Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 (Mercredi 16 octobre 2002.)

2 (L'audience est ouverte à 9 heures 05.)

3 (Audience publique avec mesures de protection.)

4 (Le témoin C-1220 est dans le prétoire.)

5 (Contre-interrogatoire du Témoin C-1220 par l'accusé M. Milosevic.)

6 M. le Président (interprétation): Avant de commencer, il y a quelques

7 questions d'intendance que nous allons aborder. Tout d'abord, le Greffe a

8 quelque chose à annoncer à propos des pièces d'hier.

9 Mme Anoya (interprétation): Bonjour, Messieurs les Juges. La pièce de

10 l'accusation 326, intercalaire 9, avait été versée au dossier par le

11 témoin C-1220, mais ce document a reçu une cote d'identification.

12 M. le Président (interprétation): Pour que ce soit clair, c'est uniquement

13 une cote d'identification qui a été fournie. Il faudra que la pièce soit

14 versée par l'intermédiaire d'un autre témoin. Abordons d'autres questions

15 avant de poursuivre le contre-interrogatoire.

16 Maître Higgins, nous avons reçu un courrier concernant votre fonction ici.

17 Maître Kay sera absent pendant plusieurs semaines parce qu'il a d'autres

18 engagements. Nous estimons ceci, et c'est d'ailleurs notre décision: vous

19 pouvez être présente au procès en tant qu'assistante de l'amicus pour les

20 six semaines concernées. Il vous est loisible de vous adresser aux Juges

21 le cas échéant, et il faudra bien sûr que vous soyez rémunérée en

22 conséquence, à l'avenant. Nous enverrons des instructions dans ce sens au

23 Greffe.

24 Mme Higgins (interprétation): Je vous remercie, Monsieur le Président.

25 M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, vous pouvez

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1 maintenant poursuivre le contre-interrogatoire de ce témoin. Vous avez

2 déjà couvert pas mal de sujets hier, c'est très bien, nous vous félicitons

3 parce que vous avez fait cela rapidement. Nous pensons qu'il vous sera

4 possible d'en terminer en l'espace d'une demi-heure.

5 Cependant, si vous voulez davantage de temps, vous pourrez demander

6 l'autorisation d'obtenir ce délai supplémentaire à la fin de cette demi-

7 heure. Mais nous espérons que vous pourrez en terminer en une demi-heure

8 s'agissant de ce témoin.

9 M. Milosevic (interprétation): Je l'espère aussi.

10 Hier, je vous ai demandé si vous saviez qu'avant ces événements

11 -événements que vous avez décrits au début de votre déposition- des

12 dizaines d'installations militaires de casernes de la JNA en Croatie

13 avaient été bloquées. Est-ce que vous êtes au courant de ces attaques? Je

14 parle de la période qui va jusqu'au 12 novembre 1991. Est-ce que vous

15 savez qu'au cours de cette période des dizaines de membres de la JNA ont

16 perdu la vie?

17 Témoin C-1220 (interprétation): Je sais qu'il y avait eu le blocus de

18 certaines casernes, mais je ne peux rien dire à propos d'éventuelles

19 pertes.

20 Question: Fort bien. Mais dites-moi, est-il exact de dire: environ une

21 semaine avant que la JNA ne lance son action, son opération militaire à

22 Saborsko, dont vous avez parlé, c'était vers le 6 ou vers le 7 du mois de

23 novembre 1991, il y avait des membres de la ZNG à Licka Jesenica également

24 ainsi qu'à Saborsko? Ils avaient tué Susnjar Stevan, Susnar Mijat,

25 surnommé "Milan", dont il avait coupé les doigts ainsi que Petrovic Bogdan

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1 dont il avait coupé l'oreille. Et il l'avait poignardé quelque cent fois

2 sur tout le corps, alors que cet homme était toujours en vie.

3 Est-ce que vous vous souvenez du meurtre de ces trois hommes et de cet

4 événement?

5 Réponse: Oui, je m'en souviens et je sais qu'ils ont été tués de la façon

6 la plus cruelle.

7 Question: Est-il exact de dire que des membres de cette ZNG qui avait été

8 démantelée après l'abandon de Saborsko, suite à ces opérations que vous

9 avez décrites, le 15 novembre, dans le village de Daba, ils avaient fait

10 prisonniers 15 Serbes qu'ils avaient emmenés à Josip Dol où ils les ont

11 tués?

12 Réponse: Oui, si ce n'est que je ne connais pas le nombre exact. Mais je

13 pense, effectivement, qu'il y avait environ 15 personnes qui avaient été

14 concernées.

15 Question: Fort bien. Est-ce que vous avez entendu dire que le plus jeune

16 avait 16 ans, il s'appelait Bude Cveticanin. Mile Parenta a été tué, Mile

17 Lovric également, ainsi que plusieurs membres de la famille Klis. Etes-

18 vous au courant de cela?

19 Réponse: Oui.

20 Question: Est-ce que vous êtes au courant du fait que leurs corps n'ont

21 jamais été remis aux familles? Les membres de la ZNG ont brûlé ces corps.

22 Au cours du printemps 1992, les urnes ont été remises au commandant du

23 Corps de Lika à Lukavica. Est-ce que vous êtes au courant de cela?

24 Réponse: Non, je ne suis pas au courant.

25 Question: Est-il exact de dire que les forces paramilitaires au cours des

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1 jours qui ont précédé ces événements et cette opération dont vous avez

2 parlé, lorsqu'il s'agissait de débloquer Saborsko, donc qu'on avait

3 attaqué les installations militaires en surplomb de Jasenica, à peine à un

4 kilomètre de Saborsko? Nous parlons de Licka Jasenica.

5 Réponse: Oui.

6 Question: Est-il exact de dire que l'armée a entrepris de débloquer ces

7 installations militaires qui étaient un des plus grands dépôts de

8 carburant pour l'armée se trouvant sur le territoire de la République de

9 Croatie?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Est-il exact de dire que des membres, des paramilitaires ont

12 attaqué des installations et centres de formation de Slunj qui revêtaient

13 une importante stratégique militaire considérable parce que c'est là que

14 se trouvait le poste de commandement de la 5e Armée de la JNA?

15 Réponse: Là, je ne suis pas au courant.

16 Question: Si je vous ai bien compris, vous avez dit que la force aérienne

17 avait commencé, déclenché cette attaque sur Saborsko. Est-ce que vous avez

18 vu l'attaque aérienne? Est-ce que vous avez vu le bombardement de

19 Saborsko? Est-ce que vous avez vu ces tirs?

20 Réponse: Oui, j'ai vu des missiles.

21 Question: Vous avez fourni une déclaration au MUP de Karlovac, elle est

22 versée en annexe à votre déclaration préalable. Vous dites qu'à deux ou

23 trois reprises Saborsko a été survolé par deux Mig-21?

24 Réponse: Oui.

25 Question: Vous n'avez pas dit que ces avions avaient largué leurs bombes,

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1 vous avez simplement dit qu'ils avaient survolé l'endroit?

2 Réponse: Je ne sais pas, peut-être ai-je pensé qu'ils avaient simplement

3 survolé l'endroit à quelques reprises et qu'ils avaient aussi lancé des

4 missiles, c'est cela que je voulais dire.

5 Question: Fort bien, ils ont survolé l'endroit. Or, dans cette déclaration

6 que vous fournissez à la police, le 8 novembre 1999, vous ne faites

7 aucunement mention du fait qu'il y aurait eu des bombardements de Saborsko

8 par ces avions. C'est bien cela, n'est-ce pas?

9 Réponse: Mais c'est cela que je voulais dire!

10 Question: Ah! Je vois, c'est cela ce que vous vouliez dire.

11 Est-il exact de dire que des membres de la ZNG ont tiré, ont abattu un

12 avion et ont fait prisonnier le pilote qui s'appelait Janjic? Vous

13 souvenez-vous de cela?

14 Réponse: Vous voulez dire là-bas?

15 Question: Oui, oui, dans la région.

16 Réponse: Ça, je ne suis pas au courant, je ne suis pas au courant de cette

17 zone-là. Je ne sais pas mais il se peut que cela se soit passé dans la

18 région plus éloignée, au-delà. C'est possible.

19 Question: Bon! Abordons quelques points moins importants ou rapidement

20 certains points.

21 Hier, vous avez dit qu'il y avait eu une distribution d'armes. Et j'ai

22 noté ici ce que vous aviez dit. Vous avez dit qu'on voyait M-48 sur les

23 caisses.

24 Réponse: Il y avait d'autres calibres mais il y avait celui-là aussi,

25 c'est cela que je voulais dire.

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1 Question: Savez-vous que parmi l'arsenal d'armes de l'armée, pendant

2 plusieurs décennies auparavant, l'armée n'avait pas de fusil M-48?

3 Réponse: Dans cette zone, il y avait des fusils semi-automatiques et des

4 M-48.

5 Question: D'accord, je pars du principe que ceci venait des stocks de la

6 TO puisque les troupes régulières ne disposaient pas ou n'ont pas disposé

7 pendant très longtemps de ces fusils. Alors, est-ce que ces armes venaient

8 d'un arsenal, d'un dépôt qui se trouvait dans votre région? Vous en avez

9 fait état d'ailleurs, n'est-ce pas?

10 Réponse: C'est bien possible. Je ne peux pas vous dire d'où ces armes

11 venaient, ce n'est pas possible.

12 Question: Et ce dépôt, cet arsenal militaire, où est-ce qu'il se trouvait

13 celui dont vous avez dit qu'il se trouvait près de chez vous, près de

14 votre ville?

15 Réponse: C'était au centre même de la ville, c'est là que se situait la

16 caserne. Il y avait dans le périmètre de la caserne militaire, ce dépôt

17 d'armes.

18 M. Milosevic (interprétation): Bon.

19 Monsieur May, j'avais cru comprendre que vous vous étiez débarrassé de la

20 carte, donc je ne vais pas poser de question à ce propos.

21 M. le Président (interprétation): Oui, il n'avait pas pu identifier cette

22 carte; nous parlons ici du témoin.

23 M. Milosevic (interprétation): Fort bien. Vous dites ne pas savoir à qui

24 le commandant de la brigade était subordonné, mais vous vous êtes dit que

25 le commandement se trouvait à Plitvice ou à Korenica, est-ce bien exact?

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1 Témoin C-1220 (interprétation): Je ne sais pas si on m'a posé cette

2 question. Le commandant de la division, lui, se trouvait à Korenica ou

3 plus exactement à Mukinje-Plitvice, c'est un village.

4 Question: Mais vous ne savez pas qui était le commandant?

5 Réponse: Suput. Ah! Je viens de m'en souvenir. Je viens de me souvenir de

6 son nom, Suput. Etait-il là? A quel moment il l'était? Je ne sais pas.

7 Mais je sais que son nom a été mentionné, à savoir qu'il était commandant

8 de la division.

9 Question: Bon! Dites-moi, vous dites qu'ensuite les tireurs ont reçu des

10 armes d'artillerie également. Mais quel type d'armes ont-ils reçu? Vous

11 avez simplement fait état de mortiers, mais cela c'est une arme

12 d'infanterie. Toute compagnie l'a! Est-ce qu'ils ont obtenu des armes

13 d'artillerie? Nous parlons de la TO.

14 Réponse: Il y a eu des mortiers, et des 120mm, des 82mm ainsi que des

15 canons antiaériens, effectivement. Mais je ne sais pas de quel type

16 d'armes il s'agit.

17 Question: Fort bien. Et en matière de formation, vous avez expliqué qu'il

18 y avait des réservistes ou plutôt des soldats qui faisaient leur service

19 militaire. Il est bien entendu qu'ils avaient été formés au maniement de

20 ces armes.

21 Réponse: Oui. Il y en avait qui étaient, qui servaient dans toutes les

22 armes, dans tous les services.

23 Question: Lorsqu'on vous a demandé d'où venaient ces armes, vous avez dit

24 que vous ne saviez pas. Vous avez simplement relevé qu'il y avait un grand

25 dépôt à proximité, c'est bien cela, n'est-ce pas?

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1 Réponse: Oui.

2 Question: Encore une chose: est-il exact de dire que vous avez été

3 mobilisé par la force dans la Défense territoriale par quelqu'un?

4 Réponse: Il y a eu une convocation. J'ai reçu des papiers, un appel et

5 j'étais supposé me présenter à mon unité de guerre à une date et une heure

6 précise.

7 Question: Bien. Pensez-vous que quelqu'un vous a forcé à vous présenter à

8 la Défense territoriale?

9 Réponse: J'étais bien forcé de le faire! J'étais bien obligé. Tout le

10 monde devait bien le faire; quiconque avait jusqu'à 60 ans.

11 Question: Est-ce que vous avez pensé que c'était votre devoir?

12 Réponse: Eh bien, oui.

13 M. Milosevic (interprétation): Fort bien. Je n'ai plus de question à poser

14 à ce témoin, Monsieur May.

15 M. le Président (interprétation): Maître Tapuskovic?

16 (Questions de l'amicus curiae, M. Tapuskovic, au Témoin C-1220.)

17 M. Tapuskovic (interprétation): Merci, Monsieur le Président, Messieurs

18 les Juges.

19 Monsieur le Témoin, il n'y a que certains points que je vais relever

20 s'agissant de votre déposition d'hier.

21 Tout d'abord, sur ces 32 hommes qui ont perdu leur emploi ce jour-là,

22 comme vous l'avez dit, au moment où la situation est revenue au calme,

23 est-ce que les gens ont repris leur travail?

24 Témoin C-1220 (interprétation): Non.

25 Question: Ces 32 hommes, sont-ils encore dans la région?

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1 Réponse: Non.

2 Question: Où sont-ils?

3 Réponse: Certains d'entre eux sont en Yougoslavie.

4 Question: Sur les 4.000 personnes de la région qui avaient vécu dans cette

5 région, combien y en a-t-il qui sont restés dans la région?

6 Réponse: Même pas 30%.

7 Question: Et qu'en est-il de la totalité d'Ogulin, y compris les environs,

8 cette région en général? Pourriez-vous dire combien de gens sont restés?

9 Réponse: Impossible de vous le dire.

10 Question: Même de façon approximative?

11 Réponse: Je ne pense pas qu'il y en ait plus de 200 qui soient restés.

12 Question: Merci. J'ai encore une question à vous poser. Vous avez dit ce

13 qui s'était passé le 12 novembre et qu'à ce moment-là, vous étiez tous

14 rentrés à Saborsko; c'est exact?

15 Réponse: Mais que voulez-vous dire par là?

16 Question: D'abord, vous êtes rentré après ce qui s'est passé le 12

17 novembre?

18 Réponse: Oui.

19 Question: Vous êtes rentré à Saborsko, c'est bien cela?

20 Réponse: Mais personne n'est resté à Saborsko!

21 Question: Mais c'est bien cela que j'essaie d'établir. Donc depuis

22 Saborsko, vous êtes tous rentrés chez vous?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Vous êtes resté chez vous?

25 Réponse: Oui.

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1 Question: Ce qui s'est passé s'est passé; vous êtes tous rentrés chez vous

2 et puis, vous n'êtes plus sortis?

3 Réponse: On s'est contenté de tenir la position, de la garder, cette

4 position. Je ne sais pas comment répondre.

5 Question: Mais vous étiez tous dans vos foyers?

6 Réponse: Oui. Mais on y allait tous en équipe, chaque jour. C'est en

7 fonction de l'équipe dont vous faisiez partie. A ce moment-là, on allait

8 occuper ces positions.

9 M. Tapuskovic (interprétation): Je vous remercie.

10 Merci, Messieurs les Juges.

11 M. le Président (interprétation): Y a-t-il des questions supplémentaires?

12 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui, quelques sujets seront abordés.

13 Pour le premier sujet, je voudrais que nous passions à huis clos partiel

14 car j'aimerais que l'on tire au clair une question concernant l'emploi de

15 ce témoin.

16 M. le Président (interprétation): Oui.

17 (Huis clos partiel à 9 heures 22.)

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21 (Audience publique avec mesures de protection à 9 heures 26.)

22 Mme Anoya (interprétation): L'interprète a dit "guerre" alors qu'il

23 s'agissait de "gare", à certains moments.

24 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Dans votre déposition, au début, vous

25 avez parlé de centre de formation militaire à Slunj; vous avez parlé du

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1 poste militaire de Mukinje et d'autres installations situées dans votre

2 région.

3 Au moment du contre-interrogatoire, M. Milosevic vous a demandé ceci:

4 "Est-ce que les centres de formation étaient bloqués?", a-t-il demandé?

5 Vous avez répondu en disant que ces centres étaient bloqués dans la zone.

6 Soyons plus précis. Le centre de formation à Slunj était-il bloqué ou sous

7 blocus en novembre 1991, au moment où a eu lieu l'attaque sur Saborsko?

8 Témoin C-1220 (interprétation): Oui. Oui, à Slunj. Pas à Korenica ni à

9 Mukinje; là, il y avait encore un lien, une liaison avec Knin. La guerre

10 n'avait pas encore éclaté en Bosnie, donc il était même encore, à

11 l'époque, possible de communiquer avec la Yougoslavie. Cependant, ce

12 centre de formation, non.

13 Question: Est-ce que cela veut dire qu'il était impossible, à ce moment-

14 là, pour les gens, de quitter le centre de formation? Est-ce qu'il y avait

15 une espèce de barrage devant ce centre? Pourriez-vous être plus précis

16 dans votre description?

17 Réponse: Je ne sais pas… Mais je ne sais pas si vous allez comprendre ce

18 que je vais dire; sans doute ne savez-vous pas ceci assez bien; il m'est

19 donc difficile de vous expliquer comment ça se présentait.

20 Plaski se trouve ici, Slunj est ici, et puis Saborsko. Et puis ici, vous

21 avez Ogulin. Et dans cette zone, c'est là que se trouvait la zone de

22 formation entre Plaski et Slunj, et là aussi, il y avait un blocus. Et

23 c'était vrai aussi que toute la ville de Plaski se trouvait sous blocus.

24 Alors que Mukinje, c'est là que se trouvait le commandement de la

25 division; ça, ça se trouve de l'autre côté du lac de Plivitce.

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1 Donc là, on est derrière Saborsko. Saborsko est derrière Plivitce, vers

2 Korenica. Mukinje et Korenica, il n'y a que 4 ou 5 kilomètres qui les

3 séparent.

4 Question: Voici ce que j'aimerais savoir: est-ce qu'il y avait, par

5 exemple, un barrage routier ou quoi que ce soit qui bloquait le centre de

6 formation? Est-ce que les gens qui s'y trouvaient ne pouvaient pas du tout

7 en sortir?

8 Réponse: Uniquement pour autant qu'ils auraient été plus forts et auraient

9 pu en sortir par la force.

10 Question: Pendant le contre-interrogatoire, M. Milosevic a dit de Saborsko

11 que c'était une place forte croate qu'il fallait éliminer pour veiller à

12 faire sauter le barrage routier.

13 Voici ce que j'aimerais savoir: est-ce qu'il était vraiment nécessaire

14 d'éliminer Saborsko pour faire sauter ce barrage routier?

15 Réponse: Mais c'était à ce moment-là la seule façon de sortir de Plaski,

16 de cet encerclement, à l'exception bien sûr des sentiers de forêt qu'il y

17 avait; j'en ai parlé, j'ai parlé d'un chemin qui traversait uniquement la

18 forêt. Mais personne ne pouvait assurer un passage sans problème par-là.

19 Question: Donc il était vraiment nécessaire de détruire totalement

20 Saborsko pour pouvoir se frayer un chemin?

21 Réponse: Mais, si les gens avaient été plus intelligents, à mon avis, il

22 n'aurait pas du tout été nécessaire de le détruire; ils auraient pu se

23 mettre d'accord. Mais ce que j'étais en train de raconter, c'étaient les

24 choses que je connaissais. Et il avait été question de laisser passer et

25 rien ne se serait passé. Pourquoi les choses ne se sont pas passées ainsi?

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1 Ça, je n'en sais rien.

2 Question: Qui est-ce qui avait proposé de ménager un passage?

3 Réponse: Je crois que c'étaient les autorités de la municipalité à

4 l'époque, mais lorsque les autorités de la municipalité ont été mises en

5 place, elles ont exercé leur pouvoir et cela avait été proposé.

6 Question: Mais ça, vous n'en avez pas entendu parler; vous avez juste dit

7 que c'étaient des rumeurs?

8 Réponse: J'ai dit que je n'avais pas pris part à la vie politique de

9 l'endroit, mais ce sont des choses qui avaient couru comme information. On

10 avait dit que les gens de Saborsko n'avaient pas accepté cela.

11 Question: Mais avait-il été nécessaire de transporter des personnes âgées,

12 des Croates âgés de Saborsko pour procéder à ce déblocage de la route et

13 pour rendre cette route sûre pour les passages?

