Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 (Mardi 9 juillet 2002.)

2 (L'audience est ouverte à 9 heures 05.)

3 (Audience publique.)

4 M. le Président (interprétation): Monsieur Saxon?

5 M. Saxon (interprétation): Deux points à aborder avant le début du contre-

6 interrogatoire.

7 D'abord, quelque chose qui repose sur ce que l'accusé a dit, à la fin de

8 l'audience d'hier. J'ai vérifié la nature de la pièce à conviction de

9 l'accusation 245 et le document original qui était en la possession du

10 Bureau du Procureur. Les instructions qui composent cette pièce à

11 conviction se limitent à 13 pages. En d'autres termes, l'intégralité du

12 document compte 13 pages. Et rien d'autre.

13 Et puis, deuxième point. J'aimerais vous indiquer que, un peu plus tard ce

14 matin, j'ai un rendez-vous chez le médecin, donc je vais sans doute devoir

15 quitter le prétoire aux environs de 10 heures, et si des questions

16 supplémentaires doivent être posées, c'est M. Ryneveld qui prendra le

17 relais.

18 M. le Président (interprétation): Très bien.

19 Monsieur Milosevic, vous avez la parole.

20 (Contre-interrogatoire du témoin, M. Shukri Aliu, par l'accusé M.

21 Milosevic.)

22 M. Milosevic (interprétation): Est-il exact que, juste avant le début du

23 bombardement, vous avez demandé à vos supérieurs de commencer votre congé

24 annuel, autrement dit de prendre le premier jour de votre congé annuel le

25 24 mars 1999?

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1 M. Aliu (interprétation): Non, j'ai eu un congé médical en février.

2 J'étais en congé médical depuis le mois de février, je n'étais pas encore

3 rentré au travail.

4 M. Milosevic (interprétation): Les membres de l'UCK vous ont-ils menacé,

5 au cas où vous refuseriez de quitter l'administration chargée de la

6 défense de Pristina, d'enlever votre fils Bisha. Et Shpresa, Violeta et

7 Goda, vos trois filles, ont-elles également été menacées? En fait, avez-

8 vous été menacé par leur intermédiaire?

9 M. Aliu (interprétation): Tout ceci est un mensonge de votre part. Vous

10 essayez de manipuler les choses. Personne n'avait peur de l'UCK au Kosovo.

11 L'UCK était une armée glorieuse, qui combattait pour les droits du peuple.

12 M. le Président (interprétation): Monsieur Aliu, non, non, je sais qu'il

13 est toujours difficile de subir un contre-interrogatoire, mais nous ne

14 voulons pas de discours ici. Je le crains fort. Nous voulons simplement

15 des réponses aux questions. Si ce qui vient d'être dit n'est pas vrai,

16 dites simplement non.

17 Monsieur Milosevic, quelle est votre question suivante? Passez à la

18 question suivante.

19 M. Milosevic (interprétation): Très bien. Est-il donc vrai que votre

20 demande de congé a été assortie d'explications de votre part, disant que

21 vous aviez reçu des menaces de la part de l'UCK?

22 M. Aliu (interprétation): Ce n'est pas vrai.

23 M. Milosevic (interprétation): Est-il exact que, y compris au moment de

24 votre départ en congé maladie et en raison de toutes ces pressions et de

25 toutes ces difficultés que vous aviez subies, vous êtes tombé en larmes

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1 devant vos amis et vos camarades?

2 M. le Président (interprétation): Non, Monsieur Milosevic, il ne faut pas

3 que vous déformiez les propos du témoin. Il n'a pas dit être parti en

4 congé annuel mais en congé maladie.

5 M. Milosevic (interprétation): Très bien. Eh bien, dans ce cas, jetez un

6 coup d'œil à cette décision du ministère fédéral de la Défense, dans

7 laquelle on peut lire que: "Compte tenu des conditions qui sont évoquées

8 dans cette décision, Aliu Shukri, employé au secrétariat chargé de la

9 Défense de Pristina, dépendant du ministère fédéral de la Défense, etc.,

10 etc., met un terme à ses relations de travail à partir du 12 avril 1994

11 parce qu'il n'est pas revenu au travail."

12 Vous savez que si vous êtes absent de votre travail cinq jours consécutifs

13 ou plus, sans donner la moindre explication et sans y avoir été autorisé

14 au préalable, vous êtes licencié de votre travail? Est-ce quelque chose

15 que vous contestez?

16 M. Aliu (interprétation): Je ne sais pas ce qui s'est passé, je ne sais

17 pas quelle décision a été prise au niveau du ministère de la Défense ou

18 quelle décision a été prise par Petar Ilic, mais à partir de février je ne

19 suis pas retourné sur mon lieu de travail. Et cela, je vous l'ai déjà dit.

20 Vous-même, d'ailleurs, vous pouvez prouver que je ne suis pas retourné à

21 mon travail.

22 M. Milosevic (interprétation): Oui, on lit dans cette décision

23 administrative que: "Aliu Shukri a utilisé la première partie de son congé

24 annuel pour 1999, sur la base de la décision rendue le 23 mars 1999

25 -numéro de référence tel et tel-" c'est la décision dont j'ai parlé tout à

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1 l'heure, "et qu'il disposera de 13 jours fériés à partir du 24 jusqu'au 9

2 avril 1999. Il devait rendre compte sur son lieu de travail le 12 avril

3 1999." Je suppose que c'était un lundi.

4 M. Saxon (interprétation): Monsieur le Président?

5 M. Milosevic (interprétation): "Toute personne qui ne se rend pas à son

6 travail le jour précisé et qui n'a pas…"

7 M. le Président (interprétation): Poursuivez, Monsieur Milosevic, mais il

8 y a une objection. Poursuivez.

9 M. Milosevic (interprétation): Dans cette décision, il est donc signalé

10 que, puisque le délai imparti pour votre congé annuel est dépassé et que

11 vous n'êtes pas retourné sur votre lieu de travail pendant tout un mois,

12 eh bien, en application de la loi, la décision en question est rendue à

13 savoir que le rapport de travail vous liant à l'employeur est interrompu.

14 M. le Président (interprétation): Une chose à la fois, une chose à la

15 fois!

16 Monsieur Saxon, vous avez la parole.

17 M. Saxon (interprétation): Pourrait-on montrer ce document au témoin de

18 façon à ce qu'il vérifie s'il l'a déjà vu?

19 M. le Président (interprétation): J'attendais que la question sur ce

20 document soit terminée pour demander exactement cela.

21 Monsieur Milosevic, disposez-vous d'une traduction en anglais de ce

22 document?

23 M. Milosevic (interprétation): Je n'ai pas de traduction anglaise, mais je

24 peux vous remettre cette décision et vous la laisser pour que vous

25 l'utilisiez aux fins de prouver que ce que le témoin a dit n'était pas

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1 exact, et que ce que moi j'ai dit au témoin était exact.

2 M. le Président (interprétation): Plaçons ce document sur le

3 rétroprojecteur.

4 M. Milosevic (interprétation): C'est un texte de deux pages.

5 (L'huissier s'exécute.)

6 M. le Président (interprétation): Monsieur Aliu, je vous demanderai de

7 jeter un coup d'oeil à ce document.

8 (Le témoin s'exécute.)

9 M. Milosevic (interprétation): Peut-on poursuivre?

10 M. le Président (interprétation): Permettons au témoin de traiter de ce

11 document d'abord.

12 Monsieur Aliu, avez-vous déjà vu ce document?

13 M. Aliu (interprétation): Je ne l'ai jamais vu précédemment.

14 M. le Président (interprétation): Si, puisque, à l'instant, il vient

15 d'être placé sous vos yeux. Quelle est la date que comporte ce document?

16 M. Aliu (interprétation): Je suis incapable de lire la date avec

17 exactitude, mais je n'ai jamais vu ce document avant le jour

18 d'aujourd'hui.

19 M. le Président (interprétation): Souhaitez-vous faire un commentaire au

20 sujet ce document puisqu'il vous est soumis?

21 M. Aliu (interprétation): Mai 1999, c'est la date. Non, je n'ai aucun

22 commentaire à faire au sujet de ce document, je ne l'ai jamais vu.

23 Aujourd'hui, c'est la première fois que je vois quoi que ce soit de ce

24 genre.

25 (Les Juges se concertent.)

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1 M. Milosevic (interprétation): Très bien.

2 M. le Président (interprétation): Un instant, les Juges souhaitent

3 conférer.

4 M. Robinson (interprétation): Monsieur Aliu, si j'ai bien compris et si

5 j'ai bien compris ce que dit M. Milosevic, il est signalé dans ce document

6 que, suite à votre absence de votre lieu de travail pendant un certain

7 temps, votre relation de travail est terminée ce qui, à mes yeux, signifie

8 que vous avez été licencié de votre travail. Qu'avez-vous à dire à ce

9 sujet?

10 M. Aliu (interprétation): Je n'ai rien à dire. Comme je l'ai déjà dit,

11 depuis le 15 février, je ne suis jamais retourné au travail. Et ils

12 pouvaient me licencier à n'importe quel moment quand cela leur plaisait,

13 moi cela ne me posait aucun problème, mais je ne suis jamais retourné au

14 travail.

15 M. Robinson (interprétation): Merci.

16 M. le Président (interprétation): J'aimerais que ce document soit remis à

17 l'accusation, après quoi, il sera versé au dossier.

18 Monsieur Milosevic, vous avez la parole.

19 (L'huissier s'exécute.)

20 M. Milosevic (interprétation): Monsieur Aliu, j'ai encore une chose à vous

21 demander sur le même sujet. Au sujet de ce document, vous dites que votre

22 non-retour sur votre lieu de travail pendant une période prolongée est un

23 fait matériel, n'est-ce pas?

24 M. Aliu (interprétation): Je ne suis pas allé travailler après le 15

25 février, c'est la troisième fois que je le dis.

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1 Question: Bien. Mais puisque vous avez travaillé longtemps dans

2 l'administration, savez-vous que le fait d'abandonner son travail sur sa

3 propre initiative, entraîne un licenciement dans le cas où aucune

4 explication n'est présentée?

5 Réponse: C'est délibérément que je ne suis pas allé travailler.

6 M. Milosevic (interprétation): Eh bien, d'autant plus. Je suppose que vous

7 avez été licencié en application de la loi. Je vous demande si ce

8 licenciement est donc justifié par la loi, je parle du vôtre ou

9 considérez-vous avoir été licencié parce que vous étiez Albanais?

10 M. le Président (interprétation): Je ne crois pas que nous puissions

11 pousser cette question plus loin. Le témoin a fait son commentaire au

12 sujet du document, vous avez versé ce document au dossier et je ne vois

13 aucune raison d'aller plus loin.

14 M. Milosevic (interprétation): Très bien.

15 Passons à votre déclaration, Monsieur le Témoin. Vous dites qu'en 1998,

16 vous avez été soumis à une enquête en rapport avec le fait que les

17 Albanais du Kosovo se fournissaient en armes à feu, que vous avez comparu

18 devant le Tribunal de Nis, ceci figure au paragraphe 3 au début de votre

19 déclaration et que vous avez été condamné à trois mois avec sursis.

20 Bien que condamné -puisque la peine a été très légère, vous avez été

21 condamné avec sursis, donc vous n'avez pas purgé une peine de prison- mais

22 quel acte aviez-vous commis dans la sentence qui a été prononcée par le

23 Tribunal militaire de Nis et que vous avez reçue entre vos mains? Vous

24 étiez donc prononcé et jugé coupable, qu'était-il dit exactement?

25 M. Aliu (interprétation): Vous devez poser la question au Tribunal

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1 militaire de Nis pour savoir si j'étais coupable ou pas. Si j'avais été

2 très coupable, il n'y a aucun doute que j'aurais fait plusieurs années de

3 prison.

4 Question: Ce n'est pas la question que je vous posais. Quand vous avez

5 reçu le texte de la sentence, le texte du verdict, qu'avez-vous lu dans ce

6 texte du jugement qui vous déclarait coupable d'avoir fourni des armes à

7 des Albanais du Kosovo, ou bien était-ce autre chose qui était écrit dans

8 le document que vous avez reçu?

9 Réponse: J'ai passé près de deux ans devant le Tribunal militaire, c'était

10 en 1987 et vous pouvez dire ce que vous voulez et écrire ce que vous

11 voulez, mais j'affirme néanmoins que je n'ai jamais dit aucune des choses

12 dont vous affirmez qu'elles se sont produites.

13 M. Milosevic (interprétation): Quelles sont les choses dont je dis

14 qu'elles se sont produites?

15 M. le Président (interprétation): Non, non, nous n'allons pas tourner en

16 rond interminablement sur ce point. Le témoin a dit dans l'interrogatoire

17 principal ce qui s'était passé pour autant qu'il le sache, et maintenant

18 il faut que vous vous efforciez de le contredire. Donc entendons-nous,

19 sinon passez à une autre question.

20 M. Milosevic (interprétation): Bien. Mais ma question était: de quoi le

21 témoin a-t-il été déclaré coupable?

22 M. le Président (interprétation): Passez à une autre question, parce que

23 le témoin vous a déjà répondu sur ce point.

24 M. Milosevic (interprétation): Très bien.

25 Dites-moi qui commandait la Défense territoriale du Kosovo, le quartier

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1 général où vous travailliez à l'époque, quartier général de la Défense

2 territoriale?

3 M. Aliu (interprétation): Ali Muhaxiri.

4 Question: Exact. Ali Muhaxhiri, un Albanais. Après que ce verdict a été

5 rendu, il n'a pas accepté que vous reveniez travailler sous ses ordres,

6 n'est-ce pas?

7 Réponse: Non. Je suis allé au secrétariat de la défense et Ismet Krasniqi

8 était mon chef.

9 M. Milosevic (interprétation): Mais vous dites dans votre déclaration

10 qu'après cela, vous n'avez plus été autorisé à retourner au quartier

11 général de la Défense territoriale, pour autant que j'aie bien compris.

12 Vous dites -je cite-: "Je n'ai pas eu l'autorisation de poursuivre les

13 tâches qui avaient été les miennes jusqu'à ce moment-là". (Fin de

14 citation.)

15 M. le Président (interprétation): Oui, il a dit avoir commencé un nouveau

16 travail.

17 M. Milosevic (interprétation): Et plus loin, vous affirmez que, lorsque

18 vous étiez au bureau, vous vous contentiez de lire les journaux. C'est

19 bien cela?

20 M. Aliu (interprétation): La plupart du temps, je lisais les journaux, car

21 je n'avais absolument rien d'autre à faire.

22 Question: Mais comment vous êtes-vous informé au sujet de toutes ces

23 questions sur lesquelles vous témoignez ici: grâce aux journaux ou grâce à

24 d'autres moyens?

25 Réponse: J'étais sur mon lieu de travail, dans mon bureau, au secrétariat

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1 et les informations circulaient à tout moment entre le secrétariat et le

2 corps d'armée.

3 Question: Bien. L'interprétation ne m'a pas permis de comprendre la fin de

4 votre phrase, mais enfin poursuivons.

5 Vous parlez des manifestations d'Albanais en 1981 et vous dites que la

6 direction yougoslave considérait ces manifestations comme

7 antigouvernementales, à l'époque, ou quelque chose dans ce genre-là? C'est

8 bien cela, n'est-ce pas?

9 Réponse: Pourriez-vous répéter votre question, je vous prie?

10 Question: J'ai cru comprendre que, dans vos explications, vous dites que

11 le Gouvernement yougoslave, autrement dit la direction yougoslave,

12 considérait ces manifestations comme des manifestations

13 antigouvernementales en 1981. Est-ce le cas ou pas?

14 Réponse: Je ne sais pas comment la présidence yougoslave considérait ou

15 traitait ces manifestations, car je n'en faisais pas partie. Je sais

16 simplement que des unités spéciales dépendant du ministère de l'Intérieur

17 sont arrivées au Kosovo en 1981 et ont opéré sur le territoire du Kosovo

18 pendant toute la période allant de 1981 à la fin de la guerre. Et c'est à

19 Gërmija qu'étaient stationnées ces unités spéciales. En 1982, la même

20 unité est allée à Prekaz, à Tahir Meha.

21 M. Milosevic (interprétation): Donc vous parlez de la décennie des années

22 80. Que ce soit bien clair: on ne parle pas ici des années 90, vous parlez

23 des années 80, n'est-ce pas?

24 M. Aliu (interprétation): Je vous ai répondu très précisément: à partir de

25 1981, les unités spéciales dépendant du ministère de l'Intérieur

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1 yougoslave ont été stationnées aux abords de Pristina.

2 M. le Président (interprétation): Monsieur Aliu, ne vous fâchez pas. Cela

3 ne va pas nous aider.

4 (Signe affirmatif de la tête du témoin.)

5 Monsieur Milosevic, donnez-nous des questions pertinentes. Souhaitez-vous

6 interroger le témoin au sujet de sa déclaration préalable, auquel cas il

7 devrait en avoir le texte sous les yeux?

8 M. Milosevic (interprétation): Bien sûr, il peut avoir ce texte sous les

9 yeux. Ces questions sont...

10 M. le Président (interprétation): Qu'une copie de sa déclaration préalable

11 soit remise au témoin.

12 M. Milosevic (interprétation): Toutes les questions que je pose s'appuient

13 sur la déclaration du témoin, Monsieur May.

14 Monsieur le Témoin, puisque vous ne savez pas quel était l'avis du

15 Gouvernement yougoslave, dans votre déclaration, au cinquième paragraphe,

16 vous dites que "le Gouvernement yougoslave considérait ces manifestations

17 comme anti…, etc., etc. A ce moment-là, la police yougoslave est arrivée

18 au Kosovo." (Fin de citation.)

19 Troisième ligne de ce paragraphe, vous dites -je répète-: "C'est à ce

20 moment-là que la police yougoslave est arrivée au Kosovo." (Fin de

21 citation.)

22 Et dans la phrase suivante, vous dites -je cite-: "Après que la police

23 serbe est entrée au Kosovo, un grand nombre d'hommes albanais ont été

24 emprisonnés et les mauvais traitements des Albanais sont réellement

25 devenus importants". (Fin de citation.)

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1 Alors, dites-moi, est-ce la police yougoslave qui est arrivée au Kosovo ou

2 la police serbe?

3 Dans une phrase, vous parlez de la police yougoslave qui arrive au Kosovo

4 et, dans le même souffle, dans la phrase suivante, vous parlez de la

5 police serbe. Est-ce l'une ou l'autre?

6 M. Aliu (interprétation): Je ne sais pas qui est responsable de la

7 traduction de ce texte, mais il s'agissait de la police yougoslave. Et

8 toutes les provinces du pays ont contribué à la formation de cette force

9 de police.

10 Question: Très bien. Cela signifie qu'il y avait des hommes de Slovénie,

11 de Croatie, de Bosnie, de Macédoine? C'est bien ce que vous voulez dire?

12 Réponse: Je vous ai déjà répondu et vous devriez savoir ce qu'est la

13 police yougoslave.

14 Question: C'est la raison pour laquelle je vous posais la question.

15 Réponse: Je vous ai répondu.

16 Question: Très bien. Vous dites également "qu'il y avait de nombreux

17 meurtres commis contre les soldats albanais à la caserne militaire."

18 Est-ce que vous pourriez expliciter de quels meurtres s'agissait-il visant

19 les hommes albanais à la caserne militaire? Veuillez me rafraîchir la

20 mémoire car, même si j'étais en fonction à l'époque, je ne me souviens

21 d'aucun meurtre, sauf le meurtre commis par un Albanais qui a tué un

22 certain nombre de soldats dans la caserne de Paracin. C'est tout ce dont

23 je me souviens.

24 Réponse: Permettez-moi de vous expliquer ces meurtres de soldats albanais,

25 à la caserne, par cette armée yougoslave dégénérée.

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1 Un certain nombre, entre 65 et 70 soldats albanais ont été tués à la

2 caserne de l'armée yougoslave. Par exemple, Hazim Kelmendi: son meurtre à

3 la caserne de Paracin, ça a été une mise en scène préparée par l'armée

4 yougoslave. Il aurait été impossible pour un soldat tel qu'Hazim Kelmendi,

5 qui était un simple gardien, eh bien, il lui aurait été impossible d'avoir

6 accès à un arsenal qui était sous le commandement de plusieurs officiers;

7 un simple gardien ne possédait aucune arme, ne savait rien des missions,

8 vous le savez bien. Vous souhaitez simplement mettre en scène...

9 M. le Président (interprétation): Non, Monsieur Aliu, nous dépassons les

10 limites ici.

11 M. Milosevic (interprétation): Les événements des années 80 ne nous

12 intéressent pas, vous le savez très bien. Passons maintenant à une période

13 qui nous intéresse plus. Est-ce que nous avons cette déclaration?

14 M. Milosevic (interprétation): Monsieur May?

15 M. le Président (interprétation): Un instant.

16 M. Saxon (interprétation): Nous avons des copies en anglais, Monsieur le

17 Président, et la version en BCS va nous parvenir sous peu.

18 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, poursuivez.

19 M. Milosevic (interprétation): Je ne poserais pas ces questions si

20 certaines choses n'étaient pas affirmées par le témoin dans sa propre

21 déclaration, puisque ses déclarations ne sont pas véridiques.

22 M. le Président (interprétation): Permettez-moi de vous expliquer quelque

23 chose. Le fait qu'il y ait des affirmations dans une déclaration ne

24 signifie pas qu'il s'agit là d'éléments de preuve, à moins que cette

25 déclaration ne soit versée au dossier. Vous avez le droit de poser des

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1 questions concernant la déclaration, vous pouvez en demander le versement

2 au dossier, mais cela ne nous est d'aucun secours, il me semble, de

3 revenir sur des événements qui datent depuis si longtemps et de façon

4 aussi détaillée.

5 Je vous propose de mettre l'accent sur le témoignage du témoin.

6 M. Saxon (interprétation): Nous avons maintenant une copie de la

7 déclaration en BCS et en albanais.

8 M. le Président (interprétation): Veuillez soumettre la version en

9 albanais au témoin.

10 (L'huissier s'exécute.)

11 M. Milosevic (interprétation): Avez-vous la déclaration en langue

12 albanaise?

13 M. Saxon (interprétation): En fait, il semblerait que les deux exemplaires

14 soient en BCS, mais le témoin lit le BCS.

