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1 Le mardi 14 juillet 2009
2 [Audience publique]
3 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 14 heures 20.
5 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bonjour à tous dans le prétoire et
6 bonjour à tous ceux qui se trouvent à New York.
7 Monsieur le Greffier, pourriez-vous, s'il vous plaît, citer l'affaire.
8 LE TÉMOIN [par vidéoconférence] : [interprétation] Bonjour, Monsieur le
9 Président, Madame, Monsieur les Juges.
10 M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Madame, Messieurs les Juges.
11 Bonjour à tous dans le prétoire. C'est l'affaire IT-04-81-T, l'Accusation
12 contre Momcilo Perisic. Merci.
13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci. Pouvons-nous avoir les
14 présentations. L'Accusation, d'abord.
15 Mme BOLTON : [interprétation] Bonjour. Carmela Javier, Lorna Bolton et
16 Evangelos Thomas pour l'Accusation.
17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien.
18 Qu'en est-il de la Défense ?
19 M. GUY-SMITH : [interprétation] Bonjour. Daniela Tasic, Tina Drolec, Chad
20 Mair, Novak Lukic et Gregor Guy-Smith.
21 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Guy-Smith.
22 Monsieur Sacirbey, nous allons repasser par le rituel habituel. Vous
23 souvenez-vous que vous êtes tenu par la déclaration que vous avez faite
24 précédemment sous laquelle vous direz la vérité, toute la vérité, et rien
25 que la vérité.
26 LE TÉMOIN [par vidéoconférence] : [interprétation] Oui, Monsieur le
27 Président, c'est compris.
28 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Je vous remercie, Monsieur
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1 Sacirbey.
2 Monsieur Guy-Smith.
3 LE TÉMOIN : MUHAMED SACIRBEY [Reprise]
4 [Le témoin dépose par vidéoconférence]
5 [Le témoin répond par l'interprète]
6 Contre-interrogatoire par M. Guy-Smith : [Suite]
7 Q. [interprétation] Hier, nous étions en train de vous demander si vous
8 aviez mentionné de façon officielle les critiques que vous aviez à faire
9 envers M. Akashi et le général Rose.
10 M. GUY-SMITH : [interprétation] Il nous faudrait avoir la pièce 1D03-0796 à
11 l'écran, qui se trouve à l'onglet numéro 43.
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je l'ai, Monsieur Guy-Smith.
13 M. GUY-SMITH : [interprétation]
14 Q. Il s'agit d'une lettre écrite le 24 [comme interprété] octobre 1994 qui
15 a été envoyée à tous, générale. Donc cela semble être une lettre qui doit
16 être envoyée à la fois au Conseil de sécurité et à l'assemblée générale;
17 c'est bien cela ?
18 R. Oui.
19 Q. Maintenant, pour ce qui est de la teneur même de la lettre, si j'ai
20 bien compris, cette lettre a été envoyée par les représentants des partis
21 politiques de l'assemblée de la République de Bosnie-Herzégovine et c'est
22 vous qui l'avez envoyée en tant qu'ambassadeur de Bosnie-Herzégovine; c'est
23 bien cela ?
24 R. En effet.
25 Q. Passons maintenant au paragraphe 2 de cette lettre. Au paragraphe 2, il
26 est écrit :
27 "A cet égard, la conduite du général Michael Rose, commandant de la
28 FORPRONU, forces de protection des Nations Unies en Bosnie-Herzégovine,
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1 pour écarter l'attention et empêcher le monde libre de punir les actes
2 criminels et le fascisme en attirant l'attention sur des questions plus
3 marginales est tout à fait inacceptable." C'est bien cela ?
4 R. Oui.
5 Q. Donc c'était la ligne de conduite que vous aviez adoptée en tant
6 qu'ambassadeur, n'est-ce pas ?
7 R. Non, la lettre est envoyée par les dirigeants de tous les partis
8 politiques qui étaient représentés au Parlement à l'époque.
9 Q. Je le sais.
10 R. On ne m'a pas demandé d'adopter le point de vue; on m'a juste demandé
11 de relier ce point de vue.
12 Q. Très bien. Je vous ai juste dit que vous l'aviez envoyée en tant
13 qu'ambassadeur de Bosnie-Herzégovine, c'est tout. Mais en revanche, en ce
14 qui concerne la teneur de la lettre, ce n'est pas quelque chose que vous
15 essayiez d'écarter, n'est-ce pas ?
16 R. Si vous me posez la question, sachez qu'en tant que représentant de
17 Bosnie-Herzégovine, j'ai, en effet, transmis cette lettre.
18 Q. Merci.
19 R. Je n'avais qu'à relier la lettre, rien de plus. Je n'avais rien à voir
20 avec la teneur de la lettre.
21 Q. Très bien. Premier paragraphe, même en première page :
22 "Nous demandons donc que le général Sir Michael Rose soit démis de son
23 poste. Nous demandons à avoir un commandant des forces des Nations Unies
24 qui soit impartial et objectif et qui mette en œuvre tout ce qui a été
25 demandé par les Nations Unies sur le terrain; une personne, donc, qui
26 servirait véritablement les intérêts des Nations Unies plutôt que de servir
27 les intérêts de son propre gouvernement national."
28 C'est une lettre qui a été signée par un grand nombre de partis
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1 représentatifs de Bosnie-Herzégovine. J'aimerais savoir si vous partagiez
2 cette opinion qui est décrite dans cette lettre en tant qu'ambassadeur de
3 Bosnie-Herzégovine, donc le fait que le général Michael Rose était plus
4 intéressé à servir les intérêts de son propre gouvernement qu'à autre
5 chose, plutôt que de servir les intérêts des Nations Unies ?
6 R. Vous voulez parler du Royaume-Uni, n'est-ce pas ?
7 Q. Oui.
8 R. Non, pas nécessairement. Je crois qu'on peut caractériser le
9 comportement du général Rose de plusieurs façons. Tout d'abord, on peut
10 dire qu'il s'occupait plus de son gouvernement national que des Nations
11 Unies. Mais je ne crois pas que ce soit le point ici qui soit vraiment
12 intéressant. Et j'en ai parlé hier, d'ailleurs.
13 Q. Non, j'essaie de comprendre ce que vous nous dites, puisqu'à la fin du
14 paragraphe il est écrit quand même qu'il faudra :
15 "… un individu qui serve les intérêts des Nations Unies plutôt que
16 l'intérêt de son propre gouvernement national."
17 C'est quand même assez simple du point de vue du libellé, n'est-ce
18 pas ?
19 R. En effet.
20 Q. [aucune interprétation]
21 R. [aucune interprétation]
22 Q. J'aimerais savoir si vous partagiez cette opinion en tant
23 qu'ambassadeur.
24 R. Je vous ai dit que je n'avais pas à partager cette opinion.
25 Q. Mais ce n'était pas ma question. Ma question n'est pas de savoir si
26 vous deviez le faire ou pas. J'aimerais savoir si vous partagiez ou non
27 cette opinion ?
28 R. Plus ou moins, mais pas dans la mesure de ce qui est écrit dans la
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1 lettre.
2 M. GUY-SMITH : [interprétation] Très bien. Pourrions-nous marquer cette
3 pièce en tant que pièce de la Défense.
4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Pourrions-nous avoir une
5 cote.
6 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la cote D152.
7 M. GUY-SMITH : [interprétation] Très bien. Document suivant 1D03-4599.
8 C'est le document numéro 12 dans le premier dossier qui vous a été donné.
9 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.
10 M. GUY-SMITH : [interprétation]
11 Q. Pour bien nous assurer que nous sommes sur la même page, il s'agit d'un
12 article du "New York Times" en date du 5 novembre 1994, et qui écrit qu'il
13 y a toujours du trafic d'armes vers la Bosnie malgré l'embargo, et c'est un
14 article de Roger Cohen.
15 R. En effet.
16 Q. Donc vous connaissez bien sûr le "New York Times" ?
17 R. Oui.
18 Q. En ce qui concerne cet article portant sur le trafic d'armes vers la
19 Bosnie, article qui aurait été créé en novembre 1994, est-ce que vous le
20 connaissez ?
21 R. Oui.
22 Q. Maintenant, pour ce qui est du paragraphe 1, il est écrit :
23 "…Alors même que les Nations Unies discutent de l'annulation de l'embargo
24 sur la Bosnie-Herzégovine, cet embargo semble être plus qu'une fiction,
25 étant donné que c'est un embargo qui est violé sans cesse."
26 R. Oui.
27 Q. Maintenant, en ce qui concerne la possibilité de lever l'embargo, en
28 tant qu'ambassadeur de Bosnie-Herzégovine, l'une de vos principales
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1 préoccupations était d'arriver à ce qu'on enlève l'embargo, n'est-ce pas ?
2 Evidemment, il y avait autre chose à faire.
3 R. Oui, oui.
4 Q. Maintenant, en ce qui concerne le mois de novembre 1994, vous étiez en
5 train de vous livrer à des négociations et vous avez, plus ou moins, réussi
6 par le biais de vos efforts diplomatiques à obtenir des armes de guerre,
7 n'est-ce pas ? Vous étiez en train d'arriver à faire changer le cours des
8 choses.
9 R. Oui.
10 M. GUY-SMITH : [interprétation] Désolé, nous avons un petit problème,
11 Monsieur Sacirbey. Je reviens vers vous le plus vite possible. Est-ce que
12 c'est mieux ?
13 Q. Pourrions-nous, s'il vous plaît, parler de vos fonctions en tant que
14 diplomate, en tant qu'ambassadeur de Bosnie-Herzégovine, vos fonctions en
15 ce qui concerne la guerre et les armes. J'ai quelques commentaires à vous
16 demander à propos de la déclaration suivante :
17 "On pense moins à la diplomatie permettant l'alternative pacifique que de
18 la violence, mais en fait, souvent la diplomatie sert à préparer la guerre
19 aussi souvent qu'elle sert à éviter la guerre. La diplomatie fait partie de
20 la guerre. Souvent, la diplomatie a beaucoup à voir avec le vainqueur, et
21 elle codifie aussi les résultats de la guerre. La diplomatie est la
22 représentation verbale de la réalité internationale, et la force militaire,
23 en tant que telle, est une des réalités, un des éléments de réalité de la
24 scène internationale."
25 Est-ce que vous êtes d'accord avec cette citation ?
26 R. Pas du tout. Pas entièrement, mais en partie. Je n'étais pas intégré
27 dans la diplomatie bosniaque lorsque la guerre a commencé, donc en ce qui
28 concerne la préparation de la guerre, je n'ai pas d'expérience à ce niveau-
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1 là. Mais il est certain que la diplomatie a légitimé, codifié, puisque
2 c'est le mot que vous employez, les conséquences de la guerre, et à mon
3 avis, les conséquences de ce génocide, qui ont été l'un des résultats tout
4 à fait malheureux de ce que l'on peut appeler la diplomatie et les accords
5 de Dayton en Bosnie.
6 Q. Je vous remercie. Maintenant, j'aimerais que l'on passe à la page 2 de
7 cet article, où l'on parle de la conséquence de l'augmentation de
8 l'armement. Il est écrit :
9 "Les conséquences de cette augmentation des armes disponibles qui ont été
10 fournies aux Musulmans de Bosnie et aux forces croates de Bosnie alliées
11 est absolument évident au fait quand on voit les deux offensives réussies
12 qui ont eu lieu au cours de la dernière semaine contre les Serbes de Bosnie
13 qui, auparavant, dominaient le terrain. Le premier résultat est la première
14 offensive permettant de percer les lignes serbes à l'est de Bihac au nord-
15 ouest; et la deuxième résultant dans la capture de la ville de Kupres dans
16 la partie occidentale et centrale du pays."
17 En ce qui concerne ces deux offensives, vous les connaissiez, n'est-ce pas
18 ?
19 R. Oui.
20 Q. En ce qui concerne toutes les offensives à partir de l'été 1994, vous
21 saviez quand même qu'il y a eu une offensive en juin qui a été extrêmement
22 violente, n'est-ce pas ?
23 R. Non. En juin de cette année; c'est bien cela ?
24 Q. Oui, 1994.
25 R. Non, je ne savais pas qu'il y avait eu une offensive en juin 1994.
26 Q. Très bien. Passons à la page suivante, il est écrit, et c'est à la page
27 3, en fin de paragraphe, il est écrit :
28 "Mis à part l'Europe de l'est, la source principale du trafic d'armes, qui
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1 représente environ 500 millions de dollars au cours des deux dernières
2 années, semble être les pays musulmans. M. Beaver et d'autres analystes ont
3 estimé que l'Iran seul avait fourni plus de 1 500 tonnes de munitions qui
4 sont arrivées en Bosnie par le biais de la Croatie."
5 Est-ce que cela est un chiffre que vous connaissiez, ces 1 500 tonnes de
6 munitions ? Est-ce que vous étiez au courant de cela ?
7 R. Non, absolument pas.
8 Q. Très bien.
9 R. [aucune interprétation]
10 Q. Vous ne connaissiez pas ces chiffres ? Vous n'êtes pas d'accord ?
11 R. [aucune interprétation]
12 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Madame Bolton.
13 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Madame Bolton.
15 Mme BOLTON : [interprétation] Je ne considère pas que la question est
16 correcte. Il n'a aucune raison de contester ce chiffre. Soit il le sait,
17 soit il ne le sait pas. Il a dit qu'il n'avait aucune connaissance
18 personnelle.
19 M. GUY-SMITH : [interprétation] Ecoutez, il a dit qu'il n'avait pas de
20 connaissances personnelles, mais il a peut-être d'autres connaissances qui
21 ne seraient pas personnelles, alors il peut peut-être quand même contester.
22 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Sacirbey, avez-vous une
23 connaissance quelconque qui vous permettrait d'avoir appris à un moment ou
24 à un autre ce chiffre ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, à part -- je ne sais que ce que j'ai
26 entendu dans les médias très généralistes.
27 M. GUY-SMITH : [interprétation]
28 Q. Soyons clairs, mis à part ce que vous avez appris par les médias et par
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1 les médias généralistes, vous n'avez jamais eu d'information venant du
2 terrain qui porterait sur les équipements dont vous bénéficiiez ?
3 R. Les seuls rapports que j'ai reçus étaient ceux qui étaient nécessaires
4 pour la défense du pays, surtout en ce qui concerne les armes antichars. La
5 valeur de ces équipements, en particulier le montant de ces équipements,
6 comment ils ont été organisés, comment ils ont été désignés, tout ceci, je
7 n'avais aucune connaissance.
8 Q. Mais en ce qui concerne la valeur de ces équipements, vous dites que
9 vous avez eu des réunions avec des délégués russes, et vous avez parlé
10 d'armes avec ces délégués russes. Est-ce que vous avez parlé peut-être de
11 prix à ce moment-là ?
12 Mme BOLTON : [interprétation] J'aimerais avoir une page, s'il vous plaît,
13 une référence.
14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Sacirbey, une minute. Nous
15 avons une page à l'écran, et au dernier paragraphe de cette page, il est
16 écrit : "mis à part Europe de l'est".
