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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-96-21-T
2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE
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4 Lundi 16 juin 1997
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6 L'audience est ouverte à 10 heures.
7 M. le Président (interprétation). - Bonjour, Mesdames et
8 Messieurs. Peut-on faire entrer le témoin ?
9 (Le témoin est introduit dans la salle d'audience.)
10 Pouvez-vous rappeler au témoin qu'il dépose toujours sous
11 serment ?
12 Les Conseils peuvent-ils se présenter, je vous prie ?
13 Mme McHenry (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président ;
14 je m'appelle Teresa McHenry. Je suis accompagnée par Me Eric Ostberg,
15 Conseil principal dans cette affaire, Me Guïliano Turone et notre
16 substitut d'audience, Mme Elles Van Dusschoten.
17 M. le Président (interprétation). - Et du côté de la défense ?
18 Mme Residovic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le
19 Président. Je m'appelle Edina Residovic, Conseil de la défense pour M.
20 Zenil Delalic. Je suis accompagnée par le Professeur O'Sullivan, qui vient
21 du Canada.
22 M. Greaves (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.
23 Je comparais au nom de Zdravko Mucic. Mon confrère est absent aujourd'hui.
24 Il va revenir dans le courant de la semaine. Je m'appelle; pour ma part;
25 John Greaves.
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1 M. Karabdic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.
2 Je m'appelle Salih Karabdic. Je représente M. Hazim Delic et je suis
3 accompagné par Thomas Moran, avocat qui vient de Houston; au Texas.
4 M. Ackerman (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.
5 Je m'appelle John Ackerman et je compare au nom de Esad Landzo.
6 J'accompagne aujourd'hui Cynthia McMurrey.
7 M. le Président (interprétation). - L'accusation poursuit son
8 interrogatoire principal.
9 Mme McHenry (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
10 Bonjour, Monsieur Dordic.
11 M. Dordic (interprétation). – Bonjour.
12 Mme McHenry (interprétation). - Jeudi dernier, lors de votre
13 déposition qui n'était pas terminée, vous avez indiqué qu'au courant du
14 mois de juillet, vous avez appris que M. Mucic commandait le camp, si je
15 ne m'abuse pas. Pendant votre séjour au camp, avez-vous reçu des
16 informations au sujet de l'identité de la personne qui était le supérieur
17 de M. Mucic dans le camp ?
18 M. Dordic (interprétation). – Dans le camp, on disait que
19 c'était je ne sais pas exactement peut-être quelqu'un de l'armée.
20 M. O'Sullivan (interprétation). - Monsieur le Président,
21 objection. Le témoin ne parle pas sur la base d'une connaissance
22 personnelle.
23 M. le Président (interprétation). - Permettez-lui de répondre à
24 la question. je ne sais pas quelle est sa connaissance personnelle.
25 Mme McHenry (interprétation). - Avait-on la traduction ? La
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1 traduction était-elle achevée ?
2 Monsieur, je vous prierai de continuer votre réponse, s'il vous
3 plaît.
4 M. Dordic (interprétation). - Eh bien, je vous dis ce que j'ai
5 entendu dire dans le camp, à savoir que le commandant était quelqu'un qui
6 appartenait à un groupe opérationnel et que le supérieur de Pavo Mucic
7 était Zejnil Delalic.
8 M. O'Sullivan (interprétation). - Objection. Le témoin ne parle
9 pas sur la base de sa connaissance personnelle.
10 M. le Président (interprétation). - Je ne sais pas ce que vous
11 appelez connaissance personnelle. La seule manière de le prouver, c'est de
12 lui demander comment il l'a appris. Une connaissance personnelle peut
13 venir d'une conversation, d'une lecture et pas seulement de communications
14 directes avec la personne concernée. Ce n'est sûrement pas lui qui a
15 recruté la personne dont il parle.
16 Mme McHenry (interprétation). - Je vais éclaircir cette
17 question.
18 Monsieur, pouvez-vous nous dire comment vous avez entendu dire
19 que M. Delalic était la personne la plus haut placée dans le camp ?
20 M. Dordic (interprétation). - Toutes les informations que nous
21 avons apprises au sujet de l'identité de ceux qui dirigeaient ce camp, qui
22 étaient à la tête de ce camp, provenaient des personnes qui avaient des
23 contacts fréquents avec les gardiens, et dans ce cas précis, c'était Zaro
24 Mrkajic parce que nous n'avions aucun contact; avec personne; parmi ceux
25 qui dirigeaient le camp.
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1 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que vous-même,...
2 M. O'Sullivan (interprétation). - Monsieur le Président, le
3 témoin vient de dire que c'est Zaro Mrkajic qui l'a informé. Ce n'est donc
4 pas une connaissance personnelle.
5 M. le Président (interprétation). - Merci beaucoup. L'objection
6 est rejetée.
7 Mme McHenry (interprétation). - Merci beaucoup, Monsieur le
8 Président.
9 Avez-vous appris vous-même de la bouche du garde qui était le
10 responsable du camp ?
11 M. Dordic (interprétation). - Il y avait ce Esad Badi qui était
12 gardien dans le camp et au moment où nous avons passé quatre-vingt-dix
13 heures sans alimentation, c'est lui qui nous a dit que c'est grâce à M.
14 Delalic que nous avions fini par recevoir de la nourriture.
15 Il paraissait donc évident qu'il était un supérieur dans
16 l'administration du camp. Il avait été absent pendant quelques jours et, à
17 ce moment-là, il était revenu.
18 Mme McHenry(interprétation). - A part son nom, a-t-il fait
19 référence à M. Delalic ou à ses fonctions de quelqu'autre manière qu'en
20 utilisant son nom ?
21 M. Dordic (interprétation). - Je crois qu'il a dit : "Le chef
22 est arrivé."
23 Mme McHenry (interprétation). - Très bien. Est-ce que vous-même,
24 Monsieur, vous n'avez jamais vu M. Delalic pendant votre séjour au camp ?
25 M. Dordic (interprétation). - Oui. Une fois, quand je venais
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1 d'arriver, j'étais en train de transporter de la nourriture en provenance
2 du bâtiment administratif. Je l'ai rencontré devant le bâtiment. Il ne m'a
3 rien dit, mais il était en train de sortir du bâtiment. Il portait un
4 uniforme militaire.
5 Mme McHenry (interprétation). - De quel bâtiment est-il sorti,
6 Monsieur ?
7 M. Dordic (interprétation). - Du bâtiment administratif.
8 Mme McHenry (interprétation). - Où se trouvait l'administration
9 ? Comment saviez-vous qu'il s'agissait de M. Delalic quand vous l'avez
10 rencontré ?
11 M. Dordic (interprétation). - Je le connaissais de vue en ville.
12 Je savais qu'il était une personne importante, une personnalité.
13 Mme McHeny (interprétation). - Est-ce que vous saviez quel était
14 son travail lorsque vous le rencontriez en ville ?
15 M. Dordic (interprétation). - Oui.
16 Mme McHenry (interprétation). - Quelles activités lui avez-vous
17 vues accomplir ?
18 M. Dordic (interprétation). - Je l'ai vu dans sa discothèque
19 parce qu'il m'arrivait souvent d'y aller.
20 Mme McHenry (interprétation). - Est-ce que j'ai raison de dire
21 qu'à la fin de votre déposition de la semaine dernière, vous étiez en
22 train de parler de passages à tabac graves que vous avez subis pendant
23 votre séjour dans le tunnel ?
24 M. Dordic (interprétation). - Oui.
25 Mme McHenry (interprétation). - Pouvez-vous nous dire s'il y
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1 avait un détenu dénommé Zeljko Milosevic qui était également enfermé dans
2 le tunnel ?
3 M. Dordic (interprétation). – Oui.
4 Mme McHenry (interprétation). - Pouvez-vous nous dire, si vous
5 avez remarqué quoi que ce soit au sujet du traitement qui lui a été
6 réservé ?
7 M. Dordic (interprétation). - Eh bien, Zeljko Milosevic est
8 arrivé au camp un peu après moi. Je ne sais pas exactement combien de
9 temps après, mais trois ou quatre jours après sans doute et, dès son
10 arrivée, il a été emmené à un interrogatoire par M. Delalic et M. Esad
11 Landzo. On le faisait souvent sortir du bâtiment n 9.
12 Mme McMurrey (interprétation). - Monsieur le Président,
13 objection, Il n'a pas prouvé qu'il connaissait ces personnes. Il ne
14 témoigne pas sur la base de sa connaissance personnelle et il n'y a pas de
15 possibilité de confrontation avec le témoin, car ces personnes ne
16 viendront pas ici. M. le Président (interprétation). - Vous ne savez
17 pas encore ce qu'il a à dire ?
18 Vous supposez ce qu'il va dire. Moi, en tout cas, je dois
19 entendre ce qu'il a à dire avant de pouvoir répondre à votre objection.
20 Mme McMurrey (interprétation). - (hors micro)
21 M. le Président (interprétation). - Ce n'est pas trop tard. Cela
22 fait partie de la procédure.
23 Mme McHenry (interprétation). - J'aimerais que la déposition du
24 témoin ne soit pas interrompue sans besoin. En cas de nécessité, je
25 demanderai des éclaircissements et, Monsieur le Président, si vous le
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1 jugez nécessaire, vous pouvez interrompre la déposition, mais dans une
2 situation comme celle-ci, il est impossible d'obtenir toutes les réponses
3 que l'on souhaite.
4 Excusez-moi, je voudrais revoir la dernière réponse.
5 Monsieur, je vous prie de bien vouloir continuer à nous dire ce
6 que vous avez observé quant au traitement qui a été réservé à Zeljko
7 Milosevic ?
8 M. Dordic (interprétation). – Comme je l'ai déjà dit, on l'a
9 souvent fait sortir devant le bâtiment n'9 et pas mal de questions lui ont
10 été posées. Est-ce qu'il a été sniper, c'était l'accusation la plus grave.
11 Mme McMurrey (interprétation). - Monsieur le Président, je
12 renouvelle mon objection. Le témoin dit que cet homme est sorti devant le
13 tunnel nº9. Il dit que cette personne était à l'extérieur du tunnel nº9,
14 mais ne peut pas savoir sur la base d'une connaissance personnelle ce qui
15 se passait à l'extérieur du tunnel.
16 M. le Président (interprétation). - Je vous ai déjà dit qu'il
17 faut entendre avant de statuer. Je ne peux statuer avant d'avoir entendu
18 la déposition.
19 Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, pouvez-vous continuer
20 à nous parler du traitement réservé à Zeljko Milesovic.
21 M. Dordic (interprétation). - Comme je l'ai dit, on faisait
22 sortir Zeljko Milosevic devant le bâtiment nº9, donc exactement devant la
23 porte du bâtiment nº9, si bien que nous entendions très bien ce qui se
24 disait et nous entendions ce qui se passait. Nous pouvions voir ce qui se
25 passait même s'il n'y avait pas de gardes devant pour nous empêcher de
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1 regarder. A ce moment-là, il n'y avait pas de gardes.
2 On exigeait de lui qu'il avoue qu'il était sniper, qu'il avait
3 tiré sur des Musulmans, sur les positions musulmanes. Lui, il niait tout
4 cela. Bien sûr, chaque fois qu'il disait qu'il n'avait pas fait quelque
5 chose, il recevait un coup de matraque, et même, s'agissant de lui, je me
6 souviens très bien qu'on a utilisé des câbles électriques de deux
7 centimètres de diamètre. Chaque fois qu'il était emmené à l'extérieur, il
8 se faisait frapper abondamment et ensuite, on le faisait rentrer.
9 Un jour, il a raconté que pas mal de temps auparavant, un
10 Musulman faisait la cour à sa mère je pense que sa mère était veuve et que
11 lui, il avait frappé ce Musulman. Tout cela s'était passé avant la guerre.
12 A ses yeux, c'était le motif qui expliquait ces accusations contre lui,
13 ces accusations qui consistaient à dire qu'il avait été tireur embusqué,
14 parce qu'il ne l'avait jamais été. Tout cela a duré sept ou huit jours
15 sans doute.
16 Mme McHenry (interprétation). - Permettez-moi de vous
17 interrompre : je vais vous poser des questions à ce sujet.
18 Qui avez-vous vu présent en ces sept ou huit occasions où on a
19 donné l'ordre à M. Milosevic de sortir ? Qui pouviez-vous voir autour de
20 lui au moment où on le faisait sortir ?
21 M. le Président (interprétation). - Demandez-lui qui il a vu et
22 pas qui il a pu voir
23 Mme McHenry (interprétation). - Effectivement. Qui avez-vous vu,
24 effectivement, parmi les gardes ou les responsables du camp en présence de
25 M. Milosevic quand on le faisait sortir ? Autrement dit, qui avez-vous vu
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1 vous-même parmi les responsables du camp en cette occasion ?
2 M. Dordic (interprétation). - Chaque fois, Hazim Delic et Esad
3 Landzo étaient présents.
4 M. le Président (interprétation). - Qui lui a donné l'ordre de
5 sortir ?
6 Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, vous rappelez-vous qui
7 lui donnait effectivement l'ordre de sortir ? Pouvez-vous nous décrire qui
8 vous voyiez, qui vous entendiez au moment où M. Milosevic recevait l'ordre
9 de sortir ? Qui étaient les différentes personnes en présence, qui
10 parlaient ? Pouvez-vous nous décrire les choses avec plus de détails, je
11 vous prie ?
12 M. Dordic (interprétation). - Eh bien, la porte s'ouvrait. A la
13 porte se trouvait Hazim Delic. Il appelait Milosevic. Milosevic sortait et
14 c'est là que les coups commençaient, Un jour, une équipe de télévision est
15 arrivée, des gens noirs de peau, donc sans doutes des gens d'un pays
16 arabe.
17 On a fait sortir Milosevic, Rajko Dordic et Desimir Mrkajic
18 devant les caméras.
19 On a exigé d'eux qu'ils avouent être des tireurs embusqués et
20 ils ont nié avoir tué des Musulmans. Landzo et Delic ont distribué des
21 coups. Ils les ont frappés devant les caméras.
22 Lorsque les gens de l'équipe de télévision l'ont décidé, ils se
23 sont joints à ceux qui frappaient.
24 Mme McMurrey (interprétation). - Non, objection. Il ne parle pas
25 sur la base de ce qu'il a vu lui-même.
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1 M. le Président (interprétation). - Vous n'écoutez pas bien car
2 il a dit qu'il pouvait entendre et voir ce qui se passait à l'extérieur.
3 Mme McMurrey (interprétation). - D'accord. Il a dit qu'il
4 pouvait voir et entendre.
5 M. le Président (interprétation). - Oui, vous aurez la
6 possibilité de vérifier si cela est exact plus tard.
7 Mme McHenry (interprétation). - Au moment où M. Delic donnait
8 l'ordre à M. Milosevic de sortir, pouviez-vous voir personnellement M.
9 Landzo présent en ces occasions, et si oui, que se passait-il ? Où se
10 trouvait-il ?
11 M. Dordic (interprétation). - Je peux vous dire que je le voyais
12 parce que tout cela se passait devant le bâtiment nº9 et pour que les
13 choses soient très claires, je peux faire une comparaison de distance. La
14 distance était la même entre moi-même et les interprètes 1h haut. Donc,
15 vous voyez, on peut imaginer que la porte se trouvait là haut, au niveau
16 de la vitre des cabines d'interprètes.
17 Mme McHenry (interprétation). - Pendant les passages à tabac que
18 vous avez évoqués, la porte était-elle toujours fermée, toujours ouverte
19 ou bien, était-elle parfois ouverte, parfois fermée ?
20 M. Dordic (interprétation). - La porte était en général ouverte,
21 à moins qu'elle se referme sous l'effet d'un coup. Donc, en général la
22 porte était ouverte, sauf cette nuit où Zelko Milosevic n'est pas revenu à
23 l'intérieur du bâtiment 9.
24 Mme McHenry (interprétation). - Avant d'en arriver 1h, pouvez-
25 vous nous parler d'autre chose ? Au moment où vous pouviez voir et
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1 entendre ce qui se passait à l'extérieur devant la porte, quels étaient
2 les instruments que vous avez vus entre les mains des gens, s'ils en
3 avaient. Vous avez dit que M. Landzo et M. Delic ont participé à cela et
4 que vous avez vu un câble. Pouvez-vous témoigner, précisément, de
5 l'identité de la personne qui tenait le câble et de l'identité de la
6 personne qui, éventuellement, tenait autre chose à la main ? Pouvez-vous
7 nous dire en détails ce que vous avez vu par la porte au moment où M.
8 Milosevic se faisait passer à tabac ?
9 M. Dordic (interprétation). - Une fois, au moment au Hazim est
10 arrivé pour l'appeler, j'ai vu qu'il portait un câble et Zenga, en
11 général, portait à la main cette matraque, cette batte de base-ball.
12 Mme McHenry (interprétation). - Donc, Zenga portait la batte de
13 base-ball et M. Delic le câble, c'est cela que vous dites dans votre
14 déposition ?
15 M. Dordic (interprétation). - Oui.
16 Mme McHenry (interprétation). - Et en ces occasions, pouviez-
17 vous effectivement entendre les questions qui étaient posées à M.
18 Milosevic ?
19 M. Dordic (interprétation). - Comme je vous l'ai dit, la
20 distance entre nous était à peu près comme celle qui me sépare de là-bas.
21 Donc, quand on écoute bien et qu'on regarde, on entend très bien ce qui
22 est dit, surtout qu'on était dans le tunnel et qu'on entendait très bien
23 l'écho des voix.
24 Mme McHenry (interprétation). - Quelles sont les voix que vous
25 pouviez reconnaître ?
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1 M. Dordic (interprétation). - La voix des trois hommes,
2 Milosevic, Zenga et Delic.
3 Mme McHenry (interprétation). - Vous avez indiqué qu'un soir, M.
4 Milosevic n'est pas revenu. Pouvez-vous nous dire, je vous prie, ce que
5 vous avez vu ou entendu personnellement, ce soir-là ?
6 M. Dordic (interprétation). - Je vais vous dire. Je voudrais
7 commencer par dire que le jour qui avait précédé ce fameux soir, Hazim
8 Delic lui a dit qu'à 1 heure du matin, il allait le faire sortir pour
9 aller « pisser », excusez-moi de l'expression, mais c'est ce qui s'est
10 passé.
11 M. Moran (interprétation). - Objection, monsieur le Président,
12 ce n'est pas une réponse à la question posée. Il répond à une question
13 différente que celle qui lui a été posée par Mme McHenry.
14 Mme McHenry (interprétation). - Puis-je répondre ?
15 M. le Président (interprétation). - Oui, vous pouvez répondre.
16 Mme McHenry (interprétation). - Je demande au témoin ce qui
17 s'est passé et il fournit des informations qui sont pertinentes et qui ont
18 pour but d'expliquer ce qui s'est passé. Je pense qu'il faudrait permettre
19 au témoin d'achever sa réponse et si sa réponse n'est pas pertinente,
20 qu'elle n'est pas une réponse à la question, une objection peut être
21 élevée.
22 Nous sommes dans une situation où il n'y a pas de jury et où les
23 témoins ne sont peut-être pas formés à répondre aux vœux de la défense. Je
24 crois qu'il est tout à fait inapproprié de les interrompre. Je pense que,
25 lorsqu'on demande une explication au témoin, il convient de lui permettre
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1 de fournir cette explication, quitte à la réfuter par la suite.
2 M. Moran (interprétation). - Monsieur le Président, la question
3 était : que s'est-il passé ce soir-là, et la réponse concerne ce qui s'est
4 passé le jour précédent. D'autre part, nous sommes tous accoutumés aux
5 procès sans jury et malgré l'absence d'un jury, il convient de respecter
6 le règlement de procédure et de preuve. Ce n'est pas l'absence du jury qui
7 justifie que l'on ne respecte pas le règlement.
8 M. le Président (interprétation). - Mais, sa réponse conduisait
9 à ce qui allait se passer ce soir-là. S'il n'y a pas de relation entre ce
10 qu'il dit et ce qu'on lui a demandé dans la question, peut-être ne serait-
11 ce pas pertinent, mais il est fort possible que le début de sa réponse
12 conduise à des éléments pertinents. Donc, entendons-le.
13 Mme McHenry (interprétation). - Pouvez-vous continuer à
14 expliquer ce qui s'est passé ce soir-là et, si besoin est, ce qui s'est
15 passé le soir précédent, au cas où cela serait pertinent ?
16 M. Dordic (interprétation). - Comme Hazim l'a dit,
17 effectivement, je ne sais plus exactement à quelle heure, on a entendu sa
18 voix devant le bâtiment 9 et il a appelé Zeljko Milosevic. Zeljko est
19 sorti, la porte s'est refermée, on a entendu des cris, mais cette fois-ci,
20 les choses se passaient un peu plus loin de l'entrée du bâtiment 9. Donc,
21 il n'était plus possible de comprendre aussi bien ce qui se disait que les
22 jours précédents. Mais, on a entendu des plaintes, des discussions, des
23 coups, et un peu plus tard, des coups de feu. Ce soir-là, Zeljko Milosevic
24 n'est pas revenu à l'intérieur du bâtiment 9, Le matin, je crois que
25 c'était aux premières heures de la matinée, on nous a fait sortir par
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1 groupe de cinq ou six pour nous soulager et, lorsque je me suis trouvé
2 près du trou qui servait de toilettes, j'ai vu le cadavre de Zeljko
3 Milosevic, sur le chemin, qui était recouvert d'un T-shirt ou d'un chiffon
4 sur le &ont, On voyait une grosse flaque sur ce morceau de tissu. Je ne
5 suis pas en mesure de dire qu'il a été abattu par balles, mais en tout
6 cas, il y avait une blessure sur son front.
7 Mme McHenry (interprétation). - Mais lorsque vous parlez de
8 cadavre, comment étiez-vous capable de déterminer qu'il s'agissait bien
9 d'un cadavre ? M. Milosevic remuait-il, combien de temps avez-vous observé
10 son corps ? Je vous prie de nous dire ce qui vous permet de conclure que
11 le corps de M. Milosevic était sans vie.
12 M. Dordic (interprétation). - Ecoutez, il n'est pas revenu ce
13 soir-là. S'il était revenu, nous aurions su qu'il était vivant, mais nous
14 sommes sortis par groupe de cinq ou six, nous étions une trentaine à
15 l'intérieur. Donc, pendant tout ce temps, nous avons tous vu la même
16 chose, Tous ceux qui sont sortis ont vu la même chose. Il était allongé,
17 immobile au sol, avec une grande tache sur le front, ce qui signifie qu'il
18 était mort.
19 Mme McHenry (interprétation). - Pourriez-vous, à l'aide de la
20 maquette, nous dire exactement où vous avez vu le corps de Zeljko
21 Milosevic ? Montrez-nous également le trou que vous utilisiez ?
22 Mme McMurrey (interprétation). - Monsieur le Président, je
23 souhaite interrompre à ce stade, parce que je pense que toutes ces
24 questions sont non pertinentes.
25 M. Milosevic n'est pas mentionné dans l'acte d'accusation. Il
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1 n'est donc pas concerné par les chefs d'inculpation retenus contre les
2 accusés.
3 Mme McHenry (interprétation). - Je regarde les chefs nº3 et 4 de
4 l'acte d'accusation.
5 Mme McMurrey(interprétation). - Moi, je regarde la liste. Il y a
6 plusieurs noms, mais celui de M. Milosevic n'y figure pas.
7 Mme McHenry (interprétation). - Je peux peut-être vous aider. Il
8 s'agit des chefs nº3 et 4 de l'acte d'accusation pour le meurtre de M.
9 Milosevic.
10 Mme McMurrey (interprétation). - Excusez-moi, pourriez-vous me
11 donner un instant, parce que (inaudible).
12 M. le Président (interprétation). - Allez-vous permettre au
13 témoin de déposer ? Mme McHenry (interprétation). - Pourriez-vous nous
14 montrer où se trouvait le corps de M. Milosevic, lorsque vous l'avez vu ?
15 M. Dordic (interprétation). – Ce trou se trouvait juste la, a
16 cet endroit, vers le milieu du tunnel n 9. Il suffisait de passer le long
17 de ce mur en béton et le corps se trouvait juste près de ce mur.
18 Mme McHenry (interprétation). – Merci.
19 Mme McMurrey(interprétation). – Je voulais m’excuser. Me McHenry
20 avait raison et je m’étais trompée. Veuillez recevoir mes excuses.
21 M. le Président(interprétation). – Je vous remercie. Poursuivez,
22 Me McHenry.
23 Mme McHenry (interprétation).- Y avait-il aussi un homme dénommé
24 Slavko Susic, détenu au tunnel nº9 ?
25 M. Dordic (interprétation). – Effectivement. Cet homme a été
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1 amené au tunnel nº9 assez tard. Son arrivé même, au tunnel nº9, a été en
2 soi une scène horrible. Je me souviens parfaitement. Je me souviens que
3 Hazim Delic l’escortait lorsqu’il a été jeté au tunnel nº9. Il portait un
4 T-shirt à manches courtes, T-shirt qui était déjà déchiré dans le dos, au
5 fait que des coups qu’il avait reçus au moment de l’arrestation et au
6 moment ou il y avait été emmené au camp. Il était déjà couvert des
7 d’ecchymoses au dos. Peu d’entre nous le connaissaient. Il avait l’air
8 tout à fait incapable de quoi que ce soit. Il a dit qu’il avait été amené
9 de chez lui, du jardin ou il travaillait. C’est là qu’il était lorsqu’il a
10 été emmené. Il avait été abattu, emmené de chez lui dans une voiture
11 jusqu’au bâtiment nº9.
12 Mme McHenry (interprétation).- Pourriez-vous nous dire que vous-
13 même avez pu observer, ce que vous auriez entendu ou vu, en ce qui
14 concerne le traitement infligé à M. Susic lorqu’il est arrivé au tunnel
15 nº9 ?
16 M. Dordic (interprétation). – Peu de temps après, Hazim Delic
17 est apparu. Il y avait aussi d’autres gardes, notamment Esad Macic qui,
18 pour l’essentiel, était de garde devant le bâtiment 9. Hazim Delic l’a
19 accuse d’être détenteur d’un émetteur de radio et qu’en fait, il avait
20 guide le pilonnage de la ville. Il a reçu le même traitement que M.
21 Milosevic. Il a été sorti, tabasse et puis, il a été ramené.
22 Mme McHenry (interprétation).- Pourriez-vous nous donner
23 davantage de détails sur ce que vous-même avez vu ou entendu, a propos du
24 traitement inflige ? J’aimerais que vous nous disiez qui a participe, ce
25 que vous-même avez pu voir ou entendre. J’aimerais davantage de détails.
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1 M. Dordic (interprétation). - Comme je le disais, il a été
2 sorti, emmené à l'extérieur. On l'a forcé à avouer qu'il était détenteur
3 de cet émetteur radio. A un moment, il a dit qu'ils leur montreraient où
4 se trouvait cet émetteur radio.
5 Mme McHenry (interprétation). - Mais qui l'a fait sortir ?
6 M. Dordic (interprétation). - Hazim Delic surtout, mais Esad
7 Landzo aussi.
8 Mme McHenry (interprétation). - Avez-vous vu, vous-même, l'un ou
9 l'autre de ces deux messieurs lorsqu'on faisait sortir M. Milosevic ? Je
10 parle ici de MM Delic et Landzo.
11 M. Dordic (interprétation). – Oui, j'étais capable de tout voir,
12 par la porte. Je vous parlais de cette distance qui se trouvait entre
13 nous. Je pouvais voir M. Susic, parce que cela se passait juste devant la
14 porte,
15 Mme McHenry (interprétation). - Après que M, Susic ait été
16 emmené à l'extérieur, pourriez-vous nous dire, à ce moment précis, ce que
17 vous avez pu voir ou entendre ?
18 M. Dordic (interprétation). - On l'a fait sortir, on l'a emmené
19 quelque part.
20 Apparemment, il a dit à certains qu'il leur montrerait où se
21 trouvait cette chose à propos de laquelle ils insistaient. Ils voulaient
22 qu'il avoue et ils l'ont emmené à cet endroit. Ils n'ont rien trouvé et
23 ils l'ont de nouveau roué de coups, puis ils l'ont ramené. Après un
24 certain temps, il était à peine capable de marcher, de rentrer par lui-
25 même, il titubait. On a fermé les portes. Je me suis approché de lui pour
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1 le soutenir afin qu'il ne tombe pas. Nous étions vraiment tout au bout du
2 tunnel, là où le sol est presque plat, là où se termine le tunnel 9. Il
3 était debout près du mur. Zare Mrkajic était à ses côtés. Il avait peine à
4 respirer. Il a demandé un peu d'eau. J'ai essayé de lui obtenir un peu
5 d'eau, mais quelqu'un lui avait déjà amené un verre avec de l'eau. Mais il
6 a glissé le long du mur et il a commencé à mourir. Nous l'avons déposé à
7 même le sol Nous avons essayé de le faire revenir à lui par la respiration
8 artificielle, mais en vain. Il était mort.
9 Mme McHenry (interprétation). - Fort bien. Qu'est-il advenu du
10 corps de M. Susic, après qu'il soit décédé dans le tunnel ?
11 M. Dordic (interprétation). - En fait, son cadavre est resté
12 parmi nous toute la nuit au nº9. Le lendemain, vers 11 heures, on l'a
13 emmené,
14 Mme McHenry (interprétation). - Nous parlons du jour même où on
15 l'a fait sortir et du jour où on l'a ramené et où il est mort, peu de
16 temps après, Pourriez-vous nous dire, après précision, ce que vous-même
17 avez vu ou entendu ce jour-là ? Qui l'a fait sortir, qui lui a donné
18 l'ordre de sortir, qui avez-vous déjà vu ? Vous avez peut-être déjà donné
19 ces informations, mais j'aimerais que vous procédiez de façon logique et
20 systématique. Qui avez- vous vu, qu'avez-vous vu, qui a donné l'ordre ? Je
21 parle ici précisément du jour de la mort de M Susic.
22 Mme McMurrey (interprétation). - Pour ce qui est de la personne
23 qui l'a fait sortir, la question a déjà été posée et a reçu réponse. Donc,
24 ce n'est pas nécessaire de le répéter, mais le témoin peut reprendre à
25 partir de là. Merci.
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1 M. Dordic (interprétation). - Oui, on l'a fait sortir, je le
2 répète. Il a été roué de coups pendant très longtemps. Cette fois-là, on a
3 fermé la porte derrière lui sur-le-champ, c'est-à-dire qu'on l'a jeté sans
4 plus de commentaires. Peu de temps après, M. Susic est mort.
5 Mme McHenry (interprétation). - Pourriez-vous nous dire qui l'a
6 fait sortir ?
7 Avez-vous entendu quoi que ce soit après qu'il ait été emmené à
8 l'extérieur ? Avez-vous reconnu quelques voix et qui l'a ramené ?
9 Pourriez-vous nous donner ces détails ?
10 Mme McMurrey (interprétation). - Qui l'a fait sortir ? Cette
11 question a déjà été posée et a reçu réponse.
12 M. le Président (interprétation). - Vous n'avez pas à déposer
13 devant l'accusation vous-même, Me McMurrey.
14 M. Dordic (interprétation). - Je le répète. Hazim Delic et Esad
15 Landzo l'ont fait sortir. Le passage à tabac s'est produit devant le
16 bâtiment. Puis, il a été remis à l'intérieur, je ne sais pas comment cela
17 s'est passé. En tout cas, la porte s'est refermée derrière lui, après
18 qu'on l'ait poussé à l'intérieur.
19 Mme McHenry (interprétation). - Au moment où on avait fermé la
20 porte et qu'il était frappé à l'extérieur, entendiez-vous quoi que ce soit
21 ? Auquel cas, quelles voix avez- vous reconnues, qu'avez-vous entendu
22 après qu'on l'ait fait sortir et que la porte se soit refermée ?
23 M. Dordic (interprétation). - On entendait surtout le passage à
24 tabac, les coups, de même que les questions : "Avoue, avoue, pourquoi
25 n'avoues-tu pas, puisque tu étais 1h ?
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1 Où étais-tu ?" C'était ce genre de question.
2 Mme McHenry (interprétation). - Avez-vous été en mesure de
3 reconnaître la voix des personnes qui posaient des questions à M. Susic ?
4 M. Dordic (interprétation). - Je crois qu'il suffit que je les
5 ai vu emmener M. Susic à l'extérieur.
6 Mme McHenry (interprétation). - Si vous ne reconnaissez pas les
7 voix, dites-le simplement, cela ne pose pas de problèmes. Ma question est
8 simplement de savoir si vous étiez ou non en mesure de reconnaître les
9 voix des personnes qui posaient des questions ?
10 M. Dordic(interprétation). - C'étaient les voix des personnes
11 qui l'avaient emmené à l'extérieur.
12 Mme McHenry (interprétation). - Seraient-ce donc les voix de MM.
13 Delic et Landzo ?
14 M. Dordic (interprétation). - De M. Landzo, oui, effectivement.
15 Mme McHenry (interpréta1ion). - Auparavant, non pas le jour même
16 de la mort de M. Susic, auriez-vous été vous-même témoin de passages à
17 tabac ? Si c'est le cas, qui y a participé et quels instruments auraient
18 été utilisés ? Pourriez-vous nous décrire ceci de façon précise, en
19 parlant de ce que vous avez vous-même vu ?
20 M. Dordic (interprétation). - Tous les passages à tabac ou
21 quasiment se limitaient à cette procédure. Le prisonnier était sorti
22 devant le bâtiment 9 et devait tourner le visage vers le mur en béton,
23 lever les bras, et on le battait, en fonction des instruments à
24 disposition des personnes qui procédaient au passage à tabac, bottines,
25 battes de base-ball.
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1 Pratiquement tous les passages à tabac étaient semblables.
2 Mme McHenry (interprétation). - Vous souvenez-vous, plus
3 précisément, de l'un des passages à tabac qui ont été infligés à M. Susic
4 ?
5 M. Dordic (interprétation). - Je vous l’ai dit. J'ai pu observer
6 chacun de ces passages à tabac devant le bâtiment 9.
7 Mme McHenry (interprétation). - Avez-vous vu une personne en
8 train de le frapper ? Si tel est le cas, qui auriez-vous vu en train de
9 frapper M. Susic, dans les jours précédent sa mort ?
10 M. Dordic (interprétation). - La plupart du temps, c'étaient les
11 deux.
12 Mme MeHenry (interprétation). - Merci Pendant que vous vous
13 trouviez au camp, hors les deux premières semaines où vous avez apporté du
14 pain au tunnel, deviez-vous exécuter certaines fonctions, soit à
15 l'intérieur, soit à l'extérieur du camp ?
16 M. Dordic (interprétation). - Pour l'essentiel, pas à
17 l'intérieur du bâtiment 9.