15 M. Aliu (interprétation): Pardon, la photographie d'un soldat tué en 1990,

16 un certain Hajrizi de Kuklibeg, j'ai assisté à son enterrement, c'est un

17 des cas, une des affaires que vous niez.

18 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Aliu, est-ce que vous avez

19 la déclaration sous les yeux? Bien, vous l'avez maintenant.

20 Monsieur Milosevic, qu'est-ce que vous souhaitez lui poser comme question

21 encore?

22 M. Milosevic (interprétation): Je lui ai simplement demandé quels étaient

23 ces meurtres commis contre des Albanais dans l'armée?

24 M. le Président (interprétation): Il a déjà traité de cela, je vous ai

25 demandé de passer outre.

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1 M. Milosevic (interprétation): Très bien.

2 Puis, vous dites au dernier paragraphe de la page de votre déclaration qui

3 porte le chiffre 2 -et je vous cite-: "J'ai appris que Milosevic avait

4 institué un comité au Kosovo au printemps 1998, intitulé le "quartier

5 général des combats au Kosovo" ou "l'état-major des combats au Kosovo"".

6 Est-ce que vous pourriez nous expliquer cela? De quoi s'agissait-il au

7 juste, un comité, un quartier général ou un état-major des combats?

8 Donnez-nous plus de détails.

9 M. Aliu (interprétation): Je ne sais pas qui a traduit cela. Je n'ai pas

10 dit "au printemps", j'ai dit qu'en été 1998 un commandement conjoint a été

11 institué qui a formé le fondement de cet état-major de guerre du Kosovo.

12 Question: Très bien.

13 Réponse: C'est vous-même qui l'avez institué, vous en étiez le commandant,

14 et par le biais de cet organe vous avez été informé de tout ce qui se

15 passait au Kosovo. Pourquoi est-ce que vous niez cela?

16 M. Milosevic (interprétation): Je ne suis pas ici pour répondre à vos

17 questions, Monsieur Aliu, c'est moi qui pose les questions.

18 (Les Juges se concertent sur le siège.)

19 M. le Président (interprétation): Poursuivez.

20 M. Milosevic (interprétation): A la troisième page, vous énumérez les

21 membres de cet état-major au combat, il y en aurait 12 apparemment.

22 Tout d'abord, Milomir Minic, le Président des chambres socio-politiques,

23 il s'agit d'une erreur, mais peu importe, il s'agissait de la Chambre des

24 citoyens de l'assemblée yougoslave.

25 Puis, vous parlez de Nikola Sainovic, l'adjoint de Minic; vous dites qu'il

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1 avait été le Premier ministre de la Yougoslavie et de la Serbie, mais en

2 fait il était Premier ministre adjoint.

3 Puis, vous citez Zoran Andjelkovic, membre du quartier général qui

4 exerçait les fonctions de Président du Gouvernement du Kosovo; mais je

5 crois que vous entendez par là le conseil exécutif plutôt.

6 Veljko Odalovic qui est également membre du quartier général et chef de

7 l'état-major du district du Kosovo. Saviez-vous qu'il était Président du

8 district dans la hiérarchie de l'administration serbe?

9 Puis, vous dites que Vojo Zivkovic était membre du QG ainsi que Président

10 du parti de Milosevic.

11 M. le Président (interprétation): Est-ce que vous posez une question

12 concernant Veljko Odalovic, cela semblait être le cas?

13 M. Milosevic (interprétation): Je ne fais que citer la déclaration du

14 témoin afin d'ouvrir la voie à une question. Nous parlons ici de membres

15 du Parlement du Gouvernement fédéral, le Président du Gouvernement du

16 Kosovo, le Président du Conseil exécutif du Kosovo, le Président du

17 district, le Président du parti au Kosovo. Puis encore le général Pavkovic

18 membre du quartier général commandant du corps d'armée de toutes les

19 forces de la VJ.

20 Vous énumérez ainsi toute une série de personnes qui occupaient toutes de

21 hautes fonctions, c'étaient des personnalités publiques connues, est-ce

22 exact?

23 M. Aliu (interprétation): C'est bien pour cela qu'ils étaient membres de

24 cet état-major et membres de cet organe militaire dont vous étiez le

25 commandant.

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1 Question: Oui. J'ai déjà entendu évoquer cette notion. Mais ce qui

2 m'intéresse, c'est ceci: pourquoi parlez-vous des activités clandestines

3 de personnalités publiques telles que le Président du Parlement fédéral,

4 le vice-Président du Gouvernement ou le Président du district au Kosovo?

5 Est-ce qu'il leur incombait de se réunir, une fois de temps à autres, pour

6 débattre de questions importantes pour la société d'intérêt public,

7 importantes pour les citoyens, pour l'économie? N'est-il pas vrai qu'ils

8 occupaient des fonctions publiques ou étatiques qui exigeaient d'eux

9 qu'ils se réunissent pour en débattre?

10 Réponse: Ce quartier, cet état-major se réunissait tous les mardis à 5

11 heures dans l'immeuble du parlement, le bâtiment du parlement au Kosovo,

12 et parfois ailleurs. Je dis cela, j'assume totalement ce que je dis: c'est

13 un état-major qui a été désigné par vous-même, c'est vous qui lui donniez

14 des ordres visant les opérations militaires au Kosovo, et cet état-major

15 se réunissait dans les bâtiments de l'armée ainsi que dans le bâtiment du

16 parti provincial.

17 M. Milosevic (interprétation): Très bien. Dites-moi alors, Monsieur

18 Shukri, ce que vous venez de dire figure également dans votre déclaration

19 à la page 3: "Le groupe se réunissait régulièrement et ces réunions

20 avaient lieu tous les mardis à 17 heures dans les locaux du conseil

21 exécutif."

22 C'est ce que vous dites. Mais dites-moi de quel type de quartier général

23 militaire ou d'état-major de guerre peut-il s'agir, quand il s'agit d'un

24 groupe qui se réunit toutes les semaines, chaque semaine, le mardi après-

25 midi, à l'heure du goûter? Peut-on vraiment parler d'état-major de guerre?

Page 7788

1 M. le Président (interprétation): Ce n'est pas au témoin qu'il appartient

2 d'en décider. C'est sa déclaration. C'est à ce moment-là qu'ils se

3 réunissaient. Maintenant, que vous disiez ou non qu'il s'agisse d'un état-

4 major de guerre, cela vous concerne, mais il ne peut rien nous apporter à

5 ce sujet.

6 M. Milosevic (interprétation): Très bien. Mais serait-il logique que des

7 hommes politiques, de hauts fonctionnaires ou plutôt les personnalités les

8 plus éminentes -puisque nous parlons du chef de la majorité au parlement,

9 du président du conseil exécutif, des Premiers ministres et ainsi de

10 suite-, serait-il logique qu'ils se réunissent régulièrement pour discuter

11 de sujets d'actualité? Est-ce qu'on leur interdit de faire cela dans le

12 cadre de leurs fonctions publiques?

13 M. le Président (interprétation): Je ne sais pas si vous pouvez faire

14 quelque commentaire que ce soit à ce sujet. Bien sûr que rien ne leur

15 était interdit!

16 Je suppose qu'on peut formuler la question ainsi: est-ce que cela avait

17 quelque chose d'inhabituel, Monsieur Aliu, que ce groupe se réunisse?

18 S'agissait-il d'une réunion ordinaire entre hommes politiques et généraux

19 ou s'agissait-il d'autre chose?

20 M. Aliu (interprétation): C'est une question difficile. Cela concerne la

21 situation militaire au Kosovo. L'accusé le sait très bien. Cet état-major

22 examinait exclusivement les questions militaires se rapportant au Kosovo.

23 Et à partir de 1998, c'est de cela qu'ils discutaient. Ils n'allaient pas

24 boire le thé l'après-midi! Ils se rassemblaient pour parler uniquement de

25 questions militaires.

Page 7789

1 M. Milosevic (interprétation): Tous les mardis à 17 heures, n'est-ce pas?

2 Réponse: Oui. Tous les mardis, à 17 heures. Et lorsque cela était

3 nécessaire, ils se réunissaient également auprès du commandement du corps

4 d'armée à Pristina et pouvaient aussi passer la nuit à l'hôtel, qui

5 appartenait au commandement de l'armée.

6 Question: Très bien. A maintes reprises dans votre déclaration, vous

7 accusez Milomir Minic, qui était un des chefs du parlement fédéral, vous

8 l'accusez donc d'avoir émis toute une série d'ordres, donné des ordres.

9 Est-ce que vous savez qu'il n'était même pas chef de la majorité au

10 parlement ou un des chefs du parlement? Ce n'était pas là sa profession.

11 Il était directeur des chemins de fer, et il était en fait président de la

12 Chambre des citoyens au parlement. Est-ce que vous saviez que c'était là

13 sa véritable position?

14 Réponse: Cela ne me concerne pas, c'est votre problème. Il était en tout

15 cas membre et président de l'état-major de guerre au Kosovo.

16 Question: Mais c'est exactement ce que je dis! Comment est-ce qu'on peut

17 voir tant de citoyens constituer une cellule de guerre? Même s'ils

18 assurent une certaine coordination entre leurs activités, comment

19 pourraient-ils constituer un état-major de guerre? Vous êtes, vous-même,

20 officier militaire, vous avez une formation militaire, comment pouvez-vous

21 imaginer qu'un nombre aussi important de civils constitue un état-major de

22 guerre, n'est-ce pas vrai?

23 Réponse: La défense civile en yougoslave comportait de nombreux civils. Il

24 n'y avait pas que des militaires en tant que tels.

25 Question: Est-ce que vous pensez que des soldats étaient membres de

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1 l'unité de protection civile?

2 Réponse: Normalement, les soldats n'étaient pas membres de telles unités,

3 mais ils reçoivent des ordres. Et c'est vous-même qui les commandiez, vous

4 étiez à la tête de la Défense territoriale.

5 M. Milosevic (interprétation): Je ne comprends pas très bien ce que vous

6 entendez par là. J'étais à la tête de la défense dans son ensemble, le

7 commandement suprême de l'armée en tant que président de la République.

8 Tout le monde en Yougoslavie le sait très bien. Je ne comprends pas très

9 bien ce que vous sous-entendez. Est-ce que vous voulez bien nous

10 expliquer?

11 M. Aliu (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

12 puis-je illustrer cela par un exemple?

13 M. le Président (interprétation): Oui, allez-y.

14 M. Aliu (interprétation): Est-ce que l'on pourrait mettre ceci sur le

15 rétroprojecteur?

16 (L'huissier s'exécute.)

17 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, est-ce que vous

18 voyez cela aussi sur l'écran?

19 Oui? Alors, Monsieur Aliu, qu'est-ce que vous voulez nous expliquer?

20 M. Aliu (interprétation): Cela permet à l'accusé de voir de ses propres

21 yeux la chaîne de commandement et qui commandait au Kosovo.

22 M. Milosevic (interprétation): Oui, auriez-vous l'obligeance de me donner

23 ce document car je ne le vois pas très bien à l'écran? Et je vous le

24 restituerai lorsque j'en aurai terminé.

25 M. le Président (interprétation): Oui, soumettez ce document à l'accusé.

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1 M. Milosevic (interprétation): Bien. Ce que nous y voyons, donc tout en

2 haut: c'est la présidence de la République fédérale de Yougoslavie,

3 commandant suprême des forces armées. Puis immédiatement en dessous:

4 ministère de la Défense, secrétariat fédéral de la Défense nationale en

5 temps de guerre, que l'on appelle aussi commandement suprême. Puis, il y a

6 subdivision: l'état-major de guerre, le PVO, commandement de l'armée, du

7 district de l'armée, d'une part, et du district de l'armée des forces

8 navales, d'autre part.

9 Donc tout d'abord, nous avons le commandement suprême, le ministère de la

10 Défense, puis l'armée, les forces terrestres qui sont ensuite subdivisées

11 en divisions, corps et ainsi de suite.

12 Qu'est-ce que vous essayez de nous démontrer par cela? Vous nous dites

13 qu'il y a un commandement suprême, qu'il y a des armées, des forces

14 aériennes, des brigades. Est-ce que vous voudriez nous interpréter cela,

15 examiner cela vous-même pour nous faire comprendre ce que vous tentez de

16 nous démontrer?

17 Vous dites exactement ce qui est publié partout dans la presse et vous

18 essayez de nous faire croire qu'il s'agit là de quelque chose de nouveau

19 et de spectaculaire.

20 M. Aliu (interprétation): Pardon, Monsieur le Président. Ce document me

21 sert d'exemple. L'accusé dit que cela est extrait d'un journal, d'une

22 revue du collège de la Défense à Belgrade qui illustre la structure

23 militaire de l'armée au Kosovo. Donc c'est un exemple dans lequel l'accusé

24 lui-même peut retrouver la chaîne de commandement, la structure de

25 commandement parmi les différentes unités.

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1 M. le Président (interprétation): D'où sortez-vous ce document, Monsieur

2 Aliu?

3 M. Aliu (interprétation): C'est un document de la faculté et c'est un

4 document très important. C'est un document tout à fait fiable provenant de

5 cette faculté.

6 M. le Président (interprétation): Et est-ce qu'on vous a donné ce

7 document?

8 M. Aliu (interprétation): Non, c'est un document à moi.

9 M. le Président (interprétation): Vous dites que ce document vient de

10 cette faculté: comment êtes-vous entré en possession du document?

11 M. Aliu (interprétation): Eh bien, j'y ai étudié à cette faculté et il

12 s'agissait d'un cours concernant le commandement et la structure de

13 l'armée yougoslave.

14 M. le Président (interprétation): Vous avez obtenu ce document lorsque

15 vous faisiez vos études à la faculté?

16 M. Aliu (interprétation): Oui, quand j'y étudiais.

17 M. le Président (interprétation): Pouvez-vous nous dire en quelle année

18 faisiez-vous vos études?

19 M. Aliu (interprétation): Entre 1977 et 1981. C'est un document que l'on

20 retrouve même dans le manuel des Forces armées yougoslaves.

21 M. le Président (interprétation): Un instant. Si l'accusation en demande

22 le versement au dossier, nous allons verser ce document au dossier.

23 M. Aliu (interprétation): Tout à fait. Très bien.

24 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic?

25 M. Milosevic (interprétation): Oui, allez-y. Versez cela au dossier. Je ne

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1 vois vraiment pas ce que cela a d'extraordinaire de dire que l'armée a sa

2 propre structure, ses forces armées, qu'il y a le commandement suprême,

3 les forces aériennes, les forces terrestres qui sont ensuite subdivisées

4 en districts, en divisions et en brigades. Je ne vois vraiment pas quelle

5 est l'importance de ces informations.

6 Pourquoi est-ce que vous nous présentez celles-ci? Qui est-ce qui a nié le

7 fait qu'il existe toutes ces forces aériennes, navales, terrestres,

8 brigades et corps? Qui est-ce qui conteste ces faits?

9 M. le Président (interprétation): Ce n'est qu'une observation.

10 Il nous a présenté ce document, il nous dit que cela illustre ce qu'on lui

11 a appris à la faculté. Maintenant, vous êtes libre de faire les remarques

12 que vous souhaitez, mais ce n'est pas le moment. Nous devrions poursuivre.

13 M. Milosevic (interprétation): Très bien. Bon.

14 Monsieur le Témoin, prenons un de ces documents que vous nous avez

15 présentés hier. Il y a par exemple une lettre...

16 M. le Président (interprétation): Nous devrions avoir ce document sous les

17 yeux. Il pourra être versé.

18 Est-ce que l'huissier voudrait bien nous présenter ce document? Nous

19 allons octroyer à ce document une cote.

20 (L'huissier s'exécute.)

21 M. Milosevic (interprétation): Cela a déjà été fait hier.

22 M. le Président (interprétation): Non. Un instant, nous allons traiter de

23 ces deux documents. On va leur donner un numéro, une cote et le donner à

24 la défense, peu importe dans quel ordre.

25 Mme Anoya (interprétation): La lettre concernant M. Aliu sera la pièce de

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1 la défense n°22 et l'organigramme la pièce de la défense n°23.

2 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Milosevic, poursuivez.

3 M. Milosevic (interprétation): Je voudrais vous demander d'examiner cette

4 lettre, une lettre envoyée par le directeur de l'administration pour la

5 défense, Petar Ilic, lettre que vous nous avez montrée hier et qu'il a

6 envoyée au secrétariat général de la Défense nationale, un département de

7 la Protection civile. Ainsi, au sein de la République fédérale de

8 Yougoslavie, de son gouvernement, il y a le ministère fédéral de la

9 Défense. Puis, au sein du département de la Défense, il y a l'organe

10 responsable de la République de Serbie, dont les locaux sont à Pristina.

11 C'est ce que l'on voit dans cet intitulé, dans cet en-tête. Puis, le

12 directeur de l'administration de la Défense écrit à son supérieur

13 hiérarchique, au ministère. Donc il communique selon cette structure

14 hiérarchique verticale que vous décrivez ici.

15 Est-ce que cette lettre est écrite par lui et adressée au département du

16 ministère responsable de la Protection civile?

17 M. Aliu (interprétation): Il suffit de lire à qui la lettre a été

18 adressée. On y lit: "Ministère fédéral de la Défense - Organe responsable

19 de la Défense civile".

20 M. Milosevic (interprétation): Oui, mais personnellement, à qui est-elle

21 adressée?

22 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, à quel document

23 faites-vous allusion? Nous en avons deux: le n°245, d'une part, et le

24 n°246, d'autre part. Tous deux sont datés du 28 juillet. Il faudrait peut-

25 être distinguer entre les deux: l'un des documents est plus long que

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1 l'autre.

2 M. Milosevic (interprétation): S'il vous plaît, il s'agit d'un document

3 d'une page et je parle ici d'une chose très spécifique: j'aimerais que le

4 témoin m'explique quelle forme de communication il y a ici. A en juger,

5 est-ce qu'il s'agit du directeur de...

6 M. le Président (interprétation): Non, je ne veux pas continuer avant de

7 bien comprendre de quel document il s'agit.

8 Nous avons trois documents. Identifions-les ainsi, puisque vous n'utilisez

9 pas les cotes. Il s'agit, d'une part, d'instructions destinées à la

10 Défense concernant les zones habitées; puis, ensuite, il y a une lettre

11 adressée aux départements et aux sections de la Défense, adressées aux

12 directeurs de ces départements et sections; en troisième lieu, il y a les

13 principes directeurs concernant la défense de ces zones résidentielles.

14 A quel document faites-vous allusion? Quel document présentez-vous au

15 témoin?

16 M. Milosevic (interprétation): Celui que j'ai entre les mains: le

17 K0004689.

18 M. le Président (interprétation): Je vous demanderai de bien vouloir

19 remettre ce document entre les mains du Greffe et nous verrons duquel il

20 s'agit. Je vois bien qu'il y a une cote qui apparaît au compte rendu, mais

21 je voudrais tout de même savoir de quelle pièce vous êtes en train de

22 parler. Peut-être que le Greffe peut comparer les deux documents et nous

23 dire exactement de quoi il retourne ici.

24 Mme Anoya (interprétation): Monsieur le Président, l'accusé fait référence

25 à la pièce 248 et c'est la dernière page de ce document qu'il est en train

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1 de consulter.

2 (Les Juges se concertent sur le siège.)

3 M. le Président (interprétation): Bien. Nous allons placer cela sur le

4 rétroprojecteur, ainsi le témoin pourra également voir de quoi nous sommes

5 en train de parler.

6 Le témoin peut disposer de l'original du document. Quant à l'accusé, on

7 peut lui remettre un exemplaire de cet original.

8 (L'huissier s'exécute.)

9 Poursuivons. Quelle était la question que vous souhaitiez poser, Monsieur

10 Milosevic?

11 M. Milosevic (interprétation): Comme l'a dit M. Aliu, il y avait au sein

12 de cette organisation une certaine structure, c'est ce qu'il a essayé de

13 nous faire et ici nous pouvons voir que le responsable de l'administration

14 qui fait partie du ministère national de la Défense écrit au ministre ou

15 plutôt au ministère de la Défense et notamment aux secteurs chargés de la

16 défense civile.

17 Moi, je voudrais vous demander la chose suivante, Monsieur Aliu, il s'agit

18 là de la chaîne verticale qui caractérise la structure du ministère. Nous

19 allons du niveau fédéral jusqu'au niveau local en partant du haut et nous

20 voyons...

21 M. le Président (interprétation): Enfin, laissez le temps au témoin de

22 répondre.

23 Alors, Monsieur Aliu, est-ce que vous pouvez nous aider?

24 M. Aliu (interprétation): Oui. L'exemple que nous regardions tout à

25 l'heure, nous le retrouvons en partie ici. Mais on n'indique pas qui est

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1 la personne à qui s'adresse Petar Ilic; or c'est Geza Farkas. Il demande à

2 ce qu'il y ait armement des unités de la défense civile.

3 M. Milosevic (interprétation): Je voudrais tout d'abord éclaircir un

4 point. Le fonctionnement de cette organisation dont vous nous avez parlé,

5 vous nous avez montré un organigramme de l'armée, n'est-ce pas exact? Vous

6 nous avez montré un organigramme il y a quelques instants, n'est-ce pas

7 exact?

8 M. Aliu (interprétation): Vous l'avez vu de vos propres yeux. Vous n'avez

9 qu'à lire avec attention à qui cela est adressé. Pourquoi est-ce que vous

10 êtes en train de nier? Vous pouvez très bien voir le nom de ce général.

11 M. Milosevic (interprétation): Je ne nie rien. Je ne nie pas que Geza

12 Farkas à cette époque-là était l'adjoint.

13 M. le Président (interprétation): Nous n'allons pas en venir aux mains,

14 nous allons simplement continuer à poser des questions et obtenir des

15 réponses. Alors, posez une question et laissez au témoin le temps d'y

16 répondre.

17 Et, Monsieur Aliu, merci de répondre à la question.

18 M. Milosevic (interprétation): Ecoutez, peu importe de savoir si le vice-

19 ministre à la défense civile est appelé d'une façon ou d'une autre; ce qui

20 importe ici, c'est ce que je souhaite faire établir très clairement.

21 L'organe du district de Pristina est en communication avec l'assistant au

22 ministre de la Défense qui est responsable de la défense civile, n'est-ce

23 pas exact et un fait établi?

