Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 (Lundi 10 juin 2002.)

2 (L'audience est ouverte à 9 heures 02.)

3 (Audience publique.)

4 (Questions relatives à la procédure.)

5 M. le Président (interprétation): Veuillez vous asseoir.

6 Oui, Monsieur Nice.

7 M. Nice (interprétation): Avant que le Témoin K6 ne vienne déposer, il y a

8 un certain nombre de choses que je dois évoquer en séance privée avec

9 votre permission mais cela ne prendra pas très longtemps. J'ai une ou deux

10 questions également en audience publique. Sommes-nous à huis clos partiel?

11 Oui? Si la Cour en est d'accord.

12 (Huis clos partiel à 9 heures 02.)

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15 (Audience publique à 9 heures 25.)

16 M. Nice (interprétation): Maintenant que nous sommes en audience publique,

17 Monsieur le Président, Monsieur le Président, je voudrais informer les

18 juristes qui fonctionnent comme associés de l'accusé. J'ai essayé de les

19 contacter par téléphone pendant le week-end sans succès. Peut-être n'ai-je

20 pas le bon de numéro, peut-être que ce numéro ne fonctionnait pas.

21 J'espère donc qu'ils pourront me voir ou voir un de nos assistants pour

22 que moi ou M. Shin nous puissions leur donner tous les détails dont ils

23 ont besoin.

24 Sur la question des associés de l'accusé, pourrais-je parler de l'Article

25 68 du Règlement pour les dispositions concernant les documents à décharge,

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1 la fourniture de ces documents? A cause de la manière dont nous avons

2 traité l'Article 68, sur une base sélective, il est très important que

3 cette question soit toujours présente à notre esprit.

4 Je vais également avoir un autre examen très précis sur une autre question

5 et je voudrais demander aux amici de faire les contributions qu'ils

6 pourraient vouloir faire en ce qui concerne toute préoccupation qu'ils

7 pourraient avoir à ce sujet, et même peut-être de participer à une réunion

8 avec nous pour être sûrs que rien n'est oublié. Je serai tout à fait prêt

9 à inviter les associés de l'accusé à faire de même avec moi ou mes

10 collègues pour discuter des dispositions de l'Article 68 et voir comment

11 nous pouvons être sûrs qu'il sera procédé de façon satisfaisante.

12 Comme je l'ai dit, ce serait quelque chose qui serait pour la semaine

13 prochaine. Je crois que c'est tout ce qu'il y a comme question présente.

14 Il y a quelques autres questions.

15 M. le Président (interprétation): Oui, alors venons-en à la question du

16 témoin.

17 Monsieur Nice, nous avons le résumé, nous vous en sommes reconnaissants.

18 Vu les contraintes de temps et vu qu'une bonne partie de ces dépositions a

19 trait à la période qui nous intéresse normalement, peut-être qu'on

20 pourrait entendre le témoin assez rapidement?

21 M. Nice (interprétation): Est-ce qu'on pourrait descendre les stores avant

22 l'arrivée du témoin?

23 (Intervention de l'huissier.)

24 (Audience publique avec mesures de protection.)

25 (Les Juges se concertent sur le siège.)

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1 (Le témoin K6 est introduit dans le prétoire à 9 heures 30.)

2 M. le Président (interprétation): Que le témoin prononce la déclaration

3 solennelle!

4 Témoin K6 (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

5 vérité, toute la vérité et que rien que la vérité.

6 M. le Président (interprétation): Vous pouvez vous asseoir, Monsieur.

7 (Les stores sont remontés.)

8 M. Nice (interprétation): Je demanderai que l'on montre à ce témoin une

9 feuille de papier sur laquelle figureront ses nom et prénom.

10 (Intervention de l'huissier.)

11 Peut-être ce document n'a-t-il pas encore été fourni au Greffe?

12 Monsieur le Témoin, je vous demanderai de simplement lire ce qui est écrit

13 sur ce morceau de papier, de le lire à voix basse et de nous dire "oui" si

14 les nom et prénom inscrits sont bien les vôtres.

15 Témoin K6 (interprétation): Oui.

16 M. Nice (interprétation): Je demande le versement au dossier de ce morceau

17 de papier. Ce n'est peut-être pas le meilleur morceau de papier pour ce

18 genre de versement: il faudra peut-être le recopier sur une feuille plus

19 convenable, mais je demande le versement au dossier et l'affectation d'une

20 cote.

21 Mme Ameerali (interprétation): Pièce à conviction de l'accusation n°218.

22 M. Nice (interprétation): Monsieur le Président, ce témoin témoigne avec

23 certaines mesures de protection: déformation des traits du visage à

24 l'écran et octroi d'un pseudonyme. Et il m'arrivera de temps en temps de

25 demander des huis-clos partiels. Bien sûr, le moins souvent possible et le

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1 plus bref possible. Pour le premier paragraphe qui traite de son passé et

2 du contexte, je demande un huis clos partiel. Ensuite, nous n'en aurons

3 plus que pour quelques minutes avant de revenir en public.

4 M. le Président (interprétation): Avant de passer à huis clos partiel,

5 j'aimerais indiquer à l'intention des personnes qui se trouvent dans la

6 galerie du public, ou ailleurs, que toute publication du nom de ce témoin

7 constituera un outrage au Tribunal et sera traité comme tel.

8 Monsieur Nice, vous avez la parole.

9 (Huis clos partiel à 9 heures 33.)

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10 (Audience publique avec mesures de protection à 9 heures 35.)

11 M. Milosevic (interprétation): J'ai une objection à faire car le seul nom

12 qui a été mentionné par la partie adverse est le nom de Milosevic.

13 J'aimerais savoir si, d'après le témoin, il s'agit d'un de mes parents ou

14 pas?

15 M. Nice (interprétation): Ceci doit se traiter à huis clos partiel.

16 M. le Président (interprétation): Oui, nous repensons à huis clos partiel.

17 (Huis clos partiel à 9 heures 36.)

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12 (Audience publique avec mesures de protection à 9 heures 37.)

13 M. Milosevic (interprétation): (Le micro est coupé.)

14 M. Nice (interprétation): Monsieur K6, je crois que vous pouvez nous aider

15 s'agissant de la situation du MUP au Kosovo dans les années 1990, n'est-ce

16 pas?

17 Témoin K6 (interprétation): Oui, c'est exact.

18 Question: L'expérience que vous avez vécue vient des services de sécurité

19 de l'Etat et pas de la partie publique du MUP. Donc, vous préférez traiter

20 de cette partie du MUP qui s'occupait de la sécurité de l'Etat plutôt que

21 de la partie publique du MUP, n'est-ce pas?

22 Réponse: Exact.

23 Question: La partie du MUP chargée de la sécurité de l'Etat au Kosovo

24 était-elle divisée en un certain nombre de divisions ou de secteurs?

25 Réponse: Oui.

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1 M. Nice (interprétation): Monsieur le Président, nous pouvons demander le

2 versement au dossier de deux pièces à conviction. Je vous prie de

3 m'excuser pour le fait que des amendements ont dû y être ajoutés à la

4 main. Mais je me suis rendu compte ce matin que ces annotations sont en

5 anglais et ne peuvent donc être d'une grande utilité pour le témoin qui ne

6 comprend pas cette langue.

7 Donc, ces pièces à conviction originales qui ont suivi la procédure

8 normale, en vigueur dans cette institution, ont été amendées par ajout de

9 traduction manuscrite. Et en temps utile, elles seront ré-enregistrées. Il

10 ne devrait y en avoir que deux.

11 La première traite des activités du MUP public, soit la police, donc nous

12 ne nous en servirons pas. Je le retire donc. Excusez-moi.

13 (Intervention de l'assistante de la Greffière.)

14 (Les documents sont remis au banc des Juges et aux amici curiae.)

15 Mme Ameerali (interprétation): Pièces à conviction 219 et 220.

16 M. Nice (interprétation): Je demanderai que l'une de ces pièces soit à

17 présent placée sur le rétroprojecteur. Celle-ci pour commencer, je suis en

18 train de vous la tendre, Madame.

19 (Intervention de l'huissier.)

20 C'est celle que je souhaite voir sur le rétroprojecteur. Ce sera quelle

21 pièce?

22 Mme Ameerali (interprétation): Ce sera la pièce à conviction 219 de

23 l'accusation.

24 M. Nice (interprétation): Merci beaucoup.

25 Monsieur le Témoin, je vous demande si ce document présente correctement

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1 la structure des détachements chargés de la sécurité de l'Etat au Kosovo

2 en 1998?

3 Témoin K6 (interprétation): Oui.

4 Question: Nous voyons que tout en haut de cet organigramme, il y a une

5 fenêtre qui comporte trois noms dont le premier est David Gajic.

6 Réponse: Oui.

7 Question: Dans cette même case ou plutôt dans les différentes cases de cet

8 organigramme, nous voyons les différents détachements chargés de Pristina,

9 de Pec, de Kosovska-Mitrovica, d'Urosevac, de Prizren. Mais si nous nous

10 attachons à Pristina, nous voyons que ce détachement est lui-même divisé

11 en cinq autres détachements chargés de Podujevo, Glogovac, Obilic, Kosovo

12 Polje et Lipjan, et sous le contrôle de Lufti Ajazi. C'est bien cela?

13 Réponse: Oui.

14 Question: Passons maintenant à la pièce 220. Est-ce que cet autre document

15 indique quelles sont les sous-divisions des services de la sécurité de

16 l'Etat en 1998?

17 Réponse: Oui.

18 Question: Les secteurs qui constituaient la structure des services de

19 sécurité de l'Etat sont numérotés. Nous voyons huit secteurs. Quel était

20 le secteur qui correspondait à vous?

21 Réponse: Le n°8.

22 Question: Pouvez-vous nous dire, je vous prie, ce que le 8e Secteur des

23 services de sécurité de l'Etat faisait entre la période allant de 1995 à

24 la fin des années 90.

25 Réponse: Depuis 1995 à la fin des années 90, et notamment en 1998, le

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1 travail principal de ce secteur consistait à enquêter sur l'identité de

2 personnes liées au terrorisme et à enquêter sur les personnes qui

3 travaillaient dans le système dirigé par l'accusé. La personne chargée de

4 ce secteur était la personne dont le nom figure sur ce document alors que

5 moi, j'étais chargé des activités pratiques.

6 Question: Vous dites que ce secteur s'occupait des personnes qui

7 travaillaient contre le système. Ce secteur a-t-il jamais dû s'occuper de

8 ce qu'il est convenu d'appeler "les crimes politiques" ou quelque chose de

9 ce genre?

10 Réponse: Uniquement des crimes politiques liés au terrorisme. Mon travail

11 consistait à détecter le terrorisme, comme par exemple la création de

12 l'UCK, l'apparition de l'UCK.

13 Question: Nous voyons à la lecture de cet organigramme que David Gajic

14 était à la tête de cette structure. Où était-il basé?

15 Réponse: Il était basé à Pristina, et son travail consistait à coordonner

16 la sécurité sur le territoire du Kosovo. Donc en l'absence d'une

17 autorisation venant de lui, il était impossible d'entreprendre quelque

18 action que ce soit, en quelque lieu que ce soit, au Kosovo.

19 Question: Qui étaient les personnes qui avaient un contrôle plus local sur

20 les opérations de sécurité de l'Etat à Pristina?

21 Réponse: Les noms de ces personnes figurent dans l'organigramme. Je crois

22 que l'accusé est en mesure de les voir lui aussi.

23 Si vous voulez, vous pouvez augmenter le volume du micro.

24 Question: Y avait-il un certain Lakovic qui jouait un rôle? Son nom figure

25 peut-être sur le document d'ailleurs, mais je vous demande s'il avait un

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1 rôle particulier.

2 Réponse: Milan Lakovic ou "Misku".

3 Question: Quel était son rôle?

4 Réponse: "Misku" était son pseudonyme.

5 Question: Quel était son rôle?

6 Réponse: Il dirigeait le quartier général de la sécurité de l'Etat à

7 Pristina et donnait des directives. Sa responsabilité particulière était

8 de faire fonctionner le secteur.

9 Question: Merci. Et Lufti Ajazi, quel était son rôle?

10 Réponse: Lufti Ajazi était plus particulièrement responsable des

11 détachements de Pristina; il servait de conseiller à "Misku".

12 Question: Merci. Dans quelle mesure le Kosovo fonctionnait-il de façon

13 disons autonome, sous la direction de David Gajic, à moins qu'il n'ait eu

14 à en référer ailleurs? Et si oui, dans quelle mesure devait-il le faire?

15 Réponse: Tout ce qui se situait en haut était sous le contrôle de David

16 Gajic. Quant à lui, il devait rendre compte à des sources de très haut

17 niveau à Belgrade.

18 Question: Répondez simplement par oui ou par non: savez-vous à quelle

19 source il devait en référer, à quelle personne il devait en référer à

20 Belgrade?

21 Réponse: Oui.

22 Question: Comment avez-vous appris l'identité des personnes à qui il

23 devait en référer et dans quelle période avez-vous acquis ce

24 renseignement?

25 Réponse: Tout le monde était au courant de cela. Tous les renseignements

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1 relatifs au Kosovo étaient adressés à Stanisic et l'accusé connaît bien

2 sûr très bien Stanisic. Je peux vous garantir que l'accusé était très bien

3 informé de tout, jusqu'au plus petit détail, s'agissant de la situation

4 qui régnait au Kosovo du point de vue de la sécurité de l'Etat. Et il

5 l'était par l'intermédiaire de Stanisic qui lui-même l'était par David

6 Gajic et par Lakovic.

7 Question: Merci. Y avait-il des unités de la police connues sous le nom

8 "d'unités spéciales de la police", ou dont on pensait qu'il s'agissait

9 d'unités spéciales de la police?

10 Réponse: La sécurité de l'Etat avait ses propres unités spéciales qui

11 intervenaient dans des matières liées à la sécurité de l'Etat. Donc ces

12 unités existaient.

13 Question: Et avaient-elles une base locale ou pas?

14 Réponse: La base principale de ces unités était à Belgrade, mais ces

15 unités avaient également une base au Kosovo.

16 Question: Quand elles sont arrivées au Kosovo, qui a organisé leurs

17 déplacements?

18 Réponse: Leurs déplacements ont été organisés par Zoran Dragovic, qui

19 travaillait sous le commandement d'autres personnes.

20 Question: Pendant cette période où vous avez travaillé pour la sécurité de

21 l'Etat, avez-vous vu, à quelque moment que ce soit, des opérations menées

22 conjointement entre ces unités et l'armée?

23 Réponse: Il y a eu des actions concrètes, mais sans leur coopération.

24 Question: Y a-t-il eu des opérations au cours desquelles il y a eu

25 coopération entre ces deux forces?

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1 Réponse: Non, il n'y a concrètement pas eu coopération entre ces deux

2 forces parce que ces unités spéciales étaient des unités secrètes qui

3 travaillaient en secret pour les services de sécurité de l'Etat.

4 Question: Parlez-nous de ces unités spéciales, secrètes qui travaillaient

5 pour les services de sécurité de l'Etat. Certaines d'entre elles avaient-

6 elles un nom, un titre ou autre chose qui eût permis de les identifier?

7 Réponse: Il y avait une unité spéciale appelée "Crvene Beretke", les

8 "Bérets rouges", dont la base se trouvait à Belgrade en Serbie.

9 Question: Ces unités opéraient-elles de temps en temps au Kosovo?

10 Réponse: Normalement, oui.

11 Question: Par qui étaient-elles dirigées lorsqu'elles opéraient sur le

12 territoire du Kosovo?

13 Réponse: Par Zoran Dragovic; je crois qu'il en est fait état un peu plus

14 loin dans le texte.

15 Question: Ces unités avaient-elles un autre dirigeant connu à l'époque?

16 Réponse: A Belgrade, oui. Le commandant de ces unités était à Belgrade,

17 oui, mais nous n'avions pas beaucoup de liens avec ces unités. Zeka les

18 connaissait beaucoup mieux.

19 Question: Quelles sont les opérations dont vous savez qu'elles ont été

20 menées par les Bérets rouges, de façon générale, au Kosovo?

21 Réponse: L'action des Bérets rouges se concentrait sur la lutte

22 antiterroriste. Ils appelaient cela du terrorisme, mais je peux vous

23 assurer que les Bérets rouges, eux-mêmes, commettaient des actes de

24 terrorisme, c'est-à-dire qu'au lieu d'éliminer le terrorisme, ils

25 commettaient des actes de terrorisme.

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1 M. Nice (interprétation): Nous allons maintenant demander un huis clos

2 partiel. Les Juges comprendront pourquoi au vu du passage concerné.

3 Témoin K6 (interprétation): Très bien.

4 (Huis clos partiel à 9 heures 57.)

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8 (Audience publique avec mesures de protection à 10 heures 03.)

9 M. le Président (interprétation): Nous avancerons plus vite, Monsieur

10 Milosevic, si vous ne nous interrompez pas. Allez-y.

11 M. Nice (interprétation): Nous allons passer à un autre sujet à présent.

12 Avez-vous appris de la part de vos supérieurs, notamment de la part de

13 "Misku" quoi que ce soit au sujet des Albanais, une prise de position par

14 rapport aux Albanais qui aurait pu influer sur la politique des services

15 de sécurité de l'Etat?

16 Témoin K6 (interprétation): Assez souvent, il est arrivé à "Misku" de dire

17 que tous ceux qui étaient d'accord avec la politique menée par l'accusé

18 n'avaient rien à chercher au Kosovo. Donc que le terrorisme et l'UCK

19 devaient être éradiqués. Comme je l'ai dit, c'était rien de caché. Il

20 dérangeait, il irritait les Albanais là-bas.

21 Question: Ce qu'on voit dans la transcription, Monsieur K6, c'est que vous

22 dites que toute personne qui était d'accord avec la politique menée par

23 l'accusé n'avait rien à chercher au Kosovo, n'avait pas sa place au

24 Kosovo. Ce n'est pas ce que vous aviez l'intention de dire, n'est-ce pas?

25 Réponse: Non, toute personne qui n'était pas d'accord avec la politique

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1 menée par l'accusé n'avait pas sa place au Kosovo. Donc ceux qui n'étaient

2 pas d'accord…

3 Question: Avez-vous entendu des déclarations publiques ou des déclarations

4 faites par des personnalités publiques qui reflétaient les positions de

5 "Misku" à l'époque ?

