Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le mardi 24 juin 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   --- L'audience est ouverte à 14 heures 20.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame la Greffière, bonjour. Veuillez,

  6   je vous prie, donner le numéro de l'affaire inscrite au rôle.

  7   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour. Affaire

  8   IT-05-88-T, le Procureur contre Vujadin Popovic et consorts.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Je vois que tous les accusés

 10   sont là. Je vois que Me Ostojic n'est pas présent. En revanche, Me Nikolic,

 11   Me Lazarevic et Me Hayes ne sont pas là non plus, pas plus d'ailleurs que

 12   Me Krgovic. Si j'ai bien compris, la Défense de M. Popovic a une question à

 13   aborder avant de passer au vif du sujet.

 14   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Oui. Merci. Ce sera très rapide. Au cours

 15   de la matinée nous avons reçu un e-mail de la part du Procureur qui porte

 16   sur le témoin d'aujourd'hui, témoin qui a prononcé la déclaration

 17   solennelle, si bien que nous ne pouvons pas avoir de contact avec le

 18   témoin. Dans son e-mail, l'Accusation nous informe de ce qu'elle va faire

 19   avec un certain nombre de documents. Cela fait que nous sommes un peu pris

 20   au dépourvu, parce que nous ne pouvons pas vérifier l'authenticité de ce

 21   document avec notre témoin. Nous allons demander le versement de ce

 22   document au dossier après l'interrogatoire principal. Voilà ce que je

 23   souhaitais vous dire, simplement que nous ne sommes pas en mesure de

 24   vérifier la qualité de ce document avec le témoin.

 25   Je souhaiterais vous présenter notre stagiaire qui se joint à nous

 26   aujourd'hui, Mme Aronchick.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bienvenue, Madame. Quant à ce qui

 28   vous concerne, Maître Tapuskovic, je n'ai pas bien compris la nature de

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  1   votre intervention. Bien entendu, nous ne sommes pas au fait des échanges

  2   et de la correspondance entre la Défense et l'Accusation. J'ignore

  3   totalement à quel document vous faites référence, j'ignore la nature du

  4   problème, s'il y a problème. Peut-être pourrait-on nous donner quelques

  5   explications supplémentaires, ça nous permettrait de nous prononcer en

  6   connaissance de cause et de vous dire comment il convient de procéder.

  7   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Merci. Le

  8   document en question c'est un document extrêmement important aussi bien

  9   pour l'Accusation que pour la Défense. C'est une liste de personnes

 10   déplacées qui est très importante pour les conclusions du témoin et de la

 11   Défense. L'Accusation nous a informés que ce document porte un nom

 12   différent dans leur base de données. Mais nous pensons que ces éléments de

 13   preuve sont tout à fait fiables et dignes de foi et c'est la raison pour

 14   laquelle nous allons demander leur versement au dossier et nous allons

 15   interroger le témoin au sujet de ces documents.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Madame le Procureur, souhaitez-

 17   vous faire une observation ?

 18   Mme SOLJAN : [interprétation] Très brièvement. Nous n'allons pas avoir

 19   d'objections. En fait, tout ceci porte sur la description d'un document.

 20   Nous avons passé en revue ce document et nous avons noté qu'il y avait un

 21   document qui était décrit d'une manière un peu différente, mais je ne pense

 22   pas que ce soit très important.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] On verra ce qu'il en est le moment

 24   venu. Est-ce qu'il y a autre chose ? Non.

 25   A ce moment-là, on fait entrer le témoin.

 26   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Monsieur Kovacevic.

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous souhaite la bienvenue parmi

  2   nous à nouveau.

  3   Madame Tapuskovic ?

  4   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

  5   LE TÉMOIN: MILADIN KOVACEVIC [Reprise]

  6   [Le témoin répond par l'interprète]

  7   Interrogatoire principal par Mme Tapuskovic : [Suite]

  8   Q.  [aucune interprétation]

  9   R.  [aucune interprétation]

 10   Q.  [interprétation] Nous allons poursuivre où nous nous sommes interrompus

 11   hier au moment de votre interrogatoire principal. Vous parliez des critères

 12   et, dans votre document, au paragraphe 16, vous avez parlé de l'application

 13   de critères qui sont prudents. Qu'est-ce que vous voulez dire par là ? Est-

 14   ce que vous pouvez expliquer de quoi il s'agit ?

 15   R.  Dans mon rapport -- enfin, je parle du rapport de Brunborg et Udal où

 16   il est question d'un critère prudent et il s'agit de la procédure

 17   d'identification des personnes disparues à partir de la liste de synthèse

 18   des personnes disparues et du recensement. Aucune autre explication n'est

 19   fournie au sujet du critère en question, mais on se rend compte, d'après le

 20   contexte, que c'est un critère subjectif et que l'expert a déterminé si une

 21   paire, qui correspond aux 71 critères doit être adoptée ou rejetée.

 22   Q.  Est-ce que MM. Brunborg et Udal, dans leur rapport, ont expliqué

 23   pourquoi dans certains cas il fallait rejeter les appariements et dans

 24   d'autres cas, non ?

 25   R.  Nous ne disposons d'aucun document dans ce sens au sujet de

 26   l'identification de personnes à partir de la liste ou à partir du

 27   recensement, aucune explication ne nous a été donnée.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Madame Soljan ?

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  1   Mme SOLJAN : [interprétation] Par souci de précision, j'aimerais qu'on nous

  2   dise exactement de quel rapport il s'agit. Est-ce qu'il s'agit du rapport

  3   de l'an 2000 ou est-ce qu'il s'agit d'un autre rapport ?

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous remercie.

  5   Oui, c'est une question qui est tout à fait justifiée.

  6   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation]

  7   Q.  Monsieur Kovacevic, de quel rapport de Brunborg et Udal s'agit-il ?

  8   R.  C'est un rapport qui porte la date du 10 février 2000.

  9   Q.  Vous avez parlé des critères d'appariement qui ont été appliqués par le

 10   Dr Brunborg. Dans votre rapport d'expert vous dites ce qu'il en est de ces

 11   critères d'appariement qui sont assez largement interprétés. Qu'est-ce que

 12   vous voulez dire par là exactement ?

 13   R.  Je faisais allusion au fait que si on regarde ces critères, l'auteur

 14   est parti des critères les plus rigoureux aux moins rigoureux pour obtenir

 15   la probabilité la plus élevée permettant à ce qu'une personne figurant sur

 16   la liste des personnes disparues soit retrouvée sur la liste du

 17   recensement. Et pour réduire la possibilité de non appariement, par

 18   ailleurs, il y a 57 personnes pour lesquelles on n'a pas pu trouver de

 19   correspondance avec qui que ce soit dans le recensement, et ceci, quel que

 20   soit le critère pris en compte. C'est ce qui montre à quel point ces

 21   critères sont généraux.

 22   Q.  Quand vous avez procédé au travail d'appariement et de correspondance

 23   entre la liste Brunborg et le recensement, quand vous avez appliqué tous

 24   ces critères, vous en êtes arrivé à la conclusion qu'il y avait 57

 25   personnes qui ne correspondaient à aucun des critères ou pour lesquelles on

 26   ne pouvait pas obtenir de correspondance ?

 27   R.  Oui, 57 personnes sur la liste des personnes disparues pour lesquelles

 28   il ne pouvait y avoir de correspondance en termes des 71 critères.

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  1   Q.  Je vous remercie.

  2   Et l'approche de Brunborg s'agissant d'identification des personnes

  3   disparues, qu'en pensez-vous ? Comment la comprenez-vous ? Et je parle ici

  4   du recensement.

  5   R.  D'après ce que j'ai compris, avec ces 71 critères, il y avait une

  6   possibilité illimitée d'appariement entre la liste des personnes disparues

  7   et le recensement de 1991. Bien entendu, je ne suis pas parvenu à

  8   reconstituer la totalité de la procédure, parce que nous n'avons pas pu

  9   reproduire ces critères dits prudents.

 10   Q.  Je vous remercie.

 11   Nous avons donc une procédure d'appariement de la liste des personnes

 12   disparues de Helge Brunborg et le recensement. Dans son rapport, est-ce

 13   qu'elle a indiqué comment elle s'y était prise ?

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Soljan.

 15   Mme SOLJAN : [interprétation] Toutes mes excuses suite à cette

 16   interruption, mais je voudrais une précision. Il s'agit de la liste de

 17   synthèse de Mme Brunborg, est-ce qu'il s'agit de la liste de mai 2000,

 18   P566, ou celle du 16 novembre 2005, 2414 ?

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Kovacevic, j'en appelle ici à

 20   votre compréhension.

 21   Quand Me Tapuskovic parle d'un document, je sais que vous vous rendez

 22   compte immédiatement de quoi il s'agit. Mais il serait bon que vous nous le

 23   disiez à nous aussi pour éviter toute confusion quant au document auquel

 24   vous faites référence, vous ou Me Tapuskovic.

 25   LE TÉMOIN : [interprétation] Moi, je vous parle de la liste de synthèse des

 26   personnes disparues de Mme Brunborg, et la dernière liste nous a été

 27   fournie dans le rapport du Tribunal. Au début, nous avons parlé de la liste

 28   du CICR et de l'association des Médecins pour les droits de l'homme. Ça a

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  1   été utilisé pour préparer la liste de synthèse, mais à partir de ce moment-

  2   là, on a cessé de parler de deux listes. On n'a plus travaillé qu'à partir

  3   d'une seule liste, une seule liste de synthèse.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Soljan.

  5   Mme SOLJAN : [interprétation] Je ne pense pas qu'on réponde ici à la

  6   question, parce que la liste de 2000 compte 7 475 noms de personnes

  7   disparues. Et la liste plus récente correspond à 7 661 personnes disparues.

  8   J'aimerais que l'on se mette d'accord sur le fait que l'on est bien en

  9   train de parler de cette dernière liste qui compte 7 661 noms.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Oui. Et à plusieurs reprises dans mon rapport,

 12   on trouve ce chiffre de 7 661 personnes, cette liste de synthèse nous a été

 13   fournie en avril de cette année par l'unité démographique. Je ne fais pas

 14   référence ici à la liste originale qui depuis lors a été amplifiée, si je

 15   puis dire.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

 17   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation]

 18   Q.  Merci, Monsieur Kovacevic, de cette précision importante. Reprenons où

 19   nous nous étions interrompus. Je vais répéter ma question.

 20   Dans un des paragraphes de votre rapport vous parlez des critères, et vous

 21   nous dites que les critères ont été appliqués de manière assez souple,

 22   qu'il y a plusieurs procédures qui ont été appliquées. De quelles

 23   procédures parlez-vous ? Comment est-ce qu'on peut assouplir des critères ?

 24   R.  Les critères ont été présentés de telle manière pour commencer par

 25   présenter d'abord les informations de base, nom, prénom, nom du père, sexe

 26   de l'intéressé, lieu et date de naissance, et cetera, ensuite on combine

 27   tous ces éléments d'identification, et en faisant des combinaisons de tous

 28   ces critères, on arrive à des critères d'identification justement combinés

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  1   qui sont plus ou moins exigeants, plus ou moins stricts.

  2   Q.  J'aimerais qu'on présente à l'écran la pièce 3D368. Elle va figurer sur

  3   l'écran qui se trouve à votre droite, et j'aimerais que vous nous disiez ce

  4   qu'on voit s'afficher à l'écran. Quel est ce document ? Est-ce qu'on

  5   pourrait nous montrer le bas de la page, s'il vous plaît ?

  6   Est-ce que vous voyez le tableau qui s'affiche là, Monsieur Kovacevic ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Page suivante, s'il vous plaît, maintenant.

  9   Qu'est-ce qu'on voit actuellement à l'écran, quel est ce document ?

 10   R.  Il s'agit d'un document qui énumère de manière très précise les 71

 11   critères.

 12   Q.  Vous l'avez déjà dit, mais pouvez-vous nous dire quel est le critère le

 13   moins exigeant, et quel est le critère permettant pratiquement à coup sûr

 14   d'avoir un appariement avec la liste des personnes disparues ?

 15   R.  C'est difficile d'expliquer ça en termes simples, surtout à partir du

 16   document que nous avons à l'écran. Mais à partir de l'analyse que nous

 17   avons réalisée, nous avons utilisé tous ces critères pour établir des

 18   correspondances entre le résultat du recensement et la liste des personnes

 19   disparues, et le critère qui se dégage c'est le numéro 42. Si on fait

 20   défiler la page, on va le voir apparaître. Voilà, 42.

 21   Critère 42, où l'on cherche un appariement entre l'initiale du

 22   prénom, le nom du père, l'initiale du nom de famille, l'année de naissance,

 23   avec une variation possible de trois ans en plus ou en moins.

 24   Q.  J'aimerais maintenant qu'on affiche la pièce 1D1129. Page 6 en B/C/S,

 25   et en anglais le tableau commence à la page 5 et se poursuit à la page 6.

 26   Examinons le critère numéro 42 que vous venez de mentionner vous-même.

 27   J'aimerais qu'on nous montre la partie inférieure du tableau. Merci.

 28   Monsieur Kovacevic, est-ce que vous voyez à l'écran ce tableau de synthèse

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  1   qui est le premier tableau de synthèse de votre rapport ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Quels sont les chiffres qu'on voit dans la première et dans la deuxième

  4   colonne ? Qu'est-ce que ça représente, vu ce que vous venez de nous

  5   expliquer au sujet du quarante-deuxième critère ?

  6   R.  Dans la deuxième colonne, on voit le nombre suivant, 118 032, c'est le

  7   nombre de personnes recensées pour lesquelles on a pu établir une

  8   correspondance avec certaines des personnes se trouvant sur la liste des

  9   personnes disparues, selon ce critère-là. Dans la troisième colonne, on

 10   voit que le nombre de 118 032 est passé à 6 958. Et ceci après l'opération

 11   suivante : pour chacune des personnes, seule une correspondance a été prise

 12   en compte, et je parle là de la liste des personnes disparues.

 13   Q.  Est-ce que cela signifie que pour 6 958 sur la liste des personnes

 14   disparues à 118 032 candidats sur le résultat du recensement ?

 15   R.  Non. Ça veut dire que pour les 7 661 personnes dans la liste des

 16   personnes disparues, on a 118 032 candidats sur la liste du recensement, et

 17   les 6 958, ce sont les personnes qui dans le résultat du recensement

 18   correspondent aux personnes qui se trouvent sur la liste des personnes

 19   disparues en fonction d'un seul critère.

 20   Q.  On a parlé de cette liste de synthèse des personnes disparues, pouvez-

 21   vous nous dire quels sont les problèmes que vous avez rencontrés le plus

 22   souvent s'agissant de cette liste ?

 23   R.  Lorsqu'il s'agit de la liste des personnes disparues, à la lumière des

 24   comparaisons de ces listes avec le recensement, les plus grands points

 25   faibles étaient pour ce qui est des dates de naissance, lieu de disparition

 26   ainsi que du lieu de naissance. Bien sûr,  il y avait également des points

 27   faibles pour ce qui est des noms de père, patronymes, mais le plus souvent

 28   c'étaient des informations complètes.

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  1   Q.  Est-ce que cela a pu être complété d'une certaine façon, ces

  2   informations qui manquaient ?

  3   R.  Si on suppose que la liste des personnes disparues est fiable, alors

  4   ces informations auraient pu être complétées en se basant sur le

  5   recensement de la population.

  6   Q.  Si vous dites que cela aurait pu être complété, avez-vous une

  7   explication pourquoi cela n'a pas été fait, pourquoi ces informations

  8   n'avaient été complétées ?

  9   R.  Je ne peux pas vous fournir d'explication, parce qu'on n'a pas appliqué

 10   le processus concernant le recensement, la liste des personnes disparues et

 11   les listes des électeurs. On n'a pas comparé ces trois listes.

 12   Q.  Pouvez-vous nous dire quelle est votre conclusion finale pour ce qui

 13   est de la fiabilité de la liste de synthèse de la part de Mme Helge

 14   Brunborg ?

 15   R.  Sur la base des recherches que j'ai faites, il est évident qu'il a été

 16   essayé de prouver que toutes les personnes existaient, les personnes qui se

 17   trouvaient sur la liste des personnes disparues, et que toutes les

 18   personnes sur la liste des personnes disparues avaient réellement disparu,

 19   et qu'elles ne figuraient pas sur la liste des électeurs.

 20   Q.  Vous avez dit ce que vous avez pensé de la liste de Helge Brunborg.

 21   Pouvez-vous nous dire quel est selon vous le critère le plus fiable pour

 22   comparer la liste des personnes disparues et le recensement ?

 23   R.  D'après les informations existantes dans la liste des personnes

 24   disparues et dans le recensement, le critère le plus raisonnable serait le

 25   critère qui aurait le patronyme, le prénom de père et l'année de naissance.

 26   Q.  Pouvez-vous nous dire pourquoi il est nécessaire de voir l'année de

 27   naissance et non pas la date de naissance ?

 28   R.  Par exemple, au paragraphe 26 de ces tableaux, le plus souvent on n'a

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  1   pas de date de naissance, mais plutôt l'année de naissance. Et le critère

  2   le plus raisonnable à appliquer est le critère qui aurait le maximum de

  3   critères, mais il faudrait que cela figure dans le recensement et dans la

  4   liste des personnes disparues à chaque fois.

