Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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  1   (Mardi 3 décembre 2002.) 

  2   (L'audience est ouverte à 9 heures 3.)

  3   (Audience publique avec mesures de protection.)

  4   (Le Milan Babic est dans prétoire.)

  5   (Contre-interrogatoire du Milan Babic par l'accusé M. Milosevic.)

  6   M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Milosevic, veuillez

  7   poursuivre.

  8   M. Milosevic (interprétation): Je vais demander à la cabine technique de

  9   nous présenter le troisième extrait de l'enregistrement que nous étions en

 10   train de voir hier et que nous n'avons pas eu le temps de voir en totalité.

 11   (Huis clos partiel à 9 heures 4)

 12   [Confidentialité levée par une ordonnance de la Chambre]

 13   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes maintenant à huis clos partiel,

 14   Monsieur le Président.

 15   (Début de la diffusion et de l'interprétation de la vidéo.)

 16   "-Enquêteur: Au cours du premier semestre 1991, nous avons discuté de la

 17   nécessité qu'il y avait pour les officiers de l'état-major de Krajina.

 18   -Témoin: J'ai demandé cette réunion. En fait, auparavant, Boro Rasuo ainsi

 19   que Zoran Kalicanin ont trouvé un volontaire qui était prêt à aller en

 20   Krajina; il s'agissait du colonel Radovan Maksic. Il a déclaré qu'il lui

 21   serait possible de trouver 10 autres officiers afin de constituer cet

 22   état-major. Cependant, cette demande devait se faire via M. Milosevic afin

 23   qu'il soit autorisé à partir.

 24   J'aimerais évoquer un troisième point.

 25   -Enquêteur: Un instant, s'il vous plaît. Vous avez parlé de Rasuo et de

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  1   qui? De Kalicanin? Apparemment, ils avaient trouvé cet homme prêt à

  2   partir.

  3   -Témoin: Radovan Maksic.

  4   -Enquêteur: Maksic a dit qu'il lui était possible de trouver d'autres

  5   officiers pour constituer l'état-major. Est-ce que c'était Maksic qui

  6   avait dit que vous aviez besoin de présenter cette requête à Milosevic?

  7   -Témoin: On m'a emmené à l'appartement de Maksic et c'est là que nous

  8   avons parlé de cela.

  9   -Enquêteur: Et il était présent?

 10   -Témoin: Si je me souviens bien, nous sommes arrivés ensemble. Je ne me

 11   souviens plus de tout cela avec exactitude, mais on pourrait dire qu'en

 12   fait on est arrivés à cette position ensemble. Vous voyez, Maksic était

 13   toujours officier d'active; il lui était impossible de partir s'il n'en

 14   avait pas l'autorisation. Il tenait à obtenir cette autorisation pour

 15   pouvoir partir.

 16   -Enquêteur: Donc il y a eu cette coïncidence, à savoir qu'il fallait aller

 17   voir M. Milosevic et que ceci signifiait qu'il y avait association de

 18   Maksic, Rasuo, Kalicanin et vous-même?

 19   -Témoin: D'après mes souvenirs, c'est Maksic qui a insisté pour obtenir

 20   cette autorisation de partir; c'est comme cela que ça s'est passé.

 21   -Enquêteur: Ça, j'ai bien compris: il avait besoin de cette autorisation,

 22   mais vous avez dit aussi qu'il fallait aller voir Milosevic.

 23   -Témoin: Je ne me souviens plus exactement, mais la conclusion c'était

 24   qu'il fallait que la solution soit être trouvée par Milosevic.

 25   -Enquêteur: Je comprends bien, mais qui était impliqué dans tout cela à

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  1   l'époque, si vous parlez de conclusion?

  2   -Témoin: Ce sont eux qui m'ont emmené voir Maksic.

  3   -Enquêteur: Je comprends bien, mais qui se trouvait là?

  4   -Témoin: Il y avait Rasuo, Kalicanin, Maksic et moi-même.

  5   -Enquêteur: C'est ce que je vous ai demandé.

  6   -Témoin: Mais je l'avais déjà dit. C'est pourquoi je pensais que c'était

  7   superflu.

  8   -Enquêteur: Mais je cherchais une confirmation parce que je pensais que ce

  9   n'était pas tout à fait clair."

 10   (Fin de la diffusion de la vidéo.)

 11   M. Milosevic (interprétation): Je crois que cela suffit. Ça suffit.

 12   M. le Président (interprétation): Nous revenons en audience publique.

 13   (Audience publique avec mesures de protection à 9 heures 10.)

 14   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes maintenant en audience publique.

 15   M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, nous sommes

 16   maintenant en audience publique.

 17   M. Milosevic (interprétation): Je ne vais pas mentionner le nom du témoin,

 18   bien entendu. Toutefois, ce qui est apparent ici, c'est qu'il n'y a point

 19   de contestation qu'ils se soient retrouvés à plusieurs dans un appartement

 20   privé, les compatriotes. Et c'est entre eux qu'ils ont convenu de qui ils

 21   auraient besoin en tant que professionnels dans l'organisation de la

 22   Défense territoriale.

 23   J'imagine, Monsieur C-061, que la chose n'est pas contestée?

 24   Milan Babic (interprétation): C'est exact.

 25   Question: Vous avez expliqué tout à l'heure que l'un d'entre eux étant un

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  1   officier actif, il fallait, pour lui, requérir une autorisation pour ce

  2   qui est de quitter son service militaire, pour rejoindre les rangs de la

  3   Défense territoriale.

  4   Par voie de conséquence, je voudrais savoir si vous faites une différence

  5   entre le fait de trouver vous-même des volontaires qui iraient vous aider,

  6   et vous demander par la suite de faire en sorte de quitter le service

  7   militaire actif, et d'aller là-bas? Donc faites-vous une différence entre

  8   cela, d'une part, et d'autre part, la nomination de vos commandants, soit

  9   de ma part, soit de la part des autorités militaires à Belgrade?

 10   Réponse: Dans ce cas concret, les choses se sont passées ainsi: ils ont

 11   trouvé un homme, il était dans le service actif et il était disposé à

 12   partir. Donc l'établissement où il travaillait devait lui fournir une

 13   approbation, donc il fallait que vous l'autorisiez à partir. Dans les

 14   autres cas concrets, j'ai décrit ce que je savais.

 15   Question: Mais comment pourrais-je, moi, autoriser quelqu'un à quitter le

 16   commandement de la défense de Belgrade? Je crois que vous avez clairement

 17   demandé que je fasse une requête auprès des autorités militaires pour vous

 18   aider et le mettre à votre disposition?

 19   Réponse: Oui, pour que vous approuviez son départ, donc c'est votre

 20   influence, le pouvoir que vous étiez en mesure d'exercer de par la

 21   position que vous occupiez.

 22   Question: Donc, vous voyez que vous avez demandé qu'on vous aide à libérer

 23   cet homme-là de ses fonctions pour qu'il puisse vous rejoindre, c'est bien

 24   cela?

 25   Réponse: Nous avions demandé une approbation de votre part pour que,

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  1   depuis son service actif, il puisse passer aux fonctions de commandement

  2   de la Défense territoriale de la SAO de Krajina.

  3   Question: Je crois que vous aimez beaucoup le fait de pouvoir affirmer que

  4   j'étais là pour approuver toute décision de votre part. J'espère qu'il

  5   n'est toutefois pas contesté ici le fait de voir les modalités suivant

  6   lesquelles vous avez procédé aux nominations, aux désignations des

  7   individus dans la Défense territoriale, et par la suite dans l'armée de la

  8   RSK.

  9   Réponse: Mais la chose n'est pas contestée du tout, parce qu'on avait

 10   précisé que c'était vous qui aviez décidé de faire en sorte que ce soit le

 11   général Djujic. Le général Simovic l'a dit.

 12   M. Milosevic (interprétation): (Hors micro.)

 13   (Les interprètes n'ont pas pu entendre le début de la phrase de l'accusé.)

 14   Vous avez dit qu'il n'était pas officier actif mais qu'il était à la

 15   retraite.

 16   Réponse: C'est exact.

 17   Question: J'imagine que personne n'était à même de demander l'autorisation

 18   d'un civil, d'un officier et encore moins d'un civil pour ce qui est

 19   d'aller dans la Krajina pour donner un coup de main?

 20   Réponse: Eh bien, le colonel Maksic, en sa qualité de commandant de la

 21   Défense territoriale, était censé amener 10 officiers. Il n'en est venu

 22   que trois. Le colonel Kasum m'a dit d'appeler le général Simovic et de

 23   voir auprès de lui ou avec lui qui serait le commandant. Il a dit, lui,

 24   qu'à Belgrade vous aviez déterminé ou décidé que ce serait le général

 25   Ilija Djujic. Maksic était venu avec eux mais il n'était pas commandant.

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  1   Question: S'agissant de vos collaborateurs ou collègues, ou peu importe

  2   comment vous les désignez, en fin de compte, ils disent que c'est vous, de

  3   votre plein gré, qui avez désigné ce général retraité, Ilija Djujic, pour

  4   ce qui est de l'accomplissement de ses fonctions. Donc, ce que eux disent

  5   n'est pas exact, ce que vous dites est exact, n'est-ce pas?

  6   Réponse: Ce qui est exact, c'est ce que m'a dit le général Simovic: il y a

  7   eu nomination du général Djujic.

  8   Question: Bien.

  9   Réponse: Ils ont dit que ces trois officiers qui étaient venus, avaient en

 10   leur possession une décision émanant du Secrétaire fédéral à la Défense

 11   nationale.

 12   Question: Les libérant de leur fonction dans la JNA et leur permettant

 13   d'aider à titre professionnel, la Défense territoriale de la Krajina?

 14   Réponse: Ils devaient constituer le quartier général de la TO.

 15   Question: Bien. Vous dites qu'à cette réunion que vous avez ouï dire de la

 16   bouche de l'un des principaux acteurs -je n'arrive pas à me remémorer le

 17   nom, mais vous devez le savoir-, c'est lui qui vous aurait dit qu'il était

 18   en mesure de trouver 10 officiers et de les emmener là-bas aux fins de

 19   faire en sorte qu'ils vous aident?

 20   Réponse: C'est le colonel Maksic qui l'a dit.

 21   Question: Bien. Donc, vous l'avez retrouvé dans son appartement privé et,

 22   de par vos origines communes, vous avez convenu, sans consulter qui que ce

 23   soit, de faire ainsi, n'est-ce pas?

 24   Réponse: Le colonel avait dit, lui, qu'il était originaire de Serbie.

 25   Question: Qu'a-t-il dit?

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  1   Réponse: Il a dit qu'il était originaire de Serbie.

  2   M. Milosevic (interprétation): Et alors?

  3   Milan Babic (interprétation): Vous dites que nous étions originaires de

  4   la même région, de la Krajina.

  5   M. le Président (interprétation): N'oubliez pas tous les deux qu'il y a

  6   des interprètes qui traduisent ce que vous dites.

  7   M. Milosevic (interprétation): Donc dans cet arrangement privé qui était

  8   le vôtre, si quelqu'un était venu se présenter de son plein gré pour vous

  9   aider, il faudrait donc lui faire assumer une responsabilité, n'est-ce

 10   pas?

 11   Milan Babic (interprétation): Non, il s'agit d'une demande d'approbation

 12   pour un changement d'affectation.

 13   Question: Mais n'est-il pas normal de voir des officiers actifs demander à

 14   leur commandement l'autorisation de se rendre quelque part en tant que

 15   volontaires. Est-ce qu'ils sont allés là-bas en tant que volontaires ou

 16   est-ce qu'on les a obligés d'y aller.

 17   Réponse: C'est logique, mais on a demandé l'approbation de les laisser

 18   partir.

 19   Question: Mais je vous demande: est-ce qu'ils sont partis de leur plein

 20   gré ou est-ce qu'on les a obligés à partir?

 21   Réponse: Ils ont dit qu'ils avaient obtenu une décision de la part du

 22   secrétaire fédéral à la Défense, le général Kadijevic.

 23   Question: Mais vous ne répondez pas à ma question! Est-ce qu'il est parti

 24   en tant que volontaire? Est-ce qu'il s'est proposé à vous pour venir en

 25   tant que volontaire ou pas?

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  1   Réponse: Il est venu, il s'est proposé en tant que volontaire. Mais ils

  2   sont venus munis d'une décision du secrétaire fédéral à la Défense

  3   nationale, le général Kadijevic; c'est du moins ce qu'ils ont dit.

  4   M. Milosevic (interprétation): Très bien. Donc ils sont venus avec

  5   l'approbation disant qu'ils étaient autorisés à quitter ce service actif

  6   et à partir organiser la TO de la Krajina; j'imagine que c'est cela?

  7   Mais savez-vous que les demi-vérités ou les vérités dites à moitié sont

  8   pires que des mensonges? Le savez-vous, Monsieur C-061?

  9   M. le Président (interprétation): Ce n'est pas une question. Oui, allez-y.

 10   M. Milosevic (interprétation): Bon. J'imagine qu'il n'est pas contesté de

 11   savoir qui avait commandé en définitive la Défense territoriale, n'est-ce

 12   pas?

 13   Milan Babic (interprétation): La TO de la Krajina avait été commandée par

 14   les commandements supérieurs de la JNA dans les activités armées ou les

 15   conflits armés.

 16   Question: Mais cette Défense territoriale n'avait-elle pas été commandée

 17   par le Président de la Krajina de l'époque?

 18   Réponse: La Krajina n'avait pas de président; elle avait un Premier

 19   ministre qui était censé être commandant en sa qualité de civil.

 20   Question: Mais c'est bien ce que j'étais en train de dire. Cela n'a-t-il

 21   pas été ainsi?

 22   Réponse: Cela devait se passer ainsi, mais cela ne s'est pas passé ainsi.

 23   Question: Mais c'est ce que vous affirmez à présent?

 24   Réponse: C'est ainsi que cela s'est passé, à l'époque.

 25   M. Milosevic (interprétation): Je pense que nous avons débattu de la chose

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  1   hier, notamment pour ce qui est des constatations qui ont été présentées

  2   par mes soins ici. Par conséquent, s'agissant de votre rôle...

  3   M. le Président (interprétation): Inutile de revenir sur les éléments déjà

  4   présentés auparavant.

  5   M. Milosevic (interprétation): Très bien. Je ne vais pas, dans ce cas,

  6   entamer des sujets qui risqueraient de nous ramener en session à huis

  7   clos.

  8   Répondez-moi, s'il vous plaît. Outre le MUP de la Krajina où les

  9   responsables ont été nommés par les organes de la Krajina, et qui était

 10   constitué de membres de la Krajina, voyons maintenant la sûreté d'Etat de

 11   la Krajina. La Krajina avait ses Bérets rouges qui s'appelaient "les

 12   Bérets rouges de la Krajina"; c'est vrai ou pas?

 13   Réponse: Je n'ai pas entendu parler des Bérets rouges de la Krajina, mais

 14   s'agissant du MUP et de la DB de la Krajina, j'en ai déjà parlé. Vers le

 15   début août, le gouvernement a décidé de supprimer le service de sûreté

 16   d'Etat sur le territoire de la Krajina. Et maintenant, pour ce qui est du

 17   MUP, des nominations et du fonctionnement, j'en ai déjà parlé.

 18   Question: Très bien. Le fait de supprimer l'existence de la sûreté d'Etat,

 19   d'une certaine façon, quand vous les présentez ainsi, sonne d'une façon;

 20   et ça sonne d'une façon tout à fait autre si l'on dit la vérité, à savoir

 21   que vous vouliez faire une distinction, c'est-à-dire mettre en place une

 22   organisation à l'image de celle qui existe dans bon nombre de pays

 23   occidentaux, et vous vouliez changer le nom de la sûreté d'Etat et que

 24   vous l'appeliez désormais "agence chargée de la sécurité d'Etat".

 25   Réponse: Le contrôle sur cette nouvelle agence était censé être exercé par

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  1   le Gouvernement de la Krajina, et non pas le ministère de l'Intérieur et

  2   la DB de Serbie.

  3   Question: Mais laissez tomber cette DB de Serbie! Vous inventez

  4   constamment une compétence ou des attributions quelconques.

  5   N'est-il pas exact de dire que vous n'avez pas supprimé ce service; vous

  6   vouliez juste changer son nom et l'appeler "Agence chargée de la sûreté de

  7   la Krajina". C'est vrai ou pas?

  8   Réponse: Non. Le service de sûreté d'Etat a été supprimé sur le territoire

  9   de la Krajina et, ultérieurement, il s'agissait de mettre en place une

 10   agence sous le contrôle du gouvernement, chose qui n'a pas été faite en

 11   raison de l'impossibilité et des circonstances qui prévalaient et dont

 12   j'ai déjà parlé.

 13   Question: Oui, vous avez parlé et vous avez dit des choses plutôt

 14   contradictoires à ce sujet. Parce que si vous affirmez que j'ai tout

 15   contrôlé, que j'ai tout commandé là-bas et ainsi de suite, pourquoi

 16   aurait-on besoin d'une structure parallèle, alors? Je vous prie de me dire

 17   s'il est exact, oui ou non, que c'est vous qui avez inventé cette

 18   structure parallèle parce que vous aviez peur; c'est vrai ou pas, Monsieur

 19   C-061?

 20   Réponse: Tout d'abord, il fallait, il était nécessaire que le Gouvernement

 21   dispose d'une agence de renseignement qui serait placée sous son contrôle

 22   et non pas sous le contrôle de la sûreté d'Etat de Serbie. D'autre part,

 23   les structures parallèles avaient été mises en place comme je l'ai décrit.

 24   La structure parallèle, c'était la DB de Serbie; et au-dessus de la DB de

 25   Serbie, il y avait vous.

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  1   Question: Mais c'est vous qui décidiez, c'est vous qui avez façonné la vie

  2   dans la Krajina. C'est vous qui avez nommé les ministres, c'est vous qui

  3   aviez nommé les chefs de la sûreté d'Etat, les ministres de la Police, de

  4   la Défense…, tout ce qui faisait partie de la vie organisée. Que viennent

  5   faire maintenant les structures parallèles dans tout cela?

  6   Réponse: J'ai parlé concrètement de toutes ces questions une à une et,

  7   s'il le faut, je puis parler une fois de plus de ces questions une par

  8   une. Et je le ferai si besoin est.

  9   Question: Bon. Mais serait-il exact de dire que toutes ces structures que

 10   j'ai mentionnées, celles de la sûreté d'Etat, le MUP, la Défense

 11   territoriale, l'armée de la Krajina, avaient une structure de commandement

 12   complètement dissociée à l'égard de la Serbie et de la République fédérale

 13   de Yougoslavie?

 14   Réponse: Le MUP de la Krajina était placé sous le contrôle de la DB de

 15   Serbie, à savoir de vous-même. L'armée serbe de la RSK avait été placée

 16   sous votre contrôle à vous; et l'une des modalités de ce faire, je l'ai

 17   déjà décrite ici. La Défense territoriale était contrôlée par vous; les

 18   Affaires intérieures ont été placées sous le secrétariat à l'Intérieur qui

 19   était sous votre contrôle. Le gouvernement a supprimé ce service et n'en a

 20   pas mis en place un autre.

 21   M. Milosevic (interprétation): Mais, par exemple, ce renseignement-là

 22   n'est-il pas en train de démentir justement ce que vous nous avez dit ici?

 23   Cela démontre que vous étiez tout à fait indépendant par rapport à ce que

 24   vous nous avez raconté. Le 20 août 1991, c'était vous, le créateur de ce

 25   système unifié de la Défense territoriale de la Krajina.

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  1   M. le Président (interprétation): Nous allons passer à huis clos partiel.

  2  (Huis clos partiel à 9 heures 27)

  3  [Confidentialité levée par une ordonnance de la Chambre]

  4   Mme Anoya : Nous sommes maintenant à huis clos partiel, Monsieur le

  5   Président.

  6   M. Milosevic (interprétation): Bien. Le 20 août 1991, vous avez tenu une

  7   session du Gouvernement de la SAO de Krajina. C'est vous qui avez décidé

  8   de la mise en place d'un système unifié de la Défense territoriale de la

  9  Krajina, et c'est vous qui avez nommé aux fonctions de commandant de la

 10  Défense territoriale à Kordun Milo Dakic; et pour ce qui est du commandement

 11   de la Défense territoriale de la Banja, c'était Dusan Jovic. N'étaient-ce

 12   pas là vos décisions à vous? Est-ce que ce que je viens de dire est exact?

 13   Milan Babic (interprétation): Ces décisions de nominations afférentes à

 14   Jovic et Dakic ont été prises, je pense, au mois de juillet 1991.

 15   Question: Mais qui a pris ces décisions? Vous parlez au passif, mais qui a

 16   pris ces décisions: c'était vous?

 17   Réponse: Oui, moi, en ma qualité de Premier ministre qui avait exercé les

 18   fonctions de ministre de la Défense étant donné que ce poste-là avait été

 19   vacant.

 20   Question: Bien sûr, bien sûr. Vous le confirmez parce qu'il y a des

 21   documents à ce sujet. Mais est-ce que c'est moi qui vous ai dit de nommer

 22   ces gens-là? Est-ce que c'est moi qui vous ai dit de vous nommer vous-même

 23   commandant de la Défense territoriale? Est-ce que c'est moi qui vous ai

 24   donné instruction de prendre ces décisions et toutes les autres que vous

 25   avez prises?

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  1   Réponse: J'imagine que Jovic avait été nommé pour mettre en place un

  2   système légal de la Défense territoriale.

  3   M. Milosevic (interprétation): Mais pourquoi ne répondez-vous pas à ma

  4   question?

  5   M. le Président (interprétation): Laissez le temps au témoin de terminer

  6   sa phrase.

  7   Monsieur le Témoin, l'hypothèse soumise par l'accusé vise à contester

  8   ceci: à savoir qu'il vous aurait dit de désigner un commandant de la

  9   Défense territoriale pour que celui-ci prenne une décision. Il vous est

 10   possible de répondre à cette question. Prenez le temps qu'il vous faut et

 11   les mots qu'il vous faut pour le dire.

 12   Milan Babic (interprétation): Messieurs les Juges, on m'a posé une

 13   question concrète, afférente à des personnes concrètes et à une période

 14   concrète. J'avais l'intention de répondre de façon tout à fait concrète

 15   pour ma part.

 16   Donc fin juillet et dans le courant du mois d'août, il y a eu bon nombre

 17   de nominations partant de la réglementation en vigueur de la SAO de la

 18   Krajina, et ceci dans l'objectif de mettre en place un système unifié de

 19   la Défense territoriale de la SAO de Krajina, système unifié qui serait

 20   placé sous le contrôle du gouvernement de la SAO de Krajina. Vers la fin

 21   du mois de septembre, il y a eu mise en place d'un état-major général de

 22   la Défense territoriale de la SAO de Krajina et une nomination de

 23   commandant suivant les modalités dont j'ai déjà parlé. J'ai mentionné

 24   Maksic, j'ai mentionné Djujic et les décisions prises par le secrétaire

 25   fédéral à la Défense nationale. Il s'agit là de la période allant de fin

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  1   septembre à début octobre. C'est ainsi qu'on a parachevé la mise en place

  2   de la Défense territoriale de la SAO de Krajina, mais cela n'a pas été

  3   placé sous le commandement des instances, des autorités de la SAO de

  4   Krajina, à savoir du gouvernement, mais sous l'autorité du commandement

  5   approprié de la JNA.

  6   M. le Président (interprétation): Ce qu'affirme l'accusé revient à dire

  7   qu'il n'a pas du tout participé à la prise de cette décision, que cette

  8   décision, c'était vous seul qui l'aviez prise, indépendamment de lui. Que

  9   répondez-vous à cette affirmation?

 10   Milan Babic (interprétation): Eh bien, ma décision exclusive avait été la

 11   nomination de Jovic et de Dakic, comme mentionné tout à l'heure. Mais pour

 12   ce qui était des nominations au niveau du quartier général de la Défense

 13   territoriale de la SAO de Krajina, puis des nominations de l'officier

 14   Vujaklija, puis en premier lieu... je veux dire que, depuis la nomination

 15   du commandant et du quartier général de la Défense territoriale de la SAO

 16   de Krajina, c'est lui qui avait joué un rôle déterminant, c'est lui qui

 17   avait décidé cela.

 18   M. Milosevic (interprétation): Je ne comprends pas. Qui a décidé de la

 19   nomination? Ne vous étiez-vous pas déclaré commandant de la Défense

 20   territoriale de la Krajina?

 21   Réponse: En partant de la loi portant Défense territoriale, du mois d'août

 22   1991, le Premier ministre était le commandant civil de la Défense

 23   territoriale.

 24   Question: Donc vous étiez le commandant de la Défense territoriale. Est-ce

 25   que c'est moi qui vous ai nommé à ce poste-là?

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  1   Réponse: Vous aviez prévu cela avec le général Simovic, avec Veljko

  2   Kadijevic et Adzic. Et vous avez nommé le quartier général et l'état-major

  3   de la SAO de Krajina, à savoir le général Ilija Djujic, puis le chef

  4   d'état-major, le colonel Kasum, puis le chef des transmissions, M.

  5   Vuletic. Cela avait été vos décisions et, s'agissant de ces décisions à

  6   titre ultérieur, j'ai signé de ces décisions de façon procédurale à titre

  7   ultérieur. Le général Djujic avait deux nominations: il avait une décision

  8   du secrétaire fédéral à la défense nationale et il avait une attestation,

  9   une confirmation de la chose de la part du Premier ministre de la SAO de

 10   Krajina, à savoir de moi-même. Donc il y avait deux nominations, mais la

 11   nomination véritable provenait de vous; et à titre juridique formel, de ma

 12   part.

 13   M. Milosevic (interprétation): Bien. Etant donné que c'est maintenant que

 14   j'entends pour la première fois -pas maintenant, mais ces jours-ci, le nom

 15   de ce général Djujic- et comme vous venez de confirmer qu'il avait été

 16   auparavant à la retraite, et les vôtres, là-bas, de la Krajina disent

 17   qu'en guise de l'exercice de votre pleine volonté, vous l'aviez nommé

 18   vous-même, et que vous vous comportiez à son égard comme si...

 19   M. le Président (interprétation): Je pense que ceci ne nous mènera pas à

 20   grand-chose. Nous avons déjà évoqué cette question. Le témoin a donné son

 21   explication.

 22   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): En guise de référence, la décision

 23   concernant Dakic et Jovic se trouvait à l'intercalaire 117 et à

 24   l'intercalaire 118; c'est la pièce 52. Pour ce qui est de la décision

 25   concernant Djujic, il s'agit de l'intercalaire 69.

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  1   M. Milosevic (interprétation): Nous avons donc des documents qui disent

  2   que vous vous étiez proclamé commandant de la Défense territoriale; et non

  3   seulement des documents à ce sujet...

  4   M. le Président (interprétation): Le témoin a déjà expliqué comment se

  5   présentait la situation. Il y a sans doute ou peut-être un conflit au

  6   niveau des moyens de preuve, mais le témoin vous a donné son explication.

  7   Il ne peut pas aller plus loin, faire autre chose. Inutile de perdre son

  8   temps à revenir sur cette question.

  9   M. Milosevic (interprétation): C'est bien de cela qu'il s'agit: à savoir

 10   que ce que votre témoin, ici, affirme se trouve être en contradiction

 11   complète avec les documents qui sont mis à votre disposition.

 12   M. le Président (interprétation): Ecoutez, ce n'est pas notre témoin:

 13   c'est un témoin à charge. Ne l'oubliez pas.

 14   Et puis, autre chose: vous avez déjà fait valoir cet argument à satiété,

 15   nous avons entendu ce que vous avez dit. Il faudra examiner les moyens de

 16   preuve, les documents. Passons à autre chose, s'il vous plaît.

 17   M. Milosevic (interprétation): Eh bien, c'est précisément de cela qu'il

 18   s'agit. Je désire que l'on établisse ici que ce qu'il dit; et ce qu'il

 19   raconte est en contradiction complète et totale avec les documents dont

 20   nous disposons.

 21   L'explication que vous nous fournissez, Monsieur, c'est que vous vous

 22   trouviez être une espèce de personne clonée qui était là pour exécuter les

 23   ordres émanant de Belgrade. C'est l'explication que vous apportez.

