Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mardi 31 octobre 2006

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 13.

5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame la Greffière, bonjour. Je vais

6 vous demander de citer l'affaire.

7 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Madame et Messieurs les Juges.

8 Affaire IT-05-88-T, le Procureur contre Vujadin Popovic et consorts.

9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

10 Tous les accusés sont présents. Oui. Tous les avocats sont présents, à

11 l'exception de Me Bourgon, qui a d'ailleurs justifié de son absence auprès

12 de la Chambre.

13 Du côté de l'Accusation, je vois M. McCloskey et M. Vanderpuye.

14 Je pense qu'on peut commencer sans problème.

15 Avant de demander si vous avez des questions préliminaires je dois vous

16 dire tout d'abord ceci, hier pour permettre que l'audience se termine dans

17 les délais prévus, car vous saviez qu'il y avait une audience qui suivait

18 la nôtre, nous n'avons pas examiné les documents qu'il s'agit de verser au

19 dossier. Il faut le faire maintenant avant tout.

20 Monsieur Vanderpuye, nous allons commencer par vous. Nous voulons nous

21 assurer des pièces que vous voulez verser en effet il y a certains

22 documents qui manifestement proviennent de la déposition qu'avait déjà

23 faite votre témoin dans un autre procès, je crois qu'il faut les préciser.

24 C'est la première chose. Puis, vous vous êtes servi de certains documents

25 au cours de la déposition du témoin et il faudra les verser à moins bien

26 sûr que des objections valables ne soient soulevées. Commençons par vous

27 Monsieur Vanderpuye.

28 M. VANDERPUYE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Merci.

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1 Bonjour, Madame et Messieurs les Juges. Je salue les avocats de la Défense.

2 Il y avait des pièces qui avaient été versées déjà dans le cadre d'une

3 déposition faite par le témoin le 23 mai 2000, ce sont les suivantes : il y

4 a d'abord le compte rendu de sa déposition P02272 j'avais demandé qu'elle

5 soit versée sous pli scellé.

6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est déjà versé.

7 M. VANDERPUYE : [interprétation] Une photographie plutôt une carte qui

8 montre la région entre Zvornik et Nova Kasaba avec un point jaune mentionné

9 au cours de la déposition. C'est la pièce 01470. Puis, il y a une

10 photographie d'une petite structure en brique avec autour une clôture.

11 P01921. Autre photographie, celle d'une route et en arrière plan une

12 colline. Mentionnée pendant la déposition P01922. Photographie de la rive

13 de la Jadar, P01923. Puis, une photo Polaroid d'une blessure d'entrée et de

14 sortie, blessure causée par balle, P09124.

15 Notre commis à l'audience a pu trouver une photo en couleur je pense que

16 maintenant c'est versé. Voilà les pièces que nous avons utilisées.

17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pour que tout soit clair, lorsque vous

18 dites P01470, c'est la cote de notre procès pas de l'autre procès.

19 M. VANDERPUYE : [interprétation] Exact.

20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je le savais, mais je voulais le

21 préciser pour éviter toute confusion. Il y a la pièce 02273, c'est le

22 pseudonyme, n'est-ce pas ?

23 M. VANDERPUYE : [interprétation] Oui. Pour ce qui est des cotes ou des

24 documents utilisés dans notre procès, nous avons P01618, une photographie

25 de la zone de Konjevic Polje, sans annotation. Puis P02274. Là, c'était la

26 même photo, mais annotée. Quand le témoin a parlé, PIC0031, même

27 photographie, avec les annotations déjà apportées, mais sur laquelle le

28 témoin a apporté de nouvelles annotations à l'audience. P01935, une photo

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1 d'une maison dans un petit champ, mentionné également par le témoin.

2 P02275, photo où on voit quelques maisons dans un petit champ. PIC00032,

3 c'est la photo Polaroid des blessures d'entrée et de sortie dont a déjà

4 parlé le témoin, mais photo qui a été annotée à l'audience hier.

5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Y a-t-il des objections de la part de

6 la Défense pour ce qui est de ces documents à verser au dossier ? Avez-vous

7 reçu un exemplaire, une copie de la photo en couleur, de ces blessures

8 d'entrée et de sortie ?

9 M. VANDERPUYE : [interprétation] Cela n'a pas été fourni à la Défense, mais

10 je pense que cela a été saisi dans le système du prétoire électronique. La

11 Défense peut donc le voir.

12 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pas d'objection de quiconque ? Tous ces

13 documents sont dès lors versés.

14 Je m'adresse maintenant à la Défense. Maître Zivanovic ?

15 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour.

17 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Nous demandons le versement du document

18 5D89, déclaration manuscrite. 5D89 du dernier témoin.

19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous dites 5D89, mais moi, ce que j'ai

20 ici, c'est 1D5D. Non, c'est 5D. Bien. Y a-t-il des objections de la part

21 des autres équipes de la Défense ou du bureau du Procureur ?

22 M. VANDERPUYE : [interprétation] Non.

23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

24 Maître Krgovic, vous avez la parole.

25 M. KRGOVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Nous demandons le

26 versement de deux documents. Voici les cotes 5D85. C'est le document par

27 lequel le témoin a quitté l'hôpital. En fait, nous voulons demander le

28 versement des pages 3 et 4 de ce document. D'abord, vous avez ce document

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1 émanant de l'hôpital, la date étant celle du 16 juillet 1995. Le deuxième

2 document, c'est une lettre adressée à qui de droit qui vient du centre

3 médical, avec la même date. Il y a une erreur dans la traduction, mais nous

4 allons demander officiellement que soit corrigée cette erreur. Nous allons

5 nous adresser, pour ce faire, au service de traduction. Plus tard, nous

6 vous présenterons cette correction.

7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Krgovic. Y a-t-il des

8 objections d'autres équipes de la Défense ou de l'Accusation ?

9 M. VANDERPUYE : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. C'est deux pages sont versées au

11 dossier. Madame la Greffière, veuillez consigner au compte rendu d'audience

12 que la pièce 1D5D89 et la pièce récemment admise 6D5D85 se compose de deux

13 pages et que ces deux pièces seront versées sous pli scellé.

14 Maître Haynes ou Maître Sarapa, je ne sais pas qui va s'en occuper, vous

15 vous êtes également servi de certains documents pendant votre contre-

16 interrogatoire.

17 M. HAYNES : [interprétation] Oui, nous demandons le versement de deux

18 pièces. Je crois comprendre que la note écrite vous parviendra sous peu. Il

19 s'agit de la pièce 7D55. C'est une séquence vidéo, V0001357-1-A, du

20 compteur 27 minutes à 28 minutes. On voit l'église orthodoxe et le

21 cimetière. Deuxième pièce : 7D56, c'est l'ordre de mobilisation des hommes

22 en âge de combattre entre 16 et 60 ans. Ceci n'a pas encore été traduit,

23 donc, c'est une cote provisoire que nous demandons.

24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous pourriez répéter la

25 référence vidéo ?

26 M. HAYNES : [interprétation] V000-1357.

27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous êtes sûr ? Ce n'est pas un 1375 ?

28 Vérifiez, parce que peut-être que l'ordre a été permuté.

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1 M. HAYNES : [interprétation] Je vais vérifier. Je suis sûr que c'est 1357.

2 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien.

3 M. HAYNES : [interprétation] Tiret 1-A.

4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ce sera la pièce 7D55.

5 M. HAYNES : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Y a-t-il des objections de la part

7 d'autres équipes de la Défense ?

8 M. VANDERPUYE : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ces deux documents sont dès lors versés

10 au dossier.

11 C'est tout ? Que je sache, Maître Meek, vous ou Me Stojanovic, vous n'avez

12 pas utilisé de documents ? Vous ne voulez pas verser un document ? Ou

13 Maître Fauveau, non ? Très bien. Le chapitre est clos. Avant de faire

14 rentrer le témoin suivant, je vous demande si vous avez des questions

15 préliminaires.

16 M. HAYNES : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Il demeure la

17 question des mesures de protection et du sauf-conduit pour le témoin 115.

18 J'ai consulté tous mes confrères et consoeurs. Je pense qu'il n'y aura pas

19 d'objection, pour autant que vous acceptiez quelques propos liminaires

20 qu'on me demande de vous adresser. Collectivement, nous estimons que ce

21 genre d'ordonnance ont pour intention générale à faire ressortir les

22 meilleurs témoignages. Ceux qui présentent ces requêtes sont les mieux à

23 même de nous dire si ces mesures sont nécessaires. Si l'Accusation estime

24 que c'est nécessaire, nous nous en remettons à ce qu'elle pense et j'espère

25 que l'inverse vaudra plus tard.

26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Monsieur McCloskey, est-ce que

27 vous êtes prêt à vous engager ?

28 M. McCLOSKEY : [interprétation] Je pense que c'était une offre qui venait

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1 de m'être faite et tout ce que je vais dire sera pris comme étant un appui.

2 Donc oui, je pense que nous sommes dans le même esprit.

3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, effectivement. Lorsque nous

4 accordons ces mesures de protection, nous sommes convaincus que toutes les

5 conditions sont remplies, conditions imposées par le droit et en général,

6 lorsque le cas n'est pas clair, nous prenons des mesures en demandant au

7 témoin ce qu'il en est lorsqu'il est dans ce prétoire, pour nous assurer

8 que ces mesures sont bien raisonnables. Je pense que nous pouvons faire

9 entrer le témoin et je pense qu'il faudra baisser les stores.

10 Je m'adresse à ceux qui n'ont pas l'habitude du prétoire. Ce témoin va

11 témoigner alors que sa voix va être déformée. Pendant toute la durée de sa

12 déposition, lorsque cette personne va témoigner, il faut que les micros

13 soient débranchés, que cette personne va parler. Bon, je vais veiller au

14 grain, mes collègues feront de même parce que bien souvent quelqu'un oublie

15 de débrancher son micro, nous-mêmes le faisons d'ailleurs aussi. Essayons

16 de respecter cette règle à la lettre, merci.

17 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Madame.

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je voudrais vous accueillir ici dans ce

21 Tribunal et à l'audience de ce procès, vous savez que ce procès est attenté

22 contre sept accusés qui sont présumés avoir participé aux événements de

23 Srebrenica. Vous êtes sur le point de commencer votre audition; cependant,

24 auparavant notre Règlement exige que vous prononciez une déclaration

25 solennelle pour dire qu'au cours de votre déposition vous allez dire la

26 vérité, toute la vérité et rien que la vérité. Vous avez Mme l'Huissière

27 qui est à côté de vous; elle vous remet le texte de cette déclaration

28 solennelle. Dès que je me serais tu, je vais vous demander de lire cette

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1 déclaration solennelle sachant que c'est la promesse que vous faites ainsi

2 de nous dire la vérité et toute la vérité.

3 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

4 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

5 LE TÉMOIN: TEMOIN PW-125 [Assermentée]

6 [Le témoin répond par l'interprète]

7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Madame. Veuillez vous asseoir.

8 Mettez-vous à l'aise, je vais vous donner quelques explications

9 supplémentaires.

10 Je parle anglais, tous mes propos -- tous les propos d'autres personnes ici

11 présentes vont être traduits et vous les entendrez dans votre propre

12 langue. Si, à un moment donné, vous ne recevez pas l'interprétation ou si

13 l'interprétation que vous recevez n'est pas claire, ou si le volume n'est

14 pas bon, dites-le-nous tout de suite, nous verrons ce que nous pouvons

15 faire.

16 De plus, l'Accusation a demandé que vous bénéficiez de certaines mesures de

17 protection, nous avons examiné la question de près et nous sommes d'accord

18 avec l'Accusation. Nous vous accordons ces mesures de protection, mais vous

19 vous voudrez peut-être vous souvenir que toutes les équipes de Défense sont

20 d'accord avec le bureau du Procureur pour que ces mesures s'appliquent.

21 Les voici ces mesures de protection. Les avons ordonné que personne ne soit

22 en mesure de voir les traits de votre visage pendant que vous déposez, ceci

23 s'applique pour toute personne qui n'est pas dans ce prétoire

24 manifestement. Si vous regardez l'écran qui se trouve devant vous, les

25 caméras vont maintenant se fixer sur vous, mais vous allez voir l'image

26 qu'auront d'autres personnes à l'extérieur de ce prétoire lorsque vous

27 apparaissez à l'écran.

28 Je demande à la caméra de se fixer sur le témoin. Vous voyez, c'est l'image

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1 que vous allez donner, c'est comme cela que d'autres personnes vont vous

2 voir. De surcroît, nous avons pris une autre décision, celle de procéder à

3 la déformation de votre voix. Pendant votre déposition, personne ne pourra

4 entendre la voix que vous avez, votre voix va être déformée de façon à ce

5 que personne ne puisse vous reconnaître à cause de votre voix.

6 Troisième mesure, c'est peut-être la plus importante, votre identité

7 va être cachée, ce qui veut dire que personne ne va utiliser votre nom

8 véritable pour s'adresser à vous, nous allons nous servir d'un numéro à

9 toute fin utile dans le compte rendu d'audience, dans le dossier

10 d'instance, vous serez pour nous le Témoin PW-125. Bien entendu, il

11 arrivera que des questions vous soient posées, qui inévitablement si vous

12 répondiez permettraient à certains de connaître votre identité. A ce

13 moment-là, nous allons passer à huis clos partiel. Qu'est-ce que cela veut

14 dire, cela veut dire que seules les personnes présentes dans ce prétoire

15 pourront suivre les débats à ce moment-là et que personne d'autre à

16 l'extérieur de ce prétoire n'entendra ce que vous dites.

17 J'espère que ceci vous rassure et vous permettra de déposer avec

18 certaines mesures d'aise et de tranquillité, et que ces mesures vous

19 satisfont.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est d'abord M. McCloskey qui est le

22 premier substitut du bureau du Procureur en l'espèce qui va vous

23 interroger, après quoi chacune des équipes de la Défense va vous poser des

24 questions, je suppose en tout cas.

25 Veuillez commencer, Monsieur McCloskey.

26 M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, bonjour.

27 Interrogatoire principal par M. McCloskey :

28 Q. [interprétation] Bonjour, Témoin.

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1 R. Bonjour.

2 Q. Est-ce que vous êtes prête à commencer à essayer ?

3 R. Oui.

4 Q. Respirez profondément, essayer de vous détendre un peu pour répondre à

5 mes questions. Nous allons tout d'abord vous montrer un feuillet sur lequel

6 figure un nom. Je vais vous demander de nous dire si c'est bien votre nom.

7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey, vous êtes assez

8 grand. Si vous trouvez plus facile d'être assis pendant que vous posez

9 votre question de façon à brancher et débrancher votre micro quand c'est

10 nécessaire, pas de problèmes.

11 M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Cela fait des

12 années que je ne fais plus ce genre de chose, mais je vais essayer.

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est bien mon nom.

14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous pourrez peut-être montrer ce

15 feuillet, Mme l'Huissière à une des équipes de la Défense qui pourra

16 garantir aux autres équipes que c'est bien le nom du témoin, nous allons

17 nous-mêmes examiner ce feuillet.

18 Fort bien. Ce feuillet va devenir une pièce à conviction qui sera conservée

19 sous pli scellé. N'est-ce pas, Madame l'Huissière ?

20 L'INTERPRÈTE : Signe affirmatif de l'Huissière.

21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Veuillez poursuivre, Monsieur

22 McCloskey.

23 M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce que nous pourrions passer à huis

24 clos partiel l'espace de quelques questions ?

25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, nous sommes à huis clos partiel.

26 [Audience à huis clos partiel]

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12 [Audience publique]

13 M. McCLOSKEY : [interprétation]

14 Q. Votre famille habite à Srebrenica. C'était comment la vie à Srebrenica

15 dans les semaines qui ont précédé l'attaque de Srebrenica ?

16 R. Je ne vous comprends pas. Vous parlez de 1993 ou de 1995 ?

17 Q. Bonne question. Je parle des conditions que vous avez connues disons

18 avant juillet 1995, disons en mai et en juin 1995.

19 R. Les conditions n'étaient pas bonnes. On n'avait rien à manger ou pas

20 grand-chose. On n'avait pas de vêtements ni de chaussures. On souffrait.

21 Tous les jours j'allais d'une maison à l'autre avec mon père pour mendier

22 pour essayer d'obtenir un kilo de farine ou d'haricots. Nous avons vendu

23 des aiguilles. On faisait des parapluies en se servant de fil qu'on

24 trouvait. On n'avait pas de souliers. J'ai porté la même paire de

25 pantoufles pour aller à l'école de Zelani Jadar à Srebrenica. Il m'a fallu

26 deux heures pour aller et deux heures pour revenir. Je marchais sur les

27 pierres. J'avais des coupures aux pieds. On n'avait pas de chaussures.

28 Quand il pleuvait, on allait à l'école à Srebrenica on était trempé quand

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1 on arrivait. Pour moi, les conditions étaient loin d'être bonnes.

2 Q. A l'époque vous aviez 13 ans à peu près, n'est-ce pas ?

3 R. J'avais 13 ans au moment de la chute de Srebrenica. A dix ans, j'étais

4 jeune et j'ai quitté ma maison pour toujours.

