Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 5056

  1   TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL   AFFAIRE N° IT-96-21-T

  2   POUR L'EX-YOUGOSLAVIE  

  3  

  4   Jeudi 17 juillet 1997

  5   L'audience est ouverte à 10 heures 05.

  6   M. le Président (interprétation). - Mesdames et Messieurs,

  7   bonjour. Tout d’abord, quelles sont les comparutions ?

  8   Mme McHenry (interprétation). - Bonjour, Madame et Messieurs les

  9   Juges. Je suis Teresa McHenry. Je représente le bureau du Procureur, en

 10   compagnie de Me Turone et de Me Elles Van Dusschoten, notre substitut

 11   d'audience.

 12   M. le Président (interprétation). - Pour la défense ? 

 13   Mme Residovic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le

 14   Président. Je suis Edina Residovic. Je défends M. Zejnil Delalic en

 15   compagnie de mon confrère Eugène O’Sullivan, professeur canadien.

 16   M. Olujic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président. Je

 17   m’appelle Zeljko Olujic. Je défends Zdravko Mucic. J’ai avec moi

 18   Me Michael Greaves, avocat de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord.

 19   M. Karabdic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.

 20   Je m'appelle Salih Karabdic. Je défends M. Hazim Delic. Mon confrère est

 21   Me Thomas Moran, avocat de Houston, au Texas.

 22   M. Ackerman (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président.

 23   Je suis John Ackerman. Je défends Esad Landzo en compagnie de

 24   Me Cynthia McMurrey, des Etats-Unis.

 25   M. le Président (interprétation). - Maître McHenry, quelle est


Page 5057

  1   la position à laquelle vous êtes parvenue à l'égard de votre témoin, avant

  2   que nous le demandions en audience ?

  3   Mme McHenry (interprétation). - Pouvons-nous passer à huis clos,

  4   Monsieur le Président ? 

  5   M. le Président (interprétation). - Pour ce qui ait des

  6   observations que vous allez faire suite à ce que disait Me Ackerman,

  7   hier ?

  8   Mme McHenry (interprétation). - Oui, je suis tout à fait prête à

  9   répondre et à étoffer les remarques que j'ai déjà faites hier, mais

 10   j’aimerais le faire à huis clos.

 11   M. le Président (interprétation). - Faisons-le avant que le

 12   témoin n'entre dans le prétoire. Passons à huis clos.

 13   Mme McHenry (interprétation). - Je vous remercie Monsieur le

 14   Président.

 15   (L'audience se poursuit à huis clos.)

 16   (Audience à huis clos.)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (expurgée)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (expurgée)


Page 5058

  1 

  2 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12 

 13  Page 5058 –expurgées– audience à huis clos.

 14 

 15 

 16 

 17 

 18 

 19 

 20 

 21 

 22 

 23 

 24 

 25 


Page 5059

  1 

  2 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12 

 13  Page 5059 –expurgées– audience à huis clos.

 14 

 15 

 16 

 17 

 18 

 19 

 20 

 21 

 22 

 23 

 24 

 25 


Page 5060

  1 

  2 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12 

 13  Page 5060 –expurgées– audience à huis clos.

 14 

 15 

 16 

 17 

 18 

 19 

 20 

 21 

 22 

 23 

 24 

 25 


Page 5061

  1 

  2 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12 

 13  Page 5061 –expurgées– audience à huis clos.

 14 

 15 

 16 

 17 

 18 

 19 

 20 

 21 

 22 

 23 

 24 

 25 


Page 5062

  1   (expurgée)

  2   (expurgée)

  3   (expurgée)

  4   (expurgée)

  5   (expurgée)

  6   (Fin du huis clos.)

  7   (L'audience se poursuit en séance publique.)

  8   M. Jan (interprétation). - Avant que le témoin n'entre,

  9   j'aimerais savoir à quelle date a été rédigé ce rapport.

 10   Mme McHenry (interprétation). - Il n'y a pas de date figurant

 11   sur ce rapport, mais je pense que le témoin pourra vous dire qu'il a été

 12   rédigé fin juin.

 13   M. Jan (interprétation). - Quand on présente un rapport, on lui

 14   appose en général une date. Il est assez inusité de ne pas voir de date.

 15   Mme McHenry (interprétation). - Je suis bien de votre avis.

 16   (Le témoin est introduit dans la salle d'audience.)

 17   M. Jan (interprétation) - Je crois qu'il y a une erreur dans le

 18   procès-verbal d'audience [en anglais] : je ne parlais pas de Dayton mais

 19   de date. Je pense que le mot date a suscité une confusion et a donné

 20   Dayton. Nous parlions effectivement de la date à laquelle ce rapport a été

 21   rédigé. .

 22   (Le Témoin D est introduit dans la salle d’audience.)

 23   M. le Président (interprétation) - Veuillez rappeler au témoin

 24   qu'il témoigne toujours sous serment.

 25   M. le Greffier - Je vous rappelle que vous témoignez toujours


Page 5063

  1   sous serment.

  2   Témoin D (interprétation). - Oui.

  3   M. le Président (interprétation). - Veuillez poursuivre.

  4   Mme McHenry (interprétation). - Monsieur D, bonjour.

  5   Témoin D (interprétation) - Bonjour.

  6   Mme McHenry (interprétation). - Monsieur D, vous avez dit

  7   précédemment qu'il y avait des femmes dans le camp. Pourriez-vous nous

  8   dire comment vous avez pu arriver à cette conclusion et sauriez-vous

  9   combien de femmes il y avait au camp ?

 10   Témoin D (interprétation) - Oui, je pense que j'ai vu dans cette

 11   liste cinq noms de femmes. J'en suis pratiquement sûr, mais je n'ai jamais

 12   vu les déclarations qu'auraient fait ces femmes. Et, pendant tout le temps

 13   que nous avons passé là, le statut de ces femmes me préoccupait beaucoup

 14   au sein de la commission, mais personne n'a jamais fourni de réponse à mes

 15   questions.

 16   Il m'a été dit que Grozdana Cecez avait dû rester au camp parce

 17   que des informations étaient venues de l'extérieur selon lesquelles son

 18   mari était armé et se cachait dans les environs de Konjic. Je ne sais pas

 19   ce qu'il en était des autres femmes.

 20   Je sais qu'il y avait la femme de Rajko Dordic qui est un

 21   commandant à Bradina. Je pense qu'elle se trouvait au camp.

 22   Après un certain temps, je pense avoir suggéré que ces femmes

 23   devaient être relâchées du camp et que, s'il fallait interroger

 24   Gordana Cecez, un tel interrogatoire devait être mené en bonne et due

 25   forme. Je suis même allé jusqu'à suggérer dans deux rapports que ces


Page 5064

  1   femmes soient libérées. J'avais obtenu ces informations à partir des

  2   dossiers et des listes. Je ne sais pas quand ces deux femmes ont été

  3   libérées, mais je pense qu'elles l'ont été. Combien de femmes sont alors

  4   restées au camp après la libération de ces deux femmes ? Je ne peux pas le

  5   dire. Je ne sais pas si Gordana est restée au camp ; je ne sais pas

  6   exactement.

  7   Mme McHenry (interprétation). - Vous ai-je bien compris,

  8   Monsieur ? Dans le cadre de l'analyse et du classement que vous avez

  9   établi, cette commission recommandait-elle parfois la libération de

 10   certaines personnes alors qu'il était recommandé que telle ou telle autre

 11   personne puisse être retenue et poursuivie ?

 12   Témoin D (interprétation). - Quand M. Delalic était en réunion

 13   avec nous, il m'incombait de faire l'analyse de toutes les données que

 14   nous avions recueillies jusqu'alors le plus rapidement possible. Je le

 15   faisais, en respectant les meilleurs délais, à partir de déclarations et

 16   d'autres informations dont disposait la commission.

 17   J'ai donc établi un rapport au nom de cette commission. Je ne

 18   vais pas vous en donner la teneur circonstanciée, mais l'idée principale

 19   était celle-ci : la façon dont les Serbes s'armaient dans la région de

 20   Bradina et dans un périmètre plus large, d'où les armes provenaient, qui

 21   remettait ces armes aux autres, le type d'armes utilisées, le moment où

 22   ces armes avaient été transportées à Bradina et dans d'autres localités

 23   aux alentours de Konjic, comment la répartition des armes se faisait, par

 24   qui elle se faisait, et quelles étaient les personnes de la région de

 25   Konjic qui avaient participé à ces actions.


Page 5065

  1   Il se peut que ce rapport ait mentionné une dizaine de personnes

  2   qui se trouvaient au camp. Il y avait des personnes mentionnées dans ce

  3   rapport qui ne se trouvaient pas dans le camp parce que ces personnes

  4   avaient pris la fuite vers la région du lac de Borci avant les opérations

  5   de combat. Mais -et c'était mon sentiment ainsi que celui de certains

  6   autres membres de la commission- une poursuite pénale semblait pouvoir

  7   s'engager au motif que ces personnes avaient incité à la rébellion armée,

  8   ceci en vertu des lois régissant l'ex-Yougoslavie. C'était le seul domaine

  9   où nous pouvions prendre une décision.

 10   Mme McHenry (interprétation). - Savez-vous si certains

 11   prisonniers ont été affectés aux catégories les plus basses, les moins

 12   dangereuses, et si de tels prisonniers ont été libérés pendant que vous

 13   travailliez vous-même au camp ?

 14   Témoin D (interprétation) - Franchement, je n'ai pas eu

 15   d'informations en retour me permettant de savoir qui, en fonction de ce

 16   classement, aurait été libéré du camp. Si j'ai appris certaines choses,

 17   c'est un peu par hasard. Je n'ai pas essayé d'établir une communication

 18   entre la commission et d'autres personnes. Il aurait été logique de

 19   libérer certaines personnes, mais je ne sais pas combien de celles qui

 20   méritaient d'être libérées l'ont été. Tout ce qu'on pouvait faire

 21   -j'entends par là moi et les membres de la commission-, c'était voir sur

 22   certaines listes si ces personnes avaient été libérées.

 23   A l'époque se produisit un autre incident. On avait commencé par

 24   les catégories les plus basses et je ne sais pas sur l'ordre de qui ceci

 25   s'est passé, mais ces personnes avaient été transportées à Konjic, à


Page 5066

  1   l'école et au centre sportif. Je vous dis la vérité quand j'affirme que je

  2   ne sais pas pourquoi ceci est arrivé et qui avait donné cet ordre. Etant

  3   donné qu'il y avait un pilonnage et des attaques constantes sur Konjic,

  4   plusieurs civils avaient trouvé la mort dans ces pilonnages incessants. Il

  5   y avait vraiment beaucoup d'horeurs. Le centre scolaire avait aussi été

  6   pilonné et il était très vulnérable. Je crois qu'une dizaine de

  7   prisonniers ont été tués lors d'un de ces pilonnages. C'était un véritable

  8   massacre.

  9   Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, vous avez dit que,

 10   lorsque vous travailliez au camp, vous pouviez voir depuis le bureau où

 11   vous vous trouviez que des prisonniers attendaient leur tour. Est-ce que

 12   vous avez jamais vu des prisonniers avec les mains attachées ?

 13   Témoin D (interprétation). - Oui, j'étais assis dans un bureau.

 14   Les bureaux n'étaient pas nombreux. C'était un bureau où se tenaient les

 15   interrogatoires. En arrivant, je voyais parfois effectivement que certains

 16   prisonniers avaient les mains attachées. C'est comme cela que je sais que

 17   Zara Mrkajic a été amené dans ce bureau avec les mains attachées. Ce

 18   Zara Mrkajic était quelqu'un de très important pour notre travail et pour

 19   les interrogatoires menés par la commission.

 20   En effet, c'était l'un des notables de Bradina, il était

 21   propriétaire de plusieurs cafés et, à ce titre, il avait organisé

 22   l'approvisionnement en armes de Bradina, ainsi que l'acheminement de ces

 23   armes.

 24   Pour autant que je me souvienne, ce prisonnier a été amené par

 25   Hazim Delic et, lors d'un interrogatoire de ce genre, il faut préparer la


Page 5067

  1   personne interrogée, il faut mettre cette personne à l'aise pour qu'elle

  2   puisse parler, et pour pouvoir aussi parler clairement. Cela pouvait se

  3   voir. Je me suis donc joint à l'interrogatoire et nous avons réagi, nous

  4   avons dit : "Pourquoi le prisonnier est-il attaché" ? Il nous a été donné

  5   comme réponse que ce n'était pas notre affaire. C'était un peu insultant,

  6   mais ce n'est pas l'essentiel. Monsieur Delic ne voulait pas détacher les

  7   mains du prisonnier. C'est nous qui l'avons fait ensuite.

