Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   (Mardi 26 novembre 2002.) 

  2   (L'audience est ouverte à 9 heures 15.)

  3   (Audience publique avec mesures de protection.)

  4   (M. Babic est dans le prétoire.)

  5   M. le Président (interprétation): On est en train de nous remettre la

  6   pièce portant la cote D57; c'est la transcription de cette audition.

  7   Oui, Madame?

  8   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Président, je voulais

  9   simplement mentionner que vous allez trouver dans l'audition une partie

 10   rayée. Ce sont les parties, les extraits qui n'ont pas été diffusés.

 11   M. le Président (interprétation): Fort bien. Nous avons maintenant la

 12   totalité du texte de la transcription sous les yeux.

 13   Monsieur Milosevic, vous avez la parole.

 14   (Contre-interrogatoire principal du M. Babic par l'accusé M.

 15   Milosevic.)

 16   M. Milosevic (interprétation): Eh bien, aujourd'hui pour commencer,

 17   prenons d'abord la carte qui a fait l'objet de commentaires de la part de

 18   ce témoin. Je ne pense pas que ceci se soit passé à huis clos partiel, je

 19   suppose donc qu'il n'est pas nécessaire de passer maintenant à huis clos

 20   partiel.

 21   M. le Président (interprétation): C'est la carte, je suppose, de la RSK?

 22   M. Milosevic (interprétation): Effectivement, c'est la carte qui a été

 23   présentée au début de la déposition de ce témoin.

 24   M. le Président (interprétation): Aux fins du dossier d'audience, je

 25   précise qu'il s'agit de la pièce 326, intercalaire 11. Je pense que le

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  1   témoin dispose d'une copie.

  2   Oui, allez-y, Monsieur Milosevic.

  3   M. Milosevic (interprétation): Avant de poursuivre, j'aimerais attirer

  4   votre attention sur le fait que, d'après mes calculs, l'interrogatoire

  5   principal a duré 24 heures. Vous m'avez dit que je disposerais de 20

  6   heures. Veuillez revoir vos calculs pour voir si les miens sont exacts. Il

  7   se peut que je me trompe, bien sûr.

  8   M. le Président (interprétation): En fait, vous vous êtes trompé. Cela

  9   fait 20 heures: j'ai relevé le décompte exact.

 10   M. Milosevic (interprétation): Bon.

 11   En premier lieu, est-il exact de dire que ce n'était pas une carte

 12   secrète?

 13   M. Babic (interprétation): C'était un document public.

 14   Question: Je vois. Document public. Cela se trouvait partout dans la

 15   Krajina. C'était comme un tract, n'est-ce pas?

 16   Réponse: Pas un tract, mais bien ce que c'était, à savoir une carte

 17   comportant des données.

 18   Question: Oui, avec des données, résumés, des informations au verso de la

 19   carte. Il y a même un résumé en anglais au cas où ceci devrait être

 20   distribué ou montré à des étrangers.

 21   Réponse: Je ne sais pas à quelle fin cette carte a été utilisée. Moi, je

 22   l'ai obtenue en 1994.

 23   Question: Et ceci a été produit par l'armée serbe de Krajina avec l'aide

 24   du journal "Vojska" de Belgrade?

 25   Réponse: Oui, avec l'aide de la maison d'édition militaire "Vojska" de

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  1   Belgrade.

  2   Question: Et avec le sceau de la République de RSK et le sceau de l'armée

  3   serbe de Krajina?

  4   Réponse: Oui, avec le nouvel emblème, avec le nouveau blason de 1994.

  5   Question: Pourriez-vous nous apporter un commentaire, comme vous l'avez

  6   fait auparavant, à propos de cette carte? Mais, auparavant, dites-moi

  7   ceci: quel était le pourcentage de la répartition par composition

  8   ethnique, dans la municipalité de Knin?

  9   Réponse: Dans la municipalité de Knin, quelque 90% de la population, près

 10   de 90% étaient Serbes, et il y avait 10% d'autres nationalités: 9% de

 11   Croates et il y avait à peu près 1% de Yougoslaves; ça donnerait à peu

 12   près la composition en 1981. Il se peut que je me trompe: cela peut faire

 13   1% ou 2% de différence.

 14   Question: Est-ce que vous vous souvenez que les dirigeants de la RSK

 15   mettaient souvent l'accent sur le fait que les Croates de Knin vivaient

 16   sur un pied d'égalité avec tous les autres citoyens et que les autorités

 17   de la RSK ne se comportaient pas envers les Croates comme les autorités

 18   oustachis se comportaient envers les Serbes? N'est-ce pas vrai?

 19   Réponse: Les Croates savent le mieux comment ils vivaient à Knin. Tout

 20   comme les gens de Serbie et de Knin.

 21   Je vais seulement vous montrer quelques exemples. Il ne fait pas l'ombre

 22   d'un doute qu'ils ne se sentaient pas à l'aise au moment où il y avait des

 23   conflits interethniques. Mais il est aussi établi que, dès le mois

 24   d'octobre, certains citoyens d'origine croate et des Albanais ont subi des

 25   conséquences négatives du fait des événements qui se sont produits à Knin.

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  1   En 1991, en avril 1991, la police de Krajina a commencé à faire des

  2   saisies sélectives chez les citoyens, pas chez tous les citoyens, mais

  3   chez les Croates; et ceci s'est produit surtout dans le village de

  4   Potkonje, Knin Polje et à Vrhpolje. Ils ont vécu des choses désagréables,

  5   voire pire, des souffrances.

  6   Vous avez les habitants de Kijevo, village croate, qui, le 26 août 1991,

  7   au moment de l'attaque de la JNA, ont vécu des mauvais moments. C'est vrai

  8   aussi pour les Croates de Knin qui, en 1993, non seulement se sentaient

  9   dans une situation précaire, mais ont subi des sévices physiques de la

 10   part de réfugiés venant de Benkovac après l'attaque de l'armée croate sur

 11   Ravni Kotori. Surtout pour les gens qui venaient de Islam Grcki. Les

 12   policiers les ont amenés de façon organisée et les ont poussés à

 13   s'installer dans des maisons appartenant à des Croates; ce qui veut dire

 14   que les Croates ont dû fuir et chercher refuge dans le centre à Vrhpolje

 15   et la police a organisé leur réinstallation par bus vers Zitnic, vers les

 16   territoires contrôlés par le gouvernement croate, vers Vitez. Voilà ce qui

 17   s'est passé en ce qui concerne Knin.

 18   Je ne veux pas ici faire preuve de cynisme, mais je veux dire que les

 19   Croates de Knin s'en sont mieux sortis en dépit de ce que je viens de

 20   dire, que ce ne fut le cas pour les gens qui se trouvaient dans des

 21   régions où il y avait des conflits armés. Je me souviens notamment des

 22   paroles empreintes de fierté de Milan Martic. Il a dit que les Croates de

 23   Knin vivaient dans une situation d'égalité complète, ce que nous avons

 24   tout à fait accepté et approuvé.

 25   Question: La question avait commencé au moment où on s'est dit: "Je me

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  1   souviens que" et on avait confirmé; nous avions été tout à fait fiers de

  2   cela. Un témoin protégé qui n'était peut-être pas aussi protégé que vous,

  3   mais qui est quand même un témoin protégé, a confirmé qu'à Knin, les

  4   Croates vivaient effectivement sur un pied d'égalité. Le niez-vous?

  5   Réponse: Je vous ai dit à quel point ils étaient égaux.

  6   Question: Vous affirmez qu'ils n'étaient pas sur un pied d'égalité à Knin?

  7   Réponse: Je sais qu'ils ne se sentaient pas à l'aise. Et je connais

  8   beaucoup de Croates qui se sentaient en péril, en danger à Knin.

  9   Question: Vous avez occupé une fonction très importante, je ne vais pas la

 10   nommer, en parler puisque nous sommes en audience publique. Si vous

 11   estimez qu'il y a eu des cas de mauvais traitements pourquoi ne pas avoir

 12   essayé de les empêcher?

 13   Réponse: Les autorités de Knin ont agi de diverses façons pour essayer de

 14   ramener le calme. Tout d'abord, il y a l'état-major de la défense de Knin

 15   pour les barricades. Ils avaient été démantelés. Cela avait été formé à

 16   Golubic ou, pour être plus précis, le 6 août 1991, à Padjeni et la base se

 17   trouvait à Golubic. De plus, on a essayé de démanteler le Conseil national

 18   de la résistance qui a semé le plus de confusion, confusion superflue, non

 19   nécessaire. Et le Gouvernement de la RSK a essayé de placer la police sous

 20   le contrôle du gouvernement et des autorités civiles. Un avocat a été

 21   nommé au poste de ministre de l'Intérieur dans la SAO de Krajina. Aussi,

 22   au début du mois d'août, par l'intermédiaire du Gouvernement de Krajina,

 23   des mesures ont été prises pour que la police et la DB soient subordonnées

 24   aux autorités légitimes et légales de Krajina. Ceci s'est fait également

 25   le 21 novembre 1991 par le biais de l'assemblée de la SAO de Krajina. Des

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  1   mesures similaires furent prises en février 1992, mais arrivé à cette

  2   date, la position des autorités s'était affaiblie, et ceci ne s'est pas

  3   fait parce que vous vous souteniez ces structures.

  4   M. Milosevic (interprétation): Ce témoin, votre collègue qui est intervenu

  5   avant vous, a dit tout à fait le contraire: de quelles structures parlez-

  6   vous? C'est la première fois que j'entends parler d'une structure

  7   parallèle. Ce sont des informations que je reçois maintenant de votre

  8   part. Apparemment, vous avez une structure ou des structures parallèles en

  9   Krajina?

 10   M. Babic (interprétation): C'étaient les structures constituées par la

 11   DB de Serbie par Stanisic, par "Frenki" et par vous en personne. En 1991,

 12   le 16 août 1990, en fait, ces structures visaient à établir ou à obtenir

 13   une certaine légitimité en obtenant le soutien du Parti démocratique

 14   serbe. Et c'est ce qu'ils ont obtenu lors de la réunion du comité central

 15   à Padjeni, le 16 août 1990. Cependant, ces structures, elles ont commencé

 16   à fonctionner d'une façon qui n'était pas celle prévue au départ ou qui

 17   n'était pas considérée comme nécessaire au départ. L'idée, c'était que le

 18   Gouvernement croate ne devrait pas avoir d'incidence sur la situation des

 19   Serbes en matière d'autonomie. Mais la structure créée à Golubic rendait

 20   des comptes au SDS et aux autorités de la municipalité et n'a pas

 21   constitué une cellule pour contrôler les barricades, mais en fait un camp.

 22   Et c'est sur l'initiative du président de l'assemblée que le conseil

 23   exécutif du SDS, au début du mois de septembre 1990, a décidé de

 24   démanteler ces structures.

 25   Le président de l'assemblée a insisté dans ce sens et le camp a été

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  1   démantelé, ce camp de prisonniers. Martic avait la responsabilité de tout

  2   cela et s'en était chargé, d'abord dans un bois, et puis ça s'est passé

  3   dans un pré et, après, à la maison commémorative de Vitez. Et puis, à la

  4   forteresse de Knin, à partir du 30 septembre, il s'est installé au poste

  5   de police de Knin. Jovica Stanisic, au mois d'août 1990, était déjà en

  6   contact avec ces structures et ces structures se sont emparées du contrôle

  7   sur le centre de formation de la municipalité de Knin.

  8   M. le Président (interprétation): Une chose à la fois. Laissez le soin au

  9   témoin de terminer.

 10   Est-ce que vous pourriez essayer d'être plus concis dans vos réponses,

 11   Monsieur le Témoin, de façon à ce que l'accusé ait l'occasion de poser ses

 12   questions? Avez-vous quelque chose à ajouter à propos de ces structures?

 13   M. Babic (interprétation): Cette structure a commencé à être formée en

 14   1990. Elle a fait l'objet d'une annonce publique à propos du Conseil

 15   national de la résistance et, par la suite, cette structures a fonctionné

 16   en association avec le secrétariat de l'Intérieur et avec le ministère de

 17   l'Intérieur de la SAO de Krajina, en tant que structure parallèle dans la

 18   mesure où elle n'était pas sous la tutelle des autorités légales de la SAO

 19   de Krajina. Même si les autorités de Krajina ont participé à la nomination

 20   de certaines personnes dans ces structures. Si c'était pour un objectif

 21   particulier comme ça a été le cas pour Milan Martic. Il y a une maxime

 22   serbe qui dit: "Il faut secouer le tout pour s'en débarrasser en

 23   déversant", dit-on en serbe.

 24   Mais dites-moi, qui étaient ces gens qui constituaient cette structure

 25   parallèle? Donnez-moi les noms de personnes dans ces structures parallèles

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  1   en 1990 à Knin.

  2   M. Babic (interprétation): Milan Martic, Jovo Vitas, Nebojsa Mandinic,

  3   Jovica Stanisic, un journaliste, un certain Cvetkovic; et puis il y a des

  4   personnes, dont je ne me souviens pas du nom, qui se trouvaient dans la

  5   salle du chiffre par exemple. Et il y avait d'autres personnes qui étaient

  6   en rapport avec le SDS.

  7   C'est la structure et aussi des citoyens. C'est la structure que j'ai

  8   commencé à reconnaître en 1990. Cela a commencé au mois d'août et ça s'est

  9   poursuivi pendant tout l'automne jusqu'au mois de janvier 1991. En 1991,

 10   il y avait dans ces structures, Stanisic, Franko Simatovic, Milan Martic,

 11   Dusan Starevic, qui étaient bien sûr déjà là en 1990; et il y avait

 12   d'autres personnes qui se trouvaient sous le contrôle et sous l'influence

 13   de ceux que je viens de citer. Et cela va jusqu'au Président des

 14   municipalités de Lapac, Korenica, Benkovac, vice-président du gouvernement

 15   Dusan Starevic, et plus tard Velibor Matijasevic. Zeljko Matijevic,

 16   président de l'assemblée, a rejoint ces structures sous l'influence de

 17   Martic en 1992. Sous votre influence et sous l'influence de Stanisic et de

 18   Budimir Kosutic, Mile Paspalj a rejoint cette structure. Et du 16 au 26

 19   février, cette structure a réussi à asseoir son autorité officielle,

 20   formelle et légale dans la RSK.

 21   Question: Maintenant, je commence à y voir plus clair.

 22   Pensez-vous que tous les fonctionnaires de la RSK -et auparavant de la SAO

 23   de Krajina- qui étaient opposés à vous, vous pensez que tous les gens qui

 24   étaient opposés à vous constituaient une structure parallèle?

 25   Réponse: Non, mais ceux qui ne respectaient pas la décision du

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  1   gouvernement et de l'assemblée de la SAO de Krajina, et qui se sont servis

  2   de la contrainte à l'égard des membres du gouvernement pour être tolérés,

  3   c'est par la force qu'ils ont empêché l'assemblée et le gouvernement

  4   d'asseoir leur autorité légale sur eux.

  5   Question: Mais qu'est-ce que c'était? C'était une faction du SDS, ou est-

  6   ce que c'étaient des membres d'autres partis? Quelle était cette

  7   structure?

  8   Réponse: C'étaient des membres de la DB de Serbie, des membres de ce que

  9   l'on appelé DB de Krajina; il y avait des membres de la police de Krajina

 10   avec, à leur tête, Milan Martic. Il y avait aussi certains hommes

 11   politiques du SDS et hors du SDS, et d'autres personnes qui n'étaient pas

 12   dans le SDS, mais qui ont collaboré avec la DB de Serbie.

 13   Question: Vous dites "la DB de Serbie en 1990": que voulez-vous dire?

 14   Réponse: Eh bien, il y avait obédience, il y avait coordination; c'est ce

 15   que j'entends par collaboration. La DB de Serbie n'avait aucune compétence

 16   sur le territoire de la Croatie en 1990, officiellement. Il n'était pas

 17   possible qu'elle ait des compétences en matière de gouvernement ou de

 18   gestion de la police de la SAO et, plus tard, de la RSK,en 1990. Pourtant,

 19   ils l'ont fait. Ce qui veut dire que c'était une présence illégale que la

 20   leur, dans la région.

 21   Question: Le fait que la DB de Serbie n'était pas compétente en Krajina,

 22   là, je suis d'accord avec vous.

 23   Réponse: Officiellement, légalement, il n'y avait pas de compétence.

 24   Cependant, elle avait une situation de commandement sur la structure qui

 25   se composait des personnes que je viens d'énumérer.

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  1   M. Milosevic (interprétation): Ecoutez, calmez-vous. Ne vous énervez pas!

  2   M. Babic (interprétation): Mais je ne suis pas énervé. Je ne

  3   m'énervais pas, j'essayais d'être le plus concis possible en réponse aux

  4   injonctions du Président.

  5   M. le Président (interprétation): N'oubliez pas que ceci doit être

  6   interprété. N'oubliez pas non plus ce que je vous ai dit auparavant, avant

  7   le début du contre-interrogatoire: il faut ménager des pauses entre les

  8   questions et les réponses.

  9   Poursuivez, Monsieur Milosevic.

 10   M. Milosevic (interprétation): Oui, bien sûr, Monsieur May. Je vais me

 11   souvenir de ce que vous avez dit parce qu'à l'évidence, ceci est des plus

 12   intéressants, si ce n'est amusant.

 13   Vous avez énuméré des noms Vitas, Martic, Orlovic, un certain Nebojsa,

 14   dont on ne connaît pas le nom de famille.

 15   M. Babic (interprétation): Nebojsa Mandinic, qui était le président de

 16   l'assemblée et, plus tard, président de la municipalité de Knin.

 17   M. Milosevic (interprétation): Et quel est l'autre nom?

 18   Réponse: Mandinic.

 19   Question: Oui, Mandinic. Et c'était le président d'une chambre de la

 20   municipalité de Knin parce que cette chambre de travail associé

 21   (inaudible)?

 22   Réponse: Non, c'était la chambre sociopolitique.

 23   Question: D'accord, sociopolitique.

 24   Réponse: Je vous l'ai dit. Et la Chambre du travail associé. En tout cas,

 25   le président d'une des trois chambres.

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  1   Question: Et dites-moi, qu'est-ce que c'était Martic?

  2   Réponse: C'était un inspecteur de police au poste de police de Knin.

  3   Question: Au moment de la formation de la SAO de Krajina, c'est ça?

  4   Réponse: Oui. Au moment où l'on a créé la SAO de la Krajina, cet homme se

  5   trouvait dans le Conseil national de la résistance. Et le 4 janvier 1991,

  6   le conseil exécutif provisoire de la SAO de la Krajina a promu David

  7   Rastovic, président de la municipalité de Knin et vice-président du

  8   conseil exécutif de la SAO Krajina, comme secrétaire de l'Intérieur.

  9   Question: Et vous, vous n'avez rien a eu à voir avec tout cela? Aucune

 10   participation?

 11   Réponse: Mais si!

 12   Question: Suite à la proposition… Ou, hier, vous avez parlé d'un homme qui

 13   était derrière la lorgnette; vous avez dit que Martic était secrétaire de

 14   l'Intérieur?

 15   Réponse: Secrétaire du SUP, secrétariat de l'Intérieur.

 16   Question: D'où il est, Martic?

 17   Réponse: Il est né dans le village de Zagrovic, près de Knin.

 18   Question: Martic était secrétaire du SUP de Krajina, il était originaire

 19   de Knin. Et ce Vitas, qui est-il?

 20   Réponse: Jovo Vitas, c'était un homme d'affaire de Knin.

 21   Question: Un homme d'affaire de Knin?

 22   Réponse: Enfin, il vivait à Knin. C'est là qu'il était né. Enfin, je ne

 23   sais pas si c'est là qu'il était né.

 24   Question: Et est-ce qu'il est de la Krajina, Jovo Vitas?

 25   Réponse: Je ne sais pas exactement son lieu de naissance. Vitas, c'est un

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  1   nom qui existe aussi du côté de Bosanska Krupa.

  2   Question: Ce n'est pas très important, mais il était aussi à Knin: c'est

  3   ce que vous dites? Et ce Orlovic, qui était-il, d'où était-il?

  4   Réponse: Dusan Orlovic, c'était un étudiant en médecine; il n'a jamais

  5   terminé ses études. Et il était né à Lika. Il n'a pas fait grand-chose, il

  6   était sans emploi, mais nous savons qu'à partir de 1989, il était toujours

  7   présent chaque fois qu'il y avait des événements importants dans la

  8   région.

  9   Question: Et quelle était sa fonction, le poste qu'il occupait?

 10   Réponse: C'était un membre du Conseil national de résistance. Martic l'a

 11   désigné en tant que chef de la DB, de la sûreté de l'Etat en Krajina.

 12   Question: Donc il était le chef de la DB en Krajina. Et vous dites qu'au

 13   départ, il était lui-même de Krajina, n'est-ce pas? Et est-ce que

 14   c'étaient des membres de partis?

 15   Réponse: Martic n'était pas membre d'un parti. Et, à ma connaissance,

 16   c'était le cas aussi pour Orlovic. S'agissant de Jovo Vitas, je ne sais

 17   pas s'il était membre du Parti socialiste de Croatie, d'orientation

 18   yougoslave, mais je sais qu'il a contribué à l'organisation. Il y avait

 19   aussi Nebojsa Mandinic, qui était membre du SDS.

 20   Question: D'accord. Dites-moi ceci: ce Nebojsa Mandinic, mis à part le

 21   fait qu'il était président de ce Conseil du travail associé -je ne sais

 22   plus le nom que ça avait- à Knin, est-ce qu'il avait d'autres fonctions?

 23   Réponse: Vous me demandez s'il avait d'autres fonctions, d'autres postes.

 24   Il y avait Bogoljub Popovic et Martic; avec eux, il avait des questions à

 25   voir avec des questions de sécurité. Je ne peux pas être beaucoup plus

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  1   précis que cela, s'agissant de la dénomination.

  2   Question: Mais je suppose que vous travailliez de concert. Ils n'étaient

  3   pas tous seuls de leur côté et vous, tout seul du vôtre. Je suppose que

  4   vous agissiez ensemble?

  5   Réponse: Mais chacun menait sa barque, à sa façon.

  6   M. Milosevic (interprétation): D'accord. J'ai compris.

  7   (Les interprètes précisent que le micro de M. Milosevic n'est pas

  8   branché.)

  9   M. le Président (interprétation): Les interprètes ont du mal à vous

 10   entendre. Est-ce que votre micro est branché, Monsieur Milosevic?

 11   M. Milosevic (interprétation): (Hors micro.)

 12   M. le Président (interprétation): Le problème, c'est qu'on ne ménage pas

 13   de pause, donc le Greffe n'a pas le temps de débrancher et de brancher les

 14   micros. Ne l'oubliez pas.

 15   M. Milosevic: Okay.

 16   (avec interprétation): Cela veut dire qu'il nous faut faire des pauses.

 17   C'est cela, Monsieur May?

 18   M. le Président (interprétation): Oui.

 19   M. Milosevic (interprétation): D'accord.

 20   Vous nous disiez que Martic était le secrétaire du SUP; il y avait Vitas

 21   aussi, un fonctionnaire; Orlovic était le chef de la DB pour la Krajina;

 22   Mandinic, lui, il était le président d'une des chambres de la municipalité

 23   de Knin. Mais comment se pourrait-il dès lors que ce soient des gens qui

 24   fassent partie d'une structure parallèle? Comment une structure parallèle

 25   peut-elle se composer de gens qui occupent des fonctions tout à fait

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  1   officielles, dans une structure officielle, même avant la proclamation de

  2   la SAO de Krajina? Alors, qu'est-ce que c'était ça pour une structure

  3   parallèle?

  4   M. Babic (interprétation): Eh bien, ce que ces gens faisaient, ce

  5   n'était pas travailler dans la structure d'institutions légitimement élues

  6   et établies lors d'élections pluripartites. C'étaient des structures qui

  7   avaient surgi de façon illégale, de façon arbitraire, à partir d'une

  8   initiative personnelle. C'est pour ça que je les qualifie de "structures

  9   parallèles", parallèles aux institutions légitimes. Et je dis que Martic

 10   était nommé secrétaire du SUP; cependant, l'assemblée de la Krajina, suite

 11   à une proposition faite par le Premier ministre, l'avait nommé ministre de

 12   la Défense pour la SAO de la Krajina le 29 mai, et lui en personne, ce

 13   jour-là, a prêté serment avant d'entrer en fonction.

 14   Et dès le lendemain, après avoir été convaincu par "Frenki", des gens de

 15   la DB de Serbie, il a refusé de transmettre au ministère de l'Intérieur et

 16   au ministre qui venait d'être élu, il a refusé de passer son bureau à

 17   Dusan Vjestica. C'est de cette façon-là, par le recours à la force,

 18   puisque c'est avec la DB de Serbie qu'il avait le contrôle des formations

 19   armées sur les forces de police et sur les paramilitaires qu'il avait

 20   constitués dans le camp de Golubic au mois d'avril.

 21    Donc, en quelques mots, très simplement, on pouvait dire qu'il avait tout

 22   le pouvoir derrière lui. Et le gouvernement, l'assemblée n'ont pas été

 23   capables d'imposer Vjestica ou plutôt de le forcer à transmettre son

 24   bureau à Vjestica.

 25   Un mois s'est passé et, le 27 juin, à Grahovo, l'assemblée a été

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  1   contrainte et forcée d'accepter la volonté de cet homme pour éviter qu'il

  2   y ait un conflit interne dans la Krajina ou une guerre civile, à un moment

  3   où le conflit connaissait une escalade avec la Croatie. C'est donc dans ce

  4   sens que lui, qu'eux, ils ont constitué ces structures parallèles dans la

  5   Krajina; ils ont imposé leur propre volonté par la force.

  6   Question: Mais expliquez-moi ceci: vous venez de le dire -et j'espère que

  7   je ménage suffisamment bien les pauses, Monsieur May-, vous venez de dire

  8   que l'assemblée avait soutenu la position défendue par M. Milan Martic.

  9   Comment pouvez-vous dès lors dire qu'il a rempli ses objectifs par la

 10   force? Est-ce qu'il a armé son fusil par hasard en le pointant sur les

 11   députés de l'assemblée nationale, ou est-ce qu'il aurait par hasard arrêté

 12   un parlementaire? Est-ce qu'il aurait agi de cette sorte? Pourquoi est-ce

 13   que vous concoctez des sornettes de ce genre?

 14   Réponse: C'est ce qu'il a fait en 1995. Et je vous l'ai dit

 15   personnellement: je vous ai dit qu'il y avait eu un raid dans la région

 16   par des unités de la police et que ça avait été le cas pour l'assemblée de

 17   la Krajina. Je m'en suis plaint personnellement et je vous ai demandé

 18   d'intervenir pour apaiser la situation.

 19   Et en 1991, cet homme avait le pouvoir, il avait le contrôle avec la DB de

 20   Serbie, le système de la sûreté de l'Etat. Il contrôlait les forces de

 21   police régulière, ainsi que les forces de police de Krajina, celle qui a

 22   été établie en tant que police de la Krajina, à savoir les formations

 23   paramilitaires qui avaient déjà été constituées. Et après la prise de

 24   fonction de Dusan Vjestica -enfin, il n'a pas pris le pouvoir, je

 25   m'excuse, mais l'assemblée l'a nommé, l'a désigné au poste de ministre de

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  1   l'Intérieur-, il a pris des décisions consistant à remplacer au moins deux

  2   des adjoints de Martic. Martic, ses associés ont tout simplement déchiré

  3   ces décisions signées par le ministre qui venait d'être nommé et l'ont

  4   tourné en ridicule.

  5   Il n'y avait donc aucune structure, il n'y avait pas la possibilité

  6   d'avoir un véritable exercice de sa fonction par le ministre Vjestica. Et

  7   pour éviter un conflit interne, pour éviter une guerre civile entre les

  8   Serbes en Krajina, c'était accepté comme un fait, à savoir l'autorité de

  9   la DB, l'autorité de Martic qui commandait les forces de police ont été

 10   acceptées, parce que ces structures avaient un objectif politique commun

 11   qui était de défendre la Krajina. C'est à partir de ce moment-là qu'ont

 12   commencé à fonctionner ces structures parallèles; enfin elles

 13   fonctionnaient déjà avec ces mêmes objectifs politiques qui consistaient à

 14   conserver la Krajina dans la Yougoslavie, dans cet Etat que vous avez créé

 15   vous-même.

 16   Et l'intérêt de l'assemblée, du gouvernement est-il lui aussi de défendre

 17   et de préserver la Krajina, de la protéger des attaques lancées par les

 18   forces armées du Gouvernement croate et s'informer d'une espèce de

 19   symbiose? Cependant cette structure parallèle, la police de Krajina, la DB

 20   de Krajina avec ses unités paramilitaires, n'a pas protégé les habitants

 21   de la Krajina, mais a causé des provocations envers les Croates, a essayé

 22   de causer des affrontements pour qu'il y ait un repli ou une intervention

 23   de l'armée yougoslave dans le conflit. Comme vous aviez prévu tout cela

 24   vous-même. C'est la raison pour laquelle la politique de ces structures

 25   parallèles est différente des tentatives entreprises par les structures

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  1   légales gouvernement et assemblée de la SAO de Krajina.