17 Mme BOLTON : [interprétation] Oui, mais est-ce que ces fameuses réunions
18 avec les délégués russes --
19 M. GUY-SMITH : [interprétation] Si je ne me trompe, je pense que M.
20 Sacirbey a confirmé hier au passage qu'il avait des réunions avec des
21 délégués qui venaient de Russie --
22 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Votre consoeur est debout, donc il
23 faut que vous lui expliquiez comment vous arrivez à faire le lien entre les
24 réunions avec les Russes et le paragraphe que nous avons ici à l'écran.
25 M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui, mais on parle d'Europe de l'est, et
26 c'est comme ça que j'arrive à faire la connexion et le lien.
27 Mme BOLTON : [interprétation] Mais vous n'êtes pas censé paraphraser ce
28 qu'a dit un témoin; vous êtes censé aborder des réponses qu'il aurait
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1 données précédemment. Ici, cela fait partie, en fait, d'éléments de preuve
2 qui auraient été éventuellement abordés hier, mais je ne me souviens pas du
3 tout en avoir parlé, donc je demande à mon éminent confrère de me donner la
4 référence exacte de la question dans le compte rendu d'audience, puisque je
5 suis sûre que c'est de là qu'il tire sa connaissance.
6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. On a donc trouvé le
7 problème.
8 M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui, et je vais lui trouver la réponse dans
9 une seconde.
10 Je demanderais que l'on verse cette pièce au dossier, s'il vous
11 plaît.
12 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Il faudrait une cote.
13 M. LE GREFFIER : [interprétation] Très bien. Ce sera la cote D153.
14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.
15 M. GUY-SMITH : [interprétation]
16 Q. Lorsque vous étiez ambassadeur, vous vous inquiétiez du fait que la
17 FORPRONU livrait du carburant aux Serbes de Bosnie, n'est-ce pas ?
18 R. Je le crois, mais je ne me souviens pas des détails.
19 Q. Je vais essayer de rafraîchir votre mémoire. C'était à propos d'une
20 demande où il fallait déblayer la neige sur les routes. Et vous aviez
21 utilisé cet exemple en disant que les ressources de la FORPRONU ne
22 servaient finalement que les intérêts d'une machine de guerre.
23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] La machine de guerre qui appartenait à
24 qui ?
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois que je me souviens de la référence.
26 M. GUY-SMITH : [interprétation] Ce serait la machine de guerre serbe.
27 Q. Si je ne me trompe ?
28 R. Je ne vous ai pas entendu.
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1 Q. C'était bien la machine de guerre serbe, n'est-ce pas ?
2 R. [aucune interprétation]
3 Q. Enfin, c'est un point que vous avez soulevé à un moment devant le
4 Conseil de sécurité. Vous vous en souvenez, n'est-ce pas ?
5 R. Pour être franc, depuis des années je n'ai pas essayé d'y penser et je
6 crois que je n'ai pas essayé non plus de me rafraîchir la mémoire pour ce
7 qui est de ce point.
8 M. GUY-SMITH : [interprétation] Est-ce qu'on peut afficher 1D03-0648,
9 intercalaire 34, page 4.
10 Q. Je ne sais pas si vous l'avez déjà sur vos écrans ?
11 R. Oui. Il est question de la réunion du 9 novembre 1994, la séance du
12 Conseil de sécurité.
13 Q. Oui, c'est vrai. Dans la deuxième colonne il est dit :
14 "Aujourd'hui, j'ai été informé que les Serbes auraient encore du carburant
15 de la FORPRONU pour déblayer la neige sur les routes. C'est un exemple
16 également comment les ressources de la FORPRONU avaient été utilisées dans
17 l'intérêt de la machine de la guerre."
18 Est-ce que cela vous a aidé à vous rappeler vos plaintes que vous avez
19 déposées au Conseil de sécurité, et là je pense au fait que la FORPRONU a
20 fourni du carburant aux Serbes de Bosnie ?
21 R. Encore une fois, je ne peux pas me rappeler de toutes les circonstances
22 maintenant, mais évidemment je vois que cela est écrit ici et pour ce qui
23 est écrit ici, donc ça peut m'aider, oui, à me souvenir de cela.
24 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce qu'on peut voir la première
25 page de ce document. Je vois qu'il s'agit de la lettre datée du 3 novembre
26 1994 émanent du représentant permanent du Pakistan aux Nations Unies et par
27 laquelle il s'est adressé au président du Conseil de sécurité. Est-ce que
28 c'est ce qui figure ici -- J'essaie de voir où est le lien.
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1 M. GUY-SMITH : [interprétation] M. Sacirbey a fait un discours à l'époque
2 et j'utilise ce document pour l'aider à ce qu'il se rappelle de cela. Je
3 n'ai pas l'intention de proposer ce document au versement au dossier.
4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Donc vous lui avez cité une partie de
5 son discours ?
6 M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui.
7 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci, vous pouvez poursuivre. Donc
8 vous n'avez pas l'intention de proposer ce document au versement au
9 dossier.
10 M. GUY-SMITH : [interprétation] Non.
11 Est-ce qu'on peut maintenant afficher le document 1D03-4607, il s'agit de
12 l'intercalaire 14 et il s'agit de la collection d'articles.
13 Q. Monsieur Sacirbey, avez-vous une copie de ce document ?
14 R. Oui.
15 Q. L'intitulé de l'article est comme suit : "Les Etats-Unis d'Amérique ont
16 fermé les yeux sur le fait que l'Iran fourni des armes à la Bosnie." N'est-
17 ce pas ?
18 R. Oui.
19 Q. Prenons le paragraphe 1, je cite :
20 "'L'administration de Clinton a décidé de fermer les yeux pour ce qui est
21 des envois d'armes de l'Iran au gouvernement de Bosnie et menés par les
22 Musulmans. Et l'année dernière, ces envois ont contribué à la force
23 militaire bosnienne,' un responsable américain a dit aujourd'hui. 'Ils ont
24 dit que les Etats-Unis d'Amérique disposent de beaucoup de preuves pour ce
25 qui est des envois iraniens par lesquels l'embargo sur les armes des
26 Nations Unies avait été violé et il s'agissait des envois d'armes aux
27 combattants qui participent à la guerre civile de Bosnie parce qu'il est
28 dit que l'administration américaine a essayé en aucune façon d'éviter que
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1 cela ne soit fait. L'administration a dit qu'ils ne déploieraient plus
2 d'effort pour renforcer l'embargo sur les armes pour ce qui est de la
3 Bosnie.'"
4 Vous nous avez dit hier que vous avez parlé avec M. Holbrooke et vous
5 avez dit que c'était en automne 1994, et l'entretien qui a été mené entre
6 vous et M. Holbrooke concernait justement cette question, à savoir que
7 l'embargo sur les armes n'a pas été renforcé en quelque sorte ou n'a pas
8 été appliqué par les Etats-Unis d'Amérique, si j'ai bien compris votre
9 témoignage ?
10 R. Je ne suis pas sûr d'avoir compris la dernière partie de votre
11 question, mais il m'est très clair que c'était l'ambassadeur Holbrooke qui
12 nous a dit que le congrès des Etats-Unis d'Amérique n'effectuera pas de
13 pression pour ce qui est de la levée de l'embargo et qu'ils permettront que
14 les armes soient en quelque sorte transmises d'une source à l'autre. Il a
15 parlé de l'Iran.
16 Q. Lorsque vous dites que vous n'êtes pas en mesure de répondre à cette
17 question, est-ce que vous dites que vous bénéficiez d'un privilège de ne
18 pas répondre à cette question ou vous voulez dire que vous ne le savez pas
19 tout simplement ?
20 R. Je ne sais pas, je ne dispose pas d'information directe.
21 Q. Lorsque vous dites que vous ne disposez pas d'information directe, de
22 connaissance directe, est-ce que cela veut dire que vous n'avez pas entendu
23 dire l'ambassadeur Holbrooke cela, à savoir que les Etats-Unis d'Amérique
24 assisteraient activement pour ce qui est de l'approvisionnement en armes de
25 la Bosnie ?
26 R. C'est vrai.
27 Q. Avez-vous obtenu de telles informations d'autres sources ?
28 R. Encore une fois, je voudrais être tout à fait clair à ce sujet. Il y
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1 avait des raisons pour lesquelles on croyait en fait qu'il y avait d'autre
2 entité qui aidait.
3 Q. Malheureusement, je dois dire que je n'ai pas tout à fait compris votre
4 réponse, même si vous essayez d'être clair, il faut que je poursuivre.
5 Vous dites qu'il y avait des raisons pour lesquelles vous croyez
6 qu'il y avait d'autre aide. Pouvez-vous expliquer à la Chambre ce que vous
7 avez voulu dire par là, à savoir qu'il y avait des raisons pour lesquelles
8 on croyait qu'il y avait d'autre aide ?
9 R. Je crois que vous êtes conscient du fait que jusqu'en 1995, il y avait
10 divers types d'institutions militaires privées ou pseudo-privées qui
11 fournissaient l'instruction et l'assistance, en particulier en Croatie. Je
12 ne suis pas sûr s'il s'agissait d'autre aide plus concrète mis à part
13 l'aide dans le domaine de la stratégie.
14 Q. Vous dites qu'il y avait divers types d'institutions militaires privées
15 ou pseudo-privées ou quasi-privées et je ne suis pas certain d'avoir
16 compris votre réponse tout à fait. Pouvez-vous aider la Chambre en
17 expliquant si vous nous avez parlé des institutions militaires qui étaient
18 les institutions militaires de l'Etat, ou vous avez fait référence à
19 d'autres types d'institutions militaires, par exemple des institutions
20 privées telles que Blackwater ?
21 R. Pour ce qui est des institutions privées telles que Blackwater, ce sont
22 les institutions militaires qui, pendant la guerre en Irak, se comportaient
23 en tant que des entités qui passaient des contrats pour ce qui est de la
24 sécurité. Je sais qu'il y avait des institutions qui recevaient le feu vert
25 du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique et du ministère de la Défense et
26 ainsi que du ministère des Affaires étrangères, mais pour autant que je
27 sache, il s'agissait des entreprises privées et non pas du gouvernement des
28 Etats-Unis d'Amérique, donc la comparaison avec Blackwater n'est pas tout à
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1 fait appropriée, mais je ne sais pas quel était leur lien avec le
2 gouvernement.
3 Q. Dans votre dernière réponse, vous avez parlé des institutions que vous
4 connaissez et que ces institutions devaient avoir l'approbation du
5 gouvernement des Etats-Unis d'Amérique et du Pentagone et du ministère des
6 Affaires étrangères.
7 Pouvez-vous nous dire quelles institutions vous sont connues et qui
8 devaient avoir l'approbation du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique, du
9 Pentagone et du ministère des Affaires étrangères ?
10 R. J'aimerais d'abord vous parler du contexte dans lequel j'ai appris
11 l'existence de ces institutions.
12 Q. Je m'excuse, mais il faut que vous répondiez à ma question de façon
13 directe. Pouvez-vous nommer ces institutions militaires, Monsieur ?
14 R. Encore une fois, je dois souligner qu'il faut que je rafraîchisse ma
15 mémoire pour ce qui est de ce sujet, mais à mon avis, ces institutions ont
16 été énumérées dans des publications de média, et je pense que je pourrais
17 me rafraîchir la mémoire facilement.
18 Q. Je ne suis pas ici pour vous rafraîchir la mémoire. Je suis ici pour
19 essayer de voir de quelles institutions privées il s'agissait. Et dans
20 votre réponse, si j'ai bien compris, vous avez dit que ces institutions
21 devaient avoir l'approbation du gouvernement.
22 R. Oui. Pour ce qui est de leurs noms, je suis désolé, mais je ne me
23 souviens pas de leurs noms.
24 Q. Avez-vous eu des entretiens avec vos collègues aux Nations Unies à ce
25 sujet, quand je dis avec vos collègues, je ne parle pas des membres de
26 votre délégation, je pense aux diplomates des délégations d'autres pays
27 membres ?
28 R. Mis à part les collègues de Croatie et des Etats-Unis d'Amérique,
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1 probablement pas. Pas avec les autres.
2 Q. Très bien. Est-ce qu'on peut revenir à l'article, je crois que nous
3 nous arrêtions à la page numéro 2. Il s'agit du paragraphe qui commence par
4 "M. Clinton" :
5 Il est dit : "M. Clinton a dit qu'il n'était pas approprié ou
6 raisonnable de se voir violer les résolutions des Nations Unies, mais
7 aujourd'hui, les assistants majeurs ont pu remarquer que rien dans ces
8 résolutions n'exige que les Etats-Unis d'Amérique rapportent ces
9 violations."
10 Pour ce qui est de la Résolution 713 et pour ce qui est des rapports
11 concernant les violations de cette résolution, il s'agissait d'un sujet de
12 conversation qui revenait tout le temps, soit dans les conversations
13 officieuses, soit formelles aux Nations Unies, et à savoir qu'il n'était
14 pas nécessaire de rapporter les violations de l'embargo sur l'importation
15 des armes par les Etats membres.
16 R. Vous pensez au gouvernement des Etats-Unis d'Amérique ?
17 Q. Non, non. Je pense aux Etats membres.
18 R. Seulement dans le contexte où il s'agit d'un Etat, ici, il s'agit des
19 Etats-Unis d'Amérique.
20 Q. Pour ce qui est de l'équilibre entre les Etats membres, il n'y avait
21 pas discussion pour savoir si d'autres Etats membres ou pas devaient
22 rapporter les violations de l'embargo d'après la Résolution 713 ?
23 R. Il y avait de telles discussions, et il y avait d'autres Etats membres
24 qui y participaient.
25 Q. Pour ce qui est des discussions où d'autres Etats participaient de
26 façon formelle ou officieuse, ai-je raison pour dire que c'était
27 l'obligation des Etats membres d'informer les Etats-Unis, l'assemblée
28 générale ou le Conseil de sécurité pour ce qui est des violations dans
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1 l'embargo ?
2 R. Je ne crois pas qu'une telle obligation juridique au niveau
3 international existait.
4 Q. Bien. Est-ce que cette question qui a été discutée était une question
5 importante dans la mesure où on devait considérer cela comme étant
6 obligation juridique et qu'il fallait s'assurer qu'il n'y avait pas de
7 circulation d'armes ? Et après avoir dit cela, je fais référence à des
8 demandes pour que de tels rapports soient faits.
9 R. Il s'agissait d'une considération pratique.
10 Q. Merci. Est-ce qu'on peut afficher le dernier paragraphe du document où
11 il est dit, je cite :
12 "Après que le congrès des Etats-Unis d'Amérique ait adopté la loi destinée
13 à couper la circulation de l'argent pour la mise en œuvre de l'embargo le
14 15 novembre, l'administration a ordonné à l'armée américaine d'arrêter de
15 mettre en œuvre cet embargo."
16 Est-ce que c'est quelque chose dont vous étiez au courant en tant
17 qu'ambassadeur de Bosnie-Herzégovine, à savoir qu'il n'y aurait plus de
18 circulation ou de transfert de l'argent pour cela ?
19 R. Oui, j'étais au courant de cela.
20 Q. Il y a deux volets ici. Un volet c'est l'arrêt de transfert de
21 l'argent, et le deuxième volet est que l'administration des Etats-Unis
22 d'Amérique a ordonné à l'armée d'arrêter de mettre en œuvre l'embargo.
