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1 Le vendredi 19 août 2005
2 [Audience publique]
3 [Le témoin est introduit dans le prétoire]
4 [L'accusé est introduit dans le prétoire]
5 --- L'audience est ouverte à 9 heures 05.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, Monsieur Saxon, vous avez la
7 parole.
8 LE TÉMOIN: SABAN FAZLIU [Reprise]
9 [Le témoin répond par l'interprète]
10 Contre-interrogatoire par M. Saxon : [Suite]
11 Q. [interprétation] Monsieur, hier, vous souvenez-vous avoir parlé à la
12 Chambre de première instance ou parlé du fait que vous, en tant que garde
13 champêtre, vous avez l'habitude de rendre compte des crimes à la police du
14 Kosovo ? Vous souvenez-vous avoir dit cela ?
15 R. Oui.
16 Q. Pour être tout à fait juste envers vous et envers l'accusé, j'ai appris
17 quelque chose hier soir, quelque chose dont j'aimerais vous faire part. Le
18 bureau du Procureur a eu une conversation au téléphone avec Florim
19 Krasniqi, un des témoins à charge dans cette affaire. M. Krasniqi a
20 confirmé que les gardes champêtres au Kosovo avaient l'habitude de coopérer
21 avec la police. Donc ceci correspond à votre témoignage. Donc en toute
22 équité eu égard aux deux parties, je souhaitais que ceci soit consigné au
23 compte rendu d'audience ce matin.
24 Hier, vous avez également dit dans votre déposition que lorsque vous voyiez
25 certaines personnes en possession d'armes illégales, que dans ces cas-là
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1 vous appeliez la police quelquefois; est-ce exact ?
2 R. Bien sûr. Tout ce qui était illégal était quelque chose que nous
3 rapportions à la police.
4 Q. Par exemple, vous pouviez simplement utiliser votre téléphone portable
5 pour faire un rapport sur quelque chose, n'est-ce pas ?
6 R. Non, nous ne disposions pas de téléphones. Mais comme je vous l'ai dit
7 un peu plus tôt, le poste de police le plus proche est celui dans lequel je
8 me rendais, car nous ne disposions pas de téléphones.
9 Q. Donc, une des personnes à laquelle vous pouviez faire vos rapports au
10 SUP d'Urosevac, au poste de police d'Urosevac, aurait été Boban Krstic, un
11 inspecteur qui avait pour mission de rassembler les armes illégales
12 d'Urosevac; est-ce exact ?
13 R. Je connais Boban Krstic, c'est un agent de la circulation. C'est en
14 tout cas comme cela que je le connais.
15 Q. Vous, à certaines reprises, lorsque cela vous arrangeait, vous
16 rapportiez ces crimes à Boban Krstic, ceux en tout cas dont vous aviez
17 connaissance.
18 R. Non, ceci n'est pas vrai.
19 Q. Boban Krstic a rencontré des problèmes en 1994. Cela portait sur le
20 meurtre d'un enfant qui s'appelait Fidan Brestovci. Pourriez-vous nous
21 parler de cet incident ? C'était un incident connu de tous dans la région
22 d'Urosevac.
23 R. Oui, j'étais au courant de cet incident, car cela s'est produit dans
24 mon secteur, là où je travaillais comme garde champêtre. Le criminel Halit
25 Trstena a violé un grand nombre de femmes, et la victime se trouvait par
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1 hasard dans ce même véhicule. Trois jours avant cette date, on procédait à
2 des vérifications et des contrôles régulièrement, et ils ne s'arrêtaient
3 jamais, quand bien même il y avait une patrouille de la police. Cet
4 incident effectivement a eu lieu. J'ai témoigné à ce sujet devant le
5 tribunal de Pristina, et les auteurs ont été condamnés.
6 Q. Simplement pour que nous puissions faire la clarté sur tout ceci pour
7 les Juges, parce qu'ils ne connaissent pas cet incident. Fidan Brestovci
8 était un jeune garçon de neuf ans qui voyageait dans un véhicule sur lequel
9 Boban Krstic a tiré, le policier Boban Krstic. Répondez par oui ou par non
10 simplement.
11 R. Comme je vous l'ai dit un peu plus tôt, je ne peux pas répondre à la
12 manière dont vous le souhaitez. Je vais vous répondre à ma manière, à
13 savoir comment les choses se sont réellement passées. Halit Trstena --
14 Q. Nous ne souhaitons pas --
15 R. -- il se trouvait dans un véhicule avec une arme.
16 Q. Nous n'avons pas besoin d'avoir le récit en entier, car nous ne voulons
17 pas y consacrer trop de temps. Je souhaite simplement faire la clarté là-
18 dessus. Au cours de cet incident, un jeune garçon du nom de Fidan
19 Brestovci, on lui a tiré dessus et il a été tué, n'est-ce pas ?
20 R. Il est vrai qu'il a été tué, mais la question est de savoir comment il
21 a été tué.
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Fazliu, répondez tout
23 simplement à la question, s'il vous plaît. Répondez simplement à la
24 question.
25 M. SAXON : [interprétation]
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1 Q. Je vais vous poser une question --
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Je réponds à votre question. Je vous explique
3 comment les choses se sont passées.
4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Si nous souhaitons des informations
5 détaillées, nous vous le demanderons. Je vous demande pour l'instant
6 simplement de répondre directement à la question. Si nous souhaitons avoir
7 des éléments plus détaillés, à ce moment-là, les conseils ou les Juges vous
8 poseront d'autres questions ou même M. Milosevic vous posera également des
9 questions plus détaillées, mais pour l'instant, je vous prie de répondre
10 simplement à la question qui vous est posée directement.
11 M. SAXON : [interprétation] Pour -- Monsieur, laissez-moi, s'il vous plaît.
12 C'est à l'intention des Juges et des autres parties présentes. Cette
13 affaire est déjà évoquée et présentée comme élément de preuve dans la pièce
14 188. Il s'agit d'un rapport de "Human Rights Watch," et ceci se trouve à la
15 note en bas de page numéro 14.
16 Q. Boban Krstic a été poursuivi pour le meurtre de cet enfant et condamné
17 à quatre ans et demi d'emprisonnement; c'est exact ?
18 R. Ceci est exact, oui, il est vrai qu'il a été condamné à quatre ans et
19 demi de peine de prison.
20 Q. Néanmoins, Boban Krstic a été débouté en appel et il n'a jamais purgé
21 sa peine en prison, parce qu'un policier l'a promu au rang de commandant du
22 poste de police de Kacanik; cela est-il vrai ?
23 R. Je ne suis pas au courant de cela. En 1995, j'étais en prison. Je ne
24 sais pas s'il était commandant ou autre chose. Il s'agit là d'éléments qui
25 proviennent de l'UCK.
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1 Q. Non, il s'agit d'un rapport de "Human Rights Watch" qui a été présenté
2 comme élément de preuve dans cette affaire. Pourquoi étiez-vous en prison
3 en 1995 ? Biffez cette question, s'il vous plaît. Pardonnez-moi, j'ai fait
4 une erreur.
5 Monsieur, avez-vous assisté à cet incident lorsque Fidan Brestovci a été
6 tué au mois de juillet 1994 ? Etiez-vous là ?
7 R. J'étais un témoin. Comme je vous l'ai dit un peu plus tôt, j'étais de
8 garde. J'accomplissais ma mission, et ceci s'est passé à 50 mètres de
9 l'endroit où je me trouvais. J'en ai été le témoin, et Rexhep Lipovica
10 [phon] en a également été le témoin. C'est un de mes amis, c'est un civil,
11 et il a également été le témoin de cet incident. Donc, pour toute personne
12 qui est le témoin de quelque chose, il est important que cette personne
13 témoignage et fasse une déposition.
14 J'ai déjà dit hier que je ne dis que la vérité.
15 Q. Voyez-vous, Monsieur, je souhaite que vous me compreniez bien. Hier,
16 vous nous avez dit que vous étiez un garde forestier. Vous dites que vous
17 avez parcouru les montagnes et les chemins des forêts d'Urosevac et
18 d'autres municipalités, et lorsque vous dénotiez des activités illicites,
19 vous le signaliez à la police.
20 R. Oui, c'est exact. Bien sûr. Pour tout acte illicite.
21 Q. Comment se fait-il, Monsieur, que vous étiez là au moment où en réalité
22 il y a eu une embuscade de la police de quelques citoyens albanais du
23 Kosovo ? Comment pouvez-vous expliquer votre présence à cet endroit-là ?
24 Vous étiez un simple garde forestier.
25 R. Non, il ne s'agissait pas d'une embuscade contre des Albanais. Il
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1 s'agissait d'une embuscade posée contre des criminels qui avaient purgé une
2 peine, quelqu'un a été tué. Il ne s'agissait pas d'une embuscade contre les
3 Albanais et les Albanais en général. C'était une embuscade pour un criminel
4 qui a violé un certain nombre de femmes et qui s'est livré aux pillages et
5 qui a fait beaucoup de mal.
6 Je le connais cet homme-là. Je le connaissais lorsque j'étais enfant, à
7 savoir comment ils vous ont fourni des éléments d'information à leur guise.
8 Je ne peux pas vous répondre de cela, car ici je m'adresse à une Chambre de
9 première instance.
10 Q. Je vais essayer d'être un peu plus précis. Hier soir, les témoins
11 Bajram Bucaliu et Florim Krasniqi ont été contactés par le bureau du
12 Procureur. On leur a posé des questions sur les allégations que vous avez
13 faites contre eux hier. Ces deux personnes ont répondu qu'il n'y avait pas
14 la moindre trace de vérité dans vos allégations. Mais ce qui est plus
15 intéressant, c'est que ces deux messieurs ont dit au bureau du Procureur,
16 l'un et l'autre, que vous avez pris part à la fusillade de ce jeune homme,
17 Fidan Brestovci. Comment pouvez-vous nous expliquer cette coïncidence ?
18 R. Cela n'est pas vrai. Je n'ai pas pris part à cela. Si j'avais pris part
19 à cela, j'aurais été jugé pour cela. Deuxièmement, Florim Krasniqi est un
20 homme bon, mais c'est un membre de l'UCK. Pour ce qui est de Bajram
21 Bucaliu, c'est un homme, comme je vous l'ai dit, qui adopte deux poids et
22 deux mesures. C'est ce que je vous ai dit hier. Son cousin a été brûlé, il
23 y a trois mois environ, à bord de son véhicule. Ceux qui font le commerce
24 de la drogue, ceux qui adoptent un système de deux poids deux mesures, je
25 me demande même comment vous pouvez vous adresser à moi en utilisant leurs
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1 propres termes.
2 Q. Je vais passer à un autre sujet maintenant. Vous avez indiqué hier --
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Saxon, je souhaite que le
4 témoin réponde à la question que vous lui avez posée un peu plus tôt, s'il
5 vous plaît. Je souhaite qu'il nous explique. Pourquoi vous étiez présent,
6 Monsieur, lorsque cet incident s'est produit ? En quelles circonstances
7 ceci s'est-il passé ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Oui, Monsieur le Président. J'étais de garde.
9 En tant que gardes forestiers, en tant que policiers, quelle que soit
10 l'appellation qu'on nous donnait, nous étions de garde, et Halit Trstena
11 avait fait un rapport trois jours avant parce qu'une voiture avait été
12 attaquée dans la municipalité de Gnjilane trois jours auparavant. Je
13 souhaite expliquer tout ceci en détail pour que ceci soit bien clair.
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Ecoutez, je vous demande de faire la
15 clarté sur ce qui s'est passé. Est-ce que vous étiez là simplement par
16 hasard ou est-ce que ceci avait été prévu ?
17 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, non, c'était tout à fait par hasard.
18 J'étais là par hasard.
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien, merci. Je vous en prie,
20 poursuivez, Monsieur Saxon.
21 M. SAXON : [interprétation]
22 Q. La vérité est que vous avez souvent coopéré avec la police et que vous
23 avez pris part à leurs opérations, n'est-ce pas ?
24 R. Je collaborais avec la police uniquement pour ce qui concernait mon
25 domaine, les forêts. Lorsqu'il y avait des pillards qui emportaient le bois
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1 de la forêt, lorsque, par exemple, il y avait des groupes de cinq ou six
2 personnes qui avaient l'intention de se livrer à des actes de pillage, à ce
3 moment-là j'en rendais compte à la police car je ne pouvais pas leur
4 permettre de piller ainsi. Un garde forestier ne peut pas intervenir à ce
5 niveau-là, car il s'agit de questions qui relèvent des autorités étatiques.
6 Q. Je vais passer maintenant à un autre sujet. Je vais évoquer la question
7 de votre fille. Hier, vous nous avez dit que votre fille avait été enlevée
8 peu de temps après la décision que vous aviez prise de témoigner dans cette
9 affaire. Vous souvenez-vous de cela ?
10 R. Oui.
11 Q. Hier après-midi, le bureau du Procureur a contacté les représentants de
12 la MINUK eu égard à la situation de votre fille. Le commissaire adjoint
13 chargé des affaires criminelles au sein de la MINUK a confirmé au bureau du
14 Procureur qu'au mois d'avril de cette année, un rapport a effectivement été
15 déposé à Ferizaj concernant l'enlèvement de votre fille, mais que la MINUK,
16 ayant procédé à des enquêtes supplémentaires, la MINUK a considéré qu'il
17 s'agissait là d'une personne portée disparue et qu'il n'y avait pas de
18 circonstances suspectes en la matière. Est-ce que vous souhaitez nous faire
19 des observations à cet égard ?
20 R. Oui, j'aurais été d'accord avec ce que vous dites mais la question que
21 je souhaite vous poser; savez-vous où se trouve ma fille ? Ceux qui vous
22 ont répondu savent pertinemment bien où se trouve ma fille. Si je savais où
23 elle se trouvait, j'en aurais terminé avec cette question-là moi-même. Je
24 n'ai pas besoin de me tourner vers les autorités ou qui que ce soit pour
25 trancher cette question. Je suis un père. Peut-être que vous êtes un père
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1 vous-même, et vous savez ce qu'on ressent dans ces cas-là. C'est un enfant
2 encore. Elle n'a que 17 ans.
3 Q. Je souhaite simplement m'assurer que votre point de vue est tout à fait
4 clair. Est-ce que vous nous dites que les représentants de la MINUK savent
5 où se trouve votre fille et qu'ils refusent de communiquer cet élément
6 d'information au bureau du Procureur ? Est-ce que bien ce que vous dites
7 dans votre déposition ?
8 R. Non. La MINUK travaille bien, mais Agim Ceku, Hashim Thaqi travaillent
9 pour la MINUK et ce sont des criminels. Mais si vous recueillez des
10 éléments d'information du parti de Rugova, à ce moment-là je l'accepterais.
11 Mais, pour ce qui est d'Agim Ceku et d'autres criminels qui ont collaboré
12 avec la MINUK, ces personnes ont commis des crimes en Bosnie, en Croatie,
13 et au Kosovo. Ils ont détruit des maisons. Un tribunal ne peut pas coopérer
14 avec de telles personnes. De telles personnes devraient être traduites en
15 justice.
16 Q. Monsieur, je crois que vous avez répondu à la question.
17 R. Ne m'interrompez pas, s'il vous plaît. Je voulais simplement vous
18 donner une réponse plus longue.
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Fazliu, vous avez répondu à
20 la question.
21 M. SAXON : [interprétation]
22 Q. Etant donné que votre fille a disparu il y a quelques jours après la
23 décision que vous avez prise de venir témoigner devant cette Chambre, est-
24 il possible que votre fille ait été gênée par votre décision ?
25 R. Oui, tout à fait. C'est tout à fait possible.
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1 Q. A cause de cela, étant donné l'endroit où vivait votre fille et dans la
2 communauté dans laquelle elle vivait, que votre fille ait tout simplement
3 décider de partir de la maison ?
4 R. Ma fille n'est pas partie de la maison. Elle a été emmenée, car à ce
5 moment-là elle a été enlevée, et elle était seule à la maison. Ma femme
6 était allée rendre visite à sa mère, une femme de 80 ans qui était malade.
7 Par conséquent, ils savaient exactement à quel moment ils fallaient
8 l'enlever.
9 Q. Cela m'ennuie beaucoup de devoir vous corriger, mais d'après les
10 éléments requis par la MINUK, votre fille a quitté votre maison le 14 avril
11 de cette année sans en avertir qui que ce soit et elle n'a jamais été vue
12 depuis.
13 R. J'ai déjà dit hier que ma fille n'a jamais été vue depuis. Lorsque je
14 suis venu ici pour témoigner, elle a appelé sa mère, ma femme, pour lui
15 dire qu'elle était en vie. Mon père m'en a parlé également. Ma femme se
16 trouve à Ferizaj et la MINUK peut confirmer cela auprès de ma femme. Mais,
17 je conseillerais à la MINUK de prendre un interprète qui travaille pour
18 Rugova et non pas des interprètes qui travaillent pour Thaqi ou Haradinaj
19 et d'autres criminels qui souhaitent garder dans l'ombre les actes qu'ils
20 ont commis.
21 Q. Monsieur, hier, vous avez dit à la Chambre de première instance que
22 jusqu'en 1998, la plupart des Albanais, environ 80 % d'entre eux
23 travaillaient avec les Serbes. Vous souvenez-vous de cela dans votre
24 témoignage ?
25 R. Oui.
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1 Q. Vous souvenez-vous des travaux effectués par le Rapporteur spécial des
2 Nations Unies en ex-Yougoslavie, un homme répondant au nom de Tadeusz
3 Mazowiecki ? Peut-être que je ne prononce mal son nom. Mais est-ce que vous
4 connaissez cet homme ?
5 R. Non, je ne me souviens pas de cet homme-là.
6 M. SAXON : [interprétation] Il s'agit ici, Monsieur le Président, de la
7 pièce 771 qui contient un certain nombre de rapports fournis par le
8 Rapporteur spécial.
9 Q. Le 5 juillet 1990, c'est ce qu'avait à dire la Rapporteur spécial : "Un
10 des problèmes actuels signalés à l'intention du Rapporteur spécial concerne
11 la discrimination contre des Albanais au Kosovo, et dans leurs rapports
12 professionnels. Etant donné que l'administration du Kosovo a été reprise
13 par le gouvernement serbe le 5 juillet 1990, des milliers d'Albanais de la
14 région ont été licenciés de leurs emplois ou révoqués dans les entreprises
15 publiques et privées, et bon nombre d'entre eux ont été remplacés par des
16 salariés de la Serbie-et-Monténégro."
17 Dans un rapport plus tardif daté du 26 juillet 1990, le Rapporteur spécial
18 fait état de renvoi d'Albanais du Kosovo sur des critères arbitraires
19 obligeant les Albanais kosovars de signer des actes d'allégeances pour
20 qu'ils puissent garder leurs emplois, et un rapport daté du mois d'octobre
21 1992 qui évoque le renvoi de quelque 800 membres du personnel des
22 universités. Je pourrais continuer. Il y a d'autres exemples de cela dans
23 la pièce 771, au paragraphe 99 jusqu'au paragraphe 114.
24 Est-ce que vous dites toujours que jusqu'en 1998, 80 % de la
25 population albanaise du Kosovo a travaillé avec les Serbes ?
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1 R. Je n'ai pas parlé de 80 % de Kosovars qui travaillaient avec les
2 Serbes. En effet, un ordre avait été donné qui était d'abandonner son poste
3 de travail. Il avait été donné en 1991. Ceux qui avaient refusé de le faire
4 ont été tués. Il y a des exemples de personnes qui ont été tuées à cause de
5 cela. Avdi Musa et beaucoup d'autres. Il y a même des policiers qui ont été
6 tués. Des gens qui ne voulaient pas abandonner leur poste de travail.
7 Personne ne m'a obligé à signer quoi que ce soit pour la Serbie. J'ai
8 continué à travailler, à faire ce que je faisais. Cela c'est quelque chose
9 qu'a monté quelqu'un, ce que vous dites. Je veux dire, à savoir qu'on
10 aurait dû signer quelque chose, un document.
11 Q. Je vous demande de répondre à ma question.
12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Saxon, quand vous dites
13 travailler avec les Serbes, qu'est-ce que vous voulez dire précisément ?
14 M. SAXON : [interprétation] Je ne peux reprendre que ce qui est dans le
15 compte rendu d'audience. C'est comme cela que nous avons reçu les propos du
16 témoin, tels qu'ils ont été traduits.
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Quand vous dites "travailler avec
18 les Serbes", vous voulez dire collaborer avec les Serbes ou est-ce que
19 c'est un rapport de travail, employé/employeur ?
20 M. SAXON : [interprétation] A la page 15, on dit que : "La majorité d'entre
21 nous, Albanais, nous avons eu des rapports sociaux avec les Serbes. Nous
22 avons travaillé avec eux jusqu'en 1998. J'ai dit la majorité. Je devrais
23 dire 80 %." C'est là-dessus que je basais pour poser ma question
24 aujourd'hui.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Poursuivez.
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1 M. SAXON : [interprétation]
2 Q. Hier, vous nous avez dit que 80 % de la population albanaise
3 travaillait avec les Serbes jusqu'à 1998. Pourquoi l'avez-vous dit ?
4 R. Parce que c'est vrai. Il est vrai que 80 % des Albanais travaillaient
5 pour la Serbie. C'est vrai encore aujourd'hui; 80 % des Albanais sont en
6 faveur de la Serbie, parce que même à ce jour
7 70 % de la population est au chômage. Imaginons que ces gens n'auraient pas
8 aimé la Serbie, ils pensaient que c'est à cause de cela qu'ils sont
9 toujours au chômage, mais aujourd'hui nous avons l'Europe et ils sont
10 toujours au chômage. Il ne faut pas ici se lancer dans des histoires
11 fantaisistes. C'est la vérité.
12 Q. Une dernière question. Hier, vous avez dit que 80 % des Kosovars
13 voulaient faire partie de la Serbie. Est-ce que vous maintenez ce que vous
14 avez dit hier ?
15 R. Je vais répéter ce que j'ai dit. Depuis que l'Europe a pris la relève,
16 plus de mille femmes ont été enlevées. Ce sont 1 000 Serbes qui sont partis
17 du Kosovo. Ne parlons pas uniquement des Serbes. Il y a aussi des Turcs,
18 les Rom ?
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur le Témoin, vous ne répondez
20 pas à la question.
21 Vous voulez insister, Monsieur Saxon ?
22 M. SAXON : [interprétation] Non, merci.
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Je tiens à préciser qu'il ne s'agissait
24 pas de la page 15 dans le compte rendu d'audience d'hier, mais la page 29.
25 M. SAXON : [aucune interprétation] [hors micro]
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je pense que vous devriez être
2 d'accord avec la correction que vient d'apporter le Juge Kwon.
3 M. SAXON : [interprétation] C'est ce que je fais, Monsieur le Président.
4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous avez des questions
5 supplémentaires, Monsieur Milosevic ?
6 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je crois que oui. Quelques questions, Monsieur
7 Robinson.
8 Nouvel interrogatoire par M. Milosevic :
9 Q. [interprétation] Monsieur Fazliu, hier M. Saxon vous a demandé pourquoi
10 vous étiez resté pendant les bombardements et que c'est seulement après que
11 vous étiez parti. Est-ce qu'hier vous avez dit qu'après le 12, après
12 l'arrivée de la KFOR, ils avaient pillé et incendié votre maison ?
13 R. Oui. J'ai dit qu'il n'y avait pas seulement que ma famille, il y en
14 avait d'autres; 80 % des habitants du village de Mirash, du village de
15 Shativje [phon], de Tasli [phon]. Il n'y avait pas que mes proches parents.
16 Nous étions tous ensemble et nous sommes restés ensemble jusqu'à l'arrivée
17 de l'OTAN. Nous avons monté la garde toute la nuit pour nous protéger des
18 criminels et nous étions tous ensemble. Je parle évidemment de ma propre
19 municipalité.
