient ces personnes qui se

7 trouvaient dans cette voiture.

8 Le convoi s'est arrêté à cet endroit-là. Il y a un groupe d'officiers qui

9 est descendu de l'éminence qui correspond à la cote 102 et qui est allé

10 dans le champ de blé où nous avons retrouvé Robert Michel. Ensuite, nous

11 avons fait en sorte que le convoi puisse aller jusqu'à l'éminence 102, il

12 s'agissait d'une route goudronnée, qui ralliait Bogdanovci à Vukovar. Le

13 commandant Mrksic s'est entretenu rapidement avec M. Robert Michel. Il lui

14 a expliqué, pour autant que je m'en souvienne, que les gens de Bogdanovci

15 l'avaient dévié vers un autre village. C'est pour cela qu'il n'avait pas pu

16 respecter ce qui avait fait l'objet d'un accord. Ils avaient eu des

17 problèmes avec ce champ de mines, comme il l'a dit. Toutefois, il nous a

18 demandé de lui montrer la meilleure route goudronnée qu'il pourrait

19 emprunter pour aller jusqu'à Bogdanovci parce qu'apparemment, il avait

20 laissé des gens à Bogdanovci, des gens du convoi et il fallait qu'il

21 récupère ces gens à Bogdanovci.

22 Le commandant lui a montré la route, je peux vous montrer tout cela sur la

23 carte, la conversation s'est ainsi terminée. Ils ont emprunté cette route

24 en direction de Bogdanovci. Le colonel Pavkovic et moi-même étions censés

25 emprunter un itinéraire plus long qui passait par le village de Petrovci et

26 nous étions censés les attendre à l'extérieur du village de Bogdanovci pour

27 les emmener vers village de Marinci à partir duquel ils auraient pu

28 repartir en Croatie.

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1 A peu près à 800 mètres de l'endroit où nous nous trouvions, dans la

2 direction du village de Bogdanovci, nous avons entendu une déflagration, je

3 m'en souviens très bien. Le cinquième véhicule de la colonne a explosé. Ce

4 qui fait que les quatre premiers véhicules sont passés, mais le cinquième

5 véhicule, lui, c'était un véhicule qui appartenait aux observateurs

6 internationaux et ce que nous craignions le plus a fini par se passer parce

7 que nous, nous craignions vivement que quelqu'un provoque un accident de ce

8 style pour qu'il puisse ensuite dire que les unités de la JNA empêchaient,

9 une fois de plus, le travail accompli par les observateurs internationaux.

10 Cette fois-ci, deux femmes ou plutôt une femme a été blessée. Je n'en

11 suis pas tout à fait sûr, mais je sais toutefois qu'immédiatement une

12 ambulance de la JNA est arrivée et les a emmenées à l'hôpital de

13 Negoslavci. A partir de là, ils ont été transportés par hélicoptère à

14 l'hôpital militaire de l'Académie militaire de Belgrade.

15 Robert Michel est revenu et il a demandé que la JNA s'occupe une fois

16 de plus de ce convoi. Le commandant lui a proposé d'emprunter la route

17 goudronnée jusqu'à Vukovar et de prendre une autre route goudronnée

18 jusqu'au village de Petrovci et ensuite jusqu'à Sid. Robert Michel a dit

19 qu'il était tout à fait disposé à aller au village de Petrovci mais qu'il

20 n'était absolument pas prêt à repartir vers Vukovar; alors nous lui avons

21 montré la carte et nous lui avons indiqué quelles étaient les distances

22 entre ces trois endroits, il a choisi une route de village, il a voulu

23 emprunter cela ainsi que la route goudronnée pour aller jusqu'au village de

24 Petrovci. Le commandant Mrksic a accepté.

25 Les membres de notre commandement sont revenus, on m'a donné l'ordre

26 de rester avec des policiers militaires pour nous assurer qu'ils soient en

27 sécurité jusqu'à ce qu'ils atteignent la route goudronnée et nous, nous

28 sommes revenus dans le secteur qui était passé sous le contrôle de la 1ère

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1 Division des Gardes, près du village de Petrovci.

2 Une fois qu'ils sont repartis, il pleuvait d'ailleurs énormément ce

3 jour-là, c'est l'après-midi de ce jour-là, les véhicules se sont embourbés

4 sur le chemin non goudronné, ce qui fait qu'ils n'ont pu ni aller de

5 l'avant ni rebrousser chemin. Nous avons essayé de désengager ces véhicules

6 en utilisant un véhicule transport de troupes; nous avons passé la nuit

7 entière pour ce faire jusqu'au moment où nous avons pu les remettre sur la

8 route de Petrovci. Nous nous sommes salués, ensuite Robert Michel et moi,

9 nous étions véritablement trempés comme des soupes à la suite de cela.

10 A un moment donné, de l'un de ces véhicules est sorti l'un de nos

11 soldats que nous avions cherché et qui avait porté disparu le 2 octobre. Il

12 avait reconnu les voix de ses camarades soldats qui aidaient à dégager ce

13 véhicule en utilisant ces véhicules de transport de troupes. Il s'appelait

14 Zivkovic, il était membre du bataillon blindé.

15 Q. Merci. Nous allons nous interrompre un peu. Je vais vous arrêter

16 là parce que nous mentionnons le village de Bogdanovci. J'aimerais savoir

17 qui contrôlait le village de Bogdanovci ? Quelle était la force armée qui

18 contrôlait le village de Bogdanovci ?

19 R. Le village de Bogdanovci, et ce jusqu'au 18 et peut-être le 15

20 novembre, était placé sous le contrôle et est resté sous le contrôle des

21 forces paramilitaires croates.

22 Q. Mais sur la base de vos informations, qu'est-ce qui explique que cette

23 déflagration, cette explosion ? Comment se fait-il que ces femmes du convoi

24 aient été blessées ? Qui a provoqué cet incident ?

25 R. C'était l'un des défenseurs de ce village. Nous nous sommes rendus

26 compte par la suite, lorsque nous sommes arrivés, qu'ils avaient placé une

27 mine du champ de maïs sous ce véhicule et la grenade a été positionnée sous

28 le cinquième véhicule de ce convoi, de ce convoi d'observateurs

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1 internationaux.

2 M. LUKIC : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche à l'écran la carte

3 dont le numéro est ZA004292.

4 M. LE GREFFIER : [interprétation] Je ne trouve pas ce document dans le

5 système e-court.

6 M. LUKIC : [interprétation] Un petit moment, je vous prie. Le 3D0060009. Il

7 s'agit d'un des documents que nous avons reçus de la part du bureau du

8 Procureur et il accompagne ce document, le rapport de la Mission des

9 observateurs européens à l'époque. Je ne sais pas qui est l'auteur de ce

10 document. On a dessiné sur la carte, mais je pense qu'elle est utile.

11 Q. Monsieur Sljivancanin, on ne va pas répéter toute l'anecdote, mais est-

12 ce que vous pouvez nous montrer et dessiner le secteur qui était contrôlé

13 par les formations paramilitaires croates, ou est-ce que vous avez attendu

14 où se trouve cette cote dont vous avez parlé et où s'est déroulé cet

15 incident ?

16 R. L'éminence qui correspond à la cote 102 se trouve exactement ici.

17 Q. Est-ce que nous pourrions faire un agrandissement sur cette carte, je

18 vous prie ?

19 R. J'avais parlé de l'éminence de la cote 102.

20 Q. Peut-être que nous pouvons poursuivre, maintenant --

21 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je peux vous montrer cela sur la

23 carte dans la pièce à conviction 156 ?

24 M. LUKIC : [interprétation] Je ne sais pas si M. Sljivancanin dispose d'une

25 carte papier avec lui, parce que nous pourrions la placer sur le

26 rétroprojecteur et ainsi poursuivre.

27 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, oui. J'ai une carte.

28 M. LUKIC : [interprétation]

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1 Q. Je pense que c'est la meilleure chose. Mettez cette carte sur le

2 rétroprojecteur et ensuite, nous pourrons utiliser cet exemplaire et le

3 verser au dossier.

4 R. J'ai dit que l'éminence 102 se trouve ici. Est-ce que je dois indiquer

5 où cela se trouve ?

6 Q. Oui. Faites-le et mettez le chiffre 1.

7 R. Je vais faire une ligne et je vais mettre le chiffre 1. Voilà. Le

8 village de Bogdanovci, qui était contrôlé par les forces paramilitaires de

9 la Croatie, se trouvait juste ici, à cet endroit. Voilà. C'est plus ou

10 moins comme cela. Lusac, c'était sous leur contrôle. A l'extérieur de cette

11 ligne tout se trouvait sous le contrôle des forces paramilitaires croates.

12 Q. Est-ce que vous pouvez mettre le numéro 2, vous pouvez montrer si, à

13 partir de là, ils avaient un accès à Vukovar, ou un lien avec Vukovar ?

14 R. Oui. Il y avait un lien qui avait été établi par le biais de cette

15 route qui passait par les champs. Ensuite, il y avait la rivière Vuka qui

16 passait par Lusac. Il y a beaucoup d'éléments de preuve qui ont été avancés

17 à ce sujet et il y a beaucoup de choses qui ont été dites.

18 Le village de Marinci, est-ce que je dois vous montrer où il est ?

19 Q. Oui.

20 R. Le village de Marinci se trouve ici et j'y ai mis le chiffre numéro 3.

21 Q. Il était placé sous le contrôle de qui, ce village ?

22 R. Il se trouvait dans la zone opérationnelle de la 1ère Division motorisée

23 de la Garde. Ils tenaient le village et lorsque nous avons rencontré le

24 convoi au niveau de ce carrefour, ils sont partis vers la route de

25 Bogdanovci et, comme Robert Michel nous l'a dit plus tard, ils ont emprunté

26 cette route, qui longeait la rivière Vuka, vers Vukovar, à partir de

27 Bogdanovci. Il n'a pas pris la route goudronnée là où nous l'attendions au

28 niveau de l'éminence 102. Le convoi est revenu de Vukovar. Pour ce faire,

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1 il a emprunté cette route que je vous montre maintenant, avec cette

2 direction vers l'éminence 102. Voilà. J'ai mis le chiffre 4 maintenant.

3 Q. Bien.

4 R. Après avoir parlé avec le commandant, il est parti vers cette

5 direction, cela est indiqué avec la flèche numéro 5, vers le village de

6 Bogdanovci.

7 Après l'incident avec la mine, ils sont revenus vers l'éminence 102

8 et la nuit, je les ai emmenés vers cette direction, là où je mets le

9 chiffre 6, vers la route goudronnée, pour les remettre en direction du

10 village de Petrovci.

11 Q. Mettez le chiffre 7 pour montrer où s'est produite l'explosion.

12 R. Je vais mettre un point et je vais faire une flèche. Voilà. Voilà plus

13 ou moins là où s'est passé cette explosion. Peut-être que c'est un peu plus

14 proche du village. Voilà. Maintenant, j'ai mis le chiffre 7.

15 M. LUKIC : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, est-ce que nous

16 pouvons verser cela au dossier ? M. Sljivancanin ne va plus avoir besoin de

17 cette feuille.

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cela sera versé au dossier.

19 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce à conviction 828,

20 Madame, Messieurs les Juges.

21 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce que nous pourrions maintenant voir un

22 extrait vidéo très bref à propos de ceci ? Il s'agit d'un extrait vidéo qui

23 fait partie du document vidéo V000-5034.

24 [Diffusion de la cassette vidéo]

25 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

26 "Sur cette route, vous auriez pu passer vers la route goudronnée

27 parce que nous ne voulons pas que les blessés de Vukovar meurent. Nous vous

28 avons attendu et vous avez pris des routes secrètes pour mettre en danger

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1 vos vies et la vie des blessés.

2 Robert Michel : Un convoi avec des personnes blessées, c'est tout

3 pour retirer de cette ville dans la mesure du possible les personnes

4 blessées."

5 M. LUKIC : [interprétation] Merci.

6 Q. Qui parlait ici ? Quels étaient les interlocuteurs du dialogue ?

7 R. Il s'agit d'un dialogue entre le commandant Mrksic et M. Robert Michel.

8 Je pense que ce fut une conversation qui a eu lieu au niveau de l'éminence

9 102. Je ne connais pas la date exacte de cette conversation, je pense que

10 quatre journées s'étaient écoulées depuis la date du premier convoi.