23 Etiez-vous au courant de ces deux volets de cette question ?
24 R. Oui.
25 Q. Après, il est dit :
26 "Grande-Bretagne, France et d'autres pays qui avaient leurs forces
27 déployées dans la mission du maintien de la paix des Nations Unies en
28 Bosnie-Herzégovine et qui avertissaient que la circulation des armes dans
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1 la direction de n'importe quelle partie belligérante ne ferait que rendre
2 plus violents les combats dans le futur."
3 Est-ce que vous avez, au sein des Nations Unies, dans les couloirs du
4 bâtiment du siège des Nations Unies, est-ce que vous avez participé à des
5 débats formels ou officieux à l'assemblée générale ou Conseil de sécurité,
6 les débats qui portaient sur la détermination des Etats-Unis d'Amérique de
7 ne plus appuyer la circulation des armes dans la direction de votre pays,
8 mais plutôt d'ouvertement prendre la position selon laquelle ils ne
9 voulaient plus mettre en œuvre l'embargo, ensemble avec la Grande-Bretagne
10 et la France et d'autres Etats également ?
11 R. Je pense que le débat, dans ce paragraphe, dans le dernier paragraphe
12 de cet article, souligne le fait qu'il y avait une sorte de débalance
13 [phon] entre les parties belligérantes. Et dans ce contexte, on a toujours
14 discuté de cela.
15 M. GUY-SMITH : [interprétation] Merci. Est-ce qu'on peut accorder une cote
16 à ce document.
17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui. Cela sera versé au dossier.
18 M. LE GREFFIER : [interprétation] La cote du document sera D154. Merci.
19 M. GUY-SMITH : [interprétation] Est-ce qu'on peut maintenant afficher le
20 document 1D00-4539 sur l'écran, ce qui se trouve dans l'intercalaire 93,
21 Monsieur le Greffier, dans votre nouveau classeur.
22 Q. Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de voir ce document.
23 Après avoir regardé la première page, je vous prie de --
24 R. Je crois qu'il s'agit du document de la FORPRONU daté du 12 juillet
25 1995.
26 Q. C'est vrai.
27 M. GUY-SMITH : [interprétation] Et pour que tout soit clair, pour que la
28 Chambre soit au courant de tout, certaines parties de ce document ont été
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1 déjà versées au dossier en tant que pièce à conviction portant la cote D24.
2 Q. J'aimerais qu'on affiche maintenant la première page. Je m'excuse,
3 Monsieur le Greffier d'audience. Est-ce qu'on peut regarder la partie
4 inférieure de la page. C'est le quatrième point où il est dit :
5 "Les rapports entre la FORPRONU et le gouvernement de Bosnie se
6 détériorent. La liberté de mouvement est limitée."
7 Est-ce que le président ou l'armée vous a informé, et là je pense à l'armée
8 de Bosnie, que la liberté de mouvement était limitée pour ce qui est de la
9 FORPRONU à l'époque ?
10 R. Non, j'étais présent dans plusieurs situations où la FORPRONU et le
11 gouvernement de Bosnie parlaient de la sécurisation des routes qui
12 passaient par le territoire contrôlé par les Serbes et par lesquelles la
13 FORPRONU ne pouvait plus passer. La FORPRONU utilisait cette route et
14 c'était le seul lien utilisé par le gouvernement de Bosnie, c'était la
15 route passant par le mont Igman.
16 Q. Bien. Prenons la page 4 où il s'agit de la discussion à propos de ce
17 point. Est-ce qu'on peut afficher une partie de la page, vers le bas de la
18 page où il est dit --
19 R. La page 4 ?
20 Q. "Les rapports entre la FORPRONU et le gouvernement de Bosnie se sont
21 détériorés. Les Bosniens disent que la FORPRONU ne faisait rien pour aider
22 la Bosnie ou la communauté internationale pour ce qui est de la mise en
23 œuvre du mandat de la FORPRONU. La FORPRONU ne fait rien pour faire retirer
24 l'équipement (principalement français), l'équipement militaire qui est
25 toujours entre les mains des Serbes et utilisé par les Serbes pour attaquer
26 les Bosniens. La situation se détériore d'après les déclarations d'hommes
27 politiques bosniens hauts placés." Il s'agit de la date du 26 juin. Le
28 premier ministre Silajdzic a dit :
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1 "Je sais que les Nations Unies ont commis le génocide contre la Bosnie et
2 contre son peuple parce que les Nations Unies ne protègent pas la Bosnie."
3 Le document suivant du 27 juin où M. Sacirbey, ministre des Affaires
4 étrangères, je crois que c'est vous, Monsieur, que c'est vous qui avez
5 déclaré cela ?
6 R. Oui.
7 Q. "La présence de la FORPRONU n'est plus dans l'intérêt des civils ou du
8 gouvernement de Bosnie, mais plutôt dans l'intérêt de certaines puissances
9 de l'Europe occidentale…nous n'avons -- ils veulent dire à la communauté
10 internationale, nous ne voulons plus que la FORPRONU reste dans notre
11 pays."
12 Est-ce que c'est ce que vous avez dit dans cette déclaration, Monsieur ?
13 R. Oui.
14 Q. Est-ce que c'est la déclaration que vous avez faite par rapport - et
15 j'essaie d'utiliser ce terme dans un contexte plus large - et qui
16 concernait votre mécontentement pour ce qui est de la façon par laquelle
17 la FORPRONU mettait en œuvre son mandat ?
18 R. Je pense qu'en ce moment nous ne parlons pas de mon mécontentement ou
19 de mon contentement, mais plutôt du fait que la FORPRONU n'avait plus de
20 pouvoir pour s'occuper des éléments les plus importants de son mandat. Pour
21 ce qui est du partage des ressources avec le gouvernement de Bosnie à
22 partir des routes jusqu'aux choses comme nourriture et médicaments étaient
23 devenues en fait le troisième aspect du conflit. Je veux dire que lorsque
24 la question des mesures efficaces a été abordée et pour la question pour
25 mener à fin le conflit ou être confronté à ceux qui assiégeaient Sarajevo
26 ou d'autres enclaves, il a fallu parler de la sécurité du personnel de la
27 FORPRONU et c'était toujours la première préoccupation primordiale et
28 c'était quelque chose qui était au premier plan et la population de Bosnie-
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1 Herzégovine se trouvait au deuxième plan toujours lors de ces débats.
2 Q. Excusez-moi, permettez-moi de vous poser une question qui émanerait de
3 ce que vous venez de dire.
4 Mme BOLTON : [interprétation] Je suis désolée.
5 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Madame Bolton.
6 Mme BOLTON : [interprétation] Mon éminent collègue a interrompu le témoin
7 au moment où il essayait de répondre à la question. Je pense qu'il vaudrait
8 mieux lui donner l'opportunité d'en finir avec cette réponse.
9 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Monsieur Sacirbey.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.
11 Je serai bref. Je pense que les forces des Nations Unies elles-mêmes
12 se trouvaient menacées. En se défendant en particulier contre les forces
13 serbes, parfois leur sécurité avait la primauté en quelque sorte sur leur
14 mandat et leur mandat était la protection de la population civile et
15 l'assistance humanitaire adéquate, donc ils ne pouvaient plus le faire et
16 nous avons abordé cette question parce qu'il était nécessaire d'établir la
17 paix et d'en finir avec le conflit. Et le plus souvent, on a parlé des
18 conséquences de tout cela, sur le personnel sur le terrain, sur les
19 représailles éventuelles, et s'il fallait prendre en considération ces
20 représailles lorsqu'on parlait de la stratégie future et de la mise en
21 œuvre des mandats des Nations Unies.
22 M. GUY-SMITH : [interprétation]
23 Q. Merci pour cette réponse, Monsieur Sacirbey. Corrigez-moi si j'ai tort,
24 pour ce qui est de la première personne qui est morte à Srebrenica, il
25 s'agissait d'un soldat de la FORPRONU qui a été tué par un membre de
26 l'ABiH, n'est-ce pas ?
27 R. Je suis conscient du fait qu'un soldat néerlandais a été tué et il
28 semble qu'il s'agissait d'un membre de l'armée bosnienne ou d'une personne
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1 de Bosnie qui a fait cela. Mais si j'ai bien compris, l'enquête n'a jamais
2 été complétée puisqu'il y avait eu la chute de Srebrenica.
3 Q. Je comprends cela. Mais vous savez que l'ABiH est intervenue au niveau
4 diplomatique auprès du ministère des Affaires étrangères néerlandais et de
5 la Défense également en parlant du fait qu'ils assistaient aux funérailles
6 de ce jeune soldat ?
7 R. Je n'ai pas assisté à des funérailles, malheureusement, mais j'aurais
8 fait cela. Et je profite de cette occasion pour honorer tout ceux qui
9 étaient venus en Bosnie. Mais j'ai eu des contacts avec le gouvernement
10 néerlandais, j'ai exprimé mes condoléances et en fait j'ai dit que nous
11 étions prêt à faire tout ce qui était approprié à ce moment-là.
12 Q. Pour ce qui est de cette question, je vous ai déjà posé cette question,
13 vous avez dit que vous n'étiez pas au courant de l'offensive menée en juin
14 1994. Vous êtes au courant certainement de l'offensive menée en juin 1995
15 qui a été menée par l'ABiH ?
16 R. Oui. Et si vous parlez de l'offensive pour lever le blocus de Sarajevo,
17 oui je suis au courant de cela.
18 Q. Pour ce qui est de Sarajevo à l'époque, c'est un fait, n'est-ce pas,
19 que l'ABiH ont positionné leurs mortiers n'importe où, donc ils voulaient
20 le faire et également près de l'hôpital Kosevo et près du bâtiment de la
21 PTT ?
22 R. Je ne suis pas au courant de cela.
23 Q. Est-ce que vous connaissiez la position de certains membres de la
24 FORPRONU, et je pense à M. Muratovic, le connaissiez-vous ?
25 R. Vous parlez de M. Hasan Muratovic ?
26 Q. Oui.
27 R. Oui, je connais ce nom.
28 Q. Pouvez-vous nous dire qui il était ?
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1 R. A l'époque, il était ministre au gouvernement de Bosnie-Herzégovine et
2 il était à charge des affaires liées aux Nations Unies. C'est-à-dire pour
3 ce qui est des rapports avec les forces de la FORPRONU sur le terrain.
4 Q. Etes-vous au courant du fait qu'à l'époque, il y avait des
5 préoccupations pour ce qui est du fait que ce monsieur de l'ABiH a essayé
6 de mettre les forces de la FORPRONU dans une situation où ces forces qui
7 utilisaient quotidiennement la route passant par le mont Igman, de les
8 mettre en situation où ils les auraient provoqué une réponse des Serbes de
9 Bosnie ?
10 R. Non. Vous parlez de la route passant par le mont Igman, et il y avait
11 des problèmes liés à cette route, on utilisait cette route pendant la nuit
12 parce qu'on pensait que c'était le plus sûr. Et cette route, en fait, à
13 plusieurs reprises, n'était pas accessible et utilisable, y compris pour ce
14 qui est de l'armée du gouvernement de Bosnie-Herzégovine, on ne pouvait pas
15 l'utiliser.
16 Q. Lorsque vous dites que les forces des Nations Unies utilisaient cette
17 route parce qu'elles se sentaient en sécurité en utilisant cette route,
18 est-ce que vous avez fait référence à une série d'accords pour ce qui est
19 de l'utilisation de cette route particulière. Et puisque nous avons reçu
20 ces informations à huis clos partiel, je vais vous poser la question si
21 vous savez ou pas s'il y avait un accord passé entre les membres de la
22 FORPRONU et de l'ABiH concernant l'utilisation de cette route.
23 R. J'ai un peu de mal à vous comprendre, je pense, le mot essentiel de
24 votre question, si vous voulez bien la répéter.
25 Q. Le mot essentiel c'est le mot accords.
26 R. Voulez-vous répéter la question, Monsieur --
27 L'INTERPRÈTE : M. Guy-Smith parle en même temps que le témoin.
28 M. GUY-SMITH : [interprétation]
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1 Q. J'ai dit que vous avez reçu des renseignements --
2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Les interprètes se plaignent parce que
3 vous vous coupez et vous parlez tous les deux en même temps, et nous
4 n'arrivons pas à traduire deux personnes en même temps.
5 Deuxièmement, il serait peut-être utile à ce stade que je demande au
6 conseil -- j'en appelle tant au témoin et au conseil d'être brefs dans les
7 réponses et les questions. Il est fort difficile de vous suivre, Messieurs,
8 et très souvent il y a recouvrement de la fin de la réponse par la question
9 suivante. Donc posez des questions précises de sorte d'obtenir des réponses
10 précises et nous pourrons avancer.
11 M. GUY-SMITH : [interprétation]
12 Q. Est-ce que vous étiez au courant d'accords passés entre la FORPRONU et
13 l'ABiH concernant l'utilisation de la route du mont Igman ?
14 R. J'étais au courant de l'existence de certains accords.
15 Q. Je vous remercie. Je reviens maintenant au document dont nous parlions
16 tout à l'heure. Et je poursuis :
17 "Dans une lettre envoyée au Conseil de sécurité portant la date de
18 mercredi, 28 juin, il dit qu'un consentement pourrait être retiré si la
19 FORPRONU et les forces de réserve ne font pas preuve de plus de vigueur" --
20 je crois que c'est le mot vigueur, parce qu'on n'arrive pas à le lire.
21 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, c'est ça
22 M. GUY-SMITH : [interprétation]
23 Q. "…dans la poursuite du mandat de l'ONU."
24 Est-ce une position que vous avez adoptée vous-même ?
25 R. Oui, je pense que c'est effectivement fidèle à cela.
26 Q. Le 29 juin, cette personne dont on parlé déjà tout à l'heure, M.
27 Muratovic a dit que :
28 "Le gouvernement bosniaque souhaitait avoir davantage de contact avec
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1 SRSG Akashi 'qui est mort pour nous.'"
2 Je suppose qu'il y a un mot qui manque ici. Parce que ça devrait être
3 "ne veut plus de contacts avec le secrétaire général Akashi." Est-ce qu'on
4 peut revenir une page en arrière.
5 R. Oui, je vois qu'il y a un négatif dans mon texte, "no more dealings
6 with it", "ne voulait plus de contacts."
7 Q. Et vendredi le 30 juin, je reviens à la page suivante :
8 "Vendredi le 30 juin, le maire de Sarajevo a laissé entendre qu'il y
9 aurait des représailles contre la FORPRONU s'ils ne faisaient rien pour
10 aider la ville."
11 Est-ce que vous étiez au courant de cela, que le maire de Sarajevo avait
12 dit qu'il y aurait des représailles contre la FORPRONU ?
13 R. Non, je n'étais pas au courant de cela.
14 Q. Ensuite, on poursuit. "La liberté de mouvement de la FORPRONU est
15 bloquée, pas tant dans la ville même, mais plutôt dans les routes et dans
16 le secteur sud-ouest qui amène à la route du mont Igman. Cela a eu pour
17 conséquence de retarder les convois passant le mot Igman d'un jour, voire
18 plus. Dans la ville, la FORPRONU n'a plus accès aux hôpitaux ni à d'autres
19 intérêts représentant un intérêt particulier."