 24   Milan Babic (interprétation): Mais, c'est quoi votre question?

 25   Question: Votre explication c'est que vous n'avez rien fait du tout, vous

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  1   n'avez fait qu'exécuter les ordres provenant de Belgrade?

  2   Réponse: Pour ce qui est des cas concrets, je vais répondre de façon

  3   concrète.

  4   Question: De quel sujet concret parlez-vous?

  5   Réponse: Je parle de tous les sujets, de toutes choses, de tout ce qui est

  6   connu dans l'opinion publique. C'était vous l'opposition à la politique de

  7   Belgrade, et maintenant vous affirmez que vous avez suivi les instructions

  8   de Belgrade. Comment pouvez-vous nous expliquer la chose?

  9   Réponse: S'agissant de questions concrètes, je vais vous répondre de façon

 10   concrète. A quoi pensez-vous, de façon concrète?

 11   Question: Eh bien, écoutez, je viens de parler de la Défense territoriale,

 12   des décisions que vous aviez prises au sujet desquelles vous affirmez que

 13   c'étaient les miennes. Et je n'ai jamais entendu parler de ce Dakic et de

 14   ce Jovic, comment s'appelle-t-il déjà? Oui, c'est ça… Comment pouvais-je

 15   les nommer?

 16   Milan Babic (interprétation): Je n'ai pas dit que c'était vous qui aviez

 17   nommé Dakic et Jovic, j'ai dit que vous aviez nommé le quartier général de

 18   la SAO de la Krajina, l'Etat-major de la SAO de la Krajina avec les

 19   officiers que j'ai nommés.

 20   M. Milosevic (interprétation): Qui est-ce que j'ai nommé à l'Etat-major de

 21   la Krajina?

 22   M. le Président (interprétation): Vous revenez sur un élément qui a déjà

 23   été examiné. Le témoin a déjà fourni sa réponse dans le cadre de sa

 24   déposition. Non, je vais vous interrompre car nous ne pouvons pas perdre

 25   du temps à remettre sur le tapis toujours la même question.

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  1   Nous avons entendu ce qui a été dit, nous disposons des documents et des

  2   moyens de preuve présentés. Nous comprenons bien à quoi vous voulez en

  3   venir. Mais peut-être le témoin pourrait-il répondre à cette question pour

  4   nous.

  5   L'accusé présente une suggestion, il laisse entendre que vous, en fait,

  6   vous étiez un adversaire de Belgrade, que vous étiez quelqu'un qui

  7   s'opposait à Belgrade, un opposant à Belgrade, et il dit que d'après vos

  8   dires, vous sembliez indiquer que vous receviez vos ordres de Belgrade.

  9   Peu importe la façon dont ceci vous a été présenté, mais c'est l'idée

 10   générale qu'essaye de faire valoir l'accusé. Ce qu'il dit, c'est qu'il y a

 11   une contradiction dans ceci.

 12   S'agissant de votre position, comment pourriez-vous la décrire? Comment

 13   décririez-vous vos rapports avec Belgrade et avec l'accusé en particulier?

 14   Est-ce que vous diriez que vous receviez vos ordres de Belgrade?

 15   Milan Babic (interprétation): Si je peux résumer la chose, la façon la

 16   plus brève de répondre pour la période concernée par la question, ce

 17   serait d'affirmer que j'avais été manipulé par Belgrade. Ce serait la

 18   chose la plus exacte à dire.

 19   Dans des situations concrètes, j'ai répondu de façon concrète. Maintenant,

 20   s'agissant de la prise de décision politique, j'ai expliqué de quelle

 21   façon ces décisions politiques ont été prises par mes soins, sous quelle

 22   influence de Belgrade et sous quelle influence de Slobodan Milosevic en

 23   personne. J'avais parlé de la détermination des Serbes de Krajina restés

 24   en Yougoslavie. Cela s'est fait sous son influence à lui, sous

 25   l'argumentation qu'il avait présentée en disant qu'il s'agissait là d'une

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  1   cause juste, d'une cause tout à fait légitime, et il avait affirmé que

  2   cette décision-là allait être protégée, préservée ou sauvegardée par la

  3   JNA.

  4   Maintenant, pour ce qui est de la mise en place de la Défense

  5   territoriale, j'avais pris l'initiative de mettre en place une Défense

  6   territoriale autonome qui serait sous l'autorité du gouvernement de la SAO

  7   de Krajina. Mais ces décisions ne pouvaient pas être mises en œuvre sans

  8   l'appui et sans l'approbation de Belgrade, à savoir de Slobodan Milosevic.

  9   C'est la raison pour laquelle j'ai parlé en ces termes-là, parce qu'il

 10   avait contrôlé la JNA, il avait contrôlé les cadres supérieurs, il avait

 11   contrôlé la logistique et tout le reste; donc il fallait son appui, son

 12   soutien, et son aide pour la réalisation de ces décisions. Et cet appui ou

 13   ce soutien a été apporté, en effet, mais avec l'établissement de son

 14   contrôle à lui, sur ces institutions-là.

 15   Question: Mais comment? Comment est-ce que j'ai établi ce contrôle?

 16   Vous avez permis à des officiers qu'ils se rendent là-bas, qu'ils soient

 17   affectés à la SAO de la Krajina et vous les avez subordonnés au

 18   commandement idoine de la JNA, c'est-à-dire à vous-même. Avec ces

 19   questions, il y avait ces officiers que vous aviez trouvés vous-même comme

 20   volontaires, et vous avez demandé à ce qu'ils soient autorisés à partir en

 21   Krajina?

 22   Réponse: Ça, c'est étonnant, mais jamais je n'ai eu le choix. C'était

 23   suite à cet accord qui avait été tel que vous aviez marqué votre

 24   opposition. Je n'ai jamais eu le choix de déterminer qui allait constituer

 25   cet Etat-major de la Défense territoriale. J'ai pensé qu'il était

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  1   préférable d'avoir une espèce d'Etat-major qui soit disponible d'avantage

  2   que rien du tout.

  3   Question: Donc un groupe est arrivé, que vous avez vous-même engagé, et

  4   ces hommes ont agi en fonction de vos instructions?

  5   Réponse: Non. Il n'y avait qu'un homme qui est venu et cet homme n'est pas

  6   devenu commandant, comme nous l'avions convenu.

  7   Question: Vous expliquez donc que cet homme vous a dit qu'il allait en

  8   emmener une dizaine d'autres, et il ne les a pas amenés, mais ça c'est une

  9   question à régler entre vous et lui?

 10   Réponse: Non, mais vous n'avez autorisé cet homme à devenir le commandant.

 11   Le général Simovic a dit, et là je lui ai demandé pourquoi il n'avait pas

 12   été nommé commandant, et il a répondu que c'était un alcoolique, et que

 13   vous-même vous aviez désigné le général Djujic.

 14   Question: Simovic ne peut pas vous avoir dit ceci, qu'il était alcoolique,

 15   moi je ne suis pas au courant.

 16   Peut-être Simovic savait-il quelque chose dans ce sens-là? Peut-être

 17   avait-il quelqu'un dans l'armée qui était un alcoolique, mais Simovic

 18   n'aurait pas pu vous dire ce genre de stupidité.

 19   Réponse: Mais Simovic a dit que nous avions décidé cela, que nous avions

 20   pris cette décision et que ce serait le général Djujic. Et j'ai demandé:

 21   "Pourquoi ça ne serait pas Maksic?" Et il a dit: "Mais parce que c'est un

 22   alcoolique!". Les dix autres ne sont pas venus, il y en a que trois; et

 23   Maksic n'est jamais devenu le commandant, ce qui veut dire que vous avez

 24   dit que cet homme serait le quatrième homme.

 25   Question: Comment pouvez-vous décider que c'est moi qui ai pris cette

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  1   décision, que c'est moi qui ai désigné ces hommes?

  2   Réponse: Je suis allé vous voir pour demander votre autorisation. Je vous

  3   ai appelé par téléphone pour demander si ces officiers allaient arriver.

  4   Vous avez dit qu'ils arriveraient le lendemain. Ils ne l'ont pas fait, ils

  5   sont arrivés que cinq ou six jours plus tard.

  6   Question: Eh bien, là, je ne peux faire que des suppositions, je ne me

  7   souviens pas des détails de ce genre de choses mineures. Mais je suppose

  8   que vous vouliez que l'armée ait ces personnes qui soient libérées en tant

  9   que volontaires, et qui vous ont été envoyées.

 10   Réponse: Nous avons demandé à ce que vous les autorisiez à venir.

 11   Question: Pour vous aider?

 12   Réponse: Vous le savez, c'est vous qui aviez le pouvoir de pouvoir de

 13   prendre des décisions. C'est vous qui preniez les décisions et qui preniez

 14   des ordres, qui aviez une influence sur le général Kadijevic, Adzic ou qui

 15   que ce soit qui était ses supérieurs. C'est vous qui pouviez les autoriser

 16   à venir. C'était cela la procédure à suivre, c'est la raison pour laquelle

 17   nous sommes allés vous voir.

 18   M. Milosevic (interprétation): Comme vous le savez, je n'étais pas dans

 19   une position me permettant de …

 20   M. le Président (interprétation): Un à la fois!

 21   M. Milosevic (interprétation): Comme vous le savez, je ne pouvais pas

 22   ordonner à qui que ce soit de faire quoi que ce soit, que ce soit

 23   Kadijevic ou Adzic. Alors, quelles sont les raisons sur lesquelles vous

 24   vous fondez pour affirmer que c'est moi qui ai donné des ordres?

 25   M. le Président (interprétation): Je pense que nous avons déjà examiné

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  1   cette question. Je vous ai autorisé à poursuivre, à poser d'autres

  2   questions, mais le témoin nous a dit tout ce qu'il savait. Cet argument,

  3   cette querelle ne nous aide pas. Passons à un autre sujet.

  4   M. Milosevic (interprétation): Est-il exact de dire que les résultats de

  5   votre attitude arbitraire ont été qu'à Knin vous avez convoqué tous les

  6   commandants qui se trouvaient dans la zone occidentale de la Krajina et

  7   que parmi eux, par exemple, il y avait le général Ratko Mladic, c'était

  8   l'un d'entre eux. Et apparemment, vous avez donc convoqué cette réunion et

  9   vous avez exigé des personnes convoquées, en utilisant toute votre

 10   autorité, que le Corps d'armée de la Dalmatie du Nord soit rebaptisé

 11   "Corps dinarique", d'après le modèle de ce qui s'était passé durant la

 12   Deuxième guerre mondiale avec le Corps des Chetniks. Et vous auriez

 13   demandé qu'ils changent leur insigne et placent l'insigne chetnik sur

 14   leurs casquettes, sur leurs couvre-chefs.

 15   Et le premier à s'opposer à cela a été le général Ratko Mladic lui-même;

 16   il a dit que tant qu'il était le commandant…

 17   M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, ce n'est pas une

 18   question. Posez une question. Inutile de faire des allégations.

 19   M. Milosevic (interprétation): Est-il exact, précisément du fait de

 20   l'exercice de votre propre volonté, que c'est vous qui avez convoqué cette

 21   réunion et que vous avez provoqué ces changements que je viens d'indiquer?

 22   Milan Babic (interprétation): Ce n'est pas vrai, ce n'est pas exact.

 23   Question: Donc tout ceci est un mensonge, n'est-ce pas? Parfait, parfait…

 24   Réponse: Ce que vous dites n'est pas exact. Il n'est pas exact de dire

 25   qu'il y avait des décisions qui auraient été prises en ce qui concerne les

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  1   insignes, les emblèmes, ce dont vous parlez.

  2   Question: Fort bien, fort bien. Je suis tout à fait satisfait de votre

  3   réponse lorsque vous dites que mes affirmations ne sont pas la vérité.

  4   J'ai suffisamment de témoins pour prouver le contraire.

  5   Mais dites-moi ceci: puisque vous parlez de ces personnes, vous parlez du

  6   fait que ces gens, apparemment de ce que vous appelez cette "structure

  7   parallèle", sont venus et vous n'êtes pas en mesure de mentionner plus de

  8   trois noms. Puisque vous avez dit qu'il y avait beaucoup de peur, est-ce

  9   qu'ils ont menacé qui que ce soit, ces gens qui sont arrivés dans la

 10   région?

 11   Réponse: Mais à qui pensez-vous?

 12   Question: Vous avez parlé de "Frenki", de Simatovic, un de mes gardes du

 13   corps; ça, c'est aussi un mensonge. Mais il y avait ces gens qui étaient

 14   là; vous avez mentionné trois d'entre eux. Est-ce que ces personnes ont

 15   menacé qui que ce soit?

 16   Réponse: Franko Simatovic était à la tête des opérations de la sûreté de

 17   l'Etat et de la police, du côté de Lovrinac, et c'est lui qui a utilisé…,

 18   a fait en sorte qu'il y avait eu un train blindé qui était construit et

 19   qui a été mis en circulation.

 20   Question: Monsieur le Milan Babic, ce n'est pas ce que je vous demande.

 21   Je ne vous pose pas de question à ce propos. Vous avez dit que votre vie

 22   était en danger et qu'ils avaient donné des ordres de ce côté-là. Mais,

 23   comment dire… Est-ce qu'ils ont menacé qui que ce soit? Est-ce que qui que

 24   ce soit a été menacé? Et, si c'est le cas: où est-ce que ça s'est passé et

 25   comment? Vous dites que certaines personnes ont été engagées pour liquider

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  1   d'autres ou pour concocter d'autres plans, mais est-ce que ces gens ont

  2   menacé qui que ce soit?

  3   Réponse: Je vous ai parlé de ces menaces que j'ai reçues; ceci m'a amené à

  4   vous appeler le lendemain matin pour vous demander de retirer "Frenki" de

  5   la Krajina.

  6   Question: Et quand est-ce que vous avez été menacé?

  7   Réponse: Vers le 8 ou 9 août 1991, au moment où le capitaine Dragan a

  8   abandonné son commandement, le commandement qu'il avait de son unité, et

  9   qu'il a passé le commandement à "Frenki". Après cela, 15 ou 20 minutes

 10   plus tard, certains hommes m'ont suivi, sont allés à Golubic voir le chef

 11   du détachement de la TO. Ils ont bloqué l'entrée. Ils m'ont suivi, ils ont

 12   dit qu'ils allaient me tuer. Je me suis enfui. Cette nuit-là, ils m'ont de

 13   nouveau suivi et, le matin, je vous ai téléphoné.

 14   Question: Donc vous dites qu'ils sont venus vous tuer? Ces soldats avaient

 15   reçu des ordres, apparemment, selon lesquels quelqu'un devrait être tué et

 16   ils ont commencé à crier pour donner le nom de celui qui devait être tué.

 17   Et puis, ils vous ont suivi, dites-vous.

 18   Après le jour de Vidovdan, en 1992, il y avait le chef de l'unité de la

 19   police spéciale de ce groupe de bandits qui existait à Benkovac et il a

 20   dit: "Je vais vous vous tuer, maintenant!".

 21   Mais qu'est-ce que j'ai à voir avec tout cela? Qui était ce Goran Opacic?

 22   Réponse: Goran Opacic, c'était un policier sous le commandant de Martic,

 23   la DB, la sécurité de l'Etat, donc sous votre propre commandement.

 24   Question: Mais qui était ce Martic? Est-ce que Martic était le chef de la

 25   police de Krajina, est-ce qu'il était le chef du ministère de l'Intérieur

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  1   de Krajina?

  2   Réponse: Martic était le ministre de l'Intérieur.

  3   Question: Et ce Martic, est-ce qu'il est lui aussi de Krajina?

  4   Réponse: Il est de Knin.

  5   Question: Et Opacic, est-ce qu'il est de Krajina lui-même?

  6   Réponse: Il est de Benkovac.

  7   Question: Ça, c'est en Krajina?

  8   Réponse: C'était en Krajina.

  9   Question: Donc ce troisième homme, celui que vous avez mentionné, Lezajic,

 10   est-ce qu'il était aussi de Krajina?

 11   Réponse: Il était de Benkovac.

 12   (Les interprètes demandent que l'on ralentisse.)

 13   M. Milosevic (interprétation): Qu'est-ce que toutes ces querelles entre

 14   Opacic, Martic et les autres ont à voir avec moi? Vous aviez des querelles

 15   entre vous; quel rapport cela pouvait-il avoir avec moi? Quelles sont ces

 16   insultes, ces menaces dont vous parlez?

 17   M. le Président (interprétation): Je vous interromps car une réponse n'a

 18   pas été entendue par les interprètes, qui vous demandent de ralentir. Il

 19   ne sert à rien de multiplier les questions et les réponses très rapidement

 20   si ceux-ci ne peuvent pas les capter.

 21   M. Milosevic (interprétation): Eh bien, je ne sais pas ce que les

 22   interprètes n'ont pas entendu ou pas saisi, car… Je regarde la

 23   transcription en anglais; je ne vois pas de réponse qui ait échappé aux

 24   interprètes qui, de toute façon, sont de très bons interprètes et je ne

 25   crois pas qu'ils aient pu rater quoi que ce soit sur le fond.

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  1   Mais avançons un peu, parce qu'il est absolument inutile de parler de

  2   toutes ces inventions, de toutes ces affabulations, dans tous ces détails

  3   consistant à savoir qui s'est disputé avec qui.

  4   M. le Président (interprétation): Revenons en audience publique.

  5   (Audience publique avec mesures de protection à 9 heures 50.)

  6   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en audience publique, Monsieur le

  7   Président.

  8   M. Milosevic (interprétation): Vous savez que les membres de la diaspora

  9   ont passé toutes les années de cette guerre à recueillir des fonds pour

 10   aider les Serbes de Krajina? Je dispose ici d'un document datant de la fin

 11   1994 qui est un exemple parmi d'autres de ce genre de chose. En effet, à

 12   ce moment-là, une certaine somme d'argent avait été rassemblée. Vous

 13   pouvez vous-même jeter un coup d'œil à cette liste sur laquelle on trouve

 14   les noms de personnes qui, pour la plupart, résidaient aux Etats-Unis;

 15   donc les noms de citoyens américains dont certains ont donné 20 dollars,

 16   d'autres 1.000 dollars, certains 500 dollars, d'autres 1.000 dollars…

 17   Mais, au total, 169.417 dollars ont été recueillis lors de cet exercice

 18   unique de recueil de fond -qui correspond au document que j'ai entre les

 19   mains- en 199; vous rappelez-vous cela?

 20   Vous pouvez jeter un coup d'œil à cette liste de donateurs et vous verrez

 21   que des sommes allant de 40 à 1.000, 200, 20… Les sommes varient, mais les

 22   donateurs sont nombreux; leurs noms remplissent quatre pages et demie de

 23   ce document, ce qui prouve que leur nombre est assez important. Vous

 24   rappelez-vous cela?

 25   Milan Babic (interprétation): Je me souviens qu'une certaine aide venait

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  1   de la diaspora en Krajina. Ceci a commencé dès le début de 1990. Les

  2   sommes recueillies étaient d'abord destinées à la radiotélévision de Knin

  3   et, par la suite, j'ai même entendu dire que des appareils de transmission

  4   avaient été envoyés dans la région, mais la sûreté de Serbie a confisqué

  5   cette livraison à l'aéroport de Belgrade.

  6   Question: Ecoutez, je ne vous interroge pas au sujet d'équipements de

  7   transmission envoyés ici ou là. D'ailleurs, c'est votre spécialité,

  8   Monsieur le Milan Babic, de répondre à des questions que je ne vous ai

  9   pas posées.

 10   J'aimerais pour le moment que vous répondiez par oui ou par non à la

 11   question suivante: ces citoyens qui ont recueilli 169.417 dollars

 12   affirment avoir remis cet argent personnellement à vous et déclarent que

 13   cet argent n'a jamais été inscrit au budget ni de la Krajina ni de quelque

 14   institution que ce soit, dans quelque municipalité que ce soit de la SAO

 15   de Krajina.

 16   Réponse: Je n'ai jamais reçu ces 169.000 et quelques dollars.

 17   Personnellement, cette somme ne m'a jamais été remise.

 18   Question: Savez-vous que c'est précisément parce que ces personnes vous

 19   ont remis cet argent que des poursuites ont été engagées contre vous? Mais

 20   ce procès s'est déroulé à huis clos en raison des fonctions que vous

 21   occupiez.

 22   Avez-vous connaissance de ces poursuites intentées à votre encontre, en

 23   raison de la réception de ces 169.000 dollars?

 24   Réponse: Je ne sais pas.

 25   Question: Connaissez-vous le nom de Vladimir Velebit, qui a dirigé ce

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  1   procès? C'est un inspecteur qui a donc lancé les poursuites et mené

  2   l'enquête contre vous à ce moment-là?

  3   Réponse: Je ne sais pas.

  4   Question: Savez-vous que cet inspecteur, qui a dirigé l'enquête et dont le

  5   nom était Vladimir Velebit, a été tué dans des circonstances qui n'ont pas

  6   été élucidées en Krajina?

  7   Réponse: Je ne sais pas.

  8   Question: Très bien. Eh bien, puisque nous en sommes aux finances -je vois

  9   que c'est de mémoire que vous parlez de finances, et ce, en termes

 10   inexacts- je vous demande si vous savez quel était le montant des dons

 11   fournis par la République fédérale yougoslave au budget de la République

 12   serbe de Krajina? Il s'agissait d'un apport budgétaire tout à fait légal

 13   et public.

 14   Réponse: Je ne me rappelle pas le chiffre exact, mais il doit y avoir des

 15   chiffres dans des documents à ce sujet.

 16   M. Milosevic (interprétation): Vous avez fait nombre de déclarations et

 17   d'observations au sujet de certaines manœuvres ou manipulations, mais

 18   savez-vous, par exemple, que s'agissant du budget de 1992, l'aide

 19   médicale, l'aide sociale et l'éducation correspondaient à 5% du budget

 20   total de la République serbe de la Krajina, soit 1.266.000 dinars de

 21   Krajina? Et, dans le même temps...

 22   M. le Président (interprétation): Un instant! Un instant. Une chose à la

 23   fois. Laissez le témoin répondre à cette première partie de votre

 24   question.

 25   Monsieur le Témoin, pouvez-vous nous aider sur ce point?

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  1   Milan Babic (interprétation): La majeure partie du budget de la Krajina

  2   était destinée à des fins militaires.

  3   M. Milosevic (interprétation): Vous répondez à des questions que je ne

  4   vous pose pas!

  5   Milan Babic (interprétation): Mais vous avez parlé de tout cela.

  6   M. Milosevic (interprétation): Je comprends bien, vous récitez une leçon

  7   bien apprise; ça, je le comprends bien.

  8   M. le Président (interprétation): Non, non, Monsieur Milosevic. Il est

  9   tout à fait inconvenant que vous vous exprimiez de ce cette façon. De

 10   telles remarques de votre part n'ont absolument pas la moindre utilité.

 11   (Coupure du micro de M. Milosevic: donc inaudible.)

 12   M. le Président (interprétation): La question qui vous était posée

 13   concernait ce pourcentage de 5% du budget de la Krajina et une somme a été

 14   citée.

 15   Pouvez-vous nous aider sur ce point? Si vous ne savez pas, dites-le.

 16   Milan Babic (interprétation): En 1995, je disposais d'une information

 17   selon laquelle la Krajina comptait une trentaine de milliers de retraités,

 18   et plusieurs milliers de travailleurs de la santé et de travailleurs

 19   sociaux. Vous avez, je crois, parlé de système de santé si je ne m'abuse.

 20   Ce sont donc ces personnes qui étaient bénéficiaires des sommes, dont vous

 21   venez de parler, allouées à ces fins. Mais la somme exacte, je ne la

 22   connais pas. Je ne saurais vous la dire précisément.

 23   M. Milosevic (interprétation): Monsieur Croatie C-061, est-ce que vous

 24   avez lu "Gorski Vjenac"? Est-ce que vous avez lu ce récit épique?

 25   Réponse: Oui.

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  1   M. Milosevic (interprétation): Vous rappelez-vous ces vers de Njegos,

  2   l'auteur de ce récit, qui dit que "lorsque quelqu'un a une tache sur le

  3   visage, cette tache salit l'homme entier"?

  4   Milan Babic (interprétation): Je connais plusieurs passages de "Gorski

  5   Vjenac" par cœur.

  6   M. le Président (interprétation): Je crois que nous en avons assez de

  7   cette excursion littéraire. Avançons dans nos débats, s'il vous plaît.

  8   M. Milosevic (interprétation): Il n'y avait pas 30.000 retraités en

  9   Krajina, Monsieur C-061. Et cela, vous l'ignorez parce que vous ne vous

 10   occupiez pas des affaires publiques, mais vous alliez ici ou là parader en

 11   uniforme pour tirer profit de quelque chose qui ne vous appartenait pas.

 12   Il y avait 50.000 retraités en Krajina et, dans votre budget, vous

 13   disposiez de 5% de recettes destinées à satisfaire les besoins de toutes

 14   ces personnes en Yougoslavie. Par exemple, en 1993, 14,8% du budget était

 15   destiné à cette même fin, c'est-à-dire pratiquement 15% du budget. Lorsque

 16   je parle de ces mêmes fins, je parle de la santé, de l'éducation, des

 17   anciens combattants, des handicapés. Nous disposons de chiffres officiels

 18   à cet égard.

 19   Milan Babic (interprétation): Qu'avez-vous dit?

 20   Question: En 1993, pour les anciens combattants, la santé, l'éducation et

 21   d'autres fins, le chiffre que l'on trouve au budget est de 154.249.841.991

 22   dinars, à savoir 14,8% du budget total de la Krajina pour 1993, autrement

 23   dit pratiquement 15%.

 24   Réponse: Je ne...

 25   Question: Mais vous n'en avez pas la moindre idée. Vous n'en avez pas la

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  1   moindre idée!

  2   Réponse: Je n'étais pas au gouvernement à ce moment-là. Si vous

  3   m'interrogez au sujet de 1994…

  4   M. Milosevic (interprétation): Bien sûr, vous ne le savez pas.

  5   M. le Président (interprétation): Non, Monsieur Milosevic, il n'est pas

  6   équitable, ce n'est pas juste d'imposer toute une série de chiffres au

  7   témoin pour ensuite lui demander des détails précis à ce sujet. Si vous

  8   devez interroger le témoin, faites-le de la façon qui convient. Dans le

  9   cas contraire, vous serez interrompu. Si vous avez des chiffres à lui

 10   soumettre, faites-le en toute équité, donnez-lui une chance de répondre

 11   plutôt que de l'assommer de tous ces chiffres.

 12   Avez-vous des chiffres que vous pouvez soumettre au témoin et dont vous

 13   pouvez fonder l'origine?

 14   M. Milosevic (interprétation): Monsieur May, très bien. Je ne vais pas

 15   gâcher du temps à parler de tous chiffres, mais compte tenu du travail qui

 16   était celui du témoin, il devrait avoir ne serait-ce qu'une connaissance

 17   approximative de ces chiffres.

 18   M. le Président (interprétation): Il ne va pas les garder en mémoire.

 19   Alors, avançons. La seule façon dont vous pouvez l'interroger

 20   convenablement consiste à lui soumettre des documents dans lesquels ces

 21   chiffres figureraient éventuellement Si ce n'est pas le cas, passez à

 22   autre chose, car nous ne sommes pas ici dans un test de mémoire.

 23   M. Milosevic (interprétation): Eh bien, Monsieur le Témoin, puisque le

 24   témoin dit qu'il n'a pas de mémoire autre que visuelle, quand on regarde

 25   les chiffres, c'est quelque chose qu'on peut retenir visuellement très

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  1   facilement, mais le témoin n'en a aucune idée.

  2   Monsieur le Témoin, je vous demande si vous savez à combien se montait

  3   l'aide fournie à cette époque? Je parle de farine, d'huile, de sucre,

  4   d'autres produits de première nécessité, de médicaments, d'autres produits

  5   répondant aux besoins des habitants de la Krajina. Combien de milliers de

  6   camions chargés de ce genre de produits sont-ils arrivés de Serbie en

  7   Krajina?

  8   Milan Babic (interprétation): La Krajina n'aurait pas pu survivre sans

  9   l'aide serbe; c'est manifeste.