11 M. LUKIC : [interprétation] Madame et Messieurs les Juges, est-ce que nous

12 pouvons verser au dossier cet extrait vidéo ?

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Cela sera versé au dossier.

14 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce à conviction 829,

15 Monsieur le Président.

16 M. LUKIC : [interprétation] A propos de la date justement, nous allons

17 consulter une pièce à conviction qui porte là-dessus et nous mettrons un

18 terme à l'examen de ce sujet. Il s'agit de la pièce à conviction 327, je

19 souhaiterais qu'elle soit affichée à l'écran. Page 2 de la version B/C/S,

20 il s'agit d'un rapport du commandant du 1er District militaire, la date est

21 la date du 19 octobre 1991, et le numéro est 832-85/115. Je souhaiterais

22 avoir la page 2, la partie inférieure de la page 2. Voilà.

23 Q. Nous allons lire ce texte. Est-ce qu'il s'agit d'un rapport qui décrit

24 à propos de quoi vous venez de témoigner ? Vous pouvez le lire si vous le

25 souhaitez ?

26 R. Je peux le lire, mais c'est un rapport qui a trait justement à ce que

27 j'ai décrit et ce document montre que cela s'est passé le 19 octobre 1991.

28 Q. Il s'agit d'un rapport du 19 octobre, on a beaucoup parlé de cela dans

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1 le registre de guerre de la Brigade des Gardes avec les horaires précis des

2 événements qui se sont déroulés. Peut-être que nous consulterons cela

3 également, mais nous allons maintenant aborder un autre sujet.

4 Manifestement, vous avez eu des contacts fréquents lors de votre séjour à

5 Vukovar. Puis-je vous demander pourquoi et comment cela se fait-il ?

6 Comment est-ce que cela a été organisé ?

7 R. Lors des opérations de combat et lorsque le bouclage des casernes de

8 Vukovar a été terminé, il est vrai que j'ai rencontré souvent la presse.

9 Premièrement, les journalistes étaient toujours curieux. Ils voulaient

10 obtenir les toutes dernières informations à propos des toutes dernières

11 opérations de combat.

12 Il y avait eu des témoignages différents à mon sujet. Je ne dissimule

13 pas ce fait. Depuis le premier jour et pendant toute la journée, j'ai été

14 sur la ligne de front et j'ai inspecté les soldats de la brigade motorisée,

15 notamment les jeunes soldats du 2e Bataillon de la Police militaire et du 2e

16 Bataillon motorisé parce qu'il s'agissait de soldats qui venaient juste de

17 terminer leur troisième mois d'entraînement au combat. Ils n'avaient pas

18 terminé cette formation au combat.

19 Cette formation et cette préparation au combat étaient censées durer

20 cinq mois et 22 jours d'après le programme scolaire, mais ils n'ont pas eu

21 la chance de bénéficier de toute l'intégralité de cette instruction

22 militaire comme cela avait été notre cas.

23 J'étais relativement jeune à l'époque et je considérais tous ces

24 soldats comme mes propres fils. Il m'aurait été particulièrement difficile

25 de voir qu'un malheur leur serait arrivé. Grâce à ma présence, je voulais

26 attirer leur attention sur les faits importants parce qu'ils jouaient comme

27 des enfants et je voulais qu'ils soient un peu plus sérieux au cas où

28 quelque chose leur arriverait.

Page 13536

1 Deuxièmement, comme je l'ai déjà dit, j'étais sur la ligne de front

2 et j'ai véritablement fait de mon mieux pour pouvoir avoir toutes les

3 informations à propos des soldat qui étaient portés disparus pour pouvoir

4 les libérer et pour pouvoir les réintégrer dans leur unité. J'étais

5 également sur la ligne de front parce que très souvent j'étais appelé par

6 un commandant supérieur que je connaissais de Belgrade ou que je

7 connaissais d'autres garnisons du territoire de la Yougoslavie, parfois les

8 gens m'appelaient également depuis le commandement du 1er District militaire

9 et, très souvent, je dois dire qu'il y a des commandants supérieurs qui

10 étaient Croates et qui me demandaient de trouver certains membres de leurs

11 familles et qui me demandaient de les envoyer à Sid, si je pouvais le

12 faire. Je l'ai fait d'ailleurs.

13 Les journalistes, puisqu'il s'agit de journalistes, les journalistes

14 lorsqu'ils venaient sur la ligne de front, il y avait un centre de presse à

15 Negoslavci. Il faut savoir que c'était un centre de presse qui était dirigé

16 par le capitaine Zvorcan qui, pendant un certain laps de temps, a été le

17 commandant d'une compagnie de la police militaire dans le 1er Bataillon de

18 la Police militaire lorsque j'étais commandant de ce bataillon et il m'a

19 demandé de l'aider. Il m'a dit que l'adjoint pour le moral des troupes ne

20 venait pas sur la ligne de front et il m'a demandé de répondre aux

21 questions posées par les journalistes.

22 Comme il s'agissait de journalistes accrédités qui avaient reçu leur

23 licence du secrétariat fédéral pour la Défense. Je n'avais rien à cacher à

24 ces journalistes. Nous étions l'armée populaire yougoslave. J'étais le chef

25 de la sécurité et je voulais aider toute personne qui se trouvait dans

26 notre pays.

27 Q. Est-ce que vous avez eu ces contacts avec eux lorsqu'il a fallu

28 aborder le sujet du traitement des journalistes étrangers ?

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1 R. J'étais encore plus coopératif lorsqu'il s'agissait des

2 journalistes étrangers et j'ai véritablement assuré davantage leur sécurité

3 que pour ce qui était des journalistes de mon pays. J'ai véritablement

4 toujours déployé des efforts pour être disponible, pour être à leur

5 disposition et pour leur montrer tout ce que je pouvais leur montrer.

6 M. LUKIC : [interprétation] J'aimerais qu'on affiche sur l'écran le

7 document qui porte le numéro 3D010058.

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux dire entre-temps que je me

9 souviens qu'à une occasion, le chef du cabinet du secrétaire fédéral M. Vuk

10 Obranovic, par le biais du commandant Mrksic, a demandé à ce que l'équipe

11 de journalistes - cette équipe a été menée par le journaliste van Lynden

12 qui a été témoin ici - qu'il pouvait être avec nos unités. Sur

13 l'autorisation du commandant, je l'ai emmené au sein de l'unité

14 antiterroriste et j'ai été avec eux pendant toute la nuit, au sein de cette

15 unité. Ils ont passé toute la nuit avec les membres de cette unité.

16 M. LUKIC : [interprétation]

17 Q. Monsieur Sljivancanin, le document est en anglais mais je crois que

18 vous connaissez le contenu du document. Quand avez-vous reçu ce document,

19 si vous l'avez reçu ?

20 R. Après être rentré de Vukovar et pendant que j'étais à Vukovar pour

21 exécuter ma mission, je recevais des lettres de différentes personnes, y

22 compris des journalistes. Je me souviens très bien de ce document. Cette

23 lettre je l'ai reçue pendant que j'étais à Vukovar. Je me souviens, pour ce

24 qui est du 4 novembre, parce que c'était la journée de la Brigade motorisée

25 de la Garde. La lettre m'a été envoyée par le journaliste anglais qui était

26 à Vukovar et qui prenait contact avec moi. Cette lettre je la garde au jour

27 d'aujourd'hui et je suis très content de l'avoir reçue.

28 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut verser au dossier cette

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1 lettre.

2 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Le document est versé au dossier.

3 M. LE GREFFIER : [interprétation] Elle aura la cote 830, Monsieur le

4 Président.

5 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut passer à huis clos partiel,

6 s'il vous plaît.

7 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons passer à huis clos

8 partiel.

9 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes maintenant à huis clos

10 partiel, Monsieur le Président.

11 [Audience à huis clos partiel]

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5 [Audience publique]

6 M. LUKIC : [interprétation]

7 Q. Nous avons appris que vous aviez des contacts directs avec les

8 représentants des organisations internationales ainsi qu'avec la Croix-

9 Rouge internationale. Nous allons parler de dates précises. Avant cela

10 dites-moi si, avant le 18 novembre, vous avez eu des contacts avec M.

11 Borsinger, et avant tout quels étaient vos contacts pendant les actions de

12 combat ?

13 R. Pour ce qui est de M. Nicholas Borsinger, j'ai eu des contacts avec lui

14 à partir de la mi-octobre jusqu'à la fin, à savoir jusqu'au 21 novembre

15 dans la soirée; c'était quotidien.

16 M. Borsinger venait tous les jours chez moi pour qu'il puisse partir avec

17 moi sur le front à Vukovar. Il a passé le plus de temps au centre de

18 Velepromet où des civils venaient. Il leur promettait d'aider pour ce qui

19 est de la nourriture, des médicaments et d'autres matériels médicaux.

20 Malheureusement, il n'a jamais tenu cette promesse, excepté une fois

21 lorsqu'on est allé à l'hôpital de Vukovar.

22 Mes relations avec lui étaient amicales. Même après, on a gardé contact.

23 Maintenant s'il peut m'entendre, je l'invite à venir ici pour dire si c'est

24 la vérité ce que je viens de dire. J'ai fait des efforts pour l'aider à

25 réaliser ses souhaits et même contre les règles. J'ai trouvé une maison au

26 village de Negoslavci qui était tout près du centre de presse et j'ai prié

27 le capitaine Radojica de lui permettre, à lui et à son équipe, de dormir

28 dans cette maison.

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1 Pour ce qui est des représentants des organisations internationales, je

2 peux dire que c'est avec M. Nicholas Borsinger que j'ai eu de très bons

3 contacts.

4 Q. Maintenant, j'aimerais brièvement parcourir le journal de guerre après

5 quoi nous allons parler des événements auxquels nous nous sommes intéressés

6 le plus. Il s'agit du journal de guerre pour lequel je pense que vous êtes

7 le témoin pertinent. D'abord --

8 M. LUKIC : [interprétation] Il s'agit du document de la pièce à conviction

9 qui porte le numéro 401. Dans la version en B/C/S, il a le numéro 02935465.

10 D'abord, j'aimerais parler d'un autre document pour suivre l'ordre

11 chronologique. En B/C/S, c'est 02935446, c'est le numéro de la page, la

12 date c'est le 4 octobre à 12 heures. Il s'agit de la page 13 dans la

13 version en B/C/S. En B/C/S. C'est cela. Je vous remercie. En anglais, c'est

14 la page 12. La date est le 4 octobre, 12 heures.

15 Q. Monsieur Sljivancanin, voyez-vous cette entrée ?

16 R. [aucune interprétation]

17 M. MOORE : [interprétation] Je m'excuse. Je n'aime pas interrompre. Je

18 comprends vos difficultés. Nous n'avons pas cette entrée dans notre

19 exemplaire. Est-il possible d'afficher cela sur l'écran ?

20 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

21 M. LUKIC : [interprétation] Juste quelques instants, s'il vous plaît. Je

22 l'ai sous les yeux. Les pages sont confondues. La version en anglais est

23 sur l'écran, il y a la page 0101057. C'est en anglais. C'est la page qui

24 porte ce numéro.

25 LE TÉMOIN : [interprétation] Je la vois cette page.

26 M. LUKIC : [interprétation]

27 Q. Nous avons déjà commenté cette entrée.

28 R. C'est le village de Negoslavci, le 4 octobre, 12 heures.

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1 "Les organes de reconnaissance disent que dans le nouvel hôpital et dans

2 l'ancien hôpital se trouve le QG des Oustacha qui est au sous-sol."

3 J'ai déjà commenté cela lorsque j'ai parlé des informations provenant de la

4 direction chargée de la sécurité.

5 Q. Selon vous, Monsieur Sljivancanin, quelle était la distance entre le QG

6 de Jastreb, pour l'appeler ainsi, de l'hôpital ? Nous allons parler de cela

7 plus tard.

8 R. Moi en personne, je me trouvais dans cet abri le 19 dans la soirée et

9 le 20 au cours de l'après-midi et au cours de la matinée. C'est le 19 et le

10 20 novembre. J'ai mesuré cela en marchant et c'est à gauche et la distance

11 c'est entre 200 et 300 mètres.

12 Q. Très bien.

13 M. LUKIC : [interprétation] Passons à une autre entrée. C'est 02935457.

14 C'est le numéro de l'entrée dans la version en anglais -- dans la version

15 en B/C/S, c'est la page 24 et dans la version en anglais, c'est la page 22.

