Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   Le jeudi 12 mars 2009

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [L'accusé Miletic est absent]

  5    --- L'audience est ouverte à 9 heures 04.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Madame la Greffière, veuillez

  7   faire l'appel de l'affaire, s'il vous plaît.

  8   Mme LA GREFFIÈRE : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président. Il

  9   s'agit de l'affaire IT-05-88-T, le Procureur contre Popovic et consorts.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien. L'accusé Miletic n'est pas là

 11   aujourd'hui, nous avons déjà obtenu une dérogation; les autres accusés sont

 12   tous présents. Pour l'Accusation, nous avons M. McCloskey, M. Vanderpuye,

 13   Mme Soljan.

 14   Du côté de la Défense, je note l'absence de M. Nikolic, de la Défense

 15   de M. Beara; M. Bourgon, de la Défense de M. Nikolic; M. Lazarevic de la

 16   Défense de M. Borovcanin; et c'est tout.

 17   Y a-t-il des questions préliminaires ? Non. Monsieur McCloskey, l'équipe de

 18   la Défense de M. Borovcanin a fait versé comme promis une requête

 19   concernant un certain nombre document. Pensez-vous être en mesure de

 20   répondre oralement aujourd'hui ?

 21   M. McCLOSKEY : [interprétation] Monsieur le Président, bonjour. M. Thayer a

 22   eu ce document entre les mains hier, nous en avons discuté rapidement. Si

 23   je peux vérifier avec M. Thayer, je pense pouvoir vous répondre tout à

 24   l'heure.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Bien. S'il n'est pas possible

 26   d'obtenir la réponse aujourd'hui, vous pourriez peut-être débattre aussi

 27   avec M. Thayer de la date la plus rapprochée à laquelle vous seriez en

 28   mesure de nous donner une réponse.

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  1   Bien. Il s'agit là de la pièce P4104.

  2   Bien. Le témoin.

  3   [Le témoin est introduit dans le prétoire]

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Monsieur Marojevic.

  5   LE TÉMOIN : [interprétation] Bonjour.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'aurais sans doute dû vous appeler

  7   Professeur, excusez-moi. Avant de commencer votre déposition, nous allons

  8   vous demander de faire une déclaration solennelle par laquelle vous vous

  9   engagez à nous dire la vérité. Veuillez avoir l'obligeance de lire le texte

 10   que l'huissière tient devant vos yeux, qui correspond à votre engagement à

 11   notre égard.

 12   LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

 13   vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

 14   LE TÉMOIN : RADMILO MAROJEVIC [Assermenté]

 15   [Le témoin répond par l'interprète]

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Veuillez vous installer. Me

 17   Haynes est le principal conseil du général Pandurevic et c'est lui qui va

 18   vous poser quelques questions, après quoi vous serez soumis à un contre-

 19   interrogatoire. 

 20   Interrogatoire principal par M. Haynes : 

 21   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Marojevic, et bonjour à tous. Vous

 22   me connaissez, nous nous sommes déjà rencontrés hier. Je suis le conseil de

 23   la Défense du général Pandurevic. Pourrions-nous, s'il vous plaît,

 24   commencer par confirmer votre nom ?

 25   R.  Je m'appelle Radmilo Marojevic.

 26   Q.  Nous allons vous demander de regarder l'écran. Je vais commencer par

 27   vous montrer la pièce 7D778 sur le prétoire électronique.

 28   R.  Oui.

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  1   Q.  Veuillez parcourir ce texte et me confirmer qu'il s'agit bien d'un

  2   résumé de votre vie et expérience professionnelle.

  3   R.  Je ne suis pas né à Markovac mais à Morokovo. De même d'ailleurs pour

  4   mes premières années de scolarité, ce n'était pas à Markovac mais à

  5   Morokovo.

  6   Q.  Par la suite, pouvez-vous examiner ce qu'a été votre parcours depuis

  7   1973 ?

  8   R.  Par la suite, alors faculté de Philologie et de Sciences politiques,

  9   les diplômes et la thèse; c'est bien cela. En ce qui

 10   concerne l'expérience professionnelle, oui, le contenu de ce texte est

 11   correct.

 12   Q.  Merci. Aujourd'hui, comment passez-vous vos journées ?

 13   R.  Je suis aujourd'hui professeur attaché à l'université de Belgrade mais

 14   j'interviens également dans les universités de Banja Luka et de Nis. Je

 15   suis spécialisé dans la slavistique, tout particulièrement la textologie

 16   [phon] des textes en vers et de l'œuvre de Petar Petrovic Njegos, un grand

 17   poète serbe.

 18   Q.  Connaissez-vous -- ou n'avez-vous jamais rencontré Vinko Pandurevic ?

 19   R.  Non, jamais.

 20   Q.  Nous savons en l'occurrence, de par un rapport que vous avez écrit, que

 21   vous avez analysé des documents qui nous concernent; comment êtes-vous venu

 22   à travailler sur ces textes ?

 23   R.  M. Drago Cupic m'a téléphoné et il m'a demandé de bien vouloir recevoir

 24   M. Djordje Sarapa au sujet d'une analyse textologique [phon] d'un certain

 25   document dans la mesure ou ceci est mon domaine de spécialisation j'ai

 26   accepté de voir M. Sarapa. Ceci s'est passé autour du Nouvel an 2006. M.

 27   Sarapa m'a expliqué l'affaire et puisque j'avais accepté cette tâche à

 28   l'avance, j'ai reçu, un peu plus tard en février 2006, le texte lui-même

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  1   qui était donc un rapport de combat daté du 15 juillet, et j'ai cherché un

  2   autre texte ayant été signé par la même personne, texte du même genre. Un

  3   peu plus tard dans le courant de l'été 2006, j'ai reçu un autre rapport du

  4   16 juillet qui me permettait de travailler sur ces textes. J'ai consacré

  5   beaucoup de réflexion à chaque élément de ces textes et j'ai commencé la

  6   rédaction du rapport en septembre 2006. C'est vers le début de 2008 que

  7   j'ai mis la dernière main à ce rapport.

  8   Q.  Au-delà de ces deux documents dont vous venez de nous parler, vous est-

  9   il arrivé de rencontrer par ailleurs M. Sarapa ?

 10   R.  Très rarement. M. Sarapa n'était pas souvent à Belgrade à cette époque-

 11   là, en tout cas, pas souvent en même temps que moi, car en fait je passe à

 12   peu près cinq mois de l'année au Monténégro. D'ailleurs il n'était pas

 13   nécessaire pour nous de nous rencontrer. En fait il me suffisait d'avoir le

 14   texte pour en réaliser une analyse.

 15   La seule chose que je n'ai pas reçue, et d'ailleurs que je ne m'attendais

 16   pas, est une analyse, une interprétation différente de ce texte. Donc je ne

 17   pouvais que deviner quelles étaient les parties du texte qui pouvaient être

 18   interprétées différemment, qui pouvaient être interprétées autrement que de

 19   la façon dont elles étaient en réalité entendues. Naturellement je savais

 20   de quoi il s'agissait en fait je savais comment le Tribunal avait été mis

 21   en place et quelles étaient ses langues de travail, donc je pouvais

 22   présumer que le texte ne pourrait pas être lu et interprété exclusivement

 23   par des locuteurs de Serbes. Qu'ils soient par ailleurs catholiques,

 24   orthodoxes ou musulmans car même en utilisant des mots parfois différents -

 25   - les Serbes utilisent la même langue mais qu'il s'agissait donc ici d'une

 26   situation où le texte serait interprété par des personnes anglophones ou,

 27   en tout cas, parlant d'autres langues; or un étranger qui n'a qu'une

 28   connaissance superficielle du serbe ou qui ne lit le texte qu'en traduction

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  1   peut en avoir une compréhension tout à fait différente. C'est la raison

  2   pour laquelle je l'ai examiné en prenant compte ce point de vue, en

  3   cherchant à m'imaginer quelles autres interprétations étaient possibles.

  4   Q.  Avez-vous demandé -- avez-vous obtenu des informations de la part de M.

  5   Sarapa concernant ces textes ?

  6   R.  Un universitaire qui cherche à identifier un texte va procéder d'une

  7   façon méthodologique ce qui ne peut se faire que s'il tient à distance

  8   toutes suggestions venant de l'extérieur. Naturellement, j'ai dû demander à

  9   M. Sarapa : d'où venaient ces textes ? J'ai dû lui demander de m'expliquer

 10   les abréviations et les acronymes qui apparaissent au début du texte. Peut-

 11   être aurais-je pu me procurer ces informations autrement, mais ça ne m'a

 12   pas semblé nécessaire. Je pense à ZV qui signifie Zvornik, par exemple,

 13   mais je n'ai pas eu de mal à comprendre tout seul que BR voulait dire

 14   brigade. Mais je n'avais pas besoin d'autre élément d'information et M.

 15   Sarapa ne m'en a pas proposé. Il m'a simplement demandé de fournir

 16   l'interprétation authentique de ce texte, et j'étais parfaitement conscient

 17   que la vérité scientifique comme d'ailleurs n'importe quelle autre vérité

 18   est la meilleure contribution à la justice pour permettre à celle-ci de

 19   parvenir à la bonne décision.

 20   Q.  Avez-vous déjà réalisé des exercices de ce type ?

 21   R.  J'ai réalisé des analyses similaires, dont certaines ont d'ailleurs été

 22   publiées. Par exemple, une interprétation critique authentique des points

 23   un peu opaque de "La Couronne de montagne," de "Njegos;" j'ai également

 24   interprété un texte serbe célèbre une ballade bien connue, de même pour "Le

 25   Régiment d'Igor," une ballade épique russe, et d'autres d'ailleurs textes

 26   russes et en slave. J'ai également travaillé sur des textes slavoniques

 27   [phon]; aucune de mes interprétations n'a jamais été contestée.

 28   Dans mon travail, je me sers des interprétations passées du texte sur

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  1   lequel je travaille et je cite ces interprétations de façon à ce que tous

  2   les arguments soient entendus et puissent être comparés. Lorsque je cite un

  3   argument, je prends soin d'indiquer si la véracité de cet argument a été

  4   démontré ou non, s'il s'agit d'un argument controversé, je précise en quoi

  5   réside au juste en quoi consiste la polémique le concernant.

  6   Ce texte est relativement simple à interpréter c'est un ex écrit de façon

  7   tout à fait claire et concise. C'est un rapport de combat, donc il

  8   s'inscrit dans un genre tout à fait officiel juridique, il n'y a

  9   pratiquement rien dans ce texte qui puisse être interprété de façon

 10   différente. Tout y est parfaitement clair sans aucune ambiguïté si l'on se

 11   sert des méthodes habituelles pour analyser et authentifier un texte dans

 12   son ensemble.

 13   Q.  Je voudrais préciser quelques points vous conversation. D'abord,

 14   comprenez-vous l'anglais ?

 15   R.  A la faculté de Philologie de l'université, j'ai passé deux examens

 16   d'anglais, anglais niveau 1, anglais niveau 2, et j'ai très bien noté à ces

 17   deux examens, mais je n'ai pas eu l'occasion de me re-servir de cette

 18   langue je travaille dans un domaine où il n'y a rien d'écrit en anglais. Je

 19   n'ai pas vraiment besoin de pratiquer l'anglais dans mon domaine, et je

 20   n'ai pas de rapport avec cette langue; elle ne signifie pas grand-chose

 21   pour moi, émotionnellement non plus, donc je préférerais que vous me

 22   parliez en serbe, en russe, ou dans une langue de ce genre.

 23   Q.  Je ne vais pas faire de tentative en ce sens. Puis-je vous demander

 24   dans quelle langue vous avez écrit ce rapport ?

 25   R.  En serbe. Je n'ai pas vérifié -- je pourrais mais je n'ai pas vérifié

 26   la traduction en anglais.

 27   Q.  De même, avez-vous une connaissance des événements qui se sont déroulés

 28   à Zvornik et autour de Zvornik les 15 et 16 juillet 1995 ?

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  1   R.  Ma foi, je ne savais rien des événements spécifiques, et la première

  2   fois que je suis tombé sur le nom de famille Pandurevic, en fait, non.

  3   J'avais des étudiants à Banja Luka qui s'appelaient Pandurevic, mais

  4   c'était la première fois que j'entendais parler du lieutenant-colonel, et

  5   plus tard général Pandurevic; c'était donc la première fois lorsqu'on m'a

  6   chargé de rédiger ce rapport que j'entendais parler de lui. Je sais très

  7   peu de choses sur les événements concernés, et je sais en gros ce que l'on

  8   peut savoir à partir de ce qui a été rendu public de cette affaire. Ce que

  9   je sais très bien, mais qui n'est pas le sujet de la présente analyse,

 10   c'est que le nouvel ordre mondial. Donc je connais très bien le scénario

 11   mis au point à Srebrenica. Je sais parfaitement que Clinton a envoyé du

 12   nouvel ordre mondial à charger Izetbegovic de faire tout pour piéger les

 13   Serbes et leur faire commettre un génocide. Je le sais très bien et je l'ai

 14   d'ailleurs expliqué dans mon ouvrage : "En cyrillique le croisement du

 15   siècle," en 1999. C'est ce que j'ai dit, et c'est ce que je maintiens, et

 16   qui a été prouvé scientifiquement, il n'y a qu'un seul peuple qui vive là-

 17   bas, et le nouvel ordre mondial a créé de toute pièce une nation que l'on

 18   appelle les Bosniens. Mais il n'existe qu'une seule nation, un seul peuple

 19   là-bas tous parlant un groupe de dialectes qui se ressemblent énormément et

 20   qui sont tous des dialectes du Serbe.

 21   En Bosnie-Herzégovine, il y a des Serbes de confession orthodoxe, des

 22   Serbes de confession musulmane, et des Serbes de confession catholique.

 23   Mais pour prouver un génocide, il fallait bien inventer des nations, donc

 24   on a créé des Musulmans en leur donnant une capitale et en faisant une

 25   nation, et plus tard des Bosniaques, même si en fait ce mot Bosniaque ne

 26   signifie rien du tout. Les Bosniaques sont en fait des Bosniens, ce qui

 27   n'est rien d'autre qu'une sorte de prototype archaïque. Tout cela je le

 28   savais, je l'avais même anticipé dans mon travail. J'ai expliqué ce que

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  1   c'était que les Serbes, quels étaient les termes qui servaient à désigner

  2   les Serbes, et cetera. Les détails de la mise en œuvre de ce scénario

  3   autour de Srebrenica, mais c'est resté parfaitement inconnu; pendant cette

  4   période, en effet, j'étais principalement en Russie. J'y ai passé le gros

  5   de mon temps, j'ai visité, bien sûr, pendant cette période Pale et Banja

  6   Luka et j'y ai donné des cours, mais le détail de la situation ne

  7   m'intéressait pas. Je connaissais le scénario du  nouvel ordre mondial, et

  8   je savais qu'on était en train de le faire appliquer à Srebrenica et ce

  9   n'était pas seulement les Serbes de confession musulmane et les mercenaires

 10   étrangers qui s'en chargeaient mais aussi des Serbes de la confession

 11   orthodoxe impliqués dans cette opération. Je ne pouvais pas. Je n'allais

 12   pas faire de conjectures sur ces questions, je cherchais simplement à

 13   trouver la signification de ce texte qu'il y ait là des significations

 14   cachées ou pas.

 15   Malheureusement, je vois que, dans ce Tribunal, notre Tribunal, si on peut

 16   dire que c'est notre Tribunal, M. Clinton n'est pas présent. C'est parce

 17   que si on parle de quelqu'un qui a conçu ces plans, donc il est responsable

 18   pour l'exécution de ce plan. Il n'y a pas non plus de ceux qui ont quitté

 19   Srebrenica les représentants de la communauté internationale, c'est-à-dire

 20   du Bataillon néerlandais ne sont pas ici non plus, donc ici on ne voit que

 21   des accusés qui ont été des personnes qui ont été utilisées pour faire

 22   exécuter ce scénario. La guerre en Bosnie-Herzégovine a été provoquée de

 23   l'extérieur, les objectifs de cette guerre étaient tout à fait autres à

 24   savoir c'était pour accuser le peuple serbe pour le génocide même s'il

 25   n'aurait pas, s'il n'y avait pas de génocide, parce qu'il ne s'agit pas de

 26   notre peuple. Il s'agit du même peuple, il s'agit des Serbes d'un côté de

 27   religion orthodoxe et de l'autre de religion islamique et de religion

 28   catholique.

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  1   Il faut souligner également qu'avant il y avait des Serbes qui ont

  2   adopté la religion de Moise avec les Serbes orthodoxes, ils ont souffert,

  3   ils ont été liquidés à Jasenovac et Jasenovac était un lieu d'exécution des

  4   Serbes, et Weisenthal, dans ses analyses, ne le mentionne pas du tout.

  5   Q.  Merci pour cette réponse. 

  6   M. HAYNES : [interprétation] Pour ce qui est des documents, est-ce qu'on

  7   peut afficher 7D917 dans le prétoire électronique ?

  8   Q.  Pouvez-vous nous dire qu'il s'agit de l'analyse linguistique que vous

  9   avez rédigée par rapport aux rapports de combat du 15 et du 16 juillet 1995

 10   ?

 11   R.  Je peux confirmer qu'il s'agit de cette analyse parce que moi je

 12   dispose d'une version qui se trouve dans les documents que vous m'avez

 13   communiqués et j'ai une autre version qui est dans mon ordinateur et que je

 14   l'ai fait imprimer et c'est authentique et ce sons des versions identiques.

 15   Mais la version en serbe donc fait autorité, je la considère comme la

 16   version authentique.

 17   Q.  Merci. Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez vu votre tâche lors

 18   de la rédaction de ce rapport ? Comment vous l'avez comprise ?