14 Réponse: Lorsque Saborsko est tombé, ce qu'il est resté comme personnes

15 âgées -et pour l'essentiel, c'étaient des personnes âgées-, ces personnes

16 ont été transportées à Licka Jasenica, ont passé la nuit là et sont

17 parties en autocar -il y avait deux autocars- pour rejoindre Ogulin et les

18 autres territoires de la République de Croatie, qui traversaient la ligne

19 de démarcation.

20 Question: S'agissant de la présence des policiers pendant cette attaque,

21 vous avez dit à l'occasion de l'interrogatoire principal que vous aviez

22 aperçu des policiers à Saborsko après l'attaque. Vous avez également

23 précisé qu'ils s'étaient rassemblés au centre.

24 Et M. Milosevic, pour sa part, vous a posé la question de savoir si la

25 police s'y était trouvée et vous avez dit que vous n'avez pas vu la

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1 police, car vous étiez à un endroit et eux étaient de l'autre côté.

2 Cette réponse que vous avez apportée se réfère-t-elle à l'attaque même ou

3 à autre chose? Ou plutôt dites-nous à quoi se référait cette réponse

4 lorsque vous avez dit que vous vous trouviez à tel endroit et les

5 policiers à un autre?

6 Réponse: J'ai dit… J'avais voulu m'exprimer et peut-être n'ai-je pas

7 réussi à m'exprimer convenablement. Pendant la durée de l'attaque, nous

8 n'avons pas pu avoir de communication et nous ne pouvions pas nous voir,

9 mon groupe et la police. Nous ne pouvions pas nous voir les uns et les

10 autres. Quand tout s'est terminé, les gens ont quitté en masse et nous

11 avons pu voir les uns et les autres.

12 Question: Lorsque vous avez témoigné dans l'interrogatoire principal, vous

13 avez décrit deux ou trois hommes qui étaient en train de piller et vous

14 avez dit que c'étaient des membres de ce que l'on désignait par "la police

15 de Martic". Vous avez aussi parlé du meurtre de Krtan.

16 Monsieur Milosevic s'est également référé au meurtre dudit Krtan et il

17 vous a donné lecture d'une déposition que vous avez faite auprès du MUP de

18 Croatie. Dans cette partie dont il vous a donné lecture, il s'est référé à

19 une page; vous avez fait référence à un certain Pejic et à d'autres

20 personnes qui avaient tué Krtan.

21 Ces gens qui avaient tué Krtan, étaient-ce des soldats, des policiers ou

22 des civils?

23 Réponse: C'étaient des membres de la police, de la police dite de Martic.

24 Ils étaient précisément membres de cette police-là.

25 Question: Ces membres de la police à Martic, qui ont tué M. Krtan -et vous

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1 avez mentionné un dénommé Pejic-, s'agissait-il des mêmes personnes que

2 vous aviez auparavant vues en train de piller Saborsko?

3 Réponse: Oui.

4 Question: Dans la partie qui vous a été lue, il est précisé qu'il y avait

5 Pejic et d'autres personnes avec lui. Qui étaient ces autres personnes

6 avec lui? Vous souvenez-vous?

7 Réponse: Il y avait là Lecin, Cvekic et Pejic; c'étaient des frères. Moi,

8 j'ai précisé que je savais qu'il s'agissait de quelques hommes seulement.

9 Question: Dans la déclaration, déposition que vous avez faite au MUP en

10 Croatie, en décembre 1999, vous avez mentionné un certain Snjaka ou

11 Snijaka -si l'interprète a bien compris- et vous avez indiqué que

12 l'intéressé avait pris part à la chose. Et c'est un surnom "Snjaka". C'est

13 un surnom qui était le surnom de qui?

14 Réponse: De Djuro Ogrizovic.

15 Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Président, c'étaient les

16 questions que j'avais à poser. Merci

17 M. le Président (interprétation): Je vous remercie.

18 A vous, Monsieur Milosevic.

19 (Contre-interrogatoire supplémentaire du Témoin C-1220 par l'accusé M.

20 Milosevic.)

21 M. Milosevic (interprétation): J'aimerais tirer cette question au clair.

22 J'ai compris le témoin hier quand il a expliqué en répondant à ma question

23 que ce Krtan avait été tué -comme il l'avait dit- par deux ou trois hommes

24 qui étaient des pilleurs. Et je lui ai demandé de savoir pourquoi ne

25 l'avez-vous pas déclaré à la police? Et il a répondu que personne ne

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1 pouvait rien déclarer et que ces gens étaient armés et qu'il y avait du

2 bénéfice à en soutirer. Et là, il vient de dire que c'étaient des membres

3 de la police.

4 M. le Président (interprétation): Je crois qu'il convient de mener à terme

5 ce chapitre. Qui est-ce qui a tué le dénommé "Krtan", Monsieur le Témoin?

6 Témoin C-1220 (interprétation): Je crois que quelqu'un ne m'a pas bien

7 compris ou peut-être n'ai-je pas bien exprimé ce que je voulais dire.

8 Aux positions que nous avions occupées, et je ne vais pas vous les

9 expliquer ou les décrire une fois de plus, l'information nous est parvenue

10 disant qu'il y avait des morts. Ce Bogdan Pesut appelé "Cubra" est arrivé

11 en pleurs, en larmes, et il nous a dit…, et c'est là que nous avons appris

12 la chose, il a dit: "Ils ont tué! Que je nique leur mère!". Le dénommé

13 Pero Krtan et d'autres. Et il avait pleuré. Pejic, Lecin et Cvekic

14 faisaient partie de ce groupe.

15 M. le Président (interprétation): Mais qui étaient ces trois hommes?

16 Témoin C-1220 (interprétation): C'étaient des gens, des hommes de cette

17 police à Martic.

18 M. le Président (interprétation): Grand merci.

19 Témoin C-1220 (interprétation): Je tiens à préciser à l'intention de M.

20 Milosevic, j'avais dit que c'étaient des gens pour qui ce n'était pas

21 chose difficile de tuer. Je ne sais pas qui pouvait faire quelque chose

22 contre eux, parce qu'ils étaient capables de tuer quiconque, cela leur

23 était égal.

24 M. Milosevic (interprétation): Juste une petite question.

25 M. le Président (interprétation): Non, Monsieur Milosevic. Nous ne

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1 pouvions pas continuer davantage dans ce sens. Le témoin a répondu à la

2 question et il a apporté des éclaircissements en la matière.

3 Monsieur C-1220, nous vous remercions d'être venu témoigner devant cette

4 Chambre. Vous êtes libre de vous en aller et de quitter ce prétoire.

5 Merci.

6 M. Nice (interprétation): Monsieur le Président.

7 M. le Président (interprétation): Attendez que le témoin sorte.

8 M. Nice (interprétation): Pourrais-je traiter de quelques questions

9 administratives? Monsieur Groome aura quelques questions également, mais

10 cela ne prendra pas beaucoup de temps.

11 D'abord, une requête a été déposée auprès du Greffe demandant de nouvelles

12 mesures de protection pour le témoin qui vient. Afin de ne pas perdre de

13 temps, nous avons préparé des copies qui vous permettront de lire

14 immédiatement cette requête. J'en demande la distribution.

15 (Le témoin C-1220 est reconduit hors du prétoire.)

16 (Audience publique.)

17 (Questions relatives à la procédure.)

18 M. le Président (interprétation): Ecoutez, c'est mon opinion personnelle,

19 mais je m'inquiète vraiment un peu du grand nombre de mesures de

20 protection demandées pour un grand nombre de témoins.

21 M. Nice (interprétation): Le nombre?

22 M. le Président (interprétation): Oui, je trouve qu'il y en a beaucoup.

23 M. Nice (interprétation): Ecoutez, cela me désole de voir que vous vous

24 préoccupez de cela, mais la situation est très simple. Si les gens ne

25 peuvent pas venir ici et que nous découvrons qu'ils ont demandé ou que

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1 nous avons demandé en leur nom un nombre de protections supérieur à ce

2 qu'il serait raisonnable de demander, nous réduisons le niveau de

3 protection demandé. Par ailleurs, s'il y a des gens qui sont sous la

4 menace et qui risquent d'être à la fin de la présente affaire plus en

5 danger qu'ils ne l'étaient au début, il est absolument indispensable de

6 présenter une requête demandant des mesures de protection.

7 M. le Président (interprétation): C'est possible, mais il est également

8 tout à fait indispensable de mener un procès ouvert au public dans la

9 mesure du possible.

10 M. Nice (interprétation): Monsieur le Président, je dois dire que nous

11 faisons le maximum dans ce sens, mais la critique implicite dans les

12 propos que vous venez de prononcer, Monsieur le Président, je crains de

13 devoir la rejeter, car il y a de grands risques que les témoins courent

14 dans cette affaire. Il y a des risques qui ont été récemment aggravés

15 parce que l'on a pu lire dans la presse, et vous verrez que certaines

16 personnes sont particulièrement en danger. Nous prenons ces risques très

17 au sérieux, nous avons des devoirs vis-à-vis de ces témoins, et, comme

18 vous le découvrirez avec le témoin que nous allons entendre maintenant,

19 chaque fois par le passé nous avons été en mesure de faire comparaître en

20 public des témoins qui autrement avaient demandé des mesures de

21 protection, nous le faisons.

22 En temps utile, j'indiquerai quels sont les fondements des mesures de

23 protection demandées pour le témoin suivant.

24 M. le Président (interprétation): J'aimerais vous poser une autre question

25 par rapport à ce témoin. Son nom n'apparaît pas sur la liste fournie par

Page 11644

1 vous le 31 juillet. Je ne trouve pas son nom. Et vous avez dit qu'il

2 s'agissait d'une planification de l'audition des témoins jusqu'au 1er

3 janvier.

4 Alors, à moins que je ne fasse erreur, je ne crois pas que son nom figure

5 sur la liste. Ce n'est pas nécessaire d'examiner la liste maintenant, mais

6 je voudrais simplement m'assurer que nous n'allons pas entendre un nombre

7 de témoins supérieur à ce qui était prévu au départ.

8 (Le témoin, M. Jovan Dulovic, est introduit dans le prétoire.)

9 Je demanderai au témoin de s'asseoir pendant que nous poursuivons cette

10 discussion.

11 M. Nice (interprétation): Je peux revenir devant vous à ce sujet plus

12 tard?

13 M. le Président (interprétation): Oui.

14 M. Nice (interprétation): En tout cas, j'insiste pour que les Juges de

15 cette Chambre examinent de près les témoins que nous avons fait venir ici

16 pour être entendus en public. Alors qu'au départ, ils avaient demandé des

17 mesures de protection.

18 M. le Président (interprétation): Apparemment, les choses ne sont pas

19 identiques que dans les différentes parties du procès. Il y a peut-être

20 une bonne raison à cela? Mais elle n'est pas tout à fait apparente.

21 M. Nice (interprétation): Il est possible qu'il y ait eu une différence de

22 ce point de vue entre la première partie et la deuxième partie du procès,

23 mais c'est sans doute parce qu'au vu des circonstances, les risques sont

24 profondément distincts profondément différents.

25 L'ex-Yougoslavie est un endroit dangereux, et nous qui devons y aller de

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1 temps en temps, sommes conscients de cela et prenons ce danger très au

2 sérieux.

3 J'aimerais maintenant parler d'autre chose. D'abord, une autre rencontre,

4 une autre réunion est organisée demain à 4 heures, sous la direction de M.

5 Saxon, mais je serais présent, pour traiter de l'Article 68 du Règlement

6 de procédure et de preuve. Comme vous le savez, conformément à cet

7 Article, nous avons des rencontres régulières avec les amici. Je dois dire

8 que Mme Higgins et M. Tapuskovic ont participé à cette rencontre, et

9 qu'auparavant M. Wladimiroff y participait également.

10 Les associés et les collaborateurs de l'accusé ont été invités; ils n'ont

11 pas indiqué leur intention de participer à ces rencontres. Je répète en

12 public que nous invitons les collaborateurs de l'accusé à venir participer

13 à cette réunion. S'ils ne viennent pas pour participer à ces débats prévus

14 dans le cadre de l'Article 68 du Règlement, nous ne pourrons tout

15 simplement pas répondre aux préoccupations exprimées par l'accusé eu égard

16 aux documents qui lui sont communiqués en application de cet Article.

17 La présence de ses collaborateurs à ce genre de réunion nous permettrait

18 de régler un certain nombre de questions et d'obtenir des indications de

19 l'accusé quant aux témoignages qu'il a l'intention d'entendre. Il faut

20 l'écouter très attentivement. Et ce dialogue avec les témoins qui varie en

21 fonction des intentions de l'accusé, n'est pas possible si ses

22 collaborateurs ne participent pas à ce genre de rencontre.

23 Troisième point que je souhaitais évoquer à ce stade, et qui se divise en

24 deux d'ailleurs: nous pensons depuis plusieurs semaines qu'il pourrait

25 être utile aux Juges de cette Chambre de disposer de cédérom qu'il serait

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1 possible de consulter par voie électronique. Nous avançons beaucoup dans

2 ce sens mais, compte tenu des problèmes liés à la presse récemment, nous

3 nous sommes arrêtés quelque temps.

4 Bien sûr, un cédérom peut être utilisé de mauvaise manière, mais il peut

5 également fournir toutes sortes d'informations qu'il n'est pas forcement

6 indispensable de donner en public. Donc l'usage de cédérom est quelque

7 chose de très important même s'il est facile d'en abuser. Nous y

8 réfléchissons donc avec beaucoup de précautions.

9 Je vous demanderai simplement aujourd'hui de prendre note de ce que je

10 vous dis et de ne pas perdre tout cela de vue.

11 Les résumés que nous fournissons à la Chambre maintenant, ils sont très

12 utiles; c'est un instrument de travail qui bien sûr ne constitue pas une

13 pièce à conviction. Nous n'en demandons pas le versement au dossier et ils

14 ne font partie du dossier de l'affaire en aucun cas. Mais les Juges

15 pourraient peut-être -même si ce n'est pas une question prioritaire-

16 réfléchir à la possibilité d'en faire des éléments du dossier dans le

17 cadre de l'application de l'Article 65ter, peut-être comme les autres

18 résumés de déposition.

19 Donc je demanderai aux Juges d'y réfléchir et de réfléchir également au

20 cédérom. Si, à la fin de l'audience, par exemple, les Juges pouvaient me

21 donner une indication quant à l'utilité que pourrait représenter des

22 cédéroms à leurs yeux, comme ceux que l'accusé a déjà utilisé une fois. Je

23 vous demande simplement de réfléchir à cela.

24 M. le Président (interprétation): Il va falloir que nous y réfléchissions,

25 mais je ne sais pas vraiment quel statut nous pouvons donner à ce genre de

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1 documents s'ils ne sont pas des pièces à conviction. Je ne vois pas

2 comment ils peuvent faire partie du dossier sans être versés au dossier,

3 mais nous y réfléchirons.

4 D'autre part, les résumés, je me souviens des documents que vous

5 fournissiez dans la partie Kosovo du procès à toutes les personnes

6 présentes, je crois qu'il faudra actualiser ce document.

7 M. Nice (interprétation): C'est le document aide-mémoire?

8 M. le Président (interprétation): Je ne sais pas comment vous l'appelez,

9 mais je crois que c'est cela. C'est le document que vous avez distribué à

10 la fin de la partie Kosovo mais il faudra l'actualiser.

11 M. Nice (interprétation): Bien sûr, c'est un document qui suit le fil du

12 temps. Nous aurons grand plaisir à l'actualiser et à vous le remettre,

13 Monsieur le Président.

14 Monsieur Groome va maintenant s'occuper du témoin.

15 M. Groome (interprétation): Monsieur le Président, j'ai reçu un message e-

16 mail, il y a quelques minutes, relatif à ce témoin. Un enquêteur vient de

17 m'envoyer un message e-mail en me disant que ce témoin demande le retrait

18 des mesures de protection qu'il avait demandées précédemment et qu'il

19 pourra donc déposer en public.

20 Avant de commencer l'audition de ce témoin, j'aimerais vous donner

21 l'historique des mesures de protection le concernant. Vendredi matin, ce

22 témoin m'a informé qu'il souhaitait s'exprimer en public. Vendredi après-

23 midi, j'avais l'intention d'en parler; j'ai décidé d'en parler aux Juges

24 lundi. Vendredi après-midi, le Bureau du Procureur a reçu des informations

25 du gouvernement selon lesquelles le gouvernement avait reçu des

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1 renseignements nouveaux au sujet des menaces pesant sur ce témoin et je

2 pourrais vous donner des détails, si vous souhaitez, à huis clos partiel à

3 ce sujet.

4 Nous avons immédiatement informé ce témoin des menaces existantes, et à ce

5 moment-là, il a été décidé de ne pas présenter la requête de retrait des

6 mesures de protection lundi.

7 Comme le Juge Hunt l'a souligné dans d'autres affaires entendues par ce

8 Tribunal, le témoin… indépendamment du poids de valeur probante que

9 représente un témoin, cela ne joue pas nécessairement sur la décision

10 prise par les Juges en matière de mesures de protection.

11 Donc nous aimerions vérifier que ce témoin a bien l'intention de témoigner

12 en public en lui posant la question personnellement et avant de demander

13 le retrait de la requête relative aux mesures de protection.

14 M. le Président (interprétation): Très bien. Peut-être serait-il bon,

15 effectivement, de s'en enquérir auprès du témoin au préalable.

16 M. Groome (interprétation): Témoin C-004, je vous demande immédiatement si

17 vous avez pour intention de témoigner en public en ne faisant pas usage

18 des mesures de protection qui vous ont été accordées par la Chambre?

19 M. Dulovic (interprétation): Oui.

20 M. Groome (interprétation): Avez-vous réfléchi soigneusement avant de

21 répondre?

22 M. Dulovic (interprétation): Très soigneusement.

23 M. Groome (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

24 l'accusation est satisfaite et demande donc le retrait des mesures de

25 protection demandées précédemment.

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1 M. le Président (interprétation): Très bien. Le témoin pourra témoigner en

2 public.

3 M. Groome (interprétation): Le témoin a mentionné le nom de quelqu'un dans

4 une autre affaire et il s'inquiète un peu du risque si ce nom…, si

5 l'identité de cette personne est débattue en public, qu'il y ait des

6 risques pour cette personne. Donc il m'a demandé de vous transmettre sa

7 requête dans laquelle il demande que, si ce nom est mentionné, nous

8 passions à huis clos partiel et que M. Milosevic passe également à huis

9 clos partiel à ce moment-là.

10 M. le Président (interprétation): Vous avez entendu, Monsieur Milosevic,

11 ce qui est demandé au sujet du huis clos partiel? Oui, vous avez la

12 parole.

13 M. Milosevic (interprétation): J'ai quelque chose à dire parce que la

14 partie adverse -et ce n'est pas la première fois qu'elle le fait, ni la

15 deuxième, ni la troisième- conserve par-devers elle un certain nombre de

16 témoins qui sont au départ des témoins secrets et puis, tout d'un coup,

17 par un tour de passe-passe, ces témoins deviennent des témoins s'exprimant

18 en public.

19 M. le Président (interprétation): Ceci n'est pas une objection en bonne et

20 due forme, comme vous le savez parfaitement bien. Vous savez qui sont ces

21 témoins. Un instant, je vous prie.

22 Le Tribunal a le pouvoir de protéger ces témoins, qu'il s'agisse de

23 témoins de l'accusation ou de la défense, et il entend bien faire usage de

24 ce pouvoir. Vous m'avez déjà entendu m'exprimer sur ce point. Je considère

25 que, dans l'ensemble, les débats doivent être publics mais il y a des

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1 situations, il y a des cas où il est nécessaire d'assurer la protection

2 des témoins.

3 Le témoin que nous avons devant nous a, à l'évidence, réfléchi de façon

4 très attentive à la question et il a décidé de témoigner en public. Il

5 n'est pas question ici de tour de passe-passe ni de quoi que ce soit de ce

6 genre de la part de l'accusation qui s'est comportée de la manière la plus

7 parfaite qui soit quant à l'exposé de la question devant nous. Je demande

8 donc que nous procédions à l'audition du témoin.

9 Non, Monsieur Milosevic, ceci ne fera pas l'objet d'une discussion entre

10 nous. Poursuivons l'audition du témoin.

11 Je demanderai au témoin de prononcer la déclaration solennelle.

12 M. Dulovic (interprétation): Je déclare solennellement que je dirai la

13 vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

14 M. le Président (interprétation): Merci. Veuillez vous asseoir.

15 (Interrogatoire principal du témoin, M. Jovan Dulovic, par M. Groome.)

16 M. Groome (interprétation): Monsieur, pouvez-vous décliner votre nom?

17 M. Dulovic (interprétation): Jovan Dulovic.

18 Question: Quelle est votre profession?

19 Réponse: Journaliste.

20 Question: Pouvez-vous nous dire pour quelle publication vous travailliez

21 en 1991 et 1992?

