Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL AFFAIRE N° IT-96-21-T

2 POUR L'EX-YOUGOSLAVIE

3 Lundi 8 juin 1998

4 (L'audience est ouverte à 10 heures 05.)

5 (Le témoin est introduit dans le prétoire.)

6 M. le Président (interprétation). - Bonjour Mesdames et

7 Messieurs.

8 Les deux parties peuvent-elles se présenter, je vous prie ?

9 M. Niemann (interprétation). - Monsieur le Président, je

10 m'appelle Grant Niemann et je comparais aujourd'hui avec mes collègues

11 Mme Teresa McHenry et M. Georges Ruber.

12 Mme Residovic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le

13 Président. Je m'appelle Edina Residovic. Je défends M. Delalic en

14 compagnie de mon collègue Eugène O’Sullivan, Professeur du Canada.

15 M. Olujic (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président, je

16 m'appelle Zeljko Olujic, je défends M. Zdravko Mucic en compagnie de mon

17 collègue Niko Djuric, avocat de Croatie.

18 M. Karabdic (interprétation). - Bonjour Monsieur le Président.

19 Je m'appelle Salih Karabdic, je suis avocat de Sarajevo et je défends

20 Hazim Delic.

21 Mme Boler (interprétation). - Bonjour, Monsieur le Président, je

22 m'appelle Nancy Boler et je représente Esad Landzo. Ma collègue,

23 Mme McMurrey, travaille sur une autre affaire et sera donc absente ce

24 matin.

25 M. le Président (interprétation). - Merci beaucoup.

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1 Maître Residovic, je crois que vous êtes encore en train

2 d'interroger votre témoin.

3 Mme Residovic (interprétation). - Merci, Monsieur le Président.

4 Bonjour Monsieur Milic.

5 M. Milic (interprétation). - Bonjour.

6 Mme Residovic (interprétation). - J'espère que vous vous êtes

7 reposé pendant le week-end. J’espère également que les avertissements que

8 je vous ai fait connaître vendredi vont être encore valables aujourd'hui,

9 c'est-à-dire que je vous demande, après la fin de mes questions,

10 d'attendre un peu avant de répondre. Est-ce que tout va bien ?

11 M. Milic (interprétation). - Oui, en principe.

12 Mme Residovic (interprétation). - Merci. Monsieur Milic, vous

13 vous rappelez que vendredi nous avons terminé notre entretien au moment

14 où, à une question que je vous ai posée, vous avez répondu que le fait

15 réel est que vous vous inspiriez d'une cassette vidéo sur la base d'une

16 campagne orchestrée très efficace, en Croatie, que vous avez également

17 utilisé un certain nombre d'éléments que vous avez reçus de différentes

18 sources, et que cet ensemble vous a donc donné la base de votre travail

19 anti-propagande.

20 Vous rappelez-vous avoir dit cela, Monsieur Milic ?

21 M. Milic (interprétation). - Oui, en effet c'est ainsi que cela

22 s'est passé.

23 Mme Residovic (interprétation). - Je vais donc continuer à vous

24 interroger sur ce domaine dont vous avez commencé à parler la dernière

25 fois.

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1 A une de mes questions, vous avez répondu avec une certaine

2 fermeté, mais j'aimerais tout de même y revenir pour que tout soit très

3 clair.

4 Monsieur Milic, est-ce que d'une quelconque façon personnelle,

5 c'est-à-dire sur la base de connaissances personnelles de quelque nature

6 que ce soit, vous connaissiez les événements de Konjic et les activités de

7 M. Delalic ?

8 M. Milic (interprétation). - Je crois avoir dit vendredi que

9 depuis le début de

10 l'agression contre ma patrie, et pendant toute la guerre, je n'ai été

11 informé ni pour Konjic ni pour Sarajevo ni pour aucun endroit de

12 Bosnie-Herzégovine. Je n'ai jamais été reporter de guerre, je le répète

13 avec force. Je ne me suis jamais trouvé sur les terrains de combats de la

14 Bosnie-Herzégovine. En fait, je travaillais dans la Diaspora.

15 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Milic, avez-vous

16 personnellement recueilli tous les commentaires qui figurent sur cette

17 cassette et si vous pouvez vous le rappeler, combien y en a-t-il eu ?

18 M. Milic (interprétation). - Ma cassette définitive comportait

19 quinze commentaires et vingt-deux séquences montées, me semble-t-il. Sur

20 la cassette que nous avons encore revue hier, je puis dire d'une façon

21 tout à fait absolue qu'elle correspond, au mot près, aux propos tenus par

22 la speakerine et que cela correspond tout à fait à mon ouvrage.

23 Mme Residovic (interprétation). - Vous venez de dire que la

24 défense vous a montré une cassette qui se trouve aujourd'hui versée au

25 dossier de ce procès. En l'absence d'une question de ma part, vous avez

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1 confirmé au Tribunal que ces commentaires ont bien été recueillis par

2 vous. En disant cela, vous avez déjà répondu à ma question suivante, mais

3 je vous la pose.

4 Dans cette cassette qui a été soumise au Tribunal et que celui-

5 ci a accepté comme pièce à conviction, est-ce que tous les éléments, tous

6 les commentaires que vous avez recueillis se trouvent sur cette cassette,

7 ou manque-t-il quelque chose sur cette cassette ?

8 M. Milic (interprétation). - Je vous prierai de bien vouloir me

9 montrer encore une fois la cassette qui a été remise aux Juges par le

10 Procureur. Je me rappelle exactement les derniers mots que j'ai prononcés

11 sur cette cassette. Sur la base du scénario, il était prévu de filmer

12 l'arrivée de Zejnil à Vienne et son séjour à Vienne. Ensuite on a ajouté

13 sur la cassette la déclaration de Zejnil et c'est au sujet de cette

14 cassette que je réponds moralement, et avec tout mon sens des

15 responsabilités, de la véracité de son contenu.

16 Maintenant, je ne souhaiterais pas parler de la cassette détenue

17 par le Procureur aujourd'hui, mais je parle de celle que je connais.

18 Mme Rešidovic (interprétation). - Monsieur Milic, nous

19 reviendrons sur ce point ultérieurement, sans aucun doute. Mais avant de

20 proposer éventuellement qu'un lien soit établi entre votre déposition et

21 la pièce à conviction qui figure ici, car cette cassette n'est

22 certainement pas un élément que je peux vous montrer sans vous en montrer

23 le contenu, je me contenterai de vous poser encore une question.

24 D'abord, est-ce que vous savez qui a effectué le montage de

25 cette cassette à Vienne ? Est-ce que vous savez comment cela a été fait ?

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1 Comment a été composée cette cassette définitive ?

2 M. Milic (interprétation). - Non, mais je suis en droit de

3 supposer que ce travail a été effectué par des gens qui ont été trouvés à

4 Vienne par Dzemal. Ce travail a sans doute été fait de façon tout à fait

5 appropriée.

6 Mme Rešidovic (interprétation). - Monsieur Milic, est-ce que

7 vous pouvez vous rappeler de quelle façon et sur la base de quel script le

8 texte figurant dans cette cassette a été lu, le texte proposé par vous ?

9 M. Milic (interprétation). - Ecoutez, d'une façon générale je

10 dirai que ce travail est tout de même un travail d'amateur. Mais

11 l'introduction concernant le début de la guerre en Bosnie-Herzégovine est

12 plus structurée. C'est d'ailleurs l'oeuvre de la télévision de Konjic. Le

13 montage des séquences où l'on voit le speaker lire, le montage des

14 séquences qui suivent n'est pas réalisé de façon tout à fait

15 satisfaisante. Il est tout à fait évident que c’est le travail d'un

16 amateur ou d'amateurs qui n'avaient guère de rapport avec le travail

17 professionnel.

18 Mme Rešidovic (interprétation). - Vous avez dit vendredi avoir

19 regardé environ vingt à trente cassettes et avoir ensuite regardé en

20 détail deux cassettes qui comportaient des éléments résumés des autres

21 cassettes. Est-ce que vous pouvez vous rappeler combien durait

22 environ cette dernière cassette que vous avez pu obtenir de Vienne ?

23 M. Milic (interprétation). - Eh bien, c'est un peu théorique de

24 l’appeler cassette définitive. Elle dure environ trois heures à trois

25 heures et demie, donc c'est encore un produit semi-fini, une matière

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1 première, parce que ce que nous voulions, c'était réduire cette cassette à

2 cinquante, soixante minutes, ce qui d'ailleurs était encore trop long.

3 Mais l'objet de la création de cette cassette était censé pouvoir être

4 montré dans des conférences de presse en Yougoslavie. Elle était destinée

5 à l'opinion publique. Mais dans l'état où étaient les cassettes dont nous

6 parlons ici, elles ne pouvaient pas encore être présentées à l'opinion

7 publique. Malheureusement ce projet a été interrompu pour Dieu sait quelle

8 raison, cela n'a jamais abouti.

9 Mme Rešidovic (interprétation). - Nous reparlerons de tout cela

10 un peu plus tard, Monsieur Milic. Mais vendredi, vous avez dit qu'avec le

11 texte, vous avez remis également le texte complet du scénario. Lorsque

12 vous avez agi de la sorte, lorsque vous avez demandé que les séquences

13 soient raccourcies, est-ce que vous avez fourni des instructions

14 particulières quant aux éléments sur lesquels il fallait insister pour

15 qu'ils soient conservés ?

16 M. Milic (interprétation). - Je me rappelle qu'au cours de nos

17 entretiens, de nos discussions, j'ai insisté auprès de Dzemal pour que

18 Zejnil soit au premier plan, puisqu'il était le héros principal de mon

19 histoire, c'est-à-dire que je voulais que la caméra le prenne en gros

20 plan. Et cela dure quatre à cinq secondes. Mais les hommes à qui j'ai

21 parlé ont pris cela au pied de la lettre et ont continué à filmer Zejnil

22 en gros plan pendant des minutes entières.

23 Mme Rešidovic (interprétation). - Les images authentiques se

24 trouvent sur les vingt à trente cassettes dont nous avons parlé tout à

25 l'heure. La dernière cassette, est-ce un montage ?

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1 M. Milic (interprétation). - Oui, c'est un montage.

2 Mme Rešidovic (interprétation). - Je l'avais compris, je vous

3 posais la question pour en être tout à fait sûre.

4 Monsieur Milic, vous avez dit quelles étaient les sources d'où

5 vous avez tiré certaines informations, certaines connaissances et vous

6 avez dit, pour finir, que lorsque vous avez reçu cette cassette, vous

7 souhaitiez entendre l’avis des personnes qui étaient présentées sur cette

8 cassette. Est-ce que vous savez si cette cassette a été montrée à

9 M. Delalic et, si oui, qui la lui a présentée et en quel endroit elle lui

10 a été présentée ?

11 M. Milic (interprétation). - Assez longtemps après notre travail

12 et nos discussions, j'ai appris que Zejnil avait vu cette cassette et

13 l'avait rejetée. Mais j'avais moi-même insisté pour que Zejnil puisse la

14 voir parce que cela me dérangeait un peu de dire à ces personnes qui

15 avaient travaillé que le travail ne correspondait pas à mes souhaits. Je

16 pensais donc qu'il fallait également consulter Zejnil. J’ai donc demandé à

17 Dzemal de présenter ces cassettes à Zejnil également.

18 Zejnil se trouvait à l'époque à Munich et après quelque temps,

19 Dzemal m’a annoncé que Zejnil m'avait remercié pour le travail que j'avais

20 fait, pour l'engagement personnel que j'avais investi, qu’il avait

21 remercié tous les acteurs de cette entreprise, mais qu'il renonçait à la

22 cassette.

23 Moi, cela ne m'a pas beaucoup satisfait parce que c'était un

24 travail qui concernait la Bosnie, qui concernait l'histoire et qui me

25 concernait moi également. Mais enfin, c'est la vie !

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1 Mme Residovic (interprétation). - Par le biais des quinze

2 commentaires dont vous nous avez dit que c'est vous qui les aviez rédigés,

3 est-ce que vous avez décrit de façon authentique la vie et l'activité de

4 Zejnil Delalic pendant l'année 1992 ?

5 M. Milic (interprétation). - En partie seulement. Tout le reste

6 avait pour but de servir de propagande et l'objectif unique qui était

7 poursuivi consistait à informer notre peuple, c'est-à-dire l'opinion

8 croate, de la vérité, c'est-à-dire de lui dire que Zejnil Delalic n'était

9 pas un Chetnik, qu'il n'était pas un habitant du Kosovo, qu'il n'était pas

10 un homme qui avait fui, qu'il n'était pas un homme qui avait trahi les

11 principes du combat pour la défense de la Bosnie

12 Herzégovine, que Zejnil Delalic n'était pas un homme qui avait trahi dans

13 le cadre du désencerclement de Sarajevo et que Zejnil Delalic n'était pas

14 un homme qui avait libéré des prisonniers de guerre serbes.

