Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

Page 33938

  1   Le lundi 6 juillet 2009

  2   [Audience publique]

  3   [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

  4   [L'accusé Popovic est absent]

  5   [Le témoin vient à la barre]

  6   --- L'audience est ouverte à 9 heures 06.

  7   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Greffier

  8   d'audience, veuillez citer l'affaire.

  9   M. LE GREFFIER : [interprétation] Bonjour, Monsieur le Président, Madame,

 10   Messieurs les Juges. Il s'agit de l'affaire IT-05-88-T, le Procureur contre

 11   Vujadin Popovic et consorts.

 12   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci.

 13   Aux fins de compte rendu, je constate que Popovic n'est pas présent ici

 14   dans le prétoire. Les Juges de la Chambre en ont été informés en bonne et

 15   due forme la semaine passée, et une dérogation a été déposée auprès du

 16   greffe. Les autres accusés sont présents.

 17   M. McCloskey est présent pour l'Accusation. Sont absents du côté des

 18   équipes de la Défense, M. Nikolic, M. Bourgon, M. Gosnell, il me semble

 19   avoir vu M. Davis, oui. Voilà pour les absents.

 20   J'imagine que vous n'avez pas de questions préalables à aborder, je propose

 21   que nous commencions votre contre-interrogatoire, Monsieur McCloskey.

 22   Bonjour à vous, Monsieur.

 23   LE TÉMOIN : [aucune interprétation]

 24   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] J'espère que vous avez passé un bon

 25   week-end. Nous allons poursuivre et conclure votre contre-interrogatoire,

 26   Monsieur, ce matin, et ensuite il vous sera loisible de rentrer chez vous.

 27   Monsieur McCloskey.

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président, bonjour à

Page 33939

  1   tous.

  2   LE TÉMOIN: SASA JOVANOVIC [Reprise]

  3   [Le témoin répond par l'interprète]

  4   Contre-interrogatoire par M. McCloskey :

  5   Q.  [interprétation] Bonjour, Monsieur Jovanovic.

  6   R.  Bonjour.

  7   Q.  Je me présente, Peter McCloskey. Je représente le bureau du Procureur.

  8   Tout d'abord, vous avez peut-être eu l'occasion de réfléchir à ce que vous

  9   nous avez dit la semaine dernière au cours du week-end, est-ce qu'il y a

 10   quoi que ce soit vous souhaitez modifier suite à votre déposition ou est-ce

 11   qu'il y a des erreurs éventuellement que vous souhaiteriez corriger ?

 12   R.  La seule erreur éventuellement aurait trait à la phrase prononcée par

 13   le général Gvero dans une conversation qu'il a eue avec le général Mladic,

 14   dans la mesure où les deux bourgades étaient tombées, mais en fait elles

 15   étaient en train de tomber, elles sont tombées le 28, or cette phrase a été

 16   prononcées avant cela; mais en fait, la chute des bourgades était en cours

 17   depuis six mois. Donc c'est la seule correction que je souhaiterais

 18   apporter à ma déposition afin d'éviter tout malentendu.

 19   Q.  Vous vous souvenez nous avoir dit à deux reprises ou d'avoir dit à M.

 20   Krgovic que ces deux bourgades, ces deux villes, "étaient tombées", et vous

 21   avez utilisé le passé, et M. Krgovic a essayé de vous rappeler du fait

 22   qu'elles étaient en train de tomber. Et vous avez eu l'occasion d'y

 23   réfléchir et maintenant vous êtes plutôt d'accord avec M. Krgovic pour dire

 24   qu'elles étaient "en train de tomber" et non pas qu'elles "étaient

 25   tombées".

 26   R.  Oui, c'est exact.

 27   Q.  Parce que vous n'êtes pas sans savoir que si le général Gvero avait dit

 28   au général Mladic le 26 juillet qu'elles étaient tombées, il aurait

Page 33940

  1   difficilement pu le dire le 26, il l'aurait dit depuis la zone de Zepa et

  2   de Han Pijesak après leur chute, donc il aurait fallu que ce soit après le

  3   28. Donc vous venez d'apporter la correction nécessaire, n'est-ce pas ?

  4   R.  C'est exact.

  5   Q.  Très bien. Pourriez-vous me dire si vous avez eu l'occasion d'examiner

  6   votre carnet de bord de vol ? Je sais que les pilotes et les ingénieurs

  7   d'aéronautiques tiennent un journal de bord qui permet d'opérer les

  8   jugements sur base de durée de vol, il est essentiel que ce fichier soit

  9   tenu à jour, et vous avez eu l'occasion, puisque vous êtes un officier

 10   d'active, vous avez eu l'occasion d'examiner ces carnets de bord, ces

 11   journaux de vol, avant de venir déposer sur ces vols importants qui ont eu

 12   lieu en juillet 1995.

 13   R.  Non, je ne les ai pas examinés et il y a à cela une raison précise, à

 14   savoir que ces journaux de bord, ces enregistrements de vol, pour chacun

 15   des membres, ces registres sont maintenus de façon très précise en période

 16   de paix. Un grand nombre de mes collègues étaient assez négligents dans la

 17   façon dont ils consignaient par écrit dans les registres les données

 18   nécessaires, tout simplement parce qu'il était impossible de consigner cela

 19   par écrit après chaque vol tous les jours parce que ces registres étaient

 20   maintenus à Banja Luka, et moi j'avais été détaché ailleurs dans une autre

 21   région du pays. Donc nous inscrivions cela sur des bouts de papier dans des

 22   cahiers et ce n'est qu'ensuite qu'ils étaient inscrits dans les registres à

 23   proprement parler. 70 % de mes vols pratiquement n'ont pas fait l'objet de

 24   registres parce que j'avais perdu ces notes et je n'ai pas pu me baser sur

 25   ma mémoire pour reconstruire les événements. Avant de venir déposer ici, je

 26   n'ai pas eu l'occasion d'examiner ces registres.

 27   Je me souviens que c'était une période qui avait ceci de particulier, que

 28   nous volions tous les jours. Il n'y avait aucune interruption dans nos

Page 33941

  1   tâches en vol. Nous avions dix à 15 jours sans interruption de vol, sans

  2   aucun répit.

  3   Q.  Monsieur, vous n'êtes pas sans savoir que le gouvernement serbe coopère

  4   avec ce Tribunal et qu'il fournit des documents militaires, et ce, à

  5   intervalle régulier au Tribunal. Par conséquent, nous demanderons à voir

  6   ces carnets de bord, ces registres de vol. Donc je vous invite à y

  7   réfléchir sérieusement. Nous avons eu l'occasion de voir des registres dans

  8   cette affaire pour les plus simples camions TAM-110 et il y avait des

  9   registres. Donc vous avez certainement eu l'occasion d'examiner les

 10   registres avant de venir déposer, ces carnets de vol. C'est une question

 11   importante et votre déposition l'est tout autant.