 19   R.  J'ai dû me pencher sur la structure du texte du rapport de combat et

 20   procéder à l'analyse du texte, à savoir de voir tous les points

 21   contestables et qui sont intéressants du point de vue de l'analyse

 22   linguistique, donc il a fallu que je jette un peu plus de lumière sur ces

 23   points. D'ailleurs, l'objectif de cette analyse linguistique a été bien

 24   défini dans l'analyse même, c'est-à-dire il a fallu donc définir la

 25   signification du paragraphe où les prisonniers de guerre ont été

 26   mentionnés. J'ai pensé que c'était important pour l'analyse du texte du

 27   rapport. Deuxièmement, il a fallu montrer le lien entre ce paragraphe et

 28   d'autres paragraphes parlant de la situation sur le terrain et des tâches

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  1   et des obligations de la Brigade d'infanterie de Zvornik.

  2   Troisièmement, il a fallu montrer les liens entre le texte du rapport

  3   de combat intérimaire du commandement de la Brigade de Zvornik d'Infanterie

  4   du 15 juillet 1995 à 19 heures 15 avec le rapport de combat intérimaire du

  5   commandement de la Brigade de Zvornik d'Infanterie du 16 juillet 1995 à 18

  6   heures 10. Donc c'était le cadre dans lequel j'ai procédé à mon analyse.

  7   Q.  J'aimerais qu'on s'occupe maintenant du rapport du 16 juillet. Je ne

  8   veux pas parcourir votre rapport tout entier, j'aimerais tirer au clair

  9   quelques-unes de vos remarques, de vos observations.

 10   M. HAYNES : [interprétation] Est-ce qu'on peut aller à la page 12 en

 11   anglais ? Il s'agit du passage numéro 8 -- ou plutôt, du chapitre numéro 8,

 12   et dans la même page en B/C/S. Merci.

 13   Q.  Pouvez-vous me dire qu'est-ce que c'est la langue B/C/S ?

 14   R.  Je vous prie d'utiliser le terme la langue serbe et non pas la langue

 15   B/C/S, mais il ne m'importe pas s'il s'agit de la prononciation ékavienne

 16   ou ijekavienne, ça m'est tout à fait égal parce que mon texte a été écrit

 17   en version ékavienne, mais dans le prétoire, je vais utiliser la version

 18   ijekavienne parce qu'en Bosnie-Herzégovine, tout le monde parle serbe avec

 19   la prononciation ijekavienne, et cela ne pourrait que faciliter l'analyse.

 20   L'exception par rapport à cela ce sont ces rapports de combat parce que,

 21   dans la JNA, il était habituel de voir les textes en alphabet latin mais on

 22   les prononçait en utilisant la version ékavienne de la langue serbe.

 23   Q.  Je pense que vous avez déjà répondu à ma question suivante pour ce qui

 24   est du rapport du 16 juillet, vous avez en fait dit que le rapport a été

 25   écrit dans un dialecte mais que l'annexe a été dactylographié, a été donc

 26   écrit dans un autre dialecte. Pouvez-vous m'expliquer cela ? Si vous avez

 27   omis de dire quelque chose par rapport à cela, pouvez-vous nous le dire

 28   maintenant ?

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  1   R.  Ce rapport a été écrit dans la version ékavienne parce que l'analyse

  2   plutôt linguistique, je l'ai écrite en version ékavienne parce que le

  3   rapport également a été écrit dans la version ékavienne en utilisant

  4   l'alphabet cyrillique et l'analyse également. Ce n'est pas obligatoire mais

  5   c'est souhaitable.

  6   Le deuxième texte, que j'ai analysé également pour voir quel était le

  7   lien entre les deux textes, les deux rapports, à été écrit dans la version

  8   ékavienne mais il y avait des endroits où la version ijekavienne est

  9   utilisée. J'ai pu donc conclure qu'il s'agissait de l'influence de la

 10   personne qui dactylographiait le rapport, qui parlait de la version

 11   ijekavienne de la langue serbe et qui, apparemment, n'a pas servi assez

 12   longtemps dans la JNA; sinon, il aurait donc dû écrire et parler la version

 13   ékavienne sans faute parce qu'il s'agissait de la langue qu'on utilisait

 14   pour commander. Bien sûr, j'ai donc pris en compte ces erreurs en concluant

 15   que ces erreurs ont été commises par la personne qui utilisait la version

 16   ékavienne, donc on peut comprendre ces erreurs parce que où on a la lettre

 17   "jat" à deux éléments, il n'y a pas d'erreur. Par exemple, "cele", "linija

 18   fronta" cela veut dire les lignes entières du front. En Ekavien, c'est

 19   "cijele." Donc on a "cela" et "cijele," en Ekavien et en Ijekavien, et les

 20   erreurs sont plus fréquentes où on a la lettre "jat" a un élément, où il

 21   n'y a pas de deux syllables, quelqu'un qui dicte un rapport de combat

 22   intérimaire, et qui par la version ijekavienne, il va écrire "isvijesta"

 23   [phon] c'est-à-dire version ijekavienne. Donc on mélange Ekavien et

 24   Ijekavien dans la langue littéraire serbe, et cela en fait ne provenait pas

 25   du commandant cela est la conséquence de la prise des notes inexactes de la

 26   part de la personne qui dactylographiait le texte et celui qui a écrit le

 27   première texte n'a pas commis d'erreur nulle part, donc il a dactylographié

 28   le texte comme il fallait, comme le texte lui a été dicté.

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  1   Q.  Quelle est la différence entre ces deux dialectes ?

  2   R.  Il ne s'agit pas de dialecte du tout. Il s'agit de deux versions de

  3   prononciation de la langue littéraire. La première version, c'est Vuk

  4   Stefanonic Karadzic qui l'a définie, et au début, il s'agissait de la seule

  5   prononciation officielle de la langue littéraire serbe. Après quoi, au XIXe

  6   siècle, une vingtaine d'années, à savoir 25 ans après la mort de Vuk

  7   Karadzic, la version ékavienne a été introduite dans la littéraire serbe,

  8   mais cette version est identique à la version ijekavienne, et tout

  9   simplement la lettre "jat" a été utilisée dans la version ékavienne,

 10   maintenant, à savoir que la base des deux versions et le discours des gens

 11   de l'Herzégovine orientale, et de la région de la ville de Niksic, il

 12   s'agit du discours utilisé à la frontière entre la Bosnie-Herzégovine et le

 13   Monténégro et la Serbie. Donc la version ékavienne ne se fondait pas sur le

 14   dialecte ijekavienne, mais plutôt sur Ijekavien. Il s'agit d'une seule

 15   langue littéraire qui a deux variantes, deux versions, et dans le discours

 16   spontané des gens ces deux versions ne sont pas facilement perceptibles et

 17   quelqu'un qui parle Ijekavien après vous ne pouvez pas vous souvenir s'il

 18   parlait Ijekavien ou Ekavien. Cela veut dire que ces deux variantes d'une

 19   seule langue littéraire sont à un tel point semblable que cela fait -- cela

 20   constitue une même langue littéraire serbe.

 21   Q.  Merci.

 22   M. HAYNES : [interprétation] J'aimerais que vous regardiez le chapitre 5 de

 23   votre rapport, c'est à la page 5 en anglais, et je pense que c'est à la

 24   page 6 en serbe.

 25   Q.  Vous avez déjà dit certaines choses par rapport à cela, Professeur

 26   Marojevic, mais vous avez dit que ce rapport du 15 juillet est un texte

 27   officiel un texte juridique, pouvez-vous nous dire quels sont les

 28   caractéristiques de ce type de texte ?

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  1   R.  Un texte officiel juridique ou le style juridique plutôt est l'un des

  2   cinq styles fonctionnels qui existe dans la langue serbe ainsi que dans

  3   d'autres langues slaves. Quels sont les autres styles fonctionnels ? Il

  4   existe le style scientifique en tant que style fonctionnel donc la langue

  5   utilisée dans les ouvrages scientifiques. Ensuite le style qu'on utilise

  6   dans la langue parlée. Ensuite la langue qu'on utilise dans le journalisme,

  7   et finalement la langue qu'on utilise dans des œuvres littéraires. Par

  8   rapport à ces autres styles, le style juridique ou officiel en tant que

  9   style fonctionnel a une structure la plus stricte, c'est-à-dire on n'a pas

 10   avoir des éléments qui ne sont caractéristiques que de la langue parlée.

 11   C'est un style où il faut exprimer des pensées de façon claire et

 12   distincte. C'est un style fonctionnel du langage où on ne peut pas omettre

 13   des éléments qui selon les règles du système linguistique peuvent être

 14   mettre.

 15   Il s'agit d'un style fonctionnel où on essaie de ne pas utiliser

 16   d'expression ambiguë, à savoir il faut que le sens du texte soit le même

 17   pour celui qui l'écrit et pour celui qui le lit, et dans notre cas, pour

 18   ceux qui l'interprètent ou qui essaient de l'utiliser pour accuser ou pour

 19   défendre une personne qui est accusée pour avoir commis certains actes.

 20   Q.  Si vous regardez ce paragraphe encore un peu de temps, vous parlez du

 21   fait que tous les paragraphes du rapport représentent une unité sémantique

 22   pour ce qui est du sens de ces paragraphes. Pouvez-vous développer cette

 23   pensée ?

 24   R.  Lorsque au début de ce paragraphe numéro V où il s'agit de : "La

 25   structure du rapport de combat intérimaire du 15 juillet 1995," ce qui

 26   était donc l'objet de l'analyse linguistique, lorsqu'on dit dans ce

 27   paragraphe que tous les paragraphes représentent une unité de sens, au

 28   début, on dit que cette unité de sens est composée d'une, deux, ou

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  1   plusieurs phrases. Quand tous les paragraphes -- si tous les paragraphes

  2   représentent -- étaient composés d'une seule phrase, dans ce cas-là, ces

  3   unités sémantiques ou de sens ne pourraient pas être analysées parce qu'on

  4   voit que le texte donc divisés en paragraphes.

  5   Dans le texte du rapport, il y a deux ou plusieurs phrases dans certains

  6   passages ou paragraphes, ces deux ou ces plusieurs phrases on pourrait donc

  7   les composer différemment en utilisant des points ou des virgules, pour les

  8   réorganiser en des phrases plus complexes. Le troisième critère qui est

  9   facilement -- qu'on peut facilement prouver n'était pas relié. Une partie

 10   du texte d'un paragraphe, une partie du texte d'un autre paragraphe sans

 11   modifier le texte même. Donc tous les arguments présentés ici démontrent

 12   que les paragraphes ou les passages sont des unités indépendantes,

 13   autonomes et la personne qui dictait le rapport et la façon qui est

 14   dactylographiée n'a pas commis cette erreur, à savoir non pas regrouper

 15   plusieurs paragraphes ou n'ont pas commis l'erreur de diviser une unité en

 16   plusieurs paragraphes.

 17   Cela veut dire que tous les paragraphes représentent des unités

 18   autonomes du point de vue logique et sémantique. Ces paragraphes pourraient

 19   être des unités syntaxiques mais ce style a exigé que le texte soit précis

 20   ou le plus précis possible. Si on met des points dans ces passages à la fin

 21   des unités syntaxiques, cela est nécessaire pour comprendre le sens qui

 22   doit être en tout cas complets et transparents et clairs.

 23   Q.  Vous avez fait référence à cela dans votre réponse, saviez-vous comment

 24   ces deux documents ont été créés, à savoir saviez-vous que ces textes ont

 25   été dictés ?

 26   R.  Dans ce sens-là, on peut arriver à la conclusion selon laquelle le

 27   texte a été dicté, et que la personne, qui a écrit le texte, l'a écrit sur

 28   la base de cette dictée. On peut supposer que la personne, qui a dicté le

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  1   texte, comme on dit, en langue serbe en utilisant le discours pédagogique,

  2   ils disaient probablement point à la fin de chaque phrase et ils disaient

  3   probablement aller à la ligne ou commencer le "nouveau paragraphe," ou il

  4   fallait commencer le "nouveau paragraphe."

  5   Ou bien il était possible pour produire ce texte; il était possible que la

  6   personne, qui a dicté, avait une sorte de structure préétablie avant la

  7   dictée du texte quand il s'agit de la teneur du texte et qu'il a peut-être

  8   fait une sorte d'ébauche de tous les paragraphes pour pouvoir par la suite

  9   écrire plus facilement le texte qui dans ce sens-là représente une unité et

 10   également une structure qui a été créée ou rédigée selon les règles

 11   précises.

 12   M. HAYNES : [interprétation] Est-ce qu'on peut aller à la page 7 du rapport

 13   ? C'est dans la version en anglais et je pense que cela se trouve à la page

 14   8 dans la version en serbe.

 15   Q.  Il s'agit du chapitre IV [comme interprété] de votre rapport -- donc

 16   dans le chapitre VI de votre rapport : "L'analyse linguistique du texte,"

 17   vous posez quatre questions. Je ne vais pas les lire parce que je suis

 18   certain que vous les connaissez. Dites-moi : pourquoi vous vous êtes posé

 19   ces quatre questions dans ce chapitre ?

 20   M. HAYNES : [interprétation] Dans la version en serbe, ça se trouve à la

 21   page précédente.

 22   LE TÉMOIN : [interprétation] Dans le chapitre : "L'analyse linguistique du

 23   texte," qui représente la partie centrale de cette analyse linguistique,

 24   j'ai posé les questions pour lesquelles j'ai pensé quelles pouvaient être

 25   intéressantes pour comprendre le sens de ce texte. La première question est

 26   : "Ce commandement ne peut plus s'occuper de ces problèmes." C'est un

 27   paragraphe à part et il a fallu analyser cela du point de vue du contexte

 28   pour dire quels étaient les problèmes, au pluriel, qui sont contenus dans

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  1   le texte pour qu'il n'y ait pas de mauvaise interprétation du texte surtout

  2   si cette personne ne parle pas la langue serbe en tant que sa langue

  3   maternelle. J'ai utilisé les arguments pour démontrer que cela ne concerne

  4   pas le paragraphe précédent, mais plutôt les premiers cinq paragraphes qui

  5   sont les paragraphes clés. Parce que le sixième paragraphe ne représente

  6   qu'une remarque secondaire et s'il ne s'agissait pas de textes juridiques

  7   officiels, s'il ne s'agissait pas de rapports de combat, ce paragraphe

  8   précédent aurait joué le rôle de notes de bas de page parce que c'est une

  9   sorte de remarque secondaire, une sorte de commentaire de ce qui a précédé.

 10   Il a fallu expliqué cela.

 11   Ensuite j'ai posé la question pour ce qui est de la fonction du mot

 12   "sécurité," sécurité et "assainissement" du terrain. Si l'orthographe est

 13   correcte, et il n'y a aucune raison que cela ne soit pas correct

 14   d'ailleurs, et je n'ai pas d'autres textes similaires pour voir que le mot

 15   "sécurité" figure comme une unité donc il a fallu expliquer quelle était la

 16   nature de sécurité. Est-ce qu'il s'agissait de la sécurité en tant qu'une

 17   entité indépendante et quel était le sens de cette sécurité ? Ou bien il

 18   s'agissait de la sécurité du terrain comme "l'assainissement" du terrain.

 19   Ensuite il a fallu expliquer quel était le lien entre le terme "laisser

 20   partir." Est-ce que cela pourrait signifier relâcher de la prison ?

 21   Donc il a fallu voir dans quel contexte l'expression "laisser partir"

 22   pouvait être utiliser et avec quelles exceptions parce qu'il y a des mots

 23   qui ont une exception autonome lorsqu'ils sont utilisés de façon autonome,

 24   indépendante et qui et le même mot ont une autre exception dans des

 25   syntagmes. Lorsqu'on dit "laisser partir," veut dire, par exemple, est-ce

 26   que vous les avez passé, vous les avez laissé entrer ou sortir, et dans le

 27   contexte de prison, si on ajouter "laisser partir," quelqu'un de la prison,

 28   cela veut dire qu'il s'agit du style juridique officiel. On ne peut pas

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  1   laisser partir quelqu'un de prison ou de détention, on ne peut pas donc

  2   mettre le verbe "pustiti," "laisser partir" à côté du mot "détention" ou

  3   "prison," donc on ne peut que "relâcher" ou "libérer" quelqu'un d'une

  4   prison ou d'une détention. Vu les possibilités que la langue serbe offre

  5   sur le plan linguistique, on peut conclure qu'il était donc bien d'utiliser

  6   le dictionnaire de la langue serbo-croate comme on l'appelait à l'époque.

  7   Les auteurs de ce dictionnaire l'ont créé en utilisant beaucoup de fiches

  8   et ils n'étaient pas en mesure de supposer que quelqu'un un jour donnerait

  9   cette acception "laisser partir." Donc les lexicographes ont défini

 10   l'acception du verbe "laisser partir" pour [imperceptible] si cela confirme

 11   l'emploi de ce verbe aujourd'hui, sans équivoque. Est-ce qu'on peut

 12   vérifier ? En plusieurs certaines expériences sans exception, dans ce cas-

 13   là, je dois dire qu'il a fallu expliquer quel était le lien de l'expression

 14   verbale "laisser partir" et l'expression verbale "laissez-passer

 15   quelqu'un," et quel est le lien de ces deux expressions avec les

 16   prisonniers du paragraphe précédent, à savoir notes de bas de page, comme

 17   je l'ai appelé tout à l'heure. Bien sûr, l'analyse va montrer très

 18   clairement sans dilemme ce qui représente l'analyse de ce verbe, parce que

 19   j'ai utilisé non seulement une méthode mais plusieurs méthodes, toutes les

 20   méthodes possibles pour définir la signification de ce verbe. J'ai utilisé

 21   toutes les quatre méthodes. Toutefois on employant les quatre méthodes,

 22   elles démontrent de façon absolue que cette analyse est correcte.