  5   Q.  Si on applique ce critère, comme vous l'avez appelé, le critère

  6   raisonnable, qui engloberait le patronyme, le prénom, le prénom de père et

  7   année de naissance d'une personne donnée, dites-moi, quel serait le

  8   résultat d'appariement entre la liste de synthèse des personnes disparues

  9   et le recensement de la population ?

 10   R.  Cela a été dit au paragraphe 27. Ce type d'appariement vous donne une

 11   liste de 2 943 personnes.

 12   Q.  Qu'est-ce que vous pouvez dire par rapport à ces personnes, quel est

 13   leur statut ?

 14   R.  Je m'excuse. Pourriez-vous répéter votre question ?

 15   Q.  Vous avez dit qu'au paragraphe 27, on a obtenu la liste de 2 943

 16   personnes. Cela veut dire que 2 943 personnes est le résultat des

 17   comparaisons des personnes sur la liste des personnes disparues et des

 18   personnes figurant sur la liste de recensement de la population ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Merci. Hier on a parlé de l'existence du numéro d'immatriculation

 21   unique des citoyens en tant que numéro d'identification unique pour chaque

 22   citoyen. Dans votre rapport au paragraphe 23, vous avez mentionné ce numéro

 23   d'immatriculation unique. Pouvez-vous nous dire ce que ce numéro représente

 24   et dans quelle liste ce numéro figurait ?

 25   R.  Le numéro d'immatriculation unique des citoyens est une sorte de code

 26   que l'administration fournit à toute personne à sa naissance, qui englobe

 27   la date de naissance et quelques autres chiffres qui garantissent leur

 28   unicité. Ce numéro d'immatriculation se trouve dans la liste du recensement

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  1   ainsi que dans la liste des électeurs.

  2   Q.  Avez-vous procédé à la vérification de l'exactitude de ces numéros

  3   d'immatriculation uniques des citoyens ?

  4   R.  Dans le recensement de la population.

  5   Q.  Pouvez-vous nous dire quels étaient vos résultats après avoir procédé à

  6   la vérification de ces données ?

  7   R.  Le recensement de la population ne représente pas un registre

  8   administratif, il s'agit de données statistiques et les numéros

  9   d'immatriculation uniques de tous les citoyens ne sont pas exacts dans le

 10   recensement en Bosnie-Herzégovine en 1991, à peu près 32 % des personnes

 11   n'avaient pas de numéro d'immatriculation et à peu près 1 400 000 numéros

 12   étaient des doublés. Dans ces numéros d'immatriculation, après la date de

 13   naissance il y avait des zéros, il n'y avait pas de chiffre unique qui

 14   d'habitude figurait pour compléter ce numéro.

 15   Q.  Pouvez-vous nous dire quels étaient les résultats d'appariement que

 16   vous avez obtenus, c'est d'ailleurs au paragraphe 24 de votre rapport ?

 17   R.  Oui, au paragraphe 24, il est dit que 57 personnes sur la liste des

 18   personnes disparues ne pouvaient être mises en relation avec l'autre liste

 19   selon aucun critère.

 20   Q.  Vous avez procédé à cela selon 71 critères pour comparer la liste de

 21   synthèse des personnes disparues et la liste des électeurs ?

 22   R.  Oui.

 23   Q.  Pouvez-vous nous dire quels étaient les résultats de ce processus

 24   d'appariement de ces deux listes, de la liste de synthèse des personnes

 25   disparues et la liste des électeurs ?

 26   R.  Pour que cela soit possible en appliquant ces critères, nous avons

 27   recopié le prénom de père où cela était possible dans la liste des

 28   personnes disparues. L'absence du prénom de père à la liste électorale

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  1   était la raison pour le cas de Brunborg et Urdal n'ont pas procédé à la

  2   comparaison de la liste des personnes disparues à la liste des électeurs en

  3   appliquant les mêmes critères qu'ils ont appliqués au recensement. Après

  4   avoir fait cela, nous avons pu comparer les 6 983 personnes de la liste des

  5   personnes disparues avec la liste électorale de 1997, 1998. En appliquant

  6   ces mêmes critères, nous n'avons pas pu procéder aux appariements de 678

  7   personnes par rapport à ces deux listes.

  8   Q.  Quelles étaient les caractéristiques pour vous pour ce qui est de cette

  9   comparaison de ces deux listes, liste électorale et liste des personnes

 10   disparues ? C'est au paragraphe 26 de votre rapport.

 11   R.  Ce qui était caractéristique dans ce processus d'appariement, c'est la

 12   chose suivante : lorsqu'on applique un critère strict ou très strict pour

 13   procéder aux appariements de la liste électorale et la liste des personnes

 14   disparues, il y a l'année de naissance, le patronyme et le prénom du père,

 15   on obtient 22 personnes qui figurent sur les deux listes. Ce qui serait

 16   intéressant de voir et ce qui ne figure pas comme information dans le

 17   rapport d'Urdal et Brunborg est de savoir pourquoi ces personnes ont été

 18   rejetées en tant que personnes qui pourraient se trouver sur la liste

 19   électorale et qui ne sont pas sur la liste des personnes disparues.

 20   Q.  Est-ce qu'on peut maintenant, pour ce qui est du même document, 1D1129,

 21   est-ce qu'on peut afficher la page 8 du même document. On peut voir ce

 22   tableau, c'est-à-dire ce résultat que vous avez mentionné et qui a donné le

 23   nombre de 22 personnes. Ici, est-ce qu'on peut faire défiler le document

 24   vers le bas pour qu'on puisse voir la page suivante pour qu'on puisse voir

 25   la fin du tableau parce que sur l'écran on ne voit que le début du tableau.

 26   Monsieur Kovacevic, vous avez identifié de façon absolue, vous avez

 27   déterminé l'identité des personnes qui figuraient sur les deux listes et

 28   pour lesquelles on peut dire qu'elles se trouvaient sur la liste des

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  1   personnes disparues et aussi qu'elles sont vivantes ?

  2   R.  Sur la base de tout ça, on ne peut pas dire avec certitude que ces

  3   personnes sont vivantes, mais on peut dire que 22 personnes, en appliquant

  4   des critères relativement stricts d'appariement, se trouvent sur la liste

  5   des personnes disparues ainsi que sur la liste électorale. On peut dire que

  6   le critère qui a été appliqué, le critère dit prudent, qui est extrêmement

  7   strict qui a été appliqué pour éliminer la possibilité que ces personnes

  8   soient présentes sur la liste électorale, donc vivantes.

  9   Q.  A plusieurs endroits dans votre rapport vous avez parlé de l'importance

 10   du nombre 3 000, c'est-à-dire des résultats de vos recherches qui ont donné

 11   les chiffres allant jusqu'à 3 000. Pouvez-vous nous dire en quoi consiste

 12   l'importance de ce chiffre de 3 000 ?

 13   R.  Sur la base d'appariement de plusieurs sources -- de comparaison de

 14   plusieurs sources d'information -- ou recoupement de plusieurs sources

 15   d'informations sur la base de comparaisons faites pour ce qui est des

 16   données figurant dans ces sources, à plusieurs reprises j'ai obtenu un

 17   chiffre qui s'approchait du chiffre de 3 000 qui est de nature indicative,

 18   parce qu'on peut supposer avec une grande probabilité que c'est le nombre

 19   exact de personnes disparues. Je vais vous citer six exemples là. J'ai déjà

 20   cité un exemple lorsqu'on a procédé aux appariements. Les personnes sur la

 21   liste de Brunborg avec le recensement, en appliquant le critère prénom,

 22   patronyme, prénom de père et année de naissance, nous avons obtenu le

 23   chiffre de 2 943 personnes.

 24   Le deuxième chiffre indicatif qu'on a obtenu en comparant la liste des

 25   personnes disparues de Brunborg avec la liste des soldats de l'ABiH tués,

 26   en comparant le prénom, le patronyme, le prénom des parents et l'année de

 27   naissance, on a obtenu le chiffre de 2 743 personnes. 

 28   C'est le troisième chiffre indicatif : pour ce qui est du nombre de

Page 22687

  1   soldats de Srebrenica, 6 000 soldats, d'après un document au sein de

  2   l'unité militaire de Srebrenica. En diminuant ce chiffre du nombre qui

  3   représente le nombre de soldats qui ont survécu à Srebrenica, qui est 3

  4   105, on arrive au chiffre de 2 805.

  5   Quatrièmement, lorsqu'on prend le nombre de personnes déplacées de

  6   Srebrenica et lorsqu'on déduit le nombre de personnes déplacées de

  7   Srebrenica, on arrive au chiffre moins de 2 989.

  8   Pour ce qui est du cinquième chiffre indicatif, lorsqu'on utilise le nombre

  9   de personnes identifiées, 3 947, et lorsqu'on le déduit de ce numéro, le

 10   chiffre qui est le chiffre de 1 300 personnes tuées au début de 1995, on

 11   arrive au chiffre de 2 647.

 12   Le sixième chiffre indicatif, on l'obtient lorsqu'on recoupe la liste de

 13   Brunborg avec la liste de personnes disparues avec la liste des personnes

 14   identifiées et c'est ainsi qu'on arrive au chiffre de

 15   2 638.

 16   Q.  Vous nous avez cité six chiffres. Lorsqu'on les compare avec le nombre

 17   de personnes disparues sur la liste de synthèse de personnes disparues de

 18   Helge Brunborg, quelle serait votre

 19   conclusion ?

 20   R.  On arrive à la conclusion, du point de vue statistique uniquement, que

 21   tous ces chiffres que j'ai cités sont les chiffres qui s'approchent au

 22   chiffre de 3 000, c'est-à-dire le chiffre 3 000 est un chiffre

 23   caractéristique et que c'est moins par rapport au chiffre de 7 661, et que

 24   ces chiffres indicatifs mettent en cause le nombre de 7 661 qui a été

 25   mentionné.

 26   Q.  Merci, Monsieur Kovacevic.

 27   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Maître Tapuskovic, pouvez-vous vérifier

 28   ce chiffre avec le témoin qui apparaît à la ligne 5 ? C'est le chiffre

Page 22688

  1   2 738. Est-ce que c'est ce chiffre-là ?

  2   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Oui. Oui, c'est 2 738.

  3   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Merci.

  4   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Et à la page 16, à la ligne 12, il est

  5   apparu 6 661. Il faut qu'il y figure le nombre 7 661.

  6   LE TÉMOIN : [interprétation] C'était peut-être mon erreur.

  7   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation]

  8   Q.  Monsieur Kovacevic, quel est le nombre exact de personnes disparues sur

  9   la liste de Brunborg ?

 10   R.  C'est 7 661. On parle de ce chiffre-là.

 11   Q.  Nous allons passer au chapitre 2 dans votre rapport, et est-ce qu'on

 12   peut afficher la page 10 dans la version en B/C/S, ce qui correspond à la

 13   page 8 dans la version en anglais. C'est le document qui est déjà affiché

 14   sur l'écran, sous le numéro 1D1129.

 15   Monsieur Kovacevic, dites-nous ce que représente ce chapitre dans votre

 16   rapport qui s'appelle, "Les preuves statistiques d'une non-exactitude de la

 17   liste de Brunborg."

 18   R.  Pour ce qui est de 7 661 personnes disparues sur la liste de Brunborg,

 19   pour ce qui est du fait à prouver que ce n'est pas durable, représente une

 20   analyse statistique des informations disponibles sur la base des sources

 21   d'information disponibles et des documents disponibles, ainsi que de

 22   certaines relations pour prouver la fiabilité du nombre déterminé de

 23   personnes disparues sur la liste de Brunborg, à savoir le nombre de 7 661

 24   personnes disparues.

 25   Q.  Dans ce tableau --

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Madame Soljan.

 27   Mme SOLJAN : [interprétation] Le témoin aurait fait référence à plusieurs

 28   documents. J'aimerais qu'il nous identifie les documents auxquels il s'est

Page 22689

  1   référé dans sa réponse. Est-ce qu'il s'agit de son rapport ou est-ce qu'il

  2   s'agit d'autres documents ?

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Madame Soljan. Monsieur

  4   Kovacevic, vous pouvez expliquer cela ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Dans cette partie de mon rapport et dans le

  6   tableau numéro 1, là je peux dire qu'il s'agit de plusieurs documents. Par

  7   exemple, dans la première colonne se trouvent les documents qui fournissent

  8   le nombre d'habitants avant les événements.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Madame Soljan ?

 10   Mme SOLJAN : [interprétation] Je pense que le témoin ne m'a pas comprise.

 11   Je ne parle pas de la teneur du rapport dudit témoin. Je parle des

 12   documents qui sont à la disposition du témoin ici.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Quels documents avez-vous parcourus,

 14   Monsieur Kovacevic, en donnant votre dernière réponse, ou plutôt, avant-

 15   dernière réponse ?

 16   Mme SOLJAN : [interprétation] Il a des documents à sa gauche et à sa droite

 17   sur le bureau, et je suis curieuse de savoir de quel document il s'agit.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je ne peux pas vous aider. M. Kovacevic

 19   devra nous expliquer cela. 

 20   Quels sont les documents qui sont les documents auxquels vous faites

 21   référence, Monsieur Kovacevic ?

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Le document dont on a parlé tout à l'heure est

 23   mon rapport qui est intitulé "Les conclusions de --

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous n'avons pas besoin de savoir le

 25   titre parce que nous le connaissons. Avez-vous fait référence à d'autres

 26   documents qui sont sous vos yeux ou avez-vous fait référence uniquement à

 27   votre rapport ?

 28   LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai utilisé certaines de mes notes qui

Page 22690

  1   figurent dans mon rapport pour me rappeler certaines choses et certains

  2   chiffres.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Est-ce que cela vous éclaire

  4   maintenant ?

  5   Mme SOLJAN : [interprétation] Donc il s'agit d'un document et nous

  6   aimerions que ce document, à savoir ces notes, nous soient remises pendant

  7   la pause. Merci.

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Tapuskovic, pouvez-vous

  9   expliquer cela à votre témoin ?

 10   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Oui, bien sûr.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Peut-être pourriez-vous lui demander

 12   d'expliquer si ces documents sont les deux documents qu'il utilise pour

 13   répondre à l'avant-dernière question. Il faut que vous lui disiez qu'il

 14   remette ses notes à la disposition de l'Accusation.

 15   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation]

 16   Q.  Monsieur Kovacevic, vous avez entendu ce que la Chambre vous a dit pour

 17   ce qui est de ces documents. Vous avez dit en répondant à mes questions,

 18   vous avez fait référence à votre rapport et vous avez dit que vous avez

 19   fait référence à vos notes personnelles. Pouvez-vous nous dire en quoi

 20   consistent vos notes personnelles et quel est le nombre de documents que

 21   vous avez sous vos yeux maintenant ?

 22   R.  Trois documents. J'ai plusieurs documents dans des chemises, rapport de

 23   Brunborg, règlements, critères, d'autres documents. Ce sont des documents

 24   qui me servaient de base pour rédiger mon rapport.

 25   Q.  Merci, Monsieur Kovacevic, je pense que cela suffit. Mais nous allons

 26   procéder selon les instructions de la Chambre.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Madame Soljan ?

 28   Mme SOLJAN : [interprétation] Vu ce que mon éminente collègue vient de

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  1   dire, nous aimerions avoir accès à ces deux documents auxquels le témoin

  2   expert a fait référence.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien, cela sera fait pendant la

  4   pause, si cela vous convient, Madame Soljan, ou vous insistez à ce que cela

  5   soit fait maintenant ?

  6   Mme SOLJAN : [interprétation] Ça peut être pendant la pause. Merci.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

  8   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Le témoin a dit qu'il a utilisé ces

  9   documents pour se rappeler certains chiffres, parce que le témoin même a

 10   dit qu'il s'agit d'un sujet statistique, donc il y a beaucoup de chiffres à

 11   mentionner. Nous ne pouvons nous attendre à ce que le témoin nous cite tous

 12   ces chiffres par cœur. Lors de la rédaction de son rapport, il a utilisé un

 13   grand nombre de documents. Il doit utiliser ces documents pour nous citer

 14   des chiffres exacts.

 15   Q.  J'aimerais revenir au tableau numéro 1, Monsieur Kovacevic.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Tapuskovic et Monsieur

 17   Kovacevic, personne ne veut proférer des critiques à l'encontre du témoin

 18   parce qu'il utilise ses notes pour se rafraîchir la mémoire. Il a le droit

 19   de le faire. Mais l'Accusation a le droit de demander ces documents pour

 20   que ces documents lui soient remis pour vérifier que ce que le témoin a dit

 21   y figure réellement.

 22   Continuez, Maître Tapuskovic.

 23   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Merci.

 24   Q.  Monsieur Kovacevic, dans le tableau numéro 1 et dans la colonne numéro

 25   4, si on les observe, cela s'intitule, Nombre de personnes disparues avec

 26   l'indication A, d'après la liste de Brunborg.

 27   Vous nous avez dit tout à l'heure que le nombre de personnes

 28   disparues sur la liste de synthèse de Brunborg de personnes disparues est 7

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  1   661. Ici, on voit le chiffre 7 659. Pouvez-vous nous expliquer cette

  2   différence ?

  3   R.  Il y a deux personnes qui semblaient constituer un doublé lorsque nous

  4   avons effectué notre recherche par la voie informatique.