6 Réponse: Oui, il y en a eu un certain nombre. Oui.

7 Question: Pouvez-vous citer une personnalité publique, en particulier dans

8 les positions, qui était en conformité avec l'approche de "Misku"?

9 Réponse: Il y avait Jaksic, Dragovic et un certain nombre d'autres. Le

10 peuple serbe au Kosovo, dirai-je. Eh bien, ils étaient d'accord avec ce

11 genre de politique. Ils accordaient leur soutien à cette politique. C'est

12 pour cela que la situation n'a cessé d'empirer.

13 Question: Au sujet de Drenica, les services de sécurité de l'Etat avaient

14 accès à l'information au sujet de ce qui se passait dans la région de

15 Drenica et de Malisevo?

16 Réponse: La sécurité de l'Etat à l'époque où l'UCK s'est constituée à

17 partir du tout début, eh bien, était informée en détail concrètement,

18 informée de toutes opérations, de toutes bases qu'ils avaient. Je peux

19 vous en assurer. Je suis également sûr que l'accusé était au courant de

20 tous ces secrets.

21 Je peux vous assurer que l'accusé était informé en détail des activités de

22 l'UCK et de son entrée sur la scène.

23 Question: L'information que vous avez reçue ou que le service a reçue sur

24 Drenica, étaient-ce des informations qui provenaient d'informations

25 recueillies par des agents ou par des appareils d'écoute ou les deux?

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1 Réponse: Eh bien, nos sources étaient des individus par écrit et des

2 rapports oraux également, mais aussi des appareils qui étaient placés à

3 divers endroits. Donc nous avions des sources variées. Puis on les faisait

4 comparer afin d'avoir un résultat clair. Tout était placé sous le contrôle

5 de la sécurité de l'Etat.

6 M. Nice (interprétation): A votre sens, au milieu des années 90 jusqu'à la

7 fin des années 90, connaissiez-vous en profondeur l'UCK?

8 Témoin K6 (interprétation): Eh bien, l'UCK est apparu en tant qu'une

9 nécessité: parce qu'il y avait un système d'apartheid qui avait été mis en

10 place.

11 M. le Président (interprétation): Si je puis vous interrompre? Nous ne

12 souhaitons pas entrer dans une analyse politique. La question qui vous a

13 été posée était la question de savoir s'il y avait une infiltration

14 importante au sein de l'UCK. Pouvez-vous vous concentrer là-dessus, s'il

15 vous plaît?

16 Témoin K6 (interprétation): Oui.

17 M. Nice (interprétation): A quel point connaissiez-vous l'UCK à l'époque?

18 Par exemple, les effectifs de l'UCK, où ils étaient déployés, etc.? Ce

19 genre de choses?

20 Témoin K6 (interprétation): Ils étaient principalement concentrés à

21 Drenica, je veux dire l'UCK. Puis, une partie moins importante, mais qui

22 augmentait à partir de novembre 1996, eh bien, à partir de ce moment-là,

23 ils avaient environ 200 membres.

24 Question: Aurait-il était possible, à ce moment-là et par la suite,

25 d'entreprendre une action décisive à l'encontre de l'UCK, si la sécurité

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1 de l'Etat avait reçu l'instruction de le faire?

2 Réponse: Jusqu'à ce moment-là, tout aurait été possible et on les aurait

3 éliminés, j'en suis sûr. Mais la sécurité de l'Etat n'a pas reçu

4 l'autorisation d'entreprendre ce genre d'actions, à savoir d'éliminer

5 l'UCK.

6 Question: Savez-vous s'il y a eu des plans ou si l'on a cherché

7 l'autorisation d'éliminer l'UCK?

8 Réponse: Les plans visant à éliminer l'UCK, en particulier à Drenica, eh

9 bien, ils ont été faits à partir de 1991, mais vers 1996, 1997, 1998, il y

10 a eu des plans concrets. Lorsqu'il y a eu attaque sur Drenica, eh bien,

11 c'était sur la base de plans précis et concrets.

12 Question: Ces plans n'ont jamais été mis en oeuvre?

13 Réponse: Tous ces plans étaient présentés à Stanisic, en Serbie.

14 Question: A présent, je souhaite passer à la question de la justice. Qui

15 étaient les principaux juges qui travaillaient dans votre région, à cette

16 époque-là? Paragraphe 9 du résumé.

17 Réponse: Eh bien, il y en a eu trois ou quatre juges d'instruction. Le

18 principal, pour autant que je le sache, était un certain Marinkovic ou

19 Mirkovic.

20 Question: Vous rappelez-vous le prénom et le sexe de ce juge?

21 Réponse: Non, je ne me rappelle pas le prénom. Mais je crois que cela

22 figure par écrit quelque part.

23 Question: Etait-ce un homme ou une femme?

24 Réponse: Un homme, mais il y avait également une femme. Il y avait deux

25 juges en fait, un homme et une femme. Marinkovic était l'un d'eux,

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1 Marinkovic était une femme.

2 Question: De quelle manière fonctionnaient ces juges et, en particulier,

3 Mme la juge Marinkovic pour ce qui est de la sécurité de l'Etat? Comment

4 s'est-elle occupée de cela?

5 Réponse: Je peux vous assurer qu'elle a été impliquée. Les employés de la

6 sécurité de l'Etat apportaient de l'argent aux juges.

7 Question: Vous est-il arrivé de voir Mme la juge Marinkovic en présence de

8 quelqu'un qui a été considéré comme suspect d'avoir commis un crime?

9 Réponse: Pouvons-nous passer à huis clos partiel?

10 M. Nice (interprétation): Bien entendu. Il s'agit d'un individu ici, ceci

11 pourrait entraîner l'identification.

12 M. le Président (interprétation): Oui, nous passons à huis clos partiel.

13 (Huis clos partiel à 10 heures 15.)

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20 (Audience publique avec mesures de protection à 10 heures 19.)

21 M. Nice (interprétation): Merci.

22 Monsieur le Témoin K6, nous sommes en audience publique. Vous avez évoqué

23 l'activité et l'implication d'un groupe paramilitaire. Y avait-il un autre

24 groupe qui portait un nom et qui était mis en relation avec un homme

25 politique en particulier? Pouvez-vous nous en parler?

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1 Témoin K6 (interprétation): Il y avait un autre groupe qui opérait au

2 Kosovo. Je peux vous assurer qu'ils étaient en relations avec... En fait,

3 c'était le groupe d'Arkan, "les Tigres d'Arkan". Arkan est né au Kosovo,

4 pour autant que je le sache, il a vécu à Pristina. Sa mère se trouvait là,

5 c'était dans le quartier ou dans le voisinage de Ulpiana

6 Question: Connaissez-vous un autre groupe?

7 Réponse: Il y avait aussi les "gens de Seselj" et la "Main noire". Il y a

8 eu pas mal de groupes.

9 Question: Pouvez-vous décrire à la Chambre la manière dont agissaient ces

10 groupes spéciaux? Comment étaient-ils vêtus? Comment se comportaient-ils

11 dans des lieux publics? Quelle était leur attitude à l'égard des Albanais?

12 Réponse: Lorsqu'ils sont arrivés au Kosovo, ou plutôt quand ils venaient

13 au Kosovo, ils se comportaient d'une manière très hautaine, très

14 arrogante. On ne peut pas le décrire ni trouver de mots pour décrire cela.

15 Ils sont venus en se présentant comme des libérateurs du peuple serbe,

16 comme s'ils étaient venus sauver le peuple serbe. C'est comme cela qu'ils

17 se présentaient et ils se prenaient pour ça. Pour ce qui est des Albanais,

18 eh bien, les "gens d'Arkan" les ont terriblement maltraités. Ces gens se

19 comportaient de manière très arrogante et la population les redoutait

20 parce qu'ils se comportaient de cette manière.

21 Question: Comment étaient-ils vêtus? Comment étaient-ils armés?

22 Réponse: Généralement, ils portaient des vêtements noirs avec du vert et

23 ils portaient des insignes, des emblèmes particuliers, spéciaux sur leurs

24 vêtements. Ils avaient des armes automatiques, de marque très visible.

25 Puis ils avaient des jeeps, les meilleurs véhicules qu'on pouvait trouver.

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1 Ils se garaient devant les maisons des gens, en fait, dans les cours des

2 maisons albanaises.

3 Question: Et alors que se passait-il lorsqu'ils allaient dans des cafés,

4 des restaurants? Que faisaient-ils généralement?

5 Réponse: Lorsqu'ils allaient dans des restaurants, à Gllogovac par

6 exemple, une fois, les "gens d'Arkan" sont rentrés dans un restaurant

7 albanais et ils ont tout cassé. Leur comportement était atroce. Jamais

8 personne d'autre n'aurait pu s'autoriser ce genre de comportement. Et à

9 Gllogovac, dans ce restaurant, ils ont frappé des gens, ils ont battu des

10 gens. A Prishtina, par exemple, quand ils allaient au restaurant, ils ne

11 payaient pas, ils ne payaient pas leur addition; même dans un restaurant

12 serbe ils ne payaient pas.

13 Question: Vous avez parlé de "Bérets verts". Dites-nous si ces groupes

14 étaient basés sur place, ou bien est-ce qu'ils venaient occasionnellement

15 d'ailleurs? Et d'où venaient-ils?

16 Réponse: Comme je l'ai dit pour les "Bérets verts", eh bien ils étaient

17 basés en Serbie. De temps à autre, ils venaient au Kosovo, ils y restaient

18 pendant quelques jours pour mener à bien leurs opérations puis ils

19 revenaient en Serbie.

20 Question: Sur la base de votre travail avec la sécurité de l'Etat, savez-

21 vous d'où venaient les ordres en fonction desquels ces paramilitaires se

22 rendaient au Kosovo?

23 Réponse: Eh bien, les ordres destinés aux "Bérets verts" venaient de Zoran

24 Dragovic, mais il a travaillé avec deux autres personnes. C'était lui

25 néanmoins, vraisemblablement, qui était responsable de leur arrivée au

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1 Kosovo.

2 Question: Ce n'est pas tout à fait clair. Vous dites qu'il y avait deux

3 autres personnes ou deux autres groupes paramilitaires?

4 Réponse: Non, deux autres personnes que j'ai mentionnées, des services de

5 sécurité: les deux chefs de la sécurité de l'Etat. Ils ont travaillé avec

6 Zoran.

7 Question: Très bien.

8 Réponse: Et Zoran était la personne qui répondait devant leur chef.

9 Question: Vous savez qui décidait pour que les "Tigres d'Arkan" ou la

10 "Main noire" se rendent au Kosovo?

11 Réponse: Eh bien, c'était soit de leur propre initiative, soit parce que

12 la population locale les invitait à venir. Je ne me rappelle pas

13 l'existence d'ordres en particulier.

14 Question: Vous nous avez dit comment ils étaient vêtus. Quels étaient les

15 vêtements que portait votre unité au sein de la sécurité de l'Etat?

16 C'étaient des uniformes ou des vêtements civils?

17 Réponse: Des vêtements civils et il y avait des unités spéciales, si c'est

18 à cela que vous vous référez.

19 Question: Et quels uniformes portaient les unités spéciales?

20 Réponse: Les unités spéciales avaient des uniformes pendant qu'ils étaient

21 en mission. Autrement, ils étaient en civil.

22 Question: Pouvez-vous donc nous dire comment se présentaient ces uniformes

23 pendant qu'ils étaient en action?

24 Réponse: Oui. Ils étaient complètement en noir, ces uniformes étaient

25 noirs et les couvre-chefs étaient rouges. C'est pour cela qu'on les

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1 appelait "Bérets rouges" parce qu'ils portaient des bérets rouges.

2 Question: La sécurité de l'Etat, ainsi que ces unités spéciales, avaient

3 quel genre d'armement?

4 Réponse: La sécurité de l'Etat et les unités spéciales avaient les armes

5 les plus modernes qui existaient à l'époque: à canon court et long, des

6 Skorpio, des Eclairs et aussi des revolvers, des gilets pare-balles, qui

7 étaient de la meilleure qualité, accessibles ou trouvables à l'époque.

8 M. Nice (interprétation): Alors, pour ce qui est des véhicules blindés,

9 est-ce que la sécurité de l'Etat en avait? Est-ce que le MUP en avait?

10 Témoin K6 (interprétation): Les transporteurs blindés de troupes

11 appartenaient à la police. Ils avaient leurs propres transporteurs

12 blindés. Pour ce qui est des unités spéciales, elles n'en avaient pas; du

13 moins, je n'en ai pas vu.

14 M. le Président (interprétation): Monsieur Nice, serait-ce le moment

15 opportun pour faire une pause?

16 M. Nice (interprétation): Oui, je n'ai plus beaucoup de questions pour ce

17 témoin.

18 M. le Président (interprétation): Monsieur le Témoin, s'il vous plaît,

19 durant cette suspension d'audience -ainsi que durant les autres

20 suspensions d'audience, s'il y en a-, ne vous adressez à personne au sujet

21 de votre témoignage. Cela comprend aussi les membres de l'équipe de

22 l'accusation.

23 Nous suspendons l'audience pour 20 minutes.

24 (L'audience, suspendue à 10 heures 30, est reprise à 10 heures 50.)

25 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Nice?

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1 M. Nice (interprétation): Monsieur le Témoin K6, quelques autres points de

2 détail assez brefs. Répondez, s'il vous plait, par oui ou non, seulement à

3 cela. Pourriez-vous nous aider avec le sort de l'homme qui s'appelait

4 Enver Maloku? Répondez par oui ou par non. Ceci est dans la déclaration et

5 pas dans le résumé.

6 Témoin K6 (interprétation): Non.

7 M. Nice (interprétation): Vous ne savez rien de ce qui lui est arrivé?

8 Témoin K6 (interprétation): …

9 M. le Président (interprétation): Passons à la question suivante.

10 M. Nice (interprétation): Des armes passées en contrebande d'Albanie,

11 avez-vous entendu quoi que ce soit à ce sujet?

12 Témoin K6 (interprétation): Eh bien, regardez. Pour la première fois, à

13 partir de l'Albanie, en 1991, Adem Jashari avec cinq de ses amis sont

14 revenus au Kosovo avec des armes apportées d'Albanie qui avaient été aussi

15 prises en Serbie, essentiellement achetées en Serbie.

16 Question: Quant à celles qui venaient d'Albanie, est-ce que la sécurité

17 d'Etat surveillait ce qui se passait environ au paragraphe 50 du résumé?

18 Réponse: Les armes qui venaient d'Albanie, en ce qui les concerne, la

19 sécurité d'Etat savait tout à leur sujet, mais -je le répète- ils n'ont

20 jamais entrepris quoi que ce soit sans une autorisation concrète de leur

21 supérieur.

22 Question: Si des mesures n'ont pas été prises pour limiter l'importation

23 d'armes venant d'Albanie, quelles sont les raisons pour ne pas avoir

24 arrêté la venue de ces armes?

25 Réponse: En ce qui concerne cette question, l'accusé donnerait une

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1 meilleure réponse que moi, mais le but principal serait qu'un jour un

2 conflit armé commencerait entre l'UCK, c'est-à-dire entre l'armée

3 populaire d'Albanie, et la Serbie. C'est le scénario que la Serbie elle-

4 même avait préparé et dont elle était conscience, dont elle avait

5 connaissance.

6 Son but était quelque chose de tout à fait différent. Mais quant à la

7 question posée pour le Kosovo, je pense que l'accusé peut donner une

8 réponse bien meilleure que moi.

9 M. Nice (interprétation): Pourrions-nous regarder un certain nombre de

10 questions? Premièrement, un annuaire téléphonique temporaire, un

11 répertoire téléphonique temporaire que je souhaiterais que vous examiniez

12 un instant, s'il vous plaît.

13 Mme Ameerali (interprétation): Il s'agit de la pièce à conviction de

14 l'accusation 221.

15 M. Nice (interprétation): Je vous remercie beaucoup. Pièce 221.

16 Il est dit que c'est l'armée de Serbie, ministère de l'Intérieur,

17 utilisation des liaisons radio-téléphoniques. Et ce document vient de la

18 collection de documents prise au Kosovo.

19 Nous voyons que, bien qu'il y ait écrit "ministère de l'Intérieur", sur la

20 première page, il y a également "voie de coordination armée VG", c'est-à-

21 dire armée yougoslave, donc il s'agit bien d'une coordination entre la

22 sécurité de l'Etat et l'armée. Y avait-il une telle coordination?

23 Témoin K6 (interprétation): Ceci montre la coordination entre l'armée

24 yougoslave et les forces de sécurité publique, tandis que les forces de

25 sécurité d'Etat, il n'y avait qu'une seule personne qui pourrait être le

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1 coordinateur autour d'opérations ou d'actions, alors que les chiffres que

2 je vois ci-dessous concernent les membres de la sécurité d'Etat.

3 Question: Si vous voulez aller quatre pages plus loin -je sais que vous ne

4 voulez pas trop parler de la sécurité publique que vous connaissez moins

5 bien que la sécurité d'Etat- il y a un tableau de codes. Vous verrez une

6 liste sous le code jaune de diverses armes: des mitrailleuses, des

7 brownings, des grenades, des obus, des lance-roquettes, etc.

8 Quels étaient les groupes qui possédaient ces armes, s'il vous plaît?

9 Réponse: Je vous prie de m'excuser, mais la question n'est pas claire; je

10 n'ai pas très bien compris votre question.

11 Question: Avez-vous vu le tableau codé qui se trouve sur cette page et qui

12 s'appelle le code jaune?

13 Réponse: Oui.

14 Question: Voyez-vous la liste d'armes qui est donnée, qui commence par le

15 M-84 -c'est une mitrailleuse- en allant jusqu'à un browning?

16 Réponse: Oui, oui.

17 Question: Quelles étaient les forces qui avaient ces armes, s'il vous

18 plaît? Ceci comprend un Praga et un canon sans recul.