15 Mme Residovic (interprétation). - Ecoutez, j'aimerais quand même

16 revenir sur certain des propos que vous avez tenus vendredi. Vous avez dit

17 vendredi que toute cette propagande contre M. Delalic pouvait se diviser

18 en trois parties : d'abord qu'il venait du Kosovo et qu'il aidait les

19 Serbes, deuxièmement qu'il entretenait de mauvais rapports avec les

20 Croates et troisièmement qu'il avait utilisé un hélicoptère Chetnik pour

21 passer du côté Chetnik.

22 Je ne vais pas vous interroger sur l'ensemble de ces trois

23 éléments, mais de façon à garantir une meilleure compréhension de ce que

24 vous nous dites ici aujourd'hui, je souhaiterais vous poser la question

25 suivante : Monsieur Milic, dans les circonstances qui prévalaient à la fin

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1 de 1992 ou au début de 1993, quelle était la signification d'une

2 affirmation qui taxait une personne de Chetnik en Croatie, endroit où

3 cette propagande était diffusée ?

4 M. Milic (interprétation). - Moi, j’aimerais élargir encore

5 davantage. Dans les pays d'Europe occidentale, toute personne faisant

6 partie des rangs bosniens ou croates et qui se voyait taxer de Chetnik

7 était pratiquement condamnée à mort, en dehors de quelque loi que ce soit

8 et par tous les moyens possibles.

9 Il importe de comprendre qu'en Croatie, à cette époque-là -et je

10 ne parle même pas des populations croates qui avaient déjà une haine

11 traditionnelle-, il y avait en Croatie entre 300 000 et 500 000 Bosniens

12 qui avaient fui parce qu'ils avaient subi de très grands désagréments

13 pendant toute cette période. Nombre de ces personnes avaient également

14 assisté à la deuxième guerre mondiale. Donc pour ces personnes,

15 l'utilisation du terme « Chetnik », entendre le terme « Chetnik »

16 éveillait immédiatement des énergies très négatives.

17 Alors, rendez-vous compte que dans les circonstances de

18 l'époque, taxer quelqu'un de Chetnik, et notamment Zejnil Delalic,

19 signifiait condamner Zejnil Delalic, et les membres

20 de sa famille d'ailleurs, à la mort.

21 Mme Residovic (interprétation). - Je ne sais pas si c'est par

22 hasard ou intentionnellement qu'en réponse à ma question vous avez dit

23 « pas seulement en Croatie, mais dans l'ensemble de l'Europe

24 occidentale ». Pourriez-vous nous donner des détails pour nous expliquer

25 cette réponse de façon un peu plus approfondie ?

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1 M. Milic (interprétation). - Près d'un million de Croates se

2 trouvaient en Allemagne, en Autriche, en Suisse et aux Pays-Bas, et

3 ensuite même en Suède, en 1992. Toutes ces personnes étaient complètement

4 coupées des moyens d'information de Bosnie-Herzégovine. La Bosnie-

5 Herzégovine ne disposait pas d'émissions par satellite, les signaux radio

6 avaient été détruits par les actions des Chetniks et également par des

7 actions de diversion de la part du HVO.

8 La presse écrite de Bosnie-Herzégovine ne parvenait dans aucun

9 de ces pays et ces personnes souhaitaient obtenir des informations. Elles

10 ne connaissaient pas la langue du pays dans lequel elles habitaient, ni

11 l'anglais ni l'allemand ni le français, et elles étaient donc très

12 concentrées sur les moyens d'information croates, la télévision par

13 satellite croate et les quotidiens croates. Je crois qu'il existait trois

14 quotidiens croates à l'époque, ainsi que quatre ou cinq périodiques qui

15 rendaient compte régulièrement de la situation en Bosnie-Herzégovine.

16 Je souligne que ces rapports étaient très approfondis, c'est-à-

17 dire qu'ils étaient très tendancieux, et ce à l'encontre de Zejnil Delalic

18 et des membres de la Défense territoriale.

19 Mme Residovic (interprétation). - Je pense qu'avec ces éléments

20 que vous venez d'ajouter, vous avez expliqué également la motivation qui

21 vous a poussé à vous engager dans ce travail de confection de ces

22 cassettes.

23 M. Milic (interprétation). - Vous avez tout à fait raison.

24 Mme Residovic (interprétation). - Dites-moi, je vous prie, les

25 efforts que vous avez déployés dans ce travail ont-ils été récompensés

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1 d'une façon ou d'une autre ? Avez-vous

2 été lésé ou récompensé pour ce travail de plus de deux mois ?

3 M. Milic (interprétation). - J'ai été lésé dans la mesure où ce

4 travail n'a jamais été effectué selon l'idée que j'en avais au départ.

5 Dans cette période de coopération et au cours de mon engagement principal,

6 durant cette période, nous n'avons pas eu le temps de parler de

7 gratification ou de rémunération. Bien entendu, il était à l'époque

8 difficile d'en obtenir, mais j'avais à ma disposition une certaine somme.

9 Monsieur Vejsil et M. Dzemal ont été tout à fait corrects lorsque nous

10 nous sommes rencontrés. Lorsque je suis arrivé à Zagreb, on m'a remboursé

11 mon billet aller et retour. Je ne sais pas d'ailleurs quel en était le

12 montant, mais ils ont tout pris à leur charge, aussi bien mon gîte, mon

13 couvert que mon voyage. Je n'ai rien eu à payer.

14 Mme Residovic (interprétation). - Revenons, si vous le voulez

15 bien, quelques instants sur le texte que vous avez écrit. Vous avez dit

16 que la presse déclarait que Zejnil Delalic était un traître et un Chetnik.

17 Dans votre commentaire, comment présentiez-vous Zejnil Delalic de façon à

18 combattre cette thèse propagandiste selon laquelle il aurait été un

19 Chetnik ?

20 M. Milic (interprétation). - Dans mon commentaire, il fallait

21 que Zejnil Delalic soit présenté de façon absolument contraire à tout ce

22 qu'eux affirmaient. Pour moi, il est présenté comme un combattant, un

23 homme courageux, un patriote qui a été dans les premiers rangs de la

24 défense de la Bosnie-Herzégovine.

25 Mme Residovic (interprétation). - Mais vous avez parlé d'une

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1 ligne propagandiste importante concernant Zejnil Delalic selon laquelle il

2 était censé avoir libéré des Chetniks.

3 Alors, pour contrecarrer une machine propagandiste d'une telle

4 puissance, qu'avez-vous dit dans votre texte ?

5 M. Milic (interprétation). - Pour élever le moral du peuple,

6 j'ai dit à son sujet qu'il avait même été plus dur que d'autres par

7 rapport aux Chetniks.

8 Mme Residovic (interprétation). - A un certain moment, vous avez

9 dit que, parce que Zejnil Delalic coopérait avec les Chetniks, Sarajevo

10 avait été assiégée plus longtemps qu'il n'aurait fallu.

11 Dans vos commentaires, qu'avez-vous proposé pour contrecarrer

12 cette affirmation selon laquelle il a prolongé le siège de Sarajevo ?

13 M. Milic (interprétation). - J'ai déclaré qu'il a été au premier

14 plan des combats pour la libération de Sarajevo.

15 Mme Residovic (interprétation). - Ecoutez, dans mes questions,

16 je me suis limitée aux propos selon lesquels il aurait été à la base de

17 cette campagne. Je n'ai pas repris chacun de vos mots. Mais je vous

18 prierai maintenant de nous dire, sur la base de ce que vous venez de dire,

19 c'est-à-dire qu'il a organisé les premières campagnes, qu'il s'est battu

20 pour la liberté, qu'il a enfermé des Serbes et qu'il a été parmi les

21 premiers à organiser la lutte pour la levée du siège de Sarajevo, si vous

22 avez entendu des éléments de ce genre de personnes telles que Dzemal,

23 Sefik, Vesjil ou d'autres habitants de Konjic qui donc, à l'époque,

24 résidaient à Konjic.

25 M. Milic (interprétation). - Maintenant, nous allons donc voir

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1 un peu quelle était mon analyse et quelle était mon attitude. Je pense que

2 pour vous, ce serait suffisant que je vous dise que c'étaient mes propres

3 improvisations, que c'était quelque chose que j'ai raconté moi-même. Au

4 fond, j’avais un objectif et un seul, à savoir nier partiellement -ne

5 serait-ce que partiellement- les effets de la campagne croate contre

6 Zejnil Delalic.

7 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Milic, je comprends

8 parfaitement, vous avez donné une réponse indirecte à ma question. Mais je

9 vais quand même vous demander de bien vouloir me répondre très

10 directement : est-ce que la personne que j’ai mentionnée tout à l'heure

11 vous a dit directement que Zejnil Delalic était l’organisateur et qu'il

12 avait emprisonné des Serbes, qu'il avait donc tout fait selon l’accusation

13 dont il fait l'objet ? Est-ce que c'était la vérité, les éléments qui

14 étaient considérés comme la réalité ?

15 M. Milic (interprétation). - Non, il n'y avait pas de telles

16 personnes. Au contraire, il y avait un certain nombre de personnes qui

17 n'étaient pas contentes de la manière dont j'ai formulé mon commentaire,

18 Dzemal entre autres. Par exemple, il y avait des actions autour d'un

19 certain nombre de villages. On avait donc parlé de sa propagande. Il

20 m'avait même dit que j'avais un peu trop parlé de cela, qu'il s'agissait

21 effectivement de quelqu'un qui disposait de deux maisons, qui participait

22 aux opérations militaires.

23 Ils ont parlé d'une rencontre à côté de Fojnica.

24 Personnellement, j'ai soi-disant donné une dimension un peu trop grande à

25 tout ceci. Mais, je le répète une fois de plus, mon objectif dans ce que

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1 j'ai raconté -il y avait donc quatre pages et demie de texte, donc pour

2 que le speaker professionnel puisse lire ce texte entre quinze et seize

3 minutes- était que Zejnil, qui devait être accueilli à Vienne... C'était

4 un leitmotiv en quelque sorte de ce que j'ai raconté dans mon histoire...

5 Tout cela devait donner des résultats concrets auprès de l'opinion

6 publique bosniaque et de l'opinion publique croate.

7 Mme Residovic (interprétation). - Merci pour votre réponse. En

8 ce qui concerne également cette cassette, je vous ai posé une question

9 concernant « Image sur l'image ». Vous m'avez dit que vous n'avez pas vu

10 cette cassette, mais que vous l'avez vue ultérieurement. Pouvez-vous me

11 dire exactement quand vous avez vu cette cassette ? Pourquoi avez-vous

12 considéré qu’il était important de parler de ce moment précis ?

13 M. Milic (interprétation). - Encore une fois, nous allons

14 analyser mon texte. Je ne l’ai toujours pas sous les yeux, mais je m'en

15 souviens, bien évidemment. J'ai dit effectivement que l’émission en

16 direct, pendant que Zejnil Delalic était présent à la télévision, émission

17 d'ailleurs assez propagée, que l’on regarde énormément... J’ai dit qu'une

18 fois que j’aurais vu les cassettes qui me parviendront de Vienne, que je

19 connaîtrais le titre, que (inaudible) sciemment ou peut-être pas sciemment

20 avait donc proclamé... qui était le titre qui me convenait... Je dois dire

21 qu’à cette époque-là, ils ont parlé de Zejnil Delalic comme d'un

22 commandant du premier groupe tactique de Konjic. Pour moi, ce qui est

23 important, c'est le terme "commandant ". On a parlé du commandant, même

24 s'il n'était pas commandant de la Défense territoriale de Konjic.

25 Dzemal m’avait dit qu'il voulait même faire un démenti au début,

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1 mais comme à cette époque-là on vivait rapidement etc., on est allé un peu

2 plus loin, etc. En ce qui me concerne, je trouve ici un élément important

3 et donc devant l'opinion publique, notre opinion publique, à laquelle

4 d'ailleurs la cassette était destinée, l’objectif était de présenter

5 Zejnil Delalic comme commandant et par conséquent de jeter les bases de

6 toutes ces histoires que j'ai pu moi-même préparer, formuler, etc., sous

7 forme de 160 rangs (?).

8 Mme Residovic (interprétation). - Merci Monsieur Milic.

9 Messieurs les Juges, étant donné que notre témoin parle de

10 questions très directes et très concrètes, je vais vous demander de me

11 permettre de voir quelques pièces à conviction et surtout de demander à

12 l'accusation si, dans la documentation, elle dispose de cette cassette et

13 si, selon les documents de Vienne, elle a été sous la cote 46.

14 Est-ce que nous possédons toutes ces cassettes sous le même

15 numéro ? Nous avons toujours du numéro de cote 46. Pour moi, c’est un

16 élément extrêmement important pour poser la question au témoin et voir

17 s'il reconnaît la cassette, d'autant plus qu'il en a fait quelques

18 commentaires tout à l'heure.

