Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mercredi 14 juin 2006

2 [Audience publique]

3 [Les accusés sont introduits dans le prétoire]

4 --- L'audience est ouverte à 9 heures 05.

5 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, veuillez appeler l'affaire,

6 s'il vous plaît.

7 M. LE GREFFIER : Bonjour. Merci, Monsieur le Président, et bonne journée à

8 tous. Affaire numéro IT-04-74-T, le Procureur contre Prlic et consorts.

9 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.

10 Je vais demander à M. Mundis de bien vouloir présenter son adjoint

11 que je découvre.

12 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Bonjour,

13 Messieurs les Juges. Je salue tous les conseils, toutes les parties

14 présentes dans le prétoire. Pour l'Accusation, Ken Scott, Daryl Mundis,

15 Roeland Bos et notre commis à l'affaire, Skye Winner.

16 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Merci, Monsieur Mundis.

17 Je ne vais pas demander que les équipes du conseil la Défense se

18 présentent puisqu'ils sont tous dans la même configuration.

19 Alors je salue toutes les personnes présentes. Je salue notamment les

20 accusés que nous n'avons pas vus depuis plus d'une semaine. Je salue les

21 représentants de l'Accusation, les avocats ainsi que tout le personnel de

22 cette salle d'audience.

23 Donc, en audience publique, je peux annoncer que nous n'étions pas là la

24 semaine dernière puisque nous étions, les uns et les autres, hors la

25 présence des accusés, sur les lieux de la commission de certains faits où

26 nous avons visité la plupart des lieux mentionnés dans l'acte d'accusation

27 et, dans ces conditions, nous reprenons nos travaux. Nous avons supprimé

28 l'audience qui avait été prévue hier en raison d'un problème de procédure,

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1 à savoir que l'Accusation ayant demandé au témoin qui va venir déposer

2 communication de notre personnel. Ce témoin fournit ses notes personnelles

3 et la Défense, à juste titre, en a demandé la traduction et, par ailleurs,

4 a demandé du temps pour le contre-interrogatoire. C'est donc dans ces

5 conditions qu'aujourd'hui et demain, nous aurons l'interrogatoire principal

6 et le contre-interrogatoire se fera ultérieurement à une date qui sera

7 fixée prochainement.

8 Donc, voilà l'organisation de la journée d'aujourd'hui et de demain.

9 Par ailleurs, M. Coric n'est pas là car, comme vous le savez, je l'ai passé

10 en audience à huis clos.

11 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur

12 le Président.

13 [Audience à huis clos partiel]

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24 [Audience publique]

25 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors, en audience publique, je me tourne vers

26 l'Accusation. Il va y avoir donc un témoin et vous vous proposez

27 d'introduire un certain nombre de documents. Je présume que ces documents

28 vont être présentés dans l'ordre que j'ai devant moi. Comment comptez-vous

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1 procéder parce que, comme j'ai cru comprendre, il y a 350 documents ? Il

2 faudra aller très vite et faire preuve de grand professionnalisme pour que

3 personne ne perde du temps. Dans la mesure où vous aviez prévu six heures,

4 est-ce que cela sera suffisant pour vous permettre très vite de présenter

5 le document, le faire reconnaître et puis passer au document suivant ?

6 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Encore une fois,

7 comme je vous l'ai indiqué un peu plus tôt ce matin, il y a six liasses de

8 document que nous avons remises à la Chambre. Ces six liasses se divisent

9 en deux catégories. Une catégorie de document qui est indiqué : "Pièces de

10 l'Accusation pour le témoin, Christopher Beese."

11 Cela, c'est une liasse de document et c'est celle qui contient la version

12 tapée à la machine du journal du témoin. Il s'agit, là, des documents

13 importants que nous voulons aborder avec le témoin dans le détail. Les cinq

14 autres liasses de document sont toutes des pièces de MOCE. Il y en a 384

15 dans cinq liasses de document. Il y a également ici, un tableur qui donne

16 la liste de ces 384 documents et ces cinq classeurs ne comportent pas de

17 tableaux.

18 Donc, avec ce document, Monsieur le Président, nous allons poser des

19 questions liées au fondement de tout ceci. Le témoin a, lui-même, parcouru

20 ces cinq liasses. Nous en avons parlé avec lui. Il a parcouru ces documents

21 et nous pensons qu'il va, tout à fait, confirmé cela et dire qu'il s'agit

22 tous de document de MOCE. Comment ceci a été structuré ? Quel était

23 l'objet ? Comment ceci a été consigné dans des rapports, et cetera ? Nous

24 n'avons pas l'intention de voir ces 350 documents avec le témoin, les

25 documents de MOCE, j'entends. Nous allons utiliser 40 documents dans ce

26 classeur qui comporte le tableur et son nom, le tableau avec son nom. Mais

27 nous souhaitons - il est vrai - verser au dossier ces 6 documents à la fin

28 de l'interrogatoire principal.

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1 M. LE JUGE ANTONETTI : En résumé, j'ai bien compris que vous allez procéder

2 de deux façons. Il y a des documents, ceux qui sont dans le premier

3 classeur, qui commencent par les numéros 1 215,

4 1 459, et cetera; donc, le fameux document de 127 pages. Cela, vous allez

5 lui présenter et il y aura des questions très précises là-dessus, et

6 d'autres documents qui sont des documents de la MOCE, où vous lui

7 demanderez de confirmer que tous ces documents viennent bien de

8 l'organisation dans laquelle, lui, il travaillait, et qu'il les connaît.

9 Voilà, c'est comme cela. Ce qui permettra dans le champ du contre-

10 interrogatoire aux uns et aux autres, de poser évidemment les questions sur

11 tous ces documents. Voilà, c'est une façon intelligente de travailler. Nous

12 allons introduire le témoin.

13 Monsieur l'Huissier ?

14 Oui, Maître Kovacic.

15 M. KOVACIC : [interprétation] Quelques mots juste peut-être au sujet de la

16 présentation des documents, par mesure de précaution. Nous n'avons pas eu

17 suffisamment de temps pour étudier ces documents en détail parce que nous

18 n'avons jamais de confirmation ferme sur les témoins à venir, mais un grand

19 nombre de documents qui sont proposés par le truchement du témoin bis sont

20 des documents qui proviennent d'autres observateurs de la MOCE. Or, ces

21 observateurs sont prévus, je ne sais pas précisément, certains sont prévus,

22 d'autres non. Donc, est-ce qu'on pourrait éventuellement envisager qu'ils

23 ne soient présentés que par le truchement de ces autres témoins ?

24 Mais puisque je suis debout, si je puis ajouter un autre point, est-

25 ce qu'aujourd'hui ou demain quelqu'un, est-ce que vous pourriez m'accorder

26 trois minutes pour que je parle d'une autre proposition ? Je ne voudrais

27 nous faire perdre de temps maintenant.

28 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, allez-y.

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1 M. MUNDIS : [interprétation] Excusez-moi. Monsieur le Président, il s'agit

2 de l'utilisation des problèmes des ordinateurs de la part de nos clients à

3 l'Unité de détention, cela pose problème d'après le Règlement du Greffe et

4 d'après les règles détaillées qui régissent l'Unité de détention. Il est

5 prévu que les accusés aient la possibilité de se servir de leur ordinateur

6 personnel, sauf qu'un problème s'est posé. D'un point de vue administratif,

7 les capacités des ordinateurs personnels installés à l'Unité de détention,

8 et on a défini donc cette capacité et on a fixé à 75 gigabits le maximum,

9 mais mon client, concrètement, a sa base de données avec des moteurs de

10 recherche qui exigent environ 150 gigabits, donc, le double, théoriquement,

11 de ce qui est mis à sa disposition. Donc, physiquement, il ne peut pas

12 télécharger, enfin il ne peut pas enregistrer sa base de données. Nous

13 avons proposé une solution et je dois dire que nous avons dû faire preuve

14 de beaucoup de patience, à mener beaucoup d'entretiens la semaine dernière,

15 et cetera, cependant, on n'a pas trouvé de solution finale, hors nous

16 l'avons proposé et nous avons proposé deux solutions techniques concrètes

17 et possibles. Alors, d'une part, mon client devrait pouvoir se servir de

18 son disque dur externe sur lequel figurent toutes ses données. Une autre

19 option serait qu'il apporte son ordinateur personnel qui contient ses

20 données. Alors, la Chambre pourrait-elle donner quelques instructions,

21 puisque ceci commence à être préjudiciable à la Défense, on commence à

22 prendre trop de temps, il y a déjà des choses qu'il n'a pas pu travailler.

23 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. La Juriste de la Chambre m'informait que cette

24 affaire étant en cours de traitement par le Greffe, mais je m'étais

25 préoccupé, comme vous le savez, de cette question d'ordinateur et j'ai

26 saisi, à titre personnel, qu'en ma responsabilité de Président de la

27 Chambre chargé de l'organisation des travaux de cette Chambre, le Greffier

28 de cette question en lui demandant pourquoi les accusés n'avaient pas un

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1 ordinateur à leur disposition puisque le statut indique clairement que

2 chaque accusé doit avoir un maximum de facilité pour assurer sa défense. Le

3 maximum, c'est moi qui le rajoute, mais ce n'est pas écrit dans le statut,

4 mais évidemment, on peut comprendre qu'il faut qu'il ait toutes les

5 facilités nécessaires. Voilà. J'ai même indiqué dans le mémo que j'ai

6 envoyé au Greffier que j'ai redécouvert que, par exemple, feu Milosevic

7 avait également à sa disposition ses facilités. Donc, je ne comprenais pas

8 pourquoi il y aurait des discriminations entre les uns et les autres.

9 Alors, j'attends la réponse à ce mémo, et par ailleurs, vous venez à

10 nouveau de soulever un nouveau problème qui est le doublement de la

11 capacité des ordinateurs, de passer de 75 gigabits à 150, bon. Là aussi, je

12 vais reposer le problème, mais dès que j'aurai des éléments de réponse, je

13 vous les communiquerai. Malheureusement, la Chambre, si elle prend des

14 décisions dans certaines matières, je n'ai pas encore la capacité de

15 débloquer de l'argent pour telle ou telle opération, ni également de

16 prendre des décisions concernant la sécurité. Voilà, mais nous regardons

17 tout cela au travers des droits de la Défense et, si les droits de la

18 Défense sont entravés, à ce moment-là, nous rendrons une décision. Mais

19 nous en avons déjà parlé entre Juges, et croyez-moi, nous suivons tout cela

20 de manière très attentive. Donc, je vous informerai très rapidement.

21 [Le témoin est introduit dans le prétoire]

22 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, je salue M. Beese qui vient d'arriver. Je

23 vais d'abord vérifier que vous entendez bien dans votre langue la

24 traduction de mes propos. Si c'est le cas dites que vous m'entendez, vous

25 me comprenez.

26 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je peux, merci.

27 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien, je vous remercie. Alors, avant de vous

28 faire prêter serment, je dois vous identifier. Donnez-moi votre nom,

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1 prénom, date de naissance.

2 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis Christopher Beese, je suis né le 1er

3 mars 1955.

4 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Pouvez-vous m'indiquer vous êtes né où, dans

5 quelle ville, dans quel pays ?

6 LE TÉMOIN : [interprétation] A Londres, en Angleterre.

7 M. LE JUGE ANTONETTI : Quelle est votre profession actuelle ?

8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis directeur d'une compagnie qui

9 travaille dans le domaine de la sécurité.

10 M. LE JUGE ANTONETTI : Dans les années 92, 93, 94, à l'époque, quelle était

11 votre fonction ?

12 LE TÉMOIN : [interprétation] En 1992, j'étais conseillé sur le plan de la

13 sécurité, en 1993, j'ai passé la plupart de mon temps en Bosnie-Herzégovine

14 en tant qu'observateur membre de la MOCE et en 1994, je travaillais de

15 nouveau en tant que directeur chargé de la sécurité dans le domaine

16 commercial.

17 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur, avez-vous déjà témoigné devant ce

18 Tribunal, devant un Tribunal autre sur les faits dont vous avez pu être

19 témoin en 92, 93, 94 ?

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, je suis venu déposé une

21 fois il y a quelques années dans l'affaire Dario Kordic, ici à La Haye.

22 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, vous avez déjà témoigné devant ce Tribunal. Je

23 vais vous demander de lire le serment que Monsieur l'Huissier va vous

24 présenter.

25 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai la

26 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

27 LE TÉMOIN : CHRISTOPHER BEESE [Assermenté]

28 [Le témoin répond par l'interprète]

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1 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, vous pouvez vous asseoir. Alors, avant de

2 donner la parole à l'Accusation qui va procéder à l'interrogatoire

3 principal, je vais vous fournir quelques éléments d'information dont la

4 façon va se dérouler votre audition. Il est donc prévu que vous témoignez

5 aujourd'hui et demain. La seconde phase dite du contre-interrogatoire

6 interviendra ultérieurement car la Défense qui a pris connaissance

7 récemment d'un document a demandé du temps pour étudier ce document et

8 préparer son contre-interrogatoire, ce à quoi la Chambre a fait droit à la

9 demande de la Défense en prévoyant que le contre-interrogatoire aura lieu

10 ultérieurement. Donc, vous serez amené à revenir en fonction du calendrier

11 et de vos disponibilités pour répondre aux questions des avocats et des

12 accusés qui interviendront sur divers points.

13 Par ailleurs, comme vous avez déjà témoigné dans l'affaire Kordic,

14 vous savez comment cela va se passer. Vous aurez donc à répondre à des

15 questions posées par les représentants de Mme Carla del Ponte, les

16 questions sont posées de manière neutre et non suggestive, et là, vous

17 répondez en fonction de la question posée.

18 Par contre, dans la phase ultérieure, lorsqu'il y aura le contre-

19 interrogatoire les questions ont une autre forme, et en règle générale, on

20 répond par oui ou par non.

21 Les Juges qui sont devant vous, les trois - d'habitude on est

22 Quatre, mais le Juge de réserve est actuellement pris par des obligations

23 liées à sa présente fonction - les trois Juges qui sont devant vous peuvent

24 poser des questions à tout moment. Lorsque nous, nous posons une question

25 ce soit pour éclaircir une réponse que vous avez donnée à l'une ou l'autre

26 des parties, ou parce que, dans l'intérêt de la justice, il nous semble

27 important de vous poser la question. Nous serons certainement amenés les

28 uns et les autres à vous poser tout à l'heure des questions.

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1 Nous travaillions par période de une heure et demie et il y a pause

2 de 20 minutes pour vous permettre de vous reposer, mais également, pour des

3 raisons techniques. Alors, par ailleurs, vers midi et 30, nous arrêterons

4 l'audience pendant une heure et demie pour vous permettre de vous restaurer

5 et que les accusés se restaurent également, c'est la pause "coffee break"

6 et, par ailleurs, une fois que nous aurons fait cette pause d'une heure et

7 demie, nous reprendrons pour une durée de trois heures, ce qui devrait nous

8 amener normalement aux environs de 17 heures. Si, au cours de l'audience,

9 vous éprouvez une difficulté quelconque, n'hésitez pas à nous en faire part

10 afin que nous trouvions une solution. Si vous comprenez mal le sens d'une

11 question, n'hésitez pas de demander à celui qui vous pose la question de la

12 reformuler.

13 Car, comme vous le savez, étant citoyen britannique, nous sommes dans

14 une procédure de type "common law" et ce qui importe c'est vos propos qui

15 vont être transcrits dans les minutes du procès. C'est pour cela que,

16 devant vous, il y a un écran où apparaît tout ce que les uns et les autres

17 disent, vu l'importance de vos réponses. Voilà donc de manière générale ce

18 que je tenais à vous dire.

19 Par ailleurs, vous avez prêté serment de dire toute la vérité donc il

20 faut dire les choses telles qu'elles se sont déroulées telles que vous les

21 avez connues et de ne pas mentir car une infraction à la prestation de

22 serment est peut-être punie outrage à la Cour.

23 Voilà. Donc, maintenant, je laisse la parole à la Défense et nous avons

24 jusqu'à 10 heures 30 avant la pause technique.

25 L'INTERPRÈTE : L'interprète signale qu'il lui sera très difficile de se

26 concentrer compte tenu du bruit qu'elle entend dans le plafond et les murs

27 de la cabine actuellement.

28 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

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1 Interrogatoire principal par M. Mundis :

2 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Beese. Puisque nous parlons la même

3 langue. Je vais vous demander une chose. Pourriez-vous nous ménager une

4 pause entre la question et la réponse pour que la totalité de nos propos

5 puissent être consignés dans le compte rendu d'audience ?

6 R. Je vous comprends.

7 Q. Monsieur Beese, s'il vous plaît, à partir du moment où vous avez

8 terminé votre scolarité, pourriez-vous nous dire quel a été votre parcours

9 professionnel ?

10 R. Je suis sorti de l'école à l'âge de 18 ans. Je suis rentré à l'Académie

11 militaire royale Sandhurst. J'ai suivi une formation de base de l'officier

12 et la formation régulière militaire.

13 Q. Vous avez fait votre scolarité en combien d'années ?

14 R. En 12 mois. Par la suite, je suis rentré dans un régiment blindé et

15 j'ai terminé ma formation spécialisée pendant encore six mois

16 supplémentaire.

17 Q. Par la suite, vous avez été nommé dans une unité ?

18 R. J'ai été d'abord nommé dans une zone d'entraînement en Grande-Bretagne

19 et par la suite en Irlande du nord. J'ai également eu des missions à Chypre

20 et en Allemagne et j'ai quitté l'armée en tant qu'officier d'active en

21 1977.

22 Par la suite, après avoir servi sous les drapeaux, je suis allé

23 travaillé dans le milieu des affaires à Londres, j'ai été courtier dans le

24 domaine des assurances avec l'entreprise Lloyds de 1978 à 1982.

25 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] S'il vous plaît, quel a été votre

26 grade quand vous avez quitté l'armée ?

27 LE TÉMOIN : [interprétation] J'étais lieutenant. En 1992, j'ai décidé de

28 réintégrer l'armée et j'ai rejoint les forces de terre Oman. J'y ai servi

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1 en tant que capitaine. J'étais officier chargé de formation pour former les

2 soldats de Dofari, à savoir, dans l'Oman sud. Je les ai formés à des

3 techniques destinées à contrer des rebellions et à contrôler la sécurité

4 frontalière. Par la suite, pendant cinq années et demie, je suis resté au

5 sein d'une petite équipe travaillant sur le plan de la reconnaissance, un

6 régiment chargé de surveiller la sécurité frontalière et de contrer les

7 rébellions.

8 J'ai quitté les forces du Sultan en 1988 et j'ai rejoint la compagnie

9 où -- l'entreprise où je suis actuellement en 1989.

10 M. MUNDIS : [interprétation]

11 Q. Vous avez décidé de rentrer au sein du service militaire en 1992 ?

12 R. Excusez-moi, en 1982.

13 Q. De 1978 à 1982, pendant que vous étiez courtier dans le domaine des

14 assurances, est-ce que vous aviez des tâches militaires ?

15 R. J'étais toujours officier de réserve assigné aux forces blindées au

16 Royaume-Uni et en Allemagne, et parfois, il m'est arrivé de passer une

17 semaine au sein des forces.

18 Q. Est-ce que vous pouvez continuer votre récit, nous parler de

19 l'entreprise par laquelle vous êtes employé actuellement ?

20 R. J'ai rejoint la compagnie qui s'occupe de la sécurité, j'ai été envoyé

21 à Mozambique, où j'ai travaillé sur un programme approuvé par les

22 gouvernements britanniques et américains pour redresser l'économie

23 chancelante du Mozambique suite à la guerre civile. C'était encore au

24 moment de la guerre civile, et notre responsabilité a été de former les

25 gardes pour protéger les raffineries de sucre, les stations d'électricité,

26 les barrages, les systèmes ferroviaires, et cetera. Je suis reparti 18 mois

27 plus tard et j'étais assigné à travailler dans le domaine de la sécurité

28 des transports au Royaume-Uni, donc d'empêcher qu'il y ait enlèvement de

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1 véhicules pendant qu'ils transportent des biens délicats, sensibles.

2 Douze mois plus tard j'ai été nommé à Heatrhow où j'ai été consultant d'une

3 équipe au sein de British Airways, je devais renforcer leur bras -- leur

4 groupe chargé de la Sécurité compte tenu de l'environ du marché qui était

5 en mutation.

6 En 1992, mon contrat a expiré avec British Airways. J'ai passé un certain

7 temps au Congo, deux mois j'ai été "manager" régional, et puis je suis

8 revenu en Grande-Bretagne à l'été 1992.

9 J'ai fait une petite pause et je me suis présenté au sein du "foreign

10 office" pour travailler au sein de la Communauté européenne en ex-

11 Yougoslavie.

12 Q. On en parle plus tard, mais maintenant je veux savoir ce qui en est du

13 temps que vous avez passé au sein d'un régiment blindé; c'était bien cela ?

14 R. Oui.

15 Q. Où est-ce qu'il a été déployé ?

16 R. J'ai passé quelque temps en Angleterre avec des chars de combat, et

17 j'ai aussi été au sein de l'infanterie en Irlande du nord à Chypre et au

18 Canada.

19 Q. Monsieur Beese, pendant que vous étiez en Irlande du nord, quelle était

20 la situation qui prévalait ?

21 R. J'ai passé une bonne partie de l'année 1976 en Irlande du nord, et à

22 l'époque les efforts ont été déployés par les terroristes pour tuer des

23 policiers. Nous avions la responsabilité de contrôler la circulation des

24 gens, des véhicules, et d'essayer d'empêcher qu'il y ait des victimes au

25 sein de la police. Donc, j'ai travaillé à Belfast.

26 Q. Pendant que vous étiez, au moment où vous avez terminé de travailler

27 dans le domaine de -- dans les forces de la réserve de l'armée britannique,

28 quel a été votre grade le plus élevé ?

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1 R. J'étais lieutenant.

2 Q. Au sein des forces du Sultan d'Oman ?

3 R. J'étais commandant.

4 Q. Alors, pour ce qui est de la situation qui prévalait en Mozambique

5 pendant que vous y travailliez, en connaît-il ?

6 R. Mozambique était encore dans une situation de guerre civile, civile

7 entre le gouvernement marxiste et les guérillas qui étaient soutenues par

8 le régime de l'Afrique du Sud qui essayait d'entraver la vie économique et

9 régulière normale du Mozambique, donc, il était de notre responsabilité de

10 rétablir une vie économique en sécurisant les chemins de fer, les stations

11 d'électricité, les barrages, et on était soutenu par les gouvernements

12 britannique et américain qui essayaient d'aide le pays à retrouver une vie

13 normale.

14 Q. Vous y avez passé à peu près 18 mois, au Mozambique ?

15 R. Oui.

16 Q. Est-ce que vous savez à peu près à quel moment ?

17 R. La plus grande partie de l'année 1978 et la moitié de l'année 1979.

18 Excusez-moi, je me trompe, je reprends. C'était la plus grande partie de

19 l'année 1988 et une moitié de l'année 1989.

20 Q. Avant cette petite digression, Monsieur Beese, vous nous avez dit que

21 vous avez cherché à être employé par le ministère des Affaires étrangères

22 britannique pour devenir un observateur de la Communauté européenne. Est-ce

23 que vous pouvez me dire comment ceci s'est déroulé ? Comment est-ce que le

24 ministère recherchait les observateurs ?

25 R. Des collègues qui avaient été sur-place, donc, qui avaient été à

26 l'extérieur de l'Europe et, en principe -- en général, c'était ceux qui

27 avaient travaillé à Oman et en Afrique. Ils ont dit qu'ils ont aimé

28 travailler en Yougoslavie, que ceci leur a donné une bonne occasion -- leur

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1 a offert une bonne occasion d'appliquer ce qu'ils avaient appris ailleurs

2 dans le domaine de la sécurité des frontières, l'observation, et cetera.

3 Donc, ils ont pensé que cela pourrait m'intéresser. Je me suis présenté au

4 ministère des Affaires étrangères pour voir si je pouvais les intéresser.

5 Q. Comment ont-ils répondu ?

6 R. J'ai eu un entretien. Au départ, ils m'ont dit qu'il n'y avait pas de

7 postes, mais qu'ils penseraient à moi et il s'est passé plusieurs mois

8 avant qu'ils ne me rappellent. Mais, en fait, ils m'ont dit qu'il pouvait

9 se passer plusieurs mois, mais en fait j'ai été rappelé en moins d'un mois.

10 Q. Vous vous rappelez le mois et l'année ?

11 R. J'ai été convoqué au début du mois de décembre 1992.

12 Q. Que s'est-il passé à partir du moment où ils vous ont appelé, le

13 ministère des Affaires étrangères ?

14 R. J'ai eu un nouvel entretien avec eux et ils m'ont dit que j'allais

15 partir au début du mois de janvier 1993, j'ai pris l'avion le 2 janvier

16 1993 pour arriver au QG de la Communauté européenne de sa mission

17 d'observation au Zagreb.

18 Q. Je vais vous poser plusieurs questions au sujet de la MOCE. Mais

19 pouvez-vous nous dire, à partir de votre arrivée à Zagreb, le

20 2 janvier 1993, vous êtes resté pendant combien de temps sur-place, quelle

21 a été la durée de votre mission dans l'ex-Yougoslavie ?

22 R. A l'exception de deux permissions brèves à l'extérieur de la

23 Yougoslavie, j'y suis resté jusqu'au 21 juillet 1993.

24 Q. Monsieur Beese, s'il vous plaît, qu'est-ce qui a été entrepris pour

25 vous préparer à cette mission avant votre départ pour Zagreb ? Comment est-

26 ce que vous vous êtes préparé ?

27 R. J'ai suivi le déroulement du conflit, j'étais un citoyen, un

28 observateur, je regardais surtout les programmes diffusés à la télévision,

Page 3055

1 j'ai lu la presse, donc, je comprenais la dynamique du conflit, mais je ne

2 connaissais pas les détails.

3 Q. Alors, vous êtes resté combien de temps à Zagreb à partir de votre

4 arrivé, le 2 janvier 1993 ?

5 R. J'ai été briefé à Zagreb pendant qu'on déterminait ma mission, et

6 finalement, j'ai été envoyé à Split le 8 janvier et j'ai été envoyé à

7 Siroki Brijeg le 9 janvier.

8 Q. Monsieur Beese, alors, quelles sont les préparations que vous avez

9 faites à Zagreb entre le 2 et le 8 janvier 1993 ?

10 R. C'était une formation technique pour utiliser le système de

11 communication par satellite et le système à haute fréquence. On nous a

12 également formés sur le plan du secourisme et on a été briefé sur la

13 situation générale, les personnalités, les lieux et les endroits où se

14 situaient les hommes protégés des Nations Unies.

15 Q. Alors, vous avez parlé du système de communication par satellite,

16 Capsat. Est-ce que vous pourriez nous en dire davantage ?

17 R. C'est un système par satellite qui est conçu, d'après ce que j'ai

18 compris, pour être utilisé avant tout par les pêcheurs. Cela a été fabriqué

19 par une entreprise danoise. Il est utilisé pour transmettre des données qui

20 sont rentrées par la voie d'un ordinateur PC, donc, un ordinateur portable.

21 On peut l'avoir dans une mallette avec un transmetteur à part, une unité de

22 transmission et les câbles. Donc, en principe, vous l'ouvrez devant une

23 fenêtre et puis vous tapez votre rapport, vous l'enregistrez, vous le

24 transmettez.

25 Q. Quelle est la taille du système ?

26 R. C'est une petite mallette. Ceci vous permet de la transporter à bord

27 d'un véhicule, l'ouvrir, vous en servir depuis les bâtiments ou un

28 véhicule, si cela est nécessaire. Donc, ceci nous permettait de communiquer

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1 pratiquement sur le champ avec d'autres systèmes par satellite partout sur

2 le terrain.

3 Q. Au moment de votre arrivée au sein de la MOCE, est-ce que vous pouvez

4 nous dire à peu près quelle a été la structure de cette organisation ?

5 R. D'après ce que j'ai compris, c'est pendant la Conférence de Brioni en

6 1991 qu'on a créé la mission et, finalement, elle a été envoyée sur le

7 terrain en juillet 1991, sous l'égide de la Conférence pour la Sécurité et

8 la coopération en Europe de la Communauté européenne, et également de la

9 Communauté européenne. Son objectif était d'envoyer des observateurs sur le

10 terrain, des gens qui allaient pouvoir faire des rapports objectifs sur la

11 situation, les événements qui se déroulaient en Yougoslavie et faire ces

12 rapports à la présidence de la Communauté européenne et à la Conférence de

13 paix à Genève.

14 Q. Quelles étaient la structure et l'organisation de la MOCE sur le

15 terrain dans l'ex-Yougoslavie à votre arrivée ?

16 R. A mon arrivée, le QG de la MOCE se trouvait dans un hôtel de Zagreb, en

17 Croatie. La mission possédait à cette époque des centres régionaux dans

18 tous les éléments constitutifs de l'ex-Yougoslavie, c'est que dans les

19 territoires environnants, il existait un centre régional à Zagreb qui

20 s'occupait des événements survenant en Croatie. Il y avait des centres

21 régionaux en Hongrie, en Bulgarie, en Macédoine, en Albanie et à Belgrade.

22 Il y avait eu un centre régional à Mostar, où pour le moins un centre de

23 Coordination à Mostar et un centre régional à Sarajevo jusqu'en mai 1992,

24 moment où le conflit s'est tant intensifié qu'il a fallu retirer ce centre

25 régional. Donc, à mon avis, la mission européenne était en train de

26 s'installer à nouveau en Bosnie-Herzégovine. Elle l'a fait en créant un

27 centre de Coordination à Grude, un second à Tuzla et un troisième à Zenica.