  8   Mme McHenry (interprétation). - Etaient-ce des liens serrés ou

  9   pouvez-vous nous dire, éventuellement, si vous savez comment M. Mrkajic

 10   avait les mains attachées ?

 11   Témoin D (interprétation). - C'était une corde et on pouvait

 12   voir que la circulation sanguine était empêchée par cette corde. Après

 13   cela, ses mains tremblaient et il a dû secouer les mains pour rétablir la

 14   circulation normale du sang.

 15   Mme McHenry (interprétation). - Après cette conversation que

 16   vous avez eue avec M. Delic concernant le fait que les prisonniers avaient

 17   les mains attachées, que s'est-il passé ?

 18   Témoin D (interprétation). - Après cela, je ne peux pas dire que

 19   j'ai vu d'autres prisonniers dont les mains étaient aussi attachées. Cela

 20   s'est peut-être produit, mais personnellement je n'en ai pas vu. Mrkajic a

 21   été amené une autre fois et cette fois-là, il n'avait plus les mains

 22   attachées. Cela étant, nous avons dit à Zara Mrkajic de s'asseoir sur une

 23   chaise alors que M. Delic, je pense, lui parlait. Je ne me souviens pas de

 24   ce qu'il lui disait exactement, mais alors que la commission était là et

 25   qu'il avait d'autres tâches, d'autres choses à faire, il disait quand même


Page 5068

  1   ces choses au prisonnier. Je ne sais pas pourquoi.

  2   J'avais alors le dos tourné vers la porte et je regardais vers

  3   la fenêtre. C'est comme cela que nous étions disposés. Et, tout d'un coup,

  4   j'ai entendu un coup de feu qui m'a fait sursauter. Quand je me suis

  5   retourné, je pense que la porte était ouverte, et j'ai vu Hazim. Je ne

  6   l'ai pas vu tirer le coup de feu, bien qu'il portait en permanence un

  7   fusil, mais pour vous dire la vérité, je n'ai pas osé lui poser la

  8   question. J'ai simplement pensé que c'était lui qui avait tiré le coup de

  9   feu.

 10   Excusez-moi, je ne sais pas quelle était la raison de ce coup de

 11   feu. Etait-ce lui ? Etait-ce quelqu'un d'autre ? Je ne peux affirmer quoi

 12   que ce soit avec certitude. Mais quel que soit l'auteur de ce coup de feu,

 13   l'objectif était sans doute d'intimider, de nous intimider. Nous savons

 14   que les prisonniers étaient également intimidés.

 15   M. Moran (interprétation). - Monsieur le Président, j'objecte à

 16   ces affirmations, car cela soulève toutes sortes de conjectures.

 17   M. le Président (interprétation). - Je pense qu'il est plus

 18   juste que vous n'interrompiez pas le cours de la déposition. Nous verrons

 19   en fin de compte quelle direction cette déposition prend.

 20   Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, pouvez-vous me dire, à

 21   propos de ce coup de feu qui a été tiré, si cela s'est passé à l'intérieur

 22   du bâtiment, si c'était près de la pièce où vous vous trouviez, ou si

 23   c'était à l'extérieur du camp, ou encore si vous êtes à même d'affirmer

 24   quoi que ce soit sur ce plan ?

 25   Témoin D (interprétation). - C'était dans le couloir du bâtiment


Page 5069

  1   où nous travaillions et je voudrais répondre au conseil de la défense que

  2   ce ne sont pas des insinuations que je fais, en aucune circonstance. Je

  3   n'ai pas de raison de le faire car je ne connais aucune de ces personnes,

  4   à l'exception de M. Delalic avec qui je suis allé à l'école. Je n'ai donc

  5   pas de raison de faire des insinuations, Madame et Messieurs les juges, je

  6   ne suis pas venu pour faire un faux témoignage. Si vous me permettez cette

  7   digression, j'ai beaucoup de patience et c'est un honneur pour moi que de

  8   pouvoir vous raconter ce que je sais devant ce Tribunal et vous dire ce

  9   qui s'est passé et les souffrances dont j'ai été le témoin.

 10   Mme McHenry (interprétation). - En dehors de ce que vous avez

 11   déjà dit, est-ce que vous avez jamais vu quelque chose ou reçu quelque

 12   information que ce soit de la part de gens qui travaillaient au camp et

 13   qui auraient fait état de mauvais traitements infligés à des prisonniers ?

 14   Témoin D (interprétation). - Voyez-vous, j'ai entendu de

 15   nombreuses conversations entre les membres de la commission. J'avais

 16   accepté ce travail pour le faire de façon honorable et quoi que m'ait dit

 17   M. Zejnil Delalic ou toute autre personne qui avait peut-être une position

 18   de commandement, je le faisais si c'était quelque chose que je jugeais bon

 19   de faire. Mais à entendre les récits de mauvais traitements infligés à des

 20   prisonniers, et étant donné que nous n'avions pas de chef au sein de la

 21   commission auprès de qui nous pouvions nous plaindre, j'en suis arrivé à

 22   ceci.

 23   J'ai aussi assisté à quelque chose d'autre. Un matin, alors que

 24   nous avions commencé à travailler tôt -je ne me souviens pas de la date

 25   car cela n'a pas duré très longtemps-, plusieurs hommes, plusieurs membres


Page 5070

  1   de la commission qui se trouvaient là en train d'attendre que quelqu'un

  2   soit amené pour un interrogatoire étaient présents, une espèce de panique

  3   s'est déclenchée dans l'intervalle. Je ne savais pas ce qui était en train

  4   de se passer, je suis sorti dans le couloir et j'ai vu des gens dans le

  5   couloir en train de s’agiter, d'amener quelque chose.

  6   J'ai alors demandé ce que c'était. Je ne me souviens pas lequel

  7   des membres de la commission -est-ce que c'était Rizvic Pajic ou Saciz, je

  8   n'en sais rien- qui m'a dit que l'un des prisonniers avait été passé à

  9   tabac dans la pièce voisine de celle où nous travaillions je pense. Je

 10   suis retourné au bureau dans lequel je travaillais, nous étions plusieurs

 11   dans cette pièce, et nous avons pensé que nous devions vérifier quel était

 12   le prisonnier qui avait été ainsi frappé et pourquoi.

 13   Dans l'intervalle, quelqu'un nous a dit qu'on pouvait sentir

 14   qu'on était en train d'essayer de cacher, d'étouffer l'affaire. Et pendant

 15   que nous en parlions, une voiture est arrivée, je crois que c'était une

 16   Jeep, avec un chauffeur et M. Delalic. Ils sont passés devant la fenêtre

 17   de la pièce où nous étions, ils ont garé le véhicule et ils sont entrés

 18   dans le bâtiment. Et nous sommes allés voir ce prisonnier. Nous sommes

 19   entrés dans la pièce et j'ai vu que cet homme était en très mauvais état.

 20   Il ne faisait plus que gémir, il était recroquevillé. Il y avait là

 21   d'autres personnes présentes que je ne connaissais pas, sans doute des

 22   gardes.

 23   Sur ces entrefaits, un médecin est arrivé. Qui l'avait appelé ?

 24   Est-ce que c'était M. Delic, M. Mucic ou quelqu'un d'autre ? Je n'en sais

 25   rien. Je suis donc sorti. Le médecin a examiné le prisonnier. Plus tard,


Page 5071

  1   j'ai appris que le prisonnier avait été emmené à l'hôpital, qu'il avait de

  2   graves blessures aux poumons, à la plèvre et que sa vie était en danger.

  3   Où M. Delalic est-il allé à ce moment-là ? Je n'en sais rien. J'aurais

  4   aimé le voir, car j'aurais pu lui demander ce qui s'était passé. Je

  5   pouvais le faire, mais je ne savais pas où il était.

  6   Mme McHenry (interprétation). - Connaissez-vous le nom, le

  7   prénom ou le surnom de ce prisonnier qui a été ainsi passé à tabac ?

  8   Témoin D (interprétation). - Oui. Je n'avais pas terminé de

  9   répondre à votre première question et j'allais vous le dire. J'ai demandé

 10   quel était son nom, et personne ne semblait savoir. J'ai dit : "Est-ce

 11   qu’il est sur la liste, d'où vient-il" ? Personne ne semblait savoir et ce

 12   n'est qu'alors que les membres de la commission ont vérifié et dit qu'ils

 13   s'agissait de Zeljko Klimenta, aussi connu sous le surnom de Keljo, que

 14   c'était quelqu'un de Konjic, qu'il avait un café à Konjic, près de la

 15   station-service à l'entrée de la localité, et c'est tout. Pourquoi avait-

 16   il été capturé ? Pourquoi avait-il été amené ? Je n'ai rien appris.

 17   Mme McHenry (interprétation). - Vous nous dites que ce jour-là,

 18   vous n'avez pas eu l'occasion de parler à M. Delalic. Pendant le temps que

 19   vous avez passé à Celebici, avez-vous pu contacter M. Delalic

 20   personnellement ou par téléphone, et avez-vous essayé de le faire ?

 21   Témoin D (interprétation). - Vous voyez, je me souviens avoir

 22   téléphoné deux fois. On m'avait donné son numéro, j'ai donc appelé

 23   M. Zejnil deux fois, et ces deux fois, une femme a répondu et m'a dit que

 24   le commandant était sur le terrain. J'ai dit mon nom, j'ai dit qui

 25   j'étais, ce que je faisais et que je voulais faire passer un message à


Page 5072

  1   M. Delalic, lui faire part de chose que je savais. Je n'ai pas réussi à ce

  2   moment-là. Pourquoi n'ai-je pas insisté et n'ai-je pas appelé plus

  3   souvent ? Je peux vous l'expliquer.

  4   A écouter les histoires sur les mauvais traitements infligés aux

  5   prisonniers. Un matin, ou même plusieurs fois, j'ai vu une dactylographe,

  6   une femme qui s'appelait Ismeta Pozder. C'était une femme maigre, qui

  7   venait de Celebici. Elle y était née et y habitait peut-être. Il faisait

  8   beau, c'était l'été, et je venais tôt le matin travailler. Cette femme

  9   faisait du café pour tout le monde et m’en offrait une tasse.

 10   Elle s'est plainte à ce moment-là que des prisonniers étaient

 11   maltraités pendant la nuit et que des femmes étaient violées. Moi, j'en ai

 12   été choqué lorsqu'elle m'a raconté que les gardes s'étaient vantés d'avoir

 13   violé quelqu'un la nuit précédente. Ils avaient violé une femme,

 14   Gordana Cecez. La femme qui avait entendu cela était horrifiée. Pour ma

 15   part, je lui ai répondu que nous devions le dire à M. Delalic. Elle m'a

 16   alors dit qu'elle connaissait M. Delalic et qu'elle l'informerait de ce

 17   qui s'était passé. Je dois dire qu'elle parlait de lui souvent en disant

 18   "M. Delic". Peut-être le connaissait-elle déjà avant, ou mieux que moi.

 19   Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, savez-vous si des

 20   prisonniers sont morts au camp ?

 21   Témoin D (interprétation). - Je ne sais pas dans quel bâtiment

 22   ces prisonniers se trouvaient, ni pourquoi et d’où on les avait amenés. Un

 23   jour, j'ai constaté qu'il y avait plusieurs prisonniers dans le bâtiment

 24   qui se trouvait juste en face de celui où nous travaillions. Nous faisions

 25   une pause, c'était peut-être l'heure du déjeuner, je ne me souviens pas.


Page 5073

  1   En tout cas, j'étais devant le bâtiment ainsi que d'autres membres de la

  2   commission. Quelqu'un a dit que le père de Zara Mrkajic était mort dans ce

  3   bâtiment.

  4   Son nom était bien sur la liste, mais je ne savais pas que

  5   c'était son père. Je pouvais voir, d'après les dates qui figuraient sur la

  6   liste, que c'était un vieil homme. Quelqu'un avait ouvert la porte du

  7   bâtiment, on entrait, on sortait et j'ai vu quelqu'un s'agenouiller tout

  8   près, mais je ne me suis pas approché. Je n'ai vu cela que de loin.