19 Réponse: Les forces du MUP étaient les forces de la sécurité publique.

20 Question: Et c'était eux qui détenaient ces armes, est-ce exact?

21 Réponse: Oui, ces armes, oui, la police.

22 M. Nice (interprétation): Pourrions-nous maintenant regarder deux autres

23 documents?

24 Premièrement celui-ci.

25 Mme Ameerali (interprétation): C'est la pièce à conviction de l'accusation

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1 n°222.

2 (Intervention de l'huissier.)

3 M. Nice (interprétation): Merci beaucoup. Il s'agit d'un document du

4 département des affaires militaires à Bosanska Mitrovica. Nous avons vu

5 cela un peu plus tôt. Avez-vous l'original devant vous? Voulez-vous, s'il

6 vous plaît, mettre l'anglais sur le rétroprojecteur et l'original devant

7 le témoin?

8 Témoin K6 (interprétation): Pour le moment, je ne l'ai pas.

9 Question: Voulez-vous mettre l'anglais sur le rétroprojecteur et mettre la

10 version en serbe devant le témoin pour qu'il puisse la lire? Ceci est donc

11 un document du département militaire daté du 28 novembre 1997. Arrêtez-

12 vous là un instant.

13 Vous avez quitté les forces de sécurité de l'Etat à peu près à quelle

14 époque, Monsieur le Témoin K6?

15 Réponse: 1998.

16 Question: Il est indiqué que c'est "urgent" et que c'est adressé au

17 commandant militaire de Pristina. Je ne demande pas qu'on tourne la page,

18 mais vous pouvez voir dans l'anglais que cela vient du colonel Radisa

19 Nastic. Savez-vous ou non qui c'était?

20 Réponse: Non.

21 Question: Si nous regardons le premier paragraphe -c'est juste un détail

22 sur lequel je souhaite que vous nous aidiez-, Monsieur le Témoin, il est

23 dit, à peu près à quatre lignes, dans le premier paragraphe: "Dans la

24 municipalité de Sersel, le 26 novembre 1997, une colonne du MUP est tombée

25 en embuscade et s'est fait tirer dessus par des fusils, mitrailleuses,

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1 lance-roquettes et lance-grenades, et à cause du grand nombre de

2 terroristes, environ 50 des hélicoptères du MUP ont pris part à

3 l'engagement." On dit ensuite qu'il y a eu des combats très violents.

4 Est-ce que le MUP pouvait utiliser des hélicoptères, Monsieur le Témoin

5 K6?

6 Réponse: Oui.

7 Question: Est-ce que c'était le MUP public ou votre parti du MUP?

8 Réponse: Il s'agit du MUP public.

9 M. Nice (interprétation): Je vous remercie. Dernier document que je

10 souhaiterais qu'on montre au témoin, c'est un document utilisé déjà

11 auparavant et qui concerne votre période, la période où vous étiez en

12 fonction.

13 (Intervention de l'huissier.)

14 Mme Ameerali (interprétation): C'est le document de l'accusation 223.

15 M. Nice (interprétation): Merci. Si on pouvait placer l'original devant le

16 témoin et mettre la version anglaise sur le rétroprojecteur, l'original

17 devant le témoin et l'anglais sur le rétroprojecteur. Je vous remercie.

18 Sur la première page de ce document, on voit qu'il est daté du 19 avril.

19 Il est du ministère de l'Intérieur de la Republika Srpska. Il est adressé

20 au secrétariat de l'Intérieur, à toutes les unités de l'organisation. Le

21 premier passage de la version anglaise, sur la première page, ne me pose

22 pas de problème.

23 Sous le chiffre romain I, on peut observer -sur la page 3, si vous voulez

24 bien tourner la page- l'un des secrétariats qui est énuméré au n°24, il y

25 a le nom de Pristina. C'est donc votre secrétariat. Si vous poursuivez

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1 jusqu'à la page 4, on arrive au chiffre romain II, page 4, au bas de la

2 page.

3 Et si vous retrouvez le passage dans l'original qui commence par le

4 chiffre romain II, Monsieur le Témoin K6, avec un chiffre arabe 1 qui

5 traite de l'organisation du MUP, il dit: "D'après l'organisation interne

6 du ministère, les communications internes devraient être effectuées de la

7 manière suivante: département des Affaires intérieures, tous les

8 commissariats de police rendront compte de tous les événements et

9 informations importantes ayant un intérêt pour la sécurité au SUP, qui

10 appartient au secrétariat et au ministère."

11 Et si vous tournez la page, page 5, tout en haut de la page, il est

12 question: "Des communications avec les secrétariats et les ministères dans

13 les cas d'urgence. Les communications directes au ministère serbe de

14 question intéressant la sécurité."

15 Est-ce que ceci correspond à votre expérience, Monsieur le Témoin K6?

16 Témoin K6 (interprétation): C'était plus ou moins régulier ce genre de

17 chose. Chaque fois qu'une action ou opération allait avoir lieu, on

18 recevait des informations concrètes sur les personnes; par exemple qui

19 étaient les chefs des municipalités ou des détachements.

20 Question: Très bien. Vous nous avez parlé aussi de Misku, de ses

21 mouvements. Est-ce que vous avez appris de façon régulière ou irrégulière

22 quand il se rendait à Belgrade? Quelle était la fréquence?

23 Réponse: Misku allait d'habitude à Belgrade pour envoyer des documents

24 secrets. Il partait les mardis ou les jeudis, toutes les deuxièmes

25 semaines, mais parfois toutes les semaines. En général, il partait les

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1 mardis et jeudis.

2 Question: Toujours sur la même page, à la page 5, au paragraphe 4, on peut

3 lire ceci: "Les commissariats de police pour le contrôle des frontières de

4 l'Etat envoyaient directement les informations à l'administration

5 compétente et au secrétariat sur le territoire duquel elles sont situées."

6 D'abord, pourriez-vous nous aider en ce qui concerne cette question de

7 passage des frontières de l'Etat. Que veut-on dire par là? Y avait-il des

8 frontières entre le Kosovo et la Serbie qui seraient comprises dans cette

9 définition?

10 Réponse: Non. Ceci ne comprend pas les limites entre le Kosovo et la

11 Serbie. Ceci comprend tous les points de contrôle aux frontières. Il était

12 responsable et il donnait des renseignements à tous les points de contrôle

13 des frontières, dans toutes les municipalités dans lesquelles il se

14 rendait; et les organes compétents transmettaient aux organes supérieurs.

15 Question: Au moment où vous apparteniez à ce service, y avait-il des

16 points de contrôle entre le Kosovo et la Serbie, ou pas? Si vous ne pouvez

17 pas vous rappeler, dites-le.

18 Réponse: Au moment où je travaillais entre le Kosovo et la Serbie, il n'y

19 avait pas de point de contrôle entre le Kosovo et la Serbie; il n'y en

20 avait pas qui servait de postes-frontières. Il était constamment contrôlé.

21 Quant aux autres questions, je ne sais pas.

22 Question: Passons à la page 6, au paragraphe 7.

23 Il est question de la Serbie et du Monténégro: "Les communication entre

24 les secrétariats de la République de Serbie et l'unité correspondante dans

25 la République de Monténégro seront effectuées par le truchement du

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1 ministère, c'est-à-dire le ministère à Belgrade".

2 Avez-vous l'expérience que ceci ait eu lieu?

3 Réponse: Normalement, oui, cela avait lieu.

4 Question: Avez-vous découvert –page 9 de la déclaration et pas du résumé-

5 que les ordres que vous receviez, vous dites de Stanisic en l'occurrence,

6 comportaient ou non des décisions avec le Monténégro, ou pas?

7 Réponse: Non. Les décisions concernant le Kosovo, même s'il était

8 responsable du Monténégro aussi…

9 Question: Je n'ai pas bien compris votre réponse. Y avait-il une

10 participation du Monténégro dans les décisions qui étaient prises pour le

11 MUP au Kosovo?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Comment l'avez-vous appris?

14 Réponse: Je l'ai appris de mes collègues, à savoir le fait que même les

15 employés albanais de la sécurité d'Etat qui ne travaillaient plus ou

16 avaient été renvoyés, licenciés, une partie avait travaillé aussi au

17 Monténégro.

18 Question: Je ne crois pas que je réussirai à aller beaucoup plus loin pour

19 le moment.

20 Monsieur le Témoin K6, je crois que vous êtes en mesure de dire si c'est

21 pertinent de parler des origines et du développement de l'UCK. Pouvez-vous

22 répondre par oui ou non?

23 Réponse: Oui, sauf… Je souhaiterais que ce soit à huis clos partiel. Si ça

24 n'est pas possible…

25 Question: Bon, je voulais simplement vérifier.

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1 Réponse: Oui.

2 Question: Vous avez quitté le service en 1998, je crois, ou 1997 ou 1998,

3 et vous pouvez rendre compte de ce qui vous est arrivé ainsi qu'à votre

4 famille, si l'on vous pose des questions à ce sujet et si c'est pertinent?

5 Réponse: Je peux le faire, à ceci près qu'il faut que ce soit en huis clos

6 partiel.

7 Question: Et à la page 4 du résumé, au paragraphe 2, II en romains, avec

8 le sous-titre "Proofing sessions", une ou deux questions avec une réponse

9 par oui ou par non.

10 Savez-vous ce qui s'est passé dans l'ensemble de la famille Jashari?

11 Répondez par oui ou par non.

12 Réponse: Oui.

13 Question: A l'époque, aviez-vous déjà quitté votre service?

14 Réponse: A l'époque, je n'avais pas encore quitté mon service, non.

15 Question: De qui avez-vous appris cet événement?

16 Réponse: Est-ce que ceci pourrait être dit en huis clos partiel?

17 M. Nice (interprétation): Peut-être que nous pourrions aller en huis clos

18 partiel?

19 (Audience à huis clos partiel à 11 heures 19.)

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3 (Audience publique avec mesures de protection à 11 heures 21.)

4 C'était tout ce que je voulais poser comme question pour le moment.

5 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Milosevic, vous pouvez

6 procéder au contre-interrogatoire. Vous allez avoir la même durée que

7 l'accusation si vous le souhaitez.

8 M. Milosevic (interprétation): Bien sûr que je le souhaite. Mais

9 j'aimerais avoir davantage de temps que la partie adverse, parce que le

10 témoin a eu sous les yeux une déclaration de 25 pages. C'est tout de même

11 assez long et je ne pense pas qu'il soit équitable que l'on me donne le

12 même temps que l'accusation.

13 M. le Président (interprétation): Vous aurez le même temps. Si, à la fin,

14 vous avez bien utilisé le temps qui vous est imparti, vous pourrez en

15 demander davantage, mais je ne vais pas vous encourager à le faire, compte

16 tenu de la nature de la déposition de ce témoin. Une heure trente, c'est

17 le temps qui vous est imparti et cela devrait largement vous suffire.

18 M. Milosevic (interprétation): Très bien. Combien de temps ai-je à ma

19 disposition? Pouvez-vous me le dire? Parce que quelquefois… Alors, combien

20 de temps?

21 M. le Président (interprétation): Une heure trente.

22 (Contre-interrogatoire du témoin K6 par l'accusé M. Milosevic.)

23 M. Milosevic (interprétation): C'est très peu de temps, compte tenu de la

24 longueur de la déclaration, Monsieur May. Mais je vais d'abord demander au

25 témoin de me répondre rapidement et puis, deuxièmement, j'espère tout de

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1 même que vous allez rallonger le temps qui m'est imparti, car une heure

2 trente n'est vraiment pas suffisante.

3 Passons aux questions.

4 Selon ce que vous avez déclaré, l'UCK prévoyait un attentat contre Rugova.

5 Est-ce exact?

6 Témoin K6 (interprétation): C'est exact. Puis-je donner davantage de

7 détails?

8 M. le Président (interprétation): Pas pour le moment, essayons de faire en

9 sorte que les réponses soient courtes.

10 La déposition sera de ce fait plus rapide. Mais le Procureur pourra

11 reprendre à la fin du contre-interrogatoire toutes questions qui

12 mériteraient de plus amples détails.

13 M. Milosevic (interprétation): C'est exact, donc, n'est-ce pas?

14 M. le Président (interprétation): Le témoin a dit que c'était exact.

15 M. Milosevic (interprétation): L'UCK rejetait les gens qui soutenaient

16 Rugova. Est-ce exact?

17 Témoin K6 (interprétation): Ceci n'est que partiellement exact. Lorsque je

18 dis "partiellement", je pourrais en fait répondre simplement oui, compte

19 tenu des contraintes de temps. Mais je répète tout de même: partiellement.

20 Question: Des Turcs, des Iraniens, des Bosniaques etc. ont participé aux

21 opérations de l'UCK selon vos informations et les connaissances que vous

22 avez. Est-ce exact?

23 Réponse: Il est exact qu'il y avait des Iraniens.

24 Question: Ainsi que des Turcs et des Bosniaques, n'est-ce pas?

25 Réponse: Exact.

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1 Question: Sinon, après les renseignements dont vous disposiez, Jakup

2 Krasniqi a dit qu'au sein de l'UCK on trouvait de nombreux éléments

3 islamiques du Turquie, d'Iran et de nombreux autres pays. C'est bien ça?

4 Réponse: Je ne crois pas que cela eût été le cas. Cependant, pour répondre

5 à ce que vous venez de dire: l'objectif principal était de libérer, une

6 fois pour toutes, le Kosovo, pour autant que nous le sachions.

7 Question: Page 24 de votre déclaration, avant-dernier paragraphe, il est

8 écrit -je cite- "La panique se répand parmi les Albanais, car Jakup

9 Krasniqi a déclaré, il y a déjà longtemps, qu'il y avait des éléments

10 islamiques au sein de l'UCK, tels que des gens originaires d'Iran, de

11 Turquie et d'autres pays." (Fin de citation.)

12 C'est ce que vous avez donc vous-même déclaré. Maintenez-vous votre

13 témoignage sur ce point ou le modifiez-vous, oui ou non, je vous prie?

14 Réponse: Je n'ai rien à modifier.

15 Question: Bien. Il était dit par exemple par Krasniqi, Sulejman Selimi que

16 "si l'OTAN ne leur procurait pas des armes, ils pouvaient se les procurer

17 auprès de leurs frères islamistes." Est-ce exact?

18 Réponse: Il est exact qu'il a dit ceci.

19 Question: Bien. Et il est exact que l'UCK ne choisissait pas les méthodes

20 utilisées pour liquider les gens?

21 Réponse: Bien entendu, seuls les Serbes le peuvent.

22 Question: Très bien. Par ailleurs, une opération réussie, selon les

23 critères de l'UCK -opération qui a bénéficié d'un financement-, consistait

24 à tuer des policiers. C'est bien cela qui était considéré un succès,

25 n'est-ce pas?

Page 6616

1 Réponse: Selon l'UCK, tout assassinat de policier était un succès.

2 Cependant, je me permettrais d'ajouter que l'UCK défendait également la

3 population. C'est pour cette raison que l'UCK est apparue sur la scène

4 politique.

5 Question: Pourriez-vous répondre à la question que je vous ai posée? Ce

6 que je vous ai demandé est-il exact ou non?

7 Réponse (en serbe): Exact.

8 Question: Parce qu'en page 22, au troisième paragraphe, il est dit que

9 l'UCK recevait 5.000 marks allemands lors d'une opération réussie, c'est-

10 à-dire lors d'une opération ayant abouti à l'assassinat d'un policier.

11 Avançons.

12 L'opération menée à la fin de 1998, Hashim Thaci, Sulejman Selimi, Ejup

13 Selimi, Jakup Krasniqi et un autre homme ont organisé précisément cette

14 opération de la fin 1998. Est-ce exact?

15 Réponse: Les attaques étaient coordonnées et organisées chaque fois, c'est

16 exact.

17 Question: Sous les ordres des personnes dont je viens de donner les noms,

18 n'est-ce pas? C'est exact?

19 Réponse: Seulement… Oui, oui.

20 Question: Bon. Lorsqu'il n'y avait pas d'attaque policière, l'UCK

21 organisait ses propres attaques contre des villages en paix. Est-ce exact?

22 Réponse: Non.

23 Question: Je vous en prie, en page 23, deuxième phrase du dernier

24 paragraphe, on lit: "Là où il n'y avait pas d'attaque policière, l'UCK

25 organisait ses propres attaques sur des villages en paix."

Page 6617

1 Je viens de lire mot pour mot ce qui est écrit dans votre déclaration

2 jusqu'au point. Est-ce donc exact ou pas? C'est ce qu'on lit dans votre

3 déclaration.

4 Réponse (en serbe): Non.

5 M. Milosevic (interprétation): Cela signifie-t-il que vous retirez cette

6 partie de votre déclaration?

7 M. le Président (interprétation): Oui, il va falloir trouver le passage en

8 question dans la version anglaise de la déclaration.

9 M. Nice (interprétation): Je vais essayer de vous aider. Il dit que c'est

10 en page 23.

11 M. Milosevic (interprétation): En version serbe, c'est en page 23,

12 deuxième phrase du dernier paragraphe.

13 M. Nice (interprétation): Je crois que cela figure en page 24 de la

14 version en anglaise, deuxième paragraphe.

15 M. Milosevic (interprétation): Le paragraphe commence par les mots…

16 M. le Président (interprétation): Un instant, nous essayons de trouver le

17 passage.

18 M. Nice (interprétation): Le témoin peut peut-être suivre sur la version

19 en BCS qu'on pourrait lui soumettre.

20 Monsieur le Témoin, si vous ne pouvez pas suivre dans la version BCS,

21 l'accusé va vous donner la possibilité de trouver ce passage dans la

22 version en BCS et nous devrons avoir le temps nécessaire pour trouver ce

23 passage dans la version anglaise qui, en général, est un peu plus longue.

24 M. Milosevic (interprétation): Je vous demande de tenir compte du fait

25 que, lorsque je cite un passage d'une déclaration, je le cite de la façon

Page 6618

1 la plus fidèle qui soit, mot pour mot. Il n'a jamais été démontré ici que

2 j'ai commis la moindre erreur dans une citation. Nous sommes donc en train

3 de perdre du temps.