24 M. le Président (interprétation): Mais nous voyons à qui ce document est

25 adressé. Où voulez-vous en venir, Monsieur Milosevic?

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1 M. Milosevic (interprétation): Voici la question qui m'intéresse: je veux

2 essayer d'établir si oui ou non nous sommes bien en présence de la

3 structure verticale qui caractérisait le fonctionnement du ministère de la

4 Défense, si c'est bien là l'organisation pyramidale dont vous parliez de

5 tout à l'heure?

6 M. Aliu (interprétation): Je l'ai dit précédemment, il s'agit là de la

7 structure de commandement vertical, vous ne pouvez pas le contester.

8 M. le Président (interprétation): N'entrez pas un débat avec l'accusé.

9 Contentez-vous de répondre aux questions, nous avancerons ainsi beaucoup

10 plus rapidement.

11 Je vous précise, Monsieur Milosevic, que vous avez encore dix minutes à

12 consacrer au contre-interrogatoire de ce témoin. Ces documents, nous les

13 avons sous les yeux et nous voyons ce qu'ils contiennent.

14 M. Milosevic (interprétation): Mais je n'ai même pas commencé mon contre-

15 interrogatoire, Monsieur May, est-ce que vous ne pouvez pas voir que le

16 témoin ne veut pas répondre à l'une quelconque des questions que je lui

17 pose. Il refuse d'y répondre de façon correcte.

18 Le témoin semble très agité, très nerveux. Peut-être devrait-il se calmer

19 quelque peu et ensuite nous pourrions en venir au contre-interrogatoire à

20 proprement parler?

21 M. le Président (interprétation): Il ne vous revient pas de faire ce genre

22 de commentaire, je répète que vous disposez de dix minutes

23 supplémentaires.

24 M. Milosevic (interprétation): Mais enfin, est-ce que je ne dispose même

25 pas du même temps dont disposait l'accusation?

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1 M. le Président (interprétation): Vous venez de consacrer une heure, plus

2 d'une heure au contre-interrogatoire du témoin, vous avez donc disposé de

3 plus de temps que l'accusation. Vous pouvez disposer de 15 minutes et vous

4 aurez disposé ainsi d'un temps supérieur d'un tiers à celui qui a été

5 imparti à l'accusation.

6 M. Milosevic (interprétation): Est-ce que vous tenez compte du temps qui a

7 été utilisé par l'accusation vendredi?

8 M. le Président (interprétation): Tout a été tenu en compte.

9 M. Milosevic (interprétation): Mais je me retrouve dans une position très

10 délicate: il va être très difficile de poser au témoin toutes les

11 questions que je souhaite lui poser, je n'ai pas assez de temps. Le témoin

12 s'est tellement étendu dans ses réponses! Les explications qu'il nous a

13 données, on pourrait les trouver dans n'importe quel journal.

14 Mais tout de même, Monsieur Aliu, dites-moi, s'il s'agit bien là de

15 l'organisation verticale de l'administration au sein de laquelle vous-même

16 vous travailliez? Quelle était l'organisation qui prévalait dans le

17 système de communication de l'armée? Est-ce que ce système reprenait les

18 éléments principaux de l'organigramme que vous nous avez montré tout à

19 l'heure ou bien est-ce que la structure est différente?

20 M. Aliu (interprétation): Pour ce qui est de la direction, pour ce qui est

21 du commandement, il y avait bien respect d'un organigramme semblable à

22 celui que j'ai montré tout à l'heure. C'est un organigramme qui est repris

23 de façon générale.

24 Question: Bien. Petar Ilic était le responsable de l'administration de la

25 défense qui était placée sous la tutelle du ministère de la Défense. Qui

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1 commandait l'armée au Kosovo, qui était la personne qui était responsable

2 hiérarchiquement pour les forces armées qui se trouvaient au Kosovo en

3 1998, pendant la période de temps dont vous avez parlé?

4 Pétard Ilic était en communication avec le ministère de la Défense, mais

5 avec qui le commandement de l'armée entrait-il en communication? Le

6 commandement de corps, par exemple? Voyons, vous êtes officier vous-même,

7 alors dites-moi avec qui le commandant de corps essaie d'entrer en contact

8 lorsqu'il veut établir une communication avec quelqu'un?

9 Réponse: Mais vous connaissez très bien les réponses à ces questions. Le

10 commandant du Corps de Pristina répond de ses actes devant le commandant

11 de l'armée de Nis. C'est très simple. Et vous vous êtes le commandant

12 suprême des forces armées de la Yougoslavie.

13 Question: Donc il est responsable de ses actes devant le commandant de

14 l'armée, n'est-ce pas?

15 Réponse: Bien sûr.

16 Question: Je ne vous pose pas la question parce que je ne sais pas de quoi

17 il retourne. Je vous demande pour voir exactement ce que vous répondez.

18 Et, d'après vous, devant qui le commandant de l'armée de Nis est-il

19 responsable? Le commandant de la 3e Armée devant qui est-il responsable de

20 ses actes?

21 Réponse: Eh bien, devant le chef d'état-major de l'armée yougoslave.

22 M. Milosevic (interprétation): Très bien. Ce qui signifie que nous avons

23 pu établir deux chaînes de commandants. L'une qui passe par les organes

24 qui constituent le ministère de la Défense et c'est une organisation

25 pyramidale qui part du bas vers le haut. Et puis, il y a une autre

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1 organisation qui va du commandement de corps jusqu'au commandement de la

2 3e Armée et jusqu'au chef de l'état-major. Cela c'est pour l'armée, mais

3 qu'en est-il de la police? Le chef de la police se tourne vers qui? Est-ce

4 qu'il se tourne vers le responsable des Affaires intérieures, vers le

5 secrétariat aux Affaires intérieures à Pristina?

6 M. Aliu (interprétation): Si vous vous intéressez aux questions de la

7 police, posez ce genre de question à la police. Moi, je n'ai pas montré

8 d'organigramme relatif à l'organisation des forces de police.

9 M. le Président (interprétation): Vous ne répondez pas à l'accusé,

10 Monsieur. Vous répondez aux Juges de cette Chambre. Est-ce que vous pouvez

11 nous aider à comprendre quelle était la structure du commandement des

12 forces de police? Si vous ne le savez pas, dites-le.

13 M. Aliu (interprétation): Mais je n'appartenais pas à la police, je ne

14 peux donc pas savoir ce que vous me demandez.

15 M. le Président (interprétation): Très bien. Nous passons à la question

16 suivante.

17 M. Milosevic (interprétation): Bien, mais passons encore un peu de temps

18 sur ces deux structures dont nous avons parlé.

19 Monsieur Aliu, est-ce qu'il vous semble juste de dire ceci: si une partie

20 de l'organisation du ministère de la Défense prend cette forme verticale

21 et si le commandement de l'armée remonte jusqu'à l'état-major général, sur

22 la base de quoi pouvez-vous affirmer que toutes ces forces sont placées

23 sous une espèce de commandement conjoint pour le Kosovo? Est-ce qu'il

24 s'agirait là d'une méthode de travail qui relèverait plus de la défense

25 civile et d'un partage d'information mutuelle?

Page 7802

1 M. Aliu (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je

2 voudrais répondre à l'accusé une fois encore. J'ai, de façon très claire

3 je crois, expliqué ce qu'il en était des districts militaires du

4 commandement du corps d'armée. J'ai expliqué quelle était la structure qui

5 prévalait au sein du secrétariat de la défense au niveau de la province.

6 J'ai expliqué tout cela hier, et j'ai expliqué quelles étaient les

7 responsabilités de chacune de ces entités. Il ne faut pas transformer ce

8 que je dis. Vous savez très bien que, en cas de guerre, l'armée était

9 placée sous le commandement de ce commandement conjoint, dont vous faisiez

10 vous-même partie.

11 Question: Très bien. Ce que vous avez donc dit, il y a quelques instants,

12 à savoir que le commandant du Corps de Pristina n'est pas responsable

13 devant le commandement de l'armée et devant moi-même, mais qu'il est

14 responsable de ses actes devant Milomir Minic, est-ce que c'est ce que

15 vous êtes en train de dire? Il reçoit ses ordres de Milomir Minic et non

16 pas du commandement de l'armée ou de moi-même. Il reçoit ses ordres de

17 Milomir Minic à Pristina, n'est-ce pas exact? N'est-ce pas ce que vous

18 êtes en train d'affirmer?

19 M. Aliu (interprétation): Mais enfin, pourquoi est-ce que vous êtes en

20 train de tout brouiller, de tout confondre? Vous avez bien vu ce que je

21 vous ai montré. N'essayez pas de vous soustraire à vos responsabilités,

22 vous étiez le commandant suprême!

23 M. le Président (interprétation): Cela suffit! Le témoin doit répondre aux

24 Juges de cette Chambre et ne peut en aucun cas entamer un débat avec

25 l'accusé ou entrer en conflit avec celui-ci. Répondez par un oui ou par un

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1 non! N'entrez pas en conflit avec l'accusé. Je vous ai déjà prévenu,

2 Monsieur Aliu.

3 Monsieur Milosevic, quelle est la question que vous souhaitez poser

4 maintenant?

5 M. Milosevic (interprétation): Mais il n'a pas répondu à la question que

6 je viens de lui poser.

7 M. le Président (interprétation): Posez-la-lui à nouveau et brièvement,

8 s'il vous plaît.

9 M. Milosevic (interprétation): Très bien.

10 Les fonctions de commandement, est-ce qu'elles étaient assumées par le

11 biais de l'application de la structure que vous nous avez décrite, qui

12 allait du corps d'armée au commandement suprême et à moi-même? Est-ce que

13 cela partait donc du bas pour aller vers le haut? Ou bien est-ce que le

14 commandement de l'armée impliquait la participation de Milomir Minic? Est-

15 ce que c'est par son biais à lui que les ordres étaient émis? Est-ce que

16 c'est ce que vous êtes en train d'affirmer ici?

17 M. Aliu (interprétation): Mais je n'affirme rien, je ne fais que dire ce

18 qui est, ce qui est la vérité! J'ai répondu à cette question à trois

19 reprises.

20 M. Milosevic (interprétation): Très bien. Si vous le dites! Je crois que

21 cela ne sert à rien de poursuivre. Est-ce que, tout de même, il vous

22 apparaît clairement que tous ces documents, que vous nous avez soumis,

23 sont en fait des choses qui sont parfaitement claires et établies au

24 niveau de chaque communauté locale?

25 M. le Président (interprétation): Ce n'est pas une question, c'est un

Page 7804

1 commentaire que vous êtes en train de formuler.

2 M. Milosevic (interprétation): Bien. Est-ce que dans ce deuxième document,

3 4737, à la dernière page, où sont décrites les tâches de la défense

4 civile, de la protection civile...

5 M. le Président (interprétation): Il s'agit de la pièce 245. Vous pouvez

6 poursuivre.

7 M. Milosevic (interprétation): On voit donc exactement quelles sont les

8 tâches qui doivent être accomplies par les membres de la défense civile,

9 on voit de quelle façon on doit faire état de ces tâches au niveau

10 supérieur de la structure de commandement.

11 Maintenant, voyons comment cela fonctionne dans l'autre sens: du haut vers

12 le bas.

13 On dit que l'objectif des unités doit être d'administrer les premiers

14 soins, d'aider les personnes qui se trouvent dans des bâtiments en flammes

15 et à en sortir, d'éteindre les feux de moindre importance, d'organiser le

16 nettoyage des rues; on parle des unités spécialisées qui sont chargées

17 d'apporter une aide aux personnes, notamment en situation d'urgence; on

18 parle des unités qui sont chargées de la construction des routes, qui sont

19 chargées de lutter contre la propagation des incendies, qui sont chargées

20 de la destruction des engins explosifs qui n'ont pas explosé, qui doivent

21 nettoyer le terrain, etc. On voit que ces unités prennent part à la

22 construction d'abris, prennent part à toutes les mesures qui visent à

23 subvenir aux besoins en eau de la population, entre autres; et on parle

24 également de la nécessité pour ces unités de surveiller ce qui relève des

25 activités terroristes. Ensuite, on parle d'autres opérations dans le cadre

Page 7805

1 desquelles les unités de protection civile ont un rôle à jouer, notamment

2 on parle des activités terroristes contre lesquelles elles doivent agir.

3 Bien. Vous avez travaillé dans l'organe du district du ministère de la

4 Défense à Pristina pendant un an, je crois, et je parle de 1998. C'est

5 l'année à propos de laquelle vous déposez devant cette Chambre.

6 Combien de personnes au cours de cette année ont été tuées par l'UCK,

7 combien de Serbes et d'Albanais, de soldats, de policiers ont été tués?

8 Combien d'attaques terroristes ont-elles été lancées? Je parle par exemple

9 d'Orahovac. Est-ce que vous le savez?

10 M. le Président (interprétation): Je pense que nous sommes en train

11 maintenant de nous pencher sur le document 246, mais il est peu important

12 de savoir si nous parlons de la pièce 245 ou de la pièce 246.

13 En fait, ce qu'on vous demande, Monsieur Aliu, c'est ceci: est-ce que vous

14 pouvez nous aider à savoir combien d'attaques terroristes ont été lancées

15 par l'UCK pendant l'année 1998? Si vous êtes à même de nous apporter une

16 information sur ce point, dites-le. Si vous n'êtes pas à même de le faire,

17 dites-le-nous également.

18 M. Aliu (interprétation): Je vais essayer de vous aider. La Chambre doit

19 savoir ce qu'il en était. L'UCK n'a jamais lancé d'opérations terroristes

20 au Kosovo. Je ne ferai état que d'un meurtre, Ilir Durmishi et son ami

21 Tale Maliqi ont été tués en 1990, et jamais, jamais on n'a pu établir qui

22 avait assassiné ces deux personnes. Or, la Chambre sait très bien quelles

23 étaient les forces en présence à Pristina.

24 M. le Président (interprétation): Bien. Nous avons entendu bien des

25 dépositions, nous n'allons donc pas passer plus de temps sur ce point.

Page 7806

1 Mais comment caractériseriez-vous les opérations menées par l'UCK au

2 Kosovo?

3 M. Aliu (interprétation): Les opérations de l'UCK étaient des opérations

4 de défense, de défense contre l'occupant serbe, contre les barbares

5 serbes. Elles visaient à défendre la population.

6 M. le Président (interprétation): Fort bien.

7 Monsieur Milosevic, vous pouvez passer à la question suivante. Vous avez

8 quatre minutes.

9 M. Milosevic (interprétation): Très bien.

10 Indépendamment de la façon dont vous caractérisez les choses -et c'est

11 quelque chose à propos de quoi vous avez posé une question, Monsieur May-,

12 indépendamment de cela, est-ce que vous savez combien de personnes

13 -serbes, albanais, soldats, policiers- ont été tuées par l'UCK au cours de

14 l'année 1998? Savez-vous au moins que nombre de personnes ont été tuées

15 pendant cette année-là? Est-ce qu'au moins cela vous le savez?

16 M. Aliu (interprétation): Nombre d'Albanais ont été tués par des unités de

17 l'armée yougoslave, nombre d'Albanais ont été tués par la police et par

18 les unités spéciales serbes. Ces unités et ces forces spéciales avaient

19 leur base au Park Hôtel, elles se trouvaient également à l'hôtel

20 Herzégovine de Kosovo Polje et elles se trouvaient également basées sur la

21 route principale allant de Klina à Gjakovë.

22 M. Milosevic (interprétation): Ce n'est pas ce que je vous demande,

23 Monsieur Shukri Aliu.

24 M. le Président (interprétation): Répétez votre question, Monsieur

25 Milosevic.

Page 7807

1 M. Milosevic (interprétation): Ce n'est pas cela que je vous demande.

2 Est-ce que vous contestez qu'en 1998, l'UCK a abattu un grand nombre de

3 citoyens, qu'il s'agit de Serbes ou d'Albanais, de policiers ou de

4 soldats? Est-ce que vous contestez, est-ce que vous niez cela?

5 M. Aliu (interprétation): L'UCK n'a pas abattu d'Albanais. Bien au

6 contraire, l'UCK défendait les Albanais et la situation qui prévalait en

7 1998 était une situation de guerre. Il y avait 50.000 soldats au Kosovo et

8 nous avions le droit de nous défendre contre la colonisation, contre

9 l'occupation.

10 Monsieur le Président, est-ce que vous voulez vous pencher sur ce document

11 qui vous donnera un exemple? Vous pourriez simplement jeter un coup d'œil

12 sur cela.

13 M. le Président (interprétation): Oui, posez le document sur le

14 rétroprojecteur.

15 (Intervention de l'Huissier.)

16 Est-ce qu'il s'agit d'un rapport?

17 M. Aliu (interprétation): C'est une déclaration qui a été faite par le

18 général du Corps d'armée de Pristina, qui dit que 150.000 hommes en armes

19 se trouvent au Kosovo, alors que l'accusé lui parle de groupes terroristes

20 qui n'existaient pas. S'il y avait des terroristes, je voudrais dire que

21 c'étaient des terroristes serbes. Ici, on voit bien que des unités

22 spéciales sont utilisées.

23 M. le Président (interprétation): Si l'accusation souhaite revenir sur ce

24 point, elle le pourra. Par ailleurs, je vais vous demander de bien vouloir

25 faire passer ce document au témoin, de le lui rendre, Madame la Greffière

Page 7808

1 d'audience.

2 Monsieur Milosevic, vous pouvez poser votre dernière question.

3 M. Aliu (interprétation): Oui, vous pouvez donner ce document à

4 l'accusation.

5 M. Milosevic (interprétation): Oui, mais je ne vois pas quel est l'intérêt

6 de poursuivre le contre-interrogatoire de ce témoin. A l'instant, on vient

7 d'entendre se prononcer sur l'emplacement du Park Hôtel et du Grand-Hôtel.

8 Le témoin affirme que Ojdanic était le chef de l'état-major général,

9 affirme que Pavkovic était le commandant de la 3e Armée, affirme que

10 j'étais le commandement suprême. Or tout cela, il a pu le voir à la

11 télévision, le lire dans les journaux, l'entendre à la radio; ce n'est un

12 secret pour personne.

13 Comment est-ce que je peux contre-interroger un témoin qui s'assoit là de

14 façon triomphante et qui se contente de sortir des documents de sa poche,

15 comme s'il s'agit d'un lapin d'un chapeau?

16 M. le Président (interprétation): Monsieur Wladimiroff, est-ce que vous

17 avez des questions?

18 (Questions de l'amicus curiae M. Wladimiroff au témoin, M. Shukri Aliu.)

19 M. Wladimiroff (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

20 Témoin, est-ce que vous avez bien étudié les sciences militaires à la

21 faculté, à la faculté militaire?

22 M. Aliu (interprétation): A la faculté de la Défense de Belgrade.

23 Question: Donc vous pouvez faire la différence entre un état officiel de

24 guerre et un état de conflit armé, n'est-ce pas? Vous êtes à même

25 d'établir un distinguo entre ces deux types de situation?

Page 7809

1 Réponse: Oui.

2 Question: Est-ce que vous pourriez dire qu'il y avait officiellement un

3 état de guerre qui prévalait au Kosovo avant le début des bombardements de

4 l'OTAN?

5 Réponse: Oui. Mais permettez-moi de saisir l'occasion que vous m'offrez

6 pour dire une chose: le troisième jour de l'accord de Rambouillet, il y a

7 eu une mobilisation générale des forces yougoslaves.

8 Question: Est-ce que tout cela implique la prévalence d'un état officiel

9 de guerre?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Est-ce que je dois donc penser qu'un état de guerre officiel a

12 été déclaré par les autorités yougoslaves?

13 Réponse: Oui, un état de guerre. Mais c'était secret.

14 Question: Qu'entendez-vous par là: secret? Cela n'a pas été déclaré

15 publiquement?

16 Réponse: Cela n'a pas fait l'objet d'une proclamation publique.

17 Question: Mais alors comment savez-vous que c'était secret si c'était

18 effectivement un secret?

19 Réponse: Je le sais parce qu'il y a eu mobilisation au sein du secrétariat

20 de la Défense.

21 Question: Est-ce parce qu'il y a eu mobilisation qu'il y a eu déclaration

22 officielle d'un état de guerre?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Nous devrions donc pouvoir être à même de lire cela quelque

25 part: vous avez dû avoir un ordre, n'est-ce pas?

Page 7810

1 Réponse: Je ne dispose pas d'un tel ordre: c'était un ordre secret.

2 Question: Mais comment le savez-vous puisque vous n'avez pas cet ordre?

3 Réponse: Mais je travaillais dans cette structure!

4 Question: Est-ce que vous avez jamais eu l'occasion de voir cet ordre?

5 Réponse: J'ai vu de quelle façon il y a eu déclaration de la mobilisation,

6 j'ai vu de quelle façon les convocations ont été préparées.

7 Question: Est-ce que vous avez déjà vu cet ordre?

8 Réponse: Non, je n'ai pas vu cet ordre.

9 Question: Comment donc pouvez-vous savoir que c'est dans cet ordre qu'il y

10 avait déclaration secrète d'un état officiel de guerre?

11 Réponse: Parce que les conscrits ont été mobilisés et les conscrits des

12 unités de police ont également été appelés.

13 Question: Dernière question: dans le cadre de votre déposition, vous avez

14 affirmé qu'en cas de guerre, l'armée passait sous le commandement d'une

15 certaine structure dont vous avez donné le détail. Mais est-ce que vous

16 êtes d'accord pour dire que, s'il n'y a pas d'état de guerre, cette

17 structure est peut-être en place, mais ne fonctionne pas et n'est pas

18 mobilisée?

19 Réponse: S'il n'y avait pas d'état de guerre, si c'était la paix qui

20 régnait, il n'y a pas de doute: cette structure n'entrerait pas en

21 opération.

22 M. Wladimiroff (interprétation): Je vous remercie.

23 M. le Président (interprétation): Monsieur Ryneveld, vous avez des

24 questions supplémentaires?

25 M. Ryneveld (interprétation): Après y avoir réfléchi, Monsieur le

Page 7811

1 Président, je ne pense pas avoir de question supplémentaire à poser au

2 témoin.

3 M. le Président (interprétation): Monsieur Aliu, merci d'être venu devant

4 cette Chambre pour déposer. Vous pouvez maintenant vous retirer.