  2   Question: Dites-moi, n'avait-il pas été de vos objectifs de préserver la

  3   Krajina?

  4   Réponse: C'est précisément ce que j'étais en train de dire, oui.

  5   M. Milosevic (interprétation): Mais n'avez-vous pas dit, le premier jour

  6   ici, que, vers les années 1990, donc en 1990, le chef de la sûreté d'Etat,

  7   Jovica Stanisic, est venu là-bas avec son adjoint -je ne sais plus comment

  8   vous l'avez désigné- mais c'était Franko Simatovic, n'est-ce pas?

  9   M. Babic (interprétation): Jovica Stanisic est venu pour la première

 10   fois au mois d'août 1990, et ceci s'est fait début avril. Et Jovica

 11   Stanisic et Franko Simatovic et le dénommé "Fica" -l'un de vos gardes du

 12   corps- donc ceux qui avaient été chargés de la sécurité personnelle avec

 13   le capitaine Dragan qui m'avait fait penser à la France, étaient venus

 14   avec d'autres personnes après une réunion. Donc deuxième moitié, deuxième

 15   quinzaine du mois de mars.

 16   M. le Président (interprétation): M. Babic, vous devriez vous rappeler

 17   la demande que nous vous avons faite, à savoir de faire vos réponses

 18   courtes parce que sinon nous manquerons de temps.

 19   Oui, Monsieur Milosevic.

 20   M. Milosevic (interprétation): (Hors micro.)

 21   Donc Jovica Stanisic, le chef de la sûreté d'Etat, était à Knin?

 22   M. Babic (interprétation): Je n'ai pas entendu votre question.

 23   Question: Ils n'ont pas traduit en serbe probablement. Donc, en 1990, le

 24   chef de la sûreté d'Etat de Serbie, Jovica Stanisic, est venu à Knin?

 25   Réponse: Je ne savais pas quelle avait été sa fonction. En 1990, Martic

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  1   m'a dit que c'était un homme du MUP de Serbie.

  2   Question: Bien. Mais en 1991, avez-vous dit qu'il était venu avec Radmilo

  3   Bogdanovic, avec le chef de la sûreté d'Etat chez moi, à une réunion au

  4   mois de mars? Est-ce ce que vous avez mentionné?

  5   Réponse: Radmilo Bogdanovic était un ministre sortant.

  6   Question: Et Jovica Stanisic était chef de la DB, n'est-ce pas?

  7   Réponse: Je ne sais pas s'il avait déjà été chef de la DB, mais, début

  8   avril 1991, il m'avait dit qu'il était chef de la DB.

  9   Question: Bon. Il l'avait dit, il l'avait dit lui-même et c'est encore un

 10   mensonge. Jovica Stanisic n'était pas chef de la DB, ni en 1990 ni en

 11   1991, époque à laquelle vous mentionnez cette réunion. Je ne le

 12   connaissais même pas en 1990 et il ne pouvait pas être, à ce moment-là,

 13   là-bas pour mission, quelle qu'elle soit. Vous aviez pu dire que j'étais

 14   en Croatie à l'époque, parce que j'étais à Dubrovnik en vacances ou plutôt

 15   à Kupari. Oui, ça c'est vrai.

 16   Réponse: Il était chef et il m'avait parlé de son conflit personnel avec

 17   Janackovic, c'était au mois de mars. Il avait un conflit avec Janackovic

 18   qui était son supérieur et son bureau se trouvait à côté de celui de

 19   Janackovic, dans le vieux bâtiment du MUP de Serbie, dans la rue de Knez

 20   Milos, du Prince Milos. Et il m'avait parlé du conflit avec Janackovic.

 21   Par la suite, Janackovic s'en est allé et c'est lui qui est devenu chef.

 22   Maintenant, je ne sais plus s'il s'appelait directeur, chef ou...

 23   M. Milosevic (interprétation): Je n'entre pas dans ce type de détails. Il

 24   avait son bureau dans le bâtiment du MUP de Serbie, n'est-ce pas?

 25   M. Babic (interprétation): Le MUP de Serbie se trouvait dans un vieux

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  1   bâtiment de la rue du Prince Milos, Knez Milos. Et le nouveau bureau -là

  2   où il m'a reçu- se trouvait dans le vieux bâtiment. Je ne sais pas si

  3   c'était le bâtiment du MUP, mais c'était un vieux bâtiment qui était juste

  4   à côté du nouveau bâtiment du MUP.

  5   M. le Président (interprétation): Parlez un par un, un à la fois, Monsieur

  6   Milosevic.

  7   M. Milosevic (interprétation): J'ai cru entendre, dans l'une des parties

  8   de votre témoignage, qu'il avait un bureau dans mon bâtiment, dans le

  9   bâtiment de la présidence de Serbie. Maintenant, je viens d'apprendre

 10   qu'il avait un bureau au MUP de Serbie aussi, ce qui est une grosse

 11   évolution par rapport à votre déclaration précédente.

 12   M. Babic (interprétation): En septembre 1991, il occupait un bureau à

 13   côté de celui de Goran Milinovic; je crois que c'est ainsi que s'appelait

 14   votre chef de cabinet. Et c'est lui-même qui m'a montré, avant que je ne

 15   vienne à cette réunion avec vous, une pièce où il présentait ses rapports.

 16   Il avait dit qu'il y avait là une table, une espèce de portant de cartes

 17   géographiques et des places vides; c'était au mois de septembre 1991. Et

 18   moi, j'étais venu en automne 1991 chez vous.

 19   Et puis, une fois encore, je crois avoir dit qu'il était chez vous au mois

 20   de mars avec Bogdanovic. Puis je l'ai rencontré chez vous au mois de

 21   septembre aussi 1994, puis je l'ai rencontré dans votre cabinet suite à

 22   votre convocation en avril 1995.

 23   M. Milosevic (interprétation): Ecoutez, quand je vous poserai la question,

 24   vous me répondrez à ce type de question. Monsieur Kroacija 61...

 25   M. le Président (interprétation): M. Babic, laissez l'accusé finir sa

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  1   question, ne l'interrompez pas. Et lui non plus ne devrait pas vous

  2   interrompre.

  3   M. Babic (interprétation): Je m'excuse, mais c'est lui qui m'avait

  4   interrompu aussi.

  5   M. Milosevic (interprétation): (Rires) Bien! Je vous ai donc interrompu.

  6   C'est aussi exact que tout ce que vous avez dit jusqu'à présent.

  7   M. le Président (interprétation): Ne faites pas de commentaires, je vous

  8   prie.

  9   M. Milosevic (interprétation): Très bien. Donc vous avez mentionné tout à

 10   l'heure le fait qu'ils avaient mis en place des formations paramilitaires

 11   sous leur conduite.

 12   Ma question est la suivante: savez-vous nous dire si, pour ce qui concerne

 13   la Serbie -et là, je suis très précis-, pour ce qui concerne la Serbie,

 14   les formations paramilitaires ont-elles été, oui au non, mises en place,

 15   mises sur pied par des partis d'opposition? Est-ce là chose qui vous est

 16   connue ou pas, Monsieur C-061?

 17   Réponse: Ce que je sais, c'est que la Serbie, c'est-à-dire vous, par le

 18   biais de Jovica Stanisic, de Radmilo Bogdanovic et de Franko Simatovic,

 19   surnommé "Frenki", vous avez mis en place des détachements de volontaires

 20   dans la SAO de Krajina, partant du mois d'avril 1991. Vous avez instruit,

 21   vous avez interconnecté ou établi des liens entre les secrétariats à

 22   l'intérieur, à savoir les postes de police sur le territoire de la SAO de

 23   Krajina. Et c'est par leur truchement que vous avez mis en place des

 24   unités spéciales, des unités que l'assemblée de la Krajina, en date du 29

 25   mai 1991, a désignées comme étant la police de la Krajina.

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  1   Question: La création de votre police de la Krajina, c'est ce que vous

  2   désignez ou sous-entendez comme étant la mise en place d'unités ou de

  3   formations paramilitaires?

  4   Réponse: C'étaient des unités paramilitaires, car elles n'étaient pas sous

  5   le contrôle du gouvernement.

  6   Question: Comment pouvaient-elles ne pas être sous le contrôle du

  7   gouvernement?

  8   Réponse: Eh bien, je vous l'ai expliqué: il y avait là une puissance qui

  9   n'était pas soumise à l'autorité du gouvernement.

 10   Question: Mais le ministre de l'Intérieur se trouvait-il, oui ou non, à la

 11   tête de cette police-là?

 12   Réponse: Je vous ai expliqué comment il était devenu ministre de

 13   l'Intérieur.

 14   Question: Vous avez expliqué en disant qu'il avait été nommé par

 15   l'assemblée.

 16   Réponse: Il avait exigé cela par la force, il ne voulait pas se désister

 17   des structures mises en place par la DB de Serbie et qui avaient été

 18   placées sous son autorité.

 19   Question: Mais n'est-il pas un fait que Milan Martic a été nommé à ces

 20   fonctions de ministre de l'Intérieur par l'assemblée de la Krajina? C'est

 21   un fait ou pas?

 22   Réponse: J'ai également précisé qu'il avait prêté serment pour ce qui est

 23   de ces fonctions mais, par la suite, il n'avait plus voulu se désister. Ou

 24   plutôt -je me reprends- il avait été nommé ministre de la Défense, mais il

 25   ne voulait plus se désister du poste de ministre de l'Intérieur; et il a

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  1   contraint les députés à faire en sorte qu'il le conserve.

  2   Question: Mais l'assemblée a décidé qu'il devrait garder les deux postes?

  3   Réponse: Il l'a exigé et l'assemblée lui a accordé cela, mais cela n'est

  4   que formel, alors qu'il n'avait pas voulu rétrocéder les attributions

  5   afférentes à l'Intérieur, en prenant possession des fonctions de la

  6   Défense.

  7   Question: Mais n'est-il pas exact de dire que cette décision de

  8   l'assemblée de la Krajina concernant la nomination de Martic a été faite

  9   de force? C'est ce que vous avez dit: il l'a fait de force?

 10   Réponse: Mais les gens qui ont pris part à toute la procédure le savent.

 11   Question: (Hors micro.) …Vous êtes en train de nous expliquer comment se

 12   sont déroulées vos disputes internes, mais en quoi vos disputes me

 13   concernent-elles?

 14   Réponse: Ce n'étaient pas des disputes entre nous, mais c'était votre

 15   façon à vous de contrôler et d'exercer votre influence dans la Krajina.

 16   Vous aviez pris possession des forces armées de la Krajina au travers de

 17   la DB et par le biais de Martic.

 18   Question: Eh bien, pour ce qui est de la prise des effectifs ou des forces

 19   armées dans la Krajina, je vous demanderai maintenant ce que vous avez

 20   fait vous-même. Vous avez pris part à la vie politique de la Krajina et

 21   vous avez participé à la direction des forces de la Krajina.

 22   Vous avez parlé d'unités paramilitaires et vous avez dit que la police de

 23   Krajina était une formation paramilitaire. Qui est-ce qui a constitué ces

 24   formations paramilitaires? Vous avez dit que les partis ont coopéré et

 25   vous avez dit que l'opposition en Serbie avait installé des unités

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  1   paramilitaires dans la Krajina?

  2   Réponse: Eh bien, pour ce qui me concerne, vous avez commencé à coopérer

  3   avec l'opposition. Et jusqu'en mars 1991, vous aviez bénéficié de l'appui

  4   de la police, et ce de façon publique.

  5   M. Milosevic (interprétation): Veuillez jeter un coup d'œil sur la page

  6   (l'interprète n'a pas pu saisir le numéro de page) qui a été versée comme

  7   pièce à conviction.

  8   Quand je dis "vous", c'est le Bureau du Procureur.

  9   M. le Président (interprétation): C'est un commentaire tout à fait

 10   superflu.

 11   Pouvez-vous, s'il vous plaît, identifier le document pour que nous

 12   puissions le consigner au compte rendu d'audience?

 13   M. Milosevic (interprétation): Ce dont je veux donner lecture, c'est le

 14   texte suivant. On dit: "Monsieur Ratko Mladic, commandant du Corps d'armée

 15   de Knin, a envoyé un rapport de combat pour ce qui est du commandant du

 16   district militaire à Zagreb".

 17   M. le Président (interprétation): Pouvez-vous nous donner la date de ce

 18   document et nous dire qui en est l'auteur?

 19   M. Milosevic (interprétation): 8 avril 1992. Et il est dit là: "Dans la

 20   ville de Knin et les unités, il y a des tracts qui ont fait leur

 21   apparition -et je suis en train de donner lecture de ce document- et ces

 22   tracts convient les citoyens à assister à une promotion officielle, à

 23   savoir la mise en place, la création d'une brigade de l'armée serbe dans

 24   le village de Kosovo. Une brigade analogue a été mise sur pied dans la

 25   Lika. Les organisateurs de la formation de ces effectifs-là sont:…" Puis

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  1   on énumère les organisateurs. La chose a été prévue pour le 10 mai 1992.

  2   Et on dit: "Le commandement du Corps et la Défense territoriale, ainsi que

  3   le commandement du Corps d'armée de Knin, ont déployé des mesures pour

  4   combattre des intentions de cette nature".

  5   M. le Président (interprétation): Je vais vous interrompre un instant, si

  6   vous me le permettez.

  7   Il est important que chacun ait au moins un exemplaire de ce document que

  8   vous êtes en train de lire.

  9   Madame Uertz-Retzlaff, je vous demande si ce document est une pièce à

 10   conviction et s'il a une cote?

 11   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une

 12   pièce à conviction. Nous allons essayer de retrouver ce document avec

 13   l'aide du numéro de référence qui vient d'être fourni, mais pour le

 14   moment, nous n'avons pas encore réussi, nous ne savons pas où se trouve ce

 15   document à l'instant même.

 16   M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, est-ce qu'il s'agit

 17   de l'un des documents qui a été versé au dossier par le Procureur, oui ou

 18   non?

 19   M. Babic (interprétation): Ce que je puis supposer, c'est qu'il s'agit

 20   des événements d'avril 1991, je puis imaginer de quoi il s'agit au juste.

 21   Est-ce que c'est bien cette date-là, avril 1992?

 22   M. Milosevic (interprétation): (Hors micro.)

 23   M. le Président (interprétation): Le 8 avril 1992.

 24   Monsieur Milosevic, pouvez-vous terminer la question à l'endroit où je

 25   vous avais interrompu.

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  1   M. Milosevic (interprétation): (Hors micro.)

  2   Est-ce que vous pouvez me faire un commentaire? Parce qu'il apparaît avec

  3   évidence qu'ici, le commandement du Corps, le QG de la Défense

  4   territoriale et la police de la Krajina ont entrepris des mesures pour

  5   combattre ou réprimer des intentions de cette nature? Aussi est-il mis en

  6   place des brigades illicites".

  7   Et comme vous pouvez le voir dans ce texte, parce que je ne peux pas

  8   prononcer votre nom, Monsieur C-061, l'organisateur de tout ceci c'était

  9   vous-même. Et Mladic a réagi, la police a réagi, aux fins d'empêcher ces

 10   actes de sauvagerie dans la Krajina.

 11   Et voici le télégramme original du commandant du Corps d'armée à

 12   l'intention du commandant du 2e District militaire.

 13   Et vous vous avez parlé, pour ce qui vous concerne, de formations

 14   paramilitaires et vous avez dit que "la police était une formation

 15   paramilitaire".

 16   M. le Président (interprétation): Mais laissez le témoin répondre!

 17   Oui, allez y. Vous pouvez apporter votre commentaire, Monsieur le Témoin.

 18   M. Babic (interprétation): Oui, je vais le faire.

 19   D'abord, je crois que la question était placée dans un contexte de

 20   coopération avec l'opposition en Serbie. Et maintenant, je vois que la

 21   question a été plutôt placée dans le contexte de l'existence des

 22   structures paramilitaires.

 23   Les événements du mois d'avril 1992 dans le village de Kosovo, en

 24   Dalmatie, à proximité de Knin, ça avait été là mise en place de ce que

 25   l'on avait désigné être "l'armée serbe". Il avait été établi un corps

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  1   appelé "Petar Mrkonjic".

  2   Question: Justement, je voudrais vous poser une question à ce sujet. Vous

  3   avez organisé cette Brigade appelé "Petar Mrkonjic"?

  4   Réponse: Non. Si vous parlez de moi en personne, je dis non.

  5   M. Milosevic (interprétation): Je pense que c'est vous-même

  6   personnellement qui avez organisé cela; vous affirmez que non. Je vais

  7   prouver que c'est bien le cas.

  8   Et, deuxièmement, est-il exact de dire que cette brigade était constituée

  9   dans son intégralité de criminels que vous avez armés dans leur ensemble?

 10   M. Babic (interprétation): Je voudrais que l'on me fournisse

 11   l'opportunité de répondre.

 12   M. le Président (interprétation): Je crois que vous avez apporté une

 13   réponse, mais vous pouvez fournir une explication si vous estimez cela

 14   nécessaire. Oui, vous avez déjà dit que vous n'étiez pas l'organisateur,

 15   mais vous pouvez apporter votre explication.

 16   M. Babic (interprétation): Cette brigade avait fait partie de ce

 17   comité régional du SDS avec Ljubica Solaja et Rade Cubrilo.

 18   Personnellement, j'avais rejoint cette assemblée et j'avais apporté mon

 19   soutien à la chose, et ceci pour des raisons politiques. D'après

 20   l'évaluation que j'en fais, c'était donc une manifestation politique et

 21   une sorte de protestation contre la démilitarisation de la Krajina. Je

 22   puis vous expliquer quelles sont les raisons personnelles et politiques de

 23   ce type de comportement, si nécessaire.

 24   M. le Président (interprétation): Bien sûr. Bien sûr, mais veuillez nous

 25   aider quant à la nature exacte de cette brigade. Il a été dit qu'il

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  1   s'agissait d'une brigade composée de criminels. Qu'en était-il, je vous

  2   prie?

  3   M. Babic (interprétation): Cela avait été une protestation politique

  4   contre la démilitarisation de la Krajina.

  5   M. Milosevic (interprétation): Monsieur May, le témoin a dit qu'il pouvait

  6   expliquer la chose et qu'il fallait qu'il l'explique à huis clos. Je suis

  7   d'accord. Passons à huis clos pour une minute, pour lui permettre de nous

  8   expliquer. Je suis très intéressé par l'explication qu'il nous apportera.

  9   M. le Président (interprétation): Oui, oui. Très bien.

 10   M. Milosevic (interprétation): Eh bien, entendons cette explication.

 11   (Huis clos partiel à 10 heures 8.)

 12   [Confidentialité levée par une ordonnance de la Chambre]

 13   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes à huis clos partiel.

 14   M. le Président (interprétation): Oui.

 15   M. Babic (interprétation): Il s'agit de ce qui suit. Au mois d'avril,

 16   j'ai été révoqué de mes fonctions par la prétendue assemblée de la SAO de

 17   Krajina, suite à la nomination d'un nouveau gouvernement à Borovo Selo,

 18   datant du mois de février. En avril donc, j'étais président de l'assemblée

 19   municipale de Knin et j'étais membre de la présidence du comité régional

 20   du Parti démocratique serbe. Une partie de ce comité régional, présidé par

 21   Ljubica Solaja et Rade Cubrilo, a organisé ce qui avait été désigné comme

 22   étant "l'armée serbe". A ce moment-là, c'était là une formation

 23   paramilitaire telle que conçue par leurs soins.

 24   J'ai suggéré, pour ma part, qu'il s'agissait là d'une chose compromettante

 25   sur le plan politique et qu'il ne fallait pas le faire. Ce sont des choses

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  1   que savent les personnes avec qui je m'étais entretenu. Et il est arrivé

  2   alors qu'à cette réunion de Kosovo Polje, il est arrivé un historien,

  3   Veselin Djuretic, qui est conseiller à l'Académie serbe des sciences et

  4   des arts. Il y a eu Mirko Jovic, le Président du Renouveau national serbe,

  5   avec Kiro Radovic, originaire du Monténégro et d'un autre parti, et de

  6   certaines autres personnes.

  7   Veselin Djuretic, ce jour-là, lorsqu'il est arrivé avait insisté pour que

  8   je vienne à cette assemblée-là. C'est ce qui a fait que je vienne: pour

  9   des raisons donc politiques. C'était là une base sur laquelle je pouvais

 10   prendre appui à l'occasion des confrontations politiques que j'avais eues

 11   avec cette structure, alors qu'elle était au pouvoir. Je me trouvais pour

 12   ma part dans l'opposition à ce moment-là. Et c'est pour ces raisons

 13   politiques-là que je me suis associé à eux pour ne pas être mis à l'écart.

 14   Je suis allé à cette rencontre politique et j'ai salué l'assemblée en

 15   prononçant quelques phrases brèves. C'était là toute ma participation. Et

 16   j'avais dit auparavant à ces gens-là: "Mais c'est ridicule. Qu'allez-vous

 17   faire lorsque vous allez former cette unité-là? Vous allez rentrer chez

 18   vous à 3 heures?". Ils ont gardé le silence. Et ils ont dit la chose

 19   suivante par la suite.

 20   C'était là un groupe de gens, ce n'était pas une grosse unité. Il y avait

 21   là force attributs folkloriques, force détails folkloriques, et les gens

 22   se sont éparpillés par la suite. Ils avaient apporté ce drapeau de Petar

 23   Mrkonjic, du régiment Petar Mrkonjic dans mon bureau et pour me provoquer.

 24   Et ils avaient demandé de se faire attribuer une pièce, justement la pièce

 25   que j'avais attribuée à la police de la Forpronu, à côté plutôt. Et

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  1   j'avais demandé que l'on place là le drapeau des Nations Unies. J'avais

  2   donc attribué une pièce à la police de la Forpronu, au siège de

  3   l'assemblée municipale. Ils ont profité de ce défaut d'attention de ma

  4   part et ils ont pris part à la chose pour me provoquer politiquement. Il y

  5   avait un certain Stojan Spanovic qui avait été ministre de la Défense de

  6   ce gouvernement-là. Et dans un endroit situé dans une vallée où il y avait

  7   une petite rivière allant de Strmica à une autre localité de Lika.

  8   M. le Président (interprétation): Monsieur le M. Babic, je crois que

  9   nous nous éloignons du sujet. Est-ce qu'il y a encore des raisons pour ce

 10   qui est de rester à huis clos partiel, Monsieur Milosevic?

 11   M. Milosevic (interprétation): (Hors micro.)

 12   Il est dit dans ce rapport journalier de la part du général Mladic à

 13   l'intention du commandement de l'armée. L'organisateur de la formation de

 14   ces effectifs-là est Milan Babic; c'est ce qui est marqué ici. Et on dit

 15   que le commandement du Corps, le quartier général de la Défense

 16   territoriale et la police de la Krajina ont déployé des mesures

 17   appropriées aux fins de réprimer de telles intentions. Donc c'était vous

 18   l'organisateur des forces paramilitaires dans la Krajina. Est-ce exact ou

 19   pas?

 20   M. Babic (interprétation): Ce qui est exact, c'est la chose suivante:

 21   Ratko Mladic était convaincu que j'avais été l'organisateur. Permettez-moi

 22   de finir.

 23   Borivoj Djukic, un colonel, qui était placé sous ses ordres, ainsi que

 24   Martic, le jour où il y a eu cette assemblée au Kosovo, avaient survolé le

 25   meeting en hélicoptère et il y a eu une rencontre qui avait été organisée

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  1   par Karadzic avec les évêques de l'Eglise orthodoxe serbe, au mois de

  2   février 1995. Donc je précise bien: février 1995, il y a eu une rencontre

  3   à Bijeljina qui avait été convoquée par Radovan Karadzic et la direction

  4   de la Republika Srpska, avec la participation du patriarche de l'Eglise

  5   orthodoxe serbe, avec Ratko Mladic et d'autres.

  6   Et à cette assemblée, à l'occasion du déjeuner, Ratko Mladic m'avait

  7   demandé en plaisantant et en se moquant un peu: "Où est cette armée serbe

  8   qui est la tienne?" Je lui ai répondu: "Mais tu le sais mieux que moi". Et

  9   il m'a regardé d'une façon étonnée et j'ai compris que, derrière l'armée

 10   serbe de Krajina, ce n'était pas Ratko Mladic qui se trouvait à la tête,

 11   qui dirigeait, mais c'étaient Jovica Stanisic et vous-même, Monsieur

 12   Milosevic.

 13   M. Milosevic (interprétation): Ah! Mais Dieu m'en garde, Monsieur C-061!

 14   Vous faites de la science-fiction! Et vous avez prononcé tout à l'heure

 15   une phrase que j'ai relevée à l'occasion de ce huis clos partiel. J'en ai

 16   pris bonne note. S'agissant de l'organisation de cette brigade, vous avez

 17   dit que cela avait été fait par le SDS de la Krajina et que vous aviez

 18   apporté votre soutien à la chose; donc vous n'avez fait qu'apporter votre

 19   soutien.

 20   Mais qui se trouvait à la tête du SDS de la Krajina? C'était vous, n'est-

 21   ce pas, Monsieur C-061?

 22   Réponse: Non, Ljubica Solaja.

 23   Question: Vous n'étiez pas président?

 24   Réponse: J'étais membre de la présidence du Comité régional du parti SDS.

 25   Question: Mais SDS et Parti démocratique serbe, c'est la même chose. Donc,

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  1   votre parti à vous a été l'organisateur et vous en avez été le chef.

  2   Maintenant, vous êtes en train de minimiser la chose en disant que vous

  3   aviez apporté votre soutien, alors que la dépêche à Mladic dit pour

  4   organisateur votre nom.

  5   Réponse: Ensuite, nous avons remplacé à son poste Ljubica Solaja, parce

  6   qu'après une action de sa part, il a été révoqué du poste qu'il occupait

  7   au comité régional du SDS. Et c'est alors que je suis devenu dirigeant du

  8   comité régional.

  9   Question: Mais ce n'est pas à cause de cette brigade des formations

 10   paramilitaires que vous l'avez révoqué de son poste. C'est simplement

 11   parce que Milan Babic voulait devenir président de tout cela également,

 12   n'est-ce pas?

 13   Réponse: Milan Babic voulait s'en tenir aux mots contenus dans le

 14   dictionnaire politique, et il a fait des bêtises.

 15   Question: Donc vous avez fait des bêtises parce que vous vouliez rester

 16   dans le sérail politique, c'est bien cela?

 17   Réponse: C'est à peu près cela.

 18   M. Milosevic (interprétation): Eh bien, puisque nous sommes à huis clos

 19   partiel…

 20   M. le Président (interprétation): Si vous allez cesser de parler de ce

 21   document, je vous demande si vous en souhaitez le versement au dossier? Je

 22   parle du document de Mladic.

 23   M. Milosevic (interprétation): Oui, bien sûr. Mais vous l'avez, ce

 24   document. Oui, oui, bien sûr, je souhaite en faire une pièce à conviction.

 25   J'en demande le versement au dossier.

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  1   M. le Président (interprétation): Intervention de l'huissier, je vous

  2   prie.

  3   M. Milosevic (interprétation): Mais c'est un document du Tribunal en tout

  4   état de cause.

  5   M. le Président (interprétation): Je demande à M. l'huissier de

  6   s'approcher de M. Milosevic pour recueillir ce document.

  7   (Intervention de l'huissier.)

  8   M. le Président (interprétation): Ce que nous allons faire, c'est que nous

  9   allons remettre ce document à l'accusation pour lui permettre de

 10   l'identifier. Il faut également qu'il soit traduit. Nous allons le verser

 11   au dossier. Et ce document que j'ai entre les mains peut maintenant être

 12   remis, restitué à l'accusé.

 13   (Intervention de l'huissier.)

 14   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Président?

 15   M. le Président (interprétation): Il faut d'abord lui donner une cote.

 16   Oui, Madame Uertz-Retzlaff?

 17   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Pour vous aider, Monsieur le

 18   Président, je veux dire que nous n'avons pas de traduction de ce document,

 19   car manifestement ce document a fait partie des documents communiqués dans

 20   le cadre de l'application de l'Article 68.

 21   M. le Président (interprétation): Pouvez-vous nous en fournir une copie

 22   plus nette?

 23   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui.

 24   M. le Président (interprétation): Et nous en demanderons la traduction.

 25   (Intervention de l'huissier.)

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  1   (Madame Uertz-Retzlaff fait un signe affirmatif de la tête.)

  2   M. le Président (interprétation): Que l'original soit restitué à l'accusé.

  3   Nous obtiendrons un exemplaire que nous ferons traduire. Je demande une

  4   cote .

  5   Mme Anoya (interprétation): Monsieur le Président, il s'agira de la pièce

  6   à conviction de la défense D58, conservée sous scellés.

  7   M. le Président (interprétation): Oui. Nous en avons fini avec le huis

  8   clos partiel, n'est-ce pas, Monsieur Milosevic?

  9   M. Milosevic (interprétation): Non. Non, non. J'aimerais, pour gagner du

 10   temps, en profiter pour parler d'un autre document qui risque également de

 11   divulguer l'identité du témoin, et j'ai quelques questions à lui poser à

 12   ce sujet.