16 C'est l'entrée qui porte la date du 11 octobre à 16 heures 45. Maintenant

17 je vais lire cela. L'écriture n'est pas très lisible. J'espère que la

18 version en anglais est plus lisible.

19 Q. "Reçu un ordre du commandement du 1er District militaire IKM,

20 strictement confidentiel, 1614-82/18 du 11 octobre 1991, qui régit l'entrée

21 dans la ville de Vukovar des véhicules à bord desquels se trouve la

22 nourriture, ensuite des représentants de la presse ainsi que la procédure

23 envers les femmes, les enfants et les personnes âgées."

24 Cet ordre, nous ne l'avons pas parmi les documents, je ne l'ai pas trouvé,

25 excepté cette entrée concernant le journal de guerre. Dites-nous si vous

26 vous souvenez, après avoir lu ce document, quelle était la procédure par

27 rapport à ces choses-là, en particulier pourquoi il est mentionné

28 uniquement la procédure envers les femmes, les enfants et les personnes

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1 âgées. Pourquoi les hommes plus jeunes n'ont pas été mentionnés dans cette

2 entrée ?

3 R. Hier, j'en ai parlé, à savoir ce qu'ont été nos attentes. Après être

4 venu sur le territoire de Vukovar, moi en personne et je crois beaucoup

5 d'autres officiers se sont attendus à ce que --

6 Q. Monsieur Sljivancanin, parlez plus lentement, s'il vous plaît. On est

7 constamment rappelé.

8 R. Moi et je crois beaucoup d'autres officiers, des chefs, qu'après que

9 notre unité était arrivée à Vukovar, la population allait nous accepter en

10 tant que ses soldats et nous permettre d'exécuter notre mission, à savoir

11 de désarmer des formations paramilitaires pour que le peuple puisse vivre

12 dans des conditions normales dans cette région. Pourtant, une chose tout à

13 fait contraire est arrivée.

14 Des actions de combat violentes ont commencé, il est apparu un grand

15 nombre de civils, de femmes, d'enfants, et cetera. Pour autant que je m'en

16 souvienne, cet ordre disait : que tous ceux, à savoir toutes les femmes,

17 tous les enfants, toutes les personnes âgées et toutes les personnes qui

18 n'étaient pas en mesure de participer dans des actions de combat, il

19 fallait leur permettre de quitter la zone des actions de combat et de les

20 évacuer dans la direction de Sid, dans la Croix-Rouge de Sid. Ceux qui

21 voulaient rester chez eux, il ne fallait pas les toucher.

22 Pourquoi les hommes n'ont pas été mentionnés dans ce document ? La

23 raison pour cela était que toutes les personnes aptes à porter les armes

24 devaient rester dans la zone et devaient aider la JNA à exécuter ses

25 missions. C'est ainsi que j'ai compris cet ordre.

26 Q. A la fin nous allons voir l'un de vos rapports. Est-ce que

27 l'ambiance qui régnait parmi la population était telle qu'ils exprimaient

28 leur souhait de participer activement dans des combats, selon vous ?

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1 R. L'ambiance était diverse. En particulier, beaucoup de ces gens-là

2 reprochaient à la JNA parce que la JNA exigeait une discipline sévère et

3 ils portaient une étoile à cinq branches sur leur uniforme. Donc l'ambiance

4 différait.

5 Q. Nous allons voir une autre entrée, à laquelle M. Theunens et M. le

6 Procureur s'intéressaient beaucoup au moment où ils ont fait une analyse.

7 M. LUKIC : [interprétation] La page que je voulais qu'on montre c'est 0293-

8 5466. Dans la version en anglais, la page est la page numéro 30 et dans la

9 version en B/C/S, c'est la page 33. Il s'agit de l'entrée du 21 octobre à

10 16 heures 30. Est-ce qu'on peut agrandir la partie inférieure du document.

11 Q. Monsieur Sljivancanin, il est écrit ici :

12 "Le 21 octobre à 16 heures 30, le commandant Sljivancanin Veselin a fait un

13 rapport au général Panic selon lequel, au cours de la journée, il procédait

14 à la correction du feu d'artillerie sur la région de Mitnica vers 13

15 heures."

16 Qu'est-ce que vous pouvez nous dire par rapport à cette entrée, soyez bref

17 et parlez lentement, s'il vous plaît.

18 R. J'ai déjà dit, dans mes rapports aussi, qu'en inspectant les unités et

19 en menant des entretiens d'information avec certains individus, j'ai appris

20 que les unités d'artillerie du 1er District militaire tiraient avec peu de

21 précision et touchaient même les positions de nos soldats. J'ai informé là-

22 dessus le commandant, M. le colonel Mrksic. Mrksic est intervenu auprès du

23 commandement du 1er District militaire, mais certaines personnes ont dit que

24 j'ai eu beaucoup d'émotions en faisant cela, c'étaient certaines personnes

25 du commandement du 1er District militaire et ils ont dit que mes conclusions

26 n'étaient pas justes.

27 Encore une fois, je suis resté sur le front et j'ai dormi chez le

28 témoin P01, au sein de l'unité qu'il commandait. C'était mon expérience que

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1 j'ai eue cette nuit-là. Encore une fois, j'ai demandé au commandant

2 d'attirer l'attention sur ces choses-là et d'empêcher que ces choses-là se

3 produisent.

4 Le général Panic en personne voulait me parler, c'était le commandant

5 du district militaire. Je lui ai expliqué les choses et il ne croyait pas

6 que mon rapport était exact, mais il a dit qu'il allait envoyer le chef de

7 l'artillerie pour qu'il puisse s'assurer qu'il s'agissait de la vérité. Ce

8 jour-là, le chef de l'artillerie, le colonel Grce, je me souviens de son

9 prénom, est venu chez le commandant. Nous lui avons parlé de la situation

10 et on s'est mis d'accord pour que le colonel parte avec moi pour Vukovar

11 pour que je choisisse une cible pour que nous puissions vérifier si c'était

12 la vérité.

13 Le colonel Grce a ordonné à certains officiers de l'artillerie dont je ne

14 me souviens pas des noms - de partir avec lui et nous avons choisi la

15 région du poste d'observation Vinarija à Vukovar. C'est un bâtiment du toit

16 duquel on voit le mieux Mitnica parce que c'est une plaine.

17 Au pied de Mitnica se trouvait un pont aux points fortifiés où il y

18 avait des tirs d'artillerie dans la direction de Dudinjak. J'ai demandé au

19 colonel de commander de ce poste d'observation en utilisant les moyens de

20 transmission pour que ces observateurs puissent voir où les obus allaient

21 tomber.

22 Il a emmené avec lui les observateurs et les gens qui devaient

23 s'occuper des transmissions et il les a mis au poste d'observation de

24 Vinarija. Il a ordonné que les tirs soient lancés contre cette cible

25 choisie. Il y avait des obusiers de calibre 150 et 122 millimètres. Pour

26 être bref, je vais vous dire qu'aucune de ces pièces d'artillerie n'a

27 touché la cible. Il y avait des erreurs de 400 mètres à peu près.

28 De là, on est parti de la direction des positions de tir de ces

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1 unités à bord d'un véhicule pour voir pourquoi ces obus n'ont pas atteint

2 la cible. Il pleuvait à ce moment-là, il y avait la boue dans cette plaine,

3 les membres des unités se trouvaient dans des tranchées où il y avait des

4 minutions et la pluie tombait sur ces munitions. On a pu conclure que les

5 charges qu'on utilisait à l'époque ont été humidifiées et c'est pour cela

6 qu'il y avait ces erreurs de tir.

7 C'était la réponse technique de ces organes de l'artillerie. Nous

8 sommes par la suite revenus au commandement du lieu. Nous en avons informé

9 le commandement. Ils ont compris que j'avais raison. Le commandant m'a

10 ordonné de me présenter en personne au général Panic pour lui dire que ce

11 que j'avais dit était la vérité. C'est pour cela que cela a été noté au

12 journal de guerre.

13 Q. Pourquoi en tant qu'organe chargé de la sécurité, pourquoi vous

14 avez participé activement à cela ? Pourquoi cela a été important pour

15 l'organe chargé de la sécurité ?

16 R. Dans ma réponse, j'ai dit que les officiers du commandement du 1er

17 District militaire ont eu des soupçons par rapport à la véracité des

18 données que j'ai fournies. C'est pour cela que je devais justifier ce que

19 j'ai dit. C'est la tâche majeure d'un organe de la sécurité d'établir si

20 c'était la vérité ou pas ? Le fait qu'en utilisant vos propres moyens

21 d'artillerie, vous tuez vos propres soldats.

22 Q. Nous en avons fini avec les faits liés au journal de guerre. Est-ce que

23 la date du 18 novembre 1991 vous dit quelque chose ?

24 R. Il s'agit de la méthode appliquée à cette date-là, la méthode appliquée

25 par l'organe chargé de la sécurité.

26 M. LUKIC : [interprétation] J'ai dit le 17 novembre et non pas le 18

27 novembre. La date c'est le 17 novembre.

28 Q. Nous allons parler de l'autre date plus tard.

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1 R. Je répète ma réponse. Si vous me suggérez cela, compte tenu du fait que

2 j'ai parlé de cela avec vous. Je me souviens de cette date-là très bien,

3 parce qu'à cette date-là j'ai appliqué une méthode dans le travail de

4 l'organe chargé de la sécurité qui s'appelle la "désinformation." J'ai

5 essuyé des critiques mais j'ai procédé ainsi.

6 De quoi il s'agit ? Avant, j'ai dit que nous avions au cours du déblocage

7 de la caserne un petit nombre d'arrêtés parmi les membres des formations

8 paramilitaires. C'était au plus 20 prisonniers qui ont été arrêtés au cours

9 d'un mois. Sur la base des entretiens d'information que j'ai menés avec ces

10 gens, voilà ce qu'ils m'ont dit : "Nous, quand nous avons la possibilité

11 nous regardons la plupart du temps la télévision de Belgrade parce que

12 cette télévision nous fournit de façon précise et exacte toutes les

13 informations et cette information ne cache rien. La télévision de Zagreb,

14 nous ne la regardons pas parce que la télévision de Zagreb nous ment." J'ai

15 demandé de quelle information il s'agissait ? Ils ont dit que : "La

16 télévision de Belgrade montre exactement la position de vos forces. Nous

17 savons exactement dans quelle rue vous vous trouvez et jusqu'à quel point

18 vous êtes arrivés, et cetera."

19 Compte tenu du fait que pendant notre séjour dans cette région, je voulais

20 m'acquitter de ma mission, à savoir que Vukovar soit une ville libre.

21 C'était dimanche le 17 novembre.

22 Parce qu'un centre de télévision en Yougoslavie émettait un journal

23 télévisé pour tout le territoire de l'ancienne Yougoslavie le dimanche. Au

24 cours de l'après-midi, avec le commandant Tesic le 17, je me trouvais à

25 Milovo Brdo.

26 Le commandant Tesic se trouvait constamment sur ce territoire au

27 moins quelques jours auparavant. Il m'a dit qu'une équipe de télévision de

28 Novi Sad a demandé à me parler. En possédant l'information que j'ai obtenue

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1 des membres arrêtés des formations paramilitaires croates, j'ai conseillé

2 aux officiers de ne pas amener toutes les équipes jusqu'à nos positions

3 pour qu'ils ne puissent pas obtenir les informations sur nos positions

4 parce qu'ils regardaient cela à la télévision. Mais Tesic est parti pour

5 dire que je ne pouvais donner aucune déclaration. Ils persistaient et j'ai

6 décidé à la fin de faire cette déclaration. Ils m'ont dit que l'équipe qui

7 préparait le journal télévisé à 19 heures 30 préparait ce journal télévisé

8 qui allait être diffusé sur le territoire de toute la Yougoslavie. En me

9 souvenant des informations que j'ai obtenues des membres arrêtés des

10 formations paramilitaires, j'ai dit dans cette déclaration que la ville de

11 Vukovar a été libérée. C'était cette désinformation que je voulais utiliser

12 pour voir quelle aurait été la suite des événements par rapport aux

13 formations paramilitaires croates ?

14 Je ne peux pas me souvenir de tout ce que j'ai dit dans cette

15 déclaration. Après cela, j'ai pensé que j'ai fait une erreur parce que je

16 n'ai pas consulté le commandant pour ce qui est de cette déclaration.

