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1 TRIBUNAL PENAL INTERNATIONAL Affaire IT-96-21-T
2 POUR L’EX-YOUGOSLAVIE
3 Mercredi 01 Juillet 1998
4 LE PROCUREUR
5 c/
6 ZEJNIL DELALIC, HAZIM DELIC, ZDRAVKO MUCIC et ESAD LANDZO
7
8 L'audience est ouverte à 15 heures 03.
9 M. le Président (interprétation). - Mesdames et Messieurs,
10 bonjour. Et bien, nous allons poursuivre cet après-midi avec les témoins
11 que présente M. Moran
12 M. Moran (interprétation). - Je crois que notre prochain témoin
13 est M. Omerkic, mais je tiens à vous remercier d'avoir permis cette
14 rencontre avec le Président McDonald, qui a permis de résoudre pas mal de
15 problèmes.
16 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie.
17 (Le témoin est introduit dans la salle d'audience).
18 M. le Président (interprétation). - Est-ce que les parties
19 peuvent se présenter aujourd'hui ?
20 M. Niemann (interprétation). - Je m'appelle Grant Niemann et je
21 suis présent à l'audience aujourd'hui avec Me McHenry et M. Hubert pour
22 l'accusation.
23 M. le Président (interprétation). - Et pour la défense ?
24 Mme Residovic (interprétation). - Bonjour, Madame et Messieurs
25 les Juges, je m'appelle Edina Residovic et je défends M. Zejnil Delalic en
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1 compagnie de M. Eugène O'Sullivan.
2 M. Kusmanovic (interprétation) - Je m'appelle
3 Tomislav Kusmanovic et je défends M. Mucic avec M. Juric.
4 M. Karabdic (interprétation). – Je m'appelle Salih Karabdic, je
5 suis le défenseur de M. Hazim Delalic avec Me Moran, avocat du Texas.
6 Mme McMurrey (interprétation). - Je m'appelle Cynthia McMurrey,
7 je défends M. Esad Landzo en compagnie de Me Nancy Bauler.
8 M. le Président (interprétation). - Merci. Veuillez faire en
9 sorte que le témoin lise la déclaration solennelle.
10 M. Omerkic (interprétation). - Je déclare solennellement que je
11 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
12 M. le Président (interprétation). - Merci monsieur, veuillez
13 vous asseoir.
14 M. Karabdic (interprétation). – Puis-je commencer avec votre
15 permission, Madame et Messieurs les Juges.
16 M. le Président (interprétation). – Oui.
17 M. Kusmanovic (interprétation) – Bonjour, monsieur.
18 M. Omerkic (interprétation). – Bonjour.
19 M. Karabdic (interprétation). – Avez-vous pu vous reposer de
20 votre voyage ?
21 M. Omerkic (interprétation). - Oui. Cela va.
22 M. Karabdic (interprétation). – Je m'appelle Salih Karabdic, je
23 suis défenseur de M. Zejnil Delalic, je me propose de vous poser quelques
24 questions. Veuillez vous présenter à ce Tribunal en disant vos noms et
25 prénoms.
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1 M. Omerkic (interprétation). - Je m'appelle Adem Omerkic.
2 M. Karabdic (interprétation). – Devant cette même Chambre vous
3 avez témoigné en date du 31 octobre 1997. Depuis y a-t-il eût des
4 modifications substantielles dans vos renseignements personnels ?
5 M. Omerkic (interprétation). – Non.
6 M. Karabdic (interprétation). – Y a-t-il eu des modifications ?
7 M. Omerkic (interprétation). – Pour ce qui est du département où
8 je travaille, non.
9 M. Karabdic (interprétation). – Cela suffira. Continuez-vous à
10 assumer les fonctions de chef du département des archives dans le cadre de
11 la fédération bosniaque ?
12 M. Omerkic (interprétation) - Oui.
13 M. Karabdic (interprétation) - Sont-ce les mêmes fonctions dont
14 vous avez parlées et que vous avez décrites ici, devant cette Chambre, en
15 date du 31 octobre 1997 ?
16 M. Omerkic (interprétation) - En général, oui.
17 Est-ce que dans vos archives, il existe une procédure pour ce
18 qui est de la collecte du maintien et de la répartition des
19 renseignements ?
20 M. Omerkic (interprétation) - Oui, nous avons un règlement qui
21 est toujours provisoire pour ce qui est du traitement et de la collecte
22 des documents, au cours de l'agression contre notre pays ; cela a été
23 signé par le général Valic, je l'ai déjà dit lors de la dernière audience.
24 M. Karabdic (interprétation) - Est-ce que les unités de l'armée
25 de la fédération sont tenues de remettre la documentation à ces archives ?
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1 M. Omerkic (interprétation) - Oui, elles le sont. Il faut
2 préciser que nous avons eu un incendie dans le bâtiment des archives et
3 que nous avons dû occuper un bâtiment provisoire. Nous sommes maintenant
4 dans un espace qui est assez étroit, donc qui ne réunit pas les conditions
5 nécessaires pour un bon fonctionnement, mais il y a des perspectives pour
6 l'aboutissement à une meilleure solution et c'est à cette fin que nous
7 avons collecté des documents, et nous avons dû nous arrêter, compte tenu
8 des circonstances nouvelles pour ce qui est de la collecte de la
9 documentation.
10 M. Karabdic (interprétation) - Si j'ai bien compris, vous avez
11 collecté bien des archives. Qu'est-il advenu des autres documents que vous
12 n'avez pas réussis à collecter, où sont-ils ?
13 M. Omerkic (interprétation) - La majeure partie des documents
14 créés au cours de l'agression se trouvent chez nous. Ce qui ne l'est pas
15 se trouvent dans les unités autonomes, c'est-à-dire dans les corps
16 d'armée, qui devait les transmettre, et nous savons qu'une bonne partie de
17 la documentation a été détruite au cours de la guerre et aussi à cause
18 d'un comportement irresponsable de la part de certains particuliers ;
19 nous savons notamment que certains actes ne peuvent pas être collectés,
20 mais nous nous efforçons de les obtenir.
21 M. Karabdic (interprétation) - Dans vos archives, y a-t-il les
22 archives de l'ex-quatrième corps d'armée de l'armée de Bosnie-
23 Herzégovine ?
24 M. Omerkic (interprétation) - Oui, en général, ce qui a été
25 déposé selon la façon usuelle, en fonction de la pratique habituelle. Mais
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1 nous ne pensons pas avoir l'ensemble. Nous savons que l'ensemble n'a pas
2 été encore déposé, pour quelle raison, je ne saurais vous le dire.
3 M. Karabdic (interprétation) - Connaissez-vous, M. Hazim Delic,
4 général d'armée de la fédération ?
5 M. Omerkic (interprétation) - Oui, c'est notre commandant.
6 M. Karabdic (interprétation) - Est-ce que votre commandant vous
7 à donner l'ordre de déterminer s'il existe des documents au niveau de vos
8 archives, et le commandant l'a-t-il fait à la demande du défenseur de
9 M. Hazim Delic et de M. Zejnil Delalic ?
10 M. Omerkic (interprétation) - Notre façon habituelle est de
11 réagir aux ordres du général Delic et, par conséquent, toutes les requêtes
12 du Tribunal de La Haye sont accompagnés d'un ordre approprié du commandant
13 Delic. Par voie de conséquence, j'ai reçu cet ordre.
14 M. Karabdic (interprétation) - Quand cet ordre est arrivé,
15 qu'avez-vous fait ?
16 M. Omerkic (interprétation) - Compte tenu des conditions de
17 travail et du fait que je suis seul avec trois femmes seulement à
18 travailler dans ces archives, nous avons fourni un effort maximum pour
19 retrouver ces documents et je crois que nous avons réussi à collecter les
20 documents essentiels et nous nous sommes efforcés de venir à la rencontre
21 du souhait d'accompagner l'ordre du commandant Delic.
22 M. Karabdic (interprétation). – Avez-vous retrouvé tous les
23 documents demandés ?
24 M. Omerkic (interprétation). - Non, pas tous les documents, mais
25 j'ai ici 55 photocopies des originaux, que nous avons chez nous, et une
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1 dizaine de photocopies qui ne sont pas des originaux, mais dont les
2 originaux sont en notre possession. Nous avons dix photocopies de
3 photocopies.
4 M. Karabdic (interprétation). - Je me propose de vous poser
5 seulement quelques questions concernant vos activités.
6 Je vous prie de nous dire lorsque vous établissez l'authenticité
7 de certains de document de nous indiquer les caractéristiques des
8 documents sur lesquels vous vous fondez.
9 M. Omerkic (interprétation). - Je l'ai déclaré la fois
10 précédente. Les éléments essentiels sont le cachet, c'est un sceau de
11 couleur rouge, avec des fleurs de lys et l'échiquier. Nous reconnaissons
12 la plupart des signatures, la façon dont les actes sont rédigés, la date,
13 le numéro. Visuellement nous savons déjà reconnaître bien des actes sans
14 même voir les autres marques nécessaires.
15 M. Karabdic (interprétation). - Avez-vous suivi les mêmes
16 critères pour la recherche des documents qui vous ont été demandés par la
17 défense ?
18 M. Omerkic (interprétation). - C'est une modalité de
19 fonctionnement que nous avons adopté pour tous les documents écrits.
20 M. Karabdic (interprétation). - Est-ce que l'armée de la
21 Fédération se base sur les documents conservés dans vos archives en tant
22 que documentation originale ?
23 M. Omerkic (interprétation). - Oui. Quand nous avons une
24 demande, les documents sont considérés comme authentiques. Il se peut que
25 nous n'ayons pas d'originaux. Dans ce cas, nous prenons la photocopie et
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1 nous nous efforçons de retrouver l'original. Nous contactons un certain
2 nombre de personnes à cette fin. Je crois que c'est tout à fait
3 authentique pour ce qui est des besoins de notre armée.
4 M. Karabdic (interprétation). - Pouvez-vous me dire, concernant
5 la défense de M. Delic et de M. Delalic, combien de documents avez-vous
6 trouvé ?
7 M. Omerkic (interprétation). - C’est ce que je viens de vous
8 dire. Nous avons trouvé cinquante cinq originaux. Ils se trouvent dans nos
9 archives. Nous avons 10 documents que nous n'avons pas retrouvés en
10 original, mais dont les photocopies figurent dans nos registres.
11 M. Karabdic (interprétation). - Avez-vous informé la défense de
12 ce que vous avez trouvé ?
13 M. Omerkic (interprétation). - Oui, nous l'avons fait et nous
14 l’avons expédié.
15 M. Karabdic (interprétation). - Je dispose de cet original.
16 Voici trois exemplaires pour le Tribunal, et les originaux.
17 Mme McHenry (interprétation). - L'accusation peut-elle avoir une
18 copie ? Il est vrai que nous avons reçu cela aujourd'hui, mais nous
19 voudrions avoir également la traduction.
20 M. Karabdic (interprétation). - Je vous prie de bien vouloir
21 transmettre ce document.
22 (L'huissier transmet le document à l'accusation).
23 Mme Le Greffier (interprétation) - Il s'agit du document de la
24 défense 102/3 et jusqu'au document 109/3.
25 M. Karabdic (interprétation). - Je vous prie de dire si c'est
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1 bien la lettre par laquelle vous avez informé la défense et si c'est bien
2 la liste des documents que vous avez retrouvés. Vous retrouvez donc bien
3 la liste que vous avez établie ?
4 M. Omerkic (interprétation). - Oui et à la fin, il y a une
5 signature qui en témoigne. C'est bien cela.
6 M. Karabdic (interprétation). - Je vous demande que cela soit
7 accepter comme élément de preuves versé par la défense.
8 Mme McHenry (interprétation). - Pas d'objection.
9 M. le Président (interprétation). – Mais quelle est l'utilité ?
10 Quel est l'objet recherché ?
11 M. Karabdic (interprétation). - Il y a une liste et je me
12 propose de verser les documents en tant que tels. Ce sont les documents
13 qui avaient déjà été joints au rapport des experts de la profession
14 militaire.
15 Je prie l'huissier de bien vouloir en les prendre.
16 Mme McHenry (interprétation). – Pourrions-nous recevoir
17 également un exemplaire ?
18 M. Jan (interprétation). - Est-ce que certains de ces documents
19 n'ont pas déjà été versés comme pièces au dossier ?
20 M. Moran (interprétation). - Il se peut que je me trompe, mais
21 je crois que certains furent admis uniquement aux fins de répondre à votre
22 décision. Et maintenant on demande leur versement pour le contenu.
23 M. Jan (interprétation). - Je vois, par exemple l'ordre portant
24 nomination de M. Delalic au poste de coordinateur.
25 Mme McHenry (interprétation). – M. le Président, nous aimerions
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1 savoir sur quoi nous présentons une objection et dans ce cas nous
2 demandons l'aide du conseil de la défense. Ces documents sont-ils
3 pertinents pour M. Delic ? Nous comprenons que certains soient pertinents
4 pour M. Delalic, mais il se peut que nous rations un élément. Est-ce que
5 M Karabdic pourrait nous dire dans quelle mesure ces documents sont
6 pertinents pour M. Delic ?
7 M. Karabdic (interprétation). - D'abord, disons que les défenses
8 de M. Delic et de M. Delalic ont demandé conjointement un expert, qu'elles
9 ont fait venir ici et c'est à la requête de la défense que cet expert est
10 intervenu. M. Delic est intéressé par la possibilité de faire établir et
11 confirmer tous les éléments de preuve avancés par l'expert ; c'est la
12 responsabilité de M. Delic qui est également en jeu. Il a été accusé pour
13 tous les points de l'accusation, rien de moins que M. Delalic. C'est
14 pourquoi ils réfutent tout l'acte d'accusation et c'est bien là un droit
15 qui est le sien.