 23   Si ce n'était pas en ce qui concerne le Tribunal, pour le Tribunal,

 24   si ce n'était pas un rapport d'expert, si c'était purement et simplement

 25   une analyse linguistique, à ce moment-là, il suffirait que je dise que l'on

 26   peut employer en une seule phrase ou une note de bas de page le terme

 27   "laisser partir," "let go" ne peut pas vouloir dire "libérer," "relâcher,"

 28   à moins qu'il y a un développement qui vienne après en disant qu'il s'agit

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  1   bien de laisser partir ou relâcher quelqu'un qui a été capturé.

  2   Il y a une anecdote concernant une personne qui avait fait prisonnier

  3   un ennemi, et ensuite il appelle un ami et il dit : "Je l'ai capturé, je

  4   l'ai fait prisonnier." La réponse est : "Si tu l'as capturé, amène-le."

  5   Ensuite le premier dit : "Mais il ne veut pas venir ou il ne veut pas

  6   partir." Le deuxième dit : "S'il ne veut pas partir à ce moment-là, laisse-

  7   le partir." Ensuite le premier dit : "Mais je le laisserai bien partir mais

  8   il ne veut pas me lâcher." Ce qui veut dire que si vous capturez quelqu'un,

  9   vous lui liez les mains ou vous l'entravez d'une autre manière. Vous

 10   pouvez, à ce moment-là, le relâcher ou le lâcher. Mais on ne peut pas

 11   utiliser le verbe lâcher ou relâcher en ce qui concerne un prisonnier,

 12   "laisser aller," il n'y a rien qui permet d'indiquer de montrer que ce

 13   verbe peut avoir ce sens. Il n'y a pas d'exemple unique de cela à

 14   l'évidence. J'ai pris, j'ai tenu compte des éléments qui pouvaient seuls à

 15   être pertinents pour le Tribunal et donc il y a ce dictionnaire de la

 16   langue croate et de la langue serbe, dictionnaire historique mais je n'ai

 17   pas voulu le prendre avec moi. Ça n'était pas d'un point de vue historique

 18   que se posait la question. Mais je voulais simplement trouver ce que j'ai

 19   dit.

 20   J'ai également utilisé une grande base de données pour la langue

 21   serbe et croate, langue littéraire, l'Académie serbe des sciences et des

 22   arts, toutefois ce dictionnaire n'en est pas encore à la lettre P qui

 23   correspondrait au mot en serbe "pour laisser aller." Toutefois tout ce qui

 24   se trouve dans la base de données où qu'il y a un très grand nombre

 25   d'exemples qui illustrent ce que ou qui démontrent ce que j'affirme, à

 26   savoir que le verbe "laisser aller" ne peut pas être utilisé seul dans le

 27   sens de "relâcher" ou "libérer de prison," d'une part; d'autre part, en

 28   tout état de cause, s'il peut, s'il s'agit de laisser quelqu'un sortir ou

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  1   entrer ou laisser passer, voilà l'analyse qui était à l'évidence

  2   indispensable pour que le texte puisse se voir attribuer sa pleine

  3   signification. Pas seulement du point de vue d'un expert linguistique, pas

  4   seulement pour ce qui est d'un locuteur concernant la langue maternelle

  5   pour le serbe, mais également pour tous les autres. Pour ceux qui

  6   apprennent la langue, pour ceux qui l'interprètent vers l'anglais, pour

  7   ceux qui utilisent le texte anglais de façon à comprendre la langue serbe,

  8   pourraient attribuer à la langue serbe une charge qu'elle n'a pas et dont

  9   qu'il ne faudrait pas lui reprocher, une charge significative.

 10   Il n'y a pas de mot voulant dire "laisser aller" qui pourrait vouloir

 11   dire aussi relâcher de prison. Donc il serait vain d'accuser la langue

 12   serbe d'avoir essayé de tenter ceci, et là, je suis ici pour défendre la

 13   langue serbe d'une façon scientifique.

 14   M. HAYNES : [interprétation] Pourrions-nous, s'il vous plaît, voir la page

 15   16 de votre rapport en anglais et 18 en serbe, peut-être 17 en serbe.

 16   Q.  Le paragraphe 3, page 16 de l'anglais. Il est question, Professeur

 17   Marojevic, du rapport de combat provisoire intérimaire du 16 juillet. Je

 18   voudrais regarder s'il vous plaît avec vous l'avant-dernière phrase qui se

 19   lit en anglais :

 20   "J'ai demandé qu'un policier qui avait été fait prisonnier et les soldats

 21   que j'avais pris soient relâchés, "released," en anglais.

 22   Alors quel est le verbe qui est utilisé par l'auteur dans cette phrase-là ?

 23   R.  Pour commencer un premier éclaircissement, ce n'est pas l'avant-

 24   dernière, c'est la troisième phrase avant la fin. C'est l'antépénultième.

 25   Alors ce n'est pas à moi, c'est peut-être pour la partie adverse de dire

 26   que ce n'est pas l'avant-dernière phrase mais l'antépénultième. Nous devons

 27   être bien clair pour ce qui est de la structure du texte proprement dit.

 28   Le mot, qui est employé, est "oslobodjenje" être relâché ou relâché. C'est

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  1   un verbe, un nom, c'est un gérondif. En serbe, vous pourriez dire : j'ai

  2   demandé que le policier capturé soit relâché. Mais au lieu de cela, ce qui

  3   est c'est, j'ai demandé la libération du policier capturé. C'est

  4   parfaitement clair. Ce verbe, le verbe donne un substantif qui est

  5   "oslobodenje." C'est donc utilisé dans le style qui convient. Bien entendu,

  6   il n'est pas remplacé par "laisser-passer" ou "relâcher," verbe "pustiti,"

  7   "pustanje. C'est le verbe qui convient qui est utilisé, c'est-à-dire c'est

  8   le mot qui doit être employé si l'on veut donner ce sens-là pour dénoter

  9   cette signification : "oslobodjenje," "osloboditi" veut dire relâcher de

 10   prison, libérer de prison. Dans l'ancienne langue, ce n'était pas "sloboda"

 11   pour libérer; c'était "svobode," pour liberté, mis en liberté.

 12   Q.  Quelle signification est-ce que vous attribuez au fait que l'auteur a

 13   employé les mêmes termes dans ce rapport mais pas deux fois dans le même

 14   rapport du 15 juillet ?

 15   R.  Ceci montre tout simplement que dans le rapport précédent le mot n'a

 16   pas été employé dans ce sens-là. Ce sens-là n'était pas présent dans la

 17   phrase puisqu'il n'y avait pas cette signification-là le mot correspondant

 18   à ce sens-là n'a pas été employé. Ce qui était dit là c'est que tout le

 19   monde devait être autorisé à passer, tout le monde devait pouvoir passer,

 20   laisser passer, laissez-les tous passer parce que nous voyons dans les

 21   passages qui précèdent que le commandant était prêt à laisser passer tous

 22   les civils. Un peu plus loin, plus tard, laisser tout un chacun, tout le

 23   monde aller, y compris ceux qui étaient armés, les laisser tous sortir ou

 24   passer. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé ce texte postdaté qui

 25   jette un jour, qui fait la lumière sur le texte précédent du point de vue

 26   sémantique et du point de vue lexical.

 27   Q.  Je vous remercie. Je voudrais maintenant que nous passions à une ou

 28   deux autres choses.

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  1   M. HAYNES : [interprétation] Pourrait-on voir, s'il vous plaît, le document

  2   7D109 ?

  3   Q.  Il s'agit d'une question assez simple en fait. Vous parlez dans votre

  4   rapport de façon approfondie du lien conceptuel entre le mot "oslobodjenje"

  5   et "terena." Le mot "oslobodjenje" et le mot "terrain," donc l'un des

  6   paragraphes du rapport de combat. Dans ce document, le deuxième et le

  7   troisième mot du texte que nous voyons sont "oslobodjenje" et "terena" et

  8   "teritorija." Y a-t-il une différence de sens entre "terena" et

  9   "teritorija," à votre avis ?

 10   R.  Il s'agit là de synonymes. En pratique, dans tout contexte, il est

 11   possible d'employer bon assurer la sécurité de territoire ou d'assurer la

 12   sécurité de terrain comme interchangeable. Territoire et terrain ne sont

 13   pas à 100 % des synonymes. Ce ne sont pas -- ils ne sont pas toujours

 14   utilisés avec le même sens pour assurer la sécurité des territoires et

 15   assurer la sécurité d'un terrain, ça se sont des synonymes complets. Ces

 16   colocations et ces groupes ensembles deviennent des synonymes absolus. La

 17   seule chose que je puis dire à ce sujet c'est que pour ce qui est de la

 18   logique du texte dans le texte que l'on voie sur la droite, on voit écrit

 19   "aux fins d'assurer la sécurité," et dans l'original, on voit "teritorij" -

 20   - au lieu de "teritorija," on voit "teritorij," qui est la variante

 21   employée à Zagreb et le génitif correct de Zagreb devrait être

 22   "teritorija." Quoi qu'il en soit assurer la sécurité du territoire ou

 23   assurer la sécurité du terrain cela veut dire la même chose, c'est le même

 24   sens et ils sont interchangeables.

 25   Q.  Sur ce point encore pendant un instant, pourriez-vous nous aider en ce

 26   qui concerne la dérivation étymologique du mot "obezbedjenje ?"

 27   R.  "Obezbedjenje," ou dans la version ékavienne, "besbijadjenje" est un

 28   mot serbe mais il a été repris à l'origine du mot russe "abispecinja,"

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  1   [phon] que les politiciens russes utilisent souvent en plaçant l'accent

  2   tonique au mauvais endroit en disant "abispecinja." Il peut être utilisé

  3   dans toutes sortes de significations. Ça peut vouloir dire assurer la

  4   sécurité du terrain, par exemple, contre des glissements de terrain lorsque

  5   les pluies torrentielles font bouger les rochers et le sol. A ce moment-là,

  6   il faut assurer la sécurité du terrain. Mais ici dans ce sens-ci, il s'agit

  7   d'un mot employé de façon transitif. On ne peut pas dire simplement assurer

  8   la sécurité tout courte, il faut dire assurer la sécurité de quoi ?

  9   C'est une caractéristique de la langue serbe voire peut-être, peut-être pas

 10   de la langue russe qui est la langue source mais "obezbedjenje," a

 11   également un autre emploi qui est indépendant du précédent et qui n'est pas

 12   transitif. De nos jours, nous avons le service de sécurité, par exemple, et

 13   en abrégeant le groupe de mots on peut dire simplement sécurité en omettant

 14   le mot service de, les mots service de. Donc toutefois l'origine

 15   "obezbedjenje" est le mot russe "abispecinja," et le Conseil de sécurité en

 16   russe serait-ce -- ça devient "abispecinja." Notre langue, elle a évolué de

 17   différentes manières sous l'influence de la langue littéraire serbe mais

 18   aussi de la langue littéraire tchèque. Ce sont des langues slaves l'une et

 19   l'autre; l'une orientale, l'autre occidentale et elles ont utilisé des

 20   variantes, à la fois utilisée à l'est à Zagreb et également à l'ouest, mais

 21   c'est la variante utilisée à Zagreb avec les variantes de base, l'Ekavien,

 22   et ce qui est employé dans les territoires serbes. Donc la conclusion ici

 23   serait que "obezbedjenje" est la même chose qu'au "obezbedjenje terena,"

 24   bon assurer la sécurité du terrain. Pour ce qui est "asanacija," joint à la

 25   sécurité la règle est très précise, très stricte et la phrase dans son

 26   ensemble se lirait "assurer la sécurité du terrain et le nettoyer,"

 27   "obezbedjenje et asanacija." Je peux dire "obezbedjenje teritorija,"

 28   assurer la sécurité du terrain est un des sens et que si j'avais un autre

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  1   texte j'aurais pu l'employer pour faire des liens intertextuels parce que

  2   les liens intertextuels ne sont pas nécessairement établis entre deux

  3   textes émanant de la même personne, mais les textes qui sont dans la même

  4   langue.

  5   Q.  Alors, un dernier point sur cet aspect. Vous avez dit un peu plus tôt

  6   que le mot "obezbedjenje" est toujours employé de façon transitive, et on

  7   ne peut pas dire "assuré" ou "sécurité." Il faut toujours dire sécuriser

  8   quoi" Alors, que voulez-vous dire en fait par mot d'"emploi transitif" ?

  9   R.  Un verbe transitif est un verbe qui se défini comme étant employé avec

 10   adjonction pour laquelle on emploi l'accusatif, le cas accusatif. Mais il y

 11   a des verbes qui peuvent être employés sans cette adjonction ou avec. Il y

 12   a également des verbes transitifs. Alors, des verbes qui sont purement

 13   transitifs ne sauraient exister sans avoir cette adjonction. Quelle est la

 14   différence ? Cette différence est très importante, lire et lire un livre.

 15   "Lire" est un verbe transitif, et il peut -- il n'a pas nécessairement

 16   besoin d'avoir un objet. Si je dis je lis un livre, alors, lire fait partie

 17   -- un membre de la phrase et le livre est l'objet, complément d'objet.

 18   Alors, sécuriser le territoire, ce ne sont pas deux éléments de la phrase,

 19   c'est un seul élément. "Je sécurise," ne voudrait rien dire si je n'ajoute

 20   pas "territoire" dans ce cas. Une analyse syntaxique dans ce cas montre

 21   clairement que je sécurise ou j'assure la sécurité du territoire du

 22   terrain. Tout ceci est l'objet de la phrase. Si l'analyse linguiste ne peut

 23   pas séparer les deux, le droit ou la loi ne saurait le faire non plus. Si

 24   vous sépariez les deux mots, à ce moment-là vous perdiez le sens, la

 25   signification. Donc ce n'est pas seulement un verbe transitif, c'est un

 26   verbe transitif qui exige, qui appelle un objet. Il faut d'ailleurs que cet

 27   objet soit un substantif employé à l'accusatif. Donc on n'appellerait ça un

 28   élément paraphrastique, de paraphrase. Mais nous ne parlons pas de la

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  1   langue anglaise ici, même s'il y a des éléments syntaxiques qui existent

  2   également en anglais, c'est seulement la langue du peuple serbe qui est

  3   maintenant examinée ici. La langue serbe est accusée également d'avoir à

  4   porter des significations que quelqu'un voudrait lui imposer, et je

  5   garantis qu'il n'a pas ce sens-là. J'ai défendu la langue serbe dans le

  6   passé, et avec succès, contre des tentatives visant à évacuer les variantes

  7   ijekaviennes de la langue serbe en Bosnie-Herzégovine, où on avait tenté de

  8   prouver que les Serbes étaient là les agresseurs. J'ai également défendu

  9   avec succès le dialecte ijekavien comme faisant une partie intégrante de la

 10   langue serbe. J'ai réussi à défendre d'interprétation fallacieuse, et

 11   j'espère en définitive que je serai en mesure de défendre la langue serbe

 12   d'une analyse erronée qui est ici.

 13   Sécuriser le terrain, ou assurer la sécurité du terrain, c'est la

 14   même chose qu'assurer que le territoire ou le terrain. Tout est

 15   parfaitement clair et logique dans ceci.

 16   M. HAYNES : [interprétation] Je crois que j'en ai terminé, mais peut-être

 17   que nous pourrions suspendre l'audience afin que l'on puisse le vérifier.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, c'est une bonne idée, Monsieur

 19   Haynes. Vingt-cinq minutes, s'il vous plaît, nous reprendrons dans 25

 20   minutes.

 21   --- L'audience est suspendue à 10 heures 26.

 22   --- L'audience est reprise à 10 heures 58.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Haynes.

 24   M. HAYNES : [interprétation] Non, je vous remercie.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Zivanovic.

 26   M. ZIVANOVIC : [interprétation] Bonjour, je n'ai pas de questions pour ce

 27   témoin. Merci.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur Zivanovic.

Page 32645

  1   Maître Ostojic.

  2   M. OSTOJIC  [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

  3   Bonjour, Madame, Monsieur les Juges. J'ai quelques questions.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous en prie.

  5   M. OSTOJIC : [aucune interprétation]

  6   Contre-interrogatoire par M. Ostojic : 

  7   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Marojevic. Je m'appelle John

  8   Ostojic; je représente dans cette affaire Ljubisa Beara. J'ai quelques

  9   questions à vous poser, mais je dois préciser, dès le début, que nous ne

 10   sommes pas d'accord avec tout ce que vous avez dit, et notamment en ce qui

 11   concerne la rhétorique politique, la philosophie donc vous nous avez fait

 12   part aujourd'hui, mais je vais essayer de faire abstraction de cela ce

 13   matin et pour me concentrer sur votre rapport.

 14   Monsieur, tenant compte de l'expérience que vous possédez, pouvez-vous nous

 15   dire dans combien d'affaires vous avez déjà témoigné devant un Tribunal en

 16   tant qu'expert ?

 17   R.  Je n'ai jamais été appelé devant ce Tribunal. C'est la première fois

 18   que cela m'arrive, et c'est la première fois que je réalise une analyse

 19   linguistique pour ce Tribunal.

 20   Q.  En dehors de ce Tribunal, y a-t-il d'autres tribunaux ailleurs à

 21   Belgrade, en ex-Yougoslavie, en Russie ou ailleurs, vous ayez déjà témoigné

 22   devant un Tribunal dans un des lieux où vous avez travaillé ou vous avez

 23   étudié ?

 24   R.  Non, je ne suis jamais apparu devant un tribunal, et je n'ai jamais

 25   fourni d'expertise linguistique pour un autre tribunal.