22 Réponse: Pour le journal "Politika Ekspres".

23 Question: Et aujourd'hui, vous travaillez pour quelle parution?

24 Réponse: Pour l'hebdomadaire "Vreme".

25 Question: Pouvez-vous décrire à l'intention de la Chambre quels sont les

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1 centres d'intérêts principaux sur lesquels vous avez travaillé au cours de

2 votre carrière?

3 Réponse: Je travaillais dans le secteur qui suit les questions liées à la

4 justice, à la police, aux crimes et aux procès.

5 Question: Quelle est votre nationalité?

6 Réponse: Serbe.

7 Question: Pouvez-vous nous dire dans quelle région de Serbie vous êtes né?

8 Réponse: Au Kosovo.

9 Question: J'aimerais appeler votre attention sur le printemps 1991. Avez-

10 vous eu la possibilité de voyager en Slavonie occidentale, à ce moment-là?

11 L'avez-vous fait dans le cadre de vos occupations professionnelles?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Et pendant l'été 1991, l'automne 1991 et même jusqu'en 1992,

14 avez-vous eu l'occasion de voyager également à Vukovar ainsi que dans

15 d'autres régions de Croatie et de Bosnie orientale?

16 Réponse: Oui.

17 Question: Je vous demanderai de décrire en quelques mots la méthode que

18 vous appliquez lorsque vous écrivez un article.

19 Réponse: Je m'efforce de parler le plus possible avec les gens et je

20 m'efforce également de traduire dans mes notes les résultats de mes

21 observations.

22 Question: Ensuite, soumettez-vous l'article rédigé par vous au rédacteur

23 en chef du journal pour lequel vous travaillez?

24 Réponse: Oui. Quelquefois, je lui téléphone depuis l'endroit où je me

25 trouve. D'autres fois, je dicte mon article aux sténographes. Et d'autres

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1 fois encore, lorsque je ne suis pas très loin, je vais jusqu'au journal,

2 je donne, je remets mon article avant de revenir chez moi.

3 Question: Avant de vous rendre à Vukovar, deviez-vous demander une

4 autorisation pour effectuer ce voyage à l'armée yougoslave?

5 Réponse: Au début, il était suffisant d'avoir la carte de journaliste, la

6 carte de presse, et par la suite, plus tard, ils ont demandé que nous

7 obtenions une autorisation de l'armée.

8 Question: Avez-vous reçu l'autorisation de vous rendre à Vukovar?

9 Réponse: Oui.

10 M. Groome (interprétation): Monsieur le Président, j'aimerais demander le

11 versement au dossier d'un classeur dans lequel se trouvent 13 pièces à

12 conviction que j'ai l'intention d'utiliser avec ce témoin. On y trouve des

13 documents, des photographies et des transcriptions de vidéo.

14 M. le Président (interprétation): Monsieur Groome, j'aimerais vous dire

15 une chose en rapport à cette manière de procéder, qui est très utile à nos

16 yeux. En effet, pour nous, les Juges, il est très utile de recevoir tous

17 ces documents reliés dans un classeur avant le début de la déposition du

18 témoin.

19 Mais le problème qui se pose à cet égard est le suivant et il s'est déjà

20 posé avec le dernier témoin. En effet, il arrive parfois que certains

21 documents ne soient pas effectivement versés au dossier, ce qui, à ce

22 moment-là, exige de faire un tri. Et c'est particulièrement compliqué avec

23 un accusé qui se défend lui-même. Donc, comme je l'ai déjà dit, nous

24 trouvons cette façon de procéder très utiles, donc nous la conserverons,

25 mais il convient de prêter la plus grande attention à ce qui se passe à la

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1 fin de l'audition du témoin. Il faut vérifier que tous les documents que

2 l'on trouve dans ces classeurs ont bel et bien été versés au dossier et,

3 si tel n'est pas le cas, en enlever quelques-uns.

4 M. Groome (interprétation): Oui, Monsieur le Président.

5 Monsieur Dulovic, je vous demanderais de vous pencher sur le document que

6 l'on trouve à l'intercalaire 1.

7 (Intervention de l'huissier.)

8 Est-ce bien l'autorisation dont nous venons de parler, que vous avez reçue

9 pour vous rendre en tant que journaliste à Vukovar?

10 M. Dulovic (interprétation): Oui.

11 Question: Pouvez-vous nous dire qui a émis cette autorisation?

12 Réponse: Le secrétariat fédéral à la Défense nationale, c'est-à-dire

13 l'armée.

14 Question: Un moment est-il venu où vous avez demandé et reçu une

15 autorisation pour vous rendre en Bosnie et, plus précisément, dans le

16 secteur de Visegrad pour y accomplir votre mission de journaliste?

17 Réponse: Oui, oui.

18 M. Groome (interprétation): Je demande que l'on soumette au témoin le

19 document que l'on trouve à l'intercalaire 2 de ce classeur.

20 M. le Président (interprétation): Ce qu'il faudrait faire tout de même,

21 c'est donner une cote au classeur.

22 Mme Anoya (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les Juges, le

23 classeur est donc enregistré pour identification comme pièce à conviction

24 342 de l'accusation.

25 M. Groome (interprétation): Monsieur Dulovic, donc à l'intercalaire 2 du

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1 classeur, est-ce que le document que vous avez maintenant sous les yeux

2 est bien une autorisation reçue par vous pour vous rendre à Visegrad?

3 M. Dulovic (interprétation): Oui.

4 Question: Avez-vous remis les originaux de ces deux documents au Bureau du

5 Procureur de ce Tribunal?

6 Réponse: Oui.

7 Question: Etiez-vous tenu de demander des autorisations pour vous rendre

8 dans d'autres régions de la Bosnie, en tant que journaliste, à l'époque?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Avant de vous interroger au sujet des événements dont vous avez

11 été le témoin oculaire, je vous demanderais de décrire rapidement

12 quelques-unes des personnes dont vous parlerez dans votre déposition. Je

13 commencerai par les personnes qui appartiennent à l'armée yougoslave.

14 Connaissez-vous ou connaissiez-vous un certain colonel Enes Taso?

15 Réponse: Oui.

16 Question: Pouvez-vous nous dire de qui il s'agit?

17 Réponse: C'était le commandant des unités de blindés mécanisées de

18 Pancevo.

19 Question: Et un commandant Veselin Sljivancanin, le connaissez-vous ou

20 l'avez-vous connu à l'époque?

21 Réponse: Oui.

22 Question: De qui s'agit-il?

23 Réponse: C'est le commandant de la Brigade des gardes, qui se trouvait à

24 Vukovar.

25 Question: Connaissez-vous un homme répondant au nom de Capitaine

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1 Aleksandar Bojkovski?

2 Réponse: Bojkovski, un capitaine de l'armée yougoslave, qui était

3 également à Vukovar.

4 Question: Je vous demande maintenant si vous connaissez un homme répondant

5 au nom de Capitaine Miroslav Radic?

6 Réponse: Oui.

7 Question: Je demande à présent que l'on montre au témoin une photographie

8 dont la cote est pièce à conviction 342, intercalaire 3. Et, une fois que

9 le témoin aura regardé cette photographie, je demande qu'elle soit placée

10 sur le rétroprojecteur.

11 Monsieur Dulovic, reconnaissez-vous la personne dont on voit la photo à la

12 pièce à conviction de l'accusation 342, intercalaire 3?

13 Réponse: Oui.

14 Question: Une fois que vous l'avez reconnue, vous dites qu'il s'agit de

15 qui?

16 Réponse: C'est le capitaine Miroslav Radic.

17 Question: Connaissez-vous un homme répondant au nom de Spasoje Petkovic,

18 connu également sous le surnom de "Stuka"?

19 Réponse: Oui.

20 Question: Pouvez-vous nous dire de qui il s'agit?

21 Réponse: C'était un soldat, un simple soldat de l'armée yougoslave.

22 Question: Je vais maintenant vous poser quelques questions au sujet des

23 membres de la Défense territoriale. Connaissez-vous un homme répondant au

24 nom de Stanko Vujanovic?

25 Réponse: Oui.

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1 Question: Pouvez-vous nous dire de qui il s'agit?

2 Réponse: C'était le commandant du 1er Détachement de la Défense

3 territoriale de Vukovar.

4 Question: Je vous demanderai de jeter un coup d'œil sur votre gauche, où

5 vous trouverez la pièce à conviction de l'accusation 342, intercalaire 4.

6 C'est une photographie et je vous demande si vous reconnaissez l'homme que

7 l'on voit sur cette photographie?

8 Réponse: Oui.

9 Question: Une fois que vous dites l'avoir reconnu, je vous demande de qui

10 il s'agit?

11 Réponse: C'est Stanko Vujanovic.

12 Question: Connaissez-vous un homme répondant au nom d'Ivica Andric?

13 Réponse: Oui.

14 Question: Pouvez-vous nous dire de qui il s'agit, ce qu'il était à

15 l'époque?

16 Réponse: Un volontaire qui était aussi à Vukovar.

17 Question: Travaillait-il avec Stanko Vujanovic?

18 Réponse: Oui, il était là, chez Stanko.

19 Question: Je vous interroge maintenant au sujet d'une personne répondant

20 au nom de Radovan Stojicevic, connu également sous le surnom de "Badza",

21 le connaissez-vous?

22 Réponse: Oui.

23 Question: Etait-il associé à l'une des unités de Défense territoriale qui

24 se trouvaient en Croatie?

25 Réponse: Oui.

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1 Question: Laquelle?

2 Réponse: Il était avec l'unité qui se trouvait à Erdut. Il était à la

3 direction de la police de la République.

4 Question: Quand vous dites "la police de la République", vous parlez de

5 quelle République?

6 Réponse: Je parle de la République de Serbie.

7 Question: La dernière personne associée à la Défense territoriale, et au

8 sujet de laquelle je vais vous interroger, est un homme répondant au nom

9 de Marko Pavlovic. Connaissez-vous cet homme?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Pouvez-vous nous le décrire ou nous dire dans quelles conditions

12 vous avez fait sa connaissance?

13 Réponse: Je le connais comme commandant de la Défense territoriale de

14 Visegrad ou bien… Un instant, je vous prie. Excusez-moi: de Zvornik.

15 Question: Et Zvornik se trouve en Bosnie?

16 Réponse: Oui, Zvornik est en Bosnie.

17 Question: Quelque temps après avoir fait sa connaissance, avez-vous appris

18 qu'il avait également un autre nom?

19 Réponse: Oui.

20 Question: Et d'après ce que vous avez appris, son autre nom était quoi?

21 Réponse: Pas mal de temps plus tard, j'ai appris qu'il s'appelait Branko

22 Popovic et, quand j'ai discuté avec lui, c'est ce nom que j'ai utilisé.

23 Question: Avez-vous appris si, oui ou non, il avait un rapport quelconque

24 avec une personne répondant au nom de Mihalj Kertes?

25 Réponse: Oui, c'est un homme, comme on le dit chez nous, de Mihalj Kertes.

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1 Question: Quelques questions maintenant au sujet des membres du ministère

2 serbe de l'Intérieur. Avez-vous connu une personne répondant au nom de

3 Momir Gavrilovic?

4 Réponse: Je l'ai vu à Vukovar, à savoir plus précisément à Erdut.

5 Question: A l'époque où vous l'avez aperçu à Erdut, avez-vous entendu

6 d'autres officiers ou d'autres soldats parler de lui en mentionnant un

7 autre nom, mais pas celui de Momir Gavrilovic?

8 Réponse: Oui, on s'adressait à lui en disant "Colonel Peric".

9 Question: Je voudrais vous demander la présentation d'une pièce à

10 conviction qui est la pièce 342, intercalaire 5, et qu'elle soit placée

11 sur le rétroprojecteur.

12 Monsieur Dulovic, je vous demanderai de vous pencher sur la première pièce

13 à conviction en question et de nous dire si vous reconnaissez la personne

14 qui figure sur cette photo?

15 Réponse: Oui.

16 Question: De qui s'agit-il?

17 Réponse: Momir Gavrilovic.

18 Question: Est-ce que c'est une personne qui a à peu près la même tête qu'à

19 l'époque d'Erdut, lorsqu'on s'adressait à lui en disant "Colonel Peric"?

20 Réponse: Oui.

21 Question: Est-ce que Momir Gavrilovic est encore en vie de nos jours?

22 Réponse: Non.

23 Question: Savez-vous nous dire quand est-ce qu'il est décédé?

24 Réponse: Il a été tué le 3 août 2001.

25 Question: Savez-vous comment il a été tué?

Page 11659

1 Réponse: C'est un meurtre qui n'a pas été élucidé, mais il a été tué à

2 l'arme à feu.

3 Question: Après sa mort, est-ce que la police, à savoir le MUP de la

4 République de Serbie, a publié des détails concernant sa véritable

5 identité, son CV et les fonctions qu'il avait exercées?

6 Réponse: Oui, tout à fait. Il manque la période concernant ce qu'il avait

7 fait entre 1991 et 1995 ou 1993, je ne me souviens pas au juste.

8 Question: S'agissant des fonctions qu'il avait exercées et qui ont été

9 publiées pour la période précédant 1991 et postérieure à 1995, est-ce que

10 ses fonctions, ce sont toutes des fonctions au sein du ministère serbe de

11 l'Intérieur?

12 Réponse: Oui. Il s'agissait de la sécurité d'Etat de la République de

13 Serbie.

14 Question: Je vous demanderai maintenant de vous pencher sur la pièce à

15 conviction 342, intercalaire 6, et de nous dire si vous reconnaissez la

16 personne qui se trouve sur cette photographie?

17 Réponse: Oui. Il s'agit de Momir Gavrilovic.

18 Question: Est-ce là la photographie de M. Gavrilovic qui a été publiée à

19 l'époque où il a été tué, à savoir en août 2001?

20 Réponse: Oui.

21 Question: Je me propose de vous poser des questions concernant des membres

22 de groupe paramilitaire.

23 Connaîtriez-vous une personne répondant au nom de Zeljko Raznatovic, alias

24 "Arkan"?

25 Réponse: Oui.

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1 Question: L'avez-vous vu à quelque moment que ce soit?

2 Réponse: Oui, je l'ai vu à Borovo Selo.

3 Question: Et quand l'avez-vous vu à Borovo Selo?

4 Réponse: En 1991, en été 1991 plutôt.

5 Question: Est-ce que Borovo Selo se trouve à proximité de Vukovar?

6 Réponse: Oui, c'est la banlieue de Vukovar.

7 Question: Les hommes qui étaient associés avec "Arkan" portaient-ils des

8 uniformes identiques et particuliers?

9 Réponse: Oui, ils portaient des uniformes particuliers.

10 Question: Et qui avait-il de particulier s'agissant ces uniformes?

11 Réponse: Eh bien, c'était particulier parce que ces hommes portaient des

12 bonnets, des bonnets en laine de couleur rouge, qui, une fois placés sur

13 la tête, comportaient des trous, des orifices pour les yeux.

14 Question: Pendant que vous travailliez en qualité de journaliste, vous a-

15 t-on montré un document que l'on avait affirmé être prêté par les services

16 de sécurité d'Etat de la Serbie, à Zeljko Raznatovic?

17 Réponse: Oui.

18 Question: Pouvez-vous, je vous prie, nous décrire les circonstances dans

19 lesquelles on vous a montré ce document?

20 Réponse: Cela a eu lieu à un procès intenté contre Zeljko Raznatovic, dit

21 "Arkan", pour blessures graves portées contre un civil qui avait les bras

22 cassés.

23 Question: Qui vous avait montré ce document?

24 Réponse: Ses avocats qui avaient, au procès, demandé que le procès se

25 fasse à huis clos.

Page 11661

1 Question: Vous souvenez-vous du montant de la somme qui avait été prêtée à

2 "Arkan" par le MUP de Serbie?

3 Réponse: Ce n'était pas le MUP de Serbie, il s'agissait du SUP fédéral. Et

4 c'était un crédit accordé par le SUP fédéral à "Arkan", mais je ne me

5 souviens pas du montant. J'ai vu de quel montant il s'était agi, mais je

6 crois que c'était à l'époque un montant correspondant à 9 millions de

7 dinars; il s'agissait d'un paiement d'une traite, mais je ne me souviens

8 pas de la somme exacte. Donc c'était une dizaine de millions de dinars.

9 Question: Pour nous qui ne sommes pas familiarisés avec la valeur du

10 dinar, pouvez-vous nous dire combien cela faisait en marks allemands?

11 Réponse: Non, pas du tout.

12 Question: Vous souvenez-vous à peu près de la date de l'octroi de ce prêt?

13 Réponse: Non.

14 M. Groome (interprétation): Connaîtriez-vous une personne dont le grade

15 serait celui de commandant et qui répondrait au nom de Peja?

16 M. Robinson (interprétation): Monsieur Groome, je voudrais que le témoin

17 nous en dise un peu plus long au sujet de ce prêt. Qu'y avait-il dans ce

18 document et qui indiquait qu'il s'agissait d'un prêt? Y avait-il des

19 conditions de remboursement?

20 M. Groome (interprétation): Monsieur Dulovic, vous avez entendu la

21 question du Juge Robinson.

22 Est-ce que le document comportait quelque condition que ce soit concernant

23 le remboursement de ce prêt? Y avait-il quelque chose de particulier qui

24 vous indiquerait ce volet-là?

25 M. Dulovic (interprétation): S'agissant du document que j'ai examiné de

Page 11662

1 façon plutôt brève, j'ai pu constater qu'il s'agissait du SUP fédéral qui

2 avait accordé un prêt à "Arkan" et il était censé rembourser telle somme

3 mensuellement sur son salaire. J'ai vu le papier à en-tête et j'ai vu le

4 cachet du SUP de la fédération, du SUP fédéral et j'ai pu donc constater

5 qu'il s'agissait d'un crédit accordé à l'intéressé par le SUP fédéral.

6 Je dirai que le document m'a été montré très brièvement et c'est, partant

7 de là, que les avocats de l'intéressé avaient demandé que le procès se

8 fasse à huis clos. Le tribunal avait rejeté cette requête, étant donné que

9 le procès était un procès public.

10 Pour moi, il importait de voir s'il était vrai que ce crédit, ce prêt lui

11 avait été attribué par le SUP fédéral. Et le SUP fédéral n'accordait des

12 prêts de ce genre qu'à des membres ou à des employés de cette institution.

13 M. Robinson (interprétation): Monsieur Groome, peut-être pourriez-vous

14 nous préciser ultérieurement, si vous arrivez à vous procurer

15 l'information, combien faisaient 9 millions de dinars en deutschemarks ou

16 en dollars ou en euros?

17 M. Groome (interprétation): Certainement, Monsieur le Juge.

18 Vous avez dit tout à l'heure, Monsieur le Témoin, "salaire" en répondant

19 tout à l'heure à la question qui vous avait été posée, s'agissant de

20 l'emploi d'"Arkan". Est-ce que vous savez nous dire quel était au juste le

21 type d'emploi qui était celui d'Arkan? Est-ce que le document le

22 précisait?

23 M. Dulovic (interprétation): Ça, je ne l'ai pas vu.

24 Question: Partant de l'existence de ce document, les avocats d'"Arkan"

25 ont-ils demandé que les procès se fassent à huis clos?

Page 11663

1 Réponse: Oui.

2 Question: Je voudrais vous poser quelques questions au sujet du commandant

3 Peja?

4 Réponse: Oui. C'était l'un des officiers de Zeljko Raznatovic, alias

5 "Arkan".

6 Question: L'avez-vous vu, lui, dans le secteur de Vukovar en été ou en

7 automne 1991?

8 Réponse: Non.

9 Question: Y avait-il un autre membre quelconque de ce groupe de "Arkan"

10 qui répondait au nom de Peja?

11 Réponse: Oui. C'est ce que j'ai entendu dire.

12 Question: Mais avait-il été connu par un autre nom, pour faire la

13 distinction entre lui et le commandant Peja?

14 Réponse: En effet. On l'appelait Peja "Ciganin", le "Gitan".

15 Question: Connaîtriez-vous une personne répondant au nom de Vojslav

16 Seselj?

17 Réponse: Oui.

18 Question: Pouvez-vous brièvement nous décrire de qui il s'agit?

19 Réponse: C'est le président du Parti radical.

20 Question: Je vous demanderai de présenter au témoin la pièce à conviction

21 342, intercalaire 7, et de placer cette pièce sur le rétroprojecteur.

22 (Intervention de l'huissier.)

23 Monsieur Dulovic, je vous demande de nous dire si vous reconnaissez la

24 personne qui se trouve au centre de la photo?

25 Réponse: Oui.

Page 11664

1 Question: De qui s'agit-il?

2 Réponse: Du Dr Vojslav Seselj.

3 Question: Connaissez-vous une personne répondant au nom de Miroslav et

4 dont le surnom est "Cela"?

5 Réponse: Oui, je l'ai connu à Zvornik.

6 Question: De qui s'agit-il?

7 Réponse: Il avait été commandant d'un groupe d'hommes à Seselj, des

8 "Seseljevci". C'était un groupe armé, bien sûr.

