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1 (Jeudi 23 mai 2002.)
2 (L'audience est ouverte à 9 heures 05.)
3 (Audience publique.)
4 (Questions relatives à la procédure.)
5 M. le Président (interprétation): Monsieur Nice.
6 M. Nice (interprétation): Deux questions d'ordre préliminaire.
7 En premier lieu, l'accusation souhaite demander la possibilité de citer à
8 la barre de nouveau le Dr Baccard, ceci afin de donner des éléments de
9 preuve et des commentaires au sujet des corps des femmes trouvés dans le
10 puits. Son interrogatoire principal devrait normalement durer qu'une
11 dizaine de minutes. Sa déposition s'inscrira dans d'autres éléments qui
12 seront donnés quant à l'endroit d'où venaient ces femmes.
13 Nous apporterions, grâce à lui, des éléments de preuve quant à la manière
14 de leur décès. Nous montrerions qu'elles étaient vivantes lorsqu'elles ont
15 été jetées dans ce puits. Et s'agissant des deux corps qui ont pu être
16 examinés suffisamment, nous pourrons, grâce au témoignage du Dr Baccard,
17 prouver que ces femmes ont pu être ou ont été victimes de violences
18 sexuelles avant d'être jetées dans le puits où elles ont trouvé la mort.
19 Une déposition importante qui ne prendra pas beaucoup de temps et nous
20 estimons qu'il conviendrait que le docteur puisse déposer à ce sujet
21 aujourd'hui car il doit nous quitter ce soir, d'après les informations que
22 j'ai reçues.
23 M. le Président (interprétation): Monsieur Nice, nous avions eu des
24 indications selon lesquelles vous souhaitiez présenter ces éléments de
25 preuve. Nous comprenons leur importance. Cependant, nous avons des règles
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1 strictes quant à la durée de temps imparti aussi bien à l'accusé qu'à
2 l'accusation et, dans le cadre de ces règles, il convient que nous
3 procédions à l'audition des témoins aussi rapidement que possible.
4 Permettre l'audition de ce témoin au sujet d'éléments qui auraient dû être
5 préparés à l'avance et qu'il aurait dû aborder dans le cadre de sa
6 déposition, tout cela nous prendrait pratiquement une heure. Il s'agit
7 également d'éléments de preuve, d'après ce que je vois, d'éléments de
8 preuve qui n'avaient pas été communiqués précédemment, bien que je puisse
9 me tromper à ce su sujet.
10 Cependant, nous allons appliquer des règles strictes aussi bien en ce qui
11 vous concerne qu'en ce qui concerne tous les intervenants.
12 Nous comprenons bien que ceci ne vous agrée peut-être pas mais, cependant,
13 l'accusation doit être prête lorsqu'elle cite ses témoins à la barre comme
14 tous les autres.
15 M. Nice (interprétation): En fait, ces éléments de preuve avaient déjà été
16 communiqués précédemment. L'historique de cette démarche qui fait que nous
17 avons omis d'évoquer ces éléments de preuve tout de suite, je ne peux vous
18 la donner immédiatement. Mais il faut que nous fassions connaître à la
19 Chambre notre position s'agissant des limites de temps.
20 Il arrive un moment où l'intérêt même de l'affaire doit être pris en
21 compte face à la nécessité de faire vite. Il faut, en effet, présenter
22 tous les éléments de preuve de façon aussi existante que possible.
23 Nous ferons tout notre possible pour être aussi efficace et rapide que
24 possible mais, inévitablement, il se produira des moments où tout ne se
25 déroulera pas de manière aussi rapide que l'on pourrait le souhaiter.
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1 Nous souhaiterions donc demander à la Chambre d'en tenir compte et de ne
2 pas, pour cette raison, exclure des éléments de preuve.
3 Deuxième chose…
4 M. le Président (interprétation): Non, je vais d'abord vous répondre.
5 Les préoccupations que nous avons s'agissant du temps ont trait à
6 l'intérêt de la justice, parce que l'intérêt de la justice veut que cette
7 affaire soit jugée aussi rapidement que possible.
8 Deuxièmement, bien entendu, il y a des moments où les considérations de
9 temps doivent laisser la place à d'autres considérations et les Juges de
10 la Chambre en sont tout à fait conscients. Nous examinerons toutes
11 demandes que vous auriez en temps utile pour faire venir à la barre de
12 nouveaux témoins. Mais il faut que tout le monde comprenne bien que
13 l'affaire doit être jugée aussi rapidement que possible. C'est-à-dire que
14 les parties doivent présenter leur thèse de manière aussi efficace et
15 rapide que possible.
16 Deuxième chose que vous souhaitiez nous exposer?
17 M. Nice (interprétation): Le deuxième point a trait à la rapidité du
18 procès. C'est un point auquel nous reviendrons la semaine prochaine.
19 K5, c'est un témoin qui attend. Un témoin que nous pourrons peut-être
20 entendre demain, si l'on réussissait à entendre les témoins aujourd'hui.
21 Mais en ce qui concerne K5, la Chambre n'a pas rendu d'ordonnance quant à
22 sa déposition aux termes de l'Article 92bis. Si j'ai bien compris, au
23 départ vous n'étiez pas prêt à accepter son audition aux termes de
24 l'Article 92bis, sous réserve de présentation de divers arguments.
25 Afin que les choses aillent aussi rapidement que possible, je vais me
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1 permettre de vous expliquer pourquoi il conviendrait que la Chambre
2 accepte sa déposition au titre de l'Article 92bis, sans pour autant que la
3 Chambre soit contrainte de prendre une décision tout de suite, même s'il
4 conviendrait que nous ayons sa déposition déposée au titre de l'Article
5 92bis aujourd'hui, parce que nous avons besoin pour cela de prendre
6 contact avec le Greffe.
7 Voici les raisons pour lesquelles les dispositions relatives de l'Article
8 92bis pourraient être appropriées ici.
9 Premièrement, les limites de temps qui sont les nôtres, on en a déjà
10 parlé.
11 Deuxièmement, le témoin dépose au sujet du comportement et des actes de
12 personnes qui ne sont pas l'accusé. Et enfin, s'agissant de l'essentiel de
13 sa déposition, vous vous souviendrez que dans sa déclaration il parle
14 d'attaques à la grenade, d'incendies criminels qu'il a été contraint de
15 mener à l'encontre de la communauté albanaise.
16 Cette déposition, ces éléments de preuve sont importants certes, mais
17 viennent en corroboration d'éléments de preuve ou d'allégations relatives
18 à la destruction de biens, d'intimidation et à des attaques contre des
19 notables kosovars, éléments de preuves qui ont déjà été communiqués par
20 d'autres témoins.
21 Voici donc les raisons pour lesquelles nous estimons qu'il conviendrait
22 que la Chambre accepte que ce témoin soit entendu au titre de l'Article
23 92bis.
24 M. le Président (interprétation): Peut-être conviendrait-il à ce stade de
25 passer à huis clos partiel, car il convient d'éviter d'aborder une
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1 question qu'il vaudrait mieux aborder dans ce contexte.
2 (Huis clos partiel à 9 heures 13.)
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11 (Audience publique à 9 heures 20.)
12 Mme Anoya (interprétation): Nous sommes de nouveau en audience, Monsieur
13 le Président.
14 M. le Président (interprétation): S'agissant maintenant de l'Article 92bis
15 et du caractère approprié de son audition au terme de cet article, les
16 Juges souhaitent délibérer à ce sujet.
17 Nous avons examiné la question. Nous sommes ici face à un témoin
18 exceptionnel. Vu la nature de sa déposition qui se démarque totalement des
19 dépositions que nous avons entendues jusqu'à présent, vu le contexte de
20 cette déposition et vu sa nature, nous pensons qu'il convient que sa
21 déposition soit faite dans sa totalité et non pas qu'elle soit versée au
22 dossier sous forme d'une déclaration.
23 M. Nice (interprétation): Nous allons nous préparer conformément à vos
24 instructions. Je vous remercie de votre décision. Je me suis trompé quand
25 je vous ai dit qu'on ne lui avait pas accordé la distorsion de sa voix.
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1 Dans votre ordonnance du 22 mars, vous avez accordé la distorsion du
2 visage et de la voix.
3 M. le Président (interprétation): Bien.
4 M. Nice (interprétation): A ma connaissance, le témoin suivant sera Baton
5 Haxhiu. On a évoqué la possibilité de modifier l'ordre de comparution des
6 témoins, Monsieur Ryneveld s'en occupe. Je vais demander à Mme Graham
7 d'aller voir ce qu'il en est de M. Haxhiu.
8 M. le Président (interprétation): Il vaut mieux s'en tenir à l'ordre de
9 comparution prévu.
10 M. Nice (interprétation): Je pense que le témoin est dans la salle des
11 témoins.
12 M. le Président (interprétation): Oui, Maître Kay?
13 M. Kay (interprétation): S'agissant de K5, je pense qu'il conviendrait que
14 la Chambre dispose de la déclaration du témoin dans son intégralité
15 puisque c'est une déclaration très fouillée.
16 M. le Président (interprétation): Nous disposons de la déclaration?
17 M. Kay (interprétation): Oui… Ah! Vous en disposez?
18 M. le Président (interprétation): En effet.
19 M. Kay (interprétation): Ainsi que le résumé.
20 M. le Président (interprétation): Nous avons également un résumé révisé.
21 M. Milosevic (interprétation): S'agissant du témoin suivant, comment
22 s'appelle-t-il déjà? Ah oui! Baton Haxhiu.
23 Je crois qu'il est manifeste que, d'après vos Règlements et vos Règles, il
24 ne peut pas déposer en vertu de l'Article 92bis. Pourquoi? Parce qu'il
25 parle dans sa déclaration de ses contacts qu'il aurait eus avec moi, de
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1 ses contacts avec le chef de sécurité, etc. Il ne peut pas déposer en
2 vertu de l'Article 92bis, il doit procéder à une déposition intégrale.
3 Ma deuxième remarque est la suivante: pourquoi est-ce que, jusqu'à
4 présent, ce témoin était désigné sous le pseudonyme K28? Pourquoi y a-t-il
5 ces listes, ces doubles listes pour les témoins avec des pseudonymes et...
6 M. le Président (interprétation): Il ne s'agit pas d'une question à
7 laquelle nous puissions répondre. Vous pouvez, cependant poser la
8 question.
9 M. Nice (interprétation): Je souhaite ajouter qu'il existe un paragraphe
10 dans la déclaration supplémentaire qui, en effet, ne correspond pas aux
11 critères prévus pour 92bis, où on peut lire la chose suivante: "Je
12 souhaitais ajouter que, lorsque j'ai pour la première fois rencontré M.
13 Milosevic, etc."
14 M. Kwon (interprétation): Nous n'avons pas ce document.
15 M. le Président (interprétation): Nous ne l'avons pas reçu.
16 M. Nice (interprétation): Je suis désolé. Nous n'en avons pas parlé.
17 M. le Président (interprétation): Et donc le paragraphe est?
18 M. Nice (interprétation): Oui, nous souhaitons que ce paragraphe vous soit
19 remis. C'est une déclaration qui a été faite lors d'une conférence de
20 presse.
21 M. Milosevic (interprétation): Une chose encore que je souhaiterais dire,
22 s'il vous plaît.
23 Moi, peu m'importe ce que vous décidez. Je souhaiterais simplement une
24 fois encore attirer votre attention sur une infraction au Règlement car
25 nous avons ici une déclaration supplémentaire, et comme l'a dit M. Nice il
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1 y a quelques instant, c'est une déclaration supplémentaire. Or, elle m'a
2 été remise hier soir après l'audience et on a besoin de temps pour se
3 préparer lorsqu'on reçoit des déclarations. Ça, c'est une chose.
4 Deuxièmement, une fois encore on m'a remis tous ces documents en anglais,
5 alors que la Chambre avait statué, stipulant que l'on devait me remettre
6 les documents dans ma langue. L'autre côté parle anglais, c'est sa langue
7 maternelle, donc moi je reçois les documents dans la langue de la partie
8 adverse. C'est une illustration très parlante, sur un point minime c'est
9 une illustration très parlante de ce qu'est véritablement l'égalité des
10 armes entre les deux parties puisqu'on me remet ces documents dans la
11 langue maternelle de la partie adverse.
12 M. le Président (interprétation): Nous allons entendre l'accusation à ce
13 sujet. La deuxième déclaration est en date du 22 mai?
14 M. Nice (interprétation): Je crois que cette déclaration supplémentaire,
15 cet addendum, n'a été ajoutée qu'hier dans le cadre de la préparation du
16 témoin. Ceci a été ajouté par le témoin lorsqu'il y a quelques semaines
17 nous avons commencé a utiliser l'Article 92bis. Dans un souci d'économie
18 des moyens judiciaires, nous sommes partis du principe qu'il faudrait
19 peut-être procéder à un certain nombre de corrections au cas par cas. Et
20 si j'ai bien compris, bien que je n'ai pas été dans le prétoire pour tout
21 ces témoins, c'est une pratique semblable qui a été adoptée pour tous et
22 je ne vois rien d'injuste à l'addition à la déclaration première du témoin
23 de quelques éléments.
24 Quand l'accusé nous dit qu'il a reçu la déclaration en anglais: d'après ce
25 que l'on vient de me dire, l'accusé se verra bientôt remettre une version
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1 en BCS, puisqu'un de nos assistants linguistiques a travaillé sur ce
2 document pendant toute la nuit.
3 (Les Juges se consultent sur le siège.)
4 M. Nice (interprétation): Permettez-moi, Monsieur le Président, de vous
5 signaler que la traduction est maintenant disponible.
6 M. le Président (interprétation): Veuillez, s'il vous plaît, nous la
7 communiquer.
8 M. Nice (interprétation): Si vous me le permettez, je souhaiterais
9 également ajouter la chose suivante. Donner l'autorisation de la
10 communication de ces éléments supplémentaires n'est, pas en soi, différent
11 d'une situation dans laquelle vous avez un témoin qui dépose de manière
12 classique et qui ajoute des éléments supplémentaires par rapport à sa
13 déclaration initiale. Cela se passe très souvent. Et l'application des
14 dispositions de l'Article 92bis à un addendum de ce type nous paraît une
15 façon tout à fait raisonnable de procéder dans un esprit d'économie des
16 moyens judiciaires. Cependant, nous sommes tout à fait prêts à nous
17 soumettre aux limites de temps qui seraient décidées suite à la
18 présentation de ces éléments supplémentaires.
19 M. le Président (interprétation): Mais la question est de savoir s'il
20 faudrait donner plus de temps à l'accusé pour se préparer au contre-
21 interrogatoire à ce sujet. La réponse à cette question serait de permettre
22 la présentation des ces éléments de preuve, et ensuite de donner plus de
23 temps à l'accusé pour préparer son contre-interrogatoire. Il faut que nous
24 réfléchissions à la question dans un souci d'équité puisqu'il n'a pas eu
25 le temps de se préparer.
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1 Monsieur Milosevic, nous allons entendre le témoin, vous pourrez le
2 contre-interroger au sujet de la première déclaration. Si vous souhaitez
3 avoir plus de temps pour préparer votre contre-interrogatoire au sujet de
4 ce nouveau document, eh bien, nous y réfléchirons. Nous réfléchirons à
5 cette demande qui viendrait, éventuellement, de votre part si vous pensez
6 qu'il y a là des éléments qui nécessitent pour vous plus de temps.
7 M. Milosevic (interprétation): Je vais vous dire tout de suite ce que je
8 pense. Je ne demande rien. Je n'ai pas besoin de plus de temps et peu
9 m'importe. Moi, j'attire votre attention sur les violations des Règles qui
10 ont lieu ici quotidiennement dans ce prétoire.
11 M. le Président (interprétation): Je n'entends pas l'interprétation.
12 Apparemment, je n'entendais pas suffisamment fort. J'entends maintenant.
13 Merci. Très bien. Donc vous ne me demandez pas plus de temps et vous avez
14 fait un commentaire sur les violations quotidiennes des règles, mais il
15 s'agit là d'un commentaire tout à fait inapproprié et erroné.
16 Veuillez faire introduire le témoin, s'il vous plaît.
17 (Le témoin, M. Baton Haxhiu, est introduit dans le prétoire.)
18 M. le Président (interprétation): Le témoin peut-il prêter serment?
19 M. Haxhiu (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la
20 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
21 M. le Président (interprétation): Veuillez vous asseoir.
22 (Le témoin s'assoit.)
23 (Interrogatoire principal du témoin, M. Baton Haxhiu, par M. Nice.)
24 M. Nice (interprétation): Je vais procéder brièvement à l'interrogatoire
25 principal. Je vais commencer l'interrogatoire principal d'ici peu. Mais,
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1 tout d'abord, je souhaite rappeler à la Chambre que par le biais de ces
2 deux déclarations de témoin, le témoin parle de son engagement dans la
3 création du journal "Koha Ditore". En effet, il a été le journaliste qui a
4 fini par recevoir un prix des Etats-Unis; il a reçu le prix pour son
5 engagement, pour la liberté de la presse au Kosovo et partout dans le
6 monde.
7 Nous allons entendre, nous avons déjà entendu parler des points soulevés
8 dans sa déclaration, et sa déclaration couvre donc les points comme
9 l'historique des problèmes d'éducation et le contexte de l'accord sur
10 l'éducation au Kosovo, les manifestations non violentes organisées par les
11 étudiants et les autres qui ont abouti aux protestations en octobre 1998
12 où une intervention de la police violente a eu lieu. Et, d'après le
13 témoin, nous avons entendu quelle a été la réaction des Albanais à cela.
14 Il va parler de la violence perpétrée aux locaux du journal dans lequel il
15 a travaillé. Il va parler de son arrestation et de son interrogatoire, du
16 processus de négociations entre les Albanais du Kosovo, y compris l'un des
17 témoins qui a déposé ici, M. Bakalli, et d'autres négociations.
18 Il va parler des réunions avec entre autres M. Stanisic et, en effet, il
19 est le témoin qui a participé aux événements dont a déposé ici le témoin
20 Tanic.
21 Il va expliquer également de quelle manière la délégation serbe à ces
22 négociations s'est opposée de manière absolument ferme, un certain nombre
23 de propositions et il va rappeler à la Chambre la politique de la terre
24 brûlée menée par la partie serbe.
25 Il va également parler devant les Juges de la manière dont il a pu
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1 conclure que seuls l'accusé et M. Stanisic étaient capables de décider
2 dans le cadre des négociations. Et puis il dira également que Stanisic a
3 été présent à la deuxième réunion en décembre. Il va également parler du
4 fait que M. Stanisic a dit que le chef de la police du Kosovo avait menacé
5 Lukic et qu'il avait convaincu l'accusé de la nécessité de rompre les
6 manifestations pacifiques d'étudiants par le biais de la force Stanisic,
7 qui a dit qu'il ne pouvait rien décider de son propre gré et qui a dit que
8 la République du Kosovo n'allait jamais être acceptée dans les cercles
9 nationalistes autour de l'accusé qui se préparait pour la guerre.
10 En tant que témoin, il va parler du fait que l'UCK était le produit de la
11 répression serbe.
12 Et il va également parler du conservatisme de l'approche du Président
13 Rugova.
14 Le témoin expliquera également qu'il n'avait pas participé au conflit,
15 mais qu'il a perdu cinq membres de sa famille du côté de son père, y
16 compris un jeune homme de 9 ans.
17 Veuillez vous présenter, Monsieur le Témoin?
18 M. Haxhiu (interprétation): Je m'appelle Baton Haxhiu.
19 M. le Président (interprétation): Nous allons admettre la déclaration
20 originale.
21 M. Nice (interprétation): Oui, je vais traiter de cela.
22 Monsieur Haxhiu, avez-vous signé les déclarations concernant la véracité
23 de vos deux déclarations de témoin?
24 M. Haxhiu (interprétation): Oui.
25 Question: La première déclaration a été rédigée lors de l'entretien qui a
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1 eu lieu le 20 et 21 août 2001. Et la deuxième déclaration figure en annexe
2 et a été prise hier?
3 Réponse: Oui. La première a été prise à Pristina le jour mentionné, et la
4 deuxième effectivement hier.
5 Question: Dans la deuxième déclaration figure un certain nombre de
6 corrections. Puis elle traite également de l'importance d'un certain
7 nombre de documents et de votre rencontre face à face avec l'accusé.
8 S'agissant de cela, vous en tant que journaliste, avez-vous été présent à
9 la conférence de presse à Ljubjana, Slovénie, au printemps ou début été
10 1990?
11 Réponse: Oui, c'était en mars ou avril 1990. Il s'agissait là d'une
12 conférence de presse organisée après la réunion des six Présidents des six
13 Républiques de l'ex-Yougoslavie; et moi, j'y suis allé en tant que
14 journaliste et je représentais le journal "Epoka" qui existait à l'époque.
15 J'ai posé deux questions à l'accusé.
16 Question: Pouvez-vous nous dire quelles étaient les questions et ses
17 réponses, s'il vous plaît?
18 Réponse: Puisque j'avais lu le livre écrit par l'accusé -à la page 146, il
19 avait dit que toutes les questions restaient ouvertes, qu'il s'agisse des
20 frontières ou bien des crèches- et sur la base de cette déclaration, j'ai
21 demandé à l'accusé la question suivante: "Monsieur Milosevic, quand allez-
22 vous vous débarrasser du chauvinisme et rendre possible aux Albanais du
23 Kosovo de réaliser leur statut de la République de Kosovo?".
24 Il a répondu: "Ceci de ne se produira jamais puisque les Albanais sont
25 minoritaires et n'ont pas le droit à l'autodétermination. Et nous allons
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1 faire tout ce qui nous est possible afin d'empêcher que cela ne se
2 produise."
3 Question: Vous avez dit que vous avez posé deux questions. La deuxième
4 question était-elle importante aussi?
5 Réponse: Non.
6 Question: Je m'excuse. Vous avez mentionné un livre écrit par l'accusé, ce
7 livre se trouve dans ce bâtiment et le passage mentionné par le témoin a
8 déjà été traduit et nous les recevons bientôt dans ce prétoire.
9 Ensuite, je poserai quelques questions aux Juges concernant les documents
10 supplémentaires. Mis à part le livre que vous avez mentionné, est-ce que
11 vous considérez qu'il y avait un ou deux autres documents particulièrement
12 importants qui ont été publiés à l'époque? Si la réponse est oui, est-ce
13 que vous pourriez nous dire brièvement quels sont ces documents et quelle
14 est leur importance?
15 Il s'agit là en effet de documents qui n'existent pas en anglais dans ce
16 bâtiment. Je pense que nous les avons en serbe.