 10   Question: Combien de milliers de camions remorques sont arrivés en Krajina

 11   en provenance de Serbie; pendant toutes ces années?

 12   Réponse: Je ne sais pas combien de milliers. Tout ce que je sais, c'est

 13   que nous dépendions de la Serbie.

 14   M. Milosevic (interprétation): Mais alors pourquoi est-ce que vous ricanez

 15   ici en répondant à des questions posées par la dame assise en face de moi,

 16   lorsqu'elle vous parle de ces écoutes dans lesquelles on est censé

 17   entendre Karadzic et Kertes parler de farine, d'huile, de couvertures et

 18   d'autres besoins de première nécessité? Là, je vois que vous ricanez

 19   encore une fois. Il ne s'agissait pas d'armes, dans tout cela, mais

 20   simplement de nécessités, de besoins pour la vie.

 21   M. le Président (interprétation): Oui?

 22   Milan Babic (interprétation): J'ai dit que c'était un code dans la

 23   conversation et un code très facile à percer.

 24   M. Milosevic (interprétation): Mais alors, pour les couvertures, les

 25   médicaments, le sucre, la farine et tous ces produits qui étaient envoyés

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  1   en Krajina pour vous aider, quels sont les termes qui correspondent à

  2   quoi? Si la farine est un terme qui veut dire "munitions", quel est le

  3   terme que l'on utilise pour parler de farine? Voilà, c'est une bonne

  4   occasion pour moi de l'apprendre de votre bouche.

  5   Réponse: Eh bien, la farine, cela se dit "farine". Quels étaient les

  6   autres mots employés? On disait que le HDZ allait recevoir des "piles

  7   électriques". Il est clair qu'il s'agit là d'un langage codé légèrement et

  8   que tous ces termes cryptés sont des termes signifiant "armes et

  9   munitions".

 10   Question: Très bien, très bien. Alors, quand on dit "farine", cela veut

 11   dire "munitions", et pour la farine, on dit "farine". Tout dépend du

 12   moment!

 13   Réponse: Je n'ai jamais entendu dire à Kertes qu'il avait envoyé de la

 14   farine au HDZ.

 15   Question: Il n'est pas fait mention de transports de farine destinés au

 16   HDZ dans cette écoute téléphonique?

 17   Réponse: On entend des références au fait qu'il n'y a plus de lumière et

 18   donc référence à de piles électriques et à ce genre de choses.

 19   Question: En Yougoslavie, la Vojvodine était la région produisant le plus

 20   de blé dans le pays. Donc c'était probablement le grenier à grains le plus

 21   important de tous les Balkans d'ailleurs. Il est évident que cette région

 22   envoyait des produits à ceux qui en manquaient. La plupart des produits

 23   envoyés étaient des produits alimentaires.

 24   Réponse: Kertes était le chef. De toute façon, je ne suis pas sûr qu'il

 25   ait participé à tout cela.

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  1   Question: Je n'ai jamais entendu parler de chef, de la direction chargée

  2   des produits alimentaires.

  3   Réponse: Je n'ai pas dit qu'il l'était.

  4   Question: Bien. Selon vous, je dirigeais donc tout ce qui se passait en

  5   Yougoslavie. Si quelqu'un traversait la rue en dehors du passage piéton,

  6   c'était sans doute ma faute?

  7   Réponse: Je sais que vous étiez le chef de Kertes.

  8   Question: J'étais le chef de Kertes, mais je n'étais pas votre chef. Si

  9   j'avais été votre chef, vous n'auriez pas agi comme vous l'avez fait.

 10   Il est exact que la Croatie, en 1991 et 1992, a également interrompu tous

 11   ses paiements et toutes ses transactions destinées à la population serbe

 12   et que, dans la pratique, il était impossible de procéder à un paiement

 13   pour acheter une vis dans l'usine de vis dont vous avez parlé et que vous

 14   êtes venu me voir pour obtenir de l'aide. Toute opération, toute

 15   transaction était rendue impossible, n'est-ce pas?

 16   Réponse: Il faut faire une distinction ici. Le Gouvernement croate et la

 17   façon dont il a agi au printemps 1991 est une chose, en bloquant donc

 18   cette région du pays par un empêchement de transaction et de paiement, et

 19   le fait que la comptabilité de certaines entreprises a été gelée est une

 20   autre chose. Par exemple, l'usine de Tvik, une fois que l'assemblée

 21   municipale de Korenica, près de Split, a pris une décision en matière

 22   budgétaire, l'usine en question n'a plus pu procéder à ces paiements.

 23   Le Gouvernement croate avait bloqué la comptabilité de certaines

 24   entreprises en raison des dettes importantes de celles-ci à son égard, et

 25   c'est de cette façon que toutes les transactions monétaires ont été

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  1   empêchées par les autorités croates.

  2   Question: Est-il clair, à vos yeux, que la République serbe de Krajina,

  3   face à ce problème, a commencé à mettre en place un système de son cru

  4   pour pouvoir continuer à fonctionner en tant qu'entité économique? Ceci

  5   est-il exact?

  6   Réponse: Oui. D'abord, nous nous sommes attaqués au système de paiement,

  7   mais le système bancaire de la Krajina est resté pendant un certain temps

  8   dans la sphère économique de la Yougoslavie et ce, pour assurer notre

  9   survie économique. Ceci est exact.

 10   Question: Vous êtes trop susceptible à l'inertie des questions, à la force

 11   d'inertie des questions et des réponses qui vous entraîne dans un sens

 12   négatif. Même lorsque les questions vous sont favorables, vous les

 13   interprétez comme des questions négatives.

 14   Savez-vous que la Yougoslavie disposait de son propre système de paiement

 15   pour les transactions commerciales?

 16   Réponse: Depuis 1992, bien sûr, la République fédérale yougoslave avait

 17   son propre système de paiement.

 18   Question: Les transactions, les paiements s'effectuaient donc au moyen par

 19   le biais de la comptabilité publique du système connu sous le sigle "SDK",

 20   alors que dans d'autres pays, ces mêmes transactions sont effectuées par

 21   les banques. Et nous avions d'ailleurs l'intention de modifier ce système

 22   et de remplacer le SDK par des banques.

 23   Réponse: J'ai entendu dire de la bouche d'experts que, selon les plans

 24   destinés à réformer le SDK, ce service était censé relever plus tard de la

 25   Banque nationale de Yougoslavie. Plusieurs années étaient nécessaires pour

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  1   mettre en oeuvre ce plan qui abolissait le service chargé des paiements et

  2   des transactions financières pour les mettre sous le chapeau de la Banque

  3   nationale yougoslave et de services spécialisés. Je ne sais pas quelle

  4   était la situation exacte à l'époque dont nous sommes en train de parler;

  5   je ne sais pas à quelle étape de l'application du plan nous en étions, à

  6   ce moment-là.

  7   Question: Je vous en prie, ne vous lancez pas dans des suppositions

  8   infondées. Il est vrai que pour permettre les paiements en Krajina, une

  9   comptabilité spéciale a été ouverte par le SDK. Ceci est-il vrai pour la

 10   République de Krajina, d'après vous?

 11   Réponse: A partir du 16 mai 1991, les services de comptabilité publique de

 12   la SAO de Krajina ont été créés et tous ceux qui avaient quelque chose à

 13   voir avec le système de paiement ont ouvert des comptes auprès de ce

 14   service. En fait, ils avaient déjà des comptes par le passé, mais ces

 15   comptes n'étaient pas intégrés à l'ensemble. Or ce service a désormais

 16   fusionné avec le SDK de Serbie, par le biais de Belgrade.

 17   Question: Ah! Nous en arrivons à ce que vous prétendez, probablement parce

 18   que vous ne comprenez pas tout à fait bien les choses. Mais tous les

 19   comptes fonctionnaient à partir du SDK de Krajina, alors que les ordres de

 20   paiement étaient traités en Yougoslavie par le service chargé des

 21   contrats, qui était donc chargé de signer les commandes. Mais peut-être ne

 22   connaissez-vous pas suffisamment bien l'aspect technique de ce travail?

 23   Ceci se faisait donc par le biais d'une filiale à Sombor, à Zemun et à

 24   Belgrade.

 25   Réponse: Je sais tout cela. Cela passait par le service SIS de Belgrade.

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  1   Et je sais que, précédemment, les entreprises de Krajina avaient une

  2   double comptabilité, une en Krajina et une dans une filiale de Belgrade.

  3   Mais techniquement, comment les choses se passaient, comment les ordres

  4   circulaient, comment les commandes étaient traitées, qui les signait, ça,

  5   c'est une question de méthode et je ne suis pas au courant.

  6   Question: Savez-vous, par exemple, que la République serbe de Krajina a

  7   mis en place à Glina, Petrinja, Vukovar, à Beli Manastir et à Knin, des

  8   filiales de ce service de paiement? Est-ce que vous êtes au courant?

  9   Réponse: Bien sûr, je suis au courant.

 10   Question: Est-ce que votre SDK avait un contrat avec le SDK de Novi Sombor

 11   et de Belgrade aux fins de traiter ces ordres de paiement?

 12   Réponse: C'était un système qui était destiné à intégrer le tout, parce

 13   que le système n'aurait eu aucune utilité, aucune signification, aucune

 14   influence s'il n'avait pas été intégré à celui de la Yougoslavie. Il

 15   aurait pu s'agir d'un SDK isolé en Krajina qui aurait été étouffé très

 16   rapidement.

 17   Question: Savez-vous qu'au sein de la Krajina, un tel système pouvait

 18   fonctionner et que ce même système peut fonctionner également en dehors

 19   que la SAO de Krajina? Il aurait pu fonctionner n'importe où, dans

 20   n'importe quel pays, avec n'importe quelle institution ou n'importe quelle

 21   banque, que celle-ci se trouve à Belgrade, à New York, à Genève, à Milan

 22   ou ailleurs; l'endroit n'a pas d'importance. Les transactions et paiements

 23   s'effectuent avec des entités avec lesquelles vous traitez.

 24   Réponse: Le pouvoir financier de Yougoslavie a résolu le problème d'une

 25   façon favorable à la Krajina en contournant la Croatie, et ceci a été fait

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  1   grâce au système du SDK de la République fédérale yougoslave. Il n'y a

  2   aucune raison pour laquelle le SDK de Krajina aurait dû être intégré au

  3   système de paiement yougoslave.

  4   Question: J'ai simplement expliqué cette intégration, ce mode

  5   d'intégration. Mais enfin, ne perdons pas de temps, avançons.

  6   Est-il vrai que le 14 juillet 1992, la Banque nationale de Krajina a été

  7   créée et que le dinar de Krajina a été mis en circulation? Est-il exact

  8   que le système bancaire a donc été construit de toutes pièces et équipé

  9   pour correspondre aux besoins et que donc, tant le système bancaire que le

 10   système de paiement étaient nouveaux en Krajina?

 11   Réponse: Exact.

 12   Question: Le système de paiement, associé au système bancaire de Krajina,

 13   a-t-il collaboré avec ses homologues de Yougoslavie en stricte application

 14   des réglementations en vigueur?

 15   Réponse: Il a fonctionné en tant que composante d'un système unifié avec

 16   la Yougoslavie.

 17   M. Milosevic (interprétation): Je viens de vous expliquer que cela n'a

 18   rien à voir avec la réalité, mais puisque vous semblez vouloir continuer à

 19   prétendre le contraire...

 20   M. le Président (interprétation): Le témoin a le droit, il a le droit de

 21   le faire. Cela ne vous plaît peut-être pas, mais il a le droit de le

 22   faire. Le commentaire que vous venez de faire n'est d'aucune utilité.

 23   Pouvons-nous passer à quelque chose d'autre chose? Avez-vous une autre

 24   question à lui poser?

 25   M. Milosevic (interprétation): Vous avez tout à fait raison, Monsieur May,

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  1   le témoin a le droit de dire qu'il ne sait pas quelque chose. Mais il n'a

  2   pas le droit de mentir. Mais dire qu'il ne sait rien ou qu'il ne sait pas,

  3   ça, il a le droit de le faire.

  4   M. le Président (interprétation): C'est à nous qu'il appartient d'en

  5   juger, en nous fondant sur les affirmations du témoin ainsi que sur les

  6   éléments de preuve qui nous serons soumis et sur vos affirmations à vous.

  7   M. Milosevic (interprétation): Savez-vous que la mise en place de ce

  8   budget en République serbe de Krajina en 1992 a permis de satisfaire aux

  9   besoins budgétaires des municipalités également, mais qu'il y avait

 10   également production et transformation du pétrole? Savez-vous cela?

 11   Milan Babic (interprétation): La production pétrolière était située dans

 12   la municipalité de Mirkovci. Les autres municipalités n'avaient rien à

 13   inscrire au budget.

 14   Question: Savez-vous que, s'agissant de la production, elle n'appartenait

 15   pas à la municipalité de Mirkovci; le pétrole produit ne lui appartenait

 16   pas, il appartenait à l'ensemble de la Krajina?

 17   Réponse: C'est exact. Vous parliez de municipalité tout à l'heure?

 18   Question: Je pensais à deux choses. L'une, d'une part, les budgets

 19   municipaux, d'autre part, le financement du budget de la Krajina à partir

 20   de ses propres recettes et notamment de ses revenus pétroliers. Etes-vous

 21   au courant de cela?

 22   Réponse: Le pétrole était traité, il avait un certain nombre de dérivés,

 23   ce sont ses dérivés qui produisaient les recettes.

 24   Question: Mais vous avez présenté ici un grand nombre d'informations

 25   fausses, notamment en disant que Stanisic, Kertes, et d'autres avaient

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  1   profité des revenus pétroliers. Et j'ai ici un démenti de Mikelic qui dit

  2   exactement le contraire -je cite: "Pendant toute la période où les

  3   fonctions de Président du gouvernement de la République serbe de Krajina

  4   ont été occupées par moi, il ne s'est jamais produit, pendant toute cette

  5   période, que moi-même, Jovica Stanisic ou Mihalj Kertes aient eu une

  6   conversation portant sur le commerce du pétrole et de ses dérivés à

  7   Mirkovci. Encore moins au sujet de la création d'une entreprise mixte avec

  8   ses hommes aux fins de vendre le pétrole à la raffinerie de Pancevo."

  9   Si le témoin avait des informations sur ces sujets, s'il était informé

 10   d'infractions aussi graves que celles dont il a parlé, comment se fait-il

 11   qu'il ne les ait pas soumises à l'assemblée serbe de Krajina?

 12   M. le Président (interprétation): Nous ne sommes pas intéressés par vos

 13   commentaires ou ceux de vos correspondants à ce sujet. Ce que vous pouvez

 14   éventuellement dire au témoin, c'est qu'il a tort d'affirmer que cette

 15   conversation a eu lieu au sujet des dérivés pétroliers.

 16   Vous avez entendu, Monsieur le Milan Babic, ce qui vient d'être dit? Il a

 17   été dit que cette conversation n'avait jamais eu lieu, qu'il n'y avait pas

 18   eu d'entreprises mixtes. Quelle est votre réponse à ce sujet?

 19   Milan Babic (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

 20   je dispose de plusieurs rapports sur la distribution pétrolière,

 21   distribution de pétrole et de ses dérivés et lorsque j'ai parlé de cela,

 22   je parlais de l'année 1994.

 23   En 1995, j'ai entendu dire que Mihalj Kertes était à la tête des

 24   ressources pétrolières. Il avait une unité qui était sous ses ordres là-

 25   bas. J'ai d'abord entendu dire qu'en Slavonie, à Ilok, il avait une unité

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  1   composée d'hommes qu'on appelait "les Bérets rouges".

  2   M. Milosevic (interprétation): Qui avait une unité? Excusez-moi, je n'ai

  3   pas entendu.

  4   M. le Président (interprétation): Laissez finir le Témoin!

  5   Milan Babic (interprétation): Et que ces hommes contrôlaient également

  6   Djelatovci. C'est la raison pour laquelle le pétrole était pompé non loin

  7   de Mirkovci.

  8   Deuxièmement, après les sanctions internationales, une fois que celles-ci

  9   ont été décidées, pour être plus précis, donc une fois qu'il y a eu blocus

 10   économique à l'encontre de la Republika Srpska ainsi qu'à l'encontre de la

 11   République serbe de Krajina, les transactions pétrolières ou plutôt le

 12   transport des dérivés du pétrole a été contrôlé par les observateurs

 13   internationaux pour éviter et contourner ce contrôle des observateurs

 14   internationaux, la chose suivante a été faite.

 15   Je sais très bien qu'à plusieurs reprises des séances du gouvernement ont

 16   été organisées, présidées par Mikelic, pour discuter du nombre de barils,

 17   etc., qu'il convenait de faire passer.

 18   Mais on parlait de "citernes" au lieu de "barils" pour utiliser un langage

 19   crypté, et il était question de leur transport par avion au-dessus du

 20   territoire de Bosnie-Herzégovine pour que les observateurs ne puissent pas

 21   les voir au passage des frontières.

 22   Je dispose de deux rapports à ce sujet. L'un vient de Slavonie. On y lit

 23   que les barils de pétrole passaient par la forêt de Sremska Raca, et puis

 24   remontaient la Sava vers l'amont. Et un autre itinéraire destiné à

 25   dissimuler le transport de pétrole dans ces camions, consistait à

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  1   emprunter les routes qui atteignaient les deux ponts reliant Raca à la

  2   Sava. Donc, de cette façon, on contournait le contrôle international.

  3   En troisième lieu, je pense qu'une conversation s'est tenue en 1995 dans

  4   la rue de Boticeva. A cette réunion, ont participé un certain nombre de

  5   personnes, et notamment le Président Milosevic, Sokolovic, Stanisic,

  6   Badza, Mikelic; et il a été également question du pétrole.

  7   A ce moment-là, je ne comprenais pas pourquoi ce sujet posait problème. Je

  8   me suis rendu compte qu'il y avait un problème lorsque Mikelic l'a fait

  9   savoir par la suite.

 10   M. Milosevic (interprétation): La réponse du témoin ne pourrait-elle pas

 11   être plus courte?

 12   M. le Président (interprétation): Laissez-le finir!

 13   Milan Babic (interprétation): Mikelic était en retard à cette réunion et

 14   il a pris la parole pour dire, un peu effrayé, ce qui s'est passé, un peu

 15   comme s'il avait peur. Je ne me suis pas rendu compte qu'il se passait à

 16   ce moment-là quelque chose de particulier. Il était question de football,

 17   j'étais un supporter de l'équipe des partisans.

 18   M. le Président (interprétation): Pouvez-vous en terminer de votre

 19   réponse?

 20   Milan Babic (interprétation): Cette réunion a eu lieu, Monsieur le

 21   Président, en avril 1995. En mai 1995 également, sur le même sujet,

 22   Stanisic et Karadzic ont mentionné Boro Mikelic à Bijeljina. Je pense que

 23   j'ai déjà parlé de cela dans ma déposition et, si nécessaire, je peux le

 24   redire.

 25   M. Milosevic (interprétation): Je ne comprends pas. Je ne comprends

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  1   vraiment rien à ce vous dites. Mais je continue la lecture: "Dans la

  2   municipalité de Mirkovci à Djelatovci, à Djelatovci se faisait la

  3   production de pétrole qui était ensuite transformée à la raffinerie de

  4   Pancevo. Une fois le produit transformé, les dérivés étaient produits dans

  5   les usines de Mirkovci, qui ensuite étaient vendus par des entreprises

  6   publiques, entreprises qui portaient le nom de "Nik": "Nik Mirkovci", "Nik

  7   Knin", "Nik Dvor na Uni" et "Nik Vukovar". Donc quatre lieux où ces

  8   produits étaient vendus, de la façon la plus publique qui soit, par des

  9   entreprises publiques.

 10   M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, laissez répondre le

 11   témoin. Vous venez de faire un certain nombre d'affirmations très

 12   importantes au sujet du traitement du pétrole et de ce genre de choses.

 13   Monsieur le Témoin, il vient de vous être dit que le traitement du pétrole

 14   se faisait à Pancevo. Etes-vous d'accord avec cela?

 15   Milan Babic (interprétation): Oui, en effet. Le pompage se faisait à

 16   Djelatovci selon deux méthodes différentes, d'abord la technique

 17   classique, et puis le traitement. Oui, le traitement se faisait à Pancevo.

 18   M. le Président (interprétation): Il vous a été dit également que la

 19   distribution se faisait par plusieurs entreprises appelées "Nik",

 20   notamment le "Nik" de Mrkovci, et qu'ensuite, un certain nombre

 21   d'entreprises publiques participaient à la vente. Ceci est-il exact?

 22   Milan Babic (interprétation): Pour le territoire de la Krajina, oui.

 23   M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Milosevic, à vous.

 24   M. Milosevic (interprétation): Donc pour les besoins de l'agriculture, de

 25   l'industrie, de l'armée de la RSK et pour la vente libre aux stations

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  1   d'essence de la Krajina, c'est bien cela?

  2   Milan Babic (interprétation): Oui, c'est cela.

  3   Question: Maintenant, serait-il exact de dire que les bilans de la vente

  4   des dérivés du pétrole, à savoir pour chaque tonne produite et envoyée

  5   pour traitement, puis ramenée dans la Krajina -je parle donc de bilan

  6   total pour les dérivés du pétrole-, ont été déterminés mois par mois aux

  7   sessions du Gouvernement de la RSK, et ceci pour les besoins que nous

  8   avons indiqués et que vous de confirmer? Donc, chaque mois, il a été

  9   déterminé des bilans, pour ce qui est de la vente des dérivés du pétrole

 10   aux sessions du Gouvernement de la RSK?

 11   Réponse: Oui, pour le territoire de la RSK, et ce, partant de la

 12   production régulière. Mais j'aurais dû préciser qu'il y avait une

 13   production extraordinaire.

 14   Question: Eh bien, maintenant, moi, je ne suis plus en mesure d'établir de

 15   corrélation avec ce que vous avez dit tout à l'heure. Parce que, de ce que

 16   vous venez de dire, Mikelic, à l'époque critique dont vous avez parlé,

 17   était lui Premier ministre; et il affirme que les bilans avaient été

 18   établis au niveau du gouvernement pour chaque mois, et que le pétrole

 19   avait été distribué sur le territoire entier de la Krajina pour ces

 20   besoins-là. Vous venez de le confirmez. Et puis, vous venez de dire qu'il

 21   y avait une production extraordinaire. Quelle production extraordinaire?

 22   Réponse: Je ne suis pas en mesure de vous expliquer dans le détail. Les

 23   gens de Mirkovci m'ont expliqué que le processus technologique sous-

 24   entendait le pompage du pétrole, puis l'adjonction d'une certaine quantité

 25   d'eau pour maintenir la stabilité du sol. Puis il y a une façon plus

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  1   rapide d'extraire le pétrole sans pomper. Je ne saurais davantage vous

  2   parler de technologie. Mais c'est de cette façon-là que l'on avait puisé

  3   des quantités supplémentaires de pétrole. C'est ce dont j'avais parlé.

  4   Et ce que je disais, c'est qu'il y avait un problème entre la

  5   détermination des quotas de pétrole pour la Krajina et pour la Republika

  6   Srpska. En effet, suivant des modalités aux termes desquelles on

  7   équilibrait les dettes et les créances, entre Mikelic et Karadzic, c'était

  8   la façon de faire disparaître des citernes qui traversaient la Republika

  9   Srpska.

 10   C'est ce dont on avait débattu au niveau des sessions du gouvernement.

 11   Parce que des quantités déterminées de dérivés du pétrole qui avaient été

 12   affectées à la RSK n'arrivaient pas en RSK. Mikelic expliquait la chose en

 13   disant que c'était Karadzic qui prélevait cela au niveau de la traversée

 14   de la Republika Srpska.

 15   C'était là l'un des incidents et des malentendus avec Karadzic et au

 16   courant desquels je me trouve être.

 17   Question: Mais qu'est-ce que cela a à voir, Mikelic, Karadzic et leurs

 18   disputes au niveau de quelques citernes? Qu'est-ce que Karadzic a à voir

 19   avec la disparition d'une citerne sur le territoire de la Republika

 20   Srpska? Est-ce que vous voulez dire que Karadzic était en train de voler

 21   des citernes de dérivés de pétrole sur le territoire de la Republika

 22   Srpska?

 23   Réponse: C'était un litige qu'il y avait entre Mikelic et Stanisic.

 24   C'était ce type de litiges qui étaient résolus chez vous, dans la villa de

 25   la rue Boticeva.

Page 13772

  1   M. Milosevic (interprétation): Vous croyez vraiment que la sûreté de

  2   l'Etat était en train de résoudre des litiges concernant du pétrole volé

  3   sur le territoire de la Republika Srpska et les litiges entre Mikelic et

  4   Karadzic?

  5   M. le Président (interprétation): Un moment, un moment.

  6   Ce sera la dernière des réponses que vous apporterez et nous allons faire

  7   une pause.

  8   Voulez-vous bien répondre maintenant, je vous prie?

  9   Milan Babic (interprétation): Quelle était la dernière question posée? Je

 10   m'excuse.

 11   M. le Président (interprétation): On vous a posé la question de savoir si

 12   vous croyez que la sûreté d'Etat de Serbie avait quelque chose à voir pour

 13   ce qui est des litiges entre Mikelic et Karadzic au niveau des camions-

 14   citernes ou des citernes de dérivés de pétrole?

 15   Pouvez-vous répondre, je vous prie?

 16   Milan Babic (interprétation): Je sais qu'il en était ainsi.

 17   M. le Président (interprétation): Très bien. Nous allons lever la séance

 18   pour 20 minutes.

 19   (L'audience, suspendue à 10 heures 32, est reprise à 10 heures 57.)

 20   M. le Président (interprétation): Je crois que nous allons maintenant

 21   avoir un extrait de la dernière partie de l'audition. Il y a eu diffusion

 22   de cet extrait.

 23   Je vais demander une cote pour celui-ci à Madame la Greffière.

 24   Mme Anoya (interprétation): Ce sera maintenant la pièce D67B sous pli

 25   scellé.

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  1   M. le Président (interprétation): Et je constate également qu'il y a, sur

  2   le bureau, la liste des dons. Apparemment, il y a là 69.000 dollars et

  3   quelque ou 169.000 dollars; il faudra savoir quel est le montant précis.

  4   Vous demandez le versement de cette pièce?

  5   (M. Milosevic fait un signe affirmatif de la tête.)

  6   Donnez une cote à ce document, Madame la Greffière. Je ne vois pas

  7   pourquoi ceci devrait être versé sous pli scellé.

  8   Mme Anoya (interprétation): Ce sera la pièce de la défense 63.

  9   M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, vous avez la parole.

 10   M. Milosevic (interprétation): Nous allons en terminer de la question du

 11   pétrole. Le ministre ou le ministère de l'Energie et l'homme qui avait la

 12   responsabilité du dossier pétrolier s'appelait Milivoje Kricka; c'était le

 13   ministre de l'Energie, n'est-ce pas?

 14   Milan Babic (interprétation): Sous le gouvernement de Borislav Mikelic,

 15   c'était bien lui.

 16   Question: Mais vous parlez bien de cette période, n'est-ce pas, au moment

 17   où vous affirmez que ces événements sont survenus? Savez-vous que M.

 18   Kricka dit, lui aussi, que vous ne dites pas la vérité?

 19   Réponse: Je ne sais pas ce que Kricka a dit, mais je sais que c'est lui

 20   qui était en train d'installer ce qu'on a appelé ce "pipe-line" qui a été

 21   placé dans l'Adriatique, dans la zone de Banija ou de Kordun, avant

 22   l'installation ou la mise en fonction de ce pipe-line en 1995, afin

 23   d'épuiser les réserves de pétrole qui existaient.

 24   Question: Donc maintenant, vous accusez le ministre de l'Energie d'avoir

 25   pris la décision d'utiliser ce pipe-line?

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  1   Réponse: Non, non, c'est la décision prise par Mikelic; c'est sa décision

  2   à lui. Et les autres ont marqué leur accord.

  3   Question: Donc vous n'étiez pas d'accord, bien sûr?

  4   Réponse: Ça ne me dérangeait pas, ça ne faisait pas partie de mes

  5   responsabilités. Mais si ça s'avérait utile pour la Krajina, j'étais

  6   d'accord.

