Tribunal Criminal Tribunal for the Former Yugoslavia

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1 Le mardi 31 août 2004

2 [Déclaration liminaire de la Défense]

3 [Audience publique]

4 [L'accusé est introduit dans le prétoire]

5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 02.

6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, vous pouvez

7 commencer avec vos propos liminaires.

8 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Robinson, pour ce qui est de mes

9 propos liminaires, j'aurais besoin également de la journée de demain. Je

10 tiens à préciser que la partie adverse a disposé de trois journées et je

11 m'attends à ce que vous soyez suffisamment aimable pour me permettre la

12 journée de demain et de la mettre à ma disposition.

13 Est-ce que je peux commencer ?

14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, c'est votre

15 troisième tentative pour ce qui est de votre façon proverbiale de procéder.

16 Vous avez déjà répondu aux propos liminaires de l'Accusation pour ce qui

17 est du volet Kosovo et vous avez disposé d'huit heures, à savoir, de deux

18 jours. Pour ce qui est de votre réponse aux propos liminaires de

19 l'Accusation sur la partie Bosnie et le volet Croatie, vous avez eu trois

20 heures et demie, donc c'est votre troisième segment d'intervention.

21 L'ACCUSÉ : [interprétation] Vous avez également précisé que j'avais le

22 droit à une déclaration et à des propos liminaires. Ce que j'ai eu comme

23 intervention, cela a été des déclarations et non pas des propos liminaires.

24 J'estime qu'il conviendrait de tenir compte de la chose et d'étudier ma

25 demande pour ce qui est d'un octroi de temps supplémentaire.

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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Veuillez continuer, Monsieur

2 Milosevic.

3 L'ACCUSÉ : [interprétation] Merci, Monsieur Robinson.

4 Dans l'opinion publique internationale, depuis un bon moment déjà avec des

5 intentions politiques des plus claires, il a été créé une image erronée,

6 déformée de la situation sur le territoire de l'ex-Yougoslavie. Ces

7 accusations constituent une manipulation, des mensonges sans scrupules, une

8 mutilation du droit et un remodelage de l'histoire. Tout a été placé ou mis

9 sens dessus dessous, afin que la responsabilité historique, pour ce qui est

10 des événements stratégiques soient mis, afin que l'on mette à l'abri de

11 cette responsabilité et que l'on tire à des conclusions erronées pour ce

12 qui est de la toile d'arrière-fond sur laquelle s'est tracée la guerre en

13 Yougoslavie.

14 Il est un fait historique fondamental disant et devant être cité pour ce

15 qui est de la compréhension des événements et dont a découlé tout ce qui

16 s'est passé sur le territoire de l'Yougoslavie depuis 1991 à ce jour.

17 J'entends par là la destruction par la force d'un pays européen, d'un pays

18 qui s'appelait l'Yougoslavie, qui a découlé de l'existence d'un Etat qui

19 était la Serbie, le seul allié du monde démocratique sur ces territoires-là

20 au cours et au fil des deux siècles passés. Il n'est pas de doute que ce

21 fait historique fondamental marquera de son sceau l'histoire européenne à

22 venir.

23 L'on a détruit un pays multiethnique, multiculturel, pluriconfessionnel qui

24 disposait d'une légitimité historique et d'une légitimité du droit en

25 matière de droit international et c'est suite au diktat de l'Allemagne et

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1 du Vatican, avec l'aide des Etats-Unis et de la Communauté européenne qu'il

2 a été procédé à la création de minis Etats, ethniquement purs. L'on a

3 détruit un Etat qui a été le fondateur de toutes les organisations

4 internationales pertinentes depuis l'Union internationale des PTT en 1804,

5 en passant par la Société des Nations, l'Organisation internationale du

6 Travail, les Nations Unies, la Banque mondiale, le Fond monétaire

7 international, et toutes les autres agences spécialisées des Nations Unies

8 jusqu'à l'Organisation de la Coopération et Sécurité européenne.

9 A qui revient le mérite de cette catastrophe ? Cette destruction d'un Etat

10 souverain qui, en vertu des principes de Nuremberg, constitue un crime

11 international, un crime contre la paix. A qui revient le mérite de cette

12 guerre qui est survenue et qui a donné lieu à des pertes de vies de

13 milliers de gens, des mutilations, des persécutions, des expulsions pour la

14 plupart de Serbes et les dégâts matériels sont inestimables ? Ce sont des

15 centaines de milliards de dollars de dégâts, sans parler de catastrophes

16 écologiques.

17 L'opinion publique internationale devra forcément faire face à la

18 vérité et ce problème de responsabilité se trouve être d'autant plus grave

19 que l'on a pas seulement détruit un Etat, on a détruit le système juridique

20 des Nations Unies. L'on a détruit la totalité des principes moraux sur

21 lesquels se fondait la civilisation mondiale qui plus est, jamais au cours

22 de l'histoire la disparition d'un Etat ne s'est pas fait par hasard. La

23 rhétorique officielle, pour ce qui est des événements survenus sur le

24 territoire de l'Yougoslavie depuis le début de la crise à ce jour est une

25 rhétorique reprise par ce soi- disant bureau du Procureur pour tomber dans

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1 l'eau face au fait, étant donné que l'Yougoslavie ne s'est pas démantelée.

2 Elle n'a pas disparu comme par enchantement comme a essayé de l'expliquer

3 M. Robert Badinter, en recourant à une sorte de métaphysique juridique. Cet

4 Etat a été détruit de façon planifiée, par la force, par la guerre, guerre

5 qui est poursuivie de nos jours et où il a été perpétré toute une série de

6 crimes de guerre.

7 Un théoricien américain de renommé -- de grande renommée, M. Stephen

8 John Steedman, a noté à juste titre, en 1993, dans la revue "Foreign

9 Affairs", "Affaires étrangères", et il a dit qu'au début de la guerre, je

10 cite : "Il n'y avait pas de Slovénie ou autre Etat. Il n'existait que

11 l'Etat de l'Yougoslavie." Dans la suite logique d'une analyse juridique, il

12 convient de partir de ce fait là.

13 L'Yougoslavie, à la tête de laquelle, à ce moment, le plus critique,

14 se trouvait un représentant de la Croatie, à savoir, Stjepan Mesic, qui le

15 premier ministre, lui aussi, était originaire de Croatie, le dénommé Ante

16 Markovic. Le ministre des Affaires étrangères était également originaire de

17 Croatie, il s'appelle Budimir Loncar.

18 Le sommet de la direction militaire toute entière dont on a été

19 informé sur les 16 généraux principaux, il n'y en avait que deux qui

20 étaient Serbes et les autres étaient des Croates, des Slovènes ou autres.

21 Cet Etat disposait d'une puissance armée, organisée qui était à même

22 d'empêcher la catastrophe et de contrôler les conflits. Cette autorité a

23 cédé le terrain aux formations paramilitaires, aux contrebandiers, aux

24 trafiquants d'armes et aux trafiquants de mafia de stupéfiants. Tout cela

25 s'est avéré au Kosovo notamment. Le gouvernement est intervenu de concert

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1 avec la Communauté européenne, notamment, l'Allemagne et le Vatican.

2 Nous avions demandé que les uns et les autres se retiennent de toute

3 action et les soldats se sont transformés en prisonniers dans leurs propres

4 casernes et dans leur propre pays. Cela a ouvert la possibilité aux

5 activités qui ont conduit à la sécession et à la formation d'Unités

6 paramilitaires. La sécession de la Slovénie est survenue en 1991 et cela

7 s'est accompagné d'actions armées.

8 En juin 1991, des formations militaires slovènes sans aucune raison

9 ont froidement tué des soldats de la JNA, qui étaient venus sécuriser la

10 frontière avec l'Autriche et l'Italie. En dépit de tous les principes de la

11 charte des Nations Unies et des principes généraux de droit reconnus par

12 toutes les nations civilisées, l'Etat avait le droit de prendre toutes les

13 mesures qui étaient à sa disposition pour faire régner l'ordre.

14 Nous savons que, suivant les ordres du premier ministre fédéral Ante

15 Markovic, le commandant de la 5e Armée, un Slovène, le général Konrad

16 Kolsek a informé le gouvernement de la Slovénie pour lui dire que la JNA

17 rétablirait le contrôle sur les lignes des frontières et que pour dire que

18 sa mission serait accomplie.

19 La direction slovène, au lieu de permettre la réalisation pacifique

20 des décisions des autorités fédérales, a affirmé qu'elle acceptait le défi

21 et qu'elle s'opposerait par la force à toutes les mesures. C'est d'ailleurs

22 ce qu'elle a fait. Les Unités paramilitaires de celle-ci comptaient 36 000

23 soldats illégalement armés, et c'est ainsi que la Slovénie a lancé une

24 offensive. Ils savaient tous pertinemment bien que l'armée populaire

25 yougoslave, éduquée dans l'esprit de la fraternité et de l'unité, n'allait

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1 pas tirer sur des Slovènes qu'elle jugeait être des citoyens à elle. Le

2 fait d'avoir tué des soldats de la JNA ne constitue qu'un crime, un crime

3 prémédité d'avance et non pas un acte de guerre.

4 Il a été commis des crimes de guerre, et l'on n'a pas épargné non

5 plus les établissements de santé militaire. La troïka de l'Union européenne

6 a visité les lieux. La liste des crimes est longue, et il y a des documents

7 filmés pour ce qui est des crimes perpétrés par les forces paramilitaires

8 slovènes, filmés d'ailleurs par une compagnie autrichienne. En raison du

9 peu de temps que vous m'avez donné ou plutôt du temps que vous ne

10 m'accordez pas, je n'ai pas la possibilité de vous faire passer ces

11 enregistrements vidéo. Mais je me propose, très certainement, de mettre à

12 profit certains témoignages pour vous les montrer quand même.

13 Le parlement européen a adopté, le 10 juillet 1991, une résolution

14 condamnant non pas les sécessionnistes, les insurgés, mais la force armée

15 légale, à savoir, l'armée populaire yougoslave. L'on a procédé à une

16 inversion de ceux qui commettaient le crime et de ceux qui étaient

17 victimes. Les médias américains se sont mis au service de cette guerre pour

18 fournir le carburant de la guerre.

19 Je sais que cette inversion des thèses pour ce qui est de la guerre

20 en Yougoslavie est devenue une formule abondamment utilisée pour ce qui est

21 du processus à venir de démantèlement de l'Yougoslavie. S'agissant

22 maintenant de la Croatie, les crimes perpétrés à l'encontre des Serbes ont

23 commencé même avant, avant la proclamation de la sécession, suivant des

24 méthodes analogues dans les mêmes régions où il y a eu génocide à

25 l'encontre du peuple serbe en 1941 par des Unités Oustachi de ce qui avait

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1 été convenu d'appeler l'Etat indépendant croate.

2 Les experts mondiaux qui ont étudié le génocide survenu à des

3 périodes différentes, dans des régions différentes du monde, à savoir, Leo

4 Cooper, Peter Drost, Ted Gertz, Louis Horowitz, George Cram, et autres ont

5 conclu que le génocide perpétré à l'encontre d'un peuple ne peut survenir

6 qu'une seule fois. Toute autre tentative devient forcément une guerre

7 civile. Cette thèse n'a été que confirmée en Croatie.

8 Le génocide, perpétré à l'encontre des Serbes en Croatie en 1941, a

9 commencé par la confection de listes et l'invitation de certains groupes

10 par des informations et pour informations. Au lieu d'être informés, les

11 Serbes étaient tués sur place ou emmenés vers des camps de détention.

12 Cette fois-ci, suivant des appels analogues ou des procédés

13 analogues, les Serbes ont donné lieu à une résistance de la part des

14 Serbes. Ils ont estimé qu'ils étaient manipulés par les hommes politiques

15 qui, jusque hier, avaient défendu des idéaux de fraternité et d'unité et

16 qui, tout à coup, se sont mis à convier les leurs à la guerre pour des

17 idéaux nationaux. Dans un emballage différent, l'on a placé des formules

18 Oustachi anciennes, des symboles Oustachi, mais les lois modifiées à la va-

19 vite ont fait perdre aux Serbes leur statut de peuple constitutif sans un

20 ordre de l'extérieur. Sans l'appui de Belgrade, sans l'appui de l'armée qui

21 était isolée dans ces casernes, les Serbes de la Krajina se sont exposés au

22 danger de mort pour se battre, mais non pas subir un autre génocide.

23 Avant la sécession de 1991 en Croatie, il y a eu des groupes armés qui

24 intervenaient, à savoir, des Unités des volontaires de la Défense nationale

25 qui intervenaient dans le cadre du HDZ, appelés Zèbres, Loups noirs, et

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1 cetera, et cetera. A Zagreb, le

2 28 mai, il a été organisé une parade militaire, un mois avant la sécession,

3 parade dans laquelle il a été présenté des armes en provenance,

4 essentiellement, d'Allemagne. Cela a constitué des préparatifs

5 psychologiques pour ce qui allait suivre. Les groupes des Unités

6 paramilitaires croates ont été transférés ces jours-là vers la Bosnie parce

7 que le président Tudjman a annoncé le renouvellement de la Croatie, la

8 reconstruction de la Croatie avec des frontières sur la Drina.

9 Après l'annonce de l'intention de se séparer en juillet 1991 par la

10 Croatie, les Unités paramilitaires ont commencé à conduire une guerre de

11 front. A partir du 20 juillet au 4 août, il y a 75 attaques à l'encontre de

12 la JNA.

13 L'INTERPRÈTE : Les interprètes seraient gré à M. Milosevic de ralentir un

14 peu son débit.

15 M. LE JUGE ROBINSON : Monsieur Milosevic, les interprètes vous demandent de

16 parler plus lentement.

17 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je ne l'ai pas entendu. Ils auraient pu me le

18 dire à moi.

19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, mais ils l'ont fait.

20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Bien.

21 L'on a incendié des maisons serbes et on a passé de crimes individuels vers

22 des liquidations en masse. Dans les champs de maïs,

23 à proximité du village Jankovci, il a été égorgé 65 Serbes. Ils ont tous

24 été identifiés. Au village Svinjarevo, ils en a été tués 25, et ainsi de

25 suite. On a détruit des villages entiers sur le territoire de Papuk et de

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1 Slunj. La forme la plus massive de la terreur exercée à l'encontre des

2 Serbes s'est traduite sous forme d'expulsion dans le courant des années

3 1941 et 1991.

4 Ces activités ont commencé en Slovénie occidentale juste après la victoire

5 du HDZ aux élections. Cette psychose a fait en sorte que les gens ont été

6 encouragés à déménager. On s'est moqué des enfants serbes dans les écoles,

7 l'on a fait venir des gens vers les postes de police, l'on a déconnecté les

8 lignes téléphoniques, l'on a expulsé les Serbes en masse de leur poste de

9 travail, l'on a posé des explosifs sur leur maison. La cellule de Crise à

10 Slavonska Pozegava, en date du 29 octobre 1991, a décidé de faire déménager

11 -- de faire quitter les Serbes, de 24 villages : Oblakovac, Orijaca,

12 Slatina et autres, et ceci dans un délai de 48 jours. L'ordre a été publié

13 par la radio et par la presse. Ceux qui ont refusé de s'exécuter ont été

14 conduits vers des camps de détention. C'est là qu'a eu lieu un premier

15 grand exode des Serbes de Podravska Slatina et de Daruvar.

16 De juin 1991 à août 1992, l'on a nettoyé ethniquement 193 villages habités

17 par une population serbe. Des documents tout à fait dignes de foi ont été

18 communiqués à ce sujet à la Communauté européenne.

19 Les activités de guerre se sont transférées vers le territoire de la

20 Bosnie-Herzégovine. Les fondements idéologiques ont été placés en 1970 par

21 la publication de la déclaration islamique d'Alija Izetbegovic. En 1974, il

22 a été publié un livre du même auteur, intitulé : "L'islam entre l'est et

23 l'ouest." Par la suite, l'on a réédité sa déclaration islamique. L'on sait

24 pertinemment bien qu'il y est dit qu'il ne saurait y avoir de paix et de

25 coexistence entre la religion islamique et les religions non islamiques.

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1 C'est ce qui est repris dans tous ces livres à bien des reprises. Lors de

2 la session du parlement de la Bosnie-Herzégovine le 21 décembre 1991,

3 Izetbegovic déclare que pour la Bosnie-Herzégovine souveraine, il est

4 disposé à sacrifier la paix. C'est suivant les principes de la déclaration

5 islamique qu'il y a eu mobilisation des masses et qu'il y a eu démarrage

6 d'une guerre civile avec l'aide financière provenant de l'Arabie saoudite,

7 d'Iran et autres pays islamiques. Il s'est ensuivi l'arrivée d'un grand

8 nombre de Moudjahiddines. Au sixième sommet de l'organisation de la

9 conférence islamique en décembre 1991, avant que la guerre n'éclate et

10 avant que la Bosnie-Herzégovine ne soit reconnue, il a été apporté un plein

11 soutien à leurs frères de par la confession qui leur était commune. Il a

12 été menacé l'intégrité d'un Etat européen. De nos jours encore, les

13 Musulmans ne sont pas majoritaires en Bosnie-Herzégovine. La Bosnie-

14 Herzégovine a été l'un des sujets principaux à la réunion ministérielle de

15 cette organisation qui s'est tenue à Jeda le 1er et 2 décembre 1991. Leur

16 souci s'est élargi en direction de deux territoires en Serbie, à savoir, le

17 Kosovo et la région de la Raska, ou si vous préférez, comme eux

18 l'appellent le Sandzak. Les premiers combattants de la guerre sainte, les

19 Moudjahiddines, sont arrivés d'Afghanistan, du Liban, du Maroc, du

20 Pakistan, armés d'armes que la CIA a envoyés aux insurgés en Afghanistan.

21 Il est arrivé un groupe de 400 membres du Hezbollah à Sarajevo qui ont

22 servi d'instructeurs militaires. Suivant l'expérience et la traduction de

23 la Deuxième guerre mondiale, avec un combat conjoint de ces unités avec

24 l'Allemagne nazi contre la coalition démocratique à laquelle appartenait

25 l'Yougoslavie à l'époque, deux leaders de ces formations paramilitaires,

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1 Izetbegovic et Tudjman, ont signé un accord prévoyant que les forces armées

2 du conseil croate de la Défense ferait partie intégrante des forces armées

3 de la Bosnie-Herzégovine. Il s'est ensuivi des expulsions de Serbes partant

4 de régions contrôlées par les Unités musulmanes. Des dizaines de milliers

5 ont été chassés de Mostar; 2 500 personnes ont été chassées de Gorazde,

6 ainsi de suite.

7 Tout comme en Croatie, les événements ont vu l'envoi, l'expédition de

8 généraux américains, soi-disant mis à la retraite pour servir

9 d'instructeurs et de formateurs de leurs armées respectives. Ce chemin de

10 guerre a eu son tracé, s'est déplacé depuis le nord vers le sud, et s'est

11 transféré sur le territoire de la Serbie au Kosovo.

12 Suivant le modèle de démantèlement de l'Yougoslavie et la guerre

13 contre l'Yougoslavie, s'est traduit par une dernière phrase, à savoir, la

14 guerre au Kosovo. Ils se sont appuyés sur des terroristes, des groupes

15 criminels, et au Kosovo, sur une mafia de trafiquants de stupéfiants. On

16 comptait sur le recours à la force en Slovénie du temps de l'intervention

17 de la JNA et, par la suite, l'existence de la République fédérale

18 d'Yougoslavie. Sur le reste de l'Yougoslavie, à savoir, sur la Serbie et le

19 Monténégro, on a jeté des dizaines de milliers de tonnes d'explosifs avec

20 de l'uranium appauvri, et il a été jeté cinq à six fois plus de produits

21 toxiques que dans le cas d'Hiroshima.

22 Pour ce qui est de la participation de l'occident, notamment, du Vatican et

23 de l'Allemagne, leur participation était évidente depuis le début. Donald

24 Horowitz, un Américain bien connu, a présenté des arguments disant que les

25 conflits commençaient lorsque les parties au conflit se faisaient accorder

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1 un appui international. C'est précisément ce qui est arrivé sur le

2 territoire de l'Yougoslavie. La guerre sur ce territoire a été une action

3 synchronisée des forces sécessionnistes et des forces extérieures qui, dans

4 les préparatifs des conflits, se sont implantés en Yougoslavie. J'entends

5 par là d'extrémistes Oustachi et nazis, et d'intégrismes islamiques et de

6 terroristes albanais, qui ont, dans ces tensions existantes, joué un rôle

7 de détonateur des conflits.

8 Maintenant, pour ce qui est des forces extérieures, elles sont intervenues

9 au début depuis l'arrière-scène en fournissant de l'argent et des armes et

10 envoyant dans mercenaires à l'intérieur de l'Yougoslavie. Le démantèlement

11 de l'Yougoslavie s'est soldé pour finir par une supercherie internationale.

12 Dans l'acte final d'Helsinki, les pays européens et les Etats-Unis se sont

13 engagés à respecter l'intégrité territoriale de tous les Etats signataires.

14 Conformément à ce texte, ils ont déclaré qu'ils éviteraient toute activité

15 conduisant ou contraire à l'intégrité territoriale et à l'unité et

16 indépendance de tout pays. Cela a été confirmé par la charte de Paris. Un

17 an seulement après cela, la Communauté européenne est entrée ouvertement

18 sur la scène politique en sa qualité de force de frappe pour ce qui est du

19 démantèlement de cette Yougoslavie. C'est le 7 juillet 1991, qu'il a été

20 signée une déclaration à Brioni, pour ce qui est de la solution pacifique

21 de tous les problèmes en Yougoslavie. Par la signature de ce document, la

22 Communauté européenne s'est engagée à trouver une solution pacifique. Elle

23 s'est engagée à respecter l'intégrité territoriale de l'Yougoslavie. C'est

24 ainsi que l'Yougoslavie lui a accordé un mandat pour ce qui est de ces

25 services de médiation. Les processus politiques ont commencé par un

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1 diagnostic du litige. Elles se sont traduites par plusieurs variantes de

2 solution à apporter et de solutions sur lesquelles l'on pouvait compter. Au

3 lieu de tout cela, Lord Carrington, à l'occasion d'une réunion

4 extraordinaire de la Conférence sur l'Yougoslavie, le 18 octobre 1991, a

5 lancé un ultimatum pour ce qui est de la disparition de l'Yougoslavie sans

6 alternative aucune, et il a préconisé de remodeler l'Yougoslavie suivant un

7 tracé qui était celui d'Hitler du temps des nazis en 1941.

8 Le démantèlement de l'Etat, le droit à la sécession s'est vu accorder la

9 primauté par rapport au droit à la sauvegarde d'un Etat, un Etat qui est

10 membre des Nations Unies depuis le début. Le paradoxe, c'est que l'on a

11 contesté le droit à la contestation de cet Etat, par exemple, aux

12 Irlandais, aux Basques, aux Corses, et ainsi de suite. Il convient

13 également de rappeler les temps où les combattants serbes, avec les forces

14 alliées, se sont battus côte à côte avec les Occidentaux dans le courant de

15 la Deuxième guerre mondiale, et les troupes de ce soi-disant Etat croate

16 indépendant et certaines autres Unités de Bosnie qui se sont battues sur

17 bon nombre de fronts du côté des forces nazies.

18 A l'époque, la Division Handzar, très connue de part les crimes perpétrés,

19 a pris part à ces crimes.

20 Revenons maintenant à Carrington, qui a frappé le premier coup contre la

21 souveraineté yougoslave. Ceci est une tromperie tout à fait manifeste.

22 C'est quelque chose qui a transformé les négociations à venir en une

23 véritable farce. Après que les républiques sécessionnistes aient été

24 reconnue sur la ferme pression exercée par l'Allemagne et le Vatican, et

25 ce, à l'encontre des principes fondamentaux du droit international, à

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1 l'encontre de la pratique des Nations Unies, à l'encontre de la pratique de

2 la puissance dirigeante, à savoir, les Etats-Unis, y compris.