17 Réponse: Oui, il existe trois documents qui ont été publiés à l'époque.
18 Le premier s'appelait "La paix non finie". Ce document avait plusieurs
19 auteurs et avait été publié en tant que livre. Ceci concerne une visite de
20 ces auteurs dans la région en 1996, ils ont rencontré l'accusé et ils ont
21 constaté que la situation des deux groupes ethniques et les rapports entre
22 la Serbie, le régime de Milosevic et le système parallèle au Kosovo
23 étaient dans une impasse. Au cours de la réunion, ils ont trouvé que les
24 Serbes n'étaient pas capables d'être tolérants vis-à-vis des Albanais et
25 de négocier avec eux.
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1 Le deuxième livre constatait les mêmes faits et portait sur une réunion
2 entre les leaders albanais et serbes, et avertissait du fait que la
3 situation au Kosovo était sur le point d'avoir une guerre qui allait
4 éclater.
5 Un autre document qui était préparé sur la base d'une réunion tenue entre
6 les leaders serbes et albanais à New York a constaté que les deux parties
7 étaient très loin l'une de l'autre et qu'elles n'arrivaient pas à trouver
8 un accord sur la définition du statut du Kosovo. Il y avait suffisamment
9 de raisons de constater que la situation au Kosovo était sérieuse et que
10 les choses se dégradaient, et Belgrade était coupable de cela et l'accusé
11 lui-même aussi parce que c'est eux qui avaient commencé et continué à
12 dramatiser les problèmes de Kosovo et à les transformer en une affaire
13 privée.
14 Question: Faites une pause ici. Vous avez mentionné quels sont les
15 documents en termes généraux. Et peut-être vous pouvez vous y arrêter pour
16 le moment. Vous avez expliqué quelle était l'importance de ces documents
17 et vous avez expliqué qu'il était difficile ou impossible de trouver une
18 solution à l'époque.
19 Mais veuillez nous dire la chose suivante qui concerne l'avant-dernier
20 paragraphe de votre déclaration supplémentaire: en tant que journaliste,
21 dans le cadre de votre travail, à quel point pouviez-vous avoir des
22 informations complètes concernant les politiques, les hommes politiques
23 importants? Combien d'entre eux avez-vous rencontrés?
24 Réponse: Ecoutez, "Koha Ditore" était l'unique institution qui était libre
25 de toute influence, que ce soit du régime serbe ou de la Ligue
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1 démocratique du Kosovo. Nous étions complètement indépendants et nous
2 avons essayé de présenter les opinions de toutes les parties.
3 Personnellement, j'ai eu 21 interviews avec tous les représentants de
4 l'opposition serbe et aussi avec les leaders de la partie politique au
5 pouvoir. Il s'agissait du parti socialiste. J'ai, par exemple, interviewé
6 M. Markovic, l'ancien Premier ministre, etc. Je ne vais pas citer tous les
7 noms, mais j'ai interviewé 21 personnes. A l'exception d'une ou deux
8 notamment, je peux dire que tous les hommes politiques disaient que les
9 solutions au problème pouvaient seulement être trouvées avec l'accord de
10 l'accusé et de M. Stanisic.
11 Question: Avez-vous eu l'occasion d'interviewer l'accusé et son épouse?
12 Réponse: Personnellement, pour moi c'était un grand défi que d'essayer
13 d'interviewer l'accusé puisqu'il était l'acteur principal dans tous les
14 événements depuis 1987 mais, malgré tous mes efforts, j'ai toujours reçu
15 une réponse négative ou bien aucune réponse.
16 M. Nice (interprétation): Merci, Monsieur Haxhiu. Des questions
17 supplémentaires vont vous être posées.
18 M. le Président (interprétation): Quelle sera la cote de ces déclarations?
19 Mme Anoya (interprétation): Il s'agira de la pièce à conviction du
20 Procureur 169.
21 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, vous pouvez
22 maintenant contre-interroger ce témoin, et veuillez tenir compte du fait
23 qu'une grande partie de sa déclaration porte sur le contexte général. Nous
24 avons déjà exprimé notre opinion selon laquelle la partie pertinente
25 concerne l'Acte d'accusation, et tous les autres points sont importants
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1 s'il existe un lien entre eux et l'Acte d'accusation.
2 Les opinions politiques du témoin ne sont pas pertinentes et donc un
3 argument ou un échange d'arguments politiques entre vous et le témoin ne
4 nous sera pas utile. Veuillez donc être aussi bref que possible.
5 M. Milosevic (interprétation): Est-ce que cela veut dire que l'étendue de
6 ce contre-interrogatoire ne doit pas dépasser une heure?
7 M. le Président (interprétation): Oui, il s'agit d'une déclaration en
8 vertu de l'Article 92bis. Il y a une partie de la déclaration qui a été
9 ajoutée. Normalement, en vertu de l'Article 92bis la durée est d'une
10 heure. S'il existe des points importants à aborder au-delà d'une heure,
11 nous allons prendre cela en considération plus tard. Mais cela veut dire
12 également qu'il faut éviter de se disputer et de se répéter.
13 Monsieur Haxhiu, s'il vous plaît, veuillez tenir compte du fait que le
14 temps est limité, donc si vous pouvez fournir des réponses brèves, ceci
15 nous sera tout à fait utile.
16 M. Haxhiu (interprétation): Oui.
17 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Milosevic?
18 M. Milosevic (interprétation): Je voulais vous poser une question à vous,
19 tout d'abord. Vous avez dit que les questions devaient être appropriées;
20 est-ce que vous voulez dire que j'avais posé des questions non appropriées
21 avant?
22 M. le Président (interprétation): Oui, puisque vous avez tendance à vous
23 disputer avec le témoin et à répéter ce qui a été dit, à répéter la même
24 chose plusieurs fois.
25 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Baton Haxhiu, par l'accusé M.
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1 Milosevic.)
2 M. Milosevic (interprétation): Monsieur May, moi, j'insiste pour recevoir
3 une réponse à ma question lorsque je considère que la réponse n'a pas été
4 fournie. Mais je ne considère pas que je m'étais disputé avec les témoins
5 parce que les témoins de l'accusation ne méritent pas qu'une dispute soit
6 lancée avec eux. Très bien.
7 Il est 10 heures moins 10, maintenant je vais voir avec le temps.
8 Vous avez fourni une déclaration à l'accusation, n'est-ce pas?
9 M. Haxhiu (interprétation): Oui, tout à fait. J'ai fourni une déclaration
10 qui a été prise à Pristina.
11 Question: Vous avez parlé avec l'enquêteur qui s'appelle Fred Abrahams,
12 est-ce exact?
13 Réponse: Oui. Oui, et mis à part lui, il y a également une autre personne
14 qui était présente à la réunion.
15 M. Milosevic (interprétation): S'il vous plaît, lorsque je pose des
16 questions aussi directes, Monsieur le Président, veuillez dire au témoin
17 que ses réponses doivent être "oui" ou "non". Je ne lui ai pas posé de
18 questions concernant d'autres personnes mais concernant Fred Abrahams. Il
19 revient donc au Président d'assurer cela.
20 M. le Président (interprétation): Oui, veuillez tenir compte de cela,
21 Monsieur le Témoin.
22 M. Milosevic (interprétation): Est-ce que cette personne s'est présentée
23 en tant qu'enquêteur de l'accusation ou du Bureau du Procureur?
24 M. Haxhiu (interprétation): La deuxième personne qui était présente s'est
25 présentée dans cette capacité, dans cette qualité.
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1 Question: Cependant, dans votre déclaration vous dites que vous avez
2 fourni votre déclaration au Tribunal international pénal, est-ce exact?
3 Réponse: Oui.
4 Question: Et la personne qui vous a interrogé, est-ce qu'elle s'est
5 présentée en tant qu'enquêteur du Tribunal ou enquêteur du Bureau du
6 Procureur?
7 Réponse: Elle s'est présentée en tant qu'enquêteur du Tribunal.
8 M. Milosevic (interprétation): Merci.
9 Cela dit, Messieurs May, Robinson, Kwon, j'ai un commentaire, j'ai une
10 remarque au sujet de cela. Parce qu'ici nous avons vu M. Fred Abrahams,
11 dans le rôle de l'enquêteur, et en même temps ici il a été le témoin
12 déposant au nom de Human Rights Watch.
13 M. le Président (interprétation): Oui, nous avons remarqué cela; et si M.
14 Abrahams est cité à la barre, vous pouvez lui poser la question.
15 M. Milosevic (interprétation): Je vous pose la question à vous: est-ce que
16 quelqu'un qui travaille en tant qu'enquêteur, qui suit tous les procès,
17 alors que les témoins n'ont pas le droit de le faire, etc., qui est le
18 journaliste aussi de Human Rights Watch, est-ce qu'il a le droit de
19 déposer ici en tant que témoin ayant ce rôle-là? Combien de rôles peut-il
20 avoir devant ce Tribunal? Tous les rôles apparemment, sauf le mien!
21 M. le Président (interprétation): Nous allons traiter de cela lorsque M.
22 Abrahams viendra déposer ici.
23 M. Milosevic (interprétation): C'est tout à fait acceptable.
24 Vous avez donné votre déclaration en langue anglaise, c'est ce que vous
25 avez dit dans votre premier paragraphe ou plutôt le dernier paragraphe de
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1 la déclaration. Il est dit que la déclaration vous a été lue à haute voix
2 en langue albanaise.
3 M. Haxhiu (interprétation): Oui, j'ai fait cette déclaration en anglais.
4 Question: Et pourquoi alors vous a-t-on relu la déclaration en albanais?
5 Réponse: Chaque document fait ou rédigé en anglais est également traduit
6 en albanais dans le cas précis, et chaque témoin a le droit de demander
7 cela.
8 M. Milosevic (interprétation): Très bien. Mais vous croyez que c'est le
9 cas avec la langue serbe aussi?
10 M. le Président (interprétation): Il ne revient pas au témoin de se
11 prononcer au sujet de cela.
12 M. Milosevic (interprétation): Si vous avez fait votre déclaration en
13 anglais et si ensuite on vous l'a relue en albanais, est-ce que cela veut
14 dire que cette déclaration ne vous a pas été relue tout de suite après sa
15 prise, mais au bout d'un certain temps?
16 M. Haxhiu (interprétation): J'ai fait la déclaration chez moi, elle a été
17 enregistrée là-bas. Ensuite, elle m'a été relue dans mon bureau à "Koha
18 Ditore".
19 Question: Au bout de combien de jours?
20 Réponse: Je ne me souviens pas avec exactitude. Je ne pensais pas que ceci
21 était important. Vraiment, je ne peux pas vous dire très exactement à quel
22 moment ceci s'est produit, au bout de combien de jours.
23 Question: Donc peut-être au bout d'une semaine, de quelques jours?
24 Réponse: Oui, c'est exact.
25 Question: Vous avez terminé vos études à la faculté de droit, à
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1 l'université de Pristina en 1992. Est-ce exact?
2 Réponse: Oui.
3 Question: Cependant, dans votre déclaration, il est écrit que vous avez
4 terminé vos études en 1991. D'où vient cette différence?
5 Réponse: J'ai fait mes études à l'université régulière de Pristina mais
6 j'ai dû passer un certain nombre d'examens extraordinaires et je l'ai fait
7 à l'université parallèle. Il s'agissait des examens que je ne pouvais pas
8 passer au cours des études régulières à l'université, puisque nous avons
9 été expulsés de la faculté de droit à laquelle j'étais étudiant régulier.
10 Question: Et quand avez-vous été expulsé des locaux de la faculté de
11 droit?
12 Réponse: Nous n'avons pas vraiment été expulsés physiquement, mais nous
13 n'avons pas eu le droit d'y entrer en octobre 1991. Les forces de la
14 police se trouvaient devant le bâtiment de cette faculté, devant les
15 autres bâtiments appartenant à l'université.
16 Question: Vous affirmez donc que la police ne permettait pas aux étudiants
17 albanais d'entrer dans la faculté en 1991?
18 Réponse: C'est exact.
19 M. Milosevic (interprétation): Veuillez répondre à la question suivante:
20 est-ce qu'il est exact de dire qu'il ne s'agissait pas de l'abolition des
21 cours mais d'un boycott organisé par les séparatistes, les hommes
22 politiques séparatistes albanais, auxquels les étudiants ont répondu qu'il
23 s'agissait d'un boycott qui portait sur la santé, l'éducation, les médias,
24 les entreprises, etc.. Est-ce exact ou pas?
25 M. Haxhiu (interprétation): Non, nous avons ici un document qui montre
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1 qu'en 1990 plusieurs municipalités de Kosova ont eu le sort que j'ai
2 décrit, et 680 professeurs de la municipalité de Pristina n'ont plus reçu
3 leur salaire. Ceci était le cas ensuite en ce qui concerne 2000
4 professeurs à Pristina. J'ai des documents qui corroborent cela. J'ai des
5 documents ici, et cela ne me paraît pas être une situation de boycott. A
6 mon avis, il ne serait pas raisonnable de boycotter l'éducation et les
7 cours à l'université.
8 M. le Président (interprétation): Monsieur Haxhiu, nous avons compris ce
9 que vous vouliez dire. Peut-être, le Procureur, s'il le souhaite, peut
10 vous poser des questions supplémentaires concernant cela.
11 Allez-y, Monsieur Milosevic.
12 M. Milosevic (interprétation): Donc vous ne savez rien au sujet du boycott
13 au cours de la période dont vous déposez, le boycott dont je vous ai
14 parlé?
15 M. le Président (interprétation): Il a dit qu'il ne s'agissait pas d'un
16 boycott.
17 M. Haxhiu (interprétation): J'ai répondu à la question. Il n'y avait pas
18 de boycott. Je suis à cent pour cent sûr: il n'y avait pas de boycott.
19 M. Milosevic (interprétation): Bien. Et savez-vous pourquoi un enseignant
20 ne reçoit pas son salaire? Savez-vous que, généralement, on ne reçoit pas
21 son salaire lorsqu'on ne remplit pas ses fonctions et que le versement
22 d'un salaire dépend du fait que l'on fasse ou non ses fonctions. Et savez-
23 vous si ces gens, si ces enseignants, ces professeurs d'université et ces
24 enseignants qui ne recevaient pas leur salaire, remplissaient leurs
25 fonctions et ne recevaient pas leur salaire, ou bien s'ils ne
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1 remplissaient pas leurs fonctions?
2 M. Haxhiu (interprétation): Même à l'époque, en 1990, à Decan et Podujeva
3 et à Vushtrri, le Gouvernement serbe a cessé de payer les salaires des
4 enseignants, partout au Kosovo. Ensuite, cela s'est reproduit. Je pense
5 que le Gouvernement serbe dispose des éléments qui pourraient le prouver.
6 En 1991, seuls 17% des écoles étaient en mesure d'accueillir des étudiants
7 albanais. Seuls 17% des écoles du Kosovo étaient dans cette situation; les
8 bâtiments de l'université, les bâtiments des lycées étaient des zones
9 interdites pour les Albanais parce qu'il y avait toujours deux ou trois
10 policiers qui se tenaient devant les écoles. Moi, j'ai participé à ces
11 évènements parce que je suis journaliste.
12 Question: Bien. Ne répétez pas ce que vous avez déjà dit.
13 Vous affirmez que les policiers ne vous permettaient pas d'entrer. Moi, ce
14 que je vous ai demandé, c'est la chose suivante: est-ce que vous affirmez
15 que ces professeurs qui ne recevaient pas leur salaire remplissaient leur
16 fonction et qu'en dépit de cela ils n'ont pas reçu leur salaire? C'était
17 ce que je voulais vous demander dans ma question; je voudrais savoir s'ils
18 remplaçaient leur fonction d'enseignant dans les écoles. Je voulais savoir
19 s'ils faisaient leur travail correctement ou non. Ou bien est-ce que la
20 situation n'est pas qu'ils ne faisaient pas leur travail, et que c'est
21 pour cette raison qu'ils n'étaient pas payés?
22 Réponse: Je pense qu'ici on joue sur les mots. Ils n'étaient pas en mesure
23 de remplir leur fonction parce qu'ils pouvaient pas entrer dans les
24 bâtiments. Et lorsqu'ils ont commencé à se rendre dans des maisons
25 privées, à ce moment-là, ils étaient payés parce qu'ils recevaient les 3%
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1 qui étaient payés par les Albanais et le Gouvernement de M. Bukoshi, le
2 Gouvernement en exil.
3 M. Milosevic (interprétation): Bien. Donc vous nous dites que la raison
4 pour laquelle ils ne recevaient pas leur salaire c'était parce qu'ils ne
5 remplissaient pas leur fonction, mais qu'ils ne recevaient pas leur
6 salaire parce qu'on les avait expulsés parce qu'ils n'étaient pas en
7 mesure de faire leur travail. C'est ce que vous nous dites?
8 M. Haxhiu (interprétation): Je peux simplement dire une chose: le Journal
9 Officiel de la Serbie a stipulé très clairement quel était le programme
10 scolaire. Je ne me souviens pas de la date exacte de cette parution mais
11 il a été indiqué très clairement quel devait être le programme scolaire au
12 Kosovo. Je vais vous donner un exemple. Dans les écoles d'enseignement
13 musical...
14 M. le Président (interprétation): Monsieur le Témoin, nous nous éloignons
15 un petit peu de la question.
16 Monsieur Milosevic, poursuivez.
17 M. Milosevic (interprétation): Vous parlez du programme scolaire: est-ce
18 que le programme scolaire était le même pour tous les enfants en Serbie?
19 M. Haxhiu (interprétation); A l'école d'enseignement musical à Pristina,
20 vous avez fait inclure dans le programme environ 400 chansons qui se
21 trouvaient dans le programme similaire en Serbie, alors qu'on avait
22 affaire à une population qui était constituée à 90% d'Albanais. Est-ce que
23 c'est véritablement justifié de faire enseigner 400 chansons de ce style
24 dans une école où l'on enseignait la musique? Et je ne parle même pas de
25 tout ce qui a trait à l'histoire et aux autres matières de ce style.
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1 Question: Oui mais, en dehors de la musique, y a-t-il d'autres difficultés
2 qui sont apparues? Vous parlez de l'histoire. Donc c'était juste
3 l'histoire et la musique?
4 Réponse: Oui.
5 Question: Veuillez, s'il vous plaît, me dire combien de dizaines de
6 milliers d'enfants albanais allaient dans les écoles où l'enseignement
7 était dispensé en albanais jusqu'en 1999? Connaissez-vous ce chiffre?
8 Réponse: Je ne connais aucun Albanais et je n'ai connaissance d'aucun cas
9 où un Albanais soit allé fréquenter une école organisée par le
10 Gouvernement serbe. Je ne connais aucun exemple. Si vous en avez, donnez-
11 moi-en.
12 Question: Donc ils ne fréquentaient pas les écoles d'Etat?
13 Réponse: C'était impossible, c'était impossible. Les écoles étaient
14 interdites aux Albanais.
15 Question: Donc, ils n'y allaient pas? Fort bien. C'est ce que vous
16 affirmez, en tout cas. Bien.
17 Dans votre déclaration, vous dites que les représentants de Rugova, les
18 gens de la LDK contrôlaient le journal "Bujku" et qu'ils manipulaient les
19 informations communiquées à la population albanaise du Kosovo en faisant
20 courir l'idée selon laquelle le Kosovo un jour obtiendrait son
21 indépendance. Ce qui était une illusion.
22 Réponse: En fait, vous citez cela hors contexte. Mais je dois dire que ce
23 journal, le journal "Bujku" contribuait à propager la politique de la LDK,
24 la Ligue démocratique du Kosovo.
25 Question: Bien. Donc, avant de commencer à travailler à la création d'un
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1 nouveau journal, il y avait cette idée, cette idée qui circulait, qui
2 était propagée, idée selon laquelle le Kosovo devait arriver à son
3 indépendance?
4 Réponse: Cette idée n'était pas uniquement propagée par "Bujku". C'était
5 une idée qui était propagée par beaucoup d'Albanais. Par tous les Albanais
6 du Kosovo. Ce n'était pas le point de vue de quelqu'un en particulier.
7 Ceci émanait de la mentalité de tous les gens qui partageaient tous un
8 objectif commun. Et c'était l'idée de l'indépendance.
9 Question: L'indépendance: justement à ce sujet, vous étiez tout à fait
10 conscient du fait qu'au Kosovo il y avait aussi des Serbes qui vivaient à
11 côté des Turcs, des Musulmans, des Roms, des Goranis, etc. Ça, avez-vous
12 estimé que cela n'avait aucune importance, la présence de ces autres
13 communautés?
14 Réponse: Je pense qu'au Kosovo ou dans un système démocratique, c'est la
15 majorité qui décide par référendum. Il est manifeste que le groupe
16 ethnique majoritaire est en faveur de l'indépendance alors que les Serbes,
17 la minorité serbe, elle, ne partage pas cet avis.
18 M. Milosevic (interprétation): Oui, mais le Kosovo fait partie de la
19 Serbie. Est-ce quelque chose que vous connaissez, que vous avez à
20 l'esprit? Le Kosovo, ce n'est pas un Etat. On ne peut pas parler de
21 minorité, de majorité. Le Kosovo fait partie d'un Etat, et le nom de cet
22 Etat c'est "Serbie".
23 M. Haxhiu (interprétation): Je ne sais pas que l'Etat de Serbie est
24 représenté au Kosovo. Le Kosovo est en train de créer son propre Etat, et
25 la Serbie, elle, actuellement n'est pas présente au Kosovo. Que ce soit
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1 sur le plan institutionnel ou concret, le retour de la Serbie au Kosovo
2 est une illusion. Tout comme auparavant, l'achèvement de l'indépendance
3 par le Kosovo semblait être aussi une illusion.
4 M. le Président (interprétation): Nous nous éloignons maintenant beaucoup
5 de l'Acte d'accusation. Revenons-en à l'essentiel, s'il vous plaît, à ce
6 qui est au cœur de nos débats.
7 M. Milosevic (interprétation): S'il vous plaît, répondez à la question
8 suivante: voulez-vous dire par là que maintenant vous êtes libre?
9 M. le Président (interprétation): Cette question n'a aucune pertinence.
10 M. Milosevic (interprétation): Quand vous dites que la Serbie ne peut pas
11 s'ingérer, est-ce que vous faites allusion à un état d'occupation
12 actuellement de l'Etat du Kosovo-Metohija?
13 M. le Président (interprétation): Ceci n'a aucune pertinence. Monsieur
14 Milosevic. Je vous demande, s'il vous plaît, d'évoquer des questions qui
15 ont trait à la période couverte par l'Acte d'accusation. Ce qui n'est pas
16 le cas pour cette question.