  7   Question: Puisque vous avez une attitude aussi critique à l'égard du

  8   Gouvernement de Mikelic et de Mikelic lui-même, êtes-vous au courant du

  9   fait que, sur une période de huit mois d'existence de ce gouvernement qui

 10   avait à sa tête Borislav Mikelic, que vous avez décrit de la façon dont

 11   vous l'avez décrit, savez-vous que la production industrielle a augmenté

 12   de 26% alors que la production agricole, elle, a augmenté de 35%? Et les

 13   résultats furent tels qu'il y a eu une augmentation par 7, multiplication

 14   par 7 des réserves matérielles et qu'il y a eu, en matière d'emploi,

 15   23.000 travailleurs de plus, ce qui représentait une augmentation

 16   considérable pour la Krajina.

 17   Il est devenu aussi possible, au mois de mai, de commencer le paiement des

 18   salaires des employés du service public, alors que ce paiement avait été

 19   retardé pour les retraités, les membres de l'armée, pour les membres de la

 20   police de la RSK, et tout ceci a été compensé grâce à une stabilisation de

 21   la situation et des conditions économiques, suite aux efforts consentis

 22   par ce gouvernement. Etes-vous au courant de cela?

 23   Réponse: Il est vrai de dire que le gouvernement qui avait à sa tête

 24   Borislav Mikelic a obtenu beaucoup de résultats positifs, a stabilisé la

 25   situation économique mais aussi la vie sociale en général dans la RSK. Et

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  1   ce fut surtout le cas lors du second semestre de 1994 et au début de 1995.

  2   Question: Et est-il vrai de dire qu'une des priorités qu'avait ce

  3   gouvernement, le gouvernement Mikelic, était la mise en oeuvre de l'accord

  4   de paix de Zagreb signé au mois de novembre, le 29 novembre plus

  5   exactement, en 1994, à l'ambassade de Russie à Zagreb, et avait été signé

  6   par l'amiral Rakic qui était le ministre de la Défense de la RSK et par le

  7   général Mile Novakovic sur autorisation de Milan Martic, Président de la

  8   RSK?

  9   Réponse: Pourriez-vous répéter ceci? Parce que vous avez évoqué et

 10   mentionné plusieurs questions.

 11   Question: Est-il exact de dire qu'une des premières priorités de ce

 12   gouvernement, qui avait à sa tête M. Mikelic, était la mise en œuvre de

 13   l'accord de paix de Zagreb? J'ai mentionné les personnes concernées.

 14   Réponse: Vous avez mentionné deux accords: l'un en date du mois de

 15   novembre 1994, qui est un accord avec le gouvernement de Croatie sur la

 16   normalisation des relations économiques dans certains domaines énumérés de

 17   façon précise, à savoir la circulation, le pétrole, l'électricité,

 18   l'approvisionnement en eau ainsi que la circulation ferroviaire.

 19   Auparavant cependant, il y avait eu autre accord, accord que vous avez

 20   mentionné. C'était un accord de cessez-le-feu; il datait du mois de mars

 21   1994. Il avait été signé par les personnes que vous avez citées. Je ne

 22   sais pas exactement ce qu'il en était, mais cet accord a été confirmé par

 23   l'assemblée, par la suite.

 24   Question: C'est exact. Mais je suppose que vous n'allez pas nier le fait

 25   qu'il y avait un lien entre ces deux accords et que ceci faisait partie de

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  1   la normalisation des rapports et relations? Il y a eu d'abord un cessez-

  2   le-feu, suivi par l'établissement de rapports et relations économiques.

  3   Je vous demande ceci: est-il vrai de dire que l'équipe chargée de la

  4   négociation avait été constituée pour discuter des questions économiques

  5   avec la Croatie et, avant la tenue de ces pourparlers économiques avec la

  6   Croatie, avant ces activités conjointes, il y avait eu mise en oeuvre de

  7   l'accord de cessez-le-feu?

  8   Réponse: L'accord de cessez-le-feu a été respecté. Il y a eu, certes, des

  9   incidents isolés qui ont été rapportés, mais de toute façon, de façon

 10   générale, il y a eu respect, de façon générale, de cet accord de cessez-

 11   le-feu. Et puis, il y a eu ces pourparlers pour l'établissement de

 12   relations économiques avec la Croatie avec intervention, d'un côté, de

 13   représentants du gouvernement de la Krajina et, de l'autre côté, des

 14   représentants du gouvernement de la Croatie; ceci a commencé au mois

 15   d'août et après que vous ayez donné le feu vert à ces pourparlers, au

 16   début du mois de juin. Ces pourparlers se sont terminés en partie par

 17   l'accord du mois de novembre, s'agissant des questions économiques.

 18   Question: Vous souvenez-vous du fait que ces négociations économiques ont

 19   été menées avec la participation -je dirais même une participation active-

 20   et une implication directe de médiateurs internationaux.

 21   Il y avait David Owen et Thorvald Stoltenberg, ainsi que leurs associés,

 22   notamment parmi eux Kai Eide. Des priorités ont été définies; ces

 23   priorités étant celles-ci: l'ouverture de la circulation. Sur l'autoroute

 24   de Belgrade-Zagreb, il y avait cet oléoduc yougoslave. Il y avait

 25   également le fait de poser des câbles électriques pour de longues

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  1   distances, de systèmes d'approvisionnement en eau et d'autres questions

  2   économiques, d'autres projets économiques comme celui d'établir une

  3   compagnie pétrolière conjointe. Vous en souvenez-vous?

  4   Réponse: Je vous ai parlé de ce que couvrait cet accord dans ma réponse

  5   précédente. C'est vrai que ces pourparlers ont commencé également grâce à

  6   l'intervention de médiateurs internationaux que vous avez mentionnés.

  7   Question: Dites-moi, lorsqu'un accord définitif a été obtenu sur toutes

  8   ces questions qui avaient fait l'objet de ces négociations économiques,

  9   est-il vrai qu'à ce moment-là vous avez refusé d'aller à Zagreb parce que

 10   vous estimiez qu'en fait, votre popularité allait baisser en Krajina et,

 11   pour vous dire la vérité, que votre popularité allait baisser chez tous

 12   les Serbes qui se trouvaient à l'extérieur de la Krajina également?

 13   Réponse: A ma connaissance, cet accord a été signé à Knin, au quartier

 14   général des forces de la paix du secteur sud.

 15   M. Milosevic (interprétation): Mais vous répondez de nouveau à une

 16   question que je ne vous ai pas posée!

 17   M. le Président (interprétation): Nous allons passer à huis clos partiel

 18   pour aborder cette question.

 19  (Huis clos partiel à 11 heures 8) [Confidentialité levée par une ordonnance

 20  de la Chambre] Mme Anoya (interprétation): Nous sommes à huis clos partiel.

 21   M. le Président (interprétation): Poursuivez.

 22   M. Milosevic (interprétation): Je ne vous ai pas demandé où cet accord

 23   avait été signé. Moi, je parle des négociations préalables à cet accord,

 24   des négociations qui ont été menées et auxquelles vous avez refusé

 25   d'assister car vous pensiez que votre popularité allait baisser, non

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  1   seulement en Krajina mais aussi parmi les Serbes se trouvant dans d'autres

  2   parties, notamment en Republika Srpska et en Serbie, même au cas où vous

  3   auriez fait une apparition à ces négociations qui se tenaient à Zagreb.

  4   Milan Babic (interprétation): En fait, j'avais été d'accord pour que ces

  5   négociations commencent. Cet accord avait été marqué avec Sarinic et

  6   Pasalic qui avaient participé au nom du gouvernement de la Croatie. Moi,

  7   j'ai participé à toutes ces négociations qui se sont tenues à Knin, mais

  8   je ne suis pas allé à Zagreb. Des commissions ont été constituées

  9   notamment pour l'oléoduc, pour les questions d'électricité, pour les

 10   questions des autoroutes. Là, j'ai participé également.

 11   Question: La question que je vous ai posée -et vous y avez répondu

 12   seulement en partie-: vous avez refusé d'aller à Zagreb pour assister à

 13   ces négociations parce que vous vouliez éviter que votre popularité ne

 14   baisse. C'est là-dessus uniquement que portait ma question. N'est-ce pas

 15   vrai ce que je viens d'affirmer?

 16   Et n'est-il pas vrai que les rapports portant sur les relations et les

 17   rapports économiques avec la médiation de Owen et de Stoltenberg -et nous

 18   parlons ici des relations économiques entre la Croatie et la Krajina, que

 19   ces négociations ont duré trois mois, et que vous n'avez eu de cesse que

 20   d'y faire obstruction? N'est-il pas exact de dire que ces négociations

 21   étaient pratiquement terminées au moment où, à l'occasion d'une réunion du

 22   gouvernement de la RSK à Vukovar, ceci s'étant passé le 18 novembre 1994,

 23   vous avez remis en question tous les éléments de cet accord en disant que

 24   ceci signifierait une dépendance économique à l'égard de la Croatie,

 25   quelque chose que vous trouviez inacceptable? N'est-ce pas cela?

Page 13779

  1   Réponse: En fait, ce qui est vrai, c'est ceci: j'avais une position très

  2   claire. J'ai participé de façon très active à toutes ces négociations.

  3   J'avais une idée très claire du lien qui existait entre le système

  4   énergétique, l'oléoduc, le système d'approvisionnement en eau, le système

  5   des transports; ce qui, en fait, était l'objet de l'accord. J'ai défendu

  6   ma position publiquement, avec insistance, que ce soit à l'assemblée au

  7   ailleurs. J'ai finalement accepté l'accord définitif. J'ai marqué mon

  8   accord à l'égard de celui-ci et cet accord a été approuvé par le

  9   gouvernement dont je faisais partie et par l'assemblée dans laquelle se

 10   trouvaient des députés appartenant à mon parti. Donc, ces négociations, en

 11   fait, ont débouché sur un accord avec lequel j'étais d'accord mais,

 12   pendant les négociations, j'ai défendu mes positions avec vigueur.

 13   Question: Quelle était votre position?

 14   Réponse: En ce qui concerne le système énergétique, l'électricité, tout ce

 15   réseau qui allait établir un lien entre le réseau électrique de la RSK et

 16   celui de la Croatie; j'ai insisté à cet égard pour qu'il y ait un lien

 17   avec un voltage de 110kW parce que ça, cela peut être mesuré. Ce sont des

 18   techniciens qui m'ont expliqué ceci, ce sont des professionnels qui m'ont

 19   mis au courant; ils ont dit qu'avec une telle puissance, il était possible

 20   d'établir une mesure du courant électrique.

 21   Pour le réseau d'approvisionnement en eau, j'ai insisté pour que

 22   l'adduction se fasse à propos des sources de Obrovac et que certains

 23   quotas, certains contingents soient alloués, notamment à Benkovac et à

 24   d'autres municipalités de Croatie. J'ai demandé une définition bien claire

 25   de tous ces quotas, parce que la sécheresse sévissait souvent dans cette

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  1   région et il fallait donc en tenir compte. Et si on pouvait déterminer les

  2   fournitures d'eau pour ces autres municipalités, notamment pour la

  3   municipalité de Zadar ou pour le reste de la Croatie, cela voulait dire

  4   qu'il y aurait peut-être pénurie d'eau dans d'autres municipalités, à

  5   Obrovac ou à Benkovac.

  6   Question: Donc vous ne vouliez pas qu'il y ait approvisionnement en eau en

  7   Croatie?

  8   Réponse: Pas du tout. Tout à fait le contraire. J'ai demandé que ce

  9   système soit précisé pour ce qui était d'Obrovac, de Benkovac et de Zadar,

 10   à savoir que des contingents soient affectés, des pourcentages; des

 11   contingents pas seulement pour Zadar mais aussi pour d'autres

 12   municipalités, pour qu'en cas de sécheresse, il n'y ait pas de problème à

 13   Obrovac et Benkovac. Auparavant, Zadar était intervenu de façon plus

 14   conséquente pour l'élaboration de ce système: il y avait aussi plus

 15   d'utilisateurs à Zadar, il était donc normal que leur contingent soit

 16   supérieur.

 17   Question: Fort bien, n'entrons pas dans tous ces détails.

 18   Je vous ai demandé ceci: est-il exact de dire que, lors de la réunion du

 19   gouvernement du 18 novembre, à Vukovar, vous avez remis en question la

 20   totalité de l'accord et vous avez avancé comme raison que vous ne vouliez

 21   pas être dépendant économiquement parlant de la Croatie. Est-ce bien le

 22   cas? Répondez par un simple oui ou par un non? Si vous dites que ce n'est

 23   pas vrai, pas de problème. Dites-le simplement, mais si c'est exact,

 24   dites-le aussi.

 25   Réponse: Il est vrai que ce sont là des propos que j'ai tenus, mais il

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  1   n'est pas exact de dire que j'ai remis en cause la totalité de l'accord.

  2   M. Milosevic (interprétation): Donc c'est bien ce que vous avez dit? Il

  3   est bien vrai que vous avez tenu ces propos? C'est tout ce que je voulais

  4   savoir.

  5   Milan Babic (interprétation): J'ai dit que c'est vrai que j'avais dit

  6   cela, mais que je n'avais pas élevé d'opposition à la signature de

  7   l'accord.

  8   M. le Président (interprétation): Laissez le temps au témoin de fournir

  9   les explications qu'il veut donner.

 10   Milan Babic (interprétation): Avant la signature de l'accord, j'ai émis

 11   de vives critiques, et une de ces déclarations allait dans ce sens. Ceci a

 12   été diffusé par le studio Novosti, de Belgrade, et par les journaux

 13   belgradois. A l'époque, j'ai entendu dire que Milosevic avait insisté pour

 14   dire que les numéros destinés à la province soient jetés à la poubelle

 15   parce que cette déclaration n'était pas une bonne déclaration.

 16   M. Milosevic (interprétation): Vous étiez en train de renverser,

 17   d'anéantir ces tentatives visant à établir des relations, qui étaient tout

 18   à fait précaires et uniquement en train de s'établir, n'est-ce pas?

 19   Réponse: Je n'essayais pas ici de fait capoter ces relations, j'essayais

 20   au contraire de les établir pour qu'elles soient bonnes.

 21   Question: Ce n'est pas vrai. Vous ne vouliez pas autoriser une certaine

 22   dépendance économique de la Croatie et vous avez fait une déclaration dans

 23   ce sens.

 24   Réponse: J'ai fait une déclaration dans ce sens parce que je voulais que

 25   soient bien définis les secteurs dont nous parlions.

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  1   Question: C'est vous qui avez fait cette déclaration de la façon dont vous

  2   l'avez faite?

  3   Réponse: Je voulais qu'il y ait des relations équilibrées entre la Krajina

  4   et la Croatie.

  5   Question: Vous ne vouliez pas une dépendance à l'égard de la Croatie?

  6   Réponse: Si nous avions un seul et même système adduction d'eau, si nous

  7   dépendions du même système, je voulais savoir quelles seraient les

  8   répartitions.

  9   Question: Vous vous opposiez à cela et vous avez repris comme arguments

 10   les arguments qui étaient repris dans l'accord. Et cet accord a été signé

 11   en dépit de votre opposition, n'est-ce pas?

 12   Réponse: Il y a eu signature, mais je n'ai pas assisté à la cérémonie de

 13   signature.

 14   Question: N'est-il pas exact de dire que ce que vous venez de dire, ici et

 15   maintenant, c'est une déclaration que vous avez répétée devant le

 16   gouvernement, en utilisant pratiquement les mêmes termes que ceux que vous

 17   avez utilisés lors de la réunion de Vukovar? Et puis, vous avez demandé

 18   des corrections, vous avez demandé des ajustements, une nouvelle

 19   formulation. Il y a eu par la suite, lors de la réunion du 1er décembre

 20   1994, il y a eu une réunion du gouvernement où il fallait une majorité des

 21   deux tiers, et vous, vous avez refusé de signer, vous avez refusé

 22   d'assister à la signature de l'accord, n'est-ce pas?

 23   Réponse: Vous avez posé plusieurs questions; sériez-les, s'il vous plaît.

 24   Question: Fort bien. Quelle était votre position? Vous étiez toujours

 25   contre cette position, vous l'avez dit de façon vigoureuse. Est-ce que

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  1   vous avez répété votre position lors de la réunion de l'assemblée?

  2   Réponse: J'ai répété ce que j'avais dit à la réunion de l'assemblée.

  3   Question: Donc vous avez demandé des ajustements, des modifications à cet

  4   accord. Il y a eu la réunion de l'assemblée, mais le gouvernement, lui

  5   aussi, ne s'est-il pas prononcé contre votre position?

  6   Réponse: Au début 1995, pour ce qui est des discussions qui ont eu lieu

  7   par rapport à l'abolition du mandat pour la Croatie. Finalement, ce débat

  8   s'est poursuivi et il a été un peu remisé jusqu'au moment où ce conflit

  9   politique a été réglé. Mais c'est une autre question, ça s'est passé plus

 10   tard.

 11   M. Milosevic (interprétation): C'est tout à fait vrai, mais, une fois de

 12   plus, vous donnez des demi-vérités et vous déformez les faits. Soyons

 13   précis, vous n'avez pas à être d'accord avec moi nécessairement. Si vous

 14   n'êtes pas de mon avis, je l'accepterai.

 15   Mais n'est-il pas vrai de dire qu'au moment de la signature de l'accord

 16   -vous, vous ne vouliez pas aller à la cérémonie de signature; en fait,

 17   c'était une façon de faire votre propre publicité-, à ce moment-là, vous

 18   et votre parti du SDS de Krajina, vous aviez décidé de lancer une

 19   initiative avec le gouvernement, par l'intermédiaire de l'assemblée, afin

 20   que soient gelés les rapports économiques avec la Croatie. Et que ceci

 21   devait se faire d'un seul coup.

 22   Est-ce que c'est votre propre personnalité qui apparaissait ainsi parce

 23   que, dans le même souffle, vous avez dit que la Krajina allait devenir une

 24   partie de la Croatie?

 25   M. le Président (interprétation): Il est impossible que le témoin réponde

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  1   à une telle question. Mais quelle était, de façon brève, la question que

  2   vous vouliez poser?

  3   M. Milosevic (interprétation): Voici ma question: au moment de la

  4   signature de l'accord, vous et votre parti, le SDS de Krajina, vous avez

  5   déclenché une initiative et vous avez décidé de la mener avec le

  6   gouvernement de la RSK, par l'intermédiaire de l'assemblée de la RSK pour

  7   qu'il y ait gel immédiat de l'accord économique avec la Croatie. D'un

  8   côté, s'agissant de cet accord auquel vous vous opposiez et qui venait

  9   d'être signé, vous avez en fait pris l'initiative de le paralyser, n'est-

 10   ce pas?

 11   Milan Babic (interprétation): Je vous ai déjà dit que ceci s'était passé

 12   plus tard, dans des circonstances différentes et pour d'autres raisons. On

 13   parlait de la suspension, de ne pas autoriser la poursuite du mandat des

 14   forces de maintien de la paix des Nations Unies, et ceci a été une

 15   réaction, cette suspension de l'accord économique avec la Croatie, ceci a

 16   été provoqué par la décision prise par le Gouvernement de Croatie. Ou

 17   plutôt disons que la priorité était que les rapports politiques devaient

 18   d'abord être réglés. Ceci a été provoqué par la Croatie.

 19   Question: Fort bien. Donc ceci n'a pas été ordonné par Belgrade, mais

 20   c'est le gouvernement croate qui en est responsable? Je suis content de

 21   l'apprendre. Je suis content d'apprendre qu'il y a au moins quelque chose

 22   dont Belgrade n'est pas responsable.

 23   Vous dites que vous vouliez geler cet accord. Etait-ce une réaction au

 24   fait que le gouvernement croate ne voulait pas prolonger le mandat de

 25   mandat de la paix des Nations Unies?

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  1   Réponse: C'est exact.

  2   Question: Pourquoi n'est-ce pas quelqu'un d'autre qui a pensé à ça?

  3   Pourquoi est-ce vous qui deviez être plus catholique que le pape? Comment

  4   se fait-il que Mikelic n'ait pas pensé au gel de l'accord ou quelqu'un

  5   d'autre? Comment se fait-il que ce soit vous qui ayez eu cette idée et que

  6   vous vous soyez, vous, opposé à cet accord en premier lieu?

  7   Réponse: Je vous ai dit que je voulais m'opposer à cet accord. Je vous ai

  8   expliqué dans quelles conditions, dans quelles circonstances cela s'est

  9   fait et pourquoi l'application de cet accord a été retardé: il fallait

 10   d'abord régler les autres priorités, l'autre priorité étant la question

 11   politique.

 12   M. Milosevic (interprétation): Fort bien. Cela veut dire que vous vous

 13   êtes prononcé contre cet accord, parce qu'il aurait entraîné une

 14   dépendance économique de la Krajina à l'égard de la Croatie. Vous ne

 15   vouliez pas assister à la cérémonie de signatures. Au moment de la

 16   signature de cet accord, vous avez demandé qu'il soit gelé; et maintenant,

 17   vous dites que vous étiez en fait favorable à cet accord. Est-ce que je

 18   vous comprends bien? Est-ce que je comprends bien votre grille de lecture?

 19   Milan Babic (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs le Juges,

 20   j'ai déjà longuement répondu à cette question.

 21   M. le Président (interprétation): Inutile de revenir là-dessus.

 22   M. Milosevic (interprétation): Est-ce que, par hasard, vous vous souvenez

 23   du fait que ce même homme, ce Mikelic, après les événements spectaculaires

 24   qui se sont déroulés en Slavonie occidentale, lors d'une réunion de

 25   l'assemblée de la RSK, a mis le doigt sur tous ces échecs, toutes ces

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  1   fautes commises par les dirigeants de l'Etat, les dirigeants militaires,

  2   et a indiqué que les frontières, qui faisaient quelque 1.600 kilomètres,

  3   étaient tellement longues qu'il était impossible pour toute force, pour

  4   toute puissance au monde de défendre ces frontières? Et est-ce que vous

  5   n'avez pas pris des mesures d'urgence?

  6   M. le Président (interprétation): Une à la fois. Le témoin ne peut pas

  7   répondre à des questions fleuves. A quoi voulez-vous en venir?

  8   On dit ici qu'à cette réunion de l'assemblée, Mikelic a fait allusion à

  9   ces erreurs, à ces omissions et qu'aucune puissance au monde ne serait en

 10   mesure de défendre ses frontières. Est-ce exact ou pas? Est-ce que Mikelic

 11   a bien tenu ces propos?

 12   Milan Babic (interprétation): Ce dont je me souviens, c'est de la réunion

 13   de l'assemblée qui s'est faite entre le 18 et le 20 mai 1995; et Mikelic

 14   avait présenté des critiques cette fois-là, mais ses critiques avaient

 15   porté sur la fermeture de l'autoroute au niveau de Okucani. Il a accusé

 16   Martic et d'autres personnes originaires de la Slavonie occidentale de

 17   façon directe, en disant que c'étaient ces personnes-là qui avaient

 18   occasionné l'intervention de la Croatie dans l'opération appelée "Eclair"

 19   sur le territoire de la Slavonie occidentale, parce qu'un groupe -où

 20   Martic avait été mentionné- avait bloqué l'autoroute au niveau de Okucani,

 21   autoroute qui devait rester ouverte aux termes de l'accord avec la

 22   Croatie.

 23   Question: Mais Mikelic avait été la personne qui avait fait cet accord,

 24   abouti à cet accord pour ce qui est de l'ouverture de cette autoroute?

 25   Réponse: Oui, cela faisait partie des accords avec la Croatie.

Page 13787

  1   Question: Exactement. Et vous avez fermé cette autoroute rien que pour les

  2   embêter.

  3   Réponse: Je vous ai dit qui a fermé cette autoroute.

  4   Question: Si ce n'est pas vous, qui l'a fait?

  5   Réponse: Vous voulez dire: moi-même, personnellement?

  6   Question: Oui, vous en personne et les représentants du parti auquel vous

  7   présidiez.

  8   Réponse: Je n'ai pas présidé de parti. Et je ne sais pas combien de

  9   membres il y avait dans le parti du SDS de la Krajina. J'étais ministre

 10   des Affaires étrangères à l'époque, et l'incident avait été occasionné par

 11   la police et par Martic qui avait donné l'ordre de fermer l'autoroute.

 12   Question: Ça aussi, ce n'est pas vrai! Vous êtes en train de dire que ce

 13   qui vous convient.

 14   Mais je vais vous poser la deuxième partie de la question. Est-il exact de

 15   dire qu'à l'époque vous avez placé d'urgence à l'ordre du jour, à

 16   l'Assemblée de la RSK à Borovo Selo, une décision afférente à

 17   l'unification entre la RSK et la Republika Srpska; c'est exact ou pas?

 18   Dites-moi seulement oui ou non, et ne répondez pas à des questions que je

 19   n'ai pas posées.

 20   Réponse: On ne l'a pas fait selon des modalités d'urgence. Nous l'avons

 21   fait suite à une requête faite par l'église orthodoxe serbe et suite à la

 22   demande formulée par Karadzic, Krajisnik, Jovica Stanisic.

 23   Question: Donc ce n'est pas vous qui avez placé cela à l'ordre du jour?

 24   Réponse: Nous l'avons fait, mais suite à l'initiative et suite à la

 25   demande de trois évêques de l'église orthodoxe serbe qui sont venus le 16

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  1   mai à Knin, ils ont représenté la collectivité de l'église orthodoxe serbe

  2   pour demander l'unification de la RSK et de la Republika Srpska.

  3   Question: Mais n'est-il pas exact que vous avez demandé à être à la tête

  4   de ce conseil fondateur de l'union de la RSK et de la Republika Srpska,

  5   alors que vous saviez que Belgrade et moi-même étions opposés à la chose?

  6   Réponse: J'avais demandé à faire partie de la commission qui serait

  7   chargée de cette tâche, pour des raisons que je puis expliquer si

  8   nécessaire.

  9   Question: Mais saviez-vous combien et dans quelle mesure nous étions, de

 10   notre côté, opposés à une action aussi irréfléchie que cela?

 11   Réponse: Je n'ai pas entendu cela de votre bouche. J'ai entendu cela de la

 12   bouche des autres!

 13   Question: Et le reste de ce que vous avez raconté ici, vous ne l'avez

 14   entendu que de ma bouche à moi, donc nous pouvons éliminer tout le reste!

 15   Réponse: C'est Krajisnik et Karadzic, en disant qu'à ce moment-là vous ne

 16   le permettiez pas, mais qu'il fallait le faire ultérieurement.

 17   Question: Mais serait-il exact de dire que, partant de cette unification

 18   urgente de la RSK et de la Republika Srpska, il n'en a rien été. Mais pour

 19   tromper l'opinion publique des Serbes dans la Krajina, vous aviez mis en

 20   place des fondements d'un Etat futur avec Biljana Plavsic? Vous l'avez

 21   fait vous deux; vous au nom de la RSK, et elle au nom de la Republika

 22   Srpska.

 23   Réponse: Radovan Karadzic, à l'occasion d'une réunion à Bijeljina à savoir

 24   à une autre réunion où il a été question de la chose, a dit que l'heure

 25   n'est pas venue de le faire. Et c'est précisément lui qui a insisté pour

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  1   que cela soit réalisé au plus vite. Et Mme Plavsic, à cette réunion de

  2   Bijeljina, a dit: "Mais, mon Dieu, combien de fois avons-nous fait signe

  3   de croix pour les débuts des activités d'unification?".

  4   Et maintenant, vous dites que cela n'est plus possible.

  5   Il s'agissait en fait de ce qui suit: Karadzic et Krajisnik s'étaient

  6   servis de ce plan d'unification rien qu'en guise de menace et ceci aux

  7   fins de réaliser leurs objectifs politiques au sein de la Bosnie-

  8   Herzégovine. Et j'entends là comme l'a précisé Nikola Koljevic, Nikola

  9   Koljevic, lui, était membre de cette commission qui avait œuvré en faveur

 10   de l'unification à Banja Luka. Il a dit la chose suivante: "Milan, c'est

 11   un paradoxe. Nous nous unissons avec vous et nous nous trouvons en

 12   coalition avec des Croates."