3 Très bien. Sur la base de la déclaration du 7 janvier 1932, les

4 Etats-Unis s'engagent à ne pas reconnaître quelques pays dont l'existence

5 serait le résultat d'une transformation par la violence. Ce principe est

6 devenu une règle capitale, d'abord aux Etats-Unis avant d'entrer dans le

7 champ du droit international, alors que, dans les événements dont nous

8 parlons, nous voyons que l'Amérique a piétiné ses propres lois.

9 En juillet 1991, avant le début de la guerre, le ministre allemand des

10 Affaires étrangères, M. Genscher conseille la reconnaissance de la Croatie

11 et la Slovénie. Une action parallèle est engagée par le Vatican.

12 L'ambassadeur auprès du Saint-Siège entreprend une action sans précédent

13 dans l'histoire en prenant la tête de l'alliance destinée à obtenir la

14 reconnaissance de la Slovénie et de la Croatie. Des pressions importantes

15 sont exercées sur la Communauté européenne dans le même sens.

16 Le pape Jean-Paul II, en août 1991, envoie un représentant en Yougoslavie

17 qui, à son retour, déclare que c'est la Serbie qui est l'agresseur. Encore

18 une nouvelle thèse sans fondement, encore une nouvelle contre-vérité,

19 encore un nouveau mensonge éhonté, l'Yougoslavie est victime de mensonges

20 purs et simples qui ne s'appliquent que sur des mauvaises intentions. Mais

21 la presse accepte ces contre-vérités et la coordination est parfaite entre

22 le Vatican et l'Allemagne. En décembre 1991, Genscher se rend en visite au

23 Vatican et annonce que, nonobstant les positions des autres pays, la

24 décision sera mise en œuvre le 23 décembre. Le Vatican fait cela le 13

25 janvier 1992.

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1 L'Allemagne et le Vatican mènent leurs actions historiques dans le

2 cadre d'intérêts géostratégiques tout à fait clairs. C'est ce qui a été

3 déclaré par Helmut Kohl dans le magazine politique international où il dit

4 que l'histoire de l'Allemagne contemporaine est le reflet de l'histoire

5 dans son ensemble, numéro 66 de "Politics International". Kinkel devient, à

6 ce moment-là, le chef des services de sécurité allemands et il établi des

7 relations étroites avec les émigrés oustachi. Ce sont ces forces-là qui ont

8 œuvré au démantèlement de l'Yougoslavie selon ce qu'a écrit un analyste

9 américain bien connu. C'est Josip Balovic [phon], Josip Bojkovac, Franjo

10 Tudjman et Stjepan Mesic, président actuel de la Croatie, qui sont à

11 l'origine de ce démantèlement. Mesic a confirmé le rôle joué par lui à la

12 télévision slovène où il déclare que l'idée du démantèlement de

13 l'Yougoslavie est quelque chose qu'il souhaitait transmettre aux

14 personnalités qui pouvaient avoir une quelconque influence sur le pays, à

15 savoir, Genscher et le Pape.

16 "Je parle d'une alliance entre ces trois hommes. C'est ce qui a été rendu

17 possible, notamment, par les contacts avec le Saint-Siège, le Pape et

18 Genscher, qui, en effet, se sont accordés pour œuvrer dans le sens du

19 démantèlement de l'Yougoslavie."

20 Suite à cela, la Communauté européenne reconnaît ces nouveaux Etats

21 en janvier 1992. Pour ce qui est de la Bosnie-Herzégovine, la

22 reconnaissance a eu lieu le 6 avril de la même année et il faut rappeler

23 que le 6 avril est la date de l'attaque d'Hitler sur l'Yougoslavie en 1941.

24 Les entités fédérales étaient désormais reconnues -- reconnues

25 internationalement dans leurs frontières; cependant, aucun document

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1 international ne reconnaît des frontières administratives internes comme

2 frontières internationales. Il n'existait aucun document pouvant justifier

3 la reconnaissance de ces frontières au niveau international. Ce qui est le

4 plus important, c'est ce que cette reconnaissance est le fruit d'un acte

5 politique unilatéral qui a établi des frontières dans le cadre d'un

6 processus interne devenu désormais international. Ces Unités

7 administratives ont été reconnues, alors qu'elles ne répondaient à aucun

8 critère permettant la reconnaissance d'un Etat car, pour qu'un Etat soit

9 reconnu en tant que tel, il faille qu'il soit légitimé et qu'il possède des

10 structures politiques stables. Il faut qu'il y ait un pouvoir unique sur le

11 territoire en question et que ce pouvoir soit totalement exercé et ce qui

12 est encore plus important, c'est que cet Etat doit être capable d'exprimer

13 sa force et d'assurer sa sécurité au niveau interne et au niveau

14 international. Rien de tout cela n'existait en l'espèce. Il s'est agi en

15 réalité d'une effusion de sang qui laissera une trace indélébile comme un

16 phénomène absolument unique dans l'histoire moderne mais ce, de la façon la

17 plus négative qui soit.

18 Dans les milieux juridiques du monde, la reconnaissance de ces forces

19 sécessionnistes a provoqué un ébahissement complet et a suscité la

20 condamnation. Cedric Thornberry, dirigeant de la FORPRONU, déclare ce qui

21 suit : "Lorsque l'ambassadeur Cutileiro m'a appris la décision de

22 reconnaître ces Etats, le général Morillon et moi-même avons été ébahis."

23 Le Figaro, journal français, appelle ceci de l'hypocrisie juridique. Le

24 général MacKenzie déclare : "Nous n'étions pas, nous les diplomates, tous

25 du même avis, mais nous étions sûrs que les combats allaient éclater tout

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1 autour de nous dès que la reconnaissance était annoncée."

2 L'envoyé spécial des Nations Unies, Cyrus Vance, déclare que la

3 reconnaissance de la Slovénie et de la Bosnie-Herzégovine par la Communauté

4 européenne va -- je cite : "Mener à la guerre sur le territoire de

5 l'Yougoslavie." Il déclare ceci en septembre 1992.

6 La reconnaissance de ces nouveaux Etats mènera à la guerre civile car elle

7 représente, directement ou indirectement, une forme d'agression contre la

8 République fédérative socialiste de l'Yougoslavie. Tout cela associé à une

9 importante campagne médiatique destinée à tromper la communauté

10 internationale, l'opinion publique internationale au sujet de cette

11 violation du droit de façon générale et du droit des Nations Unies de façon

12 particulière entraîne une reconnaissance des Etats sécessionnistes en tant

13 que membres des Nations Unies. Le reste de l'Yougoslavie, la partie

14 centrale de l'Yougoslavie s'est vu imposer des sanctions en mai 1992 et le

15 pays s'est trouvé isolé, en juillet de la même année, en étant exclu des

16 Nations Unies pour une seule et simple raison, à savoir que nous n'avons

17 pas accepté que d'un trait de plume, un Etat existant jusqu'alors se voit

18 ôter son existence et cet Etat était l'Etat dans lequel nous vivions.

19 Dans le chaos juridique créé dans le sillage de ce déclin moral des

20 puissances responsables du droit dans la période d'après-guerre et au

21 Vatican, la folie et l'illégalité s'est étendue jusqu'au sud du Kosovo,

22 pour ce qui est des frontières et, en fait, du nord au sud du Kosovo. Le

23 Tribunal ad hoc dans lequel nous nous trouvons aujourd'hui a été créé. Il

24 n'avait qu'un seul objectif, à savoir, masquer les erreurs monumentales de

25 la politique occidentale et justifier les crimes, la destruction d'un Etat

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1 et la barbarie appuyée sur la haute technologie que les pays de l'OTAN ont

2 commise au cours de trois mois de bombardement sur l'Yougoslavie. Des

3 crimes de masse ont été commis contre les citoyens yougoslaves, un

4 véritable retour au Moyen Age pour le peuple serbe du Kosovo qui s'est vu

5 détruit, et cetera, et cetera.

6 En instrumentalisant ces événements extrêmement complexes qui se sont

7 déroulés sur le territoire de l'Yougoslavie et en plaçant la responsabilité

8 de ces événements sur l'Yougoslavie et sur moi, personnellement, considéré

9 comme agresseur, on voit une tactique très évidente qui se développe, qui

10 est destinée à aller à l'encontre de toute logique en se fondant uniquement

11 sur des principes empiriques. Des théories vulgaires, dépourvues du moindre

12 sens, qui mettent face à face les bons et les mauvais, les Etats félons et

13 les bons Etats, sont utilisées pour expliquer des faits historiques, censés

14 expliquer la responsabilité historique de la destruction d'un Etat. Ces

15 crimes, commis en cœur, ne partent pas de Belgrade; ils partent des forces

16 qui se sont alliées afin de les commettre. Je veux parler de l'Allemagne et

17 du Vatican, ainsi que des autres Etats de la Communauté européenne et des

18 Etats-Unis.

19 Au cours de ma première comparution dans cette instance et à plusieurs

20 reprises par la suite, j'ai remis en cause la légalité de ce soi-disant

21 Tribunal. Au cours du procès, vous m'avez fourni toutes sortes d'arguments

22 qui ne font qu'étayer ma thèse. Je ne parlerai pas longuement de l'absence

23 de fondements juridiques au moment de la création de ce Tribunal.

24 J'aimerais simplement rappeler que la source du pouvoir judiciaire ne peut

25 venir que de traités internationaux et non de résolutions ou de quelconque

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1 déclaration d'un secrétaire général des Nations Unies s'exprimant devant le

2 conseil de Sécurité, le 3 mai 1993; cependant, vous devez une réponse à la

3 communauté internationale, quant au droit éventuel du conseil de Sécurité,

4 de suspendre des traités existants légalement. Les conventions de Genève de

5 1949 ainsi que les protocoles additionnels existent pour sanctionner les

6 crimes de guerre, et ce, dans le cadre de procès qui se jugent devant des

7 tribunaux nationaux. Un tribunal national a tout à fait le pouvoir d'agir

8 de cette façon par essence même. Or, au Tribunal devant lequel nous sommes

9 aujourd'hui, il manque tous ces éléments, il manque un document établissant

10 ce Tribunal dans sa nature même, qui est politique de toute évidence. Il

11 manque un principe juridique d'égalité. La question se pose de savoir

12 pourquoi des tribunaux n'ont pas été créés à l'issue de toutes les guerres

13 menées au cours de ce siècle et des siècles précédents, en tout cas, au

14 cours du 20e siècle. Aucune raison de principe n'existe pour empêcher cela,

15 mais personne ne l'a fait car ce n'était pas considéré comme légal.

16 En d'autres termes, ce Tribunal représente la discrimination la plus grave

17 contre un pays et il a été créé en violation de toutes les formes de

18 protection censées défendre un pays et dans le cadre de la discrimination

19 pure et simple.

20 Au début, j'ai demandé à cette institution de faire valoir son autorité que

21 lui confère l'Article 96 de la charte des Nations Unies et de demander à

22 l'assemblée générale, ainsi qu'à la Cour internationale de Justice, qui est

23 judiciairement la plus haute instance du système des Nations Unies et qui

24 est autorisée à interpréter la charte des Nations Unies, à donner son avis

25 juridique sur la légalité ou non de la création de ce Tribunal par les

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1 Nations Unies, de se prononcer. Le fait que ce Tribunal ait reçu

2 l'autorisation de décider par lui-même de la légalité de sa création est

3 une chose qu'il convient de noter. Ceci est illégal, mais la décision de ce

4 Tribunal a été considérée comme valable. Ce soi-disant Tribunal a pu

5 s'exprimer sur sa propre existence, alors que, comme tout autre tribunal,

6 il n'est pas autorisé à juger de sa propre légalité. C'est pourquoi cette

7 décision est, en fait, non valable. Les tribunaux sont autorisés à décider

8 par eux-mêmes de leur compétence, de leur compétence à se prononcer sur

9 telle ou telle question juridique par conséquent, mais un tribunal ne peut

10 se prononcer sur sa propre légalité, qui est une question tout à fait

11 différente. La question de la légalité prévaut sur la question de la

12 compétence car, si un tribunal n'est pas légalement établi, il n'est pas

13 légalement habilité à prendre des décisions sur sa compétence. La tradition

14 juridique n'autorise aucun tribunal à se prononcer sur la légalité de sa

15 création.

16 Ce Tribunal illégal n'a pas non plus le droit de priver des personnes

17 d'être jugées par une instance légale, en les contraignant à être jugées

18 par une instance illégale. C'est une question importante car ces personnes

19 subissent, en comparaissant devant la présente institution, un déni de

20 justice et ne peuvent répondre de leur responsabilité.

21 Toutefois, je crains que les personnes responsables de l'institution où

22 nous nous trouvons sachent très bien que la Cour internationale de Justice

23 serait tout à fait d'accord, en fait, avec les déclarations que l'on trouve

24 dans un ouvrage traitant du nouvel ordre international et du contrôle de la

25 légalité par le conseil de Sécurité au niveau international. Ces éléments

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1 sont considérés, dans cet ouvrage, comme controversés, et les deux

2 résolutions des Nations Unies, relatives à l'institution où nous nous

3 trouvons, y sont citées.

4 Ce Tribunal n'est pas un tribunal international et surtout pas un tribunal

5 indépendant, comme il vous plaît de l'appeler. Dans le public, il constitue

6 une fiction idéologique pour la communauté internationale, qui est censée

7 soutenir l'existence de ce Tribunal, ce qui est également une contre-

8 vérité. L'idéal constituant à créer ce Tribunal a été évoqué par Kinkel,

9 qui a succédé à Genscher, principal criminel responsable de la destruction

10 de l'Yougoslavie. L'idée a été reprise par Madeleine Albright, et le coût

11 des travaux préliminaires, ainsi que des activités qui ont suivi, a été

12 financé par une fondation, dont le nom figure sur la liste, ADKO [phon], de

13 la justice internationale, ADKO étant une organisation non gouvernementale

14 créée pour aider ce Tribunal où nous sommes. J'insiste sur l'aide qu'a reçu

15 ce Tribunal. Je tiens à ce que celle-ci figure au compte rendu d'audience.

16 Je cite : "Ces membres, ainsi que d'autres organisations non

17 gouvernementales, travaillent aujourd'hui dans l'enceinte de ce Tribunal,

18 et ce, dans le but de recueillir des éléments de preuve en Bosnie-

19 Herzégovine au sujet des crimes présumés avoir été commis par les Serbes."

20 Albright a présenté ce document devant le congrès des Nations Unies et a

21 engagé un certain nombre de lobbies et des médias pour qu'ils fabriquent de

22 toutes pièces une image particulière destinée à influencer le public. On

23 l'appelle parfois, la mère du Tribunal.

24 Quant à d'autres déclarations émanant des organisations non

25 gouvernementales, elles parlent de scandales au sujet des faux documents

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1 présentés par des représentants de ces organisations et dans lesquels je

2 suis présumé coupable des crimes commis au Kosovo. Un journaliste du New

3 York Times cite un article de contre- informations qu'il estime devoir être

4 rejetées pour des raisons morales.

5 J'ai ce numéro du New York Times entre les mains et je peux vous le

6 remettre.

7 L'auteur du statut en question, un représentant de ce Tribunal, a apprécié

8 de la façon la plus précise qui soit, l'institution pour laquelle il

9 travaille dans une interview au Washington Post du 3 octobre 1991. Je cite

10 : "Ce Tribunal est un canal politique utile au service de l'isolation

11 diplomatique des dirigeants des états félons et utile dans la création

12 d'une force politique qui appliquera les sanctions au niveau international

13 et mettra en œuvre la force."

14 En d'autres termes, ce Tribunal est un instrument de guerre et pas un

15 instrument de justice. Ceci est confirmé par Globe and Mail, magazine

16 canadien, qui dit, au sujet de ce Tribunal, je cite : "Il fait partie de la

17 stratégie de guerre de l'OTAN."

18 Il s'agit ici d'une justice privée qui n'est connue que d'elle-même et qui

19 est imposée par une coalition de guerre dans l'intention de revenir au

20 système judiciaire du Moyen Age.

21 Dans le monde, on appelle ce Tribunal un instrument de propagande de

22 l'OTAN. Il ne peut être question d'indépendance ici. Nous n'avons pas

23 besoin d'ajouter que, depuis 1996, il y a eu des rapports constants entre

24 le secrétaire général de l'OTAN et le procureur général de ce Tribunal. Le

25 9 mai 1996, un mémoire signé du procureur général et du commandant en chef

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1 de l'OTAN pour l'Europe paraît. Il y est question des modalités de la

2 coopération entre ces deux institutions. Par conséquent, l'OTAN et non les

3 Nations Unies ont repris le rôle de gendarme du Tribunal, et c'est la

4 raison pour laquelle ce Tribunal ne peut pas être considéré comme une

5 institution internationale du tout, mais bel et bien comme une institution

6 de l'OTAN.

7 Un autre élément à l'appui de ma thèse, c'est l'Article 32 du Statut de ce

8 Tribunal, qui prévoit que les dépenses du Tribunal doivent être couvertes

9 par le budget régulier des Nations Unies, alors que, dans la pratique,

10 l'argent vient d'autres institutions, y compris d'institutions présentes

11 dans des pays islamiques. Le gros de l'argent de ce Tribunal vient de

12 l'OTAN en tant que tel. Selon un représentant de l'OTAN, je cite : "L'OTAN

13 est la source financière la plus importante de ce Tribunal." Ceci a été dit

14 le 17 mai 1999 à Bruxelles.

15 Nous devons également rappeler le financement de l'armée de libération du

16 Kosovo, le ALK, qui pour l'essentiel vient des mêmes sources que le

17 financement du journal de propagande Koha Detori.

18 Lorsque, le 12 décembre 1990, est signé un document avec les ministres des

19 Affaires étrangères de la République démocratique d'Allemagne à l'époque,

20 de la France, de la Grande-Bretagne également, de l'Union soviétique, des

21 Etats-Unis. Dans le but de signer un traité sur l'ordre en Allemagne,

22 Genscher déclare, je

23 cite : "Nous ne voulons rien d'autre que vivre avec les autres Etats dans

24 la liberté et la démocratie. L'unité de l'Etat représente pour nous la plus

25 grande responsabilité."

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1 Très bien, je vais ralentir.

2 Je cite : "L'unité de l'Etat représente pour nous la grande responsabilité

3 qui soit, mais elle ne représente pas à l'instant où nous sommes la moindre

4 inspiration à l'élargissement de notre pouvoir."

5 Le chancelier Kohl, le 3 octobre, c'est-à-dire, le jour de

6 réunification de l'Allemagne, envoie un message à tous les gouvernements, y

7 compris au gouvernement yougoslave, dans lequel entre autres choses il

8 déclare, je cite : "A l'avenir, seule la paix émanera du territoire

9 allemand. Nous savons fort bien que les frontières sont inviolables, que

10 l'intégrité territoriale et la souveraineté de tous les Etats d'Europe

11 doivent être respectées car elles constituent la base de la paix, et nous

12 savons que nous avons des obligations morales et légales également qui

13 émanent de l'histoire allemande."

14 Ce sont des mots très graves. Ce sont des promesses importantes qui sont

15 faites devant l'ensemble de l'humanité et, notamment, devant l'Europe, au

16 moment ou la nation allemande est finalement autorisée à lever le fardeau

17 de sa division qui pesait sur elle, après lui avoir été imposé précisément

18 suite à la période la plus sombre de l'histoire allemande. Oui, c'est une

19 promesse importante, mais à l'époque de cette promesse, la direction de

20 l'Allemagne au plus haut niveau considérait qu'elle avait des obligations

21 légales qui découlaient de l'histoire allemande citée dans ces propos, et

22 elle considérait que les frontières étaient inviolables, et ce, afin de

23 respecter l'intégrité territoriale et la souveraineté de tous les états

24 européens, comme ce représentant allemand le dit lui-même, respect de

25 l'inviolabilité des frontières de la souveraineté et de l'intégrité

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1 territoriale qui sont considérées comme les premières conditions de la

2 paix.

3 On pourrait regarder ce qu'il en ait de l'Yougoslavie à cet égard sur le

4 territoire de cet Etat, auquel dans son histoire, l'Allemagne au cours du

5 20e siècle a infligé 3 millions de pertes humaines après le 1 247 000

6 victimes tombées dans le cadre de la Première guerre mondiale. Il y a eu le

7 1 700 000 victimes de la Deuxième guerre mondiale. Au cours du mois où se

8 déroulait la réunification allemande, les services de Sécurité de l'armée

9 population yougoslave ont divulgué dans le cadre de leurs actions de

10 contre-espionnage, des activités de trafic d'armes illégales menées par la

11 Croatie dans le but de favoriser la sécession armée de la Croatie. Nous

12 parlons du démantèlement de l'intégrité territoriale de l'Yougoslavie ici.

13 Ces importations d'armes illégales faisaient intervenir l'Hongrie, mais

14 également certaines régions de l'Allemagne, ce qui rend tout à fait

15 ironique les propos du chancelier Kohl dans le message adressé par lui le

16 jour de la réunification allemande, dans lequel il dit que seule la paix ne

17 sortira désormais du territoire allemand.

18 Le fait d'armer les sécessionnistes, n'est pas la seule implication de

19 l'Allemagne dans le démantèlement de l'Yougoslavie et de la crise

20 yougoslave. En effet, l'Allemagne tout entière n'a pas contribué à aider au

21 premier stade de la crise yougoslave. Ceci a été la responsabilité des

22 dirigeants allemands au plus haut niveau.

23 Dans le cadre des efforts destinés à empêcher la guerre ou arrêter la

24 guerre sur le territoire de la Croatie tout en arrêtant les attaques contre

25 la JNA, la présidence yougoslave et les dirigeants des Républiques

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1 yougoslaves se retrouvent à Belgrade pour une réunion les 20 et 21 août

2 1991, réunion à l'issue de laquelle ils adoptent plusieurs décisions

3 destinées à stabiliser la situation. Un programme restreint de décisions

4 politiques et de coopérations économiques est également adopté. Une

5 commission est créée dont le rôle consistera à élaborer des accords à

6 l'avenir pour défendre le caractère multiethnique des états, et un accord

7 est conclu entre la direction croate et les responsables de la JNA.

8 Le 20 août, une réunion ministérielle extraordinaire se tient, au

9 cours de laquelle les ministres des Affaires étrangères de la Communauté

10 européenne concluent qu'ils sont favorables à ce que toutes les parties se

11 lancent dans des négociations au sujet de l'avenir de l'Yougoslavie, et

12 dans lesquelles il est demandé à toutes les parties de mener ces

13 négociations avec la meilleure volonté qui soit.

14 Le même jour, Genscher tient des réunions de consultation avec le ministre

15 des Affaires étrangères slovène et croate. Le

16 24 août 1991, il appelle l'ambassadeur yougoslave à Bonn, qui était un

17 Slovène à l'époque, à garantir, à veiller à ce que le message en question

18 arrive bien aux autorités de Ljubljana et de Zagreb. Il lui est demandé de

19 faire ce qu'il est possible pour empêcher des fusions de sang et arrêter

20 dans les plus brefs délais la violence à l'encontre de la JNA. Si tel

21 n'était pas le cas, le gouvernement fédéral déclare être contraint de

22 réfléchir sérieusement à la reconnaissance de la Slovénie et de la Croatie

23 dans les frontières existantes. C'est ainsi qu'un nouvel examen de la

24 situation aura lieu avec la Communauté européenne.

25 La question qui se pose est la suivante : Que fallait-il de plus ? Que

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1 fallait-il de plus que la sécession qui était déjà proclamée pour que les

2 armes soient utilisées afin de mener à bien cette intention ? Que fallait-

3 il de plus pour prouver qu'il y avait violation du cessez-le-feu ? Que

4 fallait-il de plus que ce message qui disait que les fusions de sang se

5 poursuivaient dans le cadre de la reconnaissance de ces nouveaux états ?