 12   R.  Je suis prêt, s'agissant de tous les documents dont dispose mon Etat,

 13   je suis prêt à vous les remettre et je suis sûr que je peux prouver que ce

 14   jour-là j'étais à Boksanica.

 15   Q.  Combien d'hélicoptères en état de fonctionner la VRS avait-elle en

 16   juillet 1995 -- l'état-major principal donc ?

 17   R.  L'état-major principal ne disposait que d'un seul hélicoptère à Crna

 18   Rijeka et pendant pratiquement toute la guerre, il n'y avait qu'un seul

 19   hélicoptère. Si vous souhaitez savoir la marque ou si vous souhaitez

 20   connaître des détails techniques sur cet hélicoptère, je peux vous les

 21   donner.

 22   Q.  Je crois que vous nous aviez déjà dit qu'il s'agissait d'une Gazelle,

 23   n'est-ce pas; c'est la marque ? Quelle était son année de fabrication ?

 24   R.  L'hélicoptère que j'ai piloté au cours de cette période portait

 25   l'identification militaire 12882, ce qui signifie 800e série, et

 26   l'hélicoptère que je pilotais avait été fabriqué immédiatement après la

 27   guerre. J'ai vu les documents qui en témoignent, mais j'ai oublié. Donc 800

 28   à 900 séries ont été produites à la fin des années '80 à l'usine Sokar

Page 33942

  1   [phon] de Mostar.

  2   Q.  Et combien d'autres pilotes étaient à même de piloter cet hélicoptère à

  3   l'époque ? Je ne vous parle pas d'ingénieurs aéronautiques ou de

  4   techniciens, je vous parle de pilotes véritablement.

  5   R.  A Crna Rijeka ?

  6   Q.  Oui.

  7   R.  A Crna Rijeka, à l'époque, il y avait deux pilotes.

  8   Q.  Quels étaient leurs noms ?

  9   R.  Il y avait le commandant Dusan Maran, qui pilotait avec moi pendant

 10   pratiquement toute la durée de la guerre, et puis son suppléant commandant

 11   et ensuite le lieutenant-colonel Trivo Jokanovic.

 12   Q.  Et qui était avec vous en date du 26 juillet au cours de ce vol ?

 13   R.  Le commandant Dusan Maran.

 14   Q.  Et vous mis à part, combien d'ingénieurs aéronautiques étaient présents

 15   ?

 16   R.  A Crna Rijeka, l'état-major principal, aucun.

 17   Q.  Et est-ce que vous avez bénéficié d'une formation qui vous aurait

 18   permis de piloter cet hélicoptère si cela avait été nécessaire ?

 19   R.  Il n'y a pas vraiment de formation dans l'armée de l'air qui me permet

 20   de voler seul, mais le commandant Maran avait insisté pour me former afin

 21   que je puisse voler seul au cas où il serait blessé; par conséquent,

 22   j'avais bénéficié d'une formation non officielle afin de piloter seul

 23   l'appareil en question.

 24   Q.  Cet appareil peut être piloté depuis le côté gauche de l'appareil en

 25   question, n'est-ce pas, le cas échéant; est-ce exact ?

 26   R.  Oui, il a une commande double, à droite et à gauche.

 27   A droite, en général, c'est la place du pilote et à gauche, l'autre siège,

 28   celui de l'ingénieur de vol, mais les commandes sont identiques.

Page 33943

  1   Q.  Et combien de personnes peuvent prendre place à l'arrière de

  2   l'appareil, une fois les deux places à l'avant occupées ?

  3   R.  Trois passagers peuvent prendre place à l'arrière, maximum trois

  4   passagers, et puis il y a également un peu de place pour des bagages; mais

  5   pour les passagers, seul trois personnes peuvent prendre place à l'arrière.

  6   Q.  Et vous devez connaître la Résolution des Nations Unies 781 promulguée

  7   en 1992 ?

  8   R.  Oui, je sais plus ou moins de quoi il s'agit. Je ne dis pas que je

  9   connais les moindres détails du texte mais je connais plus ou moins dans

 10   les grandes lignes cette résolution.

 11   Q.  Dans les grandes lignes, que connaissaient les gens qui survolaient

 12   l'espace aérien de la Republika Srpska au cours de la guerre ? Qu'en

 13   connaissaient les gens dans les grandes lignes ?

 14   R.  Pour autant que je m'en souvienne, cette résolution indiquait qu'il

 15   était interdit de voler au-dessus du territoire de la Bosnie-Herzégovine et

 16   cette interdiction concernait l'armée de l'air de la Republika Srpska. Je

 17   ne sais pas si d'autres armées de l'air étaient interdites, mais pour nous

 18   c'était interdit et il s'agissait d'avions de combat. Il y avait une zone

 19   d'exclusion aérienne pour les avions de combat. Les bombardiers, les

 20   chasseurs ne pouvaient pas survoler la zone. Les hélicoptères, oui, ils

 21   transportaient essentiellement des blessés, les commandants militaires

 22   ainsi que les responsables politiques.

 23   Q.  Cette résolution ayant trait à la zone d'exclusion aérienne a-t-elle eu

 24   quelque impact que ce soit sur la façon dont on utilisait l'hélicoptère ?

 25   R.  Elle a eu un impact dans la mesure où il fallait que nous soyons

 26   attentifs puisqu'il fallait éviter d'être abattus par des avions de

 27   chasseurs. Nous ne savions pas qui était en charge ou responsable de

 28   l'espace aérien de la Bosnie-Herzégovine, mais il fallait que nous soyons

Page 33944

  1   attentifs afin de ne pas être abattus, ce qui signifiait que parfois il

  2   fallait que nous montions plus en altitude, que nous changions

  3   d'itinéraire. Parfois il fallait que nous atterrissions. Si nous examinions

  4   qu'il y avait un chasseur, il fallait attendre qu'il disparaisse et parfois

  5   cela avait pour conséquence que les blessés que nous transportions

  6   décédaient parce qu'il fallait que nous attendions que le chasseur

  7   disparaisse et nous transportions les blessés vers l'hôpital pour qu'ils

  8   puissent bénéficier de soins chirurgicaux.

  9   Q.  Nous voyons que vous volez au niveau de la cime des arbres lorsque vous

 10   aviez à bord le général Mladic, parce que vous étiez inquiet de cette zone

 11   d'exclusion aérienne et vous aviez peur d'être abattu par un appareil de

 12   l'OTAN, n'est-ce pas ?