 13   M. Milosevic (interprétation): Bien. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire

 14   de rester à huis clos partiel.

 15   M. le Président (interprétation): Très bien.

 16   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en audience publique.

 17   (Audience publique avec mesures de protection à 11 heures 30.)

 18   M. Milosevic (interprétation): Puisque nous parlons de la question

 19   afférente au statut politique des Serbes de la Krajina, des Serbes de la

 20   Republika Srpska et ainsi de suite, je crois que nous pouvons -en audience

 21   publique- obtenir des réponses à certaines questions qui concerneraient la

 22   déclaration adoptée à cette assemblée de Serbes le 25 juin 1995.

 23   Pouvez-vous me donner votre opinion concernant la déclaration que je viens

 24   de mentionner?

 25   Milan Babic (interprétation): Dans quel sens voulez-vous que je fasse une

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  1   déclaration de mon opinion?

  2   Question: De quoi?

  3   Réponse: Mais dans quel sens vous demandez une déclaration?

  4   M. Milosevic (interprétation): Eh bien, vous avez dit tant de choses

  5   contradictoires que je voudrais que vous nous précisiez si vous êtes

  6   d'accord ou pas avec la teneur de ces déclarations?

  7   M. le Président (interprétation): C'est ce que vous dites, Monsieur

  8   Milosevic. Si vous apportez des commentaires à la présentation d'éléments

  9   de preuve, ça ne sert à personne, ce n'est utile pour personne et ce n'est

 10   pas juste envers le témoin. Quelle est votre question concrète? Soyez

 11   concret, plutôt que de vous livrer à des généralisations.

 12   M. Milosevic (interprétation): Mais qu'est-ce qui n'est pas équitable à

 13   l'égard du témoin, au fait?

 14   M. le Président (interprétation): Il n'est pas juste ni équitable de

 15   procéder à des généralisations et, quelquefois, de formuler des

 16   allégations un peu extravagantes, du genre de dire qu'il se contredit. Si

 17   vous estimez qu'il se contredit, montrez en quoi il le fait. Mais posez

 18   votre question de façon concrète, ne faites pas de généralisation ni de

 19   commentaire à propos de ce qu'il dit, du genre de ce que vous venez de

 20   dire, à savoir qu'il vient de se contredire ou qu'il fait beaucoup de

 21   contradictions. Posez-lui une question concrète.

 22   M. Milosevic (interprétation): Très bien. Oubliez ce qu'il a dit de

 23   contradictoire.

 24   Ma question concrète est la suivante: est-ce que vous êtes d'accord avec

 25   moi, maintenant que vous lisez cette déclaration de Srb; est-ce que vous

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  1   êtes d'accord, oui ou non, avec la teneur, avec le texte de celle-ci?

  2   Milan Babic (interprétation): A l'époque, j'étais d'accord avec le texte

  3   et sa teneur.

  4   Question: Et maintenant, de nos jours? A l'époque, vous étiez d'accord;

  5   maintenant, de nos jours, êtes-vous d'accord avec sa teneur?

  6   Réponse: De nos jours, les circonstances politiques sont autres et il est

  7   une expérience des erreurs et des ratés politiques. Mais à l'époque, ce

  8   texte de la déclaration, et dans les circonstances du moment, pouvait

  9   avoir un rendement politique positif s'il n'y avait pas eu des abus

 10   ultérieurs et s'il n'y avait pas eu insistance de votre part pour ce qui

 11   est de la tenue d'un procès politique. Et vous aviez affirmé, à l'époque,

 12   que cela avait été légal, mais cela a engendré des conflits

 13   interethniques.

 14   Question: Fort bien. Mais nous avons entendu parler de la chose hier,

 15   parce que vous nous avez expliqué -et je crois vous avoir posé cette

 16   question-là hier- à savoir qu'il ne s'agissait pas d'une sécession forcée

 17   de certaines Républiques qui aurait occasionné la guerre civile en

 18   Yougoslavie et que ce n'est pas l'intervention des facteurs extérieurs qui

 19   avaient conduit une guerre contre la Yougoslavie qui ont engendré une

 20   guerre à l'intérieur de la Yougoslavie, mais que cela avait été la

 21   conséquence du droit à l'autodétermination. En d'autres termes, la guerre

 22   a été provoquée par le droit à l'autodétermination.

 23   Réponse: Cela avait été votre argumentation, mais c'était vous qui en

 24   étiez la cause parce que vous avez abusé de ce droit et de

 25   l'interprétation de ce droit.

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  1   Question: Bien. Mais comme vous dites que cette déclaration vous ne lui

  2   apporteriez plus votre soutien, de nos jours, si j'ai bien compris?

  3   Réponse: J'ai parlé de processus politiques qui ont été impliqués, qui ont

  4   été entraînés par cette déclaration.

  5   Question: Mais écoutez, je vais vous donner lecture. Vous avez dit, à

  6   l'époque: "Partant du principe universel du droit du peuple à

  7   l'autodétermination, y compris le droit à la sécession, puis partant des

  8   normes en vigueur au niveau de la Constitution de la RSFY et de la

  9   République socialiste de Croatie, puis, notamment, partant des

 10   dispositions de la Constitution de la République socialiste de Croatie,

 11   l'Etat croate et l'Etat du peuple serbe aussi, en Croatie, aux fins de la

 12   protection de sa souveraineté et de sa liberté nationale, le peuple serbe

 13   qui vit sur ces territoires historiques et qui se trouve être au sein des

 14   territoires, au sein des frontières de la Croatie actuelle, il est

 15   déclaré, etc., etc.".

 16   Qu'y a-t-il, Monsieur C-061, de déshonorant, de malhonnête et de non

 17   conforme aux principes? Qu'est-ce qu'il y a de non conforme aux principes

 18   ou qui dérogerait aux principes? Qu'est-ce qui dérogerait à la correction

 19   politique? Qu'est-ce qui dérogerait à l'honnêteté politique?

 20   Réponse: Dans la partie du texte que vous venez de lire ou dans le reste?

 21   Question: Ecoutez, je peux vous donner lecture de déclaration tout

 22   entière, si vous le voulez.

 23   Réponse: Le droit à l'autodétermination devait être réalisé dans le cadre

 24   des Républiques dans lesquelles vivaient ces peuples-là; c'est ce qui

 25   aurait été la solution qui n'aurait pas engendré de conflit.

Page 13793

  1   Question: Donc ça, c'est votre interprétation actuelle?

  2   Réponse: C'est mon opinion présente.

  3   Question: Bon, c'est votre opinion présente.

  4   Je ne sais pas où j'ai noté cela, mais je vais vous retrouver le passage

  5   s'agissant de la solution pacifique dont avait débattu la Présidence de la

  6   RSFY, dans sa composition entière, avec les représentants de toutes les

  7   Républiques et de la même façon. Et je vais vous poser ensuite une autre

  8   question. Mais on va rester quelques instants encore à cette déclaration.

  9   Savez-vous -avant que je ne vous fasse citation d'un autre extrait de ces

 10   déclarations- que dans toutes les Constitutions de la Croatie jusqu'aux

 11   changements opérés lorsque le HDZ est arrivé au pouvoir, à savoir que dans

 12   toutes les Constitutions de la Croatie, le peuple serbe avait été traité

 13   comme étant un peuple sur pied d'égalité et un peuple constitutif. C'est

 14   une chose dont vous avez connaissance ou pas?

 15   Réponse: C'est exact.

 16   Question: Donc les Croates, les Serbes et les Slovènes qui avaient résidé

 17   en Autriche-Hongrie après la Première guerre mondiale se sont ralliés pour

 18   faire un Etat commun avec la Serbie qui s'était trouvée du côté des

 19   vainqueurs dans cette Première Guerre mondiale, et les Croates, les Serbes

 20   et les Slovènes et les autres Slaves du Sud sur ces territoires-là qui

 21   s'étaient trouvés de l'autre côté, en Autriche-Hongrie?

 22   Réponse: J'ai déjà parlé de mes connaissances historiques devant ce

 23   Tribunal, s'agissant de la mise en place de l'Etat des Serbes, Croates et

 24   Slovènes et du Royaume de Yougoslavie, par la suite.

 25   M. Milosevic (interprétation): Donc ces Serbes qui, avec les Croates et

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  1   les Slovènes, sur les territoires de l'ex-Autriche-Hongrie, s'étaient

  2   unifiés avec la Serbie devaient être chassés de là en tant que peuples et

  3   en tant qu'êtres humains parce qu'il y avait une Serbie avant la Première

  4   Guerre mondiale, comme si eux n'avaient pas existé avant la Première

  5   Guerre mondiale en leur qualité de peuples sur ces territoires-là?

  6   Milan Babic (interprétation): Il y avait là un litige entre les

  7   représentants politiques du peuple serbe et les pouvoirs croates

  8   nouvellement mis en place, ceux du HDZ, pour ce qui est de la position des

  9   Serbes en Croatie. Cela avait été la question litigieuse, à l'époque.

 10   M. le Président (interprétation): De quelle période parlons-nous? Il

 11   faudrait que le compte rendu répercute le fait que j'ai posé la question

 12   suivante: de quelle période parlons-nous? Le témoin peut-il nous aider?

 13   M. Milosevic (interprétation): …

 14   M. le Président (interprétation): Monsieur Milosevic, laissez-le dire.

 15   Milan Babic (interprétation): Monsieur Milosevic a fait référence à la

 16   création, en 1918, d'un premier Etat des Serbes, Croates et Slovènes et de

 17   l'unification des Serbes avec l'Etat des Serbes, Slovènes et Croates qui

 18   se trouvaient sur l'ex-territoire de l'Autriche-Hongrie; c'est un thème.

 19   L'autre thème, ce sont les événements de 1990.

 20   M. le Président (interprétation): Ici, donc, nous parlons de 1918; c'est

 21   sans aucune utilité pour nous. Passez à quelque chose de contemporain,

 22   pour autant que vous vouliez continuer sur votre lancée.

 23   M. Milosevic (interprétation): Monsieur May, j'ai mentionné en passant

 24   l'année 1918 dans une phrase complexe par laquelle je m'étais adressé au

 25   témoin.

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  1   M. le Président (interprétation): Eh bien, passons à autre chose.

  2   M. Milosevic (interprétation): Par conséquent, il n'est point contesté le

  3   fait que dans toutes les Constitutions jusqu'en 1990, à savoir jusqu'à

  4   l'arrivée du HDZ au pouvoir, le peuple serbe était un peuple sur pied

  5   d'égalité, un peuple constitutif dans cette République de Croatie. La

  6   Croatie s'était trouvée définie comme étant l'Etat du peuple croate, du

  7   peuple serbe et des autres peuples qui y résidaient. Etait-ce bien le cas

  8   ou pas?

  9   Milan Babic (interprétation): C'est exact, et j'en ai parlé à plusieurs

 10   reprises.

 11   Question: Par conséquent, il ne s'agissait en aucune façon d'activités ou

 12   de conflits politiques au quotidien entre les représentants serbes et

 13   croates en 1991, mais c'était la suppression du statut des Serbes en

 14   Croatie, statut dont ils avaient bénéficié avant que n'existe la Croatie

 15   même.

 16   Réponse: J'en ai déjà parlé et je vais le reprendre. Cela était le thème

 17   et l'objet des conflits politiques, en 1990, entre les représentants

 18   politiques du peuple serbe et le pouvoir nouvellement mis en place des

 19   Croates, à savoir le HDZ. Et c'est dans ce conflit politique que vous vous

 20   êtes immiscé de la façon dont j'ai déjà parlé.

 21   M. Milosevic (interprétation): Ce que vous avez raconté n'est pas exact,

 22   mais nous reviendrons à la déclaration à laquelle vous venez de renoncer.

 23   Je vais vous lecture d'un autre passage de celle-ci.

 24   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les

 25   Juges, il s'agit ici de l'intercalaire 10, pièce 351. C'est la déclaration

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  1   de Srb. Je pense que ceci pourra vous être utile.

  2   M. le Président (interprétation): Merci.

  3   M. Milosevic (interprétation): La partie que je vous ai lue tout à l'heure

  4   se réfère à un fait ou plutôt se réfère à la Constitution de la Croatie

  5   qui définissait "la Croatie comme étant également l'Etat du peuple serbe".

  6   Puis, on dit dans le texte de la déclaration -je cite-: "Les frontières de

  7   la République socialiste de Croatie, qui est également l'Etat du peuple

  8   serbe qui réside sur le territoire de la République de Croatie, le peuple

  9   serbe partant de ces droits historiques, culturels et sociaux constitue un

 10   peuple souverain et se réserve les droits de peuples constitutifs comme

 11   les autres peuples constituant cette République."

 12   Qu'avez-vous contre cette position, Monsieur le Témoin? Est-ce là une

 13   position honnête?

 14   Milan Babic (interprétation): C'était à l'époque une position honnête, à

 15   la faveur de laquelle nous nous étions battus, s'agissant de la

 16   Constitution et de la position du statut du peuple serbe en Croatie.

 17   Question: Mais c'était une position de principe. Si une position est

 18   position de principe, elle est soit de principe, soit elle ne l'est pas.

 19   Elle ne peut pas l'être à un moment et ne plus l'être à un autre.

 20   Donc, je vous prie de me dire si, oui ou non, ce que je vous ai cité -et

 21   je vais vous citer un autre passage encore, je le fais: "Il ne saurait,

 22   sans la participation du peuple serbe dans la République de Croatie, être

 23   question d'esprit de communautarisme, notamment en cas de sécession,

 24   notamment en cas de mise en place d'un autre Etat."- est-ce là une

 25   position qui correspond à la vérité ou pas?

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  1   Réponse: Cela était vrai à l'époque, et cela figure dans la déclaration:

  2   j'ai dit qu'il y avait deux options. Il y avait une option favorable à la

  3   Fédération yougoslave, que vous aviez défendue, vous et le parti

  4   socialiste de la Serbie, et une autre position favorable à la

  5   Confédération et à l'indépendance qui était défendue par la Croatie, le

  6   HDZ et Franjo Tudjman. S'agissant de ces deux positions-là, nous, dans

  7   notre déclaration, nous avions adopté une option défendue par la Serbie et

  8   qui se résume à la phrase dont vous nous avez donné lecture.

  9   Question: Je ne sais pas si vous avez accepté cette option mais je tiens à

 10   préciser qu'il est tout à votre honneur si vous avez accepté cette option-

 11   là, parce que la position de la Serbie était celle de dire que "les

 12   peuples sont égaux en droit", était celle de dire que "ces peuples-là

 13   s'étaient unifiés en ayant recours à leur droit à l'autodétermination pour

 14   créer une Yougoslavie".

 15   Ce n'est donc pas une invention pure et simple du régime en place mais un

 16   fait historique. C'est un fait historique qui a fait partie de toutes les

 17   Constitutions de la Yougoslavie jusqu'à ce jour-là; il y avait donc

 18   association et unification de peuples.

 19   Réponse: Oui, mais un fait seulement a été omis, à savoir que les peuples

 20   réalisaient leurs droits au sein des Républiques dans lesquelles ils

 21   vivaient, et dans la RSFY, par l'intermédiaire des Républiques dans

 22   lesquelles ils vivaient. Nous avions passé outre.

 23   M. Milosevic (interprétation): Vous n'avez rien outrepassé. Vous êtes en

 24   train de renoncer aux positions qui étaient les vôtres à l'époque, et

 25   vous…

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  1   M. le Président (interprétation): Un instant. Un instant.

  2   Il est dit que vous agissez sous l'emprise de la peur, en reniant les

  3   principes que vous défendiez à l'époque. Je pense que vous devez avoir la

  4   possibilité de répondre à cela.

  5   Milan Babic (interprétation): Je ne renonce pas à ces positions. Cela

  6   était une position, en partant du principe ethnique, qui a donné naissance

  7   au conflit; c'est ce qui a engendré les conflits ethniques sur le

  8   territoire de l'ex-Yougoslavie, avec toutes les choses terribles qui se

  9   sont passées et tous chez les malheurs qui sont survenus.

 10   M. Milosevic (interprétation): Mais n'était-ce pas la position de la

 11   Serbie et ma position personnelle, non pas de procéder à des sécessions

 12   des peuples mais de rester ensemble, de préserver la Yougoslavie? Et c'est

 13   là la finalité de l'assertion au terme de laquelle seulement, au prix de

 14   la sauvegarde de la Yougoslavie, que le peuple serbe pourrait rester vivre

 15   dans un même Etat? Parce qu'en 1918, ce peuple a commencé à vivre dans un

 16   seul et même Etat, quoi qu'en se trouvant sur de nombreux territoires dans

 17   ce même Etat.

 18   Réponse: Vous aviez défendu l'idée de la préservation de la Yougoslavie au

 19   travers de l'autodétermination des peuples. L'autodétermination des

 20   peuples devait se faire au niveau des Républiques. Donc, les Républiques

 21   étaient celles qui devaient se prononcer favorables ou pas à la sauvegarde

 22   de la Yougoslavie, mais d'autres peuples n'étaient pas favorables à la

 23   Yougoslavie en faveur de laquelle vous vous employiez vous-même. C'est ce

 24   qui a engendré le conflit et ce qui a engendré la guerre.

 25   M. Milosevic (interprétation): Ecoutez, penchons-nous sur les faits. Il

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  1   n'y a aucun sens à répéter cette même leçon que l'on vous a apprise: à

  2   savoir que la Serbie était favorable à la sécession. Si tel était le cas,

  3   la Serbie ne serait peut-être pas la seule à être restée avec une

  4   structure ethnique qui n'a pas été modifiée au tout au long de ces dix

  5   dernières années. Au contraire, nous étions favorables à une Yougoslavie.

  6   La déclaration que vous reniez, à présent, avait une approche honnête, une

  7   approche de principe. C'est moyennant ce que vous avez fait que cette

  8   approche s'est trouvée dégradée. Et je vais vous dire comment.

  9   Le 28 février 1991, vous avez adopté une décision en lieu et place d'une

 10   approche politique du genre de celle de tout à l'heure. Vous avez décidé

 11   de votre plein gré de procéder à l'unification de la SAO de Krajina à la

 12   République de Serbie, quoique Belgrade, la Serbie et moi-même ayons été

 13   opposés à la chose.

 14   N'était-ce pas là la façon dont il fallait procéder à la solution de ces

 15   questions de principe? Vous avez compris les choses de façon complètement

 16   intervertie, et vous êtes en train d'essayer d'en faire porter la faute à

 17   tous vos collaborateurs, à tous les…

 18   M. le Président (interprétation): On vous a déjà dit, Monsieur Milosevic,

 19   que les discours ne sont pas des questions. Or nous venons d'entendre un

 20   discours qui a fait une minute et demie. Nous allons maintenant passer à

 21   huis clos partiel.

 22  (Huis clos partiel à 11 heures 49) [Confidentialité levée par une ordonnance

 23   de la Chambre] Mme Anoya (interprétation): Nous sommes à huis clos partiel.

 24   M. Milosevic (interprétation): Très bien.

 25   M. le Président (interprétation): Un instant, un instant.

Page 13800

  1   Monsieur le Milan Babic, il est fort probable que nous ayons parlé

  2   jusqu'à épuisement de ces questions, mais s'il y a encore quelque chose

  3   que vous souhaitiez ajouter à ce que l'accusé vient d'affirmer pendant la

  4   dernière minute et demie, vous pouvez le faire; notamment s'agissant de la

  5   décision prise le 28 février 1991.

  6   Milan Babic (interprétation): Le 28 février 1991, le Conseil national

  7   serbe et le Conseil exécutif de la SAO de Krajina ont adopté une

  8   résolution parlant dissociation de la SAO de Krajina à l'égard de la

  9   Croatie. Cela avait été la réaction qui se faisait à l'égard de la

 10   décision de la Croatie, datée du 2 février 1991, parlant de séparation de

 11   la Yougoslavie. Une fois de plus, cela a suivi la présentation du film de

 12   Spegelj et la logique politique de Milosevic et de la Serbie aux termes de

 13   laquelle les gens de la RSK avaient compris que Spegelj et le pouvoir, le

 14   gouvernement de Croatie, étaient l'ennemi. Donc c'était la décision qui

 15   avait été entérinée le 1er avril.

 16   Mais entre l'un et l'autre, le 16 mars 1991, suite à une requête de la

 17   part de Slobodan Milosevic adressée à moi-même pour ce qui est d'apporter

 18   notre soutien à la Yougoslavie, le conseil exécutif de la Krajina a adopté

 19   une décision pour ce qui est de la dissociation à l'égard de la Croatie et

 20   a envoyé ses décisions pour adoption aux différentes assemblées

 21   municipales. Et l'assemblée de la SAO de Krajina a, par la suite, entériné

 22   cette décision.

 23   J'ai donc dit que cette disposition de la déclaration avait répercuté les

 24   positions de la Serbie. Et Milosevic m'avait dit que cette position avait

 25   été légale et que notre droit de peuple à l'autodétermination a fait que

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  1   cette présentation de position et l'avancée de garanties de sa part

  2   avaient occasionné la prise de décision telle que nous l'avons faite.

  3   M. Milosevic (interprétation): Mais n'avais-je pas dit, publiquement et au

  4   téléphone -cela n'avait-il pas été publié à toutes les télévisions et à

  5   tous les journaux?-, le fait que nous nous battions en faveur de la

  6   préservation de la Yougoslavie? De là à savoir si j'ai discuté

  7   personnellement avec vous, cela n'a aucune espèce d'importance; je me suis

  8   entretenu avec des millions de citoyens yougoslaves par le biais de la

  9   télévision et je me suis employé en faveur de la sauvegarde de la

 10   Yougoslavie.

 11   Réponse: Oui, mais vous avez fait des déclarations contradictoires. Après

 12   cet entretien avec moi, vous avez dit que la Yougoslavie ne fonctionnait

 13   plus; vous avez dit quelque chose de ce genre-là. Ce qui fait que…

 14   Question: Le fait de voir quelque chose fonctionner ou pas, je ne sais pas

 15   en réalité ce que vous visez en disant cela, mais dans aucune de mes

 16   déclarations, dans aucun de mes discours politiques, il n'y a aucune autre

 17   idée d'avancée si ce n'est celle de la préservation de la Yougoslavie.

 18   Réponse: Vous avez dit que le droit à l'autodétermination devait

 19   s'exercer, que le peuple serbe avait le droit de vivre dans un seul et

 20   même Etat, qu'il ne pouvait y avoir de peuple serbe vivant dans quatre

 21   Etats.

 22   M. Milosevic (interprétation): Mais vous n'avez pas à tirer de conclusion

 23   s'agissant de mes discours. Mes discours ont tous été publics. N'arrachez

 24   pas des phrases de leur contexte parce que la partie adverse s'est brûlé

 25   les doigts en prenant des extraits de mon discours de Kosovo Polje. Et

Page 13802

  1   maintenant, la presse dans une cinquantaine de pays est en train de parler

  2   de la honte dont s'est couverte cette institution-ci.

  3   M. le Président (interprétation): Mais qu'est-ce que ceci a à voir avec ce

  4   témoin, Monsieur Milosevic? A quoi ceci sert-il?

  5   M. Milosevic (interprétation): Ecoutez, s'il vous plaît, n'avait-il pas

  6   été clair qu'il y avait là une attitude de principe concernant le droit à

  7   l'autodétermination? Et il y avait une attitude de principe pour ce qui

  8   était de la préservation de la Yougoslavie; ça, c'était d'un côté. Et

  9   d'autre part, votre décision folle d'unification de la SAO de Krajina avec

 10   la Serbie: vous savez parfaitement bien que la Serbie était contre cela,

 11   que personnellement j'étais contre cela. J'avais dit que cela était

 12   insensé.

 13   Comment pouvez-vous maintenant expliquer cette décision-là par une

 14   position qui était la nôtre: celle de préserver la Yougoslavie, par le

 15   fait d'avoir défendu la préservation de la Yougoslavie?

 16   Réponse: Votre idée avait été de préserver la Yougoslavie à l'aide des

 17   peuples qui voulaient le faire, le peuple serbe, indépendamment de

 18   l'endroit où il résidait. C'était l'interprétation de votre politique.

 19   Question: Vous venez de prononcer une phrase tout à fait juste: préserver

 20   la Yougoslavie. Parce que cela faisait partie du meilleur des intérêts du

 21   peuple yougoslave, bien entendu sous réserve que ces peuples le

 22   souhaitent. En effet, comment préserver le droit à l'autodétermination si

 23   l'on faisait garder de force un peuple dans un Etat?

 24   Réponse: Eh bien, c'est là la substance: les autres peuples n'étaient pas

 25   obligés de rester dans la Yougoslavie, dans cet Etat que vous vouliez

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  1   préserver. Le peuple serbe devait avoir le droit et voulait rester dans

  2   cet Etat en faveur duquel vous vous étiez prononcé. Et vous m'avez dit

  3   tant de fois que le droit du peuple serbe, en Croatie et dans la SAO de

  4   Krajina, le droit de ce peuple de rester en Yougoslavie, de rester en

  5   Yougoslavie, devait être protégé par la JNA.

  6   Question: Donc vous affirmez que vous vouliez rester de force en

  7   Yougoslavie parce que je vous avais dit qu'il fallait rester en

  8   Yougoslavie?

  9   Réponse: Vous avez dit que c'était notre droit et que la JNA allait

 10   défendre ce droit, que c'était tout à fait légitime.

 11   Question: On y viendra à votre attitude, à vos relations et à mes

 12   relations avec la JNA. Je crois que vous avez présenté, de façon

 13   imprudente, certaines positions qui montrent bien ce que vous ne vouliez

 14   pas montrer. Nous y viendrons.

 15   La JNA avait été l'armée yougoslave, n'est-ce pas vrai, Monsieur le Témoin

 16   C-061?

 17   Réponse: Oui, la JNA constituait les forces armées de la RSFY.

 18   Question: Et la JNA protégeait tous les peuples de la Yougoslavie et pas

 19   seulement les Serbes?

 20   Réponse: On le voit, aux conséquences, de quelle façon elle a défendu!

 21   Question: Mais la JNA a défendu tous les peuples yougoslaves et s'est

 22   efforcée à ce que les extrémistes, tels que vous et le HDZ, ne se battent

 23   pas entre eux. Est-ce bien vrai ou pas, Monsieur le Milan Babic?

 24   Milan Babic (interprétation): La JNA a défendu le peuple serbe en faisant

 25   le malheur des Croates et des Musulmans et en compromettant ce à quoi les

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  1   Serbes estimaient avoir le droit, à savoir le droit à l'autodétermination

  2   comme vous l'avez dit.

  3   M. Milosevic (interprétation): La JNA n'a fait de mal ni aux Croates ni

  4   aux Musulmans. Ce sont les extrémistes qui ont fait cela, et la JNA s'est

  5   efforcée de pacifier les choses et de s'interposer.

  6   M. le Président (interprétation): Je ne crois pas que cela serve à grand-

  7   chose de poursuivre cette espèce de querelle. C'est une simple querelle et

  8   rien d'autre.

  9   M. Milosevic (interprétation): Mais, écoutez, dans ces conditions est-ce

 10   qu'il est contestable de dire que Belgrade était catégoriquement contre

 11   votre déclaration demandant la réunification de la Krajina avec la Serbie,

 12   décision prise par vous au début de 1991?

 13   Milan Babic (interprétation): Le 1er avril.

 14   Question: Bon! Le 1er avril 1991!

 15   Réponse: Vous étiez personnellement opposé à cela. Vous m'avez appelé au

 16   téléphone pour qu'il y ait abrogation de cette déclaration et que nous

 17   nous déclarions favorables à la Yougoslavie.

 18   Question: Donc vous avez agi de cette façon en allant contre ma position

 19   catégoriquement exprimée, en allant contre la Yougoslavie. Et cette

 20   décision de séparation de la Croatie et d'unification avec la République

 21   de Serbie, vous l'imputez à notre volonté, à ma politique en d'autres

 22   termes. Comment expliquez-vous cela?