17 M. Milosevic (interprétation): Bien. Si bien que, d'après votre
18 déclaration, on semble comprendre que dans une situation où l'on
19 préconisait l'indépendance et où les autorités serbes n'autorisaient pas
20 l'accès à cette indépendance -voici donc les bases dont vous parlez- et
21 dans une situation où vous-même dites que les autorités serbes toléraient
22 l'existence d'un système parallèle mis en place par les Albanais, vu donc
23 cette situation, quelle était la signification de votre option qui
24 consistait à accepter les troubles au Kosovo en risquant une aggravation
25 de la situation?
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1 M. Haxhiu (interprétation): Je souhaiterais simplement vous rappeler que,
2 depuis des années, la police et le régime serbe humiliaient les Albanais,
3 portaient atteinte à leur dignité en pénétrant dans les foyers de tout le
4 monde. D'autre part, vous, dans le même temps, vous aviez toléré un
5 système parallèle au Kosovo qui ne présentait aucun danger, qui ne
6 risquait pas de modifier la situation que vous aviez créée.
7 Deuxième chose, vous tolériez ce qu'on pourrait appeler "les 32 mètres
8 carrés d'Etat indépendant de M. Rugova", une minuscule enclave
9 indépendante. Et cette enclave était soumise à des pressions
10 considérables. Il y avait des menaces de torture, il y avait des meurtres,
11 des actes de torture qui étaient perpétrés par votre police, donc vous
12 aviez un double langage un double jeu.
13 Et le troisième facteur, c'était la communauté internationale qui trouvait
14 que cette situation finalement était acceptable, puisque d'un côté elle
15 acceptait votre système…
16 Question: Non, je ne vous parle pas de la communauté internationale. Je
17 vous pose la question suivante: vous aviez dit que vous étiez prêt à opter
18 pour la violence, pour faire bouger la situation, est-ce que cela veut
19 dire que vous étiez prêt à choisir la solution de la violence pour arriver
20 à vos objectifs politiques, oui ou non? Oui ou non?
21 Réponse: Excusez-moi mais je n'ai pas dit cela dans ma déclaration. J'ai
22 dit que le Kosovo devait modifier le statu quo; et la seule institution
23 qui était en mesure de faire bouger les choses, d'une façon ou d'une
24 autre, c'était le journal "Koha Ditore" qui était en mesure de faire
25 intervenir de nouveaux éléments dans la situation. Cela ne voulait pas
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1 dire qu'on allait avoir recours à la violence mais qu'on allait faire
2 intervenir l'action de militants parce que le processus au Kosovo s'était
3 complètement dégradé.
4 Question: Fort bien. Mais vous dites qu'en 1991 la police serbe avait
5 fermé le journal étudiant "Bota e Re", et que vous étiez allé travailler
6 pour le journal "Zëri". Comment se fait-il que la police ait fermé ce
7 journal estudiantin "Bota e Re" mais pas le magazine "Zëri" et "Bujku" et
8 d'autres qui étaient bien connus pour leur prise de position nationaliste,
9 sécessionniste, etc.?
10 Réponse: S'agissant de "Bota e Re", il y a deux choses qui se sont
11 produites, deux interventions. D'abord, nous avons publié trois
12 caricatures, et c'est pourquoi la police est intervenue. Et d'autre part,
13 nous avions publié un article qui disait que "le Kosovo, ce n'était pas la
14 Serbie". La police est intervenue, a imposé des mesures de nature
15 obligatoire, et vous, la République de Serbie, avez imposé au poste de
16 rédacteur en chef de "Bota e Re" un député de l'assemblée serbe. Mais pour
17 des raisons personnelles, je ne souhaite pas évoquer le nom de l'individu
18 concerné.
19 Question: Et que s'est-il passé? Est-ce que cet éditeur était serbe?
20 Réponse: Mais quelle importance? Quelle importance si c'était une mesure à
21 caractère arbitraire ou obligatoire? Quelle importance que cet homme ait
22 été serbe ou albanais?
23 M. le Président (interprétation): Ce type de querelle ne nous aide
24 nullement. Poursuivons.
25 M. Milosevic (interprétation): Monsieur May, je pose des questions, des
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1 questions qui ont trait à la déclaration du témoin.
2 M. le Président (interprétation): Oui, mais vous vous lancez dans des
3 querelles sans fin. Pour l'instant, vous en êtes arrivé uniquement au
4 paragraphe 3 de la page 1 de la déclaration du témoin. Or, vous contre-
5 interrogez le témoin depuis longtemps, vous avez déjà utilisé la moitié du
6 temps qui vous est imparti.
7 Avançons, s'il vous plaît!
8 M. Milosevic (interprétation): Avez-vous quitté "Bota e Re" parce que cet
9 organe, parce que la même maison d'édition publiait également "Zëri", donc
10 vous vouliez que ce journal estudiantin cesse d'exister?
11 M. Haxhiu (interprétation): Je ne comprends pas votre question.
12 Question: La question est de savoir si vous êtes parti pour que "Bota e
13 Re" cesse d'exister. Parce qu'il y avait parallèlement un magazine qui
14 s'appelait "Novisvet" ou un journal qui s'appelle "Novisvet" en serbe, et
15 qui appartenait à la même maison d'édition. Vous avez donc contribué à la
16 fermeture de ce journal et vous êtes parti travailler pour un magazine qui
17 s'appelait "Zëri", qui était purement albanais et qui n'avait pas de
18 version ou d'édition en serbe, d'édition parallèle en serbe?
19 Réponse: "Bota e Re", c'était un journal où travaillaient uniquement des
20 Albanais. Sinon il y avait "Novisvet" où ne travaillaient que des Serbes.
21 Mais je ne suis pas allé travailler pour "Zëri" pour ces raisons-là, j'y
22 suis allé pour d'autres raisons que j'ai déjà évoquées.
23 Question: Bien. Vous dites dans votre déclaration qu'en 1991, la
24 télévision du Kosovo a été fermée. Moi, à ma connaissance, elle n'a jamais
25 existé. J'avais entendu de la Radiotélévision de Pristina qui faisait
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1 partie de la radiotélévision serbe également, mais quant à la radio ou la
2 télévision du Kosovo, je n'en ai jamais entendu parler. Est-ce que ça
3 existait aussi?
4 Réponse: Excusez-moi pour cette nuance mais, en fait, il y avait
5 effectivement Radiotélévision Pristina, mais j'ai fait un lapsus, j'ai
6 parlé de la radiotélévision du Kosovo. En fait, la Radiotélévision de
7 Pristina a été fermée et quelque 3.000 employés ont perdu leur emploi.
8 M. Milosevic (interprétation): Et Radiotélévision Pristina appartenait à
9 la même institution en Serbie, tout comme le Kosovo s'inscrivait dans le
10 cadre des institutions serbes. Est-ce qu'après cette date elle a continué
11 à diffuser des programmes en albanais, en serbes, en turc, en romani. Ma
12 question donc c'est: si pendant la période que vous évoquez, elle
13 diffusait ses programmes en albanais, en turc, en serbe, en langue rom,
14 etc., avec des rédacteurs, des journalistes qui parlaient toutes ces
15 langues? Est-ce que c'est vrai ou est-ce que ce n'est pas vrai?
16 M. Haxhiu (interprétation): Eh bien, ces émissions étaient complètement
17 ridicules. J'ai même du mal à imaginer comment un Etat tel que la Serbie
18 ait pu tomber aussi bas, au point d'employer pour ce faire des gens qui
19 étaient même incapables de lire en albanais.
20 M. le Président (interprétation): Monsieur le Témoin, je vais vous
21 demander, s'il vous plaît, d'éviter de faire des commentaires et de vous
22 contenter de répondre aux questions.
23 M. Haxhiu (interprétation): Oui, mais il a lui aussi fait un commentaire.
24 M. le Président (interprétation): Peu importe. Moi, je vous demande de
25 vous abstenir de faire des commentaires et de nous faire part uniquement
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1 des faits.
2 M. Milosevic (interprétation): Alors, oui ou non, est-ce que la
3 Radiotélévision de Pristina avait effectivement toutes ses émissions dans
4 toutes ces langues, les langues représentants toutes les communautés qui
5 vivaient au Kosovo? Oui ou non?
6 M. Haxhiu (interprétation): Uniquement en serbe et en albanais. Puis il y
7 avait une émission de cinq minutes en turc.
8 Question: Oui, mais en tout cas en serbe et en albanais. Il y avait des
9 émissions dans ces deux langues. Vous pouvez le confirmer, n'est-ce pas?
10 Réponse: L'émission albanaise était complètement ridicule.
11 M. Milosevic (interprétation): S'agissant du réseau, la question de savoir
12 si ses émissions étaient ridicules, peu importe. Ça, c'est une question
13 d'appréciation. Cela ne nous intéresse pas.
14 M. le Président (interprétation): Inutile de perdre du temps à traiter de
15 ce genre de questions, Monsieur Milosevic.
16 M. Milosevic (interprétation): S'agissant des télévisions locales, à
17 Djakovica, Gnjilane, Pec, Kosovska-Mitrovica, est-ce qu'elles existaient
18 ou pas ces stations locales? Ah bon! elles n'existaient pas? Fort bien.
19 Avec des bureaux, des rédacteurs, des journalistes qui étaient albanais,
20 et dans toutes ces villes dont j'ai parlé?
21 M. Haxhiu (interprétation): Il n'y avait aucune station radio de ce type
22 qui existait.
23 Question: Bien. Ah! qu'est-ce que vous dites? Il n'y en avait qu'une? Ah!
24 il n'y en avait aucune. D'accord, j'ai compris. Bien.
25 Vous nous dites que "Bujku", ce journal était contrôlé par Rugova et
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1 propageait l'illusion selon laquelle le Kosovo allait arriver à
2 l'indépendance, et que pour cette raison, vous étiez prêt à accepter les
3 risques impliqués par un mouvement ou un bouleversement de la situation.
4 Vous étiez prêt à accepter ce risque?
5 Réponse: Vous avez eu une mauvaise traduction de mes propos.
6 Question: Généralement, ceux qui traduisent en anglais ne se trompent pas.
7 Réponse: Eh bien, nous étions en mesure d'encourager ce processus, de le
8 faire avancer.
9 M. Milosevic (interprétation): Oui, oui, je comprends bien ce que vous
10 essayez de nous expliquer. Mais vous dites que ceux qui obtenaient des
11 diplômes dans les universités parallèles albanaises n'avaient aucune
12 chance de trouver des emplois ou de faire des carrières parce que l'Etat
13 ne reconnaissait pas ces diplômes.
14 Connaissez-vous, pouvez-vous me donner l'exemple d'un Etat, un seul Etat
15 qui reconnaisse des diplômes, même d'universités légales avant que ces
16 universités ne soient dûment habilitées, ou que ces diplômes ne soient
17 dûment certifiés? Est-ce que vous pensez qu'effectivement là, il y a eu
18 violation d'un droit?
19 M. Haxhiu (interprétation): Est-ce qu'il y a un seul Etat qui interdise à
20 tous ses élèves, à tous ses étudiants d'entrer dans les bâtiments où est
21 dispensé l'enseignement? Vous demandez quelles sont les raisons, et moi je
22 vous donne les conséquences.
23 M. le Président (interprétation): Mais revenons à la question. La question
24 avait trait au diplôme.
25 M. Milosevic (interprétation): Bien. Il a plus ou moins répondu à cette
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1 question. Ce n'est pas essentiel, mais il a répondu indirectement.
2 M. le Président (interprétation): Bien. Essayons, s'il vous plaît, de
3 quitter un peu la période du début des années 90.
4 M. Milosevic (interprétation): Vous parlez de manifestations. Vous dites
5 même que la guerre au Kosovo a commencé lors des premières manifestations
6 pacifiques des étudiants en octobre, et vous dites que l'accord signé en
7 1998 par Milosevic et Rugova existait. Vous dites que les Serbes ne l'ont
8 pas mis en application, et j'imagine que c'est exactement la mise en place
9 de cet accord qui a fait que plusieurs dizaines de milliers de mètres
10 carrés de la faculté technique ont été remis.
11 Mais la question que j'ai à vous poser, c'est de savoir que certains
12 éléments albanais ne souhaitaient pas que cet accord soit mis en place
13 puisqu'il avait été signé au nom d'Ibrahim Rugova, que vous-même ne
14 reconnaissiez pas parce que… -vous le disiez vous-même- dans le cadre de
15 sa politique. Vous dites, à la page 1, que le LDK propageait une illusion,
16 une simple illusion selon laquelle le Kosovo arriverait à l'indépendance
17 et qu'il était nécessaire d'aller de l'avant.
18 M. le Président (interprétation): Veuillez, s'il vous plaît, résumer votre
19 question. Il est impossible de répondre à une question que vous avez
20 commencé à poser il y a plus d'une minute. Quelle est la nature de votre
21 question?
22 M. Milosevic (interprétation): Il peut y répondre parce qu'il se
23 différencie des autres témoins.
24 M. le Président (interprétation): Non, cette question en comporte au moins
25 deux, voire plus.
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1 L'une de ces questions est de savoir si les Albanais souhaitaient ou non…
2 ou plutôt ne souhaitaient pas voir la mise en application de cet accord.
3 Monsieur le Témoin, est-ce que cela est vrai ou pas?
4 M. Haxhiu (interprétation): Cela n'est pas vrai. Nous souhaitions
5 ardemment que cet accord soit traduit dans les faits, parce que si cela
6 n'était pas le cas, à ce moment-là le processus se radicaliserait et là,
7 on arriverait à un niveau de tolérance zéro.
8 M. Milosevic (interprétation): Mais je ne parle pas de vous
9 personnellement, parce que vous ne déposez pas ici pour vous-même. Je
10 crois que vous n'avez rien à dire s'agissant de vous-même.
11 Personnellement, moi, je vous pose au sujet d'éléments radicaux qui se
12 sont efforcés de créer la violence au Kosovo. Je voudrais savoir si eux
13 ils étaient opposés à la réussite de l'accord conclu par Rugova? Est-ce
14 qu'ils étaient opposés à la réussite de cet accord signé par Rugova?
15 M. Haxhiu (interprétation): Je ne sais pas ce que vous insinuez par force
16 radicale. Je sais que nous tous, nous souhaitions que cet accord soit mis
17 en oeuvre, parce que ceci montrerait... Voyez-vous, le processus politique
18 au Kosovo s'est radicalisé, s'était radicalisé avec des interventions
19 contre les étudiants. Ce sont les étudiants qui ont rendu aux Albanais une
20 partie de leur dignité en remettant en question l'occupation que vous
21 aviez imposée en 1989.
22 M. Milosevic (interprétation): Donc, vous dites maintenant qu'il y avait
23 occupation. Ce n'était pas le cas. Mais vous avez subi une même occupation
24 sous Mussolini ou sous Hitler, il n'y avait pas beaucoup de différence.
25 J'imagine aussi qu'à ce moment-là vous vous sentiez aussi en liberté.
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1 M. le Président (interprétation): Nous sommes très, très loin de l'Acte
2 d'accusation. Le moment est venu de faire une pause.
3 M. Milosevic (interprétation): Page 3 de votre déclaration...
4 M. le Président (interprétation): Le moment est venu de faire une pause.
5 Monsieur le Témoin, juste une précision que vous avez apportée dans votre
6 deuxième déclaration: si j'ai bien compris, votre arrestation ainsi que
7 diverses réunions ont eu lieu en 1998 et pas en 1997?
8 M. Haxhiu (interprétation): En 1997.
9 M. le Président (interprétation): C'est à ce moment-là qu'ont eu lieu les
10 premières manifestations?
11 M. Haxhiu (interprétation): Le 1er octobre, la police a pénétré dans les
12 locaux de "Koha Ditore".
13 M. le Président (interprétation): En 1997?
14 M. Haxhiu (interprétation): Oui, en 1997.
15 M. le Président (interprétation): Merci.
16 M. Haxhiu (interprétation): Je vous en prie.
17 M. le Président (interprétation): Pendant la pause, Monsieur le Témoin, je
18 vous demande de ne parler à personne de votre déclaration.
19 M. Haxhiu (interprétation): Bien.
20 M. le Président (interprétation): Monsieur Nice, je dois apporter des
21 précisions au sujet de la décision rendue au sujet du Dr Baccard afin que
22 ceci soit bien clair. Si vous souhaitez citer à nouveau un témoin la
23 barre, il faut que vous le fassiez en apportant un addendum à son rapport
24 pour que tout le monde ait le temps de se préparer, de prendre
25 connaissance des éléments supplémentaires. Si vous souhaitez procéder de
Page 5404
1 la sorte en temps utile, nous étudierons la question et déciderons s'il
2 convient ou non de le citer de nouveau à la barre.
3 Nous allons maintenant faire une pause de 20 minutes.
4 (L'audience, suspendue à 10 heures 33, est reprise à 10 heures 55.)
5 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, c'est à vous. Vous
6 avez encore trois-quarts d'heure à votre disposition, c'est-à-dire qu'au
7 total vous aurez consacré 1 heure 30 à ce témoin.
8 M. Milosevic (interprétation): Donc j'ai encore 45 minutes, c'est bien
9 cela?
10 M. le Président (interprétation): Oui.
11 M. Milosevic (interprétation): Bien. Eh bien, nous allons essayer de
12 passer en revue toutes ces questions de façon expéditive, en tout cas
13 rapidement.
14 Donc suite à cet accord et à tous ceux dont nous avons parlé tout à
15 l'heure, vous aviez encore peur d'une radicalisation de la situation
16 s'agissant des rapports que les Albanais entretenaient avec cet accord et
17 s'agissant du Kosovo de façon générale. C'est bien cela?
18 M. Haxhiu (interprétation): C'est exact.
19 Question: Suite à ces manifestations dont vous avez parlé, vous dites
20 qu'au Kosovo il est apparu clairement qu'il n'y avait aucune possibilité
21 de régler pacifiquement le conflit avec les Serbes et que c'était
22 l'opinion du peuple vivant à Kosovo. Il n'y avait pas de possibilité pour
23 un accord politique. Cela figure en page 3 de votre déclaration.
24 Réponse: Oui, j'ai dit que, suite à l'intervention violente contre les
25 étudiants qui était tout à fait inutile puisque leur manifestation était
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1 pacifique, je n'ai pas vu d'autre possibilité qu'une radicalisation de la
2 situation au Kosovo. C'était mon analyse de la situation au Kosovo.
3 Question: Bien. Dans ce cas, puisque vous dites qu'il s'agissait de votre
4 opinion personnelle, considérez-vous que les manifestations estudiantines
5 au cours desquelles trois personnes ont été arrêtées, au cours desquelles
6 -comme vous le dites- se sont produits des contacts particuliers entre les
7 étudiants et les policiers, pensez-vous que le moment était arrivé pour
8 les policiers et les étudiants au Kosovo de commencer la guerre? Pensez-
9 vous que cela suffisait à faire démarrer une guerre?
10 Réponse: Je pense qu'un processus était nécessaire pour régler ce problème
11 de radicalisation de la situation. Mais les faits demeurent: il y a eu une
12 manifestation brutale de la police. Ce n'est, d'ailleurs, pas le seul cas
13 qui a contribué à la radicalisation de la situation. Je pourrais vous
14 citer de nombreux exemples qui montrent que la situation a commencé à se
15 radicaliser en 1997 jusqu'au moment où l'UCK a dû faire son apparition.
16 M. Milosevic (interprétation): Bien. Mais si, le 1eroctobre 1998, vous
17 avez organisé des manifestations dans le but de faire appliquer cet accord
18 sur l'éducation, s'agissant de Pristina et des autres localités du Kosovo,
19 que pensez-vous de ce qui s'est passé en 1981 alors qu'au Kosovo
20 fonctionnaient, à l'époque, plus de 800 écoles primaires et secondaires
21 sans aucun problème, alors que 600 facultés existaient pour les Albanais
22 en Albanie?
23 M. le Président (interprétation): Nous n'allons pas revenir en arrière. Un
24 instant, Monsieur Milosevic. Un instant. Nous n'allons pas revenir en
25 arrière. Nous avons une autre question à exiger de vous.
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1 M. Milosevic (interprétation): Est-il exact dans ce cas que le 1er octobre
2 1998, quand les manifestations ont été organisées par les étudiants au
3 sujet de cet accord, l'objectif était d'exiger la création d'une
4 République ou un Kosovo indépendant?
5 M. Haxhiu (interprétation): Je n'ai pas dit que les participants à ces
6 manifestations n'inspiraient pas à l'indépendance à un certain moment mais
7 j'ai dit qu'ils protestaient contre l'interdiction qui leur était faite
8 d'entrer dans certains lieux, et qu'ils protestaient contre les insultes
9 formulées à leur égard depuis trop longtemps. Je vous parle des
10 manifestations organisées le 1er octobre.
11 Question: Très bien. Mais vous avez également dit qu'à ce moment-là, en
12 1998, vous n'aviez même pas entendu parler de l'UCK et, nulle part
13 d'ailleurs dans votre déclaration écrite vous n'en faites mention. Dans
14 ces conditions, savez-vous quels sont les crimes, connaissez-vous les
15 exemples de terrorisme qui ont été perpétrés par cette organisation
16 terroriste dont vous n'aviez pas entendu parler avant octobre 1998, date
17 que vous avez signalé comme étant la date du début des conflits au Kosovo.
18 Réponse: Je n'ai pas dit que je ne savais rien de l'UCK en 1998. J'ai dit
19 qu'au moment où les étudiants ont commencé leurs manifestations, je ne
20 savais rien de l'existence de l'UCK.
21 M. Milosevic (interprétation): Mais cela signifie que vous parlez du 1er
22 octobre 1998?
23 M. Haxhiu (interprétation): Non, non. Octobre 1997, pas 1998. Les
24 manifestations ont commencé le 1er octobre 1997 mais l'accord sur
25 l'éducation a été signé en 1996.
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1 M. Milosevic (interprétation): Oui, le 1er septembre?
2 M. Kwon (interprétation): Excusez-moi mais quelle est la date de votre
3 arrestation? 1997 ou 1998?
4 M. Haxhiu (interprétation): 1997.
5 M. Kwon (interprétation): Merci.
6 M. Milosevic (interprétation): Donc, jusqu'à ces manifestations vous
7 n'avez entendu parler d'aucun assassinat, d'aucun enlèvement, d'aucun
8 crime, d'aucun acte terroriste de la part de l'UCK, et vous n'avez pas
9 entendu parler de l'UCK?