17 Je suis rentré vers 18 heures au poste de commandement et je me suis

18 présenté au commandant. Je lui ai dit que j'avais fait cette déclaration à

19 la télévision de Novi Sad. Je lui ai expliqué quel était l'objectif de

20 cette déclaration ? J'ai essuyé des critiques mais c'était ainsi. Je ne

21 m'attendais pas que cela allait être diffusé à la télévision. Mais dans la

22 soirée vers 20 heures, nous étions en train de regarder un complément au

23 journal de la télévision de Novi Sad et j'ai pu voir qu'ils ont diffusé ma

24 déclaration telle que je l'ai faite. La première fois c'était signée : "Le

25 commandant major Sljivovcanin." C'était une erreur, jusqu'à cette date-là,

26 mon nom n'était pas apparu à la télévision.

27 Après, vers 21 heures dans la soirée pour ce qui est de mon poste

28 radio dont je disposais un représentant des formations paramilitaires

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1 croates a appelé et demandé à parler avec le "commandant Sljivovcanin."

2 C'est comme cela qu'il a prononcé mon nom de famille. J'ai parlé de cela au

3 commandant et immédiatement après ils ont appelé au centre de transmission

4 en disant qu'il voulait parler sur la reddition. Suite à des consultations

5 brèves, nous avons jugé que cela devait être forcément une supercherie

6 parce que nous avions des effectifs très faibles dans les premières lignes

7 de front, du fait des blessures subies par les gens, du fait du départ des

8 réserves, des volontaires que nous avons jugé ne pas pouvoir garder sur les

9 champs de bataille.

10 Ce qui fait que le colonel Mrksic a donné l'ordre de ne plus

11 contacter personne et que tous les entretiens allaient passer par le centre

12 des transmissions au niveau du poste de commandement de la brigade et que

13 c'est à lui qu'il appartenait d'avoir ces entretiens avec les officiers qui

14 étaient sur place. Ce qui fait que j'ai déconnecté mon poste émetteur-

15 récepteur.

16 Je sais que dans le courant de la nuit il y a eu des représentants

17 des forces paramilitaires croates qui se sont manifestés parce qu'un

18 rapport m'a été présenté le matin. Cela s'est passé vers 1 heure ou 2

19 heures du matin. Je sais que M. Mrksic avait donné rendez-vous pour un

20 entretien tôt le matin, 7 heures ou 9 heures avec M. Marin Vidic Bili. J'ai

21 écouté la conversation qui s'est déroulée par téléphone au matin et j'ai

22 entendu les conditions qui ont été formulées.

23 Le matin du 18 novembre 1991, il a chargé le colonel Pavkovic de

24 passer par le centre pour communiquer avec Mitnica pour la reddition et

25 Pavkovic l'a fait vers 9 heures au matin du 18 novembre 1991.

26 Q. Vous souvenez-vous de cette conversation entre le colonel Mrksic et M.

27 Vidic Bili ? Qu'a-t-il dit au sujet des conditions prévues pour la

28 reddition, si reddition il y avait ? Où se trouvait selon vous M. Vidic ?

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1 R. Le colonel Pavkovic est revenu au poste de commandement de la Brigade

2 des Gardes et si mes souvenirs sont bons, c'est vers 9 heures qu'il l'a

3 fait ou entre 9 heures et 10 heures du centre entre Negoslavci et Ovcara.

4 Il a informé tout un chacun qu'il a établi une communication avec les

5 effectifs à Mitnica qui voulaient se rendre.

6 M. Mrksic, si j'ai bien retenu ses propos, a dicté à M. Vidic les

7 conditions qu'il demandait. Lui, il avait appelé du secteur de l'hôpital de

8 Vukovar. Quoique cela n'ait pas fait partie de notre zone à nous, il

9 s'agissait pour nous d'accepter même cette reddition-là à condition que

10 tous les paramilitaires armés viennent au stade Rupe - que je peux vous

11 montrer sur la carte - afin d'y déposer leurs armes et lui garantissait en

12 retour la sécurité des membres de la JNA qui viendraient contrôler cela.

13 Q. Qui "lui" ?

14 R. Marin Vidic. D'après ce que j'ai appris à l'époque, Marin Vidic n'a pas

15 pu tout de suite promettre de tout pouvoir contrôler, mais ce qu'il a dit,

16 c'est qu'ultérieurement il donnerait signe de vie lorsqu'il conviendrait

17 avec ces gens-là leur reddition. Mais je n'ai pas connaissance du fait

18 qu'il ait rappelé au sujet d'une reddition ou d'une conversation au sujet

19 de la reddition.

20 Q. Puis-je conclure sans poser de questions directrices, qu'il a été

21 question de deux redditions distinctes. Est-ce que cela a été la même

22 reddition, les mêmes effectifs, les mêmes nombres ou est-ce qu'il

23 s'agissait de choses différentes ici ?

24 R. Il s'agissait de deux sites tout à fait différents. En d'autres termes,

25 il y avait les effectifs qui se trouvaient à Mitnica qui étaient commandés

26 par Dmitar Karaula, et les effectifs qui se trouvaient dans le secteur de

27 l'hôpital, au sens large du terme, qui étaient commandés par je ne sais

28 qui.

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1 Entre ces deux groupes il n'y avait pas encore de contact quel qu'il

2 soit. Mitnica se trouvait dans la zone d'intervention de la Brigade des

3 Gardes, alors que l'hôpital ne se trouvait pas dans la zone d'intervention

4 de la Brigade des Gardes.

5 Q. Dites-moi, je vous prie ce qui s'est passé ensuite. On va parler de

6 l'évacuation de Mitnica. Qu'en savez-vous, qu'est-il arrivé ensuite dans la

7 séquence des événements ce matin-là ? Ensuite on verra ce que vous avez

8 fait vous-même.

9 R. Après ces conversations, les conversations que nous avons effectuées, le

10 commandant, le colonel Mrksic, a distribué des missions à l'égard des

11 différents officiers, à savoir à l'égard des commandants des unités pour

12 confier au colonel Pavkovic ainsi qu'au colonel Marko Maric qui était

13 chargé du moral, d'aller négocier à Mitnica au sujet de la reddition des

14 forces. J'ai reçu pour mission de retrouver les représentants de la Croix-

15 Rouge puisque c'était moi qui avais entretenu un contact avec eux afin

16 qu'ils soient présents lors des négociations relatives à la reddition.

17 J'étais censé assurer par le biais du centre de presse, la présence des

18 journalistes au centre de presse et faire en sorte qu'ils attendent là-bas

19 jusqu'à ce que nous déterminions tous les détails de la reddition afin

20 qu'ils n'aillent pas errer dans les lignes de front. Au cas où des

21 organisations internationales seraient présentes ou du moins leurs

22 représentants, j'étais chargé de les recevoir et de leur montrer ce que je

23 pourrais bien leur montrer. Voilà.

24 M. LUKIC : [interprétation] Madame et Messieurs les Juges, j'aimerais que

25 nous nous penchions maintenant sur un enregistrement vidéo. Je précise

26 qu'il s'agit du V0000686. Nous avons déjà versé une brève partie de cet

27 enregistrement lorsque nous avons entendu le témoin Foro Sarlota. Je crois

28 que cela dure 17 minutes. Je ne voudrais pas vous faire voir la totalité de

Page 13552

1 cet enregistrement, mais la transcription englobe les négociations de

2 Mitnica, les dialogues des différents intervenants aux négociations. Cela

3 porte la cote 3D060023. J'aimerais que nous nous penchions sur un bref

4 extrait, si l'Accusation est d'accord, nous pourrions le verser dans son

5 entièreté sans pour autant voir le tout.

6 [Diffusion de la cassette vidéo]

7 M. LUKIC : [interprétation] Nous sommes maintenant au niveau du 00:32.

8 Continuez avec le déroulement de l'enregistrement.

9 Q. Monsieur Sljivancanin, selon vous, de quoi s'agit-il ici ?

10 R. Sur l'enregistrement on voit un véhicule de la Croix-Rouge

11 internationale, ceci est la route allant de Negoslavci en direction de

12 Vukovar, si je reconnais bien les lieux.

13 Q. Merci. Nous allons aller de l'avant et nous allons commenter au fur et

14 à mesure.

15 Nous en sommes au 01:15.

16 R. Ceci est la maison d'Ovcara où il avait le poste de commandement,

17 pendant un certain temps, du commandant de la 20e Brigade de Partisans.

18 Ensuite, cela a été le siège d'une unité de la 80e Brigade motorisée, mais

19 je n'ai pas su grand-chose au sujet de cette brigade-ci.

20 Q. Nous en sommes au 01:45.

21 R. Ceci, c'est M. Borsinger.

22 Q. J'aimerais que l'on fasse un arrêt sur image si possible.

23 R. On voit M. Borsinger sur l'image, le colonel Pavkovic Nebojsa. C'est

24 celui qui porte un casque.

25 Q. C'est celui qui est tout à fait à droite ?

26 R. Oui. Celui qui porte un uniforme de camouflage, c'est Milorad Stupar,

27 le commandant d'un groupe d'assaut.

28 Q. C'est celui qui est à gauche ?

Page 13553

1 R. Oui. C'est celui qui est à gauche.

2 Q. Nous pouvons aller de l'avant.

3 [Diffusion de la cassette vidéo]

4 L'INTERPRÈTE : Les interprètes précisent que l'on entend difficilement.

5 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

6 "La personne en uniforme bariolé parle de la présence de ces forces de

7 sécurité et qu'il y avait une forêt.

8 Pavkovic : Mettons-nous d'accord. Demain, toi et eux dans un véhicule.

9 L'autre officier : Je vais vers les exploitations agricoles. On passe par

10 la forêt.

11 Pavkovic : Bien.

12 L'officier en uniforme bariolé : Vous n'avez qu'à me suivre.

13 Intervenant non identifié : Allons-y, allons-y."

14 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

15 M. LUKIC : [interprétation] Nous sommes à 04:29.

16 Q. Monsieur Sljivancanin, savez-vous nous dire ce qui se passe ?

17 R. Ici, sur l'image, on voit que M. Borsinger et le commandant Stupar

18 rencontrent des représentants des forces paramilitaires croates. Celui qui

19 porte un émetteur-récepteur, je l'ai connu lorsqu'il a restitué ses armes.

20 Je l'ai laissé garder cela.

21 Q. Comment s'appelle cet homme-là ?

22 R. Il s'appelle Dmitar Karaula.

23 [Diffusion de la cassette vidéo]

24 L'INTERPRÈTE : Ici, le colonel Pavkovic parle de la reddition.

25 [voix sur voix]

26 "M. Borsinger : Oui, il est d'accord sur tout ce que vous conviendrez entre

27 vous, vous-même.

28 Un autre officier : Allons-y. Viens Dmitar [phon].

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1 Intervenant non identifié : Il n'y a pas de problèmes. Je suis officier des

2 forces armées.

3 Le représentant de la Croix-Rouge : Je le sais.

4 L'officier : Je suis commandant dans les rangs des forces armées.

5 L'interprète : Il vous fait confiance.

6 Le représentant de la Croix-Rouge : Je vous fais confiance et mon travail

7 c'est que vous fassiez ce que vous avez convenu de faire.

8 L'officier en uniforme bariolé : A chacun de faire son travail. Moi, je

9 fais le mien."

10 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

11 M. LUKIC : [interprétation] Nous sommes maintenant au point 07:15.

12 Q. Est-ce que vous reconnaissez cet endroit, Monsieur Sljivancanin ? Où

13 nous trouvons-nous ?

14 R. Je dirais que je reconnaissais plus ou moins en passant. Il me semble

15 que ceci est une partie qui appartient à un segment de Mitnica qui

16 s'appelle Vucedol. C'est là qu'il y avait des maisons à côté de la route

17 qui mène de Vukovar à Sotin.

18 Q. A 7:45, que voit-on et qui voit-on sur cet enregistrement ?

19 R. On voit le colonel Pavkovic, les représentants des paramilitaires

20 croates. D'après ce que je vois, il y a le commandant Skoric. Je ne suis

21 pas très sûr parce qu'on ne voit pas très bien.

22 M. LUKIC : [interprétation] Pouvez-vous faire un arrêt sur image, je vous

23 prie ?

