Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mercredi 18 juin 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [L'accusé Beara est absent]

  5   --- L'audience est ouverte à 9 heures 07.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame la Greffière, bonjour. Et

  7   bonjour à tous. Je vais vous demander de bien vouloir appeler la cause,

  8   s'il vous plaît.

  9   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, bonjour

 10   à tous. C'est l'affaire IT-05-88-T, le Procureur contre Vujadin Popovic et

 11   consorts.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie beaucoup, Madame.

 13   Alors, commençons, reprenons d'ici.

 14   [L'accusé Beara est introduit dans le prétoire]

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] L'accusé Beara n'est pas encore

 16   présent. Non, j'aurais dû attendre un moment. J'aurais dû attendre un peu

 17   plus, il vient d'entrer dans la salle d'audience. A cet égard, il n'y a pas

 18   d'autre chose à dire. Tous les accusés sont présents pour les équipes de la

 19   Défense.

 20   Je note l'absence de Me Bourgon et de M. Haynes.

 21   Pour l'Accusation aujourd'hui, je vois qu'il y a M. McCloskey, M.

 22   Nicholls, M. Vanderpuye et M. Elderkin.

 23   Nous allons devoir passer en revue les pièces qui ont trait à la

 24   déposition du témoin d'hier. Maître Zivanovic ?

 25   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président,

 26   Madame et Monsieur les Juges. Nous n'avons pas de pièces à faire verser

 27   pour ce témoin. Toutes les pièces ont été versées par

 28   M. Radic.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, merci. Maître

  2   Petrusic ?

  3   M. PETRUSIC : [interprétation] L'équipe de Défense du général Miletic

  4   voudrait présenter pour versement au dossier les documents 5D1181, 5D1182,

  5   5D1186, 5D1187, tous recevront une cote provisoire pour identification, et

  6   nous voudrions également présenter pour versement au dossier le 5DIC 206.

  7   Je pense que je vous ai donné le numéro exact.

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Maître Petrusic. Y a-

  9   t-il des objections, Monsieur Vanderpuye ?

 10   M. VANDERPUYE : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie. Y a-t-il des

 12   objections des autres équipes de la Défense ? Donc ces documents reçoivent

 13   une cote provisoire aux fins d'identification pour le moment en attendant

 14   qu'ils soient traduits, après cela ils seront admis au dossier.

 15   Voilà.

 16   Donc oui, Monsieur Vanderpuye ?

 17   M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. En fait, il

 18   y a également des documents que je souhaiterais faire verser au dossier en

 19   ce qui concerne le contre-interrogatoire du témoin.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Allez-y.

 21   M. VANDERPUYE : [interprétation] Nous avons présenté une liste de documents

 22   à verser. Je pense que tout le monde l'a reçue. Je ne suis pas sûr que les

 23   membres de la Chambre l'aient. Si vous l'avez, bien. Donc il s'agit

 24   simplement du 2821, 2823, 3407, 3412, 3413, 3424 et 3425 de la liste 65

 25   ter.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Y a-t-il des objections, Maître

 27   Zivanovic ?

 28   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Pas d'objections, Monsieur le Président.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Des objections des autres équipes de la

  2   Défense ? Aucune. Ces documents sont donc versés au dossier. 

  3   M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ceci conclut la déposition de M.

  5   Blagojevic, et nous pouvons maintenant commence avec le prochain témoin. Il

  6   s'agit de Branko Bogicevic.

  7   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Monsieur Bogicevic.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Au nom des membres de la Chambre de

 11   première instance, je vous souhaite la bienvenue. Vous avez été convoqué en

 12   qualité de témoin par l'accusé, le colonel Vujadin Popovic, et avant que

 13   vous ne commenciez à faire votre déposition, vous êtes prié en vertu de

 14   notre Règlement de faire une déclaration  solennelle selon laquelle vous

 15   direz la vérité.

 16   Le texte va vous être présenté par Mme l'Huissière. Je vous demande de

 17   donner lecture à haute voix de ce texte de façon à ce que ce soit votre

 18   déclaration solennelle envers le Tribunal.

 19   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 20   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 21   LE TÉMOIN: BRANKO BOGICEVIC [Assermenté]

 22   [Le témoin répond par l'interprète]

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur. Asseyez-

 24   vous confortablement. Pour commencer vous allez être interrogé par l'avocat

 25   du colonel Popovic et ensuite nous verrons qui voudra faire un contre-

 26   interrogatoire.

 27   Maître Zivanovic, c'est à vous.

 28   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

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  1   Interrogatoire principal par M. Zivanovic : 

  2   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Bogicevic.

  3   R.  Bonjour.

  4   Q.  Pourriez-vous, pour commencer, nous dire votre nom et votre prénom pour

  5   le compte rendu ?

  6   R.  Branko Bogicevic.

  7   Q.  Pourriez-vous, s'il vous plaît, me dire la date et le lieu de votre

  8   naissance ?

  9   R.  1952, le 20 juin, à Djevanje.

 10   Q.  C'est quelle municipalité ?

 11   R.  Celle de Zvornik.

 12   Q.  Quelle est votre profession ?

 13   R.  Je suis un chauffeur à la retraite.

 14   Q.  Avez-vous participé à la guerre ? Est-ce que vous avez été mobilisé

 15   pendant la guerre en Bosnie-Herzégovine ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous dire quand, pendant quelle période

 18   ?

 19   R.  Entre le 20 juillet et jusqu'à la fin de la guerre. En fait, le 22

 20   juillet 1992 jusqu'à la fin.

 21   Q.  Est-ce que vous aviez un grade ?

 22   R.  Non.

 23   Q.  Vous êtes un fantassin ?

 24   R.  Oui, j'étais fantassin.

 25   Q.  Qu'avez-vous fait pendant la guerre ?

 26   R.  Tout le temps, je conduisais, c'était mon occupation constante.

 27   Q.  Pour quelle unité ?

 28   R.  La Brigade de Zvornik, dans la division logistique.

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  1   Q.  Qui était votre supérieur immédiat ?

  2   R.  J'en ai eu plusieurs. Le dernier était Radivoje Obradovic.

  3   Q.  Pourriez-vous me dire si c'est bien lui ou quelqu'un d'autre qui vous

  4   confiait vos missions, vos tâches, vos ordres ?

  5   R.  Radoslav Pantic était celui qui me donnait des ordres. C'était lui qui

  6   était responsable des chauffeurs. Il était officiellement responsable des

  7   transports.

  8   Q.  Lorsque vous dites : "Pour nous les conducteurs" --

  9   R.  Je veux dire les services techniques, à la fois les chauffeurs et les

 10   mécaniciens.

 11   Q.  Je vais maintenant vous montrer un ordre de transport qui remonte à

 12   juillet 1995. Il s'agit d'une pièce 295 présentée par l'Accusation, page

 13   numéro 11.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls ?

 15   M. NICHOLLS : [interprétation] Je n'ai pas d'objection, excusez-moi

 16   d'interrompre. Je voulais simplement dire aux membres de la Chambre qu'il

 17   s'agit d'un document où une traduction révisée vous a été communiquée. Il y

 18   avait un petit problème logistique concernant cette pièce, c'est-à-dire

 19   qu'elle est déjà chargée dans le prétoire électronique e-court. Toutefois,

 20   la traduction en anglais dans la version e-court avait plusieurs mentions

 21   d'illisibles dessus et donc nous avons révisé la traduction. Elle a été

 22   communiquée à tous les conseils. Je pense que Me Zivanovic sera d'accord

 23   avec moi là-dessus. Nous avons une traduction qui est meilleure en anglais

 24   maintenant. Et pour des raisons que je n'ai pas pleinement comprises, il

 25   n'a pas été possible de la charger sur le prétoire électronique e-court

 26   pour le moment. Donc on dirait une traduction différente, donc on nous a

 27   dit qu'il fallait utiliser la traduction en anglais sur le rétroprojecteur,

 28   si nécessaire, et on pourra lui attribuer un autre numéro. Excusez-moi,

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  1   enfin ce n'est pas une objection, mais voilà où nous en sommes.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il n'y a pas de problème. En ce qui

  3   concerne le témoin, il peut encore lire le document original dans sa propre

  4   langue sur le e-court, sur le prétoire électronique. Pour le reste, nous

  5   qui ne comprenons pas cette langue, nous ferons comme vous l'avez suggéré,

  6   c'est-à-dire qu'on mettra la traduction révisée du document sur le

  7   rétroprojecteur.

  8   Donc, Madame l'Huissière, je pense que vous pouvez le mettre sur le

  9   rétroprojecteur parce que je comprends qu'il va y avoir des questions qui

 10   seront posées concernant ce document.

 11   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 12   Q.  Regardons la page 11, s'il vous plaît. Monsieur Bogicevic, vous avez le

 13   document là à l'écran, vous le voyez ? Il s'agit du carnet de bord du

 14   véhicule.

 15   R.  Oui, je peux le voir.

 16   Q.  Est-ce que vous voyez la période qui est inscrite sur ce document ?

 17   Peut-être que le dernier chiffre n'est pas très lisible. Mais --

 18   M. NICHOLLS : [interprétation] Excusez-moi, nous n'avons pas d'objection.

 19   Mais si ça peut être utile, nous avons l'original du document si mon

 20   confrère décide qu'il veut s'en servir puisqu'il nous parle de lisibilité.

 21   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Ce n'est pas nécessaire si nous pouvons

 22   être d'accord qu'il s'agit de juillet 1995.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Incidemment, pour votre gouverne à tous

 24   deux, nous ne diffusons pas ceci parce que j'ai été informé du fait que ce

 25   document est confidentiel.

 26   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Non, il n'est pas confidentiel. Non.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] C'est ce que m'a dit la greffière.

 28   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Non.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame, est-ce que vous pourriez

  2   vérifier si c'est un document confidentiel ou non ?

  3   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Je vais le vérifier, Monsieur le

  4   Président.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous procédons à une vérification. Dans

  6   l'intervalle, nous allons poursuivre sans diffuser ce qui se dit à

  7   l'audience.

  8   M. NICHOLLS : [interprétation] Je pense qu'il ne s'agit pas d'un document

  9   confidentiel, Monsieur le Président.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] En tous les cas, poursuivons. Ne

 11   perdons pas de temps.

 12   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 13   Q.  Pouvez-vous voir, ou plutôt, pourriez-vous lire ce qui est le type du

 14   véhicule ?

 15   R.  C'est un TAM 80.

 16   Q.  Sur le même document, est-ce que vous voyez votre nom ?

 17   R.  Oui, je le vois bien.

 18   Q.  Pourriez-vous nous dire si ce véhicule est bien celui que vous

 19   conduisiez pendant la période en question, c'est-à-dire en juillet 1995 ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Pourriez-vous nous décrire brièvement ce véhicule ? C'est quel type de

 22   véhicule ?

 23   R.  C'est un petit camion qui peut transporter deux tonnes et demie.

 24   Q.  Lorsque vous regardez cette première page qui est devant vous, pouvez-

 25   vous dire si vous étiez censé remplir quelque chose sur la première page ou

 26   non ?

 27   R.  Non, je n'étais pas censé remplir quoi que ce soit.

 28   Q.  Est-ce que vous savez qui était censé remplir la première page ? Qui

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  1   était censé inscrire toutes les données qu'on voit sur la première page ?

  2   R.  C'était le responsable qui était responsable de nous.

  3   Q.  Pouvez-vous voir au bas de la page qui est devant vous, on voit une

  4   case qui comporte des dates et mention de carburant. Pouvez-vous, s'il vous

  5   plaît, me dire qui inscrivait les dates et la quantité de carburant que

  6   vous voyez inscrite ici ?

  7   R.  C'était le même responsable qui nous donnait un ordre de nous rendre

  8   quelque part.

  9   Q.  Vous rappelez-vous où on vous fournissait le carburant lorsque vous

 10   étiez censé vous rendre quelque part ?

 11   R.  C'était ou bien à la caserne ou bien à la station de service.

 12   Q.  Où se trouvait la station de service ?

 13   R.  Pas loin de la caserne. Peut-être de 100 ou 200 mètres de la caserne.

 14   Q.  Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, ce que prévoyait le règlement

 15   lorsqu'il fallait prendre du carburant pour votre véhicule ?

 16   R.  Quand le responsable vous disait où vous deviez vous rendre, il prenait

 17   un carnet, un calepin  et il écrivait la quantité qu'on était censé se

 18   procurer et on allait trouver la personne qui devait vous délivrer le

 19   carburant. Il regardait le carnet et vous donnait exactement la quantité

 20   inscrite.

 21   Q.  Avant que l'on ne vous donne le carburant, est-ce qu'on vous

 22   fournissait toujours un certificat écrit sur ce petit carnet avec le

 23   chiffre en question ?

 24   R.  Parfois ce n'était pas mis par écrit. Si on était pressé, si on avait

 25   besoin de carburant d'urgence, à ce moment-là le responsable appelait la

 26   personne qui devait fournir le carburant au téléphone et c'est comme ça

 27   qu'on procédait.

 28   Q.  Lorsque vous utilisiez ce camion pour votre travail, qu'est-ce que vous

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  1   transportiez de façon générale, en gros ?

  2   R.  La plupart du temps, des aliments pour les soldats, des vivres, des

  3   munitions aussi. Nous coopérions avec la police pour ramener des soldats

  4   déserteurs, et nous amenions également des soldats jusqu'à la première

  5   ligne ou on les ramenait à la caserne. Et parfois, pas de temps en temps,

  6   mais assez souvent, nous ramenions nos morts depuis la première ligne

  7   jusqu'à l'hôpital, puis de l'hôpital jusqu'au lieu de sépulture.

  8   Q.  Est-ce que vous avez aussi conduit certains de nos

  9   soldats ? Si vous l'avez fait, où est-ce que vous les conduisez d'habitude

 10   ?

 11   R.  Bien, chaque fois qu'il y avait un changement de tour de garde, à ce

 12   moment-là, nous les amenions depuis chez eux jusqu'à la première ligne,

 13   puis on les ramenait.

 14   Q.  Est-ce qu'il vous êtes arrivé également de transporter des détenus ?

 15   R.  Non.

 16   Q.  Je vous ai montré ce carnet de bord du véhicule pour vous poser la

 17   question suivante : en tant que chauffeur, quelle était d'une façon

 18   générale vos obligations lorsqu'il s'agissait de ce carnet de bord ? Est-ce

 19   que vous étiez censé l'avoir tout le temps avec vous ou non ?

 20   R.  Tous les jours il fallait inscrire ce qu'avait été la mission et ce que

 21   l'on avait fait.

 22   Q.  Que se passait-il lorsque le carnet de bord était rempli au bout d'un

 23   mois ? Que se passait-il ?

 24   R.  A ce moment-là, on le remettait au responsable, et en début de mois, le

 25   premier jour du mois, on vous donnait un nouveau carnet de bord pour ce

 26   véhicule.

 27   Q.  Et c'est comme ça que c'était depuis le début de la guerre, c'est-à-

 28   dire à partir du moment où vous avez commencé à travailler comme chauffeur,

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  1   ou bien --

  2   R.  C'est bien cela.

  3   Q.  Lorsque vous remettiez le carnet de bord du véhicule au fonctionnaire

  4   responsable au bout d'un mois, est-ce que vous aviez la possibilité de

  5   revoir ces carnets de bord ?

  6   R.  Non, je n'avais pas la possibilité de le faire.

  7   Q.  Parlons de ce véhicule-ci -- de ce carnet de bord-ci. Est-ce que c'est

  8   la première fois que vous le voyez après la guerre, après que vous l'ayez

  9   remis au responsable en 1995, à la fin du mois de juillet ?

 10   R.  Je l'ai vu l'an dernier, lorsque vous me l'avez montré.

 11   Q.  Regardons la deuxième page du document. Pouvez-vous reconnaître votre

 12   écriture sur cette page ?

 13   R.  Oui.

 14   L'INTERPRÈTE : Problème technique au niveau de la sténographie.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous allons attendre, il y a un

 16   problème technique, jusqu'à ce que le problème ait été résolu.

 17   Merci. Nous pouvons reprendre, Maître Zivanovic.

 18   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 19   Q.  Monsieur Bogicevic, je vais répéter plusieurs de mes questions

 20   auxquelles vous avez déjà répondu étant donné qu'elles ne figurent pas au

 21   compte rendu à cause de problèmes techniques.

 22   Veuillez me dire ceci : reconnaissez-vous l'écriture qui se trouve à

 23   la page 2 de ce document ?

 24   R.  Oui, je reconnais mon écriture.

 25   Q.  En plus de votre écriture, est-ce que vous voyez et est-ce que vous

 26   pouvez nous préciser quelle est l'écriture qui n'est pas la vôtre ?

 27   R.  A droite, je reconnais l'écriture de Pantic Radoslav. Je ne reconnais

 28   pas l'autre écriture.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie. Mais je suppose qu'il

  2   faut savoir de quelle écriture il s'agit.

  3   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  4   Q.  Pourriez-vous nous préciser, s'il vous plaît, laquelle de ces

  5   signatures est celle de Pantic ? Autrement dit, pourriez-vous nous dire

  6   laquelle est sa signature à partir du haut ?

  7   R.  Etant donné que c'était l'homme qui nous dirigeait, sa signature se

  8   trouve en bas à droite, dans l'angle droit.

  9   Q.  C'est là-bas en bas où devait figurer le tampon, en bas à droite ?

 10   R.  Oui.

 11   Q.  Lorsque vous avez parlé du troisième, vous vouliez parler du troisième

 12   à partir du haut ?

 13   R.  Le troisième, cinquième et septième.

 14   Q.  Le troisième, cinquième et septième à partir du haut; c'est cela ?

 15   R.  Oui, c'est la signature de Pantic. Je ne reconnais pas l'autre

 16   signature.

 17   Q.  Vous rappelez-vous qui a signé ces carnets de bord des véhicules en

 18   plus de Pantic ?

 19   R.  Il y avait plusieurs personnes, je crois, qui se relayaient, mais je ne

 20   me souviens pas de leurs noms.

 21   Q.  Je souhaite maintenant vous poser une question à propos d'une entrée en

 22   particulier, qui correspond à la date du 6 juillet. Est-ce que vous voyez

 23   cela ? Procédons pas à pas. Arrivez-vous à lire l'heure et la date à

 24   laquelle vous avez commencé votre voyage ?

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, s'il vous plaît. Ecoutez,

 26   essayons d'avoir un compte rendu aussi précis que possible. Je remarque en

 27   parcourant le compte rendu qu'il n'a pas encore indiqué avec précision où

 28   se trouvait sa propre écriture sur ce document. Il n'a pas précisé ce qui

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  1   relevait de sa propre écriture.

  2   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  3   Q.  Pourriez-vous nous dire à nouveau, hormis les signatures que nous

  4   voyons à droite du document, qui a rempli les autres colonnes comme la

  5   date, l'heure, début, fin du voyage, distances, kilométrage ?

  6   R.  C'est moi qui ai rempli tout cela et jusqu'au kilométrage parcouru, ici

  7   au bout.