6 Malheureusement, c'est exactement ce qui s'est passé. Ce message a eu les

7 effets souhaités, puisque les forces paramilitaires croates ont mis un

8 terme au

9 cessez-le-feu, et le conflit n'a cessé de s'aggraver.

10 Finalement, comme l'Allemagne était prête à soutenir la Slovénie et

11 la Croatie dans leur sécession illégale, même au coût d'affrontements

12 graves avec ses partenaires de la Communauté européenne et avec les Etats-

13 Unis, Lord Owen parle également de cela. D'ailleurs, vous avez admis en

14 tant qu'élément de preuve au cours du procès, l'ouvrage de Lord Owen à ce

15 sujet. Dans lequel il dit, je cite : "Je vous rappelle la lettre de

16 Genscher à l'Yougoslavie où il est question de la charte de Paris. Mais

17 Genscher a oublié de parler de la déclaration de la Communauté européenne

18 adoptée à Rome le

19 8 novembre 1991, selon laquelle la perspective de reconnaissance de

20 l'indépendance de ces républiques ne doit au mépris de l'environnement

21 général, de l'environnement global."

22 C'est tout ce que je citerai de cet ouvrage.

23 La Communauté européenne, le 26 mars 1991, apporte son appui à l'unité

24 yougoslave. Ensuite, le 8 novembre 1991, elle demande l'adoption d'une

25 solution globale dans une nouvelle déclaration adoptée à ce moment-là.

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1 Enfin, la position allemande finit par l'emporter et la boîte de Pandore

2 est ouverte. La sécession illégale est reconnue, y compris au prix d'un

3 grand nombre de vies humaines, et les fusions de sang deviennent de plus en

4 plus difficiles à maîtriser. Les choses ne s'achèvent pas d'ailleurs avec

5 la Slovénie et la Croatie indépendamment des conséquences sanglantes de

6 leur sécession, car un nouveau pas va être franchi.

7 A la fin de l'ouvrage, dont je parlais tout à l'heure, page 383, Lord Owen

8 déclare, je cite. On m'a demandé de lire les citations lentement, dit

9 Milosevic. Je vais essayer de ralentir mon débit. Je cite : "L'erreur

10 commise par l'Union européenne s'agissant de la reconnaissance de la

11 Croatie, aurait pu être corrigée si la situation ne s'était pas compliquée

12 par la reconnaissance de la Bosnie-Herzégovine indépendamment des

13 conséquences que celle-ci pouvait avoir. Les Etats-Unis d'Amérique se sont

14 opposés à la reconnaissance de la Croatie en décembre 1991, mais sont

15 devenus un avocat très actif de l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine en

16 1992. Cela cependant n'était pas logique. Il était inévitable de

17 reconnaître la Bosnie-Herzégovine république yougoslave composée de trois

18 peuples constitutifs importants, qui avaient tous une position différente

19 sur l'indépendance."

20 Une nouvelle erreur a suivi une première erreur. L'impudence n'a fait

21 que s'aggraver, et le coût toujours plus important s'est chiffré en vies

22 humaines. Si des vies humaines sont le prix à payer, la chose devient un

23 crime, crime contre la paix. Ce n'est probablement pas un hasard que la

24 présente institution illégale n'ait pas compétence sur ce genre

25 d'événements, c'est-à-dire, sur des crimes contre la paix.

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1 Warren Christopher, secrétaire d'Etat des Etats-Unis, dans une interview à

2 "US Today", le 28 juin 1993, déclare, je cite : "Au cours de l'ensemble du

3 processus de l'indépendance et, notamment, des visites préalables destinées

4 à obtenir l'accord pour la reconnaissance de l'indépendance, des erreurs

5 ont été commises, ce qui est prouvé, notamment, dans la reconnaissance de

6 certains experts aujourd'hui, qui estiment que les problèmes auxquels nous

7 sommes confrontés désormais émanent de la reconnaissance de la Croatie et

8 plus tard de la Bosnie."

9 Roland de Mar, un collègue français de Christopher, déclare, le 21 juin

10 1993, que la Communauté européenne doit être critiquée pour la

11 reconnaissance de la Slovénie et de la Croatie, qui s'est fait trop vite.

12 Il dit, je cite : "La responsabilité de l'Allemagne et du Vatican pour

13 l'éclatement de cette crise est manifestement énorme."

14 Un autre participant aux événements, à savoir, le premier ministre

15 néerlandais de l'époque déclare en 1997 que le chancelier allemand Kohl a

16 exercé des pressions sur la Communauté européenne afin d'obtenir d'elle

17 qu'elle modifie sa position sur l'indépendance de la Croatie, puisqu'à

18 l'époque elle pensait qu'il convenait de ne par reconnaître cette

19 indépendance, afin de ne pas entraîner une guerre civile. Je cite : "Van

20 den Broek et moi-même pensions que le monde tournait à l'envers. Les autres

21 Européens pouvaient nous jeter des regards étonnés. Les Allemands ont fait

22 ce qu'ils ont fait, et ceci a été une catastrophe." Voilà la déclaration du

23 premier ministre néerlandais le 23 décembre 1997.

24 Les sécessionnistes slovènes et croates obtiennent des appuis de diverses

25 sources, et ce, après avoir déployé d'énormes efforts pour que leur plan

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1 soit pris en considération. Voyez à cet égard les déclarations faites à

2 l'époque par Stjepan Mesic qui ne surprennent personne. Il parle du rôle

3 joué par Genscher et le pape Jean-Paul II, mais la participation la plus

4 importante au démantèlement de l'Yougoslavie et à l'indépendance des

5 républiques sécessionnistes est bien connue de tous. La question demeure

6 néanmoins dans l'esprit de nombreuses personnes, quant aux motifs qui ont

7 justifié cette action et aux objectifs poursuivis avec persistance par les

8 plus hauts dirigeants de l'Etat allemand a peine réunifié. Cette question,

9 l'un des experts de la géopolitique mondiale y répond, une personne qui a

10 rang de général dans l'armée, et qui dit ce qui suit, je cite : "Le

11 démantèlement de ce pays et le fait de relier les Croates et les Slovènes à

12 l'industrie allemande, a conduit à l'émancipation de ces peuples qui,

13 traditionnellement, étaient associés à cet empire au cœur de l'Europe et,

14 ensuite, au 3e Reich. Par ailleurs, ceci sanctionnait les Serbes qui, au

15 cours des deux guerres mondiales, s'étaient tenus du côté des alliés.

16 Troisièmement, ceci a conduit à la disparition des derniers restes des

17 traités internationaux qui avaient puni deux fois l'Allemagne à l'issue de

18 sa défaite."

19 Il y a de nombreuses personnes qui peut-être ne souhaitent pas s'accorder à

20 ce point de vue exprimé par ce vieux général antifasciste français, qui dit

21 que les ambitions de l'Allemagne appartiennent au passé, et que la

22 catharsis, dans le cadre de laquelle l'Etat allemand s'est trouvé,

23 suffirait à garantir l'idée que les apparences produites par les

24 responsables politiques allemands au cours des événements qui se sont

25 déroulés avant la réunification de l'Allemagne est manifeste au vu du

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1 nouvel ordre mondial, décrit le 19 mars 1993 dans le journal Frankfurter

2 Algemeine Zeitung. Dans l'article en question, la tâche du ministre

3 allemand des Affaires étrangères est définie comme suit, je cite : "Quelque

4 chose qui reste à faire parce que nous n'avons pas réussi à le faire deux

5 fois par le passé."

6 Le sens de cette phrase est tout à fait clair. Je crois qu'il n'y a

7 personne au monde qui dirait ne pas comprendre ce que l'Allemagne n'a pas

8 réussi à faire deux fois par le passé dans le monde.

9 Selon leur propre ministre allemand des Affaires étrangères, la

10 politique étrangère de l'Allemagne devait utiliser tout son potentiel pour

11 parvenir au but qu'elle n'était pas parvenue à atteindre au cours des deux

12 guerres mondiales, et résoudre la question qui restait à résoudre par de

13 nouveaux moyens, puisqu'elle n'avait pas réussi à être résolue par les

14 moyens anciens.

15 Le jour de la reconnaissance de la sécession croate, Kohl lui-même,

16 déclare dans une émission télévisée, je cite : "Il y a un rapport

17 particulièrement intense entre les Croates et les Allemands, qui a des

18 relations directes avec l'histoire." Si cette ligne verticale existe dans

19 l'histoire entre l'Allemagne et la Croatie, ligne sur laquelle le ministre

20 allemand des Affaires étrangères et Kohl mettent le doigt, de même que

21 Kinkel d'ailleurs, nous comprenons finalement pourquoi les représentants

22 politiques croates ont mené la politique qu'ils ont menée sur la base de ce

23 qui s'était passé au cours des deux guerres mondiales ainsi qu'au cours de

24 la guerre contre l'Yougoslavie, qui constitue la troisième guerre. Des

25 pressions anti-yougoslaves constantes se sont exprimées au cours de ces

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1 trois guerres. D'abord, il y a eu effusion de sang pour empêcher la

2 création de l'Etat yougoslave par le passé, ensuite, le même genre d'effort

3 déployé pour en assurer la destruction.

4 Ce fil rouge, que l'on trouve dans toute la rhétorique allemande et

5 germanique, de façon générale, c'est-à-dire que j'inclus l'Autriche -- ou

6 plutôt l'Austro-Hongrie et l'Allemagne dans les Balkans, se retrouve dans

7 la thèse de ce prétendu danger de création d'une prétendue Grande Serbie.

8 Ce danger est au cœur de la thèse que l'on trouve dans le faux acte

9 d'accusation dressé à mon encontre. Grande Serbie, cette thèse mythe a été

10 créée par la propagande austro-hongroise dès la deuxième moitié du 19e

11 siècle. Elle fait partie intégrante des efforts déployés par certains pour

12 maintenir sous leur contrôle les Slaves du sud.

13 Quant à la crainte que cette population slave du sud occupe une nouvelle

14 fois l'Empire austro-hongrois, dans le cadre d'une émancipation, de

15 nombreuses nations européennes qui souhaitaient se libérer et s'intégrer

16 dans le cadre d'un Etat, c'était d'ailleurs le cas de l'Allemagne elle-

17 même. Cette crainte peut être évoquée dans sa légitimité historique, et

18 c'est elle qui a conduit à l'unification des Slaves du sud.

19 Un autre allemand, un ambassadeur allemand, dans un ouvrage dont il est

20 l'auteur, page 31, parle de l'aspect très profond de cette crainte et du

21 fait qu'elle remontre très loin dans le passé. Je cite : "Dès 1876, le

22 prince serbe Milos a appuyé la rébellion de la population chrétienne

23 d'Herzégovine et de Bosnie contre le régime au pouvoir, en déclarant la

24 guerre à Istanbul et en s'élevant contre les principes en vigueur à

25 l'époque. Le chancelier allemand Bismarck, le premier ministre austro-

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1 hongrois également, ont exercé des pressions auxquelles les Serbes n'ont

2 pas cédé." Telle est la citation qui se poursuit par les mots suivants, je

3 cite : "Le pouvoir n'a pas toléré la création d'un Etat constitué des

4 Slaves du sud. Pour les Allemands, les Italiens, les Espagnols et les

5 Russes et pour d'autres également, on était en présence d'un droit tout à

6 fait compréhensible, le droit à vivre sous le même toit, dans un même Etat.

7 Les Slaves du sud devaient être privés de ce droit à tout jamais. C'est ce

8 qui a été déclaré à l'époque. Il ne fallait pas les autoriser à s'unir dans

9 le cadre de ce qui, dès cette époque là, s'est appelé la Grande Serbie. En

10 dépit des aspirations du royaume serbe, un tout petit royaume très faible

11 par rapport aux puissances européennes, puisque la population serbe

12 n'excédait pas 10 millions à l'époque, en dépit de ses aspirations, ce sont

13 Vienne et Berlin qui ont continué à agiter le spectre de la Grande Serbie

14 jusqu'au jour d'aujourd'hui."

15 L'acte d'accusation, de l'institution où nous nous trouvons, est la

16 meilleure preuve de la façon dont cette thèse est utilisée, de la façon

17 dont ce spectre est agité puisqu'il en est question dans l'acte

18 d'accusation.

19 Ce qui est tout à fait frappant, c'est que dès la propagande austro-

20 hongroise on voit que le fait de se libérer du joug austro-hongrois et de

21 s'unifier, pour les Slaves et pas seulement pour les Serbes, était qualifié

22 d'expansion de l'Etat serbe ou de volonté de créer la Grande Serbie. Cette

23 formulation signifie qu'il y aurait certains désirs d'hégémonie chez les

24 Slaves du sud et, en particulier, chez les Serbes. Cela signifie bel et

25 bien que les populations slaves du sud étaient censées comme devant se

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1 soumettre à une règle étrangère.

2 Lorsque les Serbes, pour aider leurs frères asservis dans l'Empire

3 austro-hongrois, ont accepté de venir à leur secours, un signe d'égalité a

4 été placé entre deux principes qui n'ont rien à voir l'un avec l'autre,

5 c'est-à-dire, entre l'identité serbe, l'identité yougoslave d'une part et

6 qui représente l'union des Slaves du sud d'une part et d'autre part la

7 création d'une espèce de Grande Serbie qui serait un produit de la

8 propagande yougoslave et de la propagande serbe, tout en pouvant être

9 utilisé contre l'Yougoslavie et contre la Serbie. Il s'agit d'un concept

10 selon lequel la Serbie et l'Yougoslavie auraient pour intention de

11 s'étendre vers des territoires ne lui appartenant pas, or ceci est un

12 mensonge pur et simple.

13 Voici une nouvelle citation. Celle-ci provient de l'ambassadeur allemand et

14 elle a été conservée dans les archives allemandes. C'est l'ambassadeur

15 allemand qui transmet le contenu de ses entretiens avec le ministre

16 autrichien des Affaires étrangères avec le comte Berthold [phon]. Le

17 ministre a déclaré, et je cite d'après les archives -- d'après les archives

18 du ministère : "Qu'il estime qu'il fait partie de ses devoirs d'informer le

19 gouvernement allemand. La question sud-slave, à savoir, la possession

20 continue des provinces sud est, une question vitale pour la monarchie et

21 aussi pour la coalition tripartite. Ces provinces sud slaves ne peuvent pas

22 être préservées si la Serbie devait exercer une domination dans les

23 Balkans. On pourrait se trouver forcés d'agir si la Serbie était le

24 vainqueur de la Bulgarie et si elle étendait ses territoires au-delà des

25 territoires historiques serbes. A ma question, qui était de savoir comment

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1 devait-on agir, le ministre a fait observer qu'on pouvait trouver un moment

2 psychologiquement opportun et l'attentat, que l'on connaît tous qui s'est

3 produit à Sarajevo lorsque Gavralo Princip, qui était membre de

4 l'organisation Jeune Bosnie, a commis cet attentat à l'encontre du prince

5 héritier Ferdinand. Ce que l'on ne dit pas, c'est que 20 jeunes hommes ont

6 participé à ce complot, qui étaient à la fois Croates, Musulmans et Serbes.

7 C'était cela cette organisation Jeune Bosnie et, quant à l'application du

8 royaume serbe à cet attentat, ceci n'a jamais pu être prouvé. En dépit de

9 cela, c'est le peuple serbe et la Serbie qui se sont vus condamnés

10 immédiatement. C'est une espèce d'hystérie -- de pure hystérie anti-serbe

11 qui s'est étendue en Autriche-Hongrie.

12 L'ambassadeur Hartman déclare dans le livre déjà cité : "En Autriche

13 et en Allemagne, on a vu s'étendre une campagne anti-serbe vive, qui elle

14 était la plus forte jamais. Ceci donne lieu à des réactions auprès de Kokin

15 Bafinjagov, disant que le peuple serbe dans son ensemble, en tant que

16 peuple d'assassins et de criminels, doit être stigmatisé." De toute

17 évidence, les droits d'auteur sont contestés pour ce qui est de cette

18 déclaration, et ce, depuis tant de décennies.

19 En réalité, quel est le sens ? Quelle est la signification de ce mal

20 -- de tous les maux de la Grande Serbie ? Personne n'a voulu s'y pencher,

21 personne n'a voulu l'examiner et c'est avec une grande allégresse aussi

22 qu'on s'est mis à l'employer ici. Aussi jamais personne ne se penche sur

23 l'origine, la source, la signification de ce terme. Si on l'avait fait,

24 dans son ensemble cette propagande aurait éclaté comme une bulle de savon.

25 L'on sait parfaitement que le 23 juillet 1914, le gouvernement serbe

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1 s'est vu remettre un ultimatum de la part de l'Autriche-Hongrie, et ce,

2 après des accusations fausses sur l'implication de la Serbie à l'attentat.

3 Toute une série d'exigences ont été formulées à l'égard de la Serbie. Aucun

4 Etat n'aurait accepté ce genre d'exigences. Frappé de stupeur par cet

5 ultimatum auquel, on allait devoir se conformer ou plutôt dont l'unique

6 rôle était de provoquer la guerre, tout comme à Rambouillet, mais frappé à

7 ce moment-là, le ministre britannique des Affaires étrangères, Sir Edward

8 Gray, a déclaré que ce texte était -- je cite ses propres propos : "Que

9 c'était le document le plus stupéfiant qui ait jamais été créé par la

10 diplomatie." "Le document le plus frappant, le plus stupéfiant qui ait

11 jamais été fabriqué par la diplomatie." Gray, à l'époque, n'imaginait

12 probablement pas qu'au cours de ce même siècle, l'Etat serbe, le peuple

13 serbe allait se voir adresser toute une série d'autres ultimatums, voire

14 même plus stupéfiants et qu'avec l'Allemagne, l'Autriche et quelques autres

15 Etats occidentaux, voire même quelques alliés serbes de l'époque, à savoir,

16 la France, voire plus tard les Etats-Unis, son propre Etat la Grande-

17 Bretagne, et ce, en se fondant sur ces nouveaux ultimatums, allait agir

18 tout comme il allait être co-auteur et participant aux assauts meurtriers à

19 l'encontre de la Serbie au 20e siècle, et ce, en se fondant sur des

20 mensonges éhontés que l'on trouvera ici devant l'opinion, en imposant des

21 embargos économiques sans merci et enfin en se servant de frappes

22 militaires à l'encontre de ses alliés d'antan avec le seul prétexte que

23 ceux-ci ont essayé de protéger leur Etat, de protéger leur peuple et de

24 préserver ce qui a été difficilement, durement acquis, et ce, grâce à

25 l'aide des alliés au cours des deux guerres mondiales.

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1 Il est difficile de concevoir l'honte qu'aurait éprouvée Sir Edward Grey,

2 en sachant quel est le rôle qui a été joué par son Etat pour confirmer ce

3 crime séculaire commis à l'encontre d'un autre Etat à la fin du 20e siècle.

4 C'est précisément ici devant cette institution, qui a été créée par la

5 violation des droits fondamentaux, que cet acte se termine. Ce Tribunal

6 illégal et la création font partie de ce que Gray a qualifié du document le

7 plus stupéfiant jamais créé par la diplomatie.

8 L'on sait bien, comment a vu le jour le royaume des Serbes, des

9 Croates et des Slovènes. Le royaume qui s'est vu baptiser par la suite,

10 Yougoslavie, un Etat commun des Slaves du sud. Le bloc germanique

11 souhaitait si vivement empêcher sa création, suite à l'échec de la Première

12 Guerre mondiale, à l'échec de la Deuxième Guerre mondiale, cet Etat devait

13 disparaître. Mais le vieux mythe de l'Etat serbe s'est maintenu en tant

14 qu'un instrument confirmé pour cacher, occulter la réalité, et ce, un péché

15 attribué à autrui, un péché inventé, et c'est ici, qu'on s'enracine

16 naturellement cette contre-vérité -- ce mensonge, et prend des proportions

17 inouïes.

18 Ironiquement, absurdement, et pour montrer à quel point les Serbes

19 sont victimes de contrevérités, aucun peuple, même s'il y a eu des

20 occasions et même si le peuple serbe a eu bien meilleures occasions que ses

21 voisins, que d'autres, il n'a jamais essayé d'étendre son Etat car l'on

22 sait qu'en 1915, les alliés serbes, dans ce qu'on a appelé les accords de

23 Londres, ont divisé la Serbie. Après avoir été vaincue dans la guerre, elle

24 a été empêchée d'étendre ses territoires sur la Bosnie-Herzégovine, la

25 Dalmatie, et cetera. Les documents existent. La Serbie n'a pas étendu ses

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1 territoires. Ce qu'elle a fait, c'est d'avoir fait sien ou d'avoir accepté

2 tous, les Serbes, les Croates, les Slovènes des anciens territoires

3 d'Autriche, Hongrie, et c'est ainsi que le royaume des Serbes, des Slovènes

4 et des Croates a vu le jour, appelé par la suite, Yougoslavie.

5 Le royaume yougoslave a privilégié un Etat commun. C'est ceci qui a

6 permis à la Croatie, à la Slovénie, à ses frères de se voir protégés, de ne

7 pas subir un démantèlement territorial. Ceci leur a permis aussi de

8 rejoindre le camp des victorieux.

9 Le peuple serbe, pendant ses derniers moments de l'Empire austro-

10 hongrois, à partir de ce moment-là et jusqu'à aujourd'hui, il se voit

11 stigmatisé d'aspiration grande serbe, et il s'agit d'un faux historique que

12 l'on ne cesse de maintenir. Or, afin de comprendre ce qui s'est réellement

13 passé, il conviendrait de changer d'angle de vue pour ce qui est de la

14 Première guerre mondiale. En 1915, le théoricien allemand, Friedrich

15 Naumann, publie son livre "Middle Europe", "l'Europe centrale", où il

16 précise son projet du rôle de remodèlement de l'Europe. Il supposait, à ce

17 moment-là, évidemment, que les Allemands allaient l'emporter pendant la

18 guerre. Il supposait la création d'une Grande Allemagne, qui engloberait

19 l'ensemble de l'Europe centrale et qui se verrait entourée de petits Etats

20 faibles, que Naumann, dans ce livre, qualifie d'Etats satellites.

21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, nous allons

22 faire une pause à la demie.

23 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Robinson.

24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

25 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je comprends qu'il est 10 heures 30, mais vous

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1 n'êtes pas sans savoir que les interprètes me disent souvent que je dois

2 ralentir mon débit et je pense qu'il serait approprié que vous examiniez

3 cette possibilité de m'accorder plus de temps au-delà de la journée

4 d'aujourd'hui.

5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, vous avez un

6 texte écrit que vous pourriez peut-être envisager de remettre aux

7 interprètes.

8 Nous allons reprendre dans une demi-heure.

9 L'ACCUSÉ : [interprétation] Non, je ne l'ai pas par écrit, Monsieur

10 Robinson. Je n'ai que mes notes. Je ne peux pas leur donner mes notes, ils

11 ne pourraient pas lire mon écriture. Je me suis préparé. Je n'ai que des

12 choses qui sont totalement inutilisables pour eux. C'est pourquoi je vous

13 ai demandé d'envisager --

14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vois, Monsieur Milosevic. Nous

15 allons reprendre dans une demi-heure.

16 --- L'audience est suspendue à 10 heures 31.

17 --- L'audience est reprise à 11 heures 05.

18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, je vous en prie,

19 vous pouvez poursuivre.

20 L'INTERPRÈTE : Le début de l'intervention était inaudible.

21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Le microphone, s'il vous plaît. Il

22 n'y avait pas d'interprétation.

23 L'ACCUSÉ : [interprétation] Le microphone ne fonctionne pas ? Est-ce qu'il

24 fonctionne à présent ?

25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.

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1 L'ACCUSÉ : [interprétation] Tout va bien maintenant, merci.