28 Les centres régionaux, comment vous communiquez avec les observateurs

Page 3057

1 dépendants d'eux par le biais des centres de Coordination auxquels une ou

2 plusieurs équipes d'observateurs rendaient compte ?

3 Q. Monsieur Beese, vous venez d'employer le mot "équipe". Pouvez-vous nous

4 dire quelles étaient ces équipes ? Quels étaient leurs effectifs ? Comment

5 ces équipes étaient structurées ?

6 R. Normalement, une équipe se composait d'un véhicule doté d'un système de

7 communication, ainsi que d'un chauffeur, un observateur expérimenté,

8 accompagné si possible d'un second observateur et d'un interprète.

9 Q. A qui ces équipes rendaient-elles compte ?

10 R. Ces équipes rendaient compte au chef des centres de Coordination. Elles

11 opéraient pendant la journée en accomplissant leurs missions, répondaient à

12 la base, le soir, établissaient leurs rapports et les soumettaient au chef

13 du centre de Coordination. Ces équipes étaient, parfois, basées au même

14 lieu que le centre de Coordination, mais ce n'était pas toujours le cas.

15 Par exemple, à mon arrivée en Herzégovine, le chef de centre de

16 Coordination était basé à Siroki Brijeg et son équipe travaillait en

17 coordination avec lui par satellite en étant basée à Tomislavgrad.

18 M. MUNDIS : [interprétation] J'aimerais que l'on soumette au témoin le

19 document P 09493.

20 Q. Monsieur Beese, est-ce que vous voyez un document sur l'écran

21 situé devant vous ?

22 R. Pas pour le moment. Voilà, je le vois à présent maintenant sur l'écran.

23 Q. Avez-vous déjà vu ce document ?

24 R. Oui.

25 Q. Quelle est la nature de ce document ?

26 R. Il montre --

27 M. MURPHY : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, nous

28 n'avons toujours pas le document sur nos écrans.

Page 3058

1 M. LE JUGE ANTONETTI : L'ELMO, Monsieur le Greffier, ELMO.

2 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Nous l'avons.

3 M. MURPHY : [interprétation] Voilà, il apparaît sur nos écrans.

4 M. MUNDIS : [interprétation]

5 Q. Monsieur Beese, pouvez-vous nous dire ce que nous indique ce document ?

6 R. Il nous indique que la structure de la Mission des observateurs

7 européens telle qu'elle existait en 1993 avec une référence particulière

8 aux équipes qui étaient liées au centre régional de Zenica.

9 Q. De votre réponse, je tiens à la conclusion que chacun des centres

10 régionaux était organisé de façon similaire avec des centres de

11 Coordination, mais qu'on ne voit pas sur ce tableau ?

12 R. C'est peut-être le cas, mais ils n'avaient pas les effectifs que l'on

13 voit ici pour le centre de Zenica car ils n'avaient pas à faire face à des

14 opérations complexes, celles auxquelles nous étions confrontés.

15 Q. Pouvez-vous nous dire, Monsieur Beese, en partant du bas du tableau,

16 quelle est la signification de cet organigramme et comment il fonctionnait

17 jusqu'au sommet, c'est-à-dire jusqu'au quartier général de Zagreb ?

18 R. Vous voyez les différentes lignes qui indiquent les différentes

19 équipes. A gauche, vous voyez Mike 1, 2, 3 et 4; Tango 1, 2; et Victor 1 à

20 4. Ces équipes rendaient compte à leur centre de Coordination respective

21 qui transmettait au quotidien les conclusions qu'il recevait du terrain,

22 donc, de la zone de responsabilité lui incombant et certaines analyses

23 étaient envoyées au centre régional. Dans votre cas, il s'agissait du

24 centre régional de Zenica depuis sa création.

25 Le centre régional évaluait et analysait ces renseignements reçus des

26 centres de Coordination et les renvoyaient tous les soirs, à Zagreb.

27 Q. Monsieur Beese, pouvez-vous nous expliquer ce que signifie les termes :

28 Mike, Tango et Victor ?

Page 3059

1 R. En raison du changement fréquent des toponymes dans la région à mon

2 arrivée, puisque certaines localités avaient été rebaptisées. Je vais vous

3 montrer à quel point la chose était complexe. J'aurais été affecté au

4 centre de Grude qui était le centre de Coordination créé au départ à Grude

5 mais au moment où je l'ai quitté, il s'appelait Siroki Brijeg. Ensuite, il

6 a été rebaptisé pour devenir Listica. Donc, il était beaucoup plus facile

7 lorsqu'on communiquait par radio, de donner un autre nom à une équipe

8 déterminée. Par ailleurs, les équipes étaient déployées dans ces zones très

9 diverses et elles pouvaient en permanence utiliser les mêmes codes. C'était

10 beaucoup plus facile à comprendre.

11 M. MUNDIS : [interprétation] Je demanderais maintenant que l'on soumette au

12 témoin la pièce à conviction P 09607.

13 M. LE JUGE ANTONETTI : Pouvez-vous repréciser le numéro ? Ce n'est pas ce

14 qui apparaît là sur l'écran.

15 M. MUNDIS : [interprétation] P 09607.

16 Q. Monsieur Besse, voyez-vous ce document ?

17 R. Oui.

18 Q. Pouvez-vous nous dire de quel document il s'agit ?

19 R. Ce document est un organigramme représentant la hiérarchie sur le

20 terrain pour les équipes d'observateurs depuis la structure de commandement

21 de la Mission des observateurs européens au sommet jusqu'aux utilisateurs

22 des observations recueillies, à savoir donc, la Commission européenne,

23 notamment, sa présidence qui, à mon arrivée venait de passer des

24 Britanniques aux Danois, et à la Conférence internationale sur l'ex-

25 Yougoslavie qui menait les pourparlers de paix à Genève.

26 Q. Pouvez-vous nous expliciter cet organigramme du bas vers le haut, je

27 vous prie ?

28 R. Il nous montre les zones de responsabilité des observateurs. Il montre

Page 3060

1 que tous les jours, ils rendaient compte à leur centre de Coordination

2 respective qui, à leur tour, soumettait un rapport consolidé aux centres

3 régionaux. On voit ici que lorsqu'il y avait parfois des difficultés de

4 communication ou des rapports particuliers à envoyer, une équipe

5 d'observateurs pouvait envoyer directement son rapport au centre régional.

6 Le centre régional disposait d'un personnel nombreux qui comprenait des

7 responsables, d'analystes, des analyses.

8 Le centre régional était donc, capable tous les soirs de rédiger un

9 rapport sur la situation dans le secteur qu'il adressait à Zagreb à l'hôtel

10 ou était basé le centre de Zagreb. Par ailleurs, il existe également des

11 rapports hebdomadaires et parfois, des rapports ponctuels sur certains

12 sujets. Le QG de Zagreb analysait ces rapports provenant de toute la région

13 et produisait ensuite sa propre synthèse.

14 Q. Ces synthèses et ces rapports, où aboutissaient-ils finalement ?

15 R. Physiquement, la plupart des rapports restaient à l'hôtellerie de

16 Zagreb. Dans la pratique, les renseignements étaient adressés au ministère

17 des Affaires étrangères des pays qui avaient des membres au sein de la

18 Mission européenne des observateurs européens, à savoir, la Conférence sur

19 la Sécurité et la coopération européenne, auxquelles participaient

20 également le Canada, la Pologne, et la Slovaquie. De cette façon, les

21 gouvernements concernés étaient mieux en mesure de comprendre ce qui se

22 passait dans la région. Ces renseignements allaient également à David Owen

23 et à Cyrus Vance, et plus tard, à Thorvald Stoltenberg à Genève qui ensuite

24 pouvait agir avec plus d'efficacités sur les pourparlers qui se menaient à

25 Genève en vue de rétablir la paix.

26 M. MUNDIS : [interprétation] Je demanderais que l'on soumette au témoin la

27 pièce P 09603.

28 Q. Monsieur Beese, reconnaissez-vous le document que vous avez devant vous

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1 à l'écran ?

2 R. Oui.

3 Q. Qui est à l'origine de ce document ?

4 R. C'est moi.

5 Q. Pouvez-vous nous dire quelle est la nature de ce document ?

6 R. Ceci est un document qui a été produit assez rapidement. Faute d'un

7 logiciel suffisamment pointu, il a été établi à la main et il avait pour

8 but de déterminer les zones de responsabilité incombant à chacune des

9 équipes qui fonctionnaient en Bosnie-Herzégovine sous le commandement du

10 centre de Règlement de Zenica.

11 Q. Pouvez-vous décrire les diverses annotations que l'on voit sur cette

12 carte qui couvrent la zone de responsabilité du centre de Règlement de

13 Zenica ?

14 R. Nous indiquons les principales populations, les principales routes

15 également. Puis par zone de responsabilité nous indiquons à quel endroit

16 chaque équipe était principalement stationnée du point de vue de sa

17 responsabilité. Au sud nous voyons que le nom de code est Mike, nom de code

18 affecté au centre de Coordination de Mostar. A l'époque, il existait un

19 code Mike 1, Mike 2 et Mike 9 qui correspondait au centre de Coordination.

20 Je vois qu'il y en avait un autre au nord. Donc, quatre équipes qui

21 utilisaient le code Mike, ainsi que le centre de Coordination qui

22 l'utilisait également. Ceci montre la situation au moment où les hommes

23 étaient les plus nombreux en juin et juillet après les renforts provenant

24 d'autres secteurs. Normalement à mon arrivée, trois équipes auraient dû

25 suffire, mais ici il y en a quatre plus un centre de Coordination.

26 Q. Monsieur Beese, pour que vos commentaires soient complets, pouvez-vous,

27 je vous prie, nous parler du nord également et du centre de cette carte ?

28 R. Au centre, le code était Victor, tiré de Vitez, on y trouve un grand

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1 nombre d'équipes ainsi que certain nombre de chefs du centre de

2 Coordination basés à Zenica. Dans ce cas particulier, le centre de

3 Coordination était situé au même endroit que le centre règlement, ils se

4 trouvaient tous deux à Zenica.

5 Q. Quel était le nom de code de l'équipe qui travaillait au siège, au QG

6 et donc au même endroit, à savoir, à Zenica au même endroit que le centre

7 régionale ?

8 R. Je ne me souviens pas que les équipes du centre régional disposaient

9 d'un code particulier.

10 Q. Excusez-moi, vous n'avez pas bien compris ma question. Les équipes

11 dépendant du centre de Coordination, quels étaient leurs noms de code --

12 l'équipe, quel était son nom de code ?

13 R. Victor 9.

14 Q. Monsieur Beese, pouvez-vous maintenant nous parler du nord de cette

15 région ?

16 R. Au nord dans la zone de Tuzla on a le nom de code Tango. Le front était

17 relativement stable à cet endroit. Il n'était pas nécessaire d'y affecter

18 un nombre d'observateurs très importants, il y avait deux équipes mobiles

19 et une équipe au QG de Tuzla.

20 Q. Le nom de code pour l'équipe travaillant au QG ?

21 R. Tango 9.

22 Q. Monsieur Beese, quand avez-vous produit cette carte, quand l'avez-vous

23 dessinée à peu près ?

24 R. Je l'ai dessinée quand je suis devenu chef adjoint du centre régional

25 de Zenica en juin 1993.

26 Q. Monsieur Beese, de façon générale, pour nous donner une idée générale

27 de ce que faisait ces équipes, pouvez-vous nous dire quel était leur

28 travail au quotidien pratiquement ?

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1 R. Les équipes se voyaient assigner une série de missions de routine, tel

2 que par exemple, des missions de liaison avec les autorités civiles, des

3 missions de liaison avec les autorités gouvernementales, avec les

4 organisations telle que la FORPRONU, le HCR, le CICR, et les observateurs

5 de cessez-le-feu.

6 Au cas où ces missions recevaient une tâche particulière, comme par

7 exemple, aller à tel endroit pour faire telle ou telle chose, elle le

8 faisait, dans le cas contraire, elle se limitait à leurs missions

9 habituelles, et ceci suffisait pour que ces équipes puissent circuler dans

10 leurs zones de responsabilité et déterminer exactement ce qui s'y passait

11 afin d'établir des rapports au sujet de la situation militaire, socio-

12 économique, et autre, et de comprendre quelles étaient les positions des

13 différents dirigeants présents dans le secteur quelle que soit leur

14 origine.

15 Q. Comment ces équipes étaient-elles formées ?

16 R. Il y avait une rotation importante parmi les observateurs. Différents

17 pays ont envoyé des observateurs dans l'ex-Yougoslavie pour des périodes

18 dont la durée variait. Par exemple, il y avait un observateur qui pouvait

19 servir quatre mois, alors qu'un autre observateur venant d'un autre pays

20 servait six mois, et que certains pays tel que la Grande-Bretagne était

21 prêt à envoyer des observateurs pour des périodes allant jusqu'à deux ans.

22 Il y avait certains observateurs qui avaient une très grande expérience et

23 d'autre une très petite expérience. Il y avait, bien sûr, des différentes

24 importances du point de vue des aptitudes de ces observateurs. Certains

25 étaient des officiers de l'armée, d'autres des officiers du renseignement,

26 mais pratiquement tous étaient à l'origine des officiers de leurs propres

27 forces armées, on pouvait trouver parmi eux des officiers à la retraite,

28 des colonels ou des généraux, par exemple, ou des officiers beaucoup plus

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1 jeunes qui avaient dans les 20 ans, tels que des lieutenants ou des

2 capitaines. Il était bon de créer une diversité au sein d'une même équipe

3 de façon à disposer dans cette équipe d'une différence d'expérience et

4 d'une différente de connaissance de la vie de façon générale.

5 Q. Quels étaient les vêtements que portaient ces observateurs ?

6 R. Nous étions tous habillés en blanc : des hauts blancs, que ce soit des

7 T-shirts, ou des chemises, et des pantalons blancs. Nous avions des

8 écussons de la Communauté européenne, sur un fond bleu avec des étoiles

9 jaunes.

10 Q. Quel genre de véhicules ces équipes utilisaient-elles ?

11 R. Deux véhicules de type différent. Normalement il y avait les véhicules

12 à toit à bâche de toile, tel qu'on en trouve chez Land Rover, ou Nissan, et

13 puis il y avait aussi des véhicules Mitsubishi ou d'une autre marque

14 japonaise qui pouvait se rendre sur le terrain dans des situations plus

15 difficiles, ainsi que des Mercedes blindés qui étaient disponibles pour ces

16 équipes. Ces véhicules étaient utilisés à la frontière entre l'Allemagne de

17 l'est et l'Allemagne de l'ouest précédemment.

18 Q. Quel type d'armes était à la disposition des observateurs de l'Union

19 européenne ?

20 R. Les observateurs européens ne portaient pas d'arme.

21 Q. Vous avez évoqué il y a quelques instants, Monsieur Beese, comme on le

22 voit à la ligne 17 page 34 du compte rendu d'audience, le fait que certains

23 observateurs pouvaient être des officiers à la retraite, que ce soit dans

24 les forces armées de leur pays ou dans le renseignement. Quel rôle ces

25 observateurs européens jouaient-ils du point de vue du recueil de

26 renseignements s'ils en jouaient un ?

27 R. La nécessité de recueillir des informations étaient toujours très

28 présente. C'était un domaine assez sensible et il était absolument

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1 indispensable pour la Mission des observateurs européens de fournir des

2 renseignements pertinents aux militaires avec lesquels ils correspondaient.

3 Il était important également que ces observateurs européens ne soient pas

4 perçus comme des espions, qu'ils ne soient pas perçus comme des

5 intervenants militaires entre les deux parties. Il était important qu'ils

6 puissent discuter avec les parties en présence et donc aucun renseignement

7 militaire sensible n'était en général transmis par le biais du dispositif

8 Capsat.

9 Q. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la différence entre

10 renseignement et information générale ?

11 R. Les questions que nous posions aux gens que nous rencontrions

12 consistait à leur demander s'ils étaient des dirigeants civils, politiques

13 ou militaires, quels étaient leurs sentiments au sujet de la situation,

14 quelles étaient leurs intentions, s'ils en avaient. Les diverses parties au

15 conflit pouvaient exprimer publiquement une intention, comme par exemple

16 travailler en étroite collaboration avec la partie adverse en vue de

17 rétablir la paix, mais ce n'était pas nécessairement ce qu'il pensait dans

18 leur fort intérieur. Donc nous n'étions pas là pour leur poser des

19 questions détaillées sur le plan militaire, mais pour leur demander ce

20 qu'ils faisaient en vue de rétablir la paix. Ils avaient toujours la

21 possibilité de nous parler très ouvertement et nous avions donc la

22 possibilité de rédiger des rapports assez précis.

23 De temps en temps, il nous est apparu tout à fait clairement que dans

24 la pratique, les activités ne correspondaient pas aux intentions déclarées

25 des personnes que nous avions rencontrées. Donc, il y avait parfois

26 contradiction entre les informations ou les renseignements que nous

27 recevions, eu égard à la volonté déclarée de coopérer avec la partie

28 adverse dans l'intention de rétablir la paix.

Page 3066

1 Q. Monsieur Beese, de quelle façon ces renseignements étaient-ils transmis

2 par la MOCE aux diverses parties ?

3 R. La MOCE ne transmettait pas d'informations ou de déclarations d'une

4 partie à une autre, sauf lorsqu'il était tout à fait clair que cela devait

5 être fait. La MOCE est une organisation qui ne transmet ce qu'elle sait

6 qu'aux Nations Unies.

7 Q. Vous avez évoqué il y a quelques instants, Monsieur Beese, l'existence

8 d'une mission consistant à établir une liaison entre la MOCE et d'autres

9 organisations internationales.

10 R. Oui.

11 Q. Quelles étaient ces activités de liaison sur le terrain ?

12 R. Cela se faisait de façon très officieuse et informelle, les

13 institutions internationales s'efforçaient de maintenir leur présence dans

14 toute la région, donc à Mostar il y avait un bureau du HCR, par exemple,

15 qui se concentrait sur les activités d'aide humanitaire ou sur la

16 protection des réfugiés, par exemple. Mais le HCR n'était pas présent dans

17 toutes les villes. Le CICR, Comité international de la Croix-Rouge, avait

18 également des moyens assez limités. Ces organisations avaient besoin de

19 suivre de près la situation sur le plan humanitaire et de savoir quels

20 représentants d'organisations internationales se trouvaient éventuellement

21 dans le secteur pour pouvoir communiquer avec eux, travailler, si possible,

22 avec eux afin qu'il y ait appui mutuel lorsque c'était possible.

23 Q. Comment distinguez-vous le rôle de la MOCE du rôle de la FORPRONU, par

24 exemple, à un moment déterminé ?

25 R. La FORPRONU avait une mission très clairement définie. Elle travaillait

26 en étroite collaboration avec le HCR, notamment en vue de distribuer l'aide

27 humanitaire. Quant à la MOCE, son mandat était beaucoup plus large et si

28 les Unités des Nations Unies rendaient compte par le biais de mécanismes de

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1 contrôle très strictes, il n'aurait pas été approprié que des militaires

2 des Nations Unies traitent directement avec tous les représentants des

3 populations présentes dans la région, alors que les observateurs européens,

4 en tant qu'individus, avaient bien davantage de possibilités de communiquer

5 personnellement avec toute personne avec qui ils voulaient communiquer, de

6 se déplacer à leur gré. Ils avaient donc beaucoup plus de souplesse dans

7 leur action.

8 Q. Comment cette plus grande souplesse se manifeste-elle sur le terrain ?

9 R. Le lien entre le commandement et le contrôle et les troupes sur le

10 terrain pouvait être plus efficace. Par exemple une équipe pouvait

11 surveiller un cessez-le-feu et le respect d'une directive gouvernementale.

12 Je vais vous donner un exemple, à Gornji Vakuf, l'équipe qui était en

13 liaison avec les troupes sur le terrain surveillait le déplacement de ses

14 troupes, voyait si ses troupes avançaient ou reculaient et pouvait parler,

15 sans aucune difficulté, avec les structures de commandements ou de contrôle

16 ou avec le responsable politique de Mostar pour vérifier si toutes les

17 consignes avaient bien été respectées. Il aurait été beaucoup plus

18 difficile pour des observateurs des Nations Unies de travailler d'aussi

19 près avec les troupes sur le terrain en même temps qu'avec le responsable

20 politique dans un bâtiment administratif du gouvernement.

21 Q. Monsieur Beese, quelles étaient les modalités d'action des

22 observateurs ?

23 R. A mon arrivée, ce qui les préoccupait c'était d'assurer la libre-

24 circulation de l'aide humanitaire. Il y avait donc de très nombreuses

25 activités relatives à la mise en place de mécanismes permettant à l'aide

26 humanitaire de circuler librement depuis la côte jusqu'à l'intérieur de la

27 Bosnie-Herzégovine. Puis, d'autres questions importantes étaient également

28 les tensions entre les trois parties au conflit, dont deux travaillaient,

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1 fonctionnaient ensemble, je veux parler des Croates et des Musulmans,

2 avaient un adversaire commun, les Serbes. Voilà quelles étaient les actions

3 principales à ce moment-là, l'aide humanitaire et le règlement des

4 tensions.

5 Q. Quel était le rôle de la MOCE eu égard à l'aide humanitaire ?

6 R. La MOCE avait, elle aussi, pour intérêt d'assurer la libre-circulation

7 de l'aide humanitaire, aussi bien pour des raisons humanitaires que parce

8 que si cette aide était détruite, cela créerait inévitablement des tensions

9 accrues.

10 Q. Mais, quel était son rôle plus précisément, que faisait la MOCE

11 lorsqu'elle accompagnait les convois ou qu'elle apportait son aide à la

12 circulation de l'aide humanitaire ? Est-ce que vous pourriez nous en dire

13 un peu plus à ce sujet ?

14 R. La MOCE suivait les déplacements des convois de façon générale, elle

15 n'avait pas portage de dénombrer les camions et les jours précis où cette

16 aide humanitaire pouvait circuler sans obstacle, mais si un obstacle

17 existait, elle s'en inquiétait.

18 Q. Mais quelle était la principale façon dont la MOCE s'occupait des

19 tensions entre les parties à l'époque de votre arrivée ?

20 R. La MOCE avait la possibilité de travailler localement ou au niveau des

21 QG. Par conséquent, une équipe s'est forcée de régler les tensions,

22 d'abord, au niveau des commandants locaux, et si elle n'y parvenait pas,

23 elle rendait compte au centre de Coordination. En Herzégovine, par exemple,

24 le centre de Coordination pouvait communiquer avec des responsables de haut

25 rang du HVO à Mostar. Si l'on pensait que la question était très grave et

26 qu'elle dépassait les possibilités d'action du centre de Coordination, elle

27 était référée au centre régional qui se trouvait à l'époque à Split avant

28 qu'il ne soit transféré à Zenica. Le centre régional agissait au niveau

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1 diplomatique par le biais des ambassadeurs pour essayer de s'adresser au

2 gouvernement, quelles que soient les parties concernées.

3 Q. Merci, Monsieur Beese.

4 Monsieur le Président, la pause pourrait se faire maintenant.

5 M. LE JUGE ANTONETTI : Nous allons reprendre aux environs de 11 heures

6 moins 10.

7 --- L'audience est suspendue à 10 heures 30.

8 --- L'audience est reprise à 10 heures 53.

9 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, nous reprenons jusqu'à midi et demi.

10 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

11 Q. Monsieur Beese, je souhaite maintenant que vous tournez votre attention

12 à votre départ du Zagreb. Est-ce que vous pourriez -- vous nous avez dit,

13 un peu plus tôt, que vous êtes arrivé à Siroki Brijeg vers le 9 janvier

14 1993 ? Vous êtes-vous arrêté quelque part avant d'arriver à Siroki Brijeg ?

15 R. A l'origine, je suis parti de Split à bord d'un véhicule de Zagreb --

16 pardon, à bord d'un véhicule, j'ai passé deux jours. Je suis allé à Split.

17 Q. Qu'avez-vous fait à Split pendant ces deux jours ?

18 R. Ecoutez, j'ai été briefé sur les circonstances dans la région, les

19 opérations dans le nord et à l'est de Split.

20 Q. Portons maintenant notre attention le jour de votre arrivée à Siroki

21 Brijeg. Pourriez-vous nous dire quels préparatifs vous avez fait, si

22 préparatifs vous avez fait, lors de votre arrivée à Siroki Brijeg ?

23 R. Ray Lane, qui était à la tête du centre de Coordination irlandais m'a

24 briefé sur ce que faisaient ces équipes dans la région de Mostar.

25 Q. A un moment de votre arrivée, que les choses soient bien claires, où se

26 trouvait le quartier général du centre de Coordination, à ce moment-là ?

27 R. Le quartier général se trouvait dans une maison privée à Siroki Brijeg.

28 Q. Au moment de votre arrivée, le 9 janvier 1993, combien d'équipes

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1 rendaient compte au quartier général du centre de Coordination ?

2 R. Trois. Il y avait un centre basé à Tomislavgrad et je vivais là. Il y

3 avait deux équipes qui étaient basée à Siroki Brijeg, y compris celle de

4 Ray Lane.

5 Q. Pourriez-vous nous dire, Monsieur, à quelle équipe vous avez été

6 affectée au début ?

7 R. J'ai été affecté à la deuxième équipe de Siroki Brijeg.

8 Q. Qui étaient les autres membres de cette équipe ?

9 R. Juan Valentin, qui était un officier espagnol; ou Volmer Svenson, un

10 officier danois; ou Ray Lane, lui-même.

11 Q. Au moment de votre arrivée, combien d'observateurs ont été affectés au

12 centre de Coordination basé à Siroki Brijeg ?

13 R. Nous étions quatre.

14 Q. Combien de personnels à l'appui de ce centre de Coordination ont été

15 affectés au quartier général de Siroki Brijeg ?

16 R. Il n'y avait pas de personnels en tant que tel. Il y avait les quatre

17 observateurs et deux chauffeurs.

18 Q. Quelles ressources avaient été mises à votre disposition en terme

19 d'introduction et d'interprétation pour vous aider ?

20 R. Nous pouvions demander l'aide des interprètes qui se trouvaient sur

21 place, s'ils étaient disponibles.

22 Q. Vous souvenez-vous de la date approximative à laquelle vous avez fait

23 votre première mission pour la MOCE ?

24 R. J'ai commencé à me déplacer dans la région pour que je commençais à

25 connaître le terrain un petit peu et j'ai véritablement commencé ma mission

26 le 10 janvier.

27 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, je signale à

28 l'attention de la Chambre de première instance que le témoin semble

Page 3072

1 disposer d'une feuille de papier devant lui.

2 Q. Monsieur Beese, pourriez-vous nous dire de quoi il s'agit ? Quel est ce

3 papier que vous avez sous les yeux ?

4 R. Il s'agit d'une liste d'événements clés ou de dates clés pour que je

5 puisse me souvenir de cette dernière.

6 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous mettez cette liste dans votre poche. Continuez.

7 Si à un moment donné, vous oubliez, vous voulez qu'on vous rafraîchisse la

8 mémoire. Vous l'indiquerez, mais essayez de répondre aux questions telles

9 qu'elles sont posées.

10 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, tout à fait.

11 M. MUNDIS : [interprétation]

12 Q. Monsieur Beese, vous souvenez-vous environ de la première mission, du

13 premier mandat qui vous a été confié lorsque vous étiez observateur et que

14 vous travailliez pour la MOCE ?

15 R. Ecoutez, nous devions observer le transfert d'aide de Metkovic en

16 direction de Mostar. Les circonstances à laquelle se trouvaient de

17 réfugiés, les réfugiés en Herzégovine du sud où il y avait des poches au

18 milieu des Serbes en Herzégovine et qui étaient restés à cet endroit-là.

19 Q. Pendant combien de temps a duré cette mission-ci ?

20 R. Vous parlez de cette journée en question, d'une période ?

21 Q. C'était une mission qui a duré une seule journée ?

22 R. Oui. Mais nous faisons le même travail et cela avait trait à ce que

23 nous avons fait pendant ces autres jours, pendant une semaine environ.

24 Q. Je vais maintenant me reporter à la période du mois de janvier 1993. Au

25 cours du mois de janvier 1993, combien de jours par semaine étiez-vous en

26 mission ?

27 R. Quasiment tous les jours. Le dimanche était un jour plus calme, bien

28 évidemment, car nous rencontrions moins de personnalités officielles.

Page 3073

1 Q. Encore une fois, au mois de janvier 1993, si c'est possible, pourriez-

2 vous nous décrire une journée typique en tant qu'observateur de la MOCE,

3 quand vous étiez basé à Siroki Brijeg ?

4 R. L'équipe peut quitter sa base vers huit heures du matin. Nous nous

5 rendions à une des villes de la région : à Ljubuski, par exemple, pour

6 aller rendre visite à des réfugiés; à Glusci, pour aller voir une poche

7 serbe; à Stolac, pour aller rendre visite à l'hôpital et les gens qui s'y

8 trouvaient; et à Mostar, pour entrer en contact avec des ministres et des

9 représentants officiels chargés de l'Aide humanitaire et des membres du

10 HVO, de façon à ce que nous puissions comprendre ce qui fonctionnait et ce

11 qui ne fonctionnait pas.

12 Q. Que faisiez-vous après que vous êtes rendu à cet endroit-là ou après

13 avoir rencontré ces personnes avec lesquelles vous étiez entré en contact ?

14 Que faisiez-vous ?

15 R. Vers la fin de la journée, nous retournions à notre base. A ce moment-

16 là, nous rendions compte à Ray Lane, soit oralement, soit en lui présentant

17 un cours rapport écrit pour lui permettre de comprendre ce que vous aviez

18 fait pour pouvoir parler de questions qui nous intéressaient de part et

19 d'autres. Lui-même rendait compte de ce qu'il avait fait. A la fin de la

20 journée, nous comprenions, j'espère ce qui se passait dans votre région et

21 nous étions, à ce moment-là, en mesure de rendre de comptes à Zagreb.