5 Q. Vous habitiez dans quel quartier en juin, avant la chute de

6 Srebrenica ?

7 R. J'habitais à Zelani Jadar à Slapovici. C'était un camp, qui avait été

8 construit par les Suédois. C'est là qu'on habitait. Avant cela, on habitait

9 à Srebrenica, de 1993 à, disons, 1994, nous habitions dans le centre

10 culturel. C'est là qu'on était installé. On avait une pièce dans laquelle

11 nous habitions à 15, et déjà on était content d'avoir cela parce qu'il n'y

12 avait des gens qui habitaient dans la rue, qui n'avaient pas un toit au-

13 dessus de la tête, qui ont dû dormir dehors, cuisiner dehors. Au moins,

14 nous, on avait une pièce, même si on y faisait la cuisine, on s'y lavait,

15 on y dormait. C'est tout ce qu'on avait. On avait déjà cela.

16 Q. Parlons maintenant du mois de juillet 1995 c'est à ce moment-là que

17 commence l'attaque de Srebrenica. Vous et les membres de votre famille

18 qu'est-ce que vous aviez fait à ce moment-là vous étiez à Slapovici ?

19 R. Nous habitions à cet endroit-là jusqu'en 1995, jusqu'au mois de

20 juillet, au moment où l'attaque a commencé. Nous avions habité à cet

21 endroit-là, mais, à ce moment-là, nous avons fui en direction de

22 Srebrenica. Les villages de Suceska et les autres aux alentours nous ne

23 pouvions pas aller ailleurs. Srebrenica était le seul endroit où nous

24 pouvions aller.

25 Q. Pourquoi vous êtes-vous enfuis en direction de Srebrenica ?

26 R. Bien, parce qu'il y avait des fusillades de toutes parts. Nous devions

27 nous enfuir. Nous devions partir avec les autres personnes qui étaient là.

28 Nous ne savions pas quoi faire. Nous étions comme au fond d'un trou. Nous

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1 n'avions nulle part où aller, et nous ne savions pas quoi faire. Nous

2 sommes simplement partis, nous nous sommes mis en route et en espérant que

3 les choses s'améliorent.

4 Q. Où êtes-vous allés ?

5 R. Avec les autres personnes nous nous sommes enfuis; mais il y avait

6 d'autres personnes avec nous qui s'enfuyaient en direction de Srebrenica.

7 Nous sommes arrivés à Srebrenica et nous sommes arrivés à la maison de ma

8 tante. Il y avait des coups de feu de tout côté. C'est là que nous avons

9 trouvé refuge. Nous avons passé une nuit à cet endroit-là chez ma tante du

10 côté maternel.

11 Il y avait des pilonnages et les vitres de la maison étaient cassées. Nous

12 nous sommes jetés à terre. Mon père m'a protégé avec son corps pour que je

13 ne sois pas touchée. A un moment donné, les gens ont commencé à courir et à

14 crier : "Il faut fuir. Il faut fuir. Les Chetniks arrivent à Srebrenica." A

15 ce moment-là, tout à coup, nous nous sommes mis en route. Nous savions

16 encore une fois pas où aller. Nous nous sommes rendus à la FORPRONU, pour

17 leur demander de l'aide.

18 Q. Lorsque votre père vous a protégée du débris de vitre, étiez-vous dans

19 la ville même de Srebrenica dans un appartement ?

20 R. Oui. Près de la ville. Nous n'étions pas au centre, mais la maison se

21 trouve à côté de la ville, non pas au centre mais tout près.

22 Q. Lorsque vous dites que vous êtes allés à la FORPRONU, où se trouvait la

23 FORPRONU à ce moment-là ? Où êtes-vous allés ?

24 R. Ils étaient à Srebrenica devant la poste, dans le bâtiment de la poste

25 et nous allions dans cette direction-là et il y avait beaucoup de monde. La

26 route était très encombrée de gens et mon frère et moi, nous avons été

27 séparés dans la foule, et nous sommes allés dans des directions

28 différentes; ma mère, mon père et ma grand-mère sont allés dans une autre

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1 direction encore. En courant, j'ai vu un homme qui gisait mort sur la

2 route. Je ne sais pas s'il avait été tué, mais nous avons dû enjamber son

3 corps. Ensuite, nous sommes arrivés devant le bâtiment de la poste, devant

4 la FORPRONU et les gens ont demandé de l'aide. Les troupes de la FORPRONU

5 nous ont dit que nous devions rentrer chez nous, que rien n'allait nous

6 arriver. Alors que nous rebroussions chemin, en deçà de l'hôpital, nous

7 avons trouvé notre mère qui s'était évanouie car elle ne savait pas où se

8 trouvaient mon frère et moi-même. Il y avait un ruisseau à cet endroit-là

9 et nous n'avions pas de récipient pour mettre de l'eau, et mon frère a pris

10 de l'eau dans la bouche et a craché l'eau sur le visage de ma mère pour

11 l'aider et ensuite mon père est arrivé. Je ne sais pas comment ils avaient

12 été séparés, et je ne savais pas où était ma grand-mère non plus. Ensuite,

13 nous sommes retournés dans l'appartement où habitaient mes grands-parents

14 du côté maternel, et là nous avons vécu avec les deux frères de ma mère.

15 Q. Qu'a fait votre famille après cela ? Qu'est-ce qu'elle a décidé de

16 faire ?

17 R. Nous avons passé la nuit à cet endroit-là, encore une fois il y avait

18 des coups de feu, nous ne savions pas quoi faire et, le lendemain matin

19 vers 11 heures, des hommes âgés, des hommes un peu plus jeunes et des

20 jeunes filles ont décidé de partir dans la forêt. Mon frère et mon père ont

21 décidé de les suivre, de se joindre à eux, et ma mère leur a donné à chacun

22 une miche de pain ainsi qu'un kilo de sel et un kilo de sucre, c'est ce

23 qu'elle a mis dans leur sac à dos. Nous nous sommes dit au revoir. En

24 réalité, j'ai dit au revoir à mon frère et à mon père. Ma mère ne

25 souhaitait pas les regarder car chacun savait qu'il était très difficile de

26 dire au revoir. Ils sont donc partis, ils se sont mis en route, et quelques

27 heures plus tard nous avons rejoint l'autre groupe de personnes et nous

28 sommes allés à Potocari.

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1 Q. Comment êtes-vous arrivés à Potocari ?

2 R. Il y avait beaucoup de monde, nous avons emprunté la route, nous avons

3 été hébergés dans des usines à cet endroit-là, il y avait beaucoup de gens.

4 Le premier jour nous avons entendu des coups de feu alors que nous

5 marchions, on ne nous tirait pas dessus directement mais les obus tombaient

6 de parts et d'autres. Lorsque nous sommes arrivés à Potocari, le premier

7 jour, tout était très calme et tranquille. Personne ne nous a touché, ils

8 ne se sont pas mêlés parmi la foule. Mon oncle était avec nous, nous

9 l'avons trouvé à Potocari. Nous avons également trouvé un ami qui était un

10 de mes amis et un ami de mon frère. Nous sommes entrés dans l'usine, mais

11 nous n'avons pas dormi pendant la nuit car nous avions peur.

12 Q. Donc, ce premier jour, lorsque vous êtes arrivés à Potocari, avez-vous

13 vu des soldats serbes à Potocari autour de l'usine dans lequel vous étiez ?

14 R. Non, pas le premier jour.

15 M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce que nous pouvons passer à huis clos

16 pendant quelques instant, s'il vous plaît, ou à huis clos partiel ?

17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, passons à huis clos partiel.

18 Nous sommes à huis clos partiel.

19 [Audience à huis clos partiel]

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9 [Audience publique]

10 M. McCLOSKEY : [interprétation]

11 Q. Est-ce que vous vous souvenez de la date de ce premier où vous êtes

12 allés à pied jusqu'à Potocari ?

13 R. C'était le 11 juillet.

14 Q. Bien. Je crois que vous avez dit que vous avez passé cette nuit-là dans

15 l'usine. Est-ce que vous pourriez nous dire ce qui est arrivé le 12

16 juillet, brièvement ?

17 R. Le 12 juillet, j'ai vu des soldats serbes. (expurgé)

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24 R. Je ne sais pas à quel moment cela s'est passé, je crois que c'était

25 vers midi. Je ne sais pas exactement, je ne sais pas à quelle heure

26 c'était. J'avais trop peur et je n'ai pas regardé ma montre.

27 Q. Combien d'hommes les ont emmenés ?

28 R. Deux hommes sont venus les emmener.

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1 Q. Comment ces hommes étaient-ils habillés ?

2 R. Je ne sais pas, je n'ai pas fait attention à leurs vêtements, très

3 honnêtement je ne m'en souviens pas.

4 Q. Très bien. Que s'est-il passé après cela ?

5 R. Il y a eu cette deuxième nuit, mon oncle est revenu. Il y a eu beaucoup

6 de cris vers 2 ou 3 heures après minuit, j'entendais beaucoup de gens

7 crier, hurler et je ne peux même pas l'exprimer par des mots, cette nuit-là

8 était vraiment épouvantable. Lorsqu'on entend 30 000 personnes environ en

9 train d'hurler tout à la fois, je crois que c'est indescriptible, on ne

10 peut pas décrire cette situation.

11 Q. Y avait-il des soldats serbes dans la région, le 12 juillet ?

12 R. Je les ai vus dans la journée. Ils se sont mélangés au gens qui étaient

13 là, ils se mêlaient aux groupes de personnes qui étaient là. La nuit je

14 n'ai pas quitté l'usine, je ne les ai pas vus à l'intérieur de l'usine

15 pendant la nuit. Je ne sais pas quelle était la situation à l'extérieur, je

16 ne sais pas s'il se trouvait des soldats serbes à l'extérieur de l'usine.

17 Q. Que s'est-il passé le lendemain, le 13 juillet ?

18 R. Le 13 juillet, nous avons décidé de partir car il y a des gens qui

19 commençaient à partir en direction de Tuzla. Mon oncle avait peur car nous

20 avions entendu dire que l'on séparait les hommes du reste de la population.

21 Au début nous voulions rester un peu plus longtemps, mais, ensuite, j'ai

22 dit à Maman : "Il faut partir." Donc, nous nous sommes mis en route. Nous

23 sommes arrivés à l'endroit où nous étions censés nous trouver. Il y avait

24 un endroit qui avait été bouclé et ils nous ont laissé partir. Il y avait

25 des autocars à cet endroit-là. Ils m'ont laissé partir, ainsi que ma mère.

26 Les parents de ma mère et mon frère n'ont pas été autorisés à partir en

27 même temps que nous. Lorsqu'ils nous ont laissé partir, ils ont dit à mon

28 oncle : "Tu dois te mettre de côté. Tu ne peux pas partir non plus." Non,

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1 lui est parti et ils m'ont dit à moi : "Tu ne peux pas partir non plus."

2 Ensuite, ils ont permis à ma mère d'aller en direction des camions qui se

3 trouvaient là. Pour ce qui est de mon oncle, nous ne l'avons jamais revu.

4 Nous l'avons simplement vu sortir du rang, comme on lui avait ordonné de le

5 faire. Ma mère et moi, nous nous sommes mises à pleurer. Nous les avons

6 supplié et je leur ai demandé de me laisser partir avec ma mère. Il y avait

7 un groupe de Chetniks. Je ne sais pas comment les appeler. C'est le nom

8 dont j'ai entendu parler. Nous pleurions toutes les deux et ils répétaient

9 sans cesse que je ne pouvais pas partir, tandis que ma mère pouvait partir.

10 Ma mère a

11 dit : "Je n'ai qu'elle. Laissez-la partir avec moi. Je n'ai personne

12 d'autre." Ensuite, il y a un soldat de la FORPRONU qui est venu. Ma mère a

13 supplié. Elle disait : "S'il vous plaît, laissez-la partir avec moi. Je

14 n'ai personne d'autre." Elle pleurait tout ce temps-là. Ensuite, lui est

15 allé leur demander et réitérer cette demande encore une fois, qui n'a pas

16 été accordé. Ensuite, un membre du groupe a

17 dit : "Bon, d'accord, laisse-la. Ce n'est qu'une enfant." Ensuite,

18 quelqu'un a lancé des injures en disant : "Regarde cette petite fille. Elle

19 est si belle." Ensuite, ma mère a commencé à se diriger vers le camion.

20 J'ai dit à Maman : "Dépêche-toi, dépêche-toi. Va en direction des camions,

21 les camions s'en vont." Elle m'a dit : "Je ne peux pas les laisser nous

22 tuer toutes les deux." Nous sommes montés à bord d'un camion. Maman s'est

23 évanouie. Elle a repris connaissance qu'au moment où nous sommes arrivés à

24 l'endroit où on nous a déposé. Il y avait une femme âgée qui avait de l'eau

25 et qui lui a versé cette eau pour qu'elle puisse reprendre ses esprits.

26 Q. Vous dites qu'il y avait un soldat néerlandais et vous avez dit que

27 votre mère a supplié ce soldat. Vous avez dit que ce soldat néerlandais est

28 allé demandé aux Chetniks ou aux Serbes de la laisser; c'est exact ? De

Page 3312

1 vous laisser partir; c'est exact ?

2 R. Oui.

3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame, si à aucun moment cela est

4 pénible pour vous de poursuivre votre déposition et si vous avez besoin

5 d'une petite pause, faites-le-nous savoir. Nous pouvons tout à fait faire

6 une petite pause, si vous le souhaitez.

7 M. McCLOSKEY : [interprétation]

8 Q. Bien. Est-ce que vous souhaitez reprendre votre respiration ? Vous et

9 votre mère, avez-vous pu monter à bord de ces autocars pour vous rendre à

10 pied à Kladanj pour finir ?

11 R. Oui. Nous sommes montées à bord de ce camion et nous sommes arrivées

12 jusqu'à Kladanj.

13 Q. Depuis ce moment-là, avez-vous jamais revu votre père, votre oncle ou

14 votre frère ?

15 R. Non, nous ne les avons jamais revus. Nous avons longuement attendu.

16 Nous pensions -- nous avons attendu leur venue. Lorsque nous sommes

17 arrivées, nous sommes allées de Tuzla à Dubrava. C'est là où les gens

18 traversaient. J'ai attendu, mais nous n'avons jamais rien découvert à leur

19 propos. Jusqu'au jour où ils ont été identifiés et à ce moment-là, nous

20 avons perdu tout espoir.

21 Q. Vous m'avez dit qu'ils ont découvert la dépouille de votre oncle à

22 Pilica et la dépouille de votre père à Cerska; c'est exact ?

23 R. Oui.

24 M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce que nous pouvons passer à huis clos

25 partiel pendant quelques instants, s'il vous plaît ?

26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Passons à huis clos partiel pendant

27 quelques instants, s'il vous plaît.

28 Nous sommes à huis clos partiel.

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1 [Audience à huis clos partiel]

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8 [Audience publique]

9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je souhaite simplement réitérer les

10 recommandations que j'ai faites. Dès que vous aurez terminé vos questions,

11 je vous demande de bien vouloir éteindre votre microphone, s'il vous plaît.

12 Merci.

13 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Très bien.

14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît.

15 Madame, Me Zivanovic représente le colonel Popovic dans cette affaire et il

16 va vous contre interroger en premier.

17 Contre-interrogatoire par M. Zivanovic :

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23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît. Je

24 souhaite passer à huis clos partiel pendant quelques instant, s'il vous

25 plaît.

26 [Audience à huis clos partiel]

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25 [Audience publique]

26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je dirais aux fins du compte rendu

27 d'audience puisque nous étions à huis clos partiel, je dirais donc que Me

28 Zivanovic a mené à bien son contre-interrogatoire et l'intégralité de son

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1 contre-interrogatoire a été effectué à huis clos partiel.

2 Qui est le suivant ? Maître Meek. Me Meek représente le colonel Beara. Il

3 va -- je ne sais pas, en fait, si c'est lui qui va procéder au contre-

4 interrogatoire.

5 M. MEEK : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

6 Madame, Messieurs les Juges, nous n'avons pas de questions à poser à ce

7 témoin.

8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Maître Meek.

9 Me Nikolic représente lieutenant Nikolic en l'espèce, et voyons si elle a

10 des questions à vous poser pour contre-interrogatoire.

11 Mme NIKOLIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

12 Nous n'avons pas de questions à poser à ce témoin. Je vous remercie.

13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Nikolic.

14 Me Lazarevic est le représentant du général Borovcanin dans cette affaire,

15 et est-ce qu'il va y avoir un contre-interrogatoire, Maître Lazarevic ?

16 M. LAZAREVIC : [interprétation] Non, nous n'allons pas poser de questions à

17 ce témoin.

18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

19 Maître Fauveau.

20 Mme FAUVEAU : J'ai deux ou trois questions, Monsieur le Président.

21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Me Fauveau représente le général

22 Miletic en l'affaire. Je vous en prie, n'oubliez pas votre micro.

23 Contre-interrogatoire par Mme Fauveau :

24 Q. [interprétation] Madame, vous parliez des conditions à Srebrenica en

25 1995. Vous avez dit que ces conditions étaient très difficiles. Est-ce

26 qu'on peut dire qu'en 1993, vous êtes venu à Srebrenica, ces conditions

27 étaient aussi difficiles ?

