Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 (Lundi 13 mai 2002.)

2 (L'audience est ouverte à 9 heures 05.)

3 (Audience publique.)

4 (Le témoin, M. Nike Peraj, est présent dans le prétoire.)

5 (Questions relatives à l'ordre de passage des témoins.)

6 M. le Président (interprétation): Monsieur Ryneveld, vous avez la parole.

7 M. Ryneveld (interprétation): Monsieur le Président, si vous me le

8 permettez, avant le début de l'audience de ce matin et pour éviter toute

9 confusion, j'aimerais dire quelques mots de l'ordre des témoins.

10 A la fin de la dernière audience, nous avons fourni une nouvelle lettre

11 signalant quel était l'ordre nous proposions pour la citation des témoins.

12 Comme vous le constaterez, le nom du témoin qui est ici actuellement

13 apparaît en n°1, suivi par Isuf Loku et le général Drewienkiewicz,

14 surnommé DZ.

15 Ce qui est proposé, c'est qu'après la fin du contre-interrogatoire

16 d'aujourd'hui, nous citions à la barre le général Drewienkiewicz pour la

17 fin de son interrogatoire afin d'être sûr que son témoignage sera terminé

18 ce soir, car vous savez qu'il a beaucoup de difficulté à venir. Après

19 quoi, nous nous proposons d'entendre Isuf Loku. Cela devrait nous amener à

20 la fin de la journée d'aujourd'hui. Nous n'entendrons donc aucun autre

21 témoin après Isuf Loku.

22 Bien sûr, c'est la proposition que je vous fais, mais la décision

23 appartient à la Chambre.

24 M. le Président (interprétation): Le général n'est disponible

25 qu'aujourd'hui, n'est-ce pas?

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1 M. Ryneveld (interprétation): Oui, uniquement aujourd'hui. Je pense qu'il

2 est sage de prévoir son audition après la fin du contre-interrogatoire en

3 cours, de façon à être tout à fait sûr de pouvoir partir aujourd'hui.

4 M. le Président (interprétation): Oui, nous en sommes à la fin d'un

5 contre-interrogatoire qui ne devrait pas durer plus de deux heures.

6 M. Ryneveld (interprétation): En effet.

7 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic?

8 M. Milosevic (interprétation): J'ai également une déclaration préalable à

9 faire.

10 Pendant le week-end, j'ai lu la déclaration de K3, qui est également un

11 témoin bénéficiant de mesures de protection. Le nom de ce témoin ne m'a

12 pas été communiqué, pourtant je vois qu'il est prévu de l'entendre déjà

13 demain. Donc je demande que l'on me fasse connaître son nom et, par

14 ailleurs, j'aimerais attirer l'attention de chacun sur le fait qu'à la

15 lecture de sa déclaration préalable, la seule conclusion que j'ai pu

16 tirer, c'est qu'il est question d'une personne malade ou de quelqu'un qui

17 trahit son service, car il travaillait dans un service…

18 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, entamons le contre-

19 interrogatoire. Nous pourrons, si vous le voulez bien, à la fin de la

20 journée d'aujourd'hui, parler des témoins qui seront entendus par la

21 suite. Mais il y a un témoin assis sur la chaise des témoins ce matin et

22 nous devrions en finir avec son contre-interrogatoire.

23 M. Milosevic (interprétation): Combien me reste-t-il de temps pour

24 l'audition de ce témoin? Pourriez-vous me le dire, je vous prie?

25 M. le Président (interprétation): Trois quarts d'heure.

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1 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Nike Peraj, par l'accusé M.

2 Milosevic.)

3 M. Milosevic (interprétation): Eh bien, je vous demande au moins de tenir

4 compte du fait que nous n'avons pas commencé à 9 heures.

5 Monsieur le Témoin, vous avez dit que les unités de l'UCK ont quitté

6 Djakovica au début de 1999 pour partir dans les montagnes pour ne pas

7 impliquer les civils dans la guerre, comme vous l'avez dit.

8 Comment avez-vous eu connaissance des raisons qui ont poussé cette unité à

9 se retirer?

10 M. Peraj (interprétation): Je n'ai jamais dit que les unités de l'UCK se

11 trouvaient à Gjakovë. J'ai simplement dit que ces unités de l'UCK

12 n'étaient pas à Gjakovë.

13 M. Milosevic (interprétation): Eh bien, je vais formuler ma question

14 autrement. Si ces unités ont quitté le secteur de Djakovica, la seule

15 question que je vous poserai portera sur les événements survenus pendant

16 la durée de votre séjour sur les lieux.

17 Si j'ai bien compris, vous êtes arrivé à Djakovica à la fin 1998. Donc si

18 les unités de l'UCK ont quitté Djakovica, pouvez-vous me parler de la mort

19 de Gasper Karaleva (phon.), survenue le 30 janvier 1999, de la mort de

20 Seluku Arben, survenue le 20 février 1999, de la mort de Sulejman Bajrami

21 survenue le 28 février 1999, de la mort de Fadil Tolaj, survenue le 10

22 mars 1999.

23 Vous étiez bien sûr place, n'est-ce pas? Suljeman Bajrami a été tué le 2

24 février 1999.

25 M. le Président (interprétation): Laissez le témoin répondre. Vous êtes en

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1 train de lire une liste de noms et le témoin doit essayer de se rappeler

2 ce qu'il peut vous répondre s'il le souhaite.

3 Monsieur Peraj, pouvez-vous nous aider au sujet de ces meurtres allégués?

4 M. Peraj (interprétation): Je ne sais pas qui a tué ces personnes. C'est

5 la première fois que j'entends le nom de ces personnes.

6 M. Milosevic (interprétation): Mais vous étiez à Djakovica à ce moment-là

7 et la Mission de vérification de l'OSCE y était également. Une de ces

8 personnes a été tuée dans la ville même, le 20 février, en présence de

9 cette Mission de vérification. Est-il possible que vous ne sachiez rien au

10 sujet de son poste dans l'armée? Est-il possible que vous ne sachiez rien

11 de cela, étant donné le poste que vous occupiez dans l'armée au

12 commandement de la ville à l'époque?

13 M. Peraj (interprétation): Je ne travaillais pas, je n'ai jamais été

14 engagé dans les enquêtes relatives à la découverte des personnes qui ont

15 commis des assassinats ou je ne sais quoi d'autre. J'aurais pu entendre

16 parler de certains événements quand ils ont été mentionnés dans les

17 médias, mais je ne sais rien d'autre à ce sujet.

18 M. Robinson (interprétation): Monsieur Milosevic, pourriez-vous nous

19 éclairer sur un point qui n'est pas tout à fait clair?

20 Vous êtes en train de prétendre que ces personnes, ou certaines d'entre

21 elles en tout cas, ont été tuées en présence de la Mission de

22 vérification. Voulez-vous dire que les membres de cette Mission étaient

23 présents au moment même des meurtres ou présents dans le village?

24 M. Milosevic (interprétation): Djakovica est une ville, et ces personnes

25 ont été tuées par l'UCK. Ces meurtres ont été vérifiés par les membres de

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1 la Mission de vérification qui, bien sûr, l'ont fait après les

2 assassinats. Ils n'ont pas assisté au moment même où ces assassinats ont

3 eu lieu, mais ils sont allés sur les lieux effectuer des vérifications par

4 la suite.

5 J'ai mentionné les noms de ces personnes qui ont été tuées au moment où

6 l'UCK… où il est affirmé que des membres de l'UCK étaient dans la région.

7 Donc très simplement, comme vous pouvez le voir, le témoin ne sait rien à

8 ce sujet, alors que Djakovica n'est pas une grande ville.

9 Question: Avez-vous entendu parler du meurtre de deux autres personnes qui

10 a eu lieu en février? Savez-vous quoi que ce soit à ce sujet?

11 Réponse: J'ai déjà dit que cela n'avait rien à voir avec le contenu de ma

12 déclaration préalable. Je ne sais rien de cela. Ne me posez pas de

13 questions à ce sujet, mais simplement au sujet de la teneur de ma

14 déclaration, je vous prie.

15 Question: Très bien. Donc, vous ne savez rien au sujet de ces meurtres au

16 moment ou à l'époque où vous prétendez qu'il n'y avait pas de membres, pas

17 un seul vous affirmait ne rien savoir au sujet de l'un quelconque de ces

18 meurtres, c'est bien cela?

19 Réponse: Je peux vous dire qu'à Gjakovë, pendant la période où je m'y suis

20 trouvé, il n'y a jamais eu de combats entre l'UCK et les forces serbes.

21 Question: Très bien. Vous avez dit que des unités avaient, de temps en

22 temps, mené des opérations -en tout cas, ce sont les termes que vous avez

23 utilisés- contre les forces serbes. Mais est-ce que les forces de l'UCK se

24 sont efforcées de ne pas impliquer les civils dans la guerre? Est-ce bien

25 là la raison de leur retrait, comme vous l'avez signalé vous-même?

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1 Réponse: J'ai déjà dit qu'il n'y avait pas de combats, qu'il n'y a pas eu

2 de combats en ville. Mais dans les forêts et dans la montagne, il a pu y

3 en avoir. Il y a même certainement dû y avoir des combats dans la forêt et

4 dans la montagne.

5 M. Milosevic (interprétation): Bien. J'ai cru comprendre que pendant la

6 période de l'agression, vous aviez pour tâche également d'effectuer le

7 transfert des cadavres; c'est bien cela?

8 M. Peraj (interprétation): D'abord, je tiens à dire qu'il n'y a eu aucune

9 agression; il s'est agi d'une intervention de l'OTAN et pas d'une

10 agression.

11 M. le Président (interprétation): Ne vous occupez pas de cela; répondez

12 simplement à la question, si vous le pouvez. Ne tenez pas compte des

13 commentaires.

14 M. Peraj (interprétation): Il est exact que j'ai transféré les corps de

15 Gjakova à Prizren, Prishtina et Nis.

16 M. Milosevic (interprétation): Qui a tué ces jeunes gens dont vous avez

17 transporté les corps?

18 M. Peraj (interprétation): Je n'ai pas vu qui les a tués. Je sais qu'ils

19 ont été tués au cours des combats et que les forces ennemies les ont tués.

20 Question: Qui sont ces forces ennemies dont vous parlez?

21 Réponse: Bien entendu, c'est tout à fait évident: il s'agit d'une part des

22 forces de l'UCK et de l'autre, des forces serbes.

23 Question: Sinon, au début de 1999, l'UCK planifiait ces opérations à

24 partir de l'Albanie; est-ce exact?

25 Réponse: Je ne sais rien à ce sujet mais je crois que ce n'est sans doute

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1 pas vrai.

2 Question: Mais vous avez dit quelque chose de ce genre à la page 15,

3 deuxième paragraphe de votre deuxième déclaration qui date du 12 au 15 mai

4 février 2001. Est-ce exact?

5 Réponse: Ceci a été rendu public par les médias de Belgrade. Il a été

6 allégué que les Albanais fuyaient le Kosovo pour se rendre en Albanie, en

7 particulier les jeunes gens, et qu'ensuite, en Albanie, ils s'organisaient

8 en grandes unités. De sorte que lorsque l'OTAN a décidé d'envoyer ses

9 troupes d'infanterie, ces forces étaient censées pouvoir se joindre aux

10 forces de l'OTAN et participer à des opérations conjointes. Mais ce n'est

11 pas ce qui s'est passé: ceci a simplement été pris comme prétexte pour

12 combattre et exterminer des centaines d'Albanais, notamment des jeunes, en

13 leur interdisant d'atteindre l'Albanie. Ceci a été utilisé comme prétexte

14 et c'est l'une des raisons pour lesquelles, alors que de nombreux Albanais

15 étaient tués, ils l'ont été en étant massacrés et abattus dans des postes

16 de police avant leur départ pour l'Albanie.

17 Question: Je vous en prie. En page 15 de votre déclaration, il est écrit,

18 en titre, "UCK". Et au paragraphe suivant, nous lisons: "l'UCK a quitté la

19 zone de Djakovica au moment où les bombardements de l'OTAN ont commencé,

20 pour planifier des opérations à partir de l'Albanie. Il n'y a eu aucune

21 résistance de la part de l'UCK à partir du début de 1999". (Fin de

22 citation.)

23 Question: Avez-vous dit la vérité au moment où vous avez fait cette

24 déclaration, ou la dites-vous aujourd'hui?

25 Réponse: Il est vrai que certains d'entre eux ont franchi la frontière du

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1 Kosovo en raison des pressions qu'ils subissaient de la part des forces

2 serbes leur enjoignant de partir des endroits où ils se trouvaient.

3 Question: Donc ce que vous avez écrit dans votre déclaration est-il exact?

4 Réponse: C'est exact, tout autant que ce que j'ai dit aujourd'hui. Je

5 pourrais parler de cela pendant des jours entiers, si vous le voulez.

6 Question: Manifestement, nous ne disposons pas de plusieurs jours mais

7 simplement de quelques minutes. Je voulais confirmer ce que vous avez dit:

8 est-il exact qu'en juin 1999 la 137ème Brigade de l'UCK se trouvait dans

9 votre village?

10 Réponse: Elle n'était pas dans mon village.

11 Question: Bon, mais dans le village de Ramoc?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Et grâce à un membre de votre famille, vous avez prévenu cette

14 brigade qu'une attaque se préparait contre elle, ce qui a permis à la

15 brigade de s'enfuir, c'est bien ça?

16 Réponse: J'ai déjà parlé de cela jeudi dernier. J'ai déjà indiqué qu'une

17 attaque allait avoir lieu et que je l'ai fait savoir. Au début, je ne

18 savais pas que des troupes arriveraient mais je savais que neuf familles

19 vivaient dans la vallée, dans le sud de Ramoc et j'ai craint que ces

20 familles ne vivent la même chose que les habitants de Korenica et de Meja;

21 c'est la raison pour laquelle j'ai averti la brigade de ce qui risquait de

22 se passer et je suis allé voir ce qui s'est réellement passé.

23 Question: Je vous demande de répondre à mes questions. Je vous ai demandé

24 si c'était exact, vous auriez pu dire oui ou non. Vous venez d'affirmer

25 que vous êtes allé avertir un certain nombre de familles. Au troisième

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1 paragraphe de la page 15 de votre déclaration, vous dites ce que j'ai déjà

2 cité -je cite-: "Au début de juin 1999, l'armée a encerclé la 137ème

3 Brigade de l'UCK". (Fin de citation.)

4 Puis, on trouve, entre parenthèses, les mots suivants -je cite-: "A peu

5 près 126 hommes en uniformes et 40 volontaires". (Fin de citation.)

6 Vous donnez ici le chiffre de 126 membres d'une brigade et de 40

7 volontaires; au total, cela fait 166 membres de l'UCK et pas neuf

8 familles, comme vous venez de dire, que vous vouliez les prévenir. Donc,

9 quand est-ce que vous dites la vérité: au moment où vous avez fait votre

10 déclaration ou aujourd'hui?

11 Réponse: La vérité est également dans ma déclaration, mais je souhaitais

12 dire clairement la raison pour laquelle je me suis trouvé sur les lieux, à

13 savoir pour prévenir ces familles que les unités de l'UCK étaient tout

14 près d'elles. Et lorsque j'ai découvert que l'opération était sur le point

15 d'être lancée, les gens étaient véritablement à cet endroit, je leur ai

16 proposé de partir de façon à ce qu'il ne leur arrive rien de mal. Je parle

17 de la population et de tous les gens qui se trouvaient là.

18 Question: Votre déclaration est tout à fait claire, mais je vous renvoie à

19 votre déposition: Djakovica, là où vous travailliez, était bien le centre

20 de la zone opérationnelle de Dukagjin, c'est bien cela, vous pouvez

21 répondre par oui ou par non?

22 Réponse: Je n'ai dit nulle part dans ma déclaration…, je n'ai mentionné le

23 nom de la zone opérationnelle de Dukagjin nulle part dans ma déclaration.

24 Question: Etes-vous au courant de ces combats dont vous dites qu'ils ont

25 été peu nombreux, puisque vous dites que l'UCK s'est retirée? Savez-vous

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1 combien il y a eu de victimes en raison de ces combats, puisque vous avez

2 transporté les cadavres dans les villes dont vous avez déjà donné les noms

3 par la suite? Je parle du secteur de Djakovica uniquement. Je vous

4 interroge au sujet de Djakovica uniquement.

5 Réponse: De quels soldats parlez-vous?

6 Question: Des soldats de l'armée de Yougoslavie dans les rangs de laquelle

7 vous étiez enrôlé à l'époque.

8 Réponse: Je sais que 40 d'entre eux à peu près ont été tués.

9 Question: J'ai ici, sous les yeux, une liste qui indique 61 soldats tombés

10 au cours de ces combats, mais nous ne pouvons pas analyser cette liste en

11 détail ici. Pour votre part, vous parlez de 40 personnes. Vous dites que,

12 selon vous, le MUP avait des comptes à régler avec l'UCK; est-ce exact?

13 Réponse: J'ai dit que c'était vraisemblable, je n'ai pas dit que cela

14 s'était passé effectivement.

15 M. Milosevic (interprétation): Très bien, donc c'était une supposition de

16 votre part. Vous donnez des estimations au sujet de l'armement du MUP et

17 de ce genre de chose, mais ces données de votre part sont également des

18 suppositions et pas des certitudes, oui ou non?

19 M. Drewienkiewicz (interprétation): Je n'émets pas des suppositions, car,

20 si les Juges m'y autorisent, j'aimerais citer des chiffres.

21 M. le Président (interprétation): Au sujet du MUP et de l'UCK, c'est bien

22 cela?

23 M. Peraj (interprétation): Au sujet du nombre de victimes et de personnes

24 portées disparues.

25 M. le Président (interprétation): J'aimerais que l'accusé finisse d'abord

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1 son contre-interrogatoire. Après quoi, le Procureur pourra poser des

2 questions supplémentaires à ce sujet s'il le juge nécessaire.

3 M. Milosevic (interprétation): Vous dites que l'armée yougoslave a essayé,

4 s'est efforcée de placer toutes les unités sous son commandement, mais que

5 l'idée poursuivie était celle des responsables politiques, à savoir la

6 création d'une Grande Serbie.

7 Qui a demandé que la Grande Serbie soit créée? Sur quoi fondez-vous votre

8 déclaration pour évoquer ce fait?

9 M. Peraj (interprétation): Sur la base de ce que j'ai dit dans ma

10 déclaration, car ce n'est pas moi, mais ce sont vos responsables

11 politiques, vos représentants qui avaient déjà déclaré que "le Kosovo

12 était le berceau de la Serbie" et ils ne cessaient de le répéter dans tous

13 les médias.

14 D'ailleurs, il y avait une chanson qui était chantée et qui s'intitulait

15 "De Vargav à Triglav, de Djerdap à Jadran, l'Adriatique"; c'était une

16 chanson qui était chantée et dont le titre était "La Yougoslavie". C'était

17 une chanson très populaire, une mélodie très joyeuse, une chanson très

18 plaisante.

19 M. Milosevic (interprétation): Le titre de cette chanson était "La

20 Yougoslavie", et personne n'a chanté ce que vous prétendez qu'on chantait.

21 Mais avançons; je ne dispose que de très peu de temps.

22 Vous avez parlé de personnes qui se réunissaient tous les jours, mais vous

23 avez dit ne jamais avoir assisté à ces réunions quotidiennes, n'est-ce

24 pas?

25 M. Peraj (interprétation): J'ai participé régulièrement aux réunions

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1 d'information qui se déroulaient au quartier général où j'étais moi-même

2 stationné, mais j'ai également participé à d'autres réunions qui se

3 produisaient de temps en temps. J'y assistais si je me trouvais là par

4 hasard.

5 Question: Page 8, dernier paragraphe de votre déclaration du 12 au 15

6 février, vous parlez d'un certain nombre de réunions, mais vous ne parlez

7 pas de vous ni de votre participation à ces réunions. Oui ou non?

8 Réponse: J'ai dit et essayé d'expliquer à quel moment je participais à ces

9 réunions. Je ne vois pas quelle est la nécessité de poursuivre sur ce

10 sujet.

11 Question: La nécessité de revenir sur ce point vient du fait que cela ne

12 correspond pas à ce que vous dites dans votre déposition. Dans votre

13 déclaration écrite, vous dites n'avoir assisté qu'à quelques réunions

14 informelles. Oui ou non?

15 Réponse: Je l'ai déjà dit précédemment et je vais le répéter: j'ai

16 participé aussi bien à des réunions qui avaient un caractère ordinaire,

17 régulier et à des réunions ad hoc.

18 Question: Vous avez parlé d'une réunion informelle qui avait eu lieu au

19 domicile de quelqu'un. Est-ce que c'était lors d'un dîner, lors d'une

20 réception quelconque? De quoi s'agissait-il? Je parle de cette réunion

21 informelle dont vous avez parlé, qui a eu lieu au domicile de quelqu'un.

22 Réponse: Il ne s'agit pas d'une réception, il ne s'agissait pas d'un

23 mariage. Cela s'est passé le jour où Prascevic a été inhumé. Les gens se

24 sont réunis venant du MUP et de l'armée; ils se sont réunis pour assister

25 à l'enterrement. Et moi, il s'est trouvé que, par hasard, j'étais là.

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1 Question: Bien. Donc il ne s'agissait pas d'une réunion; il s'agissait de

2 gens qui étaient là assis parce qu'ils étaient venus assister à un

3 enterrement. Je suis content que vous ayez clarifié la chose.

4 Vous avez également parlé de la manière dont le MUP prenait des décisions

5 et vous nous avez parlé quant à savoir s'ils consultaient l'armée de la

6 Yougoslavie ou pas. Mais à ce sujet, vous n'avez aucune information

7 fiable. Une fois encore, vous vous lancez dans des suppositions à ce

8 sujet?

9 Réponse: Il ne s'agit pas de spéculation! Ces choses-là, on les a dits

10 lors de cette brève réunion. Et ensuite, ces choses-là se sont passées, à

11 Korenica et à Meja.

12 M. Milosevic (interprétation): Nous arriverons bientôt à Meja, mais je

13 voulais simplement établir qu'il ne s'agissait pas d'une réunion. Il

14 s'agissait d'une réunion informelle, dans une résidence privée, lors des

15 funérailles de quelqu'un qui avait été tué par les terroristes de l'UCK.

16 C'est très différent de ce que vous dites.

17 M. le Président (interprétation): Pas vraiment. Ça, c'est votre façon de

18 voir les choses. Il faut être quand même juste vis-à-vis du témoin. C'est

19 votre commentaire.

20 M. Milosevic (interprétation): Dans votre deuxième déclaration, vous dites

21 qu'un de vos amis de la sécurité militaire vous a parlé d'un plan relatif

22 au nettoyage ethnique des Albanais.

23 Savez vous que, s'agissant des communications dans notre pays, eh bien,

24 pendant des années, cette expression de "nettoyage ethnique" a été

25 utilisée pour caractériser un crime, dans les médias ou dans les

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1 conversations privées. Toujours de manière générale, le terme de

2 "nettoyage ethnique" était un terme qui évoquait une action criminelle.

3 Réponse: En premier lieu, j'aimerais bien que vous me posiez les questions

4 une par une et que vous ne me posiez pas dix questions en une phrase,

5 sinon je ne peux pas répondre aussi clairement que je le souhaiterais.

6 M. Milosevic (interprétation): Bien. Alors, est-il exact qu'aussi bien

7 dans la vie publique que privée, dans les conversations privées ou dans

8 les médias, l'expression de "nettoyage ethnique" était utilisée, et ceci

9 pendant des années, pour désigner un crime, une action criminelle?