18 Mme McHenry (interprétation). - Pendant tout le temps que vous
19 avez passé au camp, avez-vous dû exécuter certaines fonctions, certaines
20 tâches, pas seulement pendant que vous vous trouviez au bâtiment 9 ?
21 M. Dordic (interprétation). - J'ai surtout travaillé lorsque
22 j'ai été transféré au bâtiment 6. Là, il fallait creuser des tranchées ou
23 des caniveaux dans le périmètre du camp lui-même, Mais, un jour, on a été
24 emmenés dans une camionnette. Nous étions peut-être sept ou huit dans
25 cette camionnette. Nous avons été emmenés à Konjic, à la section de
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1 Buhala, à la maison de M. Pavo Mucic. Là, nous devions en fait déblayer
2 une structure. Je ne sais pas s'il y avait eu un obus qui était tombé sur
3 la maison. En tout cas, nous avons déblayé ce terrain. M. Pavo Mucic se
4 trouvait 1h, en personne. Il était à la maison, il dormait au moment de
5 notre arrivée.
6 Mme McHenry (interprétation). - Avez-vous eu des conversations
7 avec l'un des membres de la famille de M. Mucic, en cette occasion ? Vous
8 pouvez répondre par la négative ou l'affirmative si vous avez eu une
9 conversation.
10 M. Greaves (interprétation). - Pourriez-vous indiquer la
11 pertinence d'une telle éventuelle conversation du témoin avec l'un des
12 membres de la famille de M. Pavo Mucic ?
13 Mme McHenry (interprétation). - Monsieur le Président, je pense
14 qu'il y a eu une conversation avec le père de M. Mucic, à propos du rôle
15 qu'aurait joué M. Mucic à Celebici Je crois donc que la pertinence est
16 clairement établie, parce que son père serait en mesure de le savoir. On
17 pourrait considérer que, vu le moment où s'est passée cette conversation,
18 c'est quelque chose de fiable. Avez-vous eu une conversation avec l'un des
19 membres de la famille de M. Mucic ?
20 M. Dordic (interprétation). - Oui J'ai parlé avec un monsieur
21 assez âgé. J'ai appris par la suite que c'était le père de M. Mucic. Il
22 faisait preuve d'une grande tolérance à notre égard. Il nous a donné des
23 fruits, des pommes à manger. Il s'est entretenu avec nous pendant tout le
24 temps que nous travaillions. Il a aussi dit qu'il ne se sentait pas très à
25 l'aise par rapport à ce que faisait Zdravko, que c'était la guerre, et que
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1 toute la guerre n'avait aucun sens.
2 Mme McHenry (interprétation). - Merci Y a-t-il eu un moment où
3 la Croix Rouge Internationale a visité le camp ?
4 M. Dordic (interprétation). - Oui Ceci s'est passé le 12 août
5 1992. Le portail s'est ouvert. Des femmes et quelques hommes sont entrés.
6 Nous ne savions pas qui étaient ces personnes. Je crois qu'une femme était
7 la déléguée de ce comité de personnes. Elle s'est avancée vers le milieu
8 de la structure. Elle s'est évanouie du fait de l'odeur, Nous l'avons aidé
9 à sortir et les autres membres de la délégation ont poursuivi leur travail
10 devant cette structure. J'entends par-là les escaliers qui menaient au
11 bâtiment 9, parce que l'odeur était trop répugnante et ces personnes ne
12 pouvaient pas travailler à l'intérieur. Ils ont pris nos noms à tous, nous
13 ont donné à chacun une carte d'identité du Comité international de la
14 Croix Rouge. Même à ce moment-là, je n'avais pas tout à fait compris
15 qu'ils étaient des délégués de la Croix Rouge. En effet, pas mal de temps
16 s'était écoulé depuis que nous avions été internés et personne, à cette
17 date, ne nous avait rendu visite. Nous faisions preuve d'une grande
18 réserve. Nous n'avons pas dit grand chose. Nous nous sommes contentés de
19 dire l'essentiel, en matière de nourriture, de l'eau, des conditions qu'on
20 nous faisait subir.
21 Puis, ces personnes ont terminé leur travail. Elles sont sans
22 doute allées alors au bâtiment 6 et peu de temps après, Delic est venu.
23 Puis il y avait un homme dont je ne me souviens plus du nom, de Focak. Il
24 a commencé à frapper tout le monde, à quelques exceptions près, en donnant
25 des coups de pied dans le thorax. Ensuite, nous avons reçu l'ordre de tous
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1 sortir. Nous sommes sortis juste devant le bâtiment 9. Nous nous sommes
2 assis, c'était l'ordre qui nous avait été donné de nous asseoir dans le
3 caniveau, de faire face au mur et de croiser les mains sur la nuque.
4 A ce moment-là, Hazim a donné un ordre à tous les gardes. Je
5 l'ai même entendu appeler un certain Soka(?), un cuisinier. Puis les
6 passages à tabac on commencé. C'étaient surtout des coups de pied qu'on
7 nous donnait. Ces gardes devaient être treize ou quatorze qui nous
8 assenaient des coups de pied. La plupart des gens avaient les mains
9 croisées sur la nuque. Les gardes avaient des souliers de sport ou des
10 bottines et ils n'ont pas arrêté de frapper toute la colonne. Ceci s'est
11 poursuivi pendant longtemps. D'abord, je crois que j'ai compté 17 ou 18
12 coups. Par la suite, je crois que j'ai perdu un peu conscience, pendant un
13 certain temps. Puis, j'ai senti un coup très douloureux qui m'a presque
14 jeté dans le caniveau.
15 Ensuite, j'ai reçu l'ordre de me relever et de me croiser les
16 mains sur la nuque. Tout d'un coup, un ordre a été donné. En fait,
17 quelqu'un a dit quelque chose depuis la petite colline qui se trouvait
18 entre les bâtiments 6 et 9. Quelqu'un nous a dit de nous dépêcher de
19 retourner au bâtiment 9. Nous avons fait du plus vite que nous pouvions.
20 C'est à ce moment-là que j'ai pu voir que Osman Dedic était celui qui
21 avait lancé l’appel C'était lui qui depuis la colline, observait ce qui se
22 passait, notamment à propos de la délégation, et c'est lui qui a ordonné
23 aux autres d'arrêter le passage à tabac, afin que les délégués du CICR ne
24 voient pas ce qui se passait.
25 Mme McHenry (interprétation). - Peu de temps après la visite du
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1 CICR, avez- vous été sorti du bâtiment 9, transféré ailleurs ?
2 M. Dordic (interprétation). - Oui. Je fus le dernier à quitter
3 le bâtiment 9. Il y avait un dernier groupe de quinze personnes dont je
4 faisais partie.
5 Mme McHenry (interprétation). - Pourriez-vous nous dire,
6 approximativement, quand ceci s'est passé et combien de temps après la
7 visite du CICR ?
8 M. Dordic (interprétation). - Cela devait être vers la fin du
9 mois de septembre, peut-être même début octobre. Je ne sais plus.
10 Mme McHenry (interprétation). - Où avez-vous été transféré ?
11 M. Dordic (interprétation). - Au bâtiment 6, ce grand hangar où
12 se trouvait le reste des prisonniers.
13 Mme McHenry (interprétation). - Si vous utilisez la maquette et
14 le pointeur, pourriez-vous nous montrer où se trouvent ce bâtiment 6 et le
15 terrain l'entourant ? Pourriez- vous nous dire où se trouvaient les gardes
16 ?
17 M. Dordic (interprétation). - Ici Nous avions été amenés du
18 bâtiment 9 devant le bâtiment administratif, et nous avons été amenés au
19 bâtiment 6. Il y avait un garde posté près du trou. Un autre garde se
20 trouvait de l'autre côté. Il y avait aussi une mitrailleuse placée à cet
21 endroit. Il y avait deux soldats en patrouille ici.
22 Mme McHenry (interprétation). - Là où vous nous avez montré
23 l'endroit où se trouvaient les gardes, y avait-il une autre structure à
24 cet endroit ?
25 M. Dordic (interprétation). - Oui. Il y avait, en fait, un trou
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1 qui avait été creusé et, du moins quand je suis venu, au-dessus, qui
2 servait de poste de garde. Je ne savais pas à quoi cela servait. En fait,
3 c'était un espace souterrain. A quoi servait-il ? Je ne sais pas. En tout
4 cas, c'était là.
5 Mme McHenry (interprétation). - Merci. Lorsque vous êtes arrivé
6 au hangar 6, d'autres prisonniers s'y trouvaient-ils déjà ?
7 M. Dordic (interprétation). - Oui C'étaient surtout des
8 personnes venant de Bradina et de la municipalité de Konjic.
9 Mme McHenry (interprétation). - Connaissez-vous Vaso Dordic ?
10 M Dordic (interprétation). - Oui.
11 Mme McHenry (interprétation). - De façon moins visible, il y
12 avait quand même encore des passages à tabac. Avez-vous, après la visite
13 du CICR; fait l'objet de mauvais traitements hormis le moment précis
14 consécutif à la visite du CICR ? Mais pendant le reste de votre séjour au
15 camp, avez-vous été victime de mauvais traitements ?
16 M Dordic (interprétation). - Oui. Quand je suis arrivé au
17 bâtiment nº6, la toute première nuit, dès que la nuit tombait, les portes
18 se sont ouvertes. On m'a fait sortir en même temps que cinq ou six
19 prisonniers. Il y avait une liste. Quelqu'un en a fait lecture. Nous avons
20 dû sortir et sitôt après avoir été emmenés à l'extérieur, un ordre a été
21 donné qui consistait à nous mettre debout contre un mur en tôle ondulée et
22 le passage à tabac a commencé. Je crois qu'il avait une planche
23 simplement. Il y avait aussi des fusils automatiques. On m'insultait et
24 puis, à un moment donné, on m'a remis à l'intérieur. J'avais beaucoup de
25 peine à retrouver ma place. J'ai reçu un coup de main de certains
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1 prisonniers et j'ai finalement réussi à me rasseoir à ma place.
2 Ceci s'est répété pendant trois nuits consécutives. Il devait y
3 avoir une liste des personnes censées être battues. Les gardes étaient les
4 mêmes. Il y avait Zelko Dandic, Osman Dedic, Kemo Murndic et Kemo
5 Muderizovic. Ce sont les personnes dont je me souviens, mais c'était
6 quelques fois des silhouettes que je voyais dans l'obscurité.
7 Puis, ils faisaient aussi une espèce de mise en scène comme si
8 le prisonnier qui me précédait, allait avoir la gorge tranchée. On le
9 faisait s'allonger et puis, on a dû verser un liquide autour de son cou.
10 Comme il faisait noir, nous ne voyions pas très bien et nous étions censés
11 croire qu'il s'agissait de sang.
12 Lorsqu'ils sont arrivés à moi, ils m'ont fait me coucher par
13 terre. Ils m'ont mis un couteau sur la gorge. Ils me menaçaient de me
14 couper la gorge. Ce couteau qu'ils utilisaient, c'était en fait un fusil
15 d'un M48 qui n'était pas très aiguisé. Il aurait fallu qu'ils s'y mettent
16 pendant pas mal de temps pour me couper la gorge.
17 Ces passages à tabac se sont poursuivis pendant quatre nuits.
18 Apparemment, c'était toujours la même liste qui était utilisée et les
19 mêmes gardes aussi Lors de la quatrième nuit, quand ils m'ont dit de
20 rentrer... Je me souviens du garde Cancic (?). Il avait toujours en effet
21 la même apparence. Il avait les manches retroussées. Il avait une coupe de
22 cheveux assez particulière, ce qui me permettait de le reconnaître dans
23 l'obscurité. Quand je suis passé devant lui pour rentrer au bâtiment nº6,
24 lorsque je me suis trouvé près de lui, il m'a frappé avec la crosse de son
25 fusil, j'ai perdu conscience du fait du coup, j'avais le sentiment que ce
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1 fusil me transperçait.
2 Mme McHenry (interprétation). - Au cours de votre séjour à
3 Celebici, avez- vous fait l'objet d'autres mauvais traitements ?
4 M Dordic (interprétation). - Oui. Un jour, Hazim Delic est entré
5 dans le bâtiment nº6. Il était accompagné de Cancic (?), mais il y avait
6 aussi d'autres gardes.
7 Vukasin Mrkadic a été désigné par ces gardes. Il devait; en
8 fait; se charger de h discipline et de l'ordre parmi les prisonniers du
9 hangar n"6. Je ne savais vraiment pas ce qui se passait.
10 Hazim disait : "Qui fait des cartes" ? Je ne sais pas exactement
11 ce qui s'était passé auparavant. Ceux qui étaient là, au nº6, avaient
12 peut-être essayé de confectionner des cartes tant bien que mal.
13 Et Hazim Delic a demandé qui était l'auteur de ces cartes ?
14 Personne n'a répondu. Hazim nous a dit de nous retourner. Il a pris une
15 pelle et a commencé à frapper ; dans le bas du dos; tous les prisonniers
16 avec cette pelle utilisée dans l'armée. Nous étions quelque 177 personnes
17 dans le hangar et il ne pouvait pas, en fait, faire le tour de tout le
18 monde. Il a donc passé la pelle à Zaoko et après que Delic se soit reposé,
19 il a demandé à Vukasin; qui se déplaçait ou se levait en son absence dans
20 le hangar. D'abord, Vukasin n'a rien voulu dire. On lui a dit de se mettre
21 debout, près de la petite porte qui se trouve à l'intérieur (outre la
22 grande porte, il y a cette petite porte), on lui a dit de baisser son
23 pantalon, ce qu'il a fait, et Hazim a commencé à le frapper sur les fesses
24 jusqu'au moment où le sang a coulé.
25 Il ne cessait de dire à Vukasin : "Qui l'a fait, qui l'a fait" ?
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1 Vukasin l'a dit parce qu'il ne pouvait plus supporter la douleur. Hazim
2 lui a donné l'ordre de se déplacer alors qu'il était nu, à partir de la
3 taille, et Vukasin a indiqué des personnes, notamment moi Hazim m'a dit de
4 me retourner et il m'a frappé, il m'a donné des coups de pieds dans la
5 cage thoracique. Je l'ai déjà dit, mon côté droit me faisait beaucoup
6 souffrir du fait de passages à tabac précédents et des coups donnés par le
7 canon de fusil de Candic. Puis, je suis tombé sous la douleur. Hazim a
8 demandé à avoir la pelle. Quelqu’un la lui a apporté et Hazim a commencé
9 avec la pelle. La partie en métal en est presque tombée. Il a continué à
10 me frapper avec le manche, jusqu'à ce qu'il casse. Ce manche était en
11 bois, la pelle devait être assez vieille, sans doute ce qui restait de
12 l'époque de l'armée.
13 Quand le manche s'est cassé, Hazim a jeté ce qui lui restait
14 dans la main. Il m'a frappé dans le dos, en insultant ma mère tchenik. Il
15 m'a dit de me relever, ce que j'ai fait, et je me suis remis dans la
16 colonne des prisonniers.
17 Mme McHenry (interprétation). - Outre les incidents que vous
18 venez de décrire, les incidents où vous avez été frappé avec une pelle,
19 vous a-t-on jamais mal traité au hangar nº6 avec d'autres instruments ou
20 d'autres moyens ?
21 M. Dordic (interprétation). - Pendant mon séjour dans l'ensemble
22 ou uniquement pendant que j'étais au hangar nº6 ?
23 Mme McHenry (interprétation). - Durant l'ensemble de votre
24 séjour.
25 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas si j'ai déjà
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1 décrit; durant ma déposition, que Hazim Delic a aussi utilisé autre chose.
2 C'est quelque chose qu'on utilise pour les chevaux. Je ne sais pas
3 exactement à quoi ça sert mais cela provoque des chocs électriques forts
4 et c'était une espèce de jouets pour Hazim Delic mais quand c'est utilisé
5 contre un prisonnier, cela lui inflige une petite brûlure à l'endroit où
6 cet appareil entre en contact avec le corps, comme une brûlure de
7 cigarette. Mais la secousse électrique est très forte Elle n'est pas
8 mortelle. Ceux qui ne connaissent pas, sont très effrayés. Ce sont des
9 secousses qui vont jusqu'à 10.000 volts.
10 Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, est-ce que cet
11 appareil n'a jamais été utilisé contre vous ?
12 M. Dordic (interprétation). - Oui, une fois. Hazim Delic nous a
13 fait sortir pour une promenade devant les balances, une espèce d'île sur
14 la route. On m'a fait sortir du groupe et il m'a fait monter sur un
15 promontoire en pierre, sur cette île.
16 Mme McHenry (interprétation). - Voulez-vous nous montrer sur la
17 maquette l'endroit de cet incident ?
18 M. Dordic (interprétation). - Ce bloc se trouvait ici mais il
19 n'est pas représenté sur la maquette. Il y avait trois ou quatre de ces
20 blocs en pierre.
21 Mme McHenry (interprétation). - Pouvez-vous nous les décrire,
22 quelle hauteur, quelle largeur, il faisait ?
23 M. Dordic (interprétation). - Cet îlot était plus haut que le
24 sol, à peu près quinze centimètres de hauteur, et ces blocs faisaient à
25 peu près trente centimètres sur trente centimètres. Ils n'étaient pas plus
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1 grands que cela.
2 Mme McHenry (interprétation). - Voulez-vous poursuivre et
3 décrire ce qui vous est arrivé après qu'on vous ait fait monter sur ce
4 bloc de trente centimètres de large ?
5 M. Dordic (interprétation). - Oui Je me suis assis sur ce bloc
6 de pierre et je l'ai supplié de ne rien me faire. Je suis moi-même
7 électronicien T.V. Je connais donc ce genre d'appareil, comment ils sont
8 faits. Ca fait partie de mon métier. Je n'étais pas si effrayé pour moi-
9 même, mais pour que les autres comprennent j'ai joué une espèce de scène
10 et je lui ai demandé de m'épargner. Il m'a brûlé à la poitrine.
11 Mme McHenry (interprétation). - Aviez-vous votre chemise ?
12 M. Dordic (interprétation). - Non. J'avais le torse nu. C'était
13 lors de notre promenade. Quand je suis tombé du bloc il m'a pris par la
14 jambe. Il m'a appliqué l'appareil, la blessure a été assez importante.
15 Elle est restée infectée pendant longtemps et la cicatrice est encore
16 apparente.
17 Mme McHenry (interprétation). - Ai-je raison de dire que vous
18 avez terminé de décrire l'incident où vous avez été vous-même victime de
19 sévices graves ?
20 M. Dordic (interprétation). - Pour l'essentiel de ce qui s'est
21 passé au nº6, oui.
22 Mme McHenry (interprétation). - Pour l'ensemble de votre séjour
23 au camp de Celebici ?
24 M. Dordic(interpréta1ion). - Oui, à l'exception de passages à
25 tabac moins graves et de coups que j'ai pu recevoir, par exemple des
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1 gifles.
2 Mme McHenry (interprétation). - Combien de temps êtes-vous resté
3 à Celebici au total ?
4 M. Dordic (interprétation). - J'ai fait partie de l'avant-
5 dernier groupe à avoir été emmené à Musala. Je pense qu'on nous a
6 transférés vers le mois de novembre.
7 Mme McHenry (interprétation). - Vous aviez dit que lorsque vous
8 avez quitté le camp de Celebici, vous êtes allé à Musala. Qu'est-ce que
9 Musala et combien de temps y êtes-vous resté ?
10 M. Dordic (interprétation). - Musala est un ancien centre
11 sportif de Konjic. C'était aussi un camp où des gens étaient détenus. Je
12 suis resté à Musala jusqu'au 4 octobre 1994.
13 Mme McHeny (interprétation). - Au moment où vous étiez à
14 Celebici et ensuite à Musala, vous a-t-on jamais accusé de quelques
15 infractions que ce soient, de quelle que façon que ce soit, traduit en
16 justice à votre connaissance ?
17 M. Dordic (interprétation). - A ma connaissance, non.
18 Mme McHenry (interprétation). - J'en ai presque terminé, je
19 voudrais revenir quelques instants sur une question déjà évoquée. Parlons
20 de cet appareil électrique que M. Delic a utilisé contre vous, dites-vous.
21 Avez-vous pu constater que cet appareil a utilisé sur d'autres que vous ?
22 M. Dordic (interprétation). - Oui, sur Vukasin Mrkajic, et la
23 plupart des prisonniers au bâtiment nº9.
24 Mme McHenry (interprétation). - Un instant, si vous le
25 permettez, Monsieur le Président. Merci, monsieur le Président, j'en ai
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1 terminé avec l'interrogatoire principal.
2 M. Jan (interprétation). - Madame McHenry, dans quel chef
3 d'accusation, trouve-t-on le nom que vous avez mentionné ?
4 Mme McHenry (interprétation). - Chefs 42 et 43. C'est dans ces
5 chefs d'accusation que le nom du témoin apparaît.
6 M. Jan (interprétation). - Merci
7 M. le Président (interprétation). - Dans quel ordre allez-vous
8 procéder au contre-interrogatoire ?
9 M. O'Sullivan (interprétation). - Monsieur le Président, tout
10 d'abord, le Conseil de M. Delic, ensuite, celui de M. Music et celui de M.
11 Landzo et, pour terminer, celui de M. Delalic.
12 M. Moran (interprétation). - Un instant, si vous permettez que
13 je mette de l'ordre dans mes notes.
14 Monsieur ; je m'appelle Tom Moran et je représente Hazim Delic
15 dans cette affaire. Je vais vous poser quelques questions. Certaines de
16 ces questions demanderont une réponse par l’affirmative ou la négative.
17 Pouvez-vous donner ce genre de réponses, un simple oui ou non ?
18 M. Dordic (interprétation). - Si je le peux, je le ferai. Si une
19 explication est nécessaire, je vous donnerai une explication.
20 M. Moran (interprétation). - Il y a des réponses que je vous
21 ferai qui demanderont des réponses par oui ou par non. Par exemple, lors
22 de l'interrogatoire principal, Mme McHenry vous a demandé si vous étiez à
23 un endroit particulier. D'après le compte rendu, vous avez répondu sur
24 deux pages et demies pour dire si vous étiez là ou non.
25 Pour ma part, je voudrais que vous répondiez juste par oui ou
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1 par non à ce genre de questions. Si une explication est nécessaire, vous
2 pouvez la donner ou si Mme McHenry pense que ma question n'était pas
3 honnête, elle pourra revenir dessus lors de l'interrogatoire
4 supplémentaire.
5 Pouvez-vous donc répondre de cette manière à mes questions ? Je
6 n'entends pas votre réponse.
7 M. Dordic (interprétation). - Oui, je le peux.
8 M. Moran (interprétation). - Parfois aussi, je m'embrouille un
9 peu et mes questions ne sont pas aussi claires qu'elles devraient l'être.
10 Aussi, si vous ne comprenez pas ma question, pouvez-vous m'arrêter et me
11 demander de la reformuler, afin que nous nous comprenions et pour être sûr
12 que mes questions sont bien posées ?
13 M. Dordic (interprétation). - Oui, très bien.
14 M. Moran (interprétation). - Encore une chose. Vous opinez
15 parfois du chef pour indiquer votre réponse, qu'il s'agisse de oui ou de
16 non. Dans ce prétoire, il y a des sténotypistes qui ne peuvent transcrire
17 une simple indication de la tête. Voulez-vous donc répondre explicitement
18 par oui ou par non le cas échéant ?
19 M. Dordic (interprétation). - Oui, je le ferai J'espère avoir
20 répondu à toutes les questions qui m'ont été posées jusqu'ici Je ne me
21 souviens pas d'avoir sauté quoi que ce soit.
22 M. Moran (interprétation). - Oui, effectivement. Je voudrais
23 revenir sur quelques éléments avec vous, si vous le voulez bien. Tout
24 d'abord, à propos de Bradina. Si je comprends bien, il y a eu des combats
25 importants à Bradina, n'est-ce pas ?
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1 M. Dordic (interpréta1iori). - Il n'y a pas eu de bataille.
2 M. Moran (interprétation). - Pas de bataille ?
3 M. Dordic (interprétation). - Il y eu une offensive, ce n'est
4 pas une bataille. Une bataille suppose quelque chose de différent et
5 beaucoup de bruit. Effectivement, il y a eu beaucoup de bruit à Bradina,
6 mais c'était un pilonnage, pas une bataille.
7 M. Moran (interprétation). - Aviez-vous une arme ?
8 M. Dordic (interprétation). – Oui.
9 M. Moran (interprétation). - Quel genre d'arme ?
10 M. Dordic (interprétation). - Une arme automatique de marque
11 yougoslave.
12 M. Moran (interprétation). - Très bien, c'était une arme
13 automatique. Où l'avez-vous obtenue ?
14 M. Dordic (interprétation). - Je l'ai déjà dit. Je l'ai reçue
15 d'un cousin.
16 M. Moran (interprétation). - Est-il normal que des gens, en ex-
17 Yougoslavie, détiennent des armes ?
18 M. Dordic (interprétation). - Non, ce n'est pas ordinaire.
19 M. Moran (interprétation). - Votre cousin avait-il beaucoup de
20 ces armes ou était-ce la seule qu'il avait et qu'il vous a donnée ?
21 M. Dordic (interprétation). - Je vais vous répondre. Je ne peux
22 pas d'ailleurs répondre par oui ou par non, il faut que je vous explique.
23 M. Moran (interprétation). - Oui, je vous prie. Avait-il
24 plusieurs armes ou une seule ?
25 M. Dordic (interprétation). - Il m'en a donné une et je ne
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1 savais pas combien il en avait.
2 M. Moran (interprétation). - Savez-vous où il avait obtenu ces
3 armes ?
4 M. Dordic (interprétation). - Je pense qu'au début de ma
5 déposition, je l'ai déjà expliqué. Chacun a reçu une arme. On avait
6 toujours le moyen de s'en procurer une.
7 M. Moran (interpré1ation). - Cette arme que vous aviez était une
8 arme militaire, n'est-ce pas ?
9 M. Dordic (interprétation). - (réponse inaudible)
10 M. Moran (interprétation). - Pardon, dites-vous : "probablement"
11 ?
12 M. Dordic (interprétation). - Oui, sans doute, parce qu'avant la
13 guerre en Yougoslavie, l'armée et la police avaient ce genre d'arme.
14 M. Moran (interprétation). - Beaucoup de gens à Bradina avaient-
15 ils beaucoup d'armes pendant ces années ?
16 M. Dordic (interprétation). - Cela dépend. Non.
17 M. Moran (interprétation). - Qu'entendez-vous par : "cela
18 dépend".
19 M. Dordic (interprétation). - Beaucoup de gens avaient une arme
20 personnelle, des armes de chasse, qu'ils avaient achetées avant la guerre.
21 M. Moran (interprétation). - Et beaucoup de gens avaient des M
22 48 aussi, n'est-ce pas ?
23 M. Dordic (interprétation). - Oui.
24 M. Moran (interprétation). - Là, il s'agit d'une arme militaire.
25 M. Dordic (interprétation). - Oui.
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1 M. Moran (interprétation). - Avez-vous fait le service militaire
2 ?
3 M. Dordic (interprétation). - Oui.
4 M. Moran (interprétation). - Donc, vous avez reçu une formation
5 militaire.
6 M. Dordic (interprétation). - Oui.
7 M. Moran (interprétation). - De fait, vous avez participé à
8 l'organisation de tranchées à Bradina.
9 M. Dordic (interprétation). - Je vais vous dire. Quand on
10 regarde au-delà de la colline et qu'on voit tous ces gens et une
11 concentration d'armes lourdes en train de se faire, il est normal qu'on
12 essaie de se défendre.
13 M. Moran (interprétation). - Il y avait à peu près 6 500 soldats
14 musulmans qui attaquaient Bradina, n'est-ce pas ?
15 M. Dordic (interprétation). - C'est un chiffre que j'ai appris
16 plus tard en prison.
17 M. Moran (interprétation). - Vous étiez à peu près 350 pour
18 défendre la localité.
19 M. Dordic (interprétation). - Oui.
20 M. Moran (interprétation). - Y avait-il beaucoup de tranchées ?
21 M. Dordic (interprétation). - Je n'en sais rien. Dans la zone où
22 j'étais, il y avait à peu près dix tranchées.
23 M. Moran (interprétation). - Et vous avez pu contenir les 6 500
24 soldats pendant environ deux jours ?
25 M. Dordic (interprétation). - Je pense que, psychologiquement,
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1 ils n'étaient pas prêts à entrer dans Bradina parce que 350 contre 6 500,
2 c'est très peu pour résister aussi longtemps.
3 M. Moran (interprétation). - C'est ce que vous avez dit dans la
4 déclaration faite en réponse à une question de l'accusation, concernant
5 les 23 et 24 janvier. Vous avez dit : nous avons pu résister 48 heures.
6 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas comment j'ai pu
7 dire cela. Je vous dis maintenant, que, dans la partie du front où je me
8 trouvais, il n'y avait d'opérations. L'attaque a été concentrée sur cette
9 colline. Le centre de l'attaque était la colline. Le reste n'était que des
10 actes d'intimidation contre les gens qui défendaient Bradina.
11 M. Moran (interprétation). - Revenons sur cette déclaration que
12 vous avez faite à l'intention de l'accusation les 23 et 24 janvier 1996 et
13 parlons de la façon dont cette déclaration a été prise. Je ne parle pas de
14 la teneur de la déclaration, mais de la façon dont elle a été prise. Etes-
15 vous d'accord ?
16 M. Dordic (interprétation). - Oui.
17 M. Moran (interprétation). - N'est-il pas vrai que deux
18 personnes étaient présentes : M. D'Hooge, un enquêteur qui parlait sans
19 doute anglais ou néerlandais, et un traducteur qui vous parlait en serbe.
20 M. Dordic (interprétation). - Oui.
21 M. Moran (interprétation). - M. D'Hooge disait-il quelque
22 chose.... Vous regardez votre montre, avez-vous besoin d'une pause ? Je
23 crois qu'il est possible de demander une interruption, si vous le
24 souhaitez.
25 M. Dordic (interprétation). - Non, je n'ai pas besoin d'une
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1 interruption.
2 M. Moran (interprétation). - M. D'Hooge posait les questions qui
3 vous étaient traduites en serbe.
4 M. Dordic (interprétation). - Oui.
5 M. Moran (interprétation). - Vous donniez vos réponses en serbe
6 lesquelles étaient traduites dans la langue qu'utilisait M. D'Hooge.
7 M. Dordic (interprétation). - Oui.
8 M. Moran (interprétation). - Ensuite, la réponse était
9 transcrite en anglais sur une machine à écrire ou un ordinateur, n'est-ce
10 pas ?
11 M. Dordic (interprétation). - Oui.
12 M. Moran (interprétation). - Lorsque tout a été terminé, à la
13 fin de la déclaration tout avait été transcrit en anglais et le traducteur
14 vous a donné lecture de cette déclaration en serbe, n'est-ce pas ? C'est
15 donc dans une traduction.
16 M. Dordic (interprétation). - Oui.
17 M. Moran (interprétation). - Et vous avez signé le compte rendu
18 anglais n'est-ce pas ?
19 M. Dordic (interprétation). - Oui.
20 M. Moran (interprétation). - Avez-vous reçu un exemplaire de
21 votre déclaration pour que vous le gardiez ?
22 M. Dordic (interprétation). - Non.
23 M. Moran (interprétation). - Et donc, quand avez-vous vu à
24 nouveau votre déclaration ?
25 M. Dordic (interprétation). - A Belgrade. Je ne me souviens pas
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1 de la date exacte.
2 M. Moran (interprétation). - Qui vous l'a montrée Belgrade ?
3 M. Dordic (interprétation). - Je ne me souviens pas exactement
4 du nom, mais c'était quelqu'un de l'accusation ou qui avait été désigné
5 par l'accusation et qui m'a demandé s'il y avait quelque chose que je
6 voulais corriger.
7 M. Moran (interprétation). - S'agit-il de quelqu'un qui
8 s'appelait MacLeod ? C'est un nom qui vous est familier ? Un écossais ?
9 M. Dordic (interprétation). - Oui, je pense effectivement que
10 c'est bien de cette personne-là qu'il s'agit.
11 M. Moran (interprétation). - Et outre M. D'Hooge et M. MacLeod à
12 qui avez- vous parlé de votre déposition d'aujourd'hui ?
13 M. Dordic (interprétation). - J'en ai parlé à Mme McHenry.
14 Excusez-moi de mal prononcer son nom.
15 M. Moran (interprétation). - Je peux vous dire que vous
16 prononcez son nom bien mieux que je ne prononce moi-même beaucoup de noms
17 d'ex- Yougoslavie.
18 M. Moran (interprétation). - Quand avez-vous parlé à Mme McHenry
19 de votre déposition d'aujourd'hui ?
20 M. Dordic (in1erprétation). - Alors que j'étais ici, à La Haye.
21 On n'a pas vraiment parlé de la déposition. J'avais simplement la
22 déclaration devant moi et nous avons parlé de la façon dont les choses
23 allaient se dérouler dans le prétoire.
24 M. Moran (interprétation). – Et elle a passé en revue votre
25 déclaration avec vous ?
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1 M. Dordic (interprétation). - Oui.
2 M. Moran (interprétation). - Très bien. Revenons à Bradina. Qui
3 était le Commandant des gens qui défendaient la localité ?
4 M. Dordic (interprétation). - J'ai dit que c'était surtout les
5 gens qui s'organisaient eux-mêmes. Mais comme nous le disons
6 habituellement, il y a toujours un meneur et, en l'occurrence, il
7 s'agissait de Rajko Dordic.
8 M. Moran (interprétation). - Et quel genre d'uniforme portiez-
9 vous ?
10 M. Dordic (interprétation). - Ce que nous avions. Des jeans.
11 Nous portions des vêtements civils, une veste, des baskets, personne
12 n'avait d'uniforme militaire.
13 M. Moran (interprétation). - Vous n'aviez pas de brassard où
14 quelque chose de ce style ?
15 M. Dordic (interprétation). - Non.
16 M. Moran (interprétation). - A un moment donné, durant la
17 bataille pour Bradina, vous avez fui avec d'autres n'est-ce pas ?
18 M. Dordic (interprétation). - Oui.
19 M. Moran (interprétation). - Et vous étiez tous armés au moment
20 de votre fuite ?
21 M. Dordic (interprétation). - Oui.
22 M. Moran (interprétation). - Qu'est-il arrivé à cette arme
23 automatique que vous aviez d'ailleurs ?
24 M. Dordic (interprétation). - Je l'ai donnée à quelqu'un.
25 Surtout à des civils de Ljuta et à Kalinovik. C'étaient des Musulmans.
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1 M. Moran (interprétation). - Les gens qui vous ont arrêté,
2 n'est-ce pas ?