24 Maintenant, je précise que ce sont des négociations qui ont duré assez

25 longtemps. Si M. Moore est d'accord et si vous êtes d'accord vous-même, je

26 voudrais que cet enregistrement vidéo soit versé au dossier ainsi que la

27 transcription entière, parce que point n'est besoin de voir la totalité de

28 l'enregistrement vidéo. Auparavant, j'aimerais poser cette question-ci à M.

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1 Sljivancanin.

2 Q. Monsieur Sljivancanin, avez-vous été présent lors de ces négociations,

3 à quelque moment que ce soit ?

4 R. Je n'ai jamais été présent à ces négociations. J'ai été aux côtés des

5 observateurs européens à ce moment-là, à Velepromet et à Milovo Brdo.

6 M. LUKIC : [interprétation] Merci.

7 M. MOORE : [interprétation] Nous n'avons pas d'objection pour ce qui est du

8 versement au dossier de cet enregistrement.

9 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce sera versé au dossier.

10 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la pièce 831, Monsieur le

11 Président.

12 M. LUKIC : [interprétation] La transcription, allons-nous lui accorder une

13 cote à part ? C'est le 3D060023.

14 M. LE GREFFIER : [interprétation] La transcription sera la pièce à

15 conviction 832, Monsieur le Président.

16 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce que nous pouvons maintenant prendre

17 notre deuxième pause, je vous prie, Monsieur le Président ?

18 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Nous allons reprendre à moins 20.

19 --- L'audience est suspendue à 12 heures 15.

20 --- L'audience est reprise à 12 heures 40.

21 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Maître Lukic.

22 M. LUKIC : [interprétation] Merci. Monsieur Sljivancanin, nous avons

23 entendu vos dires, à savoir le fait que vous n'avez pas participé à ces

24 négociations "de Vucedol," pour ce qui est de ce secteur de Rupe. Avez-vous

25 vu M. Borsinger ce matin-là ?

26 R. Ce matin-là, le 18 novembre 1991, j'ai rencontré M. Borsinger au

27 village de Negoslavci vers 10 heures lorsqu'il est venu après

28 l'intervention pour ce qui est de la nécessité pour lui de venir aux

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1 négociations, je l'ai présenté au colonel Pavkovic.

2 M. LUKIC : [interprétation] Je voudrais maintenant que nous voyions cet

3 enregistrement vidéo qui est la pièce à conviction 140 déjà versée au

4 dossier lors du témoignage de M. van Lynden ou de quelqu'un d'autre. Je

5 n'en suis pas très certain. J'aimerais que nous voyions cela.

6 [Diffusion de la cassette vidéo]

7 L'INTERPRÈTE : L'interprète précise que tout le monde parle en même temps

8 et que c'est inaudible.

9 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

10 M. LUKIC : [interprétation] Merci.

11 Q. Pouvez-vous nous dire quand est-ce que cela s'est passé et ce que nous

12 avons vu à l'instant.

13 R. Au tout début de l'enregistrement vidéo, l'homme qui sort de la jeep

14 militaire, c'est le chef de la compagnie des transports du terrain du 1er

15 Bataillon de la Police militaire, Krajisnik Dane. Il est allé chercher M.

16 Borsinger étant donné que j'avais envoyé plusieurs hommes à sa recherche.

17 Il l'a fait venir à Negoslavci et je l'ai présenté à M. Pavkovic. J'ai

18 demandé à ce qu'il soit présent lors des négociations et lors de la

19 reddition de Mitnica, conformément aux ordres reçus de la part du colonel

20 Mrksic.

21 Q. Je ne veux pas poser de questions directrices, mais ce qu'on a vu par

22 rapport à l'enregistrement de tout à l'heure, lors du départ vers Mitnica,

23 j'imagine que c'était avant ?

24 R. Oui, cela c'était avant le départ. On voit la colonne se déplacer en

25 direction de Mitnica.

26 Q. Merci. Ce jour-là, avez-vous rencontré dans la matinée ou dans la

27 journée des journalistes ?

28 R. Comme je vous l'ai déjà dit auparavant, lorsqu'il y a eu répartition

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1 des tâches de la part de M. Mrksic, ce matin du 18, après 9 heures, c'est

2 au capitaine Zvorcan que j'ai demandé de rassembler les journalistes au

3 centre de presse pour leur demander de ne pas se déplacer sur la ligne de

4 front, mais d'attendre les informations que nous allions leur communiquer

5 si la reddition était entendue et arrêtée. Je les ai brièvement informés.

6 Q. Qu'est-ce qui s'est passé par la suite ?

7 R. Suite à cela j'ai rencontré des représentants des observateurs

8 européens, je me souviens de ce monsieur, je l'ai reconnu quand il a

9 témoigné ici, M. Kypr et M. Schou, on peut les voir sur l'enregistrement.

10 Q. Nous allons nous pencher sur cet enregistrement vidéo également. Dites-

11 nous combien de temps ils sont restés là à Negoslavci et dites-nous aussi

12 ce qui s'est passé par la suite, dans le courant de la matinée.

13 R. Tout d'abord, nous avons eu une concertation dans la maison où il y

14 avait le centre de presse au village de Negoslavci ou dans la maison juste

15 à côté, je ne m'en souviens plus exactement, mais on peut le voir sur

16 l'enregistrement. Au devant du commandement de la Brigade motorisée de la

17 Garde, je les ai informés sur ce que faisait celle-ci pour ce qui est des

18 concertations, des négociations qui allaient se dérouler à Mitnica. J'ai

19 dit qu'il y avait beaucoup de civils qui venaient à Velepromet. Ils ont

20 exprimé le souhait de voir cela par leurs yeux et de voir autant que faire

21 se pouvait.

22 M. Kypr, si je prononce bien son nom, a demandé de noter mon nom dans

23 son carnet de notes parce qu'il avait beaucoup de mal à comprendre mon nom

24 et qu'il voulait savoir qui est-ce qu'il avait contacté. C'est moi qui de

25 ma main lui ai inscrit mon nom dans son carnet de notes.

26 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce que nous pouvons placer la pièce à

27 conviction 314 sur nos écrans ?

28 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce que je voulais dire c'est qu'ils ont

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1 toujours demandé à ce que les journalistes ne soient pas présents lors de

2 nos négociations. J'ai été contraint de prier les journalistes de ne pas

3 venir, de ne pas être présents. Je leur ai donné l'ordre de ne pas venir.

4 M. LUKIC : [interprétation] J'aimerais que l'on zoome.

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, on voit ici mon écriture. J'ai mis :

6 "Commandant Veselin Sljivancanin." Je n'avais pas honte de mon nom et

7 prénom ni de ce que je faisais pour mon pays et pour mon peuple quoique je

8 sache pertinemment bien que c'étaient des gens qui vaquaient à des

9 activités de renseignements.

10 M. LUKIC : [interprétation] Bien. On se penchera sur l'enregistrement vidéo

11 tout à l'heure.

12 Q. Dites-nous ce qui s'est passé ensuite ? Où êtes-vous allé ? Dites-nous

13 aussi si vous avez auparavant rencontré M. Kypr et les autres personnes

14 faisant partie de cette Mission d'observation européenne ?

15 R. Je vous dirais qu'avant cela, peut-être l'ai-je dit, j'ai eu jusque-là

16 deux à trois rencontres et j'ai reconnu M. Schou depuis la rencontre que

17 nous avons eue à la cote 102 le 19 octobre, comme on l'a vu déjà ici.

18 Lorsqu'on s'est dit bonjour, je lui ai dit que je le connaissais et il a

19 dit qu'il ne m'avait jamais vu de sa vie et qu'il me voyait pour la

20 première fois. Pour ce qui est de M. Kypr, je ne sais pas s'il avait été

21 là-bas, mais celui-là je l'ai reconnu pour sûr. Je ne me souviens pas des

22 autres détails.

23 Q. Attendez. Attendez que nous voyions maintenant l'enregistrement vidéo.

24 Monsieur Sljivancanin, je vous demanderais encore de ralentir votre débit.

25 M. LUKIC : [interprétation] Nous allons maintenant nous pencher sur cet

26 enregistrement V000625.

27 [Diffusion de la cassette vidéo]

28 M. LUKIC : [interprétation]

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1 Q. Vous pouvez commenter si vous le voulez, Monsieur Sljivancanin, pendant

2 que le clip est en train de dérouler.

3 R. Je reconnais le véhicule des observateurs européens. Ce sont les

4 véhicules qu'ils ont utilisés pour venir dans le secteur de notre unité,

5 ici on voit le village de Negoslavci.

6 Ici, c'est la maison où nous sommes allés pour la première réunion au matin

7 du 18. Je leur dis bonjour. Cette réunion du 18 au matin, d'après mes

8 souvenirs, peut-être pouvait-il être vers 10 heures, on voit l'officier de

9 liaison en leur compagnie qui était détaché là pour le secrétariat fédéral

10 à la Défense nationale.

11 Ici, ce sont les lieux où s'est tenue la réunion. On a demandé aux

12 journalistes de s'en aller. Cela, c'est le capitaine Zvorcan au niveau de

13 ce centre de presse.

14 On m'entend dire : "On fera comme les représentants des organisations

15 internationales, l'auront voulu." Là je viens de demander que : "Les

16 observateurs européens ont demandé à ce que les journalistes s'en aillent."

17 Pendant toute la durée de leur séjour dans notre zone, je me suis toujours

18 efforcé et cela avait été la position adoptée par le commandant. Je m'étais

19 efforcé de faire comme ils avaient voulu que ce soit fait.

20 Q. J'ai arrêté l'image pour que vous ne commentiez plus mais que nous

21 entendions ce que, eux, vont dire à présent.

22 [Diffusion de la cassette vidéo]

23 L'INTERPRÈTE : [voix sur voix]

24 "Je vais vous informer qu'avec ces messieurs de la Communauté

25 européenne, nous avons convenu de nos activités à venir. Ils ont accepté ce

26 que je leur ai dit. J'ai accepté ce qu'ils ont dit. Nous voulons aider la

27 population, les citoyens et nous voudrions continuer sans les journalistes.

28 Une fois que le moment sera venu d'informer les journalistes, nous vous le

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1 ferons savoir. Je vous prie de ne pas faire de problème. Je vous demande de

2 respecter cela parce que nous sommes tout à fait équitables et corrects à

3 votre égard. Nous vous informerons de tout.

4 Journaliste : Quand est-ce que vous nous informerez ?

5 Réponse: Dès que nous aurons fini.

6 Sljivancanin : Vous entendrez ce que nous aurons à vous dire. Je vous

7 demande de vous conformer à ce que nous venons de vous dire."

8 L'INTERPRÈTE : Il donne à un soldat l'ordre d'empêcher les

9 journalistes de le suivre.

10 [Fin de la diffusion de cassette vidéo]

11 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce que nous pourrons verser cet

12 enregistrement vidéo au dossier ?

13 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Ce sera versé au dossier.

14 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le 833.

15 M. LUKIC : [interprétation]

16 Q. Nous n'allons pas commenter ce sur quoi vous avez déjà fait vos

17 commentaires ?

18 R. C'est toujours ainsi que cela s'est passé.

19 Q. Allons de l'avant. Dites-nous ce qui s'est passé ensuite ? Où êtes-vous

20 allé après Negoslavci ce jour-là.

21 R. Comme je vous l'ai déjà indiqué, ils ont d'abord demandé à être emmenés

22 jusqu'à Velepromet où venaient un grand nombre de civils et notamment les

23 gens qui venaient du centre de Vukovar ?

24 Q. Qui avait demandé cela ?

25 R. Ce sont les observateurs européens qui l'ont demandé.

26 Q. Merci. Continuez, je vous prie.

27 R. Nous sommes allés jusqu'à Velepromet. Après Velepromet, ils ont insisté

28 pour que je les emmène à un endroit qui leur permettrait de voir ce qui se

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1 passe au moment même dans Vukovar. Je les ai donc emmené à Milovo Brdo. Là,

2 il y avait encore des combats en cours au centre de Vukovar. On pouvait

3 entendre des échanges de tir. Ils voulaient savoir où se trouvait l'hôpital

4 de Vukovar ? Depuis Milovo Brdo, on peut mesurer la distance topographique

5 au niveau de la carte. De là, on pouvait voir le toit de l'hôpital de

6 l'autre côté de la rivière Vuka. C'était à vol d'oiseau à un kilomètre et

7 demi, ou peut-être un peu plus, je ne peux pas être plus précis que cela.