4 M. le Président (interprétation): Il n'a pas été dit que vous faisiez une

5 citation erronée; si cela avait été le cas, cela vous aurait été dit. Mais

6 par équité pour le témoin, si un extrait de sa déposition lui est soumis,

7 il doit pouvoir l'avoir sous les yeux de façon à répondre à la question.

8 Témoin K6, avez-vous trouvé le passage auquel il vient d'être fait

9 référence, à savoir la phrase dont je donne lecture maintenant: "Dans les

10 endroits où il n'y avait pas d'attaque policière, l'UCK organisait ses

11 propres attaques contre des villages en paix"?

12 Pouvez-vous commenter ce passage?

13 Témoin K6 (interprétation): Pouvons-nous passer à huis clos partiel?

14 M. le Président (interprétation): Oui, passons à huis clos partiel si cela

15 est nécessaire, pour un temps bref.

16 (expurgée)

17 (expurgée)

18 (expurgée)

19 (expurgée)

20 (expurgée)

21 (expurgée)

22 (expurgée)

23 (expurgée)

24 (expurgée)

25 (expurgée)

Page 6619

1 (expurgée)

2 (expurgée)

3 (expurgée)

4 (expurgée)

5 (expurgée)

6 (expurgée)

7 (expurgée) Audience publique

8 Je vais vous poser des questions brèves, répondez brièvement, je vous en

9 prie, avant de vérifier le contenu de ces réponses. Ensuite, nous verrons.

10 Je cite: "Ils faisaient sortir des hommes de certaines maisons et les

11 frappaient jusqu'à l'inconscience."

12 Est-ce exact, est-ce bien ce que vous avez dit, oui ou non?

13 Témoin K6 (interprétation): Ceux qui étaient membres du service ou qui

14 coopéraient avec la police?

15 Question: Je parle de l'UCK?

16 Réponse: Ils faisaient ce que je viens de dire qu'ils faisaient.

17 Question: Ils mettaient le feu à des maisons, n'est-ce pas?

18 Réponse: Non.

19 Question: Vous dites qu'ils ne l'ont pas fait?

20 Réponse: Après la guerre, pas maintenant.

21 Question: Donc vous dites que ce n'est pas le cas. Ils ont attaqué la

22 famille Berisha dans le village de Dobra Voda. Est-ce exact ou pas?

23 Réponse: C'est un fait.

24 Question: Par ailleurs, l'UCK a mis le feu à la maison de Leke Berisha,

25 enseignant professeur d'anglais. C'est bien ça?

Page 6620

1 Réponse: Oui.

2 Question: Bien. Le même sort a été vécu par la famille Ujelja. Est-ce

3 exact? La maison de cette famille a été incendiée et toute la famille a

4 été forcée de sortir de la maison. Est-ce exact?

5 Réponse: Oui.

6 Question: L'UCK et Bardhec Laci ont fait la même chose; dans ce cas-là,

7 c'était un professeur de gymnastique à Klina. Il a vécu le même sort, sa

8 maison a été incendiée, n'est-ce pas?

9 Réponse: Oui, c'est normal.

10 Question: Donc l'UCK souhaitait tuer Leke Berisha et Bardhec Laci.

11 Et puisque vous avez donné la même réponse à une série de questions que je

12 viens de vous poser, je vais donner lecture simplement du dernier

13 paragraphe d'une page de votre déclaration pour que l'on voit

14 l'intégralité des choses.

15 C'est un paragraphe, je cite:

16 "Jusqu'à la fin de 1998, toutes les opérations ont été menées sous la

17 direction et ont organisées par Jakup Krasniqi, Sylejman Selimi, Rexhep

18 Selimi, Hashim Thaci et Sokol Boshota. Dans les endroits où il n'y avait

19 d'attaques policières, ils organisaient leurs propres attaques sur des

20 villages en paix. Ils faisaient sortir des hommes de certaines maisons et

21 les frappaient jusqu'à l'inconscience. Parfois, ils mettaient le feu à

22 leurs maisons, notamment à la maison de personnes aisées sur le plan

23 financier; par exemple dans le village de Ujmir où ils ont attaqué la

24 famille Berisha. Ils ont frappé les membres de cette famille et ont essayé

25 de les tuer, croyant qu'ils allaient pouvoir acquérir la richesse des

Page 6621

1 Serbes.

2 Ces membres de l'UCK voulaient assassiner Leke Berisha qui était

3 enseignant de langue albanaise. Ils ont mis le feu à sa maison. D'autres

4 villages ont subi le même sort, notamment Cerovik où la famille Buzhala a

5 été victime de cela. Ils ont fait sortir toute la famille et mis le feu à

6 la maison en disant à ces personnes qu'on leur ferait la même chose que ce

7 qui avait été fait à "Shka" -expression insultante pour les Serbes.

8 La même chose est arrivé à Bardhec Laci de Ujmir où un professeur

9 d'éducation physique de Klina a été victime; ils l'ont passé à tabac et

10 avaient l'intention de le tuer parce qu'il n'avait pas permis aux membres

11 de l'UCK de faire passer une ligne de combat à travers sa maison. Ils ont

12 mis le feu à sa maison. Laci et sa famille ont été sauvés uniquement par

13 l'intervention de certains villageois." (Fin de citation.)

14 Par conséquent, il y a toutes ces questions que j'ai posées et que j'ai

15 liées les unes aux autres auxquelles vous avez donné la même réponse

16 positive. Alors j'aimerais maintenant que nous avancions.

17 Luz Buzhala sa maison a été incendiée, n'est-ce pas?

18 Réponse: C'est exact.

19 M. Milosevic (interprétation): Il est vrai qu'ils n'ont pas simplement

20 incendié sa maison, mais que Hashim Thaci a inscrit des lignes sur sa

21 poitrine, a sculpté des lignes sur sa poitrine à l'aide d'un couteau; il a

22 dessiné différents motifs sur la poitrine de cet homme à l'aide d'un

23 couteau. Est-ce exact ou pas?

24 Témoin K6 (interprétation): N'importe quoi.

25 M. le Président (interprétation): Monsieur le Témoin K6, pourquoi cela

Page 6622

1 n'est-il pas exact selon vous, alors que cela figure dans votre

2 déclaration?

3 M. Milosevic (interprétation): Je vous demande de rappeler au témoin qu'il

4 doit répondre aux questions. J'ai le droit de les lui poser.

5 Parmi les personnes…

6 M. le Président (interprétation): J'ai posé une question au témoin.

7 Témoin K6 (interprétation): Pouvons-nous passer à huis clos partiel?

8 M. le Président (interprétation): Non, non, poursuivons.

9 M. Milosevic (interprétation): Nous avons obtenu des réponses aux

10 questions déjà posées.

11 "D'autres personnes ont été passées à tabac par l'UCK, notamment Luz

12 Buzhala, originaire de Cerovik qui était policier à Pristina. Ils ont

13 brûlé sa maison. Ils ont tracé des lignes sur sa poitrine avec des

14 couteaux. Hashim Thaci a fait cela. Ils lui ont dit: "Tu étais policier et

15 c'est ce que tu as fait à des gens".

16 Je vais essayer de passer sur le pire.

17 "Heureusement pour Luz, le journaliste Pren Buzhala, originaire de Zedar

18 est arrivé. Pren était un ami de Rexhep Selimi et lui a sauvé la vie."

19 Vous poursuivez en disant: "Il y a eu de nombreux cas de ce genre,

20 notamment contre des personnes aisées dont on attaquait les commerces et

21 les maisons. Leurs biens étaient brûlés et détruits. Ceci a été l'œuvre

22 des membres de l'UCK que j'ai mentionnés. Sokol Bashota est originaire de

23 Cerovik. Les Selimis ont une maison près de la gare de Klina, etc."

24 C'est ce qui est écrit dans votre déclaration, est-ce exact? Il y a de

25 nombreux autres cas tels que ceux-ci dans votre déclaration.

Page 6623

1 M. Nice (interprétation): Pourrions-nous passer à huis clos partiel?

2 M. Milosevic (interprétation): Je fais objection car ceci n'a rien à voir

3 avec l'identité du témoin.

4 M. le Président (interprétation): En effet.

5 M. Nice (interprétation): Monsieur le Président, je vois au début du

6 paragraphe suivant ce qui, peut-être, inquiète le témoin.

7 (Les Juges se concertent sur le siège.)

8 M. le Président (interprétation): Témoin K6, comme vous vous en rendez

9 compte, il est difficile à l'extrême de mener un interrogatoire en passant

10 à huis clos partiel continuellement.

11 Nous avons donc examiné la question en concertation avec les autres Juges,

12 et la seule occasion où un huis clos partiel se justifie, c'est lorsqu'il

13 y a un risque de voir révéler votre identité. Nous ne pouvons pas pour le

14 moment voir ce qui dans le cas présent risquerait de révéler votre

15 identité. Mais nous vous autoriserons une dernière fois un huis clos

16 partiel pour voir si cela met réellement en risque votre identité au vu de

17 la réponse.

18 Nous passons à huis clos partiel.

19 (Huis clos partiel à 11 heures 35.)

20 (expurgé)

21 (expurgé)

22 (expurgé)

23 (expurgé)

24 (expurgé)

25 (expurgé)

Page 6624

1 (expurgé)

2 (expurgé)

3 (expurgé)

4 [Audience publique]

5 M. le Président (interprétation): Est-il exact de dire que l'UCK a

6 provoqué des incidents pour provoquer la police. Oui ou non?

7 Témoin K6 (interprétation): Oui.

8 M. le Président (interprétation): Est-il exact que l'UCK a brûlé des

9 villages afin de masquer ses propres crimes? Oui ou non?

10 Témoin K6 (interprétation): Non.

11 M. le Président (interprétation): Vous avez dit "non", n'est-ce pas?

12 Témoin K6 (interprétation): Non, non.

13 M. Milosevic (interprétation): Dans votre déposition, vous dites qu'il y

14 avait des membres de l'UCK qui ont tué des familles et qui ont vécu dans

15 la peur parce qu'ils ne pouvaient pas en parler. Est-ce exact?

16 Témoin K6 (interprétation): C'est exact.

17 M. Milosevic (interprétation): Bien. Comme vous avez mis en cause ma

18 dernière question, j'aimerais lire le dernier paragraphe de la page 24.

19 C'est un paragraphe qui suit celui dont j'ai donné lecture, il y a

20 quelques instants.

21 Il se lit comme suit -je cite-: "L'UCK provoquait certains de ces

22 incidents afin de provoquer la police pour qu'elle attaque et brûle les

23 villages et que cela permette de masquer les crimes de l'UCK. Il y a eu de

24 nombreux cas où des personnes ont vu des membres de leur famille tués par

25 l'UCK, mais ils n'ont pas osé en parler par crainte d'être assassinées."

Page 6625

1 (Fin de citation.)

2 Monsieur May, Monsieur Robinson et Monsieur Kwon, j'attire votre attention

3 sur le fait que les membres de la famille n'osaient pas parler, par

4 crainte de voir l'UCK assassiner certains des membres de leur famille. Je

5 vous propose d'apprécier la valeur du témoignage du témoin amené ici par

6 la partie adverse à la lumière de ce fait.

7 M. le Président (interprétation): Poursuivons plutôt que d'entendre des

8 discours. Nous pouvons lire les documents nous-mêmes.

9 M. Milosevic (interprétation): Donc est-il exact que d'autres incidents

10 ont été causés par eux de façon à être mis sur le dos de la police? Par

11 exemple différentes grenades jetées dans des cafés de Pristina. Est-ce

12 exact?

13 M. Milosevic (interprétation): Est-il vrai que ces autres incidents ont

14 été attribués à la police? Par exemple, les grenades dans un café de

15 Pristina? Est-ce exact?

16 Témoin K6 (interprétation): C'est exact.

17 Question: Très bien. Des personnes, comme Hashim Thaci, n'ont pas fait

18 toutes ces choses-là dans l'intérêt de leur peuple, mais bien dans leur

19 intérêt personnel ou dans l'intérêt de certaines personnes en particulier.

20 C'est bien le cas, n'est-ce pas?

21 Réponse: Ils ont agi dans leur intérêt personnel, et dans l'intérêt de la

22 Serbie.

23 Question: Faites-vous référence à Hashim Thaci? Vous répondez bien à la

24 question que je vous ai posée?

25 Réponse en serbe: Oui, oui.

Page 6626

1 Question: J'aimerais vous rappeler la phrase qui figure au milieu de ce

2 paragraphe. Je lis la phrase entière -je cite-: "Les Serbes sont capables

3 de faire n'importe quoi dans l'intérêt de leur peuple, alors que Hashim

4 Thaci fait ce genre de choses par intérêt personnel ou dans l'intérêt de

5 certaines personnes qu'il a nommées dans son gouvernement, sans demander

6 l'avis du peuple ou de qui que ce soit d'autres." (Fin de citation.)

7 Est-ce exact ou pas?

8 Réponse: Exact.

9 Question: Est-il vrai que ces personnes de l'UCK sont responsables de

10 l'assassinat de Ahmet Krasniqi qui était ministre de la Défense dans le

11 gouvernement en exil de Bukoshi? Est-ce exact ou pas?

12 Réponse: C'est exact.

13 Question: Est-il exact que Ahmet Krasniqi a été tué par Milaim Zeka? Est-

14 ce exact?

15 Réponse: Je n'en sais rien.

16 M. Milosevic (interprétation): Il est écrit dans votre déclaration que

17 ceci a été l'oeuvre de Milaim Zeka, sur instructions de Rexhep et de

18 Sylejman Selimi. Donc ceci a été fait sur instructions de Rexhep et de

19 Sylejman Selimi?

20 C'est ce que le témoin a dit dans sa déclaration au bas de ce paragraphe.

21 M. le Président (interprétation): Lisons la phrase suivante.

22 M. Milosevic (interprétation): Ceci a été publié dans un journal du Kosovo

23 qui paraît à Zurich. Ce groupe a également une liste de noms de personnes

24 qui devaient être assassinées.

25 Monsieur May, le témoin ne dit pas qu'il a fait référence au journal "Bota

Page 6627

1 Sot". Il dit ce qui s'est passé et ce qui a également été publié dans un

2 journal albanais qui paraissait à Zurich.

3 M. le Président (interprétation): Nous pouvons le lire, nous avons la

4 réponse du témoin. Poursuivons.

5 M. Milosevic (interprétation): Par ailleurs, l'UCK a entrepris des actions

6 qui n'avaient rien à voir avec des prétendues infractions de la part des

7 Serbes contre des villages albanais du Kosovo. Cependant, l'UCK agissait

8 simultanément. Est-ce bien vrai?

9 Témoin K6 (interprétation): L'UCK lançait des attaques lorsqu'elle

10 s'attendait à ce que la police l'attaque. Elle ne lançait pas d'offensive

11 contre la population.

12 Question: Pouvez-vous me dire, s'il vous plaît, comment cela peut

13 concorder avec ce que vous dites dans le dernier paragraphe de la page 24

14 de votre déclaration? C'est le paragraphe qui suit celui dont j'ai donné

15 citation et c'est la première phrase qui m'intéresse en particulier -je

16 cite-: "Ces actes de l'UCK ont été commis sans rapport avec les offensives

17 des forces serbes contre les villages albanais du Kosovo. Cependant, ceci

18 s'est passé dans le même temps." (Fin de citation.)

19 Est-ce exact ou pas?

20 Réponse: Oui.

21 Question: Sur la base des informations dont vous disposez, Rexhep Qosja et

22 Adem Demaci s'intéressaient davantage à leurs propres intérêts qu'à

23 l'intérêt du peuple du Kosovo, n'est-ce pas?

24 Réponse: Exact.

25 Question: D'après ce que vous savez, il y a eu des personnes qui étaient

Page 6628

1 obligées d'envoyer une voiture par mois à l'UCK et de la remettre soit à

2 Krasniqi soit à Bashota soit à Thaci.

3 Réponse: Je ne suis pas au courant de cela.

4 Question: Et bien, je vous rafraîchirai la mémoire si tel est le cas.

5 La même page, la page 24, deux paragraphes au-dessus: "Cet homme, c'est

6 l'un qui est venu avec son épouse de Macédoine, a dû envoyer une voiture

7 par mois à l'UCK et a dû remettre cette voiture à Thaci, Krasniqi ou

8 Bashota. Il a envoyé plus de 12 véhicules à l'UCK. L'épouse de cet homme

9 est la sœur de Leke Berisha qui se trouve actuellement en Macédoine." (Fin

10 de citation.)

11 Etc., etc. Vous ai-je rafraîchi la mémoire? Est-ce exact?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Les frères Kryeziu albanais, ainsi que leur(s) fils, et cela se

14 passe près de Kijeva, ont été tués par Hashim Thaci, Rexhep Selimi et

15 Jakup Krasniqi. Est-ce exact?

16 Réponse: C'est exact.

17 Question: Dites-moi, savez-vous d'où Hashim Thaci a-t-il obtenu ce surnom

18 "le serpent"?

19 Réponse: Ce surnom "le serpent", je crois qu'il l'a pris à cause du serbe.

20 Question: Je ne vous ai pas tout à fait compris mais je ne veux pas perdre

21 de temps. Par conséquent, ces frères Kryeziu, comme vous l'affirmez, ont

22 été tués par les personnes dont j'ai cité les noms? Ils avaient une

23 station d'essence et ils avaient beaucoup d'argent, n'est-ce pas?

24 Réponse: …

25 Question: Etait-ce la raison principale pour laquelle ils ont été tués?

Page 6629

1 Réponse: Exact.Je ne sais.

2 Question: Il y a eu une attaque à Gllogovac et à Podujevo contre des

3 postes de police. C'était en 1997, est-ce exact?

4 Réponse: C'est exact.

5 Question: Lors de cette attaque à Gllogovac, il y a eu Hashim Thaci qui y

6 a pris part, n'est-ce pas, en plus de Selimi?

7 Réponse: Oui.

8 Question: Par ailleurs, d'après que ce vous savez, les frères Jashari,

9 Hamze et Adem, en 1994, ils se sont relancés dans des activités

10 terroristes qui avaient pris diverses cibles, la police, etc., n'est-ce

11 pas? Est-ce exact?