 13   R.  Ce que vous avez vu c'était une altitude qui n'était pas sûre en fait.

 14   Nous, nous volions encore plus bas. Mais au cours de ce vol, nous n'avions

 15   pas peur d'être abattus par l'OTAN, mais d'être abattus par notre propre

 16   DCA qui était basé autour de la zone de Zepa.

 17   Q.  Vous viviez dans les casernes à Crna Rijeka, n'est-ce pas ?

 18   R.  Oui, c'est exact.

 19   Q.  Et vous saviez que des groupes de sabotage musulmans s'étaient rendus à

 20   proximité assez immédiate de ces casernes le 11 juin 1995, n'est-ce pas ?

 21   R.  Oui, une proximité relative.

 22   Q.  Donc vous saviez que ces hauteurs autour de Han Pijesak, Crna Rijeka,

 23   Zepa, qui étaient des collines plantées de nombreux arbres comptaient de

 24   nombreux saboteurs potentiels, des saboteurs musulmans qui portaient des

 25   lance-roquettes portatifs Zolja, des armes automatiques; c'est exact ?

 26   R.  Vous parlez de la zone de Zepa, mais nous n'avons jamais survolé la

 27   zone de Zepa. Nous, nous survolions Han Pijesak, Crna Rijeka, Borik,

 28   jusqu'à Boksanica. Mais nous n'avons jamais survolé Zepa. Il est vrai

Page 33945

  1   qu'éventuellement il était possible qu'il y ait eu des saboteurs qui

  2   ouvrent le feu à partir des zones boisées ou d'autres positions, mais nous,

  3   nous avions un avantage, à savoir que nous avions des silencieux qui

  4   étaient placés sur les pots d'échappement des moteurs, par conséquent, on

  5   ne pouvait pas entendre approcher l'hélicoptère, on ne l'entendait qu'une

  6   fois qu'il quittait une zone. Par conséquent, il aurait fallu qu'ils soient

  7   très bien entraînés pour reconnaître le bruit de nos hélicoptères. Nous

  8   changions d'itinéraire quotidiennement pour des raisons de sécurité. Nous

  9   connaissions des itinéraires sûrs qui nous permettaient d'approcher

 10   Boksanica, et nous les utilisions ces itinéraires.

 11   Q.  Oui, mais ce que j'essaye de vous dire c'est que le travail que vous

 12   faisiez était très difficile. Lorsque vous pilotiez cet hélicoptère et

 13   lorsque vous étiez en l'air dans l'hélicoptère, vous aviez une menace

 14   sérieuse qui pesait sur vous, sur un équipement - l'hélicoptère - très

 15   précieux, et éventuellement sur ce que vous transportiez ou qui vous

 16   transportiez ?

 17   R.  C'est exact.

 18   Q.  En juillet, vous nous avez déjà dit que vous vous souveniez de ces vols

 19   et que vous vous souvenez particulièrement de la date du 26 juillet, en

 20   juillet 1995, est-ce que vous et le pilote que vous avez évoqué, j'ai

 21   oublié son nom, quel était le nom de famille du pilote, rappelez-nous ?

 22   R.  Commandant Dusan Maran.

 23   Q.  Donc le commandant Maran et vous-même étiez-vous les seuls à

 24   transporter le général Mladic à bord de votre appareil en juillet 1995 ?

 25   R.  Oui. Nous étions les seuls à le transporter à l'époque.

 26   Q.  Mis à part le général Mladic, qui d'autre transportiez-vous en juillet

 27   1995 ?

 28   R.  Vous savez, le mois de juillet c'est un long mois. Est-ce que vous

Page 33946

  1   pourriez peut-être préciser votre question ? Vous voulez dire autour des

  2   événements du 26 juillet ?

  3   Q.  Non, vous nous avez dit que vous vous souveniez des vols, j'imagine que

  4   vous avez eu l'occasion d'y réfléchir à ce mois de juillet. Quels sont les

  5   autres généraux de l'état-major principal que vous avez transportés à bord

  6   de votre appareil au cours du mois de juillet; Tolimir, Gvero, Miletic,

  7   Milovanovic ?

  8   R.  Au mois de juillet, au cours de cette période-là, nous transportions le

  9   général Tolimir, le général Krstic, certains responsables du centre de

 10   presse, des opérateurs caméra, des interprètes. Puis nous transportions

 11   même des journalistes qui écrivaient pour des journaux serbes et qui

 12   venaient pour faire un reportage, et c'est ainsi que nous les

 13   transportions. Les généraux Gvero et Milovanovic je ne les ai pas

 14   transportés. Ils n'apparaissaient pas là-haut.

 15   Q.  Mais vous devez vous souvenir du moment où le général Mladic et

 16   d'autres sont entrés dans Srebrenica le 11 juillet 1995. On ne parlait que

 17   de ça à la télévision serbe à l'époque, n'est-ce pas ?

 18   R.  Je me souviens bien de cette époque-là. Nous n'avons pas participé à

 19   cette action avec nos hélicoptères.

 20   Q.  Nous avons un document de la Brigade de Bratunac, c'est une pièce de la

 21   liste 65 ter portant la cote 237 - nous n'avons pas le temps de l'examiner

 22   - mais il indique ce document que le général Mladic était dans la zone de

 23   responsabilité de la Brigade de Bratunac le 10 juillet. Est-ce que vous

 24   l'avez transporté sur un petit aérodrome à proximité de Bratunac en date du

 25   10 juillet à bord de votre appareil ?

 26   R.  Non, nous ne l'avons pas transporté le 10 juillet parce que les

 27   conditions météorologiques dans la zone de Crna Rijeka et Han Pijesak ne

 28   nous permettaient pas d'effectuer un vol à bord d'hélicoptère. Si les

Page 33947

  1   conditions météorologiques avaient été favorables, peut-être qu'on l'aurait

  2   fait, mais on ne pouvait pas le faire parce que la situation n'était pas

  3   sûre pour effectuer un vol quelconque, même pas un vol court, sans parler

  4   d'un vol jusqu'à Bratunac.

  5   Q.  Néanmoins, le 11 juillet le général Mladic est de nouveau dans la zone

  6   de Bratunac, n'est-ce pas ? Nous savons que les avions pouvaient voler le

  7   11 parce que l'OTAN a bombardé Srebrenica à ce moment-là. Est-ce que vous

  8   avez voyagé à bord d'hélicoptère le 11, est-ce que vous l'avez transporté ?