28 R. Oui. En 1993 ou entre 1993 et 1995, les conditions étaient difficiles,

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1 et je pense au logement, à l'habillement, aux chaussures. S'il y avait des

2 convois qui arrivaient à Srebrenica, en fait, il s'agissait d'arriver

3 fortuit, parce qu'ils empêchaient les convois d'arriver à Srebrenica. Tout

4 ce que nous recevions c'était par exemple deux kilos de farine, et ce pour

5 nourrir cinq membres.

6 Q. Dans le bus avec votre mère, vous étiez soulagée; est-ce exact ?

7 R. Nous avions peur -- ce que nous avons vécu, ma mère et moi, nous ne

8 pouvons pas le décrire. Mais, lorsque nous sommes montées dans le véhicule

9 en question, dans le camion, j'ai échappé à tout ce qui aurait pu, en fait,

10 m'arriver, mais ma mère n'a pas pu reprendre ses esprits jusqu'à ce que

11 nous ayons atteint notre territoire. Mais, pendant le voyage, nous ne

12 savions pas ce qui se passait, mais tout aurait pu se passer pendant ce

13 voyage.

14 Q. Peut-on dire donc quand vous êtes arrivé à Kladanj que vous étiez

15 soulagée ?

16 R. Oui, oui, oui. Lorsque nous avons franchi, ou lorsque nous sommes

17 passées dans notre territoire, lorsque nous sommes arrivées, nous n'étions

18 pas entièrement sur notre territoire. Il a fallu passer par un territoire

19 et lorsque finalement nous sommes arrivées sur notre territoire, nous avons

20 été soulagées. Mais, il y avait également beaucoup de souffrance et de

21 douleur parce que nous pensions, en fait -- nous pensions à ce qui était

22 arrivé aux personnes qui nous étaient chères parce que nous pensions

23 qu'elles étaient arrivées également. Lorsque nous avons vu qu'elles

24 n'étaient pas là, il y a eu beaucoup de souffrance.

25 Q. Je vous remercie beaucoup.

26 Mme FAUVEAU : Plus de questions, Monsieur le Président.

27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Maître Fauveau.

28 Maître Josse ou Maître Krgovic, allez-vous avoir le contre-interrogatoire

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1 du témoin ?

2 M. KRGOVIC : [interprétation] Nous n'avons pas de questions.

3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

4 Nous avions donc Me Krgovic qui représente le général Gvero.

5 Maître Haynes ou Maître Sarapa.

6 M. HAYNES : [interprétation] Non, Monsieur le Président, pas de questions.

7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Me Haynes représente le

8 général Pandurevic.

9 Avez-vous des questions supplémentaires à poser, Monsieur McCloskey ?

10 M. McCLOSKEY : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame, très heureusement, nous sommes

12 arrivés à la fin de votre déposition ici, ce qui signifie que vous pouvez

13 disposer, que vous pouvez regagner votre foyer. Le personnel du Tribunal va

14 vous aider pour vous permettre de rentrer chez vous le plus rapidement

15 possible. J'aimerais, au nom de mes collègues, de M. Le Juge Kwon, de Mme

16 le Juge Prost et de M. Le Juge Stole, vous remercier d'être venue ici pour

17 cette déposition et j'aimerais, au nom de toutes les personnes présentes

18 ici, vous souhaiter un bon retour chez vous.

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

20 [Le témoin se retire]

21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Prenons soins ou faisons en sorte qu'il

22 n'y a pas, en fait, de -- qu'elle ne soit pas filmée lorsqu'elle sort du

23 prétoire.

24 Qu'en est-il des pièces à conviction des documents, Monsieur McCloskey ?

25 M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. La fiche du

26 pseudonyme, le document P02276 et le P02277.

27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que vous en avez utilisé

28 seulement un de ces documents, il me semble que vous avez utilisé le 02278.

Page 3321

1 Vous souhaitez également verser au dossier --

2 M. McCLOSKEY : [interprétation] Non, non. Je pense que l'un des documents

3 suffit. Je ne voulais pas en fait aborder le deuxième.

4 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, mais le document que vous avez

5 utilisé c'est le document 02278.

6 M. McCLOSKEY : [interprétation] Je vous remercie.

7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Y a-t-il des objections ? Aucune

8 objection ?

9 Donc, la fiche du pseudonyme, ainsi que le document P02278 sont versés au

10 dossier et sont versés sous scellé.

11 Je pense, en fait, que le moment est venu de faire une pause

12 maintenant.

13 [aucune interprétation]

14 --- L'audience est suspendue à 10 heures 25.

15 --- L'audience est reprise à 11 heures 04.

16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avant que le prochain témoin n'entre

17 dans le prétoire, je voudrais vous dire ceci, c'était porté à notre

18 attention, corrigez-moi si je me trompe, Monsieur McCloskey.

19 Le 23 août nous avions pris une décision dans laquelle nous avons accordé

20 plus que ce que vous demandiez en matière de mesures de protection

21 concernant le témoin suivant. Vous aviez demandé en effet que lui soit

22 octroyé un pseudonyme et que les traits du visage soient déformés, ce que

23 nous avons accordés. Mais, pour des raisons que je ne peux pas vous

24 expliquer ici, et c'était sans doute une émission, nous avions prévu que la

25 voix serait également déformée. C'était notre décision, mais nous serions

26 tout à fait prêts à la modifier si vous vous en tenez aux mesures que vous

27 aviez demandées au départ.

28 M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui. Je pense que nous pouvons nous en

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1 tenir à ces mesures. J'en ai discuté avec le témoin et je pense que ce

2 témoin se sent à l'aise.

3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Maintenant que nous avons entendu

4 M. McCloskey, nous allons modifier notre décision du 23 août 2006 par

5 laquelle nous accordions les mesures de protection suivantes au Témoin PW-

6 113, utilisation du pseudonyme, déformation des traits du visage et de la

7 voix. Désormais, il y aura uniquement le pseudonyme et la déformation des

8 traits du visage, la voix ne sera pas déformée. Je vous remercie.

9 Madame l'Huissière, veuillez faire entrer le témoin.

10 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Monsieur. Bienvenu à notre

12 Tribunal.

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour. Merci.

14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous avez déjà témoigné ici dans une

15 autre affaire, vous devez donc connaître la procédure même si quelques

16 années se sont écoulées depuis votre première déposition.

17 Mme l'Huissière se trouve à vos côtés, elle va vous remettre le texte

18 libellé de la déclaration solennelle. Une fois que vous l'aurez prononcée,

19 vous aurez promis solennellement à ce Tribunal que pendant toute la durée

20 de votre déposition vous allez dire la vérité, toute la vérité et rien que

21 la vérité.

22 Veuillez lire la déclaration solennelle. Nous pourrons alors commencer

23 votre déposition.

24 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

25 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

26 LE TÉMOIN: TEMOIN PW-113 [Assermenté]

27 [Le témoin répond par l'interprète]

28 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur. Veuillez vous asseoir,

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1 mettez-vous à l'aise.

2 Je vais vous expliquer quelques éléments avant que vous ne commenciez votre

3 déposition. Il y a un certain temps de cela,

4 M. McCloskey, qui est le premier substitut en espèce, nous a demandé que

5 vous soit accordé quelques mesures de protection. L'idée étant que votre

6 identité ne doit pas être révélée à l'opinion publique. Ceci vous ferait

7 vous sentir plus à l'aise au moment de déposer. Des mesures de protection

8 qui nous avaient été demandées étaient celles-ci : votre nom n'allait

9 jamais être utilisé pendant votre déposition, que pour toute la durée de

10 celle-ci vous seriez une personne à laquelle on s'adresse en utilisant un

11 pseudonyme. Ceci vous a été accordé. Pour nous, vous serez, je le précise

12 ici pour le compte rendu d'audience, vous serez le Témoin PW-113.

13 L'Accusation a également demandé d'autres mesures permettant de ne

14 pas révéler votre identité. Le Procureur a demandé que les traits de votre

15 visage soient déformés pendant votre déposition. Nous avons fait droit à

16 cette requête, il y aura donc déformation des traits de votre visage. Je

17 vais demander maintenant à la régie de diriger la caméra sur vous, et si

18 vous vous regardez l'écran qui se trouve devant vous, vous verrez quelle

19 apparence vous aurez à l'extérieur de ce prétoire. Personne ne sera en

20 mesure de vous voir. Tout ce qu'on pourra voir, c'est une série de carrés

21 de différentes couleurs.

22 Bien entendu, au cours de votre déposition des questions vont vous être

23 posées, vous devrez y répondre et il se peut qu'en répondant à ces question

24 votre identité soit révélée. Dans ce cas-là, nous allons passer à ce qu'on

25 appelle ici le huis clos partiel, je suppose que vous connaissez cette

26 mesure. Cela revient à dire que qu'est-ce qui va se dire à huis clos

27 partiel ne sera entendu que par les personnes se trouvant à l'intérieur de

28 ce prétoire et, bien sûr, aussi par la régie et les interprètes qui

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1 travaillent dans les cabines que vous voyez autour du prétoire. Personne

2 d'autre ne pourra entendre ce qui se dit à huis clos partiel. De cette

3 façon, nous veillons à garder la confidentialité s'agissant de votre

4 identité.

5 Une première chose, est-ce que ceci vous satisfait, Monsieur le Témoin ?

6 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.

7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

8 C'est M. McCloskey qui va commencer, il va vous poser des questions.

9 Cependant, oui, je vais lui laisser le temps de procéder et, après lui, les

10 équipes de la Défense vont vous contre interroger. C'est un droit qui

11 revient à chaque accusé. Si, à un moment donné, vous voulez faire une

12 pause, n'hésitez pas à le dire, nous ferons une pause.

13 Monsieur McCloskey, vous avez la parole.

14 M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

15 Interrogatoire principal par M. McCloskey :

16 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin.

17 R. Bonjour.

18 Q. J'ai ici une feuille de papier que je vais vous demander d'examiner et

19 dites-nous si le nom qui figure sur cette page de papier, c'est bien le

20 votre ?

21 R. Oui, c'est moi.

22 Q. C'est le document P02279 en application du 65 ter. Ces derniers jours,

23 est-ce que vous avez eu l'occasion de relire la déposition que vous avez

24 faites dans le procès Blagojevic ? Est-ce que ceci vous a été relu dans

25 votre langue ?

26 R. Oui, cela m'a été relu.

27 Q. A votre connaissance, est-ce qu'on vous a relu la totalité de ce que

28 vous aviez dit à l'occasion de procès-là ?

Page 3325

1 R. Oui.

2 Q. Est-ce que vous avez signalé deux erreurs qui s'étaient glissées dans

3 cette déposition antérieure, est-ce que vous me l'avez signalé ?

4 R. Oui.

5 Q. Ceci, mis à part, êtes-vous en mesure de déclarer que les informations

6 contenues dans ce compte rendu d'audience sont le reflet fidèle de ce que

7 vous avez déclaré à l'occasion de ce procès ?

8 R. Oui, effectivement, mis à part ces deux erreurs.

9 Q. Si, aujourd'hui, on vous reposait les mêmes questions, est-ce que vous

10 y répondriez de la même façon ?

11 R. Oui, bien sûr.

12 Q. Je vais maintenant évoquer ces deux erreurs rapidement. Page 1418,

13 lignes 2 et 3, je voudrais que ceci soit au compte rendu d'audience, en

14 anglais, on dit : "Je m'occupais de votre appartement et de celui de votre

15 maman et je l'ai protégé. Vous tuez des innocents." L'erreur signalée c'est

16 que : "Je m'occupais de votre mère, Stana, et de vous, et je l'ai

17 protégée." Parce qu'en bosniaque, le mot utilisé pour dire "appartement"

18 c'est Stane, quelquefois "Stana" suivant le cas. C'est de là que vient

19 l'erreur commise par l'interprète.

20 Deuxième erreur, page 1423, le témoin parlait alors de l'endroit où il

21 était parti après l'exécution. Je pense que je vais lui poser la question

22 pour éclaircir ceci après que j'aurais lu la synthèse de sa déposition.

23 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, cela veut dire que vous commencez

24 ce résumé sans plus tarder.

25 M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui.

26 Pouvons-nous passer à huis clos partiel juste pour le début, pour les

27 quelques lignes du début.

28 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, faisons-le.

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1 [Audience à huis clos partiel]

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9 [Audience publique]

10 M. McCLOSKEY : [interprétation]

11 Q. Après l'occupation de Cerska et de Konjevic Polje, sa famille est allée

12 dans la zone autour de Srebrenica.

13 "A partir du début du mois de juillet, il y a eu des pilonnages

14 quotidiens et vers le 11 juillet, le témoin, son père, sa mère, et trois

15 sœurs à lui ont décidé qu'ils devaient quitter leur maison. Ils ont partis

16 ensemble pour aller au village de Suceska où ils se sont séparés. Le témoin

17 et son père ont traversé les bois pour aller au village de Jaglici. Quant à

18 sa mère et à ses sœurs, elles sont allées vers la base des Nations Unies à

19 Potocari.

20 "Le témoin a décidé de partir avec son père parce que, et je

21 cite : 'Je n'étais pas sûr que la FORPRONU allait nous protéger, en tout

22 cas, pas les hommes, vu tout ce qu'on avait vécu pendant la guerre et

23 sachant ce que l'armée serbe avait fait'." Ceci se trouve à la page 1 381,

24 lignes 20 à 22.

25 "Le 11 juillet, dans l'après-midi, il y avait de dix à 15 0000 personnes,

26 surtout des hommes, y compris des hommes jeunes et quelques femmes et des

27 enfants dans le secteur. La colonne de personnes qui a été organisée avant

28 que la nuit tombe mais lui a été séparé de son père dans la multitude. Le

Page 3327

1 témoin n'a plus revu son père depuis. Les soldats étaient à l'avant de la

2 colonne alors que la plupart des civils étaient à l'arrière avec un groupe

3 de soldats armés qui sont restés sur place, lui, il est parti avec la

4 colonne le matin.

5 "Alors que la colonne a progressé le 12, elle a subi des pilonnages

6 pendant toute la journée. Il y a eu de plus en plus de blessés qui

7 appelaient à l'aide mais qui ont été abandonnés dans les bois. Dans la nuit

8 du 12 au 13, on a également tiré sur ces personnes. Le matin du 13, le

9 témoin a remarqué cinq ou six personnes autour de lui, les personnes qui

10 avaient été tuées. Il y en avait beaucoup dans ce groupe qui étaient

11 désorientés et effrayés. Le témoin estime qu'il a vu de 300 à 500 personnes

12 mortes dans les bois ce jour-là.

13 "Vers 10 heures du matin, les soldats serbes se sont servis de

14 haut-parleur pour dire aux Musulmans de se rendre et les menaçaient de les

15 pilonner s'ils ne le faisaient pas. Les soldats serbes ont dit que ces

16 personnes seraient traitées dans le respect des conventions de Genève. Le

17 témoin a suivi les gens qui traversaient les bois et les gens ont commencé

18 à se rendre. Le témoin est sorti sur la route goudronnée et il a vu cinq ou

19 six soldats qui ont dit aux gens de se rendre et de donner leurs sacs, l'or

20 qu'ils avaient, les deutsche marks. Ils insistaient surtout sur l'argent.

21 On lui a dit de déposer son sac avec ses effets personnels tout près d'un

22 char le long de la route asphaltée.

23 "Avant le moment où tout le monde est sorti des bois les soldats

24 serbes se sont bien comportés mais une fois que tout le monde s'était rendu

25 les soldats serbes ont commencé à maltraiter les gens. Ils ont commencé à

26 les insulter en disant : 'Encule ta mère, Balija' et on demandé de

27 l'argent. Le témoin a vu une autre arme blindée avec une mitrailleuse

28 embarquée où il était écrit : 'Reine de la mort' en cyrillique. Le groupe

Page 3328

1 de Musulmans avec lequel il était a été forcé de prendre la route vers un

2 pré près du village de Sandici où il y avait un char. Alors qu'il se

3 dirigeait vers le pré le témoin a vu un cadavre revêtu de vêtements civils

4 et il a vu des cars avec des femmes et des enfants musulmans qui allaient

5 vers Konjevic Polje.

6 "Le témoin estime qu'il y avait environ 2 000 Musulmans dans ce pré. Vers 5

7 heures de l'après-midi un soldat dans le pré a dit à tout le monde qu'ils

8 allaient être emmenés des hangars à Bratunac pour faire l'objet d'un

9 échange. Les Serbes ont ajouté que tous ceux qui étaient nés en 1980 ou

10 après cette année étaient autorisés à partir. Trois jeunes hommes se sont

11 levés et ont pu partir. D'autres qui se sont levés ont levé la main n'ont

12 pas reçu cette autorisation. Le témoin était avec son oncle qui lui a dit

13 de lever la main, mais il n'a pas osé le faire parce que le soldat avait

14 dit à l'enfant précédent qu'il ne pouvait partir. L'oncle du témoin n'a pas

15 survécu.