19 C'est la pièce à conviction 116.

20 M. Niemann (interprétation). - Je ne peux pas vous répondre

21 exactement. Ce n'est pas notre témoin. C'est le vôtre. Nous n'avons pas vu

22 la cassette. Par conséquent, je pense que c'est à vous de prendre une

23 décision de ce genre.

24 Mme Residovic (interprétation). - Messieurs les Juges, je ne

25 sais pas véritablement. Au moment où nous avons parlé du document 116,

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1 nous avons disposé d'un document partiel et l'autre devait soi-disant être

2 complet. Mais vous avez vous-même, Monsieur le Président, accepté

3 également la cassette 46 comme faisant partie du document 116.

4 Nous ne savons pas si vous avez véritablement trouvé cette

5 cassette d'Inda-BAU. C'est la raison pour laquelle j'ai posé la question à

6 l'accusation et je voulais savoir si véritablement nous disposions d'un

7 autre document, parce que vous avez parlé du document 46, Monsieur le

8 Président. Nous avons bien évidemment les deux.

9 M. le Président (interprétation). - En ce qui concerne le

10 document, à savoir la cassette, je pense que c'est la vôtre. Si vous

11 voulez que cette pièce soit parmi les pièces à conviction, nous sommes

12 d'accord.

13 Mme Residovic (interprétation). - Dans ce cas, je pense que nous

14 devrions voir l'annexe numéro 1 de la cassette numéro 2, pour voir si le

15 témoin reconnaît le texte comme son commentaire, le premier commentaire.

16 Pouvons-nous voir la cassette qui est en votre possession,

17 Monsieur le greffier ?

18 M. le Greffier (interprétation). - La cassette du Procureur

19 I 46, qui est le numéro 116, a été admise par décision le 19 janvier. Il y

20 a un compte rendu complet de cette cassette qui est le 116 A et le 116 B

21 est un extrait du compte rendu. Les compte rendus n'ont pas été soumis.

22 Ensuite, j'ai une cassette 116 C qui est un extrait présenté

23 devant un autre témoin. Voulez-vous la cassette 116 ?

24 Mme Residovic (interprétation). - Oui, s'il vous plaît.

25 M. le Président (interprétation). - S'agit-il de la même

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1 cassette que le témoin avait fait ? C'est très important de le savoir,

2 étant donné qu'il est témoin des cassettes qu'il avait lui-même préparées.

3 Mme Residovic (interprétation). - Je voudrais voir le début de

4 cette cassette, étant donné que le conseil des Juges acceptera de voir

5 juste le début de la cassette ainsi que la fin, pour ne pas voir la

6 totalité, parce que c'est trop long. Nous pouvons voir bien évidemment

7 toute la cassette, mais il me semble qu'il vaut mieux voir juste le début

8 et la fin pour que le témoin

9 puisse se rendre compte.

10 On va par conséquent voir le début et comme c'est une pièce à

11 conviction, le témoin peut confirmer qu'il s'agit véritablement de la

12 cassette en question. Etes-vous d'accord, Monsieur le Président ?

13 (Le Président acquiesce).

14 Si le service technique est prêt, je vais demander que l'on

15 montre la première partie de cette cassette, la pièce à conviction 116.

16 Monsieur Milic, je vais surtout vous demander de faire attention

17 au texte. Ainsi, nous pourrons constater s'il s'agit véritablement du

18 texte que vous avez vous-même rédigé.

19 (Diffusion de la cassette).

20 "Avant le début de la guerre en Bosnie-Herzégovine, un nombre

21 très restreint de Musulmans étaient prêts pour la guerre. Mais entre ceux

22 qui croyaient, c'était M. Zejnil Delalic qui était businessman. Depuis

23 20 ans de travail en occident, il s'est rendu à Konjic, sa ville natale.

24 Il a mis sur pied une unité. Il a également disposé de deux maisons dans

25 lesquelles il a organisé les réunions. Il était en contact avec un certain

Page 12551

1 nombre d'unités autour de Konjic. Les Musulmans ont considéré qu'il

2 provoquait également l'armée yougoslave, ainsi que les Serbes qui étaient

3 déjà armés. Il a été planifié quelles étaient les localités qui auraient

4 dû être prises et qui appartenaient aux Serbes.

5 La première action militaire a eu lieu début avril. Ils se sont

6 emparés de l'usine d'Igman, ainsi que des munitions, cela pour pouvoir

7 mener la guerre du côté des Musulmans. Il y avait une vingtaine de

8 personnes. Le 19 avril, Zejnil avait organisé une action militaire pour

9 s'emparer de Celebici. C'était la première unité militaire dont ils se

10 sont emparés avec un équipement assez important, ainsi que des munitions.

11 Ce groupe était pratiquement la première unité véritablement équipée pour

12 contrôler Konjic.

13 Un certain nombre de soldats se sont enfuis vers Split. Le

14 général Kukanjac avait

15 menacé de bombarder Konjic fin avril. Cette unité s'est emparée d'autres

16 entrepôts de la JNA, d'autres unités qui appartenaient à la JNA. Ils se

17 sont emparé également de toute une flotte d'avions et ils avaient

18 l'intention de s'emparer des munitions qui appartenaient à Jablanica, à

19 Prozor, Konjic, etc."

20 Mme Residovic (interprétation). - Je vais demander maintenant

21 d'arrêter cette première partie de la cassette.

22 Monsieur Milic, vous avez entendu le texte. Avez-vous rédigé

23 vous-même ce texte ?

24 M. Milic (interprétation). - Oui, c'est vrai, mais il n'y avait

25 pas... Je n'ai pas perçu que le titre qui était "La guerre en Bosnie-

Page 12552

1 Herzégovine".

2 Mme Residovic (interprétation). - Vous ne l'avez pas vu, mais le

3 titre existe effectivement. Est-ce le texte que vous avez vous-même

4 rédigé ?

5 M. Milic (interprétation). - Oui.

6 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président,

7 Messieurs les Juges, je souhaite maintenant voir la fin de cette cassette

8 pour nous rendre compte si, effectivement, il s'agissait de la cassette

9 finale que notre témoin avait entre ses propres mains. Nous allons voir

10 maintenant la fin de la cassette.

11 Je pense que vous nous avez bien compris au niveau de la

12 technique : nous souhaitons voir la fin de la cassette pour que le témoin

13 puisse véritablement se rendre compte de la fin de la cassette sur

14 laquelle il a travaillé et surtout reconnaître le texte qu'il a rédigé.

15 (Projection la cassette.)

16 "Eh bien les Musulmans nous font oublier notre objectif

17 principal qui est de lutter contre les Chetniks. Nous avons l'intention

18 également, comme je l’ai dit, de nous organiser. Il y a des unités qui

19 sont bien organisés de notre côté. »

20 Mme Residovic (interprétation). - Cela nous suffit, je pense.

21 Monsieur Milic, était

22 ce la fin véritablement de la cassette que vous avez faite ?

23 M. Milic (interprétation). - Je suis désolé, mais je n'ai pas pu

24 suivre et je ne peux pas vous le confirmer.

25 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez donc pu voir la

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1 cassette. Est-ce que vous pouvez nous confirmer que tous les textes que

2 vous avez rédigés étaient compris dans le texte ?

3 M. Milic (interprétation). - Oui, effectivement, il y avait tous

4 ces éléments-là, et ensuite on a coupé.

5 Mme Residovic (interprétation). - Qu'est-ce qui manque ? Combien

6 de textes, d'après vous, manquent-ils, après cette conversation avec

7 Dziljak*, Delic, etc...

8 M. Milic (interprétation). - Ce que je sais, c'est qu'il y a la

9 fin. L’objectif de l'histoire manque. Ce qui manque, c'est Zejnil à

10 Vienne, son arrivée à Vienne. Ensuite, sur cette cassette que je connais

11 moi-même et qui bien évidemment est mon oeuvre, il manque également le

12 message de Zejnil qui ne devait pas faire part de ces documents tout au

13 début.

14 Par la suite, Dzemal l’a enregistré, mais le message de Zejnil

15 devait être envoyé par des canaux spéciaux jusqu'à Sarajevo. Tout cela

16 manque.

17 Mme Residovic (interprétation). - Messieurs les Juges, étant

18 donné que le témoin avait précisé que tous les textes, pratiquement du

19 premier jusqu’au dernier, étaient les siens, mais qu'il en manque un seul,

20 personnellement, pour être correcte, je veux demander à l'accusation si

21 elle est d'accord pour que tous ces textes, dont il a confirmé qu'ils sont

22 véritablement les siens, soient versés au dossier. Un seul manque.

23 Je pense que c'est correct de ma part. Je pense qu'il en reste

24 douze encore, en dehors d'un seul texte qui manque, comme le témoin vient

25 de nous le préciser.

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1 L’accusation est-elle d'accord pour ne pas voir toute la

2 cassette ? Personnellement, je suis d'accord pour m'arrêter à ce niveau-

3 là, tout au moins au début et à la fin de la cassette

4 que nous avons vue. Un seul texte manque, comme il l'avait précisé.

5 M. le Président (interprétation). - Qu’en pense l’accusation ?

6 M. Niemann (interprétation). - Monsieur le Président, je n'ai

7 pas d'objection. Je pense que la cassette peut être versée, bien

8 évidemment, au dossier. Je ne peux pas affirmer qu'il s'agit véritablement

9 de cette cassette-là, mais je suis absolument pour la verser.

10 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président, je

11 voudrais tout simplement que l'accusation confirme qu'il s'agit des textes

12 qui appartiennent au témoin. La cassette est déjà versée au dossier, le

13 témoin l'a déjà confirmé.

14 Par conséquent, l'accusation accepte-t-elle le fait qu'il s'agit

15 véritablement des textes de ce témoin, pour ne pas demander au témoin

16 d'identifier chaque texte un par un ?

17 M. Jan (interprétation). - A-t-il vu tous les textes et toute la

18 cassette en entier ?

19 Mme Residovic (interprétation). - Oui. Monsieur Milic, avez-vous

20 vu toutes les parties de la cassette, du début jusqu'à la fin ? Est-ce que

21 vous avez reconnu le texte que vous avez rédigé vous-même ?

22 M. Milic (interprétation). - Oui, ce sont mes textes. Je l'ai

23 bien confirmé, mais ce sont des textes qui ont été raccourcis, en quelque

24 sorte, et la cassette n'a pas été complétée.

25 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Milic, vous venez de

Page 12555

1 dire qu'un commentaire, votre commentaire, manque, ainsi que les deux

2 annexes, à savoir l'accueil à Vienne, qui pour vous était important, et

3 une déclaration de M. Delalic.

4 Messieurs les Juges, pour pouvoir identifier ce texte,

5 l'accusation, conformément à l’article 66, nous a également fait parvenir

6 le texte.

7 Je vais donc demander qu'on puisse voir ce dernier texte qui se

8 rajoute à cette dernière cassette. J'ai la traduction également de ce

9 commentaire. Vous allez donc pouvoir le consulter. J'ai également le texte

10 en traduction, pour l'accusation.

11 M. le Président (interprétation). - Le témoin en dispose-t-il

12 également ?

13 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président, il

14 s'agit véritablement d'une seule cassette. Elle a été tout simplement

15 coupée à la fin. C'était le dernier élément. Une autre cassette a

16 également été trouvée à Inda-BAU. C'est un texte qu'on nous a fait

17 parvenir.

18 Je demande que cette dernière partie soit vue par le témoin et

19 par nous tous, pour qu'il puisse nous affirmer qu'il s'agissait

20 véritablement de ce texte, car il a parlé de quinze annexes. Il vient de

21 nous dire maintenant qu’il y en avait quatorze.

22 Un autre témoin nous a également parlé des problèmes du montage.

23 Il n'est pas impossible qu'il y ait eu ce problème de cassette coupée.

24 C'est la raison pour laquelle je vais vous présenter la traduction de ce

25 texte. Je vais demander également que tout le monde puisse avoir à

Page 12556

1 disposition ce texte.

2 Monsieur l'huissier, voulez-vous bien le distribuer ?

3 L'accusation n'a pas parlé de ce texte comme d'une pièce à conviction,

4 mais en accord avec l'article 66, elle nous a fait parvenir ce texte.

5 M. le Greffier (interprétation). - Il s'agit du document

6 D 184/1.

7 Mme Residovic (interprétation). - Je voudrais maintenant

8 demander aux techniciens de bien vouloir passer le premier passage de la

9 première cassette, c'est-à-dire lorsqu'il y a un drapeau à l'écran, s'il

10 vous plaît.

11 Monsieur Milic, vous entendrez le texte dans votre langue. Vous

12 avez le texte en anglais devant vous. Il s'agit de la cassette n° 1,

13 premier passage.

14 (Projection de la cassette.)