9 Question: Connaîtriez-vous une personne connue par son surnom "Kameni"?

10 Réponse: Oui, c'est une personne que je connais depuis Vukovar.

11 Question: Est-ce qu'il avait été encore en corrélation ou association avec

12 un groupe particulier?

13 Réponse: Oui, avec un groupe de "Seseljevci" à Vukovar.

14 Question: Connaîtriez-vous une personne répondant au nom de Mica

15 Teodosijevic?

16 Réponse: Oui, je pense l'avoir vue aussi.

17 Question: A-t-il été, lui, en corrélation avec un groupe particulier?

18 Réponse: Mica Teodosijevic était également un membre des "Seseljevci", à

19 savoir des hommes à Seselj, l'un des voïvodats de Seselj.

20 Question: Avez-vous entendu que l'on parlait de lui ou qu'on s'adressait à

21 lui en utilisant un autre nom?

22 Réponse: Oui, il avait un surnom: "Srafciger", en traduction: le

23 tournevis.

24 Question: Je demanderai aux interprètes de la cabine anglaise de nous

25 donner une traduction de ce que veut dire ce nom.

Page 11665

1 (L'interprète précise une fois de plus qu'il s'agit du tournevis.)

2 J'aimerais maintenant vous montrer une pièce à conviction: 342,

3 intercalaires 10 ou plutôt intercalaire 9.

4 L'intercalaire 9 comporte le même document que sous le n°8 et, au n°9,

5 nous avons plusieurs indications.

6 Monsieur Dulovic, reconnaissez-vous certaines des personnes sur cette

7 photo?

8 Réponse: Oui.

9 Question: On voit des inscriptions à la main. Est-ce que c'est votre

10 écriture à vous?

11 Réponse: Oui, c'est bien mon écriture.

12 Question: Je voudrais que vous utilisiez le pointeur et que vous nous

13 montriez la personne que vous reconnaissez et qui porte le surnom de

14 "Cela".

15 (Le témoin s'exécute.)

16 Puis Vojslav Seselj?

17 (Le témoin s'exécute.)

18 Et "Srafciger", "le tournevis"?

19 (Le témoin s'exécute.)

20 Merci. Est-ce que vous êtes au courant de l'existence d'une organisation

21 paramilitaire qui s'appellerait "Zute Ose", en traduction "Guêpes jaunes"?

22 Réponse: Oui.

23 Question: Connaîtriez-vous le chef de ce groupe de "Guêpes jaunes"?

24 Réponse: Oui.

25 Question: Dites-nous son nom?

Page 11666

1 Réponse: Vuckovic, Vojin Vuckovic.

2 Question: Dans quel secteur de l'ex-Yougoslavie l'avez-vous connu?

3 Réponse: Pour ce qui est de "Cela", je l'ai connu à Zvornik. Ou plutôt je

4 l'ai connu en Bosnie.

5 Question: Au compte rendu d'audience, il est précisé que vous avez dit

6 "Cela" et moi, je vous avais posé la question de Vojin Vuckovic et de

7 savoir où vous l'avez connu, lui?

8 Réponse: Ah, oui! Vojin Vuckovic, je l'ai connu et j'ai notamment prêté

9 attention à sa personne à Belgrade, lors du procès des frères Vuckovic.

10 Question: Pourquoi ce dénommé Vojin Vuckovic y avait-il été jugé?

11 Réponse: Les frères Vuckovic Vojin et Dusan ont été jugés pour la première

12 fois, jugés pour des crimes de guerre.

13 Dusan a été jugé pour des crimes de guerre, Dusan surnommé "Repic", et

14 Vojin pour des délits mineurs.

15 Question: Dans le courant de ce procès, Vojin Vuckovic a-t-il témoigné des

16 relations, des rapports qu'il avait eus avec des officiels en ex-

17 Yougoslavie?

18 Réponse: Je n'ai pas très bien compris votre question.

19 Question: Pendant ce procès, a-t-il témoigné des circonstances ou de ces

20 rapports éventuels avec une organisation ou une institution au sein de

21 l'ex-Yougoslavie?

22 Réponse: Oui, Vojin Vuckovic avait été le commandant des "Guêpes jaunes" à

23 Zvornik.

24 M. Groome (interprétation): Avait-il fait mention de rapports ou a-t-il

25 témoigné au sujet de rapports avec des autorités, des instances

Page 11667

1 officielles au gouvernement?

2 M. Dulovic (interprétation): Oui, il avait été instructeur en arts

3 martiaux au SUP fédéral. C'est ce qu'il m'avait dit d'ailleurs lui-même.

4 M. le Président (interprétation): Nous avons outrepassé l'heure

5 habituelle.

6 M. Groome (interprétation): Oui, je m'excuse, Monsieur le Président.

7 M. le Président (interprétation): Monsieur Dulovic, nous allons maintenant

8 faire une petite pause de 20 minutes. Je vous prie de ne pas perdre de

9 vue, à présent et à l'occasion des pauses ultérieures, qu'il ne faut vous

10 entretenir avec personne concernant votre témoignage jusqu'à sa fin, et

11 cela inclut les membres du Bureau du Procureur.

12 Nous allons prendre une pause de 20 minutes.

13 (L'audience, suspendue à 10 heures 32, est reprise à 10 heures 55.)

14 M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Groome, vous avez la

15 parole.

16 M. Groome (interprétation): Avant de poursuivre, j'aimerais répondre à ce

17 que demandait le Juge Robinson à propos des devises.

18 Au cours de la pause, tout ce que nous avons réussi à obtenir, ce sont les

19 valeurs actuelles. J'essaierai d'obtenir les valeurs de l'époque afin que

20 vous disposiez d'une certaine fourchette au moment de l'appréciation.

21 Et les interprètes ont corrigé: le témoin n'a pas dit "10", mais "9

22 millions". Donc, si l'on convertit 9 millions de dinars yougoslaves, ça

23 donne 146.570 dollars américains ou encore 149.322 euros, ou encore

24 292.048 marks allemands.

25 Monsieur Dulovic, avant de poursuivre, j'aimerais vous poser quelques

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1 questions à propos de ce que vous avez déclaré avant la pause.

2 Il y a eu un procès intenté contre "Arkan". Pourriez-vous nous dire, de

3 façon approximative, à quelle date ce procès a eu lieu?

4 M. Dulovic (interprétation): Dans les années 80.

5 Question: Puis, un procès a été intenté contre les frères Vuckovic; vous

6 en avez parlé. A quel moment ce procès-là a-t-il eu lieu?

7 Réponse: En 1996.

8 Question: Connaissez-vous un groupe paramilitaire qui s'appelait "Dusan

9 Silni"?

10 Réponse: J'ai entendu parler de ce groupe, mais je ne saurais pas vous

11 donner de détails.

12 Question: Est-ce qu'il vous est arrivé de voir, vous, personnellement,

13 dans le travail que vous faisiez à Vukovar ou en Bosnie, des membres de ce

14 groupe?

15 Réponse: Peut-être en ai-je vu, mais je n'ai pas eu l'occasion

16 d'identifier ces membres. En fait, je ne sais pas.

17 Question: Une question concernant deux individus; et je vous demanderai de

18 parler d'eux. D'abord, il y a une femme répondant au nom de Dragica?

19 Réponse: S'agissant de Dragica, je l'ai vue pour la première fois à

20 Vukovar. Elle faisait partie d'une unité de la Défense territoriale

21 conduite ou commandée par Stanko Vujanovic.

22 Question: Pourriez-vous nous donner une idée de l'âge qu'avait cette dame

23 à l'époque et d'où elle était originaire?

24 Réponse: D'après ce qu'elle m'a raconté, elle avait 30 et quelques, 32, 33

25 ans, et elle était originaire de Novi Sad.

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1 Question: Nous parlons là de Novi Sad en Serbie?

2 Réponse: Oui.

3 Question: Est-ce que qu'on la connaissait également, cette dame, sous un

4 autre nom?

5 Réponse: Non.

6 Question: Au cours de l'été et de l'automne 1991, pendant que vous

7 travailliez à Vukovar, est-ce que vous avez vu un homme à propos duquel

8 vous aviez couvert le procès; vous aviez relaté son procès à Belgrade?

9 Réponse: Oui, mais je ne l'ai pas vu.

10 Question: Vous ne l'avez pas vu à Vukovar ou vous n'avez pas relaté ce qui

11 s'était passé au cours de son procès?

12 Réponse: Non, j'ai suivi son procès.

13 Question: Et plus tard, l'avez-vous vu dans la zone de Vukovar?

14 Réponse: Oui. Non. Non, non, pas à Vukovar; plus tard, lorsqu'il y a eu

15 son procès.

16 Question: Avez-vous eu l'occasion de le voir en dehors d'un prétoire et

17 alors qu'il était en possession d'armes?

18 Réponse: Non.

19 Question: Connaissez-vous le concept de "vojna linija"?

20 Réponse: J'ai entendu parler de ce concept, mais de là à vous fournir des

21 détails là-dessus, je ne saurais le faire.

22 Question: Mais avant de parler de ce que vous savez, pourriez-vous nous

23 dire sur quoi vous vous êtes fondé pour établir ces éléments?

24 Réponse: J'en ai entendu parler de la bouche de personnes que je supposais

25 être au courant; donc j'en ai entendu parler au cours d'entretiens que

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1 j'ai eus avec certaines personnes.

2 Question: Et vous êtes-vous dit que ces personnes étaient au courant du

3 fait des fonctions qu'elles exerçaient?

4 Réponse: Oui.

5 Question: Pourriez-vous dire aux Juges quelles étaient ces fonctions,

6 fonctions des personnes qui vous ont parlé de ce concept de la "vojna

7 linija"?

8 Réponse: Ça se situe au sommet de l'armée de Yougoslavie.

9 Question: Pourriez-vous nous dire en quelques mots en quoi consiste ce

10 concept de la "vojna linija"?

11 Réponse: D'après ce que j'ai pu apprendre, dans la police il y avait un

12 certain nombre de personnes qui avaient fait des études à l'académie

13 militaire de l'armée de terre, puis revenaient dans les rangs de la police

14 avec les connaissances acquises là-bas. C'est du moins ce que l'on m'a

15 dit, à moi.

16 Question: Ce concept, enfin ce qu'on appelle la "vojna linija", savez-vous

17 si ce concept a été établi avant, pendant ou après le conflit?

18 Réponse: Avant le conflit, déjà.

19 Question: Est-ce que, dans le cadre de votre travail, vous avez été en

20 mesure d'interviewer des personnes dont vous pensiez qu'elles étaient des

21 membres de ce groupe?

22 Réponse: Ce n'était pas une interview officielle pour le journal;

23 c'étaient des entretiens avec ces gens-là.

24 Question: Est-ce que l'une quelconque des personnes à qui vous avez parlé

25 s'est présentée comme étant membre de la "vojna linija" ou l'a reconnue?

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1 Réponse: Non, c'était une organisation plutôt fluide, d'après ce qu'il m'a

2 été donné d'apprendre. Il n'a jamais été question d'elle publiquement, il

3 n'y a pas eu d'information à son sujet qui aurait été rendue public.

4 Question: Est-il vrai que vous vous concentriez sur certains événements

5 dont vous avez été le témoin oculaire. D'abord, parlons de l'été et de

6 l'automne 1991, si vous le voulez? Est-ce qu'à ce moment-là vous étiez en

7 déplacement en Croatie, et plus précisément du côté de Vukovar en tant que

8 journaliste?

9 Réponse: Oui.

10 Question: Est-ce qu'à un moment donné, toujours au cours de cette période,

11 vous avez vu qu'il y avait un renforcement des effectifs, des troupes en

12 Croatie?

13 Réponse: Oui, c'est exact, dans les environs de Vukovar et des deux côtés

14 de Vukovar, du côté de Borovo Selo et de Negoslavci.

15 Question: Vous parlez de renforcement des effectifs de part et d'autre?

16 Vous vouliez parler: de part et d'autre du lieu géographique, ou de part

17 et d'autre s'agissant des parties au conflit?

18 Réponse: Non, j'ai parlé de l'aspect géographique, des deux côtés de

19 Vukovar.

20 Question: De façon générale, ces forces, ces effectifs que vous avez été

21 en mesure de reconnaître, pourriez-vous nous dire d'où elles venaient,

22 quelles étaient leur identité de façon générale?

23 Réponse: A l'occasion d'entretiens avec Enes Taso, c'est lui qui m'avait

24 dit quelles étaient les unités qui avaient pris part aux opérations de

25 Vukovar.

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1 Question: Vous dites Enez Taso. Vous voulez parler du colonel Taso de

2 l'armée yougoslave?

3 Réponse: Oui, c'était le commandant de cette unité de blindés motorisés

4 originaires de Pancevo.

5 Question: Le colonel Taso, que vous a-t-il dit? Quelles étaient, d'après

6 lui, les unités de l'armée yougoslave qui se trouvaient dans l'armée

7 yougoslave de Vukovar?

8 Réponse: Il y avait la 1ère Brigade motorisée de la garde, puis le Corps

9 d'armée de Novi Sad, une unité de blindés sous le commandement du colonel

10 Borisa Doknic, originaire de Pozarevac, et Enes Taso, originaire de

11 Pancevo.

12 Question: Vous avez été en mesure de voir à ce moment-là des troupes de

13 l'armée yougoslave. Est-ce que vous avez pu déterminer si la composition

14 ethnique de l'armée reflétait la composition ethnique de la Yougoslavie?

15 Réponse: Oui.

16 Question: D'après ce que vous avez pu observer, s'agissant des troupes de

17 l'armée yougoslave présente sur les terrains, est-ce que vous avez

18 déterminé si la structure de commandement de ces unités semblait

19 fonctionner normalement?

20 Réponse: Oui.

21 Question: Est-ce que vous avez des réservistes de l'armée yougoslave?

22 Réponse: Oui.

23 Question: Est-ce que vous vous êtes forgé une opinion en ce qui concerne

24 le fonctionnement de leur voie hiérarchique, de leurs structures de

25 fonctionnement? Est-ce que celles-ci semblaient fonctionner normalement?

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1 Réponse: Oui.

2 Question: Avez vous eu également l'occasion de voir des membres de la

3 Défense territoriale dans le cadre de ce renforcement des effectifs dans

4 la région?

5 Réponse: Oui.

6 Question: Avez-vous pu déterminer quelle était la composition des membres

7 de la Défense territoriale? Est-ce qu'il y avait dans ces rangs que des

8 gens de l'endroit, de la région, ou est-ce qu'il y avait des gens qui

9 venaient de l'extérieur de Vukovar et de la région?

10 Réponse: Oui, il était difficile de distinguer les uns des autres parce

11 qu'ils étaient en civil essentiellement, c'étaient des volontaires qui

12 arrivaient en masse en traversant le Danube vers Vukovar et les localités

13 environnantes. Et ce n'est qu'à l'occasion des entretiens qu'on avait pu

14 apprendre qui avaient été des volontaires et lesquels avaient été des

15 membres de la Défense territoriale.

16 Question: Est-ce que vous vous êtes fait une idée, est-ce que vous vous

17 êtes dit si, à cette époque-là, la structure de commandement de la Défense

18 territoriale fonctionnait normalement?

19 Réponse: Ces commandants-là de la Défense territoriale dans certaines

20 localités, par exemple à Borovo pour la 1ère Compagnie, il y avait Stanko

21 Vujanovic qui avait été chauffeur de taxi. Dans les autres villages

22 environnants, il y avait des commandants qui étaient des gens qui

23 n'étaient pas connus des gens de la localité même.

24 Question: Avez-vous pu établir d'où étaient venus ces commandants

25 inconnus?

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1 Réponse: J'avais posé la question aux gens de ces localités pour demander

2 qui étaient ces hommes et, discrètement, ils me disaient qu'il s'agissait

3 des gens de Belgrade. Pour eux, c'étaient tous des gens de Belgrade, des

4 policiers, des hommes de la sécurité d'Etat.

5 Question: Pourriez-vous nous donner une idée approximative du nombre de

6 personnes qui, d'après ce que vous avez appris, venaient de la sécurité

7 d'Etat de Belgrade? Combien, d'après vous, y avait-il de personnes de ce

8 genre qui travaillaient dans la Défense territoriale?

9 Réponse: Ils avaient dirigé les défenses territoriales, ils avaient

10 commandé les gens qui n'avaient pas de formation. Maintenant, s'agissant

11 des localités autour de Vukovar, il y en avait à plusieurs endroits:

12 Trpinja, Carvas. A Carvas, il y avait le commandant Cvetkovic qui était le

13 commandant de la Défense territoriale. A Bobota, il y avait un policier et

14 dans certaines autres agglomérations aussi.

15 Question: Parlons, si vous le voulez bien, du mois de juillet ou du mois

16 d'août 1991. A ce moment-là, vous trouviez-vous à proximité d'une prison?

17 Est-ce que vous avez eu une conversation avec un garde à la prison même?

18 Réponse: Oui, à Borovo Selo.

19 Question: Est-ce que vous avez discuté avec ce garde ou est-ce que vous

20 lui avez demandé combien de prisonniers il avait dans sa prison?

21 Réponse: Oui.

22 Question: Que vous a-t-il dit?

23 Réponse: Il m'a dit: "Une centaine".

24 Question: Avez-vous pu déterminer l'appartenance ethnique de ces

25 prisonniers?

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1 Réponse: Je n'ai pas pu les voir. C'était une espèce de grande pièce qui

2 ressemblait à un garage. Il y avait un grand portail métallique et je ne

3 pouvais pas voir au travers pour constater leur nombre.

4 Question: Est-ce qu'à un moment donné, le garde a frappé à la porte de la

5 prison?

6 Réponse: Oui.

7 Question: Que s'est-il passé?

8 Réponse: Lorsqu'il a frappé une fois, ils ont commencé à chanter d'une

9 voix tremblotante. On voyait bien qu'ils chantaient parce qu'ils étaient

10 obligés de chanter les paroles de la chanson "Qui dit qui ment que la

11 Serbie n'est pas grande". Et quand il frappait deux fois contre la porte,

12 ils se mettaient à chanter: "Oj! Vojvodo Sindzelicu", "Oh! Voïvodat

13 Sindzelic", en traduction. C'était une situation pénible.

14 Question: Est-ce qu'environ 10 ou 15 jours plus tard, vous êtes retourné à

15 cette prison?

16 Réponse: Oui, je suis passé à côté de cette prison et j'ai demandé à

17 savoir combien ils étaient. On m'a dit: "Un ou deux". En répondant à ma

18 question de savoir où étaient les autres, il a fait un signe de la main

19 qui signifiait qu'ils avaient été abattus.

20 Question: Pourriez-vous faire ce geste qu'a fait à l'époque ce garde?

21 Réponse: Il était debout, il avait un fusil automatique, une kalachnikov,

22 et il avait fait un aller-retour des bras comme lorsqu'on fusille pour

23 indiquer qu'on avait tiré une rafale.

24 (Le témoin exécute le geste.)

25 Question: Aux fins du compte rendu d'audience, vous avez tenu les deux

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1 mains devant vous et vous les avez déplacées de gauche à droite.

2 Réponse: Avec un fusil à la main.

3 Question: Vous nous avez parlé de ce renforcement des effectifs. Est-ce

4 qu'à un moment donné, vous avez vu des personnes à cet endroit, que vous

5 avez reconnues comme étant des membres d'un groupe paramilitaire précis?

6 Réponse: Non, seulement des gens d'"Arkan".

7 Question: Est-ce qu'il vous est arrivé de voir l'homme que vous avez

8 appelé "Kameni"? Est-ce que vous l'avez vu dans la région de Vukovar?

9 Réponse: Oui, dans la rue Nova, Ulica Nova. C'était son groupe; il y avait

10 là des hommes à Seselj et ça se trouvait juste ou presque juste à côté de

11 la maison de Stanko Vujanovic.

12 Question: Est-ce que vous avez eu une conversation avec le colonel de

13 l'armée yougoslave répondant au nom de Taso et est-ce que vous lui avez

14 demandé s'il avait participé à des opérations avec "Arkan"?

15 Réponse: Oui.

16 Question: Que vous a-t-il dit?

17 Réponse: Il m'a dit qu'à une occasion, on avait prêté un char pour qu'on

18 puisse prendre "Arkan" en photo et que ce char avait été chez "Arkan" à un

19 moment donné des opérations.

20 Question: Mis à part ce prêt d'un char, est-ce qu'il a parlé du fait qu'il

21 avait, en fait, coopéré, collaboré avec "Arkan" dans le cadre d'une

22 opération précise?

23 Réponse: J'avais l'impression qu'il n'aimait pas trop…, qu'il ne pouvait

24 pas supporter "Arkan", mais qu'il trouvait que c'était un bon combattant

25 parce qu'ils avaient participé aux opérations dans le cadre de

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1 l'infanterie, lorsque les chars allaient de l'avant.

