Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 25 septembre 2008

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  5   --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Madame la Greffière. Veuillez

  7   appeler l'affaire, je vous prie.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président,

  9   Mesdames et Monsieur les Juges. Il s'agit de

 10   l'affaire IT-05-88-T, le Procureur contre Vujadin Popovic et consorts.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Madame.

 12   Pour le compte rendu d'audience, je note la présence des accusés. Du côté

 13   de l'Accusation, je vois que nous n'avons que M. McCloskey. Pour ce qui est

 14   des équipes de la Défense, je note l'absence de M. Nikolic, je ne vois pas

 15   plutôt Me Lazarevic. Me Nikolic et Me Krgovic sont absents aujourd'hui.

 16   Bonjour, Colonel Landry.

 17   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous souhaite la bienvenue au

 19   Tribunal pénal international. Vous allez sous peu déposer en tant que

 20   témoin expert. Vous avez été convoqué par l'équipe de la Défense de M.

 21   Nikolic, de l'accusé Nikolic. Mais avant de commencer votre témoignage, nos

 22   Règlements exigent de vous de prononcer une déclaration solennelle vous

 23   engageant de dire dans le cadre de votre témoignage la vérité. Le texte de

 24   cette déclaration solennelle vous sera donné. Je ne sais pas si c'est en

 25   français ou en anglais. Je vous demanderais de le lire à haute voix, ceci

 26   constituera votre engagement solennel envers nous.

 27   LE TÉMOIN : Je déclare solennellement que je dirai la vérité, toute la

 28   vérité et rien que la vérité.

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  1   LE TÉMOIN: RÉMI LANDRY [Assermenté]

  2   [Le témoin répond par l'interprète]

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Alors, mettez-vous bien à

  4   l'aise.

  5   Il y a quelques jours, on a décidé qu'étant donné du sujet de votre

  6   déposition, que votre témoignage sera entendu à huis clos partiel. La

  7   raison pour ceci est la suivante : c'est que sinon nous allons très souvent

  8   devoir passer d'une audience à huis clos partiel à une audience publique,

  9   ça fera un effet yo-yo, donc ce ne serait pas très aisé. Donc les parties

 10   se sont mises d'accord sur ce point, et les parties ont décidé que votre

 11   témoignage sera entendu entièrement à huis clos partiel.

 12   D'abord, des questions vous seront posées par Me Bourgon, ensuite d'autres

 13   conseils pourront vous poser d'autres questions dans le cadre du contre-

 14   interrogatoire.

 15   Devrait-on demeurer en audience publique pour la première partie. Puis vous

 16   me direz, Maître Bourgon, à quel moment vous souhaiterez passer à huis clos

 17   partiel. Je parle du huis clos partiel, parce que sinon si on était à un

 18   huis clos complet, total, il faudrait baisser les stores, et cetera, et ce

 19   serait beaucoup plus -- c'est un vrai sentiment de fermeture. On ne verrait

 20   pas derrière les fenêtres.

 21   Oui, Maître Bourgon.

 22   M. BOURGON : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Bonjour,

 23   Madame, Messieurs les Juges. Bonjour, collègues.

 24   Interrogatoire principal par M. Bourgon : 

 25   Q.  Bonjour, Colonel.

 26   R.  Bonjour, Maître Bourgon.

 27   M. BOURGON : [interprétation] Monsieur le Président, ce témoignage sera

 28   fait en français. Je vais poser des questions en français. Le témoin

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  1   répondra en français également.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien, pas de problème. C'est

  3   toujours, bien sûr, un plaisir ainsi que pour le Juge Prost de suivre le

  4   témoignage en français.

  5   M. BOURGON :

  6   Q.  Alors, Mon Colonel, la première question est très simple. Devons-nous

  7   utiliser Monsieur, Professeur, ou colonel ?

  8   R.  Monsieur, mais faites comme vous voulez.

  9   Q.  Pour les fins des notes sténographiques, veuillez noter votre nom au

 10   complet.