  5   Q.  Sur le même document, je vous invite à prendre la page 15 en B/C/S.

  6   Est-ce que l'on pourrait faire défiler le texte.

  7   Monsieur Kovacevic, vous avez devant vous un tableau, un tableau qui, aux

  8   postes ID6 et 7, évoque deux personnes. Est-ce qu'il s'agit là des deux

  9   doublons que vous venez d'évoquer ?

 10   R.  Est-ce que c'est le paragraphe 49 ?

 11   Q.  Oui.

 12   R.  Non, ce ne sont pas les deux cas en question. C'est un exemple qui

 13   illustre la manière dont la liste consolidée des personnes identifiées a

 14   été établie. C'est une liste différente et, effectivement, on l'a obtenue

 15   sous la mention "ICTY-Srebrenica related 2.xls." C'est une inscription de

 16   la manière dont la liste a été consolidée.  (expurgé)

 17   (expurgé)

 18   (expurgé)

 19   (expurgé).  On a procédé à l'élimination des doublons, ce qui nous a

 20   permis d'obtenir une liste, une liste contenant - et j'essaie de la

 21   retrouver - 3 947 personnes.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Soljan.

 23   Mme SOLJAN : [interprétation] Deux points. Lorsque le témoin parle du

 24   document "ICTY-Srebrenica related 2.xls," je voulais savoir si c'est la

 25   liste ICMP d'octobre 2007 ou un autre document.

 26   Deuxièmement, s'il s'agit de cette liste, les noms doivent être supprimés

 27   en ce sens que c'est un document qui figure sous pli scellé pour le moment

 28   et dont les noms n'ont pas encore été révélés. Je vous remercie.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui. Alors commençons. Procédons par

  2   ordre. Dans votre dernière réponse, Monsieur Kovacevic, vous avez parlé de

  3   deux listes ou deux documents xls, est-ce que c'était la liste ICMP

  4   d'octobre 2007 ou s'agissait-il d'un autre document ?

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Nous avons reçu la liste sous format

  6   électronique et je ne pourrais pas répondre à votre question. Je sais

  7   simplement que c'était tout simplement le nom de fichier électronique,

  8   c'était le nom du fichier que nous avons reçu par la voie électronique.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous avez un exemplaire de

 10   cette liste devant vous ?

 11   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, je ne l'ai pas devant moi, car cette

 12   liste existait sous forme informatique.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Si l'on vous soumettait une version

 14   papier de cette liste, est-ce que vous pourriez la reconnaître ?

 15   Madame Soljan.

 16   Mme SOLJAN : [interprétation] C'est une version de mauvaise qualité.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pourquoi ne pourriez-vous pas la

 19   reconnaître si vous avez pu en prendre connaissance dans un format

 20   informatique ?

 21   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne pourrais pas la reconnaître parce que,

 22   sous forme électronique, elle était en format xls, et c'est mon

 23   informaticien qui l'a analysée. Je ne pourrais pas la reconnaître en ce

 24   sens que je ne pourrais pas reconnaître tous les noms sur la liste.

 25   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Est-ce que je peux ajouter quelque chose

 26   ?

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, bien entendu, Maître Tapuskovic.

 28   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Merci. Le document a été fourni au témoin

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  1   sous forme électronique il y a quelques mois. Nous avons à présent ce

  2   document dans l'ordinateur. Notre assistant, M. Bozo Grbic peut le

  3   retrouver. Au moment de la communication de ce document il y a quelques

  4   mois, nous ne savions pas que c'était un document sous pli scellé, nous

  5   l'ignorions.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] En tout état de cause, il nous faut

  7   identifier ce document. C'est la raison pour laquelle nous sommes encore en

  8   audience publique parce que nous nous exprimons toujours en termes vagues.

  9   Mme SOLJAN : [interprétation] En ce qui concerne les noms qui ont été

 10   fournis à titre d'exemples par le témoin, il faudrait peut-être les

 11   supprimer, parce que s'il s'agit de la pièce à conviction 3002 il faut le

 12   faire, mais il faut attendre confirmation.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. Madame la Greffière, je vous

 14   prierais de vous occuper de la page 21 et de commencer l'expurgation ligne

 15   24, page 21, jusqu'au début de la ligne 2 de la page 22.

 16   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] S'il est nécessaire que nous invoquions

 17   les tableaux contenant des noms, nous passerons à huis clos partiel, mais

 18   ce ne sera sans doute pas nécessaire.

 19   Revenons à notre document et au tableau figurant à la page 10 du rapport,

 20   c'est le tableau numéro 1.

 21   Monsieur Kovacevic, vous nous avez dit pourquoi, dans la colonne contenant

 22   le nombre des disparus, vous aviez le nombre ou le chiffre 7 659. Est-ce

 23   que ces chiffres couvrent uniquement la population civile ou non ?

 24   R.  Ces chiffres proviennent des documents répertoriés dans le rapport au

 25   chiffre romain III dans l'annexe. J'ai extrait les chiffres du document

 26   daté de janvier 1994, recensement de 1991, 11 janvier 1995 et 11 janvier

 27   1994. J'ai pris ces chiffres car ils me semblaient pertinents. Selon ce

 28   document, ces chiffres comprennent également les soldats qui se trouvaient

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  1   dans la zone protégée de Srebrenica avant juillet 1995.

  2   Q.  Merci. Pourriez-vous nous expliquer le rôle ou la fonction de la

  3   dernière colonne où il est question de "Solde S-R," "Balance," en anglais ?

  4   R.  La dernière colonne intitulée "Solde" - et c'est entre parenthèses -

  5   fournit la différence entre le nombre d'habitants selon un document en

  6   particulier et le nombre de disparus constatés sur la base des documents et

  7   listes reçus du TPIY évoqués dans ce document dans l'annexe aux paragraphes

  8   41, 42 et 43. La différence mathématiquement permet d'obtenir le nombre de

  9   personnes disparues.

 10   Q.  La valeur mathématique que vous fournissez dans la première ligne de la

 11   colonne "Solde," 2 988, à quoi correspond-elle ?

 12   R.  La différence la plus élevée sur la base des calculs faits à l'aide des

 13   documents indiquant le nombre d'habitants et le nombre de personnes

 14   déplacées - et cela montre sur la base de ce document on ne peut pas faire

 15   correspondre ce chiffre avec le nombre disparu de

 16   7 661. Cela montre également que le nombre réel de personnes déplacées

 17   reste à ce niveau, le niveau indiqué ici, c'est-à-dire de

 18   2 988.

 19   Q.  Attardons-nous un instant sur la quatrième colonne intitulée "R," qui

 20   indique le nombre de personnes déplacées. A toutes les lignes l'on retrouve

 21   le même nombre, 34 537. Comment avez-vous abouti à ce chiffre de déplacées

 22   ?

 23   R.  Ce chiffre a été obtenu à l'aide d'un traitement mathématique de quatre

 24   documents sous forme électronique répertoriés au paragraphe 41. Le premier

 25   document - je vous fais l'économie du titre - évoque 9 258 personnes. Le

 26   deuxième document contient 4 816, le troisième document 6 116, et le

 27   quatrième document, 2 832 personnes. Ces documents datent d'après juillet

 28   1995 et sont relatifs à la chute de Srebrenica.

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  1   Q.  Je vous arrête. A la page 25, ligne 21 du compte rendu d'audience, vous

  2   parlez du troisième document ou du quatrième document. Quel était le

  3   chiffre ?

  4   R.  Vingt-huit mille trois cent quarante-deux.

  5   Q.  Merci.

  6   R.  Nous avons fusionné ces documents pour créer une seule base de données.

  7   Le premier document était inutilisable dans un premier temps à des fins

  8   informatiques. Il a donc été réparé, entre guillemets, ensuite nous avons

  9   procédé à la fusion des quatre documents pour créer une base de données

 10   unique en tenant compte des seules personnes dont la date de déplacement

 11   était 1995.

 12   Ensuite les doublons ont été supprimés, les personnes qui avaient les

 13   mêmes noms et prénoms, noms des parents et dates de naissance ont été

 14   considérées comme étant les mêmes.

 15   C'est ainsi que l'on a obtenu ce chiffre de 34 537 qui figure dans la

 16   base de données, et il s'agit de la limite minimale en ce sens qu'il est

 17   possible que certains déplacés ne se soient pas inscrits, n'aient pas été

 18   répertoriés ou n'aient pas été repris dans ces documents pour une raison ou

 19   pour une autre.

 20   Q.  Ce chiffre de 34 537 est considéré par vous comme étant le nombre

 21   minimum de personnes déplacées ?

 22   R.  Oui. C'est le nombre minimum de déplacés sur la base des quatre

 23   documents qui nous ont été remis et dont nous disposions.

 24   Q.  Au paragraphe 31 de votre rapport, vous parlez de soldats et du nombre

 25   de soldats présents dans la zone protégée ainsi que du nombre de soldats

 26   évacués. Vous avez utilisé les initiales "PV" pour vous référer à ces

 27   soldats. Pourriez-vous nous dire comment vous avez traité les chiffres que

 28   vous avez reçus au sujet du nombre de soldats disparus, 2 895 ?

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  1   R.  Nous avons utilisé deux documents évoqués aux paragraphes 51, 52, qui

  2   fournissent le nombre de soldats dans la zone protégée de Srebrenica, 6

  3   000. Je ne vais pas vous donner le titre de ces documents, et pour ce qui

  4   est du nombre de soldats qui ont été évacués de Srebrenica, le chiffre est

  5   de 3 105. Et la différence entre ces deux chiffres nous donne le nombre de

  6   soldats disparus qui figure sur ce tableau.

  7   Q.  Merci.

  8   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait faire apparaître

  9   à l'écran le document P3472, s'il vous plaît ? Je

 10   voudrais voir la partie inférieure du document. Merci.

 11   Q.  Monsieur Kovacevic, connaissez-vous ce document ?

 12   R.  Oui. C'est un des deux documents que j'ai utilisés.

 13   Q.  Il s'agit d'un document qui se réfère au nombre de

 14   soldats ?

 15   R.  Oui, le chiffre que j'évoque ici, les membres de l'unité.

 16   Q.  L'unité de libération et de défense qui combattait.

 17   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Est-ce que l'on pourrait à présent voir

 18   le document P3470, s'il vous plaît. Page 2, ou plutôt, la dernière page du

 19   document.

 20    Q.  Monsieur Kovacevic, pourriez-vous nous donner lecture des informations

 21   concernant l'auteur du document ?

 22   R.  Je ne vois pas le bas de la page. Vous voulez parler de l'en-tête ?

 23   Q.  Oui.

 24   R.  "Commandement du 2e Corps ou de l'armée de l'ABiH, 2e Corps,

 25   commandement de la 28e Division."

 26   Q.  Quelles sont les conclusions que vous tirez sur la base de ce document

 27   ?

 28   R.  Ma conclusion est que le nombre total d'hommes enregistrés après la

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  1   chute de la zone protégée de Srebrenica qui étaient membres des unités

  2   militaires de Srebrenica était de 3 105.

  3   Q.  Merci. Revenons au document 1D1129 et examinons le tableau qui figure à

  4   la page 10 de la version B/C/S.

  5   Monsieur Kovacevic, la colonne numéro 5 porte le titre "Nombre de personnes

  6   identifiées ou I" et le chiffre est de 3 947 qui figure à chaque ligne.

  7   Quelle est l'importance de ce nombre de personnes identifiées pour ce

  8   tableau et pour votre rapport ?

  9   R.  En ce qui concerne le nombre de soldats évacués de la zone de

 10   Srebrenica selon le document que nous venons d'examiner, ce chiffre

 11   constitue la différence entre le nombre d'habitants et le nombre de

 12   personnes déplacées. Je l'ai déjà dit lorsque j'évoquais les nombres

 13   indicatifs que parmi les personnes identifiées, 3 947, on peut déduire le

 14   chiffre de 1 300, nombre correspondant au nombre de personnes tuées, l'on

 15   obtient 2 647, ce qui représente le solde entre le nombre d'habitants et le

 16   nombre de personnes déplacées.

 17   On peut obtenir un résultat identique si l'on examine le nombre de

 18   soldats qui n'ont pas été répertoriés comme ayant été évacués puisque nous

 19   avons un chiffre de 2 895. Il s'est avéré possible, en calculant le solde,

 20   que le nombre réel de personnes disparues représente en partie des

 21   effectifs militaires.

 22   Q.  Est-ce que l'on pourrait examiner le document 1D1139 ?

 23   Pouvez-vous nous dire qui a produit ce document et à qui ce document est

 24   destiné ?

 25   R.  Ce document provient de la cellule municipale de la protection civile

 26   de la municipalité de Srebrenica le 10 janvier 1994 et il a été signé par

 27   le président de la présidence de la municipalité de Srebrenica, Fahrudin

 28   Salihovic.

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  1   Q.  Passons à présent à la page 3 du document. C'est la dernière partie de

  2   la page qui nous intéresse. Page suivante, s'il vous plaît. Est-ce qu'on

  3   peut encore un peu faire défiler le texte ? Merci.

  4   Je vais vous donner lecture d'un passage de ce document. "De plus, en

  5   raison des activités de combat dans la zone de la municipalité de

  6   Srebrenica, approximativement 1 300 personnes ont trouvé la mort dont

  7   l'identité a pu être établie et qui ont été enterrées dans des cimetières

  8   existant et dans huit nouveaux cimetières."

  9   Monsieur Kovacevic, lorsque vous parlez de 1 300 soldats, est-ce que

 10   c'était le document auquel vous pensiez, le document que je viens de vous

 11   soumettre ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Merci. Quelle est, dès lors, votre conclusion générale en ce qui

 14   concerne le différentiel de solde que vous avez calculé au tableau 1 par

 15   rapport aux documents qui ont été recoupés et que vous avez analysés ?

 16   R.  Une conclusion générale serait que le nombre réel de personnes

 17   disparues sur la base des sources et des données disponibles, va ou se

 18   trouve dans la fourchette comprise -- pardon, est de l'ordre de 3 000

 19   personnes et les données et documents disponibles ne permettent pas

 20   d'aboutir à un nombre correspondant au nombre de personnes disparues

 21   figurant sur la liste, 7 661.

 22   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Je pense que le moment serait bien choisi

 23   pour faire la pause, même s'il ne me faudra que dix minutes pour en

 24   terminer de l'interrogatoire principal du témoin.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Dans ces conditions, nous allons tout

 26   de suite faire la pause qui va durer 25 minutes.

 27   --- L'audience est suspendue à 15 heures 45.

 28   --- L'audience est reprise à 16 heures 15.

Page 22702

  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je précise pour le compte rendu

  2   d'audience que du côté de l'Accusation nous trouvons M. Christopher

  3   Mitchell, en plus de M. McCloskey et de Mme Soljan. Et je constate que le

  4   fils de Me Krgovic est absent, il est sorti changer de jeans, j'imagine.

  5   M. JOSSE : [interprétation] Je crois qu'il en avait assez de me surveiller.

  6   Je pense qu'il a eu envie de profiter du soleil.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je le comprends.

  8   Oui, Madame Tapuskovic ?

  9   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Merci. Une brève remarque : pendant la

 10   pause, le témoin a transmis tous les documents qu'il avait devant lui

 11   pendant sa déposition. Parmi ces documents, il y a le rapport du témoin

 12   ainsi qu'un certain nombre de tableaux, document 380, où figurent les 71

 13   critères ainsi que les notes qu'il a préparées pour lui-même pour qu'il

 14   dépose. A moins que la Chambre n'adopte une position contraire, je ne pense

 15   pas qu'il soit nécessaire de passer en revue les détails et notes du

 16   témoin. Mais s'il y a le moindre problème, on peut tout à fait en donner

 17   lecture à voix haute.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Passez à vos questions à moins

 19   qu'il n'y ait des remarques à ce sujet.

 20   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Je vous remercie, Monsieur le Président.

 21   Q.  Au paragraphe 37 de votre rapport, Monsieur Kovacevic, vous évoquez la

 22   possibilité de créer des personnes imaginaires. Est-ce que vous pourriez

 23   nous expliquer ce que vous entendez par là par personnes non existantes ?

 24   R.  Le paragraphe 37 traite d'une certaine approche qui peut être envisagée

 25   avec des lettres. Dans la liste écrite à la main, il y a certaines lignes

 26   avec signes diacritiques, "tche," "dje," "je," "che" et "dje" ont été

 27   remplacés par les lettres C, Z, S et D, et ceci a eu un impact sur les

 28   informations à caractère non numériques telles que le nom de famille, le

Page 22703

  1   prénom, le nom du père, le lieu de disparition, le lieu de naissance. Dans

  2   ces conditions, ce qui peut se produire c'est que vous avez des personnes

  3   qui ne vont figurer dans aucun document, aucun registre tel que, par

  4   exemple, les listes électorales. On crée ce genre de personnes.

  5   Q.  Vous dites que ça peut avoir une incidence considérable sur le

  6   processus d'identification. Est-ce que vous pourriez nous dire de quel

  7   pourcentage il s'agit en parlant des noms de l'ex-Yougoslavie et de Bosnie-

  8   Herzégovine, quel impact ça peut avoir ? Combien de noms contiennent des

  9   signes diacritiques ?