20 Vous-même en tant qu'ambassadeur de la Bosnie-Herzégovine, vous étiez à
21 l'ONU, est-ce que vous étiez au courant du fait que l'accès de la FORPRONU
22 avait été limité et bloqué comme on l'indique dans ce télex ?
23 R. Non. J'étais ministre des Affaires étrangères à l'époque. Et ensuite,
24 comme vous le voyez dans la lettre, on ne sait pas qui bloquait. Lorsque
25 j'ai été à Sarajevo, j'ai pu voir d'ailleurs que la FORPRONU utilisait
26 cette route, il y avait même priorité par rapport à ma propre circulation,
27 c'est-à-dire la circulation des membres du gouvernement et même la
28 circulation des militaires bosniaques.
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1 Q. Bien. Je vais demander également que l'on puisse verser au dossier les
2 pages 4 et 5.
3 Mme BOLTON : [interprétation] Vous allez également prendre la première page
4 ?
5 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je pense qu'elle avait déjà été versée.
6 Mme BOLTON : [interprétation] Oui, il faudrait peut-être verser l'ensemble
7 et n'en faire qu'une seule pièce.
8 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] De quelle pièce s'agissait-il ?
9 M. GUY-SMITH : [interprétation] D24.
10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Monsieur le Greffier,
11 veillez à ce que les pages 4 et 5 soient intégrées dans la pièce D24.
12 M. LE GREFFIER : [interprétation] Les pages 4 et 5 feront partie de la
13 pièce D24.
14 M. GUY-SMITH : [interprétation] La page 1 n'est pas déjà versée, il n'y a
15 que la page 3. Donc je crois qu'il vaudrait mieux que comme l'a suggéré Mme
16 Bolton, que nous remettions la page 1 de sorte que vous puissiez identifier
17 le document.
18 Mme BOLTON : [interprétation] Il ne reste que la page 2. Il vaudrait peut-
19 être mieux verser la totalité du document pour que tout le contexte soit
20 bien connu de la Chambre.
21 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. On verse sa totalité.
22 Allez-y.
23 Monsieur le Greffier, pouvez-vous verser la totalité du document en tant
24 que pièce D24.
25 M. LE GREFFIER : [interprétation] Merci. La totalité du document est versée
26 au dossier. Il s'agira de la pièce D24. Merci.
27 M. GUY-SMITH : [interprétation]
28 Q. Je voudrais revenir très brièvement à la réponse que vous nous avez
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1 fournie, en ce qui concerne que vous disiez qu'on ne dit pas qui bloquait
2 les routes. En ce qui concerne la phrase qui dit "à l'intérieur de la
3 ville, la FORPRONU n'a plus accès aux hôpitaux ni à d'autres endroits
4 d'intérêt particulier," vous n'êtes pas en train de nous dire, n'est-ce
5 pas, qu'à ce moment-là, les forces serbes de Bosnie à l'intérieur de
6 Sarajevo bloquaient l'accès aux hôpitaux ? Est-ce que j'ai raison ?
7 R. Ecoutez, là, je ne suis pas du tout au courant pourquoi cet accès
8 n'était pas possible vers les hôpitaux et je ne dis pas non plus que
9 c'était les Serbes de Bosnie.
10 Q. En fait, cette partie de Sarajevo était placée sous le contrôle de
11 l'armée bosniaque, n'est-ce pas ? Cette partie de Sarajevo, je veux dire la
12 partie de Sarajevo où se trouvaient les hôpitaux.
13 R. Oui, en effet, je pense.
14 Q. Et l'armée bosniaque, il s'agit de l'ABiH, pour être tout à fait au
15 clair.
16 R. En effet.
17 Q. Je vous remercie.
18 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je voudrais revenir maintenant, si vous le
19 voulez bien, apporter votre attention à un certain nombre de rapports, et
20 l'onglet 85. Non, ce n'est pas ça. Si, c'est bien le 85. C'est 65 ter 6615.
21 Il s'agit d'un rapport du secrétaire général portant la date du 26 mars
22 1993.
23 Q. J'aimerais bien que vous jetiez un coup d'œil là-dessus, et je n'aurai
24 que quelques questions sur ce rapport et sur les rapports qui suivent.
25 Monsieur Sacirbey, je vous interromps dans votre examen de ce rapport, pas
26 que je veuille vraiment interrompre votre lecture, mais je voudrais vous
27 dire que ce rapport est un rapport qui a été publié à une époque où vous
28 étiez l'ambassadeur de la Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?
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1 R. En effet.
2 Q. C'est un rapport qui a été fait pour une distribution générale.
3 R. Oui, je pense. J'essaie de trouver l'indication dans ce sens, mais je
4 suppose.
5 Q. Je vois la première page qui dit, en dessous de distribution, il est
6 marqué "général" ?
7 R. Oui, en effet.
8 Q. C'est un rapport que vous avez eu l'occasion de lire à l'époque, n'est-
9 ce pas ?
10 R. Pour être tout à fait franc, je participais de très près à toutes ces
11 négociations, et peut-être que certaines de ces choses, je ne sais pas si
12 ce sont des synthèses ou si j'étais vraiment au courant et informé au
13 premier rang.
14 Q. En ce qui concerne ces informations qui ont fait l'objet d'une large
15 distribution, vous reconnaissez les informations qui y figurent ? Je ne
16 vous demande pas de lire le tout, mais voilà ma question.
17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je voudrais voir la totalité du
18 document et voir ce qu'il dit.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] J'essaie d'examiner ça. C'est un petit peu
20 difficile de conclure et de dire que tout ce qui figure ici sont des choses
21 que j'avais déjà vues auparavant. Mais oui, en général, j'essaie de le
22 passer en revue très rapidement, lire en diagonal, et oui, ça m'a l'air
23 d'être des choses que je connaissais.
24 M. GUY-SMITH : [interprétation]
25 Q. Quand ces rapports vous arrivaient, lorsqu'ils étaient distribués, en
26 général, vu vos fonctions de représentant de la Bosnie-Herzégovine, vous
27 examiniez les informations qui figuraient dans ces rapports afin de savoir
28 si vous estimiez que c'étaient des informations précises ou imprécises ou
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1 qu'il fallait éventuellement les modifier, n'est-ce pas ?
2 R. Oui, soit c'était moi ou des membres de mon équipe.
3 Q. Maintenant, quant à savoir si c'était vous ou des membres de votre
4 équipe, en fin de compte les informations vous étaient préparées. Vous
5 étiez donc mis au courant de ces questions ?
6 R. Oui, sans doute, oui.
7 Q. Quand vous dites "sans doute", est-ce que vous dites que c'est juste
8 une possibilité, ou bien est-ce un oui ?
9 R. Non, je veux dire que vu qu'il s'agit de ce rapport, et je vous
10 expliquais que je participais de très près aux négociations, donc je ne
11 connais pas nécessairement -- non, je me reprends. Simplement, je ne me
12 souviens pas si j'ai examiné ce rapport à l'époque. Encore une fois, je
13 participais de tellement près à toutes ces négociations.
14 La plupart des faits qui figurent ici me semblent connus, oui.
15 Q. Très bien.
16 R. C'est ce que je peux vous dire de mieux.
17 M. GUY-SMITH : [interprétation] Est-ce que nous pouvons verser cette pièce
18 au dossier.
19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, s'il vous plaît, versez la pièce.
20 M. LE GREFFIER : [interprétation] Il s'agira de la pièce D155.
21 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.
22 M. GUY-SMITH : [interprétation] Passons à l'onglet suivant de votre
23 dossier, 86, que nous n'aurons pas terminé avant la pause.
24 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que vous nous dites qu'il
25 serait l'heure de prendre la pause ?
26 M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui.
27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Nous prendrons une pause et nous
28 reviendrons à 16 heures.
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1 Suspension.
2 --- L'audience est suspendue à 15 heures 29.
3 --- L'audience est reprise à 16 heures 01.
4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Guy-Smith.
5 M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je fais appel à
6 votre patience. M. Harmon est venu et il y a une question de procédure qui
7 doit être réglée. On m'a demandé si je pouvais suspendre mon interrogatoire
8 pour traiter de cette question. J'espère que ça ne prendra pas trop
9 longtemps, mais c'est une question d'importance en ce qui concerne le
10 calendrier futur. Donc je vais donner la parole à M. Lukic et M. Harmon, si
11 du moins vous en êtes d'accord.
12 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Monsieur Harmon.
13 M. HARMON : [interprétation] Oui, merci, Monsieur le Président. J'ai eu --
14 d'abord, je vous salue, Monsieur le Président.
15 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous salue.
16 M. HARMON : [interprétation] Je salue mon éminent confrère.
17 Cet après-midi, avant de descendre et de venir devant la Chambre, M.
18 Lukic et M. Guy-Smith m'ont contacté. Ce matin, nous avons donné à la
19 Défense une note de récolement, un rapport d'information qui est
20 l'aboutissement de longues conversations que nous avons eues avec le témoin
21 suivant, dont je ne vais pas citer le nom pour le moment, car je ne sais
22 pas s'il y aura éventuellement des mesures de protection à son endroit. En
23 tout état de cause, nous avons pu examiner la note de récolement avec le
24 témoin, mais uniquement hier. Et une fois que cette note a été examinée et
25 que des corrections y ont été apportées, nous la communiquerons à la
26 Défense.
27 La préoccupation qui m'a été communiquée par la Défense c'est que ça
28 contenait des nouveaux éléments qui n'avaient pas figuré dans la
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1 déclaration précédente. C'est vrai, je le reconnais. Il y a également des
2 chevauchements entre ce qui figurait dans la première déclaration et dans
3 celle-ci. Au final, la Défense m'a proposé que nous remettions à plus tard
4 la déposition de ce témoin jusqu'après les vacances judiciaires. Ma
5 proposition --
6 M. LE JUGE MOLOTO : [aucune interprétation]
7 M. HARMON : [interprétation] Je parle bien des vacances d'été, vacances
8 judiciaires. Donc ma proposition est la suivante, Monsieur le Président :
9 ce témoin est censé commencer à déposer jeudi, et je vous propose qu'il
10 commence à déposer lundi. Ce qui permettrait à la Défense d'avoir quelques
11 jours supplémentaires pour préparer le contre-interrogatoire. Je pourrais
12 quant à moi commencer mon interrogatoire principal de ce témoin lundi. Je
13 pense que ça prendrait deux jours, voire davantage, mais pas beaucoup plus
14 que deux jours si les choses se déroulent comme je le prévois.
15 La Défense ensuite serait en mesure de faire son contre-
16 interrogatoire sur les documents qu'ils ont reçus, et là, il n'y aurait pas
17 de nouveaux éléments puisqu'ils auront reçu les informations sur ces
18 éléments, ils les auront eues à leur connaissance depuis un certain temps.
19 Je leur ai communiqué également quelques pièces. Il y en a à peu près 55,
20 et 51 ont déjà un numéro P dans l'affaire. Il n'y aura pas de surprise en
21 ce qui concerne les pièces invoquées. Donc je pense que le contre-
22 interrogatoire pourrait commencer et, dans la mesure où la Défense estime
23 qu'elle ne peut pas continuer, étant donné les informations nouvelles, et
24 qu'elle estime avoir besoin de temps supplémentaire, on pourra à ce moment-
25 là suspendre. J'ai vérifié avec ce témoin et ce témoin pourrait revenir
26 après les vacances judiciaires.
27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Lukic, sans prendre partie
28 pour un côté ou pour l'autre, est-ce que vous pensez pouvoir tenir compte
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1 de ce qu'a dit M. Harmon, et est-ce que cela nous permettrait de terminer
2 la déposition de M. Sacirbey cette semaine ? Ne sachant pas très bien
3 comment vous allez organiser votre argumentation. Et je suis sûr que tout
4 le monde souhaite terminer, Monsieur Sacirbey, non pas qu'on ne vous aime
5 pas, au contraire, on est ravi de vous avoir avec nous, mais vous devez
6 être fatigué aussi vous-même.
7 M. LUKIC : [interprétation] Oui, j'attendais que l'interprétation se
8 termine et je sais qu'il y a toujours un petit peu de décalage avec
9 l'interprétation. Je sais que je pose parfois des difficultés aux
10 interprètes. Je pense que nous pouvons rester en audience publique ici
11 parce que tout le monde sait de quel témoin nous parlons. Alors voilà
12 justement le nœud de la question. Aujourd'hui, vers midi, nous avons reçu
13 la note de récolement supplémentaire suite à l'entrevue ayant eu lieu avec
14 ce témoin. C'est un document qui fait une vingtaine de pages, qui a été
15 rédigé en B/C/S et il y a 19 pages dans la version anglaise. C'est un
16 document d'une certaine longueur.
17 Voilà ce qui me préoccupe : les notes de récolement concernant cette
18 entrevue concernent une entrevue conduite par M. Harmon avec ce témoin au
19 cours des quatre derniers jours du mois d'avril de cette année, les 27, 28,
20 29 et 30 avril. Et cette note a été rédigée le 1er mai. Voilà ce qui figure
21 dans le document.
22 Je vois également que le témoin a signé cette note dans une langue
23 qu'il comprend hier. Ceci dit, nous n'avons reçu cette note fort importante
24 concernant un témoin important qu'aujourd'hui, et je pense que tout
25 simplement nous n'avons pas eu suffisamment de temps pour nous préparer. Il
26 s'agit d'un témoin certes important, c'est un témoignage qui va vraiment
27 toucher aux éléments essentiels de cette affaire. Et je ne souhaiterais
28 tout de même pas devoir interrompre mon contre-interrogatoire de ce témoin.
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1 En effet, je ne pourrais pas commencer en parlant d'une idée dans mon
2 contre-interrogatoire, et puis devoir changer. Etant donné que je n'ai reçu
3 ce document qu'aujourd'hui, midi, je ne pense pas pouvoir être en mesure de
4 me préparer d'ici lundi de la semaine prochaine.
5 Il s'agit d'une question fondamentale qui relève de l'article 21 du
6 Statut. Et très brièvement, je voudrais vous indiquer quelle serait ma
7 proposition. Etant donné encore une fois qu'il s'agit d'un des témoins
8 essentiels dans ce procès, et sachant également qu'il y a un nombre
9 important de faits nouveaux sur lesquels ce témoin déposera, là, je
10 conviens avec M. Harmon que ces documents ont été mis à notre disposition,
11 mais ce n'est pas le document même qui pose problème, c'est plutôt
12 l'attitude de ce témoin par rapport à ce document, comme on a pu le voir
13 dans la note de récolement.
14 Ma proposition est donc soit de ne pas commencer du tout la
15 déposition de ce témoin avant la fin des congés judiciaires, ou que M.
16 Harmon fasse son interrogatoire principal la semaine prochaine et que mon
17 contre-interrogatoire, lui, ne commence qu'après l'été. En effet, ces
18 quelques jours seulement ne me permettront pas de faire toutes les
19 vérifications que je souhaiterais pouvoir faire afin de me préparer à ce
20 contre-interrogatoire. Vous savez, ça fait deux mois et demi depuis que
21 cette entrevue avec le témoin a eu lieu, et je n'ai reçu cette note de
22 récolement qu'aujourd'hui, donc je pense que ceci est contraire aux
23 dispositions de l'article 21 et ne me laisse pas le temps supplémentaire.