10 M. Haxhiu (interprétation): En effet, je n'avais jamais entendu parler de
11 l'UCK jusqu'au 26 novembre 1997. C'est à ce moment que j'ai écrit mon
12 premier article traitant de l'UCK, article intitulée "Quelqu'un se bat à
13 Lubovec".
14 M. Milosevic (interprétation): Très bien. Vous avez consacré près de la
15 moitié de votre déclaration aux entretiens que vous avez eus avec Bakalli,
16 comme vous le dites, ainsi qu'avec des membres des services de sécurité de
17 l'Etat. Au cours de ces entretiens, représentiez-vous un membre de votre
18 organisation ou agissiez-vous en tant que simple citoyen?
19 M. Haxhiu (interprétation): J'ai été arrêté, j'ai été interrogé dans le
20 bâtiment de la sécurité de l'Etat. Suite à de nombreuses questions qui se
21 sont prolongées pendant deux heures, l'une des personnes présentes m'a
22 demandé: "Y a-t-il quelqu'un de votre côté, du côté albanais, qui peut
23 être votre interlocuteur?". J'ai répondu que, jusqu'à ce moment-là, le
24 dialogue et les entretiens nombreux qui s'étaient produits n'avaient pas
25 été couronnés de succès parce qu'ils avaient été conduit par des gens qui
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1 étaient partiaux.
2 Et si vous êtes réellement sérieux au sujet d'un dialogue avec nous, alors
3 vous auriez dû avoir le courage civique et je suppose également la
4 responsabilité personnelle et publique de veiller à ce que ce dialogue se
5 déroule de la meilleure façon qui soit, et ce pour de nombreuses raisons.
6 Nous avions déjà l'exemple de la Bosnie, de la Croatie et des assassinats
7 qui s'étaient produits dans ces endroits.
8 M. le Président (interprétation): Monsieur Haxhiu, essayez de vous
9 concentrer sur la question. On vous demandait si vous représentiez
10 quelqu'un en particulier au sein de votre organisation ou si vous
11 participiez à ces entretiens en tant que citoyen?
12 M. Haxhiu (interprétation): En tant que simple citoyen, j'avais la
13 capacité de le faire.
14 M. Milosevic (interprétation): Vous avez dit également avoir eu des
15 entretiens réguliers à Belgrade et que M. Hill, l'ambassadeur américain à
16 Belgrade, ainsi que M. Norman de l'ambassade américaine coopéraient avec
17 vous pendant toute cette période?
18 M. Haxhiu (interprétation): Nous n'avons pas coopéré. Nous avions des
19 contacts amicaux dans le but d'empêcher le début d'une guerre au Kosovo.
20 C'était notre objectif. Je n'aime pas jouer sur les mots en utilisant le
21 mot de "coopération" ou de "collaboration" qui semble indiquer qu'il y a
22 eu complot dans les Balkans, ce qui serait quelque chose de très
23 intéressant à discuter.
24 Il est vrai que j'ai eu des entretiens avec MM. Hill, Bujar Bukoshi, Fehmi
25 Agani et d'autres, mais nous discutions de questions tout à fait
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1 capitales, c'est-à-dire de la meilleure façon d'empêcher la guerre
2 d'éclater au Kosovo. C'était le problème clé pour nous. Et chacun d'entre
3 nous était intéressé à empêcher le début de la guerre, toutes ces
4 personnes que j'ai évoquées.
5 Question: Très bien. Vous parlez de relations amicales et pas de
6 coopérations, je vous ai très bien compris. Mais essayons de tirer au
7 clair, à présent, cette question concernant votre arrestation.
8 Vous dites que vous avez été arrêté et emmené dans le bâtiment des
9 services de sécurités mais, à la lecture de votre déclaration, on voit
10 qu'il s'agissait de déclarations informatives?
11 Réponse: Oui, oui.
12 Question: Donc vous n'avez pas été arrêté?
13 Réponse: Quand j'ai été emmené dans ce bâtiment, je me suis rendu compte
14 qu'il s'agissait d'entretiens informatifs, ce qui était bien connu au
15 Kosovo. Des dizaines de journalistes ont subi la même chose que moi. Et je
16 peux dire que ceux qui étaient avec moi dans cette pièce se sont comportés
17 de la meilleure façon qui soit à mon égard.
18 Question: Donc, à votre avis, ils se sont comportés d'une façon correcte.
19 Ils ont eu avec vous un entretien informatif, vous n'étiez pas arrêté, et
20 ils ont été aimables -comme vous l'avez dit- à votre égard; vous le dites
21 dans votre déclaration écrite. Mais vous étiez nerveux.
22 Réponse: Exact, c'est exactement cela. Car au vu de la situation qui
23 prévalait, au vu de la façon dont on est venu se saisir de moi dans les
24 bureaux de mon journal, l'agressivité était tout à fait claire. La police
25 est venue me chercher à mon journal. Mais lorsque nous sommes arrivés dans
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1 ce bâtiment, dont j'ai parlé effectivement, ils se sont conduits
2 correctement à mon égard.
3 Question: Très bien. C'est exactement ce que je viens de dire. La police
4 vous a dit clairement à ce moment-là qu'elle ne souhaitait pas de conflit,
5 qu'elle ne voulait pas qu'on en arrive à un conflit et qu'il fallait
6 prendre des mesures à cet égard, etc.?
7 Réponse: Oui, c'était l'impression que j'ai acquise.
8 Question: Vous ont-ils demandé à ce moment d'établir un contact
9 particulier? Ou bien est-ce une offre qui a émané de vous?
10 Réponse: Non, non. Ils m'ont simplement demandé si nous pourrions trouver
11 une bonne façon d'entamer des négociations, et j'ai promis d'essayer. J'ai
12 dit que, pour agir de la sorte, il fallait que je fasse intervenir tout
13 mon courage civique dans le cadre de ma notoriété publique. Parce que
14 personne n'avait le courage de se lever pour parler au Kosovo. Et tous
15 ceux qui étaient informés de ce qui se passaient, tous ceux qui
16 travaillaient dans les journaux recevaient des informations des Serbes,
17 des Albanais, des sources internationales, savaient qu'il était impossible
18 de se soulever contre une machine d'Etat et un pouvoir tel que le pouvoir
19 serbe.
20 Donc, en mettant en œuvre ma responsabilité et mon courage civique, j'ai
21 pris l'engagement de voir ce que je pouvais faire; parce que j'étais une
22 personne d'influence et je travaillais dans une institution indépendante
23 "Koha Ditore". Et Beton Surroi qui était une autre personne d'influence a
24 essayé aussi. Donc, ce qui a été accepté d'essayer de faire en sorte que
25 des négociations commencent entre les Serbes et les Albanais, je pense que
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1 les arguments suffisaient pour entamer ces négociations.
2 Question: Je vous prierai de me répondre plus clairement en répondant
3 simplement par "oui" ou par "non". Je vous demande si vous avez coopéré
4 avec les services de sécurité de l'Etat. Oui ou non?
5 Réponse: Non, jamais. Je n'ai fait que rencontrer certains des
6 représentants de vos services de sécurité trois fois. Une fois dans la
7 maison de Bakalli, une fois à Brezovica, et une autre fois lorsqu'ils sont
8 venus me chercher pour m'interroger.
9 Question: Très bien. Et ils vous ont dit très clairement qu'ils
10 souhaitaient aider à l'établissement d'un dialogue pour éviter un conflit.
11 C'est bien ce que vous avez dit, n'est-ce pas?
12 Réponse: Oui mais j'ai dit également que la situation était extrêmement
13 tendue.
14 Question: Vous avez dit que la situation était extrêmement tendue et que
15 vous aviez peur de l'ouverture d'un dialogue, en raison de l'existence des
16 groupes extrémistes qui seraient opposés à un tel dialogue, n'est-ce pas?
17 Réponse: Nous avons essayé. Je vous ai dit pour quelle raison j'ai essayé
18 de faire ce que j'ai fait. Nous savions ce qui s'était passé en Bosnie.
19 Nous savions que l'Etat serbe était très puissant et que personne n'avait
20 le courage de se lever pour parler au Kosovo. Nous avions des dizaines
21 d'arguments pour entamer un dialogue, mais aucun argument contre un tel
22 dialogue. Nous avions le sentiment qu'il fallait entamer un tel dialogue;
23 et je pense que ce dialogue n'a pas commencé parce que des gens de votre
24 entourage n'ont pas souhaité que cela se produise.
25 Question: Oui, mais vous avez dit que vous aviez peur d'un dialogue clair,
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1 précisément à cause des groupes extrémistes. Vous le dites en page 4 de
2 votre déclaration.
3 Réponse: Je pense qu'en avril ou mai 1997, des efforts ont été déployés
4 pour établir ce dialogue avec les Serbes. Monsieur Agani a essayé de le
5 faire avec M. Dusanovic et M. Tanic. Mais ses efforts ont échoué, aussi
6 bien à New York que lors des autres efforts qui ont eu lieu.
7 Depuis l'intervention contre les étudiants, depuis la révolte très
8 importante qui en a résulté au Kosovo, toutes formes de dialogues ouverts
9 à Belgrade ou à Pristina étaient, à notre avis, voués à l'échec. J'ai dit
10 cela à l'Institut pour la paix des Etats-Unis, au département de l'Etat
11 américain, à la radio "Voice America" en langue anglaise lors d'une
12 interview que j'ai donnée à cette station.
13 M. Milosevic (interprétation): Je comprends, mais j'attirais simplement
14 votre attention sur ce que vous avez dit vous-même, à savoir que vous
15 aviez peur de l'ouverture d'un tel dialogue à cause des groupes
16 extrémistes.
17 M. le Président (interprétation): Le témoin a donné son explication.
18 Veuillez passer à autre chose.
19 M. Milosevic (interprétation): Vous participiez donc aux entretiens que
20 Stanisic a eus avec Bakalli et vous-même?
21 M. Haxhiu (interprétation): Oui mais, avant cela, nous avons eu une autre
22 réunion avec Gajic et Hadic que nous n'avons jamais invité à venir, à qui
23 nous n'avons jamais demandé à venir, mais qui ont proposé de venir. Et
24 nous pensions que M. Stanisic ferait partie du groupe. Mais quand nous les
25 avons vus venir dans la maison de Bakalli, nous n'avons pas pu les
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1 renvoyer.
2 M. le Président (interprétation): Monsieur le Témoin, veuillez vous
3 contenter de répondre aux questions qui vous sont posées.
4 M. Milosevic (interprétation): Monsieur Stanisic, a-t-il exprimé des
5 menaces ou a-t-il dialogué avec vous d'une façon aimable, amicale?
6 M. Haxhiu (interprétation): Monsieur Hadic et les autres ont été très durs
7 avec nous. Je pense qu'ils sont venus dans la maison de Bakalli pour faire
8 une démonstration de force, ils ont parlé de projets qui nous ont choqués.
9 Stanisic se trouvait ailleurs.
10 Question: Monsieur Stanisic ne vous a pas menacé?
11 Réponse: Non, il ne l'a pas fait. Seul Hadic a continué à pointer son
12 doigt sur nous.
13 Question: Je vous parle de la rencontre qui a eu lieu avec Stanisic. Très
14 bien. Donc Stanisic ne vous a pas menacé, il n'a exercé aucune violence
15 contre les Albanais, c'est bien cela?
16 Réponse: J'aimerais que vous me permettiez une digression. Stanisic a dit
17 qu'il ne voulait pas accepter l'option que vous proposiez, à savoir une
18 République au Kosovo. Il a dit qu'il n'y avait personne dans l'entourage
19 de Milosevic qui accepterait cette alternative. "Je vous ai dit que si
20 vous continuez dans ce sens, nous finirions par avoir une guerre", c'est
21 exactement ce que Stanisic a dit.
22 Mais il a dit également que: "Je veillerai personnellement à ce que votre
23 université et votre académie soient créées. Quant au statut de République
24 pour le Kosovo, n'y pensez même plus; il y a des nationalistes autour de
25 Milosevic qui provoqueront une guerre si vous continuez à défendre cette
Page 5414
1 exigence".
2 M. Milosevic (interprétation): S'il vous plaît, s'il vous plaît, je vous
3 ai posé une question très claire: Stanisic ne vous a pas menacé, il n'a
4 exercé aucune violence contre les Albanais durant ces entretiens?
5 M. le Président (interprétation): Le témoin a répondu.
6 M. Milosevic (interprétation): Je pose cette question parce que ce témoin
7 est, avec Bakalli, le seul participant à ces entretiens, Monsieur May. Et
8 Bakalli est venu ici expliquer que Stanisic avait proféré des menaces en
9 disant toute sorte de choses.
10 (Coupure du micro de M. Milosevic.)
11 M. le Président (interprétation): Vous avez présenté vos arguments. Vous
12 avez posé vos questions au témoin. Un instant, je vous prie! Et le témoin
13 a répondu s'agissant des mots prononcés par Stanisic.
14 Maintenant, Monsieur le Témoin, veuillez répondre brièvement.
15 M. Haxhiu (interprétation): Je répondrai simplement en disant que M.
16 Bakalli a déclaré que Stanisic et pas Gajic avait déclaré que 463 villages
17 seraient brûlés si vous n'abandonniez pas les options défendues par vous.
18 Stanisic n'a pas mentionné quels villages seraient brûlés, mais il a dit
19 que deux représentants viendraient avec lui à cette réunion. Je dirai que
20 ces deux hommes étaient des bureaucrates, en bonne et due forme, et que
21 leur position était une position imbécile.
22 M. Milosevic (interprétation): Très bien, très bien. Mais Stanisic, qui
23 était le principal intervenant, ce n'était pas ces deux hommes et il ne
24 vous a fait aucune menace, nous pouvons le confirmer.
25 Revenons maintenant à "Koha Ditore". Vous dites qu'en mars 1999, ce
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1 journal a été sanctionné: le 22 mars, il a été condamné à payer 500.000
2 dinars. Vous dites que c'était un déshonneur pour le ministre de
3 l'Intérieur qui avait entamé des poursuites devant les tribunaux, à
4 l'issue desquelles vous avez été condamné à une amende. C'est bien cela?
5 M. Haxhiu (interprétation): J'ai été condamné à payer 435.000 marks, leur
6 équivalent en dinars. Je considère que c'était une honte pour le ministre
7 de l'Information. Le juge qui a prononcé cette sentence m'a dit qu'il
8 avait été obligé de le faire parce que l'ordre venait de Belgrade. C'était
9 pour moi le plus important parce qu'il n'avait aucune preuve à sa
10 disposition.
11 M. Milosevic (interprétation): Il est stipulé que vous avez été condamné à
12 500.000 dinars, à savoir l'agence "Bêta", en fait.
13 M. le Président (interprétation): Où est-ce que cela est écrit?
14 M. Milosevic (interprétation): Vous avez été condamné à 500.000 dinars,
15 c'est bien cela?
16 M. le Président (interprétation): Non, je veux trouver la page dans la
17 déclaration.
18 M. Milosevic (interprétation): Monsieur May, dans la deuxième déclaration
19 il est dit que la condamnation était de 500.000 dinars.
20 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, cela irait mieux,
21 puisque c'est à vous de mener le contre-interrogatoire au sujet de la
22 déclaration du témoin, ce serait préférable que vous disiez aux Juges de
23 la Chambre où se trouve le passage auquel vous faites référence. C'est
24 également une justice nécessaire pour le témoin mais nous également, et
25 c'est très important, nous devons pouvoir suivre ce que vous dites. Où
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1 peut-on trouver ce passage?
2 M. Nice (interprétation): Puis-je vous aider? Il s'agit de la page 2,
3 troisième paragraphe.
4 M. le Président (interprétation): Très bien.
5 M. Milosevic (interprétation): Le témoin dit donc avoir été condamné à
6 verser 500.000 dinars; et d'après les informations que j'ai reçues,
7 410.000 devaient être payés par le journal et 90.000 par vous
8 personnellement. C'est bien cela?
9 M. Haxhiu (interprétation): Je ne sais pas quel était l'équivalent en
10 dinars, il me semble que c'est à peu près cela.
11 M. Milosevic (interprétation): Donc l'équivalent en deutschemarks de
12 500.000 dinars, puisque comme vous le rappellerez en 1999 le taux de
13 change était de 13 dinars pour un deutschemark, cela devait faire quelques
14 dizaines de milliers de marks et pas 200.000 marks comme cela était écrit.
15 Je ne sais plus très bien où, peut-être dans l'addendum à votre
16 déclaration. Je ne sais plus exactement. Oui, cela figure dans l'addendum.
17 M. le Président (interprétation): Oui, oui, oui. Nous avons trouvé le
18 passage, nous avons compris l'argument. Passons à autre chose.
19 M. Milosevic (interprétation): Donc nous avons tiré cela au clair
20 également.
21 Le journal a été sanctionné en raison de ce qu'il avait écrit, et les
22 autres moyens d'information ont écrit à l'époque que, ce jour-là, le
23 journal en question avait été sanctionné par la loi pour avoir diffusé des
24 éléments susceptibles de provoquer l'intolérance nationale et la haine.
25 C'est bien cela?
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1 M. Haxhiu (interprétation): Les informations que nous avons obtenues du
2 Tribunal -il est vrai- stipulaient cela, mais nous ne savons pas quel
3 article de notre journal aurait pu, à quelque moment que ce soit, susciter
4 la haine raciale.
5 Question: Vous avez été condamné pour susciter l'intolérance nationale à
6 la haine, et ceci a été dénommé par vous: "Une honte par l'agence Bêta,
7 honte pour le ministre de l'Information de Serbie". C'est bien cela?
8 Réponse: Oui.
9 Question: Eh bien, très bien. Maintenant, moins d'un an plus tard, le 9
10 février 2000, le chef de la mission civile des Nations Unies, M. Bernard
11 Kouchner, a émis un décret stipulant que "toute personne ou toute entité
12 responsable de l'incitation à la haine, au conflit ou à l'intolérance
13 ethnique, de façon publique, serait lourdement condamné à une peine de
14 prison de cinq ans. Et dans des conditions spéciales cette peine pouvait
15 monter jusqu'à huit ans de prison. Et si cela était un acte systématique,
16 jusqu'à dix ans de prison".
17 Je suppose donc que vous connaissez ce décret?
18 Réponse: Oui.
19 M. Milosevic (interprétation): Alors, en tant que représentant de la
20 presse, en tant qu'intellectuel, en tant que journaliste, en tant que
21 combattant pour la liberté de la presse également, comment pouvez-vous
22 considérer que cette condamnation à payer -quelques dizaines de milliers
23 de deutschemarks- soit une honte pour le ministère de l'Intérieur, dans
24 ces conditions?
25 M. le Président (interprétation): Vous êtes en train de faire un discours.
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1 Quelle est votre question? Posez-la brièvement!
2 M. Milosevic (interprétation): La question en bref peut être la suivante:
3 comment est-il possible qu'en un an à peine vous vous transformiez à tel
4 point qu'une amende de 500.000 dinars –410.000 pour le journal et 90.000
5 pour vous- soit considérée par vous comme une honte pour le ministre de
6 l'Intérieur, alors qu'un an après à peine, vous considérez qu'il est juste
7 de condamner des personnes responsables des mêmes actes à dix ans de
8 prison maximum? Comment est-ce possible?
9 M. Haxhiu (interprétation): La question, le but poursuivi par Kouchner n'a
10 jamais consisté à punir un journaliste lorsque cela n'était pas
11 nécessaire. De même qu'aucun Gouvernement serbe n'a jamais condamné Hasim
12 Thaci pour ce qu'il disait au cours des conférences de presse. Nous
13 n'avons fait que rendre compte d'une conférence de presse de Hasim Thaci
14 dans notre journal, alors comment est-ce que j'aurais pu être condamné
15 pour avoir simplement rendu compte de certains faits dans mon journal?
16 M. le Président (interprétation): Nous sommes en train d'entrer dans des
17 sujets qui ne sont plus pertinents.
18 Monsieur Milosevic, si vous souhaitez interroger le témoin au sujet de cet
19 incident en particulier, faites-le, mais tentez d'éviter de parler de
20 choses secondaires qui n'ont pas d'importance. Veuillez poursuivre.
21 M. Milosevic (interprétation): Poursuivons pour ne pas perdre de temps.
22 Est-il exact que vous avez été informé du début des bombardements, que
23 vous êtes parti à ce moment-là à Tetovo, pour continuer la publication de
24 votre journal à partir de Tetovo?
25 M. Haxhiu (interprétation): Pour dire la vérité, après le 18 mars, je
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1 portais un tee-shirt sur lequel étaient inscrits les mots: "OTAN,
2 agissez!". Et aujourd'hui encore, il me semble difficile de comprendre
3 pourquoi nous n'avons pas signé l'accord de Rambouillet.
4 M. le Président (interprétation): La question qui vous était posée
5 concernait le fait que vous êtes allé à Tetovo pour poursuivre la
6 publication de votre journal à partir de Tetovo. Veuillez répondre à cette
7 question, Monsieur le Témoin.
8 M. Haxhiu (interprétation): Oui, j'ai quitté le Kosovo le 2 avril. J'étais
9 dans une cave dans le quartier de Kodra e Diellit. Et de même que 30.000
10 habitants de ce quartier, nous avons tous été expulsés le même jour avec
11 un certain nombre d'enfants, des familles entières que je ne connaissais
12 pas. On nous a emmenés en autobus jusqu'à la Macédoine à partir de Tetovo.
13 En Macédoine, j'ai remis en place le journal "Koha Ditore" en exil, qui
14 était distribué aux réfugiés dans les camps.
15 M. Milosevic (interprétation): J'ai finalement reçu une réponse à ma
16 question. Vous avez pris la fuite pour la Macédoine, vous avez continué la
17 publication de votre journal à partir de la Macédoine.
18 M. Haxhiu (interprétation): Je n'ai pas pris la fuite, j'ai été expulsé
19 comme tout le quartier.
20 M. le Président (interprétation): Nous n'allons pas poursuivre la
21 discussion sur ce point, le témoin dit ce qu'il a été expulsé.
22 M. Milosevic (interprétation): Très bien.
23 Cinq jours à peine après l'agression de l'OTAN, le 25 mars, l'information
24 selon laquelle vous auriez été tué, a été diffusée. Vous vous rappelez
25 cela, n'est-ce pas?
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1 M. Haxhiu (interprétation): Oui, je l'ai vu à la télévision quand j'étais
2 dans cette cave dont je viens de parler, et je crois que c'est Velbi
3 (phon.)qui a fait une déclaration disant que "Fehmi Agani, Haxhiu et trois
4 autres intellectuels avaient été exécutés". J'ai entendu cela comme
5 d'autres personnes, je ne sais pas d'où provenait cette information.