20 Q. Qu'est-ce qui se passait à ce moment-là, Monsieur Fazliu, lorsque ces
21 forces qu'on dit de protection des Nations Unies et l'UCK sont arrivées ?
22 Qu'est-ce qui est advenu aux Albanais qui n'ont pas soutenu l'UCK, qui
23 n'ont pas travaillé pour l'UCK --
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous voulez dire que c'est une
25 question qui n'a pas été posée dans le cadre du contre-interrogatoire ?
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1 M. SAXON : [interprétation] Effectivement.
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Mais il y a un lien tellement étroit
3 entre ces questions. Elles sont tellement imbriquées, il est difficile de
4 démêler ce qui est exact de ce qui ne l'est pas.
5 C'est difficile de poursuivre sur cette voie, Monsieur Milosevic. Vous avez
6 essayé de le faire avec d'autres témoins de façon plus efficace que vous ne
7 pourriez le faire avec ce témoin. Vous devez voir ce que fait votre témoin,
8 comment il est. Si vous aviez un jury, vous perdriez beaucoup de points,
9 car vous prenez trop de temps à poser vos questions supplémentaires. Cela
10 ne devra pas prendre plus de dix minutes, cinq ou dix minutes. Demandiez-
11 vous s'il est souhaitable de poursuivre sur cette voie avec ce témoin-ci.
12 L'ACCUSÉ : [interprétation] Hier, la question a été posée. On a demandé
13 comment il se faisait que M. Fazliu était resté pendant les bombardements,
14 qu'il était parti après. Donc, il faudrait expliquer pourquoi les gens sont
15 partis, ce qui est arrivé aux gens qui n'ont pas collaboré avec l'UCK.
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Posez-lui la question.
17 M. MILOSEVIC : [interprétation]
18 Q. Est-ce que vous avez compris la question, Monsieur Fazliu ?
19 R. Oui. Le 12, dès qu'ils sont entrés, dès qu'ils sont arrivés, Avdi Musa
20 était tué. C'est mon premier exemple. Ils ont commencé à incendier les
21 maisons, les maisons des Serbes, des Albanais, les maisons d'Albanais qui
22 n'avaient pas obéi à leurs ordres. La KFOR, je ne parle pas ici de la
23 MINUK, je dis la KFOR, la KFOR les a aidés à le faire. J'ai entendu de mes
24 propres oreilles ce qui s'est passé lorsque deux personnes sont venues pour
25 me tuer, chez moi, dans ma propre maison. Nous avons attrapé une des
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1 personnes, l'autre a réussi à s'enfuir. Lorsque la KFOR est arrivée, je ne
2 sais pas si c'était la police qui est venue, la police de la KFOR, je veux
3 dire, ou celle de la MINUK. En tout cas, lorsque la police est venue
4 l'interprète était albanaise, et elle lui a dit : "N'ayez pas peur, nous
5 allons vous libérer immédiatement." Elle a pensé que j'étais Serbe et que
6 cette personne était venue me tuer. Elle ne savait que j'étais Albanais.
7 C'est ce que j'ai entendu de mes propres oreilles lorsque cet interprète a
8 dit à cet homme, Fadil Krasniqi : "On va vous libérer immédiatement." Cet
9 homme est de Grnijsa Evijeter [phon] et son ami avait réussi à s'échapper.
10 Je vous dis la vérité.
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie.
12 M. MILOSEVIC : [interprétation]
13 Q. Est-ce que beaucoup d'Albanais ont été tués après la venue de KFOR au
14 Kosovo ?
15 R. Si je prends, ne serait-ce que mes amis, cinq ont été tués, Naser
16 Haziri, Isuf Sakica, Avdyle Trstena, Islam de Belince a été tué lui aussi,
17 ainsi qu'Ismajl, qui est de Godance. Je ne me souviens plus pour le moment
18 de leurs noms de famille. Cela fait six ans de cela.
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Mais quel est le rapport entre le
20 fait que ces hommes aient été tués et l'arrivée de la KFOR ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Ce n'est pas la KFOR qui les a tués, ce sont
22 les criminels qui les ont tué, les criminels de l'UCK. Ils les ont tués
23 parce que ces gens n'avaient pas suivi leurs ordres. Les criminels
24 portaient l'uniforme de l'UCK. Le jour où la KFOR est arrivée, les voleurs,
25 les méchants se sont vêtus de l'uniforme de l'UCK. C'étaient des voleurs
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1 d'Albanie, d'Italie, de Macédoine.
2 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Poursuivez, Monsieur Milosevic.
3 M. MILOSEVIC : [interprétation]
4 Q. Revenons sur une question sur laquelle a insisté M. Saxon, pour la
5 tirer au clair. Vous avez dit que 80 % des Albanais travaillaient, avaient
6 donc des relations d'amitié sociale avec les Serbes. Est-ce que vous voulez
7 dire qu'ils travaillaient pour le gouvernement ou est-ce qu'ils
8 travaillaient avec ces gens dans les champs, à s'occuper du bétail ? Je
9 parle de la vie ordinaire. Qu'est-ce que vous vouliez dire quand vous
10 parliez du 80 % ? Est-ce que vous parliez de 80 % de personnes qui étaient
11 employées, qui travaillaient dans le gouvernement ou avec les autorités, ou
12 est-ce que vous parliez de gens qui travaillaient, que ces gens soient
13 agriculteurs, travaillent dans la forêt ?
14 R. J'ai essayé de ne pas être long, de parler de façon générale. Du fait
15 que j'ai été bref, j'ai voulu dire qu'il y avait des Albanais qui
16 travaillaient au SUP, qui travaillaient aux forêts. On travaillait
17 ensemble. On assistait aux mariages de l'un et de l'autre. Encore, on le
18 prouve aujourd'hui. Si vous allez à la frontière et si vous essayez d'y
19 voir la vérité, vous verrez comment les gens se saluent, se donnent des
20 accolades lorsqu'ils travaillent, lorsqu'ils se quittent. C'est encore vrai
21 aujourd'hui. Mais je peux vous dire ce qu'ont fait les criminels. Je peux
22 vous garantir. Je pourrais l'enregistrer encore aujourd'hui. Je peux vous
23 dire que tous les jours, on voit un millier d'Albanais et de Serbes qui se
24 donnent l'accolade, qui se font la bise, qui se saluent. Mais ils viennent
25 à la frontière entre les deux zones secrètement, à l'insu des criminels.
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1 Cela, c'est la vérité.
2 Un Albanais devrait aller escorter quelqu'un qui va voir quelqu'un à
3 la frontière, parce que sinon, ils sont suivis, ces gens, par des
4 criminels. Même quand je vais voir ma propre famille, ce sont mes frères
5 qui me servent d'escorte.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic.
7 M. MILOSEVIC : [interprétation]
8 Q. Une dernière question, Monsieur Fazliu. Vous avez parlé du licenciement
9 d'Albanais en 1998 ou 1999. Qui a donné l'ordre aux Albanais d'abandonner
10 leur poste de travail puisque vous viviez encore là à l'époque ? Qui a
11 donné ce genre d'ordre ?
12 R. Ce sont les dirigeants de l'UCK. Je l'ai déjà dit. Ils ont dit à tout
13 le monde, pas simplement à moi, que quiconque décidait de continuer à
14 travailler avec les Serbes allait être tué, et la preuve en a été donnée.
15 Q. Merci, Monsieur Fazliu. Je n'ai pas d'autres questions à vous poser.
16 Je ne pense pas avoir dépassé les dix minutes que vous m'aviez données,
17 Monsieur Robinson.
18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien, essayez de faire de même à
19 l'avenir.
20 Merci, Monsieur Fazliu, d'être venu déposer. Votre témoignage est désormais
21 terminé. Vous pouvez vous retirer.
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Merci d'avoir écouté mon témoignage avec soin
23 et attention. Bonsoir.
24 [Le témoin se retire]
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Qui sera votre témoin suivant,
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1 Monsieur Milosevic ?
2 L'ACCUSÉ : [interprétation] Ce sera Vojislav Seselj.
3 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vais demander au témoin de
4 prononcer la déclaration solennelle. Monsieur l'Huissier, remettez le
5 carton au témoin afin qu'il puisse prononcer la déclaration solennelle.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Je déclare solennellement que je dirai
7 la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.
8 LE TÉMOIN: VOJISLAV SESELJ [Assermenté]
9 [Le témoin répond par l'interprète]
10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci. Veuillez vous asseoir.
11 Vous pouvez commencer, Monsieur Milosevic.
12 Interrogatoire principal par M. Milosevic :
13 Q. [interprétation] Bonjour, Monsieur Seselj.
14 R. Bonjour, Monsieur Milosevic.
15 Q. Dites-nous quel est votre lieu et quelle est votre date de naissance ?
16 R. Je suis né le 11 octobre 1954, à Sarajevo.
17 Q. Quelles écoles avez-vous terminées ?
18 R. J'y ai terminé l'école primaire et l'école secondaire, et j'ai fait la
19 faculté de droit en un temps record de 208 mois. Après quoi, je me suis
20 inscrit à la faculté du droit constitutionnel.
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Normalement, il faut combien de
22 temps pour terminer ?
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Normalement, il faut quatre ans.
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Après cela, je me suis inscrit à un cours de
Page 42879
1 troisième cycle à la faculté de droit à Belgrade pour faire le droit
2 constitutionnel, et en moins de deux ans, j'ai obtenu une maîtrise.
3 Un an plus tard, j'ai défendu ma thèse et je suis devenu docteur en droit.
4 M. MILOSEVIC : [interprétation]
5 Q. Où avez-vous travaillé ? Quels sont les postes que vous avez occupés ?
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Sur quoi portait votre thèse de
7 doctorat ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Ma thèse était celle-ci : la quintessence
9 politique du militarisme et du fascisme.
10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Est-ce que cela portait sur un sujet
11 de droit ou plutôt de politique ?
12 LE TÉMOIN : [interprétation] Il y avait une facette juridique, mais
13 l'aspect politique était prédominant. En fait, j'ai examiné de façon
14 critique les formes fondamentales, élémentaires, du totalitarisme; de
15 droite, on s'entend. Dans le travail universitaire que j'ai fait par la
16 suite, je me suis intéressé à la problématique du totalitarisme de gauche,
17 pour critiquer les modalités communistes du totalitarisme.
18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Poursuivez, Monsieur Milosevic.
19 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous avez demandé où j'avais travaillé.
20 M. MILOSEVIC : [interprétation]
21 Q. Oui. Dites-nous où vous avez travaillé en quelques mots. Quels sont les
22 postes que vous avez occupés ?
23 R. Quand j'ai terminé la faculté de droit, j'ai été nommé professeur
24 adjoint à la faculté des sciences politiques du Sarajevo. Après avoir
25 défendu ma thèse de doctorat et après avoir fait mon service militaire
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1 obligatoire, j'ai été nommé au poste de professeur en relations
2 internationales. Je me suis affirmé comme étant un dissident anticommuniste
3 en 1991. J'ai été expulsé du seul parti politique qui existait alors, et on
4 m'a qualifié, sur le plan politique et idéologique, de paria. Je n'étais
5 plus censé être à même de travailler avec des étudiants. C'est d'une façon
6 tout à fait contraire à la loi qu'on m'a empêché d'enseigner. J'ai été muté
7 dans un institut, l'institut de recherche sociale, et j'avais pour statut
8 celui d'un associé universitaire, d'un assistant. Poste que j'ai conservé
9 jusqu'en 1984, moment où j'ai été arrêté à cause d'un manuscrit que je
10 n'avais même pas publié. La police a découvert ce manuscrit avant que je ne
11 l'aie montré à qui que ce soit. J'ai été condamné à huit ans
12 d'emprisonnement, et c'est de cette façon que je me suis retrouvé sans
13 emploi.
14 Lorsque j'ai été libéré de prison en 1986, j'ai déménagé à Belgrade, et j'y
15 suis resté en tant qu'écrivain free-lance.
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous dites dès lors que vous avez
17 purgé quatre ou cinq de prison.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] J'avais été condamné à huit ans de prison pour
19 avoir constitué une menace contre-révolutionnaire aux fondements même du
20 système politico social. La Cour suprême de Bosnie-Herzégovine a réduit ma
21 peine à une peine de quatre ans et a donné une nouvelle qualification
22 juridique au crime dont on m'avait accusé. A ce moment-là, j'avais été
23 condamné pour avoir propagé une propagande ennemie ou hostile. Quant à la
24 Cour fédérale de Yougoslavie, à son tour, elle a réduit ma peine à une
25 peine d'un an et dix mois, peine que j'ai purgée.
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1 A Sarajevo, lorsque je suis sorti de prison, je n'avais aucun moyen de
2 subsistance. C'est pour cela que j'ai décidé d'aller à Belgrade, où j'y ai
3 travaillé en tant qu'écrivain free-lance. J'ai publié mes ouvrages en
4 utilisant des maisons d'édition privées, et jusqu'en 1989, j'ai publié, en
5 tout, 14 livres qui, pour la plupart, relevaient du domaine de la théorie
6 politique et juridique; c'était une critique politique. Sept de ces livres
7 ont été interdits par des tribunaux. Sept ne l'ont pas été.
8 A l'époque, il n'y avait pas un seul magazine, pas un seul journal. C'était
9 encore le régime communiste qui était en vigueur, et je vous dis que pas un
10 de ces magazines ou journaux n'a publié mes textes.
11 M. MILOSEVIC : [interprétation]
12 Q. Je vous remercie, Monsieur Seselj. Quand est-ce que vous avez commencé
13 à faire de la politique, quoique vous ayez eu connaissance de ce terrain
14 d'ores et déjà.
15 R. Monsieur Milosevic, j'aurais encore deux données à vous fournir
16 concernant mes activités professionnelles.
17 Q. Allez-y.
18 R. En 1991, j'ai été élu professeur extraordinaire à la faculté de
19 Pristina. Il s'agit de la faculté de droit. Il s'agit de l'université du
20 Kosovo-Metohija. Pendant un an, j'y ai exercé ma profession à titre
21 régulier. J'ai enseigné la matière, introduction au droit. L'autre
22 appellation de cette matière était la théorie générale de l'état et du
23 droit.
24 Au bout d'un an, l'assistant que j'avais eu et qui se trouvait déjà là-bas,
25 un dénommé M. Zizic, a présenté une thèse de doctorat et a défendu sa
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1 thèse. Suite à cela, j'ai décidé de quitter la chaire pour ne pas
2 l'entraver dans la promotion professionnelle qu'il devait obtenir, parce
3 que je faisais déjà de la politique, et de façon intense. La politique
4 était ma préoccupation principale, et lui s'était consacré à part entière à
5 ses activités scientifiques.
6 C'est ainsi qu'en 1999, je me suis vu élu professeur à part entière à la
7 faculté de droit de Belgrade pour enseigner une matière qui s'appelle le
8 système politique. Après le coup d'état de mafieux en date du 5 octobre de
9 l'an 2000, ces autorités nouvelles pro-occidentales et traites, de façon
10 illégale, m'ont chassé de mon poste à la faculté. Je pensais devoir le dire
11 que les renseignements professionnels concernant ma carrière puissent être
12 complétés.
13 Q. Y a-t-il là le fait, une fois que vous avez donc de façon illégale
14 était chassé de la faculté, vous étiez déjà député ?
15 R. Oui. J'étais député au parlement fédéral de la République fédérale de
16 Yougoslavie.
17 Q. Peut-on dire quand est-ce que vous avez commencé à faire de la
18 politique ?
19 R. On peut en toute liberté dire que j'ai commencé à faire de la politique
20 lorsque j'étais au lycée. Déjà j'ai été un militant du lycée. J'ai été un
21 commandant des groupes de jeunes travailleurs aux actions de travail
22 bénévole. J'ai été un dirigeant de la jeunesse. J'ai été président de la
23 communauté des élèves de mon école. J'ai été président du comité scolaire
24 de la jeunesse et à l'époque estudiantine dès mes premières années d'étude
25 --
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je crois que la question plus
2 appropriée serait celle de demander quand est-ce que vous n'avez pas été
3 impliqué dans la politique ?
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Il serait difficile de répondre à cette
5 question portant sur ma non implication dans la politique. Je mettrais à
6 profit une façon de s'exprimer d'un ex-ami à moi qui a dit que la politique
7 très tôt est devenue une sorte de destinée pour moi.
8 J'ai été président de ce comité estudiantin de la jeunesse communiste
9 de la faculté de droit à Belgrade et j'ai été le premier étudiant à devenir
10 assistant. Mais, j'ai toujours été une sorte de dissident local. Je n'ai
11 pas été une sorte d'insurgé contre le système communiste dans son ensemble,
12 mais j'ai sans cesse été une sorte d'insurgé contre toute sorte
13 d'injustice, contre toute forme de criminalité, contre toute forme de
14 comportement contraire au droit.
15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci.
16 Monsieur Milosevic.
17 M. MILOSEVIC : [interprétation]
18 Q. Dites-nous brièvement quels sont les partis politiques dont vous avez
19 été membre ?
20 R. J'ai été membre de la Ligue des Communistes à l'époque où cela avait
21 été le seul parti politique de l'ex-Yougoslavie. J'ai été reçu dans ce
22 parti lorsque je n'avais pas encore 17 ans, en ma qualité de bon élève, en
23 ma qualité de travailleur qui a fait ses preuves à ses actions bénévoles de
24 travail de la jeunesse. J'ai d'ailleurs été reçu au parti à une action de
25 travail bénévole de la jeunesse à Banja Luka en 1971, ceci suite à après
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1 avoir saigné de toutes les ampoules que je me suis faites sur les mains en
2 travaillant. Je dois dire que nous avons travaillé à la reconstruction de
3 Banja Luka après ce tremblement de terre catastrophique.
4 Le communisme a été le seul monde possible dans notre système éducatif.
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] La question, Monsieur Seselj, a été
6 celle de savoir de quel parti politique vous avez été membre. Veuillez nous
7 répondre brièvement.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous ai dit l'un des partis dont j'ai été
9 membre. Le deuxième parti dont je suis membre de nos jours encore et dont
10 je suis le président est le Parti radical serbe. Ce sont les deux seuls
11 partis politiques dont j'ai jamais été membre. Mais pour qu'il n'y ait pas
12 de confusion quelconque, je tiens à préciser que depuis sa création, le
13 Parti radical serbe s'appelait d'abord le Mouvement Libertaire serbe, puis
14 le Mouvement de Renouveau serbe, puis le Mouvement Chetnik serbe, puis le
15 Mouvement Chetnik serbe s'est unifié avec un grand nombre de comités
16 populaires du Parti radical. Il a été créé le 23 février à Kragujevac, le
17 23 février 1991, un Parti radical serbe.
18 Donc, pour ceux qui ignorent les choses et qui pourraient s'en croire qu'il
19 y a eu des changements de partis, je tiens à dire qu'il s'agit d'un seul et
20 même parti qui, pendant une période assez brève dans le temps, a changé son
21 nom.
22 M. MILOSEVIC : [interprétation]
23 Q. Veuillez nous dire brièvement et sommairement quels sont les objectifs
24 du Parti radical serbe ?
25 R. Le Parti radical serbe est un parti explicitement national, qui
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1 constitue une organisation politique à caractère patriotique, qui comporte
2 des éléments nationaux ou des programmes nationaux, politiques, économiques
3 et sociaux et culturels.
4 Pour ce qui est de la sphère politique, le Parti radical serbe
5 s'emploie en faveur d'une Grande Serbie. C'est le seul parti politique
6 serbe qui s'emploie en faveur d'une Grande Serbie. Ce concept d'une Grande
7 Serbie sous-entend un Etat serbe unifié dont feraient parties toutes les
8 terres serbes et le gros du peuple serbe, indépendamment de leur
9 appartenance religieuse, ce qui signifie une fraternité et unité des Serbes
10 orthodoxes, des Serbes catholiques, des Serbes musulmans, des Serbes
11 protestants et des Serbes athées.
12 Deuxièmement, pour ce qui est de cette sphère politique, encore le
13 Parti radical serbe constitue un parti politique à caractère démocratique,
14 manifestement démocratique. Depuis le tout début, nous nous employions en
15 faveur d'un système démocratique pluripartite et démocratique, en faveur du
16 plein respect des droits des citoyens et des libertés des citoyens, en
17 faveur d'un plein respect des droits des minorités nationales et en faveur
18 d'un ordre juridique moderne qui se fonderait sur le règne du droit et de
19 la loi.
20 Dans la sphère économique, le Parti radical serbe constitue un parti à
21 caractère libéral. Nous sommes favorables à la liberté de l'initiative
22 privée. Nous sommes favorables à la liberté dans la concurrence des
23 intervenants sur le marché.
24 Pour ce qui est de la sphère sociale --
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Seselj, je voudrais que
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1 nous revenions à votre commentaire qui était celui de dire que le Parti
2 radical serbe était le seul parti politique défendant l'idée d'une Grande
3 Serbie. Vous voulez dire qu'aucun autre parti ne s'emploie en faveur de
4 cette idée ?
5 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Après la Deuxième guerre mondiale, aucun
6 autre parti politique dans le peuple serbe tout entier, mis à part le Parti
7 radical serbe, ne s'est jamais employé en faveur d'une Grande Serbie. Peut-
8 être dans une petite période de temps le Mouvement du renouveau serbe de
9 Vuk Draskovic l'a-t-il fait, mais Draskovic a abandonné cette orientation.
10 Dès qu'il a en 1991 était placé sous le contrôle de l'ambassadeur américain
11 à Belgrade, de l'ambassadeur Zimmerman, il a abandonné cette orientation
12 nationale et il a changé de voie pour faire un revirement de 180 degrés.
13 Si vous n'avez pas d'inconvénient, Monsieur Milosevic, je voudrais
14 apporter une réponse complète.
15 M. MILOSEVIC : [interprétation]
16 Q. Non, je n'ai rien contre. Je voudrais attirer votre attention sur un
17 fait, à savoir que cette question-là, en sa qualité de question spécifique,
18 doit occuper sa place dans votre témoignage. Ne perdez pas de vue le fait
19 que ceci fait partie d'une introduction où vous êtes censé donner une idée
20 générale sur votre parti et sur les idées que vous défendez.
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] M. Milosevic a raison. Laissez-le
22 conduire son interrogatoire principal. Ce sont là des questions auxquelles
23 nous viendrons au travers de questions sur la Grande Serbie. J'avais voulu
24 soulever cette question avec vous à titre d'information.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Robinson, je voudrais être très bref
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1 et vous donnez deux phrases seulement pour répondre à part entière à votre
2 question, et j'espère que l'occasion me sera fournie d'expliquer le concept
3 de la Grande Serbie dans la suite de mon témoignage.
4 M. MILOSEVIC : [interprétation] Vous allez certainement avoir l'occasion de
5 le faire.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] S'agissant des autres partis politiques, par
7 exemple, du Parti socialiste de M. Milosevic, non seulement ce Parti
8 socialiste ne s'est-il jamais employé en faveur d'une Grande Serbie, mais
9 il n'a été que favorable à une Yougoslavie de tout temps.
10 Le Parti démocratique serbe de la Republika Srpska et le Parti démocratique
11 serbe de la Krajina ont uniquement été favorables pour ce qui les concerne
12 à la Yougoslavie eux aussi. Ils ont été favorables à une alliance des
13 terres serbes lorsqu'il était tenu évident que la Yougoslavie ne serait
14 subsistée.