24 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous nous avez dit que le témoin n'a
25 signé qu'hier, donc ils n'ont pas pu vous donner cette note sans la
26 signature du témoin. Je pense que le fait que ça a été envoyé seulement
27 hier et pas au moment où elle a été rédigée, ça, c'est une autre question.
28 Alors, si vous me permettez, je vais proposer, car Monsieur Harmon,
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1 vous avez indiqué qu'il vous fallait deux à trois jours pour faire votre
2 interrogatoire principal. Donc cela signifie que si nous tenons compte de
3 la demande de M. Lukic tendant à ne pas entamer son contre-interrogatoire,
4 nous risquerions de perdre trois jours de la semaine prochaine. Etant donné
5 ce qu'il a dit, est-ce vraiment fatal ? Est-ce qu'on ne pourrait pas tenir
6 compte de sa demande, et que vous interrogez votre témoin la semaine
7 prochaine, vous le commencez, si ça dure trois jours, ça va être trois
8 jours, et puis on suspend et on fera le contre-interrogatoire après.
9 M. HARMON : [interprétation] Oui, bien sûr, ce n'est pas fatal, c'est vrai.
10 Je pensais évidemment à l'économie judiciaire et c'est vrai qu'il y a des
11 différentes questions sur lesquelles ce témoin va déposer. Et avec tout le
12 respect, je pense que le contre-interrogatoire pourrait commencer sur ces
13 sujets-là.
14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, je le comprends bien, mais M.
15 Lukic a dit ce qu'il avait à dire concernant l'entame de son contre-
16 interrogatoire la semaine prochaine et a parlé de l'attitude du témoin. Je
17 ne sais pas trop ce que ça veut dire, nous le verrons bien. Et il a
18 également soulevé un point plus important que l'on doit apprécier par
19 rapport à l'économie judiciaire et qui, je pense, est d'une importance plus
20 importante.
21 M. HARMON : [interprétation] Je vous laisse trancher.
22 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Pouvons-nous donc convenir que
23 l'Accusation commencera son interrogatoire principal cette semaine, et puis
24 nous suspendrons, et puis le contre-interrogatoire recommencera après les
25 vacances judiciaires. D'accord. Très bien. La décision est prise.
26 M. HARMON : [interprétation] J'aurais une demande, Monsieur le Président,
27 suite à la décision prise par la Chambre. Est-ce que la déposition du
28 témoin pourrait commencer lundi 24 août, et pour la raison suivante : je ne
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1 suis pas disponible le --
2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Vous allez prendre des vacances à
3 l'avance ?
4 M. HARMON : [interprétation] Oui, j'aurai peut-être un jour de plus. Je
5 serai en voyage de retour à La Haye, et donc je ne serai là que le 16 août.
6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Nous sommes censés reprendre le 17
7 août, n'est-ce pas, ce n'est pas cela ?
8 M. HARMON : [interprétation] Le 17 me convient, alors pardon, excusez-moi,
9 je me suis trompé. Je vais vérifier avec M. Thomas. Nous avons un témoin je
10 pense qui est prévu le 17 et le 18. Nous avons d'autres témoins
11 éventuellement pour la suite de cette semaine. Nous sommes toujours en
12 train de travailler sur le calendrier de ces témoins, mais nous avons prévu
13 cette fenêtre de temps à peu près pour le témoin donc la semaine suivante.
14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais vous serez là à partir du 24,
15 c'est ça que vous nous dites ?
16 M. HARMON : [interprétation] Oui, je serai là à partir du 24 pour la
17 déposition de ce témoin. Je serai disponible -- attendez, permettez-moi un
18 aparté.
19 [Le conseil de l'Accusation se concerte]
20 M. HARMON : [interprétation] Je viens de parler avec M. Thomas, il
21 semblerait que les témoins qui sont prévus le 19 ne sont pas encore
22 réservés de manière ferme, donc nous pourrions commencer avec ce témoin le
23 19 et je serai de retour.
24 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Fort bien. Nous n'allons pas vraiment
25 dire à quel moment nous commencerons. Nous verrons. Si c'est le 19, très
26 bien. Mais si vous avez prévu d'autres témoins pour les 19, 20, 21, on les
27 prendra également et puis il pourra commencer le 24. Simplement ce qui
28 convient de dire pour l'heure, c'est que nous sommes d'accord pour dire que
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1 son contre-interrogatoire commencera après les vacances judiciaires.
2 D'accord ?
3 M. HARMON : [interprétation] Oui, tout à fait, je vous remercie. Est-ce que
4 vous me libérez ?
5 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, je vous libère.
6 Monsieur Sacirbey, toutes nos excuses. Nous devons prendre ces dispositions
7 afin que vous puissiez également terminer votre témoignage.
8 M. THOMAS : [interprétation] Excusez-moi, mais avant que mon éminent
9 collègue ne commence, je ne voulais pas interrompre la procédure, mais dans
10 une demi-heure je devrai être appelé ailleurs, je serai remplacé ici par M.
11 Saxon et je voudrais que vous me libériez à ce moment-là sans devoir vous
12 demander de me libérer.
13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Fort bien, c'est bien compris.
14 Monsieur Guy-Smith.
15 M. GUY-SMITH : [interprétation] Pourrions-nous avoir, s'il vous plaît, la
16 pièce 6090 à l'écran. Ça se trouve à l'intercalaire 86 de votre classeur.
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Je l'ai trouvé.
18 M. GUY-SMITH : [interprétation]
19 Q. Vous l'avez trouvé. Vous avez bien trouvé l'intercalaire 86, en tout
20 cas, ce document est à l'écran.
21 C'est un document qui était en diffusion générale, n'est-ce pas;
22 c'est bien cela ?
23 R. Oui.
24 Q. Bien. Passons maintenant à la deuxième page de ce document qui est en
25 date -- non.
26 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je suis désolé, j'ai fait une erreur, il
27 s'agit du document 1D03.
28 LE TÉMOIN : [interprétation] Très bien.
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1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Donc c'est bien le 1D03-6090 ?
2 M. GUY-SMITH : [interprétation] C'est cela.
3 Q. C'est un document en date du 25 juin 1995. Il s'agit d'un rapport du
4 coprésident du comité du pilotage de la conférence internationale de l'Ex-
5 Yougoslavie. Pouvons-nous passer, s'il vous plaît, à la deuxième page de ce
6 document, et je suis intéressé par le paragraphe 3. En ce qui concerne la
7 teneur de ce document, la phrase qui m'intéresse est la dernière phrase que
8 l'on trouve dans ce paragraphe, je donne lecture :
9 "Le vice-président a déclaré qu'au cours de la période couverte par le
10 présent rapport, il n'y avait eu aucun transfert non commercial, aucune
11 expédition entre la frontière de la République fédérale de Yougoslavie et
12 la République de Bosnie-Herzégovine." Vous l'avez vu ?
13 R. Oui.
14 Q. Ensuite, paragraphe 10 :
15 "La mission bénéficie toujours d'une pleine et entière liberté de mouvement
16 au sein de la République fédérale de Yougoslavie, c'est-à-dire Serbie-
17 Monténégro." C'est bien cela ?
18 R. Oui.
19 Q. Maintenant paragraphe 16, s'il vous plaît, qui se trouve à la page 5,
20 qui porte sur la coopération des autorités de la République fédérale de
21 Yougoslavie avec la mission. Il est écrit que la coopération est bonne.
22 Vous le voyez ?
23 R. Oui.
24 Q. Ensuite, paragraphe 19, on fait état d'une discussion à propos de la
25 contrebande, contrebande de carburant, interdiction et de mesures visant à
26 interdire ce type de contrebande. Vous le voyez ?
27 R. Oui.
28 Q. Ceci se poursuit dans les paragraphes 19, 20, et 21, on parle toujours
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1 de contrebande et il y a une discussion portant sur les interactions entre
2 les douaniers et les personnes faisant du marché noir. Vous le voyez ?
3 R. Oui.
4 Q. C'est un document que vous avez reçu en tant qu'ambassadeur de Bosnie-
5 Herzégovine ?
6 R. Oui.
7 M. GUY-SMITH : [interprétation] Pourrais-je demander le versement au
8 dossier de cette pièce.
9 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien, il faudrait une cote.
11 M. LE GREFFIER : [interprétation] Cela recevra la cote D156.
12 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.
13 M. GUY-SMITH : [interprétation] Pourriez-vous, s'il vous plaît, reprendre
14 l'intercalaire suivant, l'intercalaire 87 de ce classeur. Pièce 1D03-6082.
15 Q. C'est une lettre en date du 19 septembre 1994, toujours à diffusion
16 générale, c'est bien cela ?
17 R. Je vois oui.
18 Q. Très bien. Passons à la page 3, s'il vous plaît. Il est écrit :
19 "Fermeture par la République fédérale de Yougoslavie, Serbie-Monténégro, de
20 sa frontières avec les Serbes de Bosnie…"
21 Vous le voyez ?
22 R. Oui.
23 Q. Il est écrit que le 4 août, les mesures suivantes ont été prises par le
24 gouvernement de la République fédérale de Yougoslavie et ce sont des
25 mesures qui doivent entrer en vigueur le jour même; c'est bien cela ?
26 R. Oui.
27 Q. Il est écrit quelles sont les mesures qui doivent entrer en vigueur;
28 vous le voyez ?
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1 R. Oui.
2 Q. (a) : "Couper toute relation politique et économique avec la Republika
3 Srpska, interdire aux dirigeants de la Republika Srpska de se trouver sur
4 le territoire de l'armée fédérale de Yougoslavie, et à partir
5 d'aujourd'hui, la frontière entre la République fédérale de Yougoslavie est
6 fermée en ce qui concerne tout transport vers la Republika Srpska, mis à
7 part transport de nourriture, de vêtements et de médicaments." Vous le
8 voyez ?
9 R. Oui.
10 Q. Passons maintenant à la page 6 du même document.
11 En ce concerne le concept même de la mission. Sous le chapitre 6, le
12 paragraphe qui nous intéresse c'est le paragraphe 19 concernant ce concept
13 même de la mission. Il est écrit :
14 "La mission exercera son droit de se rendre où elle le veut sans avoir
15 besoin d'en avertir quiconque afin de suivre les travaux des douaniers de
16 la République fédérale de Yougoslavie, c'est-à-dire Serbie-Monténégro, et
17 afin de surveiller quels sont les véhicules qui traversent la frontière."
18 Vous le voyez ?
19 R. Oui, je le vois.
20 Q. C'est une lettre que vous avez sans doute reçue en tant qu'ambassadeur
21 de Bosnie-Herzégovine, n'est-ce pas ?
22 R. Oui, en effet.
23 M. GUY-SMITH : [interprétation] Très bien. Pourrions-nous avoir une cote
24 pour ce document.
25 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Monsieur le Greffier,
26 veuillez nous donner une cote.
27 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la cote D157.
28 M. GUY-SMITH : [interprétation] Maintenant, passons, s'il vous plaît, au
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1 document suivant qui se trouvera à l'intercalaire 88, c'est la pièce 1D03-
2 6050.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Je l'ai trouvé.
4 M. GUY-SMITH : [interprétation]
5 Q. Il s'agit à nouveau d'un document qui est en diffusion générale, n'est-
6 ce pas ?
7 R. Tout à fait.
8 Q. Il s'agit d'une discussion à propos de la FORPRONU.
9 R. Oui. Il faut que je le lise pour en prendre connaissance.
10 Q. Prenez votre temps.
11 R. Oui, cela semble être l'essentiel du document. Cela porte
12 principalement sur la FORPRONU visiblement.
13 Q. Très bien. Passons au paragraphe 30 qui se trouve à la page 10 du
14 document papier.
15 R. J'ai trouvé.
16 Q. En ce qui concerne le problème des zones protégées, nous avons parlé de
17 l'emploi de ces zones protégées, à un moment ou à un autre, je ne sais pas
18 très bien quand, mais il est écrit :
19 "L'armée du gouvernement de Bosnie-Herzégovine a employé ces zones
20 protégées pour que ses troupes s'en servent afin de se reposer, de
21 s'entraîner et de s'équiper et aussi pour tirer sur les positions serbes,
22 ce qui, de fait, provoque des représailles du côté serbe."
23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Pouvez-vous nous dire à partir d'où
24 vous lisez ce document, où est-ce que vous avez commencé votre lecture ?
25 M. GUY-SMITH : [interprétation] Au milieu du paragraphe 30.
26 Q. Je poursuis ma lecture :
27 "Si ce concept doit être poursuivi, il faudrait redéfinir ce terme de zones
28 protégées comme cela est suggéré dans le rapport du secrétaire général du
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1 11 mars 1994, qui porte sur la possibilité d'étendre ce concept à trois
2 nouvelles villes identifiées par le Conseil de sécurité. Une telle
3 redéfinition des termes demanderait une démilitarisation complète des deux
4 camps et portant sur les conditions ayant fait l'objet d'un accord
5 permettant d'assurer la liberté de mouvement et permettant soit de mettre à
6 la fourrière, soit de retirer toutes les armes lourdes qui pourraient s'y
7 trouver et permettant un déploiement aussi de la FORPRONU de façon étendue
8 dans ces zones."
9 C'est bien ce qui est écrit ?
10 R. Oui.
11 Q. Maintenant, passons un peu plus loin, portant sur le problème des tirs
12 embusqués, au paragraphe 31. Donc il est écrit :
13 "La ville a souffert de pilonnages intensifs et de tirs embusqués qui ont
14 parfois été provoqués par des actions offensives et entreprises par les
15 forces de l'armée du gouvernement de Bosnie-Herzégovine."
16 Vous l'avez vu ?
17 R. Oui.
18 Q. Maintenant, passons au paragraphe 34A, ce sera la page 12 de votre
19 document papier. Il est écrit, et je cite :
20 "Un certain nombre de nouvelles missions ont obligé la FORPRONU à se
21 retrouver comme faisant obstacle à des objectifs militaires en ce qui
22 concerne un seul des camps, ce qui pourrait compromettre son impartialité
23 qui est pourtant absolument essentielle si la FORPRONU veut rester efficace
24 dans le cadre de sa mission humanitaire."
25 Vous le voyez ?
26 R. Oui.
27 Q. En ce qui concerne ce paragraphe, il est écrit que la FORPRONU, parfois
28 gêne les objectifs militaires d'un des camps et il est écrit que c'est
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1 quelque chose qui a été discuté de façon officielle et officieuse au sein
2 des Nations Unies et au sein du Conseil de sécurité et qui a aussi été
3 discuté au sein de l'assemblée générale. On est assez inquiet à propos de
4 l'impartialité éventuelle de la FORPRONU ou de la perception qu'on pourrait
5 avoir de cette impartialité.
6 R. Dans le concept du mandat qui a été donné à la FORPRONU, il semble
7 quand même que ce mandat a été beaucoup plus large qu'uniquement des
8 questions humanitaires.
9 Q. Oui, je comprends bien votre réponse. Mais j'aimerais savoir quand même
10 si on a discuté au sein des Nations Unies du problème que la FORPRONU
11 pourrait être perçue comme n'étant pas forcément impartiale suite à ses
12 activités.