  9   Ensuite, on m'a dit que c'était son autre fils. Je pense que je l'ai aussi

 10   trouvé sur la liste. Il y avait beaucoup de gens qui portaient le même nom

 11   de famille -Mrkajic- sur cette liste et il était difficile de connaître

 12   les liens entre toutes ces personnes.

 13   Logiquement, la commission aurait dû, avec l'aide d'un expert ou

 14   d'un médecin, établir la cause du décès, mais la commission a été informée

 15   par quelqu'un que ce Mrkajic était mort de cause naturelle, qu'il était

 16   malade, qu'il était diabétique. Il n'avait sans doute pas reçu de

 17   médicaments. Je ne peux que le supposer, je ne sais pas.

 18   Mme McHenry (interprétation). - Savez-vous quelque chose sur la

 19   procédure normale en cas de décès d'un prisonnier ? Devait-il y avoir un

 20   examen médical, un certificat de décès ou une enquête ? Est-ce que vous

 21   savez quelque chose à ce propos ?

 22   Témoin D (interprétation). - C'est une très bonne question que

 23   vous me posez, une question que nous nous sommes posée nous-mêmes

 24   constamment pendant que nous étions là-bas. Que devions-nous faire si un

 25   prisonnier mourrait de cause naturelle ou non ? Les gens ne posaient pas


Page 5074

  1   ce genre de questions. Pour vous dire la vérité, j'étais horrifié. J'ai

  2   dit : "Pouvons-nous combattre le mal en employant les mêmes moyens" ? Non.

  3   Alors, toujours au sein de la commission, j'ai dit que si nous entendions

  4   parler du décès de quelqu'un, il fallait que nous sachions s'il y avait un

  5   certificat de décès ou ce genre de chose. Personne n'avait de réponse.

  6   Pas uniquement moi, mais tous les membres de la commission, nous

  7   avons pu voir Jasna Dzumhur. C'est ainsi qu'elle s'appelait. Nous la

  8   rencontrions dans le couloir, nous lui disions bonjour, nous lui posions

  9   des questions sur sa famille, comment cela allait. En temps de guerre,

 10   tout cela était très normal et je lui ai demandé ce qu'elle faisait là. Je

 11   supposais qu'elle savait que je travaillais au sein de la commission. Elle

 12   m'a répondu qu'elle était venue pour emporter un corps. Je lui ai alors

 13   dit : "Mais, Madame Yasna, comment se fait-il que la commission n'en sache

 14   rien ?" Elle m'a répondu : "Pourquoi devriez-vous en savoir quelque

 15   chose ?" Elle était fâchée et elle est partie. Or, je ne l'avais

 16   absolument pas insultée, en aucune manière. "Pourquoi ne les tuez-vous

 17   pas ?" m'a-t-elle dit. J'ai répété ses propos à la commission, et tous les

 18   membres de la commission ont haussé les épaules.

 19   Qui était mort  ? Qui avait établi le certificat de décès ? Qui

 20   avait établi la cause du décès ? Je n'en savais absolument rien, et les

 21   membres de la commission n'en savaient absolument rien. En tout cas, je

 22   n'ai rien entendu dire de la part des membres de la commission. Je sais

 23   que tout le monde était choqué. Peut-être est-elle venue à plusieurs

 24   reprises. Je n'ai pas revu sa voiture, mais je ne l'ai pas vue

 25   personnellement. Toujours est-il qu'on m'a dit que c'était elle qui était


Page 5075

  1   qui pouvait s'occuper des personnes qui étaient mortes ou qui avaient été

  2   tuées. Je ne sais pas comment pouvait s'appeler la fonction qu'elle

  3   occupait, mais je l'ai rencontrée plusieurs fois par la suite, presque

  4   tous les deux jours, alors que j'avais quitté la commission. Je

  5   travaillais toujours au sein de la police militaire. Nous échangions

  6   souvent quelques mots et je lui ai reparlé de cette affaire. Sa réponse a

  7   toujours été qu'elle informait M. Delalic de tout ce qui se passait. Je ne

  8   sais pas si c'était vrai. Ce n'était pas à moi de vérifier cela, mais j'ai

  9   dit que ce n'était pas la bonne procédure et qu'il fallait mener une

 10   enquête sur ces cas.

 11   Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, puis-je vous demander

 12   si, concernant des détenus particuliers -en dehors du travail d'analyse

 13   qui a pu être fait- vous avez eu des conversations avec des personnes au

 14   camp quant aux raisons pour lesquelles on maintenait en détention tel ou

 15   tel prisonnier ?

 16   Témoin D (interprétation). - Voyez-vous, j'avais déjà décidé

 17   pour moi-même que je devais faire quelque chose, car je ne pouvais pas

 18   continuer la bataille que je menais avec moi-même. Je ne pouvais plus

 19   regarder, attendre que quelqu'un me tue ou m'empêche de déjeuner.

 20   Monsieur Hazim Delic ne voulait pas que nous déjeunions parce

 21   que c'était la fête du Bajram. Peut-être que d'après ces critères je

 22   n'avais pas noté cela, Dieu merci. Ce fut un honneur pour moi d'être avec

 23   mes collègues à l'occasion de la fête du Bajram. Vers la fin, alors que

 24   j'avais décidé d'abandonner ce travail, je pense que c'est Stenek, à moins

 25   que ce ne soit quelqu'un d'autre, qui m'a dit : "Est-ce que tu veux bien


Page 5076

  1   interroger cette personne ?"  C'était un vieil homme qui venait de Konjic.

  2   On m'a dit aussi : "Nous sommes embarrassés, nous le connaissons et il n'a

  3   rien fait". J'ai dit : "si vous, vous êtes mal à l'aise à propos de cet

  4   interrogatoire, moi je ne le connais pas, pourquoi est-ce que je ne le

  5   ferais pas ?"

  6   Je suis donc allé dans un bureau qui se trouvait à côté. J'ai

  7   demandé à cet homme comment il s'appelait, et il m'a donné son nom :

  8   Stanojevic. Je pense que c'était son nom. C'était un homme déjà âgé. Nous

  9   nous sommes donc assis, et nous avons parlé : pourquoi il avait été amené

 10   là, quand, etc. ? A en juger d'après tout ce qu'il m'a dit, il n'y avait

 11   aucune raison. Il avait un pistolet, mais il avait un permis de port

 12   d'arme délivré par les autorités de l'époque. Il avait remis spontanément

 13   son arme, c'est-ce qu’il m'a dit. Il a même dit qu'il avait un reçu. Il

 14   était serbe de nationalité. Il a dit que sa maison avait été fouillée

 15   plusieurs fois par la suite.

 16   Je suis donc allé à la commission, je leur ai dit qu'il n'y

 17   avait aucune raison de garder cette personne prisonnière au camp, et les

 18   autres membres de la commission ont haussé les épaules et ont dit : "Nous

 19   ne savons pas". Je suis alors allé voir M. Mucic, bien que ce n'était pas

 20   mon devoir, et je lui ai dit : "Avez-vous un compte rendu officiel ou un

 21   rapport expliquant pourquoi cet homme a été amené ?" Monsieur Mucic doit

 22   s'en souvenir ! Il m'a dit qu'il n'y avait rien.

 23   J'ai alors dit qu'il fallait libérer cet homme, qu'il n'y avait

 24   pas de raison de le garder, et Mucic n'a rien répondu. Bien sûr, je suis

 25   sorti, j'ai quitté le bureau, je suis retourné, et j'ai continué mon


Page 5077

  1   travail en disant qu'il n'y avait pas besoin de poursuivre

  2   l'interrogatoire de cet homme. Le jour suivant, ils ont dit que je devais

  3   recueillir une déclaration auprès de cet homme et que tous ceux qui

  4   étaient capturés devaient faire une espèce de déclaration. J'ai dit : "Pas

  5   de problème, si tel est le cas je recueillerai la déclaration de cet

  6   homme". On l'a donc amené et je lui ai parlé. La dactylo a tapé le rapport

  7   concernant le pistolet et, je me souviens, il m'a même dit que son beau-

  8   fils était officier dans l'armée de la JNA et qu'il était dans la région

  9   de la Krajina, et il pensait que c'était peut-être la raison pour laquelle

 10   il avait été capturé. Comme les communications téléphoniques et autres

 11   étaient interrompues, il n'avait pas eu de contact avec son gendre. Il ne

 12   savait même pas si son gendre était encore vivant ou s'il était mort. J'ai

 13   consigné tout cela par écrit.

 14   Encore une fois, je suis allé parler à Mucic de ma propre

 15   initiative et je lui ai demandé pourquoi garder cet homme. Il a répondu

 16   avec une certaine arrogance. J'ai dit : "Pourquoi le garde-t-on ?" Mucic a

 17   répondu : "C'est un Serbe et il était au mont Igman". Je ne voyais

 18   toujours pas de raison de garder cet homme, et je ne sais pas quand il a

 19   été relâché. Je pense que nous sommes sortis dans l'intervalle. Il y a eu

 20   une autre histoire. Un homme peut confirmer les détails de ce que je

 21   raconte s'il est toujours vivant. C'était un enseignant, un professeur de

 22   philosophie ou quelque chose de ce genre, de sciences politiques peut-

 23   être. Il venait du village de Idbar. Il était plutôt jeune. Nous n'avons

 24   vu aucun rapport écrit expliquant les raisons pour lesquelles cet homme

 25   avait été amené. Cela ne nous a pas été expliqué oralement. Je sais que


Page 5078

  1   cet homme avait dit avoir laissé ses parents au village de Idbar et ne pas

  2   avoir été membre de quelque unité militaire que ce soit. Je ne sais pas

  3   quand il a été libéré, ou même s'il l'a été. Je ne me souviens pas de son

  4   nom. Voici les deux affaires dont je me souviens.

  5   Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, au fil du temps, vous

  6   avez indiqué que vous vous êtes de plus en plus inquiété quant à ce qui se

  7   passait à Celebici. Qu'avez-vous pu apprendre ? Et si quelque chose a eu

  8   lieu, les autres membres de la commission et vous-même avez-vous

  9   finalement fait quelque chose, et quoi ?

 10   TEMOIN D (interprétation). - Je sais que je parlais avec les

 11   autres avec beaucoup d'amertume au sujet de ce qu'il conviendrait de

 12   faire, de ce qu'il serait possible de faire. Nous avions de plus en plus

 13   l'impression que cette commission d'enquête était comme un paravent ou un

 14   instrument servant à cacher quelque chose de négatif qui se passait sous

 15   nos yeux et que cette commission, en fait, n'était rien de réel. Je

 16   parlais de cela et personne ne savait me répondre.

 17   Je voudrais apporter une correction à propos de ce que j'ai dit

 18   hier. En effet, j'ai dit que quelquefois nous travaillions le samedi. Or

 19   nous ne travaillions pas le samedi. Donc, un samedi, justement parce que

 20   nous ne travaillions pas, je suis allé dans les locaux du HVO pour essayer

 21   de voir M. Ivica Azinovic. Je l'ai fait même si, pour vous dire la vérité,

 22   ce n'était pas simple d'aller dans un endroit comme celui-là pour dire

 23   qu'on refusait de continuer à travailler et pour décrire les circonstances

 24   justifiant ce refus. J'étais fermement déterminé à ne jamais rejeter un

 25   travail qui aille dans le sens de la défense de la population et du


Page 5079

  1   maintien ou du rétablissement de la paix.

  2   Ce samedi, j'y suis donc allé. Je pouvais très bien m'imaginer

  3   qu'il allait m'arriver toutes sortes de choses -arrestation, pas

  4   arrestation ? Sur la base des informations que nous avions, tout était

  5   possible. J'ai attendu jusqu'à l'après-midi dans les locaux du HVO et

  6   Azinovic n'est pas venu. Personne n'a pu  me dire où il se trouvait.

  7   Mme McHenry (interprétation). - Quel était le rôle de

  8   M. Azinovic, je vous prie ?

  9   TEMOIN D (interprétation). -  Il était Président du HVO.

 10   Mme McHenry (interprétation). - Veuillez poursuivre, Monsieur.

 11   TEMOIN D (interprétation). -  Ce soir-là, je suis retourné d'où

 12   j'étais venu, mais le dimanche, je suis revenu. Je savais que ce genre

 13   d'institutions fonctionnaient étant donné les circonstances et le

 14   dimanche, j'ai attendu parce qu'on m'avait dit qu'il allait arriver.

