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1 Le mercredi 13 février 2008
2 [Audience publique]
3 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
4 --- L'audience est ouverte à 8 heures 30.
5 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, appelez le numéro de
7 l'affaire, s'il vous plaît.
8 M. LE GREFFIER : [interprétation] Merci et bonjour, Monsieur, Madame,
9 Messieurs les Juges. Il s'agit de l'affaire IT-03-67-T, le Procureur contre
10 Vojislav Seselj.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : Merci, Monsieur le Greffier. Je salue, ce mercredi
12 13 février 2008, M. le Témoin, les représentants de l'Accusation, M.
13 Seselj, ainsi que toutes les personnes qui nous aident dans notre tâche.
14 Nous allons donc poursuivre le contre-interrogatoire de M. Seselj --
15 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je n'entends aucune interprétation. Depuis que
16 vous avez commencé à parler, rien ne m'a été interprété.
17 M. LE JUGE ANTONETTI : [inaudible]
18 Voilà, ça marche.
19 L'ACCUSÉ : [interprétation] Désormais, je l'entends.
20 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors, j'indiquais que nous allons donc, après avoir
21 salué tout le monde, poursuivre le contre-interrogatoire, et j'ai indiqué
22 hier qu'il restait à M. Seselj trois heures et huit minutes, si je ne fais
23 pas d'erreur.
24 Monsieur Seselj, vous avez la parole.
25 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, pour commencer, une
26 information brève que je dois vous donner. J'ai eu un entretien avec Boris
27 Petrov du greffe hier, parlant du financement de ma Défense; en quelques
28 mots, il m'a fait savoir que le greffe n'avait pas l'intention de prendre
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1 en charge la totalité de ma Défense, mais à partir de maintenant il m'a dit
2 explicitement qu'ils n'avaient pas l'intention de financer tout ce qui
3 concerne la phase préalable au procès. Il m'a dit également que c'est de
4 cette manière-là qu'ils interprétaient votre décision. Je me suis senti le
5 devoir de vous le dire.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui. Alors sur ce point, je rappelle pour mes
7 collègues qui le savent et qui ne le savent pas, c'est que vous aviez il y
8 a très longtemps, alors que cette affaire avait été confiée à la Chambre II
9 dont j'étais membre, vous aviez à l'époque formé une requête demandant
10 qu'on vous rembourse toutes les sommes que vous auriez dépensées dans la
11 préparation de votre défense. De mémoire, ça faisait quelques millions
12 d'euros, mais je n'ai plus les chiffres en tête. A l'époque la Chambre II
13 devait rendre une décision sur cette question. Personnellement, mais je
14 vous l'ai dit lors d'une audience de mise en état, j'avais préparé une
15 opinion personnelle sur cette question, mais cette opinion personnelle je
16 n'ai pas pu la faire enregistrer parce qu'entre-temps l'affaire avait été
17 transférée de la Chambre II à la Chambre III ou I, je ne me rappelle plus.
18 Il y avait eu un transfert et de ce fait la Chambre II n'avait pas répondu
19 à votre demande.
20 Dans la décision de cette Chambre sur votre défense, la décision n'avait
21 pas abordé cette question. Si maintenant vous souhaitez qu'il y ait un
22 effet rétroactif à notre décision, encore faudrait-il que vous formiez une
23 requête en demandant au greffe de vous rembourser des frais qui avaient été
24 engagés préalablement à cette décision et la Chambre statuera en ayant bien
25 entendu à ce moment-là la réponse du Greffe. Donc c'est tout ce que je peux
26 vous dire sur cette question qui concerne un effet rétroactif de notre
27 décision. Voilà.
28 Alors nous allons donc maintenant passer au contre-interrogatoire.
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1 LE TÉMOIN : TÉMOIN VS-004 [Reprise]
2 [Le témoin répond par l'interprète]
3 Contre-interrogatoire par M. Seselj : [Suite]
4 Q. [interprétation] Monsieur VS-004, vous avez donné, jusqu'à présent,
5 deux déclarations aux Procureurs de La Haye ou plusieurs ?
6 R. Deux.
7 Q. Il y en a une le 1er, le 2, le 3 et le 4 mai 2002 et la deuxième le
8 1er, le 2, le 14 août 2006; c'est bien cela ?
9 R. Oui.
10 Q. En 2006, en fait, ce qui s'est passé c'est qu'ils vous ont informé du
11 fait que votre déclaration initiale pouvait être utilisée dans le procès
12 contre moi; c'est bien cela ?
13 R. Oui.
14 Q. A ce moment-là vous avez déclaré que vous n'étiez pas prêt à venir
15 déposer en tant que témoin dans un procès contre moi; c'est bien cela ?
16 R. Oui.
17 Q. Vous l'avez déclaré parce que vous estimiez à l'époque que je
18 constituais un danger pour vous personnellement ?
19 R. Non, pas vous personnellement.
20 Q. Eventuellement de membres du Parti radical serbe dont je suis président
21 ou de l'un de mes proches collaborateurs ?
22 R. Je ne peux pas nommer précisément la personne ou la source de danger ou
23 de mauvais traitements éventuels, je voulais tout simplement protéger ma
24 famille de tout incident ou de toute attaque que ce soit des sympathisants
25 de vos idées ou autres, mais s'agissant de vous, je ne vous ai pas nommé en
26 tant que source éventuelle de mes problèmes.
27 Q. Dans cette nouvelle déclaration, vous avez parlé de nouveau de mon
28 arrivée en Slavonie occidentale, et par deux fois vous êtes venu à La Haye
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1 depuis le début de l'année pour déposer; c'est bien cela ?
2 R. Oui.
3 Q. La première fois vous n'avez pas pu déposer parce qu'il y avait des
4 dépositions qui se sont prolongées, puis maintenant vous avez réussi à
5 commencer votre déposition; c'était finalement votre tour ?
6 R. Oui, c'est exact.
7 Q. Le Procureur à ce moment-là a organisé des séances de récolement avec
8 vous ?
9 R. Oui.
10 Q. Ces récolements, ils ont duré combien de temps ?
11 R. Je pense que ça a duré une journée.
12 Q. Une journée à votre première arrivée, puis une journée la deuxième fois
13 ou en tout ça a pris une journée ?
14 R. En tout ça a pris une journée.
15 Q. Est-ce que vous pourriez nous donner le nombre d'heures ?
16 R. Il se peut que ce soit je pense cinq ou six heures.
17 Q. Quel a été l'objectif de ces entretiens qui ont pris cinq ou six heures
18 ?
19 R. C'était pour que je me rappelle la déclaration que j'avais donnée, que
20 j'examine de nouveau certains documents relatifs à cette affaire, documents
21 qui sont présentés ici, et nous avons parcouru une partie des événements
22 qui font l'objet de ma déclaration.
23 Q. Le représentant du Procureur, est-ce qu'il vous a parlé des questions
24 que j'allais éventuellement vous poser pendant le contre-interrogatoire ?
25 R. Non.
26 Q. Vous dites ici que je suis arrivé en Slavonie occidentale fin octobre
27 ou début novembre 1991; c'est bien ça ?
28 R. C'est exact.
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1 Q. Est-ce que je pourrais vous rafraîchir la mémoire, c'est le 18 novembre
2 que je suis arrivé à Banja Luka par hélicoptère de la JNA ?
3 R. Oui.
4 Q. Savez-vous qu'est arrivé Ilija Sasic, votre ministre des Affaires
5 étrangères, avec moi de Belgrade à bord de cet hélicoptère ?
6 R. Ilija Sasic est arrivé avec vous mais il n'était pas ministre des
7 Affaires étrangères.
8 Q. Mais il était membre du gouvernement. Quel était sont poste au
9 gouvernement, quelle fonction ?
10 R. Ce gouvernement n'a pas fonctionné, ce n'était pas vraiment un
11 gouvernement, M. Ilija Sasic c'était un atome libre ou plutôt c'était
12 quelqu'un qui bénéficiait de la confiance de Veljko Vukelic.
13 Q. Mais le simple fait que j'étais arrivé à bord de l'hélicoptère de la
14 JNA illustre bien le fait que je n'étais pas arrivé à titre privé ?
15 R. Oui, c'est comme ça qu'on peut l'interpréter, mais je ne sais pas qui
16 l'a organisé.
17 Q. Deux officiers de la JNA sont arrivés avec moi, des pilotes de
18 l'hélicoptère.
19 R. Si c'est comme ça que les choses se sont passées, je suppose que c'est
20 ainsi.
21 Q. Le jour où je suis arrivé, j'ai fait un discours dans le grand hall de
22 Borik, à Banja Luka. Vous vous en souvenez ?
23 R. Je m'en souviens.
24 Q. Vous êtes venu assister à ce rassemblement ?
25 R. Oui, je suis venu là-bas.
26 Q. Donc vous vouliez savoir ce que j'allais dire. Ça devait avoir une
27 signification pour vous si vous êtes arrivé de Pakrac à Banja Luka pour
28 assister au rassemblement ?
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1 R. Il s'est trouvé que j'étais à Banja Luka, j'étais sur place, j'ai
2 entendu parler de ce rassemblement, donc je suis venu.
3 Q. Vous pourriez vous rappeler certaines positions dont j'ai fait part
4 pendant ce discours ?
5 R. Croyez-moi je ne me rappelle pas ce qui a été dit pendant le
6 rassemblement.
7 Q. Il est difficile de se rappeler après tant d'années si personne ne vous
8 rafraîchit la mémoire ni le Procureur ni moi-même, je suis parfaitement
9 conscient du fait qu'il faut vous aider à vous rappeler des choses, des
10 détails. Mais n'est-il pas vrai que je me suis consacré à chercher à éviter
11 la guerre civile en Bosnie-Herzégovine pendant ce discours ?
12 R. Oui, je m'en souviens.
13 Q. N'ai-je pas dit que le seul moyen de préserver la paix en Bosnie-
14 Herzégovine était que la Bosnie-Herzégovine reste partie intégrante de la
15 Yougoslavie ?
16 R. Oui.
17 Q. Vous souvenez-vous du fait que j'ai dit que c'était le seul moyen
18 également pour les Serbes, les Croates et les Musulmans de Bosnie-
19 Herzégovine pour éviter ce qui était en train de se produire en Croatie ?
20 R. Je pense que vous avez dit quelque chose qui allait dans ce sens.
21 Q. Même si j'avais été belliqueux là où il y avait des opérations de
22 guerre, même si je souhaitais la victoire là-bas, là où il n'y avait pas de
23 guerre, je souhaitais la paix, n'est-ce pas ? N'était-ce pas la conclusion
24 de mon discours ?
25 R. Oui, je pense que c'est ainsi qu'on peut le qualifier.
26 Q. Je suis arrivé à bord d'un hélicoptère de la JNA avec Ilija Sasic, donc
27 je suis arrivé tout seul; je n'avais pas d'escorte, n'est-ce pas ?
28 R. C'est ça.
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1 Q. En d'autres termes, je ne pouvais même pas avoir d'escorte quand je
2 suis arrivé en Slavonie occidentale, or, dans votre déclaration, ils disent
3 que j'avais une escorte de sept ou huit personnes. Mais seuls des habitants
4 de Slavonie occidentale pouvaient m'accompagner puisque ce sont eux qui
5 m'ont accueilli sur place.
6 R. Vous n'étiez pas seul, je n'ai pas dit que vous aviez une escorte
7 composée d'officiers ou je ne sais pas.
8 Q. Mais si je me déplaçais seul, je suppose que je me serais perdu, égaré,
9 parce que c'était la première fois de ma vie que j'étais venu en Slavonie
10 occidentale, n'ai-je pas raison ?
11 R. Oui.
12 Q. Puis en plus il fallait que quelqu'un me transporte, je ne pouvais pas
13 me déplacer à pied.
14 R. Oui.
15 Q. Puis de Banja Luka, c'est M. Cavic qui est venu en ma compagnie le
16 premier jour. Vous le connaissiez ?
17 R. Juste de nom. Je n'arrive pas à me rappeler la personne.
18 Q. Je vais vous rafraîchir la mémoire. Il était fondateur du Parti radical
19 serbe de Banja Luka. C'est lui qui a organisé le rassemblement du hall de
20 Borik.
21 R. Oui, maintenant je me souviens. Je me souviens de cet homme.
22 Q. C'est lui qui m'a conduit en Slavonie occidentale, il m'a ramené le
23 même jour.
24 R. Ça je ne le sais pas. Je ne m'en souviens pas.
25 Q. Dans votre déclaration, vous dites à plusieurs endroits que Veljko
26 Vukelic était le commandant de la Défense territoriale de Slavonie
27 occidentale; c'est bien ça ?
28 R. Oui.
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1 Q. Mais le Procureur lui-même vous met en garde et vous dit que le
2 commandant de la Défense territoriale était le colonel Trbojevic et non pas
3 Veljko Vukelic; c'est bien cela ?
4 R. Oui, on m'en a averti, mais au début du mois d'août et même avant, je
5 ne sais pas exactement à partir de quelle date, puis jusqu'à la fin du mois
6 d'octobre ou début novembre, M. Vukelic était le commandant de la Slavonie
7 occidentale, puis il s'est retiré. Il doit savoir pour quelle raison, et M.
8 Jovan Trbojevic est venu occuper ce poste. Quand il est arrivé de Belgrade,
9 il a dit qu'il était envoyé par les plus hautes instances de la JNA.
10 Q. Je vais vous rappeler un fait. Jovan Trbojevic était arrivé en Slavonie
11 occidentale un peu avant la date de la fin octobre que vous citez; ai-je
12 raison ?
13 R. Je ne me souviens pas la date exacte de l'arrivée de M. Trbojevic, ce
14 que je sais c'est que le 15 octobre, quand il y a eu le premier exode de
15 Grubisno Polje, que Veljko Vukelic était toujours le commandant à ce
16 moment-là et ça a duré quelques semaines de plus.
17 Q. Vous venez de dire le 15 août, n'est-ce pas ?
18 R. Non, je dis le 15 octobre.
19 Q. Le 15 octobre.
20 R. C'est là qu'il y a eu le premier exode de Grubisno Polje, et à l'époque
21 c'est Veljko Vukelic qui était encore le commandant.
22 Q. Savez-vous que conformément à la loi les forces armées de la RSFY
23 constituaient une entité unique ?
24 R. Oui, je le sais.
25 Q. Et que la JNA et la Défense territoriale avaient un QG, un état-major
26 unique des forces armées à Belgrade ?
27 R. Oui.
28 Q. Donc le fait que la JNA ait envoyé le colonel Trbojevic pour qu'il soit
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1 commandant de la Défense territoriale, c'est une preuve par excellence qui
2 nous montre que la Défense territoriale faisait partie de la JNA, n'est-ce
3 pas ?
4 R. Oui, par la suite je l'ai compris quand la JNA est arrivée dans le
5 secteur d'Okucani. Quels ont été leurs contacts, leurs communications,
6 jusqu'à ce moment-là, je ne le sais pas.
7 Q. Jusqu'à ce que la JNA ne prenne en charge la Défense territoriale
8 c'étaient des formes spontanées d'auto-organisation de la population serbe
9 de Slavonie occidentale; n'ai-je pas raison ?
10 R. Ils étaient organisés par l'entremise de la Défense territoriale, je
11 l'ai déjà mentionné, c'était le secrétariat à la Défense nationale. Je ne
12 sais pas comment ils se sont organisés, qui les a organisés.
13 Q. Savez-vous que des volontaires du Parti radical serbe ne passaient que
14 par la JNA pour se rendre en Slavonie occidentale ?
15 R. Dans les médias, j'ai appris que vous aviez dit que c'était en agissant
16 de concert avec la JNA, mais je ne sais pas concrètement comment c'était
17 organisé, ni qui passait des accords, qui organisait cela et de quelle
18 manière.
19 Q. Mais vous vous souviendrez du fait qu'à l'époque la Bosnie-Herzégovine
20 n'était pas encore en guerre, mais que les forces de police et la Défense
21 territoriale étaient déjà renforcées, qu'on commençait à voir apparaître
22 des unités paramilitaires à différents endroits ?
23 R. Oui, c'est ce que j'ai appris par les médias.
24 Q. Les volontaires du Parti radical serbe comment auraient-ils pu passer
25 par la Posavina si ça n'avait pas été dans une colonne de la JNA ?
26 R. Je suppose qu'il fallait qu'il y ait une escorte.
27 Q. Dans la Posavina, il y avait pas mal de Musulmans et de Croates. Il y a
28 des municipalités où la majorité était croate ou d'autres où c'était une
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1 majorité musulmane ?
2 R. Oui.
3 Q. Si ça n'avait pas été organisé par la JNA, nos volontaires, ils
4 auraient été obligés de livrer combat pour passer par là, n'est-ce pas ?
5 R. Je ne sais pas dans quelles circonstances cela se serait passé. La
6 seule chose que je puisse dire c'est que la JNA c'était en fait le Corps de
7 Banja Luka à l'époque en Slavonie occidentale et qu'il y avait là parmi les
8 militaires des Croates et des Musulmans.
9 Q. Savez-vous que parmi les volontaires du Parti radical serbe il y avait
10 des musulmans et des catholiques ?
11 R. J'ai entendu cela.
12 Q. Radovan Novacic, vous avez entendu ce nom ?
13 R. Oui, je l'ai entendu.
14 Q. Il était commandant des volontaires du Parti radical serbe en Slavonie
15 occidentale; c'est bien cela ?
16 R. Oui, il me semble avoir entendu cela.
17 Q. Vous savez que son père est Croate et que sa mère est Serbe ?
18 R. Ça, je ne le sais pas.
19 Q. S'il est exact ce je suis en train d'affirmer, est-ce que cela ne
20 signifie pas que nous avons envoyé cet homme, non pas en souhaitant que des
21 crimes soient commis contre la population croate mais tout à l'opposé,
22 qu'on agisse contre l'ennemi en protégeant l'ensemble de la population
23 civile ?
24 R. C'est ainsi que cela normalement aurait dû se passer si c'est un homme
25 qui vient d'une famille mixte, il devrait tenir compte normalement des
26 ressortissants de toutes les religions.
27 Q. Il n'avait aucune raison de haïr des musulmans ou des catholiques, mais
28 il était hostile à ceux qui voulaient briser la Yougoslavie, n'est-ce pas ?
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1 R. Concrètement, je ne sais pas ce qu'il pensait ou ce qu'il voulait. La
2 conclusion que vous venez de citer est tout à fait permise.
3 Q. Les volontaires du Parti radical serbe recevaient régulièrement leur
4 solde de la part de la JNA; le savez-vous ?
5 R. Ça, je ne le sais pas, on racontait cela.
6 Q. Vous savez que des membres de la Défense territoriale de la Slavonie
7 occidentale étaient payés par la JNA ?
8 R. Oui, ça oui.
9 Q. C'étaient des soldes qui n'étaient pas très importantes, mais c'était
10 quand même mieux que rien, n'est-ce pas ?
11 R. Oui, à l'époque c'était important pour les gens parce qu'ils n'avaient
12 pas d'autres ressources.
13 Q. La Slavonie occidentale, sur le plan territorial, dépendait du Corps
14 d'armée de la Banja Luka; c'est bien cela, de la JNA ?
15 R. Oui. Le Corps de Banja Luka, au bout de 30 ou 60 jours depuis le début
16 de la guerre, est passé en Slavonie occidentale et il s'est chargé à partir
17 de ce moment-là de la Défense territoriale.
18 Q. Sur le plan territorial, savez-vous comment était organisé la JNA avant
19 la guerre ?
20 R. Non. Ce n'était pas quelque chose que je connaissais particulièrement.
21 Q. Vous avez fait votre service militaire ?
22 R. Oui.
23 Q. Vous savez qu'à un moment donné il y a eu des régions militaires de la
24 JNA, de Zagreb, Sarajevo, Belgrade ?
25 R. Ça, je le sais.
26 Q. Vers la fin des années '80, ça a été changé, il y avait trois
27 groupements stratégiques à partir de ce moment-là.
28 R. Oui, ça aussi je m'en souviens.
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1 Q. Est-ce que vous savez que du temps où il y avait une région militaire
2 de Sarajevo avec son siège à Sarajevo, donc en Bosnie-Herzégovine, que
3 cette région englobait pratiquement toute la Slavonie également ?
4 R. Ça je ne m'en souviens pas.
5 Q. D'accord. Est-ce que vous savez que tout volontaire du Parti radical
6 serbe se voyait reconnaître ses années de guerre suite à son engagement en
7 Slavonie occidentale ?
8 R. J'arrive à cette conclusion parce que je sais que des membres de la
9 Défense territoriale ont demandé également que ça leur soit reconnu, le
10 statut de vétéran.
11 Q. Il y avait soit la période de combat sur la période de travail.
12 R. Oui.
13 Q. Parce que reconnaître les années de combat c'était quelque chose qui
14 était inscrit dans le livret militaire et les années de travail dans le
15 livret de travail ?
16 R. Oui.
17 Q. Est-ce que vous savez que tous les blessés parmi les volontaires du
18 Parti radical serbe ont immédiatement eu de reconnus tous les droits des
19 invalides de guerre ?
20 R. Concrètement je ne sais pas ça, mais je sais que dans la Défense
21 territoriale parmi les blessés ou les invalides il y en a qui ont pu
22 bénéficier de leurs droits, donc je suppose que les volontaires du Parti
23 radical serbe se sont trouvés dans le même cas.
24 Q. Donc ceux qui avaient fait partie de la Défense territoriale étaient
25 sur un pied d'égalité avec les militaires de la JNA pour ce qui est de leur
26 droit ?
27 R. Je pense que oui.
28 Q. Est-ce que vous savez lorsqu'il y avait un volontaire du Parti radical
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1 serbe qui se faisait tuer en Slavonie occidentale que c'est la JNA qui
2 transportait son corps en Serbie dans sa localité natale et que c'est la
3 fanfare militaire qui était engagée comme si ça avait été un militaire
4 d'active qui était tombé ?
5 R. Je ne sais pas ça exactement, mais lorsque des membres de la Défense
6 territoriale étaient morts c'est comme ça que ça se passait. Je suis allé
7 une ou deux fois à l'enterrement des membres de la Défense territoriale
8 près d'Okucani, je sais que c'était avec les honneurs militaires qu'ils ont
9 été enterrés.
10 Q. Parmi les Serbes, en plus des Croates, lorsque des hommes à Seselj sont
11 arrivés, certains Serbes se sont mis à quitter cette région parce qu'ils
12 avaient peur de mes hommes, c'est ce que vous avez dit. Est-ce que vous
13 pouvez nous citer le nom d'un Serbe qui avait peur des volontaires du Parti
14 radical serbe et c'est ce qu'il l'a incité à quitter la Slavonie
15 occidentale ?
16 R. J'ai entendu parler de cela. Quant au nom c'est Luka Krajinovic, qui
17 malheureusement est décédé, qui m'a dit cela. Vous m'avez posé la question,
18 je vous dis concrètement, lui, il m'a dit qu'il avait peur, qu'il avait eu
19 une rencontre. Je ne sais pas de quelle nature, voilà c'est ce que j'ai
20 entendu.
21 Q. Vous étiez un haut placé dans les autorités civiles de Slavonie
22 occidentale, vous ne faisiez aucune distinction sur le terrain entre les
23 volontaires du Parti radical serbe et les autres volontaires, n'est-ce pas
24 ?
25 R. A l'époque je n'étais pas très haut placé, tout ça ça fonctionnait en
26 passant par des QG de la Défense territoriale, mais les gens me
27 respectaient dans la région parce qu'ils me connaissaient. Pour moi, les
28 volontaires étaient pratiquement tous les mêmes. Je ne savais pas qui était
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1 originaire d'où. Ils ne venaient pas se livrer à moi et je ne vérifiais
2 rien. Pour moi, ils étaient tous pratiquement pareils.
3 Q. Si vous, vous ne repériez aucune distinction, alors, comment est-ce que
4 le commun des mortels pouvait faire cette distinction ? Ç'aurait été encore
5 plus difficile pour quelqu'un d'autre, n'est-ce pas ?
6 R. Oui, je suis d'accord avec vous, je pense que l'homme de la rue pouvait
7 difficilement distinguer les uns des autres, il ne pouvait savoir qui est
8 qui.
9 Q. Les Procureurs vous ont interrogé sur le général Dusan Pekic. Vous
10 savez qui c'est, n'est-ce pas ?
11 R. Oui, il est originaire de la Banija.
12 Q. C'est un héro de la Deuxième Guerre mondiale, un général de la JNA et
13 il avait été à la tête de l'association des vétérans de la guerre de
14 libération.
15 R. Oui.
16 Q. Savez-vous qu'il avait été l'un des employés de l'association des
17 fonctionnaires de l'Association des Serbes de Croatie avec le QG à Belgrade
18 ?
19 R. Oui.
20 Q. Est-ce que vous savez que le Parti radical serbe avait coopéré avec
21 cette association dès le début ?