 23   Réponse: Je disais qu'il s'agissait d'une déclaration signifiant

 24   clairement que nous avions la volonté de demeurer à l'intérieur de la

 25   Yougoslavie. Il ne s'agissait en aucun cas d'annexion par la Serbie. Nous

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  1   voulions rester en Yougoslavie que d'autres peuples souhaitaient quitter.

  2   Question: Vous rappelez-vous qu'en 1991, il y a eu toute une série de

  3   débat entre les Présidents des six Républiques yougoslaves: une à Zagreb,

  4   une à Split… Ou peut-être pas à Zagreb. Si, il y en avait une avant à

  5   Zagreb. Et en Macédoine et à Belgrade, et dans toutes les grandes villes

  6   du pays. Les Présidents des six Républiques ont débattu les uns avec les

  7   autres; et lors de toutes ces réunions, je me suis prononcé en faveur de

  8   la Yougoslavie. Est-ce que cela est bien connu ou est-ce qu'il s'agit

  9   d'engagement secret?

 10   Réponse: Ce que l'on sait, c'est que vous vous êtes un peu aléatoirement

 11   prononcé pour la Yougoslavie, parce que vous avez dit que la Fédération

 12   était un Etat et que la Confédération n'en était pas un.

 13   Et c'est seulement plus tard que vous accepté l'accord entre Izetbegovic

 14   et Gligorov au sujet d'une solution mixte éventuelle. Sinon, vous vous

 15   prononciez toujours pour la Yougoslavie. J'ai même demandé si la Serbie et

 16   la Croatie pourraient éventuellement faire partie d'une confédération, et

 17   vous avez dit: "Non, non, non! Pas de confédération avec eux. J'en ferai

 18   une avec les Grecs".

 19   Donc, en public, vous défendiez exclusivement une seule position: à savoir

 20   que la Yougoslavie ne pouvait être qu'une fédération correspondant au

 21   modèle établi par vous, et que ce modèle pouvait être mis en œuvre par les

 22   Républiques mais également par des parties des peuples vivant dans

 23   d'autres républiques qui, pour leur part, ne souhaitaient pas demeurer à

 24   l'intérieur de la Yougoslavie. C'était ce que vous disiez!

 25   Question: Ça, c'est une invention, une histoire au sujet de ma conception!

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  1   Ce n'est pas ma conception.

  2   Réponse: Mais c'est celle que vous expliquiez!

  3   Question: Ecoutez, je ne sais pas, mais si c'est par un document de ce

  4   genre que vous preniez des décisions suite à mon opposition catégorique,

  5   décision de vous joindre, de vous unir à la République de Serbie et

  6   qu'ensuite vous imputez cela à ma politique, alors je comprends bien quel

  7   genre de déformation vous pouvez faire au sujet d'autres décisions.

  8   Réponse: Vous ne vous opposiez pas à la sécession, à la séparation de la

  9   Croatie. Ce à quoi vous vous opposiez, c'est que nous nous unifiions à la

 10   Serbie. Il fallait que nous disions que ce que nous voulions, c'était

 11   rester à l'intérieur de la Yougoslavie; vous avez insisté là-dessus. Et

 12   suite à cette insistance de votre part, la Krajina s'est constituée en

 13   tant qu'entité constitutive du territoire fédéral yougoslave.

 14   Question: Vous dites vous-même que la Yougoslavie avait besoin de soutien,

 15   et puis vous déformez un peu les choses en disant que vous avez dit

 16   vouloir rester en Yougoslavie. Vous dites l'avoir dit à tout le monde.

 17   Vous dites avoir parlé à la télévision, l'avoir dit aux journaux dans des

 18   meetings publics: "Soutien à la Yougoslavie."

 19   Réponse: Le genre de Yougoslavie dont vous parliez, cette Yougoslavie

 20   particulière.

 21   Question: C'est exact. Moi je me prononçais, je m'engageais en faveur de

 22   la Yougoslavie et d'une Fédération, mais étant un homme compréhensif et

 23   sensé, donc étant un homme sensé j'ai bien sûr compris que des compromis

 24   étaient indispensables. Vous-même avez dit: "J'ai accepté l'initiative

 25   d'Izetbegovic et de Gligorov, initiative favorable à la création d'une

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  1   Fédération très lâche". Mais cette fédération très lâche aurait tout de

  2   même constitué un Etat. Il ne se serait pas agi d'un conglomérat de

  3   réunifications d'Etats indépendants. Cela aurait été une espèce de

  4   fédération.

  5   Réponse: A ce moment-là, la Croatie a pris sa décision d'indépendance, la

  6   Slovénie a décidé l'indépendance, et vous, vous aviez la JNA qui était

  7   déployée entre la Krajina et la Croatie.

  8   Question: Vous dites des choses insensées!

  9   Réponse: C'était la situation en juin 1991!

 10   Question: Ecoutez, je ne vois pas pourquoi nous devrions perdre du temps

 11   dans une déposition dépourvue de sens, qui est démentie par toutes sortes

 12   de documents.

 13   Mais ce témoin-ci a une certaine valeur, d'un autre point de vue, en fait.

 14   En effet, il sera déterminant pour démontrer qui a participé à ce faux

 15   témoignage. Et ces personnes sont très nombreuses.

 16   Ecoutez, je vous en prie: la décision avec Andjelko Grahovac de Banja

 17   Luka, le 27 juin 1991, donc suite à la mise en œuvre de vos ambitions

 18   personnelles, vous avez convoqué une réunion conjointe de l'Assemblée de

 19   la SAO de Krajina et de l'Assemblée de la communauté des municipalités de

 20   la Krajina bosniaque; et lors de cette réunion, vous avez adopté une

 21   déclaration d'unification. Est-ce exact?

 22   Réponse: C'était une initiative politique de notre part, lancée à partir

 23   de Knin et de Banja Luka à ce moment-là.

 24   Question: Je vois. Donc à partir de Knin et de Banja Luka. Et il s'agit de

 25   vous, vous qui déclarez que, depuis le début, vous aviez souhaité vivre en

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  1   Croatie, que c'était votre désir dans le cœur et dans l'esprit, mais pas

  2   sur les lèvres; c'est bien cela, n'est-ce pas?

  3   Réponse: Cela s'est passé le 27 juin 1991.

  4   Question: Mais n'était-ce pas la preuve de vos ambitions personnelles, la

  5   preuve ultime, la preuve suprême de vos ambitions personnelles, réunifier

  6   deux Républiques?

  7   Réponse: Quelle est la question?

  8   M. Milosevic (interprétation): La question est la suivante: n'est-ce pas

  9   la preuve de vos ambitions personnelles, de vos intérêts personnels qui

 10   ont eu des conséquences très nombreuses pour les deux peuples?

 11   Milan Babic (interprétation): D'abord, le 24 juin à Banja Luka, un accord

 12   de coopération a été signé entre le Gouvernement de la SAO de Krajina et

 13   le Conseil suprême de la Région autonome de la Krajina bosniaque. Après

 14   cela, est arrivée une proposition dans le contexte des événements qui se

 15   déroulaient à l'époque, proposition destinée à ce que ces deux régions,

 16   donc la SAO de Krajina et la Krajina bosniaque, de réunifier ces deux

 17   régions. Cette proposition est arrivée, nous l'avons adoptée après examen

 18   lors d'une réunion conjointe à Bosanski Grahovo.

 19   Radoslav Brdjanin, Président du SDS de la Krajina bosniaque, y compris a

 20   proposé que les députés reviennent pour abroger cette décision car il

 21   estimait qu'un tel accord ne pouvait pas être voté. Mais les gens de la

 22   Krajina bosniaque sont partis chez eux de façon à ne plus être

 23   réunissables (sic), à ne plus être convocables, et que la décision soit

 24   mise en pratique. C'était, en fait, une expression de l'opposition de

 25   Radovan Karadzic et cette idée, cette décision n'a pas eu de conséquences

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  1   par la suite. La seule conséquence a été votre insistance à mon égard,

  2   m'invitant à venir à Belgrade pour rencontrer Radovan Karadzic. Et vous-

  3   même, ainsi que Radovan Karadzic, m'avez dit que cette décision politique

  4   n'était plus valable, à ce moment-là, et vous m'avez dit quelle était

  5   l'autre option politique qui pouvait être appliquée.

  6   M. le Président (interprétation): Oui, Madame Uertz-Retzlaff?

  7   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Président, nous parlons

  8   de l'intercalaire 46 et de l'intercalaire 47 de la pièce à conviction 352.

  9   Et s'agissant du sujet abordé précédemment, il s'agissait de

 10   l'intercalaire 35 de la pièce 352 et de l'intercalaire 64 de la pièce 351.

 11   Voilà donc les documents qui sont en rapport avec cette partie du

 12   témoignage.

 13   M. Milosevic (interprétation): Il est absolument incroyable de voir avec

 14   quelle véhémence vous parlez de chacune de vos options politiques, de

 15   chacun de vos actes en essayant de les présenter sous un jour qui vous est

 16   favorable, bien que tout démentisse cette proposition.

 17   M. le Président (interprétation): Ceci est un commentaire de votre part,

 18   Monsieur Milosevic, qui n'est pas convenable. Avez-vous des questions à

 19   poser au témoin? Sinon, je mets un terme à cet interrogatoire, s'il s'agit

 20   uniquement de commentaires de cette nature.

 21   M. Milosevic (interprétation): Fort bien. Mais dans ces conditions,

 22   Monsieur May, puis-je demander au témoin comment il peut utiliser des

 23   expressions du genre "une proposition est arrivée", des phrases de ce

 24   genre? Il n'y a eu aucune proposition qui est arrivée ou qui est tombée du

 25   ciel. C'est vous qui avez été instigateur de ces propositions; c'est vous

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  1   qui avez fait ce qu'il fallait pour que le chaos s'instaure en Krajina;

  2   d'ailleurs, dans les deux Krajina, la Krajina de Croatie et la Krajina

  3   bosniaque. C'est vous qui avez organisé tout cela.

  4   M. le Président (interprétation): Laissez le témoin répondre à la

  5   question.

  6   Monsieur le Témoin, ce qui vient d'être dit est qu'il ne s'agissait pas

  7   d'une proposition, mais du résultat d'une idée venant de vous. Que

  8   répondez-vous à cela?

  9   Milan Babic (interprétation): Oui, oui, je veux bien répondre. L'idée

 10   était celle de Borivoj Rasuo. Je l'ai acceptée, ainsi que Andjelko

 11   Grahovac, et cette idée a été soutenue par un certain nombre de députés de

 12   l'Assemblée. Moi, je me suis prononcé en faveur de cette idée et elle a

 13   été discutée; mais elle n'a pas été mise en pratique parce que Milosevic

 14   m'a appelé à Belgrade pour me dire, par l'intermédiaire de Karadzic, qu'il

 15   existait d'autres options différentes de celle-ci.

 16   M. Milosevic (interprétation): Donc Borivoj Rasuo, apparemment, est à

 17   l'initiative de toutes vos idées? Apparemment, c'est une espèce d'alter

 18   ego pour vous; c'est bien ça?

 19   Milan Babic (interprétation): Je ne sais pas quel est le sens de "alter

 20   ego".

 21   Question: Un autre moi-même.

 22   Réponse: J'ai dit qu'il avait une influence politique sur moi jusqu'en

 23   1994.

 24   Question: Eh bien, puisque vous avez étudié une spécialité dans laquelle

 25   un peu de latin est nécessaire, connaissez-vous la phrase "verba volant,

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  1   scripta manent", "les paroles s'envolent, les écrits restent"?

  2   Réponse: Si vous souhaitez me parler, dites-le mois en serbe, c'est plus

  3   facile pour moi.

  4   M. Milosevic (interprétation): Cela veut dire: "Les paroles s'envolent,

  5   les écrits demeurent.". Or tout ce qui est écrit ici contredit ce que vous

  6   dites aujourd'hui. Est-ce que cela est clair à vos yeux?

  7   M. le Président (interprétation): Il s'agit encore d'un commentaire

  8   littéraire. Veuillez poursuivre.

  9   M. Milosevic (interprétation): Je suis très satisfait, Monsieur May, de

 10   votre commentaire; je suis très satisfait de vous voir commenter un

 11   proverbe. Parce que si c'était M. Nice qui commentait un tel adage, son

 12   commentaire serait assez primitif, comme il l'a fait l'autre jour

 13   lorsqu'un autre adage serbe a été mentionné.

 14   Monsieur le Témoin, vous rappelez-vous, puisque vous dites que cette

 15   décision n'a pas été appliquée, que j'étais opposé à cette décision? Je la

 16   trouvais insensée et Radovan Karadzic était opposé également à cette

 17   décision dont il pensait également qu'elle était insensée. Vous rappelez-

 18   vous qu'en ma présence, Radovan Karadzic vous a dit que les Serbes et les

 19   Musulmans avaient des rapports excellents et que votre décision

 20   aventuriste allait saper la confiance entre les Serbes et les Musulmans,

 21   qu'elle allait provoquer des dégâts très graves, qu'elle allait

 22   considérablement nuire à l'harmonie qui avait été atteinte entre les deux

 23   peuples en Bosnie-Herzégovine parce que, après les élections

 24   multipartites, la coopération entre eux était bonne? Lorsque je dis "entre

 25   eux", je parle des Croates, des Musulmans et des Serbes en Bosnie-

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  1   Herzégovine.

  2   Vous rappelez-vous combien de temps il a passé à discuter des effets

  3   catastrophiques de cette initiative que vous aviez prise sur la confiance

  4   mutuelle entre les différentes populations en Bosnie-Herzégovine?

  5   Réponse: Vous m'avez convoqué à Belgrade pour qu'il me fasse savoir qu'il

  6   existait un autre plan pour la Bosnie et qu'il n'était plus temps

  7   d'unifier la Krajina à qui que ce soit, mais qu'il fallait attendre et

  8   qu'Alija Izetbegovic allait sans aucun doute commettre une erreur

  9   politique, moment auquel il allait régler ses comptes avec lui?

 10   Il a dit, plus ou moins, qu'il tenait Alija Izetbegovic dans sa poche -il

 11   a fait le geste, d'ailleurs, pour l'indiquer- et que le moment n'était pas

 12   venu pour agir comme nous l'avions fait, qu'il fallait attendre une erreur

 13   politique de la part d'Alija Izetbegovic, après quoi les comptes allaient

 14   se régler entre eux, c'est-à-dire que les Musulmans allaient être

 15   rassemblés dans la vallée de… dans les vallées près des rivières et que

 16   les territoires serbes allaient être unis en Bosnie-Herzégovine avec

 17   annexion de la SAO de Krajina à ce territoire.

 18   C'était cela, la teneur du plan. C'est ce qui m'a été dit en votre

 19   présence. Et vous avez dit, à ce moment-là: "Ne fais pas le têtu", en vous

 20   adressant à moi. Vous avez ajouté: "N'insiste pas, ne fais pas obstacle,

 21   ne te mets pas sur le chemin".

 22   Vous m'aviez donc convoqué pour m'annoncer ce plan qui, je suppose, avait

 23   été établi par vous et d'autres.

 24   Question: Eh bien, c'était la teneur de ma question suivante. J'étais prêt

 25   à vous poser la question suivante: est-ce que cela s'est passé en ma

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  1   présence? Est-ce qu'il vous a dit cela en ma présence?

  2   Réponse: Mais c'est la raison pour laquelle vous m'aviez convoqué, pour

  3   qu'il me dise cela en votre présence.

  4   M. Milosevic (interprétation): Lui et moi, Monsieur C-061, nous efforcions

  5   de vous persuader de laisser tomber ce plan absolument insensé qui créait

  6   le trouble dans l'ensemble de la Yougoslavie. Parce que les problèmes

  7   n'avaient pas été réglés par des moyens politiques et il fallait qu'ils le

  8   soient, mais pas de façon unilatérale; il fallait qu'ils soient réglés

  9   politiquement.

 10   Et personne, en ma présence, n'a parlé d'Izetbegovic en disant qu'il le

 11   tenait dans sa poche et en faisant le moindre geste pour l'indiquer

 12   physiquement, ou n'a parlé de rassembler les Musulmans dans les vallées

 13   près des rivières. Ceci n'a aucun sens. Ce sont des choses que vous avez

 14   ajoutées, que vous avez inventées de toutes pièces. Vous semblez avoir une

 15   capacité absolument extraordinaire de vous servir des demi-vérités ou des

 16   demi contre-vérités.

 17   M. le Président (interprétation): Je vous interromps. Je vais arrêter

 18   cela, je vais arrêter ce discours.

 19   Ce qui vous est dit, Monsieur le Témoin, c'est que tout cela a été inventé

 20   par vous. Pouvez-vous répondre brièvement, je vous prie?

 21   Milan Babic (interprétation): Il est inexact que j'ai inventé tout cela.

 22   Ce qui est exact, c'est que M. Milosevic m'a convoqué à Belgrade de façon

 23   à ce que Karadzic me fasse connaître en sa présence, devant lui, le plan

 24   auquel il avait donné son accord.

 25   Et ce qui m'a été dit, c'est que ce que nous avions fait à Bosanski

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  1   Grahovo ne pouvait pas être mis en oeuvre à ce moment-là, que ce n'était

  2   pas le moment pour le faire; qu'il existait un autre plan, à ce moment-là,

  3   pour la Bosnie-Herzégovine, ce que j'ai dit tout à l'heure. Et Radovan

  4   Karadzic, à ce moment-là -après m'avoir présenté tout cela- a été remplacé

  5   par Slobodan Milosevic qui m'a dit: "Ne sois pas têtu, ne gêne pas

  6   Radovan".

  7   A Celinac en Bosnie, une réunion de la population a été organisée par la

  8   direction du SDS de la région. Les gens de la Krajina bosniaque ont donc

  9   eu un meeting pour que Radovan leur dise ce qu'il m'avait dit en votre

 10   présence.

 11   M. le Président (interprétation): Bien. Suspension. 20 minutes de pause.

 12   (L'audience, suspendue à 12 heures 17, est reprise à 12 heures 39.)

 13   M. le Président (interprétation): Oui, Monsieur Milosevic, nous avons

 14   toujours un huis clos partiel.

 15   M. Milosevic (interprétation): A ce moment-là, je peux lui poser cette

 16   question-ci.

 17   Comme vous le dites, établissons un lien entre les faits que vous-même

 18   vous avez présentés. Vous dites que, puisque cette décision a été annulée,

 19   elle n'a eu aucune conséquence. S'il y a eu absence de conséquence à cette

 20   décision, pourquoi est-ce que j'ai insisté pour que vous alliez avec

 21   Karadzic en Krajina bosniaque afin d'essayer de calmer les gens, ces gens

 22   que vous aviez mobilisés d'une telle façon que vous avez créé le chaos

 23   entre les Serbes et les Musulmans en Bosnie? Est-ce que cette conséquence

 24   n'était pas suffisamment importante? Pourquoi est-ce que vous y êtes allé,

 25   pourquoi était-il nécessaire que vous alliez essayer de rétablir le calme?

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  1   Milan Babic (interprétation): Une première chose: d'abord, cette décision

  2   n'a jamais été abrogée, elle n'a jamais été mise en œuvre, parce qu'il y

  3   avait un autre plan en jeu, plan dont j'ai parlé, plan que Karadzic a

  4   expliqué ce même jour à Celinac, l'après-midi.

  5   Question: Ne répétez pas ces explications politiques. Moi, je vous pose

  6   des questions à propos de faits et vous me répondez par des situations

  7   politiques que vous concoctez de toutes pièces.

  8   Réponse: Je ne sais pas de quoi vous parlez.

  9   M. Milosevic (interprétation): Je vous demande ceci: pourquoi est-ce que

 10   j'ai insisté pour que vous y alliez avec lui?

 11   M. le Président (interprétation): Comment pourrait-il dire pourquoi vous,

 12   vous avez fait quelque chose? C'est à vous de le dire, pas à lui.

 13   M. Milosevic (interprétation): D'accord.

 14   Est-ce que je vous ai dit d'y aller avec Karadzic, afin d'apaiser ces

 15   gens, afin de renoncer à cette idée folle?

 16   Milan Babic (interprétation): Vous m'avez dit d'aller avec Karadzic à

 17   Celinac afin d'expliquer cela aux gens, d'expliquer pourquoi le moment

 18   n'était pas opportun à cette époque pour mettre cette idée en oeuvre.

 19   M. Milosevic (interprétation): D'accord. Résumons quelques éléments,

 20   certaines choses que vous, vous avez présenté jusqu'à présent.

 21   Première chose: vous avez dit que vous prôniez la paix et la vie en

 22   Croatie; cependant, vous avez proclamé l'état de guerre -c'est un fait-,

 23   vous vous êtes opposé au plan Vance -c'est un autre fait-, vous avez

 24   décidé que la Krajina serait annexée à la Serbie -troisième fait-, vous

 25   avez également pris une décision visant à la réunification de la Krajina

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  1   avec la Krajina bosniaque -c'est un autre fait. Et moi, et tous ceux qui

  2   se sont opposés à toutes ces décisions et à tous ces actes qui étaient les

  3   vôtres -je n'en ai cité que quelques-uns-, d'après vous, qui prôniez la

  4   guerre, nous avions des plans secrets en fait sous l'étendard du navire

  5   yougoslave, etc. etc.

  6   Réponse: Pourriez-vous poser ces questions une à la fois?

  7   Question: J'ai énuméré ces questions que j'avais déjà posées pour

  8   lesquelles vous m'avez donné réponse.

  9   Réponse: J'ai répondu de façon détaillée, je me suis prononcé sur ces

 10   choses que vous répétez maintenant.

 11   M. Milosevic (interprétation): Mais comment expliquez-vous cette

 12   contradiction?

 13   M. le Président (interprétation): Ce ne sont que des querelles spécieuses

 14   par lesquelles vous essayez de faire valoir votre thèse par

 15   l'intermédiaire de ce témoin. Tout ce qu'il peut faire, c'est répondre aux

 16   questions que vous lui posez, qui concernent des faits et pas des

 17   polémiques. Il nous reviendra à nous de tirer des conclusions et à nous de

 18   prendre des décisions, mais il ne sert à rien de poursuivre les questions

 19   que vous posez à ce témoin dans ce cadre. Vous n'avez que peu de temps, un

 20   temps limité, et je pense qu'il vous faut avancer plutôt que d'essayer de

 21   polémiquer. Peut-être sera-t-il possible de finir un peu plus tôt.

 22   M. Milosevic (interprétation): Monsieur May, vous voyez, le problème,

 23   c'est que, quand je pose des questions concernant des faits, le témoin me

 24   répond par des phrases politiques qu'on l'a entraîné à dire, qu'on lui a

 25   soufflé.

Page 13817

  1   J'ai constaté que dans ce livre de Florence Hartmann, qui est la porte-

  2   parole de ce Bureau du Procureur illégal, qui a écrit contre moi, dans la

  3   traduction en français, il est dit: "Milosevic, diagonale du fou". On dit

  4   que "vous avez établi un projet visant à unifier les Serbes dans les deux

  5   Républiques, et que moi, j'aurais empêché la réalisation de ce projet en

  6   juin 1991 et que vous, vous avez proclamé la République de la Krajina

  7   serbe, vous vouliez en devenir le Président. Et, en décembre 1991, il vous

  8   a semblé que la Croatie allait être reconnue dans ses frontières".

  9   Ce sont les paroles de Mme Hartmann. Sont-elles exactes ou pas?

 10   Milan Babic (interprétation): J'ai parlé de façon précise de cette idée

 11   politique qui était l'unification de ces deux Krajina: la Krajina serbe et

 12   la Krajina bosniaque. Et si je ne l'ai pas déjà dit auparavant, je le dis

 13   maintenant: j'ai été élu Président le 19 décembre 1991 et j'ai soumis une

 14   proposition en vue de la reconnaissance de la Krajina serbe par la

 15   communauté internationale.

 16   Question: Eh bien, à propos de cette réunion du 1er juillet 1990, qui

 17   s'est tenue à Knin, là, vous avez rassemblé les présidents des

 18   municipalités d'Obrovac, Donji Lapac, Benkovac, Korenica, Lapac et vous

 19   avez pris pour décision d'établir la communauté des municipalités de la

 20   Dalmatie septentrionale et de Lika.

 21   Est-ce que ceci pouvait être attribué d'une quelconque façon à une

 22   quelconque des autorités serbes ou yougoslaves?

 23   Réponse: Je sais ce qu'il en est d'une autre réunion, qui s'est tenue à

 24   une autre date, au cours de laquelle on a discuté d'amendements

 25   constitutionnels, ou plutôt au cours de laquelle on a rédigé des

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  1   amendements à la Constitution à la République socialiste de Croatie. Et

  2   ceci avait été soumis par la présidence de la République de Croatie; ça

  3   s'est passé le 5 ou 6 juillet, je pense. La communauté des municipalités

  4   ou plutôt l'assemblée de Knin a déposé une requête afin d'établir une

  5   communauté des municipalités de Dalmatie septentrionale. Tout ceci a

  6   commencé à être mis en oeuvre fin juin. Le 27 juin, l'assemblée de la

  7   municipalité de Knin a pris cette décision; elle a été suivie par la

  8   municipalité de Lapac, par celle de Gracac, etc. Donc c'était une

  9   communauté de ces municipalités. Et j'ai dit que je n'avais consulté

 10   personne en Serbie à ce propos; c'était une initiative personnelle de ma

 11   part et aussi prise par l'assemblée de Knin également, qui avait pour but

 12   d'améliorer la situation économique de la région et pour asseoir, comme

 13   siège de cette entité, Knin. Et puis, c'est devenu une décision politique

 14   importante telle qu'elle a été interprétée par le SDS et par ces gens qui

 15   dirigeaient cette communauté de municipalités. J'en ai parlé.

 16   Question: Donc personne de Serbie n'est intervenu dans tout cela, c'est

 17   bien cela? Mais je voudrais vous demander ce qu'il en est de tous ces

 18   meetings là où vous vous êtes adressé à la population, où vous avez fait

 19   des discours, où vous avez tenu les propos que vous avez tenus. Est-ce

 20   qu'il y a eu quelqu'un, en Serbie, qui aurait exercé une quelconque

 21   pression sur vous, pour vous dire ce que vous deviez dire à l'occasion de

 22   ces rassemblements pendant toute l'année 1990?

 23   Réponse: J'ai dit que j'avais fait des discours, que j'étais intervenu

 24   dans la presse en public. Je ne sais pas à quoi vous pensez en

 25   particulier.

Page 13819

  1   Question: Est-ce que quelqu'un, en Serbie, vous a dit ce qu'il vous

  2   fallait dire? C'est la question que je vous posais.

  3   Réponse: A l'occasion de ces rassemblements, j'ai défendu le programme du

  4   SDS et puis la constitution de cette communauté de municipalités de

  5   Dalmatie septentrionale et de Lika. J'ai utilisé tous ces discours ou

  6   toute la terminologie politique, le vocabulaire politique qui s'utilisait

  7   alors au niveau du gouvernement de la Croatie, du HDZ et de ces événements

  8   historiques.

  9   Et s'agissant de ces événements, et en particulier du génocide des

 10   Oustachis, nous avons repris à notre compte les termes qui étaient

 11   populaires dans les médias serbes, à la télévision. Nous avons fait nôtre

 12   le vocabulaire politique, promu à l'époque par la Serbie.

 13   Question: Je vous ai demandé ceci: est-ce qu'une quelconque personne en

 14   Serbie vous a dit ce qu'il vous fallait dire? Voilà la question que je

 15   vous posais et, plutôt que de me donner une réponse, vous m'avez donné une

 16   longue explication différente.

 17   Je pense que nous pouvons revenir en audience publique, Monsieur May. Je

 18   pense véritablement que nous ne devrions pas passer autant de temps en

 19   huis clos partiel.

 20   (Audience publique avec mesures de protection à 12 heures 51.)

 21   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes maintenant en audience publique.

 22   M. Milosevic (interprétation): Est-il exact de dire que la RSK a établi

 23   une commission d'Etat chargée des crimes de guerre et des crimes de

 24   génocide, avec à sa tête Mile Dakic?