22 Q. Pour que tout ceci soit bien clair, Monsieur, comment ce briefing et

23 ces éléments étaient-ils envoyés à Zagreb ?

24 R. Ray Lane rédigeait un rapport qui était ensuite transmis par Capsat, au

25 centre régional.

26 Q. Vous souvenez-vous d'autres missions d'aide humanitaire que l'on vous a

27 confié en tant qu'observateur de la MOCE au mois de janvier 1993 ?

28 R. Lorsqu'il y avait détention, on nous demandait d'en faire état et de

Page 3074

1 réagir si c'était quelque chose de déjà connu et de rédiger un rapport si

2 c'était quelque chose de nouveau. Par conséquent, il fallait nous

3 familiariser avec le mouvement de la mission en Bosnie, il fallait

4 reprendre contact avec les représentants officiels de différentes parties,

5 il y avait deux parties importantes à Mostar, il y avait le HVO avec tout

6 son appareil politique et militaire et les forces de l'ABiH.

7 Q. Encore une fois, pendant cette période, le mois de janvier 1993, vous

8 souvenez-vous, comme vous l'avez dit, de parties importantes dans la région

9 de Mostar ? Quelles étaient ces personnes avec lesquelles vous étiez en

10 contact en janvier 1993 ?

11 R. Nous avions accès, nous rencontrions les représentants officiels du HVO

12 à des niveaux de responsabilités différents pour des questions d'aide

13 humanitaire, pour des questions de défense, pour des questions militaires.

14 Nous avions également accès à l'armija, les officiers de cette armée au

15 niveau de la brigade et, plus tard, au niveau du corps. Par conséquent,

16 nous traitions avec des gens comme Arif Pasalic, d'une part, et des hommes

17 comme Bruno Stojic, d'autre part, et son député, Slobadan Bozic, d'autre

18 part, également, le ministre du HVO responsable des questions de l'Aide

19 humanitaire,

20 M. Tadic.

21 Q. Vous souvenez-vous de réunions particulières avec certaines de ces

22 personnes au mois de janvier 1993 ?

23 R. Hormis des conversations de routine, les conversations les plus

24 importantes sont celles que nous avons eues avec le colonel de la brigade

25 de l'armija à Mostar, qui nous a briefé sur un ultimatum qui avait été

26 lancé aux forces armées de Bosnie-Herzégovine par le HVO. Il s'agissait de

27 démanteler l'armée, de passer sous le contrôle du HVO.

28 Q. Monsieur Beese, vous souvenez-vous du nom du commandant de cette

Page 3075

1 Brigade de l'armija à Mostar qui vous a briefé?

2 R. Non.

3 Q. Vous souvenez-vous de l'époque particulière ou du temps précis où cette

4 ultimatum, ou la date précise à laquelle cet ultimatum a été lancé et quant

5 cet ultimatum devait expirer ?

6 R. Oui, il avait d'abord entendu parler de l'ultimatum lorsqu'il a

7 rencontré le commandant de la brigade le 15. Le commandant de la brigade a

8 déclaré que les tensions devenaient de plus en plus importantes, que des

9 Musulmans ont été arrêtés et que le HVO avait annoncé à la radio et par le

10 biais de rumeurs que l'armija devait passer sous le commandement du HVO le

11 20. C'était un transfert de pouvoir qui n'était pas censé se passer

12 rapidement -- facilement auquel il y aurait une certaine -- auquel on

13 opposerait une certaine résistance.

14 Q. Encore une fois, Monsieur Beese, pour les besoins du compte rendu

15 d'audience, vous avez parlé du 15 et du 20, pourriez-vous nous dire de quel

16 mois et de quelle année il s'agit ?

17 R. Nous avons eu connaissance de cet ultimatum le 15, lorsque Ray Lane a

18 rencontré le commandant de la brigade. Il a compris qu'il y avait des

19 tensions et que l'ultimatum était censé se termine à la date du 20 janvier.

20 Nous avons rencontré le commandant de la brigade encore une fois le 16

21 janvier, suite à la visite de Ray Lane, et on lui a expliqué l'ultimatum du

22 -- on lui a donné les détails concernant cet ultimatum, la date à laquelle

23 cet ultimatum allait être appliqué.

24 Q. Pourriez-vous nous décrire, s'il vous plaît, les conditions ? Quelles

25 étaient les conditions à Mostar pendant cette période, 15, 16 janvier

26 1993 ?

27 R. Mostar était une ville tendue. Il y avait des pilonnages réguliers de

28 la part des Serbes. L'artillerie serbe était basée sur le mont Velez qui se

Page 3076

1 trouve à l'est de Mostar. Les Serbes pilonnaient la ville avec quatre, six

2 à 12 obus tous les jours ou tous les deux jours. C'était la principale

3 raison qui expliquait pourquoi il y avait tant de tensions entre le HVO,

4 l'armija et entre ces deux communautés. Le HVO avait mis en place des

5 passes de contrôle tout autour de la ville de Mostar et il était nécessaire

6 à ce moment-là que les commandants musulmans, je ne sais pas comment cela

7 s'appliquait aux citoyens et aux particuliers, il fallait obtenir une

8 permission du HVO pour quitter Mostar. Le HVO semblait contrôler la plus

9 grande partie de la ville de Mostar et ce qu'il s'y passait au quotidien.

10 Q. Après avoir obtenu ces renseignements du commandant de la brigade de

11 l'ABiH, qu'avez-vous fait de ces éléments d'information ?

12 R. Ce moment a été considéré comme étant quelque chose de tellement

13 important et qui aurait pu tellement déstabiliser la situation, il était

14 important que mon équipe se rende immédiatement à Split où Ray Lane

15 évoquait cette question avec le chef du centre régional, l'ambassadeur

16 Beaussou, et - - nous avons rendu compte de ce que nous avons entendu, et

17 ce, directement.

18 Q. Pourriez-vous nous parler de cette séance d'information en présence de

19 l'ambassadeur Beaussou ?

20 R. Ray Lane avait compris quelles étaient les implications ici,

21 l'ambassadeur également. L'ambassadeur l'a fait état à Zagreb et a décidé,

22 à ce moment-là, de contacter les représentants au sein du HVO pour savoir

23 si cela était vrai ou pas et ce que ce la signifiait. Par conséquent,

24 l'ambassadeur s'est rendu à Mostar -- est revenu à Mostar le 19 pour

25 rencontrer M. Prlic.

26 Q. Pourriez-vous nous dire, Monsieur, à quel moment entre votre réunion du

27 16 et le 19 janvier 1993, si vous aviez -- encore une fois, vous vous êtes

28 trouvé dans la région proche de Mostar ?

Page 3077

1 R. Oui. Il nous a incombé à ce moment-là d'observer les tensions qui

2 devenaient de plus en plus fortes, il devait y avoir un cessez-le-feu

3 imposé par -- un couvre-feu imposé par le HVO et pour voir si l'ultimatum

4 allait donner lieu à une réaction de la part du HVO pour tenter de faire

5 appliquer l'ultimatum.

6 Q. Pourriez-vous me dire que ce couvre-feu s'appliquait sur quelle région

7 géographique ?

8 R. Je pense que c'était un couvre-feu général qui s'appliquait à

9 l'ensemble de la région, mais dans la réalité, cela s'appliquait à une

10 région où la population musulmane n'était pas très importante, mais c'était

11 Grude, Ljubuski, Capljina et Citluk, ces villes d'Herzégovine. Le couvre-

12 feu s'appliquait vraiment dans la région de Mostar et non pas dans les

13 villes voisines.

14 Q. Vous souvenez-vous de l'entretien que vous avez eu avec le représentant

15 officiel de l'ABiH au cours de cette période, encore une fois, puis le 16.

16 Je ne parle pas de la conversation que vous avez eue avec le commandant de

17 la brigade, mais après cette conversation, jusqu'au 19, avez-vous eu

18 d'autres discussions avec des représentants officiels du HVO ?

19 R. Ecoutez, nous avons commencé à parler avec Arif Pasalic, le commandant

20 du corps. Je ne me souviens pas précisément de la date sans consulter mes

21 notes.

22 Q. Mais c'était entre le 16 et le 19 janvier 1993, n'est-ce pas ?

23 R. Oui, je le crois.

24 Q. Vous souvenez-vous du détail de la conversation que vous avez eue avec

25 Arif Pasalic, à ce moment-là ?

26 R. Arif Pasalic racontait dans les détails les restrictions qui leur

27 avaient été imposées par le HVO, il a raconté comment son quartier général

28 avait été -- que les lignes téléphoniques avaient été coupées dans son

Page 3078

1 quartier général, l'eau avait été coupée et la vie rendue plus difficile

2 pour eux. Il a également raconté comment il y avait très peu de ses hommes

3 qui se trouvaient à Mostar car la majorité des troupes de l'armija étaient

4 sur la ligne de front à l'est et confrontaient les Serbes. Par conséquent,

5 le HVO avait un nombre beaucoup plus important d'hommes dans la région de

6 Mostar et à Mostar-même que lui.

7 Q. Je souhaite que vous tourniez votre attention à cette réunion du 19

8 janvier 1993. Vous souvenez-vous qui a assisté à cette réunion ?

9 R. Moi-même, non, mais je sais que Ray Lane a accompagné l'ambassadeur

10 Beaussou, il l'a accompagné à des réunions qu'il a eu avec M. Prlic.

11 Egalement, je crois que le général Petkovic était là, mais c'était par

12 l'intermédiaire du général Petkovic que la Communauté européenne s'est

13 sentie préoccupée à ce moment-là, à savoir, la mise en place de cet

14 ultimatum ne prévoyait rien de bon pour le processus de paix.

15 Q. Vous avez été briefé après cette réunion pour savoir ce qui s'était

16 passé ?

17 R. Immédiatement après, lorsque Ray Lane est revenu au centre de

18 Coordination.

19 Q. Que vous a-t-il dit à propos de cette réunion ? Que s'était-il passé ?

20 R. Il a raconté comment le HVO avait entendu la Communauté européenne

21 manifestée son inquiétude et comment le HVO estimait que le transfert de

22 responsabilités à savoir, placé sous le commandement du HVO comme une

23 progression naturelle de la manière dont les choses devaient être

24 organisées dans la région et ce n'était pas habituel pour M. Prlic de --

25 M. KARNAVAS : [interprétation] Objection. Le témoin n'a pas terminé sa

26 phrase.

27 Mais il était en train de faire un commentaire sur une réunion à

28 laquelle il n'a pas assisté. Il était sur le point d'émettre une opinion.

Page 3079

1 Donc, peut-être si on peut donner, fixer, jeter ici les bases, un petit peu

2 comprendre quel est le fondement. J'estime que c'est désagréable d'avoir un

3 témoin qui témoigne sur des choses qui, bien évidemment, sont en dehors de

4 son domaine de connaissance. Je crois qu'il s'agit uniquement de rumeurs.

5 Il est vrai que l'on peut parler de rumeurs mais il n'était pas présent. Il

6 a été briefé, mais il n'était pas présent. Mais, maintenant, il est en

7 train de présenter l'état d'esprit de quelqu'un qui a assisté à une réunion

8 à laquelle il n'a pas assisté lui-même. Je sais que pour cela je soulève

9 une objection.

10 M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Karnavas, les Juges de la Chambre essaient de

11 suivre la logique. Tout à l'heure, vous nous avez indiqué qu'au chapitre

12 13, il y avait les opinions personnelles du témoin qui était absent et vous

13 vouliez les connaître.

14 Voilà que, maintenant, il veut donner une opinion et vous y opposez.

15 Alors, j'essaie, en tant que cartésien, de m'y retrouver. Pouvez-vous

16 m'éclairer ?

17 M. KARNAVAS : [interprétation] Je vais certainement vous aider. Je n'ai pas

18 vu ces réflexions, Alors --

19 M. LE JUGE ANTONETTI : [interprétation] Oui, aidez-moi.

20 M. KARNAVAS : [interprétation] Oui, tout à fait. C'est ce que je vais

21 faire. Ecoutez, je ne suis pas en possession de son chapitre dont il est

22 question. Je ne sais pas ce que contient ce chapitre. Je ne sais pas

23 comment il parvient à ces réflexions. Mais, dans ce cas précis, il a

24 commencé par dire qu'il ne serait pas inhabituel et je l'ai coupé, à ce

25 moment-là. Dans ce cas précis, il n'a pas assisté à la réunion, il est

26 briefé d'après sa propre déposition. Maintenant, il va faire un commentaire

27 sur l'état d'esprit de quelqu'un à une séance d'information et il va parler

28 d'une réunion à laquelle il n'a pas assisté. Il a rencontré M. Prlic. On

Page 3080

1 peut poser la question. Vous avez rencontré M. Prlic, quelles sont vos

2 impressions et cetera. Cela ne me pose aucun problème mais compte tenu du

3 fait qu'il s'agit simplement de quelque chose qui est basée sur une rumeur,

4 je suis inquiet. Je crois que j'ai besoin, en tout cas, de le signaler pour

5 que ce soit consigné au compte rendu d'audience.

6 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, Monsieur Mundis, n'interrogez pas le témoin

7 sur une réunion à laquelle il n'a pas assisté en lui demandant ses

8 impressions. Il y a d'autres sujets, où le témoin était présent, qui sont

9 beaucoup utiles. Poursuivez.

10 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

11 Q. Monsieur Beese, pendant le temps où vous étiez en Bosnie-Herzégovine

12 entre le mois de juillet et le mois d'août 1993, janvier et juillet, avez-

13 vous eu l'occasion de rencontrer M. Prlic ?

14 R. Oui, tout à fait.

15 Q. Combien de fois l'avez-vous rencontré au cours de cette période de six

16 à sept mois, avez-vous rencontré M. Prlic ?

17 R. Peut-être, huit fois.

18 Q. Aujourd'hui, alors que -- pourriez-vous nous dire si certains thèmes

19 ont été abordés régulièrement par M. Prlic au cours de ces réunions que

20 vous aviez eues avec lui ?

21 R. Oui. M. Prlic représentait ou nous présentait l'orientation qui était

22 celle présentée par lui et ses collègues, à savoir que le HVO représentait

23 la seule entité organisée de la région et par conséquent, la question qui

24 se posait pour toutes ces questions qui relevaient d'aide humanitaire,

25 d'opérations militaires, des affaires internes, d'éducation, de culture ou

26 le fait de donner des interrogations, et cetera. Le HVO était la seule

27 alternative possible et le HVO était le seul à pouvoir s'occuper et

28 superviser le territoire.

Page 3081

1 Q. Retournons maintenant à votre séance d'information, votre briefing reçu

2 par M. Lane. Suite à cette réunion du 19 janvier 1993, vous souvenez-vous

3 dans le détail de ce que vous avez dit M. Lane à propos de cette réunion ?

4 M. KARNAVAS : [interprétation] Permettez-moi, Monsieur le Président. Je

5 n'aime pas faire ceci. Mais d'après ce que j'ai compris, on peut parler de

6 rumeurs. Si M. Lane est sur la liste des témoins, à ce moment-là, sa

7 déposition serait très importante et remplacerait le témoignage par ouï-

8 dire, d'après ce que ma compréhension des règlements. Donc, si M. Lane va

9 venir témoigner à propos d'une réunion qu'il a eue avec M. Prlic, il serait

10 plus sage d'entendre M. Lane à ce propos, plutôt que cet homme qui a été

11 simplement briefé. Je ne sais pas si M. Lane est sur la liste des témoins.

12 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Mundis, si M. Lane doit venir, autant poser

13 les questions à M. Lane directement plutôt qu'à un témoin de ouï-dire qui

14 peut retracer ce que l'autre lui a dit mais avec moins de précisions.

15 Alors, est-ce que vous voulez faire venir M. Lane et à ce moment-là, les

16 questions, on les posera directement à M. Lane.

17 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, si vous me permettez de

18 répondre à cela. Encore une fois, Me Karnavas a reconnu ceci à plusieurs

19 reprises donc, la déposition sur la base de rumeurs est, tout à fait,

20 acceptable. Que M. Lane vienne témoigner ou non, s'il doit témoigner dans

21 six mois pour dire que, suite à la réunion, j'ai briefé M. Beese, à ce

22 moment-là, j'accepte les critiques. Pourquoi je n'ai pas posé la question à

23 M. Beese sur le briefing que M. Lane a fait, à ce moment-là. Ce que nous

24 essayons simplement de faire, c'est de savoir si nous allons citer à la

25 barre, M. Lane ou non, à savoir si ses souvenirs de cette réunion concorde

26 avec ce que nous dit le témoin sur le jour même et sur cette réunion. Cela,

27 c'est une autre raison pour laquelle ce type de déposition devrait être

28 admis. C'est simplement une question de poids, de poids à apporter pour

Page 3082

1 finir.

2 M. LE JUGE ANTONETTI : [interprétation] Oui. Très bien.

3 Monsieur Mundis, n'interrogez pas le témoin sur une réunion à laquelle il

4 n'a pas assistée en lui demandant ses impressions. Il y a d'autres sujets

5 où le témoin était présent qui est beaucoup plus utile. Poursuivez.

6 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

7 Q. Monsieur Beese, pendant le temps où vous étiez en Bosnie-Herzégovine

8 entre le mois de juillet et le mois d'août 1993 -- janvier et juillet,

9 avez-vous eu l'occasion de rencontrer M. Prlic ?

10 R. Oui, tout à fait.

11 Q. Combien de fois l'avez-vous rencontré au cours de cette période de six

12 à sept mois avez-vous rencontré M. Prlic ?

13 R. Peut-être huit fois.

14 Q. Aujourd'hui, alors que -- pourriez-vous nous dire si certains thèmes

15 ont été abordés régulièrement par M. Prlic au cours de ces huit réunions

16 que vous avez eues avec lui ?

17 R. Oui. M. Prlic, représentait -- ou nous présentait l'orientation qui

18 était celle présentée par lui et ses collègues, à savoir que le HVO

19 représentait la seule entité organisée de la région et, par conséquent, la

20 question qui se posait pour ce qui est de toute question qui relevait

21 d'aide humanitaire, d'opération militaire, des affaires internes,

22 d'éducation, de culture, ou le fait de donner des autorisations, et cetera,

23 le HVO était la seule alternative possible, et le HVO était le seul à

24 pouvoir s'occuper et superviser le territoire.

25 Q. Retournons maintenant à votre séance d'information, votre briefing reçu

26 par M. Lane suite à cette réunion du 19 janvier 1993. Vous souvenez-vous

27 dans le détail ce que vous avait dit M. Lane à propos de cette réunion ?

28 M. KARNAVAS : [interprétation] Permettez-moi, Monsieur le Président. Je

Page 3083

1 n'aime pas faire ceci. D'après ce que j'ai compris on peut parler de

2 rumeur. Si M. Lane est sur la liste de témoin, à ce moment-là sa déposition

3 serait très importante et remplacerait les témoignages par ouï-dire,

4 d'après ce que ma compréhension du règlement. Donc, si M. Lane va venire

5 témoigner à propos d'une réunion qu'il a eue avec M. Prlic, il serait plus

6 sage d'entendre

7 M. Lane à ce propos plutôt que cet homme qui a été simplement briefé, je ne

8 sais pas si M. Lane est sur la liste des témoins.

9 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Mundis, si M. Lane doit venir autant poser

10 les questions M. Lane directement, plutôt qu'à un témoin de ouï-dire qui

11 peut retracer ce que l'autre lui a dit, mais avec moins de précision.

12 Alors, est-ce que vous voulez faire venir M. Lane ? A ce moment-là, les

13 questions on les posera directement à M. Lane.

14 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, si vous me permettez de

15 répondre à cela. Encore une fois, Me Karnavas a reconnu ceci à plusieurs

16 reprises, la déposition sur la base de rumeur est tout à fait acceptable.

17 Que M. Lane vienne témoigner ou non, s'il vient témoigner dans six mois

18 pour dire suite à la réunion j'ai briefé M. Beese, à ce moment-là j'accepte

19 les critiques pourquoi je n'ai pas posé la question à M. Beese sur le

20 briefing que M. Lane lui a fait à ce moment-là. Ce que nous essayons

21 simplement de faire c'est de savoir si nous allons citer à la barre M. Lane

22 ou non, à savoir si ses souvenirs de cette réunion concorde avec ce que

23 nous dit le témoin sur le jour même et sur cette réunion, cela est une

24 autre raison pour laquelle ce type de déposition devrait être admis. C'est

25 simplement une question de poids à apporter pour finir.

26 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Poursuivez, s'il vous plaît.

27 M. MUNDIS : [interprétation]

28 Q. Encore une fois, Monsieur Beese, vous souvenez-vous dans le détail de

Page 3084

1 ce que M. Lane vous a dit dans son briefing suite à cette réunion du 19

2 janvier 1993 ?

3 R. Je préfère me reporter à mon propre récit.

4 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, bon nombre de détail et

5 beaucoup d'événements se sont déroulés à ce moment-là. Cela fait longtemps

6 maintenant. Nous avions l'impression -- nous nous forgions notre opinion

7 sur les processus qui se déroulaient à partir de ces événements-là. Je me

8 souviens certains des processus et je me souviens moins des événements dans

9 le détail je préfère à ce moment-là me reporter à mes notes de façon à me

10 souvenir plus précisément de mon récit.

11 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, je vais faire une

12 digression et je vais poser des questions portant sur le fondement et sur

13 son récit, comme il l'appelle.

14 Q. Monsieur Beese, vous avez évoqué votre récit. Pourriez-vous, s'il vous

15 plaît, nous dire de quoi il s'agit lorsque vous parlez de votre "récit ?"

16 R. Lorsque je suis rentré de l'ex-Yougoslavie, j'ai inévitablement --

17 j'étais très inquiet. J'avais besoin de coucher sur le papier ce que

18 j'avais vécu, à la fois pour ma famille, de façon à ce que ma famille

19 puisse comprendre ce que j'avais fait, et également j'avais à l'esprit

20 l'idée d'améliorer la formation des observateurs qui iraient travailler

21 pour la MOCE par la suite. Par conséquent, à l'année 1994 et la fin de

22 1993, j'ai mis sur le papier tout ce que je pouvais, il y avait certains

23 sentiments personnels que j'ai couchés sur le papier pour décrire ce

24 conflit, il y avait des conflits personnels et il y avait différentes

25 rencontres avec différents observateurs.

26 Ceci n'était pas censé être un récit détaillé de tout ce qui avait été dit

27 et fait. Il y a un certain nombre de détail dans ce récit, et il y a des

28 détails portant sur des commentaires faits par un certain nombre de

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1 personnes, et pour autant que je sache, tout ceci est exact. C'était à

2 partir de carnets de notes, et de souvenirs et de choses que j'avais

3 couchées sur le papier, mais ceci n'était absolument pas censé être un

4 journal des événements c'était simplement un processus, quelque chose qui

5 s'est déroulé sur plusieurs mois, et par conséquent, c'est mon produit et

6 c'est mon produit à moi.

7 Q. [aucune interprétation]

8 M. KARNAVAS : [interprétation] Monsieur le Président, je ne souhaite pas

9 intervenir encore une fois, mais si nous allons nous servir de ceci comme

10 document qui permettra à ce monsieur de se rafraîchir la mémoire, et pour

11 établir le fondement ici, je demande à ce que tous ces carnets de notes et

12 tout ce journal sur lequel s'est fondé ce récit soit présenté, car tout

13 ceci fait partie du même lot, je pense. Je souhaite soulever cette

14 objection tout de suite, maintenant. Avant qu'on introduise ce récit, je

15 souhaite recevoir un engagement de l'autre partie en vertu de quoi ces

16 notes -- ce carnet de notes, comment ceci a été rédigé, comment ceci a

17 existé, et cetera ? Je crois que c'est juste.

18 M. LE JUGE ANTONETTI : Pouvez-vous poser des questions au témoin, comment

19 il a pu rédiger, il était aidé par quelqu'un, et cetera, enfin avant qu'on

20 lui présente le document ?

21 M. MUNDIS : [aucune interprétation]

22 M. LE JUGE ANTONETTI : Poursuivez les questions; sinon, je poserais des

23 questions moi-même.

24 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, je vais reparler de la

25 réponse du témoin et partir de là, si vous me le permettez.

26 Q. Monsieur le Témoin, vous nous avez dit que vous avez à la ligne 7, page

27 53 rédigé ceci à partir de notes et de carnets de notes et de vos

28 souvenirs. Pourriez-vous nous dire quel processus a été à l'origine de

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1 l'écriture de cet ouvrage ? Comment avez-vous collecté ces éléments sur le

2 terrain ?

3 M. KARNAVAS : [interprétation] Encore une fois, je m'oppose à la manière

4 dont la question a été posée. On peut dire d'où viennent ces carnets de

5 notes, ces souvenirs, et cetera, et ces archives. Je crois que c'est une

6 façon beaucoup plus propre de poser la question, car l'autre question est

7 tellement suggestive cela laisse entendre que ceci a été rédigé sur le

8 terrain.

9 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais -- j'interviens. Bien.

10 Monsieur, il apparaît que vous avez rédigé un document sur votre

11 souvenir de votre mission. Vous avez expliqué tout à l'heure que c'était

12 pour votre famille, peut-être pour l'histoire, je ne sais. Alors, ce

13 document, vous l'avez rédigé à quel endroit ?

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, je l'ai rédigé en

15 tapant dans l'ordinateur à mon travail.

16 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Beese, vers quel mois ? Vous avez dit fin

17 1993, début 1994. Quel mois plus précis ? Parce que j'ai compris que vous

18 aviez quitté la Bosnie-Herzégovine au mois de juillet. Donc il s'est écoulé

19 plusieurs mois. Donc quand vous avez entrepris ces travaux, c'est à partir

20 de quelle date exacte ?

21 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, j'ai commencé en

22 décembre 1993.

23 M. LE JUGE ANTONETTI : Bon. Vous l'avez fait avec votre "computer," de

24 mémoire, ou vous aviez comme semble le suggérer

25 Me Karnavas, d'autres papiers, d'autres documents. Vous l'avez fait dans

26 votre souvenir ou à partir d'autres éléments que vous aviez à votre

27 disposition ?

28 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, pendant que j'étais en

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1 Yougoslavie, j'ai tenu le journal très détaillé, avec les lieux où je me

2 suis trouvé au jour le jour je notais les événements qui se passaient.

3 J'avais aussi des cahiers rouge -- orange consigné la teneur des réunions.

4 M. LE JUGE ANTONETTI : Je découvre, vous dites : "J'avais un journal et des

5 cahiers." Il est où ce journal et ces cahiers ? Où sont-ils ?

6 LE TÉMOIN : [interprétation] J'ai une copie de mon journal, et j'ai mes

7 cahiers à l'hôtel.

8 M. LE JUGE ANTONETTI : Pourquoi vous n'avez pas donné tout cela au

9 Procureur ? Parce qu'apparemment vous avez donné au Procureur un document

10 qui fait 127 pages et vous n'avez pas communiqué le reste.

11 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, les cahiers ou les

12 carnets de notes c'est quelque chose qui a dû sens pour moi parce que je

13 les ai rédigés, mais ce n'est pas nécessairement intelligible pour

14 quelqu'un d'autre. Si on ne trouve qu'un seul mot sur une page c'est

15 quelque chose qui va me rappeler quelque chose mais cela ne signifiera rien

16 pour quelqu'un qui ne connaît pas.

17 M. LE JUGE ANTONETTI : Bon. Le document que vous avez remis au Procureur,

18 pour vous c'est la transcription fidèle de ce journal que vous teniez et

19 des carnets sur lequel vous faisiez des mentions. Est-ce qu'on doit

20 comprendre ceci comme étant la transcription fidèle de ce que vous avez

21 pris sur ce journal ou sur d'autres mémos ou notes ? Vous pouvez répondre ?

22 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, c'est une sélection.

23 Bien entendu, il n'y a pas tous les mots, tout n'a pas été consigné dans

24 mes carnets.

25 M. LE JUGE ANTONETTI : Bon. Alors donc on constate que c'est une sélection,

26 voilà.

27 Maître Karnavas, des observations ?

28 M. KARNAVAS : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. Je ne peux que

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1 me baser sur ma propre expérience il m'est arrivé de recevoir des rapports

2 de la part des policiers, par exemple, sur la base des notes prises sur le

3 terrain -- d'expérience. Je sais que parfois il y a des incohérences qui

4 peuvent être plus ou moins importantes entre ces notes prises sur le champ

5 et le rapport. Je pense que c'est, effectivement, quelque chose qu'on peut

6 vérifier. Je ne pense pas que l'on puisse accepter son récit sans se baser

7 sur les carnets. Donc, encore une fois, je fais une requête orale pour

8 ixième fois pour que tout soit communiqué, et encore une fois, c'est un

9 mécanisme.

10 M. LE JUGE ANTONETTI : On a compris, mais on essaie de gagner du temps.

11 M. KARNAVAS : [interprétation] Je comprends.

12 M. LE JUGE ANTONETTI : Le témoin a prêté serment de dire toute la vérité.

13 Ce serment l'oblige à nous dire exactement ce qu'il a perçu et ce qu'il a

14 pu écrire. Vous voudriez qui nous amène des tombereaux de documents pour

15 vérifier tout cela. On ne peut pas. Il nous faudrait des années donc il

16 faut qu'on aille très vite au cœur du sujet, le cœur du sujet en l'espèce

17 c'est ce fameux document qu'on a évoqué tout à l'heure dans le cas du

18 contre-interrogatoire vous aurez toute l'attitude qu'à lui poser des

19 questions dans la mesure où votre client serait concerné parce qu'il peut y

20 avoir d'autres mentions qui n'ont rien à voir avec votre client. Comme

21 vous, nous découvrons et nous verrons s'il y a une nécessité absolue de

22 compléter ce qu'il dit par rapport aux documents qu'il aurait à son hôtel.