3 M. Dordic (interprétation). - Ils ne nous ont pas arrêtés, ils
4 nous ont simplement demandé de nous rendre et ils nous ont offert de nous
5 transporter à Kalinovik.
6 M. Moran (interprétation). – Et en fin de compte, lorsque vous
7 êtes rendus, vous vous trouviez finalement sous la garde de gens du HOS,
8 n'est-ce pas ?
9 M. Dordic (interprétation). - Je vais vous dire. Ils ont promis
10 de nous transporter à Kalinovik mais ils ne l'ont pas fait. Ils nous ont
11 dit qu'ils ne l'avaient pas fait parce qu'il faisait déjà noir et que
12 c'était dangereux d'emprunter cette route, qu'il risquait d'y avoir des
13 affrontements entre Serbes et Musulmans. Donc ils nous ont ramenés au
14 village.
15 C'est alors que des gens avec des badges du HOS sont apparus.
16 L'un avait HVO sur la manche et le deuxième homme avait HOS sur sa manche.
17 M. Moran (interprétation). - Et finalement, vous vous êtes
18 trouvés sous la garde des gens du HOS, n'est-ce pas ?
19 M. Dordic (interprétation). - Je viens de vous dire que je ne
20 sais pas qui c'était. J'ai vu deux personnes qui portaient des uniformes,
21 un uniforme du HVO, un uniforme du HOS. Ils étaient surtout en tenue de
22 camouflage et n'avaient pas d'insignes visibles.
23 M. le Président (interprétation). - Je crois que nous allons
24 suspendre l'audience pour une interruption. Nous reviendrons dans une
25 demi-heure.
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1 L'audience suspendue à l 1 heures 15, est reprise à l 1 heure 40.
2 Mme Residovic (interprétation). - C'est la première chose. Puis,
3 compte tenu du fait que l'accusation nous informe qu'elle va peut-être
4 citer à comparaître des officiers de police autrichienne, nous lui
5 demandons, si cela est possible, de nous dire qu'elle est l'identité et
6 qu'elle est le rang de ces officiers de police. C'est la deuxième chose.
7 Nous posons ces questions maintenant car nous craignons de ne
8 pas avoir le temps de le faire pendant le reste de la journée. Je vous
9 remercie.
10 M. le Président (interprétation). - Présentez-vous ces demandes
11 à l'accusation ?
12 Mme Residovic (interprétation). - J'ai soumis cette requête
13 jeudi dernier, En fait, nous avons reçu la liste aujourd'hui Nous
14 présentons donc cette demande à l'accusation en votre présence ; nous
15 demandons à l'accusation de nous fournir cette liste au cours de la
16 journée car nous risquons de ne pas avoir d'autres occasions de présenter
17 cette même demande.
18 M. le Président (interprétation). - Ce que je vous demande;
19 c'est si cette requête que vous adressez formellement à la Chambre
20 d'instance a déjà été présentée à l'accusation après réception de cette
21 liste ?
22 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président, je ne
23 l'ai pas fait car j'ai reçu la liste une seconde avant votre entrée dans
24 le prétoire. Mais j'ai simplement saisi l'occasion pour le faire avant le
25 début du contre-interrogatoire. Je vous prie de m'excuser ; j'aurais dû le
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1 faire avant, mais compte tenu des contraintes de temps, je n'ai pas pu le
2 faire avant votre arrivée.
3 M. le Président (interpré1ation). - Je pense qu'il s'agit
4 d'arrangements que vous pouvez conclure avec l'accusation sans passer
5 nécessairement par la Chambre d'instance.
6 L'accusation acceptera certainement.
7 Je regarde du côté de l'accusation, avez-vous une réaction ?
8 Etes-vous d'accord pour accéder à cette demande ?
9 Mme McHenry (interprétation). - Bien sûr, Monsieur le Président.
10 Nous ne connaissons pas encore exactement le nom de tous les of5ciers de
11 police, mais nous pouvons tout de même fournir un début de liste sur la
12 base des témoins déjà entendus la semaine dernière.
13 M. le Président (interprétation). - Merci beaucoup. Pouvons-
14 nous, maintenant, entendre la suite du contre-interrogatoire ? Maître
15 Moran, le témoin est à vous.
16 M. Moran (interprétation). – Merci ; monsieur le Président.
17 Puis-je procéder; Monsieur le Président ?
18 M. le Président (interprétation). - Je vous en prie.
19 M. Moran (interprétation). - Monsieur, poursuivons là où nous
20 nous sommes arrêtés. Après être tombé entre les mains du HOS et du HVO,
21 vous avez été emmené avec d'autres personnes...
22 Mme McHenry (interprétation). - Je vais objection. Le témoin a
23 dit que des représentants du HOS et du HVO se trouvaient sur les lieux
24 mais il n'a pas dit qu'il était détenu par eux.
25 M. le Président (interprétation). - Si vous le … parlez, il
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1 pourra poser les questions selon la façon dont il a compris les choses.
2 M. Moran (interprétation). - Monsieur, … les choses de la façon
3 suivante : lorsque vous avez été mis en détention, vous … des gens qui
4 portaient sur leur uniforme des insignes du HOS et du HVO, est-ce …
5 M. Dordic (interprétation). – Je vous en prie, ils nous ont
6 emmenés dans une école, je n'ai pas dit que c'était un lieu de détention.
7 Nous sommes arrivés à cet endroit sans avoir été maltraités, sans subir
8 aucun sévice. Je l'ai dit au début de ma déposition.
9 M. Moran (interprétation). - Oui, Monsieur; vous êtes arrivé à
10 cette école dans le courant du 30 mai.
11 M. Dordic (interprétation). - Oui, oui.
12 M. Moran (interprétation). - Etiez-vous libre de repartir ?
13 M. Dordic (interprétation). - Non. On ne pouvait pas... En fait,
14 je ne savais même pas où aller car je me trouvais dans un lieu que je ne
15 connaissais pas. C'est seulement plus tard qu'on nous a dit qu'il
16 s'agissait du village de Ljuta, près de Kalinovik. Mais si vous n'aviez
17 pas la liberté de repartir, nous sommes en droit de dire que vous étiez en
18 détention.
19 M. le Président (interprétation). - Il a dit qu'il ne savait pas
20 où aller car il ne connaissait pas l'endroit. C'était un endroit qui ne
21 lui était pas familier.
22 M. Moran (interprétation). - Oui, monsieur le Président. Aviez-
23 vous la liberté de repartir ? Si vous l'aviez voulu, auriez-vous pu
24 repartir, indépendamment du fait que c'était un endroit que vous ne
25 connaissiez pas ? Auriez-vous pu faire vos bagages et partir ?
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1 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas comment ces gens-là
2 auraient réagi.
3 M. Moran (interprétation). - Très bien; monsieur. Alors que vous
4 vous trouviez dans cette école; quelqu'un a-t-il commencé à tirer à l'aide
5 d'une mitrailleuse ?
6 M. Dordic (interprétation). - Oui, oui, enfin ; à l'aide d'un
7 fusil automatique pas d'une mitrailleuse. Il y a une différence.
8 M. Moran (interprétation). - Dans votre déclaration, si vous
9 avez parlé de mitrailleuse, vous pensiez en fait à un fusil automatique ?
10 M. Dordic (interprétation). - Je ne crois pas que je l'ai dit.
11 Quand j'ai dit "fusil automatique", je pense à un fusil automatique. Je ne
12 crois pas avoir dit cela. Peut-être, y a-t-il eu une erreur de traduction
13 ?
14 M. Moran (interprétation). - Oui, monsieur, je suis sûr que cela
15 peut se produire. A ce moment-là, cet homme vous a donné l'ordre de vous
16 coucher au sol et a commencé à vous frapper ?
17 M. Dordic (interprétation). - Oui, c'est à ce moment-là que ces
18 deux jeunes qui portaient des insignes sont arrivées. C'est ce que j'ai
19 dit dans ma déclaration. Ils n'étaient pas là lorsque nous sommes arrivés
20 dans cette école.
21 M. Moran (interprétation). - Et eux étaient membres du HOS ?
22 Est-ce, bien cela ?
23 M. Dordic (interprétation). - Oui, ces deux jeunes gens et le
24 troisième était un civil, celui qui tirait dans le plafond.
25 M. Moran (interprétation). - Vous êtes arrivé sur les lieux à 10
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1 heures du matin et vous êtes parti à 3 heures du matin, le lendemain. Vous
2 avez été frappé pendant toute la durée de votre séjour, est-ce bien cela ?
3 M. Dordic (interprétation). - Non, non, non, pas à 10 heures du
4 matin, mais le soir. La nuit était déjà tombée, le 30 mai, la nuit était
5 déjà tombée quand nous sommes arrivés à l'école.
6 M. Moran (interprétation). - Donc, dans la déclaration que vous
7 avez donné aux représentants du procureur les 23 et 24 janvier 1966, je
8 cite : "Nous sommes arrivés à 10 heures du matin, nous sommes restés
9 jusqu'à 3 heures du matin et nous avons été battus pendant tout ce temps-
10 là", cette déclaration est inexacte ?
11 M. Dordic (interprétation). - J'ai dit que ce n'était pas exact.
12 Ce qui exact, c'est que nous sommes arrivés le soir après la tombée de la
13 nuit. J'ai dit qu'on ne nous avait pas emmenés ailleurs parce que la nuit
14 était déjà tombée. On ne nous a pas emmenés à Kalinovik à cause de cela,
15 lorsque nous nous sommes rendus et que nous avons rendu nos armes.
16 Donc, cela ne pouvait pas être le matin.
17 M. Moran (interprétation). - Donc, cette partie de la
18 déclaration est inexacte, qu'il y ait eu erreur de traduction ou en raison
19 d'une autre cause. Est-ce bien cela ?
20 M. Dordic (interprétation). - Oui, les coups ont commencé aux
21 alentours de 9 heures 30, 10 heures du soir. Cela a duré jusqu'à 2 heures,
22 2 heures 30 du matin, en fait le jour suivant. Tout a commencé le soir.
23 M. Moran (interprétation). - Donc, vous avez été frappé pendant
24 environ cinq heures dans cette école, est-ce bien cela ?
25 M. Dordic (interprétation). - Oui, oui.
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1 M. Moran (interprétation). - Est-ce avant le passage à tabac en
2 question qu'on vous a ligoté les mains avec du fil de fer ?
3 M. Dordic (interprétation). - Après le passage à tabac.
4 M. Moran (interprétation). - Et à ce moment-là, on vous a fait
5 monter sur un camion et on vous a emmené à l'hôtel Famos sur le Mont Igman
6 ?
7 M. Dordic (interprétation). - Non, d'abord nous avons marché à
8 pied très longtemps. Nous sommes arrivés dans le village de Sabic et
9 ensuite sur le Mont Igman, si je ne m'abuse.
10 M. Moran (interprétation). - Donc, on vous a fait monter sur un
11 camion pour aller au Mont Igman, est-ce exact ?
12 M. Dordic (interprétation). – Oui, oui.
13 M. Moran (interprétation). - Et c'est là que Dragan Vusic a été
14 abattu, à bord du camion, est-ce bien cela ?
15 M. Dordic (interprétation). - Oui, après l'hôtel Famos, après le
16 Mont Igman, quand on est reparti dans la direction de Konjic.
17 M. Moran (interprétation). - Très bien. C'est un garde qui était
18 à bord du camion avec vous qui a tiré ?
19 M. Dordic (interprétation). - Oui, il était assis dans le
20 camion, derrière moi.
21 M. Moran (interprétation). - Connaissez-vous la notion de
22 décharge accidentelle d'une arme ?
23 M. Dordic (interprétation). – Oui.
24 M. Moran (interprétation). - Lorsque vous avez fait votre
25 service militaire, avez-vous été formé et entraîné à l'usage des armes à
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1 feu ?
2 M. Dordic (interprétation). - Oui.
3 M. Moran (interprétation). - Ce coup de feu, sur la base de
4 votre formation en matière d'utilisation d'armes à feu, vous est-il apparu
5 comme un coup de feu volontairement tiré ou comme une décharge
6 accidentelle,
7 M. Dordic (interprétation). - Ecoutez, je vais vous dire. Le
8 camion a démarré sur une route goudronnée, pleine de trous et je pense
9 qu'à cause de ces soubresauts...
10 Maintenant, je ne sais pas exactement ce qui s'est passé. Cela
11 se passait dans mon dos. Il est possible que le coup de feu soit parti du
12 fusil à cause des soubresauts du camion, mais je n'en suis pas sûr.
13 M. Moran (interprétation). - D'accord. Lorsque vous êtes arrivé
14 à Konjic, vous avez rencontré un homme qui s'appelait Guska Jasmin.
15 M. Dordic (interprétation). - Non, nous ne sommes pas
16 rencontrés. Il y avait Miro Stenek, Misra, beaucoup de gardiens et
17 d'officiers de police. Nous ne nous sommes pas rencontrés.
18 M. Moran (interprétation). - Pendant que vous vous trouviez à
19 Konjic, ces hommes vous ont frappé, n'est-ce pas ?
20 M. Dordic (interprétation). - Ces gardiens, mais pas les
21 représentants du SUP.
22 M. Moran (interprétation). - Ils se tenaient debout et
23 regardaient ?
24 M. Dordic (interprétation). - Oui, oui.
25 M. Moran (interprétation). - Et avec 22 ou 23 autres personnes,
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1 on vous a emmené de Konjic à Celebici. Est-ce exact ?
2 M, Dordic (interprétation). - Oui.
3 M. Moran (interprétation). - D'accord. Lorsque vous êtes arrivés
4 à Celebici, on vous a mis le long du mur. Au fait, qui vous escortait de
5 Konjic à Celebici ? L'un des quatre accusés, par exemple ?
6 M. Dordic (interprétation). - Non, non. Pendant ce trajet-là,
7 non.
8 M. Moran (interprétation). - Lorsque vous êtes arrivés à
9 Celebici, ces gardes vous ont donné l'ordre de vous aligner le long du
10 mur, je parle des hommes qui vous escortaient depuis Konjic. Est-ce bien
11 cela ?
12 M. Dordic (interprétation). - Oui.
13 M. Moran (interprétation). - Et il s'agit de ce mur en béton,
14 qui se trouve à l'intérieur, après le portail d'entrée, comme sur la
15 maquette ?
16 M. Dordic (interprétation). - Non. On nous a fait aligner devant
17 le bâtiment qui s'appelle C, je crois sur la maquette. C'est le bâtiment
18 de l'infirmerie. Je peux vous montrer ?
19 M, Moran (interprétation). - Oui, j'apprécierais.
20 M. Dordic (interprétation). - C'est ce bâtiment-là et ce mur-là.
21 M. Moran (interprétation). - D'accord. Donc, c'est le mur du
22 bâtiment 22, qui ensuite est devenu le dispensaire. Est-ce bien cela ?
23 M. Dordic (interprétation). - Oui. Quelque chose comme cela.
24 M. Moran (interprétation). - Connaissiez-vous mon client avant
25 la guerre ?
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1 M. Dordic (interprétation). - Excusez-moi, je ne sais pas qui
2 est votre client, j'ai oublié.
3 M. Moran (interprétation). - Hazim Delic.
4 M. Dordic (interprétation). - Non, mais un ami à moi m'avait
5 parlé de lui. Il était le supérieur de Delic au travail.
6 M. Moran (interprétation). - Connaissez-vous mon nom, le nom de
7 mon père ?
8 M. Dordic (interprétation). - Excusez-moi, je n'ai pas compris
9 la question.
10 M. Moran (interprétation). - Connaissez-vous le nom de mon père
11 ?
12 M. Dordic (interprétation). - De votre père ?
13 M. Moran (interprétation). – Vous n'auriez pas de raison de le
14 connaître, n'est-ce pas ?
15 M. Dordic (interprétation). - Non.
16 M. Moran (interprétation). - Qui vous a dit le nom du père de
17 mon client ?
18 M. Dordic (interprétation). - Des gens dans le camp.
19 M. Moran (interprétation). - Vous rappelez-vous avoir donné une
20 déclaration à un enquêteur à Belgrade, le 17 octobre 1994, un homme du nom
21 de Simic ?
22 M. Dordic (interprétation). - Oui.
23 M. Moran (interprétation). - Vous rappelez-vous avoir identifié
24 mon client dans cette déclaration et l'avoir qualifié de garde à Celebici
25 ?
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1 M. Dordic (interprétation). - Oui.
2 M. Moran (interprétation). - Vous n'avez jamais utilisé le nom
3 du père de mon client dans cette déclaration, où que ce soit ?
4 M. Dordic (interprétation). - Je vais vous dire. J'ai donné
5 cette déclaration quinze après ma sortie du camp, si j'ai bien compris la
6 date que vous avez donnée. Je vous prierai de bien vouloir comprendre qu'à
7 cette époque-là, je n'étais ni physiquement ni psychiquement prêt à me
8 rappeler tous les détails de chaque moment que j'ai vécus dans le camp,
9 après y avoir passé plus de huit cents jours.
10 M. Moran (interprétation). - Mais vous vous rappeliez le nom du
11 père de mon client lorsque vous avez donné votre déclaration aux
12 représentants du bureau du procureur en janvier 1996, n'est-ce pas ?
13 M. Dordic (interprétation). - Oui.
14 M. Moran (interprétation). - En fait, Hazim Delic, fils de Ibro,
15 est la seule personne dont vous donnez le nom du père dans toute votre
16 déclaration. Est-ce exact ?
17 M. Dordic (interprétation). - Je vous ai dit. C'est mon ami qui
18 travaillait avec Hazim Delic. Je ne sais pas combien de temps il a
19 travaillé avec lui, mais il le connaissait très bien et il savait tout ce
20 qui le concernait. En détention, on apprend très vite les choses.
21 M. Moran (interprétation). - Oui, monsieur, mais je reviens sur
22 ma question...
23 Dans la déclaration que vous avez donnée aux membres du bureau
24 du Procureur, en janvier 1996, la seule personne mentionnée dans cette
25 déclaration et dont vous donnez le nom du père est Hazim Delic.
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1 M. Dordic (interprétation). - Je crois que c’est bien cela. Je
2 ne me rappelle pas. Il y en a peut-être eu d’autres.
3 M. Moran (interprétation). - Il n’y en a pas. Peu de temps que
4 vous ayez été amené. dans le camp de Celebici, vous avez été interrogé par
5 un groupe de personnes, n’est-ce pas ?
6 M. Dordic (interprétation). - Oui.
7 M. Moran (interprétation). - En fait, Sef Konikcic (?) a été
8 l’homme qui a posé la majorité des questions ?
9 M. Dordic (interprétation). - Oui.
10 M. Moran (interprétation). - En fait, c’était un officier de
11 police avant la guerre, n’est-ce pas ?
12 M. Dordic (interprétation). - Oui.
13 M. Moran (interprétation). – Jasmin Guska était-il là aussi ?
14 M. Dordic (interprétation). - Je ne me rappelle pas l’avoir vu à
15 ce moment-là.
16 M. Moran (interprétation). - Revenons sur l’expérience que vous
17 avez vécue dans le tunnel 9. Chacun de vous avait une place assignée dans
18 le tunnel ?
19 M. Dordic (interprétation). - Oui, la plupart.
20 M. Moran (interprétation). - Etiez-vous assis près de la porte
21 qui donnait sur l’extérieur ou plus près de la porte arrière du fond du
22 tunnel ?
23 M. Dordic (interprétation). - J’étais exactement au milieu.
24 Peut-être pas exactement au milieu mais en tout cas, à peu près au milieu.
25 M. Moran (interprétation). - Etait-ce avant ou après le virage
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1 dans le tunnel ? Il y a un virage dans le tunnel ?
2 M. Dordic (interprétation). - Oui Au milieu de la partie plate
3 avant du virage, au milieu de cette partie-là. Je ne compte pas la partie
4 qui vient après le virage.
5 M. Moran (interprétation). - Et le tunnel descend de façon assez
6 raide, n’est-ce pas ?
7 M. Dordic (interprétation). - Oui.
8 M. Moran (interprétation). - En fait, parce qu’il conduit à un
9 espace censé être utilisé comme abri anti-bombardements, n’est-ce pas ?
10 M. Dordic (interprétation). - C’est ce que je supposais mais je
11 ne savais pas ou menait le tunnel, une fois franchie la porte du fond.
12 M. Moran (interprétation). - Vous avez dit, dans votre
13 déclaration, qu'au bout du tunnel, il y avait une porte métallique qui
14 était un entrepôt pouvant être utilisé comme abri anti-bombardements. Vous
15 saviez donc qu'il s'agissait d'un tel abri lorsque vous avez donné votre
16 déclaration en janvier 1996 ?
17 M. Dordic (interprétation). - Non, J'ai dit que derrière le
18 tunnel, il y avait une pompe à essence. Ce qu'il y avait en dessous, je ne
19 le sais pas. J'ai dit qu'il y avait une porte métallique, un ventilateur
20 dans la porte mais ce qu'il y avait derrière, je ne le savais pas. J'ai
21 peut-être que cela ressemblait à un abri antiatomique, que cela aurait pu
22 être cela.
23 M. Moran (interprétation) - Il y avait donc un ventilateur sur
24 cette porte, sur le bas de porte ?
25 M. Dordic (interprétation). - Le ventilateur était intégré à la
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1 porte.
2 M. Moran (interprétation). - Et lorsque vous dites dans votre
3 déclaration, je cite : "Au bout, il y avait une porte métallique qui
4 conduisait à une station d'essence pouvant être utilisée comme abri
5 antiatomique", vous ne saviez pas si c'était juste ou faux ? C'est bien ce
6 que vous êtes en train de dire aujourd'hui ?
7 M. Dordic (interprétation). - Je ne le savais pas car je ne suis
8 jamais allé au-delà de cette porte. La porte était fermée. Il n'y avait
9 que le ventilateur qui fonctionnait de temps en temps. On le mettait en
10 marche de temps en temps.
11 M. Moran (interprétation). - Il y avait donc un trou dans la
12 porte et un ventilateur à cet emplacement, n'est-ce pas ? C'est ce que
13 vous dites aujourd'hui ?
14 M. Dordic (interprétation). - Oui, oui et ce qu'il y avait
15 derrière la porte, je ne le sais pas.
16 M. Moran (interprétation). - Voyons si j'ai bien compris et
17 assurons-nous que les juges comprennent bien.
18 Dans la déclaration que vous avez donnée aux représentants du
19 Procureur, en janvier 1996, vous dites, je cite : "Au bout, il y avait une
20 porte métallique qui débouchait sur une station essence qui aurait pu
21 servir d'abri atomique", vous n'étiez pas sûr qu'il y avait une station
22 d'essence, n'est-ce pas ?
23 M. Dordic (interprétation). - A ma sortie du bâtiment nº9, j'ai
24 vu qu'il y avait un espace couvert dans lequel se trouvait une pompe à
25 essence. J'ai pensé que cette pompe à essence pouvait servir à alimenter
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1 un abri antiatomique. Je ne sais pas. Je n'ai rien dit de précis. Je n'ai
2 pas dit que j'étais sûr que c'était un abri antiatomique. J'ai essayé de
3 le décrire pour faire comprendre ce que j'avais en tête. Je pensais que
4 cela pouvait ressembler à un abri antiatomique. Cela me faisait penser à
5 cela.
6 M. Moran (interprétation). - Veuillez prendre le pointeur, je
7 vous prie, pour nous le montrer sur la maquette.
8 M. Dordic (interprétation). - Ici, vous avez le bâtiment; là,
9 s'il y a une porte, il est logique que cette porte serve à entrer dans cet
10 espace et dans quelque chose qui se trouve dans la terre.
11 M. Moran (interprétation). - Excusez-moi, je n'ai pas reçu
12 l'interprétation de ce que vous venez de dire. Pourriez-vous répéter votre
13 réponse ? Il y a eu quelques problèmes au niveau de l'interprétation.
14 M. le Président (interprétation). - Je vous demanderais de
15 répéter la démonstration que vous venez de nous faire.
16 M. Dordic (interprétation). - J'ai dit que 1h, se trouvait sans
17 doute la pompe à essence ou ce qui y ressemblait. Et si, dans ce bâtiment,
18 on y rentre par ici, il n'y a pas une très grande distance entre les deux,
19 donc si on ressort par cette porte, il doit bien y avoir quelque chose en
20 dessous.
21 M. Moran (interprétation). - La lettre sur le bâtiment que vous
22 avez indiqué, pouvez-vous nous donner la lettre que vous lisez, vous êtes
23 plus près.
24 M. Dordic (interprétation). - La lettre "N".
25 M. Moran (interprétation). - C'est à quelle distance du tunnel
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1 nº9 ?
2 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas. Je ne connais pas
3 exactement la distance, mais je ne crois pas qu'il y ait eu plus d’une
4 cinquantaine de mètres.
5 M. Moran (interprétation). – D'accord. Le Greffier pourrait-il
6 montrer au témoin ce que je crois être la pièce à conviction nº2, les
7 photographies n 47 et 48 ?
8 M. le Greffier (interprétation). - Il s'agit de la pièce à
9 conviction n l.
10 M. Moran (interprétation). - On pourrait peut-être utiliser le
11 rétroprojecteur.
12 Pendant qu'on répare ce petit problème, passons à autre chose
13 pour faire une économie de temps.
14 Monsieur, vous avez déclaré que c'était une porte double qui
15 menait au tunnel nº9 ; il y avait donc deux parties à cette porte ?
16 M. Dordic (interprétation). - Oui.
17 M. Moran (interprétation). - Une porte métallique, n'est-ce pas
18 ?
19 M. Dordic (interprétation). - Oui.
20 M. Moran (interprétation). - Nous avons désormais un technicien
21 en salle, il va peut-être nous réparer le rétroprojecteur.
22 Veuillez examiner la photographie nº47. Je crois qu'il faut
23 tourner l'album à 90 degré. La question qui intéresse le témoin concerne
24 la photo 47 et la suivante, la photo 48. Je vais vous demander de nous
25 montrer cette ventilation dans la porte dont vous parliez à l'instant.
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1 Vous voyez cet orifice que vous voyiez dans la porte, c'est bien de cette
2 ventilation dont vous parliez ?
3 M. Dordic (interprétation). - On ne voit pas la ventilation sur
4 la photo. Mais c'est effectivement la porte métallique où se trouvait ce
5 ventilateur que nous branchions.
6 M. Moran (interprétation). - Voyez, sur la photo 48, s'il est
7 possible de nous montrer les orifices dont vous nous parliez à l'instant.
8 Vous voyez qu'il y a deux portes.
9 Pouvez-vous voir cet orifice dont vous parliez. Il suffit de
10 l'indiquer.
11 M. Dordic (interprétation). - On ne le voit pas ici sur la photo
12 mais j'affirme que ce ventilateur était branché et que c'était un
13 ventilateur puissant. Il faisait circuler beaucoup d'air. Ce ventilateur
14 était intégré à la porte.
15 M. Moran (interprétation). - Nous avons l'huissier à
16 disposition. Est-il possible de montrer la photo 45 ? Nous réglerons ainsi
17 plusieurs choses d'un coup. Etes-vous d'accord pour dire que c'est une
18 photographie représentant la porte d'entrée du tunnel n'9 ?
19 M. Dordic (interprétation). - Oui.
20 M. Moran (interprétation). - Cette porte qui mène au tunnel,
21 c'est une porte à deux battants ?
22 M. Dordic (interprétation). - Oui.
23 M. Moran (interprétation). - L'un des battants commence là où on
24 voit ce petit carré blanc sur lequel figure le n'9, n'est-ce pas ?
25 M. Dordic (interprétation). - Oui.
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1 M. Moran (interprétation), - C'est donc le battant droit de la
2 porte. Le battant gauche, on le voit qui commence à la gauche de cette
3 plaque indiquant le numéro du tunnel, n'est-ce pas ?
4 M. Dordic (interprétation). - Le battant gauche, si vous êtes
5 debout devant la porte, le battant gauche commence au côté gauche de la
6 plaque. Il y a plusieurs escaliers qui mènent à cette porte. Il faut les
7 kanchir pour arriver à la porte. Je dois répondre par oui ou par non. Oui.
8 M. Moran (interprétation). - Cela fait peut-être un mètre, un
9 mètre et demi qu'il faut descendre pour parvenir à cette porte ?
10 M. Dordic (interprétation). – Je ne pense pas que cela fasse un
11 mètre et demi Je dirais plutôt un mètre.
12 M. Moran (interprétation). - Le battant sur lequel figure la
13 plaque portant le chiffre n’9 n'a jamais été ouvert pendant que vous étiez
14 là ?
15 M. Dordic (interprétation). - Si, je l'ai vu ouvert,
16 M. Moran (interprétation). - Quand on ouvrait la porte, ouvrait-
17 on les deux battants ou seulement un des battants.
18 M. Dordic (interprétation). – Cela dépendait, quelquefois un des
19 battants, quelquefois, les deux.
20 M. Moran (interprétation). - Les portes s'ouvrent vers
21 l'intérieur, n'est-ce pas ?
22 M. Dordic (interprétation). - Je ne le pense pas. Je pense
23 qu'elles s'ouvrent vers l'extérieur.
24 M. Moran (interprétation). - Examinons la photographie n'46.
25 Elle est prise d'un endroit qui est plus éloigné de l'entrée que l'endroit
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1 où vous qui est plus éloigné que l'endroit où vous vous trouviez ? On est
2 à mi-chemin dans le tunnel ?
3 M. Dordic (interprétation). - Je continue de croire que cette
4 photographie vous le voyez bien d'ailleurs, vous voyez la 5n de la
5 déclivité cela veut dire que la prise de vue s'est faite à partir de la
6 partie plate dans cette pièce. C'est donc la fin. Vous voyez le bord du
7 mur qui fait un coude.
8 M. Moran (interprétation). - Indiquez où vous, vous trouviez
9 lorsque vous étiez assis.
10 M. Dordic (interprétation). - A peu près vers le milieu, ici.
11 M. Moran (interprétation). - A combien de mètres étiez-vous de
12 la porte d'entrée ?
13 M. Dordic (interprétation). - Disons la distance qu'il y a entre
14 moi et la cabine des interprètes, moins de dix mètres.
15 M. Moran (interprétation). - Cela fait neuf ou dix mètres ? Est-
16 ce une bonne approximation ?
17 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas exactement.
18 M. Moran (interprétation). - Conviendrez-vous avec moi que la
19 distance qu'il y a entre vous et la cabine des interprètes est environ
20 neuf ou dix mètres ?
21 M. Dordic (interprétation). – Je ne sais pas, peut-être huit.
22 M. Moran (interprétation). - Je crois que nous en avons terminé
23 avec les photographies et le rétroprojecteur. Je vous remercie, monsieur
24 l'Huissier.
25 Lorsque vous aviez pour responsabilité d'obtenir les rations
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1 pour les personnes se trouvant dans le tunnel, avez-vous appris ce que les
2 civils de Konjic recevaient en guise de ration ?
3 M. Dordic(interprétation). - Je ne sais pas. Je ne sais même pas
4 ce que mangeaient les soldats dans les casernes, a fortiori ce que
5 mangeaient les personnes en ville.
6 M. Moran (interprétation). - Vous venez de faire allusion à la
7 question que je voulais vous poser. Que mangeaient les soldats ?
8 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas ce qu'ils
9 mangeaient. En tout cas, je sais qu'il y avait pas mal de denrées
10 alimentaires et de l'approvisionnement qui arrivaient aux camps, plus
11 exactement aux casernes lorsque nous étions détenus. Tous ceux qui se
12 trouvaient au hangar n'6 peuvent le con5rmer car ils étaient chargés de
13 décharger tant la nourriture que les armes.
14 M. Moran (interprétation). - Mais vous ne pouviez pas voir ceux-
15 ci depuis le tunnel nº9 ?
16 M. Dordic (interprétation). - Non, mais eux le voyaient.
17 M. Moran (interprétation). - Vous ne savez donc pas
18 véritablement ce qu'on déchargeait aux casernes, n'est-ce pas ?
19 M. Dordic (interprétation). - Non. En tout cas, pas avant de
20 venir au bâtiment n'6 car, à ce moment-là, moi aussi, je déchargeais la
21 nourriture.
22 M. Moran (interprétation). - J'aimerais revenir sur quelques
23 propos que vous avez tenus en interrogatoire principal Vous avez dit
24 notamment que vous aviez été frappé avec une batte de base-ball jaunâtre
25 en laiton. Est-ce exact ?
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1 M. Dordic (interprétation). - Si je vous ai bien compris, vous
2 dites que c'est du laiton ou du cuivre. D'abord, je pensais que c'était
3 effectivement métallique parce que cela brillait. Je pensais que c'était
4 en laiton.
5 M. Moran (interprétation). - Mais était-ce du laiton ou pas ?
6 M. Dordic (interprétation). - Je crois que celle avec laquelle
7 on m'a frappé était en bois.
8 M. Moran (interprétation). - Soit dit en passant, le base-ball
9 est un sport très populaire en ex-Yougoslavie. Beaucoup de personnes
10 jouent au base-ball en ex-Yougoslavie.
11 M. Dordic (interprétation). - Non, pas à ma connaissance. Le
12 base-ball n’était pas particulièrement populaire. Quant à savoir si la
13 batte de base-ball était en bois ou pas... Je comprends que vous, vous
14 êtes professionnel mais moi, je n’étais pas là en tant qu’observateur. Je
15 n’étais pas en mesure d’observer la moindre des choses qui se passaient.
16 Je suis parti de l’idée que c’était une batte en bois du fait de l’effet
17 que cela a eu sur mon dos.
18 M. Moran (interprétation). - Combien de fois a-t-on utilisé
19 cette batte contre vous ? Une fois, deux fois, vingt fois ?
20 M. Dordic (interprétation). - Je dirais une trentaine de fois.
21 M. Moran (interprétation). - Vous a-t-on vraiment frappé avec
22 énormément de force ?
23 M. Dordic (interprétation). - Oui, une fois les coups étaient
24 très durs. Je l’ai dit dans ma déclaration. J’ai dit que j’avais des côtes
25 facturées et je pense que l’examen médical le prouve.
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1 M. Moran (interprétation). - On vous a donc frappé de cette
2 batte une trentaine de fois avec toute la force que l’on pouvait déployer,
3 n’est-ce pas ?
4 M. Dordic (interprétation). - Cette fois-là, ce fut le cas.
5 C’est à cette occasion-là que ma fracture aux côtes s’est produite,
6 M. Moran (interprétation). - Cela veut-il dire qu’une fois, on a
7 frappé très fort et les autres fois, pas. Je ne vous comprends pas.
8 M. Dordic (interprétation). - Tous les coups étaient durs ; mais
9 la force n’est pas la même si celui qui vous assène les coups pèse 70
10 kilos ou 90 kilos.
11 M. Moran (interprétation). - Vous voulez dire que la personne
12 tapait le plus dur qu’elle pouvait chaque fois que vous avez été battu
13 avec cette batte; une trentaine de fois ?