2 J'ai mentionné Friedrich Naumann, le théoricien allemand qui a publié un

3 livre, "l'Europe centrale", où il explique la Grande Allemagne entourée,

4 comme il le qualifie, d'Etats satellites qui auraient été totalement

5 dépendants du grand Etat allemand puissant. Il ne mentionne cependant pas

6 la Serbie, pas du tout, même pas comme un Etat satellite. Il dit qu'il

7 s'agit d'un Etat qui doit être rayé de cette région car il y constitue un

8 obstacle."

9 J'ajoute que le fait de rayer la Serbie de la carte politique de l'Europe,

10 selon ce projet allemand, est conformément à la propagande anti-serbe qui

11 était en place à l'époque et, compte tenu du slogan connu de l'époque, à

12 savoir, "La Serbie doit mourir", citation en allemand, il s'agit du verbe

13 allemand qui rime avec le mot de l'Etat, la Serbie. L'idéologue du Parti

14 libéral allemand, d'un parti qui a agi au cours de plus de deux décennies

15 sur l'échiquier politique allemand et qui détenait entre ses mains le sort

16 de la Serbie du temps de Genscher et de Kinkel, ce même Kinkel qui, en

17 1993, éprouve le besoin de publier la révision des acquis politiques et

18 historiques, où il a dit : "Il convient d'agir vers l'extérieur là où on a

19 essuyé deux échecs de par le passé."

20 Quant à savoir quel est l'importance aux yeux des libéraux allemands et, en

21 particulier, des deux figures que je viens de mentionner, c'est quelque

22 chose que l'on voit le mieux lorsqu'on se penche sur la fondation qui est

23 liée au Parti libéral, à savoir, son nom et celui de Friedrich Naumann,

24 c'est le Stichtung Friedrich Naumann. Sur le plan des concepts essentiels,

25 l'on y verra une activité destructrice de la diplomatie de Genscher et de

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1 Kinkel dans leur effort de confirmer -- d'affirmer la présence allemande

2 par l'émiettement de l'espace centrale et du centre est. Vous avez

3 l'exemple de la Tchécoslovaquie également sans mentionner l'exemple du

4 démantèlement de l'Union soviétique, l'un des premiers pays victorieux de

5 la Deuxième guerre mondiale.

6 Lorsque la Serbie est condamnée à la mort dans cette vision déformée

7 des protagonistes de l'idée de la Grande Allemagne, lorsqu'elle fonde son

8 étaticité dans l'Etat des sud slaves, c'est le concept des aspirations

9 grand serbe qui n'est qu'un concept de propagande qui est répandu

10 évidemment. Il est transféré également à l'Etat d'Yougoslavie nouvellement

11 créé. L'on sait qu'il y a eu des protestations en Serbie parce que le

12 gouvernement souhaitait signer un pacte avec les pays de l'axe. On sait que

13 le gouvernement a été renversé, que Winston Churchill a dit, à ce moment-là

14 : "L'Yougoslavie vient de retrouver son âme." C'est ce qui a été dit d'un

15 côté, du côté des alliés. De l'autre côté, Hitler, le jour de l'attaque

16 contre l'Yougoslavie, souligne que : "Cette attaque militaire -- cette

17 agression a pour cible la même clique criminelle

18 -- les mêmes créatures qui, par la voie de l'attentat de Sarajevo, avaient

19 plongé le monde dans un malheur indicible." Cette affirmation nous rappelle

20 combien une affirmation prononcée 58 ans plus tard par un nouveau führer,

21 lors d'un nouveau bombardement de la Serbie et de l'Yougoslavie, à savoir,

22 Clinton, le président des Etats-Unis de l'Amérique à l'époque, dans la nuit

23 du 24 mars, en présentant à l'opinion télévisée américaine sa décision de

24 lancer une campagne aérienne à l'encontre de l'Yougoslavie, souligne :

25 "Non, les Serbes n'ont pas seulement susciter une guerre mondiale. Sans

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1 eux, il n'y aurait même pas eu d'holocauste." Autant pour ce qui est de la

2 connaissance et de la reconnaissance de l'histoire par ces deux criminels.

3 Le reste figure dans les archives allemandes. Des entretiens d'Hitler

4 au führer apparaissent comme déterminés de détruire militairement

5 l'Yougoslavie, non seulement militairement, mais aussi en tant qu'un Etat.

6 Détruire l'Yougoslavie en tant qu'Etat, cela l'on peut le mettre très

7 facilement en relation avec la décision qui a été prise dans le rapport

8 combien cynique, le rapport du président de la présidence yougoslave de

9 l'époque, Stjepan Mesic, la décision du 5 décembre 1991. Lorsqu'il se

10 prononce devant l'assemblée croate, il dit : "Je tiens à vous remercier de

11 m'avoir accordé votre confiance. Je pense que j'ai accompli ma tâche,

12 l'Yougoslavie n'est plus."

13 S'agissant maintenant de ces aspirations, de cette intention, de ce

14 crime à l'égard de cet Etat-là de l'Yougoslavie, mais aussi envers d'autres

15 états, avant l'attaque contre l'Yougoslavie, en Allemagne, des lignes

16 directrices sur le plan de la propagande ont été précisées. L'ambassadeur

17 Hartman dit qu'il s'agit de lignes traditionnelles de la politique

18 allemande dans les Balkans : (A) l'adversaire de l'Allemagne est le

19 gouvernement serbe qui attisait la haine contre l'Allemagne puisque les

20 Serbes se sont livrés à une dictature sans précédent à l'encontre des non-

21 Serbes et, en particulier, à l'encontre des Macédoniens, et cetera. Il

22 convient de préciser que le Wehrmacht n'arrive pas ici en tant qu'un ennemi

23 des Croates, des Slovènes, des Bosniens. En revanche, ils se verront

24 protégés face à des massacres commis par des chauvins serbes. Précisément

25 ceci a eu pour résultat un génocide commis à l'encontre des Serbes, des

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1 Juifs et des Romes -- des Tziganes. Un million de Serbes ont perdu la vie,

2 et plus que la moitié de ce nombre a connu des souffrances terribles. Il

3 s'agit d'une entreprise criminelle à laquelle a contribué sans aucun doute

4 la directive de Goebbels. Celle-ci n'a pas perdu de son actualité par la

5 suite dans la pratique politique allemande, à savoir, faire la patte

6 blanche auprès des Croates à l'encontre de Serbes. Telle est la position

7 allemande dans les Balkans vers la fin du 20e siècle. Il s'agit d'une

8 constante dans la politique allemande.

9 Ce que je vais citer est peut-être le plus explicatif là-dessus. Le

10 dirigeant croate Pavlic déclare : "C'est grâce au führer, au Reich et à

11 l'Europe que l'on doit remercier notre puissance." Comparant cette phrase à

12 Danke Deutschland, la chanson qui a été chantée fin 1991, début 1992, en

13 Croatie ou aux déclarations de Stjepan Mesic sur le rôle particulièrement

14 important joué par Genscher et par le pape Jean Paul II pour ce qui est de

15 la reconnaissance de la Croatie.

16 Je dirai maintenant du deuxième auteur -- ou du deuxième participant

17 international, pour ce qui est des propos tenus par Mesic et pas pour ce

18 qui est du démantèlement de l'Yougoslavie, j'entends là le Saint-Siège. Ce

19 Saint-Siège est caractérisé par une continuité historique dans ses

20 activités anti-yougoslaves et son alliance avec ceux qui se sont battus

21 contre la création de l'Yougoslavie avant et pendant la Première guerre

22 mondiale et qui se sont battus contre son existence, notamment, durant la

23 Deuxième guerre mondiale toute entière. Pour ce qui est maintenant des

24 racines profondes de cette politique du Vatican et de cette incitation à la

25 guerre contre les Serbes de la part du Vatican encore, nous avons une

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1 citation qui l'illustre et qui provient d'un rapport de l'émissaire

2 austro-hongrois auprès du Saint-Siège, rédigé à l'intention de Vienne au

3 mois de juillet 1914, avant la déclaration à la guerre, et ceci dans ce qui

4 a été la teneur de ces conversations avec Marie Del Vallo, je cite : "A

5 l'occasion de l'année écoulée, Sa Sainteté a exprimé ses regrets pour le

6 fait de voir l'Autriche-Hongrie manquer à punir ses voisins dans les

7 Balkans. Le Pape voit dans la Serbie un danger qui menace la monarchie et

8 qui causera sa perte. La destruction de ce bastion, aux yeux de l'Eglise,

9 constituerait la perte de son point fort le plus grand dans son combat

10 contre l'orthodoxie et la perte du plus gros et du plus puissant de ces

11 combattants. Le cardinal a exprimé l'espoir de voir la monarchie aller sur

12 ce plan-là jusqu'au bout."

13 De par les positions officielles du Vatican, la Serbie devait être

14 détruite pour conforter et renforcer l'Empire austro-hongrois qui était

15 l'appui de l'Eglise catholique qui était sa base pour son expansion vers

16 l'est. Pour ce qui est de la corrélation qui existe avec l'enseignement du

17 Christ, la relation est évidente. Il est aussi évident de voir quel est le

18 précepte qui en a découlé et qui a été propagé par Adolf Hitler, et qui

19 s'est traduit par une idée sanglante pour ce qui est de sa mission divine

20 consistant à réaliser le rêve allemand. Nous ne voyons aucune surprise dans

21 cette alliance entre le Vatican et l'Allemagne. Dans la Croatie, cette

22 alliance s'est traduite par une étroite corrélation entre l'Eglise

23 catholique et l'Etat croate indépendant de Pavlic, dont le ministre de

24 l'Education, Mile Budak, a déclaré à Gospic : "Une partie des Serbes devra

25 être détruite, une deuxième partie devra être expulsée, et les autres

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1 devront être converties au catholicisme et transformées en Croates. C'est

2 ainsi que nous éteindrons toute trace de leur existence. Ce qui en restera

3 ne sera qu'un mauvais souvenir de leur présence."

4 Le professeur Edmond Paris, dans son livre, "Génocide de cette

5 Croatie satellite 1941-1945", publié à Chicago en 1961, nous

6 dit : "Le plus grand des génocides dans le courant de la Deuxième guerre

7 mondiale, par rapport à la majorité d'un peuple, a été réalisé non pas dans

8 l'Allemagne nazie, mais dans cet Etat satellite de Croatie," Etat satellite

9 créé par les nazis.

10 Le professeur Helen Feyne [phon], dans son livre, intitulé

11 "Responsabilité pour le génocide", 1979, New York Free Press, qui dit que

12 la Croatie -- je cite : "L'Etat croate a planifié et exécuté un massacre à

13 l'encontre de sa minorité orthodoxe serbe et les prêtres catholiques ont

14 approuvé ce massacre. Suivant l'encyclopédie de l'holocauste de MacMillan,

15 pages 323 à 328, qui dit au sein de la NDH, il a été tué plus d'un demi-

16 million de Serbes, un quart de million a été expulsé, et 200 000 ont été

17 forcés à la conversion au catholicisme. Le génocide perpétré à l'encontre

18 du peuple serbe, au sein de la NDH de l'Etat croate indépendant, est l'un

19 des plus dissimulé du 20e siècle, tout comme cela constitue l'un des

20 secrets les mieux gardé, l'évasion des criminels de guerre croates vers

21 les pays occidentaux après la guerre mondiale, après l'échec des forces de

22 l'axe et la défaite de cette NDH oustachi.

23 L'Eglise catholique, avec la coopération de certains pays, notamment,

24 les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, a joué un rôle très important et très

25 obscur pour ce qui est de l'organisation de la fuite vers l'étranger,

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1 notamment, vers l'Amérique du Sud et l'Amérique du Nord d'un grand nombre

2 d'Oustachi, notamment, les plus éminents, y compris le grand chef lui-même,

3 Ante Pavlic.

4 Les raisons du sauvetage des Oustachi et autres nazis et leur

5 transfert organisé par les canaux du Vatican, les canaux des RATS [phon],

6 se dissimulent dans une raison, la lutte contre l'URSS et la menace

7 communiste où on l'on n'a pas choisi les instruments de cette lutte. Le

8 Vatican avait également souhaité sauver les criminels qui étaient des

9 catholiques fervents, qui ont bénéficié de sa bénédiction pendant la

10 guerre. La dissimulation des crimes a été la conséquence d'une peur qui se

11 résume à dire qu'au cas où la participation du pape Pie II serait publiée

12 dans la Deuxième guerre, les communistes pourraient l'emporter dans

13 certains pays occidentaux, là où ils étaient notamment forts, en

14 particulier, en France et en Italie. Ces criminels ont par la suite été

15 utilisés pour affaiblir les pays communistes de l'Europe et pour y réaliser

16 des actes terroristes.

17 Les efforts déployés par le Vatican, pour ce qui est d'une

18 corrélation des plus étroites à établir avec la principale puissance

19 victorieuse de la Deuxième guerre mondiale, les Etats-Unis d'Amérique, ont

20 été couronnés de succès, notamment, dès vers le début des années 1980, date

21 à laquelle il y a eu une réunion entre le Pape et Reagan, où il a été

22 question des solutions adoptées à Yalta en 1945. Il s'est tenue une réunion

23 en présence des collaborateurs de l'un et de l'autre à l'occasion de quoi

24 il a été établi des liens très forts que Richard Allen, collaborateur de la

25 Maison-Blanche, a caractérisé comme étant l'une des alliances secrètes les

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1 plus fortes de tous les temps.

2 Il existe un livre, un ouvrage --

3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, la Chambre vous

4 a accordé une certaine latitude pour ce qui est de la présentation de vos

5 propos. Cela est tout à fait conforme à la pratique de ce Tribunal, mais il

6 convient d'être prudent. La question qui se pose, c'est de savoir si la

7 majeure partie de ce que vous êtes en train de raconter est pertinente pour

8 cette affaire. En tout état de cause, cela ne saurait pas chose admissible

9 au dossier. Jusqu'à une certaine mesure, on peut autoriser la présentation

10 de cette quantité de faits historiques dans des propos liminaires, mais il

11 convient d'être plus discipliné, notamment, si vous souhaitez voir votre

12 demande exaucée, pour ce qui est de l'attribution d'un temps

13 supplémentaire. Veuillez continuer, je vous prie.

14 L'ACCUSÉ : [interprétation] Pour ce qui est de la nature de cette alliance

15 secrète, le professeur Smilja Avramov dit ce qui suit dans son livre, et

16 quoique Brzezinski, Casey et Walters aient préparé le terrain de la

17 création de cette alliance, pour ce qui est de l'expansion du catholicisme,

18 et quoique le président Reagan ait placé, au poste le plus éminent de son

19 administration, des militants catholiques romains, tel qu'un archevêque, il

20 serait erroné d'affirmer que la religion catholique romaine a constitué un

21 facteur déterminant dans la politique des Etats-Unis de ce temps.

22 L'administration des Etats-Unis n'a pas vu dans cette alliance un

23 expression de la confession, mais elle a vu, notamment, la puissance de

24 l'Eglise, en sa qualité d'institution, pour placer cela dans le contexte de

25 la politique réaliste. Washington a privilégié le Saint- Siège, à savoir,

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1 l'Eglise catholique, d'une façon analogue à celle qui sera plus tard

2 utilisée avec l'islam.

3 Au travers de cette alliance, on a procédé à la refonte de la carte

4 politique du monde, il a été crée un bloc géopolitique avec une position

5 prédominante des Etats-Unis, et cela aura des conséquences fatales pour

6 l'Yougoslavie."

7 Pour ce qui est de ces propos concernant les modifications survenues dans

8 le monde, cela s'est trouvé confirmé par Mikhail Gorbachev, qui dans La

9 Stampa italienne en mars 1993, a déclaré : "Tout ce qui s'est passé en

10 Europe de l'est, dans le courant des années écoulées, n'aurait pas pu se

11 faire sans la participation du pape Jean-Paul II." En Europe de l'est, dans

12 le courant de ces dernières années, il a été procédé au démantèlement de

13 l'Yougoslavie dans le sang, d'un Etat dont la création a voulu être

14 empêchée par le Vatican dans le courant de la Deuxième guerre mondiale et

15 au démantèlement duquel et à l'effusion de sang qui s'est ensuivi, a été

16 une fois de par le passé, encouragé par le soutien à Hitler et aux crimes

17 Oustachi dans le courant de la Deuxième guerre mondiale.

18 La politique du Vatican à l'égard de la Serbie a été modelée, comme on peut

19 le voir dans cette lettre que je viens de citer, en 1914 déjà et précédant

20 la création de l'Yougoslavie. Après la création de ce royaume des Serbes,

21 Croates et Slovènes en 1918, cet Etat pluriconfessionnel a été considéré

22 comme étant l'obstacle le plus grand à la percée du catholicisme vers

23 l'est. C'est la raison pour laquelle la politique du Pape Jean-Paul II --

24 L'INTERPRÈTE : Les interprètes demandent à M. Milosovic de ralentir.

25 L'ACCUSÉ : [interprétation] -- de l'Eglise catholique et du Pape à l'égard

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1 de l'Yougoslavie constitue une phase finale dans l'activité de l'Eglise

2 catholique dans ce processus de démantèlement de l'Yougoslavie.

3 Je me propose ici de sauter toute une série d'exemples de réunions qui se

4 sont tenues depuis 1991, dans le courant de 1991 et par la suite, et qui

5 l'ont confirmé. Je me propose d'insérer cela dans le texte une fois que

6 j'aurai dicté tout ceci parce que le temps imparti ne me permet de citer

7 tout ce qu'il y figure.

8 Après la reconnaissance de la Slovénie et de la Croatie, puis de la Bosnie-

9 Herzégovine, tout à coup, le Vatican a adopté une politique pacificatrice.

10 En 1994, le Pape a exprimé le souhait de visiter Zagreb, Belgrade et

11 Sarajevo. La diplomatie du Vatican a qualifié l'expulsion des Serbes, des

12 terres où ils ont vécu depuis des siècles, pendant les opérations Tempête

13 et Eclair, et je dirais que Lord Owen a qualifié ces opérations : "Du plus

14 grand des nettoyages ethniques sur les territoires de l'ex-Yougoslavie." Le

15 Vatican a qualifié ces opérations de récupération de territoires, or les

16 Serbes ont vécu sur ces territoires depuis des siècles.

17 Dans certaines situations, dit-on, on n'exclut pas l'usage de la force si

18 cela est justifié pour la défense des droits légitimes d'un peuple. Dans de

19 telles situations, il s'agirait d'interventions humanitaires visant à

20 protéger des vies humaines.

21 Mais il n'y a pas eu de vies humaines de menacées à ce moment-là, et

22 partant des zones protégées par les Nations Unies ou de la Krajina, il n'y

23 a eu aucune attaque à l'encontre de l'environnement immédiat, à la

24 différence de la zone protégée de Srebrenica à partir de laquelle depuis

25 toutes ces années-là, il a été lancé des attaques, il a été procédé à des

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1 massacres de la population, et à des incendies de foyers. Pour ce qui est

2 des "chaplains" serbes dans l'armée américaine à Pittsburgh, il a été dit

3 que c'est le Vatican qui assumait la culpabilité pour tous les malheurs

4 dans ces territoires balkaniques et il a, personnellement, vu les comptes

5 bancaires du Vatican qui confirment que le Vatican, avec le gouvernement

6 allemand, a déstabilisé l'Yougoslavie et a engendré une décennie

7 d'événements sanglants. Il a affirmé que des millions de dollars ont été

8 pompés vers les séparatistes en Yougoslavie et que l'Eglise catholique a

9 été très active pour ce qui est des événements survenus en ex-Yougoslavie.

10 L'on sait que le Vatican et la presse ont soutenu les manifestations des

11 Albanais au Kosovo et dans la Metohija en 1989, et ont fait de même les

12 archevêques de Ljubljana et de Zagreb. A l'occasion d'une visite à

13 Ljubljana, le Pape a soutenu les exigences des sécessionnistes au Kosovo.

14 Le Pape a été le premier à soutenir les opérations et les insurrections des

15 séparatistes. Il a une fois été à l'origine des actions lancées contre la

16 Serbie lorsqu'il a convié l'ambassadeur des pays membres de l'OTAN pour

17 interrompre la guerre contre l'Yougoslavie, et lorsqu'il a écrit à Clinton

18 pour faire interrompre le bombardement pendant les fêtes de Pâques.

19 Si l'on ne perd pas de vue les activités déployées par le Vatican en vue de

20 démanteler l'Yougoslavie, il convient de considérer qu'il a un message

21 comme étant redoutable, message émanant du 12 mai 2000, le Pape a dit :

22 "Nous ne pouvons pas ne pas reconnaître les trahisons des propos d'évangile

23 commis par nos membres." Le professeur Smilja Avramov, dans son livre "Opus

24 Dei", pages 170-171, rappelle les réactions critiques à ce sujet, en

25 soulignant les propos d'un penseur catholique hollandais, Leo Lyndaker

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1 [phon] -- je cite : "Le Pape a exprimé des regrets pour ce qui s'est passé

2 de par le passé, mais il n'y a aucune indication qui laisserait entendre

3 qu'il y a intention de procéder à des modifications quelconque dans son

4 comportement."

5 Pour ce qui est des Etats-Unis d'Amérique, ces Etats-Unis ont des intérêts

6 qui sont les leurs sur le territoire de l'Europe centrale et sur les

7 territoires de l'ex-Yougoslavie. Ces antagonismes mutuels, pour ce qui est

8 de l'appauvrissement et pour ce qui est de l'incapacité de fonctionner de

9 façon autonome sur le plan politique et économique de ces petits Etats ou

10 quasi-Etats créés sur le territoire de l'ex-Yougoslavie. Cela constitue un

11 territoire propice à la réalisation des intérêts politiques, économiques

12 et, notamment, militaires des Etats-Unis en Europe. Ce dernier élément

13 militaire, pour ce qui est des Etats-Unis, revêt une importance très grande

14 parce que, suite au démantèlement du pacte de Varsovie, la présence des

15 Américains a perdu toute justification sur le territoire européen. C'est la

16 raison pour laquelle les Etats-Unis d'Amérique ont œuvré à la création de

17 cette misérable situation dans laquelle se trouve la plupart de ces petits

18 Etats balkaniques.

19 Qui plus est, après le démantèlement du Bloc de l'est, une sorte de Guerre

20 froide s'est poursuivie dans le contexte de l'entravement de l'existence

21 d'une société qui pourrait servir d'exemple, d'alternative réussie à ce

22 modèle actuel qui ne fait que se perpétuer, modèle capitaliste. De ce fait,

23 l'Yougoslavie ne pouvait pas survivre à l'échec du pacte de Varsovie parce

24 que les pays de l'Europe de l'est pourraient y voir un exemple de

25 développement autonome, d'y voir une alternative à l'acceptation sans

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1 discussion de ce modèle occidental et constituerait un obstacle du nouvel

2 ordre mondial, pour ce qui est de la mise en place d'un monde à l'image des

3 Etats-Unis, qui sont la seule superpuissance. Ceci en vue de transformer le

4 monde en un monde constitué ou fait pour les corporations économiques sous

5 la direction de la Banque mondiale et des Etats-Unis pour piller le reste

6 du monde.

7 On sait que le congrès a adopté une loi d'appropriation qui met un terme à

8 toute aide économique à l'ex-Yougoslavie, exception faite des partis

9 démocratiques. Dans ces partis démocratiques, on a aussi placé les néo-

10 Nazis et autres intégristes, qui se sont vus promus partis démocratiques

11 censés être aidés. Cela a compris les terroristes albanais et les

12 séparatistes albanais aussi bien.