 15   Vers midi environ, Azinovic est arrivé. J'ai attendu quelques

 16   instants jusqu'à ce qu'il me fasse rentrer dans son bureau. J'ai pénétré

 17   dans son bureau, et je lui ai raconté tout ce que je savais, et tout ce

 18   que je suis en train de vous raconter à vous, Madame et Messieurs les

 19   juges. Je lui ai raconté ce qui se passait dans cette prison, dans ce

 20   camp. Je lui ai dit que je ne pouvais ni écouter ni regarder des choses

 21   comme celles-là, et qu'en outre il m'était totalement impossible

 22   d'exécuter les tâches qui m'étaient confiées dans ces conditions.

 23   Après mon récit, il a exprimé de l'étonnement et m'a dit qu'il

 24   n'avait aucune information à ce sujet. Bien entendu, je lui ai rétorqué

 25   que ce n'était pas mon rôle de lui apporter ces informations et que je


Page 5080

  1   n'avais pas été officiellement chargé de le faire, mais je lui ai dit :

  2   "Si vous me permettez de m'exprimer ainsi, je ne peux plus exécuter ce

  3   genre de tâches". M'a-t-il cru ? Ne m'a-t-il pas cru ? Je ne sais pas.

  4   Mais il m'a dit que le même jour, il allait discuter avec les autres

  5   membres de la commission. Puis-je parler à huis clos pour le reste de ma

  6   réponse ?

  7   Mme McHenry (interprétation). - Monsieur le Président, je

  8   demande que nous passions à huis clos.

  9   M. le Président (interprétation) - Très bien. Nous allons passer

 10   à huis clos bien que nous ne connaissions pas encore la nature de cette

 11   déposition.

 12   Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, nous ne sommes pas

 13   encore à huis clos.

 14   (L'audience se poursuit à huis clos.)

 15   (Audience à huis clos.)

 16   (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (expurgée)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (expurgée)


Page 5081

  1   (expurgée)

  2   (expurgée)

  3   (expurgée)

  4   (expurgée)

  5   (Fin du huis clos.)

  6   (L'Audience se poursuit en séance publique.)

  7   Mme McHenry (interprétation). -  Merci, nous sommes maintenant

  8   en audience publique, vous pouvez poursuivre.

  9   TEMOIN D (interprétation). - Nous nous sommes retrouvés

 10   ensemble, tous les trois et à ce moment-là, je crois qu'ils ont appelé

 11   Dinko Zebic. Cet homme-là, je ne le connaissait pas à l'époque.

 12   Mme McHenry (interprétation). -  Monsieur, un instant s'il vous

 13   plaît, nous avons un problème d'interprétation...

 14   Et quelle était la position de M. Dinko Zebic ?

 15   TEMOIN D (interprétation). - Je crois qu'il était membre du

 16   commandement militaire.

 17   Mme McHenry (interprétation). -  Commandant de quelle unité, de

 18   quelle entité ?

 19   TEMOIN D (interprétation). - Un commandant du HVO. Dans l'armée.

 20   Mme McHenry (interprétation). -  Merci, Monsieur. Veuillez

 21   poursuivre.

 22   TEMOIN D (interprétation). -  Il y avait aussi d'autres membres

 23   du HVO présents et, devant tous ces hommes, j'ai répété ce que je lui

 24   avais dit, à lui tout seul, précédemment. Les deux autres qui avaient été

 25   appelés ont confirmé mes dires et ont même ajouté des éléments


Page 5082

  1   complémentaires dont je n'avais pas connaissance.

  2   Azinovic n'a dit qu'un seul mot : "Si les choses sont ainsi,

  3   vous devez démissionner et cesser de travailler". J'ai dit : "Oui, je

  4   l'accepte, mais je propose que nous ne partions pas simplement comme cela,

  5   car nous ne sommes pas les seuls membres de la commission. Il y a encore

  6   quatre autres membres de la commission qui ont la même réaction".

  7   Il m'a demandé : "Mais alors, que proposes-tu ?" Et j'ai

  8   répondu : "Je propose que nous mettions par écrit les motifs qui font que

  9   nous ne souhaitons plus faire ce travail, et je peux vous garantir que

 10   tous les membres de la commission signeront cette déclaration".

 11   Et le lendemain, le lundi donc, les hommes du HVO, Azinovic et

 12   les autres, ont accepté cette proposition. La déclaration a été mise par

 13   écrit. Mais nous, nous n'avions pas dit qu'il fallait nécessairement la

 14   remettre le lendemain. Or je me souviens bien que cette déclaration a été

 15   rédigée, le lundi, c'est-à-dire le lendemain de l'entretien. J'avais déjà

 16   prévu un certain nombre d'engagements privés avant ce jour-là pour le

 17   lundi, et donc je ne suis pas arrivé à l'heure. Quand je suis arrivé à

 18   Celebici, le mardi je crois, je n'ai plus trouvé un seul membre de la

 19   commission. Je me suis donc rendu compte que tout ce dont nous étions

 20   convenus ensemble avait été fait et je suis parti dans les bureaux du HVO

 21   où je crois avoir vu (expurgé) et peut-être d'autres membres de la commission

 22   qui m'ont informé du fait que la déclaration dont nous avions parlé,

 23   contenant les motifs de notre réaction, avait été rédigée.

 24   Ils m'ont dit que le commandant de la défense territoriale, le

 25   Président du HVO, le coordinateur des opérations de combat du groupe


Page 5083

  1   tactique -je crois que c'est comme cela que cela s'appelle- était

  2   M. Delalic, et qu'il y avait un exemplaire prouvant cela dans les archives

  3   du HVO.

  4   J'ai évidemment vérifié, j'ai pris le document dans les archives

  5   pour voir si tout ce que nous avions décidé plus ou moins de dire à titre

  6   de motifs justifiant notre réaction avait bien été mis noir sur blanc. Et

  7   j'ai bien entendu ajouté que même si les aspects négatifs étaient

  8   soulignés dans le texte, si j'avais été présent, j'aurais sans doute mis

  9   encore davantage l'accent sur ces aspects négatifs. Cela étant, ils

 10   étaient mentionnés.

 11   Mme McHenry (interprétation). -  Très bien, Monsieur. Revenons

 12   un peu en arrière, de façon à nous assurer que tout a bien été compris.

 13   Ai-je raison de dire que lorsque vous êtes allé à Celebici et que vous n'y

 14   avez trouvé personne, vous êtes allé au siège du HVO et avez appris que le

 15   rapport avait été rédigé. Est-ce bien cela ?

 16   TEMOIN D (interprétation). - Oui c'est exact.

 17   Mme McHenry (interprétation). - Et vous avez cité des noms.

 18   J'aimerais que les choses soient encore plus claires. A qui ce rapport a-

 19   t-il été envoyé ?

 20   TEMOIN D (interprétation). -  Le rapport a été envoyé, comme

 21   nous en étions convenus, au commandant de la Défense territoriale de

 22   Konjic, au Président du HVO de Konjic, au coordonateur des opérations de

 23   combat de Sarajevo, Drejnic (?). Ou bien est-ce que cela s'appelait le

 24   groupe tactique ? Franchement, je ne sais pas exactement, je ne

 25   m'intéressait pas trop à ces détails. C'était Delalic. Pour la défense


Page 5084

  1   territoriale, je crois que c’était Ranic, si je ne m’abuse. Le Président

  2   du HVO était Ivica Azinovic. Est-ce que nous l'avons encore envoyé à

  3   quelqu'un d'autre ? Je ne m'en rappelle pas.

  4   Mme McHenry (interprétation). - Avec l'aide de l'huissier, je

  5   vais demander au témoin de prendre connaissance de ce document.

  6   Monsieur D, est-ce bien ce document ?

  7   Témoin D (interprétation). - Je vous demande un peu de patience,

  8   je voudrais lire ce texte.

  9   Oui, c'est bien ce document.

 10   Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, ce qui vous a été

 11   montré est le document qui a été enregistré aux fins d'identification

 12   comme pièce à conviction de l'accusation n° 162.

 13   Ai-je bien compris votre réponse stipulant que c'est une copie

 14   du rapport dont vous venez de parler ici même ?

 15   Témoin D (interprétation). - Oui, c'est un exemplaire de ce

 16   rapport.

 17   Mme McHenry (interprétation). - A l’époque où vous êtes allé

 18   rechercher un exemplaire de ce rapport dans les archives, l'avez-vous lu

 19   et pouvez-vous nous dire si ce qui était stipulé dans ce rapport est

 20   exact, si cela a été dit par vous ou par un des autres membres de la

 21   commission ?

 22   Témoin D (interprétation). - Des éléments venaient des récits

 23   des autres membres de la commission et d'autres éléments venaient de mon

 24   récit à moi. J'ai trouvé cet exemplaire dans les archives, j'en ai pris

 25   connaissance, je l'ai signé, j'ai apposé ma signature à côté des autres


Page 5085

  1   signatures.

  2   Mme McHenry (interprétation). - Très bien. Ai-je bien compris

  3   Monsieur, si je dis que les signatures ont été apposées officiellement et

  4   que vous l’avez signé ultérieurement parce qu'au moment de la première

  5   signature, vous étiez hors de la ville. C'est bien cela ?

  6   Témoin D (interprétation). - Oui, c'est exact. Quelques autres

  7   membres de la commission n'étaient pas non plus présents à la première

  8   signature, mais le rapport leur a été communiqué et, plus tard j'ai

  9   vérifié que chacun d'entre eux avait signé.

 10   Mme McHenry (interprétation). - Très bien. Comment, Monsieur,

 11   avez-vous pu vérifier que le rapport avait bien été envoyé ?

 12   Témoin D (interprétation). - Au HVO, je l’ai vérifié, je l’ai

 13   constaté. A la Défense territoriale, je n'ai pas vérifié, je n'ai pas non

 14   plus vérifié directement chez Delalic. Mais j'avais des contacts avec

 15   certaines personnes.

 16   Par exemple, je sais que Mme Jasna était membre de la présidence

 17   de guerre ou de quelque chose de ce genre. Lorsque nous nous rencontrions,

 18   entre autres sujets dont nous parlions, elle évoquait la question du camp,

 19   avec lequel je n'avais plus rien à voir bien sûr. Mais, en tant qu'être

 20   humain, je lui ai encore lancé un nouvel avertissement, je lui ai dit :

 21   "Mais faites ce qu'il faut pour que les choses se passent légalement. Il y

 22   a aujourd'hui des institutions internationales qui sont présentes sur le

 23   territoire de Konjic. Il y a la Croix-Rouge internationale et d'autres

 24   organisations humanitaires. Est-il possible que, dans un monde civilisé,

 25   une chose de ce genre se passe, que -dans le cadre des activités de


Page 5086

  1   défense vis-à-vis desquelles nous nous sommes engagés- quelque chose

  2   d'aussi noir se déroule ?".

  3   Pendant que j'étais membre de la commission d'enquête, nous

  4   avons essayé de régler les choses. Nous n'avons pas réussi et nous avons

  5   écrit un rapport disant : "C'est à vous qu'il appartient désormais de

  6   faire le ménage dans le camp".

  7   Si elle a été investie d'une habilitation quelconque pour venir

  8   chercher les corps des personnes décédées, c'est une chose, mais elle m'a

  9   toujours dit qu'elle avait toujours informé le commandant Zejnil de tout

 10   ce qui se passait. Je supposais donc qu’il était au courant. Elle ne m'a

 11   pas cité exactement le rapport, elle ne m'a pas demandé non plus de lui

 12   indiquer dans le détail ce que nous avions écrit dans notre rapport. Donc

 13   j'ai supposé, cela me paraissait logique, qu’elle était au courant de ce

 14   qu'il se passait, qu'elle n'avait pas besoin de poser de questions.

 15   Cela se savait, cela se racontait. J'avais de la peine pour ces

 16   hommes, indépendamment de ce qu'ils avaient pu faire, parce que beaucoup

 17   d'entre eux n'avaient rien fait. J'avais de la peine pour eux, qu'ils

 18   aient mérité la clémence ou pas.

 19   J'ai travaillé à Konjic. Tout le monde savait, je peux vous le

 20   dire, que des choses se passaient, des histoires courraient.

