Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le lundi 20 septembre 2010

  2   [Audience publique]

  3   [L'accusé est introduit dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 9 heures 00.

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bonjour à toutes les personnes

  6   présentes dans le prétoire ainsi qu'à l'extérieur du prétoire.

  7   Monsieur le Greffier, veuillez citer l'affaire, je vous prie.

  8   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Madame, Messieurs les Juges.

  9   Bonjour à toutes les personnes du prétoire. Il s'agit de l'affaire IT-04-

 10   81-T, le Procureur contre Momcilo Perisic. Je vous remercie.

 11   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je souhaiterais que les parties se

 12   présentent.

 13   M. HARMON : [interprétation] Bonjour, Madame, Messieurs les Juges. Je suis

 14   Mark Harmon, accompagné de Salvatore Cannata et de Mme Carmela Javier pour

 15   l'Accusation.

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Qu'en est-il de la Défense.

 17   M. LUKIC : [interprétation] Bonjour, Madame, Messieurs les Juges. M.

 18   Perisic est représenté par Me Gregor Guy-Smith, Me Boris Zorko, notre

 19   nouveau stagiaire, M. Morrison, et je suis moi-même, Me Novak Lukic.

 20   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie, Maître Lukic.

 21   M. LUKIC : [interprétation] La Défense est prête à convoquer le témoin

 22   suivant, M. Sinisa Borovic.

 23   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

 24   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 25   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je souhaiterais que le témoin

 26   prononce la déclaration solennelle, je vous prie.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 28   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

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  1   LE TÉMOIN : SINISA BOROVIC [Assermenté]

  2   [Le témoin répond par l'interprète]

  3   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie. Veuillez prendre

  4   place, et bonjour à vous.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

  6   M. LE JUGE MOLOTO : [aucune interprétation]

  7   Interrogatoire principal par M. Lukic : 

  8   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur. Pourriez-vous décliner votre

  9   identité aux fins du compte rendu d'audience ?

 10   R.  Je m'appelle Sinisa Borovic.

 11   Q.  Quelle et votre date de naissance ?

 12   R.  Le 7 novembre 1946.

 13   Q.  Où êtes-vous né ?

 14   R.  Dans la municipalité d'Ivanica, en République de Serbie.

 15   Q.  Monsieur Borovic. Je souhaiterais vous dire ce que je vous ai déjà

 16   d'ailleurs mentionné lors de la salle de récolement. Dans un premier temps,

 17   j'aimerais savoir si vous avez déjà témoigné devant ce Tribunal ou devant

 18   un autre tribunal ?

 19   R.  Non, je n'ai jamais témoigné ni devant ce Tribunal ni devant un autre

 20   tribunal.

 21   Q.  Nous nous exprimons dans la même langue or nos propos doivent être

 22   interprétés, par conséquent, j'aimerais vous demander de ménager un temps

 23   d'arrêt entre mes questions et vos réponses. Vous pourrez voir le texte de

 24   vos propos ou de notre dialogue sur l'écran et vous pourrez peut-être

 25   consulter cet écran. Lorsque le curseur s'arrêtera, cela pourra vous

 26   indiquer que c'est le moment de répondre. Mais, bon, ce n'est pas la peine

 27   non plus de trop regarder cet écran, il vous suffira tout simplement

 28   d'attendre un petit moment.

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  1   Alors, d'abord, en deuxième lieu votre curriculum vitae. J'ai dans un

  2   premier temps savoir si vous souhaitez que je m'adresse à vous en utilisant

  3   votre titre de Général, de Professeur, enfin, quoi qu'il en soit, il me

  4   semble à moi plus naturel de m'adresser à vous en vous disant, "mon

  5   Général," lors de votre déposition.

  6   Est-ce que vous pourriez nous dire quand vous avez quitté les rangs de

  7   l'académie militaire ?

  8   R.  J'ai obtenu mon diplôme de l'Académie militaire technique à Zagreb en

  9   juillet 1968. Il s'agissait de ma première licence.

 10   Q.  Alors nous allons évoquer vos fonctions, vous avez fait partie de la

 11   JNA et de la VJ. Pour ce qui est de votre éducation militaire, outre le

 12   diplôme que vous avez obtenu à l'Académie militaire, est-ce que vous avez

 13   d'autres diplômes militaires supérieurs ?

 14   R.  Outre l'Académie technique militaire, j'ai également suivi des cours

 15   que j'ai terminés d'ailleurs à l'Académie de l'état-major de la JNA, puis

 16   j'ai obtenu une licence dans une école de langues étrangères. J'ai

 17   également un doctorat.

 18   Q.  Quant est-il du doctorat ?

 19   R.  C'est un doctorat en sciences militaires, un doctorat que j'ai fait

 20   pour les besoins de l'armée. En fait, c'est un doctorat qui portait sur le

 21   système de sécurité technique, et ce, dans le cadre du  pacte de Varsovie.

 22   Q.  En outre, est-ce que vous avez d'autres diplômes civils, en quelque

 23   sorte ?

 24   R.  J'ai une licence en construction navale, ainsi qu'en sciences

 25   techniques de machinerie.

 26   L'INTERPRÈTE : Les interprètes souhaiteraient demander au témoin de répéter

 27   sa dernière réponse.

 28   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Les interprètes souhaiteraient que

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  1   vous répétiez votre dernière réponse, Monsieur. Ils ne vous ont pas bien

  2   entendu.

  3   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai un doctorat en construction navale et en

  4   science, doctorat que j'ai obtenu à l'école ou à l'institut des sciences de

  5   la mécanique à Zagreb.

  6   M. LUKIC : [interprétation]

  7   Q.  Est-ce qu'il s'agissait de la même spécialité ?

  8   R.  C'était un centre qui se consacrait à l'enseignement des études

  9   multidisciplinaires.

 10   Q.  Alors, maintenant, nous allons passer en revue très rapidement certains

 11   aspects de votre carrière militaire. Vous pourriez peut-être tous

 12   simplement confirmer qu'entre 1975 et 1991, vous aviez un poste de

 13   professeur au Centre technique éducatif des forces terrestres à Zagreb, et

 14   vous y avez eu plusieurs postes, n'est-ce pas ?

 15   R.  Oui. Entre le 2 décembre 1994 et jusqu'à l'année 1992, j'ai travaillé

 16   pour ce centre technique, centre d'enseignement technique des forces de

 17   l'armée de terre à Zagreb. Puis, en fait, ensuite j'ai été dans un premier

 18   temps professeur adjoint, et je suis ensuite devenu professeur

 19   [imperceptible].

 20   Q.  Vous vous êtes essentiellement consacré à l'enseignement de la sécurité

 21   technique ?

 22   R.  Oui, chez le président du département chargé de la Sécurité technique

 23   et des sciences organiques.

 24   Q.  Vous avez indiqué il y a quelques minutes de cela que lorsque vous

 25   étiez à Zagreb vous avez suivi des cours de doctorat en décembre 1989 en

 26   Pologne. En fait, il s'agissait donc d'un doctorat. Donc est-ce que vous

 27   pourriez nous dire quel fut le sujet de votre thèse post-doctorale ?

 28   R.  Cette thèse post-doctorale portait sur le système de la sécurité

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  1   technique des forces armées, à savoir donc les armées nationales et les

  2   armées du pacte de Varsovie.

  3   Q.  A la suite de cela, en août 1991, vous avez été ensuite muté à l'état-

  4   major principal de ce qui était à l'époque la JNA. Dans un premier temps,

  5   vous avez été responsable ou chef de l'administration du matériel

  6   électronique, et puis peu de temps après, vous êtes devenu chef adjoint de

  7   l'administration des affaires opérationnelles au sein de l'administration

  8   technique de l'état-major; est-ce exact ?

  9   R.  Oui. En fait, je suis arrivé à Belgrade parce que j'avais été muté

 10   professeur à l'Ecole supérieure militaire de Belgrade chargé de la

 11   méthodologie et de la recherche dans les sciences militaires, mais étant

 12   donné qu'il n'y avait pas de travail pour moi du fait de la situation qui

 13   prévalait, à ce moment-là, j'ai été ainsi affecté à l'administration auprès

 14   de l'état-major principal.

 15   Q.  Puis pendant la période qui a suivie, et ce, jusqu'à votre retraite,

 16   êtes-vous resté au sein de cet Institut d'Enseignement où vous avez été

 17   professeur, et ce, parallèlement aux fonctions que vous aviez au sein de

 18   l'état-major principal ?

 19   R.  Oui. Entre 1974 jusqu'à nos jours, j'ai toujours enseigné. Je n'ai

 20   jamais raté une seule classe et je me suis considéré essentiellement avant

 21   tout comme un professeur.

 22   M. LUKIC : [interprétation] Je pense que le témoin a indiqué qu'il se

 23   considérait essentiellement comme un professeur. Je dois dire que je n'ai

 24   pas tout à fait suivi le compte rendu d'audience en anglais.

 25   Q.  Mais entre juillet 1992, ou à partir du mois de juillet 1992, vous avez

 26   été nommé chef du service ou des services techniques pour le secteur des

 27   forces terrestres, et ce, auprès du QG de la 1ère Armée à Belgrade; est-ce

 28   exact ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Puis ensuite vous avez été réaffecté à l'état-major de ce qui est

  3   devenu ensuite l'armée de la Yougoslavie en décembre 1993, et c'est là que

  4   vous avez été nommé chef et chef adjoint chargé de l'administration du

  5   matériel technique pour les forces terrestres, et ce, toujours auprès du

  6   même secteur de l'état-major principal, à savoir il s'agissait du secteur

  7   logistique de l'armée de la Yougoslavie; est-ce exact ?

  8   R.  Oui. J'ai été nommé chef du matériel ou de l'administration chargée du

  9   matériel technique et chef adjoint du secteur logistique.

 10   Q.  En novembre, vous avez été alors nommé chef de bureau du chef de

 11   l'état-major principal de la VJ; est-ce exact ?

 12   R.  Oui, c'est absolument exact.

 13   Q.  C'est un poste que vous avez occupé jusqu'en décembre 1996, date à

 14   laquelle vous êtes allé travailler pour ce centre, pour les Institutions

 15   d'Enseignement supérieur militaire, et peu de temps après, vous êtes devenu

 16   le doyen de ce centre. Premièrement, parce qu'il y avait un poste vacant,

 17   et puis par la suite votre, nomination a été confirmée par un décret; est-

 18   ce exact ?

 19   R.  Oui. Le chef précédent est tombé malade peu de temps après, et en fait,

 20   au moment où je suis arrivé, il ne pouvait plus assurer ses fonctions.

 21   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Lukic, à la page 6, ligne 6,

 22   vous avez dit : "En novembre, vous avez été nommé chef du bureau du chef de

 23   l'état-major." Vous faites référence au mois de novembre 1993 ?

 24   M. LUKIC : [interprétation] Non, non. Il s'agit du mois de novembre 1994.

 25   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Voyez-vous, il faut que vous

 26   mentionniez à chaque fois l'année, parce que la dernière année que vous

 27   avez mentionnée avant cette date était l'année 1993.

 28   M. LUKIC : [interprétation] Je pense avoir mentionné l'année, mais il se

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  1   peut que j'ai parlé beaucoup trop vite. Enfin, en tout cas, je vous

  2   présente mes excuses, et puis, de toute façon, c'est peut-être le syndrome

  3   du lundi matin.

  4   Q.  Donc après cela, Général, entre le mois de mars 1999 et le  -- ou

  5   plutôt, à partir du mois de mars 1999, vous avez été nommé chef de

  6   l'administration technique chargé du centre logistique de la VJ; est-ce

  7   exact ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Puis votre toute dernière fonction au sein de la VJ, avant que vous ne

 10   preniez votre retraite étant une fonction qui vous a été donnée en décembre

 11   2000, vous avez été, à ce moment-là, nommé assistant du chef de l'état-

 12   major principal de la VJ, chargé du secteur des communications, de

 13   l'informatique et de l'électronique. Puis il y a autre chose j'oublie

 14   toujours d'ailleurs à quoi correspond l'acronyme ?

 15   R.  Il s'agit des communications -- du secteur chargé des Communications,

 16   de l'Informatique, de l'Electronique, et de la Guerre anti-électronique.

 17   M. LE JUGE MOLOTO : [aucune interprétation]

 18   M. HARMON : [interprétation] J'aimerais obtenir une petite précision pour

 19   le compte rendu d'audience. Je dirais, à l'intention de Me Lukic, que je

 20   fais référence à la page 7, ligne 2. Alors la réponse est "centre

 21   logistique." Alors je ne sais pas, en fait, s'il ne s'agit pas plutôt de

 22   secteur par opposition au terme de centre. Peut-être que Me Lukic pourrait

 23   faire préciser cela au témoin.

 24   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, Maître Lukic.

 25   M. LUKIC : [interprétation] Oui.

 26   Q.  Est-ce que vous pourriez préciser exactement ce qu'il en était ?

 27   Lorsque vous avez été nommé assistant, quelle était cette unité au sein de

 28   l'état-major de la VJ ? Comment elle s'appelait cette unité ?

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  1   R.  Il s'agissait de l'administration technique qui s'occupait également

  2   des services techniques des forces terrestres, des forces aériennes, de

  3   l'administration technique et de l'administration technique de la marine.

  4   J'ai été en fait nommé assistant du chef ou assistant auprès du chef du

  5   secteur des forces armées.

  6   Q.  Quelle était l'unité en question ?

  7   R.  Le secteur logistique.

  8   Q.  Merci. Vous avez pris votre retraite en septembre 2001, et cela donc a

  9   été confirmé par décret présidentiel. Qui était à ce moment-là, le

 10   président de la RFY?

 11   R.  M. Kostunica -- Dr Vojislav Kostunica.

 12   Q.  Alors nous devons maintenant nous occuper ou aborder un autre aspect.

 13   Il s'agit de votre travail de professeur. Vous nous avez déjà dit que vous

 14   avez été à une thèse post doctorale. Mais je pense maintenant à votre

 15   dissertation doctorale en génie mécanique; sur quoi portait-elle ?

 16   R.  Ma thèse doctorale était intitulée : "Les systèmes experts chargés ou

 17   utilisés pour le contrôle du système d'appui technique."

 18   Q.  Monsieur Borovic, est-ce que vous êtes membre d'une académie -- de

 19   certaines académies des arts et des sciences ?

 20   R.  Je suis membre à part entière de l'Académie des sciences du génie de la

 21   Serbie-et-Monténégro, et je suis également membre à part entière de

 22   l'Académie des sciences de la fédération russe.

 23   Q.  Une toute dernière question à propos de votre carrière. Quelle est

 24   votre profession actuelle ?

 25   R.  A l'heure actuelle, je suis professeur à l'Académie de la diplomatie et

 26   de la sécurité, et je donne des cours sur la théorie de la prise de

 27   décisions. Je suis également le doyen de la chaire pour la gestion des

 28   petites et moyennes entreprises à Belgrade. Dans ce cadre, je fais des

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  1   cours de gestion d'entreprise ainsi que de méthodes quantitatives pour la

  2   prise de décision pour les recherches, j'entends.

  3   Q.  Alors je pense maintenant à votre vie de civil, après votre retraite de

  4   l'armée; est-ce que vous avez eu certains postes ?

  5   R.  Après ma retraite, j'ai été assistant auprès du directeur général de

  6   l'industrie pétrolière de Serbie, puis directeur adjoint toujours pour la

  7   même industrie pétrolière de Serbe, et ce pendant quatre ans. Puis, j'ai

  8   été directeur général du complexe HIP pétro chimique à Pancevo. Ensuite

  9   j'ai été conseiller auprès du directeur général de l'industrie pétrolière

 10   en Serbie, et conseiller du président du Conseil d'administration.

 11   Q.  Lorsque vous dites NIS, qu'est-ce que cela signifie ?

 12   R.  Il s'agit de l'industrie pétrolière de Serbie.

 13   Q.  Etes-vous membre d'un parti politique ?

 14   R.  Non.

 15   Q.  Merci.

 16   R.  J'ai également occupé une autre fonction lorsque M. Tadic était

 17   ministre de la Défense, j'ai été directeur exécutif auprès du ministère de

 18   la Défense de l'armée de la Yougoslavie.

 19   Q.  Lorsque vous parlez de "M. Tadic," vous faites référence au président

 20   de la République de la Serbie, n'est-ce pas, de nos jours ?

 21   R.  Oui, mais à l'époque, il était ministre de la Défense.   Q.  C'était

 22   après ce que nous avons appelé la transformation démocratique, à savoir,

 23   lorsque Milosevic a été remplacé, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Alors je vais présenter un aperçu chronologique de votre carrière. Par

 26   rapport au fait à propos desquels vous allez témoigner, nous allons

 27   maintenant nous intéresser à la période au cours de laquelle vous faisiez

 28   partie du cabinet de l'état-major général ou principal plutôt de l'armée.

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  1   Mais avant, avant, une autre question. Lorsque vous êtes revenu de Varsovie

  2   et que vous avez rallié l'état-major principal de ce qui était à l'époque

  3   la JNA, quel était le sentiment qui prévalait parmi les officiers, parmi

  4   les cadres de la JNA, à propos de la désintégration de la Yougoslavie, en

  5   1991 ?

  6   R.  Personnellement, j'ai été un tant soit peu surpris, parce que la

  7   plupart des généraux pensaient que la Yougoslavie ou en tout cas

  8   l'essentiel de la Yougoslavie survivrait et serait préservé. C'était un

  9   point de vue que je ne partageais pas, car j'avais pris une perspective qui

 10   était une perspective de distance. J'avais vu cela à partir de Varsovie et

 11   je m'étais rendu compte que les forces qui convergeaient vers cette

 12   désintégration étaient beaucoup plus fortes et que cela ne se passerait pas

 13   comme les officiers l'estimaient. Mais je dois dire que les militaires ne

 14   le voyaient pas de cet œil-là.

 15   Q.  J'aimerais savoir si lors de votre carrière d'officier et lors de votre

 16   carrière de professeur, vous avez également, vous êtes intéressé à la

 17   recherche stratégique ?

 18   R.  A partir du moment où j'ai été professeur assistant, à partir de ce

 19   moment-là, je me suis toujours intéressé. J'ai toujours traité de recherche

 20   stratégique, méthodologie pour les compétences militaires, notamment il y

 21   avait cette unité chargée de la recherche. J'ai également coopéré dans ce

 22   domaine. Lorsque je suis devenu commandant du centre des écoles militaires,

 23   c'est un sujet à propos duquel, un sujet plutôt que j'enseignais dans cet

 24   institut, et j'ai travaillé donc pour pouvoir évaluer, pour procéder à des

 25   évaluations plutôt et pour étudier des projets d'intérêt pour l'armée.

 26   Q.  Est-ce que -- lorsque vous étiez au centre, est-ce que vous avez

 27   utilisé donc ces compétences, parce que vous avez occupé le chef du cabinet

 28   du chef de l'état-major principal, Général ?

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  1    R.  Oui, parce qu'en fait, je respectais leur travail et je connaissais

  2   personnellement les chercheurs, et de toute façon, nous devons de nos jours

  3   vérifier certaines informations, ainsi que procéder à une analyse des

  4   données quantitatives. Donc en ce sens, j'ai coopéré avec cet institut

  5   effectivement.

  6   Q.  J'aimerais vous poser une ou deux questions à propos de vos activités

  7   ou des activités que vous avez déployées --

  8   -- ce que vous faisiez partie à partir de l'année 1991 de l'administration

  9   technique et je pense également à l'année -- enfin, cela s'est déroulé

 10   jusqu'à l'année 1994, d'ailleurs, et puis vous aviez fait également fait

 11   vos premières armes dans ce domaine lors de la 1ère Armée -- lorsque vous

 12  faisiez partie de la 1ère Armée. Alors quelles étaient vos fonctions lorsque

 13   vous faisiez partie de l'administration technique en 1991 et au début de

 14   l'année 1992 jusqu'au moment où l'armée de la Yougoslavie a été mise sur

 15   pied ?