5 M. Aliu (interprétation): Je vous remercie.

6 (Le témoin, M. Shukri Aliu, est raccompagné hors du prétoire.)

7 M. le Président (interprétation): Nous allons suspendre nos travaux et

8 nous prenons une pause de 20 minutes.

9 (L'audience, suspendue à 10 heures 30, est reprise à 11 heures.)

10 (Audience publique avec mesures de protection.)

11 (Le témoin K25 est déjà dans le prétoire.)

12 M. le Président (interprétation): Monsieur Nice, avant de poursuivre nous

13 devons attribuer une nouvelle cote à une pièce.

14 L'organigramme recevra la cote pièce de l'accusation?

15 Mme Anoya (interprétation): Avant, il s'agissait de la pièce de la défense

16 27… 23 plutôt. Auparavant, il s'agissait de la pièce de la défense 23,

17 maintenant la pièce de l'accusation 249.

18 M. le Président (interprétation): Je ne sais pas si vous allez en venir au

19 colonel Crossland, mais nous devons aborder ce sujet. Est-ce que vous

20 voudriez bien en faire part à M. Ryneveld, peut-être en fin de journée?

21 M. Nice (interprétation): La demande à laquelle vous faites référence, ce

22 sera après 2 heures.

23 M. le Président (interprétation): Non, la demande initiale conformément à

24 l'Article 92.

25 M. Nice (interprétation): Très bien. Est-ce que le témoin peut rester assis

Page 7812

1 M. le Président (interprétation): Oui. Veuillez prononcer la déclaration

2 solennelle.

3 Témoin K25 (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

4 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

5 (Interrogatoire principal du témoin K25 par M. Nice.)

6 M. Nice (interprétation): Ce témoin bénéficie de différentes mesures de

7 protection. En raison de cela, peut-on lui présenter cette feuille?

8 Veuillez simplement lire ce qu'il y a sur cette feuille mais ne pas le

9 lire à haute voix. Si les détails qui figurent sont exacts, veuillez

10 répondre par oui.

11 Témoin K25 (interprétation): Oui.

12 Question: Est-ce que l'on peut verser cette feuille au dossier et lui

13 attribuer une cote?

14 Le témoin va évoquer toute une série de lieux où l'unité, à laquelle il

15 appartenait, est intervenue. Tout cela brièvement. Et pour que son

16 témoignage soit plus facile à comprendre pour la Chambre et le grand

17 public, je vais identifier ces endroits en me référant à l'atlas que nous

18 utilisons. Donc, je pourrais vous indiquer des numéros de pages à

19 l'occasion.

20 Je demanderai à l'huissier de bien vouloir nous aider et de placer sur le

21 rétroprojecteur les pages concernées.

22 Il va entrer dans plus de détails en ce qui concerne une zone ou un

23 emplacement en particulier.

24 Monsieur le Témoin, nous allons nous adresser à vous en tant que Témoin

25 K25. Je vais brièvement évoquer votre parcours de façon assez rapide.

Page 7813

1 Veuillez répondre par oui ou non pour que nous puissions gagner du temps.

2 Témoin K25, êtes-vous officier de police serbe ayant fait votre service

3 militaire obligatoire auprès de la JNA, dans le cadre duquel vous avez été

4 formé en tant qu'opérateur de roquettes antichars automoteurs et en tant

5 que membre d'un Bataillon d'infanterie de la JNA?

6 Réponse: Oui.

7 Question: Après votre service militaire, est-ce que vous avez fait des

8 études universitaires et puis êtes devenu membre de la réserve de la

9 police, puis vous avez travaillé au sein de la police. Après une formation

10 complémentaire, vous êtes devenu membre d'une unité connue sous le nom de

11 la "PJP" ou "unité spéciale de la police". Vous avez continué à faire le

12 travail ordinaire d'un officier de police tout en vous acquittant de

13 quelques tâches particulières pour la PJP à certaines occasions?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Est-ce que l'unité dont vous étiez membre, à l'occasion est-ce

16 que cette unité recevait des instructions de la part de la VJ concernant

17 des armes spécialisées?

18 Réponse: Oui, à des fins de formation.

19 Question: Pouvez-vous nous donner un exemple de certaines de ces armes

20 spécialisées par rapport auxquelles la VJ vous a donné une formation?

21 Réponse: Pendant notre formation, nous avions donc un entraînement

22 obligatoire concernant les armes d'infanterie, matériel militaire, armes

23 de portée moyenne, telle que les Zolja et les Osa (phon.), des mines

24 antipersonnelles, des lances roquettes portables, une formation de base

25 concernant des armes de plus haut calibre tel que le 12.9 millimètres.

Page 7814

1 Donc des armes spéciales.

2 Question: Est-ce que votre unité disposait de telles armes à chaque fois

3 que cela était nécessaire?

4 Réponse: Oui, parce que cela entrait dans le cadre de notre formation en

5 matière d'armes d'infanterie.

6 Question: Pour en venir maintenant au paragraphe 6, avez-vous été déployé

7 à partir de l'endroit où vous étiez basé, déployé au Kosovo à plusieurs en

8 reprise en 1998 et 1999?

9 Réponse: Oui, à six reprises précisément en 1998, et une fois en 1999.

10 Question: Je vais brièvement aborder ces six occasions en 1998.

11 Est-ce que l'huissier voudrait bien ouvrir l'atlas à la page 05 -c'est

12 donc la carte n°5- et mettre cette page sur le rétroprojecteur?

13 (Intervention de l'Huissier.)

14 On y voit le Kosovo Ouest, la région Ouest, enfin Ouest et Centre du

15 Kosovo.

16 Est-ce que vous avez été déployé dans la région de Kosovska-Mitrovica,

17 Srbica, Josanica et Klina?

18 Réponse: Oui.

19 Question: Dans une phrase, pouvez-vous nous décrire quelle était la nature

20 des opérations entreprises par la PJP?

21 Réponse: Le but de l'opération était de libérer des routes reliant Srbica

22 à Klina, ainsi que les routes reliant Klina à Pec parce que ces routes

23 avaient été bloquées ou coupées en raison de d'opérations terroristes

24 ininterrompues. Ces terroristes occupaient différentes parties de ces

25 routes et tiraient sur tout ce qui bougeait.

Page 7815

1 Question: Nous ne pouvons pas voir Klina, mais est-ce qu'il s'agit d'un

2 endroit plus au sud de la carte? Et quelle en était la date, s'il vous

3 plaît?

4 Réponse: Vers le 1er mars, je crois, ou le 21. Je ne m'en souviens pas

5 exactement. En fait, si. Il s'agissait certainement du 1er mars.

6 Question: A votre connaissance, est-ce qu'il y avait eu d'autres

7 déploiements de ce type ou s'agissait-il du premier déploiement de ce

8 type?

9 Réponse: Il n'y avait pas eu de tels déploiements par le passé. Notre

10 unité n'était jamais allée sur le terrain pour effectuer de telles

11 opérations. C'était notre première mission antiterroriste.

12 Question: Deuxième déploiement dans la même zone: à quelle date et à

13 quelles fins?

14 Réponse: La deuxième fois, nous nous sommes rendus sur les mêmes lieux,

15 les mêmes positions pour nous assurer qu'on puisse emprunter cette route.

16 Donc notre présence avait pour but d'assurer la sécurité de cette route.

17 Question: A quelle date ce deuxième déploiement a-t-il eu lieu?

18 Réponse: Après avoir mené à bien notre première tâche, nous avons eu une

19 permission de trois, quatre jours et, puis, nous sommes retournés sur les

20 lieux.

21 Question: Si l'on peut maintenant examiner la page précédente, c'est-à-

22 dire la carte à la page 4, au bas de cette carte, on voit Pec et Decani.

23 Votre premier déploiement, à quelle date a-t-il eu lieu, où et à quelle

24 fin? Votre troisième déploiement donc?

25 Réponse: Notre troisième déploiement a eu lieu immédiatement après le

Page 7816

1 deuxième, après une courte pause, sur une route reliant Pec et Djakovica.

2 Encore une fois, les terroristes albanais avaient coupé quelques parties

3 de cette route et faisaient obstruction à la circulation.

4 Question: Si l'on regarde la carte de près, au sud de Pec et au nord de

5 Decani -je ne sais pas si l'on peut encore voir cela de plus près-, en bas

6 et à droite de cette carte, on voit quelques villages: Donji Streoci et

7 Gornji Streoci, je crois.

8 Est-ce que ces villages entraient dans le cadre de votre troisième

9 déploiement?

10 Réponse: Oui, c'est-à-dire que, lorsque nous n'étions pas en permission,

11 nous servions nos positions à Gornji Streoci où nous avions pour mission

12 d'assurer les moyens de communication, en d'autres termes, les routes.

13 Question: Pour en venir maintenant au quatrième déploiement, où est-ce que

14 cela a eu lieu?

15 Réponse: Lors de notre quatrième déploiement, nous avons tenté de nous

16 emparer, de nous assurer le contrôle de Jablanica. C'était un bastion de

17 terroristes où environ 3.000 terroristes avaient leur base. Mais lors de

18 ce déploiement, nous n'avons pas réussi à pénétrer dans Jablanica.

19 Question: Et Jablanica est au sud du Kosovo, donc à une distance assez

20 grande des autres zones de déploiement?

21 Réponse: Oui.

22 Question: La carte n°15, en haut à gauche, montre Jablanica. Donc c'est à

23 droite, à la pointe sud du Kosovo? Non, c'est la carte 15: je ne suis pas

24 sûr qu'on ait la bonne carte sous les yeux ici.

25 A la page 15, en haut, à droite. Non, plutôt en haut à gauche. Voilà. On y

Page 7817

1 arrive.

2 Le témoin va nous montrer cela avec le pointeur. On voit les frontières du

3 Kosovo et on voit tout en haut, à gauche, on voit Jablanica.

4 (Intervention de l'Huissier.)

5 Pendant combien de temps cette mission vouée à l'échec a-t-elle duré?

6 Réponse: Chaque déploiement durait entre 25 et 30 jours, mais cette

7 tentative de prendre le contrôle de Jablanica n'a duré qu'un jour ou un

8 jour et demi.

9 Question: Passons enfin au cinquième déploiement. Je crois que nous

10 devrions examiner la carte n°9, dans la partie à l'extrême ouest du

11 Kosovo.

12 Est-ce que votre cinquième déploiement a eu lieu au sud de Decani, ce que

13 l'on voit au haut de la carte? Et, est-ce que ce cinquième déploiement

14 vous a amené à la zone de Prilep et Junik? Et notamment le village de

15 Baboloc, que l'on voit à l'écran à la droite et vers le bas?

16 Réponse: Oui.

17 Question: Et quel était le but de ce déploiement?

18 Réponse: Simplement garder le contrôle de la route, en assurer la sécurité

19 et nous assurer qu'on puisse l'emprunter.

20 Question: Et puis enfin, le sixième déploiement que l'on situe aussi sur

21 la carte n°9, dans la région de Junik où l'on voit cela presque au centre

22 de l'écran, vers le bas. Quel était l'objet de ce sixième déploiement?

23 Réponse: Nous étions censés nous emparer de ce village d'où émanaient des

24 attaques terroristes incessantes.

25 Question: Est-ce que l'huissier voudrait bien ouvrir la carte et montrer

Page 7818

1 la partie gauche ou plutôt la partie droite d'une des pages? Oui, voilà,

2 c'est parfait.

3 Pendant cette opération, est-ce que vous avez reçu de l'aide venant de la

4 VJ?

5 Réponse: Oui, à cette occasion; nous avons été appuyés par une partie des

6 forces armées de la VJ, venant du lac Radonjic parce que les terroristes

7 albanais dans cette région avaient une base très solide. Ils étaient

8 présents en force et leur base était fortifiée de façon considérable.

9 Question: Et donc cette carte, c'est ce que l'on voit en bleu du côté

10 droit de la carte, je crois? Merci.

11 Monsieur le Président, Messieurs les Juges nous pouvons maintenant passer

12 au paragraphe 8. Nous reviendrons au paragraphe 9 ultérieurement. Non,

13 nous allons donc sauter le paragraphe 9, nous y reviendrons mais nous

14 allons passer maintenant au paragraphe 15 pour prendre les choses dans

15 l'ordre.

16 Donc, cela nous amène à votre opération en 1999. Est-ce qu'en 1999 vous

17 avez été déployés à Velika Krusa et Mala Krusa?

18 Témoin K25 (interprétation): Oui.

19 M. Nice (interprétation): Nous avons une carte spéciale, deux versions,

20 deux tailles différentes pour que le témoin puisse bien s'expliquer

21 concernant ce déploiement. Nous avons donc une carte pour le

22 rétroprojecteur et une carte agrandie pour la Chambre, l'accusé et les

23 amici.

24 Si vous souhaitez vous référer à l'atlas, Velika Krusa se trouve sur la

25 carte 10, référence 23. Je crois qu'une fois que l'on a identifié cela,

Page 7819

1 dans la classe également nous pourrions nous fonder sur cette carte plus

2 détaillée pour entendre le témoignage qui va suivre à ce sujet.

3 Est-ce que l'huissier voudrait bien mettre la plus petite version sur le

4 rétroprojecteur au centre, que la carte soit centrée?

5 (L'huissier s'exécute.)

6 Je pense que la régie nous permettra de faire un gros plan sur ce qui est

7 important.

8 Mme Anoya (interprétation): La feuille qui comporte le pseudonyme du

9 témoin sera la pièce de l'accusation 250, cette carte sera la pièce de

10 l'accusation 251.

11 M. Nice (interprétation): Les annotations sur cette carte, nous allons les

12 expliquer par la suite.

13 Est-ce que ces annotations ont été faites conformément à vos instructions,

14 reflétant les choses que vous avez pu observer et que vous pouvez nous

15 décrire?

16 Témoin K25 (interprétation): Oui.

17 Question: Quand ce déploiement a-t-il commencé?

18 Réponse: Le 25 mars, à l'aube.

19 Question: Est-ce qu'on pourrait peut-être faire un gros plan sur

20 l'intersection entre les deux lignes vertes, sur la gauche. Où les deux

21 lignes se rejoignent, on voit le village de Zrze. Est-ce que votre unité

22 PJP était déployée dans la région de Zrze sur la route Djakovica/Prizren?

23 Réponse: Oui, c'est exact. Nous y sommes arrivés ce jour-là venant du

24 village de Baboloc.

25 Question: Je vais identifier les unités si la Chambre le permet, à la fin

Page 7820

1 de la séance à huis clos partiel. Donc, les unités resteront anonymes,

2 pour ainsi dire, pour l'heure.

3 Lorsque vous y êtes arrivé avec votre unité, quel type de matériels aviez-

4 vous?

5 Réponse: Nous avions trois camions 110, un Pinzgauer, trois camions

6 civils, trois jeeps, une jeep blindée et puis nos armes ordinaires dont

7 nous étions toujours en possession.

8 Question: Est-ce que votre unité a eu des contacts avec un officier de la

9 VJ? Et dans l'affirmative, à quelle date? Est-ce que vous pourriez nous

10 dire quel a été le fruit de ces contacts?

11 Réponse: Oui, ce monsieur de l'armée yougoslave est venu à notre

12 rencontre, nous a demandé de nous déployer sur la route plutôt que nous de

13 nous envoyer à Zrze et, avec le commandant de notre compagnie, il a créé…

14 enfin, il nous a déployés sur cette ligne de blocus.

15 M. le Président (interprétation): Oui?

16 M. Milosevic (interprétation): Est-ce que je pourrais demander que ce

17 micro soit allumé pour nous et pas seulement pour les interprètes? Mais

18 pour nous aussi, car j'entends à peine le témoin, je n'entends pas ce

19 qu'il dit. J'ai l'impression que ce microphone est destiné uniquement aux

20 interprètes. J'entends à peine le témoin.

21 M. Kwon (interprétation): Oui, mais si vous portez les écouteurs, vous

22 entendrez ce que dit le témoin sans difficulté.

23 M. Milosevic (interprétation): Oui, mais le sien n'est pas interprété en

24 serbe.

25 M. Kwon (interprétation): Il n'y a pas d'interprétation de ce que dit ce

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1 témoin en serbe.

2 M. le Président (interprétation): Vous pouvez vous brancher sur le canal

3 serbe. On ne peut rien faire pour améliorer cela.

4 M. Milosevic (interprétation): J'entends le canal serbe très bien lorsque

5 vous parlez, mais pas lorsque le témoin s'exprime. Je l'entends dans les

6 écouteurs.

7 M. Kwon (interprétation): Eh bien, pourquoi ne pas essayer? Essayez au

8 moins une fois.

9 M. Milosevic (interprétation): Je vous dis que j'entends cela dans les

10 écouteurs.

11 M. le Président (interprétation): Oui.

12 M. Milosevic (interprétation): Je pense que ces micros devraient être

13 tournés vers le témoin, ces microphones qui maintenant sont tournés vers

14 vous devraient être tournés vers le témoin; comme cela, je pourrais

15 l'entendre.

16 M. le Président (interprétation): Les personnes compétentes vont s'en

17 occuper, organiseront cela du mieux possible. Nous ne pouvons rien faire

18 de plus.

19 Le Greffe a attendu vos observations: si on peut améliorer quoi que ce

20 soit, ce sera fait.

21 M. Nice (interprétation): Merci, Monsieur le Président.

22 En raison de la déformation -bon, l'accusé n'en a peut-être pas

23 conscience-, cela veut dire que d'autres micros doivent être utilisés.

24 C'est pourquoi il ne pourra bien entendre que s'il porte le casque, ce

25 qu'il se refuse de faire.

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1 Témoin K25, auriez-vous l'obligeance de nous décrire ce que vous venez de

2 nous expliquer…

3 M. le Président (interprétation): Oui, continuez.

4 M. Nice (interprétation): …de nous illustrer ce que vous venez de nous

5 décrire concernant votre redéploiement en vous référant à la carte et aux

6 lignes de couleur, avec le pointeur. Où étiez-vous déployé?

7 Témoin K25 (interprétation): A partir de l'intersection entre la voie

8 ferrée et la route, nous étions donc déployés sur la route principale qui

9 relie Djakovica à Prizren à Mala Krusa. Et voilà la région générale.

10 Question: L'officier de la VJ auquel vous avez fait référence, quelle

11 était l'étendue de son autorité, d'après vous, notamment pour ce qui était

12 de la manipulation de l'équipement par les différentes unités qui étaient

13 déployées dans votre zone d'opération?

14 Réponse: Il avait le commandement des véhicules blindés qui nous

15 accompagnaient. Il avait le seul le commandement de ces véhicules.

16 Question: Quel était le degré de communication entre les unités? Vous

17 pourrez peut-être nous dire quel était le nombre d'unités déployées sur

18 place. Et par ailleurs, merci de nous dire quel était le degré de

19 communication qui existait entre les unités de la VJ et votre unité?

20 Réponse: La communication entre les forces de police était assurée par des

21 communications radio: nous partagions la même fréquence. Et pour ce qui

22 est de la VJ, eh bien, nous avions un contrôle oral de ce qui se passait;

23 eux, ils ne disposaient pas d'un système de radio qui leur permettait

24 d'avoir accès aux mêmes canaux que nous. Si la nécessité s'en faisait

25 sentir, nous pouvions contacter le quartier général qui, lui, était doté

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1 d'un système de communication radio avec l'armée. C'est cela qui nous

2 permettait éventuellement d'entrer en contact avec la VJ.

3 Question: Je me penche à nouveau sur la carte. Je vais vous demander de

4 faire la même chose et de prendre le pointeur pour nous expliquer les

5 choses de façon assez simple. Je voudrais vous demander de nous expliquer

6 quel était l'objectif visé par cette opération. Essayez de nous

7 l'expliquer simplement.

8 Réponse: Eh bien, l'opération elle-même s'est déroulée en plusieurs

9 étapes. Ça, c'était la phase préparatoire, si vous voulez. L'objectif,

10 c'était de suivre un axe qui partait de Bela Crkva et l'idée était de

11 repousser les terroristes vers Maleshevo et vers Milanovici. Il fallait

12 retirer les civils de la ligne de feu.

13 L'objectif général, si vous voulez, c'était de chasser les terroristes du

14 territoire sur lequel ils se trouvaient; les terroristes avaient en effet

15 un contrôle assez important sur un territoire difficile d'accès. Et puis,

16 nous avions peur d'une intervention de l'OTAN; donc il fallait absolument

17 réduire le contrôle que les terroristes s'étaient assuré sur l'ensemble de

18 la zone. C'est là le type d'opération auquel nous prenions part.

19 Question: Maleshevo n'apparaît pas sur cette carte; je crois qu'on la

20 trouve sur la page 10. N'allez pas à la page 10; je vous demande

21 simplement de confirmer que Maleshevo se trouve au nord-est de la zone

22 qu'on voit maintenant à l'écran. Est-ce exact?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Nous reviendrons sur le détail de tout cela plus tard mais, de

25 façon générale, dites-nous ce qu'il est advenu des civils qui se

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1 trouvaient dans cette zone d'opération.

2 Réponse: Je n'ai pas d'interprétation.

3 Question: Je vais reprendre. Nous reviendrons sur le détail de ces

4 questions un peu plus tard. Mais dites-nous, de façon générale, ce qu'il

5 est advenu des civils qui se trouvaient dans cette zone d'opération.

6 Réponse: Au début de l'opération, les civils se trouvaient dans la zone

7 et, comme il y a eu des affrontements entre nous-mêmes et l'UCK, les

8 civils ont été retirés de la zone d'opération. Nous les avons fait revenir

9 vers la route qui va de Djakovica à Pec. Ils ont donc été déplacés de Mala

10 Krusa, qui était le point ultime de notre opération; nous les avons

11 déplacés pour assurer leur sécurité.

12 Question: Dans quelle direction dites-vous qu'ils ont été envoyés?

13 Réponse: En direction de Prizren, à l'extérieur de Mala Krusa.

14 Question: Est-ce que vous avez pu déterminer par la suite ce qui était

15 arrivé aux civils? Ou est-ce que cela ne vous concernait pas? Est-ce que

16 cela revenait à d'autres personnes de savoir ce qu'il était advenu d'eux?

17 Réponse: Je ne sais pas ce qui s'est passé après cela.

18 Question: Nous allons maintenant revenir sur le détail des déplacements

19 des civils.