6 Question: Très bien. La question que je vous pose est la suivante: à ce
7 moment-là, vous étiez en Macédoine, vous avez fait savoir le 7 avril?
8 Réponse: Non, non, non. Le 29, l'OTAN a fait savoir que j'étais mort au
9 cours d'une conférence de presse. A ce moment-là, j'étais dans une cave à
10 Kodra e Diellit dans une cave avec trois familles.
11 Question: Le 7 avril, vous avez déclaré que vous étiez pour
12 l'indépendance; parce que vous ne pouviez pas nier ce qu'avait dit la
13 radio puisque vous étiez en train de vous cacher depuis cinq jours dans
14 une cave à Pristina. C'est ce que vous avez déclaré. Et le 7 avril, vous
15 étiez déjà à Londres et vous avez été entendu à partir de Londres.
16 Est-ce que cela signifie que vous êtes allé à Londres directement à partir
17 de la cave où vous étiez, ou bien que d'abord vous êtes allé en Macédoine?
18 Réponse: Après m'être caché dans une cave, nous avons passé quatre jours
19 dans les collines à la frontière avec Tetovo, et nous sommes partis pour
20 la frontière. Et le lendemain, j'étais en Allemagne. Et avec M. Fisher,
21 ministre des Affaires étrangères allemand, j'ai eu un entretien; après
22 quoi immédiatement depuis l'Allemagne, j'ai pris l'avion pour Londres, et
23 M. Cook ainsi qu'un groupe d'intellectuels m'ont rencontré. Et le 18
24 avril, je suis parti pour la France où j'ai rencontré le ministre des
25 Affaires étrangères français. Je n'ai pas passé un seul jour en Macédoine
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1 après mon arrivée en Macédoine.
2 Question: Mais quand avez-vous démenti cette fausse information propagée
3 par l'OTAN selon laquelle vous auriez été exécuté par les Serbes? Quand
4 avez-vous démenti cette information?
5 Réponse: Je l'ai démentie le 6 ou 7 avril sur 2 "Deutsche Welle" dans
6 l'émission de 15 heures 30 parce que les liaisons téléphoniques avec
7 Pristina étaient coupées, il était impossible d'utiliser le téléphone. En
8 troisième lieu, j'avais très peur d'annoncer que j'étais vivant, c'était
9 tout à fait évident.
10 Question: Très bien. Donc ce que vous souhaitez dire que c'est vous
11 vouliez protéger, défendre la crédibilité de l'OTAN qui avait fait de
12 fausses informations, mais parce que physiquement vous n'étiez pas capable
13 de faire une déclaration avant la date du 7 avril à peu près?
14 Réponse: Il me semble que c'était une déclaration assez difficile à faire.
15 Mais tout le monde au Kosovo me pensait mort à l'époque. Nous étions
16 impuissants dans cette cave et nous n'avions aucune idée de ce qui
17 risquait de nous arriver.
18 Le fait d'annoncer que nous étions morts était une information importante,
19 pertinente à l'époque.
20 Question: Mais dites-moi en quelle qualité êtes-vous allé dans l'Etat de
21 Virginie en juillet 2000? En tant que membre de la délégation albanaise ou
22 en tant que journaliste?
23 Réponse: Il y avait deux réunions à Eli House à Washington qui sont…
24 Question: Je vous ai simplement demandé en quelle qualité?
25 Réponse: Je représentais la société civique. J'ai des documents sur moi et
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1 vous pouvez voir quel a été le contenu de mon intervention à Eli House à
2 Washington.
3 Question: Très bien. Et le 26 mai 1999, vous étiez à Ljublijna. Vous avez
4 pris part à la réunion appelée "Qui chante là-bas?"; il s'agissait d'une
5 réunion organisée par une association slovène et, à l'époque, vous
6 exprimiez votre contentement du bombardement de l'OTAN, n'est-ce pas? Vous
7 l'avez soutenue?
8 Monsieur Haxhiu, est-ce qu'avec toutes ces activités que vous avez
9 effectuées, est-ce que vous considérez que vous avez joué un rôle dans le
10 scénario afin de ne pas soutenir des négociations mais afin d'avoir un
11 prétexte pour l'agression de l'OTAN contre la Yougoslavie? Est-ce que vous
12 avez joué un certain rôle dans cela?
13 M. Haxhiu (interprétation): Mais il faut prendre en considération la
14 réponse pour laquelle la délégation serbe…
15 M. le Président (interprétation): Veuillez simplement répondre à sa
16 question. Ce qu'il suggère, c'est que vous avez participé à un scénario
17 qui aurait été établi. Apparemment, il s'agirait d'un complot concocté
18 afin de donner un prétexte pour l'agression de l'OTAN contre la
19 Yougoslavie. Y a-t-il eu un quelconque complot ou plan ou un scénario de
20 ce genre?
21 M. Haxhiu (interprétation): Non, absolument pas. Il s'agit là de la
22 mentalité typiquement balkanique: les gens dans les Balkans pensent
23 toujours au complot. Leur vie est un grand complot là-bas.
24 M. Milosevic (interprétation): D'accord, la réponse est non. Passons à
25 autre chose.
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1 Et dans la période que vous décrivez, à la page 5 de votre déclaration,
2 est-ce que vous dites clairement à tous les Albanais que l'indépendance
3 totale pourrait mener à une guerre? Est-ce que vous avez informé les
4 Albanais que ceci pouvait provoquer la guerre?
5 Réponse: Nous considérions que le problème du Statut du Kosovo pouvait
6 être résolu par le biais d'un processus. Et le fait d'insister sur
7 l'indépendance immédiate pouvait provoquer un conflit, donc nous
8 souhaitions qu'un processus soit entamé de manière sophistiquée, continue
9 et digne.
10 Question: Très bien. Vous parlez du fait que l'on souhaitait obtenir
11 l'indépendance et qu'on avait peur des groupes extrémistes, donc les
12 groupes qui souhaitaient avoir recours à la violence afin d'atteindre leur
13 but politique. Est-ce exact?
14 Réponse: Je dois expliquer. Il ne faut pas sortir les choses de leur
15 contexte. Nous ne parlons pas des forces extrémistes ici ou des
16 extrémistes eux-mêmes. Nous sommes en train de parler de votre manque de
17 volonté, du manque de volonté de votre personnel de résoudre le problème
18 du Kosovo. Vous, personnellement, vous avez dramatisé la situation, et
19 c'est vous qui avez créé l'icône du problème du Kosovo.
20 Question: Donc ce que je dis n'est pas vrai? D'accord.
21 Lorsque vous avez mentionné "Koha Ditore", est-ce qu'il exact de dire que
22 c'est justement dans ce journal que Rugova a fait appel à ses concitoyens
23 pour qu'il contribue à ce fonds afin de financer l'UCK en été 1998, donc
24 par le biais de ce journal?
25 Réponse: Rugova n'aimait pas mentionner l'UCK. Rugova mentionnait l'UCK
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1 après la guerre, et donc cette déclaration n'existe pas.
2 Question: Mais dans l'entretien que vous avez eu avec les représentants du
3 service de sécurité -c'est à la page 7, dernier paragraphe- à ce moment-
4 là, vous avez parlé des Albanais armés qui luttaient contre l'Etat, n'est-
5 ce pas?
6 Réponse: L'UCK n'a pas été mentionné; on a mentionné simplement des
7 groupes armés.
8 M. Milosevic (interprétation): Les groupes armés qui luttaient contre
9 l'Etat. Mais l'UCK c'était cela: une organisation terroriste.
10 M. Haxhiu (interprétation): Il s'agit-là de votre idée. Moi, je considère
11 que l'UCK était le produit de la répression incessante de l'Etat serbe.
12 M. le Président (interprétation): Nous n'allons pas nous lancer dans ce
13 débat pour le moment, en ce qui concerne les qualifications différentes.
14 On vous a posé une question concernant une réunion.
15 M. Milosevic (interprétation): Et vous dites que vers la fin de l'année
16 1997 aucun Albanais ne souhaitait accepter une quelconque autonomie et une
17 quelconque négociation sauf pour l'indépendance? Est-ce exact?
18 M. Haxhiu (interprétation): Oui.
19 Question: Donc en 1997?
20 Réponse: Oui.
21 Question: Et donc l'ultimatum pour l'indépendance était quelque chose que
22 tous les Albanais souhaitaient? Et vous savez que toute solution statu quo
23 du Kosovo allait provoquer un conflit ouvert, vous parlez de cela à
24 l'addendum de votre déclaration qui a le numéro de l'accusation 03036347.
25 Réponse: Est-ce que vous pouvez répéter la question?
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1 Question: C'est lié au fait que les Albanais souhaitaient simplement
2 accepter la solution de l'indépendance et aucune autre. Est-ce exact?
3 Réponse: Eh bien, il y avait une certaine souplesse mais il n'y avait pas
4 suffisamment de courage.
5 Question: D'accord. Mais donc c'est la violence; et vous, vous avez
6 souhaité ce conflit et vous l'avez provoqué, n'est-ce pas? De concert avec
7 un certain nombre de structures en Occident? Est-ce exact, n'est-ce pas?
8 Réponse: Non, non, c'est ridicule.
9 Question: D'accord, si vous le dites. Votre attitude était que qui que
10 soit à la tête de la Serbie, c'est la Serbie qui pose problème et la
11 mentalité serbe qui pose problème s'agissant de l'attitude vers le Kosovo.
12 Votre attitude, c'était que c'était la Serbie qui m'avait créé, moi?
13 Réponse: Oui. J'ai publié un article dans un livre intitulé "Kosovo" à
14 Washington.
15 M. Milosevic (interprétation): Vous avez répondu à ma question.
16 M. le Président (interprétation): Monsieur Haxhiu, nous nous éloignons de
17 l'Acte d'accusation.
18 Monsieur Milosevic, vous pouvez poser encore une question.
19 M. Milosevic (interprétation): Je vois que j'ai encore cinq minutes.
20 M. le Président (interprétation): Non, vous pouvez poser encore une
21 question et vos 45 minutes se seront écoulées.
22 M. Milosevic (interprétation): Mais moi, je dois faire référence à
23 l'addendum à la déclaration que j'ai reçue ici hier. J'ai seulement un
24 nombre de points très limités à soulever, s'il vous plaît.
25 Donc, vous avez dit que vous m'avez vu en Slovénie en 1990 et que vous
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1 faisiez partie du groupe de journalistes qui ont assisté à la conférence
2 de six représentants des Républiques de l'ex-Yougoslavie?
3 M. Haxhiu (interprétation): Nous étions à la même distance l'un de l'autre
4 que maintenant.
5 Question: Oui, d'accord, nous parlons de cela. Vous dites… A la question
6 suivante, vous dites: "Quand est-ce que les Albanais du Kosovo auront le
7 droit à l'autodétermination et à la République de Kosovo?"; c'est ce qui
8 est écrit dans la déclaration.
9 Réponse: Oui.
10 Question: Tout à l'heure, vous m'avez dit que vous m'avez demandé: "Quand
11 est-ce que vous allez laisser tomber votre politique et position chauvine,
12 et quand est-ce que vous allez accorder aux Albanais le droit à
13 l'autodétermination?". Vous n'avez pas mentionné cela dans la déclaration,
14 et je suis sûr que vous ne m'avez pas demandé cela avec ces termes-là.
15 Réponse: Bien sûr, vous pouvez regarder au compte rendu d'audience parce
16 qu'il est à cent pour cent sûr que je vous ai posé cette question.
17 M. Milosevic (interprétation): Très bien. Est-ce que vous considérez que
18 les minorités nationales, minorités ethniques, dans quelque pays que ce
19 soit, peuvent, par le biais de l'expression de leur droit à
20 l'autodétermination, faire sécession de cet état?
21 M. Haxhiu (interprétation): Il ne me revient pas à moi de juger de cela.
22 M. le Président (interprétation): Il ne revient pas au témoin de le dire.
23 Posez votre question.
24 M. Milosevic (interprétation): Combien de pays se seraient démembrés si
25 toutes les minorités avec le droit…
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1 M. le Président (interprétation): Si c'est cela vos questions, je vais
2 faire terminer.
3 Vous avez eu suffisamment d'opportunités, Monsieur Milosevic, pour poser
4 des questions.
5 M. Milosevic (interprétation): J'ai encore trois minutes.
6 M. le Président (interprétation): Non, vous ne les avez pas.
7 Je vais demander à M. Kay de poser des questions.
8 (Questions de l'amicus curiae, M. Kay, au témoin, M. Baton Haxhiu.)
9 M. Kay (interprétation): Je vais me pencher sur la deuxième déclaration du
10 témoin, notamment le passage que je vais lire pour vous, Monsieur Haxhiu.
11 "A mon avis, l'UCK a été créée, a été le produit de la répression serbe à
12 l'encontre des Albanais, de la politique internationale passive et du
13 souhait d'Ibrahim Rugova de préserver le statu quo. Après le massacre de
14 Prekaz en 1998, l'UCK est devenue d'un petit groupe une structure d'hommes
15 armés de plus de 20.000 personnes."
16 Voici ma question: apparemment l'UCK s'est accrue rapidement entre 1998 et
17 1999, n'est-ce pas?
18 M. Haxhiu (interprétation): Oui, c'est exact.
19 Question: Quand vous dites qu'il y avait 20.000 hommes armés, quel est le
20 contexte dans lequel vous placez cela? Vous voulez dire 20.000 hommes en
21 tant que force militaire, ou des civils qui ont pris des armes? Pourriez-
22 vous expliquer cela?
23 Réponse: Je peux l'expliquer. En 1997, quand j'ai écrit un article dans
24 mon journal, je n'ai pas vu plus de 100 soldats de l'UCK. Mais, suite aux
25 massacres de Prekaz et Likoshan, la révolte s'est répandue à travers le
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1 Kosovo, et tout le monde pensait que la solution allait être trouvée avec
2 le départ dans les montagnes, dans les bois. Et ils se sont tous regroupés
3 autour du groupe appelé "l'UCK".
4 Je pense que c'était le premier pas qui a été pris afin de restituer la
5 dignité perdue et afin de renier l'occupation serbe du Kosovo. Et les
6 atrocités perpétrées contre les femmes, les enfants, les personnes âgées,
7 tout cela a contribué à la croissance de l'UCK. Tout ceci était en réponse
8 de la répression du régime serbe.
9 Question: Vous nous avez beaucoup parlé du contexte à ce sujet-là mais
10 moi, ce sont les détails qui m'intéressent. Veuillez tenir compte de cela.
11 Quand vous dites "20.000 personnes", vous avez dit qu'il s'agissait des
12 hommes dans les montagnes mais comment expliquez-vous ce groupe?
13 S'agissait-il des civils ou autre chose?
14 Réponse: Il y avait un groupe de journalistes internationaux qui étaient
15 avec nous et nous nous sommes rendus en montagne près de Malisheva. Il y
16 avait un enterrement qui était en cours là-bas. Nous avons vu beaucoup de
17 personnes, beaucoup de soldats et des hommes qui souhaitaient se joindre
18 aux rangs de l'UCK. Je ne peux pas vous dire très exactement s'il
19 s'agissait vraiment de 20.000 personnes mais je dirais que c'était le cas.
20 Ceci était en mai 1998.
21 M. Kay (interprétation): 20.000 hommes armés et je suppose que des
22 personnes non armées soutenaient aussi l'UCK, donc le chiffre des uns et
23 des autres auraient été encore plus important.
24 M. Haxhiu (interprétation): Je n'ai pas dit qu'ils étaient tous armés mais
25 il y avait des sympathisants et aussi des membres de l'UCK. Certains
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1 d'entre eux portaient des vêtements civils et certains d'entre eux
2 portaient des uniformes militaires avec les insignes de l'UCK.
3 M. Kay (interprétation): Merci. Vous avez répondu à ma dernière question.
4 M. Nice (interprétation): Je souhaite soulever un certain nombre de points
5 liés aux questions posées par M. Kay.
6 En répondant à ces questions, vous avez parlé de la restitution de la
7 dignité qui était le but de l'UCK, qui était la raison du soutien à l'UCK
8 qui avait éliminé la dignité des Albanais du Kosovo.
9 M. Haxhiu (interprétation): La dignité des Albanais du Kosovo avait été
10 rompue, avait été détruite. Ils ont été humiliés et ceci a commencé en
11 1987.
12 Je vous donne quelques exemples. Les amendements de la Constitution qui
13 étaient effectués par la force, ensuite l'isolement de 300 intellectuels,
14 les expulsions des étudiants des écoles, la répression systématique,
15 l'entrée des forces de la police dans toutes les maisons, le manquement à
16 mettre en œuvre l'accord sur l'éducation, la chute du processus politique
17 au Kosovo, le fait que 500.000 Albanais ont fui le Kosovo avant 1997 parce
18 qu'ils ne pouvaient pas trouver un emploi là-bas et puis l'intervention
19 brutale contre les étudiants, tout ceci a poussé à l'établissement de
20 l'UCK qui a, d'une certaine manière, restitué une autre dignité et
21 contesté l'occupation serbe du Kosovo.
22 Question: Merci. Je souhaite maintenant soulever un certain nombre de
23 points liés aux questions posées par l'accusé. Il a été suggéré que vous
24 étiez prêt à un moment à opter pour la violence. Est-ce que c'était vrai,
25 oui ou non?
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1 Réponse: Non, jamais nous ne favorisions jamais la violence, nous
2 favorisions toujours les solutions pacifiques. Moi, j'ai eu un site
3 Internet que j'ai créé moi-même afin de promouvoir le dialogue serbo-
4 albanais.
5 Question: On vous a posé des questions sur les programmes télévisés en
6 langue albanaise. Veuillez me donner une réponse brève, en une phrase si
7 possible, à la question suivante: quelle était la caractéristique de la
8 télévision en langue albanaise qui ne vous satisfaisait pas?
9 Réponse: Lorsque la télévision a été fermée, lorsque les présentateurs
10 albanais ont été remplacés, je ne sais pas en ce qui concerne les
11 nouvelles personnes, où ils les ont trouvées, mais la langue anglaise
12 qu'ils parlaient était complètement périmée, incompréhensible, et les
13 traductions se basaient complètement sur la syntaxe serbe.
14 Question: Est-ce qu'il s'agissait là d'un programme qui risquait de faire
15 plaisir à l'audience albanaise, qui risquait de les impressionner ou non?
16 Réponse: Ceci était fait dans le cadre d'un plan qui avait été organisé
17 par les Serbes et traduit vers la langue albanaise par les présentateurs
18 albanais qui travaillaient à la Radiotélévision de Pristina.
19 M. Nice (interprétation): Monsieur Tanic, vous en avez parlé, participait
20 aux négociations. A quel point était-il sérieux?
21 M. Haxhiu (interprétation): Monsieur Tanic et moi, étions à une conférence
22 à Orid (phon.) en 1992, à une conférence qui avait été organisée par Boris
23 Vukobrad de Paris. Je n'avais jamais rencontré cette personne depuis.
24 Mais, vu la manière dont il parlait des problèmes, ceci m'avait donné
25 l'impression qu'il connaissait bien la situation et le problème du Kosovo,
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1 puisqu'il avait un problème et il avait un ami à Belgrade qui était un
2 journaliste albanais.
3 M. Nice (interprétation): Est-ce qu'il participait aux discussions de
4 manière sérieuse?
5 M. Haxhiu (interprétation): Oui.
6 M. Kwon (interprétation): Est-ce que vous pourriez fournir quelques
7 détails?
8 M. Haxhiu (interprétation): Monsieur Nice, je souhaite dire que MM.
9 Mihajlovic et Tanic restaient en contact avec Fehmi Agani depuis 1993; et
10 l'homme qui maintenait le contact avec eux était Fehmi Muslini (phon.) le
11 journaliste albanais à Belgrade.
12 M. Nice (interprétation): Vous avez corrigé la date de votre arrestation
13 et vous avez clarifié cela. Mais pour éviter tout doute dans votre
14 déclaration, vous parlez du fait que, d'après vous, la guerre avait
15 commencé le 1er octobre d'une certaine année. Mais de quelle année? Est-ce
16 que vous pouvez nous le dire directement?
17 M. Haxhiu (interprétation): Politiquement, la guerre a commencé après
18 l'intervention de la police contre les étudiants sur le plan fictif. Mais
19 dans la réalité, ceci a commencé avec le massacre perpétré à Likoshan.
20 Question: Lors de la réunion avec M. Stanisic et deux hommes costauds qui
21 ont exprimé, qui ont proféré des menaces sérieuses, à votre avis, est-ce
22 que M. Stanisic s'est distancié de manière claire de ces menaces proférées
23 par ces deux autres hommes, y compris M. Hadic?
24 Réponse: Monsieur Stanisic était conscient de tout ce qui a été dit par
25 MM. Hadic et Gajic.
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1 Monsieur Hadic était très arrogant et brutal et il s'est retourné vers moi
2 et il a dit: "Si tu publies cela, tu vas finir là où tu le mérites".
3 Monsieur Hadic, et en fait ce groupe qui était constitué de deux
4 bureaucrates, était très brutal.
5 Question: Stanisic, est-ce qu'il a pris des distances par rapport à leur
6 propos?
7 Réponse: Non, non, absolument pas.
8 Question: Deux dernières questions. Une concernant l'amende puisque,
9 apparemment, les choses ne sont pas tout à fait claires. Dans votre
10 addendum à la déclaration, vous avez donné le montant en marks allemands
11 de votre amende. Le journal a dû payer une amende de 200.000 d'après la
12 déclaration. Est-ce que vous souvenez de la somme exacte?
13 Réponse: Monsieur Nice, vous ne pouvez pas comprendre le taux d'inflation
14 à l'époque dans l'Etat yougoslave. Il y avait une fluctuation du
15 deutschemark par rapport au deutschemark tous les jours. En une même
16 journée, un montant avait la valeur de 40.000 deutschemarks, et le
17 lendemain la valeur était de 25.000 ou de 125.000 deutschemarks donc il
18 m'est très difficile de parler des montants dans ce contexte.
19 Question: Mais de toute façon, 200.000 deutschemarks, est-ce que ce serait
20 un montant important ou plutôt insignifiant comme l'avait suggéré
21 l'accusé?
22 Réponse: Il s'agissait d'une amende extrêmement rigoureuse. D'autres
23 journaux à Belgrade ont également été condamnés à payer une amende. Je
24 pense que c'était "Vreme" et "Danas", mais je n'en suis pas sûr en ce qui
25 concerne "Danas". Le troisième journal qui devait payer une amende et qui
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1 allait être fermé était "Koha Ditore", mais nous n'avions pas d'argent
2 pour payer l'amende.