 16   R.  En fait, il s'agissait de mettre un point un service, de construire

 17   l'organisation, de faire en sorte de mettre au point le service

 18   informatique, l'infrastructure du service, envisager la modernisation de

 19   cette armée, et établir surtout une nouvelle administration pour cette

 20   armée, donc il fallait également changer le système de

 21   compartementalisation [phon] des réserves de l'armée. Je pense, par

 22   exemple, aux ateliers de réparation, je pense aux différents centres

 23   également.

 24   Q.  Qui était votre supérieur à cette époque lorsque vous faisiez partie de

 25   l'administration technique ?

 26   R.  Dans un premier temps, le général Djukic et puis ensuite le général

 27   Ratko Milovanovic.

 28   Q.  Lorsque vous parlez de "Djukic," vous voulez parler du général Djordje

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  1   Djukic, n'est-ce pas ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Alors quelle était la situation qui prévalait au sein de

  4   l'administration technique ? Je pense, par exemple, au fait que la VJ avait

  5   commencé à se retirer d'abord du territoire de la Slovénie puis de la

  6   Croatie puis ensuite elle est allée sur le territoire de la République

  7   fédérale de Yougoslavie ? Donc quel défi est-ce que cela représentait à vos

  8   yeux ?

  9   R.  Ecoutez, il s'agissait véritablement d'un défi parce que la JNA était

 10   en train de disparaître. Donc il a fallu reformuler tous les documents

 11   parce que les documents précédents avaient été conçus pour un grand pays et

 12   pour une grande armée. Donc il a fallu refaire tout ceci. Ces unités

 13   arrivaient sur le territoire de la Serbie et ça ne tombait sur notre

 14   compétence ou sous nos attributions. Il y avait beaucoup de travail

 15   technique organisationnel à faire, le travail administratif également.

 16   Q.  Quand vous dites bon nombre d'unités revenaient, qu'est-ce que vous

 17   entendez qu'il eut fallu faire avec ces unités ?

 18   R.  Ces unités pour l'essentiel arrivaient avec toutes leurs réserves et

 19   leurs stocks mobiles ce qu'ils ont été dans leurs équipements, et il a donc

 20   fallu tout réceptionné, identifié, stocké, consigné dans le système

 21   éventuellement. Très souvent, on n'arrivait pas -- on n'avait pas le temps

 22   de le faire, et on mettait cela sur des sites qui étaient plus ou moins

 23   aménagés pour les unités de l'armée sises sur le territoire de la Serbie.

 24   Q.  Mais quel était le problème qu'opposaient les cadres de l'armée, les

 25   officiers qui arrivaient depuis le territoire des autres républiques sur le

 26   territoire de la Serbie ?

 27   R.  Ça constituait un problème parce qu'il n'y avait pas un seul avoir eu

 28   un statut de régler en République de Serbie, au niveau des unités,

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  1   puisqu'ils se trouvaient sur les territoires des républiques qui avaient

  2   fait sécession.

  3   Q.  Bon. Dites-nous, je vous prie : quel a été - et là, j'aimerais aborder

  4   un domaine à part - alors ces ateliers de révision dans le système de l'ex-

  5   JNA, de l'ex-RSFY, à qui cela était-il subordonné ? Dans quelle structure

  6   cela avait-il été incorporé ?

  7   R.  Cette armée populaire yougoslave, ex-armée populaire yougoslave avait à

  8   sa disposition cinq ateliers de révision. Il y en avait trois qui étaient

  9   les ateliers mécaniques : Bregana, à la frontière de la Croatie et de la

 10   Slovénie; Hadzici, sur le territoire de Sarajevo -- ou plutôt, de la

 11   Bosnie-Herzégovine; Travnik en Bosnie-Herzégovine aussi; puis Cacak, le

 12   centre de Révision technique en Serbie et le centre de Révision technique à

 13   Kragujevac également en Serbie, ces centres étaient subordonnés à

 14   l'administration technique de l'armée populaire yougoslave.

 15   En sus, l'armée populaire yougoslave disposait de centres de Révision pour

 16   la marine et pour l'aviation.

 17   Q.  Bon, on a déjà entendu certains témoignages à ce sujet, je ne vais pas

 18   aller trop dans le détail.

 19   Toujours est-il que, suite à la création de l'armée de Yougoslavie, est-ce

 20   qu'il y a eu quelque chose de modifier du point de vue de cette chaîne de

 21   subordination de ces ateliers de révision technique, par rapport à ce qui

 22   était mis en place auparavant ?

 23   R.  Dans l'armée de Yougoslavie, il n'est resté que le centre de Révision

 24   technique à Cacak et celui qui se trouvait à Kragujevac. D'après leurs

 25   potentiels, c'était quelque chose de dimensionner pour la grande JNA.

 26   C'était fait à l'échelle de la grande JNA, s'agissant de l'armée de

 27   Yougoslavie maintenant cela constituait des capacités ou des potentiels

 28   trop grands pour des temps de paix.

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  1   Q.  Qu'est-ce que cela veut dire ? Est-ce que vous pouvez étoffer ?

  2   R.  Ça signifie que les plannings de révision technique et des moyens de

  3   guerre pour ce qui est de cette nouvelle armée de Yougoslavie qui était

  4   censée donc être accomplie par le centre de Révision technique en question

  5   faisait en sorte que tous les potentiels n'étaient pas utilisés, certains

  6   potentiels étaient inexploités, donc certains établissements de révision

  7   technique ont été modifiés pour être des établissements ou devenir des

  8   établissements militaires visant à récréer un revenu, c'est-à-dire que les

  9   potentiels disponibles étaient dirigés, orientés vers le marché, soit, aux

 10   fins de procéder à des prestations de services à l'attention de sociétés,

 11   comme par exemple, Jugopetrol, une grande compagnie, ou alors on arrivait à

 12   maîtriser des programmes d'intervention en matière ou dans de domaines

 13   civiles. Par exemple, le centre de Révision technique de Kragujevac qui

 14   était pour les révisions de tout ce qui faisait partie des munitions, avait

 15   un très bon atelier de menuiserie pour la fabrication de caisses

 16   d'emballage de munition, et avec ces capacités disponibles ils ont fait des

 17   horloges, des porte-cierges, des maisonnettes -- cruches pour abeilles, et

 18   cetera.

 19   Q.  Bon. Alors qui est-ce qui a établi des plannings et qui est-ce qui a

 20   approuvé la partie fonctionnement de ces centres de Révision technique pour

 21   les besoins de l'armée de Yougoslavie ?

 22   R.  Ces plannings sont établis par l'administration technique s'agissant de

 23   Cacak. Il y avait le département de la Mécanique, et pour ce qui est de

 24   l'autre, il y avait le département chargé des Munitions, UBS, c'est-à-dire

 25   mines, moyens explosifs, et munitions de combat.

 26   Q.  Qui est-ce qui était censé approuver ces plannings ?

 27   R.  Ces plannings étaient approuvés par le directeur de l'administration

 28   technique, en accord avec le plan de financement, qui est un plan technique

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  1   de financement, et chaque établissement a un nom de code pour ce qui est de

  2   ces moyens.

  3   Q.  Bon, on ne va pas entrer dans tant de détails. Une fois que le planning

  4   est approuvé par l'administration technique, pour assurer les fonds

  5   nécessaires, qui est-ce qui en décide ? Qui est-ce qui fourni les

  6   ressources nécessaires pour les activités de ces moyens de révision

  7   technique, s'agissant de l'armée de Yougoslavie ?

  8   R.  Ces moyens financiers sont assurés par l'administration au niveau de

  9   l'état-major principal. C'est destiné donc pour financement et au

 10   développement de l'armée de Yougoslavie, conformément aux missions de

 11   révision technique telles que prévues.

 12   Q.  Mais les ressources, elles viennent d'où ?

 13   R.  Ça vient du budget, c'est-à-dire de l'administration chargée du budget

 14   au niveau du ministère fédéral.

 15   Q.  Hm-hm. Est-ce que vous avez connaissance du fait que l'administration

 16   technique dans ces plannings avait à quelque moment que ce soit indiqué

 17   quels étaient ses besoins pour le financement des activités des

 18   établissements de révision pour l'armée de la Republika Srpska ou l'armée

 19   serbe de la Krajina ?

 20   R.  Non. Ce type de mission n'avait pas été prévu pour ce qui est du

 21   financement des activités de ces établissements.

 22   Q.  Laissez-moi vous poser la question suivante maintenant : Vous avez

 23   parlé de l'intervention de ces établissements sur le marché, c'est-à-dire

 24   en dehors de plannings, ils pouvaient décider eux-mêmes pour ce qui est de

 25   l'utilisation du reste de leurs capacités; alors est-ce qu'ils pouvaient

 26   librement mettre à disposition leur potentiel, les machines, le personnel à

 27   l'armée de la Republika Srpska ou à l'armée de la Krajina serbe ? Est-ce

 28   que vous en avez connaissance ?

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  1   R.  Ils pouvaient le faire s'ils avaient un intérêt financier quelconque et

  2   s'ils étaient sûrs d'être payés en bout de compte, au final.

  3   Q.  Qui décidait de la signature d'un tel contrat ?

  4   R.  C'était décidé soit par l'établissement lui-même, soit par une instance

  5   administrative qui avait été héritée du passé. C'était la communauté des

  6   établissements de révision. C'était quelque chose de -- une superstructure

  7   mise en place à l'époque pour savoir ce que faisaient les uns et les

  8   autres.

  9   Q.  Mais une fois qu'ils avaient signé un contrat de ce genre, est-ce

 10   qu'ils avaient besoin d'une approbation de l'administration technique ou

 11   d'une autre instance quelqu'elle soit au niveau de l'armée de Yougoslavie ?

 12   R.  Non, aucune approbation nécessaire. Sur des bases semestrielles ou

 13   analyses annuelles, ils informaient leur administration des résultats

 14   financiers et de l'utilisation des moyens techniques, et ces moyens

 15   financiers étaient réalloués au budget de la République fédérale de

 16   Yougoslavie.

 17   Q.  Est-ce que, dans cette période de démantèlement du pays en 1991, 1992,

 18   donc avant qu'il n'y ait eu création d'une République fédérale de

 19   Yougoslavie, vous êtes-vous rendu vers quelque centre de Révision technique

 20   que ce soit sur le territoire de Bosnie-Herzégovine ? Si oui, quelle a été

 21   la raison de ce déplacement ?

 22   R.  Le feu général Ratko Milovanovic et moi avons visité le Centre de

 23   révision technique à Travnik.

 24   J'attends, j'attends.

 25   Q.  Oui, je vois.

 26   R.  Alors cet établissement de révision technique d'Hadzici à Sarajevo

 27   aussi. L'administration de ces deux établissements avait été troublée par

 28   l'évolution des événements, bouleversée, dirais-je, et ils voulaient que le

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  1   chef de l'administration de l'état-major leur fasse connaître ces

  2   évaluations et ces points de vue concernant le développement de ces centres

  3   de révision. Ils voulaient donc connaître nos points de vue.

  4   Q.  Que leur avez-vous dit ?

  5   R.  Personnellement, ils avaient estimé que ce serait notre dernière visite

  6   à des centres de Révision, qui nous appartenaient, et j'ai dit tout à fait

  7   ouvertement que, jusqu'au dénouement, nous n'allions plus financer le

  8   développement de ces établissements. Au cas où ces établissements

  9   viendraient à faire partie des installations tombant sous la coupe de

 10   l'état-major et de notre administration, le financement et le développement

 11   se poursuivraient tel que prévu par les plannings. Mais au cas où ces

 12   établissements viendraient à appartenir à d'autres Etats, c'est à eux qu'il

 13   faudra s'occuper de l'avenir de ces établissements, selon la situation

 14   donnée.

 15   M. LUKIC : [interprétation] En page 16, ligne 1, le témoin a dit :

 16   "Jusqu'au démantèlement du pays." Je crois que l'interprétation n'est pas

 17   tout à fait précise. Ah non, non, il a dit "dénouement." Je ne sais pas

 18   s'il l'a dit.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, j'ai dit "dénouement."

 20   M. LUKIC : [interprétation]

 21   Q.  C'est moi qui m'excuse.

 22   Alors qu'est-il advenu des équipements appartenants à ces établissements à

 23   Travnik, Hadzici et Sarajevo après le retrait de la JNA de ces territoires

 24   ? Qu'en est-il advenu de l'équipement qui était en place ?

 25   R.  Tous le matériel et équipement sont restés sur place. Ce sont

 26   essentiellement des machines très lourdes. Il se peut qu'il y ait eu des

 27   outils spéciaux qu'on pouvait déplacer à avoir été déplacés vers le

 28   territoire de la Serbie. Ce que je sais seulement, c'est que le centre de

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  1   Révision à Travnik avait disposé d'un véhicule avec des instruments de

  2   mesure spéciaux que l'administration technique ne possédait pas ailleurs.

  3   Tout le reste est resté sur place. Il n'y avait pas possibilité de le

  4   déplacer.

  5   Q.  Est-ce qu'au niveau de cette administration technique -- non. Si vous

  6   vous en souvenez, dites-nous donc - parce que même au récolement je ne vous

  7   ai pas posé la question, je n'ai pas insisté  si vous ne vous en souvenez

  8   pas - est-ce que vous pourriez nous dire quand est-ce que cette visite a eu

  9   lieu avant la création de la RFY en avril 1992 ?

 10   R.  C'était juste avant l'hiver. L'hiver commençait et on a eu du mal

 11   à rentrer de Sarajevo chez nous vers la Serbie.

 12   Q.  Bon. Est-ce que ces administrations techniques avaient disposé

 13   d'information pour ce qui est des états de stock au niveau des carburants

 14   de la JNA sur le territoire de la -- du pays tout entier de la RSFY ?

 15   R.  Oui, bien sûr.

 16   Q.  Qu'en était-il de ces stocks de carburant après le départ de la

 17   JNA du territoire de la Croatie et de la Bosnie-Herzégovine ?

 18   R.  Les carburants, qui sont dans des réservoirs stationnaires,

 19   c'était de 20 à 70 000 tonnes, c'est resté dans la République de Slovénie,

 20   en Croatie et en Bosnie. C'étaient des stocks énormes qui ne pouvaient pas

 21   être déplacés de là où ils étaient. Mes unités sont arrivées avec le plein

 22   au niveau de leur réservoir et avec quelques bidons peut-être de réserve.

 23   Q.  Mais qui est-ce qui est entré en possession de ces stocks stationnaires

 24   de carburant ? Le savez-vous ?

 25   R.  Je le sais. Ces effectifs paramilitaires qui ont commencé par s'emparer

 26   de ces stocks. Il n'y avait pas d'unité pour défendre ces stocks. Les

 27   équipages là-bas ont été aussitôt attaqués, on les a laissés partir. Mais

 28   les réserves, les stocks sont restés sur place.

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  1   Q.  Quand vous dites paramilitaires, vous parlez de qui ?

  2   R.  Nous considérions par exemple que les ZNG de la Croatie, c'étaient à

  3   nos yeux des paramilitaires. Les Serbes, les Musulmans qui n'étaient pas

  4   des forces régulières de l'état en place, étaient considérés par nous comme

  5   étant des paramilitaires.

  6   Q.  Merci. Je vais passer à un autre sujet maintenant, toujours en

  7   corrélation avec cette période de mise en place de l'armée. Alors vous nous

  8   avez dit que vous étiez occupé de l'organisation et de la création mise en

  9   place de cette armée nouvelle par rapport à vos connaissances techniques.

 10   Mais d'abord, laissez-moi vous demander si vous avez participé à la mise en

 11   place d'un organigramme des formations de l'armée en Yougoslavie ?

 12   R.  D'une façon générale, j'ai participé à toutes les activités de

 13   réorganisation, depuis le temps ou l'époque où le chef de l'état-major

 14   général était le général Mirkovic, parce que j'étais dans l'armée l'un des

 15   rares des professeurs qui enseignaient l'organisation, et j'étais l'un des

 16   rares à savoir le faire. Donc j'ai participé à la totalité de ces activités

 17   jusqu'à la fin, jusqu'à la mise -- jusqu'à l'entrée en fonction du

 18   président Tadic. C'est jusqu'à ce moment-là que je me suis occupé de ces

 19   affaires.

 20   Q.  Quand vous dites modèle de l'armée ou cette modalisation; expliquez aux

 21   profanes qu'est-ce que ça veut dire cette organisation-là ?

 22   R.  Ça signifie d'abord qu'il convient de mettre en place une structure

 23   organisationnelle, des armées, des différents secteurs et des services.

 24   Donc il faut d'abord mettre en place tout ce qui relève de niveau

 25   stratégique. Ça doit donc respecter toute une série de critères financiers,

 26   démographiques et ça va jusqu'à la mise en place de la création d'unité de

 27   l'armée de Yougoslavie. D'abord, la structure organisationnelle, puis

 28   ensuite formation matérielle, personnelle des effectifs, rôle, enfin ceux

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  1   qui vaquent à ces types d'activités sachent de quoi il s'agit. Il s'agit

  2   donc ce la mise en place de tous les aspects de l'organisation et des

  3   structures.

  4   Q.  Par rapport à l'ex-JNA, du point de vue de ces compositions

  5   organisationnelles, pour ce qui est du staff d'active, quel est le problème

  6   auquel vous avez eu à faire face, du point de vue de la mise en place de

  7   cette structure organisationnelle nouvelle ?

  8   R.  Nous avons commencé par créer un nouvel état et une nouvelle armée, et

  9   nous avons eu à faire face à de sérieux problèmes humains, non pas

 10   professionnels mais humains, des problèmes liés à la vie de ces hommes-là.

 11   Nous avons mis en place une armée plus petite où on ne pouvait pas

 12   accueillir la totalité des officiers qui s'étaient trouvés sur place, sur

 13   le territoire donc de la République de Serbie.

 14   Q.  Juste un instant. Je crois que vous avez dit tout à l'heure que vous

 15   aviez mis en place un nouvel état, une nouvelle armée; vous ai-je bien

 16   compris tout à l'heure ?

 17   R.  Oui, c'est ce que j'ai dit.

 18   Q.  Patience un peu, on attend le compte rendu. Alors quel est donc cette

 19   programmation -- ou plutôt, expliquez aux Juges de la Chambre que signifie

 20   structure organisationnelle ? Que signifie formation de l'armée, que doit

 21   comporter cette armée par rapport aux officiers, par exemple ?

 22   R.  D'abord, il faut qu'il y ait un fichier militaire de spécialité. On

 23   appelle ça VES, dans l'armée de Yougoslavie. Il faut que l'on fasse état de

 24   sa formation professionnelle -- ou plutôt, scolaire. Il y a son grade, il y

 25   a le poste réel qu'il occupe, enfin tout ce qui relève des questions

 26   statutaires liées à la vie et au travail des membres de l'armée. C'est cela

 27   ce que l'on appelle la formation militaire. C'est donc pour l'essentiel de

 28   cela que s'occupe ce domaine.

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  1   Q.  Quand vous avez mis en place cette structure organisationnelle, ces

  2   formations pour l'armée de Yougoslavie, est-ce que pour chacun d'entre eux

  3   on sait où il se trouve, l'officier ou le militaire en question ?

  4   R.  Oui, il fait partie de ce que l'on appelle la formation militaire. Il a

  5   un numéro de matricule qui est unique pour lui, et il a tout le reste.