 13   Monsieur le Témoin, vous avez expliqué hier que, depuis 1990, en fait,

 14   vous aviez pour intention de résoudre tous les problèmes de Croatie, et

 15   cette brigade vous l'avez créée pour vous provoquer vous-même, n'est-ce

 16   pas, puisque vous dites que vous avez soutenu cette initiative?

 17   Réponse: Non, ce n'est pas exact.

 18   M. Milosevic (interprétation): Mais je vais vous poser la question, parce

 19   qu'au compte rendu d'audience, ce que vous avez dit est bien consigné.

 20   Vous avez donc apporté votre appui à cette initiative qui, d'après vous,

 21   était celle du SDS dont vous étiez d'abord membre et ensuite dirigeant en

 22   tant que membre du comité régional, n'est-ce pas?

 23   M. Babic (interprétation): J'ai déjà dit ce qui s'était passé en 1990

 24   et 1995.

 25   M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, nous avons déjà

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  1   parlé de cela. Aucune nécessité de répéter.

  2   M. Milosevic (interprétation): Et donc, pendant tout ce temps, Monsieur le

  3   Témoin, vous aviez à cœur le souhait de régler les problèmes de Croatie,

  4   n'est-ce pas?

  5   M. Babic (interprétation): J'ai déjà dit ce qui s'était passé en 1990

  6   et en 1995.

  7   M. Milosevic (interprétation): Bien, bien. Mais dites-moi maintenant, je

  8   vous prie, dans votre lettre du 11 janvier que j'ai sous les yeux en ce

  9   moment, lettre sur laquelle figure le sceau de votre République serbe de

 10   Krajina et votre signature, me disiez-vous dans cette lettre que "mes

 11   accusations sont dirigées contre le peuple serbe de la République serbe de

 12   Krajina". C'est bien cela?

 13   Réponse: Si c'est ce qu'on lit dans la lettre, c'est exact.

 14   Question: Oui, je cite votre lettre.

 15   Réponse: Je connais chaque mot de ma lettre et j'en connais le sens.

 16   Question: Mais m'avez-vous écrit que "la version du plan Cyrus Vance

 17   provoque et implique l'engagement des forces de maintien de la paix sur

 18   tout le territoire de la République serbe de Krajina avec désarmement

 19   préalable"? Et m'avez-vous écrit que ceci serait désigné comme "une partie

 20   du territoire croate" dans le cadre de la protection fournie par les

 21   Nations Unies, et que "c'était la raison pour laquelle vous ne pouviez pas

 22   accepter ce plan"?

 23   Réponse: Entre autres raisons, effectivement.

 24   Question: "Et que le régime juridique constitutionnel de la Croatie

 25   s'appliquerait donc sur ces territoires et qu'un plan de ce genre, adopté

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  1   par moi et refusé par vous, n'était qu'un des aspects -je lis ce qui

  2   figure dans votre lettre-, un des aspects du plan que moi, j'avais adopté

  3   et que vous vous rejetiez", n'est-ce pas?

  4   Réponse: Ce que vous avez lu est exact.

  5   Question: Et vous avez dit tout cela "pour régler les problèmes en

  6   Croatie"?

  7   Réponse: A ce moment-là, pour nous protéger.

  8   Question: Eh bien, maintenant, passons à un autre aspect du problème: la

  9   durée de certaines choses.

 10   Vous rappelez-vous que je vous ai expliqué que, nous aussi, nous avions

 11   soulevé cette question dans nos pourparlers avec M. Vance, mais que ce

 12   dernier avait répondu que le Conseil de sécurité procédait à des révisions

 13   tous les six mois, que c'était habituel. Nous avons accepté donc sa

 14   position. Il s'agissait d'un homme honnête, qui était très ouvert à notre

 15   égard, et le Conseil de sécurité, effectivement, tous les six mois

 16   renouvelait le mandat. Cela n'était pas contesté?

 17   Réponse: Non, non, non. Tous les ans. Nous avions demandé tous les six

 18   mois et ce mandat a été modifié pour devenir un mandat annuel.

 19   M. Milosevic (interprétation): (Inaudible.)

 20   M. le Président (interprétation): Un à la fois, je vous prie!

 21   M. Milosevic (interprétation): Un peu plus loin dans la lettre, vous dites

 22   que "si le plan Vance était accepté, il y aurait génocide contre les

 23   Serbes". C'est bien cela?

 24   M. Babic (interprétation): La peur du génocide existait à l'époque,

 25   mais pas pour les raisons que vous venez de mentionner, mais plutôt parce

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  1   que nous craignions déjà une vengeance de la part des Croates en raison de

  2   tout ce qui leur était arrivé pendant la guerre de l'automne 1991. Nous

  3   craignions en fait la vindicte des Croates, les représailles.

  4   Question: Bien. Vous dites que "le plan accepté par moi ne serait accepté

  5   ni par le peuple serbe de la République serbe de Krajina, et vous vous

  6   dites convaincu qu'il n'est pas acceptable non plus par les Serbes de

  7   bonne foi, compte tenu de tout ce qui est arrivé aux Serbes, et qu'il

  8   s'agit donc d'un engagement pris par moi qui n'est pas contraignant pour

  9   les Serbes".

 10   Vous rendez-vous compte qu'il était tout à fait clair à mes yeux que ce

 11   plan ne serait pas appliqué sans votre accord, sans l'accord du

 12   gouvernement de Krajina?

 13   Réponse: Nous étions appuyés par le peuple de Krajina s'agissant des

 14   propositions d'amendement à ce plan. Il y a eu un très grand meeting à

 15   Knin.

 16   M. Milosevic (interprétation): Ce n'est pas de cela que je parle.

 17   Entendons-nous bien sur le sujet dont nous parlons.

 18   M. Babic (interprétation): De quoi parlez-vous?

 19   M. le Président (interprétation): Ecoutez vous mieux l'un l'autre.

 20   M. Milosevic (interprétation): Vous rendez-vous compte que le plan Cyrus

 21   Vance n'a été appliqué qu'après que l'assemblée de la République serbe de

 22   la Krajina a accepté ce plan? Est-ce vrai ou pas?

 23   M. Babic (interprétation): Vous avez adopté ce plan et vous avez forcé

 24   l'assemblée de Krajina à confirmer ce que vous aviez déjà accepté.

 25   Question: Bien. Vous avez vos propres explications des faits, des

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  1   réalités, mais je vous demande si l'assemblée de la République serbe de

  2   Krajina, bien sûr avec un engagement important de notre part et un

  3   engagement maximum de ma part, est-ce que cette assemblée a accepté le

  4   plan Vance ou est-ce que j'ai forcé, contraint l'assemblée à adopter ce

  5   plan par la force physique?

  6   Réponse: Vous avez envoyé Mladic, Kostic. On m'a dit que Glina était

  7   militairement pratiquement encerclée, assiégée militairement, à l'époque.

  8   On m'a dit qu'à l'assemblée, des gens qui n'étaient pas députés étaient

  9   venus y compris, et que les gens qui ont accepté ce plan à l'assemblée

 10   l'ont fait en raison du fait que vous, vous avez organisé tout cela de la

 11   façon dont vous l'avez organisé.

 12   M. Milosevic (interprétation): Savez-vous que vous êtes en train de parler

 13   du fait que Glina était encerclée, que des gens qui n'étaient pas députés

 14   sont venus participer à la réunion, qu'il y a eu une forte participation

 15   de l'armée; et en disant cela, vous dites absolument la même chose que

 16   ceux qu'ont dit ici un certain nombre d'habitants du Kosovo quant à la

 17   façon dont les amendements à la Constitution du Kosovo ont été votés?

 18   M. le Président (interprétation): Ceci n'est absolument pas pertinent. Ce

 19   n'est pas une question, c'est un commentaire.

 20   Monsieur Milosevic, ce qui vient d'être dit, c'est que vous les avez

 21   contraints à accepter le plan en envoyant des généraux à la réunion et en

 22   encerclant un certain lieu. Alors je suppose que vous contestez cela, mais

 23   c'est la réponse du témoin; donc il n'est pas nécessaire d'ergoter sur ce

 24   point.

 25   Mais puisque nous traitons de cette question, souhaitez-vous que la lettre

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  1   que vous avez entre les mains, la lettre du 11 janvier soit versée au

  2   dossier?

  3   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Président, c'est déjà une

  4   pièce à conviction.

  5   M. le Président (interprétation): Quelle est sa cote?

  6   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Intercalaire 79.

  7   M. le Président (interprétation): De la pièce 352?

  8   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui.

  9   M. le Président (interprétation): Merci. Madame Uertz-Retzlaff, si nous

 10   reparlons, à partir de maintenant, d'une pièce comme celle-ci, puisqu'il

 11   est impossible aux Juges de cette Chambre de se souvenir de toutes les

 12   cotes, pouvez-vous nous identifier ces documents au fur et à mesure? Cela

 13   nous aidera.

 14   M. le Président (interprétation): Bien, Monsieur Milosevic, vous avez deux

 15   minutes.

 16   M. Milosevic (interprétation): Est-ce que je vous écris dans ma lettre

 17   qu'entre la guerre et la paix, tout homme raisonnable et honnête devait

 18   choisir la paix? Si ce choix donc devait se faire entre la guerre et la

 19   paix.

 20   M. Babic (interprétation): C'est ce que vous avez dit, mais c'était

 21   une déclaration publique. En public, vous parliez de vos efforts en faveur

 22   de la paix mais, dans la réalité, vous étiez en train de créer la guerre.

 23   Question: Je suis très familier de ce genre d'accusation parce que vous

 24   n'êtes pas vraiment un très bon élève.

 25   Réponse: A un certain moment, c'était vous mon instituteur.

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  1   M. Milosevic (interprétation): Mais votre instituteur actuel ne réussit

  2   peut-être pas aussi bien à vous apprendre tout ce qu'il souhaite vous

  3   apprendre.

  4   M. le Président (interprétation): Je vous en prie, Monsieur Milosevic, ces

  5   questions ne sont pas acceptables. Si vous souhaitez formuler des

  6   allégations, faites-le clairement. Pas d'ergotages.

  7   M. Milosevic (interprétation): J'ai écrit cela dans ma lettre. Y compris à

  8   l'époque et aujourd'hui également, je vous considère comme un

  9   prévaricateur, pour utiliser un mot très simple.

 10   Je vous ai dit qu'en rapport avec l'arrivée des forces des Nations Unies,

 11   vous avez dit que vous accepteriez la décision de la présidence au sujet

 12   du plan et, en fait, vous avez fait le contraire dans la réalité.

 13   Réponse: Il n'est pas vrai que j'ai jamais dit que j'allais accepter

 14   l'intégralité du plan Vance sans condition. J'ai toujours demandé des

 15   amendements à toutes les réunions, les réunions avec vous, les réunions

 16   avec le général Kadijevic, la réunion étendue de la présidence, et, en

 17   public, à l'assemblée de la SAO de Krajina, devant le Gouvernement de la

 18   SAO de la Krajina. Et, lorsque je me suis adressé à la population, j'ai

 19   toujours proposé mon point de vue en public de la façon la plus claire qui

 20   soit, à tout moment.

 21   Question: Avant la pause, puisque la pause arrive, j'aimerais que nous

 22   essayions de nous entendre sur un point. Sur les cassettes, lorsque nous

 23   écoutons ce que vous dites pour tourner autour du pot, s'agissant de ce

 24   plan, vous déclarez qu'il n'y a pas eu discussion; et maintenant, vous

 25   dites qu'il y a eu des discussions avec le Kadijevic, trois jours avec la

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  1   présidence complète de la RSFY, lors d'une réunion dont vous avez fini par

  2   vous enfuir, comme vous dites.

  3   Alors, est-ce que ce n'étaient pas des décisions?

  4   Réponse: Ce n'étaient pas des décisions, Monsieur Milosevic, c'étaient des

  5   pressions, des pressions pour me forcer à accepter le plan sans condition,

  6   sans condition, Monsieur l'ex-Président.

  7   M. Milosevic (interprétation): Ecoutez, je pense…

  8   M. le Président (interprétation): Je vais mettre un terme à tout cela et

  9   je vous enjoins, à tous les deux, de contrôler vos tempéraments.

 10   Suspension pendant 20 minutes.

 11   (L'audience, suspendue à 10 heures 30, est reprise à 10 heures 55)

 12   M. le Président (interprétation): Nous poursuivons à huis clos partiel.

 13   M. Milosevic (interprétation): Le huis clos partiel n'est pas nécessaire.

 14   M. le Président (interprétation): Très bien. Eh, bien, retour en audience

 15   publique.

 16   (Audience publique avec mesures de protection à 10 heures 56.)

 17   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes audience publique.

 18   M. Milosevic (interprétation): J'aimerais que nous tirions au clair cette

 19   question. Ce que vous avez dit au sujet de Franko Simatovic puisque vous

 20   l'accusez, n'est-ce pas, de participation à certaines actions de ce que

 21   vous appelez des structures parallèles, savez-vous quelles étaient les

 22   fonctions exercées par lui dans les services de sécurité?

 23   M. Babic (interprétation): D'abord, je ne l'accuse pas. Je dis

 24   simplement ce que je sais à son sujet. Et, deuxièmement, je sais que

 25   Franko Simatovic était subordonné de Jovica Stanisic et que c'est vous qui

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1   avez demandé, vous vous êtes engagé à cet égard, à ce qu'il vienne en

  2   Krajina. Vous avez dit qu'il était bien…

  3   Question: Veuillez répondre à ma question. Quel était son poste, quelles

  4   étaient ses fonctions au sein de service de sécurité de l'Etat?

  5   Réponse: Subordonné à Stanisic.

  6   Question: Mais êtes-vous au courant du fait qu'il était responsable du

  7   service de renseignement, d'information?

  8   Réponse: Avant les événements du mois d'août 1991, vous avez mentionné le

  9   nom d'un homme qui venait de l'administration; je ne sais pas qu'elle

 10   était son numéro. En tout cas, vous avez dit qu'il était un "énième", je

 11   ne sais pas si c'était premier, deuxième, cinquième. Et vous avez dit que

 12   vous ne saviez pas pourquoi il était là, alors qu'il était de nationalité

 13   croate; vous avez ajouté que son père était partisan et qu'il avait été

 14   expulsé par les Oustachis, que c'était un type bien.

 15   A l'époque, je ne savais pas de qui vous parliez mais plus tard, j'ai

 16   appris que vous étiez en train de parler de Franko Simatovic, qui était un

 17   Croate.

 18   Question: Très bien. Eh bien, vous venez d'ajouter un fait nouveau.

 19   Considérez-vous que quelqu'un qui appartient au groupe ethnique croate a

 20   nécessairement de mauvaises intentions vis à vis des Croates, vis à vis du

 21   peuple croate.

 22   Réponse: Je ne comprends pas ce que vous dites.

 23   M. Milosevic (interprétation): Ecoutez, puisque vous venez de dire vous-

 24   même qu'il s'agit d'un Croate...

 25   M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, ce n'est pas une

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  1   question acceptable; c'est un commentaire que vous venez de formuler. Le

  2   témoin peut déposer au sujet de faits.

  3   Il est en train de témoigner au sujet de cet homme, mais ce que vous venez

  4   de dire est un pur commentaire.

  5   M. Milosevic (interprétation): Bien. Je vous demandais, Monsieur le

  6   Témoin, si vous étiez au courant du fait Franko Simatovic dirigeait des

  7   services d'information, de renseignement?

  8   M. Babic (interprétation): Je ne sais ce pas ce qu'il était

  9   exactement, je sais simplement qu'il était subordonné à Jovica Stanisic et

 10   à vous.

 11   Question: Le fait qu'il était subordonné de Jovica Stanisic est évident,

 12   puisque Jovica Stanisic dirigeait le service de sécurité de l'Etat et que

 13   lui-même travaillait au sein de ce même service de sécurité de l'Etat.

 14   Donc ça, c'est évident. Mais je vous parle des services de renseignement,

 15   ce qui signifie qu'il était sensé recueillir des renseignements.

 16   Réponse: Je vous ai dit ce que je savais.

 17   Question: Bien. Vous avez dit qu'à partir de la sûreté de Serbie, on

 18   avait, on aurait créé certaines structures parallèles et vous avez

 19   mentionné toutes sortes de noms de personnes qui travaillaient comme par

 20   Martic, Vitas, Orlovic, et cet autre Nebosja Mandinic; ou comment est-ce

 21   qu'il s'appelle. Enfin, ce sont tous des hommes de la sûreté de Krajina et

 22   pas de la sûreté de Serbie. Donc, puisque vous prétendez que c'est la

 23   sûreté de Serbie qui fonctionnait là-bas, pouvez-vous, je vous prie,

 24   pendant toute cette durée de cinq ans, nous mentionner une dizaine de noms

 25   de membres de la sûreté de l'Etat, qui n'auraient passé ne serait-ce que

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  1   10 minutes, sur le territoire de Krajina? Pendant toute cette durée de

  2   cinq ans. Est-ce que vous pourriez mentionner leurs noms?

  3   Réponse: Je peux penser à l'instant même à Jovica Stanisic, Franko

  4   Simatovic, "Fica", le capitaine Dragan.

  5   M. Milosevic (interprétation): Excusez-moi, mais quel rapport entre ces

  6   noms?

  7   (Micro coupé.)

  8   M. le Président (interprétation): Veuillez laisser le témoin finir ce

  9   qu'il est en train de dire. Après quoi, vous pourrez lui reposer une autre

 10   question.

 11   Monsieur le Témoin, souhaiteriez-vous ajouter d'autres noms à ceux que

 12   vous venez de mentionner?

 13   M. Babic (interprétation): Marko, me semble-t-il; ça c'était un peu

 14   plus tard. Et en cet instant, je ne me souviens plus d'autres noms.

 15   M. Milosevic (interprétation): Donc vous venez de mentionner quatre noms,

 16   dont celui de Jovica Stanisic qui avait son bureau à Belgrade?

 17   Réponse: J'ai dit ce que j'ai dit au sujet de Jovica Stanisic qui m'a dit

 18   que le capitaine Dragan travaillait pour eux en août 1991. Et il a même

 19   fait état d'une certaine somme d'argent.

 20   Question: Il n'a pas pu vous dire cela parce que le capitaine Dragan n'a

 21   jamais travaillé pour les services de sécurité et de sûreté d'Etat.

 22   Réponse: Je vous en prie. Je voudrais répondre. Je demande au Tribunal de

 23   m'autoriser à répondre.

 24   Question: Et qui vous empêche de le faire?

 25   Réponse: C'est Jovica Stanisic qui m'a dit cela, en août 1991, dans le

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  1   restaurant "Seher" de Belgrade.

  2   Question: Très bien. Très bien. Vous affirmez que c'est lui qui vous l'a

  3   dit.

  4   Réponse: Son épouse était présente. Elle est originaire des environs de

  5   Knin.

  6   Question: Très bien. Très bien. Donc vous participiez à un déjeuner privé

  7   dans un restaurant avec Jovica Stanisic et son épouse?

  8   Réponse: Il m'avait invité pour m'expliquer que le "capitaine Dragan"

  9   était un homme qui agissait sur sa propre initiative et qu'eux aussi

 10   avaient des difficultés à exercer un contrôle sur lui.

 11   Question: Eh bien, comment est-ce qu'ils pouvaient avoir des problèmes à

 12   exercer un contrôle sur quelqu'un qui faisait partie de leur service?

 13   Réponse: Eh bien, ils souhaitaient que l'attention se détourne un peu de

 14   "Frenki". Je vous ai demandé de retirer "Frenki" de cette structure, et

 15   eux souhaitaient un débat public avec le "capitaine Dragan" et les gens de

 16   la Krajina pour éviter un conflit politique, un affrontement politique,

 17   pour faire comme si le "capitaine Dragan" était une personnalité acceptée

 18   sur le plan politique et pas un membre de la sûreté de la Serbie.

 19   Question: Bien. Vous savez que c'était un représentant politique, mais

 20   vous ne savez pas qu'il était membre de la DB de Serbie?

 21   Réponse: Je sais qu'il faisait partie des services de sûreté de Serbie.

 22   M. Milosevic (interprétation): Il ne faisait pas de la sûreté de Serbie,

 23   mais laissons cela de côté et avançons.

 24   On vous a montré ici un jugement d'un Tribunal de Sibenik après enquête,

 25   et vous avez parlé de votre avis sur ce jugement. Je pense que cela s'est

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  1   passé en public; il s'agit d'un jugement rendu par le Tribunal de Sibenik.

  2   Le numéro de référence du document est 01397042.

  3   M. le Président (interprétation): Est-ce que nous disposons de ce

  4   document?

  5   M. Milosevic (interprétation): Vous avez ce document? Très bien. Vous avez

  6   dit: "pour autant que mes notes soient justes à cet égard…"

  7   M. le Président (interprétation): Un instant!

  8   Madame Uertz-Retzlaff?

  9   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): J'aimerais simplement savoir s'il

 10   s'agit d'un Tribunal à Split ou à Sibenik. S'il s'agit du jugement rendu

 11   au sujet de la direction de la RSK. Il faudra passer à huis clos partiel,

 12   car ceci a été débattu à huis clos partiel.

 13   M. le Président (interprétation): C'est le nom de Sibenik qui a été

 14   prononcé.

 15   M. Tapuskovic (interprétation): Puis-je intervenir, Monsieur le Président?

 16   M. le Président (interprétation): Oui.

 17   M. Tapuskovic (interprétation): Il s'agit du mandat d'amener à l'encontre

 18   de Milan Martic et du document annexé.

 19   M. le Président (interprétation): Pouvez-vous nous donner la cote?

 20   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Oui, Monsieur le Président. Il s'agit

 21   de la pièce à conviction 352, intercalaire 111B. Et cette question a été

 22   débattue en audience publique.

 23   M. le Président (interprétation): Oui, merci.

 24   M. Milosevic (interprétation): Nous étions donc en public.

 25   Monsieur le Témoin, avez-vous lu en détail ce document?

Page 13531

  1   M. Babic (interprétation): Si je m'en souviens bien, si nous parlons

  2   bien du même document à savoir celui qui se compose de deux parties, ce

  3   document est composé d'un premier élément qui porte sur les infractions

  4   pénales, et l'autre sur les infractions politiques, si je me souviens

  5   bien.

  6   M. Milosevic (interprétation): (Hors micro.)

  7   M. le Président (interprétation): Laissez le témoin jeter un coup d'oeil à

  8   ce document.

  9   (Le témoin regarde le document.)

 10   M. Babic (interprétation): "Décision du Tribunal de district de

 11   Sibenik. Il y a décision au sujet de ce qui est nécessaire de mettre en

 12   place pour mener l'enquête". Ensuite, deux parties dans le document, deux

 13   catégories d'explications.

 14   Première catégorie, dans laquelle -si je me m'abuse- on trouve les

 15   charges, les accusations pénales. Et une deuxième catégorie, dans laquelle

 16   on trouve les accusations et les charges politiques.

 17   M. Milosevic (interprétation): Sommes-nous en audience publique?

 18   M. le Président (interprétation): Oui.

 19   M. Milosevic (interprétation): Bien. Donc ce jugement a été discuté en

 20   audience publique. Vous souvenez-vous que lors de l'interrogatoire

 21   principal, lorsque ce texte, ce document vous a été soumis, vous avez dit

 22   que les éléments qu'on y trouve sont exacts?

 23   M. Babic (interprétation): Ce que l'on trouve au point 1, ainsi qu'au

 24   point 2.

 25   Question: Très bien. Donc examinons ce qui est écrit au point 1.

Page 13532

  1   Nous lisons ce qui suit -je cite-: "A partir d'octobre et jusqu'au jour

  2   d'aujourd'hui, ayant créé une association de ce qu'il est convenu

  3   d'appeler le Conseil de la résistance populaire, à partir d'octobre 1990

  4   et jusqu'au jour d'aujourd'hui…". Donc il s'agit d'un Conseil populaire de

  5   la résistance ou Conseil national de la résistance, et vous citez un

  6   certain nombre de faits et vous avez dit que les faits consignés dans ce

  7   document étaient exacts.

  8   Alors, si les faits sont effectivement exacts, selon ce que vous avez dit,

  9   alors il est également exact que la personne qui figure au n°1 dans ce

 10   document a, bel et bien, été mise en accusation et qu'une enquête a été

 11   lancée à son sujet. Est-ce exact, Monsieur le M. Babic?

 12   Réponse: J'ai dit qui étaient les membres du Conseil national de la

 13   résistance et qui a été interrogé par ce tribunal. Je l'ai dit dans ma

 14   déposition. Et ces derniers jours, j'ai évoqué les faits que je connais,

 15   les faits qui découlent de cette décision. Je veux parler du minage, du

 16   plastiquage du kiosque, etc.

 17   M. Milosevic (interprétation): Je vous en prie, je vous ai posé une

 18   question, vous avez donné une question brève.

 19   Au cours de l'interrogatoire principal, lorsqu'on vous a présenté les

 20   faits qui figurent dans cette décision, dans ce document, vous avez dit

 21   que ces faits étaient exacts. Maintenant, les faits sont ce qu'ils sont.

 22   Il est question ici du Conseil national de la résistance -ce sont les mots

 23   utilisés dans le document- et vous avez considéré ces personnes

 24   responsables, n'est-ce pas? Est-ce exact, oui ou non?

 25   M. le Président (interprétation): Passons à huis clos partiel.

Page 13533

  1   (Huis clos partiel à 11 heures 8.)

  2   [Confidentialité levée par une ordonnance de la Chambre]

  3   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes à huis clos partiel.

  4   M. le Président (interprétation): Le témoin peut répondre.

  5  M. Babic (interprétation): J'ai dit que tous les membres du Conseil national

  6   de la résistance, j'ai dit que cette décision avait été prise par le

  7   Tribunal du district de Sibenik, et j'ai dit que, sur la base d'une demande

  8   émanant du Bureau du Procureur de ce Tribunal de district, des enquêtes

  9   avaient été diligentées. Donc il y a un certain nombre de délits qui sont

 10   énumérés au point 1 du document, commis par les membres du Conseil national

 11   de résistance. Et au n°2, on voit d'autres crimes qui étaient de nature

 12   politique; et je suis mentionné comme étant l'un des auteurs de ces crimes.

 13   M. Milosevic (interprétation): Très bien. Très bien. Pouvons-nous donc, à

 14   partir de ce qui est écrit au n°1, au point 1 et au point 2 de ce

 15   document, "considéré que Milan Martic, Marko Dobrijevic…" Et au troisième

 16   point donc, nous trouvons Milan Martic, qui était le motif de la question

 17   qui vous a été posée; alors, nous voyons que nous avons Nebojsa Mandinic

 18   au n°4, et, au n°5, Dusan Orlovic, n'est-ce pas? Et vous, vous êtes

 19   mentionné au n°1.

 20   En rapport avec ce que vous avez dit, vous avez dit que ces faits étaient

 21   exacts. Donc la création du Conseil populaire de la résistance ou national

 22   de la résistance est un fait exact, n'est-ce pas?

 23   Réponse: Non.

 24   Question: Bien. Pourquoi dans ces conditions, déclarez-vous, avez-vous dit

 25   que les faits étaient exacts?

Page 13534

  1   Réponse: Les faits sont exacts dans le cadre que j'ai expliqué. Il y a des

  2   suspects. C'était la position défendue par le Bureau du Procureur de

  3   Sibenik à l'époque. Je n'en sais pas plus.

  4   Question: Très bien. Très bien. Donc les faits sont exacts, mais seulement

  5   ils n'ont aucun rapport avec vous; c'est bien cela?

  6   Réponse: Eh bien, je reconnais devant ce Tribunal que, le 28 février 1991,

  7   le conseil serbe national, à une rencontre présidée par Milan Babic, a

  8   adopté une résolution sur la séparation des municipalités de la République

  9   croate situées au nord de la Croatie et à Lika, de ce qu'il est convenu

 10   d'appeler "la SAO de Krajina", etc., etc. C'est exact.

 11   M. Milosevic (interprétation): Bien, vous n'avez pas fait un tri entre les

 12   faits, entre les faits exacts et ceux qui ne sont pas exacts. Vous avez

 13   dit que tous les faits étaient exacts, tous ceux qui étaient mentionnés

 14   dans l'intégralité du document.

 15   M. le Président (interprétation): Pas la peine d'ergoter.

 16   M. Babic (interprétation): Puis-je répondre?

 17   M. le Président (interprétation): Pas la peine d'ergoter sur ce point.

 18   Monsieur le M. Babic, vous pouvez nous dire quels sont les faits que

 19   vous admettez comme exacts et quels sont les faits que vous ne considérez

 20   pas exacts?

 21   M. Babic (interprétation): J'admets que tous les crimes énumérés ici

 22   sont exacts, que tous les crimes n'ont pas de rapport avec les personnes

 23   mentionnées dans le document. En revanche, certains d'entre eux sont

 24   censés avoir un apport avec Milan Babic, d'autres avec Marko Dobrijevic,

 25   d'autres avec Milan Martic, etc. Nebojsa Mandinic également. Donc il

Page 13535

  1   convient de définir plus précisément quels sont les faits qui ont un

  2   rapport avec telle ou telle personne; c'est ce que j'ai expliqué. Mais je

  3   peux m'expliquer plus avant.