 11   R.  Rémi Landry.

 12   Q.  Quel âge avez-vous ?

 13   R.  Cinquante-sept ans.

 14   Q.  Et votre date de naissance.

 15   R.  57 ans, le 1er avril 1951.

 16   Q.  Mon Colonel, avant de débuter --

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Bourgon, il faudrait ralentir un

 18   peu le débit, s'il vous plaît, pour expliquer aussi au témoin qu'il y a une

 19   interprétation donc qui est la raison pour laquelle je vous ai demandé de

 20   ralentir. Veuillez expliquer au témoin pourquoi.

 21   M. BOURGON :

 22   Q.  Avant de commencer, je me dois de profiter de l'occasion pour vous

 23   rappeler que puisque nous parlons la même langue et que dans ces

 24   circonstances il est primordial que vous attendiez la fin de toute question

 25   que je pourrai vous poser avant d'y répondre. Est-ce que vous comprenez

 26   bien cela ?

 27   R.  Je comprends très bien.

 28   Q.  Je voudrais aussi vous rappeler qu'il est important de ne pas parler

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  1   trop vite afin de permette pleinement aux interprètes de transmettre

  2   fidèlement vos propos en anglais ainsi qu'en B/C/S. Est-ce que vous

  3   comprenez bien cela ?

  4   R.  Je comprends très bien.

  5   Q.  Alors tout d'abord, je vois que vous avez emporté avec vous ce matin

  6   une multitude de documents. De quoi s'agit-il au juste ?

  7    R.  Dans un premier temps, j'ai mon rapport que vous je vous ai fait

  8   parvenir. (expurgé)

  9   (expurgé)

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Il faudrait expurger immédiatement.

 11   Je crois que -- en fait, Maître Bourgon, il faudrait dire au témoin qu'il

 12   ne faut pas mentionner des noms en audience publique. Donc il faudrait lui

 13   demander de ne pas mentionner de noms jusqu'à ce que nous soyons à huis

 14   clos partiel, sinon, je vais demander le huis clos partiel immédiatement.

 15   M. BOURGON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 16   Q.  [en français] Cela vous a été expliqué par les Juges qui président ce

 17   matin. Jusqu'à ce que nous soyons en session à huis clos partiel, je vous

 18   demanderais de ne pas prononcer aucun nom lié à votre témoignage.

 19   R.  Je vais faire mon possible.

 20   Q.  Vous dites avoir emporté votre rapport. Avez-vous votre rapport, copie

 21   de votre rapport, en anglais et en français ?

 22   R.  J'ai effectivement une copie du rapport français et anglais avec moi.

 23   Q.  Avez-vous d'autres documents que ceux que vous venez de mentionner, à

 24   savoir copie de votre rapport ainsi que les documents que nous vous avons

 25   remis pour faire votre travail ?

 26   R.  J'ai avec moi des aide-mémoire pour me permettre de pouvoir répondre et

 27   trouver les documents ainsi que des annotations que j'ai faites dans mon

 28   rapport pour m'aider lors de mon audience.

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  1   Q.  Comme j'ai eu l'occasion de vous l'expliquer, tout ce que vous avez

  2   avec vous en tant que notes a été remis déjà au Procureur. Dans quelle

  3   langue votre rapport a-t-il été rédigé ?

  4   R.  En français.

  5   Q.  Avez-vous eu l'occasion de vérifier la copie anglaise ou la traduction

  6   anglaise de votre rapport ?

  7   R.  Oui, j'ai eu l'occasion de la lire très rapidement.

  8   Q.  Quel est le résultat de cette vérification ?

  9   R.  La première vérification est que le rapport semble bien représenter mon

 10   rapport en français. Mais par contre, je dois tout de même indiquer que le

 11   rapport anglais est suivi de ma signature électronique, puis je veux tout

 12   simplement m'assurer que les gens réalisent que ce n'est pas moi qui ai

 13   traduit ce rapport-là. Autre chose, j'ai noté des petites différences, et

 14   puis surtout le fait que certains termes ont été traduits de façon plus ou

 15   moins appropriée du rapport français à la version anglaise.