  6   Q.  Merci.

  7   M. LUKIC : [interprétation] Alors je voudrais que nous passions pour

  8   quelques instants à huis clos partiel, Monsieur le Président.

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Fais en sorte donc que nous passions à

 10   huis clos partiel.

 11   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur

 12   le Président.

 13   [Audience à huis clos partiel]

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  8   [Audience publique]

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Lukic, poursuivez.

 10   M. LUKIC : [interprétation] Avant de passer au cabinet du chef d'état-major

 11   principal et vos activités à ce cabinet, j'aimerais que l'on aborde

 12   rapidement les sanctions internationales imposées par la résolution du

 13   Conseil de sécurité des Nations Unies au cours de l'été 1992, sanctions à

 14   l'encontre de la Yougoslavie. D'un point de vue professionnel, quel était

 15   l'impact de ces sanctions sur vos activités ?

 16   R.  Ces sanctions ont eu quelques conséquences, quelques répercussions. Il

 17   nous a fallu mettre sur pied un modèle pour la préparation des décisions

 18   permettant de livrer les équipements à l'armée alors que nous étions sous

 19   le coup d'un embargo international et d'un blocus international, donc il y

 20   avait un embargo sur toutes les connaissances qui existaient à propos des

 21   critères utilisés pour prendre des décisions.

 22   Q.  Lorsque vous dites "vous" -- "nous," de qui parlez-vous ?

 23   R.  C'était moi et Mme Dragana Becejski, qui avait un doctorat, et nous

 24   travaillions -- elle travaillait à la Commission d'Inspection, elle

 25   préparait sa thèse, et elle travaillait aussi au sein de l'état-major

 26   principal, et elle était chargée du soutien informatique et elle est

 27   maintenant professeur.

 28   Q.  Qu'est-ce que vous avez fait exactement en pratique ?

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  1   R.  Nous avons reçu un modèle de recommandations, que nous avons publié

  2   dans notre bulletin -- notre propre bulletin puis nous l'avons amené avant

  3   qu'il ne soit publié à l'extérieur. Il s'agissait de documents

  4   professionnels, se concentrant sur le modèle permettant la prise de

  5   décision.

  6   Q.  C'était quand exactement ?

  7   R.  Nous l'avons publié en 1994 dans une publication civile. Un magazine

  8   appelé "Kvalitet" [phon].

  9   Q.  Rapidement pourriez-vous nous dire lorsque vous avez étudié ce modèle

 10   quelle a été votre conclusion à propos de toutes ces études ?

 11   R.  Ecoutez, ce serait compliqué de rentrer dans les détails et très long.

 12   Du fait de l'embargo et du blocus et des sanctions à l'encontre du pays, il

 13   y avait toujours quand même des intérêts, qui ont été montrés d'ailleurs

 14   dans le cadre d'autres recherches, pour éviter que l'embargo ne soit mis en

 15   œuvre à 100%. Donc la recommandation était -- nous devions analyser un

 16   grand nombre d'alternatives, d'options, mais la solution était que les

 17   fournisseurs que nous utilisions avant le blocus devaient toujours être

 18   employés, on devait toujours avoir recours à eux, mais en utilisant des

 19   moyens pour contourner l'embargo. Donc il nous fallait trouver de nouvelles

 20   solutions. Les itinéraires à emprunter, c'était aux fournisseurs de les

 21   trouver, en revanche.

 22   Q.  A votre connaissance, qui a violé l'embargo à l'époque ?

 23   R.  L'embargo a été violé par absolument tous les pays qui existaient, qui

 24   étaient dans notre pays : la Fédération musulmane, la Croatie.

 25   Q.  Très bien.

 26   R.  Donc les Etats qui coopéraient avec ces pays -- et tous les pays qui

 27   coopéraient à la fois avec ces pays, et aussi avec la Serbie.

 28   Q.  Bien. Passons à autre chose. Vous êtes devenu chef de cabinet du chef

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  1   d'état-major principal en décembre 1994. Bon, tout d'abord, j'aimerais

  2   savoir si vous désiriez obtenir le poste ? Si oui, comment les choses se

  3   sont-elles passées ?

  4   R.  Tout d'abord, je tiens à vous dire que je n'avais aucune envie de ce

  5   poste. Je connaissais pourtant le général Perisic. Nous avions travaillé

  6   ensemble à la Garnison de Pula lorsque nous étions sous-lieutenant et

  7   lieutenant, mais je ne voulais pas travailler dans un bureau, m'occuper du

  8   protocole, recevoir les invités, m'occuper des résidences et des villas, et

  9   cetera. Je voulais poursuivre ma carrière professionnelle en tant que

 10   professeur et m'occuper des sujets qui m'intéressaient.

 11   Mais le général Ratko Milovanovic, que j'estimais énormément à

 12   l'époque en tant qu'officier et en tant qu'être humain d'ailleurs, car

 13   c'est un homme très intelligent et brillant, m'a invité un jeudi pour

 14   m'entretenir avec le général Perisic. Visiblement, le général avait du mal

 15   à travailler avec les équipes qu'il avait trouvées à l'état-major. Il avait

 16   besoin d'aide pour réorganiser son cabinet.

 17   Donc ce jeudi-là, je ne pouvais pas accepter le poste, mais le

 18   général Perisic m'a donné jusqu'au lundi pour prendre ma décision. Donc, ce

 19   lundi, le général Milovanovic m'a à nouveau appelé au téléphone et m'a

 20   demandé ce que j'avais décidé, et je lui ai dit que j'avais décidé de

 21   refuser le poste. Il m'a montré un carnet, m'a dit qu'il ne fallait pas que

 22   je complique les choses, qu'il y avait eu une session du collégium la

 23   veille, que j'avais déjà été nommé chef de cabinet du chef d'état-major,

 24   qu'il fallait maintenant que je m'entretienne avec le général, qu'il y

 25   avait une petite réception prévue pour moi. Enfin, c'est comme ça que ça

 26   fonctionne d'habitude.

 27   Q.  Très bien.

 28   M. LUKIC : [interprétation] J'aimerais maintenant que nous ayons la

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  1   pièce D200 à l'écran. C'est une pièce qui a une cote MFI. En B/C/S -- de

  2   toute façon, c'est à l'intercalaire numéro 3 du classeur que je vous ai

  3   remis. Il s'agit d'un ordre portant sur l'organisation de l'état-major

  4   principal, de ses unités. En anglais, il s'agit de la pièce 1D2-09272. Ça,

  5   c'est pour l'anglais. En ce qui concerne le B/C/S, il s'agit de la page 6.

  6   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Harmon.

  7   M. HARMON : [interprétation] Nous avons du mal à trouver le document. Nous

  8   passons l'avoir reçu, mais nous avons du mal à le retrouver. Donc soit

  9   donnez-nous -- il faudrait qu'on nous donne un petit peu de temps pour le

 10   retrouver, ou alors de nous donner une copie papier.

 11   M. LUKIC : [interprétation] Malheureusement, je n'ai pas de copie papier de

 12   l'anglais, mais il me semble bien que nous avons averti la partie adverse

 13   que nous allions utiliser ce document. Oui, oui, nous l'avons. D'ailleurs,

 14   il est consigné sur la liste des pièces 65 ter. De toute façon, il est à

 15   l'écran. Je vais attendre que M. Harmon l'ait trouvé. Ou peut-être

 16   pourrions-nous faire la pause, puisque c'est l'heure ? Ainsi, nous

 17   pourrions reprendre la séance une fois que M. Harmon aura trouvé ce

 18   document.

 19   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Nous allons faire la pause

 20   et nous reprendrons dans une demi-heure.

 21   --- L'audience est suspendue à 10 heures 15.

 22   --- L'audience est reprise à 10 heures 45.

 23   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Lukic, c'est à vous.

 24   M. LUKIC : [interprétation] Pourrions-nous retourner à huis clos partiel,

 25   s'il vous plaît, pendant un petit moment, du fait de document qui vient

 26   juste d'être versé au dossier ?

 27   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Pouvons-nous passer à huis clos

 28   partiel ?

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  1   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

  2   [Audience à huis clos partiel]

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 12   [Audience publique]

 13   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie. Maître Lukic,

 14   reprenez.

 15   M. LUKIC : [interprétation] J'aimerais corriger le compte rendu, il s'agit

 16   de notre erreur. En effet, nous n'avons pas mis ce document à la

 17   disposition de l'Accusation, donc je ne vais pas le montrer. Le témoin, à

 18   mon avis, peut répondre sans avoir le document sous les yeux.

 19   Q.  Général Borovic, ne regardez pas le document qui se trouve sous vos

 20   yeux, mais j'aimerais savoir quelles sont les fonctions de base d'un chef

 21   de cabinet du chef d'état-major principal de l'armée de Yougoslavie ?

 22   R.  Sa fonction principale est de s'occuper du chef de l'état-major

 23   principal, de l'assister afin de faciliter son travail, son travail de chef

 24   du cabinet. Il est là pour s'occuper du courrier entrant, courrier sortant.

 25   Il est là pour s'occuper des visiteurs, il est en charge de fonction

 26   support, s'occuper d'assurer la sécurité, par exemple, du chef d'état-major

 27   lorsqu'il voyage, lorsqu'il va où que ce soit. Il est là pour préparer les

 28   documents et les présentations que le chef d'état-major principal doit

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  1   faire devant les organes d'état, devant différentes autorités. Le chef de

  2   cabinet s'occupe du suivi des tâches demandées dans le cadre de réunion. Il

  3   est là pour s'occuper des résidences, et des installations. Il est là pour

  4   s'occuper de la sécurité, de s'occuper aussi de protocole. Il doit donner

  5   les missions aux équipes qui sont subordonnées au commandement de l'état-

  6   major. Il est là aussi pour donner toutes les missions aux Brigades de la

  7   Garde et aux corps des Unités spéciales, lorsque les cérémonies doivent

  8   être organisées, lorsqu'il y a des visites des délégations et qu'il

  9   convient d'organiser pour ces délégations, ce type de cérémonie.

 10   Q.  Bien, bien.

 11   R.  Oui, c'est à peu près l'essentiel du chef de cabinet.

 12   Q.  D'après vous, le chef enfin le bureau, le cabinet du chef d'état-major

 13   a-t-il des fonctions en tant qu'élément de l'état-major ?

 14   R.  Oui, ils sont là pour s'occuper des documents, pour les traiter, pour

 15   les analyser, pour en faire des synthèses envoyées au chef de l'état-major

 16   principal. Donc il faut déjà faire le tri des documents pour les organiser

 17   d'après les régions. Il est là aussi pour s'occuper des documents qui ne

 18   sont pas adressés directement au chef de l'état-major principal.

 19   Q.  Qui donc travaille au sein du cabinet ?

 20   R.  Il y a le chef du cabinet, le secrétaire du chef du cabinet, l'aide de

 21   camp du chef d'état-major principal, l'adjoint du chef de cabinet,

 22   l'assistant aussi du chef de cabinet chargé donc de s'occuper des fonctions

 23   de l'adjoint du chef d'état-major, il y a le bureau des services généraux

 24   qui s'occupe de la planification générale. Il y a l'officier en charge du

 25   protocole, l'officier chargé des finances, le juriste, des agents chargés

 26   de l'informatique, les archivistes, les chauffeurs. Il y avait d'autres

 27   personnes qui travaillaient au sein du cabinet, mais je ne me souviens pas

 28   très bien de leurs fonctions.

Page 13907

  1   Q.  Quelles sont les fonctions des assistants s'occupant des affaires

  2   financières et des affaires juridiques ?

  3   R.  L'assistant chargé des services financiers s'occupe du financement des

  4   voyages, et d'effectuer tous les paiements qui incombent au chef du cabinet

  5   de l'état-major principal, y compris les per diem, par exemple, qui doivent

  6   être payés aux adjoints, le paiement -- le remboursement des frais encourus

  7   lors des visites des différentes délégations, le paiement aussi visant --

  8   le paiement de tous les frais engagés pour développer la fonction, ainsi

  9   que pour payer les gens qui ont été nommés au sein du cabinet.

 10   Q.  Qu'en est-il de l'assistant des affaires juridiques ?

 11   R.  Lui, il s'occupe principalement de fournir des conseils. Donc c'est une

 12   personne à qui on envoie tous les documents pour lesquels il convient

 13   d'avoir une analyse, y compris les documents reçus de la part de

 14   l'administration juridique, donc ces documents sont vérifiés pour voir

 15   s'ils sont bien conformes avec la loi, c'est-à-dire le cas pour tout ce qui

 16   était traité par le cabinet.

 17   Q.  Lorsque vous êtes arrivé pour prendre votre poste en tant que chef de

 18   cabinet du chef de l'état-major principal, comment était la situation

 19   lorsque vous êtes arrivé ?

 20   R.  Lorsque je suis arrivé, j'ai trouvé un cabinet plutôt opprime, qui

 21   opérait de façon assez primitive. Au point de vue informatique, par

 22   exemple, du point de vue de communication, support technique, tout était

 23   assez primitif, y compris en ce qui concerne les inventaires, et en ce qui

 24   concerne les véhicules, enfin tout était à mon avis insuffisant, en tout

 25   cas, insuffisant par rapport à ce qu'on attend d'un état-major principal --

 26   du cabinet s'occupant du chef d'état-major principal.

 27   Q.  Alors qu'avez-vous fait ?

 28   R.  Tout d'abord, j'ai dû convaincre mon supérieur qui était un ascétique

Page 13908

  1   et qui considérait que les choses étaient bien comme cela et j'essayais le

  2   convaincre qu'il fallait changer les choses, et qu'il fallait équiper le

  3   cabinet de systèmes plus modernes, d'informatiques plus modernes. Nous

  4   avons modifié --changé aussi la flotte de véhicules qui n'était pas du tout

  5   au niveau. Nous avons aussi amélioré l'équipement de bureau. Ensuite nous

  6   avons aussi remis à niveau les salles de réunions où se tenait le collège

  7   du chef d'état-major principal --

  8   Q.  Ensuite.

  9   R.  Nous avions aussi un analyste informatique qui était membre du cabinet.

 10   Q.  Alors quelle était la situation en matière de communication lorsque

 11   vous êtes arrivé ? Quel était le type de communication dont disposait le

 12   chef de l'état-major principal de l'armée yougoslave ?

 13   R.  Il avait donc un système de communication privilégié ou secret et il

 14   avait également un système de communication spécial.

 15   Q.  Avec qui pouvait-il avoir ce type de communication protégé ou spécial ?

 16   R.  Avec le président de la république, avec le président de l'Etat

 17   fédéral, à savoir avec les présidents des républiques. Je pense également

 18   qu'il pouvait entrer en communication, qu'il avait donc cette ligne directe

 19   avec le ministère de l'Intérieur. Je ne pense pas en fait qu'il disposait

 20   d'une ligne de communication spéciale avec le ministère des Affaires

 21   étrangères. Voilà, donc il avait des lignes directes, protégées pour entrer

 22   en contact avec tous ses subordonnés, avec donc les commandants des armées,

 23   les commandants des unités indépendantes, à savoir donc tous les assistants

 24   qui faisaient partie de l'état-major général. Il s'agissait en l'occurrence

 25   de lignes militaires directes. Puis, bien entendu, il avait des lignes de

 26   communication civiles. Il avait ce qu'on appelle la possibilité d'avoir des

 27   lignes directes, comme cela s'appelle.

 28   Q.  Bon, nous aborderons cela dans un petit moment. Mais est-ce que vous

Page 13909

  1   vous souvenez étant donné que vous avez fait référence aux lignes de

  2   communication spéciales ? Est-ce qu'il en avait une de ligne de

  3   communication spéciale avec le ministère de la Défense ?

  4   R.  Ecoutez, je ne m'en souviens pas. Mais c'est logique qu'il y en est

  5   une.

  6   Q.  Alors, écoutez, je voudrais juste que vous nous indiquiez ce dont vous

  7   vous souvenez. Alors, je ne sais pas s'il faut préciser quoi que ce soit,

  8   parce que vous nous avez dit qu'il avait une ligne de communication

  9   spéciale avec le président de l'Etat fédéral. De qui s'agissait-il à

 10   l'époque ?

 11   R.  Pendant mon mandat, c'était M. Zoran Lilic.

 12   Q.  Qui étaient les présidents de la république avec qui il avait des

 13   communications spéciales ?

 14   R.  M. Slobodan Milosevic, le président de la Serbie, et puis le président

 15   Milo Djukanovic pour le Monténégro.

 16   Q.  Est-ce qu'il y avait quelqu'un avant Djukanovic ?

 17   R.  Oui, il se peut qu'il s'agissait de Bulatovic. Il y a eu en fait un

 18   temps de transition entre le passage du pouvoir entre les deux, parce que

 19   c'est ce qu'ils faisaient en fait. Ils se sont contentés juste de changer

 20   de positions.

 21   M. LUKIC : [interprétation] Pour que tout soit bien clair, page 31, ligne

 22   21, le témoin a dit - et cela a été consigné - "protection" ou "ligne de

 23   communication protégée militaire et civile." Alors il a fait référence à

 24   "des lignes de communication protégées et militaires et civiles." Donc il

 25   est absolument indubitable qu'il y avait donc des lignes de communication

 26   protégées militaires et civiles, donc il faudrait peut-être mettre une

 27   virgule entre les deux. Mais, bon, passons à autre chose.

 28   Q.  Est-ce que le chef de l'état-major principal disposait ou pouvait

Page 13910

  1   communiquer avec l'état-major principal de l'armée de la Republika Srpska

  2   et de l'armée serbe de Krajina ?

  3   R.  Oui, tout à fait. Il avait -- il pouvait établir la communication avec

  4   le chef d'état-major de l'armée de la Republika Srpska et je ne sais pas

  5   s'il pouvait communiquer avec tout le monde dans -- avec les représentants

  6   des membres de l'armée de la Krajina serbe, mais en fait il avait -- il

  7   pouvait communiquer avec la direction lorsqu'il s'agissait encore d'une

  8   république.

  9   Q.  Mais ces lignes de communication, est-ce qu'elles ont été établies à

 10   l'époque du général Perisic ou beaucoup plus tôt, avant qu'il n'entre en

 11   fonction ?

 12   R.  Non, non, elles avaient -- cette infrastructure et ces lignes de

 13   communication avaient existé -- ou existaient auparavant, tout cela était

 14   déjà en place et rien n'a été fait à propos de ce système de communication.

 15   Q.  Lorsque vous dites "plus tôt," j'aimerais savoir à partir de quand ont

 16   existé ces lignes de communication entre l'état-major général et Han

 17   Pijesak ?

 18   R.  Ecoutez, elles avaient existé depuis que la JNA existait parce qu'il

 19   faut savoir que les endroits où se trouvaient la JNA faisaient partie du

 20   réseau de communication.

 21   Q.  Lorsque vous, vous avez pris vos fonctions en tant que chef de cabinet,

 22   j'aimerais savoir si ces communications se sont améliorées ?

 23   R.  Non. Car cela ne faisait pas partie de notre compétence. Nous n'avons

 24   absolument rien modifié et d'ailleurs nous n'avons même pas vu ces lignes

 25   de communication. Elles ne faisaient pas partie de notre système de

 26   communication intégré. Il n'était pas de notre ressort d'assurer

 27   l'entretien du matériel pour ce qui était des centres de communication fixe

 28   ou des nœuds de communication. D'ailleurs, il n'y avait pas de ressources

Page 13911

  1   qui avait été prévue pour cela pour qu'elles soient réparées, adaptées,

  2   modifiées, ou entretenus. L'armée yougoslave disposait de son propre

  3   système de communication et puis elle avait son propre système de

  4   communication et de maintenance et d'entretien. Je ne sais pas d'ailleurs

  5   comment cela fonctionnait pour l'armée de la Republika Srpska. En tout cas,

  6   je n'en suis pas sûr.