 26   Q.  D'accord. En ce qui concerne le sujet de ce rapport linguistique que

 27   vous avez réalisé, si je ne me trompe, à la lecture de vos notes, les notes

 28   de la séance de récolement d'hier, vous nous avez dit que vous avez analysé

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  1   beaucoup de choses, au-delà de la poésie et de la littérature. J'ai examiné

  2   certaines des analyses que vous avez réalisées dans le domaine de la poésie

  3   et de la littérature, mais n'avez-vous jamais fait une analyse d'un texte

  4   officiel, comme vous l'avez appelé, un texte de style officiel ce qui est

  5   l'un des cinq styles fondamentaux dont vous nous avez parlé dans votre

  6   rapport ? Cela vous est-il déjà arrivé auparavant, ou est-ce que c'est la

  7   première fois que vous faites ce type d'analyse ?

  8   R.  Naturellement j'ai déjà analysé la Code de la loi de Pravda Dusan, des

  9   journaux russes, des lettres qui ont été envoyées au poète Njegos par le

 10   gouvernement du Monténégro, par exemple. Il n'y a pas de limite de genre;

 11   cependant, les textes officiels ne sont, en général, pas d'une telle

 12   importance pour la culture et l'histoire aussi d'une grande importance que

 13   la littérature.

 14   Q.  Vous n'avez donc aucune expérience en ce qui concerne l'analyse de

 15   documents légaux officiels, ceci est la première instance pour vous d'un

 16   tel travail, de fait, vous vous êtes toujours concentré strictement sur la

 17   poésie et la littérature par le passé, n'est-ce pas ?

 18   R.  Rien de ce que vous venez de dire n'est vrai. J'ai déjà réalisé des

 19   analyses de textes constitutionnels, de textes juridiques, notamment

 20   relatifs au code du travail. Ce sont des analyses qui apparaissent

 21   d'ailleurs dans ma bibliographie. Deuxièmement, aucun autre linguiste que

 22   je connaisse n'a jamais réalisé de telle analyse. Il n'y a que moi qui l'ai

 23   jamais fait. Pour analyser une telle analyse, il faut posséder une certaine

 24   connaissance de philologie mais aussi une connaissance du sujet, donc du

 25   type de document officiel légal. Si vous avez examiné ma bibliographie vous

 26   constaterez que j'ai un diplôme de l'école des sciences politiques, et que

 27   vous comprendrez bien que dans une telle faculté on doit forcément examiner

 28   toutes les matières notamment juridiques. J'ai terminé ces études en même

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  1   temps que les études de philologie. Autrement dit, je suis parfaitement

  2   compétent, parfaitement qualifié pour réaliser une analyse linguistique

  3   d'un texte légal, et c'est ce que j'ai fait. Un texte légal, un texte

  4   juridique avec des termes juridiques étant donné le genre dont que je viens

  5   déjà d'expliquer, ne sont pas -- n'est pas du genre à déclencher des

  6   discussions scientifiques. Vous pouvez d'ailleurs examiner mes toutes

  7   premières publications dans le journal des étudiants à Belgrade, où j'ai

  8   analysé moi-même la constitution de ces amendements du point de vue

  9   linguistique. Aucune de ces analyses n'a jamais été remise en cause. Votre

 10   question est d'ailleurs mal faite, elle est mal formulée. Ce que vous

 11   essayez de dire, en fait, c'est que si une personne est capable de faire

 12   une certaine chose infiniment plus compliquée qu'une certaine autre et

 13   qu'il n'a jamais travaillé dans cet autre domaine, alors il n'est pas

 14   capable de faire la chose la plus simple alors qu'il est capable de faire

 15   la plus compliquée. Mais pour examiner un texte légal il faut connaître la

 16   loi. Lorsque j'ai étudié les sciences politiques j'ai passé tous les

 17   diplômes nécessaires dans les matières juridiques.

 18   J'aimerais ajouter, si vous le permettez, que votre première question

 19   et ma première réponse à cette question auraient dû être d'autres

 20   linguistes; n'ont-ils jamais réalisé des analyses de ce type ? J'aurais pu

 21   répondre à cette question, Non. Pourquoi pas ? Parce qu'un linguiste doit

 22   posséder aussi une certaine expertise en matière d'économie, de droit

 23   suffisante pour pouvoir comprendre le fond du texte. C'est mon cas, même si

 24   ce n'était pas l'essentiel de mon domaine de spécialisation.

 25   Q.  Bien. Alors nous allons préciser la question encore. Dans combien

 26   d'affaires avez-vous analysé spécifiquement un rapport de combat militaire

 27   et officiel, comme celui que nous avons sur la table devant nous ? Combien

 28   de fois cela vous est-il arrivé, dans combien d'autres cas ? Si vous pouvez

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  1   être bref cela me faciliterait les choses, je vais d'ailleurs -- je dois

  2   dire que nous n'avons pas énormément de temps. Vous, seul, vous est-il déjà

  3   arrivé plusieurs fois, une seule fois, zéro fois ?

  4   R.  Vous ne pouvez pas répondre à cette question pour moi. J'ai défendu

  5   deux thèses en doctorat de façon scientifique qui correspondaient tout à

  6   fait à ce type de texte de style scientifique en russe et en serbe. La

  7   stylistique du verbe par Pr Tosovic de l'université de Sarajevo, et une

  8   autre thèse.

  9   Q.  Je suis désolé de vous interrompre, je m'en excuse devant le panel des

 10   Juges et, vous, Monsieur le Président. Mais je voudrais savoir combien de

 11   fois il vous est arrivé d'analyser un rapport de combat officiel militaire

 12   au-delà de cette fois-ci; combien de fois ?

 13   R.  Votre question n'a pas de sens. Personne n'a jamais analysé cela.

 14   Q.  Bien. Je vais poursuivre parce que je pense que nous avons la réponse à

 15   la question.

 16   Permettez-moi de vous interroger sur votre affiliation politique, Monsieur.

 17   Etes-vous aujourd'hui membre d'un parti politique ?

 18   R.  J'ai été par le passé membre du Parti radical serbe. J'ai été doyen à

 19   l'époque de l'école de philologie. M. Seselj avait à cette époque formulé

 20   le souhait de me voir devenir membre du Parti radical serbe, mais en fait,

 21   je suis resté membre de façon très formel. Je n'ai jamais participé au

 22   travail du parti. J'ai participé à trois colloques scientifiques pour

 23   défendre M. Seselj. Ce colloque s'est tenu à Belgrade. J'ai également

 24   publié deux articles dans le journal "Grande-Serbie," et publié quelques

 25   études notamment sur "Njegos" et dans un magazine : "Pensée libre serbe."

 26   Q.  Nous allons revenir à ce poste de doyen en 1998 et 1999 à l'université

 27   de Belgrade. Mais ce que je voudrais -- et votre travail au sein du parti

 28   de Vojislav Seselj, mais ce que je voudrais savoir c'est aujourd'hui êtes-

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  1   vous membre d'un parti politique ? Pouvez-vous nous répondre, "oui," ou

  2   "non," peut-être ne le savez-vous même pas ?

  3   R.  Je suppose que si j'étais membre d'un parti, je serais au courant,

  4   Monsieur. Je n'ai jamais rendu ma carte du Parti radical serbe; cependant,

  5   on ne m'invite pas aux réunions et on ne me donne pas de travail à faire.

  6   Donc je peux dire que je ne suis pas membre actif.

  7   Q.  Très bien. Maintenant vous nous avez dit que vous aviez analysé le

  8   droit constitutionnel en 1998, étiez-vous au courant d'une loi passée à

  9   Belgrade juste avant que vous deveniez doyen de la faculté de Belgrade, une

 10   loi que l'on appelait : "La loi universitaire;" est-ce que vous connaissez

 11   cette loi ?

 12   R.  Il ne s'appelait pas comme ça. Mais il s'agissait de l'université

 13   effectivement. C'est une loi qui a été appliquée et que j'ai d'ailleurs

 14   étudiée immédiatement en tant que philologue et en tant que politologue

 15   aussi.

 16   Q.  Beaucoup de gens ont dit à cette époque dans la presse de cette loi

 17   quelle était, je cite : "Qu'elle sapait sérieusement les libertés de

 18   l'université serbe et son autonomie."

 19   Je pourrais vous procurer la pièce que nous avons, qui discute -- qui

 20   parle de cette loi et qui parle de vous spécifiquement comme étant le

 21   linguiste extrémiste, qui a adopté et promu ce type de pensées. Est-ce que

 22   vous estimez, vous aussi, que cette loi sur l'université, adoptée en mai

 23   1998, sape la liberté universitaire ?

 24   R.  Non, je suis en désaccord fondamental avec ce point de vue. Cette loi

 25   ne sapait absolument pas la liberté, ni universitaire ni autre. Elle

 26   précisait simplement que tous les professeurs d'université et autres

 27   membres de la faculté devaient signer des contrats de travail, un contrat

 28   de travail qui était censé les encourager ceux qui travaillaient pour les

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  1   autres. Il est bien connu que toutes les parties d'opposition étaient à

  2   l'époque payées par les services de Renseignement étrangers.

  3   Par ailleurs, vous mélangez les choses. Vous avez dit que j'étais un

  4   linguiste extrémiste ainsi de suite, mais mes activités, en tant que

  5   linguiste, n'ont strictement rien à voir avec le travail que j'ai pu

  6   réaliser en tant que doyen de l'école de philologie. D'ailleurs cela se

  7   voit à ce que la nouvelle administration qui a été mise en place à Belgrade

  8   en l'an 2000 fonctionne selon cette même loi, la loi est restée en vigueur

  9   pendant une très longue période, ces nouveaux partis sont arrivés suite au

 10   putsch, et les nouvelles autorités, la nouvelle administration mise en

 11   place en Serbie -- excuse-moi, je n'ai pas fini, les nouvelles autorités

 12   quand elle ont ré évalué cette loi sur l'université, ont décrété que la

 13   seule personne qui avait entièrement suivi la loi était le doyen Radmilo

 14   Marojevic. C'était une obligation, il fallait que je fasse appliquer la loi

 15   de l'Etat, et mon [imperceptible] était : "dura lex, sed lex," je m'y suis

 16   entièrement assujetti, donc même si une loi peut sembler dure, il faut la

 17   suivre. J'essayais d'ailleurs moi-même de mettre de faire connaître ses

 18   faiblesses et s'il était possible, de les corriger. Par ailleurs, ceux qui

 19   étaient censés signer ce contrat, conformément à la loi, m'ont dit : "Je ne

 20   signerai pas." Je leur ai répondu : "Il faut le signer, c'est votre

 21   obligation; si vous ne signez pas vous ne serez pas en règle."

 22    L'information dont vous disposez est erronée si vous êtes sûr de ce

 23   que vous dites, vous n'avez qu'à me dire comment les libertés

 24   universitaires étaient menacées. L'université de Belgrade et les autres

 25   universités serbes, qui avaient une telle procédure légale et qui

 26   imposaient la signature d'un contrat, ne mettaient en aucun cas la liberté

 27   universitaire en danger. Le contrat de travail ne contraignait pas du tout

 28   les membres de la faculté. Tous les autres états - je suis sûr que le votre

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  1   aussi - ont une loi de ce genre qui prescrit que tout professeur à

  2   l'université doit signer un contrat concernant ses droits et ses

  3   obligations.

  4   Q.  D'accord. Je ne veux pas consacrer trop de temps à cela. Connaissez-

  5   vous un certain Pr Ranko Bugarski ? C'est un nom que vous devez connaître,

  6   n'est-ce pas ? Notamment en ce qui concerne les contrats, c'est un nom qui

  7   revient facilement à l'esprit.

  8   R.  Ranko Bugarski est un sociolinguiste de Belgrade, diplômé d'anglais au

  9   moment où je devenais doyen de l'école de philologie. Il a -- il répondait

 10   à tous les critères nécessaires pour prendre sa retraite. Le doyen

 11   précédent avait étendu son contrat de travail de deux, l'avait prolongé de

 12   deux ans. Lorsque je suis, moi-même, entré en fonction, j'ai décidé que ce

 13   contrat resterait valable jusqu'au 30 septembre 1998, et qu'après cette

 14   date, Ranko Bugarski n'a plus travaillé à l'école de philologie de Belgrade

 15   pendant que j'y étais doyen.

 16   Q.  Donc il a été licencié, Monsieur, alors que juste avant mai 1998, il

 17   avait un contrat prolongé de deux ans. Vous l'avez en fait licencié parce

 18   qu'il était opposé aux politiques nationalistes qui se mettaient en place à

 19   Belgrade à cette époque-là, n'est-ce pas ?

 20   R.  Monsieur, rien de ce que vous venez de dire n'est vrai. Je pourrais

 21   vous démontrer que d'autres critiquaient le gouvernement de Serbie et ses

 22   politiques à cette époque-là sans pour autant avoir été licenciés par moi.

 23   Il s'agissait simplement de faire appliquer la loi sur les universités. M.

 24   Ranko Bugarski était un sociolinguiste, il ne répondait pas en fait aux

 25   critères pour travaillait en tant que sociolinguiste. Il ne connaissait ne

 26   fait ni linguistique ni la sociologie alors qu'il prétend connaître les

 27   deux. En ce qui concerne ses travaux, vous ne les connaissez peut-être pas,

 28   mais je peux vous dire que je les ai critiqués déjà en 1991 dans un ouvrage

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  1   publié par moi. Il se contentait dans son travail de reformuler des slogans

  2   occidentaux sans créer quoi que ce soit de nouveau ou d'utile pour

  3   l'enseignement de la langue anglaise. En tant que doyen de l'école de

  4   philologie, il était de mon devoir de protéger la science et ma profession.

  5   Je n'ai pas -- je savais que la prolongation de son contrat ne devait pas

  6   lui permettre de causer des dégâts à la science et à la profession,

  7   profession d'enseignant de l'école de philologie.

  8   Q.  Veuillez jeter un coup d'œil à la pièce 2D649, s'il vous plaît. Elle

  9   est en anglais, mais je peux vous dire le paragraphe qui concerne le Pr

 10   Bugarski, à moins que vous ne préfériez le lire vous-même. Ce texte se

 11   trouve en haut de la deuxième page. C'est un texte que j'ai trouvé sous le

 12   programme de science et droit de la personne AAA. Il y est question

 13   justement de cette nouvelle loi mise en place à Belgrade à cette époque-là,

 14   en septembre 1998, et concerne les libertés universitaires. Juste au moment

 15   où vous êtes devenu doyen de l'université de la faculté, vous pouvez peut-

 16   être commencer par lire le texte.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Veuillez le lire, s'il vous plaît.

 18   M. OSTOJIC : [interprétation] Je vous remercie.

 19   Je lis donc que : "La nomination de Radmilo Marojevic, en tant que nouveau

 20   -- est nominé nouveau doyen de l'université de la faculté de Philologie, un

 21   membre du SRS" - c'est-à-dire du Parti radical serbe - "et qu'en tant que

 22   professeur de russe, M. Marojevic a décidé qu'un professeur critique des

 23   politiques nationalistes, à savoir Ranko Bugarski, ne pouvait plus

 24   travailler à l'université même si il avait signé un nouveau contrat de deux

 25   ans en mai 1998. Le Pr Bugarski est soutenu par les autres membres de la

 26   faculté, mais conformément à cette nouvelle loi, Marojevic a l'autorité

 27   nécessaire pour annuler ce contrat. Les conséquences des efforts de

 28   Marojevic ne sont pas encore claires, mais des activités arbitraires de ce

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  1   genre ont forcément un impact négatif, significatif sur le climat de

  2   l'université."

  3   Saviez-vous, Monsieur, que les gens écrivaient ce genre de chose vous

  4   concernant lorsque vous êtes devenu doyen de la faculté en 1998 ?

  5   R.  Monsieur, à l'époque-là, on écrit beaucoup plus de choses sur le doyen

  6   Marojevic, encore bien plus que sur Milosevic et Seselj ensemble. Autrement

  7   dit, le nouvel ordre mondial se préoccupait de la position scientifique

  8   constructive, que je défendais à l'époque. En ce qui concerne le Pr

  9   Bugarski, il y a eu des mutations à tous les niveaux dans les études de

 10   Serbie, de Monténégro, de la Republika Srpska, les programmes des études

 11   ont été modifiés, on a retiré ce qui n'était d'aucune activités dans la

 12   linguistique générale et les services du M. Bugarski étaient en fait plus

 13   nécessaires. Pour des raisons scientifiques, donc Ranko Bugarski a été non

 14   pas licencié, son contrat n'a pas été annulé mais modifié, modifié et donc

 15   rendu seulement valable jusqu'au 30 septembre 1998. Ceci était parfaitement

 16   légitime.

 17   M. Bugarski n'a d'ailleurs pas attaqué cette décision en appel et il n'y

 18   avait d'ailleurs pas d'autres possibilités de contester cette décision.

 19   Elle était fondée sur la science, la moralité et le professionnalisme.

 20   C'est une décision qui était de mon ressort en tant que doyen.

 21   Q.  D'accord. Je vais vous montrer une autre publication, la 2D 247 qui

 22   vient de "Times Higher Education," et on l'appelle "THE," c'est un

 23   acronyme, et sur cette pièce, on lit - j'attends que cela apparaisse à

 24   l'écran, c'est le milieu du paragraphe - on y parle d'un conflit entre vous

 25   et la Fédération des étudiants, une autre organisation estudiantine qu'on

 26   appelait "Otpor." Vous souvenez-vous de ces organisations, Monsieur ?

 27   R.  Naturellement que je me souviens de ces organisations notamment de leur

 28   chef, le chef de l'organisation et sport, qui était un ex-étudiant de la

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  1   faculté mais qui n'a jamais été diplômé. Cet ancien étudiant, qui est peut-

  2   être d'ailleurs encore étudiant, a participé à l'occupation des studios de

  3   télévision serbe au mois d'octobre. C'était une organisation fasciste et

  4   militante qui s'était fixée pour but de tout démolir et de préparer

  5   l'occupation de la Serbie.