13 On sait très bien quel a été le rôle de cette partie privatisée de

14 l'armée américaine qui s'appelle MPRI, qui a entraîné l'armée croate et qui

15 a joué un rôle cardinal dans l'opération de l'armée croate contre la

16 Krajina. Ceci ne fait que confirmer que les activités américaines,

17 concernant la crise américaine, avaient pour visée le maintien des intérêts

18 américains au travers de l'OTAN en Europe. Cela s'est réalisé au Kosovo, en

19 Macédoine et ailleurs. L'influence des Etats-Unis et de l'OTAN est très

20 dominante sur le territoire de cette Europe centrale. Pour ce qui est des

21 intérêts économiques, je pense qu'il est tout à fait superflu d'en parler.

22 Maintenant, pour ce qui est de ces aspirations à la domination à

23 l'égard de ces territoires-là, cela se voit expliqué les certains

24 agissements, à première vue, irrationnels. Pour ce qui est, par exemple,

25 l'influence sur Alija Izetbegovic, quant à son retrait de l'accord de

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1 Cutileiro et, par la suite, les autres plans de paix de Vance-Owen,

2 Stoltenberg et autres, il est évident que la paix dans les Balkans n'était

3 pas dans l'intérêt des Etats-Unis jusqu'au moment où, sur le plan militaire

4 et autres, les Etats-Unis et l'OTAN n'étaient pas sûrs de leurs faits et

5 jusqu'au moment où la solution à trouver ne pouvait être trouvée que sous

6 la direction américaine. Cela est illustré par les insistances américaines

7 dans la Conférence de Rambouillet, pour ce qui est de la présence de l'OTAN

8 sur tout le territoire de l'Yougoslavie. Cela explique l'agression dont

9 l'objectif évident était l'occupation du Kosovo, l'occupation de

10 l'Yougoslavie toute entière et la présence de l'OTAN sur tous ces

11 territoires-là à long terme.

12 L'administration de William Clinton est entrée en liaison et en

13 alliance dangereuse avec des intégristes islamiques et des individus de

14 cette nature tels que l'Hezbollah, l'al Qaeda et, au Kosovo, l'Uceka ainsi

15 que d'autres. Il y a des organisations et des individus qui, après le 11

16 septembre 2001, sont jugés comme constituant le plus grand des périls pour

17 la sécurité des Etats-Unis et de l'Europe en général. Le prix de cette

18 politique criminelle de l'administration de Clinton est énorme. Ce prix est

19 payé par des citoyens tout à fait innocents dans le monde entier, y compris

20 par les citoyens américains, mais aussi par les citoyens des autres pays

21 européens tel que l'Espagne, et ainsi de suite.

22 Maintenant, si les objectifs de l'Allemagne, du Vatican et des Etats-

23 Unis, pour ce qui est de la crise yougoslave, étaient clairs et visibles,

24 ce qui est surprenant et étonnant, c'est le comportement des autres membres

25 de la Communauté européenne et de l'Union européenne, notamment, leur

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1 position, position adoptée sous l'influence de l'Allemagne suite à la

2 déclaration de la Communauté européenne portant sur l'Yougoslavie, où on a

3 souligné -- je cite : "Que seule une Yougoslavie démocratique et unifiée,

4 qui a la possibilité de s'intégrer de façon harmonieuse dans l'Europe."

5 C'est suite à la proclamation de l'indépendance de la Croatie et de

6 la Slovénie, et après l'éclatement des conflits armés, le parlement

7 européen à Strasbourg a adopté une résolution sur l'Yougoslavie qui n'a

8 pas soutenu les actes de sécession unilatéraux de ces républiques. Le

9 conseil des Ministres, le conseil de l'Europe, qui sont des instances de la

10 Communauté européenne, ont également apporté leur soutien à l'intégrité

11 territoriale de l'Yougoslavie. Un autre forum, le conseil des Ministres de

12 l'OSCE, à Berlin en 1991, a adopté une déclaration qui a apporté son

13 soutien à l'unité et à l'intégrité territoriale de l'Yougoslavie,

14 conformément aux déclarations d'Helsinki, en soulignant, notamment, la

15 sauvegarde de l'intégrité territoriale de l'Etat.

16 Une position analogue a été prise de l'autre côté de l'Atlantique.

17 Cela est confirmé par le fait que le secrétaire d'état Baker, après sa

18 visite en Yougoslavie le 21 janvier 1991, a déclaré que l'Amérique

19 apportait son soutien à l'Yougoslavie démocratique et unifiée dont l'avenir

20 devait être recherché par des négociations. Il a affirmé que les Etats-Unis

21 ne reconnaîtraient pas des actes unilatéraux de sécession.

22 Nonobstant tout cela, la Communauté européenne, organisation créée

23 suite à l'expression de processus progressiste dans l'Europe et dans le

24 monde, a opté, en fin 1991, à soutenir un processus extrêmement rétrograde,

25 à savoir, la sécession de la Slovénie et de la Croatie, ainsi que d'autres

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1 républiques sécessionnistes, en adoptant, le 17 décembre 1991, une

2 déclaration portant sur les critères de reconnaissance d'états-nouveaux en

3 Europe centrale et en ex-URSS, ainsi qu'une déclaration sur l'Yougoslavie,

4 qui fait que toutes les républiques yougoslaves sont conviées à présenter

5 des demandes avant le 23 décembre de la même année pour illustrer qu'ils

6 avaient rempli les critères de reconnaissance. Non seulement l'on a piétiné

7 la déclaration de 1991, mais ils ont piétiné la déclaration de la

8 Communauté européenne, le 8 novembre 1991, un mois et demi avant cela, qui

9 disait que la reconnaissance des républiques, qui souhaitaient être

10 reconnues, ne pouvait être reconnue que dans le cadre d'une solution

11 globale de la question.

12 Par voie de conséquence, il est tout à fait clair quel a été le rôle de

13 l'Allemagne pour ce qui est du changement de position des 12, mais ce qui

14 est plus étonnant et stupéfiant, c'est de voir ces 12 pays accepter une

15 chose qui n'a pas fait l'objet de l'entente au départ, et ce, sous

16 l'influence d'un seul pays, quelque soit l'influence et la puissance de ce

17 même pays.

18 J'ai mentionné tout à l'heure Friedrich Naumann qui, pendant la Première

19 guerre mondiale, a présenté un concept de domination allemande sur l'Europe

20 centrale, par morcellement de ce territoire et création de petits Etats

21 obéissants qu'il a qualifié d'Etats satellites. Bien entendu, en créant des

22 satellites à l'occident, on n'y a pas songé concernant l'occident même.

23 Maintenant, s'agissant du diktat relatif à la sécession des républiques

24 yougoslaves et qui a été imposé aux autres pays membres de la Communauté

25 européenne et l'acceptation de ces derniers de ces tendances

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1 sécessionnistes, la chose s'est vue être contraire à leurs intérêts les

2 plus immédiats. Le fait d'avoir accepté quand même indique, que les membres

3 de cette organisation, dont sont membres certaines grandes puissances de

4 l'époque, témoigne de l'opportunisme et de la petitesse de ces dirigeants

5 qui se sont transformés en satellites de l'Allemagne et qui ont accepté

6 dans l'OTAN l'agression contre l'Yougoslavie, et l'ensemble de ces pays

7 devant être considérés comme étant satellites des Etats-Unis d'Amérique.

8 Il est absolument interdit de remettre en cause le droit qu'avait

9 l'Yougoslavie à survivre. Il n'est pas non plus permis de remettre en cause

10 le droit de l'Yougoslavie à s'opposer à son démantèlement, opposition qui

11 est une des raisons fondamentales du début de l'affrontement. Il est pour

12 le moins cynique de voir ceux qui ont amené l'Yougoslavie à la veille de

13 ces guerres d'haine, véritable guerre civile. Il est cynique de voir ces

14 gens se considérer -- se présenter comme des naïfs en remettant en cause ce

15 point de droit. Il est important de toujours se rappeler qui est le

16 principal coupable des événements survenus dans l'ex-Yougoslavie. Ceci sera

17 démontré de la façon la plus claire qu'il soit également.

18 A Nuremberg, le premier criminel était un criminel contre la paix et,

19 dans votre Tribunal illégal, il n'en est pas ainsi pour une seule et simple

20 raison, à savoir que, si tel devait être le cas, les créateurs de ce

21 Tribunal illégal devraient d'abord commencer par se juger eux-mêmes et se

22 condamner.

23 Il est très aisé de démontrer si l'on considère les événements historiques.

24 Au sujet de tous ces événements, il existe des documents qui sont en la

25 possession de la partie adverse. Ici, il est facile de démontrer que sur le

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1 territoire de l'ex-Yougoslavie, ce n'est ni la Serbie, ni le peuple serbe,

2 ni la direction serbe qui a été cause des événements, mais avant tout le

3 mouvement séparatiste d'extrême droite de la Croatie, du Kosovo et

4 Metohija, de la Bosnie-Herzégovine principalement, autrement dit des

5 Oustachi et des néo-nazis, que sont les extrémistes islamiques et les

6 terroristes albanais.

7 Il est très aisé de démontrer, vous verrez, quelle a été l'évolution des

8 choses, que sur le territoire de l'ex-Yougoslavie, le soutien militaire et

9 autre a été apporté par ceux qui ont créé le Tribunal, le fantoche où nous

10 nous trouvons aujourd'hui, à savoir, les Etats-Unis, le Vatican et

11 l'Allemagne.

12 Il sera aisé de démontrer que le droit interne des pays, le droit interne

13 d'un Etat souverain et le droit international ont été violés. Ce faisant,

14 il sera aisé de démontrer que tous ces responsables recourent constamment à

15 des méthodes extrêmement non démocratiques pour s'attaquer à l'ex-

16 Yougoslavie, en proclamant leur humanité.

17 Il sera aisé de démontrer que cette communauté d'intérêt, qui a agi sur le

18 territoire de l'ex-Yougoslavie, que ce soit au Kosovo, en Croatie ou en

19 Bosnie, a donné leur préférence pour ces trois régions du monde à une élite

20 chauviniste totalitaire composée de terroristes, d'intégristes islamiques

21 et de néo-nazis, dont l'objectif était d'obtenir un territoire ethniquement

22 pur, c'est-à-dire, un territoire où il n'y aurait plus aucun Serbe. Les

23 méthodes servant à nettoyer le peuple serbe de Croatie ont été utilisées

24 par un mouvement nationaliste qui s'appuyait sur les Unités paramilitaires

25 qui, en 1991, sont intervenues. Ces méthodes sont tout à fait identiques à

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1 celles qui ont été utilisées par ces mêmes responsables il y a 50 ans

2 environ.

3 Au début des années 1990, ce sont des Serbes qui ont été tués, des Serbes

4 qui ont été expulsés de Croatie. Ceci s'est passé juste avant l'arrivée au

5 pouvoir de Tudjman. Ce sont des Serbes qui ont été tués, et ce sont des

6 Serbes qui ont été expulsés du Kosovo et de Metohija également.

7 Ce groupe intra nationaliste, qui a aidé l'intégrisme islamique et qui

8 était dirigé par les Etats-Unis, a aidé l'intégrisme islamique en Bosnie-

9 Herzégovine et au Kosovo. Ces intégristes islamiques ont commis de nombreux

10 crimes sur le territoire de Bosnie-Herzégovine et du Kosovo. Des crimes

11 contre les Serbes ont été commis au Kosovo avec l'aide pleine et entière de

12 la coalition dirigée par l'OTAN. Les conditions d'interruption de la

13 guerre, qui étaient proposées à l'Yougoslavie, figurent dans un document

14 officiel et sont proposées à un moment où l'Yougoslavie voulait arrêter la

15 guerre.

16 On lui propose à ce moment-là des conditions dans lesquelles il est

17 stipulé que l'intégrité et la souveraineté de l'Yougoslavie seront

18 garanties, et que les forces des Nations Unies vont venir au Kosovo pour

19 protéger la région dans l'obligation qui est la leur de défendre toute la

20 population. Il est également stipulé que dans une certaine mesure, l'armée

21 et la police de l'Etat yougoslave et de la Serbie se doit de trouver une

22 solution au Kosovo.

23 Rien de tout cela n'a été mis en œuvre. Tout le reste, oui. Main dans

24 la main avec les criminels que sont les soldats de l'OTAN qui ont expulsé

25 des centaines de milliers de personnes, ont incendié des milliers de

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1 maisons et un grand nombre d'églises, mais je reviendrai là-dessus un peu

2 plus tard. Ce que je souhaite dire d'ores et déjà, c'est qu'au sujet des

3 crimes commis sur le peuple serbe pendant toutes ces années, il existe une

4 documentation très volumineuse qui a été soumise à cette institution par

5 diverses organisations un peu partout dans le monde. La partie qui se

6 trouve en face de moi dans ce prétoire ne s'appuie absolument pas sur ces

7 documents. Pour quelle raison ? Parce que la communauté internationale

8 avait décidé à l'avance que pour éviter tout conflit durable, ce serait les

9 Serbes qui seraient considérés comme les premiers coupables. C'est pour

10 cette raison que les Serbes du premier au dernier ont été présentés comme

11 des coupables, alors qu'ils étaient des victimes.

12 Au sujet de la façon dont s'est déroulée la guerre sur le territoire

13 de l'ex-Yougoslavie, les auteurs de ce qui est appelé l'acte d'accusation

14 du Kosovo, qui a été dressé à mon encontre, au paragraphes 79 et 80 de ce

15 texte, font valoir une des rares affirmations exactes que l'on peut trouver

16 dans ce document honteux et mensonger pour le reste. Je cite : "La

17 Slovénie, le 25 juin 1991, a déclaré son indépendance par rapport à la

18 RSFY, ce qui a conduit à l'éclatement de la guerre." C'est ce qui est écrit

19 dans cet acte d'accusation. Je cite : "La Croatie a déclaré son

20 indépendance le

21 25 juin 1991, ce qui a conduit au combat entre les forces militaires

22 croates d'une part, les Unités de la JNA, les unités paramilitaires de

23 l'armée serbe de Krajina d'autre part." Un peu plus loin, je

24 cite : "La Bosnie-Herzégovine a proclamé son indépendance le

25 6 mars 1992, ce qui, dès le 6 avril 1992, a conduit à une guerre aux

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1 proportions très importantes."

2 Y compris les auteurs de ce faux acte d'accusation n'avaient pas

3 envisagé qu'ils allaient décerner un acte d'accusation à mon encontre pour

4 ce qui s'était passé en Croatie et en Bosnie par la suite en montrant qui

5 était cause de la guerre. Cette guerre est effectivement une entreprise

6 criminelle. Elle a été réalisée par des responsables à l'intérieur du pays

7 et à l'extérieur contre le droit yougoslave et le droit international.

8 Cette guerre est contre toute forme de droit. Elle trouve sa cause dans une

9 sécession violente de la Slovénie par rapport à l'Yougoslavie et dans la

10 commission des crimes les plus graves, très semblables à ceux qui ont été

11 jugés à Nuremberg et Tokyo, également crime contre la paix.

12 Contrairement aux autorités de la Croatie et de la Slovénie ainsi

13 qu'aux autorités musulmanes de Bosnie-Herzégovine qui se sont lancées dans

14 une sécession armée, contrairement aux instigateurs de cette sécession,

15 contrairement à tous ceux qui ont incité à commettre cette sécession et

16 aidé à commettre cette sécession, tous ceux que l'on trouve en Allemagne,

17 en Autriche, au sein du Vatican, au sein de la Communauté européenne et,

18 plus tard, aux Etats-Unis et au sein de l'OTAN. Le peuple serbe et la

19 direction serbe, que je représentais, personnellement, ont déployé tous les

20 efforts possibles pour préserver la communauté yougoslave. En agissant de

21 la sorte, nous étions du côté du droit, qu'elles que soient les violations

22 flagrantes commises par ceux qui voulaient détruire l'Yougoslavie au plan

23 national et international en contrevenant aux droits internes et aux droits

24 internationaux. Ces derniers invoquaient le droit à l'autodétermination

25 qu'ils présentaient comme un écran de fumée car ils voulaient occulter les

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1 efforts déployés par eux pour soutenir cette sécession illégale. Parce que

2 les peuples yougoslaves et les républiques yougoslaves n'avaient pas le

3 droit unilatéralement de se séparer de l'Yougoslavie, et ce, en vertu de la

4 constitution yougoslave et des constitutions de ces républiques mêmes et en

5 vertu du droit international, ces républiques, n'ayant, en particulier, pas

6 le droit de réaliser cet objectif en tuant, en massacrant des personnes

7 humaines et en démantelant un Etat.

8 L'Article 5 de la constitution yougoslave qui était en vigueur -- je parle

9 de la constitution adoptée en 1974 -- stipule ce qui suit, je cite : "Le

10 territoire de la République fédérale socialiste d'Yougoslavie est un

11 territoire intégré, composé de plusieurs territoires, à savoir, les

12 territoires des républiques socialistes. Les frontières de la RSFY ne

13 peuvent être modifiées sans l'accord de toutes les républiques et de toutes

14 les provinces autonomes."

15 Il s'ensuit sans la moindre ambiguïté qu'aucune république ou nation

16 au sein de la RSFY, telle que mentionnée expressément dans la constitution,

17 n'avait le droit de se séparer de la RSFY unilatéralement. La chose n'était

18 possible que sur la base d'un accord faisant intervenir l'acquiescement de

19 tous.

20 Sans perdre de vue le désir express exprimé par la Slovénie et la Croatie

21 et, plus tard, par la Bosnie-Herzégovine et la Macédoine de quitter la

22 Fédération yougoslave. En essayant toutefois d'éviter un conflit, les

23 Serbes, comme cela a été confirmé par le témoin, Borislav Jovic, président

24 de la présidence yougoslave et, plus tard, membre de la présidence du côté

25 serbe, au début du mois d'août 1991, ont essayé de convaincre les

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1 représentants des autres républiques, au sein des instances fédérales, pour

2 que ces derniers adoptent une loi susceptible de réglementer ce type

3 d'événement comme il se doit.

4 Comme Jovic le dit dans le livre dont il est l'auteur, il y avait une ferme

5 détermination à réaliser cela sans avoir à payer le coût du moindre

6 incident ou du moindre conflit.

7 J'aimerais vous rappeler le discours important de Tudjman qui a été cité

8 ici d'ailleurs, discours dans lequel il dit qu'il n'y aurait pas eu de

9 guerre si la Croatie ne l'avait pas souhaité. En l'absence de guerre,

10 personne n'aurait pu expulser un demi-million de Serbes des territoires où

11 ils habitaient depuis des siècles. Les personnes, qui habitaient ces

12 territoires à l'époque de la sécession croate, ne demandaient pas un état,

13 mais simplement l'autonomie à l'endroit où ils habitaient, autonomie qu'ils

14 pouvaient demander en vertu de la constitution croate, puisqu'ils étaient

15 un des peuples constitutifs de Croatie, et que la Croatie avait été définie

16 en tant qu'Etat peuplé par les Croates, les Serbes et d'autres -- les deux

17 derniers mots ayant été supprimés de la constitution par la suite.

18 Si nous ne perdons de vue les dispositions de la constitution des

19 Républiques yougoslave de Croatie, de Bosnie-Herzégovine et de Slovénie, où

20 leur indépendance est décrétée et où leur sécession est qualifiée de

21 contraire à la constitution, si nous ne perdons pas de vue que la sécession

22 a été menée par la force armée, que cette sécession était illégale,

23 violente, réalisée par la force des armes et qu'elle a conduit à la

24 commission de crimes au terme du droit international, crime tel que celui

25 d'inciter à commettre et de commettre d'autres crimes, ce sont toutes ces

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1 personnes qui devraient comparaître devant ce Tribunal illégal, alors

2 qu'elles essayent d'obtenir une amnistie pour leurs actes en reportant le

3 blâme sur ceux qui sont les victimes de ces crimes.

4 La sécession réalisée par les anciennes républiques yougoslaves et la

5 façon dont elle s'est produite sont inacceptables. Cette sécession des

6 républiques yougoslaves par rapport à l'Yougoslavie, et le caractère de

7 cette sécession sont confirmées, de façon explicite, par Antonio Cassese et

8 ancien président de la présente institution, où, dans une note qu'il a

9 écrit en parlant du droit des peuples à l'autodétermination, note publiée

10 par Cambridge University Press en 1999, pages 269 et 270. Il souligne que

11 les Républiques yougoslaves n'ont pas le droit à l'autodétermination, que

12 ce soit en vertu du droit international ou en vertu du droit interne de

13 l'Yougoslavie. Casesse déclare, aux pages que j'aie citées, ce qui suit, je

14 cite : "Comme dans le cas des 12 Républiques soviétiques, au terme du droit

15 international, les six Républiques yougoslaves n'avaient pas le droit à

16 l'autodétermination par rapport à l'extérieur. Ce droit ne pouvait leur

17 être conféré que par la constitution yougoslave; cependant, contrairement à

18 la constitution soviétique, la constitution yougoslave ne prévoyait pas la

19 possibilité de sécession pour ces six Républiques constitutives de

20 l'Yougoslavie." Il cite, ensuite, des passages de la constitution

21 yougoslave.

22 Par conséquent, l'accusation illégale de la présente institution, dans un

23 moment d'inattention, cite des paragraphes de ce qu'il est convenu

24 d'appeler l'acte d'accusation du Kosovo, paragraphes 79 et 80, qui traitent

25 de l'identité de ceux qui ont provoqué la guerre dans l'ex-Yougoslavie.

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1 L'ancien président de ce Tribunal, dans le même ouvrage, page 273, après

2 avoir établi l'illégalité de la sécession par les républiques, arrive à une

3 conclusion identique, conclusion identique à celle que l'accusation de ce

4 Tribunal a laissé passer par inadvertance dans les paragraphes dont je

5 parlais plus haut. Il dit, je cite : "Il est bien connu que la Croatie et

6 la Bosnie-Herzégovine, ainsi que diverses républiques de l'ex-URSS, ont

7 vécu une sécession qui a fait renaître des haines ancestrales qui a

8 débouché une effusion de sang. Ceci est largement connu et ceci est exact."

9 Toute personne qui souhaiterait avec un minimum d'honnêteté examiner les

10 choses, admettrait que la chose est vraie. Ceux qui n'ont pas ce minimum

11 d'honnêteté peuvent se permettre de déformer la réalité et de transformer

12 le vrai pour en faire le contraire du vrai. Par inadvertance, quelquefois,

13 la vérité fait son chemin. Il ne faut pas oublier que la vérité est le

14 meilleur allié de la victoire ultime. Lorsqu'on a la vérité contre soi, on

15 est certain de marcher sur le chemin de l'humiliation et de la défaite.Tout

16 ce que je suis en train de dire ici est vrai. Tout ce que je dis du

17 démantèlement de l'Yougoslavie, état reconnu internationalement qui, au

18 terme du droit et de la morale ainsi que de la réalité historique, c'est

19 très important, avait ses propres intérêts et des citoyens qui avaient le

20 droit de survivre. C'est une vérité.

21 Le temps ne me permet pas de parler d'un certain nombre de faits et de

22 conclusions très importants. J'espère que vous ne serez pas contre au

23 versement au dossier dans la partie Kosovo de l'acte d'accusation, des sept

24 livres traitant de l'Yougoslavie que je viens de citer ainsi que de tous

25 les documents qui ont été adoptés par la Cour internationale de Justice de

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1 La Haye au sujet de l'agression sur l'Yougoslavie. Plus tard, je demanderai

2 le versement d'autres documents encore.

3 S'agissant du Kosovo, j'aimerais dire simplement quelques petites choses

4 qui montreront et démontreront à quel point l'abord de la question pour

5 l'Yougoslavie était conforme à la réalité. Que s'est-il passé et quelles

6 ont été les conséquences de ce qui s'est passé ?