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Et sur la base de ce document, ou

 10   plutôt, vous rappelez-vous avoir fait ce voyage le 16 juillet 1995 ? Est-ce

 11   que vous êtes allé, entre autres, à Pilica ?

 12   R.  Bien, si c'est ce qui est inscrit ici, cela veut dire que oui.

 13   Q.  Je vais maintenant vous montrer un autre document. C'est la pièce qui

 14   est une pièce à l'Accusation, 291. Vous rappelez-vous de ce document ?

 15   Pourriez-vous nous dire quand vous l'avez vu la dernière fois, était-ce

 16   avant de venir à La Haye ? Pardonnez-moi. Après 1995, quand avez-vous vu ce

 17   document pour la première fois après 1995 ?

 18   R.  Je l'ai vu l'année dernière lorsque vous me l'avez montré.

 19   Q.  Veuillez regarder le bas du document et l'angle droit. On peut y voir

 20   une signature. A qui est cette signature ?

 21   R.  C'est ma signature. C'est comme cela que je signe en cyrillique.

 22   Q.  Ici le texte est en alphabet latin. On dit que ceci a été "reçu par

 23   Branko Bogicevic," est-ce que ceci a été écrit par vous ?

 24   R.  Qu'est-ce que vous voulez dire par moi ?

 25   Q.  Je me suis exprimé maladroitement peut-être. Est-ce vous qui avez écrit

 26   ceci, "Reçu par Branko Bogicevic," cette partie-là ?

 27   R.  Non, non.

 28   Q.  Vous avez vu ce document. Pourriez-vous me dire si c'est vous qui avez

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  1   transporté du carburant sur la base de ce document ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Quand deviez-vous prendre ce carburant ?

  4   R.  Je ne m'en souviens pas.

  5   Q.  Vous souvenez-vous de la ville ou de l'endroit où vous êtes allé

  6   chercher le carburant ? Vous ne vous souvenez pas soit de l'endroit où vous

  7   avez pris ce carburant ou --

  8   R.  Vous m'avez demandé si j'avais transporté le carburant.

  9   Q.  Donc vous avez dû mal me comprendre. Alors ma question maintenant c'est

 10   celle-ci : à quel endroit avez-vous pris ce carburant ?

 11   R.  Je ne sais pas si c'était à la caserne ou à la station d'essence.

 12   Q.  Vous souvenez-vous de l'endroit où vous avez transporté ce carburant ?

 13   R.  Comme c'est indiqué ici, ceci a été transporté à Pilica.

 14   Q.  Et la quantité de carburant que vous avez transportée jusqu'à Pilica,

 15   si vous pouvez ?

 16   R.  Cinq cent litres; 500 litres ont été emmenés à cet endroit-là et nous

 17   avons remporté 140 litres.

 18   Q.  Vous souvenez-vous de qui vous aviez l'ordre de transporter ce

 19   carburant ?

 20   R.  Je ne m'en souviens pas.

 21   Q.  Etant donné que vous étiez chauffeur, à ce moment-là, qui aurait pu

 22   vous donner cet ordre ?

 23   R.  C'est sans doute un des employés --

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Là que je crois qu'on se livre à des

 25   conjectures. Il ne s'agit que des conjectures ici.

 26   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je vais retirer ma question.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Donc poursuivons.

 28   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

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  1   Q.  Savez-vous comment le carburant a été transporté à Pilica ? Je sais que

  2   c'était à bord de camion, mais de quelle façon ?

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] L'interprète n'a pas saisi la réponse

  4   du témoin.

  5   Monsieur Bogicevic, veuillez répéter votre réponse, s'il vous plaît, la

  6   réponse que vous avez donnée à la question de Me Zivanovic. La question

  7   était celle-ci : vous souvenez-vous comment ce carburant a été transporté

  8   jusqu'à Pilica ? Je sais que c'était à bord de camion, mais comment, de

  9   quelle façon ceci a-t-il été transporté ?

 10   LE TÉMOIN : [interprétation] Des tonneaux.

 11   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 12   Q.  Savez-vous comment vous vous êtes procuré ces tonneaux ?

 13   R.  Je ne sais pas si c'était à la caserne ou à la station essence.

 14   Q.  Est-ce que ceci a ensuite été déchargé ?

 15   R.  Je ne m'en souviens pas.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Nicholls ?

 17   M. NICHOLLS : [interprétation] Pardonnez-moi, simplement lorsqu'il était où

 18   ? C'était à Pilica, je n'ai pas très bien compris au fait lorsque ceci a

 19   été déchargé si c'était à Zvornik ou lorsque le camion est arrivé à

 20   destination.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, tout à fait. Pourriez-vous

 22   préciser ceci et demander au témoin des explications ? Votre question était

 23   ceci : vous souvenez-vous du fait que ceci a été déchargé là où vous étiez

 24   et c'était où ? Evidemment où ?

 25   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je vais répéter ma question pour que ce

 26   soit bien clair.

 27   Q.  Pourriez-vous nous dire, si vous le savez, où les tonneaux ont été

 28   remplis de carburant avant leur transport ?

Page 22363

  1   R.  Je ne sais pas si c'était à la caserne ou à la station d'essence.

  2   Q.  Vous souvenez-vous, si oui ou non, on vous a remis un document

  3   particulier, un document qui précisait à quel endroit où vous deviez

  4   déposer ce carburant et à qui vous deviez le remettre, un document de

  5   voyage ?

  6   R.  Je ne me souviens pas qu'on m'ait remis un tel document.

  7   Q.  Cela fait longtemps que vous étiez chauffeur, que vous transportiez

  8   différentes commodités, comme vous nous l'avez dit. Pourriez-vous nous dire

  9   si, à aucun moment, vous aviez dû voyager sans document de transport qui

 10   précisait à qui vous étiez censé remettre ces marchandises et les signer ?

 11   R.  Il est vrai que très souvent je transportais des denrées alimentaires

 12   sans document de voyage. A ce moment-là, je livrais ces denrées et je

 13   revenais. De même pour les munitions, en fait. Je transportais des

 14   munitions mais sans document de voyage.

 15   Q.  Est-ce que cela signifie que vous étiez censé avoir des documents de ce

 16   type et quelquefois vous n'en aviez pas ? Ou en général vous n'aviez pas de

 17   document ?

 18   R.  Quelquefois j'avais des documents et quelquefois je n'en avais pas.

 19   Q.  A quel endroit avez-vous livré le carburant à Pilica ?

 20   R.  Pour autant que je m'en souvienne, c'était en quittant Pilica dans la

 21   direction de Bijeljina. Il y avait un petit pont et un groupe de soldats.

 22   C'est là où je garais le camion.

 23   Q.  Lorsque vous vous êtes mis route, est-ce que quelqu'un vous a précisé

 24   où vous deviez vous rendre et à qui vous deviez rendre des comptes ? Est-ce

 25   que quelqu'un vous donnait des instructions

 26   précises ?

 27   R.  On m'a dit d'aller à Pilica. C'est ce que disait le carnet de bord du

 28   véhicule.

Page 22364

  1   Q.  Est-ce qu'on vous a dit de vous rendre à cet endroit que vous venez de

  2   nous décrire ou est-ce qu'on vous en fait part de façon différente ? Vous

  3   en souvenez-vous ou pas du tout ?

  4   R.  Pour autant que je m'en souvienne, on m'a dit d'aller à Pilica en

  5   direction de Bijeljina.

  6   Q.  Vous souvenez-vous -- non,  veuillez supprimer cela.

  7   Est-ce qu'on vous a donné le nom de la personne à qui vous étiez censé

  8   remettre le carburant ?

  9   R.  Je ne m'en souviens pas.

 10   Q.  Vous souvenez-vous qui a réceptionné le carburant ?

 11   R.  Les soldats qui attendaient à cet endroit-là.

 12   Q.  Comment savez-vous que c'étaient des soldats ?

 13   R.  Nos soldats portaient des uniformes, les uniformes de l'armée de la

 14   Republika Srpska.

 15   Q.  Pourriez-vous nous décrire ces uniformes ? S'agissait-il d'uniformes de

 16   camouflage ou simplement uniformes normaux de l'armée ?

 17   Q.  Honnêtement, je ne m'en souviens pas.

 18   Q.  Pourriez-vous nous décrire, s'il vous plaît, le carburant qui était

 19   remis aux personnes sur place ? Comment réceptionnaient-ils ces tonneaux ?

 20   R.  Il y avait beaucoup de bonbonnes en plastique ou de bonbonnes

 21   métalliques, et à l'aide d'un tuyau nous déchargions le carburant des

 22   tonneaux et nous le transvasions dans les bonbonnes.

 23   Q.  Au niveau du tuyau, c'était votre tuyau ou leur tuyau ?

 24   R.  [aucune interprétation]

 25   Q.  Combien de temps tout ceci, le transvasement a-t-il duré du carburant

 26   qui passait des tonneaux aux bonbonnes ?

 27   R.  Cela a duré peut-être une heure ou heure et demie.

 28   Q.  Que se passait-il après, vous en souvenez-vous ? Que se passait-il

Page 22365

  1   après une fois que ceci était terminé, une fois où ceci avait été déchargé

  2   ?

  3   R.  J'ai un vague souvenir de cela. Lorsque toutes les bonbonnes étaient

  4   pleines, il restait encore du carburant dans les tonneaux. Ils n'avaient

  5   pas assez de bonbonnes et c'est comme cela que cela s'est terminé.

  6   Q.  Lorsque vous dites qu'il restait du carburant dans les tonneaux, est-ce

  7   que vous voulez parler de la quantité de carburant que vous rameniez ?

  8   R.  Oui, c'est exact, mais ils voulaient prendre cela aussi, mais je ne

  9   pouvais pas leur donner le tonneau. Je devais rapporter le tonneau.

 10   Q.  En d'autres termes, est-ce que cela signifie que le carburant que vous

 11   avez rapporté était rapporté, parce qu'ils ne disposaient pas de bonbonnes

 12   en quantité suffisante ?

 13   R.  C'est exact.

 14   Q.  Si j'ai bien compris, ils voulaient prendre le carburant qui se

 15   trouvait dans le tonneau.

 16   R.  C'est exact, mais je ne pouvais pas leur donner le tonneau parce que je

 17   devais ramener tous les tonneaux.

 18   Q.  Très bien. Est-ce que quelqu'un a signé un document pour vous pour

 19   confirmer qu'il avait bien réceptionné ce carburant ? Est-ce qu'ils

 20   signaient les reçus de 360 litres de carburant comme ceci est précisé dans

 21   le carnet de bord.

 22   R.  Ils ne pouvaient pas le signer parce que je n'avais pas ce document sur

 23   moi.

 24   Q.  Vous voulez parler de la liste que vous voyez à l'écran maintenant ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Est-ce qu'ils vous ont remis un autre document, un autre récépissé pour

 27   confirmer que le carburant avait bien été

 28   réceptionné ? Vous souvenez-vous de cela ?

Page 22366

  1   R.  Non, je ne m'en souviens pas.

  2   Q.  A l'endroit où le carburant était transvasé, est-ce qu'il y avait des

  3   véhicules sur place ou est-ce qu'il y avait un camion non loin de là, qui

  4   peut être est garé en double file ? Je ne sais pas.

  5   R.  Non. Honnêtement, je ne m'en souviens pas. Je n'ai pas fait

  6   particulièrement attention.

  7   Q.  Lorsqu'il n'y avait plus de bidons, est-ce qu'ils vous ont demandé

  8   d'attendre pour qu'ils puissent trouver d'autres bonbonnes pour

  9   réceptionner le carburant, une fois que vous avez refusé de laisser les

 10   tonneaux ?

 11   R.  Non. Même s'ils avaient fait cela, j'aurais attendu pour pouvoir

 12   décharger le carburant qui restait.

 13   Q.  Vous souvenez-vous de cela ? Peut-être que vous pourriez regarder le

 14   document à nouveau. De toute façon, vous l'avez déjà vu. Vous avez déjà vu

 15   le carnet de bord du véhicule. Vous souvenez-vous à quel moment vous avez

 16   quitté Pilica avec le carburant et quand êtes-vous revenu ?

 17   R.  Comme le document l'indique, je suis revenu à 21 heures 30.

 18   Q.  Vous êtes revenu à 21 heures 30. Combien de temps avez-vous pris pour

 19   revenir à Pilica ? Tout d'abord, je vais poser cette question-ci : lorsque

 20   vous partiez, lorsque vous reveniez, est-ce que vous vous êtes arrêté

 21   quelque part ? Est-ce que vous êtes allé dans un autre endroit ? Est-ce que

 22   vous avez fait autre chose en route ?

 23   R.  Non.

 24   Q.  Donc vous êtes allé directement à Pilica de Zvornik, et ensuite vous

 25   êtes retourné directement dans la caserne ?

 26   R.  Oui, c'est exactement ça.

 27   Q.  Combien de temps avez-vous pris entre votre point de départ, qui était

 28   Karakaj, et Pilica ?

Page 22367

  1   R.  30 à 35 minutes, environ.

  2   Q.  Et vous avis pris le même temps pour revenir ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Vous nous avez dit combien de temps vous avez passé là-bas. Mais je

  5   vais vous maintenant poser cette question-ci : ce jour-là, vous êtes-vous

  6   rendu à Branjevo ?

  7   R.  Non.

  8   Q.  Ce jour-là, vous êtes-vous rendu à Kula, ou plutôt, à l'endroit qui se

  9   trouvait près de Pilica où se trouve l'école de

 10   Kula ? C'est également le nom de cette région. Vous, y êtes-vous allé ce

 11   jour-là ?

 12   R.  Non.

 13   Q.  En traversant Pilica, avez-vous entendu les coups de feu ou quelque

 14   chose de ce genre ou lorsque vous étiez à l'endroit où vous déchargiez le

 15   carburant, est-ce que vous avez entendu des coups de feu ou quelque chose ?

 16   R.  Non, je n'ai rien entendu.

 17   Q.  Vous avez traversé Pilica, n'est-ce pas, donc vous savez à peu près où

 18   se trouvent la maison de la culture et les bâtiments les plus importants de

 19   la ville de Pilica. Alors, pouvez-vous nous dire si vous avez vu, sur la

 20   route même ou à côté de la route, des cadavres ce jour-là pendant votre

 21   trajet aller ou pendant votre trajet retour ?

 22   R.  Je n'en ai pas vu du tout.

 23   Q.  Et à Pilica, est-ce que vous auriez vu des soldats, des regroupements

 24   de soldats ? D'ailleurs, je vous demande aussi si vous en auriez vu en

 25   chemin quand vous avez fait ce trajet de Zvornik à l'endroit où vous avez

 26   déchargé le carburant. Est-ce que vous auriez vu ici ou là un regroupement

 27   relativement important de soldats ?

 28   R.  Des regroupements importants, je n'en ai pas vu, mais des soldats

Page 22368

  1   isolés, oui. J'en ai vu ici ou là des hommes qui portaient l'uniforme, mais

  2   tout le monde portait l'uniforme à ce moment-là.

  3   Q.  Dites-moi, auriez-vous entendu dire qu'à Pilica, dans la maison de la

  4   culture, un groupe de Musulmans aurait été tué et qu'à Branjevo, un autre

  5   groupe de Musulmans aurait été tué ? Avez-vous entendu parler de cela ?

  6   R.  Pas ce jour-là. Mais deux, trois jours plus tard, grâce au bouche à

  7   oreille, c'est ce que j'ai entendu.

  8   Q.  Saviez-vous à ce moment-là que cela s'est passé précisément le jour où

  9   vous avez transporté le carburant ?

 10   R.  Non.

 11   Q.  Est-ce que cela signifie que vous l'avez entendu dire, mais que vous ne

 12   saviez pas exactement quel jour cela s'est produit ?

 13   R.  Oui, oui.

 14   Q.  J'ai encore une chose à vous demander. Ce jour-là, en dehors des lieux

 15   qui sont inscrits dans vos documents de transport, est-ce que vous seriez

 16   allé dans d'autres localités ? Parce que je vous interrogeais au sujet de

 17   Branjevo, de Kula, et cetera, mais est-ce que vous seriez allé dans

 18   d'autres localités qui ne sont pas inscrites dans ces documents ?

 19   R.  Non.

 20   Q.  Dites-moi, je vous prie, les éléments que vous consigniez par écrit

 21   dans les documents de transport, y avait-il à ce moment-là quelqu'un au

 22   sein de votre unité qui vérifiait ce que vous aviez inscrit ? Est-ce qu'il

 23   y avait ce genre de vérification parce que sinon le chauffeur - je parle de

 24   façon générale, je ne parle pas de vous en particulier - aurait pu très

 25   facilement consigner n'importe quoi par écrit s'agissant du nombre de

 26   kilomètres et de lieux visités, et cetera.

 27   R.  Bien sûr. Il n'y avait pas moyen d'inscrire n'importe quoi dans ces

 28   documents et il était impossible d'aller là où on voulait aller sans

Page 22369

  1   surveillance. On ne pouvait aller que vers les endroits dont les noms

  2   étaient indiqués dans le document de transport.

  3   Q.  Et quelqu'un a vérifié tout cela. Qui était-ce ?

  4   R.  C'était le responsable au bureau, le responsable de notre activité.

  5   Q.  Il y a une question que j'ai omis de vous poser. Parmi ces soldats,

  6   est-ce que vous avez reconnu quelqu'un, est-ce qu'il y avait un soldat ou

  7   plusieurs que vous auriez vus personnellement ? Je parle des soldats qui

  8   ont réceptionné le carburant que vous leur avez apporté ?

  9   R.  Non, je n'en connaissais aucun.

 10   Q.  Vous avez dit avoir vu des hommes portant l'uniforme. Mais vous

 11   rappelleriez-vous par hasard si parmi eux il se trouvait quelqu'un qui

 12   était un gradé ? Est-ce que vous auriez vu un insigne de grade ?

 13   R.  Non.

 14   Q.  Y a-t-il un de ces hommes qui, peut-être, se serait présenté à vous ou

 15   qui vous aurait donné l'ordre de laisser les bidons sur place alors que

 16   vous, vous ne vouliez pas le faire. Donc dans cette espèce de position,

 17   est-ce que tel ou tel homme se serait présenté à vous comme étant une

 18   espèce d'officier supérieur ?

 19   R.  Si quelqu'un agit comme ça, il s'agit normalement d'un officier

 20   supérieur, mais ce qui s'est passé c'est que personne n'a agi ainsi.

 21   Q.  Parviendriez-vous à vous rappeler ce que vous avez fait à votre retour

 22   de Pilica ce jour-là, le 16 juillet ?

 23   R.  Je suis rentré à la caserne, j'ai garé le camion et je suis parti

 24   dormir.

 25   Q.  Dans ce document que vous voyez affiché à l'écran, nous voyons la

 26   quantité exacte de carburant qui a été rapportée, et nous lisons 140

 27   litres. Vous rappelez-vous à quel moment la quantité de carburant qui a été

 28   rapportée a été mesurée ? Est-ce que cette mesure a été faite le jour de

Page 22370

  1   votre retour, donc le jour où vous avez effectué le voyage ou peut-être

  2   plus tard ?