 16   Q.  Merci, Mon Colonel.

 17   A ce stade-ci, j'aimerais vous remettre une pièce qui portera le numéro

 18   3D504, et je vous demanderais de bien vouloir dire de quoi il s'agit.

 19   M. BOURGON : [interprétation] Monsieur le Président, c'est une liste qui a

 20   été téléchargée sur le prétoire électronique hier, mais le document n'est

 21   pas encore disponible sur le prétoire électronique. Je vais donc demander à

 22   Mme l'Huissier de remettre une copie papier au témoin. Toutes les personnes

 23   présentes dans ce prétoire ont reçu une copie de cette pièce que j'entends

 24   montrer au témoin.

 25   Q.  [en français] Mon Colonel, je vous demanderais de placer la pièce qui

 26   vient de vous être remise sur le ELMO à côté de vous, de façon à ce que

 27   tout le monde puisse la voir dans la salle d'audience. De quoi s'agit-il au

 28   juste ?

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  1   R.  Il s'agit tout simplement de ma version des erreurs de traduction que

  2   j'ai trouvées en feuilletant très rapidement, comme je vous mentionnais, la

  3   traduction anglaise qui m'a été présentée lors de mon arrivée.

  4   Q.  Merci. Nous n'avons plus besoin de cette pièce.

  5   Compte tenu de cette observation et de la liste des erreurs que vous avez

  6   préparée, croyez-vous que nous pouvons utiliser la traduction de votre

  7   rapport en anglais au cours de votre témoignage et par la suite ?

  8   R.  Je n'ai pas de problème à ce que l'on utilise. Par contre, je dois tout

  9   de même réaffirmer qu'en cas de doute sur le sens des mots utilisés, la

 10   version française doit primer.

 11   Q.  Alors, nous allons maintenant commencer avec votre témoignage qui sera

 12   divisé en dix parties. Et la première traite de votre parcours et de votre

 13   curriculum vitae. Je vous demanderais de bien vouloir prendre votre rapport

 14   à l'annexe A.

 15   M. BOURGON : [interprétation] J'aimerais que l'on affiche sur le prétoire

 16   électronique la pièce 3D410, page 1, s'il vous plaît.

 17   R.  Oui, je l'ai.

 18   Q.  De quoi s'agit-il?

 19   R.  Il s'agit de mon CV.

 20   Q.  En date de quand ?

 21   R.  En date -- excusez. En date d'avril 2008.

 22   Q.  Y a-t-il des changements que vous souhaitez apporter à votre C.V. afin

 23   qu'il soit à jour en date d'aujourd'hui ?

 24   R.  Peut-être de spécifier que je n'ai toujours pas soutenu ma thèse de

 25   doctorat et que si tout va bien, je devrais obtenir mon doctorat d'ici à

 26   Noël.

 27   Q.  Y a-t-il d'autres changements ?

 28   R.  Le seul autre changement que je vois peut-être utile c'est de

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  1   mentionner que j'ai reçu une charge de cours de l'Université McGill qui

  2   devrait débuter en janvier 2009, le cours étant le Canada et les affaires

  3   étrangères.

  4   Q.  A ce stade-ci, Mon Colonel, j'aimerais revenir sur certaines rubriques

  5   de votre curriculum vitae. Et je vous demanderais de bien vouloir confirmer

  6   les quelques faits suivants : vous vous êtes enrôlé dans les forces armées

  7   canadiennes en 1968 ?

  8   R.  Oui.

  9   Q.  Vous les avez servies pendant 34 ans ?

 10   R.  C'est bien ça.

 11   Q.  Vous avez pris votre retraite en 2002 ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Au moment de votre retraite, vous aviez le grade de lieutenant-colonel

 14   ?

 15   R.  Oui.

 16   Q.  Quel est le sujet de votre doctorat que vous prévoyez obtenir ou

 17   soutenir d'ici le mois de décembre ?

 18   R.  Turbulence et changements institutionnels au sein de la société

 19   internationale, une perspective historique.