15 Il importe ici de préciser le fait que le Parti radical serbe a été le seul
16 à s'employer en faveur d'une Grande Serbie depuis le tout début. C'est le
17 seul parti à avoir été pour une Grande Serbie, et ce concept de la Grande
18 Serbie constitue la signification même de l'existence du Parti radical
19 serbe. Au cas où quelque part dans l'avenir le Parti radical serbe
20 viendrait abandonner ce concept de Grande Serbie, il n'y aurait aucune
21 raison de voir ce parti subsister.
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vois. Merci beaucoup.
23 Monsieur Milosevic.
24 M. MILOSEVIC : [interprétation]
25 Q. Monsieur Seselj, afin que l'image soit complète étant donné que lorsque
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1 vous avez parlé de votre parti qui s'appelle le Parti radical serbe, et
2 étant donné que vous avez dit qu'il y avait là une orientation purement
3 nationale ou explicitement nationale, j'aimerais que vous complétiez cette
4 réponse en nous fournissant plusieurs éléments qui me semblent importants à
5 cet effet. Quelle est la composition ethnique de la direction du Parti
6 radical serbe ? Quelle est la composition ethnique des personnes qui pour
7 le compte du Parti radical serbe exercent des fonctions importantes au
8 niveau de l'Etat ?
9 R. En notre qualité de nationalistes, nous sommes des patriotes évidents.
10 Nous nous battons de façon effective en faveur des intérêts nationaux, et
11 nous respectons les droits des autres groupes ethniques de façon cohérente,
12 et ce que nous souhaitons à l'intention de notre peuple à nous, nous le
13 souhaitons à l'intention des autres groupes ethniques également.
14 En raison de cette politique nationale conséquente qui est la nôtre, nous
15 avons dans notre parti bon nombre de ressortissants des autres groupes
16 ethniques. Nous avons des Hongrois, des Slovaques, des Roumains, des
17 Bunevci, des Bulgares, des Gorani, et même des Albanais. Nous avons des
18 ressortissants ou des appartenants à toutes les confessions possibles. Nous
19 avons des Musulmans, nous comptons également des Catholiques, des
20 Protestants, il y a même des Juifs parmi nos affiliés.
21 D'autre part, pour ce qui est de la direction du Parti radical serbe, je
22 dirais qu'il y a des membres ou des représentants d'autres groupes
23 ethniques. Par exemple, à l'administration patriotique centrale, nous avons
24 des Slovaques, des Rom. Le premier des membres qui est un ressortissant du
25 peuple rom qui s'est vu persécuter de toute son existence un peu partout en
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1 Europe, le premier membre du peuple rom à être devenu ministre était un
2 membre du Parti radical serbe, le ministre Jovan Danjanovic. Nous avons de
3 nos jours encore un député, Mehmed Spaho, qui est Musulman et originaire
4 d'une famille musulmane très connue, notoirement connue, une des familles
5 musulmanes des plus connues sur le territoire de toute l'ex-Yougoslavie.
6 L'un des vice-présidents du parlement national de la République de Serbie
7 est un membre du Parti radical serbe et appartient au groupe ethnique
8 bulgare. Nous avons également eu d'autres députés qui faisaient partie du
9 Parti radical serbe.
10 C'est donc là la politique cohérente qui avait été la nôtre et que nous ne
11 voulons pas remettre en question. Nous estimons que dans le cadre d'un
12 système démocratique, tous les groupes ethniques devraient prendre part à
13 l'ensemble du processus politique. Il faudrait qu'ils puissent accéder à
14 toutes les fonctions d'Etat.
15 S'agissant maintenant des membres des minorités nationales, nous ne leur
16 demandons de leur part qu'une seule chose : il faut qu'ils soient des
17 citoyens loyaux à leur propre Etat. Il ne faut pas qu'ils œuvrent à sa
18 destruction, à sa division, et à une sécession quelconque.
19 Q. Pour cerner l'image générale, j'aimerais que vous nous disiez quelles
20 sont les fonctions au sein des organes de l'Etat que vous avez exercées et
21 quelles sont les fonctions qui ont été exercées par d'autres membres du
22 Parti radical serbe ?
23 R. J'ai été vice-président du gouvernement de la République de Serbie,
24 vice-premier ministre dans un gouvernement de coalition et d'unité
25 nationale, gouvernement qui a été créé le 24 mars 1998, et ce gouvernement
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1 a duré et est resté au pouvoir jusque vers la fin de l'an 2000. Sur un
2 total de 36 membres du gouvernement, 15 étaient membres du Parti radical
3 serbe, 15 étaient membres du Parti socialiste de Serbie, et les six autres
4 étaient membres de la gauche unifiée yougoslave.
5 Vers la fin de 1999 ou début 2000, il y a eu des ministres membres du Parti
6 radical serbe qui sont devenus membres du gouvernement fédéral de la
7 République fédérale de Yougoslavie. Cela a duré jusqu'aux élections de
8 septembre de l'an 2000.
9 Q. Monsieur Seselj, pour que nous définissions bien les bases de ce dont
10 nous parlons, vous avez eu des membres du Parti radical serbe à bon nombre
11 de fonctions dans toutes les municipalités de la République et sur le
12 territoire d'autres républiques. Aussi bien, vous avez été vice-premier
13 ministre, des membres de votre parti ont été ministres au gouvernement de
14 la République et au gouvernement fédéral. Quelle est la position prise par
15 le Parti radical serbe pour ce qui est de sa participation à la vie
16 politique, à la vie publique, et participation au fonctionnement des
17 institutions politiques ?
18 M. NICE : [interprétation] Messieurs les Juges, à un moment donné
19 l'orientation politique de quelque parti que ce soit se trouvait être
20 limitée ou de pertinence moindre. J'ai hésité à interrompre, mais je ne
21 pense pas que cette question vous aide grandement pour ce qui est de la
22 réponse qui serait apportée éventuellement.
23 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Robinson, je ne reçois pas
24 d'interprétation de ceci.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous n'avez pas eu
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1 d'interprétation ? Monsieur Nice, peut-être pourriez-vous répéter votre
2 objection.
3 M. NICE : [interprétation] Oui, je vais répéter ce que j'ai dit. A un
4 moment donné, je dirais que l'orientation politique actuelle de quelque
5 parti que ce soit se trouve avoir une pertinence limitée ou nulle. J'ai
6 hésité à interrompre, mais je ne vois pas de quelle valeur pourrait être la
7 réponse à cette question.
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, veuillez nous
9 expliquer la pertinence de votre question.
10 L'ACCUSÉ : [interprétation] La question est pertinente, non pas seulement
11 parce que cela nous parle du moment actuel, mais cela nous parle également
12 de la période écoulée, et nous parlons également des positions prises par
13 le Parti radical serbe. Mais le Parti radical serbe est le parti qui en
14 Serbie actuellement, possède le plus grand nombre de députés. C'est un
15 parti qui est très présent dans la vie politique.
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Mais de quelle façon cela se
17 trouvait-il pertinent pour ce qui est des points présents à l'acte
18 d'accusation ?
19 L'ACCUSÉ : [interprétation] Ceci est pertinent parce que --
20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous avons vu un sujet où il y a
21 pertinence pour ce qui est de la question de la Grande Serbie.
22 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je vais déterminer la pertinence par la
23 question que je me propose de poser à M. Seselj et qui se lance comme suit.
24 M. MILOSEVIC : [interprétation]
25 Q. Avez-vous des connaissances directes pour ce qui est de la crise et de
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1 la guerre sur le territoire de l'ex-Yougoslavie, à savoir, j'entends par là
2 les territoires de la Serbie, du Monténégro, de la Bosnie-Herzégovine, de
3 la Croatie, et notamment la partie de la Serbie qui s'appelle Kosovo-
4 Metohija ? Avez-vous des connaissances directes, immédiates, à ce sujet,
5 compte tenu de la position qui a été la vôtre au sujet de toutes ces
6 questions-là ?
7 R. Oui. Je possède des connaissances les plus directes à ce sujet, étant
8 donné que le Parti radical serbe a développé très rapidement une
9 infrastructure qui est celle du parti, tout au large de la République de
10 Serbie, ce qui sous-entend également le territoire du Kosovo-Metohija, tout
11 au large du Monténégro également, puis, de la Republika Srpska, ainsi que
12 dans la République de la Krajina serbe. En ce moment-ci, nous sommes, à
13 titre individuel, le parti politique le plus important. Nous comptons plus
14 d'un tiers des députés au parlement national. Pour ce qui est du
15 Monténégro, s'agissant de la période comprise par l'acte d'accusation, nous
16 avons disposé de huit députés sur un total de 75 ou 73.
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci, merci.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Robinson, cela importe beaucoup pour
19 ce qui est de la République serbe, de la Republika Srpska, et de la Krajina
20 serbe. Nous avons eu là-bas une structure du parti très développée. Aux
21 premières élections dans la Republika Srpska, en 1996, nous avons eu 90
22 députés, et dans la Krajina serbe, nous avons eu 16 mandats sur un total de
23 82. Donc littéralement, dans toutes les municipalités de la Serbie, y
24 compris le Kosovo-Metohija, le Monténégro, dans la Republika Srpska, et la
25 Krajina serbe, nous avions des comités de notre parti.
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci. Je vous remercie.
2 [La Chambre de première instance se concerte]
3 M. MILOSEVIC : [interprétation]
4 Q. Monsieur Seselj --
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je pense, Monsieur Milosevic, qu'il
6 y a eu une pertinence à cela, mais cela a été déterminé. Je crois qu'il
7 faudrait passer à d'autres questions à présent.
8 L'ACCUSÉ : [interprétation] Très bien, Monsieur Robinson.
9 M. MILOSEVIC : [interprétation]
10 Q. Monsieur Seselj, partant du paragraphe 17 de l'acte d'accusation contre
11 moi, il est dit que moi-même et un groupe de responsables aurions pris part
12 à une entreprise criminelle commune qui, comme on le dit dans ce paragraphe
13 que je vous ai indiqué, a vu le jour, au plus tard, en octobre 1998, et
14 s'est poursuivie pendant toute la période des faits rapportés. Là je vous
15 cite ce qui est dit aux chefs 1 à 5 de cet acte d'accusation, c'est-à-dire
16 du 1er janvier 1999 --
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, essayons de
18 retrouver l'endroit. Vous avez parlé du paragraphe 87.
19 L'ACCUSÉ : [interprétation] Non. Je n'ai pas dit le paragraphe 87. J'ai dit
20 le paragraphe 17.
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bon, 17. On nous a dit 87.
22 M. MILOSEVIC : [interprétation]
23 Q. Je suis en train de citer ce paragraphe précisément où il est dit que
24 cette entreprise criminelle commune a vu le jour au plus tard en octobre
25 1998 et s'est poursuivie pendant toute la période des faits rapportés
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1 allant jusqu'au 20 juin 1999.
2 Monsieur Seselj, ma question vous concernant, c'est celle de savoir quelles
3 sont les fonctions que vous avez exercées pendant cette période ?
4 R. Pendant cette période, j'ai été vice-premier ministre de la République
5 de la Serbie, et ce que je puis vous dire, c'est qu'il n'y a pas eu du tout
6 d'entreprise criminelle commune. De toutes les façons possibles et
7 imaginables, nous nous sommes efforcés de trouver des solutions pacifiques
8 et politiques à ce problème du Kosovo-Metohija aux fins d'empêcher
9 l'agression du pacte de l'OTAN.
10 Q. Monsieur Seselj, est-ce que la position qui a été la vôtre, la position
11 de président du parti et de vice-premier ministre au gouvernement de la
12 République de Serbie, vous aurait permis d'avoir des connaissances directes
13 concernant les événements survenus au Kosovo-Metohija pendant cette
14 période ?
15 R. [aucune interprétation]
16 Q. Concernant la politique du gouvernement de Serbie à laquelle vous avez
17 participé, ainsi qu'à la politique des autres instances de l'Etat de la
18 Serbie et de la Yougoslavie, politique à laquelle ont pris part vos
19 collaborateurs à vous, et d'une manière générale, de tout ce qui concerne
20 ce conglomérat de questions relatives à la crise au Kosovo et à l'agression
21 de l'OTAN contre la République fédérale de Yougoslavie ?
22 R. Oui. En sus des informations journalières qui me parvenaient en ma
23 qualité de vice-premier ministre, y compris les rapports présentés par les
24 ministres membres du Parti radical serbe, informations que j'ai recueillies
25 en ma qualité de président du Parti radical serbe et qui me parvenaient de
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1 tous les comités municipaux de notre parti au Kosovo-Metohija pendant cette
2 période-là, je me suis personnellement déplacé bon nombre de fois au
3 Kosovo-Metohija pour être informé, de la façon la plus détaillée possible,
4 sur la situation véritable des choses. Aussi, estimerai-je que les
5 informations dont je dispose se trouvent être complètes dans la mesure où
6 cela pourrait être qualifié de complet s'agissant d'un individu. Je ne
7 pense pas que quoi que ce soit ait pu se produire sans que je n'en aie
8 connaissance moi-même.
9 Q. Merci. Mettons ceci de côté pour un instant. La question des problèmes
10 au Kosovo-Metohija, l'avez-vous traitée sur un plan théorique également ?
11 R. Oui. J'ai rédigé à cet effet une étude très vaste que j'ai publiée dans
12 un ouvrage intitulé, "Le peuple serbe et le nouvel ordre mondial."
13 Q. Monsieur Seselj, je vois que vous avez devant vous un gros registre. Ce
14 sont là des pièces à conviction que j'aimerais faire verser au dossier dans
15 le cadre de votre témoignage. Je vous demande maintenant de vous référer à
16 l'intercalaire 25. Tout ceci est marqué. Je pense que c'est la première
17 fois que vous faites face à ce type de marquage de la documentation ?
18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, je m'excuse de
19 vous interrompre, mais je crois que nous devrions faire une pause avant que
20 de passer à l'étude de ces pièces à conviction.
21 [La Chambre de première instance se concerte]
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous allons faire une pause de 20
23 minutes à présent.
24 --- L'audience est suspendue à 10 heures 31.
25 --- L'audience est reprise à 10 heures 56.
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Seselj, nous allons parler
2 maintenant de l'essentiel de votre témoignage. Je vais maintenant vous
3 faire un avertissement qui s'applique à l'ensemble de votre témoignage.
4 LE TÉMOIN : [interprétation] Veuillez augmenter le son, s'il vous plaît.
5 L'INTERPRÈTE : Et permettre à M. Seselj de parler dans le micro, s'il vous
6 plaît.
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Est-ce que vous m'entendez ?
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne vous entends pas très bien. Je vous
9 entends, mais je ne vous entends pas assez fort. Est-ce que vous pouvez
10 augmenter le son, s'il vous plaît.
11 L'INTERPRÈTE : L'interprète précise que le microphone de M. Seselj n'est
12 pas ouvert.
13 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Votre microphone n'est pas ouvert.
14 LE TÉMOIN : [interprétation] C'est mieux maintenant. Je vous entends mieux.
15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] J'étais en train de dire, Monsieur
16 Seselj, puisque nous allons aborder l'essentiel de votre témoignage
17 maintenant, je souhaite vous faire cet avertissement maintenant. Il
18 s'applique à l'ensemble de votre témoignage. Vous n'êtes pas obligé de
19 répondre à une question qui pourrait vous incriminer, et ce, conformément
20 aux dispositions de l'Article 90(E).
21 Monsieur Milosevic, vous allez maintenant prendre les classeurs.
22 L'INTERPRÈTE : Microphone, Monsieur Milosevic, s'il vous plaît. L'ACCUSÉ :
23 [interprétation] Il est maintenant ouvert.
24 M. MILOSEVIC : [interprétation]
25 Q. Monsieur Seselj, en réponse à ma question, vous avez confirmé avoir
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1 traité la question du Kosovo-Metohija de façon théorique. A l'intercalaire
2 numéro 25, on retrouve un extrait de votre ouvrage intitulé, "La nation
3 serbe et le nouvel ordre mondial : questions juridiques constitutionnelles
4 et politiques, débats théoriques."
5 Vous êtes l'auteur de cet ouvrage, n'est-ce pas ?
6 R. Oui, c'est exact.
7 Q. Pourrions-nous le parcourir rapidement, car une analyse détaillée de
8 cet ouvrage nous prendrait trop de temps.
9 Dans la première partie, vous parlez d'une approche historique, et dans la
10 deuxième partie, vous parlez de la crise et de l'implication de la
11 communauté internationale. Est-ce une bonne description de vos travaux
12 ici ?
13 R. Oui.
14 Q. Pourriez-vous me dire --
15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, le livre
16 s'intitule, "La nation serbe et le nouvel ordre mondial, discussions
17 théoriques portant sur les questions juridiques constitutionnelles et
18 politiques."
19 M. MILOSEVIC : [interprétation]
20 Q. Pour ce qui est du Kosovo-Metohija, comment les travaux de recherches
21 que vous avez menés au plan théorique et professionnel se trouvent-elles
22 représentées dans votre ouvrage ?
23 R. Bien, ceci est très important. J'ai analysé les questions historiques
24 et l'ensemble de la question du Kosovo-Metohija, ce qui remonte à plus de
25 300 ans. Ceci remonte au moment où les Turcs ont été battus en 1683 par
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1 l'armée autrichienne qui est entrée en Serbie. Ce qui a provoqué une
2 rébellion chez les Serbes. Cette rébellion était très étendue, qui était
3 dirigée par le patriarche serbe Arsenije Carnojevic, et grâce aux rebelles
4 serbes, le général autrichien a pris Skopje en 1690. Il a eu la peste et il
5 est mort à Prizren peu de temps après. Son successeur n'était pas un homme
6 militaire de grande envergure, et l'armée autrichienne s'est retirée peu
7 après. Le peuple serbe a continué à --
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Seselj, je vais vous
9 arrêter maintenant. Nous avons entendu beaucoup d'éléments dans cette
10 affaire sur les questions historiques. La question de savoir quels sont vos
11 travaux de recherches et sur quoi ont porté vos travaux de recherches
12 théoriques et professionnelles, celles qui sont illustrées dans votre
13 ouvrage et à propos du Kosovo-Metohija, nous concerne ici aujourd'hui.
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Je crois que j'ai été très bref dans toutes
15 les réponses que j'ai fournies, Monsieur Robinson. Mais pour fournir un
16 historique, on ne peut pas répondre correctement. Les points de vue
17 politiques de toutes les personnes qui ont pris part à la crise du
18 Kosovo-Metohija sont essentiels, et il est essentiel d'avoir l'historique
19 ici. C'est la composition ethnique de la population du Kosovo-Metohija qui
20 a commencé à changer après les guerres avec Vienne qui sont importantes, et
21 les méthodes par le biais desquelles ces changements ont eu lieu sont
22 extrêmement importantes.
23 Comment se fait-il que le Kosovo-Metohija, qui était à
24 100 % peuplé par des Serbes, est devenu un territoire sur lequel les Serbes
25 sont devenus une minorité ? Ceci n'est pas arrivé de façon pacifique et
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1 spontanée. Ceci s'est toujours fait par le biais de la violence. Mais
2 jusqu'à l'année 1878, les Serbes étaient en majorité quelles que soient les
3 persécutions qu'ils ont dû subir à ce moment-là.
4 M. NICE : [interprétation] Je souhaite intervenir car je ne vois pas --
5 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Malheureusement, je ne peux pas ouvrir
6 mon microphone, Monsieur Nice -- ne marche pas. Merci.
7 M. NICE : [interprétation] Je remarque que la réponse du témoin à des
8 décisions juridiques sont parfois très fortes.
9 Bien évidemment, je crois qu'il faut imposer des limites ici. En tout cas,
10 c'est ce que nous disons sur les questions historiques générales et des
11 questions générales, ainsi que les réponses politiques fournies, réponses
12 qui correspondent à l'heure actuelle. Alors, des réponses fournies par le
13 témoin malgré l'avertissement de la Chambre ceci va au-delà du cadre fixé
14 par la Chambre.
15 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, je comprends très
16 bien la teneur de vos observations. J'estime que les réponses du témoin
17 sont fortes, mais c'est la manière dont il présente cela. Je trouve qu'il
18 n'y a pas de quoi soulever une objection.
19 Monsieur Milosevic, veuillez faire parler le témoin des questions
20 actuelles, cela je le comprends très bien. Nous avons entendu suffisamment
21 d'éléments portant sur les questions historiques.
22 Je comprends très bien, Monsieur Seselj, que c'est important pour vous de
23 comprendre en fait les éléments historiques. Je comprends très bien que
24 nous puissions y consacrer un petit peu de temps et nous allons ensuite
25 passer à l'acte d'accusation.
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1 C'est ainsi que nous allons procéder, Monsieur Milosevic.
2 M. MILOSEVIC : [interprétation]
3 Q. Monsieur Seselj, vous avez indiqué que les changements au niveau de la
4 composition ethnique se sont passés de façon générale après la violence et
5 des pressions exercées de l'extérieur.
6 R. Oui. Pour l'essentiel ceci est la réponse que j'ai fournie. C'est ainsi
7 que je l'ai compris.
8 R. Nous allons maintenant brièvement traiter de la question de votre débat
9 théorique qui se trouve à l'intercalaire numéro 25. Je ne vais pas parler
10 ici de l'historique et d'éléments d'information générale. Vous avez parlé
11 de l'exode des Serbes et plus particulièrement dans ce traité, à la page
12 115, vous parlez d'un document que vous intitulez l'annexe de Bonn au
13 chapitre 14.
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Nous devons le trouver en anglais
15 car ceci ne se trouve certainement pas à la page 115 dans la version
16 anglaise. M. Nice pourra certainement nous aider en ce sens.
17 M. NICE : [interprétation] Malheureusement, nous n'avons pas préparé ce
18 document à cet effet, et il serait utile que l'accusé garde ceci à
19 l'esprit. Nous allons faire de notre mieux, mais cela nous prendra un
20 certain temps.
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, veuillez nous
22 aider à retrouver le passage en question dans la version anglaise. Veuillez
23 nous éclairer un petit peu, s'il vous plaît. M. Seselj peut peut-être nous
24 aider.
25 L'ACCUSÉ : [interprétation] Bien, cela se trouve au chapitre 14. Ceci doit
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1 vous aider.
2 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Robinson, je n'aime pas utiliser la
3 langue anglaise, surtout qu'au fil des dernières années je n'ai pas voulu
4 parler l'anglais. Je crois que cela se trouve dans la troisième partie du
5 texte qui est intitulé, une annexe de Bonn.
6 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Numéro 27.
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Numéro 27.
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] A quel moment ceci a-t-il été publié ? A
9 quel moment au cours de l'année 1999 ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] D'après le contenu, on peut le constater, ceci
11 a été publié immédiatement après l'agression par l'OTAN de la République
12 fédérale de l'ex-Yougoslavie. Comme vous pouvez le constater dans cette
13 étude, je parle de la Résolution 1244 du conseil de Sécurité de l'ONU ainsi
14 que de l'accord de Kumanovo. Je termine avec une analyse des conséquences
15 qu'a eues l'occupation de l'OTAN du Kosovo-Metohija ainsi que des massacres
16 à grande échelle du peuple serbe qui ont suivi.
17 Je ne peux pas vous dater ceci de façon très précise. Vous savez comment
18 c'est dans la presse écrite. On pourrait dire que cela a pu être publié à
19 la fin de l'été 1999, peut-être au début de l'automne.
20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci.
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Peut-être dans le courant du mois d'octobre.
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci, Monsieur Seselj.