 10   R.  Il y a beaucoup de noms existant sur le territoire de l'ex-Yougoslavie

 11   qui contiennent ces lettres avec accents diacritiques qui sont

 12   caractéristiques de l'alphabet croate. Je ne peux pas vous donner de

 13   statistiques, il faudrait pour cela que je procède à une nouvelle recherche

 14   entièrement.

 15   Q.  J'aimerais qu'on affiche à l'écran la pièce 1D312.

 16   Monsieur Kovacevic, pouvez-vous nous dire qui est l'auteur de ce document ?

 17   Est-ce qu'on pourrait zoomer sur le document pour que le témoin puisse le

 18   déchiffrer ?

 19   R.  L'intitulé c'est, "Institut de la statistique de Bosnie-Herzégovine

 20   avec son siège à Sarajevo." Il s'agit de l'antenne de Tuzla et il est

 21   question également du secrétariat régional à la Défense de Tuzla.

 22   Q.  Est-ce que vous connaissez ce document ?

 23   R.  Est-ce qu'on peut faire défiler le document vers le bas ?

 24   Oui, ce document traite du nombre d'habitants se trouvant dans la zone de

 25   protection de Srebrenica. Pour ce qui est de la date --

 26   Q.  Est-ce qu'on peut nous montrer le haut de la page pour qu'on puisse

 27   voir la date ?

 28   R.  Je crois que la date c'est 11 janvier 1994. Oui, effectivement, c'est

Page 22704

  1   bien cela. Je l'ai repris dans le tableau 1 de mon rapport, la dernière

  2   colonne où on voit la mention "Date." C'est le document qui porte sur le

  3   nombre d'habitants, 37 255. De plus, ce qui est particulièrement important

  4   pour cette analyse, c'est que ce document classe les habitants suivant

  5   qu'ils sont des habitants de la zone ou des personnes déplacées dans la

  6   zone de protection de Srebrenica, alors personnes déplacées qui viennent de

  7   l'extérieur de la zone ou qui viennent de l'intérieur de la zone.

  8   Q.  Est-ce qu'on peut nous montrer le bas du document, s'il vous plaît ?

  9   Merci.

 10   Monsieur Kovacevic, s'agissant de ce document, vous avez parlé du chiffre

 11   de 37 255. Comment êtes-vous arrivé à ce chiffre ? Parce que c'est un

 12   chiffre qui n'apparaît pas dans le document.

 13   R.  Il s'agit d'un simple calcul mathématique. Si on ajoute tous les

 14   nombres qu'on y trouve, 9 791, 16 708 et 10 756.

 15   Q. Je vais donner lecture de la remarque qui figure ici, de l'observation

 16   qui figure en bas de ce document : "Les présentes données vous sont

 17   communiquées aux fins de recherches statistiques. Vous ne devez pas fournir

 18   ces informations à des organisations internationales, parce que nos calculs

 19   varient avec une variation de quelque 45 000 habitants."

 20   Comment est-ce que ça cadre, cela, avec les informations que vous nous avez

 21   fournies jusqu'à présent ?

 22   R.  J'ai procédé à un tri parmi tous les documents, une sélection de

 23   documents, dans les documents où il est question du nombre d'habitants dans

 24   la période précédant la chute de la zone de protection de Srebrenica,

 25   c'est-à-dire que je me suis servi de cette note, de cette remarque, pour ne

 26   pas tenir compte des chiffres qui apparaissaient dans certains documents.

 27   Dans mon rapport, je les mentionne ces documents au paragraphe 38. Il

 28   s'agit de rapports envoyés à des organisations humanitaires internationales

Page 22705

  1   dans lesquels on donne des chiffres qui peuvent être de 40 000, 42 000,

  2   43 000. Les chiffres ne sont pas donnés de manière détaillée dans ces

  3   documents, on donne des estimations globales. Il est manifeste, vu ce qui

  4   est mentionné dans ce document, vu la note qui est incluse dans ce

  5   document, il est manifeste qu'il y a eu des exagérations. Donc je me suis

  6   limité aux documents extrêmement précis, aux documents authentiques signés

  7   et qui donnent le nombre d'habitants tel qu'il figure au tableau 1, lignes

  8   1 à 4.

  9   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] J'aimerais que l'on présente la pièce

 10   1D1197, justement pour évoquer cette question.

 11   Q.  Vous voyez ce document, Monsieur Kovacevic ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Est-ce que vous le connaissez ?

 14   R.  Oui.

 15   Q.  Quelle est la date de ce document ?

 16   R.  La date c'est le 19 juin 1995.

 17   Q.  Ce document a été envoyé à qui exactement ?

 18   R.  Nous avons ici un rapport où le service de renseignements envoyait au

 19   commandement du 2e Corps à Tuzla, au service des renseignements du Corps.

 20   Q.  J'aimerais qu'on affiche le dernier paragraphe.

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Est-ce que c'est le document dont vous vous êtes servi, que vous

 23   mentionnez dans votre rapport en évoquant le chiffre de 43 000 habitants à

 24   Srebrenica ?

 25   R.  Non, j'ai mentionné ce chiffre, mais je ne l'ai pas utilisé dans mes

 26   calculs. J'ai refusé de m'en servir. Je ne l'ai pas utilisé pour arriver à

 27   un total concernant la population sur place et pour les raisons que j'ai

 28   expliquées en examinant le précédent document.

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  1   Q.  J'aimerais maintenant qu'on affiche la pièce 1D1142. J'aimerais qu'on

  2   affiche la deuxième page -- non. D'abord, Monsieur Kovacevic, pouvez-vous

  3   nous dire quelle est la date du document ?

  4   R.  15 juillet 1995.

  5   Q.  Est-ce que vous connaissez ce document ?

  6   R.  Oui, je connais ce document.

  7   Q.  Peut-on afficher la deuxième page du document ? Au paragraphe 5, ligne

  8   7, on donne le chiffre de 42 000 habitants à Srebrenica. Vous avez

  9   mentionné ce chiffre quand vous avez parlé de la préparation de votre

 10   rapport. Est-ce que c'est de ce document que vous parliez ?

 11   R.  Oui. Oui, mais dans ce document même, il est indiqué que le chiffre

 12   n'est pas confirmé et qu'il a été donné en 1993, mais que le chiffre n'a

 13   pourtant pas été confirmé.

 14   Q.  Nous avons regardé un document qui concerne l'aide humanitaire. On

 15   s'est basé sur le chiffre de 45 000 habitants à Srebrenica pour calculer

 16   l'aide humanitaire nécessaire. Pouvez-vous nous dire sur quel principe on

 17   s'est appuyé pour fournir cette aide humanitaire ?

 18   R.  Je n'ai pas de documents qui indiquent exactement quels ont été les

 19   critères utilisés pour la distribution de l'aide humanitaire, mais on peut

 20   raisonnablement partir du principe que l'aide humanitaire, on l'a

 21   déterminée et on la détermine généralement à partir du nombre d'habitants

 22   qui se trouvent dans une zone donnée.

 23   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Je vais demander à M. Bozo Grbic, notre

 24   assistant, d'afficher à l'écran un document qui ne va pas être retransmis

 25   dans la galerie du public. Seuls nous qui sommes dans le prétoire pourrons

 26   le voir. Il s'agit du recensement de 1991. Il s'agit d'un document qui a

 27   été utilisé par M. Kovacevic et son équipe pour préparer ce rapport.

 28   Q.  Monsieur Kovacevic, est-ce que vous voyez l'écran ?

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  1   R.  Oui.

  2   Q.  Il y a une colonne qui est mise en gras. Qu'est-ce que ça représente ?

  3   R.  C'est le numéro d'immatriculation, "JMBG", numéro d'identification

  4   personnel.

  5   Mme SOLJAN : [interprétation] Est-ce qu'on pourrait nous donner le numéro

  6   de ce document, s'il vous plaît, le numéro de cette pièce ?

  7   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Une seconde, je vous prie. Il s'agit de

  8   la pièce 1D1196. Je précise à l'intention de l'Accusation qu'il s'agit

  9   d'une base de données électronique, résultat du travail de notre expert et

 10   de ses collaborateurs au sein du service démographique du Tribunal.

 11   Q.  Pourriez-vous nous confirmer ce que vous avez déjà dit précédemment au

 12   sujet du numéro d'identification, le fait qu'il y ait beaucoup de 0 indique

 13   que le numéro d'identification personnel n'est pas complet ?

 14   R.  Oui. Il y a des numéros de chiffre qui manquent. Ça peut arriver parce

 15   que la personne qui procède au recensement, l'agent recenseur ou la

 16   personne recensée ne dispose pas toujours de sa carte d'identité ou de son

 17   passeport, ou celui qui recense n'a pas ces documents.

 18   Q.  J'aimerais maintenant que l'on affiche ce document grâce au système de

 19   prétoire électronique, mais uniquement en ce qui concerne les listes

 20   électorales, donc en reprenant uniquement les électeurs, et une fois encore

 21   j'aimerais que ceci ne soit pas diffusé à l'extérieur du prétoire.

 22   En réponse à une de mes questions, Monsieur le Témoin, vous avez dit que

 23   les listes électorales sont un registre où on trouve également le numéro

 24   d'identification des intéressés.

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Nous avons ici un échantillon aléatoire des personnes figurant sur les

 27   listes électorales, est-ce que vous pouvez nous dire si les numéros

 28   d'identification personnels sont complets ici ?

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  1   R.  Non. Mais normalement, sur les listes électorales - voilà, ça y est,

  2   c'est beau - maintenant ce que je vois sur la partie que je vois à l'écran

  3   les numéros d'identité personnels apparaissent dans leur intégralité, parce

  4   que c'est sur cette base que quelqu'un peut s'inscrire sur les listes

  5   électorales en présentant sa carte d'identité.

  6   Q.  A gauche on voit une colonne qui est en noir ici et qui  normalement

  7   figurait le prénom du père. Pouvez-vous nous dire ce que vous pensez des

  8   listes électorales où on ne trouve pas le nom du

  9   père ?

 10   R.  C'est une liste défaillante, parce que le nom du père est absolument

 11   essentiel pour véritablement identifier un individu.

 12   Q.  J'aimerais maintenant qu'on examine le résultat des recoupements ou des

 13   appariements effectués par Mme Brunborg. Vous nous dites que les résultats

 14   ne vous avaient pas été communiqués. D'ailleurs prenons un processus

 15   d'appariement utilisant le critère numéro 27. Ici, on a procédé au

 16   recoupement entre le recensement d'une part, le résultat du recensement et

 17   la liste des personnes disparues. Veuillez consulter votre rapport,

 18   Monsieur Kovacevic, et j'aimerais qu'on nous présente la pièce 1D1129. Page

 19   6, c'est une page sur laquelle il y a un tableau, et j'aimerais qu'on nous

 20   présente ce tableau. Je suis intéressé plus particulièrement par le critère

 21   numéro 27.

 22   Dans la deuxième colonne ici, combien de candidats avez-vous

 23   finalement identifiés ?

 24   R.  Dans la deuxième colonne, c'est-à-dire celle du recensement où on

 25   trouve le chiffre suivant, 4 761.

 26   Q.  Merci. J'aimerais maintenant qu'on affiche à nouveau la pièce 1D1196.

 27   Monsieur Grbic, pourriez-vous, s'il vous plaît, faire apparaître le vingt-

 28   septième critère une fois encore ?

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  1   Pouvez-vous, Monsieur le Témoin, nous lire les chiffres que l'on trouve, le

  2   total qu'on a trouvé après avoir appliqué ce

  3   critère ?

  4   R.  Quatre mille sept cent soixante et un.

  5   Q.  Je vous remercie. Il s'agit du chiffre que vous avez vous-même

  6   mentionné --

  7   R.  Oui. C'est un chiffre ou un nombre que j'ai trouvé -- que j'ai prélevé

  8   là à cet endroit.

  9   Q.  J'aimerais demander à mon assistant de nous présenter le tableau qui a

 10   été obtenu à partir du quarante-deuxième critère dont vous avez dit que

 11   c'était le critère le moins exigeant ?

 12   R.  Oui, effectivement, le moins exigeant.

 13   Q.  Pouvez-vous nous dire combien il y a de candidats à ce moment-là, après

 14   processus d'appariement en utilisant ce critère-là ?

 15   R.  Cent dix-huit mille trente-deux.

 16   Q.  C'est le même que l'on retrouve dans la colonne pour le recensement en

 17   appliquant tous les recoupements ?

 18   R.  Oui.

 19   Q.  Et dans votre tableau, celui que vous avez sous les yeux, le tableau 1,

 20   combien de personnes avez-vous trouvées ? Combien de personnes peuvent être

 21   prises en compte dans le recensement, dans les listes de recensement avec

 22   seulement un critère ?

 23   R.  On arrive au chiffre de 6 958.

 24   Q.  Merci beaucoup, Monsieur Kovacevic. Je n'aurai plus besoin de ce

 25   tableau. Je voudrais que vous me parliez de la qualité des 71 critères de

 26   Brunborg, et que peut-on dire quand à la qualité intrinsèque de la liste

 27   des personnes disparues ?

 28   R.  Pour ce qui est des 71 critères, ces critères sont si variés et si

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  1   vastes, ils recouvrent tellement de choses, qu'il n'y a pratiquement

  2   personne dans la liste des personnes disparues ou dans aucune autre liste

  3   que l'on n'aurait pas pu retrouver dans le recensement en appliquant ces

  4   critères. Pour ce qui est du deuxième volet de votre question, je ne me

  5   souviens pas. Pourriez-vous la répéter ?

  6   Q.  Je vous demandais ce qu'il en était de la qualité de la liste des

  7   personnes disparues ?

  8   R.  Pour ce qui est de la liste des personnes disparues, on peut dire que

  9   ce n'est pas une liste qui soit d'une fiabilité extraordinaire, et la

 10   qualité des recoupements effectués par Brunborg et Udal à partir du

 11   recensement et de la liste des personnes disparues pour déterminer le bien-

 12   fondé de cette liste est insuffisante. Il y a des personnes qui n'ont pas

 13   été prises en compte totalement, celles qui ressortent des listes

 14   électorales.

 15   Q.  Merci. Je n'ai plus de questions à poser au témoin.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Sarapa, c'est votre témoin,

 17   l'expert est votre témoin. Est-ce que vous avez des questions à lui poser ?

 18   M. SARAPA : [interprétation] Non, je n'ai pas de questions à poser à ce

 19   témoin, parce que toutes les questions que nous voulions lui poser ont déjà

 20   été posées.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Nikolic ?

 22   M. NIKOLIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Pas de

 23   questions.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Bourgon ?

 25   M. BOURGON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, mais nous

 26   n'avons pas de questions à poser au témoin.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Gosnell ?

 28   M. GOSNELL : [interprétation] Pas de questions.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Fauveau ?

  2   Mme FAUVEAU : Très brièvement, Monsieur le Président.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Allez-y.

  4   Contre-interrogatoire par Mme Fauveau : 

  5   Q.  Le nombre total des habitants à Srebrenica, et on peut

  6   remarquer dans votre rapport à la page 8 en anglais et à la page 10 en

  7   B/C/S, que vous vous référez aussi à un document de janvier 1995 d'après

  8   lequel il y aurait à Srebrenica à ce moment-là 36 051 habitants. Est-ce que

  9   selon vos recherches, est-ce que ce nombre d'habitants est également celui

 10   où il se rapproche au nombre des habitants qui étaient dans l'enclave de

 11   Srebrenica en juillet 1995 ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  J'aimerais maintenant vous montrer le document P515. Il s'agit d'un

 14   rapport des Nations Unies, avant que le document n'arrive, du 13 juillet

 15   1995.

 16   Mme FAUVEAU : Et si on peut voir le point 6 de ce document.

 17   Q.  D'après le point 6, on peut lire dans ce rapport que 50 nouveau-nés

 18   étaient nés hier, donc le 12 juillet. Et pour vous donner l'image complète

 19   de ce document, donc il s'agit de Potocari où une partie de la population

 20   de Srebrenica s'est réfugiée en juillet 1995. 

 21   Dans votre opinion d'expert, est-ce qu'il est possible qu'une

 22   population ayant à peu près 36 000 habitants ait 50 nouveau-nés dans une

 23   seule journée ?

 24   R.  En partant de ce nombre d'habitants, de 36 050 habitants, et en

 25   supposant que toute la population se serait trouvée à Potocari, que vous

 26   avez mentionné, 50 bébés ou nouveau-nés en une seule journée aurait voulu

 27   dire que dans le cadre d'une année, on pourrait avoir plus de 18 000 bébés

 28   ou nouveau-nés, ce qui voudrait dire que sur chaque femme qui est fertile,

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  1   en une seule année on aurait un bébé et demi statistiquement parlant. C'est

  2   tout à fait impossible et cette population n'existe pas.

  3   Mme FAUVEAU : -- questions.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Fauveau. Maître Josse ?

  5   M. JOSSE : [interprétation] Je n'ai pas de questions à poser.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Donc, Madame Soljan, c'est à vous.

  7   Contre-interrogatoire par Mme Soljan : 

  8   Mme SOLJAN : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président.

  9   Q.  Bonjour, Monsieur Kovacevic.

 10   R.  Bonjour.

 11   Q.  Je m'appelle Lada Soljan et je représente l'Accusation du Tribunal

 12   international de La Haye.

 13   Nous ne nous sommes pas rencontrés avant, n'est-ce pas ?

 14   R.  C'est vrai.

 15   Q.  Et nous n'avons pas parlé de cette affaire ni des aspects de votre

 16   rapport ?