12 Réponse: Contre la police et ceux qui collaboraient avec la police.

13 Question: Les collaborateurs de la police, ce sont les Albanais qui

14 étaient employés au sein de la sécurité de l'Etat, c'est cela?

15 Réponse: Non. Les collaborateurs, eh bien ce sont d'autres personnes, les

16 personnes qui fournissaient des informations au sujet de l'UCK.

17 Question: Très bien. Jashari Hamze et Adem, en 1995, se sont mis à

18 planifier des attaques contre des postes de police et contre les agents de

19 police. Est-ce exact?

20 Réponse: C'est exact.

21 Question: Cette année, le poste de police de Podujevo a été attaqué. Cela

22 a été fait par Jashari, Sulejman Selimi et Hazir Pajaziti. Est-ce exact?

23 Réponse: Hazir Pajaziti, c'est exact.

24 Question: A ce moment-là, il y a eu une attaque sur le poste de police de

25 Gllogovac, deux policiers ont été tués, quatre grièvement blessés Cela a

Page 6630

1 été fait également par Adem Jashari et Rexhep Selimi. Est-ce exact?

2 Réponse: L'UCK, c'est exact.

3 Question: Lorsque je dis Adem Jashari et Rexhep Selimi, est-cela ou non?

4 L'UCK dans tous les cas, mais je veux les noms.

5 Réponse: C'est exact, il était également le commandant.

6 Question: Très bien. Et en 1996, Adem Jashari et l'actuel commandant de

7 l'UCK ont attaqué le poste de contrôle près de Klina, et ils ont tué trois

8 policiers. Est-ce exact?

9 J'ai dit en 1966; excusez-moi, c'était 1996, je voulais dire en 1996.

10 C'était une erreur, un lapsus. Est-ce exact?

11 Réponse: Ils étaient de l'UCK.

12 Question: Je sais qu'ils étaient de l'UCK. Ce que je vous demande, c'est

13 la chose suivante: est-il exact qu'en 1996, ils ont tué deux policiers au

14 moment où ils ont attaqué le poste de contrôle près de Klina?

15 Réponse: Normalement, oui.

16 Question: Ejup Bajgora, l'Albanais, a été tué par Rexhep Selimi et Adem

17 Jashari. Est-ce exact ou non?

18 Réponse: Il a été tué, mais je ne sais pas exactement par qui. Il est

19 exact qu'il a été tué, mais je ne sais pas par qui.

20 Question: Au paragraphe 4, page 22, il est dit: "Rexhep Selimi, Adem

21 Jashari ont également reçu pour mission de mener des opérations à l'ouest

22 du Kosovo et également en Metohija. En juin 1997, Rexep Selimi, Adem

23 Jashari, ainsi que "Shpata" -c'est le surnom de l'un des hommes- ont tué

24 l'inspecteur de la sécurité de l'Etat, Ejup Bajgora, devant sa maison."

25 C'est ce qui est écrit dans la déclaration; est-ce exact?

Page 6631

1 Réponse: C'est exact.

2 Question: Est-il exact qu'en 1997, huit policiers ont été tués et qu'il

3 est connu que Rexhep Selimi a pris part à ces assassinats avec Adem

4 Jashari et Azir Pajaziti. Est-ce exact?

5 Réponse: C'est exact, oui, des gens de l'UCK y ont pris part. Ce n'était

6 pas la population civile qui avait pris part à cela.

7 Question: Autrement dit, Hamze Jashari, le frère d'Adem Jashari? C'est

8 cela?

9 Réponse: C'est cela.

10 Question: Hami Jashari, d'après ce que vous savez, au moment où il y a eu

11 un conflit -enfin ce conflit de Prekaz, dont on a beaucoup parlé-, il

12 était avec Adem Jashari dans la maison. C'est cela?

13 Réponse: C'est exact.

14 Question: Est-il exact que Hami Jashari, pour autant que vous le sachiez,

15 a voulu se rendre?

16 Réponse: D'après ce que j'ai entendu de la part de mes contacts, oui,

17 c'était comme cela.

18 Question: Mais Adem Jashari a menacé de le tuer s'il se rendait, c'est

19 exact?

20 Réponse: C'est ce que la police a déclaré à travers ces hommes de contact.

21 Question: Et par ailleurs, c'est Adem Jashari qui a tiré les premiers

22 coups de feu contre la police: c'est exact?

23 Réponse: Oui.

24 Question: A-t-il menacé tous les membres de la famille, leur a-t-il dit

25 qu'il allait les tuer s'ils se rendaient?

Page 6632

1 Réponse: D'après les talkies-walkies et l'information reçue par la police,

2 oui, c'est exact.

3 Question: Afin de vous rafraîchir la mémoire, il s'agit d'une conversation

4 entre Adem -c'est dans votre déclaration puisque vous venez de confirmer

5 le reste-, il s'agit donc d'une conversation entre Adem et sa famille:

6 "J'ai entendu parler d'un mouchard. L'un des fils d'Adem, âgé de 10 ans, a

7 survécu à cet incident et l'a raconté aux membres de l'UCK. Ils lui ont

8 dit qu'il ne fallait jamais rien en dire à qui que ce soit, etc."

9 C'est en page 23. Vous dites que "les combats se sont poursuivis pendant

10 deux jours de plus et que, par la suite, la police s'est repliée". Mais

11 cela n'est pas pertinent pour mon contre-interrogatoire.

12 Réponse: L'assassinat d'Adem Jashari et de sa famille, eh bien, oui, après

13 cela, la police s'est retirée.

14 Question: Je vous ai donné lecture de cela. C'est bien exact? Oui ou non?

15 Réponse (en serbe): C'est exact.

16 Question: C'est donc de ce jeune homme qu'on parle, c'est à lui qu'on a

17 dit de ne jamais rien raconter de cela, n'est-ce pas?

18 Réponse: On lui a dit que son père était un héros.

19 Question: Oui, oui, mais on lui a dit de ne jamais raconter cet incident à

20 qui que ce soit au sujet du fait que son père voulait assassiner toute la

21 famille. Est-ce exact ou non? C'est ce qu'on a dit au jeune garçon.

22 Réponse: Il est réellement un héros.

23 M. Milosevic (interprétation): Vous voulez dire parce qu'il a tué autant

24 d'Albanais et de Serbes, comme vous venez de l'affirmer, il y a un

25 instant?

Page 6633

1 M. le Président (interprétation): Non, vous n'allez pas entrer dans une

2 querelle à ce sujet. Avançons!

3 M. Milosevic (interprétation): Très bien.

4 Par ailleurs, en 1998, Rexhep Selimi et Zeka ont mené une attaque contre

5 le poste de police de Klina, est-ce exact?

6 Témoin K6 (interprétation): Oui.

7 Question: Au courant de 1996 et de 1997, l'UCK a mené de nombreuses

8 opérations contre la police, est-ce exact?

9 Réponse: Oui, c'est exact.

10 Question: Est-il exact que l'UCK a tué Skender Gashi, un Albanais de

11 Glogovac, en 1997?

12 Réponse: C'était un employé de la police et il est vrai qu'ils l'ont tué.

13 Question: Autrement dit, l'UCK a tué Gashi en 1997: c'est cela?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Sokol Bashota a pris part à cet assassinat. Son nom clandestin

16 était "N°11". Est-ce exact?

17 Réponse: Je n'en suis pas sûr.

18 Question: Mais vous l'avez écrit! "Sokol Bashota a pris part à cet

19 assassinat. Le code secret de Bashota était n°11". C'est en page 21, au

20 dernier paragraphe.

21 "Sokol Bashota a participé à cet assassinat. Le code secret de Bashota

22 était "n°11". L'UCK utilisait des numéros pour identifier un certain

23 nombre de ses hommes". Et par la suite, vous dites: "Il y a eu d'autres

24 assassinats en 1996, dont on a parlé dans les journaux. Les membres de

25 l'UCK ont tué environ une vingtaine de personnes en 1997, lorsque le

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1 conflit a connu une escalade."

2 Est-ce exact ou non?

3 Réponse: L'UCK a tué les gens qui avaient été des employés de la police et

4 des hommes qui ont collaboré avec la police. C'était en manière de

5 représailles.

6 Question: La question que je vous pose, c'est au sujet de cette

7 déclaration qui est la vôtre. Vous avez dit qu'ils ont tué, en 1997, une

8 vingtaine de personnes. Est-ce exact ou non?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Est-il exact qu'en 1998, ils ont même attaqué le Tribunal de

11 Mitrovica? Est-ce exact?

12 Réponse: C'est cela.

13 Question: Est-il exact que, d'après ce que vous savez, à un moment, l'UCK

14 avait sa base au village de Likovac, municipalité de Srbica, puis au

15 village de Dragobilje, municipalité de Malisevo. Est-ce exact?

16 Réponse: Mais tout le monde le sait: c'est une information publique,

17 généralement connue.

18 Question: Bien. Et c'est à partir de là, à ce moment-là, qu'ils ont lancé

19 des opérations à Decani, Junik, Malisevo, Orahovac, Obilic, Istok et Shale

20 e Bajgores. Est-ce exact?

21 Réponse: Oui.

22 Question: Ainsi que dans d'autres localités, y compris Obilic?

23 Réponse: C'est exact. Partout où c'était nécessaire.

24 Question: Et lorsque vous parlez de leur base à l'étranger, est-il exact

25 que l'UCK avait des bases solides en Allemagne, en Suisse et en Belgique?

Page 6635

1 Est-ce exact ou non?

2 Réponse: C'est vrai!

3 Question: D'après vous, les fondateurs de l'UCK, en 1995, étaient les

4 frères Gervalla. Est-ce exact?

5 Réponse: Ce n'est pas exact.

6 Question: Ce n'est pas exact?

7 Réponse: Non.

8 Question: Vous dites… Un instant, s'il vous plaît, votre déclaration est

9 très longue.

10 Voilà, en page 19, sous le chapitre "L'UCK: les fondateurs étaient les

11 frères Gervalla, Isuf et Bardhosh, qui ont fondé l'UCK en Allemagne. Ils

12 vivaient à Ludwigsburg.

13 Puis vous continuez en disant que "le SUP les a tués là-bas en 1982". Est-

14 ce exact? Est-il exact ce que vous affirmez, à savoir que les gens qui ont

15 tué ces deux hommes étaient Lufti Ajazi, Selim Broshi et Jusuf Karakushi;

16 tous Albanais. Est-ce exact? Est-ce exact ou non?

17 Réponse: Il est exact que ces gens ont été tués par la police, par les

18 services secrets de sécurité.

19 M. Milosevic (interprétation): Vous dites dans votre déclaration que ceci

20 a été fait par Lufti Ajazi, Selim Broshi et Jusuf Karakushi. Est-ce exact

21 ou non?

22 Témoin K6 (interprétation): C'est vrai. C'étaient des employés des

23 services de sécurité.

24 M. le Président (interprétation): Nous allons suspendre l'audience.

25 Il vous reste 40 minutes, Monsieur Milosevic. Vous avez passé un quart-

Page 6636

1 d'heure à interroger uniquement au sujet de l'UCK, ce qui n'était

2 absolument pas au cœur de la déposition de ce témoin. Si vous souhaitez

3 poser des questions au sujet de sa déposition, il vous faudra utiliser les

4 40 minutes qui sont devant vous. Bien entendu, vous serez en position, au

5 moment voulu, de présenter vos propres éléments de preuve au sujet des

6 activités de l'UCK.

7 Un deuxième point: lorsque vous préparez votre contre-interrogatoire au

8 sujet d'une déclaration, il est beaucoup plus facile d'avancer dans

9 l'ordre chronologique au lieu de choisir divers moments dans le temps,

10 donc d'avancer et de reculer dans le temps. S'il vous plaît, essayez

11 d'organiser cela dans une progression logique dans le temps.

12 Nous suspendons la séance pour 20 minutes.

13 (L'audience, suspendue à 12 heures 16, est reprise à 12 heures 36.)

14 (Audience publique avec mesures de protection.)

15 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Milosevic?

16 M. Milosevic (interprétation): (Pas d'interprétation.)

17 M. le Président (interprétation): (Pas d'interprétation en anglais.)

18 Pourriez-vous essayer une nouvelle fois?

19 M. Milosevic (interprétation): (Pas d'interprétation.)

20 (L'interprète de la cabine française signale que les interprètes BCS

21 n'entendent pas M. Milosevic.)

22 M. Milosevic (interprétation): (Pas d'interprétation.)

23 M. le Président (interprétation): Nous pourrions commencer maintenant.

24 M. Milosevic (interprétation): Excusez-moi, Monsieur le Président. Oui.

25 Vous avez dit que le MUP de Serbie existe, le MUP du Kosovo, le MUP de

Page 6637

1 Vojvodina. Savez-vous que ce n'est pas vrai: il y a juste le ministère de

2 l'Intérieur de la Serbie?

3 Témoin K7 (interprétation): Il est vrai que le MUP existait et existe.

4 Question: Bien. J'ai parlé des tueries en 1992. Qu'est-ce que je faisais à

5 l'époque? Cela remonte à 1982.

6 Réponse: Je peux seulement répondre en ce qui concerne la période qui va

7 de 1997 à 1998.

8 Question: Mais vous avez décrit les manifestations à Pristina en 1984 et

9 vous avez même soutenu que Jusuf Karakushi commandait la police qui a tué

10 20 personnes. Pourquoi cela?

11 Réponse: Je peux répondre seulement à des questions concernant les années

12 1996, 1997, 1998.

13 Question: Je vous demande précisément pour la même raison parce que, dans

14 votre déclaration, vous mentionnez toutes ces années.

15 Alors passons à ma question suivante. Vous avez déposé ici dans le

16 prétoire, vous avez dit qu'Asim Mazreku a tué Lufti, et vous dites que

17 ceci était sur les ordres du DB?

18 Réponse: C'est vrai.

19 Question: Voudriez-vous concentrer vos efforts maintenant, s'il vous

20 plaît, parce que, lorsque vous nous avez expliqué ici verbalement les

21 choses, vous avez dit qu'ils avaient attendu Mazreku, qu'ils l'ont sorti

22 de la voiture, qu'ils l'ont passé à tabac; et une fois qu'ils l'avaient

23 passé à tabac, ils l'ont criblé de balles.

24 C'est ça que vous avez dit ici et je crois qu'on peut le lire au compte

25 rendu. Dans votre déclaration, vous avez aussi dit quelque chose de très

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1 différent: que Mazreku aurait été tué par la police.

2 Dans votre déclaration, page –je vais vous dire la page tout de suite-

3 page 5, vous dites qu'ils l'ont d'abord battu et ensuite qu'ils l'ont

4 criblé de balles après l'avoir sorti de la route, après que la voiture ait

5 été écrasée par un bulldozer et sortie de la route.

6 Quand disiez-vous la vérité: quand vous avez fait votre déclaration ou

7 quand vous avez déposé en ce qui concerne le meurtre qui aurait lieu de

8 Mazreku par la police?

9 Réponse: La vérité, c'est qu'il a été emmené en voiture par les unités

10 spéciales, mais je ne sais pas où vous avez pris ce que vous venez de

11 dire: qu'il y aurait un mensonge. La vérité, c'est ce qui est dit dans la

12 déclaration.

13 M. Milosevic (interprétation): Oui. Vous dites qu'ils l'ont passé à tabac.

14 Dans votre déclaration, à la page 5…

15 M. le Président (interprétation): Vous avez dit ce que vous vouliez dire,

16 Monsieur Milosevic, on est déjà passé par là –je ne me rappelle pas

17 exactement où, mais il se peut que vous ayez raison. Passons au point

18 suivant. Nous pourrons le vérifier.

19 M. Milosevic (interprétation): Bien. Ensuite, vous expliquez que Zoran

20 Dragovic, la personne qui, dites-vous, commandait les unités spéciales,

21 est venu à votre bureau à 5 heures du matin. Que faisiez-vous dans votre

22 bureau à 5 heures du matin, que faisiez-vous si tôt le matin dans votre

23 bureau?

24 Témoin K6 (interprétation): Zoran Dragovic n'était pas un commandant, mais

25 c'était la personne responsable ou en charge des unités spéciales. Lorsque

Page 6639

1 les Bérets rouges sont venus, c'était mon tour de garde, je travaillais

2 selon mon horaire.

3 Question: Bien. Puisque vous mentionnez les Bérets rouges et leur action,

4 vous dites qu'ils arrêtaient les gens qui étaient soupçonnés d'activités

5 contre l'Etat et de terrorisme. Est-ce exact?

6 Réponse: Oui, c'est cela.

7 Question: Vous dites que Badza était le commandant des unités spéciales

8 yougoslaves et qu'il était aussi le chef du MUP de la République. Est-ce

9 qu'il travaillait dans le MUP de Serbie ou le MUP de Yougoslavie?

10 Réponse: Au début, il faisait semblant d'être des unités spéciales de

11 Hajvalija, après avoir été chassé par les Albanais, après qu'ils l'aient

12 chassé. Mais après cela, il a travaillé avec le MUP de Serbie.

13 Question: Alors, jusqu'à sa mort, il était l'adjoint du chef de la

14 sécurité d'Etat et du ministère. Est-ce que vous le savez?

15 Réponse: Oui.

16 Question: Alors, ce que vous soutenez n'est pas vrai, n'est-ce pas?

17 Réponse (en serbe): Oui.

18 M. Milosevic (interprétation): Vous dites que Badza a été tué sur des

19 ordres de Ivica Stanisic. Qu'est-ce que Ivica Stanisic a à voir avec le

20 meurtre de Badza?

21 (Interprète: Il y a désaccord et malentendu parce que Bashda n'a pas été

22 tué sur l'ordre de Stanisic.)

23 Témoin K6 (interprétation): Mais si je peux l'expliquer.

24 (M. le Président (interprétation): Brièvement, s'il vous plaît.

25 Témoin K6 (interprétation): Badza a été tué par l'action organisée par la

Page 6640

1 sécurité de l'Etat parce que, récemment, il n'était pas constamment

2 d'accord avec nos politiques. Ils ne l'ont pas tué sans en avoir reçu

3 l'ordre.