7 Au cours de la première année de la présence étrangère au Kosovo et

8 Metohija, à partir du moment où la JNA et la police serbe se sont retirées

9 de cette province serbe, en juin 1999, 5 000 attentats terroristes ont été

10 commis au Kosovo, Metohija en une seule année. Plusieurs milliers de

11 personnes ont été assassinées ou enlevées, 150 églises ont été détruites,

12 650 mosquées ou églises catholiques ou synagogues avaient été détruites, où

13 que ce soit dans le monde, le monde entier serait en ébullition.Sous

14 l'égide de la protection des Nations Unies, tous ces crimes ont été commis,

15 tous ces crimes qui piétinent les résolutions des Nations Unies. La

16 transformation des forces de sécurité des Nations Unies en forces

17 d'occupation qui collaborent avec les terroristes albanais a eu lieu. Plus

18 de 300 000 habitants ont été expulsés sous l'égide des Nations Unies, en

19 collaboration avec elle.

20 Par ailleurs, plus de 200 000 Albanais venant d'Albanie et de

21 Macédoine, pour la grande majorité d'entre eux, se sont installés dans la

22 région. Tous ceux qui portaient l'identité serbe étaient expulsés. Cela se

23 poursuit encore aujourd'hui.

24 Sur le plan numérique, il y a eu une réduction importante des actes

25 pouvant être définis comme découlant de l'hystérie criminelle que je viens

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1 de décrire, mais ceci n'est dû qu'au fait que la violence qui a lieu

2 s'exerce de moins en moins souvent contre ces victimes antérieures, car

3 elle n'a plus sur quoi s'exercer. Le peu de citoyens non-albanais qui reste

4 encore au Kosovo et Metohija est une cible trop réduite pour ces

5 terroristes. Le 17 mars de cette année, on a assisté à une association de

6 violence anti-serbe au Kosovo et Metohija. Un certain nombre de criminels

7 d'ailleurs sont venus témoigner ici comme témoin, mais il y en a un dont

8 les propos peuvent être vérifiés. Il s'agit d'Halid Barani, qui a raconté

9 toutes sortes de mensonges au sujet de crimes commis contre trois jeunes

10 garçons serbes, qui ont été noyés dans la rivière, alors que, prétendument,

11 ils auraient été en train de fuir d'autres agresseurs serbes aussi qui en

12 voulaient à leurs vies. La KFOR l'a arrêté également, Halid Barani, suite

13 aux propos oculaires de l'événement, tout ceci en présence d'un deuxième

14 témoin oculaire, un certain Shukri Buja, qui est également venu dans ce

15 Tribunal au titre de témoin pour confirmer qu'il commandait à l'époque une

16 Unité de l'Uceka, à Racak, et que c'est cette unité qui a tiré les

17 premières rafales en se servant d'une mitrailleuse de la police. Bien

18 entendu, ses camarades ont suivi.

19 Ce pogrom commis contre le peuple serbe du Kosovo et Metohija est le

20 résultat d'une entreprise criminelle commune à laquelle participent,

21 conjointement, l'institution dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui

22 et ces témoins de la Défense. Si l'on regarde l'ensemble des événements, on

23 voit qu'il y a plus qu'une continuité entre les tendances séparatistes

24 nationalistes et les tendances exprimées par les pro-Nazis et les

25 extrémistes qui les ont précédés au cours de la Seconde guerre mondiale.

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1 Nous ne devons pas perdre de vue la ferveur irrationnelle et le zèle avec

2 lequel l'Accusation de la présente institution s'efforce de justifier les

3 actes de ceux qui continuent à faire du révisionnisme par rapport aux

4 conséquences des deux guerres mondiales, qui ont eu lieu sur cette planète,

5 afin de réussir ce qui n'a pas pu être réussi au cours de ces deux guerres

6 mondiales, ce qui permet de tirer les conclusions les plus inquiétantes au

7 sujet de l'entreprise criminelle commune à laquelle participe la présente

8 institution avec un nombre de criminels et une gravité du plan criminel mis

9 en œuvre beaucoup plus important que quiconque n'aurait pu l'imaginer sur

10 les territoires en question.

11 J'ai parlé de la violence exercée par les terroristes albanais sur le

12 Kosovo et les tentatives faites pour les justifier en parlant d'une

13 prétendue révolte ou d'une rancœur liée à la pression importante exercée

14 par le pouvoir serbe depuis des années. Mais ceci est une contre-vérité. Où

15 sont les Albanais qui auraient été emprisonnés et tués, maltraités pendant

16 toutes ces années.

17 Ces arguments s'appuient sur une déformation des faits, mais tombent

18 totalement à l'eau si on les confronte à la réalité historique qui montre

19 qu'il y a eu continuité du programme des persécutions contre les Serbes et

20 les Chrétiens de façon générale sur le territoire de l'Albanie et Metohija,

21 persécutions qui remontent à l'empire Ottoman et continuent, avec quelques

22 interruptions, jusqu'à nos jours, même s'il n'est pratiquement pas permis

23 de parler de vraies interruptions.

24 Le nettoyage des Serbes au Kosovo et Metohija s'inscrit dans une histoire

25 très longue. Il s'est intensifié après la création de ce qu'il est convenu

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1 d'appeler la Ligue albanaise qui a mis en œuvre le concept de Grande

2 Albanie, la Ligue albanaise, ayant pris naissance en 1878 à Prizren. Un

3 historien a montré que 150 000 Serbes ont été chassés du territoire du

4 Kosovo et Metohija vers le territoire de ce qui est aujourd'hui la Serbie,

5 entre 1878 et 1912, c'est-à-dire, un quart de la population serbe qui

6 peuplait cette région. Par ailleurs, des sources venant de Russie, de

7 France et d'ailleurs, en très grand nombre, on trouve également mention de

8 ce phénomène dans des documents britanniques, dans un certain nombre de

9 documents diplomatiques, par exemple, un document écrit par Sir George

10 Banham, qui traite de l'expulsion des Serbes de ces régions et également de

11 l'expulsion des familles de ces Serbes, mais je n'ai pas le temps de vous

12 présenter toutes ces citations en cet instant.

13 L'évolution de la situation en Kosovo et Metohija démontrait que rien

14 n'avait changé dans les méthodes utilisées pour se débarrasser des Serbes

15 dans la région. Bien au contraire, la politique de pression et de terreur

16 exercée sur les Serbes et les Monténégrins n'a cessé -- du fait des

17 Albanais, n'a cessé de s'aggraver, avec des moments d'intensité

18 particulière au cours de la Première guerre mondiale, par exemple, lorsque

19 les troupes serbes se sont retirées en passant par l'Albanie en 1915,

20 notamment, et de nombreux documents traitent de cette question. Au début de

21 la Seconde guerre mondiale, l'Italie a créé le régime fantoche de la Grande

22 Albanie, dans laquelle on trouve une partie importante du Kosovo et

23 Metohija, ce qui a créé la possibilité d'une nouvelle vague de terreur sur

24 la population non albanaise, en particulier, la population serbe, comme le

25 démontre un document écrit par le premier ministre de l'époque, juin 1941,

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1 premier ministre de cet Etat fantoche albanais, qui dit, je cite : "Des

2 efforts maximum ont été déployés pour expulser tous les Serbes du Kosovo et

3 les enfermer dans des camps de concentration en Albanie. Les immigrants

4 serbes doivent tous être tués." Je vous rappelle également la déclaration

5 du premier ministre albanais dont un historien très connu dit que, depuis

6 le début de la guerre, avril 1941 jusqu'au mois d'août 1942, 10 000 Serbes

7 ont été tués et des centaines de milliers de Serbes ont été expulsés de ce

8 pays. Un nombre comparable d'Albanais venus d'Albanie s'est installé au

9 Kosovo.0

10 Herman Neuebacher, un envoyé spécial du 3e Reich dans l'Europe du sud-est,

11 a écrit en 1943, à l'automne de cette année-là : "Les Albanais ont dû

12 quitter le pays aujourd'hui. Ils s'efforcent d'expulser le nombre le plus

13 important de Serbes possible. Je m'en suis plaint amèrement auprès du

14 général Nedic. J'ai recommandé au gouvernement albanais d'arrêter les

15 persécutions, et lorsque j'ai vu que mon intervention ne produisait aucun

16 résultat, j'ai demandé à être démis de mes fonctions en Albanie." C'est un

17 homme qui était habilité à agir par le 3e Reich, un Nazi qui parle. Tout

18 Nazi qu'il est, il est horrifié par la situation.

19 Le 3 avril 1968, un prêtre écrit au patriarche serbe en raison du fait que

20 les autorités yougoslaves occultent la persécution serbe par rapport au

21 public après la Seconde guerre mondiale, notamment, le public en dehors du

22 Kosovo. Il dit, je cite : "Les Albanais démontrent leur haine des Serbes.

23 Nous sommes dans une situation difficile, d'autant plus difficile que

24 l'Autriche et la Turquie agissent de concert. La violence est une réalité

25 de chaque jour. Des vols en plein jour, des insultes vous avez sans doute

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1 entendu de nombreux représentants vous parler de ce qui se passe avec les

2 Serbes au Kosovo Metohija."

3 Le Département chargé des Affaires intérieures de la province en 1966

4 émet la déclaration suivante, je cite : "Dans les lycées, les écoles

5 primaires et les écoles normales, le nationalisme est enseigné

6 officiellement à la jeunesse. Des actes d'hostilité se développent, ils se

7 multiplient tous les jours. Des attaques physiques, contre les Serbes,

8 destinées à les faire partir, se produisent également et des allocutions

9 hostiles sont faites en public, dans des lieux publics."

10 Des experts des Balkans venus de Russie, un certain nombre de

11 professeurs d'université, notamment, l'un d'entre eux dans un livre

12 historique, intitulé "La Crise yougoslave de 1990 à 2000", écrit ce qui

13 suit, je cite : "Les manifestations sont suivies d'actes de diversions ou

14 d'actes de sabotage dans les usines, de distribution de tracs destinés à ce

15 que la province devienne un territoire ethniquement pur. Les chauvinistes

16 utilisent toutes sortes de méthodes, y compris la menace d'extermination

17 physique des Serbes, des Juifs et des Monténégrins. Ils s'attaquent aux

18 monuments orthodoxes. Ils commettent des vols de terre et de livrent à

19 diverses méthodes pour réduire la liberté de circulation. La conséquence de

20 tout cela c'est le départ en masse des familles serbes de la région. Il y

21 avait 1 451 lieux habités en 1981, où il ne reste plus aujourd'hui de

22 Serbes, à l'exception de six d'entre eux. Il ne reste plus que 216 Serbes

23 dans ces hameaux. Au cours des dix dernières années, le terrorisme albanais

24 s'est développé et a été très difficile à réprimer. Au cours de ces dix

25 dernières années, 90 % des Serbes habitant dans la région sont partis. Il

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1 en reste un peu moins de 10 %."

2 L'expression "nettoyage ethnique" ou "pureté ethnique" sont devenues

3 des expressions quotidiennes en rapport avec ces événements. Votre témoin

4 ici, le professeur de droit slovène, de droit constitutionnel, Ivan

5 Kristan, dans un article, intitulé, "Situation des provinces autonomes de

6 la RSFY", article paru en 1981 -- et je souligne 1981 -- dans cet article,

7 l'auteur dit ce qui suit, je

8 cite : "Les idées nationalistes albanaises de nettoyage ethnique et de

9 pureté ethnique au Kosovo ainsi que d'unification albanaise sur un seul

10 territoire sont une violation de tous les objectifs atteints à l'issue de

11 la Seconde guerre mondiale. Au lieu de l'égalité des peuples et des groupes

12 ethniques, ce qui est encouragé ici, c'est la suprématie numérique et

13 l'uniformité."

14 C'est un professeur qui a témoigné ici qui dit ceci, je le répète, en

15 1981. Je poursuis la citation, je cite : "Pour s'opposer aux excès

16 chauvinistes, d'autres membres de d'autres groupes ethniques s'installent.

17 C'est ce qui se passe au Kosovo selon le recensement en 1981, comparé au

18 recensement de 1970, les représentants d'autres groupes ethniques sont en

19 nombre inférieur que par le passé."

20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, nous allons

21 ménager une pause de 20 minutes. Vous reprendrez, ensuite, jusqu'à 14

22 heures.

23 --- L'audience est suspendue à 12 heures 20.

24 --- L'audience est reprise à 12 heures 43.

25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous en prie, veuillez

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1 poursuivre, Monsieur Milosevic.

2 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Robinson, j'insiste pour que vous

3 fixiez les délais pour demain, et que vous m'autorisiez du temps de parole

4 pour demain.

5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous nous pencherons sur cette

6 question lorsque nous approcherons de la fin de l'audience d'aujourd'hui.

7 L'ACCUSÉ : [interprétation] Très bien.

8 Kristan, je rappelle, il s'agit ici d'un article qui a été publié par

9 -- un article qui vient de vous, et il montre le lien qui existe entre le

10 mouvement fasciste albanais du temps de la Deuxième guerre mondiale, les

11 Balists, avec le mouvement séparatiste albanais du début des années 1980 du

12 20e siècle. Il s'agit de ce même mouvement ayant les mêmes protagonistes

13 qui, à la fin du 20e siècle et, en particulier, de manière plus intense, à

14 partir de l'année 1988 devient le terroriste avec des volets

15 sécessionnistes et qui coopère avec les 19 pays agresseurs, membres de

16 l'OTAN, et qui a purifié de Serbes et du reste de la population non

17 albanaise ce berceau de l'Etat serbe. Quant à ce lien et quant à cette

18 continuité des fascistes grands Albanais de la Deuxième guerre mondiale, le

19 témoin en question dit dans cet article : "Les aspirations des extrémistes

20 albanais ne sont pas récentes. Elles ne sont qu'une manifestation de

21 différentes organisations 'quisling' et fascistes, leur émanation pure et

22 simple. Les prétentions, les aspirations albanaises n'ont pas non plus

23 disparues avec la fin de leur mouvement à la fin de la Deuxième guerre

24 mondiale, en coopération avec les fascistes italiens et allemands. Ceci

25 nous montre ce qui se passe au Kosovo et Metohija. Enver Hodza, dans une

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1 lettre adressée au comité centrale du Parti soviétique en 1949 et en se

2 fiant au conflit entre l'Yougoslavie de l'époque et Stalin, écrit et je

3 cite : "Le congrès de Berlin et les accords de Versailles ont lésé les

4 intérêts albanais -- les intérêts de la minorité albanaise au Kosovo

5 également. Ils n'étaient pas d'accord avec une telle solution de cette

6 question et ne souhaitaient pas rester à l'intérieur des frontières

7 yougoslaves quelque soit son organisation politique. Leur idéal est

8 d'opérer une jonction avec l'Albanie." L'historien que j'ai déjà mentionné,

9 Elena Guskova, dans son livre très volumineux, dit : "L'activité

10 séparatiste de la population radicale albanaise au Kosovo et Metohija a

11 commencé immédiatement à l'issue de la Deuxième guerre mondiale et n'a

12 jamais cessé pas un seul instant."

13 Dès 1956, le service de sécurité constate l'existence de plusieurs groupes

14 dans la province qui ont été infiltrés quelques années précédemment depuis

15 l'Albanie afin de créer des organisations albanaises terroristes illégales.

16 Vers la fin des années 50, au début des années 60, c'est l'organisation,

17 mouvement révolutionnaire pour l'unification des Albanais, qui est active.

18 A sa tête, il y avait Adem Demaci."

19 Au cours des années 60, la terreur perpétrée par les Albanais devient plus

20 active, à savoir les séparatistes albanais organisent, et je cite : "des

21 provocations, des diversions profanes des édifices consacrées à la

22 religion, harcèlent et intimident la population serbe." Ce même auteur

23 précise que la situation ne s'est pas calmée au cours des années 70, et

24 insiste sur le fait qu'en 1974 le Kosmet était sorti pratiquement du

25 système constitutionnel de la RSFY. Le premier homme de la police fédérale

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1 à l'époque, le ministre fédéral, la police d'origine croate d'ailleurs,

2 Franjo Herljevic, ont dit, et je cite : "Que depuis 1974 jusqu'en 1981, les

3 organes de sécurité ont pu identifier plusieurs dizaines de personnes qui

4 cherchaient à saboter l'État, et ce depuis les positions du terrorisme

5 albanais. Ils étaient mis en relation avec le front rouge, une organisation

6 pro-albanaise qui agissait sur le territoire des pays occidentaux et qui

7 canalisait -- ou plutôt qui était dirigée, orchestrée par le parti du

8 Travail albanais. En mars 1981, le mouvement séparatiste albanais se

9 proclame ouvertement pour un Kosovo qui aurait le statut de la république,

10 donc la sécession de la Serbie et sa sécession de l'Yougoslavie, et enfin

11 son annexion à l'Albanie."

12 Si l'on examine la structure démographique du Kosovo vers la fin du 19e et

13 vers la fin du 20e siècle, l'on verra qu'il y a un changement dramatique au

14 détriment de la population serbe. C'est essentiellement au cours des crimes

15 perpétrés pendant la Deuxième guerre mondiale de 1941 à 1945 que l'impact a

16 été le plus grave.

17 Après l'adoption de la constitution en 1974, tout pouvoir au Kosovo et

18 Metohija s'est retrouvé entre les mains de la minorité albanaise. En

19 particulier, on pourrait dire que c'est le cas depuis 1966, mais, en

20 particulier, depuis l'adoption de la constitution de 1974. Il s'agit d'un

21 degré très élevé d'autonomie dont se servent les Albanais pour harceler la

22 population non albanaise pour favoriser les Albanais dans tous les secteurs

23 de la société et pour expulser quasiment tous les jours les Serbes. Il

24 s'agit d'un climat d'intolérance, de manque de compréhension et de

25 comportement civilisé à l'égard des ressortissants des autres peuples. Ce

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1 qui est paradoxal dans l'ensemble de cette situation, c'est que les

2 Albanais du Kosovo et Metohija, dont les dirigeants affirment qu'ils ont

3 fait l'objet de mesures de terreur pendant des siècles. Ils ont connu une

4 telle escalade démocratique et une telle évolution, un tel développement

5 dans l'ancien Etat que l'on a pu voir une différence colossale entre la

6 situation qui était celle du Kosovo et celle en Albanie et, en particulier,

7 les privilèges au Kosovo et Metohija. La minorité albanaise de Serbie ou du

8 Kosovo et Metohija a connu un tel essor sur tous les plans, culturels et

9 économiques et autres, grâce à l'activité du gouvernement de Belgrade, et

10 ce au moment où le nombre des Serbes se réduisait drastiquement là-bas.

11 Quant au nettoyage ethnique, voyant le départ des intellectuels serbes qui

12 subissaient des pressions, ne serait-ce que, dans la période allant de 1971

13 à 1981, des dizaines de médecins, de professeurs quittent les hôpitaux ou

14 les établissements d'enseignements de Pristina. La propagande albanaise

15 connaît son essor depuis 1975 jusqu'à 1980, donc après l'adoption de la

16 constitution fédérale de 1974, qui donne des attributions qui sont celles

17 des républiques -- des Etats aux différentes républiques ex-yougoslaves.

18 Il y a une différence entre le Kosovo et Metohija et l'Albanie, en fait,

19 mais la frontière n'existe pratiquement pas. C'était pendant cette période

20 d'or où Hodza règne à Tirana. Les dirigeants yougoslaves du temps de Tito

21 donnent de plus en plus de droits aux Albanais et, parallèlement à cela,

22 leurs aspirations grandissent -- leurs aspirations à plus d'autonomie et à

23 la sécession.

24 Les premières manifestations dévastatrices datent du mois de novembre 1968.

25 Il s'est avéré qu'après 1980, ils ne se satisfaisaient plus d'une large

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1 autonomie, ni d'une garantie accordée pour tous les droits, ce qui leur

2 étaient garanti par la constitution. Il y a eu une rébellion massive au

3 printemps 1981 au Kosovo sous le slogan, le Kosovo république. Votre

4 témoin, Ivan Kristan, l'a confirmé.

5 Il y a une des facteurs externes qui ont soutenu le démantèlement de

6 l'Yougoslavie. Le rôle de ces facteurs a été grand. L'une des thèses

7 avancées par ces facteurs étaient que cette crise du Kosovo et Metohija

8 était une conséquence de ce qui a été adopté en 1989, à savoir, les

9 amendements à la constitution serbe de 1974. Il a été dit que l'autonomie

10 kosovar a été abolie par cela et que leurs droits ont été limités ou

11 réduits.

12 Cette affirmation est sans fondement. Les amendements de la constitution

13 serbe de 1989 ne font qu'établir l'intégrité de l'Etat serbe qui, jusqu'à

14 ce moment-là, était placée sous la tutelle de ses deux provinces parce que

15 Kosovo et Vojvodina, jusqu'à ces amendements, il y a eu participation au

16 pouvoir au niveau de la république, mais la république n'avait aucune

17 compétence sur le territoire de ces provinces autonomes. Sur son propre

18 territoire et sur cette partie-là de son territoire, elle ne pouvait pas

19 exercer ses obligations constitutionnelles, à savoir, son obligation de

20 veiller à l'exercice des droits par ses citoyens. Par les amendements à la

21 constitution de 1989 et par la constitution serbe de 1990, on n'a fait que

22 remédier à des anomalies pour ce qui est de la position constitutionnelle

23 de la Serbie. On s'est assuré que la Serbie puisse fonctionner en tant

24 qu'une république normale, une unité fédérale normale au sein de

25 l'Yougoslavie. Par ces actes de 1989 et 1990, par ailleurs, on n'a

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1 nullement ni réduit, ni voire encore moins annuler les droits des Albanais.

2 Ils avaient droit à l'enseignement, à l'éducation, à la presse, à

3 l'édition, à tout ceci dans leur propre langue pour tout ce qui est des

4 procédures devant les tribunaux, toute procédure administrative. Ils

5 avaient droit à l'usage de leur langue plus que toutes les autres minorités

6 qui vivent sur le territoire d'autres états ou d'autres républiques.

7 C'est par la sécession de la Slovénie et de la Croatie qu'il y a eu

8 un nouveau stade à la crise kosovar. L'Uceka a été constitué, et les

9 terroristes albanais ont commencé à procéder à des actions ouvertes. Cette

10 organisation-là, comme on le verra grâce aux documents que je produirai

11 ici, ils ont été armés massivement et formés par un certain nombre de pays

12 occidentaux; avant tout, par l'Allemagne, par les Etats-Unis d'Amérique,

13 par la Suisse et par un certain nombre de pays islamiques.

14 A un moment donné, pour ce qui est de l'Allemagne et de la Suisse, on

15 y a vu circuler des listes avec des noms des banques sur les comptes

16 desquels il fallait envoyer des contributions. Je ne m'étendrai pas sur ces

17 noms-là. D'après European et le magazine Concrete de 1989, les armes les

18 plus modernes dont le montant s'élève à plusieurs millions de marks, ont

19 été livrées de l'Allemagne aux terroristes albanais. D'après Bill Foxton,

20 qui était placé à la frontière entre l'Yougoslavie et l'Albanie,

21 l'observateur de l'OSCE, en juillet 1999, les observateurs internationaux

22 ont découvert avec étonnement que ce sont des uniformes allemands que

23 portaient des terroristes albanais. D'ailleurs, les services allemands ont

24 reconnu qu'à Francfort et à Berlin, pendant une période prolongée, elle a

25 assuré l'entraînement de ces forces ainsi que le transport d'armes. L'aide

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1 fournie par la Turquie, par exemple, est en premier lieu, et la Narco mafia

2 albanaise, de par le monde, a fourni une aide tout à fait évidente. Des

3 documents tout à fait fiables peuvent le confirmer.

4 La mission principale de l'armement était confiée aux services

5 américains et en coopération avec les services anglais. Le Scotsman en dit,

6 je cite : "Les services américains ont contacté MI6, afin de former ses

7 forces. MI6, par la suite, a transféré cela sur des agences britanniques,

8 et cetera. La liste des armes s'ensuit. Je n'ai pas le temps maintenant de

9 m'y pencher.

10 Les cibles principales ou les plus fréquentes de l'Uceka depuis le

11 début de ses activités étaient des postes de police ainsi que la population

12 civile. Ses victimes étaient le plus souvent les ressortissants de son

13 propre peuple parce que c'étaient des citoyens loyaux. La crise a connu une

14 escalade.