 17   R.  C'est vrai.

 18   Q.  Mais vous avez rencontré les conseils de la Défense, n'est-ce pas ?

 19   R.  Quand ?

 20   Q.  J'ai voulu savoir à combien d'occasions vous avez rencontré les

 21   conseils de la Défense.

 22   R.  Vous pensez aux avocats de la Défense ?

 23   Q.  Oui.

 24   R.  Pendant trois ans, la période pendant laquelle j'ai travaillé pour

 25   reproduire cette analyse, je les ai rencontrés plusieurs fois, mais je ne

 26   saurais vous dire exactement combien de fois.

 27   Q.  Bien sûr, au cours de ces réunions avec les conseils de la Défense de

 28   M. Popovic, vous avez parlé de votre rapport avec les avocats ?

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  1   R.  Non. D'abord, de divers documents, pas tout de suite de mon rapport. On

  2   a parlé de divers documents, de leur teneur, de bases de données

  3   nécessaires -- nos informations nécessaires pour mon travail, et à la fin

  4   nous sommes arrivés à mon rapport, à savoir j'ai rédigé mon rapport final,

  5   et nous en avons discuté lors de la séance de récolement avant mon

  6   témoignage ici.

  7   Q.  Donc vous avez parlé avec les avocats du contenu de votre témoignage ?

  8   R.  Bien sûr. J'ai parlé avec eux au sujet de la forme de mon témoignage,

  9   de questions possibles, de documents différents, la fiabilité de ces

 10   documents, et cetera.

 11   Q.  Et au cours de votre témoignage aujourd'hui, vous avez fait référence à

 12   un document qui a été présenté lors de votre discussion avec les avocats,

 13   n'est-ce pas ?

 14   R.  De quoi parlez-vous, s'il vous plaît ?

 15   Q.  J'ai voulu dire que mis à part votre rapport qui est sous vos yeux,

 16   vous aviez ces 71 critères que Me Tapuskovic les a mentionnés, et elle a

 17   dit également que vous aviez des notes, un document de quelque 12 ou 13

 18   pages dans lequel figuraient des questions qui allaient être discutées lors

 19   de votre témoignage aujourd'hui ?

 20   R.  Ces questions représentaient un certain nombre de questions, pas toutes

 21   les questions, et cela contenait un nombre de questions qui auraient pu

 22   être posées, mais ce n'était pas le cas. Donc ces questions ont été

 23   couchées sur papier pour que je ne les oublie pas. Mais mes réponses

 24   données à ces questions étaient beaucoup plus élaborées par rapport à des

 25   notes.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Tapuskovic ?

 27   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Objection à cette façon de poser des

 28   questions au témoin par rapport à ces notes, parce qu'après la pause, nous

Page 22716

  1   avons proposé à ce que ces notes soient lues ici dans le prétoire pour voir

  2   quel est le contenu de ces notes. Donc je pense que ce n'est pas la façon à

  3   laquelle on peut poser de telles questions au témoin parce qu'il s'agit que

  4   de suppositions. Le témoin a répondu à la question posée, et je pense qu'il

  5   est tout à fait pertinent de demander à ce que ces notes soient présentées.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Soljan ?

  7   Mme SOLJAN : [interprétation] Je ne suis pas tout à fait d'accord avec la

  8   classification de Me Tapuskovic. Selon votre instruction, nous avons eu

  9   accès à ces notes, et tout simplement j'ai voulu faire cela pour qu'il n'y

 10   ait pas de spéculation.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Continuez et posez des questions à M.

 12   Kovacevic.

 13   Mme SOLJAN : [interprétation]

 14   Q.  Monsieur Kovacevic, lors de la séance de récolement par rapport à votre

 15   rapport, vous avez eu l'occasion de parcourir les témoignages s'y

 16   rapportant, n'est-ce pas ?

 17   R.  Il s'agit seulement d'un témoignage que j'ai parcouru, et je l'ai ici.

 18   Je pense que c'est le témoignage de Brunborg et d'Udal.

 19   Q.  Bien. Mais --

 20   R.  Oui, c'est le témoignage de Brunborg, le 1er février, le 9 et le 10 mai

 21   2007

 22   Q.  Vous avez parcouru le témoignage de M. Brunborg pour ce qui est de ce

 23   procès. Avez-vous vu d'autres témoignages ?

 24   R.  Non. Je ne me souviens pas d'avoir vu d'autres témoignages. Peut-être

 25   pendant trois ans de travail sur ce rapport j'aurais vu d'autres

 26   témoignages, mais en tout cas, même si je les avais vus, je pense que ce

 27   n'est pas très important pour mon rapport.

 28   Q.  Pour que cela soit tout à fait clair, vous n'avez pas parcouru le

Page 22717

  1   témoignage de Mme Ewa Tabeau, Dr Ewa Tabeau, qui a témoigné en 2008 ?

  2   R.  Non.

  3   Q.  Vous n'avez pas vu non plus le témoignage du Dr Thomas Parsons du mois

  4   de février 2008 ?

  5   R.  Non plus.

  6   Q.  Avez-vous vu des témoignages de médecins légistes qui ont témoigné dans

  7   cette affaire, Jose Baraybar, Christopher Lawrence, Haglund, ils ont

  8   témoigné tous au début de l'année 2007 ?

  9   R.  Ces jours-ci, Pr Dunjic m'a donné une copie, mais je ne suis pas

 10   certain s'il s'agit d'un témoignage. C'est un document

 11   IT 0588 et dans lequel je me suis penché uniquement sur le nombre de

 12   personnes qui, sur la base de l'analyse faite sur la base de l'autopsie ou

 13   de l'analyse d'ADN et d'autres analyses caractéristiques pour la médecine

 14   légale, donc un commentaire a été donné par rapport à toutes ces analyses

 15   et dans lequel on peut voir que sur la base de trois critères on a obtenu 2

 16   626, 2 553 et 3 479 personnes. Je ne suis pas expert en médecine légale et

 17   je ne peux pas vous parler plus de cela, mais cela m'intéressait, parce que

 18   cela correspondait au nombre de personnes dont j'ai parlé.

 19   Q.  Très bien. Mais vous n'avez pas vu aucun des témoignages que j'ai

 20   énumérés avant ?

 21   R.  Pour ce qui est de ces témoignages, il y en a deux que je n'ai pas vus.

 22   Q.  Je crois qu'il s'agit de plus de rapports, parce que j'ai mentionné Ewa

 23   Tabeau, Dr Parsons ainsi que six autres médecins légistes.

 24   R.  Pour ce qui est des médecins légistes, je ne peux rien vous dire parce

 25   que je ne suis pas expert dans ce domaine.

 26   Q.  Merci, Monsieur.

 27   Maintenant, pour que vous prépariez et parcouriez des documents

 28   pertinents pour votre rapport, vous avez fait référence aujourd'hui, durant

Page 22718

  1   votre témoignage, au rapport de février 2000 de M. Brunborg et M. Udal,

  2   n'est-ce pas ?

  3   R.  Oui.

  4   Q.  Avez-vous vu d'autres rapports mis à part le rapport de 2000 de M.

  5   Brunborg et de M. Udal ?

  6   R.  J'ai pu parcourir l'annexe de ce rapport et le témoignage de Helge

  7   Brunborg. Je n'ai pas eu d'autres rapports à ma disposition.

  8   Q.  Donc vous n'avez pas vu d'autres rapports qui ont été rédigés en 2005,

  9   le 16 novembre 2005 ainsi que le 21 novembre 2005 ?

 10   R.  Non.

 11   Q.  Vous n'avez pas eu non plus la possibilité de lire les rapports qui

 12   représentaient des mises à jour de ce rapport, y compris le témoignage du

 13   Dr Ewa Tabeau, c'est-à-dire qui représentait les bases pour le témoignage

 14   de Mme Tabeau, il s'agissait du rapport de 2007 en se basant sur les

 15   analyses d'ADN et identification en appliquant ICMP et ce qui a été mis à

 16   jour le 16 novembre 2005 ?

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Tapuskovic ?

 18   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] De quel rapport le témoin parle-t-il,

 19   parce que le témoin a dit il y a une demi-heure que Ewa Tabeau lui a

 20   communiqué le rapport récent du département démographique. Donc le témoin

 21   ne sait pas de quel numéro de document il s'agit, mais il a dit qu'en avril

 22   Mme Ewa Tabeau lui a communiqué le nouveau rapport avec le nombre de 7 661

 23   personnes.

 24   LE TÉMOIN : [interprétation] Il s'agit de la liste récente.

 25   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Oui, la liste récente qui date du mois

 26   d'avril. Donc le témoin a dit cela.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Madame Soljan ?

 28   Mme SOLJAN : [interprétation] Ce sont des commentaires corrects, mais j'ai

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  1   parlé de rapports et non pas de listes. Et j'aimerais savoir les numéros de

  2   pièces à conviction.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il faut que ça soit clair. Mme SOLJAN :

  4   [interprétation]

  5   Q.  Monsieur Kovacevic, vous avez dit que vous n'aviez pas eu l'occasion de

  6   voir le rapport daté du 16 novembre 2005, il s'agit de la pièce 2413 et je

  7   peux vous montrer la version en B/C/S de ce document.

  8   R.  Je ne l'ai pas eu ce document en tant que tel, mais dans le département

  9   démographique, ce document était à la disposition, c'est-à-dire cette liste

 10   de 7 661 personnes et toutes les analyses que j'ai faites se sont basées

 11   sur ce document et sur ce nombre de personnes.

 12   Q.  Mais --

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Tapuskovic, pouvez-vous éteindre

 14   votre micro ? Merci.

 15   Madame Soljan, continuez.

 16   Mme SOLJAN : [interprétation]

 17   Q.  Mais si vous avez accès à la liste récente de personnes disparues, ne

 18   voudriez-vous vraiment pas regarder les rapports pour vous familiariser

 19   avec la méthodologie qui a été utilisée dans ce rapport récent ?

 20   R.  Oui, oui, bien sûr. J'ai commencé à étudier le rapport de 2007 il y a

 21   assez longtemps. Et d'après ce rapport, j'ai pu me familiariser avec les

 22   méthodes appliquées dans ce rapport, et ces méthodes ne pouvaient pas être

 23   modifiées pour ce qui est de ce nombre de 7 661 personnes. Donc la méthode

 24   concernant les appariements est appliquée, les méthodes concernant le

 25   recoupement des listes électorales et le recensement, j'ai obtenu le

 26   recensement, les listes électorales. Tous ces documents n'ont pas été

 27   modifiés et aucun autre rapport ne pourrait modifier les résultats de mon

 28   analyse.

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  1   Q.  Au cours de votre témoignage, pourtant, j'ai compris que vous étiez en

  2   contact avec le conseil de la Défense durant ces dernières trois années.

  3   Donc vous n'avez pas eu ce document de l'un de ces conseils ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Seriez-vous surpris de savoir que dans la version de 2005 ainsi que

  6   dans d'autres informations mises à jour du département démographique, les

  7   rapports de 1997 ou 1998 des listes électorales de 2000 ont été prises en

  8   compte également ?

  9   R.  Cela ne me surprendrait pas, parce que je ne vois pas quel résultat

 10   nous pourrions avoir en utilisant ces deux listes électorales, parce que

 11   pour ce qui est de ces listes électorales de 1997 et 1998, elles sont moins

 12   pertinentes pour ce qui est de la vérification de la fiabilité du nombre de

 13   personnes sur les listes électorales plus tard. Ce qui me surprendrait

 14   pourtant, c'est de voir que la liste électorale de 1996 aurait été utilisée

 15   pour cela.

 16   Q.  Pourquoi cela vous surprendrait-il ?

 17   R.  Parce que la liste électorale de 1996 est plus pertinente pour ce qui

 18   est de l'objectif à obtenir.

 19   Q.  Oui, vous en avez parlé hier. Vous avez dit que vous saviez que des

 20   élections avaient eu lieu en 1996, mais vous ne saviez pas si c'étaient des

 21   élections législatives ou autres, et vous avez ajouté que vous n'aviez pas

 22   l'explication justifiant le fait que ces élections n'étaient pas utilisées

 23   par les unités démographiques du bureau du Procureur, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Dans le rapport que vous avez lu de février 2000, pièce à conviction

 26   P00171, page 9, est-ce qu'on pourrait l'afficher à l'écran, s'il vous plaît

 27   ?

 28   Vous disposez d'une traduction B/C/S de ce document. Je vais

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  1   d'ailleurs vous dire directement de quel document il s'agit, et c'est à la

  2   page suivante dans le document B/C/S. Merci. Si vous regardez la deuxième

  3   page du paragraphe 2 de ce document, à la place de cela une autre liste a

  4   été utilisée de 1991. En fait, vous avez l'explication de la non-

  5   utilisation du recensement --

  6   R.  Oui. Mais plus tard j'ai appris que les élections ont été organisées en

  7   1996 et j'ai pu supposer qu'il y avait des listes électorales dressées à

  8   l'occasion de ces élections, mais il est dit ici qu'à la place de cette

  9   liste, qu'une autre liste a été utilisée. Cela veut que sur la base de la

 10   liste, de cette autre liste, on a produit des listes électorales, mais il

 11   n'est pas clair pourquoi ces listes électorales n'ont pas été utilisées

 12   pour faire ces appariements.

 13   Q.  Vous serez peut-être surpris d'apprendre qu'il n'existait pas de base

 14   de données unifiée comme pour les élections ultérieures en 1997 et 1998, et

 15   suivantes ?

 16   R.  Cela ne me surprendrait pas. Il s'agit d'information complémentaire

 17   dont je ne disposais pas. J'ai dit que des élections ont été organisées et

 18   que les listes électorales existaient à l'époque, mais il n'est pas clair

 19   pourquoi ces listes existantes n'avaient pas été utilisées dans ces

 20   analyses.

 21   Q.  Merci. Vous avez élaboré un rapport démographique, technique et

 22   détaillé, et je voulais le passer en revue en votre compagnie. Vous avez eu

 23   la possibilité de relire votre rapport, n'est-ce pas ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Pour vérifier s'il contenait des erreurs ?

 26   R.  J'avoue que plus tard j'ai pu découvrir quelques erreurs.

 27   Q.  Mais ces erreurs ne changent pas le contenu, le sens de votre rapport ?

 28   R.  Non, cela ne change pas l'essentiel de mon rapport.

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  1   Q.  Merci. Votre rapport décrit toutes les informations que vous avez

  2   utilisées et prises en compte dans l'élaboration dudit rapport, n'est-ce

  3   pas ?

  4   R.  Oui.

  5   Q.  Pour préparer un tel rapport, vous conviendrez avec moi qu'il faut être

  6   neutre ?

  7   R.  Oui.

  8   Q.  Et objectif ?

  9   R.  Bien sûr.

 10   Q.  Et qu'il convient de tenir compte de toutes les informations à sa

 11   disposition ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Et vous devez passer en revue l'information, vérifier sa correction ?

 14   R.  Comment vous dire ? Ce n'est pas toujours possible. Je ne peux pas

 15   m'occuper de questions telles que, par exemple, si une information est

 16   exacte, l'information officielle fournie par le président de la présidence

 17   de la municipalité de Srebrenica, par exemple, en donnant le nombre

 18   d'habitants, parce que cela me mènerait à une autre expertise concernant la

 19   fiabilité des documents, ce qui ne relève pas de ma compétence.

 20   Q.  Mais vous conviendrez également avec moi pour dire qu'il convient de

 21   passer au crible l'information, de l'examiner pour s'assurer qu'elle est

 22   complète ?

 23   R.  Les informations souvent ne sont pas complètes lorsqu'il s'agit des

 24   analyses de ce type. C'est pour cela que j'ai utilisé plein de sources

 25   d'information.

 26   Q.  Mais il faut au minimum vérifier la fiabilité de l'information et

 27   s'assurer qu'elle est, tout au moins, suffisante ?

 28   R.  Oui. En principe, oui, mais l'analyse de la question se rapportant aux

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  1   analyses et aux informations ont beaucoup d'aspects.

  2   Q.  Vous devez également vous assurer de sa fiabilité de manière à pouvoir

  3   étayer les conclusions que vous avancez ?

  4   R.  Tout ce qui est un document officiel, je considérais ce document comme

  5   étant fiable.

  6   Q.  Pour que les choses soient claires, qu'est-ce que vous considérez comme

  7   un document officiel ?

  8   R.  Un document officiel, un document dans lequel il y a le titre ou

  9   l'appellation plutôt d'un sujet, d'un organe ou d'une institution.

 10   Q.  Une institution telle que le CICR ou quelque chose de plus précis ?

 11   R.  Toutes les institutions qui ont les caractéristiques d'une institution.

 12   Q.  Mais vous êtes d'accord avec moi pour dire qu'il est important de

 13   vérifier l'information pour s'assurer de sa fiabilité pour pouvoir étayer ?

 14   R.  Cela représente une demande qu'il faut toujours avoir dans l'esprit du

 15   point de vue de quelqu'un qui fait des recherches.

 16   Q.  C'est particulièrement important en l'espèce, car vous savez que votre

 17   rapport a été utilisé comme moyen de preuve ?