  3   R.  Comme je suis rentré assez tard, il est probable que la mesure ait été

  4   faite le lendemain.

  5   Q.  J'ai encore une question à vous poser. Je crois que vous m'avez déjà

  6   répondu, mais je tiens à ce que cela soit très exactement précisé. Cette

  7   feuille qu'on voit affichée à l'écran, est-ce que vous la transportez avec

  8   vous quand vous effectuez la livraison d'une denrée quelconque, la feuille

  9   qu'on voit maintenant affichée à l'écran ?

 10   R.  Moi, je ne la transportais pas avec moi.

 11   Q.  Est-ce que cela veut dire que des papiers de ce genre ne sont pas

 12   transportés de façon générale ? Donc est-ce que c'est une règle générale ou

 13   est-ce que votre réponse signifie que c'est vous qui ne l'avez pas

 14   transportée dans ce cas particulier, mais que dans d'autres situations un

 15   tel papier peut être transporté ?

 16   R.  Je ne m'en souviens pas, mais en tout cas, ce jour-là, je ne l'ai pas

 17   transportée avec moi.

 18   Q.  Etiez-vous présent au moment où ce formulaire a été

 19   rempli ?

 20   R.  J'étais présent quand il a été rempli, puisque je l'ai signé, j'ai

 21   apposé ma signature au bas du document pour confirmer la quantité de

 22   carburant restituée, et cela a dû se passer le lendemain.

 23   Q.  Est-ce que vous étiez présent aux côtés des employés ou des

 24   responsables du bureau qui ont rempli ce formulaire ? Je ne parle pas de

 25   votre signature, mais je parle des autres inscriptions que l'on retrouve

 26   dans cette page affichée devant vous à l'écran ?

 27   R.  Je ne m'en souviens pas. Je ne pense pas que je l'étais.

 28   Q.  Pourriez-vous reconnaître l'écriture, donc l'employé qui a rempli ce

Page 22371

  1   formulaire ?

  2   R.  Non. Je ne peux pas reconnaître l'écriture.

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Maître Zivanovic, je ne suis pas sûr que

  4   ce que le témoin ait dit est qu'il ne souvenait pas avoir transporté ce

  5   document avec lui, et est-ce qu'il en est tout à fait certain ou est-ce que

  6   ce n'est pas le cas ?

  7   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

  8   Q.  Pourriez-vous, je vous prie, répondre à la question de M. le Juge ?

  9   Etes-vous sûr que ce jour-là vous n'aviez pas sur vous le document que l'on

 10   voit à l'écran au moment où vous avez restitué le carburant notamment ?

 11   R.  Je suis sûr que je ne l'avais pas sur moi.

 12   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Mais comment est-ce que vous pouvez vous

 13   en souvenir ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai jamais vu ce document avant que Me

 15   Zivanovic ne me le montre.

 16   M. ZIVANOVIC : [interprétation]

 17   Q.  Un point à préciser toutefois, car il y a un risque de malentendu.

 18   Savez-vous à quel moment ce document a été effectivement rempli ? Parce que

 19   vous avez dit tout à l'heure, sans doute le lendemain. Mais pouvez-vous

 20   nous dire sur quoi vous vous fondez pour déterminer ce document a été

 21   rempli le lendemain ?

 22   R.  Très probablement d'après le moment où le carburant a été restitué,

 23   parce que quand j'ai pris la route, personne ne savait s'il y aurait du

 24   carburant à restituer ou pas.

 25   Q.  J'ai encore une question à vous poser. Lorsque vous avez signé ce

 26   document, vous rappelez-vous si les mots que l'on voit entre parenthèses et

 27   qui concernent, "Popovic," figuraient dans ce document ou pas ? Vous

 28   rappelez-vous si cela était déjà inscrit ?

Page 22372

  1   R.  Je ne me souviens pas. D'ailleurs je n'y ai pas prêté attention. La

  2   seule chose qui m'a intéressé c'était le chiffre relatif à la quantité de

  3   carburant qu'il fallait que je rende.

  4   Q.  Dites-moi, est-ce que vous avez eu le moindre contact avec Vujadin

  5   Popovic à quelque moment que ce soit ?

  6   R.  Jamais, à aucun moment.

  7   Q.  Dites-moi, je vous prie, le connaissez-vous ?

  8   R.  Je ne le connais pas. Je ne le connaissais pas à ce moment-là et je ne

  9   le connais pas aujourd'hui.

 10   Q.  Hormis les contacts que vous avez eus avec moi et avec les membres de

 11   mon équipe, auriez-vous discuté de toutes ces questions avec qui que ce

 12   soit d'autre pendant les 13 ans qui se sont écoulés depuis ces événements ?

 13   Je parle de conversations officielles, des entretiens avec des enquêteurs

 14   ou des avocats représentant d'autres instances ?

 15   R.  Je n'en ai parlé avec personne.

 16   Q.  Il y a un mois à peu près, on vous a informé que le bureau du Procureur

 17   de ce Tribunal souhaitait s'entretenir avec vous, vous vous en souvenez,

 18   n'est-ce pas ?

 19   R.  Oui, je m'en souviens. J'ai reçu un appel téléphonique.

 20   Q.  Pourriez-vous expliquer si vous avez répondu positivement à cet appel ?

 21   Et dans ce cas, pour quelle raison ? Ou si vous n'avez pas fait suite ?

 22   R.  Je n'ai pas fait suite, parce que vous m'avez lu un document où il

 23   était écrit que le carburant que j'avais transporté avait servi à commettre

 24   des meurtres. Et personne ne m'a plus rien demandé.

 25   Q.  Est-ce que cela a eu lieu au moment où vous avez décidé de comparaître

 26   ici ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Enfin, ce que je veux dire c'est : est-ce que l'appel du bureau du

Page 22373

  1   Procureur a été passé alors que vous aviez déjà décidé de comparaître en

  2   tant que témoin ici ?

  3   R.  Oui, oui.

  4   Q.  Maintenant, encore une question qui m'intéresse. L'événement qui fait

  5   l'objet de votre déposition orale ici aujourd'hui, c'est-à-dire ce qui

  6   s'est passé ce 16 juillet, comment se fait-il que vous l'avez gardé en

  7   mémoire ?

  8   R.  Etant donné le temps qui s'est écoulé depuis, je m'en suis souvenu

  9   grâce aux deux documents que vous m'avez montrés. Puis, j'ai gardé en

 10   mémoire le fait que j'ai rapporté du carburant et j'ai également gardé en

 11   mémoire l'espèce d'accrochage que j'ai eu avec les deux soldats qui ne

 12   voulaient pas que je restitue, que je rapporte le carburant.

 13   Q.  Merci, Monsieur Bogicevic.

 14   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Maître Zivanovic, il y a un point qui

 15   n'est pas tout à fait clair à mes yeux. J'ai demandé au témoin ce qui lui

 16   servait de base pour se rappeler le fait qu'il n'avait pas apporté le

 17   document avec lui au moment des faits et il a répondu ceci, figurant page

 18   14, ligne 15 du compte rendu d'audience d'aujourd'hui, je cite : "Je n'ai

 19   jamais vu ce document avant que Me Zivanovic ne me le montre." Mais le

 20   témoin a également déclaré qu'il avait apposé sa signature au bas de ce

 21   document. Alors, pourrais-je obtenir une précision ?

 22   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Juge, je vous remercie.

 23   Q.  Monsieur Bogicevic, vous nous avez dit que vous aviez signé le document

 24   que vous voyez actuellement sur l'écran devant vous. Vous avez déclaré

 25   également que vous saviez avoir signé ce document le lendemain des faits.

 26   Et à une autre question que je vous ai posée, vous avez répondu que vous

 27   n'aviez ce document qu'au moment où je vous l'ai montré. Alors, pourriez-

 28   vous vous expliquer sur ce point ? Avez-vous vu ce document le jour où vous

Page 22374

  1   l'avez signé ou bien ce que vous vouliez dire, c'est que vous l'avez vu

  2   pour la première fois après les événements, c'est-à-dire quand je vous l'ai

  3   montré ?

  4   R.  Quand je l'ai signé, je n'ai prêté attention qu'au chiffre concernant

  5   la quantité de carburant que je devais restituer, le reste je n'ai

  6   absolument pas porté attention à tout ce qui était écrit en-dehors de cela.

  7   Q.  En d'autres termes, quand vous avez signé ce document, vous l'aviez

  8   devant vous, il était là ce document, car sinon, si je comprends bien, vous

  9   n'auriez pas pu le signer ?

 10   R.  J'ai signé, j'ai rendu le carburant et je suis parti. C'est tout ce que

 11   j'ai fait.

 12   Q.  Mais un document comme celui-ci, est-ce qu'en général, vous l'avez sur

 13   vous quand vous livrez du carburant, comme par exemple, le moment où vous

 14   êtes allé à Pilica pour livrer le document. Donc, est-ce qu'en général,

 15   vous avez le document avec vous au moment de la livraison ou est-ce que le

 16   document est établi après la livraison ?

 17   R.  Ce document a été établi après la livraison. Je ne l'avais pas sur moi.

 18   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je vous remercie.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Zivanovic.

 20   Voyons ce qu'il est en des autres équipes de la Défense.

 21   Maître Nikolic ? Maître Ostojic, éventuellement ? Ou Maître Nikolic.

 22   M. NIKOLIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président. Nous

 23   n'avons pas de questions.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Madame Nikolic ?

 25   Mme NIKOLIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, je n'ai pas de

 26   questions.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Madame. Maître Lazarevic ?

 28   M. LAZAREVIC : [interprétation] Comme nous l'avons déjà dit, nous n'avons

Page 22375

  1   pas de questions.

  2   Mme FAUVEAU : Pas de questions, Monsieur le Président.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Krgovic ?

  4   M. KRGOVIC : [interprétation] Merci, pas de questions.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Sarapa, on m'avait dit au qu'au

  6   départ vous pensiez ne pas contre-interroger ce témoin, mais comme

  7   maintenant vous avez changé d'avis, vous aviez besoin d'une dizaine de

  8   minutes. Vous en avez toujours besoin ?

  9   M. SARAPA : [interprétation] Nous avons demandé ces dix minutes hier. Mais

 10   compte tenu de ce que le témoin a dit à l'instant et compte tenu de ce qui

 11   s'est passé durant l'interrogatoire principal, nous y renonçons, donc je

 12   n'ai pas de questions pour le témoin.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

 14   Monsieur Nicholls ?

 15   M. NICHOLLS : [interprétation] S'il était possible, je préférerais que la

 16   pause se fasse avec un peu d'avance pour pouvoir discuter de la nature de

 17   contre-interrogatoire avec M. McCloskey qui, à mon avis, ne durera pas très

 18   longtemps.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. Je m'attends à de nouvelles

 20   encore meilleures et je demande si le témoin suivant est disponible ?

 21   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Il est disponible.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

 23   Alors, nous allons prendre une pause de 25 minutes à partir de maintenant.

 24   --- L'audience est suspendue à 10 heures 18.

 25   --- L'audience est reprise à 10 heures 49.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Nicholls, à vous.

 27   Monsieur Bogicevic, M. Nicholls, qui représente l'Accusation, va maintenant

 28   vous contre-interroger.

Page 22376

  1   Et j'indique pour le compte rendu d'audience également que nous avons

  2   maintenant le plaisir d'avoir Me Bourgon parmi nous dans le prétoire.

  3   Monsieur Nicholls, à vous.

  4   Contre-interrogatoire par M. Nicholls : 

  5   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur. J'aimerais que nous

  6   précisions un certain nombre de choses. Vous êtes désigné par deux prénoms,

  7   n'est-ce pas, Branko et Brano ? En effet, sur la pièce P291, j'ai vu

  8   mention de Branko Bogicevic, et vous avez signé ce document, mais sur le

  9   document de votre véhicule, la pièce P295, dont vous dites que c'est bien

 10   votre écriture qu'on voit sur ce document, le nom qui figure comme le nom

 11   du chauffeur est Brano. Donc on vous trouve désigné parfois avec un prénom

 12   et parfois avec l'autre, n'est-ce pas ?

 13   R.  Mon prénom, c'est Branko, mais ceux qui me connaissent bien me

 14   surnomment tous Brano.

 15   Q.  Et le prénom de votre père, est-il Milivoje ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Où habitiez-vous entre 1992 et 1995, disons ?

 18   R.  A Zvornik.

 19   Q.  D'accord. Avant la guerre, nous allons donc remonter un peu dans le

 20   temps, vous dites que votre profession était chauffeur. Vous étiez

 21   chauffeur pour Drinatrans, n'est-ce pas ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Et pendant la guerre entre 1992 et 1995, vous est-il arrivé de conduire

 24   des autobus de la société Drinatrans ? Vous l'avez fait, n'est-ce pas ?

 25   R.  J'ai travaillé jusqu'en juillet 1992 chez Drinatrans. En juillet, j'ai

 26   été mobilisé.

 27   Q.  D'accord. En tant que chauffeur de bus chez Drinatrans, est-ce que vous

 28   pourriez nous dire quelles étaient vos destinations habituelles, quels

Page 22377

  1   étaient les secteurs que vous couvriez ?

  2   R.  Pendant que je travaillais pour Drinatrans, c'est bien ce que vous

  3   voulez dire ?

  4   Q.  Oui. Avant le mois de juillet 1992, où est-ce que vous alliez à bord

  5   des autobus que vous conduisiez ?

  6   R.  Je couvrais les lignes régulières qui fonctionnaient à ce moment-là.

  7   Q.  Quelles étaient les lignes régulières ? C'est cela que je vous demande.

  8   Quels étaient les lieux où vous alliez ? Est-ce que vous alliez à Bratunac

  9   ou dans d'autres municipalités ?

 10   R.  Il y avait une ligne locale qui allait de Zvornik à Kiseljak, puis à

 11   Loznica et retour.

 12   Q.  Donc vous connaissiez très bien cet itinéraire.

 13   R.  Bien entendu. Je suis né et j'ai grandi dans la région.

 14   Q.  Précisons bien une chose. Vous avez dit dans quelles conditions ces

 15   formulaires étaient remplis dans lesquels étaient consignés vos trajets

 16   aller, vos trajets retour. Vous avez dit que ce qui figurait dans ces

 17   documents était exact, n'est-ce pas ? Je vais vous poser quelques questions

 18   sur ce point.

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Il est vrai, n'est-ce pas, qu'en tant que chauffeur et en tant que

 21   petit soldat d'infanterie, ce n'était pas vous qui décidiez de ce que vous

 22   aviez à transporter vers quelle destination ? Vous n'étiez pas aux

 23   commandes, n'est-ce pas ? Quelqu'un vous donnait des ordres ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Et ce quelqu'un vous disait où aller, quand y aller et quoi transporter

 26   ?

 27   R.  Bien entendu. Je ne pouvais pas le faire de ma propre volonté.

 28   Q.  Vous avez dit dans votre déposition que vous ne saviez rien de Vujadin

Page 22378

  1   Popovic à ce moment-là et que vous ne le connaissez pas du tout encore

  2   aujourd'hui; c'est bien ça ?

  3   R.  C'est cela.

  4   Q.  Mais j'aimerais que nous parlions un peu d'autres personnes que vous

  5   connaissiez au sein de la Brigade de Zvornik. Le capitaine Sreten

  6   Milosevic, vous le connaissiez, n'est-ce pas, dans l'unité de logistique ?

  7   Commandant adjoint chargé de la logistique ?

  8   R.  Je le connais comme ça pour l'avoir vu.

  9   Q.  Mais vous le connaissez aussi, parce que vous étiez au sein de l'unité

 10   de logistique et que lui était le commandant adjoint chargé de la

 11   logistique, n'est-ce pas ?

 12   R.  Je ne connais pas ses fonctions, mais je le connais de vue. Je connais

 13   son aspect physique.

 14   Q.  D'accord. Et aujourd'hui, vous le connaissez toujours, son aspect

 15   physique ?

 16   R.  Je ne rappelle pas quand je l'ai vu la dernière fois.

 17   Q.  Vous rappelez-vous qui était le chef des services techniques de la

 18   Brigade de Zvornik en juillet 1995 ?

 19   R.  Je connais seulement Radoslav Pantic, puisque c'était mon supérieur

 20   immédiat.

 21   Q.  D'accord. Et Milenko Krstic ?

 22   R.  Personnellement, je ne le connais pas.

 23   Q.  Mais vous savez qu'il faisait partie de l'unité de logistique de la

 24   Brigade de Zvornik ?

 25   R.  C'est probable, mais je ne le connais pas.

 26   Q.  D'accord. Et Stevo Gajic, ça c'est quelqu'un que vous connaissez, je

 27   pense.

 28   R.  Je le connais.

Page 22379

  1   Q.  D'accord. Quel était son travail dans la Brigade de Zvornik en juillet

  2   1995 ?

  3   R.  C'était un homme d'âge assez avancé, et c'est lui qui transvasait le

  4   carburant.

  5   Q.  Il tenait la station de service de Karakaj, n'est-ce pas ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Il dormait même sur place ?

  8   R.  Ça, je ne le sais pas.

  9   Q.  Et un certain Milenko Tomic, un autre chauffeur, vous le connaissez ?

 10   Réfléchissez bien.

 11   R.  Ce nom de famille me dit quelque chose. Mais quel est le prénom de son

 12   père ?

 13   Q.  Ça, je ne saurais pas vous le dire comme ça de mémoire, mais en tout

 14   cas c'était un autre chauffeur qui conduisait les autobus allant à l'usine

 15   métallurgique pour la Brigade de Zvornik.

 16   R.  Je connais deux hommes qui portent ce nom de famille, donc je ne

 17   voudrais pas confondre.

 18   Q.  Mais vous connaissez un Milenko Tomic qui était votre collègue ?

 19   R.  Il y en a un autre qui a le même prénom et le même nom de famille, mais

 20   enfin je connais Milenko Tomic, oui.

 21   Q.  D'accord. Alors, ces hommes étaient des hommes avec lesquels vous aviez

 22   les contacts au quotidien au sein de l'unité chargée de la logistique. Je

 23   vous demande maintenant si vous savez qui commandait le 2e Bataillon en

 24   juillet 1995.

 25   R.  Je ne m'en souviens pas.

 26   Q.  Savez-vous où se trouvait le QG de ce 2e Bataillon à ce moment-là ?

 27   R.  Non.

 28   Q.  Et pour le 4e Bataillon, qui en était le commandant en juillet 1995 ?

Page 22380

  1   Si vous ne le savez pas, tant pis.

  2   R.  Il y a plusieurs personnes qui ont changé dans ce poste. Je ne sais pas

  3   qui en fin de compte était le commandant.

  4   Q.  Bien. Et le 1er Bataillon ?

  5   R.  Je ne sais pas.

  6   Q.  Est-ce que vous savez où se trouvait le quartier général du 1er

  7   Bataillon en juillet 1995 ?

  8   R.  Non.

  9   Q.  Est-ce que vous connaissiez quelqu'un du 1er Bataillon en juillet 1995

 10   de vue ou même comme ami ?