2 Question: Pourriez-vous, à l'intention des Juges, décrire ou qualifier le

3 comportement et la conduite de ces groupes paramilitaires à Vukovar et

4 dans les environs?

5 Réponse: Ces gens-là étaient plus ou moins souls. Il était évident que

6 l'une des tâches qui était la leur se réduisait au pillage et, comme ils

7 ne se conformaient pas aux ordres, on avait l'impression qu'ils faisaient

8 la guerre sans qu'il y ait un commandement. C'étaient, pour l'essentiel,

9 des volontaires ainsi que des groupes armés non identifiés, mais tous

10 armés. C'était une couche de gens pour laquelle je dirais que c'étaient

11 des gens qui s'étaient lancés dans cette prétendue guerre pour des

12 avantages matériels, pour piller. C'était des gens où l'on voyait un

13 laisser-aller et un primitivisme très prononcés.

14 Question: Dans le temps que vous avez passé dans la zone de Vukovar, est-

15 ce que vous vous êtes senti en sécurité, vous, en tant que Serbe, si vous

16 sortiez le soir?

17 Réponse: Ce n'était pas chose recommandable; avec la tombée de la nuit,

18 c'était risqué de sortir parce qu'on tirait sans raison, on tirait de

19 façon désordonnée, les gens étaient souls et c'était très risqué que de

20 sortir. Pas parce que vous risquiez d'être tué intentionnellement, mais

21 vous risquiez d'être tué par des tirs qui n'avaient aucune finalité, sinon

22 celle d'égayer certaines personnes. Et je me réfère là à la rue Nova, "rue

23 neuve"; c'est là que j'ai notamment constaté cela, s'agissant de Vukovar.

24 Question: Au cours de l'été 1991, est-ce que la zone de Borovo Selo a

25 commencé à revêtir une importance stratégique considérable pour les

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1 Serbes?

2 Réponse: Oui. Cela pouvait être constaté de par l'amoncellement d'armes

3 qui s'y faisait.

4 Question: Savez-vous pourquoi cet endroit était important sur le plan

5 stratégique?

6 Réponse: Eh bien, comme je vous l'ai déjà dit, parce qu'il s'agit là d'une

7 banlieue de Vukovar, le Danube se trouvait tout près, on pouvait

8 facilement transporter tout ce qu'il fallait en provenance de Serbie pour

9 Vukovar. Je ne sais pas si, au-delà de Vukovar, il y avait une ligne

10 quelconque, mais la route allant de là conduisait plus loin vers Osijek;

11 c'est l'axe Vukovar/Osijek, ce dernier étant sous autorité croate.

12 Question: Pendant le temps que vous avez passé à Borovo Selo, est-ce que

13 vous avez assisté de façon régulière à des conférences de presse?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Qui, en règle générale, tenait ces conférences de presse?

16 Réponse: Les conférences de presse avaient lieu au bâtiment de la Radio

17 Vukovar ou plutôt Radio Borovo Selo. Et à côté, il y avait les bureaux de

18 Radovan Stojicic "Badza", c'est de là que provenaient les informations et

19 c'est partant de là quelles avaient par la suite été communiquées aux

20 conférences de presse dans les locaux de Radio Borovo Selo.

21 Question: Est-ce que là on parle de ce même Radovan Stojicic dont vous

22 avez dit qu'il occupait un poste élevé au sein du MUP de Serbie?

23 Réponse: Oui.

24 Question: Aux vues de l'expérience que vous avez acquise comme journaliste

25 et aussi des observations que vous avez faites autour de Borovo Selo, est-

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1 ce que vous avez pensé que ces briefings étaient des récits fidèles de ce

2 qu'il se passait sur le terrain?

3 Réponse: Non.

4 Question: A votre avis, comment qualifieriez-vous ces observations?

5 Réponse: J'ai vu ce que j'ai vu, et d'après moi, c'était très différent de

6 ce qui était annoncé.

7 Question: J'aimerais maintenant que nous passions à la période qui va de

8 septembre à novembre 1991. Dans cette période, est-ce qu'une maison

9 particulière a commencé à être utilisée comme centre de commandement des

10 actions militaires dans la zone, dans le secteur de Vukovar?

11 Réponse: Oui.

12 Question: Pouvez-vous nous donner l'adresse de cette maison?

13 Réponse: Je crois… D'ailleurs, je ne crois pas, j'en suis sûr: il s'agit

14 de Ulica Nova n°81. Et cette maison appartenait à Vujanovic, à Stanko

15 Vujanovic pour être précis.

16 Question: Pendant cette période, êtes-vous capable de définir la nature

17 des actions militaires dues aux personnes habitants dans la ville de

18 Vukovar? Cette activité militaire de la population majoritairement croate

19 de la ville était-elle de nature défensive ou offensive, si vous le savez?

20 Réponse: Ce que j'ai vu était absolument de nature défensive, car cette

21 population était encerclée de toutes parts à l'intérieur de Vukovar, et

22 lorsque les unités lançaient une attaque, la population se défendait.

23 Quand l'armée et les volontaires attaquaient ensemble, des coups de feu

24 étaient tirés également depuis l'intérieur de la ville de Vukovar, c'est-

25 à-dire le centre de la ville.

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1 Question: Un moment est-il arrivé dans cette période où vous êtes allé

2 dans un village appelé Negoslavci?

3 Réponse: Oui.

4 Question: Pendant votre voyage jusqu'à Negoslavci, avez-vous traversé un

5 certain nombre de villages qui étaient pour certains des villages

6 majoritairement peuplés de Serbes et pour d'autres majoritairement peuplés

7 de Croates?

8 Réponse: Oui.

9 Question: Pouvez-vous décrire à notre intention d'éventuelles différences

10 que vous auriez constatées entre la situation des villages serbes et celle

11 des villages croates?

12 Réponse: Pour se rendre dans ces villages, on emprunte le chemin qui va de

13 Belgrade à Vukovar. Et autour de Negoslavci, on trouve le village de

14 Tovarnik par exemple. Enfin, on traverse un certain nombre de villages, un

15 Croate d'abord, un Serbe ensuite, suivi d'un Croate, suivi d'un Serbe,

16 etc. et la différence était grande entre ces villages.

17 Question: Quelle était exactement la nature de ces différences?

18 Réponse: La différence était surtout marquée au niveau du degré de

19 destruction. Les villages croates étaient considérablement plus détruits

20 que les villages serbes qui n'étaient détruits que partiellement. Et c'est

21 encore le cas aujourd'hui.

22 Question: J'aimerais à présent vous poser quelques questions précises au

23 sujet de cette maison de Ulica Nova au n°81. Et ma première question est

24 la suivante: pouvez-vous nous dire à peu près à quelle fréquence vous vous

25 rendiez dans cette maison si vous vous y êtes rendu?

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1 Réponse: Oui, j'y allais très souvent dans cette maison.

2 Question: Pourriez-vous être un peu plus précis et nous dire à peu près

3 combien de fois par semaine vous vous rendiez dans cette maison?

4 Réponse: Eh bien, il y avait des semaines où j'y allais tous les jours. Et

5 c'est seulement si j'allais téléphoner le contenu d'un article qu'il y

6 avait quelques interruptions.

7 Question: Je vais vous poser quelques questions précises au sujet

8 d'événements précis survenus dans cette maison. Mais, pour le moment, je

9 vous demande de dire aux Juges de cette Chambre quelle était la nature

10 générale des activités qui avaient cours à l'intérieur de cette maison?

11 Réponse: Cette maison abritait le commandement des unités qui opéraient

12 dans le secteur. Le capitaine Radic était souvent dans cette maison; je ne

13 sais pas s'il y dormait. Sljivancanin venait de temps en temps, le

14 capitaine Aleksandar Bojkovski également, et bien d'autres officiers. Et

15 tard dans l'après-midi, ou en début de soirée, se tenaient des réunions

16 dans cette maison, au cours desquelles on planifiait le travail du

17 lendemain. Stanko Vujanovic, commandant du 1er Détachement, participait à

18 ces réunions ainsi que d'autres officiers d'artillerie.

19 Question: J'aimerais appeler votre attention sur la journée du 12 novembre

20 1991 et je vous demande si, ce jour-là, vous avez rencontré le commandant

21 Veselin Sljivancanin?

22 Réponse: Oui, c'est la première fois que je l'ai vu à Negoslavci, ce jour-

23 là.

24 Question: Pouvez-vous décrire dans quelles circonstances vous l'avez vu?

25 Réponse: Ce jour-là, les soldats ont fait sortir du sous-sol 150 habitants

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1 de Vukovar qui étaient dans cette cave renforcée, donc cette cave où ils

2 étaient en sécurité. Ils y étaient depuis le mois d'août et ils s'y

3 étaient abrités en raison du danger, car des obus pleuvaient sur la ville,

4 de toutes parts.

5 Les soldats de la Brigade des gardes, dirigée par Veselin Sljivancanin,

6 les ont fait sortir de cette cave pour les emmener dans les locaux de

7 "Velepromet", qui était une entreprise dont l'activité avait cessé, bien

8 entendu, à cette époque, et qui disposait de locaux très vastes ainsi que

9 d'une cour bétonnée.

10 Question: Est-il arrivé, plus tard dans cette même journée, un moment où

11 vous avez vu à nouveau le commandant Veselin Sljivancanin dans cette

12 maison du 81 de la rue Nova?

13 Réponse: Oui.

14 Question: Je vous demande de faire appel à vos souvenirs pour nous dire si

15 vous vous rappelez qui d'autre était présent, à ce moment-là, dans la

16 maison?

17 Réponse: Tous ceux dont j'ai parlé tout à l'heure, c'est-à-dire le

18 capitaine Radic, le capitaine Sasa Bojkovski; et d'autres étaient présents

19 dont je ne me rappelle pas les noms. Stanko Vujanovic était présent, bien

20 sûr.

21 Question: Les hommes dont vous avez donné les noms jusqu'à présent

22 appartiennent soit à la Défense territoriale, soit à l'armée yougoslave. Y

23 avait-il des volontaires ou des paramilitaires présents à cette réunion

24 également, notamment certains dont vous avez déjà donné les noms au cours

25 de votre déposition?

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1 Réponse: Les paramilitaires n'étaient pas présents à cette réunion.

2 Question: Un moment est-il arrivé où une personne qui se trouvait à

3 l'intérieur de la maison vous a fait sortir de la maison pour vous montrer

4 les cadavres de six membres de la Garde nationale croate?

5 Réponse: Oui, c'était le capitaine Sasa Bojkovski qui m'y a emmené. Il m'a

6 emmené dans la rue des Pionniers, à Vukovar, Pionirska Ulica, et il m'a

7 emmené dans les locaux de l'école maternelle où j'ai vu les cadavres de

8 six hommes sans armes. Ce qui était un petit peu étonnant, c'est qu'ils

9 avaient le crâne éclaté, comme s'il y avait eu une explosion. Par

10 ailleurs, j'ai eu le sentiment qu'ils se trouvaient là depuis deux ou

11 trois jours au moins.

12 Question: Le crâne de chacun de ces six hommes était éclaté de la même

13 façon "étonnante", comme vous l'avez dit?

14 Réponse: Oui. Pour moi, c'est quelque chose qui reste obscur.

15 Question: Vous avez dit que ces hommes ne portaient pas d'armes. Mais l'un

16 ou l'autre de ces hommes portait-il néanmoins un uniforme militaire?

17 Réponse: Il y en avait un qui avait un pull à col roulé, des jeans. Et il

18 y en avait un seul qui portait une chemise militaire d'hiver, une chemise

19 chaude, mais pas le pantalon; uniquement la chemise de l'armée et c'était

20 une chemise d'hiver. Quant aux autres, ils étaient tous en vêtements

21 civils.

22 Question: Une fois que vous êtes allé dans ce bâtiment que vous avez

23 décrit comme étant l'école maternelle, êtes-vous retourné à la maison du

24 81 de la rue Nova?

25 Réponse: Oui. Oui.

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1 Question: Pouvez-vous nous dire, approximativement, à quelle heure vous

2 êtes revenu dans cette maison du 81 de la rue Nova?

3 Réponse: Si je me souviens bien, c'était dans l'après-midi, aux environs

4 de 4 heures de l'après-midi.

5 Question: Un moment est-il arrivé où l'homme que vous avez décrit comme

6 étant Vojislav Seselj est arrivé dans cette maison?

7 Réponse: Oui. Le docteur Seselj est arrivé.

8 Question: Pouvez-vous nous dire approximativement à quelle heure il est

9 arrivé dans cette maison?

10 Réponse: Aux environs de 6 heures de l'après-midi, peut-être 6 heures 30.

11 Question: Est-il venu seul ou était-il accompagné?

12 Réponse: Il est arrivé avec sa suite, son escorte d'hommes armés.

13 Question: Combien d'hommes, à peu près, constituaient son escorte?

14 Réponse: J'étais moi-même à l'intérieur et, lorsqu'il a pénétré dans la

15 maison, il était accompagné d'un seul homme. Mais je n'ai pas pu voir

16 combien d'hommes à lui sont restés à l'extérieur. Ses hommes étaient dans

17 le bâtiment voisin. Je parle de Kameni et des hommes de l'Unité de Seselj.

18 Question: A ce moment-là combien d'hommes composaient, combien d'hommes

19 étaient avec Kameni?

20 Réponse: Je ne l'ai pas vu parce que j'étais à l'intérieur de la maison.

21 Je ne sais pas combien d'hommes constituaient son unité, car je ne les ai

22 jamais vus tous ensemble, mais je suppose que son unité comptait entre 20

23 et 30 hommes.

24 Question: Pouvez-vous nous dire ce qui s'est passé une fois que M. Seselj

25 a pénétré dans le bâtiment, dans la maison?

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1 Réponse: Lui, ainsi que les autres officiers -Radic, Bojkovski, Stanko

2 Vujanovic et d'autres officiers d'artillerie- ont pénétré dans la plus

3 grande pièce de la maison. Une réunion s'est tenue dans cette pièce.

4 Question: Où vous trouviez-vous pendant que se tenait cette réunion?

5 Réponse: La table était immédiatement à côté de la porte et j'étais assis

6 à cette table qui se trouvait juste à côté de la porte de cette pièce. La

7 porte était entrebâillée, donc on pouvait entendre tout ce qui se passait

8 à l'extérieur.

9 Question: Avez-vous pu entendre M. Seselj lorsqu'il s'est exprimé à cette

10 réunion?

11 Réponse: De la façon la plus claire qui soit.

12 Question: Avez-vous pu identifier cette voix que vous avez entendue de la

13 façon la plus claire qui soit comme étant effectivement celle de M.

14 Seselj?

15 Réponse: Absolument.

16 Question: Au moment où vous écoutiez les propos tenus par M. Seselj, avez-

17 vous pu mémoriser les mots qu'il a prononcés?

18 Réponse: Oui. Oui, je m'en souviens encore aujourd'hui.

19 Question: De quelle façon avez-vous mémorisé ces mots?

20 Réponse: Je les ai encore annotés dans mes notes et je peux donc redire

21 mot pour mot certaines des phrases prononcées par M. Seselj ce jour-là.

22 Question: Donc pendant que vous écoutiez M. Seselj, vous annotiez ce que

23 vous entendiez dans un calepin. C'est bien ça?

24 Réponse: Oui.

25 Question: L'original de ce calepin se trouve-t-il ici même à La Haye?

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1 Réponse: Oui.

2 Question: Vous avez fait une déclaration devant des responsables du Bureau

3 du Procureur de ce Tribunal, n'est-ce pas?

4 Réponse: Oui.

5 Question: Au moment où vous avez fait cette déclaration, avez-vous

6 transféré mot pour mot certaines des notes figurant dans votre calepin

7 dans le texte de votre déclaration écrite?

8 Réponse: Je ne vous ai pas bien compris.

9 Question: A l'occasion du recueil par des membres du Bureau du Procureur

10 de cette déclaration que vous avez faite, certaines des notes que vous

11 avez prises dans votre calepin au moment où vous écoutiez la conversation

12 qui se déroulait dans cette pièce ont-elles été reproduites dans le texte

13 de votre déclaration au Bureau du Procureur?

14 Réponse: Oui.

15 M. Groome (interprétation): Monsieur le Président, je demanderai au témoin

16 de pouvoir consulter sa déclaration écrite plutôt que de faire appel à sa

17 mémoire pour nous décrire le contenu de la conversation dont nous sommes

18 en train de parler.

19 M. le Président (interprétation): Tout à fait, mais l'original, c'est ce

20 calepin. Est-ce que le calepin se trouve ici?

21 M. Groome (interprétation): Monsieur le Témoin, avez-vous votre calepin

22 dans ce prétoire, ici, aujourd'hui?

23 M. Dulovic (interprétation): Oui.

24 Question: Pouvez-vous retrouver le passage?

25 Réponse: Non, mais je sais par coeur ce qui se trouve dans la déclaration

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1 écrite. Je peux vous dire exactement ce qu'il a dit.

2 M. Groome (interprétation): Je vous demanderais de nous dire… Non, je

3 retire ma question. Pouvez-vous nous dire où se trouve votre calepin à ce

4 moment même?

5 M. Dulovic (interprétation): A l'hôtel. Ou peut-être même dans la poche de

6 ma veste ici…. Oui, oui, il est ici dans la poche de ma veste, dans la

7 pièce réservée aux témoins, ici dans les locaux du Tribunal.

8 M. le Président (interprétation): Si le témoin peut se souvenir, demandez-

9 lui de nous faire part de ses souvenirs.

10 M. Groome (interprétation): Monsieur le Témoin, pouvez-vous nous dire, en

11 vous fondant sur vos souvenirs, quelle note vous avez prise s'agissant des

12 propos tenus par M. Seselj?

13 M. Dulovic (interprétation): Monsieur Seselj a dit, mot pour mot, ce qui

14 suit: "Nous sommes tous une seule et même armée. Cette guerre actuelle est

15 un examen très important pour les Serbes. Ceux qui réussiront l'examen

16 auront emporté la victoire. Les déserteurs ne doivent pas rester impunis,

17 pas un seul Oustachi de Vukovar ne doit sortir vivant de la ville.

18 Nous avons admis le concept d'une armée fédérale, il n'y a donc pas le

19 moindre fondement légal à l'ingérence de forces étrangères dans notre

20 conflit. L'armée lutte contre des Croates rebelles et elle a démontré

21 qu'elle était capable de faire le nettoyage dans ses rangs. Nous avons un

22 commandement militaire unifié composé de spécialistes qui savent ce qu'ils

23 font."

24 Question: Monsieur Dulovic, si la Chambre vous le demandait, pourriez-vous

25 lui remettre votre calepin?

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1 Réponse: Absolument.

2 Question: L'une des phrases que vous avez consignées par écrit consiste à

3 dire que l'armée est capable de faire le nettoyage dans ses rangs. Pouvez-

4 vous, je vous prie, nous expliquer quel sens vous avez tiré de cette

5 phrase?

6 Réponse: J'ai compris cette phrase comme signifiant… ou plutôt j'ai tiré

7 la conclusion à l'audition de cette phrase que l'armée pouvait devenir

8 exclusivement serbe, c'est-à-dire se composait que de soldats de

9 nationalité serbe.

10 Question: J'aimerais maintenant attirer votre attention sur une date qui

11 se situe une semaine plus tard à peu près, c'est-à-dire le 20 novembre

12 1991. Ce jour-là, vous-même et d'autres journalistes ont-ils été emmenés à

13 l'hôpital de Vukovar?

14 Réponse: Oui, c'est "Stuka", c'est-à-dire Petkovic qui m'a emmené jusqu'à

15 l'hôpital car je ne connaissais pas le quartier.

16 Question: Et ce Petkovic dit "Stuka" était-il membre de l'armée

17 yougoslave?

18 Réponse: Oui, nous avons déjà parlé de cela.

19 Question: Qui d'autres? Excusez-moi: je retire ma question. Au moment où

20 on vous a emmené jusqu'à l'hôpital aviez-vous entendu des rumeurs

21 relatives à des Croates qui auraient été tués?

22 Réponse: Oui, j'avais entendu de telles rumeurs, mais je ne suis pas entré

23 dans l'hôpital, je n'ai pas pu y pénétrer, je suis resté à l'extérieur

24 comme les autres journalistes.

25 Question: Pouvez-vous nous dire ce que vous avez vu à l'extérieur de

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1 l'hôpital ce jour-là?

2 Réponse: J'ai vu Veselin Sljivancanin, quelques officiers de l'armée

3 régulière, des soldats de l'armée régulière également, et un représentant

4 de la Croix-Rouge internationale, sans doute un médecin qui discutait avec

5 le commandant Sljivancanin par le truchement d'un interprète ou d'une

6 interprète.