 18   R.  Pour moi, cela est toujours important pour tout type d'analyse, parce

 19   que mon expérience est quelque chose sur lequel je m'appuie pour procéder

 20   aux analyses, toutes les questions pertinentes me sont importantes pour

 21   faire des analyses démographiques, statistiques et d'autres analyses.

 22   Q.  Merci. Même si c'est inévitable, il est important dans une analyse

 23   technique d'éviter les partis pris, n'est-ce pas ?

 24   R.  Non. Lorsqu'il s'agit des analyses statistiques, démographiques et

 25   autres, il est important de souligner qu'il pourrait y avoir des

 26   suppositions lorsqu'on fait un jugement sur la base de certaines

 27   informations et certaines suppositions. Si on évite de dire qu'il y a des

 28   suppositions ce n'est pas une bonne chose, les analyses, les calculs, les

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  1   comparaisons, les appariements, d'autres types de calculs, des projections,

  2   des reconstructions des événements du passé par le biais de certains

  3   chiffres, cela suppose que certaines suppositions sont exprimées et

  4   soulignées.

  5   Q.  Mais vous êtes d'accord avec moi pour dire qu'il est plus précis de se

  6   fonder sur des faits établis ?

  7   R.  En science, non. Les faits scientifiques peuvent être aussi des

  8   suppositions plausibles. Je comprends qu'il y a un cadre spécial pour ce

  9   qui est de ce processus, par exemple, parce que durant ce processus, lors

 10   des témoignages qui ne sont pas nécessairement des témoignages d'experts,

 11   on insiste que sur des faits et où il n'est pas possible de parler de

 12   suppositions et d'indices dont on parle ici. Bien sûr, dans mon rapport je

 13   parle précisément des documents ou des faits, et également je parle des

 14   indices. J'utilise le mot "indicia", "indice", exprès pour que cela diffère

 15   de soi-disant preuve exacte ou analyse exacte.

 16   Q.  Dans votre rapport vous indiquez que l'objectif du rapport est

 17   d'évaluer les méthodes utilisées par Helge Brunborg dans son travail. Je

 18   cite ici le paragraphe 2 de votre rapport. L'autre but de votre rapport est

 19   de fournir un avis d'expert au sujet du nombre de personnes disparues à

 20   Srebrenica en juillet 1995; est-ce que c'est exact ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Pour le faire en tant que démographe, vous devez pouvoir déterminer si

 23   les personnes portées disparues ont existé tout bonnement ?

 24   R.  Cela fait partie du processus appliqué par Brunborg et Urdal. J'ai

 25   appliqué le même processus partiellement lorsqu'il s'agissait des

 26   appariements sous forme électronique se rapportant sur le recensement de la

 27   population pour prouver que ces personnes existaient et à la fin je suis

 28   arrivé à la conclusion selon laquelle ce processus ou cette méthode à

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  1   appliquer, ces appariements ne sont pas limités, et que dans ce sens-là

  2   pour toute personne se trouvant sur la liste des personnes disparues, il

  3   est possible de retrouver en application de certaines règles la personne

  4   correspondante dans le recensement.

  5   Q.  Vous parlez de l'appariement informatique avec une liste d'habitants et

  6   de recensement. Ce que vous vouliez dire par là c'est que vous avez

  7   uniquement utilisé l'appariement informatique, il n'y a pas eu d'analyse

  8   visuelle supplémentaire des correspondances obtenues. Est-ce que vous

  9   pourriez peut-être dire oui ou non, parce qu'un hochement de tête ne suffit

 10   pas pour le compte rendu d'audience.

 11   R.  Nous ne faisons pas concorder les chiffres, nous mettons en

 12   correspondance le recensement avec la liste des disparus. Lorsque je parle

 13   de l'appariement informatique, je parle des 71 critères, des 71 règles qui

 14   sont peu strictes comparées avec la clé d'identification unique. Vous

 15   trouverez ça au tableau 1 dans mes observations. Comme je l'ai dit

 16   plusieurs fois, je n'ai pas pu procéder à nouveau à une identification

 17   visuelle comme l'indiquait M. Brunborg qui utilisait des indicateurs

 18   prudents. Ce que je veux dire c'est que je ne pouvais pas trouver une

 19   personne qui correspondait exactement et strictement à la personne

 20   disparue. C'est ça le problème sous-jacent de toute cette procédure, car

 21   pour moi, compte tenu de l'importance de la liste des personnes disparues

 22   et de l'importance du processus que vous avez vous-même évoqué, il est

 23   important de retrouver chaque personne figurant sur la liste des disparus

 24   pour vérifier si la procédure a été menée jusqu'à son terme lorsqu'il

 25   s'agit de mettre en correspondance une personne de la liste avec une

 26   personne sur la liste du recensement, et pas seulement déterminant en

 27   utilisant des règles, non, en utilisant le critère prudent qui permet

 28   l'identification totale de la personne, et donc une correspondance totale

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  1   entre la personne sur le recensement et sur la liste des personnes

  2   disparues.

  3   Pour moi c'est là que s'arrête la science.

  4   Et l'on revient aux décisions subjectives faites par les chercheurs

  5   et les experts qui doivent décider si une personne a oui ou non existé, il

  6   faut examiner les raisons qui ont fait aboutir à cette conclusion, et sur

  7   quelle base le chercheur a dit que la personne de la liste des disparus est

  8   la personne du recensement ou le contraire, qui ont fait dire à l'expert

  9   que cette personne n'a pas son correspondant dans le recensement. Donc si

 10   les éléments d'identification de base coïncident, les raisons pour

 11   lesquelles la personne sur la liste du recensement ne sont pas les mêmes ou

 12   une personne en particulier n'est pas la même que celle de la liste des

 13   personnes disparues.

 14   Q.  Vous vous rendez compte que d'autre part un appariement

 15   informatique pur permet d'éviter certaines erreurs. En d'autres termes, il

 16   y a certaines erreurs qui vous échappent si c'est l'ordinateur qui fait

 17   tout, n'est-ce pas ?

 18   R.  L'appariement informatique est utilisé rationnellement et constitue de

 19   la première phase de la mise en correspondance de l'appariement qui

 20   consiste à rechercher la même personne dans la liste du recensement. On l'a

 21   utilisé pour réduire le nombre de personnes identiques potentiellement ou

 22   potentiellement identique de manière qu'à l'aide d'une vérification

 23   visuelle, c'est-à-dire le critère prudent, on puisse choisir la personne

 24   que l'on considérerait comme étant identique. En d'autres termes, le

 25   critère n'a pas été utilisé pour éviter les erreurs, mais pour restreindre

 26   les groupes possibles et pour simplifier l'identification visuelle de

 27   manière à ce qu'elle requiert moins de temps et de concentration.

 28   Par exemple, imaginons que quelqu'un recherche quelqu'un dans la liste des

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  1   personnes disparues sur une liste de 4 millions d'habitants, c'est

  2   difficile. Donc on a recherché les personnes qui, selon ces critères et en

  3   fonction de certains éléments, et les critères peuvent varier, des plus

  4   stricts au moins stricts, et ça permet d'obtenir des groupes qui font

  5   l'objet d'une identification visuelle. Sur la base des rapports, je ne peux

  6   pas savoir quel est le type ou la quantité de travail qui aura été

  7   nécessaire pour trouver une personne dans un nombre plus restreint puisque

  8   l'on a un chiffre de 118 000.

  9   Q.  Vous le savez, puisque vous avez lu le rapport de M. Helge Brunborg, et

 10   que vous avez lu en tout cas le rapport de 2000, ce travail a eu lieu

 11   depuis 1998, donc le travail en ce qu'on pris l'appariement informatique et

 12   l'analyse virtuelle. Mais bon, maintenant, je parlerai d'autre chose.

 13   Fondamentalement, vous contestez la méthodologie du service démographique ?

 14   R.  J'ai suivi deux démarches. Je me suis occupé des chiffres figurant dans

 15   les documents, combien de personnes étaient en vie, combien de personnes

 16   étaient mortes, et je n'ai pas dérivé des listes. J'ai traité le problème

 17   et la méthodologie utilisée et j'ai parlé également de la méthodologie

 18   utilisée par Brunborg et Udal. Je trouve que cette dérivation de liste est

 19   peu étayée par des documents et, d'un point de vue méthodologique, son

 20   fondement, lorsque l'on parle de transparence et d'indications claires

 21   montrant comment une personne sur la liste pouvait être retrouvée dans le

 22   recensement, donc comment une personne de la liste électorale était

 23   rejetée, car elle était identique. Toutefois, beaucoup d'éléments

 24   d'identification correspondaient.

 25   Q.  Selon vos propres calculs sur la base de la liste mise à jour des

 26   personnes disparues de Brunborg et du recensement de 1991, vous êtes arrivé

 27   au nombre de 2 943 personnes portées disparues. Paragraphe 27 de votre

 28   rapport.

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  1   R.  Oui. Dans le rapport, ce n'est qu'un des six calculs indicatifs, je

  2   l'ai souligné à plusieurs reprises. C'est un calcul indicatif par

  3   opposition à ce que j'appellerais une preuve, une preuve irréfutable. J'ai

  4   utilisé les critères les plus exigeants que l'on peut utiliser pour faire

  5   correspondre la liste des personnes disparues avec la liste du recensement,

  6   mais ce critère n'est pas aussi exigeant que la clé unique, parce qu'il ne

  7   contient pas le lieu de naissance, mais uniquement une série d'informations

  8   de base telles que nom, prénom, nom du père et année de naissance. 

  9   Avec cette clé, avec ce processus d'identification, je suis arrivé à

 10   ce chiffre de 2 943. Ce chiffre n'est qu'une indication, car il faut le

 11   voir en combinaison avec d'autres indications. Ce chiffre en lui-même ne

 12   représente pas le nombre de personnes disparues, il indique un nombre

 13   possible de personnes disparues dans le contexte d'autres chiffres

 14   indicatifs obtenus par d'autres moyens. Et j'ai d'ailleurs, dans une partie

 15   distincte du rapport, évoqué ces six calculs indicatifs.

 16   Q.  Cette liste de personnes dont vous dites qu'elle est obtenue par le

 17   biais de vos critères prudents - et le bureau du Procureur ne l'a pas -

 18   est-ce que vous l'avez annexée à votre

 19   rapport ?

 20   R.  Non. C'est mon assistant qui l'a sous forme électronique. Comme les

 21   comparaisons, nous avons tout cela sous forme informatique.

 22   Q.  Nous voudrions que la Défense de M. Popovic nous dise où, sur les deux

 23   CD, se trouvent ces listes. Et nous voudrions obtenir la liste de noms

 24   obtenue par la mise en correspondance entre la liste de Brunborg et la

 25   liste du recensement de 1991. Ça n'a pas à être tout de suite, mais ce

 26   serait bien aujourd'hui.

 27   Rapidement, au sujet de cette comparaison, lorsque vous parlez de ces six

 28   calculs indicatifs, le recensement de 1991 contient les éléments

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  1   d'information que vous utilisez avec vos critères prudents. Vous avez le

  2   nom, le prénom, le nom du père et l'année.

  3   Mais souvent le nom du père n'est pas au nominatif, mais au génitif. Je

  4   parle ici de cas de déclinaison.

  5   Excusez-moi, votre "oui" n'a pas été noté au compte rendu.

  6   R.  Quelle était votre question ?

  7   Q.  Dans le recensement de 1991, on retrouve des cas où le nom du père, par

  8   exemple, n'est pas au nominatif, mais il apparaît au génitif, donc c'est-à-

  9   dire Ramiz au nominatif et Ramiza au génitif; est-ce que c'est exact ?

 10   R.  Oui. Vous avez raison, mais c'est très rare dans un recensement, parce

 11   qu'il existe une règle et il existe des lignes séparées pour cela.

 12   Q.  C'est vrai, mais vous avez trouvé des cas où le génitif était utilisé

 13   et donc le mot utilisé est différent. Et lorsque vous appliquez vos quatre

 14   critères prudents, si vous faites une recherche sur la base du nominatif,

 15   le génitif sera rejeté par le processus d'appariement informatique, n'est-

 16   ce pas ?

 17   R.  Oui, vous avez raison.

 18   Q.  Merci. Passons à présent aux données que vous avez analysées en détail.

 19   Vous parliez du tableau à la page 10 de votre rapport dans la version

 20   B/C/S. Et vous évoquez les documents sur lesquels vous avez fondé votre

 21   analyse, page 10 du B/C/S, page 6 de la pièce à conviction 1D1129.

 22   R.  De quoi parle-t-on ici ? Du tableau 1 ? D'accord, très bien.

 23   Q.  Au tableau 1, à la première colonne, vous évoquez un document indiquant

 24   le nombre d'habitants.

 25   R.  Je parle de tout document qui indique le nombre d'habitants.

 26   Q.  Et ces documents sont expressément évoqués dans votre rapport et vous

 27   en avez parlé aujourd'hui avec Mme Tapuskovic lors de votre déposition ?

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  Dans votre rapport et dans ce tableau vous avez repris ces chiffres,

  2   car vous les considérez comme représentatifs du nombre d'habitants, car

  3   comme vous le dites au paragraphe 31, c'étaient des documents qui faisaient

  4   l'objet d'une justification documentaire fiable ?

  5   R.  Au paragraphe 32 ? Quel paragraphe ?

  6   Q.  31

  7   R.  D'accord, 31.

  8   Q.  [aucune interprétation] 

  9   R.  Vous dites faisant l'objet de justification par des documents.

 10   Q.  Je pense que c'est une question d'interprétation.

 11   R.  La signification n'est pas la même parce que "détaillée," ça voudrait

 12   dire que j'ai une analyse détaillée de la structure démographique dans mon

 13   rapport, mais ici on parle de la fiabilité des documents, qu'ils existent.

 14   Q.  Et vous n'avez pas inclus dans votre tableau 3 du document que ce sont

 15   des documents dont les estimations tournent aux alentours de 43, 42 et 40

 16   000 personnes habitant Srebrenica ; est-ce que c'est exact ?

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Dans votre déposition, vous dites que ces chiffres étaient exagérés ou

 19   n'étaient pas confirmés. Toutefois, dans votre tableau, vous avez

 20   répertorié quatre documents supplémentaires répertoriés séparément pour

 21   donner une indication du nombre d'habitants à Srebrenica entre janvier 1991

 22   et 1995.

 23   R.  Oui.

 24   Q.  Vous les avez répertoriés séparément, car selon vous, chacun de ces

 25   documents donne une indication séparée du nombre de personnes vivant à

 26   Srebrenica avant la chute de Srebrenica en 1995 ; est-ce que c'est exact ?

 27   R.  Oui.

 28   Q.  Ces chiffres sont dans la fourchette des 37 000, 37 525,

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  1   37 211, 36 051, 37 255 ; est-ce que c'est exact ?

  2   R.  Oui.

  3   Q.  Et vous avez utilisé quatre documents pour effectuer vos calculs, des

  4   documents distincts et indépendants les uns des autres, n'est-ce pas ?

  5   R.  Vous voulez dire les documents relatifs au nombre de déplacés, la

  6   réponse est oui.

  7   Q.  Est-ce que l'on pourrait afficher à l'écran le document 1D132, s'il

  8   vous plaît. Est-ce que l'on pourrait voir le document P3471 ? Est-ce qu'on

  9   pourrait les afficher simultanément ? Sinon, je le dépose sur le

 10   rétroprojecteur.

 11   Pourriez-vous rapidement prendre connaissance de ces deux documents et nous

 12   dire quelle est leur date ?

 13   R.  Elle est la même.

 14   Q.  Qui a signé ces documents ?

 15   R.  Fahrudin Salihovic.

 16   Q.  En fait, il s'agit du même document, n'est-ce pas ?

 17   R.  Non, il ne s'agit pas du même document. D'abord, il s'agit de

 18   photocopies. 

 19   Q.  Je voudrais passer en revue les chiffres avec vous. D'abord, on dit

 20   population de la municipalité ?

 21   R.  Oui, les chiffres sont les mêmes.

 22   Q.  En fait, la phrase à la fin et les chiffres sont les mêmes, n'est-ce

 23   pas ?

 24   R.  Oui.

 25   Q.  Et lorsque l'on fait la somme, on aboutit à 37 255, n'est-ce pas ?

 26   R.  55, effectivement.

 27   Q.  Je voudrais à présent vous montrer le document 1D132. C'est un document

 28   que vous citez également au paragraphe 37, quatrième point. Le document à

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  1   droite est le document que vous visez au paragraphe 37 --

  2   R.  Oui, oui.

  3   Q.  …37 525, plutôt que 225.

  4   R.  Oui, oui, effectivement.

  5   Q.  Paragraphe 40, est-ce que c'est le même document ?

  6   R.  Oui. Oui, c'est une copie, mais je ne l'avais pas vue. C'est 2, pas 5,

  7   mais ça ne change pas le résultat total.

  8   Q.  Mais si l'on se reporte au tableau 1, vous aviez dit que vous aviez

  9   quatre lignes séparant qui permettaient d'avoir ces indications du nombre

 10   de personnes vivant à Srebrenica entre 1991 et 1995. En fait, toute une

 11   ligne -- deux lignes de votre tableau sont les mêmes, car elles sont basées

 12   sur le même document ?

 13   Pour que les choses soient encore plus claires. Au tableau 1, page 10, vous

 14   évoquez un nombre total d'habitants, 37 525, c'est votre premier chiffre,

 15   n'est-ce pas ?