15 Il y a eu un nombre colossal d'attaques. Je me contenterai de ne

16 citer que le rapport de 1997. Depuis le début janvier jusqu'à la fin de

17 l'année, plus de 1 200 et quelques attaques, 119 membres du ministère de

18 l'Intérieur ont été tués lors de ces attaques. Pour ne pas ventiler cela,

19 ou plutôt 115 tués, 216 blessures graves. Par la suite suivent les

20 blessures légères et 15 ont été kidnappés. Il y a 755 attaques terroristes

21 à l'encontre des citoyens. Avant j'ai cité les chiffres pour les policiers.

22 173 citoyens ont été tués dont 46 Serbes et Monténégrins, 77 Albanais,

23 trois Romes, deux Musulmans et 42 non identifiés. Comme vous pouvez le

24 voir, en 1988, l'Uceka a tué plus d'Albanais que de Serbes.

25 Pendant cette même année, les terroristes ont kidnappé 292 citoyens

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1 dont 180 quelques Serbes et Monténégrins, plus de 100 Albanais, 14 Romes,

2 un Musulman, un Bulgare et un ressortissant macédonien. 31 ont été tués.

3 Pour plus de 140 le sort est inconnu, et neuf se sont enfuis.

4 L'on voit par la suite des précisions sur les moyens auxquels on a eu

5 recours : des lance-mortiers portables, des armes automatiques, des moyens

6 explosifs, des mines antichars, et cetera, et cetera. Tout ceci à l'époque

7 où Ibrahim Rugova affirmait que l'Uceka n'était qu'un fantôme produit par

8 la propagande serbe, que l'Uceka n'existait pas.

9 Ces données se suffisent. La question que je me pose est de savoir si un

10 seul gouvernement pourrait rester les bras croisés face à ces activités

11 terroristes. Non seulement la police se devait de réagir face à ces

12 attaques terroristes, mais il était indispensable qu'elle entreprenne des

13 activités afin de neutraliser ces groupes terroristes et afin de rétablir

14 le contrôle.

15 Les attaques menées contre l'armée, vous les connaissez, dans son

16 ensemble, l'opinion publique est au courant de cela. Compte tenu des

17 différentes prises de position, des structures politiques sur le plan

18 international de la l'opinion publique, depuis 1998; cependant, on estime

19 que l'Uceka est une guérilla de la communauté albanaise, ce qui est sans

20 aucun fondement. La Fédération des scientifiques allemands, la FAS, qui est

21 constituée comme un prince des cerveaux, déclare que l'Uceka séparatiste et

22 terroriste est l'une des organisations terroristes les plus connues dans le

23 monde. C'est ce que la FAS déclare. C'est l'une des rares organisations

24 dans le monde qui étudie sérieusement les phénomènes terroristes.

25 Le premier homme chargé de la sécurité de la FAS déclare qu'ils ont

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1 procédé à une étude détaillée du fonctionnement de l'Uceka, qu'ils l'ont

2 fait par opposition au département d'état américain qui ne se fonde que sur

3 des estimations. Il présente aussi les raisons pour lesquelles l'Uceka a

4 été rangé parmi les organisations terroristes. Avant tout, compte tenu du

5 fait que la tactique de l'Uceka consiste à attaquer les organes de

6 sécurité, à tendre des embuscades, à s'organiser par cellules de trois

7 membres, ceux qui caractérisent les organisations terroristes. Les membres

8 du groupe sont obsédés par l'idée de séparer la Serbie de l'Yougoslavie ou

9 le Kosovo de la Serbie et de l'Yougoslavie et de son annexion à l'Albanie.

10 Tout ordre doit être exécuté sans aucune observation. Il y a des milliers

11 de mercenaires d'Arabie, d'Yémen, d'Afghanistan, de Bosnie-Herzégovine et

12 de Croatie. Un certain nombre d'experts dans leurs rangs. Je ne peux pas

13 les énumérer.

14 Il énumère également les camps principaux situés sur le territoire de

15 l'Albanie. Dans ce rapport du FAS, il est dit également qu'à long terme

16 l'objectif de l'Uceka est de procéder à la réunification de la population

17 albanaise vivant sur le territoire du Kosovo, de l'Albanie et de la

18 Macédoine. Il s'agit d'une organisation terroriste typique avec toutes les

19 caractéristiques qui sont les siennes. Telle a été la position des experts

20 occidentaux, parce qu'ils connaissent leur lien avec les trafiquants de

21 drogues, d'armes et la traite blanche.

22 Le 23 février 1998, Gelbard, lors d'une conférence de presse tenue à

23 Belgrade, déclarait, je le cite : "Nous sommes profondément préoccupés.

24 Nous condamnons avec véhémence la violence mise en place par des groupes

25 terroristes au Kosovo et, en particulier, l'Uceka. Sans aucun doute, il

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1 s'agit d'un groupe terroriste. Je n'accepte aucune justification. Cela fait

2 des années que je travaille sur l'activité terroriste, et je suis capable

3 d'identifier un groupe terroriste en me contentant de n'étudier que les

4 faits."

5 Il a lancé un appel à ce moment-là aux leaders albanais de condamner le

6 terrorisme afin de montrer de quel côté il se range. Evidemment il n'en a

7 rien été.

8 Dans l'establishment américain, à l'extérieur de l'administration de

9 Clinton, à partir de la deuxième moitié de 1998, on estime sans aucune

10 équivoque, l'Uceka est une organisation terroriste typique. En 1999, il y a

11 un document officiel qui a été préparé par le Sénat, je cite : "Au moment

12 où le bombardement de l'OTAN a commencé, le partenariat de l'administration

13 Clinton avec l'Uceka, ne faisait aucun doute. Cette acceptation de la part

14 des personnalités-clés de l'administration Clinton, d'une organisation qui

15 a été qualifiée d'organisation terroriste par un de ses responsables

16 seulement un an plus tôt, c'est choquant pour ne pas en dire plus. Il est

17 encore plus important de dire que ce nouveau partenariat entre Clinton et

18 l'Uceka cache un certain nombre de caractéristiques qu'il ne voulait

19 prendre en compte."

20 C'est un document officiel du Sénat américain.

21 Quant au rôle de l'Uceka en tant qu'organisation terroriste, citons l'année

22 2000, le transcript des débats au Congrès américain d'un programme qui

23 était intitulé Programme contre le crime organisé sur le plan global. Le

24 représentant juridique du comité affirme : "L'Uceka se fournissait en

25 partie grâce à la vente des drogues. Il se situe sur la route balkanique

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1 qui les relie avec le Pakistan et l'Afghanistan d'une part et l'Europe

2 d'autre part. C'est à 400 milliards de dollars américains qu'on évalue ce

3 trafic par an, et un pourcentage important de l'héroïne destinée à l'Europe

4 passe par là."

5 Cela a fait partie de ce document du Congrès américain. (expurgé)

6 (expurgé)

7 (expurgé)

8 (expurgé)

9 (expurgé)

10 (expurgé)

11 (expurgé)

12 L'étude des résolutions du conseil de Sécurité sur le Kosovo et

13 Metohija --

14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, je pense qu'il

15 s'agissait d'un témoin protégé.

16 M. NICE : [interprétation] J'ai un petit peu de mal à suivre ce que

17 l'accusé est en train de dire, mais pour ce qui est de ce passage, ce

18 passage il devrait bénéficier des mesures de protection.

19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Il sera expurgé et je vous prie

20 de faire un peu plus attention à l'avenir, Monsieur Milosevic.

21 L'ACCUSÉ : [interprétation] Ces preuves ne doivent pas être protégées. Le

22 témoin est protégé. Je n'ai pas prononcé le nom du témoin. Je vous rappelle

23 le contenu du témoignage.

24 Les résolutions du conseil de Sécurité portant sur le Kosovo et Metohija

25 qui ont été adoptées avant l'agression contre l'Yougoslavie, montrent que

Page 32239

1 le conseil de Sécurité lui-même, a estimé qu'au Kosovo et Metohija, il y a

2 eu des attaques terroristes et que l'Uceka, dans ses résolutions, est

3 présentée de manière tout à fait claire en tant qu'une organisation

4 terroriste.

5 La Résolution 1160 : "Où on condamne toute forme de terrorisme de la part

6 de l'Uceka (l'armée de libération du Kosovo), de tout autre groupe ou

7 individu et de tout soutien extérieur à l'activité terroriste au Kosovo, y

8 compris le financement, l'armement et l'entraînement." Nous voyons qui a

9 financé l'armement et l'entraînement.

10 Au paragraphe 2 de cette résolution, on invite les dirigeants, des

11 Kosovins, des Albanais du Kosovo, à condamner toute action terroriste, et

12 on appelle tous les Albanais du Kosovo à ne se servir que de moyens

13 politiques.

14 Dans le paragraphe 8 de cette résolution, je cite : "Empêcher l'armement et

15 l'entraînement au profit des actions terroristes au Kosovo. C'est resté

16 lettre morte comme on peut le voir d'après la suite des événements, car les

17 activités terroristes s'intensifient et les armes arrivent de manière

18 encore plus massive, et on forme encore davantage les terroristes avec la

19 participation de l'Occident.

20 C'est la Résolution 1199 que je citerai maintenant : "On condamne le

21 terrorisme en tant que moyen afin de parvenir à des objectifs politiques

22 d'un groupe quelconque ou de tout individu. On condamne tout appui externe

23 à ce genre d'activités, y compris l'approvisionnement en armes ou la

24 formation des participants à des activités terroristes au Kosovo."

25 L'impact de l'administration Clinton, au cours des événements du 11

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1 septembre est énorme. Personne ne peut le nier. Vous avez pu vous assurer

2 du grand nombre de participants directs à ces événements qui ont été

3 arrêtés. Les données le montrent tout à fait clairement qu'ils ont pris

4 part à des activités de l'Uceka au Kosovo ou en Bosnie-Herzégovine en tant

5 que participants membres d'al Qaeda.

6 Le conseil de Sécurité se dit préoccupé à cause des violations incessantes

7 pour ce qui est de cette interdiction de fournir des armes conformément à

8 la Résolution 1190 et insiste sur le fait qu'il convient de condamner toute

9 activité terroriste, et que tous les intéressés du côté albanais doivent

10 avoir recours uniquement à des moyens politiques.

11 Au paragraphe 11, il est dit qu'il faut empêcher de recueillir des

12 financements sur le territoire de tous les pays.

13 Dans la Résolution 1203, on condamne le terrorisme commis par quelque

14 groupe que ce soit ou par quelque individu que ce soit ainsi que tout appui

15 externe à ce genre d'activités au Kosovo, y compris l'approvisionnement en

16 armes ou la formation. On se dit préoccupé encore une fois à cause des

17 violations incessantes de la résolution précédente.

18 Par la suite, je cite encore : "On insiste sur le fait que les

19 dirigeants albanais doivent condamner toute action terroriste. Jamais les

20 dirigeants albanais n'ont-ils condamné les actions terroristes menées par

21 l'Uceka.

22 Contrairement à des faits évidents, faits qui indiquaient de façon évidente

23 qu'il y avait activités terroristes de l'Uceka et de leurs membres au

24 Kosovo et Metojiha vis-à-vis de quoi tout état a le droit et l'obligation

25 de prendre des mesures de rétablissement de l'ordre, l'administration

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1 Clinton, elle, sous l'influence d'un lobby puissant pro Albanais et de leur

2 argent provenant de la vente des drogues et des stupéfiants depuis 1998, la

3 mi-1998, de façon directe et publique, se range aux côtés de cette

4 organisation terroriste pour en devenir le protecteur. C'est la raison pour

5 laquelle l'on n'est pas étonné de voir qu'après cette période, il a été

6 pris -- entrepris des activités et des mesures pour sauver l'Uceka de toute

7 destruction et de lui assurer un statut de parti aux négociations dans la

8 solution des problèmes au Kosovo pour même les faire venir à Rambouillet.

9 C'est au service de cette réhabilitation publique qu'Holbrooke, avec

10 l'autre représentant américain Gelbard, rencontrent un groupe de dirigeants

11 terroristes de l'Uceka, et c'est avec eux, devant des caméras de

12 télévision, qu'ils ont des négociations. L'on reconnaît par la suite,

13 publiquement, que Gelbard avait déjà clandestinement établi le contact

14 auparavant avec ces mêmes gens.

15 Dans le courant des mois d'août et septembre 1998, les forces de la police

16 ont brisé et pratiquement neutralisé les terroristes de l'Uceka ainsi que

17 leurs places fortes. Une fois de plus, les représentants de

18 l'administration Clinton sont entrés en scène, et il est arrivé une mission

19 de vérification qui avait, dit-on, et chose constatée par la suite, pour

20 objectif principal de revitaliser, de réanimer, redonner vie à l'Uceka.

21 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Monsieur Milosevic, veuillez vous

22 interrompre pour un instant, je vous prie.

23 [La Chambre de première instance se concerte]

24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Veuillez continuer, Monsieur

25 Milosevic.

Page 32242

1 L'ACCUSÉ : [interprétation] La nomination de William Walker aux fonctions

2 de chef de cette mission de vérification n'a pas été fortuite. Cela s'est

3 fait sur insistance de la CIA dont il a été agent. Je tiens à vous rappeler

4 qu'il avait été ambassadeur des Etats-Unis au Salvador et qu'il avait été

5 assistant du colonel Nolde [phon] au Nicaragua pour ce qui est du

6 recrutement de mercenaires et création d'escadrons de la mort.

7 Les développements de la fin du 20e siècle ont montré que

8 l'administration Clinton s'est servie de ces mouvements séparatistes

9 clandestins et de mouvements analogues de par le monde pour réaliser les

10 intérêts qui étaient les siens. C'est pourquoi ce type de mouvement a été

11 aidé par tous les moyens, et ceci, notamment, par un sponsoring du

12 terrorisme. La chose a été confirmée au Kosovo et Metohija et cela est

13 confirmé par les conclusions du comité des Affaires étrangères du congrès

14 américain de 1992 qui dit, activez Kosovo quand besoin sera pour faire en

15 sorte que Belgrade fasse des concessions.

16 Dans une analyse du sénat, il est dit que l'administration Clinton,

17 août 1992, avait déjà planifié de façon intentionnelle, une intervention de

18 l'OTAN au Kosovo. Mais, à l'époque, il manquait, et je cite : "Un événement

19 médiatique acceptable, qui, aux yeux de l'opinion publique mondiale, me

20 servirait d'alibi politique pour que cette intervention soit lancée." Des

21 mensonges, et on attendait, partant de ces mensonges, qu'il y ait quelqu'un

22 pour tirer sur la gâchette. Leurs préparatifs du terrain pour cette

23 intervention a requis des préparatifs en temps utile des moyens de l'OTAN

24 qui, du temps du mandat de Clark, ont établi des contacts de départ avec

25 l'Uceka. C'est ce qui découle des transcriptions du briefing de 'background

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1 du ministère américain de la Défense du 15 juillet 1998. Cela est confirmé

2 par la suite par des contacts. L'Uceka a bénéficié d'un soutien et d'une

3 formation de la part de la CIA et de la BND, service secret allemand,

4 depuis la moitié de 1992. Ces opérations clandestines ont été illustrées

5 par le livre de Mike Kosodofski [phon] qui parle de "combattants de la

6 liberté" financés par le crime organisé. Tout ceci vient confirmer que

7 l'Uceka, qui, au départ, a été traité d'organisation terroriste, à partir

8 de 1998, vers la mi-1998, suite à une décision de l'administration Clinton,

9 est entrée en relation très rapprochée avec l'OTAN. C'est dans cette

10 alliance qu'il a été procédé aux préparatifs de l'agression de l'OTAN en

11 parallèle avec cette comédie des négociations à Rambouillet.

12 Le moment crucial dans tout ceci a été constitué par l'événement

13 médiatique dont j'ai parlé tout à l'heure, qui a été construit de toutes

14 pièces, et ceci partant de ce qui s'est passé à Racak. Cela également s'est

15 passé suivant un scénario déjà testé en Bosnie dans le cas du marché de

16 Markale. On a expliqué qu'il y avait un soi-disant massacre de perpétrer

17 dans le village de Racak lequel, dans ces choses-là, ont requis les

18 services d'une personne expérimentée, à savoir, Walker, qui a qualifié cela

19 de crime jamais vu perpétrer par les forces de sécurité. C'était là la

20 mission de ce chef des observateurs de la MCCE et le responsable lui-même

21 pour servir de prétexte à l'agression de l'OTAN. C'est un plan développé

22 par l'administration Clinton. Il avait été prémédité de décrire l'événement

23 de la sorte. Je vous ai montré l'enregistrement vidéo où l'on voit, sur la

24 colline au-dessus de Racak, les jeeps oranges de cette Mission

25 d'observation au moment, où a témoigné l'adjoint de Walker, et cela nous a

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1 permis de voir ce qui s'est passé réellement là-bas. Nous l'avons vu dans

2 le témoignage de leur commandant sur place.

3 Je n'ai pas le temps maintenant de m'aventurer davantage dans les

4 détails de cette histoire. Je tiens seulement à citer ce que le

5 commentateur militaire Milovan Drecun a écrit dans son livre de la deuxième

6 bataille du Kosovo pour ce qui est du cas Racak : "Le cas Racak entrera

7 dans bon nombre de manuels en guise d'actions antiterroristes réalisées de

8 façon brillante par les membres de la police, mais cela figurera également

9 comme étant l'une des supercheries des plus monstrueuses sur le plan

10 médiatique qu'ait vu le monde. On sait encore que les événements de Racak

11 font l'objet de manipulation quotidienne, notamment, à La Haye, où l'on

12 perpétue la fabrication d'un faux évident."

13 Il est notoirement connu le fait que les sponsors de ces événements

14 ne voulaient certainement pas que se fasse le jour la vérité au terme de

15 laquelle il n'y avait pas eu de massacre à Racak. Au contraire, on s'est

16 efforcé de faire porter le chapeau de cet événement à la partie serbe.

17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, le commentateur

18 que vous avez cité, son nom, je vous prie.

19 L'ACCUSÉ : [interprétation] Milovan Drecun, dans son ouvrage, intitulée,

20 "La deuxième bataille du Kosovo".

21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] D'où est-il originaire ?

22 L'ACCUSÉ : [interprétation] De Belgrade.

23 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci.

24 L'ACCUSÉ : [interprétation] Ce qui illustre la chose, ce sont les

25 renseignements suivants : après l'accord, pour ce qui est de la présence de

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1 cette mission de vérification en octobre 1998, au Kosovo, il a été, et ceci

2 avant la fin janvier 1990, il a été réalisé plus de 500 attaques

3 terroristes de l'Uceka. Dans la même période, c'est précisément en se

4 servant du bouclier de la Mission de vérification qu'il a été procédé au

5 nettoyage ethnique de 35 villages habités par des Serbes et Monténégrins.

6 Dans les premières 11 journées de 1999, les membres de l'Uceka ont lancé 80

7 attaques terroristes contre la police et des civils. En guise de

8 récompense, pour ces crimes et tous les autres crimes perpétrés, en premier

9 lieu à l'égard des Serbes et autres non-Albanais, et Albanais aussi bien,

10 en guise de récompense pour leur coopération pendant l'agression de l'OTAN,

11 l'Uceka a changé de nom pour devenir "Corps de protection du Kosovo", qui a

12 légitimé sa situation pour lui permettre l'accès au fonds des pays

13 occidentaux par des voies de coopération bilatérale. Il y avait été précisé

14 qu'il fallait les désarmer immédiatement. C'est là seulement l'un des

15 détails qui figure parmi cette marée d'abus qui se sont produits lorsqu'on

16 s'attendait à la réalisation de la résolution adoptée à ce sujet. A la tête

17 de ce corps, on a nommé Agim Ceku, un terroriste notoirement connu qui, en

18 sus de tous les crimes qu'il a commis à l'encontre des Serbes de Kosovo et

19 Metohija, tout comme à l'égard d'Albanais qui ont été abattus par des

20 membres de l'Uceka suite à des ordres qu'il a donnés directement, en raison

21 de la loyauté dont ils avaient fait preuve vis-à-vis de l'état dans lequel

22 ils vivaient, à savoir, la Serbie. Ce même intéressé s'est battu contre les

23 Serbes en Croatie en sa qualité d'officier dans l'armée croate. Il a fait

24 ses preuves dans les crimes perpétrés, notamment, à l'occasion du génocide

25 de Medakigep [phon], de la poche de Medak, parce qu'ils avaient violé des

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1 femmes, les avaient brûlées après avoir jeté de l'essence dessus. Il y a

2 des faits qui l'illustrent, mais il est protégé. C'est un allié tout en

3 étant un meurtrier et terroriste notoirement connu. Vous avez pu voir, par

4 exemple, en 2003, en novembre, dans les journaux de Belgrade, une

5 photographie. Je n'ai pas le temps maintenant de me servir de photographies

6 dans l'exposé que j'ai à présenter, ceci en si peu de temps. On voyait sur

7 ces photos, des membres de l'Uceka en uniforme; dans les deux mains, des

8 têtes de Serbes coupées, où l'on pouvait voir des sacs remplis de têtes de

9 Serbes qui avaient été coupées. Toute personne regardant ces photos, cet

10 homme qui montre triomphalement ces têtes, c'est Sadik Cuflaj et son fils à

11 côté, Valim Cuflaj, qui ont commis des crimes sous les ordres de Daus et

12 Ramadin Hulaj, dans le secteur de Pec et à d'autres endroits. Ce sont là

13 des parties. On a publié des photos. On a publié des noms. Tout ceci il

14 n'en a rien été. Personne ne l'a vu. On passe outre. Maintenant, ce même

15 Cuflaj, de nos jours, avec bon nombre d'autres terroristes, des milliers de

16 terroristes, est l'un des membres de ce Corps de protection du Kosovo. Il a

17 un grade de lieutenant. C'est à eux que la communauté internationale ou ce

18 qui est convenu d'appeler communauté internationale, qu'elle a confié le

19 rôle de maintien de l'ordre au Kosovo, où les Serbes sont constamment dans

20 la peur de se voir exterminés.

21 Au Kosovo et Metohija, l'USA et l'Occident ont montré qu'il y avait

22 deux poids et deux mesures pour ce qui est des terroristes. Je sais que je

23 n'ai pas le temps, mais j'attire votre attention sur le 26 août 2004, le

24 Washington Post, qui parle d'un Australien qui est jugé pour avoir commis

25 des crimes de guerre en Afghanistan. Dans cet article publié par le

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1 Washington Post, il est dit comment Hicks est allé et est devenu un

2 combattant de l'al Qaeda. Après, on ne dit pas qu'il est passé par un

3 entraînement dans les camps de l'al Qaeda, et qu'il a pris les armes au

4 sein d'organisations terroristes contre les forces des Etats-Unis en

5 Afghanistan.

6 La question qui se pose pour illustrer ce deux poids et deux mesures

7 dont j'ai parlé tout à l'heure, c'est de savoir si c'est un criminel de

8 guerre lorsqu'il se bat contre les Américains en Afghanistan ou si c'est un

9 criminel de guerre pour ce qui est de l'al Qaeda et les Talibans lorsqu'il

10 s'est battu au Kosovo contre les Serbes.

11 Tous les jours, viennent en surface des informations de ce type.

12 Celle-ci est la dernière en date d'il y a quelques jours et qui a été

13 publiée par le Washington Post.

14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, compte tenu du

15 fait d'avoir eu une pause un peu plus longue pour des raisons techniques et

16 compte tenu du fait que vous avez du ralentir, je tiens à vous dire que --

17 et je vois que vous accélérez -- la Chambre a décidé de répondre à votre

18 demande de temps supplémentaire. Je tiens à vous dire que vous avez la

19 première session de la matinée de demain si vous en avez besoin.