7 M. Groome (interprétation): Monsieur le Président, j'aimerais que l'on

8 soumette au témoin une séquence vidéo dans le classeur qui constitue la

9 pièce à conviction 342 de l'accusation. Vous trouverez cette vidéo à

10 l'intercalaire 10. J'ai entre les mains l'intégralité de cette cassette

11 vidéo et la régie sait quelle est la séquence dont je souhaiterais la

12 diffusion pour que le témoin puisse voir ces images. Donc la cassette est

13 prête à être diffusée. C'est un extrait qui ne dure que deux minutes et

14 l'accusation aimerait verser au dossier l'intégralité de la cassette, mais

15 ne sera diffusée qu'une séquence de deux minutes.

16 M. le Président (interprétation): Oui. Que ce soit fait.

17 M. Groome (interprétation): Monsieur Dulovic, je vous demanderai de

18 regarder les images qui apparaîtront sur l'écran que vous avez devant

19 vous. Nous allons donc demander la diffusion de cette séquence et ensuite,

20 je vous interrogerai à ce sujet.

21 La régie? Quand vous êtes prêt…

22 (Diffusion et interprétation de la vidéo.)

23 "Nous sommes tous près de l'hôpital de Vukovar.

24 -Nikola Borsinger: Non, j'étais….

25 -Le commandant Veselin Sljivancanin: Quel est le problème?

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1 -M. Borsinger: J'ai été habitué à une meilleure collaboration avec la JNA

2 que celle que je constate aujourd'hui.

3 -M. Sljivancanin: Traduis-moi. Par rapport à aujourd'hui? Mais de quoi

4 est-il question?

5 -M. Borsinger: Le colonel connaît tous les problèmes.

6 -M. Sljivancanin: Mais il n'y a aucun problème. C'est seulement…

7 -M. Borsinger: C'est le colonel.

8 -M. Sljivancanin: Je sais seulement que certains civils…

9 -Le colonel de la JNA: Quel est le problème? Décrivez le problème, je vous

10 prie. Précisez le problème.

11 -M. Borsinger: Le problème, c'est… Ecoutez, je vois des soldats qui

12 circulent dans les rues, je vois des camions qui circulent. Regardez,

13 regardez. Regardez ici et là!

14 -M. Sljivancanin: Eh bien, c'est moi qui ai ouvert le pont à la

15 circulation…

16 -Le colonel de la JNA: Ce pont n'était pas ouvert à la circulation.

17 -M. Sljivancanin: … parce que j'ai entendu qu'on tirait, là-bas. Vous avez

18 entendu, Monsieur?

19 -M. Borsinger: Mes collègues sont venus ici.

20 -M. Sljivancanin: Si ça vous intéresse, Monsieur, et la seule chose qui

21 vous intéresse, ce sont les gens qui se trouvaient dans la cave et dont la

22 sécurité était assurée par mes hommes, mes soldats, eh bien, tout ça,

23 c'est réglé. Si cela ne vous intéresse pas de savoir que mes jeunes

24 soldats de 18 ans à peine, 19-20 ans meurent, alors vous n'êtes pas le

25 bienvenu ici. Et, Monsieur, mes soldats ont été tués ici ce soir.

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1 Monsieur, c'est une guerre qui est en cours ici.

2 -M. Borsinger: Je sais.

3 -M. Sljivancanin: Et nous essayons d'assurer votre sécurité à tous autant

4 que possible, de préserver la paix alors que vous venez ici me parler de

5 problème. Si vous n'appréciez pas ce qui se passe ici, vous avez toute

6 liberté de retourner chez vous et d'aller là où vous voulez. Cela me gêne

7 de voir que vous me traitez de cette façon. Tout ce que vous m'avez

8 demandé, je vous l'ai donné.".

9 (Fin de la diffusion de la vidéo.)

10 Je demande l'arrêt de la diffusion de la séquence.

11 Monsieur Dulovic, pouvez-vous nous dire qui est l'homme que l'on voit en

12 uniforme militaire, sur ces images, avec une moustache?

13 M. Dulovic (interprétation): Veselin Sljivancanin.

14 Question: Etiez-vous présent lorsque cette scène s'est déroulée, celle que

15 nous venons de voir sur les images de cette cassette?

16 Réponse: Oui, j'étais présent; j'étais présent à l'entrée de l'hôpital

17 lorsque Veselin Sljivancanin et cet autre homme, le représentant de la

18 Croix-Rouge internationale, ont parlé l'un avec l'autre. Ils ont parlé en

19 utilisant le ton que l'on entend sur la cassette, le même ton bien sûr.

20 Question: Les images de la vidéo rendent-elles bien compte des événements

21 dont vous vous souvenez?

22 Réponse: Absolument. Oui, absolument, c'est tout à fait authentique.

23 Question: Sur la vidéo, il y a un homme qui porte une blouse blanche; qui

24 est-il?

25 Réponse: C'est le représentant de la Croix-Rouge internationale, un

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1 médecin. Je pense que c'était un Français.

2 Question: A-t-il reçu l'autorisation de pénétrer dans l'hôpital?

3 Réponse: Non.

4 Question: Quand vous étiez sur les lieux, avez-vous vu la moindre

5 indication de combats qui se seraient déroulés à ce moment-là?

6 Réponse: Non, pas dans le voisinage, pas du tout. Parce que "Stuka" et

7 moi-même sommes arrivés sans l'ombre d'un problème.

8 Question: Le médecin de la Croix-Rouge internationale a parlé de camions.

9 Avez-vous vu des camions dans le secteur de l'hôpital?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Etaient-ce des camions de l'armée yougoslave?

12 Réponse: Il n'y en avait pas d'autres. Oui, c'étaient des camions de

13 l'armée yougoslave.

14 Question: Pouvez-vous nous décrire ce que vous avez vu que faisaient ces

15 camions?

16 Réponse: J'ai constaté, j'ai vu que des soldats et des paramilitaires

17 escortaient ces camions dans lesquels se trouvaient exclusivement des

18 personnes qui étaient sorties de l'hôpital.

19 Question: Vous avez observé cela pendant quelle période?

20 Réponse: Pas longtemps. Pendant quelques minutes, peut-être.

21 Question: Pouvez-vous nous dire quel était le nombre approximatif des

22 personnes ne portant pas d'uniforme que vous avez vues à bord des camions,

23 pendant la durée de l'observation que vous avez faite de ces camions?

24 Réponse: Eh bien, au fur et à mesure qu'ils sortaient de l'hôpital, c'est

25 par groupes qu'on les emmenait vers les camions, ce qui fait que je ne

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1 suis pas en mesure de vous dire combien ils étaient. Je ne puis être

2 approximatif non plus. Mais en tout état de cause, ils étaient assez

3 nombreux.

4 Question: Après vous être trouvé à l'hôpital de Vukovar, est-ce que vous

5 êtes retourné, à un moment donné, à la Ulica Nova n°81?

6 Réponse: Oui, oui.

7 Question: Pourriez-vous nous donner une idée approximative de l'heure à

8 laquelle vous êtes reparti vers cette maison?

9 Réponse: Vers le début de la soirée, si mes souvenirs sont bons. Et ça,

10 dans mon carnet de notes, je crois avoir noté qu'il s'agissait de 11

11 heures 20. C'est l'inscription qui figure sur mon carnet de notes pour ce

12 qui est de l'heure des événements.

13 M. Groome (interprétation): Est-ce qu'il y avait quelque chose

14 d'inhabituel à propos de la maison, quelque chose qui aurait fait qu'elle

15 était différente par rapport aux autres nuits où vous vous étiez trouvé

16 dans cette maison?

17 M. Dulovic (interprétation): Oui, c'était plutôt vide. Il n'y avait pas de

18 gens: il n'y avait ni Radic, ni Sljivancanin, ni Bojkovski. Il n'y avait

19 que le père de Stanko Vujanovic et sa sœur. Peut-être encore quelques

20 voisins.

21 M. Kwon (interprétation): Pourriez-vous donner une précision à propos de

22 la date? Parce que, d'après le compte rendu d'audience, il s'agissait du

23 11. Est-ce la bonne date?

24 M. Groome (interprétation): Monsieur Dulovic, je vais vous demander une

25 petite précision s'agissant de la date. Vous avez mentionné le chiffre 11:

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1 est-ce que vous parliez de l'heure ou de la date?

2 M. Dulovic (interprétation): Non, c'était la journée du 20 et l'heure est

3 celle de 11 heures 20. Et c'est ce qu'on pourra voir dans le carnet de

4 notes.

5 Question: Est-ce que le lendemain matin, vous étiez toujours dans cette

6 maison?

7 Réponse: Oui.

8 Question: Pourriez-vous nous décrire les observations que vous avez faites

9 à l'intérieur de cette maison, à l'intention des Juges?

10 Question: Je me trouvais à l'heure dans la maison d'en face; c'est là que

11 je dormais. Et le propriétaire de cette maison s'appelait Pahic. Ce matin-

12 là, il y avait des gens, plusieurs personnes: il y avait le propriétaire,

13 sa fille, son épouse Milka; ils étaient en train de prendre un café, tous

14 étaient d'ailleurs en train de boire leur café. Et un peu de cognac aussi.

15 Il y avait un homme barbu qui faisait partie de l'équipe à Seselj, à

16 savoir que c'était l'un des hommes de Kameni. D'après ce que j'ai pu

17 apprendre, il était originaire de Smederevo. Il était en train de relater

18 ce qu'il avait fait ou ce qu'ils avaient fait la nuit précédente.

19 Question: Pourriez-vous nous dire, du mieux dont vous vous souvenez, ce

20 que ces gens avaient dit avoir fait la nuit précédente?

21 Réponse: Il n'y avait que l'homme que j'ai indiqué qui était en train de

22 parler, cet homme à barbe, un peu roux. Il était originaire de Smederevo,

23 il avait précisé qu'il avait deux frères, mais ses propos avaient été des

24 plus concrets. Il a dit que, la nuit précédente, depuis 5 heures de

25 l'après-midi jusqu'à 1 heure de la nuit, à Ovcara, ils étaient en train de

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1 tuer les Croates qui avaient été sortis de l'hôpital de Vukovar.

2 Question: Est-ce que cet homme a décrit ce qu'éventuellement des victimes

3 ou les victimes ont dit, ont fait avant d'être tuées?

4 Réponse: Oui. Il a précisé qu'ils étaient en train de gémir, de pleurer,

5 de supplier, de supplier de ne pas les tuer parce qu'ils n'avaient pas

6 ouvert le feu sur qui que ce soit.

7 Question: Cet homme a dit que ça s'était produit entre 17 heures et 1

8 heure du matin. Est-ce que vous avez compris ces propos comme signifiant

9 que ça avait commencé à 17 heures, le 20 novembre, et que ça s'était

10 poursuivi jusqu'à 1 heure du matin le lendemain, le 21 novembre?

11 Réponse: Oui, oui.

12 Question: Vous avez décrit une femme qui portait le nom de Dragica. Est-ce

13 qu'elle était présente à ce moment-là?

14 Réponse: Oui. Elle m'a raconté cela à moi. Le premier avait parlé à

15 l'intention de toute l'assemblée de six ou sept personnes qui étaient là

16 -moi compris-, alors que Dragica m'avait raconté à moi-même la chose, en

17 confirmant les dires de tout à l'heure; elle m'a précisé qu'elle avait

18 ouvert le feu, elle aussi. Et elle avait la réputation d'être une

19 combattante courageuse; elle avait, elle aussi, tué plusieurs personnes.

20 Mais elle avait dit que ce n'était pas une bonne chose que de voir l'autre

21 le raconter publiquement, de façon à ce que tout le monde puisse

22 l'entendre.

23 Question: Est-ce qu'elle a parlé d'une requête que lui aurait faite le

24 commandant Sljivancanin?

25 Réponse: Oui, elle m'a dit que Sljivancanin n'avait pas été avec eux à ce

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1 moment-là, mais qu'il avait laissé un message, à savoir de ne pas tuer

2 tout le monde, mais d'en laisser quelques-uns de ces prisonniers, afin de

3 tester sur eux ses armes.

4 Je souligne que Sljivancanin était le seul à porter autour du cou une arme

5 automatique qui n'était pas une kalachnikov, mais c'était un fusil

6 automatique trafiqué, de calibre 5.56mm. Ce n'était donc pas une

7 kalachnikov, c'était un fusil automatique; c'était l'une des versions ou

8 des tentatives qui avait été celle de faire une arme, une mitraillette, en

9 trafiquant un fusil automatique.

10 Question: Est-ce que Dragica vous a dit ce qu'on avait fait des cadavres

11 une fois ces personnes tuées?

12 Réponse: Oui, elle m'a dit qu'après, ils avaient été ensevelis au

13 bulldozer à Ovcara.

14 Question: Plus tard, au cours de cette matinée-là, est-ce que vous avez

15 remarqué quelque chose d'inhabituel dans la cour de la Ulica Nova n°81?

16 Réponse: Oui, à l'entrée de la cour, à droite, il y avait une espèce

17 d'auvent et, en dessous, des uniformes de camouflage et des pantalons de

18 camouflage amoncelés. Et, au bas des jambes de pantalon, il y avait des

19 traces de sang.

20 Question: Vous dites que le bas des pantalons était ensanglanté: vous

21 parlez donc de la partie du pantalon qui se trouve le plus près des

22 chaussures?

23 Réponse: Oui, c'est cela.

24 Question: Pourriez-vous donner une idée approximative de l'endroit de

25 cette trace de sang? Est-ce qu'elle montait aux genoux ou plus haut? Qu'en

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1 était-il?

2 Réponse: Non, pas jusqu'aux genoux, disons que cela remontait jusqu'à 10 à

3 15 centimètres du bas des chaussures, à savoir jusqu'à mi-mollet.

4 Question: Est-ce qu'à un moment donné, vous avez parlé avec Vujanovic à

5 propos de ce qui s'était passé à Ovcara?

6 Réponse: Oui.

7 Question: Que vous a-t-il dit?

8 Réponse: Il m'a dit… Enfin, je lui avais posé la question de savoir

9 pourquoi ceci était relaté en public et il a dit qu'il n'avait pas eu

10 assez d'hommes à lui, mais qu'il avait dû prendre des hommes de Seselj qui

11 étaient ivres et qui n'arrêtaient pas de bavarder, de raconter la chose.

12 Et il a précisé que cela ne mènerait pas à bien.

13 M. Groome (interprétation): Vujanovic faisait partie de la Défense

14 territoriale, n'est-ce pas?

15 M. le Président (interprétation): Avant que vous n'abordiez ce sujet, je

16 voudrais vous demander si c'est un bon moment pour avoir la pause.

17 Mais avant de faire la pause, j'aimerais avoir une précision: j'aimerais

18 savoir où a eu lieu cette conversation avec l'homme, cet homme roux,

19 barbu. Ce n'était pas clair. Est-ce que c'était au numéro 81 de la rue

20 Nova Ulica ou pas?

21 M. Groome (interprétation): Pourriez-vous nous dire où cela se trouvait?

22 M. Dulovic (interprétation): En fait, c'était dans la maison d'en face, là

23 où se trouvait cette famille, où je suis allé aussi. Il y avait ces deux

24 maisons qui se faisaient face, de part et d'autre de la route.

25 M. le Président (interprétation): Fort bien. Nous allons maintenant faire

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1 une pause de 20 minutes.

2 L'audience est suspendue.

3 (L'audience, suspendue à 12 heures 15, est reprise à 12 heures 37.)

4 M. le Président (interprétation): Oui, Maître Higgins.

5 Mme Higgins (interprétation): Monsieur le Président, j'aimerais une

6 précision s'agissant de la vidéo dont l'accusation demande le versement à

7 l'intercalaire 10. On a montré un extrait de 10 minutes à ce témoin.

8 Celui-ci a précisé qu'il s'était trouvé sur ces lieus au moment où ces

9 images ont été tournées.

10 Mais pour ce qui est du reste de la vidéo, nous ne savons pas si le témoin

11 était présent, qu'il s'est chargé de filmer ces images et quelle est la

12 teneur précise du reste? Je crois comprendre que l'accusation va peut-être

13 utiliser cette vidéo avec d'autres témoins. Ne serait-il pas plus opportun

14 de verser le reste de la vidéo à ce moment-là et de ne verser pour le

15 moment que l'extrait vu par le témoin?

16 M. le Président (interprétation): Nous avons obtenu des précisions

17 s'agissant de l'extrait qui a été versé au dossier. Nous avons pour

18 pratique d'admettre les vidéos plutôt que de se livrer à un exercice

19 laborieux par lequel on fait l'identification de la vidéo. Qu'en est-il

20 pour ce qui est du reste de cette vidéo? Pourriez-vous nous aider sur ce

21 point.

22 M. Groome (interprétation): Il y a une compilation d'images de journaux

23 télévisés pris à l'époque à Vukovar.

24 M. le Président (interprétation): Il est peut-être préférable de procéder

25 extrait par extrait si ce n'est pas un seul document.

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1 M. Groome (interprétation): Je serai d'accord et je veux préciser qu'il y

2 a pour toute la vidéo cette portion que nous avons vue, qui commence à 2

3 heures 10 et qui se poursuit sur deux minutes.

4 M. le Président (interprétation): Je vais demander à ce qu'on garde des

5 traces de tout ceci pour que nous sachions ce qui s'est passé.

6 M. Groome (interprétation): Nous allons y veiller, Monsieur le Président.

7 M. le Président (interprétation): Poursuivez.

8 M. Groome (interprétation): Monsieur Dulovic, juste avant la pause vous

9 avez décrit une conversation que vous avez eue à propos de Ovcara avec un

10 membre de la Défense territoriale. Est-ce que vous avez également eu

11 l'occasion de parler de ce qui s'était passé à Ovcara avec un membre de

12 l'armée yougoslave?

13 M. Dulovic (interprétation): Oui. Dans la cour de la maison de Stanko

14 Vujanovic, j'ai rencontré Radic, le capitaine Radic, et je lui ai posé la

15 même question qu'à Stanko Vujanovic… ou plutôt je ne lui ai pas posé la

16 question mais je lui ai dit qu'on racontait telle chose, à savoir que les

17 prisonniers pris dans l'hôpital avaient été fusillés. Il m'a répondu en

18 faisant un signe comme ça, de la main, et il m'a dit à peu près la même

19 chose que Stanko Vujanovic, en disant lui aussi que cela n'allait pas bien

20 finir et qu'il n'aurait pas dû faire appel aux "Hommes de Seselj" ivres.

21 Il a même proféré un juron et marmonné quelque chose du genre: "Ce qui

22 s'est passé, s'est passé!"

23 Question: Est-ce qu'à un moment donné vous avez appris qu'un ordre avait

24 été délivré par l'armée yougoslave à propos de volontaires?

25 Réponse: Oui. Il y avait une espèce d'ordonnance ou de prescription disant

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1 qu'il fallait que tout le monde, toutes personnes en uniforme se placent

2 sous le commandement de l'armée yougoslave.

3 Question: Quand avez-vous eu connaissance de cet ordre?

4 Réponse: Je ne sais pas; je ne me souviens plus.

5 Question: Après la chute de Vukovar, est-ce que vous avez eu l'occasion

6 d'interviewer des Serbes qui avaient été piégés à Vukovar au moment où la

7 ville se trouvait assiégée?

8 Réponse: Oui, plusieurs d'entre eux.

9 Question: Pourriez-vous nous dire, de façon générale, quel est le type de

10 commentaires qu'ils vous ont fait en ce qui concerne les conditions dans

11 lesquelles ils vivaient à Vukovar à l'époque?

12 Réponse: Oui. Ils ont dit qu'ils se trouvaient dans des abris ou à

13 l'hôpital, et ceux qui étaient à l'hôpital, disaient qu'on les traitait

14 comme des Croates. Je me suis entretenu avec plusieurs personnes dont les

15 noms et les prénoms ainsi que leur lieu de séjour sont repris sur un

16 document que j'ai ici dans ma poche.

17 Question: Après le temps que vous avez passé à Vukovar, est-ce que

18 quelqu'un vous a remis un document qui porte pour titre "Télégramme

19 urgent" et qui porte la date du 23 octobre 1991?

20 Réponse: En effet. Bien sûr, cela n'a pas eu lieu à Vukovar même, mais

21 ultérieurement à Belgrade.

22 Question: Et qui était l'auteur de ce télégramme?

23 Réponse: Le lieutenant-colonel Milan Eremija, un lieutenant-colonel de

24 l'armée yougoslave, Milan Eremija.

25 Question: Pourriez-vous nous dire, de façon approximative, la date à

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1 laquelle vous avez reçu ce document?

2 Réponse: Bien plus tard. Bien plus tard, mais je ne sais pas vous dire

3 exactement quand est-ce que cela a eu lieu.

4 Question: Pourriez-vous nous dire dans quelles circonstances vous êtes

5 entré en possession de ce document?