16 Mme Residovic (interprétation). - Madame et Messieurs les Juges,
17 je peux peut-être apporter une aide, me permettez-vous de prendre la
18 parole ?
19 M. le Président (interprétation). - Oui, pour autant bien sûr
20 que l'accusation s'en accommode. Etes-vous satisfait des explications
21 fournies par Me Karabdic, maître McHenry ?
22 Mme McHenry (interprétation). - Oui, merci Monsieur
23 le Président. Nous n'allons pas utiliser cette base pour notre objection.
24 M. le Président (interprétation). - D'accord, il n'y a pas
25 d'objection.
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1 M. Karabdic (interprétation). - Madame et Messieurs les Juges,
2 nous avons rangé tous les documents conformément à la liste qui accompagne
3 ces derniers, ce qui fait qu'ils sont rangés dans cet ordre-là.
4 Mme McHenry (interprétation). - Puis-je m'adresser au témoin,
5 s'il vous plaît ?
6 M. le Président (interprétation). - Oui.
7 Mme McHenry (interprétation). - Je m'interroge. Est-ce que ceci
8 pourrait accélérer la procédure si nous disons d'emblée que s'agissant de
9 la déposition de ce témoin, à l'encontre de ces documents qu'ils soient
10 originaux ou des copies, le témoin nous dira qu'ils existent dans ces
11 archives et nous n'aurons pas besoin d’élever des objections inutiles et
12 d’étudier les documents un à un. Il y a un seul de document sur lequel
13 nous élèverons une objection, il s’agit du document portant cote numéro2,
14 pour ce qui est des copies qu'il a trouvées. Il y a d'abord les cinquante
15 cinq documents, puis il y a certains documents dont il a dit que c’était
16 des copies. Dans cette série-là, le document numéro 2 a été créé en 1996
17 de la main d'un officier de l'armée à la demande de Me Residovic. Madame
18 et Messieurs les Juges, vous avez déjà établi à plusieurs reprises que ce
19 document n'était pas admissible dans le cadre de la déposition de ce
20 témoin. Ce serait le seul de document à l'encontre duquel nous aurions une
21 objection.
22 M. le Président (interprétation). – Donc, il ne s'agit
23 d'originaux de ces archives ?
24 Mme McHenry (interprétation). - Effectivement et nous ne
25 formulons pas notre objection sur le fait qu'il s'agisse de copies. Nous
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1 croyons le témoin s’il nous dit, que ce sont des copies de documents qui
2 se trouvent dans ces archives. Ils pourraient être amenés à cette fin.
3 Mais notre objection est de la nature suivante. Ce document n’a aucun
4 intérêt, aucune pertinence. Il est donc susceptible d'objection puisqu'il
5 est uniquement confectionné pour les besoins de la défense, à la demande
6 de Me Residovic pour M. Delalic. Ce n'est pas un document contemporain des
7 faits. Et, à plusieurs reprises déjà, vous avez déjà déterminé que ce
8 document n'était pas recevable.
9 M. Jan (interprétation). - A quelle page se trouve de document ?
10 Mme le Greffier (interprétation). - Je m’excuse, Madame et
11 Messieurs les Juges, concernant ce document...
12 M. le Président (interprétation). - Pourquoi ne laissez-vous pas
13 Me Karabdic poursuivre ?
14 M. Karabdic (interprétation). - Puis-je répondre ?
15 M. le Président (interprétation). - Allez-y.
16 M. Karabdic (interprétation). – Monsieur Omerkic a été convoqué
17 pour témoigner du fait qu'il y avait une copie de ce document dans les
18 archives de la Fédération bosniaque et qu'il s'agit d'une copie d'original
19 qu'il considère comme véridique. Maintenant pour ce qui est du contenu,
20 c'est une autre question. Mais ce document existe effectivement.
21 M. le Président (interprétation). - Sa déposition fut très
22 claire quant aux sources qu’il invoquait, sources de ces documents
23 j'entends. Les cinquante cinq premiers documents sont des documents
24 authentiques dans la mesure où se sont ici des photocopies d'originaux
25 qu'il a dans ses archives. Pour les dix documents suivants, il n'a trouvé
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1 que des photocopies. D'ailleurs, et c'est une des raisons pour lesquelles
2 une objection a été élevée pour mettre en doute l'authenticité de ces
3 documents, apparemment certains ont été créés bien longtemps avant que les
4 événements se soient produits à la demande d'un conseil de la défense. Je
5 ne sais pas quels arguments vous allait invoquer pour
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10 contrer cette objection, mais il ne pourrait même pas
11 authentifier ce document, d'abord parce que ce n'est pas un de ces
12 documents à lui et ,en second lieu car, pour sa gouverne, il ne s'agissait
13 pas d'un document authentique.
14 M. Karabdic (interprétation) - Il a bien dit que ce n'étaient
15 pas des originaux mais des copies, mais il affirme que ces copies là se
16 trouvent dans les archives de l'armée de la fédération et qu'elles sont
17 exploitées, donc que l'on s'en sert en guise de documents véritables,
18 étant donné que les originaux sont introuvables. Personne n'affirme que ce
19 sont des originaux, il a bien dit que c'étaient des copies.
20 Puis-je considérer que l'accusation n'a pas d'objection pour ce
21 qui est de l'authenticité et que tous ces documents exceptés celui qu'elle
22 vient de mentionner peuvent être agréées comme éléments de preuve. Ai-je
23 bien compris l'accusation ?
24 M. le Président (interprétation) - C'est bien la situation.
25 M. Karabdic (interprétation) – Monsieur Omerkic, je vous prie de
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1 trouver le document coté numéro 2 auquel se réfère Mme McHenry, et nous
2 dire quel est ce document et ce que l’on y trouve.
3 Veuillez brancher les micros du témoin. C'est bien maintenant.
4 M. Omerkic (interprétation) - Sur tous les documents, j'ai pu le
5 constater il s'agit de 1992. Celui-ci est de 1996. Il figure parmi les
6 10 photocopies dont nous n'avons pas les originaux. J'ai un document
7 identique avec une liste et il figure au registre, c'est l'un des dix qui
8 figurent en photocopies.
9 Les autres cinquante cinq existent en originaux. Et si comme
10 j’ai pu le remarquer, il n'y a que celui-ci qui se rapporte à
11 l’intervention de "je ne sais qui", signé par le général Delic pour
12 autoriser quelque chose en faveur de Delalic.
13 M. Karabdic (interprétation) - Voyez-vous bien la signature de
14 M. Delic ?
15 M. Omerkic (interprétation) - Oui.
16 M. Karabdic (interprétation) - Est-ce le cachet utilisé
17 habituellement. Mais, je précise bien que c'est une photocopie de
18 photocopie.
19 M. le Président (interprétation) - Vous n'avez pas compris ce
20 que semblait vous dire le témoin. Il s'agit d'une photocopie d'une
21 photocopie. Ce n'est pas un document dont il détient l'original, il ne
22 peut pas attester de l'authenticité de cette photocopie. C'est bien ce que
23 le témoin est en train de nous dire.
24 M. Karabdic (interprétation) - Vous avez bien dit que vous
25 reconnaissiez la signature du commandant Delic ?
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1 M. le Président (interprétation) - Si vous avez quelque chose
2 d'autre à nous dire, allez-y parce que c'est votre témoin, c’est lui que
3 vous avez amené à l'audience pour qu'il authentifie les documents.
4 M. Karabdic (interprétation) - Nous proposons que ce document
5 soit également agréé tel quel, comme élément de preuve.
6 M. le Président (interprétation) - Vous l'avez proposé, mais il
7 n'a pas été accepté.
8 M. Karabdic (interprétation) - Madame et Messieurs les Juges, je
9 vous prie donc d'agréer tous les autres de document en qualité d'éléments
10 de preuve.
11 M. le Président (interprétation) - Je crois que c'est accepté
12 puisqu'il n'y avait d'objection qu'à l'encontre de ce de document là.
13 M. Karabdic (interprétation) - Ce sera tout, Madame et Messieurs
14 les juges. Monsieur, je vous remercie.
15 Mme McHenry (interprétation) - Nous n'aurons que quelques
16 questions à poser à ce témoin
17 M. le Président (interprétation) - Mais d'abord, entendons les
18 défenseurs des accusés.
19 Mme Residovic (interprétation) - Je n'ai que deux questions à
20 poser au témoin.
21 M. le Président (interprétation) - Et bien, allez-y.
22 Mme Residovic (interprétation) - Monsieur, étant donné que vous
23 venez de confirmer l'existence de certaines photocopies au niveau des
24 archives, pouvez-vous me dire si les photocopies de certains documents
25 dans les archives de l'armée de Bosnie-Herzégovine s’y trouvent depuis
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1 leur création, c'est-à-dire depuis leur rédaction ?
2 M. Omerkic (interprétation) - Pour moi, ce qui est méritoire,
3 c'est que tous les actes que nous recevons, c'est-à-dire à la réception,
4 il y a une liste qui accompagne ces documents, tout un registre des actes
5 et, lorsque nous étudions cela, nous voyons au niveau de cette liste, tout
6 ce qui est en original et sous les différentes cotes, ce sont des
7 originaux.
8 Parfois, il arrive que nous obtenions des photocopies. Nous les
9 acceptons aussi et nous recherchons les originaux, et la photocopie nous
10 aide à retrouver plus aisément l'original. Je ne sais pas si j'ai été
11 clair. Je ne peux pas affirmer depuis la rédaction de ces documents
12 comment cela a évolué.
13 Mme Residovic (interprétation). – Comme vous avez répondu à mon
14 collègue, jusqu'à ce que vous ne retrouviez l'original, dans l'armée de
15 Bosnie-Herzégovine vous vous fondez sur la copie qui se trouve dans vos
16 archives compte tenu des caractéristiques d'importance, comme si cela
17 était un document authentique. Est-ce vrai ?
18 M. Omerkic (interprétation). - Dans notre armée oui. Mais, je ne
19 veux assumer aucune responsabilité à cet égard.
20 Mme Residovic (interprétation). – Pour moi, tout cela est tout à
21 fait suffisant. Je vous prierai de répondre brièvement. Je crois que vous
22 avez suffisamment clarifié les choses à mon collègue et nous avons
23 parfaitement compris votre façon de procédés.
24 Donc, monsieur, savez vous que certains organes, y compris les
25 autorités militaires, soumettent des documents à ceux qui les demandent
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1 c'est-à-dire ceux qui ont formulé le souhait de se voir remettre un
2 document. Par exemple, vous m'avez peut-être envoyé des originaux. Donc,
3 vous savez que le demandeur de certains de document est saisi de certains
4 originaux accords que les archives concernent la copie.
5 M. Omerkic (interprétation). - Le règlement implique une
6 procédure militaire. Si la demande vient du ministère via le commandement
7 et le général Delic avec un acte dûment signé me donnant l'ordre de faire
8 quelque chose.
9 Quand nous faisons la photocopie, non pas l'original, mais la
10 photocopie, l'organe en question est tenu de nous restituer cette
11 photocopie.
12 Mme Residovic (interprétation). – Nous ne se nous sommes pas
13 bien compris. Ecoutez bien ma question. Vous venez de me répondre comment
14 vous délivrez un document émanant des archives. Mais, ce n'est pas ce que
15 ce que j'ai demandé. Nous revenons aux documents dont il vient d'être
16 question.
17 Si j'ai demandé au commandant Delic de m'informer d'un fait,
18 savez vous qu'il est habituel que le commandement auquel je me suis
19 adressée, m'expédie un document original et conserve la photocopie du même
20 de document dans ses archives ?
21 M. Omerkic (interprétation). – Les originaux ne sont délivrés à
22 personne. Nous ne faisons qu'expédier des copies.
23 Vous ne m'avez pas compris. Je n'ai pas reçu un original. Donc,
24 on ne va plus en discuter. De votre part, j'ai reçu un original de la
25 lettre qui a été signée par moi, oui. Mais, le document qui se trouve dans
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1 les archives n'est remis en original à personne. L'acte d'accompagnement
2 qui a été signé par mes soins, oui, c'est un original et vous avez une
3 photocopie des documents originaux.
4 Mme Residovic (interprétation). – Bien. Se peut-il que le
5 général Delic, en réponse à ma requête m'ai envoyé comme vous l'avez fait,
6 une lettre, mais envoyer un original de ce que vous avez dans vos archives
7 en qualité de copie ?
8 M. Omerkic (interprétation). - Je suis un peu confus par tout
9 ceci. Je tiens à dire ceci. Lorsque j'émets des documents, je ne remets un
10 original à personne et la lettre de réponse au Tribunal est effectivement
11 un original signé par mes soins.
12 Mme Residovic (interprétation). – Ce n'est pas une question
13 d'une telle importance. Ce document figure depuis longtemps parmi les
14 éléments de preuve au niveau de ce Tribunal. Je voulais seulement
15 clarifier la chose. Je tiens à vous remercier de l'effort que vous avez
16 fourni pour nous apporter aide et je dirai que je n'ai plus de question
17 pour le témoin.
18 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie.
19 Vous savez que le témoin vous a dit qu'il n'avait pas dans ces
20 archives certains originaux, ceux qu'il avait été plutôt des photocopies.