22 R. J'ai entendu dire cela.
23 Q. Puisque vous viviez en Slavonie occidentale, est-ce que vous voyez une
24 différence essentielle entre l'activité des volontaires du Parti radical
25 serbe depuis le printemps 1991 jusqu'en septembre 1991, puis à partir de
26 septembre 1991, lorsque la JNA a pris part aux opérations de combat et
27 pendant la période qui a suivi ? Est-ce que vous pouvez faire une
28 différence entre les deux ?
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1 R. Vous venez de me préciser cela dans le temps, vous précisez des
2 périodes différentes, mais c'est des périodes assez brèves, donc je ne
3 pense pas que je pourrais différencier ces périodes-là. C'était une
4 situation chaotique. Beaucoup de choses se produisaient en peu de temps.
5 Donc ces nuances que vous citez maintenant, vraiment je ne pourrais pas les
6 faire maintenant.
7 Q. Est-ce que vous savez que dès le mois de mars, en fait fin février
8 début mars 1991, une délégation de Serbes de Slavonie orientale et de Srem
9 est venue me voir à Belgrade me demandant que le Parti radical serbe envoie
10 des volontaires qui prendraient part à la défense des villages serbes qui
11 étaient menacés dans cette région ?
12 R. J'ai vu quelque chose allant dans ce sens dans les médias.
13 Q. Est-ce que vous savez que le 9 mars je suis venu dans sept villages
14 serbes de Slavonie orientale qui se sentaient les plus menacés ?
15 R. Je ne me souviens pas de cela puisque le 9 mars j'étais à Pakrac et
16 j'ai eu des négociations très difficiles avec des représentants des
17 autorités croates, donc je n'étais pas en mesure de suivre le reste de
18 l'actualité.
19 Q. Avez-vous entendu dire que tout de suite après nous avons commencé à
20 envoyer des volontaires dans les villages de la Slavonie orientale et dans
21 le Srem occidental ?
22 R. J'en ai entendu parler, mais je ne sais pas à quel moment.
23 Q. S'agissant de mes déclarations disant que je commandais ces volontaires
24 pouvez-vous le rattacher à la période où la JNA n'a pas participé au
25 conflit armé direct ?
26 R. Je pense que vous avez fait ce type de déclarations à l'époque, il n'y
27 avait pas eu de JNA en ce moment-là.
28 Q. Avez-vous entendu dire que j'avais déclaré être commandant lorsque la
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1 JNA a pris part au conflit armé et lorsque les volontaires ont agi dans le
2 cadre de la JNA ?
3 R. Je ne m'en souviens pas. Je n'en ai pas entendu parler.
4 Q. Vous n'avez pas entendu dire dans le public que je me présentais comme
5 étant leur commandant ?
6 R. Non, je n'ai pas entendu dire cela.
7 Q. Saviez-vous qu'au début septembre l'état-major des forces armées de
8 Yougoslavie a promulgué un décret concernant le déploiement des volontaires
9 au sein des unités de la JNA ?
10 R. Je ne le sais pas.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : On vient de vous poser toute une série de questions
12 qui pour moi ont beaucoup d'importance. Pour approfondir vos réponses.
13 Vous-même, est-ce que dans le temps vous aviez fait votre service militaire
14 dans la JNA ?
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui.
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Et votre service militaire a duré combien de temps ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Ça durer un an, moi j'ai fait un peu moins,
18 parce que j'ai eu des journées de récupération, de permission, et cetera.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Dans votre expérience brève, enfin d'une année, au
20 sein de la JNA, serait-il possible que dans la JNA il y aurait une double
21 chaîne de commandement, une chaîne de commandement militaire et une chaîne
22 de commandement politique, à partir d'un parti politique qui serait à
23 l'extérieur de la chaîne de commandement militaire ?
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Je pense qu'il y avait eu un commandement
25 militaire. Je n'ai pas très bien compris la question dans la partie où vous
26 évoquez un parti politique. Il y avait un parti à l'époque.
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais préciser ma question. Lorsqu'on était
28 militaire de la JNA, est-ce qu'on devait obéir aux ordres de l'autorité
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1 militaire ou aux ordres d'un parti politique auquel on pourrait apparaître
2 -- appartenir ?
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Chaque soldat est tenu de se conformer aux
4 ordres de son supérieur hiérarchique immédiat, et on suit la verticale vers
5 le haut, donc il faut obéir au commandement militaire.
6 M. LE JUGE ANTONETTI : Lorsque vous-même vous étiez soldat de la JNA, à
7 l'époque est-ce que vous apparteniez à un parti politique ou pas ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] A l'époque j'étais membre de la Ligue des
9 Communistes comme bon nombre d'autres personnes. C'était un seul parti
10 politique à l'époque.
11 M. LE JUGE ANTONETTI : A l'époque vous étiez membre de la Ligue des
12 Communistes, est-ce que dans votre activité militaire et dans celle de vos
13 camarades, les officiers de la JNA, ils étaient en permanence connectés
14 avec la Ligue des Communistes pour savoir quel devait être leur
15 comportement ou bien vous n'étiez connecté qu'avec la hiérarchie militaire
16 ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Je n'ai eu affaire qu'à la hiérarchie
18 militaire.
19 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Continuez votre contre-interrogatoire.
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, c'est précisément la
21 raison pour laquelle j'insiste sur une différence importante entre ces
22 périodes, la période où la JNA n'avait pas participé au combat et à la
23 période où elle a rejoint les activités de combat, et c'est pour cela que
24 j'insiste sur ces faits-là pour que vous compreniez bien vous et vos
25 collègues.
26 M. SESELJ : [interprétation]
27 Q. On a parlé ici d'armement des unités serbes de la Défense territoriale
28 en Slavonie et dans d'autres régions serbes, et on vous a demandé si le
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1 général Dusan Pekic avait participé à l'armement de la population de la
2 Slavonie occidentale, et vous avez dit que vous n'aviez pas d'information,
3 mais les médias vous ont fait savoir qu'il y a pris part ?
4 R. Oui, c'est ce que j'ai dit.
5 Q. Se pourrait-il qu'en raison d'une mauvaise interprétation vous ayez
6 donné une réponse erronée qui ne correspondrait pas à l'état de fait, ou
7 est-ce que c'est parce que vous étiez sous l'influence des médias que vous
8 l'avez dit.
9 R. J'ai répondu à cette question, au tout début lorsqu'il a été question
10 d'armement, je ne sais pas qui est-ce qui l'a fait, dans quelle
11 organisation, mais pour l'armement au tout début en Slavonie occidentale,
12 c'est ce que j'ai appris par la suite, à savoir qu'il y a eu participation
13 de M. Pekic. Mais je n'étais pas présent à des réunions où il aurait
14 négocié ou pris des obligations à cet effet.
15 Q. Le Procureur vous a probablement montré un extrait de l'émission de la
16 BBC sur "La mort de la Yougoslavie" où je m'attaquais à Radmilo Bogdanovic,
17 l'ex-ministre de la police de Serbie, en disant que c'était lui qui avait
18 donné des armes aux volontaires. Vous en souvenez-vous ?
19 R. Oui.
20 Q. Vous souvenez-vous de cet enregistrement ?
21 R. Oui, je m'en souviens.
22 Q. Saviez-vous que cet entretien a eu lieu en 1995 ?
23 R. Ça, croyez-moi bien, je ne m'en souviens pas.
24 Q. Mais si je vous le dis et le Procureur a les données relatives à la
25 date de cet entretien, vous n'avez aucune raison de douter de mes propos.
26 Saviez-vous que moi-même et le Parti radical serbe en 1995 avions un
27 conflit politique violent avec Slobodan Milosevic et la totalité de son
28 régime ?
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1 R. Oui, ça je m'en souviens.
2 Q. Est-ce que dans la vie politique serbe il était habituel ou pas,
3 lorsqu'il y avait des règlements de compte de ce type, il y ait des
4 fumigènes, dirais-je, pour faire un écran de fumée dans l'opinion publique
5 et jeter l'adversaire dans la confusion ?
6 R. Ça c'est bien connu, oui.
7 Q. Vous vous souviendrez que le régime Milosevic m'avait attaqué et dit
8 que j'étais un criminel, un alcoolique, un malfaiteur. Moi qui ne bois
9 jamais, on m'a traité d'alcoolique. Alors je ne peux pas aller d'un lecteur
10 à l'autre des journaux pour expliquer que je ne bois pas, n'est-ce pas ?
11 Vous souvenez-vous de ces attaques-là ?
12 R. Oui, je m'en souviens. J'attendais que l'interprétation se fasse pour
13 répondre. Je me souviens des attaques, elles étaient agressives.
14 Q. Vous souvenez-vous d'un dîner à Zvecevo, vous y étiez présent, m'avez-
15 vous vu consommer de l'alcool ?
16 R. Ecoutez, je ne m'en souviens pas. Je veux bien vous croire que non, si
17 vous dites que vous ne buvez pas, mais je ne pense pas qu'on ait bu grand-
18 chose.
19 Q. Mais il y en a qui ont bu de l'alcool, moi non, alors on a même fait
20 des blagues à mes dépens parce que je ne buvais pas. Vous en souvenez-vous
21 ?
22 R. Non.
23 Q. Peu importe. Donc vous avez conscience du fait que dans ces règlements
24 de compte politique de part et d'autre il a été tiré vers le public des
25 salves de choses qui ne correspondaient pas à des faits véridiques, n'est-
26 ce pas ?
27 R. Certes.
28 Q. On m'a accusé faussement et moi avec imagination je ripostais visant un
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1 responsable du régime avec toute une salve d'accusations à son encontre
2 pour lui rendre la pareille ?
3 R. Oui, vous avez eu beaucoup d'imagination.
4 Q. Oui. Vous avez eu de l'expérience au sujet de l'imagination qui est la
5 mienne, n'est-ce pas ?
6 R. En effet, j'ai eu cette expérience-là.
7 Q. Mais j'avais eu des raisons particulières pour ce qui était de frapper
8 le régime de Slobodan Milosevic à l'époque, parce que ce régime était à la
9 tête de cette politique, qui est soi-disant pacifiste, avait bloqué la
10 Republika Srpska et avait commencé à accepter toutes les initiatives ou
11 prétendues initiatives de paix de la part de l'occident, n'est-ce pas ?
12 R. Oui. A l'époque, M. Slobodan Milosevic s'était efforcé de faire en
13 sorte que soient adoptés des programmes, des plans demandés ou exigés par
14 l'Occident de sa part et vous, vous étiez contre cette politique.
15 Q. Vous souvenez-vous du fait qu'en fin 1994, début 1995, pendant quatre
16 mois, j'ai été en prison du régime Milosevic et en plus par la suite deux
17 mois supplémentaires en été 1995 ?
18 R. Je me souviens que vous avez été mis en prison, je ne me souviens pas
19 de la durée que vous avez passée là-bas.
20 Q. Oui, à moi de me souvenir combien de temps j'y ai passé. Mais avais-je
21 des raisons d'épargner Milosevic et son régime si ce régime m'a enfermé de
22 façon contraire au droit ?
23 R. Je crois que vous avez eu bien des raisons d'être en colère et de
24 riposter comme vous avez coutume de le faire parce qu'il vous a gardé en
25 prison.
26 Q. Mais avais-je une autre raison pour ce qui était de tirer ces bombes
27 fumigènes, en disant que c'est Radmilo Bogdanovic qui avait procuré des
28 armes à la TO et aux volontaires locaux pour dissimuler en réalité qui est-
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1 ce qui l'avait fait pour de bon ?
2 R. Vous devez connaître forcément les raisons, les causes et les effets,
3 mais le fait d'avoir été emprisonné, cela a peut-être été cette attaque
4 contre M. Radmilo Bogdanovic.
5 Q. Mais peut-être la mission avait-elle visé à dissimuler à l'égard du
6 public que c'était en réalité le général Dusan Pekic qui avait organisé
7 l'armement de la Défense territoriale et des volontaires, n'est-ce pas ?
8 R. Cela se peut.
9 Q. Alors je ne parlerai pas du général Dusan Pekic, malheureusement il est
10 décédé il y a deux mois, mais personne ne peut maintenant lui porter du
11 tort. On ne peut pas le mettre en prison et on ne peut pas le mettre en
12 accusation. Saviez-vous que le général Dusan Pekic était décédé il y a deux
13 mois ?
14 R. Non, je n'en ai pas entendu parler. Je ne le savais pas.
15 Q. Saviez-vous que c'était les armes les plus anciennes des entrepôts de
16 la TO sorties d'on ne sait où, des armes automatiques de type Thompson
17 datant de la Deuxième Guerre mondiale, des fusils M-48, des Spagin, des
18 armes automatiques de fabrication soviétique, puis M-56, également des
19 armes automatiques très anciennes. Le saviez-vous ?
20 R. J'ai ouï dire de la part des gens qu'ils se plaignaient d'avoir reçu
21 des armes très vieilles.
22 Q. Se pouvait-il qu'en passant par le général Pekic on n'ait pu se
23 procurer des armes que la JNA avait déjà mises de côté depuis longue date ?
24 R. Je ne sais pas si c'est la seule façon et le seul moyen d'avoir des
25 armes, mais étant donné que c'était si ancien, peut-être voulaient-ils s'en
26 débarrasser.
27 Q. Mais se pouvait-il que les volontaires reçoivent des armes modernes,
28 des kalachnikovs, et ce, seulement au moment où la JNA a pris part au
Page 3523
1 combat; vrai ou faux ?
2 R. On a remarqué par la suite qu'il y a eu des armes plus récentes.
3 Q. Quand vous dites plus tard, c'était après août 1991, n'est-ce pas ?
4 R. Oui.
5 Q. Donc là aussi on voit une différence substantielle du point de vue de
6 la période de l'auto-organisation des volontaires serbes dans la Slavonie
7 et dans la Krajina de Knin, le recrutement des volontaires du Parti radical
8 serbe dans une phase initiale, et ensuite dans la phase où la JNA a pris
9 part aux activités de combat et où tout discours politique de ma part
10 comportait une position disant que nous étions tous une seule et même
11 armée, que nous étions tous la JNA, n'est-ce pas ?
12 R. Oui. Vous avez déclaré que c'était une seule et même armée, que c'était
13 la JNA, et que vos soldats étaient placés sous le commandement de la JNA.
14 C'est ce type de déclarations que vous avez faites.
15 Q. Avez-vous eu vent d'un cas à quelque champ de bataille où il y aurait
16 eu des volontaires du Parti radical serbe faire leur apparition hors des
17 rangs de la JNA après le 1er septembre 1991 ?
18 R. A l'époque je n'ai pas eu à voir ce qui se passait au large de la
19 Slavonie occidentale, et en temps de guerre on avait du mal à se déplacer,
20 même quand on était du cru, moi qui étais de l'extérieur, je ne pouvais pas
21 me déplacer, je ne pouvais pas le savoir, mais pour ce qui est de la
22 Slavonie occidentale, je peux dans une certaine mesure savoir ce qui
23 s'était passé là-bas.
24 Q. N'avez-vous pas dit aux enquêteurs de La Haye que c'était moi qui étais
25 responsable des meurtres de civils croates à Vocin ?
26 R. Je n'ai jamais dit que vous étiez responsable. J'ai dit que j'ai ouï
27 dire que les volontaires avaient participé à ce crime.
28 Q. Alors ces enquêteurs de La Haye ont intégré cela à la déclaration que
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1 vous avez par la suite signée et il semblerait qu'à votre avis je serais
2 responsable des meurtres à Vocin. Ça se trouve en page 5, début du
3 paragraphe 2, et que la raison pour laquelle vous pensez de la sorte, c'est
4 qu'on avait estimé que j'étais venu inspecter mes unités à Vocin. Est-ce
5 que c'est le Procureur de La Haye qui a mis cela dans votre déclaration ?
6 R. Nous en avons longuement parlé. J'ai dit que j'ai ouï dire que les
7 volontaires y avaient pris part. J'ai dit que vous étiez venu inspecter ou
8 rendre visite à vos volontaires à Vocin. Vous les avez donc vus. Mais je
9 n'ai jamais dit que vous aviez ordonné ou que vous aviez une responsabilité
10 directe pour ce qui est de ces meurtres.
11 L'INTERPRÈTE : Hors micro.
12 M. SESELJ : [interprétation]
13 Q. Donc les enquêteurs de La Haye ont mis cela dans votre déclaration de
14 leur propre gré.
15 R. C'est ce qui est marqué. Ils ont dû tirer une conclusion de la sorte,
16 mais moi, je ne vous ai jamais mis en accusation personnellement disant que
17 vous aviez ordonné ou dit de faire cela.
18 Q. Ce n'est pas vous qui avez rédigé cette déclaration. Ils ont rédigé la
19 déclaration et vous l'ont donnée pour que vous la signiez.
20 R. Moi, je donnais des réponses, ils ont pris des notes et par la suite
21 j'ai signé la déclaration.
22 Q. Vous avez ouï dire que cette unité de volontaires s'était trouvé
23 présente dans les environs de Vocin, n'est-ce pas ?
24 R. Oui, c'est ce que j'ai entendu dire.
25 Q. Saviez-vous que c'était à peu près à dix kilomètres de distance de
26 Vocin ?
27 R. Croyez-moi bien que je ne sais pas, je ne connais pas les lieux, je ne
28 sais pas quelle est la distance.
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1 Q. Mais si vous pouviez vérifier où se trouvait cette unité, si vous étiez
2 allé sur les lieux pour voir cette unité, pour voir ces hommes-là, pensez-
3 vous qu'ils vous auraient tué ?
4 R. Je ne pense pas que j'aurais été tué, bien que je n'étais pas très aimé
5 par les milieux militaires, mais je ne vois pas de raison pour ce qui était
6 de m'abattre. Je ne sais pas. Je n'y ai pas pensé. Je ne suis pas allé là-
7 bas, donc je ne peux pas l'affirmer. Mais je ne vois pas de raison de me
8 tuer.
9 Q. Mais les enquêteurs de La Haye ont mis dans votre déclaration des dires
10 disant que vous êtes allé là-bas, que vous avez vérifié le fait que l'unité
11 du SRS se trouvait à Vocin, et vous avez semble-t-il dit, probablement
12 m'aurait-on tué. Troisième ligne, deuxième paragraphe, page 5 de votre
13 déclaration. Et c'est daté du 14 août 2006, donc ce n'était pas vos mots à
14 vous ?
15 R. Je vais vous dire peut-être pourquoi cela est dit de la sorte. Jovo
16 Vezmar qui a fait partie du QG de la Défense territoriale de la Slavonie
17 occidentale a attiré l'attention sur le fait qu'il ne fallait pas avoir de
18 contact ou rendre visite aux unités militaires, parce que j'avais eu un
19 contact au tout début. Il m'a fait venir au QG, il m'a menacé, il m'a dit :
20 si tu les contactes encore une fois, eux ou quelqu'un d'autre, tu seras
21 tué, donc j'en ai tiré une conclusion qui était celle de dire que si
22 j'essayais de visiter ou d'établir un contact, que cette promesse de la
23 part d'un commandant pourrait bien être tenue. C'est ce qu'on m'avait dit.
24 Q. Mais ça n'avait rien à voir avec les volontaires du Parti radical
25 serbe. Lui, il était de Pakrac, pour autant que je le sache, non ?
26 R. Oui, il était de Pakrac. Il a d'abord été commandant du QG de la TO à
27 Pakrac, puis ensuite il a fait partie du QG de la Slavonie occidentale.
28 Q. Est-ce que cela signifie qu'on ne vous a jamais menacé d'être tué par
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1 moi ou par des volontaires du SRS ?
2 R. Tout comme Jovo Vezmar m'avait menacé, personne ne m'a menacé de la
3 sorte parmi les volontaires à vous ou vous-même comme l'a fait Jovo Vezmar
4 ou comme l'ont fait d'autres hommes de la Défense territoriale.
5 Q. Est-ce qu'en 1991 je me suis mêlé du tout dans vos conflits à vous en
6 Slavonie occidentale ? Quand je parle de conflits à vous, je parle des
7 conflits ou des oppositions qu'il y avait entre les hommes politiques, les
8 dirigeants de l'époque. Me suis-je mêlé de tout cela ?
9 R. Non. A l'époque vous étiez là-bas, vous ne vous en êtes pas mêlé.
10 Q. A ce dîner à Zvecevo, vous ai-je dit cordialement bonjour comme à tous
11 les autres, et est-ce que la conversation dans l'ensemble a été cordiale ?
12 R. Oui. La conversation a été correcte. Il n'y a pas eu d'incidents. Il
13 n'y a pas eu de disputes.
14 Q. Donc on peut en tirer une conclusion qui serait celle de dire que je
15 n'avais aucun préjugé à votre encontre, aucune animosité à votre encontre,
16 n'est-ce pas ?
17 R. C'est cela.
18 Q. Ici dans la déclaration que vous avez faite à la date du 14 août 2006,
19 il est dit, pour autant que vous le sachiez, en Slavonie occidentale il y
20 aurait eu seulement des volontaires liés au Parti radical serbe, et qu'il
21 n'y a pas eu de volontaires à être liés à d'autres partis politiques. Avez-
22 vous dit cela ?
23 R. Oui, je l'ai dit parce que personne n'a fait son apparition, personne
24 n'a dit qu'il avait ses propres volontaires. Partant de là, j'en ai tiré la
25 conclusion que les vôtres étaient les seuls, c'est ce qu'on disait en
26 Slavonie occidentale du reste, à savoir que tous les volontaires étaient
27 ceux du Parti radical serbe.
28 Q. Oui, mais quelques années plus tôt, dans une déclaration datée de 2002,
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1 en page 30, vous dites : "Il y avait une unité des Aigles blancs à Vocin et
2 une autre unité à Kamenska qui comptait une trentaine d'hommes. On dit
3 qu'il y avait une unité de la garde serbe de Vuk Draskovic. Je n'ai pas eu
4 de contact avec ces gens-là."
5 Vous l'avez déclaré en 2002 lorsque vos souvenirs étaient plus vifs
6 pour ce qui est de cette période par rapport à l'année 2006, n'est-ce pas ?
7 R. Oui, je me souviens de cette déclaration que j'ai faite en 2002.
8 Q. Alors y a-t-il eu des Aigles blancs en Slavonie occidentale ou pas ?
9 R. Par la suite j'ai fait cette déclaration telle que parce que j'ai ouï
10 dire qu'il n'y avait des volontaires venus que dans l'organisation d'un
11 seul parti. Il a été question des Aigles blancs. Je ne les ai pas vus, j'en
12 ai entendu parler. Je ne sais pas qui les avait envoyés.
13 Q. Mais vous saviez qu'à Kamenska il y avait une trentaine d'hommes qui
14 faisaient partie des Aigles blancs. C'est du moins ce que dit votre
15 déclaration.
16 R. Oui, c'est la rumeur qui a couru au sujet de ces gens et il y a eu ce
17 chiffre.
18 Q. Mais savez-vous qui est-ce qui a amené les Aigles blancs en Slavonie
19 occidentale ?
20 R. Ça non, je ne le sais pas.
21 Q. Combien de fois avez-vous rencontré le général Aleksandar Vasiljevic ?
22 R. Je ne l'ai jamais rencontré de ma vie.
23 Q. En début 1992, vous avez accusé dans les médias les volontaires du
24 Parti radical serbe d'avoir commis ce crime. Je me suis donc attaqué à vous
25 ainsi que le général Aleksandar Vasiljevic en disant que vous aviez fait
26 venir des Aigles blancs en Slavonie occidentale, n'est-ce pas ? Enfin,
27 écoutez, je n'ai pas dit que c'était vrai, n'est-il pas vrai de dire que je
28 vous ai accusé de cela ?
Page 3529
1 R. Oui, vous m'avez accusé et vous avez dit que j'avais une responsabilité
2 relative aux événements de la Slavonie occidentale.
3 Q. Vous souvenez-vous du fait que j'ai mentionné le général Aleksandar
4 Vasiljevic ?
5 R. Je me souviens que vous l'avez mentionné, mais je ne me souviens pas si
6 c'était dans ce même contexte, pour ce qui est de lui et de moi-même.
7 Q. Mais ne savez-vous pas que de nos jours encore il n'a pas été tiré au
8 clair le fait de savoir comment les Aigles blancs sont arrivés en Slavonie
9 ? Les volontaires du Parti radical serbe allaient d'abord dans cette
10 caserne de Bubanj Potok à Belgrade. C'est là qu'on leur donnait des
11 uniformes, on leur donnait des armes. Des fois, les armes les attendaient à
12 Okucani. Ils sont tous allés là-bas dans la sorte. Les Aigles blancs ne
13 sont pas eux passés par cette caserne de Bubanj Potok. De nos jours encore,
14 on n'a pas tiré au clair le fait de savoir comment ils se sont retrouvés en
15 Slavonie occidentale; le saviez-vous ?
16 R. Comme vous le dites vous-même, on n'a pas tiré la chose au clair, alors
17 comment voulez-vous que nous, à l'époque, nous sachions qui venait comment
18 dans l'organisation de qui, et cetera. Mais je n'ai jamais compris comment
19 ils étaient venus, qui est-ce qui les avait emmenés et qui est-ce qui leur
20 avait donné des missions.