 11   R.  Je ne me rappelle pas.

 12   Q.  Bien. Est-ce que vous savez qui est Slavko Peric et quel était son

 13   travail en juillet 1995 ?

 14   R.  Il était conducteur ?

 15   Q.  Non, je vous demande simplement si vous connaissez quel était le

 16   travail de cette personne en juillet 1995. Si vous ne savez pas ou si vous

 17   ne rappelez pas, ça va bien. Je ne veux pas que ce soit comme un

 18   interrogatoire ou un rébus.

 19   R.  Slavko Peric était là. C'était un des mes collègues de la compagnie. Il

 20   conduisait un bus ou un car depuis la caserne. Malheureusement, il est

 21   décédé l'an dernier.

 22   Q.  Bien. Je vais maintenant vous demander assez rapidement -- revenons un

 23   petit peu en arrière.

 24   M. NICHOLLS : [interprétation] Pourrait-on, s'il vous plaît, voir le

 25   document P295 ? Il faudrait remettre le texte anglais sur le

 26   rétroprojecteur. On a besoin des pages 11 et 12 pour le logiciel e-court,

 27   et pendant qu'on attend que ça apparaisse, je voudrais confirmer un point,

 28   c'est que vous aviez dit qu'en fait vous ne vous rappeliez vraiment rien

Page 22381

  1   concernant ce trajet à Pilica ni aucun renseignement à ce sujet jusqu'à ce

  2   qu'on vous ait rafraîchi la mémoire par les documents que Me Zivanovic vous

  3   a montrés l'an dernier, n'est-ce pas ?  C'est bien ça que vous avez dit

  4   dans votre déposition ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Bien. Je vais voir si je peux vous aider à vous rappeler de quelque

  7   chose d'autre. Voyez-vous là votre carnet de bord, vous l'avez devant vous

  8   ?

  9   R.  Ceci n'est pas mon carnet de bord.

 10   Q.  [aucune interprétation]

 11   M. NICHOLLS : [interprétation] Il faudrait qu'on ait la page 11. En fait,

 12   si je pouvais remettre au témoin l'original, comme ça il pourra voir.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.

 14   M. NICHOLLS : [interprétation] Je ne sais pas si mon confrère souhaite le

 15   voir d'abord.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Voulez-vous le voir, Maître Zivanovic ?

 17   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président. Je crois, bien

 18   entendu, l'Accusation.

 19   M. NICHOLLS : [interprétation] 

 20   Q.  Bien. Donc si vous voulez, vous pouvez regarder maintenant l'original,

 21   Monsieur le Témoin, regardez la page 12 en B/C/S. Pour vous c'est la page

 22   suivante. C'est également à la page suivante sur votre projecteur.

 23   Regardez la colonne 4, il y a là une mention dans votre écriture, on

 24   en vient à la date du 15 juillet 1995, où on voit le mot Standard, puis un

 25   autre mot, ensuite Orahovac ou Orahovo. Alors, maintenant regardez cela.

 26   Voyez si ça vous aide à vous rappeler quelque chose. Je souhaiterais que

 27   vous nous parliez de votre trajet à Orahovac le 15 juillet qui,

 28   apparemment, a pris une grande partie de la journée. Alors, où êtes-vous

Page 22382

  1   allé à Orahovac et pourquoi êtes-vous allé là-bas ?

  2   R.  Je ne me rappelle pas. Probablement j'ai transporté des aliments,

  3   des vivres et des soldats.

  4   Q.  Regardons maintenant ceci, il y a une indication de

  5   9 heures du matin, on dirait, 2130.

  6   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Avant cela, Monsieur Nicholls, pourquoi

  7   vous ne lui demandez pas de lire ce qui est inscrit sur cette colonne, son

  8   itinéraire ?

  9   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci, Monsieur le Juge.

 10   Q.  Pourriez-vous lire ce qui est dit concernant l'itinéraire que vous avez

 11   emprunté le 15 juillet, s'il vous plaît ? C'est la cinquième entrée

 12   manuscrite à partir du bas environ. Pouvez-vous lire, donnez lecture à

 13   haute voix pour les Juges concernant l'endroit où vous vous êtes rendu ce

 14   jour-là ?

 15   R.  Oui, oui. "Standard, Kitovnice, Orahovac."

 16   Q.  Bien. Je vous remercie. Donc Kitovnice c'est l'IKM, n'est-ce pas ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Donc vous êtes allé là-bas, vous êtes arrivé après avoir traversé

 19   Orahovac, puis vous prenez ces routes en quelque sorte en terre avec du

 20   gravier pour monter dans les collines; c'est bien

 21   cela ?

 22   R.  Il y a une route asphaltée jusqu'à Orahovac et une route en terre pour

 23   aller à Kitovnice.

 24   Q.  Je vous remercie.

 25   Maintenant, qu'avez-vous vu à côté de l'école et juste après l'école

 26   dans le grand champ qui se trouve à gauche près des points d'eau ce jour-là

 27   lorsque vous alliez à Kitovnice ? Essayez de vous en souvenir.

 28   R.  Je ne me rappelle rien. J'ai conduit sans faire attention à quoi

Page 22383

  1   que ce soit.

  2   Q.  Bien. Est-ce que vous savez ce qui s'est passé à Orahovac le 14

  3   juillet, en fait, vraiment tard le soir dans la soirée du 13 mais également

  4   toute la journée du 14 et jusqu'à la nuit du 14 ?

  5   R.  Je ne sais rien.

  6   Q.  Vous rappelez-vous ce qui s'est passé à l'école

  7   d'Orahovac ? Est-ce que vous avez jamais entendu dire ce qui s'était passé

  8   à l'école d'Orahovac et dans le champ qui se trouve à côté au cours du mois

  9   de juillet 1995 ?

 10   R.  Je ne me rappelle plus.

 11   Q.  Bien. Est-ce que vous vous rappelez que tout autour de Zvornik en

 12   juillet 1995, des Musulmans, des hommes ont été détenus dans des écoles,

 13   puis ont été emmenés et exécutés ? Vous rappelez-vous cela ?

 14   R.  Plusieurs jours plus tard, lorsque la radio et la télévision, les

 15   chaînes de télévision ont commencé à faire des émissions, donner des

 16   nouvelles à ce sujet, c'est à ce moment-là que j'en ai entendu parler.

 17   Q.  La raison pour laquelle je vous pose ces questions c'est que vous êtes

 18   passé en conduisant juste à côté de l'endroit où il y avait eu des tueries

 19   en masse à l'école d'Orahovac et dans le champ voisin, le lendemain du jour

 20   où ça a eu lieu alors que les ensevelissements se poursuivaient. Donc je me

 21   demandais si vous vous rappeliez quoi que ce soit, par exemple, des engins

 22   pour creuser, des engins de terrassement, si vous avez vu des corps qui se

 23   trouvaient éparpillés dans le champ ?

 24   R.  Absolument pas.

 25   Q.  Bien. Je vais maintenant passer à autre chose et je vais vous demander

 26   -- enfin, continuez de regarder ce document; vous regardez le document que

 27   vous avez devant vous ou bien l'autre, et voyons pour le 17 juillet, le

 28   lendemain, non pas le lendemain par rapport à Orahovac, mais le lendemain

Page 22384

  1   après le voyage à Pilica dont vous avez parlé. Vous trouviez-vous sur la

  2   route ce jour-là entre midi et 7 heures du soir, et nous pouvons voir dans

  3   la deuxième colonne que vous êtes retourné à Pilica. Où êtes-vous allé ce

  4   jour-là pour commencer, c'est une question multiple, mais en l'occurrence

  5   que faisiez-vous à Pilica ? Peut-être que ça va vous aider à vous souvenir

  6   en regardant à nouveau ce document.

  7   R.  Je ne me rappelle pas ce que je transportais. Je me souviens d'être

  8   allé là-bas, mais je ne me souviens pas de ce que je transportais.

  9   Q.  Bien. Exactement où vous êtes-vous rendu ?

 10   R.  Comme on peut le lire ici : "Standard, Kruske, Pilica, Zvornik."

 11   Q.  Où exactement êtes-vous allé à Pilica ?

 12   R.  Je ne me rappelle pas.

 13   Q.  Et où exactement se trouve Kruske, si vous pouvez nous le dire ?

 14   R.  Il s'agit d'un lieu qui se trouve sur la route qui conduit à Kamenica.

 15   Q.  Bien. Donc pour le 15, il n'y a aucune mention, le 17 aucune mention,

 16   vous avez quelques souvenirs concernant le 16 et nous allons en parler dans

 17   une minute.

 18   Je souhaiterais qu'on nous montre le 377, s'il vous plaît. Donc pour le 17,

 19   vous ne vous souvenez de rien, il n' y a rien. Je voudrais que l'on voie la

 20   page 29 de l'anglais et page 148 du B/C/S. J'espère que c'est la bonne.

 21   Ici, on devrait avoir une version qui porte le chiffre 02935619, version

 22   complète, on me dit pour l'anglais.

 23   Et ce que vous allez voir maintenant, c'est le registre de l'officier de

 24   service de la Brigade de Zvornik. Et puisque vous n'avez aucun souvenir de

 25   ces trajets, à tout moment, ou de ce qui s'est passé jusqu'à ce que vous

 26   voyez les documents que vous a montrés Me Zivanovic, je vais vous montrer

 27   celui-ci. Maintenant, pour commencer, est-ce que Me Zivanovic vous a montré

 28   ce document lorsque vous l'avez rencontré ou lorsqu'il a procédé à votre

Page 22385

  1   récolement ? Est-ce que vous comprenez ma question ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Est-ce que Me Zivanovic vous a montré ce document ?

  4   R.  Non.

  5   Q.  Alors, nous avons là la page 148 du texte anglais, Monsieur le

  6   Président.

  7   Le numéro ERN est 02935766.

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je ne suis pas sûr que nous ayons le

  9   document en question. Celui que nous avons en anglais porte les chiffres

 10   5648.

 11   M. NICHOLLS : [interprétation] Excusez-moi, je voulais parler de la page 29

 12   en anglais. Non. Alors, c'est la page 148 en anglais, excusez-moi. Il y a

 13   différentes versions.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais quel est le numéro ERN.

 15   M. NICHOLLS : [interprétation] C'était le bon numéro ERN qui se termine par

 16   02935766, l6 juillet.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Je l'ai retrouvé.

 18   M. NICHOLLS : [interprétation] Merci.

 19   Q.  Maintenant, Monsieur le Témoin, je vais vous lire ce qui est inscrit

 20   ici : "A 14 heures, Popovic a demandé un car avec le plein de carburant et

 21   500 litres de D 2. L'officier de service Zlatar et Golic, informés."

 22   Savez-vous ce que vous dire Zlatar en juillet 1995, c'était un mot code, ça

 23   représentait quoi ?

 24   R.  Je n'étais pas au courant de cela. Moi, je n'étais qu'un homme du rang,

 25   un fantassin, rien de plus.

 26   Q.  Bien. Alors là donc il s'agit du commandement du Corps de la Drina - et

 27   je ne vais pas tout passer en revue avec vous - mais je voudrais simplement

 28   vous dire que nous avons des éléments de preuve en l'espèce, il s'agit du

Page 22386

  1   P1189, d'une conversation écoutée, enregistrée qui établit un lien entre

  2   cette mention dans le carnet de l'officier de service. Donc conversation

  3   enregistrée du 16 juillet à la même heure, 13 heures 58, et dans cette

  4   conversation enregistrée, l'officier de service de la Brigade de Zvornik

  5   appelle le commandement du Corps de la Drina, parle à Golic, qui est un

  6   adjoint chargé du renseignement, et lui dit que le lieutenant-colonel

  7   Popovic a besoin de 500 litres de carburant D 2 immédiatement et qu'il en a

  8   besoin au village de Pilica.

  9   Puis, nous avons une autre conversation enregistrée, 1199, à 19 heures 12,

 10   le même jour, disant que le problème de carburant pour Zvornik a été

 11   résolu.

 12   Donc, voilà la fourchette en ce qui concerne le carnet de notes de

 13   l'officier de service et les conversations enregistrées qui parlent de la

 14   livraison de carburant, 2 heures de l'après-midi à 7 heures de l'après-

 15   midi. Maintenant, est-ce que ça vous aide à vous rappeler que c'était dans

 16   cet intervalle que vous avez fait votre voyage au village de Pilica, le 16

 17   juillet pour livrer ce carburant ?

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Zivanovic ?

 19   M. NICHOLLS : [interprétation] Je voudrais demander à mon confrère de faire

 20   attention.

 21   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je voulais simplement dire qu'il y a un

 22   problème, puisque c'est le problème pour Zvornik qui est résolu.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, il est en train de demander une

 24   correction pour le compte rendu. A la ligne 20 de la page 28, on dit que le

 25   même jour le problème de carburant pour Zvornik a été résolu. C'est ça

 26   qu'il faut corriger.

 27   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je ne vois pas l'objet de cette question.

 28   Ça n'est pas le même endroit que --

Page 22387

  1   M. NICHOLLS : [interprétation] C'est exactement ce que je veux dire,

  2   Monsieur le Président. C'est un argument et si c'est un argument, ce n'est

  3   pas une objection. S'il ne voit pas pourquoi je pose une question, il peut

  4   simplement corriger les choses lorsqu'il posera les questions

  5   supplémentaires.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bon, allez-y. Veuillez poursuivre avec

  7   votre question.

  8   Oui, Maître Zivanovic ?

  9   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je voudrais demander que le témoin enlève

 10   ses écouteurs, son casque.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allons voir s'il comprend l'anglais

 12   pour commencer.

 13   Comprenez-vous l'anglais, Monsieur le Témoin ? Monsieur Bogicevic, est-ce

 14   que vous comprenez l'anglais ?

 15   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vais vous demander de retirer vos

 17   écouteurs un moment, s'il vous plaît.

 18   Maintenant, est-ce que vous allez vous adresser à la Chambre en anglais ou

 19   en --

 20   M. ZIVANOVIC : [interprétation] En anglais.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Alors allez-y.

 22   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Cette conversation a trait à deux tonnes,

 23   enfin, 2 000 litres de carburant pour Zvornik, pour autant que je le sache,

 24   c'est-à-dire non pas précisément 500 litres pour --

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls ?

 26   M. NICHOLLS : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que je n'ai

 27   même pas à répondre à cela. Il y a un carnet d'un officier de service qui

 28   indique ici qu'il y a un problème avec -- enfin, que Popovic a besoin

Page 22388

  1   immédiatement de carburant. Il y a une conversation enregistrée

  2   précédemment qui dit que ce carburant est nécessaire et qu'il faut livrer

  3   immédiatement, à 14 heures, et il a besoin d'avoir là 500 litres de D 2 qui

  4   doit lui être envoyé au village Pilica. Puis, il y a une conversation

  5   enregistrée de 17 heures avec Basovic, qui est une des personnes que l'on

  6   entendait dans la conversation précédemment enregistrée, qui dit que pour

  7   Zvornik c'est résolu. Je crois qu'on peut déduire à juste titre qu'il

  8   s'agit du problème de la Brigade de Zvornik pour les 500 litres.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Bon, ceci est fondamentalement

 10   l'argument.

 11   M. NICHOLLS : [interprétation] Exactement.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous pouvez en parler lors des

 13   questions supplémentaires si vous le souhaitez, Maître Zivanovic. Dans

 14   l'intervalle, allons-y avec cette question. Ça reste donc un argument en

 15   fin de compte, parce que s'il y a désaccord entre vous pour savoir de

 16   quelle livraison de carburant il s'agit, je pense que nous serons en mesure

 17   de régler la question et vous allez avoir la possibilité de présenter vos

 18   propres arguments.

 19   Monsieur Nicholls, voudriez-vous répéter la question au témoin, s'il vous

 20   plaît ?

 21   Monsieur Bogicevic, est-ce que vous pouvez suivre ? Vous m'entendez ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je le peux.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Voulez-vous qu'on vous répète la

 24   question ?

 25   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, je souhaite qu'on répète la question,

 26   Monsieur le Président.

 27   Q.  Monsieur le Témoin, ce que je vous demandais, c'était parce que vous

 28   avez dit lors de l'interrogatoire principal que tout ce dont vous vous

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  1   souveniez en ce concerne la trajet du 16 juillet à Pilica lorsque vous avez

  2   livré ce carburant était basé sur les documents et le fait que vous avez

  3   rencontré Me Zivanovic et la séance de récolement, et c'est ce qu'il vous a

  4   montré. Je vous montre maintenant autre chose pour essayer de vous aider à

  5   vous rappeler ce qui se passait à ce moment-là. Nous voyons que vous étiez

  6   constamment en route pendant toute la journée du 16, d'après votre carnet,

  7   et ce que je vous ai montré maintenant, c'est une mention à 14 heures dans

  8   le carnet de notes de l'officier de service de la Brigade de Zvornik qui

  9   dit que Vujadin Popovic a besoin immédiatement de carburant et -- ou il

 10   devra arrêter son travail, et qu'il a besoin de 500 litres. Je vous ai

 11   montré -- je vous ai parlé de la conversation interceptée --

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] S'il vous plaît, Maître Zivanovic,

 13   laissez-lui terminer sa question pour commencer.

 14   M. NICHOLLS : [interprétation]

 15   Q.  Je vous ai parlé de la conversation interceptée en même temps que je

 16   vous ai dit qu'il y avait 500 litres de D 2 qui devaient être envoyés au

 17   village de Pilica pour Popovic et je vous ai montré et je vous ai parlé

 18   également de la conversation enregistrée de 17 -- pardon, de 19 heures 12

 19   le même jour, disant que le problème du carburant pour Zvornik était

 20   résolu. Maintenant, voilà donc le créneau horaire. Tout ceci montre que ça

 21   a eu lieu entre 14 heures et 19 heures. Maintenant, est-ce que ça vous aide

 22   à vous rappeler le moment où vous avez fait votre trajet au village de

 23   Pilica le 16 ?

 24   R.  Je n'ai pas la moindre idée. Je ne sais rien de ces conversations. Je

 25   ne sais rien à ce sujet.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Mais ça, ce n'est pas une réponse à la

 27   question qui vous est posée. La question qui vous est posée est la suivante

 28   : M. Nicholls vous a donné les renseignements en question qui pour le

Page 22390

  1   moment il est nécessaire que vous sachiez que ça existe dans le dossier de

  2   cette affaire, et il vous demande si ceci vous aide à vous rafraîchir la

  3   mémoire sur ce qui s'est passé ce jour précis, le 16.

  4   LE TÉMOIN : [interprétation] Non.

  5   M. NICHOLLS : [interprétation]

  6   Q.  Alors quand êtes-vous parti pour Pilica et quand y êtes-vous arrivé ?

  7   R.  Vous pouvez le voir dans le carnet de bord du véhicule, et je viens de

  8   vous l'expliquer.