20 Est-ce que vous avez pris une part active à l'identification des civils

21 qui se trouvaient sur place et à leur déplacement? Si c'est le cas, à

22 quelles unités ou à quelles entités avez-vous remis ces civils?

23 Réponse: Etant donné que nous tenions les lignes, toute la population

24 civile est partie du village de Celina; ils sont partis loin des zones

25 d'opération vers Mala Krusa et vers la gare. Les civils ont été remis à la

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1 garde des forces de police locales qui avaient une expérience préalable.

2 En effet, il était arrivé que des membres de l'UCK se déguisent en civil

3 et se dissimulent parmi la population civile; donc la police locale savait

4 distinguer les vrais civils des membres de l'UCK. Nous avons donc remis

5 ces civils aux forces locales du MUP, pour que tout puisse se passer dans

6 les meilleures conditions.

7 Question: Pourriez-vous nous donner une idée du nombre de civils que vous

8 avez remis entre les mains du MUP local?

9 Réponse: Je ne pourrais pas vous donner de chiffres précis.

10 Question: Pourriez-vous donner une estimation? Vous avez donné une

11 estimation dans le cadre de votre déclaration préalable, est-ce que vous

12 pourriez faire la même chose maintenant pour les Juges?

13 Réponse: Je dirai qu'il y en avait environ 5.000.

14 Question: Lorsque les civils ont été remis au MUP local, est-ce que les

15 femmes, les enfants ont été traités de façon différente des hommes?

16 Réponse: C'était une journée très chaude. Malgré cela, les femmes, les

17 enfants ont été rassemblés dans la gare de Mala Krusa, et puis ensuite le

18 SUP a organisé leur transport, le SUP de Prizren.

19 Question: Et est-ce que les hommes ont été, eux aussi, transportés et pris

20 en charge ou est-ce que cela n'a pas été le cas?

21 Réponse: Non.

22 Question: Est-ce qu'il est juste de dire que vous-même et certains de vos

23 collègues avez pris des dispositions permettant à ces hommes d'obtenir de

24 l'eau? Est-ce qu'il n'est pas juste de dire que sans vous ils n'auraient

25 pas pu avoir d'eau?

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1 Réponse: Je ne vois pas pourquoi ils n'auraient pas pu, par ailleurs,

2 avoir de l'eau. Nous, nous étions là. C'étaient nos citoyens, nos

3 concitoyens, nous leur avons donné de l'eau. Nous leur avons donné de

4 l'eau. Nous nous sommes organisés de telle façon à ce qu'un policier soit

5 placé sur la route, à proximité de la route. Et, au fur et à mesure que

6 les forces militaires traversaient la route, cela allait très vite car les

7 opérations étaient en train d'être menées, nous avons donc mis ce policier

8 sur place pour qu'il puisse surveiller les enfants qui traversaient la

9 route en courant et qui allaient vers un bâtiment où on pouvait trouver de

10 l'eau potable. Nous avons donné plusieurs litres d'eau, 5.000 litres

11 d'eau, à ces hommes, nous leur avons distribué cette eau.

12 Question: Le MUP local a déployé ses forces en un endroit particulier ou

13 est-ce que les policiers ont été placés à intervalles le long de la route?

14 Réponse: Ils occupaient un point particulier au niveau du carrefour de

15 Mala Krusa, en direction de Beli Drim. Ils se trouvaient sur un endroit un

16 petit peu surélevé, à notre droite.

17 Question: Est-ce que c'est le seul l'endroit de la route où ils se

18 trouvaient déployés?

19 Réponse: Eh bien, ils occupaient également leur position à Zrze et

20 également dans le village qui se trouvait à côté du pont, dont le nom est

21 Rogovo.

22 Question: Et est-ce qu'ils avaient érigé des points de contrôle en ces

23 différents endroits?

24 Réponse: Oui. J'ai oublié de dire qu'ils avaient également un poste de

25 contrôle à Velika et à Mala Krusa.

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1 Question: Paragraphe 19, maintenant. Quel est était le rôle joué par les

2 forces de réserve serbes, les forces locales serbes, dans cette zone plus

3 particulièrement? D'ailleurs, y avait-il de telles forces de réserve?

4 Réponse: Eh bien, elles se sont défendues. Parce qu'il n'y avait pas assez

5 de forces de police pour assurer la défense de chaque village serbe ou

6 plutôt de chaque Serbe se trouvant dans un village albanais.

7 Question: Est-ce que ces forces de réserve étaient armées, et est-ce

8 qu'elles portaient un uniforme qui reflétait leur état de force de

9 réserve?

10 Réponse: Oui, effectivement. Tous étaient des policiers de réserve, ils

11 possédaient autant un uniforme qu'une arme.

12 Question: Parlons maintenant de la coopération qui existait entre la VJ et

13 le MUP dans le cadre de ces opérations. L'officier de la VJ dont vous nous

14 avez déjà parlé, quelle était l'étendue de ses compétences, de quoi était-

15 il responsable d'après vous?

16 Réponse: Il était responsable des véhicules de combat, c'est tout.

17 Question: Est-ce que des membres de votre groupe, de votre PJP, ont pris

18 part aux opérations que menaient ces unités? Est-ce que, par exemple, vous

19 vous êtes retrouvé membre de ces deux unités sur un même véhicule blindé?

20 Est-ce qu'il y a eu répartition en fonction du nombre de véhicules?

21 Réponse: Oui. Nous, nous assurions la protection physique de ces véhicules

22 blindés.

23 Question: La protection qui était fournie, semblait-elle être le fait d'un

24 accord ou d'un plan établi au préalable?

25 Réponse: Non. Cela faisait partie d'un accord qui avait été passé sur le

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1 terrain.

2 Question: Nous en sommes au paragraphe 21. A quelle heure est-ce que

3 l'opération a été lancée, et à quelle date?

4 Réponse: Elle a commencé le 25 mars entre 5 heures et 5 heures 30 du

5 matin.

6 Question: Le déploiement s'est fait le long de la route dont vous avez

7 parlé. Est-ce que, par ailleurs, le déploiement s'est fait le long de la

8 route qui va de Zrze à Bela Crkva, le long de la route qui passe près de

9 la fabrique de vin qui se trouve à Orahovac? Pour ce qui est de la carte,

10 on peut voir cela au-dessus des deux lignes vertes.

11 Réponse: Oui, c'est sans doute ce qui s'est passé mais je n'étais pas là

12 pour voir ce qui s'est fait. C'est effectivement là que nous devions être

13 déployés.

14 M. Nice (interprétation): Je crois que nous pouvons maintenant nous

15 pencher sur la légende de la carte. Elle est en bas de la carte.

16 Je vais demander à l'huissier de bien vouloir déplacer l'atlas sur le

17 rétroprojecteur afin que cela puisse apparaître à l'écran.

18 (L'huissier s'exécute.)

19 On peut même plier la carte, si vous voulez, mais il faut que la légende

20 apparaisse bien clairement.

21 Concentrons-nous uniquement sur cette légende. La ligne verte continue,

22 sur la carte que vous avez sous les yeux, est une droite que vous avez

23 indiquée. Elle montre, je crois, l'emplacement et le déplacement du

24 détachement de la PJP Vojvodina 23.

25 Pour ce qui est de la ligne bleue foncée continue, elle montre ce qu'il en

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1 était des déplacements des forces du MUP de Prizren.

2 Pour ce qui est de la ligne bleue en pointillés, elle montre les

3 déplacements du détachement du PJP de Nis.

4 Pour ce qui est de la double ligne bleue qui n'est plus sur la carte, on

5 ne s'en souciera pas pour le moment, elle indique le déplacement du JSO de

6 Frenkis; et ensuite il y a une autre indication qui dit simplement "VJ".

7 Puis, il y a une flèche qui montre l'itinéraire qui a été emprunté pour la

8 déportation. Cela, nous le voyons. Pour ce qui est de ces unités…

9 M. le Président (interprétation): Attendez, il faut reformuler la

10 question. Il faut d'abord demander au témoin quelle était l'unité à

11 laquelle il appartenait?

12 M. Nice (interprétation): Tout à fait.

13 Quelle était l'unité à laquelle vous apparteniez?

14 Témoin K25 (interprétation): Eh bien, nous appartenions au détachement de

15 la 23e Vojvodina, c'était la septième compagnie qui s'est déplacée de Zrze

16 à Mala Krusa, sur la route qui va de Djakovica à Prizren.

17 Question: Donc, ce déploiement vous saviez personnellement en quoi il

18 consistait?

19 Réponse: J'ai une petite correction à apporter à ce qui a été dit, si vous

20 me permettez. Les unités spéciales ou les JSO, les unités chargées

21 d'opérations spéciales, n'ont pas pris part à l'opération. Ce que j'ai

22 voulu dire, c'est que j'ai pu les observer dans le cadre d'opérations

23 ultérieures. Et l'itinéraire qui a été emprunté par les réfugiés, ce n'est

24 pas un itinéraire que j'ai moi-même tracé, mais c'est tout de même

25 l'itinéraire qu'ils ont emprunté de façon générale.

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1 Question: Très bien. Nous reviendrons aux forces spéciales, aux JSO dans

2 quelques minutes. Mais, nous en revenons maintenant à ce qui apparaît au

3 sud des indications qui apparaissent sur la carte. Nous en revenons à la

4 ligne verte qui va le long de la route où se trouvait votre propre unité.

5 Pour ce qui est maintenant des forces du MUP de Prizren, à gauche ou au

6 nord-ouest de cette indication, est-ce qu'il y a quelque chose que vous

7 avez vous-même aperçu ou dont vous avez entendu parler? Vous avez-vous

8 même pu voir la présence de ces troupes?

9 Réponse: Oui, j'ai pu voir leur présence.

10 Question: Ensuite, on va plus au nord. Il y a la ligne qui marque la

11 présence du détachement PJP de la Vojvodina 23. 23e Détachement PJP

12 Vojvodina. Cette ligne verte monte vers Orahovac. Est-ce que vous avez pu

13 observer ce déplacement ou est-ce que vous en avez entendu parler?

14 Réponse: Non, je savais qu'il se trouvait sur place, cela faisait partie

15 de toute l'opération.

16 Question: Le Détachement de Nis, qui est indiqué par la présence de la

17 ligne bleue en pointillés, est-ce que vous avez pu l'observer sur le

18 terrain ou est-ce que vous appris qu'il était présent par d'autres?

19 Réponse: Non, cela faisait partie de l'opération. Moi, je savais qu'ils se

20 trouvaient sur place, je ne les ai pas pour autant vus de mes propres

21 yeux.

22 Question: Toujours plus au nord, l'huissier va nous aider à faire

23 apparaître cela sur le rétroprojecteur, il y a une double ligne bleue qui

24 reflète la présence des forces spéciales des Frenkis. Ça, ce sont des

25 unités que vous avez vues, mais plus tard, n'est-ce pas ce que vous nous

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1 avez dit?

2 (L'huissier s'exécute.)

3 Réponse: Oui, c'est exact, je n'ai fait que les croiser.

4 Question: C'est ainsi que différentes unités étaient déployées. Vos

5 instructions émanaient de qui? Vous n'avez pas à nous donner le nom de la

6 personne, mais dites-nous tout de même quel était le grade qui était le

7 sien.

8 Réponse: Eh bien, au niveau de la compagnie, nous recevions les

9 instructions de l'officier chargé du commandement, et l'information était

10 envoyée aux différents commandants des compagnies. Ce sont les compagnies

11 qui nous transmettaient ces instructions.

12 Question: Paragraphe 25 maintenant. L'objectif de l'opération quel était-

13 il? Vous visiez les terroristes, mais que vouliez-vous faire exactement?

14 Qu'est-ce qui vous a été dit à propos de ce que cette opération devait

15 permettre d'atteindre comme objectif?

16 Réponse: Il s'agissait de libérer les axes de communication entre

17 Djakovica et Prizren. Les attaques étaient constantes sur cet axe. L'UCK

18 ne cessait de mener des attaques, et l'objectif c'était de repousser les

19 membres de l'UCK vers Malishevë. Il fallait retirer la population civile

20 de cette zone d'opération. C'est ce qui a été fait dans le cadre de

21 chacune des opérations que nous avons menées. La population civile était

22 retirée de la zone de combat, les deux groupes qui étaient en présence

23 veillaient au retrait de la population civile; et quand je parle des deux

24 groupes, c'est nous et l'UCK. Et le plan, de façon plus générale, visait à

25 réduire le territoire qui était sous le contrôle de l'UCK. Nous pensions

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1 qu'il n'allait y avoir des atterrissages des forces de l'OTAN.

2 Question: D'après les instructions qui vous ont été données, combien de

3 membres de l'UCK se trouvaient dans la zone? Qu'avez-vous pensé du chiffre

4 qui a été avancé? Est-ce que vous pensiez que c'était un chiffre qui était

5 le reflet de la réalité et d'après vous, combien de membres de l'UCK se

6 trouvaient effectivement sur le terrain?

7 Réponse: Eh bien, on pourrait dire qu'il y avait environ 10.000

8 terroristes sur le terrain. Entre nous, nous nous disions qu'ils étaient

9 beaucoup moins nombreux que cela, qu'ils n'étaient que 5.000.

10 Question: Vous avez parlé des objectifs visés de façon générale par les

11 différents déploiements, mais maintenant nous allons revenir sur le détail

12 des déploiements. Je vais notamment m'attacher au déploiement des blindés

13 dans la zone également déploiement des véhicules que l'on appelle des BOV.

14 Parlons d'abord des blindés. Où se trouvaient les blindés dans cette zone?

15 Réponse: Eh bien, il y avait un blindé ou un char au niveau du pont, un

16 autre ici à Velika Krusa et puis il y avait trois autres blindés sur notre

17 droite. Il y avait quatre véhicules BOV qui étaient déployés entre Mala et

18 Velika Krusa; ils étaient à distance les uns des autres sur la route qui

19 sépare Mala et Velika Krusa.

20 Question: Peut-être que la question va vous paraître un petit peu étrange,

21 mais à quelles unités appartenaient ces chars et ces BOV?

22 Réponse: Ils appartenaient à l'armée de Yougoslavie, la police ne

23 disposait pas de ce type d'équipement.

24 Question: Nous passons maintenant au paragraphe 26. Est-ce que vous avez

25 pu vous-même observer de quelle façon les villageois étaient regroupés et

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1 de quelle façon ils quittaient leur village?

2 Réponse: Pour ce qui est du retrait des villageois de leur village, je

3 n'ai rien pu observer. Je n'ai pas non plus entendu dire qu'ils avaient

4 quitté Velika Krusa.

5 Question: Paragraphe 28 à présent. Vous nous avez parlé de façon générale

6 de quelle façon les hommes, les femmes, les enfants se déplaçaient et

7 avaient été pris en charge. Vous nous avez dit de quelle façon ils avaient

8 été envoyés vers la gare de Mala Krusa.

9 Et maintenant dites-moi, entre le 25 et le 27 mars, combien de personnes

10 avez-vous vues arriver à la gare de Mala Krusa? Ces personnes, est-ce

11 qu'elles étaient toutes originaires de Mala Krusa, ou certaines d'entre

12 elles venaient d'autres villages?

13 Réponse: Le 24 mars, je n'étais pas là, donc je ne pourrais pas me

14 prononcer sur ce qui s'est passé. Mais j'ai été présent à partir du 25

15 mars et par la suite. A partir du 25 mars, je dirais qu'environ 5.000

16 réfugiés sont passés par-là. Pas plus.

17 Question: Est-ce que toutes ces personnes étaient originaires de Mala

18 Krusa ou certaines d'entre elles venaient d'autres endroits? Si elles

19 venaient d'autres villages, quel itinéraire avaient-elles emprunté pour

20 atteindre cette gare?

21 Réponse: Je n'ai pas parlé avec ces personnes. Je n'ai pas pu apprendre

22 d'où elles venaient. Mais personne n'est arrivé de Velika ou de Mala

23 Krusa, ces personnes venaient de la direction où se trouve le village de

24 Celine.

25 Question: Nous passons au paragraphe 29. Une fois encore, vous nous avez

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1 décrit, de façon générale, de quelle façon les personnes se déplaçaient;

2 les femmes, les enfants étaient à bord de véhicules, les hommes étaient à

3 pied. Mais est-ce que vous pouvez nous donner des exemples de cas où des

4 hommes auraient été déplacés à bord de camion quand ils ont quitté la

5 gare?

6 Réponse: Oui, il y a eu des cas semblables à celui que vous décrivez. Mais

7 il s'agissait de situations où un certain nombre de véhicules étaient

8 envoyés à la gare; ces véhicules n'avaient personne à bord, donc on y

9 faisait monter des personnes qui se trouvaient sur place.

10 Question: D'après vous, quelle était l'entité responsable des transports?

11 Réponse: C'est le SUP de Prizren qui était chargé des transports.

12 Question: Comment avez-vous appris ou compris que c'était le secrétariat

13 aux Affaires intérieures, donc le SUP, qui était responsable d'assurer le

14 transport?

15 Réponse: Personne ne s'attendait à ce qu'autant de réfugiés soient

16 présents, on ne s'attendait pas à une telle vague de réfugiés. Nous avons

17 donc informé le SUP de Prizren de la situation qui prévalait, de la

18 situation à laquelle ils étaient confrontés. Et, par le biais de

19 communications radio, ils nous ont dit de les rassembler à la gare. C'est

20 de là qu'on nous a fait comprendre que le transport serait organisé pour

21 les faire sortir de la zone de combat.

22 Question: Est-ce que les véhicules à bord desquels ces personnes ont dû

23 monter étaient conduits par des hommes ou des femmes en uniforme? Ou est-

24 ce que les conducteurs de ces véhicules n'étaient pas en uniforme?

25 Réponse: Pour la plupart, les personnes qui conduisaient étaient en

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1 uniforme; certaines de ces personnes ne portaient qu'une partie d'un

2 uniforme.

3 Question: Pour ce qui est des membres de l'UCK qui étaient emmenés hors de

4 la zone, est-ce qu'il y avait un itinéraire particulier qu'ils pouvaient

5 emprunter pour sortir de la zone? Est-ce qu'il était habituel ou

6 inhabituel qu'un tel itinéraire soit rendu disponible pour les membres de

7 l'UCK, dans le cadre de ce genre d'opérations?

8 Réponse: Oui, il y avait toujours des itinéraires alternatifs, si vous

9 voulez. Généralement, il y avait des opérations de petite envergure qui

10 étaient en cours; ces mêmes opérations de moindre envergure appartenaient

11 à une grande opération et tous les membres de l'UKC étaient poussés hors

12 d'un territoire donné. C'est la raison pour laquelle ces itinéraires

13 alternatifs étaient laissés ouverts. Et toutes ces personnes, nous

14 essayions de les canaliser, de les pousser vers une zone particulière qui

15 correspondait à nos souhaits, si vous voulez.

16 Question: Le quartier général de la compagnie PJP qui se trouvait dans le

17 village de Mala Krusa, était-il très lourdement armé? Donnez-nous une idée

18 du type d'équipement dont disposait ce quartier général.

19 Réponse: Il n'avait que des armes légères, leurs armes personnelles; ils

20 avaient également un véhicule blindé avec une mitrailleuse M-84 qui tirait

21 des balles d'un calibre de 9.7 millimètres.

22 Question: Est-ce qu'ils avaient des véhicules blindés à leur disposition?

23 Réponse: Non.

24 Question: Nous allons maintenant revenir sur quelques incidents bien

25 précis.

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1 Au matin du 25 mars, vers 8 ou 9 heures, est-ce que vous avez été le

2 témoin de l'enlèvement, de la capture de certains hommes albanais qui se

3 trouvaient sur la route Djakovica-Prizren ou dans la zone?

4 Réponse: Oui, des membres de l'UCK.

5 Question: Par qui ont-ils été capturés? Que leur est-il arrivé au départ?

6 Réponse: Ils ont été capturés par notre compagnie sur la route; je ne sais

7 pas exactement comment parce que je n'ai pas vu cela de mes yeux, mais ils

8 portaient un fusil de fabrication chinoise. Je l'ai vu quand ils nous les

9 ont amenés. Et ils avaient également des insignes de l'UCK très visibles.

10 J'ai remis ces personnes à la police locale qui était située à 30 mètres

11 de nous, parce que tels étaient les ordres. Ils n'ont donc jamais pénétré

12 dans notre quartier général.

13 Question: Avez-vous vu ce qui leur est arrivé une fois que vous les avez

14 remis entre les mains des agents du MUP local?

15 Réponse: Oui, les policiers les ont emmenés le long de la route, vers Beli

16 Drim, ensuite dans une maison ou plusieurs maisons.

17 Question: Je crois -et le témoin pourra le confirmer-, si je ne me trompe

18 pas, que Beli Drim, en fait, n'est pas indiqué par un symbole dans la

19 légende de la carte, mais qu'il s'agit, si je ne m'abuse, d'une rivière,

20 n'est-ce pas, qui circule au sud et à l'ouest des indications figurant en

21 vert sur la carte. C'est bien cela?

22 Réponse: Oui.

23 Question: Ils les ont donc emmenés en direction de la rivière et qu'est-il

24 arrivé ensuite?

25 Réponse: J'ai dit dans la direction de la rivière, c'est-à-dire qu'à

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1 partir de la route, ils ont pris la route qui va vers la rivière; ensuite,

2 à une trentaine de mètres de là, ils les ont regroupés dans un champ.

3 Question: Qu'est-il arrivé après cela?

4 Réponse: Après cela, nous avons entendu des coups de feu provenant d'un

5 fusil et nous avons tous pensé en même temps que l'un d'entre eux avait dû

6 s'évader, mais nous n'avons pas prêté une attention particulière à tout

7 cela. Les policiers locaux sont revenus sur la route et l'un d'entre eux

8 n'était pas revenu en même temps. Nos collègues nous ont amené trois

9 autres membres de l'UCK.

10 Je n'en suis pas sûr, je ne suis pas sûr pour les trois, mais je sais que

11 l'un d'entre eux, en tout cas, portait les insignes de l'UKC. Et ils ont

12 remis ces hommes à deux membres du MUP local. Ensuite, le troisième

13 policier est revenu et, avec lui, il a emmené ces membres de l'UCK vers

14 une maison qui était à six mètres de distance à peu près du point de

15 contrôle. Et quand les policiers sont revenus une nouvelle fois, plusieurs

16 minutes plus tard, nous nous sommes rendu compte qu'il n'y avait plus

17 personne pour garder les prisonniers.