16 "Le témoin et d'autres ont reçu l'ordre de se coucher face contre terre les

17 mains dans la nuque. Après trois heures environ, plusieurs grands camions

18 sont arrivés et les personnes ont été embarquées. Il a reçu l'ordre de

19 monter dans le dernier camion. Il y avait une bâche et il faisait très

20 chaud à l'intérieur et le camion était rempli. Il était impossible de

21 s'asseoir. Le camion est parti vers Bratunac et il est resté garé là

22 pendant la nuit. Le témoin et les autres ont dû rester dans ce camion.

23 C'était insupportable. Le témoin ne pouvait plus rien sentir, tout son

24 corps était endolori, ankylosé. Ils ont demandé à avoir de l'eau, mais on

25 leur a dit de se taire et ils nous ont fait l'objet de collibé [phon].

26 "Le lendemain matin, le camion est parti avec d'autres camions. Les gens

27 qui se trouvaient dans son camion dit qu'ils ont vu un VTT de la FORPRONU

28 mais lui ne les a pas vus. A l'extérieur de Bratunac, les camions se sont

Page 3329

1 arrêtés et les gens qui s'y trouvaient dans son camion à lui ont reçu un

2 peu d'eau. Ils ont attendu là deux heures jusqu'à 10 heures du matin, ou un

3 peu plus tard. Mais ils sont partis après vers Konjevic Polje et puis vers

4 Zvornik. Les camions ont traversé Zvornik et Karakaj et puis ont tourné à

5 gauche vers une école où il y avait un terrain jeu en béton. Le témoin et

6 les autres qui se trouvaient dans le camion ont dû rester dans ce camion

7 environ une heure. Les conditions étaient insupportables. Les gens criaient

8 pour avoir de l'eau et il y a même un homme qui a bu sa propre urine.

9 "Lorsque le témoin a pu sortir du camion avec les autres, il a dû aller

10 vers le bâtiment et les soldats faisaient une double haie ils ont frappé

11 les gens lorsque ceux-ci sont passés en les insultant. A l'intérieur du

12 bâtiment, ce groupe a franchi quelques escaliers. Alors qu'ils montaient

13 les escaliers, un soldat a dit : 'Cette terre à qui elle appartient, c'est

14 une terre serbe et elle le sera à tout jamais.' Le groupe qui passait a dû

15 répéter ces mots. Au sommet des escaliers -- en haut des escaliers, ils ont

16 tournée gauche dans un couloir et ils sont descendus -- ils ont parcouru ce

17 couloir pour aller vers une des classes. Il y avait quatre ou cinq classes

18 dans ce couloir et on entendait le bruit que faisaient les gens à

19 l'intérieur de ces autres classes.

20 "Les conditions qui prévalaient dans les classes étaient très mauvaises.

21 Les gens qui s'y trouvaient n'avaient pas le droit d'aller aux toilettes et

22 presque tout le monde était trempé dans sa propre urine. On leur a donné

23 très peu d'eau et tout le monde avait très soif. Il faisait chaud et il

24 était difficile de respirer dans cette classe et lorsque quelqu'un a essayé

25 d'ouvrir une fenêtre on a entendu des coups de feu et qui ont fait éclater

26 les fenêtres, et blessés cinq ou six hommes. Ce groupe faisait beaucoup de

27 bruit et les soldats qui les surveillaient leur a dit de se taire parce

28 que, sinon, ils allaient tuer deux jeunes hommes qui s'y trouvaient. Un

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1 soldat est venu dans la classe et a demandé s'il y avait dans ce groupe des

2 gens de Cerska, de Konjevic Polje, de Glogova, de Osmace ou d'autres

3 villages. Certains ont levé la main et on les a fait sortir et on a entendu

4 le bruit de passage à tabac. Ces hommes ne sont jamais revenus dans la

5 classe.

6 "A la tombée de la nuit, le témoin a entendu des soldats dire à des gens

7 qui se trouvaient dans d'autres classes de sortir, deux ou trois à la fois.

8 On a entendu des coupes de feu qui ont fait vibrer tout le couloir. Vers

9 minuit, quelqu'un a dit que ceux qui se trouvaient dans sa classe -- dans

10 cette pièce allaient être interrogés et on a aussi mentionné qu'ils

11 allaient être échangés.

12 "Le témoin a dit, là, je cite : 'Avant cela, les gens parlaient entre eux

13 et c'était clair nous avions compris qu'ils tuaient des gens qui se

14 trouvaient dans les autres classes, et qu'il serait préférable que nous

15 sortions tous en courant en même temps. Parce qu'ils ne pourraient pas tuer

16 tout le monde. Parce que nous étions beaucoup plus qu'eux, beaucoup plus

17 nombreux, même si ces soldats avaient des armes. Beaucoup de gens ont

18 refusé de le faire. Ils ont dit peut-être qu'on va survivre, qu'on va s'en

19 tirer. Il ne faut pas partir. Personne ne voulait mourir'." Ceci se trouve

20 à la page 1 408, lignes 21 à 25 et 1 409, lignes 1 à 2.

21 "On a fait sortir le témoin et les autres personnes de la classe ces

22 personnes ont reçu l'ordre d'enlever leurs chemises et leurs chaussures. On

23 leur a ligoté les mains dans le dos et on les a placés dans une place

24 sombre, jusqu'au moment où tout le monde a été ligoté. Puis, on les a fait

25 descendre les escaliers pour sortir. Le témoin a senti qu'il y avait des

26 choses qui collaient à ses pieds, alors qu'il marchait à travers des corps

27 de personnes qui avaient tué devant l'école. Il a été placé avec d'autres

28 dans un camion. Des gens ont commencé à crier. On a entendu des coups de

Page 3331

1 feu. Des gens sont tombés les uns sur les autres. Le camion a parcouru un

2 certain trajet pendant dix minutes, d'abord sur une route goudronnée, puis

3 sur une route macadamisée, ce qui a fait que le camion tremblait beaucoup.

4 Le camion s'est arrêté, le témoin a entendu des rafales près du camion. On

5 a fait sortir les gens cinq par cinq. Un homme a essayé de s'enfuir et on a

6 entendu des coups de feu, alors qu'il partait en courant. Après cela, un

7 Musulman a commencé à crier ceci : 'Je me suis occupé de ta mère, Stana, et

8 maintenant, tu tues des innocents'.

9 "Lorsque le tour du témoin est arrivé, il est descendu en sautant du camion

10 et on lui a dit de trouver un lieu -- un endroit parmi des rangées de

11 cadavres. Il a trouvé un endroit où il s'est tenu de bout jusqu'au moment

12 où on lui a dit de s'allonger. Alors que le témoin est tombé en avant, des

13 tirs ont retenti et il a ressenti une douleur au coude et au flanc droit.

14 Le témoin est resté par terre, sans faire de mouvement, immobile. Les tirs

15 ont poursuivi -- se sont poursuivis autour de lui et il a été touché par

16 quelque chose au pied. Un soldat a dit que tous ceux qui étaient encore

17 chauds recevraient une balle dans la tête. L'homme qui était allongé à côté

18 du témoin a reçu une balle dans la tête, à bout portant. Alors que les gens

19 étaient tués autour de lui, le témoin pensait surtout à ceci. Il ne voulait

20 pas que sa mère sache où il était.

21 "Finalement, les soldats sont partis et le témoin ainsi qu'un autre

22 survivant ont pu défaire leurs liens en s'aidant l'un l'autre et ont quitté

23 cette zone, juste au moment où un autre camion était arrivé. Le témoin et

24 son compagnon ont passé la nuit dans un fossé en béton, pendant que les

25 tueries continuaient. Lorsque le jour est arrivé, à l'aube, ils ont

26 commencé à partir, ils ont découvert qu'il y avait un barrage au-dessus du

27 plateau où il y avait eu ces tueries. Ils ont pu voir une pelleteuse qui

28 amenait les corps le matin.

Page 3332

1 "Le témoin et son compagnon ont erré pendant plusieurs jours et se sont

2 finalement retrouvés en territoire musulman."

3 Je vais maintenant parler de l'erreur. C'est à la fin du résumé, page 1423,

4 ligne 10. Je vais commencer un peu plus haut pour replacer ceci dans son

5 contexte. Il s'agit en fait du lendemain. Le témoin dit : "Lorsque nous

6 sommes montés en haut de la colline, nous avons vu, en fait, que la tuerie

7 continuait. Nous l'avons vu donc, pardon au-dessus du plateau, en regardant

8 vers le barrage. Par la suite, j'ai vu qu'il s'agissait d'un barrage et de

9 l'autre côté du vieux barrage, il y avait un garde avec un fusil et nous ne

10 pouvions aller nulle part. Nous avons dû redescendre vers le canal et

11 passer à travers donc tous ces mors."

12 Q. Monsieur, est-ce que je viens de donner lecture de l'erreur sur

13 laquelle nous avions attiré -- sur laquelle vous aviez attiré notre

14 attention ?

15 R. Vous pouvez répéter, je vous prie ?

16 Q. "Nous ne pouvions aller nulle part et nous avons dû redescendre vers le

17 canal et passer là où il y avait tous ces morts. Nous avons dû, en fait,

18 aller vers une autre colline."

19 R. Lorsque nous sommes allés vers ce fossé, nous avons dû en fait d'abord

20 aller vers une colline pour voir où nous nous trouvions. Lorsque nous

21 sommes revenus, nous n'avons pas marché au-dessus des morts, parce qu'il y

22 avait, en fait, plusieurs niveaux sur le barrage, donc, par lequel nous

23 sommes passés. Nous n'avons pas vu les morts, mais il y avait des cadavres

24 et nous savions, en fait, que nous devions en quelque sorte passer ou

25 contourner cela et partir vers la prairie.

26 Q. Très bien. Alors, dans votre témoignage, je vous ai cité, vous avez dit

27 : "Je n'étais pas sûr que la FORPRONU nous protégerait, en tout cas,

28 probablement pas les hommes. Au vu de l'expérience pendant la guerre et

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1 sachant ce que l'armée serbe avait fait." Est-ce que vous pourriez nous

2 relater votre expérience ou nous relater des incidents qui se sont produits

3 pendant la guerre, incidents auxquels vous faisiez référence dans le cadre

4 de cette déclaration.

5 R. Au début de la guerre, au tout début de la guerre, avant que nous ne

6 quittions nos foyers, nous avons entendu que l'armée serbe avait commis des

7 crimes graves dans les villages de Bratunac, de Glogova. Nous avions

8 entendu que, à l'école, que des gens avaient été détenus dans le stade de

9 Bratunac et mon oncle vivait à Bratunac, donc nous étions préoccupés à son

10 sujet. Nous avons entendu dire qu'ils avaient commencé à expulser des gens

11 et à les détenir à Vlasenica ainsi que dans d'autres villages. Il y a un

12 autre village qui se trouve à une quinzaine de kilomètres de Vlasenica et

13 là, les Serbes avaient tué 100 personnes. Ils avaient -- ils les avaient

14 tout simplement convoqués, mais j'ai entendu cela de personnes qui avaient

15 survécus et qui sont arrivées par la suite. Ils les ont tout simplement

16 convoqués, comme s'ils avaient quelque chose à leur dire et puis ils les

17 ont tués. Cela donc a changé notre opinion. Nous ne pouvions plus avoir

18 confiance en l'armée serbe.

19 Deuxièmement, lorsque j'étais encore à l'école à Kasaba, les soldats

20 serbes -- ou plutôt, les réservistes qui étaient en route vers la Croatie

21 passaient par là et tiraient sur des maisons musulmanes. Ils ont tué une

22 centaine de personnes à Glogova et cela a véritablement modifié et changé,

23 en fait, notre avis. Les gens n'avaient plus confiance dans les Serbes. Ils

24 ont commencé, en fait, à s'enfuir vers les bois. Puis, plus tard, il y a

25 eu, en fait -- cela d'ailleurs a eu une incidence lorsque nous nous sommes

26 échappés vers Cerska et plus tard, lorsque nous sommes allés à Srebrenica.

27 Il a fallu que nous prenions une décision, que je prenne une décision afin

28 de voir s'il fallait aller à Potocari ou passer par les bois. Je n'ai pas

Page 3334

1 pu le faire au vu de tout ce vécu, de toutes ces expériences qui ont été

2 relatées. Il faut savoir que certains de mes voisins avaient séjourné dans

3 ces villages. Ils ne sont plus ici, maintenant. En 1992 et en 1993, je ne

4 pouvais plus leur faire confiance. Donc, j'ai décidé de passer à travers

5 les bois, à cause de ces expériences et des expériences avec la FORPRONU,

6 parce qu'en fait, la FORPRONU, elle faisait plus ou moins ce que les Serbes

7 lui demandaient de faire.

8 Q. Merci. Très brièvement, est-ce que vous pourriez nous expliquer, en

9 fait, comment vous avez été aidé ? C'est un de vos compagnons qui vous a

10 aidé dans ces champs de la mort ? Bien sûr, ne donnez pas le nom de cette

11 personne, mais dites-nous rapidement ce qu'il a fait, ce que cet homme a

12 fait pour vous faire sortir de là et comment cela s'est passé. Mais

13 brièvement.

14 R. Je n'ai jamais cru que je survivrais. J'étais blessé et j'avais mal, je

15 souffrais physiquement, énormément. Un petit moment je vous prie. J'étais

16 vraiment très gravement blessé. J'attendais tout simplement que la mort

17 arrive. Je n'ai même pas pensé que je pourrais m'échapper ou que je

18 pourrais aller quelque part. Pendant que j'étais allongé et je souffrais

19 comme cela, j'ai vu un homme qui se déplaçait parmi les morts ou qui

20 bougeait. En fait, je lui ai demandé s'il était vivant. Il m'a dit oui et

21 il m'a demandé de le détacher et je n'ai pas pu. Cela a duré pendant des

22 heures. Il ne pouvait pas bouger. Donc, en fait, j'ai roulé vers lui pour

23 me rapprocher de lui. Donc, je roulais une fois, puis ensuite j'attendais

24 une demi-heure et il n'a pas eu besoin de moi pour défaire ses liens. Il

25 avait déjà -- donc, c'était déjà détaché, le soldat qui lui avait attaché

26 les mains, lié les mains, ne l'avait pas fait très bien.

27 Nous avons vu un véhicule qui approchait un camion, peut-être ou un

28 tracteur. On entendait en fait ce bruit, on entendait donc ce véhicule se

Page 3335

1 rapprocher. C'était déjà la nuit, en fait, il a réussi à se lever et à

2 partir alors que j'étais encore attaché et je me suis dit -- en fait, j'ai

3 commencé à ramper au-dessus des morts et, ensuite, je me suis -- j'ai

4 descendu, en fait, dans le fossé en question.

5 Entre-temps, il y a un camion qui est arrivé, cette personne avait un

6 t-shirt, et donc avec son t-shirt il a pansé mes blessures, nous ne nous

7 connaissions pas d'ailleurs. Bon, tout ce que je me souviens en fait c'est

8 qu'il m'a dit : "Bon, maintenant il fait jour, il faut partir." Nous avons

9 ainsi erré pendant des journées entières, pendant des journées. Nous ne

10 pensions pas en fait que nous pourrions passer de l'autre côté, et lui

11 était en mesure de marcher. Tout simplement, nous avons survécu d'un jour à

12 l'autre jusqu'au moment où nous nous trouvions près d'une ligne, près d'un

13 soldat. Donc, en fait, lui s'est déplacé de dix mètres, il écartait l'herbe

14 devant lui. Je rampais et, en fait, il y avait -- parfois je voulais

15 abandonner, donc, il revenait près de moi, il me suppliais, il me disait :

16 "Non, je ne peux pas, je ne peux pas. Si tu me laisses --" Puis -- non,

17 c'est moi qui lui ai dit, en fait : "Je ne peux plus, je ne peux plus.

18 Donc, si tu veux, laisse-moi."

19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey, peut-être que nous

20 pourrions avoir une petite pause. Vous voulez vous arrêter, Monsieur,

21 pendant un petit moment ?

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, ce n'est pas la peine. Accordez-moi juste

23 un petit moment, je vous prie, ce n'est pas la peine que je sorte.

24 Accordez-moi juste un petit moment.

25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, oui, bien sûr.

26 LE TÉMOIN : [interprétation] Il était vraiment très tenace, il était --

27 c'est lui qui me suppliait : "Il faut que tu continues, il faut que tu

28 continues." Nous ne savions pas où aller, nous errions de village en

Page 3336

1 village, de village serbe en village serbe. Nous dormions parfois, j'avais

2 très, très froid, j'étais à moitié déshabillé, en fait, j'avais les --

3 j'étais pied nu. Si nous passions par un cimetière ou par un autre endroit,

4 prenait, par exemple, un vêtement qui se trouvait sur la croix et puis il

5 me le donnait pour que je puisse le porter. Donc, j'étais épuisé, affamé,

6 bon, il m'a porté pendant -- de temps à autre. Puis, après quatre jours

7 d'errance, nous sommes tout à fait fortuitement d'ailleurs arrivés dans un

8 village musulman. Il est le seul à savoir à quel point j'ai souffert, et je

9 ne souhaite cela a personne. J'aurais préféré mourir mille fois, c'est ce

10 que j'ai souhaité d'ailleurs. J'aurais préféré que les soldats me tuent,

11 mais en fait lui il a, de façon très tenace, je lui disais fait : "Tu peux

12 partir, laisse-moi." Mais, de façon très tenace, il s'est occupé de moi et

13 puis, finalement, nous avons réussi à passer de l'autre côté.