 20   Q.  Lorsque vous étiez au sein des forces armées canadiennes, quelle était

 21   votre occupation ou votre classification en tant qu'officier ?

 22   R.  Officier d'infanterie mécanisée, parachutiste.

 23   Q.  Et vous êtes diplômé du Collège militaire royal de

 24   St-Jean ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Combien d'années avez-vous passées au collège militaire de St-Jean ?

 27   R.  Cinq ans, de 1968 -- excusez, 1967 à 1973.

 28   Q.  Avez-vous obtenu un diplôme de cette institution ?

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  1   R.  Oui, j'ai reçu un diplôme du premier cycle universitaire en

  2   administration des affaires.

  3   Q.  En quelle année ?

  4   R.  1973.

  5   Q.  Je vois que, de 1973 à 1975, vous avez occupé le poste de commandant de

  6   peloton d'infanterie mécanisée au sein du Royal 22e Régiment.

  7   R.  Oui, c'est bien ça.

  8   Q.  Et de 1975 à 1977, vous avez occupé le poste de commandant de peloton

  9   de reconnaissance avec le 1er Commando, au sein du Régiment aéroporté du

 10   Canada.

 11   R.  C'est bien ça. Lors de la même période aussi, j'ai agi d'officier de

 12   renseignements du 1er Commando.

 13   Q.  Je vois que vous avez été également officier des renseignements au sein

 14   du 1er Commando. Avez-vous suivi une formation particulière avant d'occuper

 15   la fonction d'officier des renseignements ?

 16   R.  Oui. J'ai suivi un cours de renseignements avancé d'une durée d'environ

 17   trois mois, cours qui est donné aux officiers subalternes et aux majors.

 18   Q.  Entre 1979 et 1982, vous étiez commandant adjoint, puis commandant

 19   d'une compagnie d'infanterie mécanisée; est-ce exact ?

 20   R.  Oui. C'est bien ça.

 21   Q.  Entre 1982 et 1986, vous avez servi au sein du 1er Bataillon du Royal

 22   22e Régiment à Lahr, en Allemagne, et vous occupiez alors le poste de

 23   capitaine adjudant, c'est-à-dire adjoint exécutif du commandant; est-ce

 24   exact ?

 25   R.  Oui.

 26   Q.  Au cours de cette période, avez-vous occupé une autre fonction ?

 27   R.  Oui. J'ai agi de commandant de la compagnie d'armes d'appui du 1er

 28   Bataillon du Royal 22e Régiment.

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  1   Q.  Et que fait le commandant de la compagnie d'armes d'appui au sein d'un

  2   bataillon d'infanterie ?

  3   R.  Le commandant d'armes d'appui est responsable de l'entraînement et de

  4   la coordination opérationnelle de peloton de reconnaissance, de peloton de

  5   mortiers, peloton d'antichars et peloton de pionniers.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Avant votre objection, on va demander

  7   au témoin de répéter ça.

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je suis vraiment désolé. Je ne comprends

  9   pas l'anglais [comme interprété], mais j'ai l'impression que nous n'avons

 10   pas la traduction complète. Je remarque également que le CV parle du fait

 11   d'avoir été "l'officier du personnel" de cette unité alors que la

 12   description que nous avons de ceci ne semble pas être la description d'un

 13   poste de commandant. Je veux simplement m'assurer si la traduction est

 14   bonne. Est-ce qu'il était officier chargé du personnel ou bien est-ce que

 15   c'était autre chose ? Nous n'avons pas la réponse entière.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Me Bourgon va s'occuper de ceci.

 17   M. BOURGON : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Le CV de M.

 18   Landry dit "officier du personnel." Oui, c'est la réponse. C'est pourquoi

 19   je lui ai posé ces questions afin qu'il puisse me répéter pourquoi la

 20   position réelle qu'il a mentionnée était la position d'adjudant. Adjudant

 21   est une position très précise à l'intérieur de tout bataillon et c'est

 22   comme un assistant exécutif au commandant. C'est ce que je crois que le

 23   témoin nous a expliqué, mais la traduction n'a peut-être pas été faite

 24   correctement.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Alors précisons ceci avec le

 26   témoin.