15 L’interprète. -(Les interprètes n’ont pas le texte de ce passage

16 en cabine, nous n’avons que la version originale en serbo-croate.)

17 Mme Residovic (interprétation). - Merci. Je vous prie de

18 m'excuser, j'avais remis la traduction écrite en anglais. C'est pourquoi

19 il n'y a pas eu d'interprétation pendant la cassette.

20 Monsieur Milic, s’agit-il de la dernière version du texte que

21 vous avez rédigé,

22 lorsque vous avez monté la cassette pour la campagne en faveur de

23 M. Delalic ?

24 M. Milic (interprétation). - En effet, le texte que nous avons

25 entendu correspond au texte que j'ai rédigé et qui devrait être accompagné

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1 d'images des collègues du monde des affaires à Vienne. Nous en avons vu

2 seulement un tout petit passage. Dans la dernière version du texte qui m'a

3 été envoyé de Vienne, il y avait une déclaration de Zejnil qui a été

4 ajoutée, déclaration qui était destinée au public.

5 Mme Rešidovic (interprétation). - Est-ce que nous pouvons voir

6 un autre passage de cette cassette ?

7 (Diffusion de la cassette.)

8 Merci beaucoup. Il s'agit d'un passage de plusieurs minutes.

9 Est-ce qu'on peut demander aux techniciens de bien vouloir arrêter la

10 cassette ou de la faire avancer ?

11 (Diffusion de la cassette.)

12 Cela suffit pour la question que je voulais poser.

13 Monsieur Milic, est-ce que ce passage qui présente la bienvenue

14 de M. Delalic est bien le passage qui correspond à la version définitive

15 du texte ?

16 M. Milic (interprétation). - Oui, ce devrait être la fin de la

17 cassette.

18 Mme Rešidovic (interprétation). - Est-ce que ce passage peut

19 confirmer que M. Delalic n'est pas parti dans un hélicoptère chetnik, mais

20 qu'il est venu en effet rencontrer ses contacts d'affaires ?

21 M. Milic (interprétation). - Je l'ai déjà dit plusieurs fois

22 aujourd'hui : l'objectif même de la cassette était de prouver en effet que

23 Zejnil Delalic n'a pas trahi la Bosnie-Herzégovine, qu'il n'est pas

24 Chetnik, qu'il n'est pas agent double et la fin du passage, les dix

25 dernières lignes, le disent clairement, et ces images étaient destinées à

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1 illustrer ce passage. Cela devait être la fin de la cassette. D'ailleurs,

2 cela devait permettre de poser des questions et de répondre aux questions

3 lors d'une conférence de presse.

4 Mme Rešidovic (interprétation). - Vous avez mentionné un autre

5 passage dont Zejnil Delalic avait demandé qu’il soit envoyé en Bosnie.

6 Est-ce que l'on peut maintenant visionner le troisième passage de la

7 cassette numéro 1 afin de demander au témoin son avis ?

8 (Diffusion de la cassette.)

9 Nous avons le texte par écrit. Est-ce que l'on peut suspendre un

10 instant la cassette afin de diffuser le texte ? Nous avons donc des

11 traductions écrites du texte de la cassette. Est-ce que l'on peut les

12 diffuser à Madame et Messieurs les Juges ainsi qu'à l'accusation ?

13 (Diffusion de la cassette.)

14 On pourrait également diffuser le texte aux interprètes pour

15 leur permettre de suivre.

16 M. le Greffier. - Il s'agit de la pièce D 185/1.

17 Mme Rešidovic (interprétation). - J'aimerais maintenant revenir

18 au troisième passage de la cassette numéro 1. J'aimerais que l'on visionne

19 donc cette séquence. Ensuite, je poserai une question.

20 (Diffusion de la cassette.)

21 "Il s'agissait donc de la cérémonie de bienvenue avec des

22 chansons chetniks puisqu'ils disent que je suis venu avec un hélicoptère

23 chetnik. C'est tout à fait simpliste, pour un esprit malade ou plein

24 d'imagination car ils ne sont pas en mesure de montrer même le cinquième

25 des résultats que j'ai obtenu dans cette guerre imbécile".

Page 12559

1 Mme Rešidovic (interprétation). - Merci beaucoup, cela suffit

2 pour ma question. S'agit-il, Monsieur Milic, d'un passage du script que

3 vous avez rédigé pour Zejnil, passage que vous deviez envoyer avec l'autre

4 passage traitant de la réception ?

5 M. Milic (interprétation). - Oui.

6 Mme Rešidovic (interprétation). - Madame et Messieurs les Juges,

7 étant donné que nous avons entendu ce que vient de dire le témoin, je

8 voudrais demander que les séquences que

9 le témoin vient de reconnaître avec les deux autres soient versées au

10 dossier pour la défense.

11 M. le Président (interprétation). - Pas d'objection ?

12 M. Niemann (interprétation). - Pas d'objection.

13 M. le Greffier. - Il s'agit du D 186 A pour le premier passage,

14 B pour le deuxième passage et C pour le troisième passage.

15 M. Jan (interprétation). - Est-ce votre client que l'on a vu à

16 l'écran ?

17 Mme Residovic (interprétation). - Oui. Le témoin précédent avait

18 dit que, dans un moment de dépression, il souhaitait envoyer la cassette à

19 Sarajevo. Je ne peux pas vous en dire plus car je ne l'ai pas vu moi-même.

20 Mais étant donné que ce témoin a eu la cassette en main, il pourrait vous

21 en parler.

22 Monsieur Milic, la Chambre vient d'accepter les séquences

23 supplémentaires qui manquaient à la cassette. Pouvez-vous nous dire que

24 les différents passages qui avaient été lus et qui relevaient de la

25 cassette précédente avaient été écrits par vous-même ?

Page 12560

1 M. Milic (interprétation). - Oui. Tout ce que nous avons entendu

2 correspond absolument au texte que j'ai rédigé moi-même à Fontana en 1993,

3 en Croatie. Il me semble que c'était au printemps, vers le milieu du mois

4 de mars 1993. Il s'agissait d'une période où j'ai travaillé de façon assez

5 intensive. Il s'agit donc de mon texte, du texte que j'ai rédigé moi-même,

6 qui n'a pas été malheureusement rendu public. Ce texte a été rejeté.

7 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Milic, le commentaire

8 à la fin qui porte sur le départ de M. Delalic de Konjic et sur son

9 arrivée à Vienne, cette séquence correspondait en effet à l'objectif

10 essentiel de votre campagne, à savoir qu'il n'avait pas quitté Konjic pour

11 aller à Belgrade mais pour aller à Vienne ?

12 M. Milic (interprétation). - Il me semble que déjà vendredi et

13 encore ce matin, j'ai insisté sur notre objectif. En effet, dans cette

14 dernière séquence, nous voulions surtout faire comprendre que M. Delalic

15 n'était pas un Chetnik, n'était pas un traître, n'était pas un agent du

16 COS, mais au contraire que c'est un fils de Bosnie-Herzégovine.

17 Mme Residovic (interprétation). - La dernière chose que j'aurais

18 voulu vous demander de dire à la Cour porte sur les commentaires. Je

19 voudrais savoir si ce texte correspond à l'essence même de ce que vous

20 avez dit ici. Bien sûr, dans le commentaire, on a parlé de certains

21 événements que vous n'avez pas vus vous-même.

22 M. Milic (interprétation). - C'est en effet l'essence même du

23 travail que j'ai fourni. Je ne peux pas en dire plus.

24 Mme Residovic (interprétation). - Madame et Messieurs les Juges,

25 je vous prie de m'excuser. Je croyais avoir clarifié.

Page 12561

1 Le témoin a confirmé à plusieurs reprises que les séquences de

2 cette cassette ainsi que d'autres séquences correspondent véritablement au

3 texte qu'il avait rédigé.

4 Le Tribunal accepte-t-il la véracité de ces textes, qu'il s'agit

5 en effet des textes écrits par ce témoin et qui portent le numéro 116 ?

6 M. Niemann (interprétation). - Objection, Monsieur le Président.

7 M. Jan (interprétation). - C'est ce que le témoin a dit.

8 Mme Residovic (interprétation). - En effet, j'avais l'impression

9 que cela avait été clair, mais c'est mon collègue qui a suggéré que je

10 clarifie la chose. Je n'ai plus de questions.

11 Merci beaucoup, Monsieur Milic.

12 M. le Président (interprétation). - Y a-t-il un contre-

13 interrogatoire ?

14 M. Olujic (interprétation). - Madame et Messieurs les Juges,

15 nous n'avons pas de questions.

16 Mme Boler (interprétation). - La défense de M. Landzo n'a pas de

17 question à poser à ce témoin.

18 M. Karabdic (interprétation). - Je n'ai pas de questions non

19 plus, Monsieur le Président.

20 M. Niemann (interprétation). - Avez-vous vu d'autres éléments

21 que M. Delalic aurait envoyés aux journalistes lorsque vous avez préparé

22 cette cassette ?

23 M. Milic (interprétation). - Non, je n'en ai pas connaissance.

24 En ce qui concerne les médias de Croatie, de Serbie et notamment

25 la télévision de Konjic, certains passages viennent de la télévision

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1 nationale de Bosnie-Herzégovine.

2 M. Niemann (interprétation). - Il s'agissait plutôt de textes

3 écrits. Avez vous vu des textes autres que le passage que l'on vient de

4 nous lire ?

5 M. Milic (interprétation). - Non. Non, je n'ai rien vu d'écrit.

6 J'ai pris des notes, et j'ai reçu des informations de Dzimo, Ciso, Vejsil

7 et d'autres personnes et j'ai enregistré des informations par exemple de

8 la radio croate et de la radio serbe. Mais je n'avais pas de textes

9 écrits, de documents écrits. J'ai puisé dans les médias croates pour

10 rédiger les commentaires et j'ai suivi les analyses.

11 Basjil* m'a également donné des informations. J'ai décidé de

12 réunir les informations que vous avez vues.

13 M. Niemann (interprétation). - Lorsque vous étiez en Croatie,

14 avez-vous entendu parler d'une agence de presse qui portait le nom de

15 BIPA, B-I-P-A ?

16 M. Milic (interprétation). - Non. Non, l'agence officielle

17 s'appelle HINA.

18 M. Niemann (interprétation). - Il ne s'agit peut-être pas d'une

19 agence croate, mais peut-être de Bosnie. Vous n'avez jamais entendu parler

20 de BIPA, B-I-P-A ?

21 M. Milic (interprétation). - Non, je n'en ai pas entendu parler.

22 M. Niemann (interprétation). - Connaissez-vous un journaliste

23 qui s'appelle M. Nosic ?

24 M. Milic (interprétation). - Oui, j'ai entendu parlé de M. Nosic

25 et de Flata*.

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1 M. Niemann (interprétation). - D'où vient M. Nosic ?

2 M. Milic (interprétation). - Je ne sais pas. Je ne le connais

3 pas personnellement. Je

4 ne pense pas qu'il soit très connu parmi les journalistes. Je n'ai pas

5 prêté beaucoup d'attention.

6 M. Niemann (interprétation). - Que savez-vous de lui ? Comment

7 se fait-il que vous connaissiez son nom et que savez-vous de lui ?

8 M. Milic (interprétation). - Rien. Rien de spécial. J'ai

9 peut-être rencontré une ou deux fois un de ses textes.

10 M. Niemann (interprétation). - Avez-vous vu des textes qui

11 auraient été envoyés à M. Nosic par M. Delalic ?

12 M. Milic (interprétation). - Non.

13 M. Niemann (interprétation). - Monsieur Nosic était en Croatie ?

14 M. Milic (interprétation). - Sans doute, mais je ne sais pas.

15 M. Niemann (interprétation). - Vous connaissez son nom, donc

16 vous avez entendu son nom dans un contexte.

17 M. Milic (interprétation). - Au cours d'une journée normale, je

18 parcourais quatre ou cinq journaux quotidiens croates. J'écoutais la

19 radio, la télévision et je me concentrais surtout sur le contenu. Je n'ai

20 pas forcément prêté attention à l’auteur de chaque texte que j'ai lu. Je

21 me suis rendu compte qu'il s'agissait d'une campagne orchestrée par

22 l'ensemble des médias. Je m'en suis tout à fait rendu compte.

23 J'ai prêté attention au nom de certains de mes collègues de

24 Bosnie-Herzégovine. En effet, il y avait un certain glissement vers une

25 trahison des principes de Bosnie-Herzégovine. J'ai peut-être entendu son

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1 nom, mais je n'en sais pas plus.

2 Je me souviens d'un texte de Zlatko Prlenda. Ce texte avait été

3 publié dans Slobotna Dalmacja*. On pourrait parler de lui par exemple.