  6   Puisque nous parlons d'étudiants, j'aimerais ajouter et chercher à vous

  7   faire comprendre ainsi qu'à la Chambre que sur ces étudiants il n'y en a

  8   pas plus d'une douzaine qui sont restés à l'université -- i n'y en a pas

  9   plus d'une douzaine qui ait poursuivi des ces actes militants.

 10   J'ai négocié avec eux pour comprendre ce qu'étaient leurs problèmes. Les

 11   problèmes étant que certaines des dispositions de la loi leur déplaisaient

 12   et je leur ai répondu que de toute façon la loi était en vigueur et devait

 13   être appliquée mais que nous avions le droit de demander à ce qu'elle soit

 14   amendée. Tous ces étudiants - je jure que ceci est la vérité et de même que

 15   tout ce que j'ai dit jusqu'à maintenant d'ailleurs; et en Serbie la parole

 16   de quelqu'un est solennelle - ceci fait partie intégrante de la culture

 17   serbe, donc tous ces étudiants se sont mis d'accord lors de cette réunion

 18   pour mettre fin à la grève estudiantine et pour demander officiellement des

 19   amendements à la loi.

 20   A l'époque, j'avais beaucoup de respect et de crédit auprès du

 21   gouvernement. Je pouvais -- j'aurais pu donner suite mais, malheureusement,

 22   ces étudiants étaient probablement liés ailleurs et dans la soirée, ils ont

 23   dû se concerter avec leurs autres partenaires car vous savez, Monsieur, que

 24   les organisations internationales ne se privent pas d'acheter autant de

 25   politiques que nos étudiants.

 26   Donc ces mêmes étudiants qui m'avaient promis qu'ils négocieraient

 27   avec moi et avec les autres ont finalement renoncé à cela et pour votre

 28   information je préciserais que tous ces étudiants aujourd'hui lorsque je

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  1   les croise dans la rue ils me parlent toujours avec respect. Leur

  2   professeur d'ailleurs demande beaucoup d'obligation et je vous dirais qu'au

  3   lieu de citer ce que vous avez cité, vous pourriez citer les textes de 1945

  4   qui disent que tous les moyens possibles doivent être utilisés pour

  5   détruire l'Union soviétique en l'occurrence les approvisionnements aux pays

  6   serbes.

  7   Je vous demanderais de retrouver là la doctrine d'Allen Dulles, qui

  8   devient par la suite le directeur de la CIA, conformément à laquelle

  9   l'Union soviétique devrait être détruite de même que tous les autres pays

 10   libres. Il précise exactement comment il convient de procéder. L'une des

 11   choses à faire doit consister à corrompre tous ceux qui peuvent être

 12   corrompus, faire du chantage à tous ceux qui y sont susceptibles et que

 13   tous ceux qui resteront conformément à ce plan. Je ne dis pas votre plan,

 14   je dis leur plan, et j'espère que ce n'est pas votre plan, donc tous ceux

 15   qui resteraient peuvent être proclamés fous.

 16   En tant que doyen de l'école de philologie, j'ai été le premier à

 17   introduire, dans une université serbe, la serbistique [phon], à savoir

 18   études de la langue et culture serbe qui n'existait auparavant et qui

 19   n'existe -- et qui n'a pas, qui n'existe plus aujourd'hui. Pour votre

 20   information, il existe des études de Russie, des études russes, des études

 21   de slovaques, des études d'anglais partout. Le seul endroit où on ne puisse

 22   pas avoir, une étude de sa langue et de sa culture, c'est la Serbie. C'est

 23   la seule chose qui ne peut pas exister, c'est l'étude du serbe et de la

 24   culture serbe.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Un instant, Maître Ostojic, et toutes

 26   mes excuses pour cette interruption.

 27   Professeur Marojevic, on vous pose des questions extrêmement simples qui à

 28   notre point de vue devraient pouvoir avoir une réponse d'une phrase ou

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  1   deux. Or vous y répondez de façon extrêmement longue et diverse ce qui ne

  2   sert à rien. Je vais vous demander de nous répondre avec le maximum de

  3   concision et d'essayer de vous concentrer sur la substance de la question

  4   qui est posée par M. Ostojic. Merci.

  5   M. OSTOJIC : [interprétation] Puis-je poursuivre, Monsieur le Président ?

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.

  7   M. OSTOJIC : [interprétation] Monsieur, nous étions en train de parler de

  8   la Fédération des étudiants et de l'organisation Otpor. Vous avez parlé

  9   d'un étudiant en particulier dont il me semble que le prénom était Branko.

 10   Je l'ai vu dans l'article que je vous ai montré tout à l'heure.

 11   Vous souvenez-vous de son nom de famille ?

 12   R.  Non.

 13   Q.  Vous avez parlé d'une personne dans la réponse à ma question. Vous avez

 14   parlé longuement mais dans cette réponse vous avez mentionné un certain

 15   étudiant qui n'a même pas été finalement diplômé et qu'il y était peut-être

 16   encore; de quel étudiant parliez-vous ?

 17   Vous deviez bien savoir de qui il s'agit puisque vous savez qu'il n'a pas

 18   été diplômé ?

 19   R.  Je me souviens de lui mais je ne me rappelle pas de son nom de famille.

 20   Je l'ai pourtant vu après le 5 octobre, il participait à l'occupation d'un

 21   studio de télévision serbe.

 22   Q.  Merci. Nous n'avons pas besoin d'informations supplémentaires. Excusez-

 23   moi si je vous interromps. Revenons à la pièce 2D647. Toujours ce texte de

 24   "Times Higher Education," "THE;" qui vous parle de vous et d'autres ayant

 25   été nommés à l'université de Belgrade, on y dit que, dans le district

 26   militaire, un certain étudiant avait rejoint une organisation concernant

 27   les libertés des étudiants et il s'agit bien de ce Branko, qu'il a rejoint

 28   la Fédération d'étudiants qui était indépendante de l'Etat, mais que le

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  1   doyen Radmilo Marojevic, membre du Parti radical serbe, et extrémiste,

  2   ancien paramilitaire de l'ancien militaire Vojislav Seselj, a cherché à

  3   faire fermer cette Fédération.

  4   On poursuit pour dire que ce jeune étudiant a ensuite rejoint une autre

  5   organisation; est-il vrai, Monsieur, que vous avez essayé de faire fermer

  6   cette organisation d'étudiants ?

  7   R.  Pas du tout, au contraire je soutenais cette organisation -- cette

  8   Association des étudiants parce qu'autrefois c'est l'association des

  9   étudiants qui m'a proposé en tant que premier étudiant un ordre du rectorat

 10   de l'université. Mais il ne s'agissait pas d'une organisation des étudiants

 11   là, ça existait donc hors de l'université.

 12   Q.  Je m'excuse pour ce chevauchement. Donc dans cet article, il est

 13   question des manifestations lors desquelles il y avait à peu près 80

 14   étudiants qui ont participé et que 15 casseurs ont été engagés pour battre

 15   ces étudiants et pour empêcher l'organisation de ces manifestations pour

 16   empêcher que les étudiants s'expriment librement pour ce qui est de leurs

 17   droits universitaires. Il est dit ici que vous avez accusé cette

 18   organisation Otpor pour cette violence, mais le Pr Marojevic a nié sa

 19   responsabilité pour ce qui est de l'engagement de ces brutes et je suppose

 20   que pour ce qui est de cet article. J'aimerais vous poser deux questions.

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Tout d'abord, il faut que vous lui

 22   permettiez de finir la réponse, parce que les interprètes ont du mal à

 23   interpréter tout ce qui est dit, en anglais et après en français, donc il

 24   n'est pas permis d'interrompre ici qui que ce soit.

 25   Maître Ostojic, continuez.

 26   M. OSTOJIC : [interprétation] Je m'excuse.

 27   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Continuez. Je m'excuse, il y a eu un

 28   chevauchement entre moi et le témoin.

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  1   Q.  Donc les citations sont de Blic -- du journal Blic qui est donc des

  2   publications qui s'occupent de l'enseignement supérieur où il est dit que

  3   ces étudiants ont été battus et que les ordres concernant cela ont été

  4   donnés par quelqu'un qui était au niveau supérieur. J'aimerais savoir qui a

  5   donné ces ordres pour battre, passer à tabac ces jeunes hommes et jeunes

  6   femmes parce que trois femmes ont été gravement blessées lors de ces

  7   manifestations. Qui a donné l'ordre pour le faire ?

  8   R.  Après ces confrontations entre deux groupes d'étudiants, j'ai

  9   démissionné du poste de doyen de la faculté de Philologie. Pour savoir qui

 10   a organisé ce groupe d'étudiants, qui a essayé d'expulser par la force un

 11   autre groupe d'étudiants dans le corridor, je ne peux pas vous dire.

 12   Personne ne m'a ordonné de faire cela. Je ne peux que supposer que c'est la

 13   CIA qui a ordonné cela. Aucune des autorités dans nos pays n'a ordonné

 14   cela, parce que ce n'était pas non plus notre façon de procéder. A la fin,

 15   il s'est avéré qu'il s'agissait de manifestations innocentes. A la fin il

 16   ne restait qu'un petit groupe d'étudiants qui ne causait pas de problème,

 17   tout simplement ils ne voulaient pas quitter les couloirs de la faculté

 18   après quoi, il y avait un autre groupe d'étudiants qui est apparu et il y

 19   avait une confrontation entre ces groupes d'étudiants. Comme je ne pourrai

 20   plus savoir qui était derrière tout cela, je peux supposer que la CIA

 21   aurait organisé cela, comme c'était le cas des partis politiques que

 22   d'opposition. Après tout cela j'ai démissionné parce que j'ai vu que je

 23   n'avais plus à qui parler là-bas.

 24   Q.  J'aimerais changer de sujet maintenant. J'aimerais parler

 25   brièvement des contacts que vous avez eus avec les avocats de M.

 26   Pandurevic. Vous nous avez dit qu'il y avait plusieurs contacts. Pouvez-

 27   vous me dire plus précisément à combien de reprises vous les avez

 28   rencontrés, les avocats, les enquêteurs ou les assistants ou les juristes ?

Page 32660

  1   R.  Les enquêteurs, leurs assistants et pour ce qui est du général

  2   Pandurevic même, je n'ai jamais donc rencontré. J'aimerais que le Tribunal

  3   dise au général Pandurevic cela pour que je le voie, et ce serait la

  4   première fois. Pour ce qui est de mes contacts, je peux vous dire que je

  5   n'ai contacté que l'avocat, Djordje Sarapa. Le premier contact s'est

  6   déroulé à la proposition du Dr Drago Cupic, ancien directeur de l'Institut

  7   pour la langue serbe de l'Académie des langues et des sciences et des arts

  8   de la Serbie, et c'était soit avant soit après le nouvel an d'après le

  9   calendrier orient, entre 2005 et 2006. Nous avons vu en février la dixième

 10   fois, on m'a communiqué les textes que je devais analyser. La troisième

 11   fois, c'était en été quand on m'a communiqué le dixième texte. Donc au

 12   total, il y avait plusieurs rencontres avec l'avocat, Djordje Sarapa. Je

 13   n'ai pas dit à plusieurs reprises, ce qui voudrait dire cinq, six, huit,

 14   mais j'ai dit quelques fois ou plusieurs fois, ça veut dire trois ou quatre

 15   fois jusqu'à cinq fois au plus.

 16   Q.  Merci. Qui était présent pendant ces trois à cinq rencontres avec

 17   Me Sarapa ?

 18   R.  Sarapa et Radmilo Marojevic et personne d'autre.

 19   Q.  Combien de temps duraient-elles ces rencontres, si vous pouvez vous en

 20   souvenir ?

 21   R.  C'étaient des rencontres brèves parce que je n'avais pas beaucoup de

 22   temps, et en principe, tout m'était clair. Cela durait entre dix et 20

 23   minutes pas plus.

 24   Q.  Vous avez mentionné le rapport de combat du 15 juillet 1995. Vous avez

 25   dit que ce rapport est clair et concis ?

 26   R.  Systématique aussi. Je peux ajouter qu'il était clair et concis, mais

 27   je n'ai pas utilisé cet adjectif, concis. Mais je peux dire maintenant

 28   qu'il était concis.

Page 32661

  1   Q.  Bien. Je suis d'accord avec vous pour qu'il soit systématique. S'il est

  2   systématique, clair et même concis, pourquoi serait-il nécessaire que

  3   quelqu'un l'interprète, interprète quelque chose qui est clair et évident à

  4   tout le monde. Normalement on fait cela lorsqu'il s'agit des expressions

  5   qui sont ambiguës, et dans de tel cas, on a besoin de l'assistance pour

  6   clarifier cela. Pourquoi donc les juristes de M. Pandurevic ont besoin de

  7   quelqu'un pour expliquer le texte du rapport de combat intérimaire du 15

  8   juillet 1995 ?

  9   R.  Non, Monsieur, tout texte qui doit être expliqué scientifiquement ou

 10   qui doit être interprété en tant que texte exige l'approche qu'on adopte

 11   quand on analyse un texte. C'est comme cela que ce texte-là s'est avéré

 12   très intéressant pour l'analyse textuelle. Comment pourrais-je savoir qu'un

 13   texte est concis ou clair ou systématique ou comme vous l'avez encore

 14   souligné concis, comment pouvais-je le savoir sans avoir fait préalablement

 15   une analyse textuelle. Donc il ne faut pas que vous pensiez que j'ai écrit

 16   en premier lieu que ce texte était clair et concis pour en procéder à une

 17   analyse par la suite. Cela ne veut pas dire que je suis arrivé à cette

 18   conclusion au début de l'analyse. Donc les conclusions auxquelles je suis

 19   parvenu c'étaient des conclusions que j'ai pu donc formuler à la fin de mon

 20   travail.

 21   Q.  Vous nous avez dit dans votre rapport et durant votre déposition que

 22   vous avez procédé à l'analyse textuelle en utilisant quatre différentes

 23   méthodes, n'est-ce pas ?

 24   R.  Je n'ai pas dit quatre méthodes différentes. Je dis que toutes les

 25   quatre méthodes, qu'on peut utiliser pour définir des sens authentiques

 26   d'un texte, ont été utilisées lors de l'analyse de ce texte.

 27   Q.  Parlons de certains détails pour comprendre mieux cela. L'une de ces

 28   méthodes est la description lexico graphique, ce qui veut dire, c'était

Page 32662

  1   votre définition, c'est donc la méthode des observations de certains

  2   éléments pour trouver des éléments communs.

  3    R.  Ce n'est pas la méthode lexico graphique. Si l'analyse lexico

  4   graphique est exacte, cela vous montre, au sens général, ou la

  5   signification ou l'acception générale de chaque unité ou de chaque lexèmes,

  6   et si on a un texte qui a été rédigé après que cette source lexico

  7   graphique était apparue, cette analyse peut montrer si le texte

  8   nouvellement rédigé est en conformité avec d'autres textes, textes

  9   précédents par rapport à l'analyse. Bien sûr, cela été indiqué dans le

 10   rapport en tant qu'argument numéro 4, ce qui veut dire que précédemment, il

 11   aurait fallu donc appliquer les trois autres éléments pour confirmer le

 12   résultat qu'on a obtenu en utilisant le quatrième argument ou la quatrième

 13   méthode, dans d'autres dictionnaires, pour d'autres lexèmes, lexèmes

 14   archaïques, il y a aussi des interprétations erronées des lexèmes, cette

 15   interprétation lexico logique est exacte, n'est pas erronée.

 16   Q.  Nous allons parler de ces quatre méthodes. Je n'ai voulu que commencer

 17   par la méthode lexico graphique parce que j'ai voulu vous poser des

 18   questions concernant les unités distinctes, et selon vous, tous les

 19   paragraphes représentent des unités séparées, distinctes. Sur quoi vous

 20   vous êtes appuyé pour arriver à cet avis, que tous les paragraphes dans ce

 21   rapport de combats intérieurs du 15 juillet 1995 représentait une unité

 22   distincte ?

 23   R.  Il s'agit de trois arguments sur lesquels je me suis appuyé sur

 24   lesquels je me suis appuyé pour arriver à cette conclusion. Un paragraphe,

 25   on ne peut pas donc le considérer comme assimilé à une phrase. Parfois, on

 26   a deux ou trois phrases dans un paragraphe, par exemple, dans un texte du

 27   style scientifique. Donc ces phrases peuvent être unies dans une seule

 28   phrase complexe. Le troisième argument dit qu'aucun élément du paragraphe

Page 32663

  1   précédent ne peut pas être inclus dans aucun des segments du paragraphe

  2   suivant, d'où la conclusion selon laquelle, selon le processus sémantique,

  3   ces paragraphes ont été répartis, la teneur du texte a été répartie de

  4   façon correcte dans ces paragraphes lorsqu'on procède à l'analyse beaucoup

  5   plus complexe d'un [imperceptible], on doit dire s'il s'agit d'un vers ou

  6   pas.

  7   Q.  Je veux pas parler de la poésie, là, Monsieur, mais lorsque vous

  8   appliquez cette analyse lexico graphique, j'aimerais savoir s'il s'agit

  9   tout simplement de la recherche des mots dans le dictionnaire, ou bien pour

 10   voir si vous êtes arrivé à la vraie définition ou acception de ses mots ?

 11   Mais quelle était la méthode -- la quatrième méthode que vous avez

 12   utilisée, mis à part cette analyse lexico graphique, la recherche des mots

 13   ? Qu'est-ce qu'il faut faire encore pour pouvoir appliquer cette quatrième

 14   méthode ?

 15   R.  Non. Cela ne consiste pas seulement à la recherche des mots dans les

 16   dictionnaires, il faut savoir quel est le dictionnaire ou quels sont les

 17   dictionnaires les meilleurs pour servir de base ou de critère pour définir

 18   la valeur des mots. Deuxièmement, l'analyse lexico graphique dans la

 19   linguistique, et là, il faut que je dise qu'il s'agit pas ici de

 20   linguistes. Cette analyse comprend l'entrée entière dans un dictionnaire.