  9   R.  Monsieur le Procureur, je ne pourrais pas vous expliquer maintenant

 10   tout ce qu'il faut savoir au sujet des conditions météorologiques, mais

 11   vous savez, dans une ville les conditions peuvent être idéales, tandis que

 12   dans une autre ville à proximité, les conditions peuvent être telles qu'on

 13   ne peut pas voler. L'hélicoptère Gazelle qui est fabriqué également en

 14   Grande-Bretagne et en France, donc vous pouvez vérifier ses

 15   caractéristiques, est un tel type d'hélicoptère qui ne dispose pas

 16   d'équipement lui permettant de voyager lors des conditions météorologiques

 17   non favorables.

 18   Par exemple, nous n'avons pas de système antigel, et chaque fois qu'il

 19   fallait traverser un nuage on risquait d'avoir ce genre de problème. Donc

 20   l'hélicoptère est très limité dans ses capacités, puis l'équipage n'avait

 21   pas suivi de formation pour effectuer un vol lors des conditions non

 22   favorables. Lors de ces journées-là, les conditions étaient difficiles.

 23   C'est pourquoi nous ne pouvions pas effectuer de vol à Crna Rijeka. Un

 24   hélicoptère qui, par exemple, partait depuis l'Italie disposait de tous ces

 25   systèmes nécessaires et --  

 26   Q.  Monsieur, Monsieur, écoutez. Je vous ai posé une question simple :

 27   l'avez-vous transporté dans la zone de Bratunac le 11 ?

 28   R.  Non.

Page 33948

  1   Q.  Nous savons également que le général Mladic était à Belgrade le 14 et

  2   le 15 et qu'il a rencontré le président Milosevic, je suis sûr qu'il n'a

  3   pas voyagé à bord d'une voiture jusqu'à Belgrade. Est-ce que vous l'avez

  4   transporté à Belgrade à cette occasion-là ?

  5   R.  Si vous me permettez de répondre sans m'interrompre, Monsieur le

  6   Procureur, je me souviens de ce vol pour Belgrade. Le général nous a

  7   ordonné d'effectuer ce vol d'urgence parce qu'il devait avoir une réunion

  8   d'urgence. Il ne nous a pas dit avec qui il devait s'entretenir. Le pilote,

  9   Maran, lui a dit que les conditions météorologiques n'étaient pas

 10   favorables pour effectuer ce vol à partir de Crna Rijeka, néanmoins il nous

 11   a ordonné de partir. Nous avons préparé l'hélicoptère et nous sommes

 12   partis.

 13   En une minute cet hélicoptère traverse une distance de 3 kilomètres, mais

 14   néanmoins il nous a fallu 45 minutes, voire 50 minutes pour traverser 3

 15   kilomètres. Donc nous étions à une hauteur de 5, voire 10 mètres. On devait

 16   traverser la brume qui était très dense. Nous avons volé vers Vlasenica.

 17   Les conditions n'étaient pas favorables; et c'est pourquoi nous avons dû

 18   atterrir dans une vallée, littéralement dans un ruisseau. Le général était

 19   très fâché. Il s'en est pris contre nous parce qu'il allait être en retard

 20   pour cette réunion. A ce moment-là, nous nous sommes rendu compte que nous

 21   ne disposions que d'armes à petit calibre. Donc mon propre revolver, le

 22   commandant avait également un revolver, et le général a essayé de traverser

 23   la forêt avec le commandant Maran, il a emprunté les routes principales

 24   entre Vlasenica et Han Pijesak, et là ils ont arrêté un véhicule pour

 25   revenir à Han Pijesak, et à partir de là, il a pris une voiture à bord de

 26   laquelle il est allé à Belgrade.

 27   Moi je suis resté à proximité de l'hélicoptère pendant presque une

 28   journée en attendant que les conditions météorologiques me permettent de

Page 33949

  1   partir. Entre-temps, la police militaire était venue sécuriser ma position,

  2   parce qu'à l'époque, les forces musulmanes faisaient des percées dans cette

  3   zone-là. Le commandant Maran est revenu et il est parti. Je pense que cela

  4   s'est passé le 13 ou le 14.

  5   Q.  Vous aurez toujours la possibilité d'expliquer toute réponse que

  6   vous souhaitez, mais les avocats - et notamment les Procureurs - peuvent

  7   parfois vous interrompre s'ils estiment --

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Passez à une autre question,

  9   Monsieur McCloskey.

 10   M. McCLOSKEY : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

 11   Q.  Quel était le jour lorsque vous avez décollé pour transporter Mladic à

 12   Belgrade ?

 13   R.  Je pense que c'était soit le 13 soit le 14 juillet.

 14   Q.  C'était à quel moment de la journée ?

 15   R.  Je pense que c'était le matin, peut-être vers 9 heures ou 10 heures.

 16   Q.  D'accord. Passons maintenant au 26 juillet. Nous avons vu une partie de

 17   ce vol, et vous avez dit que c'était vous qui étiez à bord de cet

 18   hélicoptère en tant qu'ingénieur de vol et vous vous dirigiez vers le site

 19   de Boksanica.

 20   Est-ce que vous avez eu l'occasion de voir l'enregistrement vidéo dans son

 21   intégralité ?

 22   R.  Je ne sais pas si j'ai pu voir l'"intégralité" de cet enregistrement

 23   vidéo. Je sais qu'il y a une partie avant et après cette partie-là que j'ai

 24   pu visionner. Mais effectivement j'ai eu l'occasion de voir plus qu'il n'a

 25   été montré ici.

 26   Q.  D'accord. Vous dites que l'on ne vous voit pas sur cet enregistrement

 27   vidéo lors de l'enregistrement à Boksanica, et ensuite vous avez fait une

 28   explication bien longue pour dire que vous avez fait tout votre possible

Page 33950

  1   pour que vous ne soyez pas filmé, n'est-ce pas ?

  2   R.  C'est exact.

  3   Q.  En voyant cet enregistrement vidéo, vous avez certainement pu vous

  4   rappeler qu'une fois que Mladic a été emmené à Boksanica, il s'est retourné

  5   et il a fait un signe pour dire au revoir et ensuite l'hélicoptère est

  6   parti. Est-ce que vous êtes en train de nous dire que vous êtes resté là-

  7   bas, que l'hélicoptère est parti dans une zone très dangereuse alors qu'il

  8   n'y avait pas d'ingénieur de vol à bord de cet hélicoptère ? Ou bien, est-

  9   ce que vous avez essayé d'obtenir un peu plus de carburant et d'effectuer

 10   un vol vers une zone plus sûre ?