10 M. Peraj (interprétation): Je peux dire librement qu'il y a eu du

11 nettoyage ethnique aussi bien au Kosovo que dans ma municipalité, à

12 Djakovë. Quant à une analyse plus détaillée de la chose, il faudrait peut-

13 être poser la question à quelqu'un d'autre.

14 M. le Président (interprétation): Mais essayez, s'il vous plaît, de

15 répondre à la question.

16 La question était la suivante; est-il exact que, dans la vie publique et

17 donc dans les médias aussi bien que dans la vie privée des gens,

18 l'expression de "nettoyage ethnique" était utilisée pour désigner un acte

19 criminel? Il est indéniable que l'accusé nous parle ici de l'ex-

20 Yougoslavie. Est-ce que ceci est exact ou pas, ou bien n'êtes-vous pas en

21 mesure de répondre?

22 M. Peraj (interprétation): Il est exact qu'on en parlait dans les médias;

23 on disait que le nettoyage ethnique était un acte criminel.

24 M. Milosevic (interprétation): Donc, un ami qui travaillait dans la

25 sécurité militaire vous a dit qu'on allait commettre un crime; ça, c'est

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1 un volet de la chose. Et l'autre chose, c'est que vous n'en parlez pas

2 dans votre déclaration, la déclaration que vous avez faite deux mois et

3 demi après les événements en question; même pas, d'ailleurs, dans la

4 déclaration que vous avez faite à peu près un an avant la deuxième

5 déclaration.

6 Comment se fait-il que vous n'ayez pas mentionné le fait que quelqu'un

7 vous ait dit qu'un crime allait être perpétré?

8 M. Peraj (interprétation): En premier lieu, je dois dire qu'il n'a pas dit

9 que cela aurait lieu, mais cela a eu lieu. Et au cours de cette réunion

10 informelle, pendant cette conversation, on a mentionné le fait que la

11 région serait nettoyée de sa population.

12 M. Milosevic (interprétation): Ceci signifie qu'il vous a dit qu'on avait

13 planifié un crime?

14 M. Peraj (interprétation): Il n'a pas dit que cela était planifié. Il ne

15 s'agissait pas là de choses qui étaient complètement inconnues; c'était

16 inutile de coller des affiches à ce sujet. Mais c'étaient des mesures

17 extrêmement claires, et ce qui s'est passé s'est passé.

18 M. le Président (interprétation): Mais la question que l'on vous pose,

19 c'est de savoir pourquoi vous n'avez pas mentionné la chose dans votre

20 première déclaration que vous avez faite le 18 avril 2000.

21 M. Peraj (interprétation): Eh bien, peut-être qu'à ce moment-là je ne me

22 suis pas souvenu de la chose.

23 M. Milosevic (interprétation): Bien. On se contentera de cette réponse.

24 Dans le village de Meja, Prascevic, un officier, a été tué et d'autres

25 personnes, dont le frère de l'officier de police de l'endroit.

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1 (L'interprète n'a pas été en mesure de saisir le nom.)

2 Je n'ai pas entendu votre réponse.

3 M. Peraj (interprétation): Mais moi, je n'ai pas compris que vous m'ayez

4 posé une question.

5 M. le Président (interprétation): Bien. S'il vous plaît, veuillez répéter

6 la question.

7 M. Milosevic (interprétation): Vous dites que dans le village de Meja,

8 l'UCK avait tué Prascevic, un officier du MUP, en avril, ainsi que quatre

9 autres hommes, dont le frère de Shegrad, un policier de la localité. Est-

10 ce que c'est exact? Voilà ma question.

11 M. Peraj (interprétation): Je sais, sur la base des informations que nous

12 avons reçues de l'armée -d'ailleurs ceci a été rendu public-, que

13 l'inspecteur Prascevic et d'autres policiers, cinq en tout, sont tombés

14 dans une embuscade tendue par l'UCK et ont trouvé la mort. Voilà ma

15 réponse.

16 Question: Bien. Vous parlez d'une réunion au cours de laquelle,

17 apparemment, d'après ce que vous dites, Stojanovic a donné des ordres pour

18 lancer une opération de représailles à cause de Prascevic. Est-ce exact?

19 Réponse: Il n'a pas dit qu'il allait se venger.

20 Question: Vous dites -et nous venons de le préciser- que lors de cette

21 réunion avant l'enterrement, il a dit que des têtes allaient tomber, etc.,

22 etc.

23 Réponse: Je vous en prie, je n'ai pas parlé de vengeance! Je n'ai pas

24 prononcé ce mot. Mais j'ai dit "qu'au moins 100 têtes allaient tomber,

25 devaient tomber, et que tout devait être réglé". Je crois qu'il a dit ça

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1 sous l'emprise de la fureur parce que Prascevic était l'un de ses amis.

2 Question: Oui, lors de l'enterrement. Mais Stojanovic, dont vous nous

3 dites qu'il a donné l'ordre, c'était un bon ami à vous, n'est-ce pas?

4 Réponse: Je le connaissais parce que nous venions du même endroit. Et nous

5 avions des relations d'amitié.

6 Question: Bien. Parlons maintenant de l'événement essentiel dont vous

7 parlez vous-même. Vous nous dites que ceci a été dirigé, cette opération a

8 été commandée par le général Lazarevic. Est-ce exact?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Et vous affirmez que cette action a été menée à l'encontre de la

11 population civile dans le village de Meja; est-ce exact?

12 Réponse: Oui. C'est tout à fait cela.

13 Question: Cela signifie que le commandant du corps d'armée a commandé une

14 opération dirigée contre la population civile d'un village? C'est cela que

15 vous affirmez? En tant qu'officier de l'armée?

16 Réponse: Mais il ne s'agit pas ici de savoir…

17 On parle d'un village. Il y avait plusieurs villages; il y avait les

18 villages de Reka e Keqe, et il y avait la vallée de Carragojs qui était

19 impliquée également. J'ai d'ailleurs dit, dans ma déclaration, que

20 l'opération était dirigée par le général Lazarevic à partir de Gjakovë. Et

21 le colonel Kotor et le colonel Stankovic étaient sur le terrain, ainsi que

22 les policiers du village de Duzhnja.

23 Question: Je vous en prie, ne perdons pas plus de temps. Moi, j'ai besoin

24 de réponses précises à mes questions qui sont précises. Cette opération,

25 puisque c'est ainsi que vous l'appelez, est-ce que c'était une opération

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1 qui était dirigée contre l'UCK, oui ou non?

2 Réponse: Il n'y avait pas de membre de l'UCK. Il n'y avait aucun membre de

3 l'UCK dans cette zone; parce que le 27 et le 28, aucun membre de l'armée

4 yougoslave ni des forces de police n'a été tué -et d'ailleurs personne non

5 plus de l'UCK- et personne non plus n'a été blessé. Tout le monde sait

6 très bien qui a souffert au cours de cette opération et qui a préparé

7 ladite opération.

8 M. Milosevic (interprétation): Bien, bien. Essayez, s'il vous plaît,

9 d'être aussi succinct que possible.

10 Je vois ici une carte que vous avez préparée et que vous avez donnée. Ne

11 la plaçons pas sur le rétroprojecteur parce que ça va nous faire perdre du

12 temps. Mais on pourrait le faire.

13 Enfin, vous nous dites qu'il ne s'agissait pas d'une opération dirigée par

14 l'UCK, mais contre la population civile. Dans ces conditions, j'aimerais

15 que vous regardiez cette carte.

16 Sur cette carte, on voit la région de Kosare, la route entre Djakovica et

17 Decani; c'est là où se trouvent Meja, Punosevac, Stubla, ainsi que la zone

18 du village de Morina, le village de Moric. Ici, je vous donne simplement

19 un certain nombre de villages, des villages où des soldats ont été tués

20 par l'UCK, c'est-à-dire que des gens ont perdu leur vie.

21 Regardez un petit peu, par exemple, le 21 avril.

22 M. le Président (interprétation): Mais quelle est la question?

23 M. Milosevic (interprétation): La question est la suivante: le témoin nous

24 affirme que nous avons affaire ici à une opération dirigée contre la

25 population civile et pas contre l'UCK. Dans ces conditions, comment est-il

Page 4728

1 possible que, le 21 avril, l'UCK ait tué Arifaj Naser, Lazarevic

2 Ljubodrag, des soldats de la VJ, LazarevicBoban, le 21 avril; ensuite,

3 Prascevic Milutin, le 21 avril?

4 M. le Président (interprétation): Laissez le témoin répondre. Laissez le

5 témoin répondre! Non.

6 Monsieur le Témoin, vous avez entendu ce que l'on vous dit? On vous dit

7 que si, effectivement, il s'agissait d'une opération qui ne concernait pas

8 l'UCK, comment se fait-il que des soldats yougoslaves aient été tués, si

9 c'est bien ce que vous dites?

10 M. Peraj (interprétation): Je vous en prie, Monsieur le Président.

11 Auparavant, j'ai déjà dit et je le répète, avec force, qu'au cours de

12 cette opération, les 27 et 28 avril 1999, dans la région que j'ai décrite,

13 la vallée de Caragojës, avec tous les villages environnants, eh bien, je

14 l'ai déjà dit, aucun soldat n'a été tué pendant ces deux journées. Que ce

15 soit par les forces yougoslaves ou la police, que ce soit par l'UCK, je

16 dis que seuls des civils ont été tués. Et ça, c'est toute la vérité.

17 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, avant de poursuivre,

18 souhaitez-vous que le témoin réponde à des questions au sujet du plan qui

19 se trouve actuellement sur le rétroprojecteur ou pouvons-nous l'en ôter?

20 M. Milosevic (interprétation): Il s'agit là d'une question qui va au cœur

21 du problème ici, parce que c'est essentiel. J'ai cette carte et je l'ai

22 comparée avec la liste de personnes de l'armée de la Yougoslavie qui ont

23 été tuées. Or, dans cette zone, au cours du mois d'avril, un grand nombre

24 de soldats de l'armée yougoslave ont été tués; cette opération a eu lieu

25 contre les membres de l'UCK qui avaient tué ces soldats de l'armée

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1 yougoslave.

2 La question de savoir si d'autres soldats ont été tués ce jour-là est

3 différente. Mais moi, j'ai des informations que le témoin connaît sans

4 doute; c'est une liste de soldats qui ont été tués ce jour-là. Moi, je ne

5 suis pas celui qui a fait cette carte; c'est lui qui l'a faite.

6 M. le Président (interprétation): Mais combien de soldats ont été tués

7 pendant cette opération dans la vallée, d'après vous?

8 M. Milosevic (interprétation): Je vais vous donner les dates: 1, 2, 3, 4,

9 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24,

10 25, 27, 28, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38. 38 soldats ont trouvé la

11 mort.

12 M. le Président (interprétation): Le témoin est là pour déposer. Laissez-

13 le répondre.

14 Monsieur le Témoin, 38 soldats donc ont trouvé la mort. Qu'avez-vous à

15 dire à cela? D'après vous, est-ce que ceci est vrai ou pas?

16 M. Peraj (interprétation): Peut-être qu'il y a à peu près autant de

17 soldats qui ont été tués, mais ils ont été tués dans la zone frontalière à

18 Kosare, à Potok, Molliqi et le long de la frontière, là où il y avait des

19 combats de temps à autre. Mais il n'y avait pas de membres de l'UCK dans

20 cette zone; ils s'étaient probablement retirés. Mais dans la zone que j'ai

21 décrite sur la carte, il n'y avait pas de combats.

22 Il n'y a eu des victimes chez aucune des parties belligérantes; seuls des

23 civils ont souffert: des femmes, des enfants, des jeunes, des innocents.

24 Seules des personnes complètement innocentes ont pâti de cette situation.

25 M. Milosevic (interprétation): Mais je vous en prie, c'est justement dans

Page 4730

1 le cercle qui se trouve sur votre carte que l'on trouve les lieux où ont

2 été tués ces 38 soldats du 11 au 21 avril, et ensuite, pendant tous ces

3 jours-là. Donc on ne parle pas ici d'une opération de deux jours; ceci a

4 duré pendant des semaines. Je parle de ces soldats qui ont été tués ainsi.

5 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, le témoin a dit que

6 cela n'était pas le cas, il a déposé à ce sujet. Si vous souhaitez faire

7 venir des témoins pour prouver le contraire, libre à vous de le faire.

8 Vous avez encore deux questions.

9 M. Milosevic (interprétation): Les villages de Stubla, Punosevac ou les

10 villages de Opljaz, Orize, ceux qui se trouvent à côté de Meja…, est-ce

11 que là, c'est la zone frontalière ou bien la route entre Decani et

12 Djakovica? Est-ce que là, c'est la zone frontière? Je vous en prie,

13 regardez ce village, ici; il se trouve au plein centre de cette carte:

14 Stubla, Punosevac, ça se trouve au centre, le village de Meja aussi. Et il

15 y a des gens qui ont été tués dans le village de Meja. Est-ce que c'est

16 vrai ou pas?

17 M. le Président (interprétation): Il a dit que non. Il a dit ce qu'il

18 avait à dire à ce sujet; inutile d'argumenter.

19 Vous avez encore une question et nous en aurons terminé.

20 M. Milosevic (interprétation): Je pense qu'il est injuste de limiter mon

21 temps de contre-interrogatoire pour ce témoin et de me laisser une seule

22 question parce que moi, j'ai encore beaucoup de questions pour lui.

23 Puisque la dernière fois, vous aviez dit que vous étiez au courant de

24 l'ordre selon lequel les forces paramilitaires étaient interdites, dans

25 ces conditions est-ce que vous connaissez l'ordre délivré par le

Page 4731

1 commandement suprême selon lequel il était interdit d'ouvrir le feu si

2 cela pouvait mettre en danger la vie de civils? Est-ce que vous connaissez

3 cet ordre, vous qui avez été membre du commandement de Djakovica?

4 M. Peraj (interprétation): Si les lois avaient été respectées,

5 particulièrement celles qui sont valables en temps de guerre, eh bien,

6 tous les événements qui ont eu lieu n'auraient pas eu lieu.

7 Malheureusement, ces lois n'ont pas été respectées.

8 M. le Président (interprétation): Donc il existait une loi, ou du moins il

9 existait un ordre selon lequel les unités paramilitaires ne devaient pas

10 tirer si cela risquait de faire planer un péril sur les civils? Est-ce

11 qu'il y avait un ordre ou une loi dans ce sens?

12 M. Peraj (interprétation): Il n'y avait pas de loi semblable.

13 M. Milosevic (interprétation): Je ne parle pas de loi, je parle d'un

14 ordre: l'ordre de ne pas ouvrir le feu si cela pouvait faire courir un

15 risque à des civils. Je vous parle en tant que membre de l'armée

16 yougoslave; est-ce que vous connaissez cela ou pas? Mais je ne parle plus

17 d'unités paramilitaires ici; je parle de l'armée, je parle de la police.

18 M. Peraj (interprétation): Personnellement, je sais qu'aucune force, nulle

19 part, et je ne parle pas simplement de la Yougoslavie, de la Serbie, du

20 Kosovo; je parle des forces armées partout, où qu'elles soient dans le

21 monde; elles n'ont pas le droit d'ouvrir le feu si cela peut faire courir

22 un risque aux civils. C'est un principe d'ordre général. Mais il

23 n'existait pas d'ordre de ce style pour les empêcher de tirer.

24 M. le Président (interprétation): Nous en avons terminé maintenant du

25 contre-interrogatoire.

Page 4732

1 Monsieur Wladimiroff, avez-vous à poser des questions au témoin?

2 M. Wladimiroff (interprétation): Oui, mais je n'ai besoin que de 10

3 minutes. Peut-être pourriez-vous, dans ces conditions, accorder quelques

4 minutes supplémentaires à l'accusé?

5 M. le Président (interprétation): Non, nous avions déjà statué sur le

6 temps qui lui était imparti.

7 (Questions de l'amicus curiae, M. Wladimiroff, au témoin, M. Nike Peraj.)

8 M. Wladimiroff (interprétation): Bien.

9 Monsieur Peraj, peut-être pourriez-vous assister la Chambre en répondant à

10 quelques questions au sujet d'un incident crucial? Vous avez parlé d'un

11 rapport militaire sur l'incident qui a été préparé le lendemain; est-ce

12 exact?

13 M. Peraj (interprétation): Si vous me posez une question, là, au sujet du

14 rapport qui a été préparé dans la maison de la culture de Gjakovë, après

15 le meurtre où le massacre de Meja, oui, effectivement, c'est le cas.

16 Question: Oui mais dans votre première déclaration du 18 avril 2000, vous

17 ne parlez pas de ce rapport. Pourquoi?

18 Réponse: J'ai déjà dit avant qu'à ce moment-là, sans doute que ça ne m'est

19 pas venu à l'esprit. Mais je répète que si je l'avais pu, et même

20 aujourd'hui, j'aurais pu donner plus de faits, plus d'explications pour

21 appuyer ce que je dis.

22 Question: Votre première déclaration, vous l'avez faite un an après cet

23 incident, n'est-ce pas?

24 Réponse: Oui, oui. Vous avez la date dans ma déclaration, et c'est la

25 vérité.

Page 4733

1 Question: Avez-vous lu le rapport, ou l'avez-vous simplement vu?

2 Réponse: De quel rapport parlez-vous?

3 Question: Le rapport militaire qui a été établi ou préparé après

4 l'incident du 28 avril 1999, immédiatement après cet incident.

5 Réponse: Je l'ai vu, de mes yeux, vu. J'ai vu le commandant Zdravko qui le

6 préparait, qui le tapait à l'ordinateur.

7 Question: Oui, mais ma question est de savoir si vous l'avez lu ou si vous

8 l'avez vu?

9 Réponse: Je l'ai vu le rédiger et ensuite, j'ai lu une partie du rapport.

10 Question: Quelle était la teneur du rapport? S'agissait-il d'un rapport

11 militaire portant évaluation de la situation dans la région ou bien d'un

12 rapport qui présentait les faits relatifs à l'incident, ou bien est-ce que

13 c'était un rapport d'une nature complètement différente?

14 Réponse: Ce rapport avait pour objectif d'informer le commandement suprême

15 de ce qui s'était passé au cours de cette opération.

16 Question: Qu'entendez-vous par "commandement suprême"?

17 Réponse: Le rapport a été envoyé au commandement du corps d'armée qui, de

18 son côté, se voyait remettre tous les rapports qu'il transmettait ensuite

19 à la 3e Armée.

20 Ensuite, tout ceci était transmis au commandement suprême à Belgrade. Dans

21 le rapport, on stipulait qu'au cours de l'opération à Meja, 68 terroristes

22 avaient été liquidés alors que, dans le village de Korenica, 74

23 terroristes avaient été liquidés. Et il y avait encore d'autres faits,

24 d'autres informations données au sujet de ce qui s'était produit durant

25 cette opération.

Page 4734

1 M. Wladimiroff (interprétation): Comment se fait-il que vous ayez pu lire

2 ce rapport?

3 M. Peraj (interprétation): Je travaillais dans ce bureau, cela faisait

4 partie de ce commandement où je travaillais. On avait le droit de préparer

5 ce type d'information, on rédigeait ce type d'information. Nous étions

6 responsables pour réunir les certificats de décès nécessaires concernant

7 ceux qui avaient été tués. Cela faisait partie du travail du commandement

8 de Gjakove.

9 M. Ryneveld (interprétation): Pendant que la question est encore sur le

10 rétroprojecteur, je voudrais vous demander: au point 24, 10:00:05, vous

11 avez dit "en mai: 68 terroristes". Il y a peut-être une différence à

12 vérifier. Pouvez-vous clarifier: c'était en mai ou à Meja?

13 M. Wladimiroff (interprétation): La transcription dit que vous dites que

14 "ce rapport traitait de l'opération en mai". Est-ce que vous voulez dire

15 le mois de mai ou parliez-vous du lieu qui s'appelle Meja?

16 M. Peraj (interprétation): Je parle du mois d'avril, les 27, 2 8 avril et

17 je ne parle pas de mai.

18 Question: Est-ce que ce rapport vous a été remis pour que vous le lisiez

19 ou est-ce qu'il se trouvait sur une table et c'est vous qui avez décidé de

20 le lire?

21 Réponse: Je me trouvais là au moment où on était en train de le rédiger.

22 Je l'ai lu par curiosité d'abord: ce n'était pas secret en ce qui me

23 concernait. Je n'en ai pas reçu, de rapport écrit, bien sûr; je n'étais

24 pas destinataire, mais ce rapport était en train d'être rédigé, là, et

25 adressé à un commandement supérieur, au nôtre, pour son information;

Page 4735

1 ensuite, à son tour, il devait l'envoyer au commandement suprême à

2 Belgrade.

3 Question: Pourriez-vous répondre aussi brièvement que possible à la

4 question suivante, simplement répondre à la question elle-même, sans

5 entrer dans d'autres questions que je ne traite pas? Par qui ce rapport a-

6 t-il été établi?

7 Réponse: Permettez-moi de vous donner une brève explication. Tous les

8 jours, il y avait un briefing le matin, qui avait lieu entre les

9 militaires et les policiers, à 8 heures du matin et 6 heures du soir. Et

10 lorsqu'il y avait une personne qui prenait des notes de toutes ces

11 réunions, elle remettait ses notes au major, au commandant pour préparer

12 le rapport qui était ensuite signé par le commandant de la garnison et

13 envoyé à des échelons supérieurs du commandement.

14 Question: Quand vous dites que "le commandant préparait ce rapport", quel

15 commandant?

16 Réponse: C'était le commandant qui l'établissait sur la base des notes qui

17 lui étaient remises par d'autres éléments. C'était lui qui ensuite était

18 responsable de le mettre en forme.

19 Question: Alors, qu'est-ce que vous avez vu de ce rapport? C'était le

20 rapport établi par le major ou avez-vous vu les autres rapports qui lui

21 étaient remis?

22 Réponse: Le rapport reprenait ces notes, à partir des cahiers qui étaient

23 conservés, qui étaient rédigées pendant ces briefings; puis il se référait

24 à ces notes pour compléter le rapport qu'il établissait.

25 Question: La question était: qu'est-ce que vous avez vu ou lu? Est-ce que

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1 c'étaient les cahiers de notes ou était-ce le rapport proprement dit?

2 Réponse: Je n'ai pas lu les notes sur les cahiers, j'ai lu une partie du

3 rapport que lui-même a établi et, pour moi, c'était ce qu'il y avait de

4 plus important. C'était quelque chose qui a appelé mon attention

5 concernant le nombre de victimes.

6 Question: Avez-vous lu le rapport pendant qu'ils le rédigeaient?

7 Réponse: Oui, pendant qu'ils le dactylographiaient, je l'ai vu sur

8 l'ordinateur.

9 Question: Est-ce que ce rapport comprenait plus d'une page?

10 Réponse: D'habitude, pour ces rapports, cela dépendait du nombre

11 d'événements du jour. Ces rapports comprenaient un certain nombre de

12 pages, mais elles n'étaient pas très nombreuses, parce qu'il fallait

13 qu'elles soient transmises par des moyens de communications militaires,

14 les lignes militaires, lorsqu'il était difficile de les envoyer sous forme

15 de lettre.

16 Question: Je vous parle de ce rapport-ci. Est-ce que ce rapport-ci

17 comprenait plus d'une page?

18 Réponse: D'après mes souvenirs, lorsqu'il l'a imprimé, il y avait une page

19 et demie.

20 Question: Avez-vous vu ou lu le rapport pendant qu'il était à l'écran de

21 l'ordinateur, ou après qu'il ait été imprimé?