21 Il lui est donc impossible d'attester de l'authenticité de photocopies.
22 C'est bien la règle. S'il avait disposé des copies originales dans ces
23 archives à ce moment-là il aurait pu le faire comme il l'a fait pour le
24 reste. Mais, il se trouve qui ce qui ces originaux n'existent plus, dans
25 ses archives du moins.
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1 Je vous remercie, maître Residovic.
2 Mme Residovic (interprétation). – Fort bien. Je vous remercie.
3 M. Kusmanovic (interprétation) - Nous n'avons pas de question à
4 poser dans le cadre de la défense de M. Mucic.
5 Mme McMurrey (interprétation). - Nous n'avons pas non plus de
6 question à poser dans le cadre de la défense de M. Landzo.
7 M. le Président (interprétation). - La défense veut-elle faire
8 un contre-interrogatoire ?
9 Mme McHenry (interprétation). - Oui, mais très rapidement.
10 Bonjour, monsieur Omerkic. Comment allez-vous ?
11 M. Omerkic (interprétation). - Bonjour. Je vous remercie, je
12 vais bien. Et vous ?
13 Mme McHenry (interprétation). - Très bien merci. Lorsque vous
14 avez des documents, que vous conservez dans vos archives, pouvez-vous
15 établir la source de ces documents ? En d'autres termes, qui vous a donné
16 ces archives ? Etait-ce le 4ème Corps d'armée, le Commandement suprême ou
17 était-ce encore une autre unité qui vous aurez remis ce document ? Vous
18 est-il possible de déterminer l'origine, la source, de ce document ?
19 M. Omerkic (interprétation). - A partir de ce de document, on ne
20 saurait le voir, mais il y a un procès-verbal de versement d’acte, de
21 document. Il arrive que certains départements de l'état-major, du
22 commandement général ou d'un corps d'armée, envoie un employé aux archives
23 pour nous verser des documents. Nous faisons une liste des documents
24 remis, donc les ordres de telle ou telle année, les différents rapports.
25 L'acte lui-même, l’acte qui a été délivré, on ne saurait dire d’où il
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1 vient, mais si on lit l'acte lui-même on peut le déterminer.
2 Mme McHenry (interprétation). - En d'autres termes, il est
3 impossible au seul examen extérieur des documents de déterminer qui est la
4 personne l’ayant remis. Mais, a posteriori, en examinant par exemple le
5 compte rendu ou un procès-verbal vous pouvait établir cette source. Vous
6 ai-je bien compris ?
7 M. Omerkic (interprétation). - Par le procès-verbal du versement
8 du document, mais on peut vérifier aussi par d'autres moyens.
9 Mme McHenry (interprétation). - Très bien. S'agissant des cent
10 deux documents, que vous deviez trouver d'après cette requête, et dont
11 vous ne pouvez pas trouver tous les originaux dans vos archives, auriez
12 vous une liste de ces cent deux documents sur vous ?
13 M. Omerkic (interprétation). - J'ai chez moi une liste des
14 documents que j’ai remis ici, donc cinquante cinq copies de documents et
15 une liste des dix photocopies de photocopies. C’est une liste que j’ai
16 faite moi-même.
17 Mme McHenry (interprétation). - Le conseil de la défense de
18 M. Delic pourrait-il me procurer une liste de ces documents après la
19 déposition de ce témoin, documents que l'on n'a pas pu localiser.
20 M. le Président (interprétation). - Vous en avez besoin.
21 Mme McHenry (interprétation). - C’est peut-être important à
22 l’avenir, je ne veux pas interrompre la déposition de ce témoin
23 maintenant. Mais cela peut présenter un certain intérêt et nous faire
24 gagner du temps à l'avenir, plutôt que de lui redemander de retrouver des
25 documents qu'il a déjà recherchés et dont il a établi qu'ils n'étaient pas
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1 localisables dans les archives.
2 M. Karabdic (interprétation). - Nous avons demandé
3 l'authentification des documents joints au rapport de l'expert militaire.
4 Il s'agit des cent deux documents qui font défaut, ce sont les documents
5 qui sont joints au rapport.
6 Mme McHenry (interprétation). - Merci. Je n'ai qu’une question à
7 vous poser qui concerne un document bien précis que vous avez trouvé.
8 C'est une fois de plus un de ces documents dont vous n'avez pas trouvé
9 l'original mais la copie, c'est le document numéro 8 dans votre lettre. Il
10 s'agit d'un rapport en date du 6 décembre 1992.
11 M. Omerkic (interprétation). - Le 6 décembre, oui.
12 Mme McHenry (interprétation). - Bien. Pourriez-vous retrouver la
13 copie que vous avez ?
14 M. Omerkic (interprétation). - C'est Ma photocopie. J'ai fait
15 des photocopies à mon intention. Cela, c'est une photocopie que j'ai
16 gardée pour moi. Et ça c'est le recueil des photocopies qui sont remises
17 ici.
18 Mme McHenry (interprétation). - Ce document a trait à certaines
19 annexes qui font partie intégrante du rapport. Etes-vous en mesure de me
20 dire si la copie que vous avez dans vos archives contient toutes les
21 annexes ou pas ?
22 M. Omerkic (interprétation). - En général oui, bien que
23 concernant un document dans lequel il y a beaucoup de données, et là j'ai
24 pris la première page et la page où figurent le sceau, en omettant les
25 schémas, il y a, dans nos registres, cet acte principal et les annexes.
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1 Mme McHenry (interprétation) - Et lorsque vous allez rentrer
2 chez vous, vous pourrez vérifier si, dans vos archives, vous avez ce
3 document avec toutes les annexes. Je parle de ce document bien précis, en
4 date du 6 décembre, il s'agit d'un rapport. Pourriez-vous le faire pour
5 moi ?
6 M. Omerkic (interprétation) - Oui, nous pouvons le faire, je
7 pense que cela doit exister. Il faudra que vous vous adressiez à notre
8 général et ce sera un plaisir pour nous que de le faire.
9 Mme McHenry (interprétation) - Je vous remercie d'avance. Il est
10 exact de dire que, tout récemment, on vous a demandé de retrouver
11 l'emplacement de certains documents dans vos archives, mais vous avez
12 manqué de temps et vous avez promis de partir à la recherche de ces
13 documents, une fois que toutes les mesures appropriées auraient été prises
14 et que vous auriez suffisamment de temps pour le faire. Est-ce bien
15 exact ?
16 M. Omerkic (interprétation) - Oui, je sais, j'ai bien dit que
17 tous les ordres qui me viennent, je suis tout à fait à votre disposition.
18 Je suis soldat et je dois exécuter les ordres de mes supérieurs, mais je
19 ne sais pas ce que vous entendez par là. C'est comme si je n'avais pas
20 fait une chose que j'avais promise.
21 Mme McHenry (interprétation) - Pas du tout, loin de moi cette
22 intention !
23 M. Jan (interprétation) - Vous n'avez pas à vous mettre en
24 colère !
25 M. Omerkic (interprétation) - Non, je ne me fâche pas. La dame
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1 est gentille.
2 Mme McHenry (interprétation) - Je vous remercie. J'irai même
3 plus loin, je vous dirais que pour toutes autres requêtes supplémentaires,
4 j'essaierai de coopérer avec le conseil de la défense pour voir si nous
5 pouvons nous mettre d'accord sur la recevabilité des documents, sans que
6 vous ayez besoin de revenir dans ce prétoire.
7 Je vous remercie, je n'ai plus de questions à vous poser ?
8 M. le Président (interprétation) - Y a-t-il des questions
9 supplémentaires de la part des avocats de M. Delic ?
10 M. Karabdic (interprétation) - Non.
11 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie capitaine.
12 M. Omerkic (interprétation). - Je vous remercie également.
13 M. le Président (interprétation). - Fort bien, vous pouvez vous
14 retirez.
15 (Le témoin est reconduit hors de la salle d'audience)
16 M. Moran (interprétation). - Le prochain témoin sera M. Bajram
17 Demic.
18 Il y a une chose que j'ai oubliée de faire et que je voudrais
19 faire maintenant : montrez un certain nombre de documents du Conseil de
20 sécurité. C'est vraiment un pur oubli de ma part, j'ai oublié d'introduire
21 le D 16/3, c’est une lettre du Président du Conseil de sécurité, D 17/3 :
22 représentation permanente du Canada, Conseil de sécurité, 18/3 : c'est une
23 autre lettre du représentant permanent du Canada et 19/3 : représentants
24 des Etats unis au Conseil de sécurité. Permettez moi de soumettre ces
25 documents maintenant.
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1 (Le témoin est introduit dans la salle d'audience).
2 M. Demic (interprétation). - Je déclare solennellement que je
3 dirai la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
4 M. le Président (interprétation). - Veuillez-vous asseoir.
5 M. Moran (interprétation). - Tous ces documents sont admis.
6 M. le Président (interprétation). - Je ne les ai pas vus.
7 M. Moran (interprétation). - Ils sont dans la liste. Je crois
8 que vous pouvez les accepter en tant que tel.
9 M. le Président (interprétation). - Oui, je crois. Ma position a
10 toujours été très claire. Les documents publics, les faits de cette
11 nature, nous devons les accepter.
12 M. Moran (interprétation). - Oui, nous avons versé d'autres
13 documents. Ils n'ont pas été admis en tant que preuve et j'ai pensé qu'il
14 fallait faire preuve de continuité.
15 M. le Président (interprétation). - Très bien, merci beaucoup.
16 M. Moran (interprétation). - Bon après-midi, monsieur.
17 M. Demic (interprétation). - Bonjour.
18 M. Moran (interprétation). - Je m'appelle Thomas Moran et si
19 vous me donnez quelques secondes...
20 M. Jan (interprétation). - (hors micro).
21 M. Moran (interprétation). - Je peux vous dire que la plupart
22 des bosniaques ont appris davantage l'anglais, que moi je n'ai appris de
23 bosniaque. Monsieur Demic, pouvez-vous vous présenter, s'il vous plaît à
24 la Chambre Première instance et expliquer quelle est votre profession ?
25 M. Demic (interprétation). - Je m'appelle Bajram Demic, je suis
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1 né le 9 avril 1959 à Roje, je travaille à la radio télévision de.
2 Bosnie-Herzégovine.
3 M. Moran (interprétation). - Etes-vous marié ?
4 M. Demic (interprétation). - Oui.
5 M. Moran (interprétation). - Avez-vous des enfants ?
6 M. Demic (interprétation). - Oui.
7 M. Moran (interprétation). - Combien ?
8 M. Demic (interprétation). - 4.
9 M. Moran (interprétation). - Vous me dépassez de 3 enfants et
10 j'imagine que vous avez moins de migraine que moi. Depuis combien de temps
11 êtes-vous entrez en fonction à la radio télévision de Bosnie-Herzégovine ?
12 M. Demic (interprétation). - En 1992, le 9 mai, que j'ai soumis
13 m'a demande pour être employé à la radio télévision de Bosnie-Herzégovine.
14 M. Moran (interprétation). - Monsieur, avez-vous travaillé pour
15 d'autres chaînes de télévision ou journaux avant d'entrer à la radio
16 télévision de Bosnie-Herzégovine ?
17 M. Demic (interprétation). - Oui, j'ai été correspondant du
18 journal du soir, c'est un journal de Zagreb, j'ai été correspondant du
19 journal "Moniteur", c'est un hebdomadaire du Monténégrin qui est publié à
20 Titograd et j'ai travaillé pour plusieurs journaux indépendants de même
21 que pour la radio télévision croate, 9 mois avant le début de la guerre
22 en Bosnie.
23 M. Moran (interprétation). - Qu'est-ce que c'est que la "HTV" ?
24 M. Demic (interprétation). - C'est la télévision croate. Ca
25 s'appelle maintenant "HRT".
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1 M. Moran (interprétation). - Est-ce qu'à un moment ou à un autre
2 pendant l'été 1992, avez-vous vu un rapport sur la télévision de Pale
3 ayant trait à des mauvais traitements et à des sévices infligés à des
4 Serbes qui se trouvaient à Bradina ?
5 M. Demic (interprétation). - Non, j'ai entendu ce rapport mais
6 je n'ai pas vu d'émission.
7 M. Moran (interprétation). - Que disait ce rapport dans les
8 grandes lignes ?
9 M. Jan (interprétation). - Se sont des oui dire
10 M. Moran (interprétation). - Oui, Monsieur le Juge, mais c'est
11 vraiment à la base de ce que j'allais faire. Si vous voulez je retire la
12 question.
13 M. Jan (interprétation). - (hors micro).
14 M. Demic (interprétation). - Je voudrais dire quelque chose,
15 s'il vous plaît. Il y a un malentendu. Lorsque j'ai dit que je l'ai
16 entendu, je l'ai entendu à la radio, je ne l'ai pas vu à la télévision.
17 J'ai écouté radio Pale.
18 M. Moran (interprétation). - Très bien. Je serai très bref.
19 Pouvez-vous nous dire de façon concise sur quoi portait le rapport ? Je
20 n'ai pas besoin de détails simplement les grandes lignes.
21 M. Demic (interprétation). - Dans ce rapport, il a été question,
22 à peu près, du fait que les prisonniers de Celebici vivaient dans des
23 conditions anormales et avaient faim, des choses de ce genre.
24 M. Moran (interprétation). - Et en se fondant sur ce rapport,
25 vous même et un collègue avez-vous fait quelque chose ?