21 Q. Mais quand vous avez accusé dans les médias les volontaires du PRS pour
22 ce qui est des crimes à Vocin, vous l'avez fait par cœur, au petit bonheur
23 la chance, sans avoir vérifié les informations.
24 R. Il n'y a pas eu d'enquête si vous voulez dire que j'avais pu faire des
25 affirmations concrètes partant d'une enquête. J'ai dit que j'ai ouï dire
26 cela de la bouche de gens qui venaient de cette région et qui avaient
27 affirmé que dans la liquidation de ces personnes-là il y a eu implication
28 de volontaires du Parti radical serbe. De quels volontaires parlaient-ils
Page 3530
1 concrètement et qui se trouvaient là-bas dans le concret, je ne le sais
2 pas. J'ai fait une déclaration partant de ce que j'ai ouï dire. Je n'ai pas
3 dit ce que j'ai dit partant d'une enquête.
4 Q. Mais vous avez quand même mentionné les volontaires du Parti radical
5 serbe, c'est la raison pour laquelle il y a eu réaction très forte de ma
6 part. Vous vous êtes attaqué aux volontaires et moi, je vous ai riposté que
7 c'était votre faute à vous s'il y a eu des Aigles blancs là-bas, n'est-ce
8 pas ?
9 R. Oui. Je vous avais attaqué, je vous avais qualifié de responsable pour
10 les volontaires et vous avez dit dans les médias en riposte que c'était ma
11 responsabilité à moi.
12 Q. Bon, c'est ce que je voulais que nous tirions au clair ici. Ce qui
13 m'intéresse c'est de savoir comment vous en êtes venu en 2002 à parler de
14 l'existence de ces unités d'Aigles blancs, qui plus est de deux unités,
15 vous avez parlé de la garde serbe de Vuk Draskovic et, par la suite, en
16 2006, dans vos déclarations, vous avez nié le fait qu'il y ait eu du tout
17 de volontaires d'autre nature si ce n'est ceux du Parti radical serbe; est-
18 ce que c'est les enquêteurs de La Haye qui vous ont suggéré la chose ou
19 est-ce qu'ils l'ont juste placé et intégré dans cette dernière déclaration
20 ?
21 R. Non, les enquêteurs ne m'ont suggéré de faire aucune espèce de
22 déclaration, l'un et l'autre a été déclaré par moi. Personne ne m'a rien
23 suggéré. Personne ne m'a rien imposé.
24 Q. Mais comment se fait-il qu'il y ait cette divergence très importante
25 entre les deux déclarations ?
26 R. Peut-être tout de suite avant ma première déclaration, ai-je appris
27 dans des conversations avec je ne sais qui qu'il a été question des Aigles
28 blancs ou de la garde, et je ne sais plus sous l'influence de qui. Vous
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1 savez bien que c'était dans la confusion générale qu'on ne savait pas qui
2 envoyait qui. Et j'ai dit aussi qu'il y en avait d'autres. De nos jours
3 encore on se perd en conjectures et on ne sait pas comment cela s'est passé
4 dans l'ensemble. Il n'y a pas eu de représentant politique de présent à
5 représenter les Aigles blancs ou une autre organisation, on a pensé que
6 c'étaient tous des mêmes volontaires. Ils étaient tous casés dans le
7 groupement des volontaires, dans l'organisation de qui, je ne sais trop. Il
8 se peut que j'aie été influé par ce film où vous avez parlé des Aigles
9 blancs et que, partant de là, j'aie tiré une conclusion que c'était dans le
10 même sac des volontaires qui étaient Aigles blancs et autres tout confondu
11 et peut-être est-ce là la raison pour laquelle j'ai tiré la conclusion de
12 dire que c'étaient tous les mêmes volontaires.
13 Q. Mais faites-vous la différence entre un Aigle blanc à deux têtes
14 bicéphales, qui est le vieux symbole serbe datant de la dynastie des
15 Nemanjic, qui est repris des traditions byzantines et qui, de nos jours
16 encore, est le symbole officiel sur l'emblème de l'Etat et le drapeau et
17 une organisation concrète qui s'est appelée les Aigles blancs ?
18 R. Je pense que les emblèmes de l'Etat c'est une chose, et les Aigles
19 blancs en leur qualité de volontaires c'est tout à fait autre chose.
20 Q. Avez-vous entendu dire de ma part que j'aie nié la perpétration de
21 crimes à l'égard de civils en Slavonie occidentale ?
22 R. Non, je ne vous ai pas entendu nier ces crimes.
23 Q. Avez-vous ouï dire que j'avais accusé directement les Aigles blancs
24 d'avoir commis ces crimes ?
25 R. Oui, vous l'avez mentionné.
26 Q. Vous avez vu hier ce document qui vous a été soumis par l'Accusation
27 où, si je me souviens bien, on mentionne 68 victimes des crimes commis
28 contre les civils en Slavonie occidentale. Vous avez vu ce document ?
Page 3532
1 R. Oui, je l'ai vu.
2 Q. Est-ce que vous avez vu qu'il n'y avait que le nom d'habitants de
3 Slavonie dans ce document, de Slavonie occidentale ?
4 R. Oui, mais je crois qu'au début il est tout de même dit que ce n'était
5 pas tous des habitants de Slavonie occidentale.
6 Q. Est-ce qu'il y a le nom d'un seul volontaire du Parti radical serbe
7 dans cette liste ?
8 R. Je ne sais pas qui appartenait à quoi parmi ceux qu'on retrouve dans
9 cette liste, croyez-moi.
10 Q. Est-ce que quand j'étais en Slavonie occidentale ou quand j'ai prononcé
11 des discours officiels vous m'auriez entendu une seule fois me prononcer en
12 faveur de l'expulsion de la population croate hors de Slavonie occidentale
13 ?
14 R. Non, ça vous ne l'avez pas dit.
15 Q. Mais ici, on vous a fait mettre dans votre déclaration écrite de 2006
16 en page 6, paragraphe 14, que s'agissant des Croates, j'aurais dit que le
17 mieux pour eux était de partir pour la Croatie. Ce qui signifierait que la
18 Grande-Serbie serait un Etat n'appartenant qu'aux Serbes. Page 6 de votre
19 déclaration écrite de 2006. Est-ce que vous qui avez dit cela ou est-ce
20 l'Accusation qui l'a introduit dans le texte ?
21 R. C'était lié à la vidéo qu'on a vue je crois, quand on parlait de l'Etat
22 croate. Je crois que c'est à partir de la vidéo où on montre votre discours
23 sur la façon de créer un Etat serbe et sur la vie à organiser. Je crois que
24 c'est tiré de ça.
25 Q. Mais durant l'interrogatoire principal vous avez dit vous-même que je
26 considérais qu'aujourd'hui la grande majorité des Croates était des Serbes
27 catholiques et que les Musulmans de Bosnie étaient des Serbes de religion
28 musulmane, n'est-ce pas ?
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1 R. Oui, vous l'avez dit.
2 Q. Est-ce que dans votre région en Slavonie occidentale, eu égard aux
3 catholiques de Slavonie, on les appelait des Sokci; est-ce que cette
4 expression était utilisée ?
5 R. Oui.
6 Q. Et ce mot, les Sokac, qu'est-ce que cela veut dire, vous pouvez
7 l'expliquer ?
8 R. Pour les Croates de là-bas, on considérait que c'était Marie-Thérèse
9 qui les avait convertis à la religion catholique. D'ailleurs, on sait bien
10 quelle est la partie de cette population qui a été concernée par cela, des
11 gens qui se sont convertis; certains sont restés ce qu'ils étaient à
12 l'origine et d'autres sont passés au catholicisme romain.
13 Q. Donc il s'agissait à l'origine d'orthodoxes serbes qui ont adopté la
14 religion catholique et les autres sont restés orthodoxes, donc on les
15 appelait des Sokci, n'est-ce pas ?
16 R. Je ne sais pas si c'était la raison du fait qu'on les appelait des
17 Sokci, mais je sais qu'une partie d'entre eux s'est convertie au
18 catholicisme romain.
19 Q. Puisque vous êtes un homme éduqué, je vais vous rappeler que les
20 orthodoxes serbes, quand ils font le signe de la croix, le font avec trois
21 doigts de la main, n'est-ce pas ?
22 R. Oui.
23 Q. Alors que les catholiques font le signe de la croix avec les cinq
24 doigts de la main alignés, n'est-ce pas ?
25 R. Oui.
26 Q. Est-ce que dans l'histoire, c'était une façon de désigner la façon dont
27 on fait le signe de la croix, parce que Saka ça veut tous les doigts de la
28 main. Donc quand on fait le signe de la croix avec les cinq doigts de la
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1 main, on le fait avec la Saka et ça donne le mot Sakci, qui plus tard s'est
2 transformé en Sokci. Est-ce que c'est l'origine du mot --
3 R. Oui, c'est possible.
4 Q. -- que l'on peut trouver dans la littérature; Saka, Sakci, Sokci,
5 n'est-ce pas ? Est-il exact que chaque fois que j'ai pris la parole, j'ai
6 dit que les Sokci de Slavonie étaient des Serbes de religion catholique ?
7 R. Oui, ça vous le disiez.
8 Q. Vous avez parlé des catholiques grecs, les uniates, vous connaissez
9 l'union de la Zumberacka, n'est-ce pas ?
10 R. Oui.
11 Q. Est-ce qu'encore aujourd'hui, dans les environs de Zagreb, on trouve
12 des catholiques grecs de rite grec qui reconnaissent le pape comme leur
13 autorité suprême mais qui ont un rite et des cérémonies orthodoxes ?
14 R. Oui, cela existe encore.
15 Q. Et à la télévision, on voit encore des émissions qui retransmettent
16 leurs offices, n'est-ce pas ? Je le vois d'ailleurs encore actuellement,
17 puisque nous avons à notre disposition la télévision croate.
18 R. Oui.
19 Q. Donc le rite et les cérémonies sont totalement orthodoxes, mais ils
20 mentionnent le pape dans leurs prières et on les considère pour la majorité
21 d'entre eux comme étant Croates, n'est-ce pas ?
22 R. Oui.
23 Q. Est-ce qu'encore aujourd'hui on voit des Serbes qui continuent à se
24 convertir au catholicisme romain ?
25 R. Si cela se passe, c'est une procédure individuelle.
26 Q. Oui, bien sûr c'est individuel, puisque chacun décide pour soi sur ces
27 questions. Mais savez-vous que plus de 30 000 orthodoxes serbes se sont
28 déjà convertis à la religion catholique romaine et que c'est prouvé par des
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1 chiffres officiels ?
2 R. Oui, j'en ai entendu parler.
3 Q. Est-ce que vous savez que lorsqu'un orthodoxe serbe se convertit au
4 catholicisme, en Croatie, il est automatiquement considéré comme étant
5 devenu Croate ?
6 R. Oui.
7 Q. Donc la différence entre les Serbes et les Croates est définie par eux
8 exclusivement comme étant fondée sur la question de la religion ?
9 R. Oui.
10 Q. Est-ce que la Croatie de Pavelic, l'Etat Ustasha, a mené une politique
11 qui avait pour but de tuer un tiers des Serbes, d'expulser un deuxième
12 tiers des Serbes vers la Serbie et de convertir au catholicisme le
13 troisième tiers ?
14 R. Oui, c'était la politique d'Ante Pavelic.
15 Q. Bien, Monsieur VS-004. Les Procureurs de La Haye vous ont montré des
16 documents pendant la préparation de votre déposition, n'est-ce pas, et vous
17 vous êtes exprimé sur un certain nombre de ces documents. Ceci est-il exact
18 ?
19 R. Oui, exact.
20 Q. Ils vous ont montré une déclaration relative à la situation en
21 Yougoslavie, texte qui date 28 octobre 1991. Vous m'avez entendu ? Ils vous
22 ont montré une déclaration relative à la situation yougoslave qui date du
23 28 octobre 1991 et vous avez déclaré ne jamais avoir eu ce document sous
24 les yeux avant le jour où ils vous l'ont montré, n'est-ce pas ?
25 R. Oui, en effet.
26 Q. Ceci figure en page 8 de l'annexe à votre déclaration écrite de 2006.
27 Sur la base de votre réponse dans laquelle vous disiez n'avoir jamais vu ce
28 document, les Procureurs de La Haye l'introduisent dans la déclaration
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1 écrite relative à votre déposition et affirment que vous ne l'avez jamais
2 vu ce texte avant qu'on ne vous l'ait montré.
3 R. J'ai déclaré que je n'avais jamais vu ce document avant qu'on me l'ait
4 mis sous les yeux, et nous avons vu ici qu'il a été versé au dossier.
5 Q. Et pour la déclaration conjointe de Brioni du 7 juillet 1991, vous avez
6 également déclaré ne l'avoir jamais vue auparavant, n'est-ce pas ?
7 R. Non, je n'ai pas pu voir ce document avant. Je n'ai jamais eu
8 l'occasion de le voir avant d'arriver ici auprès des Procureurs.
9 Q. Et pourtant, ils déclarent, étant donné que ce document est versé au
10 dossier, que vous l'auriez déjà vu, n'est-ce pas ?
11 R. Eh bien, je l'ai vu sur la liste des pièces à conviction.
12 Q. Ils vous ont montré un autre document, Epoha, où, en page 1, on voit
13 une photo de Dobrica Cosic, un écrivain serbe très connu, n'est-ce pas ?
14 R. Oui.
15 Q. Ils vous ont trompé quant au fait d'établir un lien qui n'existe pas
16 entre la photo de Dobrica Cosic en page 1 et un article qui se trouve dans
17 cette revue Epoha en vous disant que c'était Dobrica Cosic qui était
18 l'auteur de l'article ?
19 R. C'est la conclusion que j'ai faite. J'ai conclu que c'était un texte
20 écrit par Dobrica Cosic.
21 Q. L'Accusation a déclaré que tel était le cas, parce que c'est ce qu'on
22 voit ici écrit dans votre déclaration écrite, que Dobrica Cosic est
23 l'auteur de ce texte. Est-ce que Dobrica Cosic était à la convention
24 relative à la troisième Yougoslavie ?
25 R. Je ne m'en souviens pas. C'était une réunion où il y avait beaucoup de
26 monde, je ne m'en souviens pas.
27 Q. Mais s'il y avait assisté, vous vous en seriez souvenu, parce que c'est
28 un auteur particulièrement connu, et nous nous sentions tous comme
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1 n'arrivant même pas à la cheville de ce grand homme.
2 R. Il avait ce genre de célébrité, donc je crois que je l'aurais remarqué
3 s'il avait été présent, en effet.
4 Q. Ils vous ont montré une traduction de mon interview au Spiegel,
5 magazine allemand, n'est-ce pas ?
6 R. Oui.
7 Q. Publié en août 1991, n'est-ce pas ?
8 R. Je crois que c'est cela.
9 Q. Pour paraître le 8 août, il fallait bien que cette interview je l'aie
10 donnée durant le mois de juillet, n'est-ce pas ?
11 R. C'est une conclusion qui est naturelle. On ne peut pas publier une
12 interview avant qu'elle n'ait été accordée.
13 Q. Puisque dans cette interview je parle de ma position de commandement,
14 il faut bien que j'aie fait cette interview avant le 1er août 1991, n'est-ce
15 pas ?
16 R. Oui. C'est ce qu'il est permis de conclure.
17 Q. Est-ce que vous avez déjà accordé des interviews à des correspondants
18 étrangers ?
19 R. Oui.
20 Q. Est-ce que vous avez relu le texte de l'interview avant parution ou
21 vous répondez aux questions, le journaliste s'en va et le texte paraît ?
22 R. Je n'ai jamais vérifié les interviews avant parution, c'était la
23 responsabilité du journaliste de vérifier et de le faire paraître.
24 Q. Vous est-il arrivé que, dans l'interview publiée, se trouve quelque
25 chose qui ne correspondait pas tout à fait à ce que vous auriez dit ou une
26 petite erreur ?
27 R. Il y a eu des cas de ce genre.
28 Q. Mais en général, vous n'avez pas vu le texte publié de votre interview
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1 une fois que le texte paraît, parce qu'il paraissait dans la presse
2 étrangère.
3 R. Oui, c'est ça, le texte paraît et puis plus jamais.
4 Q. Mais quand le texte paraît, en général, vous n'êtes même pas informé
5 que le texte paraît ce jour-là parce qu'il n'arrive jamais entre vos mains.
6 R. Il arrivait rarement que le texte arrive entre mes mains.
7 Q. Avez-vous déjà entendu parler de Renate Flottau qui était
8 correspondante du Spiegel à Belgrade ?
9 R. Non, je ne me souviens pas.
10 Q. Savez-vous qu'en 1999, le Parti radical serbe faisait partie d'une
11 coalition avec le parti de Milosevic et que nous avions 15 ministres au
12 sein du gouvernement serbe ?
13 R. Je sais qu'il y a eu une période correspondant à ce que vous venez de
14 dire mais je ne me souviens pas exactement si c'était en 1999, mais je sais
15 que vous avez formé une coalition avec le parti de Milosevic et que vous
16 avez eu un pouvoir assez important au sein du gouvernement.
17 Q. Savez-vous que Renate Flottau a été officiellement expulsée par notre
18 gouvernement de Belgrade ?
19 R. Je me souviens qu'il y a eu un cas de journaliste officiellement prié
20 de partir, mais je ne sais pas si c'était Renate Flottau.
21 Q. La raison de son expulsion, c'était une activité subversive vis-à-vis
22 de la guerre au Kosovo-Metohija, vis-à-vis de contacts avec l'OTAN, des
23 terroristes albanais, de leurs rebellions, et cetera. Vous n'avez pas
24 entendu parler de cela ?
25 R. Non.
26 Q. Très bien. Vous avez également vu ici une vidéo, une partie du film de
27 la BBC "Vie et mort de l'ex-Yougoslavie", et dans cette séquence vidéo on
28 voit une partie d'une déclaration faite par moi où je dis que Milosevic a
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1 demandé aux radicaux d'envoyer des volontaires sur le front. Vous vous
2 rappelez cela ?
3 R. Oui.
4 Q. Vous rappelez-vous peut-être que c'était ma première rencontre avec
5 Milosevic en mai 1992 ?
6 R. Je ne connais pas ce détail, croyez-moi.
7 Q. Je le dis dans ces images. Mais ce n'est pas important si vous ne vous
8 rappelez pas. Savez-vous que la Yougoslavie a reçu un ultimatum de la part
9 des puissances occidentales et du Conseil de sécurité, si je me souviens
10 bien, ultimatum selon lequel avant le 19 mai 1992, il fallait que toutes
11 les unités de la JNA se retirent de Bosnie-Herzégovine ?
12 R. Oui, je me rappelle ça.
13 Q. Est-il évident que Milosevic et moi-même à l'époque discutions du
14 destin des Serbes de Bosnie-Herzégovine après le retrait de la JNA ?
15 R. Oui, il est permis de le conclure.
16 Q. Savez-vous que pendant toutes ces journées, je me prononçais largement
17 dans les médias pour dire que la JNA ne devait pas se retirer de Bosnie-
18 Herzégovine et que nous devions rejeter l'ultimatum des puissances
19 occidentales quoi qu'il arrive ?
20 R. Oui, je me souviens de cela.
21 Q. Manifestement Milosevic et moi-même discutions du destin du peuple
22 serbe après le retrait de la JNA, n'est-ce pas ?
23 R. Il est permis de le conclure.
24 Q. Quand je demande ce qu'il adviendra des Serbes de Bosnie-Herzégovine,
25 quand je pose cette question à Milosevic, il me répond : "Envoyez davantage
26 de volontaires."
27 R. Je ne me souviens pas de ce détail, croyez-moi. Cela s'est passé il y a
28 longtemps, et je n'ai pas suivi de très près tout cela.
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1 Q. Vous savez certainement que la JNA s'est effectivement retirée le 19
2 mai, et qu'en Bosnie-Herzégovine ne sont restés que les Serbes nés en
3 Bosnie-Herzégovine qui ont créé l'armée de la Republika Srpska à ce moment-
4 là, n'est-ce pas ?
5 R. Oui.
6 Q. Donc les volontaires du Parti radical serbe qui par la suite sont allés
7 là-bas ne pouvaient plus y aller dans les rangs de la JNA, n'est-ce pas ?
8 R. Il est permis de le conclure. Mais je ne sais pas ce qui s'est passé à
9 partir de ce moment-là. Mais cela semble logique. S'il n'existe plus de
10 JNA, les volontaires ne peuvent plus se joindre à la JNA là-bas.
11 Q. Donc à partir de ce moment-là, si nous y envoyions des civils, ils
12 devaient y aller en civil. Ils ne pouvaient plus porter l'uniforme. Ils ne
13 pouvaient plus porter des armes et ils ne pouvaient faire le voyage qu'en
14 tant que civils normaux, et ils se faisaient connaître au commandement
15 local qui leur donnait leurs lieux d'affectation, n'est-ce pas ?
16 R. Il est permis de le conclure logiquement, je ne peux ni le confirmer ni
17 l'infirmer.
18 Q. Vous rappelez-vous qu'en 1991, je portais moi-même un uniforme de
19 camouflage de temps en temps ?
20 R. Oui, je m'en souviens.
21 Q. Et je portais un revolver quand je faisais la visite des unités sur le
22 front. Quelquefois je portais aussi une kalachnikov ou un fusil
23 automatique, quelquefois un M-56, cela dépendait des jours.
24 R. Oui, on pouvait vous voir à la télévision avec différentes armes.
25 Q. Est-ce qu'après le 19 mai 1992, donc après le retrait de la JNA de
26 Bosnie-Herzégovine, est-ce que vous m'avez jamais vu revêtu d'un uniforme ?
27 R. Je ne me souviens pas. Je ne pourrais affirmer que je vous aurais vu
28 par la suite revêtu d'un uniforme. Je ne me souviens pas.
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1 Q. Mais est-ce que vous avez vu les images de télévision me montrant en
2 train de visiter la Republika Srpska ou la Krajina de la Republika Srpska ?
3 J'y suis allé à plusieurs reprises, j'ai même organisé des meetings en
4 Krajina de Republika Srpska. Je suis allé aussi à Okucani. Est-ce que dans
5 toutes ces occasions, vous avez pu constater et voir à la télévision que je
6 portais toujours des vêtements civils ?
7 R. Oui, je me souviens que les transmissions de votre visite à Okucani à
8 la télévision vous montraient en civil et d'autres fois aussi.
9 Q. Donc en tant que citoyen de la Serbie et en tant que personne ayant
10 fait son service militaire dans les rangs de la JNA, je n'ai plus jamais
11 quitté la Serbie en portant un uniforme par la suite ?
12 R. Je ne me souviens pas vous avoir vu par la suite revêtu d'un uniforme
13 en effet.
14 Q. Bien. Nous venons de terminer toute une série de questions. Maintenant
15 j'aimerais que nous parlions des circonstances --
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Une question de ma part qui pourrait synthétiser
17 toute la problématique qu'on découvre par le jeu des questions et des
18 réponses. M. Seselj semble vous demander de confirmer le point suivant : la
19 JNA s'est retirée en 1992, à une date que l'on pourra trouver sans problème
20 particulier. Quand la JNA se retire, il semble ressortir le fait que
21 Milosevic aurait demandé qu'on envoie des volontaires. Des volontaires
22 seraient arrivés in situ et ces volontaires auraient été pris à ce moment-
23 là par les unités locales dites de Défense territoriale qui les auraient
24 intégrés dans leurs unités. Est-ce bien ce que de votre point de vue vous
25 avez perçu comme événement lié au retrait de la JNA et à l'arrivée de
26 volontaires ?
27 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Président, c'est ce qu'il est
28 permis de conclure. Moi, concrètement, je n'étais pas informé dans le
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1 détail de la façon dont ils arrivaient, dont ils recevaient leurs uniformes
2 ou leurs armes. Je sais que la JNA était en train de quitter la Bosnie-
3 Herzégovine à cette époque-là, et que les officiers qui vivaient en Bosnie-
4 Herzégovine sont passés dans les rangs de l'armée de la Republika Srpska,
5 et donc comme je l'ai dit dans ma déclaration écrite, c'est seulement par
6 déduction que je dis qu'il est permis de conclure que les volontaires
7 appartenaient désormais à l'organisation de l'armée de la Republika Srpska
8 puisqu'il n'y avait plus de JNA là-bas. Ça c'est qu'on peut déduire de la
9 suite de la chronologie des événements. Je n'étais plus sur place à ce
10 moment-là, et en tant que civil, je n'avais plus de détail particulier au
11 sujet du fonctionnement interne de l'organisation militaire.