  7   Q.  Lorsque vous dites qu'elles ne faisaient pas partie du système de

  8   communication intégrale, à quoi faites-vous référence, de quelles

  9   communications parlez-vous ?

 10   R.  Je pense aux lignes de communication qui faisaient partie du système de

 11   communication mais qui se trouvaient sur le territoire de la RFY. Il y a

 12   peut-être certaines équipes qui en ont réparé mais nous, en fait, il

 13   n'était pas de notre ressort d'envisager les vérifications, et les

 14   contrôles, la maintenance, et cetera.

 15   Q.  Petite minute, je vous prie. Car vous -- cela correspondait à vos

 16   fonctions professionnelles, donc qu'entendez-vous lorsque vous dites --

 17   quand vous parlez de la maintenance du système de communication, qu'est-ce

 18   que cela englobe ?

 19   R.  En fait, cela correspond à des ressources qui sont affectées du budget

 20   en fonction de codes bien spécifiques, il y a des plans qui sont mis sur

 21   pied, pour assurer l'entretien et la maintenance du système, pour

 22   l'adapter, pour le modifier, pour réparer le matériel, il y a des plans de

 23   rénovation parce que le

 24   -- que de venir complètement dépassé obsolète. Donc il faut ensuite

 25   introduire, avoir du nouveau matériel. Donc, il y a des ressources et des

 26   capacités qui sont attribuées à cette fin. Ensuite -- enfin, cela, en fait,

 27   fait partie intégrante du système.

 28   Q.  Est-ce que vous savez que l'armée yougoslave - et je pense au plan de

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  1   l'armée yougoslave - maintenait ou a maintenu le système de communication,

  2   ou s'occupait, assurait l'entretien du système de communication de l'armée

  3   de la Republika Srpska ?

  4   R.  Lorsque, moi, j'étais chef de cabinet et que j'étais le chef du service

  5   de communication, nous ne le faisions pas car nous avions à peine

  6   suffisamment de ressources pour assurer la maintenance de nos systèmes et

  7   de notre matériel.

  8   Q.  Alors, quelles sont les lignes directes ? Est-ce que vous nous -- vous

  9   pouvez nous parler de ces lignes directes ?

 10   R.  Il s'agit de lignes téléphoniques spéciales qui correspondent à deux

 11   interlocuteurs et qui ne font pas partie du système, en quelque sorte, ou

 12   qui ne suivent pas la procédure habituelle, ce qui fait que vous décrochez

 13   le combiné. Le téléphone, à ce moment-là, sonne pour l'autre personne avec

 14   qui vous avez établi la ligne. Si la communication -- donc ce n'est pas un

 15   téléphone qui est utilisé pour des communications classiques. C'est ce

 16   qu'on appelle donc ces lignes directes. Ces lignes ne sont utilisées que

 17   lorsque cela est vraiment nécessaire.

 18   Q.  Mais au moment où vous avez été nommé chef de cabinet du chef de

 19   l'état-major principal, est-ce que vous avez établi de nouvelles

 20   communications directes ? Le cas échéant, avec qui ?

 21   R.  Alors non seulement je me suis occupé d'établir ou de faire en sorte

 22   que marche à nouveau la ligne directe avec le chef des forces armées de la

 23   Hongrie, il y a une ligne de communication qui a été établie avec l'état-

 24   major conjoint de l'armée des Etats-Unis. J'ai été présent lorsqu'un appel

 25   d'essai a été fait, et je pense que c'est la communication qui a été établi

 26   avec, me semble-t-il, l'amiral Owen, qui était à l'époque l'adjoint des

 27   chefs d'états-majors interarmées. Mais bon, je n'ai pas été présent par la

 28   suite lorsque la ligne a été établie, seulement lorsque le premier appel a

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  1   été fait.

  2   Q.  Quand est-ce que cela s'est passé ? Combien de temps après le moment où

  3   vous avez été nommé ?

  4   R.  Ecoutez, cela s'était passé dans la troisième partie de mon mandat en

  5   tant que chef de cabinet. Je ne m'en souviens pas exactement, pendant cette

  6   troisième période.

  7   Q.  Pour ce qui est de l'informatique, quelle nouveauté avez-vous introduit

  8   dans le travail du bureau ?

  9   R.  Tout ce qui était nécessaire, et je pense au système d'information --

 10   informatique à proprement parler, parce qu'il n'y en n'avait pas au niveau

 11   de l'état-major général ainsi qu'au niveau du bureau. C'est un peu comme un

 12   système, un système de gestion, un système informatique de gestion, ce

 13   qu'on a en ce moment. Donc, ce qui est nécessaire à la direction. Donc nous

 14   pouvions contrôler tout, à partir de l'impression du bulletin d'information

 15   quotidien relatif à la situation pour les unités, sans oublier la situation

 16   des réserves, les ressources, les finances, les documents, tout ce qui

 17   était nécessaire et tout ce qui était utile pour les opérations. C'était un

 18   système informatique de gestion.

 19   Q.  Alors j'aimerais vous poser quelques questions à propos d'une autre

 20   partie des activités du bureau. Il s'agit du courrier. Dans un premier

 21   temps, j'aimerais que vous indiquiez ou que vous expliquiez à la Chambre, à

 22   toutes les personnes présentes dans le prétoire, combien de lettres étaient

 23   reçues tous les jours par le chef de l'état-major principal. Donnez-nous

 24   une moyenne.

 25   R.  Je dirais qu'il s'agissait d'une moyenne comprise entre 50 et 300, et

 26   cela allait de documents officiels en passant par des appels, des requêtes

 27   privées, des récriminations diverses et variées. Voilà, tout ce qui était

 28   reçu par le chef d'état-major, de l'état-major général.

Page 13914

  1   Q.  Quelle était la situation dans laquelle vous vous êtes trouvé lorsque

  2   vous, vous avez pris vos fonctions ? Je pense au courrier quotidien.

  3   R.  Ecoutez, au cours du premier mois, lorsque je travaillais avec l'ancien

  4   chef de cabinet et que j'essayais d'apprendre ce qui allait être ma

  5   fonction, je me suis rendu compte en fait que le chef transportait tout le

  6   courrier qui était adressé au bureau. Il le transportait au bureau en fait

  7   du chef de l'état-major principal. Donc pendant les 40 premiers jours, je

  8   n'ai rien changé au système, et j'étais d'avis qu'il s'agissait en fait

  9   d'une procédure qui n'était absolument pas rationnelle, qui était en plus

 10   épuisante et que, en fait, il s'agissait tout simplement de déléguer les

 11   responsabilités depuis l'échelon le plus bas jusqu'au chef de l'état-major

 12   général.

 13   Q.  Je vais vous interrompre un petit moment. Lorsque vous dites que cela

 14   n'était pas rationnel et qu'il y avait une délégation des responsabilités,

 15   qu'entendiez-vous par cela ?

 16   R.  En fait, qu'il n'était pas responsable de relayer tout cela au chef de

 17   l'état-major principal. Lorsqu'il fallait faire en sorte qu'une camionnette

 18   soit disponible pour que la Croix-Rouge transporte des enfants d'un endroit

 19   à un autre, cela était envoyé au chef de l'état-major général pour qu'il

 20   donne son aval, et je pensais que cela n'avait aucun sens que ce soit la

 21   direction militaire qui s'en charge. Les adjoints et les assistants des

 22   administrations indépendantes étaient ceux qui auraient dû se charger de

 23   cette responsabilité, parce qu'il n'y avait absolument aucune décision à

 24   prendre.

 25   Q.  Mais quel était votre point de vue à ce sujet ?

 26   R.  Je pensais en fait que c'était aux assistants de le faire, parce qu'ils

 27   devaient le faire parce que c'était leur tâche. Je pensais que lorsqu'il

 28   s'agissait de quelque chose que seul le chef de l'état-major pouvait faire,

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  1   c'est à ce moment-là qu'il devait en être informé, que les courriers qui

  2   devaient lui être transmis étaient des courriers qui ne pouvaient être

  3   transmis qu'à lui et que les différents chefs et assistants devaient

  4   l'aider et que, à ce moment-là, le chef d'état-major général pouvait

  5   décider de signer ou de ne pas signer.

  6   Q.  Mais est-ce qu'il y a eu une certaine résistance à votre idée ?

  7   R.  Oui, tout le monde s'est opposé à cela, depuis le chef en passant par

  8   tout le monde parce que, pendant un moment, le chef pensait que nous

  9   l'avions écarté de l'opinion publique.

 10   Q.  Donc qu'avez-vous fait ? Dans quelle mesure est-ce que votre nouvelle

 11   approche a été retenue ?

 12   R.  Ecoutez, nous avons envoyé -- nous avons étudié tout le courrier, nous

 13   l'avons envoyé aux chefs des administrations indépendantes, aux assistants,

 14   au département du renseignement secret, aux représentants diplomatiques

 15   militaires. En fait, nous ne gardions pour le chef de l'état-major général

 16   que ce qui était important pour lui, et nous ne lui transmettions que des

 17   informations dont il n'était pas au courant, parce que le bureau lui-même

 18   connaissait certains renseignements. Donc s'il s'agissait de quelque chose

 19   qui était répété, nous ne lui transmettions pas ces informations. Nous nous

 20   contentions de les archiver.

 21   Q.  Qui informait personnellement le chef de l'état-major général des

 22   courriers à propos desquels il n'avait pas besoin de connaître le moindre

 23   détail ? Quelle était la procédure à propos du courrier alors ?

 24   R.  Ecoutez, pendant que, moi, j'ai été chef de cabinet, et puis ensuite il

 25   y avait le colonel -- ou plutôt --

 26   L'INTERPRÈTE : L'interprète souhaiterait que le témoin répète le dernier

 27   nom.

 28   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que le témoin pourrait répéter

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  1   le dernier nom qu'il vient de donner ?

  2   M. LUKIC : [interprétation]

  3   Q.  Je pense que votre dernière phrase peut induire en erreur lorsqu'elle

  4   est traduite en anglais. Est-ce que vous pourriez nous dire, très

  5   simplement, qui l'a fait ?

  6   R.  Le chef de cabinet, c'était le colonel Borovic, à l'époque. Là, il est

  7   marqué général, mais c'est moi. Je parlais de moi. Vous savez, ce me met un

  8   peu mal à l'aise de dire que c'est moi qui l'ai fait.

  9   Q.  Ecoutez, ce serait beaucoup plus simple de le dire ainsi, parce que ce

 10   serait beaucoup plus simple de vous exprimer de la façon la plus simple

 11   possible pour que tout soit bien consigné au compte rendu d'audience.

 12   R.  Bien.

 13   Q.  Voilà ce que j'aimerais savoir, quels étaient les lettres ou les

 14   documents qui étaient donc présentés au chef de l'état-major général par

 15   votre entremise tous les jours ?

 16   R.  Des rapports opérationnels émanant des centres opérationnels.

 17   Q.  Alors procédons par étape, et peut-être que nous allons consulter le

 18   document.

 19   M. LUKIC : [interprétation]  J'aimerais que le document 9221 soit affiché à

 20   l'écran, le document D221. J'ai indiqué à M. Harmon que c'était un document

 21   qui figurait sur la liste 65 ter de la Défense. Il s'agit du document 67D.

 22   Il s'agit du rapport opérationnel quotidien qui avait préparé par l'équipe

 23   de service au centre opérationnel.

 24   Q.  Alors nous allons un peu plus lentement. Il y a déjà quelqu'un qui a

 25   témoigné à propos de ce document. J'aimerais savoir qui était toutes les

 26   personnes qui recevaient ce type de document.

 27   R.  Le chef de l'administration des opérations, à savoir le secteur

 28   responsable des opérations, le chef de l'état-major général, le recevait

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  1   également, et je ne sais pas s'il y avait d'autres destinataires

  2   d'ailleurs.

  3   Q.  Bien.

  4   M. LUKIC : [interprétation] Je vois que M. Harmon dispose de certains

  5   renseignements. Mais j'aimerais indiquer au bureau du Procureur que nous

  6   avons présenté ce document qui figure sur notre liste 65 ter, il s'agit de

  7   la pièce 657D. Donc je ne vais pas trop m'attarder sur ce document, mais je

  8   souhaiterais juste que nous nous penchions rapidement sur le document, et

  9   j'aimerais présenter mes excuses au Procureur, si nous avons donné une cote

 10   différente pour ce document.

 11   Q.  Alors quand est-ce que ce type de rapport a été envoyé ?

 12   R.  Le matin, lorsque nous arrivons au bureau, le rapport avait déjà été

 13   préparé et donc reçu, et nous recevions ces rapports des centres

 14   opérationnels.

 15   Q.  Alors nous allons passer à la partie suivante. Quel autre type de

 16   rapports était reçu tous les jours par le chef de l'état-major général ?

 17   R.  Il y avait toujours les bulletins dans lesquels figuraient des

 18   informations fournies par la deuxième administration chargée de

 19   l'information.

 20   M. LUKIC : [interprétation]  Est-ce que le document 01086D, de liste 65 ter

 21   pourrait être affiché à l'écran.

 22   Q.  Monsieur Borovic, ce document donc est affiché maintenant sur votre

 23   écran, mais correspond également à votre intercalaire 10, et nous n'allons

 24   pas non plus nous attarder trop à examiner ce document. De quoi s'agit-il

 25   et qui a rédigé ce type de document ?

 26   R.  Ce type de document est rédigé et envoyé au chef de l'état-major

 27   général par le colonel Krga, qui était le chef de l'administration du

 28   renseignement secret. Ce bulletin, qui est un bulletin comportant des

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  1   renseignements secrets qui présentaient soit des informations quotidiennes,

  2   ou alors étaient un bulletin qui était envoyé périodiquement à la suite

  3   d'analyse d'effectuée. Il était alors envoyé au ministère fédéral, à

  4   l'état-major général, ainsi qu'aux administrations indépendantes ainsi

  5   qu'au bureau.

  6   Q.  Nous voyons, parmi les destinataires, le centre d'Enseignement; est-ce

  7   que vous le receviez également ?

  8   R.  Oui, et il est également précisé qu'il faut que ce soit un document

  9   détruit après avoir été lu, donc nous, nous conservions toujours ce type de

 10   document dans nos archives pour assurer une certaine continuité.

 11   M. LUKIC : [interprétation] Est-ce que la page suivante du document

 12   pourrait être affichée, je vous prie ? Nous allons ainsi examiner la teneur

 13   du document.

 14   Q.  Donc vous nous dites qu'il s'agit d'information qui était envoyée

 15   régulièrement; c'est cela ?

 16   R.  Oui. Il y avait également des renseignements quotidiens qui étaient

 17   fournis.

 18   Q.  Nous allons procéder par étape. Nous voyons que ce document date

 19   du mois de mars 1995, et sans trop nous intéresser au contenu du document,

 20   je pense que le document d'ailleurs se passe d'explication. Peut-être que

 21   la Chambre, peut-être que nous pourrions parcourir la page, ainsi la

 22   Chambre pourrait donc prendre connaissance du document. Mais il y a quelque

 23   chose qui m'intéresse particulièrement dans ce document.

 24   M. LUKIC : [interprétation] Excusez-moi, non, non, non. Alors

 25   conservez la page anglaise, mais affichez la page suivante pour la version

 26   en B/C/S, pour que nous puissions comparer les deux versions.

 27   Q.  Voyez le chapitre intitulé : "Conclusions et prévisions." Au

 28   paragraphe premier, il est question de la façon dont est estimée une

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  1   invasion étrangère potentielle. Alors j'aimerais savoir qui effectuait ce

  2   type d'estimation et dans quelle mesure cela était important pour les

  3   activités de l'armée yougoslave ?

  4   R.  Les conclusions et les prévisions émanaient ou étaient le fruit

  5   de notre évaluation et de notre analyse effectuée une fois par semaine lors

  6   des séances d'information du collège. Donc c'était lors de ces occasions

  7   que nous rédigions ce type de conclusion et de prévision, et peut-être que

  8   ce document provient de l'administration chargée du renseignement. Bon, je

  9   ne vois pas entièrement tout le contenu du document, mais je sais en fait

 10   que nous suivions de très près la situation et que lors des réunions des

 11   collèges chacun des assistants devait présenter sa propre information qui

 12   pouvait ensuite être compilée.

 13   Q.  Alors vous l'avez à l'intercalaire numéro 10; est-ce que vous pouvez

 14   nous dire qui est l'auteur de ce document ?

 15   R.  Ce document précis, il a été envoyé par l'administration du

 16   renseignement de l'état-major général.

 17   Q.  Merci.

 18   M. LUKIC : [interprétation] Pourrions-nous, je vous prie, attribuer une

 19   cote à ce document, Monsieur le Président ?

 20   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Le document sera versé au dossier;

 21   est-ce qu'une cote pourrait être attribuée au document.

 22   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce document recevra la cote d473.

 23   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Je vous remercie.

 24   M. LUKIC : [interprétation]

 25   Q.  En outre, ces rapports périodiques de la part de l'administration du

 26   renseignement, est-ce qu'il y avait des renseignements quotidiens qui

 27   étaient envoyés au chef de cabinet ainsi qu'à l'état-major général ?

 28   R.  Oui. Chaque jour, nous avions le chef de l'administration qui venait au

Page 13920

  1   bureau, présenter ces nouveaux renseignements. Il consultait toujours le

  2   bureau pour voir si le bureau disposait d'autres renseignements qui

  3   n'auraient pas été inclus dans les informations préparées pour le chef.

  4   Donc il était toujours possible que nous ayons d'autres renseignements, des

  5   renseignements supplémentaires. Nous recevions également des télégrammes

  6   chiffrés que l'ont décodait en fait dans notre bureau. Nous les recevions

  7   de la part de nos attachés militaires qui se trouvaient dans nos

  8   différentes missions à l'étranger. La deuxième administration recevait

  9   également ces renseignements, mais nous vérifions toujours pour voir si

 10   nous avions bien reçu les mêmes télégrammes.

 11   Q.  Mais outre ces renseignements quotidiens qui étaient toujours fournis,

 12   est-ce que le bureau du chef de l'état-major général recevait des

 13   informations de la part du département d'Information de la VJ, et le cas

 14   échéant, de quoi s'agissait-il ?

 15   R.  Le chef recevait des informations de la part de l'administration de

 16   l'information et tout cela était mis à jour, je pense à la procédure et à

 17   l'informatique. Il recevait également des rapports d'information des médias

 18   lorsque cela portait ou traitait de la VJ ou lorsque cela représentait un

 19   certain intérêt pour la VJ. Ensuite ils imprimaient ce que l'on aurait pu

 20   appeler des coupures de presse, bien que ce n'est pas ainsi que nous les

 21   appelions à l'époque.

 22   Q.  Qui rendait visite, ou qui allait voir tous les jours le chef de

 23   l'état-major général de la VJ, et je ne veux surtout pas vous poser de

 24   question directrice à ce sujet ?

 25   R.  Lorsque le chef se trouvait dans son bureau, outre le chef de cabinet,

 26   il recevait également tous les jours une visite de la part du chef de

 27   l'administration et du renseignements. A l'époque, il s'agissait du général

 28   Dimitrijevic.

Page 13921

  1   L'INTERPRÈTE : En fait, il s'agissait du chef de l'administration chargé de

  2   la sécurité.

  3   M. LUKIC : [interprétation]

  4   Q.  -- il y a quelqu'un d'autre qui vient au quotidien ?

  5   R.  Par la suite, le colonel Krga, qui était l'adjoint chargé de

  6   l'administration.

  7   Q.  Est-ce qu'il y avait des différences du point de vue de la forme de

  8   leur rencontre avec le général Perisic ?