  9   Q.  Le carnet de bord du véhicule indique que vous étiez sur la route le 16

 10   juillet de 7 heures à 9 heures 30 du soir -- pardon, de 7 heures du matin à

 11   9 heures 30 du soir. Il ne dit pas quand vous êtes arrivé à Pilica. Je vous

 12   ai montré maintenant la demande de carburant pour Pilica, qui est parvenue

 13   à 14 heures, et ensuite que le problème de carburant était résolu quelques

 14   heures plus tard. Quand avez-vous apporté le carburant à Pilica ? Si vous

 15   ne vous rappelez pas, vous ne vous rappelez pas. Je vous demande si ceci

 16   vous aide à vous souvenir.

 17   R.  Vous pouvez voir dans le carnet de bord du véhicule quand je suis

 18   revenu de Pilica et vous pouvez aussi voir -- enfin, il se trouve que je

 19   suis parti pour Pilica à 7 heures du soir.

 20   Q.  Bien. Alors regardons donc le carnet de bord du véhicule. Il s'agit du

 21   document P295, page 12 pour le B/C/S, et la page 2 pour l'anglais.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant. Nous avons besoin d'une

 23   précision ici, parce que dans votre question, si vous regardez à la ligne 8

 24   de la page 32, vous avez donné un créneau horaire au témoin, 7 heures du

 25   matin à 9 heures 30 du soir, et il semblerait que nous devrions parler de 7

 26   heures 30 du soir à 9 heures 30 du soir. Donc ça fait une différence

 27   considérable entre l'une et l'autre possibilité.

 28   M. NICHOLLS : [interprétation] Oui, et c'est la raison pour laquelle je

Page 22391

  1   souhaite lui montrer le carnet de bord, Monsieur le Président.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Allez-y.

  3   M. NICHOLLS : [interprétation] Pour ce qui est de l'anglais, il faudrait le

  4   présenter sur le rétroprojecteur, s'il vous plaît, la page 2 de l'anglais,

  5   la copie papier.

  6   Q.  Maintenant, vous pouvez voir dans votre carnet de bord du véhicule,

  7   tout comme dans pratiquement tout carnet de bord d'un véhicule, les

  8   mentions qui sont portées sont sur 24 heures. Alors vous n'écrivez pas 5

  9   heures du soir dans la première ligne du 2 juillet. Vous écrivez 17 heures.

 10   Vous n'avez pas écrit 4 heures de l'après-midi pour le 3 juillet, vous avez

 11   écrit 16 heures. Et quant à la matinée pour le 3 juillet, vous avez écrit

 12   8.00. Pour le 16 juillet, nous avons 700, c'est-à-dire en fait 7 heures du

 13   matin, et 2130, à savoir 9 heures 30 du soir. Il n'y a rien ici qui dise

 14   que vous soyez parti à 7 heures du soir, n'est-ce pas ? Vous étiez sur la

 15   route pendant toute la journée et vous êtes allé à Pilica, puis à Standard.

 16   R.  Pour autant que je m'en souvienne, il y a simplement eu ce trajet à

 17   Pilica avec le carburant dans l'après-midi.

 18   Q.  Klisa, ça se trouve à l'ouest de Kozluk, n'est-ce pas ?

 19   R.  Klisa se trouve sur la route qui conduit à Sapna.

 20   Q.  Et vous nous avez dit que ces carnets avaient été soigneusement remplis

 21   et qu'il fallait qu'ils soient remplis et que c'est exact qu'il y a le

 22   trajet à Pilica, et vous n'avez pas répondu à ma question, qui est que ceci

 23   indique que vous étiez sur la route depuis 7 heures du matin à 21 heures 30

 24   et que vous avez roulé sur 112 kilomètres. Vous avez fait 112 kilomètres,

 25   n'est-ce pas ?

 26   R.  C'est exact, mais pas seulement sur la route de Zvornik à Pilica.

 27   Q.  Et vous ne vous rappelez rien concernant ce trajet, dites-vous, avant

 28   d'avoir rencontré le conseil de la Défense et après avoir examiné ces

Page 22392

  1   documents qui ont été montrés. Je vous dis, moi, que sur la base de tous

  2   les autres documents dont je vous ai parlé et notamment le registre de

  3   l'officier de service que je vous ai montré, vous êtes allé à Pilica dans

  4   l'après-midi, n'est-ce pas ? C'était il y a longtemps, n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui, c'était il y a longtemps, bien sûr.

  6   Q.  Serait-il possible que vous ayez été là dans l'après-midi ? C'est

  7   possible, n'est-ce pas ?

  8   R.  Je n'y étais que pour la livraison du carburant et il se peut que ça

  9   ait été après 7 heures du soir.

 10   Q.  Alors, qu'est-ce que vous avez là sur ce registre de carburant qui dit

 11   que c'était après 7 heures du soir ?

 12   R.  C'est le carnet de bord du véhicule qui dit que j'étais à la caserne à

 13   21 heures 30, ce qui veut dire que j'étais à Pilica à l'heure où il est dit

 14   que je m'y trouvais.

 15   Q.  Bien. Nous y reviendrons. Voyons maintenant le document P291. Bien.

 16   Pièce P291. Est-ce que nous pourrions avoir l'original, s'il vous plaît ?

 17   Est-ce que vous pouvez montrer l'original au témoin ? Donc ici il s'agit de

 18   la liste des carburants que vous avez transportés à Pilica, et vous avez

 19   déposé à ce sujet, n'est-ce pas ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Pourriez-vous me dire si vous connaissez les autres signatures qui se

 22   trouvent sur ce document. Juste en dessous, là où on peut lire le chiffre

 23   500, ainsi que le bas du document, à droite du tampon sous cette case. Est-

 24   ce que vous reconnaissez cette signature comme étant celle de Stevo Gajic ?

 25   R.  Je ne reconnais aucune de ces deux signatures.

 26   Q.  Il nous a dit que c'était sa signature. Veuillez regarder ceci à

 27   nouveau. Ceci pourrait peut-être vous aider. Je ne sais pas combien de fois

 28   vous avez vu sa signature.

Page 22393

  1   R.  Je ne connais pas sa signature du tout.

  2   Q.  Et vous voyez ici, juste en dessous du tampon, c'est un peu difficile à

  3   voir, mais là il y à une signature. C'est celle de Sreten Milosevic. Il

  4   nous a également confirmé que c'était sa signature.

  5   R.  Encore une fois, je ne connais pas cette signature.

  6   Q.  Est-ce que nous pouvons aller voir le haut du document. Ici, nous

  7   voyons que c'est un ordre qui est daté du 16 juillet 1995, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Ensuite au milieu, on voit que c'est inscrit ici 140 litres ont été

 10   restitués ?

 11   R.  Oui, c'est exact.

 12   Q.  Ensuite, à nouveau en bas, ici, ce qui correspond à l'opérateur dans la

 13   case portant le numéro 38, on voit la même signature, celle de Stevo Gajic.

 14   Donc c'est lui qui a signé ce document deux fois, n'est-ce pas ?

 15   R.  Je n'en sais rien.

 16   Q.  Mais regardez le document.

 17   R.  La signature ressemble à cela, mais je ne sais pas à qui est cette

 18   signature.

 19   Q.  Alors à supposer que c'est sa signature, il a signé ce document deux

 20   fois en fait. Il le signe lorsque ce document est émis et il le signe

 21   lorsqu'il revient avec une partie du carburant, et en général c'est lui qui

 22   signait lorsque le carburant était restitué ?

 23   R.  C'est possible, mais je ne connais pas la signature de ce type-là.

 24   Q.  Oubliez maintenant ce voyage que vous avez fait à Pilica. Si vous

 25   n'étiez pas en train de livrer du carburant et que vous reveniez avec du

 26   carburant, la quantité de carburant restituée est quelque chose que vous

 27   devriez indiquer et il fallait signer ce document, n'est-ce pas ? Il y

 28   aurait un récépissé, il y aurait un papier, une feuille, quelque chose qui

Page 22394

  1   indiquerait quelle quantité de carburant a été restituée ?

  2   R.  Mais il y a ici une feuille. On précise que le carburant a été

  3   restitué.

  4   Q.  En fait, ce que je suis en train de vous dire c'est que c'est la

  5   pratique communément adoptée. Lorsque vous revenez avec du carburant, il

  6   faut signer une feuille. Ce carburant était une denrée très rare à ce

  7   moment-là, n'est-ce pas ?

  8   R.  Oui, c'était très précieux effectivement, et il est vrai que j'ai

  9   restitué chaque goutte de carburant et j'ai signé ce récépissé.

 10   Q.  Très bien. Parce que ce carburant était très précieux, parce qu'on en

 11   avait besoin pour la guerre et il n'y en avait pas suffisamment pour tout

 12   le monde, et nous avons pu voir ceci dans certains documents parce qu'on

 13   manquait de carburant, n'est-ce pas ? 

 14   R.  Oui, sans doute.

 15   Q.  Maintenant, je souhaite aborder avec vous ce voyage que vous avez fait

 16   à Pilica le 16. Qui vous a envoyé là-bas ? Qui vous a dit que vous deviez

 17   vous rendre à Pilica maintenant ? C'était Pantic ?

 18   R.  Je ne m'en souviens pas. C'était peut-être lui ou son adjoint ou

 19   adjoint en second. Je ne sais pas.

 20   Q.  Si c'était son adjoint ou son adjoint en second ?

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic ?

 22   M. ZIVANOVIC : [interprétation] C'est une traduction erronée. Il n'a pas

 23   parlé en fait de quelqu'un qui était adjoint ou deuxième adjoint. Il a

 24   simplement parlé du deuxième et du troisième.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je ne sais pas si ça change grand-

 26   chose, mais peut-être que vous pourriez préciser.

 27   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vais retirer ma question.

 28   Q.  Vous ne savez pas qui vous a envoyé livrer ces 500 litres de gas-oil ?

Page 22395

  1   R.  Je ne m'en souviens pas.

  2   Q.  Je vais vous poser la question comme ceci maintenant. Si ce n'était pas

  3   Pantic, qui cela aurait-il pu être ?

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Sans vous livrer à des conjectures,

  5   bien sûr.

  6   M. NICHOLLS : [interprétation]

  7   Q.  Par là, j'entends qui avait le pouvoir de vous envoyer là-bas au sein

  8   de votre unité ?

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] La question est bien posée.

 10   M. NICHOLLS : [interprétation]

 11   Q.  C'est Sreten Milosevic qui aurait pu nous envoyer là-bas.

 12   R.  Je ne me souviens pas des noms. Je ne sais pas. Je ne connais pas ces

 13   gens-là.

 14   Q.  Regardez le récépissé que vous avez sous les yeux, et le P291, vous

 15   voyez ici la liste des denrées. Ceci est écrit à la main. On peut lire gas-

 16   oil, carburant, remis conformément à l'ordre donné par le capitaine Sreten

 17   Milosevic. Donc l'adjoint du commandant chargé des questions logistiques

 18   aurait pu vous envoyer là-bas pour livrer le carburant à Pilica, n'est-ce

 19   pas ? C'est exactement ce que dit ce document, sur cette liste de

 20   marchandise ?

 21   R.  Honnêtement, je ne m'en souviens pas.

 22   Q.  Vous ne vous souvenez pas de qui vous a envoyé, bien, donc Sreten

 23   Milosevic, qui était le commandant adjoint chargé de la logistique

 24   puisqu'il en avait le pouvoir, aurait pu vous envoyer là-bas d'après le

 25   document dont nous disposons ? Vous aurez pu y aller sur son ordre ?

 26   R.  Oui, sans doute, mais je ne m'en souviens pas.

 27   Q.  Quelles sont les instructions précises que vous avez reçues, où deviez-

 28   vous vous rendre avec ces 500 litres de carburant précieux à Pilica ? Ils

Page 22396

  1   ne vous ont pas dit d'aller faire un tour à Pilica jusqu'à ce que vous

  2   trouviez quelqu'un, je suppose. Donc où deviez-vous aller ? Qu'est-ce qu'on

  3   vous a dit ?

  4   R.  On m'a dit à Pilica.

  5   Q.  Que vous a-t-on dit sur ce qui allait se passer lorsque vous arriviez à

  6   Pilica ?

  7   R.  Je ne m'en souviens pas.

  8   Q.  Bien. Ne vous livrez pas à des conjectures, mais si vous recevez

  9   l'ordre de livrer 500 litres de carburant, oubliez ce voyage-ci, on ne vous

 10   précise pas à qui vous devez le livrer normalement ?

 11   R.  On m'a dit à Pilica et c'est là qu'on m'attendait, c'est là que les

 12   soldats m'attendaient.

 13   Q.  Je comprends vous avez dit dans votre déposition que vous avez

 14   rencontré des soldats à cet endroit-là mais que vous ne connaissiez ces

 15   soldats, c'est ce que vous nous avez dit. Ma question est celle-ci : de

 16   façon générale, lorsque vous deviez livrer quelque chose et surtout lorsque

 17   c'est quelque chose de très cher et très important, vous deviez rendre des

 18   comptes. C'est ce que vous avez dit, en fait, chaque litre était important

 19   et on ne vous a pas précisé à qui vous deviez le livrer ? Cela marche comme

 20   ça partout ailleurs. On vous dit, livrez ceci à telle ou telle personne, à

 21   telle ou telle unité ?

 22   R.  On ne me l'a pas dit.

 23   Q.  Bien. Donc dans votre déposition, vous dites que personne ne vous a dit

 24   à qui remettre ce carburant lorsque vous êtes parti ? Allez simplement à

 25   Pilica avec ce carburant ? C'est ce que vous dites dans votre déposition ?

 26   R.  Oui.

 27   Q.  Je souhaite que vous nous décriviez votre voyage. Avez-vous constaté

 28   quelque chose d'inhabituel en route, quelque chose dont vous vous souvenez

Page 22397

  1   particulièrement ?

  2   R.  Rien.

  3   Q.  Vous n'avez pas vu de combat ?

  4   R.  Non.

  5   Q.  Vous n'étiez pas escorté pour que vous puissiez être protégé lorsque

  6   vous transportiez ce carburant ?

  7   R.  Non.

  8   Q.  Vous vous êtes rendu donc à bord de ce camion à Pilica, vous arrivez

  9   dans la ville du côté sud et vous passez devant le dom, vous allez jusqu'au

 10   pont; c'est cela ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Et en chemin, que faisiez-vous en ville ? Saviez-vous où vous deviez

 13   vous rendre avec le carburant ? Vous regardiez un petit peu à droite à

 14   gauche pour voir si quelqu'un levait la main pour demander du carburant ?

 15   Veuillez nous le décrire ?

 16   R.  J'ai traversé Pilica et de l'autre côté, à côté du pont, il y avait un

 17   groupe de soldats, c'est là que l'essence, le carburant a été transvasé.

 18   Q.  Là je reviens sur ceci, avant d'arriver au pont, vous ne saviez pas où

 19   vous deviez déposer ce carburant, à qui vous deviez le remettre ?

 20   R.  Non.

 21   Q.  Vous ne connaissiez aucun de ces soldats, c'est exact, à qui vous avez

 22   remis le carburant ?

 23   R.  C'est exact.

 24   Q.  Et vous ne connaissiez personne qui faisait partie du 1er Bataillon à

 25   cette époque-là. Vous avez bien dit cela, n'est-ce pas, dans votre

 26   déposition ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Quelle est la contenance d'un tonneau de carburant, de

Page 22398

  1   gas-oil ?

  2   R.  Il y avait trois tonneaux, je crois, de 200 litres chacun. Et 500

  3   litres au total avaient été placés dans ces tonneaux.

  4   Q.  Vous avez évoqué cette question-là pendant l'interrogatoire principal,

  5   mais dites-nous précisément comment ce carburant a été remis à ces soldats

  6   inconnus, si vous le pouvez ?

  7   R.  Ils avaient des bidons, certains étaient en plastique et d'autres en

  8   métal.

  9   Q.  Comment avez-vous pu sortir le carburant de ces tonneaux ? A l'aide

 10   d'une pompe ? Comment ? Pouvez-vous nous l'expliquer, s'il vous plaît.

 11   R.  C'était avec un simple tuyau en caoutchouc qui était utilisé pour

 12   transvaser le carburant des tonneaux dans les bidons.

 13   Q.  Combien de soldats ont fait cela ?

 14   R.  Quatre ou cinq, je crois.

 15   Q.  Quelles paroles avez-vous échangées avec eux ?

 16   R.  Rien. Aucune, aucune.

 17   Q.  Aucune.

 18   R.  Non.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que nous savons quelque chose

 20   sur la taille de ces bidons, s'ils étaient grands ou petits ?

 21   M. NICHOLLS : [interprétation]

 22   Q.  Oui. Pourriez-vous répondre à la question du Président de la Chambre,

 23   s'il vous plaît ? Quelle était la taille de ces bidons ?

 24   R.  Je ne sais pas exactement. Il y avait des bidons de différentes

 25   tailles.

 26   Q.  Donc c'était des bidons de différentes tailles, il n'y avait pas de

 27   taille unique et donc vous étiez en train de transvaser ces 360 litres de

 28   l'autre côté de la route, ces 360 litres de gas-oil avec un bout de tuyau,

Page 22399

  1   quelque chose ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Alors, qu'est-ce qu'ils faisaient avec ces bidons ? Vous ne nous en

  4   avez pas parlé. Est-ce qu'ils les stockaient le long de la route, est-ce

  5   qu'ils les ont amenés dans une maison, est-ce qu'ils les ont placés à bord

  6   d'un autre véhicule ? Vous n'avez pas parlé de cela, vous ne nous avez pas

  7   dit qu'il y avait d'autres véhicules. Et où le carburant partait-il ?

  8   R.  Le carburant est resté là. Après cette altercation sur le carburant

  9   restant, puisqu'il n'y avait pas de conteneur pour le transvaser, je suis

 10   reparti pour rapporter le carburant qui restait et eux sont restés là.

 11   Q.  Je vais résumer un petit peu pour voir si vous êtes d'accord avec moi.

 12   Donc il y a cet ordre, cette liste des marchandises qui est datée du 16

 13   juillet 1995, d'après l'ordre du capitaine Sreten Milosevic, 500 litres de

 14   gas-oil est censé être remis au lieutenant-colonel Popovic, commandant

 15   adjoint du Corps de la Drina, chargé des questions de sécurité. Et dans le

 16   journal de l'officier de permanence, on précise que le lieutenant-colonel

 17   Popovic a besoin de 500 litres de gas-oil. Et dans la conversation

 18   interceptée, on entend que le colonel Popovic a besoin de 500 litres de

 19   gas-oil immédiatement à Pilica. Donc vous, vous allez à Pilica, vous

 20   apportez 500 litres de gas-oil. Et vous ne savez absolument pas, personne

 21   ne vous a dit que ceci est destiné au commandant adjoint du Corps de la

 22   Drina; c'est exact ?

 23   R.  Non, je ne sais rien à propos de conversations qu'il y aurait pu y

 24   avoir. Je sais simplement que j'ai fait ce voyage et que je suis revenu

 25   avec une partie du carburant.

 26   Q.  Vous avez rendu le carburant le lendemain, le 17 ? C'est ce que vous

 27   avez dit.

 28   R.  Non.

Page 22400

  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Zivanovic ?