13 R. Je crois que j'ai répondu à cette question.
14 Q. C'est une réponse affirmative, n'est-ce pas ?
15 R. Oui.
16 M. GUY-SMITH : [interprétation] J'aimerais une cote, s'il vous plaît.
17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien.
18 M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera la cote D158.
19 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.
20 M. GUY-SMITH : [interprétation] Maintenant, pourrions-nous avoir à l'écran
21 la pièce suivante qui doit être à l'intercalaire 89. Il s'agit de la pièce
22 1D03-6040.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] 11 mars 1994 ?
24 M. GUY-SMITH : [interprétation]
25 Q. Tout à fait.
26 R. J'ai le document.
27 Q. C'est encore un document qui était en diffusion générale, n'est-ce pas
28 ?
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1 R. Oui, je le vois.
2 Q. Avez-vous pu lire ce document lorsque vous étiez ambassadeur ?
3 R. Oui, il me semble que je l'ai lu.
4 Q. En ce qui concerne ce document, je vous demanderais, s'il vous plaît,
5 de vous référer au paragraphe 17, ça devrait être à la cinquième page du
6 document en anglais.
7 R. Je vois le paragraphe.
8 Q. Il y a plusieurs choses dans ce paragraphe. Les conditions de vie dans
9 les zones protégées sont épouvantables, il y a énormément de crimes,
10 prostitution, beaucoup trop de monde, et cetera. De plus, l'ABiH emploie
11 ces zones protégées afin que ses troupes puissent s'y reposer, s'y
12 entraîner et s'équiper, ils peuvent aussi tirer sur les positions serbes.
13 Vous le voyez ?
14 R. Oui.
15 Q. Vous vous souvenez des remarques faites par Wahlgren. Peu de temps
16 avant, il avait déclaré qu'il fallait absolument que les zones protégées
17 soient démilitarisées.
18 R. C'est un document qui date d'il y a deux semaines précédemment; c'est
19 bien cela ?
20 Q. A peu près deux semaines, oui.
21 R. Oui, je comprends, je me souviens très bien que nous en ayons parlé.
22 M. GUY-SMITH : [interprétation] Puis-je avoir une cote.
23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Une cote.
24 Mme BOLTON : [interprétation] J'aimerais comprendre quelque chose. Jusqu'à
25 présent, on a vu deux documents. Mon éminent confrère lit un passage de ce
26 document, demande au témoin si c'est bien ce que dit le document. Donc
27 jusqu'à présent, M. Guy-Smith n'a demandé au témoin que si sa lecture est
28 bien ce qui figure au paragraphe. Il ne demande absolument pas au témoin
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1 s'il est d'accord ou non avec la teneur du document.
2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] On lui a certainement posé ce type de
3 questions. J'aimerais savoir exactement où vous voulez en venir, Madame
4 Bolton.
5 Mme BOLTON : [interprétation] Je ne comprends pas très bien les questions
6 de mon éminent confrère. Il lit un passage, ensuite il termine en disant
7 "correct." Alors, que demande-t-il au témoin quand il dit "correct" ? Est-
8 ce qu'il demande au témoin s'il est d'accord avec la teneur du document ou
9 s'il est d'accord qu'il a correctement lu le document. Ce n'est pas très
10 clair, je n'arrive pas à voir le but de l'exercice.
11 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Guy-Smith, expliquez-vous.
12 M. GUY-SMITH : [interprétation] En ce qui concerne les questions que j'ai
13 posées au témoin - et je tiens à dire à Mme Bolton que j'ai déjà
14 correctement lu les passages, n'est-ce pas ?
15 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, mais alors, vous parlez à qui là
16 ? Je ne comprends pas très bien. Vous parlez à Mme Bolton, vous me parlez à
17 moi ?
18 M. GUY-SMITH : [interprétation] Non, je prends en compte ce que vous venez
19 de me dire. Alors j'aimerais déjà savoir si vous considérez que j'ai lu
20 correctement le document.
21 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Avez-vous posé la question à M.
22 Sacirbey, au témoin ?
23 M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui, puisque Mme Bolton est inquiète et ne
24 sait pas vraiment ce que je faisais.
25 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ecoutez, Mme Bolton voudrait savoir si
26 vous avez demandé au témoin d'acquiescer sur le fait que vous avez
27 correctement lu le passage ou si vous lui demandez d'acquiescer sur la
28 teneur même du passage que vous avez lu.
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1 M. GUY-SMITH : [interprétation] Ecoutez, je ne vais pas faire le travail de
2 Mme Bolton. Si elle ne comprend pas ma question, elle n'a qu'à ensuite
3 reposer des questions dans le cadre de ses questions supplémentaires. Cela
4 dit, moi, pour l'instant, je n'ai pas grand-chose à me reprocher.
5 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je ne vous comprends absolument pas,
6 Maître Guy-Smith. Votre éminente consoeur voulait savoir exactement ce que
7 vous faisiez.
8 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je fais ce que je fais, et je pense que je
9 répondais, en fait, à sa double inquiétude. J'ai demandé au témoin si ce
10 que j'avais lu était bel et bien ce qui était écrit, ensuite je lui ai
11 aussi demandé s'il était d'accord avec les informations contenues dans le
12 passage lu. Elle m'a posé les deux questions, moi, je lui ai répondu.
13 J'essayais de lui être agréable.
14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Maître Guy-Smith,
15 poursuivez.
16 M. GUY-SMITH : [interprétation]
17 Q. Vous souvenez-vous de ma question ?
18 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Monsieur le Greffier.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Pour vos questions précédentes, j'ai dit,
20 en effet, je le vois, mais je tiens à dire quand même que lorsque j'ai
21 répondu à toutes les questions portant sur ces documents, j'ai répondu de
22 façon affirmative, parce que vous m'avez demandé si vous avez correctement
23 lu le passage. Je n'ai jamais dit que j'étais d'accord entièrement avec la
24 teneur du document.
25 M. GUY-SMITH : [interprétation]
26 Q. Très bien. Très bien. Vous n'êtes pas forcément d'accord. J'ai bien
27 compris cela. Mais alors, en ce qui concerne le document que nous avons vu,
28 document qui a maintenant des cotes, à partir du D -- je cherche les cotes.
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1 Donc le D155, D156, D157, D158 et D159. Je vous ai lu des passages de ces
2 documents et je vous ai demandé si les informations contenues dans ces
3 documents étaient des informations qui avaient été débattues à la fois au
4 sein du Conseil de sécurité et de l'assemblée générale; correct ?
5 R. Enfin, il y a beaucoup d'informations dans tous ces documents, et
6 certaines de ces informations ont été débattues dans le cadre de ces deux
7 entités, mais pas toutes.
8 Q. Oui, mais enfin, c'est une discussion générale, donc tout le monde au
9 sein des Nations Unies a pu en prendre connaissance, que ce soit au sein du
10 Conseil de sécurité ou de l'assemblée générale ?
11 R. Oui.
12 Q. En ce qui concerne la fiabilité ou la validité des informations qui
13 sont contenues dans ce document, si j'ai bien compris votre déposition,
14 vous n'êtes pas entièrement d'accord avec la teneur de ce document ?
15 R. En effet.
16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Avant de poursuivre, au compte rendu,
17 on ne voit pas la cote 1D03-6040. Surtout, on ne voit pas au compte rendu
18 que ce document devrait recevoir une cote.
19 M. LE GREFFIER : [interprétation] Oui, je n'ai pas eu le temps de donner la
20 cote. C'est la pièce D159.
21 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.
22 Maître Guy-Smith, c'est à vous.
23 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je vous remercie.
24 Q. En ce qui concerne le problème de la diplomatie, vous avez déclaré que
25 la diplomatie donne une grande marge de manœuvre en ce qui concerne le
26 maniement des mots. Vous avez bien dit ça, n'est-ce pas ?
27 R. Je n'en suis pas certain, mais enfin, peut-être. Vous me demandez si je
28 suis d'accord avec cette affirmation ?
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1 Q. O.K. Je vais vous donner lecture de quelque chose afin d'accélérer un
2 peu les choses. Je fais référence ici à un discours que vous avez donné le
3 4 juin 1993, peut-être ceci vous rafraîchira la mémoire à propos de cette
4 affirmation qui serait vôtre. Donc il y a un nouveau terme dans le
5 dictionnaire spécial pour la Bosnie-Herzégovine, programme d'action
6 conjoint. Mais dans ces trois mots, il y a un mot qui est particulièrement
7 trompeur, c'est, action. La diplomatie permet d'avoir une grande marge de
8 manœuvre dans le maniement des mots, mais nous savons que l'objectif qui a
9 motivé tous ce programme, c'est l'évitement. Est-ce que vous m'avez entendu
10 ?
11 R. Oui, tout à fait.
12 Q. Vous vous souvenez avoir fait cette déclaration ?
13 R. Oui, je me souviens. En tout cas, je me souviens du contexte général.
14 Q. Bien, c'est ce qui m'intéresse. Ce qui m'intéresse, c'est la
15 manipulation des termes et des mots, et ce, dans un contexte général.
16 M. GUY-SMITH : [interprétation] Pourrions-nous, s'il vous plaît, avoir à
17 l'écran la pièce 1D03-2229 que vous trouverez à l'intercalaire 78. Il
18 s'agit --
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, j'ai ce document. Il s'agit d'un article
20 qui est du "New York Times" qui date du 17 décembre 1995.
21 Q. Il s'agit d'un édito [phon], n'est-ce pas ?
22 R. Oui, tout à fait.
23 Q. Donc c'est un édito, et on voit votre trace partout, enfin, c'est vous
24 qui avez fait en sorte que ceci se retrouve dans le "New York Times" parce
25 que vous étiez très inquiet à propos de M. Bildt ?
26 R. Si vous êtes en train de dire que j'avais une certaine influence en ce
27 qui concerne les opinions qui étaient exprimées dans ce document, c'est
28 vrai.
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1 Q. Oui. J'utilise des termes assez spéciaux, et j'ai bien dit que vous
2 aviez vos empreintes digitales partout sur ce document. J'ai dit cela, mais
3 vous avez influencé, en fait, les opinions qui sont exprimées dans ce
4 document. Vous êtes en train de nous dire que vous avez influencé cet édito
5 du "New York Times" ?
6 R. Oui, en effet.
7 Q. Donc je répète, vous êtes en train nous dire que vous avez bel et bien
8 utilisé votre influence pour influencer ce qui est écrit dans le "New York
9 Times" ?
10 R. Je n'ai pas eu une conversation directe avec le rédacteur de cet édito.
11 Je n'en suis pas sûr à 100 % en tout cas. Je ne peux pas être sûr à 100 %
12 que c'est moi qui ai influencé le rédacteur.
13 Q. Oui, je vous comprends bien. Mais dans votre conversation avec M. Nice,
14 vous avez dit que vous aviez fait exprès, vous avez fait en sorte que cet
15 édito se retrouve tel que dans le "New York Times" et vous avez parlé
16 finalement aussi avec M. Bildt à propos de cet édito à Strasbourg un peu
17 plus tard, n'est-ce pas ?
18 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Madame Bolton.
19 Mme BOLTON : [interprétation] Je suis désolée. Pourriez-vous m'aider, s'il
20 vous plaît, à retrouver les documents portant sur l'entretien avec M. Nice.
21 Je ne sais pas où nous en sommes.
22 M. GUY-SMITH : [interprétation] C'est dans la deuxième bande, la bande 2A.
23 Mme BOLTON : [interprétation] Pourriez-vous me donner la référence
24 chronologique pour que je m'y retrouve dans la bande.
25 M. GUY-SMITH : [interprétation] Mais bien sûr. Il faut que vous regardiez à
26 1 heure, 25 minutes, plus ou moins.
27 Mme BOLTON : [interprétation] Merci.
28 M. GUY-SMITH : [interprétation]
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1 Q. Pour ce qui est de cet éditorial, ou l'article de tête, si je ne me
2 trompe pas, la personne qui s'appelle Mabel a écrit, n'est-ce pas ?
3 R. Je pense que cette personne a eu une certaine influence pour ce qui est
4 de la rédaction de cet éditorial.
5 Q. Et après quoi cela était devenu l'éditorial dans le "New York Times",
6 n'est-ce pas ?
7 R. Je crois que cela pourrait être exact.
8 Q. Lorsque vous dites que vous croyez que cela pourrait être exact,
9 pendant que vous témoignez devant nous, vous savez que c'est exact, parce
10 que c'est vous qui avez fait que cet éditorial soit publié dans le "New
11 York Times", n'est-ce pas, Monsieur Sacirbey ?
12 R. Je ne veux pas me vanter de cela, mais j'ai eu une influence, oui, pour
13 ce qui est de la publication de cet article, de cet éditorial, dans une
14 certaine mesure, mais je ne peux pas vous dire si les gens qui ont fait
15 publier cet article dans le "New York Times" ont fait ça en mon nom.
16 Q. Est-ce que vous nous dites, parce qu'il faut qu'on tire cela au clair,
17 que quand vous avez dit à M. Nice qu'il y a vos empruntes digitales sur ce
18 papier, quoiqu'à l'époque vous ne vouliez pas prendre du mérite pour ce qui
19 est de cet éditorial, de la publication de cet éditorial, article de tête ?
20 R. Je crois que j'ai utilisé ce terme pour dire que j'ai eu une influence
21 pour ce qui est de cet éditorial ou que je pensais que j'avais une certaine
22 influence là-dessus.
23 Q. Vous n'avez pas dit que vous l'avez fait ? Vous n'avez pas dit que vous
24 croyiez que vous aviez une certaine influence ?
25 R. J'ai utilisé le mot "avoir mes empruntes digitales là-dessus," mais
26 j'ai utilisé cette expression, endossé la responsabilité pour ce qui est de
27 la publication de cet éditorial.
28 Je pense qu'il n'y a plus d'image. Je peux vous entendre toujours,
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1 mais l'image est gelée.
2 Q. Bien.
3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Donc l'image est gelée.
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je peux vous demander si l'image
5 s'est arrêtée ?
6 M. GUY-SMITH : [interprétation] Non, nous l'avons, l'image.
7 LE TÉMOIN : [interprétation] Je peux continuer, si vous le voulez.
8 M. GUY-SMITH : [interprétation] Vous êtes content de voir mon image, enfin,
9 l'image immobile ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
11 M. GUY-SMITH : [interprétation] Très bien.
12 Q. Peut-être que j'ai fait une erreur. Cette réunion a eu lieu à Berlin et
13 non pas à Strasbourg, mais en tout cas vous avez rencontré M. Bildt et il
14 vous a posé des questions pour ce qui est de cet éditorial, n'est-ce pas ?
15 R. Oui. En fait, la réunion a eu lieu à --
16 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Madame Bolton.
17 Mme BOLTON : [interprétation] L'objection que je soulève concerne la
18 pertinence de cette série de questions. Je ne pense pas que cela soit
19 pertinent.
20 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Donc c'est pour ce qui est de la
21 pertinence ?
22 Mme BOLTON : [interprétation] Je n'ai pas réussi à lire cet éditorial tout
23 entier, mais je ne comprends pas où est la pertinence de cet éditorial,
24 c'est-à-dire à savoir si le témoin a endossé la responsabilité pour ce qui
25 est de la publication de cet article ou pas au "New York Times".
26 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Maître Guy-Smith.