23 Monsieur Milosevic.
24 M. MILOSEVIC : [interprétation]
25 Q. Monsieur Seselj, donc nous avons retrouvé ce chapitre. Pourquoi avez-
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1 vous traité cette question en particulier ? Mais essayez de tenir compte de
2 ma question : quelle était votre estimation du Groupe de contact et ceci
3 figure ici, car l'annexe de Bonn porte sur ces points de vue également. De
4 tels documents ont été fournis par le Groupe de contact, il est vrai.
5 Auxquelles conclusions êtes-vous parvenu eu égard aux positions adoptées
6 par le Groupe de contact ? Ce qui a précédé l'agression de l'OTAN contre le
7 Kosovo-Metohija.
8 R. Je souhaite attirer votre attention sur les pages qui précède cette
9 étude. Chapitre précédent numéro 13 qui porte un autre titre rétrospectif
10 sur les interventions occidentales passées sur les relations politiques de
11 la Serbie. Je parle ici des interventions de l'étranger dans les affaires
12 intérieures de la Serbie après la signature de l'accord de Dayton. Vous
13 vous souviendrez peut-être que, Monsieur Milosevic, après la signature des
14 accords de Dayton à Paris, la Serbie et la République fédérale de
15 Yougoslavie auraient dû lever toutes les sanctions. Comme vous le savez,
16 les Etats-Unis encore une fois nous ont trompés. Il y avait le mur
17 extérieur des sanctions qui n'avait pas été inscrit dans le droit
18 international public à l'époque. On disait que ce mur extérieur de
19 sanctions serait maintenu pour autant que la question au Kosovo-Metohija ne
20 serait pas résolue et il fallait que la coopération démarre entre la
21 République fédérale de Yougoslavie et le Tribunal de La Haye. C'est en tout
22 cas le début ici de l'intervention des puissances occidentales dans les
23 affaires internes de la République fédérale de Yougoslavie et de Serbie.
24 Je fais état ici de quelques réunions du Groupe de contact avec les
25 puissances occidentales ainsi que la Russie, bien que la Russie n'a pas
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1 joué un rôle prépondérant dans ce contexte-là. Quelquefois, il est vrai que
2 cela rendait l'arme occidentale plus tranchée contre les intérêts nationaux
3 de la Serbie -- cela permettait de permettre - -- l'épée occidentale était
4 moins tranchante contre les intérêts nationaux, mais il fallait néanmoins
5 traiter de la question de l'intégrité de la République fédérale de
6 Yougoslavie. Ceci se retrouve dans le document du Groupe de contact et ceci
7 n'est pas très clair parce qu'on ne fait absolument pas mention de la
8 Serbie. On parle des garanties d'intégrité de la République fédérale de
9 Yougoslavie, de l'autonomie du Kosovo-Metohija sans parler du Kosovo comme
10 partie intégrante de la Serbie, ce qui est extrêmement tendancieux si on
11 pense à ce qui s'est passé par la suite, on ne parle pas de la République
12 fédérale de Yougoslavie qui se serait une issue qui n'a pas été traitée. On
13 n'a pas non plus abordé la question des frontières de la Serbie qui ne
14 seraient pas garanties. La première question que j'ai analysée, et c'est la
15 question que je présente à la Chambre de première instance ici, dans la
16 traduction anglaise et c'est fourni d'une façon très détaillée.
17 Je parle de l'annexe de Bonn datée de 1998 lorsque le Groupe de contact a
18 décidé de présenter ses points de vue. L'annexe de Bonn a précédé la
19 réunion qui s'est tenue le 8 juillet lorsqu'on parle des éléments
20 principaux qui ont clairement expliqué quel était le statut du Kosovo à
21 l'intérieur de la République fédérale de Yougoslavie. Le Groupe de contact
22 a parlé de certaines conditions préalables nécessaires, et donc a évoqué la
23 question de l'intégrité de l'Etat et de la République fédérale de
24 Yougoslavie et de la Serbie. L'annexe de Bonn parlait déjà d'un statut
25 spécial pour le Kosovo-Metohija. C'est ainsi que cela a été appelé. Au
Page 42904
1 paragraphe 4 de cette annexe, on peut lire que le conseil de Sécurité,
2 l'OSCE, et les pays voisins accueilleraient cet accord. Néanmoins, les
3 états voisins prendraient part, seraient signataires également et donc
4 signataires, ce que je suppose être une forme d'intervention ou
5 d'intervention internationale, ce qui n'est pas acceptable au niveau de ces
6 rapports internationaux.
7 C'est, en tout cas, ce qui a été appelé l'annexe de Bonn. L'annexe de Bonn
8 souhaite mettre en place un statut, quelque chose qui n'avait jamais été
9 prévu encore dans le cadre des relations internationales.
10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Seselj, je trouve ce que
11 vous dites est très intéressant, mais c'est difficile à suivre. Votre
12 témoignage est difficile à suivre puisque les réponses que vous donnez sont
13 extrêmement longues. Je préférais, lorsque nous sommes présidents de
14 Chambre ici, avoir plutôt des questions plus courtes et des réponses plus
15 courtes. Il est difficile de suivre votre long récit et nous devons
16 évidemment soupeser votre témoignage.
17 Monsieur Milosevic, je souhaite vous demander rapport par conséquent de
18 poser à M. Seselj des questions sur un domaine bien particulier de son
19 ouvrage si vous souhaitez qu'il réponde à votre question. Veuillez nous
20 fournir une réponse courte, s'il vous plaît. Je connais vos antécédents,
21 Monsieur Seselj. Vous avez été professeur. Vous avez été conférencier, mais
22 je ne souhaite pas que vous fassiez une conférence ici. Donc, faites en
23 sorte que vos réponses soient aussi courtes que possible. Si vous regardez
24 la page du compte rendu d'audience, lorsque vous êtes au-delà d'une page,
25 c'est que vous allez trop loin. Alors votre réponse à ce moment-là est trop
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1 longue et on ne peut pas considérer qu'il s'agisse ici d'un élément de
2 preuve qui puisse nous être utile.
3 Donc, je vous demande, s'il vous plaît, Monsieur Milosevic, de poser
4 une question au témoin, et je vous demande, s'il vous plaît, de vous en
5 tenir aux directives que je viens de vous donner et faites en sorte que les
6 réponses soient courtes.
7 M. MILOSEVIC : [interprétation]
8 Q. Monsieur Seselj, vous avez ici évoqué la question de l'annexe de
9 Bonn et vous avez expliqué les raisons pour cela. Quelles sont ces
10 raisons ? Pourquoi avez-vous, en particulier, parlé de la question de
11 l'annexe de Bonn ainsi que les autres documents du Groupe de contact qui
12 évoquaient la question de la crise de Kosovo-Metohija ?
13 R. Parce que dans les propositions faites par le Groupe de contact
14 qui ont précédé l'annexe de Bonn, j'ai vu ce que souhaitaient faire
15 véritablement les puissances occidentales.
16 Q. Soyons maintenant très précis. Quelles sont les conclusions ?
17 Vous avez parlé des "options". Qu'avez-vous déduit de partir de ces options
18 proposées par le Groupe de contact ?
19 R. Le Groupe de contact n'est pas d'accord avec une solution
20 constitutionnelle et sur le statut d'autonomie de la République de Serbie.
21 Elle parle ici et fait intervenir les institutions communistes qui datent
22 de 1974, quelque chose qui était le produit d'un système communiste
23 totalitariste. Ceci ne peut pas servir de guide ou de modèle à un état
24 démocratique. Il faut une solution davantage juridique si on veut essayer
25 de trouver une solution à ce problème, parce que la constitution de 1974
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1 n'est pas une bonne constitution. Il faut tenir compte de cela si on veut
2 mettre en place un système parlementaire. Il n'y avait pas à ce moment-là
3 de système multipartite. Il n'y avait pas de liberté de la presse. Il n'y
4 avait pas de croyances politiques. Les gens pour les croyances politiques
5 étaient jetés en prison. Les biens individuels n'étaient pas la propriété
6 individuelle et n'étaient pas garantis. On retourne à quelque chose auquel
7 on souhaitait échapper, nous, en tant que peuple, en tant qu'Etat. La
8 manière dont a été rédigée la constitution de 1914 était une impossibilité
9 au plan juridique. Le Kosovo-Metohija, à l'époque, faisait partie intégrale
10 de la Serbie. En pratique, ils prenaient part, en fait, et participaient au
11 gouvernement serbe, alors que la Serbie, elle-même, n'avait aucune autorité
12 sur le Kosovo.
13 Nous ne souhaitions pas remettre en question l'autonomie du
14 Kosovo-Metohija. Néanmoins, nous avons demandé que ceci soit fait d'après
15 les normes généralement appliquées par le reste du monde, en tout cas selon
16 la définition du terme d'autonomie. Le Groupe de contact ici et l'annexe de
17 Bonn nous avaient demandés de fournir un emblème qui représentait
18 l'autonomie de cet Etat, y compris un drapeau, un blason, et cetera, et
19 cetera. Ce qui était impensable dans ce cas. Prenez le cas d'Italie, par
20 exemple. Il n'y a eu aucun précédent et le Groupe de contact insistait
21 beaucoup là-dessus. C'est, en fait, l'essentiel de cette annexe.
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Bien. Question suivante, s'il
23 vous plaît.
24 M. MILOSEVIC : [interprétation]
25 Q. Monsieur Seselj, si nous regardons l'annexe de Bonn, pour ce qui est de
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1 ce que vous venez de dire, est-ce que nous pouvons établir un lien entre ce
2 document et le Groupe de contact que dont nous retrouvons la teneur aux
3 intercalaires numéros 13 jusqu'à 18 ? Est-ce que nous pouvons dire qu'il
4 s'agit ici de la même attitude ? Vous avez précisé dans l'annexe de Bonn,
5 par exemple, par rapport à leur attitude, eu égard à la question de
6 l'autonomie, de la structure du Kosovo-Metohija, leurs intentions sont-
7 elles très claires ici ? S'agissait-il de la même attitude que celle du
8 Groupe de contact ?
9 R. Leurs intentions étaient très claires et c'est cela que j'ai traité.
10 Ils ne s'intéressaient pas véritablement à la situation en tant que tel au
11 Kosovo-Metohija. Pas du tout. Ils insistaient sans cesse sur les
12 négociations mais ils n'ont rien fait pour contribuer à l'avancement de ces
13 pourparlers.
14 D'un autre côté, les puissances occidentales ont demandé aux
15 représentants politiques de l'Albanie de continuer à voir un dialogue avec
16 les autorités serbes. D'un autre côté, la Serbie, qui souhaitait établir ce
17 dialogue et demandait sans cesse que ces dialogues aient lieu, s'apprêtait
18 à préparer ces questions mais ne souhaitait pas aborder la question de
19 l'intégrité territoriale de l'Etat. D'un autre côté, nous avons les
20 puissances occidentales qui menacent sans cesse, qui insistent sans cesse
21 mais qui font venir les représentants politiques de l'Albanie, ce qui,
22 évidemment, est contraire à un dialogue comme celui-là. C'est ce qui est
23 l'essentiel de ce qui est contenu ici.
24 Q. Très bien. Regardons maintenant deux autres éléments qui sont un fil
25 conducteur ici dans tous ces documents. Regardons si c'est exact.
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1 Ce que l'on disait à l'époque, qu'il y avait de la violence qui était
2 pratiquée contre les civils. Est-ce que ceci peut être corroboré par les
3 documents fournis par le Groupe de contact ? L'autre élément est que nous
4 ne souhaitons pas avoir de dialogue. Est-ce que toutes ces hypothèses sont
5 vraies : que la violence est pratiquée contre les civils et que la Serbie
6 ne souhaitait pas avoir de dialogues ? Tout ceci est-il exact ?
7 R. Tout d'abord, il n'y avait pas de violences pratiquées contre les
8 civils. Je peux dire, tout à fait, en toute liberté, que la population
9 civile du Kosovo-Metohija vivait dans de très bonnes conditions. En
10 réalité, ils ne pouvaient même pas appliquer les règles juridiques. Ce qui
11 était impensable dans d'autres pays, y compris en Serbie. Les civils, pour
12 la plupart, ne devaient même pas payer pour l'électricité, l'eau et les
13 services publics dont ils disposaient. Ils n'avaient pas à payer de taxes,
14 ni d'impôt. Le gouvernement tolérait tout cela car il souhaitait maintenir
15 un dialogue politique de cette manière-là et avoir la faveur de la
16 population. Les autorités sont intervenues uniquement lorsqu'il y a eu des
17 actes de violence.
18 D'autre part, il y avait les puissances occidentales, les membres du
19 Groupe de contact, et aucun argument n'était suffisant pour eux. Ils
20 racontaient sans cesse leurs histoires. Ils insistaient là-dessus. Ils leur
21 présentaient des arguments dont ils disposaient et ils prêtaient les
22 sourdes oreilles à tous les autres arguments. Je crois que c'est
23 l'essentiel ici.
24 D'autre part, pour ce qui est de la possibilité à entamer un
25 dialogue, il n'y en avait absolument pas, parce que l'occident avait promis
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1 aux représentants politiques d'Albanie que tout ceci serait fait selon
2 leurs instructions. Un jour reviendra où tout ceci sera traduit dans la
3 réalité. Vos intérêts seront protégés et tout ceci aura été planifié
4 ensemble. Quelqu'un vous demande sans cesse d'avoir un dialogue, mais dans
5 la pratique ce dialogue et un dialogue qui ne pouvait pas avoir lieu
6 puisqu'il y avait trop d'obstacles.
7 Q. Monsieur Seselj, pourriez-vous nous dire maintenant ce que vous
8 savez à propos des préparatifs au plan politique et des services de
9 renseignements de la part de l'occident et de l'UCK au Kosovo ? Les
10 préparatifs de guerre au Kosovo-Metohija, j'entends.
11 R. Ecoutez j'avais énormément d'éléments d'information à ce sujet et au
12 moment où le haut représentant des Etats-Unis, Gelbard, est venu nous
13 rendre visite à la fin du mois de février 1999. Il est venu à Pristina. Il
14 est vrai qu'il a eu une conférence de presse et qu'il a présenté une
15 position assez neutre à ce moment-là, et il a indiqué qu'il y avait eu des
16 contacts non officiels avec les représentants des partis politiques
17 albanais et des organisations terroristes et qu'il les avait incités à
18 entreprendre des actions armées.
19 Ensuite, il y a eu ce qui s'est passé au village de Prekaze. Adem
20 Jashari avait construit une maison qui ressemblait à une vraie forteresse.
21 Il s'est enfermé à l'intérieur avec les membres de sa famille. Il a
22 rencontré la patrouille de la police, qui le recherchait parce qu'il avait
23 tué deux policiers serbes la veille. C'était censé être le signal donné à
24 tous les groupes terroristes du Kosovo-Metohija qu'ils devaient commencer
25 leur rébellion armée contre les Serbes. En fait, c'était un mobile. Les
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1 radicaux serbes devaient accepter la coalition gouvernementale, bien que ce
2 soit nos adversaires au plan idéologique, car il fallait rassembler tout le
3 monde et toutes les ressources nationales pour essayer de défendre le pays.
4 Nous nous sommes rendus compte de cela à ce moment-là. C'est ce qu'a
5 dit Gelbard lui-même. Il s'agit là d'éléments importants, et je sais que
6 d'après les puissances occidentales, c'est quelque chose qui a été présenté
7 sans cesse. Les terroristes albanais ont commencé à s'armer avec des armes
8 spéciales et ils ont été aidés en ceci sur le plan financier. Ils les ont
9 aidés à s'organiser, et tout en haut de cette hiérarchie, il y avait
10 l'OSCE, la mission de l'OSCE, qui essayait de mettre tout ceci en place
11 pour contribuer à l'organisation de la rébellion terroriste.
12 Q. Nous avons établi ce fait que vous venez d'indiquer. Lorsque vous êtes
13 entré dans ce gouvernement d'unité nationale, ceci était motivé par le fait
14 que vous souhaitiez trouver une solution au problème du Kosovo-Metohija ?
15 R. Oui. Car sinon, nous aurions été pris, nous aurions fait partie d'un
16 gouvernement en présence d'adversaires politiques, au plan idéologique, qui
17 venaient du Parti socialiste de Serbie, et ce n'était pas celui qui
18 s'apprêtait à défendre le Kosovo-Metohija et a s'opposer à cette agression
19 qui se préparait de la part des puissances occidentales et de l'OTAN.
20 C'était notre principal mobile. Nous voulions à ce moment-là former un
21 gouvernement de coalition avec les partis qui étaient nos adversaires
22 politiques.
23 Q. Bien. Ceci a été établi.
24 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Robinson, ce document se trouve à
25 l'intercalaire numéro 25. C'est quelque chose que j'aurais souhaité verser
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1 au dossier, ainsi que les documents qui portent sur le Groupe de contact,
2 intercalaires numéros 13, 18, 17, annexe de Bonn. M. Seselj en a parlé ici.
3 M. NICE : [interprétation] Monsieur le Président, nous n'avons pas encore
4 les éléments détaillés ici --
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic.
6 M. NICE : [interprétation] On ne nous a présenté aucune pièce à conviction
7 pour le témoin. C'est simplement le témoin qui a fait sa déposition. Je ne
8 vois pas dans quelle mesure qu'il sera nécessaire ou utile d'avoir les
9 documents écrits. Peut-être qu'il découle de l'analyse faite sur la
10 Croatie. Ceci est une autre question.
11 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je crois que le livre, oui, a été
12 versé au dossier. Mais, Monsieur Milosevic, vous n'avez pas évoqué avec le
13 témoin les intercalaires 13 jusqu'à 18 ?
14 M. NICE : [interprétation] Mme Dicklich me dit, et je la remercie, que
15 l'intercalaire numéro 13 a déjà été versé au dossier.
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Donc, il est déjà versé au dossier.
17 Je comprends que ceci a été versé au dossier, Monsieur Milosevic, pièce
18 numéro 791.
19 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Oui, effectivement. Je dois dire que
20 je ne vois pas en quoi il soit nécessaire de les aborder tout de suite.
21 Nous pouvons les lire nous-mêmes. Cela me semble assez évident. Si vous
22 souhaitez -- si l'Accusation souhaite les présenter au cours du contre-
23 interrogatoire, à ce moment-là, nous n'avons pas besoin de retarder la
24 procédure en les examinant en détail pour l'instant. Je crois que le témoin
25 en a parlé de façon tout à fait appropriée.
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Ils ont déjà été versés au dossier.
2 L'intercalaire numéro 25. Veuillez donner un numéro au classeur, s'il vous
3 plaît.
4 M. LE GREFFIER : [interprétation] Le classeur porte le numéro D303.
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Les chapitres du livre, 13 et 14,
6 Monsieur Milosevic, seront versés au dossier.
7 M. MILOSEVIC : [interprétation]
8 Q. Je souhaite éclaircir un point, Monsieur Seselj, s'il vous plaît. J'ai
9 demandé à ce que les pièces concernant le Groupe de contact soient versées
10 au dossier. Bien sûr, cela ne pose aucun problème si certaines de ces
11 pièces ont déjà été versées au dossier. Je souhaite connaître votre réponse
12 et votre estimation de la situation.
13 Les contacts qui faisaient partie des options proposées par le Groupe de
14 contact, que nous pouvons lire dans ce document, est-ce qu'ils parlaient de
15 préparatifs de l'occident et la sécession du Kosovo, ainsi que les
16 intentions de l'occident ?
17 R. Oui. C'est évident que l'occident a insisté beaucoup et souhaitait
18 intervenir dans les relations internes du pays, premièrement. Ensuite, on
19 pouvait constater que l'occident insistait beaucoup pour qu'il y ait une
20 invasion sur sol sur le territoire du Kosovo-Metohija. Tels étaient les
21 véritables objectifs des puissances occidentales. Ils recherchaient un
22 prétexte pour placer leurs hommes et leurs troupes à cet endroit-là. Nous
23 étions, nous les Serbes, un Etat indépendant et souverain. Il est vrai que
24 nous ne correspondions pas aux objectifs recherchés. Ils recherchaient à
25 tout prix un débouché, quelque chose qu'il leur permettrait de rentrer sur
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1 le territoire.
2 La guerre nous a été imposée. C'était un prétexte qui permettait aux
3 troupes américaines d'être basées sur le territoire.
4 Q. Vous avez parlé du village de Prekaze il y a quelques instants. Est-ce
5 que vous souhaitez ajouter quelque chose aux explications que vous nous
6 avez déjà fournies là-dessus, à propos de cet incident, que pour finir,
7 ceci a servi de prétexte pour exercer davantage de pression sur la Serbie ?
8 R. La police a mené une enquête sur le meurtre de deux policiers et a
9 découvert qu'Adem Jashari, un criminel notoire au Kosovo-Metohija
10 jusqu'alors, avait été l'organisateur d'un groupe terroriste qui avait
11 attaqué ces deux policiers et les avait tués, Ces policiers sont allés à
12 leur poursuite.
13 Plusieurs années auparavant, Adem Jashari avait construit sa maison qui
14 était une véritable forteresse. C'était en béton armé, avec des tours. Cela
15 permettait d'avoir des endroits à partir desquels on pouvait tirer. C'est
16 quelque chose que j'ai découvert alors que j'étais vice-premier ministre.
17 Avant cette opération-là, 30 civils ont quitté la maison, des femmes,
18 des enfants et des hommes âgés. Parmi ceux qui sont restés à l'intérieur de
19 la maison, il y avait quelques femmes qui souhaitaient rester avec les
20 hommes et quelques garçons qui étaient mineurs d'après la loi et qui
21 n'étaient pas en âge d'aller sous les drapeaux. Mais ils étaient, sur le
22 plan physique, tout à fait à même de se battre, d'après eux.
23 Il n'y avait pas d'autre option pour notre police. Il fallait
24 détruire la maison. Il n'y avait pas d'autre alternative. Ceci a été
25 utilisé dans la guerre de propagande menée par la République fédérale de
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1 Yougoslavie. Ils nous ont dit que nous avions eu un recours excessif à la
2 force, et je crois que c'était une très mauvaise description de la
3 situation. Adem Jashari, il voulait se sacrifier, de même que les
4 terroristes d'Al-Qaeda se sacrifient aujourd'hui. Il voulait se sacrifier
5 de façon à provoquer un scandale au plan international qui serait récupéré
6 par les médias internationaux.
7 Nos autorités devaient être confrontées avec les terroristes et
8 devaient empêcher que de telles choses se reproduisent au Kosovo-Metohija.
9 C'était, si vous voulez, comme une manière de voir ce que notre police
10 était en mesure de faire, voir si elle allait réagir ou pas. Si nous ne
11 réagissions pas, ils considéreraient que nous étions faibles, et à ce
12 moment-là, ils attaqueraient de plein fouet. Etant donné que nous avons
13 réagi de façon assez énergique, ceci a retardé les choses un petit peu. Les
14 opérations qu'ils ont menées par la suite et la coopération avec les
15 organisations terroristes qui ont eu lieu par la suite ont été quelque peu
16 retardées par ce fait-là.
17 Bon nombre de tranchées étaient construites à ce moment-là dans bon
18 nombre de villages.
19 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Pourquoi dites-vous qu'Adem
20 Jashari souhaitait se sacrifier ?
21 LE TÉMOIN : [interprétation] Vu la façon dont il a mené tout cela. Il a
22 relâché certains des civils de sa famille auparavant. Une famille très liée
23 est restée enfermée dans cette forteresse très équipée et elle était
24 résolue à lutter jusqu'au bout pour résister à la police qui était venue
25 l'arrêter. Aussi, des gens qui sont capables de tuer leurs propres
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1 concitoyens, leurs compatriotes - et je le dis parce que la police, au
2 cours de son enquête, a appris plus tard que certains des corps qu'on a
3 retrouvés à l'intérieur avaient été tués avec les armes d'Adem Jashari. Il
4 y a eu des autopsies qui ont été effectuées, et les Albanais ne voulaient
5 pas reprendre ces corps. Ce qui fait que ce sont nos autorités qui les ont
6 enterrés. Corps qui ont été exhumés plusieurs jours plus tard, ils ont été
7 inhumés à nouveau là où on voulait les enterrer. Ils voulaient éviter à
8 tout prix un scandale.