14 M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce que nous pouvons passer à huis clos

15 partiel un petit moment, je vous prie ?

16 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons passer à huis clos partiel,

17 et nous sommes maintenant à huis clos partiel, Monsieur McCloskey.

18 [Audience à huis clos partiel]

19 (expurgé)

20 (expurgé)

21 (expurgé)

22 (expurgé)

23 (expurgé)

24 (expurgé)

25 (expurgé)

26 (expurgé)

27 (expurgé)

28 (expurgé)

Page 3337

1 (expurgé)

2 (expurgé)

3 [Audience publique]

4 M. McCLOSKEY : [interprétation]

5 Q. Je souhaiterais que nous voyions certaines photos. Je vais vous

6 demander d'identifier ces photos si vous le pouvez. Je sais que ce sont des

7 photos qui vous ont été montrées souvent au fil des ans, mais j'aimerais

8 que l'on commence par la photo 65 ter 1729. Est-ce que vous reconnaissez

9 ce qui se trouve sur cette photo ?

10 R. Oui, oui. Je reconnais cette photo.

11 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire brièvement de quoi il s'agit ?

12 R. C'est -- il s'agit de l'entrée devant l'école. C'est là qu'on nous y a

13 conduit dans le camion. Nous venions de Bratunac et l'école est près de

14 Zvornik. C'est là que nous sommes descendus du camion, c'est l'école où

15 nous avons -- où nous sommes restés avant qu'ils ne nous amènent au lieu

16 d'exécution. Cela c'est l'entrée où il y a eu tous ces passages à tabac ou

17 tous ces sévisses. C'est là probablement que ces sont passées les tueries

18 lorsque nous étions dans la salle de classe. Par la suite j'ai vu des piles

19 et des piles de cadavres, mais je marchais la tête baissée, je ne pensais à

20 rien puisque je pensais que ma dernière heure était arrivée. Mais il s'agit

21 de l'école.

22 Q. Très bien. Nous allons voir le cliché suivant, il s'agit toujours d'un

23 document 65 ter 1730. De quoi s'agit-il ?

24 R. Il s'agit de l'intérieur de l'école, voilà les escaliers que nous avons

25 empruntés, c'est là où nous avons été détenus. Nous nous étions au premier

26 étage et vous pouvez voir d'ailleurs une partie de ce premier étage, vous

27 pouvez voir la porte derrière laquelle nous étions détenus.

28 Q. Nous allons passer au cliché suivant, 1731 toujours un document 65 ter.

Page 3338

1 De quoi s'agit-il ?

2 R. Il s'agit de l'étage, toujours dans l'école, l'étage où nous étions

3 détenus. Voilà, il s'agit des salles de classe. Je me trouvais dans

4 l'avant-dernière salle de classe ou la dernière. Je n'en plus sûr, mais

5 c'était l'une ou l'autre. Donc, là, il s'agit du couloir où nous avons été

6 emmené par la suite et attaché, lorsque nous avons été attaché et lorsque

7 nos vêtements ont été enlevés.

8 Q. Lorsque vous parlez de la dernière salle de classe, vous parlez de

9 celle que l'on voit au fond de la photographie ?

10 R. Oui, oui. C'est la porte qui se trouve plus loin. Peut-être que vous --

11 on ne la voit pas d'ailleurs sur cette photographie.

12 Q. Nous allons passer à la photographie suivante, toujours le document 65

13 ter 1737. Que voyons-nous sur cette photographie ?

14 R. Il s'agit de l'endroit où on nous a amené -- ou emmené avec les

15 camions. C'est là qu'on eu lieu les assassinats, là où vous voyez des gens

16 début, c'est là où se trouvait le camion et c'est là où les assassinats ont

17 eu lieu. Donc, nous, nous nous sommes enfui vers les bois en fait, vers les

18 bois que vous voyez sur la photographie. Puis, ensuite, le lendemain après

19 l'exécution nous étions là toujours et nous voyions donc un garde qui se

20 promenait le long -- enfin, de long en large le long du barrage avec un

21 fusil. Nous étions en train d'essayer de voir où nous pouvions aller et, en

22 fait, c'est mon ami qui regardait pour voir où nous pouvions aller, j'étais

23 tout simplement allongé parterre.

24 Q. Très bien, nous allons passer au cliché suivant, toujours document 65

25 ter, la pièce 1739, je vous prie. De quoi s'agit-il ?

26 R. Il s'agit du fossé, mais du fossé en béton en fait. C'est là que j'ai

27 rampé vers ce fossé après que mon ami s'est levé et parti, c'est là que

28 nous nous sommes dissimulés. Après cela, en fait, à partir de cet endroit,

Page 3339

1 nous sommes allés vers les bois.

2 Q. Bien. Nous allons prendre la pièce 1738 [comme interprété], le document

3 65 ter. Il s'agit, en fait, de quelques photographies montrant des

4 blessures. Est-ce qu'il s'agit d'une blessure qui a été infligée à votre

5 pied pendant les exécutions ?

6 R. Oui. Il s'agit, en fait, de la blessure que j'avais au niveau de la

7 plante des pieds. J'étais donc allongé par terre et ils ont tiré vers les

8 lignes qui se trouvaient derrière moi et c'est ainsi que j'ai été donc

9 touché, au niveau du pied, alors que j'étais allongé par terre. Il s'agit

10 probablement de munitions de fragmentation. J'ai encore quelques fragments

11 de métal au niveau de la plante du pied. Elles n'ont pas encore été

12 entièrement -- ou elles n'étaient pas entièrement -- elles n'avaient pas

13 été extraites à cette époque-là. Cette photographie a été prise deux ou

14 trois mois après que j'aie été blessé. En fait, je ne sais pas quand est-ce

15 que la photographie a été prise. Je n'en suis pas sûr.

16 Q. Nous allons passer à la pièce 1910, document 65 ter. De quoi s'agit-

17 il ?

18 R. C'est les blessures que j'avais au niveau du flanc droit, ainsi qu'au

19 niveau du bras du coude. J'ai été donc touché par des balles. Peut-être que

20 ce n'est pas très visible, qu'on ne peut pas discerner très bien, mais

21 c'est une photographie qui a été prise quelques mois après que j'aie été

22 blessé. Là encore, il s'agit probablement de balles de fragmentation, parce

23 qu'il y a encore d'autres endroits dans mon organisme où j'ai encore des

24 fragments. J'ai, par exemple, des fragments au niveau de l'estomac et au

25 niveau du bras. Cela à la suite donc de ces balles.

26 Q. Je vous remercie. Je n'ai plus de questions à vous poser.

27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un petit moment, je vous prie. Un petit

28 moment. Ces deux photos, 1908 et 1909, qui ont également une cote ERN, est-

Page 3340

1 ce qu'il s'agit de photos qui appartiennent au domaine public ? En d'autres

2 termes, si quelqu'un souhaite consulter ou regarder en tout cas ces deux

3 photographies, je ne sais pas. Est-ce qu'elles sont accompagnées d'un

4 descriptif, ces photographies ? Est-ce que l'on indique de qui il s'agit ?

5 Est-ce que quelqu'un pourrait éclairer ma lanterne à ce sujet ?

6 M. McCLOSKEY : [interprétation] Elles font partie, en fait, du jeu de

7 photos Srebrenica, pour ce qui est du système de communication

8 électronique.

9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, mais il n'y a pas de descriptif

10 qui accompagne ces photographies ?

11 M. McCLOSKEY : [interprétation] Je ne pense pas. Je ne le pense pas. Pas là

12 où elles sont stockées. Je pense que nos conseils les ont, mais personne

13 d'autre.

14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Si tel est le cas, il n'y a

15 pas de problème.

16 [La Chambre de première instance et la Greffière se concertent]

17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] De toute façon, on me dit que ces

18 photos n'ont pas été diffusées.

19 Maître Meek.

20 M. MEEK : [interprétation] Je ne sais pas s'il y a une erreur au compte

21 rendu d'audience.

22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Moi non plus, je ne sais pas.

23 M. MEEK : [interprétation] M. McCloskey a fait référence à deux

24 photographies, 1908, 1910, document 65 ter, alors que vous avez fait état

25 de deux photos, 1908 et 1909.

26 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que M. McCloskey a raison. La

27 pièce 1909 est également une photographie des blessures infligées au niveau

28 de l'épaule, donc là, je suppose, en fait, qu'il s'agit en l'occurrence de

Page 3341

1 la pièce 1910. Je n'ai pas vérifié, mais je suppose que M. McCloskey savait

2 ce qu'il faisait.

3 M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, pour une fois, oui je savais ce que je

4 faisais, Monsieur le Président.

5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Voilà. C'est pour cela que je n'ai pas

6 vérifié parce que j'avais bien fait impression.

7 Alors, maintenant, nous allons entamer le contre-interrogatoire.

8 J'aimerais savoir qui va être le premier ? Maître Zivanovic ?

9 M. ZIVANOVIC : [interprétation] Nous n'allons pas poser de questions à ce

10 témoin.

11 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Me Zivanovic est le conseil principal

12 qui assure la Défense de l'accusé Popovic et il a décidé de ne pas vous

13 poser de questions pour le contre-interrogatoire.

14 Qui d'autre doit s'exprimer ? Me Meek, qui représente le colonel

15 Beara en l'espèce et qui va procéder au contre-interrogatoire.

16 Contre-interrogatoire par M. Meek :

17 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur.

18 R. Bonjour.

19 Q. J'ai quelques questions à vous poser. Vous avez déjà témoigné, nous le

20 savons et vous avez fait plusieurs déclarations; est-ce exact ?

21 R. Oui.

22 Q. Dans l'une des déclarations que vous avez faite, ou dans plusieurs de

23 ces déclarations, vous faites référence à des embuscades au moment où la

24 colonne partait de Susnjari pour aller vers le territoire libre; vous vous

25 en souvenez de cela ?

26 R. Oui.

27 M. MEEK : [interprétation] Je m'excuse, Monsieur le Président. Vous savez,

28 le fil de l'écouteur n'est pas assez long pour moi, donc, je ferai de mon

Page 3342

1 mieux.

2 Q. Mais, Monsieur, le fait est que vous décrivez la colonne qui se

3 déplaçait de Susnjari, qui allait vers le territoire libre donc, et vous

4 avez dit qu'il y avait des membres dans cette colonne qui se sont suicidés,

5 d'autres qui se querellaient, qui se tiraient dessous et qui ont même -- il

6 y en a qui se sont même entretués; est-ce exact ?

7 R. Non, non. Non, non. Cela n'est pas entièrement exact. C'est exact, mais

8 je vais expliquer ce qui est exact. Dans la déclaration, tout est exact.

9 Certes, des personnes se sont querellées, il y a eu des personnes qui se

10 sont entretuées. Il y en a qui se sont suicidées. Je ne sais pas dans

11 quelle mesure d'ailleurs. Mais, en fait, la situation a été si pénible et

12 si insupportable, qu'ils ne pouvaient pas supporter cette situation, ce qui

13 explique ces suicides. Il y a beaucoup de personnes qui avaient

14 véritablement perd la tête, d'autres qui ne voulaient pas se rendre est ce

15 qui explique ces suicides. La situation était si insupportable que l'on

16 peut comprendre cela. Lorsque vous dites qu'ils entretuaient, bien, je

17 dirais -- bien, il y a une phrase qui dit : "Ils ont commencé à se

18 quereller et à s'entretuer. On pourrait interpréter cela de façon

19 différente. On pourrait comprendre -- en fait, ils se tuaient eux-mêmes.

20 Ils se suicidaient. Ils ne s'entretuaient pas. Je pense que c'est une

21 situation suffisante, une explication suffisante.

22 Q. J'aimerais vous poser une autre question. Je comprends ce que vous

23 dites, mais est-ce que vous pourriez nous indiquer le nombre -- quel est le

24 nombre de personnes dans cette colonne qui est -- quel nombre de personnes

25 qui sont mortes, soit en se suicidant, soit en étant tué par un compagnon

26 musulman qui se trouvait dans cette colonne ?

27 R. Je ne comprends pas votre question. Je n'ai pas très bien compris votre

28 question. Est-ce que vous pourriez peut-être développer un peu, étoffer

Page 3343

1 votre propos ?

2 Q. Oui, oui. Tout à fait. Vous venez juste de nous dire que, lorsque la

3 colonne s'est déplacée vers le territoire libre, vous avez donc assisté à

4 des suicides de la part de certaines personnes qui se trouvaient dans la

5 colonne ?

6 R. Oui.

7 Q. Vous avez également indiqué qu'il y avait des personnes -- du fait de

8 cette situation qui est absolument intolérable et insupportable, il y avait

9 certains qui voulaient se rendre, d'autres qui ne voulaient pas se rendre.

10 Vous avez dit que certains ont tiré vers d'autres; est-ce que cela est

11 exact ? Ils ont tiré sur d'autres; est-ce que cela est exact ?

12 R. Est-ce que vous pourriez me donner lecture de ces phrases dans ma

13 déclaration, si elles sont là ?

14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, oui, oui. Le témoin insiste. Si

15 vous insistez --

16 M. MEEK : [interprétation] Je peux insister, Monsieur le Président, mais il

17 a déjà indiqué et je peux vous donner référence de son témoignage. Si vous

18 m'accordez une petite seconde.

19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Je voulais tout simplement

20 faciliter la situation, Maître Meek.

21 M. MEEK : [interprétation] Il s'agit de la déclaration du

22 19 juillet 1995, et je cite : "Je suis resté dans les bois avec les autres

23 pendant une journée et une nuit. Les Chetniks ne cessaient de pilonner cet

24 endroit avec des Praga et d'autres armes." Ensuite, vous dites, je vous

25 cite : "Ce jour-là, les gens ont commencé à se quereller et à s'entretuer.

26 Certains voulaient se rendre et d'autres non."

27 Q. Vous souvenez-vous de cette déclaration ?

28 R. On peut lire "ils se tuaient les uns les autres."

Page 3344

1 Q. C'est mot pour mot ce qu'il y a dans la traduction anglais. Je peux

2 demander à mon collègue qui connaît très bien le B/C/S de regarder la

3 version B/C/S.

4 R. Oui, vous pouvez le faire. Vous avez parlé de Musulmans qui

5 s'entretuaient, et je ne me souviens pas avoir évoqué le terme de

6 "Musulman" dans ma déclaration.

7 Q. Oui, c'est exact, vous n'avez pas cité ce terme-là. Je vous dis

8 simplement que dans votre déclaration du 19 juillet, vous parliez en tout

9 cas de ce qui est arrivé dans la colonne qui allait de Susnjari à Tuzla.

10 R. Oui, je comprends bien ce que vous me dites, mais je vous demande de

11 bien vouloir me relire la phrase en question telle que je l'ai dite,

12 littéralement. Vous n'avez pas besoin de me fournir d'explication. Relisez-

13 moi simplement cette phrase. Ou peut-être que vous pourriez me donner cette

14 phrase à lire, simplement cette phrase.

15 Q. Pardonnez-moi.

16 M. MEEK : [interprétation] Je demande aux Juges de la Chambre de permettre

17 à mon confrère, M. Mrkic de lire cette phrase en B/C/S et de la traduire et

18 de montrer cette phrase au témoin.

19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ecoutez, montrez cette phrase au

20 témoin.

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, peut-être pas simplement la phrase en

22 question, mais plusieurs phrases, le passage en question, les phrases qui

23 précèdent.

24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que cela se retrouve dans la

25 déclaration ?

26 M. MEEK : [interprétation] Mon exemplaire a été surligné.

27 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ecoutez, plaçons ceci sur le

28 rétroprojecteur pour que chacun puisse le lire, si cela comporte le nom du

Page 3345

1 témoin, à ce moment-là, il faudrait que nous passions pendant quelques

2 instants à huis clos partiel ou de nous assurer que ceci ne puisse pas être

3 diffusé.

4 LE TÉMOIN : [interprétation] Cela n'est pas très lisible, mais je vais

5 faire de mon mieux.

6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Non, ce que nous avons sur le

7 rétroprojecteur --

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que je peux commencer à lire ?

9 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y.

10 LE TÉMOIN : [interprétation] "Ce jour-là, les gens se sont mis à se

11 quereller et à s'entretuer." Ceci peut sembler ambiguë mais je suis ici

12 pour expliquer certaines choses. Je n'ai pas vu des gens s'entretuer j'ai

13 vu des gens se suicider à l'aide de grenade à main. Peut-être que des

14 personnes ont été blessées. Mais je n'ai pas vu quelqu'un tuer quelqu'un

15 d'autre, et on ne dit pas ici que les gens se sont entretués.

16 M. MEEK : [interprétation]

17 Q. Monsieur, je vous demande de bien vouloir lire le passage suivant à

18 haute voix de façon à ce que les interprètes puissent traduire ceci vers

19 l'anglais.

20 R. "Ce jour-là, les gens ont commencé à se quereller et à s'entretuer.

21 Certains souhaitaient se rendre, d'autres non. A un moment donné, une

22 colonne est partie en direction du village de Sandici et j'ai moi-même

23 rejoint cette colonne accompagné de mon oncles."