23 Voilà. Alors on verra mais là je veux -- on ne peut pas perdre toute

24 l'audience aux problèmes qui nous font perdre du temps sans qu'il fasse

25 progresser la manifestation à la vérité.

26 Nous avons un témoin qui était présent sur les lieux où se sont passés des

27 événements et c'est cela qui nous intéresse. Voilà. Alors poursuivez,

28 Monsieur Mundis.

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1 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que nous

2 sommes arrivés au point où le témoin a dit qu'il avait besoin de se pencher

3 sur son récit pour répondre à la question que je lui avais posée. Donc,

4 plutôt que de nous servir du système électronique je propose que l'on

5 fournisse au témoin la liasse, donc ce document sur papier, c'est le

6 document P 09601.

7 Q. Monsieur Beese, la question qui vous a été posée il y a quelques

8 minutes c'est de savoir si vous vous souveniez de la nature du briefing que

9 vous avez reçu de la part de Ray Lane après la réunion du 19 janvier 1993 ?

10 Monsieur Beese, le paragraphe 68, je pense, c'est celui auquel je vous

11 réfère.

12 R. D'après ce que je vois ici, c'est que la réunion entre l'ambassadeur et

13 M. Prlic a un peu unilatéral dans la mesure où c'était la Communauté

14 européenne qui voulait transmettre son message au HVO, donc il n'y avait

15 pas de commentaire ni de réponse du HVO.

16 Q. Je vous remercie.

17 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, la pièce

18 P 01215, peut-on la présenter au témoin ?

19 Q. Monsieur, vous pouvez refermer ce document, ce récit, laissez-le de

20 côté.

21 Monsieur Beese, voyez-vous ce document ? L'avez-vous sous les yeux ?

22 R. Oui.

23 Q. Pouvez-vous nous dire de quel document il s'agit ?

24 R. Le document que j'ai sous les yeux c'est un document qui a été rédigé

25 en croate, même si je peux me faire une idée un peu vague.

26 M. MUNDIS : [interprétation] S'il vous plaît, est-ce qu'on peut présenter

27 la version anglaise au témoin ?

28 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vois qu'il s'agit d'un rapport qui a été

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1 rédigé par le chef du centre de Règlement de Split et qui s'adresse au QG

2 de la MOCE à Zagreb.

3 M. MUNDIS : [interprétation]

4 Q. Je vous arrête ici, Monsieur. Vous dites que vous voyez que c'est le

5 chef du centre régional de Split qui a rédigé le rapport, mais comment le

6 savez-vous ?

7 R. On voit en haut HRC Split, et ensuite, on voit la liste des

8 destinataires.

9 Q. A ce moment-là, au moment où la lettre a été rédigée qui était à la

10 tête du centre régional de Split ?

11 R. C'était l'ambassadeur Beaussou.

12 Q. Pouvez-vous nous dire ce qu'on trouve dans la liste des destinataires,

13 et que signifient les abréviations ?

14 R. Le rapport est destiné au QG à Zagreb plus précisément à l'adresse

15 suivante : le chef adjoint chargé des affaires politiques, le chef adjoint

16 chargé des opérations, et l'officier chargé des opérations, et également à

17 l'officier chargé de liaison avec le "c" à Kiseljak au centre de

18 Coordination de Grude, ainsi qu'au centre de Coordination de Zenica et

19 l'équipe de Tomislavgrad.

20 Q. Pouvez-vous nous expliquer quel est l'objectif de ce document ?

21 R. D'après ce qu'on voit, ce rapport semble évoquer la réunion entre

22 l'ambassadeur et un certain nombre de hauts responsables de Mostar au sujet

23 de l'ultimatum du HVO.

24 M. MUNDIS : [interprétation] Je voudrais que l'on voit la deuxième page de

25 ce document, s'il vous plaît.

26 Q. Voyez-vous la deuxième page, Monsieur ?

27 R. Oui.

28 Q. J'attire votre attention sur le paragraphe qui commence en première

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1 page. Vous voyez juste au-dessus du paragraphe 3, vous voyez le petit "c" ?

2 R. Je le vois.

3 Q. Est-ce que vous avez été briefé de ce que l'on trouve au paragraphe

4 petit "c" ici ?

5 R. Oui. Ceci correspond à ce que Ray Lane m'a dit à l'issue de cette

6 réunion de Mostar.

7 Q. Merci. Monsieur, avant d'en terminer avec ce document, je vais vous

8 demander encore une chose. Monsieur Beese, que s'est-il produit le 20

9 janvier 1993 ou à peu près à ces dates-là au sujet de l'ultimatum ?

10 R. D'après ce que nous avons pu voir il n'y a pas eu d'application de la

11 mise en œuvre d'ultimatum, donc, il n'y a pas eu de changement sensible

12 entre les deux parties.

13 Q. Monsieur Beese, en janvier 1993, est-ce qu'il s'est passé

14 quelque chose d'autre qui se serait gravé dans votre mémoire au sujet de la

15 situation à Siroki Brijeg ?

16 R. Il y avait des préoccupations au sujet des livraisons d'aide depuis la

17 côte vers la Bosnie centrale. Il y a eu des modifications pour ce qui est

18 des conditions exigées à ce que les convois d'aide humanitaire passent. Le

19 ministre des Affaires humanitaires du HVO a rendu plus difficile la

20 circulation d'aide humanitaire, et d'après ce que nous avons pu voir il y a

21 eu des interventions pour empêcher les camions de Metkovic à Ljubuski

22 d'arriver, ils fouillaient les camions, ils enlevaient ce qui n'était pas

23 nécessaire où ce qui n'était pas considéré comme aide en vivre d'urgence,

24 et ce n'est qu'après cela qu'ils laissaient continuer les camions.

25 Q. Monsieur Beese, je voudrais maintenant que l'on parle de février 1993,

26 le début du mois de février 1993. Est-ce que --

27 M. LE JUGE ANTONETTI : Juste une question sur ce document. Ce document,

28 est-ce que vous l'aviez à l'époque lu, ou c'est M. Lane qui vous en a

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1 parlé ? Vous l'aviez-vous de vos propres yeux le document ?

2 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur le Président.

3 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien.

4 M. KARNAVAS : [interprétation] Sur la base de cela, Monsieur le Président,

5 je voudrais simplement m'assurer que la procédure qui est en place et ce

6 que je comprends est que je n'aurais plus à objecter. Ce sont des documents

7 que ce témoin n'a pas créé, il n'en est pas l'auteur, ceci ne pose pas de

8 problème que ce soit les documents de la MOCE, mais commenter la teneur du

9 document, s'il n'en est pas l'auteur, ceci me pose problème, donc,

10 objection. C'est une objection pour tous les documents qui viendront et qui

11 sont de la même nature. Il peut parler des observations, des perceptions,

12 mais ceci n'est pas gênant. Nous avons déjà eu ce cas dans le cadre de la

13 déposition du témoin, donc ce n'est rien de nouveau.

14 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, juste pour le compte

15 rendu d'audience, page 60, lignes 4 et 5, au sujet de ce paragraphe qui a

16 été montré au témoin, le témoin a dit que le paragraphe correspondait à ce

17 que Ray Lane lui a dit à l'issue de la réunion de Mostar. Donc encore une

18 fois il ne s'agit pas simplement de lui demander de commenter la teneur du

19 document sans qu'il ait une connaissance directe ou indépendante pour

20 pouvoir formuler ce commentaire.

21 M. KARNAVAS : [interprétation] Mais c'est pourquoi je n'ai pas formulé

22 d'objection.

23 M. MUNDIS : [interprétation] D'accord.

24 M. KARNAVAS : [interprétation] Parce que je pensais que c'était adéquat à

25 ce moment-là.

26 M. MUNDIS : [interprétation]

27 Q. Monsieur, j'attire votre attention sur les premiers jours du mois de

28 février 1993; est-ce que vous avez reçu des missions spécifiques à ce

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1 moment-là dans le cadre de votre travail au sein de la MOCE pendant la

2 première semaine de février 1993 ?

3 R. Le 6 février je me souviens que Ray Lane m'a demandé de répondre à une

4 demande qui venait des observateurs militaires des Nations Unies de

5 Medjugorje qui ont demandé que je me rende sans délai à leur bureau.

6 C'était en réagissant à une affaire qui avait été portée à la connaissance

7 du centre des Observateurs militaires des Nations Unies à Medjugorje et

8 c'était au sujet de quelque chose qui s'était produit à l'est de Stolac.

9 Q. Monsieur Beese, quel a été l'objet de cette demande qui venait des MONU

10 de Medjugorje ?

11 R. Ils avaient été informés que des réfugiés étaient arrivés en traversant

12 des lignes - qu'ils avaient été emmenés à la ligne de front à Stolac et

13 qu'on les a forcé à traverser la ligne de front vers les lignes serbes.

14 Q. Vous avez été chargé de faire quoi au sujet de cet incident ?

15 R. A Medjugorge, le commandant Paul Ronksley de Canada, qui était

16 l'observateur le plus haut placé des Nations Unies, il m'a briefé - moi,

17 ainsi que Ray Lane et Joran, qui était l'officier du HCR dans la région -

18 il nous a informés de la situation, de tout ce qu'il savait, et nous avons

19 essayé d'apprécier comment il fallait réagir.

20 Q. Quelles sont les mesures que vous avez prises, si toutefois vous ayez

21 réagi ?

22 R. Ray Lane et Paul Ronksley ont décidé qu'il fallait aller à Mostar pour

23 en parler avec les hauts responsables là-bas, et en particulier, avec M.

24 Prlic, tandis que moi et les autres collègues, nous sommes partis à Stolac

25 pour voir ce qui en est des survivants de l'incident à l'hôpital de Stolac.

26 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui s'est passé donc à l'hôpital de

27 Stolac ?

28 R. J'ai rencontré une femme qui avait la cinquantaine elle avait été

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1 blessée par l'éclat d'obus la veille au soir. Elle était alitée à

2 l'hôpital. Elle était en mesure de parler. J'avais avec moi les

3 observateurs militaires des Nations Unies, des officiers espagnols du

4 bataillon de la FORPRONU à Medjugorje, des représentants du HCR, et des

5 représentants du HVO.

6 Q. Cette femme que vous a-t-elle dit pendant cette rencontre ?

7 R. Elle a raconté comment la veille au soir elle ainsi que 14 autres

8 civils avaient été emmenés de force de leurs appartements d'une rue qui se

9 situe au centre de Mostar, qu'ils avaient été mis à bord d'une camionnette,

10 qu'ils avaient été emmenés à Stolac, et qu'ils ne savaient pas où ils se

11 trouvaient. Il faisait nuit quand ils sont arrivés, et qu'ils étaient au

12 fond de cette camionnette, et qu'on leur a dit de descendre, ils ont dû

13 marcher le long d'une route. Ils ont compris à ce moment-là qu'ils étaient

14 près de la ligne de front à Stolac. Il y avait des femmes parmi elles qui

15 n'étaient pas accompagnés de leur mari et qui s'étaient trouvés ailleurs au

16 moment de leur enlèvement, et qui ont refusé de traverser la ligne de front

17 sans être accompagnées de leur mari. A ce moment-là, on leur a crié dessus

18 par ceux qui les ont enlevées leur ont crié dessus, et parce qu'elles ont

19 refusé de se déplacer, on a jeté des grenades à main et on leur a tiré

20 dessus. Une femme a été tuée pendant ces tirs. Une femme blessée a réussi à

21 s'échapper, à traverser la rivière, et arriver à un abri; les gens qui se

22 sont trouvés de l'autre côté à Stolac l'ont secourue.

23 Q. Monsieur Beese, vous dites que certaines femmes n'avaient pas avec elle

24 leur mari. Est-ce que vous vous souvenez si d'autres personnes étaient en

25 couple ?

26 R. Oui. En tout, il y avait 14 personnes qui ont été enlevées, il y avait

27 des Serbes, des Musulmans, ils étaient d'appartenance mixte, il y avait des

28 hommes et des femmes, des vieux et des jeunes.

Page 3096

1 Q. Vous avez parlé à peu près combien de temps avec cette femme à

2 l'hôpital de Stolac ?

3 R. Peut-être une demi-heure avec la femme avant de passer à la morgue pour

4 examiner le corps d'une femme tuée, le corps qui avait été évacué.

5 Q. En tout, vous êtes resté combien à Stolac ce jour-là ?

6 R. Peut-être une heure et demie -- deux heures.

7 Q. Après, vous êtes allé où ?

8 R. J'ai rencontré Ray Lane pour aller à Mostar.

9 Q. Qu'est-ce que vous avez pris suite à cet incident de Stolac ?

10 R. Nous avons présenté une plainte auprès du HVO et plus précisément

11 auprès de M. Prlic.

12 Q. Lorsque vous dites "nous", il s'agit de qui ?

13 R. De Ray Lane et de moi-même, mais nous avions l'appui des observateurs

14 militaires des Nations Unies et de l'officier de protection.

15 Q. Est-ce que vous avez rencontré M. Prlic personnellement à ce moment-

16 là ?

17 R. Oui.

18 Q. La date ?

19 R. Le 6 février 1993.

20 Q. Est-ce que vous pouvez dire à la Chambre de première instance de quoi

21 il a été question lors de cette réunion ?

22 R. La Communauté européenne et les Nations Unies ont déposé une plainte

23 suite à cet incident, à cause de cet incident. On a compris que c'est

24 quelque chose qui s'était produit au centre de Mostar. Nous sommes allés

25 dans ces appartements. Les appartements étaient -- dans ces appartements se

26 trouvaient des responsables -- aux responsables, et en bas aux pieds de ces

27 appartements il y avait un poste de police militaire du HVO. Nous avons

28 estimé qu'il ne serait pas difficile pour le HVO de savoir qui ont été les

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1 kidnappeurs, pour enquêter sur cette affaire, et nous avons demandé qu'on

2 nous fournisse des garanties que les gens de Mostar allaient pouvoir

3 continuer de vivre là en sécurité et qu'ils n'allaient pas devoir redouter

4 d'être enlevés.

5 Q. Alors, vous avez dit qu'il y a eu des hauts responsables qui se sont

6 trouvés dans ces appartements. Qui était-ce ?

7 R. D'après ce que j'ai compris, c'étaient des gens hauts placés au sein du

8 HVO. Il y en avait un qui s'appelait Petar Zelenika.

9 Q. Est-ce que vous êtes allé personnellement dans ses appartements ?

10 R. Oui.

11 Q. Une fois qu'on en a parlé à M. Prlic, comment est-ce qu'il a répondu ?

12 Qu'est-ce qu'il vous a dit ?

13 R. M. Prlic a accepté de lancer une enquête pour enquêter et en temps

14 voulu de nous présenter son rapport avec les conclusions. Il a proposé que

15 les personnes enlevées puissent retourner avec des garanties de fournir

16 leur sécurité -- quant à leur sécurité.

17 Q. En fait, vous avez reçu ce rapport avec les conclusions de M. Prlic ?

18 R. Non.

19 Q. Est-ce qu'il y a eu un autre moment où vous en avez parlé avec M.

20 Prlic ?

21 R. Oui, plusieurs semaines plus tard je lui ai demandé ce qu'il en était

22 du rapport et je pense que M. Prlic -- je pense que c'était à M. Prlic que

23 j'ai posé la question, mais certainement c'était à M. Zoric, et je n'ai

24 jamais reçu ni rapport ni explication.

25 Q. Est-ce que vous pouvez qui est M. Zoric ?

26 R. C'est Valentin Coric qui était à la tête de la police militaire du HVO.

27 Q. Vous pouvez épeler son nom.

28 R. C-o-r-i-c. Excusez-moi, si je n'ai pas bien prononcé.

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1 Q. Il n'y a pas de mal.

2 M. MUNDIS : [interprétation] Le document P 01459, s'il vous plaît. Monsieur

3 le Président, c'est un document qui a été communiqué à l'Accusation en

4 application de l'article 70. Est-ce qu'il ne peut pas être divulgué au

5 public ?

6 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous voulez le mettre sur le projecteur ? Bon, vous

7 pouvez l'évoquer mais on ne met pas la caméra dessus.

8 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, avant que la réponse

9 des lignes 8 à 10 ne disparaissent de l'écran, je pense qu'il y a une

10 erreur dans le transcript. Je vais demander au témoin de lire cette réponse

11 et d'apporter les corrections ou des précisions, si le transcript n'est pas

12 correct.

13 LE TÉMOIN : [interprétation] Si je comprends bien, ligne 11, on lit : "M.

14 Zoric avec un "Z", alors qu'il faudrait que ce soit écrit avec un "C", C-o-

15 r-i-c.

16 M. MUNDIS : [interprétation]

17 Q. C'est la réponse juste au dessous qui m'intéresse.

18 R. C'est la même chose.

19 Q. Est-ce que vous pouvez lire toute la réponse ?

20 R. Oui. "Plusieurs semaines plus tard j'ai demandé qu'un rapport me soit

21 fourni. Je pense que je l'ai demandé à M. Prlic et certainement à M. Zoric

22 --" M. Zoric, il faut écrire le nom avec "C".

23 Q. Continuez.

24 R. "Je n'ai pas reçu de rapport, je n'ai jamais reçu ni rapport ni

25 explication."

26 Q. Encore une fois, pour que ce soit tout à fait clair, est-ce que vous

27 avez reçu ou non un rapport ou une explication de la part des autorités du

28 HVO et de la part de M. Prlic ou de la part de

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1 M. Coric ?

2 R. Non.

3 Q. Continuez, en demandant si ce rapport, au sujet de l'assistance de

4 Stolac, avait été fourni.

5 R. Je ne l'ai pas reçu.

6 M. MUNDIS : [interprétation] Est-ce que vous avez à l'écran la pièce P

7 01459 ?

8 Q. Le voyez-vous ? Voyez-vous ce document ?

9 R. Oui.

10 Q. Pouvez-vous décrire à la Chambre de première instance de quelle nature

11 est ce document ?

12 R. Apparemment c'est un rapport de Zagreb - c'est une synthèse du rapport

13 de Zagreb, du QG de la MOCE de Zagreb -- et nous avons ici une liste de

14 destinataires -- c'est d'après le mot que je vois, cela doit être les

15 ministres étrangères, la présidence, et la Conférence de paix à Genève.

16 Q. Encore une fois, puisque les abréviations ne sont pas connues des Juges

17 de la Chambre peut-être, la première ligne de ce document, est-ce que vous

18 pouvez nous dire ce qu'on lit ici ? Je parle de la première ligne du texte

19 pas de l'en-tête.

20 R. Ce texte émane du "CORUE", je ne connais pas bien ce sigle car je n'ai

21 jamais travaillé au QG de Zagreb.

22 Q. Très bien. Veuillez vous rendre en page 2 de ce document, je vous prie,

23 et nous parler plus précisément du troisième paragraphe complet, que l'on

24 voit sur cette page, le paragraphe qui commence par les mots : "A Mostar --

25 "

26 R. "A Mostar, le chef du centre régional de Split a rencontré M. Prlic,

27 président du HVO, et a parlé de son mécontentement par rapport à

28 l'enlèvement de 14 Serbes de Mostar dans le secteur de Stolac et de l'envoi

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1 de ces personnes sur la ligne de front. M. Prlic a déclaré que l'enquête au

2 sujet de cet incident était désormais menée par les autorités civiles en

3 même temps que par la police militaire. Il a demandé au centre de

4 Coordination de Grude de rendre les personnes enlevées et d'informer les

5 personnes enlevées qu'elles bénéficient désormais de sa protection si elles

6 souhaitaient rentrer à Mostar."

7 Monsieur Beese, est-ce que vous avez eu connaissance de l'organisation

8 d'une réunion à Split avec M. Prlic et y avez-vous assisté ?

9 R. Oui.

10 Q. Est-ce que ce paragraphe rend bien compte de la réunion à laquelle vous

11 avez assisté, est-ce que ceci reprend bien ce qui s'est passé au cours de

12 cette réunion d'après votre souvenir ?

13 R. Oui.

14 Q. Merci. J'aimerais maintenant, Monsieur Beese, vous demander si vous

15 pourriez parler des événements ultérieurs au début février, mi-février

16 1993 ? Quelles ont été vos premières tâches après que ces personnes aient

17 été enlevées sur le front à Stolac ?

18 R. [aucune interprétation]

19 Q. [aucune interprétation]

20 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Beese, tout à l'heure, vous nous avez dit

21 quand vous avez été à Stolac, vous vous êtes entretenu avec la dame âgée de

22 50 ans, qui vous a pendant une demi-heure relaté ce qui était arrivé, et

23 très vite vous avez dit, mais le Procureur est passé à autre chose, comme

24 vous aviez été à la morgue voir la dame qui avait été tuée, dans le

25 paragraphe qu'on vient de vous montrer, alors que vous aviez précisé que

26 les 14 personnes étaient mixtes, mais, dans le paragraphe, on ne parle que

27 14 personnes serbes et on ne parle en aucune moment de personnes tuées ou

28 blessées. Comment vous expliquez cela ?

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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, je ne peux pas

2 l'expliquer. L'enlèvement de 14 personnes me parait correspondre à la

3 réalité Si j'ai bien compris les choses ces personnes avaient une

4 appartenance ethnique ou des convictions religieuses diverses, et je ne

5 saurais commenter le fait que certaines personnes enlevées aient été tuées

6 ou aient subi des blessures.

7 M. LE JUGE ANTONETTI : Mais vous nous aviez dit que vous aviez été voir le

8 corps de la personne qui avait été tuée. Vous l'avez vue cette dame qui

9 avait été tuée ?

10 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

11 M. LE JUGE ANTONETTI : Bon.

12 Poursuivez, s'il vous plaît.

13 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

14 Q. Monsieur Beese, vous avez dit que votre plus grande inquiétude - ceci

15 figure aux lignes 4 et 5, de la page 69 du compte rendu d'audience - votre

16 inquiétude principale venait de la violence qui se manifestait au nord de

17 Mostar, et notamment à Gornji Vakuf. Au début février ou à la mi-février

18 1993, Gornji Vakuf se trouvait dans le secteur dépendant du centre de

19 Coordination -- se trouvait donc dans cette zone de responsabilité.

20 R. Gornji Vakuf n'était dans la zone de responsabilité de personne. La

21 zone de responsabilité du centre de Coordination de Grude se trouvait au

22 sud et remontait jusqu'à Jablanica, mais n'allait pas plus loin. Plus au

23 nord, les gens étaient responsables devant le centre de Coordination de

24 Zenica et opéraient dans toute la vallée de la Lasva et, notamment, à Vitez

25 et Busovaca, à l'époque. Il n'y avait donc pas d'observateurs de la MOCE

26 dans le secteur; cependant, entre Jablanica et la vallée de la Lasva. Donc,

27 Gornji Vakuf ne bénéficiait d'aucune présence particulière de la part de la

28 Communauté européenne.

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1 Q. Monsieur Beese, depuis votre arrivée à Siroki Brijeg le 9 janvier 1993

2 ou à peu près à cette date et jusqu'à la mi-février 1993, est-ce que vous

3 avez eu connaissance de la situation qui régnait à Gornji Vakuf ?

4 R. Oui. J'ai appris qu'un conflit s'y déroulait, mais je n'ai pas des

5 détails au sujet de ce conflit.

6 Q. A un moment est-il arrivé, Monsieur Beese, où vous avez été envoyé à

7 Gornji Vakuf ?

8 R. Oui, je suis allé au nord de Gornji Vakuf le 13 février pour apporter

9 mon aide à une opération qui se déroulait à cet endroit.

10 Q. Combien de temps, ce jour-là, êtes-vous resté au total à Gornji Vakuf ?

11 R. J'y ai passé, j'ai passé la journée à Gornji Vakuf et puis j'ai

12 entrepris le voyage de retour dans la soirée, si je ne m'abuse, mais par la

13 suite, j'y passé plusieurs semaines.

14 Q. Pouvez-vous décrire à l'intention des Juges de la Chambre ce que vous

15 avez vu lorsque vous êtes arrivé à Gornji Vakuf pour la première fois le 13

16 février 1993 ?

17 R. Je suis parti de Mostar vers le nord en compagnie de Ray Lane et de

18 responsables de l'armija, en particulier, Arif Pasalic, notamment. Nous

19 sommes arrivés au poste de contrôle de Makljen d'où nous pouvions voir

20 Gornji Vakuf d'en haut et nous avons descendu la route le long de la

21 colline pour rejoindre l'équipe qui était venue de Split et dans laquelle

22 on trouvait l'ambassadeur Beaussou. Nous avons pénétré dans Gornji Vakuf

23 par la route normale, il est apparu à l'évidence, quand nous avons vu des

24 cadavres d'animaux et de bétail, animaux domestiques et animaux de

25 cheptels, des chiens en particulier, dont les cadavres jonchaient les bords

26 des rues et lorsque nous avons vu un grand nombre d'immeubles endommagés,

27 qu'un conflit avait fait rage à Gornji Vakuf.

28 Q. Monsieur Beese, pouvez-vous nous dire si vous vous rappelez avoir

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1 voyagé en compagnie de Ray Lane ainsi que du responsable de l'armija et du

2 HVO ? Comment étaient organisés les convois -- les véhicules dans ce

3 convoi ?

4 R. Il y en avait quatre ou cinq.

5 Q. Quel était l'objet de ce voyage à Gornji Vakuf, le 13 février 1993 ?

6 R. Monsieur l'ambassadeur Beaussou et Ray Lane avaient -- s'étaient rendus

7 à Gornji Vakuf les jours précédents. Ils avaient parlé avec des

8 responsables de Gornji Vakuf - M. Prlic, notamment, si je ne me trompe -

9 avec lesquels ils avaient convenu un cessez-le-feu -- de la nécessité d'un

10 cessez-le-feu et d'une rencontre entre les parties à Gornji Vakuf pour

11 organiser ce cessez-le-feu et le retrait des troupes.

12 Q. Monsieur Beese, est-ce que personnellement, vous avez participé à ces

13 pourparlers portant sur le cessez-le-feu ?

14 R. Oui, j'ai assisté à des réunions depuis le premier jour jusqu'au moment

15 où le cessez-le-feu a été décrété et où les forces se sont retirées en

16 1993.

17 Q. Pouvez-vous décrire aux Juges de la Chambre le déroulement de ces

18 pourparlers ?

19 R. Les parties au pourparler se retrouvaient dans d'anciens bâtiments

20 industriels qui étaient occupés par une compagnie de soldats britanniques

21 et par des soldats de la FORPRONU. Nous utilisions ces bâtiments comme lieu

22 pour nos discussions. Nous nous servions d'une pièce en particulier où Ray

23 Lane, moi-même et des officiers de la FORPRONU partageaient -- présidaient

24 la réunion entre les parties belligérantes à Gornji Vakuf.

25 Q. Pouvez-vous décrire, Monsieur Beese, le climat qui régnait au cours de

26 ces pourparlers entre les parties après les éléments de Gornji Vakuf ?

27 R. Les pourparlers, le 13, se sont déroulés en présence du général

28 Petkovic et du général Pasalic pour convenir d'un cessez-le-feu ou de la

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1 nécessité de ce cessez-le-feu et du retrait des troupes, le cas échant. Les

2 jours suivants, la réunion s'est déroulée en présence des commandants

3 locaux et notamment du colonel Zeljko Siljeg du HVO et de son alter ego au

4 sein de l'ABiH et nous avons œuvré à la rédaction détaillée d'un accord de

5 cessez-le-feu et du retrait des troupes. C'est seulement en décembre que

6 les troupes se sont retirées et que des manœuvres ont donc eu lieu sur la

7 base d'un horaire précis et d'une définition précise des activités à mener.

8 Il a fallu quelque temps pour mettre en œuvre cet accord.

9 Q. Monsieur Beese, si vous vous en souvenez, en février 1993, quelles

10 étaient les conditions qui régnaient dans le secteur de Gornji Vakuf -- les

11 conditions météorologiques ?

12 R. Il faisait froid et de plus en plus froid, d'ailleurs, et finalement il

13 s'est mis à neiger.

14 Q. Combien de temps au total ces pourparlers ont-ils durés ?

15 R. Toute la journée, tous les jours jusqu'au 18, date de la première

16 application du cessez-le-feu dans la matinée et du premier retrait des

17 troupes.

18 Q. Vous nous avez dit, Monsieur, lignes 12 à 15 du compte rendu d'audience

19 que les premiers jours les pourparlers se sont déroulés en présence du

20 général Petkovic et de M. Pasalic; est-ce que ces hommes sont restés après

21 le premier jour ?

22 R. Non, ils ont transféré leurs responsabilités une fois qu'ils ont pris

23 des décisions et émis l'ordre de poursuivre la discussion sur leurs

24 subordonnés.

25 Q. Est-ce que des difficultés particulières ont eu lieues lors de la mise

26 au point des derniers détails de cessez-le-feu ?

27 R. Oui, le processus a été assez long et les progrès assez lents. Des

28 obstacles ont surgi au cours du processus, ils étaient sans doute

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1 inévitable, mais, en tout cas, l'arrivée des troupes de Jajce, aussi bien

2 HVO que armija, a compliqué le processus de retrait des troupes.

3 Q. Pouvez-vous nous donner plus de détails, Monsieur Beese, au sujet des

4 obstacles qui ont été -- qui ont fait leur apparition ?

5 R. Les deux parties s'inquiétaient de façon tout à fait légitime par

6 rapport au fait qu'elles devraient se retirer en grand nombre de la zone.

7 Si par exemple l'armija devait se disperser vers la Bosnie centrale, il lui

8 fallait traverser un territoire placé sous le commandement du colonel

9 Blaskic, membre du HVO, plus au nord. De même les forces du HVO, pour se

10 retirer hors de Jajce, devaient traverser des positions tenues par l'armija

11 dans le secteur de Prozor. Donc, les choses auraient pu être plus faciles

12 et plus simples si tous les détails de ces déplacements de troupes avaient

13 été réglés à l'avance, mais je crois que ces problèmes ont servi de

14 justification à diverses obstructions, retardant le retrait des troupes.