6 Réponse: Le lieutenant-colonel Milan Eremija se trouvait à Sid, c'est là

7 que se trouvait son quartier-général ou plutôt son poste de travail. Et

8 chez Eremija, il y avait un jeune collègue à moi qui avait été chargé des

9 écritures, il était réserviste; c'est lui qui m'a confié ce document, vu

10 qu'il avait travaillé dans ce même bureau et peut-être avait-il été la

11 personne qui avait rédigé le document.

12 Question: Avez-vous fourni une copie de ce document au Bureau du

13 Procureur?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Monsieur le Président, je demande maintenant que la pièce P342,

16 intercalaire 11, soit posée sur le rétroprojecteur de façon que le témoin

17 puisse en prendre connaissance.

18 (Intervention de l'huissier.)

19 Monsieur le Témoin, je vais demander à vous d'examiner ce document qui

20 compte trois pages et qu'on est en train de poser sur le rétroprojecteur.

21 Réponse: Oui, c'est bien ce document-là.

22 Question: Je vais vous poser quelques questions portant sur la teneur de

23 ce document.

24 Dans celui-ci, ce télégramme urgent, est-ce qu'on retrouve les

25 commentaires du colonel Tomislav Simovic, ministre de la Défense de la

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1 République de Serbie?

2 Réponse: Oui, dans une partie, on dit que les réservistes sont mécontents

3 du fait de la prolongation de leur séjour; on ne dit pas "prolongation de

4 séjour": "au lieu de 30 jours, 45 jours". Ça, ce n'est pas écrit, mais je

5 le sais; je sais qu'ils étaient mécontents du fait qu'on ait prolongé de

6 30 à 45 jours, et ils ont dit qu'ils prendraient l'initiative de revenir,

7 une fois écoulée cette période de 30 jours.

8 Question: Monsieur Dulovic, ce télégramme qu'on voit, Eremija, il est

9 adressé à qui?

10 Réponse: Comme cela est indiqué dessus, il s'agit du commandement du 1er

11 District militaire.

12 Question: Je vais vous demander d'examiner la rubrique n°4, troisième

13 paragraphe de ce document.

14 Est-ce que, dans ce télégramme, on se plaint du fait des informations

15 erronées ont été diffusées délibérément, notamment s'agissant du nombre

16 des effectifs de la partie adverse, de l'existence de tireurs embusqués et

17 de l'existence de paniers entiers d'yeux qui auraient été tirés de la tête

18 de Serbes. Est-ce que c'est un des éléments qui est repris dans ce

19 document?

20 Réponse: Oui.

21 Question: Toujours sous cette rubrique-là, je cite une partie de la

22 traduction en anglais de ce document: "Dans la zone des activités de

23 combat de la 1re PGMD, le principal motif expliquant la présence de

24 plusieurs groupes venant de formations paramilitaires de Serbie, de

25 Chetniks, du Détachement "Dusan Silni" et de plusieurs volontaires

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1 autoproclamés, eh bien, ce but n'est pas de combattre l'ennemi, mais

2 plutôt de piller les propriétés des gens et de se livrer à des exactions

3 sadiques à l'encontre de civils innocents d'origine croate". (Fin de

4 citation.)

5 Est-ce là un des griefs formulés dans ce document?

6 Réponse: Oui, oui.

7 Question: Est-ce qu'on décrit également dans ce document un événement qui

8 se serait produit dans le village de Lovas. Là, je cite une partie du

9 document: "Après l'arrivée du détachement Valjevo, dans le village de

10 Lovas, les villageois capturés ont été utilisés pour nettoyer des champs

11 de mines et 17 villageois ont été tués." (Fin de citation.)

12 Est-ce que c'est bien ce que ce document dit?

13 Réponse: Oui, oui.

14 Question: Dernière partie du document que j'aimerais vous soumettre: elle

15 se trouve sous la rubrique n°5 et elle s'intitule "Propositions destinées

16 à améliorer le moral des unités". Il y a cinq propositions qui sont cités,

17 énumérés.

18 Et la première, je vous la cite à partir du texte en anglais:

19 "Entreprendre le désarmement organisé de formations paramilitaires et plus

20 particulièrement du Détachement "Dusan Silni", des Chetniks et des soldats

21 d'"Arkan". Les autorités de la République de Serbie doivent participer à

22 cette campagne." (Fin de citation.)

23 Est-ce que c'est là la première proposition sur cinq propositions que

24 compte ce document préparé par le colonel Eremija?

25 Réponse: En effet.

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1 Question: Pendant le temps que vous avez passé aussi bien en Croatie qu'en

2 Bosnie, est-ce qu'il vous est arrivé de voir des signes montrant qu'on

3 essayait de mettre en pratique ces propositions?

4 Réponse: Non. Non, à aucun moment. Et il paraît avec évidence que la chose

5 n'a pas été acceptée au commandement.

6 Question: Savez-vous pourquoi le lieutenant-colonel Eremija a affirmé

7 qu'il était nécessaire pour la République de Serbie qu'elle participe à

8 cette campagne de désarmement des formations paramilitaires?

9 Réponse: Eh bien, parce qu'à mon avis, il n'y avait personne d'autre à

10 pouvoir éventuellement le faire. Je crois que la tâche avait été presque

11 inconcevable parce qu'il y avait beaucoup de paramilitaires et beaucoup de

12 gens en armes. Et pour ce qui est de la mobilisation, elle n'avait pas été

13 tellement fructueuse étant donné que bon nombre de gens n'avaient pas

14 répondu à l'appel.

15 Question: Monsieur Dulovic, après les événements de Vukovar, est-ce que

16 vous avez été cité à comparaître devant un Tribunal militaire de Belgrade

17 afin de déposer devant un juge d'instruction qui était un militaire? Et

18 est-ce que votre témoignage était censé porter sur les sujets que vous

19 évoquez ici, aujourd'hui?

20 Réponse: Oui.

21 Question: Je vais demander qu'on montre au témoin la pièce de l'accusation

22 342, intercalaire 12, et qu'on lui remette plus précisément la version

23 originale en serbe.

24 (Intervention de l'huissier.)

25 Réponse: Oui.

Page 11705

1 Question: Est-ce que vous reconnaissez le document qui se trouve à

2 l'intercalaire n°12?

3 Réponse: Oui.

4 Question: En quoi consiste-t-il?

5 Réponse: C'est un procès-verbal d'audition d'un témoin, à savoir moi-même.

6 Question: Et cette audition a eu lieu à quelle date?

7 Réponse: Il s'agissait du 9 février de l'an 2000.

8 Question: Qui était le juge d'instruction devant lequel vous avez comparu?

9 Réponse: C'est Djorge Trifanovic qui est actuellement président du

10 Tribunal militaire.

11 Question: Avez-vous fait un témoignage portant sur les mêmes événements

12 que ceux qui constituent votre témoignage ici, aujourd'hui?

13 Réponse: Oui, sur les mêmes événements.

14 Question: Avez-vous dit qui était l'auteur des crimes que vous avez

15 décrits ici, aujourd'hui?

16 Réponse: Au procès-verbal, non, mais oralement, oui. A l'occasion de

17 l'audition, j'avais demandé à savoir contre qui le procès était conduit.

18 Et le juge m'a dit qu'il s'agissait de personnes NN, ce qui signifie:

19 personnes inconnues.

20 Question: Avez-vous dit au juge d'instruction qui étaient les personnes

21 dont vous croyiez qu'ils étaient impliqués, qu'ils avaient trempé dans ces

22 crimes? Avez-vous donné ces noms?

23 Réponse: Oui. On en a parlé en long et en large, et il était clair à mes

24 yeux que s'il s'agissait d'auteurs inconnus, cela signifiait que l'Etat et

25 l'armée, ne voulant pas les identifier, avaient choisi d'utiliser cette

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1 appellation ou cette désignation, donc "auteurs inconnus".

2 Question: Je vais vous demander de faire une petite digression par rapport

3 à une autre procédure, un autre procès. Dans sa déclaration liminaire, M.

4 Milosevic nous a montré quelques images montrant le meurtre tout à fait

5 spectaculaire d'un jeune soldat qui se trouve dans un char à Split. Est-ce

6 que dans le cadre de votre métier, vous avez eu l'occasion de faire un

7 reportage sur ce procès?

8 Réponse: Oui.

9 Question: Ce procès, où a-t-il eu lieu?

10 Réponse: Ce procès a eu lieu à Sarajevo dans la caserne du maréchal Tito.

11 Et l'affaire avait été nommée "l'étrangleur de Split".

12 Question: Pourriez-vous nous dire à quel moment ce procès a eu lieu?

13 Réponse: Je ne sais pas, j'ai oublié. Je ne suis pas sûr.

14 Question: Est-ce que plusieurs personnes ont été jugées, condamnées, et

15 condamnées à une peine qu'ils étaient censés purger à la suite de ce

16 procès sur lequel vous avez fait des reportages?

17 Réponse: Oui.

18 Question: Revenons au procès militaire dans lequel vous étiez témoin. Le 9

19 février 2000, qui était Président de la Yougoslavie?

20 Réponse: En l'an 2000?

21 Question: Oui, au moment où vous avez fait cette déposition?

22 Réponse: Je ne suis pas très fort en date. Je crois que c'était Zoran

23 Lilic, le Président de la Yougoslavie.

24 Question: Oui, oui, le 9 février 2000.

25 Réponse: Croyez-moi bien que je ne sais plus qui avait été président! Je

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1 ne sais plus si c'était Milosevic ou si c'était Lilic.

2 Question: Est-ce que l'un quelconque des auteurs que vous avez identifiés

3 a été arrêté ou détenu à votre connaissance?

4 Réponse: Pour autant que je le sache, il n'y a que les frères Vuckovic, ou

5 plutôt Dusan et Vujin.

6 Question: A votre connaissance, est-ce que l'un quelconque des auteurs

7 dont vous avez parlé, que vous avez mentionné dans le cadre de votre

8 déposition, a été cité à comparaître devant un tribunal militaire à

9 Belgrade pour répondre aux allégations que vous, vous aviez formulées?

10 Réponse: Je n'en ai pas entendu parler et je n'ai pu le lire nulle part.

11 Question: Dans le cadre de l'exercice de votre profession de journaliste,

12 est-ce qu'il vous est arrivé de visiter des municipalités de Bosnie?

13 M. Dulovic (interprétation): Oui.

14 M. Groome (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les Juges, je

15 pense que c'est la première fois que nous allons demander le versement

16 d'une carte de la Bosnie. Nous disposons de plusieurs cartes que

17 j'aimerais utiliser avec ce témoin. Ces cartes ont été préparées et

18 placées dans un classeur spécial consacré à la Bosnie. J'espère que ceci

19 vous semblera une démarche recevable.

20 (Intervention de l'huissier.)

21 Mme Anoya (interprétation): Ceci sera la pièce de l'accusation 343.

22 M. Groome (interprétation): Je vais demander que la pièce P343,

23 intercalaire 1, soit placée sur le rétroprojecteur de telle façon que la

24 partie droite de cette carte soit visible.

25 (Intervention de l'huissier.)

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1 Monsieur Dulovic, cet après-midi, je vais vous poser des questions

2 concernant des événements dont vous avez été témoin à Zvornik, Bratunac et

3 Visegrad. Veuillez vous servir du pointeur pour nous montrer où se trouve

4 la ville de Zvornik.

5 (Le témoin s'exécute.)

6 Maintenant, veuillez nous montrer Bratunac…

7 (Le témoin s'exécute.)

8 Et enfin, où se trouve Visegrad.

9 (Le témoin s'exécute.)

10 Je vous remercie.

11 Maintenant, j'aimerais que vous repensiez au printemps 1992. Est-ce qu'il

12 y a eu une campagne médiatique en Serbie portant sur ce qui devait être

13 des événements imminents à Zvornik?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Pourriez-vous nous décrire cette campagne lancée par les médias?

16 Réponse: La campagne médiatique avait été une exagération immense. C'était

17 truffé de mensonges disant qu'il y avait des dangers imminents menaçant

18 les Serbes de Bosnie. Il y a eu là des détails incroyables, des inventions

19 de toutes sortes. On disait, par exemple, que les fauves au zoo, les lions

20 avaient été nourris avec des enfants serbes.

21 Question: Excusez-moi.

22 Réponse: Je ne vais pas vous en ajouter. Il y a bon nombre d'exemples de

23 cette nature pour ce qui est de la campagne qui avait été menée.

24 Question: Est-ce qu'après avoir reçu l'autorisation d'aller à Zvornik,

25 vous êtes allé sur les lieux pour mener une enquête, pour voir ce qui se

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1 passait?

2 Réponse: Oui. Je suis allé jusqu'à la Drina, jusqu'à Mali Zvornik.

3 Question: Pourriez-vous nous donner une idée approximative de la date à

4 laquelle vous êtes allé à Zvornik, au cours du printemps 1992?

5 Réponse: Le 10 avril.

6 Question: J'ai quelques questions de topographie à vous poser en ce qui

7 concerne Zvornik. De cette façon, les Juges de la Chambre auront une vue

8 précise où la ville se trouve en Yougoslavie.

9 Est-il exact de dire que la frontière la plus orientale de la Bosnie, à

10 bien des endroits, c'est la rivière Drina?

11 Réponse: Oui, c'est exact.

12 Question: Et est-ce que la municipalité de Zvornik se trouve sur la rive

13 occidentale de la rivière Drina?

14 Réponse: Oui.

15 Question: Et de l'autre côté de la Drina, sur la rive orientale, en

16 Serbie, est-ce qu'on trouve la municipalité de Mali Zvornik, "Zvornik le

17 Petit"?

18 Réponse: C'est cela.

19 Question: La Drina, c'est un fleuve très long. Vous lui donneriez quelle

20 largeur à ce fleuve, lorsqu'il traverse la ville de Zvornik?

21 Réponse: Eh bien, cela dépend de la période de l'année: en saison sèche,

22 la largeur est bien plus petite que lorsqu'il y a les grandes eaux; ça

23 peut être une centaine de mètres, mais dans le cas où j'avais été là-bas,

24 c'était bien moins que cela. Je ne saurais pas vous dire combien au juste,

25 mais je ne pense pas que cela ait excédé, au moment où j'y étais, une

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1 cinquantaine de mètres. J'ai vu la Drina bien plus large.

2 Question: Le 10 avril 1992, à quelle heure êtes-vous arrivé à Mali

3 Zvornik?

4 Réponse: Dans la matinée.

5 Question: Pourriez-vous nous dire ce que vous avez observé à votre arrivée

6 à Mali Zvornik?

7 Réponse: D'abord, je n'ai pas pu traverser le pont: cela n'avait pas été

8 autorisé; on ne laissait personne. On entendait des coups de feu, des

9 explosions d'obus et des explosions de grenade. J'ai vu quelques cadavres

10 à côté de la Drina.

11 Question: Est-ce que ces coups de feu vous ont donné l'impression qu'il y

12 avait un combat en cours?

13 Réponse: Oui.

14 Question: Qui vous a empêché de franchir ce pont pour arriver à Zvornik?

15 Réponse: D'un côté et de l'autre, il y avait des gens et j'ai été empêché

16 du côté musulman pour ce qui était d'arriver à la rive gauche de la Drina,

17 donc d'arriver à Zvornik. Et on ne voulait laisser passer personne, pas

18 même les personnes qui avaient des laissez-passer. Toutefois, ils

19 laissaient passer les volontaires, si mes souvenirs sont bons. Ce qui fait

20 que, dans cette tentative-là, je n'ai pas pu accéder à Zvornik, ou plutôt

21 il ne m'a pas été donné d'y arriver parce que des personnes armées, se

22 trouvant de part et d'autre, m'ont empêché de le faire.

23 Question: Vous avez dit que le côté musulman ne vous avait pas autorisé à

24 passer. Est-ce que vous parliez des personnes qui se trouvaient du côté

25 sur la rive donnant en Bosnie ou est-ce qu'il y avait des gens qui vous

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1 empêchaient, et que c'étaient des Musulmans?

2 Réponse: Non, non, ce n'étaient pas des Musulmans, c'étaient des Serbes.

3 Question: Et vous avez déclaré que les volontaires, eux, étaient autorisés

4 à franchir ce pont. Est-ce que vous parlez ici du même type de volontaires

5 que celui que vous avez mentionné lorsque vous avez parlé auparavant de

6 Vukovar?

7 Réponse: Eh bien, je ne pouvais pas les identifier à ce moment-là. Les

8 volontaires avaient disposé de convocations. Parce qu'il y avait d'abord

9 les volontaires de Seselj qui avaient été annoncés et ils avaient disposé

10 de laissez-passer quelconques; ils pouvaient passer et les autres aussi,

11 d'ailleurs. Moi, je ne pouvais pas passer parce que j'avais déclaré,

12 j'avais dit que j'étais journaliste.

13 Question: Avez-vous été en mesure de voir s'il y avait des chars de

14 l'armée yougoslave à Zvornik, si vous regardiez de l'autre côté de la

15 rivière, sur l'autre rive?

16 Réponse: Oui. Oui, j'ai vu des chars. Le premier que j'ai aperçu, c'était

17 sur le pont Karakaj; sur la rive pas serbe mais l'autre, la rive

18 musulmane; c'était un char des nôtres, de Yougoslavie.

19 Question: Qu'avez-vous fait au moment où l'on vous a refusé l'entrée en

20 Bosnie, en passant par Zvornik?

21 Réponse: Je me suis alors dirigé le long de la route qui longe la rivière

22 Drina, du côté de la Serbie, et j'ai remonté le cours de la Drina en me

23 dirigeant vers Bajina Basta.

24 Question: Pour éviter toute confusion, tirons ceci au clair. Vous dites

25 que vous avez remonté le cours de la Drina. Donc ça allait dans quel sens:

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1 était-ce vers le nord ou vers le sud?

2 Réponse: Vers le sud. Mais il faudrait que je puisse consulter une carte.

3 Question: Peut-on remettre à M. Dulovic la pièce de l'accusation 343,

4 intercalaire 2? C'est une carte de Zvornik qu'il a annotée avant sa

5 déposition. Je vais demander qu'on place cette carte sur le

6 rétroprojecteur.

7 (Intervention de l'huissier.)

8 Première question: Je vais demander à la régie de s'éloigner un peu du

9 rétroprojecteur afin que l'on voie davantage la carte.

10 Est-ce qu'on peut déplacer la carte vers le haut? De cette façon, on verra

11 le bas de la carte. Merci.

12 Monsieur Dulovic, pouvez-vous utiliser le pointeur pour nous montrer la

13 rivière Drina, le cours de cette rivière? Ainsi, nous verrons quelle est

14 la partie qu'elle traverse, partie de la Yougoslavie s'entend?

15 Réponse: De Zvornik, je suis allé vers le sud.

16 (Le témoin désigne l'endroit sur la carte avec le pointeur.)

17 Ça, c'est la Drina. Ici, la Serbie. Et là, la Bosnie, la municipalité de

18 Zvornik. Donc de Zvornik, je me suis dirigé vers le sud, le long de la

19 route qui suit le lit de la Drina; de là on voit l'autre rive, la rive

20 musulmane.

21 Question: Pouvez-vous nous montrer sur la carte à quel endroit à peu près

22 vous avez essayé de franchir la frontière entre la Serbie et la Bosnie?

23 Réponse: (Inaudible.) … de Zvornik?

24 Question: J'aimerais maintenant vous poser quelques questions pour

25 lesquelles nous n'aurons pas besoin de la carte, mais je demande néanmoins

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1 qu'elle reste sur le rétroprojecteur.

2 Monsieur Dulovic, pouvez-vous nous dire ce que vous avez éventuellement

3 observé pendant votre voyage vers le sud, le long de la Drina, vers la

4 municipalité de Zvornik?

5 Réponse: J'ai remarqué… Ou plutôt, en suivant la route que j'ai suivie,

6 j'ai rencontré de temps à autre des groupes de personnes du côté serbe,

7 donc sur la rive, sur la route même, des personnes qui étaient en train de

8 regarder vers le côté musulman. Et pour l'essentiel, il y a des parties

9 boisées de l'autre côté et on voyait des maisons en flammes, on voyait la

10 fumée. Il était difficile d'apercevoir les maisons. Or je m'étais

11 entretenu avec ces personnes qui étaient debout à côté; j'avais arrêté ma

12 voiture et j'ai commencé à discuter avec les gens. Ces gens-là se

13 taisaient et regardaient les maisons brûler de l'autre côté sans être

14 enthousiasmés par le fait. On pouvait apercevoir la fumée. La seule

15 indication qui permettait de savoir qu'il y avait des incendies de l'autre

16 côté, c'était donc cette fumée.

17 Question: Certaines de ces personnes ont-elles réussi, en regardant donc

18 les endroits d'où s'élevaient des volutes de fumée, à déterminer s'il

19 s'agissait de villages peuplés majoritairement de Musulmans ou peuplés

20 majoritairement de Serbes?