9 Ce sont les faits que je connais en ma qualité de vice-premier ministre à
10 l'époque, à partir des documents que j'ai reçus.
11 M. MILOSEVIC : [interprétation]
12 Q. Monsieur Seselj, il y a quelques instants, vous avez confirmé que vous
13 vous étiez décidé à rejoindre le gouvernement en Serbie surtout à cause de
14 la question du Kosovo. Ici, à l'intercalaire 3, nous avons un extrait d'un
15 ouvrage que vous avez écrit. On y trouve la transcription d'une interview
16 que vous avez accordée le 4 juillet 1998 à radio Metohija, et ceci vous
17 l'avez publiée dans un ouvrage qui s'intitule, "Gouvernement d'unité
18 nationale."
19 R. Oui. En juillet 1998, en ma qualité de vice-premier ministre, j'ai
20 effectué une visite de bon nombre de régions du Kosovo-Metohija, notamment
21 les municipalités de Pec, Decani, Istok et Klina. J'ai été voir les
22 villages qui étaient menacés par le terrorisme albanais à l'époque. J'ai
23 inspecté les unités de notre armée qui surveillaient les frontières et
24 certaines unités de la police qui étaient cantonnées là où étaient les
25 points les plus chauds. J'ai visité un village qui avait été tout à fait
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1 entouré par des villages albanais et là où on prenait pour cible des civils
2 serbes. Les meurtres étaient monnaie courante.
3 Q. Vous avez déjà répondu à la première question. Plus exactement, dans la
4 première question de l'interview, vous parlez de l'immixtion des grandes
5 puissances. J'espère que vous trouverez facilement, Monsieur Robinson.
6 C'est la réponse que donne le Dr Seselj à la première question qui lui est
7 posée par le journaliste. Je cite : "Le danger que ceci représente pour
8 nous n'est pas grand. Je parle ici de ces bandes terroristes siptar. Ce qui
9 est dangereux pour nous c'est le fait que les grandes puissances veulent se
10 mêler de nos problèmes internationaux et les efforts qui sont entrepris
11 pour réprimer les intérêts serbes. C'est autant plus de raisons pour
12 avertir les Siptar que les Siptar sont prêts à lutter contre les Serbes
13 jusqu'au dernier Albanais."
14 M. NICE : [interprétation] Oui, je pense que cela se trouve à cinq ou six
15 lignes dans le texte, "Ce qui est dangereux pour nous."
16 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui. Poursuivez, Monsieur Milosevic.
17 M. MILOSEVIC : [interprétation]
18 Q. Oui, tout à fait. Je vous ai bien dit que c'était la première réponse
19 qui avait été donnée.
20 Ici, vous insistez sur le danger véritable que court notre pays. Vous dites
21 le danger ce n'est pas les bandes terroristes, mais c'est le fait que les
22 grandes puissances veulent se mêler de notre affaire.
23 R. Oui. Je voudrais tirer au clair quelques questions de terminologie. Je
24 parle toujours des Albanais comme étant des Siptar, et je ne voudrais pas
25 que la Chambre de première instance comprenne là que c'est un terme
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1 péjoratif. Siptar, c'est le terme utilisé par les Albanais eux-mêmes. En
2 tant que vice-premier ministre, j'essaie de faire passer un message, de
3 faire comprendre aux Albanais qu'ils ne doivent pas devenir la proie de la
4 manipulation des Américains. Les Américains sont prêts à lutter contre les
5 Serbes jusqu'au dernier Albanais. Peu leur importe de savoir combien
6 d'Albanais vont perdre la vie dans ce conflit, tout comme peu leur importe
7 de savoir combien d'Iraquiens vont mourir ailleurs, là où ils mènent leur
8 guerre, leur guerre à eux, pour les intérêts à eux.
9 Je dis aux Albanais ici, on vous manipule. Les Américains vous manipulent.
10 Peu leur importe si, vous, vous mourrez. Nous allons tous en subir les
11 conséquences, et ils seront les seuls à profiter de notre conflit. Voilà
12 donc la tentative que j'entreprenais là pour décourager la population
13 albanaise, pour l'inciter à ne pas suivre la politique terroriste. Car elle
14 ne saurait être dans l'intérêt des Albanais de souche au Kosovo.
15 Q. Fort bien. Prenez ce passage, mais deux paragraphes plus loin. On dit
16 ceci : "Pour ce qui est de la situation politique qui prévaut au
17 Kosovo-Metohija, nous sommes en faveur du dialogue. Les trois partis
18 politiques qui font partie du gouvernement de coalition d'unité nationale
19 n'ont de cesse d'offrir le dialogue aux partis albanais du Kosovo."
20 Vous le dites ici en qualité de vice-premier ministre. Vous parlez au nom
21 du gouvernement. Vous parlez ici à la radio Metohija et vous dites que vous
22 offrez un dialogue à tous les partis du Kosovo.
23 R. Tout à fait. Cela a été sans cesse la politique du gouvernement serbe.
24 J'aimerais ajouter une chose. Nous n'avions pas l'intention de nier les
25 droits, les libertés civiques et autres qui étaient les leurs, mais il
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1 fallait qu'ils restent citoyens de notre pays. Ceux qui partaient du point
2 de vue du terrorisme pour s'en servir comme séparatisme, ces gens-là
3 devaient partir. Ceci s'adressait à un grand nombre de ceux qui étaient
4 venus au Kosovo-Metohija en provenance de l'Albanie et d'autres pays, et il
5 y a même un nombre plus important de ces personnes qui sont venues après
6 l'occupation de l'OTAN.
7 Nous nous sommes servis de toutes les occasions qui étaient données à nos
8 gouvernements pour encourager des membres de la communauté albanaise à
9 accepter le dialogue avec les autorités serbes, pour essayer d'arriver à
10 une solution pacifique qui n'allait pas compromettre l'intégrité
11 territoriale de notre pays. C'est là la quintessence de notre politique.
12 Q. Vous nous dites ici au cours de cette interview --
13 R. Oui, je parlais à radio Pec.
14 Q. Le 4 juillet 1998. J'insiste ici sur la date pour voir le moment où
15 ceci se discute et où vous dites ces choses au nom du gouvernement.
16 Dites-moi une chose, quelles étaient les mesures prises par le gouvernement
17 pour essayer de résoudre le problème du Kosovo ?
18 Je vais simplement prendre un autre passage où vous dites que la République
19 de Serbie déployait des efforts très sérieux pour assister la population
20 albanaise du Kosovo, pour ce qui est des questions politiques,
21 humanitaires, les questions de l'enseignement. Le gouvernement serbe,
22 quelles mesures a-t-il prises pour résoudre le problème du Kosovo ?
23 R. Il y a eu deux types de mesures. D'une part, nous voulions supprimer le
24 terrorisme, et à ce niveau-là, la police et l'armée ont tout fait pour
25 réaliser cet objectif. Lorsque j'ai effectué une visite dans la région,
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1 j'ai rencontré une unité de l'armée à un passage frontière où il y avait eu
2 un convoi de contrebande d'armes, et c'étaient des contrebandiers qui
3 étaient passés par la montagne, et cette armée était intervenue pour s'en
4 débarrasser. La situation a été difficile sur le plan économique en Serbie.
5 Pourtant, nous avons tout fait pour aider la population albanaise du
6 Kosovo. Quelle que soit son appartenance ethnique, nous avons aidé les
7 Turcs, les Egyptiens, les Rom, les Albanais, sans parler des autres. Si
8 vous voulez c'était une démarche à deux niveaux.
9 Souvent, j'ai rencontré des représentants de la communauté albanaise
10 pour les convaincre que nous avions en commun un intérêt national qui était
11 de vivre en paix sans que ceci ne soit compromis par qui que ce soit ou par
12 quoi que ce soit. En toute égalité et devant toutes les autorités on parle
13 ici de droits autonomes. De quels droits autonomes parle-t-on ? De ces
14 droits qui répondent aux critères les plus élevés dans le monde et qui
15 prévalent dans tous les états du monde. Jamais nous n'avons voulu échapper
16 à cela. Si leurs enfants ne voulaient pas aller dans nos écoles, ils
17 pouvaient aller dans une école privée. Personne ne leur a nié ce droit.
18 Avant cela, vous, Monsieur Milosevic, vous étiez parvenu à un accord
19 avec M. Rugova pour que leurs écoles puissent être ouvertes.
20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Essayez de répondre le plus
21 succinctement possible.
22 M. MILOSEVIC : [interprétation]
23 Q. Toujours dans le cadre de cette interview, on vous demande d'apporter
24 un commentaire à la réunion qu'a eu Richard Holbrooke avec des membres de
25 l'UCK. Ceci se trouve à la page 303, deux pages plus loin, vous dites :
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1 "Bien entendu, cette réunion qu'a eu Holbrooke avec des terroristes
2 albanais indique que les puissances occidentales apportaient un soutien
3 direct au terrorisme, incitaient à ce terrorisme que ces activités ont
4 permis d'aider les séparatistes albanais qui avaient un appétit ainsi
5 agrandie, et que c'était un cercle vicieux --
6 M. NICE : [interprétation] Je crois que cela se trouve -- je ne l'ai pas
7 trouvé exactement encore.
8 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Cela se trouve au bas de la page 5.
9 M. NICE : [interprétation] Mais, je pensais ne pas trouver ce passage qui a
10 été cité.
11 Mme HIGGINS : [interprétation] Page 6, ligne 10.
12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Poursuivez, Monsieur Milosevic. Vous
13 devez veiller à ce que la Chambre ait trouvé le passage avant de commencer
14 à en donner lecture. Faute de quoi, ce sera difficile.
15 L'ACCUSÉ : [interprétation] Je suppose que vous avez maintenant trouvé ce
16 passage. Je l'ai déjà cité ce passage.
17 M. MILOSEVIC : [interprétation]
18 Q. Vous dites que, bien entendu, la réunion de Holbrooke avec les
19 terroristes albanais indique que les puissances occidentales apportent un
20 soutien indirect au terrorisme et y incite.
21 R. Vous dites, est-ce que juste qu'à l'arrivée de Gelbard à Pristina en
22 février 1992, l'administration américaine disait des terroristes albanais
23 qu'ils étaient des terroristes et l'UCK était déclaré être une organisation
24 terroriste par les Américains. C'est un moment historique que celui-ci,
25 Holbrooke, vient au Kosovo et il rencontre des membres de l'UCK. Il les
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1 rencontre quelque part dans une maison, Dieu sait où. Il va même jusqu'à
2 enlever ses chaussures avant d'entrer. On se souvient de ces images qu'on a
3 vues à la télévision.
4 A ce moment-là, de façon très claire, l'Amérique se range du côté d'une
5 organisation ou aux côtés d'une organisation qu'elle a pourtant qualifiée
6 de terroriste jusqu'alors, et alors, elle dévoile ses cartes. Elle joue
7 cartes sur table. J'ai ajouté que, ce faisant, les Américains ont accru
8 l'appétit qu'ils avaient déjà, qui était exagérée et que ceci les a
9 entraînés dans un cercle vicieux. Nous avons à ce moment-là vu qu'il y
10 avait eu des affrontements très clairs, parce que jusqu'alors, il y avait
11 eu des affrontements très clairs avec le Kosovo-Metohija.
12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Qu'est-ce que vous voulez dire quand
13 vous dites qu'il a ôté ses chaussures ?
14 LE TÉMOIN : [interprétation] Bien, il essayait de gagner leur sympathie en
15 montrant qu'il respectait leurs coutumes. Ce qu'il veut montrer qu'il a une
16 familiarité. Lorsqu'on pénètre dans la maison de quelqu'un, on respecte
17 certaines règles de civilité. Ici, on fait un pas de plus. Si on se met à
18 adopter ou à respecter des coutumes nationales de votre hôte, vous faites
19 quelque chose de plus. S'il n'avait pas enlevé ces chaussures, personne ne
20 le lui aurait reproché. Pourtant, il l'a fait. Il a voulu faire un geste ce
21 faisant.
22 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie.
23 Poursuivez, Monsieur Milosevic.
24 M. MILOSEVIC : [interprétation]
25 Q. Monsieur Seselj, ici, on a entendu plusieurs fois quelque chose que je
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1 ne parviens pas tout de suite à trouver dans votre interview. J'espère que
2 vous alliez pouvoir m'aider. On a dit que vous aviez été en faveur de
3 l'expulsion des Albanais du Kosovo-Metohija. Vous aviez prôné ce genre de
4 chose, cependant, d'après ce que je vous ai entendu dire, vous étiez en
5 faveur de l'expulsion des immigrants de l'Albanie, mais il fallait pour
6 cela respecter deux conditions : il fallait qu'il soit Albanais,
7 ressortissants étrangers, et qu'ils se comportent d'une façon qui soit une
8 incitation aux séparatistes. Est-ce que vous pourriez retrouver ce passage
9 dans l'interview ?
10 R. On n'était peut-être pas dans cette interview-ci. C'était peut-être
11 ailleurs, mais c'est au fond la substance de tout ce que j'ai dit en
12 public. Vous le savez, j'ai publié le texte de toutes mes interviews, que
13 ce soit à la radio ou à la télévision, rien dont je devrais avoir honte. Je
14 n'ai honte de rien de ce que j'ai pu dire ou que ce soit et à propos de
15 quoi que ce soit. Aucune raison de retirer ce que j'ai dit.
16 Parce qu'au fond, cela revient à dire quoi ? Depuis des décennies,
17 l'Albanie se trouvait dans un régime staliniste avec à sa tête, Enver
18 Hoxha. C'était intolérable pour la population albanaise. Souvent, les
19 Albanais ont fui en Serbie. Les autorités serbes dans toute la Serbie, mais
20 aussi au Kosovo-Metohija, ont accueilli tous ces réfugiés albanais. Jamais
21 on a douté de la nécessité de garantir leur protection et de tout ce dont
22 ils avaient besoin pour survivre. Mais, ce qui s'est passé, c'est qu'un
23 certain nombre de ces réfugiés, ils étaient peut-être nombreux, dès qu'ils
24 ont été accueillis en Serbie, ils ont commencé à œuvrer, motivés par une
25 attitude séparatiste contre la Serbie. Ils ont trouvé asile, refuge en
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1 Serbie, puis, ils voulaient annexer une partie de la Serbie. Aucun pays ne
2 tolérait des immigrants étrangers sur leur territoire, étrangers qui
3 oeuvreraient contre leurs intérêts nationaux.
4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous avez tendance à être un peu
5 long dans vos réponses. Lorsque j'estime que vous avez suffisamment répondu
6 à la question, je vais vous arrêter.
7 Poursuivez, Monsieur Milosevic.
8 LE TÉMOIN : [interprétation] Je veux que mes réponses soient le plus
9 claires possible. C'est ce que j'essaie de faire. Excusez-moi si je suis
10 trop long, trop détaillé parfois.
11 M. MILOSEVIC : [interprétation]
12 Q. C'est ce que je voulais voir établir. En effet, très souvent, on a
13 affirmé qu'on essayait d'encourager à l'expulsion des Albanais du Kosovo.
14 Mais, pour répondre à la première question, est-ce que vous pourriez
15 prendre la page 300, trois paragraphes après le premier paragraphe que nous
16 avons cité ? Là où vous répondiez à la première question qui était posée
17 par le journaliste.
18 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Attendez pour commencer que nous
19 ayons trouvé le passage.
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Oui, page 300 dans le livre, mais c'est la
21 réponse que le témoin donne à la première question. Vous allez facilement
22 le trouver. Quatrième paragraphe. J'ai cité le début de ce paragraphe.
23 C'est là que vous dites, Monsieur Seselj, je vous cite : --
24 M. NICE : [interprétation] Je suppose que c'est l'intercalaire 3, et que
25 c'est le bas de la première page.
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous remercie de ce détail,
2 Monsieur Nice.
3 Monsieur Milosevic, vous auriez dû faire tout cela vous-même. C'est vous --
4 L'ACCUSÉ : [interprétation] Mais je vous l'ai dit --
5 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] C'est vous qui devriez trouver la
6 page équivalente dans la version anglaise afin que nous puissions
7 progresser rapidement et sans heurts.
8 Maintenant, allons-y, poursuivons.
9 L'ACCUSÉ : [interprétation] C'est le quatrième paragraphe de la première
10 réponse -- quatrième paragraphe. Nous avons déjà cité la première phrase de
11 ce paragraphe, là où vous dites ceci : "Nous sommes en faveur de dialogue.
12 Les trois grands partis politiques se sont vus sans cesse offrir le
13 dialogue."
14 C'est ce que je voulais préciser. Par la suite, on dit : "Nous
15 n'avons pas du tout l'intention de nier à ces partis leurs libertés et
16 leurs droits civiques et politiques, mais ils doivent être loyaux envers
17 l'Etat où ils vivent, et pour ce qui est des citoyens qui ne sont pas nos
18 citoyens, ils n'ont pas de place dans ce pays. Ils devront partir."
19 C'est là-dessus que portait ma question. Ici, vous posez deux conditions
20 qui s'accumulent. Il faut qu'ils ne soient pas nos ressortissants et qu'ils
21 aient une attitude séparatiste. A ce moment-là, on doit leur refuser notre
22 hospitalité. Est-ce que c'est normal dans le monde ?
23 R. Tout à fait. Nous ne pouvons pas chasser, expulser nos propres citoyens
24 même si nous en avions l'intention. Ce qui s'est passé récemment au
25 Monténégro, vous avez Djukanovic qui a remis un de ses compatriotes à un
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1 autre pays. C'est quelque chose d'inimaginable. Il est impossible
2 d'expulser ses propres citoyens. Si ceux-ci sont en contravention de la
3 loi, il faut les juger, les traduire en justice. Ils peuvent être
4 emprisonnés, mais bons ou mauvais, ils font parties de nous. Ces Albanais,
5 même si ce sont des terroristes, ils seront expulsés. Mais si ce sont nos
6 ressortissants, ils ne seront. Vous, vous avez été capturé à Belgrade. Vous
7 avez été traduit à La Haye. Mais avant cela, personne n'a jamais subi ce
8 sort. C'était quelque chose de sacro-saint. Nos citoyens ne sauraient être
9 extradés ou chassés. S'ils sont jugés coupables, ils doivent purger leur
10 peine. Même pendant la dictature communiste, personne n'a été chassé de
11 Yougoslavie. D'autres pays communistes ont chassé leurs ressortissants,
12 mais jamais la Yougoslavie ne l'a fait.
13 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Il n'y a pas que les pays communistes
14 qui ont extradé leurs citoyens. C'est là une pratique tout à fait courante
15 de par le monde.
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Si un pays veut extrader ses citoyens ou son
17 citoyen ailleurs, est-ce que vous connaissez un cas où l'Angleterre aurait
18 extradé ou chassé un de ses ressortissants ? Je n'en connais pas de cas. Je
19 respecte très vivement le système judiciaire britannique.
20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] C'est quelque chose de tout à fait
21 courant dans des pays de "common law". C'est là quelque chose de tout à
22 fait ordinaire dans bon nombre de pays où s'applique la "common law".
23 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Ne serait-ce que pour des crimes
24 économiques.
25 LE TÉMOIN : [interprétation] Vous voulez dire chasser ses propres citoyens.
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Vous déformez mon commentaire. Je
2 parle d'extradition aux fins de jugement. C'est là quelque chose de tout à
3 fait pratique. Si un citoyen d'un pays commet une infraction, un crime dans
4 un pays, il peut être jugé dans ce pays-là. Il y a bon nombre d'instruments
5 juridiques du droit international qui le permet.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] Je ne connais aucun cas où la Grande-Bretagne
7 aurait extradé un de ses citoyens pour qu'il soit jugé dans un pays
8 étranger. Vous pourriez peut-être m'éclairer sur la question, j'en serais
9 forte aise. Mais ici, nous parlons de l'expulsion de citoyens.
10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] J'ai fait beaucoup de droit de
11 l'extradition, et pour vous instruire, je vais vous envoyer une liste des
12 affaires concernées.
13 Poursuivez, Monsieur Milosevic.
14 M. MILOSEVIC : [interprétation]
15 Q. Monsieur Seselj, quatre pages plus loin, j'espère, enfin je dis quatre
16 pages plus loin, j'espère que vous pourrez retrouver le passage qui
17 m'intéresse. Vous parlez d'organisations du droit international
18 humanitaire. C'est la page 304 de votre ouvrage.
19 R. Oui, j'ai trouvé le passage.
20 L'ACCUSÉ : [interprétation] Monsieur Robinson, vous l'avez trouvé ? "Des
21 organisations de droit international humanitaire qui ont demandé à pouvoir
22 aller dans la région afin d'aider les personnes enlevées," disent-elles.
23 M. MILOSEVIC : [interprétation]
24 Q. La raison invoquée, c'est que ces organisations veulent porter
25 assistance à ceux qui ont été enlevées.
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1 R. Voici ce qui s'est passé : Les terroristes albanais ont enlevé un grand
2 nombre de Serbes, mais les terroristes ont aussi enlevé beaucoup d'Albanais
3 qu'ils ont liquidés. Apparemment, on l'a pris plus tard. Il y a eu chantage
4 qui a été exercé, enlèvement. A ce moment-là, des organisations de droit
5 international humanitaire se sont offertes pour servir d'intermédiaire pour
6 négocier avec les terroristes albanais afin que ce soit assuré la
7 libération de ces terroristes. C'étaient des Albanais, des Rom, des Serbes,
8 notamment.
9 Je trouvais cela mauvais parce que je pensais que c'étaient d'organisations
10 qui nous espionnaient. Ils nous espionnaient pour les ennemis de la Serbie.
11 Elles travaillaient contre la Serbie. Elles concoctaient toute sorte de
12 choses qu'elles colportaient dans les médias internationaux. C'est de cette
13 façon-là que ces organisations ont opéré au Kosovo-Metohija. Manifestement
14 ou de façon extérieure, elles s'occupaient de travail humanitaire mais
15 elles avaient des intérêts cachés.
16 C'est que nous avons vu en pratique. Il y a eu des espions étrangers qui
17 ont été envoyés sous forme de missionnaires religieux. Je ne me souviens
18 pas de l'un d'entre eux. Il s'appelait David. Il était chef de la CIA à
19 l'ambassade américaine à Belgrade. La première fois qu'il a mis le pied sur
20 notre territoire c'était sous forme de missionnaire de l'Eglise des
21 Adventistes. Il a essayé d'obtenir de Momcilo Perisic qu'il travaille pour
22 lui et cela a fait tout un scandale à Belgrade.
23 Il y a eu beaucoup d'ONG qui ont fait du mauvais travail. Il y en a
24 certaines qui ont fait du bon travail, mais elles étaient minoritaires. Je
25 n'ai jamais fait confiance à ces organisations humanitaires
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1 internationales.