12 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Témoin [comme interprété], il faut
13 que je vous donne un renseignement. Je crois que vous n'avez pas bien
14 compris une partie de mon contre-interrogatoire.
15 J'ai dit au cours du contre-interrogatoire que Milosevic avait demandé
16 l'envoi de volontaires supplémentaires, parce qu'il faut prendre en compte
17 le contexte, il ne m'a pas demandé officiellement d'envoyer des volontaires
18 au nom de la Serbie. Mais quand j'ai dit ma crainte et mon opposition au
19 retrait de la JNA de Bosnie-Herzégovine, quand j'ai demandé comment les
20 Serbes qui vivaient là-bas pourraient résister aux Croates et aux Musulmans
21 qui avaient uni leurs forces avec le soutien des puissances occidentales,
22 il a répondu : "Vous devriez envoyer davantage de volontaires."
23 La Serbie officiellement n'avait rien à voir avec l'envoi des
24 volontaires et il n'y a pas la moindre preuve que la Serbie aurait
25 officiellement participé à l'envoi de ces volontaires. Mais s'agissant de
26 l'implication de la Serbie officiellement, tout était terminé. Il
27 appartenait désormais à nous, au Parti radical serbe, à nos représentants
28 d'apporter leur aide à leurs frères de l'autre côté de la Drina. Je pense
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1 que ceci doit être dit clairement de façon que la déposition de ce témoin
2 puisse être comprise.
3 M. LE JUGE ANTONETTI : Vous avez entendu la précision qui vient d'être
4 apportée. Qu'est-ce que vous en pensez ? C'est plausible ? Vous ne pouvez
5 rien dire ?
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne sais pas ce que je pourrais dire de
7 plus, Monsieur le Président, parce que je ne suis pas initié dans toutes
8 ces affaires. La seule chose que je peux dire, c'est que la JNA est partie
9 et que l'armée qui est restée sur place a désormais porté l'appellation
10 d'armée de la Republika Srpska, et que tout ce qui se faisait localement
11 était organisé par l'armée de la Republika Srpska. Maintenant comment cela
12 s'est passé exactement, je ne suis pas initié et je ne saurais vous le dire
13 exactement.
14 Mme LE JUGE LATTANZI : Je voulais seulement observer que le témoin a rendu
15 un témoignage assez clair et que c'est à la Chambre d'en tirer les
16 conclusions.
17 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Monsieur Seselj, il nous reste sept
18 minutes avant la pause.
19 L'ACCUSÉ : [interprétation] Bien. Je vais utiliser ces quelques minutes
20 pour traiter d'une autre question importante, à savoir les circonstances
21 générales. Puisque j'en ai terminé avec l'examen des aspects concrets liés
22 au crime, le Procureur n'avait pas le droit de faire état de crimes
23 présumés en Slavonie occidentale, donc j'ai été obligé de parler de Vocin,
24 des civils, des crimes, et cetera, même si le Procureur, je le répète, n'a
25 pas été en mesure d'asseoir ses affirmations.
26 M. SESELJ : [interprétation]
27 Q. Monsieur le Témoin VS-004, est-ce que vous êtes au courant du fait que
28 Franjo Tudjman a été l'un des premiers dans l'ex-Yougoslavie à mettre en
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1 cause officiellement la commission de crimes durant la Seconde Guerre
2 mondiale et à remettre en question les données officielles à ce sujet ?
3 R. Oui, je suis au courant.
4 Q. Est-ce que vous savez qu'actuellement certains représentants du régime
5 actuel le font également, je veux parler de Stipe Mesic et d'autres hauts
6 responsables de l'Etat ?
7 R. Je crois qu'ils s'efforcent de remettre en cause les informations qui
8 avaient cours durant l'ex-Yougoslavie en les remplaçant par d'autres
9 éléments d'information dont ils veulent qu'ils soient acceptés largement et
10 officiellement dans l'opinion.
11 Q. Savez-vous que lorsqu'on parle du nombre des victimes de Jasenovac au
12 procès de Nuremberg le chiffre utilisé a été celui de 700 000 victimes ?
13 R. Oui. C'est le chiffre qui a été avancé officiellement jusqu'à la
14 dernière guerre dans l'ex-Yougoslavie.
15 Q. Savez-vous que la majorité des Etats occidentaux sanctionnent toute
16 tentative de réduction du nombre des victimes d'un événement de la Seconde
17 Guerre mondiale en tant que crime de guerre ?
18 R. Oui. Je sais que c'est une question particulièrement sensible et qu'il
19 est interdit de le faire.
20 Q. En général ceux qui veulent réduire le nombre de victimes sont des
21 forces revanchistes et pronazi dans certains pays, n'est-ce pas ?
22 R. Je dirais plutôt que ceux qui veulent réduire le nombre des victimes
23 sont ceux dont les ressortissants sont responsables de ces crimes ou y ont
24 participé.
25 Q. Savez-vous que Franjo Tudjman s'est efforcé de réduire à 40 000 le
26 nombre officiel des victimes de Jasenovac ?
27 R. Oui. C'était son objectif et son intention.
28 Q. Savez-vous que Stipe Mesic et les représentants officiels de la Croatie
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1 actuelle s'efforcent de réduire à un chiffre situé entre 80 000 et 100 000
2 le nombre des victimes de Jasenovac ?
3 R. Oui. Certaines recherches et certaines études menées en Croatie
4 actuellement avancent ce genre de chiffres.
5 Q. Est-ce que vous avez entendu parler de Yad Vashem, un grand musée de
6 l'Holocauste en Israël ?
7 R. Oui, j'en ai entendu parler.
8 Q. Avez-vous entendu dire que selon les chiffres officiels de Yad Vashem
9 600 00 personnes auraient été tuées à Jasenovac ?
10 R. Oui, j'ai entendu ce chiffre.
11 Q. Connaissez-vous le nom de Miroslav Krleza ?
12 R. Bien sûr, je le connais.
13 Q. Conviendrez-vous avez moi que Miroslav Krleza est l'un des plus grand
14 écrivain croate de tous les temps ?
15 R. Je suis d'accord.
16 Q. Etes-vous d'accord pour dire que Miroslav Krleza a dirigé l'institut
17 lexicographique dont le siège était à Zagreb pendant plusieurs décennies ?
18 R. Oui, je suis d'accord avec vous.
19 Q. Savez-vous que l'encyclopédie yougoslave à la rédaction de laquelle il
20 a participé a fait savoir que 500 à 600 000 Serbes, Croates et Juifs ont
21 été assassinés à Jasenovac ?
22 R. Oui.
23 Q. Avez-vous entendu parler de Jakov Gelo, un démographe ?
24 R. Non, je n'ai pas entendu parler de lui.
25 Q. Donc vous ne savez pas qu'à Zagreb il a publié en 1987 un livre
26 intitulé "Transformations démographiques en Croatie entre 1870 et 1981" et
27 qu'il a dit que plus de 700 000 personnes avaient été tuées à Jasenovac,
28 c'était l'édition Globus qui a fait paraître cet ouvrage ?
Page 3546
1 R. J'en ai entendu parler, mais je n'en ai pas un souvenir précis.
2 Q. Vous rappelez-vous qu'en 1961 et 1962 un groupe de cinq professeurs
3 d'université, au nombre desquels on trouvait le Pr Ante Pogacnik, légiste
4 de Ljubljana; le Pr Ante Predl, professeur de médecine légale; et le Dr
5 Zivanovic, anthropologue retraité, professeur de l'université à Londres; et
6 le Dr Zdravko Maric, archéologue, professeur d'université à Sarajevo; ainsi
7 qu'un cinquième professeur d'université, et que ce groupe a conclu que dans
8 les seules fosses de Jasenovac avaient été enterrés plus de 700 000
9 cadavres ?
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Allez moins vite parce que les interprètes ont du
11 mal à suivre.
12 M. SESELJ : [interprétation]
13 Q. Ma question est la suivante : est-ce que vous savez que cette
14 commission qui a été composée majoritairement de Croates et de Slovènes est
15 arrivée à la conclusion, et ce, sur la base de données recueillies sur le
16 terrain, que dans les fosses qui ont été étudiées plus de 700 000 cadavres
17 ont été ensevelis ?
18 R. Oui, j'ai entendu ça.
19 Q. Ils n'ont pas pu étudier la situation devant toutes les fosses parce
20 que c'est une région où il y a souvent des inondations de la Sava et il y a
21 beaucoup de corps qui ont été emportés par la rivière; c'est bien cela ?
22 R. Oui, je suis au courant de ça.
23 M. LE JUGE ANTONETTI : Il est 10 heures, nous allons faire une pause de 20
24 minutes.
25 --- L'audience est suspendue à 10 heures 00.
26 --- L'audience est reprise à 10 heures 20.
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, l'audience est donc reprise à 10 heures 20
28 minutes. Je donne la parole à M. Seselj.
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1 M. SESELJ : [interprétation]
2 Q. Monsieur VS-004, avez-vous entendu parler du centre de Simon Weisenthal
3 pour la persécution des criminels de guerre, cette institution est située à
4 Vienne ?
5 R. J'entends la question de M. Seselj, mais la traduction que j'entends
6 est en anglais et ça créé une confusion. J'entends la traduction en anglais
7 dans le casque. Or, j'entends la voix de M. Seselj dans l'original.
8 Oui, j'ai entendu parler du centre de Simon Weisenthal.
9 Q. Savez-vous que le centre de Weisenthal officiellement considère qu'il y
10 a eu 600 000 victimes du camp de Jasenovac pendant la Seconde Guerre
11 mondiale ?
12 R. Oui, j'ai entendu cela.
13 Q. Par conséquent il et évident qu'on ne saura jamais le chiffre exact,
14 puisque des agglomérations entières ont été anéanties. Mais de toute
15 évidence il n'y a pas eu moins de 600 000 victimes, n'est-ce pas ?
16 R. Il est exact que jamais on ne connaîtra le chiffre exact. Nous les
17 Serbes qui estimons être des victimes là dans ces contrées, nous pensons
18 que le chiffre de 600 000 est exact.
19 Q. Vous avez également dit que beaucoup de vos proches, membres de votre
20 famille ont été victimes du camp de Jasenovac ?
21 R. Oui. A Gradiska, le camp de Stara Gradiska qui faisait partie du camp
22 de Jasenovac.
23 Q. Dix-sept de vos plus proches ont été tués ?
24 R. Dix-sept uniquement du côté de mon père.
25 Q. Votre père et votre mère en tant qu'enfant, mais ceci ne révèlera pas
26 l'identité du témoin, n'intervenez pas. J'en tiens compte.
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien.
28 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'aurai quelques questions à poser vers la fin
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1 de mon contre-interrogatoire, mais je vous en avertirai. Ceci comportera
2 quelques renseignements personnels, et cetera, mais maintenant ceci ne
3 permettra pas à l'opinion de connaître l'identité du témoin.
4 M. SESELJ : [interprétation]
5 Q. Vous êtes bien d'accord avec moi, Monsieur V-004, ceci ne peut pas
6 révéler votre identité ?
7 R. Oui.
8 Q. Votre père et votre mère ont connu un sort comparable, c'étaient des
9 enfants au moment de la guerre ?
10 R. Oui.
11 Q. Savez-vous que l'Etat Oustacha de Pavelic, dans le cadre de sa
12 politique officielle, enlevait des enfants mineurs aux Serbes liquidés et
13 les remettait à des familles croates pour qu'ils soient élevés, pris en
14 charge, éduqués par ces familles-là ?
15 R. Oui.
16 Q. Plusieurs dizaines de milliers d'enfants ont connu ce sort-là; c'est
17 bien cela ?
18 R. Oui.
19 Q. La majorité de ces enfants était si petits qu'ils ignoraient
20 complètement l'identité de leurs parents. Ils ne savaient ni qui était leur
21 père, ni qui était leur mère et il leur aurait été très difficile de
22 découvrir cela après la guerre ?
23 R. Oui, il y a eu des cas comme ça.
24 Q. Bien entendu, il y a beaucoup de Croates qui sont intègres et honnêtes
25 et vos parents ont eu la chance que c'est ce type de famille qui les prenne
26 en charge, n'est-ce pas, mais il y en a eu d'autres qui ont procédé à une
27 conversation catholicisme immédiatement de ces enfants, les ont rebaptisés,
28 et cetera, n'est-ce pas ?
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1 R. Oui.
2 Q. Un autre détail qui concerne la déclaration que vous avez donnée au
3 bureau du Procureur. Vous auriez dit, paraît-il, que le 19 décembre, les
4 volontaires du Parti radical serbe auraient bu à Masicka Sagovina et que
5 des Croates les auraient tués. Est-ce que vous avez déclaré cela ?
6 R. Oui, j'ai entendu dire cela et c'est ce que j'ai déclaré.
7 Q. Qui vous a dit qu'ils ont bu et que c'est à cause de cela qu'ils ont
8 été tués ?
9 R. Cette date, on la cite parce qu'il s'agit d'une grande fête de Saint-
10 Nicolas, et j'ai compris d'après ce qu'on m'a raconté qu'ils ont fêté et
11 c'est ce que j'ai appris à la fin de '91, début '92.
12 Q. Masicka Sagovina, c'est un endroit où l'on fête plutôt la Saint-
13 Georges, n'est-ce pas, et non pas ce que vous venez de dire.
14 R. Je ne sais pas, peut-être que ces gens-là avaient pour saint Saint-
15 Nicolas, ou peut-être était-ce l'un de leur camarade de guerre qu'ils
16 avaient pour saint.
17 Q. Mais est-ce que vous vous souvenez qui vous a dit qu'ils ont bu ?
18 R. Je ne me souviens pas.
19 Q. Et vous savez que ce jour-là des unités paramilitaires croates ont
20 attaqué Masicka Sagovina en employant des forces très importantes ?
21 R. Ces jours-là il y a eu une offensive plus importante en Slavonie
22 occidentale à partir de Pakrac --
23 M. LE JUGE ANTONETTI : Je vais demander à M. le Greffier de passer à huis
24 clos pendant quelques instants, parce que j'ai une question à soumettre à
25 la Chambre.
26 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.
27 [Audience à huis clos partiel] [Confidentialité levée par une ordonnance de la Chambre]
28 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui. J'interviens parce que tout à l'heure M. Seselj
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1 a posé des questions au témoin sur le fait que des orphelins serbes
2 auraient été adoptés et confiés à des familles croates pendant la Seconde
3 Guerre mondiale. Cet événement que je découvre à l'instant a peut-être été
4 vrai ou peut-être c'est faux. Mais je me place à ce moment même dans la
5 position de Croates qui entendraient cela et qui pourraient se poser des
6 questions sur leur lien familial avec leurs propres parents. Donc je vais
7 demander à mes collègues s'il convient ou pas d'expurger cette partie
8 puisque dans les 30 minutes on a encore le temps de prendre une ordonnance
9 d'expurgation. Ces problèmes d'adoption sont toujours des problèmes humains
10 très délicats et que certains pourraient, apprenant cela, subir un
11 traumatisme, poser des questions à leurs parents, et cetera, et je voudrais
12 me consulter avec mes collègues pour savoir qu'est-ce qu'on décide.
13 L'ACCUSÉ : [interprétation] Avant cela puis-je dire quelque chose, Monsieur
14 le Président ?
15 C'est de notoriété publique, c'est quelque chose qui a été décrit dans un
16 grand nombre de livres, de journaux, ce n'est un secret pour personne. Et
17 pratiquement tous ces enfants, à moins qu'ils aient été des tout petits
18 bébés, à ce moment-là ils ont cherché à connaître leur identité et c'est
19 avec beaucoup de difficultés qu'ils ont pu connaître leurs origines. Mais
20 si vous prenez ici une position de principe comme ça et si vous évitez de
21 faire connaître cela au public, vous ne protégerez personne. Vous ne
22 susciterez aucun trouble auprès de personne, je pense, si ceci est révélé
23 parce que tout le monde le connaît. Je pense que M. le Témoin le sait.
24 [La Chambre de première instance se concerte]
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, bon, la Chambre qui a délibéré a juste une
26 question à poser au témoin.
27 Monsieur le Témoin, vous avez entendu les questions qui ont été posées là-
28 dessus. A votre niveau, est-ce que ça a une répercussion ou pas pour vous ?
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, Monsieur le Président. Ces enfants, ils
2 ont aujourd'hui 70 ans, s'ils sont encore en vie. On est au courant d'un
3 grand nombre de personnes qui ont connu ce destin, en particulier pour des
4 enfants du mont de Kozara. On sait que Jasarebasko [phon] a été un camp
5 pour enfants unique en Europe, que nombre de ces enfants ont été placés
6 dans des familles et qu'ils n'ont pas pu connaître l'identité de leurs
7 parents, pour certains, ils l'ont connue. C'était l'une des choses qui se
8 sont produites pendant la Seconde Guerre mondiale.
9 [La Chambre de première instance se concerte]
10 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui, d'accord. Alors la Chambre qui a délibéré
11 décide de laisser publique toute la partie.
12 Bien. Alors on repasse en audience publique.
13 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, j'exige que la partie de
14 l'audience qui a été à huis clos partiel soit également révélée au public,
15 je pense que le public est en droit de savoir quels sont les dilemmes qui
16 se sont posés devant les Juges de la Chambre à un moment donné, sans que
17 cela révèle l'identité du témoin.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, la Chambre y répondra.
19 Continuez votre interrogatoire.
20 [Audience publique]
21 M. SESELJ : [interprétation]
22 Q. Avez-vous entendu dire que plus de 20 000 enfants mineurs serbes ont
23 été tués au camp de Jasenovac ?
24 R. Oui. C'est un chiffre que j'ai rencontré dans le public.
25 Q. Et le gouvernement Oustacha d'Ante Pavelic, pour un certain nombre
26 d'enfants, orphelins de parents serbes, a placé pour adoption dans des
27 familles croates pour qu'ils deviennent Croates ?
28 R. C'était leur objectif à l'époque.
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1 Q. C'était leur objectif. Revenons à Masicka Sagovina. Quelqu'un vous a
2 dit, un inconnu, que ces volontaires avaient bu. Est-ce que vous savez que
3 les volontaires du Parti radical serbe à Masicka Sagovina ont défendu de
4 manière décidée et persévérante tant que toute la population n'a pu être
5 évacuée, qu'ils se sont sacrifiés pour que d'autres puissent se sauver.
6 Est-ce que vous avez entendu parler de cela ?
7 R. J'ai entendu dire qu'il y a eu des combats, mais les détails que vous
8 venez de citer, non.
9 Q. Est-ce que vous savez que 11 volontaires du Parti radical serbe ont été
10 tués ce jour-là et qu'un certain nombre d'entre eux ont été blessés et
11 qu'ils ont été capturés ?
12 R. Je ne connais pas le nombre exact de tués, je sais qu'il y en a eu pas
13 mal, je sais que certains ont été capturés.
14 Q. Est-ce que vous savez que parmi les capturés il y a eu également Dusica
15 Nikolic, une jeune femme, qui par la suite a été députée du Parti radical
16 serbe à l'assemblée serbe ?
17 R. J'ai entendu ça.
18 Q. Dans une prison croate, elle a fait l'objet de tortures des plus
19 brutales, des plus cruelles. Le savez-vous ?
20 R. Oui, j'ai entendu dire cela.
21 Q. Est-ce que vous savez qu'aucun de ces volontaires capturés n'a fait
22 l'objet de poursuite par des autorités croates ? Au bout de quelques mois,
23 ils ont tous été relâchés, le savez-vous ?
24 R. Oui, c'était au moment des échanges.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur le Greffier, on repasse en audience à huis
26 clos.
27 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes à huis clos partiel.
28 [Audience à huis clos partiel] [Confidentialité levée par une ordonnance de la Chambre]
Page 3554
1 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui. Monsieur Seselj, vous avez indiqué que Dusica
2 Nikolic, qui a été donc députée, avait été emprisonnée dans une prison
3 croate et qu'elle a fait l'objet de tortures cruelles, et cetera. Alors moi
4 je ne sais pas si c'est un fait de notoriété publique, mais je me pose la
5 question de savoir si Mme Dusica Nikolic serait d'accord à ce qu'on évoque
6 sa situation. Donc voilà le problème. Pouvez-vous me confirmer que ceci a
7 été de notoriété publique ? Ça a fait l'objet d'un jugement, d'enquête,
8 parce que peut-être que Mme Nikolic ne tient pas à ce que ceci soit porté
9 sur la place publique.
10 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, Dusica Nikolic vit à
11 Belgrade. S'agissant de ses tortures dans les prisons croates, elle en a
12 parlé beaucoup au sein du parlement serbe. Elle a accordé plusieurs
13 entretiens aux journaux. Elle viendra ici en tant que témoin de ma défense.
14 Elle viendra témoigner publiquement ici parce que je n'aurai aucun témoin
15 secret, donc elle viendra parler ouvertement, publiquement de tout ce
16 qu'elle a subi en prison en Croatie.
17 Vous voyez, même le témoin a entendu parler de ce cas, il n'en aurait
18 pas entendu parler si ça n'avait pas été quelque chose dont l'opinion a été
19 avertie. Il n'y a eu aucun procès à ce sujet, car les autorités croates
20 hésitent à engager des poursuites contre leurs propres criminels. C'est
21 uniquement si elles subissent des pressions venues de l'extérieur qu'elles
22 s'y résignent. Sinon leurs criminels passent impunis.
23 M. LE JUGE ANTONETTI : Très bien. Alors on va repasser en audience publique
24 et tout ce passage peut être public.
25 M. SESELJ : [interprétation]
26 Q. Revenons maintenant à un certain nombre de détails --
27 M. LE JUGE ANTONETTI : Il faut que le greffier dise qu'on est en audience
28 publique.
Page 3555
1 M. LE GREFFIER : [interprétation] Nous sommes en audience publique,
2 Monsieur le Président.
3 [Audience publique]
4 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Alors en audience publique, j'indique qu'en
5 audience à huis clos on a abordé la situation de Mme Dusica Nikolic. Donc
6 M. Seselj nous a annoncé que cette dame sera dans le futur un témoin de la
7 Défense. De ce fait, tout le passage qui avait été à huis clos devient
8 public.
9 M. SESELJ : [interprétation]
10 Q. Fin 1991, on a adopté le plan Vance visant à déployer les forces des
11 Nations Unies en Krajina serbe, Slavonie occidentale, Slavonie orientale,
12 la Baranja et le Srem occidental, et c'est un plan portant sur le repli de
13 la JNA de ces mêmes régions ?
14 R. Oui.
15 Q. A un moment quelconque, où que ce soit, les Serbes, après le
16 déploiement de la FORPRONU, ont-ils engagé le combat, ont-ils ouvert le feu
17 de leur propre chef contre les Croates ?
18 R. Il n'y a pas eu d'actions armées. Du moins pour autant que je le sache,
19 en Slavonie occidentale il y a eu quelques groupes qui ont fait des
20 incursions en profondeur derrière la ligne de séparation établie, à
21 l'époque il y a eu quelques embuscades tendues aux policiers, il y a eu
22 même des civils tués.
23 Q. C'était des groupes croates qui ont fait incursion sur le territoire
24 serbe ou l'inverse en passant par cette ligne de séparation ?
25 R. Ce que je viens de citer, c'était des groupes serbes qui s'infiltraient
26 en traversant la ligne de séparation. Ils se rendaient dans leurs villages,
27 et je suppose qu'ils tombaient sur une patrouille policière qu'ils ont
28 éliminée, et puis il y a eu des cas où on a aliéné des véhicules et des
Page 3556
1 civils croates en Slavonie occidentale.
2 Q. Mais on ne peut pas dire que c'étaient des combats armés, c'étaient des
3 incidents, n'est-ce pas ? C'étaient des individus qui agissaient de leur
4 propre chef, de manière isolée ?
5 R. Oui, c'étaient des incidents.
6 Q. Et les armes de l'armée serbe de la Krajina étaient placées doublement
7 sous clé ?
8 R. Oui.
9 Q. La FORPRONU les contrôlait d'une part et, d'autre part, c'était
10 contrôlé en Slavonie occidentale par les autorités ?
11 R. Oui, mais c'était des armes lourdes.
12 Q. Et les QG de la Défense territoriale continuaient d'opérer, même si les
13 employés se rendaient au travail en civil; c'est bien ça ?
14 R. C'était en 1992 et en 1993. Après, les QG avaient repris les uniformes
15 et c'est comme ça qu'ils sont restés jusqu'à fin 1995.
16 Q. Mais c'était uniquement à partir du moment où les Croates se sont mis à
17 attaquer certains territoires passés sous la protection de la FORPRONU,
18 c'est là qu'ils ont repris l'uniforme et l'arme.