  9   R.  Oui, il y a eu des différences. Le général Dimitrijevic venait

 10   directement chez le chef d'état-major, il venait rarement avant cela au

 11   cabinet. Il passait plutôt parce que nous étions de la même génération de

 12   l'école de l'Académie militaire, plutôt que pour faire ou présenter un

 13   rapport.

 14   Q.  Et Krga ?

 15   R.  Krga, lui, passait tout le temps dans le cabinet à chaque fois et puis

 16   il allait rejoindre le chef de l'état-major, et le général Aco Dimitrijevic

 17   pour les briefings. Ensuite il venait le chef du cabinet avec le courrier

 18   et le reste.

 19   Q.  C'était vous donc ?

 20   R.  Oui, après c'était moi.

 21   Q.  Fort bien. Nous allons nous entretenir quelque peu au sujet de ces

 22   réunions de la direction collégiale, mais maintenant dites-nous : à

 23   l'extérieur de l'état-major de l'armée de Yougoslavie, quels sont les

 24   cabinets avec lesquels vous avez une communication dirais-je permanente ?

 25   R.  Le cabinet du chef de l'état-major entretient une communication

 26   permanente avec le cabinet militaire du président de la république.

 27   Q.  Qui était chef de ce cabinet militaire du temps où vous étiez vous-même

 28   au cabinet ?

Page 13922

  1   R.  C'était le général Krivosija, ensuite c'est depuis notre cabinet, qui a

  2   eu le colonel Susic à être envoyé là-bas par la suite lui il est devenu

  3   général.

  4   Q.  Quelles étaient les raisons principales de vos contacts ? Quels en ont

  5   été les sujets ? Pouvez-vous nous le dire brièvement ?

  6   R.  Le cabinet militaire du président de la République fédérale de

  7   Yougoslavie préparait la totalité -- l'ordre du jour de toutes les sessions

  8   du Conseil suprême de la Défense sur tous les sujets que le cabinet du chef

  9   de l'état-major communiquait à son attention pour répondre au besoin de

 10   l'armée. Ensuite il transmettait la totalité des ordres que le président de

 11   l'Etat nous convoyaient, le [imperceptible] c'était l'instance du pouvoir,

 12   donc toutes les demandes formulées par les autorités suprêmes allaient à

 13   l'écart de l'armée de Yougoslavie. C'était là donc l'organe

 14   professionnalisé de la présidence de la république chargé des questions

 15   militaires parce qu'en sus le président de la république disposait d'un

 16   cabinet chargé des Affaires civiles.

 17   Q.  Pour qu'il n'y ait pas de confusion, Monsieur Borovic, est-ce que --

 18   enfin, vous vous servez du "président" enfin du terme "du président de la

 19   république" ?

 20   R.  C'est le président de la Yougoslavie. Les différents présidents des

 21   Etats membres de la Fédération ne disposent pas d'un cabinet militaire.

 22   Q.  Donc il s'agit du cabinet militaire du président de la République

 23   fédérale de Yougoslavie ?

 24   R.  Oui, de la République fédérale de Yougoslavie.

 25   Q.  Donnez-moi un instant, s'il vous plaît. Alors peut-être lorsque nous

 26   ferons la distinction, je crois que vous devriez utiliser le terme "cabinet

 27   du président de la République de Yougoslavie," ou cabinet du président

 28   Lilic pour qu'on fasse la distinction par rapport au cabinet du président

Page 13923

  1   Milosevic, peut-être est-ce la façon la plus simple de procéder afin de ne

  2   pas générer le problème.

  3   M. LUKIC : [interprétation] Alors une petite rectification au compte rendu,

  4   Monsieur le Président. Je crois que vous avez probablement dû comprendre,

  5   page 44, ligne 20, le témoin a parlé du Conseil du suprême de la Défense,

  6   lorsqu'il a parlé de ce niveau-là. En anglais, on a parlé du "Supreme

  7   Defence Council," c'est une question de terminologie, c'est tout.

  8   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] A la même ligne, il est dit : "Le

  9   département militaire du président de la RFY." Alors ça ne peut pas être le

 10   "military" comme il est dit ici. Qu'est-ce que cela veut en fait dire ici ?

 11   M. LUKIC : [interprétation]

 12   Q.  Oui, il faut aller plus lentement. Je voulais justement poser la

 13   question pour que cela soit plus clair. Qui est-ce qui détermine l'ordre du

 14   jour pour ce qui est des réunions du Conseil suprême de la Défense ?

 15   R.  Cela relève des compétences du président de la République fédérale de

 16   Yougoslavie, autrement dit, M. Lilic.

 17   Q.  Mais qui, c'est qui prépare cela pour lui ?

 18   R.  Suivant la filière militaire lorsqu'il y a session du Conseil suprême

 19   de la Défense, il se peut qu'à l'ordre du faire, il y ait des points de

 20   prévus qui ne soient pas militaires et qui sont préparés par d'autres

 21   ministères. Mais les différents points à l'ordre du jour et leur ordre

 22   c'est le chef du cabinet militaire de M. Lilic qui s'en occupe.

 23   M. LUKIC : [interprétation] Je voudrais qu'on nous montre maintenant un

 24   document 65 ter de la Défense 00802D. Il s'agit d'une décision relative à

 25   la création de domaine d'activité du bureau militaire du président de la

 26   RFY, c'est daté de janvier 1994.

 27   Q.  Alors nous pouvons voir ici qu'il n'y a qu'un intitulé, et après, on

 28   verra la décision en tant que telle. Donc je demande à nous montrer la

Page 13924

  1   version -- la page suivante de la version tant anglaise que B/C/S. Alors

  2   nous pouvons voir une date. Alors, si possible, pour l'espace d'un moment,

  3   j'aimerais qu'on nous montre la dernière page afin que nous puissions voir

  4   qui est-ce qui a signé ce document, et montrez-nous donc les deux versions.

  5   Q.  Alors on voit, n'est-ce pas, Général ?

  6   R.  Oui. Le président Lilic a signé ce document.

  7   M. LUKIC : [interprétation] Alors, brièvement, penchons-nous sur ce qui a

  8   déjà été évoqué tout à l'heure, version B/C/S et version anglaise du

  9   document en page 3. Là, il est évoqué différentes attributions ou

 10   compétences. A cette fin, j'aimerais obtenir des commentaires. Alors, vous

 11   pouvez voir --

 12   Laissez-moi retrouver le passage en anglais.

 13   Q.  Alors, ce que je veux vous lire, c'est en troisième ligne.

 14   "Prépare les sessions du Conseil suprême de la Défense, VSO." Le voyez-vous

 15   ?

 16   R.  Oui.

 17   "Il rédige les PV, il communique des extraits du PV aux instances

 18   compétentes et suit la réalisation des conclusions adoptées."

 19   Q.  Bon, c'est ce que nous avons tiré au clair tout à l'heure. Mais alors,

 20   ne donnez pas lecture à voix haute, parce que nous avons le texte sous les

 21   yeux, mais ce qui m'intéresse c'est la toute dernière partie de ce passage.

 22   Le cabinet militaire examine au préalable le bien fondé juridique des

 23   différents documents et prépare certains documents, si nécessaire. Alors,

 24   qu'est-ce que cela veut dire dans la réalité ?

 25   R.  Moi, je ne vois pas où est-ce que ça se trouve.

 26   Q.  Ecoutez, lisez dans votre fort intérieur le passage entier.

 27   R.  Lequel ?

 28   Q.  "Il prépare," et cetera. Paragraphe 4.

Page 13925

  1   L'INTERPRÈTE : Les interprètes demanderaient aux intervenants de ne pas

  2   parler en même temps.

  3   M. LUKIC : [interprétation]

  4   Q.  C'est juste en dessous de ce que vous venez de dire. "Présente pour

  5   signature les projets de décret," et cetera. Veuillez prendre lecture de ce

  6   passage entier.

  7   R.  L'adjoint chargé des affaires juridiques et du personnel, le général

  8   Matovic, a préparé des textes d'ordres et de décrets relatifs à des

  9   promotions d'officiers relevants des compétences du président Lilic et il

 10   les communiquaient au cabinet militaire du président. C'est donc les grades

 11   de général ou d'amiral faisaient partie des attributions du président de la

 12   République, et ce type de décrets étaient présentés au président par le

 13   cabinet militaire et ces décrets n'étaient pas communiqués au cabinet du

 14   chef d'état-major parce que cela dépassait le niveau prévu pour le cabinet,

 15   donc cela ne tombait pas sous les attributions du cabinet.

 16   Q.  Un autre point m'intéresse maintenant. Ici, il est dit que le cabinet

 17   militaire du président de la République fédérale de Yougoslavie rédige tout

 18   ce qui doit être fait ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Il examine au préalable leurs biens fondés juridiques et les projets de

 21   ces différents documents peuvent être, le cas échéant, préparés par celui-

 22   ci. Alors est-ce que vous savez nous dire si, au cabinet militaire du

 23   président de la République fédérale de Yougoslavie, il y a eu des instances

 24   juridiques qui s'étaient chargées d'examiner le bien fondé juridique des

 25   différents documents que le président Lilic était censé signer ?

 26   R.  Je ne sais pas, mais pour autant que je le sache, il n'y avait pas des

 27   militaires, des juristes militaires, mais le président disposait d'un

 28   service juridique dans le département civil qui était là pour évaluer la

Page 13926

  1   légalité des différentes dispositions à mettre en œuvre.

  2   Q.  Merci.

  3   M. LUKIC : [interprétation] Je voudrais que ce document soit versé au

  4   dossier, Monsieur le Président.

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ce document sera versé au dossier.

  6   Qu'on lui accorde une cote.

  7   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, ce document

  8   obtiendra la cote D474. Merci.

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] C'est moi qui vous remercie.

 10   M. LUKIC : [interprétation]

 11   Q.  Alors, en plus du cabinet du directeur militaire de ce -- ou du

 12   responsable de ce cabinet militaire du président, avec qui est-ce que vous

 13   avez eu à communiquer ? Si oui, dans quelle fréquence ?

 14   R.  Alors pour ce qui est du cabinet du président de la République de

 15   Serbie, M. Slobodan Milosevic, nous avons eu des contacts fréquents avec le

 16   cabinet civil, qui était dirigé par M. Milinovic. Nous avons rarement eu

 17   des contacts avec le cabinet du président de la République du Monténégro,

 18   et ce cabinet militaire, ça et là si besoin était, contactait aussi le

 19   cabinet du ministère fédéral des Affaires étrangères. Il n'y a pas eu de

 20   communication officielle avec les autres cabinets en place.

 21   Q.  Page 48, ligne 11, est-ce que vous pouvez nous dire comment s'appelait

 22   le chef du cabinet du président de la République de Serbie ?

 23   R.  Son nom était Milinovic. Il me semble que le prénom était Goran, et le

 24   nom de famille, j'en suis sûr, c'est Milinovic.

 25   Q.  Merci. Est-ce que vous avez communiqué, et à quelle fréquence, avec le

 26   cabinet du ministre de la Défense fédérale ?

 27   R.  Oui, j'ai oublié de le dire. Nous avons eu une communication au

 28   quotidien avec.

Page 13927

  1   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur Lukic. Qui est

  2   ce Goran Milinovic ?

  3   M. LUKIC : [interprétation] Je demanderais au témoin d'expliquer.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Goran Milinovic était chef du cabinet du

  5   président de la République de Serbie, M. Milosevic.

  6   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

  7   M. LUKIC : [interprétation]

  8   Q.  A quelle fréquence ce cabinet -- ou votre cabinet et l'état-major

  9   principal ont-ils été visités par le président de la République fédérale de

 10   Yougoslavie, M. Lilic ?

 11    R.  M. Lilic venait souvent dans ce cabinet du chef de l'état-major. Il

 12   rendait visite au chef d'état-major et, en général, aux unités de l'armée

 13   souvent. Il s'est occupé de questions liées à l'armée.

 14   Q.  Quand vous dites "souvent," dites-nous à peu près, pour qu'on ait une

 15   idée.

 16   R.  Disons à peu près deux fois par mois.

 17   Q.  De votre avis, quelle était son attitude vis-à-vis de l'armée de

 18   Yougoslavie et de l'état-major principal et de M. Perisic, en particulier ?

 19   R.  Cette attitude était des plus correcte. Il a fait preuve de beaucoup de

 20   compréhension pour les problèmes auxquels faisait face l'armée. Il

 21   souhaitait aider l'armée et renforcer les institutions fédérales.

 22   Q.  A quelle fréquence le président de la République de Serbie, M.

 23   Milosevic, a-t-il rendu des visites à l'état-major principal de l'armée de

 24   Yougoslavie et au général Perisic ?

 25   R.  Je peux dire qu'il le faisait très rarement, c'était exceptionnel.

 26   Alors quand il le souhaitait, à plusieurs reprises, lorsque l'état-major a

 27   été, par exemple, l'instance hôte des sessions du conseil suprême de la

 28   Défense.

Page 13928

  1   Q.  A quelle fréquence avez-vous eu l'occasion de rencontrer le président

  2   Milosevic, indépendamment de ces visites qu'il effectuait à l'état-major

  3   principal. Quand cela s'est-il produit du temps où vous étiez dans le

  4   cabinet ?

  5   R.  Ecoutez, moi, ce que je peux vous dire que c'était assez souvent par

  6   rapport à la fréquence de ses arrivées.

  7   Q.  Mais ces rencontres que vous avez eues, ça se passait où ?

  8   R.  C'était dans nos établissements représentatifs, Karadjordjevo, et

  9   Dobanovci; lors des réceptions officielles, il y a des rapports de

 10   présentés conjointement, et cetera.

 11   Q.  Quelle était l'attitude du président Milosevic, à l'égard de l'armée

 12   yougoslave et du général Perisic ? Enfin, à l'égard de l'armée en général,

 13   on verra après pour Perisic.

 14   R.  Notre impression permanente c'était que le président Milosevic avait,

 15   s'agissant de l'armée une attitude que nous considérions comme étant dénuée

 16   de compréhension, et dénuée de compréhension tant pour ce qui est de

 17   l'armée que pour ce qui est des cadres dirigeants au sein de l'armée. Il

 18   n'avait pas eu une attitude de confiance et l'approche de coopération sur

 19   un pied d'égalité.

 20   Q.  Quelle était son attitude à l'égard de la police, en comparaison avec

 21   celle de l'armée ?

 22   R.  Substantiellement différente. On a pu voir cela d'après les normes

 23   d'équipement et des ressources allouées à la police plutôt qu'à l'armée. Le

 24   président Milosevic avait préféré la police, c'était sa force placée sous

 25   ses ordres au niveau de la République, et il n'avait pas très confiance à

 26   l'égard de l'armée qui se trouvait, elle, être une institution fédérale.

 27   M. LUKIC : [interprétation]

 28   Q.  Je vais rectifier ici une petite erreur. Page 50, ligne 4, le témoin a

Page 13929

  1   dit, "Karadjordjevo" et "Dobanovci."

  2   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Veuillez épeler pour la sténo.

  3   M. LUKIC : [interprétation] Karadjordjevo.

  4   L'INTERPRÈTE : [aucune interprétation]

  5   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Excusez-moi, Madame l'interprète; est-

  6   ce que vous pouvez être un peu plus lente à l'égard du sténotypiste.

  7   L'INTERPRÈTE : Karadjordjevo.

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Qui c'est qui doit répéter, vous ou moi.

  9   L'INTERPRÈTE : L'interprète de la cabine anglaise a épelé.

 10   M. LUKIC : [interprétation] Oui, et la suivante je vais ralentir. Ça

 11   s'appelle Dobanovci.

 12   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

 13   M. LUKIC : [interprétation]

 14   Q.  Alors parlons quelque peu de ces deux sites, qu'est-ce que c'est, et à

 15   quel point de vue cela a-t-il lié au cabinet. On en aura besoin pour les

 16   témoignages à venir, au sujet de ces événements.

 17   R.  Ecoutez, c'étaient des installations représentatives appartenant à la

 18   fédération. Il n'y avait pas que cela, il y avait une villa au mont Tara,

 19   puis il y avait une villa qui s'appelait Melinkja. C'est tombé sous la

 20   coupe du cabinet du chef de l'état-major. Cela était sécurisé par l'armée,

 21   c'était par le KSJ, le corps des Unités spéciales qui était chargé de leur

 22   sécurité. Il séjournait souvent des délégations de haut niveau avec le

 23   président de la République fédérale de Yougoslavie, M. Lilic, puis des

 24   déplacements aussi de la part du président de la Serbie, et les présidents,

 25   ils venaient souvent seuls. Le chef de l'état-major s'en servait le moins.

 26   Q.  Bon. Mais lorsqu'il y avait une visite officielle, voire donc rendre

 27   visite au président Milosevic, indépendamment du cabinet militaire, si

 28   quelqu'un souhaitait rencontrer Milosevic, et lorsque son cabinet

Page 13930

  1   souhaitait organiser une rencontre dans l'un quelconque de ces sites, quel

  2   était le rôle joué par votre cabinet à vous ?

  3   R.  Le cabinet du président de la République informait qui de droit et

  4   demandait une demande au cabinet du chef d'état-major pour que les

  5   installations en question soient préparées pour un séjour d'une délégation

  6   de haut niveau. Cela sous entendait tout ce qu'il fallait, donc

  7   sécurisation, soutien technique, séjour, activités récréatives, et cetera.

  8   M. LUKIC : [interprétation] Donnez-moi un instant, je vous prie. Une petite

  9   explication au sujet de ce qui figure en lignes 10 et 11, de la page 50.

 10   Q.  A qui était subordonnée l'utilisation de ces installations?

 11   R.  A l'époque, c'était placé sous la coupe du cabinet du chef d'état-

 12   major, par la suite cela a été placé sous la coupe de la brigade de la

 13   Garde.

 14   Q.  Donc ce n'était pas la propriété du bureau du chef de l'état-major ?

 15   R.  Non, non, ce n'est pas le cas.

 16   Q.  Je voulais tirer les choses au clair pour les besoins du compte rendu

 17   d'audience. Alors est-ce que vous, personnellement, vous avez participé à

 18   une réunion organisée entre le président Milosevic et la direction

 19   politique de la Serbie ou de la Yougoslavie, avec une instance

 20   internationale ?

 21   R.  Non, lorsque c'était organisée par le président je n'étais ni membre de

 22   la délégation ni présent lors de ces rencontres.

 23   Q.  Mais est-ce que vous avez été présent à des rencontres suite à ces

 24   rencontres-là ?

 25   R.  Si je m'étais trouvé sur le site des installations après la réunion, il

 26   se pouvait que je sois invité au dîner.

 27   Q.  Si l'on organisait des rencontres entre délégations militaires dans ces

 28   installations avec le général Perisic d'un côté, et d'autres de l'autre

Page 13931

  1   côté, est-ce que vous étiez présent alors ?

  2   R.  Si le général Perisic était présent à des réunions militaires, la règle

  3   ne voulait pas que je sois présent moi-même, à moins qu'il n'ait exigé que

  4   je sois présent, lorsque j'avais été mis la liste de la délégation j'étais

  5   présent; sinon, je n'y allais pas.

  6   Q.  Bon. Alors, je vous ai demandé qui venait, quand est-ce qu'ils

  7   venaient, et je voudrais savoir maintenant si le général Mladic avait

  8   coutume de venir à l'état-major de l'armée de Yougoslavie lorsque vous

  9   étiez là-bas ?

 10   R.  Le général Mladic venait à l'état-major lorsque j'étais chef de

 11   cabinet.

 12   Q.  A quelle fréquence cela se produisait-il ?

 13   R.  Ça se faisait très rarement, et il venait pour rester très peu de

 14   temps. J'imagine qu'il allait ailleurs. On envoyait un véhicule nous autres

 15   et c'était tout.