22 Réponse: Je l'ai lu au fur et à mesure qu'il le rédigeait. Puis, je me

23 suis trouvé là: je l'ai vu l'imprimer et le mettre dans une enveloppe.

24 Question: Donc vous avez lue la réponse et vous l'avez vue pendant que

25 c'était écrit à l'écran de l'ordinateur?

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1 Réponse: Oui.

2 Question: Avez-vous vu la première page? Ou est-ce que vous l'avez vu

3 dactylographier la deuxième page?

4 Réponse: Je n'ai pas compris votre question.

5 Question: Lorsque le texte était à l'écran et que vous avez eu l'occasion

6 de le voir, est-ce que vous avez vu plus qu'une page ou seulement une

7 page?

8 Réponse: J'ai déjà dit que ce rapport consistait en une page et demie

9 approximativement. Donc sur la première page, j'ai vu les chiffres 68, 74,

10 vers le milieu de la page, d'après mes souvenirs.

11 Question: Avez-vous vu le haut de cette page?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Et qui étaient les destinataires, s'il y avait plus d'un

14 destinataire?

15 Réponse: Le rapport était adressé au commandement du Corps de Pristina.

16 Question: Pourquoi dites-vous que ce rapport a été envoyé à Belgrade dans

17 ce cas-là? Est-ce que c'est une supposition de votre part: vous avez pensé

18 que c'est ça qui se passerait?

19 Réponse: Ce n'était pas mon hypothèse, c'était la pratique normale: un

20 commandement inférieur envoyait son rapport à un échelon supérieur du

21 commandement; pour nous, c'était le commandement à Prishtina. Et puis,

22 pour ce commandement-là, c'était le commandement du 3e Corps qui, pour sa

23 part, devait l'envoyer au quartier général, à l'état major général. Puis,

24 cela allait au commandement du Corps. Et après cela, je ne sais pas ce

25 qu'on en faisait; mais il était censé être envoyé au commandement suprême

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1 à Belgrade, bien entendu.

2 Question: Concentrons-nous là-dessus.

3 Vous avez lu que le destinataire était le commandement du Corps à Nis?

4 Réponse: Non. Pas au Corps du commandement à Nis. J'ai dit à Prishtina,

5 c'est là qu'on l'envoyait, pas à Nis. A Nis, il y avait le commandement de

6 la 3e Armée.

7 Question: Donc vous avez lu en haut, parmi les destinataires, le

8 commandement du Corps de Pristina, et rien d'autre?

9 Réponse: L'en-tête du rapport, ou disons les destinataires étaient le

10 commandement du Corps à Prishtina.

11 Question: Rien d'autre? Personne d'autre?

12 Réponse: Mais voilà comment ça s'est passé. De là, ça a été envoyé à des

13 échelons supérieurs.

14 Question: Comment savez-vous que ça s'est passé pour ce rapport-là?

15 Réponse: Je ne sais pas ce qui s'est passé. Et je n'étais d'ailleurs même

16 pas intéressé par ce qui allait se passer avec ce rapport.

17 Question: Bien. Dans votre première déclaration du 18 avril, vous dites

18 que vous avez vu sur l'ordinateur, au Centre culturel, que 68 hommes

19 avaient été tués à Meja et que, d'après votre déclaration, c'était quatre

20 jours après l'incident. Et maintenant, vous dites que c'était le

21 lendemain. Alors, qu'est-ce qui est vrai?

22 Réponse: Je ne me rappelle pas avoir dit "quatre jours plus tard après

23 l'événement". Je me rappelle que c'était le 27 au soir. C'est peut-être

24 une erreur quand on a noté ce que j'ai dit peut-être, mais c'est dans la

25 soirée du 27 avril, après 22 heures, lorsque ce rapport a été rédigé, qui

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1 mentionnait le nombre de ces victimes.

2 Question: Dans votre déclaration du 18 avril, au paragraphe 31 vous dites

3 "quatre jours plus tard après l'incident à Meja, j'ai vu sur l'ordinateur

4 que nous avions au Centre culturel que 68 hommes avaient été tués à Meja",

5 et ainsi de suite.

6 Dans votre deuxième déclaration, vous avez dit que c'était le lendemain de

7 l'incident, le 28. Maintenant, vous dites que c'était dans la soirée de

8 l'incident, le 27.

9 Alors, que faut-il croire?

10 Réponse: Il se peut que j'aie mélangé les dates, qu'on ait mélangé les

11 dates, mais je suis sûr, je peux garantir avec certitude que ce rapport a

12 été établi tard, après 10 heures du soir, et que c'était le 27 avril 1999.

13 Je ne peux pas être sûr qu'il n'y ait pas des erreurs dans les dates. Mais

14 ce que je dis maintenant est absolument vrai, parce que d'habitude les

15 rapports ne sont pas rédigés quatre jours plus tard, mais ils sont rédigés

16 quotidiennement. Tout le monde sait cela.

17 M. Wladimiroff (interprétation): Bien.

18 (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, M. Nike Peraj, par M.

19 Ryneveld.)

20 M. Ryneveld (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

21 deux ou trois points sur lesquels je souhaiterais des éclaircissements.

22 D'abord le point sur lequel M. Wladimiroff a traité. Je voudrais demander

23 au Tribunal, à la Chambre de regarder avec moi la deuxième déclaration…

24 pardon! la première déclaration du 18 avril 2000 à la page 7, aux

25 paragraphes 30 et 31, qui ont été fournis au témoin, je crois.

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1 Témoin, je vais vous lire deux paragraphes de votre déclaration sur cette

2 question du moment où vous avez vu ce rapport sur l'ordinateur.

3 Au paragraphe 30, vous dites: "Je me rappelle que trois ou quatre jours

4 avant le massacre de Meja, Nikola Micunovic, alias Dragan, m'a dit que la

5 vallée de Carragojs allait payer un très haut prix". Et puis, vous

6 décrivez ensuite le fait qu'on a tué Milutin Prascevic et vous parlez de

7 différentes questions.

8 Puis, au paragraphe 31, vous dites: "Quatre jours après l'incident à

9 Meja"; est-ce que vous parlez de quatre jours après la discussion que vous

10 avez eue avec Dragan Micunovic, lorsque vous dites: "Quatre jours après

11 l'incident à Meja, j'ai vu, sur l'ordinateur que nous avions au Centre

12 culturel, que 68 homme avaient été tués à Meja et que 74 avaient été tués

13 à Korenica"?

14 Quand on met les deux ensemble, pouvez-vous nous dire si vous parlez de

15 quatre jours après avoir parlé à Micunovic, trois ou quatre jours avant le

16 massacre, ou est-ce que c'est quatre jours après l'incident à Meja, ce

17 dont vous parlez?

18 M. Peraj (interprétation): La vérité est que ce que vous avez mentionné…

19 Nikola Micunovic m'a dit que la vallée de Carragojs paierait un prix élevé

20 pour cela; il me l'a dit, il m'a dit cela personnellement. Et alors, je

21 lui ai dit: "Mais en quoi est-ce la faute de la vallée de Carragojs?". Et

22 il a dit que Korenicë aussi aurait à payer pour cela; c'est ce que je dis

23 là.

24 Question: L'essentiel de ma question n'est pas ce qui a été dit; c'est de

25 préciser, de clarifier ce que vous vouliez dire lorsque vous faites cette

Page 4741

1 déclaration.

2 Donc vous vous rappelez que cette conversation était trois ou quatre jours

3 avant le massacre? Arrêtons-nous là. Etait-ce vrai? Est-ce que cette

4 conversation avec Micunovic a eu lieu trois ou quatre jours avant que les

5 choses se soient passées dans la vallée de Carragojs?

6 Réponse: C'était avant les événements.

7 Question: Et alors, quatre jours plus tard après cette conversation, avez-

8 vous regardé l'ordinateur où avez-vous regardé l'ordinateur quatre jours

9 après que l'incident se soit produit et non pas quatre jours après

10 l'entretien, la conversation?

11 Réponse: J'ai regardé l'ordinateur le jour de l'événement, le 27, dans la

12 soirée.

13 Question: Donc c'était trois ou quatre jours après l'entretien; est-ce

14 exact?

15 Réponse: Bien sûr. Après la conversation que j'avais eue avec Micunovic.

16 M. Ryneveld (interprétation): Ça, c'est un des points.

17 Le deuxième point que je voudrais éclaircir est la question de la carte,

18 et ceci pour le compte rendu. La carte qui vous a été montrée sur le

19 rétroprojecteur, que l'accusé vous a fait montrer, était la pièce 141.3;

20 c'est celle-là qu'on va vous montrer. C'est la carte qui a cercle rouge

21 autour de la zone de Meja.

22 Il s'agit de montrer 143.4, l'autre carte dont vous avez dit qu'elle avait

23 été fabriquée à l'ordinateur, par rapport au cercle que vous aviez tracé

24 vous-même sur la pièce 143. Est-ce exact?

25 Réponse: Ce cercle est simplement une zone générale de l'autre carte.

Page 4742

1 Question: 143.4?

2 Réponse: C'est bien cela.

3 Question: Est-ce que j'ai bien compris ce que vous avez dit dans votre

4 déposition? Vous dites que, pendant les opérations de Meja, vous limitez

5 votre témoignage aux deux jours, les 27 et 28 avril, et vous dites qu'il

6 n'y a pas eu de victimes au cours de ces deux dates, au cours de ces

7 jours. Est-ce que j'ai bien compris ce que vous avez dit dans votre

8 déposition?

9 Réponse: J'ai dit qu'il n'y avait pas eu de personnes tuées ou blessées du

10 côté de l'UCK ou du côté des forces serbes dans cette région dont je

11 parlais.

12 Question: Oui. Mais vous dites que des civils sont morts, mais pas des

13 membres des forces armées, de part et d'autre, au cours de ces deux

14 journées, le 27 et le 28 avril, n'est-ce pas?

15 Réponse: C'est bien cela.

16 Question: Est-ce que je comprends bien que vous limitez votre déposition à

17 ces deux jours? Parce que les noms que M. Milosevic vous a lus parlaient

18 de dates du 11 et du 23 avril.

19 Avez-vous des commentaires sur des morts qui auraient pu avoir lieu le 11

20 ou le 23, ou des morts…, des personnes qui auraient pu être tuées en

21 dehors de ces dates du 27 et du 28 avril?

22 Réponse: Il se peut qu'il y ait eu des tués, mais je voudrais dire à

23 nouveau que, dans la vallée de Carragojs et la vallée de Koledika, il n'y

24 en a pas eu. Peut-être qu'il y a eu d'autres secteurs près de Kozara et la

25 ligne frontalière près de Pastrik; il se peut qu'il y en ait eu là.

Page 4743

1 Question: Je vous remercie.

2 Dans votre déclaration, vous avez dit… Enfin, vous avez été contre-

3 interrogé, quand vous étiez en Croatie, par les membres des opérations de

4 sécurité interne. Dans votre déposition, vous avez indiqué que le général

5 Perisic s'était opposé à l'utilisation des forces armées dans les

6 opérations de sécurité internationales, et vous en avez parlé ce jeudi.

7 Vous rappelez-vous en avoir parlé?

8 Réponse: Oui, c'est vrai. J'ai entendu cela de mes propres oreilles et

9 j'ai vu le général à cette réunion où j'étais présent.

10 Question: Savez-vous ce qui est arrivé au général Perisic? Est-ce qu'il

11 est resté en fonction?

12 Réponse: Non. Il n'est pas resté en fonction. Je ne me souviens pas

13 exactement de la date, mais environ deux mois après cela, le général

14 Perisic a été démis de ses fonctions par un décret de l'accusé et, à sa

15 place, le général Ojdanic a été nommé. Mais je sais qu'il y a eu aussi des

16 problèmes parce que le nouveau général a été désigné sans l'approbation de

17 la République du Monténégro. Je le sais.

18 Question: Une dernière question, si vous le permettez, Monsieur le Témoin.

19 Vous avez eu le contre-interrogatoire à la fois de l'accusé et de M.

20 Wladimiroff en ce qui concerne des choses que vous avez vues ou entendues,

21 soit pendant des réunions, soit pendant des réunions officielle ou des

22 réunions officieuses, ou des documents que vous avez trouvés à votre

23 portée. Vous nous en avez parlé, n'est-ce pas?

24 Réponse: Je n'ai pas compris votre question.

25 Question: Très bien. C'est de ma faute, je l'ai mal posée. J'essaie à

Page 4744

1 nouveau.

2 Au cours du contre-interrogatoire, des questions vous ont été posées

3 concernant vos fonctions précises et les raisons pour lesquelles vous

4 auriez eu accès à des renseignements qui étaient issus de réunions

5 officielles. Arrêtons-nous là.

6 Est-ce que vous vous rappelez des questions au cours de votre contre-

7 interrogatoire pour savoir comment vous aviez la possibilité de savoir ce

8 qui se passait à ces réunions?

9 Réponse: J'étais en mesure de voir presque tout, mais pas ce qui était

10 secret. Mais d'autres éléments d'information, je pouvais voir presque

11 tout: le nombre des forces, le nombre d'armes, de véhicules et d'autres

12 choses de ce genre. Oui, je me trouvais dans ces lieux et, comme je

13 travaillais dans les transmissions, et aussi lorsque je remplissais des

14 fonctions administratives, notamment pour la formation du personnel, j'ai

15 vu des tas de notes.

16 Question: Avez-vous eu parfois accès à des exemplaires d'ordres, de

17 télégrammes, de plans qui auraient pu se trouver là, ou à d'autres types

18 de transmissions que se seraient trouvées là?

19 Réponse: Il y avait de cela. J'ai souvent vu des cartes qui avaient été

20 établies, des plans qui étaient établis, qui étaient annotés avec divers

21 titres ou rubriques; et quels étaient les points qui devaient être mis en

22 œuvre, phase par phase. Il y avait également des cartes avec des chiffres.

23 Lorsque le moment serait venu, ces plans devaient être exécutés et former

24 la base des obligations à remplir.

25 Question: Sur ce point, voilà ma question suivante: au cours du contre-

Page 4745

1 interrogatoire de l'accusé, il vous a demandé comment vous pouviez avoir

2 connaissance des opérations à Djakovica, pour procéder au nettoyage de la

3 population. Avez-vous des documents, des plans, des télégrammes ou autres

4 communications pour étayer votre position?

5 Réponse: Les ordres étaient, bien entendu, simplifiés par les officiers

6 supérieurs; et moi-même, j'ai vu à Djakovë comment les commandants sur le

7 terrain recevaient des ordres, qui parvenaient sous forme de télégrammes

8 indiquant que "la purification ou le nettoyage de la population devait

9 avoir lieu, et le nettoyage de tous ceux qui n'étaient pas loyaux envers

10 l'Etat".

11 Question: D'où émanait ce télégramme?

12 Réponse: Je ne sais pas de qui il émanait mais je suppose qu'il venait du

13 commandement supérieur, et qu'il était ensuite copié et adressé aux

14 commandants sur le terrain.

15 Question: Vous souvenez-vous de qui étaient les destinataires?

16 Réponse: C'était adressé à toutes les unités militaires et, sans aucun

17 doute, également aux unités de la police; je n'en suis pas absolument sûr,

18 mais je sais que c'était envoyé aux commandants des unités où je

19 travaillais, ainsi qu'à d'autres unités qui étaient venues les aider.

20 Chacun a reçu un document de ce type.

21 Question: Quand et où avez-vous vu un document de ce type?

22 Réponse: Je l'ai vu en mars 1999.

23 Question: Excusez-moi, c'était où exactement que cela s'est passé, dans

24 quel bureau, dans quel immeuble, à quel endroit?

25 Réponse: Dans l'immeuble… En fait, ce n'était pas dans l'immeuble du

Page 4746

1 Palais de la culture, mais dans le sous-sol du département où le

2 commandement avait son PC.

3 M. Ryneveld (interprétation): Je vous remercie.

4 (Question de M. le Juge Robinson au témoin, M. Nike Peraj.)

5 M. Robinson (interprétation): S'agissait-il d'un seul télégramme que vous

6 avez vu, portant ce genre de communication, ou plus qu'un télégramme?

7 M. Peraj (interprétation): Les télégrammes qui arrivaient étaient ensuite

8 rédigés sous forme d'ordre ou d'annonce, et étaient envoyés aux autres

9 unités sur le terrain.

10 (Questions du Juge Kwon au témoin, M. Nike Peraj.)

11 M. Kwon (interprétation): Avez-vous mentionné le télégramme que vous aviez

12 mentionné dans vos déclarations antérieures, qui parlait de la

13 purification ethnique?

14 M. Peraj (interprétation): (Hors micro.)

15 Je ne me souviens pas.

16 Question: J'ai lu, concernant ce télégramme, qu'on mentionnait la

17 purification ethnique dans cette déclaration. Pourquoi est-ce le cas? Vous

18 ne vous souvenez pas de cela? Je ne me souviens pas de l'avoir lu dans

19 votre déclaration.

20 Réponse: Pendant la séance, j'ai mentionné… j'ai dit que je ne pouvais pas

21 me rappeler tout à l'instant même. Et ceci est tout à fait vrai. Mais je

22 n'ai pas vu un télégramme concernant exclusivement des questions de

23 nettoyage ethnique; il y avait d'autres éléments qui étaient mentionnés.

24 Ce qui était dit, c'était qu'il fallait qu'il y ait le nettoyage de toutes

25 les personnes qui n'étaient pas loyales à l'Etat serbe; c'était le mot

Page 4747

1 "purification". C'est comme ça que c'était indiqué, mentionné. Donc ce

2 n'étaient pas les Serbes qui allaient faire l'objet d'un nettoyage; on

3 savait très bien qui allait faire l'objet du nettoyage ou de la

4 purification.

5 Question: Est-ce que cela voulait dire "procéder à une purification de

6 l'UCK"?

7 Réponse: J'ai dit, lorsque nous parlions de la vallée de Carragojs, qu'il

8 n'y avait pas d'UCK à l'époque à cet endroit-là. C'était la population qui

9 faisait l'objet de ce nettoyage parce qu'il y avait de nombreuses

10 personnes qui s'étaient réfugiées dans cette vallée: c'étaient des

11 habitants d'autres villages, Decan, Junik, Borovina et d'autres villages.

12 Question: Revenons donc à l'autre rapport dont vous avez dit qu'il avait

13 été établi par le commandant Vinter. Vous avez dit que ce rapport avait

14 été envoyé au commandement du Corps à Pristina. Est-ce exact?

15 Réponse: Oui.

16 Question: Ce rapport indiquait que 74 terroristes avaient été tués à

17 Korenica et 68 à Meja?

18 Réponse: Oui.

19 Question: Est-ce que ces terroristes, auxquels il était fait allusion dans

20 ce rapport, voulaient dire des membres de l'UCK?

21 Réponse: Ça n'avait rien à voir avec l'UCK, c'était purement des civils.

22 Tous étaient sans arme, des civils sans défense et sans arme, sans

23 uniforme.

24 Question: Mais d'après le rapport, on les appelle des "terroristes" qui

25 auraient été tués pendant cette opération.

Page 4748

1 Réponse: Ils ont écrit ça comme prétexte parce qu'ils savaient très bien

2 qu'il n'y avait pas de terroristes dans ce secteur. Mais ils ont appelé

3 tous les membres de la population albanaise des "terroristes". J'ai vu ces

4 corps de mes propres yeux, ces cadavres; il n'y en avait pas un seul qui

5 était militaire.

6 Question: Bien. Vous voulez dire qu'eux, c'étaient les forces serbes dans

7 les opérations de Meja, et que quelque 140 terroristes ont été tués au

8 cours de cette opération? Puis-je considérer que le commandant à Pristina

9 n'avait aucune idée que c'étaient des civils qui étaient en train d'être

10 tués au cours de l'opération? Si vous pensez que le commandement aurait dû

11 savoir exactement ce qui se passait à l'époque, sur quoi basez-vous votre

12 hypothèse ou votre certitude?

13 Réponse: Ils savaient que les opérations avaient lieu, mais ils ne

14 connaissaient pas les détails. Ils ont appris les détails de ceux qui se

15 trouvaient sur le terrain. Et le soir, quand il y avait le briefing, les

16 membres de la police, du MUP et d'autres unités armées faisaient rapport,

17 rendaient compte, d'après lesquels on établissait des notes sur ce qui

18 s'était passé ce jour-là, et qui étaient envoyées ensuite à des échelons

19 supérieurs.

20 Question: Je vous pose la question concernant le commandant de Prishtina

21 qui a reçu ce rapport provenant du théâtre des opérations. Est-ce que lui

22 savait ce qui se passait exactement? Est-ce qu'il savait que des civils,

23 et non pas des membres de l'UCK, étaient en train d'être tués, avaient été

24 tués? Et sur quoi baseriez-vous votre réponse, si vous dites qu'il le

25 savait déjà?

Page 4749

1 Réponse: Il savait très bien qui était en train d'être tué et il le savait

2 parfaitement, parfaitement, mais il n'était pas en mesure de s'exprimer

3 différemment et il ne pouvait pas appeler ces innocents autrement que des

4 "terroristes". Il recevait ces éléments d'information par les

5 communications radio, mais les rapports étaient rédigés sous cette forme.

6 Question: Comment a-t-il su? Comment a-t-il pu savoir? Ma question est

7 simplement cela: comment était-il informé?

8 Réponse: Je ne vois pas clairement. Est-ce que c'était le commandant ou

9 quelqu'un d'autre à Prishtina?

10 Question: Le commandant qui se trouvait à Prishtina.

11 Réponse: Il l'apprenait d'abord de personnes qui étaient habilitées à lui

12 donner les renseignements directs, par écrit, de deux manières. En fait,

13 il était également en contact indirect avec son personnel à l'endroit où

14 il se trouvait.

15 M. Kwon (interprétation): Bien. Je vous remercie.

16 M. Milosevic (interprétation): (Hors micro.)

17 M. le Président (interprétation): Voulez-vous allumer votre microphone?

18 M. Milosevic (interprétation): Je ne peux pas l'allumer parce que vous

19 n'arrêtez pas de me l'allumer et de me l'éteindre, comme vous le savez

20 très bien.

21 Puis-je poser une question en rapport à la question posée par le Juge

22 Kwon, je vous prie?

23 M. le Président (interprétation): Mais allumez votre micro.

24 M. Milosevic (interprétation): La lumière est allumée, comme vous le voyez

25 vous-même.

Page 4750

1 M. le Président (interprétation): Très bien. Quelle est votre question?

2 M. Milosevic (interprétation): En rapport avec ce rapport mentionné par M.

3 Kwon, le témoin a lu les termes "76 terroristes de Korenicë et 68 à Meja",

4 et il estime qu'il s'agissait de civils. Est-ce qu'il n'était pas son

5 devoir, dans ces conditions, en tant qu'officier, officier de l'armée, de

6 dire qu'il ne s'agissait pas de terroristes mais de civils? Je pose la

7 question parce que…

8 M. le Président (interprétation): Très bien, nous avons entendu la

9 question. Vous êtes en train de faire un commentaire. C'est un commentaire

10 que vous pouvez faire en temps utile. Mais nous devons en arriver au terme

11 de la déposition de ce témoin.

12 Monsieur Ryneveld, quelle est la question?

13 M. Ryneveld (interprétation): J'ai simplement une question, Monsieur le

14 Président, pour l'équité du procès.

15 La réponse à ma dernière question n'était pas contenue dans l'une des deux

16 déclarations du témoin; l'information est arrivée pendant une séance de

17 vérification. Mais la question ne relève pas de l'Article 92bis, en toute

18 équité. Je n'avais pas prévu que ce sujet irait aussi loin dans les

19 débats.