19 R. C'était après Maslenica, je pense que ça s'est produit en janvier 1993.
20 Il y a eu un changement d'autorité en Slavonie occidentale parmi nos
21 dirigeants. Les rapports de force ont changé, les QG ont repris les armes.
22 Q. Est-ce que vous savez qu'en septembre 1993 une attaque a été menée par
23 des forces croates sur la poche de Medak, dans la Krajina serbe ?
24 R. Oui.
25 Q. Dans le cas de cette attaque, est-ce qu'on a tué tous les civils qu'on
26 a trouvés sur place ? Est-ce qu'on a incendié les villages - Citluk,
27 Divoselo et Pocitelj - placés sous le contrôle de la FORPRONU. Ces trois
28 villages ont été rasés ?
Page 3557
1 R. Oui.
2 Q. Est-ce que vous savez qu'un général de la FORPRONU, Jean Cot, a déclaré
3 à cette occasion qu'il s'était rendu sur place et qu'il n'a trouvé aucune
4 trace de vie, qu'il s'agisse d'hommes ou d'animaux, que le degré de
5 destruction menée par les forces croates étaient systématique, intentionnel
6 et entier ?
7 R. Oui, je m'en souviens.
8 Q. Vous avez mentionné la Slavonie occidentale, vous avez parlé de la
9 destruction des villages serbes. En tout, quel est le nombre de villages
10 serbes qui ont été incendiés, détruits, anéantis par des Croates après le
11 mois de décembre 1991 lorsqu'ils se sont emparés de la majeure partie de la
12 Slavonie occidentale ?
13 R. Cent soixante-cinq villages ont été entièrement détruits en Slavonie
14 occidentale.
15 Q. Il y en a eu une vingtaine qui ont été partiellement détruits en plus;
16 c'est bien ça ?
17 R. Oui.
18 Q. En 1995, le 1er mai, les Croates ont lancé l'opération connue sous le
19 nom d'Eclair, c'est bien ça ?
20 R. Oui.
21 Q. L'objectif de cette opération était de s'emparer de toute la Slavonie
22 occidentale et de chasser la population serbe qui y résidait; c'est bien ça
23 ?
24 R. Oui.
25 Q. Ces parties-là de la Slavonie occidentale étaient placées
26 officiellement sous la protection de la FORPRONU, n'est-ce pas ?
27 R. Oui.
28 Q. Est-ce que cela veut dire --
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1 M. LE JUGE ANTONETTI : A deux reprises M. Seselj vous demande de confirmer
2 que ces territoires étaient sous la protection de la force de l'ONU,
3 l'"UNPROFOR", d'après vous ça veut dire quoi, c'est quoi cette protection ?
4 Elle aurait consisté en quoi au juste ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Dans cette région, il y avait le déploiement
6 des forces des Nations Unies, Monsieur le Président, à la fois c'était des
7 militaires et la police. C'est eux qui exerçaient le contrôle dans cette
8 région pour qu'il n'y ait pas de guerre entre les Serbes et les Croates, la
9 guerre qui avait éclaté en 1991. Entre-temps, il y a eu plusieurs
10 résolutions qui ont modifié les compétences des Nations Unies, donc à la
11 fin, en 1995, ils ont décidé que c'était une zone de protection en Croatie,
12 et c'est ce qui a encouragé les Croates à penser que c'était leur
13 territoire et qu'ils étaient en droit d'attaquer. Sinon, normalement, ils
14 n'avaient pas le droit d'attaquer, parce que c'était sous la protection des
15 Nations Unies. Et les forces des Nations Unies devaient empêcher qu'il y
16 ait un conflit qui n'éclate et devaient mettre en garde, à l'époque, la
17 population du fait qu'une action ou une opération était en préparation du
18 côté croate pour que la population soit prête et qu'il n'y ait pas de
19 victimes comme ça s'est produit dans la poche de Medak, comme ça s'était
20 produit en Slavonie occidentale.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Selon votre opinion, la force de l'ONU,
22 l'"UNPROFOR", avait le mandat de s'opposer militairement à toute attaque ?
23 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est une question délicate. Je vais essayer
24 de vous tirer ça au clair.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : C'est parce quelle est délicate que je vous la pose.
26 LE TÉMOIN : [interprétation] J'accepte. Lorsque j'ai négocié avec les
27 Nations Unies, avec la FORPRONU, au cours de l'année 1992, et en Slavonie
28 occidentale lorsque nous avons procédé à la démilitarisation, les armes
Page 3559
1 lourdes ont été placées sous contrôle, des membres de la Défense
2 territoriale étaient en civil désormais et seule la police - avec des
3 canons courts, à savoir des pistolets - était en armes, à partir de ce
4 moment-là le commandant du secteur ouest nous a donné la garantie qu'en cas
5 d'attaque menée par l'armée croate ils allaient riposter en défendant ce
6 territoire contre l'armée croate.
7 M. LE JUGE ANTONETTI : C'était qui le commandant qui vous a donné cette
8 garantie ?
9 LE TÉMOIN : [interprétation] C'était le général Zabala, il était le
10 commandant du Bataillon argentin, je ne me souviens pas de son prénom. En
11 1992, c'est par écrit qu'il nous a fourni ces garanties et, vers le 2
12 septembre 1992, on a vu arriver sur ce territoire Marrack Goulding, qui
13 était le vice-secrétaire général des Nations Unies pour nous féliciter de
14 la bonne mise en œuvre du plan Vance et pour apporter le soutien à notre
15 action.
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Donc vous dites que vous aviez eu un écrit de
17 ce général argentin qui s'était engagé à intervenir si jamais votre secteur
18 était attaqué ?
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, c'est ainsi que cela s'est passé,
20 Monsieur le Président, en 1992.
21 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Et la suite des événements n'a pas été
22 conforme -- oui.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Si je puis ajouter ? Puis au cours de l'année
24 1993, un ordre a été donné de la part de notre commandant serbe, un général
25 de la Banija, Novakovic était son nom, que nous en Slavonie occidentale
26 attaquions avec des chars - nous avions cinq chars en tout - qu'il fallait
27 qu'on attaque Novska et Gradiska, ce sont des villes placées sous contrôle
28 croate, des villes voisines, parce que c'est de là qu'une offensive nous
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1 menaçait. Il y a eu une réunion organisée d'urgence entre les représentants
2 militaires, les autorités civiles, la FORPRONU, et nous pour notre part
3 avons interdit, nous les civils, que l'on mette les chars en action parce
4 que le général Zabala nous avait garanti qu'il allait nous protéger en cas
5 de conflit. Et de nouveau les armes lourdes avaient été placées sous le
6 contrôle, et je dis dans ces moments délicats, et à l'époque nous avions sa
7 garantie fournie par lui, et c'est ainsi que nous avons agi dans l'esprit
8 du respect du plan de Vance.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien. Et après, quand les Croates ont attaqué,
10 personne n'a respecté les engagements, si je comprends bien.
11 LE TÉMOIN : [interprétation] En 1995 -- entre-temps j'ai été emprisonné. Je
12 n'ai plus fait partie des autorités. J'étais un simple citoyen. En 1995,
13 lorsqu'il y a eu une fois de plus une nouvelle offensive de l'armée croate,
14 les unités de la FORPRONU se sont écartées, elles se sont retirées de leurs
15 postes, toutefois une patrouille de cette armée-là a été capturée par une
16 unité serbe. Elle ne les a pas capturés, elles les a gardés là pour que
17 nous puissions établir un contact avec les représentants des Nations Unies,
18 afin que des négociations soient entamées concernant un cessez-le-feu et
19 nous n'avons réussi qu'au bout de 24 heures à le mettre en place grâce à
20 cette petite patrouille. Parce qu'ils se sont tous enlevés de là lorsqu'il
21 y a eu ces offensives à l'artillerie, ils ont tout simplement disparu. On
22 ne savait pas ce qui se passait et c'était seulement cette patrouille-là
23 qui nous avait aidé à rétablir le contact qui par la suite a donné lieu à
24 des négociations jusqu'à la reddition finale.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien.
26 M. SESELJ : [interprétation]
27 Q. Est-ce que l'armée croate dans cette opération Eclair a tué des civils
28 serbes, ceux sur lesquels elle tombait ?
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1 R. Oui. Il y a eu des cas où des civils serbes se sont faits tuer.
2 Q. Y a-t-il eu beaucoup de civils serbes à être tués sur la route de
3 Bosanska Gradiska ?
4 R. Il en a été longuement question. J'ai eu l'occasion d'entendre les gens
5 qui ont essayé de se frayer un passage. Ils ont dit qu'il y avait eu
6 beaucoup de morts gisant, beaucoup de blessés aussi. Il y a eu une
7 instruction à ce sujet, mais on n'a jamais appris le chiffre final parce
8 que les traces ont été effacées. Il y a eu bon nombre de gens qui n'avaient
9 personne des leurs, donc il n'y avait personne pour poser des questions à
10 leur sujet. Donc nous n'avons jamais su quel a été le nombre de civils
11 morts pendant le repli.
12 Q. Est-ce qu'il est vrai de dire que cette colonne de civils a été
13 fortement battue par l'artillerie croate ?
14 R. Oui.
15 Q. Est-ce que l'aviation croate a pris part aux bombardements des civils
16 lorsque ceux-ci se retiraient ?
17 R. Oui, j'en ai entendu parler.
18 Q. Est-il vrai de dire que l'autoroute, la route par laquelle s'étaient
19 retirés les civils était tellement pleine de sang qu'ils ont dû utiliser
20 des tuyaux d'arrosage et de la lessive pour laver cela ?
21 R. C'est entre Okucani et Gradiska. Ce n'est pas une autoroute, c'est une
22 route nationale, ça va vers Bosanska Gradiska, cette route.
23 Q. Savez-vous nous dire qui était le lieutenant-colonel Harambasic ?
24 R. Oui.
25 Q. Ce lieutenant-colonel Harambasic était-il le commandant des forces
26 serbes à Pakrac ?
27 R. Oui.
28 Q. Est-ce que le lieutenant-colonel Harambasic avait négocié par le biais
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1 des Nations Unies avec les Croates afin que son unité rende les armes à la
2 FORPRONU afin que les Serbes sans armes puissent se retirer de ce
3 territoire et faire sortir 1 500 soldats et 4 000 civils ?
4 R. Il y a eu des négociations pour ce qui est d'une reddition, j'y ai pris
5 part en personne et le dépôt des armes s'est fait, il a été question de
6 faire partir les soldats qui voulaient s'en aller.
7 Q. Serait-il exact de dire que dès que les Serbes ont remis leurs armes,
8 l'artillerie croate s'est mise à leur tirer dessus et a demandé une
9 reddition inconditionnelle ?
10 R. Après toutes ces négociations qui ont duré, il devait y avoir une
11 négociation finale qui a été remise à plus tard ou reportée à trois
12 reprises, à proximité de nous autres négociateurs il y avait des
13 représentants des observateurs européens qui ont tout le temps été présents
14 aux négociations. Lors de ces ajournements de négociations, il y a eu
15 pilonnage. Pendant le pilonnage on nous a fait savoir qu'on demandait une
16 reddition inconditionnelle de civils parce qu'il n'y avait plus de soldats
17 portant armes. Ils avaient tous enlevé leurs uniformes et ils étaient tous
18 des civils et ils attendaient l'évolution de la situation. Par la suite, il
19 y a effectivement eu reddition.
20 Q. Qu'est-il advenu de ces soldats une fois qu'ils se sont rendus ?
21 R. Presque tous entre 18 et 60 ans, et il y avait des gens qui avaient 80
22 ans et qui ont été capturés pour être emmenés vers les prisons de Bjelovar,
23 Varazdin, Pozega, Osijek. Il y a eu des prisons privées pendant un certain
24 temps, c'est du moins ce qu'on m'a dit, un bon nombre d'entre eux,
25 notamment à Varazdin, ont été malmenés fortement sur le plan physique.
26 Certains ont péri, d'autres ont mis le temps à se remettre et un certain
27 nombre d'entre eux ont été relâchés suite à instruction, interrogatoire.
28 Lors de leur retour jusqu'à Pakrac par autocars, la police les a obligés à
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1 se donner des gifles l'un à l'autre et il est arrivé que les frères se
2 donnent des baffes sur ordre de la police. Il est venu des gens qui ont
3 quitté la Slavonie occidentale parce qu'ils avaient eu des craintes et ils
4 ont redouté les séquelles, et il y en a eu d'autres qui la nuit ont été
5 malmenés. Le cas notoirement connu est celui du village de Brusnik où des
6 policiers venaient la nuit chez eux et les obligeaient à lécher du sel, ils
7 ont donc ramassé et plié bagages et sont partis avec leurs familles vers la
8 Serbie.
9 Q. Est-il exact de dire que dans cette offensive Eclair quelque 20 000
10 Serbes ont été chassés du territoire de la Slavonie occidentale ?
11 R. C'est le chiffre dont il a été question à l'époque. Il y a eu quelque
12 15 000 personnes sur le territoire d'Okucani, et 5 et 6 000 sur le
13 territoire de Pakrac.
14 Q. Serait-il exact de dire qu'à l'époque seulement 1 000 Serbes sont
15 restés sur le territoire de la Slavonie occidentale ?
16 R. Tout de suite après ces événements et après l'exode, après le départ
17 des gens, nous avons procédé à un recensement pour le cas où il y aurait
18 des événements, nous devions forcément savoir qui est-ce qui manquait, et
19 nous en sommes arrivés à un chiffre de 1 700 personnes, 1 700 Serbes à être
20 restés.
21 L'ACCUSÉ : [interprétation] Ça n'a pas l'air de marcher. Le micro ne se met
22 pas en marche. Il ne réagit pas. Ah, le voilà. J'ai essayé d'être assez
23 attentionné mais je ne sais pas.
24 M. SESELJ : [interprétation]
25 Q. Est-il exact de dire que les maisons serbes ont également été pillées
26 et incendiées à ce moment-là ?
27 R. C'est arrivé sur le territoire d'Okucani et sur le territoire de Pakrac
28 où nous nous trouvions nous autres il y a eu des pillages, mais il n'y a
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1 pas eu de mise à feu.
2 L'ACCUSÉ : [interprétation] Le voilà, c'est bon.
3 M. SESELJ : [interprétation]
4 Q. Est-il exact de dire que les civils serbes restant ont été massivement
5 malmenés et que certains ont même été tués ?
6 R. Il n'y a pas eu d'exécution massive. Il y a eu des exécutions de
7 personnes et personne n'a encore été tenu responsable de la chose, il y a
8 eu de mauvais traitements par contre et j'ai été personnellement présent à
9 l'occasion de ces mauvais traitements dans un village, les villageois m'ont
10 demandé de les emmener de là-bas, qu'ils avaient beaucoup de problèmes,
11 qu'ils étaient malmenés, et à l'instant même dès que je suis revenu --
12 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Simplement une remarque. Tous ces
13 événements se sont déroulés en 1995. Ce qui est tout à fait après l'acte
14 d'accusation.
15 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur Seselj, quelle est la pertinence de ce qui
16 s'est passé en 1995 par rapport à ce que vous voulez démontrer ?
17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Tous ces événements nous disent quelle a été
18 l'attitude des autorités croates à l'égard des civils serbes, et cette
19 attitude-là a duré dans la continuité sur cinq ans de façon identique,
20 égale. C'est pour cela que c'est important. Il importe de dire que les
21 Serbes de là-bas n'avaient pas d'autre issue si ce n'est de s'opposer
22 l'arme à la main à ces attaques croates. Leur sort final est la meilleure
23 des preuves possibles que c'était la seule façon de faire. Ils n'ont pas
24 réussi à gagner, à vaincre et à préserver leurs villages et leurs maisons.
25 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur, j'ai une question à vous poser. Puisque
26 même si en 1995, ce n'est pas dans l'acte d'accusation, vous, vous étiez
27 présent dans les environs de Pakrac, et vous avez donc été un témoin de
28 l'offensive "Flash" menée par l'armée croate. Il apparaît d'après les
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1 questions qui vous ont été posées et vos réponses que 20 000 Serbes
2 auraient quitté les lieux, auraient été expulsés. Et c'est ça qui
3 m'intéresse. C'est d'essayer de comprendre pourquoi tous ces gens sont
4 partis de telle sorte qu'il ne restait sur place, d'après les recensements
5 que vous avez effectués, que 1 700 Serbes.
6 Alors, vos voisins ou les personnes de cette région, quand elles sont
7 parties, elles sont parties parce qu'elles avaient peur de ce qui allait
8 arriver ou bien parce qu'il y avait des ordres qui avaient été donnés
9 qu'elles s'en aillent ? Etait-ce plutôt un départ lié à un sentiment de
10 panique fort compréhensible dans ce type de situation, ou bien à un plan
11 concerté qui faisait que ces gens devaient partir ? Qu'est-ce que vous
12 pouvez nous donner comme éclairage, puisque vous étiez présent, donc vous
13 avez vécu tout cela, et vous-même, pourquoi vous n'êtes pas parti aussi ?
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur le Juge, le territoire de Slavonie
15 occidentale était spécifique parce qu'il s'y est développé une façon de
16 vivre normale. Il y a eu des contacts, des communications avec la partie
17 adverse, pour ce qui est des Croates. Il y a même eu des projets à
18 plusieurs endroits où les parents, la famille et les amis s'étaient réunis.
19 On a ouvert l'autoroute, les Serbes allaient massivement vers les stations
20 à essence croates pour acheter du carburant. Puis, il y a eu délibérément
21 des incidents créés par la Croatie parce qu'à cette station d'essence, il y
22 a eu un Serbe tué au couteau. Je vais vous donner cela en exemple, un
23 cadavre gît au niveau d'une station tué par un Croate au vu et au su de
24 tout le monde. Les gens continuent à verser du carburant dans le réservoir
25 sans prêter attention, ne pensant pas que ce serait un danger généralisé
26 mais un incident. Il y a eu fermeture de l'autoroute par la police croate
27 pour empêcher ce type de contact afin qu'il n'y ait pas, d'après leur
28 explication, de nouveau meurtre.
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1 Alors, lorsqu'il y a eu cette offensive généralisée avec une forte
2 intervention de l'artillerie et des chars, il y a certainement eu panique
3 et peur de ces gens pour qu'il n'y ait pas eu le sort de la poche de Medak,
4 comme le pont de Maslenica. Et par peur, ils ont fui, ils ont quitté ce
5 territoire. Nous qui sommes restés là-haut, dans le secteur de Pakrac,
6 d'abord pendant quatre jours, nous avons été encerclés dans une enclave, et
7 comme je l'ai déjà dit auparavant, grâce à cette patrouille qui a été
8 gardée là nous avons eu un contact avec les Nations Unies, nous avons pu
9 négocier pendant quatre jours. En notre qualité de groupe, groupe de 4, 500
10 à 5 000 personnes qui ont réussi à se maintenir là, nous sommes restés
11 jusqu'au 4 mai. Après avoir été tabassés en prison, après tous les mauvais
12 traitements, les gens sont partis en bon nombre. Un certain nombre de
13 conscrits avaient redouté la possibilité d'être mobilisés pour aller
14 combattre d'autres parties de la République de Krajina. Ils ne se sentaient
15 pas en sécurité.
16 Nous essayions de les convaincre d'essayer de rester, de prendre des
17 pièces d'identité de la part des nouvelles autorités de la République de
18 Croatie et de continuer à nous battre pour nos droits, nous n'avons pas
19 trouvé sol fertile pour nos dires. Les gens ont été tabassés, ils ne
20 croyaient plus à personne. Je sais que je me suis entretenu avec bon nombre
21 d'observateurs européens et ils m'ont dit, c'est votre obligation, c'est
22 votre droit de l'homme que de vous battre pour vivre ici, pour combattre en
23 faveur de vos droits. Tout départ d'ici signifierait que vous avez renoncé
24 à ce qui vous appartient. Donc certains de mes collègues et moi-même avons
25 décidé de rester. Je vais vous dire, ça a été très, très dur parce que ceux
26 qui sont restés jusqu'à nos jours - et ça fait déjà 12, 13 ans - n'arrivent
27 pas à trouver du travail dans les services publics et il n'y a que chez les
28 privés qu'ils peuvent travailler, mais en tant que main-d'œuvre physique.
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1 Nous n'avons aucun droit de citoyenneté pour ce qui est du travail et pour
2 ce qui est du droit à la consommation, oui, on l'a, mais là aussi, il y a
3 eu des difficultés après cette opération Eclair. A Noël, en 1996, nous
4 avons eu des extrémistes qui ont fait irruption, qui nous ont pris par la
5 poitrine et qui nous ont menacés. C'était des temps durs, et je vous dis
6 que de nos jours encore c'est dur; vous n'avez pas le droit au travail, et
7 lorsque vous n'avez pas le droit de travailler, vous n'avez pas le droit à
8 l'existence.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Cette réponse est complète.
10 M. SESELJ : [interprétation]
11 Q. Lorsque vous parlez du droit au travail, serait-il exact de dire que
12 les autorités croates ont dépossédé de leur droit au logement tous les
13 Serbes qui ont été chassés du territoire de la Croatie, ou qui sont partis
14 par peur, d'eux-mêmes ?
15 R. Oui, ça c'est un fait notoirement connu. Le droit de locataire a été
16 retiré aux Serbes qui ont -- ça a été retiré parce que les gens n'étaient
17 pas dans leur appartement pendant plus de six mois. Bon nombre d'entre eux
18 ont été menacés, d'autres ont été expulsés, c'est-à-dire qu'ils sont partis
19 au travail et ils ont retrouvé dans leur appartement quelqu'un d'autre qui
20 a changé les serrures et qui ne laissait plus entrer personne d'autre.
21 Q. Etant donné que les Juges de la Chambre ignorent probablement ce que
22 c'est qu'un droit de locataire, peut-être pourrions-nous expliquer un droit
23 au bail. C'est une forme de droit de propriété qui a été spécifiquement
24 développé dans cette Yougoslavie communiste de l'époque, n'est-ce pas ?
25 R. Oui.
26 Q. Dans cette Yougoslavie communiste, les gens n'avaient pas la
27 possibilité de construire leur propre maison ou d'acheter leur appartement.
28 Rares étaient ceux qui pouvaient le faire.
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1 R. Ils étaient rares et point n'était nécessaire de le faire, parce qu'on
2 recevait des appartements pour y habiter en propriété publique ou en
3 propriété d'Etat.
4 Q. Pour abonder dans ce sens, les gens qui avaient un emploi se voyaient
5 prélever une partie de salaire vers des fonds de logement ?
6 R. C'est exact.
7 Q. C'est à partir de ces fonds destinés aux logements qu'on achetait dans
8 ces compagnies, sociétés en propriété publique ou sociale, que l'on
9 achetait les logements et qu'on les distribuait au personnel, n'est-ce pas
10 ?
11 R. Oui, c'est exact.
12 Q. Une fois que quelqu'un se voit attribuer un droit de bail, plus
13 personne ne peut le déposséder, mais il n'a pas le droit de le vendre ce
14 logement, donc cela pouvait être hérité par les membres de la famille, par
15 les ayants droit, les descendants. Donc, c'était une espèce de droit à la
16 propriété limité. Il ne pouvait pas le vendre, mais personne ne pouvait le
17 déposséder de ce titre, de ce droit, n'est-ce pas ?
18 R. C'est vrai.
19 Q. Cependant, les autorités croates nouvelles de Tudjman ont privé les
20 Serbes sans scrupule de tout cela parce qu'ils ont séjourné pendant plus de
21 six mois hors de leurs logements, cela était contraire à la constitution
22 ainsi qu'à la législation, n'est-ce pas ?
23 R. C'est exact.
24 Q. Cela n'a été fait qu'à l'égard des Serbes. Lorsque les Croates étaient
25 absents pour plusieurs années, personne ne remettait en question ce droit
26 au bail, n'est-ce pas ?
27 R. C'est exact.
28 Q. Je n'ai plus qu'une question concernant l'année 1995. Ensuite, nous
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1 allons revenir à des éléments qui sont bien plus pertinents pour ce qui est
2 de l'acte d'accusation. En août 1995, il y a eu une nouvelle grande
3 opération croate contre la Krajina serbe qui s'appelait Tempête, n'est-ce
4 pas ?
5 R. C'est exact.
6 Q. Savez-vous nous dire si dans l'organisation de cette opération, il y a
7 eu utilisation d'une organisation soi-disant privée, mais proche du
8 Pentagone qui s'appelle IMPR ?
9 R. Je ne sais pas quelle est son appellation particulière, mais je sais
10 qu'il y a eu une organisation privée d'engagée qui est venue aider aux
11 préparatifs.
12 Q. Savez-vous nous dire si la force américaine a frappé tous les systèmes
13 radars serbes avant le début de l'opération croate ?
14 R. Ça oui, je l'ai appris.
15 Q. Saviez-vous que les Américains avaient de la sorte rendu inaptes à
16 fonctionner les postes de commandement serbes ?