14 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas. Je ne peux pas
15 vous parler de l’intensité. Je ne sais pas qu’elle est la force des
16 personnes qui utilisaient la batte. Tout ce que je peux vous dire, c’est
17 que cela faisait mal.
18 M. Moran (interprétation). - Tous ces coups vous ont-ils été
19 assénés au dos ?
20 M. Dordic (interprétation). - Oui.
21 M. Moran (interprétation). - Vraiment sur l’échine ?
22 M. Dordic (interprétation). - Cela dépendait et je ne me
23 souviens pas de l’endroit précis où j’ai reçu chacun de ces coups.
24 M. Moran (interprétation). - Parlons de votre déposition, de ce
25 que vous avez dit à propos de la mort de Zeljko Milosevic.
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1 M. Dordic (interprétation). - D'accord.
2 M. Moran (interprétation). – La nuit où ils l'ont emmené et où
3 il n'est plus revenu, était une des ces nuits où la porte du tunnel était
4 fermée, n'est-ce pas ?
5 M. Dordic (interprétation). - Oui.
6 M. Moran (interprétation). - Pourriez-vous montrer aux juges,
7 une fois de plus, l'endroit où vous avez entendu qu'il était passé à tabac
8 et l'endroit où vous avez vu son corps ? Pourriez-vous utiliser le
9 pointeur pour ce faire ?
10 M. le Président (interprétation). - De quel corps voulez-vous
11 parler ?
12 M. Moran (interprétation). - Celui de Zoko Milosevic, monsieur
13 le Président.
14 M. le Président (interprétation). - Merci.
15 M. Dordic (interprétation). - Je pense que tout s'est produit
16 ici, sur le côté, ou peut-être plus loin car si cela avait été devant,
17 nous aurions tout entendu. Son cadavre se trouvait à peu près ici.
18 M. Moran (interprétation). - Pourriez-vous me remontrer où vous
19 avez vu le corps ?
20 M. Dordic (interprétation). - Ici, près d'un trou qui servait de
21 latrines. Voilà juste tout près.
22 M. Moran (interprétation). - Tout ceci s'est produit derrière le
23 tunnel nº9 ?
24 M. Dordic (interprétation). - Oui, ou plus exactement, le long
25 du chemin.
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1 M. Moran (interprétation). - Le tunnel nº9 ; qui a deux grosses
2 portes métalliques ; était fermé. Tout ceci s'est produit à un endroit où
3 il fallait tourner et aller derrière le tunnel. Cela s'est passé au-dessus
4 de l'entrée, n'est-ce pas ?
5 M. Dordic (interprétation). - Quelque part derrière l'entrée,
6 effectivement.
7 M. Moran (interprétation). - Et en dépit de tout cela, vous
8 entendiez, tout clairement.
9 M. Dordic (interprétation). - Je vais vous dire, il n'était pas
10 possible d'entendre tout cela à travers ces portes métalliques qui étaient
11 déjà en contrebas. Nous pouvions l'entendre à partir de la porte d'entrée
12 qui était en vitre et nous entendions aisément tout ce qui se passait à
13 travers ces portes-là.
14 M. Moran (interprétation). - Ceci étant, il y a un instant, vous
15 parliez d'un trou creusé pour faire office de latrines, vous vous en
16 souvenez ?
17 M. Dordic (interprétation). - Oui.
18 M. Moran (interprétation). - Lorsque vous faisiez votre service
19 militaire, vous a-t-on appris comme on m'a appris à moi-même de vous
20 occuper des sanitaires de campagne ?
21 M. Dordic (interprétation). - Non.
22 M. Moran (interprétation). - Ce qui veut dire qu'on ne vous a
23 pas appris que si vous vous trouviez dans un endroit avec de nombreuses
24 personnes, beaucoup de soldats, qu'il fallait creuser des latrines pouvant
25 servir de toilettes ?
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1 M. Dordic (interprétation). - Non, monsieur. Je me trouvais dans
2 les services de communication dans l'armée et je n'ai pas vraiment eu de
3 formation d'infanterie. Cela veut dire que je ne connais pas bien
4 l'activité dont vous parlez,
5 M. Moran (interprétation). - Au cours de votre service
6 militaire, vous étiez basé dans un camp où il y avait quand même beaucoup
7 de soldats, n'est-ce pas ?
8 M. Dordic (interprétation). - Oui, dans de grandes casernes.
9 M. Moran (interprétation). - Y avait-il pas mal d'installations
10 sanitaires pour répondre aux besoins de tous ces soldats ?
11 M. Dordic (interprétation). - Oui.
12 M. Moran (interprétation). – Y avait-il des casernes, des
13 cuisines, un mess, des magasins, des toilettes, des équipements sportifs ?
14 M. Dordic (interprétation). - Oui.
15 M. Moran (interprétation). - Parce qu'il y avait beaucoup de
16 personnes qui étaient basées à cet endroit, n'est-ce pas ?
17 M. Dordic (interprétation). - Oui.
18 M. Moran (interprétation). - Le camp de Celebici avait été conçu
19 pour y accueillir un grand nombre de personnes, n'est-ce pas ?
20 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas. Je ne sais pas à
21 quoi devait servir ce camp. Je n'y avais jamais été auparavant. Je savais
22 que cet endroit existait quelque part derrière la voie ferrée, mais je ne
23 savais pas à quoi il servait.
24 M. Moran (interprétation). - Avant la guerre, vous n'avez pas vu
25 deux cents, trois cents, quatre cents soldats de la JNA qui étaient
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1 cantonnés là ?
2 M. Dordic (interprétation). - Je le répète : je ne m'étais
3 jamais rendu dans ces installations ni tout près de ces installations.
4 Moi, j'avais été près d'un lac qui se trouvait environ à un kilomètre de
5 l'endroit, mais je n'avais jamais été au camp. J'étais passé devant, mais
6 je n'y avais jamais prêté un intérêt particulier. Je vous l'avoue.
7 M. Moran (interprétation). - Slavko Susic, combien de temps a-t-
8 il passé au camp avant de mourir ?
9 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas. Je ne me souviens
10 pas exactement.
11 Impossible de le dire avec précision. Je ne connais pas la date,
12 mais il n'y a pas passé beaucoup de temps. Au maximum, deux semaines.
13 M. Moran (interprétation). - Le minimum, qu'est-ce que ce serait
14 ?
15 M. Dordic (interprétation). - Huit jours peut-être ?
16 M. Moran (interprétation). - Vous avez dit dans votre déposition
17 qu'il y avait une équipe de cameramen venant d'un pays arable qui étaient
18 venus pour filmer ?
19 M. Dordic (interprétation). – Oui.
20 M. Moran (interprétation). - Vous avez dit que vous pensiez
21 qu'ils étaient arabes parce qu'ils étaient de couleur noire ?
22 M. Dordic (interprétation). - Oui, ils avaient la peau sombre et
23 je vous dirais que cette équipe de télévision nous a fait mauvaise
24 impression. Nous ne savions pas pourquoi ils venaient, qui les avait
25 dépêchés 1h et pourquoi les choses étaient à ce point mauvaises qu'elles
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1 occasionnaient des visites d'équipes de télévision du monde entier.
2 Psychologiquement, c'était dur.
3 M. Moran (interprétation). - Vous pensiez qu'ils étaient arabes
4 parce que c'étaient des gens noirs. Tous les Arabes sont-ils noirs ou tous
5 les noirs sont-ils arabes ?
6 Mme McHenry (interprétation). - Objection. Question posée ayant
7 déjà reçu une réponse. Je crois que le témoin a déjà expliqué le pourquoi
8 de tout ceci.
9 M. Dordic (interprétation). - Je n'ai aucune difficulté à
10 répéter ce que j'avais dit.
11 A ma connaissance, pour ce que je connais de la population
12 mondiale, j'avais le sentiment que c'était un groupe venant d'un pays
13 arabe et c'était l'aspect aussi qu'avaient ces personnes.
14 M. Moran (interprétation). - J'en ai terminé.
15 M. le Président (interprétation). - Y a-t-il d'autres questions
16 ?
17 M. O'Sullivan (interprétation). - L'ordre a quelque peu été
18 modifié : nous allons d'abord entendre les conseils de M. Landzo, ensuite,
19 le conseil de M. Mucic, et nous terminerons par le conseil de M. Delalic.
20 Mme McMurrey (interprétation). - Il est 12 h 55, Monsieur le
21 Président.
22 Pourrions-nous peut-être déjeuner avant de passer au contre-
23 interrogatoire au nom de M. Landzo ?
24 M. le Président (interprétation). - Volontiers.
25 Mme McMurrey (interprétation). - Je vous remercie.
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1 La séance est levée à 12 heures 55.
2 La séance est ouverte à 14 heures 30.
3 M. le Président (interprétation). - Pouvez-vous faire entrer le
4 témoin, s'il vous plaît ? Vous pouvez rappeler au témoin qu'il est
5 toujours sous serment.
6 (Le témoin est introduit dans la salle)
7 M. Le Greffe (interprétation). - Je vous rappelle que vous êtes
8 toujours sous serment.
9 M. le Président (interprétation). - Madame McMurrey, voulez-vous
10 procéder au contre-interrogatoire ?
11 Mme McMurrey (interprétation). - Monsieur le Président, il y a
12 une chose que je voudrais demander avant que nous commencions.
13 L'accusation et la défense ont déposé leur requête conjointe en vue d'un
14 examen médical du témoin et je me demande si cet examen a été mené.
15 Mme McHenry (interprétation). - Nous n'avons pas encore reçu de
16 résultats et je ne sais pas même si cet examen a déjà eu lieu ou pas.
17 Mme McMurrey (interprétation). - Très bien, merci. Je vais
18 poursuivre.
19 M. le Président (interprétation). - Je vous en prie.
20 Mme McMurrey (interprétation). - Merci.
21 Bon après-midi, Monsieur Dordic.
22 M. Dordic (interprétation). - Bon après-midi.
23 Mme McMurrey (interprétation). - Je m'appelle Cynthia McMurrey.
24 Je suis le représentant de M. Landzo.
25 M. Dordic (interprétation). - Enchanté de faire votre
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1 connaissance.
2 Mme McMurrey (interprétation). - Pareillement. Vous avez
3 jusqu'ici très bien répondu aux questions. Vous avez tenté d'y répondre et
4 je vous demanderais, une fois de plus, de ne répondre que lorsque vous
5 avez une connaissance personnelle des faits que vous rapportez.
6 M. Dordic (interprétation). - Oui.
7 Mme McMurrey (interprétation). - Il s'agit de faits dont vous
8 avez été le témoin direct ou dont vous avez fait l'expérience. Je suis
9 convaincue que l'accusation vous a déjà informé de ces éléments, n'est-ce
10 pas ?
11 M. Dordic (interprétation). - Oui.
12 Mme McMurrey (interprétation). - Depuis combien de jours
13 attendez-vous pour déposer ?
14 M. Dordic (interprétation). - Ici, à La Haye, voulez-vous dire ?
15 Mme McMurrey (interprétation). - Oui.
16 M. Dordic (interprétation). - Je suis ici depuis samedi dernier.
17 L'autre samedi. Cela fait donc dix jours.
18 Mme McMurrey (interprétation). - Pendant que vous attendiez pour
19 pouvoir déposer, est-ce que l'accusation ou qui que ce soit représentant
20 l'accusation, a discuté avec vous de la raison pour laquelle il y a eu ce
21 retard ? Vous a-t-on parlé d'une cassette-vidéo ou de toute autre
22 chose dans le genre ?
23 M. Dordic (interprétation). - Oui. Mme Teresa m'a dit qu'une
24 cassette avait été montrée. Rien de plus.
25 Mme McMurrey (interprétation). - On a discuté avec vous
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1 d'articles de presse qui ont été publiés ?
2 M. Dordic (interprétation). - Pour l'essentiel, non, mais j'en
3 ai entendu parler avant de venir ici.
4 Mme McMurrey (interprétation). - L'accusation a-t-elle discuté
5 avec vous de l'association des détenus à Belgrade ?
6 Mme McHenry (interprétation). - Je voudrais apporter une
7 précision. Je ne suis pas sûre -je n'objecte rien du tout-, mais je ne
8 suis pas sûre que les articles de presse auxquels vous faites référence
9 soient les mêmes que ceux auxquels le témoin fait référence.
10 Mme McMurrey (interprétation). - Je ne vais pas entrer dans ces
11 détails.
12 Excusez-moi, je n'ai pas entendu votre dernière réponse à la question que
13 je vous ai posée concernant l'association des détenus de Belgrade.
14 M. Dordic (interprétation). - Non, nous n'avons pas discuté de
15 cette association ici.
16 Mme McMurrey (interprétation). - Merci.
17 M. Dordic (interprétation). - Je vous en prie.
18 Mme McMurrey (interprétation). - L'accusation vous a dit que la
19 défense voudrait avoir la possibilité de vous rencontrer, de savoir ce que
20 vous aviez vécu à Celebici, n'est-ce pas ? Cela s'est passé il y a
21 quelques temps, dans les derniers mois.
22 M. Dordic (interprétation). - Oui.
23 Mme McMurrey (interprétation). - Vous avez décidé que vous ne
24 souhaitiez pas rencontrer la défense, n'est-ce pas ?
25 M. Dordic (interprétation). - Oui.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - Je voudrais préciser quelques
2 points aussi. Lorsque nous parlons de déclarations que vous avez faites,
3 vous avez fait quatre déclaration en total, n'est-ce pas ?
4 M. Dordic (interprétation). - Trois, je pense, la quatrième
5 étant la présente déposition.
6 Mme McMurrey (interprétation). - Passons-les en revue. Je crois
7 comprendre ce que vous voulez dire. La première déclaration à laquelle
8 vous faites référence, est celle qui a été faite devant un enquêteur
9 militaire le 12 janvier 1993, enquêteur militaire détaché par le quatrième
10 camp de Konjic, n'est-ce pas ?
11 M. Dordic (interprétation). - Non. Si vous comptez aussi cette
12 déclaration, il y en a alors quatre au total.
13 Mme McMurrey (interprétation). - Très bien. Merci. La seconde
14 déclaration que vous avez faite, est celle qui était prise devant le
15 juge Iljasimic (?) le 17 octobre 1994 devant le tribunal de Belgrade,
16 n'est-ce pas ?
17 M. Dordic (interprétation). - Oui.
18 Mme McMurrey (interprétation). - La suivante serait alors celle
19 des 23-24 janvier 1996 devant le bureau du Procureur, n'est-ce pas ?
20 M. Dordic (interprétation). - Oui.
21 Mme McMurrey (interprétation). - La déclaration est alors celle
22 du 14 novembre 1996 également prise par le bureau du Procureur, n'est-ce
23 pas ?
24 M. Dordic (interprétation). - Oui.
25 Mme McMurrey (interprétation). - Peut-on dire que durant la
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1 période qui a suivi votre libération de Celebici, vous avez rencontré
2 l'association des détenus de Belgrade ?
3 M. Dordic (interprétation). - Oui.
4 Mme McMurrey (interprétation). - Me Greaves vous posera
5 davantage de questions par la suite sur cette association.
6 Monsieur Dordic, dans votre déclaration,... Tout d'abord, quel
7 est votre métier aujourd'hui ?
8 M. Dordic (interprétation). - Actuellement, je travaille comme
9 serveur. Cela fait un boulot, et pour le reste, je fais des travaux de
10 maintenance sur des appareils électriques. Donc, deux emplois.
11 Mme McMurrey (interprétation). - Vous avez également parlé
12 précédemment de télévisions que vous répareriez.
13 M. Dordic (interprétation). - Oui.
14 Mme McMurrey (interprétation). - En 1993, vous avez dit au
15 Comité d'enquête que vous étiez expert en électronique.
16 M. Dordic (interprétation). - Oui.
17 Mme McMurrey (interprétation). - En 1994, dans la déclaration
18 prise à Belgrade, vous dites que vous êtes ingénieur en télécommunication,
19 n'est-ce pas ?
20 M. Dordic (interprétation). - C'est une grosse erreur. Je suis
21 technicien électronique pour les électrocommunications. Voilà l'école que
22 j'ai terminée. Je suis un artisan, je ne suis pas un ingénieur.
23 Mme McMurrey (interprétation). - Si donc dans la déclaration que
24 vous avez faite à Belgrade, vous dites que votre métier est ingénieur en
25 télécommunication, c'est une erreur ?
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1 M. Dordic (interprétation). - Non.
2 Mme McMurrey (interprétation). - La première personne qui a pris
3 votre déclaration pour le bureau du Procureur était M. Bart D'Hooge,
4 n'est-ce pas.
5 M. Dordic (interprétation). - Oui.
6 Mme McMurrey (interprétation). - Aviez-vous la possibilité de le
7 rencontrer à nouveau dans le salon des témoins pendant que vous attendiez
8 pour déposer ?
9 M. Dordic (interprétation). - Nous ne nous sommes pas parlé. Il
10 est simplement passé. Il était plutôt nerveux. Lui aussi, il attendait
11 pour déposer, j'imagine. Voilà tout.
12 Mme McMurrey (interprétation). - Vous avez simplement échangé
13 des propos courtois, mais sans parler de l'affaire, n'est-ce pas ?
14 M. Dordic (interprétation). - Non, rien du tout. Uniquement des
15 salutations.
16 Mme McMurrey (interprétation). - Vous avez aussi dit que vous
17 êtes du village de Zukici près de Bradina, n'est-ce pas ?
18 M. Dordic (interprétation). - Oui.
19 Mme McMurrey (interprétation). - Excusez-moi d'emblée je sais
20 que ma prononciation des noms de ville et localités est un véritable
21 désastre si vous ne les comprenez pas, je les épellerai pour vous.
22 M. Dordic (interprétation). - Oui. Merci.
23 Mme McMurrey (interprétation). - Vous êtes allé à Bradina, je
24 pense, le 24 avril 1992, n'est-ce pas ?
25 M. Dordic (interprétation). - Oui.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - A quelle distance se trouve
2 Zukici de Bradina ?
3 M. Dordic (interprétation). - A trois kilomètres.
4 Mme McMurrey (interprétation). - C'est donc très près, non ?
5 M. Dordic (interprétation). - Oui.
6 Mme McMurrey (interprétation). - Vous connaissiez la région de
7 Bradina avant avril 1992, n'est-ce pas ?
8 M. Dordic (interprétation). - Oui. C'est plus au moins l'endroit
9 où je suis né. Je le connais donc bien.
10 Mme McMurrey (interprétation). - On peut donc dire que vous
11 aviez des amis à Bradina, que vous aviez des parents à Bradina et vous
12 travailliez quelque part aussi dans le coin de Bradina, n'est-ce pas ?
13 M. Dordic (interprétation). - Oui.
14 Mme McMurrey (interprétation). - A peu près, à quel moment les
15 gens de Bradina ont-ils commencé à s'organiser ?
16 M. Dordic (interprétation). - Pour autant que je sache,
17 uniquement après cette explosion au tunnel, le petit tunnel qui se trouve
18 juste en bas de Zukici.
19 Mme McMurrey (interprétation). - Avant que le tunnel ne saute,
20 les gens de Bradina avaient établi des contrôles routiers sur la M 17,
21 n'est-ce pas ?
22 M. Dordic (interprétation). - Je ne pense pas que ce soit exact.
23 Mme McMurrey (interprétation). - Vous dites aujourd'hui que les
24 gens de Bradina n'ont pas installé de barrages routiers sur la route
25 principal séparant Sarajevo de Konjic ?
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1 M. Dordic (interprétation). - S'ils l'ont fait, ils l'ont fait
2 juste avant que le tunnel ne saute ou, peut-être, après. Ils l'ont fait,
3 mais pas dans la période à laquelle vous faisiez référence, la période
4 autour du moment où le tunnel a explosé, peut-être vers le 2 avril ou le
5 1er avril lorsque le trafic ferroviaire s'est interrompu et qu'il n'y
6 avait plus de véhicules qui passaient.
7 Mme McMurrey (interprétation). - Chaque fois qu'un civil
8 établissait un barrage routier ou empêchait la circulation entre Sarajevo
9 et Konjic, c'était une infraction en vertu de la loi de Bosnie-
10 Herzégovine, n'est-ce pas ?
11 M. le Président (interprétation). - Voulez-vous qu'il donne un
12 avis juridique ?
13 Mme McMurrey (interprétation). - Si le témoin peut répondre,
14 monsieur le Président.
15 M. Dordic (interprétation). - Permettez-moi de dire que d'après
16 la loi de Bosnie-Herzégovine, pour autant que je sache ou en tout cas,
17 tant que moi, je vivais en Bosnie-Herzégovine, la loi de la République
18 Socialiste Fédérative de Yougoslavie s'appliquait et non pas la loi de la
19 Bosnie-Herzégovine.
20 Mme McMurrey (interprétation). - La loi de la République
21 Socialiste Fédérative n'autorisait pas des entités privées à arrêter la
22 circulation ou à l'entraver entre deux grandes villes, n'est-ce pas ?
23 M. Dordic (interprétation). - Oui, c'est exact, mais un barrage
24 routier avait déjà été mis en place ailleurs qu'à Bradina et c'était un
25 barrage routier mis en place à Orasje, en dessous de Zukici, par des
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1 Musulmans. Ce barrage routier-là avait été installé par des Musulmans
2 avant même les barrages routiers de Bradina.
3 Mme McMurrey (interprétation). - Lorsque vous dites que cela a
4 été mis en place par des membres du groupe ethnique musulman, vous voulez
5 dire que ce barrage-là a été mis en place par la défense territoriale,
6 n'est-ce pas ?
7 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas comment eux
8 s'appelaient eux-mêmes, je sais simplement que certaines société à Konjic
9 travaillaient simplement encore et que tout a commencé par de mauvais
10 traitements infligés aux Serbes dans les bus qui les emmenaient au
11 travail. C'est après cela que des barrages routiers ont été mis en place à
12 Bradina.
13 Mme McMurrey (interprétation). - Ecoutez ma question. La défense
14 territoriale n'est pas simplement un organisme musulman, c'est un
15 organisme qui réunit le MUP, HVO et la défense territoriale, n'est-ce
16 pas ?
17 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais rien de cette
18 organisation et comment elle était organisée.
19 Mme McMurrey (interprétation). - Mais vous avez dit que vous
20 avez fait votre service militaire, n'est-ce pas ?
21 M. Dordic (interprétation). - Oui.
22 Mme McMurrey (interprétation). - Ce service militaire, vous
23 l'avez fait au sein de la JNA en quelle année ?
24 M. Dordic (interprétation). - En 1987.
25 Mme McMurrey (interprétation). - Revenons à l'organisation d'une
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1 sorte de défense à Bradina. Comme cette défense était-elle organisée ?
2 M. Dordic (interprétation). - Je vous l'ai déjà dit, mais je
3 vais vous le répéter. Le fait même que le tunnel était miné et qu'un homme
4 avait été tué à Konjic devant l'église orthodoxe serbe de Konjic, a fait
5 que les gens ont commencé à paniquer. Ils avaient peur de la suite, de la
6 tournure que pouvaient prendre les événements et je pense qu'il était
7 normal qu'à la suite de ces incidents, les gens postent des gardes dans
8 les collines pour se protéger eux-mêmes et leurs familles.
9 Mme McMurrey (interprétation). - Ma question n'était pas
10 pourquoi cela a été organisé, mais comment ces gardes étaient-elles
11 organisées ?
12 M. Dordic (interprétation). - Je l'ai dit, des gardes étaient
13 postés dans les collines avoisinantes.
14 Mme McMurrey (interprétation). - Qui étaient les gens qui ont
15 commencé à organiser la défense de Bradina ?
16 M. Dordic (interprétation). - Les gens eux-mêmes, un beau jour,
17 se sont réunis dans le centre et on a posé la question à savoir s'il
18 fallait faire quelque chose ou non, et Rajko Dordic a été élu commandant.
19 Mme McMurrey (interprétation). - Rajko est celui qui a décidé de
20 la convocation de la réunion et de comment elle se tiendrait ?
21 M. Dordic (interprétation). - Oui.
22 Mme McMurrey (interprétation). - A quelle fréquence se sont
23 tenues ces réunions ?
24 M. Dordic (interprétation). - Je n'ai assisté à aucune de ces
25 réunions. Donc, je n'en sais rien.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - Vous souvenez-vous de l'endroit
2 où se tenaient ces réunions ?
3 M. Dordic (interprétation). - La plupart du temps dans le club
4 de la localité ou dans un café. Cela dépendait du nombre de participants.
5 Mme McMurrey (interprétation). - Y avait-il d'autres gens que
6 Rajko Dordic qui présidaient ces réunions ou était-il le seul à le faire ?
7 M. Dordic (interprétation). - Je pense que Vaso Vusic (?),
8 Drago Vujic (?) faisaient aussi partie de cette organisation ainsi que le
9 président du SDS, Vukasin Mrkajic était là aussi. Il participait à tout
10 cela.
11 Mme McMurrey (interprétation).- Combien de gens participaient à
12 ces réunions en général ?
13 Mme McHenry (interprétation). - Je n’objecte pas à la question,
14 mais je voudrais savoir si le témoin rapporte des propos qu'il a entendus
15 où s'il témoigne en fonction de sa connaissance personnelle des
16 événements. Il a en effet dit qu'il n'avait pas participé à ces réunions
17 lui-même.
18 Mme McMurrey (interprétation).- Je peux poser cette question?
19 M. le Président (interprétation).- Je vous en prie
20 Me McMurrey: (interprétation).- Monsieur Dordic, vous avez
21 participé à certaines de ces réunions, n'est-ce pas?
22 M. Dordic (interprétation).- Les réunions, en ville ?
23 M. le Président (interprétation). - dans la localité de Bradina
24 M. Dordic (interprétation).- Ce n'est pas une ville, c'est un
25 village. Non
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1 M. le Président (interprétation). - vous n'avez jamais participé
2 aux réunions qui étaient tenues pour organiser la défense de Bradina ?
3 M. Dordic (interprétation).- Non.
4 M. le Président (interprétation). - Savez-vous comment les
5 décisions étaient prises à ces réunions ?
6 M. Dordic (interprétation).- Non je n'en sais rien. Je n'y étais
7 pas.
8 M. le Président (interprétation). - Le témoin vous a dit qu'il
9 n'y était pas. Il n'a donc pas de connaissance personnelle de ces faits
10 Mme McMurrey (interprétation).- Je demande s’il savait
11 personnellement comment cela se passait ?
12 M. le Président (interprétation). - Je veux simplement savoir si
13 vous aviez accepté sa réponse ?
14 Mme McMurrey (interprétation).- Il semble que le sort s’acharne
15 contre moi, Monsieur le Président. J'accepte votre objection.
16 Monsieur Dordic, lorsque des décisions étaient prises au cours
17 des ces réunions, saviez-vous si ces informations étaient diffusées dans
18 le village de Bradina ? Y avait-il un tableau d'affichage ou cela se
19 faisait-il de bouche à oreille ?
20 M. Dordic (interprétation).- Essentiellement de bouche à
21 oreille, d'un hameau à l'autre, cela dépendait de l'endroit où les gens
22 habitaient et ils étaient informés que tel ou tel jour ils devaient se
23 rassembler à tel ou tel endroit. C'était surtout de bouche à oreille que
24 cela se passait.
25 M. le Président (interprétation). - Vous avez dit, lors de
Page 4110
1 l'interrogatoire principal, que vous aviez reçu une arme et je ne me
2 souviens plus du type exact de l'arme. Vous avez dit l’avoir reçue d'un
3 cousin, n'est-ce pas ?
4 M. Dordic (interprétation).- Excusez-moi, que voulez-vous dire
5 par "interrogatoire principal" ?
6 Mme McMurrey (interprétation).- Oui, excusez-moi, lorsque vous
7 répondiez aux questions de l'accusation vous avez dit que vous avez reçu
8 une arme à Bradina et vous dites l'avoir reçue de votre cousin, est-ce
9 exact ?
10 M. Dordic (interprétation).- Oui.
11 M. le Président (interprétation). - Quel est le nom de votre
12 cousin ?
13 M. Dordic (interprétation).- Dragan Vujicic.
14 M. le Président (interprétation). - S'agit-il du Dragan qui a
15 été tué ?
16 M. Dordic (interprétation).- Oui, malheureusement.
17 M. le Président (interprétation). - Et savez-vous où il a reçu
18 les armes qu'il distribuait ?
19 M. Dordic (interprétation).- C'est la troisième fois que je
20 l'explique. Mais je ferai de mon mieux. J'ai dit que les gens trouvaient
21 un moyen. Il y avait pas mal de désordre dans les trois groupes. Tout le
22 monde avait des amis dans le monde militaire, dans les casernes et les
23 trois parties, les Serbes, les Musulmans et les Croates trouvaient ainsi
24 des armes. Il était ainsi possible d'acheter une arme automatique auprès
25 d'un Serbe pour une poignée d'argent. C'était juste avant que la guerre
Page 4111
1 n'éclate. Et vice versa.
2 M. le Président (interprétation). - La question que je vous
3 adresse est : sachant que vous avez dit qu'il s'agissait d'une arme
4 militaire comme celles détenues par la JNA, ces armes ont été données à
5 Bradina par des officiers serbes qui appartenaient à la JNA auparavant,
6 n'est-ce pas ?
7 M. Dordic (interprétation).- Oui. Très vraisemblablement, car un
8 civil ordinaire ne pouvait pas entrer dans les casernes. Il fallait qu'il
9 ait un ami ou qu'il trouve un autre moyen de se procurer l'arme.
10 M. le Président (interprétation). - vous avez dit aussi que vous
11 avez participé aux tours de garde organisés à Bradina, n'est-ce pas ?
12 M. Dordic (interprétation).- Oui.
13 M. le Président (interprétation). - Quel jour ont commencé ces
14 patrouilles ?
15 Je vous l'ai dit, au même moment à peu près que les barrages
16 routiers ont été mis en place, que la circulation était interrompue et que
17 l'explosion a eu lieu. C'était vers le 21 avril, mais je n'y étais pas.
18 M. le Président (interprétation). - Vous êtes arrivé à Bradina
19 le 24 avril et donc ces patrouilles étaient déjà organisées à ce moment-
20 là, n'est-ce pas ?
21 M. Dordic (interprétation).- Oui.
22 M. le Président (interprétation). - Et comment ces patrouilles
23 étaient-elles organisées, qui vous donnait vos affectations en quelque
24 sorte ?
25 M. Dordic (interprétation).- C'était surtout à la suite d'un
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1 accord entre tout le monde, dans chaque hameau où bien au centre du
2 village. Une personne contactait les autres ou quelqu'un qui avait été à
3 la réunion savait ce qui avait été décidé et, nous savions tous le danger
4 qui nous menaçait. Il n'y avait pas besoin d'ordre particulier ou d'ordre
5 de mission.
6 M. le Président (interprétation). - Mais comment saviez-vous que
7 quelqu'un allait être de garde telle nuit et quelqu'un d'autre l'autre
8 nuit. Rajko Dordic affectait-il des tours de garde ?
9 M. Dordic (interprétation).- Non. Nous nous mettions d'accord
10 entre nous. Pour autant que je sache, il n'y avait pas de plan.
11 M. le Président (interprétation). - Combien y avait-il de gens
12 de garde en même temps ? Quatre, cinq, dix ?
13 M. Dordic (interprétation).- C'est une région assez grande que
14 celle autour de Bradina. En général, nous étions donc deux sur une colline
15 et il y avait 4 ou 5 kilomètres entre nous et la patrouille suivante.
16 M. le Président (interprétation). - Je ne connais pas très bien
17 la géographie de la région, mais cela veut dire combien ? Quinze, trente
18 patrouilles, pouvez-vous me donner un chiffre rond ?
19 M. Dordic (interprétation).- A peu près un tiers des gens que
20 nous avions en tout étaient de garde. Si on voulait couvrir toutes les
21 collines autour de Bradina, le cercle faisait plus de 20 kilomètres. Un
22 tiers fait donc peut-être une centaine de personnes, peut-être moins.
23 Mme McMurrey (interprétation). - Merci. Toutes ces patrouilles
24 qui étaient sur les différentes collines, communiquaient-elles entre elles
25 par talkie-walkie ou par un autre moyen de communication ?
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1 M. Dordic (interprétation). - Non, il n'y avait aucun moyen de
2 communiquer. C'était simplement important de faire en sorte qu'il n'y
3 avait pas d'autres personnes ou d'autres groupes qui s'y trouvaient, mais
4 il n'y avait aucun moyen de communiquer entre nous. Nous n'avions même pas
5 d'électricité, donc nous ne pouvions pas utiliser d'appareils électriques.
6 Mme McMurrey (interprétation). - Muro Golubovic était-il une des
7 personnes qui était de garde avec vous ?
8 M. Dordic (interprétation). - Je ne me souviens pas de lui, de
9 Bradina. Je l'ai surtout en mémoire à cause du camp de Celebici. Je ne
10 l'ai pas vu à Bradina.
11 Mme McMurrey (interprétation). - Qu'en est-il de Stevan
12 Gligorevic ?
13 M. Dordic (interprétation). - Stevan Gligorevic est né à Bradina
14 et il est probable que lui aussi, il a été de garde, mais sans doute dans
15 la zone plus proche de l'autre tunnel de Bradina. Personnellement, je ne
16 le connais pas, mais sans doute.
17 Mme McMurrey (interprétation). - Et Mladen Kuljanin ?
18 M. Dordic (interprétation). - La même chose vaut pour lui parce
19 qu'il se trouve dans un hameau différent et sa maison se trouve près de
20 Ivan Sedlo, près d'un carrefour.
21 Mme McMurrey (interprétation). - Vous avez déjà beaucoup parlé
22 de la bataille de Bradina, des combats qui s'y sont déroulés et je veux
23 laisser le soin au Conseil de M. Delalic de vous poser davantage de
24 questions à ce propos.
25 Vous, vous avez fui de Bradina le 26 mai, est-ce exact ?
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1 M. Dordic (interprétation). - Oui.
2 Mme McMurrey (interprétation). - Ce qui veut dire que du 26 mai
3 au 31 mai, vous vous trouviez dans le maquis à vous cacher ou du moins à
4 essayer de passer en zone serbe, est-ce exact ?
5 M. Dordic (interprétation). - Oui.
6 Mme McMurrey (interprétation). - Vous avez dit avoir été capturé
7 le 30 mai près de Ljuta, est-ce exact ?
8 M. Dordic (interprétation). - Oui, un village dénommé Ljuta près
9 de Kalinovik.
10 Mme McMurrey (interprétation). - Le meneur de votre groupe en
11 fuite, c'était Dordic ? Je sais que vous avez dit qu'il était le meneur en
12 ville, mais alors que vous essayiez de passer en zone sûre, en zone serbe,
13 il était aussi votre meneur dans ce petit groupe, n'est-ce pas ?