 16   R.  Oui.

 17   Q.  A la dernière ligne du tableau 1 dans votre document, on a également le

 18   chiffre de 37 255 ?

 19   R.  Oui.

 20   Q.  Ces deux documents sont de janvier 1994 ?

 21   R.  Oui.

 22   Q.  Mêmes nombres, même date, même nom, même signature. Il s'agit du même

 23   document ?

 24   R.  Il est possible qu'il s'agisse du même document même si je l'ai traité

 25   comme deux documents, mais c'est en raison de la faute d'impression, de la

 26   coquille dans la première colonne. Ça devrait être 5 au lieu de 2, mais

 27   cela ne change rien au sujet des nombres ou des chiffres indicatifs, car il

 28   n'y a qu'un seul chiffre indicatif qui a été dérivé de ce tableau. Et il y

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  1   a une limite supérieure qui devrait être un petit peu plus basse.

  2   Q.  En bref, votre tableau devrait avoir trois lignes et pas quatre ?

  3   R.  Oui, tel semble être le cas.

  4   Q.  Est-ce que l'on pourrait à nouveau examiner la pièce

  5   P03471 ? En utilisant ces chiffres, vous n'avez pas tenu compte d'autres

  6   données pour établir les chiffres dans ce document ?

  7   R.  Lorsque j'abordais la question de la population, lorsque je m'attelais

  8   à ce chiffre particulier, 37 255, je ne pouvais rien utiliser d'autre car

  9   c'est le chiffre qui figurait dans ce document.

 10   Q.  Et le document et les chiffres n'étaient pas sortis d'une liste de noms

 11   ?

 12   R.  Non, je n'ai pas vu une telle liste.

 13   Q.  Et le document ne contenait pas de listes de JMB, et cetera, de numéros

 14   d'identification, et cetera ?

 15   R.  Comme je l'ai dit, je n'avais pas cette liste ou ces listes. Je ne peux

 16   pas vous dire si elles existaient ou pas. Mais je crois que les chiffres,

 17   ils ont été obtenus à partir d'une sorte de registre et qu'ensuite les

 18   collectivités locales s'en sont servi. C'est ainsi que ces documents, ces

 19   chiffres étaient préparés.

 20   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Il me reste encore pas mal de questions.

 21   Donc je pense que le moment serait bien choisi pour faire une pause.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Effectivement. Pause de 25 minutes.

 23   Vous pensez pouvoir en terminer aujourd'hui.

 24   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Oui.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce qu'il est nécessaire de garder

 26   le témoin, le témoin suivant ici ? Vérifier ce qu'il en est, Madame la

 27   Greffière, parce que le témoin est là. Et entre-temps, pendant la pause,

 28   vous-même et Me Tapuskovic pouvez entrer en contact avec le greffe et vous

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  1   assurer que si le témoin est là, il ne reste pas plus longtemps pour rien.

  2   --- L'audience est suspendue à 17 heures 46.

  3   --- L'audience est reprise à 18 heures 15.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Soljan, c'est à vous.

  5   Mme SOLJAN : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  6   Q.  [interprétation] Au cours de votre déposition, vous nous avez expliqué

  7   vous avez exclu trois documents où figuraient des chiffres concernant la

  8   population de Srebrenica, 40 000, 42 000,

  9   43 000 personnes, et vous avez dit ne pas avoir tenu compte de ces chiffres

 10   ?

 11   R.  C'est exact.

 12   Q.  Pourtant les documents sur lesquels vous vous êtes appuyé, on n'y

 13   trouve pas de listes de noms, pas de numéros d'identification personnels,

 14   il n'y a aucune information vérifiable dans ces documents-là qui

 15   justifieraient que vous utilisiez les données qui y figurent; est-ce bien

 16   exact ?

 17   R.  Pour ce qui est de la fiabilité, ce que vous venez de souligner, de

 18   mettre en évidence à l'instant, ce qui importe c'est la fiabilité

 19   administrative, dirais-je, et pas les éléments statistiques ou tout élément

 20   de fiabilité, la fiabilité des chiffres figurant dans les documents.

 21   Q.  Mais vous conviendrez que si vous avez un document qui vient

 22   directement d'une organisation, d'une organisation statistique de

 23   Srebrenica, c'est un document qui est tout aussi digne de foi qu'un

 24   document qui vient de la FORPRONU, or vous avez utilisé aussi bien des

 25   documents venant de Srebrenica que des documents venant des Nations Unies,

 26   n'est-ce pas ?

 27   R.  Non. Un document produit par le service des statistiques, par le

 28   président de la présidence des municipalités, plutôt est envoyé au service

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  1   des statistiques. Voilà un document qui est fiable, parce que c'est un

  2   document dont le sujet même c'est le nombre d'habitants, or que pour un

  3   document de la FORPRONU, c'est un document qui ne traite pas directement du

  4   nombre d'habitants à Srebrenica et ce n'est pas vérifiable. Donc quand il y

  5   a des chiffres d'habitants, nombre d'habitants qui figurent dans ce type de

  6   document, ce ne sont pas des chiffres fiables, parce que les chiffres

  7   donnés sont des estimations qui ne reposent sur aucun document officiel

  8   fourni par l'administration locale.

  9   Q.  Mais vous conviendrez avec moi que le document qu'on a vu avant la

 10   pause, ces documents, dirons-nous, ne contiennent aucune liste, il n'y a

 11   pas de données qu'on puisse vérifier qui sont jointes à ces documents ?

 12   R.  Moi, on ne m'a donné aucune liste de ce type, mais cela ne signifie pas

 13   pour autant que dans le cadre de la préparation de ces documents et dans

 14   les services qui ont préparé ce document, comme la présidence de la

 15   municipalité de Srebrenica, ça ne signifie pas que ces documents n'aient

 16   pas existé là. On peut partir du principe que ces listes existaient bel et

 17   bien, parce que le nombre d'habitants y est précisé, de plus vous avez une

 18   répartition des habitants, il y a la population locale, les personnes

 19   déplacées, les personnes qui sont venues de l'extérieur, et cetera. Il est

 20   manifeste qu'on n'a pas procédé à des estimations en donnant ces chiffres.

 21   Q.  Certes. Mais vous-même, vous n'avez pas essayé de déterminer si ces

 22   documents-là existaient ?

 23   R.  Il faut bien que je reconnaisse que ça, ça dépasse la mission qui m'a

 24   été confiée.

 25   Q.  Vous avez déclaré que vous n'aviez pas pris connaissance des rapports

 26   les plus récents produits par le service démographique du bureau du

 27   Procureur ?

 28   R.  Si vous parlez des documents écrits que vous m'avez mentionnés,

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  1   effectivement, je n'ai pas eu l'occasion de les parcourir, mais je me suis

  2   appuyé sur les dernières versions des listes, versions à partir desquelles

  3   ces rapports ont été préparés.

  4   Q.  Donc vous avez pu consulter ce qu'on appelle un rapport qui s'intitule

  5   "Personnes disparues à Srebrenica -- Personnes portées disparues, personnes

  6   décédées après la prise de contrôle de l'enclave de Srebrenica par l'armée

  7   des Serbes de Bosnie." Vous avez consulté ce document ?

  8   R.  Je n'ai pas compris la question.

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Tapuskovic.

 10   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Monsieur le Président --

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, parce que la sténotypiste a

 12   un petit problème technique.

 13   [Problème technique]

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Apparemment tout est rentré dans

 15   l'ordre. Maître Tapuskovic ?

 16   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Merci. J'aimerais que Mme le Procureur

 17   explique au témoin ce que ça veut dire ICMP. C'est une abréviation qu'elle

 18   vient d'utiliser, un acronyme. J'aimerais qu'elle ait l'amabilité

 19   d'expliquer au témoin ce que ça veut dire.

 20   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Veuillez expliquer au témoin ce qu'il

 21   en est.

 22   Mme SOLJAN : [interprétation]

 23   Q.  Est-ce que, Monsieur le Témoin, vous connaissez l'organisation qui

 24   s'appelle la Commission internationale chargée des personnes disparues ?

 25   R.  J'en ai entendu parler.

 26   Q.  C'est une organisation qui est connue sous l'acronyme

 27   ICMP ?

 28   R.  Bien. D'accord.

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  1   Q.  L'ICMP est mentionnée dans le rapport du 16 novembre 2005, du 21

  2   novembre 2005, et il y a beaucoup de pièces dont a parlé ici dans ce

  3   prétoire depuis un an et demi et qui viennent de l'ICMP. Et depuis octobre

  4   2007, l'ICMP vous a communiqué l'identité de 5 021 personnes exhumées de

  5   fosses en rapport avec les événements de Srebrenica, donc nous disposons de

  6   l'identité de ces personnes. Est-ce que ça vous surprend ?

  7   R.  Pas vraiment. Cependant, là il s'agit de l'identification de corps

  8   exhumés. Cela n'entre pas dans le champ de nos rapports, c'est une question

  9   éminemment complexe. Ici, il s'agit de questions d'ordre médico-légal et il

 10   appartient aux professionnels en la matière d'accomplir ce type de tâches.

 11   Q.  Mais vous conviendrez avec moi, je n'en doute pas, que la meilleure

 12   preuve qu'on ait du décès de quelqu'un - et ça c'est aussi un élément dont

 13   a tenu compte le service de démographie pour son rapport - donc la

 14   meilleure preuve c'est qu'on trouve le corps de l'intéressé dans une fosse

 15   à Srebrenica ?

 16   R.  J'ai déjà insisté sur le fait que je ne connais même pas - enfin, je ne

 17   suis absolument pas un expert en matière d'identification de dépouilles ou

 18   de restes humains. Ça c'est l'anatomopathologie. A ce moment-là, vous

 19   soulevez une question complètement nouvelle, vous parlez de l'exhumation de

 20   corps et de l'identification de ces corps. C'est quelque chose de

 21   complètement différent. Moi, ce n'est pas mon métier. Je sais que c'est une

 22   tâche extrêmement complexe, qui prend beaucoup de temps, qui est loin

 23   d'être simple. Il existe des méthodes qu'on applique en la matière, les

 24   experts peuvent préparer des rapports sur ce point. Mais franchement, dans

 25   ce domaine je ne suis pas un expert et il faudra s'adresser à quelqu'un qui

 26   s'y connaît mieux que moi. Donc je ne peux pas convenir avec vous qu'il

 27   suffit de trouver un corps ou une fosse pour confirmer que le cadavre qu'on

 28   y trouve correspond à une personne figurant sur la liste des personnes

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  1   disparues.

  2   Q.  Si vous aviez eu accès aux documents dont je vous ai donné les détails

  3   au cours de votre déposition, vous vous rendriez compte qu'il s'agit là

  4   d'un processus digne de foi et nous avons entendu ici un expert de l'ICMP

  5   qui a expliqué aux Juges de la Chambre comment on a réalisé des

  6   prélèvements ADN et comment on est arrivé à ce type de chiffres. Est-ce que

  7   vous n'auriez pas souhaité pouvoir examiner ces éléments afin d'avoir la

  8   totalité des éléments justement à votre disposition pour préparer votre

  9   rapport ?

 10   R.  Ces derniers jours, j'en ai eu la possibilité, par coïncidence, tout à

 11   fait par coïncidence, tout à fait par hasard, j'ai rencontré un expert dans

 12   ce domaine et j'ai pu consulter un certain nombre de documents qu'il a

 13   examinés. Ce sont des documents qui portent sur l'identification de

 14   cadavres, sur la médecine légale. Et là, j'y ai vu des chiffres différents,

 15   différents du chiffre de

 16   5 021. Mais vraiment, je ne peux pas parler de ce thème-là, parce que ça ne

 17   fait pas partie de la mission qui m'a été confiée. Moi, mon travail, c'est

 18   les statistiques, les chiffres, c'est la recherche dans les registres, et

 19   cetera. Moi, ma tâche n'a strictement rien à voir avec les exhumations de

 20   corps et il ne s'agissait pas pour moi d'arriver à un chiffre sur cette

 21   base.

 22   Si j'avais la possibilité de procéder à une enquête beaucoup plus

 23   fouillée de cette question, j'aimerais participer à une équipe

 24   multidisciplinaire avec un expert dans mon domaine et un médecin légiste.

 25   Il s'agirait là d'une équipe multidisciplinaire. Vous auriez des gens

 26   représentant l'Accusation, des gens représentant la Défense. Cette équipe

 27   pourrait travailler de concert, prendre en compte ensemble de manière

 28   interactive toutes les données disponibles et pourrait, à ce moment-là,

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  1   préparer un rapport extrêmement fouillé, extrêmement complexe, rapport

  2   multidimensionnel. Mais selon moi, ça prendrait plusieurs années.

  3   Q.  Permettez-moi de vous poser une autre question. Est-ce que la Défense

  4   vous a également informé que le ICMP, le 30 novembre 2007, a reçu les

  5   données pour ce qui est des analyses d'ADN pour 7 772 personnes qui ont été

  6   portées disparues à Srebrenica ? D'abord, est-ce que vous êtes au courant

  7   de l'existence de telles informations ?

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Tapuskovic.

  9   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] A plusieurs reprises, le témoin a dit

 10   qu'il n'avait rien à voir avec l'identification des corps et tout à l'heure

 11   il a dit pour ce qui est des questions démographiques et statistiques sur

 12   lesquelles il s'est penché n'ont rien à voir avec l'identification des

 13   corps et l'analyse de l'ADN.

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense toujours que la question de

 15   Mme Soljan se réfère plus au chiffre qui apparaît dans le document. Elle a

 16   demandé au témoin de dire s'il connaissait ce document ou pas, donc il peut

 17   répondre à cette question, sur quoi nous allons poursuivre.

 18   LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne connais pas ce document. D'ailleurs,

 19   j'ai pensé que ce type de documents n'appartenait pas à mon domaine de

 20   travail. En tant que quelqu'un qui a une opinion plus générale là-dessus,

 21   cela ne relève pas de mon domaine de compétences, parce que cela implique

 22   les expertises dans le domaine de l'identification. Les experts dans ce

 23   domaine m'ont dit qu'il s'agit de sujets très complexes et que les opinions

 24   d'experts diffèrent à ce sujet.

 25   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation]

 26   Q.  Oui, Monsieur, mais vous n'avez pas bien compris mes questions. L'ICMP

 27   nous a envoyé le 30 novembre une lettre en disant qu'ils avaient 7 772

 28   personnes portées disparues. En d'autres termes, il ne s'agit pas

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  1   d'identification complète de ces personnes, mais c'est plutôt une façon de

  2   déterminer le nombre de profils ou de catégories de personnes qui étaient

  3   portées disparues en novembre. Il s'agit d'informations, de données

  4   démographiques, n'est-ce pas ?

  5   R.  Non, je ne sais pas, en fait. Je n'ai pas vu cette liste. Dans le

  6   rapport de base, cette liste ne servait pas de base pour dresser la liste

  7   des personnes disparues.

  8   Q.  Je m'excuse, Monsieur le Témoin, mais lorsque vous avez fait référence

  9   au rapport de base, à quoi vous avez pensé ?

 10   R.  Au rapport de Brunborg et Udal de 2001.

 11   Q.  Bien. Je n'ai pas pensé à cela, certainement pas, mais il y avait des

 12   informations mises à jour de l'ICMP qui ont été soulignées --

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] S'il vous plaît, n'entrez pas en

 14   argumentation avec le témoin. Limitez-vous à poser des questions.

 15   Mme SOLJAN : [interprétation]

 16   Q.  Si l'organisation dispose d'un nombre de personnes portées disparues,

 17   ne voudriez pas avoir accès à ces informations pour les évaluer ?

 18   R.  Oui, mais je devrais faire une expertise pour ce qui est de ces

 19   informations, c'est-à-dire les séparer d'avec le recensement, les listes

 20   électorales, et cetera. Mais l'objectif ici n'était pas cela. Mon objectif

 21   primordial n'était pas de prouver qu'une liste était bonne ou fiable, mais

 22   plutôt de contester que la liste des personnes disparues de Brunborg et

 23   Urdal, dans le contexte de toutes les méthodes qui ont été appliquées, que

 24   cette liste n'est pas véridique et qu'on ne peut pas la considérer comme

 25   étant fiable, et tout cela en se basant sur les documents dont je disposais

 26   à l'époque.

 27   Q.  Mais dans votre rapport, Monsieur, vous avez fait référence aux données

 28   fournies par l'ICMP, n'est-ce pas ?

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  1   R.  Je ne sais pas à quelles données vous pensez. Précisez-les, s'il vous

  2   plaît.

  3   Q.  Vous avez fait référence à un document qui s'appelle "ICTY, Srebrenica

  4   related 2.xls," c'est-à-dire --

  5   R.  Oui, c'est la liste des personnes identifiées.

  6   Q.  Lorsque vous avez fait des calculs en se basant sur ce document,

  7   saviez-vous d'où il provenait ?

  8   R.  Probablement que oui, je le savais qu'il s'agissait d'un document

  9   officiel parce que nous l'avons reçu du Tribunal.