17 R. C'est ce que j'ai appris.
18 Q. Est-ce que cela signifie qu'il ne s'agit pas seulement d'une offensive
19 ou d'une agression non seulement croate, mais aussi américaine sur la
20 Krajina serbe qui était placée sous protection des Nations Unies ?
21 R. D'après ce que j'ai pu entendre, l'aviation de l'OTAN a aidé la
22 Croatie.
23 Q. Serait-il exact de dire qu'à l'occasion de cette opération Tempête,
24 quelque 200 000 Serbes ont été expulsés de la région occidentale de la
25 Krajina serbe ?
26 R. Ça oui, c'est exact.
27 Q. Saviez-vous qu'à l'occasion, 22 000 maisons serbes ont été détruites ?
28 R. Oui, c'est le chiffre qui est sérieusement avancé.
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1 Q. Avez-vous entendu parler d'une organisation qui s'appelle Veritas ?
2 R. Oui, j'en ai entendu parler.
3 Q. Savez-vous qui se trouve à la tête de cette organisation qui s'appelle
4 Veritas ?
5 R. Je sais, je connais l'homme, mais je ne me souviens plus de son nom.
6 Q. Savez-vous que cette organisation Veritas a déterminé qu'au moins 1 791
7 Serbes ont été tués ou sont considérés disparus pour ce qui est de
8 l'opération Tempête à elle seule ?
9 R. Oui, je l'ai appris.
10 Q. Saviez-vous que sur ce chiffre il a été tué 996 civils serbes ?
11 R. J'ai entendu parler de ces chiffres avant, c'est par Veritas.
12 Q. Saviez-vous que sur les 996 civils serbes, on a tué 449 femmes ?
13 R. Je connais le chiffre, je l'ai appris de Veritas.
14 Q. Saviez-vous que 11 enfants serbes ont été également tués à ce moment-là
15 ?
16 R. C'est un chiffre également qui est connu du fait d'être avancé par
17 Veritas.
18 Q. Bon. Revenons maintenant à l'année 1991, vous souvenez-vous du fait que
19 les autorités de la Slavonie occidentale, en avril 1992, ont déterminé
20 qu'en 1991, il a été au total détruit 4 118 maisons serbes en Slavonie
21 occidentale ?
22 R. Oui, je m'en souviens.
23 Q. Saviez-vous que ce même document comporte des données disant qu'à
24 l'époque, en 1991, il a été détruit 27 églises orthodoxes serbes sur le
25 territoire de la Slavonie occidentale ?
26 R. Je l'ai appris aussi.
27 Q. Avez-vous eu connaissance du rapport de Boutros-Ghali, daté du mois de
28 mai 1993, selon lequel la Croatie - hors la République de la Krajina serbe,
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1 donc ce qui est incontestablement la Croatie, a expulsé 251 000 Serbes des
2 villes ?
3 R. J'ai entendu parler de ce rapport. Je n'arrive plus à me souvenir du
4 chiffre, mais si c'est dans le rapport de Boutros-Ghali, on peut consulter
5 le rapport pour vérifier le chiffre.
6 Q. Saviez-vous que le professeur de l'université Zagreb, Svetozar Livade,
7 patiemment et de façon systématique vaque aux persécutions des Serbes sous
8 le régime à Tudjman ?
9 R. Oui, je le sais.
10 Q. Saviez-vous que dans plusieurs publications et livres il a fait
11 connaître des renseignements concrets concernant les modalités suivant
12 lesquelles les autorités croates, sous Tudjman et après, ont persécuté les
13 Serbes et quelles sont les mesures de discrimination mises en œuvre à
14 l'encontre des Serbes ?
15 R. J'ai entendu parler de ses ouvrages, oui.
16 Q. Saviez-vous, puisqu'à l'occasion de l'interrogatoire principal il a été
17 question du plan Vance et il a été même versé au dossier, saviez-vous donc
18 que ce plan Vance prévoyait uniquement des négociations en tant que moyen
19 de résoudre les problèmes entre la Krajina serbe et la République de
20 Croatie sans préjuger des résultats ?
21 R. J'en ai eu connaissance.
22 Q. N'est-il pas vrai que ce plan Vance a été une grande supercherie pour
23 ce qui est des Serbes ? Nous avons fait confiance, vous et moi, aux Nations
24 Unies, et au final il s'est avéré que nous avons été trompés, n'est-ce pas
25 ?
26 R. Le résultat s'est avéré mauvais. Ce que je puis dire en ce moment-ci
27 c'est que la direction à Knin n'a pas beaucoup eu recours aux possibilités
28 de négociations. Peut-être ont-ils laissé s'échapper des opportunités. Ce
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1 qui ne veut pas dire que les choses n'auraient pas tourné de la même façon,
2 mais peut-être auraient-ils dû chercher d'autres solutions par des
3 négociations.
4 Q. Est-ce que vous voulez dire --
5 M. LE JUGE ANTONETTI : J'ai une question. Vous avez évoqué le rapport de
6 Boutros-Ghali de mai 1993 et la publication du Dr Svetozar Livade,
7 professeur à Zagreb. Ces deux documents semblent indiquer qu'il y aurait eu
8 au moins 251 000 expulsés. Pourquoi vous n'introduisez pas ces documents ?
9 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, l'Accusation dispose de
10 ces documents. Dès 2006, en application du 68(i) du Règlement de procédure
11 et de preuve, le Procureur m'a communiqué tout un tas de textes du
12 professeur Svetozar Livade. Ils ont tout cela. Ici, je suis en train de
13 contre-interroger le témoin. Il ne m'appartient pas à moi de prouver que je
14 suis innocent. Je suis en train de démontrer que c'est un faux acte
15 d'accusation et je veux démontrer qu'ils n'ont pas de preuve contre moi.
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Mais le problème, vous avancez une thèse, mais si
17 nous les Juges, après nous n'avons pas les documents qui étayent votre
18 thèse, parce qu'on ne se contentera pas de la question et de la réponse, à
19 ce moment-là votre thèse ne sera pas corroborée par un élément ou des
20 éléments documentaires. Alors, vous dites oui, mais ces documents c'est le
21 Procureur qui les a. Oui, mais si le Procureur ne les introduit pas, voilà
22 le problème.
23 Donc, je vous l'ai déjà dit il y a plusieurs jours, je vous le redis
24 à nouveau. Il peut être important de savoir que, suite à toutes ces
25 opérations, "Flash", Tempête et autres, il y a eu des mouvements
26 migratoires très importants en Slavonie orientale et en Slavonie
27 occidentale, mais si ce n'est pas corroboré par des documents, il ne
28 restera que la question et la réponse au transcript. Voilà.
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1 Alors que techniquement pour vous c'est très simple. Vous auriez pu
2 dire : "Voilà, Monsieur le Témoin, je vous présente le rapport Boutros-
3 Ghali où il est indiqué cela", et le témoin dit : "Oui, c'est écrit", et
4 vous demandez l'admission. "Je vous présente le livre du Dr Livade." Le
5 témoin dira : "Oui, dans le livre il y a marqué cela", et vous demandez
6 l'admission. Bien. Voilà ce que je voulais vous indiquer. Continuez.
7 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur le Président, si j'avais un assistant
8 à portée de main, je pourrais vous le montrer, tout cela. Mais étant donné
9 que je fonctionne tout seul et que je me prépare pour ma défense suivant
10 les modalités que j'estime être les meilleures pour mes intérêts à moi, si
11 j'avais mes commis à l'affaire, mes assistants, tout serait différent. Tout
12 de suite, on me passerait les documents illico. Alors moi, je ne peux pas
13 trimbaler des boîtes entières tous les jours. Déjà mon cartable est très
14 lourd. Alors, permettez-moi à l'occasion de dire qu'à l'occasion de cet
15 interrogatoire principal de ce témoin, il n'y a eu aucun acte à me
16 reprocher. Ce témoin n'a aucun chef d'accusation à démontrer vis-à-vis de
17 moi-même. Alors je parle de circonstances générales. Si j'avais à contester
18 les dires qu'il aurait faits, il n'y a rien à ma charge, et nous sommes
19 hostiles l'un à l'autre depuis 15 ou 16 ans. Nous étions opposés l'un à
20 l'autre. On ne pouvait pas se voir, dirais-je même. Alors pourquoi voulez-
21 vous que je trimbale tous ces papiers ?
22 J'apporte ce qui est important. Le témoin vous a confirmé que cela
23 existait, cela me suffit. Permettez-moi de conduire ma propre défense. Que
24 voulez-vous que je fasse du plan de Boutros-Ghali pour démontrer que c'est
25 un faux acte d'accusation contre moi ? Je n'en ai pas besoin. Quand on
26 viendra à du concret, j'apporterai des documents, mais comme il n'y a rien
27 de concret contre moi pendant son témoignage, je ne peux pas perdre mon
28 temps sur des choses accessoires. Je me suis dit qu'il fallait exploiter
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1 ces quatre heures de la meilleure des façons possibles. Permettez-moi de
2 continuer, si vous n'y voyez pas d'objection.
3 M. SESELJ : [interprétation]
4 Q. Monsieur VS-004, savez-vous que Franjo Tudjman, en 1992, lors du
5 jubilée de la proclamation de l'indépendance, premier anniversaire, a
6 déclaré sur la place Jelacic de Zagreb qu'il n'y aurait pas eu de guerre si
7 la Croatie ne l'avait pas voulue. Vous rappelez-vous cette déclaration de
8 sa part ?
9 R. Je me souviens de cette déclaration de sa part. Je ne sais pas s'il a
10 fait ce discours sur la place que vous avez évoquée, mais je sais que cette
11 déclaration a été faite.
12 Q. La déclaration Tudjman est plus importante que la place où il l'aurait
13 proférée, mais selon les renseignements dont je dispose, c'était sur la
14 place Jelacic. Ils l'appellent place, n'est-ce pas ?
15 R. Oui, c'est comme ça qu'ils l'appellent.
16 Q. Ce jour-là, Tudjman a-t-il dit que les dirigeants croates avaient
17 estimé que seule la guerre pouvait les faire accéder à l'indépendance ?
18 Est-ce que vous avez le souvenir de cela ?
19 R. Oui, j'en ai le souvenir.
20 Q. Avez-vous déjà entendu parler de Tomislav Mercep ?
21 R. Oui, j'ai entendu parler de lui.
22 Q. Savez-vous que Tomislav Mercep a tué des civils serbes et les a
23 malmenés, torturés à Vukovar avant que la JNA ne rentre dans le conflit
24 avec les formations paramilitaires serbes ?
25 R. J'ai entendu que ces exactions lui étaient imputées.
26 Q. Ces crimes et ces exactions de sa part ont-ils atteint un tel niveau
27 que même les autorités croates ont finalement dû le retirer de Vukovar ?
28 R. Oui.
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1 Q. Tomislav Mercep est-il alors parti pour le territoire de la Slavonie
2 occidentale ?
3 R. Oui.
4 Q. Tomislav Mercep, accompagné de son groupe de paramilitaires armés, a-t-
5 il alors commis des crimes très graves dans la région de Pakrac ?
6 R. Les crimes commis dans cette zone de Pakrac, à Pakracka Poljana, lui
7 sont imputés.
8 Q. Est-ce qu'une enquête a été menée au sujet des actes de Tomislav Mercep
9 par la suite ?
10 R. Oui.
11 Q. Savez-vous comment s'appelait le témoin principal, celui qui était le
12 plus au courant et qui a expliqué toutes les manières utilisées pour tuer
13 les Serbes ?
14 R. J'en ai entendu parler, j'ai lu des articles à ce sujet, mais je ne me
15 rappelle pas de son nom aujourd'hui.
16 Q. Est-ce qu'il avait pour nom de famille Bajramovic ou quelque chose
17 comme ça ?
18 R. Oui.
19 Q. Ce témoin contre Mercep a-t-il été assassiné par la suite ?
20 R. Je sais qu'il y en a un qui a été assassiné et que l'autre est mort de
21 mort naturelle, mais maintenant je ne sais pas si c'est Bajramovic qui a
22 été assassiné, mais je sais qu'il y a un témoin qui a été assassiné et
23 l'autre qui est mort de mort naturelle.
24 Q. Savez-vous que pendant toute la durée de la guerre, pendant toute la
25 durée de l'existence de la République serbe de Krajina, les Croates qui
26 vivaient sur ces territoires vivaient très tranquillement et sans le
27 moindre problème ? A Knin, par exemple.
28 R. Pour Knin, je sais qu'ils y vivaient normalement.
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1 Q. Il y a eu quelques incidents, ça je ne le conteste pas. Il y a même eu
2 parfois ce qu'on peut appeler des problèmes, mais ceux qui voulaient
3 résider sur le territoire de la République serbe de Krajina n'étaient pas
4 empêchés de le faire par le gouvernement, et le gouvernement ne menait pas
5 une politique d'expulsion à l'encontre des Croates habitant là, n'est-ce
6 pas ?
7 R. Plus tard, quand la République serbe de Krajina a été créée et quand
8 les autorités civiles ont commencé à fonctionner, je pense qu'ils ont pu y
9 vivre sans la moindre persécution, mais il y a eu des expulsions et des
10 assassinats avant.
11 Q. Mais ces persécutions n'étaient pas organisées par le gouvernement.
12 Elles illustraient des incidents au sein de la population, n'est-ce pas ?
13 R. Je ne sais pas si on peut parler d'incidents, parce que quand on a tué
14 plusieurs personnes, ça ressemble plus à une opération. Mais je ne conteste
15 pas qu'il n'y ait pas eu d'ordres pour que cela arrive. Cela dit, des
16 extrémistes ont agi seuls -- les extrémistes ont été portés à ma
17 connaissance comme les causes de ces incidents.
18 Q. Le 20 novembre 1991, nous avons déjà établi que j'étais à Banja Luka,
19 le 19 et le 20 novembre. Est-ce que vous savez que le 20 je suis retourné à
20 Banja Luka dans la soirée ?
21 R. Ce que je sais, c'est que deux heures plus tard vous êtes rentré, donc
22 vous étiez probablement allé à Banja Luka.
23 Q. J'étais censé trouver un hélicoptère à Banja Luka le 21 pour rentrer.
24 Est-ce que vous savez que pendant la nuit des responsables du Parti
25 démocratique serbe de Banja Luka m'ont emmené à Knin ?
26 R. J'en ai seulement entendu parler.
27 Q. Est-ce que vous savez pourquoi je suis allé à Knin dans une telle
28 urgence ?
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1 R. Non, non, je ne le sais pas.
2 Q. Est-ce que vous savez que là-bas j'ai eu un affrontement avec celui
3 qu'on appelle publiquement le capitaine Dragan, à savoir Dragan Vasiljkovic
4 ?
5 R. Oui, j'ai entendu parler d'un affrontement entre vous et le capitaine
6 Dragan.
7 Q. Est-ce que c'était un affrontement personnel ou est-ce que nous avions
8 des divergences au sujet du destin de la République serbe de Krajina ?
9 R. Pour autant que je le sache, en tout cas c'est ce qu'ont dit les
10 médias, il y a eu un affrontement entre vous en raison de la façon dont les
11 choses fonctionnaient dans la région.
12 Q. Est-ce que vous savez qu'il avait été expulsé de cette région de la
13 République serbe de Krajina précédemment ?
14 R. J'ai entendu quelque chose à cet effet, mais je ne sais pas précisément
15 ce qui s'est passé parce que j'étais loin et je n'avais aucune possibilité
16 de vérifier les détails des faits.
17 Q. Vous ne savez pas qu'en novembre il est revenu et a commencé à créer de
18 l'agitation parmi les soldats pour renverser le gouvernement de Milan Babic
19 ?
20 R. J'ai entendu parler de cela dans les médias, mais rien de précis.
21 Q. Le bureau du Procureur ici a montré une vidéo de mon affrontement avec
22 le capitaine Dragan à Benkovac et on vous a montré à vous une séquence
23 vidéo d'une conversation que j'ai eue plus tard avec les soldats sur
24 différentes questions, et une courte séquence seulement de cette vidéo a
25 été diffusée.
26 R. Oui, je m'en souviens.
27 Q. Vous rappelez-vous que lorsque j'ai essayé de les convaincre qu'ils
28 devaient respecter les officiers certains m'ont interrompu en me disant que
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1 c'étaient des communistes ? Savez-vous que j'ai dû les convaincre de porter
2 un casque parce qu'il était très dangereux de se battre dans une guerre
3 sans porter un casque, cela risquait davantage de les exposer à être
4 blessés, notamment dans ce secteur, car si un seul obus tombait non loin
5 d'eux et frappait un soldat à la tête, il pouvait en mourir ?
6 R. Je vous ai vu, oui, essayant de les convaincre de respecter les
7 officiers, bien sûr j'ai vu toute la séquence vidéo, donc je ne saurais
8 reprendre mot pour mot vos propos ici aujourd'hui, mais je l'ai vue.
9 Q. Est-ce que vous avez pu conclure que ce sur quoi j'insistais c'était le
10 respect de la discipline et de l'obéissance aux officiers, parce que
11 finalement c'est une question de discipline ?
12 R. Il est permis de le conclure.
13 Q. Est-ce que vous avez pu conclure à voir la façon dont je leur parlais
14 et à voir leur comportement qu'ils n'étaient pas volontaires du Parti
15 radical serbe parce que les volontaires du Parti radical serbe auraient
16 gardé le silence pendant que je parlais, ils m'auraient écouté, ils
17 m'auraient manifesté plus de respect. Donc, j'ai dû, moi, leur dire de se
18 taire pendant que je parlais. Vous vous rappelez de cela ?
19 R. Oui, j'ai reconnu l'homme qui était assis à côté de vous, et à en juger
20 par le ton de leurs voix et par leurs accents, c'étaient des gens de la
21 région.
22 Q. C'étaient des gens de la Krajina de Knin, de Benkovac et des environs.
23 Vous avez pu le constater. Donc si je parlais à des soldats qui n'étaient
24 pas volontaires du Parti radical serbe, il était tout à fait évident que je
25 leur parlais de discipline. Est-ce que vous avez pu le conclure à la vision
26 de ces images ?
27 R. J'ai conclu que vous leur demandiez de respecter et de faire confiance
28 aux officiers de la JNA.
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1 Q. Je leur disais de faire confiance à la JNA comme étant la seule armée
2 régulière d'un Etat existant internationalement qui s'était libéré de
3 l'étau communiste. Est-ce que c'est vrai ?
4 R. Oui, c'est ce que vous avez dit.
5 Q. Est-ce que vous savez que sur le territoire de la Croatie il y avait un
6 grand nombre de camps et de prisons dans lesquels étaient détenus des
7 civils serbes ?
8 R. Oui, j'en ai entendu parler. J'ai surtout entendu parler de la Slavonie
9 occidentale, mais il y a eu des camps dans d'autres villes, dans d'autres
10 régions.
11 Q. Quels sont les camps dont vous avez connaissance en Slavonie
12 occidentale où les Croates détenaient des civils serbes ?
13 R. J'ai entendu parler de Pakrac, de Daruvar, de Pozega, de Slatina, de
14 Gradiska, de Novska.
15 M. LE JUGE HARHOFF : Témoin, je vous demande d'observer une petite pause
16 entre la question qui a été posée par M. Seselj et votre réponse, parce
17 qu'autrement les interprètes auront du mal à vous suivre. Merci.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, je vais le faire. Je vous remercie de
19 votre avertissement.
20 M. SESELJ : [interprétation]
21 Q. Donc sur ce petit territoire de la Slavonie occidentale, il y avait un
22 nombre énorme, dirais-je, de camps dans lesquels les Croates détenaient des
23 civils serbes, n'est-ce pas ?
24 R. Oui, pratiquement dans toutes les localités un peu importantes.
25 Q. Avez-vous entendu parler des méthodes de torture auxquelles étaient
26 soumis ces civils serbes détenus ?
27 R. J'ai entendu parler d'exactions, de passages à tabac, de menaces.
28 Q. Avez-vous entendu dire qu'ils étaient souvent frappés à l'aide de
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1 câbles électriques ?
2 R. Oui, j'ai aussi entendu parler de cela.
3 Q. Avez-vous entendu parler de torture à l'électricité basse tension,
4 courant d'induction ?
5 R. Oui, j'ai entendu parler de ça aussi.
6 Q. Avez-vous entendu parler d'un nombre de cas importants où il était
7 ordonné aux civils serbes détenus de se couper mutuellement les oreilles et
8 ensuite de manger ces oreilles coupées ?
9 R. Oui, j'ai lu ça dans les journaux.
10 Q. Cela émanait de déclarations faites par les détenus serbes civils
11 survivants, n'est-ce pas ?
12 R. Oui, c'était un détenu serbe civil survivant qui avait été dans le camp
13 de Pakrac Poljana, du village de Kipa, si je ne me trompe pas.
14 Q. Quand on regarde la carte géographique de la Croatie, on peut voir
15 quelle est la structure démographique selon les villages, n'est-ce pas, et
16 on peut constater que là où les Serbes étaient les moins nombreux, la
17 situation était plus dure pour eux que là où ils étaient plus nombreux.
18 Est-ce que vous êtes d'accord avec cela ?
19 R. Oui.
20 Q. Là où les Serbes étaient les plus minoritaires, ils subissaient le plus
21 les mesures discriminatoires dû à l'Etat croate, n'est-ce pas ?
22 R. Oui.
23 Q. Vous avez déjà dit que tout le territoire de la Slavonie occidentale a
24 beaucoup souffert durant la Seconde Guerre mondiale. Est-ce que d'autres
25 territoires de la République serbe de Krajina ont souffert également à ce
26 moment-là ?
27 R. La Banija et Kordun sont les territoires qui ont le plus souffert,
28 suivis par la Slavonie occidentale et ensuite Lika et une partie de la
Page 3582
1 Dalmatie.
2 Q. Je suppose que vous savez que la Banija et Kordun étaient des places
3 fortes des partisans pendant la Seconde Guerre mondiale et que là-bas il y
4 avait très peu de Chetniks ?
5 R. Oui, la Banija et Kordun sont connus comme des lieux où il y avait
6 beaucoup de partisans.
7 Q. C'est dans la Lika et en Dalmatie qu'il y avait le plus de Chetniks ?
8 R. Oui, dans une partie de la Lika et une partie de la Dalmatie.
9 Q. Est-ce que vous savez que les villages autour de Vukovar et d'Osijek de
10 la Slavonie orientale ont également beaucoup souffert durant la Seconde
11 Guerre mondiale ?
12 R. Oui. J'ai aussi entendu parler de cela.
13 Q. Savez-vous que durant la Seconde Guerre mondiale des conversions
14 imposées aux orthodoxes serbes à la religion catholique l'ont été en
15 majorité en Slavonie ?
16 R. Oui.
17 Q. Est-ce que vous savez que Bobota [phon], par exemple, un village serbe
18 et d'autres villages ont vu toute leur population forcée de se convertir à
19 la religion catholique ?
20 R. J'ai entendu parler de cela.
21 Q. Savez-vous que ceci s'est majoritairement passé sur le territoire de
22 l'évêché de Djakovica ?
23 R. Oui, ça aussi je l'ai entendu dire.
24 Q. Vous rappelez-vous que le nouveau gouvernement de Tudjman a utilisé
25 l'amendement numéro 68 de la constitution croate pour supprimer
26 complètement l'alphabet cyrillique comme alphabet enseigné dans les écoles
27 de Croatie ?
28 R. Je ne sais plus quel était le numéro de l'amendement, mais je sais
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1 qu'une lettre officielle a permis de supprimer cela et elle venait du
2 gouvernement de Tudjman.
3 Q. En Slavonie occidentale, la résistance des Serbes au régime de Tudjman
4 et à ces actes délibérés dus uniquement à sa volonté personnelle, a-t-elle
5 été organisée, encouragée et instiguée de l'extérieur ?
6 R. C'est une question complexe. Je vais essayer d'avancer pas à pas. Les
7 Serbes de Slavonie occidentale ont vu arriver le gouvernement de Tudjman
8 avec méfiance vis-à-vis de sa rhétorique, de ses actes et des provocations
9 qui s'en sont suivies. Cela a nui à la confiance, a créé la crainte. Je me
10 souviens qu'à toutes les réunions auxquelles nous participions pour
11 discuter des changements de la constitution, il y a eu des problèmes,
12 notamment à Okucani, nous discutions avec un professeur de droit
13 constitutionnel, nous voulions parler de façon modérée en nous concentrant
14 sur les aspects techniques de la question, mais les gens se sont mis à
15 hurler : "Donnez-nous simplement des armes, donnez-nous des armes", parce
16 qu'ils avaient terriblement peur en voyant les unités de l'armée croate à
17 la télévision. On ne pouvait plus discuter avec eux. Ils exigeaient des
18 armes. C'était la seule chose qu'ils faisaient. Il y avait déjà une
19 véritable psychose. Ils estimaient que seules les armes pourraient les
20 protéger, pourraient les sauver parce qu'il ne restait plus rien pour eux.