27 M. GUY-SMITH : [interprétation] Tout cela concerne ses commentaires pour ce
28 qui est de la manipulation des mots. Cela a un lien direct avec la
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1 crédibilité et avec le fait qu'il manipule les faits comme il manipule les
2 mots.
3 Mme BOLTON : [interprétation] Je n'y suis toujours pas, mais je vais
4 attendre pour voir si d'autres questions vont être posées dans la même
5 direction.
6 M. GUY-SMITH : [interprétation]
7 Q. Vous avez dit quelque chose, Monsieur Sacirbey ?
8 R. J'ai dit que cette réunion a eu lieu à Bonn, en fait.
9 Q. Bien. A la réunion à Bonn, M. Bildt vous a directement demandé si vous,
10 ou pas, vous avez participé ou si vous étiez derrière cet éditorial
11 particulier, n'est-ce pas ?
12 R. Oui.
13 Q. Vous lui avez dit que vous n'étiez pas derrière cet éditorial.
14 R. Je n'ai pas dit cela, en fait. Je lui ai proposé de parler à
15 l'ambassadeur Holbrooke.
16 Q. Quand vous avez discuté à propos de ce sujet avec M. Nice, et je crois
17 que c'était à 1 heure, 25 [comme interprété] minutes, 30 secondes de
18 l'enregistrement audio, vous avez dit :
19 "J'ai dit non. Est-ce que vous avez pensé à Holbrooke ?"
20 R. C'est vrai.
21 Q. Après avoir dit cela à M. Nice, vous lui avez dit la vérité pour ce qui
22 est de votre entretien avec M. Bildt, n'est-ce pas ?
23 R. Je pense que j'ai réitéré la même déclaration ici.
24 Q. Bien. Mais vous avez été impliqué à la publication de cet éditorial
25 particulier, et la raison pour laquelle vous avez participé est la façon à
26 laquelle M. Bildt a parlé avec vous pour ce qui est de ces choses-là ?
27 R. Y compris la trahison de Srebrenica, n'est-ce pas.
28 Q. Oui, je comprends cela, mais vous avez décidé d'influencer la situation
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1 derrière la scène et manipuler les mots par le biais des articles publiés
2 au "New York Times" par le biais de cet éditorial pour nuire à M. Bildt
3 éventuellement ?
4 R. Non, pas contre M. Bildt. J'ai eu pour but de faire de sorte que la
5 vérité soit connue pour ce qui est de Srebrenica.
6 Q. Bien. Pour ce qui est de cet éditorial particulier, les mots qui sont
7 utilisés ici, à votre avis, est-ce que ce sont des mots qui auraient pu
8 être utilisés à cette fin ?
9 R. D'abord, je ne peux pas assumer la responsabilité pour ce qui est de
10 tout l'éditorial, parce que je ne l'ai pas écrit mot par mot.
11 Q. Continuez.
12 R. Oui, en fait, ce que nous avons ici, je pense que la phrase-clé est la
13 phrase pour laquelle je crois que c'était ma phrase, à savoir que c'est la
14 phrase, je cite :
15 "Nous devons utiliser la force pour profiter du massacre de Srebrenica et
16 d'autres atrocités pour que ces massacres ne passent pas impunis".
17 Ma préoccupation par rapport à cela était de voir que le tribunal
18 pour les crimes de guerre laisserait cela, en quelque sorte, de côté, et
19 que les participants resteraient impunis. Et je pense que nous avons vu les
20 preuves qui montrent que cette possibilité existait pour ce qui est de
21 l'arrestation des criminels de guerre, par exemple. Ce n'était pas toujours
22 l'objectif primordial des parties qui étaient impliquées à la mise en œuvre
23 des accords de Dayton.
24 Q. Pour ce qui est --
25 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Guy-Smith, il ne faut pas que
26 vous chevauchiez avec M. le Témoin.
27 Oui, Madame Bolton.
28 Mme BOLTON : [interprétation] Pour ce qui est de la pertinence de ce type
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1 de questions, je soulève une objection parce que, Monsieur le Président, je
2 pense que pour ce qui est de ce domaine, cela n'a aucune pertinence pour ce
3 qui est de cette affaire.
4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Guy-Smith, je ne pense pas que
5 nous ayons parlé de Karadzic ici. Maintenant, nous parlons de M. Bildt et
6 de ce témoin.
7 M. GUY-SMITH : [interprétation] La raison pour laquelle j'ai mentionné ce
8 point est parce qu'il a dit qu'il était possible que l'arrestation des
9 criminels de guerre ne serait pas toujours l'objectif primordial des
10 parties qui étaient impliquées à la mise en œuvre de l'accord de Dayton.
11 C'est la raison pour laquelle je crois qu'il a mentionné cela dans la
12 réponse à ma question.
13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je ne comprends toujours pas quel est
14 le lien avec Holbrooke et Karadzic. Vous avez mentionné Holbrooke ?
15 M. GUY-SMITH : [interprétation] Oui, c'est parce que pour ce qui est de cet
16 éditorial particulier, il y a eu une discussion entre M. Sacirbey et M.
17 Bildt, et dans cet entretien, M. Sacirbey a dit que c'était peut-être
18 Holbrooke qui était derrière cet éditorial. Il a dit cela à M. Bildt. C'est
19 donc dans ce contexte que cela est mentionné.
20 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais Karadzic n'est pas mentionné dans
21 cet éditorial. Nous ne voyons pas cela. Karadzic n'est pas mentionné ici.
22 M. GUY-SMITH : [interprétation] Non. Mais ici, je m'occupe des questions
23 qui concernent les accusés des crimes de guerre. Donc cela est englobé dans
24 sa réponse.
25 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Madame Bolton.
26 Mme BOLTON : [interprétation] Il a posé la question pour ce qui est de
27 l'arrestation des criminels de guerre, après quoi il a commencé à parler de
28 l'accord entre Holbrooke et Karadzic, qui n'a pas été mentionné ici.
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1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] C'est ce que j'ai dit, et j'essaie
2 d'apprendre pourquoi Me Guy-Smith a mentionné cela.
3 M. GUY-SMITH : [interprétation] Sur la base des réponses qu'il nous a
4 données, je pense que nous pouvons dire, pour ce qui est de la priorité de
5 l'arrestation des criminels de guerre, qu'ici il est dit qu'il y avait un
6 accord entre M. Holbrooke et M. Karadzic concernant les arrestations et
7 l'importance de ces arrestations. Mais je ne veux plus insister là-dessus.
8 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Faites ainsi. Merci.
9 M. GUY-SMITH : [interprétation]
10 Q. Pour ce qui est de la deuxième page de cet éditorial, est-ce qu'on peut
11 faire défiler un peu le document vers le bas. Dans le deuxième paragraphe,
12 il figure comme suit, je cite :
13 "M. Bildt, qui est toujours leader de l'opposition en Suède et qui a des
14 ambitions politiques dans son pays, a proposé, ce qui était surprenant, a
15 suggéré qu'il avait l'intention de continuer à travailler en Suède et sur
16 les Balkans. Mais pour ce qui est de la Bosnie, cela ne peut pas être un
17 travail à mi-temps. M. Bildt, s'il n'a pas pu comprendre cela, quelqu'un
18 d'autre pourrait le faire."
19 Est-ce que c'est ce que vous avez dit, Monsieur Sacirbey ?
20 R. Non --
21 Q. Monsieur Sacirbey, je vous ai posé une question spécifique. Pourriez-
22 vous répondre à ma question.
23 R. Ce ne sont pas mes propos.
24 Q. Merci.
25 M. GUY-SMITH : [interprétation] Est-ce qu'on peut verser cette pièce au
26 dossier.
27 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Cela sera versé au dossier. Est-ce
28 qu'on peut lui octroyer une cote.
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1 M. LE GREFFIER : [interprétation] La cote sera D160.
2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.
3 Maître Guy-Smith.
4 M. GUY-SMITH : [interprétation]
5 Q. Le 7 mars 1980, vous avez été arrêté en public dans le 4e District, et
6 c'était le tribunal du 4e District de l'Etat de Louisiane, en Nouvelle-
7 Orléans, par qui vous avez été jugé.
8 R. Quelle date c'était ?
9 Q. Le 7 mars.
10 R. Quelle année ?
11 Q. Monsieur Sacirbey, c'était en 1980.
12 R. Si j'avais été arrêté pour cela, cette affaire n'avait jamais été
13 présentée devant un tribunal.
14 Q. Ce n'était pas ma question.
15 R. Pendant que j'étais étudiant en Nouvelle-Orléans, j'ai été arrêté plus
16 d'une fois pour des choses différentes.
17 Q. Ma question ne portait pas sur d'autres occasions où vous avez été
18 arrêté; je vous ai posé une question spécifique --
19 R. Vous posez la question par rapport à quelque chose qui s'est passé il y
20 a 27 ou à 29 ans. Donc si vous essayez de me discréditer d'une façon ou
21 d'une autre, s'il vous plaît, présentez-moi tous les faits.
22 Q. Je vous ai posé une question simple pour ce qui est de savoir ce qui
23 s'est passé dans votre vie.
24 R. Je vous ai donné la réponse pour ce qui s'était passé dans ma vie. Ce
25 que vous avez dit pour me caractériser ou caractériser cet événement, je ne
26 pense pas que cela soit approprié.
27 Q. Est-ce que vous déposez devant ce Tribunal qu'en 1980, en Louisiane,
28 vous n'avez pas été arrêté pour jouer -- en public ?
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1 R. Non, ce n'était pas mon témoignage, parce que je n'ai jamais été jugé,
2 parce que s'il y avait des charges contre un individu, s'il y avait un
3 policier qui arrêtait une personne qui a été accusée de cela, je n'en sais
4 rien.
5 M. GUY-SMITH : [interprétation] Nous devons nous arrêter pour le moment,
6 parce que nous avons des problèmes techniques.
7 M. LE GREFFIER [par vidéoconférence] : [interprétation] Donc nous devons
8 interrompre la connexion vidéo pour pouvoir rétablir le lien plus tard.
9 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur le Greffier d'audience,
10 faites ainsi, et nous allons essayer d'avoir le compte rendu mis à jour.
11 Dites-nous une fois que le lien est rétabli.
12 M. LE GREFFIER [par vidéoconférence] : [interprétation] Merci.
13 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Si j'ai bien compris, le problème
14 concerne tout le système du Tribunal, donc nous allons faire une pause de
15 cinq minutes. L'audience est suspendue.
16 --- La pause est prise à 17 heures 01.
17 --- La pause est terminée à 17 heures 48.
18 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Un petit point d'intendance avant de
19 reprendre. Nous avons parlé tout à l'heure, et je suis désolé que M. Harmon
20 ne soit plus là, de calendrier. Nous ne sommes pas tout à fait au clair et
21 nous ne savons pas si nous allons siéger demain ou pas --
22 M. LE GREFFIER [par vidéoconférence] : [interprétation] On n'entend pas,
23 Monsieur le Président.
24 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que vous
25 m'entendez ? M'entendez-vous ? Non, apparemment pas. Vous ne m'entendez
26 pas. Monsieur le Greffier, est-ce que vous m'entendez ?
27 M. LE GREFFIER [par vidéoconférence] : [aucune interprétation]
28 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
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1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Pendant qu'on essaie de rétablir la
2 liaison, nous poursuivons.
3 Nous n'avons pas pu tirer au clair la question de savoir si nous siégeons
4 ou non demain. Le témoin de demain, nous a-t-on dit, viendra lundi. Alors
5 est-ce qu'il y a un témoin de l'Accusation demain ? Pas ce témoin-ci,
6 puisque nous ne pouvons pas, malheureusement, nous reporter sur une
7 audience de l'après-midi.
8 M. SAXON : [interprétation] Nous n'avons pas de témoin pour demain.
9 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bon, bien alors, nous ne siégeons pas
10 demain.
11 M. SAXON : [interprétation] Oui, en effet, Monsieur le Président.
12 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci. Est-ce que nous sommes de
13 nouveau en liaison ? M'entendez-vous, Monsieur le
14 Greffier ? Est-ce que vous m'entendez, Monsieur le Greffier ?
15 M. LE GREFFIER [par vidéoconférence] : [interprétation] Oui, je vous
16 entends très bien. Nous vous entendons.
17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Qu'est-ce que vous dites ?
18 M. LE GREFFIER [par vidéoconférence] : [interprétation] Vous pouvez nous
19 voir également ?
20 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui. Très bien. Merci. Parfait.
21 M. LE GREFFIER [par vidéoconférence] : [interprétation] Merci, Monsieur le
22 Président.
23 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Alors, simplement pour vous tenir au
24 courant, nous vous disions qu'étant donné l'organisation interne ici, nous
25 n'allons pas pouvoir siéger demain avec M. Sacirbey, parce que nous n'avons
26 pas la possibilité de siéger l'après-midi. Nous ne pourrons siéger que le
27 matin à La Haye, ce qui sera la nuit pour vous. Donc nous aurons terminé
28 aujourd'hui, nous ne pourrons pas siéger demain.
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1 Monsieur Guy-Smith.
2 M. GUY-SMITH : [interprétation] Merci beaucoup.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, si vous me le
4 permettez.
5 [La Chambre de première instance se concerte]
6 Mme LE JUGE PICARD : [interprétation] Juste pour avoir un peu plus de
7 précisions, il semble que demain, le témoin qui était prévu ne pourra pas
8 témoigner avant lundi. Il n'est pas sûr que ce soir le témoignage de M.
9 Sacirbey soit terminé. Il semble cependant que la session de demain matin
10 peut être modifiée pour être demain après-midi si elle est assez courte.
11 Est-ce que c'est possible ?
12 [La Chambre de première instance se concerte]
13 [La Chambre de première instance et le Greffier se concertent]
14 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Guy-Smith.
15 Mme BOLTON : [interprétation] Excusez-moi, je crois que M. Sacirbey voulait
16 parler à la Cour concernant le calendrier. Peut-être voulez-vous
17 l'entendre. Vous vous rappellerez que la Défense vous avait dit la semaine
18 dernière qu'il leur fallait deux audiences de plus et lorsque nous en
19 avions discuté, on avait parlé de lundi, puis de jeudi, mais on n'a pas
20 encore parlé de la disponibilité de M. Sacirbey au-delà de la journée de
21 demain.
22 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais M. Sacirbey n'était pas présent
23 lorsque nous avions discuté de ça tout à l'heure ? Je pensais qu'il était
24 présent lorsque nous avions discuté de cela en présence de M. Harmon.
25 M. GUY-SMITH : [interprétation] Il l'était.
26 LE TÉMOIN : [interprétation] J'avais l'impression, suite aux discussions
27 d'hier avec M. Guy-Smith, qu'il conclurait son contre-interrogatoire
28 aujourd'hui. Mon conseil et moi-même, nous ne nous sommes pas préparés au-
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1 delà de cette date, et suite à ce qu'avait M. Guy-Smith hier, nous avions
2 supposé que la déposition serait terminée aujourd'hui. Nous avons déjà
3 prévu d'autres choses pour les autres journées.
4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Le contre-interrogatoire de M. Guy-
5 Smith doit encore terminer, puis il y a les questions supplémentaires, puis
6 les questions des Juges, puis il y aura peut-être des questions encore à
7 soulever suite aux questions des Juges. Alors je crois qu'il va falloir que
8 vous vous libériez pour pouvoir poursuivre votre déposition et ne pas
9 prendre vos dispositions simplement en fonction de ce qu'a dit le conseil
10 de la Défense.