 27   Colonel Landry, vous avez suivi ce que Me Bourgon a dit. Me Bourgon a

 28   également servi dans l'armée canadienne, donc vous parlez la même langue et

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  1   vous vous comprenez, bien sûr.

  2   LE TÉMOIN : [hors micro]

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que ceci vous satisfait, Maître

  4   McCloskey ?

  5   M. McCLOSKEY : [interprétation] Mais il n'était pas commandant; c'est ça ?

  6   C'est ce que je voulais savoir.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Voilà, non, il n'était pas commandant.

  8   Très bien. Alors poursuivez, je vous prie.

  9   M. BOURGON :

 10   Q.  [en français] -- 1987, je vois que vous avez été sélectionné pour

 11   suivre un cours de 12 mois au collège d'état-major et de commandement des

 12   forces canadiennes à Toronto. Ma question est la suivante : à qui s'adresse

 13   ce cours et quel est son objectif ?

 14   R.  Ce cours s'adresse à des majors qui sont sur le point d'être promus au

 15   grade de lieutenant-colonel. C'est un cours qui permet aux majors

 16   éventuellement d'apprendre le métier de commandant de bataillon, commandant

 17   de régiment, c'est un cours aussi qui permet à ces mêmes officiers-là de

 18   pouvoir évoluer comme officiers d'états-majors seniors au sein de quartiers

 19   généraux de brigades, de formation supérieure et surtout au sein de

 20   quartiers généraux interarmés.

 21   M. BOURGON : Pour les fins des notes sténographiques, j'aimerais simplement

 22   corriger. A la page 10, ligne 12, il est écrit en anglais que c'est un

 23   cours pour les commandants qui sont sur le point d'être promus au grade de

 24   lieutenant-colonel.

 25   Q.  Qu'est-ce que vous avez dit au sujet -- à ce sujet ?

 26   R.  C'est un cours pour les majors. Mais je dois peut-être mentionner que

 27   le terme "major" n'existe pas. Dans la formule française, c'est le terme

 28   "commandant." C'est peut-être pour ça qu'il y a eu une erreur dans la

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  1   traduction.

  2   Q.  Merci, Mon Colonel.

  3   Entre 1987 et 1989, vous avez été chef instructeur à l'école d'infanterie

  4   des forces canadiennes; est-ce exact ?

  5   R.  Oui.

  6   Q.  Votre CV fait état, entre autres, d'une participation à un déploiement

  7   opérationnel lors des troubles internes dans la ville d'Oka en 1989.

  8   Pourriez-vous nous en dire davantage à ce sujet ?

  9   R.  Suite à la -- à une crise dans une réserve autochtone mohawk dans la

 10   grande région de Montréal, ces derniers ont barré les routes nationales,

 11   ont pris possession d'un pont donnant accès à la ville de Montréal, ont

 12   préparé ce pont pour être démoli. Suite à des actions policières qui se

 13   sont avérées négatives, le gouvernement provincial de la province du Québec

 14   a demandé l'intervention de l'armée pour permettre de résorber la crise.

 15   Mon implication à ce moment était comme commandant adjoint du bataillon qui

 16   était responsable de la ville d'Oka afin de permettre de normaliser la

 17   situation.

 18   Q.  Et je vous -- et vous avez été promu lieutenant-colonel en 1991; est-ce

 19   exact ?

 20   M. LE JUGE AGIUS : Un moment, s'il vous plaît.

 21   [interprétation] Oui.

 22   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je crois qu'il voulait dire commandant

 23   adjoint -- donc c'est important, je ne sais pas si c'est exact.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Bourgon, c'est cela, n'est-

 25   ce pas ? C'est --

 26   Merci.

 27   M. BOURGON : 

 28   Q.  [en français] -- transcript à la page 11, ligne 12, que vous étiez

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  1   alors "deputy major." Quel poste occupiez-vous alors ?