21 Réponse: Ces gens-là connaissent très bien tous les villages qui se

22 trouvent du côté musulman, donc de l'autre côté de la Drina, car la

23 plupart de ces personnes ont ou plutôt avaient à l'époque des propriétés,

24 de la terre de l'autre côté, de la terre qu'ils allaient labourer en

25 traversant la Drina. Ils connaissaient chaque village, ces gens-là, ils

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1 connaissaient même chaque maison. Parce que j'ai parlé avec ces gens-là et

2 c'est ce qu'ils m'ont raconté.

3 Question: Vous ont-ils indiqué si les villages d'où montait la fumée

4 étaient des villages à majorité serbe ou à majorité musulmane?

5 Réponse: Oui. Ils m'ont parlé de certains villages, des villages de

6 Redzici, Djapici, Krasno Polje, Rzine et d'autres villages encore.

7 Question: Je vous demanderai de regarder la pièce à conviction de

8 l'accusation 343, intercalaire 2; c'est la carte que l'on voit

9 actuellement sur le rétroprojecteur. Et à l'aide du pointeur, je vous

10 prierai de nous montrer le village de Redzici.

11 (Le témoin s'exécute.)

12 Maintenant, je vous demanderai d'inscrire un X à l'endroit où vous vous

13 trouviez vous-même lorsque vous avez vu de la fumée s'élever de certaines

14 maisons.

15 Réponse: Oui, oui. Dans la forêt, ici.

16 Question: Je demanderai maintenant que l'on remette au témoin la pièce

17 343, intercalaire 3. Il s'agit d'une carte géographique sur laquelle le

18 témoin a déjà inscrit un certain nombre d'annotations en rouge, avant sa

19 déposition dans ce prétoire, et où l'on voit Bratunac.

20 Lonjin était-il l'un des villages musulmans dont on vous a parlé? A moins

21 qu'il ne s'agisse d'un des villages dans lequel vous avez vu des maisons

22 en train de brûler, un village donc que les Serbes vous ont mentionné

23 comme étant un village musulman?

24 Réponse: Oui.

25 Question: Avez-vous inscrit un X sur cette carte au niveau de l'endroit

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1 approximatif où vous vous trouviez vous-même lorsque vous avez vu ces

2 villages en feu?

3 Réponse: Oui.

4 Question: J'en ai terminé avec les cartes; je demande qu'on les retire du

5 rétroprojecteur.

6 Un moment est-il arrivé où vous avez pu pénétrer en Bosnie, le 10 avril?

7 Réponse: Oui. Enfin, à peu près, parce que j'ai traversé la frontière à

8 Bajina Basta.

9 Question: Et lorsque vous vous êtes trouvé du côté bosnien, avez-vous vu

10 des hommes, dans une Golf rouge, qui circulaient sur la route?

11 Réponse: Oui. Ils se dirigeaient vers la Drina. La voiture était une Golf

12 et, ce qui était un peu étonnant, c'est que deux soldats…, enfin, peut-

13 être des soldats, mais en tout cas deux hommes, portant des armes, étaient

14 assis sur le coffre de la voiture qui était pleine. Et il y avait aux

15 environs d'autres personnes armées également.

16 La voiture a ralenti. On a demandé aux occupants où ils allaient et ils

17 ont répondu: "Nous allons démolir la mosquée". Or, quand je suis arrivé,

18 quand j'ai franchi le pont, la mosquée était debout.

19 Question: Mais cette voiture a traversé le pont?

20 Réponse: Non. Elle a tourné à gauche avant le pont pour se diriger vers la

21 mosquée que l'on voit très bien, y compris depuis l'autre rive de la

22 Drina, c'est-à-dire depuis le côté serbe, parce que la mosquée était tout

23 près de la rivière.

24 Question: Est-il arrivé un moment où vous vous êtes retourné pour regarder

25 du côté serbe, donc vous étiez dans la même position que celle que vous

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1 occupiez lorsque vous aviez vu la mosquée debout, un peu plus tôt?

2 Réponse: Quand je suis arrivé, la mosquée était intacte et, quand je suis

3 reparti, le minaret n'existait plus. J'étais toujours du côté musulman au

4 moment où le bruit de l'explosion a été entendu.

5 Question: A un certain moment de cette même journée, êtes-vous retourné du

6 côté serbe?

7 Réponse: Oui.

8 Question: Plus tard, accompagné de certains de vos collègues, êtes-vous

9 allé jusqu'à Visegrad?

10 Réponse: Oui.

11 Question: Avant d'aller à Visegrad, avez-vous fait un arrêt dans la ville

12 d'Uzice, en Serbie?

13 Réponse: Oui, j'ai passé la nuit à l'hôtel d'Uzice.

14 Question: Est-il permis de dire qu'Uzice est la première grande ville

15 serbe à l'est de la Drina?

16 Réponse: Exact.

17 Question: Un moment est-il arrivé où vous avez quitté Uzice pour vous

18 diriger en voiture jusqu'aux environs immédiats de Visegrad?

19 Réponse: Oui. Nous avons pris la direction de Visegrad.

20 Question: Je vous demanderai de décrire à notre intention à quel endroit,

21 à l'extérieur de Visegrad, vous avez vu des forces armées pour la première

22 fois?

23 Réponse: Nous sommes allés en voiture jusqu'au dernier point où il était

24 possible d'arriver en voiture parce que, devant nous, les soldats étaient

25 déjà stationnés. Il y avait un remblai où se trouvaient des tranchées; il

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1 n'était plus possible d'avancer en voiture au-delà de ce remblai. Et

2 devant nous, nous avons vu la ville de Visegrad, tout près.

3 Question: Ce remblai dont vous venez de parler, était-ce un remblai

4 naturel ou bien vous a-t-il semblé qu'il s'agissait d'une espèce de

5 fortification?

6 Réponse: C'était un remblai naturel qui avait servi de fortification,

7 mais, en dessous, une tranchée avait été creusée. Et à un certain endroit

8 où se trouvait une espèce d'observatoire de taux d'observation, on voyait

9 des troncs d'arbres empilés et recouverts de terre comme cela se passe

10 lorsqu'on veut créer une fortification en temps de guerre.

11 Question: Vous êtes-vous fait un avis quant au moment où ces

12 fortifications avaient été construites? A votre avis, avaient-elles été

13 construites ce jour-là ou dataient-elles déjà de plusieurs jours?

14 Réponse: Il était impossible de construire quelque chose de ce genre en

15 une seule journée, donc cela avait dû être construit avant. Mais quand? Je

16 ne sais pas.

17 Question: A cet endroit, avez-vous trouvé le moindre indice d'une présence

18 paramilitaire éventuellement ou d'une présence de volontaires?

19 Réponse: A ce moment-là? Non, pas encore, parce que les soldats étaient

20 là. Il y avait aussi des véhicules, mais à l'endroit où je me trouvais, où

21 se trouvaient également des soldats de l'armée régulière, je n'ai pas vu à

22 ce moment-là de paramilitaires.

23 Question: A partir de l'endroit où vous vous trouviez, pouviez-vous voir

24 la rive ouest de la Drina?

25 Réponse: Oui.

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1 Question: Je vous demanderai de bien vouloir nous dire ce que vous avez vu

2 sur la rive occidentale de la Drina à ce moment-là?

3 Réponse: J'ai vu un endroit habité qui était, en fait, un quartier de

4 Visegrad et une dizaine de maisons en feu, mais il n'y avait aucun combat

5 là-bas.

6 Question: Avant que je vous pose d'autres questions au sujet de Visegrad,

7 il pourrait être bon que je commence par une série de questions

8 géographiques. Serais-je en droit de dire que dans cette partie de la

9 Drina, à ce niveau-là donc, la Drina ne sert pas de frontière entre la

10 Serbie et la Bosnie, mais les deux rives de la Drina se trouvent sur le

11 territoire de la municipalité bosnienne de Visegrad?

12 Réponse: Oui.

13 Question: Aviez-vous l'intention… Non, je retire ma question.

14 Avez-vous appris que l'armée yougoslave prévoyait de pénétrer dans

15 Visegrad ce jour-là?

16 Réponse: Oui, ça, je l'ai entendu dire à Uzice car ce sont des hommes du

17 Corps d'armée d'Uzice qui me l'ont dit.

18 Question: Vous-même et vos collègues, aviez-vous l'intention d'accompagner

19 l'armée yougoslave au moment où elle pénétrerait dans Visegrad?

20 Réponse: Oui, c'était notre projet s'il était réalisable, bien sûr.

21 Question: Pouvez-vous nous dire combien de temps vous avez attendu à

22 l'endroit où se trouvait cette fortification avant de suivre l'armée

23 yougoslave dans son entrée à Visegrad?

24 Réponse: Assez longtemps. Sans doute quelques heures, une ou deux heures.

25 Question: Pouvez-vous nous dire ce que vous avez vu lorsque vous avez

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1 pénétré dans la ville de Visegrad avec l'armée yougoslave?

2 Réponse: Alors que nous étions encore au niveau de la fortification dont

3 j'ai parlé, j'ai trouvé assez étonnant que de telles fortifications aient

4 été construites, parce que, à part le fait qu'on voyait de la fumée

5 s'élever des maisons dont j'ai parlé, il n'y avait pas de coup de feu, pas

6 de tir dans le secteur: aucune activité particulière. La ville avait l'air

7 abandonnée. J'ai même vu un homme qui travaillait dans son jardin.

8 Je me suis dit: Pourquoi rassembler des hommes aussi nombreux? Pourquoi

9 utiliser une force aussi importante alors que l'on peut rentrer dans la

10 ville sans la moindre difficulté et sans combat?

11 Question: Pouvez-vous dire ce que vous avez vu dans le centre de la ville

12 lorsque vous y êtes arrivé?

13 Réponse: Quand l'armée est arrivée à cet endroit, moi j'accompagnais

14 l'armée, j'ai vu un grand nombre d'hommes en arme. Pour moi, il était tout

15 à fait clair qu'il s'agissait de paramilitaires. Et j'ai vu des officiers

16 de l'armée yougoslave, car quelque chose était en train de se passer

17 devant l'hôtel.

18 Question: Avant de parler de l'incident survenu devant l'hôtel, je

19 voudrais vous demander si vous vous êtes forgé une opinion quant au fait

20 de savoir si ces paramilitaires avaient pénétré dans la ville en même

21 temps que l'armée yougoslave ou s'ils y avaient pénétré quelque temps

22 avant l'arrivée de l'armée yougoslave?

23 Réponse: Je suis entré dans la ville avec la partie avancée de l'armée et,

24 à ce moment-là, les paramilitaires n'étaient pas mêlés aux militaires de

25 l'armée militaire régulière. Mais, lorsque nous sommes arrivés en ville,

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1 il y avait là de très nombreux paramilitaires qui étaient manifestement

2 arrivés à Zvornik avant l'armée.

3 Ah! Excusez-moi, ce n'est pas Zvornik mais Visegrad. Je vous prie de

4 m'excuser.

5 Question: Pouvez-vous nous dire ce que vous avez constaté, ce qui vous a

6 aidé à vous former votre impression que ces paramilitaires étaient entrés

7 dans la ville avant l'armée yougoslave?

8 Réponse: Eh bien, je vais vous parler d'une personne qui portait des

9 armes. En voyant cette personne, on ne pouvait pas tirer d'autre

10 conclusion que celle consistant à penser qu'il s'agissait d'un

11 paramilitaire. Cette personne portait des pantoufles aux pieds, des

12 pantoufles assez avachies, des jeans, une veste militaire chaude, donc une

13 veste d'hiver, et un chapeau de femme, un très grand chapeau de femme sur

14 la tête. Et dans les mains, il tenait une arme automatique, une

15 kalachnikov. Pour moi, il était tout à fait vraisemblable que cet homme

16 ait fait partie des paramilitaires; ils avaient tous des chapeaux assez

17 étonnants.

18 M. Groome (interprétation): Excusez-moi, Monsieur le Juge?

19 M. Robinson (interprétation): Je ne pense pas que le témoin ait compris

20 votre question.

21 M. Groome (interprétation): Je vais lui reposer la question.

22 Monsieur le Témoin, y a-t-il quelque chose que vous avez observé au sujet

23 de cette personne ou des autres paramilitaires que vous avez vus en ville,

24 et qui vous a permis de penser que ces paramilitaires étaient arrivés dans

25 la ville quelque temps avant l'entrée de l'armée yougoslave?

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1 M. Dulovic (interprétation): C'est la conclusion que j'ai tirée parce

2 qu'ils ne sont pas entrés dans la ville avec nous; ils étaient déjà dans

3 la ville et les paramilitaires étaient les seuls qui pouvaient arriver

4 dans cette ville avant l'armée officielle. Et il y avait d'autres détails,

5 y compris le comportement de ces hommes, qui pouvaient permettre de

6 conclure que les paramilitaires étaient arrivés avant parce que cet homme

7 dont je viens de parler, celui qui avait ce chapeau très large sur la

8 tête, il a bien fallu qu'il le prenne quelque part, sans doute dans une

9 maison dans la ville; il ne l'avait pas apporté avec lui. J'espère avoir

10 été clair.

11 Question: Vous avez commencé à décrire un incident survenu devant l'hôtel.

12 Cet hôtel est-il l'hôtel de Visegrad, l'hôtel Visegrad?

13 Réponse: Oui.

14 Question: S'agit-il bien de l'hôtel qui se trouve tout près du vieux pont

15 turc qui enjambe la Drina à Visegrad?

16 Réponse: Oui, oui.

17 Question: Pouvez-vous nous dire ce qui s'est passé à l'hôtel Visegrad?

18 Réponse: Un de ces volontaires ou paramilitaires a brisé la porte d'entrée

19 de l'hôtel avant de pénétrer dans l'hôtel. Il y avait là pas mal

20 d'officiers et l'un de ces officiers, un homme aux cheveux blonds, est

21 devenu furieux et a ordonné que ce paramilitaire soit arrêté, parce qu'il

22 y avait là aussi plusieurs membres de la police militaire. Les policiers

23 de la police militaire ont pénétré dans l'hôtel, ont appréhendé ce

24 paramilitaire et l'officier, qui était vraiment furieux, hurlait qu'on

25 allait fusiller cet homme. Et bien sûr, ils ne l'ont pas fusillé.

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1 Question: Donc vous avez vu un capitaine yougoslave ordonner l'arrestation

2 d'un paramilitaire parce que ce dernier avait brisé la porte vitrée

3 permettant l'accès à l'hôtel Visegrad, c'est bien ça?

4 (Signe affirmatif de la tête du témoin.)

5 Réponse: Et il avait pénétré dans l'hôtel, aussi.

6 Question: Un moment est-il arrivé où vous avez vu une longue colonne

7 humaine à Visegrad?

8 Réponse: Oui, j'ai vu une colonne qui était vraiment assez importante et

9 qui est passée à une dizaine de mètres de moi. Moi, j'étais debout à côté

10 de ma collègue et nous avons regardé passer cette colonne.

11 Question: Pouvez-vous dire où vous avez vu la colonne lorsque vous vous

12 êtes rendu compte de sa présence et quel est le chemin qu'a emprunté cette

13 colonne?

14 Réponse: Pour autant que j'aie pu voir, parce que je n'ai pas accompagné

15 la colonne, j'ai vu les premiers rangs de la colonne. Devant la colonne,

16 il y avait un camion militaire à bord duquel se trouvaient deux ou trois

17 soldats et une mitrailleuse. Ce camion avançait lentement, suivi par ces

18 gens qui marchaient à pied. Et la colonne était composée principalement de

19 vieillards, de vieilles femmes, de femmes et d'enfants.

20 Nous avons demandé, à ce moment-là, où se dirigeaient toutes ces

21 personnes. Ce n'est pas moi qui ai posé la question, c'est ma collègue qui

22 l'a posée à un officier et cet officier lui a répondu que la colonne se

23 dirigeait vers Tuzla. Ma collègue était très attristée.

24 Moi, je n'ai pas souhaité établir le contact avec les gens qui passaient,

25 mais ma collègue a parlé à l'une de ces femmes qui portaient les "dimjan",

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1 c'est-à-dire cette jupe pantalon très spécifique qui est un vêtement

2 musulman; elle lui a demandé ce qui s'est passé.

3 Cette femme, qui a continué à marcher, lui a simplement répondu qu'elle ne

4 savait pas, mais que son fils était sorti pour nourrir le bétail, qu'il

5 était allé jusqu'à la grange et qu'il avait été abattu par des hommes

6 armés, devant la grange. Ensuite, les gens s'étaient regroupés et c'est

7 ainsi que la colonne s'est constituée.

8 Mais vous venez de me demander comment j'ai tiré la conclusion que

9 certains étaient arrivés dans la ville avant l'armée et, pour répondre à

10 cette question, j'ajouterai ce qui suit: l'armée avec laquelle j'ai

11 pénétré à Visegrad n'a pas pu regrouper un nombre aussi important de

12 personnes, en provenance de tous les villages avoisinants, pour qu'elles

13 constituent une colonne. Tout ceci a bien dû être fait avant l'arrivée de

14 l'armée à Zvornik.

15 Question: Monsieur Dulovic, pourriez-vous nous donner une estimation du

16 nombre de personnes qui constituaient cette colonne.

17 Réponse: Ah! Je suis désolé, c'est Visegrad. Je n'arrête pas de parler de

18 Zvornik, mais il s'agit de Visegrad. Tout ce que je suis en train de dire

19 concerne Visegrad. Je n'arrête pas de faire la confusion entre les deux

20 villes.

21 Question: Ce n'est pas grave. Pourriez-vous nous donner une estimation du

22 nombre de personnes qui composaient cette colonne?

23 Réponse: Plusieurs centaines de personnes. Je ne sais pas exactement

24 combien, mais un nombre important.

25 Question: Y avait-il des gens qui avaient sur eux des objets personnels?

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1 Réponse: Ils avaient tous emporté ce qu'ils étaient parvenus à rassembler

2 et ce qu'ils pouvaient porter à la main. Il y en avait qui avaient des

3 valises et d'autres qui avaient des sacs suspendus à l'épaule; il y en

4 avait même qui portaient un sac suspendu à une épaule et un autre sac

5 suspendu à l'autre épaule. Il y avait des personnes âgées dans la colonne,

6 à condition qu'elles puissent marcher, et aussi de nombreuses femmes.

7 Question: Monsieur Dulovic, y a-t-il un moment où vous avez quitté

8 Visegrad, au cours de cette même journée, et avez-vous vous vu un cadavre

9 d'un homme de 70 ans?

10 Réponse: Oui, cela s'est passé sur le chemin du retour. Pendant le voyage

11 du retour, nous avons vu ce cadavre sur la route, à côté d'un petit cours

12 d'eau qui, apparemment, s'appelle Rzav. C'était le cadavre d'un homme dont

13 les membres étaient attachés dans le dos; en fait, c'était un vieillard

14 qui gisait à côté de ce cours d'eau.

15 Il y avait des réservistes à cet endroit et, parmi eux, un médecin qui

16 nous a dit que quelqu'un avait étranglé cet homme et qu'il s'agissait d'un

17 Musulman. Je lui ai demandé comment il savait que c'était un Musulman, et

18 il m'a répondu qu'il avait tiré la conclusion à partir de quelque chose

19 qui se pratique dans les pays musulmans, je veux dire la circoncision.

20 M. Groome (interprétation): Monsieur le Président, si vous n'y voyez pas

21 d'inconvénient, j'ai encore quelques questions au sujet de Visegrad.

22 M. le Président (interprétation): Oui, oui.

23 M. Groome (interprétation): Alors que vous sortiez de Visegrad, vous êtes-

24 vous arrêté dans un café pour relater l'histoire de ce que vous avez vu à

25 Visegrad?

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1 M. Dulovic (interprétation): Oui, ce n'était pas un café: c'était un

2 restaurant. Donc c'était un restaurant et, à l'intérieur, il y avait un

3 téléphone; ce qui, pour moi, était une bonne occasion pour transmettre mon

4 récit par téléphone. Et mon article portait sur l'entrée de l'armée à

5 Visegrad. Or je devais parler très fort dans ce téléphone et il y avait

6 pas mal de gens qui étaient assis autour de moi et qui portaient des

7 uniformes de camouflage. L'un de ces hommes a bondi tout à coup sur ses

8 pieds, a saisi son revolver et a commencé à me menacer parce qu'il m'avait

9 entendu dire que l'armée était entrée la première à Visegrad. Il

10 prétendait que c'étaient eux qui avaient pénétré dans la ville les

11 premiers et il s'est présenté comme un homme d'"Arkan", ou un membre de

12 l'Unité d'"Arkan" ou quelque chose comme cela.

13 M. Groome (interprétation): Monsieur le Président, je n'ai plus de

14 question dans le cadre de mon interrogatoire principal relatif à Visegrad.

15 J'aurai sans doute des questions sur Zvornik demain.

16 M. le Président (interprétation): Très bien. Suspension.

17 Monsieur Dulovic, je vous demande de revenir dans ce prétoire demain matin

18 à 9 heures pour la suite de votre déposition.

19 (L'audience est levée à 13 heures 48.)

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