  2   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Ce n'est pas ce qu'il a dit dans sa

  3   déposition.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois que sa réponse permettra de

  5   préciser cela. Laissez-le répondre.

  6   Monsieur Bogicevic, pourriez-vous répondre à cette question ? Quand avez-

  7   vous rendu le carburant le 16 ou le 17 ?

  8   LE TÉMOIN : [interprétation] Le 16 à 21 heures 30.

  9   M. NICHOLLS : [interprétation]

 10   Q.  Et ensuite le lendemain vous dites que le récépissé a été signé

 11   attestant de la remise du carburant ? C'est bien ce qui s'est passé le

 12   lendemain, c'est ce que vous avez dit, c'est la raison pour laquelle

 13   c'était tard ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Et c'est la raison pour laquelle Stevo Gajic l'a signé deux fois, le

 16   soir et ensuite le lendemain pour indiquer que le reste du carburant avait

 17   été restitué, donc le 16 lorsque vous partez et le 17 lorsque vous êtes

 18   revenu ?

 19   R.  Je pense que ceci a été fait dans le courant de la journée, mais moi,

 20   je l'ai signé le lendemain pour préciser que j'avais effectivement rendu le

 21   carburant.

 22   Q.  Nous avons entendu des témoignages dans cette affaire qui attestaient

 23   du fait que le 16 juillet, le lieutenant-colonel Popovic se trouvait à

 24   l'école de Kula ce jour-là. Vous êtes-vous rendu à l'école de Kula le 16

 25   juillet ?

 26   R.  Je ne m'en souviens pas.

 27   Q.  Donc vous n'êtes pas sûr ? Etes-vous allé à la ferme de Branjevo le 16

 28   juillet ?

Page 22401

  1   R.  Non.

  2   Q.  Le 16 juillet, environ 500 hommes ont été massacrés au dom de Pilica

  3   devant lequel vous êtes passé lorsque vous êtes passé devant. Ceci s'est

  4   passé dans l'après-midi, après 16 heures, quelques heures après que le

  5   lieutenant-colonel Popovic ait pris son téléphone pour demander à ce qu'on

  6   lui livre du carburant.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Bourgon ?

  8   M. BOURGON : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. En fait, je

  9   souhaite poser une question pour les besoins du compte rendu, parce que mon

 10   confrère a posé une question au témoin pour lui dire qu'il y a eu un appel

 11   téléphonique provenant du lieutenant-colonel Popovic. Si nous regardons le

 12   carnet de bord de l'officier de permanence, P377, page 9, nulle part n'est-

 13   il fait mention du fait qu'un appel est venu du lieutenant-colonel Popovic.

 14   On dit Popovic, et non pas le lieutenant-colonel Popovic. Page 29, P377.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Bourgon. Qu'avez-

 16   vous à dire à cela ?

 17   M. NICHOLLS : [interprétation]

 18   Q.  L'appel téléphonique est fait vers 14 heures. C'est Popovic qui a

 19   besoin de 500 litres de gas-oil, et la conversation interceptée précise que

 20   c'est le lieutenant-colonel Popovic qui a besoin de ce gas-oil. Vous dites

 21   ne rien savoir au sujet de tous ces massacres à Pilica, et vous étiez là ?

 22   R.  Je n'étais pas là à ce moment-là. Je ne sais rien à ce sujet.

 23   Q.  Le 17 juillet, vous êtes retourné à Pilica une nouvelle fois, n'est-ce

 24   pas ? Cela se trouve dans votre carnet de route.

 25   R.  Non, je ne le vois pas.

 26   Q.  Je peux vous montrer si vous voulez, mais vous ne vous souvenez pas du

 27   fait qu'on l'a regardé il y a quelques instants ? Page 12 en B/C/S. Encore

 28   une fois, la pièce P295. Vous avez déjà évoqué ceci. Vous dites que vous

Page 22402

  1   êtes retourné à Pilica le 17 juillet.

  2   Veillez me le redire, s'il vous plaît. Que faisiez-vous à Pilica le 17

  3   juillet ?

  4   R.  Je crois que ceci doit signifier le transport des troupes, Standard,

  5   Kruske, Pilica.

  6   Q.  Vous avez déjà dit que vous ne vous souvenez de rien à propos de ce

  7   jour-là. Pourquoi parlez-vous maintenant de transport de troupes ?

  8   R.  C'est parce que ça figure sur le carnet de bord que je m'en suis

  9   souvenu.

 10   Q.  Mais si vous remarquez --

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic ?

 12   M. ZIVANOVIC : [interprétation] -- a clairement dit sans doute. Page 44,

 13   ligne 6. Cela signifie sans doute le transport des troupes.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Quelle différence y a-t-il, le fait

 15   qu'il y ait sans doute et la manière dont M. Nicholls l'a formulé ? Pour

 16   moi, c'est la même chose. Pourquoi pensez-vous qu'il s'agit de transport de

 17   troupes ? C'est parce qu'il a dit que c'était sans doute le cas, c'était un

 18   transport de troupes.

 19   Veuillez poursuivre, Monsieur Nicholls, reprendre votre question.

 20   M. NICHOLLS : [interprétation]

 21   Q.  Si vous regardez votre carnet de bord ce jour-là, le 17 juillet, et

 22   vous dites que c'est vous qui avez peut-être transporté des hommes, vous

 23   remarquez que le chiffre au regard du nombre de personnes correspond à 0.

 24   R.  C'était mon erreur lorsque j'ai rempli ceci.

 25   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Le témoin a déjà dit que c'était sans doute

 26   le cas.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Nicholls, allez-y.

 28   M. NICHOLLS : [interprétation] En fait, il s'agit du contre-interrogatoire

Page 22403

  1   maintenant.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

  3   M. NICHOLLS : [aucune interprétation]

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] A moins que vous n'ayez une objection

  5   sérieuse, veuillez éviter, s'il vous plaît, d'interrompre la procédure.

  6   M. NICHOLLS : [interprétation]

  7   Q.  Encore une fois, lorsque j'ai commencé à vous poser des questions, vous

  8   nous avez dit que vous ne vous souvenez de rien à propos du 16 juillet

  9   jusqu'à ce qu'on vous rappelle certains de ces éléments. Vous ne vous

 10   souvenez de rien à propos du 15 juillet. Maintenant, j'essaie de vous

 11   rafraîchir la mémoire à propos du 17 juillet, bien que votre carnet de bord

 12   indique que vous n'avez transporté personne ce jour-là. Vous souvenez-vous

 13   peut-être qu'il s'agit d'une erreur et on devrait ici faire mention du

 14   transport de troupes ?

 15   R.  C'est une erreur de ma part, parce que le chiffre 25 a été inscrit dans

 16   la colonne correspondante aux tonnes, alors que le camion avait une charge

 17   utile de 2,5 tonnes. C'était une erreur de ma part. Ce chiffre aurait dû

 18   être saisi dans la colonne correspondante aux personnes.

 19   Q.  Il s'agit peut-être d'une erreur. C'était 2,5. De toute façon je

 20   souhaite vous demander [comme interprété] ce qui s'est passé ce jour-là.

 21   Peut-être que je vais vous aider à vous rafraîchir la mémoire. Que faisiez-

 22   vous à Pilica le 17 ?

 23   R.  On ne dit pas ici que je suis allé directement à Pilica. Je suis passé

 24   par Standard à Kruske, Pilica à Zvornik. C'est en tout cas ce qu'indique le

 25   document.

 26   Q.  Essayez de vous concentrer sur ma question. La question que je vous

 27   pose, c'est quand étiez-vous à Pilica à ce moment-là ?

 28   R.  Je ne m'en souviens pas.

Page 22404

  1   Q.  Vous souvenez-vous du fait que ce jour-là, les corps des personnes

  2   massacrées, des 550 personnes tuées dans le dom le jour précédent, vous

  3   n'avez rien vu de cela ? Et le lendemain, le 17, les corps ont été sortis

  4   du dom, placés à bord d'un camion, deux camions, et emmenés à Branjevo pour

  5   être enterrés. Vous étiez à Pilica et est-ce que vous avez vu dans le dom

  6   ou au centre-ville ces corps que l'on chargeait dans les camions ?

  7   R.  Non.

  8   Q.  Nous disposons d'éléments de preuve dans cette affaire - ceci se trouve

  9   aux pages du compte rendu 11 326 à 11 333 - que ceci a duré un certain

 10   temps, et ce, jusqu'à 15 heures. Le témoin qui chargeait les corps à bord

 11   des camions pensait qu'il y avait environ 550 cadavres et il pense avoir vu

 12   deux femmes parmi ces cadavres. Et, Milenko Tomic qui conduisait un des ces

 13   camions contenant les corps jusqu'à la ferme de Branjevo. Etes-vous certain

 14   de ne pas vous souvenir de ce qui s'est passé ce jour-là, vous étiez là

 15   avec votre camion ?

 16   R.  Je ne m'en souviens vraiment pas, parce que je me suis arrêté à Pilica

 17   que pour un bref instant.

 18   Q.  Vous avez pris un verre ou un café ?

 19   R.  Non, rien n'était ouvert. On ne pouvait pas avoir quelque chose. Je ne

 20   me suis pas attardé. Je me suis arrêté là que le 16 pour pouvoir transvaser

 21   les carburants et le 17, j'ai transporté des gens, et je ne me souviens pas

 22   m'être arrêté à Pilica.

 23   Q.  J'ai cru que vous nous aviez dit que vous vous êtes arrêté pour un bref

 24   instant le 17.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois qu'il y a une certaine

 26   confusion au niveau des 16 et le 17 juillet. Il ne devrait pas y avoir

 27   d'erreur, parce que votre question aux lignes 12 à 18, page 46, c'était

 28   tout à fait clair.

Page 22405

  1   Je préfère ne pas poser la question moi-même.

  2   M. NICHOLLS : [interprétation] Puis-je poursuivre.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, tout à fait.

  4   M. NICHOLLS : [interprétation] Je vais essayer de préciser cela.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, je vous en prie.

  6   M. NICHOLLS : [interprétation]

  7   Q.  Sur votre carnet de route, on a dit que vous étiez à Pilica le 17. Ceci

  8   a été établi. Maintenant vous vous souvenez du fait d'avoir transporté des

  9   hommes. Et lorsque je vous ai posé cette question jusqu'à 15 heures ce

 10   jour-là, ils étaient en train de charger les cadavres sur les camions et

 11   corps qui étaient au dom pour que ces victimes puissent être enterrées à la

 12   ferme de Branjevo. Je vous ai demandé de vous souvenir de cela puisque vous

 13   étiez à bord de votre camion et vous avez dit, réponse : Je ne m'en

 14   souviens vraiment pas parce que je me suis arrêté à Pilica que pour

 15   quelques instants.

 16   Et ma question est celle-ci : Je vais attendre --

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic ?

 18   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Encore une fois la citation est erronée,

 19   ligne 12, page 47, vous vous souvenez maintenant du fait que vous avez

 20   transporté des troupes, des hommes.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois que -- vous pensez --

 22   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Vous avez --

 23   M. NICHOLLS : [interprétation]

 24   Q.  Ma question maintenant : vous vous êtes arrêté un bref instant à Pilica

 25   le 17. La question que je vous posais, c'est si vous vous êtes rendu au

 26   café qui se trouvait l'autre côté du dom lorsque vous vous arrêté

 27   brièvement ?

 28   R.  Non.

Page 22406

  1   Q.  Qu'est-ce que vous avez fait pendant votre bref arrêt ?

  2   R.  Je ne suis arrêté que pour laisser les hommes descendre du camion, et

  3   ensuite je suis reparti aussitôt.

  4   Q.  Où ? Où sont-ils descendus du camion ?

  5   R.  Je ne me souviens pas de l'endroit précis.

  6   Q.  Vous souvenez-vous de l'heure maintenant, maintenant que je vous ai dit

  7   que l'on faisait sortir les corps du dom jusqu'à 15 heures ? Vous souvenez-

  8   vous de l'heure à laquelle vous êtes arrivé là ?

  9   R.  Je ne m'en souviens pas.

 10   Q.  En 1992, vous travailliez pour Drinatrans, n'est-ce pas ?

 11   R.  Oui.

 12   Q.  Vous étiez conducteur d'autocar ?

 13   R.  Oui.

 14   Q.  Est-ce que Bosko Milic dirigeait à ce moment-là

 15   Drinatrans ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  Vous viviez à Zvornik à ce moment-là ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Vous rappelez-vous avoir conduit des civils musulmans au départ de

 20   Zvornik en 1992, à bord de votre autocar, pour procéder, entre guillemets,

 21   à un échange ?

 22   R.  Je ne m'en souviens pas.

 23   Q.  Réfléchissez soigneusement. Vous rappelez-vous avoir emmenés Musulmans,

 24   avoir conduit des autocars pleins de Musulmans, hommes, femmes et enfants

 25   en provenance de Kozluk ?

 26   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Il a répondu à la question.

 27   M. NICHOLLS : [interprétation] Je demande au témoin de réfléchir

 28   attentivement pour essayer de se souvenir.

Page 22407

  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il vient de reformuler sa question, et

  2   dans celle-ci il y a des éléments d'information complémentaire. Alors,

  3   Maître Zivanovic, ce n'est pas notre pratique d'interdire des objections,

  4   et cetera, mais il y a tout de même une limite, et ne cesser d'interrompre

  5   le représentant de l'Accusation durant son contre-interrogatoire n'est pas

  6   exactement ce que nous souhaitons autoriser, sauf si c'est indispensable.

  7   Monsieur Bogicevic, pourriez-vous répondre à la question. Vous avez répondu

  8   à la question précédente en disant que vous ne vous en souveniez pas.

  9   Maintenant, M. Nicholls vous propose une autre question dans laquelle il

 10   fait état du fait que vous auriez conduit des autocars pleins d'hommes, de

 11   femmes et d'enfants musulmans au départ de Kozluk en 1992 et que l'objet de

 12   tel transport était de procéder à des échanges. Est-ce que vous vous

 13   rappelez avoir conduit des Musulmans ?

 14   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne m'en souviens pas.

 15   M. NICHOLLS : [interprétation]

 16   Q.  Il vous faut réfléchir très attentivement avant de répondre. Est-ce

 17   que, à quelque moment que ce soit, vous avez transporté des femmes, des

 18   hommes et des enfants musulmans au départ d'une localité en Republika

 19   Srpska même si vous ne vous rappelez pas exactement ce qu'il en est pour

 20   Kozluk ? Nous parlons de toute l'année 1992. De la période où a eu lieu le

 21   nettoyage.

 22   Je vous propose maintenant un autre lieu, une autre localité. Divic. Est-ce

 23   que vous vous rappelez avoir transporté des civils musulmans à bord de

 24   votre autocar de la société Drinatrans, Musulmans qui venaient de

 25   différentes localités, puis au retour de ces trajets en avoir parlé à Bosko

 26   Milic ? Est-ce que vous vous en souvenez ?

 27   R.  Je m'en souviens.

 28   Q.  D'accord. Pouvez-vous m'en parler. Parlez-moi de ce jour où vous avez

Page 22408

  1   transporté des Musulmans en provenance de Divic, qu'avez-vous fait

  2   exactement, quand l'avez-vous fait, qui vous a dit de le faire, où les

  3   avez-vous emmenés ? Pouvez-vous nous décrire tout cela.R.  Nous les avons

  4   transportés jusqu'à Han Pijesak. Puis nous sommes rentrés à Mimica et nous

  5   avons pris la direction de Tuzla. C'est tout ce dont je me souviens.

  6   Q.  Mais pendant toute cette période, étant donné ce qui se faisait dans

  7   toutes les mosquées de la municipalité de Zvornik, est-ce que vous avez

  8   parlé à ces Musulmans que vous emmeniez hors de chez eux ?

  9   R.  Je ne m'en souviens pas.

 10   Q.  Vous ne vous rappelez pas la destruction et l'explosion de la mosquée ?

 11   R.  Plus tard, on a vu tout ça, tout le monde l'a vu.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Quelle est la pertinence de cette

 13   dernière série de questions ?

 14   M. NICHOLLS : [interprétation] Monsieur le Président, ces questions ont été

 15   posées afin de démontrer que cet homme qui est assis ici, le témoin, a

 16   participé au déplacement de la population à l'époque où les mosquées

 17   étaient plastiquées et je voulais voir si ce témoin était conscient à

 18   l'époque qu'il emmenait des Musulmans hors de chez eux, alors que leurs

 19   lieux de culte étaient en train d'être détruits. Je n'ai plus de questions

 20   pour le moment.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic, est-ce que vous avez

 22   des questions supplémentaires pour ce témoin ?

 23   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Quelques-unes, à peine.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y. Je vois que Me Sarapa souhaite

 25   intervenir. Maître Sarapa ?

 26   M. SARAPA : [interprétation] Monsieur le Président, je vous demanderais

 27   l'autorisation de poser une ou deux questions au témoin après le contre-

 28   interrogatoire de l'Accusation. Au départ, je pensais que je n'aurais pas

Page 22409

  1   de questions à lui poser, mais à la fin de ce contre-interrogatoire je me

  2   rends compte que j'en aurai au moins une.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur le Témoin, pouvez-vous, je

  4   vous prie, enlever vos écouteurs un instant ?

  5   Maître Sarapa, quelle est la nature de votre question ? Je vous demande de

  6   me répondre en anglais.

  7   M. SARAPA : [interprétation] C'est une question qui concerne les entrées du

  8   carnet de bord pour la journée du 17 juillet à 7 heures 25, car le témoin a

  9   dit qu'il y avait des soldats qu'il a vus, qu'il a rencontrés le 17

 10   juillet. Vous vous en souvenez, n'est-ce

 11   pas ?

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Sarapa, les interprètes ont du

 13   mal à vous entendre et moi aussi, alors que je n'ai aucun problème

 14   d'audition. Donc je vous prierais de bien vouloir vous rapprocher un peu de

 15   votre micro et d'essayer d'être un peu précis quant à l'objet de la

 16   question que vous souhaitez poser au témoin.

 17   M. SARAPA : [interprétation] Oui. Voici la question que je souhaite poser

 18   au témoin : dans le carnet de note du responsable de permanence, il est

 19   écrit pour la journée du 14 que 25 soldats du 1er Bataillon devaient se

 20   rendre pour y être déployés dans la région de Djevanje Kruske. Donc 25

 21   hommes issus du 1er Bataillon. Ceci figure en page 127. Pour ma part, je

 22   voudrais demander au témoin si ces 25 hommes sont bien ceux qui ont été

 23   ramenés à bord de l'autocar à la date du 17 juillet, car le témoin a

 24   déclaré avoir ramené 25 soldats.

 25   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Maître Sarapa, pourriez-vous me donner

 26   les quatre derniers chiffres du numéro ERN de la page ?

 27   M. SARAPA : [interprétation] C'est 5745. Normalement ça devrait être à la

 28   page 127, en B/C/S et en anglais.