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1 M. Demic (interprétation). - Sachant d'avant qu'il y avait de la
2 propagande, au niveau de cette station de Pale, nous n'avons pas ressenti
3 un besoin présent pour ce qui est de lancer de démenti et nous avons, en
4 notre qualité de journaliste, eu l'idée que nous pourrions peut-être jeter
5 un coup d'œil à cette prison dont il avait été question, et de faire un
6 reportage.
7 M. Moran (interprétation). - Qui est votre collègue ?
8 M. Demic (interprétation). - Il s'agissait d'une collègue,
9 Jadranka Milosevic.
10 M. Moran (interprétation). – Vous-même et votre collègue, vous
11 êtes-vous rendu au camp de Celebici ?
12 M. Demic (interprétation). - Nous en avons parlé d'abord en
13 disant que nous pourrions le faire. Il n'y avait pas de plan particulier,
14 nous n'avions pas précisé de date pour cette visite. Etant donné qu'il n'y
15 avait pas d'approvisionnements réguliers en carburant à l'époque, nous
16 avions une voiture de marque Barbour de fabrication est-allemande, et en
17 ce jour d'été, nous avons trouvé du carburant à Jablanica car c'est là
18 qu'il y en avait. Au retour, étant donné que la caméra se trouvait sur le
19 siège arrière, nous avons décidé de tenter notre chance et de voir nous
20 pouvions faire un reportage, mais si cela ne réussissait pas nous ne
21 serions pas très déçus. Nous avions entendu, auparavant, que ce n'était
22 pas un problème que d'accéder car les organisations internationales y
23 accédaient bien quant à elle.
24 M. Moran (interprétation). - Avez-vous prévenu à l'avance le
25 camp que vous alliez arriver où avez-vous simplement décidé, à brûle-
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1 pourpoint : "Allons au camp" et vous vous y êtes rendu directement. Ou
2 alors quelles étaient les raisons ? Comment avez-vous fait ?
3 M. Demic (interprétation). - Je crois que notre décision a été
4 prise vers Ostrozac, c'est une localité qui se trouve juste avant
5 Celebici. Nous sommes arrivés au portail de cette prison. Je suis sorti de
6 la voiture, puisque ce portail était fermé. J'y ai vu, dans l'espèce de
7 petite maisonnette pour les gardes, un jeune homme à qui j'ai essayé
8 d'expliquer nos intentions. Il m'a semblé surpris. Il nous a dit
9 aimablement d'attendre et il avait l'air de chercher du regard quelqu'un à
10 consulter.
11 M. Moran (interprétation). - Vous parlez d'une petite maison.
12 Vous avez une maquette devant vous. Levez-vous et essayez de retrouver la
13 petite maison que vous avez évoquée. Il doit y avoir des lettres sur les
14 toits. Pourriez-vous nous dire quelle lettre est dessinée sur la maison.
15 Vous pouvez vous lever et faire le tour de la table. Est-ce celle qui
16 porte un A sur le toit ?
17 M. Demic (interprétation). - C'est ce bâtiment-là, et là c'est
18 le bâtiment administratif.
19 M. Moran (interprétation). - C’est bien celui marqué d’un A ?
20 C'est là que vous avez trouvé le garde ?
21 M. Demic (interprétation). - Oui, c'est une espèce de petit
22 kiosque.
23 M. Moran (interprétation). - Et lorsque le garde est parti que
24 vous a-t-il dit ?
25 M. Demic (interprétation). - Le garde a dit de patienter un
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1 moment. Et là, vers cet immeuble-ci, j'étais donc au portail, j'ai vu
2 devant un homme qui était en train de laver une voiture de marque Fiat,
3 mais c'est la toute petite (si vous la connaissez), la 750. La voiture
4 était assez vétuste, je m'en souviens bien. J'avais même fait une
5 plaisanterie, j'avais dit : « C’est une auto du temps du Rock ». Ces gens-
6 là ont échangé quelques paroles, puis se sont approchés de moi. La
7 personne qui était plus âgé que le jeune homme, m'a dit de patienter un
8 peu pour en référer à un supérieur.
9 M. Moran (interprétation). - Vous parlez d'un homme un peu plus
10 âgé. Donc le jeune est revenu avec un homme plus âgé, c'est cela.
11 M. Demic (interprétation). - Oui.
12 M. Moran (interprétation). - Et l'homme le plus âgé a dit
13 d'attendre quelques instants. Connaissez vous le nom de cet homme plus
14 âgé ?
15 M. Demic (interprétation). - Non, je ne connaissais pas le nom
16 de cette personne.
17 M. Moran (interprétation). - Connaissez-vous son nom maintenant,
18 le voyez-vous dans la salle d'audience ?
19 M. Demic (interprétation). - Oui, il est en pull gris.
20 M. Moran (interprétation). - Veuillez porter au procès-verbal
21 que le témoin a identifié mon client. Que s'est-il passé ensuite ?
22 M. Demic (interprétation). - Très rapidement, on nous a fait
23 entrer. Nous avons pu nous garer juste après la grille, sur la droite,
24 donc non pas du côté du bâtiment mais à l'opposé. Nous avons pris la
25 caméra. J'ai attendu un peu. Nous avons échangé quelques paroles. Puis est
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1 sorti un homme qui s'est présenté comme pas Pavo. Je ne l'avais jamais vu
2 auparavant.
3 M. Moran (interprétation). - Pavo, que vous a-t-il dit ?
4 M. Demic (interprétation). - Il m'a demandé ce que nous voulions
5 et nous lui avons réitéré nos dires précédents. Il nous a dit que nous
6 pouvions filmer tout ce que nous voulions. Il a plaisanté en disant qu'il
7 ne voulait pas qu'on le filme lui parce qu'il n'était pas très
8 photogénique. Nous avons donc tous ri, c'était assez détendu.
9 M. Moran (interprétation). - Est-ce que Pavo vous a dit quelle
10 était sa fonction au camp ?
11 M. Omerkic (interprétation). - Non, pas à ce moment-là, mais
12 nous pouvions deviner quelles étaient ses fonctions, c'est-à-dire qu’il
13 était l’une des personnes qui assumait des responsabilités et qui était à
14 même de nous autoriser de filmer.
15 M. Moran (interprétation). - Vous et votre collègue qu'avez-vous
16 fait ensuite ?
17 M. Demic (interprétation). - Il n’a même pas voulu être présent.
18 Il est parti dans le bâtiment là-bas. Il nous a laissés dehors. Il est
19 venu quelques soldats bien plus jeunes et nous leur avons dit que nous
20 voulions filmer. J'ai personnellement demandé de filmer Zara, c'est un
21 prisonnier que je savais être là.
22 M. Moran (interprétation). - Zara qui ?
23 M. Demic (interprétation). - J'ai connu Zara parce qu'il était
24 tenancier d'un bistrot à Bradina. Cet établissement existe de nos jours
25 encore. Tout le monde savait...
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1 M. Moran (interprétation). - Monsieur, excusez-moi, quel est le
2 nom complet de Zara ? Connaissez-vous son nom complet ?
3 M. Demic (interprétation). - Je ne sais pas. Le bistrot
4 s'appelait "Chez Zara"». Tout le monde l'appelait Zara et c'est le seul
5 Zara qu'il y ait dans les environs.
6 M. Moran (interprétation). - Dites simplement si vous ne le
7 savez, ne le dites pas si vous ne le savez pas.
8 M. Omerkic (interprétation). - Je le connaissais, c'était un
9 homme assez corpulent. J'avais connu son frère également, à qui j’avais
10 prêté un livre, à la veille de la guerre, intitulé : « Noge » ou « Le
11 couteau » dont l’auteur est Vusta Rakovic.
12 M. Moran (interprétation). - Après que vous avez vu Zara, que
13 s’est-il passé ensuite ?
14 M. Demic (interprétation) - L'une des personnes présentes avait
15 dit que Zara était par là. On l'avait fait appeler, on avait crié son nom
16 à deux ou trois reprises. Il est apparu dans une espèce de tee-shirt et en
17 blue-jeans.
18 M. Moran (interprétation) - Y a-t-il de nombreuses personnes qui
19 déambulaient à l'intérieur du camp ?
20 M. Demic (interprétation) - Oui, lorsque j'ai demandé à voir son
21 frère que je connaissais, ils l'ont appelé, il est sorti d'un bâtiment où
22 il faisait quelque chose. Il y avait des gens qui étaient assis sous une
23 espèce de toit en tôle, il faisait très chaud ce jour-là et ils s'étaient
24 mis à l'ombre, mais ils étaient dans ce même site assez nombreux.
25 M. Moran (interprétation) - Savez-vous s'il s'agissait de
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1 prisonniers, de gardes, portaient-ils des uniformes militaires ?
2 M. Demic (interprétation) - C'était des gens en civil, il y en
3 avait d'autres en uniforme, mais je savais avec certitude que ceux qui
4 nettoyaient le camp étaient des prisonniers ?
5 M. Moran (interprétation) - Les avez-vous bien regardés ?
6 M. Demic (interprétation) - Oui, j'ai observé ces gens ?
7 M. Moran (interprétation) - Semblaient-ils mourir de faim, avoir
8 été battus ?
9 M. Demic (interprétation) - Absolument pas.
10 M. Moran (interprétation) - Très bien. Après que vous ayez
11 trouvé votre ami Zara, avez-vous discuté avec lui ?
12 M. Demic (interprétation) - Ce n'est pas un ami à moi, c'est une
13 connaissance. C'est son frère que je connaissais mieux, mais il était
14 intéressant pour moi pour une raison, à savoir que bien d'autres gens
15 savaient que c'était une personne riche et que c'était lui l'élément
16 logistique qui approvisionnait la population serbe en armes. Cela ne
17 faisait pas l'objet d'un secret, et je voulais savoir qu'elle était le
18 traitement réservé à un homme de ce genre.
19 On l'appelait "voïvoda", à l'époque, et je pouvais facilement
20 supposer comment cela se passait pour les autres, car si l'une des figures
21 proéminentes avait un tel traitement, les autres devait avoir quelque
22 chose d'analogue.
23 M. Moran (interprétation) - Lui avez-vous parlé ?
24 M. Demic (interprétation) - Nous nous sommes parlés très
25 brièvement, je lui ai demandé comment il se faisait qu'il se trouvait là
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1 et il m'a dit, mais je n'en suis pas sûr maintenant, qu'il était soit
2 colonel, soit lieutenant-colonel, l'un de ces grades ; il avait été
3 commandant de l'ex JNA, et il était parti raccompagner sa famille afin de
4 la caser en lieu sûr, en hélicoptère, et il est parti de l’héliport de
5 Bradina, c'est-à-dire cet espace élargi à droite de la route, et c'était
6 l’ex caserne, le colonel ou le lieutenant-colonel n'était pas revenu, et
7 il devait attaquer en date du 27, mais dans la direction de
8 Tarcin Pazaric, pour rejoindre leurs autres forces.
9 M. Moran (interprétation) - Excusez-moi, qui était ce
10 lieutenant-colonel ?
11 M. Demic (interprétation) - C’était un officier de l'ex-armée
12 yougoslave, la JNA.
13 M. Moran (interprétation) - S'agissait-il de M. Mrkajic, de
14 quelqu'un d'autre, quelqu’un que vous connaissiez, un prisonnier de
15 Celibici ?
16 M. Demic (interprétation) - Non, cet officier n'était pas
17 revenu, il était parti en hélicoptère de l'ex JNA pour caser sa famille
18 dans un endroit sûr, et il n'est pas revenu pour continuer à commander la
19 formation qui était située à Bradina.
20 M. Moran (interprétation) - Essayons de nous concentrer sur le
21 camp et le temps que vous y avez passé car, en fait, les actes qui sont
22 reprochés aux accusés se sont passés dans le camp.
23 Pendant que vous étiez dans ce camp, y avait-il quelqu'un avec
24 vous, Pavo, M. Delic, quelqu'un surveillait-il la conversation que vous
25 avez eue ?
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1 M. Demic (interprétation) - Non.
2 M. Moran (interprétation) - Lorsque vous me dites que vous aviez
3 une conversation avec cette personne, vous étiez plus proche de lui que
4 nous ne le sommes maintenant, donc deux personnes qui se parlent.
5 M. Demic (interprétation) - Oui, il y avait là ma jeune collègue
6 Jablanca Milosevic.
7 M. Moran (interprétation) - Donc deux journalistes et
8 M. Mrkajic.
9 Et s'est il plaint d'avoir été battu ou que d'autres prisonniers
10 avaient été battus ?
11 M. Demic (interprétation) - Absolument pas.
12 M. Moran (interprétation) - S’est-il plaint à vous qu'on le
13 fasse mourir de faim ?
14 M. Demic (interprétation) - Non, au contraire, il se plaignait
15 du fait que cet officier se soit enfui.
16 M. Moran (interprétation) - En fait, il était malheureux parce
17 que quelqu'un qu'il pensait être un de ses amis avait déserté de Bradina
18 avant la bataille. Il se plaignait davantage de cela que des conditions de
19 vie dans le camp.
20 M. Demic (interprétation) - Il sentait que cela était une sorte
21 de trahison.
22 M. Moran (interprétation) - Très bien. Avez-vous filmé votre
23 interview avec Zara ?
24 M. Demic (interprétation) - Oui.
25 M. Moran (interprétation) - Ce film existe-t-il toujours ?
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1 M. Demic (interprétation) - Je pense qu'il existe.
2 M. Moran (interprétation) - Je ne vous ai pas dit de l'amener,
3 mais si la défense ou l'accusation le désirait, vous pourriez apporter ce
4 film ?