 21   On a toutes les acceptions, là, aux pages 298 et 299, il y a toutes les

 22   expressions phraséologiques pour ce qui est d'un verbe donné, et on a

 23   également le verbe pronominal "pustiti" se relâcher, et cela n'a rien à

 24   voir avec ces acceptions parce que ni l'un ni l'autre n'existe pas. Donc je

 25   n'ai analysé que le verbe non pronominal et, bien sûr, toutes les

 26   expressions phraséologiques pour conclure que l'acception donnée dans le

 27   texte a été confirmée et décrite qui y figurent, c'est-à-dire qu'il s'agit

 28   de la première acception, acception B, c'est-à-dire que le sens du verbe

Page 32664

  1   est qu'on peut laisser passer quelqu'un ou laisser faire quelqu'un ce qu'il

  2   veut faire, et cetera.

  3   Q.  Monsieur Marojevic, dites-nous : de combien de temps vous avez eu

  4   besoin pour cette analyse ou description des lexèmes en utilisant la

  5   quatrième méthode pour votre rapport ? Est-ce que c'était 15 minutes ou

  6   plus, ou moins ?

  7   R.  Pour présenter l'analyse d'une source lexico graphique comme celle-ci,

  8   cela ne veut pas dire qu'on ne procède pas à une vérification des entrées

  9   dans d'autres dictionnaires, cela n'est pas nécessaire, mais, dans mon cas,

 10   parce que je m'intéressais à cela. J'ai donc étudié l'étymologie de ce mot

 11   dans la langue serbe et dans d'autres langues slaves parce qu'il s'agit du

 12   mot de l'ancienne langue slave, donc on étudie toutes les autres sources,

 13   on étudie les exemples à titre d'illustration, on donne une critique

 14   implicite de cette entrée du dictionnaire pour dire si les variations des

 15   acceptions ont été bien répartis.

 16   On vérifie tous les exemples pour voir si cette acception définie,

 17   donnée dans d'autres exemples, est dans le même champ sémantique que les

 18   exemples dans le texte, donc pour savoir où se trouverait cette entrée dans

 19   le dictionnaire. Pour ce qui est de dire combien de temps j'ai utilisé pour

 20   finir cette analyse, non, je n'ai pas fait attention au temps que j'ai

 21   consacré à l'analyse ou du texte, et je ne le referais pas.

 22   Q.  Regardons les trois autres analyses textuelles que vous avez

 23   effectuées. La première analyse est l'analyse textuelle, comme vous l'avez

 24   appelée. J'aimerais savoir si c'est une méthode qu'on applique, de façon

 25   arbitraire ou sélective, qui a défini des unités, à être analysée. Monsieur

 26   Marojevic, donc on parle maintenant du rapport de combat du 15 juin 1995,

 27   et vous parlez du paragraphe 6 et de ses liens avec des paragraphes

 28   précédents ou des paragraphes qui suivent. Qui a pris cette décision

Page 32665

  1   arbitraire ? Vous en tant que linguiste ou les avocats de M. Pandurevic ?

  2   R.  La décision n'est pas prise par les votes ou durant une procédure, mais

  3   plutôt en appliquant une autorité scientifique. Ici, cela veut dire quelles

  4   sont les méthodes qui peuvent être utilisées pour arriver à l'acception des

  5   mots. Donc quelqu'un peu remettre cela en question, seulement si les

  6   linguistes qualifiés, il s'agit d'une analyse linguistique car il s'agit

  7   des acceptions des mots; sinon, cela n'aurait aucun sens. Les linguistes

  8   doivent s'occuper des sens, des acceptions et les juristes doivent établir

  9   le lien entre ce texte et ce qui représente l'objet du droit.

 10   Q.  La deuxième méthode que vous avez appliquée, et c'est l'analyse

 11   contextuelle pour donc arriver, parvenir à votre opinion. Vous avez donc

 12   étudié un texte et vous avez essayé de mettre certains mots dans le

 13   contexte du document écrit, document du 15 juillet 1995. C'est

 14   principalement le processus que vous avez appliqué.

 15   R.  Ici, nous avons deux méthodes. Je n'ai pas compris si vous parlez de la

 16   première méthode ou de la deuxième méthode. Est-ce que vous en avez fini de

 17   parler de la première méthode ? Est-ce que vous avez déjà commencé à parler

 18   de la deuxième ?

 19   Q.  Merci de cette observation. Je parle toujours de la première méthode.

 20   Je vous ai posé la question concernant l'analyse inter contextuelle, ce qui

 21   représente votre deuxième méthode. J'essaye de résumer ce que vous avez dit

 22   par rapport à votre travail, à savoir que vous prenez des paragraphes du

 23   document pour les comparer aux contextes pour savoir ce que celui qui a

 24   écrit le rapport a essayé de transmettre comme message.

 25   R.  Lorsque le verbe "laisser" ou "laisser aller" se trouve hors de

 26   contexte, on ne pourrait pas arriver à l'exception juste de ce verbe sans

 27   connaître son étymologie. Pour savoir l'acception de tout autre mot, il

 28   faut savoir le contexte dans lequel ce mot est utilisé. Pour tous les mots

Page 32666

  1   qui ont plusieurs sens, il faut savoir le contexte pour définir les sens

  2   utilisés dans ce contexte. Puisque je me suis penché sur la théorie de la

  3   traduction comme vous le savez, et puisque pour la traduction il est

  4   parfois important de définir le sens d'un mots dans un contexte ou dans un

  5   autre, du point de vue scientifique, indépendamment de cette analyse -- ou

  6   plutôt, lorsqu'il s'agit de la traduction d'un texte, j'ai introduit la

  7   notion du contexte suffisant. On peut utiliser un mot dans un contexte,

  8   dans une phrase, mais on ne peut pas voir ou percevoir clairement quel est

  9   le sens -- ou bien plusieurs sens utilisés dans ce contexte. J'ai appliqué

 10   cette méthode pour arriver à la signification, au sens des mots utilisés

 11   dans ce cas particulier, pour donc -- donc j'ai appliqué cette méthode du

 12   contexte suffisant. C'est la méthode -- la première est la principale pour

 13   définir l'acception des mots. Sans contexte, il ne serait jamais possible

 14   de définir l'acception des mots, et il y a peu de mots qui n'ont qu'un seul

 15   sens parce que dans ce cas-là, personne ne n'en occupe parce que sans avoir

 16   à procéder à une analyse, on connaît déjà le sens de ce mot. Etes-vous

 17   content de ma réponse ?

 18   Q.  Cela n'est pas important, Monsieur je veux être sûr que votre réponse

 19   est complète.

 20   Permettez-moi de vous poser une question. Quand un mot qui apparaît dans le

 21   rapport, c'est "liquidation." Est-ce qu'on vous a demandé d'analyser ce mot

 22   qui apparaît au premier paragraphe lorsqu'il s'agit de la liquidation des

 23   forces ennemies. Avez-vous analysé cela ?

 24   R.  Non, parce que ce mot est tout à fait clair, rien -- personne ne m'a

 25   demandé d'analyser cela. Au début j'ai dit que j'effectuais cette analyse

 26   de façon indépendante, donc j'ai analysé le texte en tant que linguiste,

 27   mais en tant que linguiste qui connaît l'essentiel de la question.

 28   Le mot "liquidation," est-ce que vous voudriez que je vous explique, je

Page 32667

  1   vous donne l'interprétation orale de ce mot, ou bien vous connaissez le

  2   sens de ce mot ?

  3   Q.  Non.

  4   R.  Donc, il n'y aucun besoin que je vous explique cela.

  5   Q.  J'ai deux questions qui concernent la première méthode du contexte. Qui

  6   a choisi les mots à être analysés dans le rapport de combat intérimaire du

  7   15 juillet ?

  8   R.  Radmilo Marojevic a choisi ces mots, c'est-à-dire moi-même, et comment

  9   je les ai choisis ? J'ai pris le texte, et en appliquant la méthode

 10   d'élimination, j'ai rédigé une liste assez large des mots qu'il fallait

 11   analyser, et après avoir éliminé certains mots qui étaient clairs tout à

 12   fait, pour ce qui est de leur acception, j'ai donc obtenu la liste des mots

 13   qui seraient intéressants pour être analysés au point de vue scientifique,

 14   et je pense que j'ai fait cela avec beaucoup de succès. Je peux le dire

 15   parce que vous non plus vous n'avez ajouté aucun autre mot qui aurait

 16   nécessité d'être analysé, cela veut dire que vous êtes d'accord pour dire

 17   que j'ai bien fait cela. Même le mot "liquidation," n'a pas exigé d'être

 18   analysé parce que son sens est tout à fait clair.

 19   Q. Vous ne m'avez peut-être pas bien compris, Monsieur, mais je ne vais pas

 20   parler de cela, je parle de vos méthodes et de votre analyse. La deuxième

 21   méthode que vous avez utilisée lors de votre analyse, c'est l'analyse

 22   intertextuelle, vous avez pris le rapport du 15 juillet, le rapport de

 23   combat intérimaire pour le comparer au rapport du 16 juillet 1995.

 24   R.  Oui, absolument c'est exact.

 25   Q.  Est-ce que vous ne croyez pas que c'est une façon un peu limitée de

 26   procéder si vous allez faire une analyse intertextuelle ? Vous devriez

 27   analyser plus d'un document, vous auriez pu regarder, par exemple, les

 28   rapports antérieurs au 15 juillet 1995, les rapports qui portent son nom.

Page 32668

  1   Vous auriez pu regarder le rapport du 18 juillet 1995 aussi, de façon à

  2   être plus complet, plus approfondi, plus exhaustif. Seriez-vous d'accord

  3   avec moi avec cela aussi ?

  4   R.  Je ne peux pas être d'accord avec vous du tout pour la raison suivante

  5   : Je viens de dire que de façon à analyser le sens d'un mot,

  6   [imperceptible] contexte seulement, il est nécessaire de se montrer -- il

  7   faut que le contexte soit suffisant, et un contexte suffisant peut être le

  8   contexte juste d'une phrase, d'un paragraphe ou, en revanche, lorsqu'il

  9   s'agit d'une analyse intertextuelle, cela dépend de la complexité du texte.

 10   Vous avez été d'accord avec moi lorsque j'ai dit cela, lorsque j'ai dit que

 11   ce texte est très articulé et clair, et de sens direct, vous devez prendre

 12   à ce moment-là un corpus intertextuel suffisant de façon à pouvoir

 13   comprendre le sens du texte.

 14    Compte tenu de ce qui est écrit dans un texte puisque rien de ce qui

 15   s'est passé avant n'a été contesté, la seule chose qui peut rester en

 16   litige c'est le fait que ce rapport intérimaire, disons qu'il n'y a rien

 17   qui doit contester lorsqu'il s'agit des choses qui se sont passées, mais

 18   plutôt des choses qui doivent avoir lieu dans le futur. Dans plusieurs

 19   analyses intertextuelles, j'ai besoin du rapport de combat suivant et je

 20   l'ai reçu, c'était suffisant. Je n'ai pas demandé quoi que ce soit d'autre.

 21   Quant à savoir s'il y avait d'autres rapports de combat, ça n'avait pas de

 22   sens du point de vue de l'analyse scientifique. Vous essayez de

 23   m'interrompre mais je n'ai pas fini. Je n'avais pas un nombre plus grand de

 24   texte, je ne suis pas allé au-delà ou avant même ce texte. C'était tout à

 25   fait suffisant. Le texte que j'ai analysé était suffisant, aucun auteur n'a

 26   contesté mes conclusions, ce qui veut dire que le corpus le texte analysé

 27   était suffisant, le contexte suffisant, voilà c'est tout.

 28   Q.  Bien. Je n'avais pas l'intention de vous interrompre.

Page 32669

  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Ostojic, je laisse cela à votre

  2   jugement, mais nous sommes très conscients des distinctions et il faut voir

  3   un petit peu comment séparer le bon grain de l'ivraie, et se concentrer sur

  4   ce qui est vraiment essentiel s'il vous plaît.

  5   M. OSTOJIC : [interprétation] Oui, merci, Monsieur le Président.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Sinon, nous n'arriverons pas en

  7   terminer avec ce témoin.

  8   Monsieur Vanderpuye, est-ce que vous dites toujours qu'il vous faut une

  9   heure et demie, ou est-ce que ce serait beaucoup moins maintenant.

 10   M. VANDERPUYE : [interprétation] Monsieur le Président, ce sera pas mal

 11   moins de temps.

 12   M. OSTOJIC : [interprétation] Je vous remercie.

 13   Q.  Je voudrais revenir à cette question d'analyse de façon à savoir qui

 14   vous a fourni les renseignements non linguistiques ?

 15   R.  Quand il s'agit de la situation non linguistique, dans certains

 16   ouvrages linguistiques, on voit le terme et le concept de contexte. Il

 17   s'agit de séparer les termes de ce contexte par rapport à une situation non

 18   linguistique où les informations que concernent les textes qu'on évoque.

 19   S'il s'agit d'une situation non linguistique, ce n'est pas des

 20   connaissances particulières que l'on a qui sont en cause. C'est simplement

 21   la connaissance que l'on a de la réalité linguistique, le texte proprement

 22   dit déclenche. Vous avez la date, ça doit être du XIXe siècle ou du XIe

 23   siècle, et vous avez un nom, la Brigade de Zvornik qui vous est donné, ceci

 24   ne peut pas avoir eu lieu à un autre endroit, c'est le point initial du

 25   texte. Le genre, rapport en B/C/S, vous pouvez en parler, il s'agit d'un

 26   autre texte pour une situation non linguistique plutôt que quoi que ce soit

 27   d'autre. Ce n'est pas quelque chose que je pourrais savoir en tant

 28   qu'auteur d'une analyse linguistique. Il s'agit là d'une situation non

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  1   linguistique que tout locuteur natif ou étranger qui comprend le serbe

  2   pourra complètement sur la base de ce texte, qui se trouve à l'intérieur du

  3   contexte.

  4   Q.  Je vous remercie. Nous allons nous centrer maintenant sur P329 du 15

  5   juillet 1995, rapport de combat intérimaire. Vous avez passé beaucoup de

  6   temps à l'examiner, l'analyser, la phrase que nous allons regarder

  7   maintenant, que vous allez analyser c'est ce qui est dit :

  8    "Une charge additionnelle pour nous est un grand nombre de

  9   prisonniers placés dans les écoles dans la zone de la brigade ainsi que les

 10   obligations de sécurité et de -- "

 11   Dans votre rapport, il est question d'assainissement en l'occurrence le

 12   P329, le document qui a été traduit par "de restauration" excusez-moi, s'il

 13   y a une petite différence, mais je pense qu'on peut peut-être clarifier les

 14   choses, ceci aux fins de notre discussion.

 15   M. McCLOSKEY : [interprétation] Excusez-moi.

 16   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Monsieur McCloskey, attendez un

 17   instant.

 18   M. McCLOSKEY : [interprétation] Permettez-moi d'interrompre. La traduction

 19   a été une traduction officielle du service CLSS pendant de nombreuses

 20   années, dans de nombreuses affaires. Il est très important qu'on le sache

 21   et je souhaite que les choses demeurent ainsi. Je vous remercie.

 22   M. OSTOJIC : [interprétation] Je n'objecte pas à cela. Je ne veux pas

 23   m'engager dans une discussion pour savoir ce qui convient ou ce à quoi on

 24   doit se tenir.

 25   M. HAYNES : [interprétation] Je pense que je pourrais dire cela --

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Laissez-le terminer.

 27   M. HAYNES : [interprétation] Ce rapport a été traduit par le Tribunal

 28   aussi.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui, Maître Ostojic.

  2   M. OSTOJIC : [interprétation] Ce n'était pas le point de lui poser une

  3   question, ou il y avait différentes façons dans son analyse pouvaient

  4   évoluer. Je voudrais me centrer sur d'autres parties du document, mais

  5   tenons-nous en au P329 comme étant le document officiel et c'est cela qui a

  6   été suggéré. Je crois que nous n'avons pas de différends à ce sujet.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bien.

  8   M. OSTOJIC : [interprétation] Je ne veux pas que le témoin soit encore plus

  9   dans la confusion.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Essayez de simplifier les choses parce

 11   que la situation pourrait nous échapper.

 12   M. OSTOJIC : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

 13   Q.  Témoin, cette phrase que nous vous signalons là avec ce nom, vous

 14   reconnaissez bien le mot "prisonnier" comme étant un substantif, un nom ?

 15   R.  La question se comprend d'elle-même, c'est évident qu'il n'est pas

 16   nécessaire que je réponde à cela. Bien sûr que c'est un nom ou un

 17   substantif, pourquoi devrais-je confirmer cela ? Si je le faisais,

 18   quelqu'un pourrait dire plus tard, voilà, il y a le Professeur Marojevic

 19   qui soutenait que "prisonnier" c'est un substantif ou un nom. Je peux vous

 20   donner l'origine du nom, si c'était un nom substantif. A ce moment-là, ce

 21   serait une question pour moi, mais pas de savoir si prisonnier est séparé

 22   en groupes. Bien entendu c'est un nom.

 23   Q.  Excusez-moi, je ne veux pas prendre trop de risque avec le témoin. Ici,

 24   il est question de sécurité, d'obligation de sécurité et ça n'a rien à voir

 25   avec ce nom "prisonnier." Vous dites dans votre déposition qu'il est

 26   question de sécurité. Nous parlons ici de la sécurité qui doit être fournie

 27   pour restaurer le terrain. Je crois que c'est une notion indépendante de la

 28   discussion qui est évoquée ici, et qui concerne les prisonniers qui sont

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  1   dans les écoles. Est-ce que vous seriez d'accord ?