15 Q. Les deux parties ont-elles créé de tels obstacles ?

16 R. D'après ce que j'en sais, seul le HVO a créé des obstacles de cette

17 nature.

18 Q. Pouvez-vous nous dire rapidement quel a été le processus de

19 désengagement des troupes suite à la signature de l'accord de cessez-le-

20 feu ?

21 R. Le cessez-le-feu devait entrer en vigueur dès les premières heures de

22 la matinée du 18 février. Un certain nombre d'équipes d'observateurs, pas

23 seulement de chez-nous, mais également des renforts venus de Tomislavgrad

24 et d'ailleurs ainsi que des Unités de la FORPRONU étaient censés escorter

25 ou accompagner les soldats du HVO et de l'armija durant leur retrait et

26 observer l'application du cessez-le-feu. Une équipe comprenait un

27 commissaire, à savoir, un représentant du HVO et de l'armija. Donc, ces

28 mesures étaient prises pour accroître le degré de confiance mutuelle et

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1 éviter tout obstacle.

2 Q. Pendant le processus de désengagement des troupes, Monsieur Beese, où

3 vous trouviez-vous, où êtes-vous allés si vous êtes allé quelque part ?

4 R. Ma première mission consistait à partir vers Drimci [phon], un village

5 au sud-est de Gornji Vakuf pour confirmer que les commissaires à la défense

6 du HVO avaient quitté le secteur.

7 Q. A votre arrivée à Zdrimci, pouvez-vous nous dire ce que vous y avez

8 vu ?

9 R. Je ne m'étais jamais rendu dans ce village précédemment. J'ai trouvé

10 une situation très tranquille et j'ai remarqué que le secteur musulman

11 correspondait, comme je m'y attendais -- était comme je m'y attendais,

12 presque complètement détruit.

13 Q. Qu'en était-il des autres quartiers du village ?

14 R. Il y avait certaines maisons intactes.

15 Q. A peu près combien de temps êtes-vous resté à Drimci ce jour-là ?

16 R. Nous avions 20 ou 30 centimètres de neige sur le sol.

17 Q. Est-ce que vous avez, Monsieur, eu la possibilité de vous rendre dans

18 d'autres secteurs ou dans d'autres villages dans la région de Gornji

19 Vakuf ?

20 R. Je suis allé dans les villages de Hrasnica et Grnica et je prie chacun

21 ici d'excuser ma mauvaise prononciation des noms de cette région et les

22 difficultés que je crée au sténotypiste. Je suis prêt à corriger toute

23 erreur dont je serais responsable sur ce plan.

24 Je me suis également rendu dans des villages, à l'ouest de Gornji

25 Vakuf et à l'ouest du valon de Podavi.

26 Q. Monsieur Beese, est-ce que vous vous rappelez, à peu près, à quel

27 moment vous avez quitté le secteur de Gornji Vakuf ?

28 R. Après le cessez-le-feu, les pourparlers se sont poursuivis pendant

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1 quelques jours. Nous avons essayé de nous occuper des problèmes de

2 reconstruction. Je suis resté dans la région pendant encore une journée, à

3 peu près, si je ne me trompe. En tout cas, je pense qu'on pourra vérifier

4 dans mes écrits quelle est l'heure et la date exacte où j'ai quitté ce

5 secteur. Je suis parti dans la soirée du 18 vers Siroki Brijeg pour revenir

6 à Gornji Vakuf quelques heures plus tard.

7 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, avec l'aide de M.

8 l'Huissier, j'aimerais qu'on soumette au témoin le document

9 P 01459, une nouvelle fois, page 2 de ce document.

10 M. MURPHY : [interprétation] Monsieur le Président, avant que nous nous

11 penchions sur ce document, j'aimerais appeler l'attention des Juges sur la

12 page 74 du compte rendu d'audience, fin de la page 74, ligne 25. On a

13 demandé au témoin "Combien de temps, à peu près, il est resté à Zdrimci, ce

14 jour-là ? La réponse du témoin a consisté à dire : "Qu'il y est resté moins

15 de dix minutes." Elle a été omise au compte rendu d'audience. J'aimerais

16 que le témoin donne son accord pour qu'elle soit réintroduite dans le

17 compte rendu d'audience. J'ai remarqué également, qu'apparemment, il y a eu

18 omission de la question suivante. Donc, une question et une réponse ont été

19 omises au compte rendu d'audience, à ce moment-là.

20 LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois aussi qu'il y a des erreurs au niveau

21 de l'orthographe du nom des villages.

22 M. MUNDIS : [interprétation] Oui. Zdrimci, cela commence par la lettre Z,

23 Zdrimci.

24 Q. Monsieur Beese, ces corrections orthographiques sont apportées par la

25 suite au compte rendu d'audience. Il n'y a pas de problèmes.

26 R. Merci bien.

27 M. MUNDIS : [interprétation] Passons donc à la deuxième page du document P

28 01459. Monsieur le Président, je demanderais qu'il n'y ait pas de

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1 diffusions d'images à l'extérieur du prétoire.

2 Q. Monsieur Beese, je vous demanderais que vous examiniez le paragraphe

3 qui commence par HRC Split et que vous le lisiez pour vous. Après quoi, je

4 vous interrogerai au sujet de ce paragraphe.

5 Monsieur Beese, le paragraphe que l'on traite dans ce document P 01459 rend

6 fidèlement compte de ce dont vous vous souvenez, s'agissant de la situation

7 à l'époque ?

8 R. Au début il est question d'une réunion le 14 février qui est la date

9 exacte. Mais dans la pratique, le cessez-le-feu et le retrait des troupes

10 n'ont pas eu lieu avant la date du 18. Alors qu'ici, on parle de 14.

11 Q. Merci, Monsieur Beese. Vous nous avez dit, Monsieur, au nombre

12 des personnes qui vous accompagnaient, il y avait ces deux commissaires,

13 vous rappelez-vous qui étaient ces deux commissaires qui ont fait le voyage

14 avec vous à bord de votre véhicule ?

15 R. Je ne me souviens pas de leurs noms, non.

16 M. MUNDIS : [interprétation] Je demande à présent que l'on soumette au

17 témoin la photographie P 09137. Là encore, Monsieur le Président, il s'agit

18 d'un document venant de l'article 70 qui doit donc, être conservé sous pli

19 scellé.

20 Q. Vous voyez cette photographie à l'écran, Monsieur Beese ?

21 R. Non, pas encore. Je la vois à présent.

22 Q. Pouvez-vous nous dire ce qu'on voit sur cette photographie ?

23 R. Cette photo montre la salle qui était utilisée par les rencontres entre

24 les parties dans le bâtiment qui servait de base à la FORPRONU à Gornji

25 Vakuf. En tête de table, on voit M. Ray Lane qui présidait la séance à ce

26 moment-là. A sa gauche, on ne voit, moi-même, debout. Nous sommes entourés

27 par les représentants locaux des deux parties, ce qui m'a conduit à penser

28 que cette photographie se situe à un stade assez avancé du processus. Sans

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1 doute, plusieurs semaines après le début des pourparlers, à savoir donc, à

2 la mi-mars.

3 Q. Merci, Monsieur Beese. J'aimerais maintenant appeler votre attention

4 sur la période qui suit votre départ de Gornji Vakuf. Vous rappelez-vous

5 quelles étaient les principales missions qui vous ont été confiées entre la

6 fin février et le début mars 1993 ?

7 R. Notre attention devait se concentrer non plus sur Gornji Vakuf mais sur

8 Prozor, lieu où nous devions poursuivre les discussions entre le HVO et

9 l'ABiH sur des sujets d'intérêts mutuels et en vue de détendre les

10 tensions. Ces préoccupations se concentraient sur la libération des

11 prisonniers qui n'avaient pas encore été libérés à Gornji Vakuf. La

12 libération des prisonniers, qui n'avaient pas encore été libérés à Prozor,

13 et la réduction des tensions sur les collines au nord-est de Prozor,

14 notamment, dans les villages de Here où des habitants s'étaient abrités

15 après avoir été expulsés de Prozor.

16 Q. Vous rappelez-vous avoir participé à des réunions à Prozor ?

17 R. J'ai participé à un certain nombre de réunions en présence de

18 représentants du HVO et de l'ABiH, notamment, du colonel Zeljko Siljeg du

19 HVO et d'Amir Bijedic de l'armija.

20 Q. Vous rappelez-vous l'une ou l'autre des questions, des sujets qui

21 auraient été discutés lors de ces réunions, notamment, en présence du

22 colonel Zeljko Siljeg ?

23 R. Les questions qui me préoccupaient ont été portées à son attention. Il

24 les a reçu avec quelques réticences, notamment, lorsqu'il était question

25 des prisonniers qui avaient été capturés par lui et dont il niait

26 l'existence. Ensuite, il admettait que la date de la capture était bien

27 celle que nous disions. Puis, il la remettait en cause. Donc, il y avait

28 aussi le problème de la population civile de Prozor et du fait que nous

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1 pensions que certaines choses se préparaient pour les Musulmans de Prozor.

2 Le colonel Siljeg ne voyait pas de problèmes à la présence de représentants

3 parmi les responsables musulmans, apparemment, mais il pensait que les

4 conditions de sécurité n'étaient pas réunies pour que les expulsés de

5 Prozor puissent y retourner. Il estimait que les pressions étaient toujours

6 intenses à l'est, de la part du HVO. Ce qui signifiait que le conflit

7 devait se poursuivre à Gornji Vakuf.

8 Q. Quels étaient les sujets précis dont il était question, s'agissant de

9 ces trois villages et pourriez-vous nous dire de quel village vous parliez

10 exactement ?

11 R. Les trois villages étaient Here, Kute et Scipe, qui se trouvent à six

12 kilomètres au nord-est de Prozor, en altitude où la population n'avait

13 aucune liberté de mouvement et qui était donc, pratiquement, totalement

14 coupée de Prozor. Ces villages étaient soumis à des tirs importants de la

15 part de pièce d'artillerie et de mortier.

16 Q. Qui étaient les gens qui habitaient dans ces trois villages, Here, Kute

17 et Scipe ?

18 R. C'étaient des hommes de l'armija qui s'étaient retirés de Gornji Vakuf

19 et de Prozor à la fin de 1992 et un grand nombre de réfugiés qui

20 précédemment, habitaient Prozor ainsi que des villageois de ces villages,

21 des habitants de ces villages. Il y avait peu de Croates dans ces secteurs.

22 Q. Vous avez dit dans votre déposition, lignes 19 et 20, page 78 du compte

23 rendu d'audience, que ces villages étaient soumis à des tirs intenses

24 d'artillerie, de mortier. Quelles étaient les forces qui procédaient à ces

25 tirs d'artillerie et de mortier qui peuvent qualifier de tirs de

26 harcèlement ?

27 R. Le HVO.

28 Q. Vous rappelez-vous le sujet précis dont vous avez discuté avec le

Page 3112

1 colonel Siljeg au sujet de ces trois villages ?

2 R. J'ai soulevé la question de ces tirs de harcèlement. Je n'ai pas reçu

3 de réponses satisfaisantes de sa part. On ma expliqué qu'il pensait que

4 dans la région, il y avait une dynamique globale et qu'il représentait son

5 organisation à l'ouest alors que les combats faisaient rage à l'est, mais

6 je pense, en fait, qu'il opposait dans son esprit l'ouest chrétien et l'est

7 musulman.

8 Q. Vous rappelez-vous quelque chose de précis qu'il vous aurait dit ?

9 R. Il m'a expliqué que la Bosnie-Herzégovine avait -- se trouvait dans une

10 situation qui était assez comparable à celle de l'Arménie, de la Georgie ou

11 d'autres régions de l'Europe de l'est.

12 Q. Est-ce que c'est vous qui avez commencé à discuter avec le colonel

13 Siljeg de ce sujet ?

14 R. Non, par particulièrement.

15 Q. Est-ce que c'était la première fois que ce sujet était évoqué en votre

16 présence pendant votre séjour en Bosnie ère fois que ce sujet était évoqué

17 en votre présence pendant votre séjour en Bosnie ?

18 R. Oui.

19 Q. Monsieur Beese, dites-moi la chose suivante. Quand avez-vous quitté le

20 secteur de Prozor ?

21 R. J'ai travaillé à Prozor et dans les environs pendant quelques semaines,

22 je suis retourné ensuite à Siroki Brijeg pour d'autres problèmes et je

23 retournais à Prozor régulièrement pendant la période qui a suivi pour des

24 pourparlers, pour des discussions.

25 Q. Est-ce que vous parlez toujours de la période qui se situe fin février,

26 début mars 1993 ?

27 R. Oui.

28 Q. Qu'en est-il de mars-avril ?

Page 3113

1 R. Je parle de fin février, début mars.

2 Q. Mais, quel est l'itinéraire que vous suiviez pour aller de Siroki

3 Brijega, Prozor à la fin février, début mars 1993 ?

4 R. J'avais deux possibilités, comme tout le monde dans la région. Partir

5 de Siroki Brijeg vers l'ouest pour aller vers Tomislavgrad en passant par

6 ce qui a été convenu d'appeler la route du Salut qui menait vers Prozor, ou

7 de passer par Mostar, au nord, vers Jablanica et ensuite au nord-ouest

8 jusqu'à Prozor.

9 Q. Quelles étaient les conditions de circulation sur la route qui passait

10 par Mostar, au nord, en passant par Jablanica, et ensuite, plus au nord-

11 ouest, jusqu'à Prozor ?

12 R. Les téméraires parant de Mostar nord pour aller vers Jablanica

13 traversent la vallée d'une rivière qui s'appelle la Neretva. C'est donc un

14 endroit très encaissé. Il y avait des postes de contrôle du HVO le long de

15 la route dès les abords de Jablanica. La route ensuite était assez dégagée,

16 sauf les postes de contrôle établis par la police entre Jablanica et

17 Prozor. Si l'on passait de l'autre côté, la route était totalement dégagée

18 jusqu'à Prozor, il n'y avait pas de postes de contrôle, notamment --

19 particulier en dehors de celui qu'on trouvait sur la route du Salut.

20 Q. Monsieur Beese, à ligne 22 de la page 80 du compte rendu d'audience,

21 vous avez dit que la police tenait certains postes de contrôle, la police

22 de certaines communautés; de quelles communautés parliez-vous ?

23 R. Je parlais des communautés musulmanes ou croates qui avaient leurs

24 propres gardes armées, leurs propres postes de contrôle. Il était

25 impossible de savoir s'il s'agissait de postes de contrôle officiels ou

26 pas. S'il s'agissait d'un poste de contrôle du HVO, en général on voyait le

27 drapeau croate qui flottait au-dessus du poste.

28 Q. En dehors de ces voyages hebdomadaires à Prozor pendant la période en

Page 3114

1 question, fin février, début mars 1993, y a-t-il d'autres questions dont

2 vous vous êtes occupé particulièrement à ce moment-là ?

3 R. Les tensions qui continuaient à exister à Mostar, la nécessité de

4 poursuivre les pourparlers avec Arif Pasalic et ses interlocuteurs du HVO,

5 les échanges de population d'un côté et de l'autre de la ligne de front,

6 notamment, entre le territoire du HVO et le territoire tenu par les Serbes

7 de Bosnie et les discussions avec les dirigeants des communautés.

8 Q. Pouvez-vous, puisque vous avez parlé de la poursuite des tensions à

9 Mostar, me dire quelle était la situation de ce point de vue dans la

10 période dont nous parlons, c'est-à-dire fin février, début mars 1993, je le

11 répète ?

12 R. Les tensions s'accroissaient. La liberté de mouvement diminuait -- la

13 liberté de circulation diminuait. Les communautés se divisaient de plus en

14 plus. Elles ne coexistaient plus comme auparavant. Les musulmans vivaient

15 sur la rive occidentale où ils se sentaient de plus en plus mal. Ils

16 subissaient des arrestations pour délits mineurs et étaient mis en prison

17 et parfois expulsés de leur domicile.

18 Q. Dans cette période, Monsieur, est-ce que vous avez vu des signes de

19 conflits armés déclarés à Mostar ?

20 R. Non, pas à Mostar en tant que tel, non je ne crois pas. Les pilonnages

21 serbes se poursuivaient un peu de façon aléatoire dans cette période.

22 Q. Qu'en est-il de l'aide humanitaire, arrivait-elle jusqu'à la ville de

23 Mostar dans cette période ? Est-ce que vous avez pu voir arriver de l'aide

24 humanitaire à Mostar, à ce moment-là ?

25 R. L'itinéraire suivi par les convois d'aide humanitaire qui allaient de

26 la côte vers la Bosnie centrale étaient de plus en plus obstrués. Il

27 fallait de nombreuses formalités aux chauffeurs des camions pour arriver

28 jusqu'à la Bosnie centrale et en sortir pour aller vers le nord pour

Page 3115

1 ensuite revenir en Bosnie centrale durant le voyage de retour, ce qui a

2 créé, chez les gens qui se trouvaient en Bosnie centrale, un sentiment

3 désespéré car ils craignaient de manquer de vivres.

4 Q. Pouvez-vous nous expliquer ce que vous voulez dire en parlant des

5 camions qui allaient vers le sud et qu'ils ne pouvaient pas retourner vers

6 le centre ?

7 R. Les camions dépendant des autorités locales ou d'entreprises privées de

8 Bosnie centrale se dirigeaient vers le sud pour ramasser, pour charger de

9 l'aide humanitaire au port de Ploce et ensuite il leur fallait revenir en

10 passant les postes de contrôle séparant la Croatie et la Bosnie-Herzégovine

11 à la frontière, au niveau de Metkovic et, à cet endroit, on les envoyait

12 fréquemment vers Ljubuski qui nous était connu comme le centre de ce qu'on

13 appelait le triangle de Ljubuski. Les camions et leurs chargements

14 entraient dans ce triangle et, apparemment, ils avaient du mal à en sortir.

15 Donc c'est devenu un grand parking à camions. Les chauffeurs étaient

16 arrêtés, les chargements déchargés, examinés, l'aide humanitaire avait

17 beaucoup de mal à passer.

18 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, je crois que l'heure de

19 la pause est arrivée.

20 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Il est quasiment presque midi et demi, nous

21 allons donc arrêter pendant une heure et demie et nous reprendrons nos

22 travaux à 14 heures.

23 --- L'audience est suspendue à 12 heures 27.

24 --- L'audience est reprise à 14 heures 04.

25 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. L'audience est reprise. Avant de vous donner à

26 nouveau la parole, Monsieur Mundis, juste une petite précision concernant

27 le document. Vous avez donc expliqué ce qu'il y a en premier lieu, qui va

28 être présenté au témoin. Donc, vous avez commencé la présentation. Puis, il

Page 3116

1 y a un deuxième lot -- jeu de document devant moi qui fait un demi-mètre

2 quasiment. J'ai regardé ce matin ces documents. J'ai constaté les faits

3 suivants : quasiment le 4/5e ou le 3/5e de ces documents sont postérieurs au

4 départ de l'intéressé de la Bosnie-Herzégovine. Il a quitté les lieux, le

5 21 juillet 1993, et il y a des documents du mois d'août, septembre,

6 novembre, décembre 1993 et des documents de 1994, qu'il n'a pu connaître.

7 Donc là, ces documents, il ne peut pas en avoir eu connaissance puisqu'il

8 était parti.

9 Deuxièmement, il y a des documents pendant la période où il était là ?

10 Donc, on peut peut-être penser qu'il n'en a pas eu connaissance.

11 Alors, il faut que vous fassiez le tri sur la fameuse pile de ces

12 documents pour ne détenir que les documents qu'il a connus directement ou

13 indirectement et des documents dont il a pu en avoir connaissance. Il

14 faudra les introduire avec un autre témoin. En tout état de cause, les

15 documents doivent être présentés au témoin - de ce qui est évidemment - de

16 la pertinence étatique et qu'au moins le témoin connaisse ce document ou,

17 alors, en avoir entendu parler. Le document qu'il n'a jamais vu, ni

18 entendu, ne peut pas être admis par ce témoin.

19 Donc, tout cela est très clair. Alors, poursuivez l'interrogatoire à partir

20 des fameux 40 documents. Mais concernant les autres documents pour demain,

21 faites le tri, parce qu'il y a des documents qui ne pourront être admis

22 parce que l'intéressé a quitté les lieux au mois de juillet, et un document

23 du mois d'octobre 1993. Je ne vois pas en quoi il aurait eu une

24 connaissance de ces documents ?

25 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Nous allons

26 peut-être revenir sur cette question et un peu plus tard, ou demain matin,

27 lorsqu'on arrive à ce point, mais, pour l'instant --

28 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien.

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1 M. MUNDIS : [interprétation] -- nous pourrons peut-être gagner du temps. Je

2 propose que nous laissions cela pour l'instant. Nous avons certainement y

3 revenir un peu plus tard, peut-être en l'absence du témoin.

4 Q. Monsieur Beese, avant la pause du déjeuner, comme cela peut se lire à

5 la page 82, ligne 16 du compte rendu, vous avez évoqué une région connue

6 sous le nom du triangle de Ljubuski; vous en souvenez-vous ?

7 R. Tout à fait.

8 Q. Pourriez-vous nous dire, s'il vous plaît, quelle force ou quelles

9 forces contrôlaient le triangle de Ljubuski ?

10 R. La force qui contrôlait venait de Vojna Policija, autrement dit, la

11 police militaire du HVO.

12 Q. Bien. Je vous remercie. Je souhaite maintenant passer à la période du

13 mois d'avril 1993. Pourriez-vous nous dire sur quoi se concentrait

14 principalement votre travail en tant qu'observateur en avril 1993 ?

15 R. J'avais deux priorités. La première était de continuer à observer la

16 confrontation autour de Prozor et au nord de Jablanica entre le HVO et les

17 forces de l'armija qui était un sujet de préoccupation constante. Ensuite,

18 il s'agissait d'observer l'intérêt que manifestaient les autorités du HVO

19 au plan Vance-Owen et si ceci était quelque chose, si cet accord était

20 conclu, il s'agissait, à ce moment-là, de voir comment il pouvait être mis

21 en œuvre.

22 Q. Pourriez-vous me parler en premier lieu, un petit peu, des

23 interventions que vous avez faites dans la région de Prozor et de

24 Jablanica, début avril 1993 -- au mois d'avril 1993 ?

25 R. Nous étions toujours conscients du fait qu'il y avait une confrontation

26 armée, qu'il y avait certains harcèlements et à Kute, également. Le 24

27 février, nous savions qu'il y avait des manœuvres au nord du lac de

28 Jablanicko dans la région connue sous le nom de Klis, plus

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1 particulièrement, autour du village de Kostajnica contrôlé par le HVO, et

2 le village de Pasovici contrôlé par l'armija.

3 Q. Monsieur Beese, simplement, je souhaite poursuivre à la page 85, lignes

4 2 et 3. Vous avez de la police militaire qu'elle était la force qui

5 contrôlait Ljubuski. C'est police militaire de quoi ? A quelle organisation

6 appartenait cette police militaire ?

7 R. Vojna Policija était un des départements du HVO.

8 Q. Pardonnez-moi pour cette interruption. Je souhaitais simplement

9 clarifier ceci avant que cela disparaisse de l'écran. Alors, pouvons-nous

10 continuer à parler des efforts déployés au mois d'avril en 1993 dans les

11 régions de Jablanica ?

12 R. Nous savions sans doute que la première fois que les tentatives avaient

13 été faites pour essayer d'assurer la sécurité de routes entre l'Herzégovine

14 et la Bosnie centrale pour que le HVO puisse les emprunter. Le contrôle de

15 ces routes, ce qui devenait un accès limité était redevenu quelque chose de

16 très important et d'une importance grandissante au fil des semaines.

17 Q. Monsieur Beese, quel est le rapport qui existait entre l'Herzégovine et

18 la Bosnie centrale, à ce moment-là ?

19 R. L'Herzégovine, si vous voulez, était la base incontestée du HVO et le

20 siège de son pouvoir. La population dans la région à l'ouest de la Neretva

21 et au sud-ouest de Mostar, y compris les villes de Grude, Siroki Brijeg,

22 Ljubuski, Capljina, Citluk, Posusje, Tomislavgrad et Livno étaient

23 quasiment, principalement, croates et dominées par le HVO. La région, qui

24 se trouvait au nord de Mostar, Konjic, Dreznica, Jablanica et Klis, à

25 savoir, entre le lac Jablanicko et la vallée de la Lasva, était

26 principalement contrôlée par l'armija. Au nord de cela, de la vallée de la

27 Lasva, il y avait toute une série de communautés, y compris Kiseljak,

28 Busovaca, Vitez et Novi Travnik, qui étaient contrôlées par le HVO, encore

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1 une fois avec une population croate significative. Ces populations-là

2 étaient armées. Il y avait un conflit entre eux et leurs voisins le long de

3 la vallée la Lasva et il me semblait qu'il tentait de contrôler la vallée

4 de la Lasva.

5 Q. Lorsque vous dites, Monsieur Beese, qu'il vous semblait : "Qu'il

6 tentait de contrôler la vallée de la Lasva," lorsque vous dites "ils", cela

7 s'appliquait à qui ? Vous entendiez qui ?

8 R. Le HVO.

9 Q. Il tentait de contrôler la vallée de la Lasva à partir d'où ?

10 R. A partir de leur base à Vitez, Busovaca et Kiseljak.

11 Q. Si vous le savez, quel rapport y avait-il ou quel lien y avait-il entre

12 ces bases Vitez, Busovaca, Kiseljak et ces régions contrôlées par le HVO en

13 Herzégovine ?

14 R. Pour élargir un petit peu les choses, ici, il me semblait que le HVO à

15 Mostar tentait de consolider son pouvoir en Herzégovine, à chercher à

16 contrôler les installations le long de la Neretva au plan économique, les

17 ressources en eau, les centrales hydroélectriques et tous les sites qui se

18 trouvaient le long de cette vallée, ils souhaitaient d'en attirer le

19 contrôle sur le terrain. Ils devaient également apporter des renforts à

20 leurs collègues dans la vallée de la Lasva.

21 Q. Par quel moyen ont-ils tenté d'apporter les renforts à leurs

22 collègues dans la vallée de la Lasva ?

23 R. Il fallait les réapprovisionner, je suis tout à fait certain qu'ils

24 communiquaient entre eux, il y avait besoin de les approvisionner au

25 combustible et essence, en munitions et autre équipement ou matériel de

26 guerre dont ils avaient besoin pour exercer leur contrôle dans la vallée de

27 la Lasva qui était devenue essentielle.

28 Q. Compte tenu de vos observations, ont-ils réussi à faire cela ?

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1 R. Non, pas complètement et chaque tentative qui consistait à ouvrir une

2 nouvelle voie a été -- n'a pas abouti.

3 Q. Pouvez-vous nous parler un petit peu de ces tentatives qui visaient à

4 ouvrir de nouvelles voies d'accès aussi d'après vos observations et vos

5 travaux en tant qu'observateur ?

6 R. Avant d'arriver sur le théâtre des opérations, la ville de Jajce avait

7 été perdue et reprise -- et prise par les forces serbes. Les villes de

8 Jajce et de Donji Vakuf au sud-est étaient assez une route efficace qui

9 pouvait être empruntée par des camions de transport venant du sud dans la

10 Bosnie centrale, et ceci permettait de réapprovisionner les personnes qui

11 se trouvaient là. Cette route avait été tombée lorsque Jajce a tombé.

12 C'était important car ceci a apporté mon attention quand un certain nombre

13 de personnes ont par la suite indiqué que les Croates étaient furieux et

14 que les Musulmans semblaient s'être écroulés à Jajce et ont permis à cette

15 chute de se produire. C'était la meilleure route, la route la plus utile

16 entre le sud et le nord, pour ce qui est de la surface goudronnée de la

17 route. Il nous est apparu par la suite, d'après les circonstances et les

18 discussions qu'on avait eues sur l'attaque de Gornji Vakuf que ceci avait

19 été fait de façon à pouvoir prendre contrôle de la deuxième route de Prozor

20 nord envers Gornji Vakuf et Novi Travnik en Bosnie centrale. Le fait de ne

21 pas contrôler Gornji Vakuf signifiait qu'on ne pouvait plus approvisionner.

22 D'après ce que nous avons dit aujourd'hui, les tensions devenaient de plus

23 en plus fortes à Prozor, les Croates tentaient d'utiliser des routes

24 empruntées par dans la forêt, sans doute améliorée par les ingénieurs, pour

25 essayer de déployer une percée au nord-est en direction de Fojnica et

26 établir un lien. Ceci a été contré par la résistance continue aux trois

27 villages, Here, Kute et Scipe.

28 L'éclatement de la violence à Kostajnica semblait être une tentative de

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1 déstabiliser la région de Klis et peut-être essayer de forcer ou de dévier

2 une route à Kostajnica et traverser Fojnica.

3 Q. Monsieur Beese, avez-vous des liens de commandement ou de contrôle avec

4 l'Herzégovine et la Bosnie centrale en ce qui concerne les forces du HVO ?

5 R. Il me semble clair, encore une fois, d'après certaines conversations et

6 visites que le commandement du HVO à Mostar était au courant de ce qui

7 s'était passé en Bosnie centrale et sur heure après heure, ce qui sans

8 doute aurait été facilité par des moyens de communication radio. Il n'y

9 avait pas d'autres moyens de gérer ces communications, il n'y avait pas de

10 communication par la route, ce n'était pas possible et physiquement, on ne

11 pouvait pas voyager aisément entre la Bosnie centrale et Mostar. Les lignes

12 téléphoniques ne marchaient pas et étant donné que le HVO de Mostar semble

13 toujours être au courant de tout, et bien on ne peut que supposer qu'ils

14 disposaient de communication radio.