  4   M. Milosevic (interprétation): Très bien. Comme vous l'avez dit, vous

  5   aviez l'intention, même si ce n'est pas une intention que vous avez

  6   formulée grâce à des mots à l'époque, vous aviez l'intention de vous

  7   intégrer à la Croatie?

  8   Réponse: Nous étions intégrés à la Croatie en 1990. Et en 1995, nous avons

  9   l'intention de revenir en Croatie, de reprendre le statut proposé par la

 10   communauté internationale.

 11   Question: Très bien. Très bien. Nous allons y venir dans quelques

 12   instants. Il y a dans toutes ces pièces à conviction un document que

 13   j'avais omis de remarquer, je vous prie de m'en excuser, mais il est ici.

 14   Voici. C'est une photocopie: il s'agit du gouvernement de la SAO de

 15   Krajina, ministre de la Défense, 26 juillet 1991; donc c'est en en-tête.

 16   On trouve ensuite la date. Il s'agit d'un ordre, en vertu du droit

 17   constitutionnel et relatif au ministère, article 32 du Règlement de

 18   procédure et du Gouvernement de la Région autonome serbe de Krajina. Le

 19   ministère de la Défense introduit donc cet ordre sur le territoire de

 20   Kordun, Banija; le QG est établi à Glina, etc., etc. On dit qui est le

 21   commandant nommé pour Glina, les commandants d'ailleurs, qui sont les

 22   assistants, etc., etc., etc. On dit que l'ordre entre en vigueur

 23   immédiatement. Et puis, ici, nous lisons que le ministre de Défense est

 24   Milan Babic. Ceci est en date du 26 juillet 1991. C'est exact?

 25   Réponse: C'est exact.

Page 13536

  1   Question: Eh bien, veuillez jeter un coup d'œil à cet ordre et nous dire

  2   si c'est bien un ordre émanant de vous?

  3   Réponse: J'aimerais effectivement voir ce document.

  4   M. Milosevic (interprétation): Peut-on le remettre au témoin?

  5   M. le Président (interprétation): Ce document me dit quelque chose, mais

  6   peut-être que je fais erreur. 26 juillet, oui.

  7   (Intervention de l'huissier.)

  8   (Le témoin observe le document en question.)

  9   M. Babic (interprétation): Je ne sais pas si c'est exact dans

 10   l'original. En tout état de cause, j'ai signé ce genre d'ordre, après une

 11   réunion avec le Président des municipalités et les dirigeants politiques

 12   de Lika, en juillet 1991, et "suite à une décision politique qui a été

 13   prise visant à supprimer la 7e Division de Banija et la 6e Division de

 14   Lika comme étant des unités idéologiques qui ne se trouvaient pas dans le

 15   cadre de la structure de la SAO de Krajina et pour poursuivre

 16   l'organisation de la Défense territoriale de la SAO de Krajina en tant que

 17   structure légale des forces armées de la Krajina".

 18   M. Milosevic (interprétation): Fort bien. Demandons le versement de ce

 19   document au dossier.

 20   M. le Président (interprétation): Nous allons lui donner une cote. 

 21   M. Milosevic (interprétation): Je pense, Monsieur May…

 22   M. le Président (interprétation): Sous réserve de l'intervention de

 23   l'accusation, nous allons d'abord donner une cote d'identification. Et

 24   s'il n'y a pas d'objection, l'accusation pourra veiller à son versement.

 25   Mme Anoya (interprétation): La pièce de la défense sera la pièce D159,

Page 13537

  1   pièce recevant une cote d'identification.

  2   M. le Président (interprétation): Poursuivons.

  3   M. Milosevic (interprétation): Est-ce que nous pouvons revenir en audience

  4   publique?

  5   M. le Président (interprétation): Oui.

  6   (Audience publique avec mesures de protection à 11 heures 18.)

  7   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes maintenant en audience publique.

  8   M. Milosevic (interprétation): Monsieur le M. Babic, de quelle

  9   structure parallèle parlez-vous, dès lors?

 10   M. Babic (interprétation): C'est une structure qui ne se trouvait pas

 11   sous le contrôle, ni du gouvernement ni de l'assemblée de la SAO de

 12   Krajina.

 13   Question: Mais je vois ici que c'est précisément… Je parle ici du

 14   document; ce document prouve le contraire. Il prouve que c'est vous qui

 15   déteniez ce contrôle et non pas Jovica Stanisic ou Franko Simatovic, que

 16   c'est vous-même qui déteniez ce contrôle?

 17   Réponse: C'est un document qui était conforme aux dispositions de la SAO

 18   de Krajina et des réglementations qu'il régissait.

 19   M. Milosevic (interprétation): Je ne contestais pas cela, mais je dis que,

 20   conformément au règlement et aux réglementations, vous, vous avez en fait

 21   fonctionné au maximum et que ce n'est pas une structure parallèle qui

 22   fonctionnait.

 23   M. Babic (interprétation): Ceci était en dehors de cette structure

 24   parallèle. Il y avait d'abord la décision politique d'établir une défense

 25   territoriale sur la SAO de Krajina en tant que formation indépendante,

Page 13538

  1   formation armée, étant sous le contrôle des organes de la SAO de Krajina

  2   et qui, dans le cadre de combats, respecterait et appliquerait les lois de

  3   la Yougoslavie et les principes de la défense populaire généralisée. Ou

  4   plutôt, en cas de guerre, devrait être placée sous le commandement des

  5   structures compétentes de la JNA et de la présidence d'Etat de la

  6   Yougoslavie. Ceci, s'il y avait des combats. Et que ça se ferait sur la

  7   base des lois s'appliquant à partir du 1er octobre.

  8   Le concept politique, c'était que la structure devait se trouver sous le

  9   contrôle exclusif et autonome des organes légitimes de la SAO de Krajina.

 10   M. le Président (interprétation): Madame Uertz-Retzlaff, vous voulez

 11   intervenir?

 12   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): J'ai trouvé ce qu'il en était. C'est

 13   une pièce déjà versée au dossier: il s'agit de la pièce 352, intercalaire

 14   118.

 15   M. le Président (interprétation): Merci. Nous pouvons abandonner la cote

 16   qui avait été octroyée précédemment.

 17   Oui, poursuivez.

 18   M. Milosevic (interprétation): Fort bien. Revenons, un instant, à la carte

 19   par laquelle vous avez commencé. Les contextes sont importants puisqu'ils

 20   ont apporté beaucoup de faits, à cette carte.

 21   Je vous demande un commentaire rapide. Il y a d'abord un texte

 22   d'introduction que vous nous avez remis. Vous dites comment la RSK a vu le

 23   jour et, d'après cette photocopie dont je dispose ici, ça se trouve à la

 24   page 01132357.

 25   Ici; il est dit: "Vu le chauvinisme de plus en plus croissant des Croates,

Page 13539

  1   le peuple serbe en 1989 a réagi par la formation de cette société serbe,

  2   des arts et de la culture appelait "Zora". Et le fait qu'il y ait un

  3   ralliement des rangs autour de symboles nationaux et de mythes nationaux

  4   également.

  5   Est-ce exact? Contentez-vous de répondre un simple oui ou par un non.

  6   M. le Président (interprétation): Voyons d'abord si le témoin a le passage

  7   concerné. Vous l'avez, Monsieur le Témoin?

  8   M. Babic (interprétation): Oui, je viens de le trouver.

  9   M. le Président (interprétation): C'est à la page 9.

 10   M. Milosevic (interprétation): Il est exact de dire…

 11   M. Babic (interprétation): Oui, la société culturelle serbe...

 12   M. Milosevic (interprétation): Ne répondez que par un simple oui ou non.

 13   On n'a pas le temps de parler davantage. Je viens de vous citer quelque

 14   chose: est-ce exact ou pas?

 15   M. Babic (interprétation): En partie, sous certaines réserves parce

 16   que moi, je ne sais pas ce que ça veut dire "chauvinisme croate", ici,

 17   dans ce contexte. Nous, on a parlé plutôt de nationalisme ou

 18   d'ethnocentrisme croate, mais je ne sais pas ce qu'on voulait dire ici.

 19   Pour le reste, c'est exact.

 20   Question: Fort bien. Je vous demande un commentaire sur l'extrait suivant

 21   où il est dit que "le gouvernement communiste croate qui, avec les

 22   cléricaux nationalistes, ont cherché un stratagème pour tromper les

 23   Serbes, ont réagi par des arrestations." Est-ce exact?

 24   En 1989, vous avez constitué la société "Zora" à Kistanje, la société

 25   culturelle, et la réaction des gouvernements a été des arrestations. Est-

Page 13540

  1   ce exact ou pas?

  2   Réponse: Ces arrestations ne sont pas le fait d'établissement de la

  3   société "Zora", mais du fait des incidents qui se sont produits au moment

  4   où l'on a célébré l'anniversaire de la bataille de Kosovo près de Knin.

  5   Opacic qui était le président de l'association "Zora" a été arrêté, ainsi

  6   que plusieurs autres participants qui ont été placés en détention.

  7   Question: Et ça s'est passé en juin 1989, c'est bien cela?

  8   Réponse: Oui, au moment où l'on a vu, pour la première fois, vos portraits

  9   à Knin.

 10   Question: Et puis, il est dit: "Cependant, le noyau dur autour duquel le

 11   peuple serbe avait formulé son programme politique a été offert par le

 12   programme démocratique serbe, qui a été constitué le 17 février." Nous

 13   parlons ici du parti serbe du peuple serbe de Krajina. Et Jovan Raskovic a

 14   été élu président, est-ce exact?

 15   Réponse: Oui.

 16   Question: Et puis, on dit -je poursuis la citation-, on dit que "ce parti

 17   s'est transformé en mouvement des serbes, surtout après la victoire du

 18   HDZ, en Croatie, en 1990. Et la première mesure prise a été la formation

 19   de formations paramilitaires et l'armement illégal. La plate-forme

 20   politique était fondée sur la sécession et la menace à l'encontre du

 21   peuple serbe."

 22   Est-ce exact ou pas, en programme politique?

 23   Réponse: Je ne sais pas si cela a été la première mesure prise ou la

 24   seconde. Ici, on parle de la constitution de formations paramilitaires, on

 25   parle de l'armement illégal de la part du Gouvernement de Croatie. Mais

Page 13541

  1   les formations de la police, l'augmentation des effectifs de police, ce

  2   qui était le fait du gouvernement croate, a été compris, perçu par les

  3   Serbes comme étant des formations paramilitaires. Et c'est comme ça que la

  4   JNA l'a compris aussi. Il y a eu des associations de citoyens appartenant

  5   au HDZ; on en parlait à l'époque.

  6   Question: Et ce Corps de la garde nationale, c'était la police?

  7   Réponse: A ma connaissance, c'était une formation de police, une unité de

  8   police, mais qui avait été constituée pratiquement comme une armée. En

  9   d'autres termes, au niveau de l'organisation, c'était une formation

 10   militaire, mais du fait de la position qu'elle occupait, elle relevait du

 11   ministère de l'Intérieur de Croatie.

 12   Question: Mais alors, dites-moi, voyez ce qui est ici: "aussitôt après la

 13   prise de pouvoir, Franjo Tudjman et les cléricaux nationalistes ont

 14   commencé à introduire des symboles et signes de l'Etat indépendant de

 15   Croatie de la Deuxième Guerre mondiale, en ravivant de vieilles plaies, en

 16   instillant la peur, la peur d'un génocide des Oustachis".

 17   Deuxième phrase: on parle de "Franjo Tudjman et des cléricaux

 18   nationalistes qui, aussitôt après la prise du pouvoir, ont commencé le

 19   programme du parti des droits". Là, ça s'est exagéré. 

 20   Question: A quel moment, le HDZ a-t-il été fondé?

 21   Réponse: Fin 1989, et il a été légalisé un an plus tard.

 22   Question: Est-ce que vous avez lu le programme politique du HDZ?

 23   Réponse: J'ai entendu parler de cela. J'ai aussi écouté les discours de

 24   Franjo Tudjman à la télévision de Zagreb au cours de la campagne

 25   électorale; là où il expliquait le programme politique du parti.

Page 13542

  1   Question: Et est-ce que vous avez lu dans ce programme de parti qu'il y

  2   avait une chance historique qui leur était ouverte de fonder un Etat

  3   indépendant?

  4   Réponse: J'ai entendu Tudjman à la radio et il disait que "la forme

  5   géographique de la Croatie était irrégulière; c'était en forme de

  6   boomerang, ce qu'il faudrait rectifier notamment en traçant une ligne le

  7   long de la rivière de la Drina". Il l'a montré sur la carte. Donc il avait

  8   pour concept d'avoir une Croatie qui devait se composer de ce qui avait

  9   été la République de Croatie et ce qui était alors la République

 10   socialiste de Bosnie-Herzégovine.

 11   Question: Donc ça c'est le territoire qui était dans le territoire de

 12   l'Etat indépendant de la Croatie, au moment la Seconde Guerre mondiale?

 13   Réponse: J'ai entendu les récits des personnes qui étaient vivantes à

 14   l'époque, j'ai lu l'histoire et je sais que c'était le territoire de

 15   l'Etat indépendant de Croatie qui comprenait aussi Srem et qui ne

 16   comprenait pas une partie importante de la région de Primoje qui, au

 17   moment de la séparation de la Yougoslavie par le pouvoir fasciste,

 18   appartenait à l'Italie.

 19   Question: Mais, moi je parle de la deuxième partie. Est-ce exact ce qui

 20   est dit ici: que le 25 juillet 1990, l'assemblée serbe à Srb avait

 21   proclamé l'autonomie des Serbes en Croatie et avait aussi déclaré un

 22   plébiscite du peuple serbe commençant par les décisions de la Avnoj et

 23   parlant des droits des nations et des peuples à l'autodétermination, sans

 24   nier le droit des autres? Est-ce exact?

 25   Réponse: Oui.

Page 13543

  1   M. Milosevic (interprétation): Et puis, on dit qu'il y a une tentative

  2   déployée par la police croate visant à enrayer la mise en place de ce

  3   plébiscite pour l'arrêter. Et les événements du 17 août 1990 ont marqué le

  4   début du combat armé des Serbes pour la survie de ceux-ci sur les

  5   territoires historiques et ethniques; est-ce exact?

  6   Réponse: Oui.

  7   (Les interprètes demandent de ralentir.)

  8   M. le Président (interprétation): Veuillez ralentir, s'il vous plaît.

  9   M. Milosevic (interprétation): Dites-moi…

 10   M. Babic (interprétation): Je n'ai pas encore terminé. Je voudrais

 11   terminer.

 12   Le 17 août, la résistance a commencé face aux tentatives visant à empêcher

 13   ce plébiscite. Plus tard, au mois d'octobre 1991, ceci s'était développé

 14   et a débouché sur des incidents causés par des Serbes de Croatie.

 15   M. Milosevic (interprétation): Mais ce que je vous ai lu à propos du

 16   référendum, est-ce que c'était là l'initiative de quelqu'un de Serbie ou

 17   est-ce que c'était une réaction spontanée de vous en Krajina?

 18   M. Babic (interprétation): A ma connaissance, la Serbie a participé à

 19   ces événements pour aider les Serbes à organiser un plébiscite. La Serbie

 20   a apporté son assistance pour mieux définir, pour définir de façon exacte

 21   la question qu'il fallait soumettre au plébiscite. Afin que ceci reste

 22   dans un cadre légal, la Serbie a garanti avec la JNA la bonne tenue de ce

 23   plébiscite. Et par la suite, la Serbie s'est impliqué dans ces événements

 24   pour tirer la couverture à soi. Et ce conflit politique a été utilisé par

 25   la Serbie, qui s'est impliquée en établissant une structure parallèle et

Page 13544

  1   en provoquant des incidents afin d'obtenir la participation, l'implication

  2   de la JNA et afin qu'il y ait intervention de l'Etat fédéral, afin

  3   d'introduire un Etat d'urgence et la suspension du gouvernement croate.

  4   Question: Là, ce sont des présomptions de votre part?

  5   Réponse: Puis-je répondre?

  6   Question: Mais ce sont des présomptions, des assertions quant à ce qui

  7   s'est passé.

  8   Est-ce que ceci a été l'initiative de la Serbie ou est-ce que c'était une

  9   réaction logique face aux pressions et à la répression dont les Serbes ont

 10   souffert dès le début? N'est-ce pas exact?

 11   Réponse: Je l'ai dit: ce ne sont pas des présomptions, ce sont des faits

 12   dont j'ai une connaissance personnelle et dont j'ai entendu parler.

 13   Notamment par M. l'Académicien Raskovic. Il y a un procès-verbal où il dit

 14   qu'il y a ces affrontements et que vous interveniez le 10 septembre dans

 15   la soirée; et Raskovic a dit qu'il y avait une tierce partie qui voulait

 16   qu'un conflit éclate en Croatie, qu'il y avait des gens en Yougoslavie qui

 17   étaient assoiffés de sang et qui voulaient tirer partie des affrontements

 18   entre les Serbes et les Croates pour introduire un Etat d'urgence.

 19   Ce sont des faits, ce ne sont pas des hypothèses de ma part.

 20   Question: Mais à qui faisait-il référence, puisque maintenant vous

 21   affirmez que ce sont des faits? Qui y avait-il en Yougoslavie qui pensait

 22   pouvoir introduire un Etat d'urgence en Croatie? Et qui est-ce qui était

 23   assoiffé de sang?

 24   Réponse: Légalement, ça pouvait se faire par la présidence de la

 25   Yougoslavie ou par la JNA, illégalement.

Page 13545

  1   Question: Mais est-ce que Raskovic a critiqué la JNA?

  2   Réponse: Il a dit littéralement que c'était une tierce partie qui voulait

  3   un conflit, que ce n'étaient pas les Serbes ni les Croates de Croatie.

  4   Mais je le cite ici, il a dit: "Il y en a en Yougoslavie qui sont

  5   assoiffés de sang et qui veulent tirer partie de ce conflit afin

  6   d'introduire un Etat d'urgence sur ce territoire". Et tout le monde sait

  7   bien qui aurait pu introduire un Etat d'urgence.

  8   Question: Vous avez dit que Raskovic avait critiqué l'armée, avait dit que

  9   l'armée était impuissante. suite.

 10   Réponse: Raskovic vous a critiqué vous. Et en février 1992, il a dit que

 11   l'armée était faible. En février, après l'affaire Spegelj, au moment où

 12   l'armée n'avait pas arrêté Spegelj, vous, vous avez introduit un Etat

 13   d'urgence en Croatie, et lui, il doutait de la possibilité de l'armée de

 14   le faire. Et puis, l'armée l'a fait d'une façon que vous, vous avez

 15   ensuite organisée; à commencer le 1er mars 1991 et, à ma connaissance,

 16   d'avril ou de mai 1991.

 17   Question: Qu'est-ce que j'ai organisé à partir de moment-là?

 18   Réponse: Eh bien, une structure parallèle dans la Krajina afin de

 19   provoquer des incidents. Et c'est à ce moment-là que vous vous avez

 20   déployé l'armée sur la ligne de confrontation, ceci en mai 1991.

 21   Question: D'accord. Nous allons passer à cela plus tard. Mais, s'il vous

 22   plaît, je vous demande un commentaire, (M. Milosevic mentionne le nom du

 23   témoin), un commentaire qui se trouve sur la carte, au moment où le

 24   Parlement croate, le 25 décembre 1990, a proclamé l'Etat national des

 25   Croates s'agissant de la Croatie et a déclaré que les Serbes étaient une

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  1   minorité nationale?

  2   Réponse: J'ai apporté cette carte afin de montrer la situation, quels

  3   étaient les faits. Et afin de montrer la participation de la JNA et

  4   l'issue de la guerre de ce fait en Krajina. Je peux vous faire un

  5   commentaire sur les propos de l'auteur. On dit que la coupe a débordé, que

  6   la coupe est pleine, disons; c'est une façon littéraire de s'exprimer,

  7   mais le reste est correct. En 1990, la Croatie a exclu les Serbes comme

  8   peuple constitutif au sein de la Croatie.

  9   M. Milosevic (interprétation): Mais revenons à la position adoptée par les

 10   Croates.

 11   Vous avez dit que le gouvernement de Krajina ne ferait jamais aux Croates

 12   ce que les Oustachis avaient fait aux Serbes et que les Croates étaient en

 13   sécurité sur le territoire de la Krajina. Vous êtes même allé jusqu'à vous

 14   plaindre du fait que le Gouvernement croate offrait des chambres dans un

 15   hôtel de luxe, près de Trogir ou près de Sibenik, à Medena également, afin

 16   d'accueillir là des citoyens des zones dont on voulait les écarter, à

 17   savoir le territoire de la Krajina, et que c'était une initiative

 18   intelligente.

 19   M. le Président (interprétation): Je pense qu'il faut suivre ces

 20   questions.

 21   A quoi faites-vous allusion? Nous devons le savoir. Je suppose que vous

 22   faites référence à la déposition du témoin. Si c'est le cas, soyez concis

 23   dans la question que vous formulez.

 24   Monsieur le Témoin, avez-vous suivi la question, avez-vous compris la

 25   question posée par l'accusé?

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  1   Monsieur Milosevic, reposez votre question. Quelle était-elle?

  2   M. Milosevic (interprétation): Monsieur le M. Babic, est-il exact que

  3   vous nous avez dit, à nous tous à Belgrade, que nous n'avions aucune

  4   raison de nous inquiéter puisque personne n'allait toucher un seul Croate

  5   sur ce terrain, qu'ils étaient sur un pied d'égalité dans la Krajina; et

  6   que vous n'aviez pas la moindre intention de faire ce que le gouvernement

  7   oustachi avait fait aux Serbes en dehors de la Krajina. Est-ce bien ce que

  8   vous avez dit?

  9   M. Babic (interprétation): Pour autant que je m'en souvienne, on vous

 10   a demandé de dire comment vous aviez l'intention de protéger les Serbes,

 11   c'est-à-dire de mettre à exécution votre promesse dans laquelle ils

 12   seraient protégés par la JNA. Et à ma connaissance, c'est là-dessus que

 13   portait la discussion avec vous.

 14   M. le Président (interprétation): Ecoutez, Monsieur le Témoin, la question

 15   posée par l'accusé. Ce qui est dit, c'est que vous, ainsi que d'autres,

 16   vous disiez que "les gens n'avaient pas de raison de s'inquiéter, que les

 17   Croates étaient sur un pied d'égalité dans la Krajina et qu'il n'y avait

 18   pas du tout d'intention de faire aux Croates ce que le gouvernement

 19   oustachi avait fait aux Serbes". Est-ce que ceci a jamais été dit?

 20   M. Babic (interprétation): Oui, des choses revenant à cela; ça a été

 21   dit. Mais quant à savoir à quel événement précis on pense, je ne sais pas.

 22   Mais si on me soumettait cette question, je pourrais faire un commentaire;

 23   j'aurais pu le faire début 1991. Et je dois ajouter que la rhétorique

 24   utilisée en public a connu une escalade dès 1990 ou début 1991 après

 25   l'affaire Spegelj, après que des confrontations armées ont éclaté. Surtout

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  1   après le début des opérations de guerre au cours de l'automne 1991; la

  2   rhétorique de chacun, des Serbes et de Croate, a connu une escalade. A tel

  3   point que, dans les années 1990, du côté des Serbes de la Krajina, on

  4   appelait le gouvernement croate, Tudjman et toutes les personnes qui

  5   étaient des partisans de Tudjman, on les appelait "Oustachis"; et de

  6   l'autre côté, les autorités croates parlaient de la JNA comme étant des

  7   Serbo-chetniks. Il y a donc une escalade de la rhétorique à partir de 1990

  8   jusqu'à l'automne 1991.

  9   M. Milosevic (interprétation): Fort bien. Mais est-ce que vous vous

 10   souvenez de ceci: lorsque nous vous avons demandé si c'était comme ça,

 11   vous étiez contents d'apprendre que nous allions veiller à ce que personne

 12   ne soit en péril. "Pourquoi est-ce qu'il y a eu des familles croates qui

 13   ont quitté la Croatie?"; nous vous avons demandé cela. Et vous avez

 14   répondu: "Eh bien, Tudjman leur offre des hôtels de luxe: "Solaris", près

 15   de Trogir, "Medena" près de Sibenik; ce sont des gros hôtels. Moi, je m'y

 16   suis trouvé personnellement du temps passé. Et vous avez dit que c'était

 17   tout à fait attrayant: "Ils veulent donner l'impression que nous, nous

 18   agissons contre eux, alors que ce n'est pas vrai". Est-ce que ce n'est

 19   pas bien là la réponse que vous apportiez à nos questions, à l'époque?

 20   M. le Président (interprétation): Nous allons passer à huis clos partiel.

 21   (Huis clos partiel à 11 heures 40.)

 22   [Confidentialité levée par une ordonnance de la Chambre]

 23   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes à huis clos partiel.

 24   M. Babic (interprétation): Je ne me souviens pas personnellement avoir

 25   parlé à cela à M. Milosevic, m'être entretenu avec lui sur ces sujets.

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  1   J'ai fait beaucoup d'allocutions en public, diverses déclarations suivant

  2   l'époque; et j'aimerais savoir à quelle époque il pense en particulier, ce

  3   qui me permettrait d'apporter un commentaire.

  4   M. Milosevic (interprétation): Est-ce que nous pouvons continuer, Monsieur

  5   May? Je ne vois pas pourquoi nous sommes à huis clos partiel.

  6   M. le Président (interprétation): Mais pourriez-vous assister le témoin?

  7   Vous lui soumettez certaines choses, mais pour qu'il réponde correctement,

  8   il doit savoir à quelle période apparemment, il aurait fait ces

  9   commentaires. Selon vous, à quel moment a-t-il dit tout cela?

 10   M. Milosevic (interprétation): Je n'ai pas ici de procès-verbal exact de

 11   ces réunions, mais c'est une question générale qui se posait; c'était une

 12   position bien connue en Serbie. On disait qu'il ne fallait faire aucune

 13   discrimination sur la base d'une appartenance ethnique ou religieuse;

 14   c'est ce qui faisait en Serbie. On s'attendait à la même chose, on

 15   s'attendait à ce que les dirigeants de la RSK fassent de même.

 16   Et je demande à ce témoin s'il est exact de dire "qu'ils essayaient de

 17   nous persuader du fait que leurs pratiques étaient telles qu'il n'y avait

 18   aucune représailles contre les Croates, que ceux-ci étaient tout à fait en

 19   sécurité dans ce territoire et que les autorités de la RSK veilleraient à

 20   ce que rien ne soit fait à ces gens. Rien du genre de ce que le

 21   gouvernement oustachi avait fait aux Serbes". Je demande au témoin si

 22   c'est exact ou pas?

 23   M. Babic (interprétation): Dans les conversations que j'ai eues avec

 24   vous, pour autant que je m'en souvienne, nous avons surtout parlé dans la

 25   discussion de la protection des Serbes, la protection du droit qu'avait la

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  1   SAO de Krajina à bénéficier d'une autodétermination et à rester au sein de

  2   la Yougoslavie. Et vous, vous avez dit que c'était la JNA qui allait nous

  3   protéger, qu'on n'avait pas à s'en faire. Par conséquent, la conversation

  4   ou les conversations que j'ai eues avec vous se situaient sur cette base.

  5   Quant à savoir si vous avez discuté d'autres choses avec d'autres

  6   personnes, je ne sais pas.

  7   Question: Puisque vous n'êtes pas au courant, je ne vais pas insister.

  8   Vous affirmez ne rien savoir, alors que tous, vous avez dit la même chose

  9   en ce temps-là.

 10   Est-ce que votre TO, est-ce que la JNA ne vous ont pas protégés? Est-ce

 11   que vous n'étiez pas protégés? Et ceci s'est poursuivi jusqu'au moment du

 12   plan Vance, au moment où les Casques bleus étaient censés venir vous

 13   protéger, alors qu'il n'était plus nécessaire pour la JNA de vous

 14   protéger. N'est-ce pas exact?

 15   Réponse: Je peux dire que c'était une protection terriblement

 16   compromettante; je le dirais volontiers, mais j'aimerais d'abord terminer

 17   en disant ceci: la JNA a protégé l'existence de la SAO de Krajina, a

 18   protégé le territoire concerné, mais à partir du mois d'août 1991, la JNA

 19   ainsi que toutes les formations qu'elle avait sous son commandement a

 20   couvert ce qu'on a appelé le territoire du référendum de la SAO de

 21   Krajina, l'a dépassé, a causé des destructions, a fait du nettoyage, a

 22   provoqué la fuite de dizaines de milliers de Croates; elle a établi des

 23   frontières qui étaient plus loin que celles qu'on avait appelées "les

 24   frontières du référendum". C'est la frontière que vous voyez sur cette

 25   carte, la frontière ou les frontières prises par la JNA, avec toutes ses

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  1   formations, et JNA sur laquelle vous avez un rôle de commandement.

  2   Question: N'est-il pas exact de dire que la JNA n'a pas établi la moindre

  3   frontière, que la JNA essaie de se positionner, de s'interposer entre les

  4   parties en conflit afin de ne pas permettre aux Serbes, aux démocrates

  5   serbes et croates de s'entre-tuer. Il y avait une communauté démocratique

  6   de Croates et il y avait aussi le Parti démocrate serbe. N'est-ce pas

  7   exact?