4 Mais en ce qui concerne M. Nosic, franchement son nom n'évoque rien pour

5 moi. Il se pourrait que dans l'un ou l'autre des organes de presse serbes

6 ou dans une revue, j'aie vu son nom, que ce soit Avena, Globus,

7 Slobotna Dalmacja* ou autre. Il se pourrait que j'aie vu son nom ou ses

8 initiales, mais c'est tout

9 ce que je sais de lui.

10 M. Niemann (interprétation). - Vous avez dit, me semble-t-il,

11 dans votre témoignage, que vous avez préparé cette cassette afin de

12 contrecarrer la campagne de diffamation, pour dire clairement ce qui

13 s'était passé à Konjic et pour contrecarrer la propagande à l'encontre de

14 M. Delalic. C'est bien cela ?

15 M. Milic (interprétation). - Je crois avoir déjà dit cela. Dans

16 cette cassette de propagande, je voulais contrer ce qui avait été dit à

17 l'encontre d'un certain nombre d'individus. Il s'agissait en effet d'une

18 campagne qui avait été lancée à un moment précis dans les médias croates.

19 M. Niemann (interprétation). - Est-ce que les attaques à

20 l'encontre de M. Delalic étaient le fait uniquement des médias croates ou

21 y avait-il également des médias en Bosnie-Herzégovine qui critiquaient

22 M. Delalic ?

23 M. Milic (interprétation). - Les médias de Bosnie-Herzégovine

24 n'avaient pas lancé cette campagne diffamatoire. Si vous parlez de la

25 radio ou de la télévision, il s'agissait surtout d'articles ou de

Page 12565

1 reportages sur les succès à Konjic ou sur les tentatives pour désencercler

2 Sarajevo, mais le nom de Zejnil Delalic n'avait pas été mentionné à la

3 radio et à Sarajevo, ni surtout dans la presse de Bosnie-Herzégovine.

4 Pendant la période, on n'a pas mentionné le nom de M. Delalic et on ne

5 trouve pas de presse en Croatie, encore aujourd'hui.

6 M. Niemann (interprétation). - Il n’y avait donc pas de campagne

7 d'attaques à son encontre en Bosnie, à votre connaissance ?...

8 Mme Residovic (interprétation). - Le témoin a dit qu'il ne

9 pouvait pas avoir accès à cette presse.

10 M. Milic (interprétation). - J’ai dit, en effet, que je ne

11 l'avais pas. Je ne pouvais pas y avoir accès. On ne trouvait pas la presse

12 de Bosnie-Herzégovine en Croatie et c'est encore le cas aujourd'hui. On ne

13 peut pas acheter les journaux de Bosnie-Herzégovine.

14 M. Niemann (interprétation). - Vous nous aviez dit que vous

15 aviez quelque peu exagéré les choses dans votre script. Avez-vous exagéré

16 ou avez-vous menti carrément ?

17 M. Milic (interprétation). - Les deux. Il y a eu des

18 exagérations et des mensonges. Mais j'insiste sur le fait que j'ai été

19 poussé par d'autres qui avaient été mes collègues d'université, des

20 camarades de classe, des amis avec lesquels j'allais boire un verre en

21 ville à Sarajevo avant la guerre.

22 Bien sûr, ce sont des choses qui vont à l'encontre de l'éthique

23 professionnelle.

24 M. Jan (interprétation). - (Hors micro.)

25 M. Niemann (interprétation). - Ecoutez, comment pensiez-vous

Page 12566

1 pouvoir montrer la vérité en mentant ?

2 M. Milic (interprétation). - Pouvez-vous répéter la question ?

3 Je ne suis pas sûr d'avoir saisi. Mais en 1992 - 1993, au moment où la

4 télévision de Belgrade diffusait 99 % de mensonges sur le fait que les

5 Serbes étaient en danger en Bosnie-Herzégovine, l'ensemble de ce que l'on

6 en entendait était un mensonge et personne n'a réagi, notamment les

7 institutions étrangères.

8 A un moment donné, on en a assez, on oublie les principes, on

9 oublie l’éthique professionnelle, car en fait c'est son peuple, son pays

10 qui est en jeu. Et ma famille et moi-même nous nous trouvions à

11 l'étranger. Maintenant je vous demande de répéter votre question.

12 M. Niemann (interprétation). - Je répète. Comment pouviez-vous

13 espérer faire valoir la vérité en écrivant des mensonges ?

14 M. Milic (interprétation). - Monsieur, il ne s'agit pas

15 complètement de mensonges. Il faut bien songer que Zejnil Delalic était

16 considéré comme un héros dans les médias croates. Et le fait est que

17 M. Delalic est venu à Konjic en mars 1992, qu'il y est resté pendant un

18 certain temps et qu’il y est venu pour raison familiale. En effet, il a

19 rejoint les forces de Défense territoriale à Konjic. C'est un fait. En

20 temps qu’homme d'affaires, il a donné du matériel, il a

21 donné des uniformes à nos forces de Défense territoriale. Moi, cela me

22 suffit comme élément. Et cela me semblait suffisant pour me permettre

23 d'exagérer certaines choses afin de contrecarrer cette campagne de

24 diffamation à l’encontre de M. Delalic qui, en fait, le présentait sous un

25 jour très négatif et le condamnait d'avance.

Page 12567

1 M. le Président (interprétation). - Nous allons maintenant

2 suspendre la séance.

3 (L’audience, suspendue à 11 heures 30, est reprise à 12 heures 05.)

4 M. le Président. - Maître Niemann, vous pouvez poursuivre.

5 Veuillez rappeler, je vous prie, que le témoin dépose toujours

6 sous serment.

7 M. le Greffier. - Je rappelle au témoin qu'il dépose toujours

8 sous serment.

9 (Le témoin acquiesce.)

10 M. Niemann (interprétation). - Monsieur Milic, vous avez parlé

11 des moyens d'information de Belgrade et vous avez dit ce que faisaient ces

12 moyens d'information pendant la guerre. Je suppose qu'aucune des campagnes

13 auxquelles vous avez participé n'a concerné ce qui a été dit au sujet de

14 M. Delalic dans les moyens d'information de Belgrade ?...

15 M. Milic (interprétation). - A partir de 1992, et pendant tout

16 mon séjour en Croatie, je n'ai pas eu la possibilité de regarder les

17 émissions provenant de Yougoslavie ou de Serbie, à part quelques séquences

18 qui étaient diffusées à titre d'illustration par la télévision de Croatie.

19 Je parle de "Slikom na Sliku". Pour répondre à votre question, je dirai

20 que la période dont vous avez parlé n'a aucun rapport avec la durée de mon

21 séjour en Croatie. Quant à ce que j'ai dit moi, cela portait sur la

22 campagne destinée à mobiliser tous les Serbes pour opposer une résistance

23 maximale, dans un contexte où il était convenu que tous les Croates

24 devaient être présentés comme des Oustachis en Yougoslavie et en Serbie,

25 alors que tous les Musulmans étaient présentés comme des intégristes et

Page 12568

1 les autres peuples étaient considérés comme des gens qui s'étaient trouvés

2 par hasard en Yougoslavie. Il y avait une légère exception pour les

3 Macédoniens.

4 M. Niemann (interprétation). - Vous avez parlé du problème de

5 la libération des prisonniers serbes du camp de Celebici et avez dit que

6 cela faisait partie de la campagne. Comment avez-vous pu savoir si

7 M. Delalic était ou n'était pas en mesure de libérer des prisonniers du

8 camp de Celebici, des prisonniers serbes ?

9 M. Milic (interprétation). - Je sais avec certitude, d'après

10 les propos de Dzemal -j'insiste, d'après les propos de Dzemal- qu'il

11 n'avait pas de rapports étroits avec le camp de Celebici.

12 Quant à mon commentaire, il avait pour but de répondre à la

13 campagne croate et ça, c'était un mensonge. Un mensonge croate selon

14 lequel Delalic aurait libéré des Serbes, le but étant de dégrader la

15 réputation de Delalic dans certains milieux, dans les milieux croates.

16 D'où mon commentaire dans lequel j'affirme que Delalic arrêtait des

17 Serbes, etc.

18 M. Niemann (interprétation). - Mais la vidéo ne fait pas état de

19 cela, n'est-ce pas ? Il n'est pas fait état du problème de la libération

20 des Serbes dans votre vidéo ?

21 M. Milic (interprétation). - Eh bien, je crois qu'il faudrait

22 revoir cette vidéocassette, mais je crois qu'il y a quelque chose qui

23 traite de ce point quelque part. Il y a même, me semble-t-il, une

24 conversation qui est filmée avec des prisonniers serbes qui parlent des

25 conditions dans lesquelles ils vivent dans cette prison et je dois avouer

Page 12569

1 que lorsque j'ai vu cette émission qui était réalisée par

2 Jadram*Kalmilosevic*, me semble-t-il, une journaliste de la télévision de

3 Bosnie-Herzégovine, j'ai peu apprécié le fait qu'on parlait surtout de

4 Manjaca*et d'Omarska. On voyait donc de nombreuses images d'Omarska et de

5 Manjaca* qui, chez nous, éveillent des sentiments tout à fait différents,

6 or une espèce d'adéquation était tentée entre les deux.

7 M. Niemann (interprétation). - Mais les séquences filmées au

8 sujet de Celebici ne disent rien quant au fait que M. Delalic aurait ou

9 n'aurait pas libéré des prisonniers serbes. En tout cas, c'est ce que j'ai

10 compris. Peut-être que vous pouvez me dire le contraire. Je suis d'accord

11 que des prisonniers serbes sont interviewés, mais rien dans cette séquence

12 n'est dit au sujet du fait que M. Delalic aurait pu ou n'aurait pas pu

13 libérer des prisonniers serbes.

14 M. Milic (interprétation). - Mais, monsieur, à la fin du mois de

15 novembre 1992 et en décembre 1992, et ce jusqu'à la mi-janvier et même

16 jusqu'à fin janvier 1993, dans tous les médias de Croatie, le nom de

17 Zejnil Delalic était cité en rapport avec la libération des prisonniers

18 serbes et à mes yeux, c'est...

19 M. Niemann (interprétation). - Excusez-moi, c'est ce que vous

20 dites. Mais moi, je n'ai pas trouvé cela dans la cassette. C'est ce que je

21 suis en train de vous dire. Vous n'avez pas contré cette affirmation.

22 M. Milic (interprétation). - Est-ce que vous pouvez répéter ?

23 M. Niemann (interprétation). - Il est possible que les Croates

24 blâmaient M. Delalic pour avoir libéré des prisonniers serbes, mais où

25 est-ce que vous avez contré cette affirmation ? Je vous le demande. Je ne

Page 12570

1 l'ai vu nulle part. Il y a un moment où les prisonniers serbes sont

2 interviewés, mais cela ne répond pas à la question.

3 M. Milic (interprétation). - Mais monsieur, cette propagande

4 croate contre Zejnil Delalic était quelque chose que moi je souhaitais

5 éliminer, neutraliser. Donc je construis mes phrases, je construis les

6 parties du texte rédigé par moi dans lesquelles je présente Zejnil Delalic

7 sous un jour tout à fait différent.

8 M. Niemann (interprétation). - Vous essayiez de projeter une

9 image de M. Delalic selon laquelle il n'était pas favorable aux

10 prisonniers serbes. C'est bien l'objectif que vous poursuiviez, n'est-ce

11 pas ?

12 M. Milic (interprétation). - Oui.

13 M. Niemann (interprétation). - Mais la seule partie de la vidéo

14 au sujet de Celebici que nous avons vue, c'est un moment très court où

15 l'on voit les prisonniers serbes dire que la nourriture est bonne, qu'ils

16 reçoivent trois repas par jour. Cela n'a rien d'anti-serbe, n'est-ce

17 pas ?

18 M. Milic (interprétation). - Non.

19 M. Niemann (interprétation). - Je conviens que cela est

20 probablement un mensonge, mais ce n'est pas anti-serbe, n'est-ce pas ?

21 M. Milic (interprétation). - Je ne comprends pas.

22 S'il vous plaît, s'il vous plaît...

23 M. Niemann (interprétation). - Si vous essayiez de créer une

24 image selon laquelle M. Delalic n'était pas favorablement disposé à

25 l'égard des Serbes, il n'était tout de même pas très efficace de montrer

Page 12571

1 des Serbes qui disaient combien les conditions de vie à Celebici étaient

2 extraordinaires et combien la nourriture fournie à Celebici était

3 satisfaisante, or c'est ce qui est dit. Ils disent qu'ils reçoivent trois

4 repas par jour et que les conditions sont bonnes.

5 M. Jan (interprétation). - Il a dit que c'était en partie vrai

6 et en partie une exagération. C'est ce qu'il a dit.

7 Mme Residovic (interprétation). - Objection, Monsieur le

8 Président. Le témoin parle du texte qu'il a écrit et nous avons entendu un

9 autre témoin qui a parlé des conditions dans lesquelles la cassette a été

10 montée.