  2   R.  Pas du tout, non.

  3   Q.  Mais toute votre analyse repose en fait sur le mot sécurité. Quelqu'un

  4   aurait pu mettre une virgule ou les mots "ainsi que" et vous penseriez qu'à

  5   ce moment-là il s'agit de deux idées différentes. Je vous suggère que les

  6   mots ou le membre de phrase "ainsi que" figure avant le mot sécurité, ce

  7   qui indique en vérité qu'il s'agit des prisonniers et que la préoccupation

  8   de sécurité est pour eux qu'on n'emploie pas le mot "et" qui ferait qu'il y

  9   a quelque chose d'indépendant de sorte que c'est bien une phrase qui a

 10   plusieurs membres. Peut-être qu'il aurait fallu mettre un point après le

 11   mot sécurité, mais l'idée suivante aurait été à ce moment-là de restaurer

 12   ou remettre en état le terrain. A ce moment-là, ce paragraphe aura eu une

 13   ou plusieurs formes. Seriez-vous d'accord avec moi ?

 14   R.  Pas du tout.

 15   Q.  Bon.

 16   R.  Vous ne m'avez jamais permis de dire pourquoi je n'étais pas d'accord.

 17   Premièrement, en ce qui concerne votre question précédente, "prisonniers"

 18   étant un substantif ou un nom, il faut dire que c'est une forme de ce nom,

 19   ce substantif particulier parce que dans ce cas précis, ça peut être hors

 20   de ce contexte. C'est un singulier, à savoir si c'est un génitif singulier

 21   ou un génitif pluriel, il y a différents sens possibles. En fait, là, il

 22   est question d'un génitif pluriel. Deuxièmement je ne suis pas d'accord

 23   avec vous parce que vous ne me permettez pas de dire pourquoi. Je ne dis

 24   que la sécurité en fait se rattache à la remise en état et la restauration.

 25   Mais plutôt, que d'avoir à la fois "sécurité" et remise en "restauration

 26   comme étant reliées au terrain." Il y a l'élément supplémentaire de cette

 27   analyse qui est tout à fait exacte pour un traducteur absolument objectif

 28   qui a fait la traduction de ce texte, et cette phrase est traduite de façon

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  1   tout à fait correcte. Sécurité et installation du terrain est un ensemble

  2   auquel cas la sécurité est un attribut du terrain ainsi que restauration.

  3   Donc il y a là une structure qui comprend à la fois la sécurité, la

  4   restauration et la remise en état du terrain. Je ne vois pas comment

  5   autrement je pourrais traduire ou dire cela. Je suis absolument sûr que, du

  6   point de vue de l'expert une analyse monolinguistique ou le sentiment qu'on

  7   peut avoir de la langue serbe, c'est absolument correct et exact. Bien

  8   entendu, on peut traduire à partir du serbe en anglais de façon correcte ou

  9   subjective et incorrecte. Je n'ai pas analysé la traduction en

 10   l'occurrence.

 11   Q.  Je voudrais vous poser une question concernant le dernier membre de

 12   phrase du paragraphe numéro 6. Je pense que ça dit : "une charge

 13   supplémentaire," puis ensuite ça continue. Nous avons une note de

 14   récolement d'hier, après votre réunion avec le conseil, et il est dit ceci

 15   :

 16   "Il" - voulant dire, vous, Monsieur Marojevic - "avait regardé et

 17   expliqué le paragraphe 6 de ce rapport. Il a dit que les mots 'charges

 18   supplémentaires' au paragraphe 6, ne sont pas au même niveau que les

 19   responsabilités qui sont décrites dans les cinq paragraphes précédents, et

 20   que c'était une activité plutôt qu'une responsabilité. Donc, c'était un

 21   élément secondaire plutôt qu'une considération première."

 22   Est-ce que c'est ça que vous leur avez bien dit hier ou un autre jour

 23   ?

 24   R.  J'ai dit que c'était effectivement le cas, on peut conclure au moins

 25   deux choses. Mais il suffirait que ce passage contient le mot "additionnel"

 26   ou "supplémentaire," c'est-à-dire ça dénote un style différent, quelque

 27   chose qui pourrait convenir, par exemple, une note de bas de page. Ceci

 28   aurait pu se trouver au bas du texte sous la forme de note de bas de page.

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  1   Le deuxième mot étant "charge." Ça veut dire une charge comme on le dirait

  2   en physique.

  3   Toutefois, cette charge est plus une préoccupation, une inquiétude

  4   qu'autre chose. "Charge supplémentaire, additionnelle" engendre une

  5   inquiétude sur ce qui pourrait ce produire. C'est une préoccupation

  6   supplémentaire. De quelle préoccupation s'agit-il -- il y a un grand nombre

  7   de prisonniers qui sont déployés ou qui sont casernés dans les écoles --

  8   Q.  Si vous regardez objectivement le paragraphe qui précède, on discute --

  9   les cinq paragraphes précédents, pas les cinq paragraphes précédents, mais

 10   le premier [comme interprété] paragraphe, on parle d'une attaque par

 11   l'ennemi, et en fait l'auteur écrit dans ce rapport qu'ils ont repoussé

 12   cette attaque avec succès, de sorte que la préoccupation concernait

 13   l'attaque de Musulmans de Bosnie. Si vous avez réussi militairement à les

 14   défaire, vous n'allez pas vous préoccuper, mais plus précisément est-ce que

 15   vous n'allez pas vous occuper des prisonniers de guerre dans les écoles ?

 16   Est-ce que ce n'est pas la seule charge qui leur reste à ce moment-là ? Si

 17   vous tournez au paragraphe 5, au milieu, il est question de repousser. Le

 18   P329 emploie le mot "repulsed", "repoussé avec succès jusqu'à présent."

 19   R.  Si on reprend le début du document, et si nous suivons votre itinéraire

 20   et analysons à partir de la fin, je crois qu'il y a cette relation entre le

 21   huitième et le neuvième. Nous analysons maintenant le lien qui existe entre

 22   le sixième, le cinquième et le quatrième paragraphe. Je vous prie de faire

 23   attention. Toutes les forces de la Brigade VRS sont pleinement engagées. Ça

 24   c'est dans le cinquième, et vous avez fait une confusion dans les passages.

 25   Toutes les forces de la brigade sont complètement ou entièrement engagées.

 26   Qu'est-ce que ça veut dire, entièrement engagées ? Ça veut dire que ce

 27   n'est pas seulement une unité qui est engagée, mais que c'est pleinement

 28   engagé. Nous n'avons pas de réserves, vous savez. Les réserves ne se

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  1   trouvent pas sur le front, sur la ligne. Ils se trouvent peut-être un peu

  2   plus loin de la ligne de front. Ce qui veut dire que l'arrière n'est pas

  3   protégé. Il n'y a pas de réserves ou de forces de réserve qui sont

  4   engagées. Ça c'est votre cinquième paragraphe, et vous avez fait une

  5   confusion avec le passage qui se trouve dans le paragraphe 4. Dans le

  6   paragraphe 4, là encore il y a une charge, cette charge supplémentaire, et

  7   c'est très, très clair du point de vue linguistique. Si on regarde le

  8   quatrième en l'occurrence -- le cinquième, pas le quatrième. Avec toutes

  9   les forces disponibles -- vous savez ce que l'on veut dire par "toutes".

 10   Toutes les forces sont disponibles. Ils ont réussi donc à entourer un

 11   périmètre pour s'approcher des forces de l'ennemi qui n'étaient pas

 12   suffisamment fortes pour -- ceux qui n'avaient pas été suffisamment forts

 13   n'auraient pas utilisé toutes les forces disponibles, et ils disent qu'ils

 14   ont fermé la zone plus large de Crni Vrh et Planinica, et en partie le

 15   secteur de Kamenica.

 16   Le poids qui s'attache au paragraphe précédent se comprend

 17   parfaitement et n'a pas d'équivalent dans le passage suivant, qui ne fait

 18   qu'insister sur l'argument dans lequel il demande du matériel et du

 19   personnel supplémentaires parce qu'il n'a personne comme réserve. Avez-vous

 20   jamais servi dans une armée ? Vous savez ce que sont les réserves ? Vous

 21   savez ce que ça veut dire ? Vous savez ce que veut dire la logistique et le

 22   sens du mot réserve ? Je peux vous le demander ? Je pense que c'est

 23   pourtant clair. Ça ne demande pas d'explications supplémentaires.

 24   Q.  J'ai bien lu le paragraphe 5, et j'ai bien vu qu'il était question de

 25   repousser l'ennemi, les combattants. On voit également c'est au paragraphe

 26   3, vous avez raison de dire qu'il y avait un blocage, ou comme on le dit

 27   dans P329, qu'ils ont fermé la zone plus vaste. Ce que je voulais dire

 28   c'est qu'une fois qu'ils ont repoussé l'ennemi, ils ont complètement pris

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  1   cette zone, la seule préoccupation qui leur reste, en vérité, c'est celle

  2   des prisonniers dans les écoles, n'est-ce pas ?

  3   R.  La encore, vous n'avez pas raison parce que vous êtes en train d'ôter

  4   une partie du paragraphe de son contexte. A l'avenir s'il vous plaît, lisez

  5   l'ensemble du paragraphe. Vous dites qu'un paragraphe est un ensemble.

  6   Personne ne conteste cela. Mais c'est la raison pour laquelle je vous

  7   demande de lire l'ensemble du paragraphe, qui vous montrerait qu'en ce qui

  8   concerne les attaques, elles ont été repoussées, Mais ce qui va se passer à

  9   l'avenir, personne ne le sait. Veuillez le lire depuis le début, dans ce

 10   texte où il y a un appui par tous les calibres, toutes les catégories de

 11   calibres et chars. Je pense que vous comprenez ce que je veux dire. Il y a

 12   des questions d'intensité variable.

 13   Je suppose qu'en tant que linguiste vous devriez le savoir, et en

 14   tant que juriste aussi vous devriez savoir ce que cela dit. On est encore

 15   en cours, le sens de l'expression "en cours" ? Ils ont été repoussés, mais

 16   ils n'ont pas été neutralisés parce que les choses sont encore en cours. Si

 17   vous retirez les choses de leur contexte, en tirant une phrase par rapport

 18   à l'ensemble de ce paragraphe qui était un tout, à ce moment-là on ne peut

 19   pas voir les choses dans leur ensemble. A ce moment-là, vous allez dans le

 20   sens d'une mauvaise interprétation ou vous essayez de mal interpréter un

 21   texte. Prenez le paragraphe dans son ensemble, et à ce moment-là vous aurez

 22   une réponse. Le paragraphe en soit vous donnera là réponse.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vos réponses se font de plus en plus

 24   longues, et vous êtes en train de vous engager dans une argumentation et

 25   une dispute avec le conseil de la Défense. On vous a permis une question,

 26   donc vous allez peut-être conclure ici, Maître Ostojic, parce que --

 27   M. OSTOJIC : [interprétation] J'ai encore quelques questions, Monsieur le

 28   Président, s'il vous plaît.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Ostojic.

  2   M. OSTOJIC : [interprétation] Je sais.

  3   Q.  Je ne vais pas lire l'ensemble du paragraphe que nous connaissons. Je

  4   voulais simplement faire remarquer certaines choses. Si vous regardez le

  5   rapport intérim de combat du 15 juillet 1995, il est écrit au passé, au

  6   présent ou au futur ?

  7   R.  Je pourrais prendre les choses une part une, mais je ne pense pas que

  8   la Chambre de première instance ait le temps pour cela. Je pourrais vous

  9   dire quels sont les verbes qui sont au présent, qui sont au passé et qui

 10   sont au futur.

 11   Q.  Si vous regarder le paragraphe sur lequel vous avez passé un certain

 12   temps à analyser, paragraphe 6, et cette seule phrase. Je sais qu'elle est

 13   un peu longue, mais peut-être pour cette seule phrase, est-ce que vous

 14   pensez qu'elle est écrite au passé, au présent ou au futur, lorsqu'il est

 15   question de prisonniers répartis dans les écoles, où il est dit :

 16   "Que ça représente une charge supplémentaire pour nous d'un grand

 17   nombre de prisonniers répartis dans les écoles et dans le secteur de la

 18   brigade."

 19   Voyez-vous cela ?

 20   R.  Il représente le temps -- le futur serait -- représenteront -- il y a

 21   là quelque chose qui n'est pas bien défini du point de vue temporaire comme

 22   expression. C'est plutôt quelque chose qui a commencé dans le passé, qui se

 23   continue et qui probablement continue comme un fait. Donc, il s'agit d'un

 24   temps présent mais qui est extratemporel.

 25   Q.  Donc, au moment où ce rapport est rédigé, les prisonniers sont vivants.

 26   Ils sont répartis dans l'école, et cela c'est le sens simple et évident de

 27   ce qu'on lit ici, n'est-ce pas ?

 28   R.  En tout état de cause, on pourrait le lire de façon un peu différente.

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  1   La personne qui rédige ce rapport dit qui sont -- ils parlent d'eux comme

  2   s'ils étaient vivants, mais il n'y a pas de renseignement contextuel. Il

  3   n'y a pas de contact avec les faits -- il commence par le fait qu'il y a là

  4   des prisonniers, qu'ils sont répartis dans différentes écoles, et que ça

  5   représente une charge supplémentaire, et il est question de la brigade.

  6   Q.  Le temps employé au passé serait qu'il y avait une charge

  7   supplémentaire. C'était les prisonniers qui se trouvaient à l'école, et

  8   cetera. On utiliserait, à ce moment-là, ce mot-là au lieu du présent "is."

  9   C'était -- bon, "est" ou "sont." Vous voulez parler du futur. Donc,

 10   maintenant nous sommes en train de parler du passé. Où est-ce que vous

 11   auriez pu dire cela en y employant des mots : "Une charge additionnelle

 12   pour nous était les prisonniers à l'école à ce moment-là." On saurait si

 13   c'était bien le passé, et concernant un événement qui s'était passé

 14   précédemment; c'est bien cela ?

 15   R.  Oui. A ce moment-là, ça aurait été le passé. Mais ici nous avons une

 16   prison. La phrase est "charge supplémentaire," et le mot "maintenant"

 17   manque. S'il y avait le mot "maintenant" ou "actuellement," à ce moment-là,

 18   le présent pourrait être restreint, mais ce verbe qui dit "sont," "are," ne

 19   désigne pas de façon très précise le temps présent, mais en tout état de

 20   cause cela comporte quand même aussi le présent.

 21   Q.  Alors, deux ou trois questions puis on aura terminé. On regarde le

 22   P330.

 23   M. OSTOJIC : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. P330.

 24   Q.  Le 16 juillet 1995, rapport que vous avez examiné lorsque vous avez

 25   fait cette analyse intertextuelle comme étant l'une de vos méthodes dans

 26   votre rapport, et je pense que lorsque vous regardez ceci, vous avez essayé

 27   de comparer entre eux, plus particulièrement on voit cela dans votre

 28   rapport. Il semble que vous ayez passé un certain temps à lire et à digérer

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  1   ces textes pour l'analyse contextuel. Dans ce rapport, vous voyez que

  2   l'auteur mentionne 7 000 combattants, civils et soldats dans le premier

  3   paragraphe. C'est identifié avec le chiffre 1, puis vous regardez le

  4   troisième paragraphe dont il parle, et je sais que vous avez passé pas mal

  5   de temps pour ce qui est sur la question de lâcher, relâcher, laisser

  6   passer 5 000 combattants ennemis. Est-ce que vous-même, en lisant ceci,

  7   vous avez une idée de ce qui s'est passé, la différence entre 7, 5, 7 000,

  8   qui étaient présents, et c'est -- il s'agit de 5 000 qui -- que l'on doit

  9   laisser aller ? Est-ce que c'était les 2 000 soldats qui restaient et des

 10   civils ?

 11   R.  Pourriez-vous, s'il vous plaît, me rafraîchir la mémoire ? Où est-il

 12   question de 5 000 ?

 13   Q.  Je ne suis pas sûr que vous regardiez le bon passage ou le bon

 14   document. Je regarde le document du 16 juillet.

 15   R.  Oui, moi aussi.

 16   Q.  Bien.

 17   R.  Oui.

 18   Q.  Dans le premier paragraphe numéro 1, il est question de se servir de

 19   leur avantage numérique, en utilisant leur avantage numérique, ont entouré

 20   le 4e Bataillon comportant des soldats et des civils armés et non armés,

 21   équivalent à environ -- en tout 7 000."

 22   Puis au troisième paragraphe, on discute la question d'ouvrir un couloir ou

 23   un corridor. Il cite : "Ouvrir un couloir le long de la ligne des trois

 24   tranchées qui ont été perdues pour la population civile, qui représente

 25   environ 5 000." Je voudrais simplement appeler votre attention en ce qui

 26   concerne votre méthode suivie pour le texte -- ou intertextuel, vous savez

 27   qu'on mentionne là pour le 15 juillet, il est question de 3 000, puis

 28   ensuite il parle de 7 000, puis de 5 000. Que s'est-il passé

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  1   contextuellement parlant sur les 2 000 soldats restant et les civils ?

  2   R.  Avant que je ne réponde à votre question, je veux dire que je -- vous

  3   n'avez pas pris ces chiffres. Vous ne les avez pas sorti de leur contexte.

  4   Il faut que nous voyions à quoi ils se réfèrent. Une analyse élémentaire

  5   montre qu'au point 1, lorsqu'on dit utiliser ou se servir de l'avantage

  6   numérique -- en se servant de l'avantage numérique, ils ont entouré les

  7   soldats et les civils armés et non armés, en tout environ 7 000. Bon, on

  8   parle de soldats et de civils, 7 000 d'entre eux en tout. Ensuite, de façon

  9   à justifier ce qu'il veut dire avant qu'on les laisse passer, il dit que

 10   trois tranchées ont été perdues, qu'un couloir ou corridor a été ouvert

 11   pour la population civile, et qu'il y avait environ 5 000 civils. Il faut

 12   remarquer qu'il y avait environ 5 000 civils, et ceci est la justification

 13   qu'il donne pour les laisser passer. Ceci veut dire qu'il y avait 2 000

 14   soldats. Mais ça ne dit pas, et il n'a jamais laissé passer les soldats. Il

 15   dit qu'il a laissé les civils passer et que les soldats sont allés avec

 16   eux, à moins que certains d'entre eux aient été tués. Le contexte est très

 17   clair.