  8   Réponse: Avec la police, la structure parallèle, vous avez forcé, vous

  9   avez poussé la JNA à aller jusqu'à cette ligne de confrontation, entre mai

 10   et août. Et en août 1991, à ma connaissance, et tout le monde le sait

 11   d'ailleurs, la JNA a déclenché des offensives; elle est allée plus loin

 12   que cette ligne de séparation; elle a capturé des parties de la Croatie

 13   qui n'avaient pas été peuplées par des Serbes. La JNA a établi une

 14   nouvelle frontière, pratiquement, une nouvelle ligne de séparation qui est

 15   devenue une nouvelle frontière, la frontière de la SAO de Krajina, de la

 16   Slavonie occidentale et de la Slavonie orientale, et de la République de

 17   Krajina serbe.

 18   Question: Nous allons revenir à cela, parce que ce n'est pas exact.

 19   Est-ce que ce sont des frontières qui étaient des zones protégées,

 20   protégées par les Nations Unies? Est-ce que vous parlez de ces frontières?

 21   Réponse: Elles ne correspondent pas tout à fait avec les zones protégées

 22   par les Nations Unies, parce qu'elles vont au-delà de ces zones protégées.

 23   En fait, il y a une augmentation du territoire de 25%. Quant à la Slavonie

 24   occidentale, le territoire est plus petit que la zone protégée par les

 25   Nations Unies; elle fait 20% de cette zone protégée par les Nations Unies

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  1   dans la Slavonie occidentale et, en Slavonie orientale, il y a qu'on

  2   coïncidence entre cette frontière et la zone protégée par les Nations

  3   Unies.

  4   Question: Moi, je ne vous pose pas une question au sujet de cette carte,

  5   je vous pose une question à propos de la situation telle qu'elle se

  6   présentait dans les faits. Où vivaient les Serbes, où vivaient les

  7   Croates? Ça, c'est une situation factuelle. Ce sont ces lignes dont vous

  8   parlez: est-ce que ces lignes sont celles qui, par la suite, ont été

  9   définies comme étant les confins des zones protégées par les Nations

 10   Unies?

 11   Réponse: Au cours de l'automne 1991, les lignes de la JNA ne coïncidaient

 12   pas avec le territoire ethnique des Serbes; elles allaient au-delà de ces

 13   territoires, là où il y avait une population majoritaire de Croates.

 14   Deuxième chose: les zones où se trouvait cette ligne établie par la JNA,

 15   elles ne coïncidaient pas avec les zones protégées par les Nations Unies.

 16   En effet, les Nations Unies n'ont pas reconnu certaines parties de

 17   municipalités, en plus de celles qui étaient mentionnées dans le plan

 18   Vance.

 19   M. Milosevic (interprétation): Ne perdons pas de temps.

 20   M. le Président (interprétation): Est-ce que nous sommes toujours à huis

 21   clos partiel?

 22   Y a-t-il une raison quelconque pour que nous ne soyons pas en sessions

 23   publique, s'agissant de ce sujet? Je crois que nous pourrions revenir en

 24   session publique.

 25   M. Milosevic (interprétation): Je n'en vois aucune, Monsieur May. C'est

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  1   vous qui avez demandé une session à huis clos partiel.

  2   (Audience publique avec mesures de protection à 11 heures 48.)

  3   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en session publique.

  4   M. Milosevic (interprétation): Est-il clair maintenant qu'en 1991, la JNA

  5   avait été légalement sur le territoire entier de la RSFY, indépendamment

  6   du fait de savoir de quels territoires il s'agissait en Croatie? Pas

  7   seulement des territoires qui sont présentés sur la carte comme étant ceux

  8   de la RSK, mais dans d'autres villes, tout au large de la Croatie, là où

  9   elle a séjourné pendant 50 ans auparavant. C'est vrai ou pas?

 10   M. Babic (interprétation): Quelle est la question? Est-ce que la JNA

 11   était une force légitime?

 12   Question: Oui, légitime sur tout le territoire de la Croatie. Je ne parle

 13   pas du tout de la Krajina, mais je parle de sa présence tout à fait

 14   légitime sur le territoire de la Yougoslavie et de la Croatie?

 15   Réponse: Eh bien, la JNA constituait les forces armées de RSFY. C'est

 16   normal.

 17   Question: Bien. Concluons avec ce sujet.

 18   Réponse: Mais elle a exercé illicitement ses fonctions, elle a entrepris

 19   des opérations illicites à partir du mois d'août 1991.

 20   Question: De là à savoir ce qui est licite et illicite, laissons la

 21   question pour plus tard.

 22   Vous avez dit tout à l'heure qu'en automne 1991, vous aviez souhaité

 23   négocier avec la partie croate et qu'il n'y a pas eu de pourparlers avec

 24   cette partie croate en raison de faiblesses qui étaient les vôtres,

 25   personnellement les vôtres?

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  1   Réponse: Je ne comprends pas du tout ce que vous dites.

  2   Question: Vous avez dit, en expliquant ici, que vous aviez souhaité

  3   négocier?

  4   Réponse: Quand est-ce?

  5   Question: En automne 1991, avec la partie croate? N'est-ce pas? C'est ce

  6   que vous nous avez dit.

  7   Réponse: Oui, il s'agissait d'une opportunité qui consistait à établir le

  8   dialogue grâce à la médiation de la communauté internationale. C'était une

  9   bonne opportunité mais, malheureusement, une opportunité manquée. Et j'ai

 10   dit que j'avais commis des erreurs, que j'avais fait des omissions pour ce

 11   qui était de ne pas avoir mis à profit cette opportunité.

 12   Question: Vous n'avez pas eu besoin de m'apporter toutes ces explications;

 13   vous auriez pu le dire plus simplement.

 14   Vous avez dit que vous aviez proposé une "zupljana", que la Krajina devait

 15   constituer une province en Croatie?

 16   Réponse: En 1990, à l'occasion des débats relatifs à la nouvelle

 17   Constitution de la République de Croatie .

 18   Question: Mais serait-il exact de dire que, avant de mettre en place le

 19   Parti démocratique serbe à Knin et votre accession à la direction, au

 20   sommet, vous étiez un fonctionnaire, un haut fonctionnaire de la Ligue des

 21   communistes de Croatie, oui ou non?

 22   Réponse: J'avais été haut responsable et j'avais occupé les fonctions que

 23   j'ai mentionnées devant ce Tribunal dans le début de mon témoignage ici.

 24   Question: Ecoutez, répondez par oui ou par non pour économiser du temps.

 25   Vous avez encore répondu par oui et vous avez ajouté une phrase avec des

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  1   subordonnés pour expliquer.

  2   Réponse: Non, parce que cela sous-entendait des fonctions de l'exécutif au

  3   sein de la Ligue des communistes de Yougoslavie et, là, j'entends les

  4   comités exécutifs, du comité municipal jusqu'au comité central, comité

  5   central du parti. Donc, pour répondre, je dirai "non" et c'est la réponse

  6   correcte que j'apporte comme je l'ai fait en répondant initialement à la

  7   question que vous avez posée.

  8   Question: Mais ne serait-il pas exact de dire que vous étiez membre de la

  9   présidence de ce comité exécutif du parti à Knin?

 10   M. Babic (interprétation): Non.

 11   M. Milosevic (interprétation): Mais n'étiez-vous pas l'un des

 12   fonctionnaires quelconques de la Ligue des communistes, délégués au

 13   congrès de la Ligue des communistes de Croatie?

 14   M. le Président (interprétation): Je crois qu'il faut traiter de la

 15   question à huis clos partiel.

 16  (Huis clos partiel à 11 heures 52) [Confidentialité levée par une ordonnance

 17  de la Chambre] Mme Anoya (interprétation): Nous sommes à huis clos partiel.

 18   M. le Président (interprétation): Monsieur le M. Babic, dites-nous

 19   quelle était la position, si vous en aviez une, quelle avait été la

 20   position que vous avez eue au sein de la Ligue des communistes? Avez-vous

 21   été présent à ce congrès ou pas?

 22   M. Babic (interprétation): En 1989, j'ai été membre de l'organisation

 23   à la cellule de base de la Ligue des communistes, chargé de la protection

 24   médicale au niveau du centre hospitalier de Knin, à l'occasion de

 25   l'élection des députés, des délégués pour la tenue du 11e et dernier

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  1   Congrès de la Ligue des communistes de Croatie. Donc des élections qui ont

  2   été organisées au niveau de la structure entière de la Ligue des

  3   communistes de l'organisation de Knin, qui comptait quelque 3.000 membres.

  4   J'ai été élu pour être l'un des délégués de cette région de Knin et

  5   participer au Congrès qui devait se tenir à Zagreb.

  6   M. Milosevic (interprétation): Bien, je ne comprends pas pourquoi vous

  7   avez besoin d'autant d'explications. Je vous ai demandé simplement si vous

  8   étiez délégué à la Ligue, au Congrès de la Ligue des communistes de

  9   Croatie. Vous avez répondu par l'affirmative, en définitive, mais vous

 10   avez dû rajouter que vous avez été l'un des six délégués élus, etc.

 11   M. Babic (interprétation): Parce que vous avez dit, vous m'avez

 12   demandé si j'étais fonctionnaire, haut fonctionnaire de la Ligue des

 13   communistes; alors, moi, j'ai rapporté des explicatifs pour savoir de quoi

 14   il s'agissait au juste.

 15   M. le Président (interprétation): Nous n'allons pas commencer ici à

 16   polémiquer.

 17   Est-ce que vous voulez ajouter quoi que ce soit comme question, Monsieur

 18   Milosevic, à propos de la Ligue des communistes? Sinon, nous repassons en

 19   audience publique?

 20   M. Milosevic (interprétation): J'ai encore quelques éléments de questions.

 21   Donc vous avez été participant à ce Congrès. Et, à ce Congrès, il a été

 22   débattu de questions politiques importantes au niveau de la Ligue des

 23   communistes de Croatie. La Ligue des communistes de Croatie était au

 24   pouvoir et vous avez pris part au Congrès du parti qui était au pouvoir.

 25   (Signe affirmatif de la tête du témoin)

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  1   Avez-vous dit quoi que ce soit concernant les documents, les décisions et

  2   ainsi de suite? Donc vous êtes-vous opposé en quoi que ce soit aux choses

  3   qui avaient fait l'objet de votre désaccord lors de la tenue de ce

  4   Congrès?

  5   Réponse: Je me souviens de trois éléments. Premier élément: à la

  6   commission chargée de procéder à la réforme du système économique, j'avais

  7   fourni un texte écrit pour les débats, mais au niveau de la réorganisation

  8   des communautés autogestionnaires d'intérêts et pour leur transformation

  9   en fond.

 10   Deuxièmement, à l'occasion de la cession, lorsqu'il avait été question de

 11   décider du statut de la Ligue des communistes de Croatie, j'avais été

 12   contre l'option qui visait à réorganiser la Ligue des communistes de

 13   Croatie de façon à en faire une organisation autonome qui se réintégrait

 14   au niveau de la Ligue des communistes de Yougoslavie; parce qu'en vertu

 15   des termes statutaires, jusque là, la Ligue des communistes de Croatie

 16   avait fait partie de la Ligue des communistes de Yougoslavie.

 17   Troisièmement: à laquelle j'avais voulu m'opposer, c'étaient les textes

 18   publiés. Mitrovic, ou comment s'appelait-il déjà, le secrétaire du comité

 19   central de la Ligue des communistes de Croatie qui avait accordé une

 20   interview au journal "Nova Makedonija" et qui avait parlé en mauvais

 21   termes de Knin, en disant que c'était un nid de nationalistes. Cela avait

 22   figuré sur le tableau public du Congrès; c'était rendu donc public.

 23   Et j'avais voulu polémiquer mais les autres délégués de Knin ont dit: "Ne

 24   le fais pas. Boro Mikelic s'attaquera à eux. Il va tenir un discours, il

 25   s'attaquera à eux." Et Boro Mikelic, à la plénière, a effectivement fait

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  1   un discours critique, en se référant à la chose, mais je ne me souviens

  2   plus des détails.

  3   Voilà c'était à peu près les interventions que j'avais eues à l'occasion

  4   de ce dernier, 11e et dernier Congrès de la Ligue des communistes de

  5   Croatie.

  6   Question: Fort bien, fort bien. Mais serait-il exact de dire que vous-

  7   même, vous avez été communiste, n'est-ce pas?

  8   Réponse: Oui, j'étais membre de la Ligue des communistes, donc communiste.

  9   Question: Oui, oui. Donc, tout à coup, partant du fait d'être communiste,

 10   cette année-là, en un mois, vous avez fait une espèce de salto mortale, et

 11   vous êtes devenu nationaliste. Vous avez complètement changé vos

 12   convictions profondes et, de communiste, vous êtes en fait devenu

 13   anticommuniste.

 14   Puis vous êtes venu à la tête de cette municipalité de Knin, n'est-ce pas?

 15   Réponse: Sous votre influence, je suis devenu ethno-égoïste et, si je vous

 16   avais écouté jusqu'au bout, ça aurait été pire encore.

 17   Mais pour ce qui est des fonctions de président de l'assemblée municipale

 18   de Knin, j'y suis arrivé parce que j'avais rejoint les rangs de SDS en

 19   date du 17 février 1990, à Knin. Ou plutôt, j'ai été convié à saluer

 20   l'assemblée constituante et, après le discours que j'ai fait, ça leur

 21   avait plu; ils m'avaient même proposé pour faire partie du comité

 22   initiateur. C'est ainsi que je suis devenu membre du comité principal et,

 23   étant donné les mérites que j'avais pour la mise en place du parti dans la

 24   région de Knin, il avait été question de faire de moi un délégué au niveau

 25   du parlement de la Croatie et de devenir président de l'assemblée

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  1   municipale de Knin.

  2   Je n'étais pas doué pour la rhétorique et je ne voulais pas aller au

  3   Sabor; j'avais souhaité rester à Knin. Les gens du SDS de Knin ont soutenu

  4   cette idée, et Jovan Raskovic et les autres ont décidé de faire de moi le

  5   président de l'assemblée municipale de Knin, parce que le SDS avait

  6   remporté la majorité au niveau de cette assemblée municipale de Knin.

  7   Question: Par conséquent, tout cela s'est passé parce qu'ils étaient

  8   enthousiasmés par vous? Et ils vous ont élu, mais on ne vous a pas demandé

  9   votre avis, n'est-ce pas?

 10   Réponse: Mais bien sûr que j'ai dû donner mon avis, parce qu'entre le fait

 11   d'être élu au Sabor de Croatie ou à la présidence de l'assemblée

 12   municipale de Knin, j'ai dit que je n'étais pas fort en rhétorique et que

 13   je ne pouvais pas me battre sur le plan rhétorique avec les autres députés

 14   au Sabor de Croatie, et que j'avais préféré rester à Knin. Donc on m'avait

 15   demandé mon avis et on avait estimé que j'avais des mérites, pour ce qui

 16   est de la campagne électorale à Knin.

 17   Et c'est moi qui ai conduit la campagne électorale pour Knin, Gracac, pour

 18   une partie de Lapac et pour une partie de Benkovac. Et là où la campagne a

 19   été conduite par mes soins, le parti a remporté la victoire. Donc c'était

 20   là une récompense du parti pour les activités politiques que j'avais

 21   déployées.

 22   M. Milosevic (interprétation): (Inaudible) Kordun, en Slavonie orientale,

 23   donc là aussi, les Serbes avaient également essentiellement voté en faveur

 24   de la Ligue des communistes de Croatie, n'est-ce pas?

 25   Réponse: A l'occasion des élections en 1990, au parlement de la République

Page 13560

  1   de Croatie, il a été élu 5 délégués ou députés du Parti démocratique serbe

  2   et 27 délégués, membres du groupe ethnique Serbie, mais membres d'autres

  3   partis, notamment le Parti, la Ligue des communistes ou plutôt le Parti du

  4   changement démocratique, parce que l'appellation avait été modifiée

  5   auparavant.

  6   Et pour ce qui est des municipalités, le SDS avait remporté la victoire

  7   dans quatre assemblées municipales. Mais le SDS n'avait pas disposé à

  8   l'époque de structures organisationnelles suffisantes pour se présenter

  9   aux élections, tout au large du territoire de la République de Croatie. Sa

 10   structure organisationnelle n'avait pas été suffisante, et ce, en raison

 11   de la façon dont le président du parti avait conduit son parti. Il avait

 12   voulu avoir une position de leader et c'est les résultats des élections

 13   que nous avons eues.

 14   Question: Donc c'est ce qui s'est passé à Knin. Mais est-ce que l'une

 15   quelconque des personnes de Serbie avait influé sur vous à ce sujet, pour

 16   ce qui est du changement de vos orientations politiques et de tout ce que

 17   vous venez de nous raconter aux événements de Knin: la mise en place de ce

 18   Parti démocratique serbe, la détermination du cours politique que suivrait

 19   ce parti, et ainsi de suite?

 20   Réponse: Dans la plupart des cas, et ce de façon indirecte, je dirai:

 21   suivant deux modalités.

 22   D'abord, la Serbie s'était battue ou déclarée favorable à un concept

 23   fédéraliste, que j'avais accepté moi-même. Deuxièmement, la Serbie, au

 24   travers des médias, dès l'année 1989, avait souligné ou surligné de façon

 25   évidente la position du peuple serbe en Croatie et moi, j'y avais cru. Et

Page 13561

  1   j'ai été élu au comité principal de ce Parti démocratique serbe parce que

  2   je m'étais référé à la position de la population serbe entre Knin et

  3   Karlovac. Et je n'avais parlé que conformément aux termes et aux modalités

  4   qui avaient été utilisés par les médias serbes.

  5   Je m'étais demandé par la suite: en est-il vraiment ainsi? Est-ce qu'il y

  6   a des églises qui ont été détruites? Est-ce qu'il y a effectivement des

  7   Serbes qui déménagent, qui quittent ces régions? Est-ce qu'il y a eu un

  8   dépeuplement de la population serbe dans certaines régions? Et j'avais,

  9   dans ce sens-là, affirmé que les autorités communistes, que les

 10   communistes croates -comme j'avais parlé de Racan à l'époque- avaient

 11   apporté un désert entre Knin et Karlovac; c'était la façon que j'avais de

 12   voir et c'était sous l'impression des textes publiés par "Politika" et

 13   "Duga". C'était sous cette impression-là et sous l'empreinte des récits

 14   qui ont été publiés que j'avais vu les choses ainsi. C'est ce qui a

 15   contribué à mon élection au comité principal du SDS.

 16   Question: Bien. Vous êtes en train de nous dire qu'un tabloïd de Belgrade

 17   avait publié des textes à ce sujet-là, mais est-ce que les journaux

 18   officiels avaient parlé de la position des Serbes en Croatie en 1989? Est-

 19   ce qu'en Serbie, on en a parlé?

 20   Réponse: La télévision de Belgrade, la télévision de Novi Sad avaient fait

 21   des reportages pour ce qui est du dépeuplement des régions de Plitvice. Et

 22   même un écrivain originaire de Knin.

 23   Question: Ecoutez, moi, je vous pose la question pour ce qui est des

 24   médias de Belgrade; et je vous parle des positions officiellement

 25   présentées par Belgrade?

Page 13562

  1   Réponse: Eh bien, au début de l'année 1990, il y a eu un texte dans

  2   "Politika". Je me souviens que le fait de ne pas avoir enterré les

  3   victimes du génocide oustachi en 1941 correspondait à la répétition du

  4   génocide. Cela avait été publié par "Politika".

  5   Question: Ecoutez, on va retrouver les textes de "Politika".

  6   Réponse: Je crois que c'était le mois de mai.

  7   Question: Pour ce qui est de la presse, là, nous aurons pleinement le

  8   temps d'en débattre.

  9   Est-ce que vous vous souvenez que vous aviez à l'époque, dans vos

 10   discours, attaqué tant les communistes de Croatie que les communistes ou

 11   le régime communiste en Serbie, tel que vous l'aviez défini vous-même?

 12   Réponse: Eh bien, cela dépend de qui il s'agit. Il y avait eu une

 13   structure au sein du SDS qui n'avait jamais critiqué le régime communiste

 14   en Serbie, mais elle l'a fait pour le régime communiste en Croatie. Par

 15   exemple, le Président du parti, l'Académicien Raskovic, après avoir décidé

 16   de se présenter l'organisation de son parti à Belgrade, avait dit qu'il

 17   fallait décider -il avait adopté des qualificatifs-; il a dit qu'à la 8e

 18   Session du comité central de la Ligue de communistes de Serbie vous aviez

 19   -et là je ne suis pas à même de faire des appréciations de ce genre-, mais

 20   il avait dit que vous aviez fait un putsch et qu'un groupe communiste

 21   avait révoqué un autre groupe communiste. Et il avait donc commencé à

 22   manifester de la défiance à votre égard.

 23   Il y avait donc un groupe au sein du SDS qui vous avait apporté son

 24   soutien, indépendamment de leur position nationale ou nationaliste

 25   accentuée, et il y avait un autre groupe -je ne dirai pas "groupe". Il y

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  1   avait Mihajlo Markovic, qui était académicien, membre du comité central et

  2   idéologue du SPS; il a dit au sujet de Jovan Raskovic, Président du SDS:

  3   "Nous convenons avec lui d'une chose et, le lendemain, il raconte autre

  4   chose. Et vice versa. Puis après, il se justifie auprès de Milosevic; un

  5   jour, il critique Milosevic et, un autre, il le glorifie. Je ne sais pas

  6   ce que nous allons faire de lui".

  7   Et en fin de compte, vous l'avez rappelé à Belgrade, vous l'avez mis de

  8   côté et c'est là que son rôle politique a quelque peu pris fin. Donc à

  9   partir du mois de juillet, du mois d'août, vous avez commencé à affaiblir

 10   les positions de Raskovic.

 11   Question: Mais qui a ramené, rappelé Raskovic à Belgrade ?

 12   Réponse: Dobrica Cosic.

 13   Question: Vous venez de dire: "Vous l'avez ramené à Belgrade". Et moi, je

 14   n'ai rencontré Jovan Raskovic qu'une fois dans ma vie.

 15   Réponse: Mais Dobrica Cosic: c'est vous qui, par le biais de vos médias,

 16   avez entamé une campagne contre Jovan Raskovic.

 17   M. Milosevic (interprétation): Je crois qu'il n'y a aucune raison de

 18   rester à huis clos, Monsieur May.

 19   M. le Président (interprétation): Oui, nous allons retourner en audience

 20   publique.

 21   (Audience publique avec mesures de protection à 12 heures 7.)

 22   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en audience publique.

 23   M. Milosevic (interprétation): Vous avez commencé à nous expliquer quelque

 24   chose au sujet du Président du SDS, M. Jovan Raskovic, chose qui n'est pas

 25   exacte du tout. Et je souhaite à présent vous poser une question. Je crois

Page 13564

  1   pouvoir le faire en session publique, je ne mentionnerai évidemment pas

  2   votre nom.

  3   Serait-il exact de dire que c'est vous-même qui avez reproché à Jovan

  4   Raskovic son déplacement vers Zagreb et ses entretiens avec Tudjman et les

  5   autres dirigeants en Croatie?

  6   M. Babic (interprétation): Il y a eu deux membres au comité principal,

  7   les deux étaient vice-présidents du parti. L'un était même président du

  8   conseil exécutif de ce comité central. Et ces deux membres ont notamment

  9   mis l'accent sur ces questions-là. Il y a eu un débat qui s'est tenu au

 10   comité principal ou comité central du parti: Jovan Opacic, Zelenbaba,

 11   Branko Peric et quelques autres personnes ont demandé la révocation de

 12   Jovan Raskovic. Mais ils n'ont pas bénéficié de la majorité à cette

 13   session du comité principal; et Jovan Raskovic n'a pas été révoqué.

 14   Ces gens-là ont, eux, quitté le SDS après une deuxième session et sont

 15   passés vers le Mouvement du renouveau serbe de Vuk Draskovic; ils ont dit

 16   que le SDS était l'infanterie serbe et qu'eux avaient trouvé que cela

 17   n'était pas assez efficace et qu'ils passaient vers l'artillerie, vers le

 18   SPO, le parti du Renouveau serbe.

 19   Question: Mais il me semble que les choses en allaient quelque peu

 20   autrement. En effet, vous avez beaucoup critiqué Jovan Raskovic en raison

 21   de déclarations compromettantes qu'il avait faites à l'occasion de ses

 22   entretiens avec Tudjman?

 23   Réponse: Vous vous référez probablement à des entretiens ultérieurs?

 24   Question: Je me réfère aux attaques que vous aviez lancées contre Jovan

 25   Raskovic; c'est à cela que je me réfère.

Page 13565

  1   Réponse: Aux attaques de qui? Les attaques de ma part ou les attaques du

  2   SDS?

  3   Question: Vos attaques personnelles?

  4   Réponse: Si c'est cela, nous pouvons discuter.

  5   Question: Serait-il exact de dire que c'est précisément vous-même, avec un

  6   certain nombre d'autres personnes -que je ne vais pas mentionner par leur

  7   nom parce que je risquerai dans ce cas-là de mettre en péril le secret de

  8   votre identité-, mais après son retour d'Amérique, non seulement vous

  9   l'avez révoqué, mais vous l'avez pratiquement chassé de la Krajina, du

 10   SDS, de toutes les sphères de la vie publique. Est-ce exact ou pas?

 11   Réponse: Tout d'abord, Jovan Raskovic n'a jamais vécu en Amérique, mais à

 12   Sibenik. Deuxièmement, Dobrica Cosic avait proposé qu'il passe à Belgrade

 13   pour des raisons déterminées. Et troisièmement, le HDZ à Sibenik avait

 14   organisé la signature d'une pétition contre Raskovic, Marko Dobrijevic et

 15   Popovic. Et quatrièmement, donc à la fin de 1990, il a commencé à se

 16   concrétiser au sein du SDS une option ou une fraction appelée "de la

 17   Krajina". Et Jovan Raskovic n'a jamais été révoqué: il est mort, il est

 18   décédé en août 1992 en ayant gardé sa fonction de président du SDS.

 19   Question: Mais ne serait-il pas exact de dire que, s'agissant du

 20   traitement à l'égard de Jovan Raskovic, les gens que vous avez mentionnés

 21   tout à l'heure, à savoir Opacic, Zelenbaba et d'autres qui étaient

 22   cofondateurs de ce parti, ont quitté le parti et sont partis vers le SPO?

 23   C'est exact ou pas?

 24   Réponse: Pour ce qui me concerne, au moment où ils ont quitté le SDS, je

 25   me trouvais moi-même en relation très étroite avec le Président Raskovic.

Page 13566

  1   Eux avaient constitué une fraction et, par la suite, il a été mis en place

  2   une fraction plus dure, pro-Milosevic, qui avait accordé son soutien aux

  3   élections. Il y avait Marko Dobrijevic et Petar Stikavac. Et c'est la

  4   raison pour laquelle Jovan Raskovic les avait révoqués de leurs fonctions

  5   en février 1991. Puis, il a été mis en place une faction, un comité

  6   régional du SDS et Raskovic avait dit que c'était là une faction. Ils ne

  7   les ont pas éliminés, mais tolérés parce que nous étions un parti

  8   démocratique. Donc il a été permis d'avoir plusieurs options politiques.

  9   Le Président Raskovic disait toujours que "toute personne pensant de sa

 10   tête, pense de façon différente".

 11   Question: Il me semble, pour ce qui me concerne, que vous avez fait état

 12   quelque part du fait selon lequel j'avais quelque chose contre Raskovic.

 13   Puis vous venez maintenant d'expliquer qu'il est parti pour d'autres

 14   raisons et dans des circonstances tout à fait différentes. Et vous avez

 15   dit tout à l'heure qu'il y avait eu des membres du SDS qui m'avaient

 16   soutenu pour les élections. Mais en quoi avais-je besoin de leur soutien à

 17   Knin, alors que moi, je me suis présenté aux élections en Serbie?

 18   Réponse: Il y a deux choses. Tout d'abord, en février 1991, vous avez dit

 19   de Jovan Raskovic: "Révoquez-le". Et moi, j'avais dit personnellement

 20   qu'il ne pouvait pas être révoqué, que c'était là un tribun populaire.

 21   Deuxièmement, vous aviez conduit une campagne électorale en Serbie en

 22   1990, pour ce qui est du Parlement, en votre qualité du membre du parti

 23   socialiste, et vous personnellement pour la présidence de Serbie; donc

 24   vous étiez en conflit avec l'opposition nationale et il vous était

 25   agréable de bénéficier du soutien d'un parti qui se définissait comme

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  1   étant serbe et démocratique à la fois. Politiquement parlant, cela vous

  2   convenait pour ce qui est du soutien que devaient vous apporter les

  3   électeurs de Serbie, à vous-même et au parti à la tête duquel vous vous

  4   trouviez.

  5   Question: Mais, Monsieur C-061, vous venez de dire tout à l'heure que ce

  6   parti-là, en 1990, avait une portée qui se limitait à Knin et à ses

  7   environs?

  8   Réponse: Oui, en 1990. Mais, en été 1991, il y avait des comités régionaux

  9   à Belgrade et à Novi Sad, et ces comités s'étaient dissociés et avaient

 10   mis en place un SDS autonome, un SDS de Serbie qui s'est présenté aux

 11   élections.