2 Il s'appelait David Neighbour. Maintenant, je m'en souviens.
3 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je crois qu'il y a deux questions que
4 vous soulevez dans voter réponse. D'abord, il y a des informations qui sont
5 déformées. Vous dites qu'il y a des choses qui sont communiquées dans les
6 médias internationaux à propos d'événements et ce sont des informations
7 erronées, puis, vous parlez d'espionnage. C'est ceci qui m'intéresse : sur
8 quoi vous appuyez-vous pour dire qu'il y a eu dans les organisations
9 humanitaires internationales des gens qui faisaient de l'espionnage en
10 Serbie ? Cela veut dire que ce serait des agents secrets.
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Il est arrivé souvent, par exemple, que
12 l'armée de la République Srpska, à l'occasion de fouille auprès de membres
13 d'organisations internationales, trouve des armes illicitement envoyées à
14 la partie adverse.
15 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Ne mêlons pas tout ce qui s'est
16 produit. Restons au Kosovo. C'est du Kosovo que nous sommes en train de
17 parler.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Je suis en train de vous présenter une
19 position politique en ma qualité de vice-premier ministre qui date de
20 juillet 1998, et qui date donc d'avant la guerre. J'ai une position
21 politique défavorable.
22 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Je ne veux pas entendre votre position
23 politique. Je veux savoir quelle est la base factuelle pour affirmer qu'au
24 Kosovo les organisations humanitaires internationales ont été impliquées
25 dans de l'espionnage. Restez à la question concrète que je vous ai posée.
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Certes, mais vous oubliez, Monsieur Bonomy,
2 que je suis ici pour témoigner à l'occasion d'une déclaration que j'aurais
3 faite, et non pas quoi au sujet d'éléments de preuve que disant qu'ils ont
4 effectivement espionné, parce qu'en ma qualité de vice-président du
5 gouvernement --
6 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Non, vous n'êtes pas ici pour nous
7 formuler des déclarations, ce qui serait tout à fait inapproprié. Vous êtes
8 ici pour répondre à des questions dans cette affaire-ci. Je vous pose une
9 question concrète et j'aimerais obtenir une réponse concrète.
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Mais je vous réponds. Ma position politique en
11 1998 date du mois de juillet de cette année-là, et cela dit que ces
12 organisations non gouvernementales étrangères sont des organisations qui
13 ont fait de l'espionnage. Vous voulez maintenant que j'appuie cette
14 position avec des faits concrets, comme si je l'avais allégué devant un
15 tribunal. J'ai dit cela dans une émission radio et j'ai présenté cela comme
16 une position qui a été à l'époque la mienne et qui l'est de nos jours.
17 Maintenant, vous me demandez des éléments de preuve. Mais j'aurais besoin
18 de plusieurs mois pour collecter tous ces éléments de preuve tels que vous
19 les demandez, Monsieur Bonomy.
20 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Donc, vous n'avez pas de base
21 factuelle à présenter aux Juges de cette Chambre pour appuyer votre
22 allégation aux termes de laquelle les organisations humanitaires
23 internationales seraient impliquées dans des activités d'espionnage ?
24 LE TÉMOIN : [interprétation] Non, j'ai des bases factuelles. Mais pour vous
25 la présenter, il faudrait que je puisse contacter mes conseillers, mes
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1 collaborateurs. Il faudrait que cela me soit communiqué depuis Belgrade.
2 Peut-être l'ignorez-vous, mais depuis deux mois, j'ai été coupé de tous mes
3 contacts là-bas. Mais je suis en train de dire ici qu'en 1998, mon opinion
4 en qualité de vice-premier ministre a été précisément celle-là.
5 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Très bien. Nous pouvons prendre ceci
6 comme tel en ce moment-ci. Merci.
7 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, oui.
8 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'espère que pendant la durée du témoignage de
9 M. Seselj ici, il me sera donné la possibilité de lui présenter ces
10 éléments-là pour qu'il fournisse les explications qu'il veut fournir. Il se
11 trouve en situation difficile parce qu'il n'a aucune possibilité de
12 communiquer, il n'a pas la possibilité de se procurer quelque document que
13 ce soit.
14 M. MILOSEVIC : [interprétation]
15 Q. Mais j'espère, Monsieur Seselj, que vous vous souviendrez de
16 l'Australien appartenant à l'organisation CARE qui a fait de l'espionnage,
17 chose constatée par notre police.
18 R. C'est pendant la guerre, pendant les bombardements ?
19 Q. Je ne me souviens pas de la date, mais je sais que Sali Beqa [phon] a
20 transporté des armes pour l'UCK. Il y a des documents qui le confirment. Il
21 n'y a pas de préoccupations à se faire à ce sujet.
22 M. NICE : [interprétation] Cela, c'est une allégation et une question
23 directrice.
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui, c'est une question directrice.
25 Vous êtes en train de faire une déclaration et de fournir une réponse aux
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1 questions que vous voulez poser par la suite, Monsieur Milosevic. Allez de
2 l'avant.
3 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Robinson, je voudrais --
4 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vous interromps. Nous avons fini
5 de traiter de cette question.
6 Monsieur Milosevic, je vous prie d'aller de l'avant.
7 L'ACCUSÉ : [interprétation] Très bien, Monsieur Robinson.
8 M. MILOSEVIC : [interprétation]
9 Q. Dans cette interview et dans bon nombre d'interventions au public, vous
10 en avez parlé. Je crois qu'il ne s'agit pas seulement de vous ici, mais
11 également de la politique qui a été conduite à l'égard du Kosovo. En somme,
12 je voudrais maintenant que nous déterminions autre chose : est-ce que les
13 efforts déployés par le gouvernement de la Serbie, et d'une manière
14 générale déployés par les structures politiques de la Yougoslavie, moi
15 compris, et les autorités yougoslaves en général, est-ce que cela, en
16 somme, était une tentative de négocier avec les représentants politiques
17 des Albanais du Kosovo-Metohija ? Cela n'a-t-il pas constitué une réaction
18 à la demande formulée par la résolution du conseil de Sécurité portant sur
19 le Kosovo-Metohija, ou est-ce que cela a constitué une initiative du
20 gouvernement de la Serbie ? Vous en souvenez-vous ? Avez-vous des
21 connaissances claires ? Que savez-vous nous en dire ?
22 R. Je m'en souviens très bien, parce que le gouvernement de la Serbie,
23 avant que cette demande ne soit formulée depuis l'extérieur, ce
24 gouvernement a créé un groupe constitué par des responsables éminents pour
25 faire une équipe de négociation avec les partis politiques albanais et
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1 autres partis au Kosovo-Metohija. A plusieurs reprises, nous avons convoqué
2 des entretiens de ce genre. Il y a eu beaucoup de déplacements, une
3 vingtaine. Je ne m'en souviens plus.
4 Nous avons sans cesse insisté sur la nécessité de ces entretiens, mais la
5 réponse était plutôt faible. Bon nombre de partis politiques au
6 Kosovo-Metohija ont accepté l'initiative. Le Parti turc, le Parti romani,
7 et même deux partis albanais. Mais ce n'étaient pas des partis politiques
8 massifs. Ces deux partis politiques albanais ont accepté cette initiative,
9 mais les partis principaux, suite aux instructions venant de l'occident,
10 ont refusé, ont rejeté toutes les initiatives pour ce qui est des
11 négociations. C'est ce qui s'est produit à Rambouillet. Sous la pression
12 des forces occidentales, le parlement a décidé que notre délégation devait
13 aller à Rambouillet. Le Parti radical serbe ne voulait pas que l'on se
14 déplace vers Rambouillet. Nous savions qu'il y avait là une supercherie.
15 Mais notre délégation y est allée. Une délégation albanaise y est allée,
16 mais il n'y a jamais eu de rencontre mutuelle entre ces deux délégations.
17 Il n'y a pas eu une seule réunion conjointe entre les deux.
18 Q. Donc, il n'y a pas eu de négociations vous voulez dire ?
19 R. Non, il n'y a pas eu de négociations. Il n'y a que les médiateurs
20 occidentaux qui étaient là pour faire exercer des pressions sur la partie
21 serbe pour qu'elle accepte des choses qui ne lui étaient pas acceptables.
22 Q. Bien. A l'intercalaire 20, nous avons le texte de la Résolution 1160 du
23 conseil de Sécurité. Je ne veux pas que nous l'étudions en particulier,
24 parce que nous n'avons pas le temps de le faire, et celle-ci n'a pas une
25 importance cruciale pour ce dont nous sommes en train de parler. Mais
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1 j'aimerais que nous déterminions quand est-ce que la communauté
2 internationale a demandé à ce qu'il y ait des négociations, aux fins de
3 déterminer que cette résolution a été adoptée à la date qui y figure, à
4 savoir le 28 mars 1998. Je parle de la Résolution 1160.
5 R. Notre délégation se trouvait déjà à Pristina pour réclamer des
6 entretiens.
7 Q. Je voulais que nous le déterminions.
8 R. Non. Je crois que le 28, elle y était.
9 Q. Est-ce que vous vous souvenez quand est-ce que j'ai signé un document
10 sur la normalisation du système éducatif ?
11 R. Cela s'est fait deux ou trois ans avant, avec la médiation d'une
12 organisation du Vatican.
13 Q. Oui, de Saint-Eugide.
14 R. [aucune interprétation]
15 Q. Cela s'est passé en 1995 et cela a été publié par tous les journaux.
16 R. Oui, cela s'est passé deux ans et demi avant ou trois ans avant.
17 Q. Ma question, Monsieur Seselj, était celle de savoir si les tentatives
18 de nos autorités qui visaient à négocier avec les représentants de la
19 partie albanaise ont constitué une conséquence aux demandes formulées par
20 les Nations Unies par cette résolution ou est-ce que cela s'est fait bien
21 avant ? Est-ce que nous avons donc constaté qu'est-ce qui a été à l'origine
22 et qu'est-ce qui s'est produit par la suite ?
23 R. Tous les facteurs intérieurs ont souhaité la stabilisation de la
24 situation à l'intérieur. Personne en Serbie ne voyait d'un bon œil le
25 boycottage des Albanais pour ce qui est des processus politiques, le
Page 42934
1 boycott des élections. Tout le monde ressentait cela comme un problème qui
2 était susceptible d'empirer. Nous avons insisté sur la nécessité de ces
3 partis albanais de se présenter aux élections. Du fait de leur nombre, ils
4 pouvaient avoir un grand nombre de députés au parlement de la république ou
5 au parlement de la fédération. Donc, ils pouvaient faire partie du
6 gouvernement fédéral et du gouvernement de la République. Nous avions déjà
7 été disposés à déterminer un quota de ministres qui devaient forcément être
8 du groupe ethnique albanais afin d'avoir une représentation des meilleurs
9 et des plus adéquats pour ce qui est de la solution à ce problème. Personne
10 en Serbie n'avait intérêt à voir les Albanais absents des processus
11 politiques parce que nous savions qu'ils étaient soumis à des manipulations
12 de l'extérieur et nous savions quels sont les plans qu'avait l'Amérique.
13 Certains ont compris cela tardivement, certains l'ont compris avant. Je
14 crois pouvoir me vanter d'avoir été parmi les premiers à avoir compris les
15 plans de l'occident s'agissant de ce qui se produisait chez nous.
16 Q. Monsieur Seselj, nous avons mentionné cet accord avec Rugova et nous
17 avions parlé de cette tentative d'apporter une solution au système
18 éducatif. Vous avez vous-même parlé des négociations avec les représentants
19 politiques des Albanais et vous avez parlé des négociations politiques avec
20 les représentants des autres communautés ethniques. Alors, étant donné que
21 ces communautés ethniques telles que définies là-bas, à savoir, communautés
22 de Turcs, de Musulmans, de Gorani, de Rom, d'Egyptiens, et autres, mis à
23 part donc les Serbes, Monténégrins et Albanais, est-ce que l'on a omis de
24 manifester une position positive de la part de quelque autre communauté
25 ethnique que ce soit au Kosovo-Metohija s'agissant des initiatives en
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1 provenance du gouvernement de Serbie dans le sens de la recherche d'une
2 solution politique ?
3 R. Toutes les communautés ethniques ont accepté les négociations, le
4 dialogue, et les entretiens. Bon nombre sont passés outre le fait qu'au
5 Kosovo-Metohija, il n'y avait pas que des Serbes et des Albanais. Il y a
6 eu, avant l'occupation de l'OTAN là-bas, quelque 100 et quelques milliers
7 de Musulmans parlant la langue serbe. Il y avait quelque 80, 90 000 Turcs
8 qui sont depuis longtemps là-bas et qui vivaient dans le secteur de
9 Prizren. Puis, quelque 60 000 Gorani. C'est un peuple d'origine serbe de
10 confession islamique et qui parle le serbe, mais ils ont des noms et
11 prénoms albanais. Le processus d'albanisation n'a pas été effectué jusqu'au
12 bout, et ils ont fait partie d'une communauté ethnique à part. Il y avait
13 en plus, plus de 200 000 Rom à y vivre. Il y a eu une grande mystification
14 pour ce qui est du nombre véritable des Albanais. Les Albanais ont boycotté
15 le recensement de 1991 et lorsqu'ils ont fait le recensement eux-mêmes
16 auparavant, ils ont forcé les membres des autres groupes ethniques à se
17 prononcer comme Albanais, notamment lorsqu'il s'agissait de personnes de la
18 confession musulmane. Ce qui fait que bon nombre de Rom, Musulmans et Turcs
19 ont dû forcément se déclarer comme étant albanais. Par la suite, lorsque la
20 situation a évolué, ceux qui ont fait partie d'autres groupes ethniques
21 n'ont plus voulu, sous la force, se déclarer comme étant ceux qu'ils
22 n'étaient pas. Les forces occidentales, elles, ont dédaigné d'admettre
23 l'existence d'autres groupes ethniques. Il y avait même quelques dizaines
24 de milliers de personnes qui se déclaraient comme étant des Egyptiens,
25 parce que leur tradition disait que leurs prêtres, il y a quelque centaines
Page 42936
1 d'années, étaient arrivés de l'Egypte. Mais chacun a le droit de se
2 déclarer comme bon lui semble.
3 Ce qui fait qu'il était évident qu'il y a eu un mépris de tous les
4 intérêts ethniques de groupements qui n'étaient pas disposés à être
5 instrumentalisés par les forces occidentales contre la Serbie. Tous ces
6 gens ont été complètement dédaignés et ils ont partagé le sort du peuple
7 serbe ultérieurement.
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci, vous avez répondu à la
9 question.
10 Monsieur Milosevic, nous allons faire une pause à présent, une pause
11 de 20 minutes.
12 --- L'audience est suspendue à 12 heures 15.
13 --- L'audience est reprise à 12 heures 40.
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Veuillez continuer, Monsieur
15 Milosevic.
16 M. MILOSEVIC : [interprétation]
17 Q. Monsieur Seselj, j'aimerais que nous revenions brièvement au livre, "Le
18 peuple et le nouvel ordre mondial," qui a déjà été versé au dossier ici, et
19 c'est ce qui figure à l'intercalaire 25.
20 Tout à l'heure, vous nous avez parlé des décisions du parlement de
21 l'assemblée populaire de la République de Serbie, et j'attire votre
22 attention --
23 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Pour les besoins du compte rendu
24 d'audience, il s'agit des parties 13 et 14 qui sont versées au dossier, pas
25 la totalité de cet intercalaire 25.
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1 L'ACCUSÉ : [interprétation] J'ai cru comprendre que vous avez versé au
2 dossier les intercalaires 13 et 14. Je n'ai pas compris que vous aviez
3 versé que ces chapitres-là.
4 M. MILOSEVIC : [interprétation]
5 Q. Je parle maintenant des conclusions de l'assemblée populaire, chapitre
6 19. Je voudrais que nous nous référions aux éléments principaux contenus
7 par ce chapitre, étant donné que cela se trouve en corrélation directe avec
8 les efforts déployés aux fins d'avoir des négociations et d'aboutir à des
9 résultats par les voies pacifiques. Dans ce chapitre numéro 19, vous parlez
10 --
11 M. LE JUGE KWON : [interprétation] Page 60.
12 M. MILOSEVIC : [interprétation]
13 Q. Au tout début, vous dites que la décision de faire voyager la
14 délégation du gouvernement de la Serbie à Paris a été prise le 4 février
15 1999, suite à un débat sur les problèmes aigus dus au Kosovo-Metohija, et
16 les menaces agressives de l'OTAN et suite aux initiatives du Groupe de
17 contact. Après quoi, il a eu adoption de conclusions qui ont condamné les
18 menaces de l'OTAN à l'égard de l'Etat serbe et du peuple serbe en
19 constatant que cela est soutenu directement le séparatisme et le
20 terrorisme, et que cela a été contraire aux phrases déclaratives favorables
21 à la recherche d'une solution pacifique aux problèmes. Avez-vous retrouvé
22 ce passage ?
23 R. Oui. Je tiens à vous rappelez, Monsieur Milosevic, qu'avant cela nous
24 avons eu un document concerté et rédigé entre les différents partis en
25 Serbie qui ont traité de la solution de ce problème. Là-bas, tous les
Page 42938
1 partis politiques de la Serbie ont pris une position commune et ont pris
2 une initiative conjointe. L'un des éléments de cette initiative conjointe a
3 visé à faire en sorte du Kosovo-Metohija une province avec un parlement à
4 deux chambres. Un conseil des citoyens où les députés seraient élus suivant
5 un principe proportionnel, et là, les Albanais auraient la majorité
6 puisqu'ils sont majoritaires, ainsi qu'une chambre des communautés
7 ethniques où chaque communauté ethnique aurait le même nombre de
8 représentants afin qu'il n'y est pas de mise en minorité systématique. Il y
9 aurait là les Musulmans, les Gorani, les Rom, les Egyptiens, et les autres.
10 Q. Ce principe a été le principe fondamental de représenter par notre
11 délégation en Rambouillet.
12 R. Oui. Notre délégation n'a eu aucune opportunité, aucune occasion de le
13 présenter étant donné qu'elle n'a pas eu de rencontre avec les
14 représentants des partis politiques albanais du Kosovo. A Rambouillet, les
15 pays occidentaux n'ont fait qu'exercer des pressions sur notre délégation
16 afin que celle-ci accepte l'advenant B de l'accord de Rambouillet, si mes
17 souvenirs sont bons, et qui se résume au libre déplacement des troupes de
18 l'OTAN sur tous les territoires de la Serbie et du Kosovo-Metohija, qui
19 signifierait l'occupation pure et simple du Kosovo-Metohija, chose que
20 personne ne saurait accepté en Serbie.
21 S'agissant maintenant de cette réunion du parlement que vous avez mentionné
22 ici, aussi les positions étaient prises à l'unité. Le parlement tout en
23 entier avec les parties au pouvoir et les parties de l'opposition, et je
24 précise, que pour ce qui est de cette initiative, les partis de
25 l'opposition ont également pris part aux travaux. Donc, en plus, des trois
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1 partis qui font partie du gouvernement de l'unité nationale, et il y avait
2 d'autres partis en provenance du Kosovo-Metohija, et il y avait le
3 Mouvement du Renouveau serbe, il y avait la nouvelle démocratie, et
4 l'alliance des Hongrois de Vojvodine. Tous ces partis ont été d'accord pour
5 aboutir à un consensus de tous les facteurs politiques à Serbie sur cette
6 question.
7 Q. Je vous prie maintenant de consulter la fin de ce chapitre 19, et à
8 compter de la fin, remonter de quatre paragraphes. Il est question du
9 "séparatisme et du terrorismes albanais --
10 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Milosevic, attendez que
11 nous retrouvions le passage. Vous avez dit page 62.
12 L'ACCUSÉ : [interprétation] C'est le quatrième paragraphe à compter de la
13 fin du chapitre où cela commence par : séparatisme et terrorisme albanais.
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
15 M. MILOSEVIC : [interprétation]
16 Q. "En sa guise de stades les plus élevés qui ont généré la crise actuelle
17 au Kosovo et qui sont le principal obstacle à l'aboutissement à une
18 solution politique, s'agissant de tous les efforts, de toutes les offres,
19 et toute la bonne volonté de l'Etat pour ce qui est d'avoir un dialogue
20 politique et de rechercher avec les autres des solutions, les partis
21 séparatistes albanais et leurs leaders ont répondu par des refus et par des
22 obstructions. Une position de cette sorte de leur part a encouragé la
23 continuation des comportements et des crimes des bandes terrorismes. Ils
24 ont abusé du respect des accords de la part de notre Etat et la présence de
25 la Mission de vérification de l'OSCE pour continuer avec leurs crimes."
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1 Puis, vous dites que l'Etat d'Albanie lui aussi est impliqué dans les
2 opérations agressives contre la République fédérale de Yougoslavie et la
3 République de Serbie au Kosovo-Metohija.
4 Ici, vers la fin de ce paragraphe il est dit que : "Les forces occidentales
5 n'ont jamais réagi à cela alors que l'OSCE n'a pas encore complété sa
6 Mission de vérification quoi qu'entre-temps, il y a eu escalade des
7 opérations terroristes. Dans les affaires mondiales, il y a eu une
8 politique de deux poids et de mesures pour empêcher efficacement de
9 condamner de façon sérieuse toutes les activités terroristes des
10 séparatistes albanais au sein du conseil de Sécurité des Nations Unies."
11 Est-ce que c'était à l'époque quelque chose de notoirement connu ?
12 R. Oui. Monsieur Milosevic, vous avez signé un accord avec Hill, le
13 représentant américain, et si mes souvenirs sont bons, cela s'est fait en
14 octobre 1998. Partant de cet accord-là, la Mission d'observation de l'OSCE
15 devait s'installer au Kosovo-Metohija avec une mission tout à fait
16 concrète. A sa tête il y avait un américain, William Walker.
17 Q. Juste une petite rectification. C'est vous qui avez fait un lapsus.
18 L'accord a été signé avec Holbrooke, pas avec Hill.
19 R. Oui, avec Holbrooke. Mais la substance est celle qui importe. Il se
20 peut que je me trompe de nom parfois. Alors, cette mission a rapidement
21 montré son véritable visage. Au lieu de surveiller, de servir
22 d'intermédiaire pour rechercher des solutions pacifiques, cette mission a
23 dès le départ commencé à remettre sur pied l'organisation albanaise
24 terroriste que notre police avait pratiquement mise dans la déroute. En
25 1998, pratiquement tous les groupes terroristes ont été liquidés, brisés,
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1 ou disséminés dans la nature.
2 Or, la mission de l'OSCE, sous la direction de William Walker, dès le
3 premier jour, a commencé à les rassembler à nouveau, à les placer sous sa
4 protection, à les réorganiser et à les préparer pour servir d'infanterie de
5 l'OTAN avant l'agression qui allait survenir par la suite. Ce sont nos
6 services de renseignements qui nous l'ont dit. En ma qualité de vice-
7 président du gouvernement, je recevais cela quotidiennement comme
8 information au niveau du cabinet du premier ministre. C'est ainsi que nos
9 organes de l'Etat ont pu suivre les activités de l'OSCE et son objectif
10 principal qui visait à remettre sur pied cette organisation terroriste
11 albanaise, et il s'est avéré qu'ils ont remis effectivement sur pied cette
12 organisation terroriste.
13 Q. Je vous demande de vous pencher sur le paragraphe suivant. Pas le
14 paragraphe suivant, non. C'est le troisième paragraphe à compter de la fin
15 de ce chapitre et qui dit :
16 "Un tel comportement des pays occidentaux de par son essence a constitué un
17 soutien franc au séparatisme et au terrorisme, un soutien et une aide aux
18 activités criminelles. En sus de cela, par des appréciations construites de
19 toute pièce et inexactes disant que l'armée et la police recouraient à la
20 force de façon exagérée visaient à empêcher les forces légitimes de la
21 défense du peuple et de l'Etat de réagir contre les terroristes de façon
22 adéquate comme le font la police et l'armée de tous les pays du monde
23 lorsqu'ils font face à ce grand mal."