20 Le but de la question consistait à montrer qu'il était en mesure d'obtenir

21 des informations du genre document, télégramme, même s'il était de rang

22 assez bas.

23 M. le Président (interprétation): Très bien, Monsieur Ryneveld. Je pense

24 que nous avons empêché l'accusé de faire des commentaires: donc nous

25 devons vous faire la même remarque.

Page 4751

1 M. Ryneveld (interprétation): Très bien. Cependant, il y a un argument

2 ici. S'il y a manque d'équité, parce que j'ai avancé un élément de preuve

3 après les faits et que personne n'a eu la possibilité de contre-examiner

4 sur ce sujet, je souhaitais que la Chambre soit consciente de cela et

5 qu'elle puisse constater que ceci n'a été évoqué que dans les questions

6 supplémentaires. C'est ce que je voulais dire.

7 M. le Président (interprétation): Merci.

8 M. Ryneveld (interprétation): Je souhaite être parfaitement clair à ce

9 sujet.

10 M. le Président (interprétation): Merci.

11 Monsieur Peraj, ceci met un terme à votre déposition. Merci d'être venu

12 témoigner devant le Tribunal pénal international pour témoigner. Vous

13 pouvez maintenant vous retirer.

14 Suspension pendant 20 minutes.

15 (Le témoin, M. Nike Peraj, est reconduit hors du prétoire.)

16 (L'audience, suspendue à 10 heures 42, est reprise à 11 heures 06.)

17 (Le témoin, M. John Carol Drewienkiewicz, est introduit dans le

18 prétoire.)

19 M. le Président (interprétation): Général Drewienkiewicz, merci d'être

20 revenu devant ce Tribunal pour la fin de votre audition. Vous êtes

21 toujours lié par la déclaration solennelle que vous avez prononcée la

22 dernière fois, bien sûr.

23 Monsieur Milosevic, comme nous l'avons décidé dans notre ordonnance, vous

24 avez deux heures de plus pour contre-interroger ce témoin.

25 (Contre-interrogatoire du témoin, M. John Carol Drewienkiewicz, par

Page 4752

1 l'accusé, M. Milosevic.)

2 M. Milosevic (interprétation): J'aimerais que nous commencions par ce

3 serment que vous avez prononcé, quant au fait que vous diriez toute la

4 vérité.

5 Ma première question est la suivante -nous parlons toujours de Racak-:

6 pourquoi, dans votre déclaration écrite, n'avez-vous pas dit que

7 l'opération policière de Racak vous avait été annoncée?

8 M. Drewienkiewicz (interprétation): Je ne crois pas qu'elle ait été

9 précisément annoncée. Nous avons reçu de nombreuses annonces quant au fait

10 que certaines choses allaient se passer en réaction à d'autres événements,

11 mais, à aucun moment, nous n'avons été officiellement avertis; à aucun

12 moment, il n'a été indiqué qu'une opération allait être dirigée

13 spécifiquement contre Racak, à quelque moment que ce soit. Si tel avait

14 été le cas, je me serais assuré que mes hommes seraient sur place pour

15 veiller à ce que les choses continuent à pouvoir être maîtrisées.

16 Question: Oui, mais vous aviez des observateurs sur les lieux, n'est-ce

17 pas? Oui ou non?

18 Réponse: Ils étaient très peu nombreux. Ils n'étaient pas sur les lieux,

19 ils étaient simplement sur le secteur. Ils étaient à 5 milles à peu près

20 de distance.

21 Question: Très bien, nous allons y revenir très rapidement.

22 Mais, dans la première partie de votre contre-interrogatoire, vous avez

23 confirmé, répondant à une de mes questions, que vos observateurs étaient

24 arrivés à Racak le même jour. Je parlais de la présence de Maisonneuve, à

25 ce moment-là?

Page 4753

1 Réponse: Oui, c'est exact.

2 Question: Alors, veuillez répondre à la question suivante: pourquoi avez-

3 vous omis un fait que vous connaissiez sans doute, à savoir que les

4 caméras d'Associated Press et des journalistes étaient également présentes

5 lors de cette opération?

6 Réponse: Je n'ai eu connaissance de cela qu'après les événements.

7 Question: Mais, même si vous avez appris cela par la suite, je suppose que

8 vous auriez dû en tenir compte lorsque vous avez fait votre déclaration en

9 rapport avec les événements survenus à Racak? Oui ou non?

10 Question: Lorsque j'ai fait ma déclaration, je me suis efforcé à tout

11 moment de dire ce que je savais à l'époque, sans utiliser des

12 connaissances venant de tierces personnes ou d'ailleurs.

13 Question: Oui. Mais vous avez appris suffisamment tôt, si je vous ai bien

14 compris, que le massacre avait eu lieu, y compris avant la déclaration

15 sensationnelle qui a été faite à ce sujet; oui ou non?

16 Réponse: J'ai été au courant dans la matinée du samedi que des médias

17 étaient présents, mais je ne savais pas de quels médias il s'agissait, car

18 ils ne m'ont pas rendu compte de ce qu'ils avaient constaté. J'ai utilisé

19 les rapports de mes hommes que je considérais à l'époque comme plus

20 objectifs.

21 Question: Mais ne vous était-il pas venu à l'esprit qu'il aurait été

22 nécessaire pour vous de vous procurer les articles de ces journalistes

23 également, pour vous faire une idée plus claire de la situation?

24 Réponse: A l'époque, non, car ces journalistes ne travaillaient pas pour

25 nous et leurs motivations n'étaient pas les mêmes que les nôtres.

Page 4754

1 Question: Mais je suppose que les motivations de chacun consistaient à

2 confirmer les événements pour arriver à la vérité? Pensez-vous que c'est

3 bien le cas, oui ou non?

4 Réponse: J'étais responsable des observateurs qui travaillaient sur le

5 terrain, et pas des médias. Je n'avais aucun contrôle sur l'action des

6 médias, sur les lieux où ils allaient ou sur ce qu'ils disaient. Et ce que

7 disaient les médias ne correspondait pas toujours à ce que je croyais moi-

8 même.

9 Question: Est-il exact que Walker est arrivé 16 heures après le moment où

10 vos policiers et vos observateurs, ou les policiers et vos observateurs

11 ont quitté les lieux? Est-il exact que c'est seulement 16 heures après

12 qu'il est arrivé sur les lieux où tout avait été monté de toutes pièces

13 par l'UCK? Oui ou non?

14 Réponse: Il est exact que Walker est allé à Racak le samedi matin et que

15 mes hommes, les membres de la Mission de vérification, avaient quitté les

16 lieux le vendredi soir, alors qu'il faisait déjà nuit. La raison pour

17 laquelle il ne s'est pas rendu sur les lieux plus tôt -pas plus que moi,

18 d'ailleurs-, c'est que nous n'avions pas une idée très claire de ce qui

19 s'était passé.

20 Nous ne nous sommes pas rendu compte exactement à quel point les choses

21 avaient été graves sur les lieux. C'est seulement le samedi matin que nous

22 avons obtenu des rapports qui semblaient indiquer que la situation était

23 beaucoup plus grave que ce que nous avaient annoncé les rapports que nous

24 avions reçus le vendredi soir.

25 Question: Mais pourquoi dans votre déclaration du 16, donc du samedi, dans

Page 4755

1 ce rapport que vous avez envoyé, il n'est pas considéré que Racak est un

2 événement important, alors que les membres de la Mission de vérification y

3 étaient entrés le 15 dans l'après-midi?

4 Réponse: Parce que les rapports reçus dans l'après-midi du 15 indiquaient

5 qu'il y avait eu des pilonnages, que des personnes avaient été blessées,

6 que des hommes étaient portés disparus et que personne ne savait ce qu'il

7 était advenu de ces hommes. Voilà quels étaient les faits qui ont été

8 établis ce soir là. Et la confusion la plus grande régnait à cet égard.

9 C'est la raison pour laquelle les hommes de la Mission de vérification qui

10 étaient sur le terrain, ont été chargés principalement d'emmener les

11 blessés à l'hôpital. C'est ce qu'ils ont fait et c'est sur cette action

12 qu'ils ont rendu rapport.

13 Question: Donc lors de votre première audition, et vous le confirmez

14 aujourd'hui, vous avez dit que les membres de la Mission de vérification

15 n'étaient pas sur les lieux, et aujourd'hui vous précisez, y compris,

16 qu'ils se trouvaient à 5 miles de distance, c'est-à-dire à huit kilomètres

17 à peu près de Racak au moment où cela s'est passé. C'est bien ça?

18 Réponse: Au début de la journée du vendredi, lorsque l'opération a

19 commencé, des membres de la Mission de vérification se trouvaient dans le

20 secteur géographique en question, c'est-à-dire à une distance de 5 miles.

21 Ils sont allés dans le secteur de Racak en raison du fait qu'il avait

22 entendu parler de coups de feu et en raison de ce qu'ils ont vu sur place.

23 Ils ont rédigé un rapport que j'ai reçu un peu avant le déjeuner à Pec, et

24 c'est en raison de la réception de ce rapport que j'ai ordonné à

25 Maisonneuve de se rendre sur les lieux pour déterminer précisément ce qui

Page 4756

1 s'était passé; car les rapports à ce moment-là était très peu clairs et je

2 voulais avoir un de mes hommes sur le terrain, un homme expérimenté, ayant

3 la sagesse de Maisonneuve, car aucun des autres membres de la Mission de

4 vérification n'avait cette sagesse et cette expérience.

5 Question: Eh bien, dans ces conditions, je vous demanderai de bien vouloir

6 examiner un extrait vidéo qui dure quelques secondes à peine. Je

7 demanderai aux techniciens de le diffuser. Il s'agit d'images qui montrent

8 l'entrée des forces à Racak, filmée par Associated Press et d'autres

9 journalistes. Nous verrons ce que nous montrent ces images.

10 Premier extrait uniquement je vous prie. Le son également.

11 (Diffusion de la vidéo.)

12 Faites attention à ce qui se passe maintenant.

13 On arrive à l'entrée des soldats dans Racak, et vous voyez en haut ces

14 véhicules de couleur orange et les membres de votre Mission de

15 vérification qui, par conséquent, étaient présents sur les lieux au début

16 même de l'opération menée par la police.

17 (Fin de la diffusion.)

18 Donc, maintenant je vous pose la question suivante…

19 M. le Président (interprétation): Un instant, je vous prie. Un instant.

20 C'est ce que vous dites, alors que ces images pourraient être interprétées

21 de toutes sortes de façons.

22 Général, pourriez-vous nous aider en nous disant où cela a pu se passer et

23 à quel moment?

24 M. Drewienkiewicz (interprétation): Je ne sais pas à quel moment précis

25 ces images ont été filmées, mais je crois qu'au début de l'opération,

Page 4757

1 alors que des coups de feu ont été tirés sur le village, aucun de mes

2 hommes n'était présent. Ils ont été attirés sur les lieux par le bruit des

3 coups de feu, le bruit des tirs, et c'est pour cela qu'ils se sont dirigés

4 vers le village. Comme les images le montrent, ils se trouvaient derrière

5 le village, en hauteur, observant l'entrée de la police dans le village.

6 Je crois que cela a dû se passer dans l'après-midi, sans doute vers 15

7 heures, si vous me demandez de spéculer sur l'heure. Mais je ne sais pas

8 précisément où ces images ont été filmées ni quelle en est l'origine.

9 M. le Président (interprétation): Maisonneuve aurait-il pu être témoin de

10 cela?

11 M. Drewienkiewicz (interprétation): Non, je ne crois pas. Il est arrivé

12 alors que la nuit tombait. Or, sur les images de cette vidéo, nous voyons

13 qu'il faisait encore jour. Or la nuit tombait très tôt, donc je suppose

14 que les images ont pu être filmée au plus tard à 15 heures. Peut-être plus

15 tôt que cela.

16 M. le Président (interprétation): Je vous en prie.

17 M. Milosevic (interprétation): Vous dites que vos hommes n'étaient pas

18 présents au début de l'opération mais qu'ils étaient présents lors de

19 l'entrée de la police dans le village. Or, toute la déposition relative à

20 Racak consiste à dire que c'est lors de l'entrée de la police dans le

21 village que le massacre a débuté. Il est donc permis de supposer que

22 lorsque la police a commencé le massacre vos hommes étaient présents.

23 M. Drewienkiewicz (interprétation): Je pense que nous avions des hommes à

24 quelques kilomètre de là. La distance entre le village et cette combe est

25 d'au moins un kilomètre. Et en raison des tirs qui s'étaient produits, les

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1 hommes qui étaient sur cette colline ne pouvaient pas se rapprocher

2 davantage puisqu'ils avaient des véhicules qui n'étaient pas blindés et

3 que la discipline était très insuffisante. Ils pensaient alors que s'ils

4 pénétraient dans le village, ils avaient de grandes chances de se faire

5 tirer dessus, n'est-ce pas.

6 Ce qu'ils ont vu depuis cette hauteur, ils en ont rendu compte. Ils n'ont

7 pas dit que des gens avaient été tués. Si des gens avaient été tués, ces

8 hommes en auraient rendu compte. J'ajouterais d'ailleurs que, compte tenu

9 du fait que ce paysage comporte de nombreuses collines, il est très

10 difficile de voir ce qui se passe depuis une certaine distance. Et compte

11 tenu du fait qu'ils ne pouvaient pas avancer davantage, ce qu'ils

12 pouvaient faire de mieux, c'était monter le plus haut possible en altitude

13 pour voir ce qui se passait à partir d'une hauteur.

14 Je me suis rendu sur le terrain moi-même, et je sais qu'à partir de ces

15 collines il est impossible de voir ce qui se passe derrière derrière une

16 autre colline qui cachait le village. Or, c'est bien dans le village que

17 les massacres ont eu lieu.

18 Question: Oui, mais vous avez vu qu'ils ont été filmés à partir du

19 village; donc si la caméra pouvait les voir à partir du village, eux, à

20 partir de la position où ils se trouvaient, pouvaient voir le village et

21 ce qui s'y passait. C'est ça ou ce n'est pas ça?

22 Réponse: Ils pouvaient voir ce qui se passait dans le village mais ils ne

23 pouvaient pas le voir en détail, pas avec autant de détails que les images

24 du film. Car lorsque vous voyez des bâtiments dans le village, vous ne

25 voyez pas très clairement les soldats ou les hommes en armes qui

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1 descendent les rues du village, comme cela a été montré sur les images

2 filmées.

3 Question: Mmm….

4 Mais bon, vous les avez vus là-bas en train d'observer à partir d'une

5 certaine hauteur. Donc, cela confirme-t-il que votre collègue de la

6 Mission de vérification de l'OSCE, comme je l'ai d'ailleurs dit la

7 dernière fois, n'était pas seulement informé mais présent tout au long de

8 l'opération et de cette action?

9 Réponse: Non, je ne pense pas qu'ils aient été informés précisément parce

10 que s'ils l'avaient été, s'ils avaient su qu'il s'agissait d'une opération

11 de police importante prévue pour un moment déterminé, une date déterminée,

12 nous aurions sûrement veillé à ce que nos hommes soient présents pour

13 vérifier.

14 Je n'arrive même pas à me souvenir, d'ailleurs, que nous ayons été

15 informés à l'avance d'une opération précise, planifiée à l'avance. A aucun

16 moment, je n'ai reçu un avertissement précis à l'avance selon lequel une

17 opération de police précise ou une opération de l'armée allait se dérouler

18 en un lieu spécifique à un moment déterminé. Dire qu'il s'agissait

19 d'attaques terroristes et que nous devions agir ne correspond pas au fait

20 d'être prévenu à l'avance.

21 Question: Nous avons entendu vos explications, mais je suppose que vous ne

22 remettez pas en cause le fait que vos hommes étaient présents et que les

23 journalistes y compris étaient présents au cours de l'opération menée par

24 la police?

25 Réponse: Il est tout à fait clair qu'il y avait des membres de l'OSCE sur

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1 les collines, et ce sont ces hommes qui m'ont envoyé leurs rapports dans

2 lesquels ils me disaient qu'une opération majeure était en cours dans le

3 secteur; c'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai envoyé Maisonneuve

4 sur les lieux, de façon à ce qu'il puisse mettre son expérience à profit

5 pour décrire ce qui se passait.

6 M. Milosevic (interprétation): Ce qui signifie qu'ils étaient présents

7 depuis le début de l'opération, mais ceux-là n'avaient pas suffisamment

8 d'expérience et ensuite, Maisonneuve est arrivé…

9 M. le Président (interprétation): Non, non, ce n'est pas ce qu'a dit le

10 témoin.

11 Mais avançons. Nous n'avons plus rien à dire sur ce sujet.

12 M. Milosevic (interprétation): Dans votre déclaration, vous avez dit que

13 vous n'aviez trouvé aucun élément de preuve démontrant que des combats

14 s'étaient déroulés à cet endroit. Vous avez même affirmé que l'UCK avait

15 quitté cet endroit. Donc, vous affirmez qu'il n'y a pas eu de combats?

16 M. Drewienkiewicz (interprétation): C'est l'impression que j'ai acquise,

17 en effet, et je peux certainement confirmer que les lieux que j'ai

18 parcourus, c'est-à-dire les tranchées qui se trouvent derrière le village,

19 n'ont pas servi à des combats.

20 Question: Bien. Permettez-moi, compte tenu de l'endroit dont nous parlons

21 et de ce que vous avez entendu à ce sujet, compte tenu également de ce que

22 vous avez vu grâce à votre Mission de vérification, j'aimerais vous

23 rappeler un fait dont je suis persuadé que vous deviez le connaître.

24 Je demande la diffusion de la deuxième séquence vidéo, avec le son.

25 (Diffusion du second extrait vidéo.)

Page 4761

1 Ces images sont à mettre en rapport avec ce que vous avez dit, à savoir

2 qu'il n'y avait pas de combat et que rien ne permettait de penser que des

3 combats s'étaient déroulé à Racak. Je ne demande pas la diffusion de

4 l'intégralité du film que je montrerai à un autre témoin.

5 Ma question est la suivante: est-il réellement possible que vous n'ayez eu

6 aucune connaissance de tout cela, alors que vous avez deux véhicules qui

7 suivent l'action, vous avez plusieurs équipes de télévision et de

8 journalistes à votre disposition et vous ne savez rien de ce qui se passe?

9 Est-ce possible?

10 Réponse: Je me trouvais à Pec et pas à Pristina, où les rapports étaient

11 normalement envoyés. Ces rapports me parvenaient donc par le biais de

12 Pristina, donc il leur fallait un peu plus de temps pour m'atteindre. Il y

13 a eu des moments où les premiers rapports ne reflétaient pas exactement ce

14 qui s'était passé; c'est la raison pour laquelle j'ai souhaité que

15 quelqu'un de très expérimenté se rende sur les lieux pour me dire

16 exactement ce qui s'était passé. Je n'avais pas de film à ma disposition à

17 l'époque.

18 J'ajouterai que ces images de la séquence vidéo -et j'ai entendu le bruit

19 des tirs- indiquent que des armes lourdes ont été utilisées, ces armes

20 lourdes n'étant à la disposition que de vos forces et elles ont été

21 utilisées pour appuyer l'entrée de vos hommes dans le village. Ensuite, on

22 entendait des coups de feu d'armes légères, qui auraient pu être en

23 possession de n'importe qui, mais, me fondant sur mon expérience, je pense

24 que votre police avait tendance à tirer sur des cibles où pouvait se

25 trouver quelque chose qui les dérangeait; ils n'attendaient certainement

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1 pas de voir la cible avant d'ouvrir le feu.

2 Donc tout ce que j'ai vu sur cette séquence vidéo, c'est votre police qui

3 entre dans le village, appuyée par des armes lourdes et tirant

4 probablement sur tout ce qui bougeait ou semblait suspect. Je n'ai trouvé

5 aucun élément susceptible de démontrer que des combats avaient eu lieu à

6 cet endroit avec des gens qui auraient répliqué de la direction opposée.

7 Donc il est possible que l'UCK ait été présente au début de l'opération;

8 il est aussi tout à fait possible qu'elle se soit retirée rapidement,

9 comme cela lui arrivait souvent, et que vos hommes soient entrés dans le

10 village déserté par l'UCK.

11 Question: Et que mes hommes tirent, même si l'UCK n'était plus présente?

12 Réponse: Oui, oui, cela aussi, c'est arrivé souvent.

13 Question: Mais vous semble-t-il logique, Général, que la police fasse

14 appel à des journalistes, à des cameramen, qu'elle prévienne l'OSCE -et

15 vous aviez vos observateurs sur les collines- pour leur permettre de

16 suivre de près un quelconque massacre?

17 Réponse: Non.

18 Question: Et vous avez informé la totalité de l'opinion publique mondiale

19 qu'il s'agissait d'un massacre, que des civils avaient été tués. Ceci a

20 entraîné une réaction de la part de nombreux hommes d'Etat. Vous avez

21 réalisé votre évaluation, bien que vous n'ayez pas mené à bien une enquête

22 ni procédé à des autopsies ou à ce genre de démarches, n'est-ce pas?

23 Réponse: Oui, c'est exact. Nous n'avions pas procédé à des autopsies. Nous

24 avons établi notre jugement sur la base des faits tels que nous les avons

25 vus à ce moment-là.

Page 4763

1 Question: Pourquoi avez-vous été si rapides dans ces conditions? Pourquoi

2 avez-vous été si pressés?

3 Réponse: Je ne pense pas que nous étions pressés.

4 M. Milosevic (interprétation): Racak a constitué un prétexte pour les

5 bombardements, n'est-ce pas?

6 M. le Président (interprétation): Il s'agit d'une question qui n'est pas

7 adéquate. Posez des questions au témoin sur ce qu'il a vu ou entendu.

8 M. Milosevic (interprétation): Bien.

9 Dans ces conditions, est-ce que vous avez vu ou entendu le fait que

10 Walker, le 10 avril 2000, a déclaré que l'épisode de Racak avait joué un

11 rôle crucial pour le début des bombardements? Est-ce que vous êtes

12 d'accord avec cela?

13 M. le Président (interprétation): Il ne s'agit pas de quelque chose auquel

14 le témoin puisse répondre.

15 M. Milosevic (interprétation): A ce moment-là, répondez à la question

16 suivante: pourquoi n'avez-vous pas…, peut-être ne souhaitiez-vous pas

17 examiner un certain nombre de faits? Et, au Kosovo, étiez-vous au courant

18 d'un certain nombre de faits, d'un certain nombre de chiffres qui ont été

19 publiés par un comité qui a mené à bien les autopsies.

20 Je vais vous donner un extrait de certains des points qui ont été donnés.

21 C'est un document qui a été communiqué par l'accusation, qui conclut une

22 partie de ce rapport. Il s'agit d'une association de médecins.

23 Je vais vous citer ceci. Il s'agit de la pièce référence K0212750, page

24 73. Je vais lire uniquement la conclusion qui a été rédigée par les

25 professeurs qui ont mené à bien ces autopsies et qui ont déposé.

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1 Puis-je demander quelque chose à M. May? S'il vous plaît, pouvez-vous me

2 dire si, lorsque je présente des documents, on peut déduire le temps

3 consacré à cette présentation du temps global qui m'est imparti? La

4 réponse que vous ferez à cette question est essentielle pour moi.

5 M. le Président (interprétation): Oui.

6 M. Milosevic (interprétation): Ce sera ajouté?

7 M. le Président (interprétation): Non, cela fait partie de la totalité du

8 temps.

9 M. Milosevic (interprétation): J'ai donc uniquement deux heures en tout?

10 M. le Président (interprétation): Oui.

11 M. Milosevic (interprétation): Dans ces conditions, je ne vais pas placer

12 le document sur le rétroprojecteur pace que cela prend beaucoup trop de

13 temps, mais je vais vous le donner.