 16   Q.  Il allait chez qui le général Mladic lorsqu'il venait à l'état-major ?

 17   R.  Il venait voir rien que le général Perisic. Je n'ai pas connaissance

 18   d'une visite rendue par ses soins à un autre officier.

 19   Q.  Est-ce que vous avez eu l'occasion de rencontrer vous-même le général

 20   Mladic lorsqu'il venait à l'état-major ?

 21   R.  J'ai eu l'occasion de le rencontrer deux ou trois fois. Une fois au

 22   tout début lorsque je suis venu travailler au cabinet, une fois lorsque ce

 23   cabinet a été l'instance hôte à la réunion du Conseil suprême de la

 24   Défense, et puis ensuite il y a eu peut-être des cérémonies au niveau des

 25   écoles militaires, mais je n'arrive pas à m'en souvenir avec précision.

 26   Q.  Lorsque vous l'avez vu pour la première fois est-ce que vous pouvez

 27   décrire la rencontre comment ça s'est déroulé au cabinet chez le général

 28   Perisic ?

Page 13932

  1   R.  Je ne me souviens pas bien de cette réunion et si ce n'est pas

  2   nécessaire, je n'ai pas très envie d'en parler.

  3   M. LUKIC : [interprétation] Pourrions-nous passer à huis clos partiel ?

  4   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Voulez-vous qu'en nous parlions

  5   maintenant ou vous préféreriez-vous faire la pause d'abord ?

  6   M. LUKIC : [interprétation] Nous pouvons très bien en parler après la

  7   pause.

  8   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Dans ce cas-là, nous allons

  9   faire la pause et nous reprendrons dans une demi-heure.

 10   --- L'audience est suspendue à 12 heures 01.

 11   --- L'audience est reprise à 12 heures 31.

 12   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Lukic, c'est à vous.

 13   M. LUKIC : [interprétation] Pourrions-nous passer en audience à huis clos

 14   partiel ?

 15   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Pouvons-nous passer à huis clos

 16   partiel ?

 17   M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.

 18   [Audience à huis clos partiel]

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 10   [Audience publique]

 11   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Maître Lukic.

 12   M. LUKIC : [interprétation]

 13   Q.  Passons maintenant au sujet du collège. Donc tout d'abord, qui fait

 14   partie du collège du chef d'état-major principal de l'armée yougoslave ?

 15   R.  Ce collège du chef d'état-major principal de l'armée yougoslave est

 16   constitué par le chef de l'état-major lui-même, ensuite son adjoint, les

 17   chefs de secteur qui sont aussi les assistants du chef de l'état-major

 18   principal, et il y a aussi les chefs de différentes administrations.

 19   Q.  A quelle fréquence se réunit ce collège ?

 20   R.  Ces réunions sont prévues de façon régulière toutes les semaines; et il

 21   y a aussi, bien sûr, possibilité de se réunir de façon ad hoc si

 22   nécessaire.

 23   Q.  Donc en plus des réunions ad hoc et des réunions régulières y a-t-il

 24   d'autres réunions du collège, et si oui, qui y participe ?

 25   R.  Donc nous avons les réunions régulières du collège, il y avait aussi

 26   les réunions du collège étendu du chef d'état-major principal. Pour celles-

 27   là, il y a en plus des personnes déjà citées, participation des commandants

 28   des différentes armées donc le commandant de la marine, le communauté de la

Page 13934

  1   RV et du PVO, ainsi que les unités subordonnées directement au chef d'état-

  2   major principal.

  3   Q.  Quelle est la fréquence de ces réunions ?

  4   R.  Une fréquence -- la fréquence régulière normalement est biannuelle,

  5   deux fois par an.

  6   Q.  A votre connaissance, y avait-il de telles réunions du collège avant

  7   que vous soyez nommé chef de cabinet ?

  8   R.  Oui, je pense que ces réunions avaient déjà lieu.

  9   Q.  En tant que chef de cabinet du chef d'état-major principal,

 10   participiez-vous aux réunions du collège ? Je parle, bien sûr, de la

 11   période où vous étiez chef de cabinet.

 12   R.  J'ai participé aux réunions du collège. J'avais aussi le droit de

 13   prendre part à la discussion mais bien sûr je n'avais pas de rôle

 14   décisionnaire. Je n'avais pas droit de vote sur les questions et je ne

 15   participais pas à la prise de décision.

 16   Q.  Lorsque vous dites "droit de vote" ?

 17   R.  Oui, enfin, votez pour approuver quelque chose pour adopter une

 18   résolution, par exemple.

 19   Q.  Quelle était la position de Perisic lorsqu'il fallait prendre une

 20   décision ? Est-ce qu'il demandait, aux autres membres du collège : quelles

 21   étaient leurs opinions ? Est-ce qu'ils prenaient en compte les positions

 22   des autres membres du collège, le droit de vote ?

 23   R.  Le général Perisic permettait toujours aux membres du collège de

 24   s'exprimer, il leur demandait de préparer la réunion, d'exprimer leur point

 25   de vue, et lorsqu'il évaluait la situation, la situation générale et la

 26   situation de secteur bien précis, il demandait toujours à ses associés de

 27   donner leur point de vue.

 28   Q.  Avez-vous -- êtes-vous devenu membre du collège, par la suite ? Si oui,

Page 13935

  1   quand ?

  2   R.  Je suis devenu membre du collège du chef d'état-major principal lorsque

  3   j'ai été nommé chef des centres de Hautes études militaires. J'étais

  4   simultanément aussi assistant du chef de l'état-major principal en charge

  5   de l'éducation et de la formation et de la recherche scientifique et des

  6   publications au sein de l'armée de la Yougoslavie.

  7   Q.  J'aimerais savoir si chaque collège du chef d'état-major principal

  8   avait une forme bien précise; et si oui, pouvez-vous nous dire quel était,

  9   à quoi ressemblaient formellement ces réunions ?

 10   R.  Tout ce comme tout ce qui se passe dans l'armée, le collège du chef

 11   d'état-major principal était bien sûr extrêmement formel. Le chef d'état-

 12   major déclarait la séance ouverte, parlait brièvement du but de la réunion,

 13   et ensuite donnait la parole aux autres membres du collège. Dans un ordre

 14   bien précis, d'abord le général Dimitrijevic, qui était chef en charge de

 15   l'administration de la sécurité, ensuite il donnait la parole au général

 16   Krga, qui lui était à la tête du service de Renseignements. Ensuite il

 17   donnait la parole au chef de secteur, au secteur opérationnel, et tout cela

 18   les uns après les autres.

 19   Q.  Comment se terminait la réunion du collège ?

 20   R.  Le chef d'état-major principal résumait ce qui s'était dit, et

 21   distribuait différentes missions à différentes personnes en leur donnait

 22   une date butoir pour exécution de la mission.

 23   Q.  Bien. Alors est-ce qu'il donnait ces missions lors de la réunion du

 24   collège ? Est-ce qu'il confirmait par écrit plus tard ce qui avait été dit

 25   par oral ?

 26   R.  Il donnait les tâches verbalement, bien sûr, la mission verbalement, et

 27   ensuite nous les mettions par écrit et nous les traduisions en plan bien

 28   précis avec les différentes dates butoir, avec le format bien précis qui

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  1   permettait de savoir exactement qui faisait quoi.

  2   Q.  Lorsque vous êtes devenu chef de cabinet, avez-vous innové, par

  3   exemple, en ce qui concerne le format informatique, le protocole employé

  4   dans le cadre des réunions du collège ?

  5   R.  Oui, oui, je pense avoir innové. Nous voulions avoir des réunions du

  6   collège qui seraient sans papier, on n'utiliserait pas de papier avec des

  7   présentations informatiques visuelles, et ultérieurement nous avons aussi

  8   mis en place l'enregistrement des réunions du collège.

  9   Q.  Maintenant pour les besoins internes du bureau, est-ce que vous aviez

 10   quoi que ce soit à propos de ces réunions du collège ?

 11   R.  Après avoir écouté l'enregistrement audio, et après s'être assuré que

 12   la transcription a été dactylographiée, le bureau en extrayant un document

 13   interne qui reprenait les missions qui avaient été données dans le cadre de

 14   la réunion du collège. Le bureau était censé suivre l'avancement des

 15   travaux. De chaque réunion du collège, le chef d'état-major principal

 16   devait être mis au courant de l'avancement justement de ces missions, pour

 17   savoir si les missions étaient en train d'être réalisées ou terminées, et

 18   cetera, et cetera.

 19   Q.  Très bien.

 20   M. LUKIC : [interprétation] Pourrions-nous avoir la pièce P2891, je ne

 21   l'avais pas ajoutée à ma liste 65 ter. Mais au cours du récolement et dans

 22   le cadre de mes notes de récolement, j'ai informé M. Harmon des faits

 23   abordés dans le cadre de ces documents. Avant notre audience d'ailleurs, M.

 24   Harmon m'a autorisé à le présenter. Il s'agit d'ailleurs de plus, d'un

 25   document de l'Accusation de toute façon.

 26   M. HARMON : [interprétation] Ce l'est tout à fait, Monsieur le Président.

 27   LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agit --

 28   M. LUKIC : [interprétation] Nous allons attendre que le document soit

Page 13937

  1   entièrement affiché.

  2   Q.  De quoi s'agit-il ? Nous voyons un cachet, cachet en haut à gauche de

  3   ce document, état-major principal de l'armée de Yougoslavie. Bureau du chef

  4   de l'état-major principal.

  5   R.  Oui, il s'agit en fait d'un document qui a été rédigé après

  6   l'enregistrement audio et ce document a été réalisé en fait en extrayant

  7   certaines informations pour nos besoins internes afin de suivre

  8   l'avancement des travaux et de vérifier -- et d'archiver tout cela dans nos

  9   systèmes afin de vérifier ce qu'il en était. Il y a toujours une référence,

 10   bien sûr, à l'enregistrement audio et à la personne qui a dactylographié

 11   cet enregistrement audio. Donc tout ceci se fait en interne au bureau et

 12   c'est notre exemplaire ici.

 13   Q.  Très bien. Mais j'aimerais savoir à qui était le destinataire de ce

 14   document interne ?

 15   R.  C'était pour le bureau, le chef de l'état-major principal, pour

 16   d'autres membres du bureau, pour son assistant, pour l'adjoint aussi du

 17   chef d'état-major principal, en fait c'était pour nous, pour les agents

 18   internes, pour savoir exactement. Nous avions aussi besoin de ce document

 19   pour les gens chargés du protocole en cas où des missions leur auront été

 20   attribuées.

 21   Q.  Très bien. Ceci est parfaitement clair. J'aimerais savoir maintenant

 22   quel était -- que faisait exactement le cabinet du chef d'état-major

 23   principal pour préparer une réunion du collège; que deviez-vous faire ?

 24   R.  Pour les réunions périodiquement et prévues à l'avance, donc le secteur

 25   -- donc les chefs des administrations indépendantes du secteur présentaient

 26   au bureau, enfin au cabinet les questions qu'il voulait voir débattre et

 27   émettre à l'ordre du jour de la réunion. C'étaient les points divers, et

 28   puis il y avait les points habituels, c'est-à-dire à l'ordre du jour,

Page 13938

  1   évaluation de la Sûreté de l'Etat, de la situation opérationnelle en

  2   matière de renseignements, et cetera, et cetera. Ensuite les questions

  3   présentées par les différents chefs de secteur, ensuite nous présentions

  4   l'ordre du jour au chef de l'état-major principal pour qu'il l'approuve, et

  5   si c'était approuvé, bien sûr à ce moment-là, on in formalisait l'ordre du

  6   jour pour qu'il inclut exactement tous les sujets qui allaient être

  7   débattus avec le temps nécessaire pour les débattre, et cetera.

  8   Q.  Très bien. Passons à autre chose.

  9   Avez-vous eu l'occasion d'assister à des réunions où participaient

 10   des délégations militaires étrangères ? Une question très générale.

 11   J'aimerais savoir si vous avez participé à ce genre de réunion avec le

 12   général Perisic, bien sûr.

 13   R.  Oui. Oui, j'ai assisté à ce type de réunion. J'étais en compagnie du

 14   général Perisic et nous recevions des délégations militaires étrangères.

 15   Q.  Bien. Parlons des réunions qui ont eu lieu sur les lieux même de

 16   l'état-major principal. Nous passerons ensuite à d'autres types de

 17   réunions. Donc premièrement, avez-vous eu l'occasion de rencontrer des

 18   officiers supérieurs de l'armée française, par exemple ? Commençons par

 19   l'armée française. Vous souvenez-vous d'avoir eu la visite d'officiers

 20   supérieurs français ? C'est d'abord le général de Lapresle, qui était

 21   d'abord conseiller. Ensuite, il était -- il était ensuite le conseiller.

 22   Ensuite, le général Janvier avec, bien sûr, des officiers.

 23   Q.  Avez-vous rencontré le général Douin ?

 24   R.  Non, je n'ai pas rencontré le général Douin parce que lorsqu'il a

 25   atterri à l'aéroport, il n'a pas voulu quitter son avion. Il n'a pas voulu

 26   se rendre au bureau, à notre bureau. Donc la solution s'est fait autrement.

 27   On a trouvé une autre solution.

 28   Q.  Bien. En ce qui concerne les réunions que vous avez eues avec le

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  1   général de Lapresle et le général Janvier, pourriez-vous nous dire quel à

  2   été le sujet des discussions lors de ces réunions et qu'avez-vous appris à

  3   propos de leur -- à propos des positions qu'ils ont exprimées ?

  4   R.  Le principe était toujours identique. La délégation qui voulait être

  5   reçue par le chef de l'état-major principal prévenait à l'avance de la

  6   raison de leur visite et nous donnait aussi la révélation de la situation

  7   dans leur zone de responsabilité. Ils énonçaient aussi précisément quelle

  8   était leur demande, enfin, leur demande, leur réclamation, je ne sais quoi

  9   enfin, auprès du chef d'état-major de l'armée yougoslave. Ils étaient

 10   toujours extrêmement corrects. Ils décrivaient la situation tel qu'ils la

 11   voyaient. Ils nous disaient extrêmement clairement quel était leur but. Le

 12   général Janvier, par exemple, était extrêmement clair et extrêmement

 13   correct en ce qui concerne l'art militaire, puisqu'il voulait coopérer avec

 14   nous. Ils voulaient savoir quelle était notre opinion. Ils voulaient savoir

 15   ce qui était possible. Ils essayaient de trouver un compromis permettant

 16   d'assurer leur mission.

 17   Q.  Bien. Essayons d'être plus précis. Quelle était leur mission ? Quelle

 18   était leur influence ?

 19   R.  Leur mission était située sur le territoire de l'ex-République de

 20   Bosnie-Herzégovine. Donc ils parlaient toujours de la situation sur le

 21   terrain, de leur évaluation de la situation. Ils nous disaient aussi ce

 22   qu'ils attendaient que nous en tant que VJ, quelle aide ils souhaitaient

 23   que nous leur apportions.

 24   Q.  En ce qui concerne cette assistance apportée par la VJ, que voulaient-

 25   ils exactement ?

 26   R.  Ils voulaient toujours que le chef de l'armée exerce une

 27   influence importante sur les parties au conflit pour -- mais ils voulaient

 28   surtout que les parties du conflit se rendent bien compte que les Français

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  1   devaient être neutres, et devaient traiter de façon neutre afin de leur

  2   permettre de faire leur travail. Donc ils nous demandaient toujours qu'on

  3   les comprenne. Ils voulaient savoir si nous pouvions faire quoi que ce soit

  4   afin d'influencer sur la situation sur le terrain.

  5   Q.  Influencer qui exactement ?

  6   R.  Influencer la direction de la Republika Srpska d'habitude, et de la

  7   VRS. Ils ne nous demandaient pas d'exercer la moindre influence sur le côté

  8   musulman, bien entendu.

  9   Q.  Au cours de ces réunions, quelle était la position adoptée par le

 10   général Perisic ?

 11   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Monsieur Harmon, qui a-t-il ?

 12   M. HARMON : [interprétation] Nous arrivons maintenant à un sujet qui n'est

 13   absolument pas décrit dans le résumé 65 ter, ni dans les notes de

 14   récolement. Il s'agit d'une zone parfaitement nouvelle. Enfin, c'est un

 15   domaine parfaitement nouveau que nous n'avons pas été averti. Bon, tout ce

 16   qu'on sait par les notes de récolement, c'est que le témoin assistait à des

 17   réunions avec des officiers français, mais on ne nous a pas dit grand-chose

 18   de plus.

 19   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Lukic, qu'avez-vous à répondre

 20   ?

 21   M. LUKIC : [interprétation] Une minute, Monsieur le Président. Il me semble

 22   que, dans les notes de récolement qui ont été transmises, à la page 2, nous

 23   avons parlé des réunions qu'a eu le général Perisic avec les généraux

 24   français, et la Chambre de première instance a aussi eu connaissance de ces

 25   notes. Au paragraphe 18, aux paragraphes 17 et 18, il décrit ses réunions

 26   avec différents émissaires, dont le Français de Russie, et nous avons

 27   expressément déclaré d'ailleurs que le témoin avait eu une excellente

 28   impression du général Janvier. Je ne suis pas tenu de faire connaître à

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  1   l'Accusation tout ce que le témoin a abordé dans le cadre du récolement. Je

  2   suis juste tenu de lui dire quels sont les sujets qui ont été abordés, rien

  3   de plus. Donc j'ai dit qu'il y avait eu les réunions avec les Français, et

  4   il me semble que cela suffit pour que M. Harmon se prépare à son contre-

  5   interrogatoire. Je ne vois pas en quoi cela le gêne qu'il n'y ait pas de

  6   détails supplémentaires. De toute façon, j'en ai encore pour un jour ou

  7   deux d'interrogatoire principal, et donc je pense que M. Harmon peut

  8   creuser le sujet plus avant et au cours du contre-interrogatoire il pourra

  9   ainsi poser ses propres questions.

 10   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Si j'ai bien compris, vous dites que,

 11   dans les notes de récolement, vous avez -- enfin, je reviens en arrière.

 12   Précédemment, vous avez dit -- vous avez parlé des notes de récolement.

 13   Page 2, on parle là des réunions entre le témoin et les généraux français.

 14   Ça, c'est en effet la note de synthèse qui a été reçue par la Chambre.

 15   Alors vous avez envoyé les notes de récolement aussi à la Chambre ?

 16   M. LUKIC : [interprétation] Non. Vous avez reçu la note de synthèse sur le

 17   récolement, rien de plus, pas les notes de récolement en tant que tel.

 18   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Très bien. Si j'ai bien compris

 19   l'objection de M. Harmon, il semble dire que, dans vos notes de récolement

 20   vous avez dit que le témoin avait assisté à la réunion avec les généraux

 21   français, était présent. Dans votre réponse, vous dites que vous avez

 22   parlé, vous avez fait savoir à M. Harmon quel était le sujet de discussion

 23   avec les Français. Alors, moi, je n'ai pas vos notes de récolement sous les

 24   yeux, alors je ne sais pas. Il a juste assisté ? Est-ce que vous avez juste

 25   dit à M. Harmon qu'il avait assisté, ou est-ce que vous avez averti M.

 26   Harmon des sujets qui avaient été abordés dans le cadre de ces discussions

 27   avec les Français ?

 28   Nous avons des problèmes ici parce que vous -- l'objection émanait sur des

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  1   notes de récolement dont nous n'avons jamais eu connaissance. Alors comment

  2   voulez-vous que nous puissions décider quoi que ce soit à ce propos ?

  3   M. LUKIC : [interprétation] Je vais vous lire le paragraphe 18 des notes de

  4   récolement.