 21   Par exemple, une chose, M. Zejnil s'en rappelle sans doute.

 22   J'étais assis dans un café, à côté de la station d’essence à Konjic. Il se

 23   trouvait là pas mal de gens que je connaissais, notamment des membres du

 24   MUP. Je me suis plaint auprès de ces représentants du MUP. En fait, je

 25   leur ai demandé de l'aide. J'ai demandé qu'ils me rendent service sur le


Page 5087

  1   point suivant, à savoir que si quelqu'un arrivait à sortir de Sarajevo

  2   encerclé pour arriver jusqu'à Konjic, je demandais que ces personnes

  3   puissent vérifier la situation d'un de mes parents très proches qui se

  4   trouvait dans les organisations de guerre de Bosnie-Herzégovine, au

  5   ministère.

  6   L'un de ces membres du MUP, au moment où j'ai posé la question

  7   m'a dit : "Bakir Alispahic est arrivé. Il est là, aujourd'hui, à Konjic.

  8   Donc si tu le rencontres ou si tu vois Zejnil, tu peux lui demander aussi,

  9   il procédera sans doute à cette vérification".

 10   J'ai demandé à des hommes qui connaissaient Bakir s'ils

 11   l'avaient rencontré. Nous étions déjà au début de la soirée. Ils m'ont

 12   répondu qu'il était parti à Rakovici (?), avec Zejnil. Ce village se

 13   trouve dans la direction de Mostar, à peine à quelques centaines de mètres

 14   de Konjic.

 15   Je connaissais la maison où ils étaient, un peu sur la gauche,

 16   sur la route. Il y avait quelqu'un d'autre avec moi, je ne me rappelle pas

 17   qui c'était. J'ai immédiatement pris ma voiture pour aller dans la

 18   direction de cette maison. Effectivement, j'y ai trouvé M. Zejnil avec un

 19   groupe d'amis ou de connaissances professionnelles, je ne sais pas. Il m'a

 20   présenté à tous ceux qui se trouvaient là. Il m'a présenté ces personnes,

 21   il m'a dit : "Un tel est de la télévision de Sarajevo". Enfin, il y avait

 22   pas mal de personnes dont je connaissais les visages et qui devaient

 23   appartenir à la vie publique.

 24   Alors j'ai dit pourquoi j'étais venu. Il m'a présenté des

 25   excuses en me disant qu'il était occupé et qu'il n'avait pas vraiment le


Page 5088

  1   temps de me recevoir longuement, mais que si j'avais quelque chose à lui

  2   demander, je pouvais le faire. J'ai écrit un message sur une feuille de

  3   papier en demandant à Bakir de vérifier si mon parent était encore en vie.

  4   J'ai donné ce message à Zejnil qui m’a dit qu'il allait le transmettre à

  5   Bakir et que si Bakir apprenait quoi que ce soit, il le transmettrait à

  6   Zejnil et que Zejnil me le transmettrait à moi.

  7   Nous n'avons pas discuté dans le détail des modalités de la

  8   transmission de ce message, mais c'est la dernière fois que j'ai rencontré

  9   M. Zejnil. Il ne m'a pas demandé pourquoi j'avais écrit le rapport. Il ne

 10   m’a pas dit qu'il avait entendu parler du rapport, il ne m'a rien dit à ce

 11   sujet. Je suppose que s'il avait jugé nécessaire d'en parler, il en aurait

 12   parlé. Je ne peux pas affirmer qu'il ne l’a pas jugé nécessaire, mais je

 13   suppose -comme on dit chez nous- que tout le monde était au courant, que

 14   le bruit avait courru. Il aurait peut-être pu en discuter avec moi.

 15   Mme McHenry (interprétation). - Monsieur, après la rédaction du

 16   rapport, avez vous continué à travailler à Celebici ?

 17   Témoin D (interprétation). - Non, j'ai interrompu toute relation

 18   de travail. J'ai interrompu ces relations de travail au moment où il m'a

 19   été dit que je devais prendre mes distances.

 20   Bien entendu, j'ai reçu cette autorisation parce que

 21   spontanément je n'aurais pas pu partir. Je peux vous dire qu'il y avait

 22   des risques à un tel départ s'il avait été volontaire. Cela aurait été

 23   considéré comme le fait de s'enfuir de son travail.

 24   Mme McHenry (interprétation). - Monsieur le Président, je

 25   voudrais que ce rapport figure et soit versé donc au dossier en tant que


Page 5089

  1   pièce à conviction de l'accusation n° 162. C'est la fin de mes questions.

  2   M. Jan (interprétation). - Mais vous pourriez demander la date

  3   du rapport.

  4   Mme McHenry (interprétation). - Oui, vous avez raison, Monsieur

  5   le Juge. Monsieur le témoin, à quelle date est-ce que ce rapport a été

  6   rédigé et envoyé à ses destinataires ?

  7   Témoin D (interprétation). - C'est une erreur de ne pas inscrit

  8   la date. Pourquoi est-ce que la date ne figure pas ? C'est vraiment un

  9   oubli.

 10   Lorsque nous avons quitté nos fonctions, c'était les derniers

 11   dix jours du mois d’août. Est-ce que c'était au début de ces dix derniers

 12   jours ou à la fin de ces dix derniers jours ? Je ne sais pas. Mais

 13   vraiment c'est une erreur de n'avoir pas inscrit la date.

 14   Mme McHenry (interprétation). - Merci. Monsieur le Président, je

 15   demande le versement au dossier de la pièce en conviction 162 et je n'ai

 16   plus de questions à poser au témoin.

 17   M. le Président (interprétation). - La défense a vu le document

 18   en question ?

 19   Mme McHenry (interprétation). - Oui, monsieur le Président, la

 20   défense a reçu ce document il y a plusieurs mois.

 21   M. le Président (interprétation). - La pièce à conviction est

 22   acceptée.

 23   Mme McHenry (interprétation). - Merci Monsieur le Président. Je

 24   viens de dire que j'en avais fini avec mon interrogatoire principal. Il

 25   est possible qu'il n'y ait pas de contre-interrogatoire de ce témoin,


Page 5090

  1   comme cela a été le cas avec le témoin précédent, mais s'il devait y avoir

  2   un contre-interrogatire, j'aimerais rappeler à chacun que ce témoin est

  3   dans une situation particulièrement sensible. Donc si des points

  4   importants doivent être discutés, il serait peut-être préférable de passer

  5   en audience à huis clos.

  6   M. le Président (interprétation). - Il est 11 heures 30. Nous

  7   allons suspendre l'audience et la reprendre à 12 heures pour le début des

  8   contre-interrogatoires.

  9   L'audience, suspendue à 11 h 30, est reprise à 12 h 05.

 10   Mme Residovic (interprétation). - Excusez-moi de mon retard.

 11   M. le Président (interprétation) - Avez-vous décidé l'ordre dans

 12   lequel vous allez faire les contre-interrogatoires ?

 13   Mme Residovic (interprétation). - D'abord le conseil de

 14   M. Delalic, suivi de celui de M. Mucic, puis le troisième conseil de la

 15   défense interviendra pour M. Delic et nous terminerons par le conseil de

 16   M. Landzo.

 17   M. le Président (interprétation) - Je vous remercie.

 18   Mme Residovic (interprétation). - Un instant, Monsieur le

 19   Président. Je m'organise un peu. Puis-je commencer, Monsieur le

 20   Président ?

 21   M. le Président (interprétation) - Oui. Vous pouvez interroger

 22   le témoin.

 23   Mme Residovic (interprétation). - Merci Monsieur le Président.

 24   Bonjour, Monsieur D.

 25   Témoin D (interprétation). - Bonjour.


Page 5091

  1   Mme Residovic (interprétation). - Je m'appelle Edina Redovic et

  2   je suis le défenseur de M. Zejnil Delalic.

  3   Mme McMurrey (interprétation). - Monsieur le Président, on nous

  4   fait des gestes depuis les cabines, je ne comprends pas de quoi il s'agit.

  5   Peut-être y a-t-il un problème avec des écouteurs.

  6   M. le Président (interprétation. - Des gestes à propos de quoi ?

  7   Mme McHenry (interprétation). - Le micro du témoin n'est pas

  8   branché.

  9   M. le Président (interprétation) - Bien.

 10   Mme Residovic (interprétation). - Merci.

 11   M. Greaves (interprétation). - Le témoin ne touche pas le micro,

 12   mais je vois qu'il y a un branchement qui ne fonctionne pas car la lumière

 13   rouge s'allume et s'éteint. Peut-être conviendrait-il d'y remédier.

 14   M. le Président (interprétation). - Veuillez vérifier le micro

 15   et vous assurer qu'il fonctionne bien et qu'il ne s'éteigne plus.

 16   M. le Président (interprétation). - Vous pouvez poursuivre,

 17   Maître.

 18   Mme Residovic (interprétation). - Merci beaucoup.

 19   Monsieur D, manifestement, en raison des problèmes de micro, nos

 20   salutations n'ont pas été transmises, mais je crois que nous nous sommes

 21   salués. Bonjour, monsieur D.

 22   Témoin D (interprétation). - Bonjour.

 23   Mme Residovic (interprétation). - Vous savez que je suis le

 24   défenseur de M. Zejnil Delalic.

 25   Témoin D (interprétation). - Oui, je sais que vous êtes le


Page 5092

  1   défenseur de M. Zejnil Delalic.

  2   Mme Residovic (interprétation). - Monsieur D, ce n'est pas un

  3   avertissement que je vous lance, mais j'aimerais attirer votre attention

  4   sur un point dont vous n'avez peut-être pas conscience et que j'ai souvent

  5   tendance à oublier moi-même. Dans cette enceinte, il est très important

  6   que les membres du Tribunal entendent ce que nous nous disons, ainsi que

  7   toutes les autres personnes présentes dans ce prétoire. Puisque vous et

  8   moi parlons une langue que nous comprenons tous les deux, il nous arrive

  9   de poser rapidement les questions et d'y répondre rapidement. Donc je vous

 10   prierai, lorsque je vous pose une question, de bien vouloir attendre la

 11   fin de l'interprétation. Moi-même, lorsque vous me répondrez, je ferai un

 12   effort pour attendre la fin de l'interprétation de vos propos. Cela va un

 13   peu ralentir notre discussion, mais je crois que ce sera utile pour chacun

 14   ici. Nous sommes-nous bien compris ?

 15   Témoin D (interprétation). - Nous nous sommes tout à fait

 16   compris, Madame l'avocat, Madame Edina.

 17   Mme Residovic (interprétation). - Merci. Compte tenu du fait que

 18   je vais poser des questions qui risquent de divulguer l'identité du

 19   témoin, je demande maintenant, Monsieur le Président, que nous passions en

 20   séance à huis clos.

 21   M. le Président (interprétation). - Nous passons en audience à

 22   huis clos. Peut-être peut-on rester à huis clos pour la totalité du

 23   contre-interrogatoire ?

 24   Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président,

 25   s'agissant des questions qui ont rapport avec des informations privées, je


Page 5093

  1   vais m'efforcer de les circonscrire dans un moment déterminé du contre-

  2   interrogatoire, afin que nous n'ayons pas sans arrêt à passer du huis clos

  3   à l'audience publique.

  4   (L'audience se poursuit à huis clos.)

  5   (Audience à huis clos.)

  6   (expurgée)

  7   (expurgée)

  8   (expurgée)

  9   (expurgée)

 10   (expurgée)

 11   (expurgée)

 12   (expurgée)

 13   (expurgée)

 14   (expurgée)

 15   (expurgée)

 16   (expurgée)

 17   (expurgée)

 18   (expurgée)

 19   (expurgée)

 20   (expurgée)

 21   (expurgée)

 22   (expurgée)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (expurgée)


Page 5094

  1 

  2 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12 

 13  Page 5094 –expurgées– audience à huis clos.

 14 

 15 

 16 

 17 

 18 

 19 

 20 

 21 

 22 

 23 

 24 

 25 


Page 5095

  1 

  2 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12 

 13  Page 5095 –expurgées– audience à huis clos.

 14 

 15 

 16 

 17 

 18 

 19 

 20 

 21 

 22 

 23 

 24 

 25 


Page 5096

  1 

  2 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12 

 13  Page 5096 –expurgées– audience à huis clos.

 14 

 15 

 16 

 17 

 18 

 19 

 20 

 21 

 22 

 23 

 24 

 25 


Page 5097

  1 

  2 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12 

 13  Page 5097 –expurgées– audience à huis clos.

 14 

 15 

 16 

 17 

 18 

 19 

 20 

 21 

 22 

 23 

 24 

 25 


Page 5098

  1 

  2 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12 

 13  Page 5098 –expurgées– audience à huis clos.

 14 

 15 

 16 

 17 

 18 

 19 

 20 

 21 

 22 

 23 

 24 

 25 


Page 5099

  1 

  2 

  3 

  4 

  5 

  6 

  7 

  8 

  9 

 10 

 11 

 12 

 13  Page 5099 –expurgées– audience à huis clos.

 14 

 15 

 16 

 17 

 18 

 19 

 20 

 21 

 22 

 23 

 24 

 25 

 


Page 5100

  1   (expurgée)

  2   (expurgée)

  3   (expurgée)

  4   (expurgée)

  5   (Fin du huis clos.)