 11   R.  Je ne dirais pas que la zone de Boksanica était une zone dangereuse et

 12   que le commandant Maran ne pouvait pas partir tout seul à cause de cela. Je

 13   suis resté derrière probablement parce qu'il devait y avoir plusieurs

 14   autres passagers, et si on était quatre, par exemple, il valait mieux que

 15   je reste. Vous savez, s'agissant du carburant, on ne fait le plein qu'à la

 16   fin de la journée. Donc probablement le commandant était allé chercher

 17   d'autres passagers et pour ne pas effectuer deux vols il est allé tout seul

 18   et rien de mal ne pouvait lui arriver.

 19   Q.  Vous dites que vous "supposez" que c'était le cas, donc cela veut dire

 20   que vous n'en êtes pas sûr.

 21   R.  Je n'en suis pas sûr, mais je vous dis pourquoi le pilote avait

 22   effectué ce vol tout seul, ce n'était pas la première fois qu'une telle

 23   chose s'était produite. S'il devait transporter quatre passagers, il était

 24   beaucoup plus simple de faire un seul vol plutôt que de faire deux vols,

 25   vous savez, de transporter d'abord trois passagers et ensuite de revenir

 26   pour transporter encore un passager. Comme vous l'avez dit, c'était une

 27   zone dangereuse.

 28   Q.  Qui étaient ces passagers qu'il avait transportés ? Parce qu'il devait

Page 33951

  1   y avoir une bonne raison s'il vous avait laissé là-bas, il avait effectué

  2   ce vol tout seul à bord de cet appareil très coûteux. Qui était cette

  3   personne qu'il avait ramenée ?

  4   R.  J'imagine que c'était quelqu'un de l'état-major principal, ou peut-être

  5   quelques interprètes. Comme je vous l'ai déjà dit, le général était venu

  6   avec un caméraman, j'imagine qu'il y avait également des interprètes qu'il

  7   fallait transporter depuis le centre de presse, donc probablement quelqu'un

  8   d'autre, le général Tolimir ou quelqu'un d'autre, ça devait être quelqu'un

  9   d'important.

 10   Q.  Donc vous ne le savez pas ?

 11   R.  Non, je l'ignore. Peut-être que c'était quelqu'un qui faisait partie de

 12   l'entourage du général.

 13   Q.  Est-ce que vous avez peut-être fait ce vol avec lui ? Il est possible

 14   qu'étant donné que vous ne vous souvenez pas très bien de cet événement-là

 15   que vous étiez parti avec lui et que vous êtes rentré et revenu ensuite.

 16   R.  Non, je suis resté dans la région de Boksanica.

 17   Q.  Donc vous vous souvenez précisément de cela, et néanmoins vous ne vous

 18   souvenez pas de la personne qu'il avait transportée. Comment se fait-il ?

 19   R.  Vous savez, tous les jours on transportait à plusieurs reprises des

 20   passagers entre Boksanica et Crna Rijeka et Boksanica et Han Pijesak. Il

 21   est possible que j'étais resté parce qu'au cours de ces journées-là il

 22   m'arrivait de rester. Ce n'était pas la première fois qu'une telle chose se

 23   produisait.

 24   Q.  Il était normal donc d'effectuer ce vol à Boksanica et de laisser

 25   derrière l'ingénieur de vol, c'était une zone aérienne que contrôlaient les

 26   Musulmans, vous n'aviez pas vos propres troupes sur place, et il y avait

 27   également une présence de l'OTAN, donc il était possible qu'un tel vol

 28   allait être effectué sans l'ingénieur de vol, et néanmoins qu'on transporte

Page 33952

  1   des gens aussi importants que le général Tolimir ? Je trouve ça

  2   difficilement croyable.

  3   R.  Comme je vous l'ai déjà dit, l'hélicoptère Gazelle est un hélicoptère

  4   léger qui n'a pas de moyen de défense. Donc si quelqu'un nous tirait

  5   dessus, on ne pouvait rien faire, c'est pourquoi on n'avait pas besoin

  6   d'avoir forcément à bord un ingénieur de vol. Le pilote pouvait manœuvrer

  7   l'appareil tout seul, et vous avez raison lorsque vous dites que c'était

  8   une zone dangereuse et que nous avons essayé effectivement de diminuer le

  9   nombre de vols effectués.

 10   Q.  D'accord. Vendredi dernier, vous avez parlé brièvement de la réunion

 11   entre le général Smith et le général Mladic qui a eu lieu au restaurant

 12   Jela et nous avons appris qu'il y avait effectivement une réunion - et cela

 13   est consigné au rapport de l'ONU qui porte la référence 2943 de la liste 65

 14   ter - donc qu'il y avait une réunion entre le général Mladic, Tolimir et

 15   Smith. J'aimerais maintenant vous montrer quelques images à ce sujet.

 16   M. McCLOSKEY : [interprétation] Examinons maintenant 4490 [comme

 17   interprété] de la liste 65 ter et je vous donnerai lecture de ce que vous

 18   avez dit.

 19   Q.  "Oui, c'était mon opinion personnelle s'agissant des photographies et

 20   des enregistrements vidéo -- vous savez, je n'aime pas ça. Je n'ai pas à

 21   être filmé ni photographié, donc j'essayais toujours de ne pas être filmé.

 22   Je ne voulais pas que mon visage soit enregistré. A partir du moment où

 23   nous sommes partis à bord de l'hélicoptère, j'étais toujours derrière le

 24   caméraman, mais également à proximité du général Mladic qui se promenait

 25   là-bas."

 26   Donc nous allons voir quelques scènes filmées à ce propos.

 27   [Diffusion de la cassette vidéo]

 28   M. McCLOSKEY : [interprétation]

Page 33953

  1   Q.  Nous avons commencé avec une rencontre brève où on peut voir le général

  2   Mladic et le général Smith. Est-ce que vous avez été à l'intérieur de ce

  3   bâtiment ? Je sais que vous n'avez pas pu voir beaucoup…

  4   R.  Non, je n'ai pas pu assister à la réunion. Nous, qui faisions partie de

  5   l'escorte, n'avons pas pu entrer à l'intérieur. Nous, qui escortions le

  6   général Mladic et les autres qui escortaient le général Smith, nous n'avons

  7   pas pu entrer à l'intérieur. Une fois que la réunion était terminée, on

  8   nous a dit que nous allions dans la zone de Boksanica. Vous savez, cet

  9   hélicoptère se trouve de l'autre côté dans la clairière à l'opposé du motel

 10   Jela, peut-être à une distance de 50 mètres par rapport à la route.

 11   Q.  Donc nous avons un arrêt sur image, 00.00.13. Est-ce que c'est ça la

 12   clairière de l'autre côté de Jela ?