Page 22410

  1   M. NICHOLLS : [interprétation] Cela est question du 14 juillet.

  2   M. SARAPA : [interprétation] Oui, absolument.

  3   M. NICHOLLS : [interprétation] Je croyais que vous parliez du 17.

  4   M. SARAPA : [interprétation] Absolument, le 14.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Ce que nous propose Me Sarapa, c'est

  6   qu'il existe une trace écrite d'une demande de transport concernant 25

  7   soldats, que cette demande date du 14 juillet, et ce que, lui, souhaite

  8   savoir de la bouche du témoin c'est si éventuellement ces 25 soldats ont

  9   été transportés par le témoin le 17 juillet, donc dans le cadre d'un trajet

 10   retour.

 11   M. SARAPA : [interprétation] Tout à fait.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic, essayons de faciliter

 13   les choses. Est-ce que vous êtes prêt ou est-ce que vous accepteriez

 14   d'adopter la question de Me Sarapa et de la poser à sa place ?

 15   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je m'en remets à Me Sarapa.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous vous en remettez à Me Sarapa, mais

 17   ça risque de nous poser un problème, enfin, sauf si on ne considère pas

 18   cela comme un précédent pour l'avenir.

 19   M. NICHOLLS : [interprétation] Monsieur le Président, excusez-moi.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Nicholls.

 21   M. NICHOLLS : [interprétation] Je ne vois pas de lien logique entre ces

 22   deux éléments, car je pense qu'il risque de poser cette question au témoin

 23   et que le témoin risque de lui répondre en émettant des conjectures.

 24   J'aurais tendance à opposer une objection à l'usage du carnet de bord pour

 25   poser des questions directrices dans ces circonstances, et il n'y a rien

 26   dans la déposition du témoin qui permet d'établir un lien entre ces deux

 27   dates, celle du 14 et celle d'un éventuel voyage le 17.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Manifestement, il n'y a rien qui permet

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  1   d'établir ce lien. C'est la raison pour laquelle et je le comprends tout à

  2   fait, Me Sarapa souhaite poser la question pour essayer d'établir ce lien.

  3   [La Chambre de première instance se concerte]

  4   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Monsieur le Président, si vous  me

  5   permettez, j'aurais une proposition à vous faire.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.

  7   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Nous pourrions peut-être faire la pause.

  8   Cela me permettrait d'avoir une consultation avec Me Sarapa et, finalement,

  9   d'introduire sa question dans celle que je poserai au témoin au cours des

 10   questions supplémentaires.

 11   [La Chambre de première instance se concerte]

 12   M. NICHOLLS : [interprétation] Monsieur le Président, je retire mon

 13   objection à la question.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. Nous allons régler la

 15   question. La Chambre tient à ce que les différentes équipes de la Défense

 16   comprennent bien que ceci ne doit en aucun cas constituer un précédent.

 17   Nous autorisons cette question pour le moment, car nous estimons que dès

 18   lors qu'un doute existe il importe de le lever, mais c'est la seule raison

 19   pour laquelle nous l'autorisons.

 20   Maître Sarapa, vous pouvez poser votre question au témoin, mais d'abord il

 21   faut que nous demandions au témoin de remettre ses écouteurs.

 22   Monsieur Bogicevic, le monsieur qui est là-bas au fond de la salle est un

 23   conseil de la Défense, Me Sarapa, qui défend le général Pandurevic. Il

 24   aimerait vous poser une question avant que Me Zivanovic n'en termine en

 25   vous posant sa dernière salve de questions dans le cadre des questions

 26   supplémentaires. Maître Sarapa, à vous.

 27   Contre-interrogatoire par M. Sarapa :  

 28   Q.  [interprétation] Merci, Monsieur le Président, de m'avoir autorisé à

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  1   poser cette question. Je demanderais que l'on soumette au témoin le

  2   document P377, page 127. C'est le bas du document, le bas de cette page qui

  3   m'intéresse et dont je demande l'affichage. Très bien. Merci.

  4   Q.  Monsieur Bogicevic, pourriez-vous, je vous prie, prendre connaissance

  5   de la dernière ligne de ce document où nous lisons 1er Bataillon

  6   d'infanterie, 11 heures, 25 soldats, à emmener à Kamenica, Djevanje avant

  7   11 heures, dans le hameau de Rijeka.

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous demanderais de lire le texte

  9   jusqu'au bout. Après Rijeka, il y a transfert demain SDO.

 10   M. SARAPA : [interprétation] --

 11   M. NICHOLLS : [interprétation] Peut-être --

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Laissez la Défense poser sa question

 13   d'abord.

 14   Maître Sarapa ?

 15   M. SARAPA : [interprétation]

 16   Q.  Cette inscription date du 14 juillet. Monsieur Bogicevic, savez-vous où

 17   se trouvent Djevanje, le hameau de Rijeka, Kruske, ces secteurs-là, est-ce

 18   que vous les connaissez ?

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant. Ce n'est pas la question

 20   que vous avez dit vouloir poser au témoin tout à l'heure. Alors passez

 21   directement à la question que vous nous avez annoncée.

 22   Monsieur Nicholls, pourquoi vous êtes-vous levé ? Est-ce que vous

 23   aviez une objection ?

 24   M. NICHOLLS : [interprétation] C'était pour la date, Monsieur le Président,

 25   dont il a donné lecture au témoin.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Veuillez passer directement à la

 27   question dont vous nous avez dit que vous souhaitiez poser au témoin.

 28   M. SARAPA : [interprétation] C'est ce que je vais faire.

Page 22413

  1   Q.  Il est écrit ici que 25 soldats devraient être envoyés dans ce secteur.

  2   Vous avez déclaré avoir emmené des soldats le 17 juillet. Vous l'avez dit

  3   en répondant à une question de l'Accusation. Est-ce que vous accepteriez de

  4   ne pas exclure la possibilité que ces 25 soldats soient précisément ceux

  5   dont il est fait état ici dans ce texte, à savoir des membres du 1er

  6   Bataillon d'infanterie, ceux que vous avez ramenés ?

  7   R.  C'est exact.

  8   Q.  Merci. Je n'ai plus de questions.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Sarapa.

 10   Maître Zivanovic, à vous.

 11   Nouvel interrogatoire par M. Zivanovic : 

 12   Q.  [interprétation] Monsieur Bogicevic, je vais maintenant vous poser

 13   trois questions très courtes. Pourriez-vous, je vous prie, me dire la chose

 14   suivante. Le camion que vous conduisiez, ce TAM 80 à bord duquel vous avez

 15   effectué le transport de carburant, combien de carburant pouvait-il

 16   contenir ?

 17   R.  40 litres, dans son réservoir.

 18   Q.  Il ne pouvait en aucun cas recueillir 500 litres dans son réservoir,

 19   n'est-ce pas ?

 20   R.  Absolument pas, en aucun cas.

 21   Q.  Le Procureur vous a posé un certain nombre de questions sur des

 22   personnes vous demandant si vous les connaissiez, notamment s'agissant de

 23   membres de divers bataillons de la Brigade de Zvornik. Est-ce que vous

 24   savez aujourd'hui dans quel bataillon étaient déployés vos amis, s'il

 25   s'agissait du 1er, du 2e ou du 3e Bataillon ?

 26   R.  Non, je ne le sais pas.

 27   Q.  Puis dernier point sur lequel je vous demanderais une précision afin

 28   d'éviter tout malentendu. Le jour où vous avez effectué ce transport de

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  1   carburant vers Pilica le 16 juillet, est-ce que vous maintenez toujours que

  2   vous n'êtes pas allé ce jour-là à Branjevo, à Kula ou en quelque autre lieu

  3   ?

  4   R.  Je le maintiens à 100 %. J'en suis absolument sûr.

  5   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je n'ai plus de questions, Monsieur le

  6   Président.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. Merci. Je vous demande un

  8   instant.

  9   [La Chambre de première instance se concerte]

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Les Juges de la Chambre

 11   n'ont pas de questions à vous poser, Monsieur Bogicevic, ce qui signifie

 12   que votre témoignage s'arrête ici. Je tiens à vous remercier au nom de tous

 13   les Juges de la Chambre pour être venu ici afin de témoigner, et au nom de

 14   tous les Juges de la Chambre je vous souhaite un bon voyage de retour. Vous

 15   allez maintenant recevoir toute l'aide nécessaire du personnel du Tribunal,

 16   qui organisera dans les meilleures conditions votre voyage de retour.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous remercie.

 18   [Le témoin se retire]

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Zivanovic, des demandes de

 20   versement ?

 21   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Je crois que les deux documents que j'ai

 22   utilisés ont déjà été versés au dossier, mais je préfère qu'il y ait une

 23   double vérification.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien.

 25   Monsieur Nicholls ?

 26   M. NICHOLLS : [interprétation] Non, Monsieur le Président, à part la

 27   traduction révisée d'une partie de la pièce P295.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. Très bien. Puisque l'élément

Page 22415

  1   de preuve existe déjà dans sa version non révisée, je proposerais que vous

  2   entriez en contact avec le personnel compétent afin de veiller à ce qu'une

  3   cote soit affectée à ce document et afin de voir quelle est cette cote.

  4   M. NICHOLLS : [interprétation] C'est ce que je ferai, Monsieur le

  5   Président.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. C'est la pratique habituelle

  7   de la Chambre. Nous l'avons déjà fait. Je ne me souviens plus exactement

  8   des détails, mais enfin, Mme la Greffière pourra vous le dire. Je vous

  9   remercie. Pause de 25 minutes à présent, et je demande à la Défense de

 10   préparer son témoin suivant.

 11   --- L'audience est suspendue à 12 heures 30.

 12   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 13   --- L'audience est reprise à 13 heures 01.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Zivanovic ?

 15   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, je

 16   voulais simplement évoquer une erreur qui s'est glissée dans le compte

 17   rendu à la page 55, ligne --

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que le témoin doit entendre ce

 19   que vous dites ou non ?

 20   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Il peut l'entendre.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Voyons de quelle correction il s'agit.

 22   Pour le moment, veuillez retirer votre casque, s'il vous plaît, vos

 23   écouteurs. Voilà.

 24   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Il s'agit de la page 55, ligne 9, après la

 25   réponse du témoin, 40 litres. C'était ma question : "Vous voulez dire il

 26   s'agit du réservoir de carburant ? Il ne pouvait pas recevoir 500 litres ?"

 27   C'est ma question --

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.

Page 22416

  1   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Ensuite suit la réponse du témoin : "Bien

  2   sûr que non."

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Je vous remercie. On s'en

  4   occupera, lignes 9 et 10. Je vous remercie, Maître Zivanovic.

  5   Monsieur le Témoin, vous pouvez mettre vos écouteurs.

  6   Alors, Maître Zivanovic et Maître Sarapa, c'est un de vos témoins,

  7   n'est-ce pas ?

  8   M. SARAPA : [interprétation] Oui, Monsieur le Président, c'est notre témoin

  9   à tous les deux.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Alors, vous êtes au courant de

 11   notre décision que nous avons prise précédemment et vous avez accepté qu'il

 12   va déposer maintenant, en d'autres termes, en ce qui vous concerne, vous

 13   allez l'interroger, avoir l'interrogatoire principal maintenant.

 14   M. SARAPA : [interprétation] Oui, c'est exact.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

 16   M. SARAPA : [interprétation] --

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Jovanovic, bonjour.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Au nom du Tribunal et de la Chambre de

 20   première instance, je vous souhaite la bienvenue. Vous avez été appelé

 21   comme témoin par deux équipes de la Défense, celle du colonel Popovic et

 22   celle du général Pandurevic. Me Zivanovic, pour le compte du colonel

 23   Popovic, vous interrogera en premier. Il vous posera une série de questions

 24   et nous poursuivrons à partir de là. Mais avant que vous ne commenciez à

 25   faire votre déposition, notre Règlement exige que vous fassiez une

 26   déclaration solennelle dans le sens qu'au cours de votre déposition, vous

 27   direz la vérité et toute la vérité. Le texte de cette déclaration vient de

 28   vous être présenté. Veuillez en donner lecture à haute voix, et ceci sera

Page 22417

  1   votre engagement solennel.

  2   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

  3   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

  4   LE TÉMOIN: ZORAN JOVANOVIC [Assermenté]

  5   [Le témoin répond par l'interprète]

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur Jovanovic.

  7   Veuillez vous installer confortablement. Vous allez rester ici pour tout le

  8   reste de l'audience et vous reviendrez demain, de façon à ce que nous

  9   puissions poursuivre les divers interrogatoires et contre-interrogatoires.

 10   Maître Zivanovic.

 11   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 12   Interrogatoire principal par M. Zivanovic : 

 13   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Jovanovic.

 14   R.  Bonjour.

 15   Q.  Pourriez-vous, s'il vous plaît, dire votre nom et votre prénom pour

 16   qu'ils soient inscrits au compte rendu ?

 17   R.  Zoran Jovanovic.

 18   Q.  Pourriez-vous nous dire votre date et votre lieu de naissance ?

 19   R.  14 octobre 1943, à Valjevo.

 20   Q.  Pouvez-vous nous dire quelles ont été vos études ?

 21   R.  J'ai obtenu un diplôme du lycée de technique du bâtiment.Q.  Pourriez-

 22   vous nous donner un bref résumé de votre formation et de votre profession

 23   actuelle ?

 24   R.  J'ai commencé à travailler à l'usine de Glinica en 1975, puis j'ai

 25   travaillé là jusqu'à mon départ à la retraite. Je suis maintenant à la

 26   retraite.

 27   Q.  Avez-vous participé à la guerre en Bosnie-Herzégovine ?

 28   R.  Oui.

Page 22418

  1   Q.  A quelle unité avez-vous été rattaché ?

  2   R.  A partir du 22 mars, je me suis trouvé dans une unité de la JNA,

  3   c'était en 1992, ensuite lorsque la JNA s'est retirée de la Bosnie-

  4   Herzégovine, je me suis trouvé dans la Brigade de Zvornik.

  5   Q.  Aviez-vous un grade ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Quel grade ?

  8   R.  Commandant.

  9   Q.  Est-ce que vous étiez un commandant d'active ou un commandant de

 10   réserve ?

 11   R.  De réserve.

 12   Q.  Quand avez-vous été démobilisé, s'il vous plaît ?

 13   R.  J'ai été démobilisé le 30 novembre 1996.

 14   Q.  Quand vous étiez membre de la Brigade de Zvornik, à quel endroit vous

 15   trouviez-vous ?

 16   R.  J'ai d'abord été désigné comme commandant du 4e Bataillon, puis

 17   immédiatement après cela, j'ai été nommé commandant adjoint du 6e

 18   Bataillon. Après cela, j'ai été commandant de ce qu'on a appelé les forces

 19   de réserve. J'étais commandant du bataillon de réserve, qui n'était pas une

 20   unité composée de façon permanente, puis je me suis retrouvé à l'état-

 21   major.

 22   Q.  Nous sommes intéressés aux événements qui ont eu lieu en juillet 1995.

 23   Alors pourriez-vous me dire quelles étaient vos fonctions à l'endroit où

 24   vous vous trouviez à ce moment-là ?

 25   R.  Je faisais partie de l'état-major à l'époque.

 26   Q.  Qui était votre supérieur ?

 27   R.  A l'époque, j'étais sous les ordres du commandant.

 28   Q.  Et ce bureau où vous étiez faisait partie de l'état-major ou d'un autre

Page 22419

  1   service ou département ?

  2   R.  Ça faisait partie de l'état-major, comme unité distincte, une partie

  3   distincte.

  4   Q.  Est-ce que vous aviez des rapports avec le chef d'état-major à l'époque

  5   ?

  6   R.  Oui.

  7   Q.  Est-ce que vous lui étiez également subordonné, étiez également sous

  8   ses ordres ?

  9   R.  A vrai dire, je recevais des ordres du chef d'état-major et du

 10   commandant, mais de mon point de vue, j'étais en fait sous les ordres de

 11   mon commandant.

 12   Q.  Pourriez-vous brièvement décrire vos obligations, vos fonctions, la

 13   mission que vous remplissiez à l'état-major à l'époque ?

 14   R.  Au bureau de l'état-major, pour l'essentiel, on dactylographiait ou on

 15   imprimait des ordres, ça dépendait des appareils dont on disposait. Nous

 16   recevions le courrier, on l'enregistrait. Ça faisait partie des tâches de

 17   nos services généraux, de nous occuper de la documentation, recevoir et

 18   envoyer et distribuer les documents que nous avions reçus.

 19   Q.  Nous parlons de tâches administratives ?

 20   R.  Oui.

 21   Q.  Puis de façon générale, à l'époque où vous faisiez partie de la Brigade

 22   de Zvornik, est-ce que vous remplissiez également des fonctions d'officier

 23   de permanence au centre d'opération ?

 24   R.  Oui, j'ai rempli ces fonctions.

 25   Q.  Et pour ce qui est des postes de commandement avancé, est-ce que vous

 26   avez également eu des fonctions d'officier de permanence là-bas ?

 27   R.  Pour autant que je puisse m'en souvenir, si ma mémoire ne me fait pas

 28   défaut, non.

Page 22420

  1   Q.  Est-ce que vous vous rappelez si une partie de votre unité, ou pour

  2   être plus précis, la Brigade de Zvornik a participé à des opérations autour

  3   de Srebrenica ?

  4   R.  Oui, je sais que c'est le cas.

  5   Q.  Est-ce que vous avez été désigné comme membre du groupe qui a participé

  6   à l'opération ou non ?

  7   R.  Je n'ai pas été désigné pour aller à Srebrenica, non.

  8   Q.  Lorsque l'armée de la Republika Srpska est entrée à Srebrenica, est-ce

  9   que vous vous rappelez quelle était la situation à Zvornik ? Pouvez-vous

 10   nous la décrire très brièvement, peut-être pas le même jour que celui où

 11   l'armée de la Republika Srpska est entrée à Srebrenica, mais vers cette

 12   époque, au cours des jours qui ont suivi ?

 13   R.  Pour autant que je le sache et pour autant que je puisse m'en souvenir,

 14   la situation était assez normale dans la ville de Zvornik.

 15   Q.  Est-ce que peut-être vous vous souvenez de ce qui se passait en ce qui

 16   concerne les forces musulmanes qui avaient été à Srebrenica à partir du

 17   moment où l'armée de la Republika Srpska est entrée à Srebrenica ?

 18   R.  Les forces musulmanes qui s'étaient retirées de Srebrenica essayaient

 19   de traverser pour entrer dans leur propre territoire, c'est-à-dire le

 20   territoire musulman dans la direction de Tuzla.

 21   Q.  Savez-vous si ces forces ont jamais été engagées dans des combats avec

 22   des unités de l'armée de la Republika Srpska, ou pour être plus précis,

 23   avec cette partie de la Brigade de Zvornik ?

 24   R.  Oui effectivement, et ça a eu lieu à Snagovo. C'est là qu'il y a eu le

 25   premier affrontement, pour autant que je sache.

 26   Q.  Personnellement, est-ce que vous avez été dans un engagement avec les

 27   unités de la Brigade de Zvornik qui avaient reçu pour tâche de rencontrer

 28   ces forces musulmanes qui se retiraient de Srebrenica ?