3 Question: Et l'amende n'a jamais fini par être payée, n'est-ce pas?
4 Réponse: Non.
5 Question: Le juge vous a dit que vous deviez payer cette amende, parce que
6 c'est Belgrade qui lui avait demandé de vous imposer cela. C'est comme
7 cela que vous l'avez dit en déposant. Mais est-ce que vous pouvez nous
8 dire si le juge avait expliqué les choses, de manière un peu plus
9 détaillée, ou bien est-ce qu'il s'est exprimé exactement comme cela?
10 Réponse: Moi, j'ai dit que Bajram Kelmendi avait été mon avocat, qui a
11 parlé avec le juge deux jours avant son meurtre. Et le juge a dit:
12 "Monsieur Kelmendi, je pense que ceci n'est pas juste, mais j'ai les
13 ordres de Belgrade et je dois les exécuter". Même si c'était un dimanche,
14 une journée fériée, il nous a pris, il nous a amenés dans son bureau afin
15 de nous dire que nous devions payer l'amende à cause de l'article.
16 Question: Veuillez me répondre par "oui" ou "non". Avez-vous compris ce
17 qu'il voulait dire lorsqu'il a dit que Belgrade lui avait donné les
18 instructions, oui ou non?
19 Réponse: Oui, nous l'avons compris.
20 Question: Très bien. Répondez par "oui" ou "non" de nouveau. Est-ce que
21 vous l'avez compris, cela sur la base des expériences semblables par le
22 passé et sur la base de la compréhension générale de la situation
23 politique à l'époque?
24 Réponse: Je pense qu'il y avait d'autres situations semblables en cours
25 devant les tribunaux du Kosovo à l'époque.
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1 Question: Est-ce que vous pouvez répondre encore une fois par oui ou non?
2 Si vous avez des moyens de preuve afin de prouver et montrer que les
3 instructions venaient de Belgrade, et afin de pouvoir constater si ceci
4 émanait de l'administration, des instances judiciaires ou autres de
5 Belgrade, d'où venaient ces instructions?
6 Réponse: Non, je ne peux pas dire cela avec plus de détails, mais c'est ce
7 qu'il nous a dit. Il nous a dit: "J'ai les ordres émanant de Belgrade."
8 Mais il ne nous a pas montré de preuves.
9 M. Nice (interprétation): Je suis satisfait.
10 Et je peux poser la question suivante à moins que la Chambre veuille que
11 j'apporte d'autres éclaircissements sur ce point avec le témoin.
12 M. le Président (interprétation): Non.
13 M. Nice (interprétation): Très bien. On vous a demandé, de vos liens avec
14 l'OTAN à l'époque et du fait que d'après les informations rendues
15 publiques par l'OTAN vous étiez morts et à l'époque vous vous cachiez,
16 mais est-ce que vous étiez en contact avec l'OTAN par radio ou par
17 d'autres moyens?
18 M. Haxhiu (interprétation): Non, je n'ai jamais été en contact. Je n'ai
19 jamais eu de lien avec l'OTAN. Je n'avais pas de moyens physiques de
20 communiquer, même pas avec mon voisin. Sans parler de l'OTAN.
21 M. Nice (interprétation): C'est la fin de mes questions supplémentaires.
22 (Questions de M. le Juge Kwon au témoin, M. Baton Haxhiu.)
23 M. Kwon (interprétation): Monsieur Haxhiu, jusqu'à récemment vous aviez le
24 pseudonyme de K28, est-ce que vous le savez?
25 M. Haxhiu (interprétation): Non.
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1 Question: Vous n'avez pas demandé des mesures de protection?
2 Réponse: Non.
3 Question: Vous n'avez pas fait l'objet de menace, vous n'étiez pas en
4 danger à cause de cette déposition?
5 Réponse: Non, il n'y a jamais eu de menace à mon encontre. Je n'avais rien
6 à cacher. Certains journaux ont écrit des articles à mon encontre.
7 M. Kwon (interprétation): Peut-être que Monsieur Nice peut nous aider?
8 M. Nice (interprétation): Je vais procéder à un certain nombre d'enquêtes.
9 Je vais clarifier cela après la pause peut-être. Et je vais demander au
10 témoin de rester au cas où il faudrait apporter des clarifications.
11 M. Kwon (interprétation): Merci.
12 M. le Président (interprétation): Monsieur Haxhiu, donc peut-être plus
13 tard on vous posera des questions au sujet de cela mais, sous cette
14 réserve, vous êtes libre de partir.
15 Merci d'être venu déposer devant le Tribunal international pénal. Vous
16 pouvez disposer.
17 (Le témoin, M. Baton Haxhiu, est reconduit hors du prétoire.)
18 (Questions relatives à la procédure.)
19 M. Nice (interprétation): Le témoin suivant est celui dont j'avais espéré
20 qu'il allait pouvoir déposer ce matin.
21 J'ai un résumé de sa déclaration qui est plutôt longue, mais je souhaite
22 dire que d'autres témoins ont déjà parlé d'une bonne partie de sa
23 déclaration. Je pourrais donc procéder de manière très rapide. Il s'agit
24 là de l'une de ces déclarations qui aurait pu être traitée conformément à
25 l'Article 92bis ou au moins en partie. Mais après avoir pris cela en
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1 considération, nous avons décidé de ne pas procéder ainsi.
2 Peut-être que nous pouvons procéder à une pause un peu plus tôt que prévu
3 pour nous préparer pour le témoin suivant?
4 S'agissant du Dr Baccard et de la possibilité qu'il dépose sur d'autres
5 rapports de médecine légale: en ce qui concerne ce que j'ai dit ce matin,
6 j'ai dit que ces moyens de preuve avaient divulgué notre position et que
7 ceci a été complètement divulgué, en couleur, le 6 février. Mais, en fait,
8 à l'époque l'accusé avait reçu seulement un exemplaire en noir et blanc.
9 Aujourd'hui, nous sommes prêts à lui donner la totalité de ces documents
10 en couleur.
11 M. le Président (interprétation): Si j'ai bien compris, le Dr Baccard est
12 au courant de cela?
13 M. Nice (interprétation): Oui, et peut-être allons-nous donc demander que
14 ceci soit ajouté à sa déposition à une date ultérieure.
15 M. le Président (interprétation): Oui, je pense que c'est une manière
16 appropriée de traiter cela.
17 M. Nice (interprétation): Oui. Et si nous décidons de le faire, nous
18 allons informer la Chambre d'ici trente jours.
19 M. le Président (interprétation): Très bien. Nous allons faire une pause
20 de 20 minutes.
21 (L'audience, suspendue à 12 heures, est reprise à 12 heures 23.)
22 (Le témoin, M. Adnan Merovci, est déjà installé dans le prétoire.)
23 M. le Président (interprétation): Je vais demander au témoin de prononcer
24 la déclaration solennelle.
25 M. Merovci (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la
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1 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
2 M. le Président (interprétation): Veuillez vous asseoir.
3 (Le témoin s'assoit.)
4 (Interrogatoire principal du témoin, M. Adnan Merovci, par M. Nice.)
5 M. Nice (interprétation): Pouvez-vous décliner votre identité, vos noms et
6 prénoms? Pouvez-vous donner vos noms et prénoms?
7 Peut-être le témoin devrait-il placer les écouteurs sur sa tête?
8 M. Merovci (interprétation): Non, c'est inutile, je comprends l'anglais.
9 M. Nice (interprétation): Pouvez-vous nous donner vos nom et prénom?
10 M. Merovci (interprétation): Je m'appelle Adnan Merovci.
11 Question: Un résumé est distribué, un résumé de 12 pages je crois, et je
12 vais pouvoir passer en revue les six premières pages assez rapidement.
13 S'agissant des informations relatives au parcours du témoin, j'espère que
14 je pourrai guider les réponses du témoin.
15 Vous êtes née à Vucitrn ou dans la région de Vucitrn. Vous avez étudié
16 l'ingénierie électrotechnique à Pristina. Vous avez été diplômé en 1991 et
17 ensuite, vous avez travaillé pour la Banque associée du Kosovo à Pristina?
18 Réponse: C'est exact.
19 Question: En 1983, vous avez effectué votre service militaire obligatoire
20 et, une fois ce service militaire accompli, vous avez retrouvé votre
21 emploi à la banque jusqu'en 1990 où vous avez été licencié dans des
22 circonstances que vous allez nous expliquer dans quelques instants.
23 Réponse: C'est exact.
24 Question: Comme nous allons l'apprendre, pendant plusieurs années, vous
25 avez été l'assistant personnel du Dr Rugova, un témoin que nous avons
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1 entendu ici même, il y a quelques semaines.
2 Réponse: C'est exact.
3 Question: Afin d'expliquer pourquoi je passe sous silence un certain
4 nombre de paragraphes, je voudrais vous dire, Monsieur le Président,
5 Messieurs les Juges, que bien que le témoin parle des événements qui ont
6 eu lieu à Kosovo Polje au paragraphe 1982...
7 Monsieur le Témoin, étiez-vous présent à ce moment-là vous-même?
8 Réponse: Non, mais j'ai suivi les événements dans les médias.
9 Question: Dans ce cas-là, je vais passer directement au paragraphe
10 suivant, paragraphe 3, qui a trait au contexte dans lequel se sont
11 développées les tensions entre les différentes communautés.
12 Avant que vous ne perdiez votre emploi, lorsque vous aviez encore un
13 emploi, est-ce qu'il y avait entre les groupes en présence un certain
14 respect?
15 Réponse: A l'époque que nous évoquons, c'est-à-dire après 1981, les
16 relations au travail et les relations humaines entre les Serbes et les
17 Albanais étaient tendues et les Albanais respectaient les Serbes au
18 quotidien et dans le cadre de leur travail.
19 Moi personnellement, je travaillais dans un bureau où il y avait des
20 membres de la communauté serbe et nous étions très polis envers eux. Un
21 exemple: lorsque dans un groupe il n'y avait qu'un seul Serbe, eh bien, on
22 parlait serbe afin qu'une personne dans cette situation, dans un groupe de
23 dix, ne se sente pas victime de discrimination.
24 Question: Paragraphe 4, page suivante, je voudrais savoir si les émissions
25 de télévision, si ce qui se passait à la télévision a eu un impact sur les
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1 relations entre les Albanais et les Serbes?
2 Réponse: A ce moment-là, la propagande diffusée par les médias a eu un
3 certain effet. Il s'agissait d'une propagande qui résultait de l'ordre
4 venu d'en haut. Et au terme de cette propagande, les Albanais se voyaient
5 attribuer un rôle de citoyen de deuxième classe. Les Serbes étaient
6 favorisés et les Albanais étaient décrits comme un peuple coupable
7 d'injustices envers les Serbes. Voilà comment cela se présentait.
8 Question: En une phrase, pouvez-vous nous dire si ceci avait un impact, et
9 si oui lequel, dans les relations au travail, dans une communauté mixte.
10 Est-ce que cela avait un impact dans les jours qui suivaient ce type
11 d'émission ou ce type d'information?
12 Réponse: Eh bien, il faut dire qu'à l'époque les relations étaient
13 vraiment limitées au minimum; c'étaient des relations qui étaient
14 correctes à la surface mais qui, en réalité, étaient tendues vu les
15 événements qui avaient eu lieu à l'époque et vu la propagande qui avait
16 été ordonnée par le haut. Et tous les événements qui avaient lieu étaient
17 présentés d'une manière trompeuse, ce qui avait un impact négatif sur les
18 relations au travail.
19 Question: Nous avons entendu beaucoup de témoins nous parler de
20 l'abrogation de l'autonomie du Kosovo et l'arrestation de Vllasi. Après
21 son arrestation, est-ce qu'il y a eu un mouvement de Serbes qui sont venus
22 s'installer au Kosovo?
23 Réponse: Comme je l'ai dit, il y a eu des modifications constitutionnelles
24 qui ont fait l'objet de discussions. Les Kosovars ont manifesté leur
25 désaccord, leur désapprobation suite à ces modifications. Moi, à l'époque,
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1 je travaillais à la banque, j'étais membre d'un syndicat indépendant qui
2 s'intéressait essentiellement au droit des employés. Mais nous, en tant
3 qu'employés de banque, nous avons exprimé notre désapprobation suite au
4 changement de la Constitution; une Constitution qui datait de 1974.
5 Question: Dans votre déclaration et dans le résumé, vous évoquez un
6 discours prononcé à Gazimestan mais, une fois encore, je souhaiterai vous
7 demander si vous étiez présent à ce moment-là?
8 Réponse: Si vous me le permettez, dans une question précédente vous avez
9 parlé de Vllasi qui était le dirigeant politique du Kosovo et celui qui,
10 au sein de la structure politique, s'est opposé le plus aux modifications
11 de la Constitution. Il a payé cela d'une peine de prison.
12 Question: Oui, mais nous avons entendu des éléments de preuve à ce sujet.
13 Réponse: Bien. Bon. S'agissant de Gazimestan, nous avons là un événement
14 de type nationaliste au cours duquel...
15 Question: Je sais que mes instructions vont vous paraître difficiles à
16 suivre mais je vous demande de répondre, s'il vous plait, par oui ou par
17 non. Etiez-vous présent?
18 Réponse: Non.
19 Question: Nous avons entendu des éléments à ce sujet venant d'autres
20 témoins. Avant que l'accusé n'ait des questions je vais passer à autre
21 chose.
22 Nous connaissons la création du LDK. Est-ce que vous êtes devenu un membre
23 actif dès le début? Est-ce que vous êtes devenu assistant à temps partiel
24 du Dr Rugova, alors que vous travailliez toujours à la banque?
25 Réponse: A partir de la fondation de la Ligue démocratique du Kosovo, le
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1 21 octobre 1989, j'ai adhéré au parti où j'étais un militant à temps
2 partiel -dirons-nous-, et lorsque j'ai été licencié de mon emploi, je suis
3 devenu un militant à temps plein. Je travaillais à temps plein pour la
4 LDK.
5 Question: Nous allons parler du moment où vous avez perdu votre travail.
6 Je voudrais savoir si vous aviez une fonction au sein du syndicat, dont
7 vous étiez membre en tant qu'employé de banque?
8 Réponse: Oui, nous avons essayé à tout prix de défendre les droits des
9 travailleurs, parce qu'à cette époque les droits des travailleurs
10 albanais, eux aussi, étaient menacés.
11 Question: A cette époque, en 1989, existait-il des mesures, que vous
12 qualifiez de "mesures d'urgence", qui avaient été mises en place? Et si
13 c'est le cas, quel était l'impact de ces mesures sur les salariés albanais
14 au travail?
15 Réponse: Eh bien, pendant cette période, le régime serbe voulait prendre
16 le contrôle de la vie économique au Kosovo. Et ceci signifie qu'à la
17 banque, la banque où je travaillais, on a mis en place des mesures
18 d'urgence. En conséquence, quelque 300 salariés ont été licenciés dans
19 toute la banque et seuls 60 employés albanais ont pu conserver leur
20 emploi. Et aucun Serbe n'a été licencié à ce moment-là.
21 Question: Deux ou trois autres choses. Dans le cadre des mesures que vous
22 évoquez, est-ce qu'il a fallu que les Albanais manifestent leur
23 approbation pour ces mesures d'une manière ou d'une autre?
24 Réponse: Ces mesures étaient complètement politiques et les dirigeants de
25 l'entreprise qui nous étaient imposés recevaient les ordres du régime; et
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1 par le biais de manoeuvre contractuelle, ils devaient licencier les
2 Albanais en masse. Je pourrais vous donner des preuves à ce sujet. Il y a
3 un cas où les dirigeants qui ont été imposés ont essayé de renvoyer tous
4 les salariés de la banque.
5 Question: Je reviens à ma question. Comment les travailleurs albanais ont-
6 ils dû faire preuve de leur acceptation si c'est le cas de ces mesures?
7 Réponse: Pour les Albanais, il s'agissait de mesures politiques, même si
8 dans la banque où je travaillais on a essayé de nous dire qu'il s'agissait
9 de mesures qui étaient prises par la banque et qu'il s'agissait de mesures
10 qui étaient de nature comptable.
11 Question: Il est manifeste que je ne suis pas assez clair. Je vais passer
12 à autre chose. Je voudrais savoir si les gens devaient porter quelque
13 chose pour signaler qu'ils approuvaient ces mesures?
14 Réponse: Il est resté 60 employés sur 400. Il s'agissait d'experts sans
15 qui la banque n'aurait pas pu continuer à travailler. Moi, j'ai fait
16 partie de ces gens-là. Au début tout du moins, parce que je travaillais
17 dans le service informatique.
18 Question: Apparemment, je n'arrive pas à me faire bien comprendre de vous.
19 C'est sans doute ma faute et je vais passer à autre chose.
20 En dépit des licenciements des travailleurs et des employés albanais, est-
21 ce que l'on a vu arriver de nouveaux employés à la banque qui venaient? Et
22 quelle était leur nationalité?
23 Réponse: A ce moment-là, on a vu arriver de nouveaux employés et il
24 s'agissait de Serbes. Aucun Albanais n'a jamais été engagé ultérieurement,
25 et aucun Serbe n'a jamais été licencié. Au contraire, on a vu de nouveaux
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1 employés serbes arriver.
2 Question: Et ces Serbes où trouvaient-ils à se loger lorsqu'ils trouvaient
3 un emploi à la banque?
4 Réponse: Pouvez-vous répéter la question?
5 Question: Ces Serbes qui arrivaient ainsi, où se trouvaient-ils à se
6 loger?
7 Réponse: Ces gens qui ont été ainsi embauchés, je parle ici uniquement de
8 la période pendant laquelle des mesures d'urgence ont été mises en place,
9 parce que même avant déjà il y avait des Serbes qui étaient venus dans le
10 cadre d'un programme qui consistait à faire venir des Serbes au Kosovo,
11 des Serbes en provenance de Serbie. Et dans mon bureau vers 1986, nous
12 avons vu arriver un collègue qui ne connaissait rien au travail qu'il
13 était censé accomplir, mais qui bénéficiait de tous les privilèges
14 possibles. C'était quelqu'un qui n'était pas compétent et qui a lui-même
15 décidé de partir. Il s'appelait Budimir Kavacic, c'était un chimiste.
16 Question: C'est sans doute ma faute, mais ce n'était pas ma question. Ces
17 gens-là, quand ils sont arrivés, où ont-ils trouvé à se loger? Comment
18 ont-ils trouvé des logements? Vous nous dites qu'ils avaient tous les
19 privilèges possibles.
20 Réponse: Ils sont venus et se sont installés dans des appartements
21 affectés, qui leur avaient été affectés par l'entreprise.
22 Question: Vous nous dites que vous avez perdu votre emploi. Pour quelle
23 raison?
24 Réponse: Je travaillais au service informatique et on m'a licencié ainsi
25 que tous les autres Albanais qui travaillaient à la banque, au système de
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1 compensation de la banque. Mais quelques jours auparavant, mon supérieur
2 m'a dit: "Il va falloir choisir entre ton travail et la politique, parce
3 qu'on t'a vu à la télévision avec M. Rugova". Et j'ai répondu: "Ceci n'a
4 absolument aucun impact sur le travail que j'accomplis ici. J'ai le droit
5 d'avoir des activités politiques et c'est quelque chose qui est tout à
6 fait personnel." Mais, suite à cela, dans les jours qui ont suivi donc, on
7 m'a fait part de la décision de me licencier et ceci par le biais d'un
8 document que j'ai trouvé sur mon bureau.
9 Question: S'agissant des policiers albanais, est-ce que certains d'entre
10 eux ont perdu leur emploi? Est-ce qu'ils sont restés au sein de la police?
11 et si c'est le cas, dans quelles conditions?
12 Réponse: Les policiers du Kosovo qui -pour la plupart étaient albanais-
13 ont dans leur majorité quitté leur emploi, refusant les ordres donnés par
14 Belgrade. Certains ont été licenciés de diverses manières.
15 Question: Paragraphe 13, le Dr Rugova devait devenir Président suite à un
16 référendum. Etes-vous devenu son assistant à temps plein? Etes-vous devenu
17 son secrétaire?
18 Réponse: En 1992, c'est-à-dire après le référendum, des élections
19 présidentielles et parlementaires ont été organisées et j'étais un
20 collaborateur très proche, au sens technique, du Dr Rugova. J'étais son
21 secrétaire personnel.
22 Question: Parlons du résultat de ces élections. Quelle a été la réaction
23 des autorités de Belgrade? Les autorités ont-elles reconnu le résultat des
24 élections, les ont-ils simplement toléré, quelle a été leur réaction?
25 Réponse: La Ligue démocratique du Kosovo a été constituée grâce à la
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1 tolérance manifestée envers un système pluraliste au sein de l'ancienne
2 Fédération. On pourrait dire qu'il s'agissait d'un véritable parti. Des
3 élections ont eu lieu mais celles-ci n'étaient pas acceptées par le
4 régime. Elles n'ont pas été reconnues non plus sur la scène
5 internationale. Cependant, ces élections s'inscrivaient dans le
6 prolongement des institutions qui existaient au Kosovo dans le système
7 précédent, ceci afin qu'il n'y ait pas de vide institutionnel. Et, dans
8 leur majorité absolue, les citoyens du Kosovo ont organisé des élections
9 et ont donné la majorité au LDK et à Rugova; et M. Rugova est devenu
10 Président de la République du Kosovo à la majorité absolue.
11 Question: Paragraphe 14, à la fin du printemps ou au début de l'été 1995,
12 vous êtes-vous trouvé au Q.G. de la police de Pristina?
13 Réponse: Effectivement, en 1995, j'ai été convoqué par les services
14 secrets serbes à Pristina pour un interrogatoire qui a duré trois jours de
15 suite.
16 Question: Quel était, apparemment, l'objectif de ces entretiens?
17 Réponse: Le prétexte qui a été donné pour me convoquer était absurde. Et
18 cela ne correspondait pas au véritable objectif de ces interrogatoires.
19 L'objectif véritable, c'était de se servir de mon travail, d'en arriver à
20 atteindre le Dr Rugova et de l'impliquer dans la création d'un ministère
21 de l'Intérieur qui ne faisait pourtant pas du tout partie de la République
22 du Kosovo.
23 Question: Vous avez été interrogé pendant combien de temps? Pendant trois
24 jours? Mais vous n'avez pas ensuite été maintenu en détention?
25 Réponse: On m'a maintenu en détention pendant trois jours, ensuite j'ai
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1 été libéré.
2 Question: Est-ce que l'on vous a remis des documents que l'on vous a
3 demandé de signer?