  2   R.  J'étais le commandant adjoint, "deputy commander," du 1er Bataillon du

  3   Royal 22e Régiment.

  4   Q.  En 1993, vous avez servi en tant qu'officier d'état-major supérieur au

  5   quartier général de l'armée de terre; est-ce exact ?

  6   R.  Oui, c'est bien ça.

  7   Q.  Et en 1993, vous étiez membre de la Mission d'observation de la

  8   Communauté européenne en Bosnie-Herzégovine où vous avez, entre autres, été

  9   chef de mission adjoint du centre régional de Zenica; est-ce exact ?

 10   R.  Oui, c'est bien ça.

 11   Q.  Combien de temps a duré cette mission ?

 12   R.  Six mois.

 13   Q.  Au cours de cette mission, avez-vous eu l'occasion d'observer le

 14   fonctionnement des forces militaires qui s'opposaient ?

 15   R.  Effectivement. J'étais en mesure de pouvoir observer principalement les

 16   forces de l'armée BiH ainsi que les forces de l'armée HVO et HV dans des

 17   moments très difficiles et très violents.

 18   Q.  Avez-vous eu l'occasion d'observer le fonctionnement de l'armée serbe

 19   de Bosnie ?

 20   R.  De façon indirecte, suite aux actions que l'armée BiH prenait pour

 21   contrer les avances ou préparer des opérations offensives contre l'armée

 22   serbe. Et lors de mes fréquents contacts avec les officiers d'état-major de

 23   la FORPRONU, j'étais à même de bien me familiariser avec la nature des

 24   opérations que le côté serbe entreprenait à cette époque.

 25   Q.  Vous avez mentionné la "FORPRONU." Qu'est-ce que c'est ?

 26   R.  C'était la mission supposément de paix pour l'ensemble de la Bosnie-

 27   Herzégovine.

 28   Q.  Votre mission en Bosnie-Herzégovine vous a-t-elle permis de tirer des

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  1   conclusions s'agissant du fonctionnement des forces qui s'opposaient ?

  2   R.  Une de mes premières constatations fut de réaliser que les trois armées

  3   en présence utilisaient la même doctrine de l'ancienne armée yougoslave,

  4   entre autres. J'étais en mesure aussi de me familiariser avec la géographie

  5   de la Bosnie-Herzégovine ayant régulièrement voyagé entre la ville de

  6   Mostar et la ville de Tuzla. J'ai aussi -- je suis familier avec la façon

  7   de fonctionner du 3e Corps bosniaque. Et j'ai été à même, à quelques

  8   occasions, de superviser ou du moins d'entrer en contact avec les autorités

  9   du 2e Corps, je connaissais bien leurs positions dans la grande région de

 10   Tuzla.

 11   Q.  Sentez-vous, Mon Colonel, que vous connaissez suffisamment l'armée

 12   serbe de Bosnie pour vous prononcer sur les questions qui vous ont été

 13   posées dans votre rapport ?

 14   R.  Je crois que je, compte tenu de mon expérience en Bosnie, que j'ai été

 15   à même, compte tenu du travail qu'on me demandait de faire, de bien

 16   analyser la doctrine militaire des armées en présence. Compte tenu de mes

 17   antécédents militaires, compte tenu de mes expériences subséquentes suite à

 18   mes interventions ici à ce Tribunal et à mes études actuelles, je crois que

 19   je suis en mesure de pouvoir faire le travail qu'on m'a demandé qui

 20   consiste, entre autres, de regarder les aspects de commandement, de

 21   leadership et les aspects de professionnalisme militaire.

 22   Q.  Si je fais une pause, c'est simplement pour permettre aux interprètes

 23   de pouvoir suivre le rythme du témoignage.

 24   Mon Colonel, sans dire de qui ou sur quelle période votre rapport est

 25   fondé, quel est le sujet principal soulevé par votre rapport ?

 26   R.  Vous m'avez demandé d'étudier un certain témoignage.

 27   Q.  Je vais préciser ma question. De quelle matière est-il question

 28   principalement dans votre rapport ?