  5   "A présent, avec les généraux Janvier, de Lapresle et Douin, et Janvier a

  6   fait une extrêmement bonne impression sur le témoin. Le témoin faisait

  7   partie aussi de la -- faisait aussi partie de la réunion où il y a eu

  8   visite de la délégation des Russes et des Hongrois."

  9   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui. Est-ce que vous pouvez le

 10   confirmer, Monsieur Harmon ?

 11   M. HARMON : [interprétation] Oui, c'est absolument tout ce que j'ai dans

 12   mes notes de récolement, en ce qui concerne ces généraux français, en tout

 13   cas.

 14   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Donc cette objection est rejetée.

 15   M. HARMON : [interprétation] Mais, écoutez, je ne voudrais pas y revenir

 16   mais dans cette note de récolement, on ne nous parle absolument pas des

 17   sujets abordés. On nous dit qu'il y a eu une réunion et puis que le témoin

 18   a eu une impression à propos du général, mais on ne sait pas du tout quels

 19   sont les sujets qui ont été abordés. On ne l'a jamais su dans aucune note

 20   de récolement, ni dans aucune note de synthèse, et c'est là-dessus que se

 21   basait mon objection.

 22   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ecoutez, premièrement, vous êtes

 23   justement en train de revenir sur la question. Voyez-vous, donc vous

 24   commencez par nous dire que vous ne voulez pas revenir sur la question mais

 25   ce n'est pas tout à fait exact parce que c'est ce que vous faites.

 26   Deuxièmement, je pense que, dans le document sur la séance de récolement,

 27   il est question des discussions dont nous allons parler. Il est question

 28   donc de cette discussion avec les généraux français  -- bon, ils n'étaient

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  1   pas juste là pour le plaisir d'être ensemble. Nous voulons savoir de quoi

  2   ils ont parlé. Alors, vous pourriez peut-être dire à votre confrère : vous

  3   avez fait référence à des discussions avec les généraux français dans la

  4   note de récolement mais vous n'êtes pas en train de nous dire de quoi vous

  5   avez parlé. Donc je crois que c'est un peu tard maintenant pour aborder

  6   cette question et exiger cela, n'est-ce pas ?

  7   M. HARMON : [interprétation] Moi, j'ai reçu la note de récolement le 19

  8   septembre, tard, le 19 septembre en fin d'après-midi, Monsieur le

  9   Président.

 10   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ecoutez, je vous remercie. Bien.

 11   Maître Lukic.

 12   M. LUKIC : [interprétation] Je peux indiquer à la Chambre ce que M. Harmon

 13   pourra confirmer si nous continuions à débattre de cette question. Voulez-

 14   vous que je vous présente d'autres arguments ou est-ce que vous voulez que

 15   je poursuive mes questions ?

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Maître Lukic, la Chambre a rendu la

 17   Chambre. Elle a statué.

 18   M. LUKIC : [interprétation]

 19   Q.  Général, alors je vous avais posé une question. Je vous avais demandé

 20   quel était le point de vue ou la position adoptée par le général Perisic

 21   lors de ces réunions avec les généraux français.

 22   R.  Perisic a toujours présenté de façon assez catégorique, sans équivoque,

 23   son point de vue aux généraux français, et il a toujours décrit la

 24   situation telle qu'elle était, en disant qu'il n'avait pas -- qu'il ne

 25   contrôlait pas la situation mais qu'il était disposé à faire usage de son

 26   influence personnelle pour avoir un impact sur la situation, mais il disait

 27   qu'il ne pouvait pas avoir d'incidence ou d'influence directe sur les

 28   personnes qui se trouvaient sur le terrain, notamment et plus

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  1   particulièrement dans la zone de responsabilité de certains généraux.

  2   Q.  Lorsque vous avez été nommé chef de cabinet et par la suite, avez-vous

  3   jamais eu la possibilité d'entendre parler des réunions du général Perisic

  4   avec le général Grachev et est-ce que vous l'avez rencontré, ce général ?

  5   R.  J'aimerais dans un premier temps vous dire que j'ai vu le général

  6   Grachev à Moscou puis ensuite, je l'ai vu à l'état-major général. Lorsque

  7   des visiteurs ont été préparés par le chef d'état-major au niveau du

  8   ministère fédéral de la Défense, il y avait une réunion qui avait été

  9   prévue avec le ministre de la Défense, M. Bulatovic. Alors, dans ces cas,

 10   l'on m'indiquait quelles avaient été les réunions précédentes qui avaient

 11   eu lieu, quels étaient les liens entre les deux forces armées. C'était

 12   d'ailleurs une obligation de la part du bureau, qui devait être informé du

 13   type de coopération qui prévalait, des liens qui existaient, et ce, afin de

 14   bien pouvoir formuler notre point de vue pour ces réunions. Mais cela ne

 15   devait pas forcément être adopté lors desdites réunions. Mais quoi qu'il en

 16   soit, avant toute réunion, j'étais informé de la position ou du point de

 17   vue des représentants étrangers, notamment du point de vue de M. Grachev à

 18   propos des thèmes abordés, et d'ailleurs, nous avons parlé de la même chose

 19   à Moscou avec le général Grachev et le ministre de la Défense russe.

 20   Q.  Mais quel était le point de vue du général Grachev, à l'époque ?

 21   R.  Lorsque j'étais à Moscou -- lorsque je me suis rendu à Moscou, le

 22   général Grachev était encore chef de l'état-major général. Il se peut,

 23   d'ailleurs, qu'il avait déjà été nommé ministre, à ce moment-là, mais quoi

 24   qu'il en soit, il avait encore cette fonction de chef parce qu'à ce moment-

 25   là, nous étions donc -- ou plutôt, il y avait ce problème posé par Grozny.

 26   On était en plein au cœur du problème, et cela compliquait un tant soit peu

 27   la situation. Alors, il se peut que je me méprenne et qu'il avait déjà été

 28   nommé ministre à ce moment-là. J'essaie juste de me souvenir et de me

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  1   rappeler qui était le représentant de la Russie. Je pense qu'il était

  2   encore chef de l'état-major général.

  3   Q.  Vous avez fait référence à Grozny, c'est cela ?

  4   R.  Oui, Grozny en Tchétchénie, oui. Il y avait un problème dont nous avons

  5   parlé -- dont il a parlé, plutôt.

  6   M. LUKIC : [interprétation] Est-ce que le document 01327D de la liste 65

  7   ter pourrait être affiché, je vous prie ?

  8   Q.  Général, il s'agit de l'intercalaire 6. Le document va être affiché à

  9   l'écran. Il s'agit de la lettre du général Perisic qui porte la date du 29

 10   juillet 1994. C'est une lettre qui est envoyée au ministre de la Défense de

 11   la Fédération russe, le général Grachev. Bon, vous voyez qu'à la lecture du

 12   document, le document se passe d'explications, car il s'agit d'une lettre

 13   qui porte sur les pourparlers et l'adoption du plan du groupe de contact.

 14   Alors, vous voyez le milieu de la lettre où le général Perisic indique :

 15   "C'est la raison pour laquelle je me suis investi et je continue à investir

 16   d'énormes efforts afin de persuader mon ami, le général Ratko Mladic, de

 17   faire usage de sa grande autorité pour influencer la direction politique de

 18   la Republika Srpska afin qu'ils acceptent le plan de paix du groupe de

 19   contact, parce que je pense que des corrections pourraient être apportées,

 20   des corrections tout à fait justes qui pourraient y être apportées dans

 21   l'intérêt du peuple serbe. Toutefois, il ne faut pas oublier que

 22   l'influence du général Mladic est limitée, car c'est toujours la direction

 23   politique de la Republika Srpska qui a le dernier mot."

 24   Voilà ce qui est indiqué par cette lettre. Est-ce que vous savez ce qui est

 25   advenu du plan du groupe de contact en août 1994 et quelle fut la position

 26   de la direction militaire de la Republika Srpska vis-à-vis de ce plan ?

 27   R.  Ecoutez, je n'ai pas été informé de cela en tant que chef de cabinet

 28   mais j'étais l'un des généraux qui faisaient partie de l'état-major général

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  1   de l'armée, et je sais que ce plan a été rejeté par la direction de la RS,

  2   et d'ailleurs, à ce moment-là, nous avions -- nous leur avions vivement

  3   conseillé d'accepter cela parce que la VRS était absolument épuisée,

  4   exsangue, à ce moment-là, et que ce n'était pas la peine de continuer

  5   l'effort de guerre. Mais il y avait ce manque constant de communication --

  6   ou plutôt, ce désaccord entre la VRS et la direction serbe de la RS, et je

  7   pense également à la direction serbe en ex-Yougoslavie. Mais laissez-moi

  8   finir, je vous prie. Nous, nous pensions, en fait, à l'état-major général,

  9   que l'évaluation que nous faisions du problème était plus juste -- plus

 10   exacte, et que nous disposions de plus amples renseignements et que nous

 11   avions une meilleure aptitude -- capacité analytique, que nous avions de

 12   meilleurs liens avec le monde et que nous pouvions ainsi voir la situation

 13   beaucoup mieux, parce qu'on se trouvait justement en pleine guerre. Nous

 14   pensions également -- nous étions d'accord avec les mesures préconisées par

 15   la communauté internationale. Toutefois, la direction était d'avis qu'eux

 16   connaissaient beaucoup mieux la situation qui prévalait sur le terrain,

 17   situation que, d'après eux, nous ne comprenions pas suffisamment. Voilà,

 18   cela était au cœur, véritablement, du conflit et du malentendu, et je

 19   pouvais fondamentalement voir que le général Mladic n'allait pas prêter --

 20   accorder grande attention aux conseils du général Perisic et qu'en fait, il

 21   le traitait comme un très vieil ami, alors que nous avons fréquemment

 22   analysé avec le général Perisic la façon de présenter notre thèse pour les

 23   convaincre que notre approche était bien meilleure mais, de toute façon, le

 24   plan a finalement été rejeté.

 25   Q.  Mais lorsque vous dites, à la ligne 24 de la page 67, que la direction

 26   n'avait pas accepté la proposition, de quelle direction parlez-vous ?

 27   R.  Je parle de la direction de la Republika Srpska. Ils n'ont jamais

 28   accepté le point de vue de notre direction lors des réunions conjointes qui

Page 13947

  1   ont eu lieu au bureau.

  2   Q.  Justement pour que nous parlons de ce thème, j'ai oublié de vous poser

  3   une question; en fait, elle porte sur le thème précédent. Ce que je voulais

  4   savoir c'est si un représentant de la direction de la RS n'ait jamais venu

  5   rendre visite au bureau et au général Perisic, et j'entends par cela, les

  6   dirigeants politiques.

  7   R.  Le Pr Koljevic est venu fréquemment dans notre bureau, et avant lui, le

  8   ministre Buha qui s'était rendu à Genève et qui était venu dans le cadre de

  9   préparatifs.

 10   Q.  Mais est-ce qu'ils sont venus voir Perisic personnellement ou est-ce

 11   qu'ils venaient juste au bureau ?

 12   R.  Non, ils n'avaient absolument pas -- ils n'avaient aucune raison de

 13   venir au bureau. Ils venaient voir le chef, si le chef était présent. Mais

 14   quoi qu'il en soit, ils venaient aussi à Belgrade pour d'autres raisons,

 15   les civils, par exemple, se rendaient dans leurs bureaux, et puis ils

 16   allaient voir d'autres personnes. Moi, je sais que le Pr Koljevic a

 17   rencontré le prince Karadjordjevic et qu'il a fréquemment parlé de

 18   certaines questions avec lui.

 19   Q.  Je vous remercie.

 20   M. LUKIC : [interprétation] Je souhaiterais qu'une cote soit attribuée à ce

 21   document.

 22   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Le document sera versé au dossier. Je

 23   souhaiterais qu'une cote lui soit attribuée.

 24   M. LE GREFFIER : [interprétation] Madame, Messieurs les Juges, ce document

 25   deviendra le document D475. Je vous remercie.

 26   M. LUKIC : [interprétation]

 27   Q.  Puisque nous parlions des Russes justement à leur sujet, j'aimerais si

 28   vous n'avez jamais fait partie d'une délégation qui se serait rendue à

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  1   Moscou et à qui avez-vous rendu visite ?

  2   R.  Oui, oui, ils se sont rendus à Moscou. La délégation était composée du

  3   ministre Bulatovic, de moi-même, et je pense qu'il y avait également le

  4   chef de cabinet, du chef. Il y avait le chef du cabinet du ministre

  5   également, me semble-t-il, bien que je n'en sois pas absolument sûr. Bon,

  6   ce n'était pas une délégation très volumineuse. Nous avions un certain

  7   nombre de questions à aborder. Bien sûr, il y avait un interprète. Puis il

  8   y avait notre envoyé ainsi que l'ambassadeur Danilo Markovic.

  9   Q.  Est-ce que vous pourriez nous dire approximativement quand a eu lieu

 10   cette visite ?

 11   R.  Je pense que cela s'est passé à la fin de l'année 1995.

 12   M. LUKIC : [interprétation] Est-ce que le document 01124D de la liste 65

 13   ter de la Défense pourrait être affiché, je vous prie ?

 14   Q.  Alors vous voyez qu'il n'y a pas de date sur ce document. Si vous

 15   prenez la dernière page vous verrez qui ne figure aucune signature. Mais

 16   est-ce que vous savez toutefois de quel document il s'agit ?

 17   R.  C'était un projet. C'était notre projet de document préparé pendant les

 18   préparatifs. Bon, notre ministre avait toujours avec lui un projet de

 19   document dans le cadre de la visite lorsque la visite commençait donc c'est

 20   un projet d'accord. Et, bien entendu, ensuite ce document a fait l'objet de

 21   plus amples négociations puis a été harmonisé, puis à la fin la version

 22   définitive est traduite. Mais, bien sûr, vous ne commencez pas ce genre de

 23   visite sans projet de document. Donc c'était un document de travail qui a

 24   évolué.

 25   Q.  Est-ce que vous vous souvenez s'il y a eu finalement un accord qui a

 26   été signé avec la Fédération russe lors de cette visite ?

 27   R.  Ecoutez, je ne sais pas si un accord en tant que tel a été signé, mais

 28   il y avait toujours un communiqué, un document qui était signé, un

Page 13949

  1   communiqué après nos pourparlers avec le ministre Grachev et avec le

  2   premier ministre Kozyrev.

  3   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais je vois que quelque chose a été

  4   écrit à la main juste à droite du cachet, juste en dessous de la ligne où

  5   justement l'on doit signer. Alors est-ce que cela ne serait pas une

  6   signature par hasard ?

  7   M. LUKIC : [interprétation] Ecoutez, j'ai ma propre interprétation de ce

  8   qui est écrit en manuscrit, mais peut-être que le témoin pourrait nous dire

  9   justement ce à quoi ça correspond. Vous pourriez peut-être agrandir le

 10   document.

 11   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Mais vous avez dit que : "Il n'y avait

 12   pas de date et qu'il n'y avait pas non plus de signature sur ce document."

 13   C'est ce que vous avez dit, Maître Lukic.

 14   M. LUKIC : [interprétation] Ah, ah, mais c'est pour cela que j'ai dit ceci.

 15   Parce que regardez -- regardez la première page du document, bon, c'est en

 16   quelque sorte une façon de vérifier le document, mais regardez la troisième

 17   page maintenant, ce n'est pas la signature des négociateurs.

 18   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, mais là, moi, j'ai une page sur

 19   mon écran. J'ai une page devant mes yeux sur mon écran, et j'ai quand même

 20   l'impression qu'il s'agit d'une signature. Ce n'est pas une signature ?

 21   M. LUKIC : [interprétation] Non, ce n'est pas une signature. Regardez la

 22   troisième page, Monsieur le Président. Je sais -- je comprends ce que vous

 23   me posez comme question, mais cet accord n'a pas été signé par les parties

 24   qui étaient censées signer ledit accord. Il s'agit juste d'une signature

 25   qui confirme l'authenticité du document, donc il s'agit en quelque sorte

 26   d'une confirmation de l'authenticité du document. Mais si vous prenez la

 27   dernière page du document, tout deviendra plus clair.

 28   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Ecoutez, je pense qu'il va falloir

Page 13950

  1   peut-être donner la parole au témoin parce que c'est vous qui est en train

  2   de témoigner maintenant, Maître Lukic.

  3   M. LUKIC : [interprétation] Excusez-moi.

  4   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Bien. Alors nous allons nous

  5   intéresser à la troisième page. Est-ce que cela est la troisième page ?

  6   M. LUKIC : [interprétation] Oui, oui, tout à fait. C'est la page 3 en

  7   anglais, mais ce n'est pas la page 3 en B/C/S. Pour la version B/C/S il

  8   faudra que ce soit la page suivante qui soit affichée. Donc je voudrais que

  9   le bas du texte de la dernière page soit affiché pour la version B/C/S.

 10   Voilà. C'est cela.

 11   Q.  Peut-être que le témoin pourra nous fournir une explication à propos de

 12   ce que nous voyons sur l'écran. Monsieur Borovic, je vous en prie.

 13   R.  Ce cachet ainsi que cette signature confirment de la part de la

 14   personne qui vous a transmis ce document, que toutes les pages -- que le

 15   document comporte toutes les pages, et que les signatures -- enfin ce qu'il

 16   faut savoir c'est que les signatures des parties devaient être apposées

 17   juste en dessous de la ligne où est écrit : "Gouvernement de la Fédération

 18   russe, et gouvernement fédéral de la RFY." Voilà donc cela est écrit par

 19   l'équipe qui a préparé le document.

 20   Q.  Si l'accord avait été conclu, où est-ce qu'ils auraient écrit ? Ou est-

 21   ce qu'il aurait quelque chose qui aurait été laissé en blanc ?

 22   R.  Non, rien n'aurait été laissé en blanc. Vous auriez vu les numéros et

 23   puis sur la ligne il aurait été écrit l'accord a été conclu telle date à

 24   telle date en tel lieu. Donc ces deux lignes seraient remplies.

 25   Q.  Lors de cette réunion à Moscou, est-ce que vous vous souvenez des

 26   points de vue des parties ? Est-ce que vous vous souvenez si les problèmes

 27   de la République de la Krajina serbe ont été discutés ?

 28   R.  Oui. Ils faisaient partie de l'ordre du jour, les problèmes de la

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  1   République de la Krajina serbe.

  2   Q.  De quoi vous souvenez-vous, à cet égard ?

  3   R.  Je me souviens de tout, et je vais d'ailleurs vous parler de ce qui a

  4   été dit à la fin, lors de la dernière réunion avec le premier ministre

  5   Kozyrev, réunion, d'ailleurs, qui, entre parenthèses, a duré une demi-

  6   heure. Le premier ministre Kozyrev a présenté ou a posé de façon très

  7   explicite trois questions : première question, est-ce que la République de

  8   la Krajina serbe peut se défendre si elle était livrée à elle-même ? Etant

  9   donné que le ministre parlait le russe et que, moi, je parle russe, j'ai

 10   compris sa question même avant que la question ne soit interprétée. Nous

 11   avions, de toute façon, préparé notre réponse. Notre réponse a été : la

 12   République de la Krajina serbe ne peut pas se défendre toute seule si elle

 13   est livrée à elle-même. La deuxième question qu'il a posée était comme suit

 14   : est-ce que l'armée de la Yougoslavie interviendrait dans le conflit pour

 15   protéger la République de la Krajina serbe ? Notre réponse, une fois de

 16   plus, a été que l'armée de la Yougoslavie n'interviendrait pas dans le

 17   conflit de la République de la Krajina serbe et qu'il n'y aurait pas

 18   d'intervention militaire de la part de l'armée yougoslave. Puis je pense

 19   que la troisième question posée était comme suit : est-ce que la direction

 20   de la Krajina serbe pourrait envisager un accord avec la République de

 21   Croatie ? Là, je ne me souviens plus exactement comment il a formulé cette

 22   question mais, en tout cas, il s'agissait de trois questions qui étaient

 23   très précises, et nous avons répondu par la négative à ces trois questions.