 12   Question: Mais votre parti avait été l'opposition aux élections de Serbie?

 13   Réponse: Une partie de ce parti s'était dissocié et avait constitué un SDS

 14   à part, de Serbie, et qui a pris part aux élections en Serbie. Et une

 15   partie de ce comité principal du SDS à Knin avait soutenu votre

 16   candidature; ça, c'est un fait.

 17   Question: Bien. Ils m'avaient soutenu dans leurs pensées mais, comme vous

 18   le savez, nous avons remporté ces élections avec une majorité très grande.

 19   Réponse: Non, je ne parle pas de cela. Je parle des médias. Je parle de ce

 20   qu'a publié "Politika".

 21   M. Milosevic (interprétation): (Inaudible.) … étant donné que vous réfutez

 22   le fait d'avoir chassé Raskovic?

 23   M. Babic (interprétation): Cela avait été votre campagne ...

 24   M. le Président (interprétation): Cette querelle ne nous est aucunement

 25   utile. Vous vous interrompez mutuellement, il est impossible de vous

Page 13568

  1   suivre.

  2   Nous allons maintenant faire une nouvelle pause de 20 minutes.

  3   (L'audience, suspendue à 12 heures 17, est reprise à 12 heures 40.)

  4   M. le Président (interprétation): Nous siégerons aujourd'hui jusqu'à 14

  5   heures.

  6   Je crois savoir que l'accusation a sans doute besoin de quelques instants

  7   à la fin de l'audience?

  8   M. Nice (interprétation): Quelques minutes, Monsieur le Président.

  9   M. le Président (interprétation): Oui, oui, vous les aurez.

 10   Monsieur Milosevic, vous avez la parole.

 11   M. Milosevic (interprétation): Bon. Il ressort de tout cela que Raskovic

 12   n'a pas été révoqué de Knin dans le cadre de vos querelles intestines pour

 13   le pouvoir politique, mais pour d'autres motifs, n'est-ce pas?

 14   M. Babic (interprétation): Au mieux de mes connaissances, en effet.

 15   Question: Eh bien, expliquez-moi alors, au sujet de Borislav Mikelic, le

 16   Premier ministre de l'époque, est-ce que vous avez mené campagne en 1995

 17   pour son remplacement à son poste?

 18   Réponse: En 1995 -d'ailleurs, en réalité, c'était en 1994-, le

 19   remplacement de Mikelic a été le fruit de l'action du Président de

 20   l'époque, Président de la Krajina serbe. Et Mikelic a finalement été

 21   remplacé à son poste en 1995, au mois de juin, si je ne m'abuse. Mikelic

 22   était chef du gouvernement et il avait la majorité à l'assemblée

 23   parlementaire de la Krajina serbe.

 24   M. Milosevic (interprétation): Je ne vous ai pas interrogé au sujet des

 25   dates parce que je les connais, mais je vous ai demandé si c'était vous

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  1   qui aviez dirigé la campagne destinée à obtenir le remplacement de

  2   Mikelic?

  3   M. Babic (interprétation): Que voulez-vous dire? Si, parce que vous

  4   dites, vous sous-entendez qu'une décision politique a été prise, destinée

  5   à obtenir le remplacement à son pote de Borislav Mikelic avant qu'il y ait

  6   vote à l'assemblée, la réponse est oui.

  7   M. le Président (interprétation): Non, telle n'était pas la question. La

  8   question était la suivante: étiez-vous à la tête d'une campagne? C'est une

  9   question relativement simple, Monsieur le M. Babic; peut-être pouvez-

 10   vous y répondre de façon simple?

 11   M. Babic (interprétation): Je peux le faire si l'on me dit ce que l'on

 12   entend par l'emploi du mot "campagne".

 13   M. le Président (interprétation): Bien. Passons à huis clos partiel. C'est

 14   un mot parfaitement clair, le mot "campagne".

 15   M. Milosevic (interprétation): Avant de passer à huis clos partiel,

 16   j'aurai encore quelques mots à dire. Puisque vous souhaitez que nous

 17   passions à huis clos partiel, Monsieur le Président, j'aurais tout de même

 18   encore une question à poser avant, de façon à ce que nous puissions

 19   continuer le débat sur cette question suivante, lorsque nous passerons à

 20   huis clos partiel.

 21   Monsieur le Témoin, j'aimerais que vous m'expliquiez pour quelle raison,

 22   dans quelles circonstances, au motif de quoi vous avez fui Knin trois

 23   jours avant l'offensive croate? Et ce, accompagné de votre épouse, de vos

 24   enfants et de votre belle-mère? Est-ce que vous avez bien fui en direction

 25   de Belgrade? Est-ce exact ou pas?

Page 13570

  1   M. Babic (interprétation): Ce n'est pas exact.

  2   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Huis clos partiel, Monsieur le

  3   Président?

  4   M. le Président (interprétation): Oui, nous passons à huis clos partiel.

  5  (Huis clos partiel à 12 heures 45) [Confidentialité levée par une ordonnance

  6   de la Chambre] Mme Anoya (interprétation): Nous sommes à huis clos partiel.

  7   M. Milosevic (interprétation): Vous avez dit que vous n'avez pas compris

  8   exactement le sens du mot "campagne". Nous sommes maintenant à huis clos

  9   partiel, n'est-ce pas, Monsieur May, si j'ai bien compris?

 10   M. le Président (interprétation): Oui, en effet.

 11   M. Milosevic (interprétation): Donc ma question était la suivante: avez-

 12   vous mené campagne pour obtenir le remplacement à son poste de Borislav

 13   Mikelic, vous et votre parti, le Parti démocratique serbe que vous

 14   présidiez. Et en même temps, le ministre des Affaires étrangères de ce

 15   gouvernement, Borislav Mikelic?

 16   M. Babic (interprétation): Je ne parlerai pas de campagne parce que,

 17   dans le mot campagne, on englobe en général des débats beaucoup plus

 18   nombreux, des activités beaucoup plus diverses. En fait, il s'agit ici

 19   d'une décision politique qui a été prise à mon initiative, ainsi qu'à

 20   celle des députés de mon parti, qui ont donc remporté la majorité à

 21   l'assemblée de la RSK sur cette décision. Et cette décision devait être

 22   mise en application, ce qui a été le cas: la décision consistant à

 23   remplacer à son poste Borislav Mikelic en tant que Premier ministre du

 24   gouvernement de la RSK. Ce n'était donc pas une campagne, de quelque

 25   nature qu'elle soit. C'était simplement un débat politique suivi par la

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  1   prise d'une décision politique. Le Parti démocratique serbe de Krajina,

  2   dont j'étais le président, avait à l'époque la majorité parlementaire à

  3   l'assemblée, mais ce n'était pas une majorité qualifiée. Borislav Mikelic

  4   avait...

  5   Question: Et le gouvernement de Borislav Mikelic. Borislav Mikelic lui-

  6   même, avec mon soutien, a-t-il mené des négociations avec des

  7   représentants croates au sujet de toutes sortes de questions? Et à ces

  8   débats, Thorvald Stoltenberg participait notamment. Il était question de

  9   normalisation et de toutes sortes d'autres questions sur lesquelles nous

 10   reviendrons plus tard.

 11   Ceci est-il exact ou pas?

 12   Réponse: Il n'est pas suffisant de préciser que vous avez apporté votre

 13   soutien; il s'agit de participation de votre part, très concrète. Aucune

 14   discussion ne pouvait commencer si vous n'étiez pas d'accord, aucune

 15   décision ne pouvait être prise, aucun accord ne pouvait être conclu sans

 16   votre accord. Le texte, le libellé de l'accord ne pouvait être décidé que

 17   lorsque vous aviez donné votre accord à ce sujet.

 18   Un jour, j'ai participé à une discussion de ce genre et j'ai pris une

 19   décision qui était plus ferme que la vôtre. Dans "Vecernje Novosti", un

 20   quotidien, eh bien, vous avez jeté à la poubelle toute une livraison de ce

 21   journal parce qu'il diffusait mes propos et que ce que je disais n'était

 22   pas conforme à ce que vous disiez.

 23   Donc oui, oui, avec votre appui, avec votre participation active quant à

 24   la nécessité d'obtenir un accord.

 25   Question: Je vous en prie, est-il exact que ce qu'il est convenu d'appeler

Page 13572

  1   "l'accord de Zagreb" a été conclu, que votre délégation était menée par

  2   Mikelic, qu'il y avait trois points à cet accord de Zagreb: premièrement,

  3   interruption de toutes les hostilités; deuxièmement, normalisation des

  4   relations économiques et, troisièmement, examen d'une solution politique.

  5   Est-il exact que cet accord de Zagreb comportait tous ces éléments?

  6   Réponse: Ce qui est exact, c'est ce que je vais dire maintenant. L'accord

  7   de cessez-le-feu a été mis en oeuvre en mars 1991, avant l'arrivée au

  8   pouvoir de Mikelic, avant la création du Gouvernement de la Krajina Serbe,

  9   après les élections de la fin 1993, début 1994. Ensuite, début de

 10   négociations économiques qui ont commencé au mois de juin 1995, une fois

 11   que vous les avez approuvées. Et, par la suite, il y a eu des entretiens,

 12   des pourparlers directs entre, d'une part, moi-même et Mikelic, puisque

 13   j'étais ministre des Affaires étrangères, et, de l'autre côté, des députés

 14   du Gouvernement croate, Sarinic et Ivica Pasalic.

 15   Donc les pourparlers ont commencé, l'accord a été conclu à la fin de 1994,

 16   si je ne m'abuse. Quant à la situation des entreprises pétrolières, elles

 17   ont donné lieu à des pourparlers qui se sont poursuivis en 1995 et

 18   auxquels vous avez participé. Ces derniers pourparlers se sont conclu sur

 19   un accord conclu entre Mikelic et Sarinic, après vérification du

 20   gouvernement et de l'assemblée de la République serbe de Krajina.

 21   Je ne sais pas si c'est à cet accord que vous pensez en parlant de

 22   l'accord de Zagreb?

 23   Question: Mais, lorsque vous dites juin 1995, n'est-ce pas une erreur?

 24   C'est en 1994 que les pourparlers ont eu lieu.

 25   Réponse: Oui, oui, mais j'ai dit que j'avais peut-être fait un lapsus.

Page 13573

  1   Question: Est-il exact, Monsieur le M. Babic, que vous avez sans cesse

  2   fait obstruction à ces pourparlers?

  3   Réponse: Ceci n'est pas exact. J'ai participé de la façon la plus créative

  4   qui soit à ces pourparlers.

  5   Question: Eh bien, nous discuterons plus tard des moments où vous

  6   participiez aux pourparlers et des moments où vous n'y participiez pas.

  7   Réponse: S'agissant des pourparlers avec la Croatie, j'ai participé de la

  8   façon la plus active qui soit. D'ailleurs, cet accord n'aurait pas pu être

  9   voté par l'assemblée croate sans mon intervention et celle des députés du

 10   parti que je représentais, du parti dont j'étais le député, tout

 11   simplement.

 12   Question: Eh bien, c'est bien de cela qu'il est question: vous contrôliez

 13   dans quelle mesure quelque chose pouvait ou ne pouvait pas être voté.

 14   Est-il exact que Mikelic a conclu un accord au sujet de l'ouverture des

 15   autoroutes?

 16   Réponse: Mikelic et moi.

 17   Question: Eh bien, vous, je ne me souviens pas vraiment de votre

 18   participation et je ne crois pas que Stoltenberg non plus se souvienne de

 19   votre présence lors des pourparlers au sujet de l'ouverture des

 20   autoroutes.

 21   Réponse: Si, si, il y a même un document qui le prouve.

 22   Question: Mais est-il exact que, pour l'essentiel, vous critiquiez Mikelic

 23   quant aux explications qu'il donnait au sujet du fait qu'en agissant de la

 24   sorte, il voulait une réintégration de la Krajina en Croatie?

 25   Réponse: Mais il y a eu deux époques, 1994 et 1995, avec deux séries de

Page 13574

  1   négociations et des réactions et des opinions différentes dans les deux

  2   cas.

  3   S'agissant de Mikelic, en 1994, sur mon initiative, son remplacement à son

  4   poste a été empêché. Ou plutôt j'ai empêché que l'on refuse de voter la

  5   confiance à Mikelic, en 1994, précisément au moment où les négociations

  6   économiques commençaient et de façon à ce qu'elles puissent se poursuivre.

  7   Question: Et lorsque ces négociations ont commencé à donner des résultats

  8   et avoir des répercussions, vous avez considéré qu'il travaillait en fait

  9   contre les intérêts de la Krajina, qu'il voulait réintégrer la Krajina en

 10   Croatie, et vous avez entamé une action pour obtenir son limogeage, n'est-

 11   ce pas?

 12   Réponse: Les choses se sont passées ainsi. Au début de 1994, l'accord a

 13   été bloqué…

 14   Question: Vous voulez dire, début 1995?

 15   Réponse: Oui, excusez-moi. Début 1995, l'application de cet accord a été

 16   bloquée au sujet de la crise relative au nouveau mandat des forces de

 17   maintien de la paix. Mikelic a été remplacé suite à la séance de

 18   l'assemblée de la RSK qui s'est tenue au mois de mai 1995. Donc, à la

 19   session suivante, au mois de juin, il n'était plus là; et le motif de

 20   principal de son remplacement, c'est qu'il était contre l'unification de

 21   la Republika Srpska et de la RSK. C'était pour lui la meilleure façon

 22   d'obtenir le soutien de plus de la moitié des députés de l'assemblée de la

 23   RSK. Mais les vrais motifs étaient un peu différents. Les vrais motifs

 24   résidaient dans le fait qu'à l'époque, Mikelic ne venait même plus à Knin;

 25   il avait peur de franchir le territoire de la Republika Srpska pour venir

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  1   à Knin; il convoquait des réunions du gouvernement à Erdut, en Slavonie

  2   orientale. Dans la pratique, il faisait savoir qu'il souhaitait la

  3   division de la République serbe de Krajina avec, d'une part, la Krajina

  4   orientale et, d'autre part, l'ancien territoire de la SAO de Krajina.

  5   Question: Ecoutez, n'allons pas plus loin.

  6   Réponse: D'accord.

  7   Question: Vous venez de dire que c'est en mai 1995 que Mikelic a été

  8   remplacé à son poste?

  9   Réponse: En juin, je crois.

 10   Question: Est-il exact que, le 30 mai 1995, le Président de la République

 11   Milan Martic vous a donné mandat, vous a mandaté pour constituer un

 12   gouvernement?

 13   Réponse: Cela s'est passé plus tard.

 14   Question: Mikelic a été remplacé à son poste au mois de mai?

 15   Réponse: En juin. Où à la fin du mois de mai, c'est possible.

 16   Question: J'ai la date exacte: 30 mai 1995.

 17   Réponse: C'est exact que j'ai reçu pour mandat de créer un nouveau

 18   gouvernement. 

 19   Question: Bien. Donc le 30 mai, vous avez été mandaté pour constituer un

 20   nouveau gouvernement et, à ce moment-là, vous avez plongé dans la crise

 21   toute la structure gouvernementale, puisque c'est seulement le 27 juillet

 22   que vous avez constitué un gouvernement lors de la séance de Topusko?

 23   C'est cela ou pas?

 24   Réponse: La raison, c'est l'obstruction, parce que la police que vous

 25   contrôliez en Slavonie orientale n'a pas organisé la tenue d'une séance de

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  1   l'assemblée à Mirkovci. Ce qui aurait pu permettre de constituer le

  2   gouvernement plus tôt.

  3   Question: Donc pendant deux mois, vous avez été dans l'incapacité de

  4   constituer un gouvernement parce que vous souhaitiez réunir l'assemblée à

  5   l'endroit où Mikelic avait le siège de son gouvernement, après l'avoir

  6   critiqué pour avoir basé le gouvernement en Slavonie orientale. Alors,

  7   pourquoi est-ce que vous ne vouliez pas que l'assemblée se rassemble à

  8   Knin, par exemple?

  9   Réponse: Nous souhaitions obtenir l'appui politique de la Slavonie

 10   orientale parce que le problème venait de la Slavonie orientale puisqu'en

 11   fait, vous avez divisé la Krajina en deux parties. C'était votre plan et

 12   celui de Karadzic de liquider dans la réalité la SAO de Krajina, en ne

 13   conservant que la Slavonie orientale.

 14   Question: D'abord, c'est faux: ni Karadzic ni moi-même n'avions ce projet.

 15   Réponse: J'ai entendu parler de ce plan.

 16   Question: De la bouche de qui?

 17   Réponse: De Buha et de Momcilo Krajisnik, président de l'assemblée de la

 18   République serbe, Buha étant ministre des Affaires étrangères.

 19   Question: L'un ou l'autre vous a-t-il dit que j'avais pour plan de

 20   liquider la Krajina?

 21   Réponse: Ils discutaient avec Stanisic qui était votre homme à vous, donc

 22   c'est la conclusion que j'ai tirée l'époque. Quant à ce que vous m'aviez

 23   déjà dit en 1991, j'ai estimé que, sur la base de cela, c'était une

 24   certitude.

 25   Question: Que vous ai-je dit en 1991 qui vous a donné cette certitude?

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  1   Réponse: Que vous donniez à Tudjman, Bihac et une partie de la Bosnie-

  2   Herzégovine. Avec ces simples mots, vous livriez le territoire de la SAO

  3   de Krajina.

  4   Question: Ceci est totalement inexact. Et ici, dans ce prétoire, vous avez

  5   expliqué –je dis bien: ici, dans ce prétoire- qu'après les entretiens que

  6   j'ai eus avec Tudjman, je vous ai demandé à vous, pour atténuer un peu les

  7   tensions qui prévalaient à l'époque, d'autoriser l'ouverture de la route

  8   pour qu'il puisse y avoir communication du côté de Drnis. Et à cela, vous

  9   avez réagi en disant que c'était pratiquement une trahison si l'on

 10   autorisait la réouverture de cette voie de communication.

 11   Réponse: Vous avez dit que Tudjman avait besoin de Bihac. C'était, à mon

 12   avis, tout à fait clair et j'ai compris pour ma part qu'il s'agissait d'un

 13   accord avec Tudjman.

 14   Question: Vous n'avez pas pu comprendre qu'il y avait eu accord avec

 15   Tudjman quant au fait de savoir qu'il faut des voies de communication pour

 16   que deux Etats communiquent l'un avec l'autre. Ceci, je suppose, n'a

 17   besoin d'être expliqué à personne. Il vous a donc fallu deux mois, à

 18   partir du moment où vous avez été mandaté, pour constituer un

 19   gouvernement, simplement parce que vous ne pouviez pas réunir l'assemblée

 20   à Mirkovci, bien que je ne sache vraiment pas pourquoi vous ne pouviez pas

 21   la réunir ailleurs, n'importe où sur le territoire de la RSK?

 22   Réponse: Ça, ce sont les événements de 1995, mars 1995, dont j'ai parlé

 23   tout à l'heure. L'accord conclu entre vous et Tudjman au sujet du

 24   territoire de la Krajina est chose que vous avez dite ouvertement par la

 25   suite. Quant à l'existence d'un plan de ce genre, le 20 novembre, il m'a

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  1   été confirmé par Buha lui-même, en 1994. Et en janvier 1995, c'était

  2   effectivement votre conception, vous contrôliez la situation grâce à

  3   Jovica Stanisic, même si publiquement vous vous déclariez favorable à

  4   d'autres solutions. Il y avait fermeture des frontières de la Republika

  5   Srpska, mais vous contrôliez Ratko Mladic également.

  6   M. Milosevic (interprétation): Un instant. Un instant tout de même!

  7   M. Babic (interprétation): Ecoutez, arrêtez-vous. Vous êtes tout de

  8   même un homme politique.

  9   M. le Président (interprétation): Ceci n'est pas une discussion. Souvenez-

 10   vous que vous êtes dans un prétoire.

 11   Alors, sommes-nous à huis clos partiel? Oui, très bien.

 12   Monsieur Milosevic, si vous avez une question, posez-la de façon brève.

 13   M. Milosevic (interprétation): Monsieur le Témoin, je vous demande de ne

 14   pas répondre trop longuement à mes questions.

 15   Vous avez évoqué une réunion, il y a un instant, en disant que vous étiez

 16   venu me voir avec Martic. Et lors de cette réunion, vous avez déclaré

 17   m'avoir entendu critiquer Martic pour l'appui qu'il fournissait à

 18   Karadzic; c'est bien cela?

 19   M. Babic (interprétation): C'était au cours de la troisième rencontre

 20   avec Martic et à laquelle j'assistais.

 21   Question: Très bien. Donc je critiquais Martic pour l'appui Karadzic qu'il

 22   apportait à Karadzic et, maintenant, vous dites qu'il y avait affrontement

 23   et blocage, donc conflit et accrochage, n'est-ce pas?

 24   Réponse: Vous avez dit ce que j'ai cité: vous avez dit à Martic que vous

 25   n'alliez pas faire de lui un nouveau Karadzic, ce qui signifie que vous ne

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  1   souhaitiez pas qu'il effectue une percée sur le plan politique. C'est en

  2   tout cas ce que j'ai compris à ce moment-là. Bien sûr, le public a été

  3   informé du fait que le gouvernement de Serbie, ou plutôt vous,

  4   personnellement, aviez décidé un blocus de la Republika Srpska, mais, si

  5   je ne m'abuse, ce blocus s'agissant des armes et s'agissant du carburant a

  6   été l'affaire de l'armée. Et une influence a été exercée sur Ratko Mladic

  7   ainsi sur Jovica Stanisic, en Republika Srpska, et ce blocus en réalité

  8   n'a pas existé. Il n'y a pas eu du tout le moindre blocus.

  9   Question: Comment savez-vous cela?

 10   Réponse: Je le sais de la bouche de Jovica Stanisic, de Karadzic, de

 11   Momcilo Krajisnik. Je le sais aussi de Borislav Nikolic. En fait, la

 12   raison principale pour laquelle Borislav Nikolic n'a pas pu se rendre sur

 13   le territoire de la Republika Srpska, c'était qu'il était en opposition

 14   avec Karadzic au sujet du carburant, des quotas de livraisons destinées à

 15   la Republika Srpska et à la Krajina serbe.

 16   Question: Très bien, très bien. Nous allons parler du pétrole plus tard.

 17   Mais dites-moi ce qui suit: est-il vrai, au moins ce que vous avez dit à

 18   ce sujet est-il exact, quant au fait qu'au mois de juillet 1993, vous

 19   avez, après une réunion, décidé de créer un Parti démocratique serbe,

 20   réunissant les Serbes qui allaient se rendre aux élections et voter en

 21   Serbie? Est-ce exact?

 22   Réponse: Il est exact qu'une initiative a été prise par Radovan Karadzic à

 23   l'époque, relative au Parti démocratique serbe de Serbie et qui était

 24   favorable à ce que le Parti démocratique serbe crée un parti, un parti des

 25   territoires serbes, des pays serbes. Lors de ces débats qui n'ont pas

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  1   abouti de façon envisagée par Karadzic, parce que le Parti démocratique

  2   serbe de Krajina que je présidais n'a pas rejoint cette initiative d'un

  3   parti démocratique unifié pour tous les pays habités par des Serbes, j'ai

  4   insisté sur la définition de la situation, j'ai insisté pour qu'il demeure

  5   deux Républiques distinctes. Donc aussi longtemps que la RSK a existé, le

  6   Parti démocratique serbe pouvait demeurer un parti indépendant au sein de

  7   cette République.

  8   Question: Limitons-nous aux faits parce que les faits sont évoqués en

  9   dehors du temps et de l'espace et, s'ils ne sont pas dans le contexte, on

 10   a une impression différente. J'espère que vous serez d'accord avec moi.

 11   Est-il vrai qu'en 1993, en juillet, lorsque vous avez discuté de la

 12   création d'un Parti démocratique serbe, des pays serbes, c'est-à-dire à la

 13   mi-mai, à Pale, il y a eu une réunion de l'assemblée à laquelle

 14   j'assistais, moi ainsi que le Premier ministre, Mitsotakis de Grèce,

 15   Dobrica Cosic, et que nous avons insisté pour que le plan Vance-Owen soit

 16   accepté. Est-ce exact?

 17   Réponse: Je l'ai vu à la télévision.

 18   Question: Est-il vrai qu'ils ont rejeté ce plan de la façon la plus

 19   déraisonnable qui soit et qu'après, un blocus a été mis en place? Est-ce

 20   exact?

 21   Réponse: Oui, il a été publié dans les journaux qu'un blocus avait été mis

 22   en place par vous.

 23   Question: Savez-vous que les observateurs internationaux sont arrivés et

 24   que Bo Pelnas, observateur suédois, a dirigé donc cette mission des

 25   observateurs étrangers venus vérifier l'embargo?

Page 13581

  1   Réponse: Oui, je sais qu'il y a eu tout de même des passages le long de la

  2   Sava, en amont à partir de Raca.

  3   Question: Donc ce n'était pas par la forêt, mais par la rivière?

  4   Réponse: Je sais que le pétrole a été transporté par voie fluviale.

  5   Question: Très bien. Donc vous en savez plus que moi.

  6   Dites-moi, cet accord relatif à la création d'un Parti démocratique serbe

  7   réunissant les Serbes de tous les pays serbes, impliquait-il une union des

  8   forces pour les élections en Serbie, de façon à remplacer les anciens

  9   partis existants?

 10   Réponse: Ce que j'ai compris, c'est que le SDS de Krajina devait être

 11   absorbé dans son parti, à Karadzic, de façon à ce qu'il soit plus visible

 12   au moment des élections de Krajina serbe et de façon à ce qu'il ait

 13   davantage de contrôle politique.

 14   Question: Mais dans votre déclaration que j'ai entendue et dont je me

 15   souviens, ne disiez-vous pas que le SDS des pays serbes allait participer

 16   aux élections en Serbie?.

 17   Réponse: Le SDS de Krajina n'a pas rejoint le SDS des pays serbes. Ce

 18   parti était un parti d'opposition au SDS de Krajina lors des élections

 19   tenues en Krajina, à la fin de l'année 1993.

 20   Question: Est-ce que ce parti était un parti d'opposition en Serbie?

 21   Réponse: Le SDS de Krajina, non.

 22   Question: Et le SDS des pays serbes a-t-il participé aux élections?

 23   Réponse: Je ne sais pas.

 24   Question: Très bien. Avançons.

 25   N'y a-t-il pas eu chute de Grahovo au moment où l'assemblée a été réunie?

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  1   N'y a-t-il pas eu proclamation de l'état de guerre par l'assemblée de la

  2   RSK à ce moment-là, sur instruction de votre gouvernement, alors que

  3   l'assemblée était encore réunie à Knin?

  4   Le 27 juillet 1995, un nouveau Gouvernement de la République serbe de

  5   Krajina était créé, dirigé par vous, n'est-ce pas?

  6   Réponse: Oui. Et le même jour, nous avons appris que l'armée croate, le

  7   HVO et d'autres formations s'étaient emparées de Bosansko Grahovo.

  8   Une décision -t-elle été prise à ce moment-là, selon laquelle vous devez

  9   siéger de façon permanente à Knin, en tant que gouvernement?

 10   Réponse: Oui, la décision a été prise que le gouvernement devait siéger de

 11   façon permanente.

 12   Question: Très bien. Puisque cette décision relative au fait que le

 13   gouvernement devait siéger de façon permanente a été prise et qu'un

 14   conflit se dessinait à l'horizon de la façon la plus claire qui soit,

 15   comment pouvez-vous expliquer que vous ayez pris la fuite de Knin, avec

 16   votre épouse, vos enfants et votre belle-mère pour vous rendre à Belgrade?

 17   Réponse: Il est inexact que je me sois enfui de Knin. Yasushi Akashi, chef

 18   de la mission des Nations Unies en ex-Yougoslavie, était en visite durant

 19   la dernière semaine du mois de juillet et, alors qu'il était en RSK, il

 20   m'a informé que Peter Galbraith, l'ambassadeur américain que j'avais déjà

 21   rencontré souhaitait poursuivre avec moi des discussions au sujet de ce

 22   qu'il est convenu d'appeler le plan Z-4, qui était censé définir le statut

 23   politique ou plutôt le statut territorial des différentes régions

 24   constituant à l'époque la RSK. J'ai accepté cette proposition et, par

 25   l'intermédiaire de Youri Myakotnik, chef de la mission des Nations Unies

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  1   dans le secteur Sud, rendez-vous a été pris pour le mercredi -c'était donc

  2   un mercredi, mais je ne me souviens plus de l'ambassade exacte- à

  3   l'ambassade américaine de Belgrade. C'est la raison pour laquelle je suis

  4   allé à Belgrade.

  5   Question: Il était à Zagreb, vous à Knin. Pourquoi n'avez-vous pas discuté

  6   à Knin et pourquoi deviez-vous tous les deux aller discuter à Belgrade?