 18   Si ça avait fait l'objet de mon analyse, si j'avais eu ce document, je l'y

 19   aurais prêté attention. Je voudrais -- j'aurais pu à ce moment-là établir

 20   les faits, et la différence des chiffres est parfaitement claire. Le

 21   premier chiffre concerne les soldats, et le nombre le plus important, c'est

 22   les civils, certains d'entre eux armés, d'autres non armés; puis le

 23   deuxième chiffre concerne la question d'ouvrir le couloir pour la

 24   population civile et le fait que certains soldats sont également passés par

 25   là, et ça n'est pas sa faute, et qu'il y avait 5 000 civils. Il n'a pas dit

 26   qu'il y avait 5 000 civils et soldats en se contredisant. Il a dit qu'il

 27   avait 5 000 civils. Il peut être arrivé à cette information par la suite,

 28   mais il ne pouvait pas savoir combien.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je pense que nous avons eu une réponse

  2   claire maintenant. Il l'a répété trois fois de suite.

  3   M. OSTOJIC : [interprétation] Je n'ai pas d'autres questions, Monsieur le

  4   Président. Excusez-moi.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Est-ce que vous pouvez en terminer

  6   aujourd'hui, Monsieur Vanderpuye ?

  7   M. VANDERPUYE : [interprétation] Je l'espère, Monsieur le Président.

  8   J'étais en train d'en discuter --

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bon. Essayez, s'il vous plaît, de faire

 10   des efforts pour en terminer aujourd'hui.

 11   M. VANDERPUYE : [interprétation] Je vais faire tous les efforts, Monsieur

 12   le Président.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous suspendons l'audience pour 25

 14   minutes. Merci.

 15   --- L'audience est suspendue à 12 heures 30.

 16   --- L'audience est reprise à 12 heures 58.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur Vanderpuye.

 18   M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour à

 19   tous. Bonjour à vous, Madame, Messieurs les Juges. Bonjour à mes collègues.

 20   Contre-interrogatoire par M. Vanderpuye : 

 21   Q.  [interprétation] Bonjour, Professeur Marojevic. Je vais vous poser

 22   quelques questions. Mais je vais commencer par me présenter, telle est en

 23   effet la Règle. Je m'appelle Kweku Vanderpuye. Je vais m'adresser à vous au

 24   nom de l'Accusation, vous poser quelques questions concernant ce rapport et

 25   votre témoignage.

 26   R.  Merci.

 27   Q.  S'il y a quelque chose dans ce que je vous dis qui vous paraît peu

 28   clair, n'hésitez pas à me le dire de façon à ce que je puisse reformuler ma

Page 32683

  1   question pour que vous puissiez mieux la comprendre.

  2   Avant votre témoignage aujourd'hui, Monsieur, suiviez-vous la

  3   déposition du général Pandurevic dans cette Chambre ?

  4   R.  Non, Monsieur, pas du tout. Je regarde très rarement la télévision avec

  5   l'exception de quelques programmes de sports, mais je n'ai certainement pas

  6   suivi ce procès.

  7   Q.  Lorsque vous prépariez votre rapport, je présume que vous n'avez pas

  8   pris en compte le témoignage du général Krstic concernant sa perception des

  9   événements du 15 juillet et du rapport intérimaire qui était le sujet de

 10   votre propre rapport ?

 11   R.  Non seulement je n'ai pas pris en compte le point de vue dont vous

 12   parlez, mais je ne le connais pas. Je me suis contenté d'analyser ces deux

 13   rapports, je ne connais que le texte de ces deux rapports.

 14   Q.  Vous n'avez pas pris en compte le témoignage du général Radovan

 15   Radinovic toujours concernant le sujet de ce même rapport, n'est-ce pas ?

 16   R.  En effet, et je ne connais pas son point de vue.

 17   Q.  Merci beaucoup, Monsieur.

 18   M. VANDERPUYE : [interprétation] Monsieur le Président, l'Accusation

 19   s'oppose à la déposition de M. Marojevic en tant qu'expert dans cette

 20   affaire. Nous sommes convaincus que la Chambre saura accorder le poids qui

 21   convient à cette déposition telle qu'elle fait partie des documents de

 22   cette affaire. Nous n'avons donc pas d'autre contre-interrogatoire, nous

 23   n'estimons pas que ce serait utile.

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur Vanderpuye.

 25   M. VANDERPUYE : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 26   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Y aura-t-il des questions

 27   supplémentaires, Monsieur Haynes ?

 28   M. HAYNES : [interprétation] Non, merci.

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  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous n'avez pas de commentaire à faire

  2   concernant la déclaration de M. Vanderpuye ?

  3   M. HAYNES : [interprétation] Je comprends son point de vue.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. Merci. Avez-vous des

  5   questions, Monsieur Kwon ?

  6   Monsieur Marojevic, nous n'avons pas d'autres questions pour vous, donc

  7   votre déposition est terminée. Cette Chambre vous remercie d'avoir bien

  8   voulu déposer devant nous, et je vous souhaite un bon voyage.

  9   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Monsieur McCloskey.

 11   M. McCLOSKEY : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Ayant réfléchi

 12   à la requête à laquelle se réfère M. Gosnell et au document concerné

 13   associé au MUP, le fameux document du chien, comme nous l'appelons, je me

 14   rends compte qu'il s'agit bien du document 4104. Or, lorsque M. Momir

 15   Nikolic déposera, il va parler longuement des unités, des troupes à

 16   Potocari, le long de la route, nous en viendrons à ce moment-là à nous

 17   servir de ce document pour lui poser des questions. C'est pourquoi je pense

 18   qu'il serait préférable de réserver toute décision concernant ce document

 19   jusqu'à en avoir fini avec le témoignage de Momir Nikolic.

 20   [Le témoin se retire]

 21   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur McCloskey. Y a-t-il des

 22   commentaires, Monsieur Gosnell ?

 23   M. GOSNELL : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Tout d'abord,

 24   nous ne sommes pas nécessairement d'accord pour que ce document soit

 25   admissible par l'intérimaire d'un témoin à venir, et il serait de toute

 26   façon prématuré de commenter ce point de vue. Mais étant donné ce qu'a dit

 27   l'Accusation, je pense qu'ils sont en train de nous dire en gros que cela

 28   les satisfait que le document reste sur prétoire électronique, soit un

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  1   numéro aux fins d'identification, et ne soit pas une pièce à conviction.

  2   Dans ce cas, cela me satisferait également. Mais dans un certain sens, il

  3   me semble que cette objection reste valable et que le document ne peut pas

  4   être considéré comme admis et qu'il peut rester sur le prétoire comme

  5   n'importe quel document qui y a déjà été placé.

  6   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Nous sommes peut-être un peu fatigués,

  7   mais --

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je dois être fatigué parce que tout ça me

  9   semble être du jargon qui n'a ni queue ni tête. Nous n'aurons pas besoin de

 10   cela en tant que pièce à conviction si cela reste où le document est en ce

 11   moment. Nous pourrons nous en servir pour le témoignage et nous pourrons en

 12   discuter plus tard. Je ne vois pas la raison d'en discuter maintenant.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord, merci.

 14   [La Chambre de première instance se concerte]

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Vous ayant écoutés tous les deux, nous

 16   décidons que le document aura donc un numéro aux fins d'identification et

 17   que nous en resterons là pour l'instant, nous déciderons ultérieurement si

 18   nous devons aller plus loin.

 19   Des documents, Maître Haynes ?

 20   M. HAYNES : [interprétation] Oui. En ce qui concerne le dernier témoin, je

 21   ne sais pas si un e-mail a déjà été envoyé, mais en fait il n'y en a que

 22   deux.

 23   M. LE JUGE AGIUS : [aucune interprétation]

 24   M. HAYNES : [interprétation] Ce sont les 7D778, qui est le CV du professeur

 25   Marojevic, et 7D917, qui est le rapport avec ses annexes. La seule raison

 26   pour laquelle nous avons fait appel à lui était que nous voulions répondre

 27   à la question du Juge Prost. Le rapport et ses annexes ont été traduits par

 28   les services de traduction du Tribunal. Donc j'attire son attention sur

Page 32686

  1   l'annexe numéro 1, paragraphe 6.

  2   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. Merci, Maître Haynes. Y a-t-

  3   il des objections de la part des autres équipes de la Défense ?

  4   M. HAYNES : [interprétation] Veuillez m'excuser. Je crois que je me suis

  5   trompé. Le 7D775 est son ordre de mobilisation, donc un document

  6   supplémentaire.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. Effectivement. Y a-t-il des

  8   objections ? Des objections de la part de l'Accusation ?

  9   M. VANDERPUYE : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai la même

 10   objection qui s'applique en général pour son témoignage.

 11   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. Mais de toute façon il a

 12   déposé, donc il me semble que les documents vont forcément devoir être

 13   bien. Donc les documents sont versés au dossier.

 14   [La Chambre de première instance se concerte]

 15   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Y a-t-il des documents que vous désirez

 16   faire verser au dossier, Monsieur Ostojic ?

 17   M. OSTOJIC : [interprétation] Non, nous avons vu les articles. Je ne pense

 18   pas que ce soit nécessaire.

 19   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Monsieur Vanderpuye ?

 20   M. VANDERPUYE : [interprétation] Veuillez m'excuser, Monsieur le Président.

 21   J'espère que nous en avons terminé avec le processus concernant les

 22   documents. Il y avait une question sur laquelle je voulais attirer

 23   l'attention de la Chambre ainsi que celle de mes collègues. Mais je ne

 24   voudrais pas vous interrompre.

 25   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je vous en prie.

 26   M. VANDERPUYE : [interprétation] Nous avons discuté avec l'équipe Miletic

 27   de la possibilité de parvenir à un accord concernant les documents relatifs

 28   au transport qui nous semblent importants pour que la Chambre puisse

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  1   évaluer le processus d'annulation des transports, les acteurs impliqués, et

  2   cetera, et cetera. Je voulais simplement vous dire que nous cherchons à

  3   régler la question et nous présumons pouvoir arriver à un accord assez

  4   prochainement. Mais nous ne voulions pas vous prendre par surprise une fois

  5   que nous serions parvenus à un résultat. Nous avons également discuté avec

  6   l'équipe Gvero toujours concernant ces documents.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur Vanderpuye. Monsieur

  8   McCloskey, avant de poursuivre, le point suivant que nous avons à l'esprit

  9   est la demande de Mme Nikolic déposée hier concernant le document 3D556,

 10   elle a retiré sa requête relative au document 3D555. Vous étiez censés

 11   réfléchir à cet autre document et nous donner une réponse définitive. Etes-

 12   vous maintenant en mesure de nous donner cette réponse définitive ?

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation] En effet, nous venons de parvenir à un

 14   accord à ce sujet. Nous n'avons pas d'objection à ce que le document

 15   qu'elle désire -- c'est un texte assez bref venant du témoignage du général

 16   Hadzihasanovic, soit accepté.

 17   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. Nous avons donc réglé cela,

 18   nous allons nous occuper des différentes autres questions relatives à

 19   d'autres documents. Nous allons commencer par les documents 2D639, 2D644,

 20   2D645, donc tous des documents déposés par l'équipe de la Défense de Beara

 21   et auxquels l'Accusation a fait objection.

 22   Ayant dûment délibéré, nous avons conclu que ces documents ne doivent pas

 23   être, ni l'un ni l'autre, ni le troisième, versés au dossier, et ce, pour

 24   les raisons suivantes : Le 2D639 est, comme vous vous en souvenez sans

 25   doute, l'entretien de Milos Tomovic. La Défense de Beara, et notamment M.

 26   Ostojic en a lu un extrait qui est donc partie intégrante du compte rendu,

 27   comme vous vous en souviendrez. La Chambre a décidé à ce moment-là que le

 28   reste de l'entretien ne pouvait pas être utilisé suite à l'objection de

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  1   l'Accusation et de la Défense de Pandurevic. Dans la mesure où une

  2   utilisation limitée de ce document a été autorisée, cette même portion de

  3   l'entretien a pu être lue directement et intégrée au compte rendu. Il ne

  4   nous semble pas utile que l'entretien dans son ensemble soit versé au

  5   dossier, voilà donc la raison pour laquelle nous rejetons la requête de

  6   l'équipe de la Défense de Beara à ce sujet. Deuxième document, 2D644, une

  7   déclaration d'information de Bruce Bursik concernant un entretien avec

  8   cette même personne dont nous venons de parler, à savoir Milos Tomovic;

  9   puis il y a 2D645, qui est une autre déclaration de ce même Milos Tomovic.

 10   Nous avons examiné le compte rendu, nous sommes parvenus à la conclusion

 11   que ni l'un ni l'autre de ces deux documents n'ont été présentés au témoin.

 12   Les circonstances étant ce qu'elles sont il n'y avait aucune raison que ces

 13   documents soient versés au dossier en tant que pièce à conviction.

 14   Quant à la question Nikolic elle a fait l'objet d'un accord, nous n'avons

 15   pas besoin de prendre une décision à ce sujet. Reste donc la pièce 3D556

 16   est versée au dossier. Il nous reste un document de l'Accusation, à savoir

 17   P4402 une pièce à laquelle la Défense de Gvero a fait objection, faisant

 18   valoir que si le document était versé au dossier il ne devrait pouvoir être

 19   utilisé que pour confirmer la crédibilité du témoin. Vous vous souvenez

 20   sans doute que le P4402 est un extrait des notes manuscrites de Karadzic

 21   qui auraient été prises lors d'une réunion tenue en 1992 et qui

 22   démontreraient la présence de Pandurevic à cette réunion. Les documents ont

 23   dûment été montrés au témoin Pandurevic qui n'a pas nié avoir été présent à

 24   cette fameuse réunion. Même si les notes semblent également donner à penser

 25   que le général Gvero était lui aussi présent à la réunion, la Chambre

 26   estime qu'admettre le document sans aucune restriction ne constitue pas un

 27   préjudice particulier à l'encontre de Gvero et notamment dans la mesure où

 28   le général Pandurevic a lui-même témoigné sur cette question. Ce qui règle

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  1   donc toutes les questions en suspens relatives aux documents.

  2   Il ne reste plus que la question posée par Me Gosnell et qui est en suspens

  3   et qui doit le rester pendant encore un certain temps, comme nous l'avons

  4   déjà expliqué.

  5   Bien. Comme nous vous l'avons déjà précisé nous ne siégerons pas demain. Je

  6   présume, Maître Haynes, que vous n'avez pas d'autre témoin.

  7   M. HAYNES : [interprétation] Non. Mais si vous le permettez, j'aimerais

  8   abuser encore de votre patience pendant une minute ou deux.

  9   Je le fais tout de suite ?

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Pourquoi pas ?

 11   M. HAYNES : [interprétation] Depuis une dizaine de jours je suis assez

 12   préoccupé par ailleurs et la requête concernant la réplique de l'Accusation

 13   donc la réouverture ont un effet encore plus important pour le dossier de

 14   mon client que pour tous les autres accusés, donc j'ai entendu et suivi vos

 15   remarques et je ferai de mon mieux dans les 24 heures à venir pour y

 16   répondre, mais je ne peux pas faire de promesse et je ne peux pas m'engager

 17   à ce que mes éléments soient disponibles avant le week-end.

 18   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] D'accord. Je vous remercie, Maître

 19   Haynes. Ceci me semble parfaitement compréhensible. J'ai mesuré mes paroles

 20   hier je ne vous ai pas dit qu'il fallait que vous répondiez avant le week-

 21   end, simplement que ce serait une bonne chose si vous pouviez le faire.

 22   Naturellement nous ne pouvons pas réduire les délais, les délais restent

 23   les mêmes. Mais tout ce que vous pourrez nous donner avant cette date sera

 24   très utile.

 25   Et je suppose puisque vous n'avez pas répondu à ma question que vous n'avez

 26   pas d'autre point à soulever.

 27   M. HAYNES : [interprétation] Non. J'ai besoin de m'occuper des difficultés

 28   techniques pour ce qui est des déclarations 92 bis. Et mis à part cela,

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  1   cela dépendrait également pour ce qui est de mes instructions concernant

  2   tous les moyens de preuve que je vais présenter ici autres que les

  3   déclarations 92 bis.

  4   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. On ne peut pas entendre d'autre

  5   témoin et nous allons donc recommencer bientôt. Monsieur McCloskey, vous

  6   avez dit qu'on commencera la semaine qui commence le 23, n'est-ce pas ?

  7   M. McCLOSKEY : [interprétation] Est-ce qu'on peut aller à huis clos partiel

  8   brièvement ?

  9   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Oui.

 10   J'ai essayé de ne pas de révéler beaucoup de détail, mais nous sommes

 11   maintenant à huis clos partiel. Vous pouvez donc donner plus

 12   d'informations, Monsieur McCloskey.

 13   [Audience à huis clos partiel]

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 23   [Audience publique]

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] pour le moment la Chambre de première

 25   instance ne siégera pas la semaine prochaine, si j'ai bien compris, à moins

 26   que des questions urgentes ne surgissent. Nous allons travailler sur la

 27   requête concernant la réplique, bien sûr, et nous essayons être en mesure

 28   de rendre notre décision le plus tôt possible. Mais nous devons donc nous

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  1   occuper d'autres choses également et cela dépendait d'autres décisions

  2   concernant la réplique.

  3   L'audience est levée.

  4   --- L'audience est levée à 13 heures 19.

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