11 M. Milic (interprétation). - Je ne comprends pas très bien

12 pourquoi nous devrions commenter l'action de tiers. Moi, je suis tout à

13 fait d'accord pour commenter ce que j'ai fait et j'y reviens de façon

14 répétée. J'essaie encore une fois de vous dire qu'en l'absence d'autres

15 récits, ce récit a été utilisé, il n'aurait peut-être pas trouvé sa place

16 dans la version définitive, mais en tout cas j'essayais de prouver que

17 Zejnil Delalic avait créé des prisons destinées aux Serbes de façon à le

18 défendre contre la campagne de calomnies commencée contre lui en Croatie à

19 l'époque.

20 M. le Président (interprétation). - Maître Niemann, tout dépend

21 de la façon dont on aborde le sujet.

22 Quel est le rapport avec les chefs d'accusation retenus contre

23 Zejnil Delalic ?

24 M. Niemann (interprétation). - Il s'agit d'une attaque directe

25 sur la base des documents, Monsieur le Président, c'est la raison pour

Page 12572

1 laquelle nous menons ce contre-interrogatoire.

2 M. le Président (interprétation). - Je me demandais si...

3 M. Niemann (interprétation). - Mais je pose des questions à ce

4 sujet, Monsieur le Président.

5 Monsieur le témoin, pouvez-vous nous dire avec précision quelles

6 sont les parties de votre commentaire ou les séquences que vous avez

7 incorporées dans la cassette qui sont un mensonge, et cela pour que les

8 choses soient claires ?

9 M. Milic (interprétation). - Eh bien, je demande que l'on

10 diffuse la cassette vidéo, de la première image à la dernière et qu'on

11 analyse les mots qu'on y entend.

12 Excusez-moi, Monsieur, mais je ne pense pas que vous auriez

13 accepté d'analyser la lettre que vous avez écrite hier sans l'avoir sous

14 les yeux, or moi il s'agit d'un travail que j'ai réalisé en 1993 et je ne

15 peux pas en discuter sans l'avoir sous les yeux.

16 Je demande à analyser la cassette vidéo de la première séquence

17 à la dernière et mot par mot.

18 M. Niemann (interprétation). - Ecoutez, dites-nous quelles sont

19 les grandes lignes. Vous nous avez dit avant le week-end que vous avez

20 écrit ces commentaires vous-même, que pas mal de mensonges ont été

21 diffusés. Vous connaissez tout de même les grandes lignes de la question.

22 Pouvez-vous nous dire quels sont les mensonges dans cette cassette vidéo,

23 les principaux mensonges ?

24 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président, je ne

25 souhaite pas élever une objection, mais si la question doit être précise,

Page 12573

1 il faut qu'elle se fonde sur quelque chose de précis, sur une question

2 précise adressée au témoin.

3 M. le Président (interprétation). - Le témoin déclare que le

4 thème principal, le thème global de la cassette vidéo est constitué

5 d'exagérations et de mensonges. C'est ce qu'il a dit. Tout ce que demande

6 le Procureur, c'est : "Dites-nous ce que vous considérez comme une

7 exagération et ce que vous considérez comme un mensonge". Je crois que

8 c'est une question tout à fait justifiée pour savoir ce qui, dans la

9 cassette, est exagéré et ce qui est mensonger. Il n'a pas besoin de nous

10 parler de toutes les séquences, mais au moins de celles dont il se

11 souvient.

12 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président, le

13 témoin a répondu aux questions que je lui ai posées en citant un certain

14 nombre de mensonges qu'il a exposés, donc je pensais qu'il était tout à

15 fait utile et suffisant d'attirer votre attention sur ces points.

16 M. le Président (interprétation). - Mais lui, c'est le témoin et

17 vous êtes le conseil de la défense.

18 M. Milic (interprétation). - Ecoutez, que les choses soient

19 claires. Vous me demandez quels sont les mensonges contenus dans mon

20 texte, dans mes commentaires. C'est bien ce que vous me demandez ?

21 M. Niemann (interprétation). - Oui, c'est ce que je souhaiterais

22 savoir, effectivement.

23 M. Milic (interprétation). - Eh bien, dès le début, il y a une

24 exagération lorsqu'il est dit que Zejnil Delalic est arrivé et a créé

25 illégalement une défense. Il est vrai que Zejnil Delalic est venu assister

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1 à l'enterrement de son frère Aedmatim*.

2 M. Niemann (interprétation). - Mais n'aurait-il pas pu faire les

3 deux en même temps ?

4 M. Milic (interprétation). - De quoi parlez-vous quand vous

5 dites "les deux en même temps" ?

6 Vous me permettez de continuer ?

7 M. Niemann (interprétation). - Il aurait pu venir à

8 l'enterrement...

9 M. le Président (interprétation). - Laissez-le terminer sa

10 réponse.

11 Monsieur le témoin, terminez votre réponse. Que considérez-vous

12 comme une exagération ?

13 M. Milic (interprétation). - Merci. Donc cela c'est la vérité.

14 Et la vérité c'est qu'en raison du sort très malheureux subi par notre

15 patrie, il a rejoint les forces de défense de notre armée. Il est vrai

16 qu'il est un homme d'affaires connu et important, qu'il l'était déjà sur

17 le territoire de l'ex-Yougoslavie, qu'il était populaire dans notre peuple

18 qui le considérait comme un grand humaniste. Il est vrai que, de facto, il

19 a passé tout ce temps-là sur le terrain et que de temps à autre, il se

20 rendait à Zagreb.

21 Il est vrai qu'il effectuait des actions humanitaires et que de

22 temps en temps il participait à des combats déterminés.

23 La vérité la plus importante, c'est que -et c'est dit dans mon

24 dernier texte- il est arrivé jusqu'à Vienne en suivant l'itinéraire dont

25 j'ai parlé. Tout le reste, ce sont des éléments que j'ai ajoutés, des

Page 12575

1 exagérations, des interprétations de ma part, et si vous analysez le texte

2 avec un grand soin, du premier mot jusqu'au dernier, vous constaterez que

3 chronologiquement les choses sont bien présentées.

4 M. Niemann (interprétation). - Vous arrive-t-il souvent de

5 mentir professionnellement, ou est-ce que cela arrive seulement de temps

6 en temps ?

7 M. Milic (interprétation). - Monsieur, c'est une question qui

8 m'est posée en privé et j'ai le droit de refuser de répondre à cette

9 question. Mais s'agissant des éléments dont nous parlons ici, j'ai menti

10 intentionnellement et consciemment, de façon à contrer d'autres mensonges

11 qui ont constitué une source d'inspiration pour mon travail de propagande.

12 Je vous prie de bien tenir compte de la terminologie. Les termes

13 "mensonge" et "propagande" ont chacun leur poids spécifique et j'aimerais

14 que notre conversation se déroule sur le thème de la

15 propagande plutôt que sur le thème du mensonge.

16 M. Niemann (interprétation). - La dernière séquence que nous

17 avons vue à la télévision, cette séquence dans laquelle M. Delalic parle

18 en personne, dans laquelle il lit un texte à haute voix, est la pièce à

19 conviction 185. Ce n'est pas vous qui avez écrit ce texte, n'est-ce pas ?

20 M. Milic (interprétation). - Non.

21 M. Niemann (interprétation). - Et cette séquence a été adjointe

22 à la vidéo ?

23 M. Milic (interprétation). - Oui.

24 M. Niemann (interprétation). - Donc M. Delalic a bien participé

25 à la création de cette cassette vidéo ?

Page 12576

1 M. Milic (interprétation). - Non.

2 M. Niemann (interprétation). - Est-ce que M. Delalic vous a

3 demandé d'exagérer et de mentir ? Est-ce qu’il l'a fait lui-même ?

4 M. Milic (interprétation). - Ecoutez, Monsieur, si vous avez

5 bien suivi le contenu de nos entretiens d'aujourd'hui et de vendredi, je

6 n'ai absolument pas rencontré M. Zejnil Delalic à cette époque-là. C’est

7 par l'intermédiaire de Dzemal que j’ai appris que Zejnil Delalic n'était

8 pas satisfait de mon travail, de l'engagement de sa famille, qu'il nous a

9 remercié pour notre travail néanmoins et qu'il a décidé de régler toutes

10 les injustices qu'il subissait par des voies légales.

11 M. Niemann (interprétation). - Est-ce que M. Dzemal ou

12 M. Ciso Delalic vous ont dit qu'il fallait exagérer ou mentir ?

13 M. Milic (interprétation). - Au contraire, ils m'ont freiné.

14 Lorsque je leur ai montré la première version de mon travail, ils ont

15 attiré mon attention sur les moments où j'avais exagéré, où je n'avais pas

16 présenté la situation sur le terrain de façon absolument neutre. Mais je

17 disposais d’émissions de la télévision croate, j'avais également mon

18 objectif particulier et j'ai

19 donc décidé de rédiger le texte que vous avez aujourd'hui sous les yeux.

20 M. Niemann (interprétation). - Lorsque vous avez dit à Dzemal et

21 à M. Ciso Delalic de préparer les séquences vidéos, est-ce que vous leur

22 avez donné pour instruction de mentir ou d'exagérer dans la présentation

23 des faits ?

24 M. Milic (interprétation). - Non Monsieur, je n'avais aucune

25 raison d'agir ainsi, d'autant plus qu'ils ont déclaré posséder un grand

Page 12577

1 nombre de ces séquences et je leur ai demandé de m'en apporter la plus

2 grande quantité possible, que je pourrais utiliser à titre d'illustration.

3 A cette époque-là, je n'ai absolument présenté aucune autre exigence, à

4 l'exception d'une demande concernant le raccourcissement des scènes

5 ternes, des scènes insuffisamment dynamiques, parce que je parlais d'un

6 homme qui était accusé injustement, qui était calomnié, qui était présenté

7 devant l'opinion publique d'une façon injuste et j'ai insisté pour que cet

8 homme soit présenté à la caméra au premier plan.

9 Cela encore, ils l'ont mal compris et ont donc présenté des gros

10 plans qui duraient de cinq à dix minutes.

11 M. Niemann (interprétation). - Je n’ai pas d'autres questions,

12 Monsieur le Président.

13 M. Jan (interprétation). - Cette cassette a-t-elle été diffusée

14 sur quelque télévision que ce soit, à quelque moment que ce soit ?

15 M. Milic (interprétation). - Non. Je ne sais même pas ce qu'il

16 est advenu de cette cassette après que je l’ai remise à Vejsil. Je ne sais

17 pas où elle est allée, entre les mains de qui elle est tombée. Je ne sais

18 absolument rien.

19 Pour l'essentiel, on peut parler d'un projet qui était mon

20 projet inachevé et qui a échoué. Je regrette que malheureusement ce

21 travail inachevé soit mal utilisé aujourd'hui.

22 M. Jan (interprétation). - Merci beaucoup.

23 M. le Président (interprétation). - Avez-vous des questions

24 complémentaires,

25 Maître Residovic ?

Page 12578

1 Mme Residovic (interprétation). - Non, Monsieur le Président, je

2 vous remercie.

3 M. le Président (interprétation). - Merci beaucoup,

4 monsieur Milic. Nous vous sommes très reconnaissants de l'aide que vous

5 nous avez apportée. Ce sera tout pour aujourd'hui, vous pouvez vous

6 retirer.

7 M. Milic (interprétation). - Merci.

8 (Le témoin est reconduit hors du prétoire.)

9 M. le Président (interprétation). - Avons-nous un autre témoin ?

10 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président, nous

11 vous avons remis un texte ce matin. Pendant le week-end, nous ne sommes

12 pas parvenus à nous assurer la présence d'un autre témoin. Ce matin, j'ai

13 reçu également deux fax de Sarajevo par lesquels l'armée de Bosnie-

14 Herzégovine et la télévision de Bosnie-Herzégovine m’informent que les

15 personnes qu'il était prévu d'entendre ici -un archiviste et deux autres

16 témoins- ne peuvent arriver à La Haye pour des raisons professionnelles,

17 parce qu'ils ont du travail inachevé à terminer. Ils ne peuvent donc pas

18 se trouver aujourd'hui dans cette salle d'audience.

19 Mais outre ce que je vous ai déjà remis, je peux également vous

20 remettre les deux télécopies que j'ai reçues ce matin et je vous prie de

21 bien comprendre que la défense de M. Zejnil Delalic a agi au mieux des

22 exigences de ce Tribunal.

23 Donc je prierai monsieur le greffier de bien vouloir remettre

24 aux Juges les deux télécopies que nous avons reçues ce matin, lorsque

25 l'équipe des défenseurs a demandé avec insistance que les activités

Page 12579

1 professionnelles de ces personnes soient interrompues pour leur permettre

2 de se présenter devant ce Tribunal.

3 (Le document est remis aux Juges et aux Procureurs.)

4 M. le Président (interprétation). - Maître Niemann, est-ce que

5 vous avez des commentaires sur ce point ?