5 M. Demic (interprétation) - A tout moment.
6 M. Moran (interprétation) - Zara vous a-t-il dit que certaines
7 personnes avaient et la permission de visiter le camp et d'apporter des
8 choses au prisonnier ?
9 M. Demic (interprétation) - A l'occasion de l'entretien, je
10 crois que cela était même filmé, il disait qu'il y avait des visites et
11 qu'on leur apportait de la nourriture trois fois. Je me souviens du fait
12 que ma collègue avait réagi à ces déclarations de façon non
13 professionnelle et lui a dit qu'ils vivaient mieux que les combattants de
14 l'armée dans les premières lignes du front. Je crois qu'il n'avait pas
15 bien entendu. Il lui a reposé une question... Mais, j'ai l'impression que
16 ma collègue Milosevic avait été quelque peu énervée, et j’ai arrêté cet
17 enregistrement.
18 J'ai un peu compris ma collègue car elle savait, tout comme je
19 le savais, que son frère se trouvait dans la ville de Sarajevo assiégée et
20 qu'il n'avait, de fait, rien à manger.
21 M. Moran (interprétation) - Pendant que vous étiez là, avez-vous
22 eu la possibilité de parler à quelqu'un appelé Branko Cecez ?
23 M. Demic (interprétation) - Oui, nous n'avons pas demandé à le
24 voir par son nom, mais nous avions voulu voir quelqu'un, étant donné qu'on
25 avait parlé du fait que les prisonniers avaient faim, et nous avions
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1 demandé à voir quelqu'un qui préparait la nourriture. Nous avons demandé à
2 voir quelqu'un et ce quelqu'un est apparu en chemise ; il a fait une
3 déclaration. Moi j'ai filmé. C'est ma collègue qui a collecté ces
4 informations. Je crois que ces déclarations-là ont également été
5 conservées.
6 M. Moran (interprétation). - Savez-vous s’il était prisonnier,
7 garde, membre du personnel ?
8 M. Demic (interprétation). - Non, c'était un prisonnier.
9 M. Moran (interprétation). - Que vous a-t-il dit de la
10 nourriture ?
11 M. Demic (interprétation). - Il a dit que la nourriture était en
12 général de qualité satisfaisante et que ce qui restait, ce qui n’était pas
13 consommé, était distribué à des gens qui avaient davantage d'appétit.
14 M. Moran (interprétation). - Y avait-il, en plus de vous-même et
15 de votre collègue, quelqu'un dans les parages, un garde, un membre du
16 personnel ?
17 M. Demic (interprétation). - Non, ils étaient de côté. Il y
18 avait des prisonniers qui s'étaient approchés et des gardiens. Nous avons
19 filmé l'infirmerie qui se trouvait dans le bâtiment en face de ce bâtiment
20 rouge ou bordeaux. Je crois que c'est le bâtiment qui porte la lettre C.
21 M. Moran (interprétation). - Vous avez filmé à l'infirmerie.
22 Parlez-nous en.
23 M. Demic (interprétation). - On m'a montré où se trouvait
24 l'infirmerie. Il faisait très chaud. J'ai ouvert la porte. Je ne suis pas
25 sûr, mais il y avait une dizaine de lits à l'intérieur et sur ces lits des
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1 patients. Au milieu de cette pièce, il y avait une table à roulettes, et
2 dessus des médicaments et des espèces de tuyaux. Je crois que c'était des
3 tuyaux de perfusion. Je leur ai dit bonjour et je leur ai dit que j'allais
4 filmer. Ils m'ont répondu bonjour. J'ai filmé au hasard. Je ne suis pas un
5 cameraman professionnel. J’ai fait une espèce de panorama (Schwenk en
6 terme technique) embrassant toute la pièce.
7 M. Moran (interprétation). - Excusez-moi, j'ai entendu dans la
8 traduction que vous n'étiez pas photographe professionnel, alors êtes-vous
9 reporter professionnel ?
10 M. Demic (interprétation). - Oui.
11 M. Moran (interprétation). - Etes-vous photographe
12 professionnel ?
13 M. Demic (interprétation). - Non. Avant la guerre, j’avais un
14 peu filmé avec une caméra VHS. Pendant la guerre, étant donné que notre
15 cameraman avait été emprisonné à Radici pendant deux mois, avec courage
16 j'ai accepté la tâche de cameraman et ma collègue s’est chargée de
17 reporter. Mais toute personne s’y connaissant un peu en matière de film,
18 pourra voir qu’il y a un aller-retour du zoom de ma caméra et un balayage
19 qu'un professionnel ne ferait pas.
20 M. Moran (interprétation). - Vous vous êtes senti obligé de
21 filmer parce que vous étiez plus fort que votre collègue pour tenir la
22 caméra ?
23 M. Demic (interprétation). - En gentleman.
24 M. Moran (interprétation). - Je vous remercie beaucoup.
25 Vous souvenez-vous des noms des médecins ?
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1 M. Demic (interprétation). - Je me souviens d'un médecin assez
2 gros et grand qui s'appelait Relja. L'autre, je ne me souviens pas de son
3 nom.
4 M. Moran (interprétation). - Votre collègue a-t-elle interviewé
5 ces personnes pendant que vous les filmiez ?
6 M. Demic (interprétation). - Oui.
7 M. Moran (interprétation). - Y avait-il des gardes dans les
8 environs, membres du personnel, des personnes comme Pavo, Hazim, où
9 n'étiez-vous que vous quatre pendant l'interview ?
10 M. Demic (interprétation). - Je pense que sur le matériel filmé
11 brut, enfin qu'on appelle brut, on peut voir qu'il n'y avait personne, si
12 ce n’est nous quatre. Un angle plus grand ou plus vaste doit bien exister
13 au niveau de ce qui a été filmé.
14 M. Moran (interprétation). - Vous rappelez-vous ce que ces deux
15 médecins vous ont raconté pendant l'entrevue ?
16 M. Demic (interprétation). - Je ne peux probablement pas me
17 rappeler, mais je peux vous dire ce qui a été caractéristique.
18 M. Moran (interprétation). - Faites de votre mieux, s'il vous
19 plaît ?
20 M. Demic (interprétation). - Je pense que le premier interviewé,
21 dont j'ignore le nom, a fait, à mon avis, une déclaration peu précise, car
22 à la question de ma collègue, qui a demandé qui sont les gens au niveau de
23 l'infirmerie, il a dit qu'en plus de ceux qui ont été blessés dans les
24 combats, dans les opérations, il y a eu ceux qui étaient dans la prison,
25 emprisonnés dans la salle de sport de Konjic. Et, il a dit qu'ils avaient
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1 été blessés par quelques grenades, alors qu'on sait bien quelles étaient
2 ces grenades, on sait très bien qui a pilonné Konjic de grenades.
3 M. Moran (interprétation). - Et, l'autre médecin vous a-t-il dit
4 quelque chose ?
5 M. Demic (interprétation). - Si je me souviens bien, on lui
6 avait posé une question concernant la collaboration avec l'hôpital de
7 Konjic et je crois que l'entretien a été assez détendu, car le médecin,
8 dont j'ignore le nom, avait insisté à la fin, suite aux questions qu'on
9 lui avait posées, pour dire encore quelque chose. On le lui a permis et il
10 a dit qu'ils avaient été emprisonnés, puis qu'on les avait relâché chez
11 eux et qu'ils venaient tous les jours à leur poste de travail. Je crois
12 que cela est limité dans le matériel. Vous savez bien qu'on fait des
13 découpes pour ce qui est par exemple de passage de cette émission, au
14 niveau du journal télévisé. On ne peut pas tout passer, on fait des
15 coupes.
16 M. Moran (interprétation). - Monsieur, avez-vous vu d'autres
17 personnes, avez-vous vu les médecins, Zara, M. Cecez ?
18 M. Demic (interprétation). - J'ai vu le frère, mais avant de
19 commencer à tourner, sur la pelouse, je me suis entretenu avec lui pendant
20 très peu de temps.
21 M. Moran (interprétation). - Pendant que vous lui parliez,
22 s'est-il plaint de sévices, de mauvais traitements et qu'on le laisse
23 mourir de fin ?
24 M. Demic (interprétation). - Non.
25 M. Moran (interprétation). - Vous avez dit qu'il faisait très
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1 chaud. Les personnes se plaignaient-elles qu'on ne leur donnait pas d'eau
2 à boire ou d'autres choses de ce genre ?
3 M. Demic (interprétation). - Absolument pas. J'ai vu qu'il y
4 avait beaucoup d'eau. Ce monsieur, là-bas, lavait sa voiture. On arrosait
5 même la pelouse, il y avait des tuyaux d'arrosage pour la pelouse.
6 M. le Président (interprétation). - Nous allons lever la séance
7 pour trente minutes et nous reprendrons à dix-sept heures.
8 (L'audience suspendue à 16 heures 30 est reprise à
9 17 heures 02).
10 M. Moran (interprétation) - Puis-je poursuivre ?
11 Mme le Greffier (interprétation) - Je vous rappelle que vous
12 êtes toujours sous serment.
13 M. Moran (interprétation) - Puis-je poursuivre.
14 M. le Président (interprétation) - Oui.
15 M. Moran (interprétation) - Merci. Monsieur, bonjour.
16 Combien de temps a duré la totalité de votre visite au camp de
17 Celebici ?
18 M. Demic (interprétation) - Une demi-heure, peut-être
19 quarante minutes, mais j'en doute.
20 M. Moran (interprétation) - Et au cours de cette visite, avez-
21 vous eu l'occasion de vous rendre dans l'un quelconque des entrepôts ou
22 des hangars parsemés sur ce périmètre du camp ?
23 M. Demic (interprétation) - Non, si ce n'est l'infirmerie.
24 M. Moran (interprétation) - Et n'y êtes-vous pas allé parce que
25 vous ne vouliez pas le faire ou parce que quelqu'un vous l'a interdit.
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1 M. Demic (interprétation) - Nous avions obtenu plus que nous
2 l'espérions. Nous avons trouvé une ambiance plus décontractée que l'on ne
3 saurait l'imaginer pour une prison, et nous avons obtenu pour
4 interlocuteurs ceux que nous avions demandés.
5 Je crois que nous avions satisfait au code du journalisme, nous
6 avons interrogé, selon mon avis et de l’avis de bien des autres, certains
7 chefs des insurgés serbes, quelqu'un chargé de la distribution des denrées
8 alimentaires. On a vu des médecins, et il manquait seulement le segment de
9 la partie sous le contrôle de qui se trouvait ce camp ou cette prison.
10 M. Moran (interprétation) - Bien, ce qui veut dire que personne
11 ne vous a interdit de vous rendre où que ce soit, vous pouviez déambuler
12 librement dans le camp.
13 M. Demic (interprétation) - Absolument pas. Nous étions debout
14 là-bas, nous nous sommes entretenus avec des prisonniers, avec des soldats
15 ou si vous préférez des gardiens, qui étaient vêtus mi en civil ou de
16 quelque chose qui ressemblait à des uniformes militaires, et nous avons vu
17 qu'ils plaisantaient entre eux. La plupart d'entre eux devaient se
18 connaître d'avant la guerre.
19 M. Moran (interprétation) - Et lorsque vous vous déplaciez dans
20 le camp, par exemple dans ce bâtiment, lorsque vous allez d'un bâtiment à
21 l'autre, vous avez un garde qui vous escorte. Etait-ce le cas dans le
22 camp ?
23 M. Demic (interprétation) - Oui, la garde ne nous accompagnait
24 pas, mais nous nous sommes déplacés vers cette première partie, là où les
25 prisonniers arrosaient le gazon et les arbres, et derrière l'infirmerie se
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1 trouve une pelouse où je me suis entretenu avec le frère de Jare et nous
2 étions seuls.
3 M. Moran (interprétation) - Pourriez-vous situer dans le temps,
4 approximativement, cette visite que vous avez faite dans le camp ?
5 M. Demic (interprétation) - Je dois vous dire que compte tenu de
6 tous les événements, et je dirai aussi que ce n'est pas mon fort que
7 d'avoir en mémoire toutes les dates, mais on pourra le déterminer en
8 fonction de l'enregistrement et du reportage qui a été émis sur les ondes,
9 car cela fait partie de certaines archives. Je sais qu'au bout de trois ou
10 quatre jours, dans cette même caserne, il y avait des soldats qui avaient
11 prêté serment. C'était des soldats, des ressortissants des forces armées
12 de Bosnie-Herzégovine, c'étaient trois ou quatre jours avant que nous
13 avions enregistré cette émission.
14 M. Moran (interprétation) - Si je vous disais que cette
15 cérémonie de prestation de serment s'est déroulée le 16 août, seriez-vous
16 d'accord avec moi pour dire que votre visite a dû se faire vers le dix ou
17 le onze, voire le douze août ?
18 M. Demic (interprétation) - C’est très possible. De toute
19 manière, je crois que c'est visible sur l'enregistrement. J'ai ces
20 enregistrements chez moi.
21 M. Moran (interprétation) - Après avoir quitté le camp... Je
22 remonte un peu dans le temps, avez-vous eu des contacts avec l'un
23 quelconque des représentants du comité international de la Croix-Rouge ?
24 M. Demic (interprétation) - Certes. Si vous pensez tout de suite
25 après cela, je dis non.
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1 M. Moran (interprétation) - Je veux dire à un moment quelconque
2 au cours de cette période là.