 13   R.  Ce que nous pouvons voir maintenant à l'écran ?

 14   Q.  Oui.

 15   R.  Oui, c'est de l'autre côté du motel Jela. Il y a également un petit

 16   parking, puis la route et il y a cette clairière, ce champ où nous avons

 17   atterri.

 18   Q.  Poursuivons.

 19   [Diffusion de la cassette vidéo]

 20   Q.  Je sais que le -- est-ce que c'est vous qu'on peut voir maintenant à

 21   gauche -- non, revenons un petit peu en arrière. Excusez-moi. Là, donc

 22   c'est 00.00.34.

 23   R.  Oui, c'est moi. Mon siège était à gauche. J'étais debout à côté de

 24   l'hélicoptère, on se préparait pour partir. J'imagine que j'étais en train

 25   de préparer le siège pour le général.

 26   Q.  Quelle était votre destination suivante ? Est-ce que vous saviez où

 27   vous deviez partir ? Est-ce qu'on vous l'avait dit ?

 28   R.  Le pilote le savait. Devant le motel, il a dit au pilote où nous

Page 33954

  1   devions partir. Ensuite il s'est retourné et il a dit au général Smith

  2   qu'il pourrait partir avec lui à bord de cet hélicoptère, que le voyage

  3   allait être plus simple, mais le général Smith ne voulait pas le faire.

  4   Donc il a invité le général Smith pour se rendre à Boksanica.

  5   Q.  D'accord. Vous dites qu'entre autres vous aviez comme mission

  6   d'effectuer les navigations. Est-ce que vous avez navigué pour aller à

  7   Boksanica ?

  8   R.  Oui, mais vous savez, il s'agit d'une petite distance, donc nous

  9   connaissions très bien la route que nous devions emprunter sans même

 10   examiner une carte.

 11   Q.  D'accord. Poursuivons. Il n'en reste pas beaucoup encore.

 12   [Diffusion de la cassette vidéo]

 13   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 14   Q.  Nous avons accéléré un petit peu. Est-ce que vous reconnaissez

 15   l'endroit que vous approchez maintenant ?

 16   R.  Oui. Tout à l'heure vous avez accéléré, mais on a pu voir que nous

 17   étions dans la zone de Boksanica, nous avons atterri au pied de la colline,

 18   ensuite le général nous a dit qu'il fallait marcher pas mal de temps pour

 19   aller vers le haut de la colline et que l'hélicoptère ne pouvait pas être

 20   laissé là sans que quelqu'un reste. C'est pourquoi il a dit au pilote de

 21   décoller de nouveau et d'essayer d'atterrir à Boksanica. Il a supposé qu'il

 22   y aurait suffisamment de place là-bas. Ensuite nous arrivons à cette

 23   clairière. Vous pouvez voir, dans le fond de l'image, le toit du point de

 24   contrôle des Nations Unies, donc nous avons atterri là-bas. A droite se

 25   trouvait une route; et à gauche se trouvait un chemin de terre et des pins,

 26   il y a également un monument érigé, parce qu'un soldat de l'ONU avait été

 27   tué en marchant sur une mine à cet endroit-là. Je pense que c'était un

 28   soldat ukrainien. Je pense que c'était la première fois que nous étions

Page 33955

  1   arrivés à Boksanica pendant les négociations.

  2   Q.  C'était justement ma question que je voulais vous poser. Donc vous

  3   pensiez que c'était le meilleur endroit pour atterrir et vous dites que

  4   c'était la première fois que vous avez atterri là-bas, n'est-ce pas ?

  5   R.  Oui, c'était la première fois que nous y étions arrivés.

  6   Q.  D'accord. Poursuivons.

  7   [Diffusion de la cassette vidéo]

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  9   Q.  Est-ce que vous étiez dans l'entourage du général Mladic lorsqu'il est

 10   allé dans ce centre de communications et lorsqu'il a essayé d'entrer en

 11   contact avec Avdo Palic ?

 12   R.  Oui, j'étais présent, mais il n'est pas entré dans une tente. C'était

 13   en fait une sorte de baraque et il est entré en contact par radio avec le

 14   commandement des Musulmans à Zepa. C'est pourquoi il est entré à

 15   l'intérieur et le reste des négociations a eu lieu devant à l'extérieur où

 16   se trouvaient les tables. Et j'étais avec lui tout ce temps-là, de même que

 17   le commandant Maran.

 18   Q.  D'accord. Merci de l'avoir précisé. Poursuivons encore un peu.

 19   [Diffusion de la cassette vidéo]

 20   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 21   Q.  Pourriez-vous nous expliquer ce qui venait de se passer si vous vous en

 22   souvenez ? Si vous ne vous en rappelez pas, ce n'est pas un problème.

 23   R.  On est allé chercher le général Tolimir. J'imagine que les négociations

 24   devaient commencer et le général souhaitait que l'autre général soit

 25   présent également.

 26   Q.  Donc vous et le pilote vous êtes entré et vous êtes allé chercher le

 27   général Tolimir, n'est-ce pas ?

 28   R.  Je ne sais pas si j'étais allé le chercher moi-même, peut-être. Je ne

Page 33956

  1   peux pas répondre ni oui ni non.

  2   Q.  Et le lieutenant-colonel Kosoric, lui qui a cette moustache, est-ce que

  3   vous vous souvenez de lui ?

  4   R.  Oui, c'était la première fois que je le voyais en fait. Ces jours-là je

  5   le voyais, par la suite je ne l'ai pas revu dans le reste de l'opération.

  6   Q.  D'accord poursuivons.

  7   [Diffusion de la cassette vidéo]

  8   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  9   Q.  Qui est ce monsieur qui est derrière le général Mladic ? Pourriez-vous

 10   nous le dire ?

 11   R.  C'est le commandant Dusan Maran.

 12   Q.  D'accord. Poursuivons.

 13   [Diffusion de la cassette vidéo]

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 15   Q.  Et qui est à gauche à côté du commandant Maran derrière le général

 16   Mladic ?

 17   R.  C'est l'une des personnes qui ont accompagné le général Mladic. Je

 18   pense qu'il s'appelait Zrnic. Il est originaire de Sarajevo. C'est tout ce

 19   que je sais. Je n'ai pas eu l'occasion de parler davantage avec lui.

 20   Q.  La personne tout à fait à gauche à l'écran avec des cheveux foncés;

 21   est-ce bien vous ?

 22   R.  C'est bien moi, effectivement. C'est à l'époque où j'avais encore des

 23   cheveux foncés.