14 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas quel était son
15 titre. Je sais qu'il était enseignant. Je ne sais pas quelle était sa
16 formation. Ce que je sais, c'est qu'il avait l'habitude de faire du
17 travail de guide en montagne.
18 Mme McMurrey (interprétation). - Quels étaient les autres
19 soldats qui vous accompagnaient dans la période qui allait du 26 mai au 30
20 mai ?
21 M. Dordic (interprétation). - Madame, excusez-moi, je vous
22 rappelle que nous n'étions pas des soldats. Nous étions des civils. Il y
23 avait surtout des voisins, des parents, des gens de Bradina.
24 Mme McMurrey (interprétation). - Quelles étaient les autres
25 personnes qui se trouvaient à l'époque avec vous ?
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1 M. Dordic (interprétation). - Vous voulez dire, au moment où
2 nous avons essayé de nous sauver ?
3 Mme McMurrey (interprétation). - Effectivement. Entre le 26 et
4 le 30 mai.
5 M. Dordic (interprétation). - Voulez-vous avoir les noms de ces
6 personnes ?
7 Mme McMurrey (interprétation). - Oui.
8 M. Dordic (interprétation). - Je peux vous citer ceux dont je me
9 souviens : Miladin Dordic, Zdravko Dordic, Mirko Dordic, Mladen Dordic,
10 mais je ne me souviens plus de tous les noms.
11 Mme McMurrey (interprétation). - Peut-on dire que les personnes
12 portant le patronyme de Dordic ont un lien de parenté avec vous ?
13 M. Dordic (interprétation). - Oui, mais pas nécessairement un
14 lien très étroit et ceci ne vaut pas pour toutes les personnes qui portent
15 ce nom.
16 Mme McMurrey (interprétation). - Ceux qui avaient pris la fuite
17 dans les bois, chacun d'entre vous disposait d'une arme, n'est-ce pas ?
18 M. Dordic (interprétation). - Je ne pense pas que tout le monde
19 avait une arme.
20 Mme McMurrey (interprétation). - Dans quelle direction
21 alliez-vous à l'époque ?
22 M. Dordic (interprétation). - Puisqu'on tirait à Sarajevo au
23 combat Mostar, nous avons essayé d'aller vers Kalinovik, car il y avait là
24 de grandes casernes et il y avait encore un contrôle militaire de ces
25 casernes. C'est là que nous voulions aller.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - Pendant la première nuit de ce
2 périple, le 26 mai, où avez-vous dormi ?
3 M. Dordic (interprétation). - Nous n'avons pas dormi, nous
4 étions en route, nous marchions. C'était dur. Vous savez que le relief est
5 très accidenté et les montagnes élevées. Il faisait mauvais, il pleuvait.
6 Les conditions ne se prêtaient pas au sommeil.
7 Mme McMurrey (interprétation). - Mais entre le 26 et le 30 mai,
8 je suppose que vous avez pris un certain repos à un moment. Avez-vous
9 établi un camp quelque part ?
10 M. Dordic (interprétation). - Nous ne disposions de rien pour
11 dresser un camp. Nous n'avions que les vêtements et les armes que nous
12 avions sur nous. Quelques fois, on s'arrêtait pendant le journée et nous
13 poursuivions notre chemin la nuit. Nous étions en effet la cible de coups
14 de feu depuis les collines. Ils tiraient sur nous.
15 Mme McMurrey (interprétation). - Il n'apparaît pas clairement si
16 vous avez été capturé le 30 ou un autre jour, le 31. Pourriez-vous nous
17 préciser ?
18 M. Dordic (interprétation). - Je le répète : je n'ai pas été
19 capturé. Nous avons remis nos armes parce qu'il y avait des embuscades, on
20 tirait sur nous et je ne pense pas que nous n'ayons fait quoi que ce soit
21 de particulier. Nous nous sommes contentés de descendre et de remettre les
22 armes un peu comme si, maintenant, je vous remettais des armes, parce que
23 quand on parle de reddition, c'est autre chose, je suppose. Ils nous ont
24 simplement dit qu'il nous fallait leur remettre nos armes et qu'ils nous
25 emporteraient à Kalinovik, mais les choses ne se sont pas passées comme
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1 cela.
2 Mme McMurrey (interprétation). - Entre le 26 et le 30 mai
3 toujours, alors que vous étiez en route, vous avez capturé certains
4 soldats qui venaient de la défense territoriale, n'est-ce pas ?
5 M. Dordic (interprétation). - Oui, un jeune homme est venu. Je
6 crois qu'on se reposait dans les bois. On faisait une halte. Il est venu
7 équipé d'un fusil. Il s'est approché de nous tout près du village de
8 Ljuta. Nous lui avions demandé de nous indiquer le chemin, la route de
9 Kalinovik. Il était d'accord, mais il voulait en contrepartie un fusil
10 automatique. Il était jeune : il pouvait avoir dix-huit ans. Je lui ai dit
11 : "Pas de problème." Pendant toute journée, nous avons suivi de petits
12 ruisseaux notamment.
13 Mme McMurrey (interprétation). - Ce soldat que vous dites avoir
14 capturé, a reçu de vous un fusil automatique en échange de ce qu'il
15 faisait pour vous vue qu'il guidait en travers les forêts. Est-ce bien ce
16 que vous nous dites ?
17 M. Dordic (interprétation). - Non. D'abord, nous ne l'avons pas
18 capturé puisque nous faisions une halte. Il y avait du bois qui avait été
19 coupé. Il y avait trois bûches. Ce jeune s'est d'abord approché. Nous lui
20 avions demandé de baisser l'arme et aussi de nous montrer le chemin.
21 Quelqu'un a pris son arme. Il répétait la demande. En récompense pour le
22 fait qu'il nous emmenait à Kalinovik, il voulait un fusil automatique.
23 Mme McMurrey (interprétation). - Mais il n'a jamais été
24 récompensé de ce fusil, n'est-ce pas ?
25 M. Dordic (interprétation). - Non, car nous ne sommes jamais
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1 parvenus à Kalinovik, pas plus qu'il restait tout le temps avec nous. En
2 effet, il y avait des coups de feu tirés dans les bois. Deux hommes ont
3 surgi. Il a pris la fuite et nous, nous sommes restés là.
4 Mme McMurrey (interprétation). - Deux de vos soldats n'ont-ils
5 pas tué ce jeune homme ?
6 M. Dordic (interprétation). - Non, ce jeune homme a survécu. Je
7 l'ai revu le lendemain matin alors qu'on nous menait vers le camion. Ce
8 jeune homme est toujours en vie, j'en suis sûr.
9 Mme McMurrey (interprétation). - Au cours de l'échange de coups
10 de feu survenu lors de votre fuite, un homme de la défense territoriale
11 n’a-t-il pas été tué ?
12 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas. Je l'ai déjà dit :
13 l'homme qui est entré tirait des coups de feu en l'air et il a dit que son
14 beau-frère avait été tué, mais je ne voyais pas de qui il voulait parler.
15 Mme McMurrey (interprétation). - Lorsque vous vous êtes rendus
16 ou que vous avez été capturés, quelle que soit votre vision des choses,
17 vos armes avaient été prises, n'est-ce pas ?
18 M. Dordic (interprétation). - Non, on n'a pas pris nos armes.
19 Nous les avons remises sans aucun usage de force. Nous nous sommes
20 contentés de donner ces armes.
21 Mme McMurrey (interprétation). - Tous vos objets de valeur ont-
22 ils aussi été pris à ce moment-là ?
23 M. Dordic (interprétation). - Pas à ce moment-là. Moi, j'avais
24 un petit couteau. C'est la seule chose qui m'a été prise. En matière de
25 documents ou de papiers, j'avais ma carte d'identité que j'ai gardée, mais
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1 à ce moment-là.
2 Mme McMurrey (interprétation). - Les personnes qui vous
3 accompagnaient avaient des armes ou d'autres objets qui pouvaient faire
4 fonction d'arme ? Tout ceci leur a-t-il été pris également ?
5 M. Dordic (interprétation). - Je le répète : nous avons tout
6 remis, nous nous sommes rendus aussi. C’est vrai pour toutes les personnes
7 qui étaient en route avec moi, aucune force n'a été utilisée. M. Mrkajic
8 se trouvait là notamment. Rien ne s'est passé. On ne nous a pas lié les
9 mains. Il n'y a eu aucun mauvais traitement. Nous nous sommes contentés de
10 monter à bord du camion.
11 Mme McMurrey (interprétation). - Puis, vous avez été emmenés en
12 camion à l'école de Ljuta, est-ce exact ?
13 M. Dordic (interprétation). - Oui.
14 Mme McMurrey (interprétation). - Un homme, qui arborait un
15 insigne HOS ou HVO, est venu pour vous interroger.
16 Mme McHenry (interprétation). - Objection, parce que les
17 questions ont déjà été souvent posées et ont reçu réponse, tant en
18 interrogatoire principal qu'en contre-interrogatoire.
19 Mme McMurrey (interprétation). - Je voulais simplement parcourir
20 les différentes étapes de ce périple menant à Celebici. C'est très
21 important. Il importe d'expliquer combien de fois cet homme a été battu
22 entre le moment où il s'est rendu et le moment où il est arrivé à
23 Celebici. Je ne sais pas si mon confrère, Me Moran, a parcouru lui aussi
24 toutes ces étapes. Pourrais-je sonder cette question ?
25 M. le Président (interprétation). - Vous voulez repasser par
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1 toutes les étapes ?
2 Mme McMurrey (interprétation). - Je vous promets d'être rapide.
3 Je ne sais pas si vous l'avez déjà expliqué au Tribunal. Nous savons ce
4 que signifie HVO, mais que signifie le sigle HOS ?
5 M. Dordic (interprétation). - Forces Armées Croates.
6 Mme McMurrey (interprétation). - S'agit-il là d'un groupe
7 spécial des forces armées croates ?
8 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas, mais en tout cas,
9 HOS veut dire Forces armées croates.
10 Mme McMurrey (interprétation). - HVO signifie-t-il la même
11 chose, c’est-à-dire Forces Armée Croate ?
12 M. Dordic (interprétation). - Non, HVO signifie Conseil de
13 défense croate. C'est l'armée croate en Bosnie-Herzégovine alors que, pour
14 le HOS, ce sont les Forces de la république de Croatie. C'est ainsi que
15 cela devrait être en tout cas. C'est simplement parce que ces deux hommes
16 portaient ces insignes.
17 Mme McMurrey (interprétation). - Merci de m'avoir donné ces
18 explications. A Ljuta, je crois que vous avez déclaré avoir été battu avec
19 des crosses de fusil et des chaises et que tout ceci a duré plus de quatre
20 heures et demie. Est-ce exact ?
21 M. Dordic (interprétation). - Oui.
22 Mme McMurrey (interprétation). - Puis, vous avez été emmené en
23 camion, de Ljuta au village de Samnjic*. Est-ce exact ?
24 M. Dordic (interprétation). - Non, nous nous sommes déplacés à
25 pied. Nous avons couvert une longue distance en quittant Ljuta. Nous
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1 pensions être exécutés parce que chacun d'entre nous avait un garde à ses
2 côtés. Parmi eux, il y avait ce jeune homme qui apparemment aurait été
3 capturé par nous, mais il était tout à fait bien, il accompagnait les
4 gardes. Nous sommes arrivés à un chemin de forêt. Deux petits camions y
5 étaient garés. Nous avons été embarqués et nous sommes allés au village de
6 Crlici*.
7 Mme McMurrey (interprétation). - Vous avez été alors emmenés
8 dans un bâtiment préfabriqué et là, vous avez été roués de coups à
9 nouveau, n'est-ce pas ?
10 M. Dordic (interprétation). - Oui. Sans doute, c’était l'école.
11 Nous avons été battus et emmenés par la suite dans un grand camion.
12 Mme McMurrey (interprétation). - Nous n'y sommes pas encore. Je
13 parle encore de l'autre passage à tabac. Combien de temps a-t-il duré ?
14 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas. J'étais déjà un
15 peu perdu. Je ne sais pas combien de temps cela a duré. Peut-être une
16 heure.
17 Mme McMurrey (interprétation). - Combien de personnes vous ont-
18 elles infligé ce passage à tabac ?
19 M. Dordic (interprétation). - Je crois qu'il y avait au moins
20 cinquante personnes dans cette salle. Les autres étaient dehors.
21 Mme McMurrey (interprétation). - Quels objets a-t-on utilisé
22 pour vous frapper ? Là aussi des chaises, des crosses de fusil, des coups
23 de pied ?
24 M. Dordic (interprétation). - Oui, des crosses de fusil, des
25 manches de balai, tout ce genre de chose que vous venez de mentionner.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - Donc, s'ils pouvaient mettre la
2 main sur quelque chose, ils s'en saisissaient pour vous frapper ?
3 M. Dordic (interprétation). - Oui.
4 Mme McMurrey (interprétation). - De là, vous avez été emmenés au
5 Mont Igman à cet hôtel Famos. Est-ce exact ?
6 M. Dordic (interprétation). - Oui.
7 Mme McMurrey (interprétation). - Est-ce là qu'on a recueilli vos
8 renseignements personnels ?
9 M. Dordic (interprétation). - Oui. Des données personnelles
10 ainsi que les pièces d'identité que nous avions sur nous.
11 Mme McMurrey (interprétation). - A ce moment-là, on vous a pris
12 tous les objets de valeur et tous les documents concernant votre
13 identité ?
14 M. Dordic (interprétation). - Oui.
15 Mme McMurrey (interprétation). - Ceci s'est passé au Mont Igman,
16 est-ce bien exact ?
17 M. Dordic (interprétation). - Oui.
18 Mme McMurrey (interprétation). - Pour remonter dans le camion au
19 Mont Igman, on vous a forcé à courir, à faire la haie de soldats ?
20 M. Dordic (interprétation). - Effectivement. Il y avait des
21 militaires de chaque côté et des civils, notamment des femmes, de l'autre
22 côté. On a utilisé toutes sortes d'objets différents, mais une des
23 personnes est tombée. Elle a dû être aidée.
24 Mme McMurrey (interprétation). - Je précise mon expression :
25 cela veut-il dire qu'on vous a battu tout au long du chemin qui menait au
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1 camion ?
2 M. Dordic (interprétation). - Oui.
3 Mme McMurrey (interprétation). - Puis, le camion vous a emmenés
4 de cet hôtel au village de Vrdolje ?
5 M. Dordic (interprétation). - Oui. Je n'avais jamais été à ce
6 village de Vrdolje. Je connaissais Dorde, mais j'ai reconnu certains
7 villageois qui avaient été à l'école avec moi et qui étaient de ce
8 village. Les mêmes choses se sont passées dans ce village. Des gens sont
9 montés dans le camion et nous ont insultés.
10 Mme McMurrey (interprétation). - Pourrait-on dire que, lorsque
11 vous avez traversé ce village, il y avait une foule qui voulait vous
12 lyncher, une foule tout à fait exacerbée ?
13 M. Dordic (interprétation). - On a lancé des pierres en
14 direction du camion et il y a eu quelques coups.
15 Mme McMurrey (interprétation). - Si les soldats vous avaient
16 laissé aux mains de cette foule, vous auriez sans doute été tués. Il était
17 donc plus prudent pour vous de rester à bord du camion.
18 M. Dordic (interprétation). - Non, on ne nous a même pas proposé
19 de descendre du camion. Le camion a fait une brève halte tout simplement.
20 Mme McMurrey (interprétation). - Puis, de ce village de Vrdolje,
21 vous avez été emmenés au village de Zepi, est-ce exact ?
22 M. Dordic (interprétation). - Oui.
23 Mme McMurrey (interprétation). - Là aussi, une foule en folie
24 vous attendait, n'est-ce pas ?
25 M. Dordic (interprétation). - Oui.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - Puis, du village de Zepi, vous
2 étiez en route pour Konjic et vous avez été frappés, battus à bord du
3 camion en route pour Konjic ?
4 M. Dordic (interprétation). - Oui. Bien sûr. Nous étions l'objet
5 de provocations constantes de la part des gardes, je crois l'avoir déjà
6 dit. On a dû, par exemple, embrasser un sanglier mort qu'ils avaient jeté
7 dans le camion. Ils disaient que c'était notre symbole. Ils nous ont fait
8 aussi poser nos lèvres aux badges SDA et HDZ.
9 Mme McMurrey (interprétation). - Lorsque vous êtes arrivés à
10 Konjic, vous avez été emmenés au siège du SUP et je suppose que là aussi,
11 vous avez été battus par les gardes.
12 M. Dordic (interprétation). - Oui, devant le bâtiment, toujours
13 dans le camion.
14 Mme McMurrey (interprétation). - On vous a battu à coups de
15 crosses de fusil, de coups de poing, de coups de pied. Là aussi, on
16 faisait feu de tout bois, n'est-ce pas ?
17 M. Dordic (interprétation). - Oui.
18 Mme McMurrey (interprétation). - Je crois même que vous avez dit
19 qu'on vous traitait comme du bétail à certains moments, n'est-ce pas ?
20 M. Dordic (interprétation). - Oui. Pas seulement à un moment
21 donné, mais cela a été vrai de tout mon séjour dans le camp.
22 Mme McMurrey (interprétation). - Pourriez-vous nous dire, alors
23 que vous vous trouviez dans le camion qui vous transportait à Celebici,
24 qui étaient les personnes vous accompagnant ?
25 M. Dordic (interprétation). - Il y avait Rajko Dordic,
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1 Boro Mrkajic, Mendadin* Dordic... Je crois déjà avoir cité pas mal de
2 noms.
3 Mme McMurrey (interprétation). - Oui, mais il y avait plus de
4 personnes dans ce camion que simplement celles qui s'étaient échappées de
5 Bradina avec vous ?
6 M. Dordic (interprétation). - Non, ce n'est pas possible qu'il y
7 en ait plus.
8 Mme McMurrey (interprétation). - C'était donc simplement votre
9 groupe qui se trouvait dans ce camion ?
10 M. Dordic (interprétation). - Oui.
11 Mme McMurrey (interprétation). - Arrivés à Celebici, vous l'avez
12 déjà dit, vous avez été obligés de vous aligner contre ce qui a été appelé
13 le bâtiment administratif et médical et là, vous avez fait l'objet d'un
14 interrogatoire, n'est-ce pas ?
15 M. Dordic (interprétation). - Nous n'avons pas été interrogés
16 devant ce mur. On nous a simplement battus. Puis, un par un, nous avons
17 été emmenés dans le bureau où nous avons été interrogés.
18 Mme McMurrey (interprétation). - Au moment de cet
19 interrogatoire, des questions ont été posées du genre à savoir si vous
20 aviez des armes, si vous faisiez partie du SDS ?
21 M. Dordic (interprétation). - Oui.
22 Mme McMurrey (interprétation). - En fonction des réponses que
23 vous fournissiez, vous étiez classés parmi le groupe considéré dangereux
24 ou parmi le groupe considéré comme non dangereux ?
25 M. Dordic (interprétation). - Je pense que cela s'est passé plus
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1 tard au camp. Il y avait un processus, dont nous avons eu connaissance par
2 la suite, de classement, mais c'est au vu des contacts avec les familles.
3 Ils ont donc sérié, si vous voulez, les détenus et les ont classés en
4 catégories "plus facile" ou "plus difficile".
5 Mme McMurrey (interprétation). - Mais, après son interrogatoire,
6 votre groupe tout entier a été placé au tunnel n°9, n'est-ce pas ?
7 M. Dordic (interprétation). - Oui.
8 Mme McMurrey (interprétation). - La nuit qui a suivi votre
9 interrogatoire, n'avez-vous pas déjà dit que quelqu'un appelé Foca, vous a
10 frappé cette nuit-là ?
11 M. Dordic (interprétation). - Excusez-moi, je n'ai pas bien
12 compris la question. Quand cela s'est-il passé ?
13 Mme McMurrey (interprétation). - Après votre interrogatoire,
14 après votre arrivée à Celebici, avez-vous été battu par un homme dénommé
15 Foca ?
16 M. Dordic (interprétation). - A l'époque, je ne savais pas qui
17 était ce Foca. J'ai été frappé par certaines personnes, mais à ce moment-
18 là, pour moi, Foca n'existait pas. Nous ne le connaissions pas en tout
19 cas.
20 Mme McMurrey (interprétation). - Peut-on dire que vous étiez, du
21 31 mai jusqu'à la fin du mois de septembre, dans ce tunnel n°9 et c'est en
22 septembre ou début octobre que vous avez été emmené au n°6 ?
23 M. Dordic (interprétation). - Oui, à quelques exceptions près où
24 j'ai été emmené au trou d'hommes, mais je crois que j'en ai déjà parlé.
25 Mme McMurrey (interprétation). - Ce qui veut dire que la plupart
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1 du temps que vous avez passé à Celebici, vous l'avez passé au tunnel n°9.
2 Peut-on dire ceci sans risque de se tromper ?
3 M. Dordic (interprétation). - Oui, jusqu'au moment où on ne l'a
4 plus utilisé, où on a fermé ce tunnel n°9.
5 Mme McMurrey (interprétation). - Est-il possible de revenir à la
6 pièce à conviction de l'accusation n°1 ? Je demanderai à
7 Monsieur l’Huissier de bien vouloir placer, sur le rétroprojecteur, la
8 photo n°45.
9 Je sais que vous avez déjà vu cette photographie ce matin. Vous
10 aviez alors dit que le battant droit restait fermé et que le battant
11 utilisé était le battant gauche de cette porte, est-ce exact ?
12 M. Dordic (interprétation). - La plupart du temps, le battant
13 gauche était ouvert et on ouvrait d'ailleurs aussi de temps à autre le
14 battant droit.
15 Mme McMurrey (interprétation). - Quand vous dites « de temps à
16 autre », était-ce lorsqu'il fallait sortir ou faire entrer quelque chose
17 d'assez volumineux du tunnel n°9 comme, par exemple, un seau pour les
18 toilettes ?
19 M. Dordic (interprétation). - Non, ce seau était suffisamment
20 petit pour pouvoir être sorti par un des battants seulement. C'était un
21 peu en fonction de la bonne volonté du gardien, mais à part le fait de
22 transporter les blessés, ce n'était pas tellement nécessaire.
23 Mme McMurrey (interprétation). - Cela veut dire que 90 % du
24 temps, cette porte restait close.
25 M. Dordic (interprétation). - Je m'excuse, mais ce n'est pas
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1 cette fréquence que j'ai indiquée. Je le répète : cette porte était
2 ouverte en fonction des besoins des gardiens.
3 Mme McMurrey (interprétation). - Pourriez-vous maintenant
4 examiner la photographie n°46 ?
5 M. Dordic (interprétation). - Oui, je peux la voir. Vous savez
6 que je rêve même très souvent de ces photographies ou du moins de ce
7 qu'elles dépeignent.
8 Mme McMurrey (interprétation). - Si vous jetez un coup d'oeil,
9 pouvez-vous voir l'endroit où vous vous trouviez à mi-chemin ? Est-ce bien
10 ce que l'on voyait depuis l'intérieur, de l'extérieur pendant la journée,
11 la plupart du temps ?
12 M. Dordic (interprétation). - Oui, à moins que l'autre battant
13 ne soit pas ouvert. Effectivement, si la partie gauche était ouverte,
14 voilà l'aspect que cela aurait.
15 Mme McMurrey (interprétation). - Est-il vrai de dire aussi qu'il
16 n'y avait non plus d’électricité, qu’aucune lampe ne brûlait ni pendant la
17 journée ou la nuit, alors qu'on voit le tunnel éclairé sur la photo ?
18 M. Dordic (interprétation). - Non, si ce n'est qu'il y avait
19 deux petites ouvertures dans la partie supérieures de la porte.
20 Mme McMurrey (interprétation). - Vous avez aussi parlé d'un
21 ventilateur à propos de cette porte. N'y avait-il pas de ventilateurs à
22 l'arrière, près des portes très solides qui menaient à ce qui se trouvait
23 derrière ces portes ? N'y avait-il pas de grands ventilateurs avant, dans
24 le tunnel ?
25 M. Dordic (interprétation). - Je n'ai pas compris la question.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - Si vous examinez la
2 photographie n° 48, est-elle prise de l'intérieur ? Est-ce la bonne
3 perspective, de l'intérieur de la pièce vers le tunnel ?
4 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas. Je ne me souviens
5 pas des doubles portes au n° 9. Moi, j'ai vu une porte, ce qui fait que je
6 ne suis pas trop sûr de la perspective utilisée dans cette photographie.
7 Mme McMurrey (interprétation). - Lorsque vous vous trouviez au
8 tunnel n° 9, il arrivait qu'on vous asperge d'eau, qu'on vous replace dans
9 le tunnel et puis, qu'on mette les ventilateurs en marche, n'est-ce pas ?
10 M. Dordic (interprétation). - Oui. Ceci se produisait lorsqu'on
11 nous faisait sortir nus pour qu'on nous nettoie. Je peux vous montrer
12 l'endroit. Cela est le bout de la voie ferrée. Il y avait aussi de gros
13 blocs en ciment qu'on utilisait comme séparation. Là, il y avait un tuyau
14 installé à forte pression et on devait courir, passer devant ce tuyau.
15 M. le Président (interprétation). - Excusez-moi, je ne vous
16 posais pas de question à propos de cela. Je vous parlais des ventilateurs
17 qu'on faisait marcher dans le tunnel de temps à autre, n'est-ce pas ?
18 M. Dordic (interprétation).- Oui, dès le matin. Et j'allais
19 essayer de vous décrire une des occasions où cela se passait.
20 M. le Président (interprétation). - Ces ventilateurs sont très
21 bruyants, presque assourdissants quand on les met en route.
22 M. Dordic (interprétation).- Oui, très puissants.
23 M. le Président (interprétation). - Ils aspirent énormément
24 d'air à partir des écoutilles qu'on trouve sur la porte d'entrée.
25 M. le Président (interprétation). - Je vais demander à
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1 l'Huissier que cette pièce soit enregistrée uniquement à des fins
2 d'identification. Ce sont des documents que nous avons reçus de
3 l'accusation et j'aimerais qu'on la numérote.
4 Monsieur l'Huissier, auriez-vous l'obligeance de montrer ce
5 document au témoin. Je vous demanderai aussi de le placer sur le
6 rétroprojecteur.
7 Mme McHenry (interprétation).- Je demanderai qu'on ne place pas
8 ceci sur le rétroprojecteur s'il y a là le nom d'autres témoins.
9 Mme McMurrey (interprétation).- On pourrait peut-être masquer le
10 nom d'autres témoins.
11 M. le Président (interprétation). - Monsieur Dordic, est-ce là
12 un croquis précis de la disposition adoptée par les personnes qui se
13 trouvaient dans le tunnel n° 9 à l'époque, au niveau des places ?
14 M. Dordic (interprétation).- Je ne me souviens pas des noms
15 exacts ni de l'endroit où se trouvaient les gens, mais si j'ai un peu de
16 temps...
17 Mme McMurrey (interprétation).- N'hésitez pas, prenez le temps
18 qu'il vous faut.
19 M. Dordic (interprétation).- Je ne pense pas que ce soit tout à
20 fait exact, mais approximativement, oui.
21 Mme McMurrey (interprétation).- Est-il exact de dire que la
22 personne qui se trouve le plus près de la porte s'appelle
23 Desimir Mrkajic ? Est-ce exact ?
24 M. Dordic (interprétation).- Oui. La plupart du temps, plus ou
25 moins. Je pensais que c'était Perko Mrkajic, son fils.
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1 Mme McMurrey (interprétation).- Et ce croquis ne vous place pas
2 tout à fait à mi-chemin, mais plutôt à la place n°14.
3 Mme McHenry (interprétation).- J'aimerais élever une objection,
4 apporter un éclaircissement. C'est un diagramme, un croquis qui est repris
5 d'un autre témoin qui disait spécifiquement qu'il avait donné les noms au
6 fur à mesure qu'il s'en souvenait mais qu'il y avait d'autres noms (25),
7 il ne se souvient pas exactement de la position occupée par chacun d'entre
8 eux. C'est donc un croquis incomplet. Tout le monde en convient. La
9 question n'est donc pas posée à bon escient, on ne peut pas dire à ce
10 témoin qu'il ne se trouve pas au milieu parce que ce croquis n'a pas
11 l'ambition d'être tout à fait précis.
12 Mme McMurrey (interprétation).- J'accepte ces remarques de ma
13 consoeur. Ce n'est pas un croquis manifestement précis mais si le témoin
14 me dit que c'est assez précis, cela me suffira.
15 Je crois qu'il y a à peu près huit détenus qui ne sont pas
16 repris.
17 Mme McHenry (interprétation). - Je pense que c'est plutôt
18 25 personnes, du moins, c'est ce qu'a dit le témoin qui est l'auteur de ce
19 croquis. Il a dit qu'il ne se souvenait pas de l'emplacement de chacun
20 d'entre eux.
21 Mme McMurrey (interprétation).- Je crois qu'il s'agissait de
22 25 personnes en tout dans le tunnel et que lui se trouvait à la place
23 n°17.
24 Mme McHenry (interprétation). - Pendant la pause, j'ai obtenu
25 une copie de la déclaration de ce témoin. Il parle de 16 et puis je crois
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1 qu'il cite 25 personnes supplémentaires. J'ai un exemplaire. Il donne donc
2 16 noms, plus 25 noms, donc ça nous donnerait quelque chose comme 41 noms.
3 Mme McMurrey: (interprétation) Je pense que tout ceci pourra
4 être élucidé au fur à mesure que nous aurons d'autres témoins. Mais
5 c'était simplement pour avoir une idée générale de la place qu'occupait ce
6 témoin. Alors j'aimerais poursuivre et lui demander si c'est plus ou moins
7 exact ou pas du tout, si ceci vous convient.
8 M. le Président (interprétation). - Vous pouvez lui demander
9 exactement où il se trouvait ?
10 Mme McMurrey (interprétation).- Merci. Apparemment, monsieur
11 le témoin, vous vous trouviez à la place n°145. Est-ce l'endroit, plus où
12 moins précis, que vous occupiez ?
13 M. Dordic (interprétation).- Je ne peux pas vous dire avec
14 précision que j'étais le n°14, je n'ai pas fait le décompte, mais ça ne me
15 semblait pas important à l'époque. J’ai dit : "Plus ou moins vers le
16 milieu de la partie avec une légère déclivité".
17 Mme McMurrey (interprétation).- Et vous avez passé 5 mois dans
18 ce tunnel sans jamais compter exactement quelle était votre position dans
19 la ligne ?
20 Mme McHenry (interprétation).- Objection. Question déjà posée
21 qui a obtenu une réponse.
22 Mme McMurrey (interprétation).- Je voudrais faire appel à
23 l'Huissier pour faire enregistrer un nouveau document à des fins
24 d'identification.
25 Mme McHenry (interprétation).- L'accusation pourrait-elle
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1 recevoir l'information concernant la provenance de ce document et l'objet
2 de sa communication au témoin ?
3 Mme McMurrey (interprétation).- L'objet de sa communication au
4 témoin consiste à lui demander s'il peut nous dire si ceci est une image à
5 peu près fidèle de la façon dont les gens étaient assis dans le tunnel. Je
6 vais simplement utiliser l'image en haut à droite pour voir si ceci est
7 une représentation à peu près précise de la façon dont les gens étaient
8 assis dans le tunnel.
9 Mme McHenry (interprétation).- Est-ce que je peux connaître la
10 provenance de ce document ?
11 Mme McMurrey (interprétation).- Un instant, monsieur
12 le Président, je ne crois pas que je sois tenu de révéler la source de ce
13 document. Si le témoin peut reconnaître ce document, nous dire s'il est
14 précis ou imprécis, alors il peut être utilisé à des fins d'identification
15 d'une manière où d'une autre. Nous ne versons pas cette pièce au dossier.
16 M. le Président (interprétation). - Vous pouvez le montrer au
17 témoin.
18 Mme McMurrey (interprétation).- Très bien, merci. Monsieur
19 l'Huissier, voulez-vous bien montrer l'image en haut à droite au témoin à
20 des fins d'identification.
21 M. Jan (interprétation). - Vous avez sans doute tenté de deviner
22 quel était l'objet de Me McMurrey en montrant ceci au témoin.
23 Mme McMurrey (interprétation).- Non, Monsieur le Juge. Si vous
24 acceptez le versement de ce document dans sa totalité.
25 M. Jan (interprétation). - Vous savez ce qu'elle demande, vous
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1 savez à quelles fins, elle le demande?.
2 Mme McHenry (interprétation).- Je pense que ce diagramme n'est
3 pas, comme je l'ai compris, tout à fait exact. Mais je suis tout à fait
4 prête à entendre la suite des débats.
5 M. le Président (interprétation). - Je pense qu'il est facile au
6 témoin de dire : "Je n'étais pas assis à cet endroit, point final, ou bien
7 j'y étais assis".
8 Mme McHenry (interprétation).- Monsieur le Président, s'agissant
9 d'un document précédent, j'étais d'accord, et c'est la raison pour
10 laquelle je n'ai pas élevé d'objection. C'est au sujet de ce document que
11 j'élève une objection
12 M. le Président (interprétation). - Je ne vois pas de différence
13 entre les deux. Cela dépend de la reconnaissance ou de la non-
14 reconnaissance de ce document.
15 Mme McMurrey (interprétation).- Puis-je poursuivre, Monsieur
16 le Président ?
17 M. le Président (interprétation). - Oui, nous vous entendons.
18 Mme McMurrey (interprétation).- Monsieur Dordic, lorsque vous
19 ouvriez la partie droite de la porte du tunnel 9 et que vous regardiez à
20 l'intérieur du tunnel, est-ce une représentation fidèle de la façon dont
21 les détenus étaient contraints de rester dans le tunnel, tous du côté
22 droit ?
23 M. Dordic (interprétation).- Oui, de façon générale, si personne
24 n'était blessé ou s'il n'y avait pas de gardes assis avec nous qui, eux,
25 s'asseyaient parfois sur la partie gauche. Et quand les gardes n'étaient
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1 pas là, on s'asseyait aussi parfois sur la partie gauche parce qu'il n'y
2 avait pas assez de place.
3 Mme McMurrey (interprétation).- A quelque moment que ce soit,
4 lorsque les gardes étaient devant la porte, que la porte soit ouverte ou
5 fermée, ceci serait une description exacte de la façon dont vous étiez
6 assis, disons la majeure partie du temps, avec la tête vers le sol.
7 M. Dordic (interprétation).- Oui. Effectivement, nous avions la
8 tête sur les bras, regardant vers le sol, les genoux. Nous devions garder
9 la tête penchée, mais tout dépendait bien sûr des ordres donnés par les
10 gardes.
11 Mme McMurrey (interprétation).- Très bien, merci beaucoup. J'en
12 ai fini avec ce dessin.