4 Réponse: A ce moment-là, pour les services secrets, la position que
5 j'occupais au côté du Dr Rugova était très importante. La plupart des
6 Albanais qui ont été convoqués pour répondre à des interrogatoires de ce
7 type se sont vu donner la possibilité de coopérer avec les services de
8 sécurité. On m'a fait une offre de ce genre mais d'une façon assez
9 subtile.
10 Question: Passons maintenant à septembre 1995: est-ce que vous avez eu des
11 démêlés avec la police, et est-ce que vous avez passé un certain temps en
12 détention?
13 Réponse: En septembre de la même année, à savoir en 1995, j'ai été
14 convoqué par les mêmes services. J'ai refusé de répondre à cette
15 convocation sans mandat d'arrêt officiel. On m'a mis en garde. On m'a dit
16 qu'on aurait recours à d'autres moyens. Et un jour, les policiers m'ont
17 intercepté dans la rue, ils m'ont dit de les accompagner. Et j'ai été
18 arrêté. Après cette arrestation qui a eu lieu un jeudi -ce qui n'était pas
19 une coïncidence mais c'était délibéré afin que je puisse être maintenu en
20 détention pendant le week-end- ils m'ont maintenu en détention pendant 30
21 jours, en prétextant du fait que j'étais en possession -d'ailleurs, même
22 aujourd'hui, je n'arrive pas à me souvenir exactement du prétexte- en tout
23 cas, on a prétexté que j'avais possédé une arme. En fait, trois ou quatre
24 ans avant, j'avais essayé d'acheter une arme mais qu'on n'a jamais
25 retrouvée, mais quelqu'un que je ne connais pas a déclaré...
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1 Question: Nous ne voulons pas revenir sur toute cette question en détail.
2 Est-ce que, au bout du compte, vous avez été emprisonné pendant six mois?
3 Réponse: Oui, et mon avocat, le défunt Bajram, a demandé ma remise en
4 liberté. J'ai été remis en liberté au bout de 60 jours et ma famille a été
5 obligée de payer une caution, et pour cela d'hypothéquer notre maison.
6 Question: Est-ce que l'affaire est allée en appel et quel en a été
7 l'objectif?
8 Réponse: Oui, au bout de cette période, un autre tribunal a annulé cette
9 condamnation. J'avais été condamné à six mois de prison avec sursis, mais
10 la Cour d'appel a annulé cette condamnation pour manque de preuves.
11 Question: Bien. Nous allons passer à autre chose: paragraphe 16
12 rapidement.
13 Nous avons déjà entendu parler de l'accord relatif à l'enseignement. Nous
14 avons entendu parler de la réunion qui a eu lieu avec le Dr Rugova et
15 l'accusé au Palais Blanc. Je crois que vous y êtes allé mais vous vous
16 êtes tenu à l'extérieur du bureau en compagnie du chef de sécurité de
17 l'accusé; est-ce bien exact?
18 Réponse: Oui.
19 Question: Paragraphe 17: en 1998, aviez-vous l'impression que vous-même et
20 le Dr Rugova étiez suivis par moments?
21 Réponse: Oui.
22 Question: Est-ce que vous étiez en mesure de faire des suppositions quant
23 aux raisons qui expliquaient que l'on vous suive de cette sorte?
24 Réponse: Je pense que nous étions suivis par des membres des services
25 secrets qui étaient tout à fait au courant de nos activités dans tous les
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1 détails. La Ligue démocratique du Kosovo -je l'ai dit- était un parti
2 légal, et elle menait à bien des activités tout à fait légales qui étaient
3 tout à fait louables. Et il existait très peu de prétextes ou de raisons
4 pour me maltraiter.
5 Question: Mais, à votre avis, pourquoi est-ce qu'on vous suivait?
6 Réponse: Parce que j'étais un personnage-clé dans le bureau du Président
7 du Kosovo.
8 Question: Si on vous interroge à ce sujet, vous pourrez parler du
9 traitement que vous avez subi à la frontière avec la Macédoine lorsque
10 vous êtes revenu au Kosovo de voyage à l'étranger?
11 Réponse: Oui.
12 Question: Peu nous importe, pour l'instant. Répondez par oui ou par non.
13 Vous pourrez y répondre, n'est-ce pas?
14 Réponse: Oui.
15 Question: Même chose pour le paragraphe 19: avez-vous eu connaissance de
16 la venue de nombreuses troupes armées près de Suva Reka, à certains
17 moments?
18 Réponse: Oui.
19 Question: Une fois encore, vous pourrez répondre en détail si on vous pose
20 des questions à ce sujet. Est-ce qu'il y a eu un accord avec l'accusé
21 suite à des rencontres avec le Dr Rugova et l'ambassadeur américain
22 Walker? Est-ce qu'il y a eu un accord conclu pour retirer des troupes?
23 Réponse: Il n'y a pas eu d'accord entre l'accusé et M. Rugova, à ce
24 moment-là. C'était un accord entre l'accusé et M. Holbrooke?
25 Question: Etiez-vous au courant des termes de cet accord?
Page 5449
1 Réponse: Autant que je le pouvais par le biais des médias. Je savais qu'il
2 s'agissait d'un accord qui avait pour objectif de réduire au maximum la
3 présence des forces serbes au Kosovo et qui avait également pour objectif
4 l'intervention d'une Mission de vérification de l'OSCE, sous la direction
5 de M. Walker.
6 Question: Est-ce que vous obteniez régulièrement des rapports émanant du
7 Centre d'information du Kosovo qui vous permettaient de vérifier si
8 l'accusé respectait l'accord conclu?
9 Réponse: Le Centre d'information du Kosovo était une institution qui avait
10 pour objectif de donner des informations au public dans tous les domaines,
11 et notamment au sujet de l'évolution des événements à l'époque. Il y avait
12 des correspondants qui couvraient toutes les régions du Kosovo.
13 Question: Est-ce que les termes de l'accord passé par l'accusé et
14 l'ambassadeur étaient respectés?
15 Réponse: En réalité, cet accord n'a jamais été rendu public dans tous ses
16 détails. On y a fait simplement référence, on donnait son opinion à ce
17 sujet et nous avons constaté que l'OSCE avait mis en place une commission
18 chargée de la vérification de cet accord.
19 Question: Je crois que vous êtes allé à Rambouillet. Vous faisiez partie
20 du secrétariat, n'est-ce pas?
21 Réponse: Oui. Je faisais partie de la délégation.
22 Question: Nous en avons déjà beaucoup entendu parler, donc nous allons
23 passer tout de suite à la page 6, paragraphe 23. Je voudrais savoir si, du
24 côté albanais, tout le monde était prêt à signer l'accord à la fin des
25 pourparlers?
Page 5450
1 Réponse: La délégation kosovare a travaillé conjointement avec les autres
2 délégations. Et au départ, le consensus atteint été plutôt limité.
3 Monsieur Thaci avait un certain nombre de réserves cependant, et pendant
4 quelques jours il a repoussé la signature de l'accord; d'ailleurs,
5 l'accord n'a pas été signé lors de cette réunion-là. On a signé une
6 déclaration d'intention simplement, une déclaration qui stipulait que
7 l'accord en tant que tel serait signé deux semaines plus tard, après des
8 consultations qui devaient avoir lieu au Kosovo.
9 Question: Pendant cette période de temps, entre cet événement et les
10 réunions qui ont eu ensuite lieu à Paris de nouveau, est-ce que vous avez
11 remarqué un changement quant aux effectifs de l'armée présente au Kosovo?
12 Réponse: Eh bien, pendant cette période de deux semaines qui s'est
13 prolongée et est devenu une période de trois semaines, en dépit de
14 l'accord Holbrooke, les forces serbes ont occupé le Kosovo. Elles ont mis
15 cette période à profit pour le faire. C'étaient des forces qui arrivaient
16 généralement pendant la nuit; et je peux donner des preuves de leur
17 déploiement grâce au rapport de nos correspondants qui signalaient sans
18 cesse les déplacements de ces troupes sur la totalité du territoire du
19 Kosovo.
20 Question: Je parle toujours de la même période de temps. Est-ce que vous
21 avez constaté une modification dans la composition des unités de la police
22 ou dans leur présence?
23 Réponse: Les forces serbes, et ce que nous pouvions en voir dans la rue,
24 ont renforcé ce que l'on appelait les "points de contrôle", de triste
25 mémoire. La structure de la police était assez variée. Je veux dire qu'on
Page 5451
1 pouvait constater différents types d'uniformes, différents types
2 d'armements sur les policiers.
3 Question: Fort bien. Et pendant cette période de temps, quelle était la
4 tenue vestimentaire de la majorité des policiers que vous pouviez voir?
5 Réponse: Il y avait des policiers en uniforme bleu-vert. Ils étaient en
6 état de préparation au combat mais, quant aux forces spéciales, elles,
7 généralement, elles portaient des uniformes verts.
8 Question: Nous en arrivons maintenant à la réunion de Paris. Nous en avons
9 déjà entendu parler, donc nous n'allons pas nous appesantir à ce sujet.
10 Une seule question: suite à cette réunion, êtes-vous allé à Bruxelles où
11 vous avez rencontré le Général Wesley Clark, paragraphe 27?
12 Réponse: Moi personnellement, je ne suis pas allé là mais les autres
13 membres du groupe s'y sont rendus.
14 Question: Donc inutile d'en parler avec vous. A votre retour de Paris, je
15 crois que vous êtes d'abord allé à Tirana, en Albanie?
16 Réponse: Oui.
17 Question: Vous êtes ensuite revenu au Kosovo. Est-ce que vous avez, à ce
18 moment-là, pu constater que des Albanais quittaient le Kosovo?
19 Réponse: Au cours de mon voyage de Skopje à Pristina, quand nous avons
20 traversé la frontière à Hani i Elezit, nous avons constaté que nous étions
21 les seuls à aller dans cette direction, les seuls à nous rendre au Kosovo
22 en voiture. Nous avons vu de nombreuses voitures qui quittaient le Kosovo.
23 Il s'agissait essentiellement de voitures d'organisation internationale,
24 et puis il y avait également des civils qui quittaient le Kosovo avec leur
25 famille.
Page 5452
1 Question: Vous avez remarqué la présence de membres de l'armée yougoslave
2 qui avaient des tunnels le long de l'autoroute?
3 Réponse: Oui, mais ils étaient pratiquement invisibles, parce que nous
4 étions dans une période de latence. A ce moment-là, nous essayions de
5 faire semblant que tout allait bien au Kosovo, alors que fondamentalement
6 la situation était très différente.
7 Question: Et lorsque vous avez vu ces membres de la VJ, que faisaient-ils?
8 Réponse: Ils se cachaient surtout dans les montages, je les ai vus sur la
9 route reliant Han e Elizit à Pristina et, à un certain moment, ils nous
10 ont arrêtés à un carrefour en direction de Viti. Et ils ont procédé à une
11 vérification de routine.
12 Question: Les avez-vous vus au niveau d'un quelconque tunnel?
13 Réponse: A l'entrée de Pristina, nous avons constaté que Pristina n'avait
14 pas le même aspect que d'habitude: la peur était partout, et nous avons
15 constaté la présence de forces serbes en nombre bien supérieur au nombre
16 habituel.
17 M. Nice (interprétation): Vous ne vous rappelez rien de particulier au
18 sujet de ce que faisaient ces membres de la VJ, au niveau d'un quelconque
19 tunnel?
20 M. Merovci (interprétation): Vous parlez du jour où nous sommes revenus?
21 C'est tout ce que j'ai vu. Si vous me posez des questions au sujet de la
22 période qui va jusqu'au début des bombardements de l'OTAN, parce que nous
23 sommes revenus le 21 et les bombardements ont commencé le 24, au cours de
24 ces trois jours-là, la situation était très tendue; l'insécurité régnait
25 partout. Ceci était le résultat des manifestations auxquelles
Page 5453
1 participaient des militaires et des policiers et à des mouvements, des
2 activités qui n'avaient jamais eu lieu par le passé. Pour être plus
3 précis, ces forces étaient présentes surtout dans les lieux publics où les
4 gens se rendaient en grand nombre.
5 M. le Président (interprétation): Je ne crois pas que nous parviendrons à
6 un résultat sur ce point particulier. C'est impossible.
7 M. Nice (interprétation): Paragraphe 29. Lorsque vous êtes retourné à
8 Pristina, avez-vous vu des forces paramilitaires non régulières? Et si oui
9 que faisaient-elles ces forces?
10 M. Merovci (interprétation): Oui, nous avons vu des gens qui portaient
11 différentes sortes d'armes. Nous avons vu des civils qui portaient une
12 veste verte qui leur donnait l'aspect d'être membres d'une formation
13 particulière. Ils portaient des armes à l'épaule et certains objets dans
14 la main, et tout cela rendait leur présence très visible.
15 Question: Que faisaient ces gens par rapport aux biens ou à la population,
16 s'ils faisaient quelque chose?
17 Réponse: Pendant ces jours-là dans les lieux publics, dans les
18 boulangeries où les gens faisaient la queue pour acheter du pain ou bien
19 dans différents restaurants ou cafés, ils ont commencé à faire
20 démonstration de la force en détruisant les lieux appartenant aux Albanais
21 à Pristina. C'était le moment où de nombreuses explosions pouvaient être
22 entendues et de nombreux restaurants et cafés ont été détruits tous
23 propriétés d'Albanais.
24 Question: Y avait-il un système de téléphone cellulaire qui était à la
25 disposition des Albanais jusqu'à ce moment-là?
Page 5454
1 Réponse: Les communications par téléphone portable ont été interrompues
2 pour le Kosovo. Ceci s'est produit après les raids aériens de l'OTAN.
3 Question: Très bien. Mais cela a concerné également les lignes de
4 téléphone fixe?
5 Réponse: Cela a concerné également les lignes de téléphones fixe.
6 M. Nice (interprétation): Le 24 mars au début des bombardements, y a-t-il
7 eu des Albanais bien connus qui ont trouvé la mort? Et si oui, pouvez-vous
8 donner leur nom?
9 M. Merovci (interprétation): Après les bombardements de l'OTAN, cette
10 nuit-là le défunt Bajram Kelmendi a été tué avec ses deux fils. Il a été
11 arrêté dans sa maison et liquidé.
12 M. le Président (interprétation): Nous en avons déjà entendu parler.
13 M. Nice (interprétation): Oui. Y a-t-il eu d'autres personnes tuées? Vous
14 les avez énumérées dans votre réponse?
15 M. Merovci (interprétation): Oui, les personnes les plus sages, les plus
16 connues parmi ceux qui recherchaient une solution pacifique ont été tuées:
17 Latif Berisha, Agim Hajrizi, de Mitrovica, par exemple.
18 Question: Quelle était l'objet poursuivi par…?
19 Réponse: L'objet de ces assassinats consistait à semer la terreur dans la
20 population en tuant les personnalités les plus sages comme je l'ai déjà
21 dit.
22 Question: Paragraphe 32: ceci a-t-il commencé lorsque le MUP serbe s'est
23 attaqué à la maison du Dr Rugova? Je pense que vous les avez laissés
24 entrer, c'est bien cela?
25 Réponse: Oui, c'est exact.
Page 5455
1 Question: Le Dr Rugova était à l'étage, vous étiez en bas, donc ce que
2 vous allez nous dire est quelque chose de nouveau. Ne parlez pas trop
3 longuement, mais je vous demande ce qui s'est passé et ce que vous avez
4 entendu dire par ces représentants du MUP serbe?
5 Réponse: Le quartier où vivait M. Rugova s'appelait Velania; et une fois
6 que ce quartier a été purgé de ses habitants, le tour de la maison est
7 arrivé de Rugova. Une unité blindée est arrivée; le nombre des policiers
8 et des soldats étaient environ de dix, si je ne m'abuse. Ils ont enfoncé
9 la porte de la cour et de la maison. Je suis descendu de l'étage et je
10 leur ai dit qu'il y avait des gens dans la maison. Ensuite, j'ai mis les
11 mains en l'air. J'ai été maltraité par ces hommes. Et lorsque je leur ai
12 dit que "Ceci est la maison de M. Rugova", ils ont répliqué: "Nous faisons
13 notre travail. C'est l'homme…, le premier qui a demandé les bombardements
14 de bombardements de l'OTAN."
15 Question: Combien de temps avez-vous été gardé par ces hommes?
16 Réponse: Au rez-de-chaussée, j'ai subi quelques sévices, comme je l'ai
17 dit: frappé pendant environ une heure. Après quoi, ils ont rassemblé toute
18 la famille qui, jusque-là, était à l'étage. Il se trouvait parmi eux M.
19 Rugova, deux de ses cousins, ma femme et toute la famille. Nous sommes
20 tous descendus et, pendant quatre heures, nous avons été retenus sur place
21 sans avoir le droit de boire de l'eau, de manger un morceau de pain, ou de
22 satisfaire nos besoins naturels. Il y avait de jeunes enfants parmi nous y
23 compris un bébé de six mois. Un policier...
24 Question: Nous en avons beaucoup entendu parler déjà. Je pense qu'ensuite,
25 on vous a donné des instructions quant à ce qu'il convenait de faire.
Page 5456
1 Réponse: Oui.
2 Question: Donc plus tard, le même jour, quelqu'un est-il arrivé pour dire
3 à M. Rugova ce qu'il devait faire?
4 Réponse: Oui, plus tard, quatre heures plus tard à peu près, un policier
5 est arrivé. Je lui ai demandé son nom, il a répondu qu'il s'appelait
6 Jankovic de Suva Reka.
7 Question: Je vais interrompre votre déposition à ce stade, car nous avons
8 déjà entendu parler de cet homme. Vous nous donnerez les détails si
9 nécessaire, mais ce que je vous demandais c'était ce qui s'est passé le
10 jour suivant: le 1er avril. Selon ce que vous avez dit, une escorte de la
11 police vous a accompagné jusqu'au Palais blanc afin de rencontrer
12 l'accusé. C'est bien cela?
13 Réponse: Oui, c'est exact. Cela s'est passé dans la soirée.
14 Question: Très bien. Au Palais blanc, parce que nous en étions arrivés à
15 ce stade…
16 Les Juges n'ont pas besoin d'entendre tout deux fois, donc nous essayons
17 de gagner du temps et de ne parler que des questions les plus importantes.
18 Une fois arrivés au Palais blanc, le début de la rencontre avec l'accusé
19 s'est passé comment? Je pense que vous étiez dans une pièce et vous avez
20 rencontré également le chef de cabinet de l'accusé, Goran Milenovic. C'est
21 bien cela?
22 Réponse: Oui, c'est exact.
23 Question: Quand avez-vous commencé à participer à cette réunion? Je suis
24 arrivé en haut de la page 9 du résumé.
25 Réponse: Oui, j'ai rejoint les participants à cette rencontre.
Page 5457
1 Question: Dites-nous, je vous prie…?
2 Réponse: Au cours de la dernière partie de la réunion.
3 Question: Dites-nous, je vous prie, ce qui s'est passé entre vous et
4 l'accusé, s'il s'est passé quelque chose?
5 Réponse: J'étais invité par M. Rugova à participer à la rencontre, et il
6 m'a demandé de publier un article dans la presse au sujet de ce que
7 l'accusé lui demandait de signer. J'ai dit qu'un article de presse ne
8 signifie pas grand sauf: en général, un article n'est pas signé. Puis,
9 j'ai communiqué avec l'accusé, je lui ai parlé de mon licenciement qui me
10 causait quelques problèmes, de l'expulsion des Albanais du Kosovo -à
11 l'époque ils étaient au nombre de 700.000. Je lui ai dit qu'il fallait
12 faire quelque chose. Je lui ai parlé aussi des liquidations qui avaient
13 lieu, en tout cas des rumeurs de liquidations qui circulaient qui me
14 préoccupaient également.
15 J'ai parlé également des collaborateurs de Rugova, Hajrizi, Kelmendi qui
16 avaient été tués; et l'accusé a pris un stylo en faisant de l'ironie et a
17 inscrit les noms que je lui donnais sur un paquet de cigarettes en disant:
18 "Je veillerai à vérifier qu'il leur est arrivé".
19 Et quand nous avons demandé pourquoi les Albanais devaient quitter le
20 Kosovo, il a répondu qu'il y avait deux points sur lesquels il convenait
21 de se concentrer. Je lui ai dit que nous devions retrouver les Albanais
22 qui avaient quitté le Kosovo pour se rendre en Albanie quand les
23 bombardements avaient commencé, et que pas un seul Serbe n'avait quitté le
24 Kosovo alors qu'ils auraient dû être effrayés par les bombardements de
25 l'OTAN mais qu'ils étaient toujours là.
Page 5458
1 Les deux arguments que je lui ai présentés ont eu pour réponse de sa part
2 que les Albanais quittaient le Kosovo à cause de l'OTAN et pas à cause de
3 la police ou des militaires, notamment s'agissant de la partie nord du
4 Kosovo.
5 Question: Mais qu'en est-il de la Vojvodine?
6 Réponse: Oui.
7 Question: Au moment du bombardement, les gens de Vojvodine ont-ils
8 souffert la même chose que ceux du Kosovo?
9 Réponse: Les bombardements ont frappé tout le territoire, y compris le
10 Monténégro, la Serbie et le Kosovo.
11 Question: Mais y avait-il des habitants de Vojvodine qui fuyaient le pays
12 comme ceux qui fuyaient le Kosovo?
13 Réponse: Il n'y a pas eu un seul cas dont j'ai entendu parler. Je n'ai
14 jamais entendu parler d'un habitant autre qu'Albanais qui ait quitté le
15 Kosovo. Ils ont quitté le Kosovo en raison de la répression et de la
16 guerre particulière qui s'y menait, ainsi de l'expulsion des Albanais de
17 chez eux, on leur donnait cinq minutes pour partir.
18 Question: Cette rencontre à laquelle vous avez participé, a-t-elle permis
19 de parler également de progrès en direction de la conclusion d'un accord,
20 un accord intérimaire, peut-être?
21 Réponse: L'accusé s'est efforcé de profiter de M. Rugova lors de cette
22 réunion pour développer de la propagande politique. Mais, à cette même
23 réunion, M. Rugova a déclaré qu'un tiers du parti était une proportion
24 importante et qu'après la liquidation politique de Rugova, sa liquidation
25 physique n'aurait guère d'importance.
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1 Question: Qu'il s'agisse de propagande politique ou d'autres formes de
2 propagande, l'accusé a-t-il dit quelque chose au sujet d'un accord? Je
3 parle du paragraphe 35 du résumé de votre déposition.