24 Q. Merci.

25 R. Vous souhaitez que je poursuive ma lecture ?

26 Q. Vous avez lu ceci à voix haute dans votre langue, donc en B/C/S, et

27 votre déclaration, n'est-ce pas ?

28 R. Oui, c'est exact.

Page 3346

1 Q. En anglais, nous avons entendu que : "Ce jour-là, les gens se sont mis

2 à se quereller et à s'entretuer."

3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois qu'il a déjà expliqué cela.

4 M. MEEK : [interprétation] D'accord. Merci, Madame, Messieurs les Juges.

5 Q. Vous dites qu'ils ne sont pas entretués mais qu'ils se sont suicidés,

6 c'est cela que vous voulez dire, c'est ce que vous venez de dire --

7 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois qu'il l'a déjà dit et je crois

8 qu'il est inutile de nous étendre là-dessus. Il a dit simplement qu'il a vu

9 des personnes qui se sont suicidées à l'aide de grenade à main, et peut-

10 être qu'en raison de cela, certaines personnes ont été blessées ou peut-

11 être tuées, mais qu'il n'a vu personne tuer quelque d'autre.

12 M. MEEK : [interprétation] D'accord, je ne vais pas insister là-dessus.

13 Q. Monsieur, combien de gens sont morts de cette façon au cours de ces

14 journées-là ?

15 R. De cette manière-là ? Qu'est-ce que vous entendez par là ? Vous voulez

16 parler de personnes qui se sont suicidées ? Ou -- la façon dont vous

17 souhaitiez que j'exprime, vous voulez dire se sont entretués ? Qu'est-ce

18 que vous entendez : "De cette manière" ? A l'aide de grenade à main.

19 Qu'est-ce que vous voulez dire ?

20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ecoutez, je propose ceci, à moins que

21 vous ne souhaitiez entrer en collision avec certains membres de l'équipe de

22 la Défense, je vous demande de bien vouloir faire preuve de coopération. Me

23 Meek a tous les droits, il peut vous poser des questions, et vous avez

24 conformément à la déclaration solennelle que vous avez faite un peu plus

25 tôt, vous avez l'obligation sur un plan juridique et sur un plan moral de

26 répondre à ses questions. N'essayez pas ici d'avoir un argument avec Me

27 Meek, ou tout autre personne qui va vous poser des questions.

28 Si vous voulez établir une distinction entre ceux qui d'une part se sont

Page 3347

1 suicidés et ceux d'autre part qui ont été blessés par les grenades à main

2 utilisées par d'autres alors qu'ils se suicidaient, vous êtes tout à fait

3 en droit de le faire, mais je vous en prie, n'essayez pas d'arguer de

4 quelque chose avec le conseil de la Défense.

5 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non, je ne suis pas en train d'arguer de

6 quelque chose. Je sais simplement de répondre à ses questions. J'ai déjà

7 répondu à ses questions, et je ne souhaite pas me quereller avec lui, j'ai

8 dit simplement que j'avais vu plusieurs personnes qui s'étaient suicidées.

9 Telle est ma réponse…

10 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous avez un chiffre en

11 tête, un chiffre approximatif ? C'est la question que vous pose le conseil

12 de la Défense.

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non, non. Non, je ne serais pas en mesure

14 de vous dire cela.

15 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Meek.

16 M. MEEK : [interprétation] Fort bien. Merci, Monsieur le Président.

17 Q. Bien, Monsieur, je ne suis pas là pour me quereller avec vous bien sûr.

18 Dans les différentes déclarations que vous avez fournie vous avez dit que

19 pendant la colonne allait de Susnjari en direction du territoire libre,

20 qu'il y avait eu des embuscades, c'est exact ?

21 R. Oui, c'est exact.

22 Q. Est-ce que vous pourriez simplement me dire si vous pouvez, comment

23 vous décririez une embuscade ?

24 R. Je ne peux pas vous donner une définition d'une embuscade, mais je peux

25 vous décrire comment les choses se sont passées, vous pourrez tirer vos

26 propres conclusions ou en tout cas arriver avec votre propre définition. Il

27 y avait beaucoup de monde, la colonne était longue, et je me trouvais à la

28 fin de la colonne en présence de personnes qui étaient surtout les civiles,

Page 3348

1 il n'y a pas eu des fusillades, pas de pilonnages. Mais, au moment où nous

2 avons traversé la forêt le pilonnage a commencé. C'était très difficile à

3 supporter car les tirs provenaient de différentes armes, les gens étaient

4 blessés, mais nous ne pouvions pas nous aider les uns les autres. Tout à

5 coup, la colonne s'est arrêtée, elle ne pouvait pas continuer à avancer car

6 il y avait une embuscade devant nous. L'armée serbe avait coupé la colonne

7 et nous ne pouvions pas aller plus loin, et voilà.

8 Q. Très bien. Merci. Nous avons entendu différentes dépositions dans ce

9 prétoire qui ont indiqué qu'il y avait des hommes armés qui ont fait partie

10 de cette colonne. Certaines dépositions ont même indiqué qu'un tiers des

11 hommes portaient des armes. D'une sorte ou d'une autre, que ce soit des

12 fusils de chasse, des armes de poing, des fusils ou des grenades. Nous

13 avons donc entendu des dépositions devant cette chambre en vertu de quoi

14 des hommes armés se trouvaient à l'avant de la colonne et certains hommes

15 armés se trouvaient à l'arrière de la colonne. Etant donné que comme vous

16 venez de nous le dire vous vous trouviez à l'arrière de la colonne, est-ce

17 qu'il y avait des hommes qui faisaient partie de l'armée de l'ABiH qui,

18 soit en vêtements civils ou non, qui portaient des armes ?

19 R. Au moment où nous sommes entrés dans la forêt, dans la partie de la

20 colonne dans laquelle je me trouvais c'était une colonne très, très longue,

21 la plupart des gens qui étaient autour de moi étaient des civils parce que

22 l'armée ne nous avait pas autorisé de se trouver à l'avant de la colonne,

23 ils souhaitaient que nous nous trouvions à l'arrière, et je n'ai vu que

24 quelques soldats.

25 Au moment où nous sommes entrés dans la forêt, nous avons beaucoup de

26 morts, beaucoup de blessés et tout est devenu très confus et il y a eu une

27 débandade. J'ai vu un soldat ici et là, la colonne était rompue et la

28 plupart des soldats sont allés à l'avant de la colonne. Donc, il se peut

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1 que les Serbes aient fait cela exprès, autrement dit de laisser passer les

2 hommes en armes, et d'arrêter ensuite les civils ou les soldats non armés

3 comme ils nous appelaient ou sans armes.

4 Q. Merci. Vous venez de dire dans votre déposition que lorsque vous êtes

5 arrivés dans la forêt vous avez vu beaucoup de morts et de blessés.

6 Pourriez-vous nous donner un chiffre -- pourriez-vous donner aux Juges de

7 la Chambre un chiffre approximatif, s'il vous plaît ?

8 R. Lorsque le pilonnage a commencé, lorsque l'attaque a commencé d'après

9 mon estimation, la colonne a été coupée d'après moi. Il m'est très

10 difficile d'avancer un chiffre, je ne sais pas qui pourrait donner un

11 chiffre, mais je crois qu'il y avait 300 à 500 personnes, peut-être, peut-

12 être plus, peut-être moins, mais sans doute autant. Alors que je traversais

13 la forêt, alors que je m'enfuyais et que j'enjambais des cadavres, je

14 dirais que cela correspond au chiffre de -- au nombre de corps que j'ai

15 vus, mais il y avait beaucoup de blessés. Cela peut-être dépasse le nombre

16 de personnes blessées, je ne parle que de ma colonne. Mais c'est en tout

17 cas ce que j'ai pu observer autour de moi.

18 Q. En traversant la forêt certains de ces morts ou de ces blessés

19 s'étaient trouvés à l'avant de la colonne et sont restés là où ils sont

20 tombés, c'est cela ?

21 R. Pour ce, je n'ai malheureusement pas bien compris votre question. Est-

22 ce que vous me demandez si toutes les personnes blessées sont restées à cet

23 endroit-là ?

24 Q. Je vais reformuler ma question. Pour ce qui est de ces morts que vous

25 avez pu voir au cours du chemin ou le long du chemin que vous avez

26 emprunté, vous n'avez pas -- vous n'avez pas pu voir que toutes ces

27 personnes ont été tuées devant vous, mais vous les avez vu lorsque vous

28 avanciez, c'est cela ?

Page 3350

1 R. En traversant la forêt j'ai pu observer qu'il y avait des éclats

2 d'obus. Dans certains cas j'avais du mal à discerner les blessures, il y

3 avait des personnes qui avaient perdu des bras, des jambes, qui étaient

4 mortes, et il y régnait une telle confusion, les choses sont arrivées

5 tellement rapidement -- se sont passées tellement rapidement que personnes

6 ne prêtait attention aux autres. Il y avait des pères qui laissaient

7 derrière eux leurs fils blessés car il y régnait une confusion tout à fait

8 intolérable, et des gens étaient pris de panique. Les pilonnages étaient si

9 intense que cela était devenu insupportable, les Serbes souhaitaient tout

10 simplement tous nous éliminer, soit nous nous rendions, soit ils auraient

11 tout simplement tous tué.

12 Q. Le fait de se rendre, ils n'osent pas se rendre à fait l'objet de

13 querelle, et c'est pour cela que certaines personnes dans cette colonne

14 sont mortes à cause de cela, n'est-ce pas ?

15 R. Les gens n'étaient pas d'accord et certains voulaient se rendre, et

16 d'autre non. Il y avait ceux qui souhaitaient se rendre, ce qui ne le

17 souhaitaient pas et qui souhaitaient s'enfuir quelque part. S'ils avaient

18 une grenade à main ou une arme, à ce moment-là, ils pouvaient se tuer, mais

19 ils n'étaient pas en très grand nombre. Certains soldats qui sont restés se

20 sont enfuis. J'ai vu des gens dans la forêt et même ceux, qui ne portaient

21 pas et qui ne souhaitaient pas continuer à marcher dans la colonne,

22 souhaitaient simplement se rendre -- se sont simplement rendus, c'est très

23 simple.

24 Q. Merci. Maintenant, je souhaite vous poser une question à propos de

25 l'école. Le 31 juillet 1995, vous avez fait une déclaration à Tuzla. Dans

26 cette déclaration, vous dites que, plus tard, vous avez été emmené, et je

27 vous cite : "J'ai vu, sous la bâche, qu'on nous avait emmenés à l'école de

28 Petkovici." Vous souvenez-vous avoir dit cela dans votre déclaration ?

Page 3351

1 R. Oui, je me souviens.

2 Q. Bien. Est-ce vrai ?

3 R. Oui, c'est vrai. Mais je crois que je sais où vous voulez en venir.

4 Q. Je vais vous poser la question parce que, le 24 juillet 1995, une

5 semaine plus tôt, vous avez fait une déclaration à propos de l'école

6 Petkovici. Vous dites avoir appris par la suite que l'école se trouvait à

7 Petkovici; vous en souvenez-vous ?

8 R. Qu'est-ce qui a été dans cette autre déclaration ?

9 Q. Que vous avez appris par la suite que l'école en question se trouvait à

10 Petkovici.

11 R. Oui. Avant cela, je ne savais même pas qu'il se trouvait une école à

12 cet endroit-là. Ce n'est qu'au moment où nous sommes entrés que nous avons

13 vu des tableaux noirs dans l'école. Bon, je savais qu'il s'agissait d'une

14 école. Je ne connaissais pas le nom de l'école. Mais, plus tard, j'ai

15 entendu dire de la bouche d'autres personnes alors que nous étions là et

16 que nous marchions dans le village, qu'il s'agissait de l'école de

17 Petkovici. C'est la raison pour laquelle j'ai dit cela dans ma déclaration.

18 J'ai dit que je me trouvais dans l'école de Petkovici. C'est la seule

19 explication que je puisse vous fournir.

20 Q. Témoin, vous avez eu, en 2003, une séance de récolement avant votre

21 déposition dans l'affaire Blagojevic; vous en souvenez-vous ?

22 R. De quelle séance de récolement voulez-vous parler ?

23 Q. Je vais vous poser cette question. Avant votre déposition

24 d'aujourd'hui, avez-vous rencontré M. McCloskey ? Est-ce que vous avez revu

25 vos déclarations précédentes et ce que contenait votre déclaration, celle

26 d'aujourd'hui, et cetera ? C'est cela -- c'est ce que je veux dire par

27 séance de récolement.

28 R. Oui.

Page 3352

1 Q. Vous souvenez-vous avoir fait cela le 20 juillet 2003, en présence de

2 l'enquêteur du TPIY et du bureau du Procureur ? Avant votre déposition en

3 2003 ?

4 R. Je suppose que oui, mais je ne m'en souviens pas.

5 Q. Je vais simplement essayer de vous rafraîchir la mémoire. Vous avez dit

6 à cet enquêteur-là qu'il y avait une erreur au niveau de la déclaration,

7 celle du 19 juillet 1995, que vous avez donnée au représentant de l'ABiH,

8 l'organe chargé de la sécurité militaire. Vous avez déclaré, à la page 2 de

9 cette déclaration, et je cite qu'il y avait environ 600 personnes qui se

10 sont rendues. Je pense que vous avez dit à l'enquêteur, le 20 juillet 2003,

11 que vous n'avez jamais prononcé ces mots-là et que ceci a sans doute été

12 rajouté par la suite par la personne qui vous avait interviewé et que vous

13 n'aviez jamais eu l'occasion de revoir votre déclaration pour y apporter

14 cette correction. Est-ce que ceci vous rafraîchit la mémoire ?

15 R. Il se peut que j'aie dit cela, mais je ne m'en souviens, donc je ne

16 peux pas répondre à votre question, malheureusement.

17 Q. Pouvez-vous répondre --

18 R. Non, je ne peux pas y répondre.

19 Q. Bien. Est-ce que vous pourriez me dire, environ combien de personnes se

20 sont rendues ? Vous êtes rendus vous-mêmes, s'il ne s'agit pas de ce

21 chiffre de 600 personnes, si vous vous en souvenez ?

22 R. Il m'est très difficile de vous donner une estimation, étant donné la

23 longueur de la colonne, le nombre important de blessés et la forêt. Si

24 vous-même vous deviez observer cette situation à partir d'un avion ou d'un

25 hélicoptère, à ce moment-là, ce serait plus facile d'en juger. Je peux

26 simplement vous dire combien de personnes j'ai vues dans le pré ou sur la

27 route goudronnée et c'est sur quoi je peux fonder mes estimations. Ceci est

28 arrivé il y a un certain temps. Je peux simplement vous dire combien nous

Page 3353

1 étions au total. Il y avait 1000 à 2000 personnes sur la route goudronnée

2 et dans le pré et plus tard, lorsque nous nous sommes mis à courir. Cela ne

3 signifie pas pour autant que nous sommes tous arrivés en même temps. Cela

4 ne signifiait pas pour autant que nous nous sommes tous rendus en même

5 temps, mais que tout le monde s'est rendu en même temps que nous. Etant

6 donné que cette colonne était extrêmement longue, peut-être qu'il y avait

7 des gens devant nous qui ont fait cela avant nous.

8 Q. Je comprends bien, j'entends bien ce que vous dites, Monsieur le

9 Témoin. Mais vous avez dit que 600 au total se sont rendus. "Et, donc, ces

10 hommes qui faisaient partie du même groupe que moi." Si vous dites que ce

11 chiffre n'est pas exact, donnez-nous un chiffre qui correspond davantage à

12 ce que vous avez vu à l'époque et combien se sont rendus en même temps que

13 vous.

14 R. Je viens de répondre à cette question.

15 Q. Donc, poursuivons. Je souhaite savoir ceci : n'avez-vous pas reçu des

16 ordres du commandement de l'armée ? C'est la raison pour laquelle vous-

17 même, ainsi que votre père et d'autres hommes en âge de porter les armes,

18 vous êtes rendus à Susnjari ?

19 R. Je crois que j'en ai suffisamment dit au début de ma déposition. Je ne

20 me suis pas rapproché de la FORPRONU. Je savais que nous ne pouvions pas

21 être en sécurité à cet endroit-là. Mes cousins, ceux qui étaient en âge de

22 porter les armes et ceux qui ne l'étaient pas et qui sont allés à Potocari,

23 ne sont plus parmi nous. Ils ont été tués. Dans d'autres termes, ils

24 savaient qu'ils seraient tués s'ils se rendaient à Potocari ou s'ils

25 traversaient la forêt. J'ai simplement tenté de traverser la forêt en

26 espérant que je pourrais survivre et je suis en vie aujourd'hui. Mais j'ai

27 énormément souffert et je vais compléter ma réponse. Si vous ne me

28 permettez pas de compléter ma réponse, je ne pourrai pas terminer.

Page 3354

1 M. MEEK : [interprétation] Mais il ne répond pas à ma question. Je lui ai

2 demandé une question -- posé une question bien précise. Est-ce qu'il y

3 avait un commandement de l'armée qui aurait donné l'ordre en vertu de quoi

4 les hommes en âge de porter les armes devaient se rendre à Susnjari ?

5 M. McCLOSKEY : [interprétation] C'était une question multiple et je crois

6 que c'est cela qui nous a posé problème, mais je n'ai pas soulevé

7 d'objection.