6 M. Niemann (interprétation). - Non, Monsieur le Président. Nous

7 n'avons aucun commentaire. Nous sommes prêts à poursuivre.

8 M. le Président (interprétation). - Madame Residovic, combien de

9 témoins ont-ils indiqué être dans l'incapacité de venir, car vous avez

10 encore sept témoins à entendre ? Quel est le nombre des témoins qui ont

11 indiqué ne pas pouvoir venir ? Il n'en figure que deux sur cette liste. Je

12 parle bien des témoins qui sont dans l'incapacité de venir, car il vous en

13 reste tout de même un certain nombre.

14 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président, nous

15 avons renoncé à trois témoins sur sept, car malgré toutes nos tentatives,

16 nous avons reçu deux télécopies de ces deux organes que je viens de citer

17 qui nous ont donné une réponse. Mes confrères à Sarajevo essayent, bien

18 entendu, d'obtenir la meilleure collaboration possible pour faire venir

19 ces trois témoins. Nous avons au total six témoins que nous aimerions

20 encore entendre, mais à l'heure qu'il est, nous n'avons pas encore reçu de

21 réponse des fonctionnaires qui ont été abordés.

22 Vous savez que nous avons amené ici, M. Alic et cinq personnes

23 d'Autriche, suite au voyage que nous avons effectué. Ces personnes ont

24 donc réussi à interrompre leurs activités professionnelles pour se rendre

25 devant le Tribunal, mais trois d'entre elles n'ont pas encore réussi à le

Page 12580

1 faire et nous n'avons pas de réponse au sujet d'un certain nombre de

2 témoins quant à la possibilité ultérieure de travailler dans ce prétoire

3 ou quant à l'impossibilité pour ces témoins de se libérer avant le 22.

4 Mais tous les témoins peuvent venir après le 15 ou plus

5 précisément le 16, date à laquelle ce témoin va revenir des Etats-Unis,

6 date à laquelle les archivistes auront terminé leur travail.

7 Malheureusement, jusqu'à la fin de la semaine en cours, nous ne

8 sommes pas en mesure de présenter quelque témoin que ce soit. Selon les

9 informations que nous avons reçues, il est tout à fait clair que personne

10 ne peut venir avant le 16. Donc peut-être pourrait-on transférer ces

11 témoins à une date ultérieure au 16.

12 M. le Président (interprétation). - Ces informations, vous ne

13 les possédiez pas avant ce jour ? Ce que je dis, c'est qu'au moment où

14 vous avez indiqué être dans l'incapacité de citer l'un quelconque de ces

15 témoins, vous ne connaissiez pas les raisons qui les empêchaient de venir

16 ici, en dehors de leurs activités professionnelles, mais ces arguments ne

17 concernaient pas la totalité de vos témoins. Donc ceux qui n'ont pas

18 d'activité professionnelle en cours auraient pu venir et vous auriez pu

19 laisser de côté ceux qui avaient des activités

20 professionnelles.

21 Ceux qui ont des dossiers officiels à verser au dossier, que

22 vous avez peut-être reçus, n'évoquent pas des activités professionnelles

23 en cours, donc nous devons conclure que les raisons évoquées ne sont pas

24 suffisantes. Peut-être que votre point de vue est un peu différent quant

25 aux raisons pour lesquelles un ajournement peut être accepté.

Page 12581

1 Un ajournement est le résultat d'une décision discrétionnaire,

2 mais il faut qu'elle repose sur des motifs tout à fait valables et comme

3 vous pouvez le constater, vous n'avez cité aucune raison qui puisse être

4 considérée comme un motif valable pour un ajournement du procès. Comment

5 se fait-il ? Comment est-ce qu'une Chambre d'instance, sans connaître les

6 motifs évoqués par les témoins forfaits, peut-elle prendre une décision

7 discrétionnaire de ce genre ?

8 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président, comme

9 vous le savez, nous avions prévu d'entendre 54 témoins et nous avons

10 informé tous les directeurs des entreprises dans lesquelles ces personnes

11 travaillent, ainsi que tous les commandants des soldats qui devaient être

12 cités en qualité de témoin. Nous avons prévu de les entendre jusqu'au

13 15 juillet.

14 Mais suite à vos instructions, nous avons raccourci la liste des

15 témoins et restreint le champ de nos centres d'intérêt, pour qu'il n'y ait

16 pas de double emploi et de répétition.

17 Suite à cela, nous avons revu les calendriers avec les

18 directeurs d'entreprises, les commandants de brigade et autres. Ce

19 calendrier a été tout à fait bouleversé. Lorsque nous avons compris qu'il

20 y aurait une lacune, nous avons déployé les efforts les plus importants

21 possible pour reprendre contact avec des personnes que nous pensions

22 possible d’amener ici. Nous avons réussi à amener à La Haye cinq

23 personnes, mais vous constatez que pour trois personnes, certains

24 arguments ont été évoqués. L'archiviste de Konjic n'a pas achevé son

25 travail et ne pourra pas le faire avant le 12. Mais son document ne m’est

Page 12582

1 pas encore parvenu par fax de

2 Sarajevo.

3 Il y a une autre personne, un soldat, qui se trouve sur le

4 terrain de ses activités professionnelles et nous n'avons encore aucune

5 information de l'armée quant à sa possibilité ou à son impossibilité de

6 venir. Nous avons fait tout ce que nous pouvions. Il y a aussi des

7 personnes protégées qui ont des activités dans le cadre d'une entreprise.

8 Il était entendu qu'elles arrivent ici le 15 juillet, mais nous avons pris

9 contact avec leurs employeurs pour tenter de permettre à ces personnes de

10 venir devant le Tribunal à une date antérieure. Simplement nous n'avons

11 pas reçu de réponse.

12 Je ne peux donc m'adresser à vous qu’oralement. Je n'ai pas reçu

13 ce matin de télécopie de Sarajevo confirmant ce que je suis en train de

14 dire. Nous faisons vraiment de notre mieux. Nous avons réduit la liste,

15 nous avons essayé de réduire les frais pour le Tribunal, nous avons reçu

16 des télécopies que je vous ai remises. Nous en recevrons sans doute

17 d'autres que je vous remettrai également. Mais nous n'avons pas pour

18 l'instant de document officiel. Voilà quel est le motif. Les gens ont des

19 difficultés.

20 Je ne voudrais pas gêner le travail du Tribunal, mais je suis

21 avocat et je sais bien quelle est l'ordonnance d'un Tribunal et sa valeur.

22 Chaque fois que des témoins se sont trouvés dans des difficultés

23 similaires, je sais que les Juges ont fait de leur mieux pour apporter

24 leur assistance.

25 Ce matin, je me suis adressée une nouvelle fois à la Chambre de

Page 12583

1 première instance, en estimant que vous étiez les mieux placés pour nous

2 comprendre. Vous pouvez bien comprendre que ces témoins ont une importance

3 certaine pour la défense et que Delalic subirait les frais d'une

4 éventuelle impossibilité pour ces témoins de se présenter devant le

5 Tribunal, pour déposer au sujet d'un certain nombre de faits qui ont une

6 importance tout à fait critique pour sa défense.

7 M. le Président (interprétation). - Je vais exercer mon jugement

8 professionnel.

9 Lorsque des témoins éprouvent des difficultés à se présenter de leur

10 propre gré devant le Tribunal, parce qu'ils ont besoin de l'accord de leur

11 employeur, il appartient aux conseils de la défense de savoir ce qu'il

12 importe de faire.

13 Si vous avez échoué, si vous n'avez pas réussi à faire ce que

14 vous pensiez être la bonne chose à faire, et dans l'intérêt de votre

15 client, vous avez échoué dans votre tâche et c'est une négligence pour

16 n'importe quel conseil de la défense.

17 J'ai bien observé la façon dont vous avez agi par rapport à ce

18 problème des témoins. Votre première réaction a consisté à évoquer un

19 motif très large, très global en parlant de l'engagement professionnel de

20 ces personnes qui ne pouvaient pas se libérer. C'est la démarche que vous

21 avez décidé de suivre. Et c'est la première chose que vous avez faite.

22 Maintenant, il y en a deux ou trois qui ne peuvent pas venir,

23 mais je vous pose la question au sujet des autres. Si depuis le début vous

24 connaissiez ces détails, si vous aviez su que tous les témoins avaient un

25 engagement professionnel ou éprouvaient des difficultés à venir, en tant

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1 que conseil de la défense, il vous aurait fallu savoir quoi faire pour

2 surmonter ces difficultés et forcer la main aux employeurs de ces

3 personnes.

4 Mais je suppose que vous aviez d'autres idées en tête et que

5 vous ne souhaitiez pas sérieusement obtenir leur présence dans le

6 prétoire. Il ne suffit pas de venir le 8 pour nous dire que ces témoins ne

7 peuvent pas venir. Personne ne peut agir ainsi, en tout cas pas un conseil

8 de la défense. Aucun conseil de la défense ne doit se permettre d'agir

9 ainsi.

10 Donc tout ce que vous faites, c'est demander à la Chambre de

11 première instance de renoncer à ses obligations. Si nous acceptions cet

12 ajournement, ce ne serait pas bon car vous êtes en rapport avec ces

13 témoins depuis longtemps. Vous devriez donc connaître depuis longtemps

14 leurs problèmes et vous auriez dû trouver un moyen de surmonter leurs

15 difficultés.

16 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur le Président, j'ai

17 déjà précisé tout à l'heure que nous nous sommes mis d'accord avec les

18 témoins, à un moment donné, mais que je ne pouvais pas, bien évidemment,

19 empêcher le témoin de partir en voyage aux Etats-Unis ou je ne sais où.

20 J’aurais préféré, bien évidemment, que les témoins soient ici et

21 que nous puissions véritablement terminer l'interrogatoire.

22 En ce qui me concerne, Monsieur le Président, j’ai vraiment fait

23 absolument tout pour les faire venir, mais je ne sais pas, Monsieur le

24 Président, d'où vous tirez l'information selon laquelle nous avons

25 souhaité prolonger l'interrogatoire.

Page 12585

1 L’archiviste et les deux autres, malheureusement, n'ont pas

2 terminé leur travail. Tous ces témoins souhaitent se rendre ici sur place.

3 Vous avez bien entendu les témoins affirmer ce que j'affirme.

4 M. le Président (interprétation). - Regardez, Madame. Si par

5 exemple un témoin n’a pas la possibilité de se rendre ici, dans le

6 prétoire, et de parler des conditions dans lesquelles les activités se

7 sont déroulées à Celebici, que c’était un camp, etc., vous qui invitez les

8 témoins, vous saviez que ces témoins en question ne pouvaient pas se

9 rendre ici.

10 Pourquoi ne les avez-vous pas prévenus auparavant, bien avant,

11 préalablement, pour qu’il puisse se libérer et venir ici ? C’est une

12 première question.

13 Vous avez parlé d'un certain nombre de preuves et vous étiez au

14 courant de l’impossibilité pour ces gens-là de se rendre ici.

15 C’est la raison pour laquelle je vous fais de telles objections.

16 J’ai un certain nombre d'éléments, de faits. J'ai des raisons pour

17 lesquelles je suis obligé de vous parler de cette manière-là, à vous qui

18 êtes une avocate chevronnée, expérimentée. Vous devez savoir bien avant ce

19 que les témoins vont vous dire ici, en venant dans ce prétoire.

20 Par conséquent, nous ne pouvons pas maintenant, aujourd'hui

21 même, entendre que ces témoins viendront, qu’il faut les attendre, qu’ils

22 feront des déclarations beaucoup plus plausibles, etc.

23 M. Jan (interprétation). - Ce qui est intéressant également,

24 c'est que vous nous demandez, Maître, d'attendre, pour que ce soit un

25 petit peu pratique également pour les témoins. C'est une position qui est

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1 quelque peu bizarre pour nous.

2 Mme Residovic (interprétation). - Mais nous vous avons fait une

3 proposition qui était quelque peu différente. Il s'agit d'un témoin qui

4 est à Washington, qui se trouve là-bas. Par conséquent, vous pouviez

5 éventuellement faire également un certain nombre de démarches dans ce

6 sens-là. Nous avons su que ce serait fin juin - début juillet qu'il

7 pourrait se rendre à La Haye. Nous avons donc demandé qu'il vienne ici.

8 Nous avons demandé également à l'archiviste de venir ici. Mais

9 en suivant vos instructions, Monsieur le Président, nous avons réduit le

10 nombre de témoins, ce qui, je pense, est également dans l'intérêt de

11 M. Delalic, pour ne pas faire double emploi.

12 Ceci nous a mis dans une situation peu confortable car

13 maintenant, à partir de ce prétoire, nous ne pouvions pas réagir mieux.