  7   Réponse: La première proposition était que nous nous réunissions sur un

  8   bateau, quelque part, et qu'on me transfère en hélicoptère via Split

  9   jusqu'à ce bateau. Moi, j'ai dit que je cela ne m'arrangeait pas beaucoup,

 10   mais que je pensais que ma sécurité était mieux assurée si la réunion se

 11   faisait à Belgrade. Martic et les autres proposaient que cela se passe

 12   dans le bâtiment de la Krajina, à Belgrade, mais Myakotnik m'a proposé une

 13   rencontre dans les locaux de l'ambassade américaine à Belgrade. Ma

 14   sécurité était mieux assurée et c'était plus facile d'accès pour moi. Et

 15   il a accepté.

 16   Question: Bien. Donc cela signifie que vous ne vous en êtes pas tenu à la

 17   décision de l'assemblée pour ce qui est de voir le gouvernement siéger

 18   constamment à Knin, mais vous avez quitté Knin?

 19   Réponse: Cela avait été décidé par le gouvernement et non pas par le

 20   parlement. Ce n'est pas le parlement qui décide des sessions du

 21   gouvernement.

 22   Question: Etant donné les dangers qui vous menaçaient, comment avez-vous

 23   pu quitter Knin et comment avez-vous pensé à emmener votre femme, vos

 24   enfants et même votre belle-mère?

 25   Réponse: J'avais quitté à ce moment-là en ma qualité de Premier ministre

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  1   pour négocier avec les intermédiaires internationaux, pour ce qui est de

  2   la solution du problème et aux fins d'empêcher la prise de la Krajina par

  3   les armes. Et l'objectif avait été de trouver une solution pacifique.

  4   Chacun au gouvernement avait sa propre tâche; la priorité donc avait

  5   consisté en la recherche d'une solution politique pour la Krajina et

  6   l'adoption du plan Z-4 à l'occasion de deux entretiens que j'ai eus avec

  7   Galbraith. Et j'avais informé Galbraith, à l'occasion de ces deux fois

  8   précédentes, des rapports de force politique au sein de la Krajina et à

  9   l'extérieur de Krajina s'agissant de l'adoption de ce plan.

 10   Une fois que je suis devenu Premier ministre, j'ai renforcé mon autorité

 11   politique et j'ai pu, en ma qualité de Premier ministre, adopter le

 12   document en question. C'est la raison pour laquelle très volontiers, tout

 13   de suite pratiquement, j'ai accepté que nous ayons cet entretien.

 14   Question: Oui, mais vous ne m'avez pas répondu à la question de savoir en

 15   quoi aviez-vous besoin d'emmener toute votre famille?

 16   Réponse: Ma famille n'est pas venue aux négociations.

 17   Question: Mais, justement, elle n'a pas été aux négociations; pourquoi les

 18   avez-vous emmenés à Belgrade?

 19   Réponse: Ils ne sont pas venus avec moi.

 20   Question: Mais où étaient-ils?

 21   Réponse: Ma belle-mère était grièvement malade, elle avait un cancer et

 22   elle avait besoin de se faire soigner, donc elle a dû se rendre aux fins

 23   d'une thérapeutique à plusieurs reprises.

 24   M. Milosevic (interprétation): Et où se trouvaient-ils, comme vous l'avez

 25   dit tout à l'heure?

Page 13585

  1   M. Babic (interprétation): Ils n'étaient pas avec moi. Ils n'ont pas

  2   pris part à la politique. Ils n'ont rien à voir avec la politique, avec

  3   les décisions politiques ni avec mes activités politiques.

  4   M. le Président (interprétation): Attendez.

  5   Ecoutez, Monsieur le M. Babic, ce qui a été dit, c'est que vous avez

  6   fui avec votre famille. Et vous affirmez que vous avez quitté Knin parce

  7   que vous aviez une rencontre de prévue pour des entretiens. La question

  8   qui a été posée, c'est celle de savoir, si vous êtes parti pour des

  9   entretiens politiques, pourquoi est-ce que vous avez fait en sorte que

 10   votre famille s'en aille également? Vous avez répondu par la suite que

 11   votre belle-mère avait besoin de se faire traiter.

 12   Pour en venir à l'explication: si cela est le cas, pourquoi le reste de

 13   votre famille avait-il eu besoin de se déplacer? Pouvez-vous donc nous

 14   préciser votre explication?

 15   M. Babic (interprétation): Ma belle-mère n'est pas avec moi. Elle a

 16   été accompagnée par mon épouse. C'étaient les vacances, et les enfants, on

 17   voulait les mettre en sécurité. La situation sur le plan sécuritaire

 18   n'était pas des meilleures; je n'avais pas de protection particulière à

 19   l'époque et il y avait des combats qui avaient cours autour de Knin. Ma

 20   belle-mère est décédée un mois ou deux mois plus tard.

 21   M. Milosevic (interprétation): Donc il n'est pas remis en question le fait

 22   que vous avez quitté Knin avec toute votre famille?

 23   M. Babic (interprétation): J'ai quitté Knin en vaquant à mes affaires

 24   et ils ont vaqué à leurs affaires.

 25   Question: Mais moi, je n'ai pas dit que vous aviez emmené votre belle-

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  1   mère, votre femme et vos enfants pour des négociations avec Galbraith.

  2   Mais j'ai dit que vous aviez quitté Knin le même jour.

  3   Réponse: Le même jour, mais pas avec le même moyen de transport et pas

  4   pour les mêmes intentions.

  5   M. Milosevic (interprétation): Mais je n'ai pas affirmé que votre femme et

  6   vos enfants étaient allés négocier. Donc deux jours avant l'attaque, vous

  7   avez quitté...

  8   M. le Président (interprétation): Le témoin a déjà répondu à cette

  9   question, il a fourni une explication.

 10   M. Milosevic (interprétation): Une partie n'a pas été entendue.

 11   M. Babic (interprétation): Mais si vous étiez ici en qualité de

 12   témoin, à vous, je ne vous poserai pas de questions concernant votre

 13   famille et vos enfants.

 14   M. Milosevic (interprétation): Il ne s'agit pas de famille, Monsieur le

 15   Témoin.

 16   M. le Président (interprétation): Monsieur le Témoin, la question n'est

 17   pas déplacée. Elle est pertinente parce que l'accusé laisse entendre que

 18   vous avez pris la fuite, emmenant votre famille. Il a le droit de

 19   soumettre cette hypothèse. Vous avez, vous, fourni votre explication.

 20   Est-ce que vous avez de nouveaux éléments à propos de cette question? Si

 21   ce n'est pas le cas, Monsieur Milosevic, il faut passer à autre chose.

 22   M. Milosevic (interprétation): Expliquez-moi, je vous prie, à présent,

 23   étant donné qu'ici à huis clos partiel, vous avez affirmé qu'il avait été

 24   convenu avec Galbraith, à savoir que vous aviez accepté à l'occasion de

 25   ces entretiens avec Galbraith, le plan proposé quant à la solution de la

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  1   situation, n'est-ce pas?

  2   M. Babic (interprétation): Cela avait été l'un des éléments sur

  3   lesquels j'avais fourni notre approbation, en ma qualité de Premier

  4   ministre.

  5   Question: Bien. Partant de ce qui nous a été présenté ici: ce jour-là, il

  6   y a eu une réunion à Genève présidée par Thorvald Stoltenberg, et vous

  7   avez dépêché là-bas certains de vos ministres. C'est bien exact?

  8   Réponse: C'est exact. Et il y avait le ministre des Affaires étrangères.

  9   Question: Mais peu importe qui y est allé.

 10   Réponse: Et Martic avait envoyé trois négociateurs. Le gouvernement avait

 11   envoyé un négociateur. Et le Président de la République avait envoyé trois

 12   hommes. 

 13   Question: Bien. Etant donné que vous venez de dire que vous aviez accepté

 14   les propositions avancées par Galbraith, pourquoi n'avez-vous pas informé

 15   vos négociateurs à Genève du fait d'avoir accepté la chose afin qu'eux

 16   puissent informer leurs interlocuteurs à Genève, à savoir la partie

 17   croate, de la même chose? Pourquoi ne les avez-vous pas informés?

 18   Réponse: Je l'ai fait! Je me suis entretenu avec Milivoje Vojnovic,

 19   ministre des Affaires étrangères de la RSK qui était membre de la

 20   délégation et je me suis entretenu avec Milo Novakovic qui avait également

 21   été membre de la délégation.

 22   Question: Donc vous les avez informés de votre acceptation de la chose et

 23   ils n'ont pas présenté ce fait là-bas?

 24   Réponse: Je leur ai dit ce que j'avais accepté. Je leur ai suggéré

 25   d'accepter toutes les propositions des médiateurs internationaux. Et ils

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  1   l'ont fait.

  2   Question: Bien. Mais si tant est qu'il est vrai ce que vous nous dites,

  3   qu'ils ont accepté ces propositions de ces médiateurs internationaux,

  4   pourquoi découle-t-il de la note rédigée par l'ambassadeur anglais, qui a

  5   envoyé une information à l'intention des gouvernements des pays qui ont

  6   pris part aux négociations, en disant que Stoltenberg a déclaré à Genève

  7   qu'ils n'ont été informés de rien du tout? Est-ce que cela signifie qu'ils

  8   ont transmis la chose ou qu'ils ne l'ont pas fait?

  9   Réponse: Je sais ce que je viens de vous dire ici.

 10   Question: Bien. Mais s'il est exact…

 11   Réponse: Je m'excuse, je n'ai pas terminé ma réponse.

 12   On m'a dit, les gens qui ont écouté Ivica Pasalic, qui était membre de la

 13   délégation croate, qui avait affirmé à l'époque que les Serbes

 14   s'efforçaient de gagner du temps. D'après les informations que j'ai

 15   obtenues, la partie croate avait été mise au courant et, d'après ce que

 16   j'ai appris, l'ambassadeur Galbraith me l'a confirmé, il s'était entretenu

 17   avec M. Tudjman concernant ma déclaration.

 18   Question: Donc la partie croate savait pertinemment bien que vous aviez

 19   accepté les propositions qui vous étaient faites. La partie américaine, le

 20   côté américain avait également connaissance de votre acceptation de ces

 21   propositions. Et tout de même, le lendemain, il s'est ensuivi une

 22   offensive de l'armée croate, encouragée par ces mêmes Américains dont vous

 23   aviez accepté les propositions; et l'offensive de l'armée qui a été

 24   également informée de votre acception de ces propositions a également eu

 25   lieu?

Page 13589

  1   Réponse: Eh bien, j'ai cru comprendre que les propositions ne pouvaient

  2   être concrétisées que seulement si vous les acceptiez. Et l'on m'a

  3   communiqué une information, à savoir les doutes formulés par les

  4   médiateurs internationaux, disant que Martic n'avait pas été d'accord. Et

  5   l'on m'avait dit qu'il était notoirement connu le fait qu'à Belgrade, par

  6   le biais des gens des ambassades américaines à Belgrade, que vous n'aviez

  7   pas apporté votre soutien. Et c'est le jour même où le bombardement de

  8   Knin a eu lieu, le bombardement de la part de l'armée croate.

  9   Question: Donc vous m'avez appelé, vous m'avez dit que vous étiez tombés

 10   d'accord et je vous avais dit: "Bien, il faut aller paisiblement". C'est

 11   bien mes propos.

 12   Réponse: C'est ce dont je me souviens concernant vos propos.

 13   Question: Et est-ce que c'est ici, ou alors à l'enregistrement vidéo qu'on

 14   nous a passé à propos d'un entretien que vous auriez eu avec moi, vous

 15   avez donc déclaré que vous m'aviez posé des questions au sujet du plan Z-

 16   4; et je vous avais répondu que ce plan Z-4 était bon.

 17   Réponse: Oui, c'est exact.

 18   Question: Et il s'agissait de partager Slunj longitudinalement, alors que

 19   Slunj devait faire partie en entier de la Krajina?

 20   Réponse: Mais je ne me souviens pas de tout cela. Je vous avais,

 21   généralement parlant, dit que le plan était bon.

 22   Question: Et pourquoi accusez-vous Martic en disant qu'il aurait affirmé

 23   que le plan ne méritait pas d'être étudié? Alors que vous avez cité,

 24   auparavant, que Martic aurait déclaré que le plan ne saurait être étudié

 25   avant la prolongation du mandat des Nations Unies. Est-ce là deux choses

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  1   différentes ou pas?

  2   Réponse: Je n'accuse Martic de rien du tout, je ne fais que transmettre

  3   ses propos. Et ses propos disent que c'est vous qui avez dit que le plan

  4   ne saurait être examiné avant l'étude du plan de Vance. Et il y avait un

  5   autre concept qui circulait, à savoir un mandat UNCRO des forces du

  6   maintien de la paix; et ce n'était pas le plan Vance, c'était le plan de

  7   la communauté internationale. Ce n'était donc plus le plan de la

  8   communauté internationale que vous demandiez d'appliquer! C'est vous qui

  9   l'aviez enfreint. Vous n'avez pas réalisé, vous n'avez pas permis la

 10   démilitarisation. Et, en 1995, vous aviez dit qu'il n'était pas question

 11   d'arrangement politique avant le plan, l'application de ce plan.

 12   Question: N'est-il pas vrai de dire que ce Boro Mikelic a dit n'était pas

 13   vrai?

 14   Réponse: Non. Il est allé dans le bureau à côté et il a téléphoné. Mais je

 15   sais qu'il avait gardé le silence.

 16   Question: Mais comment dites-vous qu'au terme de cette conversation,

 17   j'aurais dit que le plan était bon?

 18   Réponse: Eh bien, je lui ai dit que vous étiez en train de me tromper.

 19   Question: Donc, je vous aurais dit que c'était bon, et j'aurais dit à

 20   Martic: "Il ne faut pas l'étudier". C'est cela?

 21   Réponse: C'est ce que Martic a dit.

 22   Question: Donc Martic a dit cela, et moi je vous aurais dit autre chose.

 23   Ce qui importe, c'est ce que Martic vous a dit, et ce n'est pas ce que je

 24   vous ai dit moi-même.

 25   Réponse: Ce qui importe, c'est ce que vous faisiez, pas ce que vous

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  1   disiez.

  2   Question: Et Martic aurait dit au représentant de la communauté

  3   internationale qu'il n'allait pas étudier la chose avant le renouvellement

  4   du mandat des Nations Unies, c'est bien cela?

  5   Réponse: Le mandat des Nations Unies se renouvelait, mais de façon

  6   différente, sous l'appellation UNCRO.

  7   Question: Vous n'avez pas mentionné le plan de Vance. Le plan de Vance

  8   datait de quatre ans déjà. Alors, de là à savoir s'il s'agissait de la

  9   Forpronu ou de l'UNCRO, ça n'a aucune différence.

 10   Réponse: Les Nations Unies prorogeaient le mandat de façon différente,

 11   sous une appellation UNCRO, donc il y avait un plan. Mais il avait dit,

 12   lui, qu'avant la réalisation de ce plan de Vance -et c'est bien ce que

 13   j'ai dit moi-même-, ce plan n'avait pas été utilisé dans la terminologie

 14   utilisée par la communauté internationale, et ce plan n'a pas été réalisé

 15   parce que vous avez fait obstruction à sa réalisation. Donc c'est vous qui

 16   avez entravé la démilitarisation de la Krajina, ce qui était contraire à

 17   la teneur de ce plan.

 18   Tout cela se passait en 1992, en 1993, en 1994 et même en 1995. Pendant ce

 19   temps-là, vous me disiez que ce plan Z-4 était bon; et en même temps, vous

 20   disiez que "toute la logistique de la Serbie était de notre côté, pour ce

 21   qui est du combat que nous étions censés mener contre la Croatie".

 22   C'étaient vos propres propos.

 23   Question: Monsieur C-061, écoutez, ne faites pas ce type de construction.

 24   Je crois que c'est très terre à terre.

 25   Vous avez nommé Mile Mrksic qui a conduit des opérations de combats dans

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  1   la région de Bihac. A ce sujet-là, je vais vous montrer… Comme je ne l'ai

  2   pas annoncé, je ne vais pas abuser de notre temps à tous, je ne vais pas

  3   dépenser mon temps pour le moment. Je vais en parler lorsque nous nous

  4   référerons à ce que vous avez raconté, et on verra ce que j'ai fait pour

  5   ma part. Et l'on verra également les mensonges qui découleront de vos

  6   propres propos. Mais nous n'allons pas nous attarder davantage là-dessus,

  7   à présent.

  8   D'après ce que vous avez répondu, dans votre interrogatoire principal, il

  9   découlerait que Galbraith vous aurait dit qu'une offensive croate allait

 10   s'en suivre. Est-ce bien exact, Monsieur C-061?

 11   Réponse: Ce ne sont pas ces propos-là mais dans ce sens. Donc si nous

 12   n'acceptions pas, la Croatie allait réagir militairement.

 13   Question: Bien. Mais vous étiez la seule personne qui savait qu'il y

 14   allait avoir une offensive croate. Est-ce que vous avez informé quiconque

 15   de l'imminence de cette offensive croate?

 16   Réponse: Cet entretien a eu lieu le soir, entre 8 heures et 10 heures du

 17   soir, et ça a duré jusqu'à peut-être 2 heures du matin. Le lendemain

 18   matin, j'ai fait une déclaration. Je me suis entretenu avec vous, avec

 19   Vlatko Jovanovic; j'ai dit ce que j'avais convenu à l'occasion des

 20   entretiens avec Galbraith. J'avais même demandé votre soutien, j'ai fait

 21   une déclaration. Et il y a eu les négociations à Genève. Le lendemain

 22   matin, l'offensive croate a été lancée.

 23   Question: Bien, mais pourquoi n'avez-vous informé personne de l'imminence

 24   de cette offensive croate, si Galbraith vous l'a dit, d'après ce que vous

 25   venez de nous dire?

Page 13593

  1   Réponse: Il n'a pas dit qu'il allait y avoir une offensive, mais il a dit

  2   qu'il allait y avoir une solution militaire de la part de la Croatie. Il

  3   n'a pas dit: "Demain, il y aura une offensive de la Croatie." Il a dit

  4   que: "Nous allions connaître le sort de la Slavonie occidentale." Cela

  5   avait été quelque chose qu'il avait fait en guise de commentaire. Il n'a

  6   pas annoncé une offensive croate.

  7   Question: Vous n'étiez donc pas conscient, à ce moment-là, du fait qu'il

  8   savait, qu'il avait vent, de quelque manière que ce soit, qu'il y avait

  9   imminence d'une offensive croate?

 10   Réponse: Il avait parlé du concept américain disant que la Krajina, à

 11   savoir une partie de la Krajina qui s'appelait "SAO de la Krajina",

 12   obtienne une autonomie politique et territoriale en vertu de ce plan Z-4.

 13   Question: Ce n'est pas ma question.

 14   Réponse: Cela avait été leur proposition, c'est ainsi que j'ai compris les

 15   choses.

 16   Question: Mais je ne vous ai pas posé cette question-là! Je vous ai posé

 17   une question tout à fait autre.

 18   Est-ce que vous affirmez qu'à l'époque vous n'aviez pas compris, il ne

 19   vous avait pas informé de l'imminence d'une offensive croate?

 20   Réponse: Il a répondu en disant que "la Croatie allait résoudre le

 21   problème militairement", donc que cela allait être fatal pour nous.

 22   Question: Avez-vous informé quiconque de cela?

 23   Réponse: Eh bien, aux fins d'éviter cela, j'avais accepté ces

 24   propositions, j'avais demandé votre soutien. J'ai appelé la délégation à

 25   Genève en leur disant d'accepter. Ce sont là les interventions politiques.

Page 13594

  1   Question: Laissez tomber vos actes politiques! Répondez-moi à la question:

  2   "Avez-vous informé qui que ce soit de l'imminence de cette offensive

  3   croate au terme de ce que Peter Galbraith vous a dit?".

  4   Réponse: Il n'a pas dit qu'elle serait imminente. Il a dit que ça se

  5   terminerait mal. Et il m'avait conseillé d'accepter. Il n'a pas dit qu'il

  6   allait y avoir une offensive croate.

  7   Question: Vous ne saviez pas qu'il allait y avoir une offensive croate;

  8   c'est bien ce que vous nous dites, pour que les choses soient bien

  9   claires?

 10   Réponse: Oui, il a dit qu'il s'ensuivrait une offensive croate parce que

 11   j'avais fait une déclaration disant que j'acceptais ses propositions; et

 12   j'avais proposé à la délégation à Genève, d'accepter les propositions de

 13   la communauté internationale

 14   Question: Rangeons le puzzle. Vous avez accepté. A Genève, les gens ont

 15   été informé de l'acceptation, la partie américaine a été informée de votre

 16   acceptation, les autres ont été informés, et l'offensive à tout de même eu

 17   lieu. Ce sont là les faits?

 18   Réponse: Oui.

 19   Question: Bien. Et serait-il exact de dire, qu'une fois l'offensive

 20   lancée, donc à l'aube, le lendemain, vous-même, partant du bureau du

 21   gouvernement de la Krajina à Belgrade, vous avez envoyé des fax à

 22   Kostajnica et à Dvor na Uni en disant que la population devait se retirer?

 23   Réponse: Je crois Milivoje Vojnovic avait envoyé des courriers. Je ne sais

 24   pas exactement.

 25   Question: Je ne sais pas. Je ne vous ai pas posé de question concernant

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  1   Milivoje Vojnovic. Je ne sais même pas comment s'appelait votre

  2   représentant à Belgrade. Je vous ai demandé de me dire si c'est vous

  3   personnellement qui avez envoyé des fax à Dvor na Uni et à Kostajnica pour

  4   dire que la population devait se retirer?

  5   Réponse: Je ne me souviens pas de cela.

  6   Question: Je tiens à vérifier si nous pourrions peut-être passer en

  7   audience publique.

  8   (Audience publique avec mesures de protection 13 heures 28.)

  9   Tout simplement ce que j'essaie, c'est d'établir une corrélation entre ce

 10   que vous êtes en train de nous dire ici et ce qui nous a été présenté

 11   comme étant des écoutes interceptées en 1991. Je me réfère au 11 décembre

 12   1991. Ecoutes de conversation entre moi et Karadzic, et disant que vous

 13   alliez de l'avant par rapport à ce que Tudjman vous proposait pour fournir

 14   un alibi à la situation toute entière qui prévalait ou, par exemple, la

 15   conversation du 23 novembre -je ne vais pas tout citer de ce que vous avez

 16   dit-, mais vous avez mentionné que Tudjman allait vous écraser, que la

 17   population allait être égorgée. Et moi, je vous aurais dit dans cet

 18   entretien-là que "vous êtes tout simplement un voyou".

 19   Ce sont les pièces à conviction qui sont les vôtres qui ont été présentées

 20   ici. Avais-je raison en 1991, Monsieur C-061, ou pas lorsque je vous avais

 21   qualifié de la sorte, étant donné tout ce que vous venez de nous raconter

 22   tout à l'heure?

 23   Réponse: Vous n'avez pas eu raison. Vous étiez favorable au plan de Vance

 24   et à la démilitarisation; et vous avez enfreint ce plan. Vous n'avez pas

 25   satisfait aux dispositions de ce plan de Vance et vous m'en avez accusé.

Page 13596

  1   Le fait est que je m'étais opposé à l'application de ce plan et j'avais

  2   demandé des modifications. Le fait est que vous étiez favorable à ce plan-

  3   là et vous avez forcé la main à l'assemblée de la Krajina pour ce qui

  4   était de l'accepter; puis vous l'avez violé, vous l'avez enfreint. Ce sont

  5   là les faits.

  6   M. Milosevic (interprétation): Mais serait-il exact de dire que

  7   précisément, se conformant aux dispositions de ce plan-là, la JNA s'était

  8   retirée de la Krajina?

  9   M. Babic (interprétation): La JNA s'est retirée, mais il est resté une

 10   partie de l'armement, des officiers qui sont restés faire partie de la TO.

 11   Par exemple, le général Torbica est devenu commandant de la Défense

 12   territoriale, il est resté la structure de la Défense territoriale. Et, en

 13   1993, tout cela a été mis en tant qu'armée en branle et disant que c'est

 14   l'armée serbe de la Krajina.

 15   M. le Président (interprétation): La dernière référence renvoyait à la

 16   pièce 353, intercalaire 45.

 17   Oui, poursuivez. Apparemment, il semble y avoir un doute. Est-ce

 18   l'intercalaire 44 ou le 45? Un des deux.

 19   Monsieur Milosevic, avez-vous autre chose à poser comme question à huis

 20   clos partiel?

 21   M. Milosevic (interprétation): Je ne pense pas que cela soit indispensable

 22   pour ce qui est d'une session à huis clos partiel, Monsieur May, mais nous

 23   allons voir. A vous d'en juger.

 24   M. le Président (interprétation): Fort bien. Nous allons poursuivre à huis

 25   clos partiel et nous verrons ce que ça va donner.

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  1 (Huis clos partiel à 13 heures 31) [Confidentialité levée par une ordonnance de la Chambre]

  2   M. Milosevic (interprétation): Je ne pense pas avoir besoin d'un huis clos

  3   partiel. Je vais passer à d'autres sujets.

  4   M. le Président (interprétation): Je croyais que vous nous laissiez le

  5   soin de juger.

  6   Nous revenons en audience publique.

  7   (Audience publique avec mesures de protection 13 heures 32.)

  8   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en audience publique.

  9   M. Milosevic (interprétation): Fort bien. A la lumière de tout ceci, de

 10   tout ce que nous venons d'entendre, Monsieur C-061, je voudrais vous

 11   demander la chose suivante: outre ce que vous avez dit en témoignant

 12   contre moi, je voudrais savoir si vous êtes suspect aux yeux de cette

 13   institution?

 14   M. Babic (interprétation): Je ne témoigne pas contre vous, je ne fais

 15   que dire la vérité.

 16   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Président, ceci a été

 17   évoqué à huis clos partiel.

 18   M. le Président (interprétation): Passons à huis clos partiel.

 19   (Huis clos partiel à 13 heures 33) [Confidentialité levée par une

 20   ordonnance de la Chambre] Mme Anoya (interprétation): Nous y sommes;

 21   M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur le M. Babic, vous

 22   pouvez maintenant répondre à cette question.

 23   M. Milosevic (interprétation): Monsieur May…

 24   M. le Président (interprétation): Mais non, vous avez soumis quelque chose

 25   au témoin, il doit avoir l'occasion d'y répondre. Laissez-lui cette

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  1   chance, à moins que vous ne vouliez ajouter quelque chose.

  2   Monsieur le Témoin, voulez-vous ajouter quelque chose?

  3   M. Babic (interprétation): En effet, il avait affirmé que je

  4   témoignais ici contre lui. Je ne témoigne ni pour ni contre, je témoigne

  5   concernant des choses qui sont conformes à la vérité, au meilleur de ce

  6   que je sais dire. Quelle était la question?

  7   M. Milosevic (interprétation): La question avait été celle de savoir si

  8   vous étiez également l'un des suspects aux yeux de cette institution-ci?

  9   Ai-je raison d'affirmer que vous êtes également l'un des suspects?

 10   M. Babic (interprétation): On m'a dit, lorsque j'ai eu les premiers

 11   contacts avec le Bureau du Procureur et les enquêteurs de ce Tribunal, que

 12   j'étais également l'un des suspects.

 13   Question: Pourquoi êtes-vous l'un des suspects? Vous l'a-t-on expliqué?

 14   Réponse: En vertu de l'un quelconque des paragraphes de l'Acte

 15   d'accusation, il est des éléments à charge.

 16   Question: Vous n'avez pas fait l'objet d'un Acte d'accusation, n'est-ce

 17   pas?

 18   Réponse: Ici, il y a des représentants du Bureau du Procureur qui ont

 19   parlé de la chose et je crois qu'il leur appartient d'en parler une fois

 20   de plus si besoin est.

 21   M. Milosevic (interprétation): Bien. Compte tenu du fait que vous avez des

 22   remords et compte tenu du fait que vous assumez une certaine

 23   responsabilité, compte tenu également du fait qu'il s'est passé ce qui ne

 24   s'est pas passé -parce que c'est une chose à laquelle s'attend de votre

 25   part le Bureau du Procureur- et vous nous avez affirmé que vous n'avez pas

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  1   négocié avec le Bureau du Procureur. Dites-moi quelles sont les raisons

  2   qui les ont incités à ne pas vous mettre aux arrêts?

  3   M. le Président (interprétation): Il ne revient pas au témoin de répondre

  4   à cette question.

  5   M. Milosevic (interprétation): Très bien.

  6   Monsieur C-061, dites-nous alors, pour être précis au niveau de la

  7   deuxième question, est-ce que c'est vous qui avez d'abord exprimé le

  8   souhait de témoigner ici ou est-ce que vous avez d'abord passé suspect,

  9   puis exprimé le souhait de témoigner pour m'accuser, moi, des crimes

 10   perpétrés en Croatie?

 11   M. Babic (interprétation): Pour être précis, on m'a proposé d'être

 12   témoin dans une autre procédure d'instruction, dans le courant de l'année

 13   2000/2001 encore. Et j'ai fait savoir que mon souhait était celui de faire

 14   de la sorte une fois que le Tribunal aura une mission de représentation à

 15   Belgrade, à savoir lorsque les autorités yougoslaves accepteront la

 16   présence des représentants du Tribunal sur leur territoire; et eux

 17   m'avaient proposé d'aller à Banja Luka pour témoigner. Je ne pouvais pas

 18   aller à Banja Luka, je n'avais pas de nationalité, je n'avais pas de

 19   passeport ni émanant de Banja Luka ni de Belgrade, donc je redoutais de ne

 20   pas pouvoir retourner à Belgrade, puisque je résidais à Belgrade. Et ça,

 21   c'était un premièrement.