8 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ecoutez, je crois que ce serait bien de

9 faire une pause maintenant, tout de suite, ce qui permettra au témoin de se

10 reposer.

11 Donc, Monsieur, je vous soumets ceci, cette idée-ci. Vous souhaitez en

12 terminer avec cette déposition, donc, je vous demande, s'il vous plaît, de

13 vous limiter dans vos réponses et de répondre simplement à la question qui

14 vous est posée. On ne vous demande pas d'ajouter d'autres éléments. On vous

15 demande simplement de répondre à la question qui vous est posée. C'est dans

16 votre intérêt et l'intérêt de tous. Nous allons faire maintenant une pause

17 de 30 minutes.

18 --- L'audience est suspendue à 12 heures 29.

19 [Le témoin se retire]

20 --- L'audience est reprise à 13 heures 02.

21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous attendons l'arrivée du témoin.

22 Vous avez besoin d'encore beaucoup de temps ?

23 M. MEEK : [interprétation] Non, vous serez content de l'apprendre, je

24 voulais vous signaler que je n'allais plus poser de questions à ce témoin à

25 propos du dernier sujet que nous avions abordé, qui était de savoir s'il y

26 avait un commandement de l'armée de Bosnie-Herzégovine qui avait donné

27 l'ordre à tous ces hommes d'aller à Susnjari. Je pense qu'un de mes

28 confrères va en parler.

Page 3355

1 Je n'ai plus que quelques questions à propos des embuscades et j'en aurais

2 terminé.

3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Fort bien.

4 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

5 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Meek, vous avez la parole. Non,

6 non vous pouvez y aller même pendant qu'on est en train de monter les

7 stores,

8 M. MEEK : [interprétation]

9 Q. Quelques questions à propos des embuscades et j'en aurais terminé. Dans

10 la déclaration que vous avez fourni le 19 juillet 1995, vous avez déclaré

11 que, lorsque vous étiez arrivé au village de Babuljica, il y avait une

12 embuscade et que, plus tard, vous vous retrouviez dans un bois et qu'à un

13 lieu appelé Kamenica, là aussi, il y avait eu une embuscade.

14 R. Si vous parlez de ce village de Babuljica, là, il n'y a pas eu

15 d'embuscade. Je ne me souviens pas avoir dit qu'il y avait eu une embuscade

16 à cet endroit. Il y avait eu pilonnage, il y avait plusieurs types d'armes

17 des Serbes ou d'armement utilisé par les Serbes, mais il n'y avait pas eu

18 d'embuscades, il y avait des blessés.

19 Q. A partir moment où vous êtes parti avec la colonne de Susnjari, combien

20 d'embuscades avez-vous vues ?

21 R. Il y avait tellement, tellement de gens qu'il aurait pu y avoir une

22 centaine d'embuscade ou aucune. Je vous ai déjà dit de quelle façon la

23 colonne avait avancée, ce qui s'était passé. Je vous l'ai déjà dit je ne

24 sais pas combien il y a eu d'embuscades. On a simplement coupé la colonne.

25 Les soldats ont poursuivi leur chemin, la majorité des civils sont restés à

26 l'arrière, c'est comme cela que cela s'est passé.

27 Q. Il serait exact de dire qu'il vous est impossible de chiffrer, de nous

28 donner le nombre d'embuscades dans lesquelles vous vous êtes trouvé mis à

Page 3356

1 part celle dont vous avez parlé ?

2 R. Ecoutez, je pense que c'est si compliqué. Je pourrais vous en parler

3 pendant des jours entiers, vous ne comprendriez toujours pas. Vous ne

4 comprenez tout simplement pas la situation, le chaos qui régnait, la

5 confusion qui régnait. Vous ne comprendriez pas même si je vous

6 l'expliquais pendant des journées entières. Alors, maintenant, vous me

7 demandez de vous dire combien d'embuscades il y a eu, je vous ai déjà dit

8 ce qu'il y a eu. Je ne peux pas vous donner de nombre, je ne comprends

9 vraiment pas de quoi vous voulez parler.

10 Q. Je le comprends, Monsieur le Témoin, c'est pour cela notamment que je

11 vous le demandais. Mais serait-il exact de dire qu'au cours de ce mouvement

12 avec la colonne, il y avait de façon ininterrompue des tirs et des

13 pilonnages ?

14 R. Je vous l'ai dit, avant l'arrivée à Susnjari, c'est de là qu'est parti

15 la colonne principale. Les Serbes ont tiré en utilisant toute sorte

16 d'armes, ils ont tiré les Serbes, les tirs ils ne sont pas venus de la

17 planète mars, il y a eu des lance-roquettes multiples, il y avait aussi des

18 tirs qui venaient de la Serbie, de l'autre côté de la Drina, qui venaient

19 de Bratunac. Ils l'avaient dit auparavant, il y avait ces VBR et c'est de

20 la qu'ils tiraient sur Srebrenica en 1993. Au moment où les gens se

21 déplaçaient : "C'est de là que le VBR tire." Il y a eu des blessés. Après

22 que la colonne s'est formée dans la soirée, le calme est revenu, il n'y a

23 pas eu tirs. Mais après que la colonne soit entrée dans les bois, à ce

24 moment-là, on a entendu des obus, le pilonnage a commencé et le chaos a

25 commencé à régner.

26 Q. Précisément, c'est cette dernière phrase qui m'intéresse. Vous avez dit

27 : "C'est au moment où la colonne est entrée dans le bois qu'il y a eu --"

28 Est-ce exact de le dire que c'est d'une façon ininterrompue des tirs et des

Page 3357

1 pilonnages de l'armée serbe. L'armée serbe n'est pas de la planète mars.

2 C'est ma dernière question, je vous saurais gré d'y répondre.

3 R. Oui, mais vous avez posé une question très longue. Est-ce que vous

4 pourriez la répéter ?

5 Q. Je vais essayer.

6 Une fois que la colonne est entrée dans les bois, s'est constituée, est-ce

7 à partir de ce moment-là qu'a commencé le pilonnage et qu'a éclaté le

8 chaos ? Est-ce que le pilonnage s'est alors poursuivi de façon ininterrompu

9 jusqu'au moment où vous êtes rendus ?

10 R. Je pense avoir déjà fourni une explication, je vais la répéter. Il y

11 avait énormément de monde, peut-être 15 000 personnes, je ne sais pas

12 combien de kilomètre la colonne faisait, dix kilomètres peut-être. Les gens

13 ne marchaient pas en rang de front. Elle s'étirait, la colonne. Peut-être

14 que quelquefois il y avait cinq mètres de distance entre les gens. Je ne

15 sais pas si le début de la colonne a été pilonné aussi. Je ne peux parler

16 que de la partie de la colonne où je me trouvais. Je pense que je vous l'ai

17 dit clairement. Quand le pilonnage a commencé, il s'est poursuivi toute la

18 journée et la nuit, jusqu'au moment où nous avons commencé à nous rendre.

19 Q. Je n'ai pas d'autres questions.

20 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Meek. Qui va intervenir

21 ensuite ? Me Nikolic ? Monsieur le Témoin, Me Nikolic défend les intérêts

22 du lieutenant Nikolic.

23 Mme NIKOLIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

24 Contre-interrogatoire par Mme Nikolic :

25 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur.

26 R. Bonjour.

27 Q. J'ai quelques questions à vous poser. Vous pourrez m'aider à comprendre

28 certains des événements que vous avez vécus. Revenons au 11 juillet 1995.

Page 3358

1 R. Oui.

2 Q. Lorsque le commandement de l'ABiH a donné l'ordre de séparer les hommes

3 des femmes et lorsque ce commandement a déterminé les itinéraires à suivre

4 par les groupes, cela s'est passé le 11, dans la soirée, n'est-ce pas --

5 dans la soirée du 11 juillet 1995, n'est-ce pas ?

6 R. Je peux vous dire qu'en fait, on a entendu dire qu'il y avait eu un

7 ordre ou plutôt que le commandant de l'ABiH avait donné cet ordre. Personne

8 d'autre n'aurait pu le faire, donc, aurait donné l'ordre que les hommes en

9 âge de combattre traversent les bois pour aller à Tuzla et que les civils

10 aillent à Potocari. C'est tout ce que je peux vous dire. C'est tout ce dont

11 je me souviens.

12 Q. Fort bien. Donc, l'ordre disait que les hommes devaient se rassembler à

13 Susnjari et, après, qu'ils devaient poursuivre le chemin.

14 R. Quelqu'un a donné cet ordre. C'était peut-être l'ABiH, je ne me

15 souviens pas des détails. Il y avait beaucoup de gens. C'est tout ce dont

16 je me souviens. Je n'en sais pas plus.

17 Q. Mais vous ne faisiez pas partie de l'armée, n'est-ce pas ?

18 R. Non.

19 Q. Pourtant, votre père était dans l'armée, n'est-ce pas ?

20 R. Je vais vous en parler. Mon père était dans l'armée officiellement.

21 Après Cerska et Konjevic Polje, après la chute de ces deux endroits, je

22 crois qu'il était dans une unité, mais je ne sais plus laquelle. Lorsque

23 nous sommes arrivés à Srebrenica, je pense qu'il n'a plus été d'active.

24 Attendez-moi, Madame, je n'ai pas fini.

25 Q. Fort bien. Continuez, s'il vous plaît.

26 R. Après qu'on soit arrivé à Srebrenica, je pense qu'il n'était plus

27 d'active, parce que je sais que mon père n'est allé nulle part. Jamais il

28 n'a eu d'arme. Il n'avait pas d'uniforme. Donc, pendant toute l'année 1993,

Page 3359

1 et en 1995 pendant les attaques des Serbes, il n'est allé nulle part. Il

2 est resté tout le temps avec sa famille. Donc c'était un soldat, mais il

3 était avec nous tout le temps. Donc, c'était plutôt quelque chose de

4 formel. Je crois que c'est tout.

5 Q. Merci de cette réponse très complète.

6 Expliquez-nous -- là, je reviens au 14 juillet 1995, au moment où vous êtes

7 parti en convoi, dans un camion, vers le lieu que vous avez reconnu plus

8 tard comme était Petkovci. Cela s'est passé le 14 juillet 1995 dans

9 l'après-midi, n'est-ce pas ?

10 R. Oui.

11 Q. Vous êtes arrivés devant une structure, un bâtiment que vous avez

12 reconnu ici aujourd'hui, vous êtes montés au premier étage, vous êtes

13 entrés par groupe dans les classes, n'est-ce pas ?

14 R. Oui. Dans les salles de classes. Oui.

15 Q. Il y avait, dans les salles de classes, combien de personnes par

16 groupe ?

17 R. Je ne peux pas vous dire ce qu'il y avait dans les salles de classes

18 autres que la mienne. Lorsque nous sommes montés à l'étage, on a entendu du

19 bruit dans les autres salles de classe, des gens qui murmuraient. Cela

20 s'entendait. J'ai été placé dans la dernière salle de classe ou l'avant-

21 dernière, dans le couloir. Je ne sais plus exactement laquelle c'était. Je

22 peux vous dire combien de gens il y avait dans ma salle de classe. Je sais

23 qu'il y en avait plus que dans le quart -- dans le camion. Peut-être qu'il

24 y en avait 200, mais personne n'a compté exactement.

25 Q. Lorsque vous êtes arrivé en territoire libéré, le territoire contrôlé

26 par l'ABiH, vous avez rencontré des officiers du 2e Corps d'armée, plus

27 exactement du service secret du 2e Corps, le 20 juillet 1995. C'était des

28 membres de l'ABiH, n'est-ce pas ?

Page 3360

1 R. Je ne sais pas si cela s'est passé le 19 ou le 20. Je ne suis pas sûr

2 de la date. Mais cela s'est passé après que je suis passé de l'autre côté,

3 après que j'aie été hospitalisé, après que l'on est pansé mes blessures et

4 soigné mes blessures, après que j'ai été vacciné. Donc, c'était soit le 19

5 ou le 20, je ne m'en souviens pas.

6 Q. Mais je n'insiste pas pour ce qui est de la date. Je voudrais tout

7 simplement vous montrer votre déclaration pour que nous puissions voir ce

8 que vous y avez déclaré.

9 R. Très bien.

10 Q. Alors, est-ce que nous pouvons avoir le document e-court --

11 L'INTERPRÈTE : -- dont l'interprète n'a pas saisi la cote car la cote a été

12 indiquée de façon beaucoup trop rapide.

13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous pouvez répéter cette

14 cote ?

15 Mme NIKOLIC : [interprétation] Je m'excuse, oui. 4D00050. Il n'y a pas de

16 signature du témoin pour ce qui est de ce document, donc je pense que le

17 document ne posera pas de problème.

18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, oui. De toute façon, nous le

19 verrons en premier. Pour le moment, je vous demanderais de ne pas diffuser

20 ce document jusqu'à ce que vous ayez reçu notre aval.

21 Un moment. Laissez-moi consulter ce document dans un premier temps.

22 Mme NIKOLIC : [interprétation] La version anglaise se trouve à la page 2 du

23 document, paragraphe 4.

24 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est justement la version anglaise que

25 je consulte, comme vous pouvez l'imaginer. Alors voilà ce que je

26 suggérerais. Je souhaiterais que nous utilisions ce document à huis clos

27 partiel.

28 Mme NIKOLIC : [interprétation] Oui.

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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ce serait beaucoup plus sûr ainsi.

2 Donc, j'aimerais que nous passions à huis clos partiel. Est-ce que nous

3 sommes à huis clos partiel ?

4 Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Oui, nous sommes en audience à huis

5 clos partiel.

6 [Audience à huis clos partiel]

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17 [Audience publique]

18 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je dirais aux fins du compte rendu

19 d'audience, que Me Nikolic a terminé son contre-interrogatoire pendant que

20 nous nous trouvions à huis clos partiel. Il appartient maintenant à Me

21 Stojanovic, de procéder au contre-interrogatoire, il représente l'accusé

22 Borovcanin et nous nous arrêterons à 13 heures 45, comme d'habitude, Maître

23 Stojanovic, j'espère que vous aurez terminé à ce moment-là.

24 M. STOJANOVIC : [interprétation] Merci. Bonjour, Monsieur le Président.

25 Oui, je pense que j'en aurai terminé.

26 Contre-interrogatoire par M. Stojanovic :

27 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur.

28 R. Bonjour.

Page 3364

1 Q. J'ai écouté votre déposition aujourd'hui, à un moment donné vous avez

2 dit qu'il y avait un groupe de soldats de l'ABiH qui se trouvaient à la fin

3 de la colonne, vous vous souvenez avoir dit cela ?

4 R. Oui.

5 Q. A un moment donné, le groupe de soldats est passé le long de la

6 colonne, et a laissé derrière les civils.

7 R. Oui, lorsque le pilonnage a commencé, lorsque la colonne s'est arrêtée,

8 ces gens sont passés à côté de nous, les civils ne pouvaient plus aller de

9 l'avant, donc la colonne s'est tout simplement arrêtée. On ne pouvait pas

10 aller de l'avant. Voilà l'explication.

11 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire si cela s'est passé le 12 ou le 13

12 juillet ?

13 R. Le 12 juillet.

14 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Stojanovic - et je m'adresse

15 également au Témoin - est-ce que vous pourriez ralentir un peu le rythme.

16 Vous parlez beaucoup trop vite. Il faudrait faire un temps d'arrêt entre

17 les questions et les réponses, et pour la bonne raison que vous vous

18 exprimez dans la même langue, et que tout cela doit être interprété en

19 anglais et en français.

20 M. STOJANOVIC : [interprétation] Merci.

21 Q. Est-ce que vous connaissez le nom d'Ejub Golic ?

22 R. Oui, c'est un nom qui me semble familier.

23 Q. Est-ce que vous avez vu cette personne dans la colonne ?

24 R. J'ai entendu ce nom à Srebrenica, et puis pus tard, lorsque je suis

25 allé là-bas, j'ai entendu dire -- j'ai entendu parler de cette personne.

26 J'ai entendu dire qu'il était un soldat, que c'était un soldat. Ce nom ne

27 m'est pas inconnu.

28 Q. Le groupe de soldats qui se trouvait à l'arrière de la colonne, combien

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1 y avait-il d'hommes ?

2 R. Je l'ai déjà expliqué, non pas à vous mais à votre confrère. Il ne

3 s'agissait pas d'une centaine d'hommes, il ne s'agissait pas de 200 hommes,

4 il ne s'agissait pas de 50 hommes. C'était un nombre très important

5 d'hommes. Je ne peux pas vous dire exactement combien ils étaient, je ne

6 sais pas s'il reste un survivant qui pourrait vous dire combien de

7 personnes il y avait, je pense notamment aux personnes qui se trouvaient à

8 l'arrière de la colonne et qui portaient des armes.

9 Q. Vous avez parlé d'une embuscade et vous avez mentionné un nombre de

10 personnes mortes, est-ce que cela s'est passé le 12 ou le 13 juillet ?

11 R. Cela s'est passé le 12 juillet, dans la soirée, et pendant la nuit, et

12 ce jusqu'à l'aube du 13, le 13, nous nous sommes rendus. Nous allions

13 passés toute la nuit dans la forêt.