 25   Milan Babic (interprétation): Effectivement, il y a eu une commission,

Page 13820

  1   mais je ne sais vraiment pas qui s'est occupé de ces questions. Il y a

  2   bien eu quelque chose dans ce domaine, mais je ne sais pas. Je pense que

  3   Dakic s'est occupé des questions historiques, alors qu'il y avait

  4   (expurgée)

  5   (expurgée)

  6   Question: Je ne vous ai pas demandé qui composait cette commission. Je

  7   vous ai demandé si la Krajina avait établi une commission chargée des

  8   crimes de guerre avec, à sa tête, Mile Dakic?

  9   Réponse: Je sais que Dakic s'est occupé de certains faits historiques;

 10   mais quant à savoir si c'était dans le cadre d'une commission d'Etat, cela

 11   je ne le sais pas.

 12   Question: Connaissez-vous la lettre qu'il a écrite en date du 30 septembre

 13   1994? Je suppose que vous devez être au courant, à la lumière des

 14   fonctions qui étaient les vôtres. La lettre était adressée au ministère de

 15   la Justice de la RSK, à Knin. Il y avait, en annexe à cette lettre, une

 16   liste des auteurs établis de crimes de guerre à partir de 1990 jusqu'en

 17   1991, et toutes sortes de crimes commis contre la population de la Krajina

 18   étaient énumérées. Il y avait une description des méfaits et l'indication

 19   des victimes.

 20   Savez-vous s'il y a eu poursuite judiciaire engagée contre un seul de ces

 21   noms repris dans cette liste?

 22   Réponse: Je ne me souviens plus exactement de ce document. Je sais qu'il y

 23   a eu des poursuites engagées contre les auteurs de certains faits, et je

 24   vous ai déjà relaté tout ce que je savais.

 25   Question: Répondez à ceci maintenant: pourquoi inventez-vous ceci?

Page 13821

  1   Apparemment, à Belgrade, en décembre 1990 ou en janvier 1991, à une

  2   réception, Dobrica Cosic vous aurait dit ou vous auriez entendu dire par

  3   lui que la Krajina bosniaque et la Krajina serbe devaient se réunir pour

  4   devenir la septième République de la Yougoslavie?

  5   Réponse: C'est l'académicien Raskovic qui a tenu ces propos, je l'ai

  6   entendu; et il a dit que c'était une idée de Dobrica Cosic. Cela s'est

  7   passé avant décembre 1990. C'est avant son départ pour l'Amérique. Il en a

  8   parlé après son retour d'Amérique. C'est la façon dont il a présenté la

  9   chose. Raskovic a dit notamment que c'était Dobrica Cosic qui en avait

 10   parlé. Raskovic a défendu et a prôné cette thèse à propos de l'unification

 11   des deux Krajina lors de rassemblements et de meetings en automne. Et il a

 12   même dit ceci, il a dit qu'il fallait boire la Una, la rivière Una.

 13   C'était une façon imagée de dire que les deux Krajina devaient être

 14   unifiées.

 15   Question: Donc, vous aviez dit auparavant que c'était une idée de cette

 16   personne, que nous avons qualifiée comme étant votre alter ego. Comment se

 17   fait-il que, maintenant, vous disiez quelque chose de radicalement

 18   différent? Avez-vous inventé ceci de toute pièce?

 19   Réponse: Nous parlions d'idées politiques présentées au cours de l'automne

 20   1990 et d'événements dont nous avons discuté à huis clos partiel entre

 21   juin et juillet 1991.

 22   Question: D'accord, juin et juillet 1991. A un moment donné, vous avez dit

 23   que vous aviez entendu Dobrica Cosic tenir ces propos lors de cette

 24   réception, à Belgrade, en janvier 1991.

 25   Réponse: Ce n'est pas ce que j'ai dit.

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  1   M. Milosevic (interprétation): Pourquoi ne pas examiner vos propres

  2   déclarations qui sont assez "longuettes", ce qui veut dire que vous pouvez

  3   aisément vérifier toutes les contrevérités que vous prononcées? Enfin,

  4   laissons ceci de côté, c'est votre affaire à vous. De toute façon, nous

  5   avons tiré ceci au clair. Vous avez concocté ceci de toutes pièces.

  6   Milan Babic (interprétation): Ce n'est pas vrai!

  7   M. le Président (interprétation): Vous faites de nouveau des discours.

  8   Vous n'êtes pas ici pour faire des commentaires sur la déposition de ce

  9   témoin. Vous aurez le temps de le faire en temps utile. Pour le moment,

 10   vous êtes censé poser des questions. Vous n'êtes pas censé, ici, faire des

 11   commentaires négatifs et péjoratifs à propos du témoin.

 12   M. Milosevic (interprétation): Très bien. Eh bien, poursuivons vos efforts

 13   sincères en vue de parvenir à la paix. Parlons de tout cela.

 14   Est-ce que parmi ces efforts, il y a eu un discours et un meeting que vous

 15   avez tenu le 20 juillet 1990 devant le commandement du Corps de Knin et où

 16   vous avez demandé à la JNA qu'elle remette ses armes, est-ce vrai ou pas?

 17   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Lorsque M. Milosevic pose des

 18   questions tellement précises sur les apparitions en public de ce témoin,

 19   je pense qu'il faut passer à huis clos partiel.

 20   M. le Président: Passons à huis clos partiel.

 21  (Huis clos partiel à 12 heures 58) [Confidentialité levée par une ordonnance de la

 22  Chambre] Mme Anoya (interprétation): Nous sommes maintenant à huis clos partiel.

 23   Milan Babic (interprétation): Je ne vois pas à quel meeting vous pensez.

 24   M. Milosevic (interprétation): Celui du 20 juillet 1990.

 25   Réponse: Vous savez, à l'époque, j'ai fait beaucoup de déclarations. Quant

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  1   à savoir s'il y a eu un rassemblement ou un meeting devant un commandement

  2   de la JNA, je ne sais pas.

  3   Question: Désolé qu'on soit à huis clos partiel parce que je dois poser

  4   une question, et c'est une question qui ne se prête pas à un huis clos

  5   partiel et qui devrait être posée en audience publique.

  6   Est-ce que vous avez invité la population de la Krajina à exhorter ou à

  7   opposer une résistance armée face aux Oustachis? Et est-ce que vous avez

  8   qualifié la JNA d'"armée traîtresse" parce qu'elle aurait refusé de

  9   remettre ses armes, est-ce vrai ou pas?

 10   Réponse: Je ne me souviens pas d'avoir tenu des propos de ce genre,

 11   d'avoir fait une telle déclaration. Vous savez, j'ai fait beaucoup de

 12   déclarations très vives à l'époque en guise de commentaires sur les

 13   événements qui se déroulaient dans le cadre du référendum.

 14   Vous dites que cela s'est passé quand?

 15   Question: Le 20 juillet 1990.

 16   Réponse: Non.

 17   Question: Et même d'après vos propres informations à l'époque, vous

 18   n'aviez aucun contact avec qui que ce soit en Serbie. Il y a eu des

 19   manifestations devant le commandement du Corps, vous avez demandé à la JNA

 20   qu'elle remette ses armes, de façon à ce que vous puissiez lutter et

 21   combattre contre les Oustachis. Vous avez dit que la JNA est une armée

 22   traîtresse parce qu'elle aurait refusé de vous remettre ses armes. Vous ne

 23   vous souvenez pas de toutes ces activités? Vous avez refusé qu'elle vous

 24   remette ses armes; vous ne vous souvenez pas de cela?

 25   Réponse: Non, ça ne s'est pas passé à l'époque.

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  1   Question: Alors, à quel moment est-ce que cela s'est passé? Dites-le-moi?

  2   A quel moment se sont passés ces événements que je viens de citer?

  3   Réponse: Ce n'était pas à un meeting ou rassemblement. Et ces déclarations

  4   n'étaient pas du tout de la nature que vous venez de présenter. Elles

  5   faisaient suite à l'annonce du référendum, 31 juillet 1990; et par la

  6   suite, il y a eu des débats politiques très vifs entre les représentants

  7   du gouvernement croate et le Conseil national serbe auquel je participais

  8   également. Et ce qui était en cause, c'était la question de savoir si

  9   c'était une annonce légitime, légale de référendum, et si celui-ci allait

 10   se tenir ou pas.

 11   L'attitude du gouvernement croate était…

 12   Question: Ne perdons pas de temps.

 13   Réponse: Il y a eu des déclarations très vives faites dans le cadre de ce

 14   débat, mais pas devant un commandement.

 15   Question: Donc ce que j'affirme, vous, vous affirmez que ce n'est pas

 16   vrai?

 17   Réponse: Je ne me souviens pas d'un meeting qui se serait tenu devant le

 18   commandement du Corps de Knin, le 20 juillet.

 19   Question: Mais j'ai dit: le 20 juillet ou vers le 20 juillet. Apparemment,

 20   vous avez appelé les armées… vous avez dit que la JNA était une armée

 21   traîtresse parce qu'ils n'ont pas voulu rendre leurs armes.

 22   Réponse: Pas de cette façon-là.

 23   Question: Mais dites-nous de quelle façon vous l'avez dit alors?

 24   Réponse: J'avais parlé des polémiques qui étaient en cours avec le

 25   gouvernement croate.

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  1   Question: Mais cela n'a rien à voir avec ma question, votre polémique avec

  2   le gouvernement croate. Avez-vous parlé d'une parade en vue de faire

  3   régner la paix qui s'est tenue à Plitvice?

  4   Réponse: J'avais parlé d'une marche de la paix qui était censée se tenir

  5   le 1er mai 1991 à Plitvice, et je vous avais parlé de mon initiative

  6   également. Vous aviez demandé, non pas de faire une marche de la paix,

  7   mais un pique-nique, le 2 mai. Nous avons fait la chose le 2 mai, mais

  8   c'était quand même une marche de la paix. L'objectif en avait été de

  9   montrer que nous n'étions pas d'accord avec la situation aux termes de

 10   laquelle le Parc national de Plitvice devait être dissocié de la SAO de

 11   Krajina, et nous voulions que la chose soit publiquement définie comme

 12   faisant partie intégrante du territoire de la SAO de Krajina.

 13   C'était donc une protestation politique puisque nous avions protesté

 14   publiquement contre la situation qui avait prévalu à Plitvice à partir du

 15   31 mars 1991.

 16   Question: Mais étant donné que vous avez déclaré que l'on vous avait

 17   demandé de faire un pique-nique le 2 mai, savez-vous nous dire si, oui ou

 18   non, vous savez que dans la Yougoslavie toute entière, pendant 50 ans,

 19   donc depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, dans cette Yougoslavie

 20   socialiste, il avait été coutume d'aller faire un pique-nique le 2 mai. Le

 21   1er mai, c'est la fête du travail, on ne travaille pas, donc on célèbre le

 22   1er mai. Et le 2 mai, on va en randonnée pour pique-niquer. N'était-ce pas

 23   là une coutume usuelle en Yougoslavie?

 24   Réponse: C'est ce que vous m'avez dit au mois d'avril lorsque je suis venu

 25   vous voir. Vous avez dit que le 2 mai on avait l'habitude, coutume de

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  1   faire un pique-nique et que c'était l'occasion de le faire.

  2   Question: Donc, je vous avais dit d'aller faire un pique-nique le 2 mai et

  3   de renoncer à des manifestations dont vous avez eu l'idée et de faire

  4   comme tous les autres citoyens de la Yougoslavie, d'aller pique-niquer?

  5   Réponse: Mais je ne suis jamais allé pique-niquer le 2 mai.

  6   Question: Mais vous étiez communiste, je ne vois pas pourquoi vous n'avez

  7   pas fait de pique-nique.

  8   Réponse: Ce n'était pas la coutume chez nous.

  9   Question: Probablement, allez-vous nier cela également: donc, vous vouliez

 10   faire une marche de la paix et entre-temps, vous avez déclaré un état de

 11   guerre, n'est-ce pas? Et cela, vous l'avez fait vous-même, par votre

 12   décision propre?

 13   Réponse: S'agissant de l'état de guerre à Knin, cet état de guerre a été

 14   proclamé de la façon dont j'ai expliqué le 17 août 1990, et le pique-nique

 15   que vous avez préconisé ou la marche de la paix s'est tenue le 2 mai 1991.

 16   Question: Mais cette marche de la paix avait-elle été votre idée à vous ou

 17   est-ce que cela a été proposé par quelqu'un d'autre?

 18   Réponse: Je pense que cela avait été mon idée à moi. Je pense que c'était

 19   mon idée. Je ne me souviens pas que cela m'ait été proposé par quelqu'un

 20   d'autre.

 21   M. Milosevic (interprétation): Bon. Etant donné que je ne le mentionne pas

 22   en sa qualité d'orateur, je crois que nous pourrions revenir en audience

 23   publique, Monsieur May, parce qu'il y a des questions qui ont été

 24   soulevées dont le témoin a traité en audience publique, et je voudrais lui

 25   poser des questions à ce sujet.

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  1   (Audience publique avec mesures de protection à 13 heures 05.)

  2   Mme Anoya (interprétation): Nous sommes en audience publique.

  3   M. Milosevic (interprétation): Est-il exact de dire que, s'agissant de

  4   Mladic et des autres officiers de la JNA du 9e Corps, vous les aviez

  5   appelée "les Communards"?

  6   Milan Babic (interprétation): Je ne me souviens pas de m'être servi en

  7   public de terme de ce genre. En 1992, lorsqu'il y avait eu des débats

  8   politiques concernant le plan Vance, je crois qu'il y a eu pas mal de

  9   termes d'utilisés, entre autres celui-là et celui de "Cocos". Et je ne

 10   sais pas de quelles circonstances vous parliez?

 11   Question: Je parle de la période qui a précédé le déblocage des casernes

 12   de la JNA à Zadar, Sibenik et Split.

 13   Réponse: Non.

 14   Question: Je vais être plus précis. N'avez-vous pas convié la population

 15   de Knin, à ce moment-là, à ne pas répondre présent à l'appel, de ne pas

 16   aller se battre dans une armée non serbe mais de rejoindre les rangs de la

 17   Défense territoriale que vous appeliez ou que vous désigniez comme étant

 18   "une vraie armée serbe digne de ce nom", n'est-ce pas, et pure?

 19   Réponse: Non, non, il n'en a pas été ainsi.

 20   Question: Dites-nous, alors, comment ça s'est passé?

 21   Réponse: Les appels à la mobilisation, les appels publics lancés par le

 22   gouvernement de la SAO de Krajina ont été lancés suite à des décisions

 23   prises par cette présidence tronquée de la RSFY, en octobre 1991; il

 24   s'agissait d'appels à la mobilisation dans les forces armées de la RSFY.

 25   Et il y avait eu d'autres appels, pour ce qui est de compléter certaines

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  1   autres unités de la JNA, à la demande des commandements appropriés.

  2   Question: Et alors, vous vous êtes opposé à la chose, oui ou non?

  3   Réponse: J'y ai personnellement pris part.

  4   Question: Mais vous savez que vous n'étiez pas le seul à dire que la JNA

  5   n'était pas serbe et qu'il ne fallait pas répondre aux appels à la

  6   mobilisation? Et vous savez qu'il y avait eu bon nombre de voix de cette

  7   nature, même en Serbie, aux termes desquels il fallait dissoudre la JNA et

  8   mettre en place une garde serbe et ainsi de suite? Vous souvenez-vous de

  9   la chose?

 10   Réponse: Pour ce qui concerne la première partie de votre question, j'y ai

 11   répondu dans la première partie de ma réponse, et cela ne s'est pas passé

 12   de la façon que vous indiquez.

 13   Quelle est la deuxième partie de votre question? J'ai répondu, en effet,

 14   tout à l'heure, que j'avais répondu présent aux appels lancés par la

 15   présidence de la RSFY en septembre et octobre 1991, pour ce qui est de la

 16   mobilisation des citoyens de la Yougoslavie dans les structures de la JNA.

 17   Question: Mais savez-vous qu'il y a eu des appels à ne pas répondre

 18   "présent" aux mobilisations ou aux tentatives de mobilisation, chose qui

 19   voulait miner la position de la JNA?

 20   Réponse: D'après ce que j'en sais, il y a eu pas mal d'opposition en

 21   Serbie; également pour ce qui est de la mobilisation des gens au sein de

 22   la JNA, notamment en septembre 1991. Il y a eu des cas de ce genre; c'est

 23   chose notoire.

 24   Question: Donc vous voulez dire que vous n'êtes pas intervenu contre cette

 25   mobilisation en expliquant que c'était une armée de traîtres, que ce

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  1   n'était pas une armée purement serbe et ainsi de suite?

  2   Réponse: Je ne comprends pas, une fois de plus.

  3   Question: Vous affirmez que vous n'avez pas procédé de la sorte, n'est-ce

  4   pas?

  5   Réponse: Je vous ai dit ce que nous avons fait dans la Krajina.

  6   M. Milosevic (interprétation): Bien.

  7   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Président?

  8   M. le Président (interprétation): Oui?

  9   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Le témoin et M. Milosevic faisaient

 10   référence à l'intercalaire 161 de la pièce 352; c'est l'appel à

 11   mobilisation en date du 26 octobre 1991.

 12   M. le Président (interprétation): Oui, et je pense qu'ici nous tournons en

 13   rond.

 14   Poursuivons, passons à autre chose, Monsieur Milosevic.

 15   M. Milosevic (interprétation): Fort bien. On a diffusé ici une

 16   conversation interceptée, comme on l'appelle ici, et j'aurais fait appel,

 17   je serais intervenu auprès de Karadzic pour faire en sorte qu'il s'oppose

 18   à cette vague ou à ces dispositions contre la JNA; j'avais donc demandé

 19   qu'il fasse le nécessaire sur le plan politique pour que les individus

 20   répondent présent aux appels à la mobilisation.

 21   Milan Babic (interprétation): J'ai entendu. Oui, j'ai vu le transcript,

 22   la transcription où vous avez parlé avec Karadzic de la mobilisation.

 23   Question: Fort bien. Donc la JNA avait-elle été une force armée qui avait

 24   pour mission de protéger la Yougoslavie tout entière ainsi que tous les

 25   peuples de cette Yougoslavie?

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  1   Réponse: La JNA avait constitué les forces armées de la RSFY.

  2   Question: Bien. Mais n'est-il pas chose notoire de dire que dans ces

  3   événements, avant qu'elle n'ait été attaquée elle-même et avant que n'ait

  4   commencé ce blocage massif des casernes, avant qu'on ait commencé à tuer

  5   ses soldats, la JNA ne s'était-elle pas interposée essentiellement et n'a-

  6   t-elle pas joué le rôle de tampon entre les parties en conflit, y compris

  7   le territoire de la RSK ainsi que les autres territoires où il survenait

  8   des conflits –à l'époque, s'entend? C'est vrai ou pas?

  9   Réponse: Je vais parler des connaissances que j'avais. J'ai parlé de

 10   quelle façon la JNA avait disposé ses effectifs sur le territoire de la

 11   Krajina et ceci, s'agissant des structures parallèles à la tête desquelles

 12   vous vous trouviez. Et c'était là le prétexte au déploiement de la JNA.

 13   Question: Je ne vais plus traiter de ces structures parallèles que vous

 14   avez inventées de toutes pièces, mais je vais parler de cette ambiance,

 15   ambiance dont vous évitez consciencieusement de parler en répondant à mes

 16   questions.

 17   Serait-il exact de dire qu'avec la mise en place d'un système pluripartite

 18   en RSFY, en 1989, il y a eu une augmentation violente des tendances

 19   nationalistes et des tendances sécessionnistes?

 20   Réponse: Le système pluripartite au sein de cette ex-Yougoslavie a été

 21   introduit de façon successive dans les Républiques, chacune des

 22   Républiques ayant adopté sa propre législation.

 23   Question: Mais je ne vous ai pas posé cette question. Je vous ai demandé,

 24   et je vous demande de répondre à ma question: est-ce qu'il y a eu

 25   augmentation des tendances nationalistes et sécessionnistes, oui ou non,

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  1   précisément à cette période-là?

  2   Réponse: Ce que je puis répondre concrètement, c'est en parlant de partis,

  3   de Républiques, de périodes.

  4   Question: Mais moi, je vous pose la question de savoir quelle avait été la

  5   situation en Croatie en 1989, en 1990, avant les élections et après les

  6   élections, avant l'arrivée du HDZ au pouvoir et après l'arrivée du HDZ au

  7   pouvoir? Donc y a-t-il eu augmentation des tendances nationalistes et

  8   sécessionnistes?

  9   Réponse: C'est une chose que de parler de la période de 1989: c'était

 10   encore la période du pouvoir de la Ligue des communistes de Croatie et des

 11   institutions qui étaient placées sous leur contrôle, le contrôle des

 12   communistes de Croatie.

 13   Maintenant, est-ce que vous voulez que je parle de la politique de la

 14   Ligue des communistes de Croatie en 1989 ou est-ce que vous voulez que je

 15   parle de votre politique en 1989?

 16   Question: Moi, je ne suis pas au courant de ma politique en Croatie. En

 17   1989, encore moins. Je suis en train de vous parler des vagues de

 18   nationalisme qui se sont propagées. Avez-vous remarqué quoi que ce soit en

 19   1989, en Croatie?

 20   Réponse: J'en ai déjà parlé devant ce Tribunal, j'ai parlé de ce que

 21   j'avais remarqué et j'ai parlé des choses qui sont survenues. Faut-il que

 22   j'en parle à nouveau? S'il le faut, je veux bien, je suis tout à fait

 23   disposé à le faire.

 24   Question: Serait-il exact de dire qu'en Croatie, ces tendances de montée

 25   des nationalistes étaient présentes, avec l'arrivée du HDZ en sa qualité

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  1   de groupement de nationalistes; ce qui a permis à ce parti de venir

  2   occuper la position la plus éminente en Croatie et de se placer

  3   pratiquement à la tête de toutes les forces anti-yougoslaves? En a-t-il

  4   été ainsi ou pas?

  5   Réponse: Le HDZ a gagné aux élections en Croatie en avril et mai 1991.

  6   C'est là qu'ils ont eu la majorité au Sabor de Croatie, donc au Parlement

  7   croate; et la majorité aux assemblées municipales, donc la plupart des

  8   citoyens avaient été favorables au programme présenté par ce parti.

  9   Question: Mais serait-il exact de dire… Et avant de passer à la chose, je

 10   me réfère à ce que vous venez de dire: gagner aux élections. Est-ce que

 11   vous vous souvenez du nombre de votes?

 12   Réponse: La majorité.

 13   Question: Est-ce que vous pouvez nous vérifier la chose?

 14   Réponse: Ils ont eu la majorité des votes; je ne saurais pas vous dire le

 15   pourcentage exact, mais ils avaient la majorité des députés au Sabor, ou

 16   plutôt au Parlement.

 17   Question: Oui, ça, c'est exact. Mais serait-il exact aussi de dire que le

 18   fait d'avoir rendu impossible l'application ou le recours au droit à

 19   l'autodétermination à l'intention du peuple serbe en Croatie est une chose

 20   qui indiquait, avec précision, que ce futur Etat indépendant de Croatie

 21   -étant donné que dans leur programme il figurait une position prévoyant

 22   l'indépendance et qu'on ne disait pas que ce serait démocratique,

 23   multiethnique, multiconfessionnel ou multiculturel-, est-ce que c'était là

 24   l'essentiel des arguments disant que rien n'allait changer si l'on

 25   n'omettait de mentionner les Serbes en tant que peuple constitutif dans la

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  1   Constitution de la Croatie?

  2   Réponse: Oui, c'était là l'un des thèmes cruciaux aux sujets desquels il y

  3   avait déjà eu des conflits politiques entre les représentants du peuple

  4   serbe et les représentants des autorités croates nouvellement mises en

  5   place, et ce, à partir du mois de mai jusqu'au mois de décembre 1990, date

  6   de l'adoption de la Constitution croate.

  7   C'est là que les conflits politiques, les combats politiques se sont

  8   déroulés. Il y a eu des combats politiques au niveau d'une proposition de

  9   la présidence de la République socialiste de Croatie, à la tête de

 10   laquelle se trouvait M. Franjo Tudjman, pour ce qui est de l'adoption

 11   d'amendements constitutionnels à la Constitution de la République

 12   socialiste de Croatie. J'avais parlé en public et cela avait engendré des

 13   résistances et des conflits politiques entre les représentants politiques

 14   du peuple serbe et ceux des autorités croates.

 15   J'en ai parlé publiquement. J'en ai parlé au mois de décembre 1990,

 16   lorsqu'il a été promulgué la nouvelle Constitution de la Croatie;

 17   Constitution où il n'y avait plus de dispositions aux termes de laquelle

 18   la Croatie était également l'Etat du peuple serbe. Mais, dans ce contexte,

 19   le peuple serbe n'a été mentionné qu'en sa qualité de minorité nationale.

 20   En d'autres termes, il n'avait plus le droit à l'autodétermination. La

 21   disposition constitutionnelle aux termes de laquelle ce peuple était

 22   constitutif et qui était interprétée, pour ce qui est du droit du peuple

 23   serbe à l'autodétermination, cela avait donc été la raison pour laquelle,

 24   avant l'adoption de cette Constitution, il a été promulgué l'existence

 25   d'une province serbe autonome de la Krajina, qui a été établie suite à la

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  1   Constitution de cette République de Croatie qui est entrée en vigueur en

  2   décembre 1990.

  3   Question: Pouvez-vous être un peu plus bref?

  4   Réponse: Y compris les amendements adoptés en juillet 1990.

  5   Question: N'avons-nous pas eu un débat de principe pour ce qui est de ceux

  6   qui voulaient faire sécession? Nous avions parlé des processus

  7   d'intégration européenne et nous avions parlé de la façon dont nous nous

  8   intégrerions plus aisément dans les intégrations européennes si nous

  9   cassions, si nous brisions au préalable ce qui avait été multiethnique et

 10   qui avait déjà été intégré dans une Yougoslavie qui avait constitué un

 11   modèle et qui fonctionnait avec succès? C'est clair ou pas?

 12   Réponse: Vous parlez avec de quels entretiens, de quelles conversations?

 13   Question: Je parle de nos positions publiques pour ce qui est des

 14   explications qui étaient apportées, en disant qu'on entrerait plus

 15   aisément dans les intégrations européennes si l'on brisait au préalable

 16   l'intégration yougoslave; c'était l'idée à qui, ça?

 17   Réponse: J'ai dit qu'il y avait eu deux options politiques prédominantes

 18   s'agissant de l'avenir de la Yougoslavie. L'une de ces options avait été

 19   l'option fédéraliste, la vôtre: vous étiez favorable à une fédération très

 20   puissante avec le droit des peuples à l'autodétermination et le droit des

 21   peuples de rester en Yougoslavie. L'autre conception était celle de Franjo

 22   Tudjman et de la Slovénie: cette option voulait que les Républiques

 23   deviennent une alliance confédérale, une union confédérale ou alors qu'il

 24   y ait accord de dissociation.

 25   Question: Vous l'avez déjà dit; ne reprenez pas.

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  1   Réponse: Pour ce qui est de la communauté européenne, je ne sais pas sur

  2   quoi porte votre question au juste.

  3   M. Milosevic (interprétation): Bon. Vous prenez trop de temps à m'apporter

  4   des explications en répondant à des questions que je n'ai pas posées.

  5   N'est-il pas exact d'affirmer qu'avec la victoire du HDZ aux élections, en

  6   1990, a été entamée une campagne extrêmement très anti-serbe qui s'est

  7   manifestée dans la vie quotidienne; chose que Raskovic avait qualifiée

  8   comme étant "une agression sur le conscient". Il y a eu dans la presse,

  9   sur les affiches, dans les médias et au niveau administratif également,

 10   des comportements de cette nature qui confirmaient qu'il s'agissait là

 11   d'une position officielle à l'égard des Serbes qu'il avait licenciés en

 12   masse dans l'administration, notamment au niveau de la police, au niveau

 13   des entreprises économiques. On a commencé à harceler les gens, à arrêter

 14   de façon illicite. Leurs officiels, leurs représentants officiels parlent

 15   à présent de la chose. Ils parlent de disparition de personnes.

 16   M. le Président (interprétation): Il faut laisser la possibilité et le

 17   temps au témoin de répondre à ces questions, pour autant que ce soit des

 18   questions parce que ça a plutôt l'air, pour certaines, de déclarations, de

 19   discours.