  6   (L'audience se poursuit en séance publique.)

  7   Mme Residovic (interprétation). - Merci beaucoup.

  8   Monsieur D, avant que je ne commence à vous poser mes questions

  9   suivantes, je vous prierais de confirmer à mon intention que j'ai bien

 10   compris lorsque, en réponse aux questions du Procureur, vous avez déclaré

 11   à peu près avoir travaillé environ un mois au sein de la commission

 12   militaire d'enquête. Est-ce exact ?

 13   Témoin D (interprétation). - Oui. Je ne me rappelle pas

 14   exactement si c'est moins d'un mois, mais il est possible que ce soit

 15   moins d'un mois. En tout cas, c'est à peu près cela.

 16   Mme Residovic (interprétation). - Lorsque vous êtes parti pour

 17   Konjic, vous avez obtenu du HVO de Mostar une lettre et un laissez-passer

 18   qui indiquaient que vous deviez vous faire connaître au HVO de Konjic.

 19   Est-ce exact ?

 20   Témoin D (interprétation). - C'est exact.

 21   Mme Residovic (interprétation). - En fait, vous ne pouviez pas

 22   sortir de Mostar par quelque autre moyen, parce que les réglementations de

 23   la communauté croate de Herceg-Bosna stipulaient à l'époque que toute

 24   personne quittant son lieu de résidence devait avoir une autorisation en

 25   bonne et due forme. Est-ce exact ?


Page 5101

  1   Témoin D (interprétation). - Oui, c'est exact. Il était

  2   impossible de passer les barrages routiers sans un tel document.

  3   Mme Residovic (interprétation). - Lorsque vous êtes arrivé à

  4   Konjic, vous vous êtes présenté au HVO de Konjic ?

  5   Témoin D (interprétation). - Oui.

  6   Mme Residovic (interprétation). - Cependant, Monsieur D, compte

  7   tenu que pas mal de temps s'est écoulé depuis ces événements jusqu'à

  8   aujourd'hui, je vous prierai de clarifier les dates que vous avez citées

  9   devant ce Tribunal. Est-il exact que, ce jour-là, vous vous êtes d'abord

 10   rendu dans un lieu nommé Ostrozac qui est -je dis cela pour ceux qui ne

 11   sont pas au courant de ce fait- un village qui se trouve au sud de Konjic

 12   et de Celebici dans la direction de Mostar, et qui dépend de la

 13   municipalité de Jablanca. Est-ce bien ce que vous avez dit ?

 14   Témoin D (interprétation). - Oui, j'ai dit cela et je peux

 15   apporter des éclaircissements complémentaires.

 16   Mme Residovic (interprétation). - Oui, vous l'avez dit.

 17   Témoin D (interprétation). - Mais, je voudrais ajouter quelques

 18   éléments, si je puis le faire.

 19   Mme Residovic (interprétation). - Vous pouvez mais, pour ce qui

 20   me concerne, vous m'avez répondu.

 21   Témoin D (interprétation). - Vous savez, on passe par le pont de

 22   Visace (?) pour aller de Buturovic Polje à Ostrozac. Et je peux également

 23   vous parler, si vous êtes intéressée, des messages de salutations que

 24   j'avais sur moi.

 25   Mme Residovic (interprétation). - Cela ne m'intéresse pas.


Page 5102

  1   Merci. Vous avez expliqué que c'est ce jour-là que les opérations de

  2   combat se sont achevées à Bradina et que c'est la raison pour laquelle

  3   vous vous rappelez particulièrement bien de cette journée. Est-ce exact ?

  4   Témoin D (interprétation). - Je ne sais pas. C'est peut-être ce

  5   que j'ai dit, mais des soldats revenaient en groupe ou individuellement et

  6   il y avait des coups de feu. Moi, je ne savais pas ce qui se passait. J'ai

  7   posé la question et ils m'ont dit qu'ils revenaient parce que les combats

  8   sur le territoire de Bradina avaient pris fin.

  9   Mme Residovic (interprétation). - Donc, Monsieur D, si les

 10   combats se sont achevés à Bradina le 27 ou plutôt le 28 mai, alors vous

 11   êtes arrivé à Ostrozac à peu près à ce moment-là. Est-ce exact ?

 12   Témoin D (interprétation). - Oui, exact.

 13   Mme Residovic (interprétation). - A partir d'Ostrozac,

 14   Monsieur D, vous vous êtes rendu dans votre maison de naissance, à

 15   Buturovic Polje, et le lendemain vous êtes allé vous présenter au HVO de

 16   Konjic. Est-ce que j'ai bien compris ?

 17   Témoin D (interprétation). - Oui, c'est cela.

 18   Mme Residovic (interprétation). - La première fois que vous êtes

 19   arrivé à Konjic, cela pouvait être aux alentours du 28 mai ou -pour être

 20   plus précise- le 29 mai.

 21   Témoin D (interprétation). - Je ne me rappelle pas des dates,

 22   mais j'ai dit que c'était fin mai.

 23   Mme Residovic (interprétation). - Est-il exact, je vous prie, et

 24   pouvez-vous le confirmer, que deux ou trois jours après que toutes les

 25   explications vous aient été données au HVO, vous avez tenté de retourner à


Page 5103

  1   Mostar mais qu'en raison des pilonnages de la route dont nous avons parlé,

  2   vous n'avez pas pu entrer à Mostar ? Est-ce exact ?

  3   Témoin D (interprétation). - Etait-ce le même jour ou était-

  4   ce... Je me suis présenté au HVO, j'ai dit que j'allais retourner à Mostar

  5   et j'y suis reparti. C'était peut-être le même jour, mais je ne peux pas

  6   vous dire exactement quel jour. Peut-être était-ce le même jour, peut-être

  7   était-ce un autre jour... Je ne sais pas exactement.

  8   Mme Residovic (interprétation). - Donc, Monsieur D, si vous avez

  9   dit, dans votre déposition devant ce Tribunal, qu'après la discussion que

 10   vous avez eue au HVO deux ou trois jours plus tard, vous êtes parti pour

 11   Mostar et vous êtes revenu parce que vous n'aviez pas pu passer à cause

 12   des pilonnages, ce n'était pas vraiment l'expression entière de la vérité.

 13   Est-ce exact ?

 14   Témoin D (interprétation). - Je suis parti un jour, le jour où

 15   je me suis présenté au HVO. Mais il y avait tellement de difficultés que

 16   je ne me rappelle pas exactement quel jour c'était. Mais il est exact que

 17   j'ai pris la route et que je suis revenu parce que je n'avais pas pu

 18   passer.

 19   Mme Residovic (interprétation). - Monsieur D, est-ce que vous

 20   avez dit dans votre déposition qu'en revenant de Mostar, après avoir

 21   échoué dans votre tentative de vous rendre à Mostar, vous êtes de nouveau

 22   allé, le lendemain, au HVO et que, là, vous avez rencontré un certain

 23   Zovko qui vous a dit de prendre contact avec Goran Lokas ? Est-ce bien ce

 24   que vous avez dit ?

 25   Témoin D (interprétation). - Oui, cela s'est passé le jour même


Page 5104

  1   où je suis parti pour Mostar. J'ai continué mon chemin jusqu'à Konjic et

  2   je me suis immédiatement présenté au HVO.

  3   Mme Residovic (interprétation). - Donc Monsieur D, si devant ce

  4   Tribunal et dans votre déclaration précédente vous avez dit que vous avez

  5   fait cela le lendemain, ce n'était pas exact ?

  6   Témoin D (interprétation). - Est-ce que c'était le lendemain ?

  7   Mais, moi, je vous dis qu'un jour j'ai pris la route de Mostar et que j'ai

  8   dû revenir parce que je n'ai pas pu arriver à destination. Je suis revenu

  9   à Konjic, je suis allé au HVO, et je leur ai dit : "Je n'ai pas pu entrer

 10   dans Mostar, si vous avez des tâches à me confier, je peux travailler ici,

 11   il n'y a aucun problème".

 12   Mme Residovic (interprétation). - Monsieur D, la seule chose que

 13   j'essaie de vérifier, c'est que si vous avez dit avec certitude que vous

 14   avez agi ainsi le lendemain, aujourd'hui vous faites savoir qu'en fait,

 15   vous n'en êtes pas absolument sûr. Est-ce exact ?

 16   Témoin D (interprétation). - Je ne peux pas dire avec précision

 17   si c'était le lendemain. Mais je sais quel chemin j'ai suivi et par où je

 18   suis passé. C'était ainsi. Maintenant, le temps... Il n'y a pas de

 19   difficulté, il est tout à fait normal que vous me posiez ces questions.

 20   Cela ne me pose aucun problème.

 21   Mme Residovic (interprétation). - Merci beaucoup, Monsieur D. Je

 22   sais que vous êtes un témoin, que vous devez dire ici la vérité, en

 23   parlant sous serment. Je connais mes responsabilités et je vous demande

 24   donc de nous dire s'il est exact que vous avez dit devant ce Tribunal

 25   également que vous n'avez pas établi le contact avec Goran Lokas ce jour-


Page 5105

  1   là parce que vous avez appris qu'il avait eu un accident de la

  2   circulation, et que, d'après ce que vous avez dit, cela pouvait se passer

  3   aux alentours du 1er ou du 2 juin.

  4   Témoin D (interprétation). - Non. Je n'ai pas dit que cela

  5   pouvait se passer le 1er ou le 2 juin. Mais je sais que je suis venu et...

  6   Ecoutez, Monsieur le Président, je sais que je suis arrivé à Konjic, au

  7   HVO. Est-ce que c'était pendant que les combats se poursuivaient à

  8   Bradina, ou est-ce que c'était après qu'ils aient cessés ? Je n'avais

  9   aucune information. Je ne savais pas à l'époque combien de temps ils

 10   avaient duré. Je ne pouvais que le supposer. Et le jour où j'ai rencontré

 11   cet homme, est-ce que c'était Zovko ou un autre homme, et qu'il m'a dit

 12   que Goran n'était pas là...

 13   Mme Residovic (interprétation). - Après cela, quand vous n'avez

 14   pas trouvé Goran, vous êtes retourné, Monsieur D, à Buturovic Polje et le

 15   lendemain vous avez appris que Miroslav Stenek vous avait demandé et qu'il

 16   vous avait transmis le message de vous rendre au HVO. C'est votre belle-

 17   soeur qui vous a dit cela, est-ce exact ? Est-ce que c'est ce que vous

 18   avez dit ?

 19   Témoin D (interprétation). - Oui. J'ai reçu ce message. En fait,

 20   il est possible que Stenek ait cherché à me joindre le jour même où moi je

 21   cherchais à joindre Lokas. Je ne peux pas l'affirmer parce que nous ne

 22   nous sommes pas rencontrés. Mais en fait, quand je suis rentré de

 23   Konjic... Parce que ce n'était pas si simple de transmettre ce message.

 24   J'ai donc reçu le message. Maintenant, est-ce qu’il avait cherché à me

 25   contacter ce jour-là ou la veille ? Je ne peux pas l'affirmer.


Page 5106

  1   Mme Residovic (interprétation). - Oui Monsieur D, mais le

  2   lendemain du jour où vous avez essayé de contacter Goran Lokas, vous avez

  3   appris de la bouche de votre belle-soeur que Miroslav Stenek avait cherché

  4   à vous joindre.

  5   Témoin D (interprétation). - Oui, parce qu'après tout cela je

  6   suis allé lui rendre visite chez elle et elle m'a dit : "Il est venu chez-

  7   moi". Mais quand il est venu, ça...

  8   Mme Residovic (interprétation). - Donc, Monsieur D, aujourd'hui

  9   vous affirmez que vous avez rendu visite à votre belle-soeur le jour de

 10   votre retour de Konjic.

 11   Témoin D (interprétation). - Non. Je crois que je lui ai même

 12   rendu visite avant et aussi après, à mon arrivée et à mon départ.