4 M. Milosevic (interprétation): Vous soutenez maintenant que, vous

5 supposez, vous devinez, alors qu'à la page 6, dans ce grand paragraphe à

6 la cinquième ligne, nous avons la phrase suivante: "Il a été tué par une

7 unité spéciale du service de la sécurité d'Etat sur les ordres d'Ivica

8 Stanisic, comme Badza s'était déclaré ouvertement contre Stanisic et

9 Milosevic."

10 C'est ce que vous dites. J'ai lu la phrase d'un bout à l'autre jusqu'au

11 point. Est-ce que c'est ça que vous soutenez?

12 Réponse: C'est vrai, j'ai déclaré cela.

13 Question: Il ne s'est jamais prononcé contre moi. Le savez-vous, en êtes-

14 vous conscient? Il n'a jamais parlé contre moi.

15 Réponse (en serbe): Si, il l'a fait, il s'est déclaré publiquement contre

16 votre politique.

17 Question: Et il ne s'est jamais déclaré ouvertement contre Stanisic, non

18 plus. C'est quelque chose que vous soutenez. Est-ce exact ou non?

19 Réponse: Il s'est toujours déclaré publiquement, récemment, contre eux.

20 Question: Lorsque vous dites qu'en 1995 et 1996, deux paragraphes plus

21 bas, que son assassinat a été planifié, vous en avez entendu parler en

22 1997 par un collègue. C'est ça que vous soutenez?

23 Réponse: Oui, c'est bien le cas.

24 Question: Eh bien, en tant que membre de la police, vous auriez dû savoir

25 qu'il n'avait jamais de gardes du corps. Et vous dites qu'il a été tué

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1 dans un café sous le regard de ces gardes du corps. Qui vous a dit de dire

2 cela?

3 Réponse: Ceci a été diffusé à la télévision, mais on me l'a dit aussi, des

4 collègues me l'ont dit.

5 Question: Ceci ne pouvait pas être diffusé à la télévision parce que ce

6 n'était pas exact. Donc, vous avez en fait imaginé tout cela ou quelqu'un

7 vous a dit de dire cela, n'est-ce pas?

8 Réponse: Je n'ai pas imaginé cela et personne ne m'a dit de dire cela.

9 Mais ceci est la vérité, la vérité c'est qu'il a été tué dans un

10 restaurant et que cela a été diffusé sur la télévision et qu'un de mes

11 collègues m'a dit qu'il avait été tué parce qu'il n'était pas d'accord

12 avec la politique de Milosevic.

13 Question: Et c'est votre collègue qui vous a dit cela, c'est bien cela? Et

14 ce que vous avez vu à la télévision, bien sûr, ceci a été diffusé, bien

15 entendu, il s'agissait du meurtre du chef de la police. Ce n'est pas

16 quelque chose que je conteste. Alors, vous expliquez ensuite à la page 6,

17 au paragraphe 1, que Stanisic a été remplacé en 1998 mais qu'il était

18 encore actif. Où était-il encore actif, selon vous? Pour être encore

19 impliqué, écrivez-vous.

20 Réponse: A mon avis? Là où il était actif? Après cela, je n'en sais rien.

21 Question: Vous dites qu'à partir du moment où Badza a été tué, j'ai eu

22 sous mon contrôle la police d'Etat, aux mains de qui, sous le contrôle de

23 qui est-ce qu'elle était avant cela?

24 Réponse: Et même à l'époque, vous aviez encore votre armée et votre

25 police!

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1 Question: Vous dites ici, pendant votre déposition, ici: "Milosevic est

2 très bien informé de chaque détail de ce qui se passe au Kosovo et

3 Metohija". C'est cela que vous avez dit. Etes-vous jamais venu me voir?

4 Réponse: Bien sûr que vous êtes bien informé de tout ce qui s'est passé au

5 Kosovo.

6 Question: Ma question était de savoir : êtes-vous jamais venu me voir?

7 Réponse: Non, parce que c'était impossible de vous approcher. Bien

8 entendu.

9 Question: Avez-vous jamais été à une réunion où j'étais présent?

10 Réponse: Non. Lorsque vous aviez ces réunions au Gazimestan, près du

11 monument à Pristina.

12 Question: Vous voulez dire quand il y avait deux millions de personnes

13 présentes, c'est là que vous vous trouviez?

14 Réponse: Oui, normalement.

15 Question: Donc, la plupart des responsables de la guerre qui venaient se

16 retrouver avec Milosevic et Radovic et Gajic et les autres personnes, y a-

17 t-il, à votre avis, une erreur, y a-t-il une responsabilité de la part de

18 l'UCK, et de l'OTAN peut-être, sauf pour Misku, Ajazi, Radovic et Gajic?

19 Réponse: Les principaux responsables de la guerre qu'on menait au Kosovo,

20 le principal responsable c'est vous. Ils travaillaient tous sous vos

21 ordres, ils appliquaient tous les ordres et chaque ordre que vous donniez.

22 Question: Bien. Vous dites que la DB surveillait toutes les opérations de

23 l'UCK mais n'empêchait pas leurs attaques. Et il y a un moment, vous avez

24 parlé d'une série de conflits avec la police et l'UCK. Alors, quelle est

25 la vérité? Dans toutes ces choses, qu'est-ce qui peut être vrai?

Page 6643

1 Réponse: La vérité est la suivante: tout est vrai, que c'était sous le

2 contrôle de la sécurité d'Etat. Les actions entreprises par la police

3 étaient brèves, tandis que, pour prendre les actions contre l'élimination

4 de l'UCK, c'était vous-même qui ne permettiez pas que cela se passe à

5 l'époque, les raisons étant que vous-même vous aviez planifié, après avoir

6 perdu la guerre dans des lieux où vous aviez combattu, les choses au

7 Kosovo et la séparation du Kosovo.

8 Question: N'entrons pas dans des spéculations. Comme vous avez vous-même

9 parlé de l'existence d'unités pour combattre les terroristes et des tâches

10 de la sécurité d'Etat pour combattre le terrorisme, lorsque vous parlez de

11 l'organisation et des tâches, vous décrivez leurs obligations, leurs

12 tâches, la lutte contre le terrorisme. Alors pourquoi supposez-vous qu'ils

13 auraient eu besoin d'autorisation spéciale s'ils voulaient arrêter un

14 terroriste? Est-ce que la police a besoin d'autorisation particulière

15 lorsqu'elle établit que quelqu'un a perpétré un crime? Est-ce qu'il faut

16 aller demander au chef de l'Etat si on peut arrêter quelqu'un qui a volé

17 dans un magasin ou pour arrêter un terroriste qui tire sur quelqu'un

18 d'autre?

19 Vous, en tant que membre du service, pouvez-vous concevoir cela?

20 Réponse: Ceci n'avait rien à voir, ceci concernait une armée régulière

21 populaire, tout ce qui était fait passait par vos mains.

22 Question: J'ai pris ceci comme un exemple. Pourquoi une organisation, une

23 unité, pour combattre le terrorisme, demanderait-elle une autorisation

24 pour remplir sa tâche normale?

25 Réponse: Bien sûr, une unité spéciale était nécessaire et, à l'époque, il

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1 y en avait une au Kosovo. Mais à l'époque, il fallait une autorisation

2 spéciale pour se rendre au Kosovo et y mener des opérations; ce n'est pas

3 une question de voleur ou autre chose de ce genre.

4 M. Milosevic (interprétation): Bien, bien. Passons à autre chose.

5 Vous dites que comme vous aviez été soupçonné d'avoir pris part à

6 l'attaque contre le poste de police à Klina, est-il vrai que vous avez

7 participé à cette attaque du poste de police de Klina? Est-ce que vous

8 aviez mis le doigt dans cet engrenage?

9 Témoin K6 (interprétation): Il n'est pas vrai que j'ai participé à cette

10 attaque.

11 M. Milosevic (interprétation): (expurgé)

12 (expurgé)

13 (expurgé)

14 (expurgé) avec les numéros d'immatriculation

15 qui correspondaient à votre nom, certaines de vos armes s'y trouvaient.

16 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Nice?

17 M. Nice (interprétation): Je crois qu'il sera nécessaire d'expurger le

18 compte rendu.

19 M. le Président (interprétation): Nous passons en huis clos partiel.

20 (Huis clos partiel à 12 heures 56.)

21 (expurgé)

22 (expurgé)

23 (expurgé)

24 (expurgé)

25 (expurgé)

Page 6645

1 (expurgé)

2 (expurgé)

3 (expurgé)

4 (expurgé)

5 (expurgé)

6 (expurgé)

7 (expurgé)

8 (expurgé)

9 (expurgé)

10 (expurgé)

11 (expurgé)

12 (expurgé)

13 (expurgé)

14 (expurgé)

15 (expurgé)

16 (expurgé)

17 (expurgé)

18 (Audience publique avec mesures de protection à 12 heures 58.)

19 M. Milosevic (interprétation): En mai 1998, vous avez quitté le Kosovo,

20 donc vous n'étiez plus au Kosovo ni en 1998 jusqu'à la fin de l'année, ni

21 en 1999. Est-ce exact?

22 Témoin K6 (interprétation): C'est exact. Je suis parti à la fin de mai

23 1998.

24 M. Milosevic (interprétation): Vous dites que Seselj avait ses unités là.

25 Avez-vous jamais vu Seselj commandant ces unités, au commandement de ces

Page 6646

1 unités, ou est-ce que vous avez eu un contact quelconque avec elles et

2 s'il était au Kosovo pendant que des opérations étaient en cours là-bas?

3 Témoin K6 (interprétation): Je n'ai jamais rencontré, je n'ai jamais vu

4 Seselj. J'ai vu son unité au Kosovo avant 1998 et un de mes collègues

5 était membre de son unité et de son parti.

6 Question: Alors, vous ne savez pas s'il est vrai qu'il avait une unité ou

7 une formation quelconque au Kosovo?

8 Réponse: Il est vrai qu'il avait une unité. On l'a également diffusé, on a

9 diffusé des nouvelles à ce sujet en albanais.

10 Question: Oui, mais vous avez entendu cela d'un collègue, n'est-ce pas?

11 Je voudrais revenir à la première page et appeler votre attention sur le

12 fait que nous n'avons pas besoin d'aller en huis clos partiel parce que je

13 ne vais pas communiquer l'identité du témoin en aucune manière. C'est

14 simplement un fait qu'il se trouve qu'il produit un fait essentiel au

15 paragraphe 1 de la page 1.

16 Vous écrivez ce qui suit: "Après 1991, nous n'étions plus responsables de

17 la recherche des crimes politiques parce qu'il avait été décidé que tout

18 groupe avait le droit de former un parti politique.

19 Donc après 1991, la sécurité de l'Etat ne s'occupait plus, même au Kosovo,

20 en aucune type de recherche de crime politique, ne traitait plus d'aucun

21 type de crime politique du tout, et les partis politiques pouvaient

22 librement se former, n'est-ce pas?

23 Réponse: C'est vrai. Toutefois, dès que la guerre a commencé au Kosovo,

24 ceci a été violé; il n'y avait pas de liberté de parole.

25 Question: Pour autant que vous soyez concerné, vous n'étiez même pas là

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1 quand la guerre a éclaté. En réponse à une question de M. Nice sur le

2 point de savoir si ce secteur avait quoi que ce soit à voir avec les

3 crimes politiques; vous avez répondu ici verbalement uniquement pour les

4 questions concernant le terrorisme, n'est-ce pas? Est-ce exact?

5 Réponse (en serbe): C'est exact.

6 Question: Expliquez ceci donc si c'est exact alors: comment se fait-il que

7 vous puissiez soutenir que le secteur -peu importe lequel, ne le

8 mentionnons pas maintenant- ce secteur au Kosovo accomplissait toutes les

9 opérations prévues, telles que des meurtres, arrestations, des opérations

10 telles que des meurtres organisés, des arrestations? Laissons de côté la

11 question des arrestations -toutes les forces de police s'occupent

12 d'arrestation- mais organiser des tueries, centrons-nous là-dessus.

13 Combien de personnes avez-vous tué en suivant vos ordres d'organiser des

14 tueries?

15 Réponse: Je n'ai tué personne. Mais même mes collègues n'ont pas tué

16 personne, n'ont tué personne non plus. D'autres ont tué ces personnes, je

17 veux dire que mes collègues ne faisaient que des vérifications. Moi-même,

18 je n'allais sur le terrain que pour cela.

19 Question: Bon. Vous avez décrit un secteur dans lequel il y avait des

20 compétences de ce genre et maintenant vous dites que vous n'avez accompli

21 aucune de ces tâches. Vous dites que depuis 1991, vous n'étiez pas

22 responsable de la recherche des crimes politiques, mais vous affirmez et

23 soutenez qu'ils s'occupaient de tuer des gens.

24 Alors, répondez à la question suivante: si pour des raisons politiques et

25 avec un contexte politique les services de la sécurité politique

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1 s'occupaient de tuer des gens? Comment se fait-il que pas un seul

2 politicien ou homme d'Etat albanais n'ait pas été tué au cours de toutes

3 ces années? Si ce secteur existait et si l'ensemble du service était

4 organisé en ce sens, comment se fait-il que pas une seule personne

5 albanaise, un homme politique albanais, y compris des parties extrémistes,

6 qu'aucun n'ait été tué? Comment cela est-il possible?

7 Réponse: Ce secteur comme -je l'ai dit précédemment et je vais le répéter-

8 je vous donnerai un exemple concret, ce secteur participait à la recherche

9 des éléments de faits sur ce qui se passait là-bas. Mais l'exemple remonte

10 à 1997, si je ne me trompe, janvier 1997 le 31 janvier, lorsque Pajaziti,

11 Edmond Hoxha et un troisième ami ont été tués dans cette tuerie, dans ces

12 meurtres, et les personnes qui y participaient étaient des employés

13 normaux mais il y avait aussi des membres des unités spéciales de la

14 police publique.

15 Question: Bien, bien. Bien. Je pense que la réponse est suffisante pour

16 cette question.

17 Je voudrais savoir comment aucune personne publique n'a été tuée alors

18 qu'il existait un secteur pour organiser cela. Vous nous avez fourni un

19 diagramme du système de la sécurité d'Etat au Kosovo, ce que je tiens dans

20 ma main pour le moment. Regardez. Voilà l'organigramme qui a été distribué

21 avec les noms des secteurs, des conseillers, etc. Toutes ces personnes

22 étaient-elles du Kosovo?

23 Réponse: Principalement oui, sauf deux personnes.

24 Question: Quelles étaient les deux personnes qui n'étaient pas du Kosovo?

25 Réponse: Miro Radovic et David Gajic.

Page 6649

1 Question: Bon. Tous les autres étaient du Kosovo, sauf pour Radovic et

2 Gajic. Dites-moi, combien de personnes dans les échelons les plus élevés

3 étaient des Albanais, étaient des Albanais de souche ethnique?

4 Réponse: Dans la haute hiérarchie il y avait seulement une personne à

5 Pristina et une à Peja.

6 Question: Et combien dans le service de sécurité d'Etat, dans la partie

7 qui travaillait au Kosovo et Metohija, combien de membres étaient

8 albanais?

9 Réponse: Il y en avait approximativement 30 au Kosovo, dans l'ensemble du

10 Kosovo.

11 Question: Bien. Comme vous avez parlé de meurtre, vous avez mentionné

12 Hamiti, Osman Musa, Kiliberda -je ne sais pas si j'ai repris tous les noms

13 de votre déclaration, Kelmendi, et vous parlez de l'assassinat qui avait

14 été projeté- est-ce que vous étiez présent quand on a projeté d'organiser

15 ces assassinats ou lorsqu'on a effectué ces assassinats ou ces tentatives

16 d'assassinat ou ces assassinats?

17 Réponse: Peut-être vous avez mal interprété les choses, lorsque vous avez

18 parlé de meurtre. Moi, j'ai parlé de personnes qui travaillaient sur le

19 terrain, découvraient des faits sur le terrain et qui préparaient des

20 documents à ce sujet. Mais je ne sais pas qui préparait les actions.

21 Question: Bien. Eh bien, je suis heureux que nous ayons éclairci ce point.

22 Je suppose qu'en tant qu'inspecteur et chef de groupes, vous étiez

23 conscient des règles d'opérations du service de sécurité d'Etat, n'est-ce

24 pas?

25 Réponse: A l'évidence évidemment.

Page 6650

1 Question: Est-ce que vous savez que, conformément à ces règles, personne

2 ne pouvait ordonner à quiconque de commettre un délit pour ne pas dire un

3 meurtre?

4 Réponse: Une chose est d'agir conformément à la loi, et une autre d'agir

5 en dehors de la loi.

6 Question: Je vous demande ce que disent les règles et règlements. Vous

7 étiez membre: vous deviez dire et signer que vous aviez connaissance de

8 ces règles et règlements. Est-ce que vous savez qu'un crime ne peut pas

9 être justifié par l'ordre d'un supérieur et ne décharge pas de sa

10 responsabilité celui qui commettrait un crime de ce genre, en particulier

11 un meurtre? Avez-vous connaissance de ces règles?

12 Réponse: C'est exact. Mais pourquoi n'avez-vous pas donné d'ordre pour que

13 les personnes qui avaient commis ces crimes fussent arrêtées?

14 Question: C'est ce que prévoient les règles et le règlement.

15 Est-ce que vous savez que le fait de donner des ordres de ce genre est un

16 délit, est un crime, et que quiconque en a connaissance doit rendre

17 compte? Vous nous parlez d'un certain nombre de cas, du fait qu'une

18 personne a été passée à tabac, puis tuée, que son corps a été criblé de

19 balles. Cette personne qui s'appelait Mazreku: avez-vous rendu compte de

20 ces incidents?

21 Réponse: Il a été rendu compte aux autorités compétentes de ces faits

22 pertinents. Et cela a certainement été porté à votre connaissance, or vous

23 n'avez pris aucune mesure à ce sujet. Mais la loi est autre chose. Et agir

24 conformément à la loi, c'est encore autre chose.