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  1   R.  Les opérations -- la conduite des opérations autour de la région de

  2   Zvornik à l'intérieur des périodes du 13 au 15 juillet 1995.

  3   Q.  Nous aurons l'occasion d'y revenir. En 1997, vous avez été muté à

  4   l'Académie internationale de la paix à New York. De quoi s'agit-il ?

  5   R.  L'Académie internationale de la paix, "International Peace Academy,"

  6   est avant tout un "think-tank" au service des Nations Unies en ce qui

  7   concerne les missions de paix et d'opérations qui sont initiées par les

  8   Nations Unies.

  9   Q.  A la page 14 qui apparaît devant vous, ligne 6, il est inscrit la

 10   période couverte par votre rapport est du 13 au 15 juillet. Avez-vous

 11   mentionné ces dates-là ?

 12   R.  Oui.

 13   Q.  Je vois que vous avez reçu plusieurs décorations dans votre CV dont

 14   celle de l'officier de l'ordre du mérite militaire. De quoi s'agit-il ?

 15   R.  C'est une distinction que les forces armées canadiennes, à travers son

 16   gouverneur général, remettent à certains militaires de façon à souligner la

 17   qualité de leur professionnalisme au cours de leurs carrières.

 18   Q.  Pour revenir sur ma dernière question, avez-vous étudié la journée du

 19   12 juillet, Mon Colonel ?

 20   R.  Un oubli de ma part. Effectivement j'ai étudié la journée du 12, du 13,

 21   du 14 et du 15 juillet. Mon erreur.

 22   Q.  A la page 3 de votre CV, je vois que vous avez suivi plusieurs cours

 23   pendant votre carrière. Quel était l'objectif de ces cours ?

 24   R.  En grande partie, de façon à me permettre en tant qu'officier de bien

 25   comprendre la profession des armes, et surtout me permettre de pouvoir

 26   opérer dans toutes les fonctions et tâches que l'on retrouve au sein d'un

 27   bataillon d'infanterie mécanisé et au sein d'une unité de parachutistes à

 28   tous les grades.

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  1   Q.  Depuis votre retraite en 2002, je vois que vous avez opté pour une

  2   route plus académique. Parlez-nous de votre maîtrise obtenue en 1997.

  3   R.  Suite à mon séjour en Bosnie en '93, les forces armées canadiennes

  4   m'ont offert un programme d'études supérieures de deuxième cycle, un

  5   programme que j'ai initié, et puis j'ai obtenu une maîtrise en sciences

  6   politiques, mon sujet étant "Les origines du conflit bosniaque".

  7   Q.  Et aujourd'hui, Mon Colonel, vous êtes, entre autres, consultant en

  8   sécurité et analyste militaire auprès de divers médias écrits et

  9   électroniques ainsi que de d'autres organismes; est-ce exact ?

 10   R.  C'est bien ça.

 11   Q.  Enfin, sur la base de votre expérience, je vois que vous avez été

 12   appelé à témoigner à deux reprises devant ce Tribunal. Dans quelles

 13   affaires avez-vous témoigné ?

 14   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.

 15   M. McCLOSKEY : [interprétation] Objection pour question directrice. Parce

 16   qu'il n'est pas clair de savoir s'il a été appelé à témoigner en tant que

 17   témoin expert ou en quelque autre qualité. Donc si on pouvait préciser en

 18   quelle qualité il a été appelé à témoigner.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur Bourgon. Je crois que

 20   vous pouvez gérer ce problème.

 21   M. BOURGON : [interprétation] Monsieur le Président, c'est la question que

 22   j'allais poser au témoin. Donc je ne vois pas le point de soulever une

 23   objection, mais je remercie néanmoins mon collègue.

 24   Q.  Mon Colonel.

 25   R.  Pardon, j'ai pas compris la question.

 26   Q.  Selon votre CV, vous avez témoigné devant ce Tribunal dans deux

 27   affaires. Lesquelles ?

 28   R.  Le premier, c'est le cas du colonel Blasic, et par la suite celui du

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  1   cas de M. Kordic en tant que témoin de fait.