14 Nous avons donc fait venir cinq personnes, nous les avons programmées pour

15 plus tard, mais les cinq ne pouvaient pas se rendre ici. Nous n’avons pas

16 pu résoudre véritablement tous les problèmes qui se posaient car, selon le

17 concept de la défense, ils devaient venir seulement début juillet.

18 Maintenant nous voyons qu'ils peuvent venir dès le 16 juin.

19 Par conséquent, ce n'était pas notre souhait et ce n'était pas

20 une erreur commise par le témoin, Monsieur le Président. C'est ce que je

21 veux dire.

22 M. le Président (interprétation). - Vous, Maître, de la réponse

23 que vous nous donnez et de la demande de l'accusation, nous pouvons

24 conclure que vous n'étiez pas dans l’impossibilité de vous mettre en

25 contact. La seule et unique raison, c'est que vous avez fait objection à

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1 un commentaire au sujet de la décision qui a été prise et que par

2 conséquent vous n'avez pas pu dresser la liste et non pas parce que vous

3 ne pouviez appeler les témoins et qu’ils ne pouvaient pas se rendre ici

4 dans le prétoire.

5 Je ne sais pas si je donne une bonne interprétation de ce que

6 vous nous avez dit. Regardez ce que vous nous avez donné, sous forme

7 écrite, votre réponse, s'il vous plaît. C'est une réponse écrite qui date

8 du 5 juin. C'était votre réplique. C'était votre réponse à la demande de

9 l'accusation de leur fournir la liste des témoins.

10 Mme Residovic (interprétation). - C'est ce que nous avons donné

11 probablement comme réponse au Procureur, enfin à l'accusation. Mais avant

12 que vous preniez la décision, Monsieur le Président, nous vous avons déjà

13 parlé de la même manière. L'objet de notre réplique était que souvent des

14 activités professionnelles empêchent les témoins d'être présents dans le

15 prétoire.

16 Par conséquent, nous avons absolument tout fait pour nous

17 adapter au programme qui est le nôtre, mais qui n'est pas adapté aux

18 témoins. De toute façon, le fondement est le même, Monsieur le Président.

19 M. le Président (interprétation). - Madame Residovic, ce n'est

20 pas une attitude qui est contenue dans votre réponse et surtout dans la

21 liste des témoins que vous nous avez remise le 2 juin. Vous avez une

22 liste, ils sont 14 et vous avez dit qu'un certain nombre ne peuvent pas

23 comparaître ici à cause de leurs activités professionnelles. Nous sommes

24 bien d'accord ?

25 Lorsque j'ai regardé la liste, j'ai pu également constater qu'il

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1 n'a pas été spécifié quel serait le témoin qui serait empêché de se rendre

2 dans le prétoire. Par conséquent, cela ne concernait pas tous les témoins.

3 Nous savons que tous les témoins n'étaient pas concernés.

4 A cette époque-là, le 2 juin, vous saviez qu'il y en avait un,

5 deux ou trois qui avaient des obligations, des empêchements

6 professionnels, qui ne pouvaient pas se rendre ici, et qu'il y en avait

7 d'autres. Pourquoi les autres ne se sont pas rendus ici ? C'était cela

8 votre obligation. J'espère que je me fais comprendre. Trois n'ont pas pu

9 s'y rendre. Ceci veut dire que les autres également ne pouvaient pas s'y

10 rendre ?

11 A mon avis, ce n'est pas comme cela qu'il faut agir devant la

12 Chambre de première

13 instance.

14 Mme Residovic (interprétation). - Nous avons contacté un certain

15 nombre de personnes, par exemple M. Dalilovic* en Autriche. Il a pu se

16 rendre ici. Nous avons contacté M. Milic également ; il a perdu sa femme,

17 il est resté avec ses enfants. Mais nous lui avons demandé de se rendre

18 ici.

19 Par ailleurs, nous avons fait venir les deux personnes

20 d'Autriche. Nous avons véritablement réussi à faire venir un certain

21 nombre de personnes. Pour les cinq, nous les avons faits venir ici, dans

22 le prétoire. Mais pour les autres, nous n'avons pas réussi, Monsieur le

23 Président. Pour les trois, nous avons l’information écrite que nous vous

24 avons donnée. Nous avons donc pris la décision de faire venir

25 les 14 témoins.

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1 M. le Président (interprétation). - Monsieur Delalic est en

2 prison.

3 Vous parlez donc des personnes qui figurent sur la liste et qui

4 ne peuvent pas venir ici dans le prétoire à cause de leurs activités

5 professionnelles, alors qu'il s'agit de quelqu'un qui est en prison et qui

6 est privé de liberté.

7 Par conséquent, il souhaite que l'on travaille de manière plus

8 efficace pour savoir s'il va être sanctionné ou non, quelle va être la

9 décision qui va être prise, etc. Vous avez demandé également à la Chambre

10 de première instance, en ce qui concerne l'organisation de la défense, de

11 l'organiser de cette manière-là. Pourquoi maintenant, tout d'un coup, nous

12 sortez-vous cet argument au lieu de rendre nos travaux beaucoup plus

13 efficaces ? Ces témoins sont dans l'impossibilité de venir ici. Je pense

14 qu'il faut rendre la procédure beaucoup plus efficace et beaucoup plus

15 rapide, et cela vis-à-vis des personnes qui se trouvent en prison.

16 La Chambre de première instance doit travailler. Vous êtes bien

17 d'accord avec moi ? Il faut travailler de manière beaucoup plus efficace.

18 Comme les témoins ne sont pas ici, nous sommes dans l'impossibilité de

19 travailler.

20 Mme Residovic (interprétation). - Effectivement, Monsieur le

21 Président, vous avez raison, cela me paraît contradictoire, mais dès le

22 début, nous avons souhaité une disjonction et dès le début, nous avons

23 souhaité travailler beaucoup plus rapidement.

24 C'est en faveur de celui que nous défendons que nous faisons

25 venir les témoins. Mais je pense que pour la défense il est extrêmement

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1 important et honnête également de pouvoir écouter et entendre les témoins

2 dont j'ai parlé et qui sont dans l'impossibilité de se rendre ici en ce

3 moment même. Parom Demic* par exemple, est un témoin extrêmement

4 important. Il avait fait une cassette dans le camp de détention de

5 Celebici. Par conséquent, pour nous, pour la défense, il est extrêmement

6 important qu'il puisse comparaître devant cette Chambre de première

7 instance. C'est dans l'intérêt de celui que nous défendons. Il est tout à

8 fait normal que des choses comme cela arrivent.

9 L'accusation également s'est trouvée par moment dans de telles

10 situations qui sont peu confortables et elle a demandé à la défense de

11 tolérer les non-apparitions des témoins.

12 Par conséquent, Monsieur le Président, nous avons eu de la

13 compréhension pour l'accusation. Si nous voulons défendre la vérité et si

14 nous voulons être honnêtes, à ce moment-là il nous faut véritablement agir

15 de la même manière. Dans les trois jours, j'espère que nous allons pouvoir

16 entendre les témoins.

17 Si dès aujourd'hui on m'appelle et on me dit que le témoin peut

18 comparaître demain, à ce moment-là, Monsieur le Président, nous n'avons

19 aucune raison de ne pas le faire comparaître ici. Mais pour le moment,

20 nous n'avons aucune information. J'ai entendu mes collègues qui

21 travaillent dans mon bureau à Sarajevo et je n'ai pas, pour le moment,

22 l'information.

23 On a envoyé les interrogatoires pour les trois témoins. Pour un

24 témoin, on dit qu'il n'est pas disponible jusqu'au 12 juillet. Je suis sûr

25 qu'au niveau de la défense, nous n'allons pas attendre le témoin jusqu'au

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1 12 juillet. Dans ce cas, on ne va, bien évidemment, pas faire appel à ce

2 témoin. Mais pour ceux qui peuvent venir après le 16, je vous demande de

3 bien vouloir nous le permettre.

4 M. Jan (interprétation). - Je me demande si éventuellement la

5 coupe du monde de football ne serait pas beaucoup plus importante que la

6 procédure dans laquelle nous sommes ici.

7 Mme Rešidovic (interprétation). - Je ne peux pas répondre à

8 cette question. Nous avons eu de toute façon également d'autres

9 propositions. Nous allons par conséquent demander que vous nous souteniez

10 dans ce sens-là, s'il y a eu éventuellement une alternative à cette

11 situation. Vous avez entendu, je le répète, cinq témoins qui sont arrivés

12 ici sous forme de sub poena. Et je ne sais pas si c'est véritablement la

13 meilleure façon d'agir. Mais de toute façon je pense que nous allons

14 pouvoir agir plus rapidement et très vite.

15 M. le Président (interprétation). - Nous allons nous revoir ici

16 à 14 heures 30, nous suspendons séance, et nous vous dirons notre

17 décision.

18 (L’audience, suspendue à 12 heures 55, est reprise à 14 heures 40.)

19 M. le Président (interprétation). - Lorsque nous avons suspendu

20 la séance, je vous avais dit que nous allions maintenant répondre à ce que

21 vous aviez demandé ce matin.

22 Il s'agit de la requête présentée par Maître Residovic

23 concernant le nouvel examen de la requête de M. Delalic au 22 juin 1992 ou

24 une demande de mandat, une demande pour obtenir l'aide du gouvernement de

25 Bosnie-Herzégovine. Cette requête a été présentée ce matin, précédée d'une

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1 requête datée du 2 juin qui comportait une liste de témoins.

2 Dans cette requête du 2 juin, la défense a indiqué que les

3 témoins huit à quatorze ne seraient pas en mesure de témoigner puisqu'ils

4 n'étaient pas en mesure de se déplacer à La Haye avant la semaine du 22 au

5 26 juin.

6 La défense savait que la liste actuelle des témoins prévus,

7 c'est-à-dire les premiers témoins de un à sept, devaient conclure leur

8 témoignage le 8 juin au plus tard. La Chambre a donc rejeté la requête et

9 a indiqué à la défense qu'elle devait poursuivre sans interruption. La

10 demande d'ajournement a été rejetée. On a très clairement expliqué à la

11 défense qu'il fallait clore la présentation de la défense avec le dernier

12 témoin.

13 Le 3 juin, un appel a été interjeté à l'encontre de la décision

14 de la Chambre de première instance.

15 Le 4 juin, l'accusation a déposé une requête demandant la

16 divulgation du nom des témoins.

17 Le 5 juin, les premiers accusés ont répondu qu’en attendant les

18 dépositions, il n'était pas nécessaire de présenter cette requête en

19 attendant la réponse à l'appel. L’ajournement a été demandé jusqu'au

20 28 juin 1998 et on va demander l'aide du gouvernement de Bosnie-

21 Herzégovine.

22 Il est intéressant de noter que les raisons de l'ajournement

23 sont que les témoins de la défense ne sont pas en mesure de modifier leur

24 programme de telle sorte qu’ils puissent se rendre à La Haye avant le

25 26 juin. C'est une raison insuffisante à l'appui de cette demande

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1 d'ajournement.

2 Le conseil de la défense connaît l'affaire, connaît les témoins.

3 Le conseil de la défense avait suffisamment de temps pour organiser les

4 témoignages de telle sorte que cela puisse correspondre à leurs

5 obligations professionnelles et personnelles.

6 Donc les témoins doivent être cités et la liste des témoins est

7 connue de la défense depuis longtemps. Il aurait fallu programmer la

8 parution de ces témoins à l'avance.

9 C'est aujourd'hui que la défense demande des citations, des

10 mandats. Il n'y a pas de liste détaillée accompagnée des noms. Le conseil

11 de la défense a indiqué qu'ils ne peuvent paraître sans qu'il y ait un

12 mandat. Cette demande a été formulée conformément à l'article 29

13 du Statut du Tribunal. On n'a pas d'éléments indiquant que le gouvernement

14 a fait ceci ou qu'il aurait refusé de le faire. Il a donc été décidé que

15 l'ajournement n'est pas justifié de ce point de vue.

16 La Chambre doit recevoir des explications complètes.

17 Enfin, nous avons examiné les différentes raisons données par le

18 conseil de la défense et il est estimé que l'ajournement n'est pas

19 justifié. C'est ainsi que nous avons en effet refusé cette demande

20 d'injonction.

21 Etant donné que le conseil de la défense doit savoir ce qu'il

22 convient de faire, nous nous attendons à ce que vous terminiez, que vous

23 présentiez vos arguments et ceci.

24 Nous nous attendons à ce que vous commenciez l'examen des

25 témoins pour le deuxième accusé le 20 juin, c'est-à-dire la semaine du 22

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1 au 26. Nous avons déjà perdu toute une semaine et nous vous demandons une

2 plus grande efficacité dans la présentation de vos témoins. Nous nous

3 attendons à ce que la défense de M. Mucic présente ses témoins à partir du

4 22 juin. Merci beaucoup.

5 Je crois que c'est tout ce que nous avons à vous dire à ce

6 stade. La séance est levée.

7 (L’audience est levée à 14 heures 50.)

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