21 Donc finalement, ils se sont organisés et ont mis en place un état-major,
22 mais est-ce qu'ils ont eu de l'aide de quelqu'un pour s'organiser de cette
23 façon, je n'en sais rien. Je sais que moi ce n'était pas mon rôle, je n'ai
24 subi aucune pression pour ma part, aucune influence de l'extérieur. Mais je
25 n'avais pas pour rôle d'organiser qui que ce soit sur le plan militaire,
26 tout ce que je sais c'est que j'ai eu des problèmes parce que j'ai essayé
27 de négocier et de discuter avec Tudjman, j'ai eu des problèmes de la part
28 d'un certain nombre de personnes qui étaient plus extrémistes et qui m'ont
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1 considéré comme traître. Je sais que pas mal de gens ont estimé qu'il n'y
2 avait plus d'utilité à négocier. C'était un combat perdu d'avance.
3 Q. Est-ce que vous savez qu'en 1995, lorsque la Slavonie occidentale a été
4 prise et qu'une partie de la Krajina serbe a été occupée, et que la
5 Slavonie orientale a participé à des négociations au sujet d'une solution
6 pacifique, ce qu'on appelait une solution pacifique vis-à-vis de l'autorité
7 croate, les Croates ont accusé à tort un certain nombre de Serbes de crimes
8 de guerre ?
9 R. Il y a eu des accusations de ce genre qui ont été proférées surtout en
10 1992 et 1993 en l'absence des personnes concernées, et je sais que nous
11 étions pas mal à être convoqués à la police pour des interrogatoires et que
12 certains ont été officiellement mis en accusation. Il y a eu des actes
13 d'accusation collectifs qui n'étaient pas étayés par beaucoup de documents,
14 pas beaucoup d'éléments de preuve, donc il y a eu des gens qui ont essayé
15 plus tard de rentrer en Croatie pour continuer à y habiter, et qui ont été
16 arrêtés, ont fait l'objet d'enquêtes et ont finalement été relâchés, ce qui
17 indique qu'aucune preuve n'existait de leur responsabilité.
18 Cela se produit toujours en Croatie. On ne sait rien de façon exacte. Je
19 dois dire que pour les gens qui sont en prison et qui purgent des peines de
20 plusieurs années tout en étant innocents, même en ayant été condamnés à 20
21 ans d'emprisonnement, je dois dire que leur procès n'a pas été équitable.
22 Leur défense n'a pas été capable de s'exprimer correctement. Les témoins
23 qui ont témoigné étaient des témoins politiques. Et les condamnations ont
24 été prononcées en fonction d'actes d'accusation de 1992 et 1993 sans
25 l'ombre d'un document pour les étayer.
26 Q. Est-ce que cela signifie que les autorités croates ont mis en
27 accusation des Serbes délibérément et à tort, qu'ils ont diligenté des
28 enquêtes et mis ces personnes en prison afin de décourager les Serbes de
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1 revenir revendiquer leur propriété en Croatie ?
2 R. Nous avons traité de ces problèmes et nous sommes arrivés à cette
3 conclusion, nous avons essayé de faire pression sur la Croatie
4 officiellement par le biais de la communauté internationale pour que ces
5 actes d'accusation collectifs cessent et que la population ne soit plus
6 intimidée de cette façon, pour que la justice prévale et que seules des
7 personnes responsables de délit soient condamnées, de façon à ce que les
8 personnes qui rentraient puissent continuer à vivre là-bas.
9 Q. Mais dites-moi, je vous en prie, ce qu'il en est des autres Serbes
10 résidant en Croatie. Ils sont très peu nombreux aujourd'hui. Comment
11 réagissent-ils quand ils voient, par exemple, Miro Bajramovic, on a parlé
12 de lui tout à l'heure comme étant un homme de Mercep, quand on l'entend
13 avouer en public qu'il a assassiné en leur coupant la gorge 72 Serbes, dont
14 neuf femmes, et qu'ensuite ils voient que les tribunaux croates acquittent
15 cet homme pour défaut de preuve ? Comment est-ce que les Serbes qui
16 habitent là-bas encore aujourd'hui réagissent à cela ?
17 R. Ce n'est pas une question d'indifférence de leur part. Ils savent que
18 pas mal de choses répréhensibles ont eu lieu, ils ressentent de l'amertume
19 vis-à-vis des autorités croates et ils se sentent impuissants, ils ont de
20 l'amertume parce qu'ils voient que les personnes mises en accusation sont
21 traitées de façon inéquitable ou en tout cas que tout le monde n'est pas
22 traité de la même façon. Lorsque des crimes sont commis contre les Croates,
23 les procès sont rapides; et lorsque les crimes sont commis contre les
24 Serbes, ils se terminent toujours sur une déclaration de défaut de preuve.
25 Q. Vous avez sans doute le souvenir d'une grande réunion publique de la
26 population serbe le 25 juillet 1995 dans un lieu qui s'appelait Srb ?
27 R. Oui, j'en ai le souvenir, j'y ai participé.
28 Q. Vous rappelez-vous que j'ai assisté à ce meeting ?
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1 R. Oui, je me rappelle que vous étiez à ce meeting. Il y a d'ailleurs des
2 gens qui se sont adressés à moi en pensant s'adresser à vous.
3 Q. Il y a des gens qui pensaient que vous me ressembliez ?
4 R. Oui, et ils nous ont confondus, même si à l'époque vous n'étiez pas
5 encore d'une grande actualité sur le plan politique pour la région.
6 Q. Ils l'ont pensé à cause des lunettes peut-être, parce que je suis
7 beaucoup plus grand que vous et je suis aussi plus gros.
8 R. Je ne sais pas si c'est uniquement à cause de ça, mais enfin ils nous
9 ont confondus.
10 Q. Ne vous fâchez pas à cause de cette petite plaisanterie.
11 R. Non, je ne me fâche pas.
12 Q. A ce meeting, je n'ai pas pris la parole, n'est-ce pas ? J'étais
13 simplement observateur ?
14 R. En effet, vous n'avez pas pris la parole ce jour-là.
15 Q. Vous rappelez-vous qu'à ce meeting une déclaration de la population
16 serbe vivant sur le territoire de la République serbe de Croatie a été
17 adoptée ?
18 R. Oui, je me rappelle cette déclaration.
19 Q. Je vais vous donner une interprétation rapide maintenant de cette
20 déclaration sur le fond, vous pourrez confirmer ou infirmer si mon
21 interprétation est exacte.
22 Est-ce que les dirigeants politiques serbes ont proposé à la population qui
23 était rassemblée là trois positions fondamentales pour adoption par
24 acclamation ? Si la Croatie continuait à faire partie intégrante de la
25 Yougoslavie fédérale, les Serbes n'exigeaient qu'une autonomie culturelle.
26 Si la Yougoslavie devenait une confédération, les Serbes insistaient
27 pour obtenir une autonomie territoriale.
28 Et si la Croatie se séparait de la Yougoslavie, les Serbes
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1 demandaient à se séparer de la Croatie pour demeurer en Yougoslavie.
2 Est-ce que j'ai bien interprété cette déclaration sur le fond ?
3 R. C'étaient les exigences concrètes exprimées par les personnes présentes
4 à ce meeting et par les dirigeants politiques de l'époque.
5 Q. Est-ce que c'était la ligne politique générale qui a ensuite été prise
6 en compte également par le Parti radical serbe ?
7 R. Oui.
8 Mme LE JUGE LATTANZI : Monsieur Seselj, s'il vous plaît, à propos de la
9 deuxième position, vous parlez de confédération ou fédération ?
10 L'ACCUSÉ : [interprétation] La deuxième position, c'était une fédération,
11 autrement dit le maintien de la situation existante. D'ailleurs, c'est la
12 première position. Si la Yougoslavie continuait à être une fédération, les
13 Serbes ne demandaient qu'une autonomie culturelle, autrement dit protection
14 de l'alphabet, de la langue et de tous les aspects caractéristiques
15 culturels, rien de plus. Mais si l'Etat devait devenir une confédération,
16 alors les Serbes demandaient une autonomie territoriale et politique au
17 sein de la Croatie. Et si la Croatie se séparait de la Yougoslavie, alors
18 les Serbes ne voulaient plus vivre dans cette nouvelle Croatie, ils
19 demandaient à se séparer de cette nouvelle Croatie pour continuer à vivre
20 en Yougoslavie. C'étaient les bases de la politique générale des Serbes à
21 cette époque-là.
22 M. SESELJ : [interprétation]
23 Q. A cette époque-là, le dirigeant du Parti démocratique serbe était le Dr
24 Jovan Raskovic, un intellectuel de renom, n'est-ce pas ?
25 R. Oui.
26 Q. Jovan Raskovic était un homme particulièrement libéral et démocrate,
27 n'est-ce pas ?
28 R. Oui.
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1 Q. Est-ce que le Pr Jovan Raskovic qualifiait souvent le régime de Tudjman
2 d'Oustachi ou prooustachi ?
3 R. Je crois qu'il l'appelait régime prooustachi.
4 Q. Vous avez dit qu'à la fin de 1990, il y a eu division au sein du SDS
5 serbe et que Milan Babic a séparé le SDS de la Krajina du SDS qui
6 continuait à être dirigé par Jovan Raskovic, n'est-ce pas ?
7 R. C'est cela.
8 Q. Mais est-ce que la cause principale de cette division, c'était que le
9 régime de Tudjman a compromis Jovan Raskovic dans l'opinion ?
10 R. Je crois que Milan Babic s'est uniquement servi de cela. Mais dans la
11 période antérieure entre Raskovic et Milan Babic il y avait déjà eu des
12 frictions. Je me rappelle d'un certain nombre de réunions où cela s'est vu.
13 Q. Est-il exact que Tudjman a convoqué Raskovic pour une rencontre, que
14 Raskovic a esquivé d'abord, puis finalement a accepté, qu'il est allé à la
15 résidence de Tudjman à Zagreb et qu'il a discuté avec lui, et qu'ensuite
16 Tudjman a rendu public les entretiens enregistrés de cette rencontre qui
17 ont été publiés ?
18 R. Oui, c'est exact.
19 Q. Et qu'il a été établi que durant cet entretien, Jovan Raskovic a dit à
20 Tudjman : "Nous les Serbes, nous sommes un peuple de cinglés ?"
21 R. Oui. Cette déclaration du Pr Raskovic est bien connue.
22 Q. Raskovic voulait sans doute faire comprendre à Tudjman qu'il ne fallait
23 pas trop titiller les Serbes. Est-ce que vous, vous l'avez compris comme
24 ça.
25 R. Oui, c'est à peu près ça.
26 Q. Mais l'enregistrement complet de cet entretien a eu un effet assez peu
27 positif sur la population serbe ?
28 R. Je crois que c'est cette déclaration qui a été le plus mal reçue, que
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1 c'est elle qui a fait l'objet de l'opposition la plus vive, parce que les
2 gens pensaient que la possibilité qui avait été donnée à Jovan Raskovic de
3 faire quelque chose ne devait pas être anéantie de cette façon et nuire
4 finalement à la population serbe.
5 Q. Mais est-ce qu'il n'est pas tout à fait malhonnête de rendre public
6 ainsi un enregistrement secret d'une conversation entre un dirigeant serbe
7 et Tudjman ? Est-ce qu'il était normal de rendre cela public ?
8 R. Nous avons pensé que c'était un acte malhonnête de la part de Tudjman
9 parce que cet entretien était secret, et le Pr Raskovic était quelqu'un de
10 très connu, ce qui rend la chose encore plus grave.
11 Q. Donc le Pr Raskovic souhaite trouver une solution au problème et
12 Tudjman, en rendant public tous les détails de l'entretien, le compromet
13 dans l'opinion. Ceci va à l'encontre de l'intérêt de ceux qui défendaient
14 Raskovic et qui avaient sans doute des intérêts bien définis et des
15 objectifs politiques plus élevés ?
16 R. C'est comme ça que je l'ai compris. J'ai compris que Raskovic jouissait
17 encore d'une certaine autorité, mais que le groupe étroit qui constituait
18 l'environnement de Babic a décidé de faire sécession sur le plan de leur
19 parti politique, donc de se séparer du parti dirigé par Raskovic, sans
20 doute pour défendre des intérêts qui étaient des intérêts plus étroitement
21 individuels.
22 Q. Vous avez dit aussi que Stipe Mesic et Ante Markovic ne pouvaient pas
23 vraiment être qualifiés d'Oustachi, mais moi je les ai qualifiés
24 d'Oustachi, n'est-ce pas ?
25 R. Oui.
26 Q. Nous avons déjà vu qu'il y a des preuves qui montrent que Stipe Mesic
27 était invité par les immigrants Oustachi à l'étranger et qu'il faisait des
28 déclarations là-bas. Vous m'avez rappelé vous-même sa déclaration selon
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1 laquelle les Croates avaient vécu deux victoires, notamment l'une d'entre
2 elles étant l'établissement de l'Etat Oustachi ?
3 R. Oui, c'est une déclaration qui a été faite par M. Mesic en effet.
4 M. LE JUGE ANTONETTI : On va arrêter parce que c'est l'heure de la pause.
5 Je signale à M. Seselj qu'il a utilisé trois heures et dix minutes.
6 Et qu'il lui restera donc 50 minutes. Nous nous retrouverons à midi dix.
7 --- L'audience est suspendue à 11 heures 50.
8 --- L'audience est reprise à 12 heures 12.
9 M. LE JUGE ANTONETTI : Bien, l'audience est reprise. Monsieur Seselj, vous
10 avez la parole.
11 M. SESELJ : [interprétation]
12 Q. Nous voici enfin arrivés à Ante Markovic et le fait qu'en 1991 je l'ai
13 qualifié d'Oustachi. C'est bien ça ?
14 R. Oui.
15 Q. Je suppose que vous savez que dans la Yougoslavie communiste au poste
16 du premier ministre fédéral, on a vu se relayer des hommes politiques venus
17 de différentes entités fédérales, c'était la règle, périodiquement il y
18 avait une relève ?
19 R. Oui.
20 Q. Est-ce que vous savez qu'au moment du décès de Tito en 1980, c'était
21 Veselin Djuranovic, un Monténégrin, qui était premier ministre fédéral ?
22 R. Oui.
23 Q. Après lui, c'était le tour de la Croatie, en tant qu'entité fédérale de
24 proposer son homme au poste de premier ministre fédéral, et c'était Milka
25 Planinc, une Croate, qui a été proposée ?
26 R. Oui.
27 Q. Après Milka Planinc, le tour est venu à la Serbie. C'était à elle de
28 proposer son homme au poste du premier ministre fédéral ?
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1 R. Oui.
2 Q. La Serbie souhaitait proposer Ivan Stambolic, mais il y a eu opposition
3 de la Croatie et de la Slovanie, à ce moment-là; c'est bien ça ?
4 R. Il me semble que oui.
5 Q. Sans consensus obtenu auprès de toutes les entités fédérales, ce genre
6 de questions ne pouvaient pas être résolues; est-ce bien cela ?
7 R. C'est ça.
8 Q. La Serbie, à ce moment-là, est-ce qu'elle a renoncé à avoir son homme
9 au poste de premier ministre fédéral, malgré le fait que c'était son tour,
10 est-ce que c'est Branko Mikulic, un Croate de Bosnie-Herzégovine qui est
11 venu occuper ce poste, qui a été élu ?
12 R. Oui.
13 Q. Donc, voici que deux Croates déjà se sont succédés, Milka Planinc et
14 Branko Mikulic au poste de premier ministre fédéral ?
15 R. Oui.
16 Q. En 1989, encore une fois, le mandat expire au gouvernement fédéral, et
17 maintenant c'est le tour de la Serbie, on doit élire quelqu'un de Serbie ?
18 R. Il me semble que oui.
19 Q. La Serbie a proposé Borisav Jovic, cependant là encore les Croates et
20 les Slovènes n'ont pas accepté ?
21 R. Je ne me souviens pas des détails.
22 Q. La Serbie accepte là encore que ce soit un Croate qui devienne premier
23 ministre fédéral et c'est Ante Markovic, un Croate, qui est nommé à ce
24 poste; c'est bien ça ?
25 R. Oui.
26 Q. Donc nous avons eu trois Croates qui se sont succédés au poste de
27 premier ministre fédéral, successivement, même si normalement c'était,
28 d'après la règle, un candidat venu d'une autre entité fédérale qui devait
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1 se relayer à chaque fois ?
2 R. Oui.
3 Q. C'était un système de gestion collective sur le plan politique parce
4 que nous avions une présidence collective, n'est-ce pas ? La prise de
5 décision au niveau fédéral, dans le parlement fédéral, c'était les
6 délégations fédérales, des entités fédérales qui devaient s'exprimer. Est-
7 ce que c'était le poste du premier ministre fédéral qui était en fait le
8 poste le plus important ?
9 R. Oui.
10 Q. La Serbie ne s'est pas opposée à ce que par trois fois ce soit un
11 Croate qui exerce les fonctions du premier ministre fédéral et tout ceci
12 pour préserver la Yougoslavie fédérale ?
13 R. Je suppose que c'était ça la règle.
14 Q. En 1989, au poste de premier ministre - au poste de ministre des
15 Affaires étrangères fédéral n'était pas un Croate également, Budimir Loncar
16 ?
17 R. Si.
18 Q. Le ministre de la Défense, général d'armée Veljko Kadijevic n'est pas
19 quelqu'un issu d'un mariage mixte, Croate et Serbe à la fois ?
20 R. Oui.
21 Q. Son père est Croate et sa mère est Serbe, ou inversement, je n'arrive
22 pas à me rappeler exactement; ai-je raison ?
23 R. Oui, moi aussi, il me semble que c'est ça. Je ne sais plus qui est qui
24 dans la famille.
25 Q. Donc la guerre civile éclate en Yougoslavie au moment où au nombre de
26 postes fédéraux et au QG, l'état-major envoie des Croates, des Slovènes et
27 des membres appartenant à d'autres ethnies occuper des postes importants ?
28 R. Oui.
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1 Q. Ante Markovic, est-ce qu'il est devenu premier ministre fédéral en tant
2 que candidat du seul parti politique de l'époque, à savoir la Ligue des
3 Communistes de Yougoslavie ?
4 R. Oui.
5 Q. En 1989, il est communiste, il arrive en tant que communiste au poste
6 de premier ministre fédéral. En 1990, il est chef de gouvernement et il
7 proclame la création de son propre parti politique qu'il a appelé Ligue des
8 forces de réforme [comme interprété] ; c'est bien ça ?
9 R. Oui.
10 Q. C'était à l'été 1990, si mes souvenirs sont bons, n'est-ce pas ?
11 R. Oui, c'était après les élections en Croatie.
12 Q. Est-ce que la critique de fond qu'on a adressée à Ante Markovic en
13 Serbie, par les intellectuels serbes, dans les médias était le fait qu'il
14 ait attendu que les élections pluripartites soient terminées en Slovénie et
15 en Croatie, que des séparatistes l'emportent là-bas avant de proclamer son
16 parti soi-disant proyougoslave et c'est uniquement dans les autres entités
17 fédérales qu'il a présenté sa force politique. Etait-ce cela la principale
18 critique ?
19 R. Oui, c'est ce qu'on lui a reproché.
20 Q. Oui. En réalité, Ante Markovic s'est mis à faire des discours, des
21 rassemblements en Bosnie-Herzégovine, près de Banja Luka, en Serbie, et
22 cetera. C'est vrai ?
23 R. Oui.
24 Q. Donc, nous qui l'avions critiqué, nous sommes arrivés à la conclusion
25 qu'il avait pour objectif de briser le corps électoral serbe avant les
26 élections qui allaient se tenir en Serbie et en Bosnie-Herzégovine; c'est
27 bien cela ?
28 R. Je ne sais pas ce que vous aviez à l'esprit, vous, à ce moment-là
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1 concrètement, je sais qu'on lui a reproché de ne pas s'être présenté aux
2 élections en Slovénie et en Croatie pour que son mouvement puisse être
3 représenté pleinement dans toutes les républiques, et pas seulement en
4 Bosnie-Herzégovine et en Serbie. Les protagonistes politiques ont réagi à
5 ce moment-là parce qu'ils avaient peur qu'il s'empare de leur corps
6 électoral, qu'il y ait une scission auprès des Serbes entre ceux qui
7 étaient proyougoslaves et ceux qui étaient favorables à d'autres idées.
8 Q. La plupart des Serbes étaient favorables, la grande majorité,
9 l'écrasante majorité disons, pratiquement tous les Serbes étaient
10 favorables à la Yougoslavie, n'est-ce pas ?
11 R. Oui, en effet, les Serbes se voyaient en Yougoslavie et ils estimaient
12 que c'était là qu'ils avaient vécu le mieux et que c'est là qu'ils avaient
13 les meilleures conditions.
14 Q. Pratiquement tous les Serbes ont vécu dans cet Etat, à l'exception de
15 la diaspora en Albanie, en Hongrie et en Roumanie. Pratiquement tous les
16 Serbes vivaient en Yougoslavie.
17 R. Oui, une majorité écrasante des Serbes vivaient en Yougoslavie, une
18 petite partie s'est exilée en Autriche, en Hongrie et en Albanie.
19 Q. Cette masse de Serbes, est-ce qu'elle se voyait en Grande-Serbie
20 puisqu'ils avaient déjà la Yougoslavie ?
21 R. Non. Rien d'autre ne leur venait à l'esprit, ils étaient en
22 Yougoslavie.
23 Q. Vous vous souvenez la première fois que j'ai pris la parole en public
24 avec le concept de Grande-Serbie. Vous vous souvenez, c'était uniquement si
25 les Slovènes et les Croates allaient insister pour se séparer de la
26 Yougoslavie, faire une scission ?
27 R. Oui. Vous avez dit que si les Slovènes et les Croates ne souhaitaient
28 pas rester en Yougoslavie qu'ils étaient libres de partir, mais uniquement
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1 en apportant les territoires qui étaient croates.
2 Q. Vous vous souvenez lorsqu'on a créé en 1918 l'Etat yougoslave, on l'a
3 créé par l'unification du Royaume de Serbie avec ce qui a été improvisé
4 comme Etat des Slovènes, des Croates et des Serbes qui d'ailleurs n'était
5 pas reconnu internationalement; est-ce exact ?
6 R. Si mes souvenirs sont bons, c'était l'Etat des Croates, des Slovènes,
7 des Serbes d'un côté et de la Serbie d'autre part.
8 Q. La Serbie, avant que cet Etat ne soit créé, avait déjà la Macédoine en
9 tant que sa partie reconnue internationalement ainsi que le Monténégro et
10 la Vojvodine; est-ce exact ?
11 R. Oui.
12 Q. La population de Monténégro, lors d'un grand rassemblement populaire en
13 1918, a pris la décision de se rattacher directement à la Serbie, n'est-ce
14 pas ?
15 R. Il me semble que oui.
16 Q. L'assemblée du peuple serbe et des Bunjevci de Vojvodine a pris la
17 décision de se rattacher directement à la Serbie également; c'est bien ça ?
18 R. Il me semble que oui.
19 Q. L'Etat des Slovènes, des Croates et des Serbes comptait uniquement la
20 Slavonie, la Croatie, la Dalmatie, la Slovénie, la Bosnie et l'Herzégovine;
21 c'est bien ça ?
22 R. Oui.
23 Q. A l'époque, il n'est pas question d'une Croatie qui engloberait
24 également la Slavonie et la Dalmatie, n'est-ce pas ?
25 R. Il me semble que non.
26 Q. Du temps de l'Autriche-Hongrie, la Dalmatie faisait partie de
27 l'Autriche, et la Croatie et la Slavonie faisaient partie de la Hongrie;
28 ai-je raison ?
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1 R. Il me semble que oui.
2 Q. Seriez-vous d'accord pour dire que, pour les Croates et les Slovènes
3 également, le fait de créer un Etat commun avec les Serbes, c'était une
4 manière de se sauver face aux aspirations qu'avaient les pays voisins ?
5 R. Oui, c'est ainsi qu'on a interprété cela. Je sais que l'évêque Juraj
6 Strossmayer était favorable à l'idée yougoslave et que c'étaient les
7 Croates qui étaient à l'origine de cette idée de créer une Yougoslavie.
8 Q. Est-ce que vous savez que jamais dans aucune constitution yougoslave il
9 n'y avait eu une disposition qui prévoyait le droit à la sécession ?
10 R. Je ne sais pas. Je ne connais pas ce détail.
11 Q. Est-ce que vous avez jamais entendu dire qu'il y avait ce genre de
12 disposition à la constitution ?
13 R. Si, j'en ai entendu parler.
14 Q. Qu'il y en avait une ? Que ça existait dans la constitution ?
15 R. Ce détail sur le droit à la sécession, il me semble que non, qu'ils
16 n'avaient pas le droit.