  2   Q.  Qui vous a convoqué en tant que témoin dans ces deux affaires ?

  3   R.  Le Procureur de la Cour.

  4   Q.  Mon Colonel. Avez-vous eu l'occasion de travailler avec moi dans

  5   d'autres dossiers devant ce Tribunal ?

  6   R.  Oui. Oui. J'ai eu l'occasion de travailler avec vous il y a quelque

  7   temps sur le cas du général Ender Hadzihasanovic.

  8   Q.  Et qu'est-ce qu'on vous avait demandé de faire à ce moment-là ?

  9   R.  On m'avait principalement demandé de vous conseiller sur le témoignage

 10   du témoin expert du Procureur, en l'occurrence le général Reinhold, ancien

 11   commandant des forces alliées en Europe et de pouvoir vous conseiller sur

 12   les aspects militaires des autres témoins qui ont pris part à ce procès

 13   pour la période que j'étais à vos côtés.

 14   Q.  Dans l'accomplissement de ces fonctions, avez-vous eu l'occasion

 15   d'étudier davantage l'ancienne doctrine de l'armée nationale yougoslave ?

 16   R.  Effectivement, de façon à pouvoir mieux vous conseiller, j'ai dû à ces

 17   époques-là étudier de façon beaucoup plus méticuleuse les aspects

 18   doctrinaires de l'armée yougoslave.

 19   Q.  Enfin, parmi vos charges de cours à l'université, je vois que vous avez

 20   enseigné le cours d'éthique militaire et leadership. Quand et de quoi

 21   s'agit-il ?

 22   R.  Ce sont les cours de développement professionnel pour les officiers

 23   subalternes, et puis à ce moment-là, on m'avait demandé d'enseigner au

 24   Collège militaire royal de Kingston, surtout la section francophone de la

 25   région de Montréal. Et ça s'est fait entre 2001, et si ma mémoire est

 26   bonne, 2004.

 27   M. BOURGON : [interprétation] Monsieur le Président, si nous pouvons passer

 28   à huis clos partiel pour la suite de ce témoignage.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. Nous allons passer à huis clos

  2   partiel.

  3   Nous sommes à huis clos partiel.

  4   [Audience à huis clos partiel]

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 13  Pages 26213-26228 expurgées. Audience à huis clos partiel.

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  5   [Audience publique]

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous reprenons l'audience après la

  7   pause et nous allons repasser en audience à huis clos partiel comme pour

  8   les raisons que nous avons déjà expliquées. Nous pouvons maintenant

  9   repasser en audience à huis clos partiel.

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 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous sommes désormais à huis clos

 12   partiel.

 13   [Audience à huis clos partiel]

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 13  Pages 26230-26277 expurgées. Audience à huis clos partiel.

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 27   [Audience publique]

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Hier, avant l'interruption de la

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  1   séance, j'ai entendu Me Josse dire qu'il n'avait pas d'autres réserves à

  2   émettre concernant la requête dans l'affaire Miletic du 18 septembre

  3   demandant l'autorisation d'ajouter des documents à la liste des pièces à

  4   conviction 65 ter. Je vais reposer la question.

  5   L'Accusation n'a pas d'objection, visiblement.

  6   Est-ce que qui que ce soit d'autre a des objections ?

  7   Bien. Puisque je ne vois pas d'objections, on fera droit à cette requête.

  8   Alors, Maître McCloskey, nous ne sommes pas en train de vous demander de

  9   nous donner votre position maintenant ou d'émettre des dates, mais il y a

 10   trois nouvelles requêtes Borovcanin sur lesquelles nous aimerions que vous

 11   portiez votre attention le plus vite. Gardons à l'esprit que la Défense

 12   Borovcanin devrait commencer le 6 octobre. Alors prenez votre temps, mais

 13   dès que vous êtes en mesure de nous le dire, faites-nous savoir quelle est

 14   votre réponse à cet égard.

 15   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Nous avons

 16   discuté de cela avec le conseil.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

 18   --- L'audience est levée à 13 heures 45 et reprendra le

 19   vendredi 26 septembre 2008, à 9 heures 00.

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