 20   Etes-vous d'accord, Monsieur le Témoin, pour dire qu'après les élections

 21   de 1990, il y avait eu une campagne anti-Serbes qui s'était intensifiée?

 22   Voilà la question qui vous est posée.

 23   Milan Babic (interprétation): C'était la politique du HDZ que celle de

 24   définir la Croatie comme étant l'Etat des Croates et que les autres, les

 25   Serbes notamment, soient définis comme étant des minorités nationales.

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  1   C'est ainsi que cette attitude a été qualifiée par la population serbe

  2   comme étant anti-serbe.

  3   M. Milosevic (interprétation): Mais je ne vous ai pas posé la question

  4   d'interpréter des positions politiques. Je vous ai demandé ce que vous

  5   saviez nous dire au sujet des licenciements, au sujet des arrestations, au

  6   sujet des disparitions de personnes, au sujet de meurtres, au sujet de

  7   répressions…

  8   M. le Président (interprétation): Laissez le temps au témoin de répondre.

  9   M. Milosevic (interprétation): D'après vous, personne n'a souffert,

 10   personne n'est mort suite à…

 11   M. le Président (interprétation): Laissez le temps au témoin de répondre.

 12   Il faut qu'il puisse répondre.

 13   Milan Babic (interprétation): Concernant ces licenciements, le cas le

 14   plus connu, le plus grand nombre des événements s'est passé dans les

 15   organes de l'administration d'Etat, notamment au sein de la police. Puis

 16   il y a eu des licenciements d'employés dans des entreprises. Les Serbes

 17   ont compris, par là, qu'il s'agissait de licencier des Serbes. Le

 18   gouvernement croate a interprété cela comme étant de l'inefficacité

 19   économique.

 20   Donc il y a eu des cas de ce genre. Je ne sais pas maintenant de quelles

 21   périodes il s'est agi, mais je n'arrive plus à me souvenir de ce qui s'est

 22   passé, comme les meurtres en 1990.

 23   Question: Vous ne savez rien de ce qui se passait en Croatie en 1990?

 24   Réponse: Je sais bon nombre de choses.

 25   Question: Mais vous n'êtes pas au courant de meurtres, d'aucun meurtre?

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  1   Vous n'êtes pas au courant d'arrestations illicites, de disparitions de

  2   personnes ou de personnes qui auraient été emmenées et ne sont jamais

  3   revenues? Vous ne saurez rien nous dire à ce sujet?

  4   Réponse: Je ne me souviens pas de meurtres.

  5   Question: Bien, donc vous ne savez rien au sujet de meurtres de Serbes en

  6   1990 sur le territoire entier de la Croatie. Dites-moi alors, je vous

  7   prie, puisque vous souhaitez conserver ou rester à un niveau de discussion

  8   politique, vous ne voulez pas aller dans le concret, le banal tel que les

  9   meurtres et le reste…

 10   Réponse: Moi, je parle de ce que je sais. Rappelez-moi la chose.

 11   Question: D'après ce que je crois me rappeler, vous avez eu un meurtre

 12   dans votre famille?

 13   Réponse: C'était en août 1991.

 14   Question: Donc vous ne vous souvenez probablement pas de cela?

 15   Réponse: Mais vous étiez en train de me poser des questions au sujet de

 16   1990.

 17   Question: Je vais en venir à 1991, mais je vais d'abord demander pour

 18   1990. Donc vous ne vous souvenez pas de tout cela?

 19   Réponse: Je m'en souviens pas de meurtres en 1990.

 20   Question: Serait-il exact de dire que, parmi ce qui était destiné à

 21   justifier cette attitude discriminatoire à l'égard du peuple serbe, ainsi

 22   que la suppression du statut, les changements constitutionnels et ainsi de

 23   suite, il y avait eu aussi un recensement? Je dispose, pour ma part, de

 24   certains renseignements, de certaines données. J'aimerais bien entendre

 25   vos explications. D'après les données croates émanant du recensement

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  1   effectué en 1991, il y avait 581.663 habitants de nationalité serbe -à

  2   savoir 12,2%- et, d'après les calculs serbes, ils étaient 750.000 ou un

  3   peu plus de 17%.

  4   Maintenant, quelles sont les informations dont vous disposez s'agissant de

  5   ces faits-là? Et s'agissait-il là d'une manipulation, comme je l'ai

  6   mentionné tout au début de ma question?

  7   Réponse: Je sais la chose suivante. Les documents du recensement daté de

  8   1991, pour ce qui concerne la région d'une partie de la SAO de Krajina,

  9   ont été transmis à l'Institut fédéral des Statistiques.

 10   Question: Je ne parle pas de technique.

 11   Réponse: Et cela n'a pas été transmis à l'établissement de la Croatie

 12   chargé des statistiques. A l'époque, on a dit qu'une grande partie de ceux

 13   qui s'étaient déclarés être yougoslaves étaient en fait des Serbes. Pour

 14   ce qui est des données statistiques, je les prends telles qu'elles.

 15   Il y a cette explication-là, à savoir cette interprétation au terme de

 16   laquelle la plupart de ceux qui s'étaient déclarés yougoslaves étaient, en

 17   fait, des Serbes à l'époque. Il y avait d'autres interprétations disant

 18   qu'une partie des Serbes n'osaient pas se prononcer comme étant des

 19   Serbes. Il en avait été question aussi s'agissant de ce recensement.

 20   Question: Vous ne savez rien d'autre?

 21   Réponse: Je sais ce qui se passait en Krajina et je sais que les documents

 22   relatifs au recensement, pour une partie de la Krajina, n'ont pas été

 23   remis à Zagreb mais à Belgrade.

 24   Question: Je pense que vous devriez en savoir un peu plus. Par exemple,

 25   s'agissant de ce référendum que vous avez organisé, auquel les Serbes de

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  1   Croatie ont participé, combien de votes ont-ils été recensés au cours de

  2   ce référendum?

  3   Réponse: Il existe un rapport de la commission spécialisée. D'ailleurs, il

  4   ne s'agissait pas d'un référendum parce que le droit des citoyens à

  5   s'exprimer avait déjà été adopté. Il s'agissait donc simplement d'une

  6   expression populaire.

  7   Question: Ecoutez, je n'ergote pas sur les mots, je vous demande quels

  8   sont les chiffres.

  9   Réponse: Les Serbes vivant en Croatie se sont exprimés lors de cette

 10   consultation ainsi que des Français résidant ailleurs, en France et

 11   ailleurs, par exemple. Il y a eu plus de 500.000 participants au vote,

 12   c'est ce que la commission chargée de l'application du droit à

 13   l'expression a déterminé.

 14   Question: Il me semble que vous devriez connaître ce chiffre mieux que

 15   moi.

 16   Réponse: Je viens de dire "à peu près".

 17   Question: Pour autant que je m'en souvienne, moi, je n'ai vu ce chiffre

 18   qu'une seule fois, et il était de 570.000 et quelque.

 19   Réponse: 530.000 et quelque peut-être.

 20   Question: On trouvera ce chiffre. Peut-être avez-vous moins bonne mémoire

 21   que moi, ce qui ne serait bien sûr pas étonnant.

 22   Mais ce décompte du nombre de votants n'est-il pas, selon vous, plus

 23   proche de celui qui a été cité en rapport avec le recensement? Et, comme

 24   vous le savez, puisque seules les personnes majeures d'âge votent, le

 25   chiffre aurait dû être bien supérieur.

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  1   Réponse: Je dirai, si vous me le permettez, qu'il n'est pas certain que le

  2   décompte des voix n'a pas été quelque peu falsifié. Et puis, il y a des

  3   doutes qui demeurent quant au décompte, peut-être deux fois, du vote des

  4   personnes résidant hors de Krajina. Mais enfin, c'était simplement un

  5   doute.

  6   Pour autant que je le sache, nous avons le rapport de la commission;

  7   cependant, pour autant que je le sache, le conseil national serbe a

  8   accepté la décision de la commission chargée de la chose et ces chiffres

  9   ont été communiqués au public.

 10   Question: Dites-moi, Monsieur Croatie-061, est-ce que maintenant vous

 11   accusez le Conseil national serbe en place, à l'époque, d'avoir falsifié

 12   le nombre de personnes qui ont voté au cours du référendum? Est-ce que ce

 13   nombre n'était pas exact, en fait?

 14   Réponse: Puisque je suis sous serment ici et que je me suis engagé à dire

 15   la vérité devant ce Tribunal, je vous dis ce que je sais. Et je ne

 16   présente rien du tout, je parle simplement de ce que je sais au sujet de

 17   ces événements.

 18   Question: Et, selon ce que vous savez, vous dites que le nombre de votes

 19   de Serbes résidant en France et d'autres pays était ce que vous dites?

 20   Réponse: Je ne me rappelle pas quels autres pays vous avez mentionné.

 21   M. Milosevic (interprétation): Donc il ne s'agissait pas uniquement des

 22   Serbes résidant en Croatie?

 23   Milan Babic (interprétation): C'est exact. Les Serbes de Croatie, les

 24   Serbes originaires de Croatie et leurs descendants en Serbie et dans la

 25   diaspora; mais, en tout cas, des Serbes originaires de Croatie. J'ai parlé

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  1   de la France parce que je sais exactement que des rapports sont arrivés en

  2   provenance de Paris.

  3   Mme Uertz-Retzlaff (interprétation): Monsieur le Président, Messieurs les

  4   Juges, pour vous aider, je vous dirai que nous parlons actuellement du

  5   rapport relatif au référendum qui constitue l'intercalaire 11 de la pièce

  6   à conviction 351 où il est question, en fait, de 567.317 personnes, donc

  7   environ 567.000.

  8   M. Milosevic (interprétation): Puisque vous avez manifestement meilleure

  9   mémoire s'agissant des dispositions du droit aujourd'hui que vous ne

 10   l'aviez à l'époque, vous rappelez-vous qu'il a été décidé, à l'époque, de

 11   créer une église orthodoxe en Croatie qui n'a existé que très peu de temps

 12   au moment de Pavelic, au moment de l'Etat indépendant de Croatie?

 13   Milan Babic (interprétation): Je suis désolé, je n'ai pas entendu la

 14   question.

 15   Question: Vous rappelez-vous que certains ont eu l'idée de créer une

 16   église orthodoxe croate similaire à celle qui a existé à l'époque de

 17   l'Etat indépendant de Croatie de Pavelic?

 18   Réponse: Il y a eu des discussions à ce sujet. Effectivement, certains ont

 19   émis l'intention de créer une église orthodoxe en Croatie; c'était une

 20   idée des nouvelles autorités croates.

 21   Question: Et vous ne savez rien à ce sujet? "Je sais que c'était

 22   l'intention exprimée par les autorités croates", venez-vous de dire.

 23   Pourquoi est-ce que vous faites encore de longs discours? Qui vous a dit

 24   cela?

 25   Réponse: Je ne me rappelle pas exactement qui me l'a dit. Je sais qu'à

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  1   l'origine, c'était quelqu'un de Drnis qui m'a parlé de cela; il a dit

  2   qu'il avait l'intention de créer une église de ce genre. Mais je ne sais

  3   rien de précis à ce sujet; je ne peux pas vous dire quoi que ce soit parce

  4   que je ne sais rien exactement.

  5   Je sais que cet homme existait. Quelle était sa religion? Etait-il

  6   orthodoxe, catholique, serbo-croate? Je ne sais pas exactement. Mais je

  7   sais qu'il a parlé de cela et que ce sujet était débattu parmi les Serbes

  8   qui disaient que les nouvelles autorités croates avaient l'intention de

  9   créer une telle église. C'est tout ce que je sais à ce sujet, à l'époque.

 10   Question: Je vais vous citer Jovan Raskovic, académicien, qui a dit ce qui

 11   suit –je cite-: "Le peuple serbe a le sentiment que tout ceci est un appel

 12   au récidivisme, à un retour de l'histoire. Ceci sème de nouvelles

 13   appréhensions et d'anciens doutes. Après ceci, les relations entretenues

 14   par les Serbes et les Croates acquièrent un nouvel aspect paranoïaque. La

 15   paranoïa croate a tendance à minimiser le génocide oustachi et la paranoïa

 16   serbe parle à nouveau de remède nécessaire contre le génocide". (Fin de

 17   citation.)

 18   Réponse: Je dirai que Raskovic a effectivement parlé dans ce sens, à

 19   l'époque.

 20   Question: Partagiez-vous cette opinion, oui ou non?

 21   Réponse: J'ai dit quelle était mon opinion en public. Mais ce que vous

 22   venez de citer est le résultat d'un ensemble de points de vue résumés en

 23   un seul.

 24   Question: Eh bien, allons un peu plus vite, si vous voulez bien,

 25   s'agissant de l'atmosphère qui régnait à l'époque. Donc avant les

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  1   élections de 1990, bien avant ces élections, j'ai déjà parlé de la vague

  2   nationaliste. Vous rappelez-vous l'événement survenu le 15 mars 1990? Les

  3   élections ont eu lieu plus tard. Savez-vous que des symboles croates

  4   figuraient sur les murs de l'église orthodoxe de Zagreb, capitale de la

  5   Croatie?

  6   Réponse: Il y a eu des incidents de ce genre.

  7   Question: Donc c'était en mars 1990, période durant laquelle vous dites

  8   que les communistes étaient au pouvoir en Croatie et qu'ils maîtrisaient

  9   la situation. Mais les communistes ne maîtrisaient pas les Oustachis; cela

 10   est certain.

 11   Et vous rappelez-vous que le 16 mars 1990, les habitants de Belgrade et du

 12   bord de la mer -au bord de la mer, ils suivent les événements dans les

 13   journaux-, et je vous parle à présent d'une petite ville touristique près

 14   de Zadar où la presse belgradoise était reçue et lue, eh bien, vous

 15   souvenez-vous qu'un numéro de tous les journaux d'une journée a été saisi

 16   et jeté à la poubelle, et qu'on y trouvait un rapport traitant de ce dont

 17   nous discutons ici? Vous avez sans doute dû lire cela, le 17 ou le 18 mars

 18   1990?

 19   Réponse: Je me souviens de certains incidents de ce genre à Primosten et

 20   de l'intolérance de la population locale à l'égard des touristes venant de

 21   Serbie. De nombreux rapports ont traité de cela et ont été publiés par les

 22   médias.

 23   Question: Vous rappelez-vous que le 30 août 1990, des unités de

 24   volontaires, de jeunes volontaires de la Défense civile de Croatie ont

 25   commencé à se créer, à laquelle se sont joints des gens de 15 à 30 ans qui

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  1   ont commencé donc à créer de telles unités dans les communautés locales et

  2   les municipalités de Zagreb? Ces unités ont donc démarré à cet endroit le

  3   30 août; vous rappelez-vous cela?

  4   Réponse: Oui, j'ai entendu parler de la création de telles unités de

  5   volontaires, je ne me rappelle pas exactement à quelle date.

  6   Question: Eh bien, avez-vous entendu parler de cela, avez-vous la moindre

  7   connaissance à ce sujet ou bien en avez-vous simplement entendu parler

  8   sans plus de détails?

  9   Réponse: Il a été dit que ceci a constitué le début de la création de

 10   groupes armés, début 1991. Il a été dit que ces groupes étaient armés et

 11   que le HDZ distribuait des armes à ses adhérents et créait ainsi sa propre

 12   armée. C'est l'explication qui a été fournie en janvier et elle a été

 13   assortie d'un certain nombre d'interprétations. Il y a même eu une

 14   photographie de Branimir Glavas de Osijek. Je ne me rappelle plus

 15   exactement à quelle date, qui exhibait un revolver à la ceinture.

 16   Question: Vous rappelez-vous, par exemple, un événement encore plus

 17   important: 800 fidèles et prêtres, le 24 octobre à Zagreb -je parle de

 18   fidèles et de prêtres de l'église orthodoxe serbe-, le jour de la

 19   Pentecôte qui ont demandé à être protégés en raison de l'augmentation du

 20   nombre d'agressions? 800 de ces personnes ont demandé une protection en

 21   octobre 1990. Est-ce que vous avez eu connaissance de cela?

 22   Réponse: Je sais que le métropolite Jovan a dû quitter Zagreb, qu'il ne

 23   pouvait pas rester à Zagreb en raison de l'évolution des événements.

 24   Question: Vous rappelez-vous que, s'agissant de la création de ces

 25   formations paramilitaires, il y a eu création de ce que l'on a appelé le

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  1   "Tjelesni Zdrug", "le Corps des gardes nationaux croates", les gardes de

  2   Sokola, les groupes de jeunes volontaires constitués en unités, tout ce

  3   dont j'ai déjà parlé etc., etc.

  4   Vous rappelez-vous toutes ces formations organisées, le moment où elles

  5   ont commencé à agir, dans quel objectif elles agissaient, où elles

  6   allaient? Et si, oui ou non, cela a créé un trouble quelconque?

  7   Réponse: Je sais que lorsque le Corps de la garde nationale croate s'est

  8   créé, il l'a été en tant qu'armée du gouvernement croate. Ceci s'est passé

  9   à la mi-1991, au printemps 1991, et il y a eu d'autres initiatives du même

 10   genre, pour autant que je le sache. En tout cas, la création

 11   d'organisation de jeunes dont vous venez de parler.

 12   Vous avez cité un certain nombre de noms; moi, j'ai entendu parler de tout

 13   cela, mais je n'ai rien vu de mes yeux s'agissant de ce genre de choses.

 14   Question: Donc, en fait, vous n'avez pas de connaissance sur ce sujet?

 15   Réponse: J'en ai entendu parler, et tout ce que je sais, c'est ce que j'ai

 16   entendu dire.

 17   Question: Bien, bien. Mais vous rappelez-vous que le Sabor de Croatie a

 18   voté en 1990 un amendement à la Constitution croate qui abolissait l'usage

 19   de l'alphabet cyrillique?

 20   Réponse: J'ai déjà dit que ceci avait créé une polémique très vive. Je

 21   parle de cet amendement à la Constitution voté le 25 juillet 1995; et j'ai

 22   déjà dit que, pour ma part, je m'étais opposé à l'adoption de tels

 23   amendements.

 24   J'ai dit qu'une résistance était organisée et que le Sabor, le Parlement

 25   croate réuni à Srb avait organisé une résistance sous forme de

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  1   manifestation contre l'adoption de ces amendements. Et à l'époque, nous

  2   estimions qu'il s'agissait d'organiser une initiative destinée à réduire à

  3   néant le vote de la minorité au Parlement croate.

  4   Question: Bien. Puisque nous parlons de la Constitution croate, est-il

  5   vrai que les autorités croates n'ont pas non plus appuyé les amendements

  6   auxquels les Serbes étaient favorables s'agissant de la Constitution de

  7   Croatie?

  8   Réponse: Je sais que Raskovic, l'académicien, a été choisi pour siéger

  9   dans une commission élargie qui allait traiter des amendements proposés à

 10   la Constitution de Croatie. Je ne sais pas grand-chose d'autre. La seule

 11   chose que je sais, c'est que l'alliance des municipalités de Dalmatie du

 12   Nord et de Lika a rédigé un projet de texte qui devait être le Statut de

 13   la SAO de Krajina et qui a été adressé aux autorités croates en tant que

 14   proposition constituant une base de discussion avec les nouvelles

 15   autorités croates au sujet de la Constitution.

 16   Combien d'autres amendements ont été proposés? Je ne sais pas, mais il y

 17   en a eu d'autres qui ont été proposés par des députés d'autres partis.

 18   Question: Vous ne pouvez donc pas répondre à ma question?

 19   Réponse: Quelle était votre question?

 20   Question: Elle consistait à vous demander s'il est exact que les nouvelles

 21   autorités croates n'ont pas soutenu un seul amendement proposé par les

 22   Serbes. Et le principal amendement bien sûr consistait à faire en sorte

 23   que les Serbes puissent conserver leur statut de peuple en application de

 24   la nouvelle Constitution, statut dont ils jouissaient précédemment.

 25   C'était un amendement qui était joint à de nombreux autres, mais aucun n'a

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  1   été accepté. Est-ce exact ou pas?

  2   Réponse: Je ne sais pas combien il y a eu d'amendements proposés par les

  3   Serbes, mais il est exact que lorsque le Sabor de Croatie s'est réuni pour

  4   adopter la nouvelle Constitution, comme on le disait à l'époque, donc en

  5   assemblée constituante, qu'elle a expulsé les Serbes de la Constitution.

  6   C'est ce qu'on racontait dans la rue à l'époque.

  7   Et nous nous sommes opposés avec véhémence à ceci. Nous avons entamé un

  8   débat politique avec un certain nombre de propositions, mais aucune n'a

  9   été prise en compte. Cependant, il y avait d'autres possibilités qui nous

 10   étaient offertes, donc des débats pouvaient se poursuivre au sujet de

 11   l'autonomie culturelle qui n'existait pas à l'époque, ainsi qu'au sujet de

 12   l'application d'autres modèles qui n'ont pas plus non été appliqués en

 13   raison de l'escalade des incidents et de la montée des tensions

 14   politiques, ainsi que des conflits ouverts qui se sont fondés sur un

 15   certain nombre d'incidents et sur ce que je me permettrai d'appeler des

 16   provocations armées également.

 17   Ce qui signifie qu'une structure parallèle a commencé à voir le jour en

 18   Krajina, et c'est ce qui a contribué au fait qu'un climat d'intolérance

 19   s'est développé au moment où il aurait fallu discuter de la nouvelle

 20   Constitution. Je ne dis pas cela pour cautionner le nationalisme de

 21   l'époque, l'ethnocentrisme des autorités qui ont proposé la nouvelle

 22   Constitution croate, sans tenir compte du point de vue du peuple serbe en

 23   Croatie et de sa volonté de demeurer peuple constitutif.

 24   Question: Très bien, très bien. Dans cette série de lois discriminatoires,

 25   nous trouvons par exemple la loi sur l'éducation primaire, sur

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  1   l'enseignement primaire. N'est-il pas vrai qu'il était prévu que cette loi

  2   concerne également les enfants appartenant au groupe ethnique serbe, et

  3   que la loi sur l'enseignement ne prévoyait pas d'enseigner la langue de

  4   certaines minorités nationales; elle prévoyait l'enseignement en hongrois,

  5   en ruthène, etc., mais pas en serbe dans les écoles serbes?

  6   Réponse: Nous y avons vu le signe d'une perfidie politique de la part du

  7   HDZ et de la majorité parlementaire croate qui visait à changer la

  8   dénomination de la langue que l'on parlait couramment en Croatie pour

  9   imposer une nouvelle dénomination de la langue parlée également par les

 10   Serbes de Croatie.

 11   Question: Mais quelle était la langue parlée jusqu'à ce moment-là? Quel

 12   était le nom de cette langue?

 13   Réponse: Cette langue était le résultat d'une évolution historique très

 14   longue.

 15   Question: En Croatie, elle était connue comme croato-serbe, n'est-ce pas,

 16   et en Serbie on l'appelait "le serbo-croate"?

 17   Réponse: Elle s'est d'abord appelée "croato-serbe", puis a plus tard été

 18   appelée de toutes sortes de noms. Il y a eu une évolution et un processus

 19   de construction très long. Et en Croatie la langue utilisée était le

 20   croate ou le serbe, ou dans sa version littéraire le "croato-serbe" comme

 21   on l'appelait à l'époque.

 22   Puis la dénomination a évolué. Il y a eu d'une part mention de la langue

 23   littéraire croate, utilisée en Croatie, et pendant longtemps un certain

 24   nombre d'adaptations de la langue officielle a eu lieu, comme on le disait

 25   en Croatie, qui ont été interprétées de manières très diverses, et

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  1   notamment en tant qu'imposition d'une version particulière de la langue

  2   sur les Serbes qui vivaient dans la région également. Donc il s'agit

  3   simplement d'une version qui était imposée aux Serbes et qui était

  4   destinée à promouvoir les partis au pouvoir au Parlement croate.

  5   Question: Très bien. Il y a eu de très nombreuses lois à ce sujet, nous en

  6   avons déjà parlé.

  7   Si nous plaçons toutes ces lois dans le contexte de l'application

  8   d'emblèmes fascistes et de symboles étatiques fascistes dans le pays, dans

  9   le contexte de l'abolition du droit au statut de peuple constitutif pour

 10   les Serbes, dans le contexte de la distribution illégale d'armes à des

 11   unités paramilitaires, dans le contexte de meurtres et de choses de ce

 12   genre, est-ce que cela peut nous amener à la conclusion que les autorités

 13   croates étaient en train de promouvoir non seulement le nationalisme

 14   croate mais également le fascisme et une vision discriminatoire à l'égard

 15   des Serbes de Croatie, est-ce que ceci ne pouvait qu'engendrer un trouble

 16   très important? Est-ce que cela pouvait perturber les Serbes?

 17   Réponse: Tous ces termes étaient ceux que vous utilisiez à l'époque?

 18   Question: Oui mais les faits sont les faits, indépendamment des mots

 19   utilisés! Donc est-ce que cela a perturbé, ému la population et provoqué

 20   un certain nombre d'inquiétudes? Je parle de ces arrestations, de ces

 21   meurtres, de ces persécutions, de ces licenciements, de ces nouvelles

 22   lois, des amendements à la Constitution, etc., etc. Est-ce que tout cela

 23   ne constituait pas des faits qui pouvaient inquiéter la population ou

 24   étaient-ce des inventions des médias de Belgrade?

 25   Réponse: Nous pouvons parler d'un certain nombre de faits. En tout cas,

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  1   trois: la politique du HDZ et des autorités croates, les rapports de ces

  2   autorités à l'égard des Serbes, la résistance politique et le refus des

  3   Serbes du changement, et troisièmement, votre intervention dans ces

  4   divergences afin de générer un conflit plus important; vous avez mis le

  5   feu aux flammes.

  6   M. Milosevic (interprétation): Je ne suis pas au courant que la Serbie ait

  7   provoqué de tels incidents. Je ne connais aucune ingérence de qui que ce

  8   soit dans ces événements. De quelles ingérences parlez-vous en 1971 et

  9   1941? Etaient-ce également des ingérences de la part d'un peuple, oui ou

 10   non?

 11   M. le Président (interprétation): Nous n'avons pas besoin de poursuivre.

 12   Je pense que nous en avons terminé pour aujourd'hui.

 13   Mais j'ajouterai, Monsieur Milosevic, que vous avez encore six heures à

 14   votre disposition si vous voulez les utiliser.

 15   Maître Tapuskovic, nous avons pris en compte votre requête. Nous vous

 16   accorderons une heure pour les questions que vous avez à poser au témoin

 17   en temps utiles. Et une demi-heure pour les questions supplémentaires de

 18   l'accusation.

 19   M. Tapuskovic (interprétation): Monsieur le Président, je m'en tiendrai à

 20   votre décision bien entendu, mais j'aimerais que vous compreniez que nous

 21   disposons d'un nombre très important de documents que nous avons eus à

 22   examiner. Je ferai de mon mieux pour respecter ce délai d'une heure. Mais,

 23   en tant qu'amicus curia, je pense qu'il conviendrait de m'accorder un tout

 24   petit peu plus de temps mais je ferai de mon mieux.

 25   M. le Président (interprétation): Nous avons examiné votre requête, nous

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  1   vous accordons une heure, donc prévoyez votre interrogatoire en

  2   conséquence.

  3   Nous devons laisser partir le témoin, cela fait plus de dix jours qu'il

  4   témoigne.

  5   M. Tapuskovic (interprétation): Oui mais je suppose qu'il est plus

  6   important de discuter du fond des choses que de renvoyer chez lui un

  7   témoin.

  8   M. le Président (interprétation): Maître Tapuskovic, vous avez une tâche

  9   bien précise à remplir: à savoir permettre une conduite rapide du procès.

 10   Nous devons tous respecter cette obligation. Mais nous tenons compte de

 11   votre requête.

 12   M. Tapuskovic (interprétation): La question qui se pose, c'est: est-ce que

 13   je peux remplir ma fonction dans ces conditions? Je dois vraiment me

 14   demander si je peux poursuivre dans ces conditions.

 15   M. le Président (interprétation): Vous avez une heure.

 16   Retour dans ce prétoire demain à 9 heures.

 17   (L'audience est levée à 13 heures 53.)

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