 24   Q.  Et c'est à 00.02.24, n'est-ce pas. Bien. Faites défiler, je vous prie,

 25   la vidéo.

 26   [Diffusion de la cassette vidéo]

 27   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 28   Q.  Nous voici de nouveau à 00.03.02 et c'est encore vous à gauche de

Page 33957

  1   l'écran et on est en train de vous prendre, n'est-ce pas, avec la caméra ?

  2   R.  Oui, c'était au début. Je lui avais dit au début au général que s'il y

  3   avait un champ de mines, mais nous ne savions pas exactement où le champ de

  4   mines se trouvait, donc je ne pouvais pas trop m'éloigner. Disons que le

  5   caméraman forcément me filmait, surtout parce que le général pouvait en

  6   tout temps nous donner un ordre. Pour assurer la sécurité du général, nous

  7   étions trois à ce moment-là. Nous nous attendions à ce que quelqu'un

  8   pouvait tirer depuis la forêt.

  9   Puisque c'était la première fois que nous nous sommes trouvés à cet

 10   endroit-là, nous ne savions même pas où les positions musulmanes se

 11   trouvaient.

 12   Q.  Très bien, merci.

 13   [Diffusion de la cassette vidéo]

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation]

 15   Q.  Très bien. Nous allons pouvoir terminer assez rapidement, Monsieur. Il

 16   y a un autre sujet que je voulais aborder avec vous. Il s'agit, en

 17   l'occurrence, de quelque chose que vous avez déclaré à la page 33 919. Vous

 18   avez dit, je cite :

 19   "Le général Gvero est venu là-bas, parce qu'il voulait s'entretenir avec le

 20   général Mladic concernant quelques questions. Pendant plusieurs jours, il

 21   n'avait pas été en mesure d'entrer en contact avec lui, puisque le général

 22   évitait tout contact avec les officiers qui ne travaillaient pas sur Zepa,

 23   pour être plus précis, s'agissant de l'affaire Boksanica."

 24   Alors je voulais aborder avec vous cette question, à savoir si le général

 25   Gvero travaillait effectivement sur Zepa avant cette période. Et la

 26   première chose que je voudrais faire, c'est d'aborder avec vous la pièce 65

 27   ter 2747. Il s'agit d'un rapport des Nations Unies. Je souhaiterais vous

 28   rappeler -- est-ce que vous vous souvenez s'il y a eu une réunion qui s'est

Page 33958

  1   déroulée entre le général Mladic, le général Gvero et le général Smith au

  2   restaurant Jela le 25 juillet, la veille de votre arrivée à Boksanica ?

  3   Et passons pour ceci -- non, excusez-moi. Examinons ensemble le premier

  4   paragraphe de ce rapport qui porte la date du 26 juillet. On peut y lire,

  5   je cite :

  6   "Le général Smith a rencontré le général Mladic au restaurant Jela à Hans-

  7   Kram à 12 heures 30 le 25 juillet 1995. La réunion a eu lieu à notre

  8   demande et le but était de nous entretenir de la situation dans Zepa,

  9   également de parler de l'accord qui avait été signé par le général Mladic

 10   et le général Smith le 19 juillet. Le général Mladic était accompagné du

 11   général Gvero."

 12   Dans le document, on peut lire que le général Mladic est arrivé par

 13   hélicoptère. Donc c'était sans doute vous qui aviez accompagné le général

 14   Mladic à cette réunion. Donc j'imagine que vous vous souvenez sans doute

 15   que le général Mladic, le général Gvero, et le général Smith s'étaient

 16   rencontrés au restaurant Jela la veille ?

 17   R.  J'imagine que s'il était arrivé par hélicoptère dans la zone du

 18   restaurant Jela, c'est nous qui l'avons sans doute accompagné. Je ne sais

 19   pas si le général Gvero était présent, je ne peux pas le dire avec

 20   certitude, je ne sais pas de quoi ils ont parlé non plus. Je sais que le

 21   général Smith était là, puisque je me suis entretenu avec son escorte car

 22   j'attendais devant.

 23   Pour ce qui est maintenant des négociations, nous ne pouvions pas les

 24   entendre, nous ne savions pas de quoi il en était question. Ils pouvaient

 25   très bien être là à l'intérieur en train de prendre un café, de boire du

 26   café et de s'entretenir de choses et d'autres et de nous dire qu'ils

 27   étaient en train de discuter. D'accord. Je ne sais pas du tout de quoi ils

 28   ont parlé.

Page 33959

  1   Q.  Très bien.

  2   M. McCLOSKEY : [interprétation] Passons maintenant à une autre pièce,

  3   P00191.

  4   Q.  Il s'agit encore du 25 juillet. C'est donc le même jour que ce document

  5   a été envoyé, comme vous pouvez le voir, à l'état-major principal de la VRS

  6   le 25 juillet au général Gvero ou au général Miletic, et ça été envoyé au

  7   général Miletic et ça vient du général Tolimir, et il est intitulé :

  8   "Accord sur le désarmement de Zepa."

  9   Je ne vais pas entrer dans les détails car vous ne savez pas les détails,

 10   mais clairement vous pouvez voir de par ce document que ce document porte

 11   sur le même sujet, à savoir la réunion qui s'est déroulée au restaurant

 12   Jela, et on peut voir que le général Gvero était une personne qui était

 13   assez prise par la question de Zepa, n'est-ce pas ?

 14   R.  Je vois ce texte pour la première fois maintenant, il faudrait d'abord

 15   lire tout le texte pour savoir de quoi il s'agit. Je ne peux pas confirmer

 16   quelque chose que je vois pour la première fois et dont je n'ai pas

 17   connaissance. Je n'ai jamais lu ce texte auparavant. Si on envoyait ce

 18   texte au général Gvero et au général Miletic, il se peut que ce texte porte

 19   sur cela, puisque c'étaient les seuls qui étaient dans la salle des

 20   opérations à l'état-major à ce moment-là, les autres généraux se trouvaient

 21   sur le terrain. Dans la première phrase de ce texte, nous pouvons voir que,

 22   Nous proposons que vous envoyiez ce document au corps du Sarajevo Romanija.

 23   Donc ils leur donnent un document et leur demandent de transmettre ce

 24   document, c'est presque un travail d'estafette.

 25   Mais je n'ai pas lu le reste du document, et il ne serait pas très

 26   sérieux de vous faire des commentaires sur un document que je n'ai pas

 27   préalablement lu et étudié.