 13   Mme Residovic (interprétation). - Monsieur D, si hier, devant ce

 14   Tribunal, vous avez dit dans votre déposition que le lendemain du jour où

 15   vous avez appris qu'il vous fallait contacter Goran Lokas, vous avez

 16   appris de la bouche de votre belle-soeur que Miroslav Stenek avait cherché

 17   à vous joindre, dans ce cas, ce que vous avez dit hier n'est pas exact.

 18   Témoin D (interprétation). - Ce qui est exact, absolument exact,

 19   c'est que je ne peux pas faire de différence entre ces journées. Tout cela

 20   s'est passé en un jour ou deux. Je ne peux pas aujourd'hui, il me faudrait

 21   vraiment une mémoire extraordinaire pour pouvoir dire tout cela en détail.

 22   Je ne m'y intéressais pas particulièrement. Je suis allé me présenter là

 23   où on m'avait dit d'aller me présenter. Maintenant, est-ce que c'était

 24   quelques jours avant le 1er, ou aux alentours du 1er, je ne peux pas

 25   l'affirmer. Mais les choses se sont passées véritablement comme je l'ai


Page 5107

  1   dit.

  2   Mme Residovic (interprétation). - Et donc, Monsieur D, vous

  3   affirmez aujourd'hui que tout cela s'est passé dans un laps de temps d'un

  4   ou deux jours à partir de votre arrivée, de votre première arrivée à

  5   Konjic.

  6   Témoin D (interprétation). - Oui. Peut-être même trois jours.

  7   Mme Residovic (interprétation). - Monsieur D, par conséquent, si

  8   hier, au cours de l'interrogatoire mené par l'accusation, vous avez

  9   déclaré devant ce Tribunal que certaines choses se sont produites en

 10   l'espace de deux ou trois jours, soit le jour même, soit le lendemain, et

 11   si vous dites que tout ceci a duré huit ou neuf jours, vos dires n'étaient

 12   pas tout à fait exacts, n'est-ce pas ?

 13   Témoin D (interprétation). - Excusez moi, je ne sais pas

 14   pourquoi, ou si j'ai dit que tout ceci s'est produit en l'espace de huit

 15   ou neuf jours.

 16   Mme Residovic (interprétation). - Pour que vous compreniez mieux

 17   la nature de ma question, vous avez dit être arrivé à Konjic et que ceci

 18   s'était passé le jour où les combats avaient commencé, le 27 mai, et vous

 19   avez dit que le lendemain, vous vous étiez rendu au HVO de Konjic. Donc

 20   cela se serait passé le 29 mai. Mais hier, vous avez dit devant ce

 21   Tribunal qu'en l'espace de deux ou trois jours, vous aviez essayé de

 22   retourner à Mostar, donc ceci a encore pris deux ou trois jours. Et puis

 23   vous avez dit être revenu de Mostar et que, le lendemain, vous aviez

 24   essayé de prendre contact avec Zovko, dont vous ne connaissiez pas le

 25   prénom, ce qui a pris encore un jour. Cela fait cinq. Et puis vous avez


Page 5108

  1   dit avoir essayé de contacter Goran Lokas, ce qui a été impossible. Vous

  2   avez ajouté que, le lendemain, votre belle-soeur vous avait dit que

  3   Miro Stenek était à votre recherche, mais vous avez déclaré qu'après avoir

  4   reçu cette information, le lendemain, vous êtes retourné au HVO.

  5   En tout, cela ferait environ huit ou neuf jours, n'est-ce pas,

  6   Monsieur D ? Si c'est bien ce que vous avez dit, vous n'avez pas dit la

  7   vérité au Tribunal.

  8   Mme McHenry (interprétation). - Objection, Me Residovic peut lui

  9   demander s'il a commis une erreur, s'il peut apporter quelques

 10   éclaircissements, s'il y a eu une confusion, mais elle ne peut pas dire

 11   qu'il n'a pas dit la vérité puisqu'il a déjà expliqué ce qui s'était

 12   passé. Et je pense que ce ne serait pas juste envers le témoin.

 13   Mme Residovic (interprétation). - Monsieur D, êtes-vous

 14   conscient des différences assez marquées qui existent entre vos dires

 15   d'hier devant ce Tribunal et ce que vous dites aujourd'hui, puisque vous

 16   dites que cela n'a pris que deux ou trois jours ? Je veux simplement vous

 17   demander si vous constatez, vous aussi, qu'il y a une différence entre les

 18   déclarations que vous avez faites.

 19   Témoin D (interprétation). - Je n’ai pas fait ce genre

 20   d'analyse. J'ai dit que, quand je suis arrivé à Ostrozac, les coups de feu

 21   provenaient de soldats qui étaient à Bradina et qui participaient aux

 22   opérations de combat.

 23   Maintenant, vous parlez du 27 mai. Pour moi, cette date ne veut

 24   rien dire. La confusion régnait à l'époque. Je ne peux vous parler que des

 25   dates qui sont reprises dans certains documents.


Page 5109

  1   Mme Residovic (interprétation). - Monsieur D, j'aimerais revenir

  2   à la question que je voulais vous poser au départ. Je ne vous demande pas

  3   de mentionner des dates mais des périodes, des laps de temps. Vous parlez,

  4   d'un côté, de deux ou trois jours et, de l'autre, de huit ou neuf jours.

  5   Il y a une différence.

  6   M. le Président (interprétation). - Voilà une évaluation de ces

  7   faits. Mais c'est votre propre évaluation, à savoir que vous dites qu'il a

  8   peut-être évité de dire la vérité. Mais posez la question.

  9   Mme Residovic (interprétation). - Monsieur D, vous avez

 10   rencontré au HVO une personne dénommée Zovko. Vous ne connaissiez pas

 11   cette personne à l’époque, n'est-ce pas ? Par la suite, vous avez

 12   découvert l'identité de cette personne. S’agissait-il de Zvonko Zovko ?

 13   Témoin D (interprétation). - Ce n'était pas Zvonko Zovko. Ce que

 14   j’ai dit, c’est que je n'étais pas sûr de son nom. Je ne savais pas s'il

 15   s'appelait Zovko. C'était un homme aux cheveux blonds, de taille moyenne,

 16   ayant la quarantaine. Je l'ai revu plus tard, mais je ne me souviens plus

 17   de son nom. Je l'ai peut-être mentionné parce que le président du HVO

 18   n'était pas présent et j'ai donc peut-être été reçu dans son bureau.

 19   Mme Residovic (interprétation). - Monsieur D, vous avez donc été

 20   présenté au HVO. Et, comme vous le dites vous-même, vous y avez dit que

 21   s'il vous était impossible de rentrer à Mostar, vous étiez prêt à vous

 22   acquitter de certaines tâches à Konjic. Est-ce exact ?

 23   Témoin D (interprétation). - Oui. J'ai dit que j'étais à leur

 24   disposition.

 25   Mme Residovic (interprétation). - Ce même jour, vous n'êtes pas


Page 5110

  1   allé au MUP alors que c'était le service où vous aviez travaillé jusqu'à

  2   votre retraite, n'est-ce pas ?

  3   Témoin D (interprétation). - Exact.

  4   Mme Residovic (interprétation). - Ce jour-là, Monsieur D, vous

  5   n'êtes pas allé non plus au siège de la Défense territoriale à Konjic,

  6   est-ce exact ?

  7   Témoin D (interprétation). - Exact.

  8   Mme Residovic (interprétation). - Vous saviez qu'à l'époque, en

  9   vertu des réglementations en vigueur en Bosnie-Herzégovine à propos de la

 10   mobilisation par exemple, le HVO était l'organisation affectant des

 11   membres de la communauté croate à de telles tâches ?

 12   Témoin D (interprétation). - Oui.

 13   Mme Residovic (interprétation). - Et à de telles fonctions

 14   aussi.

 15   Témoin D (interprétation). - Oui.

 16   Mme Residovic (interprétation). - Lorsqu'on vous a renvoyé à

 17   M. Goran Lokas, au HVO de Konjic, vous saviez qu'il était responsable de

 18   la sécurité au sein du HVO, n'est-ce pas ?

 19   Témoin D (interprétation). - Je ne savais pas qu'il était

 20   responsable de la sécurité. Il m'avait été dit que Goran Lokas travaillait

 21   pour la commission militaire d'enquête. Je n'ai pas vraiment demandé ce

 22   que faisait cette commission, quelles étaient ses fonctions, où elle

 23   travaillait mais, d'après son seul nom, j'ai compris que c'était une

 24   commission qui s'occupait de questions militaires dans le cadre de la

 25   guerre.


Page 5111

  1   Mme Residovic (interprétation). - Monsieur D, ne vous a-t-il pas

  2   semblé étrange que M. Stenek soit à votre recherche chez votre belle-

  3   mère ? Connaissait-elle personnellement M. Miroslav Stenek ?

  4   Témoin D (interprétation). - Exact. Je ne sais pas pourquoi ;

  5   cela aurait dû me sembler bizarre et étrange.

  6   Mme Residovic (interprétation). - Miroslav Stenek avait une

  7   fonction officielle au MUP, tout comme vous ?

  8   Témoin D (interprétation). - Oui.

  9   Mme Residovic (interprétation). - Vous connaissiez aussi

 10   Goran Lokas. Il travaillait au ministère de l'Intérieur en même temps que

 11   vous. Vous y étiez aussi employé lorsqu'il est devenu juge d'un tribunal

 12   d'instance pour les petits délits.

 13   Témoin D (interprétation). - Je pense qu'il a d'abord été juge,

 14   puis qu'il est devenu secrétaire. Il travaillait au tribunal

 15   correctionnel.

 16   Mme Residovic (interprétation). - Monsieur D, vous avez dit que,

 17   dans l'entrée, vous aviez rencontré M. Azinovic que vous ne connaissiez

 18   pas auparavant et qui venait d'arriver en compagnie de son chauffeur ?

 19   Témoin D (interprétation). - Exact.

 20   Mme Residovic (interprétation). - Vous avez également déclaré

 21   que vous êtes aussitôt parti avec lui en direction de la maison de

 22   M. Delalic.

 23   Témoin D (interprétation). - Tout à fait.

 24   Mme Residovic (interprétation). - Vous avez dit également que

 25   vous connaissiez personnellement M. Delalic. Est-ce exact ?


Page 5112

  1   Témoin D (interprétation). - Bien sûr.

  2   Mme Residovic (interprétation). - Non seulement vous avez

  3   fréquenté la même école que lui, mais vous étiez dans la même classe,

  4   n'est-ce pas ?

  5   Témoin D (interprétation). - Exact.

  6   Mme Residovic (interprétation). - Lorsque vous êtes entré dans

  7   l'appartement de M. Delalic, il était le seul que vous connaissiez parmi

  8   ceux qui étaient présents dans l'appartement, n'est-ce pas ?

  9   Témoin D (interprétation). - C'était la seule personne que je

 10   connaissais à l'époque.

 11   Mme Residovic (interprétation). - Etait-ce la raison pour

 12   laquelle il vous semblait évident ou normal que ce soit lui, et lui seul,

 13   qui vous salue et vous présente à d'autres personnes ?

 14   Témoin D (interprétation). - Probablement.

 15   Mme Residovic (interprétation). - Connaissiez-vous déjà le nom

 16   de M. Azinovic qui se trouvait là. Pourriez-vous nous dire aussi qui se

 17   trouvait dans l'appartement de M. Delalic. Et, après avoir été présenté à

 18   ces personnes par M. Delalic, quels étaient les noms de ces personnes ?

 19   Témoin D (interprétation) - J'ai serré la main à un homme, et

 20   c'est plus tard que j'ai appris qu'il s'agissait de Dinko Zebic, mais

 21   jamais jusqu'alors je n'avais rencontré cet homme, je ne le connaissais

 22   pas, je ne connaissais pas sa fonction, le poste qu'il occupait, que ce

 23   soit au HVO ou ailleurs. Ceci ne m'intéressait pas.

 24   En fait, M. Zejnil avait quelques documents à la main, une

 25   espèce de carte ou une esquisse, un dessin fait à la main, et Dinko Zevic


Page 5113

  1   avaient en main des documents analogues.

  2   Mme Residovic (interprétation). - Dinko Zebic était en uniforme

  3   militaire, n'est-ce pas ?

  4   Témoin D (interprétation) - Je ne me souviens pas. Certains

  5   hommes étaient en uniforme, d'autres pas. Je ne me souviens plus.

  6   Mme Residovic (interprétation). - C'est alors que M. Delalic

  7   vous a présenté M. Dinko Zebic, commandant du HVO ?