15 Q. Reparlons maintenant de la manière dont vous avez participé aux

16 missions d'observations et quelle était la situation autour de Jablanica en

17 avril 1993. Pouvez-vous nous dire, Monsieur, ce que vous faisiez à ce

18 moment-là ou où vous étiez à ce moment-là, s'il vous plaît ?

19 R. Vers la fin du mois de mars et début du mois d'avril 1993, j'ai pris

20 part aux discussions entre le HVO et, par l'intermédiaire de Arif Pasalic,

21 la présidence de Sarajevo sur le besoin d'envoyer, d'envisager différentes

22 façons de mettre en œuvre le plan Vance-Owen. Je parlais de l'ordre du jour

23 de cette réunion avec le HVO et d'une contribution pacifique à tout ceci,

24 je sentis que la pression devenait de plus en plus forte dans la région de

25 Klis et Jablanica. Jablanica était la région clé, non seulement en termes

26 de voies de communication, cela se situe sur un axe, mais de là, on a le

27 contrôle sur toutes les sources en eau qui viennent du lac Ramsko à

28 l'extérieur de Prozor. Donc, il s'agissait de contrôler les ressources en

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1 eau et les centrales hydroélectriques, il fallait contrôler Jablanica.

2 M. KARNAVAS : [interprétation] Permettez-moi d'intervenir, je crois que ce

3 monsieur a une promotion militaire et c'était un observateur. Il nous a dit

4 pourquoi il était observateur. Maintenant, il nous semble que nous entrons

5 dans un domaine qui semble indiquer qu'il témoigne en tant qu'expert, si je

6 peux dire. Si tel est le cas, je souhaite savoir s'il le camouflait pour le

7 faire, s'il donne une opinion d'expert ou s'il s'agit simplement ici de ses

8 observations en tant que profane, ce qui signifie que lorsqu'il faudra

9 soupeser son témoignage, son témoignage aura moins de poids étant donné que

10 c'est un profane par opposition à la déposition d'un expert. J'en parle car

11 je crois que nous abordons un domaine à propos duquel il témoigne et qui

12 semble à mon sens nécessiter un certain degré d'expertise.

13 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, Monsieur Mundis, sur la remarque de la

14 Défense, quelle est votre position ?

15 M. MUNDIS : [interprétation] Bien évidemment, Monsieur le Président, le

16 témoin nous a parlé un peu plutôt de son expérience, de ses qualifications,

17 de ses capacités, de l'objet de ses travaux, comment ses travaux ont été

18 menés et cela a donné l'ensemble de ces circonstances conclues de briefings

19 et de consultations avec ses collègues. Il est certainement qualifié pour

20 parvenir à ce genre de conclusions eu égard à des choses qui l'ont --

21 M. LE JUGE ANTONETTI : Malheureusement, Monsieur Mundis, si vous aviez

22 présenté une entrevue ou un rapport de l'intéressé, on aurait pu avoir tout

23 de suite la tonalité de ses observations. Je vais essayer d'y voir clair en

24 posant à M. Beese la question suivante.

25 Vous avez tout à l'heure évoqué la question de ce fameux lac qui

26 devait approvisionner en eau certaines localités et vous expliquiez qu'il

27 fallait que le HVO contrôle tout cela. Ce type d'observations que la

28 Défense estime devoir relever d'un expert, est-ce que cette observation

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1 était de nature à être intégrée dans le rapport que vous faisiez à la

2 mission européenne ? Est-ce que c'est ce type de constat, en tant

3 qu'observateur, que vous introduisiez dans vos rapports en disant que le

4 lac X faisait l'objet d'un contrôle par les militaires en raison des

5 conséquences en approvisionnement d'eau ? Est-ce que cela rentrait dans

6 votre mission d'observateur ?

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, oui. Je devais --

8 d'être dans la région qui pouvait rendre du nombre d'obus qui avaient

9 atterri à un certain endroit, un certain jour, cela en soi n'était pas une

10 tâche difficile, et ce qui est beaucoup plus important pour certains

11 d'entre nous de comprendre pourquoi ces obus ont atterri à l'endroit où ils

12 ont effectivement atterri et savoir quelle en était la signification.

13 M. LE JUGE ANTONETTI : Donc, vous dites que vous répondez aux questions de

14 l'Accusation et les réponses que vous faites sont des constats personnels

15 que vous aviez effectués sur le terrain, et ces constats vous les

16 mentionnez dans des rapports ou vous les restituez à ceux en qui vous avez

17 missionné. Est-ce bien comme cela que je dois comprendre le sens des

18 réponses que vous donnez aux questions ?

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président.

20 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, Maître Karnavas, que pourriez-vous dire ?

21 M. KARNAVAS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président. Je dois dire

22 une chose. Si vous regardez, un peu plus tôt, il a parlé de l'importance

23 des voies de communication, des routes, ensuite, il a parlé de l'eau et,

24 ensuite, on lui a posé une question -- M. Mundis a posé une question. M.

25 Mundis a fait un commentaire et a dit que ce monsieur est qualifié pour

26 donner ce genre d'opinion. A mon sens -- en mon humble opinion, c'est s'il

27 se sert de ce témoin ou ce témoin semble évoquer ces questions-là. C'est un

28 expert militaire et par conséquent, son opinion relève de cela. Si tel est

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1 le cas, bien sûr, conformément au Règlement, il aurait dû venir en tant

2 qu'expert, il aurait dû préparer un rapport et nous aurions dû prévoir

3 qu'il vienne déposer en tant qu'expert. Ceci ne semble pas être le cas.

4 M. LE JUGE ANTONETTI : Maître Karnavas, quand l'intéressé a été recruté par

5 le "foreign office", il l'a expliqué, qu'il a eu un entretien et que

6 lorsqu'il a été recruté, il a été recruté parce qu'il avait un passé

7 militaire, il a été à l'académie de Sandhurst et qu'un militaire, un

8 officier est capable de dire que le contrôle des routes a une importance

9 stratégique. Il n'a pas besoin d'être expert pour dire cela. Le balayeur de

10 ce Tribunal pourra dire : contrôler une route, cela a une importance

11 stratégique. Donc, je ne vois pas en quoi il y a un problème. Bien. Alors,

12 on arrête là.

13 Monsieur Mundis, continuez.

14 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

15 Je souhaite que l'on montre au témoin le document P 01911, s'il vous plaît.

16 Q. Monsieur Beese, voyez-vous un document sur votre écran ?

17 R. Oui.

18 Q. De quoi s'agit-il ?

19 R. Il s'agit là d'un rapport qui a été rédigé dans le but de mieux

20 comprendre la crise à Jablanica telle qu'elle a été observée par les gens

21 de la MOCE.

22 Q. Monsieur Beese, qui a écrit ce rapport ?

23 R. C'est moi-même.

24 M. KARNAVAS : [interprétation] Je vais réitéré mon objection pour les

25 besoin du compte rendu. Si je regarde ceci, c'est un organisme politique et

26 militaire, donc, nous sommes maintenant dans le domaine où ce monsieur va

27 témoigner sur un document qui aurait été proposé par un expert militaire.

28 Donc, je réitère mon objection simplement.

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1 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Maître Karnavas, je pense que vous

2 le savez, comme nous le savons tous, on voit des lignes qui ont été floues

3 quelquefois entre un témoin et un expert. Je crois que, dans ce groupe,

4 nous -- le témoin a parlé de son expérience. Il a parlé d'évaluation, des

5 simulations qu'il a faites. Le témoin a été en mesure de parler, c'est

6 quelque chose dont il a été le témoin personnellement.

7 M. KARNAVAS : [interprétation] Je suis tout à fait d'accord avec vous,

8 Monsieur le Juge. La question relève du poids à donner. Si on considère que

9 c'est un expert, et la Chambre de première instance peut-être gardera

10 davantage de poids que si c'était la déposition d'un profane, c'est la

11 raison pour laquelle je me suis levé. Est-ce qu'il témoigne en tant

12 qu'expert ou est-ce qu'il, simplement, nous fait part de ses points de vue

13 en tant que profane ?

14 M. MUNDIS : [interprétation] Pour les besoins du compte rendu d'audience,

15 la position de l'Accusation est telle qu'il y a quelques faits qui ont été

16 présentés par le Juge Trechsel. Il y a différents témoins qui présentent

17 certaines choses et, certainement, il y a certaines personnes qui

18 considèreront que des profanes ont un certain niveau de connaissance et que

19 leur témoignage a plus de poids que simplement des chauffeurs de taxi dans

20 la rue qui étaient en Bosnie, à l'époque, plutôt que le militaire.

21 Q. Donc, Monsieur Beese, pourriez-vous nous dire pourquoi vous avez rédigé

22 ce rapport, P 01911 ?

23 R. Le but était de décrire la situation telle que nous avons pu l'observer

24 dans la région de Jablanica et Klis, et de la présenter à nos supérieurs

25 hiérarchiques à Split et à Zagreb.

26 Q. Sur quoi vous êtes-vous fondé pour rédiger ce document ?

27 R. J'avais le privilège d'avoir un certain accès facilité aux personnes,

28 aux endroits et j'ai eu des dizaines de discussions, des visites sur le

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1 terrain et j'avais le temps nécessaire pour essayer de comprendre ce qui se

2 passait autour de moi.

3 M. MUNDIS : [interprétation] Avec l'aide de M. le Greffier, je souhaite que

4 ce passage qui est indiqué par la lettre D [comme interprété],

5 "l'importance régionale", je souhaite que ceci soit agrandi, s'il vous

6 plaît. Le bas de ce document.

7 Q. En attendant, Monsieur Beese, si vous êtes en mesure de lire à l'écran,

8 est-ce que vous pouvez prendre connaissance de cette portion du texte qui

9 figure en bas de la page au paragraphe 2, "importance régionale" ?

10 R. Oui.

11 Q. Pouvez-vous nous dire comment vous vous êtes procuré les éléments

12 d'information qui figurent dans ce document ?

13 R. Je comprenais la situation autour de Prozor, et Jablanica et Konjic.

14 J'ai eu des discussions, j'ai eu des visites et ceci m'a incité à analyser

15 les raisons de certaines actions. Compte tenu du fait que le HVO s'est

16 déclaré ouvertement très intéressé par la paix, il aurait été très facile

17 de laisser cet endroit en paix, mais ce n'était pas le cas. Par conséquent,

18 s'il y avait des manœuvres militaires dans la région, il fallait trouver

19 une explication à cela.

20 Q. Quelles sont ces manœuvres militaires auxquelles vous pensez ?

21 R. La nécessité de sécuriser les routes, à savoir, les engagements de

22 Gornji Vakuf, à l'est de Prozor puis à Kostajnica, et les renforts

23 manifestes de la zone au sud-ouest de Jablanica de la part du HVO, les

24 forces du HVO qui arrivaient en provenance de Tomislavgrad pour exercer la

25 pression sur Jablanica elle-même.

26 M. MUNDIS : [interprétation] La deuxième page du document, s'il vous plaît.

27 Q. Monsieur Beese, pourriez-vous, s'il vous plaît, vous intéresser au

28 paragraphe 3, activités politiques. Qui a rédigé cette portion du texte ?

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1 Vous vous êtes fondé sur quoi pour aiguiser ce chapitre du rapport ?

2 R. Est-ce que je peux avoir la possibilité de le lire, tout d'abord ?

3 Q. Oui, je en vous prie.

4 R. Merci.

5 Q. Les livres d'information, qui figurent dans ce chapitre, sont étayés

6 par quoi, les sources de ces informations ?

7 R. Des rapports des équipes d'observations, les conversations avec les

8 représentants des différentes parties, ainsi que mes déplacements dans les

9 régions.

10 Q. Page 4 du document, s'il vous plaît. Monsieur Beese, en haut, au point

11 6, il est question "d'indices"; qu'entendiez-vous par ce terme ?

12 R. Ce sont certains des facteurs qui contribuent et qui ont été analysés

13 et qui appuient notre point de vue.

14 Q. Est-ce que vous pouvez, s'il vous plaît, donner lecture du quatrième

15 paragraphe de ce document ? Par la suite je vais vous poser des questions.

16 R. Oui. "Le HVO lancent des ultimatums réguliers par la radio aux forces

17 musulmanes d'Herceg-Bosna, entre-temps (est écrit seulement rarement) il y

18 a la mise en œuvre des ultimatums, ce qui laisse entendre qu'il s'agit de

19 provocations lancées à l'intention des Musulmans pour les provoquer à agir,

20 ce qui peut être utilisé pour justifier l'agression."

21 Q. Qui a rédigé cela ?

22 R. C'est moi.

23 Q. Qu'est-ce qui vous a permis de rédiger ce tracé ?

24 R. J'ai eu des communications avec l'armija. L'armija me disait qu'il y

25 avait des ultimatums qui avaient été fixés, mais jamais le HVO ne parlait

26 de l'intention de le faire déjà. En soi, c'était inhabituel compte tenu de

27 l'engagement pour la paix et lorsque le fait de s'abstenir d'agir peut le

28 mener en détention.

Page 3129

1 Q. Mais qu'entendez-vous par là ?

2 R. Dans les conversations avec les autorités du HVO, ils disaient qu'ils

3 étaient tout à fait engagés pour la paix, qu'ils promeuvent la paix, qu'ils

4 étaient prêts à établir des relations de travail avec la partie musulmane,

5 mais il ne semblait pas que les ultimatums étaient émis dans le cadre de ce

6 même contexte. Donc, c'était -- leur déclaration était étrange.

7 Q. Pourquoi ?

8 R. Parce qu'il n'y avait pas de nécessités autres qu'administratives ou

9 plutôt, disons, conforts administratifs de placer les forces musulmanes

10 sous le contrôle du HVO. Peut-être que, sous forme de stratégie, leur

11 permettant de travailler mieux ensemble, d'établir une lueur coopérative

12 avait un sens, mais il y avait une autre façon de faire cela que de lancer

13 des ultimatums, en particulier si vous le faites par la voie des médias et

14 non pas par voie de négociations.

15 Q. Pendant votre séjour en Bosnie en 1993, il y a eu combien d'ultimatums

16 pour autant que vous le sachiez ?

17 R. Au moins deux, d'après ce que je me souviens. Donc, le premier, le 16

18 janvier, et le deuxième, le 14 mars.

19 Q. Avant de parler d'autre chose, Monsieur, que sont les endroits où vous

20 êtes allé dans la municipalité de Jablanica au printemps 1993 ?

21 R. Je me suis déplacé dans les collines dans les environs de Here, Kute et

22 Scipe. J'ai souvent pris la route de Prozor à Jablanica. J'ai traversé le

23 lac de Jablanicko, je suis allé à Kostajnica et je suis allé à Konjic en

24 provenance de l'est.

25 Q. Par moment, est-ce que vous avez appris qu'il y avait un conflit dans

26 les secteurs de Sovici et Doljani ?

27 R. Vers le 8 mars, j'ai appris qu'il y avait une escalade de tension dans

28 la région. A Kostajnica, il y a eu victimes de violence ce qui a confirmé

Page 3130

1 mes inquiétudes et par la suite j'ai appris qu'il y a eu des problèmes à

2 Sovici et à Doljani, mais seulement que c'était une rumeur disant qu'il y

3 avait des problèmes, qu'il y avait des expulsions des Musulmans par le HVO,

4 que des villages ont été incendiés.

5 Q. Vous-même, vous êtes-vous rendu dans la -- de ces villages ?

6 R. On ne m'a pas autorisé à y accéder, tout comme on a refusé l'accès aux

7 militaires des Nations Unies. On ne pouvait y aller, ni en passant par

8 Tomislavgrad vers l'ouest, ni directement de Jablanica.

9 Q. Mais quelle est la force qui vous a empêché de rentrer dans Sovici et

10 Doljani ?

11 R. Nous avions une équipe qui était basée à Tomislavgrad qui a essayé de

12 rentrer à Tomislavgrad en passant par Sovici et Doljani, mais le HV -- le

13 barrage du HVO l'a empêchée de le faire.

14 Q. Pour y rentrer de Jablanica, quelle est la force qui a empêché l'accès

15 dans cette province-là ?

16 R. Nous avons essayé plusieurs fois. On a été empêché de le faire de la

17 part de la armija qui n'a pas voulu lever le barrage. En fait, c'était des

18 barrages civiques parce que qu'ils avaient peurs que le HVO n'essaient de

19 s'emparer du barrage et puis finalement on l'a convaincu de nous laisser

20 passer. Donc, une des équipes est passée par le barrage d'armija mais

21 étaient arrêtée par les postes de contrôle du HVO.

22 Q. Alors, est-ce que par la suite vous avez pu confirmer ou réfuter les

23 rumeurs d'expulsions de ce village ?

24 R. J'ai rencontré des réfugiés à Jablanica qui ont dit qu'ils étaient

25 originaires de Sovici et de Doljani, qu'on les a forcé à les quitter, mais

26 je ne suis jamais allé dans ces villages.

27 Q. Alors, parlons de Mostar. En avril 1993, à un moment quelconque en

28 1993, est-ce que vous y êtes allé ?

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1 R. J'y ai passé beaucoup de temps pendant cette période-là.

2 Q. Quelles ont été vos tâches prioritaires en avril 1993 eu égard à

3 Mostar ?

4 R. M. Prlic et M. Jozo Maric, qui était le maire de Grude pendant cette

5 période-là, ont été les deux hommes avec qui j'ai été en contact. Nous

6 avons parlé de la nécessité de mettre en œuvre le plan Vance-Owen et, si le

7 plan était signé, il fallait qu'on voit quel était le -- comment on allait

8 organisé la mise en œuvre pendant la période après la signature de

9 l'accord.

10 Q. Vous nous avez dit que vous étiez en contact avec M. Prlic et Maric.

11 Est-ce que vous avez la date à l'esprit ? A quel moment vous les avez

12 rencontrés pour la première fois à ce sujet ?

13 R. J'ai vu M. Maric, je lui ai parlé nombre de fois à ce sujet. Je ne me

14 souviens pas d'où, de l'endroit et -- je ne me rappelle pas les dates. Je

15 pense que c'est le 1er avril 1993 que j'ai parlé pour la première fois à M.

16 Prlic.

17 Q. Alors, est-ce que vous vous rappelez les détails de cette conversation

18 du 1er avril 1993 avec M. Prlic ?

19 R. Il y avait deux sujets de discussion. Premièrement, chacune des parties

20 devait être présentée. C'est évident que M. Prlic devait représenter le HVO

21 en tant qu'homme politique de premier rang. Il y avait beaucoup de

22 discussions au sujet des représentants musulmans et de celui qui allait

23 représenter donc la présidence de Sarajevo. A l'époque, il n'y avait pas

24 d'homologues satisfaisants à M. Prlic. Le général Arif Pasalic n'était

25 qu'un militaire.

26 Un deuxième point de discussion, c'était l'ordre du jour des entretiens. En

27 particulier, il s'agissait d'interventions sociales, donc d'éducation,

28 enregistrement de véhicules, et cetera.

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1 Q. Puisque -- lors de cette conversation avec M. Prlic le

2 1er avril 1993, est-ce qu'il y avait d'autres représentants de la MOCE qui

3 ont assisté ce jour-là ?

4 R. Je pense que j'étais accompagné d'un assistant, mais je ne me rappelle

5 pas qui c'était, ce jour-là.

6 Q. Est-ce que vous savez combien de temps a duré la réunion ?

7 R. Non.

8 Q. Est-ce que vous vous rappelez l'endroit de la réunion ?

9 R. C'était au centre de Mostar, dans le bureau de M. Prlic.

10 Q. Vous rappelez-vous de détails au sujet de cette réunion, à savoir, au

11 sujet du représentant de l'entité musulmane de la présidence ?

12 R. M. Prlic a fait valoir que cela devrait être quelqu'un qui avait

13 suffisamment de poids pour représenter leurs intérêts, les intérêts de la

14 présidence.

15 Q. Pour ce qui est de l'ordre du jour, vous avez cité quelques points,

16 est-ce qu'il y a eu des débats à la suite des entretiens et ensuite ?

17 R. Nous avons continué de nous rencontrer d'une manière régulière. Je ne

18 me souviens pas quelle a été la fréquence. Je ne me souviens pas, là, sur-

19 le-champ, mais nous les avons eus jusqu'à ce que la réunion ne soit

20 convoquée le 18 mars.

21 Q. Est-ce que vous savez s'il y a eu une correspondance au sujet de

22 l'ordre du jour qui allait être décidé ?

23 R. Je pense qu'il y a eu des échanges de vue et des notes ont été prises,

24 mais je ne me souviens pas exactement comment on a fixé l'ordre du jour. Il

25 a évolué, mais je ne me souviens pas exactement comment il a été transmis

26 entre moi et mes supérieurs, mais je me rappelle en avoir parlé avec Arif

27 Pasalic. On disait que c'était le seul moyen de débattre des choses avec la

28 présidence. On se demandait quels étaient les points que le représentant de

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1 la présidence souhaiterait aborder.

2 M. MUNDIS : [interprétation] La pièce P 09589, s'il vous plaît, peut-on la

3 présenter, à la fois les versions anglaise et croate simultanément ? S'il

4 vous plaît, est-ce qu'on peut les voir en même temps à l'écran ?

5 M. KARNAVAS : [interprétation] Ligne 21, 100, il me semble que cela

6 nécessite une précision. Le témoin a parlé de mars. S'il a rencontré

7 l'homme pour la première fois le 1er avril, je pense que je devrais corriger

8 cela.

9 M. MUNDIS : [interprétation]

10 Q. Est-ce que vous vous rappelez le mois où cette réunion a eu lieu ? Vous

11 avez dit le 18.

12 R. Excusez-moi, le 18 avril.

13 Q. [aucune interprétation]

14 M. MUNDIS : [interprétation] Si nous ne pouvons pas voir les deux à la fois

15 à l'écran, est-ce qu'on peut commencer avec la version en croate, s'il vous

16 plaît ?

17 Q. Voyez-vous ce document en croate ? L'avez-vous sous les yeux ?

18 R. Oui.

19 Q. N'avez-vous jamais eu l'occasion de voir ce document, pour autant que

20 vous le sachiez ?

21 R. Oui.

22 Q. Qu'est-ce qui vous permet de dire de l'avoir vu précédemment ?

23 R. J'ai remis un exemplaire de ce document au Tribunal à la date qui

24 figure sur le document, à savoir, le 20 novembre 2001.

25 Q. Monsieur Beese, est-ce que vous connaissez le croate ?

26 R. Non.

27 Q. Il n'empêche, vers la ligne 6 ou 7 de la version croate de ce document,

28 est-ce que vous pouvez examiner ce que l'on trouve ? Pouvez-vous essayer de

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1 reconnaître des mots qui y figurent, aussi ?

2 R. Il y a mon nom et le nom de mon collègue, Enrique Salamanca de Garey.

3 Q. Donc, c'est votre nom qui est mentionné ici ?

4 R. Oui.

5 Q. Est-ce qu'on peut maintenant examiner la version anglaise, la

6 traduction anglaise du document, s'il vous plaît ?

7 Monsieur Beese, est-ce que vous pouvez prendre connaissance rapidement de

8 ce document ? Dites-moi quand vous en aurez terminé.

9 R. Merci.

10 Q. Monsieur Beese, quand est-ce que vous êtes entré en possession de ce

11 document ?

12 R. Je pense que c'est M. Prlic qui m'a remis le document pour que je le

13 transmette à mon tour à mon supérieur, M. l'ambassadeur Jean-Pierre

14 Thébault, qui était à la tête du centre régional. A l'époque, il était à

15 Split, mais plus tard, à Zenica.

16 Q. Une petite digression. Vous nous avez dit précédemment que c'est

17 l'ambassadeur Beaussou qui était à la tête du centre régional, et

18 maintenant vous mentionnez l'ambassadeur Thébault. Est-ce que vous savez à

19 quel moment l'ambassadeur Thébault est venu à la tête du centre régional ?

20 R. Quelques semaines avant ceci.

21 Q. Monsieur Beese, nous sommes vers le début du mois d'avril 1993. Quel

22 est le rôle que vous jouez, vous, à ce moment-là, au sein de la MOCE ?

23 R. J'étais responsable de faire des rapports sur tous les points

24 pertinents qui avaient à voir avec le conflit sur le territoire au sud de

25 Gornji Vakuf, et par conséquent, de relations avec le gouvernement du HVO,

26 au nom du centre régional. Donc, ici, vous voyez que je transmets le point

27 de vue entre les différentes personnes, mais je ne réagis pas. C'était la

28 responsabilité de mon supérieur.

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1 Q. A ce moment-là, est-ce que vous étiez toujours observateur ?

2 R. Ce type d'observateur s'applique tout au long de ma mission. Les

3 conditions de votre travail, de votre emploi, de votre salaire, elles ne

4 changent pas tout au long de votre mission. Vous êtes un observateur.

5 Mais à ce stade, j'étais à la tête du centre de coordination de

6 Siroki Brijeg, responsable d'Herzégovine, donc le territoire qui va jusqu'à

7 Gornji Vakuf.

8 Q. A quel moment est-ce que vous êtes devenu le chef du centre de

9 coordination de Siroki Brijeg ?

10 R. Après le départ de Ray Lane. C'était vers la date du 20 mars ou à cette

11 date-là. Peut-être une semaine plus tard.

12 Q. Monsieur Beese, au sujet de cette réunion que vous avez eue avec M.

13 Prlic le 1er 1993, le plan de paix Vance-Owen, est-ce que vous en avez

14 parlé ?

15 R. Oui.

16 Q. D'après vos souvenirs, Monsieur Beese, qu'est-ce qui a été dit lors de

17 cette réunion au bureau de M. Prlic au sujet du plan Vance-Owen ?

18 R. Le plan de paix Vance-Owen était un plan qui était fait. Il semblait

19 qu'il allait être traduit dans les faits. Il y en a eu un, et si tel était

20 le cas, les Croates allaient devenir la partie dominante dans les provinces

21 8 et 10 de ce plan.

22 Q. Est-ce que vous vous souvenez que M. Prlic vous ait dit quelque chose

23 au sujet du plan de Vance-Owen lors de cette réunion ?

24 R. Non, pas particulièrement.

25 Q. Est-ce que vous pouvez nous décrire l'ambiance qui a prévalu lors de

26 cette réunion que vous avez eue le 1er avril 1993 avec M. Prlic ?

27 R. Cordiale et productive.

28 Q. Qu'entendez-vous par le mot "productive" ?

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1 R. Bien, il était de notre intérêt commun, je pense, d'envisager ce qui

2 allait se passer si le plan était traduit dans les faits. M. Prlic était

3 une figure politique de proue et il aurait la responsabilité de coordonner

4 la représentation du HVO pendant les élections et aux fins du gouvernement

5 de la province. J'allais certainement être appelé à jouer un rôle pendant

6 la mise en œuvre du plan et le suivi de ce processus.

7 Q. Lorsque vous parlez du plan, vous vous référez au plan Vance-Owen ?

8 R. Oui.

9 Q. Si ce plan était mis en œuvre ?

10 R. Oui.

11 Q. Alors, est-ce que vous avez eu des débats ou des entretiens avec M.

12 Prlic au sujet du plan de paix Vance-Owen ?

13 R. Je ne me souviens pas précisément. Je l'ai rencontré plus d'une fois

14 pendant la période qui a précédé les entretiens de Mostar le 18.

15 Q. A votre avis, quelle était sa réaction pendant ces entretiens au sujet

16 du plan de paix Vance-Owen ?

17 R. Il était enthousiaste.

18 Q. Vous lui avez demandé pourquoi ?

19 R. Non.

20 Q. Pourquoi pas ?

21 R. Parce que le plan de paix Vance-Owen était quelque chose que beaucoup

22 de gens espéraient qu'il allait voir le jour, peut-être pour des raisons

23 différentes. La paix, en soit, était quelque chose que normalement tout le

24 monde espérait, une meilleure organisation de la région était quelque chose

25 qui normalement devait attirer les gens, mais nous étions conscients des

26 difficultés dans le processus de mise en œuvre. Nous savions que compte

27 tenu du nombre de cessez-le-feu, d'accords, de commissions qui avaient été

28 créés précédemment, bien qu'il y avait très peu de chances qu'il y ait une

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1 mise en œuvre réussie pendant que le conflit militaire était encore en

2 cours.

3 Q. Suite à cette réunion avec M. Prlic le 1er avril 1993, quelles sont les

4 mesures qui ont été prises par la MOCE pour organiser des entretiens

5 réussis entre le gouvernement de Sarajevo et les autorités du HVO de

6 Mostar ?

7 R. J'étais responsable de briefer le centre régional. En particulier,

8 Jean-Pierre Thébault était responsable d'établir et de maintenir la liaison

9 avec les autorités internationales, y compris les Nations Unies, dans ses

10 agences et ses organes variés, pour déterminer qui, de la part de la

11 présidence, devait représenter les intérêts bosniaques lors de ces

12 entretiens.

13 Q. De quelle nature étaient les réunions que vous aviez pour vous préparer

14 à ces entretiens ?

15 R. Pour "nous," et là j'entends la MOCE et les Nations Unies qui étaient

16 les hôtes de ces entretiens, il fallait que les Croates et les Musulmans,

17 donc les deux parties au plan Vance-Owen se mettent d'accord sur l'endroit

18 où ils allaient se rencontrer. Le mieux aurait été un endroit neutre qu'on

19 allait facilement pouvoir protéger; c'était dans leur intérêt mutuel. Puis,

20 il était aussi intéressant qu'ils arrivent à se mettre d'accord sur un

21 ordre du jour. Donc, c'étaient des consultations de routine sur des

22 éléments pratiques.