 28   Q.  Fort bien.

Page 33960

  1   M. McCLOSKEY : [interprétation] Examinons la pièce P01333. Ce document est

  2   en anglais, mais il ne faudrait pas le diffuser. Il s'agit d'une

  3   conversation interceptée, conversation qui a été interceptée le 25 juillet;

  4   le A est l'anglais, et le C représente la version en B/C/S.

  5   Q.  Et l'heure de la conversation est 9 heures 45. Le document précédent

  6   comporte un reçu qui porte l'heure 5 heures 30, donc c'est quelques heures

  7   plus tard, et nous avons la fin de la conversation ici.

  8   M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pourriez-vous nous donner, je vous prie,

  9   la cote de la pièce de nouveau.

 10   M. McCLOSKEY : [interprétation] 133 A -- non, excusez-moi, alors 1333 A; et

 11   1333 C.

 12   Q.  Nous pouvons voir qu'à la fin de cette conversation interceptée,

 13   l'opérateur qui a intercepté cette conversation est arrivé à la conclusion

 14   que le X représente Milan Gvero. Donc maintenant, si nous examinons cette

 15   conversation interceptée vers le milieu de la page dans les deux langues,

 16   nous pouvons voir que le général Gvero, lorsqu'on lui demande, je cite,

 17   dans quel état sont-ils là-bas ?

 18   Il dit :

 19   "Très bien. Très bien. Ils ont signé l'accord hier soir concernant la

 20   reddition de Zepa."

 21   Ensuite, ils poursuivent leur conversation. Et si vous prenez la page 2, en

 22   anglais on voit qu'on parle de Glamoc, mais ce document nous permet de voir

 23   que le général Gvero a certainement informé de l'accord sur Zepa, c'est un

 24   accord très important, donc il informe son interlocuteur.

 25   J'aimerais maintenant vous montrer une autre conversation interceptée.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Qui porte la cote P1334.

 27   Q.  De nouveau il ne faut pas diffuser ce document. Nous avons les versions

 28   A et B.

Page 33961

  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Alors aucune diffusion.

  2   M. McCLOSKEY : [interprétation]

  3   Q.  La conversation s'est déroulée entre le général Gvero et une personne

  4   appelée Subara. C'était en date du 25 juillet, un peu plus tard, à 9 heures

  5   50. Et de nouveau, je voudrais attirer votre attention sur les

  6   préoccupations de Subara, il est préoccupé par ce qui se passe dans les

  7   médias ou de la façon dont les médias transmettent la situation de Zepa et

  8   de Srebrenica.

  9   Et de nouveau, le général Gvero parle du fait qu'un accord a été signé la

 10   veille. S'ils sont intelligents, l'ICRC va le contrôler et un représentant

 11   de la FORPRONU sera également présent. Voilà donc, je crois qu'on en parle

 12   un peu plus en détail plus loin, je ne vais pas les aborder, mais c'est une

 13   conversation interceptée, n'est-ce pas, qui est précise et qui nous parle

 14   de la connaissance du général Gvero, à savoir de ce qui se passait à Zepa ?

 15   R.  Monsieur le Procureur, je vois ces documents pour la première fois,

 16   vous les avez lus très rapidement et je ne peux pas vous dire que je suis

 17   d'accord avec ceci. La personne X peut être d'autres personnes, il n'est

 18   pas nécessaire qu'il s'agisse du général Gvero. Cela pourrait être aussi

 19   moi, le X pourrait me représenter. Vous savez, nous nous sommes tous

 20   entretenus au téléphone. Je ne sais pas de quelle conversation interceptée

 21   il s'agit, je n'ai pas eu l'occasion de prendre connaissance de l'ensemble

 22   du document.

 23   J'ai commencé à lire l'en-tête du deuxième document et vous m'aviez déjà

 24   posé une question, il me faudrait lire rapidement et être d'accord avec

 25   vous, c'est ce que vous attendez de moi.

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Je n'ai plus d'autres questions, Monsieur

 27   le Président.

 28   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci, Monsieur McCloskey.

Page 33962

  1   Monsieur Krgovic, est-ce que vous avez des questions supplémentaires ?

  2   M. KRGOVIC : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

  3   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Alors merci beaucoup,

  4   Monsieur. Au nom de la Chambre de première instance, nous vous remercions

  5   de vous être déplacé pour venir ici avec un préavis si cours, et je vous

  6   remercie d'être venu. Donc bon voyage et bon retour à la maison.

  7   LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

  8   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Le document ?

  9   [Le témoin se retire]

 10   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Maître Krgovic, est-ce que vous avez

 11   des documents à présenter ?

 12   M. JOSSE : [interprétation] Aucun.

 13   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Merci. Monsieur McCloskey ?

 14   M. McCLOSKEY : [interprétation] La conversation interceptée 1333 A, et

 15   l'extrait vidéo qui porte la cote 4950 [comme interprété].M. LE JUGE AGIUS

 16   : [interprétation] Y a-t-il des objections ? Non, pas d'objection. Bien. Le

 17   premier document, ou la première pièce n'a-t-elle pas déjà été versée au

 18   dossier…

 19   Monsieur McCloskey.

 20   M. McCLOSKEY : [interprétation] On m'apprend que non. Moi aussi je pensais

 21   que oui peut-être, mais on m'informe que non.

 22   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Effectivement, je me suis posé cette

 23   question. Très bien. Alors ces deux documents sont versés au dossier.

 24   Cela met fin à la liste des témoins que vous vouliez faire venir, Monsieur

 25   Krgovic ?

 26   M. McCLOSKEY : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président,

 27   simplement pour ne pas perdre le fil des choses. Il faudrait que les

 28   versions A, B et C soient versées au dossier pour avoir toutes les langues.

Page 33963

  1   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Je m'adresse maintenant à l'équipe du

  2   général Gvero, à l'équipe de Défense du général Gvero. Est-ce que vous avez

  3   d'autres témoins sur votre liste ?

  4   M. JOSSE : [interprétation] Non, Monsieur le Président, absolument pas.

  5   M. LE JUGE AGIUS : [interprétation] Très bien. Donc la séance est levée et

  6   une audience est prévue pour jeudi, jeudi qui vient, pour ce qui est

  7   maintenant de l'audience du témoin Nikolic, si jamais le témoin se

  8   présente. Sinon, nous aurons d'autres questions, ou plutôt, une autre

  9   audience sera prévue à une date ultérieure. Merci.

 10   --- L'audience est levée à 10 heures 17 et reprendra le jeudi 9 juillet

 11   2009, à 14 heures 15.

 12  

 13  

 14  

 15  

 16  

 17  

 18  

 19  

 20  

 21  

 22  

 23  

 24  

 25  

 26  

 27  

 28