3 M. Demic (interprétation) - Oui.
4 M. Moran (interprétation) - Et que vous ont-ils demandé ?
5 M. Demic (interprétation) - Ils s'intéressaient aux prisons, aux
6 prisonniers, enfin à tout ce qui relève de la Croix-Rouge et, pour autant
7 que je le pouvais, je leur ai prêté main-forte. Ils m'ont dit qu'ils ont
8 séjourné dans cette même prison, lorsque je leur ai parlé de cette prison.
9 Je leur ai montré des réfugiés de la Bosnie orientale qui vivaient à ciel
10 ouvert, sur la montagne de Igman et sur ses flancs, puis sur la montagne
11 Jablanica. Ils les ont, certes, visité, ces choses-là sont enregistrées.
12 Les réfugiés en question ne pouvaient pas être logés à Pazaric et Tarcin,
13 étant donnée qu'on y avait installé les non-serbes qui avaient fui Racici.
14 M. Moran (interprétation). - Lorsque vous avez parlé avec ces
15 représentants du comité international de la Croix-Rouge, vous ont-ils fait
16 part de difficultés qu'ils auraient rencontrées à pénétrer dans un
17 quelconque des camps qu'ils ont pu voir ?
18 M. Demic (interprétation). - Non. Ils m'ont posé la question,
19 mais j'ai dit qu'ils avaient visité cette prison, je pense, avant nous.
20 M. Moran (interprétation). - En octobre 1996 , vous souvenez-
21 vous vous être entretenu avec un représentant du bureau du procureur qui
22 s'appelle Sabin Mank ?
23 M. Demic (interprétation). - Je ne savais pas qu'elle était
24 investigateur de l'accusation, je pensais qu'elle était investigateur du
25 Tribunal de La Haye. Elle peut le confirmer, je lui ai proposé notre
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1 coopération, en mettant à sa disposition tout le matériel enregistré, et
2 elle m'a donné sa carte de visite. De mon côté, je lui ai donné les
3 numéros de téléphone auxquels elle pouvait s'adresser. Je crois que sur
4 carte de visite, il avait été noté qu'il s'agissait d'un inspecteur de
5 police.
6 M. Moran (interprétation). - Dans la déclaration que vous avez
7 fournie à Mme Mank, vous lui avez dit que cette visite s'était effectuée
8 vers la fin du mois de juin. N'est-ce pas ?
9 M. Demic (interprétation). - Je ne suis pas sûr de l'avoir dit.
10 Je peux me tromper, mais pas pour une période de temps aussi importante.
11 M. Moran (interprétation). - Il se peut donc que vous vous soyez
12 trompé sur la date de votre visite au camp lors de cet entretien avec
13 Mme Mank ?
14 M. Demic (interprétation). - C’est possible mais sûrement pas
15 pour une période de temps aussi longue. Peut-être ai-je dit juillet. Mais
16 cela peut être déterminé, cela existe sur les enregistrements. Sur les
17 enregistrements les dates sont imprimées.
18 M. Moran (interprétation). - Ceci me convient tout à fait. Je
19 voulais simplement que tout le monde sache qu'il y avait une différence au
20 niveau des dates entre cette déclaration et ce que vous dites aujourd'hui.
21 Vous avez donc eu cet entretien avec Mme Mank, vous lui avez
22 fourni une déclaration préalable écrite. Avez-vous eu suffisamment de
23 temps pour réfléchir à ce que vous disiez, rassembler vos idées, ou est-ce
24 que c'était une espèce de chose impromptue et que vous n'avez pas eu le
25 temps de vérifier des notes par exemple ? Quelle est celle de ces deux
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1 options celle que vous retenez ?
2 M. Demic (interprétation). - Non, en aucun cas je n'ai eu temps.
3 Je crois que j'étais en déplacement en ma qualité de reporter. On m'a fait
4 passer le message et je suis allé dans deux gratte-ciel qui ont brûlé à
5 l'occasion de l'attaque lancée contre Sarajevo, et je crois que notre
6 entretien a eu lieu au huitième ou au dixième étage de l'un de ces deux
7 gratte-ciel. Nous avons discuté de façon détendue et elle pourra confirmer
8 que je n'ai à aucun moment eu le temps de me préparer. Nous avons même
9 plaisanté pendant notre causerie.
10 M. Moran (interprétation). - Vous êtes ici aujourd'hui dans ce
11 prétoire et vous essayez de vous remémorer, du mieux que vous pouvez cette
12 visite et vous pensez qu'elle s'est déroulée entre le 10 et le 12 août,
13 mais pas en juin ou en juillet. Est-ce exact ?
14 M. Demic (interprétation). - En juin, c'est impossible.
15 M. Moran (interprétation). - Je comprends. Je vous remercie. Je
16 n'ai plus de question à poser à ce témoin. Monsieur le Président.
17 M. le Président (interprétation). - Je vous remercie. Y a- t -
18 il un conseil de la défense des coaccusés qui veut mener un contre-
19 interrogatoire ?
20 Mme Residovic (interprétation). - Bonjour, Monsieur Demic.
21 M. Demic (interprétation). - Bonjour.
22 Mme Residovic (interprétation). - Je m'appelle Edina Résidovic,
23 je suis défenseur de M. Delalic et nous nous connaissons, monsieur, depuis
24 avant.
25 M. Demic (interprétation). - En effet, à mes débuts de
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1 journaliste, j'avais entendu parler de vous dans les médias. Vous n'avez
2 certes pas entendu parler de moi, mais je crois que c'est à mon avantage
3 maintenant. Je vous remercie.
4 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur, à l'occasion de cet
5 interrogatoire, vous avez dit que vous aviez entendu à radio Srna que les
6 Serbes emprisonnés au camp de Celebici étaient mal nourris. Je vous
7 demande s'il est exact, monsieur, que d'autre part vous aviez entendu dire
8 de la part de nos combattants que les conditions d'emprisonnement étaient
9 meilleures que celles de nos propres combattants.
10 M. Demic (interprétation). - A plusieurs reprises.
11 Mme Residovic (interprétation). - Avant d'enchaîner, Monsieur
12 Demic, je voudrais vous demander s'il est exact que votre pseudonyme est
13 Zvonko Maric ?
14 M. Demic (interprétation). - Oui, et ce n'est pas le seul.
15 Mme Residovic (interprétation). – Mais, ce pseudonyme,
16 Zvonko Maric, l'avez-vous utilisé le plus souvent en qualité de reporter
17 de guerre à partir des territoires libérés de la Bosnie-Herzégovine ?
18 M. Demic (interprétation). - Et je l'utilise toujours.
19 Mme Residovic (interprétation). - C'est la raison pour laquelle,
20 et je pense que vous ne vous fâcherez pas si je vous dis Monsieur Maric ?
21 M. Demic (interprétation). - Je vis avec ce pseudonyme et cela
22 ne me gène pas.
23 Mme Residovic (interprétation). - Bien. Etant donné que vous
24 aviez dit que vous en aviez eu connaissance de la part de Radio-Srna et de
25 la part de nos combattants, il est normal que chez vous, en qualité de
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1 reporter, cela ait occasionné une espèce de curiosité pour vérifier ces
2 faits de votre propre chef. Est-ce exact ?
3 M. Demic (interprétation). - Oui.
4 Mme Residovic (interprétation). - Est-il également exact que
5 vous ayez eu l'opportunité de voir que Radio-Srna, la radio serbe, et la
6 télévision serbe diffusaient des mensonges déterminés concernant la
7 situation dans la région où vous séjourniez ?
8 M. Demic (interprétation). - A bien des reprises, par exemple
9 lorsque Bradina a été libérée, Radio-Srna a diffusé une information selon
10 laquelle 5 000 Serbes étaient emprisonnés dans un tunnel où je passais
11 pratiquement tous les jours. Je savais qu'il n'y avait aucun Serbe dans
12 celui-ci. Et plus drastique encore à mon avis, concernant dix jeunes
13 soldats de la JNA, qui avaient été emprisonnés à la caserne
14 de Pazaric, Srna a diffusé, comme Radio-Belgrade, qu'ils avaient été
15 pendus Tarcin sur une place de Tarcin. Or, premièrement, Tarcin est un
16 village où il n’y a pas de place. Deuxièmement, ces jeunes soldats ont
17 passé un certain temps à dormir avec les soldats des forces armées dans la
18 même pièce et ils ont été libérés par la suite, et sont partis sains et
19 saufs chez eux.
20 Mme Residovic (interprétation). - Vous avez confirmé que nous
21 nous connaissions déjà. Est-il exact qu'en juin 1996 vous avez, dans votre
22 entretien avec l’enquêteur, Mme Vesna Kreso, donné une information
23 analogue, à l'occasion de cette enquête ?
24 M. Demic (interprétation). - Oui, c'est exact.
25 Mme Residovic (interprétation). - Est-il exact également exact
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1 que suite à cela vous m'ayez remis en ma qualité de défenseur de
2 M. Delalic le matériel original de votre reportage de la caserne du camp
3 de Celebici ?
4 M. Demic (interprétation). - Oui, comme je l'aurais fait à tout
5 autre officiel.
6 Mme Residovic (interprétation). - Avant la guerre, Monsieur
7 Demic, vous ne connaissiez pas M. Delalic, n’est-ce pas ?
8 M. Demic (interprétation). - Non, je ne le connaissais pas.
9 Mme Residovic (interprétation). - Tout à fait par hasard, vous
10 avez eu l'occasion de le rencontrer à Konjic lorsqu'il s'est arrêté pour
11 saluer des connaissances communes, à lui et à vous ?
12 M. Demic (interprétation). - C'était devant la maison de la
13 culture où se trouvait un commandement quelconque et des services
14 quelconques.
15 Mme Residovic (interprétation). - Vous pouvez confirmer
16 également que cela se situait vers le mois de juin lorsque des
17 connaissances à vous, qui avaient salué M. Delalic, vous avaient donc
18 appris que M. Delalic était chargé de certaines taches logistiques ?
19 M. Demic (interprétation). - Oui.
20 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Demic, au cours de
21 l’interrogatoire principal, pour en revenir à votre reportage de Celebici,
22 vous avez dit que la personne qui s'est présentée comme Pavo vous a permis
23 de filmer ce que vous aviez demandé. Est-ce vrai ?
24 M. Demic (interprétation). - Sans aucun problème.
25 Mme Residovic (interprétation). - Etant donné que vous étiez
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1 avec une collègue, Jadranka Milosevic, est-il que votre collègue, tout
2 comme vous, avait un intérêt quelconque à vérifier certaines informations
3 par le biais de ce séjour, à savoir : est-ce qu’on affamait les gens, quel
4 était le traitement pour les prisonniers les plus gravement inculpés, ceux
5 à qui l'on pouvait faire le plus de reproches, et les malades ? Seriez-
6 vous d’accord avec moi si je dis que c'était l'objectif de votre arrivée
7 au camp de Celebici ?
8 M. Niemann (interprétation). - Je vais demander à Madame
9 Residovic de ne pas poser de questions tendancieuses. Je sais que c'est un
10 contre-interrogatoire. Mais, au départ, elle avait prévu ce témoin dans sa
11 liste de témoins et si maintenant elle veut obtenir des éléments de
12 preuve, parce qu’une occasion se présente pour se faire, j’élève une
13 objection. Je ne fais pas d’objection à ce qu’elle obtienne des
14 renseignements, mais j'objecte à la question tendancieuse car il n'y a pas
15 de raison de poser de telles questions.
16 M. le Président (interprétation). - Posez votre question, le
17 témoin répondra.
18 Mme Residovic (interprétation). - Madame et messieurs les Juges,
19 si je me trompe dans mes questions je vous remercie de m'en avertir. Je me
20 propose de lui poser des questions de la façon qui convient au Tribunal.
21 La défense de M. Delalic a tout intérêt à entendre un maximum
22 d’informations, du genre des questions que nous avons posées aux autres
23 témoins.
24 M. Demic (interprétation). - Je me sens un peu mal à l’aise. Je
25 n’ai jamais été conduit dans tout ce que j’ai fait dans ma vie. C’est un
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1 peu une remarque offensante.
2 M. le Président (interprétation). - Vous n’avez sans doute pas
3 compris ce que l’on entendait par question tendancieuse, car ce n'est pas
4 une langue que vous utilisait, ce n'est même pas votre profession que
5 celle du droit. L'intervention de Me Niemann portait sur la façon qu’a le
6 conseil de poser les questions. Ecoutez avec soin ce que vous dit le
7 conseil de la défense et répondez aux questions qui vous sont posées.
8 M. Demic (interprétation). - Merci.
9 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur, avez-vous souhaité
10 déterminer la façon dont étaient nourris les prisonniers ?
11 M. Demic (interprétation). - Je pense que c'est une chose que
12 tout journaliste serait bien sûr tenté d'aller voir.
13 Mme Residovic (interprétation). - Dans votre interrogatoire,
14 vous avez dit que sans problème et sans avoir été annoncé vous êtes venu
15 au camp. Au moment où vous entriez dans la caserne, au moment où vous
16 conveniez de ce qu’il fallait filmer, au moment où vous filmiez, et après
17 que vous ayez quitté cette caserne, est-ce que, à un moment quelconque de
18 votre séjour à la caserne, vous avez rencontré M. Delalic ?