20 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'en ai certainement besoin. J'ai besoin de

21 plus que cela même. Ne doutez guère du fait que je mettrai cela à profit.

22 Pendant que les avions américains transféraient les terroristes d'al

23 Qaeda de l'Afghanistan vers Guantanamo en chaîne, le régime fantoche de

24 Belgrade s'est vu sollicité pour libérer tous les terroristes albanais des

25 prisons de là-bas, en prétextant qu'il s'agissait là de prisonniers

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1 politiques alors que c'étaient des meurtriers. Ce sont des meurtriers qu'on

2 a relâchés.

3 Je pense que les conséquences et le rendement de l'administration

4 Clinton pour ce qui est du développement du terrorisme, ce sont avérés de

5 façon très nette même au sein des Etats-Unis eux-mêmes et ailleurs. Cela

6 est devenu de nos jours le plus grand des périls menaçants l'humanité

7 contemporaine. L'administration Clinton a, de tout temps de son

8 fonctionnement, mis en œuvre cette politique de deux poids, deux mesures.

9 Cette politique leur est retombée dessus, comme cela s'est avéré être vrai

10 suite aux événements du 11 septembre.

11 Depuis l'agression de l'OTAN sur l'Yougoslavie, il s'est passé cinq

12 ans. Ce n'est pas très long, mais c'est suffisant pour tirer des

13 conclusions fiables pour ce qui est des causes de ces actes odieux et de

14 ces conséquences graves pour ce qui est de la vie et de la santé de la

15 population, pour ce qui est de l'existence matérielle, culturelle,

16 politique et autre de ce pays. L'on sait de façon fiable, et nous allons le

17 déterminer ici en le documentant, en entendant des témoins tout à fait

18 méritoires pour apprendre que l'agression a été planifiée depuis longtemps,

19 qu'elle a été préparée depuis longtemps. Les organisateurs et les

20 initiateurs ont dissimulé leur activité en recourant à des subterfuges, en

21 parlant de danger menaçant la minorité albanaise au Kosovo. On a déclaré

22 que ces terroristes étaient des civils pacifiques, alors que les victimes

23 de la police étaient précisément ces civils, à savoir, ces terroristes. La

24 police s'est battue de façon tout à fait légitime contre les terroristes.

25 Il faudrait peut-être leur poser la question de savoir si cela était

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1 véritablement vrai, de quoi sont morts des milliers de policiers et de

2 soldats ? Etait-ce ces civils pacifiques et sans armes ? Est-ce que tant de

3 citoyens ont été tués par des citoyens pacifiques qui n'avaient pas

4 d'armes ? Quels sont les faits -- les faits véritables dont l'on pourrait

5 traiter et parler en tant que faits valides ?

6 Du reste, Clark lui-même, commandant suprême de l'OTAN pour l'Europe,

7 à l'époque, que vous ne m'avez pas autorisé à interroger ici ni sur la

8 guerre, ni au sujet du livre qu'il a écrit où il a présenté des

9 renseignements pour démentir lui-même les accusations dressées contre moi

10 de façon -- je puis même le dire, de façon tout à fait évidente.

11 Dans son livre, il a dit que l'OTAN a fait venir des troupes pour

12 faire sortir la Mission de vérification vers la Macédoine. Tout un chacun

13 sait que la mission n'était pas en danger. Les autorités yougoslaves

14 veillaient à la sécurité de chacun de ses membres et elles les ont

15 raccompagnés jusqu'à la frontière lorsqu'ils ont exprimé le souhait de s'en

16 aller. Comme l'a dit le général Naumann ici même, une fois que l'attaque et

17 l'agression contre l'Yougoslavie était devenue imminente, ils ont informé

18 la Mission de vérification de la nécessité de se retirer pour permettre les

19 bombardements.

20 C'est lui qui dit en page 168 de son livre : "Lorsque l'Yougoslavie,

21 en dépit de toutes les menaces de bombardements, je vais ralentir, oui je

22 vais ralentir, aura réagi lorsque l'armée d'Yougoslavie verrait des

23 frontières, vers les frontières, elle envoie des renforts vers ces

24 frontières." Clark convie ou appelle le général Ojdanic et lui demande

25 pourquoi il fait venir des renforts. Ojdanic lui répond que c'est une

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1 réponse aux nouvelles troupes de l'OTAN en Macédoine. Clark dit : "Du point

2 de vue du Serbe cela a du sens, mais cela a également servi de prétexte

3 pour amener des renforts contre les Albanais. Cela a impliqué des renforts

4 de notre côté. On a transformé la conséquence en cause d'une aggravation

5 nouvelle."

6 Il informe Madeleine Albright. Cela figure à la page 172 de son

7 livre. Je cite, qu'il y a renforcement continu de ce déploiement des

8 troupes serbes. Avant cela, il dit que du point de vue des Serbes, les

9 renforts envoyés ont du sens, puis on transforme la conséquence en cause et

10 on dit, le même jour le 6 mars 1999, 18 jours à peine avant le

11 bombardement, il n'y a pas de réfugiés.

12 Il explique ce qui se passerait après les frappes aériennes. Il

13 explique ce que cela va engendrer et ce que cela va constituer comme cause

14 d'événements ultérieurs.

15 Il explique -- Albright, en page 173 : "Si nous entamons nos frappes,

16 est-ce que les Serbes vont s'attaquer à la population ?" Clark dit : "Il

17 est pratiquement certain qu'ils s'attaqueront à la population, c'est ce

18 qu'ils promettent de faire." "Si nous entamons des frappes, est-ce qu'ils

19 vont attaquer ?" Il parle de l'attaque au passé ou au continu, mais il

20 parle des attaques comme d'une chose à laquelle il convient de s'attendre.

21 "Si nous entamons, est-ce qu'ils attaqueront ?" La réponse d'Albright :

22 "Comment faire, comment empêcher leur attaque à l'encontre de civils ?"

23 Clark dit : "Nous ne pouvons pas le faire. En dépit de tous nos efforts,

24 les Serbes s'attaqueront aux civils. Ce sera une course entre nos frappes

25 aériennes et les dégâts que nous leur occasionnerons et ce qui se passera

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1 sur le terrain. A court terme, ils gagnent dans cette bataille." "Que

2 convient-il de faire ?" Réponse : "Il faudra que nous allions plus fort que

3 ce qu'ils peuvent faire eux-mêmes. Cela ne va pas être plaisant, cela ne va

4 pas plaire."

5 C'est ce qu'il dit dans son livre. Bien entendu, il ne parle pas de

6 l'Uceka. Il est clair que le combat contre l'Uceka est présenté comme une

7 attaque contre les civils. Il n'y a pas de doute; c'est soit l'un, soit

8 l'autre. Mais cela engendrera des bombardements de façon sciante, planifiée

9 et tout à fait attendue. Cela impliquera le bombardement de l'Yougoslavie

10 entière à long terme. Par conséquent, lui-même, ce glorieux commandant de

11 l'OTAN pour l'Europe, fait tomber la thèse au terme de laquelle le

12 bombardement a été une réponse aux attaques sur les Albanais. Il dit qu'une

13 fois que nous commencerons, c'est là que les attaques vont avoir lieu.

14 Rambouillet n'a pas été une situation sans issue du point de vue des

15 négociations, mais cela constituait un ultimatum pour justifier la guerre.

16 Le bombardement sans scrupule des villes, des villages et des

17 infrastructures industrielles et économiques n'a pas constitué une erreur,

18 mais cela a été une course à l'absurde où l'on a essayé d'éteindre

19 l'incendie en jetant de l'essence dessus pour que brûle tout ce que peut

20 brûler. De toute façon, la faute retombera sur le sapeur pompier qui a pour

21 mission de sauver les vies et d'empêcher les pillages et les crimes.

22 Il prouve lui-même qu'il a planifié l'agression aéroportée contre

23 l'Yougoslavie. Il s'est employé en faveur d'une rectification de

24 l'évolution des événements au Kosovo pour faire entrer l'OTAN en jeu. Je

25 m'attends à ce qu'un ordre à comparaître lui soit transmis pour qu'il

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1 témoigne ici. Je verrai et on verra si vous avez l'intention d'inculper

2 Wesley Clark pour les crimes perpétrés sur le territoire de l'ex-

3 Yougoslavie, chose que vous affirmez relever de vos compétences, ou est-ce

4 là encore une chose que vous allez omettre de faire.

5 Je tiens également à mentionner quelques sources fiables et

6 autoritaires, les autorités qui ne viennent illustrer le fait que l'OTAN a

7 falsifié. Je ne vais pas dire "l'OTAN", je vais dire "l'administration

8 Clinton" parce que Clark avait été son collaborateur le plus proche et les

9 autres aussi. Je vais parler de l'administration Clinton pour être tout à

10 fait précis. Ils ont falsifié les raisons de leur agression lancée à

11 l'encontre de la République fédérale de l'Yougoslavie.

12 Lewis MacKenzie, général canadien, l'un des ex-commandants de la

13 FORPRONU en Bosnie, dans un texte daté du 6 avril 2004, dans un journal

14 canadien, National Post, affirme, je cite : "L'OTAN a décidé d'entreprendre

15 une action sans qu'aucun membre de l'OTAN ne soit en danger. On a décidé

16 non seulement de bombarder le Kosovo, mais aussi l'infrastructure et le

17 peuple de la Serbie, ceci sans résolution appropriée des Nations Unies." Je

18 cite encore : "Nous avons averti les uns et les autres que l'Occident se

19 mettait du côté des extrémistes, d'un mouvement militant extrémiste de

20 séparatistes du Kosovo, mais nous avons été repoussés de côte en étant

21 accusés de partialité. L'on a dédaigné ou on a ignoré le fait que cette

22 Uceka armée de libération du Kosovo, qui se battait pour l'indépendance du

23 Kosovo, avait auparavant été désignée comme étant une organisation

24 terroriste qui a bénéficié, on le savait, d'une assistance de l'al Qaeda et

25 de bin Laden, lui-même." Ce sera illustré.

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1 Contrairement à ces principes, cet acte -- ce bureau du Procureur

2 illégal a dit que toutes les informations, qui ont servi de prétexte pour

3 le bombardement de la Serbie, se sont avérées être des faux des plus

4 graves. Le général Lewis MacKenzie n'est pas un canadien pro Serbe en

5 aucune façon, c'est un soldat professionnel. C'est tout.

6 En parlant de la campagne visant à chasser du Kosovo, tous les non-

7 Albanais, afin que le Kosovo regagne le giron de la mère Albanie, MacKenzie

8 nous dit : "La campagne a été lancée par une attaque et les forces de

9 sécurité serbe au début 1990. La réponse de Milosevic à ces attaques a été

10 mise à profit par les Albanais pour s'attirer des sympathies du monde afin

11 de réaliser leurs objectifs. Contrairement aux affirmations de l'Occident,

12 il n'y a pas eu génocide. Pour ce qui est de soi-disant centaines de

13 milliers de victimes, on a retrouvé

14 2 000 cadavres dans les fosses communes. Il y avait là les cadavres de

15 toutes les personnes, notamment, les personnes qui sont tombées au combat

16 en se battant l'arme à la main, sans parler du nombre de ceux qui ont été

17 tués par l'Uceka."

18 Ici, vous avez en prison Limaj -- le dénommé Limaj qui est accusé du

19 meurtre de neuf Serbes et de 13 Albanais. Il a tué plus d'Albanais que de

20 Serbes. Il est vrai qu'il n'avait que neuf Serbes en prison. Il en avait

21 beaucoup plus d'Albanais. Il a tué tous les Serbes, et il a prélevé les 13

22 sur le reste des Albanais pour les tuer. Vous allez entendre des témoins

23 qui vous diront ici à vous et à l'opinion publique mondiale, combien

24 d'Albanais ont été tués par l'Uceka. Le tout a été reproché aux Serbes.

25 Pour finir, avec tous ces jeux de chiffres avec vos soi-disant

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1 experts qui font des calculs statistiques pour ce qui est du nombre

2 possible de victimes, ce qui est tout à fait insensé vis-à-vis d'un procès

3 qui aurait la prétention d'être un procès au pénal en bonne et due forme.

4 MacKenzie dit : "Les Albanais du Kosovo se sont joués de nous comme

5 un maestro se joue de son instrument. Nous les avons aidés, nous les avons

6 appuyés. Nous avons appuyé leur campagne de force visant à la création d'un

7 Kosovo ethniquement pur et indépendant. Nous ne leur avons jamais rien

8 reproché. Nous continuons à les présenter comme des victimes, alors que les

9 faits nous disent le contraire. Imaginez quel va être le message

10 d'encouragement à l'intention des autres mouvements terroristes dans le

11 monde qui réclament également l'indépendance si, maintenant, les Albanais

12 réussissent à réaliser l'indépendance du Kosovo avec l'aide des dollars de

13 nos contribuables, tout comme cela a été le cas de l'al Qaeda et de bin

14 Laden."

15 Il ne mentionne pas d'autres dollars qui ont été acheminés là-bas,

16 mais nous en parlerons. Nous aurons l'occasion de les mentionner également.

17 Il continue : "Après l'intervention de l'OTAN, en 1999, le Kosovo est

18 devenu le plus grand centre de la criminalité en Europe, le centre de la

19 traite des blanches. Cette province est devenue le centre du trafic des

20 drogues vers l'Europe et l'Amérique du nord. L'ironie du sort dit que les

21 plus grandes quantités de la drogue viennent du Kosovo et d'un autre pays

22 libéré par l'occident, l'Afghanistan. Les membres de l'UCK et autres sont,

23 personnellement, impliqués dans le crime organisé."

24 L'amiral Gregory Johnson, le commandant des forces de l'OTAN au

25 Kosovo, à savoir, le commandant de l'aile sud de l'OTAN, a déclaré qu'au

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1 Kosovo, et ceci à l'occasion des crimes perpétrés en mars 2004, que les

2 conflits qui s'en sont suivis représentaient une action de nettoyage

3 ethnique planifiée à l'avance de la part des Albanais et du Kosovo, une

4 action de nettoyage ethnique planifiée à l'avance.

5 Damjan Krnjevic, rédacteur en chef d'un magazine qui traite des

6 intérêts internationaux, ainsi qu'associé à un centre d'étude sur le sud-

7 est de l'Europe, parlant du Kosovo dans son article, souligne que les

8 Serbes depuis des années appellent l'attention sur la vraie nature du

9 mouvement Siptar et que l'occident a prétendu qu'il ne s'agissait que

10 d'exagérations et d'inventions. Ce qui est caractéristique, c'est que

11 toutes les actions anti-serbes, ainsi que la situation du peuple serbe au

12 Kosovo et Metohija est définie de la façon suivante, je cite : "Un meurtre

13 qui succède à un autre meurtre, des enlèvements suivis de nouveaux

14 enlèvements, des incendies qui succèdent à des incendies, et finalement, le

15 pogrom qui confirme les craintes des Serbes d'avoir été abandonnés à la

16 barbarie," et ce, sous l'égide des Nations Unies." Les derniers mots sont

17 de moi. La citation s'arrêtait, en fait, aux mots "barbarie au Kosovo".

18 Mais tout cela confirme que 3 000 personnes ont été enlevées ou

19 tuées. C'est la raison pour laquelle je vous ai dit que "la mission des

20 Nations Unies au Kosovo n'a cessé de tromper le monde entier depuis cinq

21 ans avec ces affirmations de prétendu succès, alors qu'en fait, il

22 s'agissait d'occulter la militarisation qui se déroulait dans cette

23 région."

24 Tout comme le général MacKenzie, le porte-parole de la police de

25 l'OTAN déclare, je cite : "Tout a été planifié à l'avance." Il conclu

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1 ensuite, sur la base de cela, je cite : "La seule chose qui manque ou

2 manquait, c'était un détonateur. Il est clair aujourd'hui que certains

3 responsables politiques du Kosovo pensent qu'en expulsant les Serbes, ce

4 qu'ils étaient déjà parvenus à faire depuis 1999, puisque les deux tiers

5 des Serbes de la région l'avaient quittée, il pourrait présenter à la

6 communauté internationale un fait accompli et que ceci donnerait une sorte

7 de fondation au nettoyage ethnique comme raison d'une espèce

8 d'indépendance."

9 Le Florida Times, un journal quotidien, peu avant l'escalade de la

10 violence au mois de mars au Kosovo avant 2004, peu avant l'escalade de

11 2004, rend compte de l'exigence que le Kosovo soit restitué à la Serbie,

12 car dit-il, je cite : "C'est le dernier moment où il est encore possible de

13 rendre le Kosmet à ses véritables propriétaires."

14 Des journalistes de l'agence de presse russe Novosti font savoir à

15 leurs lecteurs quelle est l'étendue des actes extrémistes commis par les

16 Albanais dans un article qui porte le titre suivant : "Les vandales du 21e

17 siècle." Une partie importante de la population albanaise se livre à la

18 destruction de monuments chrétiens, probablement parce que ces monuments

19 lui rappellent l'existence des Serbes dans cette région puisque ceux-ci

20 étaient présents depuis la nuit des temps. Sans doute, également, parce

21 qu'ils souhaitent éradiquer de leur histoire, ou en tout cas, nier de leur

22 histoire cette présence collective. La règle du Kosmet est rappelée dans

23 les termes suivants, je cite : "Chaque fois que de nouveaux crimes contre

24 les Serbes sont connus, la commission de protection exprime ses

25 condoléances à ceux qui ont collaboré à ces crimes." Est-il vrai que ceux

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1 qui sont au pouvoir et qui exercent les responsabilités de commandement

2 vont si loin dans leurs actions et ont quatre fois plus de pouvoir que nous

3 n'en avions à l'époque lorsque nous nous efforcions de maintenir le droit

4 et l'ordre afin de protéger tous les habitants vivant sur le territoire du

5 Kosovo ?

6 Un historien russe, dans un texte intitulé "Le Kosovo, bouilloire

7 monstrueuse au centre de l'Europe" paru dans un journal de Belgrade le 14

8 avril 2004, dit ce qui suit, je cite : "Le fruit amer --" -- ou plutôt :

9 "Ce sont là les fruits amers de la phobie anti-serbe de l'Occident.

10 L'auteur déclare qu'il n'a pas encore parlé du fait que pas un seul crime

11 n'a été reproché à la police ou à l'armée serbe sur preuve convaincante, et

12 que le Tribunal de La Haye a été projeté en avant afin de justifier

13 l'agression contre la République fédérale yougoslave suprême et que

14 l'action s'est soldée par un échec complet."

15 Le London Financial Times, journal bien connu et très respecté de

16 Londres, exprime le dilemme qui se posait au sujet du Kosovo. Est-ce que la

17 sécurité allait être rétablie au Kosovo après application de solutions

18 convenant à l'Occident ou : "Est-ce que l'Occident va revoir sa position et

19 sa politique au Kosovo depuis le début ?"

20 Les nouvelles du Kosmet indique que les membres de la KFOR ne se

21 contentent pas d'autoriser les terroristes albanais à exprimer leur rage,

22 mais lui accorde un regard assez favorable. La KFOR a empêché un Serbe de

23 mettre le feu à sa propre maison sous prétexte que rien de serbe ne devait

24 être incendié. Des membres de la KFOR regardaient ce qui se passait, à ce

25 moment-là, notamment, au moment où le monument à l'empereur Dusan a été

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1 attaqué. Ce n'est pas la première fois que la KFOR se comportait de cette

2 façon. Elle a mis le feu à un bâtiment du culte avec des gens à

3 l'intérieur. La fresque en la mémoire du philosophe Platon a également été

4 incendiée à l'intérieur de ce bâtiment. Un officier allemand a froidement

5 et cyniquement commenté cet incendie et la destruction d'un certain nombre

6 d'églises datant du Moyen Âge, d'une énorme importance historique et

7 culturelle à Prizren et dans ses environs, en disant que : "De toute façon,

8 ces églises étaient de très vieilles églises."

9 Je passerai sur les actes de propagande et les déclarations émanant d'un

10 certain nombre de personnalités occidentales. Je reviendrai simplement sur

11 Kinkel qui, le 27 mai 1992, déclare que "les Serbes doivent être mis à

12 genoux." Helmut Kohl, en 1993, dit que "Les Serbes doivent pourrir dans

13 leurs excréments." Blair en 1999, au cours de la guerre contre la Serbie,

14 déclare que : "Cette guerre n'est pas un conflit militaire. C'est une

15 bataille entre le bien et le mal, une bataille entre la civilisation et la

16 barbarie." Clinton déclare en 1999 que : "Les Serbes soumettent les enfants

17 albanais à des enlèvements et à des viols."

18 Nous sommes en présence, ici, d'une propagande politique et psychologique

19 ou plutôt psychopathologique qui montre bien dans quelles conditions s'est

20 déroulée l'agression de l'OTAN sur l'Yougoslavie.

21 Des documents ont déjà été présentés ici. J'ai déjà montré un certain

22 nombre de photographies prises au cours de ce bombardement, mais il faut

23 également se pencher sur les nombreux documents que je m'apprête à verser

24 au dossier de ce procès en tant que pièce à conviction, une fois, que j'en

25 aurai terminé de ma déclaration liminaire. Apparemment, il n'a pas suffit

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1 que tant d'installations serbes aient été détruites et tant de citoyens

2 yougoslaves tués et blessés. Cela n'a pas suffit. L'ambassade chinoise a

3 ensuite été attaquée, et des Chinois ont été tués au cours de cette attaque

4 de leur ambassade. Il y a également eu usage de munitions à l'uranium

5 appauvri, qui a créé une pollution au sol qui sera encore présente pendant

6 plusieurs milliers d'années. Il est permis avec certitude que la pollution

7 de l'environnement ne s'est pas produite uniquement sur le territoire de

8 l'Yougoslavie, mais dans une zone beaucoup plus vaste de l'Europe de l'est.

9 L'uranium appauvri, des armes à l'uranium appauvri ont été utilisées en

10 grand nombre au Kosovo. C'est au Kosovo que se trouve la source de

11 plusieurs rivières qui traversent ensuite toute l'Europe. Il est tout à

12 fait clair qu'il s'agit là d'une tentative destinée à empoisonner les

13 rivières qui traversent la Serbie, la Save, le Danube, et d'autres rivières

14 importantes. Ceci débouche sur une catastrophe écologique étant donné qu'un

15 grand nombre de rivières importantes sont polluées, ainsi que des eaux

16 thermales qui sont une richesse sur le plan médical. Il y a également la

17 production de vivres qui est mis en cause. Les aliments sont très chers en

18 Europe occidentale et aux Etats-Unis. Nous parlons de vivres qui poussent

19 de façon organique, et l'Yougoslavie pensait qu'elle avait un avenir dans

20 ce domaine. Cet avenir est désormais détruit. Il y avait également ce plan

21 stratégique à long terme, destiné à l'agriculture qui permettait de penser

22 que, jusqu'à 2020, l'Yougoslavie serait capable de faire pousser des

23 plantes utilisables sur le plan alimentaire, des produits biologiques ou

24 organiques qui auraient une place importante dans l'alimentation de

25 l'Europe. Avec ce bombardement, un grand nombre de produits toxiques

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1 chimiques interdits ont été introduits dans ce territoire, ce qui anéantit

2 les espoirs à long terme en la matière.

3 Selon des experts des combats d'un certain nombre de tribunaux à Belgrade

4 dans l'acte d'accusation contre les dirigeants de l'OTAN, des bombes à

5 fragmentation ont été lancées par l'OTAN et se sont éparpillées sur un

6 vaste secteur. C'est la raison pour laquelle il est impossible de parler de

7 cible militaire, mais bien de crimes de guerre étant donné l'étendue du

8 territoire touché.

9 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je suis désolé de vous interrompre,

10 mais nous devons suspendre l'audience.

11 Nous reprendrons demain à 9 heures.

12 --- L'audience est levée à 14 heures et reprendra le mercredi 1er septembre

13 2004, à 9 heures 00.