 24   Le ministre, en guise de conclusion, a indiqué que la République de la

 25   Krajina serbe cesserait d'exister.

 26   Q.  Pourquoi vous avez dit à Kozyrev que l'armée de Yougoslavie n'allait

 27   pas participé à la défense de la Republika Srpska. Quels ont été les

 28   arguments que vous avez avancés ?

Page 13952

  1   R.  Notre décision, en général, elle a été de ne pas entrer en guerre

  2   depuis la création de la République fédérale de Yougoslavie, nous avions

  3   décidé de ne pas entrer en guerre. La JNA n'a pas fait de guerre, l'armée

  4   de Yougoslavie non plus, à l'exact de ses frontières.

  5   M. LUKIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut avoir une cote pour ce

  6   document, je vous prie, Monsieur le Président ?

  7   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Oui, nous pouvons le faire. Mais avant

  8   que de le faire, essayons de comprendre la réponse de M. Borovic. Vous avez

  9   dit que : "La JNA n'a jamais conduit une guerre à l'exact de son propre

 10   territoire" ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

 12   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Est-ce que vous êtes en train de nous

 13   dire -- ou plutôt, quelle est l'année dans laquelle vous situez cette

 14   conversation ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Cette conversation à Moscou a eu lieu en 1995.

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci. Le document sera versé au

 17   dossier. Veuillez lui attribuer une cote.

 18   M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Président, ce sera le D476.

 19   Merci.

 20   M. LE JUGE MOLOTO : [aucune interprétation]

 21   M. LUKIC : [interprétation]

 22   Q.  Est-ce que vous avez rendu visite à l'état-major de la Hongrie, et est-

 23   ce que vous savez nous donner une précision au niveau de la date et qui

 24   est-ce qui a pris part à cette visite ?

 25   R.  J'ai fait partie de cette délégation qui a rendu visite à l'état-major

 26   de l'armée de Hongrie. La visite a eu lieu à Segedin.

 27   M. LUKIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut nous montrer le 65 ter de la

 28   Défense 01066D.

Page 13953

  1   Q.  Général, alors, qu'est-ce que vous pouvez nous dire au sujet de ce

  2   document ? J'aimerais plutôt qu'on nous montre d'abord la page 3 pour

  3   situer l'auteur du document. Donc, dernière page, s'il vous plaît, pour un

  4   instant.

  5   R.  L'auteur de ce document, on voit cela -- Sinisa Borovic, Biljana

  6   Majstorovic. C'est un document que j'ai rédigé moi-même. C'est une note de

  7   service pour les besoins du chef d'état-major.

  8   Q.  Et c'est signé par ?

  9   R.  C'est signé par Momcilo Perisic, chef de l'état-major.

 10   Q.  Bon, revenons maintenant à la page d'avant. Veuillez nous décrire de

 11   quoi il s'agit. Le document par pour lui-même, mais quelle en est la

 12   finalité ? Pourquoi a-t-on établi cette note de service ?

 13   R.  Nous faisons notre note de service et la partie hongroise fait la

 14   sienne. Nous avions précédemment rédigé un communiqué conjoint, qui est

 15   public. Enfin, je n'ai pas tout lu, mais je ne sais pas ce que pourrais

 16   commenter. Il en a été ainsi et un point, c'est tout.

 17   Q.  C'est adressé à qui ?

 18   R.  C'est adressé à personne. C'est un document qui nous appartient.

 19   Q.  Un instant, s'il vous plaît.

 20   R.  Ah, vous voulez dire pour qui c'est rédigé ? C'est pour nous. Nous

 21   devions présenter au président du Conseil suprême de la Défense, président

 22   de la République fédérale de Yougoslavie, et à son cabinet. A chaque fois

 23   que nous faisions un déplacement, nous devions rendre des comptes de ce qui

 24   s'était dit. Ici, c'est dit que c'est au président de la République

 25   fédérale de Yougoslavie que c'est adressé.

 26   M. LUKIC : [interprétation] Merci. Alors, montrez nous la page 2 en version

 27   B/C/S pour entendre un petit commentaire de votre part.

 28   Q.  Alors ma question est celle-ci : s'agissant de la position de la

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  1   République fédérale de Yougoslavie et de la stratégie de cette dernière, en

  2   quoi est-il si important d'avoir une coopération avec la Hongrie ?

  3   R.  Ecoutez, ça a toujours été important. La Hongrie est un pays voisin, et

  4   une importante minorité nationale hongroise qui vit dans la zone

  5   frontalière. La Hongrie s'apprêtait à entrer dans l'OTAN et elle avait des

  6   normes auxquelles aspirait d'aboutir l'armée de Yougoslavie, à l'époque.

  7   Donc il s'agissait d'une région frontalière et eux avaient redouté de voir

  8   les conflits se déverser vers chez eux depuis la Croatie, parce qu'on se

  9   battait, à l'époque, là-bas, et nous avions redouté aussi la chose, donc

 10   nous avions un intérêt conjoint pour ce qui était donc de suivre les

 11   événements, d'établir une bonne coopération interarmées et de communiquer

 12   de façon directe les uns avec les autres, sans conditions préalables, et

 13   cetera.

 14   Q.  En page 2 --

 15   M. LUKIC : [interprétation] Vers le milieu du passage. C'est l'avant-

 16   dernier paragraphe en version anglaise et il est question pour ce qui est

 17   des domaines relatifs à la coopération bilatérale à venir avec l'armée de

 18   Yougoslavie, et ils ont indiqué leur souhait que la ligne téléphonique --

 19   la "hot line", telle qu'appelée, soit maintenue et soit rendue plus fiable

 20   pour ce qui est de son fonctionnement.

 21   R.  Oui, nous avions mentionné la chose. Il y avait cette espèce de "hot

 22   line" pour ce qui est le téléphone rouge, en réalité, pour qu'il y avait

 23   des éléments de cette communication qui étaient restés sur le territoire

 24   qui avait fait cessation, et on avait pris note de la nécessité de vérifier

 25   son fonctionnement pour que la ligne du téléphone rouge soit tout à fait

 26   fiable.

 27   Q.  Alors je vous renvoie vers la fin de la version B/C/S.

 28   M. LUKIC : [interprétation] Je crois que, pour la version anglaise, il faut

Page 13955

  1   tourner la page d'après.

  2   Q.  Alors il y est dit : "Le chef du service de Renseignements." Enfin,

  3   lisez dans votre fort intérieur et puis ensuite je vous poserai ma

  4   question. Alors, ce qui m'intéresse en particulier, c'est la toute dernière

  5   phrase.

  6   Est-ce qu'il est habituel de voir les administrations du renseignement

  7   coopérer alors qu'il s'agit de pays limitrophes ? A quel effet cela est-il

  8   important ?

  9   R.  C'est important et c'est habituel. Les services de Renseignements des

 10   pays qui ne sont pas en conflit coopèrent toujours, notamment lorsqu'il

 11   s'agit de pays avec lesquels nous entretenons une coopération militaire

 12   bilatérale.

 13   Q.  Merci.

 14   M. LUKIC : [interprétation] J'en ai terminé avec ce document. J'aimerais

 15   qu'on nous attribue une cote pour ce document-ci.

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] [hors micro] -- oui, qu'on lui

 17   attribue une cote de pièce à conviction.

 18   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le D477. Merci.

 19   M. LUKIC : [interprétation] Un instant, Monsieur le Président. Je vais

 20   quelque peu modifier mon style d'interrogatoire. Je procède de façon

 21   chronologique, mais je vais sauter un peu la chronologie pour y revenir

 22   avec d'autres sujets.

 23   Q.  Je me propose à présent de vous demander quelque chose pour ce qui est

 24   de cette opération Eclair. Nous avons déjà entendu des témoignages qui nous

 25   ont dit que c'était en mai 1995. Et comment vous souvenez-vous comment

 26   cette attaque sur la Slavonie occidentale s'était reflétée sur la direction

 27   au sommet de l'armée de Yougoslavie pour ce qui est de ces événements-là ?

 28   R.  Ça s'est reflété de façon négative, c'est certain, parce que --

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  1   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Quand vous parlez de la direction au

  2   sommet, Monsieur Lukic, qu'avez-vous à l'esprit ?

  3   M. LUKIC : [interprétation] Je parle de la direction militaire de l'armée

  4   de Yougoslavie.

  5   Q.  Je voulais donc savoir comment ces événements s'étaient reflétés sur

  6   l'attitude adoptée par la direction au sommet de l'armée de Yougoslavie.

  7   R.  Ce que je peux dire, c'est que l'armée de Yougoslavie a toujours,

  8   s'agissant d'événements de ce type, avait considéré, et celui-là notamment,

  9   que ça avait mis en péril la sécurité de l'armée de Yougoslavie parce que

 10   cela signifiait un rapprochement des combats vers les frontières de l'armée

 11   de la République de Yougoslavie. Donc c'était défavorable, et une situation

 12   sécuritaire plus complexe, plus grave s'était installée désormais.

 13   M. LUKIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut nous montrer un document de

 14   la liste 65 ter de la Défense, 02176D ?

 15   Q.  Ici, nous avons un bulletin d'information de la 2e Direction de l'état-

 16   major de l'armée de la Yougoslavie. C'est daté du mois de mai 1995.

 17   M. LUKIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut nous montrer la page d'après,

 18   s'il vous plaît, tant pour ce qui est de la version B/C/S que de la version

 19   anglaise.

 20   Q.  Alors je vous ai interrogé à la session précédente. Est-ce que vous

 21   pourriez nous dire l'auteur et l'origine de ce document ?

 22   R. Ce document vient de la 2e Administration, de la 2e Direction de l'état-

 23   major de l'armée de Yougoslavie. C'est l'administration chargée du

 24   Renseignement.

 25   Q.  Qu'est-ce que ceci veut nous dire par là, du point de vue de cette

 26   opération Eclair ?

 27   R.  Ce que ça constitue, c'est la constatation de la situation et

 28   l'évaluation des événements auxquels on pouvait s'attendre à l'avenir

Page 13957

  1   s'agissant d'une mise en péril de la sécurité de la République fédérale de

  2   Yougoslavie.

  3   M. LUKIC : [interprétation] Vers la fin de ce passage en version anglaise,

  4   j'aimerais voir que -- j'aimerais qu'on nous montre le bout du paragraphe

  5   pour situer le passage qui m'intéresse. Il se peut qu'il se trouve en page

  6   2. Non, il faut tourner une page en version anglaise. Dernier paragraphe,

  7   Madame, Messieurs les Juges, avant le 1.3. Donc, c'est en milieu de page de

  8   la version anglaise, dernier paragraphe de cette partie-là. C'est bon.

  9   Q.  En version B/C/S, il est dit -- Général, je suis en train de lire :

 10   "D'autre part, la direction de l'Etat et de l'armée de la RSK, avec des

 11   conflits internes et des intérêts personnels, n'ont pas entrepris tout ce

 12   qu'il fallait. D'abord, ne pas se laisser provoquer par la partie croate,

 13   et procéder aux préparatifs nécessaires aux fins de faire face à

 14   l'agression croate."

 15   Alors le général Krga, il obtient de la part de qui ces informations pour

 16   les intégrer dans ce bulletin ? Ces faits-là, ils viennent de qui ?

 17   R.  Comme tout service de Renseignements, il obtient des renseignements de

 18   la part de ses organes et des unités avec lesquelles il reste en contact.

 19   Q.  Merci.

 20   M. LUKIC : [interprétation] Alors passons aux pages suivantes, B/C/S et

 21   version anglaise. Page suivante dans la version B/C/S, s'il vous plaît.

 22   Non, non, encore une page, encore une page. Excusez-moi. C'est la page 4

 23   qu'il me faut. Voilà, c'est bon. C'est la page 6 en version anglaise.

 24   Q.  Ce qui m'intéresse, c'est entendre votre commentaire au sujet de ce qui

 25   est dit au 1.4, avec l'intitulé : "Expériences." Alors ces évaluations,

 26   elles viennent de qui ?

 27   R.  Ça, ce sont des évaluations qui prennent leur origine au niveau de

 28   cette 2e Direction.

Page 13958

  1   M. LUKIC : [interprétation] Merci. Est-ce qu'on peut attribuer une cote

  2   pour ce document, Monsieur le Président ?

  3   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] le document, Ce sera versé au dossier.

  4   Veuillez lui attribuer une cote.

  5   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce sera le D478. Merci.

  6   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci.

  7   M. LUKIC : [interprétation]

  8   Q.  Est-ce que vous avez ouï-dire, Mon Général, en été 1995, qu'il y a eu

  9   un incident de survenu au marché de Markale à Sarajevo ?

 10   R.  Comme le reste du monde, oui, j'en ai entendu parler.

 11   Q.  Qu'avez-vous ouï-dire, à l'époque ?

 12   R.  Nous avons appris qu'un obus était tombé sur un marché et qu'il y avait

 13   eu beaucoup de victimes. Par la suite, il y a eu des informations autres

 14   qui nous sont parvenues. Notre administration chargée du renseignement a

 15   tout de suite fourni des évaluations et des instances au sein de l'état-

 16   major ont fait des suppositions pour ce qui est de l'origine de l'obus et

 17   pour les raisons pour lesquelles l'obus aurait été tiré. Depuis le tout

 18   début, nous n'avions pas considéré que cela pouvait arriver des positions

 19   que nous savions avoir été occupées par des forces serbes.

 20   Q.  Un instant. Arrêtons-nous un moment. Ma première question est celle de

 21   sa voir s'il y a eu des controverses au niveau de l'opinion publique pour

 22   ce qui est de l'origine de ce tir qui a généré ces victimes ?

 23   R.  Oui, il y en a eu.

 24   Q.  Ces controverses ont-elles été reprises par les médias ?

 25   R.  Bien oui, ça a été repris par les médias. Les services du renseignement

 26   savent exactement comment cela s'était fait.

 27   M. LUKIC : [interprétation] Est-ce qu'on peut nous montrer un document de

 28   la liste 65 ter de la Défense, 01087D ?

Page 13959

  1   Q.  Nous avons une fois de plus sous les yeux un bulletin d'information, le

  2   numéro 28, la date est celle du 27 septembre 1995. Je vais vous demander

  3   d'où vient ce document et qui est-ce qui en est l'auteur.

  4   R.  Cela provient de la 2e direction de l'état-major et le chef de cette 2e

  5   administration.

  6   M. LUKIC : [interprétation] J'aimerais qu'on nous montre la page 2 de ce

  7   document.

  8   Q.  Il y est dit Markale 2, orchestré par les Etats-Unis et la France, et

  9   puis on fournit des renseignements qui parlent pour eux-mêmes. Alors je

 10   vais poser ma question. A l'époque -- ou d'une façon générale, plutôt, du

 11   point de vue des différents types d'information vous parvenant, quelles

 12   sont les informations que vous considérez être importantes et quelles sont

 13   les informations que vous considérez comme étant moins fiables ?

 14   R.  Le plus haut degré de fiabilité, c'est les informations qui viennent de

 15   notre 2e Administration.

 16   Q.  Si vous deviez évaluer la qualité de certaines informations et donner,

 17   par exemple, des points pour ce qui est des informations arrivant de ce 2e

 18   bureau -- de cette 2e Administration, pour ce qui est, par exemple, de la

 19   comparaison avec les médias, quelle est l'annotation que vous apporteriez ?

 20   R.  Ecoutez, moi, je ne vais pas vous expliquer les choses comme un

 21   professeur mais si, par exemple, une information est véhiculée par le 2e

 22   bureau et si nous devions la noter par une gradation d'importance, ce

 23   serait un 3. Pour ce qui est des informations venant des médias, la note

 24   serait de 0.25.

 25   Q.  Quel était le degré de confiance que vous faisiez aux médias, à

 26   l'époque ?

 27   R.  L'armée n'a jamais fait confiance aux médias parce que les médias,

 28   c'est très porté à la propagande, aux informations sensationnelle. Ils sont

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  1   sous l'influence de ceux qui les contrôlent et les payent. Nous les

  2   prenions en considération, mais nous confions cela à l'administration

  3   chargée de la Sécurité pour vérifier ce qui était publié par les médias aux

  4   fins de le confirmer ou de le rejeter.

  5   M. LUKIC : [interprétation] Donnez-moi un instant.

  6   Q.  Lorsque vous aviez parlé de la chose, je crois que cela a été mal

  7   traduit. Si vous aviez donné une note 3 pour l'information venant du 2e

  8   bureau, quelle est la note que l'information des médias obtiendrait ?

  9   R.  0.25. C'est une annotation pour ce qui est de l'importance de cette

 10   information, du point de vue du poids qu'on lui accorderait.

 11   Q.  Veuillez répéter une fois de plus. Non, non, juste la note.

 12   R.  0.25.

 13   Q.  Merci.

 14   M. LUKIC : [interprétation] Montrez-nous dans la page suivante, je vous

 15   prie.

 16   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Dites cela une fois de plus, Monsieur

 17   Lukic.

 18   M. LUKIC : [interprétation] Je voulais juste voir la fin.

 19   Q.  Alors, les deux derniers paragraphes, je vous prie de les lire en votre

 20   for intérieur, et je vais vous demander si ce qui est dit ici correspond au

 21   souvenir que vous avez gardé concernant ce qui s'était produit après cet

 22   incident de Markale, du point de vue des frappes aériennes contre les

 23   positions des Serbes de Bosnie ?

 24   Alors ma question : est-ce que vous vous souvenez de ce qui s'est produit

 25   après cet incident ? Juste une phrase, s'il vous plaît, puis on en

 26   reparlera demain.

 27   R.  Je me souviens qu'il n'y a pas eu de bonne expertise de faite. Il n'y a

 28   pas eu de Commission indépendante d'Experts internationaux à faire un

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  1   constat pour donner une appréciation finale. Il y a eu des individus, mais

  2   il est intéressant et étrange de voir que la communauté internationale n'a

  3   pas mis en place une commission d'experts pour constater ce qui s'était

  4   passé.

  5   Q.  Mais est-ce qu'il y a eu par la suite des interventions militaires,

  6   après avoir débuté ?

  7   R.  Il y a eu cette opération Force décisive qui a été lancée.

  8   M. LUKIC : [interprétation] Je voudrais que ce document soit versé au

  9   dossier, et nous pourrions peut-être lever l'audience pour aujourd'hui. Je

 10   crois que l'heure est arrivée de le faire.

 11   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Le document est versé au dossier; est-

 12   ce qu'on peut lui accorder une cote ?

 13   M. LE GREFFIER : [interprétation] Ce document sera la pièce D479. Merci.

 14   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci beaucoup.

 15   Monsieur Borovic, nous n'avons pas terminé avec votre témoignage. Nous ne

 16   pouvons pas continuer, il faut que nous levions l'audience. Mais vous êtes

 17   toujours un témoin sous serment et vous n'êtes pas autorisé à discuter de

 18   la teneur de votre témoignage avec qui que ce soit, notamment pas avec

 19   l'équipe de la Défense.

 20   LE TÉMOIN : [interprétation] Je comprends.

 21   M. LE JUGE MOLOTO : [interprétation] Merci. Nous allons reprendre demain

 22   matin à 9 heures dans la même salle d'audience. L'audience est levée.

 23   --- L'audience est levée à 13 heures 47 et reprendra le mardi 21 septembre

 24   2010, à 9 heures 00.

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