25 Question: Bien, bien. Puisque vous mentionnez Ivica Stanisic, êtes-vous

Page 6651

1 allé lui rendre compte de cet incident, du fait que Mazreku avait été tué

2 par vos collègues?

3 Réponse: Concernant Stanisic, j'étais trop peu important pour pouvoir même

4 l'approcher. Toutefois, il y avait d'autres personnes -deux ou trois

5 personnes que j'ai mentionnées plus tôt- dont je suis sûr qu'elles

6 auraient pu le faire. Et je suis sûr aussi qu'il était parfaitement

7 conscient du fait parce qu'il ne faisait rien, enfin rien ne pouvait se

8 passer sans qu'il le sache.

9 Question: Eh bien, comment pouvait-il en avoir connaissance, si vous ou

10 d'autres, qui étiez au courant d'une irrégularité, ne l'en informiez pas?

11 Réponse: Je n'étais pas la personne qui était principalement impliquée. Il

12 y a eu des personnes plus importantes que moi. Et je suis convaincu

13 qu'elles ont transmis et qu'elles ont rendu compte à ce sujet.

14 Question: Sur la base de quoi êtes-vous convaincu?

15 Réponse: Sur la base du fait que, pour chacune des actions commises avant

16 et après, que ce soient des actions positives ou négatives, il y avait des

17 renseignements qui étaient recueillis. Parce que ce soit le mardi ou le

18 jeudi, Misku rendait compte à Stanisic.

19 Question: Et comment en avez-vous connaissance de cela? Comment le savez-

20 vous?

21 Réponse: Stanisic était le seul qui se trouvait à Belgrade, alors les gens

22 communiquaient directement avec lui de toutes...

23 Question: Ou est-ce qu'il avait une structure plus importante dans le

24 pays?

25 Réponse: Je sais que tout passait par ses mains et que c'était la personne

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1 la plus importante qui recevait les renseignements.

2 Question: Pouvez-vous imaginer un individu qui reçoit tous les

3 renseignements détaillés sur son bureau, de tout le pays? Pouvez-vous

4 imaginer la tâche énorme qui lui incomberait?

5 Vous êtes professionnel, vous devriez savoir comment fonctionnent ces

6 services. Vous dites que vous êtes informé. Je ne doute pas… Je ne sais

7 pas si vous êtes réellement un professionnel.

8 Réponse: La vérité est qu'au Kosovo une autre situation s'est produite,

9 une situation très instable, et pour tous les renseignements étaient

10 donnés. Cette personne a été informée, tandis que nous savions que c'était

11 votre collaborateur le plus proche.

12 Question: Page 8 de votre déclaration, vous parlez d'un certain nombre de

13 personnes: Zymberi par exemple, inspecteur né à Decan, qui vit à Pristina,

14 Deme Muja, qui est inspecteur autonome, capitaine dans la terminologie en

15 vigueur, assistant du chef de la sécurité à Pec. Est-ce que toutes ces

16 personnes sont des Albanais?

17 Réponse: Oui.

18 M. Milosevic (interprétation): Comment pouvez-vous dire que la DB a

19 persécuté ces Albanais puisque ces Albanais travaillaient avec la DB?

20 M. le Président (interprétation): C'est un motif de querelle. Monsieur

21 Milosevic, il vous reste encore trois ou quatre minutes.

22 M. Milosevic (interprétation): Bien. Je regarde un petit peu plus loin

23 dans le texte. Vous dites ici un certain nombre de choses tout à fait

24 désagréables à l'encontre de Danica Marinkovic, la juge.

25 Dans votre déclaration, vous dites avoir vu quelqu'un qui avait été frappé

Page 6653

1 lorsque vous avez pénétré dans le bureau de Danica Marinkovic, alors

2 qu'ici même, dans ce prétoire, aujourd'hui vous avez dit que Danica

3 Marinkovic avait dit à une personne qui était en train d'être interrogée

4 -je cite-: "Vous feriez mieux de signer plutôt que d'être battu!" Vous

5 avez dit que cet homme s'appelait Avni Klinaku.

6 Pour quelque chose d'aussi important, comment se fait-il que vous ne

7 l'ayez pas écrit dans votre déclaration si vous l'avez entendu et comment

8 se fait-il que soudain, vous vous en soyez souvenu après tant de temps

9 ici?

10 Réponse: Avni Klinaku était là en présence de la juge d'instruction et il

11 s'est adressé à elle en disant: "Il est préférable qu'il signe plutôt que

12 d'être frappé!"

13 Question: Mais ma question est la suivante: pourquoi est-ce que vous

14 n'avez pas parlé d'un fait aussi important dans votre déclaration? Parce

15 que ce que vous avez dit ici, dans ce prétoire, c'est que cette femme en

16 tant que juge d'instruction avait dit à un suspect: "Vous feriez mieux

17 d'avouer plutôt que d'être frappé!"

18 Comment se fait-il que cela ne se retrouve pas dans votre déclaration

19 écrite?

20 Réponse: Je pense que cela y figure parce qu'à côté de lui, il y avait un

21 grand nombre d'Albanais qui avaient été frappés en sa présence à elle et

22 en présence d'autres juges.

23 Question: Bien, c'est facile à vérifier.

24 Puisque vous affirmez avoir été membre des services de sécurité de l'Etat,

25 savez-vous que ce n'est ni la police ni les représentants des services de

Page 6654

1 sécurité de l'Etat qui amènent les prévenus devant le juge d'instruction,

2 mais que ce transport est assuré par les gardes de la prison. Le savez-

3 vous, puisque vous êtes au courant des règlements en vigueur dans ce pays?

4 Réponse: C'est un fait, mais là, il n'avait pas travaillé dans le respect

5 des règlements. Il est arrivé dans le bureau du juge, accompagné d'un

6 garde, et une fois que le prévenu s'est trouvé dans le bureau du juge, le

7 garde est parti.

8 M. Milosevic (interprétation): A un autre endroit, en page 11 de votre

9 déclaration, parlant de ces meurtres dont vous avez donné deux versions

10 différentes d'ailleurs, vous dites que "les assassinats se sont produits

11 en l'absence de tout témoin".

12 S'il n'y a pas eu de témoin, comment se fait-il que vous puissiez en

13 témoigner?

14 Témoin K6 (interprétation): Je ne comprends pas la question. En l'absence

15 de quoi?

16 M. le Président (interprétation): La question n'était pas suffisamment

17 claire, Monsieur Milosevic. Il vous reste une question encore à poser, le

18 temps qui vous est imparti est déjà dépassé.

19 M. Milosevic (interprétation): Dans ce cas, en voilà une. En page 14 de

20 votre déclaration, vous dites que l'un de vos collègues -un certain Ilic-

21 vous a dit que seule l'Amérique et l'OTAN pouvaient apporter leur aide.

22 Sinon, ceux qui ne souhaitent pas vivre avec nous n'ont rien à faire au

23 Kosovo et vous dites que cette conversation a eu lieu en 1996.

24 Ensuite, je vous demande -et l'opinion demande également- si en 1996,

25 après la conclusion de l'accord de Dayton, il serait venu à l'idée de qui

Page 6655

1 que ce soit, même en tant qu'idée ou en tant qu'expression d'inquiétude,

2 qu'une guerre quelconque ou un conflit quelconque aurait pu éclater après

3 l'accord de Dayton de 1996.

4 Vous dites que c'est en 1996 que vous avez parlé de l'OTAN. Qui, à

5 Belgrade, mentionnait l'OTAN, et en Yougoslavie en 1996, comme étant la

6 source d'un quelconque danger après 1996, après les Accords de Dayton?

7 Pourquoi est-ce que vous avez inventé cela?

8 Réponse: Ecoutez, s'agissant de l'OTAN, je n'ai jamais mentionné l'OTAN,

9 mais il est possible que j'ai dit, en toute responsabilité, que même après

10 Dayton, on savait qu'une guerre allait éclater au Kosovo, et même mes

11 collègues me disaient, chaque fois…

12 Peut-on encore avoir un huis clos privé, une seule fois encore?

13 M. le Président (interprétation): Oui.

14 (Huis clos partiel à 13 heures 22.)

15 (expurgé)

16 (expurgé)

17 (expurgé)

18 (expurgé)

19 (expurgé)

20 (expurgé)

21 (expurgé)

22 (expurgé)

23 (expurgé)

24 (expurgé)

25 (expurgé)

Page 6656

1 (Audience publique avec mesures de protection.)

2 (Questions de l'amicus curiae, M. Tapuskovic, au témoin K6.)

3 M. Milosevic (interprétation): Monsieur May?

4 M. le Président (interprétation): Oui.

5 M. Milosevic (interprétation): Vous parlez d'un deuxième témoin et moi, on

6 m'a informé que l'audience d'aujourd'hui s'achevait à 13 heures 45.

7 M. le Président (interprétation): Vendredi nous avons décidé de terminer

8 à 14 heures.

9 M. Milosevic (interprétation): Mais quelqu'un viendra me rendre visite

10 pour deux heures seulement, ce qui signifie, dans les conditions

11 actuelles, qu'il y aura 15 minutes de moins.

12 M. le Président (interprétation): Nous le savons, nous le savons.

13 M. Tapuskovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président. Je vais

14 m'efforcer d'être réellement très bref.

15 Monsieur le Témoin K6, d'après ce que vous avez dit, j'ai cru comprendre

16 que vous travailliez dans le service où vous travaillez depuis 1981,

17 n'est-ce pas?

18 (Le témoin fait un signe affirmatif de la tête.)

19 Il y a une chose qui m'intéresse. Vous connaissez la situation au Kosovo

20 depuis cette période et jusqu'en 1997. Donc, entre 1981, date à laquelle

21 vous avez commencé à travailler, et 1997, y a-t-il eu exode massif des

22 Serbes du Kosovo, de la province du Kosovo, en raison des pressions

23 exercées sur eux?

24 Témoin K6 (interprétation): Les Serbes ont quitté le Kosovo, comme les

25 Albanais d'ailleurs, mais il y a eu effectivement des Serbes qui sont

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1 partis. Ils l'ont fait en raison des conditions matérielles de leur vie.

2 Question: Mais vous souvenez-vous de l'affaire Martinovic, qui a eu lieu

3 quelques années avant que vous ayez commencé à travailler? Vous rappelez-

4 vous ce jour où, derrière lui, la population est partie en masse, a fui le

5 Kosovo en masse? Vous rappelez-vous ce qui est arrivé à Martinovic?

6 Réponse: Oui, bien sûr, je m'en souviens.

7 M. Tapuskovic (interprétation): Pouvez-vous dire aux Juges de cette

8 Chambre ce qui s'est passé à ce moment-là et quelles ont été ensuite les

9 conséquences au Kosovo?

10 M. Nice (interprétation): C'est un incident très connu, Monsieur le

11 Président, dont je doute qu'il ait la moindre influence sur la présente

12 affaire. C'est un sujet qui a provoqué une grande controverse et dont on

13 trouve mention dans un certain nombre d'ouvrages.

14 M. le Président (interprétation): Oui, nous n'allons pas ennuyer le témoin

15 à ce sujet; nous en avons entendu parler par ailleurs.

16 M. Tapuskovic (interprétation): Je n'avais pas l'intention d'ennuyer le

17 témoin et de poser la question au témoin. D'ailleurs, c'est une affaire

18 tellement connue.

19 Ce que je lui demande, c'est si cette affaire a eu une très grande

20 importance et si elle a provoqué le départ d'un grand nombre de personnes

21 du Kosovo.

22 M. le Président (interprétation): Le témoin a répondu, donc avançons.

23 M. Tapuskovic (interprétation): Ma question suivante est comme suit:

24 puisque l'UCK a commencé à exister en 1975, comme le témoin l'a dit, et a

25 cessé d'exister en 1982, je demande au témoin si, entre 1975 et 1982, il y

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1 a eu pression de la part de l'UCK sur les Serbes pour qu'ils quittent le

2 Kosovo.

3 Témoin K6 (interprétation): Ceci n'est pas vrai, il n'y a pas eu de

4 pression exercée sur les Serbes à ce moment-là.

5 M. Tapuskovic (interprétation): Mais alors, quand est-ce qu'il y en a eu?

6 Témoin K6 (interprétation): Aucune pression n'a été exercée sur les

7 Serbes. Les Serbes sont partis à l'époque, uniquement en raison des

8 mauvaises conditions matérielles dans lesquelles ils vivaient.

9 M. le Président (interprétation): Monsieur Tapuskovic, nous devons vous

10 demander de ne poser qu'une ou deux questions encore, en évitant des

11 questions aussi vastes.

12 Monsieur Nice, avez-vous un autre témoin prêt à témoigner?

13 M. Nice (interprétation): Oui, j'ai un autre témoin présent, mais j'ai

14 aussi une demi-douzaine de questions comme questions supplémentaires à

15 poser.

16 M. le Président (interprétation): Essayez d'en terminer rapidement,

17 Monsieur Tapuskovic, jusqu'à 13 heures 50.

18 M. Tapuskovic (interprétation): Dans ce cas, Monsieur le Président,

19 j'aimerais que nous examinions un passage de la déclaration écrite de ce

20 témoin, page 23, paragraphe 2.

21 J'aimerais faire la clarté sur un point. Vous dites ici que fin 1997,

22 l'UCK était dirigée par Adem Jashari; après quoi, le territoire libre de

23 Drenica a été proclamé.

24 J'aimerais savoir quel était le pourcentage du territoire du Kosovo que

25 représentait ce territoire libre de Drenica, à l'époque?

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1 Témoin K6 (interprétation): Drenica, dirais-je, constituait un pourcentage

2 très faible du territoire, peut-être 2%, même pas 2% en fait. C'est à cet

3 endroit que l'armée du peuple albanais a été créée.

4 Question: Merci. Il y a encore un seul point qui m'intéresse. Tout ce que

5 vous avez dit au sujet de Danica Marinkovic, et donc de ce juge

6 d'instruction et du système judiciaire yougoslave, vous avez dit que,

7 selon les informations dont vous disposiez, Danica Marinkovic recevait de

8 l'argent, autrement dit qu'elle était corrompue. C'est bien cela?

9 Réponse: Je n'ai jamais parlé de corruption.

10 Question: Mais vous avez dit que des représentants du service lui

11 apportaient de l'argent. C'est bien cela que vous avez dit?

12 Réponse: Pour autant que je sache ce que j'ai dit, je n'ai jamais parlé de

13 corruption. Peut-être y a-t-il eu une erreur de votre part quelque part.

14 M. Tapuskovic (interprétation): Peut-être ai-je mal compris, mais cela a

15 été dit aujourd'hui. Enfin, je ne vais pas abuser du temps qui m'est

16 imparti. Merci, Monsieur le Témoin.

17 Merci, Monsieur le Président.

18 (Interrogatoire principal supplémentaire du Témoin K6 par M. Nice.)

19 M. Nice (interprétation): J'ai un souvenir qui correspond à ce qu'a dit M.

20 Tapuskovic. Ce n'est pas dans la déclaration, mais c'est peut-être une

21 erreur de traduction.

22 M. le Président (interprétation): Je crois que l'expression utilisée en

23 anglais était que de l'argent lui avait été apporté.

24 M. Nice (interprétation): Apporté à elle ou au juge, je ne suis pas tout à

25 fait sûr de ce qui a été dit. Mais, bien entendu, la déclaration du témoin

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1 est versée au dossier et c'est vérifiable.

2 M. le Président (interprétation): Très bien.

3 M. Nice (interprétation): Témoin K6, lorsque vous avez fait cette

4 déclaration le 6 mai 1999, bien sûr, le conflit était encore en cours de

5 façon générale et vous nous avez parlé un peu des sources d'information

6 qui étaient les vôtres; mais s'agissant de l'UCK et de ce que faisait

7 l'UCK, vous aviez obtenu des informations à ce sujet et elles vous ont été

8 données par des gens, n'est-ce pas?

9 Témoin K6 (interprétation): Oui, c'est tout à fait normal.

10 M. Nice (interprétation): Et votre déclaration a toujours permis de

11 déterminer si les informations à votre disposition étaient des

12 informations de première main ou de deuxième main, n'est-ce pas?

13 Témoin K6 (interprétation): Oui.

14 Question: On vous a interrogé, l'accusé vous a interrogé au sujet d'un

15 certain nombre de meurtres assez importants commis par l'UCK.

16 Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je vous ramène à la version

17 anglaise sur un certain nombre de sujets. En page 4 de la déclaration,

18 vous avez traité de l'assassinat de Betush Beka, page 4, avant dernier

19 paragraphe.

20 Réponse: Oui.

21 Question: Vous avez stipulé quelles étaient les raisons justifiant cet

22 assassinat, à savoir le fait qu'on était mécontent de son travail au MUP

23 et qu'on lui reprochait les incidents dont l'UCK avait été victime à cette

24 époque?

25 Réponse: C'est exact.

Page 6661

1 Question: Paragraphe suivant, en rapport avec Mazreku; nous en avons parlé

2 en public.

3 Dites-vous bien, en avant-paragraphe de cette page, que la raison pour

4 laquelle cet assassinat a eu lieu était le fait que la représentation de

5 l'UCK avait été calomniée?

6 Réponse: Oui.

7 Question: En page 6: Badza; vous en avez déjà parlé. Mais ce qui n'a peut-

8 être pas été dit suffisamment, c'est que vous étiez au courant de cet

9 assassinat à l'avance, du fait qu'il allait être commis. C'est bien ce que

10 vous avez essayé de dire?

11 Réponse: Oui.

12 Question: Passons maintenant en haut de la page 8. Non, je n'ai pas besoin

13 de vous poser cette question.

14 En bas de cette même page, vous dites que les gens qui avaient sous leurs

15 ordres un certain nombre de personnes étaient directement responsables des

16 assassinats de plusieurs centaines de personnes avec les hommes de la DB.

17 Vous poursuivez en disant que "ces opérations étaient planifiées à

18 l'avance parce que la Serbie avait constaté qu'elle avait perdu les

19 guerres menées en Bosnie, en Croatie et en Slovénie, et avait décidé de se

20 venger". Et vous avez entendu parler de cela en 1996. Est-ce exact et qui

21 vous a cité ce chiffre de plusieurs centaines?