23 Q. Est-ce que vous vous souvenez quel était le lieu retenu et la date ?

24 R. La date était celle du 18 avril et le lieu, c'était l'hôpital. En fait,

25 à l'époque, je ne pense pas qu'on se soit servi de cet endroit comme un

26 hôpital, mais il se situe juste à l'ouest du centre de Mostar. C'est un

27 endroit un peu surélevé.

28 Q. Pendant cette période, pendant les deux premières semaines d'avril

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1 1993, juste avant ces entretiens, est-ce que vous avez eu des entretiens

2 avec les deux parties en négociations ?

3 R. Des réunions régulières avant la réunion principale du 18.

4 Q. Avec qui avez-vous eu cet entretien du côté HVO ?

5 R. M. Prlic.

6 Q. Est-ce que vous vous souvenez à peu près la date où vous avez eu cet

7 entretien avec M. Prlic ?

8 R. Non.

9 Q. On pourrait trouver cela dans votre journal ou dans votre récit ?

10 R. Oui, je suppose.

11 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, est-ce qu'avec votre

12 autorisation, le témoin pourrait rafraîchir sa mémoire, et plus

13 précisément, il s'agit --

14 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui.

15 M. MUNDIS : [interprétation] -- des paragraphes qui vont de 295 à 297.

16 Q. Il s'agit du paragraphe 290 pour commencer, puis jusqu'au paragraphe

17 297.

18 R. Oui.

19 Q. Monsieur, vous venez de vérifier dans votre récit des éléments qui

20 figurent au sujet de ces événements. Pouvez-vous nous dire à présent à

21 quelle date vous avez eu cette réunion avec M. Prlic ?

22 R. Le 7 avril.

23 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui a fait l'objet de cette

24 réunion ? Encore une fois, est-ce que vous pouvez refermer -- est-ce que

25 vous vous rappelez de ce que vous avez parlé -- de quoi avez-vous parlé le

26 7 avril 1993 ?

27 R. L'objectif de la réunion en a fait partie, y compris les inquiétudes,

28 parce que les tensions étaient toujours présentes dans la région.

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1 Q. Est-ce que vous vous rappelez des points particuliers qui ont été

2 discutés ? Qu'est-ce qui a été évoqué comme étant l'objectif de la

3 réunion ?

4 R. Tout simplement d'améliorer les relations entre les deux parties et de

5 mettre sur pied une certaine normalisation.

6 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire alors ce qui s'est passé pendant la

7 période allant du 7 avril et le 18 avril 1993 ?

8 R. La communauté internationale s'était avant tout intéressée à cette

9 réunion. Toutes les parties étaient en train de se préparer pour la

10 réunion. Bien entendu, nous, au sein de la MOCE, on se préoccupait de cela

11 avant tout, mais en même temps, on tenait compte des éléments qui se

12 produisaient ailleurs. La situation était moins que satisfaisante. Il y

13 avait une agression de la part du HVO, des pressions qu'il continuait

14 d'exercer sur Jablanica et d'autres zones au nord de la route Prozor-

15 Jablanica.

16 Q. Quelles sont d'autres mesures qui auraient été entreprises par la

17 communauté internationale pendant cette période pour organiser ces

18 entretiens ?

19 R. Les Nations Unies, par l'entremise de la FORPRONU, étaient prêtes à

20 accorder leur appui à ces entretiens. La FORPRONU a fourni des transports

21 par blindés pour que les gens puissent arriver en sécurité à l'endroit où

22 ils allaient se rencontrer et ils ont offert de sécuriser l'hôpital qui

23 allait être le lieu de l'entretien.

24 Q. L'ambassadeur Thébault, est-ce qu'il avait un rôle à jouer au sujet de

25 ces entretiens du 18 avril ?

26 R. Il allait présider l'entretien.

27 Q. Pour ce qui est de la préparation de la réunion du 18 avril 1993 ?

28 R. Il a rencontré Franjo Boras à Mostar le 7 avril, il a essayé de repérer

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1 qui étaient les modérés au sein de chacune des parties pour faciliter les

2 entretiens et pour prendre les dispositions pour que Ejup Ganic soit reçu à

3 Medjugorje et organise la présidence pour être à la tête de la partie qui

4 allait reconstituer le gouvernement de Bosnie.

5 Q. Pendant, disons, de sept à dix jours avant l'entretien, quelle était la

6 situation à Mostar ?

7 R. C'était très tendu. Il n'y avait pas d'échange feux entre deux parties,

8 mais la situation était très tendue et il y avait des violences, des

9 recours à la violence au centre. Jablanica était pilonnée par là sur le 15,

10 donc, trois jours seulement avant les entretiens. Puis, il y a eu une

11 irruption de violence le long de la vallée de la Lasva le même jour, le 15

12 avril. Pendant que nous, nous étions prêts à faire tout pour prôner ces

13 entretiens dans l'intérêt de la paix, et bien, nous étions très préoccupés

14 par le fait que le HVO, d'une part, parlait paix et d'autre part, il y

15 avait une agression flagrante sur tout le territoire.

16 Q. Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui s'est produit le jour des

17 entretiens ?

18 R. Oui. Il fallait que les parties se rencontrent à l'hôpital. M. Prlic,

19 je crois, a déterminé lui-même son itinéraire. M. Pasalic a reçu un

20 transport blindé et Ejub Ganic est arrivé par hélicoptère du camp espagnol

21 de Medjugorje, puis a été transporté à Mostar dans un véhicule blindé. Les

22 pourparlers ont alors eu lieu. J'ai assisté à la plus grande partie de ces

23 réunions car j'étais responsable du succès de cette entreprise et l'on

24 devait parfois entrer dans la salle même où se déroulait le débat et

25 parfois j'étais à l'extérieur pour procéder à des vérifications de sécurité

26 et de déroulement pratique. Donc, j'ai entendu une partie de ce qui s'est

27 dit au cours de ces débats. Je crois savoir que la réunion était couronnée

28 de succès et je pense que ceci en particulier est dû au fait que Jean-

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1 Pierre Thébault à un moment est sorti de la salle pour venir me voir alors

2 que je m'occupais de la sécurité à l'extérieur. Plus tard, la réunion a été

3 levée et Jean-Pierre Thébault est revenu expliqué à des officiers espagnols

4 de la FORPRONU ce dont nous avions discuté.

5 Q. J'aimerais vous poser quelques questions complémentaires, Monsieur

6 Beese. Vous nous avez dit, cela figure au numéro 21, que parfois vous étiez

7 dans la salle où se déroulaient les débats. Vous rappelez-vous de détails

8 des sujets abordés pendant ces moments où vous avez passés dans la salle ?

9 R. Il a été question de normalisation de la vie en Herzégovine, des

10 intérêts des deux parties du point de vue de l'éducation et de domaines

11 similaires, et des rapports entre le HVO et la présidence. Je ne me

12 rappelle pas grand-chose d'autre.

13 Q. Vous rappelez-vous de détails au sujet de débats portant sur les

14 rapports du HVO et de la présidence ?

15 R. Ces débats avaient pour but de faire en sorte que les deux parties

16 réussissent à normaliser la situation qui était très tendue. Les deux

17 parties s'engageaient à améliorer leurs relations.

18 Q. Vous avez également dit, Monsieur, que vous avez entendu dans la salle

19 de la réunion que vous avez entendu des éclats de voix lors d'une

20 discussion à laquelle participaient l'ambassadeur Jean-Pierre Thébault et

21 l'officier espagnol de la FORPRONU.

22 R. J'ai entendu des éclats de voix quand j'étais dans le couloir à

23 l'extérieur. Bruno Stojic est arrivé à la réunion et a fait toute une

24 tirade en accusant Ejub Ganic de toutes sortes de choses et il lui

25 reprochait la mort d'un certain nombre de Croates en Bosnie centrale et

26 l'enlèvement d'un représentant du HVO à Zenica ainsi que d'autres choses.

27 M. MUNDIS : [interprétation] J'aimerais que l'on soumette à présent la

28 pièce P 0981.

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1 Q. Vous avez le document sous les yeux, Monsieur Beese, en ce moment ?

2 R. Oui.

3 Q. Est-ce que vous aviez déjà vu ce document avant la journée

4 d'aujourd'hui ?

5 R. Oui.

6 Q. Pouvez-vous me dire ce qu'est ce document ?

7 R. Il s'agit d'un rapport dont l'auteur est Ole Brix Anderson, qui était

8 le chef adjoint de la mission de la Communauté européenne chargé des

9 Questions politiques. C'était le ministre des Affaires étrangères danois,

10 donc, un diplomate. Il s'adresse à la mission de façon générale bien que

11 sur l'exemplaire que j'aie sous les yeux, je retire le sentiment que ce

12 document a été envoyé à la délégation danoise. Il est clair qu'il a soumis

13 ce document à ses supérieurs à Copenhague, qui était également responsable

14 de la présidence de la Communauté européenne à l'époque.

15 Q. J'aimerais que vous examiniez certaines portions de ce document dans un

16 instant, mais avant cela, je vous demanderais si vous pouvez nous dire si

17 des résultats ont éventuellement été obtenus suite à ces pourparlers du 18

18 avril 1993. Les discussions ont-elles eu un résultat concret ?

19 R. L'engagement a été pris de mettre en place un cessez-le-feu,

20 l'engagement a également été pris de créer une Commission chargée de

21 surveiller l'état des rapports entre les parties et de créer des mesures de

22 confiance destinées à appuyer le processus de paix. Cette commission devait

23 être créée à Mostar. Il a été convenu que des représentants des deux

24 parties allaient circuler dans leurs zones de responsabilité, c'est-à-dire,

25 ce qu'ils appelaient la Bosnie libre, à savoir, les parties du territoire

26 sous le contrôle des Croates ou des Musulmans. Lorsque la réunion s'est

27 achevée, le 18 à Mostar, nous sommes tous retournés à Medjugorje, sauf M.

28 Prlic et

Page 3144

1 M. Pasalic, si je ne m'abuse. Ensuite, nous nous sommes préparés à faire

2 demi-tour et à retourner à Mostar pour d'autres discussions sur la mise en

3 œuvre pratique de toutes ces mesures.

4 Q. J'aimerais maintenant, Monsieur, vous demander de vous pencher sur la

5 page 2 de la pièce P 01981.

6 M. MUNDIS : [interprétation] Je demande qu'on affiche à l'écran la page 2

7 de ce document, je vous prie.

8 Q. Monsieur Beese, j'aimerais appeler votre attention sur les débuts du

9 dernier paragraphe de cette page. Pouvez-vous en prendre connaissance

10 rapidement ?

11 R. J'ai lu ce passage.

12 M. MUNDIS : [interprétation] Peut-on maintenant afficher la page 3 qui

13 présente la suite de ce paragraphe ?

14 Q. Vous rappelez-vous, Monsieur, les incidents que rapporte ce document ?

15 R. Oui.

16 Q. D'après combien de temps a duré la journée dont il est question dans ce

17 document ?

18 R. Je ne vois pas très bien pourquoi il est dit dans ce document que la

19 réunion a été ajournée, s'il s'agit bien de la réunion donnée à Mostar le

20 18 puisque cette dernière s'est achevée dans l'après-midi pour reprendre

21 dans la soirée. Les parties ayant besoin d'informer leurs subordonnées afin

22 d'obtenir un alignement de leurs subordonnées en vue de discuter ensemble

23 de la mise en œuvre pratique du cessez-le-feu.

24 Q. Penchons-nous tous les deux sur les suites données à cette réunion car

25 je parle de la séance de la soirée. Vous rappelez-vous à peu près à quelle

26 heure a commencé cette séance dans la soirée ?

27 R. Oui. Le contingent de la Communauté européenne accompagnés de M. Ganic

28 est arrivé de Medjugorje dans la journée sous escorte des espagnols en

Page 3145

1 direction de Mostar. Au moment où nous sommes arrivés au-dessus de Mostar,

2 il faisait déjà nuit, donc, il devait être

3 18 heures 30, 19 heures.

4 Q. Vous rappelez-vous les sujets abordés au cours de cette réunion;

5 serait-ce dans la soirée ?

6 R. Oui. A ce moment-là, le général Morillon, commandant de la centrale de

7 la Bosnie, était arrivé. Il était accompagné du général Pellnas, qui était

8 le chef des observateurs militaires des Nations Unies. La présidence de la

9 séance a été partagée entre M. Pasalic,

10 M. Petkovic, M. Halilovic, qui, je crois, était arrivé à ce moment-là

11 également, et au sujet des discussions apportées sur les mesures à

12 entreprendre pour mettre en œuvre pratiquement le cessez-le-feu dans la

13 région.

14 Q. Pouvez-vous me dire quelques mots du cessez-le-feu qui faisait l'objet

15 de discussion ? A-t-il jamais été réellement mis en oeuvre ?

16 R. Dans la pratique, non. Je dis oui s'il s'agit de savoir si un accord a

17 été conclu sur ce point et je dis oui s'il s'agit de déterminer si les

18 parties ont circulé dans la région pour en informer leurs subordonnés. Mais

19 je réponds non à la question de savoir s'il a été mis en œuvre dans la

20 pratique.

21 Q. Pourriez-vous nous dire, Monsieur, quelle était la situation sur le

22 terrain à Mostar lors de cette réunion du 18 avril 1993 ou à peu près à

23 cette date ?

24 R. Lorsque la colonne dont nous faisons partie a atteint la hauteur au-

25 dessus de Mostar avant de descendre sur la ville dans l'obscurité, nous

26 avons attendu que les forces espagnoles qui se trouvaient en contrebas

27 vérifient si la route était dégagée. Je suis sorti de mon véhicule, j'ai

28 regardé la ville d'en haut, la ville de Mostar, il faisait nuit. J'entends

Page 3146

1 le bruit des grenades qui explosaient, je voyais les éclairs de grenades et

2 j'entendais et voyais également des tirs d'armes légères dans la ville.

3 Q. Monsieur Beese, j'aimerais maintenant que vous concentriez votre

4 attention sur la fin du mois d'avril et le début de mois de mai 1993. Où

5 travailliez-vous en priorité à ce moment-là ?

6 R. Immédiatement après le pourparler, j'ai passé un certain temps à Mostar

7 et j'ai travaillé avec la Commission conjointe dont faisaient partie M.

8 Pasalic et M. Lasic pour le HVO. Après quoi, j'ai escorté ces deux hommes

9 jusqu'à Jablanica car nous souhaitions ouvrir un passage pour aller jusqu'à

10 Doljani et Sovici à l'ouest, Kostajnica et Pasovici vers le nord et Konjic

11 et vers les deux enclaves du HVO, à savoir, Celebici et Turija vers l'est.

12 Q. Est-ce qu'au moment d'arriver, Monsieur, vous avez appris certaines

13 déclarations de la part du HVO à la fin d'avril, début mai ?

14 R. Dans cette période de négociations à Jablanica, qui n'ont pas abouties,

15 nous avons maintenu une réunion de haut rang à Jablanica, le 28 avril. Dans

16 la soirée, j'ai été transféré et réaffecté au centre régional de Zenica en

17 tant que chef adjoint de Mission. Donc, j'ai quitté le sud pour aller vers

18 le nord, à savoir, vers Zenica.

19 Je sais que, le 25 avril, une réunion avait eu lieu entre le HVO et le HDZ

20 à Citluk et qu'une déclaration avait été publiée à la fin de cette réunion

21 qui a été publiée le 29 avril 1993.

22 Q. Vous rappelez-vous quel était le sujet de cette déclaration ?

23 R. Cette déclaration traitait d'un certain nombre de points divers, mais

24 en particulier du principe selon lequel le HVO ou le HDZ ne reconnaissait

25 pas le président Alija Izetbegovic comme ayant la moindre responsabilité ou

26 exerçant le moindre contrôle sur ce qui se passait dans les provinces 8 et

27 10.

28 Q. Par la suite, avez-vous eu d'autres informations sur cette

Page 3147

1 déclaration ?

2 R. Le 8 mai, j'ai eu l'occasion de discuter de cette discussion à Mostar

3 en présence d'une mission d'enquête qui avait été mise en place par le chef

4 de Mission de Zagreb. Il avait donc envoyé une équipe de chef de délégation

5 d'un certain nombre de pays, à savoir, les plus hauts représentants de ces

6 pays au sein de la Mission de la Communauté européenne en Bosnie afin

7 d'obtenir un deuxième avis. Dans ce groupe, il y avait en dehors de Jean-

8 Pierre Thébault et de moi-même, l'ambassadeur de Grande-Bretagne, Guy Hart,

9 il y avait Pierre Corneille de France, Antonio Sanchez d'Espagne. Ils ont

10 pu, en Bosnie centrale, rencontrer un certain nombre de personnalités

11 telles que Dario Kordic, Ante Valenta, Tihomir Blaskic, le général Enver

12 Hadzihasanovic et d'autres hommes. Ils les ont, ensuite, accompagnés dans

13 le sud, en traversant Tomislavgrad pour arriver à Mostar, où nous avons

14 rencontré M. Mate Boban. En tout cas, il était prévu que nous ayons une

15 réunion avec Mate Boban. En pratique, d'autres représentants du HVO ont

16 également participé à cette réunion.

17 Q. Monsieur Beese, nous allons maintenant reparler de la journée du 8 mai

18 1993, à savoir, le jour de cette réunion, nous y reviendrons un peu plus

19 tard.

20 M. MUNDIS : [interprétation] Mais d'abord, j'aimerais que l'on soumette au

21 témoin la pièce P 02051.

22 Q. Monsieur Beese, est-ce que vous voyez ce document sur votre écran ?

23 R. Oui.

24 Q. Avez-vous déjà vu ces documents par le passé ?

25 R. Oui.

26 Q. Quelle est la matière de ce document ?

27 R. C'est un rapport dont l'auteur est le conseiller politique de la MOCE,

28 à savoir, "Christian Warming", qui envoie donc ce rapport à de nombreux

Page 3148

1 destinataires dont les noms figurent dans la liste des destinataires. Ce

2 rapport traite de la déclaration de Citluk en date du 25 avril.

3 Q. Pour les Juges de la Chambre, est-ce que le nombre de destinataires de

4 ce document sont établis clairement ? Vous nous avez parlé d'une liste de

5 destinataires, mais pourriez-vous nous en dire un peu plus sur le plan

6 pratique ?

7 R. Je pense que ce document m'a été envoyé par N2 avec copie à N6. Je ne

8 sais pas de qui il s'agit. Je suppose qu'il s'agit de la présidence de la

9 Communauté européenne, à savoir, le ministre des Affaires étrangères

10 danois, M. Pedersen, et la Conférence de Genève, à savoir, M. Owen et M.

11 Stoltenberg.

12 M. MUNDIS : [interprétation] J'aimerais maintenant que l'on soumette au

13 témoin la pièce P 02149.

14 Q. Monsieur Beese, voyez vous le document qui se trouve à l'écran devant

15 vous ?

16 R. Oui.

17 Q. Quel est ce document ?

18 R. C'est une synthèse d'une déclaration émanent du HVO de Citluk en date

19 du 25 avril.

20 Q. Savez-vous d'où provient ce document ?

21 R. Ce document spécifique semble être une version abrégée ou en tout cas

22 tapée sur ordinateur, c'est peut-être une télécopie d'une déclaration

23 originale du HVO. En fait, je vous prie de m'excuser, on dirait peut-être

24 un article de presse. Je ne sais pas ce que veux dire le nom "Hina".

25 M. MUNDIS : [interprétation] J'aimerais maintenant que l'on soumette au

26 témoin la pièce P 09494.

27 Q. Vous avez ce document sous les yeux, Monsieur Beese ?

28 R. Oui.

Page 3149

1 Q. Pouvez-vous nous dire ce qu'est ce document ?

2 R. Je ne crois pas pouvoir répondre à cette question sans voir la suite du

3 document, je le crains.

4 Q. Je demanderais que nous passions à la page 2. Après quoi, nous

5 passerons à la page 3 de façon à ce que nous prenions connaissance de

6 l'intégralité du document.

7 R. Merci.

8 Q. Passons, je vous prie, à la page 3 de ce document. Pouvez-vous nous

9 dire, Monsieur Beese, de quoi traite ce document ?

10 M. KARNAVAS : [interprétation] Excusez-moi, Monsieur le Président, j'ai une

11 objection à soulever à moins qu'on ne donne les fondements de ces

12 documents. Nous sommes tous capables de lire ce document. D'ailleurs, il

13 parle de lui-même.

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Je me permettrais de dire que j'ai vu ce

15 document. Je l'ai déjà vu dans un format différent -- une présentation

16 différente, mais je l'ai vue.

17 M. MUNDIS : [interprétation]

18 Q. Monsieur Beese, vous dites que vous l'avez vu dans une présentation

19 différente; dans quelle présentation avez-vous déjà vu ce document ?

20 R. On m'a transmis un exemplaire de ce document, mais sur papier à en-tête

21 de M. Mate Boban, et ce, le 8 mai 1993.

22 Q. Monsieur Beese, pouvez-vous me dire ce dont traite ce document que nous

23 venons de voir ?

24 R. Ce document évoque un certain nombre de questions telles que des

25 questions liées à la population, les questions liées au commandement et au

26 contrôle exercés à partir de Sarajevo, entre autres, mais il est plutôt

27 destiné à être un message qu'un rapport sur les faits. Très manifestement,

28 il s'agit d'un message destiné aux Croates qui donnent la position des

Page 3150

1 Croates et qui visent la présidence bosniaque à qui il est dit : Les

2 événements du moment pouvaient se produire, il était très [imperceptible]

3 de la part de communauté internationale.

4 Q. Merci, Monsieur Beese.

5 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, je pense que l'heure de

6 la pause est arrivée avant que nous ne passions aux réunions du demain.

7 M. LE JUGE ANTONETTI : Il est quasiment 13 heures et demie. Donc, nous

8 allons faire la pause de 20 minutes et nous reprendrons aux environs de 4

9 heures moins dix.

10 --- L'audience est suspendue à 15 heures 27.

11 --- L'audience est reprise à 15 heures 52.

12 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Monsieur Mundis. Nous avons une heure et

13 demie. Poursuivez, s'il vous plaît.

14 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

15 Q. Monsieur Beese, pendant la pause vous avez parlé d'une réunion au cours

16 de laquelle vous avez escorté trois ambassadeurs de la Communauté

17 européenne pour des réunions à Mostar. Tout d'abord, quelle était la date

18 de cette réunion ?

19 R. Le 8 mai 1993.

20 Q. Quel était l'objet de cette réunion ?

21 R. C'était la mission d'enquêtes. Il fallait que ces trois ambassadeurs

22 rencontrent les représentants, les hauts placés du HVO, pour comprendre

23 quelle était leur position dans la situation générale.

24 Q. Quel rôle particulier, Monsieur Beese, avez-vous joué, eu égard à

25 l'organisation de cette réunion ?

26 R. Aucun rôle. Je n'ai joué aucun rôle. Cette réunion a été organisée par

27 Ante Valenta et Jean-Pierre Thébault.

28 Q. Quel rôle avez-vous joué à la réunion même ?

Page 3151

1 R. Je devais présenter les trois ambassadeurs et je devais les assister

2 jusqu'à la fin de la réunion.

3 Q. Vous souvenez-vous de l'heure à peu près à laquelle cette réunion a

4 commencé ?

5 R. Vers le milieu de la matinée, le 8 mai.

6 Q. Où cette réunion s'est-elle tenue ?

7 R. Dans le bureau de M. Boban, à Mostar.

8 Q. Vous souvenez-vous, hormis les noms des trois ambassadeurs, de qui a

9 assisté à cette réunion ?

10 R. M. Boban était assisté de M. Prlic, M. Stojic, M. Zubak et M. Bozic.

11 Q. Vous souvenez-vous de ce qui a été abordé au cours de cette réunion ?

12 R. Les ambassadeurs échangeaient leurs points de vue avec M. Boban sur les

13 circonstances en question et ont déploré les niveaux de violence,

14 généralement parlant, ce à quoi M. Boban a répondu que la violence était

15 quasiment unilatérale et a beaucoup parlé de l'agression musulmane.

16 Q. En réponse à cette déclaration de M. Boban, est-ce qu'aucun des

17 ambassadeurs ou tout autre personne présente a dit quelque chose en guise

18 de réponse ?

19 R. Les ambassadeurs ont écouté avec intérêt, et j'ai estimé qu'il était

20 nécessaire de prendre un petit peu de contre-pied de ce qu'avait dit M.

21 Boban, pour expliquer que les événements qu'il avait décrits et l'agression

22 musulmane n'étaient pas tels qu'il voyait les choses et tels qu'avait vu la

23 mission de la Communauté européenne. Il pensait que tout était unilatéral.

24 Q. Vous souvenez-vous du détail de ce que vous avez dit à M. Boban à cet

25 égard ?

26 R. J'ai dit à M. Boban que pour l'ensemble, ce qu'il avait dit ne semblait

27 pas être vrai.

28 Q. Les autres membres de la délégation du HVO se sont-ils exprimés, eu

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1 égard à ce que vous avez dit, vous ?

2 R. M. Bozic a soutenu M. Boban lorsqu'il a présenté son point de vue et a

3 donné des exemples de l'agression musulmane, mais en tout cas, les malheurs

4 croates, lorsque des Croates étaient les victimes croates d'une agression à

5 certains endroits comme Celebici, dans cette enclave entre Jablanica et

6 Konjic et la poche de Turija, tout au sud de Konjic, M. Stojic a ensuite

7 protégé son point de vue et a dit que les Musulmans étaient responsables

8 d'un nombre de morts, d'un nombre très important de morts et que le HVO

9 devait protéger son peuple de cette agression.

10 Q. Vous souvenez-vous dans les détails à quels endroits a fait allusion M.

11 Stojic ?

12 R. Non, je ne peux pas m'en souvenir, à moins de me reporter à mon compte

13 rendu, à mon récit.

14 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, je demande

15 l'autorisation à ce que le témoin puisse regarder les paragraphes 430 à 440

16 de son récit.

17 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Pour vous rafraîchir la mémoire, regardez

18 votre document.

19 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

20 M. MUNDIS : [interprétation]

21 Q. Après avoir pu consulter votre récit, vous souvenez-vous dans le détail

22 de quels endroits ont été évoqués par M. Stojic ?

23 R. M. Stojic et M. Bozic ont évoqué un certain nombre de ce qui avait été

24 appelé les enclaves croates, y compris Kostajnica, à laquelle ils

25 souhaitaient accéder. J'ai essayé d'évoquer la question des enclaves

26 musulmanes. En général, il s'agissait d'enclaves croates à l'est de

27 Jablanica, Celebici, Turija, et Kostajnica, mais bien évidemment, il y

28 avait les enclaves musulmanes également et les zones musulmanes qu'il

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1 fallait inspecter, Doljani. Il était important, lorsqu'il y avait des

2 pourparlers, lorsqu'une partie faisait valoir ses revendications, ses

3 sujets d'inquiétude, de leur rappeler que l'autre partie en avait

4 également.

5 Q. Avez-vous, avec une satisfaction certaine, réussi à évoquer ces points

6 avec la délégation du HVO ?

7 R. Non, pas de satisfaction du tout, et j'étais très préoccupé lorsque la

8 réunion s'est terminée.

9 Q. Sur quoi ont porté vos inquiétudes ?

10 R. La déclaration M. Boban, que si l'agression musulmane ne cessait pas,

11 il serait obligé d'agir pour protéger le peuple.

12 Q. Un peu plus tôt cet après-midi, pour ce qui est de Citluk et de cette

13 déclaration, vous avez indiqué que M. Boban vous avait remis un document ou

14 des documents lors de cette réunion.

15 R. Oui.

16 Q. Cette déclaration de Citluk a-t-elle été évoquée au cours de cette

17 réunion ?

18 R. Oui, on y a fait référence. C'était utilisé en toile de fond. C'était

19 sa déclaration finale qui faisait froid dans le dos, sa déclaration finale

20 qui nous faisait croire qu'il avait l'intention d'agir rapidement. Ceci

21 n'était pas très clair, mais il n'y avait pas l'ombre d'un doute lorsqu'il

22 a dit aux ambassadeurs que lorsqu'ils observaient des événements

23 historiques se dérouler sous leurs yeux --

24 Q. Vous souvenez-vous, Monsieur Beese, si M. Prlic a dit quelque chose

25 lors de cette réunion ?

26 R. Si je me souviens bien, il a plutôt gardé le silence.

27 Q. Monsieur Beese, vous souvenez-vous à quel moment cette réunion s'est

28 terminée ?

Page 3154

1 R. Cette réunion s'est terminée vers midi, après quoi nous avons été

2 invités à déjeuner dans le bureau de M. Prlic.

3 Q. Qu'y avait-il à l'ordre du jour pour les ambassadeurs de la Communauté

4 européenne le 8 mai 1993, hormis cette réunion que nous avons décrite avec

5 la délégation du HVO ?

6 R. Les ambassadeurs de la Communauté européenne étaient attendus, et pour

7 ce qui est du protocole, si on le respectait, il fallait qu'ils rencontrent

8 les représentants du SDA qui étaient l'antenne politique du parti musulman,

9 vers 14 heures cet après-midi-là.

10 Q. Pourriez-vous dire ce qui est ressorti de ce déjeuner dans le bureau de

11 M. Prlic ?

12 R. M. Prlic était un hôte excellent. Le repas était très bon et quelque

13 peu retardé.

14 Q. Combien -- le déjeuner a été retardé de combien de temps ?

15 R. J'étais soucieux, car le retard était assez conséquent. C'était à 14

16 heures. M. Prlic savait que nous avions une réunion avec le SDA et il

17 fallait agir rapidement. Je voyais que -- nous avons pris le repas et il

18 fallait que nous partions à 14 heures 30, par exemple; sinon, nous serions

19 en retard. Il était important que les ambassadeurs, étant donné le statut

20 qu'ils avaient, soient à l'heure, dans la mesure du possible.