18 Question: Avez-vous vu les prisonniers -je parle du total, c'est-à-dire

19 des six ou même peut-être des trois-, les avez-vous jamais revus vivants?

20 Réponse: Non.

21 Question: Les avez-vous jamais revus morts?

22 Réponse: Je ne peux pas dire exactement s'il s'agissait bien d'eux, mais

23 je suis allé dans la maison où ils avaient été emprisonnés et j'ai vu des

24 cadavres d'hommes morts. Je n'ai pas compté les cadavres et je n'ai pas

25 vérifié s'il s'agissait effectivement bien de ces hommes-là. Je ne peux

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1 que le supposer.

2 Question: S'agit-il de la maison où les trois membres de l'UCK ont été

3 enlevés ou bien parlez-vous de la maison où les six hommes ont été

4 emmenés? Et combien de temps après l'événement que vous venez de décrire,

5 êtes-vous allé dans cette maison et avez-vous vu ces cadavres?

6 Réponse: Je ne sais pas exactement si c'était le même jour ou le lendemain

7 que je suis allé dans cette maison; je ne le sais pas exactement, mais, en

8 tout cas, je suis allé à l'endroit où les six hommes avaient été emmenés.

9 Je n'ai jamais pénétré à l'endroit où les trois autres hommes ont été

10 emmenés.

11 Question: Les corps étaient-ils répartis régulièrement sur le sol ou bien

12 étaient-ils empilés les uns sur les autres?

13 Réponse: Il y avait des cadavres isolés, d'autres empilés.

14 Question: Suite à ce que vous avez vu de ces six hommes et de ces trois

15 hommes, et avant le moment où vous êtes allé à l'endroit où les six hommes

16 avaient été emmenés, aviez-vous ressenti quelque préoccupation que ce soit

17 pour une famille de villageois albanais du Kosovo résidant à Mala Krusa?

18 Réponse: Oui.

19 Question: Pourriez-vous expliquer quels étaient les motifs de cette

20 préoccupation que vous ressentiez et ce que vous avez fait à cet égard?

21 Réponse: Eh bien, après ces événements, il est vraisemblable qu'existait

22 en moi la suspicion que ces personnes avaient sans doute été tuées.

23 Question: Quant à ces villageois dont je viens de parler, dites-nous où

24 ils se trouvaient, pourquoi vous vous inquiétez à ce sujet et quel mal

25 vous pensiez qu'il risquait de leur arriver?

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1 Réponse: Ils étaient situés à cinq mètres à peu près de notre quartier

2 général et, lorsque nous défendions nos véhicules, nous le faisions en

3 plaçant nos véhicules sous leur auvent; donc ils nous avaient apporté leur

4 aide. Et nous protégions nos véhicules parce que nous craignions une

5 attaque de l'OTAN ou bien qu'ils soient pris pour cibles dans d'autres

6 circonstances.

7 Que voulez-vous savoir d'autre?

8 Question: Qu'avez-vous fait en ce qui concerne cette famille, cette

9 famille au sens large du terme? Je pense qu'il y avait un policier parmi

10 eux?

11 Réponse: Oui, ils habitaient dans une ferme qui se trouvait derrière notre

12 poste. Un jour, l'un des policiers locaux, dont j'ai déjà parlé, nous a

13 demandé d'aller à l'intérieur. En fait, il a d'abord demandé s'il y avait

14 qui que ce soit à l'intérieur. Nous avons dit que ce n'est pas le cas,

15 mais il ne nous a pas crus et a essayé d'entrer lui-même. Donc je suis

16 entré avec lui. Il a vu les six maisons et il a même parlé en albanais à

17 certains des habitants hommes. Mais à partir de cette conversation, j'ai

18 constaté que des menaces avaient dû être proférées; c'est à ce moment-là

19 que j'ai vu la peur dans les yeux de tous les habitants.

20 Il nous a demandé de lui remettre tous les hommes, ce que j'ai refusé de

21 faire; il s'en est suivi une querelle entre nous deux. Après quoi, il est

22 parti.

23 Question: Peut-être pourriez-vous nous donner une idée du nombre des

24 forces dont il est question ici? Il y avait trois officiers du MUP, mais

25 combien y avait-il d'hommes déployés avec vous à cet endroit particulier?

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1 Réponse: Selon les positions que nous occupions -et je dis bien qu'il

2 s'agissait du quartier général-, cependant, il y avait ce véhicule blindé

3 qui nous était attaché; donc nous étions 11 au total. Chacun avait son

4 affectation particulière, si bien qu'à tout moment nous étions six ou sept

5 sur place.

6 Question: Vous nous avez parlé de l'angoisse qui est apparue sur les

7 traits des habitants de cette ferme suite à la conversation qui s'était

8 déroulée en albanais. Parliez-vous albanais à l'époque?

9 Réponse: Non, non.

10 Question: Plus tard, dans le cours de l'après-midi et à la tombée de la

11 nuit, quelles dispositions avez-vous prises avec votre commandant local

12 s'agissant des habitants de cette ferme, et peut-être des autres habitants

13 de la localité qui risquaient d'être concernés également?

14 Réponse: Nous avions peur pour leur sécurité. Il y avait six maisons

15 -c'était une très grande famille- qui entouraient donc cette cour

16 intérieure, qui constituaient cette propriété, cette ferme. Et nous avons

17 décidé de transférer toutes ces personnes, tous les habitants de ces six

18 maisons chez nous pour que les choses soient plus faciles. Nous ne

19 pouvions pas en effet garder le contrôle sur l'ensemble de la ferme, et il

20 était donc possible que des policiers arrivent de certaines directions

21 sans que nous soyons capables de les distinguer.

22 Les habitants ont accepté notre proposition et ont emménagé dans le

23 bâtiment immédiatement contigu au nôtre. Nous leur avons demandé que les

24 femmes et les enfants se regroupent dans une pièce et que les hommes

25 occupent une autre pièce parce que nous n'avions pas non plus, après tout,

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1 entièrement confiance en eux et, avant d'aller à la salle de bains, nous

2 avons demandé aux hommes de rendre compte au garde qui se trouvait là pour

3 lui dire qu'ils allaient aux toilettes. Et les choses ont fonctionné de

4 cette façon sans problème.

5 Question: Jusqu'au lendemain matin, que s'est-il passé? Pouvez-vous en

6 parler brièvement, je vous prie? Nous sommes aux paragraphes 40 et 41.

7 Réponse: Je n'ai pas bien compris la question.

8 Question: Le lendemain matin, qu'est-il arrivé aux personnes qui se

9 trouvaient dans cette maison? Quelles propositions avez-vous faites et

10 qu'ont fait ces personnes?

11 Réponse: Elles n'ont rien fait de spécial. Je ne comprends pas la

12 question.

13 Question: Le lendemain matin, avez-vous parlé aux chefs de famille, parmi

14 toutes ces personnes que vous venez de nous mentionner?

15 Réponse: Oui, je l'ai fait. Je leur ai dit que la situation était ce

16 qu'elle était, qu'une fois que nous serions partis, il n'y aurait plus

17 personne pour garantir leur sécurité. Et il leur avait déjà été proposé de

18 quitter cette maison où ils se trouvaient, c'est-à-dire de traverser la

19 rivière Beli Drim pour aller dans l'église catholique. Car, à partir de

20 l'église catholique, personne n'avait jamais tiré sur la police; donc la

21 police pour cette raison n'avait jamais pénétré dans cette église.

22 Ils ont accepté cette proposition et ont demandé s'ils pouvaient emporter

23 leurs objets personnels. Bien sûr, cela leur appartenait donc ils ont été

24 autorisés à emporter leurs objets personnels, mais simplement on leur a

25 dit que Beli Drim était un endroit situé en hauteur et qu'il valait mieux

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1 qu'ils n'aient pas de bagages trop lourds.

2 (Note de l'interprète: Beli Drim n'est pas une rivière.)

3 Il leur a donc été proposé de se rendre à Beli Drim à bord de tracteurs.

4 L'un d'entre eux a demandé s'il pouvait partir avec sa pelleteuse et nous

5 lui avons conseillé de ne pas le faire parce que quelqu'un pourrait penser

6 qu'il avait l'intention de creuser un bunker ou quelque chose de ce genre.

7 Il a suivi ce conseil et n'a donc pas emmené sa pelleteuse.

8 Question: Comment ont-ils quitté leur ferme dans ces conditions?

9 Réponse: Au moment où ils étaient prêts à partir et où nous étions prêts

10 aussi, les policiers locaux sont revenus en direction de Beli Drim

11 également. Nous leur avons dit qu'ils feraient mieux d'attendre le retour

12 des policiers, car nous ne pouvions pas garantir leur sécurité à nous

13 seuls.

14 Quand les policiers locaux sont revenus, ils ont démoli le mur arrière de

15 la ferme et sont arrivés au carrefour, de sorte qu'on n'a plus pu les voir

16 ou les suivre, et 15 minutes plus tard, nous avons quitté l'endroit

17 également.

18 M. Nice (interprétation): Il est possible qu'il y ait quelque ambiguïté

19 dans vos propos, à moins que ce ne soit en raison de l'interprétation.

20 Mais quand vous dites qu'ils ont démoli le mur arrière, parlez-vous des

21 policiers locaux ou des habitants qui étaient en train ou sur le point de

22 quitter leur ferme?

23 Témoin K25 (interprétation): Je parle des habitants qui quittaient leur

24 ferme car les policiers ne savaient pas où se trouvaient les pelleteuses.

25 M. le Président (interprétation): Monsieur Nice, vous allez passer à un

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1 autre sujet?

2 M. Nice (interprétation): Oui.

3 M. le Président (interprétation): C'est un bon moment pour la pause.

4 Donc, Témoin, nous allons suspendre la séance 20 minutes. Je vous demande

5 de veiller, pendant la pause, à ne parler à personne du contenu de votre

6 déposition, pas même aux membres du Bureau du Procureur.

7 Retour dans ce prétoire dans 20 minutes.

8 (L'audience est suspendue à 12 heures 15 et reprise à 12 heures 40.)

9 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Nice.

10 M. Nice (interprétation): Monsieur le Président, nous en sommes au

11 paragraphe 42. Mais quelques points de détail.

12 Vous avez parlé du terme "mop-up", en anglais "nettoyage", pour décrire

13 cette opération "écopage", peut-être; qu'est-ce que vous vouliez dire par

14 cela?

15 Témoin K25 (interprétation): Une telle opération consiste à repousser

16 l'UCK, à les expulser d'un certain territoire, c'est un terme que l'on

17 utilise en serbe.

18 Question: Pour poursuivre votre description des événements, est-ce qu'il y

19 a eu une confrontation entre votre commandant et le MUP local, pour ce qui

20 est des vols commis à l'encontre des réfugiés?

21 Réponse: Oui. A la croisée des chemins, au carrefour à Mala Krusa en

22 direction de Beli Drim, à cette occasion trois membres du MUP local ont

23 essayé de voler les réfugiés qui se déplaçaient en colonne. Et le

24 commandant de compagnie qui était dans la ligne de mire de ces trois

25 policiers locaux, a été contraint de rendre ses insignes et, lorsque nous

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1 nous sommes approchés, ces trois policiers locaux se sont retirés

2 finalement, se sont désistés.

3 Question: Le 26 mars, est-ce que vous étiez en position à Mala Krusa ou à

4 proximité de ce carrefour, est-ce que vous avez vu un flux de réfugiés ce

5 jour-là?

6 Réponse: Oui. Ils arrivaient tout le temps en petits groupes, en groupes

7 plus larges, il y avait un mouvement incessant et nourri.

8 Question: Nous reviendrons peut-être au paragraphe 45, mais j'aimerais

9 parler des uniformes à ce stade, pièce 18, s'il vous plaît.

10 (L'huissier s'exécute.)

11 Quels uniformes arboraient les soldats du 23ème Détachement de la PJP,

12 pendant cette opération?

13 Réponse: Ils arboraient des uniformes de camouflage vert avec des emblèmes

14 PJP qu'ils arboraient à l'épaule droite.

15 Question: En fait, on trouve cela au paragraphe 45. Pouvez-vous nous dire,

16 est-ce qu'il y avait une pratique d'après laquelle l'on arborait des

17 rubans? Est-ce qu'une telle pratique existait et quelle en était la

18 raison?

19 Réponse: Oui. Au cours de cette opération quatre couleurs étaient

20 utilisées sous forme de rubans: le jaune, le rouge, le bleu et le blanc,

21 dans différentes combinaisons. Pourquoi? Parce que les membres de l'UCK

22 portaient parfois nos propres uniformes et interpellaient des policiers

23 pour les tuer. C'est pourquoi nous avons porté des rubans pour être sûrs

24 de nous reconnaître les uns les autres.

25 Il y avait également des codes que l'on modifiait au quotidien; donc

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1 chacun savait quelle couleur porter chaque jour. Les membres d'autres

2 unités n'avaient pas les mêmes emblèmes que la PJP.

3 Question: Est-ce que vous portiez ces rubans sur vos uniformes verts PJP?

4 Réponse: Non.

5 Question: Pourquoi?

6 Réponse: Parce qu'il y avait certains emblèmes de la PJP qui servaient à

7 des fins d'identification. Tout le monde savait que nos insignes n'étaient

8 pas facilement accessibles, que l'on ne pouvait pas facilement se les

9 procurer.

10 M. Nice (interprétation): Et pendant cette opération, quels uniformes

11 portaient les membres du MUP local et que portaient les membres de la PJP

12 locale, s'il y avait une PJP locale? Peut-être pourriez-vous vous reporter

13 à la photographie?

14 Témoin K25 (interprétation): Les membres du MUP local portaient des

15 uniformes de camouflage bleus. La PJP locale faisait de même mais, en

16 outre, ils avaient leurs propres vestes PJP.

17 M. Kwon (interprétation): Monsieur Nice, est-ce qu'on nous suggère qu'il y

18 avait maintenant des membres d'une PJP locale?

19 M. Nice (interprétation): Est-ce que vous pouvez nous aider: est-ce qu'il

20 y avait une présence locale de la PJP, qui venait donc compléter la vôtre,

21 qui venait donc de l'extérieur?

22 Témoin K25 (interprétation): Pas au cours de cette opération.

23 M. Nice (interprétation): Mais, de façon générale, dans le cadre d'autres

24 opérations, est-ce qu'il y avait une présence de la PJP locale?

25 Témoin K25 (interprétation): Tout SUP avait sa propre PJP.

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1 M. Kwon (interprétation): Monsieur le Témoin, quand vous parlez de la MUP

2 locale, est-ce que vous entendez par là des membres de la réserve ou

3 d'autres?

4 Témoin K25 (interprétation): Tous faisaient partie du MUP local, tant en

5 service actif que dans la réserve. Pour ce qui est de leurs unités, je ne

6 sais pas à quelles unités ils appartenaient, je ne sais même pas s'ils

7 étaient d'active ou simplement réservistes.

8 M. Kwon (interprétation): Merci.

9 M. Nice (interprétation): En examinant la pièce 18 sur le rétroprojecteur,

10 est-ce que l'une ou l'autre de ces photographies montre les uniformes du

11 MUP local ou de la PJP locale, lorsque celle-ci était déployée?

12 Témoin K25 (interprétation): Ici, on voit l'uniforme de la PJP locale et

13 les uniformes de la PJP.

14 M. Nice (interprétation): Je crois que le témoin a désigné la photographie

15 n°6.

16 M. le Président (interprétation): Je croyais qu'il s'agissait de la

17 photographie n°7. Est-ce que vous voulez bien nous montrer de nouveau la

18 photographie en question, Monsieur le Témoin: la PJP ainsi que le MUP?

19 Témoin K25 (interprétation): Voici la photographie pour la PJP, la police

20 locale et la PJP locale.

21 M. Nice (interprétation): Donc la première photographie était la n°7 et la

22 deuxième la n°6.

23 Réponse: Même si cela ne veut pas forcément dire qu'on voit ici la PJP

24 locale, parce qu'il y a eu des moments où nous aussi nous arborions des

25 uniformes de camouflage bleu, mais pas à cette occasion. Mais

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1 précédemment, nous avions porté de tels uniformes avec nos propres vestes.

2 Question: Est-ce que je pourrais, pour traiter de manière chronologique

3 dans toute la mesure du possible, me réserver le droit de revenir aux

4 paragraphes 45, 47 et 48? J'aimerais en revenir pour l'instant au

5 paragraphe 9 pour tirer certaines conclusions concernant différentes

6 opérations avant d'aborder des questions plus générales.

7 Donc le paragraphe 9: outre l'opération que vous nous avez déjà décrite, y

8 a-t-il d'autres opérations auxquelles vous avez participé, auxquelles

9 votre unité a participé, notamment une opération à Orahovac, fin mars ou

10 début avril 1999?

11 Réponse: Oui, après Mala Krusa, notre destination suivante était Orahovac,

12 en direction de Milanovici, de l'autre côté de la colline, en direction de

13 Milanovici après avoir traversé Orahovac.

14 Question: Et comment est-ce que cette opération se comparait à celle que

15 vous nous avez décrite en détail, donc Mala Krusa?

16 Réponse: Je ne comprends pas bien la question: qu'est-ce que vous entendez

17 par cette comparaison?

18 Question: Quel était le but de l'opération à Orahovac?

19 Réponse: Le but était de poursuivre l'opération entamée à Mala Krusa dans

20 le cadre d'une opération de grande envergure, qui avait pour objectif de

21 repousser les terroristes jusqu'à Milanovici, jusqu'au village de

22 Maleshevo.

23 Question: Et nous avons vu sur la carte que vous avez annotée, à Mala

24 Krusa, une petite case désignant le déploiement des troupes, une case

25 ouverte. Est-ce que vous savez si le même format a été utilisé pour la

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1 mission suivante ou l'opération à Orahovac?

2 Réponse: Je ne m'en souviens pas.

3 Question: Encore un détail concernant Orahovac ou l'opération: est-ce que

4 la VJ vous a apporté quelque appui que ce soit à cette occasion?

5 Réponse: Oui, sous la forme de tirs de mortier de 120 millimètres, parce

6 que nous essuyions des tirs et le terrain était tout à fait inaccessible.

7 Question: Je vais sauter le paragraphe 10, ce qui nous amène au paragraphe

8 11.

9 Nous avons déjà entendu parler de ce Détachement: est-ce que vous pouvez

10 nous dire quelque chose concernant la taille, le nombre de ses effectifs?

11 Combien de compagnies comprenait le 23ème Détachement?

12 Réponse: Dix compagnies.

13 Question: Et de combien d'hommes était constituée chaque compagnie?

14 Réponse: Entre 150 et 180.

15 Question: Merci. Je passe maintenant aux paragraphes 12 et 13. Comment,

16 dans le cadre des opérations que vous nous avez décrites, les instructions

17 étaient-elles transmises au niveau des sous-unités?

18 Réponse: Je ne comprends pas bien la question.

19 Question: Eh bien, vous étiez membre d'une sous-unité, si j'ai bien

20 compris. Comment est-ce que votre commandant vous donnait des instructions

21 pour que vous sachiez que faire et où aller?

22 Réponse: Nous ne recevions que des instructions orales.

23 Question: Receviez-vous des documents, des cartes ou quelque chose de ce

24 type?

25 Réponse: Uniquement des cartes lorsque les opérations étaient en cours,

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1 afin que nous sachions où se trouvaient nos propres forces pour qu'il n'y

2 ait pas d'échange de tirs entre nous. Mais pas de documents écrits.

3 Question: Et ces cartes, quelles unités identifiaient-elles afin d'éviter

4 des échanges de tirs?

5 Réponse: Toutes les unités qui prenaient part à l'opération.

6 Question: Est-ce que cela s'étendait à la VJ également?

7 Réponse: Non.

8 Question: Comment saviez-vous alors où se trouvaient les forces de la VJ?

9 Comment éviter des problèmes d'échange de tirs vis-à-vis de la VJ?

10 Réponse: Parce que l'armée yougoslave était déployée sur les mêmes

11 positions que celles occupées par nous.

12 Question: Mais comme vous nous l'avez dit, vous communiquiez avec eux de

13 vive voix ou par l'intermédiaire du Q.G., est-ce bien exact?

14 Réponse: Oui ou par radio. Mais encore une fois, la seule forme de

15 communication était verbale.

16 Question: Très bien. Si l'on pouvait pour conclure revenir aux paragraphes

17 45 à 47. Vous nous avez montré sur la carte annotée que l'on ne voit plus

18 à l'écran, la manière dont les JSO étaient perçus par vous-même, donc de

19 Frenkis, et je pense qu'à un stade ultérieur au nord de l'opération à Mala

20 Krusa, est-ce que vous savez s'ils étaient déployés en fait pendant

21 l'opération qui a eu lieu à Mala Krusa ?

22 (L'huissier s'exécute.)

23 Réponse: Je n'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est qu'à un moment

24 donné nous les avons rencontrés, mais je ne sais pas s'ils étaient

25 déployés ou s'ils ont participé à l'opération.

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1 Question: Et combien de jours après l'opération même, les avez-vous vus

2 dans la zone indiquée?

3 Réponse: Je ne les ai pas vus autour de Velika et Mala Krusa, si c'est à

4 cette opération que vous faites allusion. Je les ai vus près de Orahovac

5 derrière Vrana Stijena pendant une dizaine de minutes, je les ai vus, mais

6 à part cela je n'ai eu aucun contact avec eux.

7 Question: Vous les avez vus combien de jours après l'opération?

8 Réponse: Si vous parlez de Velika et de Mala Krusa quand vous parlez

9 d'opération, alors c'étaient deux jours après l'opération.

10 Question: Paragraphe 46, ces unités du MUP étaient commandées par qui et

11 depuis quel endroit, d'après votre meilleure estimation? Donc les unités

12 du MUP au Kosovo.

13 Réponse: Je ne connais pas bien la structure de commandement au sein du

14 MUP, mais nous savions qu'il y avait une cellule de crise du MUP à

15 Pristina.

16 Question: Pour ce qui est de la coordination avec la VJ, question que nous

17 avons déjà abordée, mais dans le cadre d'opérations auxquelles la VJ

18 participait, que pouvez-vous nous dire ou qu'est-ce qui vous permet de

19 déduire quel était le niveau de coordination en ce qui concerne les

20 opérations auxquelles participaient la VJ?