 10   Q.  Bien. Et la Défense a dit que -- elle l'a identifié en tant que 1D1127,

 11   mais j'aimerais savoir si vous étiez au courant du fait que ce document

 12   avait été reçu directement de cette organisation

 13   ICMP ?

 14   R.  Je dois dire que cela ne m'était pas important. Pour moi, il est

 15   important que ce document soit venu du Tribunal pour ce qui est de la liste

 16   des personnes identifiées. Et ce qu'on a fait, nous, de plus, c'est-à-dire

 17   le traitement informatique de cette liste, on l'a fait pour le rendre

 18   encore plus fiable, parce que cette liste avait des doublons de prénoms. Et

 19   par rapport à ce nombre qui est

 20   5 673, nous avons obtenu le nombre de 3 943.

 21   Q.  Le service démographique a utilisé les mêmes données reçues de

 22   l'organisation ICMP et Ewa Tabeau en a témoigné en février 2008. Le 5

 23   février 2008, elle a témoigné que 6 609 données portaient sur la liste que

 24   vous avez analysée par rapport à ce chiffre, 4 263 représentait des

 25   personnes identifiées qui étaient en connexion avec les membres vivant de

 26   familles qui ont rapporté que leurs proches étaient disparus de Srebrenica.

 27   Donc par rapport à la liste où on avait 4 263 sur la liste de personnes

 28   disparues, et par rapport au chiffre de 5 661 personnes disparues, on a

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  1   obtenu le chiffre de 3 837 personnes sur la liste de 4 263 personnes

  2   identifiées, donc 90 % pour ce qui est de la liste du bureau du Procureur

  3   des personnes disparues.

  4   R.  Quelle est votre question ?

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Madame Tapuskovic.

  6   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Je crois que le témoin devrait être

  7   informé que si cela a été contesté par la Défense ou par le témoin. Est-ce

  8   que la question a été posée ou pas ?  Je ne sais pas, mais je peux dire,

  9   avant d'entendre la question plus précise, que cette liste qui était à ma

 10   disposition, donc les données sur cette liste ont été comparées avec les

 11   données sur la liste des personnes disparues en s'appuyant sur les prénoms,

 12   le nom, prénom de l'un des parents et année de naissance. Donc il

 13   s'agissant des critères qui englobaient les éléments se trouvant sur la

 14   liste des personnes disparues de Brunborg et sur la liste des personnes

 15   identifiées. Et nous avons obtenu 2 738 personnes, c'est le chiffre qui est

 16   différent par rapport au chiffre donné par Mme le Procureur.

 17   Et pour ce qui est des analyses, il ne s'agit que d'un chiffre

 18   indicatif par rapport aux six chiffres que j'ai indiqués, que j'ai

 19   mentionnés. Mais en procédant aux appariements des données sur cette liste

 20   qui est de mauvaise qualité, la liste des personnes identifiées, du point

 21   de vue de l'identification qui était de mauvaise qualité, en appliquant un

 22   autre critère moins précis, moins strict par rapport aux critères que nous

 23   avons appliqués, on aurait obtenu un chiffre plus élevé probablement. Mais

 24   la question que je me pose est la suivante : pourquoi cette liste des

 25   personnes identifiées était de mauvaise qualité pour ce qui est de

 26   l'identification des personnes si ça s'est développé sur la base des

 27   communications avec les membres de familles ou sur la base des méthodes que

 28   je ne connaissais pas. Je me demande pourquoi cette liste est de si

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  1   mauvaise qualité, pourquoi on ne pouvait pas éviter des doublons sur cette

  2   liste.

  3   Mme SOLJAN : [interprétation]

  4   Q.  Bien, Monsieur Kovacevic. Si le chiffre de 5 021 est le chiffre qui

  5   représente le chiffre de personnes identifiées dans des charniers, si c'est

  6   exact, alors votre chiffre de 3 000 n'est pas correct, n'est pas exact,

  7   n'est-ce pas ?

  8   R.  C'est ainsi, mais sous condition que quand il s'agit de l'expertise de

  9   médecins légistes et en prenant compte d'autres éléments, par exemple, la

 10   date de disparition des personnes, dans ce cas-là, c'est un chiffre exact

 11   et qui reflète les événements qui se sont produits dans la zone protégée de

 12   Srebrenica. Mais en tant que mathématicien qui doute de tout, qui a

 13   l'habitude de douter de tout, je ne crois pas que ce chiffre soit exact.

 14   Pourquoi ? Parce que dans ce cas-là je pourrais contester l'exactitude de

 15   certains chiffres qui sont dans la partie 2 du document, soit le nombre

 16   d'habitants, soit le nombre de personnes déplacées. Sur la base des

 17   documents qui étaient à ma disposition, je peux dire qu'il n'est pas

 18   possible de faire ce calcul.

 19   Q.  Merci. J'ai une dernière question pour vous. Dans les notes que vous

 20   nous avez fournies pendant la pause - et nous les avons parcourues

 21   brièvement pendant la dernière pause - nous avons vu qu'il y avait un

 22   nombre de questions dactylographiées ainsi que vos notes manuscrites.

 23   Pourtant, il y a quelques réponses également qui sont dactylographiées. Qui

 24   les a dactylographiées, Monsieur ?

 25   R.  Cela a été dactylographié lors de la séance de récolement avec les

 26   avocats de la Défense à Belgrade. Certaines choses ont été dactylographiées

 27   par ma secrétaire, certaines autres choses ont été dactylographiées par

 28   moi-même, et certaines mentions que j'ai écrites moi-même, certaines notes

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  1   ont été fournies par les avocats, parce qu'il s'agissait d'un travail à

  2   plusieurs étapes.

  3   Q.  Bien. A plusieurs reprises dans votre témoignage vous avez vu ces

  4   notes, n'est-ce pas ?

  5   R.  En répondant à des questions, je ne les lisais pas, mais j'ai utilisé

  6   mes notes pour me rappeler certaines choses, le nombre de paragraphes, des

  7   chiffres, parce qu'il ne s'agit que des rappels pour que je puisse répondre

  8   plus précisément aux questions.

  9   Q.  Merci. Je n'ai plus de questions pour vous.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Madame Soljan. Maître

 11   Tapuskovic, vous avez des questions supplémentaires ?

 12   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Oui, je serai brève. Je vais être brève

 13   et je vais en terminer avant la fin de l'audience et il ne sera pas

 14   nécessaire de convoquer à nouveau le témoin.

 15   Nouvel interrogatoire par Mme Tapuskovic : 

 16   Q.  [interprétation] Monsieur Kovacevic, vous avez été interrogé par les

 17   données avancées par plusieurs experts, les experts en matière d'ADN, des

 18   anthropologistes, et cetera. Le résultat de leur recherche a-t-il un impact

 19   sur les questions statistiques et démographiques que vous traitez dans

 20   votre rapport ?

 21   R.  Ces constatations ne peuvent pas avoir d'impact sur les questions

 22   démographiques, mais si l'on suit ce type de raisonnement, une équipe

 23   pluridisciplinaire pourrait conduire à revoir certaines informations

 24   avancées par le biais de documents officiels que nous avons utilisés dans

 25   notre analyse. A ce moment-là, il faudrait se poser la question de savoir

 26   pourquoi M. Fahrudin Salihovic a signé le document relatif au nombre de

 27   personnes disparues, alors qu'il y avait des indications différentes dans

 28   d'autres documents. Toutefois, de telles recherches prendraient des

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  1   décennies, savoir pourquoi quelqu'un fournit des informations erronées à un

  2   organisme officiel est une question très complexe.

  3   Q.  A la page 48 du compte rendu d'audience, on vous a posé une question

  4   sur la méthode utilisée pour le traitement des données. Alors, à cet égard,

  5   avez-vous, le cas échéant, quand l'un des rapports de M. Brunborg ? Est-ce

  6   que la méthodologie changeait entre les différents rapports ou est-ce

  7   qu'elle restait constante ?

  8   R.  Lors de la pause, j'ai parcouru le rapport qui n'évoque que certains

  9   détails et apporte certains ajouts à la liste des personnes disparues par

 10   rapport à la liste originelle, mais en ce qui concerne la méthodologie,

 11   aucun changement n'est intervenu. Bien entendu, dans mon rapport, nous

 12   avons utilisé la dernière version de listes.

 13   Q.  Vous nous avez également dit qu'un rapport a été soumis par les cinq

 14   commissions internationales de personnes disparues selon laquelle sur la

 15   liste des personnes disparues figurent au moins 7 772 personnes. Si vous

 16   aviez connu ce chiffre au moment de l'établir dans votre rapport, est-ce

 17   que vous auriez agi différemment ou est-ce que cela aurait eu un effet sur

 18   le résultat du rapport ?

 19   R.  Non, ça n'aurait eu aucun effet sur ma démarche. Mais si j'avais pu

 20   confronter cette liste aux listes électorales et si j'avais pu établir un

 21   certain nombre de correspondances ou de

 22   non-correspondances, j'aurais pu faire la même chose que ce que j'avais

 23   fait avec les rapports antérieurs de l'ICMP.

 24   Q.  On vous a également montré ce document intitulé "ICTY, Srebrenica,

 25   related 2."

 26   R.  C'est ce que j'ai utilisé.

 27   Q.  Vous en parlez dans votre rapport et vous déclarez qu'il s'agissait de

 28   la liste des personnes identifiées ? Est-ce que les choses auraient été

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  1   différentes si vous aviez su que ce document provenait de l'ICMP et pas du

  2   Tribunal, par exemple ?

  3   R.  Non, non, c'est la même chose.

  4   Q.  Merci. Monsieur Kovacevic, je voudrais revenir au document évoqué à

  5   plusieurs reprises par moi-même et par ma collègue, ma confrère, Mme

  6   Soljan, qui porte la référence 1D312. Il ne faut pas l'afficher à l'écran,

  7   puisque nous savons ce dont il s'agit, c'est un document signé de la main

  8   de Farhudin Salihovic. Vous nous avez dit qu'il s'agit là d'une

  9   manipulation de l'information selon vous afin de parvenir à certains

 10   chiffres en ce qui concerne les registres dans plusieurs municipalités ?

 11   R.  Il faut que je corrige vos propos. Je ne dis pas que le document était

 12   une manipulation. Ce que j'ai dit c'est qu'il indique ou qu'il rappelle

 13   certaines manipulations dans certains documents envoyés à des organismes

 14   humanitaires. C'est à dessein que j'ai parlé de ce document, et vous pouvez

 15   voir notamment que parfois les chiffres avaient été arrondis et ne

 16   reflétaient pas l'exacte situation sur le terrain.

 17   Q.  Pourquoi selon vous ce document peut-il être considéré comme fiable

 18   puisqu'il contient des données qu'il contient ?

 19   R.  Parce qu'il est officiel et il est envoyé à l'institut de statistiques,

 20   qui est un organisme public, officiel et qui recopie et vérifie ces

 21   informations. Cette institution traite les données, analyse les données.

 22   J'aurais du mal à comprendre pourquoi quelqu'un peut intoxiquer l'institut

 23   de statistiques et donner des informations erronées au sujet des chiffres

 24   démographiques plutôt que de fournir des faits purs et durs.

 25   Q.  Mme Soljan vous a posé la question de savoir comment vous êtes arrivé

 26   au chiffre 5 000, minimum, évoqué dans ce document ? Quelle est la

 27   procédure que vous avez appliquée dans votre rapport ? Page 15 de votre

 28   rapport, -- page 15, au paragraphe 48 -- excusez-moi, 49. Vous avez dit

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  1   qu'il y a eu un toilettage, un criblage, un toilettage et l'élimination des

  2   doublons. Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?

  3   R.  Nous avons remarqué qu'il s'agissait d'une liste de mauvaise qualité

  4   pour ce qui est des éléments destinés à l'identification, car nous avions

  5   souvent deux noms pour une même personne. Nous avons évoqué l'exemple A, je

  6   ne pense pas d'ailleurs que je puisse utiliser des noms. Mais parfois nous

  7   avions deux noms pour une même personne à la même ligne, et en appliquant

  8   une recherche informatique nous nous sommes rendu compte qu'il s'agissait

  9   de doublons. Nous avons d'abord fait la même chose suivante : si nous

 10   avions deux noms pour une même personne, nous en faisions une personne. Si

 11   elle était Miladin et votre nom, votre nom j'ai oublié d'ailleurs.

 12   Q.  Mira Tapuskovic.

 13   R.  Mira. Si cela se trouvait dans la même ligne, on ferait deux personnes.

 14   Il y aurait Milorad et Mira, donc cela augmenterait les chiffres. La

 15   première étape augmente le nombre de personnes identifiées, ensuite nous

 16   avons écarté les doublons. Si l'on trouvait Miladin Kovacevic une fois et

 17   qu'on le retrouvait, la deuxième fois on effaçait cette entrée. Après ces

 18   deux étapes, nous avons réduit le nombre à 3 949 par rapport à un total de

 19   départ de 5 786. C'était raisonnable en termes informatiques pour ce qui

 20   est d'une liste qui n'est pas nette.

 21   Q.  Est-ce que vous avez des indications selon lesquelles Helge Brunborg a

 22   fait la même chose ?

 23   R.  Je ne pense pas que Helge Brunborg ait fait référence à cette liste.

 24   Elle n'a pas été utilisée pour dresser la liste des personnes disparues.

 25   Pour son rapport, il s'est basé sur les deux listes, la liste du CICR et

 26   des Médecins pour les droits de l'homme. Nous avons utilisé cette liste,

 27   parce que nous l'avons reçue et nous nous sommes rendu compte que celle-ci

 28   contenait également certains calculs dits indicatifs.

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  1   Q.  Dans les documents que vous avez étudiés lors de l'élaboration de votre

  2   rapport, est-ce que vous avez remarqué que Helge Brunborg a dit qu'une

  3   personne répondant à un certain nom sur la liste des personnes disparues a

  4   été retrouvée sous le même nom dans une autre liste, la liste du

  5   recensement ou la liste

  6   électorale ?

  7   R.  Non. Ce que je reproche à la manière dont tous les éléments ont été

  8   éliminés c'est la chose suivante : il n'existe pas de documents, aucune

  9   relation n'a été établie dans le triangle composé de la liste des personnes

 10   disparues, de la liste du recensement et de la liste électorale.

 11   Or, je pense que c'était la chose à faire pour entreprendre une telle

 12   tâche, parce que pour chaque personne disparue il faut d'abord constater

 13   l'existence de cette personne dans la liste du recensement pour constater

 14   son existence, tout simplement.

 15   Puis, il y a également les personnes qui ont des éléments d'identification

 16   identiques pour ces 222 personnes qui ont été rejetées, et la question

 17   également se pose des critères qui ont été utilisés pour rejeter ou

 18   admettre une personne par rapport à la liste du recensement.

 19   En résumé, c'est le fondement même de la fiabilité de cette liste aux sens

 20   statistique et démographique. Les documents doivent être pareils pour

 21   chaque personne, indépendamment du texte, indépendamment du fait que,

 22   effectivement, c'est un exercice qui prend énormément de temps. Mais pour

 23   en revenir aux propos du Procureur, ce n'est pas une question de processus

 24   matériel, mais c'est une question cruciale par rapport à ce qui s'est passé

 25   à Srebrenica en 1995.

 26   Q.  Ma dernière question, Monsieur Kovacevic : vous évoquez le triangle.

 27   Dans votre rapport et dans votre travail enregistré sur les trois CD, est-

 28   ce que vous faites état de l'interaction dans le cadre de ce triangle entre

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  1   la liste des personnes disparues, le recensement et la liste électorale ?

  2   R.  Toutes les constatations figurant dans ce rapport sont étayées par des

  3   documents relatifs à l'appariement entre le recensement et la liste

  4   électorale. J'ai déjà souligné que je ne pouvais pas procéder à des

  5   identifications visuelles, en ce sens que je n'avais pas de traces de

  6   l'identification visuelle effectuée par les auteurs dont le nom a été

  7   évoqué dans ce prétoire.

  8   Bien entendu, cette partie d'appariement et d'analyse ne peut pas être

  9   effectuée comme le décrit le Procureur sur la base de médecins légistes ou

 10   de pathologistes, car cela doit faire l'objet d'une analyse distincte

 11   laquelle exige une comparaison entre l'un et l'autre.

 12   Q.  Merci, Monsieur Kovacevic.

 13   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Mesdames et Messieurs les Juges, cela met

 14   un terme à mes questions supplémentaires.

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Maître Tapuskovic, pour votre

 16   coopération.

 17   Monsieur Kovacevic, nous sommes arrivés au terme de votre déposition. Je me

 18   tourne vers mes collègues pour savoir s'ils souhaitent vous poser des

 19   questions, tel n'est pas le cas.

 20   Je voudrais vous remercier d'être venu ici pour nous expliquer ces

 21   questions très complexes. Au nom de tous les participants, je vous souhaite

 22   un bon retour chez vous.

 23   LE TÉMOIN : [interprétation] Mesdames et Messieurs les Juges, je voudrais

 24   également vous remercier de m'avoir donné la possibilité d'exposer mes

 25   constatations en la matière et je reste à votre entière disposition. Merci.

 26   [Le témoin se retire]

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que vous pouvez donner les

 28   documents pour demain, n'est-ce pas ?

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  1   Mme TAPUSKOVIC : [interprétation] Oui, je fournirai les documents demain si

  2   vous êtes d'accord.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que c'est acceptable.

  4   L'audience est levée, nous reprendrons demain à 14 heures 15, comme

  5   aujourd'hui.  

  6   Merci.

  7   --- L'audience est levée à 19 heures 02 et reprendra le mercredi 25 juin

  8   2008, à 14 heures 15.

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