  8   Témoin D (interprétation) - Non. Monsieur Zejnil ne m'a pas

  9   présenté à qui que ce soit de particulier. Plusieurs personnes étaient

 10   présentes dans la pièce. J'ai serré la main à certaines de ces personnes,

 11   à celles qui se trouvaient debout. Il y en avait qui étaient assises près

 12   d'une table de salon, et celles-là, je ne les ai pas saluées. Il m'a

 13   présenté à ces personnes, mais il ne me les a pas présentées.

 14   Mme Residovic (interprétation). - Monsieur D, c'était bien la

 15   première fois que vous voyiez M. Dinko Zebic ?

 16   Témoin D (interprétation) - Oui.

 17   Mme Residovic (interprétation). - En d'autres termes,

 18   Monsieur D, si aujourd'hui, alors que vous témoigniez devant ce Tribunal

 19   et que l'accusation vous a posé des questions, vous avez affirmé avoir vu

 20   M. Dinko Zebic pour la première fois lorsque vous êtes venu décrire les

 21   conditions qui régnaient à Celebici en compagnie de collègues de la

 22   commission, notamment avec Sovko, alors ce que vous avez dit n'était donc

 23   pas tout à fait exact ?

 24   Témoin D (interprétation) - Ce n'est pas ce que j'ai dit. Je

 25   n'ai pas dit que c'est alors la première fois que je rencontrais


Page 5114

  1   M. Dinko Zebic. En effet, à cette occasion, lorsque je l'ai rencontré dans

  2   cette pièce, chez M. Zejnil Delalic, je l'avais aussi rencontré en passant

  3   plusieurs fois. Manifestement, j'avais demandé qui était le commandant du

  4   HVO, et j'ai obtenu l'information. Soit qu'il y a une erreur

  5   d'interprétation, soit que vous avez mal compris, mais je n'avais jamais

  6   été avec lui jusqu'à ce moment-là. Le besoin ne s'en était d'ailleurs pas

  7   fait sentir.

  8   Mme Residovic (interprétation). - Ainsi donc, lorsque vous vous

  9   rendez à la maison de M. Delalic, vous n'avez aucune connaissance

 10   personnelle de ce que faisait M. Delalic ni non plus de la nature de ses

 11   fonctions et de ses pouvoirs ?

 12   Témoin D (interprétation). - Jusqu'à ce moment-là, je ne

 13   disposais d'absolument aucune information. Je pouvais supputer certaines

 14   choses à partir de déductions, mais personne ne m'avait rien dit de façon

 15   expresse.

 16   Mme Residovic (interprétation). - Merci. Je ne veux pas entendre

 17   vos supputations, je voulais simplement avoir ce que vous savez. Vous avez

 18   dit que vous vous étiez joint le lendemain à la commission militaire

 19   d'enquête à Celebici. Est-ce exact ?

 20   Témoin D (interprétation). - Oui.

 21   Mme Residovic (interprétation). - Vous avez expliqué comment

 22   vous en étiez arrivé à travailler dans cette commission, mais ceci

 23   n'aurait pu se passer que le 3 ou le 4 juin. Puisque vous apportez des

 24   éclaircissements, je veux ici épingler les différences qui existent dans

 25   vos déclarations.


Page 5115

  1   Témoin D (interprétation) - Je ne peux pas vous dire exactement

  2   à quelle date ceci s'est passé.

  3   Mme Residovic (interprétation). - Mais ce n'est pas ce que je

  4   vous demande. Plusieurs jours après que vous ayez commencé à travailler,

  5   est-il vrai qu'une réunion s'est tenue avec M. Delalic ?

  6   Témoin D (interprétation) - Oui, c'est exact.

  7   Mme Residovic (interprétation). - Pourriez-vous apporter plus de

  8   précisions ? En effet, vous n'avez pas travaillé très longtemps dans cette

  9   commission, une trentaine de jours peut-être. Alors, à décompter du jour

 10   où vous avez commencé à travailler dans cette commission jusqu'au moment

 11   de cette réunion avec M. Delalic, qu'entendez-vous par plusieurs jours ?

 12   Est-ce que c'est le 2, le 3 ou le 4 ?

 13   Témoin D (interprétation). - Si j'étais capable de vous citer

 14   des dates, je le ferais volontiers. J'ai dit "un court laps de temps" et

 15   je n'ai pas dit que j'avais travaillé pendant trente jours non plus.

 16   Jamais je n'ai cité exactement une date ou un nombre de jours. Je n'ai

 17   même pas parlé...

 18   Mme Residovic (interprétation). - Peut-être un mois ?

 19   Témoin D (interprétation). - Je n'ai même pas parlé d'un mois,

 20   j'ai dit jusqu'à un mois, vingt jours ou plus.

 21   Mme Residovic (interprétation). - Excusez-moi si je vous cite de

 22   façon erronée de temps à autre, mais vous savez que tout ceci a été repris

 23   dans le procès-verbal d'audience et tout est précis. Il ne porte pas à

 24   controverse.

 25   Voici donc la question que je vous pose : à compter du jour où


Page 5116

  1   vous avez commencé votre travail dans cette commission jusqu'au jour de la

  2   réunion avec M. Delalic, pourriez-vous nous dire plus ou moins combien de

  3   jours s'étaient écoulés ? Plus de deux jours, moins de sept jours... ?

  4   Témoin D (interprétation) - Il m'est vraiment impossible de le

  5   dire. Même de cette façon-là, je ne peux pas vous fournir l'information.

  6   Je sais simplement que peu de temps s'est écoulé.

  7   Mme Residovic (interprétation). - Est-il exact qu'après cette

  8   réunion, M. Delalic vous a remis un papier ? Vous avez qualifié ce

  9   document de certificat ou, du moins, de laissez-passer vous permettant de

 10   quitter Konjic.

 11   Témoin D (interprétation). - Je me suis peut-être mal exprimé.

 12   Je ne me souviens plus. Mais j'ai d'abord demandé à obtenir ce laissez-

 13   passer qui me permettrait d'aller à Mostar puisque je ne pouvais pas le

 14   faire mais, comme je l'ai dit, si je me suis mal exprimé, si j'ai dit que

 15   j'ai formulé cette demande au moment de cette réunion-là, je ne sais pas.

 16   Je sais que je lui ai demandé le document et je lui ai dit que je devais

 17   aller à Mostar. Mais comment s'est-il fait qu'il a rédigé ce laissez-

 18   passer pour moi ? Est-ce que je l'ai demandé par l'intermédiaire de

 19   quelqu'un d'autre ? Est-ce qu’il a veillé à ce qu'il me soit remis ? Cela

 20   m'importait peu parce que tout ce qui comptait, c'était que j'obtienne ce

 21   laissez-passer. Je devais obtenir l'autorisation .

 22   Mme Residovic (interprétation). - L'accusation vous a posé des

 23   questions bien précises, vous a demandé si vous aviez une question

 24   personnelle à régler avec M. Delalic ce jour-là, et vous avez répondu

 25   qu'il vous avait donné cette autorisation que vous avez identifiée devant


Page 5117

  1   nous tous. Est-ce bien de cette façon-là que vous avez formulé votre

  2   réponse ?

  3   Témoin D (interprétation). - Oui. Jusqu'à la date de cette

  4   réunion, je disais que je devais aller à Mostar, j'en parlais. Et lorsque

  5   j'ai demandé cette autorisation, j'ai dit que je ne savais pas quand je

  6   pourrais y aller. Et il y a effectivement un monsieur qui m'a dit : "Fort

  7   bien", et qui m'a remis le papier.

  8   Mme Residovic (interprétation). - Est-ce ce jour-là que vous

  9   avez reçu l'autorisation ?

 10   Témoin D (interprétation). - Si j'ai dit que c'était ce jour-là

 11   que je l'avais reçue, je me suis trompé ; je me suis mal exprimé. Ce n'est

 12   pas à ce moment-là qu'il m'a donné ce document, mais à cette occasion-là

 13   nous avons parlé de notre départ. J'ai peut-être dit : "J'ai entendu

 14   parler de pilonnages très intensifs", que je ne pouvais pas parler. Peut-

 15   être qu'on en a discuté.

 16   Mme Residovic (interprétation). - Je vous avais posé la question

 17   devant la Chambre d'instance et je vous avais demandé si le HVO délivrait

 18   des autorisations permettant aux personnes encore capables de se déplacer

 19   de quitter la ville. Est-ce exact ?

 20   Témoin D (interprétation) - Oui.

 21   Mme Residovic (interprétation). - Vous saviez que M. Delalic

 22   n'occupait aucune fonction au sein du HVO ?

 23   Témoin D (interprétation). - Je ne sais pas. A l'époque, je ne

 24   savais rien. Tout ce que j'ai vu, c'est M. Delalic dans un poste de

 25   commandement. Je ne connaissais rien. Et cela ne m'intéressait d'ailleurs


Page 5118

  1   pas particulièrement.

  2   Mme Residovic (interprétation). - Monsieur D, revenons au moment

  3   où vous rejoignez cette commission militaire d'enquête. Entre le jour où

  4   vous vous trouviez dans la demeure de M. Delalic avec M. Azinovic et le

  5   moment où vous avez eu cette réunion avec M. Delalic, dans l'intervalle,

  6   vous n'avez plus revu M. Delalic, n'est-ce pas ?

  7   Témoin D (interprétation) - Ce que j'ai dit, c'est que j'avais

  8   même demandé l'obtention d'un uniforme dans la maison de M. Delalic, mais

  9   je ne sais pas si c'était avant ou après la réunion avec lui.

 10   Mme Residovic (interprétation). - Monsieur D, M. Delalic avait

 11   l'autorité suffisante pour vous délivrer un uniforme. Est-ce exact ? Vous

 12   l'avez remarqué ?

 13   Témoin D (interprétation). - Je ne sais pas s'il en avait

 14   l'autorité, mais la première fois que je me suis entretenu avec lui, je

 15   lui ai dit que j'avais besoin d'un uniforme et il m'a dit alors que cela

 16   ne posait pas de problème, que je pouvais venir et prendre un uniforme ;

 17   et quelqu'un m'a remis un uniforme. J'ai signé et je suis parti.

 18   M. le Président (interprétation). - Je pensais que vous

 19   regardiez l'horloge. Il est 13 heures, je crois que nous pouvons suspendre

 20   l'audience et reprendre à 14 heures  30.

 21   L'audience, suspendue à 13 h, est reprise à 14 h 35.

 22   M. le Président (interprétation) - Maître Residovic, voulez-vous

 23   poursuivre ?

 24   Mme Residovic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

 25   Monsieur D, je voudrais revenir en arrière pour parler de la réunion qui


Page 5119

  1   s'est tenue d'après vous le 1er juin, et à laquelle a participé

  2   M. Delalic.

  3   Témoin D (interprétation). - Je n'ai pas dit que la réunion

  4   s'était tenue le 1er juin.

  5   Mme Residovic (interprétation). - Monsieur D, à la page 5180 du

  6   procès-verbal anglais... On vous a montré un document. Avant de passer à

  7   cette question, je voudrais vous demander si vous pouvez confirmer ce qui

  8   est dit dans le compte rendu, à la page 5180, à savoir que, ce jour-là,

  9   participaient à la réunion de la commission, ainsi qu'indiqué aux

 10   (expurgée)

 11   (expurgée)

 12   Mme McHenry (interprétation). - Les noms des membres de la

 13   commission ne peuvent pas être prononcés en audience publique.

 14   Mme Residovic (interprétation). - Madame et Messieurs les juges,

 15   je propose que nous passions à huis clos jusqu'à la fin de mon contre-

 16   interrogatoire, car je ne sais pas, parmi les nombreux noms que je vais

 17   mentionner, quels sont ceux qui sont protégés. Je crois que cela

 18   facilitera la procédure pour nous tous.

 19   M. le Président (interprétation) - Très bien. Je crois que c'est

 20   une façon plus sûre de procéder et cela permet d'éviter des difficultés

 21   supplémentaires. Passons donc en audience à huis clos.

 22   (Audience à huis clos.)

 23   (expurgée)

 24   (expurgée)

 25   (expurgée)


Page 5120

  1  

  2  

  3  

  4  

  5  

  6  

  7  

  8  

  9  

 10  

 11  

 12   Pages 5120 - 5187 expurgées en audience à huis clos

 13  

 14  

 15  

 16  

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25   L'audience est levée à 17 heures 33.