21 Réponse: Je ne peux rien en déduire, je ne peux pas tirer de conclusion.

22 Je savais que l'armée correspondait à une partie du territoire, une zone

23 qui ne coïncidait pas avec les mêmes parties du territoire que celles du

24 SUP, donc il fallait qu'il y ait des représentants militaires présents

25 lorsqu'une décision était prise concernant une opération.

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1 Question: Oui. Et d'après votre expérience, lorsque le MUP et la VJ

2 collaboraient, qui est-ce qui prenait l'initiative? Qui est-ce qui

3 dirigeait l'opération?

4 Réponse: L'armée yougoslave ne faisait que nous offrir son soutien. C'est

5 nous qui entreprenions des opérations antiterroristes.

6 Question: Avez-vous assisté à des séances de planification de telles

7 opérations? Où avez-vous vous-même vu que de telles séances avaient lieu?

8 Et dans l'affirmative, quelle sorte de représentation y avait-il,

9 représentant de la VJ, lors de telles réunions?

10 Réponse: Je n'ai jamais assisté à de telles réunions.

11 M. Nice (interprétation): Monsieur le Président,, si nous pouvions passer

12 à huis clos partiel pour les dernières questions que nous souhaitons

13 aborder à la dernière page.

14 (Huis clos partiel à 13 heures 02.)

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25 (Audience publique avec mesures de protection à 13 heures 05.)

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1 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, vous avez la parole.

2 (Contre-interrogatoire du témoin K25 par l'accusé M. Milosevic.)

3 M. Milosevic (interprétation): Vous êtes policier en tant que chef de

4 police adjoint dans une grande ville de notre pays; est-ce exact?

5 Témoin K25 (interprétation): Il ne s'agit pas d'une très grande ville;

6 c'est une ville de taille moyenne.

7 Question: Quel était votre grade pendant ces événements que vous nous avez

8 décrits?

9 Réponse: J'étais sergent, caporal.

10 Question: Quand avez-vous été promu?

11 Réponse: J'ai été promu et j'ai reçu un grade supérieur de votre part ou

12 du ministère des Affaires intérieures plutôt, à l'époque. J'ai été promu

13 en raison d'efforts exceptionnels que j'avais consentis au service de la

14 patrie au sein de la police. J'ai ensuite été nommé sergent et puis

15 capitaine, lieutenant et puis capitaine.

16 Question: Et tout cela s'est passé après mon arrivée à La Haye. Est-ce

17 exact?

18 Réponse: Oui.

19 Question: Je sais que vous avez reçu une décoration pour bravoure au cours

20 de la guerre, n'est-ce pas, pendant l'agression de l'OTAN. C'est bien

21 cela, n'est-ce pas?

22 Réponse: Oui.

23 M. Milosevic (interprétation): Vous êtes allé au Kosovo pour la première

24 fois en mars 1998. C'est bien exact, n'est-ce pas?

25 Témoin K25 (interprétation): Oui.

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1 M. Kwon (interprétation): Témoin K25, je vous prierai de ménager une pause

2 entre les questions et les réponses de façon à aider les interprètes dans

3 leur travail, qu'ils puissent vous suivre plus facilement.

4 Témoin K25 (interprétation): Très bien.

5 M. Milosevic (interprétation): Donc c'est en mars 1998 que vous êtes allé

6 au Kosovo pour la première fois, n'est-ce pas?

7 Réponse: Oui.

8 Question: A ce moment-là, se déroulait une opération due au fait que les

9 terroristes albanais avaient coupé les routes entre Srbica et Klina, ainsi

10 qu'entre Pristina et Klina. Est-ce exact?

11 Réponse: Oui.

12 Question: Est-il également exact que la police, à cette époque, menait des

13 opérations antiterroristes au Kosovo, opérations dues au fait que des

14 attaques terroristes visaient tout ce qui circulait sur les routes? Ceci

15 est-il exact?

16 Réponse: Pour autant que je le sache, nous avons toujours fait cela: des

17 attaques antiterroristes.

18 Question: Par ailleurs, dans la zone où vous vous trouviez, il y avait des

19 bases terroristes à Gornje Prekaze, Donje Prekaze et Ovcarevo également,

20 n'est-ce pas? Est-ce le cas?

21 Réponse: Oui, en effet.

22 Question: A ce moment-là, la zone d'activité de la police se limitait

23 exclusivement à ce triangle, c'est-à-dire au triangle à l'intérieur duquel

24 se trouvaient des bases terroristes. Ceci est-il exact?

25 Réponse: Oui.

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1 Question: Et quand vous êtes arrivé là-bas, on vous a dit qu'il fallait

2 tenir ou plutôt défendre, pour employer un terme plus approprié, la route

3 menant de Klina à Srbica et que les terroristes albanais allaient sans

4 doute probablement tirer sur vous. C'est bien cela?

5 Réponse: Oui.

6 Question: Donc, lors de votre premier séjour au Kosovo, ceci a constitué

7 pratiquement l'intégralité des tâches qui vous étaient imparties?

8 Réponse: Oui.

9 Question: Maintenant, je vous interroge au sujet de la totalité de votre

10 séjour.

11 Du premier jour de votre arrivée jusqu'au dernier jour, c'est-à-dire votre

12 départ du Kosovo, je vous demande si, selon vous, vous avez bien accompli

13 les tâches qui vous étaient assignées et si vos camarades de votre unité

14 le pensaient également?

15 Réponse: Oui.

16 Question: Y a-t-il eu une quelconque attaque sur la population civile de

17 la part de la police?

18 Réponse: Non.

19 Question: Et alors que vous vous trouviez au Kosovo, avez-vous jamais

20 entendu parler d'une quelconque attaque sur la population civile de la

21 part de la police?

22 Réponse: Non.

23 Question: Maintenant, nous passons au point suivant: le départ au Kosovo.

24 Celui-ci a eu lieu entre le mois de mars et la deuxième quinzaine du mois

25 d'août 1998, n'est-ce pas?

Page 7856

1 Réponse: Oui. Vous parlez de mes cinq affectations?

2 Question: Oui, de toutes vos affectations. Après cela, vous avez été

3 chargé de prendre le contrôle du village de Gornje Streoci et d'assurer

4 les transmissions sur cette voie de communication. C'est bien cela?

5 Réponse: Nous n'avons pas pris le contrôle de ces villages; nous assurions

6 les transmissions et tenions des points de contrôle aux abords des

7 villages.

8 Question: Oui, c'est exact. L'objet de ma question consistait à vous

9 demander si vous étiez chargés d'assurer les transmissions et si vous

10 teniez des points de contrôle sur les voies de communication. Ceci est-il

11 exact?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Donc ces villages, à un certain moment, se sont trouvés entre

14 les mains des terroristes qui ont rendu impossibles la circulation normale

15 et l'utilisation normale, ainsi que les transmissions sur ces routes?

16 Réponse: Oui, nous étions constamment visés par des tirs.

17 Question: Vous avez ensuite été déployés entre Pec et Decani avec vos

18 camarades policiers pour assurer la libre circulation sur cette route,

19 n'est-ce pas?

20 Réponse: Oui.

21 Question: Cette route qui va de Pec à Decani, donc cette route reliant Pec

22 à Decani est-elle l'une des principales routes du Kosovo Metohija?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Cette opération a requis l'utilisation d'effectifs très nombreux

25 de l'UCK, d'effectifs très nombreux parmi les forces terroristes de l'UCK,

Page 7857

1 opération destinée à bloquer cette très importante voie de communication,

2 n'est-ce pas?

3 Réponse: Oui.

4 Question: Vous avez, pour votre part, rouvert cette voie de circulation et

5 la vie a pu reprendre dans la région de Metohija. Vie qui jusqu'à ce

6 moment-là avait, dans la pratique, été complètement bloquée, n'est-ce pas?

7 Réponse: Oui.

8 Question: Dites-moi maintenant: avez-vous -quand je dis "vous", je ne

9 pense pas à vous personnellement mais aux forces de police dont vous

10 faisiez partie- donc à cette époque et y compris à ce moment-là, avez-vous

11 fait quoi que ce soit qui, selon vous, aurait pu être considéré comme un

12 crime et avez-vous très professionnellement mené à bien les tâches qui

13 vous étaient légalement affectées, à savoir exclusivement lutter contre le

14 terrorisme? Peut-être vous ai-je d'ailleurs posé deux questions en une,

15 mais j'espère que vous me comprenez.

16 Réponse: J'ai mené à bien mes tâches professionnelles conformément et dans

17 le respect de la loi du règlement et de mes obligations.

18 Question: Il n'y a eu aucune violence exercée contre les civils et vous

19 n'êtes au courant d'aucun crime commis contre les civils, c'est exact?

20 Réponse: Oui.

21 Question: Par ailleurs, vous dites que votre unité a tenté de lancer une

22 attaque sur Jablanica qui était tenue par les terroristes de l'UCK, mais

23 que vous avez échoué parce qu'à cet endroit, les terroristes avaient des

24 équipes composées de 1.000 hommes chacune selon mes informations, ceci

25 est-il exact?

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1 Réponse: Oui.

2 Question: Maintenant, lors de votre retour au Kosovo, votre tâche

3 consistait à débloquer la totalité de la route qui se trouvait au

4 carrefour entre Prilep et Junik et jusqu'au village de Baboloc, est-ce

5 exact?

6 Réponse: Oui. Ce carrefour était le carrefour le plus menacé de toute la

7 route.

8 Question: Oui. Est-il exact que cette route avait été bloquée par les

9 terroristes?

10 Réponse: Oui et même à plusieurs reprises, environ six à sept fois.

11 Question: Donc il vous a fallu débloquer à plusieurs reprises cette route?

12 Et ce que vous faisiez consistait à réagir au fait que la route avait été

13 bloquée, c'est bien cela?

14 Réponse: Oui.

15 Question: En décrivant l'opération qui s'est déroulée à la fin de l'année

16 1998, vous n'avez pas dit -et je vous le demande- si l'objet, le but de

17 ces opérations, consistait à prendre le contrôle de Malisevo?

18 Réponse: Pourriez-vous répéter votre question?

19 Question: Quand vous décrivez les opérations qui se sont déroulées à la

20 fin de l'année 1998, toutes ces opérations avaient pour but, pour objectif

21 de prendre le contrôle de Malisevo, n'est-ce pas?

22 Réponse: Pas en 1998.

23 Question: Mais alors quand?

24 Réponse: En 1999.

25 Question: Ah, en 1999. Mais est-il exact que la prise de Malisevo était

Page 7859

1 nécessaire, parce que les terroristes précisément venaient de ce secteur

2 et qu'ils avaient à Malisevo un véritable bastion, n'est-ce pas? C'est

3 exact?

4 Réponse: Oui.

5 Question: Vous avez très certainement participé à ces opérations, n'est-ce

6 pas, car je vois que vous décrivez l'opération qui s'est déroulée afin de

7 prendre le contrôle de la zone de Kraljani? Est-il vrai que cette

8 opération a été entreprise parce que les terroristes albanais avaient pris

9 le contrôle de l'émetteur de télévision et radio à cet endroit et,

10 qu'après cela, ils ont démoli cet émetteur, ils l'ont détruit; est-ce

11 exact?

12 Réponse: Cela ne se passait pas à Kraljani. L'émetteur de télévision se

13 trouvait à Budakovo et à un autre endroit. Et cette opération a eu lieu au

14 début de mai 1999 à peu près.

15 Question: Avez-vous participé à cette opération? Je parle de celle qui

16 avait pour objet de les chasser de ce secteur.

17 Réponse: Oui.

18 Question: Pour les chasser de ce secteur?

19 Réponse: Oui.

20 Question: Etait-ce la principale raison, le principal motif de cette

21 opération qui avait pour but de prendre le contrôle du secteur où se

22 trouvaient les émetteurs de télévision, je parle donc des emplacements où

23 se trouvaient ces émetteurs?

24 Réponse: Oui.

25 Question: Pour autant que je le voie, à cette époque-là vous aidiez les

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1 unités spéciales de Nis parce qu'il y avait eu des victimes qui étaient

2 tombées au sein de cette unité, c'est bien cela?

3 Réponse: Oui.

4 Question: Et toute la route allant de Suva Reka à Pristina était coupée,

5 elle avait été coupée par les terroristes. Donc si j'ai bien compris,

6 votre objectif consistait à faire en sorte qu'il soit possible de

7 reprendre le contrôle de ce secteur, et donc votre seul objectif était de

8 les repousser de ce secteur, c'est bien cela?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Maintenant, dites-moi ce qui suit: compte tenu de la façon dont

11 cette opération s'est déroulée, y a-t-il eu une quelconque violence

12 exercée contre les civils durant cette opération? Je parle de violence de

13 la part des forces de police.

14 Réponse: Non.

15 Question: Maintenant, j'aimerais que vous nous expliquiez l'opération

16 menée aux abords de Mala Krusa. Je vais vous poser un certain nombre de

17 questions assez nombreuses car vous y avez participé, alors que la partie

18 adverse au cours de ce procès affirme que les participants à l'opération

19 de Mala Krusa ont commis un crime de guerre. Est-il exact que le but de

20 cette opération consistait à repousser les terroristes vers Malisevo où

21 ils avaient leur quartier général et leur bastion?

22 Réponse: Oui, c'est exact.

23 Question: Etant donné qu'ici on parle tous les jours d'un soi-disant

24 nettoyage, dites-moi s'il vous plaît, s'il est exact que lorsqu'on emploie

25 le mot "nettoyage" et lorsqu'on emploie les termes "opération de

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1 nettoyage", on entend par ces termes -et ce dans tous les cas et sans

2 exception- le fait d'anéantir l'UCK, de repousser les membres de l'UCK?

3 Est-ce cela ou pas?

4 Réponse: Oui, c'est cela.

5 Question: Et ces termes n'ont jamais fait référence à quoi que ce soit qui

6 aurait pu mettre en danger la sécurité des civils ou des citoyens. C'est

7 bien cela, n'est-ce pas?

8 Réponse: C'est exact, cela n'a jamais mis en danger leur sécurité.

9 Question: Puisque vous étiez membre de la PJP vous-même, pratiquiez-vous

10 vous-même de cette façon, aviez-vous pour habitude au sein de la police de

11 ne pas ouvrir le feu sur l'UCK si vous risquiez, en ouvrant le feu, de

12 mettre en danger et de menacer la vie de civils?

13 Réponse: Oui, en effet, nous avions des ordres de ce genre.

14 Question: Y a-t-il eu des incidents dont vous avez eu connaissance au

15 cours desquels des groupes de civils, et y compris des membres de l'UCK,

16 étaient facilement identifiables parce qu'ils avaient enlevé la partie

17 supérieure de leur uniforme et que, malgré tout, la police n'a engagé

18 aucune action contre eux parce qu'elle avait pour ordre de pas blesser les

19 civils? Avez-vous connaissance d'exemples de ce genre?

20 Réponse: Oui.

21 Question: S'agissant de cette opération de Malisevo qui avait pour but de

22 repousser les membres de l'UCK, les terroristes de l'UCK vers Malisevo,

23 j'ai cru comprendre ce matin lorsque je vous écoutais que vous nous avez

24 expliqué que c'était en fait une partie d'une opération plus importante

25 destinée à réduire l'étendue du territoire contrôlé par l'UCK, afin

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1 d'empêcher ou de réduire au minimum les zones d'atterrissage possibles

2 pour l'OTAN. Est-ce exact?

3 Réponse: Oui.

4 Question: De façon plus générale, cette opération avait pour but de

5 prendre le contrôle par tous les moyens possibles sur le territoire en

6 question et de réduire au minimum le territoire sur lequel les avions de

7 l'OTAN auraient pu atterrir. Est-ce bien cela?

8 Réponse: Oui. Mais également de les repousser, de les chasser des routes

9 qui étaient bloquées par eux; je veux parler de l'UCK.

10 Question: Maintenant, j'aimerais vous interroger de façon générale au

11 sujet du rapport entre la police et les civils, la population civile. Est-

12 il exact que la lutte contre l'UCK et le fait de neutraliser l'UCK, en

13 d'autres termes, les actions antiterroristes auxquelles vous participiez,

14 est-il exact que, dans ce cadre, votre affectation suivante consistait à

15 rassembler la population civile pour la faire sortir des zones de combat

16 afin d'assurer sa sécurité? Est-ce bien le cas? Est-ce exact ou pas?

17 Réponse: Oui, c'était toujours notre objectif, dans toutes nos opérations.

18 Question: Donc, chaque fois que la police était engagée contre l'UCK sur

19 tel ou tel territoire, il y avait toujours des civils présents sur ce

20 territoire et il était toujours nécessaire de les faire sortir de la zone

21 des combats dans le but bien précis de les protéger, n'est-ce pas? C'est

22 bien cela?

23 Réponse: C'est cela.

24 Question: Donc cette action était menée dans le seul but d'assurer la

25 sécurité des civils?

Page 7863

1 Réponse: Oui.

2 Question: Est-il exact que vous -et quand je dis "vous", je ne pense pas à

3 vous personnellement, mais à la police de façon plus générale-, est-il

4 exact que vous n'avez pas expulsé ou chassé des civils hors du Kosovo?

5 Réponse: Pour autant que je le sache, ni moi ni aucun des membres de ma

6 compagnie ne l'a fait, non.

7 Question: Avez-vous eu connaissance du fait qu'un quelconque membre de la

8 police aurait emmené avec lui ou chassé hors de leur maison des civils

9 dans le but de les expulser du Kosovo?

10 Réponse: Non, cela, je ne le sais pas. Je n'ai eu aucun contact avec

11 d'autres policiers que les membres du 23e Détachement de la PJP.

12 Question: Etes-vous au courant du fait que l'UCK avait pour habitude de

13 s'infiltrer parmi les civils, qui avaient été logés ailleurs, à

14 l'extérieur de la zone de combat?

15 Réponse: Oui, l'UCK agissait ainsi très souvent.

16 Question: De façon pratique, si j'ai bien compris, vous avez reçu l'ordre

17 de maintenir la présence de la police sur la route goudronnée de façon à

18 empêcher l'infiltration de la population civile par l'UCK. C'était l'une

19 des tâches qui vous était assignée, entre autres, n'est-ce pas?

20 Réponse: Oui.

21 Question: Mais était-ce principalement la tâche du MUP local que de

22 s'occuper des civils?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Est-il exact qu'après l'évacuation des civils de la zone des

25 combats, il y a eu des moments où l'UCK s'est infiltrée parmi la

Page 7864

1 population civile et a empêché cette population de se diriger vers

2 l'Albanie ou la Macédoine? Avez-vous eu vent de telles situations?

3 Réponse: Non.

4 Question: Par ailleurs, quand vous décrivez l'opération de Krusa, vous

5 n'avez là-bas utilisé aucune arme lourde, n'est-ce pas, aucun mortier de

6 gros calibre, aucune mitrailleuse lourde, etc.?

7 Réponse: Non, en effet.

8 Question: S'agissant du commandement, vous étiez jeune caporal, membre

9 d'une compagnie: était-il courant de pratiquer le commandement à

10 l'intérieur d'une compagnie par des contacts directs?

11 Réponse: Oui.

12 Question: Je vous interroge à ce sujet, car la partie adverse à ce procès

13 vous a demandé si vous aviez jamais reçu des ordres écrits. Aurait-il été

14 normal au sein d'une compagnie, qui reste très homogène, aurait-il été

15 normal que quiconque émette des ordres par écrit? Ceci a-t-il été, à

16 quelque moment que ce soit, la pratique en vigueur?

17 Réponse: Non.

18 Question: Puisque vous étiez bien formé, saviez-vous que ceci était la

19 pratique dans les unités de la police ou de l'armée, en ce qui concerne

20 les communications avec la compagnie?

21 Réponse: Non.

22 Question: Donc soit vous communiquiez en direct, soit par la radio de la

23 police, c'est bien cela?

24 Réponse: Oui.

25 Question: Je ne sais pas si j'ai tiré la bonne conclusion mais, d'après ce

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1 que j'ai cru comprendre, vos contacts avec les officiers supérieurs de

2 l'armée yougoslave ou, en tout cas, les connaissances, les impressions que

3 vous aviez sur le terrain étaient qu'il n'existait pas de rapport

4 hiérarchique entre l'armée et le MUP, reliant les deux, mais que le MUP

5 avait sa propre voie hiérarchique et l'armée la sienne, de son côté,

6 n'est-ce pas?

7 Réponse: Oui, c'est exact. L'armée ne faisait qu'agir en commun avec nous,

8 mais avait son propre commandement.

9 Question: Vous nous avez donné quelques explications au sujet de

10 l'opération de Velika Krusa. Est-il vrai que Velika Krusa était un bastion

11 de l'UCK?

12 Réponse: Oui. L'UCK avait coupé la route, comme nous l'avons dit, qui

13 reliait Djakovica à Prizren.

14 Question: A votre avis, cette opération a-t-elle été difficile?

15 Réponse: Comparée à d'autres opérations, elle a été de difficulté moyenne.

16 Question: Un peu plus tôt aujourd'hui, répondant aux questions de

17 l'interrogatoire principal, vous avez dit que l'appréciation faite

18 officiellement par vos supérieurs, je suppose, a consisté à penser qu'il y

19 avait 10.000 membres de l'UCK à cet endroit, mais qu'entre vous, en privé,

20 vous estimiez que ces effectifs étaient un peu moins importants et qu'ils

21 tournaient plutôt autour de 5.000 hommes?

22 Réponse: Oui, effectivement, nous estimions qu'ils étaient un peu moins

23 nombreux, mais c'étaient nos estimations personnelles et l'appréciation

24 des supérieurs portait sur la totalité du territoire.

25 Question: Mais, à votre avis, ces hommes étaient 5.000 environ, n'est-ce

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1 pas?

2 Réponse: Oui.

3 Question: Et l'opération avait pour but de les repousser vers le nord,

4 n'est-ce pas?

5 Réponse: Oui.

6 Question: On vous a demandé un peu plus tôt ce matin s'il leur restait une

7 route qu'ils auraient encore pu utiliser pour s'enfuir. Vous rappelez-vous

8 avoir entendu cette question?