13 Mme McHenry (interprétation).- Je suppose que ce diagramme sera
14 versé au dossier puisqu'il a été montré au témoin.
15 Mme McMurrey (interprétation).- Je l'utilisait simplement à des
16 fins d'identification. Je le verserai au dossier si vous le jugez utile.
17 M. le Président (interprétation). - Mais alors pourquoi l'avez-
18 vous montré ?
19 Mme McMurrey (interprétation).- Je l'ai montré à des fins
20 d'identification.
21 M. le Président (interprétation). - Pouvez-vous nous expliquer.
22 Mme McMurrey (interprétation).- Je l'ai montré pour qu'il
23 indique si c'était bien l'endroit où ils étaient assis, et il nous a parlé
24 de la tête que les prisonniers devaient garder baissée.
25 M. le Président (interprétation). - Très bien.
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1 Mme McMurrey (interprétation).- Est-ce que je peux maintenant
2 demander le versement de cette pièce au dossier ?
3 M. Le Greffier (interprétation).- Documents D8/4 et D9/4.
4 Mme McMurrey (interprétation).- Merci. Vous vous trouviez donc
5 au moins au milieu du tunnel, à partir de la porte d'entrée, et il y avait
6 environ un mètre de longueur couvert par un escalier en sortant.
7 M. Dordic (interprétation).- Ecoutez, il y avait au moins trois
8 ou quatre marches. Je ne peux pas vous dire combien il y en avait. Croyez-
9 moi, j'avais beaucoup d'autres problèmes pour me poser la question de
10 savoir combien il y avait de marches. Je répète que j'étais assis à peu
11 près au milieu du tunnel, je ne peux pas dire ici que j'étais assis
12 exactement au milieu du tunnel. Je n'ai pas mesuré ce détail.
13 Mme McMurrey (interprétation).- Est-ce que Mirko Kuljanin se
14 trouvait avec vous dans le tunnel n° 9 ?
15 M. Dordic (interprétation).- Mirko Kuljanin ?
16 Mme McMurrey (interprétation).- Excusez-moi, je vous prie, nous
17 devons attendre la fin de la conversation des Juges.
18 M. le Président (interprétation). - C'était un petit aparté en
19 privé.
20 Mme McMurrey (interprétation).- Excusez-moi, je suis désolée.
21 Est-ce que Mirko Kuljianin était avec vous dans le tunnel n° 9 ?
22 M. Dordic (interprétation).- Je ne sais pas de quel Mirko vous
23 parlez, je ne me souviens pas.
24 Mme McMurrey (interprétation).- C'est un Monsieur assez âgé de
25 Bradina. Il s’appelle Mirko Kuljanin, vous ne vous rappelez pas?
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1 M. Dordic (interprétation).- En ce moment même, je ne me
2 rappelle pas qui est cet homme.
3 Mme McMurrey (interprétation).- Parlons de Slavko Susic.
4 Aujourd'hui, votre première déclaration a consisté à dire que la personne
5 qui lui a donné l'ordre de sortir était Esad Macic. Je n'ai pas terminé ma
6 question. Mais dans votre déclaration de 1994, à Belgrade, ainsi que dans
7 la déclaration que vous avez donnée au bureau du Procureur en 1996, vous
8 n'avez jamais mentionné le nom de M. Landzo en relation avec
9 M. Slavko Susic, n’est-ce pas ?
10 M. Dordic (interprétation).- Je vous prie de m’excuser si je
11 l’ai dit aujourd’hui. Aujourd’hui, j’ai dit que Esad Macic était très
12 souvent de garde devant le bâtiment 9, mais je pense que ma mémoire ne m’a
13 pas trahi. Je crois me rappeler avoir dit que c’était Hazim Delic qui lui
14 avait donné l’ordre de sortir.
15 Mme McMurrey (interprétation). - Mais vous ne l’avez jamais dit
16 dans aucune de vos déclarations précédentes, n’est-ce pas ?
17 M. Dordic (interprétation). - La prise des déclarations dure
18 très longtemps et il peut arriver qu’on oublie quelque chose. Même ici, je
19 crois que je ne dirai pas tout ce que je devrais dire au sujet de ce que
20 j’ai vécu.
21 Mme McMurrey (interprétation). - Je vais maintenant poser des
22 questions au sujet d’un témoin pour lequel l’accusation demandait des
23 mesures de protection. Je crois que cela n’est plus de mise aujourd’hui,
24 mais je voudrais tout de même m’en assurer. Me McHenry, les frères dont je
25 vais parler sont-ils toujours couverts par des mesures de protection ?
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1 Mme McHenry (interprétation). - Je crois que, finalement, ils ne
2 font pas l’objet de mesures de protection. En tout cas, en ce qui concerne
3 leur potentialité d’être cités à la barre, il n’y en a qu’un et lui n’est
4 pas couvert par des mesures de protection.
5 M. Jan (interprétation). - En fait, il a été interviewé à la
6 télévision.
7 Mme McHenry (interprétation). - Effectivement, monsieur le Juge.
8 Mme McMurrey (interprétation). - C’est bien celui-là. Bien, je
9 vais donc poser mes questions. Une ordonnance a-t-elle été rendue sur ces
10 mesures de protection ? Je ne voudrais pas violer quelque ordonnance que
11 ce soit. Y a-t-il donc encore une ordonnance en vigueur ou pas ? Je tiens
12 à m’en assurer.
13 Mme McHenry (interprétation). - Je crois que l’ordonnance
14 indique que, si le témoin retire sa demande de protection, tout va bien,
15 et M. Vaso Dordic, ce témoin, a effectivement retiré sa demande de mesures
16 de protection.
17 Mme McMurrey (interprétation). - Bon, je peux donc poursuivre.
18 Monsieur Dordic, les frères jumeaux Dordic sont-ils bien vos cousins ?
19 M. Dordic (interprétation). - Excusez-moi, mais de quels frères
20 jumeaux êtes-vous en train de parler ?
21 Mme McMurrey (interprétation). - Vaso et Veseljko Dordic.
22 M. Dordic (interprétation). - Pour autant que je sache, ils sont
23 nés deux années différentes. Vaso a au moins deux ans de plus que l’autre,
24 donc ils ne sont pas du tout jumeaux.
25 Mme McHenry (interprétation). - Très bien, donc ils sont
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1 simplement frères. Ils ne sont pas jumeaux.
2 M. Dordic (interprétation). - Oui, ce sont deux frères.
3 Mme McHenry (interprétation). - Lorsqu’ils étaient à l’intérieur
4 du hangar 6, vous étiez dans le tunnel 9, n’est-ce pas ?
5 M. Dordic (interprétation). - Oui.
6 Mme McHenry (interprétation). - Ces deux garçons sont tous les
7 deux retardés mentaux ?
8 M. Dordic (interprétation). - Je n’ai pas dit cela, mais ils
9 n’étaient pas bons élèves, ils n’ont pas fini l’école primaire. Ils sont
10 assez fermés et ils n’ont pas non plus fréquenté une école spéciale pour
11 enfants retardés. Ils sont allés à l’école habituelle, courante, mais
12 n’ont pas terminé leurs études primaires. Ils ont fait leur service
13 militaire au sein de l’armée yougoslave, tout à fait régulièrement.
14 Mme McMurrey (interprétation). - Monsieur Dordic, je ne vous ai
15 pas posé ces questions. Mais nous avons discuté de la potentialité de
16 discuter de ce sujet.
17 M. le Président (interprétation). - Mais vous avez dit qu’ils
18 étaient retardés mentaux.
19 M. Jan (interprétation). - Et ils ont fait leur service
20 militaire.
21 Mme McMurrey (interprétation). - Il a aussi déclaré qu’il
22 n’avait jamais dit qu’ils étaient retardés mentaux auparavant.
23 M. le Président (interprétation).- Il ne l’a pas dit.
24 Mme McMurrey (interprétation).- Tout à fait,
25 monsieur le Président. Puis-je montrer ceci au témoin ? Je voudrais lui
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1 montrer cette version en anglais à des fins de récusation. Je voudrais lui
2 montrer que, sous le serment, il a dit, dans sa déclaration de l’époque,
3 que les deux jumeaux étaient retardés mentaux. Il y a donc contradiction
4 avec sa déclaration d’aujourd’hui. Il a eu la possibilité de se corriger,
5 d’ailleurs. Me Residovic, avez-vous un exemplaire de ceci en serbo-
6 croate ?
7 M. le Président (interprétation). - Je ne sais pas ce que tout
8 cela veut dire. Il a simplement passé en revue tous les événements
9 marquants de la vie de ces garçons et a fini par dire qu’ils avaient fait
10 leur service militaire.
11 Mme McMurrey (interprétation). - Je crois qu’il vient de
12 déclarer n’avoir jamais dit, auparavant, qu’ils étaient retardés mentaux.
13 Ceci peut entrer dans le cadre d’une récusation, car il l’a effectivement
14 dit dans une déclaration précédente à Belgrade, en 1994. C’est pourquoi je
15 demande à l’huissier de bien vouloir remettre ce document, la reproduction
16 de sa déclaration, au témoin.
17 Mme McHenry (interprétation). - Je n’ai aucune objection, mais
18 je voudrais clarifier quelque chose. Cette déclaration, pour autant que je
19 le sache, a été prise alors que le témoin n’était pas sous serment et
20 lorsqu’il a dit qu’il n’avait jamais déclaré qu’ils étaient retardés
21 mentaux, il faisait référence à sa déclaration faite ici, au tribunal,
22 aujourd’hui. Mais je n’ai aucune objection à ce qu’à des fins de
23 récusation; vous tentiez de clarifier les choses.
24 Mme McMurrey (interprétation). - Merci.
25 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais vraiment pas sur quelle
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1 page cela se trouve.
2 Mme McMurrey (interprétation). - Effectivement, la numérotation
3 des pages n’est pas la même en anglais et en serbo-croate. Nous sommes en
4 train d’essayer de retrouver la page dans la version que vous avez. Je
5 vous invite à regarder la page 13 cinquième paragraphe, de votre
6 déclaration. Je vais vous en donner lecture en anglais et lorsqu’on vous
7 le traduit en bosniaque, vous me direz si c’est correctement interprété.
8 « Lorsque je suis arrivé au numéro 6, j’ai vu mes deux cousins,
9 Velseljko et Vaso Dordic, qui sont retardés mentaux. »
10 M. Dordic (interprétation). - Peut-être l’ont-ils écrit comme
11 cela à Belgrade. Je répète qu’à Belgrade, j’ai donné une déclaration, je
12 ne sais plus exactement combien de jours après ma sortie du camp mais très
13 peu de temps après. Je ne peux rien affirmer. Ils n’ont pas fréquenté une
14 école spéciale, donc je ne peux pas affirmer qu’ils étaient retardés
15 mentaux. Mais du fait qu’ils n’aient pas terminé leurs études primaires,
16 je suis autorisé à penser que quelque chose ne vas pas avec eux, parce que
17 l’école primaire était obligatoire en Yougoslavie. On était obligé d’aller
18 au bout de ses études primaires, eux ne l’ont pas fait. Ils les ont
19 terminées plus tard, avec des cours particuliers, et ils sont allés à
20 l’armée. Effectivement, ils ont travaillé dans une entreprise, mais mon
21 avis personnel est qu’ils sont à un niveau mental un peu inférieur.
22 Mme McMurrey (interprétation). - Monsieur le Président, je fais
23 objection. Il ne répond pas à la question. Avez-vous dit qu’ils étaient à
24 un niveau intellectuel inférieur, est-ce cela que vous avez dit ?
25 M. Jan (interprétation). - Comparé à lui.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - Je voulais simplement le prier
2 de lire la première page où il est inscrit que ceci est un document qui
3 résume ce qu’il a dit à un juge et devant un tribunal à Belgrade, le 17
4 octobre 1994. Est-ce bien cela ?
5 M. Dordic (interprétation). - Oui.
6 Mme McMurrey (interprétation). - A l’époque où vous avez fait
7 cette déclaration, vous l’avez fait en serbe et la déclaration était
8 écrite en serbe. Quand je dis serbe, c’est en bosniaque, en serbo-croate.
9 Est-ce bien exact ?
10 M. le Président (interprétation). - Je suppose que c’est son
11 avis, son opinion, sur ces deux frères.
12 Mme McMurrey (interprétation). - On vous a relu votre
13 déclaration. Vous aviez la possibilité de la corriger, n’est-ce pas ?
14 M. Dordic (interprétation). - Oui, mais peut-être n’ai-je pas
15 pensé à corriger cela, sur le moment, mais je ne suis pas médecin, je ne
16 suis pas en mesure d’affirmer que quelqu’un est retardé mental.
17 Simplement, mon opinion personnelle est qu’ils sont à un niveau mental un
18 peu inférieur, par rapport aux gens normaux.
19 Mme McMurrey (interprétation). - D’accord. Maintenant, je
20 voudrais parler du moment où vous avez été libéré du camp de Celebici et
21 transféré à Musala. M. Landzo était gardien à Musala, n’est-ce pas ?
22 M. Dordic (interprétation). - Je crois que oui, oui.
23 Mme McMurrey (interprétation). - Pendant votre séjour à Musala,
24 vous ne l’avez vu frapper personne ?
25 M. Dordic (interprétation). - En général, non. A Musala, non.
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1 Mme McMurrey (interprétation). - En tant que prisonnier à
2 Musala, vous aviez beaucoup de liberté, vous étiez autorisé à sortir de la
3 prison ?
4 M. Dordic (interprétation). - Ce sont mes connaissances, ce que
5 je savais faire, qui me donnaient cette liberté. Si j’avais su faire moins
6 de choses, je n’aurais pas eu la liberté de circuler que j’ai eu. J’aurais
7 été dans la même situation que les autres prisonniers, mais, comme sur le
8 plan professionnel, je savais faire certaines choses, on m’a donné un
9 travail et je pouvais circuler.
10 Mme McMurrey (interprétation). - Le travail qu’on vous a donné
11 consistait-il à réparer et à travailler sur les véhicules de police et
12 ceux de l’armée ?
13 M. Dordic (interprétation). - Oui.
14 Mme McMurrey (interprétation). - Vous voyiez M. Landzo tous les
15 jours, pendant votre séjour à Musala ?
16 M. Dordic (interprétation). - Pas tous les jours, mais tant
17 qu’il a été gardien là-haut, je l’ai vu. Je crois qu’il n’est pas resté
18 gardien très longtemps là-haut et je l’ai vu plus tard aussi quand il
19 était prisonnier à Musala.
20 Mme McMurrey (interprétation). - Pendant qu’il travaillait comme
21 gardien, à Musala, il vous a donné des cigarettes, des boissons
22 alcoolisées. Vous êtes devenu ami, n’est-ce pas ?
23 M. Dordic (interprétation). - Non. Pas pendant qu’il travaillait
24 comme gardien, mais plus tard, quand il était emprisonné là-haut. Je
25 venais le voir. Souvent, il me donnait des cigarettes. Un jour, il m’a dit
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1 qu’il admirait tous les Serbes qui avaient survécu.
2 Mme McMurrey (interprétation). - Excusez-moi, mais je n’ai rien
3 entendu de ce qui vient d’être dit. Je n’ai pas entendu d’interprétation.
4 M. le Président (interprétation). - Accepteriez-vous de répéter
5 votre réponse, de façon qu’elle soit interprétée ?
6 M. Dordic (interprétation). - Comme je le disais, nous n’étions
7 pas particulièrement amis. Nous ne sommes pas devenus amis pendant qu’il
8 était gardien parce que le directeur du camp avait donné l’ordre...
9 M. le Président (interprétation). - Je n’entends toujours pas
10 d’interprétation. Je vous entends maintenant. Je vous prierai de répéter
11 encore votre réponse, Monsieur.
12 M. Dordic (interprétation). - Merci. Je disais que nous n’étions
13 pas particulièrement amis au moment où il était gardien. Mais le directeur
14 avait donné l’ordre qu’on ne me frappe pas car je devais travailler et
15 circuler dans la prison. Mais, plus tard, quand Landzo a été détenu au
16 même endroit, à l’étage en dessous, eux étaient au rez-de-chaussée et nous
17 à l’étage, Landzo a commencé à se comporter très différemment à notre
18 égard par rapport à ce qu’il faisait quand il était gardien au camp. Il
19 nous donnait des cigarettes. Je ne me rappelle pas particulièrement des
20 boissons alcoolisées. Mais un jour, il a dit qu’il admirait tous les
21 Serbes qui avaient survécu au hangar 6 et au tunnel 9 de Celebici.
22 Mme McMurrey (interprétation). - Monsieur Dordic, vous avez
23 également dit, dans votre déclaration, que vous étiez en très mauvais état
24 physique au moment de votre libération. Vous avez fait cette déclaration
25 en 1994 et vous avez dit que votre mémoire n’était pas parfaite à
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1 l’époque, est-ce bien cela ?
2 M. Dordic (interprétation). - Oui.
3 Mme McMurrey (interprétation). - Ensuite, dans votre déclaration
4 au bureau du procureur, vous avez dit également que tant de temps avait
5 passé que votre mémoire n’était pas forcément très fidèle. Avez-vous dit
6 cela ?
7 M. Dordic (interprétation). - Oui, puisque cinq ans s’étaient
8 déjà passés depuis les événements survenus à Celebici. J’ai donné beaucoup
9 de renseignements, donc je vous prie de m’excuser si j’ai dit quelque
10 chose qui n’est pas absolument exact. Je ne suis pas un ordinateur. Je ne
11 peux me rappeler chaque date à la perfection.
12 Mme McMurrey (interprétation). - Merci, monsieur Dordic. J’en ai
13 fini avec ce témoin.
14 M. le Président (interprétation). - Merci beaucoup. Nous allons
15 faire une pause de trente minutes et nous reprendrons nos débats à
16 16 heures 30.
17
18 La séance, suspendue à 16 heures, est reprise à 16 heures 30.
19
20 M. le Président (interprétation). - Veuillez faire entrer le
21 témoin, s’il vous plaît. Maître Greaves, je vous en prie.
22 (Le témoin est introduit dans la salle d’audience)
23 M. Greaves (interprétation). - Monsieur Dordic, je voudrais vous
24 poser quelques questions, j’espère pouvoir le faire rapidement, de sorte
25 que nous en terminions également rapidement.
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1 M. Dordic (interprétation). - Très bien.
2 M. Greaves (interprétation). - Monsieur Dordic, vous avez déjà
3 un peu parlé aujourd’hui du temps que vous avez passé en détention. Est-il
4 juste de dire que cela fait au total deux années et un tiers?
5 M. Dordic (interprétation). - Je vais vous le dire exactement,
6 du 31 mai 1992 au 4 octobre 1994.
7 M. Greaves (interprétation). - J’ai calculé, vous pouvez me
8 corriger si je me trompe, mais je pense que cela fait à peu près deux ans
9 et quatre mois. En conviendrez-vous avec moi ?
10 M. Dordic (interprétation). - Oui, à peu près, je n’ai pas fait
11 le calcul moi-même.
12 M. Greaves (interprétation). - Je ne veux pas vous ramener au
13 nombre exact de jours, mais simplement avoir une estimation globale de ce
14 séjour.
15 Lorsque vous avez témoigné devant le Juge Simic à Belgrade, vous
16 avez fait une déclaration très rapidement après votre libération. Vous en
17 souvenez-vous ?
18 M. Dordic (interprétation). - Oui.
19 M. Greaves (interprétation). - C’était le 17 octobre 94, n’est-
20 ce pas ?
21 M. Dordic (interprétation). - Oui, je le pense.
22 M. Greaves (interprétation). - Conviendrez-vous également avec
23 moi que lorsque vous êtes arrivé devant le Tribunal à Belgrade et que vous
24 avez fait cette déposition, vous étiez à l’époque en mauvais état physique
25 et mental, en conviendrez-vous avec moi ?
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1 M. Dordic (interprétation). - Je ne peux pas dire que j’étais
2 malade mentalement, mais je dois dire que durant cette période et durant
3 les huit mois qui ont suivi ma libération du camp, j’ai souffert
4 d’insomnies. Lorsque je me couchais le soir, des images du camp
5 surgissaient et pendant huit mois, en gros, je n’ai pas pu dormis.
6 M. Greaves (interprétation). - Je ne veux pas vous parler des
7 symptômes physiques de la maladie Monsieur Dordic, je veux simplement dire
8 que votre santé mentale était sérieusement endommagée à ce moment-là,
9 n’est-ce pas ?
10 M. Dordic (interprétation). - Oui, parce que je n’avais pas
11 suffisamment de sommeil. J’étais très fatigué, j’avais des cauchemars
12 récurrents et qui reviennent encore maintenant, mais moins fréquemment.
13 Ces cauchemars reviennent lorsque l’on me rappelle les événements.
14 M. Greaves (interprétation). - Je ferai de mon mieux pour ne pas
15 vous rappeler les événements, mais je dois vous poser quelques questions,
16 et je suis convaincu que vous ne m’en voudrez pas.
17 M. Dordic (interprétation). - Non.
18 M. Greaves (interprétation). - Très bien, je vous en remercie.
19 Voulez-vous m’aider et répondre à la question suivante.
20 Est-ce que l’un des symptômes de votre malaise, ou mal être, à
21 ce moment-là est que votre mémoire vous jouait des tours, et qu’elle
22 n’était pas aussi fiable qu’elle l’avait été auparavant ?
23 M. Dordic (interprétation). - Oui, c’est sûr. Ma mémoire et mes
24 capacités mentales étaient érodées du fait des événements, c’est le
25 premier traumatisme, mais la première tragédie, et même le premier
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1 Tribunal devant lequel je comparais de ma vie. Tout mis ensemble...
2 M. Greaves (interprétation). - Je ne vous critique en rien, je
3 voudrais que vous le compreniez.
4 M. Dordic (interprétation). - Oui.
5 M. Greaves (interprétation). - Ainsi donc, les problèmes de
6 mémoire que vous aviez et autres problèmes étaient pires durant les huit
7 mois qui ont suivi votre libération ?
8 M. Dordic (interprétation). - Oui, pour l’essentiel, ces
9 problèmes ont eu lieu pendant la période qui a suivi. Ensuite, j’ai
10 commencé à travailler. J’ai mieux dormi, je suis revenu à une vie plus
11 normale. Je pense qu’aujourd’hui je suis une personne normale, lorsque je
12 n’ai pas à être confronté à ces événements. Mais, lorsqu’on me rappelle ce
13 séjour dans le camp, les gens qui s’y trouvaient, cela me remet en mémoire
14 des souvenirs douloureux.
15 M. Greaves (interprétation). - Donc, ce problème n’est pas
16 entièrement dissipé maintenant. C’est cela que vous nous dites ?
17 M. Dordic (interprétation). - Monsieur, si j’avais maintenant
18 cette vie, je ne crois pas que je pourrais pour autant oublier ce qui
19 s’est passé. J’oublie des détails, mais l’essence de ce qui s’est passé et
20 de ce que j’ai vécu, de ce par quoi je suis passé peut être repoussé dans
21 l’inconscient et ne pas surgir dans la vie de tous les jours, mais cette
22 essence demeure. J’ai été humilié à tous égards en tant qu’être humain,
23 sur le plan physique et mental, et je ne peux l’oublier.
24 M. Greaves (interprétation). - Je comprends bien tout cela, mais
25 pouvez-vous répondre à la question suivante.
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1 Vous êtes en train de nous dire que vous vous souvenez des faits
2 dans les grandes lignes, mais pour ce qui est des détails, par exemple les
3 endroits, les dates et les gens, c’est un domaine où vous ne pouvez être
4 entièrement précis. Est-ce exact ?
5 M. Dordic (interprétation). - Comme vous l’avez dit vous-même,
6 j’y ai passé vingt-huit mois et je ne peux pas me souvenir de tous les
7 détails en même temps. Je ne crois pas qu’il y ait un être humain sur
8 cette planète qui puisse le faire, étant donné les conditions que j’ai
9 connues. Je me souviens de ce dont je me souviens, et j’espère que vous ne
10 prendrez pas mal ce dont je ne me souviens pas.
11 M. Greaves (interprétation). - Je voudrais vous dire Monsieur
12 Dordic que je ne vous critique en rien, mais je voudrais vous donner un
13 exemple du genre d’erreur grave qui peut être commise, concernant des
14 dates ou d’autres éléments. Au départ, vous avez dit au Juge de Belgrade
15 que vous aviez été libéré en juin 1994. Dans une déclaration ultérieure,
16 vous avez dit avoir été libéré en décembre 94. Vous souvenez-vous avoir
17 fait cette erreur ?
18 M. Dordic (interprétation). - Je pense que j’ai un document de
19 la Croix Rouge international qui porte la date de mon échange. Je l’ai
20 d’ailleurs ici, avec moi, à La Haye. Ce document porte la date de
21 l’échange au départ de la prison. J’imagine qu’il y a eu une erreur. Cette
22 date exacte est le 4 octobre. L’échange s’est terminé le 6 octobre. Le
23 document de la Croix Rouge porte la date du 4 octobre.
24 M. Greaves (interprétation). - Oui, lorsque vous dites
25 décembre 94 c’est dans le cadre de la déclaration prise par le bureau du
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1 Procureur en janvier 96, et ensuite vous avez corrigé votre déclaration
2 dans une nouvelle déclaration ultérieure. Vous souvenez-vous avoir apporté
3 cette correction à votre première déclaration ?
4 M. Dordic (interprétation). - Je m’en souviens sans doute, ce
5 doit être à Belgrade que cela s’est passé, si je me souviens bien.
6 M. Greaves (interprétation). - Acceptez-vous cette chronologie
7 que je retrace ?
8 M. Dordic (interprétation). - Oui.
9 M. Greaves (interprétation). - Je vous en remercie
10 Monsieur Dordic. Encore une fois, je ne veux pas vous parler des
11 difficultés physiques que vous avez rencontrées, mais avez-vous été soigné
12 par un médecin, en rapport avec les problèmes psychologiques que vous avez
13 rencontrés, les cauchemars, etc. ?
14 M. Dordic (interprétation). - Vous voulez dire lorsque je suis
15 sorti du camp ?
16 M. Greaves (interprétation). - Oui, après être sorti du camp,
17 avez-vous été soigné pour vos cauchemars ou autre chose ?
18 M. Dordic (interprétation). - Non. J’ai simplement pris des
19 tranquillisants, car j’avais d’autres problèmes. A ce moment-là, je
20 n’avais pas de quoi vivre, je n’avais pas de travail. Je ne pensais même
21 pas à la question de savoir si je dormais ou si je ne dormais pas. J’étais
22 préoccupé par la question de savoir ce que j’allais manger le jour
23 suivant, car nous avions tout perdu dans la guerre. Je n’avais donc pas de
24 temps pour ce genre de chose.
25 M. Greaves (interprétation). - Qui vous a donné les médicaments,
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1 un médecin, un pharmacien, qui ?
2 M. Dordic (interprétation). - Surtout un pharmacien, mais aussi
3 en partie un médecin.
4 M. Greaves (interprétation). - Qui était le médecin, pouvez-vous
5 nous le dire ?
6 M. Dordic (interprétation). - Les premiers cachets m’ont été
7 donnés par un médecin, c’était encore à Konjic. Laissez-moi me rappeler le
8 nom du médecin. J’étais encore en prison. Vous voyez, là, la mémoire me
9 fait défaut. Un médecin musulman, et ensuite de l’église catholique à
10 Konjic.
11 M. Greaves (interprétation). - Ce qui m’intéresse surtout c’est
12 la période qui a suivi votre libération, et la période où vous êtes
13 retourné en Serbie. Vous souvenez-vous du médecin qui vous a prescrit ces
14 médicaments, après votre libération ?
15 M. Dordic (interprétation). - Il s’agit du Docteur Bileca à
16 Belgrade, le médecin de la ville où j’habitais à l’époque.
17 M. Greaves (interprétation). - Pendant combien de temps avez-
18 vous pris ces médicaments, Monsieur Dordic ?
19 M. Dordic (interprétation). - Je ne les ai pas pris de façon
20 régulière, je ne les ai pris que lorsque j’en ressentais le besoin, mais
21 en gros pendant huit mois, mais pas de façon systématique, uniquement
22 lorsque j’en avais besoin je prenais ces médicaments.
23 M. Greaves (interprétation). - Après cette période de huit mois,
24 avez-vous continué à prendre des médicaments pour les problèmes que vous
25 éprouviez ?
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1 M. Dordic (interprétation). - Non.
2 M. Greaves (interprétation). - Pouvez-vous répondre à la
3 question suivante. Vous avez parlé du Docteur Bileca. Avez-vous des
4 contacts avec l’organisation des réfugiés serbes depuis que vous avez été
5 libéré du camp de Celebici et de Musala ?
6 M. Dordic (interprétation). - A quelle organisation pensez-vous
7 de façon précise ?
8 M. Greaves (interprétation). - Avez-vous des contacts avec
9 quelle organisation que ce soit représentant les intérêts des réfugiés ?
10 M. Dordic (interprétation). - Lorsque je suis arrivé pour la
11 première fois à Belgrade, je suis allé chez mon oncle qui habite dans la
12 partie nouvelle de Belgrade. C’est quelqu’un de la famille qui m’a emmené
13 chez le Dr Bileca. J’y suis allé avec ma soeur ainsi qu’avec deux cousins
14 et mon beau-frère. Nous sommes tous allés chez le Dr Bileca parce qu’il
15 est de notre région. Il est né dans la région de Konjic. Nous y sommes
16 donc allés pour un examen médical et il a dit qu’il ne pouvait pas nous
17 aider autrement qu’avec ces cachets, ces somnifères, car il était trop
18 tard pour soigner les autres conséquences. Il m’a donc simplement donné
19 ces cachets.
20 Mme McMurrey (interprétation). - Etes-vous toujours en contact
21 avec le Dr Bileca ?
22 M. Dordic (interprétation). - Oui, je l’ai rencontré plusieurs
23 fois à l’Association des détenus à Belgrade.
24 Mme McMurrey (interprétation). - C’est de cette association dont
25 je parlais. Quand avez-vous rencontré le Dr Bileca pour la dernière fois ?
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1 M. Dordic (interprétation). - La dernière fois, c’était il y a
2 environ un mois, alors qu’il devait venir déposer ici, devant le tribunal.
3 Mme McMurrey (interprétation). - Où l’avez-vous rencontré ?
4 M. Dordic (interprétation). - Encore une fois, comme je l’ai
5 dit, dans les locaux de l’association. C’est là que nous passons de temps
6 en temps pour recevoir des informations concernant les possibilités de
7 résider en République fédérale de Yougoslavie. C’est aussi là que l’on
8 règle certaines questions d’ordre humanitaire.
9 Mme McMurrey (interprétation). - S’agit-il des bureaux de
10 l’association qui se trouvent à Belgrade même ou dans les nouveaux
11 quartiers de Belgrade ?
12 M. Dordic (interprétation). - Non, c’est à Belgrade même.
13 Mme McMurrey (interprétation). - Est-ce que ce sont les bureaux
14 centraux de l’organisation ?
15 M. Dordic (interprétation). - Il n’y a pas d’autres bureaux.
16 C’est juste un bureau et ce n’est même pas le nôtre. Nous en avons l’usage
17 pour nos réunions.
18 Mme McMurrey (interprétation). - Se trouve-t-il dans un bâtiment
19 qui abrite une autre organisation ?
20 M. Dordic (interprétation). - Oui, mais je ne sais pas qui
21 d’autre se trouve à l’étage.
22 Mme McMurrey (interprétation). - Est-ce un bâtiment officiel ?
23 M. Dordic (interprétation). - En Serbie, la plupart des choses
24 appartiennent à l’Etat ou sont organisées par les instances officielles.
25 En l’occurrence, nous sommes membres de l’association des Détenus. En sont
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1 membres également les gens qui sympathisent avec notre cause et qui
2 essayent de nous aider.
3 Mme McMurrey (interprétation). - Voulez-vous nous donner le nom
4 de la rue et le numéro de l’immeuble ?
5 Mme McHenry (interprétation). - Je n’ai pas d’objection à ce que
6 le témoin réponde. Mais je voudrais simplement que cela se fasse à huis
7 clos, de façon à éviter tout incident par la suite, du fait que l’adresse
8 de l’association aurait été rendue publique. Je n’ai donc pas d’objection
9 à ce que le témoin réponde à la question, mais je voudrais que cela soit à
10 huis clos.
11 M. Greaves (interprétation). - Je m’en remets entièrement à
12 vous. Si notre confrère insiste, j’accepte le huis clos, bien que je pense
13 que cette adresse soit très facile à trouver.
14 M. le Président (interprétation). - Il ne s’agit pas d’une
15 association secrète.
16 Mme McHenry (interprétation). - Ce n’est pas une association
17 secrète, en aucune façon, et peut-être même qu’elle n’a aucune objection à
18 ce que cette adresse soit divulguée publiquement. Mais je voudrais
19 simplement éviter que, plus tard, il y ait éventuellement un harcèlement
20 quelconque ou des critiques à l’égard du tribunal, parce que cette adresse
21 aurait été rendue publique. Je ne sais pas si cette adresse est publique
22 ou non. Il me semble simplement qu’il vaut mieux faire preuve de prudence
23 et que l’adresse ne soit prononcée qu’à huis clos.
24 M. Greaves (interprétation). - On me dit, au banc de la défense,
25 que cette adresse est publiée sur Internet et depuis longtemps.
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1 Mme McHenry (interprétation). - Si cette information est vraie,
2 j’accepte entièrement.
3 M. Greaves (interprétation). - Je ne veux pas donner
4 l’information, notamment par ouï dire.
5 M. le Président (interprétation). - Si vous avez quelque chose
6 en particulier contre l’association, à moins que vous ayez quelque chose
7 contre elle, je ne vois pas très bien la pertinence de ces questions.
8 M. Greaves (interprétation). - Je voudrais savoir en quoi
9 consistent les contacts du témoin avec ce bon docteur. Vous vous
10 souviendrez que nous avons déjà soulevé cette question, il y a une
11 semaine, et je suis habilité, je pense, à pousser les questions sur des
12 questions qui ont trait à la fiabilité potentielle du témoin.
13 M. le Président (interprétation). - Je ne vois pas très bien
14 l’intérêt de cette question.
15 M. Greaves (interprétation). - Si je suis en train de perdre le
16 temps du tribunal, j’en suis désolé, mais je voudrais néanmoins poser la
17 question. (Il s’adresse au témoin) Qu’en est-il de cette association ?