8 Ils ont vu le secteur de Mitnica, le centre-ville et tout le reste. Puis

9 ils ont exprimé le souhait de retourner sur leurs pas pour discuter avec la

10 population civile à Velepromet.

11 Ils ont fait la connaissance du dirigeant de ce centre d'accueil, M.

12 Ljubiko Stojanovic. Ce jour-là vers 14 heures ou après, je les ai quittés

13 et ils sont partis. Ils se sont entretenus avec les civils en question et

14 ils ont dit qu'ils allaient retourner à Belgrade pour présenter leur

15 rapport. C'est du moins ce qu'ils ont dit.

16 M. LUKIC : [interprétation] Je voudrais qu'on nous montre maintenant la

17 pièce à conviction 339, sur nos moniteurs.

18 LE TÉMOIN : [interprétation] Lorsque nous étions encore en train de parler,

19 je n'ai pas eu d'informations au sujet du résultat des négociations à

20 Mitnica. Je leur ai expliqué jusqu'où venaient les limites de la zone de

21 responsabilité de la Brigade des Gardes, et je leur ai dit que l'hôpital

22 faisait partie de la zone de responsabilité

23 d'une autre unité --

24 M. LUKIC : [interprétation] J'aimerais maintenant que l'on agrandisse un

25 peu, c'est le rapport de M. Kypr.

26 Q. C'est là qu'il parle de sa visite de Vukovar ce jour-là, et on

27 voit les horaires de la visite. Est-ce que vous êtes d'accord pour dire que

28 c'est à peu près dans ces intervalles-là que s'est située cette visite.

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1 Dites-nous aussi si vous avez été avec eux, à leurs côtés tout le temps ?

2 R. Ici on dit, dans le dernier passage, que l'entretien a eu lieu entre 14

3 heures 45 et que cela a duré jusqu'à 15 heures 30. Ils ont quitté Vukovar à

4 15 heures 30. Je crois que ces gens-là ont consigné les choses

5 soigneusement d'après mes souvenirs à moi. Je sais vous dire qu'en

6 compagnie du capitaine Karanfilov, je me suis entretenu au sujet de la

7 reddition à Mitnica à Negoslavci entre 15 et 14 heures ce jour-là. Je ne

8 sais pas vous en dire plus.

9 Q. Je veux vous poser la question : est-ce que vous avez été avec eux

10 jusqu'à leur départ, leur départ de Negoslavci ?

11 R. Je vous ai déjà dit que je les ai quittés à Velepromet, lorsque nous

12 sommes revenus de Milovo Brdo. Je ne sais pas s'ils sont restés 15 minutes,

13 30 minutes sur place, là je ne voudrais pas en dire plus. Les autres

14 officiers et l'officier de liaison étaient restés avec eux. Je ne les ai

15 pas accompagnés tout le temps parce qu'après ils allaient rentrer à

16 Belgrade, d'après ce qu'ils nous ont dit.

17 Q. Vous êtes, une fois de plus, prévenu de la nécessité de ralentir votre

18 débit. Monsieur Sljivancanin, dites-nous ce que vous avez fait après.

19 R. Après cela, --

20 Q. Ralentissez.

21 R. Je suis allé à Negoslavci vers la maison où j'ai séjourné. Peut-être

22 ai-je mangé quelque chose. J'ai appelé le capitaine Borce Karanfilov, parce

23 que c'est lui que j'ai désigné pour aller avec le colonel Pavkovic jusqu'à

24 Mitnica, afin qu'il me remette des informations au sujet des résultats

25 desdites négociations.

26 Q. Pourquoi est-ce que le capitaine Karanfilov est allé là-bas ? Quelle

27 était la mission que vous lui aviez confiée à Mitnica ?

28 R. Essentiellement, il s'agissait d'assurer la sécurité du colonel

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1 Pavkovci parce que le colonel Pavkovic me l'avait demandé. Sa mission ne

2 consistait pas à participer aux négociations. Le capitaine m'a alors

3 informé que les négociations s'étaient terminées et que le commandant des

4 forces paramilitaires de la Croatie avait accepté une reddition et que

5 cette reddition aurait lieu l'après-midi. D'après mes souvenirs maintenant,

6 je pense que lorsque je suis arrivé à Mitnica, j'y suis arrivé après 15 ou

7 16 heures.

8 A ce moment-là, j'ai vu des personnes qui rendaient leurs armes. Les

9 unités le faisaient de façon ordonnée et organisée. Je sais ensuite que le

10 capitaine m'a posé une question à propos de cet homme que j'ai reconnu dans

11 la photographie. Il m'a demandé si certains de ses effets personnels, s'il

12 pouvait garder certains de ses effets personnels comme souvenirs. Je lui ai

13 dit : "Ne fais rien à cet homme," parce que je considérais qu'il s'agissait

14 d'un combattant juste et équitable et je pensais qu'il ne fallait rien lui

15 prendre à l'exception de ses armes, bien sûr.

16 Q. Est-ce que vous avez appris, le cas échéant quand est-ce que vous

17 l'avez appris, est-ce que vous avez appris quel serait le sort réservé à

18 ces personnes ? Quels étaient les plans ? Qu'est-ce qu'on leur réservait,

19 une fois qu'ils avaient rendu leurs armes ? Que devait-il arriver à ce

20 groupe de Mitnica ?

21 R. Ces personnes qui se sont rendues ne présentaient plus aucun intérêt

22 pour les organes de la sécurité parce qu'ils avaient rendu leurs armes et

23 ils ont accepté le fait qu'ils étaient membres des forces paramilitaires de

24 la Croatie.

25 Pour ce qui est de la décision à propos du sort qui leur était

26 réservé, de l'endroit où on allait les amener, c'est une décision qui a été

27 prise par le colonel Mrksic, d'après ce que je sais. Il a donné au

28 commandant de la zone, des missions, il leur a confié des missions pour ce

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1 qui était de l'endroit où ces personnes devaient être emmenées, et cetera.

2 Je leur ai demandé parce que j'avais pris contact avec mes organes de

3 la sécurité, je leur avais demandé s'ils pouvaient nous donner des

4 informations à propos des dépôts d'armes, s'il y en avait qui restaient,

5 s'il y avait des champs de mines et ce, pour éviter que des personnes

6 soient blessées par des engins explosifs.

7 Je dirais que lors de ces discussions, ils ont été très, très justes.

8 Ils ont dit beaucoup de choses et je dois dire que j'étais intéressé par le

9 travail qui devait être fait dans la zone de Mitnica, par la protection de

10 la population civile. Je voulais vérifier, si parmi la population civile,

11 il n'y aurait pas des personnes qui se seraient cachées, des personnes qui

12 auraient appartenues à des formations paramilitaires et qui auraient commis

13 un crime.

14 Q. Combien de temps êtes-vous resté à Mitnica, et où étiez-vous à

15 Mitnica parce que Mitnica c'est quand même un endroit très vaste.

16 R. J'étais, comme je l'ai déjà dit, dans le secteur de Vucedol et la

17 plupart des personnes de Mitnica étaient venues à Vucedol. La nuit tombait,

18 c'était le crépuscule. Il faisait quasiment nuit. Juste avant que la nuit

19 ne tombe, ou plutôt avant cela, j'ai dit d'ailleurs que j'avais informé le

20 commandant de la brigade. Je lui avais dit qu'il y avait de nombreux civils

21 à cet endroit, et que les véhicules devraient être envoyés pour permettre

22 leur évacuation. Ils ont réagi très rapidement, vous verrez que dans le

23 registre de guerre il y a justement des inscriptions qui ont été faites à

24 ce sujet. Je pense que cela a été réglementé par la hiérarchie des

25 commandements. Il faut savoir que la population civile pouvait aller à la

26 Croix-Rouge de Sid et c'est la première fois que les civils qui voulaient

27 aller en Croatie pouvaient aller en Croatie et l'armée allait fournir des

28 transports.

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1 Il y avait deux groupes de civils, un groupe qui était censé aller à Sid et

2 puis un autre qui devait se rendre en Croatie dans ce secteur de Vucedol.

3 Pour ce qui est de la population civile, je dirais que la grande majorité

4 voulait aller en Croatie.

5 Q. Combien étaient-ils à votre avis ?

6 R. A mon avis, à l'époque à Mitnica, il y avait plus 4 000 civils. J'étais

7 là avec mon adjoint, le commandant Ljubisa Vukasinovic. Je dois dire que

8 nous nous déplacions parmi la population civile. A un moment donné, je lui

9 ai dit : "Tu vois, Ljubisa, comment peu de soldats assurent la protection

10 de ces civils." Ils étaient quelque 30. "Regarde, regarde cette foule.

11 S'ils savaient que nous sommes seulement 30, ils pourraient prendre des

12 bâtons et nous rouer de coups." Je lui ai dit : "Tu vas comprendre pourquoi

13 il y a eu tant de résistance."

14 A ce moment-là, un messager est arrivé, un soldat qui me cherchait.

15 Il s'est présenté. Il m'a dit qu'il venait de la part du commandant de la

16 brigade et qu'il m'amenait un télégramme. J'ai pris l'enveloppe en

17 question; je l'ai ouverte. C'était probablement un télégramme codé. Le

18 centre des transmissions avait écrit cela à la main. Je me souviens de la

19 teneur du télégramme. Je m'en souviens très bien. "Environ 2 000 de nos

20 soldats et de nos officiers se trouvent dans des prisons croates. Ce qui

21 devrait être fait, c'est de faire en sorte qu'il y ait autant d'auteurs de

22 crimes qui soient rassemblés pour pouvoir faire un échange," signé :

23 Général de brigade Aca Vasiljevic.

24 J'ai regardé le télégramme pendant un moment, puis je l'ai donné au

25 commandant Vukasinovic et je lui ai dit : "Regarde. Lis un peu ce

26 télégramme." Il a lu le télégramme. Je l'ai mis dans mon carnet. Ce soir-

27 là, moi-même ainsi que le commandant Vukasinovic, nous sommes restés dans

28 le secteur de Vucedol. Nous y sommes restés jusqu'à environ 23 heures. Nous

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1 avons essayé d'aider les autres soldats ainsi que les officiers. Nous avons

2 fait en sorte que la population civile monte dans les autobus et les

3 véhicules qui avaient été affectés par l'armée populaire yougoslave; il y

4 avait deux groupes. Il y avait des officiers qui se chargeaient des convois

5 et les convois devaient être envoyés là où ils souhaitaient se rendre.

6 En même temps, nous interrogions des personnes pour voir s'il n'y

7 aurait pas parmi eux des auteurs de crimes et délits. Les membres de la

8 Défense territoriale de Vukovar nous ont aidés pour ce faire parce qu'ils

9 connaissaient les gens.

10 Q. Ce jour-là, est-ce que vous êtes allé à Ovcara. Ce soir-là, est-

11 ce que vous êtes allé à Ovcara ?

12 R. Ce soir-là, pour autant que je m'en souvienne, je suis allé à Ovcara,

13 j'y suis arrivé avec un convoi d'autobus. Les civils de Vucedol se

14 trouvaient dans ce bus, ceux qui voulaient aller en Croatie. Un groupe est

15 arrivé avec ce convoi, un groupe de civils et de véhicules, il y avait

16 également parmi ces véhicules des tracteurs. Le convoi s'est arrêté à

17 Ovcara. C'est là où nous avons été rencontrés par un officier que je ne

18 connaissais pas à ce moment-là. Il s'est présenté comme faisant partie de

19 la 80e Brigade motorisée et il a dit que ses troupes se trouvaient dans le

20 secteur d'Ovcara et qu'il essayait d'assurer la sécurité du secteur

21 d'Ovcara.

22 Je lui ai demandé ce qui suit : que toutes ces voitures, que toutes ces

23 personnes civiles, que tous ces tracteurs soient conduits vers un pré. Il a

24 dit à ces personnes civiles que si elles voulaient quitter ce secteur,

25 elles pouvaient monter dans le bus et que leurs souhaits seraient respectés

26 puisqu'il y avait différents groupes. Les véhicules devaient rester sur

27 place. Il leur a dit que les gens, et ce par souci de sécurité, ne

28 pouvaient pas prendre leurs véhicules. Ces véhicules seraient ensuite

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1 transportés à Velepromet au centre de réception et seraient confiés à la

2 Défense territoriale de la ville de Vukovar.

3 De cela, je m'en souviens très, très bien. Cela s'est passé entre 23 heures

4 et une heure du matin.