19 M. Demic (interprétation). - Non.
20 Mme Residovic (interprétation). - Est-ce qu’après votre décision
21 fortuite de faire une halte à la caserne de Celebici vous avez eu
22 l'occasion de vous entretenir, à quelque moment que ce soit, avec
23 M. Delalic pour e qui est de votre intention d'aller voir cette caserne de
24 Celebici ? Est-il exact que vous n’avait jamais discuté de cela avec
25 M. Delalic ?
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1 M. Demic (interprétation). - Je n'ai jamais discuté directement
2 avec qui que ce soit. J'ai mentionné la possibilité d’y faire un saut pour
3 faire un reportage. Mais, comme je l’ai déjà dit, nous avions été assurés
4 qu’il n'y avait pas de problèmes majeurs et j'en ai parlé dans un milieu
5 assez élargi. Il se peut que M. Delalic en est eu vent. Je n'exclue pas
6 d'avoir mentionné, à ce moment-là, cette possibilité.
7 Mme Residovic (interprétation). – Monsieur Demic, est-ce que,
8 avant l'interview avec les médecins, vous avez passé un moment dans l'une
9 des pièces du bâtiment administratif ?
10 M. Demic (interprétation). - Non.
11 Mme Residovic (interprétation). - Est-ce que, avant d'entamer
12 vos entretiens avec les médecins et d'autres personnes, vous avez convenu
13 des questions à poser ?
14 M. Demic (interprétation). - Jamais.
15 Mme Residovic (interprétation). - Est-ce que, après l'interview
16 enregistrée, vous êtes parti aux bâtiments administratifs et vous êtes
17 vous installé là-bas avec quelqu'un, notamment avec les médecins avec qui
18 vous vous êtes entretenu ?
19 M. Demic (interprétation). - Non, absolument pas. Il faisait
20 tellement chaud qu'il était bien plus agréable d'être à l'extérieur que
21 dans une espèce de baraque en éléments préfabriqués où les portes étaient
22 de toute manière largement ouvertes.
23 Mme Residovic (interprétation). – Monsieur Demic, vous êtes donc
24 tout à fait sûr, et c'est en toute certitude que vous pouvez nous
25 l’affirmer, que pendant tout votre séjour dans l'enceinte de la caserne de
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1 Celebici vous n'avez ni rencontré ni vu M. Delalic ?
2 M. Demic (interprétation). - Absolument.
3 Mme Residovic (interprétation). - Est-il exact que, une fois
4 terminée votre mission, la mission que vous vous étiez assignée à la
5 caserne de Celebici, vous vous êtes dirigé vers Konjic ?
6 M. Demic (interprétation). - Oui et nous étions satisfaits.
7 Mme Residovic (interprétation). - Avant de passer à d'autres
8 questions concernant votre poursuite du voyage vers Konjic, je voudrais
9 demander, Monsieur le Président, étant donné que le témoin m’a donné un
10 enregistrement complet de cette interview à Celebici, et que ce même
11 enregistrement a été transmis à l'accusation, que nous entendions cet
12 enregistrement pour nous assurer que c'est bien ce qui a été enregistré au
13 camp de Celebici. Je vous prie donc de nous faire entendre l'annexe de la
14 pièce numéro 1. La traduction des textes a été remise aux interprètes.
15 Pouvons-nous voir cette annexe 1 ?
16 M. le Président (interprétation). - Est-ce le même film que
17 celui dont dispose le témoin chez lui ? Il nous a dit qu'il avait gardé sa
18 copie personnelle chez lui. S'agit-il bien du même film ?
19 Mme Residovic (interprétation). - Oui, c'est bien cet
20 enregistrement dont j'ai reçu une copie et c'est la copie que j'ai remise
21 à l'accusation il y a un an et demi. Le témoin a confirmé que cet
22 enregistrement m'a été confié par ses soins. Je voudrais donc que nous le
23 visionnions. C'est un original que le témoin a filmé dans l'enceinte du
24 camp de Celebici. Je voudrais que l'on voit l'annexe ou pièce n° 1.
25 (Projection du film).
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1 "La journaliste - Nous sommes ici à l'entrée de cette clinique
2 de fortune se trouvant dans la prison de Celebici. Vous voyez ici des
3 médecins serbes, M. Petko Kovac, un neuropsychiatre, ainsi que
4 Relja Mrkajic,un oto-rhino-laringologiste. Que faites-vous ici ?
5 M. Kovac. - Eh bien, il se fait que nous étions à Bradina au
6 moment des activités de guerre. Mon collègue et moi, nous y trouvions.
7 Lui, il a une maison là. Et moi, je me trouvais dans la seconde résidence
8 de mon beau-père.
9 La journaliste - Vous vous trouvez ici, à cette clinique, et
10 vous traitez les prisonniers. Dans quel état sont-ils ?
11 M. Kovac. - Vous avez vu dans quel état ils étaient, maintenant
12 ils sont en assez bonne forme. Nous les pansons, nous leur fournissons des
13 médicaments si c'est nécessaire, et c’est de cette façon-ci que nous
14 prenons soin de leur santé.
15 La journaliste - Vous dites que vous les pansez, mais quand ces
16 blessures ont-elles été occasionnées ?
17 M. Kovac. - Ce sont des blessures concernant des personnes qui
18 sont blessées. Il y a aussi blessures qui ont été faites plus tard alors
19 qu'ils se trouvaient à la prison de Konjic, des blessures provoquées par
20 une espèce de grenade.
21 La journaliste - Vous êtes ici, dans cet hôpital où vous
22 travaillez avec votre collègue. Comment les prisonniers se sentent-ils
23 aujourd'hui ? Quelles sont les types de blessures qu’ils ont subies ?
24 M. Mrkajic. - Les patients se trouvant ici sont en assez bonne
25 santé. En d’autres termes, leur condition est satisfaisante. Les blessés
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1 l’ont été à la salle des sports ou encore au combat ou encore lors du
2 pilonnage de Konjic, où trois d'entre eux furent blessés à cette occasion.
3 L'un d'entre eux se porte bien, alors que les deux autres ne sont pas
4 encore dans une aussi bonne condition, mais leurs blessures ce sont
5 fortement améliorées, si l'on compare l'état dans lequel elles se
6 trouvaient au moment ou ils nous ont été amenés. Je crois qu'ils seront
7 remis dans une semaine ou deux.
8 La journaliste - Vous êtes médecin ici. Comment se fait-il que
9 vous travaillez ici ? Est-ce que ce sont les prisonniers qui ont demandé
10 votre présence ou avez-vous pris vous-même cette décision ?
11 Dr Mrkajic. - Je ne sais pas si ce sont les prisonniers qui ont
12 demandé ma présence. Toutefois puisque les prisonniers étaient ici ou plus
13 exactement étant donné que des blessés ont été amenés, il m'a été dit que
14 je devais mettre sur pied une forme d'hôpital où mes collègues et moi nous
15 pourrions travailler.
16 La journaliste - Et vous vivez ici, à Konjic, à Celebici ?
17 Dr Mrkajic. - Je vis à Ostrozac. Une voiture vient me cherchez
18 chez moi afin que j'effectue le trajet et je fais un contrôle médical de
19 tous les prisonniers. Je panse les blessés et puis je rentre chez moi.
20 La journaliste. - Quel est l'état de coopération avec l’hôpital
21 de Konjic ?
22 Dr Mrkajic. - Avant, nous nous écrivions et nous nous tenions
23 toujours au courant des besoins quotidiens. Cependant, aujourd'hui, nous
24 établissons les besoins portant sur plusieurs jours, en matière de
25 médicaments et de pansements. Nous recevons suffisamment de pansements, on
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1 peut dire que nous coopérons fort bien avec l'Hôpital de Konjic.
2 La journaliste - Merci.
3 M. Grubat - Précisons que nous étions aussi des prisonniers,
4 nous avons été libérés, il y a à peine trois semaines de cela. Au départ,
5 nos étions des prisonniers, comme tout le monde, et nous officiions en
6 tant que médecin dans cette clinique ; nous avons été libérés, il y a
7 trois semaines, maintenant nous venons travailler librement en tant que
8 médecin.
9 M. Merkajic - Je m'appelle Jarko Merkajic de Bradina. J'avais un
10 restaurant à Bradina ; ici, je suis prisonnier de guerre, je fus arrêté
11 deux jours après la bataille de Bradina.
12 La journaliste - Et quel est le traitement qui vous est réservé
13 ici ?
14 M. Merkajic - Nous sommes bien traités, la nourriture est bonne,
15 nous avons trois repas par jour, il y a suffisamment de nourriture.
16 La journaliste - Etes-vous satisfait des conditions de logement.
17 M. Merkajic - C'est bon, c'est satisfaisant.
18 La journaliste - Je vois que vous avez des médecins à votre
19 disposition, ici.
20 M. Merkajic - Oui, les médecins viennent tous les jours et un
21 jour sur deux, nous recevons des colis de chez nous contenant de la
22 nourriture, des fruits, des légumes et des choses de ce genre.
23 La journaliste - Donc, vous êtes mieux nourris que les soldats
24 se trouvant au front.
25 M. Merkajic - Qu’entendez-vous par là.
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1 La journaliste - Et bien, vous recevez de la nourriture
2 trois fois par jour et de la nourriture venant de chez vous ?
3 M. Merkajic - Tout à fait, je ne sais pas ce que reçoivent les
4 soldats au front.
5 La journaliste - La même chose que ce que vous recevez.
6 M. Cecez - Je m’appelle Ratko Cecez de Donje Selo, je suis né le
7 vingt six mai à Donje Selo, et puis j'ai été amené à Celebici en tant que
8 prisonnier de guerre. Je suis ici au camp, c'est bien comme mon collègue
9 l'a dit, nous avons trois repas par jour, c’est moi qui distribue la
10 nourriture, elle est excellente, d'ailleurs, et il y a de la nourriture
11 supplémentaire que nous donnons aux personnes plus âgées qui ont besoin de
12 davantage de nourriture ; il y a suffisamment de pain et les supérieurs
13 chargés de faire régner l'ordre sont très gentils. Et nous sommes très
14 satisfait de ces supérieurs."
15 Mme le Greffier (interprétation). - Il s'agira de la pièce de
16 la défense D 129/1.
17 M. O'Sullivan (interprétation) - Il y a une autre question pour
18 le compte rendu. Pour ce qui est des notes en temps réel, commençant à la
19 page quinze, tout le texte a été interprété, mais pour une raison que je
20 connais pas, tout ceci n'a pas été repris dans le compte rendu.
21 Puis-je demander que les sténotypistes écoutent bien la
22 cassette, après l'audience, afin que nous soyons sûrs que tout soit
23 consigné au procès-verbal.
24 M. le Président (interprétation) - Maître Residovic, avez-vous
25 d'autres questions à poser au témoin ?
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1 Mme Residovic (interprétation) - Oui, Monsieur le Président.
2 Monsieur Demic, est-ce que ceci est l'enregistrement total du
3 reportage que vous avez effectué dans la caserne de Celebici, et à
4 l'occasion duquel votre collègue Jadranka Milocevic a été chargée de la
5 conduite de l'interview, et vous avez été le cameraman de ces entretiens ?
6 Reconnaissez-vous ceci comme votre enregistrement.
7 M. Demic (interprétation) - Oui, c'est le matériel que j'ai
8 filmé, c'est bien ma collègue qui a conduit l'entretien et il s'agit là de
9 la matière brute qui nous a servi à la fabrication de notre petite
10 émission. On a pu voir l'ambiance où nous avons enregistré la chose, vous
11 avez eu des détails, vous avez vu le souhait du médecin qui avait voulu
12 rajouter quelque chose.
13 Jadranka ne savait même pas où il vivait, elle a dit "vous êtes
14 de Celibici" et il a répondu qu'il venait de Ostrozac, donc on ne savait
15 même pas d’où il était, mais il venait travailler.
16 Mme Residovic (interprétation) - Etant donné que le témoin a
17 reconnu le film comme étant celui qu'il a tourné lui même et, compte tenu
18 de son importance, je voudrais que le Tribunal admette le versement de
19 cette pièce comme élément de preuve. Je vous remercie.
20 M. le Président (interprétation) - La pièce est admise.
21 Mme Residovic (interprétation) - Vous avez dit que de Celebici,
22 vous vous étiez dirigé vers Konjic, c'est-à-dire...
23 Je retire cette question.
24 En 1992, vous avez toujours séjourné à Pasaric et Tarcin.
25 M. Demic (interprétation) - Et Igman.
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1 Mme Residovic (interprétation) - Par conséquent, quand vous êtes
2 partis de la caserne de Celebici vers Pasaric, vous deviez bien passer par
3 Konjic ? Est-ce bien vrai ?
4 M. Demic (interprétation) - Oui.
5 Mme Residovic (interprétation) - Vous n'ignorez pas qu’à
6 l’entrée même de Konjic se trouve la maison familiale de Delalic.
7 M. Demic (interprétation). - Davantage parce qu'il y avait là
8 une discothèque plutôt que par le fait que ce soit M. Delalic qui y
9 habite.
10 Mme Residovic (interprétation). - Il y avait là une discothèque
11 avant la guerre ?
12 M. Demic (interprétation). - Oui.
13 Mme Residovic (interprétation). - Est-il exact, Monsieur Demic,
14 qu'en passant à côté de la maison de M Delalic, fortuitement, vous ayez
15 rencontré M. Delalic ?
16 M. Demic (interprétation). - Oui, une vingtaine de mètres avant
17 la station d'essence qui se trouve à droite lorsqu'on vient de cette
18 direction.
19 Mme Residovic (interprétation). - Est-il exact, à l'époque, que
20 M. Delalic, en plus du fait de vous avoir salué, vous a fait signe de vous
21 arrêter. ?
22 M. Demic (interprétation). - Oui.
23 Mme Residovic (interprétation). - Est-il exact que,
24 Monsieur Demic, que M. Delalic vous a informé à l'époque que l'on
25 préparait...