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous présente mes excuses, Monsieur le
12 Président. Nous avions tout de même l'impression que le contre-
13 interrogatoire serait terminé. Pourriez-vous nous dire combien de temps ça
14 va encore durer ? Et le conseil et moi-même, nous nous consulterons, nous
15 ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour tenir compte des desiderata de
16 la Chambre.
17 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je ne sais pas combien de temps M.
18 Guy-Smith va encore vous interroger. Puis il y a les questions
19 supplémentaires de l'Accusation, ensuite il pourrait également y avoir des
20 questions de la part des Juges. Et suite à ces questions des Juges, peut-
21 être il y aura encore des questions à poser par l'une ou l'autre des
22 parties, découlant des questions posées par les Juges. Alors vous
23 comprenez, n'est-ce pas ?
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je comprends, je comprends. Si vous me le
25 permettez, Monsieur le Président, et dans le contexte du contre-
26 interrogatoire, mon conseil est celui qui a le plus de difficultés. Donc
27 j'essaierai de tenir compte des desiderata de la Chambre et je me
28 concerterai avec mon conseil.
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1 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien, faites cela. Je vous
2 remercie.
3 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.
4 Q. Avant l'interruption, je vous avais posé la question suivante et vous
5 m'aviez fourni la réponse suivante :
6 "Est-ce que vous nous dites qu'en 1980, en Louisiane, vous n'avez pas
7 été arrêté pour vous être livré à des jeux de hasard en public ?"
8 Et votre réponse avait été la suivante :
9 "Non, ce que je vous dis, c'est que si cela avait été le cas…" puis
10 vous avez poursuivi votre réponse.
11 Encore une fois, je vais vous reposer la même question, je ne vous
12 demande pas si ça a eu lieu ou non. Je vous dis simplement, est-ce que
13 votre déclaration est que vous n'avez pas été arrêté en 1980 pour vous être
14 livré à des jeux de hasard en Louisiane ou jeux d'argent en Louisiane ?
15 R. Comme je vous l'ai dit, je ne sais pas très bien pourquoi on m'avait
16 arrêté à cette date. Je me souviens avoir été arrêté et je crois qu'il y a
17 eu plusieurs occasions à l'époque où j'étais étudiant à la Nouvelle-
18 Orléans. Je n'ai jamais été accusé d'autres chefs d'accusation en ce qui
19 concerne cette question. Alors, si vous voulez me rappeler la mémoire, j'en
20 serai très heureux.
21 Q. Donc vous dites que vous aviez été arrêté à plusieurs occasions en
22 Louisiane. Est-ce que je peux alors vous poser la question suivante,
23 Monsieur Sacirbey : est-ce que vous avez été arrêté à plusieurs occasions
24 en Louisiane en tant qu'étudiant pour des faits de jeux de hasard ?
25 R. Non.
26 Q. Très bien. Vous souvenez-vous avoir été arrêté en 1980 dans le 4e
27 district de la Nouvelle-Orléans, au cours du mois, disons, de janvier,
28 février, mars, pour des faits de jeux de hasard en public ? Je répète, je
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1 vous demande si vous avez été arrêté et non pas si vous avez été accusé
2 après cette arrestation ?
3 R. Je me souviens de plusieurs arrestations, mais je ne me souviens pas
4 d'avoir été inculpé pour ces faits.
5 Q. Monsieur, vous essayez de vous soustraire à la question, ce qui
6 complique les choses. La question est très simple. Vous êtes vous-même
7 juriste et vous savez très, très bien la différence entre une arrestation
8 et une inculpation. Ce n'est pas un jeu auquel vous pouvez vous livrer ici.
9 R. Excusez-moi, Monsieur Guy-Smith. Vous savez, aucun chef d'accusation ne
10 m'a été lu au cours de cette arrestation.
11 Q. Est-ce qu'il est vrai que vous avez été embarqué en 1980 par la police
12 car vous vous livriez à des jeux de hasard en public ? C'est ça que vous
13 nous dites ?
14 R. Non, si j'ai été embarqué, bien, je ne savais pas pour quelle raison.
15 Et vous essayez maintenant de m'inculper moi-même.
16 Q. Non, je n'essaie pas du tout de faire ça. J'essaie de poser des
17 questions concernant votre passé.
18 R. Vous me demandez des questions concernant ce qui est arrivé il y a 29
19 ans concernant une date précise et j'essaie de vous répondre le mieux
20 possible.
21 Q. J'essaie d'être aimable avec vous et de ne pas vous donner de date
22 précise, mais apparemment, vous ne voulez pas répondre à cette question.
23 M. GUY-SMITH : [interprétation] Est-ce que nous pourrions maintenant voir -
24 -
25 LE TÉMOIN : [aucune interprétation]
26 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je voudrais que l'on prenne l'onglet numéro
27 6; il s'agit de la pièce 1D03-0265.
28 Mme BOLTON : [interprétation] Je crois qu'il s'agit d'un document
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1 concernant une question sur laquelle une décision a été prise pour que
2 l'Accusation puisse obtenir que l'on passe à huis clos partiel. Donc je
3 vous fais cette demande, Monsieur le Président.
4 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Nous allons passer à huis
5 clos partiel.
6 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.
7 [Audience à huis clos partiel]
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1 [Audience publique]
2 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Guy-Smith, poursuivez.
3 M. GUY-SMITH : [interprétation]
4 Q. Vous nous avez dit que vous avez la double citoyenneté, n'est-ce pas,
5 Monsieur Sacirbey ?
6 R. En effet.
7 Q. Donc vous avez la double nationalité. Il me semble qu'à un moment ou à
8 un autre dans votre vie, vous bénéficiiez aussi d'une immunité
9 diplomatique, n'est-ce pas ?
10 R. Tout dépend des circonstances. L'immunité diplomatique est donnée par
11 le pays que l'on sert et ça dépend aussi des circonstances.
12 Q. Très bien. Avez-vous à un moment ou à un autre été impliqué dans une
13 affaire traitant du Casino Harrah's Jazz à la Nouvelle-Orléans, on a dit
14 que vous auriez employé des dés pipés ?
15 R. Mais accusé par qui ? Vous êtes en train de me dire que j'ai été
16 arrêté, mis en examen ?
17 Q. Non. On vous a accusé de cela, mais lorsque la police est arrivée, vous
18 avez sorti votre immunité diplomatique pour vous en sortir ?
19 R. Tout d'abord, vous en train de dire que j'ai été arrêté, que j'ai été
20 inculpé, mis en examen, mais par qui ? J'aimerais savoir exactement par
21 qui.
22 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ecoutez, vous avez juste été accusé,
23 ni arrêté, ni inculpé.
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas quelles sont les allégations
25 faites par d'autres. Cela dit, je n'ai aucune connaissance d'avoir été ni
26 arrêté, ni inculpé pour cela. Si quelqu'un m'accuse de cela, tant mieux,
27 c'est leur opinion, mais je n'ai connaissance d'aucune accusation de la
28 sorte, en tout cas, d'accusation officielle.
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1 M. GUY-SMITH : [interprétation]
2 Q. Monsieur Sacirbey, vous avez été contacté par la police à la Nouvelle-
3 Orléans, au Casino Harrah's Jazz, parce que soi-disant vous auriez utilisé
4 des dés pipés dans le cadre d'un jeu de hasard, et c'est là que vous leur
5 avez dit que vous bénéficiez d'immunité diplomatique ?
6 R. Je leur ai dit que j'étais un diplomate. Je leur ai dit qui j'étais,
7 j'ai décliné mon identité et je leur ai donné aussi mon titre.
8 Q. Bien. Vous leur avez dit que vous étiez diplomate, vous avez utilisé
9 votre immunité diplomatique pour ne pas être arrêté pour ce délit, n'est-ce
10 pas, délit quand même qui est l'emploi de dés pipés dans le cadre d'un jeu
11 de hasard.
12 R. Ce n'est pas correct. J'ai d'ailleurs diligenté des poursuites contre
13 ce casino.
14 Q. Mais vous avez été contacté après avoir été relâché, puisque vous aviez
15 dit que vous aviez une immunité diplomatique et vous avez déclaré que tout
16 ceci relevait soit du harcèlement policier, soit d'ennemis que vous auriez;
17 c'est bien ce que vous avez dit, n'est-ce pas ?
18 R. Oui, c'est à peu près correct.
19 Q. Vous dites, c'est à peu près correct. Donc que contestez-vous dans ce
20 cas-là, si vous dites que ce n'est pas entièrement correct, mais uniquement
21 à peu près correct ?
22 R. Vous avez employé le terme de dés pipés. Sachez que je n'emploierais
23 pas de dés pipés. Je n'étais pas en train de me livrer à une activité
24 illicite. Je ne sais toujours pas quel était le fond de l'affaire, sauf
25 que, bien sûr, ça s'est lu dans les journaux. Je ne sais pas si c'est une
26 fausse allégation ou si c'est du harcèlement ou si j'ai été plus ou moins
27 piégé. Je ne sais pas.
28 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur --
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Le fait de dire que j'ai employé des dés
2 pipés, c'est absolument faux.
3 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Sacirbey, écoutez les
4 questions et répondez aux questions, s'il vous plaît. La question était
5 simple. La question où vous avez répondu : C'est plus ou moins correct,
6 n'avait rien à voir avec des dés pipés. La question était la suivante :
7 "Vous avez été contacté après qu'on vous ait relâché lorsque vous
8 aviez dit que vous bénéficiiez d'immunité diplomatique et vous avez déclaré
9 que c'était soit le résultat du harcèlement de la part de la police ou
10 c'était le fait d'ennemis que vous auriez, n'est-ce pas ?"
11 Et vous avez répondu : "C'est plus ou moins ça."
12 Ensuite question suivante : "Mais dans ce cas-là, si vous dites que
13 c'est plus ou moins cela, quel est le passage de la question que vous
14 contestez ?"
15 Je vous rappelle qu'on ne fait absolument pas mention de dés pipés.
16 Donc j'aimerais savoir ce que vous contestez dans la question qui vous a
17 été posée par M. Guy-Smith.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais la question répète le fait que j'ai
19 allégué de mon immunité diplomatique, mais je n'ai absolument pas allégué
20 de mon immunité diplomatique. Je me suis juste présenté en tant que
21 diplomate. Je n'ai rien fait de plus. En ce qui concerne les conclusions
22 que j'aurais pu tirer de cet incident, je ne sais pas toujours. Je pense
23 qu'il y a trois possibilités, soit c'était une erreur, soit c'est du
24 harcèlement de la part de la police ou alors j'ai tout simplement été
25 piégé.
26 M. GUY-SMITH : [interprétation]
27 Q. Mais vous êtes citoyen américain et quand un policier de l'Etat de la
28 Louisiane vous contacte, pourriez-vous nous dire pourquoi vous devez
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1 absolument lui dire que vous êtes un diplomate ? En quoi est-ce que cela a
2 à voir quoi que ce soit ?
3 R. J'étais à une conférence à la Nouvelle-Orléans, donc j'étais à la
4 Nouvelle-Orléans dans un cadre professionnel. Il fallait bien que je dise
5 que j'étais diplomate.
6 Q. Si je comprends votre réponse, vous êtes en train de nous dire que
7 parce que vous étiez diplomate, vous étiez protégé de toute arrestation
8 éventuelle, au cas où --
9 R. Non.
10 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Il fallait attendre la fin de la
11 question.
12 Maître Guy-Smith, poursuivez votre question.
13 M. GUY-SMITH : [interprétation]
14 Q. La police vous a contacté pour une affaire de tricherie aux dés dans un
15 casino ?
16 R. Non, vous êtes en train de faire une hypothèse à propos de la raison
17 pour laquelle la police m'a contacté. J'étais à la Nouvelle-Orléans, parce
18 que je donnais des cours à l'Université de Tulane.
19 Q. Très bien. Donc vous étiez en train de donner des cours à l'Université
20 de Tulane pendant une semaine et, dans le cadre de ces cours, vous vous
21 rendiez souvent au casino ?
22 R. Mais c'était à l'hôtel où j'étais hébergé. Il y avait le casino qui
23 était juste là ou alors était en face. Je passais sans cesse devant les
24 tapis de jeux.
25 Q. Vous jouiez aux dés ou au jeu américain qu'on appelle "craps", C-r-a-p-
26 s. C'est à ce moment-là que la police vous aurait contacté, parce qu'ils
27 avaient l'impression que vous trichiez ?
28 R. Non, vous faites une hypothèse à propos de la raison pour laquelle
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1 j'aurais été contacté par la police. Quant à savoir si j'étais en train de
2 jouer, oui, je peux vous le dire, oui.
3 Q. Donc vous jouiez aux dés ou vous jouiez à ce jeu américain appelé
4 "craps" ?
5 R. Oui, oui.
6 Q. La police vous a-t-elle contacté du fait de votre participation à un
7 jeu de dés au casino ?
8 R. Je ne sais pas du tout pourquoi ils sont venus me voir pour
9 s'entretenir avec moi.
10 Q. Mais lorsqu'ils sont venus vous voir, est-ce qu'ils se sont entretenus
11 avec vous ?
12 R. Oui, ils m'ont demandé de me présenter.
13 Q. Vous ont-ils dit qu'ils vous soupçonnaient de tricher aux dés ?
14 R. Non, je ne m'en souviens pas. Peut-être par la suite, ils ont peut-être
15 abordé la question ou quelqu'un d'autre.
16 M. GUY-SMITH : [interprétation] Je comprends bien qu'il est tard, Monsieur
17 le Président. Je vais me dépêcher.
18 Q. Donc vous êtes en train de nous dire, aujourd'hui et maintenant, que
19 vous ne savez absolument pas pourquoi la police voulait vous contacter dans
20 ce casino ? Ils sont juste venus vous voir pour que vous vous présentiez à
21 eux pour que vous donniez votre identité ?
22 R. Oui, j'étais assez en colère du fait qu'ils essaient de me chercher des
23 noises.
24 Q. Vous êtes ici et vous êtes en train de nous dire que ça n'avait rien à
25 voir avec le fait que vous étiez en train de vous livrer à une activité de
26 jeu ? Elle est juste venue vous voir, la police, pour vous demander de
27 décliner votre identité?
28 R. Je ne sais absolument pas les points qui ont été abordés et ce qui a
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1 été rapporté dans les journaux, non plus. Ce sont des éléments dont je n'ai
2 aucune connaissance. Je tiens à vous dire que tout ce que je sais, c'est
3 que la police est venue me voir.
4 M. GUY-SMITH : [interprétation] Donc je pense qu'on pourrait lever la
5 séance.
6 M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien, Maître Guy-Smith.
7 Je tiens à vous rappeler, Monsieur le Témoin, que vous ne devez parler à
8 personne de ce dont vous avez parlé jusqu'à présent.
9 Donc nous reprendrons nos débats le jeudi 16 juillet, à 14 heures 15. La
10 séance est levée.
11 --- L'audience est levée à 19 heures 01 et reprendra le jeudi 16 juillet
12 2009, à 14 heures 15.
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