22 Réponse: C'est exact.

23 Question: Et ces meurtres ont été l'œuvre de qui?

24 Réponse: Du MUP.

25 Question: Merci.

Page 6662

1 Enfin, les deux pages auxquelles j'aimerais vous référer sont la page 9,

2 d'abord: janvier 1997. Vous parlez du meurtre de trois personnes dont vous

3 donnez les noms, dont Edmond Hoxha. Vous identifiez les participants et

4 l'accusé a appelé votre attention sur des personnes dont les noms étaient

5 albanais. Mais le commandant de la police de Pristina et les Bérets rouges

6 ont-ils également participé à tout cela?

7 Réponse: Au cours de cette action, les Bérets rouges n'ont pas participé,

8 mais il y avait des membres d'une unité spéciale de la sécurité publique

9 de Pristina qui y a participé.

10 Question: Dernière question au sujet de votre déclaration: page 14, si je

11 ne m'abuse. Il y en aura deux en fait, excusez-moi, mais d'abord la page

12 14.

13 Des questions vous ont été posées au sujet d'un homme qui s'appelle Ilic

14 et puis la référence à l'OTAN en 1996. Mais il y a un passage qui ne vous

15 a pas été lu par l'accusé, qui précède immédiatement le sous-titre

16 judiciaire. Et dans ce paragraphe, on lit: "Ces gens étaient très anti-

17 albanais". Il s'agit de cette conversation au sujet de l'OTAN. Suite de la

18 citation: "Cette conversation a eu lieu en 1996. On parlait toujours de la

19 guerre et pas de la paix parmi ces gens, à l'époque." (Fin de citation.)

20 Donc il s'agit de cet homme, Ilic, dont vous avez donné le nom. Est-il

21 exact qu'ils parlaient surtout de la guerre plutôt que de la paix, à cette

22 époque, en 1996?

23 Réponse: C'est plus que vrai et, excusez-moi, mais tous les Serbes étaient

24 armés jusqu'aux dents par la police à cette époque-là.

25 Question: Finalement, à la page 25, un passage dont nous avons déjà

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1 beaucoup parlé lorsque l'accusé vous interrogeait, mais il n'a pas appelé

2 votre attention sur un point particulier qui se trouve mentionné au milieu

3 de la page. Il y est question des actes de l'UCK.

4 Vous dites -je cite-: "Les forces serbes étaient capables de mettre en

5 scène un certain nombre de choses et de les planifier dans le but de

6 poursuivre un objectif politique particulier. Comme mentionné ci-dessus,

7 certaines opérations de la sécurité de l'Etat ont été menées, dans

8 lesquelles des gens ont été tués pour ensuite que le blâme en soit

9 attribué à l'UCK. Ensuite, il apparaissait que toute action menée par le

10 MUP l'était sur la base d'une prétendue protection de la population." (Fin

11 de citation.) Est-ce exact?

12 Réponse: Oui.

13 M. Nice (interprétation): En 1996? Non, M. Shin me rappelle que ce n'était

14 pas en 1996.

15 Monsieur le Président, je n'ai pas d'autre question.

16 M. le Président (interprétation): Témoin K6, cela met fin à votre

17 déposition. Merci d'être venu devant le Tribunal pour témoigner. Vous êtes

18 maintenant libre de vous retirer. Nous demanderons une cote pour la

19 déclaration du témoin.

20 Témoin K6 (interprétation): Merci.

21 (Le témoin K6 est reconduit hors du prétoire.)

22 (Audience publique.)

23 Mme Ameerali (interprétation): Pièce à conviction de l'accusation 224.

24 M. Nice (interprétation): Monsieur le Président, le témoin suivant est

25 Sabri Popaj. C'est un témoin entendu en application de l'Article 92bis.

Page 6664

1 Nous l'entendrons encore demain.

2 Après quoi nous entendrons demain un témoin beaucoup important M. Walker.

3 M. le Président (interprétation): Nous entendrons l'introduction, mais

4 nous ne commencerons pas le contre-interrogatoire aujourd'hui.

5 Pendant que l'on procède aux dispositions nécessaires, je voudrais parler

6 du Témoin K13.

7 Nous avons réfléchi au problème: c'est un témoin qui est un enfant; le

8 Procureur a demandé que la déclaration de ce témoin soit versée au dossier

9 en application de l'Article 92bis. Cette déclaration traite de questions

10 qui ont déjà été traitées par d'autres témoins et elle respecte les

11 critères établis dans le Règlement; elle est donc admissible.

12 L'accusé a dit, à très juste titre, qu'il ne souhaitait pas contre-

13 interroger ce témoin. En conséquence, il n'y aura pas de contre-

14 interrogatoire, puisque aucune demande de contre-interrogatoire n'a été

15 présentée vu les circonstances. La déclaration sera versée au dossier en

16 application de l'Article 92bis.

17 M. Nice (interprétation): Je vous suis très reconnaissant. Il nous faudra

18 mettre un point final au document 92bis en Amérique du Nord. Donc la

19 déclaration ne sera peut-être pas disponible au moment prévu exactement,

20 mais elle le sera très rapidement en tout état de cause.

21 M. le Président (interprétation): Oui, en tout cas, avant le 26 juillet,

22 je vous prie.

23 M. Nice (interprétation): Les Juges ont déjà le résumé de la déclaration

24 de ce témoin.

25 M. le Président (interprétation): Oui, nous l'avons.

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1 M. Nice (interprétation): Je vais demander qu'une série de photographies

2 aériennes soit placée sur le rétroprojecteur.

3 Pendant que nous attendons le retour de l'huissier accompagné

4 du témoin, nous signalons que ce témoin parlera de Bela Crka et

5 de Celinë; il établit un lien entre les deux, qui est très

6 significatif.

7 Et puis les Juges se verront rappeler un certain nombre d'emplacements

8 géographiques.

9 (Le témoin, Sabri Popaj, est introduit dans le prétoire.)

10 M. le Président (interprétation): Le témoin peut-il prononcer la

11 déclaration solennelle?

12 M. Popaj (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

13 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

14 M. le Président (interprétation): Veuillez vous asseoir.

15 (Interrogatoire principal du témoin, M. Popaj Sabri, par M. Nice.)

16 M. Nice (interprétation): Pouvez-vous donner votre nom et prénom, s'il

17 vous plaît?

18 M. Popaj (interprétation): Sabri Popaj.

19 Question: Monsieur Popaj, avez-vous donné une déclaration devant un

20 enquêteur du Bureau du Procureur de ce Tribunal et, plus récemment, le 5

21 juin dernier, avez-vous eu l'occasion de parcourir cette déclaration en la

22 présence d'un employé du Tribunal? La déclaration elle-même date du 12 au

23 14 juin 1999. Avez-vous signé cette déclaration comme étant véridique et

24 correcte?

25 Réponse: Oui, c'est exact. J'ai donné cette déclaration et c'est ce que

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1 j'ai confirmé.

2 M. Nice (interprétation): Je souhaite que l'on verse au dossier ces

3 documents. En attendant, je souhaite attirer l'attention de la Chambre sur

4 un point qui n'est pas tout à fait clair. Cette déclaration porte en

5 annexe un certain nombre de documents, des esquisses, des dessins, et je

6 ne me référerai pas à cela. Je me référerai aux résumés afin de nous faire

7 gagner du temps. Je souhaite que la Chambre se prononce là-dessus?

8 Mme Ameerali (interprétation): Ce sera la pièce de l'accusation 225.

9 M. Nice (interprétation): Nous avons une photo représentant Bela Crkva. Je

10 cite la cote de cette pièce: K0138874. Je souhaite qu'on la place sur le

11 rétroprojecteur.

12 (Intervention de l'huissier.).

13 Je vous en remercie. Est-ce qu'on peut mieux voir le croisement entre la

14 ligne ferroviaire et le lit de la rivière?

15 M. Popaj (interprétation): Je ne vois pas très bien. Est-ce que vous

16 pouvez, s'il vous plait, rapprocher un petit peu ce qui vous intéresse?

17 Oui, à présent, je le vois bien.

18 Question: Nous avons le résumé de la déclaration dont je ne donnerai pas

19 lecture dans sa totalité.

20 Je commence la lecture: "Monsieur Popaj est né le 5 août 1959 à

21 Bellacerka. Il est chauffeur de camion. Il a fait son service militaire

22 entre 1978 et 1979.

23 Une semaine avant le 25 mars 1999, autrement dit, cinq jours avant les

24 bombardements de l'OTAN, environ 40 policiers et soldats serbes sont

25 arrivés à Bellacerka avec des camions et des véhicules blindés. Ils ont

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1 créé des bunkers sur la colline qui domine le village. Ils ont forcé Nahit

2 Fetoshi et 38 membres de sa famille à quitter leur maison. La maison du

3 témoin se voit, je pense, un petit peu à droite de cette photo aérienne,

4 près de la rivière. La police et l'armée sont restées jusqu'au 24 mars

5 1999. Il y a eu beaucoup de mouvements entre le village voisin Xerxe et

6 Rahovec.

7 A 2 heures du matin, le 25 mars, le témoin a entendu le bruit des chars

8 qui approchaient en provenance de Prizren et de Djakova. Cinq sont entrés

9 dans le village et sont repartis bientôt. Ils ont pris position sur la

10 colline qui domine Celina; c'est à gauche sur cette photo, la Chambre s'en

11 souvient. Vers 4 heures du matin, il y a eu des tirs d'armes automatiques

12 en direction du village. Tous les villageois sont partis et ont quitté

13 leurs maisons, y compris 85 personnes de la maison du témoin. Il les a

14 emmenés à l'école du village. Il est revenu nourrir le bétail; il a pu

15 entendre et voir les forces serbes entrer dans le village et incendier des

16 maisons. Ils utilisaient de l'essence et aussi des lance-flammes. Ensuite,

17 il a entendu des enfants pleurer et ces pleurs venaient en provenance de

18 la rivière Belles, à 300 mètres de distance. Il s'est dirigé vers le

19 bruit, il a vu Clirim Zhuniqi, sa femme et ses quatre enfants. Il y avait

20 huit membres de la famille Spahiu, cette famille est du village

21 d'Opterusha. Le témoin a aidé ces familles à traverser la rivière; il est

22 allé avec eux vers Rogovo. C'est ce qu'on voit en haut sur la photo

23 aérienne.

24 Il a continué sur une distance de 600 mètres. Il voulait se reposer, donc

25 il les a laissés. Il est revenu vers sa maison, il a entendu des coups de

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1 feu et il a vu des balles toucher la terre autour de lui. Il a rampé sur

2 100 mètres jusqu'à un pylône d'électricité. Il a vu 12 policiers de son

3 côté de la rivière et bien plus qui approchaient en provenance de Rogovo.

4 Ils portaient tous des gants blancs en plastique. La police est venue près

5 des familles Spahiu et M. Zhuniqi. Ils ont ouvert le feu d'armes avec

6 leurs armes automatiques. La police a continué par la suite le long de la

7 rivière.

8 Au bout d'un petit moment, de l'autre côté, ils ont trouvé Halim Fetoshi

9 qui s'est caché; ils l'ont tué. Ils ont continué pratiquement sans

10 s'arrêter et, plus tard, le témoin a vu des corps des deux familles et de

11 Halim Fetoshi.

12 Au paragraphe 8, la police a atteint le pont ferroviaire et la police, de

13 son côté de la rivière, a traversé pour se rendre de l'autre côté. Six ou

14 sept policiers semblaient être sur le pont ferroviaire, ont dirigé leurs

15 armes en aval de la rivière.

16 Il avait des jumelles sur lui et les a utilisées pour voir ce qui se

17 passait. Il a vu un certain nombres d'hommes, 45 à 50. Il a vu qu'ils se

18 sont approchés du pont depuis l'autre côté; ils ont marché sous le pont et

19 ils ont grimpé sur la berge de l'autre côté.

20 Cinq ou six policiers ont fouillé tous les hommes. Ils ont pris l'argent,

21 les montres, les bijoux, les documents. Ils ont incendié un certain nombre

22 d'anoraks. La police, des deux côtés de la rivière, a ouvert le feu sur le

23 groupe. Son frère Nesim a été tué le premier. Son fils Shendet ensuite et

24 le reste du groupe.

25 Il y a eu une première rafale de coups de feu. Il y avait encore des

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1 hommes qui bougeaient et on leur a tiré encore une fois dessus.

2 La police a continué de se déplacer le long d'un canal et puis en

3 direction de Celinë et, cinq minutes plus tard, il a entendu encore des

4 coups de feu.

5 On peut le voir sur la photographie. On ne voit pas très bien, la Chambre

6 a la photographie originale.

7 A gauche, en s'écartant de la ligne ferroviaire, on voit des arbres. Peut-

8 être que vous pouvez le voir. Ça, c'est le lit de la rivière; en fait, pas

9 le lit de la rivière, mais c'est le canal: là où le témoin a entendu des

10 coups de feu tirés par la police et puis six corps ont été trouvés à côté.

11 Il a vu donc ses parents et sa femme à environ 120 mètres du pont. Il a pu

12 arriver jusqu'à eux et il a appris que ses deux fils et ses deux frères

13 étaient parmi les personnes exécutées.

14 Puis il est allé à Xerxe. Deux des petits garçons ont survécu au massacre

15 des deux familles dont il a été témoin; il connaît le nom de l'enfant. Il

16 est donc revenu à sa maison le lendemain et il a trouvé que sa maison et

17 la maison de ses parents ont été détruites par le feu. Les maisons ont été

18 pillées et deux de ses vaches ont été tuées.

19 Puis, le 27 mars, il a été impliqué à l'enterrement des victimes du

20 massacre près de la rivière: 35 personnes, puis il a enterré en personne

21 ses deux fils et ses deux frères. Il a appris de la part de Zhuniqi de

22 Bellacerka que des personnes se cachaient à côté de l'endroit du massacre

23 et il a vu les corps des six personnes tuées dans le canal.

24 Il est allé à Celine et a trouvé le corps d'Agim -son nom de famille est

25 inconnu-, un homme qui portait quatre traces de balles sur son corps.

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1 Il est allé à la maison de Nazim Rexhepi, la maison incendiée de Nazim

2 Rexhepi de Celine, où il a trouvé cinq corps identifiés dans la cave. Ils

3 ont été tués dans le dos, apparemment.

4 Il est allé à la maison de Njazi Rexhepi et, dans le garage où il n'y a

5 pas eu d'incendie, il a trouvé 13 corps. Il en a reconnu deux. Luan

6 Krasniqi de Hoca e Vogel a filmé ces corps. Il a été tué par la suite.

7 Lui et Nazim sont revenus à la montagne en amont de Celine et il a rejoint

8 un groupe de 22 personnes. Au moins deux étaient de Celine. Ils se sont

9 mis à enterrer les morts à Celine.

10 Plus tard, ils sont allés à la maison de Hamza -nom de famille inconnu-,

11 ils ont vu sept corps de victimes, de personnes qui ont été tuées par

12 balle. Ils ont retrouvé 28 corps d'hommes, femmes, enfants et des bébés

13 près de la maison de Myftar, qui a été tué.

14 Ils ont vérifié les corps. Ils ont retrouvé un homme qui était encore en

15 vie. Enfin, ils ont retrouvé en tout 84 corps qu'ils ont enterrés. Il a

16 trouvé une maison complètement détruite.

17 Quand il est allé au village de Nagavc, le village était désert. Il a pu

18 constater en tout 8 enfants et 3 femmes dans une maison; c'étaient tous

19 des gens de Hoca et Vogel.

20 Puis la sœur de son frère a été tuée lors de cette attaque. Il pense que

21 l'avion était serbe parce qu'il volait très bas.

22 Au paragraphe 21, un jour, il a vu un véhicule blindé vert, une

23 excavatrice, il a vu une jeep qui s'est arrêtée dans l'entrée de Celine,

24 près de la route principale Prizren-Gjakova. Il pouvait voir ça très

25 clairement. Il y avait une excavatrice qui a creusé un trou; il y avait

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1 sept personnes en vêtements civils qui ont été déchargées. Il y avait en

2 tout huit corps sur un camion et cela s'est répété de l'autre côté de la

3 route.

4 Les civils et quelques policiers sont revenus aux camions, sont restés là,

5 la Jeep et le véhicule blindé ont continué jusqu'à la mosquée au centre de

6 Celine. Un certain nombre sont rentrés dans une mosquée, ils y sont restés

7 pendant une heure, ils sont partis. Rapidement, la mosquée a été détruite

8 et toutes les voitures sont parties pour Prizren.

9 Paragraphe 23, le corps d'une jeune femme âgée d'environ 21 ans a été

10 trouvé dans une maison de Bellacerka. Elle n'avait pas de vêtements à

11 partir de la taille jusqu'en haut; elle portait des blessures infligées

12 par un couteau sur sa poitrine, elle semblait avoir reçu des balles dans

13 le dos et la tête; il n'y avait pas de sang sur le corps. Donc elle aurait

14 pu être tuée ailleurs. Bien sûr, il l'a enterrée.

15 Trois jours plus tard, il a trouvé le corps d'une femme âgée sur un champ

16 appartenant à Nait Fetoshi; elle portait une trace de balle au niveau de

17 la hanche.

18 Sa famille a quitté le Kosovo le 2 avril 1999. Lui est parti le 13 mai

19 1999; il a rejoint les personnes du village de Banja, municipalité de

20 Peja/Pec. Il a fait halte près de Celine pour s'arrêter. A la frontière,

21 ils ont été interrogés par la police des frontières. Ils leur ont répondu

22 qu'ils étaient de Pec; la police leur a demandé leurs documents, ils les

23 ont jetés et incendiés."

24 C'est la fin du résumé.

25 M. le Président (interprétation): Nous allons suspendre l'audience jusqu'à

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1 9 heures 30 demain matin.

2 Monsieur Popaj, vous continuerez votre déposition demain. Je vous

3 demanderai de vous rendre ici à 9 heures 30. Je vous prie également de ne

4 parler à personne au sujet de votre déposition tant que celle-ci n'aura

5 pris fin. Merci.

6 (L'audience est levée à 14 heures.)

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