4 Réponse: Si nous parlons en ce moment, vous et moi, de cette déclaration
5 dans la presse, Rugova a déclaré qu'il fallait une solution pacifique au
6 problème et que, pour nous, l'essentiel était d'obtenir la permission de
7 quitter le Kosovo.
8 J'ai personnellement demandé la mise en place d'un mécanisme, car jusque
9 là nous étions des otages puisque nous étions retenus sur place et nous
10 n'avions pas possibilité de communiquer par téléphone. Et l'accusé a donné
11 son accord.
12 Question: Cette rencontre s'est terminée, mais la question de l'article
13 dans la presse a-t-elle été discutée? Et cet article a-t-il été publié?
14 Réponse: Je ne suis pas témoin de la publication de cet article dans la
15 presse car, à ce moment-là, nous n'avions pas les médias à la maison
16 -notre antenne satellite avait été déconnectée la première nuit- mais j'ai
17 entendu dire que cet article avait bel et bien été publié dans la presse.
18 Question: Le lendemain, le 2 avril, où vous trouviez-vous? Vous étiez
19 revenu au Kosovo?
20 Réponse: Nous sommes revenus le même jour, le 1er avril. Et le lendemain,
21 les lignes téléphoniques terrestres fonctionnaient et le premier coup de
22 téléphone que j'ai passé en état d'arrestation a consisté à appeler M.
23 l'ambassadeur Hill à Skopje pour lui dire ce qui s'était passé et pour lui
24 dire que la police et l'armée avaient pénétré dans la maison. Je lui ai
25 raconté également notre voyage jusqu'à Belgrade.
Page 5460
1 Question: Au fait, avez-vous parlé au chef de cabinet Milenovic, ce jour-
2 là?
3 Réponse: Ce jour-là, oui, nous avons eu des appels du chef de cabinet de
4 l'accusé qui a proposé, et même insisté, sur la nécessité pour nous de
5 rencontrer Ratko Markovic. Mais nous avons répondu que de telles réunions
6 étaient infructueuses puisqu'elles ne s'inscrivaient dans aucun processus
7 politique en cours, et qu'en fait ce à quoi on assistait c'était à une
8 bataille pour la vie ou pour la mort.
9 Question: Selon Milenovic, quel aurait pu être l'objet de votre rencontre
10 avec Ratko Markovic?
11 Réponse: Le chef de cabinet de l'accusé a dit: "Vous devriez vous
12 rencontrer pour parler d'un certain nombre de problèmes". Cette rencontre
13 pouvant être considérée comme une poursuite de la rencontre qui avait eu
14 lieu avec l'accusé la veille. Mais j'ai répondu que j'étais quelqu'un qui
15 était très déterminé à ne pas rencontrer Markovic.
16 Question: Dans les quelques jours qui ont suivi, vous êtes-vous trouvé à
17 un certain moment dans la maison de Rugova lorsque vous avez reçu la
18 visite de Nikola Sainovic?
19 Réponse: Oui.
20 Question: Etait-ce la première fois que vous rencontriez cet homme-là?
21 Etait-ce la première fois?
22 Réponse: C'était la première fois que cette personne venait dans la maison
23 de M. Rugova.
24 Question: Et ce jour-là était le 4 avril, n'est-ce pas? Vous rappelez-vous
25 si cela s'est passé le 4 avril ou à une autre date?
Page 5461
1 Réponse: Oui, cela s'est passé le 4 avril.
2 Question: Quel était le but de sa visite ce jour-là?
3 Réponse: Il est venu, sans aucun doute, sur ordre de l'accusé pour qu'ait
4 lieu une poursuite de la rencontre précédente et pour qu'un article puisse
5 être publié dans la presse, afin de créer l'illusion qu'un "processus
6 politique" était soi-disant en cours.
7 Question: Y a-t-il eu publication d'un article dans la presse, oui ou non,
8 ce jour-là?
9 Réponse: Je ne crois pas.
10 Question: Quelque chose s'est-il passé le lendemain? Y a-t-il eu une
11 rencontre le lendemain?
12 Réponse: Le 5 avril, ils ont fait venir l'ambassadeur russe, et une
13 rencontre s'est tenue. Ce qu'on peut dire, c'est que le sujet de cette
14 réunion était implicite: nous demandions à être libérés, et nous avons
15 prié l'ambassadeur russe d'utiliser l'influence qu'il avait auprès de
16 l'accusé pour obtenir notre liberté. Cette rencontre a été suivie par les
17 médias contrôlés par le régime. Et lors d'une rencontre avec les
18 journalistes, le journaliste du "Spiegel" qui était dans la maison avec
19 nous a été prié de partir.
20 Question: Vous dites "ils", mais qui est-ce qui a dirigé cette visite?
21 Réponse: Cette visite a été organisée par des hommes dont j'ai déjà donné
22 le nom, et elle a réuni M. Rugova et l'ambassadeur russe.
23 Question: Vous parlez d'hommes que vous avez déjà mentionnés mais qui,
24 représentant les autorités serbes, est venu ce jour-là, en particulier?
25 Réponse: Sur le plan politique, c'est Sainovic, l'accusé Sainovic, qui
Page 5462
1 dirigeait tout cela principalement. Ainsi que Ljuba Joksic qui
2 représentait les services de sécurité.
3 Question: Sainovic, ce jour-là, semblait-il être autorisé à agir par lui-
4 même ou vous paraissait-il qu'il devait en référer à ses supérieurs?
5 Réponse: Je considère que cette personne était un simple délégué,
6 entièrement sous les ordres de l'accusé et inapte à prendre la moindre
7 décision par lui-même.
8 Question: Sur quoi fondez-vous votre opinion? Sur quelque chose qui a été
9 dit ou fait?
10 Réponse: Je dis cela parce que chaque fois qu'une réunion était organisée,
11 je lui disais: "Vous êtes le vice-Président du Gouvernement yougoslave, et
12 vous pourriez donc décider de me libérer". Mais jamais il n'était capable
13 de répondre à cette demande. Dans des situations de ce genre, il
14 disparaissait plusieurs jours d'affilée.
15 Question: Vous a-t-il jamais dit qui avait la moindre autorité, si ce
16 n'était pas lui? A qui, par exemple, il devait en référer?
17 Réponse: Oui, à un certain moment, il a dit qu'une décision serait prise
18 dans un jour ou deux, et il a ajouté: "Je vous la communiquerai cette
19 décision".
20 Question: Cela s'est passé donc le 5 avril. Quand, par la suite, avez-vous
21 revu Sainovic?
22 Réponse: J'ai rencontré Sainovic à plusieurs reprises séparées par un
23 certain laps de temps. Je ne me rappelle pas maintenant quelle était la
24 date de la réunion suivante. Mais il y a eu une réunion avec Milutinovic à
25 Belgrade également.
Page 5463
1 Question: Quand à peu près et par qui cette rencontre a-t-elle été
2 organisée?
3 Réponse: Cette rencontre a été organisée, contre notre gré, par Sainovic
4 et un représentant de la sécurité de l'Etat, au téléphone, avec l'aide de
5 visites répétées de leur part. Mais nous avons toujours dit et redit que
6 nous n'étions pas prêts à accepter de telles réunions. Mais nous
7 subissions des scénarios très particuliers la nuit, avec des coups de feu
8 qui étaient tirés en direction des balcons et des fenêtres durant la nuit.
9 C'était une façon de faire pression sur nous pour que nous acceptions de
10 telles rencontres.
11 Question: Pouvez-vous nous donner la date de la rencontre avec
12 Milutinovic?
13 Réponse: Elle a eu lieu le 28 avril.
14 Question: (Inaudible.)
15 Réponse: Pourriez-vous répéter votre question?
16 Question: Est-ce la seule rencontre que vous avez eue avec Milutinovic?
17 Réponse: Non, il y a eu une première rencontre avec lui à Belgrade et une
18 deuxième à Pristina.
19 Question: Pouvez-vous nous donner la date de la première rencontre avec
20 lui à Belgrade?
21 Réponse: Je ne me rappelle pas exactement.
22 Question: Je vois que vous avez un document sous les yeux, je ne m'en
23 étais pas rendu compte. Quel est ce document?
24 Réponse: Excusez-moi, la deuxième rencontre a eu lieu le 28, et la
25 première doit avoir eu lieu au environ du 20 avril.
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1 Question: Lors de la première rencontre, quelle a été l'attitude de
2 Milutinovic à votre égard? Qu'est-ce qu'il voulait? Que souhaitait-il vous
3 dire?
4 Réponse: Cette rencontre a eu lieu à Belgrade. Les débats se sont
5 concentrés sur des questions très terre-à-terre car il était entendu de
6 façon générale que ce que l'on appelait "un processus politique" ne menait
7 nulle part, et nous ne cessions de répéter jour après jour que nous
8 voulions être relâchés, remis en liberté. Quant à eux, ils répondaient
9 que, puisque Rugova n'avait aucun de ces proches collaborateurs près de
10 lui, il autoriserait Merovci à se rendre à Skopje pour communiquer avec
11 les membres de l'entourage de Rugova. Car des conditions de travail
12 normales n'existaient pas dans une telle situation. Et nous répondions que
13 nous n'étions pas favorables à cette proposition, nous l'avions fait
14 depuis le début.
15 Question: Revenons brièvement sur la première rencontre; un point ou deux
16 à préciser. Quelque chose a-t-il été dit par vous ou par Milutinovic lors
17 de cette rencontre? Ou plutôt excusez-moi, vous-même ou Sainovic avez-vous
18 dit quelque chose lors de cette rencontre ou au moment de cette rencontre
19 au sujet de votre statut de prisonnier?
20 Réponse: J'ai des preuves à l'appui de cela. A ce moment-là c'était la
21 deuxième rencontre à Pristina.
22 Question: Je pense...
23 Réponse: Je pourrais paraphraser.
24 Question: Excusez-moi, c'est ma faute. Revenons sur ma question: Sainovic
25 a-t-il dit quelque chose au sujet du fait que vous étiez en état
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1 d'arrestation ou au sujet de votre statut, de façon générale?
2 Réponse: Il n'a pas parlé de notre statut, mais il a dit à plusieurs
3 reprises que nous étions libres, tout en insistant sur le fait que nous
4 devions obéir à ce qu'il demandait. Nous avons demandé qu'il n'y ait pas
5 d'incident dans la soirée, parce que cela effrayait les enfants.
6 Question: Très bien. Je vais passer à autre chose. Pouvez-vous citer une
7 date pour votre voyage à Skopje sous escorte policière?
8 Réponse: Oui.
9 Question: Qui avez-vous rencontré à Skopje?
10 Réponse: Je suis allé à Skopje contre mon gré mais j'y suis allé, et j'ai
11 d'abord rencontré un certain nombre de diplomates étrangers: l'ambassadeur
12 Hill, l'ambassadeur Huntzinger, j'ai rencontré l'ambassadeur Walker,
13 l'ambassadeur Petric. J'ai rencontré également M. Cook, le secrétaire
14 d'Etat adjoint chargé des droits de l'homme.
15 M. Nice (interprétation): Ensuite, vous êtes retourné au Kosovo, et c'est
16 là que s'est produite votre deuxième rencontre avec Milutinovic à la fin
17 du moi d'avril?
18 M. Merovci (interprétation): Oui, j'y suis revenu le 21, après deux ou
19 trois jours; et j'étais le seul Albanais à pénétrer au Kosovo à ce moment-
20 là. Pendant mon séjour à Skopje, j'ai également fourni pas mal
21 d'interviews que j'ai en ma possession ici.
22 M. le Président (interprétation): Je vous prie de prêter attention aux
23 questions qui vous sont posées et de répondre à ces questions.
24 M. Nice (interprétation): Milutinovic était venu de Belgrade, je crois,
25 pour cette rencontre?
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1 M. Merovci (interprétation): Oui, pour cette rencontre du 28 avril qui,
2 une nouvelle fois, a été organisée à Pristina contre notre gré.
3 Question: Voyait-on à Pristina des maisons endommagées?
4 Réponse: A ce moment-là Pristina était un lieu très mystérieux. On ne
5 voyait personne dans la rue, hormis des gens qui portaient des uniformes
6 militaires ou des paramilitaires et des forces policières. Et tous les
7 magasins et commerces albanais étaient détruits.
8 Question: Milutinovic a-t-il parlé de ces bâtiments endommagés que chacun
9 pouvait voir, et lui avez-vous parlé de ce qui était en train de se
10 passer?
11 Réponse: Lors des rencontres que j'ai eues avec lui, j'ai personnellement
12 exprimé mon indignation par rapport à ce qui était en train de se passer.
13 Je lui ai dit qu'il s'agissait d'une catastrophe humanitaire, que des
14 personnes étaient déplacées en grand nombre sous la pression de la police
15 et de l'armée, et que des actes de destructions atroces avaient été
16 commis. J'ai demandé que nous soyons immédiatement remis en liberté et
17 j'ai fait appel à lui en tant que Président du Gouvernement serbe, en
18 exigeant notre libération immédiate et le retour à la paix.
19 Milutinovic a répondu qu'il nous communiquerait sa réponse dans un délai
20 de 24 heures, et de fait, nous avons effectivement reçu une réponse deux
21 jours plus tard.
22 Question: Quelle a été la réponse?
23 Réponse: La réponse a été qu'il nous fallait aller à Belgrade pour
24 discuter de la question et obtenir un accord de la part de l'accusé.
25 Question: Passons à autre chose maintenant. En mai 1999,est-ce qu'il y a
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1 eu une réunion organisée par Joksic à Belgrade, lors de laquelle vous avez
2 rencontré Sainovic?
3 Réponse: Le 4 mai, nous avons rencontré les personnes que vous avez
4 mentionnées et l'accusé. Il s'agissait là d'une réunion très brève et
5 formelle, et nous avons été informés du fait que nous allions partir pour
6 l'Italie. Mais le ton était plutôt menaçant. On nous a demandé de laisser
7 nos familles; nous n'avons pas voulu accepter cela et le lendemain la
8 famille de Rugova était amenée et nous sommes partis pour l'Italie.
9 Question: Est-ce que vous avez parlé aux autres lors de cette brève
10 réunion concernant Racak?
11 Réponse: A un moment, l'accusé Sainovic, au cours de sa visite désagréable
12 à la maison, a eu la possibilité de parler de plusieurs sujets et je lui
13 ai dit: "On mentionne votre nom de manière défavorable à l'égard du
14 massacre de Racak, et peut-être un jour des charges seront portées contre
15 vous."
16 Et lui, il a dit qu'encore une fois il s'agissait là d'un jeu joué par
17 Walker. Ceci a, tout de suite, été rendu public par les médias, et ceci a
18 été cité comme preuve que les ordres de cette personne étaient derrière le
19 massacre de Racak.
20 Question: Juste quelques autres détails concernant le paragraphe 44. Avant
21 le 24 mars, jour du début des bombardements, est-ce que des signes
22 différents ont été placés sur des maisons, d'une manière ou d'une autre?
23 Réponse: Oui, parfois des appartements étaient des appartements
24 appartenant aux Albanais mais occupés par des policiers, des soldats
25 serbes. Et à ce moment-là, chaque Serbe capable de porter des armes a été
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1 mobilisé. Et il n'y avait pas un seul Serbe au Kosovo ou à Pristina qui
2 n'avait pas été mobilisé. Et ces hommes-là ont été placés dans des
3 appartements albanais avec des signes à l'extérieur indiquant: "Ceci est
4 un appartement du MUP". Pour prouver cela, je peux vous dire que parfois
5 des familles albanaises qui n'étaient pas capables de se déplacer ont
6 utilisé, ont eu recours à ce truquage afin de se sauver et de ne pas être
7 expulsées par la police.
8 Question: Est-ce qu'à l'époque, des rumeurs circulaient concernant ce qui
9 était arrivé au Dr Rugova, des rumeurs pas forcément conformes à la
10 vérité?
11 M. Merovci (interprétation): Oui. Quelque temps plus tôt, des rumeurs
12 circulaient comme quoi Rugova avait été tué et que sa maison était
13 occupée. Comme vous le savez, ceci a été mentionné; même lorsque M. Rugova
14 a déposé, il y avait un pamphlet extrêmement défavorable qui circulait et
15 ceci avait été prétendument signé par lui. Je peux vous dire qu'avant que
16 ce pamphlet n'ait apparu et commencé à circuler, M. Rugova a rendu public
17 un communiqué de presse avec deux journalistes de "Der Spiegel", et il a
18 accordé une interview en faisant appel aux Albanais de ne pas quitter le
19 Kosovo. Et ceci conteste le contenu du pamphlet en question.
20 M. Nice (interprétation): Ceci est la fin de mon interrogatoire principal
21 de ce témoin. Et je serais reconnaissant si je pouvais disposer d'une
22 minute pour expliquer encore un certain nombre de points concernant le
23 témoin préalable et j'aimerais le faire avant la fin de la matinée.
24 M. le Président (interprétation): Est-ce que vous voulez commencer demain,
25 Monsieur Milosevic?
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1 M. Milosevic (interprétation): Eh bien, compte tenu du fait qu'il nous
2 reste encore sept minutes, je ne souhaite pas les perdre parce que je
3 suppose que, de toutes façons, vous les calculeriez contre moi.
4 M. le Président (interprétation): Très bien.
5 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Adnan Merovci, par l'accusé M.
6 Milosevic.)
7 M. Milosevic (interprétation): Avant de traiter de cette déposition, je
8 souhaite poser une question concernant le texte du compte rendu de la
9 conversation avec Adnan Merovci à Rome que j'ai reçu de la partie adverse
10 et le numéro est 03014582.
11 Dans la traduction serbe à la page 3, nous pouvons lire une seule phrase
12 que je vais citer. Avant cela, dans le même paragraphe, il est écrit qu'à
13 Pristina, ils étaient en train de prendre en considération la question du
14 départ, qu'il leur a été dit qu'ils allaient partir, que les familles
15 allaient partir séparément pour qu'ils ne soient pas reçus comme réfugiés.
16 Puis il y a d'autres explications fournies à Pristina.
17 Et puis, il y a la phrase suivante: "Lors de la réunion dernière avec
18 Milosevic, Merovci a commencé à parler de cette question devant Milosevic
19 en disant que les familles devaient partir avec lui et avec le Dr Rugova",
20 et Milosevic a répondu que c'était acceptable.
21 Donc, Monsieur Merovci, est-ce que les choses se sont passées ainsi?
22 M. Merovci (interprétation): Non.
23 M. Milosevic (interprétation): Mais ceci est écrit dans cette note que le
24 Bureau du Procureur m'a fournie concernant le compte rendu de votre
25 conversation, de votre déclaration faite à Rome.
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1 M. le Président (interprétation): Peu importe. Si le compte rendu ou les
2 notes vous ont été fournis par le Procureur ou pas, le témoin conteste que
3 ceci a été dit.
4 M. Milosevic (interprétation): Et est-ce que vous pourriez dans ce cas-là
5 me dire quel a été l'objet de la conversation quand vous êtes venu me voir
6 à Belgrade, si ce n'était le départ de vous et de M. Rugova? De quoi
7 avons-nous parlé si ce n'était pas de cela?
8 M. Merovci (interprétation): Comme je l'ai déjà dit, j'ai déjà fourni
9 cette explication.
10 Question: Oui, mais je vous pose la question et je vais la préciser. Est-
11 ce que lors de cette dernière réunion il était question d'autres choses
12 que du départ de Rugova et de sa famille, et aussi bien sûr votre famille,
13 bien sûr de Kosovo et Metohija?
14 Réponse: Comme je l'ai déjà dit, nous n'avons discuté de rien d'autre que
15 la tentative de séparer Rugova et moi-même de nos familles et du fait que
16 nous avions une réaction ferme face à cela. C'est tout ce que j'ai à dit
17 dire.
18 M. Milosevic (interprétation): Attendez, je veux que les choses soient
19 claires. Est-ce que l'objet de la réunion était quoi que soit d'autre que
20 votre demande de quitter le Kosovo où vous ne vous sentiez pas en
21 sécurité?
22 M. Merovci (interprétation): Nous avions demandé préalablement, et
23 Milutinovic nous avait informé du fait que nous devions aller à Belgrade
24 pour discuter de cela avec vous. Nous sommes arrivés et, comme je l'ai
25 déjà dit, il est arrivé ce qui est arrivé.
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1 M. le Président (interprétation): Oui, mais est-ce que d'autres sujets ont
2 fait l'objet de la discussion? C'était ça la question.
3 M. Merovci (interprétation): Non.
4 M. Milosevic (interprétation): Vous êtes simplement venu afin de discuter
5 du fait que vous ou plutôt Rugova et vous qui l'accompagnez, souhaitiez
6 quitter le Kosovo et Metohija, parce que vous ne vous sentiez pas en
7 sécurité là-bas. C'était l'unique objet de la discussion, n'est-ce pas?
8 M. le Président (interprétation): Oui, le témoin l'a déjà dit. Plutôt que
9 de se répéter, nous allons interrompre l'audience puisqu'il est temps de
10 terminer nos travaux aujourd'hui.
11 Monsieur Merovci, veuillez revenir demain matin à 9 heures pour terminer
12 votre déposition et, pendant cette suspension d'audience, veuillez ne
13 parler avec personne du contenu de votre déposition, y compris les membres
14 du Bureau du Procureur.
15 M. Merovci (interprétation): Oui.
16 M. le Président (interprétation): Merci.
17 (Le témoin, M. Adnan Merovci, est reconduit hors du prétoire.)
18 (Questions relatives à la procédure.)
19 M. Nice (interprétation): S'agissant du témoin préalable, notre position
20 est la suivante: les mesures de protection étaient demandées le 14
21 novembre, compte tenu de la sécurité et de la sûreté du témoin. Je pense
22 que ceci a été fait à cause du risque éventuel lié à ses contacts avec un
23 certain nombre d'individus mentionnés ici.
24 Ces mesures de protection ont été accordées par la Chambre de première
25 instance. Et par la suite, la Chambre nous a demandé de donner plus de
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1 précisions lorsque nous demandons des mesures de protection. Si je me
2 souviens bien, nous avons recontacté tous les témoins et c'est pour cela
3 que, le 15 mars, nous avons soumis une requête où, dans la première note
4 en bas de page, il a été expliqué que ce témoin et un autre témoin
5 n'allaient plus demander les mesures de protection et qu'ils allaient
6 déposer en séance publique.
7 Donc nous étions tout simplement prudent et le témoin a eu raison
8 lorsqu'il a dit qu'il n'a pas demandé des mesures de protection lui-même.
9 M. le Président (interprétation): Très bien. Nous allons suspendre
10 l'audience.
11 (L'audience est levée à 13 heures 45.)
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