14 Il s'agit de documents qui m'ont été communiqués et j'ai donné la

15 référence.

16 On peut lire la chose suivante: "Sur les 40 autopsies qui ont été

17 réalisées, rien n'a permis de dire aux experts qu'ils n'étaient pas

18 d'accord. On a trouvé des traces de nitrate dans 40 des corps examinés. Au

19 cours des autopsies, tout au long de notre travail, à la morgue et dans

20 les endroits où nous avons procédé aux autopsies, il y avait quelqu'un de

21 l'ambassade de Finlande en Yougoslavie, qui n'est pas un expert, ainsi que

22 des représentants de l'OSCE et des tiers.

23 Sur aucun des corps, nous n'avons trouvé de conséquence post mortem, dues

24 à des armes contondantes, à des armes mécaniques ou à des coups. A l'issue

25 de chaque autopsie, les conclusions ont été rassemblées et coordonnées par

Page 4765

1 des experts de Biélorussie, avec également des experts de Finlande. Un

2 enregistrement vidéo a été réalisé au cours de ces examens, avec une

3 équipe finlandaise ainsi qu'une équipe chargée des enquêtes criminelles".

4 Ceci figure donc dans ce document; je demanderai son versement au dossier.

5 Je vous ai déjà donné le numéro de référence du document qui se trouve en

6 haut à droite.

7 M. le Président (interprétation): Monsieur Nice, disposez-vous d'un

8 exemplaire du document?

9 M. Nice (interprétation): Non, d'ailleurs je n'arrive pas encore très bien

10 à comprendre d'où cela vient; peut-être que cela vient du dossier ou du

11 classeur Racak, ce qui serait intéressant parce qu'en fait, la totalité de

12 ce classeur va ensuite être versée au dossier du côté de l'accusation.

13 M. le Président (interprétation): Bien. Monsieur Nice, il serait donc bien

14 que l'accusé nous dise d'où provient ce document.

15 M. Milosevic (interprétation): Je vous ai dit: j'ai vu le numéro K0212750.

16 C'est ça, le numéro, à partir du début. Mais je refuse de perdre plus de

17 temps avec cela.

18 M. le Président (interprétation): Fort bien. Nous allons le trouver.

19 M. Milosevic (interprétation): Bien. Est-ce que vous avez connaissance de

20 ce que je viens de vous lire?

21 M. Drewienkiewicz (interprétation): Non, pas à l'époque.

22 Question: Et à l'époque, est-ce que vous disposiez du rapport du juge

23 d'instruction avec sa référence? Mais je vais pas perdre du temps en

24 donnant le numéro de référence.

25 On indique le nombre d'armes qui ont été trouvées le 15 janvier, mais on

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1 parle aussi de vos menaces, de vos exigences pour qu'une procédure soit

2 mise en place, contrairement à la procédure habituelle. Etes-vous au fait

3 de ce rapport et des notes dont je viens de parler?

4 Réponse: Je ne suis pas sûr du document auquel vous faites référence

5 puisqu'on a évoqué beaucoup de mémos, beaucoup de documents.

6 Question: Eh bien, il s'agit d'un mémo officiel où l'on parle du rapport,

7 rapport établi par le juge d'instruction. Le numéro, c'est 3/14R/99. Et

8 c'est là que vous trouverez le passage dont j'ai donné lecture. Je ne

9 souhaite pas placer le document sur le rétroprojecteur, mais j'estime

10 qu'il faudrait que ce document soit également versé au dossier en tant que

11 pièce à conviction.

12 Ma question suivante: à l'époque, vous avez été informé du procès-verbal

13 et du compte rendu de l'enquête réalisée sur place, puisqu'elle a été

14 réalisée en présence de l'OSCE, deux Américains plus Giovanni

15 Fancini(phon.), un Italien; il y avait un expert en matière de médecine

16 légale, le professeur Dobrecanin (phon.), ainsi qu'Atah Damaj(phon.), un

17 interprète; personne n'a eu d'objection à faire, quelle qu'elle soit, au

18 sujet de l'enquête qui a été réalisée sur les lieux et le procureur, Ismet

19 Suftu (phon.), un Albanais, était présent. Etes-vous au courant de cela?

20 Réponse: Je ne sais pas quand s'est passé l'incident auquel vous faites

21 référence.

22 M. Milosevic (interprétation): Non. Moi, je parle du compte rendu réalisé

23 après l'enquête faite sur les lieux; un compte rendu qui a trait à

24 l'enquête faite sur les lieux, en présence des personnes que j'ai

25 mentionnées.

Page 4767

1 Ce compte rendu a été réalisé le 18 janvier 1999. On indique l'endroit où

2 ont eu lieu les événements; on dit qu'il y avait Gil Gilverson et L.

3 Sullivan, deux Américains. Il y avait également Giovanni Fancini (phon.).

4 M. le Président (interprétation): Les interprètes vous demandent de lire

5 plus lentement. Mais vous avez déjà donné lecture de ce passage.

6 Mon Général, pouvez-vous nous aider à mieux comprendre? Etes-vous au

7 courant du compte rendu réalisé suite à cette enquête?

8 M. Drewienkiewicz (interprétation): Non, pas expressément. En tout cas, le

9 général Loncar, qui constituait ma principale source d'information du côté

10 de la RFY, n'a jamais attiré mon attention sur ce document. Je ne connais

11 pas ce document.

12 M. Milosevic (interprétation): Certes. Mais si vos représentants étaient

13 présents, ces deux Américains et cet Italien, eh bien, dans ces

14 conditions, j'imagine qu'il leur appartenait de vous informer du compte

15 rendu qui a été réalisé suite à cette enquête, enquête à laquelle ils ont

16 assisté. Donc vos employés ont assisté à cette enquête, vous devez le

17 savoir; on peut lire entre autres, ici, qu'ils étaient là.

18 M. le Président (interprétation): Oui, mais le témoin nous dit qu'il ne

19 sait pas.

20 Est-ce que c'est bien cela, mon Général?

21 M. Drewienkiewicz (interprétation): Oui. Il y a eu de nombreuses réunions

22 auxquelles ont assisté des représentants de l'OSCE avec les autorités de

23 la RFY, qui ont pris des notes, établi des comptes rendus. Mais à ma

24 connaissance, jamais, jamais, au grand jamais, on ne nous a fait part de

25 ces documents.

Page 4768

1 M. Milosevic (interprétation): Dans ce compte rendu, on parle de trois de

2 vos représentants, d'un interprète, etc., et on peut lire…

3 M. le Président (interprétation): Le témoin ne peut rien nous dire au

4 sujet de ce compte rendu, il n'en sait rien du tout.

5 M. Milosevic (interprétation): Fort bien.

6 Est-il clair que l'enquête réalisée sur les lieux s'est faite en la

7 présence de trois membres de l'OSCE, plus un interprète -qui était un

8 technicien, dirions-nous-, mais donc qu'il y avait trois représentants, et

9 ceux que j'ai énumérés?

10 Je souhaiterais demander le versement au dossier de cette pièce.

11 M. le Président (interprétation): Oui, un instant. J'imagine que cela

12 figure dans le classeur?

13 M. Nice (interprétation): Je ne sais pas pour le deuxième document. Pour

14 le premier, effectivement, il a été communiqué, mais il n'a pas été

15 communiqué dans un classeur et séparément. Nous sommes en train de faire

16 descendre ces documents ici afin que les documents soient ici si vous

17 décidez de les verser au dossier.

18 Quant au deuxième document, nous sommes en train d'essayer de le

19 localiser.

20 M. Milosevic (interprétation): Fort bien.

21 Est-ce que j'ai besoin d'avoir l'autorisation de l'autre côté pour verser

22 au dossier des documents?

23 M. le Président (interprétation): Oui, mais les choses se feront beaucoup

24 plus facilement et de façon plus pratique s'ils nous fournissent des

25 exemplaires dudit document. Si vous souhaitez nous communiquer ce

Page 4769

1 document, vous pouvez le faire.

2 M. Milosevic (interprétation): Et voilà! Je vous les donne, les trois

3 documents, je vous les remets.

4 M. le Président (interprétation): Bien. Peut-être pouvons-nous leur donner

5 des cotes?

6 Un instant, s'il vous plaît. Nous allons procéder au versement au dossier

7 des documents.

8 Mme Anoya (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les Juges, le

9 document qui porte référence K0212747 sera la pièce à conviction de la

10 défense n°2. Le deuxième document KPN6P49/99 sera la pièce à conviction de

11 la défense n°3. Et le troisième document semble être le même document.

12 Donc, en fait, nous n'avons que deux documents.

13 M. Milosevic (interprétation): Mais j'ai remis trois documents.

14 Mme Anoya (interprétation): Le troisième document sera la pièce à

15 conviction de la défense n°4.

16 M. le Président (interprétation): Fort bien.

17 M. Milosevic (interprétation): Veuillez, s'il vous plaît, répondre

18 précisément par oui ou par non: aviez-vous une connaissance quelconque des

19 faits contenus dans ces documents? Peu importe que vous nous disiez que

20 vous ne connaissiez pas ces documents en tant que documents. Mais quant à

21 la teneur de ces documents, est-ce que les faits qui sont contenus, vous

22 les connaissiez ou pas?

23 M. Drewienkiewicz (interprétation): Non, pas tels que vous les présentez.

24 Question: Mais, à l'époque, aviez-vous connaissance du rapport final

25 établi par le Procureur qui, de par la loi et l'institution, doit

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1 déterminer s'il y a suffisamment d'éléments qui permettent d'entamer une

2 procédure de poursuite pénale?

3 Réponse: Non, parce que nous n'étions pas sur place pour veiller au

4 respect de la loi en RFY.

5 Question: Oui, mais je pense que la Mission devait forcément coopérer avec

6 les organes de pouvoir, les organes d'autorité du territoire où elle se

7 trouvait et être informée des procédures en application; en particulier,

8 des procédures pénales. Est-ce que cela est vrai au pas?

9 Réponse: C'est exactement ce que nous avons fait à Racak. Et nous avons

10 demandé à ce que les personnes concernées fassent l'objet d'une enquête

11 approfondie, d'une enquête complète. Et ceci n'a jamais eu lieu.

12 Question: Je vais vous rafraîchir la mémoire ici et vous rappeler que le

13 Procureur qui, d'après la loi yougoslave est le seul organe qui est à même

14 de le faire, prend toutes les mesures pour lutter contre une attaque de

15 l'organisation terroriste de l'UCK, et ceci, conformément à la loi sur les

16 affaires intérieures. Je demande que ce document, lui aussi, soit versé au

17 dossier.

18 Bien. Etant donné que ces faits ne présentaient pas d'intérêt pour vous

19 dans votre rapport du 15 janvier, vous indiquez qu'à Racak, les

20 vérificateurs ont déterminé qu'un Albanais avait été tué et que cinq

21 autres avaient été blessés. Tout ceci a changé en l'espace d'un jour, sans

22 enquête, sans conclusion d'experts. Comment se fait-il que cela ait été

23 ainsi?

24 Réponse: Ce que nous avons indiqué dans notre rapport le vendredi, c'est

25 ce que nous avions vu. Ce que nous avons indiqué dans notre rapport du

Page 4771

1 samedi, c'est ce que nous avons vu entre vendredi soir et samedi. Nous

2 avons vu beaucoup plus de choses, nous avons compté plus de cadavres et

3 nous en sommes arrivés à nos propres conclusions quant à la façon dont ces

4 personnes avaient trouvé la mort. Nous avons également joint ou invité

5 votre représentant, le général Loncar, à venir avec nous; il aurait pu

6 être sur place le samedi, il aurait pu voir ce que nous, nous avons vu,

7 mais il a décliné notre invitation.

8 Question: Bien. Ne savez-vous pas que les combats contre l'UCK ont eu lieu

9 dans trois villages dans les environs, ce même jour?

10 Réponse: Je sais que vos forces ont tiré sur plusieurs villages dans les

11 environs et pas uniquement sur Racak. Jusqu'au bas de la vallée, des

12 villages ont été pris pour cibles. Oui, effectivement. Mais à aucun

13 moment, je n'ai vu aucun élément permettant d'indiquer qu'il y avait des

14 victimes au sein de l'UCK. Je n'ai jamais vu non plus d'armes ou

15 d'uniformes qui auraient pu être utilisés par l'UCK. Je pense et je crois

16 qu'ils se sont enfuis au tout début de l'opération.

17 Question: Est-ce que vous saviez que Racak était un centre où se

18 concentraient les forces de l'UCK?

19 Réponse: Non. Pas du tout.

20 Question: Et savez-vous que Hasim Thaci a confirmé à la BBC que Racak

21 était un centre de l'UCK et qu'il y avait eu des combats très violents à

22 cet endroit?

23 Réponse: Cela m'intéresserait fort de savoir, lorsqu'il a dit ça, à qui et

24 dans quelles circonstances. Il me paraît qu'il parle a posteriori, avec le

25 recul.

Page 4772

1 Question: Non, non. Moi, je vous parle de quelque chose qui a été dit à la

2 BBC. C'est public, on peut le déterminer. Est-ce que vous le savez? Dites

3 simplement oui ou non. Si non, c'est non.

4 Réponse: Non.

5 Question: Et Maisonneuve, quand il est revenu de Racak le premier jour,

6 est-ce qu'il vous a dit qu'à Racak, à partir du début de l'opération, il y

7 avait des représentants de la KVM, des journalistes étrangers, etc.? Est-

8 ce qu'il vous l'a dit?

9 Réponse: Bien sûr, lui-même, et je le savais. Et les rapports, qui avaient

10 été établis par les personnes avant, ont été inclus dans le rapport qui a

11 été fait ce soir-là. Mais ils ont simplement pu dire ce qu'ils avaient vu

12 depuis le haut des collines.

13 Question: Certes, mais vous avez dit vous-même, lors de l'interrogatoire

14 principal, que vos forces étaient allées à Racak ce jour-là et n'étaient

15 pas restées sur la crête. Est-ce que vous êtes en train de modifier vos

16 déclarations?

17 Réponse: Non, je vous parle de choses différentes qui ont eu lieu à des

18 moments différents. D'abord, les gens sont allés sur la crête. Après le

19 début de l'opération, ils ont vu qu'il y avait des combats dans le village

20 et ils nous ont signalé la chose. Maisonneuve est arrivé, il a consulté

21 les gens qui étaient sur place; ils sont allés dans le village après la

22 fin des tirs, en fin de journée, une fois que vos policiers avaient quitté

23 le village. A ce moment-là, ils ont parlé aux habitants du village; on

24 leur a dit qu'il y avait des blessés, qu'une personne avait été tuée. Et

25 cela, ça constituait leur priorité essentielle à ce moment-là, faire en

Page 4773

1 sorte que les blessés puissent recevoir des soins; et c'est ce qu'ils ont

2 fait.

3 Mais à ce moment-là, personne ne savait que ceux qui étaient sur les

4 collines avaient été tués. Et je répéterai encore qu'à ce moment-là, la

5 nuit commençait à tomber.

6 Question: Bien. Vous saviez sans doute que les corps que vous avez décrits

7 portaient plusieurs couches de vêtements, des bottes, etc., tout ceci

8 indiquant qu'il s'agissait de personnes qui passaient beaucoup de temps à

9 l'extérieur, dans des tranchées ou des endroits de ce genre. Est-ce que

10 vous vous souvenez de ce détail?

11 Réponse: Je me souviens qu'un grand nombre de cadavres portaient des

12 bottes en caoutchouc, le genre de chaussures qui ne sont pas vraiment

13 appropriées lorsqu'il fait très froid, comme c'était le cas là-bas. Moi,

14 je dirais que ces gens n'étaient pas habillés comme des gens qui vivaient

15 à l'extérieur et qui combattaient à l'extérieur; ils étaient habillés

16 comme sont habillés des paysans pour travailler à l'extérieur.

17 M. Milosevic (interprétation): Puisque nous n'avons pas beaucoup de temps,

18 l'heure tourne très vite, je demande que la déposition du Dr Dusan Dunjic,

19 donnée par la partie adverse et qui décrit la situation dans laquelle les

20 corps ont été trouvés, soit versée au dossier. Il s'agit d'une déclaration

21 de l'accusation qui a trait au Dr Dusan Dunjic; je n'ai pas noté le

22 numéro, mais je pense que le nom suffira pour retrouver le document. Je

23 demande que ce document-là soit versé au dossier.

24 M. le Président (interprétation): Nous examinerons votre demande en temps

25 utile.

Page 4774

1 M. Milosevic (interprétation): Savez-vous que, pour 13 au moins des 45

2 personnes qui auraient été tuées et qui figurent sur la liste des morts,

3 on ne trouve donc, pour au moins 13 de ces personnes, pas de pierre

4 tombale dans ce qui a été appelé le "Cimetière des martyrs de Racak"?

5 M. Drewienkiewicz (interprétation): Non, mais je sais que, lorsque nous

6 avons compté les morts que nous avons trouvés à divers endroits, nous

7 sommes arrivés au total de 45 à 46 morts à ce moment-là.

8 Question: A ce moment-là, pendant votre séjour sur place, est-ce que vous

9 savez qu'on a trouvé des balles qui avaient été tirées de diverses

10 positions, qui étaient caractéristiques d'opérations de combat?

11 Réponse: Je sais qu'on a retrouvé des balles dans les corps et je sais

12 comment étaient les corps quand je les ai vus.

13 Question: Pourtant, mais savez-vous -et est-ce que cela aurait pu vous

14 porter à tirer des conclusions différentes- ce qu'a dit la presse

15 internationale? J'ai déjà cité le "Berliner Zeitung", etc. Je vous les ai

16 cités ces journaux. Maintenant, je vais vous donner lecture d'autre chose

17 qui est extrait d'un ouvrage "Racak". On dit que seul le "Berliner

18 Zeitung" et les journaux allemands parlaient de la question.

19 Ceci a été publié le 13 mars 1999: "Des représentants de l'OSCE se sont

20 entendu dire que 45 Albanais avait été trouvés dans le village de Racak,

21 mais qu'il ne s'agissait pas d'un massacre dû aux Serbes". On lisait dans

22 les documents de l'OSCE qu'il s'agissait d'une mise en scène réalisée par

23 les Albanais et que ces résultats, ces conclusions avaient été tirées par

24 le centre de la Mission du Kosovo, indépendamment du…

25 M. le Président (interprétation): Je vous interromps, mais quels documents

Page 4775

1 êtes-vous en train de citer?

2 M. Milosevic (interprétation): Elzecer. L'ouvrage s'intitule "Racak et les

3 divagations de Mme Helena Ranta".

4 M. le Président (interprétation): Il est indéniable que vous pourrez citer

5 le témoin en question, l'auteur de cet ouvrage, mais cela ne sert à rien

6 de poser une telle question au témoin.

7 M. Milosevic (interprétation): Et savez-vous qu'une déclaration a été

8 publiée le 17 mars, qui comptait uniquement 5 pages et que, d'après le

9 "Berliner Zeitung", le rapport final pesait 21 kilos?

10 M. Drewienkiewicz (interprétation): Le 17 mars, je vérifiais les plans

11 d'évacuation pour que nous puissions faire sortir, faire partir tout le

12 monde le 20, si on nous en donnait l'ordre. C'était à ce moment-là ma

13 priorité essentielle. Malheureusement, à ce moment-là, je ne m'occupais

14 plus vraiment de Racak. A ce moment-là.

15 Question: Oui, mais savez-vous que l'on a écrit que les victimes n'avaient

16 pas été massacrées, qu'on ne leur avait pas coupé la tête, qu'on n'avait

17 trouvé que sur deux personnes des traces de coups portés par des objets

18 contondants, avaient été mangés en partie par des animaux. Le savez-vous?

19 Réponse: Je sais qu'un des corps qu'on a trouvés dans le village avait été

20 décapité; cela, en effet. Je l'ai vu d'ailleurs le samedi après-midi.

21 Sinon, les corps qui se trouvaient sur la colline -je crois qu'il y en

22 avait environ 23- c'étaient des gens avaient été abattus, dont les corps

23 s'étaient écroulés, entassés les uns sur les autres. C'est ce que nous

24 avons vu et c'est ce que nous avons indiqué dans notre rapport.

25 M. Milosevic (interprétation): Etes-vous au courant de l'affirmation

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1 suivante, faite par un expert, qui dit -je cite-: "Quand on procède à une

2 exécution sur ordre…."

3 M. le Président (interprétation): On vous demande de ralentir. Et de toute

4 façon, que citez-vous actuellement, Monsieur Milosevic?

5 M. Milosevic (interprétation): Je cite un extrait d'un rapport établi par

6 des experts en médecine légale. Dans l'addendum, on peut lire -je cite-:

7 "Ces contradictions entre les informations reçues et les résultats des

8 autopsies ne peuvent être négligées ou ignorées que si l'on réfute la

9 cause de la mort". (Fin de citation.)

10 On fait ici référence au premier rapport de Walker qui affirmait que

11 c'était les Serbes qui s'étaient rendus coupables de ce massacre.

12 M. le Président (interprétation): Mais ceci n'a aucun intérêt pour le

13 témoin, ça c'est quelque chose qu'il nous appartiendra à nous de décider.

14 M. Milosevic (interprétation): Bien. Donc à ce moment-là, vous n'allez pas

15 accepter ce document comme élément de preuve. Est-il possible que les

16 corps aient été transportés, amenés à partir d'un autre endroit? Est-ce

17 que cette possibilité existe?

18 M. Drewienkiewicz (interprétation): Non, ce n'est pas l'impression que

19 j'ai eue à ce moment là sur la colline. Les corps étaient enchevêtrés et

20 de manière telle qu'on ne pouvait pas envisager la possibilité que vous

21 évoquiez, à mon avis, et c'était mon opinion et celle des personnes qui

22 étaient avec moi.

23 M. Milosevic (interprétation): Saviez-vous ce que le Times a dit le 20

24 janvier 1999? Il dit précisément que les corps avaient été apportés -sur

25 la base de ce qu'a dit le journaliste français- ils parviennent à cette

Page 4777

1 conclusion.

2 M. le Président (interprétation): C'est un journaliste, ça n'a aucune

3 utilité. C'est l'opinion d'un journaliste. Le témoin a donné sa réponse à

4 la question que vous avez posée. Nous traitons des éléments de preuve.

5 M. Milosevic (interprétation): Bien, alors sautons les journalistes. Mais

6 je ne peux pas sauter Helena Ranta qui s'exprime différemment en ce qui

7 concerne la possibilité que ces corps aient fait l'objet d'une

8 manipulation. Voici une occasion pour rafraîchir votre mémoire.

9 Est-ce qu'on pourrait montrer l'extrait de vidéo suivant?

10 (Diffusion de la vidéo.)

11 Je ne sais pas s'il y a vraiment eu un massacre, ceci est la première fois

12 qu'elle en parle. Spectateur de la télévision, je suis consciente du fait

13 que l'ensemble de cette scène a été fabriqué, parce que c'est

14 effectivement possible de le faire. C'est monté, c'est ce que nos

15 premières conclusions ont indiqué. Et aussi, plus tard, l'examen par des

16 experts médicaux légaux que nous avons fait sur les lieux en 1999 montre

17 -et nous avons donné directement les résultats au Tribunal international à

18 La Haye-, l'ambasseur Walker est venu à Racak le samedi.

19 Sa décision a été prise de qualifier cet événement comme étant un

20 massacre, systématiquement j'avais omis, évité d'utiliser ce terme. Il y a

21 un soupçon qu'il s'est agi d'un massacre. Et qu'est-ce qui aurait pu

22 conclure à cela, Helena Ranta a des renseignements allant dans le sens que

23 parmi les personnes qui ont été tuées, il y avait des membres de l'UCK

24 aussi.