 22   Le deuxième élément, c'est lorsque, par les médias, j'ai vu que mon nom

 23   était mentionné à l'Acte d'accusation du Tribunal contre Slobodan

 24   Milosevic. Pour des raisons personnelles, je me suis senti dans

 25   l'obligation, dans le devoir d'établir un contact avec les représentants

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  1   du Tribunal, et ce aux fins de dire aux représentants du Bureau du

  2   Procureur tout ce que je savais concernant ces événements, y compris

  3   concernant ma participation à moi.

  4   C'est la raison pour laquelle j'avais demandé d'établir un contact. Ce

  5   contact a, en effet, été établi et nos entretiens, nos conversations ont

  6   commencé; et elles ont été enregistrées. J'ai pu constater que vous les

  7   aviez à votre disposition et que vous les présentiez, ces fragments de

  8   conversation.

  9   Question: Mais partant de cette explication très vaste, je pense conclure

 10   que, lorsque vous avez fait votre déposition, vous saviez que vous étiez

 11   l'un des suspects?

 12   Réponse: A chaque fois, à l'occasion de tous les entretiens, toutes les

 13   conversations, on m'avait dit quel avait été mon statut et quels étaient

 14   mes droits.

 15   Question: Etant donné que ceci va également concerner un huis clos partiel

 16   et aux fins d'éviter des réactions, je crois que nous pourrions continuer

 17   à huis clos partiel.

 18   Dites-moi, je vous prie, dans la déposition que vous avez faite à

 19   l'intention des enquêteurs de ce Tribunal, ou la déclaration que vous avez

 20   faite à l'intention des enquêteurs, dans votre lettre de 12 janvier -je ne

 21   vais pas citer cela parce que cela a fait longuement l'objet d'un

 22   entretien entre vous et les représentants de la partie adverse-, donc

 23   cette lettre, ce n'est pas vous qui l'avez écrite? C'est bien ce que vous

 24   avez dit?

 25   M. Babic (interprétation): J'ai signé cette lettre; elle a été rédigée

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  1   ou plutôt son concept, son brouillon a été fait par Borivoj Rasuo, le 12

  2   janvier 1992, si c'est bien de cela que vous parlez.

  3   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): C'est l'intercalaire 79 avec les deux

  4   lettres du mois de janvier.

  5   M. le Président (interprétation): Merci.

  6   M. Milosevic (interprétation): Donc c'est Rasuo qui l'a rédigée. Vous

  7   voulez dire par là que vous ne saviez pas rédiger une réponse? Ou étiez-

  8   vous d'accord avec moi, et Rasuo n'était pas d'accord avec moi? Et c'est

  9   peut-être la raison pour laquelle vous avez accepté son texte parce que

 10   vous n'aviez pas de position à vous? Quelle pourrait être la finalité ou

 11   une autre finalité pour ce qui était de voir quelqu'un d'autre vous faire

 12   un brouillon pour votre propre lettre?

 13   M. Babic (interprétation): J'avais une position qui était la mienne,

 14   mais il était plus habile pour ce qui est de rédiger, il était plus habile

 15   en matière rhétorique et il m'avait conseillé d'avancer les raisons de

 16   procéder ainsi. J'ai été d'accord avec l'opinion qu'il avait formulée; je

 17   lui faisais confiance; il avait fait Sciences Po, et moi, j'ai fait des

 18   études de stomatologie. Mais j'avais ma position à moi.

 19   Question: Mais lui a-t-il exprimé fidèlement les positions qui étaient les

 20   vôtres?

 21   Réponse: S'agissant des positions fondamentales et mes opinions, il les a

 22   exprimées. Mais comme je vous l'ai dit tout à l'heure, de façon

 23   littéraire, il a rendu les choses plus jolies.

 24   Question: D'accord. Mais savez-vous que cet homme, ce Rasuo, après la

 25   réunion du 9 mars à Belgrade, est allé voir le Parti démocratique; c'était

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  1   alors représenté par Micunovic, Kostunica et Djindjic? Est-ce bien exact,

  2   oui ou pas?

  3   Réponse: Je n'étais pas au courant de cela. Ce que je savais, c'est qu'il

  4   y a deux ans, on disait qu'il était conseiller, c'était comme ça qu'il se

  5   présentait, qu'il s'est présenté au parti démocratique dont le Président

  6   était et est toujours Zoran Djindjic.

  7   Question: Oui, le Premier ministre actuel du régime actuel à Belgrade.

  8   Réponse: A l'époque, je ne pense pas qu'il se trouvait dans le Parti

  9   démocratique, mais je ne suis pas tout à fait sûr.

 10   Question: Et est-ce qu'il était votre principal conseiller en matière

 11   politique pendant toute cette période, ainsi qu'un de vos amis?

 12   Réponse: Oui, il est devenu un de mes amis, ainsi que mon conseiller

 13   politique.

 14   Question: Bien. A saisir une partie de votre réponse sur la cassette, j'ai

 15   cru comprendre que cette lettre avait été écrite dans un climat que moi,

 16   j'avais créé. Comme si Rasuo avait voulu me tendre la main en envoyant une

 17   lettre où il y avait des vives critiques à mes dépens, n'est-ce pas? A

 18   quoi devait servir cette lettre?

 19   Réponse: Eh bien, j'étais en train de réfléchir. Rétrospectivement, je

 20   réfléchissais à ces événements.

 21   Question: Fort bien. Mais dites-moi: est-il exact que cette lettre devait

 22   vous servir de plus grand compromis par rapport à ce que moi je faisais?

 23   Réponse: Non, mais ce n'était pas un compromis. Je voulais exprimer mon

 24   avis politique et m'opposer au concept que vous, vous imposiez aux gens de

 25   la Krajina ou plutôt que vous aviez accepté sans accord préalable donné

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  1   par la population ou par les autorités de Krajina.

  2   Question: Est-il exact de dire que ce même Rasuo, qui était au courant à

  3   l'époque du conflit entre Milosevic et Seselj, avait été à l'origine d'un

  4   accord de coalition entre vous et Seselj à Belgrade, en février 1994? Est-

  5   ce exact ou pas?

  6   Réponse: Oui, c'est exact.

  7   Question: Est-il également vrai qu'à partir de cet accord de coalition

  8   signé par vous et Seselj, le Parti radical serbe, en mars 1994, a obtenu

  9   le poste de Président de l'assemblée de la RSK; cet homme s'appelait

 10   Branko Vojnica? Est-ce exact?

 11   Réponse: Oui.

 12   Question: Est-il exact qu'à ce moment-là, Milan Martic, qui était le

 13   Président de la RSK, ne voulait pas vous nommer, vous, au poste de Premier

 14   ministre, mais voulait vous préférer Borislav Mikelic? Ce qui remettait en

 15   question l'accord de coalition.

 16   Réponse: Martic avait pour obligation de proposer quelqu'un qui venait du

 17   parti majoritaire à l'assemblée. Il a été relevé que la proposition de la

 18   majorité parlementaire, c'était moi. Martic n'a pas respecté l'avis de la

 19   majorité parlementaire, et il forcé… il a imposé plus exactement Borislav

 20   Mikelic. Et par la suite, j'ai appris de sa bouche que c'était vous qui

 21   aviez fait ce choix.

 22   Question: Ce qui a été dit n'est pas important. Ce qui est important,

 23   c'est qu'il était d'accord avec votre accord de coalition avec Seselj pour

 24   que le gouvernement vous soit remis.

 25   Réponse: Il n'a pas respecté la Constitution de la RSK qui voulait que le

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  1   Premier ministre soit un représentant du parti majoritaire au Parlement.

  2   Question: Oui, et puis vous avez insisté pour que Rasuo soit le ministre

  3   de l'Information dans le gouvernement de Mikelic.

  4   Réponse: Moi, je voulais d'abord que ce soit Lazar Macura, mais finalement

  5   Mikelic n'était pas d'accord… ou plutôt Martic.

  6   Question: Et puis vous avez accepté Rasuo qui était pire encore.

  7   Réponse: Moi, j'étais d'accord avec ce qu'avait fait Ljubica Stanisic.

  8   Question: Et dites-moi, vous êtes alors devenu ministre des Affaires

  9   étrangères dans ce gouvernement?

 10   Réponse: Oui.

 11   Question: Et puis, en même temps, vous avez le contrôle de la majorité

 12   parlementaire?

 13   Réponse: Non, j'étais le Président du SDS, mais ce parti n'avait pas la

 14   majorité au Parlement. Pas plus qu'il n'avait une majorité au niveau des

 15   postes ministériels du gouvernement. C'était là la répartition des forces

 16   politiques, aussi bien à l'assemblée qu'au gouvernement.

 17   Question: Mais est-ce que vous vous souvenez que ce Rasuo, qui est un

 18   membre de votre parti, qui est votre ami, votre conseiller politique a

 19   fait obstruction à tous les pourparlers, à toutes les négociations avec la

 20   Croatie? Et pendant tout ce temps, il y a publié des articles contre moi,

 21   n'est-ce pas?

 22   Réponse: Rasuo était opposé aux négociations gouvernementales et à ma

 23   participation à une délégation avec la Croatie sur un accord économique.

 24   C'est la raison pour laquelle il a quitté le gouvernement et a rompu tout

 25   lien d'amitié avec moi, tout lien politique aussi. Il est passé à

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  1   l'opposition et il est devenu un critique absolument violent de ma

  2   politique. Je ne sais plus ce qu'il disait à votre propos à cette époque-

  3   là; je ne pourrais pas faire de commentaire. Je ne sais pas exactement à

  4   quoi vous pensez.

  5   Question: Est-ce que vous vous souvenez, de façon vague, du nombre

  6   d'attaques viles qu'il a déclenchées contre moi? Je suppose, à partir de

  7   vos instructions. Mais peut-être n'était-ce pas le cas?

  8   Réponse: A partir du mois d'octobre 1994, nous avons interrompu tout

  9   contact politique et c'est à ce moment-là qu'il est devenu mon adversaire

 10   politique.

 11   Question: Quand est-il devenu votre adversaire politique?

 12   Réponse: Dès l'automne 1994.

 13   Question: Mais ici, j'ai des informations dans lesquelles il a été

 14   remplacé à ce poste ministériel en décembre 1994?

 15   Réponse: Je pense que l'opposition a commencé aussitôt, dès le début des

 16   pourparlers économiques avec la Croatie. Il a démissionné, il n'a pas été

 17   limogé; il n'était pas d'accord avec la politique du gouvernement pas plus

 18   qu'avec ma politique personnelle.

 19   Question: Mais pourquoi dites-vous ici que Jovica Stanisic, apparemment,

 20   aurait approuvé le fait que cet homme soit nommé ministre? De toute façon,

 21   il n'aurait pas pu avaliser ou refuser cela, ce n'était pas la fonction

 22   qu'il avait. Mais savez-vous s'il avait de mauvais rapports avec Stanisic?

 23   Réponse: En avril 1994, au moment de ces pourparlers portant sur la

 24   composition d'un gouvernement de la RSK -je vous rappelle que ces

 25   pourparlers furent menés dans la résidence de Martic à Belgrade- derrière

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  1   le stadium de la "Zvezda". Il y avait certaines personnes… Tircevic

  2   (phon.) et d'autres personnes qui étaient présentes à ces discussions.

  3   Moi, j'avais proposé que ce soit Macura qui soit ministre de

  4   l'Information. Martic n'était pas d'accord, il préférait que ce soit

  5   Rasuo. Et puis là-dessus, Borivoj Rasuo a dit: "Il est pire encore". Il y

  6   a eu Stanisic qui a approuvé du chef. Et là-dessus Martic a renchéri, en

  7   disant que c'était OK.

  8   Question: Moi, je ne veux pas vous parler de savoir qui a hoché la tête ou

  9   pas. Mais dites-moi, votre ami, votre ministre, votre alter ego pour ainsi

 10   dire, vous avez dit à son propos qu'il avait fait obstruction avec tous

 11   les pourparlers avec la Croatie. Alors que vous, vous parliez ici,

 12   maintenant, d'une intégration progressive dans le cadre de ces auditions

 13   que nous avons vues sur cassettes, sur enregistrements vidéo.

 14   Mais comment vouliez-vous que soit intégrée la Krajina en Croatie et

 15   comment peut-on installer la position des Serbes en Croatie? Vous dites

 16   aussi que j'ai tout à fait miné vos tentatives en faveur de la paix et que

 17   vous étiez favorable à un règlement pacifique, alors que moi, je voulais

 18   la guerre.

 19   Réponse: Pour répondre à votre première question, je vous dirai que

 20   Borivoj Rasuo avait une influence politique sur moi en janvier 1992. Il

 21   n'en avait pas en automne 1994 et en 1995, au moment du début de ces

 22   pourparlers. Et c'est vous qui avez sapé tout cela parce que, pour ce qui

 23   est du plan Z-4, vous avez dit à Martic qu'il ne fallait pas en tenir

 24   compte.

 25   Question: Mais comment le savez-vous?

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  1   Réponse: C'est Martic qui l'a dit.

  2   Question: Ah, bon! Donc maintenant, vous dites ici, dans le cadre de votre

  3   déposition, ce que Martic a dit. C'est comme ça que vous vous comportez,

  4   dites-moi?

  5   Est-ce qu'il y a eu une séance de l'assemblée en février à Glina? Vous ne

  6   vouliez pas y assister. C'était le 9 février. Et l'après le débat, le plan

  7   Vance a été adopté.

  8   Réponse: Il est vrai de dire que c'était une partie de l'assemblée de la

  9   RSK convoquée par Mile Paspalj. Et cette assemblée a accepté le plan Vance

 10   dans des modalités que j'ai déjà décrites, avec la participation du

 11   général Adzic, d'autres généraux, de Branko Kostic, de Jugoslav Kostic,

 12   avec des membres du gouvernement de Serbie et un nombre très important de

 13   délégués venant de Serbie. J'ai déjà décrit les circonstances dans

 14   lesquelles cette assemblée a accepté ce plan, plus exactement la façon

 15   dont vous aviez, vous, imposé ce plan.

 16   Question: Mais, apparemment, vous avez dit que cette réunion de trois

 17   jours avec la présidence de la Yougoslavie, c'est quelque chose à laquelle

 18   vous aviez voulu échapper.

 19   Réponse: Eh bien, l'explication la plus simple, c'est que je ne voulais

 20   pas rentrer et m'exposer à des tortures, être poursuivi. Je vous ai déjà

 21   fait part de ma position et je n'avais pas d'autres raisons de me laisser

 22   tourmenter lors de cette séance de travail.

 23   Question: Et vous avez dit par la suite, n'est-ce pas, que Stanisic vous

 24   aurait dit que moi, je lui avais donné pour mission de vous arrêter à

 25   l'occasion de cette réunion?

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  1   Réponse: Lorsque Stanisic se trouvait à Knin, il a commenté les événements

  2   du passé en disant ceci: "J'aurais pu me comporter de telle façon à faire

  3   accepter le plan par l'assemblée. Et moi, j'aurais pu marquer mon accord

  4   avec les décisions de l'assemblée, ce qui aurait permis ma survie

  5   politique". Il a assorti ceci du commentaire suivant: "Le Président

  6   Milosevic, a-t-il dit, lui avait dit de m'arrêter à cette occasion".

  7   Question: Excusez-moi, je n'ai pas tout à fait compris. Qu'est-ce que je

  8   lui aurais dit?

  9   Réponse: De m'arrêter.

 10   Question: Mais à quelle occasion?

 11   Réponse: Au moment où il y a eu cette discussion ou plutôt une tentative

 12   d'imposition de ce plan Vance, à l'occasion de trois jours de réunion de

 13   la présidence à Belgrade, en janvier/février 1992.

 14   Question: Et avez-vous la moindre explication, pour autant que ce soit

 15   vrai que je lui ai tenu ces propos? Pour autant que votre hypothèse tienne

 16   la route, comment pouvez-vous expliquer que ce soit là un associé loyal à

 17   moi? Il vous aurait dit cela? Ça tient la route, ça?

 18   Réponse: Il a dit que, d'après lui -et je ne sais pas s'il vous a fait

 19   part de ses évaluations-, mais il a dit que ceci aurait causé des dégâts

 20   politiques à vous-même. Parce que je lui ai demandé: "Mais pourquoi tu ne

 21   m'as pas arrêté?". Parce qu'à ce moment-là, moi je serais devenu une

 22   victime politique visible. Jusqu'alors j'étais une victime politique

 23   invisible de votre dictature.

 24   Question: Mais comment étiez-vous une victime politique invisible quand je

 25   vous ai écrit une lettre ouverte?

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  1   Réponse: Ça, vous l'avez fait pendant trois mois. Il fallait accepter sans

  2   condition. On ne pouvait pas discuter de modification ni de quoi que ce

  3   soit. Il fallait simplement que j'accepte quelque chose que vous aviez

  4   déjà avalisé. C'était là votre position depuis le mois de novembre 1991,

  5   pendant le mois décembre. Puis est arrivée cette lettre en janvier. Puis

  6   est arrivé le mois de février.

  7   Question: Fort bien. Ça veut dire que vous, vous affirmez que nous nous

  8   sommes vus pour la première fois vers le mois d'octobre 1990, au moment où

  9   vous, vous parliez d'une participation à des élections. Et puis vous

 10   auriez suivi une politique qui aurait été la mienne à partir d'octobre

 11   1990 jusqu'en novembre 1991, au moment où nous nous serions disputés, où

 12   il y aurait l'affrontement entre nous. C'est bien cela?

 13   Comment dire? Ce lien que vous aurez eu avec ma politique, comme vous

 14   dites, cela aurait duré à peu près onze mois? Pourtant, lorsque vous êtes

 15   venu me poser des questions à propos des élections, cela n'avait rien à

 16   voir avec ma politique, parce que ce n'était pas vraiment une réunion.

 17   Qu'est-ce qu'on va faire maintenant?

 18   Réponse: Mon contact direct, par rapport à votre politique, s'est

 19   poursuivi à partir du 11 août 1990. Je ne vous ai pas vu personnellement,

 20   mais nous avons eu des contacts par l'intermédiaire de Slobodan Vucetic,

 21   et vous, vous avez envoyé des messages par le biais de Borisav Jovic pour

 22   dire que vous alliez soutenir tout notre combat politique, que la JNA

 23   serait le garant de notre lutte politique. Ce qui voulait dire également

 24   qu'il fallait organiser un référendum, c'était là le message direct qui

 25   était véhiculé.

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  1   Question: Soyons clairs: vous, vous m'envoyez un message en passant par

  2   Vucetic pour dire que vous voulez me parler. Moi, je suis en vacances

  3   d'été. Et on vous répond que vous, vous pouvez vous adresser à Jovic,

  4   parce que les questions que vous avez peuvent recevoir réponse si vous

  5   avez des griefs au niveau de la Yougoslavie mais pas à celui de la Serbie.

  6   C'est tout ce que vous avez reçu en guise de réponse. On vous a répondu

  7   s'agissant d'une demande technique que vous aviez formulée?

  8   Réponse: Non, pas du tout. Vucetic a dit que vous, vous étiez là,

  9   Kadijevic et Jovic, ainsi que 3 ou 4.000 invités, des clients de l'hôtel.

 10   Question: Je ne suis pas au courant des gens qui étaient à l'hôtel.

 11   Réponse: Et vous, vous étiez là ensemble et nous aurions dû envoyer une

 12   demande officielle qui aurait dû être reçue par Jovic qui allait nous

 13   entendre et qui allait nous dire ce qu'il en était. 

 14   M. Milosevic (interprétation): C'est tout à fait logique, ça me semble

 15   tout à fait logique que vous l'ayez appelé, puisque c'était la filière de

 16   la présidence normale.

 17   Donc ils ont accepté ce plan Vance et il y a eu acceptation

 18   inconditionnelle. Il y a eu des tracts, des affiches en vue du référendum.

 19   Et ce que vous avez fait comme ça à Knin n'a fait que semer la confusion.

 20   M. Babic (interprétation): Ce qui est exact, c'est que plusieurs

 21   milliers de citoyens de Knin, donc la grosse majorité de la ville, ont

 22   assisté à un rassemblement et m'ont soutenu. C'était à la fin de la séance

 23   à Belgrade, début février. Et pour que nous ayons une idée précise de ce

 24   que voulaient les citoyens, de ce qu'ils ne voulaient pas, nous voulions

 25   organiser un référendum afin que les citoyens disent clairement s'ils

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  1   étaient favorables, sans condition, au plan Vance, ou s'ils voulaient les

  2   modifications suggérées par le gouvernement de la RSK.

  3   Quant à la question des tracts et des affiches, j'ai entendu dire que le

  4   commandant de la Brigade de Gradacac qui a eu deux appellations, d'abord

  5   "Brigade des Partisans" et puis "Brigade de la TO", que cette unité avait

  6   interdit la distribution d'informations aux citoyens à ce propos. Donc ça

  7   ne s'est pas passé, parce qu'il n'y avait pas suffisamment de force et de

  8   pouvoir politique pour que ceci se réalise.

  9   M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, il faudra s'arrêter

 10   là aujourd'hui.

 11   M. Milosevic (interprétation): Une dernière question, Monsieur May.

 12   Elle porte sur le rapport du commandement du 9e Corps en date du 20

 13   février 1992. La partie adverse en a demandé le versement. Il s'agit de la

 14   SAO 34420. Puisque vous avez déjà ce document entre les mains, je vais

 15   faire une citation et j'aimerais demander au témoin ce qu'il en pense.

 16   Je me contenterais de citer une partie de ce rapport adressé au commandant

 17   de la 2e Armée, du commandement du 2e District militaire.

 18   "Le concept même des conditions de Babic et de Vance, telles qu'elles sont

 19   présentées dans ce tract, reste obscur pour la plupart des électeurs. A

 20   première vue, ces deux hommes rejettent carrément la première option

 21   -l'option B- et soutiennent la première option, la vôtre bien sûr.

 22   Par ailleurs, tous les citoyens de la Krajina sont sans condition

 23   favorables à la paix, à l'arrivée des casques bleus, ce qui veut dire que

 24   les affiches portant sur le référendum ne font que semer la confusion, de

 25   sorte que les gens ne savent plus à qui faire confiance. A Glina, le 16

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  1   février, il y a eu assemblée de la RSK avec, au siège de président, Mile

  2   Paspaj. L'assemblée a adopté une décision qui visait à relever Babic de

  3   ses fonctions de Président de la République, et l'assemblée a également

  4   adopté une motion de méfiance à l'égard de la totalité du gouvernement."

  5   Vous avez dit que tout ceci s'était fait sous la contrainte, que

  6   l'assemblée était composée de 85 parlementaires, dont 74 étaient

  7   favorables à ces décisions, 8 étant opposés à celle-ci et 3 parlementaires

  8   s'étant abstenus. Et puis, il y a eu à la radio serbe de Knin, à 18 heures

  9   55, une diffusion. Déjà, on a eu une conversation téléphonique avec M.

 10   Babic dans laquelle celui-ci a dit que la séance de Glina était illicite

 11   et qu'elle avait été organisée suite à des instructions données par

 12   Belgrade. C'est un rapport assez circonstancié.

 13   M. le Président (interprétation): Je ne pense pas que nous puissions

 14   poursuivre.

 15   Aviez-vous une question précise à propos de cet extrait? Le témoin pourra

 16   peut-être y répondre de façon concise, sinon ceci sera reporté à

 17   l'audience de la semaine prochaine.

 18   M. Milosevic (interprétation): S'il vous plaît, je vais poser une

 19   question. C'est une dernière citation que je voulais faire de cette

 20   dépêche:

 21   "Milan Babic essaie par tous les moyens de s'accrocher au pouvoir en

 22   Krajina. Quand il a réalisé qu'il n'aurait pas le soutien de l'assemblée,

 23   il a abruptement décidé de constituer de nouvelles municipalités dans les

 24   villages où il avait des partisans fidèles. Il est manifeste qu'il y a des

 25   endroits plus grands en RSK, qui sont des centres de municipalités, comme

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  1   Kistanje, qui ne sont plus traités comme municipalités, même si chacun de

  2   ces endroits comptent davantage d'habitants que la plupart des

  3   municipalités récemment constituées prises ensemble. Et il se base sur la

  4   disposition de la Constitution en vertu de laquelle le Président est

  5   autorisé à convoquer l'assemblée." (Fin de citation.)

  6   Non seulement vous ne vous n'êtes pas contenté de ne pas respecter les

  7   décisions de l'assemblée et les recommandations que nous avons données,

  8   mais vous avez même cherché à tout prix à vous accrocher à vos

  9   prérogatives de pouvoir politique en Krajina, et surtout par rapport à

 10   cette question-ci, là où nous avions divergence de vue, pour ce qui est de

 11   l'acceptation ou du rejet du plan Vance-Owen?

 12   M. Babic (interprétation): Il y avait ces nouvelles municipalités

 13   -dont je demandais la formation- qui allaient devenir la zone rose qui

 14   faisait partie de la RSK, et qui avaient rejoint la Krajina par

 15   référendum. C'était une des municipalités qui n'était pas couverte par le

 16   plan Vance. C'était une façon politique de mettre en exergue leur

 17   position, leur situation afin qu'on tienne compte d'elles. Et puis, vous

 18   dites que j'avais essayé de rester dans la vie politique, c'est vrai.

 19   M. Milosevic (interprétation): Je n'ai plus le temps de poser les

 20   questions.

 21   M. le Président (interprétation): Est-ce qu'on a une référence à cela?

 22   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Ce n'est pas une pièce. C'est en fait

 23   un document fourni à M. Milosevic en application de l'Article 68. Nous

 24   n'avons pas de traduction, nous avons la version en serbe.

 25   M. le Président (interprétation): Fort bien. Versons ceci au dossier.

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  1   Donnons-lui une cote et puis on aura une traduction.

  2   Mme Anoya (interprétation): Ce sera la pièce de la défense D59.

  3   M. le Président (interprétation): Merci. Nous allons maintenant lever

  4   l'audience…

  5   Ah oui, Monsieur Nice?

  6   M. Nice (interprétation): Seulement deux choses.

  7   M. le Président (interprétation): Excusez-moi, nous devons passer en

  8   audience publique, parce que pour le moment nous sommes à huis clos

  9   partiel.

 10   M. Nice (interprétation): Oui.

 11   (Audience publique avec mesures de protection à 14 heures 05.)

 12   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en audience publique.

 13   M. Nice (interprétation): Nous n'aurons pas terminé la déposition du

 14   témoin prévu après celui-ci avant Noël. Et apparemment, d'après votre

 15   décision, il ne conviendrait pas que sa déposition soit scindée. Nous

 16   allons donc l'entendre, au plus tôt, en janvier. Et je crois que, d'ici à

 17   jeudi au plus tard, nous verrons quels sont les témoins que nous pourrons

 18   entendre pour ce qui est des quatre journées d'audience, après la fin de

 19   la déposition de ce témoin, donc à partir de vendredi de la semaine

 20   prochaine.

 21   M. le Président (interprétation): Oui, M. Milosevic a encore 14 heures.

 22   M. Nice (interprétation): Pour ce qui est des témoins suivants prévus dans

 23   la liste, il y a eu plusieurs difficultés. Pour ce qui est de la

 24   fourniture de documents, nous allons demander à la Chambre son aide

 25   particulière au cours des prochaines journées puisqu'un certain nombre de

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  1   journées va s'écouler d'ici à la comparution de témoins. Nous aimerions

  2   avoir l'aide de la Chambre surtout pour un défaut d'exécution.

  3   Deuxième chose, la Chambre a demandé une chronologie qui a été préparée.

  4   Elle vous sera signifiée demain. Pour le moment, les sources viennent du

  5   mémoire préalable au procès ou de l'Acte d'accusation, mais bien sûr, dans

  6   ces documents, il y a des paragraphes qui renvoient à d'autres sources. La

  7   Chambre voudra peut-être demander à l'accusé quelle sera sa démarche eu

  8   égard à ces documents. Nous avons essayé d'y incorporer des rubriques qui

  9   pourraient faire l'objet d'un accord, et, si l'accusé marque son accord

 10   par rapport à ces rubriques, nous pourrons gagner du temps aussi bien au

 11   niveau de l'interrogatoire principal que du contre-interrogatoire.

 12   M. le Président (interprétation): Eh bien, nous verrons cette chronologie

 13   au moment où nous la recevrons. S'il y a des points qui ne portent pas à

 14   polémique, nous demandons à l'accusé de les avaliser. Mais vous veillerez

 15   à ce que l'accusé sache quel sera votre prochain témoin dans les premiers

 16   délais ou à ce qu'il ait votre liste de témoins.

 17   M. Nice (interprétation): Ce sera au plus tard demain après-midi ou jeudi

 18   matin.

 19   M. le Président (interprétation): Fort bien. Nous allons maintenant

 20   suspendre.

 21   Monsieur le Témoin, veuillez à être de retour à l'audience lundi matin.

 22   (L'audience est levée à 14 heures 08.)

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