21 Q. En réalité, vous avez accompagné la délégation de la Communauté

22 européenne pour rencontrer les représentants du SDA ?

23 R. Oui.

24 Q. A quelle heure a débuté cette réunion ?

25 R. Je ne me souviens pas de l'heure exacte. Je crois que c'était vers 15

26 heures.

27 Q. Monsieur Beese, où cette réunion a-t-elle eu lieu ?

28 R. Dans un bureau du SDA, quelque part sur la rive ouest, sur la rive

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1 gauche, quelque part à Mostar. Je ne me souviens pas de l'endroit

2 exactement.

3 Q. Monsieur Beese, vous souvenez-vous qui cette délégation a rencontré à

4 cet endroit précis ?

5 R. Nous avons rencontré certains représentants officiels du SDA que nous

6 ne connaissions pas, et la présentation a été faite par Amir Bijedic, que

7 je connaissais bien, car nous avons eu bon nombre de discussions à Gornji

8 Vakuf et à Prozor.

9 Q. Encore, pour les Juges de la Chambre, quelles étaient les fonctions

10 d'Amir Bijedic à l'époque ?

11 R. On savait qu'Amir Bijedic était un adjoint haut placé d'Arif Pasalic.

12 Q. Pouvez-vous nous parler un petit peu de ce qui a été évoqué avec les

13 représentants officiels du SDA à Mostar dans cet après-mdi du 8 mai 1993 ?

14 R. Les ambassadeurs étaient là pour écouter et entendre les points de vue

15 politiques du SDA. Dans la réalité, la réunion s'est très rapidement

16 transformée en une -- la réunion s'est très vite -- est tournée très

17 rapidement à l'expression des inquiétudes du SDA qu'il voulait présenter

18 aux ambassadeurs. Ceci a surtout porté sur le statut des Musulmans de

19 Herzégovine.

20 Q. Monsieur, combien de temps cette réunion a-t-elle duré ?

21 R. La réunion s'est terminée après une heure environ, une heure et demie.

22 Peut-être un peu trop tôt, car nous avons entendu des coups de feu pendant

23 la réunion et il y avait une chose importante qui se passait dehors. Les

24 bruits se faisaient de plus en plus fort. Il y avait une confrontation

25 entre le HVO et l'armija, et le moment était venu pour s'occuper de la

26 sécurité des ambassadeurs.

27 Q. A quelle heure avez-vous quitté cette réunion ?

28 R. Nous avons quitté cette réunion, nous avons Mostar tout de suite après.

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1 Il faisait encore jour. Nous avons pu partir entre 16 heures et 18 heures.

2 Q. Monsieur Beese. A cette occasion-là, quelle route avez-vous empruntée

3 pour quitter Mostar ?

4 R. Vers l'ouest, la route de montagne en direction de Siroki Brijeg. C'est

5 cette route-là que nous avons empruntée.

6 Q. Pourriez-vous nous parler de ce trajet, cet après-midi-là, le 8 mai

7 1993, lorsque vous avez quitté Mostar ?

8 R. Nous sommes partis en entendant des bruits de coups de feu. Nous avons

9 commencé à gravir la côte. La route choisie était la route la plus directe

10 qui nous menait à Split. Les ambassadeurs souhaitaient s'arrêter à mi-

11 chemin en haut de la montagne pour surveiller ce qui se passait. Je leur ai

12 conseillé d'éviter de faire cela. Cela n'était pas sage. Nous aurions pu

13 être pris pour cible. Notre présence, à ce moment-là, aurait pu gêner

14 quelqu'un, et notre responsabilité première consistait à rendre un rapport

15 sur ce que nous avions entendu et vu à des supérieurs hiérarchiques, à

16 Split et à Zagreb.

17 Q. Où là délégation de la Communauté européenne s'est-elle rendue, ce

18 soir-là ?

19 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Puis-je poser cette question ? Est-

20 ce que les ambassadeurs se sont imposés dans ce cas-là ? Est-ce que vous

21 vous êtes arrêtés ou non ? Est-ce que c'est vous qui avez décidé finalement

22 de ce qu'il fallait faire ?

23 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, écoutez, ils ont fait preuve

24 de beaucoup de civilité et ont accepté de poursuivre la route. C'était une

25 priorité pour notre mission, car nous souhaitons arriver à Split et à

26 Zagreb.

27 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci.

28 M. MUNDIS : [interprétation]

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1 Q. Monsieur Beese, où la délégation européenne s'est-elle rendue ce soir-

2 là ?

3 R. Ils sont allés directement au bureau de Split. Bien que le centre

4 régional et les mécanismes de contrôle aient été déplacés de Split à

5 Zenica, il y avait donc le bureau administratif qui était encore à Split,

6 nous étions logés et tous les services de restauration et tous les services

7 de Communications importants étaient là.

8 Q. Monsieur Beese, les avez-vous accompagnés ou est-ce que vous êtes rendu

9 ailleurs ?

10 R. Je les ai accompagnés directement à Split.

11 Q. La délégation de la Communauté européenne, qu'ont-ils fait lors de leur

12 arrivée à Split ?

13 R. Ils se sont consultés et ils ont, d'après ce que j'ai compris, préparé

14 un rapport qu'ils ont ensuite envoyé au chef de la Mission de Zagreb.

15 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, avec l'aide de M. le

16 Greffier, je souhaite présenter au témoin la pièce P 02300.

17 Q. Monsieur Beese, avez-vous un document sous les yeux ?

18 R. Oui.

19 Q. Avez-vous déjà vu ce document ?

20 R. Oui.

21 Q. Quel est ce document ?

22 R. Il s'agit d'un rapport de la mission d'enquête, à savoir, les trois

23 ambassadeurs, rapport envoyé à leurs supérieurs hiérarchiques relatant

24 l'ensemble de la mission et de leurs points de vue.

25 Q. Monsieur Beese, combien de temps, si vous vous en souvenez, combien de

26 temps a duré leur mission, en temps ?

27 R. Ils sont arrivés en Bosnie centrale au centre régional de Zenica le 3

28 mai. Ils sont arrivés par avion de Split -- non par hélicoptère de Split à

Page 3159

1 Kiseljak, et à Kiseljak et Zenica, ils sont allés en voiture.

2 Q. Pour combien de temps au cours de leur mission ?

3 R. On peut considérer comme étant la moitié de leur mission, lorsqu'ils

4 avaient rencontré les représentants officiels de toutes les parties en

5 Bosnie centrale. Accompagné de Jean-Pierre Thébault, je devais les

6 accompagner à Mostar et en Herzégovine; telle était ma tâche.

7 Q. Je vous demande, s'il vous plaît, qu'on vous montre la page 5 de ce

8 document, s'il vous plaît.

9 Monsieur Beese, reconnaissez-vous les noms des personnes qui ont signé ce

10 document ?

11 R. Oui. C'étaient les trois ambassadeurs.

12 Q. Monsieur Beese, savez-vous qui en réalité a écrit ce rapport ?

13 R. A cette date-ci, à la date que je vois sur ce document, le 11 mai,

14 j'étais en permission et je m'étais rendu en Grande-Bretagne. D'après ce

15 que je comprends, les trois ambassadeurs auraient parlé, auraient fait état

16 de leurs sujets de préoccupation ce soir-là, lorsqu'ils sont arrivés à

17 Split à la date du 8 mai. Je vois que le document est daté du 11 mai, ce

18 qui me surprend.

19 M. MUNDIS : [interprétation] Je demande à ce que l'on montre au témoin deux

20 autres documents, pièce P 09606.

21 M. KARNAVAS : [interprétation] Compte tenu de la question qui a été posée,

22 je suppose que la réponse du témoin doit se lire : "Je ne sais pas." Est-ce

23 bien ce que j'ai entendu ? Autrement dit, qui a écrit ce document ?

24 M. MUNDIS : [interprétation]

25 Q. Savez-vous qui a écrit ce rapport, ce document, en réalité ?

26 R. D'après ce que j'ai compris, c'était Guy Hart avec l'aide de deux

27 autres ambassadeurs. Je ne peux pas vous le dire avec précision étant donné

28 que je n'étais pas là.

Page 3160

1 Q. Merci. Passons maintenant à la pièce P 09606.

2 Monsieur Beese, voyez-vous le document qui est sous vos yeux ?

3 M. LE JUGE ANTONETTI : Juste un moment. Sur l'intervention de Me Karnavas

4 qui voulait savoir qui avait écrit ce document et suggérait que si vous ne

5 le saviez pas, il fallait dire : "Je ne sais pas," si vous aviez été

6 présent parce que vous avez expliqué que vous aviez été en Grande-Bretagne;

7 est-ce vous qui auriez rédigé ce document si vous aviez été présent ?

8 R. Non. La Commission chargée de la Mission d'enquête était indépendante

9 des observateurs et de nous, sur le terrain, car leurs responsabilités

10 consistaient à rendre des rapports de façon indépendante au centre

11 régional.

12 M. LE JUGE ANTONETTI : Qu'est-ce qui vous permet de dire que c'était ce M.

13 Guy Hart qui avait rédigé le document ?

14 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, parce que des trois,

15 Guy Hart était celui qui prenait des notes. Il semblait gérer la situation

16 et voulait présenter quelque chose par écrit. Cela ne signifie par pour

17 autant qu'ils n'étaient pas sur un pied d'égalité. Ils ont eu des

18 discussions longues qui ont duré tard dans la nuit lorsqu'ils sont rentrés

19 à Split.

20 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Est-ce que nous pourrions voir le

21 document, s'il vous plaît ? Je vois qu'en bas de chaque page, j'ai remarqué

22 qu'il y a quelque chose qui a été écrit à la main et je me demande si vous

23 pourriez nous dire ce que c'est et le lire, s'il vous plaît.

24 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Juge, si M. le Greffier

25 d'audience pouvait nous aider en plaçant, s'il vous plaît, la pièce P 02300

26 à nouveau sur l'écran, s'il vous plaît, pour que le témoin puisse lire ce

27 document.

28 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que vous pouvez l'élargir ou

Page 3161

1 l'agrandir, s'il vous plaît ?

2 M. MUNDIS : [interprétation] Veuillez l'agrandir au niveau où se trouve la

3 signature au bas de la page, s'il vous plaît.

4 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Un peu plus bas, s'il vous plaît, ou

5 plus petit. Un peu plus bas, s'il vous plaît, cette signature m'intéresse

6 également.

7 LE TÉMOIN : [interprétation] Ecoutez, j'ai l'impression que c'est Guy Hart;

8 je ne peux pas le dire avec certitude.

9 M. LE JUGE TRECHSEL : [interprétation] Merci.

10 M. MUNDIS : [interprétation]

11 Q. Etant donné que ce document est toujours à l'écran, est-ce que vous

12 pourriez repartir un petit peu en arrière et remonter à la troisième page

13 de ce document, s'il vous plaît.

14 Monsieur Beese, je vous demande de lire en bas, le paragraphe 10 de ce même

15 document, s'il vous plaît.

16 Vous souvenez-vous, alors que vous assistiez à cette réunion, cette lettre

17 à laquelle il est fait référence au paragraphe 10 ?

18 R. Oui.

19 Q. Est-ce que nous pouvons, s'il vous plaît, passer à la page suivante au

20 paragraphe -- si on pouvait passer à la page suivante du document, s'il

21 vous plaît. Encore une fois, je souhaite que nous reportions notre

22 attention au paragraphe 16, s'il vous plaît.

23 Monsieur, vous souvenez-vous si, à cette réunion, M. Boban a remis d'autres

24 documents à la délégation de la Communauté européenne ?

25 R. M. Boban nous a certainement remis deux documents. Le premier était un

26 exemplaire de la déclaration de Citluk du 25 avril. Le second document

27 était la communication de sa déclaration qui avait été publiée le 29.

28 Je me souviens d'une telle lettre, je ne sais pas si cette lettre a été

Page 3162

1 remise à cette réunion-là ou pas.

2 M. MUNDIS : [interprétation] Avec l'aide de l'Huissier, je souhaite

3 maintenant qu'on remontre au témoin par l'intermédiaire du système

4 électronique la pièce P 09606.

5 M. MURPHY : [interprétation] Monsieur le Président, avant que nous ne

6 perdions ce document, je souhaite revenir à la question qui a été posée par

7 M. le Juge Trechsel quant à la signature en bas de page. Il me semble qu'il

8 y ait une date en regard de ces signatures, je crois que la date est celle

9 de 1999. Je ne sais pas si la signature et la date correspondent, peut-être

10 que ceci a été ajouté par M. Hart par la suite dans le but de vérifier

11 quelque chose.

12 LE TÉMOIN : [interprétation] Est-ce que c'est à moi que vous posez la

13 question ?

14 M. MURPHY : [interprétation] Je ne suis pas autorisé à vous poser des

15 questions directement. Peut-être que l'Accusation pourrait faire de la

16 clarté là-dessus.

17 M. MUNDIS : [interprétation]

18 Q. Monsieur Beese, savez-vous quelque chose à propos de la date qui se

19 trouve en bas de ce document, date manuscrite ? Est-ce que ceci signifie

20 quelque chose pour vous ?

21 R. Nous avons déjà précédemment, aujourd'hui, nous avons déjà lu

22 précédemment aujourd'hui un document qui a été signé par moi, en 2001.

23 C'est la date à laquelle j'ai remis ces documents au Tribunal. Je ne vois

24 pas qu'il y ait d'autres raisons pour lesquelles cette date soit différente

25 que celle à laquelle Guy Hart a remis ces documents ou une copie au

26 Tribunal.

27 Q. Merci, Monsieur Beese. Je souhaite maintenant passer à la pièce P

28 09606, s'il vous plaît.

Page 3163

1 Monsieur Beese, vous avez maintenant la pièce P 09606 sous les yeux. Avez-

2 vous déjà vu ce document auparavant ?

3 R. Oui.

4 Q. Quand avez-vous vu ce document pour la première fois, si vous vous en

5 souvenez ?

6 R. Je ne me souviens pas le jour où je l'ai vu pour la première fois.

7 Q. Pouvez-vous nous dire sur quoi porte ce document ?

8 R. Il s'agit, de la façon dont je l'interprète, de la déclaration faite à

9 la communauté internationale, à moins que les circonstances ne changent, le

10 HVO se chargera de tout cela lui-même.

11 Q. Je vous demande de bien vouloir passer à la troisième page de ce

12 document, s'il vous plaît. Donc, veuillez regarder la troisième page de ce

13 document, Monsieur Beese, encore une fois, la liste des personnes à qui

14 cette lettre a été envoyée et d'autres commentaires. Avez-vous d'autres

15 commentaires à faire à propos de cette lettre ?

16 R. Cette lettre est adressée -- ou peut-être qu'on la considère qu'elle

17 fait partie des gouvernements internationaux les plus hauts placés qui ont

18 pris part au conflit en Bosnie-Herzégovine.

19 M. MUNDIS : [interprétation] Je demande à ce que l'on montre au témoin

20 maintenant la pièce P 09602, s'il vous plaît.

21 M. LE JUGE ANTONETTI : Avant de nous montrer la pièce, Monsieur Beese,

22 pouvez-vous nous donner une explication, si vous êtes en mesure de le

23 faire. Cette lettre est envoyée apparemment au secrétaire général du l'ONU

24 et remis aux autres personnes de notre admission. Le dernier destinataire,

25 M. Alija Izetbegovic, pourquoi il n'y a pas la mention de son titre ? Il y

26 a son nom, mais sans titre. Est-ce que vous avez une explication à nous

27 donner ou aucune ?

28 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, à ce stade, les détails

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1 d'une lettre par un observateur n'est pas aussi important que le message

2 qu'il contient. L'objet d'une lettre n'est pas le résumé de son contenu.

3 Par là, j'entends -- en tout cas, en ce qui me concerne, c'est ainsi que je

4 comprends les choses et ai vu ce que j'ai vu dans la région, je comprends à

5 cette lettre relever de la propagande. C'est un avertissement clair et net

6 pour dire : "Nous nous avons dit qu'il y avait une agression et, si les

7 agressions ne cessaient pas, nous allons prendre les mesures nécessaires."

8 Si vous voulez, c'est un prétexte permettant de prendre les mesures

9 nécessaires.

10 M. MUNDIS : [interprétation]

11 Q. Merci, est-ce que nous pouvons maintenant passer à la pièce P 09602,

12 s'il vous plaît.

13 Monsieur Beese, avez-vous cette pièce P 09602 sous les yeux ?

14 R. Oui.

15 Q. Avez-vous déjà vu ce document auparavant ?

16 R. Oui.

17 Q. Vous souvenez-vous à quel moment, pour la première fois, vous avez vu

18 ce document ?

19 R. Malheureusement, je ne m'en souviens pas.

20 Q. Pouvez-vous regarder ce document, s'il vous plaît, et nous dire ce

21 qu'est pour vous ce document, d'après-vous ?

22 R. Il est difficile d'exprimer quoi que ce soit hormis [pas de texte] un

23 point de vue à propos de cette lettre. Ce n'est pas à moi d'aborder chaque

24 détail. Les détails ne sont pas importants en soi, il s'agit d'un message

25 clair, ici, encore une fois. Je crois que cela relève de la propagande, ce

26 qui est dit ici n'a pas beaucoup de sens et n'a rien à voir avec les

27 événements sur le terrain.

28 M. KARNAVAS : [interprétation] Monsieur le Président, je suis désolé d'être

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1 obligé de me lever sans cesse, je ne souhaite pas faire le difficile.

2 Encore une fois, nous sommes en train de lire dans la boule de cristal, et

3 cet homme n'a pas pris part à ces événements et qui figurent ici. Il est en

4 train de donner son avis en se fondant sur un document que nous pouvons

5 tous lire, nous pouvons tous tirer nos propres conclusions. S'il y avait

6 des questions qui sont posées et que l'on pouvait à -- ce monsieur par

7 rapport à ce document, je n'ai pas d'objection. Mais de lire le document et

8 de dire simplement ce qu'il pense ou que ce document est censé signifier,

9 je ne pense pas que ceci soit convenable. Il n'y a aucun fondement qui a

10 été posé ici, donc, je m'y oppose. Il y a des documents qui ont été

11 proposés par la MOCE, il s'agit d'autres documents ici. Je ne vois pas

12 pourquoi nous avons à parcourir ces documents à ce stade.

13 M. MUNDIS : [interprétation] Monsieur le Président, si vous me permettez.

14 Le témoin, à ce moment, a dit que la date qui est sur le document -- à la

15 date de ce document, il se trouvait en Bosnie depuis cinq mois. Il vient de

16 nous dire que ceci n'a rien à voir avec les événements sur le terrain.

17 Monsieur les Juges, vous avez entendu la déposition du témoin et les

18 incidents qu'il a observés et des réunions auxquelles il a participé.

19 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Mundis, nous avons parfaitement compris

20 l'observation de la Défense qui estime que le témoin fait une appréciation

21 personnelle en disant que c'est de la propagande. Les Juges apprécieront.

22 Nous écoutons, nous avons pris bonnes notes, Maître Karnavas, de

23 votre observation et nous en déciderons vu dans l'ensemble d'éléments et

24 notamment du contre-interrogatoire que vous mènerez dans quelques temps.

25 Monsieur Mundis.

26 M. MUNDIS : [interprétation] Merci, Monsieur le Président.

27 Q. Encore une fois, citez ce que vous avez dit dans les lignes 4 à 5 du

28 compte rendu d'audience. Est-ce que vous pouvez nous donner quelques

Page 3166

1 éléments de plus au sujet de la phrase que vous avez dite : "Ce document

2 n'a rien à voir avec les événements sur le terrain."

3 R. On s'y réfère constamment à l'agression musulmane. Compte tenu des

4 réunions que j'ai assistées les nombreux déplacements que j'ai faits, les

5 rapports que j'ai reçus de la part de mes observateurs sur le terrain, il y

6 a une différence tout à fait nette entre ce qui alléguait ici par une des

7 parties et la réalité que nous avons pu remarquer sur le terrain. A aucun

8 moment pendant les entretiens qui ont précédé la réunion de Mostar du 18

9 mars. Jusqu'à ce moment-là, il n'y avait rien montrant qu'il y avait de

10 pression exercée par -- qu'il y avait une réduction des pressions exercées

11 par le HVO sur l'armija. Effectivement, à chaque fois qu'il y avait

12 signature de cessez-le-feu, tout simplement, on continuait -- on

13 poursuivait les opérations avec les opérations militaires, donc, ceci ne

14 signifiait pas que la paix allait -- régnait. Tout simplement, on passait à

15 une étape ultérieure. Lorsqu'on allègue l'existence de l'agression cela ne

16 peut signifier qu'on tente de camoufler la vérité.

17 Q. Le 17, page 133, en se réfère à la réunion de Mostar du 18 mars.

18 R. Excusez-moi, c'était le 18 avril.

19 Q. Alors, Monsieur Beese, pouvez-vous nous dire quels sont les rapports

20 que vous avez reçus au sujet des événements s'étant produits à Mostar --

21 dans la ville de Mostar, les 8 et 9 mai 1993 ?

22 R. Les événements du 8 mai 1993 ont auguré de ce qui s'est révélé être une

23 attaque généralisée menée par le HVO contre les Musulmans de Mostar à --

24 leur objectif semblait être de non seulement se débarrasser de la présence

25 musulmane sur la rive ouest et de les forcer sur la rive est mais de toute

26 évidence ils voulaient les chasser de Mostar tout simplement.

27 Q. Alors, au lieu de vos souvenirs, Monsieur Beese, cette attaque du HVO a

28 duré combien de temps contre la ville de Mostar ?

Page 3167

1 R. Cela a été une attaque -- ou plutôt, nourrie qui s'est poursuivie

2 pendant deux mois et, pendant ce temps-là, nous n'avons pas pu entrer dans

3 Mostar.

4 Q. Encore une fois, s'agissant du mois de mai 1993, le communauté

5 internationale, a-t-elle pris des mesures pour intervenir eu égard au

6 conflit de Mostar ?

7 R. Alors, ici, il y avait deux niveaux sur lesquels on pouvait agir. Tout

8 d'abord, sur le plan local, sur le terrain, nous avions des équipes

9 d'observateurs qui ont continué de maintenir les relations dans toute la

10 mesure du possible avec toutes les parties en présence. Il y a eu des

11 moments où ceci n'était pas possible à Mostar même parce que les

12 observateurs ne pouvaient entrer dans la ville parce qu'un échelon plus

13 élevé au niveau du centre régional. On leur a dit de ne pas rentrer dans

14 Mostar, mais les événements étaient d'une telle gravité qu'ils ont demandé

15 que la -- qu'ils exigeaient que la communauté internationale s'y penche, il

16 fallait que les représentants des différents gouvernements, des Nations

17 Unies, la communauté internationale la Croix-Rouge, et d'autres agences

18 internationales s'appliquent. A partir de ce moment-là, on a vu que la

19 communauté internationale devait agir ensemble pour résoudre le problème.

20 C'était quelque chose qui dépassait largement les possibilités du centre

21 régional.

22 Q. Alors, est-ce que la Communauté européenne a entrepris quelque chose au

23 sujet des événements qui se sont produits à la mi-mai 1993 ?

24 R. Je pense qu'il y a eu un échange de correspondance entre la Communauté

25 européenne et M. Franjo Tudjman, le président de Croatie. En juin, on l'a

26 invité vivement à faire preuve de modération.

27 Q. Alors, comment est-ce que vous êtes au courant de cette

28 correspondance ?

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1 R. Par la suite, on a montré des copies de lettres échangées entre M.

2 Pedersen de la Communauté européenne et M. Tudjman, ces réponses.

3 Q. Alors, pour la Chambre de première instance, qui était

4 M. Pedersen ?

5 R. C'était le ministre des Affaires étrangères du Danemark; à l'époque, le

6 Danemark présidait la Communauté européenne.

7 Q. Alors, à peu près, à quel moment avez-vous vu des copies de ces lettres

8 changées entre M. Pedersen et Tudjman ?

9 R. Je ne peux pas vous citer la date. Je pense que je les ai vues à mon

10 retour de permission.

11 Q. Encore une fois, est-ce que vous pouvez nous dire pendant quelle

12 période vous étiez en permission à ce moment-là ?

13 R. Je suis parti le 9 mai et je suis revenu 14 jours plus tard.

14 M. MUNDIS : [interprétation] Avec l'aide du Greffe, la pièce, s'il vous

15 plaît, P 9605.

16 Q. Monsieur Beese, est-ce que vous voyez le document à l'écran devant

17 vous ?

18 R. Oui.

19 Q. Avez-vous déjà eu l'occasion de voir ces documents ?

20 R. Oui.

21 Q. De quelle nature est ce document ?

22 R. C'est une lettre qui est envoyée par M. Pedersen, au président Franjo

23 Tudjman.

24 Q. Monsieur Beese, pouvez-vous nous dire pour quelle raison cette lettre

25 n'a pas d'en tête et ne semble pas être signée ?

26 R. Parce qu'il avait des problèmes de communication entre les différents

27 éléments qui étaient opérationnels dans la zone de la mission. Il est

28 possible que ce texte ait été transcrit et envoyé par satellite ou par

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1 d'autres moyens.

2 M. MUNDIS : [interprétation] Alors, maintenant, je voudrais montrer au

3 témoin la pièce P 09604.

4 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci.

5 M. MUNDIS : [interprétation]

6 Q. Monsieur Beese, est-ce que vous reconnaissez le document qui est

7 affiché à l'écran à présent ?

8 R. Oui.

9 Q. A quel moment avez-vous vu ce document, est-ce que vous vous en

10 souvenez ?

11 R. Je ne me souviens pas.

12 Q. Pouvez-vous nous dire de quel genre de document il s'agit, au mieux de

13 vos souvenirs ?

14 R. D'après ce que j'en pense, c'est la réponse fournie par le président

15 Franjo Tudjman à M. Pedersen.

16 Q. Monsieur Beese, pouvez-vous nous parler de l'évolution de la situation

17 dans la région de Mostar, après votre retour de permission vers le 23 mai

18 1993 ?

19 R. A mon retour, on m'a briefé sur ce qui s'était produit en mon absence.

20 On m'a informé du fait que des réunions s'étaient tenues à haut niveau, à

21 Medjugorje et Sarajevo, les 12 et 18 mai, qu'à l'issue de la dernière

22 réunion, il y avait eu un accord de passé entre la présidence et le HVO

23 visant à mettre en œuvre le plan de paix Vance-Owen dans la partie libre de

24 la Bosnie. Encore une fois, c'était la zone contrôlée par la fédération,

25 donc le HVO et la présidence.

26 Q. Quelle a été l'évolution de la situation au cours du mois de juin

27 1993 ?

28 R. Il y a -- les recours à la violence ont continué et la situation ne

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1 s'est pas calmée, et même s'il y a eu des cessez-le-feu, des accords de

2 cessez-le-feu, en fait, il n'y a pas eu de changements substantiels entre

3 les deux parties. Le HVO a continué d'essayer de s'emparer militairement de

4 la région, de renforcer sa main mise sur la région militaire, dans ce qui

5 allait être les provinces 8 et 9. La Communauté européenne devait briefer

6 les deux parties sur la mise en œuvre du plan Vance-Owen, sur la

7 signification de cela en pratique et sur la manière dont les parties

8 étaient censées mettre en œuvre le plan Vance-Owen.

9 Q. Monsieur Beese, je voudrais vous présenter maintenant la pièce P 02636.

10 Avez-vous déjà eu l'occasion de voir ce document ?

11 R. Il faudrait si possible que je voie la page 2 ou les pages suivantes.

12 Q. Est-ce qu'on peut voir la page suivante, s'il vous plaît ?

13 R. Merci

14 Q. Connaissez-vous ce document, Monsieur Beese ?

15 R. Oui.

16 Q. Je voudrais que l'on passe à la page suivante, s'il vous plaît.

17 J'attire votre attention sur la dernière ligne qui apparaît sur cette page.

18 Est-ce que vous voyez ce qui est écrit en bas, à la fin ?

19 R. Ceci a à voir avec les drapeaux et les écussons --

20 Q. Oui, la toute dernière ligne de la page qui est affichée à votre écran.

21 Q. Est-ce qu'on peut passer à la page suivante, s'il vous plaît ? Monsieur

22 Beese, pouvez-vous nous dire qui est l'auteur de ce document ?

23 R. Ce serait l'ambassadeur Jean-Pierre Thebault.

24 Q. Connaissiez-vous la teneur de ce document, eu égard à la province

25 Mostar ?

26 R. Oui.

27 Q. Au vu de vos souvenirs, ces paragraphes reflètent-ils ce qui vous a été

28 dit et ce dont vous avez été informé pendant cette période ?

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1 R. Oui.

2 M. MUNDIS : [interprétation] La pièce P 02710, s'il vous plaît. Peut-on la

3 soumettre au témoin ? Monsieur le Président, c'est un document sous pli

4 scellé. Il faudrait qu'il reste sous pli scellé. Nous l'avons reçu en

5 application de l'article 70.

6 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, que ce document n'apparaisse

7 pas sur l'écran extérieur.

8 M. MUNDIS : [interprétation] Par précaution, Monsieur le Président, nous

9 pourrions peut-être aussi passer à huis clos partiel pour quelques

10 instants, le temps que je pose mes questions sur ce document.

11 M. LE JUGE ANTONETTI : Huis clos partiel.

12 M. LE GREFFIER : Nous sommes à huis clos partiel, Monsieur le Président.

13 [Audience à huis clos partiel]

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17 [Audience publique]

18 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Donc en audience publique, je clôture le début

19 aujourd'hui et j'indique à tout le monde que nous nous retrouverons demain

20 à 9 heures.

21 --- L'audience est levée à 17 heures 22 et reprendra le jeudi 15 juin 2006,

22 à 9 heures 00.

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