18 M. Dordic (interprétation). - Les détenus se retrouvent et
19 l’idée est que nous ayons un local où nous puissions tous nous retrouver
20 parce que nous sommes, actuellement, dispersés dans le monde entier. Un
21 certain nombre de gens aussi veulent nous aider. Il n’y a pas d’autres
22 façons de nous aider autrement que par une organisation. Si l’on veut
23 entrer en contact avec quelqu’un, on peut passer par l’organisation. Le
24 tribunal lui-même est entré en contact avec l’association et, grâce à elle
25 et à cette ligne téléphonique, il a pu agir. Autrement, il serait très
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1 difficile même de me trouver en Serbie, si cette association n’avait pas
2 existé.
3 M. Greaves (interprétation). - Voulez-vous nous donner
4 l’adresse de l’association à Belgrade ? J’ai été distrait un instant.
5 M. Dordic (interprétation). - Si le tribunal juge que cela est
6 nécessaire, je peux vous donner l’adresse.
7 M. Greaves (interprétation). - Je voudrais que vous me
8 répondiez, à moins qu’une objection ne soit soulevée.
9 M. le Président (interprétation). - Pouvez-vous lui dire de
10 répondre, Mme McHenry ? Je n’ai pas d’information en aucun sens que ce
11 soit et si le témoin pense qu’il s’agit d’une information confidentielle,
12 il peut demander le huis clos.
13 M. Dordic (interprétation). - Voulez-vous dire la rue et le
14 numéro de l’immeuble où se trouve l’association ?
15 M. Greaves (interprétation). - Oui, je vous en prie.
16 M. Dordic (interprétation). - Le numéro de l’immeuble est 101.
17 M. Greaves (interprétation). - Et la rue ?
18 M. Dordic (interprétation). - La rue s’appelle rue du Prince
19 Milos.
20 M. Greaves (interprétation). - Je voudrais que vous examiniez
21 trois photographies et que vous nous disiez si vous reconnaissez les
22 personnes qui s’y trouvent. Je voudrais aussi que l’huissier montre ces
23 photos au greffe. Il s’agit de photos extraites des cassettes vidéo que le
24 tribunal a pu visionner la semaine dernière.
25 (Il passe des photos au témoin).
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1 J’aimerais que vous examiniez chacune de ces photographies.
2 (Le témoin examine les photos).
3 Reconnaissez-vous cette personne ?
4 M. Dordic (interprétation). - Oui.
5 M. Greaves (interprétation). - Qui est-ce ?
6 M. Dordic (interprétation). - C’est indiqué, il s’agit du
7 Dr Bileca.
8 M. Greaves (interprétation). - J’aimerais simplement de vous
9 faciliter la vie.
10 M. Dordic (interprétation). - Merci beaucoup.
11 M. Greaves (interprétation). - Reconnaissez-vous la femme qui
12 apparaît sur cette seconde photographie ?
13 M. Dordic (interprétation). - C’est encore plus clair parce que
14 c’est également écrit en lettres plus nettes et distinctes. C’est
15 Mme Bojic.
16 M. Greaves (interprétation). - L’avez-vous rencontrée ?
17 M. Dordic (interprétation). - Oui, plusieurs fois.
18 M. Greaves (interprétation). - Veuillez examiner la troisième
19 photographie ? Je crois que cette personne s’appelle Stasovic*. Est-ce
20 exact ?
21 M. Dordic (interprétation). - Mirdek Stasovic*. Là aussi, le nom
22 est indiqué sur la photo. Je ne l’ai rencontré qu’une fois.
23 M. Greaves (interprétation). - Quand ?
24 M. Dordic (interprétation). - Une seule fois.
25 M. Greaves (interprétation). - Quand ?
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1 M. Dordic (interprétation). - Récemment, à Belgrade. Quant à
2 Mme Bojic, nous sommes devenus très bons amis. Elle m’a aidé à me
3 retrouver en Yougoslavie.
4 M. Greaves (interprétation). - Au cours de ces diverses
5 rencontres que vous avez eues avec des représentants de l’association,
6 avez-vous discuté des témoignages déjà faits par d’autres personnes à ce
7 procès, à un moment quelconque ?
8 M. Dordic (interprétation). - Non, nous n’avons pas tellement le
9 temps. Vous savez, quand je me rends à l’association. Je passe une demi-
10 heure dans les locaux. Je prends un café. Je m’intéresse à certaines
11 choses, par exemple mon statut en Yougoslavie. J’en discute et je discute
12 également d’autres choses, d’ordre humanitaire. J’y passe peu de temps,
13 trop peu pour discuter là-bas de ces témoignages.
14 M. Greaves (interprétation). - Avez-vous assisté à des
15 discussions où des gens parlaient des témoignages qu’ils allaient faire, à
16 ce procès ?
17 M. Dordic (interprétation). - Non.
18 M. Greaves (interprétation). - Vous êtes-vous jamais rendu en
19 Roumanie ?
20 M. Dordic (interprétation). - Oui.
21 M. Greaves (interprétation). - Quand êtes-vous allé en
22 Roumanie ?
23 M. Dordic (interprétation). - Lorsque nous avons fait cette
24 déposition à M. D’Hooge.
25 M. Greaves (interprétation). - Où êtes-vous allé en Roumanie ?
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1 M. Dordic (interprétation). - A Timisoara.
2 M. Greaves (interprétation). - Combien de personnes s’y sont-
3 elles rendues ?
4 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas exactement. En tout
5 cas tous ceux qui devaient témoigner. Je crois que nous étions à peu près
6 une quinzaine.
7 M. Greaves (interprétation). - Lorsque vous avez vu le
8 Dr Bileca, il y a un mois à peu près, avez-vous discuté du procès avec
9 lui ?
10 M. Dordic (interprétation). - Non.
11 M. Greaves (interprétation). - Pas du tout ?
12 M. Dordic (interprétation). - Non. Enfin, non, il m’a dit qu’il
13 allait déposer, mais j’avais peu de temps parce que j’avais commencé à
14 travailler. Je recommençais à me mener une vie normale en Yougoslavie.
15 J’avais donc très peu de temps pour ce genre de chose.
16 M. Greaves (interprétation). - Fort bien. Passons à un autre
17 sujet. Je venais de vous poser des questions à propos de M. Mucic et
18 certains des contacts que vous avez eus avec lui. Je crois que vous l’avez
19 vu en tout, à peu près, vingt fois au camp. Est-ce exact ?
20 M. Dordic (interprétation). - Oui.
21 M. Greaves (interprétation). - En général, c’était chaque fois à
22 l’entrée du bâtiment où vous étiez détenu ?
23 M. Dordic (interprétation). - Oui. Ou alors à l’entrée, ou si je
24 sortais.
25 M. Greaves (interprétation). - Etait-ce toujours pendant la
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1 journée ?
2 M. Dordic (interprétation). - Oui.
3 M. Greaves (interprétation). - La semaine dernière, vous avez
4 déposé en disant ceci. J’en fais un récapitulatif. Vous dites que, quand
5 il se trouvait dans le camp, la discipline régnait. Est-ce exact ?
6 M. Dordic (interprétation). - Oui. Beaucoup plus de discipline
7 en tout cas.
8 M. Greaves (interprétation). - Quand il était au camp, personne
9 ne venait vous battre et vous faire subir de mauvais traitements ?
10 M. Dordic (interprétation). - Je pense qu’après tout, M. Mucic
11 était présent lors d’un passage à tabac, au caniveau devant le tunnel 9.
12 Il n’était pas à proximité ou tout près, il n’était pas à l’endroit même.
13 Il était à quelque distance de l’endroit. Je crois que le gardien
14 s’appelait Buric. Le gardien a filmé le passage à tabac dont nous étions
15 les victimes.
16 M. Greaves (interprétation). - Vous avez dit au juge que vous
17 pensiez que c’était le cas, mais vous n’en êtes pas sûr ?
18 M. Dordic (interprétation). - Je dis qu’il n’est pas facile de
19 s’assurer de certaines choses alors qu’on vous bat. Je ne peux pas
20 affirmer avec 100 % d’exactitude qu’il était présent. Mais j’ai bien cru
21 que c’était lui.
22 M. Greaves (interprétation). - Si vous nous avez dit, la semaine
23 dernière, que quand il était au camp; personne ne vous battait. La raison
24 est que, tout simplement, des gens du MUP vous battaient ainsi qu’un
25 groupe qui s’appelait Acrebi*. C’étaient les gens qui venaient vous passer
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1 à tabac. C’étaient ceux-là, n’est-ce pas ?
2 M. Dordic (interprétation). - Sans doute. Au bâtiment 6 et au
3 tunnel 9, tout au début, certaines personnes très fortes venaient
4 affirmant être de Gruda. Ils ont battu Melibor et Desimir Mrkajic à
5 l’extérieur. Mais Mucic n’était pas avec eux.
6 M. Greaves (interprétation). - J’aimerais vous poser une
7 question à propos de l’incident que vous avez relaté concernant le trou
8 d’homme. N’est-il pas exact de dire que vous étiez inconscient pendant la
9 plus grande partie de cet incident ? En conviendrez-vous avec moi ?
10 M. Dordic (interprétation). - C’est logique. Je ne recevais
11 aucun air dans ce trou d’homme et lorsque j’en suis sorti, j’ai repris
12 connaissance. J’ai senti qu’ils me battaient à nouveau et là, j’ai
13 vu Mucic.
14 M. Greaves (interprétation). - Vous avez déposé la semaine
15 dernière et vous avez dit que vous n’étiez pas tout à fait conscient de ce
16 qui passait du fait du manque d’oxygène. C’est bien ce qui s’est passé.
17 Vous n’étiez pas parfaitement conscient de ce qui se passait autour de
18 vous ?
19 M. Dordic (interprétation). - Certes, mais j’ai dit que lorsque
20 j’étais sorti, j’avais de l’oxygène. C’était un peu plus tard, peut-être
21 dix minutes plus tard.
22 M. Greaves (interprétation). - Vous avez été pris d’hystérie,
23 vous avez eu peur, une crise de panique ?
24 M. Dordic (interprétation). - C’est normal.
25 M. Greaves (interprétation). - Ce que je veux laisser entendre
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1 est le fait que vous n’auriez pas pu être conscient de la présence de
2 M. Mucic, étant donné la nature de l’incident ?
3 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas, mais je pense que
4 d’autres témoins pourront appuyer mes dires.
5 M. Greaves (interprétation). - Pourriez-vous reconnaître que
6 vous vous êtes trompé quant à la présence de M. Mucic, lors de cet
7 incident ?
8 M. Dordic (interprétation). - Je ne pense pas me tromper.
9 M. Greaves (interprétation). - Mais vous pourriez vous tromper ?
10 Mme McHenry (interprétation). - Il a dit qu’il avait vu
11 M. Mucic.
12 M. le Président (interprétation). - Combien de fois allez-vous
13 lui poser la question ?
14 M. Dordic (interprétation). - Vous dites que je n’étais peut-
15 être même pas vivant.
16 M. Greaves (interprétation). - Reconnaîtrez-vous que vous avez
17 fait état de cet incident dans aucune des trois déclarations que vous avez
18 faites ?
19 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas si j’en ai fait
20 état dans mes déclarations, mais je m’en souviens fort bien et si vous le
21 désirez, je peux vous donner le détail. Je me souviens bien du garage très
22 bien équipé, appartenant à Mucic, qui était ouvert lorsque je m’y
23 trouvais. M. Mucic venait de se réveiller et il est sorti. Je crois que
24 mon frère était présent également.
25 M. Greaves (interprétation). - La question que je vous ai posée
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1 était la suivante : reconnaissez-vous que vous n’avez fait mention de cet
2 incident dans aucune de vos déclarations ?
3 Mme McHenry (interprétation). - Objection. Question posée ayant
4 déjà reçu réponse. Le témoin a dit qu’il ne se souvenait pas s’il l’avait
5 déjà dit dans d’autres déclarations.
6 M. Greaves (interprétation). - Faites-vous état de cet incident
7 aujourd’hui seulement ou en avez-vous discuté au préalable avec
8 Me McHenry ?
9 Mme McHenry (interprétation). - Objection. Le témoin vient de
10 dire qu’il ne se souvenait pas l’avoir mentionné dans ses déclarations.
11 Puisqu’il ne se souvient pas exactement, il n’est pas juste de lui poser
12 la question.
13 M. Greaves (interprétation). - Fort bien. Je n’ai plus de
14 questions à vous poser. Je vous remercie.
15 M. Dordic (interprétation). - Merci.
16 M. le Président (interprétation). - Contre-interrogatoire ?
17 Mme Residovic (interprétation). - Excusez-moi, Madame et
18 Messieurs les Juges, de ce léger retard. J’essayais de mettre à la fois et
19 les écouteurs et les documents en place. Puis-je poursuivre ?
20 M. le Président (interprétation). - Oui, le témoin est à vous.
21 Mme Residovic (interprétation). - Bonjour, Monsieur Dordic.
22 M. Dordic (interprétation). - Bonjour.
23 Mme Residovic (interprétation). - Je m’appelle Edina Residovic,
24 je défends M. Zejnil Delalic.
25 M. Dordic (interprétation). - Je suis heureux de vous
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1 rencontrer.
2 Mme Residovic (interprétation). - Je sais que vous êtes sans
3 doute fatigué, en raison des nombreuses questions qui vous ont déjà été
4 posées par mes confrères. Mais je voulais vous poser un certain nombre de
5 questions et tenter de faciliter au maximum votre tâche et la mienne.
6 Par conséquent, je vous prierai, lorsque je vous pose une
7 question, de tenter de me répondre le plus brièvement possible et le plus
8 clairement possible.
9 Aux questions de l’accusation, avez-vous donné des
10 renseignements vous concernant ?
11 M. Dordic (interprétation). - Oui.
12 Mme Residovic (interprétation). - Dites-moi, je vous prie, si ce
13 que je dis est exact, à savoir que vous êtes le fils de Simula* Dojka*,
14 nom de jeune fille (coupure dans l’interprétation). Vous êtes
15 électronicien et vous avez travaillé jusqu’à la guerre au GTO* de
16 Sarajevo. Vous êtes né le 31 décembre 1968 à Konjic, est-ce exact ?
17 M. Dordic (interprétation). - Oui.
18 Mme Residovic (interprétation). - En réponse aux questions qui
19 vous ont été posées par mes confrères, vous avez dit que vous connaissiez
20 bien Bradina, que vous en connaissiez chaque pierre. C’est vous qui l’avez
21 dit aujourd’hui, n’est-ce pas ?
22 M. Dordic (interprétation). - Oui.
23 Mme Residovic (interprétation). - Avez-vous des membres de votre
24 famille, des cousins, à Bradina et des amis aussi ?
25 M. Dordic (interprétation). - Oui.
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1 Mme Residovic (interprétation). - Vous connaissez
2 personnellement de nombreuses personnes à Bradina ? Est-ce exact ?
3 M. Dordic (interprétation). - Plus ou moins, tout le monde.
4 Mme Residovic (interprétation). - Donc, lorsque, le 24 avril,
5 vous êtes arrivé à Bradina, vous êtes arrivé chez des amis, vous saviez
6 chez qui habiter, est-ce exact ?
7 M. Dordic (interprétation). - Oui.
8 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez dit aussi, dans
9 votre déposition, qu’au moment où vous êtes arrivé à Bradina le 24 avril,
10 il y avait déjà des barricades sur les monts qui entourent Bradina, ainsi
11 que dans la ville de Bradina.
12 M. Dordic (interprétation). - Je vous en prie.
13 Mme Residovic (interprétation). - Des postes de garde ?
14 M. Dordic (interprétation). - Oui, des postes de garde. C’est
15 une grande différence. Il y a une grande différence entre des postes de
16 garde et les barricades. Je dois dire que tout le monde pouvait passer par
17 ces points de contrôle, pouvait traverser ces points de contrôle, comme on
18 les appelle, à condition d’être sans arme. Seules les armes ne pouvaient
19 pas traverser. Ces points étaient placés là uniquement à des fins de
20 contrôle. Il y avait deux points sur la grande route.
21 Mme Residovic (interprétation). - Oui, et c’est précisément à ce
22 sujet que je voulais vous interroger. Par conséquent, aux deux barricades
23 placées sur la grande route, qui était sous votre contrôle, les
24 représentants de la Défense territoriale, des citoyens armés ou des
25 membres de la police ne pouvaient pas traverser, est-ce exact ?
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1 M. Dordic (interprétation). - Oui.
2 Mme Residovic (interprétation). - En réponse à la question de
3 l’accusation, vous avez dit que lorsque vous étiez de service, vous étiez
4 armé.
5 M. Dordic (interprétation). - Oui.
6 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez éclairci ce point ?
7 M. Dordic (interprétation). - Oui.
8 Mme Residovic (interprétation). - Pour la même raison, tous ceux
9 qui étaient de garde portaient également des armes, n’est-ce pas ?
10 M. Dordic (interprétation). - Pour des raisons liées à leur
11 sécurité personnelle.
12 Mme Residovic (interprétation). - Merci. Dans votre réponse,
13 vous avez dit qu’à Bradina, un tour de garde avait été organisé, et qu’à
14 la tête de l’équipe se trouvait Rajko Dordic ?
15 M. Dordic (interprétation). - Oui.
16 Mme Residovic (interprétation). - C’était une organisation de la
17 population qui luttait pour sa survie ?
18 M. Dordic (interprétation). - Oui.
19 Mme Residovic (interprétation). - Les gens ont élu un état-major
20 de crise, à Bradina, n’est-ce pas ?
21 M. Dordic (interprétation). - Probablement.
22 Mme Residovic (interprétation). - En réponse aux questions qui
23 vous ont été posées, vous avez mentionné les noms de Vaso Vujicic, de
24 Dragan Vujicic et de Vukasin Mrkajic ?
25 M. Dordic (interprétation). - Oui.
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1 Mme Residovic (interprétation). - Ce sont des gens que vous
2 connaissez personnellement, n’est-ce pas ?
3 M. Dordic (interprétation). - Oui.
4 Mme Residovic (interprétation). - Saviez-vous, personnellement,
5 que Vukasin Mrkajic était président du SDS de Bradina ?
6 M. Dordic (interprétation). - Oui, je l’ai entendu dire.
7 Mme Residovic (interprétation). - Bien que comme vous l’avez
8 dit, vous n’assistiez pas aux réunions, vous saviez que ces personnes, que
9 vous avez citées, faisaient partie des dirigeants de la défense de
10 Bradina ? Vous le saviez par des contacts personnels que vous avez eu avec
11 eux ? Est-ce exact ?
12 M. Dordic (interprétation). - Oui.
13 Mme Residovic (interprétation). - Merci. Je voudrais que ce nom
14 soit montré d’abord à l’accusation, ensuite au témoin, que ce soit le
15 Greffier qui nous apporte son aide pour ce faire, parce qu’il s’agit d’une
16 personne dont l’identité est protégée, donc je ne voudrais pas divulguer
17 son nom. (Le Greffier montre le nom du témoin à l’accusation, puis au
18 témoin.)
19 Pendant que l’on montre ce nom au témoin, je vous poserai
20 simplement la question suivante. Est-il exact que Bradina se trouve sur la
21 grande route qui sépare Konjic et Sarajevo ?
22 M. Dordic (interprétation). - Oui.
23 Mme Residovic (interprétation). - Toute interruption de la
24 route, à cet endroit, interdit le passage de Konjic à Sarajevo, et vice
25 versa ?
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1 M. Dordic (interprétation). - Oui.
2 Mme Residovic (interprétation). - Ce témoin K était également,
3 d’après ce que vous savez personnellement, membre de l’état-major de crise
4 de Bradina ?
5 M. Dordic (interprétation). - Je suppose, probablement. Je n’en
6 suis pas sûr.
7 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez confirmé que des
8 gardes étaient organisées sur toute la localité de Bradina, et ce sur un
9 périmètre de vingt kilomètres environ.
10 M. Dordic (interprétation). - Oui, effectivement, je suppose que
11 ce périmètre autour de Bradina doit faire environ vingt kilomètres.
12 Mme Residovic (interprétation). - Tous ceux qui étaient de garde
13 étaient armés ?
14 M. Dordic (interprétation). - Oui.
15 Mme Residovic (interprétation). - Dans la déclaration que vous
16 avez faite au bureau du Procureur à Timisoara, en janvier 1996, vous aviez
17 dit que Bradina avait été attaquée pour la première fois le 13 mai et qu’à
18 votre connaissance, Zvonko Zovko était le dirigeant qui menait cette
19 attaque ?
20 M. Dordic (interprétation). - Oui, c’est un homme...
21 Mme Residovic (interprétation). - Zvonko Zovko, autrement, est
22 du HVO qui avait son siège à Podovaj (?), n’est-ce pas ?
23 M. Dordic (interprétation). - C’est ce que j’ai entendu dire. Il
24 y avait M. Zovko et d’autres, dont je ne connais pas les noms, là en bas.
25 Zvoko a déclaré qu’il allait mettre le feu à Bradina, qu’il ne resterait
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1 plus une pierre sur une autre pierre à Bradina. Je l’ai malheureusement
2 appris plus tard. Il a dit cela lors d’une des réunions du HVO.
3 Mme Residovic (interprétation). - Merci. C’est sans doute après
4 cela que vous avez commencé à creuser ces tranchées, dont vous nous avez
5 parlées ce matin, pour vous préparer plus sérieusement à défendre la ville
6 de Bradina, est-ce exact ?
7 M. Dordic (interprétation). - Moi-même, j’ai été témoin
8 d’activités civiles qui n’avaient rien à voir avec des activités
9 militaires, et qui se déroulaient à côté de ma maison. J’ai donc vu un
10 camion de transport, courant, de marque FAB, passer devant ma maison et
11 qui s’est dirigé vers le village de Repovsi* d’où l’on pouvait voir
12 Bradina. Donc, j’ai été témoin de tout cela et c’est en raison de toutes
13 ces activités auxquelles j’ai assistées, que j’ai décidé de m’en aller
14 parce que je ne me sentais plus sûr en voyant toutes ces activités qui se
15 déroulaient autour de ma maison et qui étaient le fait de gens d’une autre
16 nationalité.
17 Mais, avant cela, personne ne m’a invité, personne ne m’a
18 conseillé, personne ne m’a appelé, pour faire partie d’une quelconque
19 équipe de défense. Je parle bien des Musulmans.
20 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur, lorsque vous êtes
21 arrivé à Bradina le 24, avez-vous continué à travailler encore un certain
22 temps aux Chemins de Fer ?
23 M. Dordic (interprétation). - Oui, mais je vous prie de
24 m’excuser, vous avez fait un lapsus, vous m’avez appelé «M. Kuljanin». Je
25 ne m’appelle pas «Kuljanin», mais Dordic.
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1 Mme Residovic (interprétation). - Excusez-moi, Monsieur Dordic.
2 Donc, vous avez continué à travailler un certain temps aux
3 Chemins de Fer, n’est-ce pas ?
4 M. Dordic (interprétation). - Oui.
5 Mme Residovic (interprétation). - A ce moment-là, vous dormiez
6 chez votre ami Glogovac, n’est-ce pas ?
7 M. Dordic (interprétation). - Janko Glogovac, il est connu de
8 tous, il était instituteur à l’école primaire de Bradina.
9 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez déclaré que la
10 circulation des trains a cessé le 21 avril.
11 M. Dordic (interprétation). - Je ne sais pas si la date est
12 absolument exacte, mais c’est à peu près cela.
13 Mme Residovic (interprétation). - Savez-vous pour quelle raison
14 les trains ont cessé de circuler ?
15 M. Dordic (interprétation). - Les activités de guerre
16 importantes ont commencé à Sarajevo.
17 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dordic, vous avez
18 également confirmé qu’à la radio vous aviez entendu parler d’activités de
19 guerre importantes à Sarajevo et à Mostar, est-ce exact ?
20 M. Dordic (interprétation). - Non. De Bradina, on pouvait
21 entendre cela très bien. Cela faisait longtemps, cela dit, que nous
22 n’avions plus d’électricité et que nous ne pouvions donc plus écouter la
23 radio à Bradina. Tout avait été coupé chez nous.
24 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez déclaré également
25 qu’à l’endroit où vous étiez de garde, vous avez creusé dix tranchées.
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1 Dans une déclaration antérieure, vous aviez parlé de douze tranchées.
2 Mais, ce n’est pas très important. Est-ce exact ?
3 M. Dordic (interprétation). - Je n’en ai pas creusé dix, j’en ai
4 creusé une pour moi.
5 Mme Residovic (interprétation). - Oui, vous en avez creusé une.
6 Mais, vous avez dit qu’à cet endroit, il y avait...
7 M. Dordic (interprétation). - ... Une dizaine de tranchées.
8 Mme Residovic (interprétation). - Les autres habitants qui
9 étaient en faction en d’autres endroits, autour de ce périmètre de vingt
10 kilomètres, ont également creusé des tranchées ?
11 M. Dordic (interprétation). - Celui qui était intelligent, celui
12 qui avait le moindre bon sens, étant donné les pilonnages qui se
13 produisaient d’en face, l’ont sans doute fait. Moi, je ne peux pas vous en
14 parler. Je ne l’ai pas vu personnellement. Je n’ai creusé que la mienne.
15 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez creusé cette
16 tranchée pour vous-même dans le village de Jelovac, en direction de
17 Zukici, sur une position en hauteur ?
18 M. Dordic (interprétation). - Ce n’est pas un village.
19 Mme Residovic (interprétation). - C’est une position ?
20 M. Dordic (interprétation). - Oui
21 Mme Residovic (interprétation). - Mais c’est dans la direction
22 de Zukici, sur la route de Bradina ?
23 M. Dordic (interprétation). - Oui.
24 Mme Residovic (interprétation). - Dites-moi, où meniez-vous
25 normalement la garde ?
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1 M. Dordic (interprétation). - Je vous l’ai dit, à ce même
2 emplacement.
3 Mme Residovic (interprétation). - Donc, entre le 25 et
4 le 26 mai, vous vous trouviez en cet endroit ?
5 M. Dordic (interprétation). - Oui.
6 Mme Residovic (interprétation). - A l’endroit où vous vous
7 trouviez, vous avez entendu parler de l’enfoncement des lignes de défense.
8 Avec Meladin Dordic et Dusko Kopovica, vous vous êtes dirigés vers le
9 centre de Bradina pour commencer, est-ce exact ?
10 M. Dordic (interprétation). - Oui. Nous sommes restés seuls et
11 nous nous sommes enfuis dans la direction de Bradina. Nous avons vu qu’il
12 ne restait plus personne, que nous étions seuls tous les trois et c’est
13 exact nous nous sommes enfuis vers le centre de Bradina.
14 Mme Residovic (interprétation). - Là, vous avez désarmé deux
15 membres de la Défense territoriale de votre village. Mais, après des coups
16 de feu, vous avez jeté leurs armes et ils se sont enfuis ?
17 M. Dordic (interprétation). - Je crois que ce n’est pas exact.
18 Il s’agit de deux amis à moi, de deux voisins de Zukici, Adam Ljevo et
19 Edin. Je ne cache pas leurs noms. Il est exact qu’on les a désarmés. Nous
20 étions en train de boire de l’eau au ruisseau. Ils sont arrivés et nous
21 les avons désarmés pour qu’ils ne puissent pas nous combattre. Nous nous
22 sommes assis ensemble, nous avons allumé une cigarette qu’ils nous avaient
23 donnée, de marque YOG*, des cigarettes croates.
24 Cela veut dire que quelqu’un leur avait apporté ces cigarettes,
25 cela faisait déjà longtemps que nous n’avions plus de cigarettes à notre
Page 4173
1 disposition.
2 Nous nous sommes assis, nous avons bavardé. Adam Ljevo et moi-
3 même étions de très bons amis. Nous nous sommes posés la question pourquoi
4 tout cela avait dû se produire. Lui était complètement paniqué. Il avait
5 l’air de ne même pas pouvoir croire ce qui se passait, c’était
6 l’impression qu’il donnait. Il donnait l’impression d’être un peu hors de
7 lui. Nous avons allumé une cigarette, nous avons pris les armes. Ils sont
8 partis vers Zukici et nous vers Bradina. Il est vrai que nous avons jeté
9 leurs armes.
10 Quelqu’un qui faisait peut-être partie de leur groupe ou d’une
11 autre armée a jeté une grenade à ce moment-là et c’est pour ça que nous
12 avons tous fui.
13 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dordic, ce matin,
14 vous avez également déclaré que, d’après vos observations, au moment de
15 l’attaque, les combats se produisaient dans un seul lieu, et qu’il y avait
16 beaucoup de bruits destinés à intimider vos forces. Est-ce exact ?
17 M. Dordic (interprétation). - Oui, le bruit était concentré au
18 centre du village de Bradina et les régions habitées. Si bien que quelques
19 maisons ont été épargnées du pilonnage. Mais, ce sont exclusivement les
20 endroits habités qui ont été pilonnés, qui étaient les cibles, les
21 endroits où vivaient normalement les civils.
22 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dordic, vous avez dit
23 que vous n’avez pas participé activement à ces combats, bien que vous
24 étiez commandant de votre unité ?
25 M. Dordic (interprétation). - Je n’ai pas compris, vous voulez
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1 répéter.
2 Mme Residovic (interprétation). - Etiez-vous commandant de votre
3 unité ?
4 M. Dordic (interprétation). - Non, ce n’est pas exact. Pouvez-
5 vous me montrer un document le prouvant ?
6 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez déclaré que vous
7 receviez toutes les instructions.
8 M. Dordic (interprétation). - Oui, mais je n’étais pas
9 commandant. Cela fait une différence.
10 Mme Residovic (interprétation). - Est-il vrai que Dragan Vujicic
11 était commandant du détachement ?
12 M. Dordic (interprétation). - C’est lui qui transmettait les
13 instructions, là-bas en bas, près de la gare de chemins de fer.
14 Mme Residovic (interprétation). - Nesa Dragutinovic* était-il
15 commandant de la compagnie ?
16 M. Dordic (interprétation). - Probablement.
17 Mme Residovic (interprétation). - Vous étiez 350, comme vous
18 l’avez dit ce matin. Malgré cela, vous avez réussi à supporter cette
19 attaque 48 heures. Est-ce exact ?
20 M. Dordic (interprétation). - Ce n’est pas nous qui avons réussi
21 à supporter cette attaque, mais les forces de notre côté parce qu’il y a
22 eu des attaques contre les quartiers habités, à partir des collines, des
23 endroits situés en hauteur.
24 Je ne suis pas un expert ou un stratège, mais je pense que
25 quelles que soient les armes dont nous disposions, il était facile
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1 d’enfoncer nos lignes en deux heures. Donc, je pense que c’est la crainte
2 de la partie adverse qui les a empêché de pénétrer, pendant tout ce temps-
3 là, dans la ville.
4 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dordic, vous avez dit
5 également que vous aviez fait votre service militaire au sein de la JNA et
6 que vous étiez responsable des transmissions, de formation. Est-ce exact ?
7 M. Dordic (interprétation). - Oui.
8 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez donc, sans doute,
9 une connaissance beaucoup plus importante des questions militaires que je
10 ne peux en avoir moi-même, puisque dans notre pays, les femmes ne
11 faisaient pas leur service militaire ?
12 M. Dordic (interprétation). - Oui, je le sais.
13 M. le Président (interprétation). - Combien de temps, pensez-
14 vous Maître Residovic, que nous devions poursuivre ?
15 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président, si nous
16 restons jusqu’à 6 heures, j’en terminerai. Je pense que nous pourrions
17 peut-être en finir avec ce témoin, aujourd’hui.
18 M. le Président (interprétation). - Je le pense effectivement,
19 c’est la raison pour laquelle je voudrais savoir à peu près combien de
20 temps il vous faut pour arriver au terme de vos questions à ce témoin.
21 Vous pouvez poursuivre.
22 Mme Residovic (interprétation). - Merci. D’après ce que vous
23 savez, vous êtes donc certainement au courant que les groupes tactiques et
24 opérationnels de la JNA étaient exclusivement chargés de mener les combats
25 effectifs sur le terrain ?
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1 M. Dordic (interprétation). - Ecoutez, en tactique militaire, je
2 ne suis pas vraiment expert. J’ai appris pratiquement tout ce que je sais
3 à partir des observations que j’ai faites dans le camp et à Musala, plutôt
4 que de ma formation, parce que j’ai subi une formation militaire d’une
5 vingtaine de jours, pendant mon service militaire.
6 Mme Residovic (interprétation). - Mais, vous savez certainement,
7 sur la base de ce que vous avez appris au service militaire et ensuite,
8 que les groupes opérationnels n’ont aucun rapport avec les camps ?
9 Mme McHenry (interprétation). - Objection,
10 Monsieur le Président. Ce témoin a déjà déclaré ne pas être expert en
11 matière militaire. Donc, je fais objection à ce que des questions sur ce
12 sujet continuent à lui être posées.
13 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie. Vous
14 pouvez poursuivre.
15 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez déclaré,
16 Monsieur Dordic, qu’en tant que détenu à Celebici, vous n’aviez aucune
17 possibilité d’apprendre ce que les gens avaient à manger à Konjic ?
18 M. Dordic (interprétation). - Oui, mais je savais parfaitement
19 bien, par exemple, que les gardiens mangeaient très bien.
20 Mme Residovic (interprétation). - Oui, mais vous avez répondu...
21 M. Dordic (interprétation). - Puis-je quand même continuer, je
22 vous prie ?
23 Mme Residovic (interprétation). - Mais, vous n’aviez aucune
24 connaissance non plus de ce que les gens faisaient à Konjic ?
25 M. Dordic (interprétation). - Pratiquement pas. Tout ce que
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1 j’entendais, c’était ce que racontaient les gardiens ou les détenus, si
2 quelqu’un apprenait quelque chose.
3 Mme Residovic (interprétation). - Vous n’aviez aucune
4 connaissance personnelle quant à l’emplacement où se trouvait telle ou
5 telle personne, ou aux fonctions occupées par telle ou telle personne, ou
6 à ce que telle ou telle personne faisait à Konjic, n’est-ce pas ?
7 M. Dordic (interprétation). - Effectivement.
8 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez dit,
9 Monsieur Dordic, que vous avez reçu des informations de Zare Mrkajic.
10 Pouvez-vous me dire si Zare Mrkajic était également détenu dans le camp ?
11 M. Dordic (interprétation). - Oui.
12 Mme Residovic (interprétation). - Zare Mrkajic, pas plus que
13 vous, n’avait la liberté de circuler dans Konjic, est-ce exact ?
14 M. Dordic (interprétation). - C’est exact, mais...
15 Mme Residovic (interprétation). - Je vous prierai de répondre à
16 mes questions. Zare Mrkajic avait peut-être la possibilité d’entrer en
17 contact avec des personnes à l’intérieur de la prison ?
18 M. Dordic (interprétation). - Oui, c’est exact, avec toutes les
19 personnes dans la prison.
20 Mme Residovic (interprétation). - Zare Mrkajic pouvait également
21 obtenir des renseignements de tierces personnes ?