5 Q. Cet officier que vous venez de décrire, est-ce que vous l'avez reconnu

6 ultérieurement ?

7 R. Oui. Bien plus tard lorsque je suis allé travailler au centre

8 d'instruction militaire et dans le cadre d'une conversation --

9 Q. Ne dites pas de noms.

10 R. -- qu'il avait le nom qu'il a parce que je l'ai reconnu au centre

11 d'instruction militaire. Il est venu témoigner ici. Je ne sais pas quel est

12 le pseudonyme qui lui avait été octroyé.

13 M. LUKIC : [interprétation] Est-ce que nous pourrons passer à huis clos

14 partiel un petit moment, je vous prie.

15 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Huis clos partiel, je vous prie.

16 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes maintenant à huis clos

17 partiel, Monsieur le Président.

18 [Audience à huis clos partiel]

19 (expurgé)

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21 (expurgé)

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1 (expurgé)

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3 (expurgé)

4 (expurgé)

5 (expurgé)

6 (expurgé)

7 (expurgé)

8 [Audience publique]

9 M. LUKIC : [interprétation]

10 Q. Qu'est-il advenu de ces civils, ce soir-là ? Vous avez entendu le

11 témoignage de Sarlota Foro. Est-ce que cela vous a rafraîchi la mémoire ?

12 Est-ce qu'il y a des détails qui vous sont venus en mémoire ?

13 R. J'ai entendu beaucoup de dépositions ici qui m'ont rafraîchi la

14 mémoire. Je dois dire que, pour ce qui est de cette partie-là de la

15 déposition portant sur Ovcara, il y a des membres de la Défense

16 territoriale qui m'ont posé des questions, qui montraient certaines

17 personnes du doigt et qui disaient qu'il s'agissait de personnes

18 soupçonnées de crimes. J'ai dit qu'ils devaient monter dans les bus, que je

19 ne voulais pas les séparer de leurs familles. Quelqu'un d'autre a témoigné

20 à ce sujet et j'ai confirmé que l'heure aurait pu être celle qu'elle avait

21 présentée. Je parle de Mme Foro. Je sais que la personne qui dirigeait ce

22 convoi était le commandant Skoric, parce qu'il s'était présenté au rapport

23 pour faire ceci; le convoi a été escorté par la police des transports du 1er

24 Bataillon de la Police militaire et un commandant de cette sécurité, et je

25 me souviens très bien de ce commandant, c'était le capitaine Jankovic, qui

26 était commandant adjoint d'une compagnie de la police chargée de la

27 circulation routière.

28 Lorsque je suis arrivé à Negoslavci, je me suis rendu compte que ce

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1 convoi était censé partir immédiatement ce soir-là, parce que nous n'avions

2 aucun endroit pour que les gens puissent être logés. Nous ne voulions pas

3 que les gens meurent de froid à l'extérieur. Je pense que c'était sur la

4 route à double voie entre Sid et Zagreb, et puis ils sont partis.

5 Q. Etant donné que nous avons déjà entendu d'autres dépositions à

6 propos de cette nuit à Ovcara, il y a des membres du groupe de Mitnica qui

7 se trouvaient là dans ce hangar, est-ce que vous les avez vus ? Est-ce que

8 vous êtes allé dans le hangar ? Est-ce que vous avez eu des contacts avec

9 eux ?

10 R. Pour ce qui est de ces personnes qui s'étaient rendues et qui

11 avaient avoué qu'elles avaient ouvert le feu et qu'elles avaient utilisé

12 leurs armes, nous n'avons rien fait à leur égard, parce que nos ordres

13 étaient de les envoyer immédiatement à Sremska Mitrovica, puisqu'il y avait

14 là les organes qui allaient traiter avec ces personnes. Le capitaine

15 Karanfilov est la personne à qui j'ai assigné cette tâche, et il m'a dit

16 que ces personnes étaient allées à Sremska Mitrovica.

17 Je ne suis jamais allé dans ce hangar, et je ne sais pas où ils ont

18 logé cette nuit-là. La première fois que j'ai vu ce hangar, c'est ici. Il

19 s'agit de photographies de ce hangar. Vous m'avez déjà posé une question à

20 ce sujet préalablement. La seule chose que je connais d'Ovcara, c'est cette

21 maison jaune où se trouvait le commandant. Je connais cette maison jaune,

22 je la connais davantage du fait de mes contacts préalables avec le

23 commandant de la 20e Brigade des Partisans, le lieutenant-colonel Slobodan

24 Micevic, parce qu'il est Monténégrin. Il est originaire de la même région

25 que moi. Je lui ai demandé de l'aide, mais malheureusement il ne m'a pas

26 aidé.

27 Q. Pour ce qui est de ce que vous avez vu à Ovcara, le soir du 18, à

28 savoir ce dialogue avec Foro, avec les civils, avec les membres de la

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1 Défense territoriale, où est-ce que cela s'est passé, toutes ces

2 conversations ? Est-ce que vous vous en souvenez ?

3 R. Où est-ce que cela s'est passé ? La route qui vient de Vucedol va

4 jusqu'à Ovcara. Ensuite, il y a une zone qui est très plate, une zone

5 verte. C'est sur la droite de la route Vucedol-Ovcara, lorsque vous êtes en

6 direction d'Ovcara. C'était la nuit toutefois. Je n'ai pas remarqué de

7 bâtiments. Je sais que c'était la nuit et que c'était plat. C'était sur la

8 droite si vous venez de Vucedol vers Ovcara. Je n'ai remarqué aucun

9 bâtiment, dans la mesure où j'ai pu discerner quoi que ce soit, à part le

10 fait qu'il s'agit d'une zone plate.

11 Q. Est-ce qu'il y avait des membres de votre organe de sécurité avec vous

12 à Ovcara ce soir-là ?

13 R. Pour autant que je m'en souvienne, cet après-midi ou ce soir-là, il y

14 avait le commandant Ljubisa Vukasinovic, qui était avec moi tout le temps.

15 Je ne me base pas seulement sur mes souvenirs pour dire cela. Je sais avec

16 certitude qu'il était là.

17 Q. Vous dites que vous êtes arrivé tard le soir. Est-ce qu'il y a d'autre

18 chose dont vous vous souvenez à propos du 18, ou est-ce que vous pensez que

19 nous pouvons passer au jour suivant ?

20 R. Il y a une chose dont je me souviens, c'est que tard le soir, après

21 minuit, je suis arrivé au QG de la Brigade des Gardes à Negoslavci. Je leur

22 ai raconté tout ce qui s'était passé à Ovcara, et j'étais fatigué. J'ai

23 reçu un ordre à ce moment-là. Il fallait que j'aille à une réunion avec le

24 colonel Mrksic, à 7 heures le lendemain matin.

25 Q. Nous vous écoutons. Que s'est-il passé ensuite ?

26 R. Le lendemain matin, je me suis présenté devant le colonel et il nous a

27 informé, nous, les officiers du commandement du corps -- et je pense que le

28 colonel Pavkovic était présent également d'ailleurs, mais je n'en suis pas

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1 absolument sûr. Il y a une chose dont je suis sûr, c'est que le chef

2 d'état-major était présent. Son commandant adjoint pour le moral des

3 troupes était présent. Je ne sais plus ce qu'il en est du commandant

4 adjoint pour la logistique.

5 Il y avait quelqu'un qui représentait l'organe de formation et des

6 opérations et il m'a confié une mission bien précise. Il m'a dit qu'une

7 délégation de très haut niveau, dirigée par M. Cyrus Vance, allait venir

8 rendre visite à notre unité, et qu'ils devaient arriver vers 10 heures ce

9 matin-là. Il m'a dit qu'il fallait que je fasse tout le nécessaire pour les

10 accueillir au moment où ils entreraient dans le village de Negoslavci. Il

11 m'a dit que je devrais les emmener au poste de commandement et que tous les

12 commandants adjoints devraient participer à la réunion que le colonel

13 allait avoir avec cette délégation. Voilà ce dont je me souviens.

14 Ensuite, j'ai confié des missions à mes adjoints de la sécurité. Je

15 leur ai dit quelle mission leur était affectée individuellement. Je pense

16 que j'ai parlé avec le capitaine Karanfilov pour voir si les hommes, qui

17 avaient été désarmés à Mitnica, avaient été envoyés à Sremska Mitrovica, et

18 je lui ai dit qu'il fallait qu'il me présente son rapport.

19 Q. Est-ce que vous savez quoi que ce soit : qu'est-il advenu des

20 prisonniers ? Est-ce que les prisonniers étaient emmenés à Sremska

21 Mitrovica ? Peut-être que vous en avez déjà parlé ?

22 R. Comme je l'ai dit, il n'y avait aucun prisonnier, jusqu'à ce

23 moment-là, qui avait été envoyé à Sremska Mitrovica. Nous avions fait très,

24 très peu de prisonniers. Nous ne pensions pas que cela allait arriver. Nous

25 pensions qu'au plus, nous aurions trois ou quatre prisonniers. C'est la

26 première fois qu'un ordre nous était donné d'envoyer des prisonniers à

27 Sremska Mitrovica.

28 Q. Très bien. Nous allons parler de la visite de M. Vance. Nous en avons

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1 entendu parler de la part de M. Okun, mais j'aimerais que vous nous

2 relatiez vous-même ce que vous pouvez nous dire à propos de la visite de M.

3 Vance. Quel a été exactement votre rôle ?

4 R. Je me souviens que le commandant du 1er Bataillon de la Police

5 militaire, qui avait reçu l'aval du commandant de la Brigade, avait affecté

6 une patrouille de police avec un véhicule pour qu'ils aillent à la

7 rencontre du convoi où se trouvait M. Vance. Puis nous les avons emmenés au

8 poste de commandement pour qu'ils voient le commandant. Le commandant les

9 attendait à l'extérieur du bâtiment. Nous nous sommes dirigés directement

10 vers une pièce. Nous nous y sommes assis, dans cette pièce. Le commandant

11 avait une carte, une carte de la ville de Vukovar, un immense croquis et il

12 a dit à la délégation Vance tout ce qu'ils voulaient savoir. Je pense que

13 c'est une discussion qui s'est poursuivie jusqu'à 11 heures.

14 Il avait été annoncé, en tout cas c'est ce que nous avait dit le

15 commandant, que cette délégation n'allait pas rester dans notre secteur

16 après 14 heures, ce jour-là, à moins que je ne me trompe. Peut-être que

17 j'oublie quelque chose, mais il me semble bien que c'est ce qui avait été

18 dit.

19 Après cette dernière réunion, M. Vance a exprimé le souhait de se rendre à

20 Vukovar. Il voulait aller lui-même à Vukovar pour voir de visu quelle était

21 la situation là-bas. Dans la délégation, qui a été envoyée par le cabinet

22 du secrétaire de la Défense nationale avec M. Vance, se trouvait mon

23 conseiller technique pour la sécurité, qui était chef de l'organe de la

24 sécurité du cabinet du secrétaire fédéral, sous-lieutenant Dragoljub

25 Djukic.

26 Q. Est-ce que Dragoljub Lukic est la personne dont on a vu les signatures

27 sur les documents qui ont été analysés aujourd'hui ? Est-ce que c'est cette

28 personne-là ?

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1 R. Oui, c'est cette personne-là.

2 Q. S'il vous plaît, ralentissez.

3 R. Avec lui se trouvait le chef du département des communications avec les

4 représentants étrangers du secrétaire fédéral à Défense nationale, colonel

5 Pero Stojic. Pour ce qui est de ces deux personnes, je suis sûr qu'elles y

6 étaient, mais je ne peux pas me souvenir d'autres officiers qui auraient pu

7 s'y trouver.

8 Après l'expression de souhait de M. Vance de visiter Vukovar, le colonel

9 Mrksic a dit : "Commandant Sljivancanin, maintenant vous allez partir avec

10 la délégation. Il faut que M. Vance voit tout ce qu'il veut voir, mais que

11 ce soit aux endroits sûrs." J'ai exécuté cette mission.

12 Q. Est-ce qu'au cours de la visite, lors de l'arrivée à Negoslavci et plus

13 tard, au cours de la visite, est-ce qu'avec vous se trouvaient des

14 journalistes ?