25 A l'époque, c'était une place forte de l'UCK; et je suis convaincu qu'il y

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1 a pas mal de renseignements à l'époque qui montraient qu'il y avait des

2 conflits sans aucun doute entre l'UCK et les forces serbes, il n'y a aucun

3 doute à ce sujet. En plus de cela, on m'a dit et j'ai lu les

4 renseignements à ce sujet, qu'en cet endroit et ce jour-là, des membres de

5 l'UCK ont été tués.

6 M. le Président (interprétation): Mon général? Y-a-t-il quoi que ce soit

7 que vous puissiez dire à ce sujet?

8 Certainement, nous entendrons le témoin en temps utile à sujet. Mais, en

9 ce qui vous concerne, voyez-vous quelque chose d'utile à ajouter?

10 M. Drewienkiewicz (interprétation): Non, je ne pense pas, Monsieur le

11 Président.

12 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Milosevic, vous pourriez

13 citer à la barre le témoin en question, mais le fait que nous voyons

14 quelque chose à la télévision n'est pas une preuve de cela.

15 M. Milosevic (interprétation): En ce qui concerne cette dame témoin, la

16 partie adverse l'avait mentionnée. Et nous voyons que le témoin parle

17 précisément de cela. Walker a utilisé le mot "massacre".

18 M. le Président (interprétation): Nous avons déjà évoqué cela. Votre temps

19 est limité avec ce témoin. Voulez-vous, s'il vous plaît, passer à autre

20 chose?

21 M. Milosevic (interprétation): Bien. Je continue. Toutefois, je

22 souhaiterais, s'il vous plait, qu'on montre l'extrait vidéo suivant. C'est

23 l'avant-dernier mais on va attendre pour le suivant. S'il vous plaît,

24 l'extrait vidéo suivant. J'espère que je n'ai pas fait d'erreur.

25 (Diffusion de la vidéo.)

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1 Walker a réuni environ 30 journalistes et s'est rendu avec eux et a dit,

2 au bout de plus de temps, que c'était un massacre commis par des Serbes. A

3 ce moment-là, il n'aurait pas pu porter de jugement quel qu'il soit, mais

4 cet avis a été repris par les Nations Unies, l'OSCE et tous les

5 gouvernements du monde. Un jour plus tard, l'OTAN, lors d'une réunion

6 extraordinaire –cela dit, c'est tout à fait inhabituel- avec ce type de

7 comportement, Walker avait en fait allumé l'explosif qui allait faire

8 éclater la guerre.

9 (Fin de citation.)

10 Je ne veux pas répéter les choses parce que M. May s'y oppose. Ce que

11 Christophe Chatel a dit dans "Le Monde" et ce que "Le Figaro" a dit, et

12 que j'ai cité -j'ai cité ces sources précédemment- ils disent

13 contrairement à ce que vous avez déclaré.

14 Mais ma question est la suivante: puisqu'il y avait de nombreuses

15 déclarations faites par les personnes qui étaient sur les lieux, est-ce

16 que de telles déclarations vous ont encouragé à avoir une vue plus

17 complète de la situation, en particulier parce que les autopsies n'avaient

18 pas encore été effectuées ou les enquêtes? Simplement, un jour, Walker a

19 fait une déclaration, puis l'OTAN fait une réunion extraordinaire, avant

20 que quoi que ce soit ait été vraiment établi en ce qui concerne un

21 événement aussi complexe. Quelle serait votre explication de cela?

22 M. Drewienkiewicz (interprétation): Tous ces journalistes sont allés sur

23 cette colline. Tous ceux qui étaient sur cette colline avec moi étaient

24 unanimes dans leurs opinions que ces morts avaient été tués par vos forces

25 et n'avaient pas été en train de résister, à l'époque.

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1 A l'époque, nous avons demandé une enquête conjointe, commune, qui aurait

2 pu permettre d'établir davantage les faits. Vous auriez pu accepter cela

3 et faire faire cette enquête; vous auriez pu suspendre l'officier

4 commandant pendant que l'enquête avait lieu et vous ne l'avez pas fait,

5 sur cette question. Par conséquent, nous avons fini par tirer nos propres

6 conclusions et je vous ai donné mes conclusions telles que je m'en

7 souviens à l'époque. Et je continue de penser qu'elles sont telles qu'elle

8 étaient, telles que je les ai formulées à l'époque.

9 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, le temps passe; il

10 faut maintenant passer à une autre question. Vous avez présenté un certain

11 nombre d'avis de façon très complète à ce sujet, le témoin a répondu de

12 son mieux; alors, passons à autre chose.

13 M. Milosevic (interprétation): Eh bien, moi, je comprends qu'il me reste

14 encore une heure, Monsieur May.

15 M. le Président (interprétation): Oui. Mais revenir de différentes

16 directions sur le même point n'est d'aucune utilité au Tribunal et fait

17 perdre du temps.

18 M. Milosevic (interprétation): Ceci est une question très importante,

19 Monsieur May.

20 M. le Président (interprétation): Oui, je suis d'accord, c'est important,

21 mais vous l'avez pleinement couvert. Vous avez posé une série de questions

22 au témoin et vous avez donné votre avis à ce sujet; il ne peut pas y

23 répondre. Il a déposé selon ce qu'il a vu. Si vous voulez lui poser des

24 questions sur ce qu'il a vu… Mais simplement lui présenter des avis ou des

25 opinions ne peut nullement aider.

Page 4781

1 M. Milosevic (interprétation): Bien. Est-ce que vous connaissez le nom

2 Imam Smith?

3 M. Drewienkiewicz (interprétation): Non. Mais je crois qu'il y avait pas

4 mal de gens qui s'appelaient Smith, à ce moment-là.

5 Question: Ça, c'était un vérificateur, un officier irlandais, le premier à

6 avoir trouvé les cadavres. Il a dit qu'il y avait de nombreuses douilles

7 qui étaient là, essentiellement des munitions qui venaient d'AK-47. Etes-

8 vous conscient du fait que ces munitions ont été utilisées par l'UCK, des

9 douilles de AK-48?

10 Réponse: Les deux côtés ont utilisé les AK-48. Oui, c'était l'arme de tout

11 le monde.

12 Question: Le rapport de l'OSCE dit que l'UCK a utilisé différents types

13 d'armes légères, mais plus particulièrement les AK-47. Le nombre le plus

14 important venait d'Albanie après que ce pays, en 1997, est tombé dans le

15 chaos économique et politique.

16 Avez-vous connaissance de ce rapport de l'OSCE?

17 Réponse: Oui. Et j'étais observateur des événements en 1997 et j'ai vu que

18 beaucoup d'armes avaient été prises, mais des armes de ce genre ont

19 également été prises par vos forces. Je sais qu'un grand nombre

20 d'armureries ont été pillées.

21 Question: Nos forces n'avaient pas de munitions chinoises. Le savez-vous

22 ou non?

23 Réponse: Je ne suis pas conscient du fait qu'on nous ait jamais donné les

24 numéros de fabrication. Je sais qu'il y avait chaque fois la possibilité

25 d'utiliser les armes de la partie adverse; cela a été fait de nombreuses

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1 fois dans le passé.

2 Question: Eh bien, je n'ai pas entendu dire que ceci ait jamais été établi

3 dans le conflit de Kosovo et Metohija, et que l'armée et la police aient

4 pris des armes de l'UCK. Est-ce que ceci est une nouvelle information que

5 vous nous fournissez maintenant, aujourd'hui?

6 Réponse: Non. Je dis simplement que je n'ai pas eu connaissance du fait

7 que seule, l'UCK ait utilisé des munitions chinoises et je n'ai eu aucune

8 preuve pour suggérer que seule l'UCK aurait utilisé des munitions

9 chinoises.

10 M. Milosevic (interprétation): …

11 M. Nice (interprétation): Avant que nous ne continuions, la question ne

12 montre pas clairement si l'homme qui s'appelait Smith était là. Je n'ai

13 pas la déclaration sous la main. On pourrait peut-être clarifier les

14 choses avant de passer à une autre question?

15 M. Milosevic (interprétation): Bien, on clarifiera plus tard parce que,

16 pour le moment, je n'ai pas le temps d'entrer dans ce détail particulier.

17 Pourriez-vous répondre à ma question suivante: avez-vous connaissance des

18 conclusions du Dr Milan Stulic, professeur à l'université de Belgrade, à

19 la faculté de droit? Après une analyse détaillée, il est parvenu à la

20 conclusion que toutes les personnes qui avaient été tuées...

21 M. le Président (interprétation): Vous pouvez déposer ceci devant le

22 Tribunal mais là encore, il n'est pas utile de présenter au témoin

23 d'autres opinions ou avis à ce sujet.

24 M. Milosevic (interprétation): Bien. Je demande si le témoin a

25 connaissance de l'analyse qui a été faite par le professeur en question.

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1 M. le Président (interprétation): Avez-vous connaissance, mon Général, de

2 cette analyse faite par un professeur de Belgrade?

3 M. Drewienkiewicz (interprétation): Non, je n'en ai pas connaissance.

4 M. le Président (interprétation): Question suivante, s'il vous plaît.

5 M. Milosevic (interprétation): Bien. Alors, quand on tient compte de tout

6 cela, est-ce que Diana Johnson a raison que, le 13 mai 1999, elle a dit à

7 Paris…

8 M. le Président (interprétation): Mais ça encore, ce sont des opinions.

9 M. Milosevic (interprétation): Bien.

10 La dernière fois, vous avez dit que le mot "terrorisme" est un mot à

11 consonance émotive et qu'il serait mieux d'utiliser le terme "les

12 rebelles". Toutefois, vous avez dit dans le document communiqué par

13 l'accusation, c'est-à-dire votre diagramme DZ, 030453636P8.16, vous avez

14 dit qu'il y avait des "terroristes" sur toute la province. Est-ce exact?

15 M. Drewienkiewicz (interprétation): Cela peut avoir été le cas. Pourriez-

16 vous, s'il vous plaît, expliquer le sens de la question?

17 M. Milosevic (interprétation): Le sens de la question, c'est que la

18 dernière fois, lorsque je vous ai parlé du terrorisme, vous m'avez dit que

19 vous ne souhaitiez pas utiliser le terme "terrorisme" parce qu'il avait

20 une connotation émotive; or, dans votre diagramme, vous avez parlé de

21 terrorisme dans toute la province. Donc vous-même avez utilisé ce terme

22 ayant une charge émotive dans votre diagramme; est-ce exact ou non?

23 M. Drewienkiewicz (interprétation): Il y a eu des moments où nous avons

24 utilisé le terme "terrorisme" pour décrire certaines activités; nous

25 l'avons fait exprès, délibérément, pour faire comprendre que la plupart du

Page 4784

1 temps, nous n'utilisions pas le terme. Donc quand il y a eu des activités

2 qui étaient véritablement destinées, à notre avis, à terroriser la

3 population, nous avons utilisé les mots "terroristes", "terrorisme". Et

4 donc, nous avons essayé de l'employer de façon précise et non pas comme

5 terme général.

6 M. le Président (interprétation): Je pense que le moment convient pour

7 suspendre la séance. Nous suspendons pour 20 minutes.

8 (L'audience, suspendue à 12 heures 17, est reprise à 12 heures 38.)

9 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Milosevic? Il vous reste

10 maintenant 50 minutes.

11 M. Milosevic (interprétation): Bien.

12 Vous savez, Monsieur le Témoin, que le Conseil de sécurité a pris une

13 Résolution 1160 datée du 31 mars 1998? Vous êtes au courant de sa teneur,

14 n'est-ce pas?

15 M. Drewienkiewicz (interprétation): Oui, d'une façon générale.

16 Question: Et la Résolution 1199 du 23 septembre 1998, n'est-ce pas?

17 Réponse: Là aussi, en général.

18 Question: Et aussi la Résolution 1203 du 24 octobre 1998?

19 Réponse: Oui, effectivement.

20 Question: Dans toutes ces résolutions, le terrorisme au Kosovo est

21 mentionné; est-ce exact?

22 Réponse: Il faudrait que je vérifie, mais je sais que ces termes sont

23 employés dans un certain nombre d'entre elles.

24 Question: Bien. J'ai mentionné ces trois résolutions dans lesquelles ce

25 sont les mots employés. Savez-vous et pensez-vous que l'UCK soit une

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1 organisation terroriste?

2 Réponse: A l'époque, je crois qu'elle avait certains éléments qui étaient

3 susceptibles de faire des actes terroristes. Je ne suis pas convaincu que

4 l'ensemble fut une organisation terroriste; à l'époque, je pensais que

5 certains des résistants étaient le résultat des actions de vos forces.

6 Question: Bien. Dites-moi: avez-vous entendu parler de la déclaration

7 faite par Gelbard, le représentant des Etats-Unis pour les Balkans,

8 Gelbard, qui était un expert en terrorisme et qui a également dit que

9 l'UCK était une organisation terroriste?

10 Réponse: Je ne sais pas où et quand il a dit cela précisément mais si

11 telle est son opinion, je reconnais que telle était son opinion.

12 M. Milosevic (interprétation): Je voudrais demander que le livre puisse

13 être versé au dossier, le volume qui a été évoqué par l'accusation, Human

14 Rights Watch. Il contient la déclaration authentique de Gelbard, à savoir

15 en ce qui concerne la nature de l'UCK en tant qu'organisation terroriste.

16 M. le Président (interprétation): Si vous voulez le faire verser au

17 dossier, voyons ce dont il s'agit. Nous pourrions le verser au dossier

18 après l'audience.

19 M. Milosevic (interprétation): Ce document a été fourni par la partie

20 adverse, intégralement.

21 M. le Président (interprétation): Ne perdons plus de temps à ce sujet.

22 Nous demanderons à l'accusation de le retrouver.

23 M. Nice (interprétation): Il est déjà déposé et présenté comme pièce à

24 conviction, Monsieur le Président.

25 M. le Président (interprétation): Bien.

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1 M. Nice (interprétation): J'ai ce document.

2 M. Milosevic (interprétation): Puisque vous avez donné une réponse

3 descriptive en des termes assez relatifs, pourriez-vous me répondre par

4 oui ou non sur la question de savoir si l'UCK est une organisation

5 terroriste ou non?

6 M. le Président (interprétation): Le témoin a répondu de son mieux à cette

7 question et il ne va pas certainement pas être harcelé pour donner une

8 nouvelle réponse.

9 M. Milosevic (interprétation): S'il vous plaît, il s'agit d'un général.

10 C'était le chef exécutif de l'équipe de vérification.

11 M. le Président (interprétation): Ne continuez pas plus avant dans cette

12 voie. Nous savons ce que vous avez dit à ce sujet, nous avons entendu la

13 réponde du témoin. Nous entendrons les éléments de preuve.

14 M. Drewienkiewicz (interprétation): Je pense qu'il y avait des éléments

15 terroristes dans l'UCK, mais je ne pense pas que l'ensemble de

16 l'organisation était terroriste en tant que telle. Un grand nombre de

17 choses que j'ai vues m'auraient amené à penser rejoindre l'UCK si j'avais

18 été un Albanais vivant là-bas à l'époque, donc il y avait des moments où

19 les sympathies étaient certainement en faveur des locaux, à cause des

20 actes épouvantables commis contre eux par les forces du droit et de

21 l'ordre qui était censées les protéger. Je suis probablement allé plus

22 loin que ma déposition ne devrait me le permettre, je pense.

23 M. Milosevic (interprétation): Et savez-vous, en tous les cas pour

24 l'époque où vous étiez au Kosovo, est-ce que vous avez eu connaissance des

25 crimes qui ont été commis contre à la fois des Serbes et des Albanais et

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1 des Turcs et des Roms, différents membres de la population, par l'UCK?

2 M. Drewienkiewicz (interprétation): Je suis certainement conscient du fait

3 que la police a eu à peu près une centaine de victimes, dans l'année

4 allant de mars 1998 à mars 1999, et c'était clairement répréhensible.

5 Question: Mais, à l'exception de la police, avez-vous connaissance de

6 toutes les victimes civiles, serbes et albanaises?

7 Réponse: Oui, je suis au courant. Et je crois que j'ai parlé des moments

8 où des cadavres ont été trouvés très tôt le matin, à diverses heures, à

9 peu près au rythme de quatre par semaine, pendant la période allant de

10 janvier jusqu'au moment où nous sommes partis, en mars 1999. Donc oui,

11 nous étions conscients de toute cette violence qui était en cours.

12 Question: Bien. La dernière fois, vous avez fait des commentaires sur les

13 événements qui ont eu lieu dans le village de Rogovo. Dans ce document,

14 dans le document que l'accusation a fourni, ainsi que votre déclaration

15 avec le diagramme des aides -et le numéro est le 03045366- au titre du

16 point 85, où vous parlez de Rogovo -je cite-: "Probablement, un abri de

17 l'UCK, mais tous n'étaient pas là…" Des mots dans ce sens.

18 Réponse: Oui, je crois que c'est à peu près ce que j'ai dit.

19 Question: Et la dernière fois, vous avez aussi remarqué, lorsqu'on vous a

20 montré des photographies de membres de la police, vous avez fait comme

21 commentaire qu'ils n'étaient pas typiquement vêtus, qu'il fallait accorder

22 un point particulier aux circonstances et vous avez dit que la police

23 était l'auteur de certains crimes qui auraient été allégués. Est-ce exact?

24 Réponse: J'ai dit que j'avais des doutes quant aux circonstances dans

25 lesquelles cette action a eu lieu. Plus particulièrement, j'ai été très

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1 surpris que, dans une action telle que celle qui a eu lieu, personne n'ait

2 été capturé vivant et que personne n'ait été blessé. Ce qui semble très

3 étrange si vous regardez normalement un échange de coups de feu, quand

4 normalement plusieurs personnes sont blessées ou tuées.

5 Question: Précisément à cause de cette déclaration, la déclaration que

6 vous avez faite, je voudrais demander à la cabine technique de montrer

7 l'extrait vidéo suivant qui a trait à ces événements et à ces actes. Et

8 c'est le dernier extrait que je demande de montrer.

9 (Diffusion de la vidéo.)

10 Pourrions-nous avoir également la bande sonore, s'il vous plaît?

11 "Le 29 janvier 1999, 24 Albanais ont été tués et un policier serbe a été

12 tué, de sorte qu'il y a eu un affrontement. Ce n'était pas un massacre de

13 civils comme le ministre de la Défense l'a soutenu. Les historiens et une

14 équipe de télévision fournissent des éléments de preuve sur ce qui s'est

15 véritablement passé par rapport à des Albanais qui auraient été des

16 civils, mais ils portaient des uniformes et certains portaient des

17 insignes de l'UCK."

18 (Gros plan sur l'insigne de l'UCK.)

19 "Le premier observateur de l'OSCE, qui est venu sur place, est cet homme

20 ici à gauche de l'image. Il fait partie de la police allemande; Henning

21 Hensch (phon.) est son nom.

22 C'est vrai ce que le ministre de la Défense a dit le premier jour dans sa

23 déclaration, que j'ai vue sur "Deutsche Welle", mais ceci ne coïncide pas

24 avec ce que j'ai vu moi-même. Néanmoins, le rapport officiel concernant

25 l'événement à Rogovo parle de massacre de civils. Nous avons trouvé une

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1 camionnette là où 14 cadavres étaient criblés de balles. Trois se

2 trouvaient à l'extérieur de la camionnette. Dans le garage, il y avait

3 encore cinq cadavres de combattants de l'UCK portant des uniformes. 300

4 mètres plus loin, nous avons trouvé encore quatre cadavres. Ces corps que

5 le ministre de la Défense a fait montrer, nous les avons mis en un seul

6 endroit, nous les avons ramassés. Les policiers serbes, moi-même et mes

7 deux collègues russes avons fait cela.

8 C'est ainsi que ce film a été tourné et, pour ce qui concerne de

9 prétendues exécutions, ceci n'a rien à voir avec ce qui s'est vraiment

10 passé, comme l'a dit M. Henning Hensch (phon.). Il ne s'agissait pas du

11 tout de massacre de la population civile parce que, selon l'OSCE elle-

12 même, le commandant de l'UCK a dit que c'étaient les combattants qui

13 avaient perdu la vie en combattant pour leur cause et leur idéal d'une

14 Grande Albanie.

15 Le ministre allemand, indépendamment de cela a transformé ça en massacre."

16 (Fin de la diffusion vidéo.)

17 Celui qui était membre de votre Mission et qui soutient qu'il est vrai que

18 ce que son ministre a déclaré ne correspond pas à ce qu'il a vu sur place

19 et que ça ne correspond pas avec son rapport, le rapport que lui-même a

20 envoyé.

21 Alors, avez-vous eu connaissance de cela?

22 Réponse: Je ne savais certainement pas ce que le ministre allemand a dit.

23 Mais je peux vous rappeler ce que j'ai dit que j'avais vu, à savoir que

24 quatre personnes portaient des uniformes de l'UCK et que 12 armes ont été

25 montrées comme ayant été trouvées avec l'UCK ou avec les civils, dont

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1 quatre étaient dans des uniformes de l'UCK. Et je crois que j'ai dit cela

2 devant les caméras ainsi qu'au général Loncar qui se trouvait là.

3 Question: Expliquez-moi ceci, en tant que soldat: si la police se fait

4 tirer dessus par 12 fusils, non pas 25, est-ce que la police peut compter

5 les fusils qui leur tirent dessus et établir si elle doit répliquer; ou

6 est-ce que 12 fusils, c'est trop peu, même s'il n'y en avait que 12, comme

7 ce que vous avez soutenu? Est-ce que c'est considéré comme trop peu?

8 Réponse: Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé sur place, sur les

9 lieux, lorsque la police a attaqué. Mais j'ai trouvé remarquable que tout

10 le monde ait été tué, qui semblait se trouver à l'intérieur de cet enclos;

11 c'étaient des hommes. Je ne sais pas combien d'armes se trouvaient dans

12 les mains des personnes à l'intérieur; on aurait pu les apporter de

13 l'extérieur, quelqu'un aurait pu le faire parce qu'il y a eu un délai

14 important entre l'incident et le moment où on a autorisé mon personnel à

15 entrer. Et vos personnels s'y trouvaient pendant toute la période où les

16 miens n'ont pas pu avoir accès, donc ces armes auraient pu être apportées.

17 S'il y avait eu de bonnes enquêtes médico-légales et des autopsies, on

18 aurait pu établir ces faits. Mais on ne peut pas établir les faits lorsque

19 le juge qui doit faire une investigation se trouve dans la boue et dit que

20 son enquête est terminée, ce qui est ce qui s'est passé.

21 Question: Bon. Lorsque vous dites que "tous ont été tués", est-ce que vous

22 imaginez que quelqu'un aurait pu s'échapper?

23 Réponse: Non. Certains auraient pu s'échapper. Mais je suis surpris que

24 sur les 25 tués, il n'y ait pas eu un seul blessé. Ça me préoccuperait sur

25 ce qui s'est passé, ça m'inquiéterait pour savoir ce qui s'est passé à la

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1 fin du combat.

2 Question: Il y a un moment, lorsque vous décriviez tout ce qui aurait pu

3 se passer, en théorie, n'importe quoi aurait pu se passer sur la base de

4 ces hypothèses que quelque chose aurait pu se passer mais peut-être ne

5 s'est pas passé. Est-ce que ceci serait suffisant pour interpréter, vous

6 donner interprétation de l'événement qui pourrait donner lieu à des

7 représailles, le type de réaction qu'on condamne, ou bien il est évident

8 que c'était un affrontement entre l'UCK et les forces de police?