22 M. Dordic (interprétation). - Oui.
23 Mme Residovic (interprétation). - Est-il exact que ce que vous
24 avez entendu dire de la bouche de Zare est quelque chose qu’il a entendu
25 lui de la bouche d’une tierce personne ?
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1 M. Dordic (interprétation). - Oui.
2 Mme Residovic (interprétation). - Donc, ce que Zare Mrkajic vous
3 a dit n’a rien à voir avec une connaissance personnelle vous appartenant,
4 ou avec une connaissance personnelle de Zare Mrkajic ?
5 M. Dordic (interprétation). - Oui, mais...
6 Mme Residovic (interprétation). - Bon, merci. Monsieur Dordic...
7 Mme McHenry (interprétation). - Excusez-moi, mais pourrais-je
8 demander que le témoin soit autorisé à terminer ses réponses. Car, les
9 choses ne sont pas tout à fait claires à mes yeux, en raison de la grande
10 rapidité de ces échanges. Cela étant, comme il a été interrompu dans sa
11 dernière réponse, je demanderai qu’on l’autorise à finir ses réponses.
12 M. le Président (interprétation). - Quelle était la dernière
13 réponse ?
14 Mme Residovic (interprétation). - Je vais répéter ma question.
15 Monsieur Dordic, les connaissances que vous avez ne sont pas des
16 connaissances personnelles, parce que vous les avez obtenues sur la base
17 de ce que d’autres détenus vous ont dit, notamment Zare Mrkajic qui, lui
18 non plus, n’avait pas de connaissances personnelles, mais a sans doute
19 entendu ce qu’il vous a dit d’une tierce personne. Est-ce exact et je vous
20 prierai de répondre par oui ou non ?
21 M. Dordic (interprétation). - Je vous en prie...
22 Mme Residovic (interprétation). - Je vous en prie, veuillez
23 répondre.
24 M. Dordic (interprétation). - Comment répondrai-je par oui ou
25 par non ? Je ne suis pas en prison, donc, Monsieur le Président, je vous
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1 prierai de m’autoriser à répondre à la question comme je le souhaite.
2 Mme Residovic (interprétation). - Mais, je vous demande
3 simplement de répondre à mes questions. Je vous ai d’abord demandé si
4 Zare Mrkajic avait une connaissance personnelle, vous pouvez dire oui ou
5 non.
6 Mme McHenry (interprétation). - Objection. Le témoin vient de
7 dire qu’il ne peut pas répondre complètement à la question par un oui ou
8 par un non. Donc, je fais énergiquement objection à ce que l’on contraigne
9 le témoin à agir de la sorte.
10 Il doit être autorisé à fournir aux juges une réponse complète.
11 Ce témoin a répondu à un grand nombre de questions par oui ou par non.
12 Puisqu’il déclare qu’il ne peut pas répondre complètement à cette question
13 par oui ou par non, je pense qu’il n’est pas convenable que le conseil de
14 la défense le contraigne à le faire.
15 M. le Président (interprétation). - Je crois qu’il est
16 convenable, pour chacun ici, de se rendre compte que les réponses du
17 témoin sont destinées aux juges et qu’elles ne sont pas destinées à la
18 consommation personnelle des avocats de la défense ou de l’accusation.
19 Toutes les réponses sont destinées à assurer une bonne administration de
20 la justice dans cette affaire. Donc, lorsqu’il est nécessaire d’apporter
21 des détails complémentaires dans une réponse, je pense qu’il est
22 préférable d’autoriser le témoin à ajouter ces détails.
23 Je comprends que, dans de nombreux cas, on puisse souhaiter et
24 préférer une réponse par oui ou par non, mais il y a des cas où le témoin
25 peut ne pas être capable de répondre par oui ou par non. Il n’est donc pas
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1 approprié de le contraindre à le faire.
2 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président, je vous
3 prie de m’excuser, si vous estimez qu’il s’agit là de pressions.
4 En ma qualité de défenseur de Zejnil Delalic, je suis intéressée
5 à ce que la vérité soit découverte et par les réponses que ce témoin peut
6 apporter à mes questions. Donc, vous me permettrez, sans doute, de reposer
7 ma question au témoin qui pourra peut-être y répondre plus facilement que
8 cela n’a été le cas jusqu’à présent.
9 M. le Président (interprétation). - Oui, vous pouvez continuer
10 à interroger le témoin pour obtenir une réponse.
11 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dordic, Zare Mrkajic
12 est un détenu qui avait des contacts avec certaines personnes à
13 l’intérieur du camp ?
14 M. Dordic (interprétation). - Oui.
15 Mme Residovic (interprétation). - Il n’était pas libre de
16 circuler à l’extérieur du camp de Celebici ?
17 M. Dordic (interprétation). - Oui.
18 Mme Residovic (interprétation). - Il n’avait pas de
19 connaissances personnelles au sujet de l’identité des gens de Konjic ou de
20 leurs fonctions ?
21 M. Dordic (interprétation). - Je redemande au Président
22 l’autorisation de donner des éclaircissements supplémentaires dans ma
23 réponse, sur ce point.
24 M. le Président (interprétation). - Vous le pouvez.
25 M. Dordic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.
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1 Zare Mrkajic était un détenu qui pouvait entrer en contact avec tout le
2 monde. Je l’ai vu personnellement parler à tout le monde. Cela veut dire
3 qu’il parlait avec Pavo Mucic, avec tous les gardiens, avec Hazim Delic.
4 Donc, les connaissances qu’il nous a communiquées, sont sans doute exactes
5 et proviennent sans doute des mots prononcés par ces personnes.
6 Mme Residovic (interprétation). - Donc, vous, Monsieur Dordic,
7 vous supposez que M. Zare Mrkajic a appris ce qu’il vous a dit de la
8 bouche de certaines personnes avec lesquelles il avait des contacts en
9 prison ?
10 M. Dordic (interprétation). - Pas de certaines personnes, mais
11 très exactement des personnes qui étaient dans la prison et des gardiens.
12 Mme Residovic (interprétation). - Est-ce votre supposition ?
13 M. Dordic (interprétation). - Oui.
14 Mme Residovic (interprétation). - Merci. Monsieur Dordic, dites-
15 nous, je vous prie, si dans notre langue le mot « gazda » renvoie à une
16 personne qui a de l’influence et des biens ?
17 M. Dordic (interprétation). - Oui.
18 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez dit que le
19 gardien Masic, s’agissant de la disparition de la nourriture, vous a dit
20 que le gazda Delalic était arrivé, ou plutôt vous avez pensé en entendant
21 le mot qu’il parlait de Delalic ?
22 M. Dordic (interprétation). - Il a dit le gazda Delalic, si je
23 me souviens bien.
24 Mme Residovic (interprétation). - Je vous prie, Monsieur Dordic,
25 vous avez dû savoir que M. Delalic possédait une discothèque dans la ville
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1 de Konjic avant la guerre, est-ce exact ?
2 M. Dordic (interprétation). - Oui.
3 Mme Residovic(interprétation)- Vous saviez également que c’était
4 un homme aisé ?
5 M. Dordic (interprétation). - Oui.
6 Mme Residovic (interprétation). - Merci. Permettez-moi
7 maintenant de passer à d’autres questions qui portent sur votre départ de
8 Bradina.
9 Avec un groupe de personnes qui comprenait Miladin Dordic,
10 Mirko Zdravko, Radovan Edamjan*, avec ces hommes vous avez quitté Bradina,
11 est-ce exact ?
12 M. Dordic (interprétation). - Oui, nous étions plusieurs.
13 Mme Residovic (interprétation). - Je peux vous aider, je peux
14 vous dire qu'il y avait aussi Desimir Mrkajic, Jako Gulimir*, Jako
15 Ielenko*, il y avait aussi ces hommes dans le groupe, est-ce exact ?
16 M. Dordic (interprétation). - Je vous remercie, oui c'est exact.
17 Mme Residovic (interprétation). - Il y avait aussi
18 Zara Mrkajic , est-ce exact ?
19 M. Dordic (interprétation). - Oui.
20 Mme Residovic (interprétation). - Est-il exact que jusqu'au
21 30 mai, dans des conditions très difficiles, sans dormir, sans vous
22 alimenter, vous avez passé votre temps à chercher un chemin en direction
23 de Kalinovik ?
24 M. Dordic (interprétation). - Un chemin vers Srpska. Nous avons
25 laissé Bradina en flammes derrière nous. Quand nous sommes montés sur la
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1 colline, nous avons vu que Bradina était en flammes donc nous ne pouvions
2 pas revenir sur nos pas.
3 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dordic, après votre
4 reddition ou le moment où vous avez rendu vos armes, ou bien le moment où
5 vous avez été arrêté, comme vous voudrez, dans l'après-midi du 30 mai, et
6 jusqu'à l'après-midi du 31 mai, lorsque vous êtes arrivés à Celebici,
7 d'après vous avez dit dans votre déposition, vous avez, pendant plus de
8 24 heures, marché sur cette route où vous avez subi des sévices
9 importants. Est-ce exact ?
10 M. Dordic (interprétation). - Oui. Monsieur le Président,
11 j'aimerais apporter des éclaircissements supplémentaires dans la réponse
12 que j'ai faite à cette question, de façon à ce qu'elle soit plus
13 authentique.
14 Mme Residovic (interprétation). - Pendant tout ce voyage à
15 Ljuta, Cabici, Zepi, Vrdolje, vous avez été frappé à l'aide de divers
16 objets, à coups de pied, à coups de poing, à coups de crosse de fusil, à
17 coups de n'importe quoi, tout ce qui vous frappaient pouvaient trouver à
18 se mettre sous la main, est-ce exact ?
19 M. Dordic (interprétation). - Oui.
20 Mme Residovic (interprétation) - Est-ce exact que, dans une
21 déclaration préalable, vous avez dit qu'arrivés à Celebici, la majorité
22 d'entre vous étaient hors d'eux et avaient été lourdement passés à tabac ?
23 M. Dordic (interprétation). - Je ne peux pas dire que nous
24 étions hors de nous, que nous étions en état d'inconscience. Nous avions
25 reçu des coups et des gifles. On ne peut pas dire que nous avions perdu
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1 conscience. La langue serbe est très riche. Donc on peut dire que nous
2 n’étions pas dans notre état habituel, mais on ne peut pas dire qu'on
3 avait perdu conscience.
4 Mme Residovic (interprétation). - Mais j'ai repris ce que vous
5 avez dit parce que jusqu'à présent, cela n'avait pas été transmis de façon
6 très précise.
7 M. Dordic (interprétation). -Oui.
8 Mme Residovic (interprétation) - Monsieur Dordic, jusqu’à quand
9 êtes-vous resté à Celebici ? Pouvez-vous nous dire jusqu'à quelle date,
10 avant votre transfert à Musala ?
11 M. Dordic (interprétation).- Je pense que j'y suis resté
12 jusqu'en octobre ou début novembre. La date me semble liée à un 17, mais
13 je ne sais pas exactement si c'est octobre ou novembre. Ce serait plutôt
14 novembre, d'ailleurs.
15 Mme Residovic (interprétation). - Donc vous êtes d’accord avec
16 moi pour dire qu’étant donné l'impossibilité dans laquelle vous êtes de
17 vous rappeler la date exacte, dans la déclaration que vous avez faite au
18 juge à Belgrade et dans celle que vous avez faite aujourd'hui au Tribunal,
19 vous avez cité des dates différentes, s'agissant de votre transfert de
20 Celebici à Musala. C'est-à-dire qu’une fois, vous avez parlé du mois
21 d'octobre, une fois du mois de novembre. Est-ce exact ?
22 M. Dordic (interprétation). - Je n'ai rien affirmé, mais j'ai
23 dit que cela s'était sans doute produit dans cette période, je ne sais pas
24 exactement. Mais je faisais partie de l'avant-dernier groupe qui a été
25 transféré du camp de Celebici au camp de Musala.
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1 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez expliqué au Tribunal
2 quelles étaient les raisons de votre mémoire un peu défaillante lors de la
3 prise de déposition que vous avez faite en octobre 1994 à Belgrade, devant
4 le Tribunal. Pouvez-vous me dire si, ce jour-là, votre interrogatoire a
5 duré environ quatre heures ?
6 M. Dordic (interprétation). - Excusez-moi, je n'ai pas entendu
7 le lieu.
8 Mme Residovic (interprétation). - Devant le Juge Sinic* à
9 Belgrade, en octobre 1994.
10 M. Dordic (interprétation). - Je pense que cela a duré beaucoup
11 plus longtemps, peut-être aux alentours de six heures plutôt que de quatre
12 heures.
13 Mme Residovic (interprétation). - Si, dans cette déclaration, il
14 est stipulé que l'interrogatoire a commencé à 13 heures 20 et s'est achevé
15 à 16 heures 50, cela signifie que la durée de l'interrogatoire stipulée
16 est plus courte que la durée réelle.
17 M. Dordic (interprétation). - Parce que les pauses n'ont pas été
18 comptées dans cette durée.
19 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez été informé de votre
20 devoir de dire la vérité et des conséquences possibles d'une fausse
21 déposition, c'est-à-dire qu'on vous a informé qu'un faux témoignage était
22 un délit, une infraction.
23 M. Dordic (interprétation). - Oui.
24 Mme Residovic (interprétation). - Dans cette déposition, vous
25 avez cité un grand nombre de personnes et d'habitants de Konjic. Est-ce
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1 exact ?
2 M. Dordic (interprétation). - Sans doute, oui.
3 Mme Residovic (interprétation). - Vous connaissiez leurs
4 fonctions et leurs devoirs ?
5 M. Dordic (interprétation). - Oui.
6 Mme Residovic (interprétation). - Dans cette déclaration, vous
7 n’avez pas du tout mentionné Zejnil Delalic. Est-ce exact ?
8 M. Dordic (interprétation). -.Je ne me souviens pas. Peut-être
9 est-ce effectivement le cas.
10 Mme Residovic (interprétation). -.Si vous voulez vous rafraîchir
11 la mémoire, je peux vous donner le texte de votre déposition. Mais si je
12 dis que vous n'avez pas mentionné, êtes-vous d'accord avec moi ?
13 M. Dordic (interprétation). - Je suis d'accord.
14 Mme Residovic (interprétation). - Par ailleurs, vous ne
15 connaissiez absolument pas M. Delalic personnellement, même avant la
16 guerre. Vous le connaissiez uniquement en tant que propriétaire de la
17 discothèque ?
18 M. Dordic (interprétation). - Oui, je connaissais ses traits. Je
19 pouvais reconnaître son visage, mais je n'ai jamais eu de contacts
20 personnels avec lui.
21 Mme Residovic (interprétation). - La première fois que vous avez
22 cité M. Delalic, cela s'est produit lors de l'interrogatoire de Timisoara,
23 parce que l'enquêteur D'Hooge vous a posé des questions à son sujet. Est-
24 ce exact ?
25 M. Dordic (interprétation). - Oui.
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1 Mme Residovic (interprétation). - Ce jours-là, vous avez dit
2 qu'il était un mafioso. Est-ce exact ?
3 M. Dordic (interprétation). - C'est une histoire qui a circulé
4 juste avant la guerre, celle qu'il était très actif en Autriche, qu'il
5 avait été mêlé à de sales affaires.
6 Mme Residovic (interprétation). -.Merci beaucoup, je vous en
7 prie. Monsieur, à la suite de votre sortie de prison comme vous l'avez
8 dit, vous avez eu, à maintes reprises, l'occasion de vous retrouver au
9 siège de l'association des anciens détenus.
10 M. Dordic (interprétation). -.Oui.
11 Mme Residovic (interprétation). -.Une grande partie d'entre vous
12 avait déposé à Timisoara. Est-ce exact ?
13 M. Dordic (interprétation). -.Oui.
14 Mme Residovic (interprétation). -. Vous saviez que le procureur
15 du Tribunal International avait émis un acte d'accusation contre
16 M. Delalic, entre autres ?
17 M. Dordic (interprétation). - Oui.
18 Mme Residovic (interprétation). - La presse et la télévision de
19 Serbie ont retransmis, à plusieurs reprises, les audiences et les
20 activités de ce Tribunal. Est-ce exact ?
21 M. Dordic (interprétation). - Non. Je ne me rappelle pas une
22 seule émission de ce genre. Mais les informations provenant d'ici ont été
23 reprises à la télévision et dans les journaux, c'est exact.
24 Mme Residovic (interprétation). - Plus tard, à partir de ces
25 sources, vous avez appris quelle était la fonction de M. Delalic ?
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1 M. Dordic (interprétation). -.A partir de ces sources et à
2 partir également des informations apprises à Celebici et à Musala, lorsque
3 j'étais dans les camps, comme je l’ai déjà dit.
4 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Dordic, vous avez été
5 interrogé pour la première fois à Celebici et vous avez déclaré que Stenek
6 et Niksic vous avaient interrogé.
7 M. Dordic (interprétation). - Oui.
8 Mme Residovic (interprétation). - Les réponses à cet
9 interrogatoire ont été tapées devant vous par une dactylo qui s’appelle
10 Senka quelque chose ?
11 M. Dordic (interprétation). - Oui.
12 Mme Residovic (interprétation). - Vous aviez dit que vous aviez
13 signé cette déposition.
14 M. Dordic (interprétation). -.Oui.
15 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez répondu par des
16 réponses authentiques. Vous avez dit la vérité en réponse aux questions
17 qu'on vous avait posées.
18 M. Dordic (interprétation). - Si j'étais au courant, j'ai fait
19 un effort pour dire la vérité.
20 Mme Residovic (interprétation). - Tout cela figure dans votre
21 déposition tapée à la machine ?
22 M. Dordic (interprétation). -.Sans doute, je ne peux pas vous
23 dire que j'ai écouté la lecture de la déposition, que je l'ai complètement
24 retenue, parce que vous avez dit vous-même que nous étions hors de nous.
25 Moi, je dis que nous n’étions pas hors de nous, que nous n’étions pas
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1 inconscients, mais dans un état anormal, terrorisés. Nous avions peur des
2 coups parce que, derrière moi, était debout un homme très puissant
3 physiquement.
4 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez dit que vous avez
5 donné une déclaration le jour de votre arrivée.
6 M. Dordic (interprétation). - Oui.
7 Mme Residovic (interprétation). - Par la suite, lors de votre
8 séjour à Celebici, vous n'avez pas fait d'autres déclarations ?
9 M. Dordic (interprétation). - Non.
10 Mme Residovic (interprétation). - C’est en janvier 1993 que vous
11 avez fait la déclaration suivante, alors que vous étiez à Musala.
12 M. Dordic (interprétation). - Je ne me rappelle même pas de
13 cette déposition.
14 Mme Residovic (interprétation). -.En réponse à la question de ma
15 collègue, Me McMurrey, vous avez parlé de cette déposition comme étant la
16 quatrième, s'il s'agit bien d'une déposition.
17 M. Dordic (interprétation). -.Non, non. Il y a eu une première
18 déposition à Celebici, la deuxième au Tribunal à Belgrade, la troisième à
19 Timisoara et une quatrième plus tard encore à Belgrade. Ce sont les quatre
20 dépositions.
21 Mme Residovic (interprétation). -.Puisque j'ai ici le nombre
22 total des dépositions, à des fins d'identification, je demanderai que l'on
23 remette ces dépositions au témoin, qu'il y reconnaisse sa signature. J'en
24 ai un exemplaire pour les juges, un autre pour l'accusation et un dernier
25 pour le témoin.
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1 Mme Residovic (interprétation). - Voici la deuxième déclaration.
2 On peut la remettre au témoin. C'est celle qui a été faite à la Commission
3 militaire du 4e corps d’armée de Belgrade. Pendant que ces démarches sont
4 effectuées, Monsieur Dordic, vous l'avez vous-même confirmé, vous vous
5 trouviez au bâtiment 6, sous le tunnel 9. Vous avez été interrogé au
6 bâtiment administratif. Je crois que c'était le bâtiment 22. Par la suite,
7 vous avez également déclaré que vous aviez déchargé certains objets là où
8 se trouvait la logistique.
9 M. Dordic (interprétation). - Oui. Mais seulement des denrées
10 alimentaires et des armes.
11 Mme Residovic (interprétation). - En d'autres termes, vous
12 connaissez le camp de Celebici.
13 M. Dordic (interprétation). - Oui. J'ai commencé à le connaître
14 pendant mon séjour.
15 Mme Residovic (interprétation). - Donc, la structure que vous
16 avez sous les yeux, devant vous, fait plusieurs milliers de mètres
17 carrés ?
18 M. Dordic (interprétation). - Oui.
19 Mme Residovic (interprétation). - D’importantes installations
20 logistiques de l’armée de Bosnie-Herzégovine y sont établies ?
21 M. Dordic (interprétation). - Sans doute.
22 Mme Residovic (interprétation). - Pour ce qui est de la période
23 de temps que vous avez passé à Celebici, vous avez dû constater l’arrivée
24 de plusieurs camions, de personnel, de personnes que vous ne connaissiez
25 pas ainsi que de personnes qui s’occupaient d’amener l’approvisionnement,
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1 nourriture ou autre, aux casernes ?
2 M. Dordic (interprétation). - Oui.
3 Mme Residovic (interprétation). - Pourriez-vous examiner la
4 déclaration de Celebici pour voir si c’est bien votre signature qui y est
5 apposée ?
6 M. Dordic (interprétation). - C’est sans doute mon écriture.
7 Mme Residovic (interprétation). - Pourriez-vous examiner la
8 déclaration en date du 12 janvier 1993, à propos de laquelle vous avez dit
9 à Me McMurrey, que vous vous en souveniez ?
10 M. Dordic (interprétation). - Un instant. Je crois qu’il y a eu
11 un gros malentendu, il y a un instant. Je pensais que vous aviez parlé de
12 la déclaration de Musala.
13 Mme Residovic (interprétation). - Ce que je voulais dire, c’est
14 qu’à ce moment-là, vous vous trouviez à Musala.
15 M. Dordic (interprétation). - A ce moment-là, il y a eu
16 maldonne. Ce que je voulais dire, c’est que je n’ai pas nié avoir fait une
17 déclaration à Celebici, mais je n’ai pas fait de déclaration à Musala.
18 Mme Residovic (interprétation). - Examinez les autres
19 déclarations. Il se peut que vous ayez fait ces déclarations à un autre
20 endroit, mais en tout cas, à cette époque, vous vous trouviez à Musala ?
21 C’est bien votre signature, Monsieur Dordic ?
22 M. Dordic (interprétation). - Oui, mais je ne me souviens pas de
23 cette déclaration.
24 M. le Président (interprétation). - Combien y a-t-il de
25 déclarations en tout ? Est-ce vraiment important ? Cela fait-il une
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1 différence qu’il y en ait trois ou quatre parce que je ne pense pas qu’il
2 y ait vraiment de contradictions entre ces déclarations ? Est-il vraiment
3 important de connaître le nombre exact de déclarations que le témoin a
4 faites ? Enfin, c’est votre contre-interrogatoire, libre à vous d’agir à
5 votre guise ; mais je ne vois pas l’intérêt que l’on peut tirer de tout
6 ceci.
7 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président, le
8 témoin dit le nombre de déclarations qu’il a données. C’était exact. Il a
9 aussi parlé de procédures judiciaires engagées contre lui. Et le document
10 évoquant autre chose, je voulais pour établir la fiabilité du témoin, et
11 en vue d’autres questions, je n’en ai plus beaucoup d’ailleurs, terminer
12 l’identification de toutes les déclarations que le témoin avait faites.
13 Monsieur Dordic, dans votre déclaration que vous avez faite au
14 juge de Belgrade, vous avez dit avoir été interrogé par certains policiers
15 de Sarajevo, est-ce bien exact ?
16 A l’époque, vous avez fait cette déclaration sans qu’aucune
17 pression ne soit faite sur vous ?
18 M. Dordic (interprétation). - Je n’ai pas fait de déclaration.
19 Nous nous sommes contentés de parler de ce qui s’est passé du fait de la
20 détention.
21 Mme Residovic (interprétation). - Pourrais-je montrer au témoin,
22 aux fins d’identification, la déclaration qu’il a faite le 6 juin 1993 ?
23 Mme McHenry (interprétation). - Pourrait-on en avoir un
24 exemplaire ?
25 Mme Residovic (interprétation). - Volontiers. Peut-être aussi un
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1 exemplaire pour le témoin.
2 Vous souvenez-vous de cette déclaration ?
3 M. Dordic (interprétation). - Un instant, s’il vous plaît. Ceci
4 ressemble à mon écriture, mais je ne me souviens pas, à l’instant même, à
5 qui j’ai fait cette déclaration.
6 Mme Residovic (interprétation). - Mais vous reconnaissez votre
7 signature et votre écriture ?
8 M. Dordic (interprétation). - Ceci ressemble à mon écriture,
9 ceci pourrait aussi être un faux.
10 Mme Residovic (interprétation). - Merci.
11 Savez-vous que des accusations ont été portées contre vous
12 devant le Tribunal militaire de Konjic pour détention non autorisée
13 d’armes et pour la participation à des activités d’une armée ennemie ?
14 M. Dordic (interprétation). - Non, je ne suis pas au courant.
15 Mme Residovic (interprétation). - Savez-vous que le responsable
16 de l’accusation militaire avait ouvert une enquête pour ces mêmes délits
17 contre vous ?
18 M. Dordic (interprétation). - Non.
19 Mme Residovic (interprétation). - Savez-vous que vous avez été
20 pardonné en vue d’un échange ?
21 M. Dordic (interprétation). - Non. Je ne suis conscient que d’un
22 cas d’amnistie, celui de Zdravko Dordic.
23 Mme Residovic (interprétation). - Vous savez en fait que des
24 poursuites avaient été engagées contre Zdravko Dordic ?
25 M. Dordic (interprétation). - Oui.
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1 Mme Residovic (interprétation). - Par conséquent, les documents
2 du tribunal militaire de Konjic ne vous sont pas connus, pour autant
3 qu’ils existent ?
4 M. Dordic (interprétation). - Non?
5 Mme Residovic (interprétation). - J’aimerais maintenant demander
6 à Madame et Messieurs les Juges que les déclarations de Celebici et de
7 Musala, qui ont été identifiées par le témoin, soient versées au dossier
8 comme pièce à décharge.
9 Mme McHenry (interprétation). - La première question que nous
10 aimerions poser est de savoir à quelles fins ceux-ci seraient versés au
11 dossier ? Je ferais remarquer que nous n’avons pas reçu au préalable
12 d’exemplaires de ces documents avant de statuer sur la position à prendre
13 quant à la recevabilité de ces pièces, nous aimerions savoir pourquoi la
14 défense veut les verser au dossier ?
15 Mme Residovic (interprétation). - A des fins d’identification,
16 je les ai remises au témoin à ces fins. Mais nous voulons les verser au
17 dossier aux fins de récusation du témoin en premier lieu, et en second
18 lieu, ces éléments de preuve n’ont pas été remis à l’accusation au
19 préalable car nos obligations ne s’appliquent que si nous avons un
20 document identifié. Si nous voulons utiliser ce document comme pièce, nous
21 devons d’abord informer l’accusation, ce que nous ferons dès que le témoin
22 aura identifié ce document.
23 Mme McHenry (interprétation). - Je tiens à consigner le fait que
24 les règles de communication prévoyant qu’il y a échange et obligation
25 réciproques, en général, ceci ne se fait pas dans les quelques secondes
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1 qui précèdent la remise du dossier au témoin. Voilà donc la raison de mon
2 objection et je ferai remarquer que ceci a été un problème récurrent
3 depuis longtemps et que nous élèverons des objections quant à la
4 répétition de ceci. Par exemple, j’ai demandé si on allait montrer un
5 document à ce témoin, je n’ai rien reçu.
6 Je ne pense pas non plus que ces documents suffisent pour une
7 récusation, nous élevons une objection à cette fin et pour cette raison
8 également.
9 M. le Président (interprétation). - Je n’ai pas relevé de
10 circonstances de récusation car, pour moi, il n’y avait pas de
11 contradiction mise en évidence à l’encontre de ces déclarations. Je ne
12 sais pas en quoi ceci peut servir de récusation. A mon avis, ceci n’a
13 aucun effet. Il n’y a pas de raisons pour lesquelles vous pourriez
14 soumettre ces pièces et les verser au dossier.
15 Mme Residovic (interprétation). - Je tiens d’abord à dire que
16 l’accusation ne nous a pas demandé à nous en tant que défenseur
17 Zejnil Delalic d’obtenir ces documents préalables et la Chambre d’instance
18 s’est déjà trouvée dans une situation où elle a accepté un document qui
19 était en possession de la défense et qui a été montré au témoin pour un
20 effet de surprise. Lorsque le témoin identifie le document, ceci revêt une
21 certaine importance pour nous, auquel cas nous remettons le document à
22 l’accusation.
23 Nous avons agi de manière tout à fait identique cette fois-ci.
24 Dans ces deux déclarations, il est fait référence à la participation de ce
25 témoin au fait de désarmer deux membres de la Défense territoriale et
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1 aussi sa participation au fait qu’un membre de la Défense territoriale a
2 été tué. Alors, il y a une contradiction.
3 M. Dordic (interprétation). - A quelle déclaration faites-vous
4 référence ?
5 M. le Président (interprétation). - Je ne vois pas ce qui se
6 passe, pourquoi vous poursuivez ? Il faudrait me dire pourquoi il faudrait
7 recevoir ce document à des fins de récusation ? Je le répète, rien dans
8 ces déclarations, dans les déclarations du témoin et dans les témoignages
9 qu’il nous a donnés aujourd’hui, n’est en contradiction. Le témoin n’a pas
10 nié le fait qu’il ait fait des déclarations. Je ne vois pas quel est le
11 fondement de votre démarche. Pour ce qui est de ces déclarations que vous
12 voulez verser au dossier, que suggérez-vous ?
13 Mme Residovic (interprétation). - Ceci étant, je propose que ces
14 documents soient conservés aux fins d’identification et, le cas échéant,
15 les conseils de la défense demanderont à verser ces documents au dossier,
16 étant donné que le témoin a déjà identifié son écriture et sa signature.
17 M. Dordic (interprétation). - Je m’excuse, mais j’ai dit que
18 ceci ressemblait à ma signature, mais que ce n’était peut-être pas un
19 faux.
20 M. le Président (interprétation). - Oui, vous pouvez verser à
21 des fins d’identification.
22 Mme McHenry (interprétation). - Effectivement, ce document peut
23 être une partie du procès-verbal, comme cela a déjà été le cas pour un
24 témoin.
25 M. le Président (interprétation). - Dans le cas précis, le
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1 témoin n’a pas nié que ce soit sa signature. Il a identifié le document
2 comme étant un document qui ressemblait à sa propre écriture. La question
3 qui se pose est de savoir si il a fait une déclaration, parce que ceci
4 n’était adressé à personne. Le tout est de savoir s’il avait vraiment fait
5 cette déclaration. On ne sait pas à qui elle était destinée et dans
6 quelles circonstances cette déclaration a été prise.
7 M. Jan (interprétation). - Vous allez le prouver sans doute.
8 Mme Residovic (interprétation). - Nous allons sans doute le
9 prouver dans la poursuite du procès. Merci, je n’ai plus de questions.
10 Mme McHenry (interprétation). - Je n’aurais que deux questions à
11 poser.
12 Monsieur Dordic, en janvier 1993, avez-vous été interrogé en
13 présence de cinq personnes et en présence aussi de Ismeta Posder ?
14 M. Dordic (interprétation). - Pour ce qui est de Ismeta, je n’ai
15 été interrogé lors du premier jour de mon arrivée au camp de Celebici. Je
16 m’en souviens de ce jour-là. J’ai dit qu’il n’y avait que Niksic et
17 Zenic*. Je ne me souviens pas de cinq personnes.
18 Mme McHenry (interprétation). - C’est exact et je crois que
19 lorsque vous avez identifié une déclaration faite à Celebici, je vous
20 demande si, oui ou non, en 1993, vous vous souvenez avoir été emmené
21 devant un groupe
22 Mme Residovic (interprétation) - Dans quelles circonstances
23 cette déclaration a-t-elle été prise ?
24 M. Jan (interprétation). - Allez-vous prouver cela sans doute ?
25 Mme Residovic (interprétation). - Nous allons sans doute le
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1 prouver dans la poursuite du procès. Merci, je n’ai plus de questions.
2 Mme McHenry (interprétation). - Je n’aurais plus que deux
3 questions à poser. Monsieur Dordic, en janvier 1993, avez-vous été
4 interrogé en présence de cinq personnes et en présence également de
5 Ismeta Posder ?
6 M. Dordic (interprétation). - Pour ce qui est de Ismeta, je
7 n’ai été interrogé que le premier jour, lors de mon arrivée au camp de
8 Celebici. Je me souviens d’elle ce jour-là. J’ai dit qu’il n’y avait que
9 Niksic et Zenic*, mais je ne me souviens pas de cinq personnes.
10 Mme McHenry (interprétation). - C’est exact. Je crois que
11 lorsque vous avez identifié une déclaration faite à Celebici, je vous
12 demande si, oui ou non, en janvier 1993, vous vous souvenez avoir été
13 amené devant un groupe différent qui comprenait notamment Ismeta Posder,
14 mais aussi cinq autres personnes.
15 M. Greaves (interprétation). - Excusez-moi, je crois que ma
16 consoeur est en train de suggérer la réponse au témoin. Alors, je crois
17 que c’est réellement une question orientée, plutôt qu’une question en
18 contre-interrogatoire ou interrogatoire secondaire.
19 Mme McHenry (interprétation). - Je pense que, s’agissant de ces
20 documents, nous avons déjà rencontré, auparavant, de nombreux problèmes.
21 Je ne pense pas que la défense puisse prouver quoi que ce soit à propos de
22 ce document. Je veux simplement voir ce qui en est de ce témoin. Je
23 n’aurai pas d’autre question à poser à ce témoin.
24 M. le Président (interprétation). - Sauf si vous voulez montrer
25 qu’il a vraiment fait cette déclaration et qu’il l’a fait à l’attention de
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1 quelqu’un. Mais ceci manque encore dans le document. Je ne vois pas
2 pourquoi vous pourriez vous importuner avec ces déclarations à ce stade.
3 Mme McHenry (interprétation). - Une dernière question. Seriez-
4 vous en mesure de reconnaître l’écriture de Esad Landzo ?
5 M. Dordic (interprétation). - Non.
6 Mme McHenry (interprétation). - Je n’ai plus de question.
7 Je n’ai plus de question.
8 M. le Président (interprétation). - Je crois que nous en avons
9 terminé, en tout cas pour ce qui est de ce témoin. Nous allons ajourner
10 nos travaux et nous reprendrons à 14 heures, le 23 juin. Je pense que ce
11 sera alors le moment de la visioconférence.
12 Je vous remercie.
13 La séance est levée à 18 heures.
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