24 Aviez-vous connaissance de cette répétition éternelle qui disait que notre
25 armée et notre police avaient un recours de façon excessive à la force ?
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1 R. Oui. Au quotidien, toute opération de notre police avait été qualifiée
2 de répression vis-à-vis de ces villes, chacune d'entre elles. Nous avons
3 chaque fois été accusés d'un recours excessif à la force alors que personne
4 n'a jamais tiré au clair ce que cela pouvait bien vouloir dire, parce que
5 quand vous avez face à vous des terroristes, il faut recourir à une force
6 suffisante pour détruire ces terroristes et non pas une force qui vous
7 rendrait égal, qui vous mettrait sur un pied d'égalité avec les terroristes
8 pour avoir un résultat ex aequo. Les mesures politiques n'ont pas été
9 qualifiées de noms comme elles se devaient. On a parlé d'assassinats, de
10 meurtres, d'actes d'enlèvements, mais chaque fois que les terroristes
11 albanais tuaient un Serbe ou un autre membre d'un autre groupe ethnique
12 quelconque, il fallait tenir compte du fait aussi qu'un grand nombre
13 d'Albanais a été tué par cette organisation terroriste albanaise qui
14 s'appelait l'UCK. Un grand d'Albanais aussi. Alors, ces enlèvements et ces
15 meurtres au quotidien étaient qualifiés de provocations. Ce n'étaient pas
16 de provocations. C'étaient les pires des crimes.
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Seselj, je crois que vous
18 venez de soulever un point important lorsque vous avez parlé de force
19 adéquate, à la différence de ce qui constituait un recours à la force
20 excessive, et l'affirmation selon laquelle il y a eu usage excessif de la
21 force.
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Monsieur Robinson, je crois avoir, à chaque
23 fois, parlé de choses importantes. Je ne pense avoir parlé de choses
24 dénuées d'importance.
25 Alors, définissons ce que c'est qu'un recours à la force. Est-ce
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1 qu'on va compter le nombre de balles qui ont été tirées ? Qu'est-ce qu'on
2 qualifie par usage excessif à la force ? Nous n'avons jamais attaqué les
3 villages albanais avec du napalm ou avec des armes de cette nature. La
4 force utilisée a été proportionnée aux frappes terroristes et à l'objectif
5 qui visait à briser, à détruire ces forces terroristes. Chaque fois où il y
6 a eu des meurtres ou morts de civils, c'était la faute des terroristes
7 parce qu'ils se sont efforcés de se servir d'eux en guise de boucliers
8 humains. Jamais les organes de la police, les organes de l'intérieur n'ont
9 jamais exposé les civils à des tirs. Je vous le garantis en ma qualité de
10 vice-premier ministre de l'époque. La police a, chaque fois, veillé à
11 protéger les civils.
12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci. Nous allons nous pencher sur
13 les éléments de preuve à ce sujet.
14 Continuez, Monsieur Milosevic.
15 M. MILOSEVIC : [interprétation]
16 Q. Est-ce qu'en 1998 et début 1999, vous vous êtes déplacé vers le
17 Kosovo-Metohija ?
18 R. J'ai déjà dit qu'en 1998, j'ai visité la plupart des localités du
19 Kosovo-Metohija. J'ai visité certaines unités militaires et celle de la
20 police. J'ai rencontré des Albanais, non seulement les Serbes. Vers le mois
21 de janvier, en ma qualité de vice-premier ministre du gouvernement de
22 Serbie, j'ai pris part à une session du gouvernement de la République de
23 Serbie au Kosovo qui s'est tenue à Pristina. Le gouvernement s'est donné
24 rendez-vous et a tenu sa réunion à Pristina. Je crois que dans les
25 documents de l'époque, on retrouvera un rapport à ce sujet.
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1 Q. On retrouvera cela facilement. Mais dites-moi quelles sont les régions
2 du Kosovo-Metohija que vous avez visitées ?
3 R. J'ai souvent été du côté de Pec. C'est là que les activités terroristes
4 se sont faites les plus intenses. J'ai été à Decane, à Djakovica. Je suis
5 allé à la municipalité d'Orahovec et autres, mais je suis allé dans
6 d'autres localités aussi bien.
7 Q. Dites-moi maintenant comment s'est comportée la police ? Vous avez
8 visité les effectifs de la police ?
9 R. Oui.
10 Q. Quelle est la façon dont la police est intervenue ?
11 R. La police est intervenue conformément aux instructions du gouvernement
12 serbe et en application du règlement régissant ces activités de façon très
13 stricte. Je n'ai jamais rencontré un seul cas d'abus de fonctions ou
14 d'usage excessif de la force dont il a été question. Elle avait pour
15 mission de protéger les civils indépendamment de leur appartenance
16 ethnique, de préserver l'ordre public et de détruire les terroristes à
17 chaque fois qu'ils faisaient leur apparition. Bien entendu, nous avons pour
18 objection d'arrêter, d'emprisonner les terroristes et jamais de les tuer.
19 Mais, les combats étaient si violents qu'il y a eu forcément des victimes,
20 et nous avons compté bon nombre de victimes parmi les policiers également.
21 Q. Il y a suffisamment de renseignements à ce sujet. Dites-moi, quel a été
22 le comportement de l'armée que vous avez visitée au Kosovo-Metohija ?
23 R. L'armée est intervenue au niveau de la frontière essentiellement. Elle
24 a fait face aux bandes qui voulaient s'infiltrer et passer en contrebande
25 des armes au Kosovo-Metohija. J'ai visité quelques postes frontaliers,
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1 plusieurs unités militaires également, et je me suis trouvé là-bas,
2 justement, lorsqu'il y a eu destructions de plusieurs groupes de
3 terroristes albanais qui faisaient passer des armes à dos de cheval.
4 Q. Quelle était la situation dans les villes du Kosovo-Metohija que vous
5 avez visitées ?
6 R. Dans les villes, la situation était tout à fait paisible. La vie se
7 déroulait tout à fait normalement. J'ai librement pu me promener dans les
8 rues de bon nombre de villes, y compris la ville de Pec et autres. Il n'y a
9 pas eu de provocations. Il y avait bon nombre d'Albanais dans les rues.
10 Certains se taisaient et passaient à côté en faisant semblant de ne pas me
11 voir. Certains ont souri. Certains m'ont même serré la main.
12 J'ai rencontré un homme honorable qui s'appelait Xhafer Djuka, à Pec,
13 un homme honorable du groupe ethnique albanais. C'était un responsable de
14 la municipalité. Je me suis promené dans Pec avec lui. J'ai appris que les
15 terroristes albanais ont tué Xhafer Djuka, rien que parce qu'il a été loyal
16 à la Serbie après l'entrée des forces internationales. Je me souviens de ce
17 Xhafer Djuka et je me souviens d'une promenade dans les rues de Pec. J'ai
18 dialogué avec lui. Les habitants de tous les groupes ethniques
19 s'approchaient de nous.
20 La situation dans les villes était tout à fait paisible, sans aucun
21 incident pratiquement. Les incidents ne survenaient que dans les milieux
22 ruraux, dans les collines, dans les forêts où ces bandes de terroristes
23 opéraient le plus.
24 Q. Vous avez dit que Xhafer Djuka a été tué. Il était membre de la
25 direction du Yul [phon]. Est-ce que vous savez que Xhafer Djuka a été
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1 égorgé, en réalité ?
2 R. Oui, j'ai appris ce détail également. Il a été égorgé une fois que les
3 forces de l'OTAN sont entrées. Ce sont les terroristes albanais qui se sont
4 saisis, qui se sont emparés de lui pour l'égorger.
5 Q. Dites-nous, vous avez participé à toutes les sessions du gouvernement à
6 l'époque ?
7 R. Il n'y a pas une seule session où j'ai été absent.
8 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Quelle était l'appartenance ethnique
9 de Xhafer Djuka ?
10 LE TÉMOIN : [interprétation] Xhafer Djuka était albanais et c'était une
11 famille albanaise très nombreuse et notoirement connue.
12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci.
13 M. MILOSEVIC : [interprétation]
14 Q. Vous avez assisté à toutes les sessions du gouvernement, en avez-vous
15 omis l'une quelconque ? En avez-vous manqué l'une ou l'autre ?
16 R. Non, je n'ai jamais manqué une seule session.
17 Q. Quelles étaient les positions représentées par notre gouvernement pour
18 ce qui est de l'intervention de nos effectifs au Kosovo-Metohija,
19 notamment, en ce qui concerne l'application de la loi ?
20 R. Le gouvernement fédéral avait des compétences vis-à-vis de l'armée et
21 le gouvernement de la république avait des compétences vis-à-vis de la
22 police. Par le biais du ministère de l'Intérieur, le gouvernement a donné
23 des lignes directrices pour ce qui est du comportement. Les règlements de
24 la police sont impeccables, à mon avis. Ils sont très clairs. S'agissant
25 des civils, il convient de les protéger indépendamment de leur appartenance
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1 ethnique, de leur appartenance religieuse, de leur profession, de leur
2 sexe, de leur âge, et ainsi de suite. C'est ainsi que la police s'est
3 comportée.
4 Si parfois il y a eu violations de la réglementation par des membres de la
5 police, il y avait des sanctions de prononcer.
6 Q. Mais quelle était l'attitude du gouvernement et des autorités au sein
7 de la République fédérale de Yougoslavie concernant la légalité du
8 comportement des forces de l'ordre pendant l'agression ?
9 R. Il en allait de même. Chaque fois qu'il y a eu des incidents, les
10 auteurs de délits au pénal ont été arrêtés, indépendamment du fait de
11 savoir s'il s'agissait de soldats, de policiers ou de qui ce soit d'autres.
12 Bon nombre d'entres eux ont été condamnés. Je ne saurais pas maintenant
13 vous donner le chiffre exact de personnes condamnées mais ce chiffre a été
14 assez important. Bon nombre de procès se sont déroulés pour ce qui est de
15 ceux qui auraient, par exemple, pillé, volé ou agressé des civils.
16 On ne devait pas tuer les prisonniers. On ne devait pas s'attaquer
17 aux civils. On ne devait pas torturer ou piller ou faire de choses de ce
18 genre. Bien entendu, ce type de phénomène ne saurait être évité dans des
19 situations de conflit, mais nos forces de police avaient des instructions
20 claires pour ce qui est d'arrêter ces gens-là et de les conduire devant les
21 tribunaux.
22 Q. Vous avez dit que vous avez une connaissance approfondie et détaillée
23 de tout ce qui s'est passé à l'époque. En tant que vice-premier ministre et
24 président du Parti radical serbe qui avait un réseau très étendu sur
25 l'ensemble du territoire. Etant que cet acte d'accusation parle de
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1 discrimination contre des Albanais dans de nombreux cas, je souhaite que
2 vous nous citiez un exemple de discrimination contre un Albanais kosovar.
3 Est-ce qu'il y a un fond de vérité dans cela ?
4 R. Ce n'est pas simplement que je ne puisse pas vous donner un seul
5 exemple de ce type. Même ceux qui prétendent qu'il y a eu de la
6 discrimination ne peuvent pas vous donner d'exemple concret de
7 discrimination. Les Albanais étaient privilégiés d'une certaine façon parce
8 que le gouvernement n'a pas pris les mesures nécessaires contre eux
9 lorsqu'ils ne payaient pas leurs factures d'électricité, d'eau ou autres
10 factures du service public. Pour ce qui est du service militaire, si un
11 Albanais refusait de faire son service militaire, il n'était pas arrêté,
12 alors que tout membre de toute autre communauté ethnique serait arrêté pour
13 ce genre d'infraction.
14 L'Etat, non seulement n'exerçait aucune discrimination, mais l'Etat
15 était très tolérant dans des cas où il n'aurait pas été tolérant dans
16 d'autres cas. L'Etat essayait d'amadouer les Albanais pour éviter tout
17 conflit et pour éviter la guerre qui se préparait. Cela on pouvait le
18 constater.
19 Q. Dites-moi, s'il vous plaît, les autorités de Serbie et la RFY, ont-
20 elles déployé des efforts importants pour protéger les Albanais, en
21 particulier pendant le bombardement de l'Etat, de représailles éventuelles
22 et de ripostes contre les attaques lancées par l'OTAN, l'Alliance
23 atlantique nord ?
24 R. Les autorités ont permis de mettre en place des systèmes de sécurité
25 locale pour que les gens puissent se préparer dans leurs propres villages.
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1 L'Etat payait leurs uniformes ainsi que leur équipement. Ils ne portaient
2 même pas d'insigne pour les distinguer les uns des autres, pour éviter
3 d'être stigmatisés par leurs concitoyens.
4 Si vous regardez le nombre de pertes au cours de l'agression de
5 l'OTAN, vous constaterez que ce nombre de pertes parmi les membres de
6 l'armée et l'équipement militaire était minime. Ce sont les civils qui ont
7 le plus souffert. Pourquoi les pertes ont-elles été les plus importantes du
8 côté albanais ? C'est parce que nous avions, face à nous, une organisation
9 terroriste qui préparait tout à l'avance le mouvement de sa propre
10 population, de façon à le présenter aux yeux des médias internationaux
11 comme un exode et comme quelque chose de très difficile. Nos autorités
12 avaient pour rôle de maintenir l'ordre public pour autant que faire se
13 peut, étant donné que nous étions en guerre, essayer de fournir une aide,
14 une assistance au plan humanitaire, et tenter de convaincre les Albanais de
15 ne pas partir. Lorsque ceci s'est avéré impossible, la police devait alors
16 leur assurer un sauf-conduit et faire en sorte qu'ils puissent passer en
17 toute sécurité. Parfois, il fallait empêcher qu'ils ne posent le pied sur
18 une mine, car les mines avaient été posées par avance, avant l'attaque de
19 l'OTAN.
20 Q. Où étiez-vous le 15 janvier 1999 ?
21 R. A Pristina. Je prenais part à une session du gouvernement de la
22 République de Serbie. Nous avons décidé de tenir cette session à Pristina
23 pour clairement indiquer que nous nous étions engagés à garder le
24 Kosovo-Metohija au sein de la république, celui-ci devait en faire partie
25 intégrante; et d'autre part, de lancer un appel à la population albanaise
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1 pour qu'elle accepte un dialogue pacifique.
2 Q. Autrement dit, le 15 janvier 1999, lorsque vous avez assisté à une
3 séance de l'assemblée gouvernementale à Pristina, c'est à ce moment-là
4 qu'il y a eu l'incident de Racak.
5 R. Oui.
6 Q. Combien de temps avez-vous séjourné à cet endroit-là ?
7 R. Cette séance parlementaire du gouvernement, et le général Sreten Lukic,
8 qui commandait toutes les forces de police au Kosovo-Metohija, au QG du
9 ministère de l'Intérieur à Pristina, il y a eu un déjeuner. A ce déjeuner,
10 ont assisté, entre autres, le feu Vlatko Stojiljkovic. J'étais assis à côté
11 d'un général de la police, Djordjevic.
12 Q. Ceci s'est passé le 15 janvier, n'est-ce pas ?
13 R. C'était immédiatement après la réunion de l'assemblée. Les ministres
14 ont commencé à rentrer à Belgrade. Certains d'entre nous, nous avons été
15 invités à ce déjeuner au QG de la police.
16 Q. Il est dit que Vlastimir Djordjevic se trouvait à Racak à l'époque.
17 R. Il n'a pas pu se trouver à Racak en même temps puisqu'il était assis à
18 côté de moi ce jour-là. Je lui ai parlé pendant tout le déjeuner ce jour-
19 là. Au cours du déjeuner, il a reçu des éléments d'information. Il a reçu
20 un rapport lui indiquant qu'il y avait eu des combats à Racak. Ceci, je
21 peux le confirmer, et toutes les personnes qui ont assisté à ce déjeuner.
22 Milovan Bojic, Ratko Markovic, ainsi que d'autres députés et vice-ministres
23 étaient là également.
24 Le lendemain, le 16 janvier, je suis accompagné de Vlastimir Djordjevic, je
25 suis monté à bord d'un hélicoptère de la police, et Sanja Scepanovic, qui
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1 était de Pristina, nous sommes envolés pour Prizren. Nous sommes restés à
2 Pristina jusqu'au soir du 15 janvier, après cette séance du cabinet du
3 gouvernement, et ensuite nous avons marché dans les rues le soir, dans les
4 rues de Pristina.
5 C'est Vlastimir Djordjevic qui, le premier, a rapporté ces combats intenses
6 entre des bandes terroristes et nos forces de police à Racak. Je sais qu'un
7 bon nombre de terroristes albanais ont été tués au cours de cet incident-
8 là.
9 Q. Veuillez regarder les documents que vous avez sous les yeux, s'il vous
10 plaît. A l'intercalaire numéro 2, est-ce que vous pouvez vous reporter à un
11 article du journal Zemun intitulé le gouvernement d'unité nationale existe
12 grâce au Kosovo-Metohija. Nous avons ici un texte qui est daté du 15
13 janvier 1999. Le gouvernement de la Serbie au Kosovo-Metohija est son
14 titre. Il s'agit d'un rapport qui indique que le gouvernement tient une
15 séance au Kosovo-Metohija, une séance de son assemblée, et on peut voir
16 qu'il y a ici différentes déclarations qui ont été recueillies,
17 déclarations de vice-ministres, votre propre déclaration, ainsi que des
18 déclarations d'autres vice-ministres également. Ceci a trait à la situation
19 au Kosovo à l'époque.
20 R. Je souhaite attirer votre attention sur les photographies ici. Ces
21 photographies viennent de bon nombre de villes au Kosovo où on voit le Dr
22 Milovan Bojic, Ratko Markovic et moi-même. Nous marchons ici. Nous n'avions
23 même pas d'escorte de police. Nous marchions librement dans la rue. Comme
24 vous pouvez le voir, la situation était tout à fait pacifique en ville,
25 dans les villes du Kosovo-Metohija. Peut-être que vous pourriez voir un
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1 policier par-ci, par-là dans les rues, mais il n'y a aucune unité de police
2 équipée de blindés ou quoi que ce soit d'autre, ou d'unité de police
3 spéciale. On ne voit rien de la sorte, armé jusqu'aux dents.
4 Nous étions accompagnés dans tous nos déplacements par des journalistes, et
5 c'est ainsi que ce rapport a été dirigé.
6 Q. Très bien. Quels endroits avez-vous visités ?
7 R. Pristina, Prizren, Pec, Gnjilane, Podujevo, et d'autres endroits. A
8 dire vrai, je ne me souviens pas de tous les endroits, mais il s'agissait
9 là des chefs-lieux, Prizren, Pec, Kosovska Mitrovica et Gnjilane. Nous
10 étions à Podujevo, et il y avait 1 000 Serbes environ qui vivaient à cet
11 endroit-là et 100 000 Albanais. A Podujevo, nous pouvions nous déplacer
12 complètement librement dans la ville. Il n'y avait pas de provocations.
13 Personne ne disait du mal de nous.
14 Vous savez, lorsque je me promenais dans certaines villes de la Serbie du
15 centre, les gens qui appartenaient à d'autres partis politiques me
16 lançaient des insultes. Mais rien de cette sorte ne s'est passé au Kosovo.
17 Je ne peux pas dire que les Albanais nous accueillaient à bras ouverts,
18 mais il n'y a pas eu d'incident. Les choses étaient tellement pacifiques
19 que nous n'avions même pas besoin d'avoir une escorte policière.
20 Q. Très bien. D'après ce que je peux voir dans la première partie de cet
21 article, on peut comprendre que des déclarations publiques ont été faites,
22 déclarations du gouvernement, il s'agit d'éléments importants ici, suite à
23 cette réunion du 15 janvier.
24 R. Bien sûr, conclusions importantes citées ici telles qu'elles ont été
25 rapportées par les journalistes évidemment.
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1 Q. Oui. Puisqu'il s'agit ici d'un reportage d'un journaliste. Si vous
2 voulez bien vous tourner vers le quatrième paragraphe.
3 C'est ce que je souhaite citer maintenant.
4 Le 15 janvier 1999, le gouvernement dit : "En réponse à la question du
5 dialogue politique de la part des représentants de la communauté nationale
6 albanaise, nous ne souhaitons pas avoir une solution politique, puisqu'il y
7 a eu entrave au processus politique, ce qui provoque des crimes de la part
8 de bandes terroristes. Le gouvernement insiste, tel que c'est rapporté par
9 le ministère de l'Information de la République de Serbie, qu'il faut calmer
10 la situation, car la situation pourrait mener à des conditions de
11 renouvellement et d'accélération du processus politique dans l'intérêt de
12 tous les citoyens du Kosovo-Metohija, et insiste sur les faits que les
13 auteurs de ces actes terroristes doivent être punis pour les crimes qu'ils
14 ont commis."
15 Avez-vous trouvé cela ?
16 R. Oui. Ce qui suit sont les conclusions du gouvernement.
17 Q. Le gouvernement poursuit en disant que le terrorisme est un mal pour le
18 monde entier et poursuit en disant : "Le gouvernement de Serbie exige que
19 la communauté internationale en termine avec sa politique de deux poids,
20 deux mesures et condamne le terrorisme. Elle doit empêcher tout soutien
21 externe à ces terroristes. Le gouvernement demande à ce que la Mission de
22 vérification les informe au cours de son mandat et qu'on dise au monde
23 entier quelle est la vérité sur les vraies raisons des problèmes provoqués
24 au Kosovo-Metohija, et les crimes commis par les terroristes, et les
25 efforts de la Serbie et de la Yougoslavie pour essayer de trouver des
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1 solutions aux problèmes politiques. Il s'agit là de répondre aux
2 obligations conformément à celles de l'accord signé entre le gouvernement
3 de Yougoslavie et l'OSCE."
4 Y a-t-il eu des écarts ou des exceptions par rapport à ces efforts déployés
5 par nous pour essayer de trouver une solution pacifique au Kosovo-Metohija
6 pour essayer d'arriver à un consensus et respecter les principes d'égalité
7 nationale tels que ceux-ci se retrouvent dans les réunions des deux
8 chambres à ce moment-là et des principes adoptés ?
9 R. Non, il n'y a pas eu d'écarts par rapport à cela. Les conclusions,
10 telles qu'elles sont interprétées ici, sont tout à fait typiques des
11 activités du gouvernement de façon générale lorsqu'il s'agissait de trouver
12 une solution à des problèmes. Le gouvernement était toujours unanime et
13 insistait toujours pour trouver une solution pacifique. Nous savions
14 pertinemment qu'il y avait un problème et nous souhaitions trouver une
15 solution à ce problème de façon civilisée et démocratique. Nous ne pouvions
16 pas accepter le terrorisme, mais nous étions disposés à tout négocier et
17 nous étions prêts à essayer de trouver une solution qui n'allait pas
18 compromettre l'intégrité territoriale de la Serbie. L'intégrité
19 territoriale de la Serbie était le seul point sur lequel nous n'étions pas
20 prêts à faire de compromis. Pour tout le reste, nous étions parfaitement
21 ouverts.
22 Q. Tous ces dix points sont très importants, mais pour pouvoir gagner du
23 temps, je ne vais pas aborder le second, mais je vais citer celui d'après.
24 "Le gouvernement réitère son engagement et dit qu'il va trouver une
25 solution aux problèmes du Kosovo-Metohija et ce uniquement par le biais
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1 d'un dialogue politique. Il s'agit de respecter l'intégrité territoriale et
2 la souveraineté de Serbie et de Yougoslavie et l'égalité pleine et entière
3 des citoyens des différentes communautés ethniques. Le gouvernement encore
4 une fois lance un appel aux représentants des partis albanais de les
5 rejoindre dans un dialogue politique et représenter toutes les communautés
6 habitant au Kosovo-Metohija, pour condamner et renoncer aux terroristes, et
7 ensemble essayer de trouver des solutions politiques qui garantiront
8 l'égalité et qui éviteront que certains partis soient mis en minorité par
9 le biais des élections et qu'il n'y ait pas de discrimination pour quelque
10 motif que ce soit."