9 Réponse: Oui. Le fait que c'était un affrontement entre l'UCK et la police

10 ne donne à la police carte blanche pour tuer tout le monde. Pourquoi

11 n'ont-ils pas été appréhendés et traduits en jugement?

12 Question: Et est-ce que vous soutenez qu'il y a eu des exécutions ou que

13 les hommes sont morts au combat? Tous les rapports disent que ces gens ont

14 été tués au combat, en combattant.

15 Réponse: Tous les rapports que j'ai vus ont dit qu'ils étaient morts

16 lorsque nous sommes arrivés. Je ne sais pas ce qui s'est passé à la fin de

17 l'affrontement; il est possible que tous aient été tués en combattant, 25

18 d'entre eux ayant 12 armes, se partageant 12 armes, mais ça ne s'adapte

19 pas bien à mon expérience de l'UCK qui tendait à ne pas combattre

20 lorsqu'ils étaient confrontés à des forces très supérieures; ils tendaient

21 à s'enfuir.

22 Question: Peut-être que quelque chose de ce genre s'est passé pour une

23 partie de ce groupe, à savoir qu'une partie s'est enfuie?

24 Réponse: Alors, je suis surpris que nous n'ayons pas rencontré quelqu'un

25 de ce grand groupe qui aurait pu peut-être s'échapper.

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1 Question: Mais néanmoins, vous dites que peut-être… Vous dites "peut-être

2 -une phrase au conditionnel- que ça aurait pu être un affrontement entre

3 l'UCK et le MUP"? Vous utilisez bien le conditionnel?

4 Réponse: Oui, je l'utilise parce que c'était deux semaines après

5 l'attaque, donc c'était dans l'intérêt de tout le monde que tout événement

6 significatif de ce genre fit l'objet d'une enquête appropriée et établisse

7 une conviction profonde. J'ai vu fort peu de goût, pour votre personnel

8 sur place, pour le faire; c'est ceci qui m'a rendu soupçonneux parce que

9 je n'avais pas d'autres éléments de preuve. Sans ça, je l'aurais dit.

10 C'est cela qui a créé mes soupçons.

11 Question: Bien. Mais à l'époque, vous n'avez pas fait de commentaires ou

12 d'objection, la suggestion entre… La coopération entre la police et la

13 commission de vérification. Vous n'avez pas fait de critique à ce sujet?

14 Réponse: Je ne cherchais pas à créer davantage d'antagonisme entre la

15 police et l'unité de vérification. Certainement, je n'ai pas exprimé de

16 satisfaction par rapport à ce qui avait été fait.

17 J'ai décrit au général Loncar, devant les caméras, ce qui m'avait été

18 montré et j'ai fait remarquer le délai, le temps qui s'était écoulé entre

19 le moment où je suis arrivé et le moment où j'ai pu voir ce qu'il y avait

20 à l'intérieur. Donc, bien sûr, je n'ai pas pensé qu'il serait utile, à ce

21 stade, la situation étant tout à fait critique à la suite de Racak, à la

22 suite du fait que Walker ait été déclaré persona non grata, il y avait

23 beaucoup de spéculations, d'hypothèses des médias; je n'étais pas prêt à y

24 ajouter une façon qui n'aurait pas été utile.

25 Question: Bien. Je suis sûr que vous savez, ce jour particulier, le 29

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1 janvier 1999 vers environ 6 heures 30 du matin, dans ce village de Rogovo,

2 dans la municipalité de Gjakova, une patrouille municipale du SUP de

3 Gjakova, une attaque terroriste a été lancée par un groupe assez important

4 de membres de l'UCK où Rakovic Predrag ont été tués; est-ce exact ou non?

5 Réponse: Je ne sais pas si c'est exact. Je sais qu'un policier a été tué.

6 Nous n'avions pas de gens pour compter.

7 Je sais que, d'une façon générale, il y a eu un affrontement entre le MUP

8 et l'UCK dans les premières heures de la matinée à cet endroit. Je ne sais

9 pas exactement ce qui s'est passé: quelle a été la séquence des

10 événements, qui a commencé, qui a vu les autres le premier, qui a tiré le

11 premier, si quelqu'un a essayé de se rendre ou non, ce qui s'est passé par

12 la suite. Tout simplement, je n'en sais rien. Et c'est pour cela qu'un

13 examen médico-légal au bon moment aurait été dans l'intérêt de tout le

14 monde.

15 Question: Mais pourquoi n'avez-vous pas demandé une telle enquête, si vous

16 aviez ces soupçons?

17 Réponse: Je l'ai fait. Nous avons essayé d'obtenir que l'équipe de

18 médecins-légistes finlandais reste sur place pour mener leur enquête, mais

19 cela ne leur a pas été possible pour des raisons qui ne m'ont jamais été

20 expliquées de façon claire. Mais il ne fait aucun doute que j'ai demandé

21 une enquête médico-légale en bonne et due forme. Il ne fait non plus

22 aucune doute que j'ai dit qu'il était très difficile de vérifier avec

23 précision ce qui s'était passé dans un secteur de sept mètres carrés, une

24 zone très boueuse, très sale, en à peine quelques heures. J'ai dit que les

25 conditions étaient très inopportunes pour une enquête. Je l'ai dit à

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1 l'époque.

2 Question: Mais êtes-vous au courant du fait qu'à l'époque, après la mort

3 de ce policier, c'est-à-dire après l'attaque d'un groupe important de

4 terroristes sur une patrouille du SUP de Djakovica, savez-vous que ce

5 groupe de terroristes s'est enfui dans la maison de Selojdin Shala, à

6 partir de laquelle ces terroristes ont ouvert le feu sur les membres de la

7 police, et que, par la suite, le fusil du policier qui a été tué a été

8 trouvé dans cette maison? Le policier s'appelant Predrag Rakovic.

9 Réponse: Ce n'est pas l'interprétation que je fais des événements. Si je

10 me souviens bien, l'un des cadavres a été découvert et l'on a constaté

11 qu'il avait été abattu aux toilettes. On ne va pas aux toilettes si l'on

12 se trouve en plein échange de feu. Donc les circonstances étaient

13 suspectes s'agissant de cet incident.

14 Question: Etes-vous au courant du fait que la maison de Berisha Xhevat

15 était une base terroriste à Rogovo? Ou plus précisément que c'est dans la

16 cour de cette maison que des terroristes sont morts?

17 Réponse: Plus tard, si je ne m'abuse, nous avons été informés du fait que

18 cette maison avait été utilisée comme maison sûre par les terroristes, en

19 effet.

20 Question: Etes-vous au courant du fait qu'à partir de cette camionnette de

21 marque Isuzu –et je ne vous donnerai pas le numéro d'immatriculation-, qui

22 se trouvait dans la cour de cette maison, on a tiré sur la police comme on

23 le faisait à partir de la maison? Avez-vous eu connaissance de ce fait

24 également?

25 Réponse: Non, mais il y avait plus de 20 impacts de balles sur cette

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1 camionnette rouge et je pense que la plupart de ces impacts étaient dus à

2 des balles qui avaient tirées sur la camionnette et pas à des balles qui

3 avaient été tirées à partir de la camionnette.

4 Question: Mais je suppose qu'en tant que soldat, vous savez que lorsqu'on

5 tire à partir d'une camionnette, il est impossible de trouver des impacts

6 de balles sortantes, c'est-à-dire des impacts de balles qui étaient tirées

7 sur la police? Ce que je dis est-il logique ou pas?

8 Réponse: Je pense que ce que je voulais dire, c'est que je n'ai aucune

9 idée précise de ce qui s'est exactement passé dans la cour. Mais je sais

10 ce que j'ai vu quand je suis arrivé dans cette cour et la camionnette

11 avait été criblée de balles.

12 Question: Mais cela n'aurait-il pas été logique si, à partir de la

13 camionnette, on avait tiré sur la police?

14 Réponse: Non, on ne tire pas à travers la carrosserie de la camionnette si

15 l'on veut tirer sur quelqu'un qui se trouve à l'extérieur. Je suggérerais,

16 pour ma part, dans ce cas, de tirer par la fenêtre!

17 Question: Donc, dans votre pays, quand des criminels tirent sur la police,

18 ils n'ont droit de le faire qu'en tirant par la fenêtre, ils ne tirent

19 jamais sur le véhicule, ils doivent absolument viser la fenêtre?

20 Réponse: Quand la police tire sur des criminels, ils tirent avec habileté

21 et ils rendent compte de chaque balle tirée. Or rien n'indique que ceci se

22 soit passé, à quelque moment que ce soit, avec votre police.

23 Question: Etes-vous au courant du fait que ce groupe était dirigé par

24 Ibrahimaj, très connu comme attaquant, ayant attaqué le 27 janvier 1999 à

25 Bishtrizhine, c'est-à-dire deux jours plus tôt, des membres de la police,

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1 et que deux policiers ont été blessés ce jour-là? Etes-vous au courant de

2 ce fait?

3 Réponse: Je sais qu'il y a eu une attaque contre la police et que, si vous

4 aviez été capables d'arrêter l'auteur de ce crime et de le traduire en

5 jugement, il aurait été jugé depuis longtemps. Mais pour le traduire

6 devant un Tribunal, il aurait fallu disposer d'éléments de preuve.

7 Question: Donc, en dépit de toutes ces suppositions dont vous parlez, la

8 dernière fois vous avez montré une photographie de la camionnette et une

9 photographie des cadavres de terroristes, une photographie des policiers,

10 vous êtes arrivé à la conclusion prétendue qu'il s'agissait d'une espèce

11 de liquidation. C'est bien ce que vous avez dit la dernière fois, n'est-ce

12 pas?

13 Réponse: Je n'ai jamais dit qu'il s'agissait de liquidation, en employant

14 ce terme. Mais j'ai toujours exprimé des doutes quant au fait qu'un nombre

15 aussi important de personnes aient pu être tuées dans de telles

16 circonstances, sans que l'un quelconque d'entre eux tente de se rendre et

17 soit fait prisonnier.

18 L'absence d'éléments de preuve, l'absence d'une enquête en bonne et due

19 forme à l'époque me préoccupe. Dans le contexte dans lequel nous nous

20 trouvions à l'époque, Racak datant d'à peine deux semaines, une réunion

21 étant prévue pour le lendemain, il me semble qu'il était de l'intérêt de

22 tous que cet événement soit élucidé dans la mesure du possible. Or je n'ai

23 jamais détecté aucune volonté de la part de l'un quelconque de vos

24 responsables d'élucider cet événement.

25 Question: Bien, mais êtes-vous au courant du fait que 14 fusils

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1 automatiques de production chinoise et pas 12, comme vous l'avez dit, ont

2 été découverts, ainsi qu'une grande quantité de munitions, un pistolet de

3 marque "Zdrojka", six pistolets automatiques de production chinoise, des

4 gilets pare-balles de production américaine et que, dans la cour de la

5 maison de Berisha, des grenades ainsi que d'autres armes ont été

6 découvertes dans le cadre de l'enquête menée sur place?

7 Réponse: J'ai compté 12 armes pour ma part. Il est possible que j'aie

8 trouvé également un gilet pare-balles, mais je ne pense pas que la

9 possession d'un gilet pare-balles soit un délit important où que ce soit.

10 Question: Non, je ne parle pas de cela. Ce que je lis simplement, c'est la

11 liste des éléments qui ont été découverts sur les lieux. Je ne souhaite

12 omettre aucun de ces éléments qui pourraient donner des signes qu'il y a

13 eu combat ou, en tout cas, donner des signes qu'il y avait un équipement

14 de combat présent sur les lieux. Les civils, en général, n'utilisent pas

15 de gilet pare-balles, n'utilisent pas des restes de grenade; or c'est bien

16 cela qui a été trouvé sur les lieux selon les témoignages. Donc non

17 seulement il y a eu des tirs entre la camionnette et la maison, mais ces

18 grenades ont été lancées sur les policiers également. Est-ce que cela vous

19 semble logique ou pas?

20 Réponse: Je n'ai reçu aucun rapport mentionnant des grenades, à quelque

21 moment que ce soit. Je n'ai eu des rapports ne parlant que d'armes

22 légères.

23 Question: Très bien. Donc les grenades, pour vous, sont des armes lourdes,

24 n'est-ce pas?

25 Réponse: Je dis que les personnes qui m'en ont parlé et mes hommes

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1 faisaient état de tirs d'armes légères, c'est-à-dire de fusils et d'armes

2 automatiques. Je ne me rappelle pas avoir entendu parler de grenades.

3 Mais je ne suis pas tout à fait sûr de la pertinence du fait de savoir si

4 des grenades ont été utilisées ou pas, parce que les deux parties avaient

5 accès à ce type d'armes.

6 Question: Bien. C'étaient des restes de grenades qui étaient fabriquées en

7 Chine. J'ai dit, il y a quelques instants, que ce rapport les mentionnait;

8 il s'agissait d'un rapport établi sur les lieux. Donc ces grenades n'ont

9 pas été lancées par des membres de la police. Ça, c'est tout à fait clair?

10 Réponse: Alors, il aurait été extraordinaire de pouvoir capturer certains

11 de ces hommes vivants pour les traduire en justice et leur présenter tous

12 les éléments de preuve; et, comme je l'ai dit, les condamner devant un

13 Tribunal en bonne et due forme à des peines de prison. C'est que l'on fait

14 en général dans ces conditions.

15 Question: Bien. Maintenant, savez-vous combien de terroristes ont été

16 faits prisonniers au Kosovo et traduits devant un tribunal au Kosovo?

17 Réponse: Je sais qu'il y a eu de nombreuses personnes qui ont été placées

18 en détention et nous avons développé nos efforts, dans le cadre de la

19 Mission, pour pouvoir rencontrer ces prisonniers de façon à ce que les

20 gens puissent nous parler.

21 Je ne suis au courant d'aucune autorisation qui aurait été accordée pour

22 nous permettre de les voir, mais je n'étais pas membre d'une mission qui

23 avait cela pour tâche. Par conséquent, je sais que des demandes ont été

24 présentées et qu'elles ont toujours été rejetées.

25 Question: Je vous parle d'autre chose, Monsieur Drewienkiewicz. Si vous

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1 suggérez que les policiers ne souhaitaient pas arrêter ces hommes, mais

2 simplement les tuer, comment se fait-il qu'un nombre aussi important de

3 terroristes aient été placés en détention et présentés aux tribunaux, si

4 c'était l'intention de la police de les tuer plutôt que de les arrêter?

5 Pourquoi n'a-t-elle pas tué tous ceux qu'elle a arrêtés et présentés

6 devant les tribunaux?

7 Réponse: Selon mon expérience, chaque fois qu'une attaque armée avait lieu

8 contre l'UCK, le nombre de prisonniers était très limité. Selon mon

9 expérience, je connais au moins trois incidents dans lesquels plus d'une

10 centaine de personnes ont été tuées et neuf personnes seulement ont été

11 faites prisonnières. Je sais que cela s'est passé notamment à la

12 frontière, en décembre, et qu'un grand nombre d'hommes ont pris la fuite.

13 Mais néanmoins, l'absence de prisonniers lors de ces échanges me semble

14 tout à fait bizarre.

15 Question: Monsieur Drewienkiewicz, à cet égard, s'agissant des incidents

16 que vous avez mentionnés déjà par le passé, lors de votre premier

17 témoignage, vous avez dit de la façon la plus claire qui soit que c'était

18 légal de dresser une embuscade à la frontière. Maintenez-vous cela?

19 Réponse: Oui, je le maintiens. Je pense qu'il est tout à fait légal pour

20 un Etat souverain de défendre ses frontières contre des gens en arme.

21 Question: Très bien. Revenons à Rogovo.

22 Savez-vous que des terroristes portant des uniformes noirs, des uniformes

23 de l'UCK, ont tiré sur des hommes qui ne portaient que des parties de

24 vêtements militaires et qui ont été identifiés. Je ne vais pas vous donner

25 lecture de toute la liste de noms dont je dispose, mais un grand nombre de

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1 ces personnes qui ont été identifiées n'étaient pas de Rogovo. Il y en

2 avait du village de Klecka, de Donji Ratis, de Smonica, de Jablanica, de

3 Bucane, de Drenje, de Svrhe, etc., etc.

4 Ne vous semble-t-il pas étonnant qu'un grand nombre des hommes qui ont

5 perdu la vie n'aient pas été originaires de Rogovo et qu'ils étaient donc

6 été membres d'une formation qui n'avait aucun rapport avec cette localité?

7 Réponse: Je suis tout à fait prêt à admettre que ces hommes ne résidaient

8 pas à Rogovo et qu'il est fort possible qu'ils se soient déplacés en

9 provenance d'un endroit situé probablement en Albanie, dans la direction

10 d'un endroit situé à l'est de Rogovo, et qu'ils aient passé la nuit à

11 Rogovo. Mais cela ne signifie pas qu'ils auraient dû tous être tués.

12 Question: Mais d'où vous vient l'idée que la police avait l'intention de

13 tous les tuer? Elle avait été soumise à des coups de feu depuis 6 heures

14 du matin déjà. J'ai déjà parlé de cela. Ce n'est pas la police qui les a

15 attaqués; eux ont attaqué une patrouille de la police et puis, ils sont

16 restés sur place et ont continué à attaquer les policiers.

17 Réponse: Ceci est une interprétation possible de l'événement, mais je ne

18 sais pas personnellement que c'est bien ainsi que les choses se sont

19 passées. J'ai dit ce que j'ai vu: il y avait 25 cadavres, dont quatre

20 portaient l'uniforme de l'UCK, j'ai vu 12 armes. Il est fort possible

21 qu'ils aient tous utilisé cette maison comme une maison sûre pour y passer

22 la nuit, avant le lendemain de partir pour d'autres endroits du Kosovo. Il

23 est possible qu'ils aient tous été membres de l'UCK. Mais je ne vois

24 toujours pas pour quelle raison tous ces hommes auraient dû être tués.

25 Question: Une version correspondant à celle qui est écrite dans le rapport

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1 de la police, à savoir que l'UCK a commencé à tirer sur les policiers et

2 qu'ensuite, dans un affrontement avec les forces de sécurité, ces hommes

3 aient trouvé la mort, cette version vous paraît-elle vraisemblable?

4 Réponse: Non, elle n'est certainement pas possible.

5 Question: Très bien. Savez-vous que, dans le rapport mensuel de l'OSCE

6 daté du 20 février 1999, qui porte sur la période allant de la mi-janvier

7 à la mi-février 1999, il est stipulé que l'un des commandants d'un secteur

8 de l'UCK à Pec a fait savoir et a admis que 18 parmi ces 25 terroristes

9 étaient membres de l'UCK? Et je parle bien de ce même incident. Avez-vous

10 eu connaissance de cela? C'est ce qui est écrit dans le rapport.

11 Réponse: Oui, je me souviens que ce rapport est arrivé. Nous avons obtenu

12 cette information plusieurs jours, sinon plusieurs semaines après les

13 événements, mais ce n'était pas notre point de vue.

14 Cela ne contrastait pas complètement avec notre point de vue au sujet de

15 cet événement, à savoir que cette maison eût pu être une maison utilisée

16 par l'UCK comme maison sûre parce que ces hommes auraient pu venir

17 d'Albanie pour poursuivre leur chemin vers le reste du Kosovo. Donc, il

18 n'y a pas de différence quant au scénario que nous avons jugé possible.

19 Question: Vous avez établi dans le document du Procureur annexé à votre

20 déclaration -il s'agit du diagramme des aides numéros du procureur

21 03044567 au point n°120- vous avez dit que vous étiez préoccupé quant au

22 fait que la direction d'UCK perdait le contrôle sur les zones qu'elle

23 tenait précédemment.

24 La question que je vous pose est: pourquoi étiez-vous préoccupé?

25 Réponse: Parce qu'il était clair à notre avis qu'UCK n'obéissait pas de

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1 temps en temps aux ordres qu'elle recevait de sa hiérarchie. Il fallait

2 toujours beaucoup de temps pour que les ordres descendent du haut vers le

3 bas mais, à certains moments, nous avons eu le sentiment que l'UCK ne

4 limitait pas son action alors que la direction de l'UCK l'avait ordonnée.

5 Je crois d'ailleurs que cela s'est passé à peu près au moment des

6 pourparlers de Rambouillet.

7 Question: La dernière fois, vous avez montré un tableau qui montre toutes

8 les violations des résolutions du Conseil de sécurité. Si je me souviens

9 bien ce que l'on voyait dans votre tableau, il en ressort que les

10 violations étaient toutes dues à l'armée yougoslave.

11 Or, si on lit bien ce tableau, on se rend compte qu'il y a eu également

12 des violations de la part de l'UCK. Par exemple, du 22 au 25 janvier en

13 page 20, vous parlez d'une violation: vous mettez un carré vide, ce qui

14 signifie que, d'après vous, c'est l'armée yougoslave qui est responsable.

15 Et dans le commentaire au sujet de l'armée yougoslave, vous écrivez:

16 "L'UCK a enlevé cinq civils serbes. L'UCK affirme qu'elle ne va pas les

17 relâcher tant que la RFY ne relâche pas les cinq Albanais faits

18 prisonniers lors de l'incident survenu à la frontière. L'UCK menace de

19 lancer une nouvelle guerre, etc. etc.". (Fin de citation.)

20 Comment pouvez-vous dire qu'une violation est due à l'armée dans ces

21 conditions?

22 Un autre exemple, que je mentionne, se situe le 25 janvier. Là encore, on

23 voit un carré vide comme la fois précédente et vous dites qu'à Gllogovac,

24 la Mission de vérification a entendu des coups de feu et que: "Le Monde" a

25 déclaré que des membres de l'UCK avaient tiré sur eux. Les autorités ont

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1 montré qu'un AK-47 a été découvert sur les lieux avec une bande chargeuse

2 qui aurait prétendument appartenu à la personne blessée qui a été arrêtée

3 et emmenée à l'hôpital de Pristina". (Fin de citation.)

4 Comment cet incident peut-il être imputé aux forces de Yougoslavie dans

5 ces conditions? Avez-vous la moindre explication à ce sujet?

6 Réponse: J'aurais besoin de revoir l'ensemble des tableaux. Le tableau a

7 été élaboré aux fins de décrire les événements qui se produisaient et les

8 niveaux de violence que l'on constatait des deux côtés, je pense qu'il a

9 été établi de façon très précise dans ce document. Cependant, je ne suis

10 pas l'auteur de ce document: il a été établi par des chercheurs de

11 Pristina et m'a été envoyé; et je pense que le Conseil de sécurité a

12 indiqué qu'il correspondait assez bien aux violations, constatées par lui,

13 des résolutions de ce même conseil.

14 Question: Très bien. Mais tout cela se passait sous votre contrôle.

15 Mais indépendamment de cela, regardons ce qui se passe le 20 janvier par

16 exemple. Là encore, violation d'une Résolution du Conseil de Sécurité.

17 Vous décrivez les choses de la façon suivante: –je cite- "Trois frères ont

18 été arrêtés pour possession d'armes". (Fin de citation.)

19 Il s'agit bien sûr de possession illégale d'armement. Quel est l'incident

20 imputable aux forces yougoslaves à cet endroit?

21 Le 20 janvier, vous déclarez en page 19 du document que le village a été

22 encerclé par les membres du MUP à l'aide de 8 à 10 véhicules. Trois

23 frères, ainsi qu'un médecin et deux autres personnes ont été arrêtées pour

24 possession illégale d'armes. Personne n'a été tué. La police procédait à

25 une perquisition.