9 Réponse: Oui, je m'en souviens.

10 Question: Pouvez-vous expliquer si l'on agissait de la même façon dans

11 toutes les circonstances?

12 Réponse: Chaque fois que l'on menait de telles opérations, en tout cas à

13 partir de 1998, on laissait toujours une route libre qui, bien sûr,

14 pouvait servir aux terroristes pour prendre la fuite, mais également

15 servir à évacuer les civils.

16 Question: Donc le MUP avait pour objectif de repousser les terroristes

17 vers le nord et c'était, entre autres, l'une des taches qui avaient été

18 affectée à votre unité également, n'est-ce pas?

19 Réponse: Oui.

20 Question: Et vous aviez également pour objectif d'établir les

21 communications de façon générale afin de rendre les choses un peu plus

22 normales, le quotidien un peu plus normal?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Vous avez déclaré qu'avant cette opération, des civils avaient

25 été déplacés. Mais j'ai compris que vous disiez que des civils avaient été

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1 déplacés, sortis de la zone qu'ils occupaient afin que leur protection

2 puisse être assurée?

3 Réponse: Oui, c'était là notre objectif: assurer leur protection. Nous

4 avons déplacé la population civile de la zone d'opération pour assurer sa

5 sécurité.

6 Question: Les civils n'ont pas été déplacés afin qu'il y ait en fait

7 expulsion des civils. Vous vouliez simplement leur faire quitter la zone

8 des opérations de combat, n'est-ce pas exact?

9 Réponse: C'est exact.

10 Question: D'après votre propre évaluation de la situation, ces civils

11 avaient besoin d'une protection, justement parce que s'ils n'avaient pas

12 été déplacés, ils se seraient trouvés pris entre deux feux, feux échangés

13 entre les forces de l'UCK, et les forces du MUP et de l'armée. C'est bien

14 cela, n'est-ce pas?

15 Réponse: Oui.

16 Question: Eh bien, parlons un petit peu de cela, si vous le voulez bien.

17 Des opérations de nettoyage impliquent uniquement la neutralisation des

18 forces, en l'occurrence des forces de l'UCK. Cela n'implique en aucun cas

19 l'expulsion de civils de certaines parties du territoire, n'est-ce pas?

20 Réponse: Oui, tout à fait. Cela n'implique que ce que vous avez dit.

21 Question: Savez-vous si l'un quelconque des membres de la police a jamais

22 expulsé des civils se trouvant dans un endroit particulier? Est-ce que,

23 dans le cadre de ce que vous avez pu observer, vous avez vu quelque chose

24 de ce genre?

25 Réponse: Jamais, je n'ai pu observer quelque chose de semblable.

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1 Question: Est-ce que vous saviez quoi que ce soit de l'influence qui était

2 exercée sur les civils par le fait que des groupes infiltrés par l'UCK se

3 déplaçaient parfois? Je veux dire par là: est-ce que vous pensez que les

4 mouvements de civils étaient dus parfois au fait que des groupes infiltrés

5 par l'UCK se déplaçaient de temps à autres, et que c'est cela qui a poussé

6 certains civils à quitter le Kosovo?

7 Réponse: Peut-être que cela m'a traversé l'esprit, mais je ne peux pas le

8 dire aujourd'hui en toute certitude.

9 Question: Est-ce que vous avez entendu parler de ce qui a été allégué, à

10 savoir qu'il y aurait eu des déplacements forcés de civils de certains

11 territoires? Est-ce que c'est quelque chose que vous avez entendu

12 seulement dire des Albanais?

13 Réponse: Ça, c'est vrai: ils nous ont dit toutes sortes de choses.

14 Question: Vous avez particulièrement parlé d'un incident -j'ai pris des

15 notes pendant l'interrogatoire principal-, un incident qui s'est produit

16 au matin du 23 mars. Au cours de cet incident, un certain nombre d'hommes

17 ont été faits prisonniers; six hommes ont été faits prisonniers; ils

18 étaient tous membres de l'UCK. Est-ce qu'il était absolument évident pour

19 chacun que ces hommes étaient des membres de l'UCK?

20 Réponse: Oui, chacun portait des insignes de l'UCK.

21 Question: Vous n'avez pas assisté à cette arrestation, n'est-ce pas? Vous

22 avez simplement vu ces hommes lorsqu'on les a emmenés vers l'endroit où

23 vous vous trouviez?

24 Réponse: Oui.

25 Question: Vous avez déclaré qu'ils ne portaient qu'une arme de fabrication

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1 chinoise. Est-ce que vous avez pu observer cela quand ils ont été emmenés

2 ou est-ce que cela veut dire que, parmi tous ces hommes, il n'y avait

3 qu'une seule arme, cette arme de facture chinoise?

4 Réponse: Je ne peux pas vous le dire de façon précise: je n'ai pas assisté

5 à l'arrestation. Ce que je peux vous dire, c'est que l'un d'eux avait une

6 arme. Je ne sais pas si les autres hommes de ce groupe avaient des armes

7 qu'ils avaient jetées avant d'être rassemblés et emmenés.

8 Question: Saviez-vous qu'il était coutumier pour ce type d'individus de

9 jeter, au moment de leur arrestation, leurs armes dans des buissons

10 environnants, se trouvant à l'endroit où ils se rendaient?

11 Réponse: Oui.

12 Question: J'ai compris que vous avez dit que jamais ils ne sont entrés

13 dans votre quartier général. Au lieu de cela, des membres de votre unité

14 les ont remis à un groupe de policiers locaux qui les ont emmenés dans une

15 maison qui se trouvait près de la rivière; est-ce exact?

16 Réponse: Ce n'était pas près de la rivière, c'était à 30 mètres de

17 l'endroit où nous nous trouvions, mais en direction de la rivière. Mais je

18 vous donne une indication à vol d'oiseau.

19 Question: Est-ce que l'un quelconque de ces policiers locaux qui ont pris

20 en charge ces policiers… Ou plutôt, voici ma question: combien étaient ces

21 policiers?

22 Réponse: Ils étaient trois.

23 Question: Dans votre zone, il n'y avait que trois policiers du MUP local?

24 Réponse: En fait, cela changeait tout le temps. Sur notre droite, sur un

25 plateau surélevé, ils avaient leur propre position. Ils avaient pris des

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1 tentes et il y avait toujours un membre de la police au niveau du

2 carrefour.

3 Question: Au niveau du carrefour?

4 Réponse: Oui.

5 Question: Est-ce qu'ils avaient pour tâche de surveiller ce qui se passait

6 à ce carrefour? Est-ce que c'était un point d'observation? De quoi

7 s'agissait-il exactement?

8 Réponse: Ils disposaient de leur propre point de contrôle. Ils en avaient

9 donc un là, ils en avaient un sur les lieux de chaque lieu d'habitation

10 qui se trouvait derrière les lignes. Et c'est vers ces points d'ailleurs

11 que nous envoyions les hommes, les femmes et les enfants afin qu'ils

12 soient identifiés.

13 Question: Vous avez entendu quelqu'un tirer. Est-ce que vous avez entendu

14 les coups de feu provenir de l'intérieur de la maison où ils avaient

15 emmené ces six hommes ou est-ce que vous avez entendu simplement des coups

16 de feu être échangés à proximité?

17 Réponse: J'ai vu, de mes yeux vu, où ces hommes ont été emmenés, mais je

18 n'ai pas entendu de tirs provenir de cette maison. J'ai entendu des tirs

19 provenant de la direction où se trouvait la maison.

20 Question: Je ne sais pas si mes notes sont exactes, mais je crois que la

21 partie adverse vous a demandé quand vous êtes-vous rendu vers cette maison

22 et je crois que vous avez dit que c'était le lendemain, c'est bien cela?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Donc vous vous êtes rendu dans cette maison le lendemain?

25 Réponse: Je ne peux pas vous dire si cela s'est passé le même jour ou le

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1 jour suivant.

2 Question: A proximité de cette maison, est-ce qu'il y avait des membres de

3 la police locale?

4 Réponse: Non, il n'y avait personne que ce soit à proximité de la maison

5 ou au niveau du carrefour.

6 Question: Qu'avez-vous pu observer lorsque vous êtes entré dans la maison?

7 Vous dites que vous avez vu plusieurs cadavres, combien de cadavres y

8 avait-il?

9 Réponse: Je ne les ai pas comptés.

10 Question: Pourriez-vous affirmer ici que c'est dans cette maison que les

11 captifs ont été abattus? Est-ce que vous avez été à même d'identifier, de

12 reconnaître ces hommes que vous aviez pu observer la veille, ou un peu

13 plus tôt au cours de cette même journée?

14 Réponse: Je n'ai pas regardé d'assez près ni assez longtemps, je ne peux

15 pas me prononcer en toute certitude et dire qu'il s'agissait bien là des

16 mêmes hommes.

17 Question: On vous a également posé des questions relatives aux soins que

18 vous aviez apportés aux membres de la famille de cet homme albanais dont

19 vous avez parlé. Vous aviez des doutes quant aux intentions qui étaient

20 celles de la police locale, vous pensiez que les membres de la police

21 locale allaient peut-être leur faire du mal et c'est pour cela que vous

22 les avez protégés; est-ce que c'est ainsi que cela s'est passé?

23 Réponse: Pas exactement. Nos véhicules étaient abrités dans leur cour,

24 dans la cour de leur maison, et c'est la raison pour laquelle nous étions

25 chez eux. Ils avaient une cour qui était suffisamment grande pour que l'on

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1 puisse y dissimuler les véhicules, nous ne voulions pas être visibles

2 depuis l'espace aérien.

3 Question: Si je comprends bien ce que vous nous dites, l'OTAN se

4 déplaçait, enfin il y avait des avions de l'OTAN qui survolaient la région

5 et vous avez essayé de protéger vos véhicules de combat, n'est-ce pas?

6 Réponse: Oui.

7 Question: Quel a été le comportement des membres de votre unité eu égard à

8 ces personnes, quel a été le traitement que votre unité leur a réservé?

9 Réponse: Nous les avons traités tout à fait normalement. Nous avons frappé

10 à leur porte, nous leur avons expliqué la situation et ils nous ont permis

11 de garer nos véhicules dans leur cour.

12 Question: Vous leur avez demandé l'autorisation avant d'utiliser leur

13 cour?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Vous n'avez pas enfoncé le portail, vous ne les avez pas

16 maltraités de quelque façon que ce soit?

17 Réponse: Non.

18 Question: Merci de bien vouloir nous décrire dans le détail cet événement.

19 Qu'est-ce qui s'est passé quand ce policier local est arrivé pour

20 s'adresser à eux en albanais?

21 Réponse: Etant donné qu'ils étaient à quelque distance de nous, à quelque

22 20 mètres de nous au niveau de ce carrefour, ils se sont approchés de nous

23 pour demander s'il y avait quelqu'un à l'intérieur de la maison. Moi, j'ai

24 répondu que non, qu'il n'y avait personne. Le policier ne m'a pas cru et a

25 voulu se rendre lui-même à l'intérieur de la maison pour voir ce qui s'y

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1 passait. Je n'ai pas voulu qu'il s'y rende seul; je l'ai accompagné, je

2 l'ai emmené vers chacune des six maisons, chacune des maisons étant

3 occupée par une famille.

4 Il s'est adressé à tous les hommes qui se trouvaient là, en albanais. Et

5 je voyais bien dans les yeux de ces hommes qu'il était en train de les

6 menacer, il m'a demandé de lui remettre tous les hommes albanais qui se

7 trouvaient là. J'ai refusé de le faire, et ensuite il est parti.

8 Question: Vous, vous avez eu un échange?

9 Réponse: Oui, nous avons parlé, et ensuite il est parti.

10 Question: Lorsque cet homme est arrivé, il y avait trois policiers au

11 total?

12 Réponse: Oui. Enfin, non. Deux d'entre eux sont venus nous voir et l'un de

13 ces deux hommes a voulu se rendre à l'intérieur des maisons.

14 Question: Très bien.

15 Pendant la matinée, vous leur avez recommandé de se rendre dans le village

16 catholique, où vous pensiez qu'ils se trouveraient en sécurité car il n'y

17 avait pas d'échange de coup de feu avec l'UCK. C'est ce qui s'est passé?

18 Réponse: Il ne se passait rien du tout dans les villages catholiques, il

19 n'y avait aucun acte perpétré contre les forces de la police, donc on n'a

20 jamais pris de mesures contre les villages catholiques, c'est la raison

21 pour laquelle je leur ai recommandé de se rendre dans ce village

22 catholique car jamais il n'y avait eu de conflit dans ce village.

23 Question: Très bien. Est-ce que vous vous êtes jamais demandé si ces

24 membres de l'UCK capturés par la police avaient été abattus par les forces

25 de la police?

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1 Réponse: Oui, c'est ce que je me suis dit.

2 Question: Est-ce que vous avez informé votre commandant de compagnie de ce

3 fait?

4 Réponse: Oui, je crois que je l'ai fait.

5 Question: Est-ce que vous savez s'il a pris des mesures?

6 Réponse: Bien sûr, il a pris des mesures, mais le rythme du déroulé de nos

7 opérations était tel que je ne sais pas ce qui s'est passé par la suite.

8 Nous n'avions pas un moment pour souffler, nous n'avions pas le temps de

9 revenir sur ce point et d'en parler.

10 Question: Je peux comprendre cela. Etant donné tout de même que vous

11 faisiez partie de ces unités spéciales, est-ce que vous n'étiez pas au

12 courant des détails de l'ordre qui avait été donné? Est-ce que vous

13 n'aviez pas connaissance de certains cas où l'exécution de cet ordre avait

14 eu pour effet l'arrestation des auteurs des crimes, qu'il s'agisse de

15 civils, de policiers, de soldats ou autres?

16 Réponse: Oui, bien sûr, j'étais au courant de cela.

17 Question: Et saviez-vous combien d'individus s'étant rendus coupables d'un

18 délit ou d'un autre pendant la guerre au sein de nos forces armées ou

19 militaires, ont été arrêtés?

20 Réponse: Pouvez-vous répéter la question?

21 M. Milosevic (interprétation): Savez-vous combien d'auteurs de délits

22 commis pendant la guerre ont été arrêtés par nos forces armées, nos forces

23 de police?

24 Témoin K25 (interprétation): Oui, je le sais mais je ne peux pas vous

25 donner un chiffre précis.

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1 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, est-ce que vous

2 souhaitez bénéficier d'encore, de combien de temps souhaiteriez-vous

3 disposer pour poser le reste de vos questions à ce témoin? Est-ce que vous

4 avez besoin de beaucoup de temps?

5 M. Milosevic (interprétation): Bien sûr, Monsieur May. Moi, je pense que

6 j'ai bien le droit d'utiliser au moins autant de temps que le temps

7 utilisé par M. Nice.

8 M. le Président (interprétation): Nous reprendrons demain. L'audience est

9 suspendue.

10 Je vous demande, Monsieur le Témoin K25, d'être devant nous demain matin à

11 9 heures.

12 (Questions relatives à l'ordre de présentation des témoins 92bis de

13 l'accusation.)

14 Il y a une chose que nous allons traiter à présent mais c'est une question

15 pratique. Le témoin suivant, le colonel, c'est de cela qu'il faut que nous

16 parlions. Il faut que nous demandions si une partie au moins de sa

17 déposition doit être recueillie conformément à l'Article 92bis. Et puis se

18 pose la question de la disponibilité du témoin après la journée de demain.

19 M. Nice (interprétation): Il y a trois problèmes qui sont posés par trois

20 témoins, Monsieur le Président.

21 Rien ne dit, une fois pour toutes, que le contre-interrogatoire doit être

22 exactement aussi long que l'interrogatoire principal.

23 Bien sûr, il y a le colonel Crossland, et la question est de savoir dans

24 quelle mesure sa déposition doit être recueillie au titre de l'Article

25 92bis. Plus nous recueillons des éléments de sa déposition par le biais de

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1 cet Article, et moins de temps il nous prendra.

2 Le troisième témoin est un témoin qui prendra la suite du colonel

3 Crossland. C'est une femme qui viendra en audience publique et dont la

4 déposition a fait l'objet d'un recueil au titre de l'Article 92bis. Elle a

5 été ici déjà précédemment, c'est sa troisième visite à La Haye. Bien sûr,

6 c'est parce qu'il y a eu toutes sortes de circonstances extérieures à son

7 contrôle qu'elle a dû revenir à plusieurs reprises, mais elle est là et

8 elle est tout à fait à même d'être entendu. Nous pouvons consacrer une

9 partie de notre temps à l'écoute de sa déposition.

10 M. le Président (interprétation): Excusez-moi, mais posons-nous d'abord la

11 question de savoir ce que nous pouvons faire pour le contre-

12 interrogatoire.

13 M. Nice (interprétation): Oui, je n'ai pas d'objection quant à ce qui

14 vient d'être dit par l'accusé, mais il faut s'en tenir, dans le cadre du

15 contre-interrogatoire, à ce qui a été dit dans le cadre de la déposition

16 du témoin, et je ne sais pas si nous n'avons pas déjà tout épuisé dans ce

17 sens-là.

18 M. le Président (interprétation): Nous ne pouvons pas en préjuger, nous

19 allons y réfléchir.

20 M. Nice (interprétation): Quelles que soient les difficultés rencontrées

21 pour la déposition du colonel Crossland, il faudra peut-être inverser

22 l'ordre des témoins pour nous assurer que nous entendons l'intégralité de

23 la déposition de la femme qui doit venir devant vous. Mais nous ne

24 pourrons nous décider que demain matin.

25 M. le Président (interprétation): Quelle est cette femme?

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1 M. Nice (interprétation): Il s'agit de Shyrete Berisha. C'est une des

2 personnes qui a survécu à ce qui s'est passé à Suva Reka. Nous n'avons pas

3 de chiffre à attribuer à ce témoin.

4 M. le Président (interprétation): Shyrete Berisha?

5 M. Nice (interprétation): C'est exact.

6 (Les Juges se concertent sur le siège.)

7 M. le Président (interprétation): Il n'y a aucun article qui stipule que

8 l'accusé doit en tout état de cause disposer du même temps en contre-

9 interrogatoire que l'accusation. Mais, nous pensons que dans le cas

10 d'espèce il est bon que l'accusé puisse bénéficier du même temps de

11 paroles, même s'il a abordé la plupart des questions qui ont été abordées

12 dans le cadre de l'interrogatoire principal.

13 Nous décidons donc ici que si l'accusé souhaite disposer d'une heure

14 supplémentaire, il pourra en disposer. Il y a peut-être d'autres questions

15 qu'il souhaitera soulever.

16 Donc je pense qu'il serait bon que nous appelions devant nous le témoin,

17 cette femme dont vous parliez tout à l'heure, ainsi nous pourrons

18 l'entendre dans son intégralité.

19 Pour ce qui est du colonel Crossland, il y a des parties de sa déclaration

20 préalable qui n'ont pas été vraiment couvertes, notamment la coopération

21 entre la VJ et le MUP et tout ce qui a trait à la structure hiérarchique

22 de la VJ.

23 Je pense qu'il ne convient pas que cela fasse l'objet d'une procédure au

24 titre de l'Article 92bis; ce sont des parties trop importantes. Mais, il

25 faudra que nous pensions à une meilleure façon de procéder et, bien sûr,

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1 nous devrons attendre que l'accusé se prononce sur la question.

2 M. Nice (interprétation): Merci. Nous allons y réfléchir.

3 Est-ce que je peux inviter la Chambre, par ailleurs, si elle en a la

4 possibilité demain, à nous faire part de ce que sera sa position eu égard

5 au rapport de M. Coo et du général Peter de La Billière?

6 M. le Président (interprétation): Nous en parlerons.

7 (Les Juges se concertent sur le siège.)

8 Nous avons eu la possibilité de nous pencher brièvement sur ces questions.

9 Pour ce qui est de M. Coo, son rapport est très exhaustif. Ce rapport n'a

10 sans doute même pas pu être complètement traduit vers le BCS. Il n'est pas

11 envisageable de l'appeler devant nous avant les vacances judiciaires. Je

12 crois que l'accusé n'aura pas, d'ici là, le temps de se préparer à

13 entendre ce témoin.

14 Pour ce qui est du général de La Billière, il y a d'autres éléments qui

15 sont à prendre en compte pour ce qui est du général de La Billière. Sa

16 déclaration est beaucoup plus concise. Elle a déjà été communiquée en

17 anglais et en BCS. L'accusé aura donc sans aucun doute eu le temps de lire

18 cette déclaration et de la préparer. Je pense donc que le général de La

19 Billière, lui, peut être appelé devant la Chambre.

20 M. Nice (interprétation): Merci beaucoup, Monsieur le Président. Mais, il

21 y a deux choses que cela pourrait entraîner. Le général Peter de La

22 Billière est un témoin pour lequel la déclaration en BCS va être

23 communiquée demain le 10 juillet.

24 Et puis, notre intention avait été de le faire comparaître après M. Coo,

25 parce qu'en fait il est…, c'est un petit peu dans la chronologie des

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1 choses, si vous voulez. Mais nous pourrions répondre aux préoccupations de

2 la Chambre en nous penchant d'abord sur les conclusions du rapport le plus

3 exhaustif, les conclusions qui ont trait à ce qui va être abordé dans la

4 déclaration préalable du général.

5 Mais, bien sûr, tous ces éléments devront, en temps utile, être démontrés

6 et prouvés; il ne faut pas bien sûr que l'on puisse, en quelques

7 circonstances que ce soit, penser qu'il ne s'agit que des spéculations.

8 M. le Président (interprétation): Je ne parle que pour moi-même, mais je

9 pense qu'il devrait être possible d'entendre M. Coo dans le cadre, au

10 moins, de l'interrogatoire principal et ensuite le contre-interrogatoire

11 pourrait avoir lieu ultérieurement, peut-être après les vacances

12 judiciaires, et nous rappellerons le général.

13 M. Nice (interprétation): Merci.

14 (Les Juges se concertent sur le siège.)

15 M. le Président (interprétation): Mais nous aurons tout loisir d'y

16 réfléchir à nouveau. C'était une suggestion que je faisais et rien

17 d'autre.

18 Nous suspendons nos travaux et nous nous retrouvons demain matin à 9

19 heures.

20 (L'audience est levée à 13 heures 55.)

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