15 R. Pendant tout le temps, à partir de l'arrivée de Vance jusqu'à son

16 départ, il y avait un grand groupe de journalistes qui suivaient toutes les

17 activités de M. Vance à Vukovar. Et même à bord d'un véhicule, avec M.

18 Vance, se trouvaient deux équipes de journalistes qui, à aucun moment, ne

19 quittaient la délégation. Ils étaient constamment présents.

20 Q. Vous souvenez-vous de votre itinéraire, de votre destination et de ce

21 que vous avez vu ?

22 R. Nous étions à bord d'un blindé de la police militaire. C'est un

23 véhicule blindé de transport de troupes du 1er Bataillon de la Police

24 militaire. J'étais à bord de ce blindé avec M. Vance.

25 Q. Vous souvenez-vous d'autres personnes qui se trouvaient à bord de ce

26 véhicule blindé ?

27 R. Il y avait un officier de liaison ou Pero Stojic ou colonel Pavkovic à

28 bord de ce véhicule blindé. Dans ce véhicule on pouvait mettre huit

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1 personnes, mais il n'y en avait pas autant. Il y avait donc M. Vance, j'en

2 suis sûr; ensuite l'officier de liaison parce qu'il traduisait, et il y

3 avait l'un de ces deux colonels.

4 Nous sommes d'abord arrivés à la caserne de Vukovar parce qu'il

5 voulait qu'on lui montre la caserne, nous lui avons montré la caserne.

6 Pendant la conversation avec M. Vance, j'ai raconté des histoires de la

7 Deuxième Guerre mondiale, et je lui ai raconté l'arrivée des Unités de

8 Partisans à Trieste, ainsi que des Américains. J'étais content de voir

9 qu'il était, lui, content, parce qu'on était alliés pendant la Deuxième

10 Guerre mondiale.

11 Après cela, je l'ai emmené ainsi que toute la délégation dans

12 Velepromet où se trouvait un grand nombre de réfugiés. A Velepromet, nous

13 sommes restés un bout de temps. M. Vance a parlé avec les réfugiés, avec

14 d'autres personnes. Rien n'a été monté, rien n'a été préparé pour une

15 délégation telle d'un pays respecté.

16 A un moment donné, il a demandé s'il pouvait visiter l'hôpital de

17 Vukovar. Je lui ai expliqué que l'hôpital se trouvait dans la zone d'une

18 autre unité, et en s'appuyant sur l'expérience antérieure et les conseils

19 du général Vasiljevic, selon lesquels dans la zone d'une autre unité, je ne

20 peux amener quiconque, M. Vance, non plus, parce que ce n'était pas sûr. Il

21 y avait des combats au centre de Vukovar, c'est ce que j'ai entendu dire.

22 Je n'ai pas pu exaucer son désir.

23 Je savais également qu'à plusieurs endroits, il y avait des mines qui

24 ont été posées et que le terrain a été miné. J'ai entendu une suggestion

25 venue par le chef de l'équipe. Je pense que c'était Pero Stojic ou le

26 colonel Pavkovic qui a prononcé cela, à savoir qu'ils ne pouvaient pas

27 amener M. Vance en dehors de notre zone. Je ne voulais plus intervenir.

28 Pour expliquer cela, j'ai tout simplement dit que je ne pouvais pas amener

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1 M. Vance en dehors de ma zone.

2 Il a dit qu'il fallait l'amener à un autre endroit où il pouvait voir

3 Vukovar. Je l'ai amené à Milovo Brdo, d'où M. Vance a pu observer l'hôpital

4 de Vukovar, le toit de l'hôpital. On lui a parlé de cette région, où se

5 trouvaient les ponts, la rivière Vuka et cetera.

6 J'ai proposé, compte tenu du fait qu'il voulait visiter l'hôpital, qu'un

7 hôpital se trouvait à Negoslavci, et qu'il serait bien qu'il puisse visiter

8 cet hôpital. A cette occasion-là, il m'a dit qu'il était tard, et qu'il

9 devait aller à une réunion à Zagreb, que pour le faire il devait d'abord

10 rentrer à Belgrade, et après à Zagreb, qu'il n'aurait pas assez de temps.

11 Je lui ai dit, et je me souviens de mes paroles, j'ai dit : "Monsieur

12 Vance, aujourd'hui on a proclamé une fête pour nous et pour nos soldats,

13 parce que nous sommes honorés de votre visite parce que vous êtes un homme

14 politique qui représente une grande puissance, et qui représente un pays

15 dont nous étions alliés pendant la Deuxième Guerre mondiale, et nous sommes

16 honorés par votre visite à notre unité. Nous devrions visiter cet hôpital

17 parce qu'actuellement, c'est l'hôpital le plus humaniste au monde." Lui, il

18 a posé la question : "Comment il était possible que cet hôpital soit

19 ainsi ?" J'ai répondu que nos jeunes soldats sont soignés dans cet hôpital,

20 nos soldats innocents, et que tout le peuple est soigné dans cet hôpital.

21 J'ai dit : 'Vous allez voir que les médecins dans cet hôpital fournissent

22 des soins aux membres des formations paramilitaires qui tiraient sur nos

23 soldats, qui sont en train d'assurer la sécurité."

24 Q. Combien de temps sont-ils restés à l'hôpital ?

25 R. Permettez-moi de terminer ma réponse. M. Vance a dit qu'il souhaitait

26 rendre visite à cet hôpital. Après quoi, nous nous sommes rendus à

27 Negoslavci.

28 J'ai pensé que Vance resterait brièvement à l'hôpital, mais après avoir vu

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1 tout ce que je lui ai dit, je pense que la délégation est restée au moins

2 30 minutes et même une heure à l'hôpital. Il a dit aux membres de son

3 escorte de noter ce qu'ils ont vu à l'hôpital.

4 Q. Comment vous vous êtes quittés ?

5 R. Il faut que je vous relate un détail. Je m'excuse, mais c'est très

6 important.

7 Entre Milovo Brdo et Negoslavci, pendant le trajet à bord du véhicule

8 blindé de transport de troupes, à un moment donné M. Vance m'a posé la

9 question suivante : "Monsieur le Commandant, est-ce que votre unité

10 attaquera Osijek ?" C'était une heure après cette tâche. J'ai été un peu

11 touché par sa question. Je lui ai répondu : "Monsieur Vance, mon unité

12 travaillera toujours selon les ordres du commandement supérieur, mais je ne

13 vois aucune raison pour attaquer Osijek parce qu'Osijek c'est une ville qui

14 se trouve sur le territoire de notre pays." Après quoi, il m'a dit :

15 "Savez-vous, Monsieur le Commandant, quelle est la population qui vit dans

16 cette ville, quel est le pourcentage de chaque groupe ethnique qui vit dans

17 cette ville ?" J'ai dit : "Non." Il m'a dit : "Dans cette ville, il y a à

18 peu près 73 % de Croates, et ces Croates considèrent les membres de la JNA

19 comme étant membres d'une armée ennemie, et qui a occupé leur pays."

20 Je me taisais et je n'ai donné aucune réponse à sa question. J'ai essayé de

21 changer de sujet de conversation parce que je ne pouvais pas croire que ce

22 peuple avec lequel on vivait jusqu'alors, nous considère comme étant une

23 armée ennemie qui occupait leur pays.

24 Après que la visite de l'hôpital s'était achevée, nous nous sommes quittés

25 en amis. M. Vance nous a remercié en disant la chose suivante : il a été

26 content d'avoir visité une unité de la JNA, comme c'était la nôtre, mais il

27 n'était pas heureux d'être venu dans de telles circonstances, et qu'il

28 ferait tout pour que les conflits interethniques en Yougoslavie soient

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1 évités et empêchés, et qu'il a eu l'impression que rien n'a été caché, lors

2 de cette visite, et que la situation a été montrée comme elle l'était, et

3 qu'il saisira une autre occasion pour visiter notre unité dans le futur.

4 Q. Dites-moi quand vous avez appris que les membres de votre unité étaient

5 arrivés jusqu'à l'hôpital ? A quel moment avez-vous appris cela ? Quelle

6 était l'information que vous avez eue, c'est-à-dire, à quel moment sont-ils

7 arrivés jusqu'à l'hôpital ?

8 R. Cette information, je l'ai eue pour la première fois, ce jour même

9 durant l'après-midi, après 14 heures où M. Lance a fini sa visite dans

10 notre zone, au moment où je suis arrivé au poste de commandement chez le

11 commandant Mrksic. Lui, en personne, m'a fourni cette information.

12 Q. Maintenant, il y a un document. C'est un rapport sur lequel les membres

13 du Groupe opérationnel sud sont arrivés à l'hôpital vers 11 heures. Qu'est-

14 ce qu'on vous a dit par rapport à cela ? Est-ce que cela correspond à ce

15 qu'il a écrit dans ce rapport ?

16 R. J'ai retenu cela très bien parce qu'après avoir fini la visite de M.

17 Vance, après avoir exécuté cette mission, je suis rentré au poste de

18 commandement pour dire au commandant que la délégation avait quitté la zone

19 de notre unité. Le colonel Mrksic, si je me souviens bien, m'a dit la chose

20 suivante : "Bien, est-ce que tout s'est déroulé comme il fallait ?" J'ai

21 dit que "Oui." Il a dit : "Les unités du 1er Bataillon motorisé ont traversé

22 la rivière Vuka et sont entrées dans la région du poste de police et de

23 l'hôpital. J'ai reçu la directrice de l'hôpital de Vukovar pour un

24 entretien et je lui ai promis que les médicaments allaient être acheminés;

25 la nourriture, l'eau et cetera. Etant donné que tu contactes sans cesse les

26 représentants des organisations internationales, retrouve-les et vois s'ils

27 peuvent assurer une certaine quantité de médicaments pour les acheminer à

28 l'hôpital. Il faut d'ailleurs que tu ailles à l'hôpital avec ces mêmes

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1 représentants pour vérifier les informations concernant la sécurité que

2 j'ai présentée ici, qu'on a reçue par rapport à la situation à l'hôpital.

3 Il faut qu'on se renseigne sur nos soldats disparus. Si je me souviens

4 bien, il me semble qu'il ait mentionné le commandant des forces croates. Il

5 m'a dit : "Il faut que tu vois s'il est dans les parages."

6 Q. Il faudrait aborder ce sujet demain, mais il faut que je vous pose deux

7 questions par rapport à la visite de M. Vance.

8 Vous avez entendu le témoignage de M. Okun et c'était un témoignage

9 de vive voix dans la salle d'audience. Est-ce qu'au cours de cette visite,

10 est-ce que vous vous êtes écrié contre M. Vance ? Est-ce qu'il s'agissait

11 d'un conflit verbal entre vous et M. Vance ? Est-ce qu'à aucun moment vous

12 l'avez empêché physiquement de rendre visite à l'hôpital ? Est-ce que vous

13 avez braqué une arme sur lui ?

14 R. Quand j'ai entendu ce témoignage, j'ai eu mal à y croire. J'ai reçu M.

15 Vance en tant que gentleman, en tant qu'homme politique renommé. J'étais

16 relativement jeune à l'époque, et j'ai l'habitude peut-être de parler un

17 peu plus fort. Peut-être que quelqu'un a pu en conclure que je me suis

18 écrié sur M. Vance. Mais braquez un fusil sur un monsieur qui était M.

19 Vance, si cela était vrai, je devrais être dans un asile pour les fous.

20 Il y avait des journalistes et on peut voir dans le film sur cette visite

21 que je ne tenais aucun fusil entre mes mains, parce qu'à l'époque de la

22 visite de M. Vance, je n'avais aucun besoin de porter un fusil. Tout autre

23 commentaire serait superflu.

24 Q. Je peux en conclure qu'à cette occasion-là, vous ne teniez aucun fusil

25 et vous n'aviez pas braqué le fusil dans la direction de M. Vance,

26 personne.

27 R. Jamais.

28 Q. Je vous remercie.

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1 M. LUKIC : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce qu'on peut en

2 finir avec l'audience maintenant ?

3 M. LE JUGE PARKER : [interprétation] Je vous remercie.

4 Nous allons reprendre demain à 9 heures.

5 --- L'audience est levée à 13 heures 43 et reprendra le vendredi 27 octobre

6 2006, à 9 heures 00.

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