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1 Vous savez que selon le code pénal de Yougoslavie, la possession illégale

2 d'armement entraîne la possibilité d'une peine de prison relativement

3 lourde. Je n'ai pas besoin de vous expliquer cela. Donc, qu'est-ce qui

4 vous incite à dire que c'est un acte commis par les Yougoslaves? Vous avez

5 cette petite case blanche sur le tableau qui indique, à votre avis, la

6 violation de cette résolution du Conseil de sécurité est due aux forces

7 yougoslaves.

8 Prenons maintenant le 20 janvier.

9 M. le Président (interprétation): Oui M. Nice.

10 M. Nice (interprétation): Nous avions une question à poser, il y a déjà

11 quelque temps.

12 M. le Président (interprétation): Oui.

13 M. Nice (interprétation): Et même si le général peut suivre ce que

14 l'accusé lui demande, il n'y a rien sur le rétroprojecteur qui permet au

15 reste du public de suivre ce qui est dit.

16 M. le Président (interprétation): Le temps passe, Monsieur Milosevic, vous

17 avez encore trois minutes à votre disposition. Avez-vous une autre

18 question à poser?

19 M. Milosevic (interprétation): Bien sûr, j'ai de très nombreuses autres

20 questions. Malheureusement, je vais devoir donc abandonner ce diagramme.

21 Je n'avais pas compris qu'il ne me restait que trois minutes. Vous m'avez

22 dit que je disposais de 50 minutes lorsque l'audience a repris.

23 M. le Président (interprétation): Cela fait 47 minutes déjà!

24 M. Milosevic (interprétation): A votre avis, y avait-il des combattants

25 étrangers au Kosovo du côté de l'UCK pendant la durée de votre mission de

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1 vérification?

2 M. Drewienkiewicz (interprétation): Je n'en ai jamais rencontré

3 personnellement mais j'ai entendu des rapports non confirmés qui en

4 parlaient.

5 Question: Je vous interroge au sujet de ce que vous savez personnellement.

6 Je ne vous interroge pas au sujet des personnes que vous avez rencontrées.

7 Vous étiez chef de la Mission de vérification, je vous demande si vous

8 avez eu une quelconque information et pas si vous avez rencontré ces

9 personnes.

10 Réponse: J'ai reçu un rapport non confirmé qui traitait de cela, et puis

11 je me suis efforcé de découvrir si c'était exact ou pas. En tout cas,

12 approximativement. Ce n'est jamais devenu à mes yeux un fait que je sois

13 capable de confirmer mais cela m'inquiétait.

14 M. Milosevic (interprétation): Comment, dans ces conditions, expliquez-

15 vous le télégramme qui a été envoyé par leur commandant, un certain Tahir

16 Zenaj, lors des combats dans le village de Lodza? Il affirme qu'il a

17 participé à l'histoire récente en participant à cette bataille qui a été

18 gagnée grâce au professionnalisme, à la sagesse et au courage des membres

19 de l'UCK et des membres des forces étrangères. Voilà ce qu'il dit dans un

20 télégramme qui a été rendu public. En plusieurs occasions, je vous ai

21 montré des documents, y compris des documents du F.B.I. et qui parlent de

22 la présence d'Al Qaïda -l'organisation de Ben Laden- et d'autres

23 combattants étrangers sur les lieux.

24 M. le Président (interprétation): Quelle est votre question?

25 M. Milosevic (interprétation): Ma question consiste à demander si le chef

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1 de la mission est au courant de cela ou pas? J'aimerais demander le

2 versement au dossier de ce document en tant que pièces à conviction 7 et

3 8. Les liens avec Al Qaïda dans les Balkans, au Kosovo, en Albanie, sont

4 mentionnés dans ce document.

5 M. le Président (interprétation): Très bien. Vous pouvez soumettre tout

6 cela au Tribunal et nous examinerons ces documents avec les autres pièces

7 à conviction.

8 Un instant. Nous demandons au Greffe de prendre note de ces documents et

9 nous les examinerons en temps utile; nous verrons s'il y a la moindre

10 objection.

11 Monsieur Milosevic, votre temps est écoulé.

12 Monsieur Wladimiroff, avez-vous des questions pour ce témoin?

13 M. Milosevic (interprétation): J'aimerais poser la question suivante: le

14 comité politique républicain du Sénat des Etats-Unis a également des

15 explications sur ce point. Il est question de partenariat avec les

16 terroristes, etc.

17 M. le Président (interprétation): Très bien. Vous pourrez verser ces

18 documents au dossier et nous les examinerons.

19 Monsieur Wladimiroff, j'ai peur que vous n'ayez que peu de temps, dix

20 minutes à peine, si vous souhaitez interroger le témoin.

21 M. Kwon (interprétation): Une seconde, Monsieur Wladimiroff.

22 Monsieur Milosevic, pourriez-vous nous donner quelques éclaircissements au

23 sujet d'un chiffre? Vous avez parlé de pièces à conviction 7 et 8; ne

24 s'agirait-il pas plutôt de pièces 5 et 6?

25 M. Milosevic (interprétation): J'ai déjà remis ces documents au Greffe; le

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1 Greffent les a en sa possession.

2 M. Kwon (interprétation): Très bien.

3 (Questions de l'amicus curiae, Me Wladimiroff, au témoin, M. John Carol

4 Drewienkiewicz.)

5 M. Wladimiroff (interprétation): Monsieur le Témoin, j'aimerais vous poser

6 quelques questions au sujet de votre expérience au sein de l'armée. En

7 dehors de votre carrière de spécialiste en tant que membre du génie, vous

8 avez également travaillé dans d'autres domaines en tant que responsable de

9 la logistique, si je ne m'abuse; c'est exact?

10 M. Drewienkiewicz (interprétation): Oui, c'est exact.

11 Question: Avez-vous été formé précisément dans un domaine militaire plus

12 général tel que le commandement?

13 Réponse: Oui, en effet.

14 Question: Pourriez-vous vous expliquer davantage sur ce sujet?

15 Réponse: J'ai suivi les cours du collège de l'état-major, de l'école de

16 l'état-major et j'ai été entraîné en tant qu'instructeur. J'ai travaillé

17 en tant qu'instructeur pour les troupes chargées du commandement

18 opérationnel.

19 Question: Merci. Avez-vous jamais été formé précisément en rapport avec le

20 droit humanitaire?

21 Réponse: Seulement dans la mesure où ceci était exigé par l'armée

22 britannique, c'est-à-dire une période obligatoire et qui se répète

23 régulièrement dans le cadre de la formation aux Conventions de Genève.

24 Question: Merci. Avez-vous jamais été en position de commander des unités

25 engagées dans des combats?

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1 Réponse: Non. Précisément, non.

2 Question: Avez-vous jamais été engagé à la rédaction de manuels destinés

3 aux soldats sur le terrain, à des soldats, donc, qui combattent?

4 Réponse: Oui, j'ai participé à la rédaction de règles d'engagement ainsi

5 qu'aux discussions de documents relatifs à la Bosnie avec l'IFOR et la

6 SFOR lorsque j'étais chef d'état-major au sein de l'IFOR et de la SFOR.

7 Question: Très bien. Savez-vous quel est le manuel de combat utilisé par

8 l'armée britannique ou d'autres Nations de l'OTAN?

9 Réponse: Excusez-moi?

10 Question: Des manuels de combat utilisés lors des situations de combat par

11 l'armée britannique ou d'autres armées de l'OTAN. Connaissez-vous ces

12 manuels?

13 Réponse: Oui, en effet, tout Etat a sa propre doctrine, s'agissant de

14 former ses militaires. Et à partir du moment où on entre à Saint-Earth

15 (phon.) en tant que cadet jusqu'au moment où on quitte l'école, des

16 manuels sont utilisés. Cette doctrine est appliquée; chaque nation a la

17 sienne.

18 Question: Donc vous connaissez la doctrine britannique, je suppose?

19 Réponse: Oui.

20 Question: Quelle version?

21 Réponse: La doctrine de l'armée britannique a changé à plusieurs reprises

22 durant mon service dans les rangs de l'armée. Donc à quelle époque faites-

23 vous référence précisément?

24 Question: Disons à celle de l'année 1999.

25 Réponse: Oui, je connais très bien la doctrine en rapport avec les

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1 opérations de maintien de la paix qui étaient utilisées pendant

2 l'implication de mon armée dans les Balkans.

3 Question: Vous avez parlé dans votre déposition d'un manuel yougoslave

4 destiné aux situations de combat. Avez-vous comparé le contenu de ce

5 manuel avec le manuel le plus récent de l'armée britannique?

6 Réponse: Ligne par ligne, non. Simplement, on m'a montré le manuel

7 yougoslave il y a quelques semaines mais à ce moment-là, je n'étais plus

8 dans l'armée britannique.

9 Question: Très bien.

10 Quelques autres questions encore, si vous me le permettez. L'une de vos

11 préoccupations consistait à éviter de noircir… ou plutôt à éviter de vous

12 donner une réputation anti-Serbes; c'est la raison pour laquelle vous

13 n'avez pas souhaité rencontrer les commandants de l'UCK; c'est bien ce que

14 vous avez dit dans votre déposition?

15 Réponse: Oui.

16 Question: Qui était affecté au maintien de ces contacts?

17 Réponse: Un des officiers qui travaillaient directement sous mes ordres.

18 Question: Très bien. Qui était-ce?

19 Réponse: Un certain nombre d'entre eux. Mais le colonel Mayer (phon.)

20 était celui qui était le plus couramment affecté à cette tâche.

21 M. Wladimiroff (interprétation): Bien.

22 M. le Président (interprétation): On vous demande de ménager des pauses

23 entre les questions et les réponses.

24 M. Wladimiroff (interprétation): Très bien.

25 Ce colonel était-il directement sous vos ordres au sein de l'OSCE?

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1 M. Drewienkiewicz (interprétation): Il travaillait directement sous mes

2 ordres. Nous avions un chef chargé des liaisons, mais ce poste n'était pas

3 rempli lorsque les contacts avec l'UCK ont commencé. Un officier de

4 liaison a été nommé à ce poste par la suite et il a commencé son travail

5 en janvier, je crois, ou en février.

6 Question: Très bien. Qui était cet officier de liaison?

7 Réponse: C'était un officier irlandais dont le nom était Richard Heaslip.

8 Question: Quel était son rang?

9 Réponse: Au départ, il était colonel. Il a ensuite été promu au rang de

10 général de brigade sur le terrain.

11 Question: Quelle était la politique de vérification mise en œuvre à

12 l'égard de l'UCK?

13 Réponse: Cette action avait pour but de découvrir le maximum, d'établir

14 des contacts avec l'UCK de façon à transmettre des messages à sa direction

15 pour tenter de freiner certaines de leurs actions qui auraient pu

16 entraîner des réactions de la part des forces de la RSY. En d'autres, de

17 maintenir le cessez-le-feu qui était prétendument en vigueur, ayant été

18 instauré dans le courant du mois d'octobre 1998.

19 Question: Cette politique était-elle comparable avec à la politique de

20 vérification mise en œuvre à l'égard de la VJ et du MUP?

21 Réponse: Pas tout à fait parce que, lors des accords initiaux en octobre

22 1998, on espérait et on s'attendait à ce qu'un accord comparable soit

23 conclu avec l'UCK et les Albanais de façon générale. Malheureusement, cet

24 accord n'a jamais vu le jour. Mais des efforts ont été déployés afin

25 d'obtenir cet accord général, et ils ont duré jusqu'à la mi-décembre.

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1 Question: Mais maintenant… Nous avons parlé de la politique, la théorie.

2 Et pour ce qui est de la réalité, maintenant, est-ce que les activités de

3 vérification pour ce qui concernait l'UCK étaient les mêmes que pour ce

4 qui concernait la VJ et le MUP?

5 Réponse: Oui, dans la mesure du possible, mais il était difficile de les

6 trouver dans le bottin! C'est difficile pour les organisations rebelles;

7 elles ne figurent pas au bottin sous la lettre "R"; il faut les trouver.

8 Et puis, il faut essayer d'obtenir leur accord, car souvent, ce sont des

9 gens qui n'ont pas très envie de coopérer, qui sont un petit peu

10 soupçonneux.

11 Question: Est-ce que l'OSCE a essayé de déterminer où se trouvaient les

12 camps d'entraînement de l'UCK?

13 Réponse: Oui. Au Kosovo, oui.

14 Question: Et en dehors du Kosovo, par exemple en Albanie?

15 Réponse: Notre mandat ne couvrait pas l'Albanie; nous étions la Mission de

16 libération ou plutôt, je m'excuse, la Mission de vérification du Kosovo.

17 Au départ, nous ne pensions pas à avoir plus que des missions de liaison,

18 comme c'est le cas pour d'autres missions dans d'autres pays.

19 Question: Justement, c'est ma question: est-ce que vous avez essayé

20 d'obtenir des informations au sujet de telles installations consacrées à

21 l'entraînement en Albanie?

22 Réponse: Oui, je crois.

23 Question: Est-ce que vous avez obtenu ce type d'informations?

24 Réponse: Non, pas grand-chose. Des informations très parcellaires, c'était

25 très difficile d'obtenir des informations.

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1 Question: Est-ce qu'il y avait un programme de vérification qui

2 s'appliquait aux unités paramilitaires serbes?

3 Réponse: Au Kosovo, oui.

4 Question: Est-ce qu'il s'agissait là d'un programme qui était différent

5 des activités de liaison avec la VJ et le MUP?

6 Réponse: Eh bien, nous avons essayé de faire participer la VJ et le MUP

7 aux procédures de vérification, mais ils ont refusé. Au départ, quand nous

8 avons commencé, nous avons essayé de déterminer les lignes directrices qui

9 guideraient notre travail; malheureusement, ils n'ont pas voulu se mettre

10 d'accord sur un nombre de principes avec nous.

11 Question: Est-ce qu'il y avait un officier, qui avait été désigné dans le

12 cadre de ce programme, pour s'occuper des paramilitaires?

13 Réponse: Paramilitaires de quoi?

14 Question: Excusez-moi. Est-ce qu'il y avait un officier qui était chargé

15 de mettre en place un programme de vérification portant sur les unités

16 paramilitaires serbes?

17 Réponse: Excusez-moi, mais il y avait la police serbe, il y avait l'armée

18 serbe. Qui sont les paramilitaires serbes?

19 Question: Je répète ma question: est-ce qu'il existait un programme de

20 vérification qui avait trait aux unités paramilitaires serbes?

21 Réponse: Vous voulez parler des unités de police serbes?

22 Question: Non, je vous interroge au sujet des unités paramilitaires

23 serbes. Par exemple, les hommes de Seselj, ce type d'unités.

24 Réponse: Non, il n'y avait pas de programme de ce genre. Nous nous

25 efforcions de vérifier les activités de toutes les unités qui étaient des

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1 branches légitimes de l'armée yougoslave. S'il existait des éléments

2 paramilitaires -et pour moi, cela signifie des gens qui ne sont pas

3 officiellement employés par la RFY-, dans ce cas-là, nous essayions

4 d'obtenir des informations à leur sujet, mais nous ne nous efforcions pas

5 de… Enfin, nous avons essayé d'obtenir autant d'informations que possible

6 sur eux, mais nous ne nous sommes pas efforcés de mettre en place un

7 système, un programme, parce qu'au début, nous ne pensions pas qu'il y

8 avait des unités paramilitaires serbes sur place.

9 Question: Est-ce que vous avez reçu des rapports ou est-ce qu'il existe

10 des rapports, à votre connaissance, qui aient trait aux activités d'unités

11 paramilitaires serbes pendant votre séjour?

12 Réponse: Cette préoccupation, nous l'avons eue, cette préoccupation quant

13 à leur présence éventuelle au mois de janvier

14 Question: Est-ce que vous avez jamais parlé avec le général Loncar de la

15 présence d'unités paramilitaires serbes au Kosovo?

16 Réponse: Oui.

17 Question: Quelle a été sa position?

18 Réponse: Il a nié le fait.

19 Question: Deux questions pour finir: l'incident de Racak, en premier lieu.

20 Un enregistrement vidéo a été réalisé par l'un de vos assistants, c'est

21 cela?

22 Réponse: Oui.

23 Question: Qui était ce cameraman?

24 Réponse: Je ne peux me souvenir de son nom.

25 Réponse: Est-ce que c'était quelqu'un qui travaillait pour l'OSCE?

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1 Réponse: Pour autant que je le sache, oui.

2 Question: Avez-vous été informé par le juge d'instruction yougoslave, à

3 Racak, et sur cet incident, que des armes avaient été trouvées sur place

4 et qu'on avait photographié lesdites armes?

5 Réponse: Oui. Et j'ai dit: "Dans ce cas-là, est-ce que nous pouvons voir

6 ces photographies?" On ne nous les a jamais communiquées.

7 M. Wladimiroff (interprétation): Merci. Je n'ai plus de question à poser

8 au témoin, Monsieur le Président.

9 (Interrogatoire principal supplémentaire du témoin, M. John Carroll

10 Drewienkiewicz, par M. Nice.)

11 M. Nice (interprétation): Bien entendu, je ne peux pas interroger de

12 nouveau le témoin au sujet des documents; nous n'avons pas suffisamment de

13 temps. Je sais qu'il repart demain et je ne sais pas s'il pourra revenir

14 demain matin. Mais j'ai peut-être quelques questions à vous poser quand

15 même, mais cela devra être demain matin.

16 M. le Président (interprétation): Mais je pense que le témoin a déposé

17 suffisamment longtemps.

18 M. Nice (interprétation): Monsieur le Témoin, vous souvenez-vous du

19 premier enregistrement vidéo où l'on voit des véhicules orange sur la

20 colline? Je me demande si l'on pourra vous montrer la carte pour que vous

21 puissiez nous dire où ils se trouvaient.

22 M. Drewienkiewicz (interprétation): Oui.

23 M. Nice (interprétation): J'ai beaucoup de questions à poser au sujet des

24 éléments de preuve et des questions qui ont trait au contre-

25 interrogatoire. Mais nous risquons de dépasser le temps imparti. Je

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1 demande votre indulgence.

2 M. le Président (interprétation): Oui.

3 M. Nice (interprétation): Veuillez passer, s'il vous plaît, le document

4 suivant sur le rétroprojecteur: pièce à conviction 94, onglet 73.

5 Vous connaissez la zone. Pouvez-vous nous dire où se déplaçaient les

6 véhicules sur cette route?

7 M. Drewienkiewicz (interprétation): Je pense qu'ils étaient dans Racak. Il

8 s'agit des véhicules du MUP, escortés par des policiers. Je crois qu'ils

9 avançaient le long de cette forêt en entrant dans le village. Donc je

10 dirais qu'ils se trouvaient à cet endroit.

11 Question: La vidéo a été réalisée à partir de là où se trouvaient les

12 véhicules orange?

13 Réponse: Ils se trouvaient sur la ligne de crête, c'est-à-dire à peu près

14 à cet endroit que j'indique.

15 Question: Et est-ce qu'on peut dire, dans ces conditions, que les images

16 ont été réalisées par la même personne au même moment? Ou est-ce que c'est

17 impossible à dire?

18 Réponse: C'est impossible à dire parce qu'on ne sait pas à quel point le

19 cameraman a zoomé ou pas.

20 Question: Je ne peux donc pas aller plus loin, s'agissant de cette pièce,

21 vu le temps qui m'est imparti. Passons à autre chose.

22 Vous avez examiné un fossé où les corps étaient entassés. En premier lieu,

23 est-ce que quelqu'un, un médecin ou quelqu'un appartenant à cette

24 profession a examiné les corps et les blessures, ainsi que les lésions qui

25 pouvaient apparaître, et sur les vêtements?

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1 Réponse: Je ne pense pas qu'il y avait parmi nous quelqu'un formé à la

2 chose médicale. Il y avait, je crois, un policier qui avait déjà vu des

3 blessures par balles pendant sa carrière et en tout cas, il y avait au

4 moins une personne parmi nous qui avait déjà vu des corps présentant la

5 même forme d'apparence en Irlande du Nord.

6 Question: Et cette personne, elle s'appelait comment?

7 Réponse: Il faudrait que j'y réfléchisse un petit peu pour vous le dire.

8 Question: Peu importe.

9 Réponse: Mais tous les deux m'ont dit qu'ils pensaient qu'il était

10 impossible que ces personnes aient été tuées autrement que dans les

11 vêtements qu'elles portaient.

12 Question: Et personne ne vous a indiqué des incohérences ou des éléments…

13 entre les blessures par balles et le point d'entrée des balles sur les

14 vêtements?

15 Réponse: Non.

16 Question: Dernière question, vu le temps qui m'est imparti: on parle de…

17 L'accusé vous a parlé du rapport du juge d'instruction. Dans le rapport,

18 au sujet des armes, il dit avoir été informé par des représentants de la

19 police que pendant la fouille, des membres du MUP avaient trouvé des

20 armes, certaines éléments d'uniformes militaires, et qu'ils avaient tout

21 emmené. Est-ce que vous avez quelque chose à dire à ce sujet? Est-ce qu'on

22 vous l'a dit? Est-ce que c'était possible? Est-ce que vous avez jamais

23 entendu quoi que ce soit, à savoir que le MUP avait emmené toutes les

24 armes?

25 Réponse: Oui, eh bien, je ne me souviens pas si c'est le juge qui me l'a

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1 dit mais, en tout cas, je me souviens qu'on m'a dit qu'il y avait eu des

2 armes, des équipements, qu'on les avait trouvés sur place, lors de cette

3 conversation. Et ensuite, lorsqu'il y a eu des conversations semblables,

4 j'ai toujours demandé: "Mais montrez-nous la chose! Ça ne sert à rien

5 qu'on ne cesse de nous donner des informations de ce type, qu'on nous

6 enjoigne de croire ce qu'on nous dit sans rien nous montrer!" Parce que

7 tout le monde ne s'est pas toujours montré d'une honnêteté irréprochable,

8 dans cette situation.

9 M. Nice (interprétation): Je vois que l'heure tourne. Il reste encore une

10 question d'ordre administrative dont il faudra que je vous entretienne

11 demain matin. Mais je n'ai plus, donc, de temps pour interroger le témoin.

12 M. le Président (interprétation): Oui, faites-nous part de cette question

13 administrative.

14 M. Nice (interprétation): Le témoin de demain… L'accusé nous dit qu'on ne

15 lui a pas fourni le nom du témoin de demain, dont la déclaration lui a été

16 communiquée le 7 février. C'est un nom qu'il connaît, indéniablement, vu

17 le contexte de la déclaration qui lui a été communiquée. Et le témoin,

18 d'autre part, va témoigner en audience publique, c'est-à-dire une fois que

19 j'en aurai terminé des pièces à conviction, ce qui risque de prendre un

20 petit peu de temps.

21 M. le Président (interprétation): Et en ce qui concerne M. Loku, nous

22 allons l'entendre, vu qu'il attend depuis un certain temps?

23 M. Nice (interprétation): Oui. Dans ce cas-là, j'interviendrai après

24 l'intervention de M. Loku.

25 Vous avez tout à fait raison de me le rappeler.

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1 M. le Président (interprétation): Nous parlerons des pièces à conviction

2 de la défense demain, pour voir s'il y a des objections. Et ensuite, nous

3 déciderons de les verser au dossier ou pas.

4 M. Nice (interprétation): Il y a des objections et un certain nombre de

5 questions à régler.

6 M. le Président (interprétation): Bien.

7 Merci, Général, d'être venu déposer. Vous en avez maintenant terminé et

8 vous pouvez quitter le prétoire.

9 Nous levons l'audience jusqu'à demain matin.

10 (L'audience est levée à 13 heures 48.)

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