14 Q. Le 13, l'après-midi du 13, vous êtes allés sur la route goudronnée et

15 vous vous êtes rends près d'un pont.

16 R. Oui, dans le village de Kamenica nous nous sommes rendus pendant

17 l'après-midi.

18 Q. Vous avez mentionné le pont où vous vous êtes rendu, est-ce que vous

19 vous en souvenez ?

20 R. Oui, bien sûr, que je m'en souviens.

21 Q. Avant que vous n'arriviez à la route goudronnée, est-ce que vous avez

22 dû franchir la rivière Kravica ?

23 R. Le village de Kamenica est le village où je m'étais rendu pendant la

24 guerre. C'était un village musulman et le pont enjambe une rivière ou un

25 petit cours d'eau, un ruisseau, je ne sais pas comment il s'appelle, je ne

26 sais pas si c'est le ruisseau Kravica, ou s'il y a un autre nom. Quoi qu'il

27 en soit, nous n'avons pas franchi de ruisseaux. Nous sommes venus de la

28 forêt, nous avons traversé la route, et je ne sais pas si nous avons

Page 3366

1 traversé un pont ou non. Je ne me souviens pas si nous avons traversé une

2 rivière, mais je ne me souviens pas être passé dans l'eau de la rivière,

3 nous n'avions pas

4 -- nous ne sommes pas passés par la rivière.

5 Q. Est-ce qu'on vous a donné des instructions pour suivre la ligne des

6 transmissions lorsque vous êtes parti avec la colonne ?

7 R. Je ne sais pas de quelle ligne de transmission vous parlez. Nous

8 n'avions reçu d'instruction de personne, donc, je ne sais pas à quelle

9 ligne de transmission ou de communication vous faites référence. Je sais

10 qu'il y a des lignes de transmission entre Tuzla et Visegrad dans notre

11 quartier -- dans ce secteur que je connais, mais je ne sais pas si ces

12 lignes de transmission se trouvent près de l'endroit par lequel nous sommes

13 passé. Voilà ce que peux vous répondre.

14 Q. Combien de soldats se trouvaient là lorsque vous êtes arrivé à la route

15 goudronnée et lorsque vous vous êtes rendu ?

16 R. Je pense que vous m'avez déjà posé cette question. Mais je vais

17 réitérer ce que j'ai dit. Dans la forêt, lorsque les gens ont décidé de se

18 rendre, la colonne se déplaçait déjà.

19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous voulez lui demander combien de

20 soldats serbes, combien de soldats musulmans ? Parce que le témoin a cru

21 comprendre que vous faisiez référence à des soldats musulmans, alors que

22 j'avais cru comprendre que vous faisiez référence à des soldats serbes.

23 M. STOJANOVIC : [interprétation] Bien, c'est justement cela.

24 Q. Je ne voulais pas vous interrompre et je comprends ce dont vous parlez.

25 Mais je voulais vous demander : combien de soldats de la VRS se trouvaient

26 près du pont lorsque vous vous êtes ou se trouvaient sur la route lorsque

27 vous vous êtes rendus près du pont ?

28 R. Je m'excuse, je n'avais pas compris votre question.

Page 3367

1 Q. N'oubliez pas d'attendre que j'aie fini de poser ma question.

2 R. Je ne sais pas combien il y en avait. Bon, comparé au nombre de soldats

3 qui avaient été capturés et qui se rendaient -- au nombre de personnes qui

4 s'étaient capturées -- qui s'étaient rendues, leur nombre était

5 insignifiant en quelque sorte par rapport à notre nombre. Je parle de cet

6 endroit bien précis, mais je ne sais pas combien ils étaient.

7 Q. Si nous devons utiliser votre déclaration précédente, est-ce qu'on

8 pourrait dire qu'ils étaient cinq ou six sur le pont, mais il y en avait

9 davantage le long de la colonne. Bon certes, ils étaient cinq ou six sur le

10 pont. Mais la route était très, très proche du pont, à une dizaine de

11 mètres du pont.

12 Q. Combien d'entre vous se sont rendus à cet endroit-là avant qu'on ne

13 vous ait donné l'ordre d'avancer le long de la route en direction de

14 Bratunac. Vous avez déjà évoqué le chiffre de 600, de

15 1 000 à 2 000. Je vais vous poser la question de cette façon : à cet

16 endroit au niveau du pont avant de vous rendre à Bratunac, combien d'entre

17 vous se sont rendus ? Combien de détenus y avait-il au total ?

18 R. Je peux vous parler de ce dont je me souviens, le nombre total.

19 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.

20 M. McCLOSKEY : [interprétation] Je crois que nous avons déjà vu tout cela.

21 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, nous avons déjà abordé tout cela,

22 la question a été posée, on y a répondu. Je crois qu'on n'y a -- ceci a été

23 abordé de façon exhaustive. Veuillez passer à vos autres questions, s'il

24 vous plaît.

25 M. STOJANOVIC : [interprétation]

26 Q. Après cela, on vous a donné l'ordre de continuer à marcher en rang de

27 deux ou trois -- non sur une direction de deux à trois kilomètres en

28 direction ce Kravica, et vous aviez les mains en l'air; c'est exact ?

Page 3368

1 R. Oui. Ceci ne s'appliquait qu'à ceux qui ne portaient les blessés, nous

2 devions courir en direction de Kravica parce que les autocars ne pouvaient

3 pas passer et nous courrions par deux. Nous avions les maisons en l'air

4 avec -- indiquant trois doigts en l'air, et les autres portaient les

5 blessés, et nous devions à tour de rôle porter les blessés.

6 Q. Lorsque vous vous êtes arrêtés dans cette clairière, dans ce pré,

7 l'officier s'est approché de vous et vous a adressé la parole; vous

8 souvenez-vous de cela ?

9 R. Oui. Lorsque nous nous sommes assis dans le pré, nous étions nombreux.

10 J'étais quelque part au milieu et il était debout devant un char et il a

11 commencé à nous parler. Je ne sais pas si c'était un officier, mais il

12 avait toutes les apparences d'un officier.

13 Q. Il portait un bandana à la tête; c'est exact ?

14 R. Oui, c'est cela.

15 Q. Comment portait-il ce bandana, qui était noué autour du front ?

16 R. C'était un bandana noir qui a été noué dans le dos -- enfin, attaché

17 derrière la tête, pour autant que je m'en souvienne.

18 Q. Il vous a dit qu'il venait de Serbie ?

19 R. Oui. Oui, il a dit qu'il venait de Serbie, il a commencé à nous faire

20 un discours sur ce que nous devions faire, ce que nous étions censé faire,

21 à quel endroit nous devions être emmenés, ce que nous aurions, ce que nous

22 n'aurions pas, à savoir si nous allions être échangés ou pas.

23 Q. Est-ce qu'il vous a dit qu'on allait vous transporter dans les hangars

24 et qu'à partir de là vous seriez emmenés pour et échangé entre autre

25 chose ?

26 R. Oui, il a dit cela, entre autre chose, mais, avant cela, nous

27 attendions depuis deux ou trois heures. Nous avons dû entendre d'autres

28 slogans du style : "Longue vie à la Serbie, longue vie au Roi." Les

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1 personnes ont été tuées et là, il nous a dit que nous serions emmenés dans

2 des hangars à Bratunac et nous n'aurions de dîners, mais je suis sûr qu'il

3 savait quel sort nous était réservé.

4 Q. Je vous demande de bien vouloir répondre à mes questions, et simplement

5 à mes questions parce que nous souhaitons mettre fin à déposition

6 aujourd'hui. Donc, un point -- une question : Les camions sont arrivés;

7 c'est exact ?

8 R. Oui, c'est cela.

9 Q. Les camions sont arrivés depuis où, depuis Bratunac ou est-ce qu'ils

10 sont arrivés depuis Konjevic Polje ?

11 R. Ils venaient de la direction de Konjevic Polje.

12 Q. La personne qui semble être un officier, est-ce que cette personne a

13 arrêté les camions pour que vous puissiez montrer à bord des camions ?

14 R. Je ne sais pas, je ne m'en souviens pas, je n'ai pas vu cela. Je ne

15 sais pas pourquoi il aurait dû arrêter les camions, de toute façon ils

16 avaient l'intention de venir nous chercher, et ces camions ne sont pas

17 simplement passés là par hasard.

18 Q. Vous avez dit que vous êtes monté à bord d'un camion spécial ?

19 R. Oui, je crois que c'était le dernier camion car il y avait un véhicule

20 de la police, une Golf qui nous suivait, qui fermait la colonne.

21 Q. Lorsque vous parlez de la cette Golf de la police, était-ce un véhicule

22 bleu ?

23 R. Je crois que j'en ai parlé dans ma déclaration. De façon assez claire

24 il y avait donc cette Golf qui s'est trouvée à l'endroit où nous nous

25 sommes rendus, elle était bleue. Il y avait donc une Golf qui appartenait à

26 un civil et une Golf qui appartenait à la police. Je crois que c'était la

27 même qui suivait le convoi. Mais ce n'était peut-être pas le cas, je ne

28 sais pas.

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1 Q. Avez-vous pu voir quelque chose depuis l'endroit où vous étiez dans les

2 camions ?

3 R. Les camions ont été recouverts d'une bâche à l'exception de l'arrière,

4 et c'est par-là que nous étions monté à bord des camions. Ce jour-là, la

5 bâche n'était pas complètement fermée, mais, le lendemain, c'est la bâche

6 fermée, l'arrière du camion également.

7 Q. A quelle heure êtes-vous parti en direction de Bratunac ?

8 R. Je ne me souviens pas de l'heure exacte, mais cela était dans l'armée

9 midi, à la tombée de la nuit, au crépuscule. Je ne sais pas exactement

10 quand nous sommes arrivés, je ne sais pas combien de temps cela nous a pris

11 pour arriver jusqu'à Bratunac.

12 Q. Pour ce qui est des uniformes des soldats qui se trouvaient là, est-ce

13 que vous avez pu apercevoir les insignes ?

14 R. Il se peut qu'il en ait eu mais je ne les ai pas vu. J'étais tellement

15 déprimé que rien ne m'intéressait. J'étais là assis, je ne me souviens de

16 rien d'autre, je ne me souviens pas s'il y avait des insignes ou pas ---

17 s'ils portaient des insignes ou pas.

18 Q. Vous souvenez-vous à quelle heure de la journée vous avez traversé

19 Kravica lorsque vous vous dirigiez vers Bratunac ?

20 R. Il y avait tellement de gens à bord des camions et les camions étaient

21 bâchés, donc, je ne pouvais pas voir quelle route nous avons empruntée. On

22 nous avait dit qu'on nous emmenait en direction de Bratunac, mais je ne

23 savais pas où nous allions. Il y avait tellement de monde et je me suis

24 retrouvé au milieu du camion et il m'était impossible de voir quoi que ce

25 soit.

26 Q. Vous êtes-vous arrêtés à Kravica ?

27 R. Je ne me souviens plus du tout. Pour autant que je m'en souvienne, non.

28 Nous nous sommes simplement arrêtés à Bratunac.

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1 Q. Dans ce camion dans lequel vous étiez, en regardant à l'arrière du

2 camion, est-ce que vous pouviez voir quelle était la route que vous

3 empruntiez ?

4 R. Je vous ai déjà dit que ce camion était très, très long, le plus long

5 qu'il soit et c'était un semi remorque. C'était tellement long, de

6 l'endroit où je me trouvais c'était au milieu et je ne pouvais rien voir.

7 Au moment où je suis montré à bord du camion, c'est à ce moment-là que j'ai

8 vu la Golf, mais je n'ai pas pu voir quelle route nous avons empruntée.

9 Lorsque nous sommes arrivés à Bratunac, j'ai vu des lumières à son bâtiment

10 et c'est à ce moment-là que j'ai supposé que nous étions arrivé à Bratunac,

11 mais je n'ai rien pu voir d'autre.

12 Q. Vous êtes arrivé à Bratunac le soir lorsque les lumières étaient déjà

13 allumées ?

14 R. Oui, c'est ce que je dirais. Les lumières étaient déjà allumées et, par

15 la suite, j'ai revu des lumières. Nous nous sommes arrêtés près de certains

16 -- non, je ne sais pas.

17 Q. Combien de temps a duré le voyage, d'après vous, à partir du moment où

18 vous êtes monté à bord du camion et au moment où vous êtes arrivé à

19 Bratunac ?

20 R. Honnêtement, je ne peux pas vous le dire.

21 Q. Merci beaucoup. Je n'ai pas d'autres questions à poser au témoin.

22 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Stojanovic, merci beaucoup.

23 Qui est l'avocat suivant ? Me Krgovic représente ici le général Gvero

24 et il va commencer son contre-interrogatoire aujourd'hui.

25 Contre-interrogatoire par M. Krgovic :

26 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur le Témoin. Je vais maintenant vous

27 poser des questions, questions auxquelles vous pouvez répondre simplement

28 par oui ou par non. Je vous demande, s'il vous plaît, de marquer une courte

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1 pause avant de répondre à ma question, afin de permettre aux interprètes de

2 faire leur travail correctement et pour éviter qu'il y ait tout

3 chevauchement.

4 R. Peut-être qu'il y a certaines choses que je vais être obligé de vous --

5 peut-être que je vais être obligé de vous expliquer certains choses et je

6 ne pourrai pas simplement vous dire oui ou non -- répondre par oui ou par

7 non.

8 Q. Donc, je vais vous poser une question à propos des événements qui se

9 sont déroulés le 6 juillet 1995, le jour de l'attaque de Srebrenica. Le 6

10 juillet, vous habitiez à Slapovici, dans le quartier suédois, n'est-ce pas

11 ?

12 R. Oui.

13 Q. Donc, ce jour-là, l'attaque a commencé, l'attaque lancée contre les

14 unités, et cette unité se trouvait plus près de Slapovici, dans la région

15 de Srebrenica - et je parle ici des Unités de l'ABiH.

16 R. Je ne peux pas répondre par oui par non simplement. Depuis ce quartier

17 suédois, on pouvait apercevoir à quel endroit se trouvait la FORPRONU sur

18 les collines et les Unités de l'ABiH, s'il se trouvait des unités à cet

19 endroit-là. Je crois que c'est ce que j'ai déclaré -- ce que j'ai dit dans

20 ma déclaration. On pouvait voir les explosions, on entendait les bruits des

21 obus tirés par les Serbes. Nous étions quelque part entre ces deux lignes

22 entre les Serbes et la FORPRONU. C'est la raison pour laquelle on pouvait

23 tout voir et tout entendre.

24 Q. Donc, l'ABiH était là dans le voisinage ?

25 R. Non, je ne les ai pas vus. Il se peut que les unités de l'ABiH se

26 trouvaient là, en même temps que la FORPRONU, mais ces unités n'étaient pas

27 aussi proches, aussi près. Je vous ai donné le nom de la colline où se

28 situait la FORPRONU et l'endroit où aurait pu être positionnée l'ABiH.

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1 Q. Je souhaite maintenant vous montrer la pièce 00046. Les deux versions,

2 versions B/C/S et anglaise, s'il vous plaît. Pièce 4D00046. Avez-vous cette

3 version sous les yeux ?

4 R. Je n'arrive pas à la lire. C'est tout à fait illisible.

5 Q. Je vais demander à la régie d'agrandir le début de ce document, s'il

6 vous plaît. Autant que cela soit possible. Je vais vous lire ceci et je

7 vais vous demander de suivre.

8 R. Encore une fois, ceci est illisible. Peut-être que vous pourriez me

9 remettre une copie papier du document original. A ce moment-là, je serais

10 en mesure de suivre comme il faut.

11 M. KRGOVIC : [interprétation] Est-ce que nous pouvons passer à huis clos

12 partiel ?

13 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Tout à fait, il ne reste que deux

14 minutes de toute façon.

15 Nous sommes à huis clos partiel, Maître Krgovic.

16 [Audience à huis clos partiel]

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16 [Audience publique]

17 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous devons en terminer pour

18 aujourd'hui parce qu'une autre Chambre de première instance doit siéger

19 dans ce prétoire et dans le cadre d'une autre affaire cet après-midi à 14

20 heures 15. Donc, Madame l'Huissière, assurez-vous qu'il n'y ait personne

21 dans la galerie du public.

22 Vous pouvez maintenant raccompagner le témoin. De toute façon, la galerie

23 du public est vide.

24 [Le témoin se retire]

25 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Donc, nous en avons terminé. Ai-je bien

26 compris que vous allez pouvoir terminer votre contre-interrogatoire demain,

27 Maître Fauveau et Maître Haynes et Maître Krgovic ?

28 Mme FAUVEAU : Oui, certainement, Monsieur le Président.

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1 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Haynes.

2 M. HAYNES : [interprétation] Oui, tout à fait, Monsieur le Président.

3 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Donc, le témoin suivant est le Témoin

4 54, n'est-ce pas ?

5 M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

6 M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Donc, nous allons nous préparer à

7 entendre le Témoin 54 demain matin. Je vous souhaite une bonne après-midi,

8 une bonne soirée. Nous nous retrouvons demain matin à 9 heures.

9 --- L'audience est levée à 13 heures 47 et reprendra le mercredi le 1er

10 novembre 2006, à 9 heures 00.

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