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1 M. Jan (interprétation). - Et bien, nous n'avons pas reçu la
2 réponse du témoin à votre dernière question.
3 Mme Residovic (interprétation). - Est-il exact que M. Delalic
4 vous ait fait signe de vous arrêter ? Qu'avez-vous répondu ?
5 M. Demic (interprétation). - J'ai répondu que oui. Et j'ai dit
6 que c'était à une vingtaine de mètres, avant la station d'essence qui se
7 trouve du côté droit quand on vient Bjelasnica.
8 Mme Residovic (interprétation). - Est-il également exact qu'à
9 l'époque M. Delalic vous avait informé qu'il allait y avoir une petite
10 cérémonie de remise du drapeau, avec le représentant du HOS , et qu'il
11 vous avez demandé de filmer cette cérémonie ?
12 M. Demic (interprétation). - Oui, c'est exact. Il s'agissait de
13 la soumission des forces du HOS aux forces armées de la BosNie-
14 Herzégovine.
15 Mme Residovic (interprétation). - Est-ce que vous vous êtes
16 arrêté, Monsieur Demic, et êtes-vous entré dans la cour de la maison de
17 M. Delalic?
18 M. Demic (interprétation). - Oui, c'est exact.
19 Mme Residovic (interprétation). - Est-ce que dans cette cour de
20 la maison de M. Delalic, il y a un sol pleureur qui est très
21 reconnaissable.
22 M. Demic (interprétation). - Derrière la maison.
23 Mme Residovic (interprétation). - Avant d'enchaîner, je vais
24 vous demander d'attendre la traduction de ma question, afin de ne pas
25 avoir un mélange des questions et des réponses. Je vous remercie. Vous
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1 venez de dire que ce sol pleureur se trouvait derrière la maison. Est-ce
2 que, à l'époque, vous avez dit à M. Delalic que vous veniez justement
3 d'une visite effectuée à la prison de Celebici ?
4 M. Demic (interprétation). - Oui, après les salutations et
5 quelques paroles échangées entre nous, nous lui avons dit que nous avions
6 filmé une histoire sur la visite de Celebici.
7 Mme Residovic (interprétation). - Merci. Est-ce qu’il vous est
8 alors venu à l'idée de demander à M. Delalic de dire quelques mots
9 concernant ce premier reportage qui avait déjà été effectué.
10 M. Demic (interprétation). - Je lui ai expliqué de quoi il
11 s'agissait et je lui ai demandé de le faire. Toutefois, il a refusé de le
12 faire parce qu'il a jugé plus important de faire ce qu'il avait proposé.
13 Mme Residovic (interprétation). - Est-il exact que M. Delalic
14 vous ait dit "qu'ai je à voir avec ceci, pourquoi me demandez-vous
15 cela ?". Etait-ce bien les paroles de M. Delalic au moment où vous lui
16 avez proposé de faire une déclaration ?
17 M. Demic (interprétation). - C'est dans ce sens là que se
18 situait l'intonation de sa déclaration. Et par la suite, nous avons cédé.
19 Nous avions bien sûr accepté d'enregistrer ce qui était important pour
20 lui, mais il nous manquait ce segment de sa déclaration, pour compléter
21 notre visite de Celebici. Car, si nous étions passés à côté de la maison
22 de M. Zvonko Zovko, nous aurions posé la question à tout homme, qui
23 revêtait de l'importance dans cette région. Mais, il n'y avait pas la
24 voiture de M. Zvonko Sovko, c'était à trois ou quatre kilomètres de là. Et
25 nous avons poursuivi notre route pour trouver quelqu'un d'influent dans la
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1 région, afin de récupérer une déclaration sur le sujet qui nous
2 intéressait.
3 Mme Residovic (interprétation). - Si je vous ai bien compris,
4 Monsieur Demic, le fait d'avoir demandé une déclaration à M. Delalic,
5 c'était uniquement parce que vous l'aviez rencontré fortuitement en
6 revenant de Celebici ?
7 M. Demic (interprétation). - Oui, nous étions assez pressés.
8 Nous étions coincés par le temps, il fallait remettre l'enregistrement
9 pour émission à partir de l'émetteur de Bjelasnica. Il y avait une heure
10 et demi ou deux en voiture, et encore une heure et quelque de marche à
11 pied, vers la montagne, pour remettre l'enregistrement. Donc il nous
12 fallait ces quelques phrases.
13 Mme Residovic (interprétation). - Vous souvenez-vous,
14 Monsieur Demic, à quel emplacement M. Delalic était debout, au moment où
15 vous avez eu sa déclaration, concernant la prison de Celebici ?
16 M. Demic (interprétation). - Oui, c'était sous ce sol pleureur
17 où nous étions.
18 Mme Residovic (interprétation). - Etant donné que vous étiez à
19 Celebici, y a-t-il là-bas des saules pleureurs verts ?
20 M. Demic (interprétation). - Vous pouvez voir sur cette maquette
21 qu'il n'y a pas de sol pleureur dans le camp.
22 M. Jan (interprétation). - Sur le chemin du retour de Celebici
23 vers Konjic, vous devez avoir rencontré de nombreuses personnes. Pourquoi
24 demander uniquement à M. Delalic de fournir une déclaration ?
25 M. Demic (interprétation). - Je n'ai pas compris la question.
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1 Nous étions en voiture.
2 M. Jan (interprétation). - Mais vous devez avoir vu nombre de
3 personnes sur ce chemin de retour de Celebici ?
4 M. Demic (interprétation). - Nous allions en voiture, nous ne
5 pouvions pas rencontrer des personnes en voiture.
6 M. Jan (interprétation). - Je comprends, mais pourquoi avoir
7 uniquement demandé à M. Delalic de fournir une déclaration ?
8 M. Demic (interprétation). - Je suis arrivé jusqu'au portail de
9 chez lui, il m'a fait un signe de la main et nous avions pensé...
10 M. Jan (interprétation). - Je crois que vous ne comprenez pas.
11 la question. Pourquoi demander précisément à M. Delalic de faire une
12 déclaration, pensiez-vous qu'il avait un rapport quelconque avec
13 Celebici ?
14 M. Demic (interprétation). - Je savais qu'il n'avait rien à voir
15 avec Celebici, mais je savais également qu'il était la personne chargée de
16 la logistique. Il était probablement chargé de l'approvisionnement en
17 nourriture ; il le faisait probablement. Selon les ouï-dire, les gens
18 étaient là-bas affamés. Nous savions aussi, de la part du commandant
19 Ramic, que la nourriture pour les prisonniers et pour les soldats était
20 faite dans la même marmite.
21 M. Jan (interprétation). – M. Delalic n'avait rien à voir avec
22 la distribution de nourriture.
23 M. Demic. – Non, absolument pas ; il ne l’aurait jamais fait.
24 M. McMurrey. - Excusez-moi, Monsieur le Président. Pour vous
25 aider, vous savez que je connais très bien la région de Konjic. Je me suis
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1 dit que vous deviez savoir que si vous veniez en voiture, de Celebici vers
2 Konjic, la première maison que vous rencontrez c'est celle de Zejnil
3 Delalic qui se trouve sur la gauche. Je ne sais pas si ceci peut vous
4 aider, mais effectivement sur le plan topographique c'est la première
5 maison que l'on rencontre.
6 M. Demic (interprétation). - J’ai essayé de l'expliquer, mais
7 monsieur le Juge ne m'en a pas laissé le temps. La distance de Celebici à
8 cette maison est vraiment très petite. Il s'agit de quelques kilomètres à
9 peine.
10 Mme Residovic (interprétation). - Pouvez-vous dire si, lorsque
11 vous accédez à la ville de Konjic, la maison de M. Delalic est bien la
12 première maison que l'on rencontre en allant vers la ville de Konjic ?
13 M. Demic (interprétation). - Oui.
14 Mme Residovic (interprétation). - Et pour bien confirmer les
15 choses, tout à fait fortuitement, avez-vous remarqué M. Delalic au seuil
16 de sa maison lorsqu'il vous a fait signe de la main et en vous demandant
17 de vous arrêter, ainsi que le signe de la main de son chauffeur ?
18 M. Demic (interprétation). - Oui.
19 Mme Residovic (interprétation). - Connaissez-vous le nom de son
20 chauffeur ?
21 M. Demic (interprétation). - Je pense que c’est Irfan.
22 Mme Residovic (interprétation). - Je vous remercie. Monsieur
23 Demic, pouvez-vous me dire si suite à cet événement, dans la première
24 quinzaine d’août, vous avez visité la caserne de Celebici ?
25 M. Demic (interprétation). - Peut-être trois, quatre ou cinq
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1 jours après cette visite, les soldats ont prêté serment dans cette même
2 caserne. Nous sommes allés chercher du carburant à Bjelasnica. Nous avons
3 appris qu'un événement allait avoir lieu là-bas. Nous y sommes passés mais
4 une équipe était déjà là-bas en train de filmer les soldats qui prêtaient
5 serment. Nous avons pris un verre et nous sommes restés très peu de temps.
6 Nous avons vu plusieurs personnes s'adressaient à ces soldats. Cela a été
7 assez solennel, à mon avis.
8 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Demic, quand vous
9 dites "nous", de qui parlez-vous ?
10 M. Demic (interprétation). - Je pense à moi et à ma collègue,
11 Jadranka Milosevic.
12 Mme Residovic (interprétation). - Monsieur Demic, est-il exact
13 que vous et la journaliste, Jadranka Milosevic, en cette période, vous
14 avez travaillé ensemble et enregistré un certain nombre de reportages des
15 régions affectés par la guerre, tout comme les régions libérées de
16 Hadzici, Igman, Konjic, Trnovo jusqu'à Prozor, jusque là où cela a été
17 possible. Nous étions très mobiles.
18 Mme Residovic (interprétation). - Etant donné que vous avez
19 assisté à cette cérémonie de prestation de serment, saviez-vous que
20 M. Delalic, sa qualité de commandant du groupe tactique, était présent à
21 cette cérémonie ?
22 M. Demic (interprétation). - Je ne suis pas sûr de ses
23 fonctions, mais je sais quand plus de certaines personnes il était là-bas
24 pour saluer les soldats.
25 Mme Residovic (interprétation). - Est-il exact, Monsieur Demic,
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1 qu'après ce temps-là, pour ainsi dire dans des conditions de guerre, vous
2 avez assez souvent rencontré M. Delalic vers Pazaric, Ormanje, Igman,
3 c'est-à-dire sur les lignes de déblocage de Sarajevo ?
4 M. Demic (interprétation). - Très souvent, notamment à Ormanje.
5 Mme Residovic (interprétation). - Est-ce qu’à l'époque vous avez
6 enregistré, et où, une interview avec M. Delalic en sa qualité de
7 commandant du groupe tactique numéro 1 ?
8 M. Demic (interprétation). - Je pense que cela devait avoir eu
9 lieu à Ormaje, à l'occasion de certains préparatifs pour des actions et il
10 me semble qu'il y a eu pas mal d'activité militaire dans ce secteur. Je
11 crois que c'était à Ormanje.
12 Mme Residovic (interprétation) - Savez-vous, Monsieur Demic, si
13 les lignes de combat du groupe tactique numéro un, dont M. Delalic était
14 commandant, s'appuyaient directement sur les lignes détenues par le HVO ?
15 M. Demic (interprétation) - C'était une espèce de triangle, de
16 frontière tripartites. Les Serbes se trouvaient à Ostrik, c'est une espèce
17 de proéminence qui avait été tenue par le HVO jusque là. Je ne sais pas ce
18 qui avait été convenu, mais le HVO avait laissé aux Serbes insurgés cette
19 colline et ils ont formé une ligne de résistance vers Lepenica, et les
20 forces armées de la Bosnie-Herzégovine ont conservé Tik, c'est-à-dire la
21 ligne de Koscan sous la côte de Kostavik.
22 Mme Residovic (interprétation) - Est-ce qu’au cours de cette
23 interview avec M. Delalic, filmée à Ormanje, M Delalic vous a indiqué
24 certains problèmes avec le HVO ?
25 M. Demic (interprétation) - Oui, cela avait notamment trait au
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1 HVO de Kiseljak et de Kresevo qui se trouvait être véritablement
2 spécifique pendant toute la guerre. Il y avait un point de contact aussi à
3 Kobiljaca entre le HVO et les Serbes insurgés.
4 Mme Residovic (interprétation) - Je m'excuse auprès du témoin et
5 je crois, Madame et Messieurs les Juges que nous avons des problèmes avec
6 les noms : On a noté Ostrozak, c’est au sud de Konjic et le témoin a parlé
7 de la colline d'Ostrik qui se trouve entre Pazaric et Kiseljak.
8 J'attire là votre attention au niveau du procès-verbal, afin que
9 la correction soit faite. Etant donné que j'aurais une bonne quantité de
10 questions à poser à ce témoin, je ne sais pas s'il est l'heure
11 d'interrompre et de poursuivre demain, ou si vous en décidez autrement.
12 M. le Président (interprétation) - Puisque vous avez encore
13 beaucoup de questions à poser. Nous allons suspendre l'audience et nous
14 reprendrons demain à dix heures.
15 M. Niemann (interprétation) - Avant que l'audience soit
16 suspendue, permettez-moi d'indiquer que je ne serai pas disponible demain
17 et c’est Me McHenry qui prendra la relève. Je rentrerai à La Haye au mois
18 d’août.
19 M. le Président (interprétation) - Je vous remercie.
20 (Le témoin est reconduit hors de la salle d'audience).
21 L'audience est levée à 17 heures 59.
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