17 Q. En 1991, les Serbes étaient prêts à ce que ce droit soit introduit dans
18 la constitution et que l'on prévoit une procédure qui permettrait de
19 bénéficier de ce droit. Donc, l'assemblée fédérale allait décider quelle
20 serait la procédure qui permettrait à une entité fédérale d'opérer
21 sécession ?
22 R. Je sais qu'il en a été question, mais je ne connais pas les détails.
23 C'était il y a longtemps, et vraiment je ne me souviens pas précisément de
24 quoi il s'est s'agi.
25 Q. Mais tous étaient hostiles à ce qu'il y ait une sécession par la force,
26 n'est-ce pas, à la fois les hommes politiques serbes dans le gouvernement
27 et l'opposition ?
28 R. Oui, ils étaient opposés à une sécession par la violence.
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1 Q. Mais ils acceptaient la possibilité qu'on opère cela, une sécession,
2 par des moyens démocratiques ?
3 R. Oui.
4 Q. Ante Markovic, est-ce qu'il a pris la décision que l'armée populaire
5 yougoslave intervienne en Slovénie ?
6 R. Oui, c'est ce qu'on lui attribue à lui.
7 Q. Des hommes politiques slovènes lui ont attribué cela ?
8 R. Oui.
9 Q. Les dirigeants serbes étaient-ils hostiles à ce que la JNA intervienne
10 en Slovénie ?
11 R. Oui, c'est ce que j'ai entendu dire.
12 Q. Est-ce que la grosse majorité des hommes politiques serbes a estimé que
13 si les Slovènes ne souhaitaient pas vivre en Yougoslavie, qu'il ne fallait
14 pas qu'ils y restent, qu'il ne fallait pas les garder par la force en
15 Yougoslavie ?
16 R. Oui, c'est ce qui a été dit.
17 Q. Est-ce qu'il a été possible que la Croatie ait opéré une sécession
18 aussi facilement que la Slovénie, par rapport à la Yougoslavie ?
19 R. Non, et surtout pas avec les autorités qu'on avait à l'époque en
20 Croatie.
21 Q. Pas avec les autorités, le pouvoir de Tudjman, qui s'est déclaré
22 prooustachi ouvertement.
23 R. Surtout, il y avait un manque de démocratie, et les Serbes ne lui
24 faisaient pas confiance. Ils éprouvaient plutôt de la méfiance.
25 Q. La Croatie ne pouvait pas opérer une sécession de la Yougoslavie si les
26 Serbes, en tant que peuple constitutif de la Croatie, n'étaient pas
27 d'accord avec cela ?
28 R. Les Serbes étaient un peuple constitutif de la République de Croatie
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1 qui avait contribué de manière considérable aussi à ce que la Croatie soit
2 reconnue. Je veux dire, pendant la Seconde Guerre mondiale, la Croatie a
3 fait partie de la Yougoslavie. Ils ont estimé que sans leur consentement la
4 Croatie ne devait pas quitter la Yougoslavie.
5 Q. Est-ce que vous vous souvenez qu'Ante Markovic, à la fin de l'année
6 1989, ou plutôt, à partir du 1er janvier 1990, a proclamé le dinar
7 convertible ?
8 R. Oui.
9 Q. A ce moment-là, est-ce qu'on a rattaché le coût du dinar par rapport au
10 deutsche mark; sept dinars, je pense, contre un mark ?
11 R. Oui.
12 Q. A ce moment-là, la RSFY, avait-elle à peu près dix milliards de dollars
13 de réserve en devises étrangères ?
14 R. Il me semble que c'était ça.
15 Q. A ce moment-là, les républiques les plus développées, à savoir la
16 Croatie et la Slovénie, en particulier la Slovénie, est-ce qu'elles ont
17 fait marcher la planche à billets pour racheter les devises étrangères ?
18 Est-ce qu'elles ont commencé à faire ça en masse ?
19 R. J'en ai entendu parler.
20 Q. Très rapidement, est-ce qu'on n'a pas vidé ainsi les caisses de devises
21 étrangères ?
22 R. Il me semble.
23 Q. Ante Markovic, est-ce que je l'ai accusé d'avoir vidé ainsi les caisses
24 et est-ce qu'il n'a pas provoqué ainsi intentionnellement que les devises
25 trouvent le chemin de la Slovénie et de la Croatie ?
26 R. Je ne peux pas dire qu'il ait fait ça intentionnellement, puisque je
27 n'étais pas suffisamment près pour savoir exactement ce qui s'est passé. Je
28 n'étais pas un initié.
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1 Q. Mais lorsqu'on agit ainsi sur le plan économique et politique et
2 lorsqu'on tire un parallèle avec la création d'un nouveau parti politique
3 qui allait se représenter aux élections dans le reste de la Yougoslavie
4 sans que cela se passe en Slovénie et en Croatie, je pense qu'il y a une
5 conclusion qui s'impose.
6 R. Je dirais qu'à l'époque il y a eu des choses un peu étranges qui se
7 sont produites et qui ont échappé au contrôle. Il y avait beaucoup de
8 doutes, de suspicions, et les devises sont parties. On s'est dit que ce
9 n'était pas par des moyens très honorables. C'était très important pour
10 tout l'Etat et pour toute la population, et évidemment que ça a créé une
11 certaine méfiance eu égard à Markovic, après quand il s'est présenté aux
12 élections.
13 Q. Donc j'ai dû avoir raison lorsque j'ai dit pendant ces années-là
14 qu'Ante Markovic était un Oustachi bien plus dangereux que Franjo Tudjman.
15 Franjo Tudjman agissait ouvertement, on savait à qui on avait affaire,
16 tandis qu'Ante Markovic minait la Yougoslavie de l'intérieur. Il piétinait
17 les intérêts serbes, et en même temps il faisait semblant d'être partisan
18 de la préservation de la Yougoslavie. Il était en même temps en train
19 d'aider les séparatistes slovènes et croates. Etait-ce la substance de mes
20 déclarations ?
21 R. Oui, c'était la substance de vos déclarations, mais je dois dire que M.
22 Ante Markovic, on ne peut pas dire que c'était un Oustachi. Les Oustachi
23 avaient fait d'autre chose. Avait-il des objectifs perfides, ça je ne peux
24 pas le dire. Je ne le sais pas. Mais il est certain que les Serbes ont
25 éprouvé de la méfiance à son égard à cause de ses actes.
26 Q. Etaient-ce des arguments à moi que de le traiter plus dangereux comme
27 Oustachi que Franjo Tudjman ? C'est ça la substance de ma question pour
28 vous.
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1 R. A vous écouter aujourd'hui et auparavant, je pense que oui.
2 Q. Vous avez mentionné le fait que Milan Martic et Milan Babic, parce que
3 vous l'avez dit, avaient été les représentants d'une option extrémiste.
4 C'est ainsi que vous vous êtes exprimé à l'occasion de l'interrogatoire
5 principal ?
6 R. Oui.
7 Q. Donc, une option extrémiste du point de vue de la politique dans la
8 République de la Krajina serbe. Saviez-vous que, de façon ininterrompue,
9 Milan Babic et Milan Martic ont été en conflit l'un avec l'autre ?
10 R. Oui, ils étaient en conflit.
11 Q. Une fois, je me suis efforcé d'intervenir, de servir de médiateur afin
12 que ce conflit entre les deux s'apaise.
13 R. Oui, je pense que cela s'est produit.
14 Q. Lorsque j'ai apporté publiquement un soutien au nom du Parti radical
15 serbe au plan Vance pour la Krajina serbe et que Babic s'est y opposé, est-
16 ce que j'ai insisté à ce moment-là à ce que les hommes politiques serbes se
17 réconcilient et adoptent des positions unifiées ?
18 R. Je pense que oui.
19 Q. Le fait d'avoir insisté pour que les hommes politiques serbes
20 coordonnent leurs positions, qu'ils se réconcilient si conflit il y avait,
21 est-ce que cela signifie qu'à leurs côtés j'ai pris part à une entreprise
22 criminelle commune quelconque ?
23 R. Je ne vous ai jamais accusé pour ma part d'avoir pris part à une
24 entreprise criminelle commune. J'ai dit que vous aviez réclamé de leur part
25 une unité.
26 Q. Est-ce que quiconque au niveau de la scène politique serbe depuis 1990
27 à ce jour, mis à part le Parti radical serbe, s'est employé en faveur de la
28 Grande-Serbie ?
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1 R. Pour autant que je m'en souvienne, je crois qu'il n'y a que vous, à
2 savoir le Parti radical serbe, à l'avoir fait. Je ne pense pas que
3 quiconque l'ait fait.
4 Q. Se peut-il que Slobodan Milosevic ait été favorable à une Grande-Serbie
5 ?
6 R. Je pense que non.
7 Q. Est-ce que Jovan Raskovic était favorable à une Grande-Serbie ?
8 R. Non.
9 Q. Est-ce que Milan Babic a déclaré à quelque moment que ce soit qu'il
10 était favorable à une Grande-Serbie ?
11 R. Lui, à la veille du référendum du 12 mai 1991, avait insisté pour que
12 la question du vote soit celle-ci, à savoir que les Serbes rejoignent les
13 Serbes de Serbie et non pas la Yougoslavie, et c'est là qu'il y a eu
14 divergence avec lui. Nous voulions que les Serbes restent en Yougoslavie;
15 c'était notre souhait. Lui souhaitait que la Krajina rejoigne la Serbie.
16 C'est ainsi qu'on a interprété la chose comme quoi il était favorable à une
17 Grande-Serbie et non pas à la Yougoslavie.
18 Q. Mais lui n'a jamais mentionné la Grande-Serbie. Lui, il a voulu que la
19 Krajina de Knin rejoigne la Serbie.
20 R. Exact.
21 Q. Vous souvenez-vous du fait que l'assemblée nationale de la République
22 de Serbie avait refusé la demande formulée par ses soins à lui pour ce qui
23 était de réunir ces territoires de la Krajina serbe à la Serbie ?
24 R. Oui.
25 Q. Est-ce que Radovan Karadzic a, à quelque moment que ce soit, été
26 favorable à une Grande-Serbie ?
27 R. Non, lui s'est employé en faveur d'une alliance des terres serbes.
28 Q. Oui, mais avant cela, il était favorable au fait de laisser ceux qui
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1 voulaient une Yougoslavie rester en Yougoslavie.
2 R. C'est ce qu'il disait au début.
3 Q. Il n'a jamais demandé à ce que la Republika Srpska soit annexée à la
4 Serbie, n'est-ce pas ?
5 R. Je ne me souviens pas qu'il y ait eu une telle demande.
6 Q. Est-ce que Veljko Kadijevic, ministre de la Défense, s'est employé en
7 faveur d'une Grande-Serbie ?
8 R. Non, je n'en ai entendu parler.
9 Q. Je n'ai pas pu vous poser de question plus bête, n'est-ce pas ?
10 R. Certes.
11 Q. Avez-vous entendu parler d'un parti politique qui s'appelle la Ligue
12 des Communistes, mouvement pour la Yougoslavie ?
13 R. Oui.
14 Q. Qui est-ce qui a créé ce parti politique ?
15 R. Je pense que c'étaient des officiers à la retraite de la JNA, si mes
16 souvenirs son bons. Il y avait Branko Mamula et d'autres à ses côtés, le
17 général Mirkovic et d'autres.
18 Q. Branko Mamula était amiral et il était ministre de la Défense avant
19 Kadijevic, n'est-ce pas ?
20 R. Oui.
21 Q. Vous souvenez-vous du fait qu'ont fait partie de ce parti des généraux
22 d'active, Kadijevic, Adzic, Vasiljevic et autres ?
23 R. Je pense que oui.
24 Q. Vous souvenez-vous du fait que les officiers de la JNA étaient tenus de
25 s'affilier à ce parti ?
26 R. Je l'ai appris, oui.
27 Q. Saviez-vous que ce parti avait un plan, à savoir organiser un coup
28 contre Tudjman et Milosevic et s'emparer du pouvoir en Yougoslavie ?
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1 R. J'ai entendu dire que la direction au sommet de l'armée avait envisagé
2 un coup.
3 Q. Saviez-vous qu'ils avaient demandé un soutien à l'étranger, d'abord à
4 l'Ouest, puis ensuite à l'Est ?
5 R. J'ai entendu dire que Kadijevic avait essayé de le faire.
6 Q. Ils avaient d'abord demandé l'accord de l'Amérique et de l'OTAN, et
7 quand ils ont été refusés ils sont allés voir l'Union soviétique. Kadijevic
8 y a voyagé.
9 R. Je sais qu'il est allé voir là-bas.
10 Q. Vous savez que la direction de la Serbie avait redouté un coup
11 militaire jusqu'à ce que Kadijevic et Adzic ne soient mis à la retraite ?
12 R. Je ne le savais pas.
13 Q. Savez-vous pourquoi en Serbie il n'y a pas eu de mobilisation réussie
14 en 1991, parce que les autorités de l'unité fédérale du régime Milosevic ne
15 voulaient pas s'impliquer eux-mêmes pour ce qui était de procéder à la
16 mobilisation ?
17 R. Je sais que la mobilisation n'a pas été une mobilisation réussie et que
18 jamais, de façon publique, il n'y a eu appel sous les drapeaux, et on a
19 reproché la chose au régime.
20 Q. Kadijevic a fait des reproches à Milosevic à cet effet, n'est-ce pas ?
21 R. Oui.
22 Q. Et Milosevic, lui, ne voulait pas permettre un succès de la
23 mobilisation pour que Kadijevic ne le fasse pas tomber du haut du pouvoir,
24 n'est-ce pas, c'est clair ?
25 R. Ça, je ne le sais pas. Milosevic devait savoir forcément ce qui se
26 passait.
27 L'INTERPRÈTE : L'interprète saurait gré à ce qu'il n'y ait pas de
28 chevauchement entre les deux.
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1 M. SESELJ : [interprétation]
2 Q. Je voudrais maintenant poser des questions qui pourraient permettre de
3 dévoiler l'identité du témoin, à vous d'en décider. Mais je crois que ce
4 témoin n'a aucune raison de laisser son témoignage inaccessible au public,
5 parce que je ne vois pas ce qu'on pourrait lui reprocher partant du
6 témoignage effectué jusqu'à présent. Mais au témoin de voir. Je lui poserai
7 la question en fin de course.
8 M. LE JUGE ANTONETTI : [chevauchement] -- à huis clos.
9 M. LE GREFFIER : [interprétation] Monsieur le Juge, nous sommes
10 actuellement à huis clos partiel.
11 [Audience à huis clos partiel]
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14 [Audience publique]
15 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Avant de commencer, une petite remarque.
16 Je pense que j'aurais pu faire objection souvent pendant le contre-
17 interrogatoire parce que je ne pense pas que c'est de cette manière que ce
18 contre-interrogatoire doit être mené avec ce genre de questions, mais je ne
19 l'ai pas fait parce que je ne pensais pas que c'était dans l'intérêt de
20 l'Accusation. C'était donc la meilleure manière de procéder pour nous.
21 Nouvel interrogatoire par M. Mussemeyer :
22 Q. [interprétation] Vous avez dit hier, Monsieur le Témoin, au cours du
23 contre-interrogatoire, en réponse à une question du Président, si les
24 Serbes qui vivaient en Croatie en 1991 connaissaient le nom de Seselj.
25 "Est-ce que les gens le connaissaient, est-ce qu'ils connaissaient ce nom
26 ?" Vous avez répondu que : "Les Serbes de Croatie ne le connaissaient
27 absolument pas à l'époque. C'était un inconnu total pour eux."
28 Monsieur le Témoin, savez-vous que l'accusé a été arrêté en 1984, à
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1 l'époque de Milosevic ?
2 R. En 1984 ? Je sais qu'il a été arrêté. Je ne sais pas exactement en
3 quelle année, mais s'agissant de la question que vous venez de me poser, en
4 1991, il me semble que c'est l'année 1990 qui a fait l'objet de la question
5 de M. le Président. En 1991, à partir du mois de mai à peu près, oui, on
6 avait entendu parler de Seselj, mais en 1990, il n'avait pas d'importance.
7 Nous avons entendu aujourd'hui que lors du rassemblement de Serbes en
8 juillet 1990, c'était quelqu'un qui était encore complètement inconnu. Il
9 n'avait même pas pris la parole.
10 Puis, pour ce qui est de l'année 1984, oui. Je sais qu'il a été arrêté à un
11 moment, mais je ne sais pas quand.
12 L'ACCUSÉ : [interprétation] Objection. Monsieur le Président, le Procureur
13 essaie d'induire en erreur le témoin. Il essaie de lui faire dire que c'est
14 sous Milosevic que j'ai été arrêté en 1984, mais il n'était pas au pouvoir,
15 Milosevic. En 1984, il était président du comité municipal de la Ligue des
16 Communistes de Belgrade.
17 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Je n'ai pas l'intention d'induire en
18 erreur qui que ce soit. Je souhaitais simplement revenir au fait que M.
19 Seselj, à ce moment-là, avait été arrêté et qu'il était en prison.
20 R. Je sais qu'il se trouvait en prison, je ne sais pas en quelle année.
21 Q. Etait-ce un dissident célèbre à ce moment-là, connu dans toute la
22 Yougoslavie ?
23 R. Oui, on a entendu parler de lui en tant que dissident.
24 Q. Donc est-ce qu'on peut dire qu'il était connu à cette époque-là ou non
25 ?
26 R. Franchement, c'est un nom qu'on connaissait, mais pas dans le même
27 contexte, le contexte national où on l'a situé par la suite. Par la suite,
28 on savait que M. Seselj était à la tête d'une certaine option politique.
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1 Je pense qu'à ce moment-là où ceci s'est produit, il y avait un peu
2 moins de gens qui le connaissaient. Je ne pense pas que c'est de la même
3 façon qu'il était connu, comme il l'est devenu par la suite.
4 Q. Mais on le connaissait ou un cercle restreint de personnes le
5 connaissaient. Je ne sais pas si c'est très exact, un nombre limité ou un
6 grand nombre ?
7 R. Je pense que c'était un nombre limité de personnes qui connaissaient
8 son nom, savaient qui il était, ce qu'il voulait. Enfin, des gens qui
9 étaient plutôt versés dans les choses politiques.
10 Q. A la fin des années 1980, à partir de 1989, 1990, 1991, il y a eu un
11 renouveau, en quelque sorte, du mouvement chetnik et de l'idéologie
12 chetnik. Etiez-vous au courant de cela ?
13 R. Oui, j'ai vu cela dans les médias. On a parlé des Chetniks, de
14 l'idéologie chetnik, du mouvement de la Ravna Gora, et cetera.
15 Q. Quelles personnes étaient associées à ce mouvement chetnik ?
16 R. Je sais qu'on a cité le nom de Vuk Draskovic qui aujourd'hui cherche à
17 réhabiliter Draza Mihajlovic, mais par la suite, il y avait M. Seselj qui
18 est devenu voïvode et il a été promu à ce grade par le plus grand voïvode
19 vivant, qui vivait aux Etats-Unis. C'était la personnification du Chetnik.
20 Q. Ce n'était pas un fait connu des Serbes en Croatie ?
21 R. Oui. A l'époque, on a entendu parler de ça.
22 Q. Donc est-ce que l'on peut dire qu'il était totalement inconnu à cette
23 époque-là ?
24 R. Je n'ai pas dit qu'il était complètement inconnu, mais si j'ai cité
25 l'exemple d'un rassemblement de 250 000 Serbes en Serbie en disant qu'il
26 n'était pas connu des gens, enfin il y avait des gens qui avaient entendu
27 prononcer son nom, mais ils ne savaient pas qui il était. Donc on pouvait
28 voir que les gens ne lui attribuaient pas vraiment d'importance. Il y avait
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1 Milan Babic qui était un protagoniste de la scène politique, une figure
2 politique, Raskovic, également.
3 Q. Merci, Monsieur le Témoin. Pourriez-vous, s'il vous plaît, nous
4 expliquer une nouvelle fois quel est le sens du terme "Oustachi" pour un
5 Serbe ?
6 R. Si je puis, à titre de comparaison, je dirais que c'est la pire chose
7 qui soit au monde, un bourreau. Oustachi, aux yeux des Serbes, c'est
8 quelqu'un qui détruit un foyer, une famille, la vie, qui prive les gens de
9 tous les droits. C'est la pire chose à laquelle on aurait eu à faire face
10 dans son histoire.
11 Q. Est-ce que l'on peut qualifier tous les Croates d'Oustachi, est-ce que
12 ceci est justifié ?
13 R. Non, non. Absolument pas. Il y a nombre de Croates dans la résistance
14 et ils n'étaient pas loyaux au régime Oustachi.
15 Q. Est-ce que l'on peut appeler Ante Markovic un Oustachi ? Est-ce
16 justifié ?
17 R. J'ai déjà dit que ce n'était pas le cas. D'après moi, Ante Markovic ne
18 peut pas être appelé Oustachi, il n'acceptait pas cette idéologie ni ce
19 mode de comportement. Il était membre de la Ligue des Communistes.
20 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Je souhaite demander au greffier de nous
21 montrer une nouvelle fois la version en serbe de la pièce 411, qui est la
22 pièce P39 marquée aux fins d'identification.
23 Il s'agit là de l'article du Spiegel daté du 6 août 1991. Je faisais
24 référence à cet article pendant mon interrogatoire principal et M. Seselj
25 l'a évoqué pendant son contre-interrogatoire.
26 Q. Monsieur le Témoin, est-ce que vous pourriez regarder le bas de la
27 deuxième page, s'il vous plaît. La deuxième page du texte en serbe. Un peu
28 plus bas, s'il vous plaît. Davantage, s'il vous plaît. Plus bas. En bas de
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1 la page. Ceci n'est pas le bas de la page.
2 Vous voyez quelque chose qui s'appelle Tanjug Press. Qu'est-ce que cela
3 signifie, s'il vous plaît ?
4 R. Tanjug c'est l'abréviation pour une agence de presse, d'information
5 yougoslave. Je ne sais pas exactement comment elle est faite. Je sais que
6 c'est en passant par Tanjug que toute la presse écrite reçoit
7 l'information.
8 Q. Si je ne me suis pas trompé, la date de cet article est celle du 8 août
9 1991. Est-ce qu'on peut voir ceci, s'il vous plaît ? Cela figure peut-être
10 à la première page.
11 L'ACCUSÉ : [interprétation] Objection. Encore une fois, le Procureur essaie
12 d'induire en erreur le témoin. Il s'agit d'une publication interne de
13 Tanjug qui n'est fournie qu'aux rédactions des journaux et à certaines
14 institutions ou organes politiques d'Etat, et cetera, donc des
15 destinataires privilégiés. Ce n'est pas quelque chose qui est mis en vente
16 générale et certains textes considérés comme intéressants publiés dans la
17 presse étrangère étaient traduits par cette agence.
18 M. LE JUGE ANTONETTI : Oui. On a pris note de ce que vous dites. Attendons
19 la suite de la question.
20 M. MUSSEMEYER : [interprétation]
21 Q. Je n'affirme pas que ceci était du domaine public. Ce que je souhaite
22 dire, c'est que ceci a été publié par Tanjug, et ma question au témoin est
23 celle-ci : avez-vous jamais entendu dire que M. Seselj s'est distancé de
24 cet article et de sa teneur ?
25 R. Je ne connaissais pas cet article, je ne l'avais pas lu jusqu'au bout.
26 Maintenant je suis en train de le faire. C'est seulement maintenant que je
27 vois tous les détails de cet article, mais je n'ai jamais entendu dire
28 qu'il ait pris ses distances par rapport à cet article.
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1 M. MUSSEMEYER : [interprétation] Merci, Madame, Messieurs les Juges, je
2 n'ai plus de questions.
3 M. LE JUGE ANTONETTI : Monsieur, je vous remercie au nom de mes collègues
4 d'être venu à La Haye pour témoigner. Je vous souhaite un bon retour pour
5 votre voyage. Avant de quitter donc Mme l'Huissière baissera les rideaux
6 pour que vous puissiez quitter cette salle.
7 J'informe donc tout le monde que demain nous commencerons à 8 heures et
8 demie avec l'expert M. Theunens.
9 C'est bien cela, Monsieur Mundis ? L'expert est à la disposition de
10 la Chambre.
11 M. MUNDIS : [interprétation] C'est exact, Monsieur le Président.
12 Merci beaucoup.
13 M. LE JUGE ANTONETTI : Qui va mener l'interrogatoire principal ?
14 M. MUNDIS : [interprétation] Du côté de l'Accusation, c'est mon confrère,
15 Mathias Marcusson, qui va mener l'interrogatoire principal.
16 M. LE JUGE ANTONETTI : Alors je vous souhaite donc à tous un bon après-
17 midi, et nous nous retrouverons demain matin à 8 heures et demie.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci à vous également, au revoir.
19 --- L'audience est levée à 13 heures 26 et reprendra le jeudi 14 février
20 2008, à 8 heures 30.
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