11 Quelle est en substance cette attitude, Monsieur Seselj ?
12 R. Bien, tout d'abord, la solution pacifique à ce problème, une solution
13 démocratique d'élimination du terrorisme, et il s'agit d'empêcher toute
14 forme de discrimination.
15 Savez-vous, lorsqu'on parle de discrimination, on doit parler de
16 discrimination non seulement contre les Albanais, mais contre les Serbes,
17 les Gorani, les Rom, les Musulmans, les Turcs, les Egyptiens, et toutes les
18 personnes qui vivaient au Kosovo-Metohija à l'époque. Bon nombre d'entre
19 eux, malheureusement, n'y vivent plus. Il s'agissait de combattre la
20 discrimination, ce qui signifie qu'il fallait abolir toute forme de
21 discrimination et il s'agissait de protéger toutes les victimes
22 potentielles de cette discrimination.
23 Comment surgit la discrimination ? Bien, lorsqu'un parti est mis en
24 minorité, par exemple, c'est une forme de discrimination. Au
25 Kosovo-Metohija, après la Deuxième guerre mondiale, par exemple, les choses
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1 se sont passées comme cela, un parti a été mis en minorité. Si les Albanais
2 avaient la majorité, c'était comme si les autres partis n'existaient pas et
3 donc ceux qui restaient devaient devenir albanais, et cetera. Néanmoins, ce
4 qui est important c'est de maintenir la liberté pour tous, et c'est la
5 raison pour laquelle il fallait protéger l'identité nationale de chaque
6 communauté.
7 Q. Des plus petites aux plus grandes communautés.
8 R. Bien sûr. Car c'était la seule manière qui permettait d'abolir toute
9 forme de discrimination. Si le groupe ethnique le plus important a le droit
10 de discriminer contre les autres, je ne vois pas ce que nous aurons réalisé
11 dans ce cas-là.
12 Q. Regardons ce texte encore un petit peu. Le sous-titre suivant où on
13 peut lire que le gouvernement d'unité nationale, ce qui est un nom qui
14 correspond tout à fait et qui est très approprié. J'espère que vous avez
15 retrouvé ce passage, Monsieur Robinson.
16 Ils vous citent, et voici ce que vous dites à propos de cet accord, au
17 paragraphe 4, vous dites : "En commentant les accords entre le président de
18 la RFY, le président Slobodan Milosevic, et l'ambassadeur américain
19 Holbrooke, pour éviter qu'il y ait davantage de victimes et une escalade de
20 la violence, l'Etat a fait un certain nombre de concessions --"
21 R. Oui. Nous avons fait un certain nombre de concessions avec l'agresseur
22 potentiel en acceptant l'arrivée de la mission de l'OSCE et en étant
23 d'accord sur l'ingérence étrangère dans nos affaires internes. Je crois
24 qu'aucun autre pays n'aurait été d'accord avec cela.
25 Q. Très bien. Malgré cela, il y a eu une escalade de tout cela. Vous
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1 poursuivez en disant que le nombre de policiers a été réduit et c'était le
2 nombre qui correspondait au nombre de policiers en temps de paix, et --
3 R. Monsieur Milosevic, vous étiez d'accord avec cela lorsque vous avez
4 signé l'accord avec M. Holbrooke, vous étiez d'accord pour dire qu'il
5 fallait réduire le nombre de policiers et qu'il s'agissait de 90 000. Je
6 m'en souviens très bien.
7 Q. Merci beaucoup pour m'avoir rappelé cela, Monsieur Seselj.
8 A l'intercalaire numéro 25, dans votre article au chapitre 19 que nous
9 avons cité un peu plus tôt, où on parle des conclusions fabriquées en vertu
10 de quoi on fait un usage excessive de la force, il y a une phrase ici où on
11 peut lire, au troisième paragraphe à partir de la fin du chapitre 19. On
12 peut lire ce qui suit : "De cette manière, ils tentent de revenir sur les
13 termes de l'accord conclu avec la communauté internationale," et vous citez
14 un extrait de l'accord en disant : "L'Etat conserve le droit de répondre à
15 toute forme d'activité terroriste qui pourrait mettre en danger la sécurité
16 des citoyens et les représentants du gouvernement."
17 R. Bien, qui pourrait nous demander de capituler devant les terroristes ?
18 Quel type d'Etat aurions-nous été dans ce cas-là ?
19 Q. Bien sûr, nous avons conservé ce droit. Conformément à ce droit, nous
20 avons riposté aux attaques des terroristes. Y avait-il une autre forme de
21 violence ?
22 R. Non, pas du tout. Nous étions exclusivement en train de répondre aux
23 attaques des terroristes et nous traitions la question des terroristes.
24 Q. Nous allons donc repartir à l'intercalaire numéro 23 maintenant,
25 l'article qui est extrait du journal Zemun et qui décrit la visite des
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1 représentants du gouvernement au Kosovo le 15 janvier et le 16 janvier, je
2 cite toujours, trois passages plus loin par rapport au paragraphe que nous
3 venons de citer sur l'accord entre Holbrooke et moi-même. Ils disent
4 qu'étant donné que les Américains rendent la chose plus difficile et que
5 cela devient plus difficile pour nous de gérer la question du terroriste,
6 Seselj nous dit qu'en réalité nous sommes en train de faire la guerre aux
7 Américains, car les Siptar ne seraient jamais sortis de l'ombre s'ils
8 n'avaient pas reçu le soutien des Américains.
9 R. Ceci est tout à fait vrai. Ils auraient, de toute façon, essayé de
10 trouver une manière pour essayer de parvenir à un accord avec nous, de
11 façon à ce que nous puissions tous vivre normalement en Serbie, s'ils
12 n'avaient pas été inspirés par les puissances étrangères qui leur ont fait
13 de grandes promesses qu'ils sont toujours incapables de tenir, car les
14 puissances occidentales sont maintenant mises en danger par des actions
15 terroristes du Kosovo-Metohija. Car ils leur ont promis une indépendance
16 pleine et entière et ils ne savaient pas que ceci ne peut pas correspondre
17 au droit international, quand bien même la mondialisation a peut-être dilué
18 quelque peu ce droit.
19 Je souhaite vous rappeler, Monsieur Milosevic, qu'à l'époque, et j'en
20 suis tout à fait, certain, car j'étais vice-premier ministre à l'époque, je
21 suis tout à fait certain que nous avions 25 000 policiers dans l'ensemble
22 du territoire de la Serbie, et sur ce nombre-là, 10 000 étaient actifs au
23 Kosovo-Metohija. Aujourd'hui, la Serbie, sans le Kosovo-Metohija, ce qui
24 est maintenant occupé par l'OTAN, a quelque 30 000 policiers. Je crois que
25 cet élément d'information est vital, car aujourd'hui, la Serbie a davantage
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1 de policiers. Je parle ici de personnes qui sont autorisées. Je ne parle
2 pas ici de secrétaires, ni de clercs. Je parle ici d'officiers de police
3 qui ont le pouvoir d'arrêter les gens. Pendant la crise du Kosovo-Metohija,
4 avant le bombardement, il n'y avait que 25 000 policiers. Vous pouvez
5 vérifier ces chiffres.
6 Q. Sur ces 25 000, il en avait 10 000 au Kosovo-Metohija.
7 R. Oui.
8 Q. M. Nice nous a dit que la Serbie était un Etat policier.
9 R. Il s'agit là de commentaires triviaux. On ne peut pas avoir un Etat
10 policier avec un nombre aussi restreint de policiers par rapport à la
11 population.
12 En tout cas, par rapport à la densité démographique, on ne peut pas
13 parler d'un Etat policier si la police ne persécute pas ses adversaires
14 politiques. Il faut être une victime de la police. Je peux personnellement
15 témoigner de cela. Vous n'avez pas besoin de proposer des arguments à
16 l'appui de cela pour dire que la Serbie était un Etat policier. La Serbie
17 n'était pas un Etat policier. La Serbie avait quelques défaillances au
18 niveau de son régime démocratique, mais c'était un Etat en transition.
19 Personne ne peut dire et avancer qu'il s'agissait d'un Etat policier.
20 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Le nombre de policiers par rapport à
21 la population, s'il vous plaît ?
22 LE TÉMOIN : [interprétation] Par rapport à la Serbie ou le
23 Kosovo-Metohija ? Ecoutez, 25 000 c'est assez facile à calculer. C'était un
24 rapport de 10 millions à 25 000.
25 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Au Kosovo d'abord.
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1 LE TÉMOIN : [interprétation] Par rapport à la population, vous voulez
2 dire ? Vous voulez des chiffres ou l'attitude ? Au Kosovo-Metohija, il y
3 avait peut-être un million et demi d'habitants. Comme les Albanais ont
4 boycotté leur recensement, on ne peut pas en être tout à fait sûr. Mais
5 d'après nos estimations, il devait y avoir peut-être un million ou 800 000
6 Albanais. Plus de 200 000 Rom, 125 000 Musulmans, entre 200 et 300 000
7 Serbes, et ensuite, il y avait les Goranis et autres.
8 Quoiqu'il en soit, il s'agit là d'éléments assez généraux. On ne peut pas
9 vous donner des chiffres exacts. Mais il n'y avait que 10 000 policiers
10 dans un endroit où il y avait des activités terroristes. Il faut se
11 souvenir que tout pays qui fait l'objet d'actes terroristes doit augmenter
12 ces forces de police. Il n'y avait que 10 000 policiers au Kosovo-Metohija.
13 Ceci faisait l'objet d'un accord entre M. Milosevic et Holbrooke.
14 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Merci.
15 M. MILOSEVIC : [interprétation]
16 Q. Votre collègue, Milovan Bojic, vice-premier ministre, a dit que cela
17 n'était pas dû au hasard. Ce qui s'est passé au Kosovo-Metohija est arrivé
18 au moment où -- a indiqué que sous de telles pressions, le gouvernement
19 d'unité nationale était encore plus résolu et déterminé.
20 Quel rapport y a-t-il entre le fait que nous étions déjà exposés et
21 que nous avions déjà eu à subir les pressions, les sanctions, nous étions
22 épuisés.
23 R. L'agression de la Yougoslavie -- contre la Yougoslavie a eu lieu en
24 plusieurs étapes. D'abord, les puissances étrangères ont aidé les
25 séparatistes slovènes. Après une intervention assez maladroite de la JNA,
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1 et ce n'étaient pas les Serbes qui étaient derrière cela, mais Ante
2 Markovic et les Croates, Stjepan Mesic et Veljko Kadijevic, et d'autres,
3 après cette intervention malheureuse de la part de la JNA où il y a eu des
4 pertes parmi les jeunes soldats, il y a eu plusieurs guerres de sécession.
5 Les forces occidentales ont aidé les Croates, et ceci a conduit à l'exode
6 de quasiment la totalité de la population serbe. Ils ont ensuite aidé la
7 Bosnie-Herzégovine, et ce jusqu'aux accords de Dayton. Une fois cette étape
8 terminée, c'était au tour du Kosovo-Metohija, et le Groupe de contact avait
9 déjà indiqué qu'ils allaient parler de la question de Sandzak et de la
10 Vojvodine.
11 L'agression contre l'ex-Yougoslavie est quelque chose qui a eu lieu étape
12 par étape. Lorsqu'un point à l'ordre du jour était complété, l'ordre du
13 jour anti-serbe, à ce moment-là ils passaient au point suivant, et jusqu'à
14 ce qu'ils puissent mettre la Serbie dans une position très difficile. Car à
15 Rambouillet, nous nous sommes rendus compte que nous n'avions plus de voie
16 de sortie.
17 Q. Au milieu de ce paragraphe, sur cette page, on parle de Goranac, Maliqi
18 et un Albanais, qui a envoyé une demande auprès des organes étatiques pour
19 essayer de traiter la question des terroristes de façon urgente, pour
20 indiquer que ce qui devait arriver devait être empêché.
21 Au cours du printemps, que disait-on à propos de la guerre au
22 printemps à ce moment-là ?
23 R. Les Albanais ne voulaient pas la guerre non plus, mais on s'attendait à
24 la guerre. Car les puissances étrangères avaient fait savoir aux
25 terroristes albanais qu'une guerre se préparait. Ils se préparaient à cette
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1 guerre. Ces terroristes albanais devaient servir d'infanterie à l'OTAN, car
2 les puissances occidentales n'étaient pas disposées à envoyer leurs troupes
3 à terre, car ils savaient quels étaient les soldats serbes et ils savaient
4 que bon nombre d'entre eux seraient tués et ils souhaitaient que d'autres
5 soient blessés ou tués et ils ont fait cela en organisant et en armant les
6 terroristes albanais. Néanmoins, la population albanaise ne voulait pas la
7 guerre. Ils craignaient la guerre. Qui veut la guerre ? Qui veut des
8 bombardements ? Qui souhaite la destruction, la famine, les massacres ?
9 Personne. Aucune personne normale ne peut souhaiter cela, et les Albanais
10 ne le souhaitaient pas non plus. Mais la guerre leur a été imposée, de
11 façon à ce qu'ils puissent se servir d'instruments aux membres de l'OTAN et
12 contre l'OTAN.
13 Q. Veuillez regarder, je vous prie, l'autre partie, la destinée et les
14 ancêtres. On dit ici que le vice-premier de Serbie s'est rendu à Pec.
15 R. Oui.
16 Q. Tout ceci s'est passé les 15 et 16 ?
17 R. Et le 17.
18 Q. Et le 17. Puis, on cite votre collègue, Ratko Markovic, qui vous le
19 savez est venu déposer ici, et il a dit que le gouvernement était favorable
20 au dialogue politique, et à une solution pacifique aux problèmes du
21 Kosovo-Metohija, et à la coexistence des habitants dans la province.
22 Est-ce que vous êtes tout le temps restés ensemble ? Je veux dire avec les
23 autres vice-premiers ministres, avec Ratko Markovic ? Il était à la tête de
24 la délégation de la Serbie au cours de ces négociations où il y a eu 20
25 tentatives à Pristina.
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1 R. Oui. Tomislav Nikolic, qui était du Parti radical serbe, il a été tout
2 le temps présent pendant ces tentatives de pourparlers. Il m'a dit tout ce
3 qui s'était passé. Après tout, nous, au gouvernement de Serbie, nous avions
4 donné des instructions à cette délégation qui nous représentait.
5 Q. Voyons ce qui est cité ici par les journalistes à propos de cette
6 journée. Je parle ici de la rubrique destinée et ancêtres. Deuxième
7 paragraphe : "Le Kosovo-Metohija est une région ethniquement hétérogène et
8 le restera. Quiconque essaie de procéder à une purification ethnique de la
9 région échouera, dit Markovic, ajoutant que c'est l'histoire qui a fait de
10 cette région une région diversifiée sur le plan ethnique et qu'il n'est pas
11 possible de changer la structure ethnique."
12 R. Mais voyez ce qui se passe aujourd'hui avec ce qui reste de l'ex-
13 Yougoslavie. Dans tout ce qui a été les républiques de la Yougoslavie,
14 seule la Serbie est restée une société pluriethnique, pluri religieuse.
15 Puisque maintenant vous avez une division de la Bosnie-Herzégovine, étant
16 donné qu'il y a eu une guerre civile, et la Croatie a expulsé pratiquement
17 tous les Serbes du territoire de la Krajina serbe, qui ont dû partir. Ils
18 ont dû sauver leur peau. Seule la Serbie reste une véritable société
19 pluriethnique au sens profond du terme.
20 Je voudrais attirer l'attention des Juges sur ceci : le journal de
21 Zemun fait une page, puis il y a une autre page pour la Grande Serbie, donc
22 c'est une page sur deux. C'était ici un numéro spécial de ces deux
23 journaux. Ne pensez pas qu'il s'agit de deux journaux séparés, puisque vous
24 avez en fait des journalistes qui travaillent aux deux journaux. C'est un
25 seul numéro commun à ces deux journaux. C'est ce que j'essaie de dire.
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1 Q. C'est utile comme explication --
2 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Avant d'oublier ce qui vient d'être
3 dit, je voudrais revenir à ceci : rappelez-moi quel est l'objectif que
4 poursuivait, selon vous, l'OTAN, lorsqu'elle essayait de prendre le
5 contrôle ou d'avoir une base en Serbie, une zone de la Serbie.
6 LE TÉMOIN : [interprétation] L'OTAN avait ses intérêts stratégiques pour ce
7 qui est du Kosovo-Metohija. A cela, plusieurs raisons. Vous le savez,
8 Monsieur Bonomy, tout d'abord, que l'OTAN poursuit des intérêts
9 stratégiques. Elle veut défaire, diluer la Russie. Elle cherche à prendre
10 pied dans les Balkans, en Ukraine, en Asie centrale. Leur objectif ultime,
11 c'est de procéder à la désintégration de la Russie. La désintégration de
12 l'Union soviétique ne leur a pas suffi. Les Américains veulent toute la
13 sécurité possible.
14 Alors pourquoi est-ce que nous Serbes, nous sommes toujours en butte aux
15 attaques de l'OTAN ? Pourquoi est-ce que l'OTAN a toujours soutenu nos
16 ennemis dans toutes les guerres civiles qu'il y a eu ? Ils voient en nous
17 des alliés potentiels aux Russes dans toutes les guerres des Balkans. Ils
18 veulent nous détruire parce que nous sommes la seule nation, la seule
19 armée, la seule force qui ne veut pas se soumettre à un dictat, à un
20 oukase. Ils veulent avoir des bases dans les Balkans. Ils veulent que le
21 pétrole arrive, mais ils veulent contourner la Bosnie. Parce qu'ils ont
22 besoin de pétrole pour leurs pétroliers, ils veulent que la situation soit
23 claire.
24 Par ailleurs, bientôt ils devront retirer tous leurs effectifs de
25 l'Allemagne. Qu'est-ce qui leur restera ? Bien, les Balkans. Il faut un
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1 prétexte pour amener les soldats américains dans les Balkans. C'est un
2 centre névralgique pour l'Europe. Il faut qu'ils aient une prise sur le
3 terrain. C'est peut-être là quelque chose de tout à fait éculé, et je pense
4 qu'il n'est pas nécessaire d'en discuter davantage.
5 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Donc, il y a six raisons différentes
6 qui expliquent, selon vous, ces événements, cette évolution. Le tout
7 premier point semble être d'ordre stratégique. Apparemment, les Américains
8 souhaitent avoir une base, un endroit en Serbie. D'après vous, l'OTAN
9 contrôle une partie de la Serbie. Est-ce qu'elle s'en est servie de ce
10 fait ?
11 LE TÉMOIN : [interprétation] Non. Maintenant, l'OTAN contrôle toute la
12 Serbie. D'abord, l'OTAN a pris le Kosovo-Metohija pour affaiblir --
13 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] Concentrez-vous sur la question que je
14 vous ai posée. D'après vous, quelle utilisation l'OTAN tire-t-elle du fait
15 que maintenant, selon vous, elle a le contrôle de la Serbie ?
16 LE TÉMOIN : [interprétation] Tout d'abord, vu qu'elle a le contrôle de la
17 Serbie, elle a un problème de moins pour ce qui est de la progression
18 qu'elle souhaite faire vers l'est. C'est l'utilisation première
19 stratégique.
20 Puis, il y a un intérêt économique. Il y a d'énormes ressources
21 naturelles au Kosovo-Metohija. Il y a du zinc, il y a du charbon, du
22 nickel, des millions de tonnes de ressources naturelles, si je me souviens
23 bien. Il y a du plomb également. Même si ces Américains n'ont pas le droit
24 de le faire en application de la Résolution 1244, ils commencent à vendre
25 des propriétés de l'Etat au Kosovo-Metohija.
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1 Mais le fond des choses, c'est ceci. Je vous l'ai déjà dit. Ils ont
2 aidé les Croates contre les Serbes, les Musulmans contre les Serbes, les
3 Albanais, pour affaiblir le plus possible les Serbes, car c'est le seul
4 pour essayer de créer des nations. Les Musulmans ont créé une nation. Or,
5 ce sont des descendants de Serbes qui se sont convertis à l'Islam pendant
6 l'occupation ottomane. Ils parlent le serbe. Même votre Tribunal invente de
7 nouveaux mots, de nouvelles langues, qu'on appelle B/C/S,
8 bosno/croato/serbe, alors que d'après les linguistiques, il n'y a qu'une
9 langue, le serbe.
10 Vu l'influence du Vatican, les Croates ont été aidés. Or, ils ont été
11 détruits pendant la conquête turque. Ce n'était qu'une partie infime du
12 territoire. Maintenant, on dit que ce sont des Serbes. Dans le fond, vous
13 les appelez Croates, mais ce sont des Serbes catholiques. Ils parlent serbe
14 eux aussi. C'est cela le fond des choses.
15 Mais en plus de cela, avec l'aide des conquérants turcs, les Albanais
16 ont été installés au Kosovo-Metohija pour servir l'occupant. Puis ils ont
17 servi les Allemands, les Autrichiens, pendant la Première guerre mondiale.
18 Ils ont servi Hitler pendant la Deuxième guerre mondiale. Hitler a
19 constitué toute une unité SS, Skendgerbeg, constitué d'Albanais.
20 Maintenant, ils servent l'OTAN contre le peuple serbe. En Bosnie, Hitler a
21 constitué une autre division SS, la division Handzar, qui se composait de
22 Musulmans. Les Croates, pendant le régime oustachi, ont fait la guerre à
23 Stalingrad. Il y a eu 10 000 Croates à Stalingrad. Nous revivons, une fois
24 de plus, notre histoire tragique aujourd'hui. C'est là la base de toutes
25 ces discussions.
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1 M. LE JUGE BONOMY : [interprétation] J'essaie simplement de comprendre
2 quels sont les grands intérêts ou quelle est l'importance stratégique et
3 économique de la Serbie. Merci de m'avoir donné votre avis.
4 M. NICE : [interprétation] Avant de poursuivre, j'aimerais bénéficier de
5 deux minutes pour vous présenter un sujet.
6 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Je vais vous arrêter, Monsieur
7 Milosevic, car il y a une audience ici dans ce prétoire à 14 heures 15. Je
8 vais donner la parole à M. Nice.
9 L'ACCUSÉ : [interprétation] Fort bien.
10 M. NICE : [interprétation] Ceci n'a rien à voir avec la déposition du
11 témoin. J'attendrai qu'il soit sorti du prétoire.
12 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Seselj, vous pouvez vous
13 retirer. Vous reviendrez dans ce prétoire à 9 heures du matin mardi
14 prochain.
15 LE TÉMOIN : [interprétation] Dites-moi, quand est-ce que je suis censé
16 venir dans ce prétoire ?
17 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Mardi prochain à 9 heures.
18 LE TÉMOIN : [interprétation] Je vous pose la question parce que hier, j'ai
19 attendu en vain toute la journée. Je voulais être sûr du moment où j'allais
20 venir.
21 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Vous n'attendrez pas inutilement une
22 fois de plus, je vous le promets.
23 [Le témoin se retire]
24 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Monsieur Nice, vous avez la parole.
25 M. NICE : [interprétation] Pouvons-nous passer à huis clos partiel.
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1 M. LE JUGE ROBINSON : [interprétation] Oui.
2 [Audience à huis clos partiel]
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13 --- L'audience est levée à 13 heures 45 et reprendra le mardi 23 août 2005,
14 à 9 heures 00.
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