Page 22421

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Veuillez me dire, s'il vous plaît, ceci : vous souvenez-vous de la date

  3   de votre premier engagement ? Dans quelles conditions ceci s'est-il déroulé

  4   ? Pourriez-vous nous donner ceci dans les grandes lignes ?

  5   R.  Compte tenu de la date, à savoir lorsque le corridor a été ouvert à

  6   Baljkovica le 13 juillet, on m'a confié ma première tâche. Je devais

  7   emmener la police à Maricici.

  8   Q.  Lorsque vous avez parlé de la "police," vous voulez parler de la police

  9   civile ou de la police militaire ?

 10   R.  La police civile.

 11   Q.  Vous souvenez-vous de la personne qui vous a donné cet ordre, à savoir

 12   d'emmener ce groupe à Maricici ?

 13   R.  J'ai reçu l'ordre du chef d'état-major, Dragan Obrenovic. Il m'a

 14   d'abord demandé si je connaissais le terrain et si je pouvais emmener cette

 15   unité à cet endroit-là, même dans l'obscurité s'il le fallait.

 16   Q.  Quelle heure était-il lorsque vous avez reçu cet ordre ?

 17   R.  C'était tard dans l'après-midi - en réalité, il faisait déjà nuit

 18   lorsque j'ai reçu cet ordre. C'était à la tombée de la nuit.

 19   Q.  Vous souvenez-vous de l'endroit où vous étiez lorsque vous avez reçu

 20   l'ordre de Dragan Obrenovic ?

 21   R.  Je ne me souviens pas de l'emplacement exact, mais je sais que c'était

 22   dans les locaux du commandement de la brigade, dans la caserne.

 23   Q.  Vous voulez parler de Karakaj ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Et lui avez-vous parlé ? Autrement dit, est-ce lui en personne qui vous

 26   a transmis cet ordre ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Donc vous avez obéi à cet ordre ?

Page 22422

  1   R.  Oui.

  2   Q.  Combien de temps êtes-vous resté dans cette région, à Maricici où on

  3   vous avait envoyé ?

  4   R.  J'ai passé la nuit à Maricici. J'y ai passé la matinée. C'est à ce

  5   moment-là qu'ils ont envoyé un véhicule pour venir me chercher et me

  6   ramener à la caserne où j'ai reçu un nouvel ordre. Q.  Comment ce nouvel

  7   ordre vous a-t-il été transmis, ordre indiquant que vous deviez revenir à

  8   la caserne ?

  9   R.  Je suppose que ceci m'a été transmis par radio. C'était la seule façon

 10   possible.

 11   Q.  Lorsque vous dites qu'un véhicule a été envoyé pour aller vous chercher

 12   et vous ramener à la caserne, vous souvenez-vous du véhicule en question ?

 13   C'était quel genre de véhicule ? C'était une voiture particulière, un

 14   véhicule de transport ?

 15   R.  C'était une voiture particulière.

 16   Q.  Vous souvenez-vous qui conduisait ce véhicule ?

 17   R.  Je ne sais vraiment pas qui était le chauffeur.

 18   Q.  En parlant de ce véhicule, qui est revenu hormis vous-même ?

 19   R.  Pour autant que je m'en souvienne, il y avait moi et mon escorte qui

 20   m'avait escorté jusqu'à Maricici, mais je ne m'en souviens pas.

 21   Q.  L'unité de policiers que vous aviez escortée jusqu'à cet endroit-là,

 22   est-ce qu'ils sont restés à Maricici ou est-ce qu'ils sont rentrés peut-

 23   être ?

 24   R.  Lorsque j'ai escorté l'unité, déjà pendant la nuit, ils ont été

 25   déployés dans le secteur de Maricici, et ils sont restés à leur poste.

 26   Q.  Où le véhicule vous a-t-il emmené précisément, celui qui devait vous

 27   ramener ?

 28   R.  Je suis arrivé dans la caserne.

Page 22423

  1   Q.  De Karakaj ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Et vous avez appris à ce moment-là pourquoi on vous avait intimé

  4   l'ordre de revenir de votre mission sur le terrain ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Qui vous a dit ça ?

  7   R.  Le chef Obrenovic m'a dit que je devais me préparer à partir pour

  8   Snagovo pour que les unités de la police et les unités déjà à Snagovo

  9   puissent se rejoindre, et c'est à ce moment-là que nous pouvions aller

 10   explorer le terrain en direction de Velja Glava.

 11   Q.  C'est Obrenovic qui vous a donné lui-même cet ordre ? Vous l'avez vu en

 12   personne ou est-ce encore une fois quelque chose qui a été transmis par

 13   radio, téléphone ou autre moyen ?

 14   R.  C'est un ordre qui m'a été donné en personne.

 15   Q.  Pourriez-vous nous donner une indication quant à l'heure à laquelle

 16   Obrenovic vous a donné cet ordre en personne ?

 17   R.  Cela devait se situer entre 10 heures et midi environ, mais je ne

 18   pourrais pas vous donner l'heure exacte.

 19   Q.  Lorsque vous dites entre 10 heures et midi, vous voulez parler avant

 20   midi, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Cette mission que vous avait confiée Dragan Obrenovic, est-ce que vous

 23   l'avez remplie ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Où êtes-vous allé ? Avec qui êtes-vous allé ?

 26   R.  Je suis allé avec un groupe de soldats. Je ne pourrais pas vous donner

 27   leur nombre exact. Je suis en direction de Maricici pour rejoindre la ligne

 28   de front avec la police de Maricici et les forces de Snagovo. J'étais censé

Page 22424

  1   fait en sorte qu'ils se rejoignent et ensuite commencer à explorer la

  2   région avec eux.

  3   Q.  Alors vous rappelez-vous comment vous êtes arrivés dans la région ?

  4   R.  J'ai supposé que nous devions partir à pied, parce qu'il n'y a pas

  5   d'autres moyens pour traverser la région au-delà Maricici. Je ne sais pas

  6   si nous avions un moyen de transport jusqu'à Maricici.

  7   Q.  Pourriez-vous nous dire environ quelle distance sépare Zvornik, ou

  8   plutôt, la caserne de Karakaj et Maricici ?

  9   R.  Cinq à 6 kilomètres environ.

 10   Q.  Pourriez-vous nous parler de ce qui est arrivé, lorsque vous êtes

 11   arrivés dans la région de Maricici dans laquelle on vous avait envoyé ?

 12   R.  Au moment où je déployais les troupes pour rejoindre la ligne de front

 13   entre Maricici et Snagovo, rien de particulier n'est arrivé. Les choses ont

 14   commencé à arriver au moment nous avons commencé à explorer la région.

 15   Q.  Pourriez-vous nous décrire en quelques mots ce qui s'est passé ?

 16   R.  Au moment où nous parvenions au pied de Velja Glava, quelqu'un a pu

 17   nous entendre, parce qu'un des hommes a voulu mettre quelque chose en place

 18   et un individu a répondu, il était dans la forêt et il disait : "Je suis

 19   là, Chetnik." Nous nous sommes rendu compte que ce n'était pas un petit

 20   groupe d'hommes. Et en traversant la forêt, j'ai vu un petit groupe de

 21   soldats, ensuite quelques minutes plus tard nous avons entendu des coups de

 22   feu aux positions occupées par la police à Maricici.

 23   Q.  Que vous est-il arrivé à vous et à votre groupe qui se dirigeait vers

 24   Velja Glava ? Qu'est-il arrivé ensuite ?

 25   R.  Nous nous sommes attardés dans la forêt pendant 15 ou 20 minutes, parce

 26   qu'à ce moment-là une colonne de l'armée musulmane traversait la région.

 27   Nous nous sommes retranchés dans l'ancien bâtiment de l'école de Snagovo.

 28   Q.  En quittant la caserne pour partir en mission, la mission qui vous

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  1   avait été confiée par Dragan Obrenovic, est-ce que par hasard vous l'avez

  2   revu ce jour-là ?

  3   R.  Oui. Je l'ai vu à Snagovo à côté de l'ancien bâtiment de l'école. Je

  4   l'ai vu lui ainsi que son chauffeur.

  5   Q.  Pourriez-vous préciser quelle heure il était à ce

  6   moment-là ?

  7   R.  Cela s'est passé, disons, après 5 heures de l'après-midi,  après 17

  8   heures.

  9   Q.  Est-ce que vous avez échangé quelques propos avec lui, à ce moment-là ?

 10   Est-ce qu'il vous a dit quelque chose à ce moment-là quand vous l'avez

 11   rencontré ou est-ce que vous lui auriez dit quelque chose ?

 12   R.  Il m'a demandé où j'étais jusqu'à ce moment-là et je lui ai répondu :

 13   "Bien, me voilà, mais il aurait pu se faire que je ne sois pas là."

 14   Q.  Est-ce tout ce que vous avez dit à Obrenovic à ce moment-là vous n'avez

 15   parlé de rien d'autre avec lui ?

 16   R.  Non, c'était pratiquement tout, parce que nous n'avons presque pas

 17   parlé de l'action à ce moment-là. On savait déjà à peu près quels étaient

 18   les effectifs des forces musulmanes qui se trouvaient dans cette bande de

 19   terrain.

 20   Q.  Dites-moi, je vous prie, est-ce que vous savez, est-ce que vous avez le

 21   souvenir du fait que peut-être vous auriez parlé de détenus, de prisonniers

 22   avec Obrenovic ? Est-ce qu'éventuellement il vous aurait donné des éléments

 23   d'information sur ce sujet ?

 24   R.  A ce moment-là, rien n'a été dit dans la conversation au sujet de

 25   détenus. D'ailleurs, à ce moment-là, je ne savais même pas qu'il y avait

 26   des prisonniers ni quel était leur nombre ?

 27   Q.  Donc, à ce moment-là, vous ne lui avez donné aucun renseignement

 28   concernant des prisonniers ou concernant peut-être les hommes qui auraient

Page 22426

  1   amené les prisonniers sur place, notamment s'agissant de leur nombre ou

  2   d'autres éléments de renseignement ?

  3   R.  A ce moment-là, je ne pouvais rien dire sur ce sujet, car très

  4   concrètement je n'étais pas à ce moment-là arrivé à voir quelque prisonnier

  5   que ce soit.

  6   Q.  Combien de temps êtes-vous resté avec Obrenovic à ce moment-là, ce

  7   jour-là, quand vous vous êtes rencontrés dans cette vieille école de

  8   Snagovo ?

  9   R.  Très peu de temps. On s'est rencontré là, parce que j'avais reçu pour

 10   mission de passer la nuit à cet endroit puisqu'on ne savait pas ce qu'il

 11   allait se passer ensuite. L'ancienne et la nouvelle école ne sont tout de

 12   même pas tout à fait l'une à côté de l'autre. Donc j'étais stationné dans

 13   la nouvelle école, lui, est parti dans une autre direction. Je ne sais pas

 14   où il est allé. Pour ma part, je me suis installé dans la nouvelle école où

 15   j'ai passé la nuit.

 16   Q.  Dites-moi, je vous prie, le lendemain avez-vous reçu une nouvelle

 17   mission, avez-vous reçu un ordre particulier par rapport à quelque chose

 18   qu'il aurait fallu faire ?

 19   R.  Oui. Cet ordre me demandait de partir pour Orahovac en compagnie des

 20   effectifs qui étaient présents dans les environs de l'endroit où je me

 21   trouvais.

 22   Q.  Vous rappelez-vous qui vous a donné l'ordre d'aller à Orahovac ?

 23   R.  Je crois avoir reçu cet ordre par radio. C'est ce que je crois.

 24   Q.  Pourriez-vous nous dire quel était l'objet de votre visite à

 25   Orahovac ? Vous rappelez-vous la nature de la mission qu'on vous avait

 26   confiée. Qu'étiez-vous censé faire en compagnie du groupe de soldats qui

 27   vous accompagnaient une fois que vous seriez arrivés à Orahovac ?

 28   R.  Le but de ma visite à Orahovac en compagnie d'une partie des effectifs

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  1   complets de soldats consistait à inspecter un certain nombre de bâtiments

  2   dans le voisinage d'Orahovac ainsi que de sécuriser la route reliant

  3   Orahovac et Crni Vrh. Je n'étais pas chargé de sécuriser toute la route,

  4   mais uniquement cette portion de route non loin d'Orahovac.

  5   Q.  Ce jour-là ou la veille, avez-vous vu une colonne sur la route ou peut-

  6   être ne serait-ce qu'une trace du passage d'une

  7   colonne ?

  8   R.  Le 15, quand nous nous sommes mis en route vers Orahovac, j'ai vu deux

  9   traces dont la largeur était peut-être, je dis bien "peut-être" de 3 mètres

 10   environ. Autrement dit, la route à cet endroit-là, la terre était

 11   complètement piétinée. Il n'y avait plus d'herbe sur la terre, comme si un

 12   troupeau de bétail était passé par là.

 13   Q.  Vous avez parlé d'éléphants, excusez-moi ?

 14   R.  J'ai dit : comme un troupeau de bétail ou d'éléphants. Parce que

 15   normalement à cet endroit l'herbe était assez haute, mais comme ces gens

 16   qui se dirigeaient vers Baljkovica - je ne sais pas quelle était leur

 17   destination ultérieure - mais en tout cas, ces gens qui allaient vers

 18   Baljkovica ont tellement piétiné le sol qu'il n'y avait plus d'herbe du

 19   tout. On voyait apparaître la terre nue, vous imaginez, de l'herbe qui n'a

 20   pas été coupée pendant trois ou quatre semaines, vous imaginez sa hauteur

 21   même dans certains endroits, plusieurs années, et tout d'un coup il n'en

 22   restait pas un brin. Ça ne pouvait être que sous l'effet du passage d'un

 23   véritable troupeau.

 24   Q.  Pourrions-nous préciser ? Ces traces que vous avez vues, c'était à

 25   Orahovac ou ailleurs ?

 26   R.  C'était à Snagovo.

 27   Q.  Dites-moi, quand vous êtes arrivé ce jour-là à Orahovac, y auriez-vous

 28   vu peut-être des cadavres ?

Page 22428

  1   R.  Non.

  2   Q.  Y avez-vous vu de la terre fraîchement remuée peut-être ?

  3   R.  Non.

  4   Q.  Combien de temps êtes-vous resté à Orahovac ? Ou plutôt, veuillez dire

  5   d'abord à quelle heure de la journée vous êtes arrivé à Orahovac ?

  6   R.  Je suis arrivé à Orahovac avant midi. A quelle heure exactement, je ne

  7   saurais vous le dire, mais j'y suis resté jusqu'au 16 dans la soirée, heure

  8   à laquelle je suis rentré à la caserne.

  9   Q.  Pourriez-vous nous dire où vous avez passé la nuit à Orahovac ?

 10   R.  C'était dans une maison appartenant à un policier d'active de Zvornik.

 11   Sa maison se trouvait près du café de Nedjo, elle était là la maison. C'est

 12   là que j'ai passé la nuit.

 13   Q.  Etiez-vous seul cette nuit-là dans cette maison ou y a-t-il eu

 14   quelqu'un d'autre qui a également passé la nuit devant cette maison ?

 15   R.  Y ont passé la nuit aussi tous les hommes qui composaient mon escorte,

 16   c'est-à-dire mon estafette, mon responsable des transmissions, et cetera.

 17   Q.  Vous a-t-on confié une mission ce jour-là ou éventuellement le

 18   lendemain ?

 19   R.  Ce jour-là, personne ne m'a confié la moindre mission, mais le

 20   lendemain, c'est-à-dire le 16, j'ai été chargé d'une mission,

 21   effectivement, qui consistait à assurer la sécurité de la route reliant

 22   Orahovac à Crni Vrh. On m'a annoncé que 60 soldats allaient m'être envoyés

 23   pour m'aider à accomplir cette mission.

 24   Q.  Vous rappelez-vous par quel moyen vous avez reçu cette mission ?

 25   R.  J'ai reçu cette mission par radio. L'ordre en question venait du

 26   commandant, de Vinko Pandurevic. C'est donc à ce moment-là qu'il m'a

 27   ordonné de sécuriser cette route en me disant que si je trouvais des

 28   prisonniers, il fallait à tout prix que ces prisonniers restent vivants.

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  1   Quand je lui ai dit : "Qu'est-ce que vous entendez exactement par à tout

  2   prix ?" Il m'a dit : "Tu comprendras très bien, toi-même quel est le prix

  3   de cela." Et effectivement, j'ai compris par la suite qu'il fallait

  4   pratiquement se résoudre à tuer un soldat si ce soldat manifestait

  5   l'intention de tuer un prisonnier.

  6   Q.  Dans cette période où vous vous êtes trouvé à Orahovac, c'est-à-dire

  7   pendant les journées du 15 et 16, est-ce que vous avez vu un quelconque

  8   prisonnier ?

  9   R.  Oui, j'ai vu quatre prisonniers qui avaient été capturés par le groupe

 10   dont je faisais partie.

 11   Q.  Ces prisonniers, étaient-ils Musulmans ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Dites-moi, ces hommes étaient armés ou pas ?

 14   R.  L'un d'entre eux était armé, il portait un fusil de chasse, et les

 15   trois autres ne portaient pas d'arme.

 16   Q.  Avez-vous entrepris quelque chose quand vous avez vu ces quatre

 17   personnes faites prisonnières et, si oui, pourriez-vous décrire ce que vous

 18   avez entrepris à ce moment-là ?

 19   R.  J'ai appliqué le règlement de service, qui prévoit en cas d'arrestation

 20   de prisonniers, d'obtenir quelques renseignements fondamentaux au sujet de

 21   l'identité de ces hommes avant de les emmener au poste de commandement.

 22   C'est ce que j'ai fait. J'ai pris un véhicule TAM avec un chauffeur, et ces

 23   quatre prisonniers ont été emmenés jusqu'à la caserne à bord de ce véhicule

 24   avec des soldats qui nous escortaient.

 25   Q.  Excusez-moi, mais est-ce que je vous ai bien compris ? J'ai cru

 26   comprendre qu'ils ont été emmenés à votre poste de commandement.

 27   R.  Oui, oui.

 28   Q.  Autrement dit, à Karakaj ?

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  1   R.  Oui.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je crois qu'il va falloir s'en tenir à

  3   cela pour la journée d'aujourd'hui. Nous poursuivrons demain à partir de 9

  4   heures. Je vous remercie.

  5   Monsieur le Témoin, nous avons un article du Règlement qui est très

  6   important ici, à savoir que lorsqu'un témoin n'a pas terminé sa déposition

  7   à la fin d'une audience, ce dernier a interdiction, quelles que soient les

  8   circonstances, de communiquer avec qui que ce soit ou d'autoriser une

  9   communication à l'initiative de qui que ce soit qui serait susceptible de

 10   porter sur le sujet de votre déposition. Donc aujourd'hui et demain, vous

 11   êtes tenu de respecter cet engagement que je viens de vous décrire. Je vous

 12   remercie.

 13   --- L'audience est levée à 13 heures 46 et reprendra le jeudi 19 juin 2008,

 14   à 9 heures 00.

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